Le 5e Régiment d'Infanterie de Ligne
1800-1815
Avertissement et remerciements : Cet article, que nous compléterons au fur et à mesure de nos découvertes ultérieures, nous a été adressé par notre collègue et ami du Bivouac, Didier Davin, que nous remercions tout particulièrement pour sa disponibilité et son érudition.
|
Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et soldats du 5e de Ligne
C’est en 1796 que se forme la 5e Demi-brigade d'Infanterie de Ligne de seconde formation, amalgamant les 146e Demi-brigade de Bataille et 193e Demi-brigade de Bataille. La Demi-brigade fait une brillante campagne à l’Armée d’Italie.
Le 3 avril 1797 (14 germinal an V), une lettre est adressée depuis le Quartier de Friesach au Général Joubert, sur ordre du Général en Chef :
"... Vous répartirez les 4e, 11e, 12e, 17e et 9e d'infanterie légère, et les 11e, 5e, 39e et 58e demi-brigades de bataille (sic), entre les deux généraux Delmas et Dumas ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1681).
Le 11 avril (22 germinal an V), une lettre est expédiée par ordre du Général en Chef depuis le Quartier général de Gratz, au Général Joubert : "Je vous envoie ci-joint, Général, trois ordres : l'un pour vous, l'autre pour le général Baraguey-d'Hilliers, le troisième pour le général Delmas. Vous ferez toutes les dispositions et donnerez tous les ordres nécessaires à l'égard des troupes qui doivent composer les nouvelles divisions de ces généraux, en ce qui peut vous concerner.
... Celle du général Baraguey-d'Hilliers (doit être composée) de la 5e d'infanterie de bataille, du bataillon de la 58e demi-brigade qui était dans le Tyrol, d'un bataillon de la 63e, du 8e régiment de dragons, des deux bataillons de la 63e et des deux de la 79e, qui ne font pas partie des troupes qui étaient dans le Tyrol, mais que le général Baraguey-d'Hilliers rencontrera en route ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1719).
Le même jour, Berthier écrit depuis Gratz, par ordre de Bonaparte au Général Baraguey-d'Hilliers : "Il est ordonné au général Baraguey-d'Hilliers de se rendre en Italie avec une division qui sera composée ainsi qu'il suit ... De la 5e demi-brigade d'infanterie de bataille, qui est maintenant division Dallemagne ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1720). En annexe de cette lettre, il est indiqué : "... mettez également en marche, sur ces points, la 5e de ligne ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1720).
Le 14 juin 1797 (26 Prairial an 5), le Général Bonaparte écrit, depuis Mombello, au Général Berthier : "... Vous ordonnerez que l'on forme les brigades de la manière suivante :
... 8e DIVISION. Victor.
La 58e de ligne et la 57e, 14e brigade : Chambarlhac.
La 19e de ligne et la 5e, 15e brigade garnisons ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1919 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1674).
Le même 14 juin 1797 (26 Prairial an 5), le Général Bonaparte écrit encore, depuis Mombello, au Général Berthier : "Vous voudrez bien ordonner et prendre les mesures pour l'organisation prompte du personnel de l'artillerie de l'armée, ainsi qu'il suit :
Il y a dans ce moment-ci 76 compagnies d'artillerie de demi-brigade, desquelles vous ne devez former seulement que 30 compagnies d'artillerie de brigade, chaque demi-brigade de ligne devant avoir sa compagnie de canonniers ...
… 5e demi-brigade. — La compagnie de la 22e demi-brigade, capitaine Jourdan, sera amalgamée avec la compagnie de la 5e demi-brigade, capitaine Lodin ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1921 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1677).
Le 15 Vendémiaire an 6 (6 octobre 1797), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, Passariano, au Général Berthier : "... Envoyez l'ordre au général Sauret de faire revenir à Tortone les compagnies de la 5e demi-brigade qu'il a envoyées à Gênes, mon intention étant que cette demi-brigade se tienne, à Tortone, prête à partir au premier ordre ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2281 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2135).
Le 9 octobre 1797 (18 Vendémiaire an 6), le Général en chef Bonaparte écrit depuis le Quartier général de Passariano au Général Berthier : "... Ordre au dépôt de la 5e demi-brigade, qui est à Venise, de rejoindre son corps à Tortone ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2289 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2144).
Le 9 novembre 1797 (19 brumaire an 6), par ordre du Général en chef Bonaparte, une lettre est expédiée depuis le Quartier général de Milan, au Général Vignolle : "... A Tortone. 5e idem ...
Vous voudrez bien, Général, me remettre, avant de donner ces ordres, un tableau du jour où ces différents corps feront leurs mouvements" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2332 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1, p.46).
L'"État des Demi-brigades de ligne et légères distraites de l'Armée d'Italie pour l'expédition d'Angleterre", daté du même jour (9 novembre 1797 - 19 brumaire an 6) indique que la 5e de Ligne, détachée en France et chez les différentes puissances d’Italie, est à Gènes, nourrie par la ville (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2335; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 47-48).
Vers le 8 mars 1798 (18 ventôse an 6), le Général Bonaparte adresse au Général Berthier les instructions du Directoire exécutif : "Le Directoire exécutif donne l'ordre pour que l'on incorpore la 12e et la 11e demi-brigade d'infanterie légère dans six demi-brigades de ligne ...
Le général fera changer les troupes de cantonnement ; il fera occuper Mantoue par les 5e et 24e de ligne, et par les troupes les plus sages et les mieux disciplinées ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2437; correspondance générale, t.2, lettre 2326; La Jonquière C. de : «L’expédition d’Egypte, 1798-1801», t. 1. P. 218-219).
"Les 11e et 12e demi-brigades d'infanterie légère, signalées comme les plus coupables, sont supprimées; leurs éléments seront incorporés dans les 5e, 12e, 14e, 33e, 69e, 88e de ligne" (La Jonquière C. de : «L’expédition d’Egypte, 1798-1801», t. 1. P. 218).
Le 3 octobre 1798 (12 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Commandant de la place de Salo : "J’ai reçu, citoyen, votre lettre du 11 et copie de l’ordre qui enjoint au citoyen adjudant-major à la suite de la 5e de bataille de se rendre à Lauz ( ?) pour y servir sous vos ordres en qualité d’adjudant de place. Cet ordre ne vous autorisai pas à amener cet officier avec vous à Salo, il devait rester à Lauz ( ?) où il était employé par commission du chef de l’état-major, encore moins étiez-vous autorisé à déplacer l’adjudant de places de Salo commissionné par le général de division Sauret.
Je vous rappelle que l’adjudant de place ne doit pas être l’homme du commandant de la place, qu’il lui est subordonné mais ses fonctions diffèrent ; en conséquence vous ordonnerez au citoyen Beuzet adjudant major de retourner à Lauz ( ?) y reprendre ses fonctions qu’il n’aurait pas dû quitter sans recevoir une nouvelle destination du chef de l’état-major général. Vous vous êtes permis un acte arbitraire envers l’ancien adjudant de place ; je vous invite à le rétablir en ses fonctions à Salo jusqu’à ce qu’il en soit autrement ordonné par qui devrait" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 26 page 71).
La 5e continue à combattre sur ce même théâtre d’opérations jusqu'en 1799.
Le 20 août 1799 (3 Fructidor an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général …lle ( ?) : "Ci-joint vous trouverez mon cher général l’état des situations des troupes qui composent cette division. Vous y verrez que la première brigade est composée d’un bataillon de la 17e légère, d’un bataillon de la 106e et de la 26e demi brigade de bataille ; la 2e est composée de la 104e et d’un bataillon de la 5e, ayant à Annecy en réserve le restant de la 17e légère.
La 1ère brigade a pour but de se lier par sa droite par la vallée de Bardonnèche avec la division de Briançon, elle coupe le Mont Charnu ( ?), le Grand et Petit Moûtiers ( ?) et est chargé de leur défense, elle longe sa gauche dans la vallée de Bessans et vient communiquer avec la 2e brigade par le Mont Iseran.
Cette 2e brigade est chargée de la défense du col du Mont du Petit-Saint-Bernard, du Fort Valaisan, du col de l’Allée Blanche, du col du Bonhomme et de tous le Faucigny, elle communique par le Mont Iseran à la brigade de droite et par sa gauche aux troupes qui défendent le Valais en Helvétie.
Le système de défense pour ces deux postes est celui indiqué par la nature du terrain, et les idées des généraux qui sont chargés de leur défense doivent toujours se rapprocher si ce n’est pour les dispositions au moins pour l’ensemble.
Le général Kister commandait sous mes ordres la brigade de droite et est encore à Saint-Jean-de-Maurienne.
Vous connaissez les besoins du soldat et ils sont partout les mêmes, on s’occupe cependant ici de l’habillement et l’équipement ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 118 page 254).
A la fin de 1799, deux Bataillons sont versés à l’Armée du Danube puis du Rhin. Un Bataillon, fait prisonnier en Italie, rejoint la France.
/ 1800, en France
Fig. 1 Eclaireur du 5e de Ligne, en 1800 |
Le 4 janvier 1800 (14 nivôse an 8), le Premier Consul écrit, depuis Paris, à Berthier : "... 2° Le citoyen Soulès, chef de bataillon de la 5e demi-brigade, recevra l'ordre d'entrer dans la garde des consuls ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 80).
En 1800, la Demi-brigade stationne en France et en Belgique.
Le 6 février 1800 (17 pluviôse an 8), Bonaparte écrit depuis son Quartier général à Paris, au Général Brune, Commandant en chef de l'Armée de l'Ouest : "... Quand vous pourrez vous passer de quelques troupes, faites filer dans la 14e division les détachements des 14e, 15e et 5e de ligne. Je voudrais réorganiser ces corps pour la campagne.
Envoyez-y également, lorsque cela vous sera possible, les détachements des 5e et 26e légères et de la 64e de ligne. Mon projet est de faire venir ces corps dans les environs de Paris, et de prendre des mesures pour les compléter à 3,000 hommes ..." (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4567; Correspondance générale, t.3, lettre 4938).
La 5e Demi-brigade, parmi d’autres, est chargée de regrouper ses Grenadiers et des Fusiliers d’élite appelés "Eclaireurs". Puis ceux-ci sont formés en Bataillons spécifiques dits "Bataillons d’Elite".
Le 16 février 1800 (27 pluviôse an 8) justement, Bonaparte écrit depuis à Talleyrand, Ministre des Relations extérieures : "D'après les nouvelles que je reçois, Citoyen Ministre, il me paraît que les Bataves se conduisent toujours de plus en plus mal. Je viens de donner les ordres pour faire partir sur-le-champ pour la Batavie la 29e demi-brigade légère, les 5e, 55e, 65e demi-brigades de ligne et 6,000 conscrits. Je viens de faire rapprocher de la Belgique plusieurs demi-brigades qui deviennent inutiles à l'Ouest …" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4597 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5503).
Le 15 mars 1800 (ou le 22 mars 1800 - 1er germinal an 8), Bonaparte établit depuis Paris le plan de campagne pour l'Armée du Rhin : "... La 5e de ligne se rendra le plus tôt possible de l'armée du Rhin à Lille en Flandre ..." (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4694; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 94 (qui considère qu’elle doit être datée du 15 mars).
Le 2 avril 1800, le Général Moreau écrit à Bonaparte : "… Il a fallu laisser deux demi-brigades à Mayence en attendant l'arrivée de la 66e. Je viens même d'ordonner que la 5e et la 17e ne partiraient pour leur destination qu'à son arrivée, pour que je puisse en retirer un bataillon de la 65e, que j'y avais envoyé pour s'opposer à des démonstrations assez sérieuses, que le corps de Starray, resté sur le Necker et le Mein, avait faites contre Cassel et le Palatinat. Je me rends à Strasbourg, où j'achèverai de régler tous ces objets ..." (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 2, p. 51).
Le 18 juillet 1800 (29 messidor an 8), Bonaparte écrit depuis son Quartier général à Paris, au Citoyen Carnot : "Je vous prie, Citoyen Ministre, d'ordonner au général Mortier de compléter les compagnies de grenadiers des 12e, 45e et 64e demi-brigades, et de former une compagnie d'éclaireurs forte de 100 hommes par bataillon, choisie parmi des hommes vigoureux et d'élite, et commandée par des officiers distingués.
Vous donnerez le même ordre pour les 6e, 5e et 35e de ligne, et la 26e légère.
Chaque demi-brigade enverra un chef de bataillon, un adjudant-major et un adjudant sous-officier pour commander ces compagnies.
Vous donnerez l'ordre pour que ces différentes compagnies soient rendues à Paris pour le 15 thermidor.
Il est nécessaire que vous teniez en réserve une certaine quantité de baïonnettes, fusils, habits, souliers, chapeaux, briquets de grenadiers, etc. pour pouvoir compléter l'équipement de ces corps, et qu'au 15 thermidor ils soient en état d'entrer en campagne" (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 2, Italie; Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 5000).
"Paris, 1er août 1800
ARRÊTÉ
ARTICLE ler. – Les grenadiers et éclaireurs des 5e, 6e, 35e, 64e ligne et 26e légère seront campé entre Beauvais et Amiens. Les compagnies de grenadiers et d’éclaireurs de chaque demi-brigade fourniront un seul bataillon.
ART. 2. – Ils seront commandés par le général Murat.
ART. 3. – l1 y aura à ce camp deux escadrons du 24e de chasseurs, deux escadrons du 5e de dragons, et douze pièces d’artillerie dont six servies par l’artillerie légère.
ART. 4. – Toutes les compagnies de grenadiers et d’éclaireurs passeront à Paris pour s’habiller ; elles n’en partiront qu’après avoir passé la revue du ministre de la guerre.
ART. 5. – An 20 thermidor (8 août), le camp entre Beauvais et Amiens sera formé. Les troupes seront baraquées si le local est favorable sinon elles seront campées.
ART. 6. – Les troupes composant ce camp jouiront d’un supplément de solde pour remplacer la viande. I1 leur sera donné de l’eau-de-vie toutes les fois qu’elles manœuvreront.
ART. 7. – 11 y aura deux généraux de brigade attachés au camp" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 5045).
Le 9 août 1800, en récompense de ses services, le Chef de Brigade Teste prend la tête de l’unité.
Le 5 septembre 1800 (18 fructidor an 8), Bonaparte écrit depuis Paris, à Carnot, Ministre de la Guerre : "... Vous donnerez les ordres ... Que la 5e de ligne qui est dans la Belgique complète son premier bataillon à 500 hommes, non compris ses éclaireurs et ses grenadiers. Ce bataillon se rendra sans délai au camp d’Amiens ... Envoyez le plus tôt possible, au camp, les objets nécessaires, pour habiller ces 3 bataillons, comme le reste du camp ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 5630).
Le 30 septembre 1800, (8 vendémiaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris à Carnot, Ministre de la Guerre : (SHD, département de l'Armée de Terre, 17 C 28) précise en marge : "Je vous prie, citoyen ministre, de me faire connaître quand les seconds bataillons de des 26e légère, à Rouen, 35e qui est à Lille, 5e de ligne qui est dans la 24e division, et 104e qui est à Lyon, seront habillés et complétés à 400 hommes sous les armes, indépendamment des éclaireurs et grenadiers qui sont au camp d'Amiens ...". Une copie de service, certifiée conforme par le chef de bureau du mouvement Gérard (SHD, département de l'Armée de Terre, 17 C 28), précise en marge de cette lettre : "2°) Note du Bureau du mouvement. Les grenadiers et des compagnies d'éclaireurs composés de cent hommes ont été tirés des 5e, 35e demi-brigades de ligne et de la 26e d'infanterie légère. Les premiers bataillons de chacune de ces demi-brigades complétées à 500 hommes sont également partis pour se rendre au camp près d'Amiens. Il ne reste plus que le fond des deux derniers bataillons de ces demi-brigades qui doivent être réunis en un seul d'après l'arrêté du 9 fructidor dernier" (Correspondance générale, t.3, lettre 5672).
La 5e Demi-brigade de Ligne ne compte plus alors que son Bataillon d’élite avec son 1er Bataillon et un autre Bataillon (le 2ème).
Le 1er Bataillon est à Versailles, le Bataillon d’élite à Amiens et le second à Bruges. Teste réunit bientôt son 1er Bataillon et son Bataillon d’élite à Versailles ; le 1er Bataillon, aux ordres du Chef de Bataillon Richard, et le Bataillon d’élite, aux ordres du Capitaine Levassor.
En novembre 1800, un Corps d’observation du Midi est confié à Murat pour s’opposer aux Napolitains qui se sont avancés en Toscane, et aussi contrôler officieusement le Pape. La 5e de Ligne en fait partie au sein de la Brigade Broussier.
Le 26 Brumaire an 9 (17 novembre 1800), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guere : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre … Aux bataillons d'élite et aux 1ers bataillons des 5e et 35e de ligne qui sont à Versailles de partir le 28 brumaire pour se rendre à Dijon, sous les ordres d'un général de brigade et ils mèneront avec eux 12 pièces d'artillerie de campagne, avec leur approvisionnement complet" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5779).
Le 27 Brumaire an 9 (18 novembre 1800), Murat écrit au Général Broussier : "Je vous confirme, mon cher général, l'ordre que j'ai fait passer au chef d 'état-major pour vous prévenir de partir demain 28, pour vous rendre à Dijon, conformément à l'ordre de route que je lui ai envoyé.
Le corps d'élite, les 5e et 35e demi-brigades et le train d'artillerie avec son approvisionnement complet, commandé par le chef de brigade Vallier, sont sous vos ordres.
Je n'ai pas besoin de vous rappeler votre zèle ordinaire pour être convaincu que je n'aurai qu'à me louer du bon ordre et de la discipline des troupes pendant leur marche. Je vous recommande la plus grande sévérité contre tous ceux qui sortiront des bornes de leur devoir" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 62, lettre 87).
Le 29 Brumaire an 9 (20 novembre 1800), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Faites connaître au général Murat qu'il recevra des ordres pour faire partir la seconde brigade composée des 81e et des corps d'élite des 5e, 35e, et 12 pièces de canon dans les premiers jours de la 2e décade de Frimaire ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5791).
Le même 29 brumaire an 9 (20 novembre 1800), Murat écrit au Général Sarrazin : "Je t'annonce, mon cher général, le départ pour Dijon du corps d'élite, de la 5e et 35e demi-brigades et 12 pièces d'artillerie commandées par le chef de brigade Vallier. La 26e légère suivra ce mouvement le 2 nivôse, avec le reste de l'artillerie et les administrations. Le commissaire Miot partira avec la 26e.
La cavalerie va faire son mouvement, ainsi que les deux bataillons à Lunéville, la 81e arrivera à Dijon le 5 nivôse.
Fais préparer tout pour recevoir ces troupes, dispose mon logement" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 64, lettre 88).
Le 30 Brumaire an 9 (21 novembre 1800), Murat écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "J'ai reçu, citoyen ministre, l'ordre de partir dans 24 heures pour Dijon. J'ai également reçu celui de diriger sur Chambéry la première brigade de la première division.
Vous m'ordonnez de changer la route du bataillon d'élite de la 5e demi-brigade qui était pour Dijon et de le diriger sur Chambéry par Besançon et Vesoul, je vais à cet effet envoyer un officier à la rencontre de ce bataillon, je vous demande des fonds à cet égard.
Je dois en envoyer un autre à Lyon, pour y arrêter les 400 hommes de la 6e venant de Marseille ; le même se transportera à Valence, pour y passer en revue les trois compagnies de grenadiers de la 23e et leur donner les ordres de se rendre à Chambéry.
Il me faut également des fonds pour cet objet et mille autres imprévus, surtout dans une route aussi longue, pendant laquelle les obstacles semblent se multiplier.
Je vous prie, citoyen ministre, de me déterminer une somme quelconque pour dépenses imprévues et extraordinaires.
J’attends ce soir votre réponse, c'est-à-dire avant mon départ" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 65, lettre 90).
Le 9 Frimaire an 9 (30 novembre 1800), Murat écrit, depuis Dijon, au Ministre de la Guerre : "Je m'empresse de vous rendre compte, citoyen ministre, que le bataillon d'élite, le 1er bataillon de la 5e et les deux de la 35e demi-brigade sont arrivés hier ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 77, lettre 107).
Le 29 Frimaire an 9 (20 décembre 1800), Murat écrit, depuis Genève, au CHef de l'etat-major L. Berthier : "Donnez de suite, mon cher général, les ordres suivants au 19e de dragons de partir de Lausanne pour Genève, au général Seroux de faire partir demain six pièces de canon avec approvisionnements. Vous le préviendrez que mon intention est qu'il fasse partir son artillerie par six pièces, à deux jours de distance, en suivant la même route que les six premières, en se conformant aux instructions déjà données à la 5e et 35e de partir demain pour se rendre à Milan, en suivant la direction de la division Tharreau ; cette troupe sera remplacée par la 81e demi-brigade ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 96, lettre 134).
/ 1801-1803, retour en Italie
Les troupes de Murat se réunissent le 20 janvier, à Bologne.
Elles marchent ensuite vers le Sud sur Ancône et vers la Toscane. Murat établit son Quartier général à Florence.
Le 6 Pluviôse an 9 (26 janvier 1801), Murat écrit, depuis Florence, au CHef de l'Etat-major L. Berthier : "Je vous prie, citoyen général, de faire délivrer des feuilles de route à tous les officiers à la suite des 5e et 35e de ligne et 26e légère, pour se rendre en France dans les dépôts respectifs de ces corps. Mon intention est que ces officiers y organisent un premier bataillon avec des conscrits qui leur seront donnés par les généraux commandant dans les divisions militaires où se trouvent leurs dépôts ; ils jouiront de la solde accordée aux officiers titulaires et conserveront dans leurs corps leur rang et leur grade ; les appointements de frimaire, nivôse et pluviôse leur seront payés. Prévenez le payeur de ces dispositions" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 137, lettre 180).
D’abord dépendant du commandement de l’Armée d’Italie de Brune, Murat devient autonome. Il chasse les Napolitains des Etats Pontificaux en février.
La Toscane, érigée par Bonaparte en Royaume d’Etrurie en mars 1801, conserve des garnisons françaises à Livourne, Sienne et Pistoia. Et doit les solder !
D'après l'Emplacement des troupes de la République française à l'époque du 1er fructidor an 9 (19 août 1801), la 5e Demi-brigade d'infanterie de ligne a son Bataillon d'élite et 1er Bataillon à l'Armée d'observation du Midi, et son 2e Bataillon à Bruxelles.
Murat devient Général en chef de toutes les troupes en Italie en août 1801.
Le 25 Fructidor an 9 (12 septembre 1801), Murat écrit, depuis Milan, au Général Moncey : "… L'état de tranquillité dans lequel s'est trouvée la Toscane depuis la paix, m'a dispensé d'y placer mes troupes militairement ; maintenant que l'on parait avoir des craintes fondées, il s'agit d'occuper les points les plus importants. Livourne appelle toute notre sollicitude, c'est de ce point que vous pourrez contenir les Anglais et vous porter avec célérité sur toutes les parties menacées de la côte.
Piombino est également à garder, c'est pour ainsi dire le point de contact avec l'ile d'Elbe ; c'est de ce port que l'on communique, malgré les Anglais, avec cette île, et qu'on lui fait passer des secours et des vivres ; quelques postes placés intermédiairement vous lieront parfaitement avec cette position. Je pense donc que pour nous mettre en mesure et à même d'opérer avec succès, en cas de tentative de la part de nos ennemis, vous devez concentrer vos troupes le plus qu'il vous sera possible. En conséquence, mon cher général, vous réunirez les deux bataillons de la 5e, les bataillons d'élite de la 35e et de la 64e et généralement toute l'infanterie polonaise qui ne sera pas employée à Porto Ferrajo et à Piombino. Vous pourrez envoyer à Florence l'escadron du 7e régiment d'hussards pour y remplacer mes gardes, que vous aimerez sans doute à avoir auprès de vous ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 124, lettre 758).
Après avoir séjourné à Florence, la Demi-brigade est envoyée à Livourne remplacer la 60e de Ligne.
D'après l'Etat militaire de l'an X (1801-1802), le 1er Bataillon et le Bataillon d'élite de la 5e Demi-brigade sont à Livourne, et le 2e Bataillon à Bruxelles.
Le 29 Vendémiaire an 10 (21 octobre 1801), Murat écrit, depuis Milan, au Général Clarke : "… Je viens de donner des ordres pour faire arriver à Milan les gardes que j'avais laissés à Florence. Je pense que le Gouvernement m'autorisera à faire partir la 5e demi-brigade qui se trouve à Livourne, alors les troupes de la Toscane se trouveraient au dessous de six mille hommes …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 178, lettre 831)./p>
La 5e de ligne figure dans la "Correspondance relative à l’inspection d’infanterie dans le 9e arrondissement, commencée le 24 Frimaire an 10 par le général de division Grenier inspecteur général d’infanterie pour l’an 10
Fini le 4 Fructidor an 11
Corps faisant partie de l’inspection dans le 9e arrondissement
... 24e division militaire :
5e demi-brigade de ligne, 1 bataillon à Bruxelles. Le 1er bataillon est à l'armée du midy avec un …" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 61 page 134).
Le 15 décembre 1801 (24 Frimaire an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Sarrelibre : "Circulaire aux généraux commandant la 16e et la 24e divisions militaires de la Batavie ...
Le Ministre de la Guerre m’instruit, citoyen général, que les 5e, un bataillon, 76e, 84e, 89e et 108e demi-brigades de ligne, qui font partie de l’inspection qui m’est confiée, sont stationnées dans la 24e division militaire que vous commandez. Je vous préviens en conséquence que j’arriverai du 5 au 7 de de ce mois prochain à Mons où je commencerai ma tournée. Veuillez, je vous prie, m’y adresser l’état d’emplacements de chacune d’elles et me donner les renseignements que vous aurez pu acquérir, depuis qu’elles sont sous vos ordres, sur leur instruction, tenue, discipline et sur la moralité et conduite des corps des officiers.
Veuillez aussi me donner avis des mouvements qui pourraient avoir lieu dans votre arrondissement" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 63 page 138).
Le 15 décembre 1801 (24 Frimaire an 10), le Général de Division Grenier expédie, depuis Sarrelibre, une "Circulaire aux Conseils d’administration et aux chefs de la 7e, 8e, 17e, 54e, 95e, 5e, 76e, 84e, 89e, 108e demi-brigades de ligne et du dépôt de la 27e demi-brigade d’infanterie légère.
Le Ministre de la guerre vous a sans doute donné avis, citoyens, que la demi-brigade que vous administrez fait partie du 9e arrondissement dont l’inspection m’est confiée. Je vous adresse en conséquence deux livrets de revues avec les y annexés, ainsi que 2 états du n°2 pour être préparés avant mon arrivée. Vous y trouverez joint un modèle qui vous indiquera le mode de remplir l’état nominatif des officiers ; la colonne des observations, ainsi que dans tous les états, devant être remplie par moi, restera en blanc ; cependant, vous ferez préparer à l’avance un double de chacun des états faisant partie de la revue, et dans l’état n°2, sur papier libre ; chacun des chefs de bataillon avec le chef de brigade donnera son avis sur la moralité et talents des officiers.
Je vous recommande, citoyens, de donner les plus grands soins à la confection des livrets de revue et des états y annexés, afin qu’il ne me reste qu’à en verifier l’exactitude.
Vous aurez attention encore de faire mettre en règle les pièces qui devront être à l’appui des demandes d’admission à la solde de retraite aux invalides ou vétérans nationaux. Je vous préviens que je ne les recevrai qu’autant qu’elles seront littéralement conformes aux dispositions de la loi du 28 Fructidor an 7.
Je vous préviens aussi que je ne recevrai aucune demande, à l’exception des plaintes ou des réclamations d’une nature particulière, si elle ne m’est pas présentée suivant les formes de la hiérarchie militaire et je vous recommande expressément d’en agir de même à l’égard de celles qui me seront adressées.
L’inspection qui m’est confiée ayant pour but de faire connaitre au gouvernement les abus qui peuvent exister, les améliorations à faire dans les différentes parties du service, de lui rendre compte de l’instruction, de la discipline, de la tenue, de l’habillement, armement, équipement, comptabilité etc., je vous engage à me mettre à même de lui faire un rapport satisfaisant de votre administration et gestion.
J’arriverai à Bruxelles le 11 ou le 12 du mois prochain, d’où je vous annoncerai l’époque à laquelle je passerai votre demi-brigade en revue.
Avant mon arrivée, le chef de la demi-brigade en passera la revue préliminaire ; il recevra de chaque capitaine l’état de sa compagnie et en vérifiera les détails. D’après cette vérification, il fera remplir le livret préliminaire. Ce livret indiquera :
1° la force effective de la compagnie.
2° le nombre des présents.
3° le détail des absents.
4° le nombre de recrues admis pendant l’an 9 et jusqu’au moment de la revue.
6° la balance du gain et de la perte en hommes depuis le 1er Vendémiaire an 9.
Le chef du corps me remettra à mon arrivée ce livret préliminaire par chaque compagnie afin que je puisse en prendre connaissance avant de voir le corps.
Il est entendu qu’on ne se servira pas pour cette opération première, des livrets de revue que je vous adresse, ces derniers étant absolument destinés pour la revue générale, l’un des deux devant servir de base à mon rapport au Ministre de la Guerre" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 63 page 139).
Le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Catus, Inspecteur aux Revues (lettre non datée mais entre le 13 et le 20 Nivôse an 10 - 3 au 10 janvier 1802) : "Vous trouverez sous ce pli, citoyen, les états des hommes que j’ai jugé devoir être réformés dans le 2e bataillon de la 5e de ligne et dans la 89e demi-brigade" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 68 page 148).
Le 19 janvier 1802 (29 Nivôse an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Bruxelles, au Ministre de la Guerre : "Ne connaissant point l’itinéraire de l’officier général chargé de l’inspection de l’armée du Midi, je vous adresse sous cachet volant la revue que j’ai passée du 2e bataillon de la 5e de ligne avec les objets de détail qui y sont relatifs pour être envoyé au général chargé de l’inspection du 1er bataillon et de l’état-major de cette demi-brigade. Si vous voulez jeter les yeux sur ce travail, vous jugerez, citoyen Ministre, combien la réunion de cette demi-brigade est nécessaire" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 70 page 152).
Le même jour, 19 janvier 1802 (29 Nivôse an 10), le général de Division Grenier écrit, depuis Bruxelles, au Général de Division, Inspecteur général d’infanterie de l’Armée du Midi : "Ci-joint, vous trouverez, mon camarade, le livret de la revue que j’ai passée du 2e bataillon de la 5e de ligne, l’état nominatif des officiers de ce bataillon et les certificats des hommes que j’ai jugé être admissibles à la solde de retraite, aux vétérans et aux invalides ; les mémoires de proposition qui devraient y être joints sont entre les mains du conseil d’administration de la demi-brigade ; veuillez vous les faire représenter.
Vous trouverez encore les mémoires de proposition et le certificat de réforme d’un grenadier de ce corps qui est rayé des contrôles, ayant obtenu un congé provisoire dans les hôpitaux ; veuillez le comprendre dans votre travail ; il est porté à la fin de l’état des hommes proposés pour la solde de retraite.
Afin de faire jouir le 2e bataillon de cette demi-brigade des mêmes avantages que le premier pour ceux qui ont des droits à obtenir des congés absolus, je vous envoie l’état de ceux qui m’ont paru susceptibles d’être compris dans le tableau général.
Je vous transmets aussi les noms des deux sous-officiers de ce bataillon qui m’ont paru les plus dignes d’être protés l’état de ceux qui méritent d’être promus au grade de sous-lieutenant au choix du gouvernement.
Il me reste à vous faire part du dénuement dans lequel se trouve le 2e bataillon de la 5e de ligne ; éloigné depuis longtemps du 1er bataillon, il ne lui est pas tenu compte de sa masse d’entretien ; l’équipement du soldat est vraiment pitoyable ; encore s’est il procuré le peu qu’il a, sur son prêt ; il est dû un arriéré considérable à tous les individus de ce bataillon ; je joins ici la note de ses réclamations et vous invite à demander au Ministre de la Guerre la réunion de cette demi-brigade" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 70 page 152).
Le 25 janvier 1802, Bonaparte est devenu Président de la République Cisalpine.
Le 13 mars 1802 (22 Ventôse an 10), le Général Grenier écrit, depuis Gand, "Aux Conseils d’administrations des 17e, 54e, 76e, 84e, 89e, 95e, 108e demi-brigades, 27e légère, 2e bataillon 5e de ligne, et dépôt de la 7e demi-brigade de ligne
Vous avez dû recevoir, citoyens, une lettre du Ministre de la Guerre en date du 16 Pluviôse dernier relative à la visite de vos demi-brigades, en exécution de l’article 8 du règlement du 7 Thermidor an 9 sur les demandes d’armes.
J’écris en conséquence aux commandants d’artillerie de la 24e division militaire, et celle en Batavie afin qu’il désigne des officiers d’artillerie pour assister à cette visite, de laquelle il sera dressé un procès verbal qui devra faire mention de tous les objets, et détails voulus par la lettredu Ministre de la Guerre. Vous m’adresserez ce procès verbal et les états qui en résulteront en triple expédition ; après que je l’aurai visée, l’une vous sera renvoyée, l’autre destinée au Ministre de la Guerre et la 3e me restera.
Il est nécessaire que la situation de l’armement portée au procés verbal soit conforme à celle annexée au livret de revue d’inspection.
L’article 38 du Règlement du 7 Thermidor an 9 précise que toutes les pièces de rechange seront tirées des seules manufactures nationales. Veuillez suivre strictement cette disposition de laquelle vous êtes responsable" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 85 page 183).
Le 26 mars 1802 (5 Germinal an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Bruges, au "Bureau de l’Inspection des Troupes, Infanterie
Le Général de Division Grenier, Inspecteur général d’infanterie, au Ministre de la Guerre
Citoyen Ministre, je vous ai adressé le travail de mon inspection par chaque corps fur et à mesure qu’il était tenu ; les opérations qui en font partie sont détaillées par les livrets de revue, les résumés et les ordres laissés aux demi-brigades vous ont fait connaitre mon opinion sur les différentes parties du service, de l’administration et de l’instruction. Je vous soumets ci-après quelques idées générales sur l’ensemble, les abus que j’ai cru apercevoir et les améliorations qui me paraissent nécessaires. Si par mon travail, j’ai rempli les intentions du gouvernement, je serais parvenu au but que je me suis proposé.
Résumé des opérations du général de division Grenier, inspecteur général d’infanterie dans le 9e arrondissement, avec les observations sur les différentes parties soumises à son examen présentées au Ministre de la Guerre le 14 Germinal.
Au 2e Bataillon de la 5e de ligne, il y a eu 3 réformés à la revue ; l’effectif du Corps à la revue, après diminution des réformés, est de 665. 22 soldats ont été proposés pour la pension, 1 pour les Invalides et 2 pour les Vétérans. Le Général Grenier note en observations : « le travail du bataillon devant être compris dans celui de la demi-brigade, on en fera mention que pour note » ...".
Suivent ensuite les observations du Général de Division Grenier : "Esprit des corps : généralement bon, tous les corps sont attachés au gouvernement, officiers et soldats sont animés du désir de bien faire ; tous méritent la considération due à l’état militaire.
Instruction théorique : a besoin d’être perfectionnée, depuis la rentrée des armes, les corps ont fait de fréquentes marches et les officiers et sous-officiers n’ont pu se livrer à leur étude avec tous les soins qu’elle exige ; il est hors de doute que l’inspection de l’an 11 offrira sous ce rapport des résultats plus satisfaisants.
Instruction pratique : est déjà fort avancée ; sera dans l’an 11 un degré de perfection nécessaire ; celle des soldats offre de l’ensemble, de la précision ; on remarque dans les rangs de l’immobilité et du silence ; la position des soldats et le port d’armes ont besoin d’être rectifiés.
Discipline : elle est observée dans tous les corps et leur fait honneur ; tous les renseignements pris à cet égard sont très avantageux.
Tenue : offre un bel ensemble ; ont de l’exactitude et de l’uniformité mais doit être surveillée dans les détails pour obtenir un plus haut degré de perfection.
Habillement : Mérite toute l’attention du gouvernement : l’habillement, quoique bon, présente des défectuosités ; en ce que les envois de draps et étoffes ne se font plus aux époques déterminées, que les draps et doublures ne sont pas conformes aux échantillons envoyés aux corps par le ministre de la guerre et que si les corps les rejettent, ils sont obligés d’attendre six mois avant de les voir remplacés et quelques fois n’obtiennent pas encore les remplacement auxquels les fournisseurs se refusent sous différents prétextes.
Les règlements sur l’habillement indiquent dans celui du soldat veste ou gilets ; plusieurs corps ont adopté les gilets ; il en résulte que les soldats devront porter les habits en été et que ceux-ci n’obtiendront pas la durée prescrite. La veste n’offre pas cet inconvénient, habille mieux le soldat, et peut être au moins cinq mois de l’été sans habit, excepté les jours de parade et de service ; il est d’ailleurs nécessaire d’établir l’uniformité dans l’armée ; il faut donc supprimer ou la veste, ou le gilet.
Equipement : l’équipement présente des bigarrures qu’il faut faire cesser. Il existe encore de la buffleterie noire dans les corps, outre qu’elle ne peut durer le temps prescrit par sa qualité beaucoup inférieure à la blanche, elle est sale et malpropre, ne parle pas à l’œil et répugne aux soldats qui ne lui donnent pas les mêmes soins. Cette buffleterie doit être remplacée. Presque tous les corps manquent de bretelles de fusil, les habits en souffrent et se déchirent facilement au port d’arme.
Armement : l’armement est généralement bon et bien entretenu ; les corps y donnent les plus grands soins.
Casernes : les casernes dans la 24e division militaire sont en général de vieux bâtiments, malsains et mal distribués, manquant de râtelier d’armes et de planches à pain ; les fournitures sont de mauvaise qualité et vieilles, presque toutes sont les anciennes des Autrichiens.
Hôpitaux : les hôpitaux militaires de Bruxelles et d’Anvers pourraient être tenus plus proprement ; on en attribue la cause à la houille qui sert de chauffage ; les aliments y sont de bonne qualité. L’hôpital civil de Gand, dans lequel on traite des militaires, est extrêmement mal soigné ; les malades y souffrent de la malpropreté qui y règne, et les pansements des hommes blessés se font en partie avec des étoupes au leur de charpie. Cet hospice contraste étonnamment avec celui de Bruges où les malades sont tenus proprement et traités avec soin.
Les infirmiers des corps reçoivent les galleux et l’on y traite les maladies vénériennes simples ; maos les corps obtiennent difficilement les médicaments nécessaires des hôpitaux militaires et sont souvent obligés d’y pourvoir.
Prisons : les prisons sont tenues assez proprement. On remarque que les prisonniers sont trop confondus et que les mêmes locaux servent aux malfaiteurs condamnés et aux militaires non encore jugés.
Salles de discipline : les salles de discipline des corps sont tenues conformément aux règlements.
Manutention des vivres : cette partie de l’administration militaire parait être assez soignée et les qualités bonnes. Les établissements sont bien tenus.
Recrues : l’espèce d’hommes est plutôt mauvaise que médiocre. Le recrutement de l’an 9 s’est composé de déserteurs, de vagabonds arrêtés, de conscrits de la classe du peuple la plus pauvre et de remplacements dont le mode parait avoir trop d’extension. Il en sera parlé plus bas.
Administration : les registres de comptabilité sont bien tenus et conformes aux règlements. Les corps commencent par sentier la nécessité d’apporter de l’ordre et la plus sévère économie dans cette partie de l’administration ; les recettes et dépenses paraissent précises et clairement énoncées ; cependant les arriérés considérables dus à presque tous les corps et pour lesquels l’inspecteur général a adressé au Ministre de la Guerre avec le travail de chaque revue, les réclamations les plus vives, laissent des lacunes qui rendre la comptabilité nécessairement confuse et qui exigent les plus grands soins de la part de l’inspecteur aux revues ; ils doivent surtout fixer leur attention sur les revirements de fonds qui auront lieu d’une masse à l’autre lors de la liquidation. L’inspecteur a été frappé de la situation de la médiocrité des masses d’entretien et de linge, chaussure, comparée avec les dépenses à leur charge. Il entrera à ce sujet dans quelques détails dans les observations suivantes.
Observations générales :
Masses d’entretien : On s’étonnera peut-être en voyant que la plupart des corps ayant des fonds assez considérables présentés par la situation de la caisse, appartenant à la masse d’entretien, l’on s’occupe d’en faire augmenter le produit ; mais on se convaincra aisément par l’aperçu ci-après, qu’elle sera bientôt absorbée si on ne vient à son secours. Il faut observer que cette masse qui s’est accrue jusqu’au 1er Vendémiaire an 10, parce que les corps ayant reçu jusque-là tous leurs effets confectionnés, point ou peu de conscrits à équiper, n’a été tenue qu’à très peu de dépenses ; à présent qu’elle aura à fournir à toutes celles qui lui sont imposées, elle sera hors d’état de les continuer.
Recette de la masse d’entretien : la recette fixe de cette masse est de 9 francs par homme par an, au complet de 1961 hommes cy 17649 francs. Elle devrait s’accroitre du versement de cette masse de ce qu’on a fait de bon à celle de linge et chaussure, les hommes morts désertés et congédiés étant absent. Mais vu l’insuffisance de la retenue faite à chaque homme pour pourvoir au remplacement et à la réparation de ses effets de linge et chaussure, ainsi qu’il sera démontré plus bas, il résulte que la masse de linge et chaussure ne possède que peu de chose et que chaque homme est plus souvent son débiteur que son créancier et que l’on ne peut fonder aucun espoir de recette à la masse d’entretien résultant du décompte des morts ou désertés ; il est d’ailleurs prouvé que ces derniers surtout laissent des dettes à leur départ, étant pour la plupart des hommes dérangés ; on ne peut donc compter que sur la recette fixée d’autre part 17649 francs.
Confection de l’habillement par an 9301 fr. 71
Façon et achat d’étoffes pour la réparation de l’habillement vieux 2802,15
Façon et achat de matières premières pour la réparation de l’équipement et armement 1908.
Achats d’effets de linge et chaussures à fournir aux hommes de nouvelle levée dont le nombre n’est évalué qu’à 250 par an quoiqu’il doit être porté à 500 puisque chaque conscrit n’est tenu qu’à servir quatre an 8342,43.
Frais d’administration 3600
Balance 25654,29
Les dépense fixes étant de 25654,29
Et les recettes de 17649
Il y aura chaque année un déficit de 8005, 29.
On remarque qu’il n’existe aucune supposition dans les dépenses, que s’il en existait elle serait en moins … que le nombre des conscrits, en suivant le mode de recrutement pour l’armée sera nécessaire de plus du 8e.
Dépenses à la charge de la masse d’entretien : cette masse étant fixée par la loi du 1er février 179. pour les corps d’infanterie à 39 fr. par homme par an, elle se composait savoir :
Pour l’habillement et équipement 20#10
Pour le recrutement : 16
Pour réparations et dépenses communes : 2 10
Total : 39#
En comparant les charges de la masse générale à cette époque avec celle de la masse d’entretien actuelle, les mêmes dépenses quoique changées de nature existent ; on en trouvera à n’en diminuer que ce qui était accordé pour le recrutement qui n’existe plus cy 16#
Resterait 23.
Proposer de rétablir la masse d’entretien à ce taux dans un moment surtout où la plus sévère économie doit être observée dans l’administration des finances, serait un abus et le travail d’un fou. Cependant, d’après le calcul fait de ses dépenses fixées par année comparée à ses recettes, on conviendra que cette masse sera absorbée dans trois ans, et qu’il en coûtera alors des sommes énormes au gouvernement pour la rétablir. On pense donc qu’en diminuant des dépenses de la masse d’entretien, les effets à fournir aux hommes de nouvelles levées, celles restant à faire se rapprocheraient des recettes mais alors, il faut qu’il soit tenu compte aux corps et par trimestre, des effets fournis aux conscrits sur des états visés par les inspecteurs aux revues. Ce moyen qui parait le plus économique, évitera encire toutes les dépenses supposées, en ce que le gouvernement ne payera les effets de linge et de chaussure que pour les conscrits arrivés aux corps.
Masse de linge et de chaussure : Pour former cette masse, on retient par jour sur la solde du sous-officier 8 cents et sur celle du soldat 5 cents ; cette retenue monte pour un an pour les sous-officiers à 24 frs et 48 cts.
Et pour les soldats à 18 frs.
Sur cette retenue, on doit former une masse de 27 frs à chaque sous-officier et de 18 frs à chaque soldat avec ce qu’ils n’auront pas dépensé pour les remplacements et réparations de leurs effets de linge et chaussure.
Ces remplacements consistant :
En 2 chemises à 4 frs 13 cts 8 frs 26 cts
1 col noir à 35 cts 35 cts
1 paire de bas de laine 2 frs 2 frs
1 id de fil 1 fr. 50 1 fr. 50
2 paires de souliers à 4 fr. 50 9 frs
1 paire de guêtres noires 4 frs 34 4 frs 34
1 id grise 1 fr. 90 1 fr. 60
Total : 27 frs 35 cts
(Note en marge : les souliers coutent aux corps de 4,75 à 5 frs ; presque tous, ils vont au-delà de 4,75 frs).
Il est bien démontré que ni les sous-officiers les soldats ne pourront avec la retenue qu’on leur fait, suffire aux dépenses qui sont indispensables, si l’on ne vient à leur secours, ou par une fourniture d’une partie d’effets en nature ou par une augmentation du décompte de linge des chaussures.
L’insuffisance de la retenue est devenue sensible depuis l’an 10, et la masse diminue considérablement chaque mois ; elle s’était accrue avant cette époque parce que les corps avaient été avantagés dans les pays conquis et qu’ils avaient ménagé plusieurs mois de leur solde, avec laquelle on a complété les masses et fourni les sacs d’effets de linge et chaussures. A présent qu’il faut les renouveler et les réparer sur leur seule retenue, elle sera insuffisante et le restant en caisse, à chacun d’eux sera absorbé avant la fin de l’année.
On demandera peut-être comment cette masse de linge et chaussures qui est plus forte que celle qui existait en 1788, doit ne pas suffire, tandis que la dernière est suffisante cette époque.
On n’en trouvera la cause dans l’augmentation du prêt de premier d’un tiers des différents effets de linge et chaussures, et dans les moyens que les corps avaient de doubler cette masse par les services des ouvriers et ceux des petits congés avec solde entière. Il est prouvé qu’à cette époque, on avait plus de 30 travailleurs par compagnie et pendant sept mois de l’année 12 et 15 petits congés, qui payaient leurs services ; aujourd’hui les moyens n’existent plus et ne sont plus autorisés.
