Le 23ème Régiment d'Infanterie Légère

1798-1814

Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et Soldats du 23e Léger

Avertissement et remerciements : Cet article, que nous compléterons au fur et à mesure de nos découvertes ultérieures, nous a été adressé par notre collègue du Bivouac, Didier Davin, que nous remercions tout particulièrement pour sa disponibilité et son érudition.

Formée en Germinal an 5 avec la 18e bis demi-brigade légère, le 3e bataillon de la demi-brigade du Lot et Landes, du 1er bataillon de la 7e provisoire, du Bataillon de Saint-Denis, du 2ème bataillon de Seine-et-Oise et du 4ème de l'Hérault, la nouvelle 23e Demi brigade Légère (dite de seconde formation) fait la première campagne d'Italie avec Bonaparte.

I/ DE L'ITALIE A LA CORSE, 1798-1804

Octobre 1796, la Corse est reprise des mains des Anglaispar quelques troupes de l'Armée d'Italie et des volontaires locaux. Le royaume anglo-corse s'est dissipé.

Le 3e jour complémentaire an 5 (19 septembre 1797), Bonaparte écrit, depuis le Quartier général à Passariano, au Général Berthier : "... Vous donnerez également l'ordre au général commandant la 7e division de faire partir sur-le-champ deux bataillons de la 23e d'infanterie légère pour se rendre à Milan. Vous ferez connaître au général commandant cette 7e division que mon intention est de ne laisser aucune troupe à Chambéry et de très-petits détachements à Mont-Lyon et à Briançon.
Il lui reste, d'ailleurs, un bataillon de la 23e, un de la 50e, un de la 24e, ce qui est plus que suffisant ...
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2225 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2042).

Le même 19 septembre 1797 (3e jour complémentaire an 5), Bonaparté écrit, depuis son Quartier général à Passariano, au Directoire exécutif : "… J'ai également envoyé l'ordre à deux bataillons de la 23e demi-brigade d'infanterie légère, qui ne faisaient rien à Chambéry et dans le Mont-Blanc, et dont en général l'esprit est bon, de rejoindre l'armée ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon IV Venise ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 23 (la lettre est datée du 1er jour complémentaire an 5 – 17 septembre 1797) ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 121; Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2222 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2046).

Le 15 Vendémiaire an 6 (6 octobre 1797), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, Passariano, au Général Berthier : "... Donnez l'ordre que le 3e bataillon de la 23e d'infanterie légère parte, vingt-quatre heures après le reçu de votre ordre, pour se rendre à Milan ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2281 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2135).

Le 9 novembre 1797 (19 brumaire an 6), par ordre du Général en chef Bonaparte, une lettre est expédiée depuis le Quartier général de Milan, au Général Vignolle : "... Vous voudrez bien donner l'ordre au général Guieu de partir avec la 23e demi-brigade d'infanterie légère et la 29e qu'il prendra à Crémone, et de se rendre à Padoue avec ces deux demi-brigades ...
… Vous donnerez l'ordre au reste de la division du général Masséna de partir pour se rendre à Plaisance, lorsque le général Guieu sera arrivé à Padoue avec la 29e et la 23e d'infanterie légère ...
Lorsque tous ces mouvements seront effectués, l'armée se trouvera donc placée de la manière suivante :
9e division, Guieu, à Padoue, 23e d'infanterie légère (note : à la Division Guieu devait figurer la 11e demi-brigade d’infanterie légère laissée à Padoue par le Général Masséna), 29e idem, 24e régiment de chasseurs ...
Vous voudrez bien, Général, me remettre, avant de donner ces ordres, un tableau du jour où ces différents corps feront leurs mouvements
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2332 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1, p.46).

Le 14 novembre 1797 (24 brumaire an 6), Bonaparte écrit, depuis Milan, au Général Kilmaine : "... Si des événements quelconques vous faisaient penser nécessaire de renforcer le général Baraguey d'Hilliers, vous le feriez avec la 11e demi-brigade de ligne, qui doit être a Bassano, et avec la division du général Guieux, qui se trouvera à Padoue et composée des 11e, 23e et 29e d'infanterie légère ; et enfin, si cela ne suffisait pas, par toute la division du général Serrurier, qui est à Venise, et par la grosse cavalerie, le 24e de chasseurs, le 7e de hussards, et, s'il le fallait, par toute la division de cavalerie aux ordres du général Rey.
Par ce moyen, la partie de l'armée qui est destinée à faire partie de l'armée d'Angleterre, resterait toujours placée en deçà de la Brenta …
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon IV Venise ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 98 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 195; Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2362 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2247).

Envoyée en Corse en janvier 1798, la 23e Demi-brigade puis régiment Léger va y rester 6 ans pour y maintenir l'autorité de la métropole.

Dès le début 1798, une révolte éclate dite de"A Crucetta", devant les brimades anti-religieuses de quelques jacobins fanatiques revenus avec les forces françaises. Mais globalement limitée, cette révolte, qui a aussi pour base des vendettas entre villages,n'est pas suivie par la population et elle est rapidement circonscrite.

En mars 1798, la demi-brigade est avec la 19e de Ligne et la 4ème Légère sous les ordres du général Vaubois qui commande la 23e Division Militaire. Le général Bonaparte intime au Directoire d'y solder les troupes.

Le 11 mars 1798 (21 ventôse an 6), une lettre est adressée par le Général Bonaparte depuis Paris aux Commissaires de la Trésorerie nationale : "... Je joins ... l'état des demi-brigades qui se trouvent en ce moment à Gênes et en Corse. Je désirerais savoir si la solde des troupes est assurée pour les mois de ventôse et de germinal ...
Etat des troupes qui se trouvent dans ce moment-ci en Corse.
... 23e d'infanterie légère 2,100 ...
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte (lettre datée du 25 ventôse an 6 - 15 mars 1798) ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 122 (même datation) ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 256 (idem) ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2439 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2328 ; La Jonquière C. de : «L’expédition d’Egypte, 1798-1801», t. 1. p. 216).

Le 14 mars 1798, les Instructions pour le Général en chef de l'Armée d'Italie, signées par Merlin et contresignées par Lagarde, indiquent : "Le général de l'armée d'Helvétie incorporera dans la 2e demi-brigade d'infanterie légère les éclaireurs de la 23e d'infanterie légère ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 223-224).

Dans la note de Bonaparte, adressée au Directoire exécutif, datée de Paris le 17 mars 1798 (27 ventôse an 6), on retrouve ce même ordre : "... Le général commandant l'armée d'Helvétie incorporera dans la 2e d'infanterie légère les éclaireurs de la 23e d'infanterie légère ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 127; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 261).

Ces Tirailleurs, incorporés dans la 2e Légère, doivent se rendre à Lyon, puis à Toulon.

Par ailleurs, dans une lettre adressée au Président du Directoire exécutif, et daté de Paris, le 17 mars 1798 (27 ventôse an 6), un Etat des troupes qui sont en Corse porte la 23e Légère à 2100 hommes (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 129; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 262).

Un rapport adressé, le 20 mars, au Directoire, par le Ministre de la guerre, détaille, ainsi qu'il suit, l’effectif (hommes présents sous les armes) des troupes stationnées en Corse, qui est évalué à 6.403 hommes dont, pour la 23e Légère, 2.000 hommes (La Jonquière C. de : «L’expédition d’Egypte, 1798-1801», t. 1. P. 197).

Le 2 avril 1798 (13 germinal an 6), le Général Vaubois écrit depuis Bastia, au Général Bonaparte : "… Toutes les troupes qui sont ici, la 23e d'infanterie légère entre autres, désirent d'être des expéditions projetées" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 338-339).

Le 6 avril 1798 (17 germinal an 6), le Général Vaubois écrit, depuis Bastia, au Général en chef Brune : "Je viens d'apprendre, non officiellement, mais par des personnes qui ont vu l'arrêté, que la Corse fait de nouveau partie de l'armée d'Italie. Puisque nous avons le bonheur de passer sous vos ordres, je m'empresse de vous faire part de la terrible situation dans laquelle nous nous trouvons et je suis assuré que, pénétré des conséquences affreuses qu'elle peut avoir, vous viendrez à notre secours sans perdre un instant. La division est composée :
... de la 23e d'infanterie légère ...
Toutes les troupes, officiers et soldats, sont à sept mois, six mois, cinq mois de solde et d'appointements. Un million suffira à peine pour payer l'arriéré.
Les officiers sont renvoyés de leurs pensions, ne savent où faire cuire leurs rations ; ils sont dans l'humiliation la plus grande, beaucoup sont tout nud (sic).
Le soldat est dans l'avilissement ; on en a vu demander la charité. Beaucoup vont chercher du bois dehors, et rapportent des fagots sur leurs dos pour gagner quelques sols. Ils se dégradent par toutes sortes de fonctions. Le pis de tout, c'est qu'il est près d'entrer en insurrection. Je ne fais que d'apaiser une révolte considérable dans le pays. Si une fois l'insurrection éclate dans la troupe, les ennemis de la République qu'ils ne connaitront pas s'y joindront. Nous sommes perdus. Au nom de la patrie, je vous en prie, sauvez-nous de ces cruels événements. Je ne puis répondre de rien dans des circonstances aussi difficiles. Au moins un bon acompte, tout de suite ; il ne peut être moindre de 300.000 livres.
... Je vous en dirais mille fois plus, si je voulais ; mais ça doit suffire pour exciter votre sollicitude. Venez à notre secours avec promptitude, sans quoi nous éprouverons des événements fâcheux ; mais il suffira que notre position vous soit connue.
Salut et respect.
VAUDOIS.
Je vous prie de vouloir bien faire payer mon aide de camp des frais de voyage. J'ai emprunté pour lui faire faire la course.
Payé pour le bâtiment expédié trois cents livres
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 287).

Le 14 avril 1798 (25 germinal an 6), le tableau des Corps de troupes certifié conforme par le Ministre de la Guerre Scherer, porte la 23e Légère auprès du Général Reynier à destination de Marseille. Ce tableau accompagnait deux letres de Schérer au Directoire et à Bonaparte. Celui-ci a ajouté de sa main (sur l’expédition conservée aux archives de la guerre) certaines notes. La Correspondance porte le chiffre 22 en regard du nom du général Reynier. Or, l’exemplaire annoté par Bonaparte porte un 23 non douteux : c'est même un des chiffres de la difficile écriture de Bonaparte qui se lit le plus nettement. Les éditeurs de la Correspondance ont cru sans doute qu'il s'agissait de désigner le 22e de chasseurs, qui était effectivement à Marseille sous les ordres de Reynier. Cette interprétaton parait inexacte. Les notes dont Bonaparte a marqué l'état de Schérer semblent être un projet de répartition des troupes d’infanterie en cinq divisions, comprenant chacune une demi-brigade légère et deux de ligne. Le chiffre qu'on trouve ainsi inscrit est précisément celui de la 23e d’infanterie légère, stationnée en Corse, dont Bonaparte a emmené certains éléments. Il parait donc rationnel de conserver ce chiffre 23, qui ne doit pas être considéré comme un lapsus, mais concorde, au contraire, avec les autres instructions données plus tard (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2508; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 355).

Le 18 avril, en prévision de l'expédition d'Egypte, Bonaparte demande, depuis Paris, à Vaubois, Commandant de la 23e Division Militaire, de réunir la 4e Légère et la 19e de Ligne, mais aussi deux bataillons de la 23e Légère, à Ajaccio (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 182 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 313 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2525 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2413 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 452). La lettre de Bonaparte du 18 avril arrive à Ajaccio le 30 avril. Vaubois profite du retour de l'aviso pour y répondre le jour même : "... vous m'ordonnez de rassembler ici deux bataillons de la 23e d'infanterie légère. Les ordres sont donnés, mais leur embarcation n'est pas prête. Il y a plus, Général : notre embarras est des plus grands pour les vivres ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 453).

Le 2 mai 1798 (13 floréal an VI), le Général Vaubois écrit, depuis Ajaccio, au Général en chef Bonaparte : "Le départ de l'aviso m'a tellement pressé que je n'ai pu vous envoyer le détail de l'embarcation. Je le joins ici. Il ne vous satisfera pas ; mais, le pays ne pouvant rien fournir, les agents envoyés en Sardaigne n'étant pas revenus et notre agent des vivres nous ayant laissés dans l'embarras, voilà où nous en sommes ...
Par le rassemblement des deux bataillons de la 23e d'infanterie légère à Ajaccio, ainsi que la 4e et la 19e, nous restons dans le Golo avec 1.600 hommes et rien dans le Liamone. Si ces deux bataillons partent, je suis obligé de mettre de la garde nationale sur pied à Bonifacio. Je serai bientôt obligé d'en faire autant à Calvi et à Corte, à cause du désarmement dans le Golo, qu'il faut que je fasse protéger par quelques troupes. Je crains et j'ai tout lieu de craindre des mouvements dans le Golo. Les têtes s'y montent de nouveau, la disparition des forces fait un effet fâcheux, les détestables corps constitués y sont plus nuisibles qu'utiles. La justice militaire, malgré toutes mes recommandations, y a été infiniment trop douce. Vous m'avez reproché d'être trop bon ; mais je ne l'aurais jamais été en pareille circonstance. J'ignore quand je serai ici dans une position supportable. Le Liamone n'a que de petits troubles locaux, mais le Golo se meut d'un bout à l'autre dans l'instant, et ça devieut tout de suite guerre civile … Surtout, mon cher Général, qu'on ne nous laisse pas sans argent. Le soldat est misérable quand la solde lui manque.
… Vous ne parlez point, mon Général, des moyens d'embarcation pour les deux bataillons de la 23e, s'ils partent. Le pays ne peut les fournir. Les neuf bâtiments venant de Toulon sont-ils suffisants pour la 19e et ces deux bataillons ?
… Salut et respect
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 454).

