Le 65e Régiment d'Infanterie de Ligne

1789-1815

Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et hommes du 65e de Ligne

Avertissement et remerciements : Un "Historique du 65e Régiment d'Infanterie" a été publié en 1875 aux éditions Ch. Tanera, à Paris. Très succint, comportant de nombreuses erreurs, nous le complétons ici.
Un très grand merci à notre ami Marc Morillon, pour les magnifiques infographies réalisées spécialement pour cet historique !
Nos adressons également tous nos remerciements à Monsieur Daniel Lemaire, pour les informations et documents qu'ils nous a communiquées, concernant Georges-Geoffroy (Gottfried).

/ Les Corps qui ont porté le n°65

L'historique régimentaire de 1875 nous indique que le n°65 a été porté par de nombreux Régiments. L'auteur de cet Historique écrit : "Le 65e régiment a été formé en 1678, des débris des régiments de Génevois et de Chablis, que le duc de Savoie avait donnés à Louis XIV.
Il porta d'abord le nom de Saint-Laurent, de son premier colonel, jusqu'en 1687. Il prit alors celui de Nice.
Le régiment de la Tour d'Auvergne y fut incorporé en 1747.
Le 65e, qui n'avait que 2 bataillons, eut pour colonels : En 1706, le marquis de Séran;
En 1716, le premier de ses fils ;
En 1718, 1e second de ses fils;
En 1734, le marquis d'Anglety;
En 1744, le marquis de Chateau-Gay;
En 1756, le vicomte de la Tournelle.
Par ordonnance du 10 décembre 1762, le 65e fut incorporé au 15e, du nom de Lyonnais, qui n'avait que 2 bataillons, et fut ainsi porté à 4
".

Lors du 1er amalgame, le 1er Bataillon du ci-devant Lyonnais à contribué à fomer la 53e Demi-brigade de première formation, qui elle même, contribuera à former la 10e Demi-brigade de seconde formation; le 2e Bataillon du ci-devant Lyonnais a quant à lui été amalgamé à la 54e Demi-brigade de première formation, amalgamée ensuite dans la 89e Demi-brigade de seconde formation (Source : Bernard Coppens). Ce n'est donc pas là l'origine de notre 65e Régiment.

L'Historique régimentaire poursuit : "Le n° 65 fut alors donné au régiment de Boulonnais, et destiné au service de la marine et des colonies, et à la garde des ports.
Il eut pour colonels :
En 1756, le chevalier de la Tour d'Auvergne;
En 1762, le comte de Bion;
En 1766, le marquis de Sennevoi
". L'Historique ajoute que, "par la mise hors numéro des grenadiers de France", Boulonnais est devenu le 64e Régiment. En 1789, il portait le numéro 81 puis le 79e en 1791. Son 1er Bataillon a contribué à la formation de la 145e Demi-brigade de première formation, qui elle même a été amalgamée dans la 4e Demi-brigade de seconde formation; le 2e Bataillon a été intégré lors du 1er amalgame dans la 146e Demi-brigade de première formation, qui sera ensuite versée dans la 5e Demi-brigade de seconde formation (source : Bernard Coppens). Là encore, pas de lien direct avec le 65e de Ligne de l'Empire.

Toujours selon l'Historique régimentaire, "Le n° 65 est donné en 1772 à Angoumois, créé en 1684 ... Il avait pour colonel le marquis de Frémur". L'Historique précise que Angoumois devient 72e. Angoumois portait le n°82 en 1789; il porte le numéro 80 en 1791. Son 1er Bataillon a été intégré dans la 147e Demi-brigade de première formation, versé ensuite dans la 4e Demi-brigade de seconde formation; le 2e Bataillon a été amalgamé dans la 148e Demi-brigade de première formation, elle même amalgamée dans la 34e Demi-brigade de seconde formation (source B. Coppens). Toujours pas de lien direct avec le 65e de Ligne

L'Historique indique ensuite que le n° 65 est donné en 1776 à Royal-Comtois, qui avait pour Colonel le comte de Castigo. Royal-Comtois a pris ensuite le n°76. Il portait le numéro 75 en 1789, puis le 73e en 1791. Ses deux Bataillons n'ont pas été amalgamés lors du 1er amalgame, mais ont ensuite été amalgamés dans la 70e Demi-brigade de seconde formation (source Bernard Coppens).

En 1776, c'est au tour de Royal-Italien de prendre le n°65. Il avait pour Colonel le Marquis de Monti. Le 17 mars 1788, le 1er Bataillon forme les Chasseurs royaux de Provence (devenu 1er Bataillon de Chasseurs, passé ensuite dans la 1ère Demi-brigade légère de première formation, elle même amalgamée dans la 17e Demi-brigade légère de seconde formation), le 2e Bataillon forme les Chasseurs royaux de Dauphiné (devenu 2e Bataillon de Chasseurs, passé ensuite dans la 2e Demi-brigade légère de première formation, elle même amalgamée dans la 12e Demi-brigade légère de seconde formation) et le Bataillon de Dépôt forme les Chasseurs du Roussillon (devenu 12e Bataillon de Chasseurs, passé ensuite dans la 12e Demi-brigade légère de première formation, elle même amalgamée dans la 16e Demi-brigade légère de seconde formation.

Le n° 65, nous dit encore l'Historique régimentaire, est ensuite donné au Régiment d'Érinil (???), Colonel le comte d'Érinil (???).

Le commandant Bucquoy, qui a étudié les uniformes du 65e Régiment d'Infanterie indique pour sa part : "Créé en 1672 sous le nom de Salis Zizers, ce Régiment suisse devient Castella en 1702. Après différents changements de propriétaires, il devient Sonnenberg en 1768. Il passe 65e Régiment d'infanterie en 1791, et quitte Lyon pour Sarrelouis. Dissout en 1792".

Comme on peut le voir, de tous ces Corps, aucun n'a de lien direct avec le 65e Régiment d'Infanterie de ligne de l'Empire.

L'Historique régimentaire, et le Commandant Bucquoy, nous disent ensuite, que le numéro réapparait, lors de la formation de la 65e Demi-brigade de Bataille. Selon Bernard Coppens, la 65e Demi-brigade de Bataille a été formée des unités suivantes : 1er Bataillon du 33e Régiment d'infanterie (ci-devant Touraine) ; 3e Bataillon de la Gironde ; 1er Bataillon du Mont-Terrible. A la réorganisation de 1796 (18 nivôse an IV) la 65e Demi-brigade de Bataille a contribué à la formation de la 68e Demi-brigade de seconde formation.

/ Formation de la 65e Demi-brigade de ligne

Le Décret du 8 janvier 1796 (18 Nivôse, an 4), réorganisant les Demi-brigades d’infanterie, les constitue à 3 Bataillons de 9 Compagnies, plus une Compagnie auxiliaire dont les cadres et l’effectif se décomposent de la manière suivante :
- Etat-major : 1 Chef de Brigade, 3 Chefs de Bataillon, 2 Quartier-maîtres trésoriers, 3 Adjudants-major, 3 Officiers de santé, 3 Adjudants sous-officiers, 1 Tambour-major, 8 Musiciens (dont 1 Chef), 1 Caporal-tambour, 3 Maîtres tailleurs, 3 Maîtres cordonniers; total 31.
- Grenadiers (3 Compagnies à 80 hommes) : 1 Capitaine, 1 Lieutenant, 1 Sous-lieutenant, 1 Sergent-major, 4 Sergents, 1 Caporal–fourrier, 8 Caporaux, 61 Grenadiers, 2 Tambours; total 80.
- Fusiliers (24 Compagnies à 121 hommes) : 1 Capitaine, 1 Lieutenant, 1 Sous-lieutenant, 1 Sergent-major, 4 Sergents, 1 Caporal-fourrier, 8 Caporaux, 102 Fusiliers, 2 Tambours; total 121.
Canonniers : 1 Capitaine, 1 Lieutenant, 1 Sous-lieutenant , 1 Sergent-major, 4 Sergents, 1 Caporal-fourrier, 6 Caporaux, 33 Canonniers, 1 Tambour; total 48.

Le Décret du 8 janvier 1796 reçoit en partie son exécution dès le 15 février suivant ; cependant plusieurs Demi-brigades ne sont réformées qu’en 1799. Parmi elles se trouve la 65e Demi-brigade.

L'Historique régimentaire indique qu'en 1798, un remaniement complet des troupes d'infanterie est décidé, et que le 14 janvier 1799 (25 Nivôse an 7) la 65e Demi-brigade est reformée, à Rouen, des noyaux des 4e et 16e Demi-brigades de nouvelle formation, et des Conscrits de l'an 7, des départements du Calvados et de la Lys. Une autre source indique qu'elle se constitue à Abbeville, au moyen d'un noyau d’Officiers, Sous-officiers, Caporaux et Grenadiers tirés des 4e et 16e Demi-brigade de ligne, qui encadrent effectivement des Conscrits de l’an 7 du Calvados et de la Lys. Bernard Coppens, de son côté, indique : "Provenant d'un noyau des 4me et 16me de ligne, et de conscrits de première classe" (Etat militaire an 8) sans autres précisions.

A la formation de la 65e Demi-brigade, le Corps des Officiers comprend les Citoyens :
Etat-major : Senarens Barthélémy, Chef de Brigade; Basset Jean-Charles, Chef du 1er Bataillon; Henriot François, Chef du 2e Bataillon; Gabeau Hippolyte, Chef du 3e Bataillon; Rives Jean-Louis-Florentin, Adjudant-major du 1er Bataillon; Fournier Louis, Adjudant-major du 2e Bataillon; Rioust Léon, Adjudant-major du 3e Bataillon; Lafont Jean-Jacques, Quartier-maître trésorier; Compin Pierre-Emilant Quartier-maître.
Capitaines : Morris Pierre, Baillon Albert, Paraire Jean-Pierre, Villedieu Jean, Vannier Jean-Baptiste, Micoud Antoine, Desroches Louis, Pascot-Laronsiere Alex. Ch. Mar., Vacossin Charles François, Mehler Jean-Baptiste, Desmales Gilles, Dupre Jean Baptiste Antoine, Braun François Xavier, Richer Jules Etienne, Berleur Charles, Junemann Joseph Armand, Gleize Pierre, Real Alexandre Marie, Bouygues François Louis, Evette Emmanuel, Baaly François, Grimont François, Garnier Claude, Cazeneuve Claude, Marty Benoît, Lefevre Nicolas, Beauvens Charles, Charpentier Hilaire, Hirault Auguste Denis.
Lieutenants : Vannet Jean, Roussel Louis, Hennequin Claude, Piat Antoine Claude, Dessaux Claude Marie, Desplanques Jean Louis, Michel Pierre, PIERRE, Thierry Jean François, Chaumard Alexandre Magloire, Cheron Pierre Denis, Pretat Jean Pierre, Bresmann Jean, Lefebvre Florentin, Gautelier Antoine Gaspard, Pinasseau François, Auger Aubin Pierre, Leroux Noël, Bertrand Jean, Pinel Etienne, Delamare Eleonor, Ferwacque Jean Baptiste, Legrand François, Pinard François.
Sous-lieutenants : Léonard François, PINTEUR, Jeanningros François, Pyon Jean Baptiste, Borie Lazare, Perree Jean François, Dubois Jean Charles François, Rostand Louis Charles, Dubourg Guillaume, Besançon Pierre, David Pierre Gervais, Yon Pierre Etienne, Camelin Pierre François, Dirix Louis, Maire Jacques, Peltre Hubert, Aurousset Antoine, Mongel Joseph, Mainvielle François.

/ 1799

La 65e Demi-brigade entre en campagne peu de temps après sa formation. Le 20 Messidor an 7 (8 juillet 1799), son 1er Bataillon, qui l’a devancée, fort de 711 hommes, est à l’Armée du Danube que Masséna commande en chef. Il appartient à la Division du Général Laroche, et occupe Kehl. Le 18 juillet, cette Division est détachée de l’Armée du Danube pour être affectée à l’Armée du Rhin, commandée provisoirement par le Général Léonard Muller. A cette date, les 2e et 3e Bataillons ont rejoint le 1er et, à la fin du mois, la 65e se trouve au complet à Mayence, où elle fait partie de la 1re Division territoriale (Général Oswald). Son effectif en présents est de 88 Officiers et 2.572 hommes.

Le 6 septembre 1799 (20 Fructidor an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Duhesme : "... La 65e est aujourd’hui à Mont-Lion à votre disposition ; une partie de la 107e et de la 74e est dans la vallée de Queyras, faites votre répartition, et donnez m’en je vous prie connaissance ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 134 page 289).

- Combat de Bingheim

Le 21 septembre, la Demi-brigade prend part au combat de Bingheim ; dans cette affaire, un de ses Sous-officiers se fait particulièrement remarquer. Une Compagnie de la 65e marche à l’assaut d’une position occupée par les Autrichiens. Le Sergent Dubucq arrive l’un des premiers au pied des retranchements élevés par l’ennemi et parvient à s’ouvrir un passage où il est suivi de près par les troupes de l’attaque ; la position est enlevée en un clin d’oeil et ses défenseurs faits prisonniers. Dans cette même journée, le Sergent Dubucq ayant été attaqué par un détachement de dragons mayençais, défend avec vigueur le poste qu’il commande et ne se rend qu’après avoir été blessé d’un coup de pistolet. Cité pour ces deux faits d’armes à l’ordre du jour de l’armée, ce Sous-officier reçoit un sabre d’honneur le 10 Prairial an 9, et sera fait Chevalier de la Légion d’honneur à la création de l’Ordre.

Le 8 octobre, la 65e se trouve au combat de Bretten.

Au 12, le 3e Bataillon est le seul à Mayence. Le restant de la Demi-brigade est sur la rive droite du Rhin : le 1er Bataillon et les trois Compagnies de Grenadiers au Corps mobile avant-garde de l’armée ; le 2e Bataillon à la 2e Division active (Général Roussel).

- Combat d'Heidelberg

Le 16, le 1er Bataillon prend une part brillante à l’attaque d’Heidelberg. Dans cette affaire, le Bataillon reçoit du Général Ney l’ordre de charger les Autrichiens sur le pont. Quelques conscrits intimidés vont compromettre le succès par leur hésitation, lorsque l’Adjudant sous-officier Leguy, saisissant le drapeau, s’élance sur le pont, ranime le courage de la troupe, et, du premier élan, le conduit sur la rive opposée en chassant l’ennemi devant lui. Cité à l’ordre du jour pour ce fait, Leguy est nommé Sous-lieutenant et obtient plus tard la décoration.

Au 1er Brumaire an 8 (23 octobre 1799), le Général Lecourbe prend le commandement en chef de l’Armée du Rhin. Le 3e Bataillon de la 65e, toujours à Mayence, appartient à la 2e Division en position (Général Marescot). Le 1er Bataillon est à Bruchsal, le 2e à Obstatt ; tous les deux font partie de la 2e Division active (Général Legrand) et concourent au blocus de Philipsbourg.

Le 30, l’ennemi ayant attaqué nos avant-postes près de Bruchsal, sur la route de Durlach, est repoussé après une vive fusillade et les avant-postes reprennent leurs positions. Le 1er Bataillon perd dans cette petite affaire le Caporal Lecler et 6 hommes.

- Combat de Bretten

Le 31, à 6 heures du matin, la Division se met en marche pour prendre position en avant de Bretten. Les deux Bataillons de la 65e forment la colonne de droite et marchent par Heildelsheim et Ditelsheim. Les avant-postes de l’ennemi, composés de Hulans, qui occupent Heidelsheim, se replient à notre approche sur Ditelsheim, où ils ont 2 Compagnies, 10 Escadrons et 5 pièces d’artillerie. L’ennemi en est chassé après une légère fusillade, et, poursuivi vivement, il tente en vain de prendre position à Bretten que la Division Legrand occupe. Dans cette affaire, le Lieutenant Charpentier, à la tête de sa Compagnie de Grenadiers, enlève à la baïonnette un village en avant de Bruchsal, poursuit l’ennemi jusqu’au-delà de Bretten, soutient deux charges de cavalerie et maintient sa position contre des forces infiniment supérieures.

Le 6 novembre, la Division Legrand étant à Bretten, est attaquée simultanément par trois colonnes ennemies. Malgré son infériorité numérique, elle soutient le combat pendant six heures et se retire ensuite en bon ordre sur Bruchsal. Elle y est attaquée avec impétuosité le lendemain sur trois points à la fois. Après une vigoureuse résistance, la Division évacue la ville ; poursuivie par l’ennemi, elle se défend énergiquement de position en position jusqu’à Waldorff.

- Combat de Bruchsal

Le 8, prenant à son tour l’offensive, la 2e Division, commandée par le Général Decaen se met en marche au point du jour sur trois colonnes. Le 2e Bataillon fait partie de la colonne de droite qui marche sur Bruchsal par Cronau, Vayer et Fortz ; le 1er, de celle du centre qui s’y dirige par Mingelsheim, Langebruch et Obstatt. L’ennemi est partout repoussé et, le soir, la Division occupe les hauteurs depuis Unter et Obergrumbach jusqu’à Muntzeiheim, poussant ses avant-postes jusqu’à Heidelsheim.

Dans le cours de cette pénible journée, où la fatigue du combat est doublée par la rigueur de la température, les deux Bataillons de la 65e trouvent encore l’occasion de se faire remarquer. Sont cités à l’ordre du jour de l’armée : Pierre Chaudet, Caporal, pour, dans un combat de tirailleurs, avoir fait mettre bas les armes à un Officier et onze soldats autrichiens et s’être emparé d’une pièce ennemie au moment où elle allait faire feu. Dominique Clairac, Sergent-major, pour ne pas avoir quitté le champ de bataille, malgré une blessure grave qu’il a reçue à l’épaule et avoir ranimé ses camarades par son exemple. Pierre Hourie, Sergent-major, pour avoir défendu avec opiniâtreté une des portes de la place de Bruchsal vivement attaquée par la cavalerie ennemie, et avoir sauvé une pièce de canon près de tomber au pouvoir des Autrichiens.

Ces trois militaires reçoivent des armes d’honneur, le 10 Prairial an 11, et font partie de la première promotion dans l’Ordre de la Légion d’honneur. Les deux derniers seronnt plus tard nommés Officiers.

Le 13 novembre, le Lieutenant Charpentier, déjà cité, se trouvant en reconnaissance avec ses Grenadiers et un détachement de Chasseurs à cheval, s’empare d’un convoi de vivres destiné à l’ennemi.

Le 24 Brumaire an 8 (15 novembre 1799), le Général Delaborde annonce au Général Decaen qu'à 6 heures du matin sa Division attaquera l'ennemi sur tout son front et qu'il est à désirer que l'attaque de Deaen commençe à 5 heures et demie. Ney écrit de son côté qu'il compte s'emparer le lendemain d'Eppingen, d'où il informera Decaen de sa position définitive ; que celui-ci sera probablement à Druchsal et lui, à Hilsbach ; qu'il enverra des partis sur la direction de Decaen pendant l'action pour communiquer avec sa gauche, et qu'il l'engage à en faire autant de son côté. Decaen lui accuse réception de cet avis et l'assure qu'il fera ce que Ney désire. En attendant la réponse du Général en chef, Decaen donne l'instruction ci-après pour l’exécution de l'ordre qui lui a été adressé : "La 2e division se mettra en mouvement le 25 brumaire.
La brigade de droite, aux ordres du général Roussel, sera composée de six compagnies de la 12e d'infanterie légère, de la 65e demi-brigade, du 2e bataillon de la 29e, de deux escadrons du 3e de hussards, de deux escadrons du 20e de chasseurs, de trois pièces d'artillerie légère, d'une de 4, et de vingt sapeurs.
Cette brigade s'avancera sur deux colonnes, celle de droite composée de deux compagnies d'infanterie légère, d'un bataillon de la 65e, d'un escadron de chasseurs, d'une pièce de quatre et quelques sapeurs.
Cette colonne sera formée près du village de Rôth, et dirigée sur Kronau. Son but sera, en poussant les partis qu'elle aura devant elle, de flanquer la colonne à sa gauche et la division de droite. Elle suivra donc progressivement les mouvements des troupes sur ses flancs et particulièrement à sa gauche, prenant la direction de Bruchsal, par Weiher et Forst, pour arriver à Bruchsal par la porte de Graben, si elle ne peut pas parvenir à le tourner, pour s'établir sur le chemin de Durlach.
L'autre colonne, formée du surplus de la brigade, sera rassemblée en avant de Wiesloch pour, après, se diriger sur Bruchsal par la grande chaussée.
La brigade de gauche, commandée par le général Lacoste, sera formée de trois compagnies d'infanterie légère de la 12e demi-brigade, des 1er et 2e bataillons de la 29e demi-brigade, de deux escadrons de hussards, de deux escadrons du 20e de chasseurs, de trois pièces d'artillerie légère et quinze sapeurs.
Cette brigade sera formée à la gauche de la route de Wiestoch a Bruchsal pour ensuite être dirigée sur Gochsheim par Rauenberg, Malsch, Rettigheim, Oestringen et Odenheim.
Le général Lacoste ne négligera pas de se lier par des partis avec la division du général Ney qui marchera à sa gauche dans la direction d'Eppingen et, à sa droite, avec la brigade du général Roussel qui suivra la route de Bruchsal. Toutes ces colonnes se mettront en mouvement de sorte qu'à la naissance du jour, tous les avant-postes de l'ennemi soient attaqués vigoureusement et culbutés.
Chaque colonne, suivant la direction qui lui a été indiquée, mettra dans sa marche tout l'ordre convenable, de sorte que, si l'ennemi se présente pour s'opposer au mouvement ordonné, il puisse être combattu avec avantage.
Si les succès répondent aux efforts qu'il conviendra de faire, la division prendra position, la brigade de droite en avant de Bruchsal, vers Durlach, poussant ses avant-postes jusqu'à Weingarten, s'il est possible.
La brigade de gauche, si elle réussit à forcer l'ennemi jusqu'à Odenheim prendrait alors sa position entre ce village et Gochsheim, ayant un parti sur ce dernier endroit, la droite vers Bruchsal et sa gauche se dirigeant sur Eppingen, si la division du général Ney y est parvenue ; autrement, vers Menzingen.
Si la résistance de l'ennemi ou la nuit ne permettaient pas à cette brigade de prendre cet établissement, elle prendrait position en arrière d'Odenheim, la droite et la gauche dans les directions sus-indiquées. Au surplus, le général Decaen suivra les mouvements de la colonne du centre. Les généraux Roussel et Lacoste voudront bien l'instruire du résultat de leurs opérations, et il donnera les instructions que les circonstances imprévues pourront nécessiter.
Le chef de l'état-major donnera les ordres nécessaires pour que les ambulances soient prévenues et réparties, et aussi pour que le parc, les administrations, etc., suivent le mouvement de la colonne du centre.
Les équipages ne devront suivre qu'à une distance d'une heure de chemin ; ils seront escortés convenablement. Les colonnes seront suivies d'une réserve de munitions proportionnée à leur force.
Les généraux Lacoste et Roussel voudront bien, en faisant leur rapport de la journée, indiquer leur quartier au général Decaen, qui aura le sien à Bruchsal, si rien ne s'y oppose.
Je recommande bien qu'on emploie tous les moyens possibles pour que le pillage, qui est une des causes participant aux insuccès et excite l'animadversion des malheureux chez lesquels nous portons le fléau de la guerre, soit réprimé sévèrement
" (Journal du général Decaen, commandant une brigade de la division Colaud, à l'armée du Rhin commandée par le général en chef Léonard Muller ; ensuite, de celui pendant son commandement à Kehl en vendémiaire et brumaire an VIII ; de celui pendant le commandement d'une division de cette armée, commandée par le général Lecourbe, et durant un autre commandement à Kehl pendant frimaire jusque en germinal que je passai au commandement d'une brigade de la division Souham ; enfin le journal pendant que j'ai commandé cette brigade depuis Fructidor an VII jusqu’au 14 Prairial en VIII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 362).

Le 28 Brumaire an 8 (19 novembre 1799), le Général Decaen ordonne : "… il sera particulièrement recommandé aux troupes qui occupent la vallée de la Saal qu'il convient, pour toutes causes, d'exécuter leur retraite par la rive droite, pour venir occuper les hauteurs où est établi le camp de la 65e ..." (Journal du général Decaen, commandant une brigade de la division Colaud, à l'armée du Rhin commandée par le général en chef Léonard Muller ; ensuite, de celui pendant son commandement à Kehl en vendémiaire et brumaire an VIII ; de celui pendant le commandement d'une division de cette armée, commandée par le général Lecourbe, et durant un autre commandement à Kehl pendant frimaire jusque en germinal que je passai au commandement d'une brigade de la division Souham ; enfin le journal pendant que j'ai commandé cette brigade depuis Fructidor an VII jusqu’au 14 Prairial en VIII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 369).

Le 29 Brumaire an 8 (20 novembre 1799) au matin, le Général Decaen écrit au Général pour l'informer que la 65e n'a pas de chef, Decaen ne considèrant pas comme tel celui qui est à sa tête ; qu'il n'a "aucune bonne qualité, pas même celle si naturelle aux Français, l'amour de combattre, au moins quand cela était nécessaire" ; que le Général Roussel, qui le connait depuis longtemps, lui en a aussi parlé de cette manière; et que sa Demi-brigade est dans le plus mauvais ordre. Decaen demande par ailleurs que le Chef de Bataillon Henriot, Officier qu’il connait pour s'être distingué pendant la campagne du Général Moreau et au siège de Kehl, et qui commande un des Bataillons de cette Demi-brigade, soit nommé en remplacement de celui dont il désire l'éloignement (Journal du général Decaen, commandant une brigade de la division Colaud, à l'armée du Rhin commandée par le général en chef Léonard Muller ; ensuite, de celui pendant son commandement à Kehl en vendémiaire et brumaire an VIII ; de celui pendant le commandement d'une division de cette armée, commandée par le général Lecourbe, et durant un autre commandement à Kehl pendant frimaire jusque en germinal que je passai au commandement d'une brigade de la division Souham ; enfin le journal pendant que j'ai commandé cette brigade depuis Fructidor an VII jusqu’au 14 Prairial en VIII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 371).

Le 21, la 2e Division a sa droite à Unter et Obergrunbach et sa gauche sur les hauteurs de Muntzeishem. La 65e est à Bruchsal, au centre de la ligne, et elle a un avant-poste à Heidelsheim.

Le 1er Frimaire an 8 (22 novembre 1799), le Chef de l’Etat-major, le Général de Brigade Gudin adresse au Général Decaen des lettres de service pour le Chef de brigade Senarens, de la 65e, appelé à d'autres fonctions, et pour le Chef de Bataillon Henriot qui doit le remplacer dans le commandement de cette Demi-brigade (Journal du général Decaen, commandant une brigade de la division Colaud, à l'armée du Rhin commandée par le général en chef Léonard Muller ; ensuite, de celui pendant son commandement à Kehl en vendémiaire et brumaire an VIII ; de celui pendant le commandement d'une division de cette armée, commandée par le général Lecourbe, et durant un autre commandement à Kehl pendant frimaire jusque en germinal que je passai au commandement d'une brigade de la division Souham ; enfin le journal pendant que j'ai commandé cette brigade depuis Fructidor an VII jusqu’au 14 Prairial en VIII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 373).

Le 29, pendant la nuit, l’ennemi, avec 300 cavaliers et autant de fantassins, conduit par des paysans du pays, parvient à forcer les postes couvrant le cantonnement d’Untergrunbach et à pénétrer dans ce village où il blesse 8 Hussards et en enlève 4, avec 88 chevaux. Le cantonnement est composé de 100 cavaliers et de 3 Compagnies d’infanterie, dont une de la 65e.

Le 9 Frimaire an 8 (30 novembre 1799), Decaen donne les instructions suivantes au Général Roussel : "Le général Roussel ordonnera que ses troupes destinées à couvrir Bruchsal, s'éclairer vers Durtach, et se lier avec la 1re division, soient placées le plus tôt possible, de manière à ce qu'elles ne soient point de nouveau compromises, et, pour que cela soit ainsi, il ne faudra faire occuper que par des avant-postes, pendant le jour, Untergrombach et Obergrombach, ainsi que Büchenau, pour en conserver les ressources. La nuit, les premiers postes seront en arrière de ces villages, dans l'endroit le plus convenable.
Pour la sûreté des avant-postes, et les protéger en cas de retraite, on devra avoir de forts postes en arrière, et les troupes que le général Roussel destinera a ce service devront avoir leur réserve vers les salines, au lieu le plus favorable S'il se trouvait quelques lieux on cette réserve pourrait être établie à couvert, il faudrait l'y placer. Son but sera de soutenir et de favoriser la retraite des avant-postes s'ils étaient repoussés, puisque c'est vers ce point qu'aboutissent les divers chemins qui viennent des différents points des avant-postes jusqu'à Bruchsal.
Le général Decaen, qui a été sur les lieux, a déjà donné au chef Marigny un aperçu desdites positions qu'il croit nécessaire de faire occuper. Le général Roussel emploiera au service, dans cette partie, quatre compagnies d'infanterie légère et une de la 65e.
En cas d'une attaque sérieuse et qu'on soit en nécessité de faire retraite, cette troupe devrait l'effectuer entre Bruchsal et les salines, où il y a un chemin bien praticable pour l'infanterie et la cavalerie. Demain, le pont qui existe sur le canal sera rétabli. Après avoir passé la rivière, les troupes seraient dirigées, par leur commandant, par le chemin qui conduit à Kronau, de manière à couvrir cette route et flanquer les 1re et 2e divisions. Les ponts sur lesquels on passerait, en exécutant la retraite, seront détruits.
Le général Roussel préviendra de ses dispositions l'adjudant général Lacroix à Altenbruck. Les autres ponts sur le canal, autres que celui indiqué pour la retraite, seront de suite détruits.
Il sera établi au moulin le plus près de Bruchsal, entre cette ville et Heidelsheim, une compagnie de la 65e qui fournira des postes intermédiaires entre elle et Heidelsheim, ainsi que vers Obergrombach, pour avoir connaissance de ce qui se passerait vers ces endroits, afin d'en avertir tant à Bruchsal qu'au camp. Il y aura, à cet effet, un poste de cavalerie près de cette compagnie. Le poste de Heidelsheim continuera d'être tenu par les deux escadrons de hussards et les quatre autres compagnies d'infanterie légère avec une compagnie de la 65e.
On tiendra en avant-poste Helmsheim et les moulins à la gauche de ce village, de sorte qu'on puisse être lié par la droite avec les postes sur Obergrombach, et par la gauche, avec la brigade du général Lacoste par les bois d'Oberacker.
D'après ces dispositions, le général Roussel devra avoir les quatre compagnies de la 29e réunies au camp en arrière de Heidelsheim, cinq compagnies de la 65e au camp de Bruchsal, un bataillon pour la garde de la ville, avec les compagnies de grenadiers qui, en cas d'attaque, devront de suite se réunir pour devenir disponibles. Il faudra leur indiquer leur place d'alarme en arrière de la porte de Wiesloch.
En cas d'attaque sérieuse de la part de l'ennemi, on ne devra pas mettre d'opiniâtreté à tenir en avant de la Saal. Il faudra faire les dispositions convenables pour se défendre à la position indiquée précédemment par l’instruction donnée à ce sujet.
Si on était nécessité par l'ennemi à une retraite, on recommandera que les troupes qui particulièrement quitteraient Bruchsal se réunissent à un point déterminé, pour former ensuite une masse susceptible d'être portée où le besoin l'exigerait. Celles du moulin se retireraient vers le camp de Bruchsal. Il n'est rien changé pour ce que doivent faire les troupes de Heidelsheim en cas qu'elles soient obligées de quitter cet endroit.
L'établissement des troupes devant avoir lieu le plus tôt possible, le général Roussel est invité d'y mettre toute la célérité.
Les hussards qui ont perdu leurs chevaux, avec les officiers démontés, seront envoyés à Ubstadt, où ils se garderont militairement, puisqu'ils doivent encore avoir leurs carabines. Le parc et les équipages seront mis sous leur surveillance. Ce qui reste d'hommes montés seront réunis à la compagnie qui est maintenant sur Büchenau pour faire le service avec l'escadron de chasseurs
" (Journal du général Decaen, commandant une brigade de la division Colaud, à l'armée du Rhin commandée par le général en chef Léonard Muller ; ensuite, de celui pendant son commandement à Kehl en vendémiaire et brumaire an VIII ; de celui pendant le commandement d'une division de cette armée, commandée par le général Lecourbe, et durant un autre commandement à Kehl pendant frimaire jusque en germinal que je passai au commandement d'une brigade de la division Souham ; enfin le journal pendant que j'ai commandé cette brigade depuis Fructidor an VII jusqu’au 14 Prairial en VIII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 382).

- Combat d'Hedelsheim

Le 2 décembre (11 Frimaire) l’ennemi attaque toute la ligne de nos avant-postes. Vers une heure de l’après-midi, il essaie en vain d’enfoncer le centre de la Division, sur les hauteurs en arrière d’Heidelsheim. Une charge avec quelques Compagnies d’infanterie ; tant de la 12e légère que de la 65e, soutenues par deux pelotons de Hussards, dirigée par les Généraux Decaen et Roussel en personnes, l’oblige à une retraite précipitée vers Heidelsheim. L’aile droite et le centre de la Division conservent leurs positions jusqu’au soir. C’est dans cette même journée que le Général Decaen, à la tête de quatre Compagnies de la 65e, enlève d’un seul élan la position du village d’Oberovisheim, perdue dans la journée par nos troupes. Le Général reçoit dans cette attaque une balle dans ses habits.

La Brigade de gauche ayant été forcée de céder devant le nombre, celle de droite se voit dans l’obligation de quitter les positions qu’elle a reconquises, pour se conformer au mouvement général de retraite, qui s’exécute d’ailleurs avec beaucoup d’ordre, par échelons de Brigade. La 65e est particulièrement harcelée par l’ennemi dans cette retraite, qui fournit une fois encore au Lieutenant Charpentier l’occasion de se distinguer. Placé à l’extrême arrière-garde et se trouvant trop vivement pressé, cet Officier arrête sa Compagnie de Grenadiers, lui fait prendre position, exécute pendant une demi-heure un feu de chaussée très meurtrier contre un Bataillon autrichien et sauve deux pièces de canon dont l’ennemi va s’emparer.

Le 12 Frimaire an 8 (3 décembre 1799), le Général Decaen reçoit une lettre du Général Roussel, écrite après son arrivée à Oftersheim, qui l'informe que les Compagnies de la 65e et les Hussards qui ne l'ont pas rejoint, le matin, sont avec la 1ère Division (Journal du général Decaen, commandant une brigade de la division Colaud, à l'armée du Rhin commandée par le général en chef Léonard Muller ; ensuite, de celui pendant son commandement à Kehl en vendémiaire et brumaire an VIII ; de celui pendant le commandement d'une division de cette armée, commandée par le général Lecourbe, et durant un autre commandement à Kehl pendant frimaire jusque en germinal que je passai au commandement d'une brigade de la division Souham ; enfin le journal pendant que j'ai commandé cette brigade depuis Fructidor an VII jusqu’au 14 Prairial en VIII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 408).

Le même jour, la Division est attaquée dès le matin avec beaucoup de vivacité par un ennemi très supérieur en nombre. A 3 heures de l’après-midi, l’attaque est renouvelée, la retraite est reprise et se continue pendant la nuit.

Le 13 Frimaire an 8 (4 décembre 1799), le Général Decaen écrit au Général Lacoste : "Le général en chef ne m'ayant donné aucune instruction sur les opérations ultérieures que doit faire la division que je commande, pour quoique cause que ce soit, il est convenable que vous fassiez prendre position à une partie de votre brigade à la tête du bois qui se trouve entre Schwetzingen et la ferme de Bruchhauserhof, pour couvrir ce débouché sur Schwetzingen et rester liés, par notre gauche, avec la division Ney, en tenant en avant-poste la ferme susdite.
Les trois compagnies de la 65e qui n'ont pas combattu hier, avec cinquante chevaux, seront suffisantes ...
" (Journal du général Decaen, commandant une brigade de la division Colaud, à l'armée du Rhin commandée par le général en chef Léonard Muller ; ensuite, de celui pendant son commandement à Kehl en vendémiaire et brumaire an VIII ; de celui pendant le commandement d'une division de cette armée, commandée par le général Lecourbe, et durant un autre commandement à Kehl pendant frimaire jusque en germinal que je passai au commandement d'une brigade de la division Souham ; enfin le journal pendant que j'ai commandé cette brigade depuis Fructidor an VII jusqu’au 14 Prairial en VIII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 411).

Le même jour, vers 4 heures, le Général Decaen reçoit une lettre du Chef d’Etat-major Gudin, du Général en Chef Lecourbe, datée de Mannheim le 13 Frimaire an 8 : "J'ai l'honneur de vous adresser, citoyen général, les ordres de départ pour les 29e et 65e demi-brigades, la 4e compagnie du 3e régiment d'artillerie légère, le 3e de hussards et le 20e de chasseurs à cheval. Je vous prie de les faire mettre sur-le-champ à exécution" (Journal du général Decaen, commandant une brigade de la division Colaud, à l'armée du Rhin commandée par le général en chef Léonard Muller ; ensuite, de celui pendant son commandement à Kehl en vendémiaire et brumaire an VIII ; de celui pendant le commandement d'une division de cette armée, commandée par le général Lecourbe, et durant un autre commandement à Kehl pendant frimaire jusque en germinal que je passai au commandement d'une brigade de la division Souham ; enfin le journal pendant que j'ai commandé cette brigade depuis Fructidor an VII jusqu’au 14 Prairial en VIII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 413).

Le 4, on est avisé de la conclusion d’un armistice entre le Général Lecourbe et le Général autrichien Starey. La Division repasse le Rhin à Neckerau et est ensuite dissoute. Le 1er et le 2e Bataillon de la 65e sont dirigés vers Mayence où ils arrivent le 6 ; ils vont rejoindre immédiatement le 3e Bataillon qui est depuis trois jours à Cassel, à la disposition du Général de Brigade Roget.

Pendant trois jours, la Demi-brigade, dont l’effectif des présents est descendu à 1.809 hommes, se trouve toute entière à la 5e Division (Général Thuring).

Le 10, elle se disloque de nouveau : le 3e Bataillon reste à Cassel ; le 1er et le 2e passent à la 4e Division (Général Ney) et vont occuper la ligne du Rhin, de Worms à Oppenheim. La Division Ney forme l’aile gauche de l’Armée du Rhin ; l’aile droite est en Suisse avec le Général Lecourbe.

Le 27, le 1er et le 2e Bataillon rentrent à Mayence, à la 5e Division, dont le Général Hardy a pris le commandement. Cette Division est chargée de la défense de la tête du pont de Cassel et de la garde de Mayence.

/ 1800

A Paris, en Nivôse an 8, le Premier Consul adresse une Note, pour le Ministre de la Guerre : "... Ordre au dépôt de la 65e de se rendre à Strasbourg ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostillesde Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 39).

Au commencement de janvier, Moreau prend le commandement en chef de l’Armée du Rhin : il a son Quartier-général à Bâle.

Le 5, le 3e Bataillon étant rentré de Cassel, la Demi-brigade se trouve au complet à Mayence. La veille, elle y a reçu son Dépôt.

L’hiver est très rigoureux, le Rhin est gelé, l’ennemi paraît se disposer à le franchir. Dans la nuit du 10 au 11, à minuit, en exécution d’un ordre du Général Hardy, le 3e Bataillon de la 65e et un détachement d’artillerie de la garnison de Mayence, avec deux bouches à feu, sortent de la place, et vont prendre position sur las hauteurs de Weissenau pour surveiller les mouvements des Autrichiens. Rien ne s’étant produit, ces troupes rentrent dans la place à 9 heures du matin.

Le 22, la 65e se rend de Mayence à Cassel : elle occupe le fort de Cassel et l’île de Mars.

Le 8 Pluviôse an 8 (28 janvier 1800), la 65e se complète par l’incorporation du 2e Bataillon auxiliaire du Bas-Rhin arrivé à l’armée, fort de 767 hommes. Ce qui porte son effectif à 2.326 hommes, dont 1.730 présents.

Le 16 février 1800 (27 pluviôse an 8), Bonaparte écrit depuis à Talleyrand, Ministre des Relations extérieures : "D'après les nouvelles que je reçois, Citoyen Ministre, il me paraît que les Bataves se conduisent toujours de plus en plus mal. Je viens de donner les ordres pour faire partir sur-le-champ pour la Batavie la 29e demi-brigade légère, les 5e, 55e, 65e demi-brigades de ligne et 6,000 conscrits. Je viens de faire rapprocher de la Belgique plusieurs demi-brigades qui deviennent inutiles à l'Ouest …" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4597 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5503).

A la fin de février, la 5e Division devient le Corps du Bas-Rhin (Général Sainte-Suzanne). Ce Corps d’armée comprend la Division Leval et la 26e Division militaire. La 65e est affectée à la Division Leval et est cantonnée à Flersheim et Hockheim.

Le 13 mars, les 1er et 2e Bataillons sont dirigés sur Strasbourg. Le 15, le 3e part pour Schelestadt.

Le 18, l’ennemi, au nombre de 300 hommes, passe de Manheim sur la rive gauche du Rhin et pousse sa course jusqu’au-delà d’Oggersheim. Mais le Chef de Brigade Luft, commandant la ligne du Rhin, de Spire à Mayence, ayant réuni un Bataillon de la 91e et les deux Bataillons de la 65e qui sont en route pour Strasbourg, le force bientôt à se rembarquer pour Manheim.

Le 30, le 3e Bataillon rétrograde et rejoint la Division Leval ; on l’affecte à la garde de la ligne du Rhin, de Mayence à Oppenheim. Il s’établit quelques jours plus tard à Cassel.

Le 2 avril 1800, le Général Moreau écrit à Bonaparte : "… Il a fallu laisser deux demi-brigades à Mayence en attendant l'arrivée de la 66e. Je viens même d'ordonner que la 5e et la 17e ne partiraient pour leur destination qu'à son arrivée, pour que je puisse en retirer un bataillon de la 65e, que j'y avais envoyé pour s'opposer à des démonstrations assez sérieuses, que le corps de Starray, resté sur le Necker et le Mein, avait faites contre Cassel et le Palatinat. Je me rends à Strasbourg, où j'achèverai de régler tous ces objets ..." (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 2, p. 51).

- Combat de Kehl.

Les 1er et 2e Bataillons, qui font partie de la 3e Division (Général Delaborde), prennent part au mouvement ordonné au Général Sainte-Suzanne de déboucher, le 25 avril au matin, par Kehl, pour se porter sur Offenbourg. Après un combat très vif, l’ennemi est repoussé jusqu’à Offenbourg, ayant perdu une pièce de canon et une centaine de prisonniers.

Le 8 mai, le 3e Bataillon rentre à Mayence pour y tenir garnison. Le 15, il détache 330 hommes pour contraindre plusieurs cantons à envoyer le nombre d’hommes qui leur a été fixé pour travailler aux fortifications de Mayence et de Cassel.

- Combat de Papelau-Erbach

Le 16 mai, les deux premiers Bataillons sont au combat de Papelau-Erbach, combat que soutient 12 heures durant le Corps de Sainte-Suzanne, et dont le succès est déterminé par l’entrée en scène d’une partie du Corps de Gouvion-Saint-Cyr, dont on entend tout-à-coup le canon sur la rive droite du Danube. Après cette affaire, toute l’armée autrichienne se retire sur la rive gauche du fleuve, et Moreau manoeuvre pour la forcer à abandonner la place d’Ulm, ou tout au moins pour reconnaître les nouveaux ouvrages de cette place, auxquels l’ennemi n’a cessé de travailler depuis la paix de Campo-Formio.

Au 10 juin, la 65e a son 3e Bataillon à Spire. Les 1er et 2e sont à Raderswhir et constituent, avec la Légion polonaise, la Division de Kehl (Général Klein).

Le 27 juin, le 2e Bataillon rejoint le Dépôt de Mayence.

Le 3 juillet, le 3e arrive à Cassel et détache sa Compagnie de Grenadiers en avant de l’île Mars.

Le 17, les hostilités sont suspendues en exécution de l’armistice de Parsdorf.

Le 28, trois Compagnies du 1er Bataillon, avec une Compagnie de cavalerie polonaise et deux pièces d’artillerie, partent d’Hasslach pour aller assurer les communications et la rentrée des contributions dans les localités d’Hansach, Wolfach, Halpersbach et Dornschwett. Deux autres Compagnies vont remplir la même mission à Freudenstadt et environs.

Le 28 août, le 3e Bataillon, venant de Cassel, arrive à la Division Delaborde où le 2e l’a précédé. Ils comptent en tout 1.209 hommes et occupent Bruchsal. Le 1er Bataillon (Division Klein), qui en compte 730, est à Schuttern.

Le 10 septembre, l’armistice étant expiré, les troupes reprennent leurs positions antérieures.

Le 17, les 2e et 3e Bataillons sont à Kirloch ; le 1er à Gegenbach.

Le 2 octobre, le 1er Bataillon cantonne à Nagold ; les deux autres à Hockenheim.

Quelques jours après, la 65e quitte le Corps du Bas-Rhin pour passer à la 5e Division militaire (Général Freytag), dont le Quartier-général est à Strasbourg. Elle est toute entière à Strasbourg et à son Dépôt à Landau.

A la fin du mois, elle détache de nouveau à la Division Klein, à Kehl, 3 Compagnies du 1er Bataillon. Cette fraction est rejointe aussitôt après la reprise des hostilités, vers la mi-novembre, par tout le restant de la 65e, qui se trouve ainsi en entier à la 3e Division du Corps du Bas-Rhin (Général Klein) et cantonne à Kehl et aux environs.

Le 2 décembre, Moreau remporte l’éclatante victoire de Hohenlinden, qui coûte aux Autrichiens 6.000 hommes et 16.000 prisonniers ; l’armée française marchant sur Vienne pousse l’ennemi jusqu’à Steyer. Un armistice, signé dans, cette ville, suspend les hostilités qui sont closes définitivement par la paix de Lunéville (1801) et par la paix d’Amiens (1802).

Après l’armistice de Steyer, la Division Klein cantonne, la droite à Hasloch, le centre à Schuttern et la gauche à Rastadt.

/ 1801

Le 10 janvier, la 65e Demi-brigade est à Vieux-Brisach et Kehl. Son dépôt est transféré de Landau à Lauterbourg.

Le 19 février, la 65e est à Altetosheim.

Le 21 Germinal an 9 (11 avril 1801), le Général Decaen écrit : "J’arrivai à Augsbourg. Le général Moreau en était parti de la veille ; mais j'y trouvai l'ordre ci-après :
« La division du général Decaen est composée des corps ci-après : 14e demi-brigade d’infanterie légère, 4e demi-brigade d'infanterie de ligne, 16e demi-brigade d'infanterie de ligne, 27e demi-brigade d'infanterie de ligne, 1er bataillon de la 65e, à Ulm, 17e de dragons, 1er de chasseurs à cheval, 6e de chasseurs à cheval, 10e de chasseurs à cheval, 20e de chasseurs à cheval ; avec les 2e, 4e et 6e compagnies du 3e régiment d'artillerie à cheval.
Les généraux de brigade Sahuc et Durutte sont attaches à cette division avec l'adjudant commandant Plauzonne.
Cette division s'établira d'abord entre le Lech et le Danube. La division se mettra ensuite en marche pour arriver sur la rive droite du Rhin ».
L'époque de l'arrivée des troupes près de ce fleuve ainsi que les points où elles devaient effectuer leur passage ayant été changés par un ordre ultérieur, je ne les énonce point ... Je fixai les cantonnements du surplus de la division entre Balzenhofen et Augsbourg
" (« Journal de mes campagnes comme général de division dans l'an VIII et l'an IX (1800-1801) – In Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 2, p. 228).

Le 26 Germinal an 9 (16 avril 1801), le Général Decaen écrit : "Je reçus du général Lahorie la lettre ci-après, datée de Stuttgart, le 23 :
« Je te préviens, mon cher Decaen, que, d'après les ordres du gouvernement, la 4e demi-brigade de ligne devra passer le Rhin à Strasbourg le 15 floréal, pour continuer sa marche le même jour sur Nancy ; le bataillon du 65e devra passer le 15 pour se rendre à Metz ; la 14e légère devra passer le 19 ou le 20, à Huningue ; la 16e légère devra passer le 17 ou le 18, à Brisach ; le 17e de dragons, à Strasbourg le 14, pour Pont-à-Mousson ; le 20e de chasseurs, à Strasbourg le 16, pour Arras ; le 1er de chasseurs, à Strasbourg le 26, pour Commercy ; le 6e de chasseurs, à Strasbourg le 26, pour Strasbourg ; et le 10e de chasseurs, à Strasbourg le 30, pour Stenay.
La 27e demi-brigade de ligne devra continuer, dès ce moment, sa marche pour arriver à Strasbourg où je suppose qu'elle arrivera vers le 10 floréal.
Le pays entre le Rhin et les montagnes étant épuisé, il est nécessaire, mon cher Decaen, que tu combines ton mouvement de manière que les troupes n'aient qu'un séjour près du Rhin sur la rive droite.
Le général Sainte-Suzanne a reçu du gouvernement les ordres de route de tous les corps ; ainsi il sera bon que tu lui envoies d'avance ainsi qu'à moi l'itinéraire des troupes de ta division.
L'artillerie légère entrera à Strasbourg avec le 6e de chasseurs.
Le caissier du payeur Labouillerie est chargé de te remettre un effet sûr pour 25 000 francs
" (« Journal de mes campagnes comme général de division dans l'an VIII et l'an IX (1800-1801) – In Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 2, p. 230).

Le 20 avril, la 65e est de retour à Vieux-Brisach, où elle fait partie de la 5e Division militaire (Général Freytag).

Le 7 Floréal an 9 (27 avril 1801), le Général Decaen écrit : "A mon arrivée à Ulm, je reçus la lettre ci-après du général Lahorie, datée de Stuttgart, le 6 :
« Tu sais, mon cher Decaen, que, d'après les ordres du gouvernement, le Brisgau doit être occupé par des troupes françaises jusqu'à l'arrivée du duc de Modène. Ces troupes sont la 16e de ligne et le 23e régiment de cavalerie. Tu dirigeras, en conséquence, la 16e demi-brigade sur Fribourg et environs pour le 18 et le 20.
Comme le bataillon de la 65e qui est en garnison à Stuttgart doit en partir le 10 pour se rendre à Strasbourg, donne des ordres a un des bataillons de la 16e de ligne de se rendre à Stuttgart pour y tenir garnison. Le chef de ce bataillon remplira les fonctions de commandant d'armes. Donne lui l'ordre d'arriver de sa personne à Stuttgart le 9 de ce mois, pour qu'il puisse recevoir de l'adjudant commandant Rapatel les instructions nécessaires. Ce bataillon restera à Stuttgart jusqu'au 24 de ce mois, époque à laquelle il recevra de l'état-major général l'ordre direct de se rendre à Fribourg, les régiments de cavalerie de la réserve devant avoir passé à Stuttgart pour le 24 de ce mois ».
Des ordres furent aussitôt expédiés directement au commandant la 16e demi-brigade ...
" (« Journal de mes campagnes comme général de division dans l'an VIII et l'an IX (1800-1801) – In Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 2, p. 232).

Le 7 mai, la 65e passe le Rhin à Strasbourg et va tenir garnison à Metz.

Le 3 juin, le Chef de Brigade Goris, venant de la 17e de ligne, prend le commandement de la 65e en remplacement du Chef de Brigade Senarens, mort le 23 mars. Le nouveau commandant de la 65e, engagé comme soldat aux Gardes françaises en 1778, est un des héros de l’Armée d’Italie à l’ordre du jour de laquelle il a été cité plusieurs fois.

Au 20 juillet 1801, la 65e a un Bataillon à Longwy et les deux autres à Luxembourg. Elle compte 2.213 hommes et fait partie de la 3e Division militaire (Général Ferino), dont le Quartier-général est à Metz.

Selon Bernard Coppens, la 65e est en l'an 10 (23 septembre 1801-22 septembre 1802), à Luxembourg et à Longwy.

/ 1802

Un an après, nous trouvons les trois Bataillons de la 65e réunis au Luxembourg, garnison qu’ils quittent un peu plus tard pour retourner à Metz.

/ 1803

Au mois de février 1803, la 65e Demi-brigade est envoyée au camp de Brest. Les deux premiers Bataillons sont embarqués à Brest pour l'Irlande, et font cette campagne.

Le 24 mars 1803 (3 Germinal an 11), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez ordre, citoyen ministre, à la 88e de se rendre en garnison à Strasbourg ... à la 65e id. à Angers ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7533).

Le 9 avril 1803 (19 germinal an 11), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Mon intention, Citoyen Ministre, est qu'on ne fasse aucun préparatif à Angers pour la 65e demi-brigade. Elle s'y reposera simplement deux jours; elle y recevra ordre de se rendre à Vannes, dans le département du Morbihan, d'où elle fournira un bataillon à Belle-Ile; moyennant quoi la 16e légère en sera retirée. Elle recevra ordre de se rendre à Brest pour y tenir garnison ...
En écrivant au chef de brigade de la 65e, dites-lui que le Gouvernement, en confiant à son corps la place de Belle-Ile, et en l'envoyant dans le Morbihan, compte sur son zèle et sur sa vigilance
" (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6673 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7557).

La 65e quitte Metz le 18 avril pour Saint-Malo et Lorient, à l’Armée des Côtes de l’Océan.

Le 2 Prairial an 11 (22 mai 1803), le Premier Consul écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre à la 65e qui est à Lorient de compléter deux bataillons à 800 hommes chacun et envoyez-les à Belle-Île sous le commandement du chef de brigade pour y tenir garnison. L'autre bataillon restera à Lorient. Dès l'instant que la 16e qui est à Belle-Île sera complétée au pied de guerre, les deux bataillons de la 65e seront également complétés au pied de guerre, de manière que ces quatre bataillons forment quatre mille hommes pour la défense de Belle-Île" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 572 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7662).

Le 4 juin, les 1er et 2e Bataillons tiennent garnison à Belle-Ile-en-Mer ; le 3e est resté à Port-Liberté (Port-Louis).

Le mois suivant, ce Bataillon rejoint les autres à Belle-Île et la 65e détache 4 Compagnies (400 hommes) à l’île de Groix.

Le 9 Thermidor an 11 (28 juillet 1803), le Premier Consul écrit, depuis Bruxelles, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre au 1er bataillon de la 65e demi-brigade de passer à Belle-Île où il sera complété comme les deux autres ; au bataillon de la 24e qui est à l'île de Groix, de passer à Lorient ; faites former la garnison de cette île par 4 compagnies de la 65e qui est à Belle-Île, chaque compagnie complétée à 100 hommes ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7871).

A Saint-Cloud, le 23 Fructidor an 11 (10 septembre 1803), "Le ministre de la marine demande un détachement de cent hommes pour former la garnison du vaisseau le Jemmapes qui doit se rendre incessamment au port de Lorient"; "Cette garnison sera fournie par cent vingt hommes de la 65e demi-brigade", répond le Premier Consul (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1301).

En exécution d’un Arrêté des Consuls du 1er Vendémiaire an 12 (22 septembre 1803), supprimant la dénomination de Demi-brigade, la 65e devient 65e Régiment d'infanterie de ligne.

Au commencement d’octobre, les trois Bataillons sont à Saint Malo ; la 65e détache 120 hommes à Lorient pour former la garnison du vaisseau le « Jemmapes ».

Le 12 Vendémiaire an 12 (5 Octobre 1803), Louis François Coutard est nommé par le Premier Consul, Colonel du 65e de Ligne.

Au commencement de novembre, le 65e, qui compte 2.522 hommes à son effectif, a son 1er Bataillon à l’île de Bréhat, les 2e et 3e à Saint-Brieuc, où se trouvent aussi le Dépôt et l’Etat-major.

Le 28 novembre 1803 (6 frimaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre, de me présenter un rapport sur la dissolution du camp de Bayonne et sur la formation de trois cantonnements ...
Le troisième cantonnement se réunira à Brest. Il sera composé des 7e et 16e régiments d'infanterie légère, des 3e, 26e, 37e et 65e de ligne, des 7e et 28e régiments de chasseurs, et du 1er de hussards.
L'artillerie sera composée de huit pièces de 4, de six pièces de 8, de six pièces de 12 et de six obusiers, avec un approvisionnement de 300 coups à tirer par pièce, 200 cartouches par homme, et un approvisionnement d'infanterie proportionné.
Ce cantonnement sera commandé par un général en chef, deux généraux de division, deux généraux de brigade et un général de cavalerie ...
Faites-moi un projet sur ces bases avant de rien exécuter
" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7331; Correspondance générale, t.4, lettre 8338).

Le 29 novembre 1803 (7 frimaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Il est inutile, citoyen ministre, de rien changer à l'arrêté qui met sur le pied de guerre les 2e, 15e, 20e, 4e, 65e, 93e, 16e et 23e régiments" (Correspondance générale, t.4, lettre 8343).

/ 1804

Le 3 janvier, l’ancien chef de la 73e Demi-brigade, le Colonel Coutard, prend le commandement du 65e en remplacement du Colonel Gorris, passé au 14e d’infanterie légère. Le Colonel Coutard a servi avec distinction sous les ordres de Duhesme, de Macdonald, de Masséna, et s’est particulièrement illustré au siège de Gênes, où il a été nommé Chef de Brigade sur le champ de bataille.

Au mois de janvier 1804, le Bataillon-Dépôt est dirigé du camp de Brest sur Boulogne ; il y est rejoint par les deux Bataillons de guerre rentrant d'Irlande (Historique régimentaire).

Le 5 Ventôse an 12 (25 février 1804), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier : "Le département du Finistère, Citoyen Ministre, formera l'arrondissement de l'armée d'Irlande, et sera directement sous les ordres du général en chef Augereau.
Donnez l'ordre que deux bataillons des 7e et 16e régiments d'infanterie légère, deux du 37e, deux du 24e, un du 70e, un du 65e et un du 47e régiment de ligne, chaque bataillon complété à 800 hommes, officiers compris, se rendent sur-le-champ à Brest pour former le camp.
Faites-moi connaître l'état de situation, au 1er ventôse, des 70e, 65e et 47e régiments, afin que je voie s'ils peuvent former un second bataillon de 7 à 800 hommes.
Vous préviendrez le général Augereau qu'il cantonnera les troupes soit à Brest, soit dans les environs, de la manière qu'il jugera la plus convenable, ayant soin cependant de les réunir le plus possible et de les tenir nécessairement dans le département du Finistère
" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7566 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8696).

Le 28 Germinal an 12 (18 avril 1804), Murat écrit au Ministre de la Guerre : "... Je suis informé, citoyen ministre, que le chef du 2e bataillon du 65e régiment a donné sa démission, cette place est remplie provisoirement par le capitaine Paraire qui se trouve le plus ancien officier de son grade ; ce militaire est mon compatriote, il a bien servi, je vous demande en sa faveur la place vacante. Il a l'instruction et le zèle pour faire un excellent chef de bataillon et je vous serais très reconnaissant de lui faire éprouver par sa promotion à ce nouveau grade l'effet de l'intérêt sincère que je lui porte" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 115, lettre 1349).

Le 1er Prairial an 12 (21 mai 1804), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin, les 2 premiers bataillons du 24e régiment de ligne resteront pour former l'armée du général en chef Augereau ou pour faire le service de l'arsenal. Les garnisons nécessaires aux vaisseaux seront fournies savoir : par une compagnie du 3e bataillon du 47e régiment qui sera complétée à 120 hommes et qui se rendra à Brest. Par 2 compagnies du 3e bataillon du 65e régiment qui seront complétées à 120 hommes chacune et qui se rendront également à Brest. Par 2 compagnies du 70e régiment de 120 hommes chacune et qui se rendront également à Brest.
Les 5 compagnies formeront un total de plus de 600 hommes qui, dès l'instant de leur arrivée à Brest, seront embarquées sur l'escadre. Vous donnerez l'ordre au 1er bataillon du 112e régiment de se rendre dans la citadelle d'Anvers où il sera à la disposition de la marine, pour faire le service de l'arsenal
" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8878).

Le 20 juin, le 1er Bataillon est au camp de Brest ; les deux autres, qui sont restés à Saint-Brieuc, ont fourni un détachement de 379 hommes à l’escadre de Brest.