Conscription
En conservant le mode de recrutement de l’armée par le moyen de la conscription, on continuera sans doute d’accorder la faculté des remplacements. Cependant le mode présente bien des inconvénients, en ce que la seule classe aisée peut se faire remplacer ; que les remplaçants ne sont que des mercenaires, la plupart sans asile, et qu’alors l’ensemble du recrutement de l’armée n’est composé que de la classe la plus pauvre de la France ; il en résulte que les corps ne trouvent plus de sujets pour former des sous-officiers, et que l’esprit national qui a caractérisé nos armées dans cette dernière guerre se détruit. Dans quelque temps, on en demandera la cause et on sera étonné de la trouver en partie dans la facilité des remplacements. Pour obvier autant que possible à cet inconvénient, on indiquera ci-après les moyens de faire tourner la faculté des remplacements à l’avantage du gouvernement, à celui de l’armée, et à la satisfaction des conscrits, que des circonstances particulières forceraient d’exempter du service personnel.
Ces moyens tendent à faire former une masse de remplacement qui ne serait pas à la charge du gouvernement, et à ne plus laisser à l’arbitraire des remplaçants le prix qu’ils exigent de ceux qui désirent s’en faire remplacer.
Mode de remplacement proposé
On ne peut se dissimuler l’avantage qu’il résulte pour l’armée de pouvoir conserver dans les corps le plus possible d’anciens soldats et sous-officiers propres par leur expérience à diriger en peu de temps l’instruction des hommes dont chaque corps se recrute, quel que soit le nombre dont les circonstances obligeraient le gouvernement à en augmenter le complet.
On peut se procurer ce précieux avantage en accordant à chaque sous-officier et soldat qui, ayant complété les années de service auxquelles il était tenu, déclarerait encore vouloir servir pendant 4 ans, une prime de 60 frs, cette prime serait déterminée à raison des engagements successifs que pourrait contracter le même homme à l’échéance du précédent et serait payée par la masse des remplaçants.
Composition de cette masse
Chaque année, après le travail des revues des inspecteurs généraux, le gouvernement peut connaître le nombre d’hommes nécessaires au complètement de l’armée ; il peut connaître aussi le nombre de chaque corps qui, ayant droit aux congés absolus, désirent continuer leur service et déterminé d’après cette connaissance, le nombre d’hommes qu’on pourra exempter dans chaque département du service personnel ; ces hommes seront tenus de payer à la masse de remplacement un prix que le gouvernement déterminera et qui pourrait avoir pour base le montant de toutes les contributions directes réunies que payent annuellement ou le conscrit à remplacer où les pères et mères, somme qui ne devra pas être moins de 200 frs. On peut évaluer chaque année à un 4e le nombre d’hommes de chaque corps qui, n’ayant plus chez eux l’appât du remplacement, ou qui ayant du goût pour l’état militaire, se décideraient à continuer leurs services ; il est entendu que les inspecteurs n’admettraient à cette faculté que les hommes de bonne conduite. On portera également le nombre des hommes à exempter de service personnel à un 4e et le déficit au complet sera rempli par ceux mêmes qui l’auraient opéré en partant par congé absolu. On peut présumer que plus d’un quart des conscrits appelés aux armées se présenteront pour être exemptés du service personnel ; afin de ne point commettre d’injustice et ne pas favoriser les uns plus que les autres, on admettra sans doute d’en réduire le nombre au quart voulu par la voie du sort.
Cette masse fera partie des attributions du département de la guerre en la faisant valoir, les fonds qui la composeraient en augmenteraient aussi le produit, parce qu’il est probable que vu la différence des dépenses qui seront à la charge de cette masse, à ses recettes elle aura toujours un bénéfice considérable que l’on peut évaluer à 1200000 frs par an ; le gouvernement pourrait sur ces fonds accorder des suppléments à la masse de linge et chaussure et trouver encore de quoi payer à la masse d’entretien une partie des effets de linge et chaussure à fournir aux hommes de nouvelle levée ; ces avantages inappréciables ne sont balancés par aucun inconvénient ; au contraire le conscrit n’aura plus l’embarras de chercher un remplaçant ou de le recevoir à des conditions arbitraires.
L’armée ne sera plus appauvrie de sujets puisque dans le nombre des recrues à recevoir chaque année, le quart seulement sera remplacé ou exempté de service personnel, et dans les trois autres quarts qui devront marcher, il se trouvera un bon nombre propre à former des sous-officiers.
Les exemptions de services ne sont pas, à la vérité, aussi nombreuses que par le mode de remplacement actuel, mais le bien du service et la gloire de l’armée exigent cette réduction, et les corps seront composés de citoyens français qui s’enorgueilliront de l’état militaire.
Le ministre de la guerre observera que je n’ai établi que le principe de ce mode, qui peut être développé à l’infini et que sous tous ces points de vue, il offre de très grands avantages.
Avancement par élection.
Tous les militaires conviennent que le mode d’avancement par élection établi dans l’armée par la loi du 14 germinal est défectueux sous beaucoup de rapports.
Celui au grade de caporal à un vice essentiel qui s’étend ensuite à tous les grades et nuit singulièrement au bien du service en ce que, donnant aux volontaires le choix de leurs caporaux, c’est porter atteinte à la discipline et à l’émulation ; l’expérience a suffisamment prouvé le vice et souvent forcé d’enfreindre la loi à cet égard. On ne peut se dissimuler que des soldats qui ont à choisir un caporal dans leurs compagnies ne recherchent pas plus dans ceux qu’ils proposent les talents et la capacité nécessaires au grade qu’ils auront à nommer, que la fermeté pour en soutenir l’autorité. Ils ont bien soin au contraire de ne proposer que ceux de leurs camarades qu’ils appellent de bons enfants dont ils espèrent beaucoup d’indulgence et qui, leur devant leur avancement, ne pourront user envers eux de toute l’étendue du pouvoir que leur donne le grade.
Le grade de caporal étant celui qui conduit à tous les autres, puisque celui qui en est une fois pourvu ne peut plus être arrêté dans son avancement à ceux supérieurs ou son ancienneté le conduira infailliblement ; on ne saurait donc trop empêcher que ce grade, dont l’importance n’a pas été assez sentie, ne soit plus donné si légèrement ; pour assurer un meilleur choix de caporaux et autres grades supérieur, on pourra en changeant le mode prescrit par la loi du 14 germinal, admettre celui qu’on va indiquer pour chaque grade ; on ne devra plus alors dans les corps des officiers qui ne figurent pas convenablement dans leurs grades, mais qu’un premier choix y a conduit sans que l’on puisse l’empêcher.
Caporaux.
Il sera formé dans chaque corps une liste des soldats ayant la meilleure conduite, au moins 6 mois de service, la pénurie de sujets nécessitant en ce moment cette disposition, on pourra par la suite exiger un an de service, et sachant bien lire et écrire. Cette liste sera établie de la manière suivante : tous les caporaux d’un bataillon d’une demi-brigade, selon que l’on voudra étendre ou restreindre le choix, présenteront chacun à leur capitaine un soldat de leur compagnie, qu’ils croiront le plus propre à être caporal ; dans le cas où un soldat serait proposé par plusieurs caporaux de la compagnie, il serait censé choisi par le plus ancien, et le choix des autres recommencerait jusqu’à ce que chaque caporal présente un sujet différent à son capitaine.
Le capitaine choisira trois de ceux qui lui auront été présentés par les caporaux de sa compagnie ; il remettra les noms de ceux qu’il aura choisis au commandant du corps qui fera former la liste des sujets choisis par tous les capitaines du bataillon ou de la demi-brigade ; cette liste arrêtée par le commandant du corps sera déposée entre les mains du 4e chef de bataillon qui le fera mettre à l’ordre de la demi-brigade.
Lorsqu’il vaquera une place de caporal dans une compagnie, le commandant de cette compagnie choisira sur la liste trois sujets qu’il proposera au commandant du corps et ce dernier en nommera un pour occuper la place vacante ; il est à observer que le capitaine qui devra proposer trois sujets de la liste ne pourra dans aucun cas, y comprendre des hommes de sa compagnie.
Si l’on tenait à faire participer les soldats à ce choix, on le pourrait sans s’éloigner du mode proposé, en leur laissant le choix de deux des sujets pris sur la liste à proposer comme candidat à la place vacante. Le capitaine alors désignerait le 3e et les présenterait ensemble au choix du chef du corps. Il est cependant à préférer que les soldats n’aient aucune influence dans ce choix.
Les compagnies de grenadiers devant être composées d’hommes expérimentés et ayant fait preuve de bonne conduite, les capitaines de ces compagnies devront être autorisés à choisir, lorsqu’il leur manquera un caporal, dans tous les caporaux des compagnies de fusiliers de la demi-brigade, ces trois candidats qu’ils voudront présenter au chef du corps, s’ils n’avaient pas trouvé dans la liste les sujets propres aux grenadiers.
La liste réduite au-dessous de moitié, on en formera une autre de la même manière.
Caporal Fourier.
Le caporal Fourier étant, par ses fonctions, chargé de la partie administrative de la compagnie sous les ordres de l’officier qui la commande, son choix doit être l’effet de la confiance et laisse aux capitaines, en leur donnant la faculté de la porter non seulement sur tous les caporaux de la demi-brigade, mais encore sur les volontaires qu’ils croiront propres à remplir les fonctions de ce grade, sauf la confirmation du commandant du corps.
Les caporaux Fourier étant dans la classe des caporaux, ils seront comme eux susceptibles de passer au grade de sergent par ancienneté ou par choix, mais rouleront avec les sergents pour parvenir au grade de sergent-major.
Sergent
On suivra l’avancement au grade de sergent par élection le même mode que pour les caporaux ; les sergents du bataillon ou de la demi-brigade choisiront chacun dans leur compagnie le caporal qui leur paraîtra le plus susceptible d’avancement, ayant six mois de grade, et le présenteront au commandant de la compagnie qui choisira un des caporaux présentés ; il sera formé de tous ceux choisis une liste dans laquelle le commandant de la compagnie où il y aura un emploi de sergent vacant, prendra trois candidats qu’il proposera au commandant du corps, pour qu’il désigne celui qui devra occuper la place. Le capitaine ne devra jamais présenter pour candidat le caporal de cette compagnie porté sur la liste, afin d’éviter qu’un caporal devienne sergent dans la même compagnie.
La liste réduite au-dessous de la moitié sera renouvelée d’après les mêmes principes que ceux de sa formation.
Sergent-major
Vu la rareté des vacances dans ce grade, on ne formera la liste des candidats à proposer aux places vacantes au tour du choix, que lorsque ces vacances auront lieu ; pour former cette liste, le chef du corps fera prévenir les sergents-majors de toutes les compagnies de la demi-brigade ou du bataillon dont fait partie celle où la place est vacante, de remettre à l’adjudant de décade le nom du sergent ou caporal fourrier de leur compagnie, qu’ils auront choisi pour être proposé à cette place ; l’adjudant suppléera au sergent-major qui a fait la vacance, et à tous ceux qui seraient absents par congé ou autrement. Il formera la liste de tous les sergents ainsi choisis, il la remettra au chef du corps qui, après l’avoir approuvée, la communiquera au capitaine de la compagnie où la place sera vacante, afin qu’il lui propose trois des sergents portés sur la liste, desquels le chef désignera celui qui devra occuper la place vacante.
Adjudant sous-officiers
Les fonctions de l’adjudant sous-officier étant purement militaires, et tenant plus de l’instruction, police et discipline qu’à l’administration, on ne doit pas laisser le choix aux conseils d’administration mais le donner aux officiers supérieurs qui, réunis, nommeront à la pluralité des voix celui de tous les sergents-majors et sergents du corps qu’ils jugeront le plus propre à ces fonctions, les officiers supérieurs absents lors de la vacance d’une place de ce grade, ne pourront être suppléés pour le choix du remplaçant ; ils devront être consultés et envoyer leurs suffrages par écrit, et lorsqu’il y aura partage dans les voix des officiers supérieurs, celle du chef du corps aura la prépondérance.
Comme les fonctions d’adjudant sont fatigantes et exigent autant d’activité que d’instruction de ceux qui les exercent, et qu’il est difficile de remplacer ceux qui se sont formés par la pratique, il faudrait, pour éviter des remplacements trop fréquent dans ce grade, et dédommager ceux que le bien du service exigerait d’y conserver, et ne pas les rendre victimes de l’utilité dont ils sont, leur accorder d’être considérés pour l’avancement seulement par ancienneté aux grade de lieutenant, comme sous-lieutenant du jour de leur nomination d’adjudant, et leur en accorder le traitement lorsqu’un sous-officier leur cadet parviendrait à la sous-lieutenance par ancienneté.
Comme en leur qualité d’adjudant, ils ne doivent pas cesser d’être éligibles aux places de sous-lieutenant au choix ; dans le cas où ils seraient choisis à une de ces places, ils devront jouir du traitement y attaché à compter de ce jour et continuer leur fonction d’adjudant s’ils y sont jugés nécessaires par les officiers supérieurs, jusqu’à ce que par ancienneté ou par un nouveau choix ils parviennent à la lieutenance.
Lorsque l’adjudant nommé sous-lieutenant au choix sera jugé devoir continuer ses fonctions d’adjudant, le tour du choix sera censé passer et l’on donnera à l’ancienneté la sous-lieutenance qu’il laissera vacante.
Sous-lieutenant, lieutenant et capitaine
L’avancement par élection au grade de sous-lieutenant, de lieutenant et de capitaine se continuera d’après le mode voulu par la loi du 14 Germinal, en donnant cependant plus d’extension au choix ; il faut pour cela ne pas le borner au bataillon où se trouve la vacance, mais bien y faire participer tous les bataillons ; il peut arriver que le même bataillon ait seul l’avancement pendant longtemps ; il est possible que le bataillon qui a la vacance ne possède pas aux yeux des électeurs le sujet le plus propre à y être nommé.
Adjudant major
Les fonctions des adjudants majors les mettent en relation immédiate avec les officiers supérieur pour tout ce qui est relatif à l’instruction, police et discipline. On ne voit pourquoi on a laissé leur nomination au choix du conseil d’administration avec lequel ils n’ont aucune relation ; il est plus naturel qu’ils soient nommés par les officiers supérieurs. On pourra suivre à leur égard le mode proposé pour les adjudants sous-officiers.
Chef de bataillon
On demande en faveur des capitaines qui depuis longtemps ont été privés d’avancement, le rétablissement du mode voulu par la loi du 14 Germinal pour l’avancement au grade de chef de bataillon.
Les fonctions du 4e chef de bataillon étant d’une nature particulière, la nomination à cet emploi appartiendra de droit au gouvernement sans préjudicier à la moitié des autres places qui lui sont réservées par la loi du 14 Germinal.
Fonctions du 4e chef de bataillon
Le gouvernement, en créant dans chaque corps, un 4e chef de bataillon, a sans doute eu en vue de les utiliser par leur surveillance pour l’administration, la police, la discipline et l’instruction ; mas comme on a prononcé que vaguement sur leurs fonctions, il en résulte que les chefs de corps les interprètent différemment les uns des autres et les emploient comme ils l’entendent. Il serait nécessaire que le gouvernement fît cesser cet arbitraire en précisant par une instruction les fonctions qu’il entend devoir être remplis par les 4es chefs. Il semble qu’ils doivent être chargés de tous les détails de l’instruction, de la police, de la discipline et de l’administration ; mais il faut établir les rapports qui doivent exister entre les chefs de corps, les commandants de bataillon, eux, les adjudants majors et le conseil d’administration.
Le 4e chef de bataillon doit transmettre les ordres du chef de la demi-brigade au corps ; il réunira à cet effet et à une heure indiquée les adjudants majors et adjudants sous-officiers des trois bataillons, prescrira ce qui doit être fait dans la journée, recevra les rapports des capitaines de police, surveillera la discipline, la tenue et la propreté des casernes, et sera chargé de l’instruction de la demi-brigade au détail, depuis l’école du soldat jusqu’à celle du bataillon inclusivement ; il pourra être utilisé avantageusement si on le rend le rapporteur du conseil d’administration ; il sera à même de faire connaître les abus que sa surveillance aurait pu lui faire remarquer, et qui peuvent échapper à un conseil qui n’est pas toujours composé de membres ayant des connaissances dans cette partie et dont les séances sont toujours trop courtes pour examiner suffisamment tous les objets qui lui sont soumis.
Chef de brigade
Ces emplois pour l’infanterie devraient se donner pour moitié par le choix du gouvernement et moitié par ancienneté de grade de chef de bataillon sur toute l’armée.
Avancement par ancienneté de grade
Par un décret du 27 Pluviôse an 2, il a été décidé qu’aucun citoyen ne pourra être promu aux empois qui vaqueront depuis le grade de caporal jusqu’à celui de général en chef s’il ne sait lire et écrire.
Avant la promulgation de cette loi, beaucoup d’officiers avaient été promus quoique ne sachant ni lire ni écrire ; plusieurs existent encore dans les corps ; doivent ils parvenir à leur tour d’ancienneté à un grade supérieur à celui qu’ils ont ? Ne serait-il pas à propos de déterminer que toutes les fois qu’une place sera vacante et appartiendra au tour de l’ancienneté, celui qui y aura droit sera examiné par cinq militaires qui lui sont supérieurs en grade et qui devront toujours avoir pour président un chef de bataillon. Cet examen pour le sous-officier sera basé sur l’instruction théorique de l’école du soldat et celle de peloton sur les comptes à rendre de la discipline et de la tenue et sur les rapports par écrit qu’un sous-officier est dans le cas de faire lorsqu’il est détaché le conseil d’examen prononcera sur la capacité ou l’incapacité du sujet et déclarera s’il y a lieu ou non à lui accorder l’avancement auquel son ancienneté lui donne des droits.
On suivra la même marche pour les sous-lieutenants et lieutenants qui auront droit à l’avancement par ancienneté et l’examen sera basé sur l’instruction théorique de l’école du soldat, du peloton, et du bataillon sur les comptes à rendre de la tenue et de la discipline sur la manière de gérer l’administration d’une compagnie en matière de comptabilité, sur les devoirs de l’officier en campagne pour les différentes parties du service et sur la manière d’énoncer clairement et avec précision les rapports qu’il aura à faire sur des reconnaissances et détachement armés que l’officier est dans le cas de faire.
Le sous-lieutenant et lieutenant jugé capable de remplir la place supérieure qui lui est dévolue par ancienneté ayant alors les connaissances qui lui sont nécessaire est dispensé d’un nouvel examen pour parvenir au grade de capitaine.
Décisions demandées
Beaucoup d’officiers destitués, démissionnaires ou retirés chez eux avec pension ont repris de l’activité dans l’infanterie, soit comme conducteurs de conscrits, soit comme ayant coopéré à la formation des bataillons auxiliaires ; ces officiers élèvent tous les jours des difficultés par la prétention qu’ils ont de prendre leur rang d’ancienneté dans la colonne des officiers de leur grade, du jour qu’ils y ont été nommés, nonobstant l’interruption qu’ils ont eu dans leur service. Ces difficultés sont journellement soumises au Ministre de la Guerre et nécessitent de sa part des décisions partielles qui, n’étant connues que des corps qui les ont provoquées, n’empêchent pas le cours des réclamations dans les autres ; on pourra les faire cesser par une décision officiellement adressée à tous et qui classât d’une manière claire et précise tous les cas où un officier rentrant au service actif, pourrait se prévaloir de sa nomination au grade qu’il occuper pour prendre son ancienneté dans la colonne des officiers du même grade ; il me semble que tous ceux désignés ci-dessus aucun ne pourrait prétendre à cette faculté et que les officiers devenus surnuméraires par suite des évènements qu’il n’a pas dépendu d’eux d’empêcher pourraient seuls y avoir droit ; quant aux autres, ils ne devraient faire valoir leurs services antérieurs à leur rentrée en activité que pour établir leurs droits à la pension de retraite" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 93 page 199).
Le 2ème Bataillon part de Belgique rejoindre sa Demi-brigade.
Le 19 juin 1803 (30 Prairial an 11), Murat écrit, depuis Milan, au Général Olivier : "Le citoyen Belluomini, chargé d'affaires du Gouvernement de Lucques, m'a demandé de faire occuper cette République par nos troupes ; en conséquence, vous enverrez à Lucques le général Compère avec un bataillon de la 5e qui devra fournir le détachement de Viareggio. Ce bataillon ainsi que le général Compère seront à la charge du Gouvernement de Lucques. Par ce moyen vous pourrez faire évacuer Pise et Azerna, toutes les troupes à Livourne. La Reine régente verra dans cette détermination le désir constant que nous avons de diminuer ses charges …
Le commandant du détachement français à Viareggio est de droit le commandant de la place, nous ne devons pas permettre qu'il soit sous les ordres d'un étranger …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 420, lettre 1097).
Le 5 juillet 1803 (16 Messidor an 11), Murat écrit, depuis Milan, au Gonfalonier de la République de Lucques Belluomini : "J'ai reçu les lettres que Votre Excellence m'a envoyées et je la remercie des sentiments qu'Elle m'a témoignés tant en son nom qu’en celui du respectable corps des Anciens de la République de Lucques. Les troupes que vous m'avez fait demander et que j'ai envoyées Ions voire République n'y séjourneront que le temps que vous désirerez, mais j'ai dû me déterminer à en augmenter la force sous plusieurs rapports. Les cent hommes qui se trouvent à Viareggio vont rentrer à leur corps, le bataillon de la 5e demi-brigade ayant ordre de remplacer ce détachement.
Comptez dans toutes les circonstances sur l'intérêt que je porte aux braves Lucquois et sur ma haute considération pour Votre Excellence. J'ai l'honneur de vous prévenir que le général Compère ne doit exercer dans votre République que la police des troupes et qu'il a ordre d'obtempérer à toutes les réquisitions que vous pouvez lui faire pour le maintien et la tranquillité de votre République" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 439, lettre 1117).
Le 6 juillet 1803 (17 Messidor an 11), Murat écrit, depuis Milan, au Général Olivier : "Vous m'avez dans le temps rendu compte, citoyen général, que sur la demande du ministre Clarke, vous avez envoyé cent hommes à Viareggio.
Comme l'exécution d'une semblable mesure pourrait contrarier mes vues, vous voudrez bien à l'avenir vous rappeler, mon cher général, que vous n'avez aucun ordre à recevoir du ministre Clarke avec lequel vous ne devez avoir de correspondance officielle que pour le prier d'appuyer ou de transmettre à la Cour de Toscane les différentes demandes que vous pourrez être chargé de lui faire.
Vous ferez relever, mon cher général, par les bataillons de la 5e demi-brigade, que vous avez envoyée dans la République de Lucques, les 100 hommes qui se trouvent à Viareggio ; cette République ne devant avoir en tout qu'une demi-brigade. Vous déclarerez au général Compère que toute son autorité dans la République de Lucques se borne à la seule police et au commandement des troupes françaises et qu'il ne doit aucunement se mêler du civil, l'intention du Gouvernement étant qu'il ne soit porté aucune atteinte à celle des autorités de cette République …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 440, lettre 1119).
Le 16 août 1803 (28 Thermidor an 11), Murat écrit, depuis Milan, au Ministre de la Guerre : "... La 5e demi-brigade est en Toscane depuis trente mois ; un plus long séjour peut lui devenir funeste par les habitudes et les connaissances qu'elle y a contractées : le chef m'a demandé formellement sa rentrée en Italie. Je vous prie, citoyen ministre, de m'autoriser à la faire remplacer par une autre demi-brigade de l'armée" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 468, lettre 1149).
L’Etat militaire de l’an XI nous montre la 5e Demi-brigade à Livourne en Etrurie : Chef de Brigade Teste, Chefs de Bataillon Gaillard, Richard et Levesque. Là, elle encadre l'embarquement pour Saint-Domingue des soldats de la 3e Demi-brigade polonaise, ignorants leur destination finale mais récalcitrants au service outre-mer : "... on fit venir les 5e et 63e demi-brigades en armes, disposant d'ordres leur permettant d'utiliser la force en cas de notre résistance. Nous fûmes encerclés par ces forces supérieures en nombre et, sous la menace des gueules des canons chargés, on nous fit monter à bord des frégates ...". Le déploiement de force est néanmoins inutile, les Polonais embarquant sans effusion (Zeromski, p.16; Cité par M. Brevet).
L’arrêté du 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803) rétablit la dénomination de Régiment d’infanterie. Le Régiment est désormais à 4 Bataillons. Il a dissous son Bataillon d’élite et incorporé deux Bataillons de la 87e de Ligne. Le Chef de Brigade Teste devient Colonel.
/ 1804
Au début de l’année, Murat a quitté l’Italie et devient Gouverneur de Paris.
Le 7 Ventôse an 12 (27 février 1804), Murat écrit au Citoyen Teste, Colonel du 5e Régiment d'Infanterie de ligne, à Livourne : "Vos lettres me sont toujours agréables, mon cher colonel, je vous engage à continuer de m'écrire souvent. Quoique je ne commande plus en Italie, rien de ce qui intéressera les troupes qui y ont servi sous mes ordres ne saurait m'être étranger. J'ai parlé plusieurs fois de vous et de votre régiment au Premier Consul, avec les expressions de l'intérêt et de l'estime que je vous porte. Il partage ces sentiments. Lorsque je mettrai sous ses yeux votre lettre du 20 pluviôse que je viens de recevoir, il ne pourra lire qu'avec une vive satisfaction, ce nouveau témoignage de votre dévouement et de celui des braves militaires que vous commandez" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 48, lettre 1259).
Le 20 Ventôse an 12 (11 mars 1804), Murat écrit au Citoyen Teste, Colonel du 5e Régiment d'Infanterie de ligne, à Livourne : "Mon affection pour le 5e régiment, mon cher colonel, est un sentiment qui ne s'effacera pas, et ce que j'ai dit à Lucques, j'aimerai à le dire encore dans toutes les occasions où je parlerai de ce corps de braves. Le désir que vous m’exprimez de vous rapprocher de moi est bien conforme au mien. Je ferai en sorte qu'il s'accomplisse au premier moment où les circonstances le permettront.
Je vois avec intérêt par votre lettre du 26 pluviôse, que vous avez ouvert une souscription en faveur de la veuve de Labruyère. Je souscris pour une pension de trois louis par an que je lui ferai payer, tant qu'elle vivra, vous pouvez ou les payer pour mon compte, ou lui écrire qu'elle les fasse recevoir chez moi à Paris" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 69, lettre 1297).
Le 18 mai l’Empire est proclamé.
Le 28 mai 1804 (8 prairial an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, 60,000 hommes de la conscription de l'an XII ont été mis à la disposition du Gouvernement. Il n'y a point de temps à perdre pour répartir entre les différents corps ladite conscription.
Les 3e, 5e, 10e, 19e, 36e, 37e, 67e, 56e, 58e, 59e, 70e, 72e, 82e et 86e régiments d'infanterie de ligne, et les 3e, 12e, 21e, 24e, 25e, 26e et 28e d'infanterie légère, me paraissent les régiments les plus faibles et ceux qui auront le plus besoin de monde ..." (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7792; Correspondance générale, t.4, lettre 8915).
Le 7 Messidor an 12 (26 juin 1804), le Général Travot écrit au Chef de l’Etat-major général de la 27e Division militaire : "J’ai reçu, monsieur, l’ordre du jour du 3 de ce mois et votre lettre du 5 par laquelle vous m’annoncez que l’intention du général commandant la division et de ne laisser à Verceil que quinze chasseurs et un maréchal des logis, et de faire partir pour Pignerol le 9 le reste de l’escadron du 14e régiment. Ce mouvement s’opèrera, ainsi que celui ordonné pour les cinq compagnies du 4e bataillon du 5e régiment de ligne, que je ferai partir pour Ivrée" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 7 Messidor an 12 (26 juin 1804), le Général Travot écrit au Commandant Beaupoil Saint-Aulaine : "Je vous préviens, monsieur, que l’intention du général commandant la division est de faire partir d’ici le 9 l’escadron du 14e régiment de chasseurs et d’y laisser quinze hommes et un maréchal des logis, vous voudrez bien donner au chef d’escadron qui le commande l’ordre de se rendre à Pignerole ; le même jour y arrivera en cette ville le 4e bataillon du 5e régiment d’infanterie de ligne, les quatre dernières compagnies y tiendront garnison, et les cinq premières, ainsi que l’état-major partiront le 10 pour Ivrée, dans le cas où elles n’en auraient pas reçu l’ordre, veuillez bien le leur donner" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 9 Messidor an 12 (28 juin 1804), le Général Travot écrit au Chef de l’Etat-major général de la 27e Division : "… Le 4e bataillon du 5e régiment de ligne est arrivé ce matin en cette ville ; vous trouverez ci-joint l’état de situation des quatre compagnies qui doivent y tenir garnison. Les cinq autres partiront demain pour Ivrée, ainsi que l’état-major ..." (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 5e de Ligne stationne désormais à Turin et y perfectionne son entrainement.
Le 30 thermidor an 12 (18 août 1804), le Général Travot écrit au Chef de l’Etat-major général : "J’ai reçu, monsieur, et expédié l’ordre de départ aux 5e et 6e compagnies du 4e bataillon du 5e régiment d’infanterie ; elles seront mises en route ce matin pour Treno et arriveront le 3 fructidor à Turin ..." (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 27 Thermidor an 12 (15 août 1804), Napoléon, d'Ostende, écrit au Maréchal Murat, Gouverneur de Paris : "Je suis fâché que, sans mon aveu, vous ayez écrit au colonel du 5e de ligne ce que je vous avais dit. Il n'a jamais été question d'opposition à l'hérédité, et c'est affliger sans raison ce régiment que de lui faire soupçonner que j'avais eu ces idées" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7935 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 9105).
Le nouvel Empereur écrit de Coblentz, le 19 septembre 1804, à M. Barbé-Marbois, Ministre du Trésor public : "Vous trouverez ci-joint l’état que m’envoie le ministre de la guerre. Il en résulte que la solde ne doit monter qu’à 8,684,000 fr. pour vendémiaire ; encore, sur cette somme, y a-t-il des observations à faire.
On a porté en plus le 5e régiment de ligne, qui n’est plus en Étrurie ; mais il fallait porter en moins le 62e, qui n’est plus en Piémont et qui est passé à la solde de 1’Étrurie" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 8030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 9227).
Puis à Berthier : "... Si le 5e de Ligne est passé de la solde de l’Etrurie à celle de France, le 62e qui était à Turin est allé en Etrurie ..." (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 8029; Correspondance générale, t.4, lettre 9228).
Le 4e jour complémentaire an 12 (21 septembre 1804), le Général Travot écrit à M. Gandet, Capitaine au 5e Régiment de Ligne : "Donné ordre à Mr Gandet capitaine commandant le détachement du 5e régiment d’infanterie de ligne à Verceil de prendre le commandement de cette place le 1er vendémiaire an 13" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 6 Vendémiaire an 13 (28 septembre 1804), le Général Travot écrit au Chef de l’Etat-major général de la 27e Division Militaire : "Je vous préviens, monsieur, que j’ai reçu une lettre de Mr l’adjudant commandant Advignié, par laquelle il m’annonce l’arrivée en cette ville de trois compagnies du 60e régiment pour le 7, et me transmet l’ordre de faire partir le détachement du 5e régiment de ligne, le même jour 7. Sans attendre l’arrivée des premières, malgré qu’il n’ait pas indiqué la destination des compagnies du 5e, je n’ai pas cru devoir retarder le mouvement, et sachant que le régiment est à Turin, elles partiront demain et y arriveront le 10" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 6 Vendémiaire an 13 (28 septembre 1804), le Général Travot écrit à Monsieur Gandet, Capitaine au 5e Régiment de Ligne : "Donné ordre au capitaine Gandet commandant les compagnies du 5e régiment en garnison à Verceil d’en partir avec sa troupe demain 7 pour se rendre le même jour prendre gite à Trino, le 8 à Crescentino, le 9 à Chivas et le 10 à Turin, où il recevra de nouveaux ordres" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Encore le 6 Vendémiaire an 13 (28 septembre 1804), le Général Travot écrit au Commissaire des Guerres Lefevre : "Je vous préviens Mr que demain 7, les compagnies du 5e régiment en garnison en cette ville, partiront pour Turin, je vous invite à leur délivrer une feuille de route ; le même jour arriveront ici sept compagnies du 60e régiment de ligne, dont trois y tiendront garnison. Veuillez bien prendre les mesures nécessaires pour que le logement et les effets de casernement soient préparés" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
A la fin de l’année, le Colonel Teste accompagne une délégation de son Régiment pour recevoir le 5 décembre, sous une pluie battante, les nouvelles Aigles et drapeaux qui désormais l’accompagneront (voir le chapitre les drapeaux du 5e de Ligne).
/ 1805, l'Armée d'Italie
Fig. 2 Grenadier du 5e de Ligne en 1805 |
Le 17 février 1805 (28 Pluviôse an 13), l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier : "... A Turin, les quatre compagnies de grenadiers du 5e de ligne, à cet effet complétées, serviront de garde d'honneur à l'Empereur. Le 15 ventôse, elles iront s'établir à Stupinigi et recevront l'ordre de service du gouverneur de ce palais. Le ministre écrira au colonel pour que ces compagnies soient dans la meilleure tenue, et aient tous des bonnets à poil. Le colonel du 5e de ligne les commandera. A dater du 15 ventôse et pendant tout le temps qu'elles resteront à Stupinigi, il sera accordé une double paye aux officiers et soldats ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8332 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9567).
Le 5e de Ligne aligne ses 4 Bataillons. Napoléon se voit proposer la couronne de Roi d’Italie le 8 mars.
Le 21 mars 1805 (30 ventôse an XIII, date présumée), Napoléon écrit depuis La Malmaison au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, je vois avec peine que l'on me propose, tous les jours, des avancements rapides pour des officiers d'état-major, des lieutenants qui ne le sont que de deux, trois, quatre ans, et l'on se croit ancien lorsqu'on date de l'an VII. Cependant il n'y a pas de régiment où il n'y ait huit capitaines de 1792 ayant des blessures et fait toutes les campagnes. J'en compte ... quatorze dans le 5e ... Mon intention est que vous me remettiez un état de tous les officiers qui ont été faits capitaines pendant l'an XIII et avant, un même état des lieutenants et sous-lieutenants, avec la note de leurs services, s'ils ont fait la guerre dans leur corps sans interruption, avec des notes sur chacun d'eux, et que vous ne me proposiez aucun officier pour être chef de bataillon que la liste de ceux qui sont sur cet état ne soit épuisée" (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8460).
Le 27 mars 1805 (6 germinal an XIII), l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, vous ferez réunir, du 1er au 10 floréal, dans la plaine de Marengo, les corps dont l'état est ci-joint :
Les quatre bataillons du 23e de ligne, les quatre du 56e, les quatre du 60e ; trois bataillons du 14e léger, quatre du 5e de ligne, trois du 102e (note : la CGN donne 2 Bataillons).
Ils seront partagés en deux divisions ; une tiendra garnison à Alexandrie, l'autre à Tortone et environs ...
Mon intention n'est point que ces troupes soient campées ; elles seront baraquées dans les villages.
Comme les troupes du Piémont ont un traitement particulier, vous me ferez un rapport sur les gratifications qu'il faudra leur donner également ...
Vous recommanderez bien au maréchal Jourdan que ces mouvements n'aient point l'air de mouvements de guerre ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8491 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9739).
Le 10 Germinal an 13 (31 mars 1805), le Général Travot écrit au Commissaire des Guerres à Verceil : "J’ai l’honneur de vous prévenir que conformément aux ordres du général commandant la subdivision, les 3 compagnies du 60e régiment d’infanterie détachées à Verceil, en partiront le 12 du courant avec armes et bagages pour se rendre à Alexandrie et qu’elles seront remplacées par deux compagnies du 5e régiment qui arriveront ici le jour de leur départ" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 17 Germinal an 13 (7 avril 1805), le Général Travot écrit : "Envoyé au commandant des 2 compagnies du 5e régiment d’infanterie un ordre du général Robin en date de ce jour, portant qu’elles devront partir demain avec armes et bagages pour Tortone où elles rejoindront le régiment" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
L'Empereur va venir se faire couronner et visiter son nouveau Royaume. Il passe à Turin le 24 avril et y stationne non loin de là. Le 5e de Ligne lui rend les honneurs et lui sert de garde avec ses Grenadiers.
Le 6 mai 1805 (16 Floréal an 13), l'Empereur écrit, depuis Alexandrie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major génréal des camps : "Mon cousin, vous donnerez des ordres pour que le 5e régiment de ligne retourne à Turin où il tiendra garnison, que le 23e et 60e de ligne restent à Alexandrie ... Recommandez au général commandant la 27e division militaire de porter un soin particulier au 5e de ligne et au 56e. Mon intention est ... que le 5e de ligne fasse à Turin le moins de service possible ... Faites connaître au général Verdière mon mécontentement de ce qu'il a laissé dépérir le 5e de ligne à Livourne ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9979).
Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 5e de Ligne a ses 1er, 2e, 3e et 4e Bataillons à Turin, 27e Division militaire. 2276 hommes sont présents, 50 en recrutement ou détachés, 192 aux hôpitaux, total 2518 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).
Le 26 mai, Napoléon se fait couronner à Milan. Au milieu de l’année, le 5e de Ligne escorte les cendres de Desaix jusqu’au pied des Alpes. En Juillet 1805, nouvelle revue de l’Empereur avant qu’il ne quitte l’Italie, très satisfait de la bonne tenue du Régiment.
Le "Bulletin des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre le 5 Fructidor an XIII (Du 27 au 31 août 1805)" indique à la date du 8 Fructidor que le 5e de Ligne quitte Turin de suite pour arriver à Brescia le 26 Fructidor (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 443).
A partir de septembre 1805, tandis que Napoléon fait pivoter ses troupes des côtes de l'Empire vers l'Europe centrale pour contrer l'offensive autrichienne et russe, les forces franco-italiennes dans la péninsule ont un double objectif : l'Armée d'Italie, dans le Royaume du même nom, confiée à Masséna, doit fixer les Autrichiens en Italie du Nord et les empêcher de rejoindre Vienne ; et le Corps d'Armée de Gouvion Saint-Cyr doit contrôler le royaume de Naples.
Le 2e jour complémentaire an 13 (19 septembre 1805), l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez l'ordre au général Menou de faire partir du 4e bataillon du 5e de ligne 350 hommes pour compléter les trois premiers bataillons, de faire partir également du 4e bataillon du 56e 300 hommes pour compléter les trois autres bataillons. Je vois avec peine qu'on ait conservé tant de monde à ces bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10830).
A l'ouverture des hostilités, vers le milieu du mois d'octobre, l'Armée d'Italie a été portée à 65000 hommes, sous le commandement du Maréchal Massena, commandant en chef. Le centre de cette armée comprend la Division d'infanterie Molitor, Brigades Launay, Herbin et Valori, treize Bataillons des 23e, 19e, 5e et 60e de ligne, 7000 combattants et douze bouches à feu (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 277).
Les 3 Bataillons du 5e de Ligne sont à la Brigade Herbin, Division Molitor, placés au centre des lignes françaises. L’Adige étant la ligne de démarcation entre le Royaume d'Italie et l'Italie sous contrôle autrichien, est franchie par Masséna à et autour de Vérone le 18 octobre. Après dix jours de face à face, les adversaires se heurtent à Caldiero. Bataille assez sanglante mais qui, sur le plan stratégique, n'empêche pas les Autrichiens de l'Archiduc Charles de retraiter vers Vienne, laissant derrière eux de fortes garnisons, dont celle de Venise.
Le 5e de Ligne y a de nombreuses pertes en s’emparant de redoutes ennemies. Il y a planté ses trois Aigles mais a perdu celle du 1er Bataillon, tandis que celle du second est fracassée par un boulet.
Masséna, menacé au sud par le débarquement à Naples de Russes et d'Anglais, et craignant une contre-attaque à partir du Tyrol, décide de rester sur ses positions.
Pendant ce temps, les troupes de Gouvion Saint-Cyr avaient quitté le Royaume de Naples au début octobre pour rallier Masséna. A la mi-novembre, elles se trouvaient aux alentours de Padoue. Masséna leur donnait alors l'ordre de bloquer la garnison autrichienne de Venise.
La campagne finit victorieusement avec Austerlitz.
A la fin de décembre, et après sa formation, le 8e corps, ayant pour Général en chef Masséna comprend la Division Molitor (7000 hommes des 5e, 73e, 60e et 29e de ligne) dans le cercle de Marburg (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 2).
/ Le 5e de Ligne en Dalmatie et en Italie, 1806-1808
Annexions françaises en Dalmatie, 1806 |
Le Traité de Presbourg, 26 décembre 1805, a fait céder par l'Autriche au Royaume d'Italie, la Dalmatie et les Bouches de Cattaro (Kotor, actuellement au Monténégro). L'Italie devait y installer une administration civile, des forces franco-italiennes y formant un Corps d'occupation. La remise des provinces cédées à l'Italie devait s'effectuer du 30 janvier au 28 février. Or, les Autrichiens ont permis aux Russes, déjà présents à Corfou, de s'installer à Cattaro. Russes qui ne se sentent pas liés par le traité. C’est le Prince Eugène qui est chargé de superviser la prise de possession.
Les Généraux Molitor et Lauriston sont chargés de la prise de contrôle initiale. Molitor traverse la Croatie (avec autorisation des Autrichiens) pour arriver le 20 février 1806 à Zadar (Zara). La Dalmatie est donc rapidement soumise.
Le 21 février 1806, Napoléon écrit à Eugène : "... Vous ne me dites pas où est le dépôt du 5e de ligne ; Je ne vois pas la situation du Corps du général Marmont dans votre état …
Les 5e, 23e et 79e qui vont en Dalmatie doivent être au grand complet de guerre …
Faites lui passer (à Molitor) le 8e régiment d’infanterie légère, les 5e, 23e ,79e et 81e de Ligne, 4 compagnies d’artillerie française, une demi compagnie d’ouvriers, 12 pièces d’artillerie etc ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 78 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 9865 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11517).
Le 12 mars 1806, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Dejan, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, mon intention est que les trois mille hommes formant la réserve des départements ci-dessous nommés marchent comme les autres et soient dirigés, savoir ceux du département :
... Du Gers … 5e de ligne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 329 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11656).
L’Empereur se préoccupe de ses forces en Dalmatie. Il écrit, depuis Paris, à Eugène le 13 mars 1806 : "Mon Fils, j'ai reçu l'état de situation que vous m'avez envoyé ... Je vois que le 5e régiment d’infanterie de ligne n’a que 1600 hommes en Dalmatie, 1700 hommes tant embarqués qu’au dépôt, 285 aux hôpitaux et 301 prisonniers de guerre ; Total de 2900 hommes sur lesquels il n’y a que 1600 présents à la division. Les prisonniers de guerre doivent être rentrés depuis longtemps ; Pourquoi y a-t-il 1700 hommes au dépôt ? Voyez à les faire partir au fur et à mesure pour rejoindre ; ils s'instruiront bien mieux à leur corps que dans les dépôts isolés ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 157 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 9966 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11674).
Eugène répond le 29 mars : "Sire, j’ai l’honneur de rendre compte à votre majesté de ce que contient une lettre du général Molitor datée de Spalatro (Split) le 16 mars. Il a placé ses 4 régiments d’infanterie de manière à se couvrir mutuellement. Le 5e régiment est à Mararska et occupe par détachements le fort Opos et Imoschi …
Par cette disposition les deux places importantes de Zara et Spalatro sont suffisamment assurées …".
Le 30 mars 1806, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, voici une liste d'hommes du régiment de la garde de Paris qui ne peuvent pas rester à Paris. Donnez des ordres pour qu'ils en partent tous dans la semaine prochaine. Vous ferez faire le travail successivement et par corps. Ils partiront sous les ordres d'un officier, les uns pour joindre le 5e régiment de ligne, les autres le 56e, les autres le 106e. Vous aurez soin de faire envoyer leur signalement à la gendarmerie, pour qu'il n'en revienne aucun. Ils seront envoyés aux corps ci-dessus, sous prétexte que le service de Paris nuit à leur discipline. On aura soin qu'ils ne désertent pas en route et surtout que sous quelque prétexte que ce soit ils ne rentrent pas dans la capitale" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées » ; Paris, 1903, t. 1, lettre 391 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11795).
Le 16 avril 1806 est formée officiellement l'Armée de Dalmatie. Elle est alors ravagée par les épidémies. Lauriston rejoint Molitor avec des renforts.
Au 1er mai 1806, d'après les états de situation envoyés par le Prince Éugène, commandant en chef, la composition et la force des divers corps composant l'Armée dite d'Italie, dont le quartier général est à Milan, est la suivante :
Division de Dalmatie. Quartier général à Zara : Général de Division Molitor
Généraux de Brigade Delgorgue, Guillet.
Infanterie de ligne : 5e, colonel Teste, 3175 hommes, 28 chevaux (4 bataillons à Marasca) ; 23e, colonel Deriot, 2896 hommes, 20 chevaux (4 bataillons à Spalatro) ; 79e, colonel Godart, 2789 hommes, 24 chevaux (4 bataillons à Sébénico) ; 81e colonel Bonté, homines, 22 chevaux (4 bataillons Traw) ; 5e escadron du 19e de chasseurs (84 hommes, 88 chevaux à Zara) - Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 268.
Au début mai, le 5e de Ligne, sous les ordres du Colonel Teste, avec ses 4 Bataillons (3175 hommes), est toujours à Marasca à la Division Molitor (QG à Zara).
Le 6 mai 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène : "Mon Fils, mon intention étant de prendre possession de tout le territoire de la république de Raguse, vous voudrez bien ordonner au général Lauriston de partir avec le 5e et le 23e d'infanterie de ligne, une compagnie d'artillerie française et une compagnie d'artillerie italienne, et la quantité d'artillerie qu'on pourra lui fournir, et de prendre possession de la ville et du territoire de Raguse. Il pourra laisser subsister le gouvernement qui existe, en désarmant les habitants et en prenant toutes les mesures de sûreté. J'ai des pièces qui constatent la manière dont s'est conduite à l'égard de nos ennemis cette république, qui, ayant violé la neutralité, ne peut être considérée désormais que comme étant en état de guerre …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 375 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10197 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12061).
Le Général Lauriston, après avoir tout disposé, part pour se rendre à Macarska, où il arrive le 23 mai 1806 au soir. Il s'y est fait précéder par 500 hommes du 23e Régiment d'infanterie de ligne, et il réunit de suite ce qui se trouvae du 5e Régiment de ligne, tant à Almissa qu'à Macarska ; il ordonne en même temps la réunion des détachements de ce même Régiment sur la Narenta (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 297).