Le 9 mai (20 floréal an 6), Bonaparte renonce à faire partir la 23e Légère dans les convois pour l'Egypte, sans aucun doute à cause de la situation dans l'île. Il écrit, depuis Toulon, à Vaubois : "... Sur les représentations que vous m'avez faites du besoin que vous avez de garder la 23e d'infanterie légère, je renonce à l'idée que j'avais de la faire partir, et je la laisse en Corse jusqu'à ce que le gouvernement vous ait renvoyé son remplacement ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 200; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 329; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2568 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2453; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 466).

Vaubois quant à lui, suivra l'Armée d'Orient et prendra le commandement de Malte. Le général Ambert va le remplacer en Corse.

Une lettre du Commissaire des guerres Boerio au Ministre de la guerre (datée de Bastia, le 18 prairial - 6 juin) indique que, par ordre de Bonaparte, 300 Carabiniers de la 23e se sont embarqués à Bastia, le 17 prairial, ravitaillés pour quarante-cinq jours (Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 544).

Le 19 mai 1798 (30 floréal an 6), Bonaparte, à bord de l'Orient, en grande rade de Toulon, écrit au Directoire exécutif : "… Je ferai prendre en Corse un ou deux bataillons de la 23e d'infanterie légère pour tenir aussi garnison à Malte ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2604 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2496 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 531).

Le 7 Prairial an 6 (26 mai 1798), Vaubois écrit, depuis son Quartier-général des îles de la Madeleine, au Général Bonaparte : "… Les trois compagnies de carabiniers de la 23e qui étaient à Bastia, à Corte et à Ajaccio, seront réunies le 11 ou le 12. D'après ce que j'ai ordonné, elles, seront prêtes, je l'espère, à embarquer au premier ordre …" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte).

Le 27 mai 1798 (8 Prairial an 6), le Général Bonaparte, à bord de l'Orient, écrit au Général Berthier : "Vous donnerez l'ordre pour que le convoi portant les trois compagnies de carabiniers de la 23e se rende le plus tôt possible à Porto-Vecchio, où ils recevront de nouveaux ordres ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2613; correspondance générale, t.2, lettre 2503; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 550).

Le Général Ambert, nommé Commandant de la Corse en remplacement du Général Vaubois, signale au Ministre , depuis Bastia, le même 8 Prairial - 27 mai), l'insuffisance des troupes qui lui restent pour occuper cette île (23e Légère et un Bataillon de la 86e); il écrit : "… le général Bonaparte ayant fait embarquer les autres (troupes) pour l'expédition, même les trois compagnies de carabiniers de la 23e, auxquelles il a laissé l'ordre de s'embarquer et de partir aux premiers vents favorables ". Il ajoute, en post-scriptum : "Plusieurs bâtiments de transport à la suite de l'escadre sont mouillés aux îles de la Madeleine. Les troupes d'embarquement ont été descendues et sont campées dans l’île. Hier, on a vu d’ici la queue de l'escadre. Aujourd'hui, un des bâtiments, chargé de poudre, s'est arrêté pour faire quelque réparation el repart demain pour continuer sa route" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 550).

Le lendemain (28 mai 1798 - 9 prairial an 6), Bonaparte, qui se trouve alors au large de la Sardaigne à bord de l'Orient, ordonne que la 23e Légère envoie ses trois Compagnies de Carabiniers, embarquer à Porto-Vecchio ainsi que des Compagnies de Chasseurs corses dont il vient également d'ordonner l'organisation; il ajoute : "... Il faudrait que, le 10 messidor, ces différents corps fussent rendus à Porto-Vecchio, prêts à partir ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2616 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2509 ; Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 550).

Le même jour (de Bastia, 8 prairial - 27 mai), le Général Ambert, nommé commandant de la Corse en remplacement du Général Vaubois, signale au Ministre l'insuffisance des troupes qui lui restent pour occuper cette île (23e Légère et un Bataillon de la 86e) : "… le général Bonaparte ayant fait embarquer les autres (troupes) pour l'expédition, même les trois compagnies de carabiniers de la 23e, auxquelles il a laissé l'ordre de s'embarquer et de partir aux premiers vents favorables" (Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 550).

Le 14 juin, le général en chef décide de leur destination : Malte, dont il vient de s'emparer. Le 14 juin 1798 (26 prairial an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Malte, au Général Berthier : "Vous voudrez bien. Citoyen Général, donner l'ordre, par la frégate la Sensible, qui part ce soir, aux trois compagnies de carabiniers de la 23e demi-brigade d'infanterie légère, ainsi qu'aux différentes compagnies franches corses, qui doivent s'embarquer à Porto-Vecchio, de se rendre, sous l'escorte de la frégate la Badine, à Malte, où elles recevront de nouveaux ordres ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2659 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2526 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 642).

Le 16 juin 1798 (28 prairial an 6), il écrit, depuis son Quartier général à Malte, au Directoire exécutif : "… Je n'ai rien oublié de ce qui pouvait nous assurer cette île.
Je vous prie d'y envoyer le reste de la 7e demi-brigade d'infanterie légère, de la 85e et de la 23e. Cette dernière est en Corse.
Nous avons besoin ici d'un bon corps de troupes. Rien n'égale l'importance de cette place. Elle est soignée et dans le meilleur état ; mais les fortifications sont très étendues …
" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 244 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 373 ; ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 188; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2667 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2536 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 643).

Le 29 juin 1798 (11 messidor an 6), Bonaparte, à bord de l'Orient, écrit au Général Berthier : "Vous voudrez bien, Citoyen Général, donner l'ordre au général Vaubois de faire passer à Alexandrie les trois compagnies de carabiniers de la 7e demi-brigade d'infanterie légère et les trois compagnies de carabiniers de la 23e d'infanterie légère, qui doivent en ce moment être arrivées à Malte.
Vous lui ferez sentir combien il est important qu'il mette la plus grande activité dans l'envoi de ces troupes ...
" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2716 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2558 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 20).

Les trois compagnies, qui alignent un effectif de 336 hommes (Officiers compris) sur la situation des troupes à Malte le 1er thermidor avec un effectif de 336 hommes (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 512) vont faire partie de la garnison sous les ordres de Vaubois jusqu'à la capitulation de l'ile le 3 septembre 1800.

Situation de la 23e Demi-brigade légère le 18 août 1798, d'après le "Tableau général des forces de l'armée d'Orient au 1er fructidor de l'an VI de la République française une et indivisible" :
- Garnison de Malte, Général Vaubois :
- Carabiniers de la 23e Demi-brigade légère à Malte : total de l'effectif, Officiers compris : 322.
14 Officiers présents; 308 hommes dont 288 présents sous les armes (2 prisonniers, 2 en congé ou permission, 30 aux hôpitaux : total donné 34)
- Garnison de Corse :
- 23e Demi-brigade légère (3 Bataillons) : total de l'effectif, Officiers compris : 2531.
129 Officiers présents, 10 détachés; 2392 hommes dont 2317 présents sous les armes (104 aux hôpitaux, 51 détachés, 49 au Dépôt : total donné 214 dont Officiers) (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 613 et suivantes).

Dans une autre situation, datée du 18 août 1798 (1er fructidor an 6), les Carabiniers de la 23e Légère sont donnés avec un effectif de 14 Officiers et 278 hommes présents sous les armes (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 248.).

En septembre 1799, des exilés corses en Toscane débarquent dans le Fiumorbu et "travaillent" les populations. La révolte reprend autour de Porto-Vecchio, Belgodere, Moriani …

Début janvier 1800, Salicetti est nommé commissaire extraordinaire du gouvernement en Corse.

Parallèlement, en janvier 1800, Bonaparte, tout nouveau Premier Consul, revenu d'Egypte,envisage une opération de débarquement en Sardaigne à partir de la Corse. Il y mobilise les troupes. Il écrit à Berthier le 2 janvier: "Le général Ambert devra compléter deux bataillons de la 23e demi-brigade légère et deux bataillons de la 86e Demi brigade de bataille à 800 hommes chacun, ce qui portera leur force totale à 3200 hommes, lesquels réunis formeront la brigade du général Sibaud …
Le restant des troupes qui composent les 86e et 23e demi-brigade tiendra garnison dans les citadelles de Bastia et Ajaccio …
La 1re compagnie de chacun des bataillons de la 23e demi brigade qui font partie de l'expédition serviront de compagnies de grenadiers; elles jouiront dès qu'elles seront en pays ennemi de la paye affectée aux grenadiers …
".

Ambert et Salicetti ont d'autres problèmes avec les insurgés locaux que de passer en Sardaigne (d'ailleurs l'expédition sera annulée). Car cette fois ci, c'est plus sérieux qu'en 1798. Bien que les mouvements insurrectionnels n'aient lieu que dans quelques zones du département du Golo. La répression qu'ils vont donc exercer estimpitoyable : comme en Vendée, on brûle les villages et on fusille la population dans les zones rebelles sans distinctions. Exactions impardonnables. Le chef de brigade Constantini est blessé au pied dans des opérations militaires dans les montagnes de la Tavagna en mars 1800.

Malte capitule le 3 septembre 1800, et la garnison bénéficie d'un cartel : elle est rapatriée à condition de ne plus servir contre les Anglais.

Le 18 octobre 1800 ( 26 vendémiaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Lacuée, Ministre de la Guerre par intérim : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner la destination suivante aux troupes de la garnison de Malte.
… Les carabiniers de la 23e légère se rendront à Valence où ils resteront jusqu'à nouvel ordre ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1197 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5697).

Le 21 octobre 1800 (29 vendémiaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris à Forfait, Ministre de la Marine : "Vous voudrez bien, citoyen ministre, donner l'ordre au préfet maritime à Toulon de faire partir les frégates La Justice, L'égyptienne, La Carrère, La Muiron, La Badine, La Sans-Pareille et 2 bâtiments vénitiens pour se rendre selon le temps à Saint-Florent ou à Ajaccio ...
Vous donnerez l'ordre qu'en allant en Corse on embarque 200 hommes de la 23e légère qui se trouvent à Toulon et seront débarqués en Corse ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5702).

Le même jour, Bonaparte depuis Paris écrit au Général Lacuée, Ministre de la Guerre par intérim : "Je vous prie, citoyen ministre, de faire partir dans la journée de demain un officier d'état-major en poste. Il prendra chez le ministre de la Marine les ordres nécessaires pour faire partir de Toulon les six frégates et les vaisseaux de guerre qui se trouvent dans ce port. Il s'embarquera dessus, se rendra à Saint-Florent. Il sera porteur de votre ordre au commandant de la 23e division de faire sur-le-champ embarquer les détachements des 80e, 19e de ligne et toute la 86e, 150 hommes du 13e de chasseurs, de sorte qu'il ne restera en Corse que le 23e d'infanterie légère et un bataillon de la 4e légère.
… Les frégates qui iront en Corse embarqueront pour cette île 200 hommes de la 23e légère qui se trouvent à Toulon. On pourra profiter de ces bâtiments pour faire passer en Corse quelques conscrits que le commandant de la 8e division militaire aurait dans ses dépôts et dont il craindrait la désertion
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1198 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5703).

Le 9 novembre 1800 (18 brumaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Lacuée : "... Je vous prie ... de me faire connaître où se trouvent en ce moment les carabiniers des 16e, 23e demi-brigades ...
Faites-moi connaître leur état de situation et s'ils sont arrivés au lieu qui leur avait été destiné
" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5756).

Le 20 novembre 1800 (29 brumaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre au général Murat de faire partir le 4 frimaire pour se rendre à Chambéry en toute diligence et par le plus court chemin la 1re demi-brigade de de sa division ; elle sera composée :
... 3° d'une compagnie de grenadiers composée des carabiniers des 16e et 23e légères et des grenadiers de la 47e de ligne...
Il serait possible que les carabiniers de la 23e légère fussent encore à Valence. Alors le général Murat leur enverra l'ordre de se rendre à Chambéry où ils rejoindront la colonne ...
Vous me ferez connaître le jour où la 1re brigade arrivera à Chambéry, afin qu'on puisse ordonner sa marche ultérieure ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5791).

Le 6 Frimaire an 9 (27 novembre 1800), Murat écrit, depuis Dijon, au Général Sarrazin : "Vous voudrez bien, citoyen général, vous rendre à Chambéry avec votre brigade qui sera composée de 21 compagnies de grenadiers de la marine, de la 6e demi-brigade de ligne, d'un bataillon de grenadiers formé d'une compagnie de carabiniers de la 16e de ligne, trois de la 23e légère et trois compagnies de grenadiers de la 47e, douze pièces de canon ...
Quant aux trois compagnies des carabiniers de la 23e légère qui sont à Valence, je leur envoie l'ordre de se rendre à Chambéry pour y faire partie de votre brigade ; elles y arriveront le 15 courant ...
Vous resterez à Chambéry jusqu'à nouvel ordre et vous n'en recevrez que de moi ou du ministre de la Guerre. J'ai prévenu le commandant de Chambéry de votre arrivée. Un commissaire des guerres et un préposé aux subsistances vous précèdent, ils sont chargés de vous assurer les vivres et surtout les fourrages.
Je vais faire remettre au commissaire les fonds nécessaires à l'indemnité d'étape ainsi qu'aux fourrages.
Je n'ai pas besoin de vous recommander combien il est nécessaire de faire observer le bon ordre et la discipline. Donnez l'ordre très sévère pour les baïonnettes, rendez-en les chefs responsables.
Vous êtes le maître de suivre de votre personne la 1re ou la 2e colonne de votre brigade. Arrivé à Chambéry, vous me ferez connaître votre situation
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 68, lettre 96).

Le même 6 Frimaire an 9 (27 novembre 1800), Murat écrit, depuis Dijon, à Bonaparte : "... J'ai envoyé un de mes aides de camp à Lyon pour prévenir le général qui y commande du passage de mes troupes et pour l'inviter à m'ouvrir ses magasins ; il est chargé de veiller à l'escadron ce que du 7e régiment d'hussards qui doit suivre le mouvement de la première colonne, se mette en état d'entrer en campagne ; il est chargé aussi de connaître la force et les besoins des compagnies des carabiniers de la 23e légère et de lui faire passer l'ordre de se rendre à Chambéry ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 72, lettre 101).