A Saint-Brieuc, le Régiment passe l’inspection générale du Général Vaufreland. Son effectif est alors de 95 Officiers et 2.238 hommes.

Etat des Officiers du 65e en 1804
Noms et Prénoms Âge Lieu de naissance Grades
Etat-major
COUTARD Louis-François
MULLER Charles
GUILLOU François-Jacques
TEULLE François-Marie
BASSET Jean-Charles
LAFOND Jean-Jacques
FOURNIER Jean-Louis
RIVES Florentin
DELAMARE Eléonor
DANEL Alexandre
WANDERKEROWE Jean-François
ROUX François-Michel
SAULNIER Jacques-Louis
DARTIGAUX Pierre
MARLET Jean
35
29
40
35
42
34
30
34
36
36
27
31
21
20
25
Ballon (Sarthe)
Eppfig (Bas-Rhin)
Notre-Dame-de-Crenay (Manche)
Caumont (Hte Garonne)
Laigle (Orne)
Toulouse (Hte Garonne)
Mesles (Deux-Sèvres)
Massot(Ariège)
Blargies (Oise)
Arras (Pas-de-Calais)
Saint-Mer (Pas-de-Calais
Vitré (Ille-et-Vilaine)
Moulins (Allier)
Hontaux (Landes)
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)
Colonel
Major
Chef de Bataillon
"
"
Quartier-maitre trésorier
Capitaine Adjudant-major
"
" Chirurgien-major
Chirurgien-aide
"
"
"
"
1er Bataillon
COMPIN Pierre Emiland
GROSSOT de VERCY Edme
REY Joseph-Frédéric
PASCOT-LARONSIERE Ad.
O' KEANE Henry
VACOSSIN Charles-François
HIRAULT Augustin
DUPRE Jean-Baptiste
CHAUMART Alre-Magloire
JOURDAN Jean-Fr.-Clet
BARDEAUX Denis
DUPEYRE François
CHOPPART Joseph
PIYON Jean Baptiste
AUROUSSET Antoine
BREBION Pierre-Augustin
BORIE Lazare
ROUSSEL Louis
SAINT-LEON Charles
LEGUY Louis
CAMELIN Pierre-François
GUYARD Jean-Henry
DONNET Jean
ROESSEL Jean-Chrétien
LAPEYRE Simon-Ch.
LE SENECHAL J.-Baptiste
DUTAIN Louis
32
32
37
49
36
60
40
39
35
36
37
34
31
35
35
43
30
47
29
38
39

28
26
32
30
34
Bellevue (Saône-et-Loire)
Vezelay (Yonne)
Milhau (Aveyron)
Paris (Seine)
Killala (Irlande)
Creussay (Somme)
Paris( Seine)
Chantillzy (Oise)
Sens (Yonne)
Phalsbourg (Meurthe)
Paris (Seine)
Castelnau (Tarn)
Avallon (Yonne)
nègre de la Martinique
Paray-le-Frezet (Allier)
Paris (Seine)
Bellefendy (Aude)
Plessis-Bouchard (Seine & Oise)
Toul (Meurthe)
Nevers (Nièvre)
Lons-le-Saulnier (Jura)

Sedan (Ardennes)
Strasbourg (Bas-Rhin)
Martres (Haute-Garonne)
Dol (Ille et Vilaine)
Nancy (Haut-Rhin)
Capitaine de Grenadiers
Capitaine
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"
"
"
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Lieutenant de Grenadiers
Lieutenant
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"
"
"
"
Sous-Lieutenant
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"
"
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"
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"
2e Bataillon
BAALY François-Xavier
PARAIRE Pierre
EVETTE Emmanuel
DESROCHES
PIERRE François
MEHLER Jean Baptiste
PINASSEAU François
BRAUN Xavier
PRETAT Jean Sulpice
BERTRAND Jean
RICHARD Jacques
LEROMAIN Jean-Baptiste
THOMAS Jean-Baptiste
AUGE Aubin-Pierre
LEGRAND Ch-. Michel
MPELTRE Hubert
VERDIER Philippe
DUBOIS Jean-Charles
MINVIELLE François
CASTAING Dominique
DARRE Jean
YON Pierre Etienne
VILLEMAIN Jean-Baptiste
JACQUEMIN Jean-Pierre
BRICOURT Laurent
PERILLE Pierre Ulysse
CASTEL Jean-François
40
36
42
44
40
42
34
37
37
32
31
53
33
34
35
36
22
49
33
39
30
50
35
32
32
30
29
Buochs (Helvétie)
Cahors (Lot)
Seez (Orne)
Paris (Seine)
Bouligny (Haute Saône)
Simmarhausen (Franconie)
Poitiers (Haute-Charente)
Metz (Moselle)
Grimant (Yonne)
Trausse (Aude)
Briey (Moselle)
Rombach(Haut-Rhin)
Grond (Yonne)
Paris (Seine)
Saint-Denis (Seine)
Metz (Moselle)
Arras (Pas-de-Calais)
Réunion (Aisne)
Oléron (Basses- Pyrénées)
Pau (Basses-Pyrénées)
Labatus (Basses- Pyrénées)
Caen (Calvados)
Morteaux (Doubs)
Châlons (Marne)
Caudry (Nord)
Joigny (Yonne)
Montauban (Lot)
Capitaine de Grenadiers
Capitaine
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Lieutenant
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Sous-Lieutenant
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3e Bataillon
CHARPENTIER Hilaire
DESMARES Gilles
RICHER Jacques Etienne
VILLEDIEU Jean
FOLLY Antoine
VANNIER Jean-Baptiste
MORRIS Patrice
GLEIZE Pierre
BRESMANN Jean
MONGEL Joseph
LEONARD François
LERAT Jean-Baptiste
JEANNINGROS Alex.
DUBOURG Guillaume
PERREE Jean-François
LIEGEARD Jean-Xavier
GAUTELIER Ant. Gaspard
FERVACQUES J. Baptiste
DIRIX Louis
DOPPELT Jean
GOULARD Joseph
ARTIGALAS Jean
DESPORTES Auguste
MOTHE Favien
SAINT MARTIN François
ROBERT François
34
38
54
38
36
45
34
50
53
37
42
32
31
40
33
30
50
37
48
40
34
47

33
31
39
Beaurieux (Aisne)
Nogent-le-Rotrou (Eure et Loir)
Saint-Amand (Marne)
Ypreville (Sarthe)
Ficulaire (Aisne)
Bréry (Marne)
Cambrai (Nord)
Flaujeaux (Aude)
Saint-Jugberth
Reims (Marne)
Bouvigny (Meuse)
Saint Pierre de Cormelle (Eure)
Mouthiers (Doubs)
Marmande (Lot et Garonne)
Perrée (Calvados)
Auxerre (Yonne
Paris (Seine)
Mauerbe (Calvados)
Paris (Seine)
Trimbach (Bas-Rhin)
Beaumont (Haute- Garonne)
Nérac (Lot et Garonne)

Auzignac (Haute Garonne)
Honfleur (Calvados)
Grenoble (Isère)
Capitaine de Grenadiers
Capitaine
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Lieutenant
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Sous-lieutenant
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Le 16 août 1804, l’armée de 150.000 hommes réunie au camp de Boulogne pour préparer la descente en Angleterre assiste sur le vaste plateau qui domine les falaises à une grande solennité militaire. Napoléon, qui vient de monter sur le trône de Charlemagne, distribue à ses Maréchaux, à ses Généraux, à ses braves soldats, les insignes de la Légion d’Honneur. Le 65e Régiment n'est pas en reste : 21 Chevaliers sont pris dans ses rangs. Ce sont le Colonel Coutard, le Sous lieutenant Dutain, le Major Muller, le Sous-lieutenant Leguy, le Chef de bataillon Guillon, le Sergent-major Hourie, Basset, le Sergent-major Clairac, le Tambour-major Deguillem, le Capitaine Charpentier, le Sergent-major Gal, le Lieutenant Bertrand, le Sergent-major Lenoir, le Lieutenant Legrand, le Sergent Dubucq, le Lieutenant Jeanningros, le Caporal Chaudet, le Lieutenant Thomas, le Caporal Abady, le Sous-lieutenant Vuillemain.

Le 27 septembre 1804 (5 vendémiaire an 13), Napoléon écrit depuis Mayence au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin, le camp de Brest, tel qu'il sera composé, sera fort de 18000 hommes tout compris, savoir :
Les quinze mille hommes d'infanterie seront composés ...
De 2 bataillons du 65e ... 1 600 ...
" (Correspondance générale, t.4, lettre 9247)

Le 65e est à cette époque divisé en deux fractions : le Dépôt et le 3e Bataillon sont à Saint-Brieuc avec un détachement à l’île de Bréhat ; les deux premiers Bataillons sont au camp de Brest où ils font partie du 2e Corps d’armée destiné à opérer une descente en Irlande.

Le 5 décembre, au lendemain du couronnement, a lieu avec un grand éclat, dans le Champ de Mars de Paris, la distribution des nouvelles enseignes militaires. Les représentants de tous les corps viennent recevoir les aigles au pied d’un trône magnifique élevé devant l’Ecole militaire, et jurent de sacrifier leur vie pour les défendre et de les maintenir constamment sur le chemin de la victoire. Les drapeaux sont surmontés d’un aigle d’or aux ailes à demi-déployées et tenant la foudre dans ses serres. Ils sont tricolores, comme ceux de la République, mais ornés de franges et de broderies d’or. Ils portent cette simple mention : "L’empereur NAPOLEON au ° régiment".

/ 1805

Le 2 mars 1805 (11 Ventôse an 13), Napoléon écrit depuis Paris au Vice-Amiral Ganteaume: "Monsieur l'Amiral Ganteaume, je donne ordre au ministre de la guerre de mettre à votre disposition 4,400 hommes, dont 700 nécessaires pour compléter vos équipages, et 3,600 pour être disposés de la manière suivante : 2,400 hommes pour revenir avec vous en Europe et se trouver sous les ordres du général de division Lauriston; 1,200 hommes pour être déposés à celle des îles du vent qui en aura le plus besoin.
... Ainsi donc, au moment de votre départ, vous aurez à bord :
... Du 65e de ligne 199 ...
" (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8380).

D'après la "Situation du 2e corps d'armée détaché à l'époque du 15 Thermidor an XIII" (3 août 1805), commandé par Augereau, le 65e Régiment a, dans les Troupes de la 1ère Division (Maurice Mathieu), ses 1er et 2e Bataillons, à Brest et Ouessant, 1136 présents, 45 aux hôpitaux, 1181 hommes au total (Non compris 286 hommes détachés sur l'escadre de Brest comme troupes d'équipages) (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 86 et suivantes).

Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 65e de Ligne a ses 1er et 2e Bataillons à l'Armée des Côtes, 2e Corps détaché. 1136 hommes sont présents, 45 aux hôpitaux, total 1181 hommes; 286 hommes de ces Bataillons sont embarqués dans les Troupes d'équipage à l'escadre de Brest. Le 3e Bataillon est à Saint-Bieuc, 13e Division militaire, pour 361 hommes présents, 38 détachés ou en recrutement, 24 aux hôpitaux, total 423 hommes. Ce Bataillon a aussi embarqué, à la 13e Division militaire, 267 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).

Le 13 août 1805, les 1er et 2e Bataillons (soit 1136 hommes) sont affectés à l'Armée des Côtes, 2e Corps détaché, tandis que 286 hommes sont embarqués comme troupes d'équipage au sein de l'Escadre de Brest; le 3e Bataillon est quant à lui à Saint-Brieuc, 13e Division militaire, et à l'île de Bréhat, le tout en vue du débarquement en Angleterre.

Le 8 Fructidor an 13 (26 août 1805), Napoléon écrit, depuis le Camp de Boulogne, au Maréchal Berthier : "... Les six bataillons destinés à Boulogne sont : le 3e du 36e, le 3e du 45e, le 3e du 55e, le 3e du 46e, le 3e du 28e et le 3e du 65e ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 332 ; Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9137 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10666).

Le 9 Fructidor an 13 (27 août 1805), le Ministre de la guerre écrit, depuis Boulogne, à M. le Maréchal Soult : "Je vous envoie ci-joint, Monsieur le Maréchal, l'ordre de départ pour les 4 divisions de votre armée. L'intention de Sa Majesté est que les 72e et 22e régiments restent à Boulogne ...
L'intention de l'Empereur est également que six des 3es bataillons des corps du centre se rendent à Boulogne.
Ces six bataillons seront :
Le 3e du 36e
Le 3e du 45e
Le 3e du 55e qui camperont à la droite de Boulogne.
Le 3e du 46e
Le 3e du 28e
Le 3e du 65e qui camperont au camp de gauche.
Le général Rey commandera à Boulogne la veille du départ de votre dernière division ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 341).

Le 27 août, l'Empereur lève le camp de Boulogne. Le Régiment et la Grande Armée se dirigent sur le Rhin. Rhin, à la rencontre des troupes de la 3e coalition, mais le 65e a le regret de ne pas faire cette campagne d’Austerlitz qui "de cent jours fit un siècle de gloire".

Le 2 septembre 1805, le 2e Corps d'Armée détaché, est commandé par le Maréchal Augereau. Le 65e (1er et 2e Bataillons) fait partie de la 1re Division de ce Corps, commandée par le Général Maurice Mathieu.

Le 29 Fructidor an 13 (16 septembre 1805), l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, vous trouverez ci-joint l'ordre au ministre de la Marine de faire débarquer de l'escadre de Brest tout ce qui reste des 65e, 47e et 70e régiments. Vous donnerez ordre au 65e de réunir ses trois bataillons à Rennes, et vous ferez passer une revue de ce régiment qui doit être rendu mobile et s'attendre à partir au premier moment ...
Vous me ferez connaître le jour où le 65e sera arrivé à Rennes et sera disponible …
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 175 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10808 - Note. A la lettre précédente se trouve annexé un extrait de la lettre susvisée de 1'Empereur au ministre de la marine ainsi conçu : "Que tout ce qui est embarqué sur l'escadre de Brest appartenant au 65e régiment soit débarqué, ainsi que tout ce qui appartient aux 47e et 70e régiments, ce qui forme un déficit de 1.700 hommes sur les troupes embarquées à bord de l'escadre de Brest, mais qui seront remplacés par les 699 hommes du 15e de ligne, aujourd'hui embarqués comme équipage, et par les 828 hommes du 37e, embarqués comme équipage et comme passagers, de manière qu'il n'y aura à embarquer à bord de l'escadre de Brest que les garnisons et qu'elles seront toutes des 18e et 37e, les trois autres régiments devant être rendus mobiles").

Le 30 Fructidor an 13 (17 septembre 1805), l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Vice-Amiral Decrès, Ministre de la Marine et des Colonies : "Monsieur Decrès, vous donnerez ordre que tout ce qui est embarqué sur l'escadre de Brest appartenant au 65e régiment soit débarqué, ainsi que tout ce qui appartient aux 47e et 70e régiments, ce qui formera un déficit de 1700 hommes sur les troupes embarquées à bord de l'escadre de Brest, mais qui seront remplacés par les 699 hommes du 15e régiment de ligne aujourd'hui embarqués comme équipage et par les 828 hommes du 37e embarqués comme équipage et comme passagers, de manière qu'il n'y aura à embarquer à bord de l'escadre de Brest que les garnisons, et qu'elles seront toutes des 15e et 37e, les trois autres régiments devant être rendus mobiles" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10823).

Le 30 Vendémiaire an 14 (22 octobre 1805), l'Empereur écrit, depuis Augsbourg, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez ordre au 65e régiment de ligne qui est à Paris de se rendre à Boulogne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 204 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 11029).

Le 8 novembre 1805 (17 Brumaire an 14), l'Empereur, depuis Linz, établit le Décret suivant : "ARTICLE 1er. Il sera formé une armée du Nord, composée de six divisions : deux divisions se réuniront à Anvers ; deux autres divisions seront composées des troupes de l'avant-garde du corps de réserve de Mayence et de l'avant-garde du corps de réserve de Strasbourg. La division de Mayence se réunira à Juliers, et celle de Strasbourg dans cette ville.
Les deux autres divisions seront formées de toutes les troupes françaises et bataves qui se trouvent en Batavie et se réuniront à …
ART. 2. Le connétable de l'Empire aura le commandement de cette armée.
ART. 3. Les deux divisions qui se réunissent à Anvers seront composées ainsi qu'il suit, savoir :
La 1re division, du 21e régiment d'infanterie légère, du 65e régiment de ligne, du 72e de ligne, d'un des régiments de la garde municipale de Paris ...
ART. 9. Tous les corps qui doivent former les deux divisions d'Anvers partiront douze heures après la réception de l'ordre qui leur sera adressé, et ces ordres seront expédiés et partiront immédiatement après la réception du présent décret ...
ART. 10. Le général Collot commandera les deux divisions d'Anvers ; le général Lagrange commandera, sous ses ordres, la première division ...
Les deux généraux de brigade de chaque division seront désignés par le connétable, sur la proposition du général Collot …
" (Correspondance de Napoléon, t.10, lettres 9466).

Au mois de novembre donc, le 65e est désigné pour faire partie de l’Armée du Nord, que doit commander le Prince Louis, Grand Connétable de l’Empire, auquel l’Empereur destine la couronne de Hollande. Il forme, avec le 72e de ligne, le 21e léger et le 1er Régiment de la Garde de Paris, la 1re Division de cette armée, aux ordres du Général Collaud, Sénateur. Il constitue, avec le 21e Léger, la 1re Brigade (Général Girard dit Vieux).

1806

Au 1er janvier, les deux premiers bataillons, forts de 1.637 hommes, sont à Clèves avec la Division Collaud. Le 3e Bataillon (446 hommes) est détaché à Anvers, où il fait partie de la 24e Division militaire (Bruxelles).

Le 13, l’Armée du Nord est dissoute, ses deux premières Divisions restent en Hollande sous le commandement du Général Collaud.

Au 1er février, le 1er et le 2e Bataillons sont à Nimègue et Arnheim.

Le 8 mars 1806, l'Empereur écrit depuis Paris au Général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, ... Donnez ordre aux 3es bataillons des 21e d'infanterie légère, 65e et 22e de ligne et à celui du 72e de rejoindre leur régiment en Hollande ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 315 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11621).

Les 1er et 2e Bataillons sont rejoints, le 19 mars, par le 3e Bataillon venant d’Anvers.

Le 27 mars 1806, à Paris, à un "Rapport à l'Empereur au sujet du renouvellement de la garnison du vaisseau le Jemappes", celui-ci répond : "Accordé le débarquement du détachement du 93e et du 65e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 363).

Le 5 juin, le Prince Louis est proclamé Roi de Hollande. Le mois suivant, il prend le commandement des troupes françaises qui se trouvent dans le royaume.

Le colonel Coutard a pour mission de former la Garde du nouveau Roi et de l’intrôniser. 11 obéit. Louis est doux, bienveillant, loyal ; avec sa franchise, son esprit, sa valeur, le Colonel Coutard ne peut que lui plaire; il s’attache à lui par une sympathie véritable et Coutard y répond par une sincère et respectueuse affection (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 38).

Le 11 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Louis, Roi de Hollande : "J’ai donné ordre au 21e d'infanterie légère et au 22e de ligne de se rendre à Wesel ; au 19e de ligne de se rendre à Boulogne ; au 20e de chasseurs de se rendre à Cologne. Il ne vous restera donc que deux régiments de ligne (note : les 65e et 72e) ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12468).

Le 18 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Roi de Hollande : "Faites partir les deux bataillons du 65e avec deux pièces de canon pour se rendre à Arnheim, où ils seront à la disposition du prince Joachim, qui leur enverra des ordres de Wesel. Ils sont destinés à prendre possession pour ce prince du duché de Benlheim et autres états voisins. Mettez de la célérité et du secret dans ce mouvement. Pendant tout le temps que ces troupes seront sur les états du prince Joachim, elles seront nourries à ses frais ; mais vous continuerez à leur donner la solde" (Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10517 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12528).

Le 25 juillet 1806, Murat écrit, depuis le château de Benrath, à l'Empereur : "… Le général Beaumont est parti hier soir pour Mühleim où il prendra les deux bataillons du 65e pour aller occuper les comtés de Bentheim, de Steinfurt, d'Horstmar et les pays de Looz. Des commissaires chargés d'en prendre possession en mon nom partent à l'instant, ils arriveront en même temps que ce général. Ceux qui doivent prendre possession des pays de Nassau sont déjà partis. J'ai ordonné au général Klein de protéger l'opération de ces commissaires …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 271, lettre 2412).

Le même jour, 25 juillet 1806, Murat écrit depuis Benrath, au Colonel Coutard, commandant du 65e Régiment de ligne : "Monsieur le colonel, je vous préviens que S. M. l'Empereur des Français vous ayant mis à ma disposition avec le régiment que vous commandez et deux pièces de campagne, vous êtes aux ordres de Mr le général Beaumont, à qui je donne des instructions pour les mouvements ultérieurs que vous aurez à faire. Vous voudrez: bien en conséquence vous conformer à tous les ordres qui vous seront donnés par ce général" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 273, lettre 2414).

Encore le 25 juillet 1806, Murat écrit enfin, toujours de Benrath, au Général Beaumont : "Monsieur le général, je donne l'ordre de prendre possession des comtés de Bentheim, de Steinfurt et de Hortsmar, et des possessions du duc de Looz. En conséquence, vous vous rendrez à Arnheim où vous prendrez le commandement du 65e régiment, d'infanterie et de deux pièces d'artillerie de campagne, avec lesquels vous. irez occuper les pays susmentionnés et où vous, devez favoriser la prise de possession de tous vos moyens. D'Arnheim vous vous porterez sur Bentheim par la route la plus courte qui me parait être celle de Zutphen, Deventer, d'Elten et Bentheim, où vous répartirez les troupes suivant les besoins des circonstances et les ressources des localités, ayant toujours le plus grand soin de les disséminer le moins possible. Si les vivres n'étaient pas assurés par le commissaire qui est à Wesel, vous vivrez sur le pays. Cependant je vous préviens que je donne les ordres positifs à ce sujet à ce commissaire. Dans aucun cas ces troupes ne devront jamais être soldées par le pays. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il est nécessaire que vous fassiez observer la plus grande discipline, c'est le moyen de rassurer des peuples qu'il m'importe essentiellement de m'attacher, et je ne pourrais certainement pas confier ce soin à quelqu'un qui en sentit plus vivement le prix. Vous m'enverrez journellement le rapport tant de la conduite de vos troupes que de l'esprit public.
Vous ferez observer le mouvement des Prussiens dans le pays de Münster et dans l'Oost-Frise, si jamais il leur prenait fantaisie de venir occuper ces pays, vous devez les repousser à coups de canon et m'instruire par courrier extraordinaire des mouvements qu'ils feraient sur le moindre des points qui me sont cédés par le traité de Paris du 12 juillet, et si contre toute attente, ils vous avaient prévenu dans cette occupation, vous sommeriez le commandant de se retirer, et dans ce cas vous me préviendriez par un courrier extraordinaire, afin que je pusse prendre mes mesures pour les en chasser de vive force. Au reste, vous devrez faire observer les plus grands égards envers les troupes d'une puissance alliée de la France
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 273, lettre 2415).

Au 1er août, le 65e a momentanément ses deux premiers Bataillons dans le Duché de Bentheim, à la disposition de S.A.I. le Prince Joachim Murat; ils continuent néanmoins de recevoir la solde du royaume de Hollande.

Le 11 août 1806, Louis Napoléon, Roi de Hollande, écrit, depuis Mayence, à Murat : "… Le 65e et le 21e ont laissé des hommes à ma garde, j'espère que vous n'en serez pas fâché ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 305, lettre 2462).

Le 12 août 1806, Murat écrit au Général Beaumont : "Monsieur le général, je reçois votre dépêche du 9 et le projet de marché passé pour les subsistances du 65e régiment. Je ne puis pas l'approuver, parce qu'il faudrait alors que je fisse payer ces fournitures par mes caisses, et vous n'avez pas le droit de passer une convention au nom du Gouvernement français. En conséquence, vous ferez vivre les troupes sur les pays et vous ferez donner des ordres à cet égard par les autorités locales. J’écris en même temps au commissaire Quinette et je lui renouvelle l'ordre de faire fournir par le munitionnaire de la 25e division militaire le pain, et de passer lui même un marché pour la viande et autres fournitures. Si l'eau est mauvaise, il faudra faire faire des distributions de vinaigre ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 306, lettre 2464).

Le 14 août 1806, Murat écrit, de Benrath, à Napoléon : "… J'ai aussi l'honneur d'annoncer à Votre Majesté que le général Blücher a fait retirer le cordon des troupes formé sur l'Ems, et a fait mettre à l'ordre du jour que le Roi de Prusse n'ayant pas d'allié plus ami et plus fidèle que l'Empereur des Français, il recommandait aux troupes sous ses ordres les plus grands égards et la meilleure intelligence envers celles de V. M. Le même ordre est donné au 65e régiment, ainsi de ce côté tout sera à l'avenir tranquille et V. M. ne recevra plus de plaintes.
Si V. M. n'avait aucun motif politique, et qu'il ne m'est pas permis de prévoir, je la prierais de faire rentrer en Hollande le 65e régiment, le pays qu'il occupe est extrêmement pauvre, et on me rend compte qu'on a toute la peine du monde à fournir aux besoins de ce corps, les Prussiens ayant déjà épuisé toutes ses ressources pendant le long séjour qu'ils y ont fait. On est généralement si content de m'appartenir qu'il n'y a aucun danger à le laisser sans troupes …
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 314, lettre 2475).

Le même 14 août, en vertu d’une autorisation de l'Empereur, un certain nombre d’Officiers et de soldats du 65e sont autorisés à passer dans la Garde royale de Hollande.

Le 21 août 1806, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, donnez ordre au 65e qui avait quitté la Hollande pour prendre possession de différents pays au nord du duché de Clèves de rentrer en Hollande" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 596 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12762).

Le même 21 août 1806, l'Empereur écrit, de Rambouillet, au Roi de Hollande : "… Vous avez … désorganisé plusieurs de mes régiments. Vous avez retiré du 65e et du 72e plusieurs soldats pour votre Garde. Ce n'est pas ainsi que cela se fait. Il fallait un ordre du ministre de la guerre ; il fallait ne tirer qu'un petit nombre d'hommes de ces corps, qui n'ont que très-peu de monde. Il faudrait aussi savoir les conditions que vous leur faites, et si vous avez leur agrément. Mais vous agissez toujours sans avoir délibéré" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10682 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12767).

Le 26 août 1806, Murat écrit, depuis Benrath, à Napoléon : "Sire, j'ai l'honneur d'adresser à V. M. des rapports nouveaux qui me parviennent de Hamm et Münster ; il est impossible de persuader les habitants du comté de La Marck quelles Prussiens ne veulent point faire la guerre, et que nous sommes dans les meilleures relations … je reçois une lettre du colonel du 65e régiment au général Beaumont. Elle contient à peu près les mêmes nouvelles, etc." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 328, lettre 2498).

Le 28 août 1806, Murat écrit à Napoléon : "… J'ai reçu l'ordre de faire rentrer en Hollande le 65e régiment. Sire, c'est encore une bien grande faveur que je reçois. Je vous assure que cette mesure était indispensable, car ce pays est un désert de sable, et presqu'entièrement ruiné.
J'ai l'honneur de vous adresser la suite des rapports qui me parviennent sur les mouvements des Prussiens. Je n'en suis pas alarmé puisque V. M. en est informée. Je vous prie de me répondre au sujet de ma demande sur les Etats de mon Duché
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 328, lettre 2500).

Le 30 août 1806, Murat écrit au Roi de Hollande : "Monsieur mon Frère, l'Empereur m'ayant ordonné de faire venir à Düsseldorf les deux premiers bataillons du 21e régiment d'infanterie légère, complétés à 1 000 hommes et prêts à entrer en campagne, je ne puis remplir ses intentions, c'est-à-dire les porter à cette force, sans leurs compagnies de carabiniers qui sont restées en Hollande par les ordres de Votre Majesté. Vous jugerez sans doute indispensable, d'après cette observation, de donner l'ordre à votre ministre de la Guerre de faire partir ces compagnies de carabiniers pour venir rejoindre leurs bataillons. Je dois vous faire la même demande pour les compagnies de grenadiers des 22e et 65e régiments de ligne qui se trouvent également en Hollande. Je désire bien fortement que rien ne s'oppose à l'exécution de cette mesure que les circonstances semblent rendre indispensable. J'ai l'honneur d'être, Sire, etc." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 334, lettre 2508).

Les deux premiers Bataillons du 65e quittent le Duché de Bentheim dans les premiers jours de septembre et se rendent au camp de Zeist.

Le 15 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Roi de Hollande : "… Si le 65e est à Nimègue, il est bien ; il faudra bientôt qu'il aille à Wesel …" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10792 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12948).

Le 19 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Roi de Hollande : "Les circonstances deviennent tous les jours plus urgentes. Ma Garde est partie en poste et fait en six jours la route de Paris à Mayence. Le camp de Meudon part de la même manière. Mon intention est qu'au reçu de la présente lettre vous fassiez partir les 65e et 72e pour Wesel, de manière qu'ils y soient arrivés le 1er octobre …" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10815 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12990).

Le 20 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Roi de Hollande : "Je reçois votre lettre du 17 septembre. Un courrier parti hier vous porte l'ordre de réunir à Wesel le 65e et le 72e, toute votre cavalerie, la moitié de votre infanterie hollandaise et quinze pièces attelées. Il est nécessaire que vous fassiez mettre dans vos gazettes qu'un nombre considérable de troupes arrive de tous les points de la France, qu'il y aura à Wesel 80,000 hommes commandés par le roi de Hollande. Je désire que ces troupes soient en marche dans les premiers jours d'octobre, parce que c'est une contre-attaque que vous ferez pour attirer l'attention de l'ennemi pendant que je manœuvre pour le tourner. Toutes vos troupes doivent se porter sur le territoire de la Confédération et se répandre jusqu'à ses limites sans les dépasser ni commettre aucun acte d'hostilité …" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10845 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13034).

Le 22 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Roi de Hollande : "Mon Frère, je donne ordre au ministre Dejean de diriger sur Wesel les généraux de brigade Laroche, Ruby et Grandjean. Mon intention est que vous organisiez une avant-garde de la manière suivante :
Commandants : avant-garde, le général Michaud ; artillerie, le général Drouas ; génie, un de vos officiers.
Chef d'état-major : le chef d'escadron Ferrière, à moins que le général Michaud n'aime mieux prendre un des généraux de brigade que je vous envoie.
1re brigade : un des généraux de brigade que je vous envoie ; le 65e régiment, 2,000 hommes ; Hollandais, 2,000 hommes ; huit pièces d'artillerie attelées, servies par l'artillerie hollandaise.
2e brigade : un des généraux de brigade français ; le 72e régiment, 2,000 hommes ; Hollandais, 2,000 hommes ; huit pièces d'artillerie attelées, servies par l'artillerie hollandaise.
Vous pouvez joindre à chaque brigade un général de brigade hollandais et un adjudant commandant hollandais.
Ces 8,000 hommes seront renforcés du bataillon de 1,000 hommes du duc de Clèves. Ils se réuniront sans délai à Wesel et se concentreront dans une position militaire, à une ou deux lieues en avant de Wesel. Vous joindrez aussi à cette avant-garde 1,000 hommes de cavalerie hollandaise, ce qui fera un total de 9 à 10,000 hommes. Vous réunirez le reste de vos troupes hollandaises, que j'estime être de 8 à 9,000 hommes, au camp d'Utrecht, sous les ordres du général Dumonceau. Il sera partagé en deux brigades ; il pourra ou se réunir à vous, ou se porter sur les bords de la mer, suivant les différentes circonstances.
Cette avant-garde est destinée à couvrir mes frontières du Rhin et ne s'en écartera que pour inquiéter l'ennemi ; mais elle manoeuvrera de manière à n'être jamais coupée du Rhin.
Votre commandement s'étendra de la Moselle à Coblentz jusqu'à la mer.
Après les quinze premiers jours d'opération, du moment que la guerre aura pris une couleur, il sera possible que je fasse rentrer ce corps pour protéger mes frontières de France. Il serait possible aussi que je le fisse pousser jusqu'à Münster et Cassel, selon les événements. Je vous donnerai une instruction plus détaillée lorsque les hostilités commenceront.
Faites que je trouve à Mayence un de vos aides de camp qui m'apporte l'état de situation de votre corps d'armée. Donnez de l'argent pour monter votre cavalerie. Vous devez avoir au moins 2,000 hommes de cavalerie.
Le 8e corps de la Grande Armée sera aussi à Mayence et manoeuvrera de manière à n'être jamais coupé du Rhin.
Je laisse à Paris de quoi former un corps de réserve de 8,000 hommes, et j'ai à Boulogne 15 ou 16,000 hommes dans le camp. Le général Rampon, avec 6,000 hommes de gardes nationales, est à Saint-Omer. Je vous donne l'autorisation nécessaire pour pouvoir, selon les circonstances, défendre les parties attaquées de la France. Il n'y a point de nécessité que vous vous rendiez le 2, le 3, le 4 à Wesel, si les affaires de votre royaume vous retiennent en Hollande ; il suffit que votre avant-garde y soit ; mais il sera convenable que vous y soyez le 8.
Donnez ordre au général Michaud de correspondre avec le maréchal Kellermann, avec le commandant du 8e corps et avec la Grande Armée, autant que cela sera nécessaire
" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10864 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13076).

Pendant que le 65e est en Hollande, un affreux incendie dévore la ville de Leyde. Le Régiment offre une journée de solde en faveur des victimes.

Au 1er octobre, le 1er et le 2e Bataillons sont à Wesel, à la Division d’avant-garde de l’Armée du Nord (Général Michaud). Ils constituent avec le 2e Régiment d’infanterie hollandaise, la Brigade du Général Boivin. On leur a joint les Grenadiers et les Voltigeurs du 3e Bataillon resté à Nimègue.

Le 17 octobre 1806, l'Empereur écrit, depuis Weimar, au Roi de Hollande : "… Il faut aujourd'hui que vous preniez possession du comté de la Marck, de Münster, de Paderborn. Faites enlever partout les aigles prussiennes, et déclarez que ces pays n'appartiennent plus à la Prusse. Laissez à Wesel les 3es bataillons du 21e et du 22e ; faites-y réunir, si cela est nécessaire, deux autres 3es bataillons, de ceux qui sont dans la 25e division militaire, et formez six bataillons composés de deux bataillons du 22e, de deux bataillons du 72e et deux du 65e. Mon projet est que vous envoyiez ces 10,000 hommes à Paderborn. Le maréchal Mortier, avec son corps d'armée plus fort que le vôtre, se rend à Fulde. Mon intention est qu'avec ces deux corps d'armée vous entriez dans Cassel, que vous fassiez prisonnier l'Électeur et que vous désarmiez ses troupes ; mais, avant d'exécuter, ce projet, il faut que vous soyez arrivé à Paderborn, et le maréchal Mortier à Fulde ..." (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11022 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13283).

Le 3 novembre, le 3e Bataillons fait passer en Hanovre le nombre d’hommes nécessaires pour compléter les Bataillons de guerre à 140 hommes par Compagnie.

Napoléon ayant décidé de marcher vers la Pologne contre l'armée russe, et de franchir la Vistule, le 8e Corps est chargé d'entrer en Hanovre avec mission de gagner Berlin et la Prusse, de garder le pays entre Elbe et Oder et d'observer la Poméranie suédoise où les Anglais et les Suédois pouvaient combiner une expédition. Ainsi, le 4 novembre 1806, depuis Berlin, l'Empereur écrit au Roi de Hollande : "Mon Frère, le maréchal Mortier se range sous vos ordres, et vous commandez en chef dans le Hanovre et les villes hanséatiques. Je suppose qu'au plus tard le 10 vous serez à Hanovre, et que vous avez avec vous le 72e, le b et le 22e régiment français, et 7 à 8,000 Hollandais. Vous ferez occuper par 2 ou 3,000 Hollandais, autres que ceux que vous avez à l'armée, Emden et l'Ost-Frise, ce qui formera votre gauche et votre réserve. Le maréchal Mortier aura de son côté les 2e, 4e et 12e d'infanterie légère ; vous aurez donc six régiments français ; ce qui, avec les Hollandais, ne doit pas faire beaucoup moins de 20,000 hommes. Les deux régiments italiens, les troupes de Nassau et de Darmstadt et celles du grand-duc de Berg, qui sont à Wesel ou à Cassel, formeront un secours de 4 ou 5,000 hommes, dont, selon les circonstances, vous pourrez vous fortifier …
Mon intention est que vous divisiez votre armée en deux corps ; que vous donniez au maréchal Mortier le commandement du 8e corps de la Grande Armée, que vous formerez de manière qu'il soit au moins de 12,000 hommes, avec le plus de cavalerie que vous pourrez et vingt-quatre pièces d'artillerie. Avec ce corps, le maréchal Mortier se rendra à Hambourg, prendra possession de la ville, ainsi que de Brême et de Lubeck …
" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11171 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13455).

Le 5 novembre 1806, à 2 heures du matin, l'Empereur écrit, depuis Berlin, à Louis, Roi de Hollande : "… Si vous retournez en Hanovre, renforcez votre corps. Il n'est pas juste que la Hollande ne me fournisse qu'un corps de 6000 hommes. Jamais elle ne m'a été de si peu de secours. Tâchez donc qu'indépendamment des 72e, 65e et 22e, vous me fournissiez 10 000 Hollandais infanterie, cavalerie, artillerie …" (L. Lecestre : « Lettres inédites de Napoléon Ier (an VIII-1815), Paris, 1897, t.1, lettre 127 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13464).

Le 11 novembre, la Division Michaud est au camp près de Hameln et comprend les 3 Régiments français, 65e, 22e et 72e.

Le même 11 novembre 1806, le Maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et Valengin, Major général de la Grande Armée, écrit depuis Berlin, au Général Dejean : "J'ai l'honneur de prévenir Votre Excellence qu'indépendamment des détachements que j'ai ordonné à M, le maréchal Kellermann de faire partir dans la première quinzaine de novembre, ainsi que je vous en ai informé par ma lettre du 2, je viens de lui adresser l’ordre de former huit bataillons provisoires conformément à l'état de composition que je joins ici.
Chaque bataillon sera composé de compagnies fournies par les troisièmes bataillons des corps de la Grande Armée, à raison d'une par bataillon, et chaque compagnie sera complétée à 140 hommes.
Le maréchal Kellermann nommera un chef de bataillon et un adjudant-major pour chaque bataillon et un major pour commander deux bataillons. Il aura soin de ne pas prendre les majors dans les mêmes corps où il prendra les chefs de bataillon ou adjudants-majors.
Je donne l'ordre aux généraux commandant les 25e et 2e divisions militaires de faire diriger de suite sur Mayence les compagnies que doivent fournir les bataillons qui ne sont pas stationnés dans les 5e et 26e divisions.
Pour accélérer la formation et le départ de ces bataillons il ne sera pas nécessaire que les conscrits soient dressés ; il suffira qu'ils aient huit ou dix jours d'instruction, qu'ils soient armés, qu'ils aient la veste, la culotte, les guêtres, le chapeau d'uniforme et une capote. Il ne faudra pas attendre qu'ils aient l'habit.
Sa Majesté espère que ces troupes seront réunies à Mayence le 25 et en partiront le même jour pour se rendre le plus promptement possible, conformément aux ordres que je donne à M. le maréchal Kellermann : savoir les 5e et 6e bataillons à Cassel pour maintenir la tranquillité de cet électorat et les six autres à Magdeburg où ils achèveront leur instruction.
Je préviens le maréchal Kellermann qu'il ne doit pas perdre un moment pour former ces bataillons que, pourvu qu'ils soient armés, tout est bon ; qu'ils seront fournis à Magdeburg de tout ce qui leur sera nécessaire ; que Sa Majesté doit en tirer deux avantages, puisqu'ils ne coûteront rien en France et qu'ils garderont Magdeburg, ce qui rendra d’autres troupes disponibles ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 793). Le 7e Bataillon doit comprendre 1 Compagnie du 21e Régiment d'infanterie légère, 1 du 22e Régiment de ligne, 1 du 27e Régiment d'infanterie légère, 1 du 8e Régiment de ligne, 1 du 65e, 1 du 72e ; total : 840 hommes.

Toujours le 11 novembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Berlin, au Maréchal Mortier : "Mon Cousin, le roi de Hollande s'en retourne dans son royaume. Vous avez donc le commandement de toutes les troupes. Mon intention est que vous en fassiez quatre divisions, dont deux divisions françaises, une division hollandaise et une division italienne.
La première division française sera composée du 2e d'infanterie légère et des 65e et 72e de ligne ...
Je n'ai pas besoin de vous dire que mon intention est que vos deux divisions françaises soient toujours réunies. Chacune des divisions doit avoir douze pièces de canon que vous vous occuperez d'organiser en Hanovre ...
Envoyez-moi la formation de votre armée sur ces bases …
" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11231 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13544).

Le 16 novembre 1806, l'Empereur écrit depuis Berlin au Maréchal Mortier : "Mon Cousin, je reçois vos lettres du 12 et du 13. J'ai donné l'ordre au général Savary de se rendre devant Hameln pour prendre le commandement des troupes que vous y laissez, de les réunir devant cette place ... et d'en serrer vivement le blocus en construisant des redoutes et faisant venir de Rinteln des obusiers pour bombarder la place et la forcer à se rendre. Je pense que vous devez laisser devant Hameln toute la division hollandaise, hormis les deux tiers de la cavalerie, que vous devez garder. Je sais qu'elle peut vous être nécessaire. Ces mesures prises, votre corps, que je pense réuni actuellement à Hambourg, sera beau, puisqu'il sera composé des 2e et 4e d'infanterie légère et d'un régiment italien, et des 22e, 65e et 72e de ligne et de vingt-quatre à trente pièces d'artillerie ; tout cela doit vous faire près de 14,000 hommes ..." (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11268 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13600).

Le 22, la Division Michaud arrive au 8e Corps de la Grande-Armée, sous le commandement du Maréchal Mortier. Elle devient 1re Division française de ce Corps (65e et 72e), et le Général Grandjean en prend le commandement.

Le 20 novembre 1806, le 65e de Ligne, qui fait partie de la 1re Division Michaud, du 8e Corps, aligne 2 Bataillons, soit 68 Officiers, 1626 hommes et 14 chevaux.

Quelques jours auparavant, le Corps Mortier a dépossédé, au nom de l’Empereur, l’Electeur de Hesse-Cassel et licencié son armée.

Trois jours après, le 25, la 1ère Division reçoit l'ordre d'occuper le Mecklembourg sous les ordres du Général Grandjean (historique régimentaire).

Selon l'Historique régimentaire, en 1806, le Bataillon de Dépôt tient garnison à Anvers, puis fait partie du Corps d'observation sur la Meuse. Il se distingue à la défense de Flessingue, et vient ensuite prendre la garnison de Gand, où il reste jusqu'en 1810.

Le 15 décembre, le Maréchal Mortier établit son Quartier-général à Friedland (Mecklembourg-Strélitz) ; la 1re Division occupe Wollin et Uckermünde.

/ 1807

Au commencement de l’année 1807, la Grande Armée est dans ses quartiers d’hiver. Mais les Russes ayant repris les hostilités, elle commence ses mouvements de concentration.

Le 28 janvier, à la pointe du jour, le 8e Corps passe la Peenne. La 1re Division la franchit à Anklam et se porte sur Greifswald en chassant l’ennemi devant elle, escarmouchant continuellement depuis le faubourg d’Anklam. L’ennemi ayant levé les ponts, la place de Greifswald est enlevée d’assaut. Dans cette journée, le 65e se distingue particulièrement à l’attaque du petit village de Feschenhagen. Les Suédois, battus, sont rejetés dans Stralsund dont le 3e Corps organise le blocus. Le 65e occupe Demin.

- Siège de Stralsund

Avec le 8e Corps, le 65e est engagé à Stralsund dès le 30 janvier 1807.

Au mois de février 1807, la Division Grandjean garde le littoral de l'Allemagne. Le 65e est établi devant Stralsund, maintenant dans cette place un Corps de 15,000 Suédois qui y était renfermé (Historique régimentaire).

Pendant tout le mois de février, le Régiment travaille aux ouvrages d’approche de la place. Il contribue à repousser les sorties de l’ennemi ainsi que ses reconnaissances, à peu près journalières.

Le siège traîne en longueur, faute de matériel suffisant ; du reste, les évènements se précipitant ailleurs, une partie des troupes d’investissement sont appelées sur un autre théâtre.

Le 20 février 1807, l'Empereur écrit, depuis Liebstadt, au Maréchal Mortier : "Mon Cousin … Je vous ai donné l'ordre d'envoyer à Thorn le 65e. Je vous laisse le maître de m'envoyer aussi le 12e ou tout autre régiment ; je m'en rapporte à votre zèle pour mon service. Si vous pouvez rester devant Stralsund seulement avec trois régiments, restez-y et expédiez-m'en trois ici. Les 3,000 Hollandais qui se trouvaient à Cassel ayant été renvoyés à Hambourg, le maréchal Brune pourrait vous faire passer un millier d'hommes. D'ailleurs ces trois régiments pourront vous être remplacés à la belle saison. Ce seraient le 15e de ligne, parti en poste de Paris, et le 31e léger, qui doit être arrivé à Mayence. Ainsi donc vous avez reçu l'ordre de m'envoyer le 65e ; si vous pouvez, envoyez-m'en un ou deux autres, car il est possible que de nouveaux événements aient lieu avant un mois ou quarante jours, et que l'arrivée de ces trois régiments fut d'une grande utilité …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11842 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14347).

Le 23 février 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "… Remettez-moi une note qui me fasse connaître quels sont les ordres que j'ai donnés au … 15e, 19e et 65e de ligne, aux trois régiments italiens, au régiment de Paris, aux fusiliers de la Garde et au 15e de chasseurs" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 916 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14369).

Le 24 février 1807, l'Empereur écrit depuis Osterode, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "… Donnez ordre au 65e et au 22e de ligne qui font partie du corps du maréchal Mortier de se rendre à Thorn ainsi qu'au 26e régiment de chasseurs à cheval. Faites comprendre à ce maréchal que les événements qui se passent ici font que j'ai besoin de troupes, dites -lui que s'il peut rester quelque temps avec trois régiments, il m'envoie aussi le 2e d’infanterie légère, mais que je le laisse le maître pour ce dernier régiment ; que ces troupes lui seront remplacées à la belle saison par des régiments venant de France ; qu'en attendant s'il n'a point assez de troupes, il pourra être renforcé par trois mille Hollandais que le maréchal Brune lui enverra, vous lui ferez sentir que la bataille et les mouvements de l'ennemi rendent ces dispositions nécessaires ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 917 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14387).

Le 28 février 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Clarke, Gouverneur de Berlin et de la Prusse : "... Instruisez-moi quand le 19e de ligne, le 31e d’infanterie légère et le 65e passeront l'Oder ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14435).

Le même 28 février 1807, Napoléon écrit, toujours depuis Osterode, au Général Dejean : "... Je ne me souviens plus où se trouvent les dépôts des 72e et 65e qui étaient en Hollande ; s'ils y sont encore, écrivez au maréchal Brune de faire partir de chacun de ces dépôts 160 hommes pour les bataillons de guerre. Ils se dirigeront sur Berlin ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11901 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14437).

Le 4 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Clarke, Gouverneur de Berlin et de la Prusse : "... J'espère que vos premières lettres me parleront des … 19e, 15e et 65e de ligne et qu'après avoir fait reposer et équiper ces troupes, vous les ferez diriger sur Stettin. J'imagine que les 4 premiers régiments provisoires sont partis pour rejoindre l'armée" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14462).

Le 5 mars 1807, le Roi Louis de Hollande, décerne au Colonel Coutard la Croix de son Ordre. À cette occasion, le Colonel demande à l'Empereur l’autorisation de porter cette décoration; le Grand Chancelier de la Légion, le Comte de Lacépède, lui répond le 6 août 1807, par une lettre officielle, au bas de laquelle il ajoute de sa main : "J’ai toujours beaucoup de plaisir, mon cher confrère, à recevoir des marques de votre souvenir et de votre amitié" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 39).

Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Clarke, Gouverneur de Berlin et de la Prusse : "… Je vous ai écrit avant-hier, hier et ce matin, de m'envoyer en toute diligence les quatre régiments provisoires pour renforcer mes cadres, ainsi que les 31e, 19e, 15e, 65e et le régiment de Paris ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11957 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14495).

Le 7 mars, par ordre du Prince Berthier, Major général, les 22e et 65e de ligne, et le 26e Chasseurs à cheval quittent le 8e corps, pour passer au 3e, et se diriger sur la Passarge et Thorn, sous la conduite du Général de Brigade Bujet.

A cette occasion, le 27 mars 1807, le Maréchal Mortier écrit, depuis son Quartier général de Wiltzow, au Colonel Coutard : "J'ai reçu avee beaucoup d'intérêt, Monsieur le colonel, votre lettre du 10 mars, et croyez que je ne vous ai pas vu sans peine quitter le 8e corps, ainsi que votre beau régiment.
Appelé par S. M. l'Empereur sur un plus grand théâtre, je ne doute pas qu'il n'y remplisse sa tâche d'une manière distinguée et qu'il ne soutienne son ancienne réputation
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 41; citée dans l'Historique régimentaire).

En route, le Colonel reçoit aussi deux témoignages flatteurs pour le Régiment qui, rappelons le, pendant qu’il était en Hollande, avait offert une journée de solde en faveur des victimes de l'incendie de la ville de Leyde.

A cette occasion, le Ministre des Affaires étrangères de Hollande écrit la lettre suivante : "Monsieur le colonel, j'ai rendu compte au roi mon maître de la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser le 5 février 1807, pour offrir au nom de votre régiment un don de 1,500 francs aux malheureux de la ville de Leyde.
Sa Majesté, vivement touchée de cette offre généreuse, m'a autorisé à vous remercier de sa part et à vous marquer qu'elle est acceptée avec gratitude.
L'alliance de la valeur et de l'humanité a de tout temps distingué les guerriers français, et ces qualités, portées au plus haut point par le 65e régiment, lui assurent à jamais l'admiration et l'attachement de la nation hollandaise.
Veuillez, Monsieur le colonel, vous rendre l'interprète de ces sentiments auprès des braves militaires que vous commandez avec tant de gloire, et veuillez agréer, etc.
". (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 39; citée dans l'Historique régimentaire).

Le 17 mars 1807, le Roi Louis écrit depuis le Palais royal de la Haye, au Colonel Coutard, pour lui exprimer lui-même sa satisfaction et sa gratitude : "Monsieur le colonel Coutard, j'ai reçu la lettre que vous m'avez écrite pour m'offrir, au nom de vos officiers, sous officiers et soldats, le montant d'une journée de solde pour les infortunés habitants de la ville de Leyde.
J'ai reçu avec bien du plaisir cette nouvelle preuve de votre souvenir et de votre dévouement pour moi, et je vous invite à en exprimer les témoignages de ma satisfaction aux officiers, sous-officiers et soldats du bon et brave régiment que vous commandez.
Sur ce, Monsieur le colonel Coutard, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 39; citée dans l'Historique régimentaire).

Le 23 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Roi de Hollande : "Les 72e et 65e régiments, qui sont dans votre royaume, ont reçu de la conscription 1807 près de 1,000 hommes. Ils vont en recevoir beaucoup de 1808. Prenez des mesures pour que leur habillement ne souffre d'aucune manière et que tous ces conscrits soient habillés sans délai. Passez par-dessus toutes les difficultés que feront les ministres hollandais, en fournissant aux magasins les objets nécessaires. Faites passer aussi la revue de ces deux dépôts, et, si vous pouvez faire partir un détachement de 500 hommes de chacun de ces régiments, dirigez-les sur Magdeburg et ayez soin de m'en prévenir. Il suffira d'un capitaine, d'un lieutenant, d'un sous-lieutenant, d'un sergent-major, de quatre sergents et de huit caporaux, et de deux tambours, pour ces 500 hommes que je ferai venir à l'armée. Qu'ils partent surtout bien armés et bien habillés ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12135 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14840).

Le 28 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin ... le 65e se rendre au 3e corps où il fera partie de la division Morand ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 983 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14933).

Le même 28 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Rapp, Gouverneur de Thorn : "Le 22e de ligne fait partie du 4e corps, division Saint-Hilaire. Le 65e fait partie du 3e corps, division Morand. Le 25e de chasseurs fait partie du 4e corps. Agissez donc en conséquence" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14964).

Le 29 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Donnez l'ordre au maréchal Mortier d'envoyer tous les détachements des 65e et des 22e d'infanterie légère. Il y en a qui sont embarqués et qu'il faut faire venir" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 990 (donne les 65e et 22e, et 12e Légère ?) ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14972).

Le 30 mars 1807, le Lieutenant Leguy est nommé Capitaine dans la 2e Légion de Réserve ; les Sous-lieutenants Hourie et Anglade y sont nommés Lieutenants.

Le 31 mars, le 65e arrive au 3e Corps (Maréchal Davoust) au camp sous Allenstein, entre l’Alle et la Passarge. Il forme avec le 61e la Brigade du Général L’Huillier qui est la 3e de la 1re Division (Général Morand) ; il cantonne en arrivant à Mensguth. L’effectif de ses deux Bataillons est de 1.403 hommes ; il a laissé en route des détachements à Stettin et à Thorn. Le 3e Bataillon est toujours à Nimègue avec le Dépôt.

Le 15 avril, la Brigade L’Huillier est baraquée à la tête de bois de Deuthen, village en arrière d’Allenstein.

Le 27 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellerman, commandant un Corps de Réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, 160 hommes de chacun des 65e et 72e régiments étant partis des 3es bataillons pour se rendre de Nimègue en droite ligne sur Berlin par ordre du ministre Dejean, vous avez eu tort de les retenir. Cet envoi était indépendamment des 140 hommes qui doivent partir de Mayence. Envoyez après eux pour qu'ils suivent leur destination, et ordonnez qu'au lieu d'être de 160 hommes, ce détachement soit de 200 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15442).

Le 30, le Régiment est au camp d’Altorff.

Le 7 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Dans votre projet de distribution, je vois que ... le 65e ... n'ont pas suffisamment. Il faut porter à chacun de ces 32 régiment l’un portant l’autre 300 hommes, ce qui fera 9 600 hommes. Vous trouverez de l'économie en suivant les bases que je vous indique, c'est-à-dire en mettant quelque chose de moins pour les légions, pour l'artillerie, pour les dragons" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15579).

- Combats devant Allenstein

Dans la nuit du 11 au 12 mai, quelques coups de canon tirés sur le château d’Allenstein et une fusillade assez vive annoncent l’approche de l’ennemi ; c’est un Corps d’un millier de Cosaques qui, après bien des mouvements en avant du front de la 1re Division, se retirent vers midi.

Le 13, à 7 heures du matin, nouvelle apparition des Cosaques, suivis une demi-heure après d’une colonne d’infanterie de 2 à 3.000 hommes. L’ennemi dirige son attaque sur la droite d’Allenstein, mais le feu des tirailleurs et de quelques pièces de 4, suffisent pour les forcer à se retirer derrière les hauteurs en avant d’Allenstein.

Vers 4 heures après-midi, l’ennemi ayant reçu un renfort d’infanterie et de cavalerie se porte sur le front de la ville, mais l’intrépidité des seuls avant-postes, secondés par quelques pièces de 4, l’obligent définitivement à la retraite après un combat de douze heures. La 1re Division ne perd dans cette affaire que 3 hommes ; elle a un Officier et 12 soldats blessés.

Le 15, les Russes tentent une nouvelle attaque qui n’a pas plus de succès que les précédentes. Les avant-postes du 65e se défendent avec acharnement et se maintiennent dans leurs positions malgré plusieurs assauts ; leur brillante conduite vaut au Régiment deux citations. Les voici :
"Le lieutenant PIYON (nègre de la Martinique) était de garde aux avant-postes dans la chapelle d’Allenstein ; Il arrêta pendant toute la journée par le feu continuel de sa mousqueterie, avec environ soixante hommes, deux régiments de cavalerie russe et les força de rétrograder, bien qu’ils fussent soutenus par huit pièces de campagne qui virent tomber dans son poste plus de 80 boulets ou biscaïens. La présence d’esprit et l’intrépidité de cet officier, mises dans le plus grand éclat par cette action, lui méritèrent le grade de capitaine et la croix de la Légion d’honneur.
Le lieutenant DUFFOR Bernard-Emmanuel, n’ayant que cent hommes sans artillerie, défendit depuis six heures du matin jusqu’à sept heures du soir le poste de gauche de la Croix, contre environ 4.000 russes et prussiens et plusieurs pièces d’artillerie, action pendant laquelle il repoussa trois assauts ; l’ennemi rebuté se porta sur un autre point. Cet officier avait déjà été cité pour un fait de même nature qui s’était passé en Espagne, le 14 brumaire an 3
".

Composition du 3e Corps du Maréchal Davout au 16 mai 1807 :
1ère Division, Général Morand : 13e Léger, 17e, 30e, 51e et 61e et 65e de Ligne, 12 Bataillons, 7185 hommes.
2e Division, Friant : 15e Léger, 33e, 48e, 108e, 111e de Ligne, 10 Bataillons, 7361 hommes.
3e Division Gudin : 7e Léger, 12e, 21e, 25e et 85e de Ligne, 10 Bataillons, 7632 hommes.
Artillerie et Génie
Cavalerie légère, Général Marulaz : 1er, 2e et 12e chasseurs, 9 Escadrons, 692 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).

Le 16 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez l'ordre que le 8e régiment provisoire soit dissous. Le détachement du 22e de ligne se rendra au corps du maréchal Soult, celui du 65e et celui du 21e de ligne au corps du maréchal Davout ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1121 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15634).

Le 21 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J’ai reçu les états de situation que je vous avais demandés. Les 20000 hommes de la réserve doivent être distribués de la manière suivante :
12000 hommes à l'infanterie de ligne et légère conformément au tableau ci-joint.
… Répartition de 12 000 hommes de la réserve de 1808 entre les corps ci-après de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère.
... INFANTERIE DE LIGNE
CORPS NOMBRE DES CONSCRITS
... 65e 200 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15681).

Le restant du mois de mai est employé à rendre plus respectable le poste d’Allenstein. On détruit même le faubourg de la rive droite et l’on construit sur l’emplacement des redoutes et des batteries.

Le 31 mai, le Régiment est campé à Groniten.

Le 5 juin, on apprend que l’ennemi s’est mis partout en mouvement, et que notamment il s’est emparé du pont de Bergfried, sur l’Alle, coupant ainsi les communications entre le 3e Corps et le 6e (Maréchal Ney).

Le 7, à 1 heure du matin, le Maréchal Davoust ayant résolu de manoeuvrer de manière à faciliter au Maréchal Ney sa retraite sur Deppen, le 3e Corps se met en marche. A 3 heures du matin, la 1re Division est établie à Jonkowo et Alt-Schonemberg, ayant à sa droite la 3e Division (Gudin) et à sa gauche la 2e (Friant). Tout le Corps d’armée se trouve ainsi dans une excellente position défensive en arrière de Mühlengraben, petit ruisseau extrêmement marécageux. On apprend vers 10 heures du matin, que le Maréchal Ney, après les plus beaux combats, a échappé à une destruction qui paraissait inévitable. Le Maréchal Davout donne alors à ses Divisions les ordres nécessaires pour opérer sa jonction avec la Grande Armée.

Le 65e traverse la Passarge, bivouaque près de Langguth et continue sa marche le lendemain en suivant la rive gauche de la rivière.

Le 9, en exécution des ordres de l'Empereur, les 1re et 2e Divisions, précédées de quelques milliers de soldats portant une fascine au bout de leur fusil, franchissent de nouveau la Passarge et les marais qui l’avoisinent. La 1re Division bivouaque à Knopen, sur la rive gauche de l’Alle, d’où s’est retiré l’ennemi, que l’Empereur poursuit.

- Combat de Heilsberg

Le lendemain, les deux Divisions prennent position à Altkirsch, un peu en avant de Guttstadt, près de la route qui conduit à Heilsberg. Le même jour, l’Empereur bat les Russes près de cette dernière ville. Le 1er, le 3e Corps réuni en entier part à 3 heures du matin, se dirige, par la rive gauche de l’Alle, sur Heilsberg et vient prendre position sur les hauteurs de cette ville, à le gauche du 4e Corps qui a encore l’ennemi devant lui.