Le 25 mai ... A six heures du soir, le Général Lauriston se met en route avec 1000 hommes des 23e et 5e de ligne. Il espère faire en 34 heures les 40 milles qui séparent Stagno de Raguse ; mais il trouve les chemins plus mauvais encore qu'il ne l'avait pensé. A 2 heures du matin, la tête de sa colonne est à Slano. Il doit y attendre le reste des troupes, dont une partie s'est égarée pendant la nuit. Elles ne peuvent être réunies qu'à midi ; les mêmes précautions ont été prises tant à Slano qu'à Stagno pour empêcher qu'on ne préviennent à Raguse. Cependant, comme la nuit il est difficile de bien connaître tous les débouchés, une lettre de Slano a prévenu le gouvernement de Raguse, sans aucune mauvaise intention. Le 26 mai, à 1 heure, le Général Lauriston part de Slano avec 1200 hommes des deux Régiments, ayant été rejoint par 200 hommes arrivés à Stagno après son départ. Les chemins de Slano à Raguse sont encore plus détestables que ceux de Stagno à Slano (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 298).
Le 28 mai 1806, Raguse (Dubrovnik), petite territoire encore indépendant, est occupée par Lauriston. Une Division d’Albanie et alors créée avec son QG à Raguse. Le 5e et le 23e de Ligne y ont été détachés. Lauriston doit s’emparer de Castel Nuovo (Herceg Novi) et des Bouches de Cattaro (Kotor), encore aux mains des Russes, mais il se voit bientôt assiégé par des forces russo-monténégrines. Le Monténégro, qui a arraché son indépendance des Turcs, est allié des Russes. En fait, Lauriston ne dispose au départ que du 5e de Ligne, le 23e ayant été retardé dans son voyage par mer.
Dans la première quinzaine de juin, l'Empereur nomme le Général Lauriston Gouverneur de l'Albanie ; l'armée du Vice-roi comprend les Troupes du Gouvernement de l'Albanie, Général Lauriston (Quartier général à Raguse) ; Généraux de Brigade Delgorgue et Delzons (en route), 5,700 hommes présents des 5e et 23e de ligne, chasseurs brescians, chasseurs du 24e de ligne, chasseurs d'Orient, détachements d'artillerie française et italienne, génie et train (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 285).
Le 3 juin, Lauriston écrit depuis Raguse à Eugène : "Monseigneur … Je vois aussi que Votre Altesse compte beaucoup sur les 5e et 23e régiments, à quatre bataillons chacun ; le plus fort n'a que 1,600 hommes, et l'autre 1,500. Nous sommes dans le temps des chaleurs ; il tombe beaucoup de malades. Chacun de ces régiments en a de 7 à 800 en Dalmatie, qui comptent dans l'effectif des régiments. Je crois donc, Monseigneur, qu'il est nécessaire d'avoir encore un régiment …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 305).
Le 6 juin 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène : "... Voici un décret pour la formation du camp de Dernis ; vous verrez que mon intention est de réunir les conscrits et les dépôts dans ce camp ; ils y seront en bon air, s'y porteront bien, et se formeront plus vite. Voici comment je conçois que le général Molitor pourrait distribuer ses troupes : il mettrait le 3e bataillon du 79e à Zara, un bataillon à Sebenico, et il concentrerait les autres à Macarsca, pour pouvoir aller au secours du général Lauriston, si cela était nécessaire. Si les dépôts du 5e et du 23e sont restés en Dalmatie, placez-les dans le camp de Dernis ; l'artillerie de réserve de campagne sera également placée dans ce camp, de manière qu'il n'y aura qu'un bataillon brescian ou un autre bataillon italien à Cherso, un bataillon à Zara, un à Sebenico, et tout le reste disponible. Faites bien comprendre au général Molitor que, pour défendre les îles de Lesina et de Curzola avec succès, il faut être maître de la presqu'île de Sabioncello. Indépendamment de cela, ce général peut réunir les compagnies de grenadiers des corps qu'il laisse dans les villes, de manière qu'il ait toujours dans la main h,000 hommes pour faire marcher au secours du général Lauriston qui, lui-même en ayant plus de 4,000, sera partout supérieur à l'ennemi" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 425 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10324 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12233).
Le siège de Raguse par les Russo-monténégrins est très pénible et Lauriston a de grandes peines à tenter des raids de désencerclement. Le 6 juin, le Général Lauriston, de plus en plus serré et harcelé par l'ennemi, écrit au vice-roi : "Depuis la dernière lettre que j'ai eu l'honneur d'adresser à Votre Altesse Impériale le 5 juin, j'ai·été continuellement attaqué tant du côté de la contrée du Canali que du côté de Santa Croce. Je n'ai encore que le 5e régiment : il est sur les dents. Heureusement que là nourriture est bonne ...
J'ai fait prendre position au colonel Teste dans un détroit formé par le golfe de Ragusa-Vecchia et la frontière turque. Cette position est très-bonne et couvre les moulins. Il a été attaqué hier par 2,000 Monténégrins et les Russes, au nombre de 500. L'ennemi a été repoussé vigoureusement ; il avait fait en outre un débarquement dans ce golfe à la fayeur de bricks armés de dix canons ; mais nos troupes les ont culbutés, en ont tué une trentaine et blessé une grande quantité, qui a été transportée sur des chaloupes à Ragusa-Vecchia. Nous avons eu 2 soldats tués et 5 blessés. Les Monténégrins coupent la tête aux malheureux soldats qui tombent blessés dans leurs mains. La vue de cette barbarie excite tellement Ja fureur du soldat, qu'il ne veut pas faire de prisonniers, ni·Russes ni Monténégrins ...
Lorsque le 23e régiment arrivera, je serai dans un état respectable pour Raguse ; mais je vais démontrer à Votre Altesse Impériale qu'il me sera impossible de bien garder Cattaro et Raguse avec les 5e et 23e seulement. Ces deux régiments forment tout au plus un total de 3,000 hommes, les bataillons ne sont pas de 400 hommes ...
Le 23e se ressent encore des maladies d'Alexandrie. Je n'aurai pas 1,200 hommes de ce régiment ; 1,400 hommes du 5e, cela fait 2,600 hommes pour Raguse et les bouches du Cattaro ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 310).
Le 8 juin 1806, nouvelle lettre du Général Lauriston au Vice-roi : "La position dans laquelle je me trouve devient de plus en plus critique ...
Je viens de recevoir deux compagniés du 5e restées en arrière; elles étaient fortes chacune, il y a huit jours, de 53 hommes; les deux réunies me donnent 60 hommes seulement ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 318).
Le 11 juin 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène : "Mon Fils … Il est bien nécessaire qu'on prenne des renseignements à l'état-major pour distinguer le personnel qui est sous les ordres du général Lauriston de ce qui est en Dalmatie. En infanterie, les 5e et 23e de ligne doivent y être tout entiers ; ils doivent être entièrement armés et faire une force de près de 5,000 hommes …
RÉSUME. Le général Lauriston est gouverneur de l'Albanie et de Raguse. Il correspondra directement avec vous. Il aura sous lui le général Barbou, qui commandera les bouches de Cattaro, deux généraux de brigade, un adjudant commandant, un chef de bataillon d'artillerie et six capitaines d'artillerie français et italiens, un chef de bataillon et quatre officiers du génie français ou italiens, deux compagnies d'artillerie française qui seront toujours maintenues à 100 hommes chaque, ainsi que deux compagnies d'artillerie italienne, les 5e et 23e de ligne, que vous aurez soin de maintenir toujours avec le nombre de fusils nécessaire, le bataillon brescian, le 3e bataillon du 2e de ligne italien, 100 hommes tirés des régiments de cavalerie qui sont en Dalmatie, un vieux commissaire des guerres de première classe, entendant bien l'administration, trois autres commissaires des guerres et deux adjoints …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 437 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10350 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12279).
Dans le courant du mois de juin, l'armée du Vice-roi est réorganisée; concernant l'Armée de Dalmatie, commandée par le Général Marmont (Quartier général à Zara), la 2e Division, Général Lauriston (Quartier général à Raguse) ; Généraux de Brigade Barbou, Delgorgue et Delzons ; 9 Bataillons des 2e de ligne italien, 5e et 23e de ligne, Chasseurs d'Orient, 24e Régiment de·Chasseurs à pied, Chasseurs brescians, détachements de Sapeurs italiens, 2 Compagnies d'Artillerie française, 2 d'Artillerie italienne (6,000 présents) (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 283).
Le 24 juin, Eugène écrit, depuis Monza, à Napoléon : "… Les Autrichiens sont arrivés sans doute à Cattaro. J'avais déjà mandé au général Lauriston de se mettre en mesure de faire mettre les forts en état de défense avant d'y entrer. Comme il n'aura pas, avant trois semaines ou un mois, les deux bataillons italiens, puisque les chasseurs brescians sont aujourd'hui vers Udine ou Trieste, j'ai cru bien faire de lui ordonner de prendre tout le 23e avec un bon bataillon du 5e, l'autre partie du 5e resterait à Raguse ; mais, comme ce point pourrait être attaqué et qu'il est bien essentiel que la communication de la Dalmatie avec Cattaro ne puisse être coupée, j'écris, ainsi que le verra Votre Majesté, au général Molitor d'envoyer un fort bataillon à Stagno et à Raguse. Lorsque les 2es bataillons italiens seront arrivés à Cattaro, tout le 5e restera à Raguse, et le bataillon prêté par le général Molitor lui rentrera. Je serais bien heureux si Votre Majesté approuvait ces mesures" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 460).
Molitor se porte enfin au secours de Lauriston; le 25 juin 1806, il écrit, depuis Marcaska, au Prince Eugène : "Monseigneur, j'ai reçu à Zara, le 20 de ce mois, la nouvelle que le général Lauriston, forcé de céder à des forces supérieures, s'était tout à fait retiré dans Raguse, où il est bloqué par terre et par mer. Je me suis mis en marche à l'instant même pour dégager le général Lauriston, et j'arrive ce matin à Marcaska. Je suis suivi par le 79e régiment, deux compagnies de voltigeurs du 81e et le dépôt du bataillon grec. Je serais arrivé ce soir à Stagno, si un malheureux vent contraire n'avait arrêté la plus grande partie du convoi à un mille de ce port ; mais j'espère que demain je pourrai continuer ma route.
Un officier du 5e régiment est parvenu à sortir de Raguse par mer et me remet ici la lettre ci-jointe pour Votre Altesse Impériale. Le général Lauriston ne me témoigne aucune inquiétude sur sa position présente : il a des vivres pour deux mois, mais il insiste pour qu'il ne soit point pris de demi-mesures et pour que l'on vienne à son secours en force ; le général Lauriston m'annonce la malheureuse nouvelle que le général Delgorgue a été tué ...
Les renforts que je porte dans l'État de Raguse se montent à seize cents hommes en tout ; et, pour les réunir, il m'a fallu dégarnir toute la Dalmatie. J'ai laissé à Zara et Sebenico les recrues du 8e régiment (la partie combattante de ce corps est dans le Quarnero) ; le 81e, qui a fourni quatre cents hommes à Lesina (et qui, par la maladie, se trouvent déjà réduits à deux cent quatre-vingts), cent hommes à Brazza, n'a pas quatre cents hommes en état de marcher, tant à Spalaro qu'à Marcaska ; j'ai trouvé le surplus de ce régiment dans les hôpitaux ou malades à la chambre.
Attaquer l'ennemi sans certitude de succès serait peut-être comprometre le sort de cette province ; cependant, Monseigneur, je ne vois pas d'autre parti à prendre, puisque le 18e régiment ne peut être ici avant le 22 du mois prochain. Ainsi, à moins d'impossibilité absolue, j'attaquerai vigoureusement aussitôt que toutes mes forces seront réunies à Stagno, ce qui arrivera sous peu de jours, si les vents ne me contrarient pas trop.
Je ferai en sorte d'en prévenir le général Lauriston afin qu'il me seconde de son côté, et alors, Monseigneur, j'ai grande espérance que tout ce qui se trouvera entre lui et moi sera maltraité. Votre Altesse Impériale est sans doute informée de la barbarie des ennemis envers nos prisonniers et blessés : les chefs de ces barbares payent un sequin par tête qui leur est apportée ; et voilà les brigands que les Russes prennent pour auxiliaires et qu'ils voudraient vomir parmi nous ! Quelle leçon pour l'Europe civilisée ! …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 339).
Ce siège lui coûtera près de 2000 hommes.
Le 26 juin 1806, depuis Saint-Cloud, l'Empereur écrit à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... De l'état de situation que vous m'avez remis, il résulterait que le 5e de ligne aurait 2,400 hommes présents, et que le 23e en aurait 2,100, ce qui ferait 4,500 hommes, et 1,300 aux hôpitaux. Il vous est encore arrivé des recrues de Strasbourg ; c'est sur ces deux régiments qu'il faut les diriger ; mais ayez soin qu'ils soient habillés et bien armés lorsqu'ils partent …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 468 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10418 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12378).
Le 28 juin, Napoléon est toujours persuadé que les Bouches de Cattaro pourront être prises. Il écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène : "... Un général de brigade avec deux bataillons du 5e de ligne et deux bataillons du 23e de ligne, trois compagnies d'artillerie et des officiers du génie, occupera Raguse. Les deux premiers bataillons du 23e de Ligne, les deux bataillons du 5e de Ligne, le bataillon brescian, le 3e bataillon du 4e Italien … prendront possession des Bouches de Cattaro sous les ordres du général Lauriston. Mettez tous vos soins à tenir au complet les 5e et 23e de Ligne et les troupes italiennes qui stationnent en Albanie (région de Raguse et Cattaro NDLR)" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 471).
Le même 28 juin 1806, Murat écrit au Maréchal Berthier : "Monsieur le Prince, ministre de la Guerre, le 9 avril dernier, monsieur le général Noguez, d'après l'ordre du Prince Louis, aujourd'hui Roi de Hollande, eut l'honneur de vous écrire pour vous prier de vouloir bien accorder à MM. Delon et Desgoutes, capitaines adjoints à l 'état-major de la 1re division militaire, et Caron, capitaine adjudant de la place de Paris, une gratification proportionnée aux soins qu'ils ont pris, aux peines qu'ils se sont données, ainsi qu'aux dépenses extraordinaires qu'ils ont été obligés de faire pour bien remplir la mission qui leur était confiée de conduire dans le royaume d'Italie, trois détachements des 1er et 2e régiments de la garde municipale de Paris, destinés à être incorporés dans les 5e, 56e, et 106e régiments de ligne.
Ces officiers étant de retour après avoir remis à leur destination les détachements dont ils étaient chargés, je les recommande à votre bienveillance, persuadé que vous trouverez juste de leur accorder l'indemnité demandée pour eux par le général Noguez, au nom du Prince Louis, demande que je vous renouvelle moi-même. Recevez, etc." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 249, lettre 2383).
Au commencement de juillet 1806, Napoléon donne l'ordre au Général Marmont de partir pour la Dalmatie, et l'autorise à emmener avec lui trois Régiments d'Infanterie à son choix. Par ailleurs, toujours en Juillet 1806, un traité demande expressément à la Russie d'évacuer Cattaro. Mais l'Amiral Siniavin qui commande les forces russes et de nombreux miliciens monténégrins tergiverse.
Le 7 juillet 1806, depuis Saint-Cloud, l'Empereur écrit au Prince Eugène : "Mon Fils, donnez ordre au général Marmont de se rendre en Dalmatie. Il prendra le titre de commandant en chef de mon armée de Dalmatie. Son premier soin sera de dégager le général Lauriston. Il partira vingt-quatre heures au plus tard après en avoir reçu l'ordre, afin d'être rendu à Zara le plus tôt possible. J'ai vu avec peine que le général Molitor n'a fait aucune des choses que j'avais ordonnées. Faites-moi connaître pourquoi, au lieu de réunir 4,000 hommes sur la Narenta pour soutenir le général Lauriston, il a laissé ses troupes disséminées. Quel que soit le nombre des malades dans mes troupes qui sont en Dalmatie, je ne puis concevoir que le 8e d'infanterie légère, les 5e, 23e, 79e et 81e régiments d'infanterie de ligne, ayant ensemble un effectif de plus de 15,000 hommes en Dalmatie, ne puissent pas offrir 8 à 9,000 hommes en ligne ..." (Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10461 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12443).
Napoléon prévoit de retirer les 3e et et 4e Bataillons de ses Régiments en Dalmatie pour former une Réserve en Italie.
Le 9 juillet 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils, j'ai nommé le général Marmont commandant de mon armée de Dalmatie. Il sera sans doute parti pour Zara. Il est bien nécessaire que les 3e et 4e bataillons du 60e, le 3e du 18e d'infanterie légère, et les 3es et 4es bataillons des régiments que le général Marmont aura emmenés, soient formés en une division de réserve, qui portera le nom de division de réserve de Dalmatie. Vous y réunirez les dépôts du 8e d'infanterie légère, des 5e, 23e, 79e et 81e de ligne. Tous ces détachements seront divisés en trois brigades à Padoue, Vicence et Trévise, sous les ordres des majors et sous l'inspection d'un général de brigade, qui s'occupera sans relâche de former et d'organiser ces dépôts, et de tout préparer pour l'arrivée des conscrits. Par ce moyen, vous pourrez exercer une grande surveillance sur l'administration et l'instruction de ces dépôts. Faites-y diriger tous les malades et tout ce qu'il y aurait en arrière appartenant à ces corps.
Lorsque les circonstances le permettront, faites venir les cadres des 3es et 4es bataillons des 5e et 23e de ligne, et ceux du 8e léger et des 79e et 81e de ligne. Je n'ai pas besoin de vous faire sentir l'importance de ces mesures, car il faut tout préparer pour que ces huit ou neuf corps aient des moyens de se refaire des pertes qu'ils éprouveront par les maladies et par l'ennemi" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 65 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10474 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12458).
Marmont se met en route le 15 juillet ; il emmène avec lui le 18e Léger, le 11e et le 35e de Ligne.
Après la délivrance de Raguse, le Général Marmont s'occupe de l'urgence : réorganiser son armée qu'il trouve dans un état sanitaire déplorable.
Le 28 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... … Le général Marmont fera les dispositions qu'il jugera nécessaires ; mais recommandez-lui bien de laisser les 3es et 4es bataillons des 5e et 23e à Raguse, car il est inutile de traîner loin de la France des corps sans soldats. Aussitôt qu'il le pourra, il renverra en Italie les cadres des 3es et 4es bataillons. Si cela pouvait se faire avant l'arrivée des Anglais, ce serait un grand bien …
Ne réunissez à Cattaro que le moins possible des 5e et 23e ; mais placez-y les 8e et 18e d'infanterie légère et le 11e de ligne, ce qui formera six bataillons qui doivent faire 5,000 hommes ; et, pour compléter 6,000 hommes, ajoutez-y le 60e ...
Après que les grandes chaleurs seront passées et que le général Marmont aura rassemblé tous ses moyens et organisé ses forces, avec 12,000 hommes il tombera sur les Monténégrins pour leur rendre les barbaries qu'ils ont faites ; il tâchera de prendre l'évêque ; et, en attendant, il dissimulera autant qu'il pourra. Tant que ces brigands n'auront pas reçu une bonne leçon, ils seront toujours prêts à se déclarer contre nous. Le général Marmont peut employer le général Molitor, le général Guillet et les autres généraux à ces opérations. Il peut laisser pour la garde de la Dalmatie le 81e.
Ainsi le général Marmont a sous ses ordres, en troupes italiennes, un bataillon de la Garde, un bataillon brescian et un autre bataillon ; ce qui, avec les canonniers italiens, ne fait pas loin de 2,400 hommes. Il a, en troupes françaises, les 5e, 23e et 79e, qui sont à Raguse et qui forment, à ce qu'il paraît, 4,500 hommes, le 81e, et les hôpitaux et détachements de ces régiments, qui doivent former un bon nombre de troupes. Il a enfin les 8e et 18e d'infanterie légère et les 11e et 60e de ligne ...
Faites-moi connaître ... si les ordres que j'ai donnés pour la formation des réserves en Dalmatie sont déjà exécutés ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 93 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10557 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12585).
Le 29 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène : "Mon Fils, je reçois votre lettre du 22 juillet. Mon intention est que le général Marmont garde les deux bataillons du 18e, les deux bataillons du 11e et du 60e, et qu'il vous renvoie les 3es et 4es bataillons des 5e, 23e et 7e ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 99 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10563 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12598).
Molitor tient la Dalmatie; Lauriston, Raguse et son territoire ; et Marmont supervise le tout. Les troupes de l'Armée de Dalmatie vont se répartir dans les places fortes du territoire.
Le 1er août 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... Tous les individus sortant des hôpitaux en deçà de l'Isonzo doivent se rendre à leurs dépôts, et, en attendant que vous en ayez un pour les 5e, 23e, 79e et 81e régiments, vous en formerez un provisoire. Je donnerai ensuite des ordres pour que ces individus se rendent en Dalmatie, si cela entre dans nos projets ; mais aucun mouvement d'hommes isolés ne doit avoir lieu d'Italie sur l'Istrie sans un ordre positif. Veillez à ce que cela soit ainsi, car j'apprends avec peine qu'un grand nombre d'hommes isolés traversent tous les jours la Croatie pour se rendre en Dalmatie …
Le général Marmont a emmené trop de troupes. Je n'avais pas compté sur le 35e ; je vous ai déjà mandé de le faire revenir par mer, s'il y avait moyen, et au moins les 3es bataillons des 5e, 23e et 79e ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 105 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10580 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12629).
Le 2 août 1806, le Prince Eugène écrit, depuis Monza, au Général Marmont : "Je reçois, monsieur le général en chef Marmont, plusieurs lettres de Sa Majesté. Je transcris littéralement tout ce qui vous concerne :
« Mon intention n'est pas qu'on évacue Raguse. Écrivez au général Marmont qu'il en fasse fortifier les hauteurs ; qu'il organise son gouvernement et laisse son commerce libre ; c'est dans ce sens que j'entends reconnaître son indépendance. Qu'il fasse arborer à Stagno un drapeau italien ; c'est un point qui dépend aujourd'hui de la Dalmatie. Donnez-lui l'ordre de faire construire sur les tours de Raguse les batteries nécessaires et de faire construire au fort de Santa-Croce une redoute en maçonnerie fermée. Il faut également construire dans l'ile de Calamata un fort ou redoute. Les Anglais peuvent s'y présenter : il faut être dans le cas de les y recevoir. Le général Marmont fera les dispositions qu'il croira nécessaires ; mais recommandez- lui de laisser les troisième et quatrième bataillons des 5e et 23e à Raguse ; car il est inutile de trainer loin de la France des corps sans soldats. Aussitôt qu'il le pourra, il renverra en Italie les cadres des troisième et quatrième bataillons. Si cela pouvait se faire avant l'arrivée des Anglais, ce serait un grand bien. Écrivez au général Marmont qu'il doit faire occuper les bouches de Cattaro par le général Lauriston, le général Delzons et deux autres généraux de brigade, par les troupes italiennes que j'ai envoyées et par des troupes françaises, de manière qu'il y ait aux bouches de Cattaro six ou sept mille hommes sous les armes. Ne réunissez à Cattaro que le moins possible des 5e et 23e régiments ; mais placez-y les 8e et 18e d'infanterie légère et le 11e de ligne, ce qui formera six bataillons qui doivent faire cinq mille hommes ; et, pour compléter six mille hommes, ajoutez-y le 60e régiment. Laissez les bataillons des 5e et 23e à Stagno et à Raguse, d'où ils pourront se porter sur Cattaro au premier événement. Après que les grandes chaleurs seront passées et que le général Marmont aura rassemblé tous ses moyens et organisé ses forces, avec douze mille hommes, il tombera sur les Monténégrins pour leur rendre les barbaries qu'ils ont faites. Il tâchera de prendre l'évêque, et, en attendant, il dissimulera autant qu'il pourra. Tant que ces brigands n'auront pas reçu une bonne leçon, ils seront toujours prêts à se déclarer contre nous. Le général Marmont peut employer le général Molitor, le général Guillet et ses autres généraux à cette opération. Il peut laisser pour la garde de la Dalmatie le 81e. Ainsi le général Marmont a sous ses ordres, en troupes italiennes, deux bataillons de la garde, un bataillon brescian et un autre bataillon qui y sera envoyé, ce qui, avec les canonniers italiens, ne fait pas loin de deux mille quatre cents hommes. Il a, en troupes françaises, les 5e, 23e et 79e, qui sont à Raguse, et qui forment, à ce qu'il parait, quatre mille cinq cents hommes ; le 81e et les hôpitaux et détachements de ces régiments, qui doivent former un bon nombre de troupes. Il a enfin les 8e et 18e d'infanterie légère, et les 11e et 60e de ligne. Je pense qu'il faut que le général Marmont, après avoir bien vu Zara, doit établir son quartier général à Spalatro, faire occuper la presqu'île de Sabioncello, et se mettre en possession de tous les forts des bouches de Cattaro. Il doit dissimuler avec l'évêque de Monténégro ; et, vers le 15 ou le 20 septembre, lorsque la saison aura fraîchi, qu'il aura bien pris ses précautions et endormi ses ennemis, il réunira douze à quinze mille hommes propres à la guerre des montagnes, avec quelques pièces sur affûts de traineaux, et écrasera les Monténégrins.
L'article du traité relatif à Raguse dit que j'en reconnais l’indépendance, mais non que je dois l'évacuer. Des quatre généraux de division qu'a le général Marmont, il placera Lauriston à Cattaro et Molitor à Raguse, et leur formera à (chacun une belle division. Il tiendra une réserve à Stagno, fera travailler aux retranchements de la presqu'île et au fort qui doit défendre Santa-Croce, ainsi qu'à la fortification du Vieux Raguse et à des redoutes sur les hauteurs de Raguse. Demandez les plans des ports et des pays de Raguse ».
Sa Majesté s'étant expliquée dans le plus grand détail, je me borne à vous recommander l'exécution de tous ses ordres, ci–dessus transcrits" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 73).
Le 30 août 1806, Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène : "… Il faut faire faire dans les hôpitaux un dépouillement des malades appartenant aux corps qui sont en Dalmatie. Les 5e, 23e, 60e, 79e, 81e, etc. sont portés comme ayant 500 malades ; ils en ont, je crois, dans le pays, plus de 15 ou 1,800, sans compter ce qu'ils ont en Dalmatie.
Je ne vois que les 3es et bataillons des 5e, 23e, 60e et 79e. Ceux des 8e, 18e et 81e ne vont pas tarder d'arriver à Vicence. Mais il est très-nécessaire que vous écriviez au général Marmont que tous les malades appartenant aux 3es et 4es bataillons des 5e et 23e, qui sont en Dalmatie, ne doivent pas rejoindre les dépôts de leurs régiments en Italie (ce que je déteste le plus, c'est cette navette de troupes), mais rejoindre les bataillons de guerre à Raguse, par eau et jamais par terre. A cet effet, le général Marmont doit établir, comme je l'avais fait à l'armée d'Italie, et il doit s'en souvenir, des petits dépôts de convalescence, aérés et sains, où il dirigera tout ce qui sortira des hôpitaux de Dalmatie, pour, de là, les envoyer par détachements d'une centaine d'hommes à Cattaro et à Raguse, par eau. Si je déteste ces mouvements d'hommes isolés dans l'intérieur, à plus forte raison lorsqu'il faut passer sur le territoire autrichien. Ce n'est qu'en s'occupant sans cesse de ces petits soins qu'on empêche la destruction d'une armée …" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 129 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10709 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12817).
Le 4 septembre 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie des revues du général Charpentier qui sont très importantes. Vous verrez qu'un grand nombre d'hommes de l'armée de Dalmatie qui sont aux dépôts à Vicence sont encore habillés en bourgeois. Depuis la revue passée par le général Schauenburg, il y a beaucoup de monde rentré des hôpitaux, hors d'état de service. J’attends avec quelque empressement la revue de ce général, pour savoir les corps qu’il a inspectés, le nombre d'hommes qu'il a proposés pour la retraite ou la réforme, s’ils sont partis, et si l'on a nommé à toutes les places vacantes.
Vous verrez dans le livret de la revue des dépôts de l'armée de Dalmatie que les dépôts du 8e et 18e d’infanterie légère, et les 5e, 11e, 23e, 79e et 81e de ligne n'ont point leurs majors ; que sur huit régiments il manque quatre troisièmes chefs de bataillon, cinq quartiers-maîtres et cinq adjudants-majors aux dépôts. Écrivez au général Marmont pour lui faire sentir l’importance de renvoyer les cadres des 3es et 4es bataillons de ses régiments, les majors et les 3es et 4es chefs de bataillon aux dépôts en Italie puisque c'est là qu'on va confectionner l’habillement et habiller les corps. Si cependant, vu les circonstances où se trouve l’armée de Dalmatie, les officiers et les chefs ouvriers tardaient à arriver, vous vous entendrez avec le vice-roi pour la réception des draps que vous enverrez aux dépôts des régiments pour les confectionner et les distribuer aux conscrits à mesure qu'ils arriveront ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 623; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12863).
Le 5 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie une note des changements que je désire faire dans la répartition des 50000 conscrits de la conscription de 1806. Faites-la imprimer sans délai et envoyez-moi cette seconde édition.
ANNEXE
En lisant avec attention la répartition des 50 000 conscrits de la conscription de 1806 entre les différents corps, on est porté à désirer quelques changements ; comme la conscription n’a pas encore été mise en mouvement, il est encore temps de le faire sans produire de contre-mouvements.
... Le département du Nord ne fournira rien au 5e de ligne et les 449 hommes qu'il devait fournir à ce régiment seront donnés, savoir : 249 hommes au 59e et 200 hommes au 51e de ligne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 627 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12873).
Le 16 septembre, les cadres des 3e et 4e bataillons du 5e de Ligne partent enfin de Zara pour Padoue. Ainsi se constitue peu à peu la Réserve de l’armée de Dalmatie. On y verse les nouveaux conscrits où ils sont habillés et équipés.
Dans ses Mémoires, Marmont raconte : "Le 26 septembre, je me retirai à Raguse-Vieux. J'envoyai d'abord des détachements contre des Grecs, sujets turcs, qui cherchaient à intercepter ma communication avec Raguse, et je plaçai sur les hauteurs de Brenno le 5e régiment pour contenir ceux de Trébigne, qui menaçaient d'aller de nouveau piller les faubourgs de Raguse, brûler les moulins, détruire l’aqueduc et couper les eaux. Lorsque ce régiment parut, tout rentra dans l'ordre" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 11).
Fin septembre 1806, Marmont apprend que les Russes, ayant reçu des renforts de Corfou, se trouvent en force à Castel-Nuovo. Il laisse à Raguse les blessés et part avec 6000 hommes. Le 30 septembre, après une marche de nuit retardée par la pluie, les troupes françaises se trouvent au lever du jour à Gruda (Konavle) où elles sont au contact des Russes. L'attaque rapide de Marmont lui permet de faire des ravages dans les rangs russes en limitant les pertes françaises.
Dans ses Mémoires, Marmont raconte : "... Deux heures après avoir reçu la nouvelle de la sortie des Russes, je me mis en marche. Je laissai au camp, devant Raguse-Vieux, les hommes malingres ou mal chaussés, et avec eux des officiers et sous-officiers, de manière à en faire une espèce de réserve. Les soldats déposèrent leurs effets, se chargèrent de vivres et de cartouches, et je me mis en route, dans la nuit du 29 au 30, avec cinq mille neuf cents baïonnettes. J'espérais avoir mon avant-garde au jour, en arrière d'un rassemblement de douze à quinze cents montagnards placés en deçà du pont de la Liouta. Une pluie survenue et la difficulté des chemins retardèrent mes colonnes, et le jour nous trouva encore à une lieue de l'ennemi. Lorsque nous fûmes en présence, je le fis attaquer par un bataillon de voltigeurs, commandé par le colonel Plauzonne, et composé des compagnies des troisième et quatrième bataillons, des 5e, 23e et 79e régiments, et soutenu par un bataillon de grenadiers des mêmes régiments, conduit par le général Lauriston. Le 79e resta en réserve. L'ennemi ne tint pas, et se retira sur de plus grandes hauteurs. Nous l'y joignîmes, et nous découvrîmes distinctement la ligne russe, établie sur le col de Débilibrick.
Je réunis les deux bataillons d'élite sous les ordres du général Lauriston, et lui ordonnai de suivre le plateau situé au dehors des grandes crêtes, de chasser deux ou trois mille paysans qui y occupaient une position assez forte, et de tourner ainsi celle des Russes. Je le fis soutenir par le 11e régiment, sous les ordres du général Aubrée. J'ordonnai au 79e d'attaquer de front, et je gardai en réserve le 23e, sous les ordres du général Delzons, et deux bataillons de la garde royale italienne, sous les ordres du général Lecchi. Le 18e régiment d’infanterie légère, lancé d'abord sur les montagnes, fut rappelé pour suivre le mouvement, devenir réserve et prendre part au combat du lendemain.
Les troupes se mettaient en mouvement lorsque les Russes disparurent. Les paysans, forcés dans leur position, laissèrent soixante hommes sur la place, et se retirèrent sur une dernière position, plus forte et plus élevée, que nous ne pûmes attaquer faute de jour. Un de mes aides de camp, le capitaine Gayet, qui servait depuis longtemps avec moi, périt malheureusement ce jour-là, en se rendant à une colonne pour y porter des ordres ; il tomba entre les mains des Monténégrins, qui lui coupèrent la tête. Je le regrettai beaucoup ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 13).
Le lendemain 1er octobre 1806, Marmont se dirige vers Castel-Nuovo. Les hauteurs sont enlevées par les troupes d’élite, dont un Bataillon de Voltigeurs commandés par le nouveau Colonel Plauzonne du 5e de Ligne. La colonne qui avançait par la vallée débouche face à une ligne de 4000 Russes rangés en bataille. Au corps à corps avec une armée russe supérieure en nombre, les Régiments français remportent l'avantage. Les Russes sont obligés d’évacuer la place et de réembarquer.
Le 3 octobre 1806, les troupes reprennent leur camp près du Vieux-Raguse, et s'emploient à mettre la ville en état de défense.
Le 30 octobre 1806, l'Empereur écrit, depuis Berlin, au Général Marmont : "Monsieur le Général Marmont … J'ai appris avec plaisir la défaite des Russes. Laissez de bonnes troupes au général Lauriston. Faites rentrer le 5e de ligne et le 23e dans le fond de la Dalmatie ; ce sont les premières troupes à faire rentrer en Italie, comme ayant besoin d'être réorganisées. Il faut que le général Lauriston ait assez de troupes pour tenir la campagne contre les Russes et les Monténégrins" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11112 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13385).
En novembre, les deux premiers Bataillons du 5e de Ligne sont repliés sur la Dalmatie.
Dans ses Mémoire, le Maréchal Marmont raconte : "... Je donnai des instructions détaillées au général Lauriston pour tous les cas qu'il me fut possible de prévoir ; je fixai les limites de son arrondissement jusques et y compris Stagno, Curzola et Sabioncello, et je lui laissai trois beaux régiments formant quatre mille cinq cents hommes, les 23e, 60e et 79e. Je me mis en route le 1er novembre, après m'être fait devancer par les autres troupes, composées des 5e et 11e de ligne, 18e léger, et de la garde italienne. J’inspectai en passant les travaux de Stagno, ainsi que ceux de Curzola, et je me rendis à Spalatro, point central où j'établis mon quartier général ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 22).
Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "Je plaçai mes troupes de la manière suivante : le 81e régiment à Zara, le 18e léger à Sebenico, le 5e à Trau et Castelli, le 11e à Klissa et Spalatro, la garde à Spalatro, et le 8e léger à Macarsca ; enfin, à Signe, ma cavalerie, composée de trois cent cinquante chevaux du 24e chasseurs, montés sur de petits chevaux bosniaques, cavalerie qui me rendit de grands services.
Je pouvais ainsi, en moins de deux journées, rassembler mes troupes, les porter dans toutes les directions, et elles étaient établies convenablement pour leur santé et leur bien-être. Une fois cantonnés et reposés, ces corps reprirent leur instruction, et, en peu de temps, redevinrent, les 18e et 11e, ce qu'ils avaient été, c'est-à-dire aussi beaux que jamais ; et les autres, se piquant d'honneur, furent bientôt dignes de leur être comparés. Nous passâmes l'hiver dans cette position" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 24).
Le 8 décembre 1806, Napoléon écrit, depuis Posen, à Eugène, pour son Armée d’Italie ; il recrute les 3es Bataillons des Régiments de l’Armée de Dalmatie revenus dans la péninsule : "Mon fils, je reçois votre lettre et l’état de situation du 15 novembre. Je vois que l'ordre que je vous envoie aujourd'hui pourra, en partie, être exécuté. Le 79e a déjà commencé à former son 5e bataillon ; les 5e, 11e et 23e de Ligne également …" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 221; Correspondance de Napoléon, t.14, lettres 11417 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13784).
Le 8 décembre 1806 également, Napoléon écrit encore, depuis Posen, à Eugène : "... Mon intention est que des 3es bataillons des régiments de l’Armée de Dalmatie qui sont à 4 bataillons, il soit formé une division qui sera réunie à Bassano. Le 3e bataillon du 11e de Ligne et du 79e formeront un régiment provisoire ; les 3e bataillons des 5e et 23e formeront un deuxième régiment, les 3e bataillons des 20e, 60e ou 62e formeront le 3e. Ces trois régiments, devant faire une force de 6,000 hommes, formeront ainsi une 6e division. Vous ne réunirez cette division qu'autant que chaque bataillon pourra partir de son dépôt, fort de 800 hommes, pour se rendre aux cantonnements de Bassano. Dans tous les cas, je ne souhaite pas que ce soit avant le 20 janvier. Vous préparerez l'artillerie pour cette nouvelle division ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 222; Correspondance de Napoléon, t.14, lettres 11418 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13785).
Le 25 décembre 1806, Eugène écrit, depuis Vérone, à Napoléon : "Sire, je reçois la lettre que Votre Majesté m'a fait l’honneur de m’écrire le 11 décembre relativement à l'avis à faire donner au général Marmont des dispositions que j'ai faites, et pour que, de son côté, il puisse, quinze jours après qu'il en aura été prévenu, avoir son corps réuni aux environs de Zara, mais pas plus tôt. Lorsque Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'adresser ses instructions, elle m'a chargé d'instruire le général Marmont de ce qu'il aurait à faire en cas d'événement, et d'avoir un chiffre pour la correspondance avec ce général et le général Lauriston. C'est de cette manière que j'ai prévenu le général Marmont de ce qu'il doit faire. Il m'a écrit dernièrement en chiffres pour me faire connaître ses dispositions, et j'en ai rendu compte à Votre Majesté en date d'Udine. Le général Marmont a 7 à 8,000 hommes disponibles et qui, dans ce moment, sont cantonnés dans les meilleurs endroits de la Dalmatie, à 2, 3 et 4 journées de Zara. Les corps disponibles sont les 8e et 18e d'infanterie légère, les 11e et 60e d'infanterie de ligne, 2 escadrons de chasseurs, 1 compagnie d'artflleric et la garde royale. Il laisse dans l'État de Raguse, sous les ordres du général Lauriston, les 23e et 79e de ligne ; le 81e est placé à Spalatro et les îles, et le 5e est à Zara. Je n'ai pas fait part au général Marmont de mes dispositions ; il sait seulement que, si Votre Majesté l'ordonne, l'armée d'Italie passera l'Isonzo, et qu'alors il prendra part à ce mouvement en se portant sur la Croatie, suivant les ordres et instructions que Votre Majeslé lui fera parvenir quinze jours d'avance. J'aurai l'honneur d'observer à Votre Majesté que si le général Marmont fait un mouvement hors de la Dalmatie, il sera nécessaire de désigner le général qui devra le remplacer ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 231).
/ 1807
Extrait mortuaire de Jean Baptiste Sage, Caporal de Voltigeurs, 1er Bataillon du 5e de Ligne, né à Aups dans le Var, décédé à l'hôpital militaire de Zara de ses blessures, en Dalmatie en avril 1807 |
Fig. 3 Tambour-major du 5e de Ligne vers 1807-1808 |
Fig. 3bis Tambour-major du 5e de Ligne vers 1807-1808, d'après Martinet; galonnage doré |
Fig. 3ter Tambour-major d'infanterie de Ligne d'après Martinet, galonnage argenté |
Début 1807, les deux Bataillons du 5e de Ligne sont à Zara.
Le 13 janvier 1807, Eugène écrit à Napoléon : "Sire, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Majesté que, d'après les nouvelles que je reçois de Fiume, du commissaire des relations extérieures, homme sûr, le général major Zach est parti le 4 janvier pour remplacer le général Bellegarde en Dalmatie ; il s'est embarqué pour se rendre à Zapono. J'avais écrit à Votre-Majesté qu'on avait donné des congés aux officiers ; mais il est arrivé au régiment de Bellegarde, qui est en garnison à Fiume et dans le littoral hongrois, de rappeler tous les officiers et soldats qui sont en semestre ou permission.
Le commandant militaire a fait acheter beaucoup d'avoine, qui a été déposée dans le magasin de la place ; ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'est que le gouverneur de Fiume, M. Joseph de Klobasitzk, que l'on dit tout à fait Anglais, vient de défendre toute vente aux Français ; en sorte que le 5e régiment de ligne, qui avait des marchés passés pour des souliers, ne peut les retirer ; on y a mis opposition, on a envoyé défense à tous les marchands de draps de vendre à toute personne attachée à la France, ou destinée pour la Dalmatie, au delà de ce qu'il faut pour un habit, ou autres marchandises, sans la permission expresse du gouvernement. Depuis peu de temps, tous les courriers pour la Dalmatie sont obligés, à telle heure que ce soit, de s'arrêter pour faire viser leurs passeports à Fiume. Ces mesures, suivant le gouvernement, sont la suite de l'observation stricte de la neutralité. Suivant les nouvelles de la Dalmatie, les Russes se proposent d'envoyer un corps de troupes en Bosnie, lequel, réuni avec Czerni-Georges, doit se porter sur la Dalmatie, et sc trouver augmenté du soulèvement général des Grecs, lesquels paraissent être aux·ordres de la Russie. Ce mouvement ne pourrait avoir lieu qu'autant que la Russie soit sûre de l'Autriche, et il paraît assez extraordinaire de voir l'Autriche porter ses forces au nord, et dégarnir presque·le midi de son empire. Cette affectation aurait-elle pour but de faire prendre le change de mimière à ce qu'on ne porte aucune attention sur ce pays, où les Russes et les Grecs doivent jouer le principal rôle ? Que fait donc M. Bellegarde avec ses troupes vis-à-vis Raguse ? On prépare continuellement et ou embarque à Fiume des vivres pour cette division ; mais la nourriture de 6,000 hommes, même pendant six mois, n'exige pas autant de bâtiments chargés que ceux que l'on expédie ? Votre Majesté, qui est au courant de tout ce qui se passe, me pardonnera ces courtes observations. J'ai cru pouvoir me permettre de les lui faire à la suite du rapport que j'ai l'honneur de lui faire, d'autant que je crois que, si le cabinet de Vienne agit loyalement envers Votre Majesté, ses agents ou fonctionnaires semblent être toujours mus par les conseils des Russes et des Anglais, ce qui peut détruire l'effet des assurances de leur cour" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 253).
Le 12 mars 1807, l'Empereur écrit depuis Osterode, au Prince Eugène : "Mon Fils ... L’armée de Dalmatie ne paraît avoir besoin d'aucun renfort ; il y a aujourd'hui suffisamment de monde ; il faut donc s'étudier à donner à ses dépôts la plus grande consistance ; il faut que les 3es et 4es bataillons du 5e de ligne, du 79e, du 23e et du 60e puissent, moyennant la conscription de 1807, entrer, tous les huit bataillons, en ligne et former une division ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 273 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12013 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14581).
Le 25 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J'écris fort en détail au vice-roi pour lui faire connaître mes intentions sur mon armée d'Italie. Correspondez avec lui et occupez-vous de compléter les corps à quatre bataillons. J'ai là le 11e, le 35e, le 92e, le 79e, le 23e, le 56e, le 93e, le 5e, le 62e, le 20e, qui sont à quatre batailIons, et qui sont susceptibles de recevoir encore un grand nombre de conscrits. Depuis six mois j'augmente progressivement mon armée d'Italie, et je veux l'augmenter encore, afin d'avoir en campagne autant de troupes que les cadres peuvent en contenir. Vous sentez que c'est là ma plus grande sauvegarde contre l'Autriche, qui aurait besoin d'une grande armée contre mon armée d'Italie et Dalmatie, et qui s'attirerait sur les bras une guerre sérieuse que la pénurie de ses finances et le vide de ses arsenaux ne lui permettent pas d'entreprendre. Mes armées d'Italie et de Dalmatie réunies forment déjà une très-belle armée, mais je continue à y porter une attention suivie. Quoique j'aie sous la main les éléments de ce travail, pour ne point me fatiguer d'un travail inutile, j'attendrai les états que je vous ai demandés pour savoir si nous devons encore envoyer des conscrits à cette armée. Le complet, tel que je l'entends, est à 140 hommes par compagnie ; c'est là le maximum de ce qui peut entrer raisonnablement dans un cadre, ce qui forme 1,260 hommes pour l'effectif et ne fait guère que 1,050 hommes présents sous les armes, qui, en quelques mois de campagne, se réduisent à 900, ce qui est encore une force raisonnable" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12165 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14899).
Le même 25 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Prince Eugène : "Mon Fils ... La division Clauzel doit être augmentée de 300 hommes du 5e de ligne, de 300 hommes du 23e, autant du 11e, autant du 79e. Je pense que vous devez appeler le 4e bataillon du 60e, qui, ayant 900 hommes, peut figurer en ligne ; mais vous laisserez au dépôt une 3e ou une 4e compagnie ; cela augmentera cette division de 1,500 hommes. Vous pourrez aussi augmenter la division Clauzel du 3e bataillon du 62e et du 3e bataillon du 20e, ce qui porterait cette division à dix bataillons. Avec les conscrits qui vous arrivent, cela devrait être possible ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 285 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12174 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14892).
Le 27 mars 1807, Eugène écrit à Napoléon : "Sire, j’ai reçu ce matin les dépêches de Votre Majesté, du 12 mars, j'ai de suite donné les ordres pour le départ de ces 1,700 hommes pour l'armée de Naples. Comme, dans dix à douze jours, je compte passer en revue la division Clausel et celle des grenadiers, je verrai en même temps les dépôts de la Dalmatie, afin de pouvoir rendre compte à Votre Majesté de l'époque à laquelle les 4es bataillons des 5e, 23e, 60e et 79e régiments pourraient rejoindre leur 3e bataillon. Quand cela se pourra, je prendrai les ordres de Votre Majesté, mais je lui demanderai l'autorisation de laisser en dépot les cadres de 2 compagnies sur chacun des 3e et 4e bataillons ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 290).