Le 7 Frimaire an 9 (28 novembre 1800), Murat écrit, de Dijon, au Ministre de la Guerre : "... J'ordonne aux trois compagnies de carabiniers de la 23e légère de se rendre à Genève ...
Permettez-moi de vous réitérer la demande que je vous ai déjà faite pour des fonds ; indiquez-moi, je vous prie, de quelle manière vivront les troupes à Genève et en Suisse, si je suis obligé de m'y porter.
Je vous prie, mon cher général, de ne pas m'oublier. Vous ne devez pas ignorer que mes besoins vont devenir urgents
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 74, lettre 103).

Le 14 Frimaire an 9 (5 décembre 1800), Murat écrit, depuis Dijon, au Général Sarrazin : "Le Corps d'observation, citoyen général, va se porter en Italie, je charge le chef d'état-major de vous envoyer l'itinéraire de la marche de votre colonne. L'adjudant-commandant Reille qui vous remettra ma lettre, a ordre de se rendre à Aoste par le Petit Saint-Bernard, le but de sa mission est de reconnaitre la nature des routes de la Tarentaise, et surtout de s'assurer si celle du Petit Saint-Bernard est praticable pour l 'artillerie ; il a ordre de requérir tous les habitants des villages voisins et de les faire travailler à sa réparation ; je lui ai remis quelques fonds pour le payement des hommes qui y seront employés.
La régie des vivres de l'intérieur a reçu du ministre de la Guerre l'ordre d'assurer la subsistance de la troupe dans tous les lieux de son passage. L'ordonnateur Michaux part à l'instant pour se rendre à Lyon et Grenoble. De Lyon, il enverra en toute diligence tous les effets d’habillement qu'il pourra tirer des magasins de cette ville, ainsi la 6e demi-brigade et le reste de votre colonne sera parfaitement habillée, équipée et soldée avant son départ. De Grenoble, il doit tirer des fonds pour assurer le service des fourrages dans toute la Tarentaise.
Arrivé à Aoste, vous y réunirez votre colonne, si cette ville vous offrait assez de ressources pour sa subsistance ; dans le cas contraire, vous la réunirez à Ivrée.
Je dois vous rappeler, citoyen général, que l'Armée de réserve a dû en quelque façon ses succès aux ressources de cette malheureuse vallée, qui ont été épuisées à son passage. Ses habitants nous ont reçus avec bonté, nous leur devons conséquemment beaucoup de reconnaissance, vous leur en payerez le premier tribut, citoyen général, en faisant respecter ce pays malheureux. L'ordonnateur en chef de l'Armée d'Italie a reçu l'ordre du ministre pour assurer la subsistance de vos troupes, du moment qu'elles seront arrivées dans la vallée d'Aoste.
Le commissaire des guerres Saint-Cricq, muni d'instructions particulières de son ordonnateur, précédera votre colonne, il est particulièrement chargé de la faire vivre.
Je fais connaître au ministre de la Guerre et au Premier Consul le jour de l'arrivée de votre colonne à Ivrée et, en attendant que j 'aie reçu d’eux des instructions ultérieures, vous ne ferez de mouvement que par ordre du général en chef de l'Armée d'Italie. Vous me tiendrez soigneusement instruit de votre marche.
Si les trois compagnies des carabiniers de la 23e légère n'étaient pas, arrivées au reçu de ma lettre, vous ferez partir quelqu'un au-devant d'elles sur la route de Chambéry et vous lui donnerez l'ordre de se rendre à Conflans. Vous ferez en sorte qu'elles arrivent en même temps que votre colonne. Le bataillon d'élite de la 26e demi-brigade arrivera à Genève le 22 courant et suivra immédiatement votre colonne.
Vous trouverez, citoyen général, des difficultés sans nombre, mais il appartient à un général tel que vous de les surmonter toutes. Votre zèle et vos talents m'en sont d'avance un sûr garant
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 83, lettre 117).

Le 6 décembre 1800 (15 frimaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier : "Je vous prie, citoyen ministre, de faire partir pour la 23e division militaire le drap nécessaire et autres objets pour compléter l'habillement de la 23e légère. Il paraît qu'il n'a été envoyé que 1700 aunes de draps; vous savez que cette demi-brigade est de 2500 hommes et absolument nus ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5817).

Le 24 Frimaire an 9 (15 décembre 1800), Murat écrit, depuis Genève, au Ministre de la Guerre : "J'ai reçu, citoyen ministre, votre dépêche du 17 courant, et, d'après vos ordres, le mouvement du corps que je commande a été arrêté.
La division du général Tharreau sera cantonnée depuis Carouge jusqu'à Annecy, département du Mont-Blanc. Le 19e de dragons prendra ses cantonnements sur l'Arve, celle du général Mathieu occupera Genève, le canton de Ferney-Voltaire et Nyon ; le parc d'artillerie sera placé à Carouge.
Toutes les différentes colonnes d'infanterie sont arrivées ici dans le meilleur ordre et je dois des éloges pour leur conduite pendant la route.
J'aurais désiré qu'il m'eût été possible de pouvoir rapprocher davantage mes deux divisions, mais la ville de Genève, munie de son traité avec la République française, n'a voulu y recevoir que 3,000 hommes, y compris la division du général Sauret.
Le commissaire ordonnateur que j'avais envoyé à Lyon et à Grenoble est de retour ici, il a reçu 100,000 francs pour les fourrages, je lui ordonne d'assurer ce service totalement désorganisé dans cette division. Différents effets d'habillement qui nous étaient absolument nécessaires viennent de nous être envoyés de Lyon ; je charge le commissaire ordonnateur de vous rendre compte des mesures qu'il a prises pour se les procurer.
Les approvisionnements ont été faits jusqu'au Petit Saint-Bernard, et par les soins et les mesures prises par l'ordonnateur, j'ai lieu de penser que la vallée d'Aoste sera également pourvue de tout. Je vous fais passer ci-joint, citoyen ministre, le bordereau des sommes dues à la 6e demi-brigade et aux 3 compagnies de carabiniers de la 23e légère, ces corps qui ont contracté des dettes me demandent de l'argent, je vous prie de vouloir bit n ordonner que l'arriéré de ces deux corps soit soldé le plus tôt possible et me faire passer les fonds nécessaires à cet effet
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 90, lettre 126).

Le 14 Nivôse an 9 (4 janvier 1801), Murat écrit, depuis Milan, à l'Ordonnateur Michaux : "Prenez toutes les mesures qui sont en votre pouvoir, citoyen ordonnateur, pour que d'ici au 20 courant, toute votre administration soit parfaitement organisée, pouvant à cette époque recevoir l'ordre de faire un mouvement.
Vous procurerez à la troupe les bidons et marmites nécessaires, il doit en exister dans les magasins de Milan. Tirez-en aussi les habits, capotes et chapeaux qui sont nécessaires aux carabiniers de la 23e légère, aux grenadiers de la 47e et 6e de ligne. Je suis fort étonné que les chapeaux que je vous ai autorisé à acheter à Genève, n'aient pas été distribués à la troupe, vous connaissez l'importance que je mettais à ce que cette distribution lui fût faite.
J'espère que vous allez prendre toutes les mesures pour que les objets d'habillement restés en arrière arrivent promptement, vous me ferez connaître celles que vous avez déjà employées à cet effet
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 100, lettre 140).

5 avril 1801 (15 germinal an 9), BOnaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier : "… Que le général Murat prenne toutes ses mesures pour occuper Porto-Longone et Porto-Ferrajo ; … il peut écrire en Corse pour que le commandant prépare, à Bastia ou à San-Pelegrino, une expédition d'un bon bataillon de la 23e pour entrer dans cette île. De la plage de Piombino à l'île d'Elbe il n'y a pas loin. Il me tarde d'autant plus d'apprendre que nous sommes maîtres de cette île, qu'elle nous offre un port très-considérable pour nos escadres" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 288 ; Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5507 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6187).

Le 24 Germinal an 9 (14 avril 1801), Murat écrit, de Florence, au Citoyen Miot, en Corse : "Le Premier Consul me charge d'ordonner au commandant en Corse d'envoyer un bataillon de la 23e dans l'ile d'Elbe. J'ordonne, en conséquence, au général Muller de préparer cette expédition à Bastia ou à St-Pellegrino. Il me suffira sans doute de vous faire connaitre de quelle importance est pour nous l'occupation de cette île, pour être persuadé que vous ferez apporter dans les préparatifs de cette expédition la plus grande célérité. J'ai écrit au général Muller pour l'appeler auprès de moi. Je désire que cet officier général fasse partie de mon armée et qu'il la commande en mon absence" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 278, lettre 342).

Le même 24 Germinal an 9 (14 avril 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Muller, en Corse : "Le Premier Consul qui attache le plus grand intérêt à l'occupation de l'île d'Elbe, me charge de vous écrire de préparer à Bastia ou à St-Pellegrino une expédition d'un bon bataillon de la 23e, pour aller prendre possession de cette île. Comme par le traité conclu avec la Cour de Naples, cette île doit nous être consignée par la garnison de Longone, faites-moi connaître le jour où votre expédition sera prête à mettre à la voile, afin que je puisse m'entendre avec le commandant de Longone sur les moyens les plus sûrs de la faire arriver sans accident. Il tarde d'autant plus au Premier Consul que nous soyons maîtres de cette île, qu'elle offre un port très considérable pour notre escadre.
Je fais connaître au citoyen Miot les intentions du Premier Consul à cet égard. Si l'expédition que je vous propose éprouvait quelques difficultés, instruisez m'en sur le champ, afin que dans cette supposition, je puisse en préparer une de mon côté.
Je vous ai déjà fait connaître le désir que m'a témoigné le Premier Consul que je vous appelle auprès de moi, il me tarde d'autant plus de connaître la détermination que vous aurez prise, que je désire moi-même faire la connaissance d'un militaire dont on me dit tant de bien. Vous conserverez toujours le commandement de la Corse qui paraît faire partie de l'Armée d'observation
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 278, lettre 343).

Puis, toujours le 24 Germinal an 9 (14 avril 1801), Murat écrit, depuis Florence, à Lombardy : "Je vous invite, citoyen, à vous rendre sur le champ dans l'île d'Elbe, dont le traité de paix conclu avec la Cour de Naples nous assure la propriété. Vous vous établirez provisoirement à Porto Longone et vous y préparerez les habitants à recevoir une garnison française que je vais y envoyer. J'écris au général commandant en Corse, pour qu'il prépare à Bastia ou à St-Pellegrino l'expédition d'un bataillon de la 23e que je destine à l'occupation de l'île d'Elbe. Vous vous mettrez en communication avec le chef de cette expédition pour en faciliter le succès par tous les moyens qui seront en votre pouvoir.
Vous enverrez des émissaires sûrs à Porto Ferrajo et vous emploierez tout le crédit que vous pouvez avoir encore dans cette place, pour achever de déterminer les habitants en notre faveur. Le Premier Consul attache la plus grande importance à l'occupation entière et prompte de l'ile d'Elbe dont les ports doivent au besoin offrir à nos escadres des asiles assurés contre des forces supérieures.
Dans le cas où l'expédition projetée en Corse éprouverait des difficultés ou des lenteurs, j'ordonne au général Tharreau de préparer à Livourne et d'envoyer à Piombino assez de bâtiments pour le transport de 800 hommes. D'un autre côté, je fais demander au général Micheroux de diriger de Longone sur Piombino les barques nécessaires pour cet embarquement. Rappelez-vous que, dans aucun cas, Longone ne doit être évacuée par les Napolitains qu'au moment de l'entrée des Français. Sans cette mesure, nous nous exposerions à voir les Anglais l'occuper avant nous. Faites-moi connaître dès votre arrivée l'esprit des habitants, les ressources de l'ile, le nombre des croiseurs anglais, et la quantité de barques que Longone pourra fournir pour Piombino.
La confiance dont le Gouvernement français vous a honoré m'est un sûr garant de votre zèle et de l'activité que vous mettrez à remplir la mission dont je vous charge. Vous correspondrez avec les commissaires des Relations commerciales de Livourne, de Civita Vecchia et de la Corse. Vous me ferez parvenir tous les renseignements que vous pourrez avoir sur l'escadre du contre-amiral Ganteaume et sur l'expédition des Anglais contre l'Égypte
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 279, lettre 345).

Le 25 Germinal an 9 (15 avril 1801), Murat écrit, de Florence, au Ministre dde la Guerre : "Je me suis hâté, citoyen ministre, de faire exécuter tous les ordres contenus dans votre lettre du 15 courant ...
J'ai envoyé un officier en Corse et j'ai écrit au général Muller de préparer l'expédition pour l'île d'Elbe d'un bataillon de la 23e ...
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 283, lettre 349).

Le 24 avril 1801 (4 floréal an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Murat, Commandant en chef l'Armée d'Observation du Midi : "… Faites passer en Corse les trois compagnies de carabiniers de la 23e légère pour rejoindre leur corps …" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5546; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6234).

Le 12 Floréal an 9 (2 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Contre-Amiral Ganteaume : "J'ai reçu hier soir, mon cher général, votre dépêche du 10. Le général Tharreau doit vous avoir vu, il vous aura sans doute fait connaître mes dispositions pour l'occupation de l'île d'Elbe. La croisière anglaise dans le canal de Piombino en rendait le succès incertain ; la présence de votre escadre en assure l'entière exécution. Un bataillon de la 60e devait être hier matin à Piombino, j'espère que le général Tharreau l'aura fait embarquer hier au soir et qu'à l'heure qu'il est, nous sommes maîtres de l'île d'Elbe, le Premier Consul y attache le plus grand prix. Je vais envoyer un second bataillon à Piombino d'où il passera à Porto-Ferrajo, alors je renverrai en Corse le détachement de la 23e légère. Le gouverneur de Longone a ordre de nous céder cette place, celui de Porto Ferrajo se refuse à nous rendre la sienne, mais quelques obus ou quelques bombes lancées par votre escadre dans cette place suffiront pour le déterminer à l 'obéissance; ainsi, mon cher général, il me sera bien doux d’avoir à annoncer au Gouvernement que c'est aux braves marins que vous commandez que je dois la prise de ce port si intéressant pour nos escadres …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 336, lettre 418).