L’Empereur donne l’ordre au Maréchal Davoust de marcher sur le flanc droit de l’ennemi et de lui couper la route d’Eylau. Aussitôt, avec la rapidité et la précision qui distinguent les troupes du Duc d’Auerstaëdt, les trois Divisions, précédées de la cavalerie du Général Marulaz, débouchent sur les hauteurs de Grossendorf, la 1re et la 2e Divisions marchant en ligne suivant leur ordre de bataille et laissant le lac entre elles, la 3e en réserve. Ce mouvement doit couper la ligne de retraite des Russes et les refouler sur l’Alle ; ils sentent le danger et se mettent aussitôt en retraite.

Le 12, la Grande Armée, continuant sa marche en avant, le 3e Corps se dirige sur Eylau. A la fin de la journée, le 65e et la 1re Division prennent position à une lieue de cette ville, à Wanschketten.

- Bataille de Friedland

Le 13, le Régiment et la Division restent en réserve à la droite d’Eylau sous les ordres immédiats de l’Empereur. A 4 heures du soir, ils se mettent en mouvement pour rejoindre le Corps d’armée : la victoire est complète.

Le 14, le 65e suit le mouvement du Corps d’armée qui, de concert avec celui du Maréchal Soult et la cavalerie de Murat, essaie d’intimider Koënigsborg, mais doit y renoncer après un quart d’heure d’une canonnade très vive de part et d’autre. On décide d’investir la place, et la Division Friant a ordre de faire le passage de la Prégel ; cette opération devait être appuyée par la 1re Division, en réserve à Jérusalem, sur les bords de la rivière. Tout fait espérer que la place, investie sur les deux rives, se rendra dans la soirée même, lorsque le 3e Corps et la cavalerie reçoivent l’ordre de marcher sur Friedland, où une grande bataille est engagée, afin d’être à portée de recommencer le lendemain si le succès est indécis.

Le 3e Corps se met aussitôt en route et marche toute la nuit, ne faisant qu’une simple halte de 2 heures entre 11 et 1 heure du matin.

Il continue le 15 sa marche sur Friedland, lorsqu’en entrant à Abschwangen, il apprend que la bataille s’est terminée la veille par une grande victoire qui coûte aux Russes 40.000 hommes hors de combat, presque tous leurs canons et leurs bagages. La Division Morand s’arrête.

De nouveaux ordres, conséquences de la victoire, portent la Division sur Tapiau. Il faut passer la Prégel et la rive est défendue. Le Général Marulaz exécute un simulacre de passage à bateaux tandis que le 65e traverse à minuit, à une lieue plus loin, vis-à-vis de Crémilton, au-dessus de Tapiau. Le Régiment surprend l’ennemi et lui fait des prisonniers ; le passage est forcé.

Le 16, à 8 heures du matin, le 3e Corps et toute la cavalerie du Grand-duc de Berg sont réunis en face de Tapiau, au-delà de la rivière.

La marche en avant continue, la 1re Division arrive le 19 juin à Baudeningken, à deux lieus de Tilsitt, s’attendant à prendre part à une action décisive. Au lieu d’une bataille, c’est l’armistice (21 juin), suivi presque aussitôt par l’entrevue à jamais célèbre de Tilsitt et par la paix.

Cependant le 3e Corps, qui regrette de ne pas avoir été engagé à fond à Eylau et à Friedland, a, le 17 juin une compensation : poursuivant sur la route de Labiau les Généraux Kamensky et Lestpcq, il tombe sur leur arrière-garde et lui fait 1.000 prisonniers.

Le 28, trois jours après l’entrevue, les trois Divisions sont réunies près de Tilsitt et ont l’honneur de manoeuvrer sous les ordres de leur souverain en présence de l’Empereur de Russie et du Roi de Prusse.

Après la signature du traité, le 65e rétrograde et va s’établir dans le Duché de Varsovie, où le Maréchal Davoust, Gouverneur général, prend le commandement de toutes les forces françaises et alliées.

A son départ de Tilsitt, la municipalité adresse au Colonel Coutard la précieuse adresse qui suit : "La municipalité atteste par les présentes, que le colonel-impérial royal, M.COUTARD, ne lui a pas fait la moindre réquisition, et elle certifie en même temps que durant tout le commandement de M. le colonel Coutard, on a été parfaitement heureux ; c’est pourquoi tous les habitants lui expriment, par notre entremise, leur reconnaissance.
Tilsitt, le 20 juillet 1807.
Les membres de la Municipalité, etc.
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 42).

Arrivé à Varsovie, le 65e, qui compte 56 Officiers et 1.961 hommes présents, détache 2 Officiers et 60 hommes pour les escortes des bateaux de subsistance en mouvement sur la Vistule.

Le 1er octobre 1807, le Maréchal Davout écrit, depuis Varsovie, au Major général de la Grande Armée, Prince de Neuchâtel : "Monseigneur, le 3 septembre, j'ai eu l'honneur d'adresser à Votre Altesse un rapport sur l'état d'emplacement des troupes françaises et étrangères réunies sous mon commandement ; bien que les états de situation fassent exactement mention de ces emplacements, je vais avoir l'honneur de les retracer à Votre Altesse, en lui faisant connaître les divers changements qui ont eu lieu depuis cette époque, ou qui vont s'opérer incessamment.
1re division. - La 1re division du 3e corps, commandée par le général Morand, continue à occuper Varsovie par cinq régiments ; le 65e, faisant partie de la même division, est cantonné sous Varsovie, dans un rayon d'une à deux lieues …
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 66, lettre 385).

Le Régiment reste à Varsovie jusqu'au mois de décembre.

/ 1807, en Hollande

Le 14 novembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre aux 3e bataillons du 65e et du 72e qui sont en Hollande de se rendre à Anvers où ils tiendront garnison ; ils cesseront d'être à la solde du roi de Hollande" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1450 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16793).

/ 1808

- En hollande

A Paris, le 12 janvier 1808, "Le général Clarke, ministre de la guerre, soumet à l'Empereur la réclamation des troupes françaises des 3e et 8e corps, qui demandent à être payées d'après le tarif de la Hollande, tant qu'elles seront à la solde de cet état" ; l'Empereur répond : "On n'a jamais entendu que la Hollande payât les troupes qui sont à la Grande Armée, mais seulement les troupes qui sont en Hollande ; toute autre interprétation serait absurde. On suppose qu'on veut parler des 65e et 72e. Les bataillons de ces corps, qui étaient à la Grande Armée, ne peuvent être payés par la Hollande ; les dépots seuls qui étaient restés en Hollande doivent être payés par cette puissance" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13452).

Le 12 mars 1808, à Paris, on soumet à l'Empereur un "Rapport du ministre de la guerre rendant compte que le ministre de la marine demande huit détachements d'infanterie de ligne de 100 hommes chacun, pour concourir à la formation de la garnison des huit vaisseaux de ligne en armement à Flessingue.
Le ministre de la marine ajoute qu'il serait important que quatre de ces détachements d'infanterie puissent être embarqués le 1er avril
"; l'Empereur répond : "Ces quatre garnisons seront fournies, une par le 108e, une par le 65e, une par le 72e, et une autre par le 48e" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1702).

Pendant que les Bataillons de guerre se reposent en Pologne des fatigues de la dernière guerre, le 3e Bataillon, resté à Anvers, subit une modification profonde. Le 1er mai 1808, en exécution du Décret impérial du 18 février, le Commissaire des Guerres Dewarenghin procède à la dissolution de ce Bataillon et à la formation, au moyen des éléments qu’on en tire, des 4e et 5e Bataillons.

A Bayonne, le 2 mai 1808, l'Empereur est informé que "Le ministre de la guerre rend compte que le conseil d'administration éventuel du 65e régiment d'infanterie, stationné à Anvers, demande l'autorisation de faire escorter par un détachement de vingt hommes un convoi d'effets d'habillement et de petit équipement qu'il a reçu l'ordre d'envoyer aux bataillons de guerre de ce régiment à Varsovie"; "Approuvé. Faire escorter ces effets d'habillement par un officier et cent hommes", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1838).

Les 4 Compagnies du centre du Bataillon se trouvaient à l’Armée des Côtes de l’Océan ; la Compagnie de Grenadiers et celle de Voltigeurs étaient, depuis l’année précédente, à Dantzig.

Le 5e Bataillon (Dépôt), commandé par le Major Levavasseur, comprend 3 Compagnies de 95 hommes chacune, ayant un détachement de 100 hommes à bord du vaisseau l’Anversois, à Flessingue. Une 4e Compagnie devait être fournie par le 17e de Ligne, mais des ordres ultérieurs changent sa destination.

Le 6 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke ... Il faut que vous ordonniez au général Chambarlhac, qui commande la 24e division militaire, de compléter deux compagnies de 2 à 300 hommes de chacun des 72e, 65e, 108e et 48e régiments, pour en former deux petits bataillons de 500 hommes chacun, qui formeront un régiment provisoire. Mon intention est qu'ils soient réunis, pour le 1er juin, à une marche de Breskens, dans des lieux sains. Si ces régiments ne peuvent pas fournir sur-le-champ les deux compagnies, ils en fourniront d'abord une. L'air de l'île de Cadzand étant mauvais, le général de brigade ne les appellera qu'en cas de nécessité ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 13816 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17784).

Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts. Je conçois que les conscrits ont été dirigés sur les nouveaux dépôts ... Le 17e a son nouveau dépôt à Lille et l'ancien à Boulogne. Je pense qu'il serait convenable d’en faire de même, et qu'ainsi de suite il faudrait diriger les magasins ... du 65e d'Anvers sur Gand ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’administration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin.
Il serait possible que le reflux d'un si grand nombre de dépôts dans l'intérieur diminuât beaucoup l'armée de Boulogne. Mon intention est donc que tous les soldats disponibles y restent et que les officiers se rendent aux dépôts avec les cadres des compagnies de sorte que s'il y a à Boulogne 150 soldats dans le cas de se battre qui en conséquence de ces arrangements quitteraient Boulogne, le général Saint-Cyr gardera un des cadres des 4 compagnies avec ces hommes
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).

Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; il écrit :"1° NOTE
Il y a dix-neuf compagnies de grenadiers et de voltigeurs hors de ligne ...
3° NOTE ...
2e régiment de marche : deux bataillons de dix-huit compagnies (à Mayence) 2520 ...
Réunir cette division à Magdeburg.
4° GRANDE ARMÉE.
PROJET DE FORMATION DE RÉGIMENT DE MARCHE.
Infanterie.
1er régiment de marche. 1.860.
2e Id. 3.920 ...
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Il sera formé six régiments de marche de la Grande Armée ; ils seront organisés conformément au tableau ci-annexé.
Art. 2. Toutes les troupes qui doivent composer ces régiments seront bien habillées, bien armées, enfm mises en bon état et prêtes à partir de leur garnison le 1er août prochain.
Art. 3. Le 1er régiment de marche se réunira à Hanau ...
Le 2e – à "
Art. 4. Nos ministres de la guerre, de l'administration de la guerre et du Trésor public, sont chargés de l'exécution du présent décret ...
6° 2e RÉGIMENT DE MARCHE OU RÉGIMENT DE MARCHE DU 3e CORPS ...
3e bataillon (7 compagnies).
Trois compagnies, chacune de 140 hommes, de Worms, 61e de ligne. 420
Trois compagnies, chacune de 140 hommes, d'Anvers, 48e de ligne. 420
Une compagnie de 140 hommes, d'Anvers, 65e de ligne 140
Total : 980 ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée).

Le 1er juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous voudrez bien ordonner que les 108e et 48e complètent chacun le bataillon qu'ils ont au camp d'Ecloo à six compagnies de 6 ou 700 hommes, et que le 65e renvoie à ce camp deux compagnies de 100 hommes chacune, lesquelles avec quatre compagnies du 72e formeront un bataillon provisoire. Ces trois bataillons formeront un régiment qui sera commandé par un adjudant commandant ou par un général de brigade qui aura le commandement du camp d'Ecloo : ce renfort portera ce camp à près de 2000 hommes. Vous donnerez ordre que ces troupes soient exercées, et qu'elles reçoivent les vivres de campagne. Il n'y aura plus alors de bataillon provisoire ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2064 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18456).

Le 1er septembre, en exécution des Décrets du 27 juillet et du 9 août, une nouvelle transformation s’opère au 5e Bataillon (Dépôt) qui a été transféré d’Anvers à Gand. Au moyen d’éléments retirés des 4e et 5e Bataillons, la 4e Compagnie du 5e Bataillon est formée, puis, ce Bataillon, ainsi au complet, est versé tout entier dans le 4e Bataillon de guerre. Le Dépôt est ensuite ainsi constitué avec les éléments ci-après : le Major-commandant, 1 Capitaine, 1 Capitaine quartier-maître, 1 Lieutenant adjudant-major, 1 Chirurgien aide-major, 1 Chirurgien sous-aide, 1 Capitaine d’habillement, 2 Adjudants sous-officiers, 4 Maîtres ouvriers, 1 Caporal-tambour et 4 Ouvriers.

- En Pologne

Selon l'Historique régimentaire, le 65e prend garnison à Danzig au mois de janvier 1808. Il reste dans cette place jusqu'au mois de septembre.

Le 22 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous devez avoir reçu mon décret pour la nouvelle organisation de l'armée. Je me suis hâté de vous l'envoyer, ainsi que les différents tableaux, afin que vous puissiez donner tous les ordres préparatoires. Mon intention est cependant qu'aucun dépôt ne se mette en marche pour sa nouvelle destination, et qu'aucun embrigadement ne soit fait qu'en conséquence d'une instruction que vous donnerez aux généraux chargés de ce travail, et qui, avant d'être expédiée, sera mise sous mes yeux. Voici quelles sont mes vues ; je vous les fais connaître afin que cela vous serve pour la rédaction de cette instruction.
3e Corps de la Grande Armée. Vous chargerez le maréchal Davout de faire l'opération pour son corps d'armée. Il y a dans ce corps d'armée des régiments qui ont deux bataillons et d'autres qui en ont trois ... Le 12e de ligne a deux bataillons au 3e corps ; il n'y a pas de difficulté pour le former à trois bataillons. Il en est de même des 25e, 48e, 65e, 85e, 108e et 111e. Tous ces régiments, ayant un effectif de plus de 2,000 hommes, auront l'effectif de leurs cadres rempli à raison de 140 hommes par compagnie ...
" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 171260).

Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ... ANNEXE :
... 3e corps
... 65e id. 80 000 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).

Le 21 avril 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, à M. Daru, Intendant général de la Grande Armée, à Berlin : "Monsieur Daru ...
J'attends la situation des caissons d'ambulance que doit avoir chaque corps. Les 19e, 65e, 72e, 105e, et les 5e, 7e et 16e légers n'ont pas eu leur première mise ; il faut la leur faire donner, et qu'ils se procurent leurs caissons d'ambulance. Je ne suis point de l'avis de former un bataillon uniquement destiné au service de l'ambulance. Il faut qu'il y ait, sur les trente-quatre caissons de chaque compagnie, quatre caissons pour le pain et quatre caissons pour l'ambulance. Vous savez vous-même que, le lendemain d'une bataille, on est obligé de se servir des caissons du pain pour évacuer les malades, et vice versa. Mais il semble que chaque division d'infanterie a déjà ses quatre caissons d'ambulance appartenant aux régiments, et quatre caissons pris dans ceux des transports militaires qui lui sont attachés ; elle en a alors suffisamment …
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 13770 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17668).

Peu de temps après, le Colonel Coutard est nommé Baron de l’Empire et reçoit en dotation un domaine en Westphalie, en témoignage des services qu’il a rendus, notamment dans la dernière campagne.

Le 1er juin, en exécution du Décret du 18 février, le Sous-inspecteur aux Revues Delcour, procède au glacis du fort de Praga, à Varsovie, à la transformation en trois Bataillons des 1er et 2e Bataillons de guerre du 65e. Les nouveaux Bataillons ne comptent plus que 6 Compagnies dont une de Voltigeurs et une de Grenadiers.

Le 24 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai lu avec attention l'état de situation n° 3 des corps de la Grande Armée. Je vous le renvoie pour que vous y fassiez quelques changements : ... Aux trois bataillons du 17e de ligne il manque 640 hommes ..., aux 3 bataillons du 65e il manque 300 hommes ...
Il manque donc plus de 4 000 hommes au corps du maréchal Davout pour porter ses 48 bataillon au complet.
… En faisant des recherches pour bien faire cet état, vous me ferez un rapport qui me fasse connaître s'il est possible de former à Mayence un 3e régiment de marche (bis) de 3 bataillons qui serait composé de la manière suivante :
1er bataillon, 4 compagnies du 13e léger 600 hommes ; 3 compagnies du 17e de ligne 450 hommes ; 1 compagnie du 30e 140 hommes ; 1 compagnie du 61e 140 hommes ; 2 compagnies du 65e 300 hommes ; total : 1 630 hommes ...
Ce régiment serait de 4 000 hommes. Il serait suffisant que chaque compagnie fût commandée par un officier, deux sergents, quatre caporaux. Ce corps, après avoir passé la revue à Mayence et dans le comté de Hanau, serait dirigé en temps opportun sur le corps du maréchal Davout, pour renforcer ses 48 bataillons ; et alors ce maréchal aurait un effectif de 39 000 hommes ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2211 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18751).

Le 29 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vois que dans sa situation actuelle le corps du général Oudinot n'a que 8794 hommes, tandis qu'il devrait être de 11200 hommes ; il lui manque donc 2500 hommes. Je désire que vous donniez les ordres suivants aux bataillons de guerre. Nombre d’hommes à fournir ... Du 30e de ligne, de fournir audit corps 30 grenadiers, 15 voltigeurs
... Au 65e de ligne 30 30 ... Ces hommes seront fournis sur-le-champ, en les choisissant aux bataillons de guerre de la Grande Armée, ce qui complétera ces compagnies à 140 hommes chacune ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2222 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18779).

Le Maréchal Davoust, qui tient cour princière à Varsovie, agrée à cette époque l’union de sa cousine, Hélène Davoust, avec le Colonel du 65e, qu’il considère comme un des plus valeureux Capitaines de son armée. Le mariage se fait le 28 août 1808, à Varsovie (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 44).

A la fin d’août, le Quartier-général du 3e Corps est à Breslau. Le 65e quitte Varsovie pour rejoindre à Brieg le Quartier-général de la 1re Division.

Le 4 septembre 1808, l'Empereur écrit aussi, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai lu avec le plus grand intérêt le travail que vous m'avez remis sur les corps de la Grande Armée. Ce travail m'a paru bien fait. J'aurais voulu plus d’exactitude dans quelques titres.
Mon intention est que le corps du maréchal Davout ait au mois de mars en Allemagne un effectif de 49 à 50000 hommes d'infanterie. À cet effet, mon intention est de retirer de la division Oudinot les 20 compagnies de grenadiers et de voltigeurs qui s'y trouvent et de les rendre au maréchal Davout, de compléter pendant l'hiver les 15 quatrièmes bataillons qui sont en France et de les envoyer en Allemagne portés au grand complet, hormis un bataillon du 15e légère qui est en Portugal, et ceux des 17e et du 21e de ligne qui se trouvent déjà en Allemagne ; c'est donc 12 nouveaux bataillons à envoyer ...
Les 4es bataillons du 3e corps qui doivent rejoindre l'armée cet hiver, sont ceux des 13e et 7e légère, 12e, 21e, 25e, 30e, 33e, 48e, 61e, 65e, 85e, 108e et 111e
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2255; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18825).

Selon l'Historique régimentaire, en septembre, le 3e Corps tout entier, composé des 4 Divisions Friant, Morand, Gudin et Saint-Hilaire, va prendre ses quartiers d'hiver dans la Thuringe. Le 65e, dès le départ de Dantzig, est placé dans la 2e Division (Général Morand).

En Octobre 1808, devant les mauvaises conditions climatiques, l’état des baraques qui laissent passer l'eau et le froid et créent des maladies, Davout évacue ses cantonnements. Il écrit à Berthier, depuis Breslau, le 8 octobre 1808 : "Monseigneur, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que j'ai dû faire lever les camps aux troupes sous mes ordres ; plusieurs motifs m'ont déterminé à cette mesure.
Les divers camps établis en Silésie avaient été construit pendant la belle saison ; toutes les baraques étaient en planches, et il s'en faut de beaucoup que l'on ait apporté dans leur construction tous les soins nécessaires pour les rendre tenables dans la saison des pluies. Le peu de précautions qu'on avait prises particulièrement dans la construction des toitures rendait ces baraques extrêmement froides pendant les belles nuits et inhabitables par un temps de pluie. Les pluies continuelles qui ont eu lieu pendant la dernière quinzaine de septembre et les premiers jours d'octobre influaient déjà d'une manière alarmante sur la santé des troupes campées, à qui il n'était pas possible de procurer des paillasses et des couvertures ; nos hôpitaux s'encombraient chaque jour, au point de faire craindre de ne pouvoir y recevoir l'affluence des malades.
La plupart des camps étaient d'ailleurs mal situés, les terrains sur lesquels ils étaient établis étant inondés après les premiers jours de pluie.
D'après ces considérations, je n'ai pas hésité à ordonner l'évacuation des camps et à faire cantonner les troupes ; elles le sont dans l'ordre suivant :
1re division. - Deux régiments de la 1re division commandée par le général Morand, le 17e et le 30e de ligne, tiennent garnison à Neisse, où se trouve également l'artillerie de cette division ; le 61e régiment occupe Oppeln, Krappitz et Falkemberg ; le 65e occupe Brieg, Lowen et Grottkau ...
Depuis la levée des camps, les malades ont beaucoup diminué, et la situation des hôpitaux s'améliore sensiblement
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 301, lettre 516).

Un Décret du 12 octobre dissout le Grande Armée, qui prend la dénomination d’Armée du Rhin, sous le commandement du Maréchal Davout.

Le 1er novembre, le Régiment, toujours cantonné à Brieg, a son Bataillon à Grotkau.

Le Colonel Coutard comme a son habitude, a marqué les Polonais et il en reçoit des témoignages, au moment où il quitte la Pologne. Le 11 novembre 1808, le Comte de Stoch, chez qui Coutard à résidé, dans son chateau en Silésie, et à qui il a donné son épée, écrit à Coutard, depuis Breslau : "Monsieur le colonel,
Persécuté depuis longtemps par une étoile malheureuse, j’éprouve de nouveau son influence dans ce moment par une indisposition qui m’empêche de quitter Breslau. Agréez. Monsieur, et Madame la baronne, à votre départ de Soeven, les hommages les plus sincères et les plus respectueux d’un Silésicn dont les souvenirs les plus doux seront les jours charmants qu’il a coulés dans la plus aimable des sociétés. Daignez oublier tous les ennuis, tous les désagréments d'un petit endroit ruiné par la guerre, et dont le propriétaire n’était plus à même de recevoir selon ses voeux des hôtes si marquants; mais n’oubliez pas son attachement inaltérable, et recevez avec bonté les voeux qu’il ose faire pour votre prospérité.
Je suis avec le plus profond respect
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 46).

Et, dans une deuxième lettre, datée de Breslau le 14 novembre 1808 : "Monsieur le colonel,
J’ai reçu votre épée. Jamais cadeau ne m’a fait tant de plaisir. Sortie des mains d’un héros elle s’étonne de se trouver dans des mains si pacifiques. Mais elle sera l’héritage de mes fils. Celui qui vous présente cette lettre la possédera. Qu’il soit digne de la porter ! Le nom du baron de Coutard ne sera jamais oublié du possesseur de Soeven. Respect, estime, attachement, voilà ce qu’il vous voue pour toujours, comme à votre digne épouse. Soyez si heureux comme vous le méritez ! voilà, Monsieur le colonel, les voeux de
Votre très-humble,
Le comte de Stosch
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 46-47).

Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "1° Les vingt et un régiments de l'armée du Rhin seront complétés à quatre bataillons. A cet effet, les compagnies de grenadiers et voltigeurs des 4es bataillons des 30e et 33e de ligne, du 10e d'infanterie légère, des 105e, 22e, 57e, 65e, 72e, 3e, 12e, 61e, 85e et 111e de ligne, qui font partie du corps que commande le général Oudinot, partiront au 10 janvier prochain de leurs cantonnements actuels pour rejoindre les bataillons de guerre de leurs régiments respctifs, hormis les régiments qui ont ordre déja, qui rentrent en France.
Les 4es bataillons des 48e de ligne, 13e légère, 108e, 72e et 65e et autres joindront également leurs corps à l'armée du Rhin aussitôt qu'ils seront complétés à 840 hommes et commenceront le 1er mars.
Les compagnies de grenadiers et voltigeurs des 4es bataillons qui rejoindront leurs régiments formeront le fond des 4es bataillons ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).

Le 15 décembre, après s’être arrêté quelques jours à Roslau, le Régiment se trouve en entier à Magdebourg où il restera tout l’hiver.

/ 1809, Grande Armée

Au 1er janvier 1809, le 65e fait partie de l'Armée du Rhin, commandée par le Maréchal Davout, Duc d'Auerstadt, 1ère Division Morand, 2e Brigade Lhuillier. Il est commandé par le Colonel Coutard.

Le même 1er janvier 1809, les deux Compagnies de Grenadiers et de Voltigeurs du 4e Bataillon qui étaient détachées à la Division du Général Oudinot, rejoignent le Régiment.

Les armements insolites de l’Autriche pendant les premiers mois de 1809 font prévoir une rupture prochaine ; Napoléon quitte l’Espagne pour venir prendre en Allemagne la direction des opérations.

Le 23 janvier 1809, le Prince Poniatowski écrit au Colonel Coutard : "Monsieur le baron,
J’ai reçu, il y a peu de jours, la lettre que vous avés bien voulu m’adresser le 15 décembre; elle m’a causé un plaisir analogue au prix que j’attache à l’amitié dont vous m’y réitérés l’assurance. En vous remerciant, Monsieur le baron, des sentimens qu’elle exprime, tant pour moi en particulier que pour notre nation, je me fais un devoir de saisir cette occasion pour vous témoigner que, quels que soient ses efforts pour se montrer digne de la flatteuse distinction de combattre à côté des braves aux succès desquels elle doit son existence nationale, elle est loin de croire qu’elle ait pu s’acquitter envers eux des obligations qu’elle reconnaît avoir contractées.
Veuillés bien, Monsieur le baron, être persuadé qu’il m’est aussi agréable de me les rappeler que j’aime à conserver le souvenir du temps que vous avés passé parmi nous. S’il est quelque chose qui puisse en adoucir pour moi le regret, c’est de me flatter que vous ne doutés point combien il est sincère et combien je suis charmé de vous prouver l’estime et la considération distinguée dont je vous prie de rccevoir l’assurance.
Le général de division, ministre de la guerre,
Joseph, prince Poniatowski
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 47).

Aux Tuileries, le 2 février 1809, "On met sous les yeux de Sa Majesté la demande du grade de chef de bataillon et de la décoration de la Légion d'honneur formée pour M. Verdier, capitaine au 65e régiment, qui a suivi le général Gardane en Perse. Le prince Abbas-Mirza s'intéresse à l'avancement de cet officier, qui instruit avec succès les troupes persanes à nos manœuvres"; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2729 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec du l'Empereur. 9 novembre 1808).

Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, voulant compléter mon armée du Rhin, mon intention est que ... Le 65e peut fournir deux compagnies de fusiliers, la 1re et la 2e, ce qui portera son 4e bataillon à 4 compagnies ..." (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2766 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20015).

Le même 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Dejean : "Monsieur le général Dejean, il y a au 65e de ligne 126 conscrits, au 72e 105 conscrits, au 108e 172 conscrits, au 10e de chasseurs 83 et au 4e de hussards 21, qui sont encore habillés en paysans ; donnez des ordres pour que ces habits de paysans disparaissent le plus tôt possible ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2771).

Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez l'ordre qu'une ou deux compagnies de fusiliers complétées à 140 hommes des quatrièmes bataillons des 12e, 25e, 33e, 61e, 65e, 22e, 85e, 111e, et 5e légère, partent sans délai pour Strasbourg.
On formera de ces compagnies autant de bataillons de marche qu'il y aura de fois six compagnies, en ayant soin de mettre ensemble les compagnies des régiments qui appartiennent à l'armée du Rhin.
On appellera ces bataillons, bataillons de marche des quatrièmes bataillons de l'armée du Rhin ; ainsi il y aura à Strasbourg trois espèces de bataillons de marche : les bataillons de marche du corps d'Oudinot, les bataillons de marche de l'année du Rhin, les bataillons de marche des 4es bataillons de l'armée du Rhin.
Je crois avoir compris dans ce nombre toutes les compagnies des quatrièmes bataillons qui ont leurs grenadiers et voltigeurs à l'armée du Rhin ; s'il m'était échappé quelque corps, faites-le-moi connaître
" (Picard et Tuetey : Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809. 2849; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20196).

Le 4 mars 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis Pris, au Général Compans, Chef de l’Etat-major : "Je vous adresse, Monsieur le général, copie d'un ordre que je viens de recevoir du major général ; exécutez-en tout de suite les dispositions dans l'esprit suivant :
Les régiments qui se trouveraient plus rapprochés d'Erfurt que les généraux sous les ordres desquels ils se trouvent devront recevoir de vous directement les ordres de marche que vous leur enverrez par des officiers de votre état-major, ou, à leur défaut, par des officiers du 17e régiment ...
Vous ne ferez connaitre ni aux généraux ni aux colonels leur destination définitive ; vous leur indiquerez pour destination le point de l'itinéraire que vous leur aurez tracé, qui sera le plus voisin d'Erfurt, sans même leur faire connaitre qu'ils doivent aller au-delà ; vous leur indiquerez seulement que là on leur fera connaitre les cantonnements qu'ils doivent prendre; vous prendrez des mesures pour qu'à leur arrivée dans ces endroits ils trouvent des ordres de continuer leur route jusqu'à Bamberg ...
Il ne faut pas prévenir les autorités du pays à l'avance ; les régiments enverront seulement vingt-quatre heures en avance dans chaque gite un officier, porteur de feuilles de route, pour faire préparer les vivres et logements. Cependant vous pouvez écrire au ministre de la guerre de Westphalie pour lui annoncer le passage des troupes et lui donner l'itinéraire qu'elles suivront à travers la Westphalie seulement ...
Le 30e régiment partira, à la réception de l'ordre, avec toute l'artillerie de la division. Le 61e partira le lendemain, et dans le cas où des régiments du général Saint-Hilaire, qui ont dû, déjà avoir reçu l'ordre d'aller à Magdebourg (ces ordres étaient contenus dans les dépêches adressées au général Saint-Hilaire, qui ont été portées par le courrier Bertheuille), il y en aurait un d'arrivé, le 65e partirait le lendemain de l'arrivée de ce régiment. Le 11e de chasseurs qui est à Magdebourg partira le lendemain du départ du 61e.
Il est à désirer que les troupes qui sont en Hanovre marchent par plusieurs routes pour soulager le pays. Les régiments se mettront en marche dans l'ordre où ils se trouvent; les plus près partiront les premiers. Par ce moyen, tout ce qui est en Hanovre partira en deux jours.
Le général Friant laissera ses troupes cantonnées comme elles sont dans le pays de Bayreuth et d'Erlangen, et ne les réunira que dans le cas d'événements imprévus. Il faut recommander au général Friant, dans le cas peu vraisemblable où les Autrichiens marcheraient avec des forces supérieures, de prendre une position qui puisse couvrir Bamberg et Wurtzbourg ; j'en conférerai avec M. l'intendant général à mon arrivée, qui aura lieu vingt-quatre heures après la réception de cette lettre.
Je vous recommande, mon cher général, de ne point parler de mon retour ni de ce mouvement, et de donner les ordres de marche de manière que personne n'en ait connaissance à Erfurt ...
Il est bon que les troupes en partant prennent du pain pour deux jours et qu'on s'arrange de manière à avoir toujours cette avance pendant la route ; cela facilitera l'établissement des troupes dans leurs cantonnements.
Recommandez de maintenir la meilleure discipline dans la marche, et que chaque corps ait à se pourvoir d'un certificat de bonne vie ...
Je vous prie de faire passer la lettre ci-jointe par le courrier militaire qui ira à Varsovie
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 384, lettre 586).

A Paris, le même 4 mars 1809 : "… On propose à Sa Majesté d'accorder à M. Coutard, colonel du 65e régiment, un congé de deux mois" ; "Refusé" répond ce dernier (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3859; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2866 - Extraite du « Travail du ministre directeur de l'administration de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 1er mars 1809 »).

Le 9 mars 1809, depuis Paris, l'Empereur écrit au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, les deux compagnies du 10e d'infanterie légère, du 3e de ligne, du 57e, du 62e et du 22e formant dix compagnies seront réunies en un bataillon de marche qui portera le titre de bataillon de marche des 4es bataillons de la division Saint-Hilaire.
Les deux compagnies du 12e, du 30e, 61e, 65e, 85e, 105e et 111e formeront un second bataillon de marche qui portera le titre de bataillon de marche du 4e bataillon de l'armée du Rhin.
Faites-moi connaître le plus tôt possible le nombre d'officiers, sous-officiers et soldats que les corps pourront fournir à ces compagnies afin de pourvoir à les compléter. Ces 2 bataillons se rendront à Strasbourg
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2906 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20308 - La minute (Archives nationales, AF IV 879, mars 1809, n° 146), qui est la dictée, est datée à posteriori de Rambouillet le 11 mars). Ces «Bataillons de marche» sont composés de renforts destinés aux Corps d'armée stationnés en Allemagne.

Le Colonel Coutard, qui sent que la guerre va reprendre, sollicite d'être attaché au Corps d'Armée d'Oudinot, qui lui annonce qu'il en a fait la demande au Ministre de la Guerre, et il ajoute : "Si j’étais à portée de le faire près de l'empereur, je m’y prêterais avec intérêt, par l’estime et l’attachement que j’ai pour vous et auxquels je vous prie de croire dans toutes les occasions où je pourrai vous être utile. Je souhaite être assez heureux pour réussir et vous faire compter de nouveau dans notre famille militaire" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 48).

Le 21 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, à Alexandre, Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Allemagne, à Paris : "Mon Cousin, donnez ordre au général sénateur Demont de se rendre à Würzburg pour être employé au corps du duc d'Auerstaedt. Faites connaître au duc d'Auerstaedt que je désire qu'il mette sous les ordres de ce général une réserve qui serait composée des 4es bataillons du 30e, du 61e, du 65e, du 33e, du 111e, du 12e et du 85e de ligne ; ce qui fait sept bataillons. Ces sept bataillons ne sont encore qu'à 500 hommes ; ils ne forment donc qu'une force de 3,500 hommes ; mais ils vont bientôt recevoir une compagnie qui leur produira une augmentation de 1,100 hommes. Les 4es bataillons des 48e, 108e, 25e de ligne et 13e léger ne doivent pas tarder à partir de Boulogne ; ce qui portera le nombre des 4es bataillons à onze ; on pourrait y joindre ceux des 7e léger, 17e et 21e de ligne ; ce qui ferait quatorze bataillons. Cette réserve paraît nécessaire ; les divisions restant composées de cinq régiments, et chaque régiment ayant un complet de 2,500 hommes, les divisions seraient de plus de 12,000 hommes ; si l'on y laissait les 4es bataillons, elles seraient de 14 à 15,000 hommes ; ce qui est beaucoup trop fort pour une division. La formation des 4es bataillons n'est pas encore terminée ; il sera bon de les avoir sous la main et en dépôt pour être réunis. Il y a aussi un avantage à cette mesure, c'est qu'un régiment qui a trois bataillons en ligne et un bataillon à la division de réserve, qui peut ne pas se trouver compromis le même jour, peut trouver dans ce bataillon des ressources pour réparer ses pertes. Je désire donc que le corps du duc d'Auerstaedt soit composé de la manière suivante : des divisions Morand, Gudin, Friant et d'une quatrième division formée des kes bataillons de chacune des trois premières divisions. Chacune de ces trois premières divisions doit avoir trois généraux de brigade, un pour l'infanterie légère, et les deux autres commandant deux régiments de ligne ou six bataillons. La division du général Demont devra avoir trois généraux de brigade : un, commandant les 4es bataillons de la 1re division ; un, commandant les 4es bataillons de la 9e division, et un, commandant les 4es bataillons de la 3e division. Deux ou trois bataillons de la même division seront réunis sous le commandement d'un major. Les 4es bataillons des 13e léger, 17e et 30e de ligne seront réunis sous un major de l'un de ces trois régiments. Les 4es bataillons des 61e et 65e seront commandés par un major de l'un de ces deux régiments. Par cette formation, tous les avantages se trouvent réunis ; et le duc d'Auerstaedt aura quatre généraux de division, douze généraux de brigade, quatre adjudants commandants, et soixante pièces de canon, à raison de quinze pièces par division, indépendamment de l'artillerie attachée à la cavalerie, et des généraux et adjudants commandants attachés à son état-major" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14934 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20469).

Le 23 mars, les trois Bataillons, les Voltigeurs et Grenadiers du 4e Bataillon et un détachement venant du Dépôt (300 hommes), soit au total 2123 hommes, sont à Bamberg.

Le même 23 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai signé le décret sur la composition des 17 demi-brigades provisoires de réserve ...
vous donnerez ordre que le fonds de la 8e demi-brigade se réunisse à Gand. À cet effet, 2 compagnies du 5e bataillon du 48e, du 108e, 72e, 65e, 13e d'infanterie légère, 27e idem, 22e, 54e et 45e se mettront en marche à la même époque, pour former à Gand les 4 bataillons de la 8e demi-brigade ...
La réunion de ces 3 demi-brigades va bientôt me permettre de disposer des 10 4es bataillons qui doivent rejoindre leurs bataillons de guerre en Allemagne ; ils doivent se tenir prêts à se mettre en marche, mais avant de leur en donner l'ordre, je désire pourvoir, de la manière suivante, au moyen de porter ces 4es bataillons au complet de 840 hommes ...
Aussitôt que la 8e demi-brigade sera forte de 1000 hommes, je compte faire partir également les 4es bataillons du 48e, du 108e et du 13e léger. Ces bataillons devront se tenir prêts à partir pour joindre leurs bataillons de guerre ; mais vous prendrez mes ordres pour ce mouvement.
Le 72e de ligne et le 65e doivent envoyer à l'armée les 5es et 6es compagnies de leurs 4es bataillons. Ordonnez que les cadres de ces 4 compagnies se rendent à Paris, où ils seront complétés par 300 conscrits que la Garde fournira à chacun de ces corps, et, moyennant cette disposition, les dépôts seront dispensés de fournir ce nombre ...
Ayant ainsi pourvu à la formation de ces trois demi-brigades, qui me permet de disposer de 10 bataillons des camps de Boulogne et d'Anvers ; ayant pourvu également, par les dispositions que j'ai prises hier, à tout ce qui manque aux bataillons de l'armée du Rhin, du corps d'Oudinot et du corps du duc de Rivoli, pour que ces bataillons soient portés au complet, il ne reste plus qu'à pourvoir à la formation des 5es et 6es compagnies des 4es bataillons afin de compléter ces 4es bataillons en Allemagne. Voici les dispositions que je me propose de prendre à cet égard :
...
On fera autant de bataillons de marche qu'il y a de divisions à l'armée. Ainsi, le 1er bataillon sera composé de deux compagnies du 30e, du 61e, du 65e, formant 840 hommes (le 65e partant de Paris). Ce bataillon s'appellera bataillon de marche des 4es bataillons de la division Morand ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2992 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20514). Le Décret sur la création des 17 Demi-brigades de 2520 hommes chacune a été signé le même jour (voir Saski, Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche, Paris, Berger-Levrault et cie, 1899 , t. 1, p. 550-554).

Le 24 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il sera formé un bataillon de marche de l'armée du Rhin, fourni par les conscrits de la Garde, que je verrai dimanche, et qui sera dirigé immédiatement après sur Strasbourg. Ce bataillon sera destiné, savoir : 100 hommes pour le 17e de ligne, 300 hommes pour le 65e, dont 100 seront destinés au 4e bataillon, 100 hommes pour le 25e, 100 hommes pour le 48e, total 600 hommes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2995 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20528).

Le 26 mars, le 65e est à Nuremberg.

Le 30 mars 1809, l'Empereur adresse, depuis Paris, à Berthier, Major général, ses instructions, pour la campagne à venir, suivies d'un Etat de la Composition des Divisions et Brigades des différents Corps de la Grande Armée. Le 65e de Ligne doit faire partie du 3e Corps d'Armée commandé par le Maréchal Duc d'Auerstadt; 1ère Division Morand, 3e Brigade Lhuillier de Hoff ; le 4e Bataillon du 65e de Ligne doit faire partie de la 1ère Brigade de la 4e Division Demont du 3e Corps de Davout (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14975 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20619).

Le 31 mars, l'Armée du Rhin devient 3e Corps d'Armée. La Brigade Lhuillier devient la 3e de la 1ère Division.

Selon l'Historique régimentaire, les 4 Divisions (Morand, Friand, Gudin et Saint-Hilaire) du 3e Corps, reçoivent l'ordre de se mettre en mouvement par Nuremberg, pour se porter vers Ingolstadt et passer le Danube.

Le même 31 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... La Garde a employé 2 800 conscrits pour former les régiments de tirailleurs, et 5 200 hommes pour tout ce qu'elle a fourni jusqu'à cette heure à la ligne. Elle a donc employé 8 000 conscrits. Elle a dû en recevoir 16 000. Il lui en reste donc encore 8 000, sur lesquels elle retiendra 5 600, pour former 4 régiments de conscrits.
Il ne lui restera donc plus que 2 400 hommes. Sur ces 2 400 hommes, elle en donnera 240 hommes aux 5es et 6es compagnies de chacun des 25e, 28e, 36e, 75e, 72e, 65e et 46e ; ce qui fait 1 680 hommes.
Elle en fournira autant aux 1res et 2es compagnies des ses bataillons des 12e, 14e, 34e et 88e, ce qui emploiera tous les conscrits de la Garde. Ainsi, donnez l'ordre que la Garde retienne 5 600 hommes pour les 4 régiments de conscrits dernièrement ordonnés, et qu'elle prépare, pour le jour où ces 11 régiments arriveront ici, le cadre de leurs compagnies, 240 hommes, c'est-à-dire 120 par compagnie, ce qui les portera à 140 hommes, avec les officiers et leurs cadres
" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 1, lettre 898 (donne le 31e au lieu du 34e) ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20643).

Le 1er avril, le Régiment arrive à Nuremberg, le 3e Bataillon est détaché à Furth.

- Formation d'une Réserve puis en Mars 1809, mobilisation des Compagnies de Chasseurs et de Fusiliers des 5es Bataillons des Régiments d’infanterie légère et de Ligne ; Corps d'Oudinot

Le 25 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke ... Le 65e régiment de ligne tiendra prêtes à partir ses deux premières compagnies de fusiliers du 4e bataillon ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2822 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20127).

Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
1
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2
...7e régiment provisoire : Le 7e régiment provisoire sera composé de 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 48e, 108e, 72e, 65e, 13e légère, 27e légère. Ce régiment se réunira à Gand ...
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).

- Poursuite des mouvements du 3e Corps

Le 7, le 65e et la Division Morand, se conformant au mouvement général sur Ratisbonne, sont entre la Laber et Neumarck.

Le 9, le Major général ordonne au Maréchal Davoust de rapprocher de Ratisbonne la Division Morand. Le même jour, le Général autrichien Comte de Bellegard, notifie au Maréchal le commencement des hostilités.

Le 11, l’Armée du Rhin prend la dénomination d’Armée d’Allemagne. La Division Morand se porte de Reidembourg sur Ingolstadt, où elle trouve la Division Gudin.

Le 13, le Maréchal reçoit l’ordre de s’installer à Ratisbonne et d’établir son Corps d’armée autour de cette place, où l’Empereur a l’intention de porter son Quartier général.

Le 15, la concentration du 3e Corps autour de Ratisbonne est achevée.

Le même 15 avril 1809, le 65e compte 67 Officiers, 2019 hommes et 45 chevaux. D'autre part, sont en marche 6 Officiers et 208 hommes destinés à rejoindre la 4e Division du Corps, commandée par le Général Demont.

Le 16, le Maréchal Davoust informe le Major général qu’il fait rétablir le pont sur la Regen, qui a été brûlé, et qu’une forte colonne d’infanterie autrichienne, venant du côté de Strauling, a remonté le Danube et est venue s’établir sur la rive gauche de la Regen.

Le 17, la 1re Division est sur les hauteurs de la Trinité, la droite au pont de la Regen, la gauche remontant le Danube ; le 65e est dans Ratisbonne. L’ennemi, qui occupe les hauteurs de la rive gauche de la Regen, cherche à couper le pont de cette rivière à coups de canon ; il est repoussé par trois Compagnies du 17e léger placées en avant du pont.

Le 18, au matin, le Général Klénau, commandant l'avant-garde du 2e Corps de l'Armée autrichienne, se présente sur la rive droite du Danube et se dispose à y faire des retranchements. Il fait attaquer sur la Regen les trois Compagnies du 17e Léger ; deux Bataillons du même Régiment, envoyés au secours, forcent l’ennemi à la retraite. Le Maréchal Davoust veut le repousser et envoie le 65e contre lui, avec ordre de passer la Regen. Il est 2 heures du soir environ. Au moment où le 65e arrive en ligne, il est attaqué à sont tour. Le combat est vif, l'engagement dure plus de deux heures. Klénau, battu, se retire; la place est dégagée.

Le soir, le 65e repasse la Regen et prend position sur les hauteurs de la Trinité, en avant d'un des riches faubourgs de la ville de Ratisbonne, nommé Stadt-am-Hoff. Le Colonel Coutard est chargé de garder Ratisbonne. Le 65e, sur les instructions du Maréchal, brûle le pont de la Regen. Cette position est importante; elle couvre la retraite de la Division du Général Friant, qui, en effet, passe le Danube dans la matinée du 19, pour aller rejoindre le Corps du Maréchal, parti dans la journée sur ordre de l'Empereur pour opérer sa jonction avec la Grande Armée, vers Abensberg.

Le Chef de Bataillon Armand Coutard, le neveu du Colonel, adresse son "Rapport de la Journée du 18.
Mon colonel,
Vous m’avez chargé, le 18 du courant, de l’honorable mission de deffendre avec mon bataillon le passage du pont sur la Reegen. Je m’y rendis à deux heures de l’après-midi, avec deux compagnies qui furent successivement renforcées par le reste du bataillon. Le 17e régiment m’ayant cédé sés postes, l’ennemi les attaqua avec vigueur. Nous les défendîmes ensemble et il ne quitta la position qu’après que l'ennemi eut ralenti ses attaques.
Vous avez vous-même ordonné et dirigé la retraite et assisté à l’embrâsement du pont qui l’a protégée.
Dans ces diverses opérations, mon bataillon a montré un calme, un sang-froid et une bravoure qui m’a donné les plus belles espérances pour la journée du lendemain. Quinze hommes ont demeuré sur le champ de bataille et une vingtaine ont été blessés. Je n’ai pas eu de prisonniers, quoique M. le général La Cour, qui est venu un instant aux avant-postes, ait cru voir le contraire. Voua connaissez mieux que moi les forces majeures et l’artillerie nombreuse qui nous étaient opposées
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 57).

- Défense de Ratisbonne

Le Maréchal Davoust, en s'éloignant de Ratisbonne, a réservé au 65e le rôle périlleux de garder cette place, contre les armées nombreuses qui vont l'attaquer par la rive droite et par la rive gauche du Danube; mais il compte, dit-il, sur "cet excellent régiment".

Ratisbonne est le plus important de tous les points stratégiques du théâtre de la guerre dans l’Allemagne méridionale. Centre des routes de toute l’Allemagne, placée au sommet de l’angle que fait le Danube, à distance égale de Passau et de Donawerth, d’Egra, de Forscheim, d’Augsbourg et de Münich, cette ville a, au point de vue des opérations générales, une importance extrême à cause de son pont en pierre, le seul qui existe alors sur le Danube depuis Ulm. Son importance s’est encore accrue, dans la circonstance, de ce qu’elle sépare les Corps d’armée autrichiens et ferme, après la prise de Landshut, toute retraite à l'Archiduc, qui a été prévenu sur les ponts du bas Isar. Disons enfin, pour terminer ce rapide exposé, que la ville est tout entière sur la rive droite du Danube et qu’elle est, à cette époque, entourée d’un vieux mur et d’un fossé en mauvais état, d’un développement trop étendu pour être défendu par un seul régiment. Le faubourg de Stadt-am-Hoff, situé sur la rive gauche, se trouve à l’ouest du confluent de la Regen.

Davout, dans la nuit du 18 au 19, donne les instructions suivantes : "Le colonel Coutard tiendra la hauteur de la Chapelle, qu'il conservera jusqu'à ce qu'il voie des dispositions d'attaque; alors il se replierait dans la ville, et lèverait les ponts-levis. Il placera de suite aux différentes issues des soldats, qui, par le moyen des créneaux, défendront 1a place ; la majeure partie de sa troupe sera sur les places.
Si le colonel Coutard entendait une canonnade sur la route que prend l'armée, il se tiendra en mesure d'évacuer la place, et ira rejoindre sa division, dont il a l'itinéraire ; mais il ne le fera que par ordre. Dans le cas contraire, il évacuera cette place la nuit prochaine, il se portera sur Abensberg par la droite d'Albach, et il trouvera à Abensberg du monde de sa division.
Il est essentiel qu'il tienne toutes les portes de la ville fermées; il ne laissera sortir aucun habitant, et n'ouvrira les portes qu'après avoir bien reconnu. Qu'il fasse bien manger ses troupes.
Si l'ennemi se présentait pour tirer quelques coups de canon sur la rive gauche, et que cela fit du désordre en ville, il contiendra la population et déclarera aux autorités qu'elles sont rendues responsables de tout mouvement populaire ; les coups de canon de l'ennemi ne doivent lui faire évacuer la ville plus tôt que ses ordres ne le portent
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 52; citée dans l'Historique régimentaire).

Sur la dépêche est écrite cette mention : "Reçue des mains du maréchal, chez lui, à deux heures du matin, le 19 avril. C.".

Le 19, sur les 2 heures, le Corps entier des Généraux Kollowrath et Klénau attaque Stadt-am-Hoff. Ce Corps a 10 Bataillons, 12 Escadrons, une artillerie nombreuse. Les canons font d'abord les plus grands ravages dans le faubourg. Ils prennent en flanc, en tête et par derrière un Bataillon (le 1er), chargé de la défense de ce point, sous les ordres du commandant Rouge. Ce Bataillon, après la plus vigoureuse résistance, se retire d'abord sur le pont, rentre en ville et fait lever le pont-levis. Dix minutes après, le pont-levis se rabaisse, et une charge des plus vigoureuses est exécutée. Le Colonel a réfléchi que l'absence des riches habitants du faubourg portera les ennemis à le piller; il décide de le reprendre.

Exhortant chaleureusement ses troupes et leur donnant les instructions les plus précises, il les lance au pas de course sur les Impériaux. Cette brusque sortie a un merveilleux succès. On se bat à coups de fusil, à coups de baïonnette, à coups de crosse, à coups de poing, à coups de pied. C'est un pèle-mêle inouï. Les Autrichiens surpris, épouvantés, sont mis en déroute et évacuent le faubourg, laissant derrière eux plus de 400 prisonniers, dont deux Officiers, le drapeau du régiment de Froën et 3 guidons. L'ennemi a perdu 1,500 hommes; le 65e a 800 tués ou blessés.

Citons parmi les morts, le Capitaine Chaumard et le sous lieutenant Demestre; sont blessés les Capitaines Rey, Bardeaux et Saint-Léon; les Sous-lieuteants Montbrun, Belbeze et Varin.

Le 1er Bataillon couche dans Stadt-am-Hoff reconquis.

Le Chef de Bataillon Coutard adresse au Colonel son Rapport sur la "Journée du 19. — Dispositions de défense.
J'avais placé une compagnie de fusiliers dans les deux maisons sur la rive droite de la Reegen faisant face au pont brûlé. La compagnie de grenadiers et celle de voltigeurs étaient avec moi à la position de la chapelle, cette dernière ayant des postes de communication entre la compagnie placée au pont et moi.
D’après l’avis que vous m’avez donné que je devais principalement me garder sur ma gauche pour défendre la route d'Hanau par où je devais craindre une attaque vigoureuse qui me coupait toute retraite, J'avais également posté une compagnie au premier village qui se trouve sur cette route, et les voltigeurs avaient des postes de communication avec elle.
Une compagnie de fusiliers occupait le poste important de la maison qui est à l'entrée du faubourg; et la dernière compagnie de réserve à la tour.
Vous avez ordonné au commandant Faget les dispositions nécessaires pour couvrir mes flancs par la défense des deux Iles, en y plaçant la 1re du 1er bataillon et la 3e de voltigeurs.
À une heure de l'après-midi l'ennemi a commencé son attaque par un feu très-vif d’artillerie qui a tué une dizaine d’hommes, quoique les compagnies fussent à couvert. Cette vive canonnade couvrait le mouvement qui se faisait sur ma gauche, l'ennemi ayant passé la Reegcn à Reinstadt. Demi-heure après, mes postes furent attaqués à la fois par une nombreuse infanterie et par de la cavalerie protégée par l’artillerie.
Ils se replièrent avec calme sur ma compagnie de grenadiers que j'avais postée en bataille à l'entrée du faubourg, ayant réuni mon bataillon, hors les voltigeurs qui tiraillaient encore. Je demeurai un quart d’heure l’arme au bras, encourageant mes soldats et arrêtant ainsi la vive attaque de l’ennemi.
Mais m’étant aperçu que trois batteries me battaient en tête, par mon flanc droit et par mes derrières, j'entrai dans le faubourg à trois heures et demie.
La compagnie placée à la maison du faubourg, sur laquelle étaient dirigées toutes les batteries de l'ennemi et ses attaques d’infanterie, se maintenait avec un courage qui fait le plus grand honneur aux officiers qui y commandaient : c'étaient MM. Savornin et Rabaudy, Jeunes gens de la plus grande espérance. Les chasseurs autrichiens s’étant glissés le long du Danube et sur mes flancs, en arrière de moi, je crus prudent de rallier un instant mon bataillon sur le pont du Danube, faisant lever le pont-levis, ce qui fut effectué avec ordre. Mais j’eus soin auparavant d’ordonner à la compagnie qui était à l’entrée du faubourg, de conserver cette maison jusqu'à la dernière extrémité, lui promettant de la dégager.
Étant monté à la tour, Je vis les dispositions des Autrichiens retenus par cette compagnie, et j'ordonnai sur-le-champ la jetée du pont-levis, qui ne demeura levé que trois minutes. Je marchai sur-le-champ avec le bataillon en avant, et repoussai l'ennemi qui était outré dans la rue. Le commandant Faget étant arrivé dans ce moment avec son bataillon pour me renforcer, nous marchâmes de concert au pas de charge, chassant l'ennemi de nos flancs, et malgré une grêle de boulets, d’obus et de pierres, nous demeurâmes constamment dans la rue.
Dans ces différentes charges, le capitaine Compin, commandant la 1re compagnie de grenadiers, enleva au régiment de Froën, qui était en entier dans le faubourg, son drapeau.
Le capitaine Charpentier, commandant la 2e compagnie de grenadiers, par son courage et l’exécution des dispositions qui lui étaient ordonnées pour défendre nos flancs, a rendu les plus grands services. Je le dis avec vérité : dans cette journée, chaque grenadier du régiment était un grenadier de l'Empereur.
Nous avons fait à l’ennemi près de six cents prisonniers, soit dans les rues, soit dans les maisons dans lesquelles ils s’étaient jetés pour faire la fusillade. La rue du faubourg et les cours des maisons étaient jonchées de morts. Je vous ai envoyé une dizaine d’officiers avec le drapeau et les trois guidons qui ont été pris. Je ne puis pas évaluer la perte que noua avons faite, mais elle est considérable. La moitié de mon bataillon a été tuée ou blessée.
L’arrivée du commandant Faget avec sa compagnie de grenadiers m’a fait le plus grand bien. J’ai été blessé, accablé de lassitude, et il m'a on ne peut pas plus secondé.
A l’entrée de la nuit, vous avez vu que nous occupions les mêmes positions qu’au commencement du combat, excepté nos postes avancés ; que les troupes étaient animées de la plus grande ardeur, dévouées à leurs officiers et à la gloire du régiment.
Pendant la nuit, j’avais augmenté mes dispositions de défense, ce qui centuplait mes forces et me mettait à même de conserver le poste glorieux que vous m’aviez confié, contre le corps d’armée qui était devant moi, si les cartouches que vous m’aviez promises m’étaient arrivées, lorsque le matin vous m’avez donné l’affligeante nouvelle que les moyens de renfort et de munitions n’avaient pu vous parvenir, et que n’ayant plus que quelques cartouches des prisonniers autrichiens et cerné par deux corps d’armée, vous étiez obligé de capituler. Le désespoir et la rage étaient dans le coeur de mes soldats, et le dêvoûment que vous leur avez appris depuis longtemps pour l’Empereur, s’est manifesté de la manière la plus honorable
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 57).

A 8 heures du soir, le Colonel adresse au Maréchal Davoust le rapport suivant : "Monseigneur, à 2 heures après midi, j'ai été attaqué par ma gauche, à la position de la Trinité, par 2 régiments d'infanterie, 1 de hulans, 1 de dragons et 30 pièces de canon. Je savais que vous vous battiez, j'entendais le canon, j'ai annoncé d'avance la victoire que vous avez remportée, et nous avons reçu l'attaque de l'ennemi aux cris de "Vive l'Empereur !".
Je suis resté maitre du faubourg de Stadt-am-hoff, j'ai fait 400 prisonniers, dont 8 officiers, et pris 2 drapeaux et 2 cornettes. L'ennemi a considérablement souffert. Tout le régiment mérite des éloges. M. le commandant de Rougé s'est couvert de gloire. Le capitaine de grenadiers Compin a pris 1 drapeau. Plus tard j'aurai l'honneur d'adresser à Votre Excellence, avec un rapport plus détaillé, le précis des faits particuliers qui honoreront le régiment.
La moitié de mon monde est hors de combat, et depuis 2 heures je me bats avec les cartouches des prisonniers que j'ai faits.
Je tiendrai, Monseigneur, mais envoyez-moi des cartouches
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 54; citée dans Historique régimentaire).

"La défense de Ratisbonne, a dit le Général de Lauriston, est restée comme l’un des plus brillants épisodes de nos annales, si fécondes en merveille".

Un tableau dont l’origine allemande ne laisse à coup sûr aucune place à l’exagération, représente l’assaut glorieux du 65e au pont de Ratisbonne et au faubourg de Stadt-am-Hoff. Fait à Augsbourg l’année même de l’évènement, il porte cette inscription qui a de l’originalité dans la langue de l’ennemi : "Gefecht zwischen den Kaiserlichen und dem tapferen 65e französich linien infanterie régiment auf der Donaubrüche zu Regensburg, d. 19 april 1809" (combat entre les Impériaux et le vaillant 65e régiment d’infanterie de ligne française sur le pont du Danube, à Ratisbonne, le 19 avril 1809). Donné gracieusement par la famille de l’ex-Lieutenant adjudant-major Eeissen et du Commandant Eissen, qui ont servi au 65e, le premier de 1800 à 1813, le second de 1870 à sa mort en 1877, ce tableau figure dans la salle d’honneur du Régiment.

Le 20 avril 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis Tengen, au Maréchal Duc de Danzig, auquel il adresse le Rapport du Colonel Coutard, ainsi qu'une lettre poour l'Empereur : "Je reçois à l’instant, mon cher maréchal, votre dépêche : je vous remercie de tout ce que vohs avez fait pour faciliter notre jonction : vos efforts nous ont été de la plus grande utilité. N’ayant point d’ordres, je reste dans les mêmes positions; d’ailleurs, il ne faut point abandonner les blessés.
J'avais laissé un régiment, le 65e, à Ratisbonne ; il a été attaqué par 10 à 11,000 hommes. L'ennemi a été complétement battu ; on lui a pris 2 canons, 2 drapeaux et 400 prisonniers.
Le général Montbrun, qui me flanquait, a eu aussi une très-belle affaire. Faites-moi le plaisir d’adresser à S. M. mes dépêches ci-jointes
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 55-56; citée dans Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 484, lettre 673; citée dans l'Historique régimentaire). Cette lettre est accompagnée du rapport du Colonel Coutard.