Le 30 mars 1807, l'Empereur écrit depuis Osterode, au Maréchal Berthier : "… En faisant part de ces dispositions au conseiller d'état Lacuée, pour lui seul, vous lui ferez connaître qu'il faut qu'il envoie assez de conscrits en Italie pour que les régiments qui y restent, savoir : les 13e, 35e, 53e, 106e, 9e, 84e et 92e de ligne, soient à leur effectif du grand complet de 140 hommes par compagnie, de sorte que ces régiments fassent 23 bataillons et aient à l'effectif 27 à 28,000 hommes et plus de 25,000 présents sous les armes ; pour que le 18e léger et les 5e, 11e, 23e, 60e, 79e, et 81e de ligne, formant 13 bataillons, aient leur grand complet de 140 hommes par compagnie, de sorte que, indépendamment de ce qui est en Dalmatie et en Allemagne, ces 13 bataillons puissent former une division à l'effectif de 20,000 hommes; qu'enfin les quatorze dépôts de l'armée de Naples qui sont en Italie puissent former une division à l'effectif de 17 à 18,000 hommes, c'est-à-dire 140 hommes par compagnie ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12232 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14992).
Le 18 Avril 1807, le Prince Eugène écrit à l’Empereur : "... Les 4e bataillons des 5e, 11e, 60e et 79e ne peuvent entrer en ligne puisque aucun des officiers des dépôt ne sont susceptibles de faire campagne, mais comme ils ont de magnifiques compagnies de grenadiers, je les fait rejoindre la division Duhesme pour que cette division puise avoir 8 bataillons de 8 compagnies. Il faudrait que Votre Majesté eût la bonté de la renforcer des compagnies d'élite des dépôts existant en Piémont ; j'y joindrai également un fort bataillon de grenadiers et voltigeurs italiens ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 298). La Division Duhesme est une division d’élite de Grenadiers et Voltigeurs à Brescia.
Le 6 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils … Je remarque dans votre état de situation au 1er avril que la division Clauzel n'a que cinq bataillons. Je pense que vous devez y mettre le 4e bataillon du 60e, le 4e du 23e, le 4e du 79e, le 4e du 11e, le 4e du 5e ; ce qui ferait dix bataillons. Vous pourriez les composer de sept compagnies chacun, et alors il resterait quatre compagnies aux dépôts. Avec ce qui existe aux dépôts et avec la conscription qui va vous arriver, ces dix bataillons vous formeront bientôt une division de 7 à 8,000 hommes …" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 307 ; Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12543 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15550).
Cattaro est enfin rendu aux Français, après la paix de Tilsitt (8 Juillet 1807) le 15 Août 1807.
Des renforts sont envoyés en Dalmatie : la Division Clausel. Napoléon écrit donc au prince Eugène, depuis Saint-Cloud, le 5 septembre 1807 : "A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie
Mon fils, je reçois la lettre par laquelle vous m’instruisez que vous allez passer la revue de la division Clausel, afin de la porter à 5,000 hommes.
Mon intention serait que cette division fût portée à 9 ou 10,000 hommes. En effet, les huit régiments français qui sont en Dalmatie ont un présent sous les armes de l0,000 hommes et forment seize bataillons.
La division Clausel a, selon le dernier état du 15 août, 4,540 hommes, et le dépôt des huit régiments se compose de 5,000 hommes. La division Duhesme (division d’Ancône) à 1,000 hommes, appartenant à cinq de ces régiments.
Je pense donc qu'il faut ainsi organiser la division Clausel, savoir : 8e léger, six compagnies de 200 hommes chacune, 1,200 hommes. Il ne restera plus, au dépôt que les 6e, 7e et 8e compagnies. Les grenadiers et voltigeurs feront partie des six compagnies qui marchent ; 18e léger (même composition) 1,200; 5e de ligne (faire marcher sept compagnies de 200 hommes), 3,400; 23e, sept compagnies de 200 hommes, 4,400; 11e, sept compagnies de 200 hommes, 1,400; 79e, 1,400; 60e, 1,400; 81e, trois compagnies de 200 hommes, 600. Total, 10,000 hommes.
La division serait donc composée de deux bataillons de six compagnies chacune, formant 2,400 hommes de cinq bataillons de sept compagnies chacune, 7,000; et d’un bataillon de trois compagnies, 600 hommes. Total, 10,000 hommes.
Vous enverrez aussi 300 Brescians et 500 hommes de la garde royale, pour marcher avec la division Clausel, de manière que cette division marcherait forte de 10 à 11,000 hommes, ce qui, joint à l’armée française de Dalmatie, formerait plus de 25,000 hommes ; mais il faut que ces hommes soient bien armés, bien équipés, et qu'ils aient déjà la meilleure instruction. Si donc les 6,000 hommes qui sont aux dépôts ne vous paraissent pas suffisamment instruits et ne sont pas habillés au 1er octobre, selon l'ordre que j'en donnerai, pour aller renforcer le corps du général Marmont, vous ferez partir la division Clausel dans la situation où elle se trouve actuellement, c'est-à-dire formant 5,000 hommes, mais organisée de manière qu'il n'y ait que trois compagnies par régiment : 1,200 hommes chaque compagnie. Vous en sentez l’importance ; il faut que ces compagnies, arrivant à leurs corps en Dalmatie, puissent verser dans ces corps ce qu'ils ont au-dessus de 100 hommes. Dans ce cas, vous préparerez sur-le-champ trois autres compagnies que vous ferez partir un mois ou six semaines après, de sorte qu'au 1er janvier vous ayez envoyé en Dalmatie les 10,000 hommes qui m’y paraissent nécessaires" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 398 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16293).
Le 16 septembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, à Eugène Napoléon, Vice-roi d'Italie : "Mon Fils, je reçois votre lettre du 11 à minuit. Je vois que la division Clauzel est composée de 5,482 hommes ; mais je ne vois pas de combien de compagnies chaque bataillon est composé. C'est à cela que vous devez porter votre principal soin. Je consens qu'il ne parte du 8e léger que 517 hommes ; mais je ne voudrais pas que ces 517 hommes formassent six compagnies, je voudrais qu'ils n'en formassent que trois. Même observation pour ... le 5e de ligne ... Au total, mon intention est que la division Clauzel soit toute composée de compagnies de 200 hommes, afin qu'elle puisse les incorporer en Dalmatie" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 409 ; Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13165 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16389).
Le 1er octobre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, je reçois votre lettre du 22, par laquelle vous me faites connaître que la division Clausel est de plus de 5,500 hommes.
Je vois avec peine que vous n'avez pas exécuté l'ordre que je vous ai donné de réduire le nombre de compagnies de manière que les 752 hommes du 8e léger ne formassent que trois compagnies de 225 hommes chacune; idem, pour les 610 hommes du 18e, de même pour le 5e de ligne ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 420 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16450).
Le 30 octobre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, mon intention serait de compléter les deux bataillons de guerre des huit régiments qui sont en Dalmatie à l’effectif de 140 hommes par compagnie ou de 2,520 hommes pour les deux bataillons ; faites-moi faire un tableau qui me fasse connaître la situation de l’armée de Dalmatie au 15 octobre. Vous y ferez comprendre les détachements que vous avez envoyés avec la division Clausel, le nombre d’hommes que chaque régiment a aux hôpitaux de Dalmatie, l'effectif actuel de chaque régiment, et ce qui manque pour que ces huit régiments forment un total de 20,160 hommes, y compris les malades. Mon intention est également que mes troupes italiennes, qui se trouvent, en Dalmatie, soient comp1étés à l’effectif de 140 hommes par compagnie. Avant de donner aucun ordre de mouvement, vous attendrez les nouveaux ordres que je donnerai en conséquence du rapport que vous me ferez".
/ 1808
Le 20 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils ... La division de grenadiers de Toscane est toute composée de grenadiers et de voltigeurs de l'armée de Naples ; mais celle de l'Adriatique a des compagnies d'élite du 5e de ligne, du 23e, du 81e, du 60e, du 11e. Ces régiments appartiennent à l'armée de Dalmatie ; il faut donner l'ordre que cela revienne dans les Etats de Venise. Les armées de Naples et d'Italie doivent seules composer la division de Rome ; mon intention étant de former une division de sept bataillons, de quatre compagnies chacun, et chaque compagnie de 140 à 150 hommes, savoir : ... 2e bataillon, quatre compagnies de grenadiers et voltigeurs des 3e et 4e bataillons du 5e régiment ... Ces 7 bataillons de grenadiers et de voltigeurs formeront un effectif de 3 400 hommes. Le général Souham prendra le commandement de cette division qui se réunira à Trévise. Chacun des sept bataillons sera commandé par un chef de bataillon ; deux majors commanderont l'un 3 bataillons, l'autre quatre, sous les ordres du général de division. Il faut que cette division soit formée et prête à partir pour l'armée de Dalmatie du 1er au 10 mars. Vous m'en ferez faire l'état corps par corps, après avoir retiré des dépôts tout ce qui est dans le cas de servir ; ... donnez les ordres nécessaires pour que ... on réunisse les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des dépôts de l'armée de Dalmatie. Elles seront réunies sous les ordres du général Souham, au 1er février ; elles se formeront insensiblement, de manière du 1er au 5 mars [sic], elles soient prêtes à partir. Vous me ferez connaître ce qu'il restera aux dépôts après la formation de ces détachements ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 41 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17048).
Les Régiments de l’Armée de Dalmatie envoient finalement leurs nouveaux Dépôts dans les Alpes. Ce sera Grenoble pour le 5e de Ligne. Napoléon décide donc de simplifier les mouvements de conscrits, de matériels et tenues ; il écrit, depuis Paris, le 22 février 1808, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Je vous ai envoyé, ce matin, des observations destinées à servir à la rédaction de l'instruction pour la formation de la Grande Armée. Je vous envoie maintenant pour les armées de Dalmatie, d'Italie et de Naples.
Mais il est nécessaire de commencer par une observation générale qui s'applique à toute la France, et plus particulièrement à l'Italie. On s'exposerait à des frais considérables et inutiles, si tous les magasins qui sont à Venise devaient être transportés dans les divisions des Alpes pour être confectionnés, et revenir ensuite pour pourvoir à l'habillement des bataillons de guerre. Mon intention est donc qu'avec le 4e bataillon, qui est en Italie, il y ait une partie des ouvriers pour confectionner tout ce qui reste ; que les cadres du dépôt, le quartier-maître et l'autre partie des ouvriers se rendent seuls au lieu du dépôt avec les fonds de caisse et les papiers d'administration, mais sans bagages. A cet effet, je suis décidé à n'accorder aucuns frais de transport pour les nouveaux dépôts, et il n'en faut réclamer aucun puisque tout ce qui se trouve au dépôt actuel doit être employé et confectionné sur place.
L'habillement de 1808, ainsi que les conscrits et les hommes impotents qui attendent leur retraite, se rendront au lieu du nouveau dépôt, et, quand le matériel sera épuisé, le reste des ouvriers s'y rendra également. Les objets confectionnés demeureront dans les lieux où ils se trouvent jusqu'à ce que le corps passe, pour les corps du Rhin qui sont à l'armée, ou que les effets aient été envoyés à l'armée. Cet objet est important, puisqu'il s'agit d'économiser plusieurs millions de dépense et d'empêcher que les objets ne se détériorent dans des transports inutiles. Il faut donc que le matériel ne marche jamais sans que vous ayez pris mes ordres, et, dans ce cas, vous me ferez connaître ce que coûtera chaque déplacement proposé. C'est en négligeant de telles précautions qu'on fait des frais qui sont énormes et sans utilité.
Armée de Dalmatie. - Le 8e d'infanterie légère a un effectif de 2,000 hommes ; il en est de même du 18e. Le 5e de ligne a plus de 2,000 hommes. Le 11e de ligne a un effectif de plus de 2,700 hommes. Le 79e a plus de 2,400 hommes ; le 23e de ligne, plus de 2,200 ; le 60e de ligne, 2,100. Tous ces régiments n'ont que deux bataillons ou dix-huit compagnies à l'armée de Dalmatie. Ils y seront donc formés à deux bataillons de six compagnies chacun, conformément au décret. Cet effectif est plus considérable que ne le portent vos états, parce que, le 10 février, j'ai fait partir 2,000 hommes des dépôts des régiments pour cette armée...".
Le 28 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : Au 1er de ligne, il y a 6 dépôts qui fournissent. Il faudrait qu'il n'y en eut que deux ou au plus trois. Idem au 6e de ligne qui a 7 dépôts. Au 5e de ligne, on donne le Haut-Rhin. L'ôter, ce régiment étant en Italie. Le garder pour l'Allemagne en canon, ou un corps de l'armée du Bas-Rhin Mayence [sic] ...
Il serait nécessaire qu'un corps ne se recrutât que dans un département, 2 pour complément, et rarement 3. Le travail est fait de manière qu'il y en a 6 ou 7, je regarde cela comme un défaut.
Ces observations sont très importantes.
J'ai vu avec peine qu'aux conscriptions de l'an passé on s'en soit éloigné" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17302).
Le 1er mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Il y a quelques imperfections dans le dernier projet. Le 5e de ligne, le 81e, le 8e, le 18e léger, le 22e léger sont des corps qui, bien qu'ayant leurs dépôts en Dauphiné, Provence, ont leurs régiments en Italie. Il ne faut donc pas comme vous avez fait leur donner des italiens.
Pour bien faire l'état, il faut des notes dans les colonnes indépendamment de l'emplacement des dépôts, y mettre l'emplacement des régiments d'aujourd'hui, afin que les conscrits après être restés 6 semaines au dépôt ne soient pas obligés de rétrograder pour rejoindre leurs bataillons de guerre.
Je voudrais d'ailleurs que vos états fussent classés par armée ; que le Dauphiné, la Savoie, la Provence, tout le Languedoc, l'Auvergne fournissent exclusivement ce qu'ils doivent fournir pour l'infanterie en Italie ...
Je voudrais donc avoir un projet plus systématisé ; nous changerions le recrutement, avant la conscription prochaine" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17312).
Le Vice-Roi ayant reçut de l’Empereur le 29 mars 1808 l’ordre de présenter un projet complet d'organisation de ses troupes par Divisions, lui adresse le 6 avril 1808 un mémoire qui est approuvé dans toutes ses parties. D'après ce projet, suivi presque de point en point, l'armée du Vice-Roi en Italie se trouve composée de 9 Divisions d'infanterie et de 4 de Cavalerie.
Infanterie ...
2e division (Montrichard), général de brigade Soyer, 12 bataillons des 18e léger, 11e, 5e, 81e de ligne, à Zara et à Spalatro ...
7e division (Lauriston), général de brigade D'Azémar, 8 bataillons des 8e et 18e léger, 5e, 11e, 23e, 60e, 79e et 81e de ligne (dépôts), à Trévise et Padoue ...
Total pour l'infanterie : 100 bataillons à 800 hommes, dont 92 français et 8 italiens ; environ 80,000 hommes ... (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 8).
Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
Le 5e de ligne de cette armée a son dépôt actuel près de Venise, son nouveau dépôt à Grenoble ...
Mais tous ces régiments ont leurs bataillons de guerre en Dalmatie et leurs 4es bataillons sont tous réunis près de Venise où sont les emplacements de leurs dépôts.
Vous donnerez des ordres aux majors d'envoyer des nouveaux dépôts où se rendus des conscrits autant de conscrits non habillés que le régiment a d'effets d’habillement à l'ancien dépôt près de Venise.
Ces hommes seront habillés là à leur arrivée et seront encadrés dans le 4e bataillon ...
Ainsi le 5e de ligne reçoit 440 hommes ... Il est clair que ces contingents ne sont juste que le nécessaire pour compléter les dépôts. Cependant si ces régiments ont des effets d'habillement à leurs anciens dépôts près de Venise, autorisez le major à faire partir 150 hommes des nouveaux dépôts pour les anciens à Venise où ils seront habillés et incorporés ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).
Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon fils, je ne vois pas dans votre état de situation du 1er mai les conscrits que chaque corps doit recevoir sur 1809. Vous ne me parlez point encore de la nouvelle organisation. Vous avez déjà dû recevoir une grande quantité de conscrits, mais ils auront été dirigés sur leurs nouveaux dépôts. Par la nouvelle organisation, les 9e, 13e, 55e, 42e, 53e et 84e doivent avoir leurs dépôts à Milan ; le 92e à Côme, le 1er léger à Novare. Il serait donc possible que les conscrits eussent été dirigés sur les nouveaux dépôts ; mais, comme ces régiments sont dans votre commandement, vous arrangerez cela pour le mieux. Je désirerais que les effets d'habillement voyageassent le moins possible, et que les hommes des nouveaux dépôts fussent envoyés dans les anciens dépôts, ou il y aurait des effets d’habillement ; mais il serait bon de faire venir aussi les effets d'habillement aux nouveaux dépôts. Le 1er régiment de ligne a son dépôt à Marseille, le 5e à Turin, le 10e à Plaisance, le 20e à Verceil, le 29e à Asti, le 52e à Gênes, le 102e à Savonne, le 14e léger à Turin, … et le 23e de ligne à Mondovi. Ces 12 régiments ont trois bataillons à l’armée de Naples ; les 4es bataillons restent pour former la division de Rome et dans l'emplacement actuel des dépôts, les quatre compagnies de dépôt de ces régiments se rendront dans les nouveaux emplacements. Je suppose que l'organisation commence à être établie en Italie ; alors il faudrait avoir soin de correspondre avec le prince Borghèse pour que les conscrits au fur et à mesure de leur arrivée à leurs dépôts, se dirigeassent sur les anciens pour être habillés et joindre les 4es bataillons. Les dépôts de l'armée de Dalmatie se rendent à Grenoble, à Genève et à Chambéry.
L'armée d'Italie se compose donc, aujourd'hui, de 40 bataillons des 10 régiments d'infanterie de l'armée d'Italie et des 10 dépôts, ou 40 compagnies des mêmes régiments, qui restent en Italie ; des huits 4e bataillons des 8 régiments de l'armée de Dalmatie, et de 12 4e bataillons de l'armée de Naples, y compris Corfou. L'armée d'Italie se compose donc de 60 bataillons, qui, par l'appel de cette année, doivent se trouver au complet de 540 hommes, c’est-à-dire que l'armée d'Italie se compose d'un effectif de 50,000 hommes d'infanterie, sans comprendre les armées de Dalmatie et de Naples. Je vous ai déjà fait connaître que les 40 bataillons des 10 régiments de l'armée d'Italie doivent former 3 divisions, chacune de 22 bataillons ; que les 4 bataillons du 112e, avec les 8 bataillons de l'armée de Dalmatie, formeront une 4e division de 12 bataillons, et que les 12 divisions de l'armée de Naples formeraient une 5e division, chacune d'un effectif de 10,000 hommes ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 140 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18002).
Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; dans sa 1ère note, il écrit :"Il y a dix-neuf compagnies de grenadiers et de voltigeurs hors de ligne ...
Les 5, 11, 23, 60, 79. On les laissera, sous le titre de régiments d'élite, détachés à cet effet. Ces dix compagnies seront réduites à huit et formeront deux bataillons de quatre compagnies chacun, un de voltigeurs et l'autre de grenadiers. Le total est de 870 pour les dix compagnies, ce qui fait, pour huit, 108 hommes. Il manque donc encore 32 hommes, ou 128 hommes par bataillon, 256 en tout, qui seront fournis pour les douze régiments qui sont organisés à raison de 20 hommes par régiment ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée).
Le 25 juin 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Vous devez avoir reçu les instructions du ministre de la Guerre pour la nouvelle organisation de l’armée.
... Quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie :
Les huit quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie ont déjà leurs compagnies de grenadiers et de voltigeurs réunies à Trévise. Il faut compléter sans délai les 4es bataillons.
Ils ont au dépôt en Italie 3 800 hommes ; ils ont 2 900 présents à la division Souham, ce qui fait 6 700 hommes, qu'ils ont en Italie, mais ils ont beaucoup d'hommes dans la 72e division militaire. Les huit bataillons à 840 hommes forment 6 700 hommes.
Il est donc très urgent que vous défassiez ces 1er, 2e et 3e régiments d'élite qui sont sous les ordres de Souham, en laissant subsister les corps qui les composent, mais en en formant trois régiments provisoires à 4 bataillons ... Le second régiment sera composé d'un bataillon de chacun des 5e, 11e, 23e de ligne, c'est-à-dire 2520 hommes. ...
Formez-les sans délai ; vous le pouvez ; afin de défaire le chapitre intitulé : dépôts de Dalmatie, qui est inutile.
Tout cela doit être réuni ; vous renverrez en France l'inutile au complet des 4es bataillons.
Cette division sera très belle. Il me tarde de la voir formée afin que Souham ait le temps de la réunir et de la connaître ...
Ainsi, il faut mettre de l'ensemble dans l'armée d'Italie ...
La 4e division serait composée des 8 quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie, de 4 bataillons du 13e de ligne, formant 8 000 hommes présents sous les armes, 500 aux hôpitaux ; total 8500 hommes, effectif ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 162 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18406).
La 4e Division doit être commandée par le Général Souham, qui commandait précédemment la 5e.
Les premiers éléments du 5e léger vont passer alors en Espagne en Catalogne.
Le 2 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée, à Bayonne : "Envoyez l'ordre au général Cervoni, commandant la 8e division militaire, de faire partir sur-le-champ pour Perpignan une compagnie de 140 hommes, bien armés et bien habillés, de chacun des 1er et 62e de ligne et du 22e léger. Donnez l'ordre au général commandant la 18e division militaire de faire embarquer sur la Saône et sur le Rhône une compagnie du 16e léger de 140 hommes. Donnez ordre au général commandant à Lyon de faire embarquersur le Rhône une compagnie du 24e de ligne de 140 hommes. Donnez ordre au commandant de la 7e division militaire de faire partir également une compagnie du 5e de ligne forte de 140 hommes. Ces six compagnies se réuniront à Perpignan, et formeront là un bataillon de 840 hommes. Vous enverrez un des chefs de bataillon à la suite pour commander ce bataillon.
... Vous appellerez le ... bataillon, 1er bataillon provisoire de Perpignan ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14150 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18462).
Le 8 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Reille, son Aide de camp, à Bellegarde : "... Le 1er bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 1er, 62e, 5e et 24e de ligne, et des 16e et 22e légers, formant 840 hommes, le 2e bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 8e et 18e légers et des 23e, 60e, 79e et 81e de ligne, ces deux bataillons formant 1,600 hommes, doivent se trouver réunis du 20 au 22 à Perpignan. Ces deux bataillons arrivent de différents points. Chargez le commandant de la place de les former. Le major général a dû nommer les chefs de bataillon et adjudants-majors pour les commander ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14168 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18509).
Le 13 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, ... Donnez ordre au dépôt du 1er régiment de ligne qui est à Marseille, ... au dépôt du 5e idem qui est à Grenoble ... de faire partir tout ce qu’ils ont de disponible pour renforcer leurs 4es bataillons en Italie. Ces détachements se mettront également en marche au 1er octobre. Vous me ferez connaître l'augmentation qu’éprouvera l'armée d'Italie par ce renfort" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2288 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18898).
Le 21 octobre 1808, l'Empereur, depuis Saint-Cloud, écrit à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, vous ne m'envoyez jamais les états de mon armée italienne. Je vous ai dit bien des fois qu'il me faut ces états tous les dix jours. Envoyez-m'en un sans délai. Mon armée d’Italie doit être prête à entrer en campagne au mois de mars. Sa composition sera la suivante : ... 9 quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie
1er bataillon du 8e légère
1er bataillon du 18e idem
8e 2 bataillons
5e 1 bataillon
23e 1 bataillon
11e 1 bataillon
79e 1 bataillon
60e 1 bataillon
9 bataillons ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 163 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19097).
Le 2 novembre 1808, Murat écrit au Ministre de la Guerre en France : "Monsieur le ministre, je reçois votre lettre du 24. Les mouvements ordonnés par l'Empereur seront exécutés pour l'époque prescrite ; je dois néanmoins vous observer que je ne pourrai diriger sur Rome que le 102e régiment d'infanterie légère (sic), parce que le 5e régiment de ligne ne se trouve pas à cette armée. Si vous aviez voulu entendre parler du 52e, veuillez me le faire connaître, je pourrais recevoir à temps une nouvelle décision de l'Empereur pour l'exécution de ses ordres avant le 1er décembre ; quant aux 25e et 26e régiments de cavalerie qui doivent sortir de mon royaume, je fais partir pour la Calabre et pour la Pouille, pour les relever, les 4e et 9e de chasseurs à cheval, et comme ces régiments ne pourront abandonner leur garnison respective qu'après avoir été remplacés, je crains qu'ils ne puissent être arrivés à leur destination que du 1er au 10 décembre, parce qu'ils se trouvent l'un dans le fond de la Calabre et l'autre dans la Pouille et les Abruzzes. Je charge mon chef d'état-major de vous adresser l'itinéraire de tous ces mouvements. Je ne dois pas dissimuler à l'Empereur combien je suis contrarié par la perte de ces corps, et vous le croirez facilement, parce que vous savez mon projet sur la Sicile et parce que réellement il me reste fort peu de monde dans mon royaume, mais les ordres de l'Empereur seront toujours sacrés pour moi" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 6, p. 384, lettre 3564).
Le 26 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Aranda, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je désire que vous ordonniez les dispositions suivantes : ... Donnez l'ordre que les cadres des 3es bataillons du 8e et du 18e léger rejoignent leurs 4es bataillons à l'armée d'Italie. Donnez le même ordre pour les 3es bataillons des 5e, 23e, 79e et 60e ; de sorte qu'il restera en Dalmatie quatorze bataillons de ces régiments et du 81e, et trois bataillons du 11e, ce qui fera dix-sept bataillons, et que, des huit régiments de l'armée de Dalmatie, il y aura en Italie quinze bataillons, savoir les 3es et 4es des 8e et 18e légers, des 5e, 23e, 79e, 81e et 60e, et le 4e bataillon du 11e. Vous donnerez l'ordre que ces six cadres, formant ensemble près de 1,000 hommes, marchent ensemble sous les ordres d'un officier supérieur de l'armée de Dalmatie, et avec le plus grand ordre. Le reste des 3es bataillons sera incorporé dans les deux premiers pour porter les compagnies à 140 hommes effectifs. On emploiera une partie des compagnies de grenadiers et voltigeurs des 3es bataillons pour compléter les compagnies de grenadiers et voltigeurs des deux premiers bataillons à l'effectif de 140 hommes par compagnie ; mais le surplus restera avec ces compagnies en Italie. Vous donnerez l'ordre au vice-roi, comme commandant de mon armée, qu'aussitôt que les cadres de ces six nouveaux bataillons seront arrivés, il les fasse compléter. J'ai mis un soin particulier à avantager dans la conscription ces régiments. Il n'y en aura aucun qui ne reçoive au moins 800 conscrits ; et, comme les 3es bataillons sont généralement complets, il s'ensuit que ces quinze bataillons seront au grand complet et auront un effectif de 12,000 hommes. S'il manquait quelque chose pour former ce nombre, on le prendrait sur la conscription de 1810. A cette occasion, je ne puis trop vous recommander de réitérer l'ordre que tout ce qu'il y a de disponible aux dépôts, en France, des régiments qui appartiennent à l'armée d'Italie, sur les anciennes conscriptions, en parte au 1er janvier pour rejoindre ces corps. Cette saison est favorable parce qu'elle permet aux soldats de s'acclimater, et l'on ne saurait croire quelle influence le passage en Italie, au mois de janvier ou au mois de juin, a sur la santé du soldat. Il faut que les dépôts de la 7e division militaire et du Piémont soient épuisés pour compléter les bataillons de guerre à l'armée d'Italie ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14513 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19392).
/ 1809, la campagne d'Autriche et d'Italie du 5e de Ligne
Fig. 4 Fusilier du 5e de Ligne en 1809 |
Le Régiment est divisé en deux contingents : un avec l’Armée de Dalmatie, 1er et 2e Bataillons; un avec l’Armée d’Italie (3e et 4e Bataillons); un 5e Bataillon forme le Dépôt, porté à Grenoble.
Dès le début de l’année, Napoléon s’occupe des Dépôts des Régiments de l’Armée de Dalmatie pour leur faire transférer des renforts bien équipés en Italie aux 3e et 4e bataillons.
Le 9 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Général Dejean, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le général Dejean, les habillements ne sont pas arrivés à Gênes, à Grenoble, ni à Chambéry, de sorte que les huit dépôts qui sont dans ces trois places qui offraient au 1er décembre 4 300 hommes et qui aujourd'hui doivent en contenir plus de 6000 n’offraient cependant que 500 hommes habillés et disponibles. Donnez des ordres aux majors et aux commandants de ces dépôts, et faites-leur connaître que je les rends responsables, si avant février tout ce qu'ils ont aux dépôts n'est point en état de partir".
Le 10 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Je désirerais que les 8 dépôts de l'armée de Dalmatie qui sont dans la 7e division militaire réunissent à Chambéry 16 compagnies formant trois bataillons de marche. Le 1er sera composé d'une compagnie du 5e de ligne, d'une du 11e, d'une du 23e, d’une du 60e, d’une du 79e, d'une du 81e, d'une du 8e légère, et d'une du 18e légère. Ces huit compagnies se réuniront à Chambéry bien armées et bien habillées et seront prêtes à partir le 20 janvier de cette ville. Le 2e bataillon composé de la même manière sera prêt à partir le 10 février et le 3e bataillon composé de la même manière le 20 février. Ce régiment de marche de l'armée de Dalmatie fera un renfort de [4 700] hommes pour les dépôts de de cette armée ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2652 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19766).
Et le 15 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "… Donnez ordre au général Mathieu Dumas de partir dans trois jours pour se rendre dans toute diligence [sic] dans la 8e division militaire ...
Le général Dumas ira ensuite dans la 7e division militaire, où il passera demain en revue le 5e, le 11e, le 23e, le 60e, le 79e, le 10e de ligne, le 8e et le 18e d'infanterie légère. Il y a là 5 à 600 conscrits qui sont nécessaires à l'armée d'Italie et pour compléter les 3es bataillons de Dalmatie qui se trouvent réunis aux environs de Venise. Il vérifiera ce qui peut empêcher que ces conscrits ne soient habillés et en état de partir. Je désire que le général Dumas les mette en route avant le 15 février et qu'ils puissent être réunis à leurs bataillons avant le 1er mars ; il lèvera toutes les difficultés.
... Le général Dumas, lorsque sa mission sera finie, viendra me présenter l'ensemble de ses opérations dans l'endroit où je serai. Mais il est nécessaire que lorsqu'il passe en revue un régiment, il en adresse sur-le-champ un rapport particulier au ministre de la Guerre et lui fasse connaître ce qu'il y a à faire pour activer l'armement et l'habillement. Il devra faire de son côté tout ce qu'il pourra auprès du major et des préfets pour donner à ces opérations toute l'activité convenable" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2677 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19840).
Puis il s’occupe de l’Armée de Dalmatie de Marmont. Le 14 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, vous enverrez de ma part l'ordre suivant au général Marmont … Si les Autrichiens portaient des forces considérables sur l'Isonzo et la Dalmatie, l'intention de l'Empereur est que son armée de la Dalmatie soit disposée de la manière suivante : Le quartier général à Zara avec toute l'artillerie de campagne, le 8e, le 18e d'infanterie légère, le 5e, le 11e et le 81e de ligne, les cavaliers et les vélites royaux, s'ils ne sont pas déjà passés en Italie, le 23e, le 60e et le 79e, formant, avec le peu de cavalerie qu'il y a, l'artillerie et les sapeurs, en tout 17,000 hommes ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 311 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14706 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19833).
Le 27 janvier 1809, le Prince Eugène écrit, depuis Milan, au Général Marmont : "Je m'empresse de vous annoncer, monsieur le général Marmont, que les affaires d'Espagne sont terminées. Sa Majesté va se rendre bientôt à Paris, et sa garde ainsi qu'une partie de ses troupes rétrogradent déjà en ce moment. Je vous envoie les derniers journaux et les bulletins.
L'Empereur m'écrit de son quartier général de Valladolid, en date du 14 janvier, et me charge de vous envoyer les instructions suivantes : « La maison d'Autriche fait des mouvements. Le parti de l'impératrice paraît vouloir la guerre ; nous sommes toujours au mieux avec la Russie, qui, probablement, ferait cause commune avec nous.
Si les Autrichiens portaient des forces considérables entre l'Isonzo et la Dalmatie, l'intention de Sa Majesté est que son armée de Dalmatie soit disposée de la manière suivante :
Le quartier général à Zara avec toute l'artillerie de campagne. Les 8e et 18e d'infanterie légère, les 5e et 11e de ligne pour la première division ; les 23e, 60e, 79e, 81e pour la deuxième division, formant, avec les escadrons de cavalerie, l'artillerie et les sapeurs, un total de dix-sept mille hommes.
Les dispositions pour le reste de la Dalmatie et de l'Albanie seront les suivantes :
Tous les hôpitaux, que l'armée peut avoir, concentrés à Zara. On laisserait à Cattaro deux officiers du génie, une escouade de quinze sapeurs, une compagnie d'artillerie italienne, une compagnie d'artillerie française, le premier bataillon du 3e léger italien, qui va être porté à huit cent quarante hommes par les renforts qu'on va lui envoyer par mer, et les chasseurs d'Orient, ce qui fait environ douze cents hommes. Un général de brigade commandera à Cattaro. Il devra former un bataillon de Bocquais des plus fidèles pour aider à la défense du pays.
On laisserait à Raguse un général de brigade, une compagnie d'artillerie française, une compagnie d'artillerie italienne, un bataillon français, le quatrième bataillon du régiment dalmate, deux officiers du génie, et une escouade de quinze sapeurs, ce qui fera à Raguse un total de quatorze à quinze cents hommes.
Il suffira de laisser à Castelnuovo deux cents hommes pour la défense du fort. Il faut s'occuper avec soin d'approvisionner ce fort, Cattaro et Raguse pour six ou huit mois de vivres. Il faudra y réunir également les poudres, boulets et munitions en quantité suffisante pour la défense de ces places pendant le même temps.
Avec le reste de votre armée, c'est-à-dire avec plus de seize mille hommes, vous prendrez position sur la frontière pour obliger les Autrichiens à vous opposer d'égales forces, et vous manœuvrerez de manière à opérer votre jonction avec l'armée d'Italie.
En cas d'échec, vous vous retirerez sur le camp retranché de Zara, derrière lequel vous devez pouvoir tenir un an. Il faut donc, à cet effet, réunir dans cette place une quantité considérable de biscuit, farines, bois, etc., et la munir de poudres, boulets, et tout ce qui sera nécessaire à sa défense.
Dans le cas contraire, c'est-à-dire dans celui de l'offensive, vous devriez laisser à Zara une compagnie de chacun de vos régiments, composée des hommes malingres et éclopés, mais commandés par de bons officiers ; vous laisseriez en outre un régiment pour la garnison de Zara, et, avec le reste, vous prendriez part aux opérations de la campagne. Bien entendu que ce régiment assisterait aux batailles qui seraient données avant la jonction, laquelle une fois opérée, ce régiment rétrograderait pour venir assurer la défense de Zara et de la province.
Vous laisseriez dès le commencement, à Zara, trois compagnies d'artillerie, un officier supérieur avec quatre officiers du génie, et une compagnie de sapeurs. L'officier général qui resterait en Dalmatie doit organiser, de son côté, un bataillon composé de gens du pays les plus fidèles. L'instruction à donner aux commandants de Zara, Cattaro et de Raguse doit être de défendre le pays autant que possible, mais de se restreindre à la défense des places du moment qu'il y aurait un débarquement et que l'ennemi se présenterait trop en forces. Si les bouches de Cattaro, Raguse et Zara étaient bloquées, ils devraient correspondre avec Ancône et Venise par mer, et ils pourraient être assurés qu'avant huit mois ils seraient dégagés. Il est donc indispensable de munir ces places de poudres, boulets, biscuits, farines et autres approvisionnements. L'intention de Sa Majesté est que les troupes ne soient pas disséminées : elles ne doivent occuper que la pointe de Cattaro, Castelnuovo, Raguse et Zara. Dans le cas où l'armée de Dalmatie se porterait en Allemagne, il faut préparer des mines pour faire sauter les châteaux fermés qu'il peut y avoir dans le pays, et qui donneraient de la peine à reprendre quand l'armée rentrera. Les gardes nationales seront suffisantes pour garder la côte pendant tout le temps que l'armée marchera contre l'ennemi, dont les forces, occupées ailleurs, ne pourront d'ailleurs rien tenter de ce côté.
Ceci est une instruction générale qui doit servir dans tous les temps, quand vous ne recevriez point d'ordre toutes les fois que les courriers seraient interceptés, et que vous verriez les Autrichiens se mettre en hostilité, chose cependant qu'on a peine à croire. Sa Majesté a vu, par vos derniers états, qu'il y a à Raguse et Cattaro quatorze mille quintaux de blé, ce qui fait des vivres pour quatre mille hommes pendant plus d'un an. Cet approvisionnement est suffisant. Celui de Spalatro et de Sebenico serait porté sur Zara, ce qui ferait cinq mille quintaux à Zara, c'est-à-dire pour cinq mille hommes pendant cent jours, plus le biscuit, qui rendrait cet approvisionnement suffisant ; mais il faut avoir soin que ce blé soit converti en farine, afin de n'éprouver aucun embarras ni obstacle dans les derniers moments. A tout événement, ce serait une bonne opération de réunir à Zara dix mille quintaux de blé, en faisant en sorte cependant que les fournisseurs soient chargés de la conservation, et que cela ne se garde pas" Mémoires de Marmont, tome 3, page 189).
Le 25 janvier 1809, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, Votre Majesté me fait l'honneur de me demander pourquoi il existe une vacance de chef de bataillon du 25e régiment. C'est que M. Corneille, qui l'occupait, a été nommé major au 53e. Le 25 décembre, j'ai demandé au ministre de la guerre son remplacement, et j'ai proposé M. Darch, capitaine au 5e de ligne, ou M. Décadé, adjudant-major au 72e …" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 325).
Le 2 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Dejean, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le général Dejean, le dépôt du 8e d'infanterie légère a 200 hommes habillés en paysanspaysans ; le dépôt du 5e de ligne en a 500 ..." (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 1, lettre 877 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20183).
Le 17 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre que le dépôt du 1er régiment de ligne fasse partir avant la fin de mars, 60 hommes ; celui du 62e, 60 hommes ; celui du 22e légère, 300 hommes ; celui du 5e de ligne, 60 hommes ; celui du 18e légère, 60 hommes ; celui du 79e, 60 hommes ; celui du 81e, 200 hommes ; celui du 60e, 200 hommes ; celui du 8e légère, 200 hommes et celui du 23e de ligne, 200 hommes. Vous ordonnerez que ces détachements se réunissent ; ceux qui passent par le Mont-Cenis, à Chambéry, et s'y forment en bataillon de marche ; ceux aui vont par la corniche, à Gênes, et de là, marchent en ordre pour renforcer l'armée" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2960 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20419).
Le 25 mars 1809, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j’ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté l'état de situation de son armée d'Italie au 15 mars 1809. Ce ne sera que dans celle du 1er avril que Votre Majesté verra la formation des deux divisions italiennes, ainsi que les changements qu'elle avait ordonnés des emplacements des diverses divisions. Je dois rendre compte à Votre Majesté que je ne ferai former la division Rarbou qu'à 3 brigades, puisque le 3e bataillon du 11e de ligne n'est jamais revenu de Dalmatie. Ainsi la 1re brigade sera composée de 4 bataillons de 8e et 18e léger ; la seconde, de 5 bataillons, dont 2 du 5e, 1 du 11e et 2 du 23e ; la 3e demi-brigade, de 6 bataillons, savoir : 2 du 60e, 2 du 79e, et 2 du 87e …" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 407).
Le 26 mars 1809, le Général de Division Charpentier, chef de l’état-major général, écrit depuis Milan, au Général de Division Grenier à Sacile : "Voici, mon cher général, la composition et l’emplacement de l’armée au 1er avril prochain :
... 5e division : Général Barbou, à Trévise ; Généraux de brigade Moreau, Pouget, Roize, adjudant commandant Ducomet, capitaine du génie Marion.
3e et 4e bataillons du 8e léger, 3e et 4e idem du 18e idem, 3e et 4e bataillons du 5e de ligne, 4e idem du 11e de ligne, 3e et 4e idem du 23e idem, 3e et 4e idem du 60e idem, 3e et 4e idem du 79e idem, 3e et 4e idem du 81e idem, 2e régiment d’artillerie à pied détaché de la 5e compagnie, 4e idem idem 14e idem, 4e idem à cheval 2e idem ; ces corps viennent s’établir à Bassano, Cittadella et Feltre ; le 79e à Trévise ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34. Page 78).
Le 27 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Il y a en congé onze officiers des 35e, 53e et 66e ; il y en a onze des 9e de ligne, 84e et 92e ; deux du 1er léger et des 52e et 102e ; et sept des 8e et 18e légers et des 5e, 11e et 23e de ligne et des 60e, 79e et 81e. Donnez ordre que tous ces officiers en congé rejoignent leur corps sans délai. Cela peut se mettre à l'ordre de la gendarmerie sans en faire un article de journaux" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20563).
En Avril 1809, on retrouve les 3e et 4e Bataillons à la Division Barbou, 1ère Brigade Moreau stationnée à Trevise, Citadella, Bassano et Feltre.
Tandis que les 1er et 2e Bataillons sont à la Division Montrichard de l’Armée de Dalmatie.
Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 17e Demi-brigade provisoire : 8e léger qui reçoit 100 hommes; 18e id. qui en reçoit 30; 5e de ligne; 7 id.; 11e id. qui reçoit 295 hommes; 23e id.; 60e id. qui reçoit 220 hommes; 79e id. qui en reçoit 50; 81e id.; au total donc, 425 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).
- La campagne de 1809 des 3e et 4e Bataillons
Le 10 avril, l’Archiduc Jean pénètre en Italie sans déclaration de guerre préalable.
Le 13 avril 1809, le Général de Division Charpentier, chef d’état-major général, écrit, depuis Valvasone, au Général de Division Grenier : "Je vous préviens, mon cher général, que S. A. I. vient d’ordonner que l’armée prendrait position sur de ligne et en arrière de la Livenza ... La division Barbou à Fratta, 2 milles en arrière de Sacile ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 39. Page 88). La Division Barbou se porte donc de Pordenone à Sacile et se retrouve au centre de la seconde ligne franco italienne.
Le 16, le Prince Eugène, avec 3 Divisions, livre bataille à l'armée autrichienne à Sacile. En infériorité numérique, il doit se replier.
Le Rapport de l’affaire du 16 avril 1809 du 1er Régiment d'infanterie de ligne, indique : "... Deux cent cinquante hommes de tout le régiment, avec l’aigle du 4e bataillon, commandés par le capitaine Gérard faisaient leur retraite du côté des marais à gauche de la route de Sacile, marchant en ordre ; Mr le général Sorbier, aide de camp de S. A. I. le prince vice-roi, donna l’ordre à ce détachement quatre fois de suite de marcher contre l’ennemi, ce qu’il fit avec avantage, et toutes les fois le repoussa. L’officier supérieur qui commandait les hussards ennemis, mit un mouchoir blanc à son sabre, vint sommer ces deux cent cinquante hommes de se rendre, leur proposant une capitulation. Cette proposition fut courageusement refusée, le détachement quoique entouré par les hussards, se fit jour et joignit un bataillon du 5e de ligne français et un du 1er de ligne italien, combattit encore avec ces bataillons, et à sept heures du soir, fit sa retraite ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 43. Page 95.).
La Division Barbou couvre la retraite de l'armée derrière la Piave, puis sur Trévise, Vicence et Vérone.
Le 18 avril 1809 au soir, Eugène donne ses ordres pour prolonger la retraite jusqu'à l'Adige, en abandonpant la Piave ; mais avant, il pourvoit à la garnison de Venise, où, dès le 14, a été envoyé le Général Caffarelli avec mission de visiter les travaux et prendre les mesures convenables en cas de siége. Le Général Barbou se met en marche avec sa Division pour se rendre dans cette place avec les 3e et 4e bataillons des 5e, 23e, 60e et 81e régiments de ligne français, le 7e de ligne italien et le 4e escadron des chasseurs royaux, troupes qui doivent en former la garnison et mettre la place en état de défense (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 34).
Les Autrichiens commencent leurs attaques le 23 avril. Le 5e de Ligne, aux ordres du Major Bourgault, défend le fort de Malghera.
Le Général Vila prend le commandement de la place de Venise, tandis que le 4 mai, la Division Durutte force le blocus et les Autrichiens se replient.
Au début de la campagne, le Tyrol, cédé à la Bavière en 1806, se révolte, soutenu par les Autrichiens. La zone frontalière de la Haute-Italie est alors menacée.
Fin juin, les deux Bataillons du 5e sont envoyés dans la vallée de la Brenta pour lutter contre des incursions.
Le 28 août 1809, Eugène écrit à Napoléon : "Sire, j'ai reçu hier la lettre de Votre Majesté par laquelle elle me fait connaître son intention de tenir à Trente 8,000 hommes.
D'après les ordres que Votre Majesté m'avait fait l'honneur de m'adresser précédemment, elle avait fixé à près de 4,000 hommes les troupes à envoyer à Trente, et j'avais écrit, dans ce sens, au général Caffarelli, en l'autorisant à garder en Italie les 3e et 4e bataillons des 5e et 81e de ligne français, et le 1er et 2e du 3e italien, formant un total de 2,000 et quelques cents hommes, ce qui vient à la colonne qui vient de Naples me paraissant présenter une force suffisante pour remplir les intentions de Votre Majesté et avoir quelques colonnes disponibles ; mais, actuellement que Votre Majesté veut tenir à Trente 8,000 hommes, il est nécessaire de laisser au général Caffarelli un plus grand nombre de troupes.
J'ignore cc qui existe, en ce moment, dans les dépôts, car d'après les ordres donnés, tout a été mis en mouvement pour rejoindre l'armée. La tête des colonnes a dépassé Osopo, on a même, par suite de ces dispositions, retiré les troupes qui étaient à Trente, et j'apprends par les rapports d'aujourd'hui que cette mesure a beaucoup alarmé.
J'écris au général Caffarelli pour lui faire connaître les nouveaux ordres de Votre Majesté, et je lui prescris d'organiser une compagnie dans chaque dépôt, et d'en former des bataillons provisoires, et, si cela ne suffit pas, je l'autorise à garder jusqu'à concurrence de 2,000 hommes sur les dernières troupes à faire partir d'Italie pour rejoindre l'armée.
Ainsi le général Caffarelli aurait donc :
1° Ce qui vient de Naples, et dont j'ignore la force ; 2° les 5e, 81e français, 3e italien, à peu près 2,200 hommes ; 3° une compagnie d'infanterie par dépôt ; 4° enfin 2,000 hommes à peu près en demi-brigade provisoire; plus 4 à 500 chevaux qu'il est autorisé à organiser dans le dépôt de cavalerie.
D'après les ordres de Votre Majesté, les 4es bataillons, qui étaient dans le Frioul, se rendent à leurs dépôts. Si elle avait des conscrits à y diriger, ils seraient bientôt formés dans ces cadres, ce qui augmenterait la force des disponibles" (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 63).