Le même 12 Floréal an 9 (2 mai 1801), Murat écrit ensuite, depuis Florence, au Général Tharreau : "J'espère que dans ce moment, mon cher général, vous êtes maître de l'ile d'Elbe ; la présence de notre escadre doit vous en avoir donné tous les moyens. Le 1er bataillon de la 60e est parti ce matin pour Sienne, d 'où il se rendra à Piombino. Vous l’embarquerez pour l'île d'Elbe et vous renverrez en Corse tout le détachement de la 23e légère. J'enverrai peut-être le 3e bataillon à Orbitello, mais je ferai, avant, reconnaître les ressources de ce pays. Je vous envoie des officiers du génie, je vous enverrai aussi des canonniers à pied.
Vous recevrez la ville de Longone avec toute son artillerie, ses munitions et ses magasins, vous en agirez de même avec Porto Ferrajo. Faites-vous rendre compte des ressources de l'île en tout genre, faites mettre sous scellés toutes les marchandises appartenant aux ennemis de la République, faites-en constater l'état par un procès-verbal que vous m'adresserez. Vous donnerez les ordres les plus sévères pour que rien ne soit enlevé de ces magasins et vendu. Vous devez empêcher, mon cher général, toute espèce de vexations, vous devez comprimer tous les partis, la République veut être également chérie de tous, s'il est possible, je connais votre sensibilité, votre bon cœur, cette tâche ne vous sera pas difficile à remplir ...
Je renvoie en Corse les trois compagnies de carabiniers de la 23e légère, je les dirigerai peut être sur Piombino et l'île d'Elbe ...
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 339, lettre 419).

Le 14 Floréal an 9 (4 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, à Bonaparte : "… Les trois compagnies de carabiniers de la 23e légère sont parties ce matin pour Piombino, elles y seront embarquées pour l'île d'Elbe où elles se réuniront à un détachement de leur demi-brigade pour repasser en Corse ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 345, lettre 426).

Le 17 Floréal an 9 (7 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Tharreau : "… Renvoyez en Corse tout ce que vous avez de la 23e légère, ainsi que les trois compagnies de carabiniers de ce corps, aussitôt que vous aurez réuni dans l'île d'Elbe deux bataillons de la 60e ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 357, lettre 436).

Le 25 Floréal an 9 (15 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Tharreau : "Je vous prie, citoyen général, de me faire connaitre si vous avez renvoyé à Livourne les Polonais que vous aviez à Piombino et dans l'île d 'Elbe, et si vous avez fait partir pour la Corse le détachement de la 23e légère. Dans le cas contraire, pour vous mettre à même de vous passer de ces troupes, je vous autorise à faire venir dans 1’ile d’Elbe le 3e bataillon de la 60e qui se trouve à Sienne. J'ordonne de nouveau à l'ordonnateur Michaux de pourvoir à tous vos besoins, il s'adressera à vous pour les connaître …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 381, lettre 472).

Le même 25 Floréal an 9 (15 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Ministre de la Guerre : "Je vous annonçais, citoyen ministre, par ma dernière lettre que mon premier courrier vous apprendrait la reddition de Porto Ferrajo, je me trompais, cette place nous fait éprouver une résistance à laquelle nous ne devions pas nous attendre.
Le 19, elle a soutenu du côté de la terre le feu de trois mortiers, de trois obusiers, de quatre pièces de 20 ou 24, et du côté de la mer, celui de l'escadre du contre-amiral Ganteaume, elle a dû souffrir beaucoup et persiste néanmoins à se défendre.
Il paraît que les Anglais y ont la plus grande influence.
Le 22, le général Tharreau devait tenter un assaut en transportant ses troupes au moyen des chaloupes de l'escadre de Ganteaume, sur le seul point, au bord de la mer, où l'escalade soit praticable. Tout était disposé, mais les vents ayant empêché d'arriver de Livourne des bâtiments qui portaient les échelles nécessaires, l'expédition ne put avoir lieu. Prévoyant que ce siège pourrait traîner en longueur et ne voulant pas exposer le contre-amiral Ganteaume à manquer le but de son expédition, je lui écrivis avant-hier pour l'engager à poursuivre sa route. Lui-même avait senti le besoin de partir et avait déjà quitté la croisière devant Ferrajo. Je vous envoie la copie de la lettre qu'il avait adressée, le 22, au général Tharreau. On a vu ce matin devant Livourne plusieurs voiles de son escadre, les vents l'auront peut-être contrarié.
Le général Tharreau va se borner à cerner la, place de manière à lui ôter toute communication du côté de l'ile ; il doit aussi faire en sorte de rendre le port inaccessible en établissant des batteries sur des pointes qui le battent et qui en commandent l'entrée, il se servira aussi de quelques balancelles armées. Un très grand nombre d'habitants de l'île s'étant réfugiés dans Ferrajo s'y trouvent encombrés, ils savent que toutes leurs propriétés sont à la merci des soldats français, on m'assure qu'ils sont à la veille de manquer de vivres, je ne doute pas que, dans une telle position, ils ne soient forcés sous peu de jours de nous livrer la ville. S'ils ne se rendaient pas, faudrait-il faire un siège en règle ? Cela serait long et dispendieux, l'argent nous manque. Toute ces difficultés seraient levées, si par le moyen de M. de Cobentzel, le Gouvernement faisait donner au commandant de Ferrajo un ordre de nous recevoir. Environ 250 hommes de la 4e légère venant de Corse dans l'ile d'Elbe ont été embarqués sur l'escadre de Ganteaume. La 60e demi-brigade toute entière formera la garnison de l'ile d'Elbe et la 23e légère va être renvoyée en Corse …
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 381, lettre 476).

Le 2 Prairial an 9 (22 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Tharreau : "J'ai chargé mon chef d'état-major, citoyen général, de vous transmettre un arrêté des Consuls qui ordonne que l'officier commandant dans l'île d'Elbe correspondra avec le général commandant en Corse. J'ai pensé que d'après cette disposition, le commandement cesserait de vous être agréable ; vous voudrez bien, en conséquence, le laisser au chef de brigade Mariotti avec les instructions que vous jugerez convenables pour sa conduite politique et militaire dans l'île. Vous lui ordonnerez de renvoyer en Corse tout ce qu'il y a de troupes de la 23e légère ...
Vous pouvez, après avoir fait les dispositions que je vous prescris, venir reprendre votre poste à Livourne ; vous voudrez bien me faire connaitre le jour de votre arrivée
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 411, lettre 502).

Le 7 Prairial an 9 (27 mai 1801), Murat écrit au Général Casalta : "... On aura dû vous renvoyer les troupes de la 23e légère ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 427, lettre 516).

Le 24 Messidor an 9 (13 juillet 1801), Murat écrit, depuis Castello, au Général Watrin : "Porto Ferrajo résiste toujours, mon cher général ; nous nous étions bornés jusqu'à ce jour à un simple blocus, aujourd'hui le Gouvernement m'ordonne d'employer tous les moyens qui sont en mon pouvoir pour m'emparer de cette place, en conséquence, je vous charge d'en diriger le siège qui devra être fait dans toutes les formes. Plusieurs pièces sont déjà en batterie, mais je les crois insuffisantes pour remplir le but que je me propose. Je vous autorise à tirer des Présides de la Toscane toute l'artillerie et les munitions dont vous aurez besoin pour ce siège. Les frégates qui croisent devant cette place et qui sont à ma disposition, pourront faciliter le transport de toute cette artillerie. J'écris au commandant de ces frégates de recevoir vos ordres. Je vous fais envoyer un chef de bataillon d’artillerie et si le chef de brigade Maubert est encore à Florence, il va recevoir l'ordre de se rendre dans le moindre délai auprès de vous ; je vous enverrai également quelques sapeurs. Je ne doute nullement que cette ville ne se rende, lorsque son gouverneur verra qu'elle est attaquée sérieusement.
Vous trouverez dans l'île la 60e demi-brigade et 400 hommes de la 23e légère ; si ces troupes étaient insuffisantes, ce que je ne crois pas, vous pourriez appeler auprès de vous le bataillon polonais qui est à Florence. Je pense que vous ne pourrez remplir mes instructions et celles du Gouvernement qu'en vous transportant de votre personne dans l'île d'Elbe, d'où vous pourrez revenir quand vous vous serez rendu maître de Porto Ferrajo ; il est instant et nécessaire que vous vous rendiez le plus tôt possible à cette nouvelle destination. Il est bon de vous observer que l'or des Anglais a tout corrompu dans cette ville, qui ne refuse de se rendre que parce qu'elle ne veut pas laisser en notre pouvoir une infinité de marchandises anglaises que vous aurez soin de faire séquestrer du moment qu'elle se rendra.
Si néanmoins le gouverneur de cette place voulait capituler et vous demandait pour condition la liberté de tout exporter, vous lui accorderiez tout ; l'unique but du Gouvernement étant d'avoir la ville et surtout le port, pour donner asile à une escadre française, si elle venait à paraître dans la Méditerranée et si elle était poursuivie par des forces supérieures.
Je vous prie de me faire connaître votre arrivée dans l’ile d'Elbe, sa situation et les mesures que vous aurez prises pour le siège de Porto Ferrajo.
Comme l'ile d'Elbe fait partie de la 23e division militaire et que, voulant me débarrasser de ce siège, j'avais ordonné au chef de brigade Mariotti de correspondre à l'avenir avec le général Muller, commandant en Corse, je vous prie d'envoyer à ce dernier la copie de la lettre que je reçois du ministre qui me charge du siège de Porto Ferrajo. Vous pourrez faire connaître an commissaire-ordonnateur pour vos besoins, il a ordre de satisfaire à tous autant qu'il lui sera possible. Les mortiers qui sont à Orbitello vous seront surtout de la plus grande utilité.
Adieu, mon cher général, donnez-moi souvent de vos nouvelles, apprenez-moi surtout bien vite que vous êtes maître de Porto Ferrajo
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 19, lettre 628).

Le 22 Fructidor an 9 (9 septembre 1801), Murat écrit au Général Watrin : "Je reçois en même temps, citoyen général, vos lettres des 5 et 12 fructidor, avec l'extrait des lettres du général Muller et du citoyen Hamelin.
Le général Muller est dans l'erreur, lorsqu'il prétend que la caisse de la 23e division militaire ne doit pas solder la garnison de l'île d'Elbe, c'est-à-dire la 60e demi-brigade et les troupes de la 25e légère (23e ?). Je conçois aisément l'impossibilité où il se trouve de ne pouvoir fournir les vivres que vous lui demandez, mais je ne pense pas de même sur les secours pécuniaires qu'il s'obstine à n'e pas vous donner. Vous êtes d'autant plus en droit de les exiger, que ces troupes ont déjà été payées du premier mois qu'elles ont passé dans cette île. J'ai prévenu de cette mesure le ministre de la guerre qui n'aura certainement pas manqué de faire les fonds pour ces troupes.
Le tableau que vous me faites depuis quelque temps de votre position, citoyen général, n'est point du tout tranquillisant. Je suis véritablement peiné de ce que mes ordres sur l'approvisionnement de l'île d'Elbe n'ont pas été exécutés ; je vais les réitérer et je me plais à croire que le Gouvernement toscan vous a déjà fait passer une partie des secours que je lui avais demandés.
La perte de nos frégates va rendre plus que jamais difficiles nos communications avec l'île d'Elbe. Porto Ferrajo résistera plus longtemps et je ne sais pas s'il sera possible de s'en emparer, tant que les Anglais resteront maîtres de la mer. Croyez, citoyen général, que je vois d'ici toutes les difficultés que vous devez surmonter, que je partage la douleur de votre position et que je ne néglige aucun des moyens qui peuvent l'adoucir. Il me tarde bien d'apprendre que vous avez commencé votre feu ; le résultat de vos premières attaques me déterminera à proposer au Gouvernement de prendre un parti définitif sur cette place …
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 115, lettre 746).

L'Etat Militaire de l'an X (septembre 1801-septembre 1802) nous donne l'encadrement suivant pour la 23e Légère :
Chef de brigade Constantini; Chefs de bataillons: Noblot, Sanson, Seigneuretet Fieffée; Quartier maitre trésorier Mayzonnie.

1802-1803: la famine règne dans l'ile, liée à de mauvaises récoltes. Les épidémies se succèdent.

Bonaparte constate en juin 1802 que les soldats n'ont pas de lits dans les casernes.Il ordonne à Berthier d'y remédier. Ils n'ont pas non plus de solde, ni d'équipements depuis des mois …

Le 3 juillet 1802 (14 messidor an 10), Bonaparte écrit depuis La Malmaison au Contre-Amiral Decrès, Ministre de la Marine et des Colonies : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre à une frégate de partir de Toulon et de se rendre dans le plus court délai à Portoferraio. Elle prendra à son bord cinquante matelots de l'île d'Elbe, que le général commandant a l'ordre de presser et qui seront employés sur nos vaisseaux, cinquante jeunes gens de la conscription, qui seront à la disposition du général commandant à Marseille, pour être incorporés dans une demi-brigade; enfin douze otages qui seront retenus jusqu'à nouvel ordre à Toulon. Cette frégate embarquera à Toulon 300 hommes du dépôt de la 3e demi-brigade helvétique; et les hommes disponibles du dépôt de la 23e légère, qui sont à Toulon. Elle débarquera ces détachements à Bastia.
L'officier commandant la frégate doit prendre les ordres du général Rusca, pour l'éxecution de ces dispositions, et garder le plus profond secret sur l'objet de sa mission
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6988).