Le 20 avril 1809, à 4 heures et demie du matin, le Maréchal Davout écrit, depuis Tengen, à l’Empereur : "Sire, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté deux rapports que je viens de recevoir ; j'ai fait tout de suite passer au colonel Coutard un bataillon de renfort et des munitions, et un détachement de 100 chevaux …" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 56; citée dans Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 482, lettre 672; citée dans l'Historique régimentaire).

Conformément à cette dépêche, à 7 heures, le Capitaine Trobriand, porteur d'un ordre du Maréchal Davoust, arrive à Ratisbonne. Il recommande au Colonel de garder sa position, et non de se retirer sur Abensberg, comme le portent ses premières instructions. Rien n'est plus difficile: le Régiment est épuisé; il n'a plus de munitions, il ne possède ni un canon, ni un caisson d'infanterie; il n'a que les cartouches de ses prisonniers. M. de Trobriand promet que le lendemain, avant le jour, la garnison recevra 2 Bataillons de renfort et des munitions.

La nuit est calme. Le Régiment en profite pour refaire ses forces et préparer sa résistance. Toute la matinée du lendemain, on se tient en observation; mais, les renforts attendus ne viennent pas. Vers 10 heures, ils sont repoussés par la Division du Prince de Leichtenstein, qui les rencontre dans un bois près de Abensberg, et les caissons enlevés par l'avant-garde.

Monté dans une des tours de la cathédrale, le Colonel voit à la fois ses espérances de secours complètement détruites et les forces de l’ennemi se déployer contre la ville. Les patrouilles du Prince de Lichtenstein paraissent sur la rive droite du Danube et bientôt les 15000 hommes de cette Division, particulièrement composée de cavalerie, occupent la route d’Abach, interceptant ainsi la seule voie par où le 65e peut rejoindre l’armée.

On ne peut se figurer l'angoisse et la douleur du Colonel et de ses braves soldats. Investis par 36,000 hommes, les 1ers et 2e Corps des Autrichiens tout entiers, privés de tout secours, enfermés dans une place détestable, que défendent à peine une mauvaise enceinte, de mauvais fossés et une mauvaise contrescarpe; n'ayant plus de cartouches, que peuvent-ils faire ? On songe bien à une trouée, mais comment la tenter sans munitions ? On attend.

Enfin, vers 2 heures, le Prince Jean de Lichtenstein envoie au Colonel un de ses Aides de camp, M. de Beaumont, gentilhomme de Saintonge et Officier émigré, pour lui offrir une capitulation. Quinze cents hommes blessés, exténués, ont donc arrêté deux armées, et cette puissante diversion, en occupant Kollowrath et Lichtenstein, a assuré le succès du combat d'Abensberg (20 avril) et de la bataille d'Eckmühl (22 avril).

Après avoir essayé de gagner du temps en pourparlers, le Colonel, manquant de vivres et de munitions, est enfin obligé, à 4 heures, de capituler.

Plein d'une juste estime pour d'aussi braves adversaires, le Prince de Lichtenstein leur donne les plus honorables conditions. En voici le texte : "M. le baron de Coutard, colonel du 65e régiment d'infanterie de ligne, et les officiers de son régiment faisant la garnison de Ratisbonne, gardent leurs armes et bagages et rentrent en France sur leur parole d'honneur.
La garnison sortira avec les honneurs de la guerre.
Les sous-officiers et soldats déposeront leurs armes et garderont leurs bagages.
L'heure de leur départ est fixée à 6 heures.
Les postes seront rendus aux troupes autrichiennes immédiatement, les chevaux et voitures y compris.
Au bivouac devant Ratisbonne, le 20 avril 1809.
Signé : le baron de Coutard, Colonel du 65e régiment.
Signé: Jean, prince de Lichtenstein, Général de cavalerie
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 60-61; citée dans l'Historique régimentaire).

Le soir, le Colonel envoie au Maréchal Davoust un rapport, porté aux avant-postes français, par les soins du Prince Jean, ainsi conçu : "Par un rapport d'hier, 8 heures du soir, j'avais fait connaitre à Votre Excellence les résultats avantageux de la journée et mes dernières ressources. J'employai toute la nuit du même jour à faire mes dispositions pour une seconde attaque. Le nouvel ordre de tenir et les eapéranees apportées par un aide de camp de Votre Excellence nous promettaient une journée heureuse; mais rien n'ayant pu pénétrer jusqu'à nous, toutes nos munitions étant épuisées, et menacé d'une triple attaque que je ne pouvais repousser sans cartouches, ayant devant moi la division de M. le général Kollowrath, cerné par M. le prince de Lichtenstein, je me suis vu réduit, après plusieurs sommations faites par ces deux généraux, à rendre la ville aujourd'hui à 5 heures du soir à Son Altesse, qui, en considération de la belle défense du régiment, laisse les bagages aux soldats et renvoie les officiers sur leur parole, avec leurs armes.
Je ne puis trop me louer des procédés généreux du prince envers les prisonniers.
D'après les dernières instructions de Votre Excellence, mes deux aigles sont aux gros équipages du régiment.
Le sentiment d'avoir fait mon devoir, la belle conduite de mon régiment ne calment pas le chagrin de ma position fâcheuse.
Je supplie Votre Excellence de nous faire un mot de consolation.
Le colonel baron de Coutard.
P.S. M. le capitaine Trobriant, votre aide de camp, a tenté vingt fois inutilement de vous rejoindre. Permettez-moi, Monseigneur, de vous joindre ici une lettre pour Hélène et de vous prier de le lui faire tenir par Madame le Maréchale.
20 avril, 10 heures du soir
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 61-62; citée dans l'Historique régimentaire).

"Cette lettre fut envoyé ouverte au prince J. de Lichtenstein, pour être portée, par ses soins, aux avant-postes français. Adressée au maréchal, elle fut portée à l'Empereur" (Note de la main du Général Coutard, in : Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 63).

Voici le billet que le Colonel Coutard fait passer à sa femme, daté de Ratisbonne le 21 avril 1809: "Hier, ma chère amie, après une très-bolle journée, les chances de la guerre me sont devenues contraires, j'ai été fait prisonnier. Sois sans inquiétude sur mon sort; j‘ai l'espérance d’être promptement rendu, et je me porte bien.
Je t’écrirai quand je pourrai, ma bonne Hélène, et je t’embrasse aussi tendrement que je t’aime.
C.
Coutard a reçu huit balles dans ses habits et un boulet lui a enlevé le pan de sa capote sans le blesser
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 62-63).

Le rapport du Colonel Coutard est confirmé par une dépêche du Général Montbrun, qui tient la campagne, au Maréchal Davoust : "J’ignorais, Monseigneur, que votre aide de camp fût parti hier pour conduire deux caissons à Ratisbonne. Je crains, d’après ce que me dit le chef de bataillon de l’infanterie, qu’il n’ait pu aller jusque-là, et qu’il ne fût pris avec, car le chef de bataillon, qui a marché à très-peu de distance derrière, a trouvé l’ennemi en grande force et a été obligé de rétrograder. Il est à craindre que Trobrillant n’ait été pris. S’il m’eût prévenu devoir se porter sur ce point, je lui aurais donné quelques hommes de cavalerie pour éclairer sa marche" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 63).

Le 21 avril 1809, à 6 heures du matin, le Maréchal Davout écrit à l’Empereur (de la main du Maréchal Davout, sur une lettre du Général Montbrun" : "Sire, je vous envoie une lettre du général Montbrun. L'armée de Bohême a débouché par Ratisbonne. Le colonel Coutard est prisonnier. La jonction est faite avec l'archiduc Charles, qui a porté de ce côté toutes ses troupes. Le général Montbrun est très-faible sur la route de Neustadt. Les deux divisions sont attaquées par le corps du prince de Hohenzollern" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 482, lettre 674).

Le même 21 avril 1809, à 4 heures du soir, le 65e dépose les armes. Tous les soldats ont les larmes aux yeux et la colère dans le coeur. Un cri unanime et solennel s'élève : "Vive l'Empereur ! Vive l'Empereur de France!". Le Prince de Lichtenstein, dont le courage sympathise à la bravoure malheureuse, comble des procédés les plus honorables les débris héroïques de l'infortuné Régiment. Les Officiers et les sous-officiers sont prisonniers sur parole; les Musiciens, les Fifres et les Tambours, tous les non-combattants sont également rendus. Ils restent tous à Ratisbonne. Les ordres les plus précis ont été donnés pour les blessés soient traités à l'hôpital avec des soins égaux à ceux dont on entoure les Autrichiens. Le Colonel ne quitte point ses soldats.

Le 1er Bulletin de l'Armée d'Allemagne, rédigé au Quartier général de Ratisbonne le 24 avril 1809, raconte : "... Tandis que la bataille d'Abensberg et le combat de Landshut avaient des résultats si importants, le prince Charles se réunissait avec le corps de Bohême commandé par le général Kollowrath, et obtenait à Ratisbonne un faible succès. 1,000 hommes du 65e, qui avaient été laissés pour garder le pont de Ratisbonne, ne reçurent point l'ordre de se retirer. Cernés par l'armée autrichienne, ces braves, ayant épuisé leurs cartouches, furent obligés de se rendre. Cet événement fut sensible à l'Empereur. Il jura que, dans les vingt-quatre heures, le sang Autrichien coulerait dans Ratisbonne pour venger cet affront fait à ses armes ..." (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 390 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 370 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15112).

De son côté, Davout a remporté la bataille d'Eckmühl. Napoléon décide de reprendre Ratisbonne, ce qui est fait le 23 avec le concours d'un Bataillon du 65e de ligne (sous les ordres du Maréchal Lefebvre, commandant du 7e Corps, la Division Demont comprenait les 4e Bataillons des 7e Léger, 17e, 30e, 61e, et 65e de ligne, sous les ordres du Général de Brigade Girard). Après une lutte sanglante au corps à corps, les Autrichiens épouvantés évacuent la ville en laissant 400 prisonniers dont 10 Officiers et quatre drapeaux.

Le 1er Bulletin de l'Armée d'Allemagne, rédigé au Quartier général de Ratisbonne le 24 avril 1809, raconte : "... Les 1,000 hommes du 65e qui ont été faits prisonniers ont été la plupart repris ..." (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 390 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 370 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15112).

Hippolyte d'Espinchal, Officier du 5e Hussards, raconte, dans ses souvenirs militaires : "... Le maréchal, ayant connaissance qu'une brèche existait entre les deux portes, se mit à la tête d'un bataillon et, descendant dans le fossé, sous le feu meurtrier de l'ennemi, aborda la brèche, pénétra dans la ville et fit ouvrir la porte dite de Straubing.
La troupe surprise et démoralisée par une action aussi audacieuse, mit bas les armes ; une nombreuse artillerie fut prise mais ce qu'il y eut de plus satisfaisant pour le maréchal, ce fut la délivrance du 65e de ligne qui avait été obligé de capituler dans les premiers événements de la campagne, commandé alors par le brave colonel Coutard, lequel cependant était parvenu à soustraire ses aigles ...
" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 234).

Du 18 au 23 avril, le 65e a perdu 800 hommes tués ou blessés.

Le 24 avril, le Duc de Montebello rentre vainqueur dans Ratisbonne. Le soir même, Coutard s'empresse de chercher son Général de Division, Morand, et lui fait un rapport détaillé des six derniers jours. "Pendant qu’il parlait, un personnage en redingote bleue et au chapeau rond, qui se trouvait là et que le colonel ne connaissait pas, donnait les marques de la plus vive attention. Le récit fini, l’inconnu se leva, et, prenant la main de Coutard : "Colonel, lui dit-il, si j’avais un officier comme vous dans mon corps d’armée, je le porterais sur le poing comme un faucon. Allez demain matin trouver le maréchal Davoust, et qu’il vous conduise à l’Empereur". Cet inconnu était le maréchal-duc de Montebello. Quel juge en fait de courage et d’honneur !" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 64-65).

Le lendemain, à 9 heures du matin, Coutard est chez le Prince d'Eckmühl; il a le sentiment d'avoir été sacrifié par ce dernier qui d'ailleurs, laisse porter toute la responsabilité de la capitulation de Ratisbonne à Coutard. Le Général Dumoustier écrira d'ailleurs à Coutard : "Je persiste à penser que votre grand-cousin vous a laissé tomber près de l'Empereur pour s'excuser de sa fausse combinaison militaire" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 65).

Certains auteurs cependant, n'ont pas hésité, par la suite, à charger le Colonel Coutard; ainsi la Duchesse d'Abrantès écrit : "Le colonel Coutard avait une fois perdu l’aigle de son régiment, ce qui, soit dit en passant, avait fort déplu à l'Empereur" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 74)

Dans ses Mémoires sur les guerres de Napoléon, le Général Pelet est plus équitable, mais bien qu'encore trop sévère. "De tous côtés, il y avait beaucoup de gloire à acquérir et de grands services à rendre ; mais le colonel Coutard avait usé la veille une partie de ses munitions, il vint hors la ville avec quelques officiers et finit par se rendre. Le 65e sortit à six heures du soir et mit bas les armes ... Leichtenstein fut obligé de partir pendant la nuit; ainsi, quelques heures de plus, et ce point important était conservé. On voit que Ratisbonne a succombé par un événement entièrement indépendant des dispositions générales ... La conduite des habitants de Ratisbonnc leur valut des remerciements de l’Empereur; ils contribuèrent, par leurs soins empressés, à sauver une partie des soldats du 65e régiment, qui se cachèrent dans les maisons, et qui, se joignant à leurs frères d’armes pendant le combat, par leur conduite effacèrent les reproches, qu’ils avaient mérité trois jours auparavant. On dit que le colonel Coutard, ayant conservé l’aigle de son régiment, se présenta avec elle à l’Empereur, qui se contenta de lui dire que les officiers ne devaient jamais séparer leur sort de celui de leur troupe. Personne, autant que Napoléon, ne sut faire la part des accidents et des malheurs de la guerre" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 75).

Un témoin occulaire, le Duc de Rovigo, raconte : "Je fus obligé d’aller jusqu’à Ratisbonne. J’y trouvai le 65e régiment d’infanterie, commandé par le colonel Coutard, homme du premier mérite, comme on va en juger.
Il m’apprit que le maréchal Davoust était parti le matin avec toute l’armée, sur l’avis d’un mouvement de l’archiduc Charles tendant à le tourner par sa droite ; que l’on avait fait des efforts pour détruire le pont, mais que c’était une maçonnerie indestructible ; qu’il avait fallu abandonner cette idée, de sorte que le maréchal Davoust, ayant eu peur de livrer ce passage au corps autrichien de M. de Klénau, qui serait venu aussitôt l’attaquer, n’avait laissé ce colonel à Ratisbonne avec son régiment, uniquement que pour défendre le pont.
La ville est tout entière sur la rive droite ; elle est entourée d’un bon fossé et d’une muraille à la romaine, mais d’un développement beaucoup trop étendu pour être défendue par un seul régiment. D’ailleurs, l’armée manoeuvrant sur la rive droite du Danube, il ne paraissait pas que ce serait par là qu’il serait forcé.
Ce colonel avait fait des dispositions admirables pour défendre son pont et pour employer son régiment de la manière la plus avantageuse possible. Je restai deux heures avec lui pour lui expliquer les intentions de l'Empereur, dont il devenait l’exécuteur, puisque le maréchal Davoust les avait prévenues en ce qui concernait son corps d’armée. On commençait à entendre le canon au loin dans la campagne ; je me dirigeai sur le bruit, et ne tardai pas à trouver le maréchal Davoust engagé avec son corps d’armée contre toute celle de l’archiduc Charles.
L’affairq se passait à la hauteur d’Abbach, à une lieue sur la droite du chemin, en allant d’Abbach à Ratisbonne ; je crois que le village s’appelle Tanereberg. Je le joignis sur le champ de bataille, au moment où il remportait un avantage, et je lui appris l’arrivée de l’Empereur à l’armée, en lui faisant connaître ce dont il m’avait chargé pour lui; il avait déjà manoeuvré comme s’il en avait été informé. A la vérité, ne sachant pas l’arrivée de l’Empereur, il ne comptait pas faire de mouvement par sa droite ; il projetait, au contraire, ne pas trop s’éloigner de Ratisbonne, tant pour porter secours aux troupes qu’il y avait laissées, que pour empêcher la jonction du général Klénau avec l’archiduc Charles.
Mais l’Empereur voulait tirer encore un parti de plus de ce même corps d’armée ; en conséquence, le maréchal Davoust fit de suite ses dispositions. Il envoya d’abord des cartouches d'infanterie au régiment qui était dans Ratisbonne. Malheureusement la route était déjà interceptée, et ces munitions furent prises. Ce petit accident, qui ne semble qu’une bagatelle, eut des conséquences bien malheureuses
". Ratisbonne est ensuite repris, le Duc de Rovigo poursuit : "L’Empereur s’y établit, et y resta quelques jours pour disposer un autre mouvement et donner de l’avance à l’armée pendant qu’il guérissait son pied.
Nous trouvâmes dans Ratisbonne le colonel du 65e régiment, qui avait trouvé moyen de ne pas être emmené prisonnier, et qui s’etait caché en ville jusqu’à l’entrée de nos troupes. Il nous apprit que, dans l’après-midi du jour où le maréchal Davoust avait quitté les hauteurs en avant de la ville, il avait été attaqué au pont du Danube par le corps de M. de Sainnt-Siran, qui avait fait de vains efforts ce jour-là et le lendemain, pour forcer le passage, et qu’au contraire lui, colonel du 65e régiment, l’avait tellement repoussé, qu’il lui avait fait huit cents prisonniers, mais qu’il avait presque totalement brûlé ses munitions ; au point qu’il fit distribuer à son régiment les cartouches qui se trouvèrent dans les gibernes des prisonniers et des morts.
Néanmoins, il serait encore parvenu à défendre le pont contre le général Klénau, lorsque la réserve de grenadiers, commandée par le prince Jean de Lichtenstein, arrivant de Landshut par la route d’Eckmühl, menaça de donner l’escalade à la ville, et de passer tout au fil de l’épée, s’il n’entrait pas de suite en capitulation ; une résistance était impossible, il n’avait pas de quoi garnir le quart de la muraille. Après avoir soigné la défense du pont, il fut donc obligé d’en passer par des conditions dures pour lesquelles il n’était pas fait ; sa glorieuse résistance était digne d’un meilleur sort.
Ceci se passait à Ratisbonne, moins de soixante-douze heures avant l’arrivée de l’Empereur avec toute son armée ; que l’on juge maintenant de ce qui serait arrivé ou de ce qui aurait pu arriver, si, au lieu d’avoir eu un régiment dans Ratisbonne, le maréchal Davoust avait pu y mettre une brigade avec des munitions; à coup sûr la ville aurait été défendue en même temps que le pont ; alors, comment aurait fui l’archiduc Charles qui n’avait que ce point de retraite ?
On n’est pas fondé à croire qu’il aurait livré bataille, n’étant pas rejoint par le corps de M. de Klénau, puisqu’il n’a pas cru devoir le faire après que ce général eut opéré sa jonction. 11 n’aurait pas pu jeter un pont de bateau sous les murs de Ratisbonne ; d’ailleurs, de la ville, on l’aurait détruit en lançant des radeaux chargés de pierres, au courant du fleuve. On ne peut rien avancer sur ce qui n’est pas arrivé ; mais si l’archiduc Charles n’avait pu s’ouvrir un chemin à travers nos rangs, il aurait été réduit à la plus triste des extrémités pour un général d’armée. Que l'on compulse l’histoire et que l’on y trouve une combinaison aussi hardie, menée à point pommé d’aussi loin, et exécutée le douzième jour du départ de Paris, avec une armée dont la moitié des soldats étaient encore, un mois auparavant, dans leurs champs, la pioche à la main, et ne comprenaient rien à tout ce qu’ils avaient fait depuis si peu de temps.
Cette manoeuvre est un des chefs-d’oeuvre des immortels travaux de l’Empereur
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 76)

L'Empereur, à qui la capitulation de Ratisbonne a déplu, reçoit Coutard, fort mal disposé à son égard. "Quand ce dernier entra dans le cabinet, précédé par le maréchal, Napoléon leva les yeux de dessus les cartes qui l’occupaient, et, fixant sur lui ce regard irrité qui lançait l’éclair : "Où est votre régiment ? s’écria-t-il. Qu’avez-vous fait de mes soldats ?" Fort de sa conscience et de sa bravoure, Coutard répondit : "Sire, j’en ai fait tuer la moitié. — Et le reste ? — Le reste est prisonnier, et moi aussi. — Pourquoi n’êtes-vous pas avec eux ? — Parce qu’il a plu au prince Jean de Lichtenstein de me renvoyer sur parole avec tous mes officiers et les non-combattants. — Je ne veux pas de cela ! — Sire, jusqu’ici cela a été considéré comme un témoignage d’estime de la part de l’ennemi ; lorsque Votre Majesté l’aura défendu, ce sera une faute. — Et mon aigle ? reprit l’Empereur avec plus d’impétuosité. Qu’avez-vous fait de mon aigle ? — Je l’ai sauvée, Sire ; je l’avais reçue des mains de Votre Majesté au Champ-de-Mars, j’avais juré de la défendre : vous ne m’eussiez jamais revu si j’avais eu le malheur de la perdre." À ces mots, prononcés avec une fierté pleine d’émotion, l’Empereur commença à s’adoucir. "Ah ! ah! dit-il, c’est différent, c’est différent ! Comment avez-vous fait ? — Je l’ai enterrée ; mais, Sire, l’humidité n’y a pas fait de tache : elle était enveloppée dans deux drapeaux ennemis." Et, sans lui en demander la permission, Coutard sortit précipitamment du cabinet, s’en alla prendre l’aigle et les drapeaux que portait dans un sac de cuir un sapeur du régiment. Ce sapeur les avait sauvés en traversant les fossés à la nage. En rentrant, Coutard roula le tout sur la table où l’Empereur était appuyé : l'aigle se dégagea brillante des plis des étendards autrichiens. L’Empereur sourit. "C’est différent, c’est différent, répéta-t-il plusieurs fois.".
Mais Coutard était exaspéré ; il s’attendait à une meilleure réception après son héroïque défense du 19. Les yeux lui sortaient de la tête. Napoléon s’en aperçut, et, le calmant : "Je ne dis pas cela pour vous faire de la peine, reprit-il sur un ton meilleur. Vous vous êtes battu comme un lion ! Mais je ne veux pas qu’on accepte de rentrer sur parole. — J’en ai déjà expliqué les motifs à Votre Majesté. Maintenant, Sire, soyez tranquille, je me ferai plutôt tuer que de tomber dans une pareille faute. — Eh bien ! qu’allez-vous faire avec vos cadres de bataillon ? — Votre Majesté a d’autres ennemis à combatre ; je demanderais l’autorisation de prendre des recrues au dépôt qu’on a à Strasbourg. J’appellerai tout ce qu’il y a de disponible à mon dépôt qui est à Gand ; et, quand vous le voudrez, vous pourrez m’envoyer en Espagne ! — C’est bien, reprit l’Empereur radouci
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 66-67).

Comme on peut le voir, l'aigle du Régiment a été enterrée (c'est ce que le Colonel entendait par ces mots de son rapport : mes aigles sont aux gros équipages), pour que les Autrichiens ne puissent la prendre; le nom du Sapeur n'est pas connu (Historique régimentaire).

Comme les cadres du Régiment sont prisonniers sur parole et ne peuvent plus combattre les Autrichiens, l'Empereur accède à la demande du Colonel, de prendre des hommes dans le Dépôt général de Strasbourg, de faire venir tout ce qui est disponible au Dépôt du Régiment à Gand, et, aussitôt les cadres remplis, d'envoyer le 65e en Espagne (Historique régimentaire).

La réorganisation du Régiment commence aussitôt, tant avec des conscrits qu'avec des prisonniers du Corps échangés.

Le 25 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Ratisbonne, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, dans la répartition des conscrits, il faut avoir soin d'en donner beaucoup au 65e, ce régiment ayant perdu 1,000 hommes qui ont été faits prisonniers par suite d'une fausse manœuvre. Les officiers rentrent en France. Il faut reformer ce régiment, et lui donner 1,000 hommes sur la conscription des quatre années, et 1,000 sur la conscription de 1810.
Les 10,000 hommes des anciennes conscriptions seront répartis de la manière suivante : 1,000 hommes au 65e régiment ...
Entendez-vous avec l'inspecteur aux revues, le commissaire des guerres et le quartier-maître de la Garde, pour leur habillement. Les habits seront confectionnés à Paris, aux ateliers de la Garde, et envoyés à Strasbourg ...
Il ne resterait plus que 24,000 hommes à distribuer, dont 1,000 au 65e ...
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15114 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20895).

Le même 25 avril 1809, le Prince Berthier, Major général, écrivant de Ratisbonne au Ministre de la Guerre pour le mettre au courant des évènements, termine ainsi : "Je viens en conséquence de donner l’ordre au colonel du 65e et à 200 hommes qu’il a avec lui de partir pour Strasbourg, où V. E. voudra bien donner des ordres pour qu’ils rejoignent leur dépôt".

Le 26 avril 1809, Berthier écrit encore, depuis Landshut, au Ministre de la Guerre : "L’intention de l’Empereur est de reformer en Allemagne le 65e régiment. Je viens de donner ordre au colonel et aux officiers de rester à Ratisbonne. Vous regarderez en conséquence comme nulle et non avenue la lettre que je vous mandais que ces officiers se rendaient à Strasbourg, pour être de là dirigés sur le dépôt de leur régiment".

Portrait de Georges Geoffroy (Gottfried) Eissen - Communication de M. Daniel Lemaire, avec son aimable autorisation
Croix de la Légion d'Honneur de Georges Geoffroy (Gottfried) Eissen; au dos est indiqué : "Cette croix a été attachée sur la poitrine du commandant du 1er Bataillon du 65e de Ligne par l'Empereur lui même après la défense de Ratisbonne" - Communication de M. Daniel Lemaire, avec son aimable autorisation

Le 26 avril 1809, l'Adjudant-major Georges-Geoffroy Eissen écrit, depuis Ratisbonne, à son père, , rue du Dôme, 13, à Strasbourg (Bas-Rhin) : "Depuis ma dernière de Magdebourg, j’ai a vous rendre compte de bien d'évènement. Apres être venu à marches forcées de Magdebourg à Nuremberg, on nous y laissa quelques jours pour nous reposer. Le 9 du courant nous en partîmes avec notre corps d’armée et manœuvrâmes en suivant les mouvements des ennemis, tantôt en nous portant sur Ingolstadt et Ratisbonne jusqu’au 16 où nous arrivâmes sur l’Altmühl où nous prîmes position ; dans la nuit nous eûmes quelques escarmouches. Le 17 au matin, notre régiment reçu ordre de se rendre à Ratisbonne pour la garde du Maréchal et les 4 divisions prirent position sur la rive gauche du Danube en face de l'ennemi; dans l'après-midi, l'ennemi fit une attaque sur nos avant-postes, mais fut constamment repoussé.
Le 18, le corps d'armée reçut l'ordre de se porter sur Neustadt. Le maréchal fit venir le colonel et lui dis (sic) « Colonel je vous confie un poste bien délicat et bien glorieux en môme temps; l‘empereur compte sur vous, vous devez tenir à Ratisbonne. Empêcher l'ennemi de passer le pont et protéger ainsi notre marche sur Neustadt. » En même temps, notre 1er bataillon reçut l'ordre de se porter en avant en tirailleur pour remplacer les troupes qui devaient passer le Danube. Nous perdîmes, ce jour, une centaine d’hommes, tant tués que blessés; à minuit, nous brûlâmes le pont sur le Regen et primes position sur les hauteurs de la Trinité pour couvrir le pont de Ratisbonne et la petite ville de Hof am Stadt. Maintenant nous étions notre régiment seul sans une pièce de canon ni un cavalier. Le 19 à midi, l'ennemi fit une attaque générale sur nous avec 10.000 hommes et 30 pièces de canon. Nous nous repliâmes alors dans Hof am Stadt où s’engagea le combat le plus terrible dont on ait parlé depuis longtemps, nous nous battions dans les rues à dix pas de distance, ensuite corps a corps à la baïonnette; les boulets, les obus, les balles pleuvaient sur nous, cela n'empêche pas que nous ne cédions pas un pouce de terrain à l'ennemi, au contraire, à six heures du soir, nous avions fait 700 prisonniers et pris quatre drapeaux et à huit heures, nous étions maître de tout le champ de bataille, les rues étaient couvertes de morts et de mourants; à la fin nous étions obligés de brûler les cartouches des tués et blessés ; la nuit se passa assez tranquille, nous en profitâmes pour barricader toutes les rues et créneler quelques maisons. Malheureusement il ne nous restait pour le lendemain, que quatre cartouches par homme. On demanda des secours et des munitions. Mais les caissons furent pris en route par l’ennemi et le bataillon ne put jamais se faire jour à venir jusqu'à nous; enfin le 20 arriva sur nos derrières 2 corps d'armée autrichiens chacun de 15.000 hommes, de manière que nous avions 40,000 hommes sur les bras avec 50 pièces de canon nous fîmes des efforts inouïs; après avoir brulé jusqu'à notre dernière cartouche et perdu une grande partie de notre monde nous fûmes obligé de capituler; les officiers prisonniers sur parole conservant leurs épées. Les soldats prisonniers de guerre conservant leurs bagages et sortir avec tous les honneurs de la guerre; par une ruse, nous avons conservé nos aigles et nos drapeaux ennemis. Le 20 dans la nuit et le 21, défila ici toute cette armée, que nous avions amusé seul, pour se porter sur l’Empereur, mais ils arrivèrent trop tard. Le 23 dès le matin, nous vîmes revenir en déroute toute cette armée de fanfarons qui voulaient aller tout droit à Paris. L’Empereur les suivit l’épée dans les reins; à cinq heures, nos têtes de colonnes arrivèrent à la ville, la cannonade s’engagea et à neuf heures, la ville était emportée d’assaut; une grande partie de la ville a été brulé et nous fûmes donc pris et repris dans bien peu de temps; l'Empereur est content de nous. Nous lui avons remis nos aigles enveloppés dans les drapeaux autrichiens; aujourd'hui, nous allons recevoir notre destination; nos braves soldats désertent par bandes et viennent nous rejoindre. Je me rappellerai toute ma vie le moment où ces braves furent obligés de nous quitter, jamais des soldats n'ont montré autant d’attachement à leurs officiers que les nôtre et autant de mépris pour l'ennemi; étant obligés de déposer leurs armes, il les brisèrent eu criant: "vive notre Empereur : nos camarades nous vengerons". Je finis en vous embrassant ainsi que toute la famille.
votre tendre fils" (extrait de la Sabretache, communication de M. Daniel Lemaire).

Le 29 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Burghausen, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ...
Vous trouverez ci-joint un rapport du colonel Dériot. Il sera nécessaire que sur les 10 000 conscrits que j'ai requis pour la Garde sur la conscription des quatre années, on prenne ... 1000 hommes pour le 65e ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3130 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20925).

Le même 29 avril 1809, à 7 heures du soir, le Maréchal Davout écrit, depuis Kürn, à l’Empereur : "… Les rapports des déserteurs et de quelques soldats du 65e, qui étaient cachés dans les bois aux environs de Cham, confirment que ce n'est qu'hier que l'archiduc Charles, avec une partie de l'armée, a évacué Cham …" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 498, lettre 690).

Le 1er mai 1809, Pajol recueille, dans diverses excursions, trente-cinq prisonniers français, qui se sont échappés des mains des Autrichiens, savoir : deux Chasseurs du 1er Régiment, sept soldats du 33e de Ligne, vingt-cinq du 65e, et un du 63e. Ces hommes sont envoyés au Maréchal Davout, alors à Straubing (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 350).

Le 2 mai, le Maréchal Davoust écrit à l'Empereur que le 65e a ordre de se diriger sur Augsbourg. "Dans le cas où l’ennemi se porterait sur Ratisbonne, ajoute le Maréchal, les officiers étant prisonniers de guerre, rendus sur parole, et ne pouvant se battre, je prie Votre Majesté de me faire connaître ses intentions" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 67-68).

Le 4 mai 1809, l'Empereur écrit, depuis Enns, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Je vous ai déjà écrit pour la formation à Augsburg du 65e régiment. Il y a déjà les officiers et 200 hommes ; il y arrivera encore 400 hommes sortant des hôpitaux. Dirigez sur Augsburg ce qu'il y a au dépôt et les conscrits destinés pour ce régiment. Concertez-vous avec le général Dejean pour diriger sur Augsburg tout ce qui est nécessaire pour ce Régiment ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15152 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20956).

Coutard est nommé Gouverneur de la place de Ratisbonne. A ce titre, le 5 mai 1809, il adresse au Maréchal un rapport où, à travers différentes indications de mouvements de troupes, on lit ces deux renseignements : "Un courrier de S. M. le roi de Westphalie à S. M. l’Empereur, nous a donné l’heureuse nouvelle que les troubles de la Hesse étaient apaisés, et qu’à la voix de leur souverain les Westphaliens étaient rentrés dans le devoir et la soumission ... Le nommé Franquini, dont j’ai rendu compte par mon rapport d’hier, paraît avoir des ordres secrets de S. A. le prince de Bénévent. Je ne pourrai que demain envoyer son interrogatoire, dont le double sera adressé au ministre des relations extérieures". Voici le reste de ce rapport : "Un détachement de quarante hommes du contingent du prince de Reuss, arrivé hier soir, est reparti ce matin pour Straubing et Passau.
Un officier et huit sapeurs venant de démolir le pont de Worbourg ont été dirigés sur Straubing et Passau.
Un détachement de vingt-six canonniers venant d’Augsbourg, conduisant six caissons de munitions, partiront demain pour Straubing.
Le commandant de place a fait partir pour l’armée environ quatre cent cinquante hommes de tous corps et de toutes armes, qui depuis longtemps restaient à ne rien faire chez l’habitant.
Deux cent dix-huit blessés ont été évacués par eau ce matin, sur Ingolstadt. Un bateau chargé de vingt-deux mille cent deux rations de pain et de seize mille quarante-huit rations de biscuit, est parti ce matin pour Paasau, avec ordre de marcher jour et nuit.
Il est arrivé onze déserteurs Autrichiens. Tous disent que le général Bellegarde s’est dirigé sur Prague ; l’on n’a point encore de nouvelles de S. A. le prince de Ponte-Corvo.
Le commandant de la place a l’honneur de soumettre à S. Exc. la demande d’un officier autrichien et demande ses ordres. (En marge est écrit : "J’ai donné ordre qu’il fût conduit en France. Le maréchal d’E.)
Le colonel, gouverneur de la place de Ratisbonne,
Baron de Coutard
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 67-68).

Le même 5 mai 1809, l'Empereur écrit, depuis Enns, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "Mon cousin, donnez ordre que le cadre du 3e bataillon du 65e se rende à son dépôt et les cadres des deux autres bataillons à Augsbourg pour recueillir les malades ; que 8 officiers et 16 sous-officiers ou anciens soldats de ce régiment soient envoyés à Strasbourg pour y recevoir 1 000 conscrits, et qu'en attendant l'arrivée des conscrits, il ordonne de faire confectionner leur habillement.
Je donne ordre que ce que le 5e bataillon a de disponible soit envoyé de l'intérieur à Augsbourg où j'espère avoir bientôt réunis 16 000 hommes, complément des 2 bataillons
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3148 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20960).

Le même 5 mai 1809, l'Empereur écrit également, depuis Enns, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je donne l'ordre que les cadres des 3 bataillons du 65e se rendent le 3e au dépôt et les 2 autres à Augsbourg où ils se reformeront avec les conscrits de la levée de 1810 que je lui ai accordés. Il y aurait quelque inconvénient à ce que les mille conscrits qu'il doit recevoir sur les 4 classes antérieures à 1810 fussent envoyés à Augsbourg en habits de paysans ; il vaut mieux les habiller à Strasbourg et de là les envoyer tout habillés au régiment. Écrivez au colonel d'envoyer 8 officiers à Strasbourg pour prendre ces mille hommes. Le régiment peut être chargé de faire confectionner lui-même cet habillement à Strasbourg. Je compte que ce régiment avec les sorties des hôpitaux aura 4 à 500 hommes et que son dépôt pourra lui fournir 3 à 400 hommes qu'il doit avoir disponibles. Cela pourra compléter les 2 premiers bataillons en y joignant les 1 000 hommes que j'ai accordés à ce régiment sur la conscription des 4 années, et qui seront habillés par ses soins à Strasbourg. Il sera nécessaire qu'il reçoive de quoi former à son dépôt son 3e et son 5e bataillon. Les compagnies qui devaient fournir aux demi-brigades provisoires de réserve ne seront point fournies, et le nombre d'hommes qui devaient composer ces compagnies se rendra à Augsbourg pour servir à compléter le régiment. Ainsi ces demi-brigades auront ces compagnies de moins ; proposez-moi les moyens de remédier à ce défaut ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3150 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20963).

Le 9 mai, le 65e compte déjà 755 hommes, dont 3 seulement hors d'état de combattre. Le lendemain il a ordre de partir pour Augsbourg.

"Mon prince, écrit le Colonel au Maréchal Davoust, je partirai demain pour ma nouvelle destination. Depuis le dernier rapport que j’ai eu l’honneur d’adresser à Votre Altesse, environ quatre-vingts prisonniers sont rentrés au régiment, et je suis prévenu que beaucoup d’autres se sont dirigés sur Beyreuth. J’ose réitérer à Votre Altesse la demande d’un secours extraordinaire à notre masse générale, qui me donnerait des moyens de rééquiper et d’organiser promptement ce régiment" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 69).

En quittant Ratisbonne, Coutard reçoit de nombreuses preuves d'attachement et de respect.

Ainsi, le 18 juillet 1809, le Comte de Thurn, Grand-Prevôt, lui écrit : "Mon cher et respectable colonel, vous avez été pour Ratisbonne l’ange tutélaire dans les moments les plus désastreux. Vous avez seul ensuite remédié à tous les inconvénients du désordre et de la licence. Votre nom et vos actions resteront toujours gravés daus mon coeur cl celui des habitants de Ratisbonne" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 69).

Et, dans une lettre en date du 21 août 1809 : "Jamais la ville et les bons habitants de Ratisbonne n’oublieront tout ce que vous avez fait pour eux" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 70).

"Les membres de la Régence de Ratisbonne à M. le baron Coutard, colonel du 65e régiment d’infanterie de ligne, gouverneur de la place de Ratisbonne.
Monsieur,
Nous venons de Recevoir votre lettre d’aujourd’hui, dans laquelle il vous plaît de nous prévenir de votre départ pour une nouvelle destination;
Après avoir été témoins de votre noble et juste manière de penser et d’agir dans les circonstances les plus critiques, et après en avoir senti le bienfait pendant votre gouvernement de cette place, il ne nous reste que de regretter profondément votre départ.
Soyez persuadé, Monsieur, que la ville de Ratisbonne n'oubliera jamais un nom qu’elle ne connaît que comme celui d’un être tutélaire et reconciliant dans les événements les plus orageux, et agréez l’assurance de notre part que les sentiments de notre reconnaissance et de la considération la plus distinguée, ne finiront qu’avec notre vie.
Nous avons l’honneur d’être, etc.
Signé : Baron d’Aibinzi
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 70).

Le Conseiller de Légation et Chambellan du Prince-Primat, le Baron de Léoprechting, écrit à l'occasion de ce départ que "le brave 65e et son digne chef ne seront jamais oubliés à Ratisbonne. Il n'y a là-dessus qu'une voix " ((Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 70; cité dans l'Historique régimentaire).

Le Prince-primat lui-même écrit la lettre suivante : "Monsieur le colonel,
Il m’a été bien doux d’apprendre que, pendant tout le temps que vous avez passé à Ratisbonne, vous n’avez cessé d’y maintenir la tranquillité et le bon ordre, en choisissant toujours la manière la plus ménageante pour concilier la prospérité des habitants avec l’intérêt de votre armée et de votre auguste Empereur. Aussi, tous les habitants bénissent votre séjour et ne se louent que de la bonne conduite et de la discipline exemplaire de vos braves troupes, qui les a préservés d’une infinité de maux que la guerre semblait rendre inévitables. Je suis très-sensible, Monsieur, à ces marques de bienveillance que vous leur avez données, et je ne désire qu’une occasion pour vous eu témoigner personnellement ma reconnaissance et la haute estime que vous m’avez inspirée, avec laquelle j’ai l’honneur d’être,
Monsieur le colonel,
Le bien dévoué,
Charles, prince-primat.
Francfort, le 28 Juillet 1809
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 71).

Le 19 mai 1809, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, au Maréchal Davout, commandant du 3e Corps de l'Armée d'Allemagne : "Mon cousin, vous avez sans doute fait prendre les sabres qui sont dans la manufacture de Southof près Hohenberg.
Avez-vous donné des ordres au 65e ? Je le croyais à Augsbourg. J'ai pris plusieurs dispositions pour ce régiment. Si vous savez où il est, donnez-lui l'ordre de se rendre à Augsbourg
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21048).

Pour le 25 mai, le 65e aligne encore 9 Officiers et 249 hommes.

Le même 25 mai 1809, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Il faut avoir soin d'ordonner qu'aussitôt que les trois compagnies du 65e seront arrivées à Augsbourg, les cadres retournent à leurs cinquièmes bataillons. On me rend compte que ce régiment est déjà fort de 800 hommes" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3189 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21065).

Au 31 mai, nous retrouvons des hommes du 65e, détachés au 10e Corps, au sein d'une Division française et de Berg. Le 65e aligne également 2 Bataillons au sein du Corps de Réserve de l'Armée d'Allemagne, commandé par Junot.

Le 1er juin 1809, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "Mon cousin, écrivez au général Moulin que je vois dans l'état de situation de la place d'Augsbourg au 27 mai qu'il y a un bataillon de marche de 900 hommes. Il faut le faire partir pour l'armée, ainsi que les détachements des 43e, 59e, 69e, 76e, 3e et 57e de ligne, qu'il a dans la place suffisamment de monde, puisque indépendamment de la division Beaumont, il a deux régiments bavarois, et que d'ailleurs il a le 65e. Donnez-lui l'ordre de faire venir de Lindau ce qui était de ce côté-là, et de le faire remplacer par quatre compagnies du 65e, sans y comprendre les grenadiers ni les voltigeurs, qu'on peut porter à 400 hommes. Elles seront d'un meilleur service, et cela doit être suffisant" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3199 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21108).

Le même 1er juin 1809, à Ebersdorf, "Le général Clarke demande des ordres au sujet de la destination à assigner aux quatre compagnies des 4es bataillons des 65e et 72e régiments d'infanterie de ligne"; l'Empereur répond : "Faire partir les deux compagnies du 65e pour Augsburg où elles seront incorporées dans les deux bataillons qui sont dans cette place, et les cadres retourneront aux 5e bataillons" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3200).

Le 3 juin 1809, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur Je général Clarke, faites partir les 360 hommes du 65e qui sont à Paris pour Augsbourg afin de compléter les 2 bataillons qui se trouvent dans cette place, et donnez ordre que les cadres de ces 360 hommes retournent au dépôt. Donnez le même ordre au détachement du 72e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3205 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21115 - Note : 250 hommes dans la minute, au lieu de 360 (Archives nationales, AF JV 880, juin 1809, fol. 10)).

Le même 3 juin 1809, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, la conscription doit déjà commencer à rendre. Faites-moi un rapport sur l'organisation de mes réserves. Voici comment j'entends qu'elles soient organisées.
Le commandant de ma réserve en Allemagne sera le duc d'Abrantès ...
La 3e division serait commandée par le général de division Lagrange et composée des trois bataillons du 65e de ligne, du 11e et du 12e provisoires, qui formeraient également 6,000 hommes. Cette division pourrait se réunir d'abord à Augsburg. Donnez ordre au général Lagrange d’aller en passer la revue, et de correspondre avec vous pour en accélérer la formation ...
Recommandez au duc de Valmy, qui jusqu’à ce moment commande la réserve, de bien la faire exercer ...
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15291 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21118).

Des ordres sont donnés pour une importante levée de 40000 hommes, Conscrits levés sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, de manière à remplacer les soldats arrivés à Vienne entre le 22 mai et le 15 juillet. Ainsi, le 10 juin 1809, l'Empereur écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 65e de Ligne, l'Empereur ordonne : "... Les 1500 hommes des conscrits des 4 années destinés pour la cavalerie, et les 1500 hommes des mêmes années destinés pour l'artillerie formant 3000 hommes seront employés à renforcer le corps d'Oudinot. Les trois régiments des côtes de La Rochelle fourniront trois autres mille hommes qui auront la même destination ; ce qui renforcera de 6000 hommes le corps d'Oudinot conformément à l'état A ..."; la répartition qui suit indique que 2500 hommes seront dirigés sur le Dépôt du 66e de Ligne, tandis que le Dépôt de ce Régiment devra en envoyer "200 (au) 65e". Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" indique que le "Dépôt de recrutement du 65e régiment" doit recevoir 2000 hommes, "dont 1000 des 4 classes". Cette même annexe donne également la composition de la 8e Demi-brigade provisoire : 48e de ligne complété à la division Friant, 108e id., 72e de ligne complété à la division Saint-Hilaire, 65e de ligne complété extraordinairement, 19e léger complété aux Côtes du Nord, 27e id., 22e de ligne 160, 54e id., 45e id.; au total donc, 160 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 24 compagnies à 3360". "Résultat du projet de répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810
Dépôt de recrutement du 65e de ligne 1000 conscrits de 1810 1000 conscrits des 4 classes total 2000
… Observations
D'après ce projet de répartition les ordres de Sa Majesté seront exécutés, c'est-à-dire :
… que le 65e régiment recevra 2000 hommes, dont 1000 des 4 classes …
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).

Le 12 juin 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, à Alexandre Berthier, Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Allemagne, à Schoenbrunn : "Donnez ordre que le 1er régiment provisoire de dragons, le régiment du grand-duché de Berg et les deux régiments provisoires de dragons les mieux organisés, ce qui formera quatre régiments de cavalerie, partent d'Augsburg et se dirigent sur Linz. Il restera au général Beaumont trois régiments provisoires de dragons, ce qui est suffisant. Il paraît qu'il est inutile de garder de la cavalerie à Ratisbonne et à Straubing, vu que l'ennemi ne fait aucun mouvement de ce côté. Les trois régiments qui lui restent, étant successivement augmentés par les détachements qui rejoignent, seront portés bientôt au même nombre ; d'ailleurs le 65e doit avoir reçu beaucoup de conscrits ..." (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15341 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21208).

Le même 12 juin 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, pourquoi les 4 compagnies du 4e bataillon du 46e qui est à Vincennes, les détachements disponibles des 65e et 72e qui sont à Versailles ne partent-ils pas ? ... (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3239 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21210).

Par sa lettre du 16 juin 1809, le Ministre de la Guerre informe le Général de Division Lagrange qu’il devra prendre au Corps de réserve de l’Armée d’Allemagne, commandée par le Duc D’Abrantès, le commandement de la 3e Division, laquelle est composée de 3 Bataillons du 65e, qui se reforment dans cette place, et il l’informe que 1.000 conscrits du Dépôt de Strasbourg vont être dirigés sur ce Corps, et qu’il a donné des ordres pour que le 3e Bataillon, qui se reforme au Dépôt, à Gand, soit complété le plus promptement possible et envoyé ensuite à Augsbourg.

Le 20 juin, le Ministre informe l’Empereur que les deux Compagnies du 4e Bataillon du 65e qui étaient à Paris sont parties et arriveront à Augsbourg le 8 juillet.

Le même 20 juin 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "Mon cousin, remettez-moi l'état nominatif de tous les officiers autrichiens prisonniers qui ont été renvoyés sur parole, soit à l'armée d'Italie, soit à la Grande Armée. Remettez-moi en même temps l'état nominatif des officiers du 65e qui ont été pris à Ratisbonne, pour que je consomme cet échange. Il paraît qu'à l'armée d'Italie on a renvoyé beaucoup d'officiers sur parole. Ecrivez au général Charpentier pour avoir l'état et leur parole d'honneur signée. J'ai besoin de réorganiser le 65e. Il y a aussi quelques autres officiers français qui ont été pris par les Autrichiens au commencement de la guerre, et qu'on m'assure avoir été renvoyés en France sur parole" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3250 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21291).

Le 22, le Major général écrit au Général Beaumont que le 65e a environ 1.000 hommes à Augsbourg, et que les Officiers vont être échangés contre des Officiers autrichiens qui sont à Schönbrunn sur parole.

Au 1er juillet, la situation est la suivante pour le 65e de ligne :
Au 3e Corps d'Armée, Davout : 4e Division Puthod (Demont a été envoyé le 1er juin à Linz pour prendre le commandement de cette province et de la Haute-Autriche), 4e Bataillon commandé par le Chef de Bataillon Jourdan, soit 275 hommes.
Au 10e Corps d'Armée, Commandé par le Roi de Westphalie : Place de Magdeburg, sous les ordres du Général de Division Michaud, les détachés du Régiment.

Une lettre du Général Baron de Wimpfen, Chef d’Etat-major général autrichien, en date du 2 juillet 1809, informe le Prince Berthier qu’il est prêt à déclarer libres de leur parole les Officiers du 65e, contre un nombre égal d’Officiers autrichiens faits prisonniers à la reddition de la place de Raab (Hongrie), le 22 juin. Le Major-général répond par une acceptation.

/ 1809, le 4e Bataillon du 65e en Allemagne

Le 3 avril 1809, les Compagnies de Grenadiers et de Voltigeurs du 4e Bataillon (142 hommes) se joignent à celles du 30e et du 61e, et au 4e Bataillon du 17e, pour former, avec trois canons, une colonne qui quitte le même jour les cantonnements de la 1re Division à Nuremberg, pour se rendre à Anspach, où elle doit contribuer, avec des Bataillons venus de France, à la formation d’un Corps de réserve de l’Armée du Rhin. Ces Compagnies trouvent, en arrivant à Anspach, les autres Compagnies du 4e Bataillon, venues de Gand.

Le Bataillon, ainsi au complet, commandé d’abord par le Capitaine Jourdan, plus tard par le Commandant Bohant, est placé à la Division (Général Demont) du 3e Corps. Le 20 mai, le Bataillon est à Klosternenburg. Il compte 9 Officiers et 249 hommes présents.

- Bataille d'Essling

Le 65e participe à la bataille d'Essling le 22 mai 1809. Masséna y prouve que les années n’ont pas amoindri la valeur du héros de Gênes et de Zürich; c'est aussi la bataille où est tué celui que l’armée a nommé le brave des braves, le Maréchal Lannes.

Le 4e Bataillon est très éprouvé dans cette journée. Il perd son Chef de Bataillon, le Commandant Bohant, le Capitaine Gary, le Sergent Lallier, les soldats Vangreonderbeck, Grenier, Weiland, Glasser, Pevret, Morin, Lelong, Dubois, Hotte. Parmi les nombreux blessés, nous relevons les noms du Capitaine Evette et du Lieutenant Goulard.

Au 25 mai, la Division Demont est dite Division de Réserve; il n'y a pas de situation antérieure au 21 mai pour cette Division. Pour le 25 mai, le 65e aligne encore 9 Officiers et 249 hommes.

A la fin du mois, le Général Puthod a remplacé, dans le commandement de la Division, le Général Demont, parti pour commander la place de Lintz.

Le 10 juin, le Bataillon est à Pétronell ; le 15, à Hamburg ; le 30, à Kitsée. Il a reçu des hommes isolés, ce qui a relevé son effectif à 275 présents.

Dans les premiers jours de juillet, il est en marche pour se réunir au 3e corps. On pressent qu’une action décisive est imminente.

- Bataille de Wagram, 1ère journée

En effet, le 5 juillet, dès 9 heures du matin, le Corps de Davout se trouve en ligne avec ceux de Masséna et d’Oudinot.

A midi, l’Empereur se porte en avant, et, par une manoeuvre rapide, tourne les ouvrages de l’ennemi, qui se retire sur Wagram et sur Stamerdorf.

A six heures du soir, l’armée française borde le Russbach et s’étend vers Breitenlée. Napoléon dirige tous ses efforts vers le centre de l’Archiduc Charles ; le Maréchal Davout attaque Neusiedel par les deux rives du Russbach, mais l’ennemi défend énergiquement ce village et la nuit vient suspendre l’action sur ce point. Le Corps d’armée passe la nuit au bivouac, en face du bourg de Graf-Neusiedel, à la hauteur du village de Glinzendorff, après avoir traversé la plaine de Marchfeld.

Pendant cette première journée de la bataille de Wagram, la 4e Division est restée en seconde ligne avec la 1re ; cependant le 4e Bataillon du 65e a un officier blessé, le Capitaine Labat.

- Bataille de Wagram 2e journée

Le lendemain, dès la pointe du jour, le 3e Corps est attaqué au moment où il commence à appuyer à gauche pour reprendre le mouvement interrompu la veille. La Division Puthod, qui est en avant, à Groshofen, défend ce village avec beaucoup de vigueur, mais ne peut empêcher l’ennemi, supérieur en nombre, de s’emparer d’une partie des maisons.

A dix heures et demie, le Maréchal Davout prend l’offensive et attaque de front le corps de Rosemberg. Chaque Division est rangée sur deux lignes, dans l’ordre normal, la 4e à la gauche par conséquent. Le mouvement ayant pour but de déborder et culbuter l’aile gauche ennemie, les Divisions de droite (aile marchante) commencent leur mouvement les premières.

L’attaque réussit complètement, l’ennemi abandonne le plateau ; en vain, il tente plusieurs retours offensifs contre la 3e et la 4e Division : ses colonnes sont constamment repoussées par l’infanterie de ces Divisions et par leur artillerie réunie à celle de la 2e.

A ce moment, l’Empereur arrive en personne sur ce point du champ de bataille, amenant avec lui deux Divisions de renfort et la Garde.

A midi, Davout est dans le village de Neusiedel, à l’attaque duquel la Division Puthod s’est illustrée. Vers 1 heure de l’après-midi, l’ennemi a quitté le champ de bataille et il ne se défend plus dans quelques postes que pour ralentir la poursuite.

A la nuit, le 3e Corps s’installe au bivouac, le Bataillon du 65e en avant de Deutsch-Wagram. Ce Bataillon, qui a été engagé toute la journée, n’a qu’un homme tué, le soldat Susset, mais il compte de nombreux blessés, parmi lesquels le Lieutenant Winterheld; 18 meurent les jours suivants des suites de leurs blessures.

L’Armée autrichienne a perdu 25.000 hommes.

Atteint dans sa retraite, à Znaïm, l’Archiduc propose un armistice qui est accepté par l’Empereur (12 juillet). Cet armistice ouvre les négociations qui vont aboutir au traité de Vienne (14 octobre 1809).

/ 1809, poursuite de la réorganisation du 65e; création du Corps de réserve de Junot; le 65e à la Division Lagrange

Le 13 juillet 1809, l'Empereur, au camp de Znaïm, écrit au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... Le 4e bataillon du 65e se rendra à Augsbourg. Il versera les nouveaux qu'il a disponibles dans les premiers bataillons, et le cadre se rendra à Augsbourg. Il versera les nouveaux qu'il a disponible, le premier bataillon et le cadre se rendra au dépôt en France pour recevoir des conscrits ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3301 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21484).

Le 15 juillet, la 4e Division est dissoute et le 4e Bataillon reçoit l’ordre de partir pour Augsbourg, où le Régiment se reforme. Arrivés dans cette ville, les cadres sont dirigés sur le Dépôt.

L'Empereur n'oublie pas le 65e. Le même 15 juillet, il mande de Schoenbrun au Maréchal Davoust : "Mon cousin, écrivez au colonel du 65e pour qu'il vous envoie les états de situation de son régiment. Vous lui ferez connaitre que deux de ses bataillons doivent se trouver réunis à Augsbourg, que deux doivent être formés à son dépôt en Flandre, et que le 4e est en marche de Vienne pour le rejoindre; qu'il recevra 2,000 hommes sur la conscription, dont 1,000 à son dépôt et 1,000 qui le rejoindront à Strasbourg; que j'ai ordonné que son 3e bataillon parte avec 1,000 hommes pour Augsbourg, et qu'ainsi j'espère qu'il aura dans le courant d'août 4 bataillons formant de 3,000 à 4,000 hommes en état de servir.
Vous lui ferez connaitre que probablement les 900 hommes de son régiment qui sont prisonniers de guerre vont être rendus, ce qui portera chaque bataillon à beaucoup plus que le complet et mettra ce régiment à même de former une belle réserve de 4,000 hommes à Augsbourg. Le bataillon du 46e, qui doit être arrivé à Augsbourg, sera joint à cette réserve, ce qui donnera à la division Lagrange une colonne de 5 bataillons en bon état
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 72; Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15532 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21506; citée dans l'Historique régimentaire).

Encore le 15 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... La 24e division militaire a 4 régiments qui peuvent fournir un bataillon de marche de 600 hommes, indépendamment de ce qu'ils doivent fournir pour compléter la 8e demi-brigade provisoire ; bien entendu que le détachement du 65e s'arrêtera à Augsbourg pour être incorporé dans ce régiment ...
Mon intention est que vous fassiez partir le 3e bataillon du 65e avec un millier d'hommes de son dépôt pour Augsbourg. J'ai fait former ici le 4e, de sorte que ce régiment réunira ses 4 bataillons à Augsbourg ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3308 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21511).

Le 21 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, au Général Junot, Duc d'Abrantès, commandant le Corps de Réserve de l'Armée d'Allemagne, à Baireuth : "… La division Lagrange est composée de deux demi-brigades provisoires, que je fais venir à Vienne pour les fondre dans les corps. Le 65e, qui va avoir ses quatre bataillons et 3,000 hommes présents sous les armes, vous formera une ressource" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15568 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21593).

Le 23 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... Qu'est-ce que c'est qu'un détachement du 65e qui est porté dans l'état de la ville de Vienne ?" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3343 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21606).

Le 24 juillet 1809, Napoléon écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je crois vous avoir donné l'ordre de faire partir pour Augsbourg le 3e bataillon et le dépôt du 65e qui est en Flandre, en les complétant à 1000 hommes. Par ce moyen, il y aura à Augsbourg 4 bataillons du 65e formant une force d'au moins 4000 hommes" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 1, lettre 928 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21619).

L'Empereur est aussi informé que "Le général Lagrange rend compte au maréchal Berthier que le 4e bataillon du 46e régiment d'infanterie de ligne, arrivé le 20 juillet à Augsburg, n'est pas instruit, à l'exception de deux compagnies"; il répond : "L'instruire et l'employer à l'expédition du Tyrol avec le 65e" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3351 - Non datée, expédiée le 24 juillet 1809 ; le rapport du Général Lagrange est du 21).

Puis, toujours le 24 juillet 1809, Napoléon écrit, depuis Schönbrunn, au Général Dejean, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le général Dejean, le colonel du 65e se plaint que les 1000 hommes qu'il a à Strasbourg ne soient pas habillés et que 400 qu'ii a reçus l'ont été mal par les soins d'un commissaire des guerres que vous y avez envoyé, tandis qu'il avait pris toutes les mesures pour les habiller convenablement" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 1, lettre 927 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21620).

Le 26 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, à Alexandre Berthier, Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Allemagne, à Schoenbrunn : "Mon cousin … J'approuve que le colonel du 65e recrée des compagnies pour compléter son 4e bataillon" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15590 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21629).