En septembre, on les y retrouve avec le Général Peyri.
Le Général Peyri, ayant confié le commandement de la place de Trente au Chef d'Escadron Bignanie, profite du moment de repos qu'il est obligé d'accorder à ses troupes pour s'occuper de la réorganisation politique de la province. Le 30 septembre, il reçoit le renfort de deux Bataillons du 5e de Ligne français, et d'un détachement de la Garde nationale de la Brenta, venant de Bassano, soit environ 700 hommes. Cette colonne a été inquiétée dans sa marche par les insurgés, en avant de Primolano, et aux environs de Borgo di Val Sugana et de Scurelle ; mais, sans qu'on ait pu retarder sa marche. Le Général place le 5e Régiment à Cagnola et réunit la garde nationale au 81e (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 152).
Le 2 octobre, le Général Peyri veut profiter de ce renfort pour exécuter son projet de chasser l'ennemi de Lavis. En conséquence, ses dispositions sont immédiatement faites. Laissant une partie du 14e léger à Buco di Vela, il réunit le reste de ce Régiment à la 15e Demi-brigade provisoire, aux 2 Bataillons du 5e de Ligne, et aux 2 du 3e italien, pour attaquer de front la position de Lavis. Cette attaque doit se faire sous la protection de l'artillerie et la cavalerie. Le 81e a ordre de tenter le passage du Lavis au-dessous de Segonzano et se porter sur Cembra, pour attaquer en flanc les rebelles en position à Lavis et leur couper la retraite sur San-Michele et Salurn. La position militaire de Lavis est le sommet d'un triangle rectangle dont les deux grands côtés sont formés par l'Adige et le Lavis et dont la petite base est comprise entre Graun et Salurn. Toutes les fois donc que l'ennemi qui la défend sera attaqué en force par Segonzano, il sera obligé d'abandonner le village de Lavis et même San Michele pour se replier sur Salurn et Neumarkt. On peut considérer Cembra et Graun comme les clefs de la position. Les insurgés, dans cette occasion, comprennent parfaitement l'importance des deux points de Graun et de Cembra, ainsi qu'on va le voir par le récit de l'affaire qui a lieu le 2 octobre.
Afin de donner le temps au 81e de se rendre à Segonzano par le chemin difficile traversant les montagnes qui dominent Caravaggio d'un coté et Rizolaga de l'autre, le Général Peyri décide de n'attaquer que l'après-midi. A trois heures, les 2 Bataillons du 3e italien, soutenus par cinq bouches à feu, abordent avec la plus grande vigueur le pont de Lavis, afin d'attirer l'attention de l'ennemi sur eux et de détourner ses forces principales des autres attaques, surtout de celle sur Cembra. Les insurgés, qui ont palissadé les bords du torrent des deux côtés du pont, se défendent avec obstination, faisant un feu très vif ; mais, pendant ce temps, le 5e Régiment de Ligne français, la 15e Demi-brigade provisoire et une partie du 14e Léger avec deux pièces de canon, ainsi que la cavalerie, passent le torrent à gué, au-dessous de Lavis, sous les ordres du Major Bougault du 5e de ligne (le Colonel Gavolti fait les fonctions de Chef d'Etat-major). Cette colonne ayant commencé à tourner le village et à attaquer à dos les insurgés, ces derniers prennent la fuite dans le plus grand désordre. Ce sont en grande partie des Allemands. Ils sont poursuivis par la cavalerie jusqu'au delà de San Michele ; ils ont 400 morts et 50 prisonniers. Quelques Grenadiers du 5e Régiment s'emparent d'une pièce de 4 en bronze, et tuent 20 hommes qui la défendent.>
Pendant que ceci se passe à gauche, le Chef de Bataillon Perceval, avec le 81e Régiment et la Garde nationale de la Brenta, arrivé à Segonzano, se porté au pont, qu'il trouve coupé. Des soldats de ce Régiment, conduits par le Capitaine de Grenadiers Millier, se jettent résolûment à l'eau pour forcer le passage ; mais l'ennemi, qui connait toute l'importance de sa position, tient bon et en force sur ce point. Le torrent d'ailleurs est profond et rapide ; le Chef de Bataillon Perceval est obligé de se replier après avoir éprouvé quelques pertes. La faiblesse de la Division que commande le Général Peyri ne lui a pas permis sans doute d'employer plus de troupes à cette diversion, car il est évident que les deux Bataillons du commandant Perceval sont trop faibles pour pouvoir espérer de forcer le passage du Lavis. Il n'est guère probable, en outre, que les insurgés se laissent surprendre, étant très-exactement avertis de tous les mouvements de leurs adversaires. La nuit approchant, le Chef de Bataillon Perceval prend position à Sevignano, d'où l'ennemi se retire. Le lendemain il reçoit ordre de se réunir à Lavis au 3e italien" (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 153).
Pour maintenir la communication de Trente à Vérone, le Général Peyri place, le 6 octobre, les 2 Bataillons du 81e au delà de la Fersina, et les 2 du 5e un peu plus loin, à Matarello. Grâce à cette mesure, la communication n’est pas interrompue (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 156).
Le 13 octobre au soir, le Général Vial arrive à Trente, et le Général Peyri lui remet le commandement. Au moment où le Général Vial remplace le Général Peyri, la Division de Trente comprend 2 Bataillons du 5e de Ligne français, forts de 687 hommes répartis à Pergine et Civezzano (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 158).
Le Général Vial, en apprenant l'arrivée des troupes à Bolzano, ordonne au Général Digonet de partir immédiatement avec la cavalerie de sa Division et deux caissons d'infanterie attelés de chevaux de poste pour se rendre dans cette ville, où ce renfort arrive le 5 novembre 1809 au soir, fort à propos pour rassurer les troupes et les habitants, et pour en imposer aux insurgés qui espérent enlever la ville de vive force la nuit suivante. Le 6, le Général, avec le 1er Léger napolitain, 5e et 81e de Ligne français et l'artillerie, y arrive lui-même, dans la journée ; puis successivement le 3e et le 7e de Ligne italiens. Les insurgés occupent encore les hauteurs qui couronnent la ville. Vial décide de les chasser de celle de Loreto, à la gauche de l'Eysach, d'où ils font une vive fusillade sur le pont. Le 1er Léger napolitain remonte cette rivière afin de tourner la position par la gauche, tandis que le 5e Régiment tente l'attaque de front et que le 3e italien prend par la droite. Les paysans ne tiennent pas, et, après avoir tué ou blessé quelques hommes à coups de pierres, ils prennent la fuite. Le 14e léger occupe Loreto ; le 3e et le 7e italiens et la colonne du Général Peyri restent à Bolzano. Le reste des troupes est porté en avant de la ville (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 194).
La révolte du sud Tyrol va durer jusqu’au début décembre, alors que la paix a été signée avec l’Autriche le 14 octobre suite à Wagram.
D'après un ordre du Prince Eugène, le Général de Division Vial doit partir de Bolzano pour se rendre à Trente, où il a à prendre le commandement du Tyrol italien, laissant à Bolzano le 5e de Ligne (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 222).
Le Général Baraguey d'Hilliers est informé, le 15 au soir, que les insurgés du Passeyer et du Wintschgau menacent Méran. Le 16 vers dix heures du matin, le Général Busca fait partir de Méran le Colonel Boy, commandant le 1er Régiment léger napolitain avec un bataillon de son régiment, deux du 5e et un détachement du 81e français, en tout 1,200 hommes, pour exécuter l'opération prescrite par le Général Baraguey d'Hilliers dans le Passeyer. Malheureusement ces dispositions manquent d'ensemble. Le Colonel Boy, après avoir formé une réserve composée des Grenadiers et des Voltigeurs du 5e, et d'un détachement du 81e, en tout 550 hommes, sous les ordres du Major Bougault, du 5e, sort de Méran, le 16 au matin, pour marcher vers le nord sur le Passeyer. Il ne tarde pas à apercevoir les insurgés qui se dirigent en force sur le pont de Méran. Il aperçoit en outre sur le plateau de Tyrol, sur sa gauche, une masse ennemie qui vient de chasser de cette position un Bataillon napolitain. Le Colonel Boy, laissant sa réserve au château situé sur la route, se porte vers le plateau à la tête de sa colonne bientôt assaillie par les insurgés. Le Colonel Boy chasse les Tyrolien de Tyrol. Vers le soir, le Colonel reste aux prises avec l'ennemi du côté de Tyrol. Le Major Bougault, voyant son chef engagé fortement et comprenant la nécessité d'occuper de nouveau le plateau de Tyrol, y dirige un détachement du 81e Régiment soutenu par une Compagnie de Grenadiers. Ce détachement, réuni aux Napolitains, réussit à chasser les insurgés jusque dans les montagnes ; mais il ne peut parvenir à leur couper la communication avec Steinach. Cependant, l'ennemi recevant des renforts et faisant plier la gauche du Colonel Boy, le Major y envoie encore une Compagnie de Grenadiers qui rétablit les affaires et coupe la communication des rebelles avec Steinach. Le 5e Régiment bat les insurgés et les chasse jusqu'au delà d'un ravin près de Tyrol ; ses Tirailleurs les empêchentde traverser le Passeyer. Le Colonel Boy, convaincu qu'il ne peut pas se maintenir dans sa position, n'attend que la nuit close pour se concentrer sur le plateau. Malheureusement, ce mouvement doit se faire plus tôt. Les Napolitains, manquant de cartouches, lachent pied, et sont poussés si vivement par les insurgés, que le Major ne peut les arrêter qu'en les faisant appuyer par les quatre Compagnies de Voltigeurs. La position du plateau est conservée ; mais le 5e Régiment, qui se trouve découvert sur sa gauche, souffre beaucoup, et à la nuit il est obligé également de se replier sur le plateau. Le Major est alors contraint de se couvrir par deux Compagnies. Le Colonel Boy, tombé malade, laisse le commandement au Major, qui se hâte d'envoyer deux Officiers, l'un après l'autre, rendre compte au Général Rusca de l'état des choses et le prévenir que les Napolitains et le 81e manquent de munitions, et que le 5e en a très-peu. La première réponse du Général Rusca est qu'il faut se servir de la baïonnette, la seconde un ordre de se retirer. D'après cela, la colonne du Colonel Boy, sous le commandement du Major Bougault, rentre dans Méran à onze heures du soir. Le Général Rusca, croyant alors les insurgés établis sur les hauteurs en arrière de lui et en grand nombre, à en juger par leurs feux, présume que leur intention est de lui couper la communication avec Balzano. N'ayant pas de munitions, il ne peut songer à renouveler son attaque le lendemain; il craint d'ailleurs avec raison que celles qu'il a envoyé chercher à Bolzano par un détachement de Chasseurs à cheval ne lui arrivent pas; ces motifs le déterminent à profiter de la nuit pour se replier. Sa retraite est inquiétée par un feu très-vif qui cependant lui fait perdre très, peu de monde. Laissant à Vilpian un poste qui est aussitôt attaqué et culbuté, le Général Rusca, avec sa Division, vient prendre position à Terlan, le 17 novembre au matin (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 225).
La capture du célèbre chef de partisans Andréas Hofer en janvier marque l’épilogue de cette révolte. Le Tyrol est alors est partagé entre le Royaume d’Italie, les Provinces Illyriennes et la Bavière.
- La campagne de 1809 des 1er et 2e Bataillons à l’Armée de Dalmatie
Durant tout l’hiver 1809, l’Armée de Dalmatie s’était préparée à la future confrontation.
Le 15 mars 1809, Napoléon donna l'ordre au Général Marmont d’entrer en campagne dès que la guerre avec l'Autriche serait déclarée, pour faire diversion en faveur de l'Armée d'Italie et menacer le flanc gauche de l'Armée autrichienne qui défendrait la ligne de l'Isonzo.
Du 20 au 21 mars, toute l'Armée de Dalmatie fut réunie sur le plateau au nord d'Ostrowetza, menaçant les débouchés de la Dalmatie en Croatie. Les 1er et 2e Bataillons du 5e de Ligne faisaient partie de la 1ère Division Montrichard; Marmont ne laissait en Dalmatie que le 60e, un Bataillon d'infanterie italienne, un Bataillon dalmate et tous ses invalides.
Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "… à la fin de mars, je réunis, dans les environs de Zara, de Benkovatz et d'Obrovatz, l'armée prête à entrer en campagne. Sa force était de neuf mille cinq cents hommes d'infanterie, formés en deux divisions : première division commandée par le général Montrichard ; deuxième division, par le général Clausel, et composées des régiments suivants : 8e et 18e d'infanterie légère, 5e, 11e, 23e, 79e, 81e d'infanterie de ligne, quatre cents chevaux, douze pièces de canon ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 133).
Le 30 avril, les hostilités débutent sur la Zermagna avec le combat d’Evernich. Mais le 2 mai, on apprend la défaite d’Eugène à Sacile.
Sept jours plus tard, à la nouvelle des affaires de Ratisbonne et de la marche de Napoléon sur Vienne, l’Armée de Dalmatie repart à l’offensive. Le 15 Mai, l'armée se concentre à la jonction de la route de Zara à Knin avec la Zermagna. Là, elle fut approvisionnée en pain, biscuit et riz pour 8 jours, chaque soldat muni de 80 cartouches.
La Division Montrichard fut laissée, le 16, en observation devant le grand débouché de la Zermagna, tenant en échec, sur son front, l'ennemi posté au Mont Kitta, pendant que la Division Clausel, arrivant sur le flanc gauche, le forçait à abandonner ses positions.
Le lendemain, 17, toute l'armée marcha sur Popina, où les Autrichiens avaient construit des retranchements, et où on croyait avoir une affaire générale ; mais l'ennemi n'avait pu s'y rallier, et on aperçut les débris de son armée en retraite sur Gradchatz et pris position à Gospich, où tout annonçait qu'il avait l'intention de résister. Le 20, on se remit en marche pour Gospich, et, le 21, de bonne heure, on arriva en vue de cette ville.
Le combat, qui dura deux jours, voit le Colonel Plauzonne et son 5e de Ligne s’y distinguer.
Dans son Rapport à l'Empereur, daté de Fiume le 29 mai 1809, le Général Marmont écrit : "Sire, j'ai eu l'honneur de rendre compte à Votre Majesté de l'entrée en campagne de votre armée de Dalmatie, de la défaite de l'armée ennemie au mont Kitta, de la prise du général Stoisevich, commandant en chef, et du combat de Grachaz.
Je dois maintenant à votre Majesté le rapport des opérations qui ont suivi.
L'artillerie et les vivres que j'attendais de Dalmatie m'ayant joint le 19, je me mis en marche le 20 pour Gospich. Le 21, de bonne heure, j'arrivai à la vue de Gospich. L'ennemi y était renforcé des colonnes d'Obrovatz et d'Évernich, qui étaient fortes de trois à quatre mille hommes, et qui ne s'étaient pas encore battues Il avait reçu de plus deux régiments du Banat, et avait fait réunir toute la population en armes. Ses forces étaient doubles des nôtres. La position de l'ennemi était belle. Gospich est situé à la réunion de quatre rivières, de manière que, de quelque côté que l'on se présente, il est nécessaire d'en passer deux. Ces rivières sont très encaissées ; on ne peut les passer que vis-à-vis les chaussées, et, dans cette saison, une seule d'elles est guéable. Je me décidai à ne pas attaquer de front Gospich, mais à tourner sa position, de manière à menacer la retraite de l'ennemi. Pour atteindre ce but, il fallait passer une des rivières à la portée du canon des batteries ennemies, établies de l'autre côté de la Licca, ou traverser des montagnes de pierres extrêmement âpres et difficiles, où les Croates auraient pu résister avec avantage. L'ennemi occupant la rive opposée de cette rivière, il fallait l'en chasser, afin de pouvoir rétablir le pont qu'il avait coupé. Deux compagnies de voltigeurs du 8e régiment, commandées par le capitaine Bourillon, ayant passé ce gué, remplirent cet objet, attendu que l'ennemi, comptant sur sa position, était peu en force. Elles occupèrent deux pitons qui touchaient la rivière.
A peine ce mouvement fut-il exécuté, que l'ennemi déboucha par le pont de Bilai et marcha sur la division Montrichard, qui suivait la division Clausel. Je donnai l'ordre immédiatement au général Clausel de faire passer au général Delzons, avec le 8e régiment d'infanterie légère, la petite rivière qui était devant nous, afin d'occuper les mamelons dont s'étaient emparés les voltigeurs, et de les défendre avec le plus d'opiniâtreté possible s'il y était attaqué. Je lui donnai également l'ordre de rapprocher un peu les autres régiments de la division, de manière à soutenir la division Montrichard, avec laquelle j'allais combattre l'ennemi, qui débouchait.
L'ennemi marcha à nous sur trois colonnes. J'eus bientôt disposé toute la division Montrichard, et, après être resté en position pour bien juger du projet de l'ennemi, je me décidai à faire attaquer la colonne du centre par le 18e régiment d'infanterie légère, à la tête duquel marchait le général Soyez, tandis que le 79e régiment, que commandait le colonel Godart, et avec lequel se trouvait le général Montrichard, contenait la droite de l'ennemi.
La charge du 18e régiment fut extrêmement brillante ; il est impossible d'aborder l'ennemi avec plus de confiance et d'audace que ne le fit ce brave régiment. L'ennemi fut culbuté, perdit cinq pièces de canon. Dans cette glorieuse charge, le général Soyez fut blessé d'une manière très-grave. Je fis soutenir immédiatement le 18e régiment par le 5e régiment, sous les ordres du colonel Plauzonne, qui marcha sur la colonne de gauche de l'ennemi et la fit replier.
L'ennemi, s'opiniâtrant, envoya de puissants renforts, qui exigèrent de notre côté de nouveaux efforts. Le 79e régiment, qui avait suivi la droite de l'ennemi, s'était réuni à notre centre en faisant le tour d'un monticule qui la séparait. Je plaçai en deuxième ligne le 81e régiment, sous les ordres du général Launay et du colonel Bonté, et en réserve un bataillon du 11e régiment, que je détachai de la division Clausel.
L'ennemi ayant fait un nouvel effort, le 79e régiment le reçut avec sa bravoure ordinaire, et un bataillon le chargea, tandis que le 81e régiment en faisait autant.
Cette charge fut si vive, que l'ennemi se précipita dans la rivière et s'y noya en grand nombre. Tout ce qui avait passé devait être détruit si douze pièces de canon de l'ennemi, placées sur l'autre rive de la Licca, n'avaient mis obstacle à ce qu'on le poursuivit davantage.
Cet effort termina la journée à notre gauche. Le général Launay, qui marchait à la tête du 79e et du 81e, y fut grièvement blessé.
Pendant que ces affaires se passaient, l'ennemi détacha six bataillons pour attaquer les positions qu'occupait le 8e régiment. Ce corps, un des plus braves de l'armée française, que commande le colonel Bertrand, et que le général Delzons avait très bien posté, résista avec beaucoup de vigueur et de persévérance. Après plusieurs tentatives inutiles pour enlever la position de vive force, l'ennemi s'occupa à le tourner. Il allait être en péril lorsque j'ordonnai au général Clausel d'envoyer au général Delzons les trois bataillons du 11e régiment, sous les ordres du colonel Bachelu, pour, non seulement soutenir et assurer le 8e régiment, mais encore pour prendre l'offensive et menacer la retraite de tout ce corps ennemi qu'il avait tourné.
Le général Delzons fit le meilleur emploi de ces forces, et le 11e régiment soutint, dans cette circonstance, son ancienne réputation, et, en moins de trois quarts d'heure, l'ennemi perdit de vive force ou évacua toutes ses positions.
Ce succès mit fin au combat ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 203).
Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "... Je donnai l'ordre au général Clausel de faire passer au général Delzons, avec le 8e régiment, la petite rivière placée devant nous, afin d'occuper les mamelons dont les voltigeurs s'étaient emparés, et de les défendre avec la plus grande opiniâtreté. Je fis prendre lestement les distances, par la queue de la colonne, à la division Montrichard, avec laquelle j'allais combattre. Le général Montrichard, sans manquer de bravoure personnelle, perdait toute son intelligence dans le danger ; et, vu les circonstances, je commandai moi-même ce jour-là sa division. L'ennemi marcha à nous avec lenteur, ce qui nous donna le temps de nous former et de nous mettre en position. Après y être resté quelques moments pour juger des intentions de l'ennemi, je reconnus qu'il était formé en trois colonnes. Celle du centre devançant un peu les autres, je la fis attaquer sur-le-champ par le 18e régiment. A sa tête était le général Soyez. J'ordonnai ensuite l'attaque de la colonne de droite de l'ennemi par le 79e, à la tête duquel marchait Montrichard.
Les charges du 18e furent brillantes. Tout céda devant ce brave régiment ; tout fut culbuté, et l'ennemi perdit cinq pièces de canon sur six qui avaient débouché. Le général Soyez y fut gravement blessé. Le 5e régiment marcha sur la colonne de gauche de l'ennemi et la fit replier. Pendant ce temps, le 79e, ayant suivi la droite de l'ennemi, s'était réuni à notre centre, après avoir dépassé un mamelon isolé, comme on en trouve beaucoup dans ce pays, mamelon auquel l'ennemi s'était appuyé, et qui coupait notre ligne. L'ennemi présentant de nouvelles troupes, je plaçai en réserve le 81e et un bataillon du 11e, que je détachai de la division Clausel. L'ennemi fit alors un grand effort sur la droite ; le 79e le reçut avec sang-froid et vigueur, et le 81e, l'ayant chargé immédiatement après, le précipita dans la Licca, où plus de deux mille hommes se noyèrent, et douze cents tombèrent entre nos mains. Le feu de douze pièces de canon, placées de l'autre côté de la Licca, protégea la retraite du reste des troupes qui avaient passé la rivière pour nous attaquer. Le général Launay fut gravement blessé dans cette circonstance.
Pendant que cette action se passait à ma gauche, l'ennemi avait détaché six bataillons pour attaquer le régiment d'infanterie légère, mis en position pour protéger la reconstruction du pont et faciliter à l'armée les moyens de déboucher. Ce régiment, à la tête duquel se trouvait le général Delzons, était si bien posté et avait mis une telle énergie dans sa défense, que l'ennemi fut constamment repoussé dans toutes ses attaques directes. Il voulut tourner la position ; mais le 11e régiment était à portée : je l'envoyai au secours du 8e, avec ordre de prendre l'offensive et de menacer la retraite des forces ennemies en les tournant comme elles tournaient le 8e. Le succès le plus complet couronna cette manœuvre. L'ennemi fut repoussé, mis en déroute, et laissa entre nos mains cinq cents prisonniers ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 148).
Dans son Rapport à l'Empereur, daté de Fiume le 29 mai 1809, le Général Marmont écrit : "... Pendant la nuit, on s'occupa, avec la plus grande activité, à rétablir le pont, qui avait été coupé. Mon intention était de le passer avant le jour avec toutes mes forces, pour me trouver le plus tôt possible sur la communication de l'ennemi, ne supposant pas qu'il retardât un seul instant sa retraite.
Les travaux du pont furent plus longs que je ne l'avais pensé, et le transport de cinq cents blessés fut tellement difficile, qu'à midi les troupes n'étaient pas encore en état d'exécuter leur mouvement. D'un autre côté, l'ennemi avait fait un mouvement offensif, avec quatre ou cinq mille hommes, en remontant la Licca. Cette confiance de l'ennemi semblait devoir provenir de l'arrivée prochaine du secours qu'amenait le général Knesevich, que l'on disait à peu d'heures de marche. Ma position devenait embarrassante : l'armée était divisée par un ruisseau extrêmement difficile à passer. L'ennemi semblait se disposer à tomber sur la partie de l'armée qui passerait la dernière. Une fois le ruisseau passé, il fallait renoncer à toute retraite si les renforts annoncés à l'ennemi défendaient le marais d'Ottochatz. Il était difficile, ayant une armée en queue, de pouvoir les passer et de se soutenir entre Gospich et Ottochatz, faute de vivres, et cinq cents blessés, des équipages et l'artillerie mettant un grand obstacle à nos mouvements, et les dernières nouvelles de l'armée d'Italie n'étant que de Vicence.
D'un autre côté, repasser le ruisseau était renoncer à l'offensive et ajourner d'une manière indéfinie notre jonction avec l'armée d'Italie ; c'était changer en une opinion de défaite une victoire complète remportée la veille. Il était possible que, si le général Knesevich arrivait, il fût battu séparément ; enfin les soldats avaient encore six jours de vivres dans leurs sacs, et, si les circonstances devenaient aussi critiques qu'on pouvait l'imaginer, je pouvais encore, en détruisant mon artillerie, m’approcher assez de l'armée d'Italie pour être dégagé par elle.
Les deux partis étant extrêmes, je choisis celui qui était le plus honorable, et je persistai dans ma première résolution. La fortune sourit à ma confiance : la division Montrichard passa le ruisseau sans être inquiétée ; et, aussitôt que la tête de mes colonnes se montra à l'entrée de la plaine, l'ennemi se disposa à la retraite, rappela les troupes qui avaient passé la Licca et vint se former devant nous avec sept bataillons et une grande quantité d'artillerie, pour battre les débouchés par lesquels nous devions arriver des montagnes dans la plaine.
Le général Delzons, à la tête du 23e, gagna autant de terrain qu'il put sur les bords du ruisseau ; et à peine le colonel Plauzonne, qui commandait la brigade du général Soyez depuis sa blessure, eut-il formé les b et 18e régiments, qu'il marcha å l'ennemi et le força à la retraite. Nous gagnâmes dans un instant assez de terrain pour former l’armée sans danger.
Ce combat est fort honorable pour le colonel Plauzonne et pour le 5e régiment. La nuit qui survint nous empêcha de profiter de ces succès, et, au jour, nous ne vîmes plus l'ennemi ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 203).
"Le lendemain, dans l'après-midi, l'action recommença ; l'ennemi vint se former devant nous avec 7 bataillons et une grande quantité d'artillerie, pour battre les débouchés par lesquels nous devions pénétrer des montagnes dans la plaine. Le général Delzons, à la tête du 23e régiment, le colonel Plauzonne, qui commande la brigade du général Soyez depuis sa blessure, avec les 5e et 18e Régiments, gagnèrent, dans un instant, assez de terrain pour permettre à l'armée de se former sans danger. La nuit, qui survint, nous empêcha de profiter de ces succès" .
Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "... Le général Delzons, avec le 23e, gagna autant de terrain qu'il put sur le bord du ruisseau ; soutenu par le 5e et le 18e, il se porta en avant, et donna à toute l'armée le moyen de déboucher et de se former. L'ennemi tenta à deux reprises de nous rejeter sur le ruisseau au moyen de sa cavalerie, mais sans succès ; et, enfin, il se décida à la retraite par la route d'Ottochatz ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 152).
Dans son Rapport à l'Empereur, daté de Fiume le 29 mai 1809, le Général Marmont écrit : "... Le 26, nous sommes entrés à Segna, et, le 28, à Fiume, où l'armée se rassemble le 29, et d'où elle partira, le 31, pour se joindre à l'armée d'Italie.
L'ennemi, dans cette courte campagne, a eu environ six mille hommes hors de combat et un très-grand nombre de déserteurs. Nous avons combattu ou marché tous les jours pendant douze heures ; et les soldats, au milieu des privations, des fatigues et des dangers, se sont toujours montrés dignes des bontés de Votre Majesté. Je devrais faire l'éloge de tous les colonels, officiers et soldats, car ils sont tous mus du meilleur esprit ; mais je ne puis dire trop de bien des colonels Bertrand, Plauzonne et Bachelu, qui sont des officiers de la plus grande capacité.
L'armée a fait une grande perte dans les généraux Launay et Soyez, blessés grièvement ; et le jour où ils lui seront rendus sera pour elle un jour de fête. Je dois aussi beaucoup d'éloges au général Clausel, et je dois me louer du général Tirlet, commandant l'artillerie, du colonel Delort et du chef des ambulances.
Nous avons eu, dans ces trois dernières affaires, huit cents hommes tués ou blessés" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 203).
Le 31 mai, l’Armée de Dalmatie continue sa progression à partir de Fiume.
L'armée arriva, le 3 juin, à Laybach (aujourd'hui Ljubiana). Les jours suivants, elle se porta en avant de cette ville, vers Krainbourg, pour se joindre à la Division du Général Rusca, aile gauche de l'Armée d'Italie, et tâcher de couper la retraite au Corps autrichien du Général Chasteler qui réussit à s’enfuir. Le Général Marmont prit position à Laybach, pour se reposer et couvrir Trieste, ainsi que la frontière d'Italie.
L'armée ne se remit en marche que le 20 juin, pour chasser le Général autrichien Giulay des positions qu'il occupait à Marbourg, sur la Dave. Mais, après s'être avancé jusqu'à Windisch-Feistritz, en face de Giulay, Marmont décida de lui dérober sa marche, d'aller passer la Dave à Volkermarkt et de se diriger sur Gratz, où se trouvait la Division Grenier, détachée de la Grande Armée.
Le 28, l'armée de Dalmatie reçut l'ordre de se rapprocher de Vienne et d'être rendue, le 4 juillet au soir, sur les bords du Danube, à six lieues de Vienne. Elle arriva, en effet, le 4, à Neustadt, et resta le 5 juillet (1re journée de la bataille de Wagram) près des ponts sur le Danube. Elle en partit le 6, deux heures avant le jour, pour prendre sa place de bataille au centre de la Grande armée, entre le Corps d'Oudinot et l'Armée d'Italie, mais ne fut pas engagée non plus dans cette journée.
Les jours suivants, elle fit l'avant-garde de l'armée en marche sur Nicolsbourg, et passa la Taya, le 10, pour marcher sur Znaïm, en remontant la rive gauche. Le Général Claparède, qui avait pris le commandement de la Division Montrichard, resta en réserve pendant le combat qui eut lieu dans la journée.
Le 11, le combat avait recommencé, lorsque l'Empereur envoya dire au Général Marmont qu'il était autorisé à traiter d'un armistice.
L'Armée de Dalmatie fut cantonnée dans le cercle de Vienne, sur la rive gauche du Danube ; la Division Claparède à Stockerau, où elle arriva le 15. Le lendemain, par suite d'une nouvelle réorganisation, l'Armée de Dalmatie devient le 11e Corps de la Grande Armée puis Armée d’Illyrie.
/ 1810, de l’Illyrie à la Catalogne
Plaque de shako de Fusiliers du 5e de Ligne portée par certains contingents vers 1810 |
Plaque de shako de troupe, modèle 1810."Plaque en laiton estampé, de forme losangique (H 11 cm, largeur 9,9 cm). Fond lisse timbré en son centre du chiffre « 5 » (H 3,8 cm) et bordé d'une baguette d'encadrement à deux filets saillants (largeur de la baguette 4 mm)" (B. Malvaux). |
Plaque de shako du 5e de Ligne, 1810-1813 |
Plaque de shako de Grenadier attribuée au 5e de Ligne, 1810 |
Plaque de shako de Voltigeur attribuée au 5e de Ligne, 1810 |
Au début de 1810, par les nouveaux traités, l’Empire récupère la Croatie militaire et avec la Dalmatie, la Carniole et l’Istrie forme un nouvel ensemble : les Provinces Illyriennes qu’il s’agit de réorganiser.
Marmont, nommé Maréchal, est de retour avec ses soldats victorieux à la fin de 1809. La Division Claparède, 2e de la nouvelle Armée d’Illyrie, se retrouve à Laybach.
Le 13 janvier 1810, on informe l'Empereur que "M. Eckendorff, capitaine au 5e régiment de ligne, a eu sa baraque consumée par la foudre, ainsi que tous ses effets et 1.400 florins en papier destinés à la solde de sa compagnie.
On propose à Sa Majesté d'accorder une somme de 600 francs à cet officier pour remplacer la solde"; ce dernier répond : "Accordé" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3927 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l’Empereur et Roi, daté du 10 janvier 1810 »).
En mai 1810, les deux Bataillons allaient être employés à contrer des raids turcs en Croatie.
L’affaire faite, les deux Bataillons furent dirigés sur Udine et regagnèrent donc l’Italie.
Pendant ce temps, en mars, les 3e et 4e Bataillons de l’Armée d’Italie avaient été renvoyés en France à leur Dépôt de Grenoble.
Le 12 mai 1810, le Maréchal Marmont écrit, depuis Carlstadt, au Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence du succès des moyens de rigueur employés envers les habitants du capitanat de Bihacz, et du rétablissement de la tranquillité sur les frontières des régiments d'Ottochatz et d'Ogulin. Il restait à la rétablir de même sur la frontière du régiment de Szluin et à reprendre le fort de Czettin, qu'Hassan-Aga de Pekey et ses gens avaient annoncé vouloir défendre jusqu'à la dernière extrémité.
J'ai marché sur Czettin le 9, après m'avoir fait précéder de lettres convenables dans les différents territoires qui avaient fait alliance entre eux, et qui se composaient d'Ostrokaz, Sturlitz, Radruch, etc. J'ai bivouaqué le 9 à une lieue de Czettin, et le 10 au matin, à l'instant où je me suis présenté devant cette place, je l'ai trouvée évacuée. L'utile exemple d'Isachich et de Glokot a répandu une telle terreur parmi les Turcs, qu'ils ont subitement abandonné la place, la laissant pourvue de son artillerie et de vivres pour un long siège. C'est le même fort qui, il y a vingt et un ans, défendu par sept cents hommes, a arrêté l'armée autrichienne de vingt-cinq mille hommes, commandée par le général Devins, pendant trente-sept jours. La tranquillité est ainsi complétement assurée, et le régiment de Szluin a recouvré son territoire. Je puis affirmer à Votre Excellence que ces Turcs, qui, sur cette frontière, ont le surnom de méchants, et qui, grâce à l'extrême faiblesse du gouvernement autrichien, étaient en possession de se livrer à tous les excès, ne seront de longtemps tentés de les renouveler.
En conséquence, je mets en route dès aujourd'hui les 5e et 81e régiments pour Udine, afin de soulager la caisse des provinces illyriennes. Je me rends moi-même à Laybach pour voir, avec M. d’Auchy, à prendre les mesures nécessaires pour faire face aux besoins du service. Pendant l'été, et lorsque j'aurai atteint ce but, je reviendrai en Croatie pour visiter sur les lieux chaque consigne des régiments croates, et pouvoir, avec connaissance de cause, ordonner tout ce que le bien du service de Sa Majesté et l'intérêt des régiments croates commandera.
Les événements qui viennent de se passer ont donné occasion à huit cents individus grecs de se rendre sur notre territoire avec leurs bestiaux, demandant des terres et leur incorporation dans les régiments. J'ai pris des dispositions pour assurer leur établissement.
J'ai aussi donné l'ordre que tous les habitants qui avaient été expropriés par l'invasion des Turcs, dont les maisons ont été incendiées, et qui étaient épars sur les territoires, fussent réunis en divers camps de quatre à cinq cents âmes, où l'on réunira les matériaux nécessaires pour construire des villages qui offriront, lorsque les bataillons de campagne seront absents du pays, les moyens à la population de se défendre contre les Turcs.
Cette opération pourra être faite l'an prochain, et, pour qu'elle ne soit en rien à charge aux habitants, on fera dans le courant de l'année, pour être exécuté l'an prochain, le projet des échanges nécessaires des parties de terres pour que les habitants de chaque village soient au centre de leurs propriétés" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 406).
Le 3e Bataillon (Chef de Bataillon Ilezard) allait bientôt être employé en Catalogne.
Le 4 juillet 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Il sera réuni à Avignon une réserve qui sera composée du 3e bataillon du 5e, du 3e bataillon du 23e, du 3e bataillon du 81e et du 3e bataillon du 18e léger. Ces 4 bataillons seront complétés à 840 hommes d'abord par ce qu'il y a de disponible à leurs dépôts et aux bataillons qu'ils ont en France, ensuite par un appel d'hommes des compagnies de réserve des départements qui n'ont point fourni au régiment de gardes nationaux de la Garde" (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23903).
Le 9 septembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, faites-moi connaître quand les dépôts des 8e et 18e légers, des 5e, 11e, 23e, 74e et 81e de ligne auront les moyens nécessaires pour habiller les hommes disponibles et compléter leurs bataillons" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 4286 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4568 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24538). Une apostille de Lacuée indique : "Monsieur < ...> voudra bien mettre au portefeuille de ce soir les renseignements qui me sont nécessaires pour répondre à la demande de Sa Majesté".
Le 17 septembre 1810, à Saint-Cloud, "On rend compte à Sa Majesté des mesures prises pour fournir aux 5e, 11e, 79e et 81e régiments d'infanterie de ligne les objets dont ils ont besoin pour l'équipement de leurs hommes disponibles.
On pense que tous ces hommes et de plus ceux des 23e de ligne, 8e et 28e légère seront habillés et prêts à partir pour le 20 octobre.
Ils trouveront au besoin les effets qui leur manqueraient encore dans les magasins de Bayonne ou de Perpignan" ; l'Empereur répond : "Ces hommes ne vont pas à Bayonne. Il est nécessaire qu'ils soient équipés avant de partir de Genève" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4595 - Extraite du « Travail du ministre directeur de l'administration de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 19 septembre 1810 ». Ce rapport a été envoyé à l'Empereur extraordinairement le 15 septembre, ce qui explique que la décision soit du 17, alors que le Travail n'est daté que du 19).
Le 18 septembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez l'ordre aux 4 bataillons qui sont à Avignon de se rendre à Perpignan. Donnez le même ordre au bataillon du 11e de ligne qui est à Montpellier. Par ce moyen, il y aura à Perpignan les 3es bataillons du 18e léger, du 5e de ligne, du 23e de ligne, du 81e id. et du 11e idem. Si ces 5 bataillons étaient au complet, ils formeraient 4000 hommes. Faites partir de Genève un bataillon de marche composé de tous les hommes disponibles aux dépôts de ces corps, lequel y sera incorporé à son arrivée à Perpignan. Faites sortir des bataillons corses et du Pô tous les hommes étrangers à ces départements qui s'y trouvent et dirigez-les sur Perpignan, où ils seront incorporés dans le 18e d'infanterie légère" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4596 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24607).
Le 27 septembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris "Monsieur le Duc de Feltre ... Je vous ai donné l'ordre de mettre en marche un bataillon du 18e léger, un du 5e, un du 23e, un du 81e et un du 11e de ligne ; ce qui forme huit bataillons avec les trois bataillons qui sont à Foix. Donnez ordre au général commandant à Perpignan de se servir de ces bataillons pour marcher au secours des postes qui seraient bloqués à Figuières ou ailleurs ... Remettez-moi un état qui me fasse connaître la situation ... des huit bataillons actuellement en marche, afin que je voie la quantité de troupes qui vont renforcer l'armée de Catalogne. Si le régiment de marche destiné à cette armée est assez fort, il faut en former deux régiments" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 16943 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24670).
Le 6 octobre 1810, l'Empereur adresse, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, une Note sur l'organisation des armées; concernant l'Armée d'Italie, il écrit : "… Cette armée se composerait de 10 divisions, dont 7 françaises et 3 italiennes, et composées, savoir :
1re division française, 8e d'infanterie légère ayant quatre bataillons ; 5e de ligne, quatre ; 11e, quatre ; 23e, quatre : 16 bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17000 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24816).
En Catalogne, la situation évolue mal. Le nouveau Mac-Donald est à la tête de l'Armée de Catalogne depuis les derniers jours de Mai 1810. Une province loin d'être soumise, où la résistance des guérilleros catalans soutenus par des restes des armées régulières espagnoles est acharnée. Les insurgés disposent de places fortes et de l'aide maritime britannique. Barcelone est régulièrement isolée.
C’est le 1er novembre que le 3e Bataillon se voit porté sur les effectifs de la Division de Haute-Catalogne (Baraguey d’Hilliers).
Le 28 novembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je pense qu'il faudrait former une division à Puycerda. La brigade du général Gareau, qui est forte de 2,000 hommes, en ferait partie. L'autre brigade pourrait être composée des quatre bataillons du 18e léger et des 5e, 11e, 23e et 81e de ligne, formant 2,400 hommes. Vous y attacheriez un escadron de 150 chevaux, qui serait fourni par le général Baraguey d'Hilliers, et une division de quatre pièces de canon prises dans l'artillerie de l'armée de Catalogne.
Cette division, forte d'environ 4,500 hommes, serait suffisante pour patrouiller aux environs de Puycerda et assurer la frontière. Elle serait sous les ordres du général Baraguey d'Hilliers pour concourir à tous les mouvements nécessaires pour soumettre le pays" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17170).
Le même 28 novembre 1810, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que tout ce qu'il peut y avoir de disponible aux dépôts de Genève et de Grenoble, appartenant aux 8e et 18e légers et aux 5e, 11e, 23e, 60e, 81e et 79e de ligne, soit formé en bataillon de marche et mis en mouvement pour se rendre d'abord à Foix, et servir à renforcer les bataillons de ces huit régiments" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4861).
D’abord cantonné à Figuière, on retrouve le 1er décembre le 3e Bataillon à Barcelone dans la Division Maurice Mathieu.
/ 1811-1812, la Catalogne
Fig. 5 Grenadier du 5e de Ligne vers 1812 |
Au début de 1811, les 1er et 2e Bataillons avaient été envoyés sur Toulon avec le Général Plauzonne en vue d’une expédition.
Le 2 janvier 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre aux deux escadrons du 25e régiment de chasseurs qui sont dans le Frioul de rejoindre leurs corps, et aux deux bataillons du 11e, du 60e et du 79e de se rendre à Toulon ; de sorte qu'il y aura à Toulon les 2 bataillons du 5e, les 2 du 81e, ceux du 11e, 60e, et 79e ; en tout 10 bataillons" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4415 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 4944 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25614).
Le 7 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que les dépôts des 23e, 21e, 18e, 17e, 13e, 12e, 11e, 9e, 5e, 4e, 3e et 1er de ligne versent ce qu'ils ont de disponible dans le 4e bataillon ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26122).
Le 9 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître qui est-ce qui a ordonné les dispositions suivantes : 1° que le 5e de ligne ait embarqué ses compagnies de grenadiers sur le vaisseau L'Austerlitz, et que le régiment ait envoyé 260 hommes en semestre ... Par ces mesures, le corps du général Plauzonne se trouve entièrement désorganisé" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4541 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5300 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26598).
Napoléon écrit encore, le 10 avril 1811, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, remettez moi demain un projet de mouvement pour diriger le 5e, 81e, 79e, le 11e et en général les troupes de la division du général Plauzonne qui sont à Toulon sur Bayonne avec leurs pièces d’artillerie et leurs caissons. Il sera nécessaire de retirer à cet effet ce qui est embarqué sur l'escadre. Faites-moi connaître les régiments qui pourraient remplacer les garnisons à bord de 1'escadre" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5306 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26608).
Et quelques jours plus tard, le 15 avril 1811 : "Monsieur le Duc de Feltre, Donnez ordres aux deux bataillons du 5e de Ligne, aux deux bataillons du 11e de Ligne, aux deux bataillons du 79e qui sont à Toulon, formant 6 bataillons de se mettre en marche aux ordres du général Plauzonne pour se rendre à Beziers et Narbonne ... Les 5e, 11e et 79e marcheront par régiment à un jour de distance l'un de l'autre ... Avant que cette belle division ne soit arrivée à Narbonne, je me déciderai à l’envoyer en Catalogne ou de la diriger sur Bayonne ... ; Ces bataillons amèneront avec eux leurs compagnies d’artillerie, leurs pièces et leurs caissons …" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5336 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26678).
Au début mai 1811, les positions du Régiment sont les suivantes : 1er et 2e Bataillons, plus artillerie régimentaire, en route de Toulon pour la Catalogne; 3e Bataillon à l'Armée de Catalogne; 4e et 5e Bataillons à Grenoble.
Le 13 mai 1811, 1245 hommes des 1er et 2e Bataillons du Régiment arrivent en Catalogne, le Colonel Bousille à leur tête. Ainsi les trois Bataillons se trouvaient réunis.
Le 10 Avril 1811, les Espagnols avaient réussi à reconquérir par surprise l'importante place de Figueres (Figuieres ou Figueras) en Haute-Catalogne. Les Français mettent alors le siège devant la place, siège qui va durer plusieurs mois. La Compagnie d’artillerie régimentaire du 5e de Ligne va y être employée.
Le premier des combats du 5e de Ligne se livra le 23 mai à San-Celoni, où se distinguèrent les Capitaines adjudants-majors Carré et Lefebvre et le Capitaine Boivin.
Le 7 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... Faites-moi connaître quand les bataillons des 8e et 18e légers, des 23e, 81e, 79e, 5e, 60e et 11e de ligne, qui sont à Genève et à Chambéry, et qui doivent être complétés par des conscrits, pourront partir pour se rendre à Toulon, où je voudrais réunir ces huit bataillons pour tenir garnison sur les côtes ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17779 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27234).
Le 10 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au général commandant la 7e division militaire de faire passer la revue des 8e et 18e légers et 23e de ligne, de faire compléter le 3e bataillon du 8e léger par tout ce qu'il y a dans le 5e, de faire également compléter les 4es bataillons du 18e léger et du 23e de ligne, et de vous faire connaître si ces trois bataillons seront habillés, équipés et en état de partir au 1er juillet.
Donnez le même ordre aux bataillons des 11e, 5e, 79e, 60e et 81e et demandez l'état des officiers et sous-officiers qui manquent à ces bataillons pour les remplacer sans délai, ainsi que leur situation au 1er juillet" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5577 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27261).
Le 12 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre ... à l'armée de Catalogne.
Donnez ordre au général commandant cette armée de réunir les bataillons des 5e, 11e et 79e de ligne ensemble sous les ordres du général Plauzonne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5588 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27282).
Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation. Je réponds d'abord à ce qui concerne le corps d'observation de la réserve.
CORPS D'OBSERVATION DE LA RÉSERVE.
... 3e Division ...
Donnez ordre au 4e bataillon du 1er de ligne, qui est à Marseille, et aux 3e et 4e bataillons du 62e, qui sont à Toulon, d'en partir pour se rendre à Nîmes. Ainsi les quatre bataillons des régiments de cette division seront réunis. Mais Toulon ne sera pas suffisamment gardé. Vous donnerez ordre que le bataillon du 8e léger, celui du 18e léger et celui du 23e de ligne, qui sont dans la 7e division militaire, soient complétés avec tout ce que le 5e bataillon a de disponible et se mettent en marche au 1er juillet pour Toulon. Donnez le même ordre pour les 5e, 11e et 79e. Nommez deux majors en second, l'un pour commander les trois premiers bataillons, l'autre pour commander ces trois derniers.
Par ce moyen, Toulon aura six bataillons, indépendamment des deux bataillons suisses ; ce qui sera suffisant ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).
En Juillet, les 3 Bataillon du 5e sont réunis à la Division Maurice-Mathieu.