L'Etat militaire de l'an XI (à partir de septembre 1802) nous donne la position de la Demi-brigade : 23e Demi-brigade Légère à Bastia (23e Division militaire); Chef de Brigade Constantini; Chefs de Bataillon Noblot, Rey, Fieffé, Seigneurelet.

Le 20 décembre 1802 (29 frimaire an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "La frégate Le Rhin, la corvette La Nourrice et un autre bâtiment pourraient se charger d'embarquer le 3e bataillon de la 23e légère à Saint-Florent en Corse; il serait fort de 700 hommes ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7373).

Le 15 mars 1803 (24 ventôse an 11), Bonaparte écrit depuis Paris au Contre-Amiral Decrès, Ministre de la Marine et des Colonies : "Je vous prie, Citoyen Ministre, d'envoyer un courrier extraordinaire pour porter l'ordre de suspendre le départ des deux bataillons de la 23e légère qui doivent s'embarquer à Saint-Florent. Ils continueront à former garnison dans la 23e division militaire ...
Employez les moyens de transport destinés à embarquer la 23e légère et le bataillon de Rochefort et tout ce qui est à Marseille, Toulon, Gênes, etc. pour les dépôts coloniaux. Je désire que, jusqu'à nouvel ordre, vous ne vous serviez, pour les expéditions d'Amérique, d'aucun vaisseau de guerre ni frégate
" (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6635; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7523).

Bonaparte écrit depuis Paris, le 9 avril 1803 (19 germinal an 11), au général Morand qui commande à présent les troupes de la 23e Division Militaire : "Je suis instruit de toutes parts de la famine qui désole votre division. Il y a plus de quatre mois que le ministre de l'intérieur a envoyé du Havre un convoi de 20,000 quintaux de blé; il y a plus d'un mois qu'il est arrivé à Bastia. Cependant je n'entends pas que cela ait soulagé le pays. Faites-moi connaître directement ce qui est arrivé, depuis le 1er vendémiaire an XI, des ports de l'Océan ou de la Méditerranée, sans comprendre ce qui est au compte du munitionnaire général.
La 23e Légère restera encore sous vos ordres, ce qui joint aux deux bataillons de la 20e, à la demi-brigade helvétique
(la 3ème) et à la Gendarmerie doit former une force suffisante pour maintenir l'ordre" (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6676; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7560).

Le 13 avril 1803 (23 germinal an 11), depuis Saint-Cloud, Bonaparte fait écrire au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Vous recommanderez au général Morand de tenir complète, en Corse, toute la 23e pour le service de l'île, de la réunir cet été et de la faire manœuvrer …" (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6682).

En Mai 1803, il ordonne à Berthier que 500 hommes du dépôt colonial de Saint-Domingue arrivant en Corse pour complêter la 20e Demi brigade de Ligne soient versés à la 23e Légère si la 20e de Ligne est déjà complète.

En 1803 toujours, le chef de brigade change (Constantini est nommé général) et l'unité passe sous les ordres de Louis Jean Nicolas Abbe. La demi-brigade devient régiment. Les chefs de bataillons (Etat militaire de l'an XII) sont Noblot, Rey et Seigneuret.

Une année passe. L'Empire est proclamé le 18 mai 1804. Berthier est de nouveau sollicité par le nouvel Empereur :
"La Malmaison, 14 messidor an XII (3 juillet 1804).
Mon Cousin, le général Morand dans l'île de Corse divise trop ses troupes, de manière qu'elles ne peuvent s'occuper de leur instruction. Donnez-lui l'ordre de réunir à Bastia les 3e et 4e bataillons du 20e régiment, afin de veiller à leur instruction, pendant les mois de vendémiaire, brumaire et frimaire ; de leur faire faire l'exercice à feu au moins dix fois pendant ces trois mois, et de tenir les deux premiers bataillons du 23e d'infanterie légère tout entiers réunis à Ajaccio; et le 3e à Calvi, pendant au moins les trois mois de l'automne, afin que les soldats puissent s'exercer à toutes les manœuvres par bataillon et par régiment. Donnez-lui l'ordre de faire fournir, pendant ces trois mois, par le bataillon suisse, des détachements à Bonifacio, Calvi, Corté, Vivario, et à l'île Rousse. Ces trois mois expirés, le 20e fournira des garnisons à ces places, et le bataillon suisse se réunira pour son instruction. Je désire surtout qu'on veille à l'instruction du 23e d'infanterie légère, qui, étant depuis six ans en Corse, a perdu l'habitude de manœuvrer par bataillon
" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7837; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8981).

C'est le 30 décembre 1804 que Napoléon ordonne à Berthier que le 23e Léger embarque par Bastia pour Livourne et de là, se rende à Parme; l'embarquement devant s'effectuer le plus secrètement possible :
"AU MARéCHAL BERTHIER.
Paris, 9 nivôse an 13 (30 décembre 1804).
Mon Cousin, donnez l'ordre sur-le-champ au 23e régiment d'infanterie, qui est en Corse, de s'embarquer à Bastia et de se rendre à Livourne, en débarquant sur un point quelconque du continent d'Italie, pour de là se rendre à Parme, où il tiendra garnisonjusqu'à nouvel ordre.
... Vous recommanderez au général Morand de prendre des mesures pour embarquer le 23e régiment d'infanterie légère le plus secrètement possible, et de le faire escorter pour sa sûreté par quelques bâtiments légers. Il doit profiter pour cela d'un temps fait. Avec Capraja, l'île d'Elbe, et de la prudence, le passage doit être sûr. Vous ferez connaître à ce général qu'il encourrait tout mon mécontentement et qu'il serait véritablement coupable, s'il apportait le moindre retard dans l'exécution du présent ordre, qui tient à des mesures générales
" (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8242; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 9471).

II/ 1805 : L'ARMEE D'ITALIE

Bouton 23e Léger
Bouton du 23e Léger

En janvier 1805, l'encadrement et les positions du régiment sont les suivants (SHDT : us180501) :
Chef de corps : ABBE colonel - infanterie.
Conscrits des départements de l'Isère - des Pyrénées-Orientales des ans XI et XII.
Observations : janvier 1805 effectif sous les armes : 2540 officiers et hommes - hopitaux 215 hommes.
HORIOT major - infanterie.
MAYSONNIER quartier maître trésorier.
1er bataillon commandant : chef de bataillon Noblot à Parme, venant de la Corse - armée d'Italie - duché de Parme - division Lesuire.
2e bataillon commandant : chef de bataillon Rey à Parme, venant de la Corse - armée d'Italie - duché de Parme - Lesuire.
3e bataillon commandant : chef de bataillon Seigneuret à Parme, venant de la Corse - armée d'Italie - duché de Parme - Lesuire.

Le 23e Léger est entièrement rééquipé et habillé.

Le 27 mars 1805 (6 germinal an XIII), l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "... Je passerai en revue dans les dix premiers jours de prairial, dans la plaine de Lonato, les 22e et 23e légers, les 1er, 10e, 106e, 52e, 62e, 101e, 53e de ligne, et les trois régiments italiens. Le général Jourdan formera quatre divisions, chacune de trois régiments; on les cantonnera sur la Chiese et le Mincio ... Vous me ferez connaître également ce qu'il sera nécessaire de donner aux troupes pendant le temps qu'elles seront cantonnées ...
Vous recommanderez bien au maréchal Jourdan que ces mouvements n'aient point l'air de mouvements de guerre ... Il donnera seulement l'ordre de se mettre en marche ... au 23e qui est à Parme ...
" (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8491; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9739).

Le 18 avril 1805 (28 germinal an XIII), Napoléon écrit depuis Modane au Maréchal Berthier : "... Donnez ordre à Rusca que tout ce qui est du 20e se rende à Livourne, et à Morand que tout ce qui est détaché ou isolé du 23e léger s'y rende aussi ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8600; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9861).

D'après la situation des "Troupes dans le royaume d'Italie à l'époque du 1er thermidor au XIII" (20 juillet 1805), il y a, dans la 3e Division à Bologne, le 23e Léger, fort de 2340 hommes à l'effectif, et 2113 hommes présents à Bologne (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 117 et suivantes).

Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 23e Léger a ses 1er, 2e et 3e Bataillons dans le Royaume d'Italie, 3e Division militaire, pour 2113 hommes présents, 32 détachés ou en recrutement, 195 aux hôpitaux, total 2340 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).

Le 5 août 1805 (17 thermidor an XIII), Napoléon écrit depuis Pont-de-Briques, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, faites connaître au général Morand que je n'ai pu être satisfait de la tenue du 23e régiment d'infanterie légère que j'ai trouvé mal habillé, sans instruction; que je ne puis admettre aucune espèce d'excuses ; que je lui ai ordonné plusieurs fois de réunir ce corps pendant l'automne et de veiller à son instruction, ce qu'il n'a point fait" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10504).

A partir de septembre 1805, tandis que Napoléon fait pivoter ses troupes des côtes de l'Empire vers l'Europe centrale pour contrer l'offensive autrichienne et russe, les forces franco-italiennes dans la péninsule ont un double objectif : l'Armée d'Italie, dans le Royaume du même nom, confiée à Masséna, doit fixer les Autrichiens en Italie du Nord et les empêcher de rejoindre Vienne ; et le Corps d'Armée de Gouvion Saint-Cyr doit contrôler le Royaume de Naples.

A l'ouverture des hostilités, vers le milieu du mois d'octobre, l'Armée d'Italie a été portée à 65000 hommes, sous le commandement du Maréchal Massena, commandant eu chef. L'aile droite de cette armée comprend la Division d'infanterie Gardanne, Brigades Compère et Lenchantin, douze Bataillons des 22e d'infanterie légère, 52e, 29e et 101e de ligne, trois Escadrons du 23e de Chasseurs à cheval, 6000 combattants et cinq bouches à feu ; et la Division d'infanterie Verdier, Brigades Brun et Digonet, quinze Bataillons des 23e d'infanterie légère, 10e, 56e, 62e de ligne, Dragons à pied, Dragons réunis, sept Escadrons des 4e et 19e de Chasseurs à cheval,·5000 combattants et onze bouches à feu (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 277).

Le Corps du Général Gouvion-Saint-Cyr, dans le Royaume de Naples, est formé de deux Divisions et d'une de réserve. La 1ère Division, Général de Division Reynier, Généraux de Brigade, Digonet, Herbin, Grigni, compte 7500 hommes et 1200 chevaux, des 23e d'infanterie légère, 10e, 56e, 62e de ligne, 4e Bataillon suisse, 4e et 6e de Chasseurs à cheval. La 2e Division, Général de division Lecchi, Généraux de brigade Ottavi et Severoli, 5000 hommes et 750 chevaux des 2e, 4e et 5e Régiments italiens, 32e Léger (un Bataillon), 1er Régiment des Chasseurs royaux italiens. La Réserve, Généraux de Brigade Peyri et Brou, 5000 hommes et 430 chevaux, des 1er d'infanterie·polonaise, Légion corse, 28e de Dragons, total de 17 à 18000 combattants et 2500 cheveaux, avec un matériel de 37 bouches à feu et 25 voitures (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 277).

L'Adige étant la ligne de démarcation entre le Royaume d'Italie et l'Italie sous contrôle autrichien, est franchie par Masséna à et autour de Vérone le 18 octobre. Après dix jours de face à face, les adversaires se heurtent à Caldiero. Bataille assez sanglante mais qui, sur le plan stratégique, n'empêche pas les Autrichiens de l'archiduc Charles de retraiter vers Vienne, laissant derrière eux de fortes garnisons, dont celle de Venise. Le lieutenant Buchon, du 23e Léger, y est blessé.

Masséna, menacé au sud par le débarquement à Naples de Russes et d'Anglais, et craignant une contre-attaque à partir du Tyrol, décide de rester sur ses positions. Pendant ce temps, les troupes de Gouvion Saint-Cyr avaient quitté le royaume de Naplesau début octobre pour rallier Masséna. A la mi-novembre, elles se trouvaient aux alentours de Padoue. Masséna leur donnait alors l'ordre de bloquer la garnison autrichienne de Venise. Le 23e Léger y était détaché au sein de la division Reynier. Les Français se retranchent autour de la ville.

Le 23 novembre, le prince de Rohan, commandant des forces autrichiennes au Tyrol, après une marche périlleuse, allait tomber sur les arrières des Français. Le devançant, Gouvion Saint-Cyr l'écrase à Castelfranco le 24 novembre.

III/ CAMPAGNE DANS LE ROYAUME DE NAPLES, 1806-1808

Plaque de shako 23e Léger modèle 1806
Plaque de shako du 23e Léger, modèle 1806

Une fois de plus, le Royaume de Naples avait rompu le pacte de neutralité conclu avec la France; et pourtant, déjà deux fois envahi et occupé, il aurait dû se méfier. La haine de la reine, dont la sœur Marie-Antoinette avait été décapitée par la République, était la plus forte.

Dès que le corps d'armée de Gouvion Saint-Cyr s'était éloigné, Russes et Anglais étaient arrivés. Mais la victoire d'Austerlitz avait changé la donne, et le Roi de Naples avait vu ses chers alliés rembarquer, le laissant seul face aux Français.

Napoléon avait décidé une fois pour toutes de se débarrasser de ces souverains Bourbons encombrants et pusillanimes et de les remplacer par son frère Joseph. Le 23 janvier, tandis que son armée se retirait dans le sud de la péninsule, laissant des garnisons à Gaète, Civitella del Tronto et Pescara, le roi embarquait courageusement pour la Sicile sous la protection des Anglais.

Nommé au commandement en chef d'une nouvelle armée de Naples franco-italo-polonaise, Masséna préparait ses hommes aux frontières du Royaume et y pénétrait, sur trois colonnes, le 8 février. Le 14 février, les Français entraient dans Naples. Laissant des troupes au siège de Gaète et de Civitella del Tronto.