Le 30 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, à Alexandre Berthier, Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Allemagne, à Schönbrunn : "Mon Cousin, donnez l'ordre au duc d'Abrantès de prendre le commandement des pays compris entre le Rhin, la Bohême et la Saxe. Les provinces de Hanau, de Würzburg, de Bamberg, de Baireuth, de Fulde, d'Erfurt, seront sous ses ordres, ainsi que les forteresses de Würzburg, de Forchheim, de Kronach, de Bamberg et d'Erfurt. Vous lui ferez connaître que je consens que le bataillon du 14e de ligne qui fait partie de la 5e demi-brigade provisoire et le bataillon du 34e qui fait partie de la même demi-brigade, et qui ont leur régiment en Espagne, soient joints à la division Rivaud, en en attachant un à la brigade Lameth et un à la brigade Taupin. Vous donnerez l'ordre au duc de Valmy de diriger sur Baireuth tous les détachements appartenant aux 14e et 34e qui feraient partie du bataillon de marche de la 2e division militaire, qui sont destinés pour Vienne ; ces détachements serviront à compléter ces deux bataillons. Vous ferez connaître également au duc d'Abrantès que, aussitôt que le Tyrol sera soumis, la brigade bavaroise qui est sous ses ordres sera portée à 4,000 hommes d’infanterie et à douze pièces de canon. Vous lui donnerez l'ordre qu'aussitôt que l'expédition anglaise, qui a dû partir le 25 juillet des Dunes, se sera dirigée sur l'Espagne, comme cela est probable, et non sur le Nord, il dirige sur Ratisbonne, les 5e, 10e et 13e demi-brigades provisoires. Vous me ferez connaître le jour où elles y arriveront, afin que je donne des ordres pour leur direction sur Vienne. Vous lui donnerez l'ordre d'échanger le matériel et le personnel de son artillerie contre le matériel et le personnel d'artillerie qu'il trouvera à Würzburg. Vous l'autoriserez à employer le général Menard dans la division Rivaud et à le remplacer dans le commandement de la citadelle de Würzburg par le général Lameth. Vous l'autoriserez à parcourir toutes les places bavaroises du haut Palatinat, pour en tirer des détachements pour renforcer sa brigade bavaroise ou la composer d'anciens soldats. Vous l'autoriserez à tirer de Hanau les six pièces d'artillerie du duché de Berg. Au moyen de ces dispositions, le duc d'Abrantès aura sous ses ordres onze bataillons français, formant 6 à 7,000 hommes, quatre bataillons bavarois formant 4,000 hommes, trois régiments provisoires de dragons français, le régiment de chasseurs du duché de Berg et trente pièces de canon. La division Lagrange reste composée du 65e, qui sera bientôt à 4,000 hommes, et du 4e bataillon du 46e. J’enverrai cette division le joindre, aussitôt que j'apprendrai l'issue de l'expédition du Tyrol. J'attends, pour disposer de la division hollandaise, du régiment d'infanterie du grand-duché de Berg, des troupes saxonnes et du contingent de Westphalie, que je connaisse la direction qu'aura prise l'expédition anglaise ; et si, comme je le pense, elle s'est dirigée sur le Midi, je renforcerai le corps du duc d'Abrantès de 5,000 Hollandais, de 3,000 Saxons et de 3 à 4,000 Westphaliens ; de sorte que, si les hostilités recommencent, il pourra entrer en Bohême avec 25 à 30,000 hommes et manœuvrer selon les circonstances. Vous lui écrirez que je demande au grand-duc de Hesse-Darmstadt deux bataillons et quatre pièces de canon. Il pourra réunir ces deux bataillons à la division Lagrange, aussitôt qu'elle l'aura rejoint. Vous écrirez à cet effet à Darmstadt pour que le grand-duc complète son contingent et pour qu'il envoie à Baireuth deux bataillons. Vous laisserez au duc d’Abrantès la facilité de retirer de la citadelle d’Erfurt le bataillon du prince Primat, en y laissant une garnison suffisante pour être maître de la citadelle. Enfin, les affaires du Tyrol étant finies, je verrai si l'on ne pourrait pas lui donner une brigade wurtembergeoise pour renforcer d'autant son corps d'armée.
P. S. Le major général expédiera ces ordres par un officier qui rapportera des nouvelles de ce qui se passe. Il mandera au duc d'Abrantès qu'il est très-important qu'il envoie fréquemment des courriers pour donner des nouvelles de la Bohême et de Dresde
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15597 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21653).

Toujours le 30 juillet 1809, l'Empereur écrit encore, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "Mon cousin, donnez l'ordre aux généraux Beaumont et Lagrange de faire partir à Vienne tous les détachements quelconques qu'ils ont, appartenant aux différents corps de l'armée, et qu'ils ont retenus, soit infanterie, soit cavalerie, soit artillerie, hormis le 65e, le 4e bataillon du 46e, les trois régiments provisoires de dragons et l'artillerie attachée à la colonne du général Beaumont ... Faites-moi connaître si les 230 hommes du 72e, qui devraient arriver aujourd'hui à Vienne, sont arrivés ; si les 223 hommes du 65e et les 200 hommes isolés qui doivent arriver le 31 juillet à Vienne y seront arrivés demain ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3367 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21656).

Le même 30 juillet 1809, le Général Lagrange entre dans le Tyrol avec ses troupes. Il campe en août près de Lindau. La paix de Vienne a rendu tous les prisonniers à la liberté; le 65e est redevenu un des plus beaux Régiments de l'armée. Mais Lindau est un lieu insalubre, et l'Empereur ne veut pas y exposer le 65e.

Sapeur, grande tenue d'hiver, du 65e de Ligne
Sapeur, grande tenue d'hiver - Infographie de Marc Morillon D R.

Le 13 août, l’Empereur, depuis Schönbrunn donne à Berthier, l’ordre de former le 8e Corps, sous le commandement du Général Junot, Duc d’Abrantès, Gouverneur de Paris : le 65e est affecté à ce Corps d’armée. Napoléon écrit : "Mon Cousin, je vous envoie un ordre pour former le 8e corps. Vous verrez que le duc d'Abrantès est chargé de surveiller le Danube et la Saxe ... La division Lagrange sera composée du 65e, d'un bataillon du 46e, d'une brigade wurtembergeoise et d'une brigade hessoise ; ce qui fera également 8 à 9,000 hommes ... La position actuelle du 8e corps est : la division Rivaud à Baireuth, la division Saint-Cyr à Dresde, la division Lagrange dans le Vorarlberg. Après les affaires du Vorarlberg, la division Lagrange rejoindra et mènera avec elle les Wurtembergeois. D'ailleurs, au moment des hostilités, ce qui ne peut avoir lieu avant le 10 septembre, il est probable que j'y joindrai les Hollandais. Des détachements du 14e et du 34e doivent arriver sur Mézières ; au lieu de les diriger sur Vienne, donnez ordre à Strasbourg de les diriger sur Baireuth pour rejoindre leurs bataillons. Il est nécessaire que le duc d'Abrantès se rende d'abord auprès du roi de Saxe et qu'il aille ensuite à Dresde ; qu'il fasse armer la place sans rien démolir et sans inquiéter les habitants, auxquels il dira, au contraire, qu'il a assez de monde pour les couvrir et qu'il doit partir de là pour entrer en Bohême. Il faut qu'il fasse des reconnaissances sur la frontière jusqu'à Passau. Il y a beaucoup de pièces dans le Palatinat ; il faut que le duc d'Abrantès les échange contre son mauvais matériel prussien, et rétablisse ainsi son artillerie. Vous aurez soin d'écrire au ministre de la guerre du roi de Saxe pour lui faire part de ces dispositions. Ecrivez aussi en Westphalie que, moyennant ces dispositions, le Roi n'aura que la garde de ses états et des pays qui l'environnent. Le général de brigade Lamotte, qui doit être sous les ordres du général Beaumont, se rendra au 8e corps pour commander une brigade de dragons. Par ce moyen, le 8e corps aura deux généraux de brigade de cavalerie, et il sera possible que j'y envoie un général de division. Le général Boyer restera chef d'état-major ; le général Maison sera employé dans le 8e corps, soit dans la division Carra Saint-Cyr, soit dans la division Rivaud. Il est nécessaire de donner au 8e corps un général d'artillerie, un ordonnateur et un payeur.
ANNEXE
Ordre
Sa Majesté ordonne ce qui suit :
1° Il sera formé un 8e corps qui sera commandé par le duc d'Abrantès.
2° Il sera composé des divisions Rivaud et Lagrange, de la division de cavalerie Fouler et de la division Carra Saint-Cyr.
3° Les divisions Rivaud et Lagrange et la division de cavalerie conserveront leur composition actuelle. La division Rivaud aura de plus une brigade bavaroise de 4,000 hommes et de huit pièces de canon. La division Lagrange aura de plus une brigade wurtembergeoise avec 6 pièces de canon et une brigade hessoise avec 4 pièces de canon. La division Carra Saint-Cyr sera composée de 4 bataillons du 22e régiment de ligne, de 4000 Saxons et de 24 pièces d’artillerie. Cette division sera réunie sans délai à Dresde.
4° Le duc d'Abrantès est chargé de surveiller le Danube et la Saxe. Le général se rend à Dresde ; il y réunira le corps du général Thielmann et le 22e de ligne; ce qui fera 8,000 hommes d'infanterie, 2,000 de cavalerie et vingt-quatre pièces de canon. Il faut que le duc d'Abrantès veille à ce que le 22e, qui est à Magdeburg, se rende sans délai à Dresde. Il faut donner ordre au régiment polonais qui doit arriver à Magdeburg de se rendre à Dresde pour faire partie de la division du général Carra Saint-Cyr. Il n'y a plus moyen, à présent que les Anglais ont débarqué à Walcheren, de compter sur la brigade qui est à Louvain ; mais les brigades qui composent la division Carra Saint-Cyr feront toujours 9,000 hommes. La cavalerie sera composée des quatre régiments qui y sont actuellement et des 2,000 Saxons ; ce qui portera la cavalerie à plus de 5,000 hommes. Cela formera donc un corps de 30,000 hommes d'infanterie, de 5,000 chevaux et de soixante et dix pièces de canon. Il faut arrêter la compagnie de sapeurs et les détachements de pontonniers et d'ouvriers qui viennent de Magdeburg ou de Danzig. La position actuelle du 8e corps est : la division Rivaud à Baireuth, la division Saint-Cyr à Dresde, la division Lagrange dans le Vorarlberg. Après les affaires du Vorarlberg, la division Lagrange rejoindra et mènera avec elle les Wurtembergeois. D'ailleurs, au moment des hostilités, ce qui ne peut avoir lieu avant le 10 septembre, il est probable que j'y joindrai les Hollandais. Des détachements du 14e et du 34e doivent arriver sur Mézières ; au lieu de les diriger sur Vienne, donnez ordre à Strasbourg de les diriger sur Baireuth pour rejoindre leurs bataillons. Il est nécessaire que le duc d'Abrantès se rende d'abord auprès du roi de Saxe et qu'il aille ensuite à Dresde ; qu'il fasse armer la place sans rien démolir et sans inquiéter les habitants, auxquels il dira, au contraire, qu'il a assez de monde pour les couvrir et qu'il doit partir de là pour entrer en Bohême. Il faut qu'il fasse des reconnaissances sur la frontière jusqu'à Passau. Il y a beaucoup de pièces dans le Palatinat ; il faut que le duc d'Abrantès les échange contre son mauvais matériel prussien, et rétablisse ainsi son artillerie. Vous aurez soin d'écrire au ministre de la guerre du roi de Saxe pour lui faire part de ces dispositions. Ecrivez aussi en Westphalie que, moyennant ces dispositions, le Roi n'aura que la garde de ses états et des pays qui l'environnent. Le général de brigade Lamotte, qui doit être sous les ordres du général Beaumont, se rendra au 8e corps pour commander une brigade de dragons. Par ce moyen, le 8e corps aura deux généraux de brigade de cavalerie, et il sera possible que j'y envoie un général de division. Le général Boyer restera chef d'état-major ; le général Maison sera employé dans le 8e corps, soit dans la division Carra Saint-Cyr, soit dans la division Rivaud. Il est nécessaire de donner au 8e corps un général d'artillerie, un ordonnateur et un payeur
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15652 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21781).

Le 4 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "Mon cousin, écrivez au général Lagrange que 200 hommes du 65e viennent d'être renvoyés ; qu'ils ont annoncé que 1000 autres les suivraient.
Mon intention est que le 3e bataillon de ce régiment, qui a été fait prisonnier à Flessingue, soit reformé à Augsbourg en portant tous les hommes du 4e bataillon au 3e, et en ne portant ceux qui sont prisonniers que pour mémoire. Cette opération doit être faite facilement puisque ce régiment a reçu 2000 recrues, savoir 1000 à Strasbourg et 1000 à son dépôt, qu'il avait 500 hommes à son dépôt, et qu'aujourd'hui 1400 prisonniers lui rentrent, ce qui fait près de 4000 hommes.
Vous trouverez, ci-joint, le décret que je prends pour ordonner cette formation
" Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3530 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21966 - Note : La minute (Archives nationales, AF fV 882, septembre 1809, n° 39) est datée du 5 septembre 1809).

Le 13 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "Mon cousin, faites donner en gratification aux hommes du 65e qui rentrent des prisons la solde du mois d’août. Ce régiment séjournera demain ici. Faites-moi connaître le nombre d’hommes qu’a ce régiment qui aient moins d’un an de service, et combien il y en a qui aient moins de deux ans. Vous remettrez cet état demain à la parade pour que je donne des ordres ultérieurs" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 1, lettre 950 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22064).

L'Empereur, par ailleurs, veut récompenser le Régiment. Un Bataillon était sous ses yeux à Schoenbrunn; l’Empereur le passe en revue. Après avoir parcouru les rangs, il ordonne à Duroc de choisir cent hommes pour sa Garde : "Oh! sire, s’écrie le Maréchal, c’est trop ! Ce pauvre colonel Coutard ! — Je voudrais les prendre tous !" réplique l’Empereur. Ce mot réparait tout.

En réalité, Napoléon se contente de quarante. Le même 13 septembre 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon écrit encore au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "Mon cousin, vous ferez partir demain le 65e sous les ordres d'un major, pour se rendre à Augsbourg. Vous ferez connaître au général Lagrange que, l'air de Lindau étant très malsain, mon intention est qu'il n'y laisse point de troupes françaises, et personne surtout du 65e qui, moyennant ce qui vient d'arriver, passera 3 000 hommes et sera un des plus beaux corps de l'année. Vous ordonnerez qu'il soit tiré de ce régiment vingt hommes pour mes grenadiers et vingt pour mes chasseurs ; ce choix sera fait aujourd'hui à six heures par les colonels. Ces hommes seront choisis parmi ceux ayant dix ans de service" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3564 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22065; citée dans Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 72; citée dans l'Historique régimentaire).

Toutefois, il semble que l'Empereur ait malgré tout, conservé une impression fâcheuse de Ratisbonne, et Coutard s'en plaint à Davout qui lui répond, depuis Lintz, le 14 septembre 1809 : "Ne vous abusés pas, ne trouvés pas mauvais, que notre souverain n’ait pas récompensé la mauvaise fortune" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 81).

Découragé, Coutard songe à quitter le service, mais il en est dissuadé par le Général Dumoustier, qui lui écrit : "Je n’approuve pas du tout votre projet : vous avez la confiance sans bornes de votre régiment, vous êtes aimé de tout ce qui vous connaît ; avec cela on doit attendre le moment, qui n’est peut-être pas éloigné, où vous fixerez l’attention particulière de l’Empereur. Vos soldats nouvellement admis dans la garde sont répartis aux grenadiers et aux chasseurs. J’ai vu dans cette circonstance que l’Empereur voulait prouver sa reconnaissance et son estime au 65e, et vous avez dû en être flatté" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 82).

Tambour major du 65e de Ligne
Tambour major en grande tenuue - Infographie de Marc Morillon D R.

Et Davout écrit à Coutard : "Vous avez fait dans cette circonstance plus que n’auraient fait la majeure partie des colonels de l’armée, mais pas assez pour ce qu’exigeaient la position où vous étiez et le service de l’Empereur. Ne voyés pas dans ceci un reproche, mais seulement le regret que j’éprouve de ce que quelqu’un qui me tient de si près n’ait pas tiré tout le parti possible de la plus belle occasion d’acquérir une gloire éternelle" ; et dans une autre lettre : "Au lieu de se décourager dans la position ou vous êtes, il faut redoubler de zèle pour le service de notre souverain ... Vous devez regarder comme une circonstance heureuse d’être appelé, avec votre excellent régiment, à concourir à un objet aussi important pour notre souverain que la pacification de l'Espagne" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 82-83).

Le 20 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "... Quant au 65e, il doit être actuellement très beau, il vient de recevoir 900 hommes tous anciens soldats venant des prisons d’Allemagne, que j’ai échangés. Les 4 bataillons qui sont dans le Vorarlberg sont à 3000 hommes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3586 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22127).

Le 23 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, au Général Junot, Duc d'Abrantès, commandant le 8e Corps de l'Armée d'Allemagne, à Baireuth : "Je reçois le compte que vous me rendez de la situation de votre corps ; je l'ai lu avec intérêt ...
Le 65e vient de recevoir 1,000 anciens soldats prisonniers en Allemagne. Il doit être à plus de 3,000 hommes ...
ANNEXE
Ordre joint à la lettre
Sa Majesté ordonne
1° Le 22e régiment d'infanterie de ligne et de 65e de ligne qui font partie du 8e corps de l'armée auront chacun leurs deux pièces de 3 ou 4, leurs huit caissons d'infanterie et leurs huit caissons de transports militaires.
L'intendant général prendra les mesures nécessaires pour que si ces régiments n'ont pas ce nombre de caissons et n'ont pas touché les fonds accordés à chaque régiment pour cet objet, ils les touchent sans délai et se procurent les caissons qui leur manqueraient.
Le général commandant l'artillerie prendra de son côté des mesures pour ce qui concerne l'artillerie ...
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15843 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22155; pour l’ordre en Annexe : Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3593).

/ 1809, le 3e Bataillon du 65e à Flessingue

Le 30 juillet, une flotte anglaise commandée par Lord Chatham apparaissant inopinément dans les bouches de l’Escaut, débarque des troupes dans l’île de Walcheren que le Général de Division Monnet occupe avec quelques Bataillons. Ce Général ayant demandé des renforts, le Général Rousseau lui envoie aussitôt le 3e Bataillon du 65e qui vient d’arriver de Gand, se rendant à l’île de Cassaud pour y tenir garnison. Il compte 16 Officiers et 639 hommes présents.

Embarqué le 1er août à Brekens sur des péniches, le Bataillon, aborde le jour même dans l’île de Wacheren, à temps pour s’enfermer avec les troupes dans la place de Flessingue.

Le 3, le Commandant Boumard reçoit l’ordre de se porter avec son Bataillon, au premier coup de baguette de la générale, dans la demi-lune de la porte de Ramkens, pour y remplacer le Bataillon du 72e qui s’y trouve et qui devra rentrer sur les remparts, à droite de cette porte, après avoir brûlé les faubourgs. Le 65e doit mettre sur ces mêmes remparts les hommes qui ne pourront trouver place dans la demi-lune.

Le 4, les troupes de la garnison sont partagées en deux Demi-brigades. Celle de droite, composée du Bataillon du 65e et des deux Bataillons du Régiment de Prusse, est placée sous le commandement du Major Gauthier, du 8e Provisoire. On complète les Compagnies de Grenadiers et de Voltigeurs qui sont trop faibles. On emploie tous les moments de répit à se fortifier dans ses positions en faisant des épaulements, des coupures, en plaçant des chevaux de frise, etc.

Jusqu’au 6, on n’a avec l’ennemi que des affaires d’avant-postes dans lesquelles chacun conserve ses positions. L’ennemi travaille activement à l’investissement de la place.

Tambour, Compagnie du centre, du 65e de Ligne
Tambour, Compagnie du centre - Infographie de Marc Morillon D R.

Le 6, le Bataillon du 65e a l’ordre de renforcer ses avant-postes pour protéger une reconnaissance faite par la Demi-brigade de gauche sur les ouvrages avancés par des Anglais.

Le 7 août 1809, à trois heures du matin, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "… Le général Chambarlhac a bien fait de retenir le bataillon du 65e" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15620 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21724).

Le 8 août 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "En lisant avec attention l'état que vous m'avez envoyé en date du 1er août, je vois que j'ai 4.000 hommes en garnison à Flessingue, plus ce qu'il peut y avoir de la marine.
Dans l'ite de Cadzand, une brigade commandée par le général Rousseau est composée de 1,000 hommes ; elle fait partie de la division du général Chambarlhac, et je vois que le général Chambarlhac a, de plus, à Gand la 8e demi-brigade de réserve. Je suppose un colonel en second pour la commander. Il faut y envoyer des majors pour commander chacun un ou deux bataillons.
Je vois le 48e, le 108e, le 13e léger et le 65e, quatre bataillons formant 3,000 hommes. Envoyez deux majors ; l'un commandera le 48e et le 108e ; l'autre le 13e et le 65e. Envoyez également trois généraux de brigade dans la division Chambarlhac, savoir : le général Rousseau, un pour la 8e demi-brigade provisoire et un pour les quatre bataillons. Tout ce que l'on pourra retirer des dépôts, faites-en former un bataillon provisoire commandé par un major. La division Chambarlhac sera ainsi composée de trois brigades et de plus de 6,000 hommes. Tous les détachements de cavalerie que vous pourriez vous procurer, il faut en former plusieurs régiments de marche commandés chacun par un major.
Les gardes nationales du Nord, qu'il faut compléter à 6,000 hommes, envoyez le général Soulès pour les commander, avec deux généraux de brigade et quatre majors.
Les gardes nationales d'élite auront deux généraux de brigade et le général Rampon pour les commander. Envoyez un général pour commander la cavalerie légère ; envoyez un général pour commander la gendarmerie.
Une autre division, que le général Olivier pourra commander, sera composée de la 3e et de la 4e demi-brigade de réserve et des 6e et 7e ; ce qui ferait 7 à 8,000 hommes. Il faudrait également beaucoup de majors et deux généraux de brigade.
Alors on aurait une armée active composée de la manière suivante : INFANTERIE. — Division Chambarlhac : 1re brigade, Rousseau (pour mémoire, chargée de la défense de Cadzand), 1,000 hommes. - 2e brigade : 8e demi-brigade de réserve, 1,200 hommes, et bataillons provisoires de la 16e division militaire, 1,500 hommes ; total, 2,700 hommes. — 3e brigade : bataillons des 48e, 108e, 13e et 65e, 3,000 hommes. — Division Olivier : 1re brigade : 3e et 4e demi-brigade provisoires, 4,000 hommes. — 2e brigade : 6e et 7e demi-brigade provisoires, 4,000 hommes ...
Il est clair que cette armée a besoin d'un général en chef. Vous y mettrez Moncey, un général d'artillerie, un général du génie, un commissaire ordonnateur.
Il faut appeler ce corps : Armée du Nord.
Si l'on a envoyé le maréchal de Ponte-Corvo, j'approuve cette nomination ; mais alors il faut mettre en deuxième ligne le maréchal Moncey ou le maréchal Serurier ...
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15629 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21733).

Le 10, au matin, à l’exception de 200 hommes qui restent dans la place, le Bataillon relève au Vieux-Flessingue un Bataillon du 48e (Demi-brigade de gauche).

Le 11, à quatre heures après-midi, dix frégates anglaises forcent le passage de l’Escaut occidental, entre Flessingue et Breskens ; elles font ensuite sur la ville un feu extraordinaire qui dure jusqu’à 7 heures du soir.

Le 13, à midi, le bombardement reprend. Les batteries de terre que l’ennemi a démasquées, armées de 50 pièces de gros calibre, les 10 frégates qui ont forcées le passage le 11, et un grand nombre de galiotes, de bombardes et de canonnières, exécutent sur la ville un feu terrible qui se continue jusqu’au 14 au soir.

Dans cette journée, l’ennemi ayant réussi à s’approcher jusqu’à une demi-portée de fusil en refoulant les grand’gardes, toute la garnison est employée à le repousser et à reprendre les positions avancées.

"Le bataillon du 65e, dit dans son rapport le Général van Osten, constitue avec les détachements du 72e et du 8e provisoire, la meilleure partie de la garnison, car il ne fallait guère compter sur le bataillon colonial, le bataillon irlandais et les bataillons prussiens qui, servant de mauvais gré, lâchaient souvent pied".

Aussi ne se ménage-t-il pas dans cette journée, où il y a plusieurs hommes hors de combat. Le Commandant Booumard, vieux héros de 32 ans, revenu d’Italie couvert de gloire et de blessures, est signalé dans le rapport précité comme s’étant particulièrement distingué dans ce combat du 13, où il est blessé d’un coup de feu à la mâchoire inférieure, à la place même de l’une des cicatrices occasionnées par les blessures qu’il a reçues à Iéna.

Dans la nuit du 13 au 14, à 2 heures du matin, le Vieux-Flessingue ayant été brûlé, le 65e est établi au-dessous de Vertdick, où il attend de nouveaux ordres.

Le 14, à 9 heures du matin, le bombardement recommence encore plus violent que la veille, et renforcé par les pièces de 7 vaisseaux de ligne qui sont venus s’embosser devant le Nolle. En moins d’une heure, la petite artillerie de la place est hors de combat ; le magasin principal des poudres est en flammes et menace la ville d’une destruction totale et prochaine. Le soir, à 8 heures, l’ennemi fait sommer le Général Monnet de rendre la place. Sur son refus, le bombardement recommence à 9 heures et demie et dure jusqu’à 2 heures du matin.

A minuit, les postes avancés de la batterie du moulin à poudre, attaqué par des forces de beaucoup supérieures, sont forcés de se replier, après avoir toutefois encloué les pièces. Le 65e les fait appuyer par deux Compagnies ; on bat la charge et l’on repousse l’ennemi jusqu’à ses premières positions. On a dans cette affaire un Officier et 50 hommes tués, blessés ou pris.

Musicien du 65e de Ligne
Musicien en grande tenuue - Infographie de Marc Morillon D R.

Le 15, à 11 heures du matin, le parlementaire anglais se présente de nouveau aux avant-postes. Douze heures après la capitulation est signée. Le Général van Osten, qui, malheureusement, n’avait pas le commandement de la place, cite dans son rapport : "les bataillons des 65e, 48e, 72e et 8e provisoire qui, bien que composés de conscrits, mais commandés par de bons officiers, se sont parfaitement comportés. Plusieurs de ces officiers ont donné des preuves de grande intelligence et de bravoure ; il ne peut les désigner, ne les connaissant pas par leur nom". Le Général ajoute : "M. de Boumard, chef de bataillon du 65e, est un excellent et brave militaire, blessé d’un coup de feu à la tête. Tous les officiers de ce bataillon ont donné des preuves de bravoure et de talent".

Les Officiers du Bataillon, faits prisonniers à Flessingue le 16 août 1809 sont : le Chef de Bataillon Boumard; l'Adjudant-major Dutain, le Chirurgien sous-aide Gay; à la 1ère Compagnie, le Capitaine Mehler, le Lieutenant Allais, le Sous-lieutenant Debucq; à la 2e Compagnie, le Capitaine N., le Lieutenant Grandjean, le Sous-lieutenant Minjoulet; à la 3e Compagnie, le Capitaine Aurousset, le Lieutenant Thiebaut, le Sous-lieutenant Diharce; à la 4e Compagnie, le Capitaine Pretot, le Lieutenant Lapeyre, le Sous-lieutenant Darches; à la Compagnie de Voltigeurs, le Capitaine Bardeaux, le Lieutenant Duffor, le Sous-ieutenant Bourignon.

Ont été blessés pendant ces quinze jours de siège, outre le Commandant, le Capitaine Mehler, et les Lieutenants Duffort et Thiebaut. Ce dernier a reçu, dans la même journée, un coup de feu à la jambe droite, trois coups de baïonnette à l’épaule droite et un coup de crosse du côté droit.

Quelques jours après, tous les braves gens qui composent le 3e Bataillon du 65e sont embarqués sur des vaisseaux de l’ennemi, pour être transportés en Angleterre. Leur captivité va durer jusqu’en 1814, soit cinq ans de misère sur les pontons anglais !

Après la capitulation de Flessingue, pendant qu’un nouveau 3e Bataillon est en formation à Augsbourg, deux nouvelles armées sont créées en Flandre, le 1er août, pour parer à toute éventualité : l’Armée de la tête de Flandre et l’Armée d’Anvers. A la première de ces armées, le Dépôt du 65e envoie 3 Officiers et 188 hommes. A la seconde, il fournit un détachement qui contribue à former la 3e Demi-brigade provisoire (4e Division, Général Charbonnier). Il a également dans cette Division 50 hommes commandés par le Capitaine Villedieu, qui forment la garnison du vaisseau l’Anversois.

Le 5 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "J'ai lu avec attention l'état de situation que vous m'avez envoyé de mes trois corps d'armée dans le Nord au 28 août. Je désire que vous m'en envoyiez un semblable tous les cinq jours.
Vous voudrez bien faire exécuter sur-le-champ toutes les dispositions suivantes.
ARMÉE D'ANVERS. - Toutes les troupes d'infanterie de ligne, soit des demi-brigades provisoires, soit des détachements quelconques, qui se trouvent dans les départements du Nord ou sont en marche pour s'y rendre, feront partie de l'armée d'Anvers et seront réunies en six demi-brigades provisoires. Ces six demi-brigades formeront deux divisions.
1re Division. La 1re division sera organisée ainsi qu'il suit :
18e demi-brigade provisoire. — Une Demi-brigade provisoire sera formée du bataillon du 108e, du bataillon du 13e d'infanterie légère, du bataillon du 48e et de celui du 65e ; total, quatre bataillons de 800 hommes, formant 3,000 hommes, qui composeront une demi-brigade provisoire portant le n°18. Un colonel en second et deux majors seront attachés à cette demi-brigade. On réunira tout ce que les dépôts du 48e et du 65e peuvent avoir de disponible et tous les détachements qu'ils ont dans le Nord, et l'on formera ainsi ces quatre bataillons. Les hommes qui ont été pris à Flessingue seront portés à la suite et seulement pour mémoire. Il sera nommé à toutes les places vacantes ...
2e Division ...
Ces deux divisions seront sous les ordres du général Reille, mon aide de camp, et formeront une aile de l'armée du prince de Ponte-Corvo ...
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15750 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21981).

Au 24 septembre, ces deux armées sont fondues en une seule qui prend la dénomination d’Armée du Nord. Les divers détachements que le 65e a à cette armée se réunissent pour former un nouveau 4e Bataillon qui constitue, avec les 4e Bataillons des 13e léger, 48e et 108e de ligne, la 18e Demi-brigade provisoire. Cette Demi-brigade fait partie de la 2e Brigade (Général Burke), de la 1re Division (Général Gilly), du 1er Corps (Général Reille).

Le 4e Bataillon se trouve le 24 septembre à Schooten ; le 1er octobre à Sohilde ; le 23 à Anvers ; le 15 décembre à Baarland ; le 25, à Heinkessant. Il compte 10 Officiers et 572 hommes, dont 284 présents.

/ 1809, le 65e passe en Espagne

Colonel du 65e de Ligne
Colonel en grande tenue - Infographie de Marc Morillon D R.

Le 1er octobre, le 65e quitte Augsbourg et l'Armée d'Allemagne.

A Schönbrunn, le 14 octobre 1809, "Le maréchal Berthier rend compte que, conformément aux intentions de Sa Majesté, il a donné l'ordre au général Beaumont de faire partir sur-le-champ pour Passau tous les détachements appartenant à la division Grandjean, qui font partie de son commandement; l'Empereur répond : "Il faut que tous ces corps attendent à Passau, Munich et Augsburg pour rejoindre leurs régiments. Le 65e n'est plus au 4e corps, mais il est avec la division Lagrange dans le Vorarlberg" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3677).

Le 30 octobre 1809, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Allemagne, à Schoenbrunn : "Mon Cousin, si, comme je le pense, tout se passe convenablement en Autriche, dirigez, toute ma Garde sur Strasbourg, et faites-moi connaître quand elle- y arrivera. Donnez ordre au régiment provisoire de dragons qui est dans le Vorarlberg et au bataillon du 46e de se rendre à Huningue. Le 65e suivra la même direction, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, c'est-à-dire lorsque nous serons maîtres d'Inspruck et que le Tyrol sera soumis ; ce qui, je suppose, doit déjà avoir lieu à l'heure qu'il est" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 15984 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22416).

Le même 30 octobre 1809, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "... je vous ai fait connaître que mon intention était que le 8e corps fût dirigé sur Paris et Huningue, et pût y être arrivé avant le 30 novembre ... Mais je dois aussi vous faire connaître mes intentions sur l'organisation du 8e corps, que je désire pouvoir faire entrer en Espagne dans les derniers jours de janvier. Ce corps sera commandé par le duc d'Abrantès. La 1re division sera composée des quatre bataillons du 22e de ligne et des huit bataillons actuellement existants à la division Rivaud ; total, douze bataillons. Tous ces bataillons seront mis au grand complet de 840 hommes par l'incorporation soit de ce qu'ils ont ou auront de disponible à leur dépôt d'ici au 1er décembre, soit de ce qu'ils auraient dans les six demi-brigades provisoires qui sont au Nord. Par exemple, le 19e a 360 hommes dans la 6e demi-brigade, le 25e y a 300 hommes, le 28e y a 400 hommes, le 36e, 200 hommes, etc. Je suppose que d’ici au 1er décembre je pourrai avoir disponible une partie de ces demi-brigades provisoires ; mon intention est de retirer tout ce qui sera possible. Cette ire division sera donc composée de 10,000 hommes, présents sous les armes et formant deux brigades.
La 2e division, commandée par le général Lagrange, sera composée de trois bataillons du 65e, d'un bataillon du 46e et de huit bataillons des huit régiments qui sont à Paris ; ce qui fera en tout douze bataillons ou 10,000 hommes.
Les 3e et 4e divisions seront formées de tout ce que les dépôts de France pourront fournir au 1er décembre. C'est peu que d'évaluer à 10,000 hommes la force à laquelle chacune de ces divisions pourra ainsi ètre portée ; ce qui réunira sous les ordres du duc d'Abrantès un corps de 40,000 hommes environ. Pour pouvoir l'organiser convenablement, je désire que le chef de vos bureaux qui a fait le travail que vous m'avez remis, pour la formation d'une réserve de 100,000 hommes destinés pour l'Espagne, vienne à Fontainebleau. Il fera connaître au sieur Monnier, secrétaire du cabinet, qu'il est arrivé ; il apportera les états qu'il peut avoir et fera cette organisation sous mes yeux. Entre autres matériaux et renseignements dont il devra se munir, il aura soin d'apporter un état de situation de toutes les demi-brigades provisoires et régiments de marche qui existent, un état de tout ce qui est disponible dans les différents dépôts en France, un état de la situation où se trouvent tous les 1ers, tous les 2es, tous les 3es, tous les 4es bataillons et les 1re, 2e, 3e et 4e compagnies des 5es bataillons. En travaillant une couple d'heures avec moi, cet employé comprendra de quelle manière je veux faire ce travail ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 7, p. 50 ; Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 15986 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22420).

Le 2 novembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke ... Donnez ordre au général Lagrange, qui est dans le Vorarlberg, de se rendre à Huningue avec le bataillon du 46e, les trois bataillons du 65e et un régiment provisoire de dragons. Il attendra là de nouveaux ordres ; il ne quittera cependant le Vorarlberg qu'autant que sa présence ne serait plus nécessaire à la tranquillité du pays ..." (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 15995 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22436).

Le 8 novembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Il faut trouver 500 à 600 hommes pour le 2e régiment d'infanterie de ligne ; il a été appelé un supplément de conscrits de la garde, parmi lesquels il serait possible d'en tirer le nombre nécessaire pour cet objet.
Idem au 65e régiment pour le porter au complet ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3721 (avec la date du 8 novembre); Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22478).

Le 9 novembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, à Mme de Perron : "... J'ai donné ordre que celui de vos fils qui sert dans le 65e fût employé dans les conscrits de ma garde. Je serai fort aise de vous donner dans tous les temps des preuves de l’intérêt que je porte à vous et à votre famille" (Brotonne (L. de) « Lettres inédites de Napoléon Ier », Paris, 1898, lettre 490 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22461 - Note : Paule Argentero de Bergegio, mariée à Charles-Joseph-Louis de Perron de Saint-Martin, comte de l'Empire le 13 août 1810).

A Fontainebleau, le 14 novembre 1809, "Le général Clarke rend compte des ordres donnés pour que 1.200 hommes des conscrits appelés dernièrement au dépôt de la garde passent dans les 22e et 65e régiments de ligne" ; "Cet ordre a été donné trop précipitamment. Avant de le donner j'avais demandé un rapport", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3734).

Le 20 novembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Je n’approuve pas la mesure de retirer des hommes du 65e pour le 22e. Si le 65e a mille à onze cents hommes par bataillon, tant mieux : avant que ces bataillons soient arrivés à Bayonne, ils seront réduits à 840 hommes, ainsi donc les trois bataillons du 65e et le bataillon du 46e partiront d’Huningue aussi forts qu’il sera possible pour se diriger sur Bayonne. Le 22e, à son arrivée à Paris sera complété par 600 hommes de la Garde, de sorte que ces 8 bataillons arriveront à Bayonne avec leur grand complet présent sous les armes" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3744 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22487).

Le 28 novembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, à dater du 1er décembre, le 8e corps de l’armée d'Allemagne prendra le nom de 8e corps de l'armée d'Espagne.
Ce corps continuera à être commandé par le duc d'Abrantès; il aura pour chef d'état-major le général Boyer, pour ordonnateur le sieur Malus, pour commandant de l'artillerie le général Mossel; il y sera attaché un officier supérieur du génie.
Il sera composé de trois divisions.
La 1re division sera commandée par le général Rivaud et formée de trois brigades : la 1re commandée par le général Menard, ayant quatre bataillons; la 2e, par le généra1 Taupin, ayant quatre bataillons; la 3e, par le général Godard, ayant quatre bataillons; en tout douze bataillons, formant 9 à 10,000 hommes d'infanterie.
La 2e division sera commandée par le général Lagrange; la 1e brigade sera composée de trois bataillons du 65e et d'un bataillon du 46e, et commandée par un général de brigade qui sera pris à l'armée d'Allemagne; la 2e brigade sera composée de quatre bataillons des 32e, 58e, 121e et 122e, qui sont à Paris, et commandée par un général pris à l'armée d'Allemagne; la 3e brigade sera composée de quatre bataillons des 2e, 4e, 12e et 15e légers. Cette division aura donc, comme la lère, douze bataillons, formant 9 à 10,000 hommes d'infanterie.
La 3e division sera composée de quatre régiments de marche et de douze bataillons auxiliaires, dont nous avons ordonné la réunion par nos derniers ordres, et sera commandée par le général de division Clauzel, qui veillera spécialement à sa formation.
Ce qui portera l'infanterie du 8e corps à plus de 30,000 hommes ...
Je désire connaître quand tout cela pourra se mettre en mouvement, pour que le corps soit rendu et réuni à Bayonne au 1er janvier
" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16027 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22534).

Officier de Grenadiers du 65e de Ligne
Officier de Grenadiers - Infographie de Marc Morillon D R.

Le 65e atteint Bayonne le 3 décembre 1809; il est dans la 2e Division Lagrange, 1ère Brigade (Vaufreland, avec le 4e Bataillon du 46e de Ligne), au 8e Corps d'Armée que commande le Duc d'Abrantès.

Le 5 décembre 1809, l'Empereur écrit au Général Clarke : "Monsieur le Général Clarke, donnez l'ordre que le quartier général du 8e corps et la division Rivaud, composée des huit bataillons des brigades Ménard et Taupin et de la brigade formée du 22e de ligne, faisant douze bataillons, se rendent à Orléans. Je verrai le 22e à son passage à Paris. Le 15, le duc d'Abrantès se rendra à Orléans et passera la revue de cette division. Faites-moi connaître où sont les 10e et 11e bataillons des équipages militaires qui doivent être attachés au 8e corps.
Faites-moi connaître s'il sera possible de faire partir, le 15, les huit bataillons qui sont à Paris des 32e, 58e, 121e et 122e, qui forment la 1e brigade de la division Lagrange, et des 2e, 4e, 12e et 15e légers, qui forment la 2e brigade; ces deux brigades, avec celle formée du 65e et d'un bataillon du 46e, composant la division du général Lagrange. Toutefois nommez les deux généraux de brigade qui doivent commander ces huit bataillons, et donnez-leur l'autorité dans les dépôts qui doivent les fournir; je les verrai, le 15, dans la situation où ils se trouvent ...
" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16033 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22561)".

Le 9 décembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... Vous ferez connaître au prince d'Eckmühl que les corps restent organisés comme ils le sont, avec cette différence que la division Morand, qui a perdu le 65e, reprendra en place le 57e. Ainsi le 3e corps se trouvera composé de quinze régiments, et le 2e corps en perdra un ..." (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16043 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22591 ; Cité par Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 128, lettre 862).

Le 9 décembre 1809 encore, à Paris, "Le maréchal Berthier fait connaître que, suivant le rapport du général Lagrange, les troupes venues de Vorarlberg, et notamment le 65e régiment d'infanterie, sont parties d'Huningue pour se rendre à Orléans et à Bayonne"; "Renvoyé au ministre de la guerre pour donner les ordres sur les lieux où doit s'arrêter le matériel d'artillerie. Donner ordre au général Lagrange de se rendre à Paris et pourvoir à tous les besoins du 65e", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3802).

Le 20 décembre, le Ministre de la Guerre informe le Duc d’Abrantès que l’Empereur maintient, sur la demande du Colonel, l’organisation du 65e à 4 Bataillons.

/ 1810 en Espagne

Le 3 janvier 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre au général Lagrange d'être rendu le 14 janvier à Bayonne. Il entrera le 15 en Espagne et il se dirigera avec le 65e et le bataillon du 46e sur Saint-Sébastien et Tolosa. Il restera dans la Biscaye jusqu'à ce que les brigades Jeanin et Corsin soient arrivées" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 1, lettre 985 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22783).

Le 14 janvier 1810, le Régiment arrivé à Bayonne avec ses trois premiers Bataillons, compte en tout 61 Officiers et 3.212 hommes présents, prêts à entrer en campagne.

Le 65e va commencer en Espagne une série de luttes nouvelles et être aux prises avec une énergie et une passion telles que jamais la valeur française n’en avait rencontrées. "A la place des villages abondants, des belles routes, des peuples alors bienveillants de l’Allemagne, on allait, dit Lavallée, trouver un chaos de montagnes où l’on rencontre à chaque pas des éboulements, des crevasses, des défilés profonds, où trois cents hommes suffiraient pour arrêter une armée ; des plaines nues dont rien de vivant que le genêt et la bruyère ne coupe l’uniformité ; des pentes déboisées qui n’amassent plus les nuages, où les pluies glissent sur les rochers et n’engendrent que les torrents; des ravins impraticables par les eaux en hiver, par leurs escarpements en été ; des rivières aux eaux rares, aux flancs décharnés ; des routes qui sont des défilés ou des fondrières ; des villes isolées bâties sur des hauteurs ou concentrées dans des murs ; des villages distants à demi-sauvages ; des habitants fiers, sobres, courageux et farouches ; pays éminemment propre à la guerre défensive et d’une conquête presque impossible".

Le Régiment est intégré à la 2e Division d'infanterie du Général Joseph Lagrange, du 8e Corps d'armée que commande Junot, Duc d'Abrantès. Il quitte Bayonne le 15 janvier 1810, pour se rendre à Saint Sébastien.

Au commencement de février, le 65e a passé la Bidassoa, traversé les Pays Basques et la Navarre et se trouve à Logrono. Le 18, il est sur la Pisuerga, entre Cervera et Santander. Le 8e Corps se dispose à occuper Valladolid et le Royaume de Léon que menace l’armée anglo-portugaise, commandé par Lord Wellington. Le Duc d’Abrantès écrit au Général Lagrange de recommander au Colonel Coutard de s’informer de ce qui se passe vers Potès et Santander, et de communiquer par tous les moyens possibles avec le Général Bonnet, qui est à Oviedo.

- Combat de Logrono

Grenadier du 65e de Ligne
Grenadier en grande tenue d'été - Infographie de Marc Morillon D R.

Dans une rencontre avec des guérillas sur la route de Logrono, le Régiment a cinq hommes tués : les soldats Lecuyer, Perron, Gout, Allain et le Tambour Moritz.

Le 22, le Duc d’Abrantès ordonne au Général Lagrange de se rendre à Valladolid avec sa Division. Il y porte lui-même son Quartier-général.

A Valladolid, où il reste jusqu'en mars, le Duc d'Abrantès y trouve 4,200 hommes sous les armes, dont 600 Grenadiers et 600 Voltigeurs. Il en est émerveillé. A Valladolid, Junot apprend que Astorga est fortement occupée par 4.000 insurgés.

Le 28, Junot fait sommer le Gouverneur espagnol de rendre la place, lui promettant une capitulation honorable. Le Gouverneur répond par un refus ; mais le 8e Corps, n’ayant pas encore de pièces de gros calibre, ne peut entreprendre sur-le-champ le siège d’Astorga.

Au milieu de mars, Junot envoie la Division Clausel pour commencer les opérations du blocus de cette place. A la même époque, le 65e est rejoint à Valladolid par son 4e Bataillon.

Le 4 avril, le Duc d’Abrantès écrit de Valladolid au Général Clausel : "je serai devant Astorga le 11, et j’emmènerai avec moi le 65e régiment et le Bataillon du 46e. Ces troupes y arriveront pour l’attaque et si l’ennemi veut venir nous chercher, nous serons, j’espère, en état de le recevoir".

Dans le but de rendre plus facile la réunion des troupes devant Astorga, le 65e reçoit le 12 avril, l’ordre de prendre les emplacements suivants : 4 Compagnies du 4e Bataillon à Benavente ; le 3e Bataillon à la Baneza ; les 2 Compagnies d’élite du 4e Bataillon à Castillo d’Istriano, communiquant avec la Brigade Mesnad; les 1er et 2e Bataillons à Ponte d’Orbigo.

Le 15 avril, ordre au 65e de suivre son mouvement sur la Baneza, y compris les 4 Compagnies du 4e Bataillon qui doivent rester à Benavente. Le Général en chef veut que le 65e, le Bataillon du 46e et la Division Clausel soient entièrement disponibles pour toute opération dont l’éventualité pourrait surgir.

- Siège d'Astorga

Le 65e remonte dans le Léon jusqu'à Astorga, où il arrive le 19 avril 1810. A cette date, le Régiment aligne 4 Bataillons, soit 2871 hommes. Lorsque le 65e arrive devant Astorga, la tranchée est ouverte depuis le 1er avril. La construction des ouvrages d’attaque a été très difficile ; il y a une telle pénurie d’outils que le Général Taupin, dont la Brigade fournit des travailleurs, montre lui-même aux hommes comment, lorsqu’on manque de pelles, on peut y suppléer en prenant la terre avec les mains et la jetant devant soi, en former un parapet.

Le 20 avril, l’artillerie de siège commence à tirer sur la ville avec ses dix-huit bouches à feu ; les Espagnols ripostent avec vivacité toute la journée. Astorga a été mise sur un pied de défense très respectable. A une enceinte d’une construction extrêmement solide, on a ajouté plusieurs ouvrages qui en défendent les approches, et on a retranché et relié avec la ville deux faubourgs dont elle est flanquée au sud et au nord. La place renferme des magasins immenses de munitions de toute espèce. Son Gouverneur, Sanoclides, est un Général habile et énergique.

Junot a déterminé le point d’attaque sur le côté est de la ville, dans l’espace compris entre les deux faubourgs. Le 21 au matin, le bombardement reprend et, vers le milieu de la journée, la brèche est ouverte et se trouve à peu près praticable sur une longueur de 25 mètres. On dispose alors tout pour l’assaut.

Un Bataillon d’élite, formé des Compagnies de Voltigeurs et de Grenadiers de tous les Régiments, sous les ordres du Chef d’Escadron Lagrave, Aide de camp du Général en chef, est destiné à cette périlleuse expédition.

Cependant, avant d’en venir à cette extrémité, le Général Junot croit devoir tenter encore un assai de persuasion, et il envoie dans ce but au Gouverneur un Caporal espagnol prisonnier. Un Officier sort alors de la place porteur de propositions tellement inadmissibles qu’il est aussitôt renvoyé, chargé de prévenir le Gouverneur que dans 2 heures, l’assaut sera donné, et que la garnison et les habitants seront traités sans pitié. Pour toute réponse, les Espagnols envoient un boulet sur le point de la tranchée où leur parlementaire a été reçu par le Général en chef. Outré d’indignation, le Duc d’Abrantès veut sans plus attendre donner l’assaut dès 7 heures, bien que la nuit obscure n’ait lieu qu’à 9 heures. Mais pour arriver à la brèche, il faut passer sous le feu de plusieurs maisons du faubourg de Reitibia que l’ennemi a crénelées et remplies de ses meilleurs tireurs. Il est nécessaire de l’en déloger.

Le Général Jeannin, commandant la 1re Brigade de la Division Lagrange, chargeant à la tête des 65e et 46e, le tente vainement ; on y perd beaucoup de monde sans résultat. Junot passe outre et donne l’ordre de l’assaut. Au signal convenu, les intrépides Voltigeurs se précipitent au pas de charge vers le rempart. La fusillade des Espagnols est très nourrie et, dans ce trajet de 200 mètres, les assaillants laissent beaucoup des leurs sur le terrain.

Arrivés au pied du mur, ils n’ont point d’échelles, et ce n’est qu’à grand’peine, en s’aidant réciproquement et en perdant beaucoup de monde, qu’ils parviennent au sommet de la brèche, très escarpée, glissante et étroite. En haut de la brèche et à droite, le rempart forme un espèce de cul-de-sac de 13 mètres sur 5, dans lequel les Voltigeurs se jettent pour faire place à ceux qui montent derrière eux; le feu des Espagnols fait un ravage énorme dans cette masse où tous les coups portent, et en une heure on y perdit 300 hommes.

Il faut ou sortir de là, ou trouver le moyen de s’y abriter : l’un est aussi difficile que l’autre. Mais l’intelligence et l’ingéniosité naturelle du soldat français tranchent une fois de plus la difficulté. Les assaillants décident de se loger sur la brèche même. Ce n’est point pourtant une opération facile à exécuter sur la crête d’un mur qui s’éboule sans cesse et qui les laisse à découvert à vingt pas d’un ennemi embusqué dans les maisons et hors d’atteinte. On n’a encore pour se créer un abri, ni gabions, ni sacs à terre, ni matériaux d’aucune sorte. C’est alors que le Grenadier Lanjuinais, neveu du Sénateur de ce nom, propose à ses camarades de donner leurs sacs pour élever une traverse. En un clin d’oeil, avec ces matériaux d’un nouveau genre, auxquels on ajouta les cadavres des braves tombés sur la brèche, l’ouvrage est édifié : des sacs à terre, envoyés plus tard, permettent d’en compléter la force de résistance.

La nuit survient. Les Compagnies, qui ont été très maltraitées dans cet assaut, sont remplacées par d’autres du même Bataillon d’élite. Ces nouveaux assaillants s’occupent aussitôt, les uns à répondre au feu de l’ennemi, les autres à déblayer la brèche, à la rendre plus praticable et à s’ouvrir une issue pour pénétrer dans la ville.

Les troupes en arrière travaillent sans relâche à ouvrir une communication défilée entre la tranchée et le rempart pour pouvoir appuyer l’assaut du lendemain. Une fusillade très vive, qui part du faubourg Reitibia, ne cesset d’incommoder les travailleurs, qu’elle prend en flanc.

Sergent-major de Voltigeurs du 65e de Ligne
Sergent-major de Voltigeurs - Infographie de Marc Morillon D R.

Le 65e, cantonné dans le village de Val-de-Viejas, occupe la ligne en avant de ce faubourg. Chargé pendant l’assaut de faire une fausse attaque sur ce point, il reçoit l’ordre, vers 9 heures du soir, de la convertir en une attaque réelle et de s’emparer du faubourg à n’importe quel prix. Cette opération a lieu pendant la nuit et le Commandant Barral remplit cette mission avec autant d’ingéniosité que de bravoure.

Déconcerté par l’imperturbable ténacité des assaillants et voyant qu’il ne pourra éviter un assaut à outrance, le Gouverneur, dès la pointe du jour, demande à capituler. Junot, qui veut punir l’acte de déloyauté de la veille, rejette les conditions offertes et exige que la place se rende à discrétion, ce qui a lieu le même jour.

Les troupes françaises entrent par la brèche dans Astorga, qu’elles traitent d’ailleurs avec beaucoup de modération. Le vainqueur se contente de frapper sur la ville une contribution de guerre.

La garnison, après avoir déposé ses armes, est envoyée sous escorte à Valladolid pour être conduite en France.

Dans son rapport au Major-général, le Duc d’Abrantès parle avec fierté des troupes qu’il commande. Il insiste sur l’ardeur avec laquelle le 3e Bataillon du 65e à attaqué et enlevé le faubourg de Reitibia.

Pendant qu’une partie du 8e Corps est sur la brèche d’Astorga, divers combats sont soutenus avec succès contre l’ennemi du dehors manoeuvrant pour débloquer la place. Un Bataillon du 65e, marchant, ce jour-là avec la cavalerie du Général de Sainte-Croix, contribue à chasser l’ennemi de Fuencebadon : on lui fait une cinquantaine de prisonniers et on lui tue une centaine d’hommes.

Le Régiment a subi devant Astorga, les pertes suivantes : ont été tués le Capitaine Roessel, le Sergent-major Dupré, le Sergent Soudant, les soldats Koehler, Salaün, Naudon, Lamelin. Sont blessés le Lieutenant Ferrey (gravement) et un grand nombre d’hommes, dont 9 meurent les jours suivants des suites de leurs blessures.

A la suite des propositions faites par le Junot, un Décret impérial du 29 mai 1810, daté du Havre, nomme dans la Légion d’honneur, pour leur conduite à Astorga :
Officier : Barral, Chef de Bataillon ;
Chevaliers : Desportes, capitaine; Ferrey, lieutenant; Donnadieu, Sous-lieutenant et Guerin, Sergent.

Le 25 avril, le 65e reçoit l’ordre de repartir pour Valladolid ; il fournit deux Bataillons pour l’escorte de l’artillerie.

Le même 25 avril 1810, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne, à Compiègne : "Mon Cousin ... Donnez ordre que le 6e régiment de marche d'infanterie, qui fait partie également de la division Seras, soit dissous, et que les détachements appartenant au 6e corps, savoir, ceux des 6e léger, 39e 76e, 59e, 50e, 69e, 82e, etc. se réunissent en une compagnie à Vitoria, et se rendent de là à Salamanque ; que les détachements appartenant au 8e corps, savoir, ceux des 65e, 25e, 19e, 70e, 86e, etc. se réunissent en une compagnie et se rendent à leurs régiments pour y être incorporés ..." (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16420 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23488).

En mai, la Division Lagrange devient Division du Centre. Le Corps d’armée détache continuellement des colonnes mobiles contre les partis d’insurgés signalés dans les environs des cantonnements.

Le 29 mai 1810, l'Empereur écrit, depuis Le Havre, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne, au Havre : "Mon Cousin, mandez au prince d'Essling que, selon les nouvelles que nous avons d'Angleterre, l'armée du général Wellington n'est forte que de 26,000 hommes, Anglais et Allemands, et que les Portugais n'ont que 25,000 hommes ; mais que je ne veux pas entrer dans ce moment à Lisbonne, parce que je ne pourrais pas faire vivre la ville, dont l'immense population tire ses subsistances par mer ; qu'il faut employer l'été à prendre Ciudad-Rodrigo et après cela Almeida ; qu'il ne faut pas aller par expédition, mais méthodiquement ; que le général anglais, ayant moins de 3,000 hommes de cavalerie, peut bien recevoir bataille dans un pays où la cavalerie est inutile, mais ne viendra jamais la livrer dans un pays de plaine.
Les trois divisions d'infanterie du 6e corps font seules 26,000 hommes. Deux divisions du 8e corps seront composées de la manière suivante : la division Clauzel, telle qu'elle existe ; on y ajoutera le bataillon du 46e qui est à la division Lagrange, ce qui portera la division Clauzel a 8,500 hommes, toute la division actuelle du général Solignac, plus le 65e, ce qui portera cette division à 9,000 ; total du 8e corps, 17,500 hommes. Ces cinq divisions formeront donc plus de 40,000 hommes ...
Ainsi le prince d'Essling aura 40,000 hommes d'infanterie et 9 à 10,000 hommes de cavalerie, indépendamment des troupes d'artillerie, des sapeurs, etc. ce qui lui fera une armée de 50,000 hommes, avec lesquels il assiégera d'abord Ciudad-Rodrigo et après Almeida, et se préparera ainsi à marcher méthodiquement en Portugal, où je ne veux entrer qu'en septembre, après les chaleurs et surtout après les récoltes
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 7, p. 283 ; Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16519 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23671).

Le 1er juin, le Régiment est à Salamanque, où se trouvent les Quartiers généraux de Junot et du Maréchal Masséna, qui vient d’arriver pour prendre le commandement de l’Armée de Portugal.

Le 21 juin, en vertu d’un Ordre impérial du 29 mai, le 8e Corps est réorganisé. La Division, Lagrange est dissoute et les éléments qui la composent sont versés dans les deux autres Divisions du 8e Corps. Le 65e passe à la Division de gauche (Général Solignac), où il constitue avec 2 Bataillons du 15e de ligne et 2 Bataillons du 47e, la 1re Brigade (Général Gratien).

En se plaignant à Masséna, dans une lettre du 12, de cette réorganisation de son Corps d’armée, le Duc d’Abrantès rend incidemment témoignage à la belle tenue du 65e. Il exprime ses regrets de voir partir les 3 Officiers généraux de la Division Lagrange. "Ils sont bien différents de ceux des autres divisions, ajoute-t-il. Il ne faut pour s’en convaincre que de passer une revue des troupes de l’une et des autres.

Le 23, Masséna ordonne d’envoyer d’urgence le 65e à San-Felice-el-Grande.

Quelques jours après, le 8e Corps est en entier sur l’Agueda et la Zava (affluents de gauche du Douro), à San-Felice-el-Grande et San-Felice-el-Chico ; il a pour mission d’observer l’armée anglaise et de soutenir au besoin les opérations du siège de Ciudad-Rodrigo qu’exécute le 6e Corps (Maréchal Ney).

Au 30 juin, le 65e est installé dans les villages de San Felice El Grande et Viti Gudino (situation du 30 juin).

Le 1er juillet, le Régiment est versé au Corps d'Observation qui surveille l'armée anglaise sur la rive gauche de la Gueda et de la Zava. Il passe ainsi dans le sud de la province de Léon, et protège les opérations du siège de Ciudad Rodrigo.

Le Capitaine Choppart est blessé dans les derniers combats du siège de Ciudad Rodrigo qui tombe le 10 juillet 1810, après 24 jours de trancchée et 16 de bombardement.

Au 15 juillet, la situation du Régiment est la suivante :
1er Bataillon : 18 Officiers, 756 hommes.
2e Bataillon : 14 Officiers, 839 hommes.
3e Bataillon : 18 Officiers, 616 hommes.
4e Bataillon : 17 Officiers, 573 hommes.

Napoléon cependant trouve que les opérations en Espagne évoluent peu, et ordonne l'invasion du Portugal. Le Régiment quitte donc ses positions pour se porter en avant. Le 17 juillet, il est attaqué par les partisans du Colonel Trent. Le 65e parvient cependant à se dégager et à reprendre l'initiative. Il reprend ensuite sa marche vers le Portugal, vers la route de Coimbre.

Le 26, Junot réclame pour son Corps d’armée l’honneur de faire le siège d’Almeida. Il ne réussit pas à l’obtenir et s’en plaint amèrement dans une deuxième lettre du 31.

Ce même jour, la Division Solignac reçoit l’ordre de suivre le mouvement de la Division Clausel dans la direction d’Almeida. Après avoir ordonné que cette Division soit disposée de manière à pouvoir franchir l’Agueda, Masséna ajoute : "Vous voudrez bien disposer aussi la division Solignac, et surtout le 65e, de manière à pouvoir suivre la même direction dans le moins de temps possible".

Le 10 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Ne pourrait-on pas former pour les autres corps de l'armée d'Espagne trois bataillons de marche de 1 000 hommes chacun, qu'on tirerait des 5e léger, 14e de ligne, 19e léger, 19e de ligne, 28e de ligne, 34e, 65e et 75e et des autres dépôts des régiments qui ont leurs bataillons de guerre en Espagne ? ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4490 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24295).