Le 17 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre ... Les 2es compagnies des 5es bataillons des 5e, 11e, 23e, 60e, 81e, 79e, 1er de ligne, 62e, 102e, 10e, 20e, 101e, 29e, 9e, 35e, 53e, 13e, 106e, 16e et 67e formant 20 compagnies se réuniront à Toulon et seront destinées à monter les 16 vaisseaux qui sont en rade de Toulon et les premiers qui seront mis à l'eau ...
Vous donnerez ordre que toutes ces compagnies soient composées d'officiers, sous-officiers et soldats de l'ancienne France ; que tous les officiers, sergents, caporaux et fourriers aient au moins 4 ans de service, et que les soldats aient au moins un an de service et soient à l'école de bataillon. Vous recommanderez qu'on porte un soin particulier à la formation de ces compagnies, à les maintenir au complet ; qu'on y mette des officiers de choix, hommes d'ordre et d'honneur qui puissent être utiles à bord des vaisseaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5796 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27681).
Le 3 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'avais ordonné que le 4e bataillon des 8e, 18e, 23e, 5e, 11e et 19e formassent deux demi-brigades de garnison pour Toulon. Faites-moi connaître la situation de ces bataillons, s'ils ont eu de la désertion et comment va l'instruction.
Je désire avoir l'état de toutes les troupes qui se trouvent à Toulon. Je pense que dans ce moment il doit y en avoir beaucoup trop, ce qui doit embarrasser.
Proposez-moi un bon général de brigade pour les commander" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4687; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5899 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27959).
Le 9 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez des ordres pour qu'il soit formé un bataillon de marche de tout ce qu'il y a de disponible à Genève des 5e, 11e et 23e de ligne, des 18e et 8e légers et du 79e. Ce bataillon sera envoyé à Toulon pour renforcer d'autant les bataillons de ces régiments qui sont à Toulon.
Il partira le 1er septembre de Genève ou de Grenoble, et il se réunira à Valence où il s'embarquera sur le Rhône jusqu'à Avignon" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5951 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28064).
Le 22 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez les ordres suivants pour la répartition des compagnies destinées à former les garnisons de vaisseaux.
ESCADRE DE TOULON
... Les 2es compagnies du 5e bataillon de chacun des 1er, 5e et 11e de ligne, 62e, 81e et 79e, seront complétées à Genève et à Grenoble, et seront dirigées sur Toulon ...
La compagnie du 9e, sur le Wagram, vaisseau à trois ponts ; ... celle du 5e, sur le Donawert, vaisseau de 80 ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6042 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28292).
Vient ensuite l'affaire du Mont Ordal (10 septembre) où est blessé le Capitaine Messageot.
Le 10 septembre 1811 justement, à Compiègne, "Sa Majesté est priée de faire connaître si Elle permet que le sieur Muneret, ex-soldat à la 5e demi-brigade de ligne, jouisse de sa pension en Illyrie où il est employé dans les douanes" ; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6148 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 8 septembre 1811).
Le 13 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Il faut nommer, sans délai, à toutes les places vacantes aux bataillons des 5e de ligne, 11e de ligne, 23e idem, et 79e. Faites demander des vélites de la garde qui aient quatre ans de service, et envoyez-les remplir les sous-lieutenances vacantes ...
Il faut que les trois bataillons des 8e, 18e et 23e, qui sont sous les ordres d'un major en second, soient placés ensemble ; que, de même, le 5e, le 11e et le 79e soient également ensemble sous les ordres d'un major en second, et que vous correspondiez avec ces majors, tant pour remplir les emplois vacants que pour mettre au complet ces six bataillons. C'est une réserve qui me deviendra peut-être nécessaire pour la Catalogne..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6169 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28639).
Le 5e de Ligne est à l'affaire de Badalone (19 septembre) ; la défense de la redoute de Moncado où furent blessés les Lieutenants David et Pothier, et où se distingua le Lieutenant de Grenadiers Grénibeaux.
En octobre 1811, les positions du Régiment sont les suivantes : 1er bataillon (18/483) à l'Armée de Catalogne; 2e (18/511) à l'Armée de Catalogne; 3e (21/525) à l'Armée de Catalogne; 4e Bataillon (19/461) à Marseille; 5e Bataillon (12/281) à Grenoble.
Le 19 octobre, le Général Decaen succéda au Maréchal Macdonald comme commandant en chef de l’Armée de Catalogne.
Le 13 novembre, le Colonel Bousille est blessé au cours d’une reconnaissance.
Le 18 novembre eut lieu un engagement près de San Boy et, trois jours après, l'affaire un peu plus importante de Mataro.
Pendant ce temps, le Général Decaen, dont le quartier général est à Figuières, se propose de conduire des vivres à Barcelone, et prescrit à la garnison de venir à sa rencontre.
Le 2 décembre, le général Maurice-Mathieu à Barcelone avait donc réuni toutes les troupes disponibles pour aller au-devant du Général Decaen venant de Figuières, escorté par la Division Lamarque.
On partit à neuf heures du soir, et on accéléra la marche de façon à pouvoir tomber sur les derrières de l'ennemi au moment où il attaquerait la colonne de Figuières. Après une marche de quatorze lieues coupées seulement par un repos de deux heures à Granollers, on arriva le 3 au matin au défilé de Trenta-Passos dont les hauteurs dominantes étaient occupées par la Division ennemie de Sarsfield.
L'avant-garde, formée en trois colonnes, attaqua aussitôt l’ennemi. Le 5e Régiment d'infanterie, soutenu par quelques partisans, et deux Compagnies d'élite d’infanterie légère, chargea l’ennemi à la baïonnette, le chassa d'un amphithéâtre de positions très escarpées, le culbuta sur tous les points et lui tua ou blessa environ 600 hommes. Pendant ce temps, la Division Lamarque attaquait l’autre côté du défilé et bientôt, les deux colonnes se réunissaient au cri de : Vive l’Empereur !
Quelques jours après, le 4e Bataillon recevait l'ordre de rejoindre l'Armée de Catalogne.
Le 6 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre à la demi-brigade que commande le major Verset, et qui est composée des bataillons du 8e léger, 18e léger et 23e de ligne, de se rendre à Perpignan. Donnez le même ordre à la demi-brigade commandée par le major Ouduin et qui est composée des bataillons du 5e, 11e et 79e ...
Tous les hommes que ces bataillons ont embarqués à bord de l'escadre ou ailleurs seront sur-le-champ débarqués et réunis à leurs bataillons. Ces sept bataillons doivent former un total de 5.000 hommes de renfort. Donnez ordre qu'ils ne partent que lorsque tout ce qui est embarqué aura rejoint ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6460 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29283).
Le 17 décembre 1811, à Paris, on informe l'Empereur que "Le prince Eugène propose de faire revenir en Italie les cadres des deux bataillons du 5e de ligne employés en Espagne, pour instruire les recrues qui se réunissent au dépôt" ; "Renvoyé au major général pour ordonner ce mouvement; en prévenir le vice-roi", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6491).
/ 1812, Catalogne
Fig. 6 Tambour-major du 5e de Ligne en 1811-1812 |
Le 1er janvier 1812, arrivait à Perpignan le 4e Bataillon après une marche accomplie avec beaucoup d'ordre, et où, chose rare à cette époque, il n'avait pas compté un seul déserteur. Le 9 janvier, il est à Girone.
Le Chef de Bataillon Folard rendait compte dans les termes suivants de l’esprit et de l’instruction de son Bataillon : "Le bataillon est composé de conscrits de 1811, venus les deux tiers du département de l'Ourthe et un tiers du département du Rhône ; les Liégeois sont naturellement soumis, les Lyonnais le sont facilement devenus. Les uns et les autres, façonnés à la vie militaire, feront de bons soldats ; ils sont pleins de bonne volonté et ne sont point mécontents d'aller en Espagne : je crois que le gouvernement peut avec sûreté se servir d'eux partout où il jugera à propos de le faire; la meilleure preuve que je puisse fournir de ce que j'avance est que ce bataillon n’a eu jusqu'à ce jour aucun déserteur. L'instruction du bataillon est bonne; il peut exécuter d'une manière satisfaisante tout ce qui fait partie de l'école de bataillon".
Le 14 janvier 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Mathieu Dumas, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Monsieur le comte Dumas, je vous renvoie votre travail sur la conscription, avec les notes que j'ai dictées au baron Fain et les observations qu'il y a faites. Cela vous mettra au fait de mes intentions. J'ajoute les observations suivantes :
... J'avais eu là le dessein de lever, dans les huit départements voisins d'Espagne, des régiments de gardes nationales, savoir dans les départements des Pyrénées-Orientales, des Hautes et Basses-Pyrénées et de l'Ariège, et dans les départements de l'Aude, de la Haute-Garonne, du Gers et des Landes. Mais je préfère augmenter la conscription de ces huit départements, de manière à me procurer une force de 9.000 à 10.000 hommes. En prenant les 4es bataillons du 5e de ligne, du 11e idem, du 14e qui est à Sedan, le 3e bataillon du 79e, et les 4e bataillons du 115e et du 3e léger, un bataillon des 115e, 116e et 117e, et des cadres dans les régiments de l'armée d'Aragon et de l'armée de Catalogue, on réunirait ainsi seize 3es ou 4es bataillons. Ces bataillons recevraient chacun 600 hommes ; on les diviserait en quatre brigades provisoires dont les chefs-lieux seraient à Pau, à Tarbes, à Perpignan, à Mont-Louis. On dirigerait les conscrits des huit départements, en ayant soin qu'aucun conscrit ne se trouve dans son département. La conscription de ces huit départements serait plus forte, mais on ferait connaître que cela épargnera la garde nationale. Les quatre brigades seront sous les ordres de quatre généraux de brigade et d'un général de division. On aurait ainsi 9.000 ou 10.000 hommes qui ne bougeraient pas de la frontière, qui seraient chargés de la garder et de la mettre à l'abri de toute insulte. Vous concevez que les bataillons portés pour les réserves de Bordeaux, de Tarbes, de Pau, de Perpignan ne seront plus nécessaires.
Aussitôt que vous aurez saisi ce travail, vous me l'apporterez ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6636 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29748).
Pendant ce temps, les trois premiers Bataillons du Régiment assistaient le 21 janvier 1812, au combat d’Alta-Fulla où le Général Maurice-Mathieu, renforcé le 21 janvier au soir de la Division Lamarque, voulait rétablir les communications de Barcelone avec Tarragone.
Le 25 janvier 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Berthier : "Mon cousin, vous écrirez au général Reille, que je lui donne le commandement de l'Armée de l'Ebre. Elle sera composée de 4 divisions actives : 1° la sienne ; 2° la division Palombini ; 3° la division Severoli ; la division Frère, qu'il organisera avec les 1er d'infanterie légère, 14e, 15e et 5e de Ligne.
Dès l'instant qu'il occupera avec son armée active les pays aux environs de Barcelone, la garnison de cette place sera assez forte avec les dépôts, le régiment de Nassau, deux bataillons du 23e de ligne, deux bataillons du 18e léger, quatre compagnies d'artillerie, les sapeurs et les mineurs.
Avec ces quatre divisions, il doit soumettre définitivement toute la basse Catalogne, maintenir la tranquillité en Aragon et pouvoir s'occuper de l'organisation de ce pays.
Vous trouverez ci-joint le décret par lequel la Catalogne est organisée en quatre départements ; vous en enverrez une copie au général Reille ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 8, p. 288 ; Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18452 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29827).
Le 26 janvier 1812, l'Empereur, à Paris, dicte des notes sur les divisions de troupes de ligne, adressées au Maréchal Berthier, Major général : "... L'armée de Catalogne se compose des 8e léger, 18e léger, 5e de ligne, 11e de ligne, 81e id., 60e id., 79e id., 23e id., 3e léger, 67e de ligne, 102e de ligne.
Tous ces corps sont à trois ou à deux bataillons. Je crois qu'il n'y en a plus à quatre bataillons, puisque le 3e léger, les 67e et 16e de ligne ont envoyé leurs 4es bataillons à leurs dépôts.
C'est ce qu'il est instant de vérifier, et l'on ne manquera pas de comprendre dans le compte à me rendre les six bataillons qui formaient à Toulon des demi-brigades provisoires, lesquels sont entrés en Catalogne.
Je pense qu'il sera facile de se procurer et de réunir à Perpignan quatre ou six cadres, et de diriger sur eux les conscrits des Landes et des Basses-Pyrénées et autres départements voisins ; et, dans le même temps, les cadres certainement existants au 1er mars parmi les huit bataillons portés au projet recevraient les conscrits de Perpignan et autres, de sorte que, supposant huit bataillons, on en mettra quatre à Perpignan et quatre dans les Basses-Pyrénées.
Ceux qui seraient à leurs propres dépôts s'habilleraient, s'équiperaient par les moyens qui leur appartiennent.
Mais les quatre ou six bataillons réunis à Perpignan ayant leur dépôt en Italie ou ailleurs, l'administration de la guerre sera chargée de les faire habiller et équiper à Perpignan.
Ces neuf bataillons, portés sur l'état comme étant aux Pyrénées, doivent être placés en trois lignes, savoir :
1° Ceux dont les 3es bataillons ont reçu l'ordre de rentrer. Il faut rechercher quand ils ont dû partir, d'après les ordres qu'ils ont reçus, soit du major général, soit du ministre de la guerre, pour bien calculer si l'on peut y compter ;
2° Ceux qui ont quatre compagnies de leur 5e bataillon à leur dépôt ceux-là ont des ressources en officiers et sous-officiers ;
3° Enfin, ceux qui n'ont que deux compagnies à leur dépôt et sont sans ressources.
Ainsi, voulant avoir neuf à dix bataillons pour les Pyrénées, je ne pense pas qu'on puisse en avoir plus de quatre.
Ces quatre bataillons pourront, en l'absence des cadres des 3es bataillons, s'ils tardent à rentrer, être formés par les compagnies des 5es.
Quant aux quatre ou cinq autres, on peut y pourvoir en faisant venir quatre ou cinq cadres de Catalogne, c'est-à-dire de Girone à Perpignan ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6693 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29851).
Napoléon écrit, le 5 février 1812, au Général Mathieu Dumas, Conseiller d’Etat, Directeur général des Revues et de la Conscription : "... Seulement trois compagnies des 5e, 11e, 79e de ligne recevront leurs conscrits à Genève, mais fussent (sic) portés pour Perpignan au lieu de Toulon. Point de régiments séparés. Les porter comme restant au dépôt, garnison de Genève et Grenoble.
Même chose pour toutes les compagnies des 5es bataillons déjà employées dans une demi-brigade, parce que cette mesure ne peut être justifiée que par la nécessité ; et, étant à leurs dépôts, si on en a besoin, on les portera où on voudra.
Ainsi, s'il le faut, on formera un bataillon de neuf compagnies des 5e, 11e, 79e de ligne, et l'envoyer à Perpignan, où chacun joignant son régiment accroîtra la brigade. D'ailleurs, il est bon d'avoir des forces à Genève pour le Simplon, si les circonstances l'exigeaient ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6741 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29913).
Napoléon précise son idée. Le 6 février 1812, l'Empereur, à Paris, dicte au Général Mathieu Dumas, Conseiller d’Etat, Directeur général des Revues et de la Conscription, sur les Divisions de défense et la répartition : "... Division de Toulon.
... Les 5e, 11e, 79e, 81e de ligne doivent rester à Chambéry et Grenoble.
Je désire donc une division de plus, formée « division des Alpes », composée des 8e, 18e légers ; 5e, 11e, 23e, 60e, 79e, 81e de ligne.
Tout cela à trois compagnies, ce qui fait vingt-quatre compagnies, quatre bataillons, bonne réserve pour l'Italie, le Simplon et partout où besoin serait ..."(Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6747 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29917).
Le 13 Février 1812, Napoléon écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre : "Donnez ordre que les cadres des 4es bataillons du 3e Léger et des 5e, 11e et 79e de ligne, bien complétés en officiers et en sous-officiers, partent de la Catalogne pour se rendre à leurs dépôts à Grenoble, à Genève et à Parme, pour y recevoir des conscrits. Le général Decaen incorporera les hommes dans les autres bataillons ; cette mesure est très urgente ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1859; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29970).
Le même 13 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Mathieu Dumas : "Monsieur le comte Dumas, je vous renvoie la répartition de la conscription, approuvée. J'y ai fait quelques changements, que vous pouvez exécuter, sans les soumettre de nouveau à mon approbation, vu qu'il n'y a pas de temps à perdre.
Diminution.
Vous ôterez
Au 3e de ligne, qui est à Strasbourg. 200 hommes,
Au 5e id. 200 ...
En y pensant mieux, je désire que les 4es bataillons des 5e, 11e et 79e se rendent à Genève et à Grenoble, où sont leurs dépôts, et non à Perpignan, parce que cela met une confusion dans la comptabilité, qui est incompatible avec le grand travail du ministère de l'administration de la guerre. Il est seulement convenable de composer le supplément d'hommes à donner aux 5e, 11e et 79e le tiers d'Italiens et les deux tiers d'hommes du Dauphiné et des 19e, 6e et 8e divisions militaires et non d'hommes des Pyrénées. Ces hommes arriveront plus promptement à leurs dépôts, seront plus promptement habillés, et selon les circonstances on pourra disposer des 4es bataillons pour les envoyer à Perpignan ou en Italie ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6780 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29976).
Le 16 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Donnez ordre au général Decaen, commandant mon armée de Catalogne ... D'envoyer également à Barcelone le 4e bataillon du 5e de ligne. Les soldats seront incorporés dans les trois premiers bataillons et, après cela, le cadre de ce 4e bataillon rejoindra son dépôt ...
Vous avez sans doute donné l’ordre que les cadres des 4es bataillons des 3e léger, 5e, 11e et 79e de ligne rentrassent en France ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1867 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29982).
Le 2 avril, l‘Armée de Catalogne passait sous les ordres supérieurs du Général Suchet, commandant en chef l’Armée d'Aragon; mais cette modification, toute de forme, ne touchait en rien aux attributions du Général Decaen, ni à la situation de ses troupes.
La fin du mois d'avril, les mois entiers de mai, juin, juillet et le commencement d’août 1812 se passèrent sans événements importants.
Le 5e comptant à la Division de Haute-Catalogne, aux ordres du Général Lamarque, 1er Bataillon à la Brigade du Colonel Petit, et ses 2e et 3e Bataillons à la Brigade de réserve Expert de la Tour, se portant successivement sur tous les points menacés par les attaques des guérillas, s’épuisant entre marches, contre marches et escarmouches. Le 5e de Ligne y a quelquefois des blessés et des morts.
En novembre (le 2) eurent lieu des combats plus importants pour la reprise de Vich, place retranchée des Espagnols insurgés, qui de là pouvaient lancer des raids dans toute la Catalogne. Les trois premiers Bataillons du 5e de Ligne s’emparent des retranchements ennemis malgré une farouche résistance.
L'ennemi avait perdu dans cette affaire, qui avait duré deux heures, plus de 450 hommes ; notre perte était moins considérable. Le 5e comptait cependant parmi ses morts le Lieutenant Ragonet et 17 hommes, et parmi ses blessés, les Capitaines Perrotin, Géronimi et Gallien, le Sous-lieutenant Mugnier et 17 Sous-officiers et soldats.
Le Général de Brigade Expert, qui n'avait eu dans la journée qu’à se louer de la conduite des troupes sous ses ordres et en particulier du 5e de Ligne, demandait à la suite de son rapport le grade d'Officier de la Légion d’Honneur pour le Chef de Bataillon Folard ; le grade de Chef de bataillon pour le Capitaine Gallien ; la croix de la Légion d'honneur pour les Capitaines Géronimi et Perrotin et le Sous-lieutenant Magnier; le grade de Chirurgien-major pour M. Brel Aide-major au Régiment, en récompense des bons services qu'il avait rendue dans la journée, en pansant les blessés sur le champ de bataille.
/ 1813, sur deux fronts
A/ La campagne sur le front est
Fig. 7 Voltigeur du 5e de Ligne en 1811 |
Le 2 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Berthier : "... 13e DEMI-BRIGADE. Les 4es bataillons du 5e, du 11e et du 79e se réuniront à la même époque à Chambéry, où ils formeront la 13e demi-brigade ...
Par ces dispositions, toutes les côtes de l'Empire seront suffisamment pourvues, en attendant la formation des cohortes de gardes nationales. Il devient pressant que les cadres de ces bataillons soient complets en officiers ; qu'ils aient leurs chefs de bataillon, et que vous nommiez les 15 majors en second qui devront commander ces demi-brigades. Vous ferez partir le 15 avril ces majors en 2nd pour visiter les dépôts qui fournissent aux demi-brigades.
Vous aurez soin de prévenir le ministre de l'Administration de la guerre afin qu'il donne des ordres, et prenne des mesures pour que l'habillement ne manque pas.
Vous autoriserez les majors en 2nd à faire partir le 30 avril les 4es bataillons à 600 hommes. Les 200 autres hommes viendront un mois après ...
Ces demi-brigades ne doivent rien déranger à la comptabilité. Les bataillons qui les composent doivent correspondre avec leurs dépôts pour l'administration ...
Annexe
Formation des demi-brigades provisoires, de l'Intérieur et des côtes
13e demi-brigade à Versailles (3e division de réserve de la Grande Armée)
1er bataillon : 4e bataillon du 5e de ligne (dépôt à Grenoble) : 200 conscrits du Cantal, 100 de la Haute-Saône, 400 de Rome et 190 de la Stura ; total 890 ; 190 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon : 4e bataillon du 11e de ligne (dépôt à Grenoble) : 200 conscrits du Cantal, 260 des Apennins, 200 de la Doire, 100 de la Saône-et-Loire et 100 du Cher ; total 860 ; 160 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
3e bataillon : 4e bataillon du 79e de ligne (dépôt à Chambéry) : 293 conscrits du Cantal, 422 du Taro, 100 du Vaucluse et 100 du Var ; total 915 ; 215 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7057 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30370 (intégrale)).
Avant de partir pour la Russie, Napoléon avait laissé des troupes en garnison dans les principales places fortes d'Allemagne, ainsi qu'un Corps d'armée de réserve chargé d'assurer les arrières. Il s'agissait en Juillet 1812 du 11e Corps d'armée du Maréchal Augereau. Sa 31e Division d'infanterie (ou 3e de Réserve) du Général Seras comptait, à la Brigade Labassée, la 13e Demi-brigade provisoire (Major Tripp) composée du 4e Bataillon du 5e de Ligne et des 4es bataillons des 11e et 79e de Ligne. Le Quartier général du 11e Corps était à Berlin, et celui de la 31e Division à Stettin.
Le 4e Bataillon, que nous avions vu entrer en Catalogne en janvier 1812, avait été rappelé en Allemagne rapidement.
Ce Corps stationne en Allemagne et la Division à Berlin sur la fin de l’année durant toute la campagne de Russie.
Lorsque les débris de la Grande Armée rentrent de Russie, les troupes du 11e Corps se portent dans les premiers jours de janvier, sur la rive gauche de l'Oder, afin d'en protéger la retraite.
Le 30 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... Donnez des ordres pour que les compagnies des 3e, 5e, 11e, 24e, 59e, 79e, 81e, 105e et 112e (total 9 compagnies) forment un bataillon de marche sous le titre de bataillon de marche de la 31e division et se rendent à Spandau, où chaque compagnie rejoindra son bataillon, soit à la 30e, soit à la 31e, soit à la 35e division. ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 734 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32545).
Puis, le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
TOULON.
Il sera formé, pour la défense de Toulon, trois demi-brigades provisoires, sous les numéros 25, 26 et 27 ; elles seront composées ainsi qu'il suit : ... 26e demi-brigade, les bataillons des 5e, 11e et 60e de ligne ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).
Vers le milieu de février, les troupes du 11e Corps se concentrent sur Berlin, couvert par la 31e Division du côté des routes de Stettin et de Kustrin.
Le 4 mars, les armées françaises évacuent la Prusse, à l'exception des places fortes.
Le 15, la Prusse rompt son alliance avec la France.
Le 24 mars 1813, les cadres du 3e Bataillon de Catalogne, après avoir versé leurs effectifs dans les deux premiers, se dirigent vers Grenoble puis Mayence pour reformer un nouveau Bataillon avec des conscrits. Il arrivait à Mayence le 3 Juillet.
Le 26 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre ... Quant aux compagnies des 5e, 11e, 79e et 96e régiments, cela morcellerait trop mes troupes. Il n'y aurait plus moyen de s'y reconnaître. Il faut conserver ces hommes pour compléter les bataillons que ces régiments ont à l'armée" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33438).
Le 2 avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "… DE QUELQUES RÉGIMENTS QUI NE SONT PAS EMPLOYÉS ...
Il y a dans les 5e, 11e, 79e et 81e de ligne 12 à 1,500 conscrits des quatre années qu'on en pourra retirer pour les diriger sur Mayence, où l'on s'en servirait pour compléter les régiments provisoires ou les régiments formés de cohortes qui seraient les plus faibles ..." (Correspondance de Napoléon, t. 25, 19795 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33571).
Pendant ce temps, le 11e Corps, passé sous Mac Donald (et le 4e Bataillon du 5e de Ligne aux ordres du Chef de Bataillon Marot, dans la 31e Division, Brigade Schobert) avait déjà donné à Lutzen et Bautzen (Mai 1813).
Le 27 mai, l'Oder est atteinte et la forteresse de Glogau est débloquée. Oudinot, détaché du gros de l'armée, marche sur Berlin. Pendant ce temps, plus au Nord, Hambourg est reprise. Chez les Alliés, c'est le découragement. Certains jugent la situation si désespérée qu'ils pensent se retirer derrière la Vistule. C'est alors l'Autriche qui va sauver les vaincus et s'interposer pour proposer un armistice (dit de Pleiwitz). Napoléon va le ratifier le 7 Juin pour avoir le temps de se renforcer. Mais ses adversaires vont pouvoir faire de même.
Le 10 juin, Napoléon entre à Dresde; il y restera jusqu'au 15 août.
Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
... 45e division
6e léger, 3e bataillon.
26e demi-brigade provisoire : 5e de ligne, 3e bataillon; 11e de ligne, 3e bataillon.
Commandé par un major : 8e de ligne, 3e bataillon; 28e de ligne, 4e bataillon.
Commandé par un major : 32e de ligne, 4e bataillon ; 58e de ligne, 4e bataillon.
27e demi-brigade : 81e de ligne, 6e bataillon; 79e de 1igne, 3e bataillon.
18e demi-brigade : 34e de ligne, 3e bataillon; 69e de ligne, 3e bataillon.
60e de ligne, 4e bataillon.
12 bataillons ...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).
Le 11 août, l'Autriche se joint aux Coalisés et déclare la guerre. La Suède de Bernadotte est aussi à leurs côtés. Et les états allemands faiblissent. Le 18 août, les hostilités reprennent. Les positions du 5e de Ligne sont alors les suivantes :
- Au 11e Corps (Mac Donald), à la 31e Division Ledru, Brigade Freissinet, le 4e Bataillon dans la 13e Demi-brigade provisoire.
- au 14e Corps (Gouvion Saint-Cyr), à la 45e Division (Razout), Brigade Goguet, dans la 26e Demi-brigade provisoire, le 3e Bataillon du 5e de Ligne, Chef de Bataillon Coppin (avec le 3e Bataillon du 11e de Ligne).
Détachée, la Division Ledru échappe au désastre de la Katzbach.
Le 3e Bataillon va participer aux deux batailles de Dresde (26 et 27 août 1813).
En septembre, les affectations du Régiment sont inchangées.
Le 8 septembre, le 3e Bataillon est au combat de Donha puis 4 jours après à Peterswald.
Peu de temps, après les deux Bataillons sont réunis dans Leipzig mais dans deux Corps différents.
Au 11e Corps (Mac Donald), 31e Division Ledru, 13e Demi-brigade provisoire, on retrouve le 4e Bataillon du 5e de Ligne.
Le 2 octobre 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, le 14e corps fournira 13 bataillons, savoir :
... 2 au 11e ...
Enfin, les deux bataillons qu'il fournira au 11e corps seront le 3e bataillon du 5e de ligne et le 3e bataillon du 11e.
Ces 13 bataillons se mettront sans délai en marche pour Dresde, d'où l'état-major les enverra rejoindre leurs corps respectifs ...
Par ce moyen, il n'y aura plus de régiments provisoires au 3e corps, et tous les bataillons d'un même régiment qui sont à l'armée se trouveront réunis.
Faites-moi connaître quelle sera la situation des 8e, 9e, 10e, 13e, 31e, 42e, 43e, 44e et 45e divisions, quand le mouvement de ces bataillons aura été fait. Donnez des ordres pour que ce mouvement s’opère demain. Tous les bataillons passeront à Dresde où vous en ferez la revue pour constater leur situation" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 219 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 36606).
Les pertes du 5e de Ligne à Leipzig du 16 au 19 octobre 1813 sont les suivantes : sont blessés le Major Marot; les Chefs de Bataillon Copin et Legrand; les Capitaines Delechaud, Lafaye, Pintrel; les Lieutenants Robert, Germond et Jaume.
Après la défaite de Leipzig, au 11e Corps de Mac Donald, 31e Division Ledru, se comptent les survivants du 3e Bataillon : seulement 16 Officiers et 198 hommes !
En novembre, Mac Donald forme une Division à Wesel en regroupant de multiples unités squelettiques.
L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique : "ARTICLE PREMIER.
L'armée sera organisée de la manière suivante :
Le onzième corps, commandé par le duc de Tarente, sera composé de la trente et unième et de la trente-cinquième division …
ART. 2.
Tous ces corps seront successivement portés à quatre divisions.
ONZIÈME CORPS D'ARMÉE.
ART. 3.
La trente et unième division sera formée avec les bataillons ci-après désignés.
Troisième bataillon du 5e de ligne.
Tout ce qui existe du quatrième bataillon sera incorporé dans le troisième, et le cadre renvoyé au dépôt ..." (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105 et page 415).
Le 18 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le 11e corps est composé :
du 3e bataillon du 5e de ligne, du 3e bataillon du 11e de ligne, ces 2 corps ont leur dépôt en France;
du 3e bataillon du 3e léger, du 3e bataillon du 14e léger, des 1er et 2e bataillons du 22e léger, du 3e bataillon du 6e de ligne, du 4e bataillon du 10e de ligne, du 6e bataillon du 20e de ligne, du 4e bataillon du 102e de ligne, des 1er et 2e bataillons du 112e de ligne.
Ces dix derniers bataillons ont leur dépôt en Italie ; il est donc nécessaire qu'il leur soit fourni de France 5000 hommes pour les compléter. Or, le 11e corps se dirigeant du côté de Wesel, ce sont les dépôts qui sont dans la 16e division militaire qu'il faudrait charger de fournir et d'habiller ces 5000 hommes.
Ces régiments renvoient 10 bataillons en Italie ; mais tous resteront en Italie, hormis le 4e du 5e de ligne et le 6e du 10e qui sont les seuls qui pourront revenir lorsqu'ils auront été formés de nouveau à leur dépôt, ce qui portera alors cette division à 14 bataillons" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37125).
Le même 18 novembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, par mon ordre du 7 novembre ... J'ai supprimé également le 6e bataillon du 5e de ligne, le 6e bataillon du 13e de ligne (mais ces 2 bataillons doivent se réunir en Italie), le 6e bataillon du 23e de ligne, le 3e et le 4e bataillon du 37e de ligne, le 7e bataillon du 14e léger et le 7e bataillon du 6e de ligne ...
Il sera nécessaire que toutes ces dispositions soient régularisées par un décret, mais il faut faire un travail à ce sujet, et ne le présenter que lorsqu'on aura arrêté la situation des cadres de l'armée.
Mon officier d'ordonnance, Gourgaud, a dû vous remettre la copie du travail que j'ai signé à Mayence le 17. Je crois que le prince de Neufchâtel y a fait depuis quelques changements en passant des revues" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37126).
Le 4 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, Au Duc de Feltre : "Le 1er bataillon du 18e léger, les 3e et 4e du 8e léger, le 4e du 5e de ligne, le 4e du 11e de ligne, le 3e du 23e de ligne formeront une brigade de réserve d'Italie, dite brigade de réserve de Genève, où ils se réuniront le plus tôt possible. Cette brigade sera donc de près de 5000 hommes.
Faites-moi connaître quand elle pourra se trouver réunie à Genève. Chargez un général, de ceux employés de ce côté, de la passer en revue, de nommer à toutes les places vacantes et de veiller à l'instruction des bataillons" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 1082; Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6271 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37381).
Encore le 4 décembre 1813, l'Empereur écrit aussi, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, mon intention est de réunir les bataillons qui sont à la Grande Armée et qui ont leurs dépôts en Italie, pour en former des régiments, afin de simplifier l'administration et de donner plus d'ensemble à ces bataillons.
En conséquence :
... le 11e corps sera formé :
Du 5e de ligne (3e bataillon), du 11e de ligne (3e bataillon), du 70e (2e et 3e bataillons), du 19e léger composé de 6 bataillons, et du 104e composé également [sic] de 4 bataillons.
Le 4e corps n'aura plus rien des 35e et 1er légers, 101e, 42e et 5e de ligne ; il aura le 104e.
Présentez-moi un projet de décret pour opérer tous ces changements. Vous l'accompagnerez d'un état qui me fera bien connaître l'opération, la nouvelle situation des régiments, et la direction à donner en conséquence aux conscrits sur les nouveaux régiments" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37385).
Le 7 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai reçu votre lettre du 4 décembre. La brigade de réserve qui doit se réunir à Genève est composée des 3e et 4e bataillons du 8e léger, du 4e bataillon du 5e de ligne, du 4e bataillon du 11e de ligne, du 3e bataillon du 23e de ligne, et du 1er bataillon du 18e léger. Cette brigade est indépendante des 500 hommes que les dépôts doivent faire partir pour Mayence. Donnez des ordres pour que les cadres soient bien complétés en officiers et sous-officiers. Je désirerais que dans le courant de janvier, cette brigade fût entièrement réunie à Genève" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37451).
Le 14 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les 2 500 hommes du Piémont que j'ai destinés, à Orléans, au 113e régiment, partent de Grenoble, de Toulon, de Genève, de Marseille et de Chambéry, savoir :
Par ce moyen, le 113e aura de quoi compléter ses trois bataillons.
Le 5e de ligne enverra les 175 hommes de la Doire ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37548).
Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ...
La division de réserve de Genève sera composée du : 18e léger, 1 bataillon ; 8e léger, 2 bataillons ; 5e de ligne, 1 bataillon ; 60e de ligne, 2 bataillons ; 79e de ligne, 2 bataillons ; 81e de ligne, 2 bataillons ; 11e de ligne, 1 bataillon ; 23e de ligne, 1 bataillon
Total 12 bataillons ...
Il n'est parti aucun bataillon pour renforcer ni le 4e ni le 6e bataillon. Tous les détachements partis sont pour les bataillons qui sont restés à leur corps. Ainsi il est parti 250 hommes du 8e d'infanterie légère, de Genève pour se rendre à Mayence, où ils arriveront le 2 janvier ; mais ces 250 hommes sont pour renforcer les 2 bataillons qui restent à l'armée à Mayence. Cela n'a rien de commun avec les 2 bataillons du 8e léger qui doivent se former à Genève.
Même observation pour le 11e de ligne, pour le 5e de ligne, etc. ...
Je me dépêche de vous envoyer ces décisions parce que l'expédition des ordres qu'elles exigent est urgente.
ANNEXE
... ÉTAT B
Formation de la brigade de réserve de Genève
2 bataillons du 8e léger ; 1 bataillon du 18e léger ; 1 bataillon du 32e léger ; 1 bataillon du 5e de ligne ; 1 bataillon du 11e de ligne ; 1 bataillon du 23e de ligne ; 2 bataillons du 60e de ligne ; 2 bataillons du 79e de ligne ; 2 bataillons du 81e de ligne ; 1 bataillon du 16e de ligne ; 1 bataillon du 145e de ligne
15 bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).
Le 21 décembre 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris : "ORDRES.
... Le 11e corps d'armée, commandé par le maréchal duc de Tarente, restera formé en deux divisions, savoir :
31e division, général Charpentier : 19e léger, six bataillons ; 5e de ligne, un ; 11e, un ; 107e, quatre ; total, douze bataillons ...
... La brigade dite de réserve, qui se réunit à Genève, sera composée ainsi qu'il suit, savoir : 8e léger, deux bataillons ; 18e, un ; 32e, un ; 5e de ligne, un ; 11e, un ; 23e, un ; 60e, deux ; 79e, deux ; 81e, deux ; 16e, un ; 145e, un ; total, quinze bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).
Le même 21 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître :
... Le 5e de ligne n'a-t-il pas fait partir 500 hommes pour recruter son 3e bataillon, qui est au 11e corps dans la 31e division ?" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37627).
Toujours le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je viens d'examiner le tableau de l'infanterie qui est joint à votre travail du 19 décembre ...
... Le 11e corps sera composé de 3 divisions :
1re division (qui est la 36e), de : 6 bataillons du 19e léger ; 4 bataillons du 107e de ligne ; 1 bataillon du 5e de ligne ; 1 bataillon du 11e ; 12 bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37628).
B/ 1813 EN CATALOGNE
Plaque de shako du 5e de Ligne, modèle 1812 |
Plaque de shako du 5e de Ligne , modèle 1812 |
Shako d'Officier du 5e de Ligne, modèle 1812 |
Au début 1813, les trois premiers Bataillons du 5e de Ligne sont encore en Catalogne. Nous avons vu que le 3e Bataillon en est rappelé en mars.
La Basse-Catalogne est tenue par le Général Maurice Mathieu et la Haute-Catalogne par le Général Lamarque ; Decaen commandant en chef.
Le Général espagnol Copons succède au Général Lascy à la tête des armées insurgées, tandis que l'armée anglo-sicilienne du Général Muray a pris Alicante comme base.
En Avril, le Maréchal Suchet, qui supervise de fait tout le théâtre d’opération, décide de se porter au-devant des forces espagnoles et de leurs alliés. Le 12 Avril, les Espagnols sont repoussés à Yecla et les forces britanniques à Biar. Le lendemain 13 Avril 1813, à Castalla , Suchet affronte une nouvelle fois l'Armée britannique bien retranchée.
Suchet, menacé au Nord du royaume de Valence et d'Aragon par des forces espagnoles, resserre ses positions, puis se porte sur Valence pour empêcher un nouveau débarquement anglais sur les côtes.
Pendant ce temps, le 5e de Ligne, en Haute-Catalogne, s’oppose aux guérilleros à La Bisbal, le 17 mai. Le Sous-lieutenant Francot y est blessé.
Le 2 Juin, les forces ennemies conjointes, par terre et par mer, se portent sur Tarragone et débutent le siège de la ville. Le 12, le Général Mathieu marche au secours de Tarragone avec 6000 hommes, pendant que le Maréchal Suchet s'y rend, de son côté, avec l'Armée d'Aragon.
Maurice Mathieu culbute l'avant-garde de l'armée espagnole. Ce premier succès et le mouvement combiné avec celui du Maréchal Suchet suffisent pour amener la retraite des Espagnols sur le col de Sainte-Christine et le réembarquement de l'armée anglaise, qui, dans sa précipitation, abandonne 18 bouches à feu et un immense matériel de siège.
Mais, tandis que Suchet réussit tant bien que mal à se maintenir au Sud Est de l'Espagne, plus au Nord la situation empire avec la défaite de Vittoria le 21 Juin, qui induit la retraite des armées françaises sur les frontières du pays basque. Suchet doit donc lui aussi reculer et commence à évacuer le Royaume de Valence le 5 Juillet. L'Armée marche sur l'Ebre, laissant des garnisons sur ses arrières.
Dans le même temps, l'Aragon voisin est perdu.
Du 14 au 15 Juillet, l'Armée passe l'Ebre, ralliant des petits détachements isolés, se porte sur Valls, Reuss et Tarragone, et met Lerida en état de défense.
Puis Suchet s'établit à Villafranca. Fin juillet, les deux Bataillons du 5e de Ligne sont en Haute-Catalogne.
Fin Juillet, les forces anglo-espagnoles attaquent de nouveau Tarragone. Le 14 Août, les forces conjointes de Suchet et Decaen, à Villafranca, obligent les Anglais à se replier. Puis Suchet évacue la garnison, fait exploser les fortifications de Tarragone et continue son repli progressif, les Anglo-espagnols sur ses talons.
Les Anglais s'établissent eux même à Villafranca, et leur avant-garde se fortifie au col d'Ordal.
Suchet décide de contre attaquer le 3 Septembre. Les 12 et 13, il s'empare des retranchements du col d'Ordal, puis marche sur Villafranca, épaulé sur son flanc par les troupes des Généraux Decaen et Maurice Mathieu qui doivent bousculer pour arriver des forces espagnoles. Les forces ennemies se replient. Si cela ne les a pas détruites, cela les retarde un temps dans leurs opérations.
A la fin de septembre, des détachements de tous les Corps de l'Armée de Catalogne étaient allés prendre des recrues à Perpignan.
En octobre 1813, les deux Bataillons du 5e de Ligne sont dans la garnison de Barcelone.
Le 11 novembre 1813, les deux armées d'Aragon et de Catalogne sont fusionnées officiellement sous le commandement du Maréchal Suchet. Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, le 16 novembre 1813, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Présentez-moi un projet pour la formation d’une armée de réserve du côté des Pyrénées. Cette armée sera composée de la manière suivante :
Il sera choisi vingt régiments ayant chacun deux bataillons, ou plus de deux bataillons à l’armée d’Aragon, ou à l’armée de Catalogne, et il leur sera donné l’ordre de fournir de ces bataillons le nombre nécessaire de capitaines, de lieutenants, de sous-lieutenants, de sergents, de caporaux et de tambours pour former le cadre d’un nouveau bataillon, qui prendra le nom de 6e bataillon de ces régiments respectifs. Ces vingt cadres de 6e bataillons se rendront savoir : dix à Toulouse, et dix à Perpignan, ou dans toute autre ville que vous jugerez convenable, ce qui formera deux divisions chacune de dix bataillons. Il sera dirigé, sur chacun de ces bataillons, 1,500 bommes de la levée des 300,000 hommes, pris dans les départements qui sont assignés à l’armée des Pyrénées. Cela fera ainsi, pour les vingt bataillons, 30,000 hommes. Chaque bataillon enverra aux bataillons de son régiment qui sont à l’armée de Catalogne ou à l’armée d’Aragon 400 hommes, dès qu’ils seront habillés et armés, et gardera les 1,100 autres. Ce sera un recrutement de 8,000 hommes pour ces deux armées, et il restera deux divisions, chacune de 11,000 hommes, composées de bataillons entiers et disponibles pour agir selon les circonstances".
Au commencement de décembre, 8000 conscrits sont dirigés sur les Dépôts du Midi, chaque Régiment de l'Armée d'Espagne a envoyé le cadre d'un 6e Bataillon pour les recevoir, et les organiser en Divisions de réserve. Le 5e de Ligne y envoie des hommes aux ordres du Chef de Bataillon Lefevre à Nimes.
Le 16 décembre, les deux Bataillons sont dans la 4e Division de l’Armée d’Aragon et de Catalogne : 1er Bataillon, 26 Officiers et 767 hommes ; 2e Bataillon, 17 Officier et 774 hommes.
1814, SUR TROIS FRONTS
- Espagne et Frontière des Pyrénées
Au début de 1814, les positions du Régiment sont les suivantes : 1er et 2e Bataillons à Llobegrat, Division Maurice Mathieu, Armée d'Aragon et de Catalogne (Suchet); 3e Bataillon, Division Charpentier à Wesel sous Mac Donald; 4e Bataillon, Armée des Alpes, Division Marchand sous Augereau; 5e Bataillon, Dépôt à Grenoble; 6e Bataillon à Nîmes, Réserve de l’Armée du Midi.
Les 1er et 2e Bataillons vont lentement se replier avec Suchet. On les retrouve le 1er Février sous Girone et le 8 mars sous Figuières. Suchet y a accueilli lui-même le Roi Ferdinand le 24 mars, libéré par Napoléon, qui rentre dans son Royaume et déchire la constitution libérale qu’espéraient beaucoup d’Espagnols à son retour.
Les deux Bataillons du 5e de Ligne comptent encore 1701 hommes au début avril à la Division Lamarque. Le 1er avril, l’armée est repliée à Narbonne. Les deux armées de Soult et Suchet se réunissent, alors que Napoléon à abdiqué. C’est pour y être dissoutes.
- La campagne de France au Nord et à l'Est
Au début 1814, les débris du 3e Bataillon se sont repliés sur Chaumont avec le 11e Corps ; on les verra à Nangis ( 17 février), la Ferté sur Aube.
Le 21 février 1814, l'Empereur écrit, depuis Nogent-sur-Seine, au Général Hulin, commandant de la 1ère Division militaire : "Monsieur le comte Hulin, je reçois votre état de situation du 20. Je vois une grande quantité d'hommes aux dépôts des 5es bataillons des régiments qui n'ont pas de cadres à fournir ...
Mettez plus d'activité dans les mouvements de ces cadres. Faites venir à Paris ce qui est aux 5e bataillons, et complétez les cadres des 3e et 4e bataillons ...
Pour l'infanterie de ligne, vous avez un cadre du bataillon du 5e régiment, du 11e, des 19e, 25e, 39e, 43e, 46e ; vous en avez deux des 50e, 55e, 66e, 70e, 72e, 82e, 107e, 121e, 122e, 135e, 145e ; et vous avez 1100 hommes au 5e bataillon du 153e ; 500 hommes au 5e bataillon du 58e, 600 hommes au 5e bataillon du 32e, etc. ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 38281).
Le 5e combat en Mars à Arcis sur Aube et Saint-Dizier.
Après l’abdication de l’Empereur, ce qui reste du 3e Bataillon se retrouve à Chartres.
- Les Alpes
Le 5 janvier 1814, à Paris, l'Empereur décrète : "Le maréchal duc de Castiglione est nommé commandant en chef de l'armée de Lyon. Il aura le commandement de la ville, de la garde nationale de la ville ainsi que des 19e et 7e divisions militaires.
L'armée de Lyon sera composée : 1° d'une division de troupes de ligne, formée des bataillons ci-après :
3e et 4e bataillons du 8e régiment d'infanterie légère.
1er et 2e bataillons du 18e id.
2e bataillon du 32e id.
4e bataillon du 5e infanterie de ligne.
4e bataillon du 11e id.
3e bataillon du 23e id.
2e et 6e bataillons du 24e id.
7e bataillon du 60e id.
7e bataillon du 64e id.
7e bataillon du 79e id.
7e bataillon du 81e id.
7e bataillon du 16e id.
2e bataillon du 145e id.
2e du corps de gardes nationales dit de Lyon.
3e du corps de gardes nationales du Dauphiné" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6360).
Le 4e Bataillon sous Augereau combat les Autrichiens à l'Armée de Lyon à la Croix Rouge le 19 février, et à Saint-Julien le 1er mars où le Capitaine Dusserre est mortellement blessé.