Le 17 février 1806, Napoléon écrit depuis Paris, à Joseph, Lieutenant de l'Empereur, Commandant en chef de l'Armée de Naples : "Mon frère, dans les états que vous m'avez envoyés vous ne parlez pas du 10e, 20e de ligne et 102e, du 14e d'infanterie légère, du 23e légère, des 7e, 23e, 24e, 29e et 30e de dragons, non plus que des dragons Napoléon et de la Reine, italiens.
Ces corps doivent avoir joint et avoir porté votre armée à 40 000 hommes. Faites en faire un état en règle bataillon par bataillon, compagnie par compagnie, escadron par escadron
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 71 ; Du Casse : « Supplément à la correspondance de Napoléon 1er » ; Paris, Dentu, 1887, p. 34 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11489).

Le Général Reynier, qui doit poursuivre une armée plus considérable que la sienne, est chargé de marcher en Calabre avec le 3e corps de l'Armée de Naples chargée de l'occupation de la Calabre. L'armée napolitaine se replie par cette province sur la Sicile. Les troupes réunies à Salerne vers la fin de février forment un Corps expéditionnaire, composé de 12 Bataillons et de 6 Escadrons, répartis en trois groupes : une Brigade d'avant-garde (Général de Brigade Compère), deux Bataillons du 1er Léger (1er et 2e Bataillons et Compagnies d'élite du 3e Bataillon), deux du 42e de Ligne, trois pièces de montagne et un détachement de sapeurs ; une Division, corps principal sous les ordres du Général de Division Verdier, formé de deux Brigades (Généraux Digonnet et Peyri), deux Bataillons des 23e Léger et 6e de Ligne, trois d'Infanterie polonaise, trois pièces de montagne, un détachement de Sapeurs ; et une réserve (Général de Brigade Franceschi), quatre Bataillons du 1er Régiment suisse, et six Escadrons des 6e et 9e chasseurs, deux bouches à feu ; une batterie de quatre pièces envoyée à Matera (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 25).

Le 12 mars 1806, Napoléon écrit depuis Paris, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, mon intention est que les trois mille hommes formant la réserve des départements ci-dessous nommés marchent comme les autres et soient dirigés, savoir ceux du département :
... Du Maine-et-Loire ... 23e d'infanterie légère ...
Ceux de ces conscrits dont les corps sont à Naples rejoindront leurs dépôts en Italie où ils trouveront des habillements et on les fera passer sur-le-champ à Naples
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 329 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11656).

Réorganisée en trois corps: le premier gardant Naples et assurant le siège de Gaeta, le second aux ordres du général Reynier devant conquérir les Calabres et le 3e avec Saint-Cyr et Duhesme devant contrôler les Pouilles et les Abruzzes, l'armée française continuait ses opérations.

A l'avant-garde de Reynier se trouvaient les 1er et 23e Légers (2 bataillons). L'unité compte alors 1406 hommes. La progression est rapide devant des troupes napolitaines qui ne cessent de se replier et laissent de nombreux prisonniers :San Lorenzo di Padula, Campatano, Lauria, Castelluccio, Campo Tenese.

Le 20 mars, Reynier entrait dans Scylla où les débris de l'armée napolitaine évacuaient, grâce à la flotte anglaise, vers la Sicile, puis à Reggio.

Le 21 avril 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, à Joseph, Roi de Naples : "Mon Frère ...
Je vois que le 14e d'infanterie légère a trois bataillons à l'armée : si cela est, renvoyez le 3e bataillon au dépôt. Je dirai la même chose ... du 23e d'infanterie légère. Ne gardez que deux bataillons à l'armée et renvoyez les cadres des autres bataillons aux dépôts, dans le royaume d'Italie ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 199 (avec la date du 21 avril 1806) ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10131; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11938).

Le 27 avril, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, à Joseph, Roi de Naples : "... Faites connaître ... que j'accorde aux 1er et 23e légers ... huit aigles de la Légion d'honneur. Vous me ferez passer la note de ceux qui se sont distingués" (Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10156; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11993).

Au 1er mai 1806, d'après les états de situation envoyés par le Prince Éugène, commandant en chef, la composition et la force des divers corps composant l'Armée dite d'Italie, dont le quartier général est à Milan, est la suivante :
Division DES DÉPÔTS DE L’ARMÉE DE NAPLES, comptant à l'armée d'Italie :
1re division, Général de Brigade Pouchin (Forli) ; 3es Bataillons des 1er, 14e, 23e léger, 1er, 6e, 10e, 42e de ligne ; 3500 présents - Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 268.

Le 6 mai 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils ... Envoyez un inspecteur aux revues jeter les yeux sur le 23e d'infanterie légère, qui paraît chercher des prétextes pour ne point rendre de comptes" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 373 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10200; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12064).

Joseph entamait une tournée dans son nouveau royaume puis revenait à Naples le 11 mai pour les fêtes de son couronnement. Hélas pour lui, les Anglais continuaient de ravitailler Gaète et s'emparaient même, sous son nez, de l'ile de Capri, dans la baie de Naples. Un corps expéditionnaire se préparait en Sicile pour débarquer dans le golfe de Sainte-Euphémie.

Civitella del Tronto capitulait le 22 mai 1806. Le lieutenant Jouvet, du 23e Léger, avait été blessé aux derniers jours du siège.

Dans la première quinzaine de juin, l'armée du Vice-roi comprend la Division des Dépôts, Généraux Pouchin (Forli), Valory (Bologne), Laplanche-Mortièrcs (Modène), 7500 fantassins des 1er, 14e, 22e et 23e Légers, 1er, 6e, 10e, 20e, 29e, 42e, 52e, 62e, 101e·et 102e de Ligne, du 4e Régiment suisse et du 32e Léger (1er Bataillon) (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 285).

Le 7 juin 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Roi de Naples : "... Voici comment je placerais vos troupes au moment de l'expédition de Sicile :
... Le 14e léger, le 1er léger, le 23e léger, le 1er de ligne, le 20e de ligne, les 29e de ligne, 42e et 102e, les Polonais, les Suisses, les Corses et quelques régiments de chasseurs et de dragons, seraient chargés de l'expédition de Sicile. Cela formerait 18,000 hommes, en y joignant le bataillon de grenadiers des deux régiments qui sont à Naples et ceux des quatre régiments italiens ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 285 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10329; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12252).

Le 28 juin 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, faites-moi connaître pourquoi les majors des 23e d'infanterie légère ... faisant partie de l'armée de Naples ne sont pas à leurs dépôts dans le royaume d'ltalie" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 503 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12389).

- Maida

Dans son rapport adressé le 5 juillet 1806, depuis Catanzaro, à Joseph, le Général Reynier écrit : "… Afin de suivre le mouvement de la flotte ennemie, je fis mettre en marche, le 30 juin, le 23e régiment d'infanterie légère et une partie du 42e, et ordonnai le rassemblement au fleuve Angitola de tous les détachements dispersés …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 376).

Le 1er juillet 1806, le Général Stuart part avec six mille Napolitains, et se dirige vers le golfe de Sainte-Euphémie ; le cap Vatican masque le mouvement de l'escadre anglaise, dont les vaisseaux peuvent aborder à demi-portée de canon de la plage. Ce Corps débarque sans opposition près du village de Sainte-Euphémie. Instruit de cet événement, le Général Reynier accourt avec les troupes qu'il a rassemblées à la hâte. Deux bataillons du 23e Léger y font partie de la division Digonet. Reynier marche sur Maida, au sud des positions Britanniques. Le 3 juillet, son avant-garde est en présence de l'ennemi, bivouaqué au pied de la colline de Sainte-Euphémie.

Le Général anglais s'est éloigné du rivage et a pris position sur la colline, afin de préserver ses troupes des exhalaisons pestilentielles de la plaine. Il quitte cette position dès qu'il aperçoit la Division Reynier, et se rapproche du mouillage de ses vaisseaux. Formant sa ligne parallèlement au rivage, il appuie sa droite à l'Amato, vers l'embouchure de cette rivière. Si Reynier s'était borné à observer l'ennemi et à manœuvrer de manière à le contenir dans la plaine, en peu de jours le Corps du Général Stuart aurait en partie succombé par l'insalubrité de l'air, dont les Français peuvent se préserver eux-mêmes en occupant les hauteurs. Mais, entraîné, soit par la noble impatience d'en venir aux mains avec le même adversaire qu'il a combattu en Égypte, soit par la crainte de laisser propager la révolte qui commence à éclater dans les Calabres, Reynier décide de prendre l'offensive, le 4 juillet, et de repousser les Britanniques, avant que, sur ses arrières, des masses d'insurgés qui l'entourent et attendent les résultats du combat, ne se décident à l'attaquer.

Sans réfléchir à la difficulté de battre, avec des troupes fatiguées par une marche forcée, un Corps de moitié plus fort que le sien, placé dans une position avantageuse, couvert par une rivière, flanqué par des chaloupes canonnières et protégé par une escadre, il donne ordre d'aborder les Anglais. Le succès ne répond pas à son courage.

L'avant-garde, ayant passé l'Amato, n'a pas eu le temps de se former lorsque la ligne ennemie s'avance à son tour, et l'accueille par le feu le plus meurtrier. Le Général Compère est blessé en cherchant à rallier ce qui lui reste de sa Brigade. Son mouvement rétrograde jette la confusion dans les troupes qui marchent pour le soutenir. Un seul Bataillon du 23e d'infanterie légère, commandé par le Général Abbé, arrête l'ennemi ; mais le Général Reynier, ne pouvant plus rétablir le combat avec quelque chance de succès, ordonne la retraite, qui s'effectue sur Catanzaro; les Français doivent se replier, poursuivis par la population armée.

Dans son rapport adressé le 5 juillet 1806, depuis Catanzaro, à Joseph, le Général Reynier écrit : "… Je pouvais, en passant le Lamato, marcher à eux en peu de temps, et les aborder sans obstacle avec mon infanterie, mon artillerie légère et la cavalerie, qui malheureusement n'était que de cent cinquante hommes du 9e de chasseurs. Je n'aurais pas eu ces avantages si je leur avais laissé passer le Lamato, parce que le terrain est coupé et entremêlé de marais et de bosquets, qui ne m'auraient pas permis de pousser l'attaque avec autant de vigueur et de célérité que je le désirais pour rendre le succès complet, et qu'il était nécessaire pour les battre avant que la masse des brigands qui rôdaient sur mes derrières fût assez organisée pour m'attaquer à dos par le bois, tandis que je serais occupé à combattre les Anglais vers la mer.
A neuf heures du matin, je fis mettre les troupes en mouvement ; deux compagnies de voltigeurs eurent l'ordre de suivre les bosquets qui bordent le lit du Lamato. Le 1er et le 42e régiments, forts de deux mille quatre cents hommes, sous les ordres du général Compère, ont passé le Lamato et se sont formés en bataille, ayant leur gauche au Lamato. Le 4e bataillon suisse et douze compagnies du régiment polonais, forts de quinze cents hommes, sous les ordres du général de brigade Peyri, ont passé le Lamato au centre, et se sont formés en seconde ligne par échelons derrière la droite du 42e régiment. Le 23e régiment d'infanterie légère, fort de douze cent cinquante hommes, sous les ordres du général Digonnet, a passé, et s'est formé sur la droite ; quatre pièces d'artillerie légère et le 9e régiment de chasseurs à cheval, sous les ordres du général Franceschi, étaient au centre.
Les Anglais avaient huit pièces de campagne ; leurs flancs étaient protégés par un vaisseau, une frégate, et des chaloupes canonnières.
Les voltigeurs détachés dans le Lamato étaient pressés par les troupes anglaises qui passaient cette rivière. La première ligne ennemie s'était un peu avancée en suivant des tirailleurs, que je fis retirer pour les attirer. Je donnai ordre que le 1er régiment d'infanterie légère avançât sa gauche pour soutenir les voltigeurs, et que le reste de la brigade du général Compère marchât par échelon ; que les Suisses et les Polonais suivissent le mouvement en seconde ligne, et que le 23e régiment d'infanterie, qui s'était trop écarté à sa droite, se rapprochât des Suisses, voulant faire tout mon effort sur le centre des ennemis.
Lorsque le 1er régiment d'infanterie légère fut à demi-portée de fusil des régiments anglais, qui restaient au port d'armes sans tirer, il battit la charge ; le 42e régiment chargea un instant après, à la même distance. Les bataillons anglais commencèrent alors un feu très-bien nourri, qui n'arrêta pas d'abord la charge des régiments français ; mais, n'ayant plus que quinze pas à faire pour aborder la ligne ennemie à la baïonnette et la culbuter, les soldats du 1er régiment tournèrent le dos, et prirent la fuite. Ceux du 42e s'aperçurent de ce mouvement, et, quoiqu'ils n'eussent plus que quelques pas à faire, commencèrent à hésiter, et suivirent l'exemple du 1er. Aussitôt que je m'aperçus du mouvement rétrograde du 1er régiment, je me tournai vers la seconde ligne pour la faire charger ; mais les Polonais avaient déjà pris la fuite. Le bataillon suisse, entraîné un peu par l'exemple des autres corps, hésita : cependant j'en fis avancer plusieurs pelotons, qui arrêtèrent un peu la ligne ennemie, qui s'avançait à la suite du 1er et du 42e. Je fus aussitôt au 23e régiment, pour voir s'il était possible de faire avec ce régiment et les chasseurs à cheval un nouvel effort sur le centre des ennemis, qui, par son mouvement en avant, découvrait son flanc gauche, et laissait un grand intervalle vide pour les prendre en flanc ; mais ce régiment était un peu trop à droite et déjà engagé avec la gauche des ennemis, qu'il contenait, et qui l'aurait abîmé s'il avait quitté ce point pour faire cette attaque.
Les troupes qui s'étaient débandées s'étant retirées très-loin du champ de bataille, je n'en avais plus de disponibles ; et il ne me restait d'autre parti que celui de conserver celles qui me restaient, de les rallier pour attendre des secours en prenant la route de Catanzaro et de Cotrone, afin de faire porter mes blessés à cette dernière place, où on m'avait déjà proposé de me retirer, et d'attendre les renforts que Votre Majesté ordonnera d'envoyer pour chasser promptement les Anglais du continent, nous venger de l'échec que nos troupes ont reçu, et marcher au secours des garnisons des châteaux de Scylla et de Reggio …
Si beaucoup de soldats ne se sont pas conduits avec la vigueur que j'espérais de troupes qui se sont anciennement distinguées, j'ai été satisfait des officiers, qui ont bien rempli leur devoir. Le général Compère a été blessé au bras, à la tête du 1er régiment. Son cheval l'ayant renversé, il est resté prisonnier; le chef de bataillon Rey, du 23e régiment, blessé, ainsi que ... beaucoup d'autres braves. Je ne connais pas encore précisément mes pertes ; mais j'ai avec moi environ quatre mille hommes et trois cents blessés …
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 376).