Le 19 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je désire que vous formiez plusieurs bataillons de marche pour 1'Espagne et le Portugal.
... Le 4e se composera de 200 hommes du 2e léger ; de 100 hommes du 4e idem ; de 100 hommes du 15e idem ; de 200 hommes du 17e idem ; de 300 hommes du 65e idem ; total 900 hommes. Le 4e bataillon se réunira à Paris ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24356).

Le 25, la Brigade Gratien est établie à San-Felice-el-Grande où le Junot a installé son Quartier général.

Le 26 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "... Donnez ordre que le 5e bataillon du 15e de ligne qui est au 8e corps soit incorporé dans le 4e ; que le 5e bataillon du 47e soit également incorporé dans le 4e ; que le 5e du 70e soit également incorporé dans le 4e ; et que le 5e bataillon du 86e soit incorporé dans le 3e. Les cadres de ces quatre cinquièmes bataillons rentreront en France.
Donnez ordre que les 1er, 2e et 3e bataillons du 15e de ligne quittent le 2e corps et se rendent au 8e pour y joindre leur 4e bataillon ; que le 4e bataillon du 47e qui est à la division Solignac passe au 2e corps pour rejoindre ses trois premiers bataillons.
La division Solignac sera par conséquent composée de 4 bataillons du 15e de ligne formant 2400 hommes sous les armes ; de 4 bataillons du 65e formant 3000 hommes, ce qui fera, pour la 1re brigade, 5400 hommes ...
La 2e brigade de la division Solignac sera composée de 4 bataillons du 86e formant 2400 hommes ; et des deux régiments irlandais et de Prusse.
Ainsi la division Solignac sera composée de trois régiments de ligne, les 15e, 65e et 86e, et des deux régiments irlandais et de Prusse ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4531 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24415).

Le 27, la Brigade et le Quartier général se portent à Escarigo. Le but de ce mouvement est de réunir sur ce point les troupes disponibles du 8e Corps, pour être prête à agir contre toute entreprise de l’armée ennemie tendant à secourir la place d’Almeida, assiégée par le Maréchal Ney. Mais la reddition de cette place (27 août) ayant déconcerté les plans du général anglais, la Brigade et le Quartier général rentrent à San-Felice-el-Grande. Dans leurs cantonnements, les troupes vivent péniblement au moyen des réquisitions que l’administration frappe sur les pays occupés. Mais la plupart des cultivateurs ayant abandonné leurs villages en laissant les blés sur pied, les soldats sont obligés de les couper et de les manutentionner eux-mêmes.

D’autre part, les envois de France étant très rares et toujours insuffisants, la solde est de plusieurs mois en retard : le dénuement de l’armée est extrême.

Les places de Ciudad-Rodrigo et d’Almeida, ayant été prises et occupées et les derrières de l’armée se trouvant ainsi assurés, Masséna donne, le 11 septembre, du fort de la Conception, ses derniers ordres pour l’invasion du Portugal et la marche sur Lisbonne. Il ordonne au 8e Corps, qui formera l’aile droite, de se rassembler le 15 sur les bords de la Coa, afin d’être en mesure d’atteindre Pinhel le lendemain ; le parc d’artillerie et tous les gros bagages de l’armée doivent marcher à sa suite.

Le 10 septembre, l’Armée de Portugal commence cette marche d’un mois qui, sans parler des actions de guerre, va rencontrer des difficultés inouïes. "Wellington, dit l’auteur des Mémoires de Masséna, ayant résolu de faire un désert du pays qu’il évacuerait, afin d’enlever toutes ressources à l’armée d’invasion, des mesures rigoureuses avaient été prises pour arracher de leurs foyers les malheureux habitants de tout âge et de tout sexe qui se trouvaient sur le théâtre de la guerre, et les refouler sur Lisbonne.
Des ordres impitoyables furent donnés pour incendier les récoltes, détruire les fours, les moulins et les usines, les ponts et les bacs, les instruments et les outils qu’ils ne pourraient emporter avec eux
".

Au 15 septembre 1810, date de l'entrée des troupes de Masséna au Portugal, le Régiment aligne 2662 hommes, et 52 chevaux, au sein de la Brigade Thomière.

Le soir du 16, le 8e Corps, qui a passé le Coa, bivouaque à Pinhel. Le 17, il se rend à Venda de Cego.

Le 18, pendant la marche sur Otojal, l’ennemi attaque inopinément avec 300 hommes le parc de réserve du Corps d’armée. Le Sergent-major Malherbe, du 65e, qui fait partie de l’escorte avec 84 hommes de sa Compagnie, soutient bravement le premier choc. Le Commandant Prouvost, Aide de camp de Junot, ayant formé en carré le détachement sous ses ordres, donne à Malherbe le commandement de l’une des faces. Par son sang-froid, ce Sous-officier maintient sa troupe malgré deux charges successives et force l’ennemi à la retraite après lui avoir tué dix cavaliers.

Le 19, le 8e Corps traverse Viseu, et après avoir échangé quelques coups de fusil avec un parti anglo-portugais, va prendre position à Reviz et Cruz-Alta. La campagne est en feu et les villages déserts ou détruits.

- Combat d'Airain

Dans le cours de cette journée, un beau fait d’armes va encore honorer une fraction du Régiment.

Le parc d’artillerie et les bagages marchent péniblement à une grande distance en arrière. Au moment où le convoi arrive près du village d’Airain, les éclaireurs viennent avertir le Chef d’Escadron Fontenilles, commandant du convoi, que l’ennemi est sur sa droite. Il fait aussitôt former les équipages et le parc en cercle et fait monter à cheval tous les Commissaires et employés du convoi, qui, joints à 34 Gendarmes, et sur un rang, présentent le front de deux Escadrons.

Des 3 Bataillons destinés à l’escorte du convoi, deux Compagnies seules ont pu suivre, malgré les mauvais chemins : une du 70e et une du 65e ; il établit la 1re à gauche des cavaliers, et place à leur droite la Compagnie du 65e formée en carré et appuyée à des rochers.

L’ennemi se présente, fort de six Régiments de milices et de trois Escadrons, le tout commandé par le Général anglais Trent, qui fait demander à parlementer avec le chef du convoi. Le Commandant Fontenilles s’étant présenté, le Général ennemi le "somme, au nom de l’humanité, de lui livrer les équipages, lui disant que toute résistance serait inutile, le convoi étant entouré par des forces considérables, qu’il lui offrait d’ailleurs un libre passage, ainsi qu’à tous les officiers, etc.". Le commandant du convoi, tout en rendant hommage aux sentiments d’humanité de l’Anglais, lui répond "que les Français ne se rendaient jamais sans se battre et que le convoi étant confié à ses soins, il le défendrait jusqu’à la dernière extrémité".

Le Général Trent ayant insisté en vain, se retire en disant : "Hé bien ! je vais vous attaquer !"; "Et moi, monsieur, je vais vous recevoir", lui répond le commandant.

Une colonne d’infanterie attaque aussitôt par la gauche, refoule les avant-postes du convoi, mais est arrêtée par le feu de la Compagnie de Grenadiers du 70e; 300 hommes de cavalerie se portent alors sur la droite et chargent à trois reprises la Compagnie du 65e qui, les attendant à quinze pas, fait un feu si vif et si bien dirigé que l’ennemi est toujours repoussé.

La fusillade continue une demi-heure, mais l’arrivée d’un Bataillon de renfort que le commandant Fontenilles a envoyé chercher en toute hâte, achève de décider la retraite de l’ennemi. Il laisse sur le terrain 39 tués et 2 blessés. Nous avons de notre côté 8 hommes tués, parmi lesquels le Fourrier Suard et les soldats Zabracourt et Monin du 65e.

Le commandant cite dans son rapport comme s’étant particulièrement distingué, le Capitaine Dupeyre, commandant la Compagnie du 65e "à qui l’on doit en grande partie le salut du convoi"; il demande pour lui la croix qu’il n’a pas encore, bien qu’il ait fait toutes les campagnes et qu’il compte douze ans de grade d’Officier.

Au départ de Viseu, le 8e Corps marchant à l’arrière-garde, suit les mouvements du 6e (Maréchal Ney) et du 2e (Général comte Reynier). Le 25 septembre, le 65e, avec la Division Solignac, se porte de Viseu à Tondella. Le 26, le 8e Corps est réuni à Barril. L’armée se trouve en présence de l’armée anglo-portugaise. L’ordre est donné d’attaquer le lendemain les hauteurs de Busaco ; le 8e corps devra être rendu en arrière de Moira à 6 heures du matin, et prendre ses dispositions pour soutenir les 2e et 6e et, au besoin, marcher lui-même à l’ennemi.

- Bataille de Bussaco

Le 27 septembre 1810, à 7 heures du matin, les troupes de 1re ligne des 2e et 6e Corps gravissent au pas de charge les flancs escarpés de la montagne de Bussaco. D’abord, rien ne résiste à leur élan ; mais bientôt, les Anglo-portugais, revenus de leur émoi, reprennent la supériorité que leur assure le nombre. Le combat dure toute la journée, sans donner lieu à aucun résultat bien prononcé. Vers quatre heures, Masséna, jugeant le succès trop incertain, ne veut pas engager ses réserves. Le 8e Corps n'est donc pas appelé à entrer en ligne. Le combat a été très meurtrier, de notre côté surtout, à cause des difficultés du terrain. Nos pertes en tués, blessés ou prisonniers sont de 486 hommes, dont 5 Généraux, 8 Colonels et 225 officiers.

Le 65e combat contre les troupes anglaises à Bussaco, où il perd plus de 200 hommes.

Le lendemain 28 septembre, Masséna prend la résolution d’essayer, bien que le pays ne s’y prête guère, de tourner la position de l’ennemi pendant que celui-ci s’exagère paisiblement les conséquences de son demi-succès de la veille. Il donne l’ordre que la nuit suivante, l’armée, pivotant autour de la Sierra d’Olusio, devra se porter dans la direction de Sardao. Le 8e Corps, formant l’avant-garde, partira à la nuit tombante et se rendra par Alveleira et Bojalvo à une lieue en avant de Sardao.

Le 29 septembre, l’ennemi ayant abandonné sa position sur la Sierra-d’Olusio à la suite du mouvement opéré dans la nuit, l’ordre est donné de le poursuivre le lendemain matin. Le 8e Corps, toujours en avant-garde, doit se porter entre Mealhada et Carquejo. Il est ordonné au 65e et à la Brigade Gratien de couvrir et faire filer tous les équipages qui se trouvent en arrière.

Le 1er octobre, dès 5 heures du matin, le 8e Corps, sortant de Carquejo, prend le contact avec les tirailleurs ennemis qu’il force de se replier. La cavalerie du Général Sainte-Croix se lance au galop sur l’arrière-garde, la mène battant jusque sous les murs de Coïmbra qu’elle oblige à traverser précipitamment et dans la plus grande confusion. Le 8e Corps arrivait bientôt après, et le soir le 65e couche à Coïmbra; il aligne alors 2425 hommes.

Le 2, le 8e Corps se porte sur les hauteurs de la rive gauche du Mondégo et s’y place de manière à être maître du versant qui regarde la route de Condeixa-Vehla.

L'ordre général du 3 octobre dote l'armée d'une avant-garde (générale) placée sous le haut commandement du Général de Division Montbrun, ayant sous ses ordres les Brigades de cavalerie légère des 2e, 6e et 8e Corps et la Brigade d'infanterie du Général Taupin (15e léger, 46e et 65e de ligne) provenant du 2e Corps (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 402).

Le même jour, l’ordre est donné de reprendre, le 5, la marche sur Lisbonne. Le 65e, le 15e léger et le Bataillon du 46e, aux ordres du Général Taupin, sont adjoints à la cavalerie du Général Montbrun, avant-garde de l’armée.

Le 5, le 8e Corps va s’établir en avant de Redinha ; le 6, en arrière d’Aranha. Le 7, le 65e est attaché jusqu’à nouvel ordre à la cavalerie d’avant-garde. Il se rend à Molianos et détache des postes sur la grande route de Lisbonne et sur les routes de Péniche et de Santaram.

- Combat de Sobral

Le 8, le 65e bivouaque à Rio-Mayor ; le 9, à Alcoëntre ; le 10, à Alenquer. Ce jour- là, il est adjoint à la Brigade de cavalerie du Général Lamotte pour faire une reconnaissance sur Sobral, sous la direction du Général Montbrun. A mi-chemin, on rencontre et charge un Régiment de hussards hanovriens qui est recueilli à environ trois kilomètres de Sobral, par trois Régiments d’infanterie postés sur les hauteurs. Ces derniers font une bonne contenance tout en se retirant, partie sur Sobral, partie dans les ouvrages qui couvrent Bucellas. Le 65e Régiment a dans cette affaire un homme tué, le soldat Adam.

La chute du jour ne permet pas d’achever la reconnaissance et le lendemain, les troupes reviennent à Alenquer. Le jour même, l’avant-garde tout entière se porte sur Villafranca, en s’éclairant dans la direction d’Alhanndra.

Le 12, le Régiment est à Villafranca, en face des fameuses lignes de Torrès-Védras, immense camp retranché, dans une position inexpugnable. Ses effectifs sont tombés à 2206 hommes. Le 8e Corps chasse l’ennemi des positions qui commandent Sobral et s’y établit ; le 65e reçoit l’ordre de quitter l’avant-garde pour rejoindre son Corps d’armée.

L’Armée de Portugal est toute entière devant les lignes de Torrès-Vedras, ouvrages élevés à 4 lieues en avant de Lisbonne et composée de trois lignes de retranchements auxquelles l’ennemi a travaillé depuis dix-huit mois.

Le 13, le 65e occupe Sobral, et repousse pendant plusieurs jours les assauts ennemis.

Le 18 octobre 1810, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin ... Le 2e régiment de marche de l'armée de Portugal se trouvera également diminué ... Il faudra n'en former qu'un seul bataillon qui sera composé savoir :
De 157 hommes du 17e léger, 297 du 65e, 92 du 22e de ligne, 89 du 27e, 95 du 39e, 125 du 59e, 95 du 69e, 79 du 76e.
TOTAL. 1.029 hommes. Ce bataillon fera partie du 1er régiment de marche de l'armée de Portugal ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4725 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24963).

Le 20, le 65e s'établit à Lisbonne (Historique régimentaire).

Masséna écrit au Major-général que ses moyens ne lui permettent pas d’attaquer une position aussi formidable ; il lui demande des renforts en hommes, en munitions, en souliers et en argent.

Le 21 octobre, Junot écrit à Masséna pour lui exposer le dénuement de son Corps d’armée. On ne peut donner régulièrement le quart de pain à la troupe; elle n’a plus de viande depuis plusieurs jours. Des corvées envoyées au blé ont fait trois lieues et demie et n’en ont pas rapporté un sac ; on en est réduit à manger du maïs et la mouture de ce grain abîme les moulins. La Division Solignac surtout souffre beaucoup de cet état de choses. Le Général Feray reçoit l’ordre de remettre à cette Division la moitié de ses ressources, tant en grains qu’en moulins.

Au reste, les autres Corps ne sont pas mieux partagés que le 8e. La misère est à son comble dans toutes les fractions de l’armée : tous manquent de tout. Disons seulement, pour nous résumer, qu’on ne vit sans doute jamais depuis les croisades, une agglomération d’hommes réunis pour faire la guerre, en proie à une détresse aussi navrante. Malgré tout, elles font une bonne contenance, ces misérables troupes, et leur valeur, leur stoïcisme est bien faits pour remplir d’étonnement las soldats anglais, bien payés, bien vêtus, grassement nourris de vivres frais que la proximité de leurs magasins et de leurs vaisseaux leur permettent de renouveler sans cesse.

Jusqu’à la fin d’octobre, le Régiment emploie son temps à des reconnaissances journalières et en détachement, poussées très au loin, à la recherche de quelques maigres subsistances. C’est dans une de ces expéditions souvent périlleuses que les soldats du 65e surprennent et conduisent au Général, sir Robert Peel, qui devint plus tard Premier Ministre de la Grande Bretagne.

"C’est durant cette station périlleuse devant Lisbonne qu’il arriva au baron Coutard une assez singulière aventure avec un homme appartenant à une famille d’où est issue l’une des plus grandes célébrités de notre temps. De temps à autre, quelques heures de trêve étaieut accordées entre l’armée anglaise et les troupes de France. Les soldats de l’un et l'autre parti en profitaient pour venir se promener dans la plaine, semée de nombreux figuiers : Français et Anglais ne les épargnaient pas. Une fois les heures d’armistice écoulées, chacun reprenait ses postes, et malheur aux retardataires; s’ils étaient saisis, leur prise était de bonne guerre. Un jour, des soldats du 65e amenèrent au colonel un jeune Anglais qui s’était laissé surprendre sous un de ces figuiers de la côte. Il déclara qu’il ne faisait pas partie de l’armée, mais qu’ayant armé son yacht de plaisir, il était venu pour assister de sa personne aux manoeuvres et pour prendre une juste idée des opérations militaires. Il était fils d’un riche industriel de Londres, et demandait avec instance d’être relâché. Ce jeune homme avait une grande distinction d’esprit, sa conversation était pleine de charme, et malgré la réserve britannique, il déploya de vastes connaissances et des vues élevées. Le colonel, charmé de son prisonnier, le reçut avec la plus gracieuse courtoisie, mais il ne put prendre sur lui d’accorder sa mise en liberté. Il le conduisit chez le maréchal, qui, sur ses instances, consentit à le délivrer. Le prisonnier se nomma : il était de la famille de M. Peel, peut-être celui de ses fils qui devint le premier ministre de la Grande-Bretagne" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 88).

Le 11 novembre, Masséna ordonne un brusque changement de position ; il s’agit, par une marche en retraite difficile, d’aller s’établir à Santarem.

Le 65e quitte Sobral le 14 au soir, marche toute la nuit et campe le 15 au soir, avec la Brigade de cavalerie, sur les hauteurs qui dominent les chemins de Moinho de Cubo, de Nuestra-Senhora-d’Amezeira, de Guario et d’Alcoëntre.

Le 16, le 8e Corps arrive à Santarem. Le 65e s’arrête sur les hauteurs en avant de la ville, dans la direction de Cartaxo.

Le 18, il sert d’escorte au Maréchal Masséna pour se rendre à Pernès et de là à Santarem que l’ennemi fait mine de vouloir attaquer. Le 21, il rentre avec lui à Torrès-Novas, où il trouva le 8e corps établi. Il est détaché ensuite à Ornero, où il contribue à garder les débouchés du Rio-Mayor.

Le 7 décembre, un détachement de 60 hommes du 65e va battre le pays pour trouver des vivres. En ralliant le cantonnement, il se trouve, la nuit suivante, cerné par un parti ennemi près du Monte-Junio. Le Lieutenant Laborde, qui le commande, dispose sa troupe de manière à attendre le jour. A sept heures du matin, ayant reconnu qu’il a affaire à un Bataillon fort de 4 à 500 hommes, il fait charger sa troupe à la baïonnette, se fait jour à travers ce Bataillon et effectue ensuite une retraite de plusieurs lieues dans le meilleur ordre, après avoir tué à l’ennemi un Officier et 15 hommes, et en emportant avec lui deux soldats blessés, de son détachement.

Le 11, Masséna écrit au Duc d’Abrantès de se prémunir contre une sortie annoncée par des Anglais en face d’Abrantès pour tenter de détruire notre équipage de pont. Il lui ordonne d’envoyer le lendemain un Bataillon du 65e à Brasseiros pour y relever les deux Bataillons étrangers.

/ 1810, en Belgique et Hollande

Le 15 mars 1810, l'Empereur ordonne, depuis Paris : "Notre ministre de la guerre donnera les ordres ci-après :
... ARMÉES DU NORD ET DE BRABANT ...
Les états-majors, les administrations, et tout ce qui tient à l'organisation des armées du Nord et de Brabant sont dissous, à dater du 5 avril prochain, pas avant ...
... La 18e demi-brigade provisoire, composée du 4e bataillon du 13e d'infanterie légère, du 4e bataillon du 48e de ligne, du 5e bataillon du 65e et du 4e bataillon du 108e, sera employée dans l'île de Walcheren. Le 3e bataillon du 3e régiment suisse, qui fait actuellement partie de la 21e demi-brigade provisoire, sera attaché à la 18e demi-brigade ; il sera envoyé, à cet effet, dans l'île de Walcheren ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4105).

Le 19 août 1810, l'Empereur écrit au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le 5e bataillon du 65e, qui forme un des bataillons de la 18e demi-brigade provisoire, quitte l'île de Walcheren et rejoigne son dépôt. Faites-moi connaître, lorsque ce bataillon sera rentré à son dépôt, ce qu'on pourra en faire partir pour renforcer son régiment en Espagne.
Le bataillon du 65e sera remplacé à la 18e demi-brigade par le 4e bataillon suisse ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4514).

/ 1811, en Allemagne et Belgique

Le 14 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Duroc, Duc de Frioul, Grand Maréchal du Palais, à Paris : "Vous remettrez l'instruction ci-jointe au sieur Mortemart. Vous lui donnerez des conseils généraux sur la manière dont il doit se conduire. Il faut qu'il ne fasse aucun embarras ; sa femme même doit ignorer où il va. II doit seulement dire qu'il est absent pour un mois".
"Au Baron de Mortemart, Capitaine, Officier d'Ordonnance de l'Empereur, à Paris : "Vous m'écrirez de Flessingue pour m'informer si les cadres des 3e et 4e compagnies du 5e bataillon des 65e, 72e, 19e, 43e, 27e et 22e sont arrivés pour prendre des conscrits réfractaires du régiment de Walcheren, et de là passer dans les îles de Schouwen et de Goeree ; ou, s'ils ne sont pas arrivés, quand ils arriveront ; ce qui manque d'officiers ou de sous-officiers dans les cadres, et si l'on peut y avoir confiance" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17605 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26668 (1ère lettre) ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26672 (2e lettre)).

Le 23 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous recevrez le décret par lequel j'ai réglé la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne. J'ai changé les éléments de cette formation. Vous verrez par l'état joint au décret que ces bataillons sont composés de trois manières :
1° Avec des conscrits fournis par les dépôts de leurs régiments.
2° Avec ce qu'on peut tirer d'anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne.
3° Avec des conscrits tirés des dépôts de l'armée d'Espagne.
J'y ai ajouté, pour chaque 6e bataillon, un détachement de 150 conscrits tirés du régiment de Walcheren.
Donnez ordre que les détachements d'anciens soldats qui se trouvent dans les dépôts des régiments se mettent en marche du 1er au 10 mai. Les cadres doivent être formés en Allemagne dans le même délai, de sorte que dès leur arrivée, ces hommes formeront de petits bataillons de 3 à 400 hommes. Ces bataillons seront ensuite complétés par la conscription, tant pour les conscrits arrivant du dépôt du régiment, que pour ceux venant des autres dépôts qui fournissent à cette incorporation.
Quant aux détachements à prendre dans l'île de Walcheren, vous donnerez les ordres suivants : la 2e compagnie de chaque 5e bataillon composée d'un capitaine, de 2 lieutenants, 2 sous-lieutenants, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal fourrier, 8 caporaux et 2 tambours, doit se mettre en marche du 1er au 10 mai pour l'île de Walcheren. À son arrivée, le général commandant dans l'île y incorporera 150 hommes choisis parmi les conscrits les plus sûrs et de la meilleure volonté. Vous aurez soin de faire envoyer d'avance au régiment de Walcheren des boutons de ces 2 régiments, afin que le changement d'uniforme des conscrits puisse être préparé sans frais.
Aussitôt que ces détachements bien habillés, bien équipés et bien armés se trouveront formés, le général commandant l'île de Walcheren les passera lui-même en revue avant leur départ. Un inspecteur aux revues en dressera les contrôles et aura soin d'y inscrire les noms, prénom et signalement, afin que si ces hommes désertent, on puisse les faire poursuivre dans leurs familles par des garnisaires. Il ne partira de l'île de Walcheren que deux détachements par semaine. Ces détachements remonteront par eau jusqu'à Willemstad et Berg-op-Zoom, d'où ils rejoindront les bataillons de guerre en traversant la Hollande. Il y aura quelques brigades de gendarmerie pour observer leur passage ...
ANNEXE
Etat indiquant les éléments de la formation des 6es bataillons des régiments de l’Armée d’Allemagne

400

Régiments qui forment les 6e bataillons

Conscrits du régiment

Supplément de 150 conscrits à tirer du régiment de Walcheren (ce supplément ne compte que pour 50

Suppléments à tirer d'autres régiments

Total de ce que 6e bataillons aura

Conscrits que le régiment reçoit et hommes disponibles
Conscrits pour compléter les bataillons suisses
Conscrits du 4e bataillon A
Reste pour le 6e bat. B
Numéros du régiment d'où on les tire
Anciens soldats C
Conscrits D
Total
85e de ligne
1200
800
400
50
Le 64e
73
73146
150
726
Le 65e
65
65
130

A : Ces conscrits partiront le 1er juillet 1811 de leur dépôt pour les 6es bataillons en Allemagne.
B : Ces 1500 conscrits partiront de Walcheren par compagnie, dirigés sur le dépôt en France pour le 5e bataillon. Elles commenceront à partir le 15 mai.
C : Ces conscrits partiront dès le 10 mai pour l'Allemagne.
D : Ces conscrits partiront le 1er juin de leur dépôt
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26814".

Le 4 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... RÉGIMENT DE WALCHEREN
Je crois que le régiment de Walcheren ne doit être que de 4 000 hommes mais il recevra un nombre de conscrits pour se compléter.
J'ai envoyé 11 cadres de compagnies tirées des 5es bataillons des régiments de l'armée d'Allemagne, portés chacune à 150 hommes dans le dépôt de l'armée d'Allemagne, ce qui fera 1650 hommes.
J'y ai envoyé encore par mon décret du 12 avril les cadres de compagnies tirés des 5es bataillons des 65e, 72e et 19e, 43e, 27e et 22e compagnies, lesquelles doivent se compléter également à 150 hommes chacune, et former un petit bataillon pour l'île de Schouwen et un autre pour l'île de Gorée.
Ces douze cadres ont dû employer 1 800 hommes.
Total de ce qui a été employé sur le dépôt de Walcheren 3450 hommes.
Ce n'est pas encore assez et je pense qu'il est convenable de donner ordre à une vingtaine d'autres 3e et 4e compagnies de ses bataillons, dont je désignerai les régiments, de se rendre à l'île de Walcheren pour recevoir encore 3 000 hommes, ce qui portera le nombre employé à 6 000 hommes ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26968).

Le 18 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Les cadres des 3e et 4e compagnies des 5es bataillons des 19e, 22e, 43e, 65e et 72e régiments étaient arrivés au 12 mai ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27096).

Le 3 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Chartres, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Vous me mandez que les trois petits bataillons tirés du régiment de Walcheren et destinés à tenir garnison dans File de Schouwen ont été organisés, et que les cadres des 3e et 4e compagnies du 5e bataillon du 65e ont servi à former le 1er bataillon. Je ne comprends pas trop tout cela. Ces deux compagnies doivent continuer à former la 3e et la 4e compagnie du 5e bataillon du 65e, correspondre avec le major, et être soldées, habillées et entretenues par les soins du dépôt. Il ne faut donc pas appeler ces bataillons, 1er, 2e ni 3e, mais détachement du 19e, détachement du 65e, détachement du 72e ; et les armes qu'a fournies le général Gilly-Vieux doivent être fournies au compte des corps" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17765 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27204).

Le 28 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître les services du sieur Villedieu qui commande le petit bataillon du 65e qui est à l'île de Gorée. Ce bataillon est le mieux tenu. Y aurait-il un inconvénient à faire cet officier chef de bataillon ? ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5858 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27849 - Note. La minute est datée du 27 juillet).

Le 18 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud,au Maréchal Davout, commandant le Corps d'Observation de l'Elbe, et Gouverneur général des villes hanséatiques : "... Le petit bataillon de Schouwen est parti le 10 août. Il est composé de deux compagnies de chacun des 19e, 65e et 72e. Vous renverrez les cadres de ces compagnies à leurs régiments respectifs : il est inutile qu'ils retournent à Walcheren. Placez les hommes dans les régiments de votre corps d'armée qui en ont le plus besoin" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28227).

Le 22 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "... ESCADRE DE L'ESCAUT
... Donnez ordre que la 2e compagnie du 5e bataillon des 8e, 27e, 28e, 34e, 36e, 51e, 55e, 40e, 43e, 44e, 45e et 65e soient également formées à Anvers. Ces douze compagnies seront destinées ...
Celles des 51e, 40e, 43e, 45e et 65e seront employées sur les vaisseaux et les frégates de l'Escaut, dont la construction n'est pas encore terminée, à fur et mesure que ces vaisseaux et frégates viendront à être lancés.
Vous ferez former des petits bataillons de quatre compagnies, des compagnies qui ne seront pas employées. Ces bataillons seront commandés par des majors en second. Ces compagnies prendront poste à mesure qu'un vaisseau sera mis à l'eau. Par ce moyen, la marine n'aura jamais à attendre, et l'on aura toujours des garnisons de reste. Les majors en second correspondront avec les dépôts de chaque compagnie pour l'habillement, l'armement et la comptabilité ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6042 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28292).

/ 1811, en Espagne

Le 5 janvier 1811, le 65e campe à Torres Novas.

- Combat de Rio-Mayor

Le 19, le Régiment part, sur ordre du Prince d'Essling, en reconnaissance sur la ville de Rio-Mayor. Cette reconnaissance, que Junot commande en personne, forte de 2.500 hommes et 400 chevaux, part d’Alcanhède à 5 heures du matin, arrive à Rio-Mayor, en chasse les avant-postes ennemis et s’empare du pont. Junot est blessé d’une balle à la racine du nez.

La reconnaissance opérée, la colonne revient, sous la protection de la cavalerie du Colonel Grandsaigne et d’un Bataillon du 65e, quand l’arrière garde se voit assaillie et chargée à plusieurs reprises par la cavalerie anglaise ; alors, une Compagnie de Voltigeurs du 65e s’embusque dans un taillis, laisse passer l’ennemi sans se montrer, puis l’arrête dans sa poursuite en exécutant sur lui un feu de peloton qui lui tue une vingtaine d’hommes. La Compagnie du 65e a, dans cette affaire, un homme tué, le Voltigeur Commecy.

A cette époque, le 65e a son Bataillon de réserve à Venda, le 4e à Pavos, les 1er et 2e sont toujours à Ornero, d’où ils continuent à faire dans les montagnes environnantes des courses de plusieurs journées de marche pour rassembler quelques bestiaux. Depuis plusieurs jours, les hommes ne reçoivent plus que la demi-ration en pain de maïs. Les vêtements tombent en loques et le moment approche où l’on sera sans souliers. Il est dû neuf mois de solde au 8e Corps.

Le 17 février 1811, le sous-lieutenant Gentil est blessé à l'affaire de Thomar.

A la fin de février, voyant qu’il n’est plus possible de faire vivre son armée dans le pays qu’elle occupe et ne pouvant, d’autre part, faute de renforts, de vivres, de munitions, d’artillerie suffisante et de moyens de transport, songer à attaquer les travaux formidables accumulés en avant de Lisbonne, Masséna se résout à donner ses ordres pour la retraite sur l’Espagne.

Les 3 et 4 mars, les malades sont évacués. Le 5, la Division Solignac se met en mouvement à la tombée de la nuit et prend position à Pernès, pour y attendre la 1re Division. Le 65e détache deux Bataillons à Santus.

Le 6, il couche à Torrès-Novas, où il fait le coup de feu avec des tirailleurs anglais qui s’y montrent dans la soirée. Le 7, il arrive à Chaos-de-Maçaus. Le 8, après une marche de dix heures, pendant la quelle il a eu encore affaire à l’ennemi, qui lui a tué 4 hommes, les soldats Thenault, Lefebvre, Lebreton et Joran, le Régiment passe la nuit à Obrancol. Le 9, il bivouaque en arrière de Pombal.

Le 11, la Division Solignac est désignée pour appuyer la cavalerie de Montbrun, qui va reconnaître le cours du Mondégo pour y trouver un gué. Les anglais attaquent encore et sont repoussés vigoureusement ; on coupe le pont en pierre de Redinha.

Le 12, on traverse Condeixa qu’on brûle et l’on bivouaque à Fuente-Cuberta, où Masséna manque d’être surpris par un parti anglais. La Division Solignac éclaire la route de Souze.

Le 14, elle se porte dès le matin en avant de Miranda de Corvo où elle est attaquée. Le soir, le 65e bivouaque à Foz d’Arunce.

Le 15, il est en position près de Moita, sur la rive gauche de la Ceira, avec ses 4 Bataillons, comptant 80 Officiers et 1.639 hommes présents combattants. Il est encore, comme il l’a toujours été jusqu’alors, la plus forte unité de l’Armée de Portugal ; aussi ne lui ménage-t-on pas les missions difficiles.

Le 16 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez l'ordre que le 3e bataillon du 17e léger, le 6e bataillon du 26e de ligne, 66e et 82e, après avoir versé les hommes qu'ils ont disponibles dans les autres bataillons, se rendent en France à leurs dépôts. Donnez le même ordre aux 4es bataillons des 22e, 65e et 86e, 14e de ligne et 120e ; et en général laissez les maréchaux, lorsque les corps ont 3 ou 4 bataillons réunis, maîtres de renvoyer en France les cadres des 3es ou 4es bataillons, en gardant les hommes disponibles pour les autres bataillons" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5196 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26271).

Les jours suivants, la marche continue, pénible, interrompue souvent pour combattre. On met 7 heures pour faire 4 lieues, non seulement à cause du mauvais état des chemins, mais encore parce que l’infanterie est obligée de régler son allure sur celle des boeufs qui traînent le plus grand nombre des équipages.

On bivouaque successivement : le 18 à Gallicès, le 19 à Pinhacos, le 20 à Sampayo, du 21 au 23 à Celorico, du 24 au 28 à Guarda, le 29 à Pega, le 30 à Sabugal, sur la Coa, le 31 et jusqu’au 3 avril à Alfayatès.

Au 1er avril, le 65e compte au 1er Bataillon 33 Officiers et 446 hommes; au 2e, 15 Officiers et 508 hommes; au 3e, 17 Officiers et 466 hommes; au 4e, 15 Officiers et 346 hommes.

Le 4 avril, le Régiment repasse la frontière d’Espagne et va coucher à Ituero.

Ce même 4 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne, à Paris : "Mon Cousin, l'armée du Portugal sera partagée en six divisions, savoir :
... 5e division : le 17e d'infanterie légère, les 22e et 65e de ligne, les Hanovriens, Prussiens et Irlandais ...
Vous ferez connaître au maréchal prince d'Essling qu'il doit faire tous ces mouvements en temps opportun ; lui seul doit en avoir connaissance. Il peut même y faire les changements qu'il jugera indispensables. Vous lui ferez connaître que mes principaux motifs pour mettre tels ou tels régiments ensemble, c'est qu'ils ont leurs dépôts dans la même division ; ce qui doit faciliter la formation des régiments de marche à envoyer pour les recruter
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17562 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26505).

Le 5, le 65e est à Carpio et Marialva, d’où il pousse sur les environs des reconnaissances qui rencontrent l’ennemi et échangent avec lui quelques coups de feu.

Le 8, il passe l’Agueda à Ciudad-Rodrigo, laisse dans la place le 1er Bataillon pour y tenir garnison, et va bivouaquer à Santi-Spiritus ; le 9, il est à Sando-Santa-Maria, ayant perdu dans la journée le Caporal Granier, tué par des partisans. Il arrive enfin le 10 à Ledesma, le 11 à Fuente-el-Sauco, et le 12 à Toro.

Le lendemain, le 8e corps prend ses cantonnements dans la province de ce nom. La Division Solignac s’établit sur la rive droite du Douro, le 65e à Alejos. Il y reçoit l’ordre de faire rentrer au Corps les hommes qui étaient dans les hôpitaux au moment du départ pour le Portugal, d’envoyer prendre à Valladolid et à Salamanque les effets d’habillement qu’il y a en dépôt, de travailler à se constituer un approvisionnement extraordinaire de 10 jours de biscuit et de se tenir prêt à repartir.

Le 22 avril, la Division, conduite par le Duc d’Abrantès, se rend à Salamanque ; le 24, elle bivouaque à Ciudad-Rodrigo où la situation vient de s’aggraver par suite de la trahison d’un misérable, le commandant Fitz-Henry, du Bataillon irlandais, qui, laissé à la garde de la place quinze jours auparavant, lors de la retraite de l’Armée de Portugal, vient de passer à l’ennemi en lui livrant un détachement d’une centaine de ses hommes. Le but principal du mouvement de la Division Solignac est de concourir à forcer le blocus d’Almeida pour ravitailler cette place.

Le 30 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les 6es bataillons de l'armée d'Allemagne ne seront pas formés avant les 4es.
Je prends donc le parti de contremander l'ordre que contient mon décret du 23 avril de tirer 1800 anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne pour servir à la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne.
Les détachements que ces différents dépôts de l'armée d'Espagne devaient fournir, savoir le 8e : 80 hommes, le 14e : 60 hommes, le 22e : 60 hommes, etc., se mettront en marche pour Orléans, où il en sera formé deux bataillons de marche, un pour l'armée du Midi, et l'autre pour l'armée de Portugal ...
Le bataillon de marche de l'armée de Portugal sera composé de :
60 hommes du 14e. 60 du 22e. 60 du 27e. 60 du 39e. 60 du 50. 50 du 59e. 60 du 76e. 150 du 65e. 60 du 69e.
Total 620 hommes pour l'armée de Portugal.
Envoyez dans la journée des ordres à tous ces régiments pour que la destination de ces détachements soit changée et qu'on les dirige sur Orléans. Vous ferez connaître aux corps que ces détachements devant désormais former des régiments de marche et servir à recruter des bataillons de guerre, on ne doit plus rayer des contrôles les hommes qui les composent.
Ces 1800 hommes seront remplacés pour la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne par une augmentation équivalente dans le nombre de conscrits que ces dépôts de l'armée d'Espagne devaient fournir. Ainsi, ces dépôts au lieu de fournir seulement 1430 conscrits ainsi qu'il est indiqué dans l 'état joint à mon décret du 23 avril compléteront en conscrits le nombre total de 3300 conscrits qu'ils doivent fournir conformément audit état. Ceci aura le double avantage de fournir de bonnes recrues à l'armée d'Espagne, et de ne faire aucun changement dans les contrôles des corps, en même temps qu'on laisse à l'armée d'Allemagne le même nombre d'hommes qu'elle doit recevoir
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5419 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26900).

Au 1er mai, le Régiment compte 1483 combattants.

La Division quitte Rodrigo, passe l’Agueda et va bivouaquer en avant de Carpio, rive gauche de l’Azava, sur les hauteurs qui commandent Gallegos. Le 3, elle opère sa jonction avec le 2e Corps et marche avec lui sur Almeida. Ces troupes prennent position en face de l’armée anglaise, qui s’étend du Fort de la Conception à Fuentès-de-Onoro et occupe les hauteurs d’Atalaya

- Combat de Fuentès-de-Onoro

Dans la nuit du 4 au 5, l’ennemi n’ayant encore fait aucun mouvement, la Division marche sur Fuentès-de-Onoro, où elle se réunit au 6e Corps.

Au point du jour, Masséna met son armée en mouvement et attaque l’ennemi dans le village de Pozzo-Velho, d’où il est chassé à la baïonnette. La Division Solignac, en réserve derrière le 6e Corps, n'est pas appelée tout d’abord à donner dans cette mémorable bataille, tour à tour gagnée puis perdue. Plus tard seulement, elle est envoyée à la gauche de Fuentès-de-Onoro, observant la droite de l’ennemi masquée par le rideau de l’Altalaya.

Le 65e campe sur le champ de bataille. C'est un de ses Officiers qui, au péril de sa vie, porte au Général Brénier l'ordre de faire sauter la forteresse d'Almeida.

Le 6 et le 7, la Division reste dans sa position, sans incident ; on remarque seulement que l’ennemi travaille sans relâche à se couvrir de retranchements. Le 8 et le 9 mai, la Division bivouaque entre Alameda et Fuentès-de-Onoro.

Le 10, la Division reçoit l’ordre de rentrer à Ciudazd-Rodrigo, où elle apprend que le Maréchal Masséna est rappelé par l’Empereur (Décret du 20 avril) et que le commandement de l’armée est donné au Maréchal Marmont, Duc de Raguse. Le 11, continuant sa retraite, la Division couche à Saint-Martin-del-Rio, le 12, à Matilla, les 13 et 14 à Salamanque, et rentre le 15 dans ses cantonnements de la rive gauche du Douro. Le 65e reprend ses quartiers à Alaejos.

Pendant la 2e quinzaine de mai, l'Armée du Portugal est réorganisée sous le commandement du Duc de Raguse. La subdivision en Corps d’armée est supprimée : l’armée comptera 6 Divisions d’infanterie.

le 65e de ligne forme, avec le 17e Léger, et la Légion hanovrienne, la 1ère Brigade, commandée par le Colonel Coutard, de la 6e Division (Général Brénier).

Un ordre de l’Empereur ayant prescrit de verser les 4e Bataillons des Régiments de l’Armée de Portugal dans les autres, et le 4e Bataillon du 65e étant enfermé dans Ciudad-Rodrigo, c’est le 3e qui exécute cette opération, laquelle a lieu le 16 mai. Les cadres du 3e Bataillon, au nombre de 21 Officiers et 139 hommes de troupe, reçoivent l’ordre de renter en France. Le 28, ils sont mis en route pour Tordesillas et Valladolid, d’où ils doivent être dirigés sur Bayonne.

Le 21 mai, le petit Dépôt, qui vient d’être constitué, se rend à Toro.

Le 27 mai 1811, le Duc d’Abrantès écrit de Toro à Coutard : "Monsieur le colonel, la nouvelle organisation de l’armée m’oblige à vous quitter. Je regrette et vous et les braves gens que vous commandez : témoignez-le leur de ma part. Dites-leur aussi que si quelqu'un d’entre eux pouvait avoir besoin de moi, ils doivent s’y adresser avec confiance, je me ferai un plaisir de les servir près de Sa Majesté et de les recommander au maréchal qui vous commande. Pour moi, Monsieur le colonel, je serai satisfait si j’emporte l’amitié des officiers qui ont servi sous mes ordres, et s’ils me mettent à même de leur témoigner mon estime en les servant de tout mon pouvoir" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 72).

Marmont se met ensuite en marche le 1er juin 1811 vers la province d'Estrémadure. Son but est de secourir le Maréchal Soult qui essaie de sauver la place de Badajoz. Le 65e est de toutes les opérations.

Le même 1er juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Alençon, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "... Donnez l'ordre que l'ancien 3e bataillon de marche de l'armée de Portugal qui devait être le 5e dans la nouvelle formation et composé de détachements des 17e, 65e, 27e, 39e, etc., formant 7 à 800 hommes, parte de la Biscaye pour se rendre à Salamanque où il sera dissous, et chaque détachement rejoindra son régiment ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5531 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27178).

Encore le 1er juin 1811, le Capitaine Thiébault est tué.

Le 65e se rend successivement : le 1er à Torecilla de la Orden, le 2 à Pedrosillo de Rolo, le 4 à Salamanque, le 5 à Motilla, le 8, à San-Pedro de Rozados; le 9, à Fuente-Roble; le 10 à La Calzada; le 11, à Banos.

Le même 11 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Les cadres des 4es bataillons des 14e, 27e, 39e, 59e, 69e, 76e de ligne et 17e d'infanterie légère, 28e, 34e, 65e, 75e et 86e de ligne ont ordre de rentrer en France. Ils arrivent à Bayonne du 15 au 20 juin. Les cadres des 4es bataillons des 19e, 25e et 46e de ligne, 15e et 3e d'infanterie légère rentrent également. Les cadres des 19e, 25e et 46e continueront leur route pour le dépôt. Ces régiments n'ayant rien de commun avec l'Espagne, ces cadres ne doivent plus retourner en Espagne. Il en est de même du cadre du 15e d'infanterie légère : il faut lui faire continuer sa route sur Paris ...
Restent donc douze cadres rentrant d'Espagne, qui, avec les dix qui de l'intérieur doivent se rendre à Bayonne, font vingt-deux 4es bataillons.
Mon intention est que ces vingt-deux bataillons soient tous campés dans les baraques de bois que j'ai fait établir en avant de la ville, que l'inspection en soit passée pour compléter les cadres des officiers, sous-officiers, caporaux et tambours, remplacer les officiers et sous-officiers hors de service, et compléter tous ces cadres à 800 hommes ; ce qui fera pour l'armée d'Espagne une réserve de 16 à 18,000 hommes.
Je désire que vous envoyiez à Bayonne quatre colonels en second pour se partager le détail, la surveillance et l'organisation de ces bataillons ...
Le troisième commandera le 17e et le 31e léger, le 27e, le 29e, le 59e, le 69e, le 76e, le 65e et le 86e, appartenant à l'armée du Portugal ...
Ces quatre colonels en second réuniront successivement sous leur commandement tous les 3es et 4es bataillons qui arriveront d'Espagne en conséquence des ordres donnés, et qui appartiendront aux armées d'Aragon, du Nord, de Portugal, du Centre et du Midi. Vous donnerez à chaque colonel en second un major en second pour aide, lorsque son commandement comprendra plus de quatre bataillons. Cela formera quatre brigades, qui s'appelleront brigades des 4es bataillons de l'armée d'Aragon, de l'armée du Nord, de l'armée de Portugal, des armées du Centre et du Midi.
Le général Monthion commandera cette réserve et en passera fréquemment la revue ...
Il faudrait sans délai faire partir des dépôts des 14e, 27e, 39e, 59e, 69e, 76e de ligne, 17e léger, 28e, 34e, 65e, 75e et, 86e de ligne tout ce qu'il y a de disponible, pour être incorporé dans lesdits 4es bataillons ...
Je remarque que, dans les bataillons de marche du Midi et de Portugal, le 28e a 137 hommes, le 34e 62, le 75e 66, le 14e 65, le 39e 67 et le 65e 156. Donnez ordre que ces deux bataillons partent le 15 juin d'Orléans, et que, arrivés à Bayonne, tous les détachements qui appartiennent aux 4es bataillons réunis dans cette ville y soient incorporés. On fera alors du reste un bataillon de marche
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17793 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27269).

Le 65e est le 12, à Olliva; le 13, à la Plasencia.

Après avoir bivouaqué le 14 sur la gauche du Tietar, la 1re Brigade, toujours sous les ordres du colonel du 65e passe le Tage le 15 et prend position en avant de Lugar-Nuevo. Ce jour-là on apprend que l’approche de l’Armée de Portugal a décidé l’ennemi à lever le siège de Badajoz.

Le 65e passe le Tage. Le 16, le Régiment arrive à Jaraïcejo, le 17 à Truxillo, le 18 à Miajadas. Ce jour là, 18, le Lieutenant Clairac est blessé, près de Casrilas, par des brigands espagnols.

Le même 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation ...
CAMP DE BAYONNE ...
Les 4es bataillons des 17e, 31e, 27e, 39e, 59e, 69e, 65e, 76e et 86e formeront la brigade de Portugal. Vous donnerez deux majors en second au colonel en second qui doit la commander ...
Donnez ordre que tout ce qu'il y a de disponible aux dépôts des 14e, 17e, 27e, 39e, 59e, 69e, 76e, 65e, 86e, 34e, 28e et 75e se dirige sur Bayonne pour y compléter les 4es bataillons de leurs régiments. Il sera appelé 8,000 conscrits sur la réserve pour compléter ces 4es bataillons et les porter à 20,000 hommes. Recommandez que tout ce qui passera désormais à Bayonne, soit hommes isolés, soit hommes sortant des hôpitaux, qui appartiendraient à ces régiments, soit retenu et placé dans les 4es bataillons de leurs régiments ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).

Le 18 encore, pendant que l’armée marche une deuxième fois sur le Portugal, la garnison de Ciudad-Rodrigo, bloquée, exécute une sortie qui coûte cher à l’ennemi. Le 4e Bataillon du 65e perd dans cette affaire le Sergent Godefroy et 18 hommes.

Le lendemain 19 juin 1809, le Régiment s'installe à San Pedro où il reste jusqu'au 28.

Le 24 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dumas, Directeur des Revues et de la Conscription : "... Complétez les bataillons dont les cadres sont à Bayonne. Savoir : les 31e, 114e, 115e, 116e, 117e, 121e, 118e, 119e, 120e, 122e (pour ces 10 premiers bataillons, vous dirigerez sur leurs dépôts respectifs de quoi compléter à 800 hommes leurs 4es bataillons et à 500 leurs 5es), 14e de ligne (ce bataillon est maintenant à Sedan : c'est à Sedan qu'il faut le compléter), 17e léger, 27e léger, 39e de ligne, 59e, 69e, 76e, 65e, 34e, 28e (deux bataillons), 75e.
Total 12 bataillons. Pour ces 12 bataillons vous dirigerez sur Bayonne de quoi compléter leurs 4es bataillons ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5676 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27432).

Le 29 juin, le Régiment est à Montanchès, et détache au Val de Fuentes deux Compagnies de Voltigeurs, avec ordre de l'éclairer sur son front et sur sa droite.

Le 2 juillet, le petit Dépôt rejoint le Régiment à Montanchès.

Dans ces positions on prend une sorte de trêve forcée, que l'ardeur du climat impose à tous les adversaires. Quelques escarmouches seulement ont lieu.

Les difficultés pour vivre sont aussi grandes que l’année précédente. Les habitants ayant abandonné leurs villages ou opposant la force d’inertie, les troupes sont obligées de couper les blés, de les battre, de le moudre et de fabriquer le pain et le biscuit. Le sel manque ; le peu qu’on en trouve se vend de 30 à 40 sous la livre. La haine des habitants va jusqu’à ne prendre qu’avec répugnance l’argent de France ; ils le refusent souvent, ce qui rend les approvisionnements de gré à gré difficiles et occasionne de fréquentes disputes. Il n’y a plus de vin dans le pays. La viande ne manque pas, mais à la condition d’aller faire la chasse aux troupeaux dans les montagnes, et de les disputer aux insurgés qui les infestent. Les fourrages manquant absolument, les chevaux de la cavalerie et des équipages meurent d’inanition. L’habillement et la chaussure sont réduits à un état déplorable par suite des marches, des bivouacs et des travaux des champs. Pas de ressources locales pour réparer ni remplacer. Il est encore dû à l’armée huit mois de solde et le payeur informe le Duc de Raguse qu’il faudrait 8.001.750 fr. pour aligner ce service au 1er juillet 1811.

Le 7, le Régiment fournit plusieurs reconnaissances qui s’exécutent sans incident notable. Le 9, il détache 5 Compagnies pour faire des vivres. Le 12 la Division se porte à Truxillo.

Le 13 juillet, l’armée ne fait aucun mouvement. Seul, le 1er Bataillon du 65e est dirigé sur Lugar-Nuevo, pour la garde du pont du Tage.

Le 15, le 2e Bataillon se porte à Juraïcejo pour jalonner la route entre Truxillo et Lugar-Nuevo.

Au 15 juillet, le 1er Bataillon Rouget compte 28 Officiers et 621 hommes ; le 2e, Faget, 17 Officiers et 646 hommes.

Le 26, le Régiment, servant d’avant-garde à la Division, va s’établir à Casas del Puerte de Miravette. Le 18, il est à Casatejada. Le 19, la 6e Division occupe Malpartida et fait bivouaquer une partie des troupes sur la rive droite du Tietar. Le 21, elle marche sur Banos, où elle cantonne jusqu’à nouvel ordre. Le 29, elle pousse de fortes reconnaissances sur Miranda-de-Castanar, Alberca et Adeaci-Puerto, pour attirer de ce côté l’attention de l’ennemi et favoriser l’entrée à Ciudad-Rodrigo d’un convoi de subsistances commandé par le Général Dumoutier.

Le 31 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre :"Monsieur le duc de Feltre, le colonel du 15e de chasseurs et les colonels des 65e et 86e de ligne doivent se rendre à leurs dépôts, et les majors de ces régiments doivent aller les remplacer aux escadrons et bataillons de guerre. Veillez à l'exécution de cette disposition" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27896).

Le 9 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon Cousin ... Deux compagnies de chacun des 65e, 69e et 76e formeront le 7e bataillon et ces deux bataillons, commandés par un major en second, composeront le 3e régiment de marche de l'armée de Portugal, qui se rendra à Vitoria du 20 au 30 août.
Il y aura ainsi dans la Biscaye ... 4° le 3e régiment de l'armée de Portugal, fort de 1.600 hommes ... ce qui fera plus de 7.000 hommes. Mandez au général Monthion de s'assurer que ces bataillons partent en bon état, qu'ils sont complets en officiers et en sous-officiers, qu'ils ont 50 cartouches par homme, leurs pierres à fusil, leur solde au courant jusqu'au 1er septembre, leur livret en règle où le payement de leur solde soit constaté ... Vous ferez comprendre au général Monthion que mon intention est que ces huit bataillons restent en Biscaye jusqu'à ce que les conscrits des dépôts puissent les rejoindre, et qu'on puisse reformer là les vingt-trois bataillons
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5944 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28051).

Le 12 août, 3 Compagnies du 65e occupent Béjar. Le reste est toujours à Banos et fournit un détachement pour garder le col du même nom. Le 27, le 2e Bataillon est en entier à Bejar ; le 1er cantonne à Becedas.

Le 65e part ensuite camper à Béjar. Là, le Colonel Coutard apprend qu'il est nommé Général de Brigade, par Décret du 6 août. Il quitte alors l'Espagne pour prendre le commandement d'une Brigade du 2e Corps, à Hambourg, avec laquelle il fera la campagne de Russie.

On a constaté que, jusqu'à ce point de la campagne, le Régiment, qui a été formé à l'école de Davout, s'est abstenu de ces actes de violence et de rapine qui ont excité à un si haut point la colère et la vengeance des Espagnols ; il en résulte pour lui un haut renom de probité dont, à plusieurs reprises, il recueille les fruits. Tandis que les morts des autres Régiments ne sont pas même respectés; tandis que leurs prisonniers sont traités avec une cruauté et une barbarie sans égale, un sentiment d'humanité particulière accueille les soldats du 65e. Les guérillas eux-mêmes regardent aux boutons de l'uniforme. Quand i1s voient le n° 65, ils font quartier, et souvent renvoient sans rançon (Historique régimentaire).

Au moment où le Colonel Coutard s’éloigne d’Espagne, ses chevaux et ses équipages, qu’il a envoyés en avant, sont enlevés par un parti ennemi. A la première ville qu’il rencontre, il s’en plaint. En arrivant à la frontière, il retrouve tout. Les hommes qui ramènent cette proie s’excusent, déclarant qu’aussitôt qu’ils ont su que les équipages étaient à « don Luis » (Louis COUTARD), ils se sont empressés de les lui rendre comme témoignage de leur reconnaissance et d’estime.

Le régiment apprend qu’il va être bientôt renforcé. En effet, le 3e Bataillon, qui s’est reformé à Bayonne, lui envoie trois de ses Compagnies. La 1re Compagnie (1 Officier et 62 hommes) est partie avec le 1er Régiment de marche de l’Armée de Portugal aux ordres de l’Adjudant-commandant baron Rippert. La Compagnie de Grenadiers et la 3e Compagnie sont en route avec le 3e Régiment de marche ; elles doivent théoriquement arriver à Vittoria vers la fin septembre, conduites par le Général de Brigade Rouget.

Vers le 10 septembre, le Duc de Raguse ses dispositions pour marcher dans la province de Salamanque, dans le but d’opérer sa jonction avec l’Armée du Nord et de ravitailler, de concert avec elle, la place de Ciudad-Rodrigo, qui manque de subsistances, et se trouve bloquée par l’armée ennemi presque tout entière, forte de 30.000 anglais et 2.000 portugais.

Dès le 16, les quatre premières Divisions de l’armée se mettent en mouvement. Le 19, la 6e Division quitte à son tour ses cantonnements, se rassemble et se met en marche, ne laissant à la garde du château de Bejar que 4 Compagnies du Bataillon irlandais.

Le 22, près de Tamamès, l’Armée de Portugal opère sa jonction avec l’Armée du Nord (Général comte Dorsenne). On occupe successivement, jour à jour, Monleon, los Santos, Puebla de Yelta, Guadapero et Atalaya.

Le 24 septembre, le 65e a affaire avec l’ennemi près de Villadrigo et perd quelques prisonniers; les Sous-lieutenants Prétat et Boulanger sont blessés.

Le 25, près de El Bodon, la cavalerie de Montbrun bat à plates coutures une Division d’infanterie et la cavalerie anglaise, et les chasse en désordre sur Fuente-Guinaldo.

Le 26, la 6e Division se porte sur Ciudad-Rodrigo, passe l’Agueda et s’établit sur les hauteurs à droite et en avant de El Bodon. L’armée anglaise, ne voulant pas se risquer un contre un, se met en retraite la nuit suivante sur Alfayatès et Sabugal, derrière la Coa.

Le 27, la Division marche sur la route de Casillas de Flores sur Alfayates, soutenant dans la poursuite la cavalerie de Montbrun.

Le 29, elle bivouaque à la Caridad, près de Ciudad-Rodrigo débloquée et ravitaillée.

Le 30, le 65e repart, emmenant avec lui son 4e Bataillon qui cesse de faire partie de la garnison de la place. Après avoir passé par Escorial, Val de la Cosa, Banos et Casas del Monte, la 6e Division arrive le 5 octobre à Plasencia, où elle installe ses cantonnements pour surveiller les vallées de l’Alagon et du Jerte. Le Régiment a son 1er Bataillon à Alvea Nueva del Campino ; le 2e à Guiji de Granadilla ; le 4e Plasencia même.

Le 3 octobre 1811, Toussaint Campi, le nouveau Colonel du 65e, arrive à l'armée pour prendre son commandement.

Le 28 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis le château de Loo, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, ... 3e RÉGIMENT DE MARCHE DE L'ARMEE DE PORTUGAL.
Un bataillon de marche partira de Bayonne, composé d'une compagnie du 27e de ligne de 140 hommes, d'une du 59e de 140 hommes, d'une du 65e de 140 hommes, d’une du 39e de 140 hommes, d'une du 69e de 140 hommes, et d'une du 76e de 140 hommes, total six compagnies, ou 840 hommes.
Ce bataillon, arrivé à Vitoria, sera incorporé dans le 3e régiment de marche de l'armée de Portugal qui, de 1.200 hommes, sera ainsi porté à 2.040 hommes ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6304 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28940).

A la fin de novembre, le Général Pinoteau remplace le Général Dejean à la tête de la 1re Brigade. La 6e Division pousse à plusieurs reprises des reconnaissances vers le Tage et les premiers débouchés de Moraleja et de la sierra de Jata.

Le 30 novembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, faites-moi connaître si le général Monthion pourra faire partir au 15 décembre, savoir :
... 3° Un régiment de l'armée de Portugal, composé d'une compagnie du 17e léger, d'une compagnie du 31e id., de deux compagnies du 27e de ligne, de deux compagnies du 39e, de deux compagnies du 59e, de deux compagnies du 65e, de deux compagnies du 69e et de deux compagnies du 76e, et d'un bataillon de six compagnies du 86e.
... Ce qui ferait encore un secours de 4.000 ou 5.000 hommes qui compléterait tout à fait les régiments provisoires.
Faites-moi connaître si tout cela pourra partir en décembre ou, au plus tard, au 1er janvier
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6428 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29218).

Dans les premiers jours de décembre, le 65e est en entier à Plasencia (65 Officiers et 1.663 hommes présents). Le 21, la 6e Division quitte ses cantonnements pour se rendre à Naval-Moral et Talavra. Le 65e s’établit à Talavera, Oropeza et la Calzada.