Le 5e Bataillon de Dépôt avait rétrogradé de Grenoble à Angers.
LA PREMIERE RESTAURATION ET LES CENT-JOURS, Mai 1814 – juillet 1815
Le 5e de Ligne à Laffrey |
Bouton du Régiment du Duc d'Angoulême, première Restauration (collection Bertrand Malvaux http://www.bertrand-malvaux.fr) |
Le 5e de Ligne est conservé après l’abdication de l'Empereur et son départ pour l'ile d'Elbe. Désormais à trois Bataillons de 6 Compagnies, dont une de Grenadiers et une de Voltigeurs, il regroupe ses six anciens Bataillons dispersés et le 1er Bataillon du 114e de Ligne, ainsi que le 1er Bataillon des Flanqueurs grenadiers de la Garde. Son lieu de garnison est fixé à Grenoble. Le Colonel Roussille reste à la tête de l'unité qui se dénomme désormais Régiment d’Angoulème, 5e d’infanterie de Ligne. Il va recevoir un nouveau drapeau et se rééquiper.
Le 8 juin 1814, le Général de Division Grenier écrit au Général Dumuy, à Marseille : "Quatorze déserteurs du 5e de ligne et du 31e léger de l’armée d’Espagne, faisant partie d’un plus grand rassemblement, ont été arrêtés par un cantonnement du 101e régiment à Moleans (Melan ? Méolans ?), département des Basses-Alpes. Ces malheureux ayant fait la plus forte résistance, neuf d’entre eux ont été blessés. J’ai donné ordre qu’ils soient transférés par la gendarmerie à Marseille pour être traduits au conseil de guerre de la 8e division militaire, ceux de l’armée étant dissouts. J’ai l’honneur de vous adresser ci-joints les rapports qui doivent servir de plainte contre ces déserteurs, vous prévenant que j’en ai adressé copie à S. E. le Ministre de la Guerre, en lui rendant compte de cet évènement" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 97 page 206).
Le même 8 juin 1814, le Général de Division Grenier écrit ensuite au Ministre de la Guerre, à Paris : "J’ai l’honneur d’adresser à V. E. copie des rapports que je viens de recevoir de M. le général Marcognet, sur l’arrestation de quatorze déserteurs de l’armée d’Espagne, faisant partie d’un plus grand rassemblement, qui ont forcé les postes du 101e régiment dans quelques cantonnements du département des Basses-Alpes.
J’ai donné ordre au général Marcognet de faire remettre les hommes arrêtés au commandant de la gendarmerie du département et de les faire conduire à Marseille pour y être jugé par les conseils de guerre de la 8e division militaire, ceux de l’armée se trouvant dissouts par le départ de plusieurs corps. J’adresse à M. le général Dumuy les rapports du général Jeanin et du major Moreau pour servir de plainte contre les hommes arrêtés. Il est temps de faire des exemples, surtout pour des délits aussi préjudiciables à la discipline militaire" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 97 page 206).
C'est à Grenoble, dans une vie de garnison monotone, que le Régiment apprend le débarquement de Napoléon à Golfe Juan et sa remontée vers les Alpes ... Il va devoir l'arrêter dans sa marche.
Le 5 mars 1815, le Général Marchand écrit, depuis Grenoble, au Commissaire Ordonnateur Bazire : "Je vous préviens, mon cher Ordonnateur, que je fais partir demain matin le 3e régiment de sapeurs pour La Mure où il restera jusqu'à nouvel ordre. Le 5e de ligne ira le joindre après-demain Six pièces de canon accompagnent le 3e régiment de sapeurs.
Le 7, le 5e régiment d'artillerie ira prendre position à Vizille avec 6 autres pièces de canon.
Je vous prie de prendre des dispositions pour faire fournir les vivres de campagne à ces trois régiments et de faire faire une provision d'eau-de-vie de manière à ce qu'on puisse en faire distribuer une ration chaque jour à toute la troupe.
Il sera nécessaire d'envoyer un commissaire des guerres à La Mure pour y assurer le service" (Chuquet A., « Lettres de 1815, Première Série », Paris, 1911 ; p. 158).
Dans son "Exposé de la conduite du général Marchand dans les événements des 5, 6 et 7 mars 1815", Marchand raconte : "… Il fut au surplus résolu que le lendemain 6 je me mettrais en marche à la tête des troupes pour aller à sa rencontre et qu'ainsi ils tiendraient leurs troupes prêtes à partir.
J'écrivis en conséquence la lettre suivante à M. le commissaire ordonnateur pour qu'il prît sur le champ des mesures pour assurer le service des vivres ..." (Chuquet A., « Lettres de 1815, Première Série », Paris, 1911 ; p. 155).
Le 6 mars 1815, le Général Marchand, qui commande à Grenoble, envoie un Bataillon du 5e de ligne, commandé par le Chef de Bataillon Lessard, à La Mure, et il remet à Lessard l'instruction qui suit : "Il est ordonné à un bataillon du 5e de ligne de partir aujourd'hui de Grenoble pour se rendre à La Mure pour protéger les ouvrages qu'une compagnie de sapeurs est chargée d'exécuter pour faire sauter le pont de Ponthaut au moment où les troupes de Bonaparte se montreraient. A compter de demain matin 7 mars le commandant de ce bataillon ne laissera plus passer personne pour aller du coté de Gap et laissera passer ceux qui en viendraient. Il fera reconnaître le long de la rive, en remontant la rivière, les gués et passages qui pourraient s'y trouver, et tâchera de les faire rendre impraticables, s'il y a moyen.
Dans le cas où les troupes de Bonaparte se montreraient, M. le commandant de bataillon ferait sauter le pont et se retirerait à Grenoble, ou pourrait attendre quelque temps pour observer les mouvements de ces troupes, dans le cas où il pourrait le faire sans se compromettre. Il prendra du reste toutes les précautions qui lui seront suggérées par les circonstances, pour avoir des renseignements positifs sur la marche de l'ennemi, ses projets, etc., et profitera de toutes les circonstances pour me tenir informé de tout ce qui se passera".
Dans son "Exposé de la conduite du général Marchand dans les événements des 5, 6 et 7 mars 1815", Marchand raconte : "… Le 6 au matin je reçus des nouvelles sur la marche de Bonaparte, qu'on assurait être arrivé le 3 près de Digne ...
Je pensai qu'il nous fallait gagner du temps le plus possible et que je devais m'occuper à retarder la marche de l'usurpateur. En conséquence, ayant été informé qu'il existait un torrent, à un quart de lieue au-dessus de La Mure, dont les bords étaient escarpes et presque inabordables, sur lequel était un pont appelé Ponthaut, je donnai l'ordre à un bataillon du 5e de se tenir prêt à partir et de se munir de cinquante cartouches par homme. Je donnai en même temps l'ordre au directeur du génie de faire préparer une compagnie de mineurs avec la poudre nécessaire pour faire sauter le pont ...
Les troupes commandées pour l'expédition étant prêtes, j'en donnais le commandement à M. le chef de bataillon Lessard, du 5e de ligne, et je chargeais en même temps, le chef de bataillon du génie Tournadre de diriger les travaux pour faire sauter le pont.
M. Lessard se mit en route avec des instructions par écrit, portant qu'il devait marcher sans s'arrêter jusqu'au lieu de sa destination ; qu'aussitôt qu'il serait arrivé, il se placerait militairement en arrière du pont, ayant des postes sur les hauteurs afin de pouvoir découvrir de loin tout ce qui arriverait, et qu'il ferait mettre de suite la main à l'oeuvre, pour faire sauter le pont ; qu'il ferait reconnaître en dessus et en dessous du pont tous les passages de piétons qui pourraient y exister ; que, s'il y en existait, il les ferait rendre impraticables ; qu'alors, il tiendrait position devant les troupes de Bonaparte, en les tenant éloignées et les empêchant de faire aucun travail pour rétablir le passage ; qu'il resterait là tant qu'il n'aurait aucune crainte d'être tourné ; que, dans le cas où il n'arriverait pas à temps pour faire sauter le pont, avant que les troupes de Bonaparte ne se présentassent, il ne devait pas les attendre et rentrer à Grenoble, sans perdre de temps ; que dans tous les cas il repousserait la force par la force ; qu'il me rendrait compte souvent de ce qu'il apprendrait de nouveau, prenant à ce sujet des renseignements auprès de tous les maires et de tous les voyageurs, ayant pour cet objet à sa disposition la gendarmerie de Vizille et de La Mure. M. le chef de bataillon du génie Tournadre a eu connaissance de ces instructions ..." (Chuquet A., « Lettres de 1815, Première Série », Paris, 1911 ; p. 155).
Comme on peut le voir, et comme Lessard l'affirme, Marchand ne donne pas dans son instruction l'ordre de faire feu. Il engage Lessard à ne pas se compromettre et lui recommande de prendre des précautions, d'observer les mouvements de l'ennemi, de recueillir tous les renseignements possibles ; mais il ne lui prescrit pas de tirer (alors qu'il le sous entend dans son exposé ultérieur).
Dans sa "Relation historique de ce qui s'est passé à Grenoble concernant le 5e régiment d'infanterie de ligne", datée de Paris, le 29 septembre 1815, le Chef de Bataillon Lessard raconte :"Le 6 mars, à midi, M. le colonel reçut l'ordre de M. le comte Marchand de faire partir le 3e bataillon pour protéger une compagnie de sapeurs chargée de faire sauter le pont de Ponthaut et surtout de ne pas s'engager.
Les préparatifs de départ tinrent jusqu'à 3 heures. Le bataillon se mit en route et M. le colonel l'accompagna jusqu'à une demi-lieue sur la route. Là, il fit former le carré, rappela de nouveau à chacun ses devoirs et recommanda surtout aux soldats d'être dociles à la voix de leurs chefs. Les cris de Vive le roi se firent entendre à plusieurs reprises. La colonne se mit en marche.
Arrivé à Vizille (quatre lieues de Grenoble), beaucoup d'enfants vinrent au devant du bataillon en criant Vive l'Empereur. Je fis faire halte, passai sur le front du bataillon et recommandai à mes soldats de marcher en ordre et de se taire. Je traversai la ville. Quelques voix d'hommes se firent entendre, répétant les mêmes cris que les enfants. J'entendis quelques soldats dire : "L'on s'arrangera connne l'on voudra, mais nous ne nous battrons pas entre nous". (Alors il faisait nuit.) Je rendis compte de suite à M. le général connnandant Marchand de ce qui venait de se passer à Vizille. Le gendarme, porteur de ma lettre, arriva à Grenoble à 1 heures du soir.
Mon adjudant-major qui avait pris l'avance avec les fourriers, rencontra à La Mure l'avant-garde de Bonaparte. Il vint au devant de moi et m'en rendit compte. A l'entrée du faubourg, un officier pria mes
éclaireurs d'arrêter et me fit demander de la part du général Cambronne. Je refusai de me rendre à cette invitation. Le général vint lui-même, et, malgré les instances qu'il fit, je ne voulus pas communiquer.
Le général rentra en ville, et, peu de temps après, j'entendis battre la caisse et sonner à cheval. Je craignis un mouvement de la part des troupes de Bonaparte, j'ordonnai de charger les armes. Mais le
tumulte allant toujours croissant dans la ville, l'obscurité favorisant un mouvement qui eût pu donner les moyens d'envelopper les 250 hommes que j'avais, je me décidai à me retirer pour prendre une position militaire. Ce que je fis au village de Laffrey. Il était 4 heures du matin lorsque j'y arrivai. J'en donnai de suite connaissance à M. le comte Marchand ainsi que de tout ce qui s'était passé à l'entrée de La Mure ; je lui demandai ses ordres.
A 7 heures, j'appris d'une manière certaine que Bonaparte était arrivé à La Mure. J'en instruisis M. le général Marchand,
A 11 heures, quelques vedettes parurent sur la route et voulurent approcher mes avant-postes ; on refusa de les recevoir.
A midi, Bonaparte arriva avec quelques officiers et toute son infanterie. Alors je fis mettre sac au dos. Les soldats me regardèrent. J'entendis distinctement dire : "Nous ne nous battrons pas contre nos camarades".
J'envoyai de suite au général Marchand. Quelques instants après, son aide de camp arriva. Je crus qu'il m'apportait des ordres. Mais il ne venait que pour me voir.
Bonaparte envoya un officier à mon avant-poste, qui demanda à me parler. Je fis répondre que j'avais des ordres de ne pas communiquer.
Quelques instants après, il en vint un autre qui me fit des propositions, puis des menaces. Je refusai de me rendre près de Bonaparte, disant à cet officier qu'aussitôt que j'aurais reçu des ordres de Grenoble, je ferais connaître mes intentions. Le tout se passa en présence de cinquante hommes qui formaient mon avant-poste et de M. l'aide-de-camp du comte Marchand qui était présent.
Bonaparte resta sur la route depuis midi jusqu'à 3 heures. Fatigué d'attendre, il m'envoya demander si je ne voulais pas me décider à quelque chose. Je fis la même réponse que ci-dessus.
Tout aussitôt que l'officier fut de retour près de lui, il fit descendre son infanterie sur la route. Dans le même instant tous prirent leur course, l'arme sous le bras gauche, la baïonnette dans le fourreau, criant : "Nous sommes des Français, nous sommes vos frères !" Ils se jetèrent dans les rangs en embrassant mes soldats. J'étais à la tête de mon bataillon. Bonaparte vint à moi et s'adressant aux soldats : "Eh bien, si vous voulez tirer, vous en êtes les maîtres ; me voilà au milieu de vous". Les soldats restèrent comme frappés de terreur. Il pérora la troupe et il ordonna de marcher sur Grenoble.
L'on me plaça à la gauche de sa garde. M. le général Cambronne vint prendre le commandement de troupes sous mes ordres.
J'arrivai à Grenoble. Mon bataillon rendu au quartier, je me rendis de suite chez M. le colonel du régiment. Il était chez Bonaparte qui l'avait fait demander.
A son retour, il me dit que Bonaparte n'était pas content de notre conduite.
Certifié sincères et véritables les faits énoncés ci-dessus".
Sous la deuxième Restauration le Général Marchand, qui commandait à Grenoble lorsque Napoléon se présenta devant la ville, est enfermé à Besançon et accusé d'avoir défendu de faire feu sur ses troupes et de n'avoir pris aucune mesure pour arrêter les progrès de Napoléon. De nombreux témoins sont entendus, et c'est ainsi que Lessard dépose le 23 février 1816 devant le juge instructeur près le tribunal de première instance de l'arrondissement de Rennes. Sa déposition est beaucoup plus
intéressante que sa relation :
"D. Quand M. Lessard est-il parti de Grenoble par La Mure ?
R. Le 6 mars 1815, à 3 heures de l'après-midi.
D. Quelles étaient vos instructions ?
R. De faire sauter le pont de Ponthaut à trois quarts de lieue en avant de La Mure sur la route de Gap. lors de l'arrivée des troupes de Bonaparte.
D, Avez-vous exécuté ces instructions ?
R. Non, car les troupes de Bonaparte était à La Mure avant moi.
D. Quel rapport M. Lessard a-t-il fait au capitaine Randon, aide de camp du général Marchand, lorsque celui-ci a été le trouver de la part de son oénéral ?
R. Lorsque le capitaine arriva, je lui demandai s'il m'apportait des ordres de M. le général. Il me répondit que non, qu'il était venu à Vizille pour savoir ce qui s'y passait, et qu'ayant appris que je n'en étais qu'à une lieue, il était venu me voir.
D. L'aide de camp vous a-t-il donné des ordres et, dans ce cas, en quoi consistaient-ils ?
R. Il ne m'en a remis ni verbalement ni par écrit. Je continue mon récit. Alors le capitaine Randon voulut remonter à cheval. Dans le même instant j'appris que Bonaparte venait d'arriver en présence de
mes avant-postes.
D. Quelle heure pouvait-il être alors ?
R. De midi à une heure. Bonaparte envoya un officier de sa suite qui demanda à me parler. J'étais alors près de mon avant-poste avec M. Randon et l'officier qui commandait cette garde, l'envoyé de Bonaparte demanda à me parler. Je lui répondis que j'avais des ordres de ne pas communiquer. Cet officier retourna vers Bonaparte. Quelque temps après il en revint un autre, M. Raoul, capitaine d'artillerie de l'ex-garde, qui me dit qu il venait de la part de Bonaparte me prier d'aller lui parler ou de lui envoyer un officier. Je lui répondis que ni moi ni des officiers sous mes ordres ne quitteraient leurs postes. Alors cet officier me dit avec humeur que je répondais sur ma tête des événements qui allaient se passer, et retourna vers Bonaparte. Fort peu de temps après le départ de cet officier, Bonaparte fit descendre ses troupes sur la grande route et toutes coururent sur moi et les miens en criant : Nous sommes Français, nous sommes vos frères !
D. Pourriez-vous désigner par quelques circonstances de localité bien précises quelle était dans ce moment votre position et celle de Bonaparte et quelle heure il était alors ?
R. La route est encaissée dans les montagnes. J'avais fait garder tous les chemins vicinaux qui y aboutissent. Mon bataillon était masqué par un accident de terrain. Mes postes détachés étaient en vue
ainsi que l'avant-garde. J'étais à la dernière maison en avant du village de Laffrey. Les troupes de Bonaparte m'étaient masquées par un coude que la route fait en cet endroit ; mais je pouvais facilement le distinguer, lui, son état-major et les officiers qui l'accompagnaient. Il était alors 3 heures de l'après-midi. Bonaparte vint à moi, je m'étais retiré vers mon bataillon et, s'adressant aux troupes, il leur dit : Soldats, si vous voulez tirer, vous en êtes les maîtres. Ne me reconnaissez-vous pas pour votre Empereur ? Et ne suis-je pas votre ancien général ? Ce ne sont pas des motifs d'ambition qui me ramènent au milieu de vous. Les quarante-cinq premières têtes du gouvernement de Paris m'ont envoyé chercher à l'ile d'Elbe, et mon retour est appuyé par les trois premières puissances de l'Europe. Alors les soldats et le peuple crièrent : Vive l'Empereur.
D. Que faisait en ce moment l'aide-de-camp du général ?
R. Au moment où les troupes de Bonaparte coururent sur nous, l'aide-de-camp du général eut le temps de monter à cheval, et la vitesse de sa monture le sauva de leurs mains. Je vis un cavalier de la suite
de Bonaparte le poursuivre, et ce cavalier a dit devant moi : "Si je l'avais attrapé, le bougre, j'allais joliment l'arranger !" J'ai su par des habitants de Vizille qu'il l'avait poursuivi jusqu'à l'entrée de cette ville.
D. A quelle distance est le village de Laffrey de la petite ville de Vizille ?
R. Une lieue de montagne à descendre.
D. Avez-vous entendu l'aide-de-camp crier de faire feu, au moment où les lanciers de Bonaparte ont abordé le bataillon du 5e ?
R. Non, et, s'il l'a dit, personne ne l'a entendu.
D. Vous avait-il donné l'ordre de faire feu ?
R. Non, et, d'après l'ordre que j'ai exhibé, il n'en est pas fait mention.
D. Combien de temps Bonaparte en personne est-il resté en vue de vos troupes et à quelle distance était-il ?
R. Deux à trois heures, à la portée de fusil. Tous mes soldats se joignirent à ses troupes et je rentrai ensuite avec le bataillon à Grenoble.
D. Pourquoi n'avez-vous pas ordonné de faire feu ?
R. Je n'en avais pas l'ordre. Quand je partis de Grenoble, le général Marchand se borna à m'ordonner de faire sauter le pont de Ponthaut, d'après l'ordre que je vous représente. Je lui objectai, en calculant ce que je savais de la marche de Bonaparte, que j'arriverais trop tard. Il m'assura du contraire en présence de M. Roussille, colonel de mon régiment.
D. Par l'effet de quelles circonstances arrivâtes-vous trop tard pour faire sauter le pont de Ponthaut ?
R. On me fit partir le 6, à 3 heures de l'après-midi, et j'avais dix lieues à faire.
D. Quelles dispositions ont montrées les troupes que vous commandiez pendant la marche de Grenoble à La Mure ?
R. M. le colonel du 5e accompagna mon bataillon à trois quarts de lieue sur la route. Là il fit former le carré et rappela aux troupes le serment de fidélité qu'elles avaient fait au roi en jurant de suivre leurs drapeaux partout où l'honneur les appellerait. Les cris de Vive le roi se firent entendre. Je continuai ma route. A mon arrivée à Vizille, des enfants vinrent à moi en criant Vive VEmpereur. Je fis faire halte, passai sur le front de mon bataillon et ordonnai de marcher en ordre et en silence. Arrivé de l'autre côté de la ville, je fis faire halte à ma troupe tant pour lui laisser prendre haleine que pour attendre la compagnie de sapeurs, la poudre et les outils qui devaient servir à faire sauter le pont de Ponthaut. Il était déjà nuit. J'entendis, en traversant la ville, plusieurs soldats de mon bataillon dire : "On s'arrangera comme l'on voudra, mais nous ne nous battrons pas contre nos camarades". Pendant le repos de ma troupe, je montai promptement chez le propriétaire du château de
cette ville et écrivis à M. le comte Marchand pour lui rendre compte de ce qui venait de se passer à Vizille. Aussitôt l'arrivée de la compagnie de sapeurs, je continuai ma route sur La Mure. A une lieue de cette ville, mon adjudant-major qui était parti une heure avant moi de Grenoble pour faire préparer le logement, vint au-devant de moi pour me prévenir que l'avant-garde de Bonaparte était à La Mure. Je présume qu'il pouvait être 9 heures du soir.
D. Quel rapport vous fit votre adjudant-major à son retour ?
R, Que les deux avant-gardes se rencontrèrent sur la place de La Mure, que l'adjudant-major des troupes de Bonaparte proposa à celui du 5e d'aller boire la goutte, que ce dernier refusa, réunit de suite les six fourriers qui l'accompagnaient, et revint au-devant de moi pour me rendre compte de ce qui venait de se passer à La Mure, Etant encore dans La Mure, l'adjudant-major aperçut un papier aux mains d'un de ses fourriers qu'il cherchait à lire au clair de la lune. L'adjudant-major s'en saisit et me le remit à son retour. C'était une des proclamations de Bonaparte. Après avoir reçu ce rapport, je continuai ma route. Je marchais seul en avant de mon avant-garde. J'aperçus un homme qui venait à moi. Je criai qui vive. A ce cri, il se jeta dans le fossé. Je courus dessus et lui ordonnai de venir à moi. Il s'approcha. Je m'aperçus qu'il avait quelque chose de volumineux sous sa capote, je lui demandai ce que c'était. Il me répondit que c'étaient des effets. Je voulus les voir. Alors il me déclara que c'étaient des papiers que le général qui venait d'arriver à La Mure, lui avait ordonné de porter à Grenoble. Je m'emparai des papiers, et le clair de lune me permit de distinguer l'aigle et le mot proclamation. Je mis le tout dans mes poches et confiai à la garde de deux grenadiers l'homme qui en était porteur.
D. Avez-vous connaissance du moment de l'arrivée du gros des troupes de Bonaparte dans La Mure ?
R. Je continuai ma route vers La Mure, toujours marchant en avant de mon avant-garde. A mon arrivée, à l'entrée du faubourg de La Mure, on cria qui vive. Je fis répondre par le sous-officier qui commandait mes éclaireurs, le numéro de mon régiment. Alors, un officier des troupes de Bonaparte s'avança en priant d'arrêter une minute, que M. le général allait venir parler au chef de cette troupe. Effectivement, M. le général Cambronne arriva et demanda le commandant. Je fis répondre que j'étais à placer des postes et que je n'avais pas besoin de m'aboucher avec lui. Le général m'attendit quelque temps et pria une deuxième fois de m'aller chercher. Je fis faire la même réponse. Pendant cet intervalle, le général Cambronne demanda aux voltigeurs s'ils étaient contents de leur sort. Un seul répondit : Nous dormons comme des cochons douze heures par jour. Le général Cambronne demanda une troisième fois si définitivement je ne voulais pas lui parler. Lui ayant fait répondre que non, il rentra de suite en ville. Tout aussitôt j'entendis battre la "grenadière" et sonner à cheval. Je me rendis près de mon bataillon et fis charger les armes. C'est alors que j'entendis plusieurs soldats dire : Il ne faut pas bourrer fort, car ça ira moins loin. Alors, je consultai plusieurs des officiers de mon bataillon qui se trouvaient près de moi, qui me répondirent qu'ils croyaient qu'il vaudrait mieux retourner en arrière, attendre le jour et recevoir les ordres de M. le général Marchand.
D. L'homme que vous arrêtâtes, porteur de proclamations de Bonaparte, vous dit-il qui les lui avait remises ?
R. Oui. lime dit que c'était le général qui venait d'arriver à La Mure. La manière dont il me le dépeignit, se rapportait au général Cambronne. Le tumulte allait toujours croissant dans La Mure, et, craignant d'être enveloppé avec les 250 hommes que j'avais, je me décidai à me retirer en arrière pour m'emparer du défilé de Laffrey, seul point par lequel on peut déboucher dans le bassin de Grenoble, ayant de l'artillerie avec soi. Il était de 4 à 5 heures du matin. Lorsque j'arrivai à ce dernier endroit, j'écrivis de suite à M. le comte Marchand pour lui rendre compte de ce qui était arrivé à la porte de La Mure et du motif de mon arrivée à Laffrey. Je donnai communication de ma lettre au chef de bataillon du génie qui était avec moi et qui devait diriger les travaux du pont, je ne me rappelle plus son nom. Postérieurement, ce chef de bataillon disparut, sans que je puisse dire le moment. Je m'occupai, après avoir écrit à M. le comte Marchand, de reconnaître les localités et tous les chemins
qui conduisent aux villages delà montagne. Un monsieur du village de Laffrey qui se trouvait dans la cour adjacente à la cour de la poste, me voyant passer sur sa propriété, me demanda s'il y avait quelque chose pour mon service. Je lui répondis que je passais dans sa cour parce que cela abrégeait mon chemin. Après différente courses dans le village, ce même monsieur m'engagea à aller me rafraîchir chez lui ; ce que je refusai. Dans le courant de la matinée, un monsieur dont j'ignorais le nom et que j'ai su depuis être M. Dumolard, membre du Corps législatif, m'engagea à aller me rafraîchir dans la même maison que j'ai citée ci-dessus; je refusai. Vers 11 heures du même matin, un monsieur qu'on me dit être de Grenoble, dont le nom est Patel, Potel, ou Platel, avocat à Grenoble, arrivé de La Mure, fut surpris par moi lisant une proclamation de Bonaparte à mes soldats; je lui arrachai des mains ce papier et lui demandai d'où il venait. "De La Mure", me répondit-il. - "Que s'y passe-t-il ? Bonaparte y est-il arrivé ? L'avez-vous vu ? Le connaissez-vous ?" A toutes ces questions il me répondit affirmativement. Au même instant un sergent vint me faire le rapport que quantité de paysans passaient dans la montagne. Après avoir réprimandé fortement cet individu, je me rendis pour voir ce qui se passait, et je vis au même instant cet individu entrer dans la maison du particulier ci-dessus désigné, ou
j'avais vu entrer précédemment le monsieur que j'ai désigné comme étant M. Dumolard. D'après ce que je venais d'apprendre de l'individu dont je n'ai pu dire précisément le nom, j'eus la presque certitude que Bonaparte était à La Mure, et j'écrivis de suite et de nouveau au général Marchand pour l'en prévenir et lui demander de nouveaux ordres. Par la même ordonnance j'écrivis à mon colonel et l'engageai à voir le général Marchand pour lui parler de la position critique dans laquelle je me trouvais. M. le colonel reçut ma lettre, car il en donna connaissance à plusieurs officiers de son régiment. C'est une heure après qu'arriva l'aide-de-camp du général mais il ne m'apporta pas d'ordre ni de réponse aux lettres que j'avais écrites au général : d'après ce qu'il me dit, il paraîtrait que ce serait de son propre mouvement qu'il serait venu de Vizille au village de Laffrey.
D. Avez-vous connaissance que Bonaparte ait fait poursuivre l'aide-de-camp parce qu'il avait commandé de faire feu et que même il promettait cinquante napoléons si on le lui ramenait ?
R. Je sais seulement qu'il a été poursuivi par un cavalier, et j'ai entendu dire par des officiers de la suite de Bonaparte que des paysans avaient été détachés pour faire le tour de la montagne et arrêter ceux qui voudraient fuir, mais qu'ils étaient arrivés trop tard. Je reprends le fil de mon récit. Bonaparte, après son entrée dans le village, me fit marcher à la gauche de sa garde et envoya le général Cambronne prendre le commandement des troupes sous mes ordres. Nous arrivâmes à la porte de Grenoble dans laquelle j'entendis frapper avec des leviers à coups redoublés pour enfoncer les portes; elles cédèrent. Bonaparte et sa troupe entrèrent en ville. Je conduisis mon bataillon à la caserne et me rendis de suite après chez M. le colonel. Il était absent. Bonaparte l'avait fait demander. A
son retour, il me dit que Bonaparte n'était pas content de nous.
D. Que devint a cette époque le général Marchand ?
R. Mon colonel me dit qu'il était parti une heure avant l'arrivée de Bonaparte à Grenoble. J'ajoute à ma déposition que, lorsque M. Raoul, premier officier qui me fut envoyé par Bonaparte, eut demandé à me parler en particulier, je lui dis, en présence de M. Randon et de ma garde, que n'ayant rien de mystérieux à recevoir de lui, il pouvait parler. N'ayant pu rien obtenir de moi, il retourna vers Bonaparte. Ce même officier me dit à l'hôtel des Trois dauphins, à Grenoble, en présence de plusieurs officiers et notamment de M. de Rascas, alors major du 5e régiment et maintenant lieutenant-colonel du 1er régiment d'infanterie de la garde royale, que, si je m'étais éloigné de quelques pas de ma garde, il m'eût enlevé sur le cou de son cheval" (Chuquet A., « Lettres de 1815, Première Série », Paris, 1911 ; p. 82).
L' "Exposé de la conduite du capitaine Randon, aide-de-camp de M. le Lieutenant général comte Marchand", daté de Grenoble le 8 décembre 1815, raconte : "Employé à Grenoble à l'époque du 1er mars 1815 en qualité d'aide-de-camp de M. le lieutenant-général Marchand, je fus envoyé dans la matinée du 7 mars pour savoir ce qu'était devenu un bataillon du 5e régiment de ligne qu'on avait envoyé en avant, et qui, depuis vingt-quatre heures, n'avait pas donné de ses nouvelles, et, en même temps pour venir en toute hâte donner avis des événements importants dont je pourrais être témoin.
Je joignis ce bataillon à six lieues de Grenoble, en avant du village de Laffrey, et je ne tardai pas à voir paraître l'avant-garde des troupes ennemies qui furent bientôt suivies de leur chef.
Après diverses sommations auxquelles le chet de bataillon répondit avec fermeté, Bonaparte marcha sur nous à la tête de sa troupe, joignit une compagnie de voltigeurs qui formait l'avant-garde et qui le reçut aux cris de : Vive l'Empereur.
J'étais à dix pas quand ce premier événement arriva et, jugeant qu'il était temps de remplir le but de ma mission, je tournai bride et traversai sans difficulté le reste du bataillon. Je fus bientôt poursuivi par cinq ou six chasseurs que Bonaparte avait envoyés après moi avec la promesse de cinquante napoléons s'ils pouvaient m'atteindre.
Je les perdais à peine de vue que je rencontrai le colonel Labédoyère qui désertait à la tête de son régiment. Je ne savais d'abord à quoi attribuer un pareil mouvement. Mais mon incertitude cessa bientôt quand, entendant les cris de Vive l'Empereur, Labédoyère lui-même voulut m'arrêter en voyant le ruban blanc dont j'étais décoré.
J'étais bien monté. Je me jetai sur un des côtés de la route, renversai les premiers grenadiers, et me fis jour, par la force de mon cheval, à travers le reste de la colonne, avant qu'elle eût le temps de se reconnaître. J'arrivai à Grenoble au milieu des cris d'une populace furieuse qui accourait au devant de l'usurpateur, et rendis compte à mon général des funestes événements qui s'étaient passés sous mes yeux.
Les mesures que l'on prit, ne purent arrêter l'insubordination des soldats, excitée par l'exemple trop contagieux de leurs camarades, et je sortis de Grenoble avec M. le lieutenant-général Marchand au moment où Bonaparte y entrait d'un autre côté.
Partageant l'opinion de mon général à l'égard de l'homme qui amenait tant de maux pour la France, mon sort a été uni au sien. Comme lui, je perdis mon emploi. Comme lui aussi, j'avais été réintégré dans les fonctions que j'occupais avant l'époque malheureuse du 7 mars.
Telle a été ma conduite pendant l'interrègne, et S. A. R. Monseigneur le duc d'Angoulême, à son passage à Grenoble, a daigné me donner quelques éloges sur la manière dont je m'étais conduit dans une circonstance aussi critique que fatale à la France" (Chuquet A., « Lettres de 1815, Première Série », Paris, 1911 ; p. 106).
La Relation du Colonel Roussille, commandant le 5e Régiment d’Infanterie de ligne, adressé en août 1815, depuis Azay-le-Rideau, au Duc de Tarente, Général en chef de l'Armée de la Loire et des Pyrénées, raconte : "Le 5 mars 1815, comme j'étais prêt à passer la revue du régiment, M. le lieutenant-colonel comte Marchand, commandant la 7e division militaire dont le quartier-général était à Grenoble, me fît demander. Je me rendis chez lui où je trouvai tous les chefs de corps. Il nous apprit que Bonaparte était débarqué près d'Antibes et qu'il allait prendre des mesures pour arrêter sa marche. Il nous demanda s'il pouvait compter sur nous. Le mot de oui fut répété par toutes les personnes qui se trouvaient dans l'assemblée ; il nous dit de prendre des mesures en conséquence.
Je partis à l'instant pour me rendre à la caserne et je fis donner l'ordre à MM. les officiers de se rendre chez moi, où je leur tins le discours suivant :
« Messieurs, le motif de notre assemblée a pour but de vous donner connaissance que Bonaparte vient de débarquer sur les côtes de la Provence. On présume qu'il se dirige sur Grenoble. Il est probable que le régiment sera commandé pour marcher contre lui, et j'espère que MM. les officiers, sous-officiers et soldats donneront dans cette circonstance une preuve de leur dévouement et de leur fidélité envers la patrie et le Roi en remplissant religieusement leurs devoirs. Nous devons nous rappeler que Napoléon, en abdiquant solennellement, nous a relevés de nos serments, que la France a reconnu Louis XVIII pour souverain légitime, que nous lui avons prêté serment de fidélité et, lorsque S. A. R. Monsieur nous a donné le drapeau, nous avons juré de le suivre partout où l'honneur nous appellerait. »
M. le chef de bataillon Lefèvre prit alors la parole et assura d’une voix ferme que c'étaient là leurs intentions. MM. les officiers répétèrent la même chose.
Je repris alors la parole et je leur dis : « Messieurs, plein de confiance dans ce que je viens d'entendre, je vous recommande dans cette circonstance difficile de ne rien négliger afin de maintenir vos soldats dans l'ordre et l'obéissance. On pourrait préjuger, Messieurs, que le débarquement de Bonaparte serait l'ouvrage des puissances coalisées qui, jalouses de l'état de paix, de tranquillité et d'union dont jouissent les Français et sur lequel elles n'avaient pas compté, ont jeté cet homme au milieu de nous afin de créer de nouvelles divisions, ranimer des passions presque éteintes et leur fournir un prétexte de venir encore une fois ravager notre belle patrie et peut-être la partager. Mais, pour déjouer cette malveillance, il faut s'unir de cœur et de volonté, afin d'éviter les maux qui nous menacent. »
Chacun, approuvant ce discours, se rendit à son poste avec ardeur et la ferme volonté de remplir ses devoirs.
Le 6, à midi, je reçus l'ordre de M. le général Marchand de faire partir le 3e bataillon pour protéger une compagnie de sapeurs et une de canonniers chargées de faire sauter le pont de La Mure et surtout de ne pas s'engager. Les préparatifs du départ tinrent jusqu'à 3 heures et je les mis de suite en marche.
J'accompagnai ce bataillon jusqu'à une demi-lieue sur la grande route. Là, je fis former le carré, rappelai à chacun ses devoirs et recommandai surtout aux soldats d'être dociles à la voix de leurs chefs. Les cris de Vive le roi se firent entendre à plusieurs reprises et la colonne se mit en marche. Je restai à Grenoble avec le 1er bataillon, pénétré du meilleur esprit. Le 2e bataillon était détaché au fort Barraux. Tout fut assez tranquille pendant cette journée.
Le lendemain matin on reçut des nouvelles par le commandant du 3e bataillon qui donnait avis qu'ayant envoyé son adjudant-major à La Mure (où il arriva vers minuit), pour faire le logement, il y rencontra celui du bataillon des grenadiers de la garde qui le questionna sur le motif qui l'amenait dans cet endroit ; il le lui dit. « J'y viens pour la même cause, répondit le premier, mais comment devons-nous nous considérer ? Serons-nous obligés d'agir les uns contre les autres par des voies de fait ? » L'adjudant-major lui répondit que son commandant ne lui avait pas communiqué ses ordres et se retira vers lui pour lui rendre compte de ce qui venait de se passer. Ce commandant, se trouvant dans l'impossibilité de remplir sa mission puisque Bonaparte avait déjà pris possession du pont, se retira à trois lieues de Grenoble où il prit une position militaire, rendit compte de ce qui s'était passé et attendit de nouveaux ordres.
J'ai su depuis que Bonaparte s'était présenté à la pointe du jour devant ce bataillon, s'était arrêté à environ deux portées de fusil, avait fait toute sorte de tentatives pour obtenir le passage par des promesses de récompenses ou par des menaces ; qu'il lui fut répondu qu'on ne pouvait communiquer d'aucune manière avec lui ; qu'on attendit des ordres de Grenoble ; qu'ainsi il avait été retenu pendant sept ou huit heures pendant lesquelles le commandant dit avoir envoyé jusqu'à quatre fois à Grenoble, près M, le général Marchand, sans avoir obtenu de réponse ; que, fatigué de ce retard, Bonaparte résolut de se porter en avant, forma sa troupe en colonne sur la route, fit battre la charge, partit au galop avec quelques cavaliers polonais et se jeta au milieu du bataillon en disant : Soldats, tirerez-vous sur votre Empereur ? Cette manière de se présenter étonna tellement la troupe qu'elle parut comme anéantie et resta dans l'inaction. Pendant ce temps la troupe de Bonaparte avançait au pas de charge, l'arme sous le bras gauche, et entourait le bataillon. Après quelques mots dits au commandant, Bonaparte fit former le carré, harangua la troupe et la fit mettre en marche pour Grenoble.
Pendant que le 3e bataillon était en présence avec les troupes de Bonaparte, la garnison de Chambéry, composée des 7e et 11e de ligne, ainsi que le 4e de hussards en garnison à Vienne, arrivaient à Grenoble. Les grenadiers et voltigeurs du 2e bataillon vinrent aussi du fort Barraux. Le général Marchand désigna la position de chaque corps. Il me donna la garde des portes avec ce qui restait du 5e. Le major Rascas resta à la porte de Trèscloîtres avec deux compagnies ; le commandant Lefèvre, à celle de la Graille également avec deux compagnies, et je restai à la porte de Bonne avec les grenadiers et voltigeurs des 1er et 2e bataillons.
Cependant la fermentation était dans les esprits. On employait toute sorte de moyens insidieux pour séduire la troupe et lui faire oublier ses devoirs. On avait même formé divers projets qu'il est inutile de rapporter ici.
Vers les 4 heures du soir, le colonel Labédoyère partit avec son régiment par la porte de Bonne. J'ignorais les ordres qu'il avait reçus. Ainsi, je ne crus pas devoir m'opposer à son passage. Ce ne fut qu'après sa sortie que j’en connus le motif par les cris réitérés de Vive l’Empereur répétés par ce régiment et le peuple du faubourg et de la ville.
Dès ce moment, la sortie de la ville fut défendue. Mais la défection d’un régiment avait exalté les têtes. L'agitation allait en augmentant, et on disait tout haut ce qu'on s'était contenté de penser quelques moments avant. Le départ du 7e régiment exigeait de nouvelles dispositions ; elles furent prises.
A peine le jour était tombé qu’on entendit les acclamations d'une multitude en délire. Des cris de Vive l'Empereur se firent entendre dans le faubourg en dehors de la porte de Bonne. C'était Bonaparte qui y était arrivé. Les cris se rapprochèrent bientôt avec la multitude et, l'exaltation du dehors passant dans l'intérieur, les cris de Vive l'Empereur se firent entendre de toutes parts. Mais les soldats du régiment, fidèles à leur parole, restaient muets, attendant des ordres, et maintenaient l'effervescence d'un peuple qui regrettait de ne pouvoir les corrompre.
C'est dans cette situation que j'envoyai rendre compte au général Marchand de ce qui se passait et lui demander des ordres postérieurs, pendant que des personnes envoyées par Bonaparte voulaient parlementer ù la porte. Je leur demandai ce qu'elles voulaient. Elles me dirent qu'elles étaient envoyées par l'Empereur et que, par son ordre, elles demandaient l'entrée de la ville. Je leur dis que je n'étais pas maître d'acquiescer à cette demande, puisqu'il y avait dans la ville deux officiers généraux, dont l'un commandait la division militaire et l'autre le département, que tout ce que je pouvais faire était d'envoyer chez le premier pour lui faire part de cette demande.
Il se passa environ une heure de cette manière sans avoir pu obtenir du général Marchand une réponse positive. Je crus que ma commission avait été mal faite. J'y fus moi-même, lui rendis compte qu'au moment où j'étais parti, on enfonçait les portes à coups de hache et s'il voulait qu'on fît feu. Il me dit que non, donna des ordres pour son départ, et c'est tout ce que j'ai pu obtenir de lui.
Quand je revins, l'agitation était à son comble en dedans et en dehors. Les propos les plus séditieux se faisaient entendre. Les cris de Vive l’Empereur partaient de dessus les remparts comme des autres parties de la ville. J'avais les mains liées. On semblait vouloir rejeter sur moi l'odieux d'une action meurtrière, si elle avait eu lieu. D'ailleurs, qu'aurais-je fait avec quatre compagnies, si je n'étais secondé ? L'émeute redouble, la populace se précipite sur la porte, les coups redoublent, et elle est enfoncée.
L'Empereur entra. Un des officiers de sa garde, en entrant, me porta son sabre sur la poitrine en me qualifiant de traître. Je le regardai fixement et lui dis : « J'ignore de quel côté où est la trahison ». Il passa, probablement sans m'entendre.
Lorsque l'encombrement fut un peu dissipé, je renvoyai à la caserne la troupe dont la conduite exempte de reproches mérite des éloges, puisqu'elle a été inaccessible à des séductions de tout genre ainsi qu'aux insinuations du dehors, dans lesquelles on l'invitait à arracher les épaulettes de ses officiers et à s'emparer des portes ; mais ces braves gens dirent que, n'ayant jamais été trompés par eux, ils ne feraient que ce qu'ils leur ordonnaient.
Il est bon d'observer que, reconnaissant l’impossibilité d'empêcher la porte d'être enfoncée, j'avais envoyé le drapeau à la caserne et qu'à minuit il me fut rapporté chez moi. Trois jours après, avant mon départ de Grenoble, je le remis en dépôt au major Rascas en présence du Conseil d'administration. J'ai su depuis qu'il avait abusé de la confiance que je lui avais accordée en présentant à Sa Majesté ce même drapeau qu'il se vantait d'avoir sauvé …
Les troupes rentrées, je me retirai chez moi, fatigué de corps et d'esprit, A peine y étais-je arrivé qu'un colonel attaché à sa maison vint me dire que l'Empereur me demandait. Je voulais faire répondre que j'étais absent. Mais il entra, me vit et je fus obligé de le suivre. Arrivé chez lui, il m'aborda d'un ton brusque, me disant que je l'avais bien fait attendre : Je suis resté deux heures à la porte. Je lui répondis que j'avais rempli mes devoirs : « Vous m'avez relevé de mes serments, j'en ai contracté d'autres ». Il ne me laissa pas le temps d'achever. Des serments, me dit-il, vous en avez prête dix suivant la force des partis et des circonstances ; celle-ci est impérieuse, il s'agit du salut de la France ; il faut la sauver. J'ai dans ma poche l'adhésion de trois grandes puissances. D'ailleurs Je suis appelé par les vœux des Français. Votre opiniâtreté seule a pu vous le faire dissimuler. Ne me reconnaissez-vous donc plus pour le souverain des Français ? L'enthousiasme de ce bon peuple ne vous le dit-il pas ? Après un moment de silence, il me demanda d'un air à n'être pas refusé : Me suivrez-vous ? Je lui répondis : « Vous me mettez dans une position à n’avoir pas la liberté du choix. » Il me regarda d'un œil sévère. Puis, un moment après, il me dit : Je passerai demain la revue de votre régiment, je vous ferai connaître l'heure, et il me congédia.
Le lendemain, à la revue, il questionna presque tout le monde, l'un après l'autre. Mais il ne fit pas de promotions dans le régiment. Ce qu'il avait fait dans ceux qu'il avait passés précédemment ainsi que dans ceux qu'il passa ensuite. Il conserva même rancune jusqu'à la fin, à l'exception du chef de bataillon, qui commandait le 3e et qui se trouva opposé à lui, lorsqu'il venait à Grenoble, qu'il nomma major à Paris.
J’avais reçu ordre de faire rejoindre le 2e bataillon détaché au fort Barraux. J'écrivis au commandant Bertrand de nous rejoindre ; je ne reçus point de réponse ; j'ai su depuis que, d'accord avec le commandant du fort, il n'obtempéra pas de suite dans la crainte de s'exposer à une surprise" (Chuquet A., « Lettres de 1815, Première Série », Paris, 1911 ; p. 109 - Note de Roussille : "Il est nécessaire de faire ici une observation. C'est que M. Dekock, chef de bataillon titulaire du 3e, était alors de semestre à Versailles. Il n'a rejoint le régiment que le 23 mars à Ivry, près Paris").
Le 29 février 1816, lors du procès du Général Marchand, le Colonel Roussille est appelé à témoigner contre ce dernier; il déclare, devant le juge d'instruction de l'arrondissement de Pau, procédant en vertu d'une délégation : "Je passais l’inspection de mes troupes le 5 mars dernier, dans les casernes de Grenoble, lorsque le général Marchand m'envoya l'ordre de me rendre dans l'instant chez lui. J'y trouvai les officiers supérieurs assemblés en conseil de guerre. Le général leur dit qu'il venait d'apprendre que Bonaparte avait débarqué à Antibes et que l'on présumait qu'il se dirigeait sur Grenoble par Gap. Il demanda à l'assemblée s'il pouvait compter sur eux. A quoi chacun répondit avec force qu'ils avaient prêté un serment auquel ils seraient fidèles. On s'occupa des moyens de défendre la ville, et il fut décidé que l'on enverrait des troupes pour faire sauter le pont de La Mure. S'étant séparés, chacun se rendit à son poste pour faire des préparatifs et pour entretenir un bon esprit parmi les soldats.