Le 23e léger voit le chef de bataillon Rey blessé, de même que les capitaines Vernet et Lacroix. Le chirurgien-major Gaye mourra de ses blessures fin août.

Partout l'insurrection éclate alors. Les garnisons laissées en arrière par Reynier préfèrent se rendre aux Britanniques plutôt que d'être massacrées (beaucoup de petits postes seront en effet égorgés). C'est le cas à Scylla et Reggio.

Reynier retraite vers Catanzano. Puis, longeant la côte, poursuivi par des Britanniques à Cotrone, qui y capturèrent nombre de blessés de Maida, se retranche à Cassano. Son adjoint, Verdier, se réfugie en Pouille. Masséna, délivré du siège de Gaête, qui a capitulé le 19 juillet, va venir rétablir la situation militaire avec des renforts.

- La guerre des Calabres, 1806-1807

Carte des Calabres
Carte des Calabres

Avant d'envisager les actions du 23e Léger, quelques mots sur le contexte. Les Calabres entrent en insurrection générale après Maida. Des corps francs calabrais, plus ou moins importants (les masses), soutenus par la base arrière sicilienne et la flotte britannique qui les ravitaillent sur les côtes en armes, équipements et renforts, et par quelques places fortes reprises aux Français, se mettent à harceler les troupes impériales, massacrant les isolés, les blessés et malades restés en arrière, coupant les communications. Leurs effectifs sont très fluctuants. Ils recrutent parmi les masses pauvres et rurales, qui en profitent pour se venger des propriétaires et citadins. Aidés par le terrain très compartimenté par le relief, et le climat rude, ils sont très mobiles et refusent les affrontements directs.

Les forces françaises sont en pénurie d'effectifs, de matériel et de solde (depuis février 1806, l'Armée est censée vivre sur le pays, or dans un pays très pauvre ...), à la merci d'un débarquement anglo-napolitain, venu de Sicile, sur les arrières, et des épidémies de malaria.

Pour juguler l'insurrection, les officiers, dont beaucoup ont connu l'Egypte, ont plusieurs moyens : former des colonnes mobiles légères qui sillonnent le pays jusqu'à l'épuisement et coordonnent leurs mouvements pour acculer les insurgés dans des "nasses" où l'on peut les détruire, s'emparer de leurs forteresses, liquider les chefs ou les rallier, faire des "exemples" en représailles, face aux atrocités, pour décourager les rebelles (mais pas trop car contreproductif) et lever dans la population citadine et les propriétaires des corps de supplétifs. Bref, c'est une campagne atroce qui préfigure celle d'Espagne.

Le 28 juillet 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, je n'ai point de nouvelles de vous depuis longtemps, je n'ai de nouvelles de Dalmatie que par Le Marois.
Donnez l'ordre au général Charpentier de se rendre auprès des divisions de réserve des dépôts de l'armée de Naples, et d'organiser deux compagnies du 1er régiment d'infanterie légère, fortes de 100 hommes chacune, deux compagnies d'égale force du 14e, deux compagnies du 23e ; de former de ces six compagnies un bataillon, dont il donnera le commandement à un des chefs de bataillon du 1er régiment d'infanterie légère ; il prendra l'adjudant-major dans un régiment différent.
Il formera un second bataillon de trois compagnies du 6e ; un troisième bataillon de six compagnies du 10e et un quatrième bataillon de six compagnies du 42e. Il donnera le commandement de ces quatre bataillons à un major, en choisissant un homme habile et ferme, et les réunira à Rimini. Recommandez-lui de ne prendre que des hommes bien portants, bien armés et bien habillés.
Il formera un bataillon de six compagnies, de 100 hommes chacune du 22e d'infanterie légère ; un autre bataillon d'égale force, de six compagnies du 20e de ligne ; un troisième bataillon de quatre compagnies du 29e et de deux compagnies du 52e ; et un quatrième bataillon de trois compagnies du 62e et de trois compagnies du 102e. Ces quatre bataillons seront également mis sous les ordres d'un major intelligent et capable, et seront réunis sans délai à Imola.
Tout ce qu'il y a dans le royaume d'Italie du 32e d'infanterie légère de la légion corse se rendra sur-le-champ à Rimini, pour se joindre à l'un des deux corps de réserve. Ces deux corps sont destinés à se rendre dans le royaume de Naples et à servir de réserve ; si cela est nécessaire, le général Laplanche-Morthières se rendra à Rimini pour en prendre le commandement. Vous aurez soin que les huit pièces d'artillerie que je vous ai ordonné par ma lettre d'hier de tenir prêtes se rendent à Rimini avec un bon officier pour les commander. Vous comprendrez facilement que mon intention et de réunir d'abord ce corps de 4 800 hommes à Ancône, où il sera sous les ordres du général Le Marois, qui y joindra ses deux régiments de cavalerie et les deux bataillons suisses qu'il a ; ce qui formera un corps de plus de 6 000 hommes, avec huit pièces d'artillerie attelées.
Le général Le Marois aura sous ses ordres les généraux Laplanche-Morthières et Tisson, et par là, il aura les moyens de contenir l'état romain et même de se porter sur le royaume de Naples pour renforcer l'armée française. Au reste, mon intention n'est, pour le moment que de réunir ces huit bataillons à Rimini et à Imola. Je désire que vous ne fassiez aucune disposition que par mon ordre que je donnerai selon les événements. Ordonnez au général Charpentier de m'envoyer l'état de situation de ces bataillons, afin que je vous fasse connaître la réponse quand ils devront partir
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 91; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12586).

Instructions de Napoléon à Joseph après Maida

Saint-Cloud, 30 juillet 1806
Au roi de Naples
Je vous ai déjà fait envoyer 500,000 francs; je viens de donner ordre qu'on vous en envoie 500,000 autres. J'ai aussi donné ordre qu'on réunisse cinq bataillons, de 1,000 hommes chacun, à Ancône, d'où ils se mettront en marche pour vous soutenir immédiatement après leur arrivée.
J'ai vu avec plaisir la prise de Gaète.
J'attends des nouvelles du général Reynier. Je ne puis trop vous répéter de ne pas tenir vos troupes à Naples. Faites former des camps ou cantonnements à une ou deux journées de Naples, en tenant juste le nombre d'hommes nécessaire pour la défense de la ville et des châteaux. Vous-même placez-vous dans une maison de campagne. Cette mesure, qui n'était pas bonne avant la prise de Gaète, est convenable à présent que les esprits sont rassurés. Donnez vous bien de garde d'écouter les conseils de ceux qui voudraient vous placer entre Bénévent et Capoue. Placez-vous entre Naples et la Calabre; réunissez vos forces et envoyez des expéditions pour brûler les villages insurgés. J'imagine que vous avez rejeté dans mer les Anglais qui auraient débarqué du côté de Salerne. Ne vous soumettez pas à l'initiative des mouvements des Calabrais et des ennemis. Vous avez assez de forces pour conquérir le royaume Naples et toute l'Italie. Les Anglais ne sont pas redoutables; mais lorsqu'on les attaque sans artillerie et en désordre avec la plus grande partie de mauvaises troupes comme les Polonais, il n'est pas étonnant qu'on réussisse mal.
Vous devez ne jamais faire aucun pas rétrograde et périr, s'il le faut, sur le territoire napolitain.
Toutes les dispositions qui ont été faites ne sont pas bonnes.
Il ne faut point de troupes à Naples; avec 100,000 hommes, vous ne garderiez pas celle ville, et avec 15,000, vous n'y feriez pas la police, qui peut se faire tout aussi bien avec 1,500. Des mesures vigoureuses rassureront plus la capitale que de voir des troupes encombrées dans son sein et qu'elle s'accoutumera à croire à peine suffisantes pour la police.
Vous pouvez prendre l'offensive en Calabre sans vous précipiter au fond de la botte, à moins que cela ne soit nécessaire pour dégager le général Reynier. Vos troupes marcheront avec plaisir. De Cassano à Naples il n'y a pas plus de 50 lieues. Il n'y a pas un moment à perdre pour placer là votre avant-garde. Cela seul peut mettre en repos votre royaume. Il serait même dangereux pour les négociations que cela ne se fit pas bientôt. Cette position, occupée par 6,000 hommes pouvant être renforcés dans un jour par 3,000 autres et dans deux jours par 6,000 autres, qui, en cas d'attaque par des troupes très-supérieures, pourraient se retirer d'une marche et se réunir encore à 3,000 hommes, vous rendra la tranquillité et fera que les affaires de Calabre n'auront plus d'influence sur la politique.
Pendant ce temps, vous organiserez votre service, vous ferez des expéditions pour soumettre les villages, et enfin, si l'ennemi prétendait vous attaquer sur Naples, en deux jours vous auriez 9,000 hommes sur cette capitale. Mais toutes ces choses ne se font pas ainsi; un débarquement n'est pas une chose facile; on le verra toujours précédé par les mouvements de l'intérieur. Je suis très-impatient d'apprendre que vous avez occupé Cassano. La saison va devenir supportable, et l'armée reprendra de l'ardeur. D'ailleurs faites piller deux ou trois gros bourgs, de ceux qui se sont le plus mal conduits; cela fera des exemples et rendra aux soldats de la gaieté et le désir d'agir.
En supposant que les Anglais eussent beaucoup de forces en Calabre et voulussent soutenir sérieusement une guerre si disproportionnée, avec une avant-garde à Cassano, appuyée, à quelques marches, de deux ou trois brigades, vous seriez renforcé en trois jours par 9,000 hommes; et, si enfin ils ne se croyaient pas suffisamment forts, ils se retireraient d'une marche et seraient encore rejoints par 3,000 hommes. C'est ainsi que l'on fait la guerre, lorsqu'on a plusieurs points à garder et qu'on ne sait pas sur lequel l'ennemi vous attaquera. Vous-même pouvez porter votre séjour à dix ou douze lieues de Naples. Des postes de cavalerie, des signaux doivent être établis, afin de correspondre avec les points de la côte qui sont sur votre flanc droit; et, quand enfin il en sera temps, que la saison sera rafraîchie, vous vous mettrez en mouvement et vous reprendrez toute la Calabre.
Vous avez d'aussi bons généraux qu'il peut y en avoir en France. Saint-Cyr est un général très-prudent. Il est vrai que Reynier a fait des fautes de toute espèce et auxquelles je ne m'attendais pas; l'art d'être tantôt audacieux et tantôt très-prudent est l'art de réussir. Du moment que Reynier vous aura rejoint, faites-passer les trois régiments qui sont avec lui, sur les derrières, dans des positions où ils puissent se reposer; ce doit être à l'un des échelons intermédiaires, ni le plus près de Cassano, ni le plus près de Naples.