Le 24 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, j'approuve l'opinion du général Monthion d'avoir toujours à Bayonne une force disponible et bien organisée. Elle sera composée de la manière suivante :
... 8e bataillon. Un second bataillon provisoire de l'armée de Portugal, composé de deux compagnies du 65e (200 hommes), de deux du 69e (200 hommes), de deux du 76e (200 hommes) 600 hommes.
Ces huit bataillons formeront à peu près 6.000 hommes. On y joindra 6 pièces de canon de 6 et 2 obusiers, et 150 chevaux. Un général de brigade commandera cette colonne, sous les ordres du général Monthion. Elle aura quatre majors en second, et gardera en réserve Bayonne, Saint-Jean-de-Luz, Saint-Jean-Pied-de-Port et la Bidassoa, et sera prête à se porter partout. Le général Monthion l'aura formée le 10 janvier. Il fera venir tout ce qui est disponible aux dépôts et aux 5es bataillons de ces régiments. Il fera des garnisons dans la vallée de Bastan qui sera sous ses ordres. Il marchera au secours du Passage, de Saint-Sébastien, et des côtes des départements des Hautes et Basses-Pyrénées, si elles étaient attaquées. II faut donc qu’il organise parfaitement cette réserve pour qu'elle puisse se porter partout
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6522 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29444).

Le lendemain 25 décembre 1811, Berthier écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "L'Empereur approuve l'opinion où est le général Monthion d'avoir toujours à Bayonne une force disponible et bien organisée.
Sa Majesté ordonne que cette réserve soit composée de la manière suivante :
... 8e bataillon : Un second bataillon provisoire de l'armée de Portugal, composé de 2 compagnies du 65e, de 2 compagnies du 69e, de 2 compagnies du 76e formant 600 hommes.
Ces huit bataillons formeront à peu près 6000 hommes. Sa Majesté désire qu'il y soit joint 6 pièces de canon de six, 2 obusiers et 150 chevaux. Son intention est aussi qu'un général de brigade commande cette colonne sous les ordres du général Monthion et qu'il y soit attaché quatre majors en second.
Cette réserve gardera Bayonne, Saint-Jean-de-Luz, Saint-Jean-Pied-de-Port et la Bidassoa, et sera prête à se porter partout où les circonstances l'exigeraient. Le général Monthion à qui je viens de donner connaissance de ces dispositions, a l'ordre de former cette réserve pour le 10 janvier. Il fera venir à cet effet tout ce qui est disponible aux dépôts et aux 5es bataillons des régiments qui la composent.
J'ai également prévenu le général Monthion qu’au moyen de cette réserve, l’intention de l’Empereur est qu’il faut des garnisons dans la vallée de Bastan qui sera sous ses ordres et qu’il marche au secours du Passage, de Saint-Sébastien et des côtes et frontières des départements des Hautes cl Basses Pyrénées si elles étaient attaquées
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1809).

/ 1812, en Espagne

Dans les premiers jours de 1812, l’Armée de Portugal se porte sur Valladolid, laissant la 6e Division dans ses cantonnements de la vallée du Tage.

Le 16 janvier 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Donner ordre que les 629 hommes portés dans l'état ci-joint, rejoignent leur régiment sans laisser aucun détachement en arrière. Par ce moyen, le 72e, le 2e de ligne, le 124e, le 125, le 4e, le 56e recevront des renforts dont ils ont besoin. Quant au détachement du 65e, donnez ordre également qu’il rejoigne" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1834 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29770).

Le 20 janvier, pour se conformer au mouvement général de l’armée en vue de débloquer de nouveau Ciudad-Rodrigo, la 6e Division lève ses cantonnements et se dirige vers la province d’Avila. Le 65e occupe Arenas et Montbeltran le 21 ; los Cueras et Navalsanz le 22 ; Porte de Meuga et Villa de Toro le 23 ; Villafranca et Malpartida le 24. Là, on apprend que le 20, Ciudad-Rodrigo a été prise d’assaut par Wellington, après la plus héroïque défense. Le Capitaine Dupeyre, du 65e, celui-là même qui s’était si vaillamment comporté le 19 septembre précédent au Portugal, resté malade lors du départ du 4e Bataillon, a été fait prisonnier avec la garnison.

Le 23, la Division, qui forme avec la 1re et la 4e l’aile gauche de l’armée commandée par le Général Foy, ayant reçu l’ordre d’aller reprendre ses positions dans la vallée du Tage, rétrograde par la même route. Le 65e va s’établir en cantonnement à Pedro-Bernardo, Montbeltran et Arenas. Il compte 63 Officiers et 1.504 hommes présents combattants.

Le 1er février, le Sergent Dutriot est tué par des guérillas aux environs d’Arenas.

Le 12, dans une reconnaissance entre Vergara et Villareal, un Bataillon du Régiment se trouve aux prises avec un fort parti ennemi ; il a 8 tués : le Caporal Cabaret et les soldats Bion, Herchen, Balassier, De Wilde, Combas, Declercq et Davico.

Au 3 mars, le 3e Bataillon (8 Officiers et 187 hommes) est affecté à la Division de Réserve de Bayonne, commandée par le Général Lhuillier, 2e Brigade Gruardet.

Le 10 mars, l’Empereur ayant prescrit au Maréchal Marmont de se placer à Salamanque dans une situation offensive pour menacer Ciudad-Rodrigo, Almeida et Oporto, la 6e Division quitte la vallée du Tage pour se porter dans la province de Salamanque. Elle arrive le 15 à Cantalapiedra. Le 65e a suivi la route de Montbeltraz, Grajos et Fuente-el-Sol.

Dans les premiers jours d’avril, l’armée se met en marche pour investir Ciudad-Rodrigo et menacer Almeida ; on compte que cette diversion forcera les Anglais à lever le siège de Badajoz. La 6e division s’établit sur les deux rives de l’Agueda, achève l’investissement de Ciudad-Rodrigo, et reste en observation devant cette place, gardant le pont de la Caridad. Le régiment est en entier dans cette dernière localité avec le Quartier général du Duc de Raguse.

Un jour, il s’agit de faire passer des vivres et de correspondre avec un Bataillon établi sur la rive gauche de l’Agueda ; les eaux de la rivière sont débordées. Le Lieutenant Ferrey, du 65e, ancien Aspirant de marine, se dévoue. Il construit un radeau sur lequel il s’embarque avec 7 Voltigeurs de la Division. Ce radeau ayant été entraîné par la rapidité du courant, l’équipage improvisé fait naufrage ; mais le Lieutenant Ferrey ne consent à sortir de l’eau que lorsqu’il a sauvé jusqu’au dernier ses sept braves compagnons. Cette belle action vaut à son auteur une citation à l’ordre de l’armée.

Le 21 avril, la division quitte ses positions pour se rendre à Salamanque, où elle arrive le 25.

Au 1er mai, le Régiment, au sein de la Brigade Pinoteau, aligne 1632 hommes.

Le 4e Bataillon, détaché d’abord à Fuente-el-Sauco, rejoint les deux autres dans les premiers jours de mai.

Le 8 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Vous donnerez ordre que les trois compagnies du 3e bataillon du 27e de ligne, les trois compagnies du 39e, les trois compagnies du 59e, les trois compagnies du 65e, les trois compagnies du 69e, les trois compagnies du 76e, qui sont à Saint-Jean-de-Luz, se rendent à Tolosa pour faire partie du 3e régiment de marche de Portugal qui sera par là porté à 4.000 hommes et dont les bataillons se trouveront complétés à six compagnies. Ce régiment sera alors divisé en deux, le 3e et le 5e.
Le 3e sera composé de trois bataillons entiers des 27e, 59e et 65e.
Le 5e sera composé de trois bataillons entiers des 39e, 69e et 76e. Ce dernier régiment sera commandé par le major Tolosan qui se rendra à cet effet à Tolosa.
Vous laisserez le général Lhuillier maître de retenir le cadre d'une compagnie de chacun des 27e, 39e, 59e, 65e, 69e et 76e, et vous donnerez ordre aux cinquièmes bataillons de ces régiments de diriger sur Bayonne 140 hommes, pour compléter chacune de ces six compagnies ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7232 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30611).

Au 15 juin, le 1er Bataillon compte 31 Officiers et 567 hommes; le 2e, 19 Officiers et 576 hommes; le 4e (Jourdan), 13 Officiers et 341 hommes.

L’armée anglaise, qui avait passé l’Agueda le 12 juin, se présente devant Salamanque le 16.

Les Anglais se présentent devant Salamanque le 16. Dans la nuit du 16 au 17, on évacue cette place, que les Anglais occupent aussitôt, pour prendre position à Bleines, point indiqué par le Duc de Raguse pour le rassemblement des fractions éparses de l’Armée de Portugal.

Marmont laisse à Salamanque, pour la défense des forts de Saint-Vincent et de San-Gayetano et de la redoute de la Merced, le Commandant Duchemin, du 66e de ligne, avec une Compagnie d’artillerie, 25 sapeurs du génie et 600 hommes d’infanterie, parmi lesquels 4 Compagnies du 65e.

- Défense de Salamanque

Dans la nuit du 17 au 18 juin, l’ennemi commence ses travaux d’approche contre le fort Saint-Vincent. Citons à ce sujet un fait curieux. Les Anglais se sont approchés du chemin couvert, soit pour s’y loger, soit pour essayer de renverser la contrescarpe par un puits de mine. Mais toutes les précautions qu’ils prennent pour ne pas être découverts sont rendues inutiles par la vigilance du chien d’un de nos soldats qui, au moindre mouvement des Anglais, donne l’alarme à nos postes. Ils doivent renoncer à leur entreprise après avoir eu plusieurs hommes blessés.

Le 20, quatre Divisions de l'Armée du Portugal sont rassemblées. Marmont se porte au-devant de l'armée anglaise dont il chasse les avant-postes. Cette démonstration fait suspendre le siège déjà commencé. Le 23, au matin, dans le but d’attirer l’ennemi sur un champ de bataille de son choix, Marmont se retire et va prendre position contre le fort Saint-Vincent et commencer le siège de la redoute de San-Gayetano, défendue par le Capitaine Borie, du 65e, et les Voltigeurs du 2e Bataillon.

Dans la nuit du 24 au 25, l’ennemi tente l’escalade de cette redoute et de celle de la Merced ; mais les défenseurs opposent une si vive résistance sur tous les points que tous les assaillants sont repoussés, après avoir perdu plus de 200 hommes tués ou blessés : au nombre des premiers se trouvent le Général Bowes.

Le 25, le Général Clausel, avec sa Division et la cavalerie légère de l’armée, tente sur la droite des anglais une diversion qui n’a d’autres résultats que de redoubler l’énergie des défenseurs des forts.

Le 26, l’ennemi commence de tirer à boulets rouges sur les trois ouvrages. Le feu prend plusieurs fois dans le fort Saint Vincent, mais la garnison parvient à l’éteindre. Cet atroce bombardement continue toute la nuit suivante.

Le 27, à 10 heures du matin, le fort Saint Vincent n’est plus qu’un énorme brasier. Au même moment, le commandant de San-Gayetano, ayant demandé à l’ennemi une suspension d’armes de 2 heures pour faire connaître sa situation au Gouverneur et prendre ses ordres, Wellington lui fait offrir, pour se rendre, cinq minutes, lui promettant dans ce cas de lui laisser ses bagages. Le Capitaine Borie refuse ; les anglais donnent l’assaut et la redoute, ne pouvant résister à leur nombre, est enlevée. Le commandant du fort Saint-Vincent parlemente alors avec l’ennemi, lorsque des Chasseurs portugais s’avancent au pied de la brèche pour causer amicalement avec nos soldats qui, sans défiance, les laissent s’approcher ; mais bientôt, ceux-ci se trouvant en nombre, gravissent la brèche et pénétrent de force dans le fort. Le commandant Duchemin accourt pour les arrêter ; mais frappé d’un coup de baïonnette et voyant l’ennemi maître de la place, il est obligé de se rendre à discrétion. Il a éteint le feu dix-huit fois lorsque le dernier incendie s’est déclaré.

sont faits prisonniers à Salamanque et emmenés en Angleterre, où ils retrouvnt comme compagnons de misère les glorieux défenseurs de Flessingue : les Capitaines Mothe, Borie, Donnet et Castaing; les Lieutenants de Bonchamps et Lezat; les Sous-lieutenants Borde, Dauxion et Gentil. Les Capitaines Mothe et Borie sont cités par le Gouverneur comme s’étant particulièrement distingués dans la défense des ouvrages dont ils avaient le commandement.

Borie, Donnet et Dauxion ont été blessés pendant le siège ; le Sous-lieutenant Foucaud a été tué sur la brèche. Sont morts des suites de leurs blessures, les soldats Walter et Matheus.

Par suite de la reddition de Salamanque, le 27 juin, l'armée prend d'autres positions en arrière.

Le 28, le Régiment est sur la Guarenâ; le 29, sur la Trabanjos, où il séjourne le 30 juin. Le 1er juillet, il est en position sur le Zapardiel, et le 2 il repasse le Duero à Tordésillas.

Le 65e reste campé sur le Duero jusqu'au 15 juillet. Le 16, dans la nuit, il repasse le Duéro à Tordésillas, et, le soir du 17, il prend position, avec toute l'armée, à Nava-del-Rey.

Le 18 juillet 1812, après avoir franchi la Guarena, le 65e prend part à une attaque contre l’arrière-garde ennemie. Sonnt tués dans ce combat les Lieutenants Kohler et Bertrand, le Sous-lieutenant Dufour, et 18 hommes. Parmi les nombreux blessés se trouve le Lieutenant Dusoir.

Le 19, les deux armées marchent parallèlement, séparées seulement par le vallon étroit de la Guarena. A quatre heures du soir, le 65e prend position à l'Olmo où il bivouaque.

Le 20, l’armée repasse le Guarena et gagne l’ennemi de vitesse sur un plateau dont il veut s’emparer. Déjà ses têtes de colonne y arrivent ; on les canonne et on les force à changer de direction et à se jeter sur Salamanque, après avoir laissé entre nos mains 3 à 400 prisonniers. Le soir, l’armée est en position sur les hauteurs d’Aldea-Rubia, ayant ses postes sur la Tormès. Le 21 au soir, Le 21 au soir, continuant sa marche en avant, l’armée passe la Tormès aux gués de Huerta et d’Encina; le 65e campe entre Alba-Tornès et Salamanque.

- Bataille des Arapiles ou de Salamanque

Le 22 juillet 1812, c’est la bataille des Arapilles. Le Régiment y aligne 1770 hommes sous le Général de Division Taupin (Bernier étant malade).

Dès le matin, l'armée se met en marche pour s’emparer des Arapiles, série de mamelons isolés qui constituent la clef de la position de Salamanque ; le Régiment occupe une position à la tête des bois, derrière les hauteurs des Arapiles.

Le combat, d’abord engagé, devient très rapidement une grande bataille dans laquelle les deux armées opposées mettent en ligne la totalité de leurs éléments. L’armée anglo-portugaise compte 50.000 fantassins et 5.000 cavaliers ; l’armée française n’a plus que 32.000 hommes, dont 2.000 seulement de cavalerie. Les chances paraissent d’abord être pour nous, l’une des ailes de l’ennemi plie déjà visiblement et le Duc de Raguse envoie ses ordres pour un mouvement et une attaque décisifs, lorsqu’il tombe grièvement blessé. Cette blessure a des conséquences funestes, tant à cause de l’effet moral qu’elle produit que du décousu qui en résulte dans la transmission des ordres et l’exécution des mouvements. Le Général Clausel prend le commandement aussitôt qu’il est mis au courant, mais le moment favorable est passé, la journée est perdue et il faut donner l’ordre de la retraite

Vers midi, le 65e est chargé de la défense du plateau de la tête des bois, où se trouve un grand nombre de pièces de canon, et ne se retire qu'après que l'artillerie est sauvée et lorsque la retraite, commencée environ une heure après que le Maréchal Marmont soit blessé, est déjà en pleine exécution pour toutes les Divisions. Se retirant en bon ordre, le 65e va camper le soir de la bataille à Alba-Tornès, où il était la veille.

Le 65e a eu dans la journée son Colonel, le Baron Campy, grièvement blessé ; le Capitaine Thimothée tué ; le lieutenant Hubert, blessé mortellement. Au total, dans les deux journées du 18 et du 20 juillet, le 65e a eu : le Colonel et un Chef de Bataillon blessés, 3 Officiers tués, 5 blessés, 204 Sous-officiers et soldats tués ou prisonniers, 106 blessés, 39 dont on ignore le sort.

Avant la bataille de Salamanque, le Régiment a été rejoint par les 3 Compagnies du 3e Bataillon parties de Bayonne l’année précédente.

Après cette défaite, Le régiment se replie sur Burgos; le 23, le Régiment atteint Pênaranda; le 25, il repasse le Douro, à Aranda ; Burgos est atteint le 27. A son arrivée, le 65e est placé, avec l'armée, en observation devant cette place. Il s'y repose jusqu'au 30 août.

Entre le 18 juillet et le 8 août 1812, le régiment a perdu 207 tués ou pris, 113 blessés et 39 disparus.

A la fin d’août, le Régiment est à Duenas, surveillant la vallée de l’Arlanza. Il fait le service de la correspondance sur la route de Burgos et Palencia, et il traque les guérillas qui infestent le pays.

Le 1er septembre, c’est Clauzel qui commande l'Armée du Portugal. Pinoteau est passé au commandement de la 6e Division et le 65e aligne 1114 hommes, répartis sur 2 Bataillons.

Par suite d’une mesure générale motivée par les pertes subies pendant la campagne, le 65e est réduit à 2 Bataillons. Les cadres du 4e et des 3 Compagnies du 3e versent leurs hommes dans les deux premiers Bataillons et repartent pour la France sous la conduite du Capitaine Saint-Léon. Ils arriveront au Dépôt à Gand le 14 novembre.

L’ennemi ayant franchi le Duero le 6 septembre, la 6e Division quitte Duenas le 8, pour aller prendre position à Torquemada et Magas. Le 11, elle va à Palenzuela, le 12 à Pampliega, le 13 à Tardajos, le 14 à Celada. Le 15, elle s’établit à Estepar, près de Burgos. Les avant-postes anglais sont à Villenueva et Torrepadieras. Le 20 septembre, le 65e et la Brigade vont prendre position à Santa-Maria. L’Armée de Portugal a évacué Burgos, laissant dans les forts de cette place une garnison de 2.000 hommes. L’armée se rapproche de l’Ebre pour vivre plus facilement.

Le 1er octobre, le Régiment aligne 1172 hommes.

Au 15 octobre, le Régiment, qui est à Puente-Larra, est commandé par le Major Levavasseur, venu du Dépôt pour remplacer provisoirement le Colonel Campy que sa blessure retient à l’hôpital de Vittoria.

Le Général Comte Souham, plus ancien que le Général Clausel, le remplace dans le commandement de l’armée.

Le 17 octobre, l’armée, un peu reposée de ses fatigues, ayant reçu quelques renforts de France et s’étant constitué un approvisionnement de vivres, quitte ses cantonnements de la rive droite de l’Ebre, dans le but de faire lever le siège du château de Burgos, qui dure depuis un mois, et de revenir prendre position sur le Duero.

Le 20, l’Armée de Portugal occupe les hauteurs de Monasterio, en vue de l’armée ennemie.

Le 22, elle opère sa jonction avec l’Armée du Nord ; les deux armées françaises entrent à Burgos après quelques coups de canon. L’ennemi passe le ravin de Bunel et commence sa retraite.

Le lendemain, l’armée continue sa marche. Il y a ce jour-là un brillant engagement de cavalerie près de Villadrigo, sur la route de Burgos à Valladolid.

Le 25, combat de Villamuriel et prise de Palencia, où l’on fait aux anglais 1.000 prisonniers. Là on apprend l’approche des Armées du Centre et du Midi, sous les ordres du Roi d’Espagne : cette nouvelle relève le moral de l’armée.

On trouve, dans une lettre confidentielle de M. Vouland, Commissaire ordonnateur, du 28 octobre 1812, une note sur l’état moral et physique de l’armée de Portugal qu’il n’est peut-être pas inutile de reproduire : "Le nom de l’armée de Portugal rappelle une succession non-interrompue de privations et de fatigues. On pourrait penser que cette armée, succombant sous le poids de tant de maux, remplit les hôpitaux et que le reste d’hommes est exténué et peu propre à la guerre. Cette opinion est l’erreur commune.
Mais il est de fait que cette armée ne compte que de vieux soldats qui ont subi toutes les épreuves et qui ont résisté, à l’exception des blessés, elle n’a de malades que parmi les conscrits qu’elle vient de recevoir.
Ainsi, à ne considérer que l’espèce d’hommes, nulle armée n’est propice à la guerre
".

Le 30 octobre, l’armée arrive à Tordesillas. Le 65e cantonne à Simancas, avec l’Etat-major de la 6e Division.

Il y a, à Tordesillas, un beau fait d’armes bien digne d’être noté. L’ennemi, en évacuant la ville, a fait sauter le pont, mais la rupture a été telle que la tour qui le surmonte reste du côté de l’ennemi, qui continue d’y tenir une garnison dont le feu nous empêche de travailler à la réparation du pont. 11 Officiers et 44 Sous-officiers de la 1re Division, arrivée la première à Tordesillas, s’offrent pour passer le fleuve à la nage. Ils s’y jettent, ayant réuni leurs vêtements, leurs armes et leurs gibernes, sur un assemblage de quelques planches traînées par des nageurs. Parvenus à la rive opposée sous une grêle de balles, peu préoccupés de l’idée de se vêtir, ils saisissent leurs fusils, passent à la hâte leur ceinturon autour de leur corps nu, courent à l’ennemi, s’emparent de la tour où ils font 11 prisonniers, et étonnent tellement par leur audace le Bataillon ennemi qui est à portée, qu’il se met en retraite avec la plus grande précipitation.

Au 1er novembre, le 65e compte 1187 hommes.

Le 7 novembre, l’armée passe le Duero à Tordesillas, opère le 10, à Alba de Tormès, sa jonction avec las Armées du Centre et du Midi, et les trois armées, sous les ordres du Roi Joseph, marchent sur Salamanque.

Le 65e, en quittant le 5 ses cantonnements de Simancas, passe dans la province de Toro. Il cantonne le 7 à Nava del Rey, le 8, à Torresilla, le 9, à Villareal et Vittoria où il reste jusqu’au 14, jour où il passe la Tormès, à un gué au-dessus d’Alba.

Le 12, le Général Comte Drouet d’Erlon remplace le Général Souham à la tête de l’Armée de Portugal.

Le 15, le Régiment se porte avec toute l’armée en avant de Mozarbès sur les hauteurs un peu en arrière de la gauche du champ de Bataille des Arapiles. De là, on voit défiler l’arrière-garde de l’armée ennemie qui bat en retraite, refusant le combat qui lui est offert. A la nuit tombante, sous une pluie torrentielle, les 5e et 8e Divisions et la cavalerie légère occupent Salamanque reconquise.

La 6e Division reste campée aux Arapiles ; le 65e est établi à la tête du bois, sur le point même où il a combattu le 22 juillet.

Le 17, malgré la pluie qui tombe sans interruption depuis trois jours, le Roi passe à Salamanque la revue de l’Armée de Portugal.

L’armée ennemie s’étant retirée au-delà de l’Agueda, la nôtre va occuper les provinces de Zamora, Benavente, Toro, Valladolid et Palencia.

Le 23, la Division cantonne à Medina del Campo, province de Valladolid ; un Bataillon du 65e est détaché à la Nava.

Au 1er décembre, le 65e aligne 1154 hommes.

Le 11 décembre, le Général Comte Reille, Aide de camp de l’Empereur, remplace le Comte d’Erlon à la tête de l’Armée de Portugal. Le Colonel Campi, guéri de sa blessure, reprend le commandement du Régiment. Le Major Levavasseur rentre en France.

/ 1812, Russie

Le 30 avril 1812, Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... A la 10e demi-brigade provisoire, vous portez 264 hommes du 65e de ligne, pour les mettre dans le 4e bataillon du 37e de ligne. J'approuve cette disposition ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7186 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30538).

Tandis que se déroulent les événements d'Espagne, le 65e fournit un 5e Bataillon, en vu de la campagne contre la Russie, au sein du 11e Corps commandé par Augereau, 30e Division Heudelet, 6e Demi-brigade.

Le 3 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai approuvé l'organisation des 4 demi-brigades de marche qui forment la 1re division de réserve.
J'ai approuvé l'organisation des 16 demi-brigades provisoires.
Je vous ai fait connaître par ma lettre d'hier ce qu'il fallait faire des conscrits des 5es bataillons dont les régiments sont à la Grande Armée, en en complétant d'anciens cadres de réfractaires ; ce travail règle la formation des dix bataillons de marche que vous avez proposée.
Il me reste à vous faire connaître mes intentions sur la formation des 20 bataillons de marche qui ont leurs bataillons en Espagne. Je les distingue en deux classes :
1° Bataillons de marche qui se formeront sur-le-champ, parce qu'ils ne doivent rien fournir aux demi-brigades de marche et provisoires de la conscription de 1813 ;
2° Bataillons qui ne seront formés que lorsque les 4es bataillons qui fournissent aux demi-brigades provisoires seront complètement organisés ;
Enfin cadres des bataillons qui avaient passé par Bayonne au 1er mai, et qui de ce moment doivent être considérés comme destinés à être complétés par la conscription de 1812.
Faites-moi faire un travail détaillé sur cet objet. Je n'ai point compris dans ce travail ce qui se trouve en Italie, aux Pyrénées, non plus que ce qui est en Bretagne et dans la 12e division militaire.
ETAT N° 1.
Bataillons à former dans le courant de mai, lesquels ne doivent rien fournir aux demi-brigades de marche ni provisoires ...
4e bataillon. 2 compagnies du 28e, à Saint-Omer, 300 hommes ; 2 compagnies du 43e, à Gravelines, 300 hommes ; 2 compagnies du 65e, à Gand, 300 hommes ; 2 compagnies du 39e, à Landau. 300 hommes : 1.200 hommes.
Se formera à Mayence ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7200 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30566).

Le 18 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois le travail qui était joint à votre lettre du 11 mai. Voici quelles sont mes intentions définitives, donnez des ordres pour leur prompte exécution.
Division de Réserve ...
La 2e division de la réserve, commandée par le général Heudelet, se réunira sans délai à Munster et Osnabrück. Elle sera composée de la 6e demi-brigade, qui sera portée à quatre bataillons, de la 7e, qui est de quatre bataillons, de la 8e et la 9e, qui ont quatre bataillons, enfin de la 17e, qui ne sera également que de quatre bataillons. Cette division sera donc organisée conformément à votre état n° 2, hormis que le 5e bataillon de la 17e demi-brigade, composé de deux compagnies du 5e bataillon du 28e, de deux du 5e bataillon du 43e et de deux du 5e bataillon du 65e, au lieu de faire partie de la 17e demi-brigade, formera le 4e bataillon de la 6e demi-brigade ... Ces cinq demi-brigades formeront vingt bataillons. Deux généraux de brigade y seront attachés. Vous me ferez connaître le jour où chaque bataillon arrivera à Osnabrück et à Münster, afin que j'en puisse disposer. Le quartier général du général Heudelet sera à Munster ...
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18701 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30633).

Au 1er octobre, ce Bataillon aligne 230 hommes.

Le 5 octobre 1812, l'Empereur écrit, depuis Moscou, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Il manque 26 officiers à la 6e demi-brigade provisoire. Dans cette demi-brigade, le 4e bataillon est composé d'une compagnie du 28e de ligne, d'une du 43e et d'une du 65e, mais ces trois compagnies appartiennent à des 5es bataillons. Comme vous avez besoin, pour la conscription, des cadres des 5es bataillons, proposez-moi d'incorporer ces hommes, pour porter au grand complet la demi-brigade, et rendre les cadres des 5es bataillons leur dépôt ...
Ainsi, la division Heudelet, qui est composée de cinq demi-brigades (chaque demi-brigade de trois bataillons, hormis la 6e qui en a quatre, et que je ne compte que pour trois), ne forme que 10.500 hommes et devrait former 12.900 hommes.
Je désire donc que vous fassiez partir des dépôts de ces régiments tout ce qui est disponible afin de compléter les bataillons de cette division ...
Nommez sans délai à toutes les places d'officiers vacantes. Attachez- vous à bien organiser cette division, que je compte faire venir à la Grande Armée, pour entrer en ligne dans le courant de l'hiver, et au plus tard au printemps. Veillez à ce qu'elle ait son armement et son habillement en bon état ; seize pièces d'artillerie attelées, une compagnie de sapeurs, 3 chirurgiens par demi-brigade, avec un caisson, et, en outre, une ambulance avec des chirurgiens pour la division., 3 généraux de brigade doivent être attachés à cette division.
Je vous prie de prendre toutes les mesures nécessaires pour que, lorsque cette division marchera, elle ne manque de rien.
Il faut aussi qu'elle ait 12 moulins portatifs par demi-brigade, et 10 à la réserve de la division, ce qui fera 70 moulins portatifs.
Envoyez-les-lui, ou seulement envoyez les modèles, pour qu'elle les fasse faire à Hamburg, ou dans le lieu où elle se trouvera. Ces moulins seront distribués à raison de 4 par bataillon. Il est nécessaire aussi que cette division ait ses effets de campement
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7585 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31819).

Le 8 octobre 1812, l'Empereur écrit, depuis Moscou, au Général Clarke : "Vous aurez reçu mon décret du 2 octobre. Chaque régiment de la Grande Armée recevait en France le cadre du 5e bataillon qu'il avait à l'armée et qui faisait partie des cadres des bataillons de marche. Ainsi, ces cadres doivent être considérés comme complets. J'ai ordonné qu'arrivés à Vilna, il leur fût donné une indemnité pour se rendre en poste à leurs dépôts, en faisant au moins quatre étapes par jour.
Je viens d'ordonner que les 5es bataillons des 28e, 43e et 65e qui font partie de la 6e demi-brigade provisoire, versent leurs hommes disponibles dans les trois premiers bataillons, et que ces cadres rentrent en France ...
Portez une attention particulière à faire rentrer d'Espagne tous les cadres des 5es bataillons" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 5148 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7597 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31870).

/ 1812, Hollande

Le 8 mars 1812, à Paris, l'Empereur ordonne : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que 100 hommes du 65e, 60 hommes du 28e de ligne, 120 hommes du 43e, 40 hommes du 50e, ce qui fait un total de 330 hommes, se rendent à Wesel, et qu'ils y soient formés en un 1er bataillon de marche du 3e corps. Ces 320 hommes se dirigeront de Wesel sur Magdeburg où ils seront incorporés dans le 46e. On ne mettra dans ce bataillon que le nombre d'officiers nécessaires pour conduire ces hommes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6899 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30153).

Le 16 mars 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... Faites-moi connaître quand le 48e, le 108e, le 65e et le 72e, qui ont leur 5e bataillon dans la 24e division militaire, auront chacun 400 hommes habillés et dans le cas de faire service.
Faites-moi connaître quand le bataillon des pupilles qui est à Beauvais, sera armé et équipé, et dans le cas de se rendre à Anvers, mon intention étant que les cinquièmes bataillons ci-dessus, faisant 1.200 hommes, et le bataillon des pupilles, en faisant 600, fournissent les hommes nécessaires pour garder les fortifications et les magasins de la place d'Anvers ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4995 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30237).

/ 1813, Espagne

En janvier 1813, le 65e est cantonné entre la Tormès et le Douro jusqu'en avril.

Le 5 janvier, le 1er Bataillon est envoyé à Arrevalo pour être cantonné avec la Division de cavalerie légère du Général Carto.

Dans les premiers jours de mars, la 6e Division étant dissoute, le 65e, sans quitter ses cantonnements, passe à la 2e Brigade (Général Menne) de la 4e Division (Général Sarrut). Le Commandant Rouge, du 1er Bataillon, rentre en France pour être nommé Major en second.

A la fin du mois, le 1er Bataillon est cantonné à Palencia, le 2e à Duenas. Ils ne cessent de fournir des détachements pour procéder à la rentrée des contributions en argent ou en nature.

Vers le 15 avril, la Division Sarrut reçoit l’ordre de se diriger sur Santona assiégée depuis longtemps, de jeter dans cette place tous les bestiaux qu’on aura ramassé dans le pays, de s’aboucher ensuite avec le Général Foy, qui prépare le siège de Castro-Udialès, et de le couvrir en tenant en échec les bandes environnantes.

Le 21, la Division est à Castroxeriz. Elle se dirige ensuite sur Santivanez, passe l’Ebre à Puente-Herada et prend la route de Santona. Elle rencontre à Villarcayo 600 recrues de l’ennemi qui sa sauvent à son approche. Elle trouve dans les bois, près de Villamartin, les magasins de cette bande et détruit 1.500 shakos neufs, du cuir pour en faire autant, 500 bois de selles, 200 sabres de cavalerie, des pistolets, des fusils, des gibernes. Il y a aussi du drap dont les soldats se chargent pour en faire des capotes et des pantalons. La division fait entrer ensuite dans Santona 500 bestiaux recueillis en route et se porte sur Trucios, où elle s’établit pour observer les mouvements de l’ennemi et soutenir le siège de Castro.

Le Général Foy appelle à lui, pour renforcer les troupes d’investissement, un Bataillon du 65e et un du 2e de ligne.

Le 1er mai, le Régiment aligne 1146 hommes. Ils côtoient à cette date leurs camarades du 3e Bataillon (9 Officiers et 215 hommes), réunis au sein d'un Bataillon de Marche de l'Armée d'Aragon.

- Siège de Castro

La tranchée est ouverte devant Castro dans la nuit du 6 au 7 mai. Le 11, la brèche est jugée praticable.

A 8 heures du soir, les Compagnies d’élite des Bataillons employés au siège sont disposées pour enlever la place d’assaut et par escalade. Les Voltigeurs des 65e, 69e, 76e de ligne, 2e et 6e léger, réunis en Bataillon sous les ordres du Major Larousse, de ce dernier Régiment, sont formés à droite de la batterie de brèche. Les Grenadiers de ces mêmes Régiments, formant un Bataillon sous les ordres du commandant Gaudin, du 2e Léger, sont formés en avant du centre de la parallèle.

A un signal donné par le feu de toutes les batteries de siège, les assaillants s’élancent au pas de course, les uns vers la brèche, les autres vers l’angle du rempart voisin de la porte de Bilbao. En un instant, les échelles sont appliquées à la muraille et la brèche est escaladée. Les troupes espagnoles qui garnissent le rempart ont à peine le temps de faire quelques décharges incertaines. Epouvantées, elles prennent précipitamment la fuite, les unes vers la mer, les autres vers le château. Une partie de ces derniers peut s’embarquer pendant la nuit, les autres se défendent en désespérés et se font tuer jusqu’au dernier.

Le 13, le Colonel demande la croix pour les militaires dont les noms suivent, présents au siège de Castro :
Fayet, Capitaine : pour s’être distingué au siège par sa bravoure et être allé couper les vignes à deux toises du rempart;
Raboudy, Adjudant–major : a montré beaucoup de dévouement et de bravoure pendant le siège;
Folly, Sous-lieutenant : quoique blessé d’un éclat d’obus, s’est élancé dans la brèche avec ses voltigeurs, a escaladé la forteresse sous une grêle de mitraille et y est entré la premier avec son capitaine;
Kloosterhuis et Varnier, sous-lieutenants : se sont distingués pendant le siège et ont été loués pour leur conduite à l’ordre du jour;
Laroche, Sergent, s’est fait remarquer de ses chefs par la constance qu’il a montrée dans les souffrances et par sa bravoure.

Le Régiment a eu sous Castro trois hommes tués, les soldats Blassier et Meyer, et le Tambour Patin.

Après la prise de cette place, la Division Sarrut poursuit la bande de Longa dans les vallées de l’Espejo, Valpuerto et Boveda. L’ennemi jette devant la Division des partis de cavalerie qui se retirent à son approche. Le 65e ayant été détaché pendant cette marche pour visiter plusieurs villages, y détruit ou enlève des dépôts d’armes et d’habillement.

Le 23 mai, la Division est à Medina del Pomar d’où quelques coups de fusil suffisent pour mettre l’ennemi en fuite.

Les jours suivants, la poursuite se continue sur Villarcayo, Riolosa et Perex, sans résultat que la prise d’ateliers d’artillerie et de magasins de munitions cachés dans les bois.

Le 1er juin, la Division est à Orduna, d’où elle rejette sur Respaldina les bandes de Longa et de Pinto, après quelques coups de fusil.

Elle arrive, le 15, à Urbina-Deza ; elle y reçoit l’ordre du Maréchal Jourdant, Major général de S.M.C., d’aller en passant par Briviesca, sur l’Ebre, rejoindre l’Armée de Portugal, qui est à Fuente-Lara. En arrivant dans cette localité, le Colonel Campi apprend qu’un Décret du 12 avril 1813 l’a nommé Général de Brigade. Il est remplacé par le Colonel Monterymar, ancien Major du 30e ; mais cet Officier supérieur, retenu à la Grande Armée, en Allemagne, ne prend pas encore le commandement effectif du 65e.

Au moment où le Régiment rejoint l’Armée de Portugal, la situation s’aggrave singulièrement. Wellington, à la tête de 80.000 Anglo-portugais-espagnols, passe l’Agueda et le Duero et se porte sur Salamanque.

Le Roi Joseph, ne voulant pas exposer les armées impériales non réunies aux hasards d’une bataille, fait évacuer successivement Madrid, Salamanque, Toro, Zamora, Valladolid, et ordonne de replier l’armée sur Burgos. Il compte s’arrêter aux environs de cette place, vers le défilé de Pancorvo, et s’y faire rejoindre par toutes les troupes disponibles dans le nord de l’Espagne.

Le 11 juin, se trouvant très menacé dans Burgos, le Roi ordonne de faire sauter le fort, d’évacuer la ville et de se replier sur Vittoria.

Le 18, le Général Reille donne l’ordre à la Division Sarrut d’aller prendre position au défilé d’Osma pour en assurer le passage à l’Armée de Portugal, qui va aller au secours de Bilbao menacée. En arrivant à Osma, on voit paraître les colonnes ennemies sur Villalba. La Division les force à se déployer et l’on reconnaît qu’on a affaire à trois Divisions d’infanterie et une de cavalerie. N’ayant que deux Divisions et sachant qu’un autre Corps d’armée ennemi, débouche sur ses derrières par la vallée de la Boreda, le Général Reille ordonne la retraite sur Espejo.

Les Anglais cherchent à inquiéter ce mouvement, ce qui donne lieu à un combat d’arrière-garde dans lequel la Division Sarrut perd 89 hommes tués ou blessés.

Le lendemain, l’Armée de Portugal, en se portant à Subijana, pour couvrir Vittoria, est encore attaquée par l’ennemi débouchant en plusieurs colonnes par les routes d’Osma et d’Anâna. Les Divisions Sarrut et Lamartinière défendent énergiquement la position jusqu’à la grande route, n’ayant en quatre heures de combat cédé qu’une lieue de terrain.

L’armée passe la Zadorra sur le pont de Nanclarès et opère sa jonction avec les Armées du Midi et du Centre. Les trois armées réunies prennent ensuite position entre la rive gauche de la Zadorra et la chaîne de montagne parallèle à cette rivière, l’Armée de Portugal entre Zuazo et Armentia.

Le 65e a eu dans cette journée 2 hommes tués, les soldats Firac et Vidal.

Le 20, l’armée conserve sa position et fait reconnaître le cours de la Zadorra, les gués et les ponts en avant du front. Dans l’après-midi, le 65e et toute la 2e Brigade, chargés de reconnaître la position de l’ennemi vers Murguia sur la route de Bilbao, engagent une vive fusillade avec les postes ennemis et font prendre les armes à toutes les troupes adverses, 4 à 5.000 espagnols, parmi lesquelles on distingue celles de Longa, auxquelles le 65e a fait une si rude chasse pendant les semaines précédentes. La brigade a une vingtaine d’hommes tués ou blessés.

Après la rentrée de la reconnaissance, la 4e Division reçoit l’ordre de passer sur la droite de la Zadorra, au pont d’Arriaga. Le 21, elle se met en marche à une heure du matin et prend position au point du jour à la hauteur d’Aranguiz : une Brigade sur la route de Bilbao et une sur les hauteurs à droite. A 9 heures du matin, l’ennemi attaque l’armée du Midi.

- Bataille de Vitoria

A 11 heures, l'ennemi commence à déboucher en avant de la Division : il vient de Padace, par Chavari, et se porte sur les hauteurs au-dessus de Mendigré et d’Aranguiz. Le Général en chef ordonne alors à la 6e Division (Maucune) de venir se placer à la droite de la 4e et fait retirer celle-ci un peu en arrière, sur un point dominant le pont d’Arriaga, la Brigade Menne (65e et 4e léger) en réserve entre les 4e et 6e Divisions.

Ces dispositions sont à peine prises que l’ennemi fait avancer, par les sommets au-dessus d’Avecheco, un grand nombre de tirailleurs qui forcent ceux de la 4e Division à se replier sur la Brigade Menne. Au même moment, deux colonnes ennemies attaquent, par le pont de Gàmarra-Mayor, la 6e Division.

Le combat est incertain et aurait pu être établi, malgré l’infériorité numérique et le peu d’artillerie, lorsqu’on apprend que les troupes espagnoles du Roi Joseph n’ont pas tenu leurs position à la droite de la 6e Division et, par leur mouvement de retraite, ont laissé l’ennemi maître de la grande route de Mondragon et de celle de Salvatierra. Les tirailleurs du 65e et du 4e léger tiennent pendant plusieurs heures au-delà du pont d’Arriaga, - le point le plus important de la ligne - avec la plus grande ténacité.

Bien qu’ayant évalué à 25.000 hommes les forces des 3e et 5e Division anglaises qu’il a devant lui, le Général Sarrut n’ordonne la retraite que lorsqu’il voit sur ses derrières les tirailleurs et la cavalerie de l’ennemi qui débouchent de Vitoria. C’est vers 6 heures du soir, à la sortie du village d’Arriaga, et pendant qu’il donne des ordres à ses troupes, que le brave Sarrut reçoit un coup d feu dans la poitrine. Son Aide de camp Froment le soutient pendant une dizaine de pas et est lui-même blessé à mort près du Général : ils restent tous les deux au pouvoir de l’ennemi. Le Général meurt quelques jours après, à Vitoria, où les Anglais lui rendent les honneurs militaires.

Le Général Reille, instruit que la 4e Division vient de perdre son chef et que l’ennemi s’avance rapidement sur sa gauche, se porte au-devant de lui avec la 1re Brigade de cette Division (Fririon) et soutient, avec cette troupe restée en réserve jusqu’alors, une retraite remarquable par l’ordre et le sang-froid qui ne cessent d’y régner. Aussi le Roi Joseph témoigne-t-il, dans son rapport à l’Empereur, des services rendus dans cette circonstance par la 4e Division.

La bataille de Vittoria coûte cher au 65e. Sont tués ou blessés mortellement : les Capitaines Pelouse et Nauffroy; le Lieutenant Warnier; les Caporaux Roche et Brabet; les soldats Villedieu, Jollivet, Gondre, Bonnissent, Noyez, Bourgeois, Raton et Sonquet. Sont blessés le Capitaine Corvissier; le Chirurgien-major Vanderkerkoven; les Lieutenants Puydebat et Robert; le Sergent-major Hiertges; le Sergent Laroche, et un grand nombre de soldats.

L'Historique régimentaire parle de 10 hommes tués, 5 Officiers et 139 hommes blessés, et 60 prisonniers.

Le 21 au soir, l’armée se retire vers Tolosa, en passant par Salvatierra : le 65e suit les chemins de Betono à Arbulo.

Le 23, le Général Reille, sans en avoir l’ordre, soutient encore avec la 4e Division la retraite de l’armée. Il continue ensuite son mouvement sur la vallée de Burunda.

Le 24, la Division est à San-Esteban avec la 6e. le 26, elle se dirige sur la Bidassoa et couche à Vera.

Le 28, le 65e et le 4e léger, la Division italienne et les Divisions Foy et Maucune prennent position en avant d’Irun.

Le 29, la Brigade Menne reçoit du Général en chef l’ordre de traverser Irun et d’aller sans retard prendre position sur la hauteur en avant et à gauche du pont de la Bidassoa. Elle établira ses postes de manière à se garder très sévèrement sur sa gauche et particulièrement sur le chemin direct d’Irun à Vera. Le 65e envoie de suite à Orogne deux Compagnies d’élite, pour y être à la disposition du Colonel de Gendarmerie de l’armée et faire la police du Quartier-général du Général en chef.

Au 10 juillet, le 65e aligne au 1er Bataillon (Bontemps) 24 Officiers et 592 hommes); au 2e (Griard), 14 Officiers et 519 hommes. La Division est alors commandée par le Général de Brigade Fririon.

Le 16 juillet, nous retrouvons le 65e, fort de 35 Officiers et 941 hommes, au sein de la 1ère Division, Foy, du Corps de Reille, Brigade Fririon. Les troupes sont rassemblées dans la vallée près de Saint-Jean-Pied-de-Port.

Le 1er août, en exécution du Décret impérial du 6 juillet 1813, les Armées de Portugal, du Midi, du Centre et du Nord sont dissoutes, tous leurs éléments servent à former la nouvelle Armée d’Espagne, sous le commandement en chef du Maréchal Soult, Duc de Dalmatie. Le 65e, qui est cantonné dans la vallée de Saint Jean Pied-de-Port, constitue, avec les 36e et 39e de ligne, la 2e Brigade (Général Berlier), de la 1re Division (Général Foy) de l’aile droite (Lieutenant-général Comte Reille).

Le 10 août, le Régiment est commandé par le Chef de Bataillon Bontemps, et aligne au 1er Bataillon, 22 Officiers et 485 hommes; au 2e, 16 Officiers et 470 hommes.

Le 17 août 1813, c’est l'affaire de Garissia.

A la fin d’août, le Régiment campe à Espeleta.

Le 4 septembre, après avoir de nouveau passé les Pyrénées, le Régiment est engagé contre les Anglais à l'attaque de la hauteur de Saint-Martial, près de Saint-Sébastien, pour secourir la garnison de cette place.

Le 8, Saint-Sébastien ayant été emporté par les Anglais, le 65e repasse la Bidassoa et campe sur la rive droite de cette rivière.

Au 15 septembre, le 65e est de retour à Saint Jean-Pied-de-Port.

Le 8, Saint-Sébastien est emporté par les Anglais.

Au 16 octobre, le 1er Bataillon est passé à 23 Officiers et 483 hommes; le 2e à 16 Officiers et 485 hommes.

Au commencement de novembre, le 65e va s’établir à Cambo.

En novembre, il reçoit du Dépôt, en trois détachements, environ 250 Conscrits, ce qui porte le total des présents de ses deux bataillons à 1.237 hommes.

Le 19 novembre 1813, affaire d'Ernani.

Au commencement de décembre, le Colonel Monteyremar arrive à l’armée et prend le commandement du 65e.

Lord Wellington emploie les premiers jours de ce mois à se créer des moyens de passage sur la Nive, afin de se porter sur Bayonne. Le 9 décembre, une partie de son armée passe cette rivière à gué entre Ustaritz et Cambos, où est le 65e. La Division Foy, qui est en position sur la Nive, exécutant ses instructions, opère son mouvement de retraite en ordre, en défendant le terrain pied à pied. Cependant une colonne ennemie les ayant devancés sur la route de Saint-Jean-Pied-de Port, le 65e et le Général Berlier sont obligés de faire un détour pour se réunir à la Division, sur les hauteurs entre Villafranque et Petit-Mouguerre.

Le 10, le Duc de Dalmatie fait attaquer les Divisions ennemies qui se sont portées la veille devant le camp retranché de Bayonne : on les repousse jusque sur les hauteurs de Barouillet et Bidart et l’on enlève le plateau de Bassussary. La pluie, qui tombe à torrents, empêche les troupes de se réunir en ligne avant midi. Le soir, toutes les Divisions sont en position. Dans cette journée, le 65e a coopéré à l’attaque des bois de Barouillet, où les 1re et 5e Divisions anglaises se sont formées et retranchées. La nuit, qui vient vite en cette saison, interrompt le combat.

Le lendemain, on achève de s’emparer du plateau de Barouillet.

- Bataille de Bayonne

Le 13, au matin, on attaque la ligne ennemie sur les hauteurs de Losterenéa, entre Saint Jean-le-Vieux, Mouguerre et Villefranque. La Division Foy est en soutien du Comte d’Erlon, chargé de l’attaque avec les 2e, 3e et 6e Divisions. Cette attaque est vive et d’abord très bien menée ; mais deux Régiments de la 3e Division ayant été repoussés, il s’en suit dans cette Division une certaine confusion qui s’étend jusqu’à la 6e, qui à ce moment même allait emporter la gauche de la position anglaise. Le 65e, le restant de la Division Foy et la Brigade Gruardet entrent alors en ligne, arrêtent l’ennemi et rétablissent le combat qui continue sur place toute la journée. Le Régiment a éprouvé des pertes cruelles pendant ces cinq derniers jours, mais surtout au combat du 10 : sont tués Chef de Bataillon Bontemps, les Capitaine Rey, Cardine et Rot, l'Adjudant Emei, le Sergent Arthus, et 11 soldats. 9 Oofficiers et 97 hommes de troupe ont été blessés; 5 Officiers et 132 hommes de troupe sont prisonniers.

Le soir du 13, la Division Foy est envoyée au camp de Mousserolles. Le lendemain, il lui est ordonné de s’établir sur la rive droite de l’Adour, depuis le confluent du gave de Pau jusqu’au moulin de Basse-Forêt, à une lieue et demie au-dessus de Bayonne. Elle a pour mission de garder cette partie, de protéger la navigation de l’Adour et d’occuper éventuellement le village d’Urt comme tête de pont.

Le 16, elle reçoit l’ordre d’occuper toutes les îles de l’Adour. Le 20, elle passe aux ordres du Comte d’Erlon, commandant le Corps du Centre. Elle conservera sa position actuelle et gardera le cours de l’Adour depuis Pitre jusqu’au moulin de Basse-Forêt. Le Quartier-général de l’armée s’établit à Peyrehorade.

Le temps est très mauvais ; toutes les rivières sont débordées et les communications interrompues avec plusieurs cantonnements ; les postes du 65e notamment ne peuvent communiquer entre eux que par bateau. Aussi les opérations militaires sont-elles à peu près arrêtées.

/ 1813, en Allemagne

- Création du 18e Régiment provisoire (4e Bataillon du 65e de Ligne)

Beaucoup de nouveaux Régiments sont créés; ils sont appelés "Régiments provisoires".

Le 6 Janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Vous verrez par la lettre que je vous ai écrite la formation de quatre corps : un corps d’observation de l'Elbe, un corps d'observation d'Italie et deux corps d'observation du Rhin ...
Il me faut, pour le corps d'observation d'Italie, sans y comprendre les bataillons italiens, 28 bataillons, et 40 bataillons pour chacun des corps d'observation du Rhin, 80 bataillons ; total des bataillons nécessaires, 108.
Il sera formé, à cet effet, 34 régiments provisoires, chaque régiment composé de 2 bataillons ; ce qui fera 68 bataillons ...
Les 34 régiments provisoires seront formés de la manière suivante :
... 18e régiment provisoire : 3e bataillon du 50e de ligne, 4e du 65e ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19425 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32215).

Le 7 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, le 1er corps d'observation du Rhin se réunira à Mayence ; il sera composé :
1re division. — 1re brigade : du 2e régiment provisoire, deux bataillons ; de deux bataillons du 136e ou régiment de Paris, qui se réunissent à Erfurt ; du 14e régiment provisoire, deux bataillons ; total, six bataillons. Cette 1re brigade se réunira le plus tôt possible à Erfurt. 2e brigade : du 6e provisoire, deux bataillons ; du 19e provisoire, deux ; du 18e provisoire, deux ; total, six bataillons. Total de la 1re division, douze bataillons ...
Le quartier général du 1er corps d'observation du Rhin se réunira à Mayence, une division se réunira à Erfurt, une à Hanau, une à Francfort, et la quatrième à Fulde ou Mayence.
Présentez-moi le développement de la formation de cette armée
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19433 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32225).

Le 30 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... Quant à la compagnie du 65e, comme elle a un bataillon aux régiments provisoires, qui fait partie du corps d'observation du Rhin, cette compagnie restera à Custrin. Vous la comprendrez dans la formation du bataillon du corps d'observation du Rhin, et lorsque ce bataillon passera l'Oder, cette compagnie le rejoindra ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 734 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32545).

Le 1er février 1813, Eugène écrit, depuis Posen, à Napoléon : "Sire, j'ai reçu hier les ordres de Votre Majesté du 25 janvier, et j'ai l'honneur de répondre aux différentes demandes que sa lettre contient ...
Quant au régiment de marche de l'Escaut, qui est en garnison à Spandau, voici quelle est sa composition d'après les revues passées le 5 janvier, savoir : 36 officiers ou soldats. J'ai ordonné la dislocation de ce régiment de marche et la réunion des différentes compagnies dont il se compose aux compagnies des mêmes régiments qui sont aux ·1er, 2e et 3e corps d'armée ; mais, comme ces compagnies du régiment de marche de l'Escaut présentent une force assez considérable, elles ne verseront pas leurs soldats dans les compagnies restées aux 1er, 2e et 3e corps ; elles s'y réuniront, ce qui formera 2 compagnies aux régiments qu'elles rejoindront s'ils n'en ont qu'une déjà au corps d'armée. Il se trouve, dans ce régiment de marche de l'Escaut, 3 compagnies de régiments qui n'ont rien à la Grande-Armée. Ce sont celles des 28e, 55e et 65e de ligne ; je ferai incorporer les soldats dans les corps les plus faibles des régiments des trois corps d'armée, ct les cadres de ces compagnies incorporées seront renvoyés au dépôt de ces régiments en France.
4° D'après les dispositions ci-dessus, les 1er, 2e, 3e et 4e corps ne seront plus considérés que comme divisions qui deviendraient la garnison des places-fortes, jusqu'à ce que les bataillons qui doivent sortir de France recomposent ces corps ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 8, p. 305).

Le 6 février 1813, le Dépôt du Régiment, qui est toujours à Gand, reçoit du Général commandant la 24e Division militaire l’ordre de compléter le 3e Bataillon à 840 hommes et de l’envoyer à Mayence. Le Commandant du Dépôt objecte qu’il n’y a à Gand que la moitié du 3e Bataillon, l’autre moitié étant en Espagne, et propose d’envoyer le 4e. Mais il n'est tenu aucun compte de cette objection et l’ordre est donné de compléter le 3e Bataillon avec trois Compagnies du 4e. Le nouveau 3e Bataillon se trouve donc composé de la Compagnie de Grenadiers et des 1re et 3e de l’ancien, et des Compagnies 2e, 4e de Voltigeurs. Mais le Ministre de la Guerre, informé, désapprouve cette organisation et ordonne de donner le numéro 4 à ce Bataillon déjà en route.

Ce Bataillon, que nous appellerons désormais 4e, a en effet quitté Gand le 14 février 1813, à destination de Mayence. Le 15 mars, nous le trouvons à Francfort, à la 11e Division (Général Ricard) du 3e Corps (Maréchal NEY). Il compte 16 Officiers et 691 hommes présents et forme avec le 3e Bataillon du 50e, le 18e Régiment provisoire commandé par M. Maigrot, Colonel en second.

Le 2 avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vois que le 3e corps a sa 1re division complète mais qu'à la 2e division il manque ...
... Enfin, à la 4e division il manque 200 hommes au 9e léger, 100 au 150e, 150 au 65e, 150 au 43e, 150 au 75e.
Faites-les partir des différents dépôts ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33576).

Le 15 avril, le Bataillon est à Keissingen. M. Laurain, Colonel en 2e, a remplacé le Colonel Maigrot.

Vers la même époque, M. Fauverteix, récemment promu, vient prendre le commandement du Bataillon.

Le 20 avril, le 18e Provisoire est à Meiniungen : il fait partie de la Brigade Tarayre. Vers la fin du mois, la Brigade est en position à Kirchdorf. Elle reçoit l’ordre de rétrograder sur Weissenfels, pour passer sur la rive droite de la Saale. On manoeuvrera ensuite, sur la gauche de cette rivière ; dans chaque Régiment, on formera la colonne par division à distance de peloton, en laissant 100 toises d’intervalle entre les colonnes, de manière à pouvoir former des carrés, si cela devient nécessaire. Une division aura donc six ou huit carrés sur deux lignes.

Le 1er mai, sur l’ordre de l’Empereur, le 3e Corps quitte, à 11 heures du matin, les positions qu’il occupe sur les deux rives de la Saale pour se diriger sur Lutzen. L’ennemi est repoussé des positions qu’il occupe en avant de Rippach ; il défend avec une grande opiniâtreté le débouché de Grosgoërschen. Le 3e Corps Bivouaque près de Lutzen, le Quartier-général est à Kaya.

- Bataille de Lutzen

Le Commandant Bucquoy donne le 65e présent le 2 mai 1813, au combat de Lützen, il s'agit bien du 4e Bataillon du 65e de ligne au sein du 18e Provisoire.

Le 2, à 9 heures du matin, l’armée ennemie débouche du Zwenkau et, à 10 heures, elle est déployée dans la plaine en avant de Grosgoërschen. Le Maréchal Ney, qui est avec l’Empereur au-delà de Makranstadt, accourt au bruit du canon. Il ordonne au Général Marchand de se diriger sur Eisdorf, et de là sur la canonnade. Il fait en même temps prendre les armes aux Divisions Brenier et Ricard, dont fait partie le Bataillon, et se porte avec elles sur Kaya, où il fait sa jonction avec ses trois autres Divisions : Souham, Girard et Marchand. Il dispose ses troupes de manière à refuser sa droite et être en mesure de repousser l’attaque de l’ennemi qui dirige tous ses efforts sur Kaya, clef de la position. Il le fait ensuite attaquer à Klein-Groërschen et la bataille s’engage avec acharnement.

L’ennemi repousse d’abord sept ou huit attaques consécutives et déborde toujours la gauche du 3e Corps ; puis il parvient à s’établir dans Kaya. Il importe fort à l’Empereur de conserver ce village, qui seul couvre Lutzen et la grande route ; son Aide de camp, le Comte Lobau, conduit en ligne la dernière Division du 3e Corps, celle du Général Ricard. Les Conscrits du 65e montrent là une valeur bien méritoire chez d’aussi jeunes troupes. Kaya est vigoureusement attaqué et repris.

Plus tard, vers 4 heures, le village succombe encore une fois sous l’effort des masses ennemies, et il faut l’intervention de la Garde impériale pour les en chasser définitivement.

Le combat se soutient, incertain jusque vers 6 heures, lorsque l’approche de renforts venant de Leipzig avec le Prince Eugène vient donner à la situation une autre tournure ; le Maréchal Ney se décide alors à faire donner derechef les Divisions Souham, Brenier et Ricard qui emportent toutes les positions. La nuit suivante, l’armée prusso-russe est en pleine retraite sur l’Elster.

Le 3e Corps est, de toute l’armée, celui qui a le plus souffert. Sur un total de 5.531 tués, il en compte 2.770 et 16.987 blessés sur 25.759. Parmi ces derniers, se trouve le Général de Brigade Goris, ancien Colonel du 65e.

Les pertes du Bataillon dans cette journée sont, en tués : le Capitaine Le Senechal, le Lieutenant Demyannee et 61 Sous-officiers, caporaux et soldats : le 10e de l’effectif. Parmi les nombreux blessés, on trouve le Chef de Bataillon Fauverteix, l'Adjudant-major Raverdy, le Capitaine Varin, le lieutenant Vandensande, et l'Adjudant Soustelle.

Le Maréchal Ney dit dans son rapport : "L’Empereur étant sur le champ de bataille a lui-même ordonné tous les principaux mouvements et a tout animé de sa présence et de son génie. S.M. a été témoin de l’enthousiasme des troupes et Elle aura reconnu avec plaisir à leur noble élan, cette valeur française qui ne se dément jamais et qui peut remplacer l’expérience".

Le 5 mai, le Maréchal passe la revue de son Corps d’armée et fait part au Major-général de la bonne impression qu’il en retire.

Le 6 mai, à 6 heures du matin, la Division Ricard part dans la direction d’Eulenburg pour rétablir les ponts sur la Mulda, dans le cas où ils auraient été détruits par l’ennemi ; elle doit en outre servir de soutien au Général Regnier, dans son mouvement sur Turgau.

Le 8, le mouvement sur Turgau étant abandonné, la Division se rend à Staupitz. Le même jour, le Maréchal Ney ordonne d’attaquer le lendemain les ouvrages de la tête de pont de Muhlberg et se prépare à passer l’Elbe au premier jour sur un pont de radeaux. L’ennemi n’oppose qu’une faible résistance et se retire après avoir incendié le pont.