Le général me donna le lendemain l'ordre de faire partir le 3e bataillon que je commandais afin de soutenir une compagnie d'artillerie et une de sapeurs qu'il envoyait à La Mure. Il fit armer le rempart par des pièces de canon, et l'on vit entrer dans la ville un escadron du 4e de hussards venant de Valence, le 7e de ligne venant de Chambéry, commandé par le colonel Labédoyère, ainsi que le 11e de ligne commandé par le colonel Durand. Il plaça le lendemain 7 ces corps, savoir : les hussards et le 7e sur la place, et le 11e, appuyé à la gauche de la porte de Bonne, longeant le rempart en se prolongeant du côté de la porte des Secours. Il fit placer deux compagnies du 1er bataillon du 5e à cette porte, deux autres à celle de Trèscloîtres et deux autres de grenadiers à la porte de Bonne où je restai, de son ordre.
J'y étais encore lorsque je vis arriver vers 3 heures le colonel Labédoyère à la tête de son corps. Celui-ci dit en passant devant les grenadiers qui étaient placés à cette porte : « Comment ? Vous ne suivez pas un si bel exemple ? » et il eut à peine dépassé la porte qu'il cria : Vive l’Empereur, cri qui dut être répété par ses soldats.
Les propos du colonel Labédoyère et ces cris causèrent une rumeur parmi les grenadiers qui prirent leur sac et leur fusil pour suivre le 7e. Mais ils rentrèrent bientôt dans l'ordre et reformèrent leurs faisceaux dès que je les eus rappelés à leur devoir.
Le général parut dans l'instant, me demanda ce qu'il y avait. A quoi je répondis : « Vous voyez ce coquin qui, non content de passer, a cherché à débaucher mes soldats qui auraient été infailliblement entraînés, si je ne m'étais trouvé ici pour les rappeler à leur devoir. » A quoi le général répondit : « C'est bon, je reconnais là vos principes. »
J'observe que déjà, avant le départ de Labédoyère, le général avait fait lire aux troupes une proclamation par laquelle il les engageait à être fidèles au roi et que, bientôt après le départ de Labédoyère, je reçus du général l'ordre de lire à mes compagnies un billet du chef de bataillon Lessard qui annonçait qu'il avait rencontré les troupes de Bonaparte et qu'il avait reculé pour prendre une position. Le général ordonna de fermer les barrières d'après la demande que je lui en lis.
Vers 6 heures du soir un ou deux Polonais, suivis d'une populace nombreuse, se présentèrent devant la barrière de Bonne. Ils demandèrent de la part de l'Empereur d'entrer dans la ville. J'allai en faire part au général Marchand que je trouvai avec son épouse et un chef d'escadron attaché à l'état-major que je crois Portugais. Je lui demandai ce que je devais faire et si je devais faire faire feu sur cette populace. A quoi il répondit : « C'est si peu de chose ; il faut attendre ».
Je revins à mon poste où je reçus tout aussitôt l'ordre du général pour faire fermer les portes de la ville et d'envoyer les clefs au commandant de la place ou à lui. Cette populace enfonça les barrières. J'envoyai plusieurs officiers pour prévenir le général de ce qui se passait. N'ayant point de réponse et voyant le tumulte augmenter, je m'y rendis moi-même. Je trouvai le général prêt à monter en voiture avec son épouse, et il me dit qu'il allait au fort Barraux.
Je revins à mon poste. Bonaparte et Labédoyère, suivis d'une populace effrénée qui proférait des horreurs contre le général, se présentèrent à la porte derrière laquelle j'étais. Bonaparte, en s'adressant nominativement à moi, me demanda d'ouvrir les portes. Je m'y refusai en disant que je n'en avais pas l'ordre. Il insista dans sa demande en me promettant force honneurs et fortune. La populace de l'intérieur et du dehors jeta des cris effroyables. Les soldats de la ville, sauf les grenadiers que je commandais, se joignirent au peuple. Les portes de Bonne furent enfoncées. Bonaparte et sa suite entrèrent. Un militaire de sa suite me porta un coup d'épée que je parai avec la mienne. La populace fondit sur moi et je ne conservai la vie que par les soins de quelques grenadiers qui me défendirent et m'entraînèrent au quartier" (Chuquet A., « Lettres de 1815, Première Série », Paris, 1911 ; p. 119).
"... Le même jour, 6 mars, on fît partir de Grenoble un bataillon du 5e régiment d'infanterie de ligne avec une compagnie du 3e régiment du génie pour occuper le défilé en avant de La Mure et couper le pont qui est établi sur ce point. Mais c'était s'y prendre trop tard, puisque l'ennemi occupait déjà le défilé et le pont, et cette mesure qui, prise à temps, aurait été fort utile, devint funeste par ses conséquences ; car le bataillon et la compagnie ci-dessus mentionnées, au lieu de se replier sur Grenoble, puisqu'ils n'étaient pas en mesure de s'opposer à l'ennemi avec espoir de succès, s'arrêtèrent devant ses avant-postes, firent bonne contenance et lui barrèrent le chemin, passèrent la nuit dans cette position et donnèrent même des inquiétudes à Bonaparte qui les crut soutenus par d'autres troupes. Mais le lendemain, ce faible détachement, ainsi lancé en avant, sans être appuyé par rien, fut aisément circonvenu et séduit par les nombreux émissaires de Napoléon, et donna ainsi le premier l'exemple de la défection, exemple fatal qui ne fut que trop suivi par la suite ..." (Relation du Colonel Gerin et major Elchegoyen du 4e Régiment d'Artillerie à pied, in Chuquet A., « Lettres de 1815, Première Série », Paris, 1911 ; p. 123).
Le 7 mars 1815, "... Le 5e régiment dont il ne restait que deux bataillons très faibles (attendu que le premier avait été envoyé en avant) avait un bataillon placé à l’avancée de la porte de Bonne, commandé par son colonel, et l'autre, à l'avenue de Trèscloîtres, commandé par le major ...
A 2 heures et demie je sortis de chez M. le lieutenant-général à qui je venais de rendre compte de mes opérations. Je passais sur le rempart qui se trouve entre son logement et le mien, situé dans la rue Créqui, lorsque j'entendis battre la charge et cinq à six coups de fusil. Ce qui me fit courir de suite jusqu'à la porte de Bonne. Là, je trouvai le colonel Roussille à la tête de ses grenadiers, lui demandai avec empressement ce que c'était, et si déjà l'avant-garde de Buonaparte avait paru. A quoi il me répondit avec une grande émotion ; « Labédoyère vient de réunir son régiment sur ma droite et il est parti, prenant la route de Vizille » ...
Je me rendis au quartier-général pour faire part de tout ce qui se passait à mon chef. Au même instant, il me dit : « Voyez, mon cher Daumas, dans quel état nous sommes ; le bataillon du 5e que je croyais très sûr, s'est joint à Buonaparte entre les lacs de Laffrey ; voilà Orléans parti ; il paraît que le restant de la garnison nous pétera dans la main » ..." (Déposition du général Daumas in Chuquet A., « Lettres de 1815, Première Série », Paris, 1911 ; p. 140).
Le 8 mars 1815 à 8 heures du soir, le Maréchal de Camp Rostollant écrit, depuis Gap, au Général Miollis (lettre écrite par Sonnet) : "J'ai eu l'honneur de vous prévenir ce matin à 9 heures que mon général marchait sur les derrières de Buonaparte et qu'il devait être à Saint-Bonnet quelques heures après. Je reçois à l'instant une dépêche de lui qui m'annonce que les troupes de Grenoble, en présence avec celles de Buonaparte, n'ont voulu avoir aucune conversation ensemble. La nuit, le général de Buonaparte a fait retirer ses troupes à une lieue de La Mure. Les troupes royales (5e de ligne), fidèles à leur serment, se sont retirées sur les hauteurs de la ville de Vizille. Buonaparte ne peut plus avancer ; les portes de la ville de Grenoble lui sont fermées, et les autres passages, pour pénétrer en France, gardés, de manière qu'il ne lui reste pour toute ressource que de rétrograder sur Gap ou Briançon, par le Bourg d'Oisans. D'après ces différents rapports dont mon général me charge de vous faire part par ordonnance pressée, ainsi que de l'importante position de Corps qu'il doit occuper cette nuit ou demain matin, je présume, mon général, que vous dirigerez votre marche sur ce point. J'ai eu l'honneur de vous dire que mon général n'avait que 600 hommes qui n'avaient pas un très bon esprit ; mais il est à croire que cette circonstance les ramènera au devoir et à la soumission qu'ils doivent au Roi" (Chuquet A., « Lettres de 1815, Première Série », Paris, 1911 ; p. 75).
"Grenoble, le 9 mars 1815.
Relation des événements qui se sont passés à Grenoble depuis le 4 mars.
… La garnison fut augmentée ; le 7e et le 11e régiment de ligne le 7 arrivèrent de Chambéry ; le 4e des hussards entra peu de temps après dans la ville, quittant sa garnison de Vienne ...
L'empereur était à La Mure dès le 6 au soir ; le 7, ses avant-postes occupaient Vizille de bonne heure : ce dernier bourg n'étant qu'à trois lieues de Grenoble, on ne douta pas que l'entrée de S. M. n'eût lieu ce même jour.
Elle tardait trop au gré de ses soldats, et ses soldats coururent au-devant d'elle ; à quatre heures après-midi, le 7e régiment sortit de la ville, ayant à sa tête le colonel Henry de la Bedoyer, qui courut offrir à l'Empereur sa personne et son régiment.
Une partie du 5e avait déjà rejoint Sa Majesté dans la même journée, à cinq lieues en avant de la ville et le reste de la garnison ne tenait plus : la nuit arriva, et le résultat de ces événements paraissait devoir être attendu jusqu'au lendemain, lorsqu'à huit heures et demie, une avant-garde de lanciers polonais se présente à la porte de Bonne, qui était fermée, et demande qu'elle soit ouverte.
Les troupes qui occupaient le rempart répondent par les cris de vive l'Empereur ! la porte s’ouvre ; l'avant-garde entre ; tous les citoyens accourent à la lueur des flambeaux, et presque aussitôt l'Empereur parait, seul, à la tête et en avant de son armée.
Une foule immense se précipite sur son passage ; tout se mêle, soldats et citoyens, et tous confondent leurs cris et leurs sentiments dans l'enthousiasme qu'inspire la présence du Souverain. S. M. alla occuper l'hôtel des Trois Dauphins, que la foule n'a cessé d'entourer, en faisant retentir l'air des cris de son allégresse.
M. le maire de la ville et plusieurs autres fonctionnaires se présentèrent aussitôt à S. M Au même instant, on distribua les proclamations de S M., qui furent répandues dans tous les quartiers de la ville" (Pièces et actes officiels extraits du Moniteur, première partie 1815, p. 35).
" Extrait du Moniteur du 23 mars 1815.
Paris, 22 mars 1815
RELATION DE LA MARCHE DE NAPOLÉON DE L'ÎLE D'ELBE A PARIS.
… A deux heures après midi, le 6, l'Empereur partit de Gap …
… On avait imprimé à Gap plusieurs milliers des proclamations adressées par l'Empereur à l'armée et au peuple, et de celles des soldats de la Garde à leurs camarades. Ces proclamations se répandirent avec la rapidité de l'éclair dans tout le Dauphiné.
Le même jour, l'Empereur vint coucher à Corps. Les 40 hommes d'avant-garde du général Cambronne allèrent coucher jusqu'à la Mure. Ils se rencontrèrent avec l'avant-garde d'une division de 6,000 hommes de troupes de ligne qui venait de Grenoble pour arrêter leur marche. Le général Cambronne voulut parlementer avec les avant-postes. On lui répondit qu'il y avait défense de communiquer. Cependant cette avant-garde de la division de Grenoble recula de trois lieues et vint prendre position entre les lacs, au village de Laffrey.
L'Empereur, instruit de cette circonstance, se porta sur les lieux. Il trouva sur la ligne opposée un bataillon du 5e de ligne, une compagnie de sapeurs, une compagnie de mineurs, en tout, 7 ou 800 hommes. Il envoya son officier d'ordonnance, le chef d'escadron Roul, pour faire connaître à ces troupes la nouvelle de son arrivée ; mais cet officier ne pouvait se faire entendre : on lui opposait toujours la défense qui avait été faite de communiquer. L'Empereur mit pied à terre et alla droit au bataillon, suivi de la Garde portant l'arme sous le bras. Il se fit reconnaître et dit que le premier soldat qui voudrait tuer son Empereur le pouvait. Le cri unanime de Vive l'Empereur ! fut leur réponse. Ce brave régiment avait été sous les ordres de l'Empereur dès ses premières campagnes d'Italie. La Garde et les soldats s'embrassèrent. Les soldats du 5e arrachèrent sur-le-champ leurs cocardes et prirent, avec enthousiasme et la larme à l'œil, la cocarde tricolore. Lorsqu'ils furent rangés en bataille, l'Empereur leur dit :
« Je viens avec une poignée de braves, parce que je compte sur le peuple et sur vous. Le trône des Bourbons est illégitime, puisqu'il n'a pas été élevé par la nation ; il est contraire à la volonté nationale, puisqu'il est contraire aux intérêts de notre pays, et qu'il n'existe que dans l'intérêt de quelques familles. Demandez à vos pères ; interrogez tous ces habitants qui arrivent ici des environs : vous apprendrez de leur propre bouche la véritable situation des choses. Ils sont menacés du retour des dîmes, des privilèges, des droits féodaux et de tous les abus dont vos succès les avaient délivrés. N'est-il pas vrai, paysans ? »
— « Oui, sire, répondent-ils tous d'un cri unanime ; on voulait nous attacher à la terre. Vous venez, comme l'ange du Seigneur, pour nous sauver. »
Les braves du bataillon du 5e demandèrent à marcher des premiers sur la division qui couvrait Grenoble. On se mit en marche au milieu de la foule d'habitants, qui s'augmentait à chaque instant.
Vizille se distingua par son enthousiasme. « C'est ici qu'est née la Révolution ! disaient ces braves gens. C'est nous qui, les premiers, avons osé réclamer les privilèges des hommes ! C'est encore ici que ressuscite la liberté française et que la France recouvre son honneur et son indépendance ! »
Quelque fatigué que fût l'Empereur, il voulut entrer le soir même dans Grenoble.
Entre Vizille et Grenoble, le jeune adjudant-major du 7e de ligne vint annoncer que le colonel Labédoyère, profondément navré du déshonneur qui couvrait la France et déterminé par les plus nobles sentiments, s'était détaché de la division de Grenoble et venait avec le régiment, au pas accéléré, à la rencontre de l'Empereur. Une demi-heure après, ce brave régiment vint doubler la force des troupes impériales ; à neuf heures du soir, l'Empereur fit son entrée dans le faubourg de Saint-Joseph. On avait fait rentrer les troupes dans Grenoble, et les portes de la ville étaient fermées. Les remparts qui devaient défendre cette ville étaient couverts par le 3e régiment du génie, composé de 2,000 sapeurs, tous vieux soldats couverts d'honorables blessures ; par le 4e d'artillerie de ligne, ce même régiment où, vingt-cinq ans auparavant, l'Empereur avait été fait capitaine ; par les deux autres bataillons du 5e de ligne, par le 11e de ligne et les fidèles hussards du 4e. La garde nationale et la population entière de Grenoble étaient placées derrière la garnison, et tous faisaient retentir l'air des cris de Vive l'Empereur ! On enfonça les portes, et, à dix heures du soir, l'Empereur entra dans Grenoble au milieu d'une armée et d'un peuple animés du plus vif enthousiasme ...
Cependant le comte d'Artois, le duc d'Orléans et plusieurs maréchaux étaient arrivés à Lyon ! L'argent avait été prodigué aux troupes, les promesses aux officiers ! On voulait couper le pont de la Guillotière et le pont Morand. L'Empereur riait de ces ridicules préparatifs ; il ne pouvait avoir de doutes sur les dispositions des Lyonnais, encore moins sur les dispositions des soldats. Cependant il avait donné ordre au général Bertrand de réunir des bateaux à Mirbel, dans l'intention de passer dans la nuit et d'intercepter les routes de Moulins et de Mâcon au prince qui voulait lui interdire le passage du Rhône. A quatre heures une reconnaissance du 4e de hussards arriva à la Guillotière et fut accueillie aux cris de vive l'Empereur ! par cette immense population d'un faubourg qui toujours s'est distingué par son attachement à la patrie. Le passage de Mirbel fut contremandé, et l'Empereur se porta au galop sur Lyon à la tête des troupes qui devaient lui en défendre l'entrée.
Le comte d'Artois avait tout fait pour s'assurer les troupes. Il ignorait que rien n'est possible en France quand on y est l'agent de l'étranger et qu'on n'est pas du côté de l'honneur national et de la cause du peuple ! Passant devant le 13e régiment de dragons, il dit à un brave que des cicatrices et trois chevrons décoraient : Allons, camarade, crie donc vive le Roi. « Non, Monsieur, répond ce brave dragon, aucun soldat ne combattra contre son père ! je ne puis vous répondre qu'en criant vive l'Empereur. » Le comte d'Artois monta en voiture et quitta Lyon escorté d'un seul gendarme.
A neuf heures du soir l'Empereur traversa la Guillotière presque seul, mais environné d'une immense population.
Le lendemain 11 il passa la revue de toute la division de Lyon, et, le brave général Brayer à la tête, il se mit en marche pour avancer sur la capitale.
… L'Empereur déjeuna le 17 à Vermanton, et vint à Auxerre, où le préfet Gamot était resté fidèle à son poste. Le brave 14e avait foulé aux pieds la cocarde blanche. L'Empereur apprit que le 6e de lanciers avait également arboré la cocarde tricolore et se portait sur Montereau pour garder ce pont contre un détachement de gardes du corps qui voulait le faire sauter. Les jeunes gardes du corps, n'étant pas encore accoutumés aux coups de lances, prirent la fuite à l'aspect de ce corps, et on leur fit deux prisonniers.
… Le 21, à une heure après midi, l'Empereur a passé la revue de toutes les troupes qui composaient l'armée de Paris … Un instant après le général Cambronne et des officiers de la garde du bataillon de l'île d'Elbe parurent avec les anciennes aigles de la garde …" (Pièces et actes officiels extraits du Moniteur, première partie 1815, p. 39 (Extrait du Moniteur du jeudi 23 mars 1815) ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.3, p. 135; Correspondance de Napoléon, t. 28, 21690).
"Paris, le 25 mars.
S. M. a passé aujourd'hui en revue dans la cour des Tuileries dix régiments d'infanterie ; six régiments de cavalerie ; deux régiments d'artillerie et un régiment du génie. Une partie de ces troupes était venue à marches forcées par un mouvement spontané et brûlant du désir de revoir l'Empereur. Les unes portaient leurs anciens aigles qu'elles avaient dérobés à toutes les recherches ; les autres avaient des drapeaux aux trois couleurs sur lesquels les aigles étaient peints. Il ne manquait à tous ces corps ni un officier, ni un soldat, à la seule exception du colonel du 4e régiment d'infanterie qui avait été destitué pour sa mauvaise conduite.
… « Soldats, a repris l'Empereur, je veux donner devant vous un témoignage particulier de ma satisfaction à la brave garnison de Grenoble. Je le sais, tous les régiments français auraient agi comme elle. Je veux aussi témoigner ma reconnaissance à ce brave bataillon du 5e et à cette compagnie de mineurs qui, placés dans un défilé, vinrent en entier se ranger autour de leur Empereur, qui seul s'offrait à leurs coups. Ils ont bien mérité du peuple français, de moi et de vous-mêmes. — Ici les acclamations ont redoublé, et n'ont plus permis à l'Empereur que de dire ces mots : Soldats, vous serez constamment fidèles à la grande cause du peuple, à l'honneur français et à votre Empereur" (Pièces et actes officiels extraits du Moniteur, première partie 1815, p. 69).
"EXTRAIT DU MONITEUR. Du mercredi 5 avril 1815.
Lyon, le 24 mars.
La division que commande M. le général baron Mouton-Duvernet, et qui est arrivée dans nos murs ces jours derniers, se compose du 1er régiment de Flanqueurs de la garde de Sa Majesté, d'un bataillon du 5e régiment d'infanterie de ligne, du 39e et du 49e d'infanterie de ligne. M. le général Mouton-Duvernet a sous ses ordres M. le général de brigade Rostolland, et M. l'adjudant-commandant Servant, faisant fonctions de général de brigade.
MM. les officiers-généraux, d'état- major, supérieurs, et autres de cette division, ont exprimé, par l'organe de M. le général Mouton-Duvernet, dans une lettre adressée à S. Exc. le grand maréchal comte Bertrand, leur dévouement absolu à la personne de S. M. l'Empereur ; ils sont prêts à verser tout leur sang pour la gloire et le bonheur de la France. Toute la division est animée des mêmes sentiments, et les a manifestés à son arrivée à Lyon.
En vertu d'ordres de S. Ex., Mgr le prince d'Eckmühl, ministre de la guerre, cette division doit rester à Lyon jusqu'à ce qu'elle reçoive une destination nouvelle. Ces troupes serviront à maintenir l'ordre, à contenir les ennemis de la France, à prévenir et arrêter les complots des malveillants" (Pièces et actes officiels extraits du Moniteur, première partie 1815, p. 198).
"EXTRAIT DU MONITEUR. Du jeudi 6 avril 1815.
Grenoble, le 31 mars.
Les généraux Chabert et Gardanne se sont embrassés aux cris de vive l'Empereur ! dans les environs de Gap. L'un des officiers supérieurs qui accompagnait le général Gardanne, a demandé la cocarde tricolore pour la remettre à son colonel, celui du 58e régiment. A la première entrevue de nos avant-postes, le 58e s'est jeté dans les bras des braves du 5e de ligne et des gardes nationales de l'Isère. Les autres régiments faisant partie des colonnes marseillaises, ont fait connaître leurs dispositions. Les généraux Chabert et Gardanne sont arrivés à la Mûre, aujourd'hui à une heure du matin. Ces nouvelles, répandues dans les départements de l'Isère, de la Drôme et du Rhône, vont y ajouter à la parfaite disposition des esprits" (Pièces et actes officiels extraits du Moniteur, première partie 1815, p. 217).
Fin mars 1815, un "Projet de répartition des militaires l'appelés aux drapeaux en sept dépôts généraux où ils seraient armés, habillés et instruits. Fin mars 1815". Le 5e de Ligne à Grenoble fait partie de la 7e Division militaire; il doit être fourni par le Département des Hautes-Alpes, et son Dépôt doit être établi à Dijon (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2972).
Le 2 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Davout : "Il sera formé une 18e division d'infanterie. Cette division sera commandée par le général Girard et partira de Paris pour se réunir à Belfort. Elle sera composée du 5e de ligne, du 14e de ligne, du 20e de ligne et du 24e de ligne. Nommez deux bons généraux de brigade, de ceux déjà employés à la division du général Girard, ou des généraux Brayer ou Jeanin. Cette division aura une batterie d’artillerie, une compagnie de sapeurs et tout ce qui est nécessaire. Elle restera en observation à Belfort jusqu’à nouvel ordre. On y réunira une brigade de cavalerie légère de la 9e division qui sera formée probablement avec les régiments de cavalerie qui sont à Paris. Il restera alors à Paris le 7e, le 11e et le 72e qui formeront la division Brayer ; il restera aussi les régiments qui viendront d'Orléans, cavalerie et infanterie" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2875; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39182 mais avec 2 erreurs : le 7e à la place du 5e et en date le 1er avril à la place du 2. Le document original donne bien le 5e et la date du 2).
Le 3 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, Ministre de la Guerre, à Paris : "Mon Cousin, le 6e corps sera composé de la manière suivante, savoir : de la 18e division d'infanterie, commandée par le général Girard, qui partira demain de Paris pour Belfort, comme je l'ai déjà mandé, et qui sera composée des 5e, 14e, 20e et 24e régiments ; de la 19e division, qui sera commandée par le général Brayer et composée des 7e, 72e, 11e et 27e régiments (cette division restera à Paris) ; de la 20e division, qui sera composée des 5e léger, 88e, 44e et 40e (cette division devra se réunir à Paris ; vous ne la ferez venir que quand on le pourra sans inconvénient) ; de la 21e division ; le 15e de ligne, le 26e, le 61e et le 8e léger formeront cette 21e division, qui se réunira entre la Loire et la Dordogne ; elle restera là jusqu'à nouvel ordre.
Ce corps sera sous les ordres du comte de Lobau ; il sera ainsi composé de seize régiments ..." ( Correspondance de Napoléon, t. 28, 21765 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39200).
Le même 3 avril 1815, à huit heures du soir, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, Ministre de la Guerre, à Paris : "Mon Cousin, vous trouverez ci-jointe une dépêche télégraphique. Donnez ordre à la division Girard, qui devait partir demain pour se rendre du côté de Belfort, de partir avant le jour, pour se rendre en poste à Lyon. Au lieu du 5e de ligne, vous y mettrez le 7e, et le 5e restera à Paris. Faites connaître au général Girard ce dont il s'agit, afin qu'il mène avec lui deux bons généraux de brigade, de ceux dont il peut être sûr ..." (Correspondance de Napoléon, t. 28, 21766 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39201)
Le 3 avril 1815 également, Davout écrit, à 10 heures du soir, à Lobau : "D'après de nouvelles dispositions, l'intention de Sa Majesté est qu'au lieu de se rendre à Belfort, la division Girard se dirige sur-le-champ et en poste sur Lyon. Sa Majesté ne fait aucun changement à la composition de cette division, si ce n'est qu'au lieu du 5e régiment de ligne, vous ferez partir le 7e" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2983).
Le 4 avril 1815, à Paris, l'Empereur est informé que "Un détachement du 39e, sorti de Mont Lion pour suivre S. M. vers sa capitale, est à Vaugirard, et le colonel le redemande ; mais les militaires qui le composent — et c'est l'élite — craignent de rentrer dans leur régiment et manifestent hautement l'intention de déserter si on les y contraint. De même, le détachement du 59e venu de Metz. Le comte de Lobau propose d'incorporer ces hommes dans la garde ou dans les deux régiments, 5e et 72e, qui sont à Paris". Il répond : "Je verrai ces soldats à la parade" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2879 - Note : Mont Lion ou Mont-Dauphin dans les Hautes-Alpes).
Dans son Rapport adressé au Ministre de la Guerre, le Général Debelle écrit : "... Il m'arriva, le 4 au soir, un bataillon du 5e de ligne commandé par M. le major Rascosso, deux pièces de 6 et un obusier envoyés de Grenoble, et le 5 arrivèrent les gardes nationales de Moizans, Voiron, Rives, Tain, etc., qui avaient été armées dans leurs communes par les soins de M. le général Lasalcette …" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 343).
Le 5 avril 1815, à dix heures, le Général Grouchy écrit, de Lyon, au Général Lasalcette à Grenoble : "J'ai reçu, général, vos diverses dépêches. Les dispositions que vous avez prises ont toutes mon assentiment ... Si les insurgés marchent sur Lyon, de Romans qu'ils occupent, il faut les fortement inquiéter sur leurs flancs, soit qu'ils attendent des renforts ou qu'ils soient incertains sur leurs mouvements ultérieurs, tant il y a, ils n'ont rien fait hier contre le général Piré, qui réoccupe Tain. Dès que vous pourrez me renvoyer le bataillon du 58e qui vous reste, ne manquez pas de le faire. Vous garderez le bataillon du 5e, qui, s'il était forcé à Saint-Marcellin, se repliera sur Grenoble, et, avec vos autres moyens, vous formerez une garnison suffisante pour défendre cette ville si importante contre un corps aussi peu outillé que celui des insurgés.
J'attends sous deux jours des troupes de Paris qui me mettront, j'espère, bientôt à même de prendre l'offensive.
Veuillez, général, correspondre bien fréquemment avec moi et tâchez d'avoir des renseignements précis sur les positions des troupes sardes et les intentions de la cour de Turin" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 278).
Le 7 avril 1815, à Paris, on informe l'Empereur que : "La garnison de Caen, depuis le départ des deux premiers bataillons du 5e régiment de ligne, est réduite au dépôt de ce corps composé de 300 hommes ; le général Vedel, commandant la 14e division militaire, expose qu'il faut imposer aux malintentionnés qui sont nombreux et demande l'autorisation de faire venir à Caen le dépôt du 9e régiment de chasseurs (193 hommes) qui se trouve à Falaise où il est inutile et mal établi ; il n'y a qu'une seule journée de marche de Falaise à Caen"; "Approuvé", répond l'Empereur (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 3019). Ne serait-ce pas plutôt le 5e Léger dont il est question ici ?
Le 8 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je vous envoie le tableau que j'ai rédigé pour la répartition des militaires rappelés. Vous y verrez que j'appelle dans la 1re division tous les hommes de 31 départements. Il y a aujourd'hui à Paris 8 régiments. Je fais venir 4 dépôts de la 8e et 4 de la seconde et de la 5e.
Il y aura donc 16 dépôts à Paris, auxquels 31 départements fourniront, ce qui fera près de 2 départements par dépôt ; mais la Jeune Garde ayant 12 régiments à compléter, tous ces hommes seront nécessaires. Pour tout le reste, j'envoie les hommes en droite ligne à un dépôt voisin. J'ai même pour principe de faire passer les hommes d'un département, dans un autre de la même division. Vous pourrez placer dans des villes voisines de Paris, les 8 dépôts qui doivent arriver. Il faut que ces régiments, avec leur dépôt, fassent partir les 3e, 4e, et 5e bataillons. On peut donc avoir de quoi compléter ici 2 bataillons par régiment ou 32 bataillons, ce qui fera une réserve.
Je fais venir ici tous les hommes de la Provence. Quelque inconvénient qu'il puisse y avoir, je pense que ce déplacement est nécessaire. Si nous venons à nous apercevoir qu'un département ne puisse pas fournir à 2 ou 3 régiments, comme il est porté au tableau, nous verrons à faire venir à Paris un de ces régiments.
II faut mettre un inspecteur à la tête des 16 dépôts de Paris. Donnez à chacun de ces régiments ce qui est nécessaire pour habiller 1 000 hommes et en outre, faire un marché pour avoir à Paris un magasin de 20 000 habillements complets ...
Annexe
Répartition des militaires rappelées aux drapeaux
Dépôt garnison ...
4e dépôt à Dijon
7e division militaire
Alpes Hautes : 5e de ligne à Grenoble ; 24e de ligne à Lyon ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39235).
Le 21 avril 1815, à Paris, on demande à l'Empereur : "Quel lieutenant-général, Brayer ou Semelle, prendra le commandement de la 19e division d'infanterie au 6e corps d'observation ?"; Napoléon répond : "La division composée des 5e, 72e, et 27e et 36e : Brayer" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2902).
Le 1er mai 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Davout : "Donnez ordre que le dépôt du 5e régiment de ligne et celui du 11e qui sont dans la 7e division militaire se rendent l'un et l'autre à Dijon. Instruisez tons les commissaires des guerres et les préfets de celle disposition, afin qu'ils dirigent tous les semestriers et les recrues de ces deux régiments sur Dijon" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 1126 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39472).
L'Empereur lève une nouvelle armée à partir de ce que la Restauration avait laissé et confie les frontières aux Gardes Nationales. Puis il se dirige sur la Belgique en juin.
Le 5e de Ligne se retrouve au 6e Corps du Général Mouton, 19e Division Général Simmer.
Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations :
... 19e division :
Le 5e de ligne dont le dépôt a ordre de se rendre à Dijon, se rendra à Saulieu. Le même ordre sera donné au 11e de ligne.
Le 11e de ligne fera partir 500 hommes pour recruter les trois premiers bataillons et les porter à 1800 hommes. Ensuite il fera partir son 4e bataillon pour le 6e corps.
Le 5e de ligne fera partir 300 hommes pour compléter les deux premiers bataillons et aussitôt que possible, il fera partir son 3e bataillon.
Le 27e de ligne fera partir 300 hommes d'augmentation pour recruter les deux premiers bataillons.
Le 84e fera partir de Clermont-Ferrand 500 hommes pour recruter ses deux premiers bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39651).
Le 25 mai 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, j’approuve que le 4e bataillon du 23e de ligne, que le 4e bataillon du 37e qui sont à Dijon, que le 3e du 92e qui est à Chalons et qui appartiennent tous les trois au 3e corps, s’ils sont forts de plus de 500 hommes et qu’ils soient habillés et équipés se dirigent sur Laon ; mais s’ils ne sont pas équipés, s’ils ne sont pas habillés et s’ils n’ont pas moyen de l’être promptement où ils se trouvent, qu’ils se dirigent sur Paris où vous ferez tenir prêt tout ce qu’il leur faut. Donnez le même ordre pour le 3e bataillon du 5e et pour le 4e bataillon du 11e. S’ils n’ont pas l’habillement, qu’ils viennent à Paris. Il serait bien important d’avoir ces 5 bataillons en bon état pour en augmenter l’armée active. Il faudrait charger des colonels à la suite ou des adjudants-commandants de recevoir ces bataillons qui pourraient s’arrêter à Corbeil ; de les organiser, habiller et armer au fur et à mesure de leur arrivée. Après cette revue, ils les dirigeront sur l’armée. Je ne pense pas qu’il faille faire venir ces bataillons par portions de 60 hommes ; mais je crois qu’aussitôt qu’il y aura 250 hommes, on pourra faire partir un demi-bataillon qui attendra le reste à Corbeil" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39800).
Le 26 mai 1815, Davout, à Paris, rédige la note suivante : "L'Empereur approuve que le 4e bataillon du 23e, le 4e du 37e qui sont à Dijon, le 3e du 92e qui est à Châlons et qui appartiennent tous trois au 3e corps, s'ils sont forts de plus de 500 hommes et qu'ils soient habillés et équipés, se dirigent sur Laon ; sinon, qu'ils se dirigent sur Paris où je leur ferai tenir prêt tout ce qu'il leur faut. Il faut donner le même ordre pour le 3e bataillon du 5e et le 4e bataillon du 11e : il serait bien important d'avoir ces cinq bataillons en bon état pour augmenter l'armée active. Il faut charger des colonels à la suite ou des adjudants com mandants de recevoir ces bataillons qui pourraient s'arrêter à Corbeil et de les organiser, habiller et armer au fur et à mesure de leur arrivée ; après cette revue, ils se dirigeront sur -l'armée. L'Empereur ne pense pas qu'il faille les faire venir par portions de 60 hommes ; mais il croit qu'aussitôt qu'il y aura 250 hommes, on pourra faire partir un demi bataillon qui attendra le reste à Corbeil" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 3302).
Les alliés ont rassemblé deux armées en Belgique : l'armée anglo-hollandaise, réunie au sud de Bruxelles, sous les ordres du Duc de Wellington, et l'armée saxo-prussienne s'étendant de Charleroi à Liège, sous le commandement de Blücher. Napoléon se propose de les battre séparément.
Le 16 Juin, l'ordre est envoyé au Maréchal Ney d'occuper les Quatre-Bras, noeud des routes de Nivelles à Namur et de Bruxelles à Charleroi, avec mission de contenir les Anglo-hollandais pendant que Napoléon écrasera l'armée de Blücher en arrière de Ligny. Ney doit se replier à la fin de la journée, mais la défaite des Prussiens à Ligny pousse Wellington à se positionner en retrait vers Mont Saint-Jean, de part et d'autre de l'axe Charleroi Bruxelles, avec trois points fortifiés : Hougoumont, la Haye Sainte et la Papelotte.
Les Prussiens réussissent à se replier sur Wavre; ils doivent être poursuivis par Grouchy avec les 3e et 4e Corps.
Lorsque l'Armée de l'Empereur reprend contact avec Wellington, le 6e Corps est à l'aile droite du dispositif français. Une première attaque de diversion, le 18 Juin, sur Hougoumont est un échec.
Vers 13 heures, le 1er Corps, au centre du dispositif français, entre en action contre la Haye Sainte et la Papelotte. Mais il est repoussé et s'ensuivent charges et contre charges des cavaleries adverses. Vers 15 heures, la Haye Sainte est de nouveau attaquée. Devant le repli de Wellington, Ney lance des charges de cavalerie contre les carrés anglais. C'est dans le même temps que les Prussiens, qui ont pu échapper à Grouchy, arrivent sur le flanc droit des Français et progressent vers Plancenoit. Le 6e Corps essaye de bloquer leur progression et recule pied à pied, soutenus par des éléments de la Garde envoyés par l'Empereur. Le 5e de Ligne a de très nombreux Officiers tués ou blessés (cf Martinien).
Alors que les forces anglaises vont sans doute finir par plier face aux attaques, la progression prussienne sur le flanc droit des Français se trouve amplifiée par de nouveaux renforts. Napoléon joue alors son “va tout” en lançant ses dernières réserves de la Garde face aux Anglais. Mais l'attaque est brisée. Et Wellington fait avancer sa ligne de bataille. Pour l'armée française, c'est la fin. La panique gagne les troupes qui se replient en désordre.
Pendant ce temps, Grouchy réussit à replier ses forces sur la frontière. Ce sont les dernières réserves disponibles pour cette armée du Nord. Les restes des 1er, 2e, 6e Corps et la Garde sont à Avesnes. On essaye de les réorganiser. Le 20 juin, l'Empereur est à Laon puis rejoint Paris, laissant le commandement des troupes à Soult.
Alors que les Coalisées progressent sur toutes les frontières Est, on se prépare un nouvelle fois à défendre Paris. L'Empereur doit abdiquer, mais le combat continue. Les premières places fortes frontalières sont assiégées. Cambrai tombe le 23 juin.
Le 24 juin 1815, le Major général écrit de Soissons, au Ministre de la Guerre :"… Qu'on lui envoie une lettre du général Morgan, datée de Saint-Quentin, et une lettre du commandant de la Fère ; qu'il est douteux que l'on puisse contenir la garnison de Laon, et que le général Langeron écrit que les bataillons des 5e et 100e régiments de ligne ont voulu en partir ..." (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 4, p. 400).
La progression continue et les Prussiens sont à Compiègne le 26. Les forces françaises, démoralisées, reculent sur Paris, livrant de petits combats de retardement. Le 6e Corps d'armée, où servait le 5e de Ligne, ne compte plus que 2800 hommes !
L'encerclement de la capitale se produit à la fin du mois. Parmi les forces (environ 70.000 hommes) qui défendent Paris, le 6e Corps, placé sous les ordres de Reille avec le 2e Corps, se positionne autour de La Chapelle. Après quelques combats, Paris capitule le 3 Juillet. L'ex armée impériale doit se replier sur la Loire pour être licenciée.
/ Les uniformes du 5e de Ligne
Figure 1 : "Eclaireur" du Bataillon d’Elite de la 5e Demi-brigade de Ligne en 1801. D’après les souvenir du Général Baron Teste, qui commandait à l’époque la Demi-brigade, les Grenadiers du Bataillon d’élite de la 5e de Ligne avaient tous le bonnet d’oursin et l’on avait distribué aux Eclaireurs des shakos qui faisaient alors leur apparition dans l’infanterie légère avec des plumets et épaulettes vertes ; ces Eclaireurs étaient donc les ancêtres des futurs Voltigeurs, tandis que les shakos ne feraient leur apparition officielle dans l’infanterie de ligne qu’en 1806-1807.
Figure 2 : Grenadier du 5e de Ligne en 1805. C’est la tenue classique de l’infanterie de Ligne avec bonnet d’oursin et les distinctives de Grenadiers (épaulettes, dragonne du sabre briquet et plumet écarlates, grenades aux retroussis, etc …).
Figure 3 : Tambour-major du 5e de Ligne en 1807-1809 (d’après Rigo et Valmont). Vêtu d’un surtout bleu céleste galonné et soutaché d’argent, et d’un chapeau noir de même, notre Tambour-major a dû voir sa tenue changée en 1807 au moment où le Régiment était un peu plus au calme en Dalmatie. Le gilet est blanc cassé et la culotte (aussi soutachées d’argent) entre dans des bottes noires galonnées d’argent. On s’attendrait à voir du doré pour du galonnage d’Infanterie de Ligne mais la fantaisie domine dans les têtes de colonne. Il semble que l’on ait pensé pour le Régiment, selon le règlement de 1806, le fait de lui attribuer une tenue blanche avec boutons blanc, ce qui aurait nécessité du galonnage argent, que l’on a peut-être utilisé à cette occasion. Une lettre du Colonel, de mai 1807, signalée par Rigo, évoque ce fait. Notre homme s’appelle alors Clément Meunier. Il devrait porter, outre ses galons de Sergent-major, deux chevrons d’ancienneté, en raison de ses états de service.
Figure 3bis : Tambour-major d'infanterie par Martinet. Nous mettons en parallèle ce Tambour-major sans précision de Régiment, dans la suite de Martinet. Même tenue que notre Tambour-major du 5e de Ligne mais les galonnage or. Ce qui est plus conforme à de l'Infanterie de Ligne.
Figure 3ter : Tambour-major d'infanterie par Martinet, galonnage argenté.
Figure 4 : Fusilier du 5e de Ligne en 1809 (d’après Collection Carl). La tenue du Fusilier est assez classique. Le shako est orné d’une plaque losangique de cuivre modèle 1806 avec Aigle et numéro du Régiment. Cordon et raquettes blancs. L’originalité consiste en ce plumet bleu à sommet rouge de même que la dragonne du sabre briquet. Les guêtres sont blanches en grande tenue d'Eté. Les ornements de retroussis semblent être losangiques.
Figure 5 : Grenadier du 5e de Ligne en Espagne (Catalogne vers 1812), d’après El Guil. Notre Grenadier est en tenue de campagne. On remarque que le bonnet d’oursin est toujours porté pour les Grenadiers du Régiment. Il est ici recouvert d’une protection en toile cirée. On remarquera aussi le pantalon de route de toile bleue et la capote bleue portée sur le sac. Les pattes de parements blanches sont inhabituelles. Classiquement, les retroussis sont ornés de grenades écarlates, de même que sont portées les épaulettes écarlates. Un bidon est amarré sur le sac : il est commun à 4 ou 5 hommes.
Figure 6 : Tambour-major du 5e de Ligne en 1810, dessin de Rigo, d'après El Guil. La tenue de notre Tambour-major s’est un peu modifiée depuis 1807. Si l’habit reste le même, bleu céleste fermant sur le devant par boutons argentés, Retroussis blancs, le tout largement soutaché et galonné d’argent, le chapeau noir voit son galonnage argent plus simple. Une aigrette blanche sortant de plumes blanches remplace le plumet. La culotte et le gilet sont désormais bleu céleste, tandis que ceinturon et baudrier sont désormais cramoisi et galonnés d’argent. On peut supposer que les Musiciens régimentaires portent eux aussi un surtout bleu céleste plus simple, galonné seulement d’argent au collet et parements.
Figure 7 : Voltigeur du 5e de Ligne (grande tenue) vers 1811. Le shako n’a pas encore de galonnage chamois comme dans d’autres Régiments pour leurs Voltigeurs. La fonction de Voltigeur est affirmée par le plumet, le collet, les épaulettes et les pattes de parements : jaune (chamois) passepoilé de rouge. La plaque est du modèle à soubassement 1810 (voir photo dans l’article). Le cordon tressé et les raquettes qui ornent le shako restent blancs. On peut penser que des cors de chasse ornent les retroussis, de même que la patelette de la giberne. En tant que Compagnie d’élite, les Voltigeurs gardent leur sabre briquet, qui doit être orné d’une dragonne jaune et rouge.
/ Les drapeaux du 5e de Ligne
Après avoir reçu en 1797 3 drapeaux modèle Armée d’Italie et en avoir perdu un à Ferrare en mai 1799, la 5e Demi-brigade de Ligne se voit attribuer trois nouveaux drapeaux modèles 1794 à la fin de 1799.
Fin 1804, elle amène un de ces drapeaux à la remise des Aigles du 5 décembre. Ayant laissé son ancien drapeau au cours de cette cérémonie et le voyant piétiné par une foule en liesse, le Régiment rompt les rangs pour protéger son ancien emblème. Le Colonel Teste en récupèrera la cravate.
Le Régiment se voit attribuer 4 Aigles et drapeaux modèle 1804.
Aigle et drapeau pris à Caldiero, 1805 (Heeresgeschichtlische Museum, Vienne) |
Le Régiment perd l’Aigle du 1er Bataillon à Caldiero (il est aujourd’hui au Heeresgeschichtlische Museum à Vienne) et voit celle du second Bataillon abimée.
Le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon. Quant au corps du général Oudinot, il faut que chaque bataillon fasse faire un petit drapeau d'un simple morceau de serge tricolore, portant d'un côté le numéro de la demi-brigade et de l'autre le numéro du bataillon, comme, par exemple, 4e bataillon du 6e d'infanterie légère d'un coté, et de l'autre 1re demi-brigade légère, etc. Il faut faire pour cela très-peu de dépense. J'en ferai faire de très-belles, que je donnerai moi-même aussitôt que possible" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).
Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).
Il y a toujours trois Aigles en service en 1812. Deux sont alors renvoyées au Dépôt. Un nouveau drapeau modèle 1812 portant Wagram est attribué au Régiment. L’étoffe ne rejoint pas le Régiment, alors en Espagne.
A la première Restauration, le 5e de Ligne devient Régiment d’Angoulême. Le gouvernement provisoire du 1er Avril 1814 abolit les emblèmes impériaux. Le principe d'un drapeau par Régiment est conservé au 1er Bataillon, porté par un Officier, les autres Bataillons ayant des fanions. Les drapeaux sont blancs, 150 sur 150 cms, sur les bords un feston avec fleurs de lys et rosaces alternées en doré. Dans chaque angle, un carré avec le numéro du Régiment. Franges or sur les bords, cravate de taffetas blanc avec broderie de palmettes et fleurs de lys et franges or. Cordon et glands dorés. Hampe de 2,50m surmontée d'une pique dorée, ornée d'une fleur de lys découpée. A l'avers : au centre, en or bordé de noir, l'inscription : LE ROI/ AU REGIMENT/ D’ANGOULEME / 5EME D'INFANTERIE/ DE LIGNE.
L'inscription centrale est encadrée à droite par deux branches de chêne, à gauche par deux branches de lauriers, les branches liées par un ruban rouge où pendent les croix de Saint-Louis et de la Légion d'Honneur. Au revers : les armes de France couronnées entourées par les colliers des ordres du St Esprit et de St Michel, avec sceptre et main de justice, encadré par une branche de chêne et de laurier liées par un ruban rouge.
Vu le ralliement du Régiment à Napoléon après Laffrey, le drapeau royal du Régiment est sauvé par le Colonel Roussille à Grenoble. Le Régiment reçoit un nouveau drapeau modèle 1815 aux Cent Jours.