Le 11, le 3e Corps entre à Torgau ; la Division Ricard, qui marche en tête, se porte sur Stiplitz.

Le 14, le Corps d’armée marche sur Hertzberg, après avoir laissé à Turgau les malingres et les hommes fatigués.

Le 16; il se dirige sur Luckau ; le 17, sur Spremberg, par Kalau. A cette date, les 2e, 3e, 5e et 7e Corps sont liés de manière à pouvoir livrer bataille vers Bautzen, le 20 ou le 21, si l’ennemi persiste à vouloir défendre cette position.

Les russes et les prussiens, attribuant la perte de la bataille de Lutzen à des fautes de leurs Généraux, ont résolu de prendre la position de Bautzen, déjà célèbre dans l’histoire de la guerre de Sept ans, de fortifier cette position déjà si forte de sa nature, d’y appeler leurs renforts et de tenter le sort d’une nouvelle bataille.

L’Empereur part de Dresde le 18 mai et arrive le lendemain, à 10 heures du matin, devant Bautzen : il y trouve une grande partie de l’armée française déjà rassemblée. Les troupes aux ordres du Maréchal Ney dont en dehors et en arrière de la gauche ; leur but est de tourner la droite de l’ennemi.

Celui-ci s’en étant douté, détache contre elles York avec 12.000 Prussiens et Barclay de Tolly avec 18.000 russes.

Le 19, le Général Lauriston, qui marche en tête de Ney, rencontre l’ennemi près de Weissig. Le combat s’engage et York aurait été écrasé, sans un défilé qui ne nous permet d’arriver en ligne que successivement. Quoi qu’il en soit, Weissig est emporté après trois heures de combat, l’ennemi culbuté et rejeté de l’autre côté de la Sprée. Le 3e Corps bivouaque à Kongswartha.

Le 20, à 8 heures du matin, l’Empereur prend ses dernières dispositions. Ney a pour mission de se rapprocher de Klix, de passer la Sprée, de tourner à droite de l’ennemi et de se porter sur son Quartier-général de Wurtchen, et de là sur Weissemberg. A midi la canonnade s’engage.

- Bataille de Bautzen (Würschen)

le 21, le combat recommence dès 5 heures du matin. Pendant que l’ennemi est maintenu sur son front jusque vers midi, le Maréchal Ney le chasse de Klix, franchit la Sprée et le mène battant jusqu’à Preiltiz, qu’il enlève vers 10 heures, mais qu’il perd ensuite, des renforts considérables étant arrivés à l’adversaire.

Ce village est repris de nouveau au moment où le Maréchal Soult commence son attaque contre le centre de l’ennemi.

Un peu plus tard, l’intervention de l’Empereur, avec la Garde et une grande quantité d’artillerie, achève la victoire.

Le soir, à 7 heures, Ney, avec les 3e et 5e Corps, entre à Wurtchen, après avoir enlevé en passant le village de Preisig et débordé l’armée ennemie.

L’armée alliée perd 18.000 hommes ; de notre côté, les pertes sont de 12.000 hommes. Le Bataillon du 65e n’a pas été très éprouvé ; le soldat Houdebine est tué; l'Adjudant-major Vauquelin et le soldat Bisson sont blessés mortellement.

Le 22, l’armée poursuit l’ennemi. Le 3e Corps marche sur Reichenbach, la Division Ricard l’avant-dernière.

Le 23, la marche en avant continue sur Gorlitz ; le 24 sur Waldau ; le 25 sur Bimtzlau ; le 26 sur Haynau, où l’on reste le 27.

Le 28, le 3e Corps arrive à Neumarck, se dirige sur Breslau. Il reste dans cette position le 29 et le 30. Le 31, il est à Lissa, le 2 juin à Tietzdorf.

Le 4 juin, un armistice est conclu, qui doit durer jusqu’au 20 juillet. Le Bataillon du 65e va s’établir au camp de Steinau.

Le 19 juin, le Commandant Delisse, venu des Lieutenants de la Garde impériale, remplace le Commandant Fauverteix, grièvement blessé à Lutzen, et resté à Naumburg.

Au 15 juillet, nous retrouvons le 4e bataillon de ce Régiment au 3e corps commandé par Ney, 11e Division Ricard, Brigade Tabayre.

Le Bataillon assiste sans être appelé à donner, aux Batailles qui suivent l’expiration de l’armistice et le 10 septembre, nous le retrouvons campé près de Bautzen.

- Création d'une Demi-brigade provisoire (3e Bataillon du 65e de Ligne)

Le 5 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
FRONTIÈRES DU RHIN ET DE L'OCÉAN.
La défense de la France, depuis les 31e et 17e divisions militaires jusqu’à Besançon et jusqu’à Bordeaux, aura lieu de deux manières : par la formation de bataillons de garnison, composés de compagnies tirées des 5e bataillons et qui tiendront garnison dans nos places fortes, et par la formation de demi-brigades provisoires.
Les demi-brigades seront d’abord au nombre de vingt-quatre pour cette partie de la frontière qui s’étend depuis la 31e division jusqu’à la 11e.
Chaque demi-brigade sera composée de trois bataillons entiers, sans qu’il puisse y entrer, sous quelque prétexte que ce soit, une fraction de 5e bataillon. Ces vingt-quatre demi-brigades seront formées ainsi qu’il suit :
... la 17e demi-brigade, des bataillons des 63e, 65e et 43e, qui reviennent d'Espagne ...
Ces vingt-quatre demi-brigades formeront six divisions ; chaque division, quatre demi-brigades ou douze bataillons, savoir :
... La 3e division, à Anvers, composée des 2e, 8e, 17e et 21e demi-brigades ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).

Dès la fin de mai 1813, le 3e Bataillon est reformé au Dépôt au moyen de Conscrits de 1814, appelés par anticipation.

Le 10 juin, le 3e Bataillon part de Gand, sous la conduite du Commandant Vielbas, et arrive le 30 à Mayence.

Le 6 juillet, il est à Wurtzbourg et forme, avec d’autres Bataillons détachés, la 20e Brigade provisoire, 43e Division (Général Claparade) du Corps d’Observation de Bavière (Maréchal Augereau).

Le 15, il est à Bamberg.

Au 20 juillet, le 3e Bataillon est affecté au 9e Corps de Augereau, 43e Division Claparède, 20e Demi-Brigade provisoire.

Le 1er août, la Division Claparède passe au 14e Corps.

Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
... 43e division
27e léger : 2e bataillon, 3e bataillon.
29e léger : 3e bataillon.
100e de ligne : 2e bataillon, 3e bataillon.
45e de ligne : 2e bataillon, 3e bataillon.
103e de ligne : 2e bataillon, 4e bataillon.
65e de ligne : 4e bataillon.
21e demi-brigade provisoire : 59e de ligne, 2e bataillon; 94e de ligne, 3e bataillon.
13 bataillons ...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).

Le 15 août, jour où l’Empereur quitte Dresde avec la Garde, le 14e Corps occupe le camp de Pirna et couvre la capitale de la Saxe.

Le 16, la 43e Division couvre le débouché de Peterwald à Holendorff et Gieshübel.

Dans la nuit du 17 au 18, une fausse alerte la tient sous les armes une partie de la nuit.

- Combat de Pirna

Le 22, dès le matin, l’ennemi attaque le 14e Corps sur toute la ligne, mais son principal effort se porte sur la 43e Division, qui défend comme on vient de le voir, la position de Gieshübel. La résistance est opiniâtre, jusque vers midi, mais l’ennemi ayant fait avancer de nouvelles forces et la position se trouvant débordée, on est forcé de l’évacuer. La retraite s’opère avec un ordre et un sang-froid étonnants chez des jeunes soldats qui voient le feu pour la première fois.

Vers 5 heures du soir, on est rejoint par la 44e Division (Général Berthezene), ancien Major du 65e), et les deux Divisions s’établissent sur le plateau qui domine le village de Zehist : l’ennemi ainsi tenu en respect, s’arrête et prend position sur les hauteurs en arrière du village.

Le 3e Bataillon a perdu dans le combat de Pirna : en tués, le Lieutenant Vernier, et le Sous-lieutenant Trunzer; le Sergent Roux, le Caporal Plaisant, le Tambour Bytebier, les soldats Lemonnier, Gets, Hardy, Bar, Tristan et Lavergne.

Le lendemain, 23, les deux Divisions viennent sans être inquiétées dans leur marche, prendre position en avant de Dresde ; la 43e occupe les faubourgs et les redoutes.

Le 24 et le 25, quelques combats partiels ont lieu, dans lesquels la cavalerie seule du 14e Corps est engagée.

- Bataille de Dresde

Le 26, l’armée ennemie est en entier devant Dresde. Le Maréchal Saint-Cyr prend ses dispositions pour défendre à outrance ; la 43e Division est placée à la tête des faubourgs et derrière des palanques.

Heureusement, vers 10 heures l’Empereur arrive avec la Garde et le 1er Corps de cavalerie.

L’attaque de l’ennemi est dirigée d’abord contre les 44e et 45e Divisions qui la reçoivent avec vigueur, mais ses grands efforts restent sur le centre. Il fait avancer une artillerie formidable contre la porte et la redoute de Plauen ; nos postes avancés sont obligés de se replier derrière les murailles.

L’artillerie de la redoute lutte longtemps contre celle de l’ennemi, mais les pièces ayant été démontées et les canonniers tués, elle est seulement gardée par 150 hommes d’infanterie qui ne cessent d’en interdire l’approche à l’ennemi. La redoute n°3 est enlevée malgré l’héroïque défense des Compagnies qui l’occupent, mais doivent enfin se retirer faute de munitions.

L’Empereur donne l’ordre de la reprendre, ce qui est exécuté aussitôt par deux Compagnies d’élite et un Bataillon de la Garde ; on y fait 500 prisonniers.

Néanmoins, vers 6 heures du soir, les obus et lez boulets ennemis balaient encore les rues de Dresde et toutes les réserves du 14e Corps sont engagées. Napoléon se décide alors à faire donner la Garde. L’entrée en ligne de cette troupe d’élite vigoureusement enlevée par les Maréchaux Ney et Mortier, décide du sort de la journée.

A l’entrée de la nuit, l’armée combinée, forcée de plier de toutes parts, est rejetée en arrière des positions qu’occupaient nos troupes le matin.

Le Bataillon du 65e a eu 8 hommes tués : le Fourrier Simponnar et les soldats Cuypers, Poulainque, Bidos, Leroy, Gimonet, Delagarde, et Dubus. Parmi les blessés dont, suivant la coutume, on n’a pas noté le nombre, se trouvent le Capitaine Jeanningros et le Sous-lieutenant Faldeaux.

Le soir du 26, les deux armées opposées campent dans la boue et y passent la nuit sous une pluie continue et violente.

Le 27, la bataille recommence dès 6 heures du matin. Le 14e Corps se poste en avant de Seidnitz et Racknitz pour y occuper la position que l’Empereur lui a assignée. Le Bataillon du 65e, considérablement réduit à la suite de la bataille de la veille, ne parait pas avoir été très vivement engagé.

La journée se termine par la retraite de l’armée coalisée, qui laisse sur le champ de bataille plus de 40.000 hommes, dont 15.000 prisonniers, presque tous Autrichiens, 26 pièces de canon, 130 caissons et 18 drapeaux.

Le 26, le 14e Corps poursuit l’ennemi sur la route de Maxen. On lui fait 200 prisonniers.

Le 29, la cavalerie continue la poursuite et fait 180 prisonniers.

Le 30, le 14e Corps se porte de Raynards-Grimma sur Libenau, où il trouve les débris du Corps de Vandamme, qui a été battu à Kulm. Saint-Cyr les rallie et leur indique une position sous la protection de son Corps d’armée.

Pendant le mois de septembre et les premiers jours d’octobre, la masse des coalisés grossissant de jour en jour, l’armée française se retire dans la direction du Rhin, à la recherche d’un point stratégique intermédiaire qui lui permette de suppléer à son énorme infériorité numérique.

Le 2 octobre 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, le 14e corps fournira 13 bataillons, savoir :
10 bataillons au 3e corps ...
Les 10 bataillons que le 14e corps fournira au 3e sont : le 3e bataillon du 6e léger ; le 2e bataillon du 16e léger ; le 3e bataillon du 28e léger ; le 4e bataillon du 40e de ligne ; le 2e bataillon du 59e ; le 3e bataillon du 69e ; le 6e bataillon du 9e léger ; le 3e bataillon du 50e de ligne ; le 4e bataillon du 65e ; le 3e bataillon du 43e ...
Ces 13 bataillons se mettront sans délai en marche pour Dresde, d'où l'état-major les enverra rejoindre leurs corps respectifs ...
Par ce moyen, il n'y aura plus de régiments provisoires au 3e corps, et tous les bataillons d'un même régiment qui sont à l'armée se trouveront réunis.
Faites-moi connaître quelle sera la situation des 8e, 9e, 10e, 13e, 31e, 42e, 43e, 44e et 45e divisions, quand le mouvement de ces bataillons aura été fait. Donnez des ordres pour que ce mouvement s’opère demain. Tous les bataillons passeront à Dresde où vous en ferez la revue pour constater leur situation
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 219 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 36606).

Le 14e Corps reste à Dresde ; le 3e Bataillon du 65e, réduit à sa plus simple expression, est détaché pour aller rejoindre le 4e Bataillon, toujours au 3e Corps, dont le général Souham a pris le commandement.

/ 1813, les 3e et 4e Bataillons, bataille de Leipzig, et fin de la campagne de Saxe

Dans les premiers jours d’octobre, le 3e et le 4e Bataillons du 65e ayant réuni leurs débris, sont encore en état de prendre une glorieuse part à la fin de la campagne de 1813. Quoiqu’il arrive d’ailleurs, les jeunes gens qui représentent le Régiment en Allemagne, n’auront rien à envier à leurs aînés qui, à la même date, combattent encore au-delà des Pyrénées, dans les mêmes conditions, un contre trois.

Le 15 octobre, le 3e Corps est en position entre Neutsch et Sainte-Thécla, le long de la Parta, faisant face à l’Armée de Silésie. A 9 heures du matin, les éclaireurs annoncent que l’ennemi avance sur toute la ligne.

Dès le début de l’action, l’Armée de Silésie attaque le faubourg de la Halle ; ses attaques, renouvelées un grand nombre de fois dans la journée, échouent toutes. Elle essaie, avec la plus grande partie de ses forces, de passer la Partha à Schoenfeld et à Sainte-Thécla. Deux fois, elle parvient à s’établir sur la rive gauche et deux fois elle en est chassée.

Une troisième fois, vers 3 heures après-midi, les Russes occupent Schoenfeld. Le Maréchal Ney fait alors appel à une troupe qui se trouve tout près : c’est un Bataillon du 65e. Le Bataillon – à la voix de son chef, le Commandant Vielbans, qui, malgré une blessure non guérie reçue à Dresde, a voulu rester à sa place de combat, se porte au pas de charge sur le village et l’enlève à la baïonnette. Peu après, la victoire est à nous.

Mais alors, l’armée saxonne tout entière passe à l’ennemi ainsi que la cavalerie wurtembourgeoise. Cette trahison, non seulement met du vide dans nos lignes, mais livre à l’ennemi le débouché important confié à la garde des Saxons, qui poussent l’infamie jusqu’à tourner sur-le-champ, leurs 40 pièces de canon contre nous.

Un moment de désordre en résulte, à la faveur duquel l’ennemi franchit la Partha et marche sur Reidnitz dont il s’empare, ne se trouvant plus qu’à une demi-lieue de Leipzig.

Mais l’intervention de la Garde impériale rétablit l’ordre, le village est repris, l’ennemi repoussé fort loin et l’on couche sur le champ de bataille.

Le lendemain, la nécessité de se réapprovisionner en munitions de toute nature et la défection de la Bavière imposent un mouvement de retraite sur Erfurt. On ne sait comment, à la suite d’une erreur déplorable, un pont est rompu avant le passage de l’arrière-garde, ce qui cause à l’armée la perte d’une douzaine de mille hommes.

La bataille du 18 coûte cher au faible détachement du 65e; sont tués ou blessés mortellement les Capitaines Pretat, Allais, Lafore et Valette; les Lieutenants Minuty, Denis et Laffon; Le Sous-lieutenant Andrieux; le Sergent-major Bordieux et 23 Sous-officiers ou soldats. Le nombre des blessés est très considérable ; parmi eux, l’on trouve le brave commandant Vielans.

Un historien militaire contemporain de cette grande époque, le Général Vaudoncourt, a dit de la bataille de Leipzig : "Quels qu’en aient été les résultats, cette bataille n’en sera pas moins un des plus glorieux faits d’armes dont puissent s’honorer les armées françaises. La comparaison des forces présente un bien honorable parallèle. Toute l’armée coalisée, moins les corps d’York et de Giulay, donna, c’est-à-dire 300.000 hommes. L’armée française abstraction faite du 4e corps et des saxons, ne s’élevait qu’à 138.000 hommes. Ce fut surtout le prince de la Moskowa, et les vaillantes troupes des 3e et 6e corps et de la division Durutte, qui se couvrirent de gloire. Moins de 40.000 hommes luttèrent toute la journée contre 150.000 hommes, sans être soutenus, si ce n’est par une division de la garde et quelque cavalerie".

Une situation du 5 novembre 1813, constate que les 3e et 4e Bataillons du 65e ne comptent plus au total que 10 Officiers et 150 hommes prêts à combattre. Aussi les cadres du 4e reçoivent-ils bientôt l’ordre de rejoindre le Dépôt, après avoir versé leurs hommes au 3e Bataillon.

/ 1813, en Hollande

Le 10 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, d'après tous les renseignements que je reçois d'Amsterdam, il me paraîtrait convenable d'y envoyer sans délai 1200 hommes qu'on pourrait tirer de la 24e division militaire, en ayant soin que ce ne soit pas des Hollandais. On pourrait aussi les tirer de Maëstricht et de Grave. Je désire que vous me proposiez la formation de ce régiment de marche, pour qu'il se mette sur-le-champ en route pour Amsterdam. Je crois que le 65e a deux bataillons à son dépôt. Je crois qu'il n'en fournit qu'un aux régiments provisoires et à la composition des corps d'observation. Si ceci est, on peut compléter un bataillon et le faire partir sur-le-champ pour Amsterdam, indépendamment des régiments de marche de 1200 hommes dont je viens de vous dire de me soumettre la formation ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32698).

Le 17 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lebrun, Aide de camp de l’Empereur : "Monsieur le duc de Plaisance, j’apprends par le télégraphe que la populace d’Amsterdam s’est insurgée dans la nuit du 15 au 16. Mon intention est que vous partiez cette nuit pour vous rendre à Anvers où il est nécessaire que vous voyiez l’amiral Missiessy et le commandant de la garnison, afin de garnir de matelots français les places d’Anvers et de Willemstad, les forts qui défendent l’ile de Gorée et la citadelle de Bois-le-Duc. Je suppose qu’il n’y a plus rien du côté de Breda.
J’ai donné ordre au général Rampon de se rendre à Gorcum avec 3000 hommes de gardes nationales. Je suppose qu’il y sera arrivé. Vous correspondrez avec lui pour connaitre la situation des choses de ce côté-là.
Vous connaissez déjà la situation de Grave et de Duvinter puisque vous en venez.
Vous prendrez le commandement du 1er corps bis de la Grande Armée qui se réunir à Anvers, et qui est composé :
... Total : 13 bataillons
Tous ces bataillons sont en mouvement, les conscrits nécessaires pour les compléter, mais sans doute, il n’en est encore arrivé qu’une partie. Aussitôt qu’un bataillon pourra être organisé, habillé et armé, vous le ferez venir à Anvers ou à Flessingue de manière à former le plus promptement possible un corps de troupes.
Vous recevrez du ministre de la Guerre, l'organisation définitive de ce corps, mais vous devez profiter provisoirement :
du dépôt du 65e qui est à Gand ...
Au surplus, vous recevrez des instructions plus détaillées du ministre de la Guerre. Le principal est la sûreté d'Anvers, d'Ostende, de Flessingue, de Willemstad, de Gorée, de la citadelle de Bois-le-Duc, et d'avoir des troupes qui surveillent le Rhin en communiquant avec Gorcum.
Vous correspondrez tous les jours avec moi par le télégraphe et les estafettes. Vous trouverez ci-joint l'état de tout ce que les 17e, 24e et 25e divisions militaires ont à recevoir de conscrits. Tout est en mouvement et arrive. Ecrivez aux généraux commandant les divisions, aux préfets, et aux directeurs d'artillerie pour accélérer l'habillement et l'armement de ces hommes. Si ces bataillons ne sont pas formés, formez-les. Nommez à tous les emplois vacants, et prenez toutes les mesures qu'exigent les circonstances, afin de vous former dans la main le plus tôt possible un corps de troupes qui soutienne Gorcum, Bois-le-Duc, Willemstad, défende le Rhin et puisse servir selon les circonstances.
Le duc de Tarente reçoit l'ordre de porter son quartier général de Cologne à Clèves pour se trouver plus à portée. Nous devons trouver de grandes ressources, dans les équipages de l'amiral Missiessy pour Flessingue, Anvers et pour les îles.
En passant à Lille, vous vous aboucherez avec le commandant de la division, et conférerez avec lui sur tout ce que la division peut fournir. Il sera nécessaire d'occuper tous les postes, tels que Crèvecoeur et autres le long du Rhin.
Prenez toutes les mesures les plus actives pour former l'approvisionnement de Gorcum et de la citadelle de Bois-le-Duc.
ÉTAT DES CONSCRITS QUE LES 16E, 24E ET 25E DIVISIONS MILITAIRES ONT À RECEVOIR
24e division
... 65e de ligne Gand 920 hommes Jemmapes, Rhin-et-Moselle, Escaut ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37102).

Le 21 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Daru, Ministre directeur de l’Administration de la Guerre : "Monsieur le comte Daru, je vous envoie un rapport que j 'avais demandé au comte de Cessac. Je n'ai pas besoin de justification, mais de faits. J’ai dans la 16e, la 24e et la 25e divisions militaires plus de 20 000 conscrits qui arriveront avant le 15 décembre. Le ministre de la Guerre a approuvé leur armement. J'ai donc besoin qu'ils soient habillés. Une partie du nombre est destinée à former le 1er corps bis de la Grande Armée commandée par le duc de Plaisance et qui se compose du 9e et 4e bataillon des régiments du 1er corps commandé par le comte de Lobau. Si l'habillement n'arrête pas le duc de Plaisance, ce corps sera bientôt disponible. Faites-moi connaître le nombre d'habillement que chaque bataillon a dans ce moment. Il est de la plus haute importance que le duc de Plaisance puisse réunir sur-le-champ tous les bataillons ou du moins une partie pour marcher sur Amsterdam.
Np
Tableau faisant connaître le nombre des conscrits assignés aux corps des 16e, 24e et 25e divisions, les fournitures accordées à chacune et le restant à ordonner.

Numéro des divisions Dénomination des corps Contingent positif Moitié que l'on présume être fournie sur le déficit Excédant Total Nombre de fournitures accordées Reste à ordonner
24e division 65e de ligne
500
60
300
860
500
360

..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37221).

/ 1813-1814, la campagne de France

L'année 1813 s'achève de manière tragique, et l’année 1814 s’ouvre lugubre et pleine de périls pour la France. L’immense ligne de frontières, acquise au prix d’un quart de siècles de luttes incessantes, est forcée sur tous les points, et plus d’un demi-million d’ennemis, sans compter les réserves, sont déjà, ou sur le point, de pénétrer sur le territoire national. Pour résister à cette invasion formidable, Napoléon n’a guère que 80.000 hommes ; mais il a son génie et cela lui suffit pour faire cette admirable campagne de 1814 le digne dénouement de la brillante épopée qui, depuis vingt années, déroule ses péripéties saisissantes sous les regards du monde, terrifié mais ébloui.

L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique, dans son article 7 : "La huitième division, qui faisait partie du troisième corps, et qui en ce moment fait partie du sixième, sera composée ainsi qu'il suit :
... Troisième bataillon du 65e de ligne.
Tout ce qui existe du quatrième bataillon sera mis dans le troisième, et le cadre renvoyé au dépôt …
ART. 8.
Il sera incorporé cent conscrits hollandais dans chacun des bataillons dont les noms des régiments suivent :
22e de ligne, 40e idem, 59e idem, 69e idem, 43e idem, 136e idem, 138e idem, 145e idem, 142e idem, 144e idem, 50e idem, 65e idem.
Les douze cents conscrits hollandais nécessaires seront pris à raison de trois cents dans chacun des quatre bataillons hollandais.
Art. 9
Cette huitième division sera commandée par le général Ricard …
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105).

Le 21 décembre 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris : "ORDRES.
... Le 6e corps d'armée, commandé par le maréchal duc de Raguse, sera formé en quatre divisions, savoir :
... 2e division, général : 6e léger, deux bataillons ; 9e, deux ; 59e de ligne, deux ; 65e, deux ; 69e, deux ; 136e, deux ; 138e, deux ; 142e, deux ; total, seize bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).

Toujours le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je viens d'examiner le tableau de l'infanterie qui est joint à votre travail du 19 décembre ...
... Le 6e corps sera formé en 3 divisions :
1re division, de : 1 bataillon du 2e léger ; 2 bataillons du 4e ; 2 bataillons du 6e ; 2 bataillons du 40e de ligne ; 2 bataillons du 43e de ligne ; 3 bataillons du 50e ; 2 bataillons du 65e ; 14 bataillons ; 2 bataillons du 136e ; 2 bataillons du 138e ; 2 bataillons du 142e ; 2 bataillons du 144e ; 2 bataillons du 145e ; 24 bataillons (Quand tous auront rejoints) ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37628).

Un Etat en date du 25 décembre 1813, faisant suite à une lettre de Berthier au Maréchal Marmont, indique : 6e Corps d'Armée, M. le Maréchal Duc de Raguse, commandant; 1ère Division : "65e régim. De ligne. : 3e bataill. présent au sixième corps. 4e se forme à son dépôt à Gand" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 102).

Dès les premiers jours de janvier, le 4e Bataillon, dont les cadres sont de retour d’Allemagne, se reforme au Dépôt. Destiné d’abord à rejoindre le 3e, il est, par suite de nouveaux ordres, envoyé au 1er Corps, qui se constitue à Lille, sous les ordres du Maréchal Maison. Fort de 24 Officiers et 420 hommes, il fait partie de la Division Solignac.

Au commencement de l’année, le 3e Bataillon est sur le Rhin, où il fait partie de la Division Lucotte, du 6e Corps (Maréchal Marmont, Duc de Raguse). Il compte 22 Officiers et 252 hommes présents.

Au 18 janvier 1814, le 3e bataillon (24 officiers et 485 hommes) et le 4e bataillon (qui s'organise à Gand), sont tous deux affectés au 6e Corps, Marmont.

Le 28 janvier, le 3e Bataillon est à Verdun, Quartier-général de Marmont.

Le 13 février 1814, l'Empereur écrit, depuis Château-Thierry, au Duc de Feltre : "Je réponds à votre lettre du 8 février. Je vois que la 1re division de Paris se compose du second bataillon du 70e, du 3e du 43e et du 3e du 65e.
Il faut y joindre le 4e bataillon du 70e, le 1er du 28e léger et le 6e du 86e que vous avez envoyés à Meaux et qu'il faut rappeler en donnant tous les conscrits au duc de Tarente ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6436 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 38097).

Le 17 février 1814, à 6 heures du matin, l'Empereur écrit, depuis Guignes, au Roi Joseph, son Lieutenant général, à Paris : "... Je vois que la 1re brigade de la 1re division, sous les ordres du duc de Padoue, est organisée ; je lui donne ordre de venir à Villeneuve-Saint-Georges ...
Il y a à Corbeil un bataillon du 65e qui peut faire partie de cette division. On peut ramasser aussi d'autres bataillons qu'on a disséminés mal à propos ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 10, p. 129 ; Du Casse A. : "Le Général Arrighi de Casanova, Duc de Padoue", 1866, t. 2, p. 411; Correspondance de Napoléon, t. 27, 21282 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 38169).

Le 9 mars 1814, les hommes du 65e sont à la bataille de Laon.

Le 25 mars 1814, c’est la bataille de Fère Champenoise où le 3e Bataillon se distingue.

Le 27 mars, les 1er et 2e Bataillons (37 Officiers et 918 hommes) sont sur la rive droite de la Loire, Division Morand.

Le 30 mars 1814, le 65e (3e Bataillon) participe à la bataille de Paris. Deux Officiers sont blessés, le Capitaine Le Pouliguen, et le Sous-lieutenant Falbeaux.

Le 3e Bataillon suit ensuite le mouvement de retraite de l’armée, en conséquence de la capitulation de Paris, et se trouve cantonné le 15 avril, à Longue-Lune, arrondissement de Verneuil (Eure). Il est commandé par le Chef de Bataillon Coquet, et fait partie de la 1re Division de réserve de Paris, 7e Corps (Maréchal Oudinot).

Le 1er mai, il est à Grosbois, le 20 à Nonancourt.

/ Fin 1813-1814, formation d'un 6e Bataillon

A la fin de 1813, le Dépôt du 65e, encore à Gand, d’où peu de temps après il est transféré à Abbeville, a donné au moyen de Conscrits de la dernière levée, un 6e Bataillon qui est envoyé à la 1re Division de réserve de l’Armée des Pyrénées (Général L’Huillier). Le 1er janvier, ce Bataillon est à Bordeaux, il compte 14 Officiers, 59 Sous-officiers et 240 Conscrits.

Le 3 février, il reçoit l’ordre d’envoyer à Blaye la moitié de ses hommes à Bordeaux, où ils seront armés et dirigés, avec le restant du Bataillon, sur l’Armée des Pyrénées. Mais cette dernière prescription ne peut recevoir son exécution.

Les évènements politiques à Bordeaux mettent le Général L’Huillier dans l’obligation d’évacuer la ville et de se retirer avec la garnison dans la citadelle de Blaye, où le Bataillon du 65e est fait prisonnier par les Anglais, le 5 avril.

/ 1814, dans les Pyrénées

Le 1er janvier 1814, un Général anglais fait sommer le détachement du 65e qui occupe l’île de Brocq de se retirer. L’Officier commandant le poste répond "que cette manière de faire la guerre est étrange, que l’on peut commencer le feu et qu’il y répondra". L’ennemi ayant alors démasqué 3 pièces de canon et commencé la fusillade, le feu de nos artilleurs éteint le sien ; nous avons 25 hommes mis hors de combat.

Le 7 janvier, à la suite de mouvements de l’ennemi, la Division Foy vient s’établir sur les deux rives de la Bidouze ; elle y est en réserve pour soutenir au besoin le Lieutenant général Clausel, commandant l’aile gauche. Le Régiment est à Bardos avec le Grand Quartier-général ; il compte 35 Officiers et 968 hommes présents.

Le 27, la Division a une petite affaire d’avant-postes sur le Larran ; le 65e y prend part. On tue ou blesse à l’ennemi une centaine d’hommes et on lui fait 17 prisonniers.

Le 13 février, en prévision d’un attaque très prochaine de l’armée anglaise, la Division Foy est établie de manière à garder la Bidouze, depuis Canne jusqu’à son confluent dans l’Adour. Ce même jour, un combat s’étant engagé entre l’ennemi et la Division Harispe, le Maréchal prend, le lendemain, ses dispositions pour parer à une attaque générale, malgré son extrême infériorité numérique.

La Division Foy reçoit l’ordre d’occuper, le 17, la rive droite du gave d’Oloron, depuis son confluent jusqu’à Sordes : elle aura à défendre en outre les têtes de pont d’Hastingues et de Peyrehorade. L’armée s’étendra de Dax à Navarreins, ayant sur son front le cours de l’Adour et celui des gaves. Le Quartier-général sera à Orthez.

Le 24, l’ennemi attaque toute la ligne du gave d’Oloron. Cette attaque échoue devant Sauveterre, mais le passage est forcé entre Andaux et Laas. Les gaves d’Oloron et de Pau n’étant plus des obstacles sérieux à cause du grand nombre de gués produit par la baisse des eaux, le Duc de Dalmatie se décide à concentrer sa petite armée (25.000 hommes) en arrière d’Orthez, et à attendre dans cette position que l’ennemi vienne l’attaquer ou lui fournisse l’occasion d’aller à lui.

Le 25, après la concentration de l’armée, un combat s’engage devant Orthez : le Maréchal fait sauter le pont, malgré les efforts de l’ennemi pour l’en empêcher.

Le 26, deux Divisions anglaises ayant franchi le gave de Pau au gué de Lahontan, la 1re et la 2e Divisions sont formées sur le contrefort de Castelarbe, prolongeant leur droite vers la route de Dax.

- Bataille d'Orthez

Le 27, l’armée est attaquée dans se positions en arrière d’Orthez par toute l’armée ennemie. Les troupes se battent avec leur valeur accoutumée, augmentée par le sentiment qu’elles ont de défendre, cette fois-ci, le sol français.

Le village de Saint-Boës est pris ou repris jusqu’à cinq fois. Mais le Maréchal, cédant au nombre, est forcé de retirer l’armée sur Sault-de-Navailles, d’où elle continuera son mouvement sur Saint-Sever.

Les pertes de la journée sont considérables de part et d’autre. La 1re Division a été la plus engagée : le Général Foy est grièvement blessé. Le 65e a 4 hommes tués : le Caporal Servel et les soldats Sales, Bonhoure et Vankerkoven, et un nombre relativement considérable de blessés, dont 5 Officiers, parmi lesquels le Capitaine Folly (deux blessures) que l’on trouve toujours au premier rang, aussi bien à Orthez qu’à Ratisbonne, à Fuente-el-Sauco et à Castro.

Le 28, le 65e est à Grenade, sur l’Adour.

Le 1er mars, l’armée continuant ses mouvements sur l’Adour, est en position à Aire et à Barcelone.

Au 1er mars, le 1er Bataillon compte encore 20 Officiers et 417 hommes; le 2e, 14 Officiers et 400 hommes.

Le 2, l'armée est à Bernèle, après un sérieux combat d’arrière-garde.

Le 3, le Régiment est à Plaisance, avec le Comte d’Erlon; les autres Corps sont à Madiran et Maubourguet.

Le 4, le Maréchal écrit de Rabastens au Ministre de la Guerre qu’il va donner cinq ou six jours de repos à ses troupes pour nettoyer les armes, faire donner des vivres et se procurer des souliers ; les mauvais temps qu’on éprouve ont mis un grand nombre de soldats pieds-nus.

Le 12, l’armée se rapproche des montagnes, dans le but de ramener le théâtre de la guerre vers les Pyrénées et de se trouver sur le flanc de l’ennemi. Le Quartier-général est à Vic-de Bigorre.

Le 13, le maréchal tente d’attaquer l’armée anglaise, mais celle-ci refuse le combat. Le 65e et les autres troupes de d’Erlon sont en position sur le plateau de Castet-Pugon.

Le 17, le Régiment est sur le contrefort entre les deux bras de la Loes.

Le 19, le 65e prend part à une attaque de d’Erlon sur Vic-de-Bigorre et Balot, et combat jusqu’à la nuit.

Le 23, le mouvement sur Toulouse, commencé l’avant-veille, continue. Le régiment couche à Muret.

Le 24, l’armée, suivie dans son mouvement par l’ennemi, arrive devant Toulouse. Elle prend position entre la Garonne et le ruisseau le Touch. Les jours suivants, on s’occupe de mettre la ville en état de défense.

Au 1er avril, l'effectif total du Régiment est tombé à 792 hommes.

Dans la nuit du 1er avril, le Corps du Général Hill ayant passé la Garonne vers Pinsaguel, le 65e et les Divisions aux ordres des Généraux d’Erlon et Clausel vont occuper rapidement les hauteurs en avant de Vieille-Toulouse. Mais ce mouvement de l’ennemi n’est qu’une démonstration : il reprend le lendemain ses premiers emplacements.

Le 6 avril, le Maréchal dispose ses troupes en prévision d’une attaque générale. La 1re Division est chargée de la défense de la ligne, depuis le pont du canal en avant de la porte de Montabiau jusqu’à l’embouchure du canal dans la Garonne.

Le 8, l’ennemi se rapproche ; les deux armées sont en présence et la bataille imminente.

- Bataille de Toulouse

Le 10, à six heures du matin, l’armée anglaise commence son mouvement et met en ligne 6 fortes Divisions, gardant d’ailleurs une grosse réserve d’infanterie et de cavalerie prête à se porter sur tous les points.

La position défendue par la 1re Division est attaquée avec une extrême vigueur, notamment en deux points : le pont des minimes et celui de la route de Blagnac. Sur ce dernier point, où se trouve le 65e avec la Brigade Berlier, l’ennemi veut brusquer l’attaque, mais il est repoussé avec une perte énorme : un Régiment anglais, fort de 900 hommes, est réduit à 150, et son Colonel est fait prisonnier. Les Officiers, ainsi que les soldats qui n’ont pas le temps de charger leur fusil, blessent beaucoup d’ennemi à coups de pierres.

L’ennemi, désespérant d’entamer une position défendue avec tant d’acharnement, porte tous ses efforts vers le plateau de Calvinet qu’occupe la droite de l’armée, aux ordres du Général Clausel. La nuit met fin à cette bataille, la dernière de la campagne, qui cause à l’ennemi des pertes considérables.

Elle nous coûte, à nous, 2.000 hommes hors de combat et un grand nombre de Généraux et d’Officiers.

Le Général Taupin est tué à la tête de la 4e Division, circonstance sans laquelle 7 à 8000 Anglo-portugais, qui exécutent une dangereuse marche de flanc, auraient sans doute été détruits ou pris.

Le Général Haurot reçoit une blessure qui nécessite l’amputation ; le Général Berlier est aussi blessé ; le 65e a 2 Officiers tués, le Lieutenant Marzolph et le Sous-lieutenant Wieder, et 24 soldats, parmi lesquels les Sergents-majors Bahuaud et Fenoul, les Sergents Carayol et Parent, les Caporaux Labbe et Boussion. Le nombre des blessés est considérable.

Le lendemain, le Maréchal se résout à quitter Toulouse et à occuper l’ennemi en manoeuvrant vers Villefranche, dans le but d’opérer sa jonction avec les troupes du Maréchal Suchet, rentrant de Catalogne en France.

L’armée est mise en marche à 4 heures du soir sur la grande route de Castelnaudary. A partir de Baziège, le 65e est à l’arrière-garde avec le Comte d’Erlon et protège la marche de l’armée. Un détachement de cavalerie lui est adjoint.

Le 12, l’armée arrive à Villefranche. Elle en repart le 13, à 4 heures du matin. Le Régiment est toujours à l’arrière-garde. Le Comte d’Erlon a ordre d’arrêter ses Divisions sur les hauteurs de Montferrand et de faire occuper Avignonet. L’ennemi n’ayant pas attaqué, l’armée arrive à Castelnaudary où elle apprend l’abdication de l’Empereur (11 avril).

Par un Décret du 22 avril, signé S.A.R. Monsieur, Lieutenant général du Royaume, les Armées des Pyrénées et de catalogne sont réunies sous le nom d’Armée du Midi et placées sous le commandement du Maréchal Suchet, Duc d’Albufera. Le Quartier-général de l’armée est à Narbonne, celui du Comte d’Erlon à Lavaur. Le Régiment est réduit à 672 présents.

Au commencement de mai, la Division Foy, placée dans la Lieutenance du Comte Reille, vient à Montauban, où elle est passée en revue, le 5 mai par le Duc d’Angoulême.

/ La Restauration, le 65e devient 61e

Une Ordonnance royale du 12 mai 1814, réduit à 90 le nombre des Régiments d’infanterie. En exécution des prescriptions de cette Ordonnance, le 65e prend le n° 61.

Le 61e est formé à Bayeux des éléments ci-après :
- 3e Bataillon du 65e venant de Nonancourt, arrivé le 30 mai;
- Dépôt du 65e venant d'Abbeville, arrivé le 7 juin;
- 4e Bataillon du 65e venant de Douai, arrivé le 9 juin;
- 1er et 2e Bataillons du 65e venant de Rabastens, arrivés le 13 juillet;
- 6e Bataillon du 65e venant de Blaye, arrivé le 29 juin;
- Détachement du 112e venant de Chartres, arrivé le 13 juin;
- Détachement du 15e Voltigeurs de la Jeune Garde venant d'Orléans, arrivé le 15 juin.

Le 30 août, son organisation étant terminée, le 61e quitte Bayeux pour aller tenir garnison à Nantes pour y remplacer le 78e Régiment réservé pour Bayonne; il arrive dans cette ville le 9 septembre. Il compte 83 Officiers et 738 hommes.

/ 1815, les Cent-Jours; le 61e redevient 65e

Le 1er mars 1815, Napoléon, qui a quitté l’île d’Elbe, débarque à Cannes ; le 20, il est à Paris. Il prépare aussitôt la résistance à une nouvelle et implacable coalition européenne.

Le Moniteur, en date du samedi 1er avril 1815, raconte : "… Nantes, 27 mars …
Pendant l’année qui vient de s'écouler, les braves du 61e avaient caché dans leur caserne l'aigle impériale qui ornait autrefois l'obélisque de la place Impériale. A deux heures, les sous-officiers et les vieux soldats ont parcouru les rues de la ville en portant cette aigle, couverte de lauriers, et au milieu de trophées. Ils l'ont déposée pendant quelques minutes chez M. le général de division comte Foy, qui avait sous ses ordres ce régiment dans les dernières batailles. On a vu des soldats, des vétérans, des officiers se précipiter sur l'aigle et la serrer dans leurs bras …
" (Pièces et actes officiels extraits du Moniteur, première partie 1815, p. 151).

Le 30 mars 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre: "Mon Cousin, j'ai donné le commandement de la 12e division au général Morand. Dites-lui de réunir le 40e régiment de ligne, qui est à Rochefort ; le 61e, qui est à Nantes ; le 71e, qui est à la Rochelle, ainsi que toute la cavalerie qui se trouve dans la division et une batterie d'artillerie. Qu'il se mette à la tête de ces troupes et qu'il s'approche de Bordeaux, afin de faire la réunion des troupes, d'en chasser la duchesse d'Angoulême et de faciliter le mouvement du général Clausel. Le général Clausel, aussitôt qu'il sera maître de sa division, mettra en état la ville de Bayonne. Si le général Morand apprend en route que la duchesse est partie et que le général Clausel est maître de Bordeaux, il se dirigera du côté de Toulouse pour dissiper les rassemblements, se réunir à la division de Nîmes et arrêter le duc d’Angoulême. Pendant ce mouvement, le lieutenant général Morand donnera le commandement à un bon général de brigade. Mandez-lui qu'il peut évacuer Alençon. Recommandez au général Morand de mettre de la promptitude dans l'exécution de ces opérations. Qu'aussitôt que Bordeaux sera soumis il en laisse le commandement au général Clausel et se combine avec lui …" (Correspondance de Napoléon, t. 28, 21746 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39158).

Fin mars 1815, un "Projet de répartition des militaires l'appelés aux drapeaux en sept dépôts généraux où ils seraient armés, habillés et instruits. Fin mars 1815". Le 61e de Ligne (donc 65e) à Nantes fait partie de la 20e Division militaire; il doit être fourni par le Département de la Charente-Inférieure, et son Dépôt doit être établi à Tours (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2972).

Par suite de la réorganisation de l’infanterie, le Régiment redevient le 65e

Dès la mi-avril, le Bataillon part de Nantes pour se rendre à Orléans, d’où il est mis en route le 8 mai, à destination de Paris, où il arrive le 12.

Le 3 avril 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon Cousin, le 6e corps sera composé de la manière suivante, savoir : ... de la 21e division ; le 15e de ligne, le 26e, le 61e et le 8e léger formeront cette 21e division, qui se réunira entre la Loire et la Dordogne ; elle restera là jusqu'à nouvel ordre.
Ce corps sera sous les ordres du comte de Lobau ; il sera ainsi composé de seize régiments ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 28, 21765 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39200).

Le 65e doit faire partie du 6e Corps, sous les ordres du Comte de Lobau. Il attend à Paris le 2e Bataillon qui se mobilise à Nantes.

Le 8 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je vous envoie le tableau que j'ai rédigé pour la répartition des militaires rappelés. Vous y verrez que j'appelle dans la 1re division tous les hommes de 31 départements. Il y a aujourd'hui à Paris 8 régiments. Je fais venir 4 dépôts de la 8e et 4 de la seconde et de la 5e.
Il y aura donc 16 dépôts à Paris, auxquels 31 départements fourniront, ce qui fera près de 2 départements par dépôt ; mais la Jeune Garde ayant 12 régiments à compléter, tous ces hommes seront nécessaires. Pour tout le reste, j'envoie les hommes en droite ligne à un dépôt voisin. J'ai même pour principe de faire passer les hommes d'un département, dans un autre de la même division. Vous pourrez placer dans des villes voisines de Paris, les 8 dépôts qui doivent arriver. Il faut que ces régiments, avec leur dépôt, fassent partir les 3e, 4e, et 5e bataillons. On peut donc avoir de quoi compléter ici 2 bataillons par régiment ou 32 bataillons, ce qui fera une réserve.
Je fais venir ici tous les hommes de la Provence. Quelque inconvénient qu'il puisse y avoir, je pense que ce déplacement est nécessaire. Si nous venons à nous apercevoir qu'un département ne puisse pas fournir à 2 ou 3 régiments, comme il est porté au tableau, nous verrons à faire venir à Paris un de ces régiments.
II faut mettre un inspecteur à la tête des 16 dépôts de Paris. Donnez à chacun de ces régiments ce qui est nécessaire pour habiller 1 000 hommes et en outre, faire un marché pour avoir à Paris un magasin de 20 000 habillements complets ...
Annexe
Répartition des militaires rappelées aux drapeaux
Dépôt garnison
Dépôt à Tours ...
20e division militaire
Charente- Inférieure : 61e de ligne à Nantes ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39235).

Le 24 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "... Réitérez également les ordres au 5e léger, au 88e, au 10e, au 44e, qui doivent former la 20e division, pour qu'ils accélèrent leur mouvement sur Paris. Faites-moi connaître quand la 21e division, c'est-à-dire le 8e léger, le 15e de ligne, le 26e, le 61e seront arrivés sur la Loire ; quand la 6e division de réserve sera complétée ..." (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21841 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39402).

Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai.
J’approuve tous les mouvements que vous me proposez pour les dépôt de cavalerie. Il faut les faire exécuter sur-le-champ.
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations ...
Donnez ordre au 65e de faire partir de Nantes 250 hommes pour renforcer ses deux bataillons de guerre ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39651).

Le 21 mai 1815, Soult écrit, depuis Paris, à Davout : "Suivant les intentions de l'Empereur, j'écris à M. le comte de Lobau de donner ordre au 47e régiment de ligne qui est arrivé à Paris, d'y rester jusqu'à nouvelles dispositions. Sa Majesté a pensé qu'il n'y avait pas d'inconvénient à différer son départ d'une semaine.
Sa Majesté m'a aussi chargé de dire à Votre Excellence que le 26e régiment de ligne étant remplacé au 6e corps par le 75e régiment, il doit être aussi pourvu au remplacement du 15e régiment qui est également retenu dans la Vendée par deux troisième et quatrième bataillons et qu'il faut aussi remplacer le bataillon du 65e qui est dans le même cas, par un troisième bataillon
" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 3280).

- Le 2e Bataillon combat en Vendée

La destination du 2e Bataillon se trouve changée par suite de l’insurrection qui vient d’éclater dans les départements de l’Ouest et, au 1er juin, nous le trouvons en Vendée, où, il fait partie de la 1re Brigade (Colonel Levavasseur, ancien Major du 65e) de la 1re Division (Général Travot) de l’Armée de la Vendée (Lieutenant-général Lamarque). Il compte 18 Officiers et 362 hommes et est commandé par M. Bérard, Chef de Bataillon.

Le 21 mai, le 2e Bataillon prend part au combat de Saint-Gilles, où le Capitaine Dusoir est tué. A Aisenay, il perd le Sous-lieutenant Hierthes.

Il combat vaillamment au pont des Mathes, sur la rivière de Vic, le 4 juin, combat qui coûte la vie, de notre côté, au Lieutenant Castel, du 65e, et du côté des Vendéens au Marquis Louis de la Rochejacquelein.

Il se trouve également aux affaires d’Aiguillon et de Légé.

Le 12 juin, il assiste au combat de Roche-Servière qui coûte 8 hommes tués : le Caporal Feuillette, et les soldats Jacquet, Perrin, Lamarque, Bouvier, Guine, Emery et Baudoin.

Le 28, la paix est signée entre le Général Lamarque et les Chefs vendéens, MM. de Sapineau et d’Autichamp.

Un parti aux ordres de M. de Saint-Hubert tenant encore campagne du côté des Herbiers, le Général en chef envoie dans cette région des colonnes mobiles. Le Bataillon du 65e et la 1re Brigade arrivent, le 1er juillet, à Beaupréau, d’où ils doivent se montrer ensuite à Saint-Florent et sur les autres points de la rive gauche de la Loire, qu’ils remonteront jusqu’au Loroux.

- Les 3e et 4e Bataillons

Pendant que le 2e Bataillon opère en Vendée, les 3e et 4e Bataillons concourrent au maintien de l’ordre dans la Loire-Inférieure.

Le 22 mai 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, Ministre de la Guerre, à Paris : "Mon Cousin, je vous ai fait connaître hier, par le major général, que je désirais qu'il fût formé une armée de la Loire, commandée par le général Lamarque ...
Le général Charpentier, qui est à Nantes, dirigera les troupes dont il pourra disposer, de manière à comprimer les rebelles, savoir : un détachement de gardes nationales, trois bataillons de fédérés, un bataillon du 65e, et tout ce que pourront fournir les dépôts et les 3es et 4es bataillons disponibles dans la 13e division militaire, qui, au lieu de venir à Paris, seront réunis à Nantes. Il sera nécessaire alors d'y organiser un atelier d'habillement pour 2,000 habits complets. Il faudra également, au lieu de les envoyer à Paris, réunir à Angers tous les 3es bataillons des régiments qui sont dans la 22e division militaire, à mesure qu'ils seront complétés ; faites-m'en connaître l'état ; réunir également à Poitiers tous les dépôts qui sont dans la 2e division, et à Napoléonville tous ceux de la 2e ; m'en faire l'état. Le 15e, le 26e et le 25e formeront une colonne active, qui sera successivement renforcée par les autres troupes ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 28, 21948 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39739).

Le 22 mai 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Davout : "... Donnez ordre que les 2e, 3e et 4e bataillons du 65e qui sont à Nantes, soient complétés le plus vite possible ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1579 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39755).

Le 25 mai, le 3e Bataillon soutient à Savenay un combat où il a un homme tué, le soldat Mautret. Le 15 juin, ce Bataillon a trois détachements : une Compagnie de 3 Officiers et 40 hommes à Paimboeuf ; une Compagnie de 3 Officiers et 45 hommes à Chateaubriant ; une Compagnie de 2 Officiers et 46 hommes à Savenay.

Le 18, le Lieutenant général Comte Charpentier, commandant la 1re Division militaire, écrit de Nantes au Ministre de la Guerre "qu’il ne peut aller au secours du lieutenant-général Bigarré, commandant à Rennes, n’ayant à Nantes que 400 hommes environ du 65e, qui sont presque toujours par monts et par vaux, pour escorter des convois ou pour se porter sur des communes prêtes à se soulever, de manière qu’il est resté plusieurs jours avec 40 hommes de garnison, les ouvriers du régiment".

Le 23, il rend compte que Paimboeuf, Savenay et Chateaubriant, qui occupe Guérande, défend énergiquement cette place contre une attaque dans laquelle deux hommes sont tués, les soldats Berthelot et Richard.

Par décision du 5 du même mois, l’armée aux ordres du Général Lamarque est réunie à l’Armée du Nord et aux Corps d’observation des Pyrénées, pour former l’Armée de la Loire.

- Le 1er Bataillon.

Arrivé à Paris le 1er mai, le 1er Bataillon est aussitôt affecté à la 2e Brigade (Général Penne) de la 21e Division (Général Teste) du 6e Corps (Lieutenant-général Comte Lobau). Il compte 23 Officiers et 480 hommes et est commandé par le Chef de Bataillon Boumard, l’un des vaillants défenseurs de Flessingue, rentré en France après cinq années de captivité en Angleterre.

Le 25, le Bataillon est à Clermont (Oise).

Le 10 juin, il arrive à Arras ; le 6e Corps reçoit l’ordre de se trouver, le 13, entre Avesnes et Maubeuge.

Le 13, ordre de se porter le lendemain en avant de Beaumont et d’y bivouaquer sur deux lignes, à un quart de lieue du 3e Corps.

Le 14, le Major-général, Duc de Dalmatie, ordonne au Comte Lobau de faire battre le lendemain la diane à 3 heures et demie et de se mettre en marche à 4 heures, pour suivre et appuyer le mouvement du Général Vandamme sur Charleroi.

Le 15, le 6e Corps traverse successivement Clermont, Doustienne, Marbais, Ham-sur-Eure. La marche est très lente à cause des défilés et des mauvais chemins ; par suite, la troupe est très fatiguée, bien qu’on n’ait fait que six lieues. A 8 heures du soir, le 6e Corps campe à une lieue en arrière de Charleroi, sur un plateau, entre Jamignon et le bois du Prince de Liège. Le bivouac est établi en colonne par division, à gauche de la route de Beaumont à Charleroi ; le Bataillon du 65e et la 21e Division sont en queue.

Le 16, à 3 heures et demie de l’après-midi, pendant la bataille de Ligny, le 6e Corps reçoit l’ordre de marcher sur Fleurus en laissant un Bataillon à Charleroi pour garder la place et protéger le parc. Le soir, le Bataillon et la Division Teste sont établis dans Sombref, occupant la grande route de Namur à Bruxelles et celle qui conduit à Saint-Fiacre dont les hauteurs sont occupées par l’ennemi en retraite.

Le 17, avant de se porter aux Quatre-Bras, l’Empereur ordonne au Maréchal Grouchy de se rendre à Gembloux avec les Corps de cavalerie des Généraux Pajol et Exelmans, la cavalerie légère du 4e Corps, les 3e et 4e Corps d’infanterie et la Division Teste, qu’il détache du 6e Corps, et dont il lui recommande d’avoir "un soin particulier". Le but du mouvement est de poursuivre l’armée prussienne, battue la veille, et en retraite dans la direction de Namur et de Maëstricht.

La Division Teste arrive au Mazy un peu avant midi; elle comprend :
1re Brigade (Général LAFITTE) : 1er et 2e Bataillons du 8e Léger, 938 hommes ; 3e et 4e Bataillons du 40e de Ligne, 900 hommes.
2e Brigade (Général PENNE) : 1er Bataillon du 65e de Ligne, 503 hommes ; 1er et 2e Bataillons du 75e de Ligne, 981 hommes.
Artillerie : 3e Compagnie du 8e Régiment d'artillerie à pied, 94 hommes ; 4e Compagnie du 6e Escadron du Train, 72 hommes.
Génie : 3e Compagnie du 1er Bataillon du 3e Régiment, 101 hommes.
Force totale 3589 hommes (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 218).

La Division Teste, marchant donc avec le Corps de cavalerie du Comte Pajol, se porte sur Grand-Lez.

Le 18, elle est envoyée à Tourinnes. En route, le Maréchal Grouchy reçoit l’ordre de se porter en toute hâte avec toutes ses forces à Bierges, d’y passer la Dyle et d’attaquer l’ennemi qui est en face.

- Combat de Wavres

Grouchy rencontre les prussiens en avant de Wavres, à hauteur de la Baraque, les aborde, les pousse dans Wavres, s’empare de la partie du village sur la rive droite de la Dyle, mais échoue dans ses tentatives réitérées de franchissement de cette rivière. Le Maréchal se décide alors à obliquer pour se rapprocher du canon de Waterloo ; il se dirige sur Limale, Pajol, la Division Teste et les deux Divisions du Général Gérard, avec mission de tenter sur ce point le passage de la Dyle et de marcher ensuite contre le Corps prussien de Bulow. Le mouvement prend du temps à cause de la distance, et la nuit tombe quand Pajol et la Division Teste surprennent le passage du cours d’eau et, par une attaque audacieuse, enlèvent les hauteurs de Limale, prêts à marcher le lendemain sur Saint-Lambert pour rejoindre l’Empereur.

Le 19, à 3 heures du matin, les Prussiens attaquent à leur tour, voulant nous rejeter dans le défilé, enlever notre artillerie et nous faire repasser la Dyle. Mais tous leurs efforts viennent se buter contre l’intrépidité de nos troupes qui, au contraire, les culbutent sur tous les points. La Division Teste enlève le village de Bierges, malgré l’ardeur de la défense ; là est tué le Général Penne, qui commande la Brigade à laquelle appartient le Bataillon du 65e, lequel y perd lui-même plusieurs hommes et un Officier, le Lieutenant Dupont. Les hauteurs de Wavres sont à nous, le succès complet sur toute la ligne, et l’on se dispose à marcher sur Bruxelles, lorsque parvient la nouvelle du désastre de Waterloo.

- Défense de Namur

Le Maréchal ordonne la retraite sur Namur. A la sortie de cette ville, la route n’est qu’un long défilé jusqu’à Dinant. Il faut donc, de toute nécessité, laisser dans Namur une troupe qui protègera la retraite du Corps d’armée jusqu’au-delà du point dangereux. Ce rôle est assigné à la Division Teste.

Un écrivain militaire contemporain rend compte en quelques lignes de la façon dont cette valeureuse Division s’est acquitté de cette mission d’honneur : "Le général Teste, nous dit-il, était à l’arrière-garde avec le 8e léger, les 65e et 73e de ligne. Cette division, forte seulement de 2.200 combattants et dépourvue de son artillerie, qui était déjà en retraite avec le gros de l’armée, défendit pendant 7 heures les dehors d’une ville ouverte et attaquée par plus de 30.000 ennemis. La résistance fut des plus opiniâtres : les officiers armés des fusils des blessés, firent le coup de feu jusqu’au dernier moment. Les allées, les fossés, les anciennes brèches, que les prussiens tentèrent d’enlever, étaient couverts de leurs cadavres. Ils perdirent dans cette journée plus de 6.000 hommes, dont 3.000 morts. A la nuit, la division Teste opéra sa retraite, et dès ce moment l’ennemi renonça à de nouvelles attaques sur notre arrière-garde".

La retraite du Corps de Grouchy continue ensuite sur Givet, Soissons et Paris. Le Bataillon du 65e et la Division Teste marchent à l’arrière-garde jusqu’à Montrouge, sous Paris. Après la capitulation de cette ville, le Général Teste se retire avec sa Division, augmentée de la 8e et des 2e et 6e Hussards, sur la rive gauche de la Loire, où il prend position pour empêcher le passage du fleuve, si l’ennemi veut le tenter.

Une Ordonnance du 3 août 1815 réorganise l’armée. Les numéros de Régiment sont supprimés, et le 65e contribue à former la Légion de la Loire-Inférieure, commandée par le Colonel Comte Barthomevat de Labesse.

Ainsi se termine la carrière du 65e Régiment d’infanterie. Nulle ne fut mieux remplie ! Sur le Rhin, sur la Vistule, sur le Danube, sur le Tage et le Douro, du littoral de la Baltique aux côtes du Portugal, il a, vingt années durant, sans repos, sans faiblesse, fait vaillamment sa tâche ! Appelé à combattre tour à tour sous les yeux de Desaix, de Mortier, de Davout, de Junot, de Masséna, de Soult, de Saint-Cyr, de Ney, il a été apprécié de tous ces grands Capitaines, et particulièrement aimé du plus grand d’entre eux, Napoléon !

Sources :
- Bucquoy, "L'infanterie".
- "Historique du 65e Régiment d'Infanterie", 1875, éditions Ch. Tanera, Paris.
- "65e Régiment d'infanterie, historique, 1794-1815", SHD PN, référence 4M61 (transcripteur : Armelle Barbe, pour Ancestramil). - Jean Jacques Pattyn : "Journal de campagne du 65e régiment d'infanterie de ligne en Espagne", Le Briquet, 1988-1989.
- A. Martinien, "Tableaux par corps et par batailles des officiers tués et blessés durant les guerres de l'Empire (1805-1815)".
-Notes personnelles de l'auteur.

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