Saint-Cloud, 30 juillet 1806
Au roi de Naples
J'ai reçu votre lettre du 19 juillet. Je vois avec plaisir que vous avez fait partir six régiments d'infanterie et deux de cavalerie pour Cassano. Il y a de quoi soumettre toute la Calabre et culbuter les Anglais. Il est assez inquiétant de savoir ce qu'est devenu le général Reynier; peut-être se maintient-il aux environs de Cotrone. Il est urgent de le dégager, car il doit avoir très-peu de vivres. Par différentes lettres que je vous ai écrites, je vous ai fait connaître les dispositions que votre position comportait : des échelons et des échelons, les châteaux de Naples approvisionnés et armés, vos dépôts enfermés dans Gaète et dans Capoue, et vos 25 ou 30,000 hommes placés de manière à pouvoir être réunis en quatre ou cinq jours, pour trois quarts, et en cinq marches forcées, sur Naples ou sur Cassano. Vous avez des côtes, sans doute, mais j'en ai partout; et, s'il est vrai que des vaisseaux donnassent tant d'avantage aux Anglais, il s'ensuivrait qu'avec les 40,000 hommes qu'ils ont de disponible ils pourraient tenir en échec un bien plus grand nombre de troupes. Mais pour chaque chose il faut un plan.
Il y a longtemps que je vous ai dit que vous disséminiez trop vos troupes. Tenez-les réunies, et il vous arrivera ce qui est arrivé en France : les Anglais ont débarqué plusieurs fois, mais ils ont été bien rossés et n'osent plus débarquer.
Si vous n'aviez, pas laissé Cassano sans forces, et que vous y eussiez tenu deux régiments, au lieu de les tenir dans la Pouille et disséminés sur les côtes, les Anglais eussent été rejetés dans la mer, et vous eussiez assuré votre tranquillité pour longtemps. L'idée que Naples ne peut être défendue contre une puissance maritime est une idée ridicule. Si vous dites ensuite que vous devez choisir pour séjour habituel une autre ville que Naples, plus avant dans les terres, je suis de votre opinion. J'aurais bien désiré avoir les plans des forts de Naples avec une dissertation des officiers du génie, et les plans de Capoue avec des mémoires qui me fassent connaître les points environnants.
Vous aurez Naples et la Sicile, vous serez reconnu par toute l'Europe; mais, si vous ne prenez point des mesures plus vigoureuses que celles que vous avez prises jusqu'ici, vous serez détrôné honteusement, à la première guerre continentale. Vous êtes trop bon, surtout pour le pays où vous êtes. Il faut désarmer, faire juger et déporter.
Il faut avoir à votre service 3,000 Corses, 6,000 Suisses et pas plus de 6,000 Napolitains. Vous n'employez pas assez les officiers napolitains qui ont servi dans l'armée d'Italie. Suivez mes principes politiques; faites l'armée patriote; employez les officiers partisans de la France et qui ont montré de l'énergie; ceux-là ne vous trahiront jamais pour la reine Caroline. Si vous gouvernez votre pays avec vigueur, et que vous en retiriez cent quarante à cent cinquante millions de Milan de contributions, vous aurez six vaisseaux de guerre et autant de frégates, qui, joints à ma marine de Toulon, rendront plus difficile et plus chanceuse aux Anglais leur domination sur la Méditerranée. N'employez pas trop de troupes napolitaines, qui vous abandonneraient si j'étais battu en Italie; il faut calculer ainsi : employez des troupes qui ne vous abandonneront pas.
Le 1er régiment suisse, est composé d'hommes qui ont servi en France, et qui seront fidèles. Les Corses vous seront fidèles, et vous pouvez facilement les recruter. Les Napolitains patriotes, qui ont été en France lors de la révolution de l'an VII, seront fidèles. Je ne parle pas de l'armée française; puisque les destins de la France ne peuvent être mis en balance que par l'Europe réunie, elle aurait besoin de toutes ses troupes, et probablement je ne pourrais vous laisser que deux ou trois régiments. Souvenez-vous bien de ce que je vous dis : le destin de votre règne dépend de votre conduite à votre retour dans la Calabre. Ne pardonnez pas. Faites passer par les armes au moins 600 des révoltés. Ils m'ont égorgé un plus grand nombre de soldats. Faites brûler les maisons de trente des principaux des chefs de villages, et distribuez leurs propriétés à l'armée. Désarmez tous les habitants et faites piller cinq on six gros villages de ceux qui se sont le plus mal comportés. Recommandez aux soldats de bien traiter les villes qui sont restées fidèles. Privez de leurs biens communaux les villages révoltés, et donnez ces biens à l'armée. Surtout désarmez avec rigueur.
Vous voyez la terreur qu'inspire la reine; certes, je ne vous propose pas son exemple à imiter; mais il n'en est pas moins vrai que c'est une puissance. Si vous vous conduisez avec vigueur et énergie, les Calabrais ni les autres ne bougeront de trente ans.
Je finirai ma lettre comme je l'ai commencée. Vous serez roi de Naples; vous aurez trois ou quatre ans de paix. Si vous vous faite roi fainéant, si vous ne tenez pas les rênes d'une main ferme et décidée, si vous écoutez l'opinion du peuple, qui ne sait ce qu'il veut, si vous ne détruisez pas les abus et les anciennes usurpations de manière que vous soyez riche, si vous ne mettez pas des impositions telles que vous puissiez entretenir à votre service des Français, des Corses, des Suisses, des Napolitains, et armer des vaisseaux, vous ne ferez rien du tout; et, dans quatre ans, au lieu de m'être utile, vous me nuirez, car vous m'ôterez de mes moyens. Vous avez une place à construire à Scilla; envoyez-m'en au plus tôt les plans, pour que je les approuve. Arrivé en Sicile, ne perdez pas un mois sans faire travailler à un pareil fort sur le rivage opposé à Scilla, pour lier ensemble vos deux royaumes.
Vos amis le disent : vous n'inspirez pas de confiance; vous êtes trop bon.

place forte d'Amantea
Amantea, place forte des rebelles calabrais

Masséna part donc au secours de Reynier avec les troupes libérées du siège de Gaëte. La concentration se fait autour de Salerne. Le 4 août, il est à San Lorenzo. Le 8, il se présente devant Lauria où des insurgés lui barrent le passage. La ville doit être brulée et mise à sac pour que les populations alentour se tiennent tranquilles.

Pendant ce temps, Reynier avait réussi à rejoindre Verdier à Castrovillani, au Nord de Cosenza. Le 12, les forces françaises se réunissent à Cosenza dont Masséna fait son quartier général pour ses opérations. Il lance des colonnes sous Reynier, Mermet et Verdier contre les insurgés des Calabres.

Le 20 août 1806, depuis Rambouillet, l'Empereur écrit à Joseph, Roi de Naples : "Mon frère ... Vous trouverez ci-joint la distribution que je voudrais faire de votre armée, afin que vous menaciez la Sicile et que vous soyez en mesure contre tout ... L'armée une fois placée ainsi, pas un homme ne débarquera en Calabre, et on pourra punir sévèrement les brigands; cela est plus nécessaire que tout le reste ... Aujourd'hui la question est tout entière dans la Calabre. Il faut que tout le monde soit dans la conscience qu'on y est assis de manière à ne pouvoir être ébranlé. Cela encouragera l'armée et commencera à influer sur la Sicile, et même sur les négociations ..." (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10673; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12752). Cette lettre est suivie d'un "Projet de placement de l'Armée de Naples ... Avant-garde de l'armée de Sicile.
1re division. Reynier, général de division. Les 14e et 23e légers, 29e et 52e de ligne, 6e de chasseurs ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 136 ; Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 138 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10674; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12752).

Les troupes sont ravagées par les fièvres et manquent de matériel, mais fin Août, la situation est stabilisée en Calabre Citérieure.

Le 2 septembre 1806, à Saint-Cloud, "Le ministre directeur de l'administration de la guerre demande les ordres de l'Empereur au sujet de la destination à donner à chacun des détachements de la garnison de Scilla, actuellement en quarantaine dans le port de la Ciotat, savoir :
23e régiment d'infanterie légère ...
"; Napoléon répond "Joindra son dépôt à Bologne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 615).

Le 4 septembre, Massena part de Cosenza avec les 22e et 23e Léger, 102e de Ligne, Grenadiers de la Garde Royale napolitaine et 4e Chasseurs à cheval vers la pointe de la botte italienne, tandis que l'insurrection reprend dans son dos. Il lance ses adjoints sur des places fortes de la rébellion,dont Verdier sur Amantea, qui doit se replier au bout de quelques jour; et Lamarque sur Maratea, dans le golfe de Policastro près de Lauria.

Le 22 septembre 1806, Eugène écrit à Napoléon : "Sire, Votre Majesté, par sa lettre du 17 septembre que j'ai reçue ce matin, m'ordonne de lui faire un projet sur le nouvel emplacement des deux divisions de dépots d'infanterie de l'armée de Naples. Je m'empresse, après avoir pris connaissance des localités, de lui proposer la répartition suivante. J'attendrai ses ordres avant d'ordonner les mouvements.
Première division, commandée par le général de brigade Pouchin, quartier général à Forli, ayant sous ses ordres le général de brigade Leguai, à Rimini : 1er et 14e d'infanterie légère à Rimini ; 23e d'infanterie légère, à Céséna ; 10e d'infanterie de ligne, à Ravenne ; 6e et 42e d’infanterie de ligne à Forli ; 2e d'infanterie de ligne, à Faënza. Deuxième division, commandée par le général de brigade Valori ; quartier général à Bologne, ayant sous ses ordres un général de brigade qui se tiendra à Ferrare : 20e d'infanterie de ligne, à Imola ; 22e d'infanterie légère, 62e et 102e d'infanterie de ligne, à Bologne ; 20e et 101e d'infanterie de ligne, à Ferrare ; 52e d'infanterie de ligne, à Rovigo.
Votre Majesté remarquera que, d'après son approbation, les mouvements auraient lieu dans le milieu d'octobre, et qu'alors la mauvaise saison est tout à fait passée pour Ferrare
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 160).

Une nouvelle tentative sur Amantea échoue en décembre. Le lieutenant Jouvet, du 23e Léger, y est blessé.

Masséna obtient un congé le 21 décembre et quitte le royaume de Naples. Maratea capitule le 1er janvier 1807.

- 1807

Le 1er janvier 1807, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "... Je demande à Votre Majesté le grade de général de brigade pour les colonels Abbée, du 23e léger ; Huard, du 43e de ligne ; Pastol, du 52e de ligne …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 248).

Au début 1807, les positions et encadrements du 23e Léger sont les suivants :
janvier 1807 (côte SHDT : us180701 4C98)
Chef de corps : ABBE colonel - infanterie.
Conscrits des départements des Pyrénées-Orientales - du Mont-Blanc - du Gers - du Forêts - de Seine-et-Oise - de l'Yonne de 1807
HORIOT major - infanterie.
MAYSONNIER quartier maître trésorier.
1er bataillon commandant : chef de bataillon Tardif - armée de Naples - 1ère division des dépôts.
2e bataillon commandant : chef de bataillon Rey - armée de Naples - 1ère division des dépôts.
3e bataillon commandant : chef de bataillon Langeron à Cesène - armée d'Italie.

Comme on le voit, le 3e bataillon est porté en arrière et ne fait pas partie officiellement de l'Armée de Naples mais de celle d'Italie.

Le 8 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Pouchin : "Je vous renvoie, mon cher général, les pièces que vous m’avez adressées contre le sieur Prades, sous-lieutenant au 23e régiment d’infanterie légère ; la plainte portée contre cet officier pour fait de désertion ne peut être admise puisqu’il s’est présenté à vous le lendemain ou le lendemain de son évasion des prisons de Césène ( ?) ;mais le fait de son évasion de la prison et surtout avec violence étant contraire aux règlements et étant une violation de la discipline militaire suffit pour le traduire au conseil de guerre ; il me semble que c’est sur ce délit seul que doit être portée la plainte, les autres griefs peuvent y concourir comme cause première de son emprisonnement, mais non comme chef d’accusation ; ils sont d’une nature trop sale, trop peu prouvés et embarrasseraient beaucoup les juges.
Quelque soit au reste la plainte du commandant du dépôt du 23e régiment d’infanterie légère, vous devez, mon cher général, la renvoyer au conseil de guerre ordinaire de votre division avec toutes les pièces qui vous seront adressées, en observant de remplacer les membres du conseil qui seraient d’un grade inférieur à celui de l’accusé
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 148 page 312).

Le 16 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Pouchin : "Le commissaire ordonnateur de la 28e division militaire a annoncé au chef de l’état-major de l’armée, mon cher général, qu’il avait fait expédier aux corps sous vos ordres, les 2 et 3 janvier derniers par la voie des transports militaires, les effets de grands équipements ci-après.

Désignation des partis présents
Nombre de balles ( ?)
Gibernes
Porte gibernes
Bretelles de fusils
14e d’infanterie légère
23e idem
6e de ligne
42e idem
22e léger
52e de ligne
62e idem
11
7
4
11
10
18
2
600
380
250
380
550
1000
120
500
300

550
500
900

600
380
250
380
550
1000
120

Il a été expédié aux chefs des 22e, 52e, 62e régiments pareils … et l’état des effets qui leur sont annoncés.
Veuillez, je vous prie, me faire connaitre si les régiments ont reçu ces effets
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 83 page 180).

Le 4 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général de Division Charpentier : "Ensuite de votre lettre du 1er février par laquelle vous m’invitiez à faire connaître, mon cher général, si les 14e, 22e, 23e légers, 6e, 42e, 52e et 62e de ligne ont reçu les effets de grand équipement que le commissaire ordonnateur de la 28e division militaire vous annonçait avoir fait expédier le 2, et 7 janvier derniers ; j’ai l’honneur de vous informer que ces corps m’en ont accusé la réception, à la réserve du 62e régiment, qui réclame 120 baudriers de giberne, avis qu’il ne devait pas recevoir puisqu’il n’en est pas fait mention dans le bordereau que vous m’avez envoyé" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 87 page 188).

Le 5 mars 1807, l'Aide de camp du Général de Division Grenier, Delcambre, écrit au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint les livrets d’inspection de février des 14e, 22e et 23e d’infanterie légère ; 1er, 6e, 10e, 20e, 42e, 62e, 101e, 102e de ligne, 4e et 9e chasseurs à cheval. Celui du 52e de ligne n’a point été fourni à cause de son déplacement. J’espère avoir l’honneur de vous l’expédier par le prochain courrier" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 79).

Par ailleurs, toujours le 5 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au commandant du dépôt du 23e léger : "Ci-joint, vous trouverez, M., copie d’un décret de Sa Majesté l’Empereur, en exécution duquel doivent être réformés ou incorporés dans les pionniers tous les conscrits impropres au service dans la ligne.
Chargé par Son Altesse Impériale le vice-roi de donner les ordres nécessaires pour l’exécution de ce décret aux conseils d’administration des bataillons et escadrons stationnés dans mon arrondissement ou sous mes ordres, je joins à la copie du décret impérial les dispositions que je crois nécessaires pour son exécution et des modèles des états à fournir pour obtenir l’uniformité dans ce travail.
Avant de remplir ces états, il sera bon de me faire connaître le nombre d’hommes que vous aurez à réformer ou à incorporer afin que je puisse les classer et les voir avant de terminer le travail
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 88 page 190).

Puis, encore le 5 mars 1807, le Général de Division Grenier adresse ses instructions au Général de Brigade Pouchin, "commandant les dépôts des 20e, 52e, 62e, 101e, 102e de ligne, 22e et 23e légers, 9e et 4e chasseurs à cheval.
Disposition à suivre pour l’exécution du décret de sa majesté l’empereur relatif à la réforme des conscrits non valides donné à Varsovie le 6 janvier 1807.
1e Il sera dressé dans chaque corps un état des hommes à réformer à l’appui de cet état par l’article 1er du décret ; on joindra à l’appui de cet état le certificat que le conscrit pourrait avoir apporté de son département et un certificat double des officiers de santé du corps et des officiers, sous-officiers et soldats de la compagnie s’il y a lieu, constatant l’existence des infirmités, vice de conformation ou d’organisation au départ du conscrit de son département et reconnus à son arrivée au corps.
2e Un autre état des hommes à réformer pour les cas prévus par l’article 2 avec le certificat double voulu par l’article 1er mais motivé pour ceux du remplacement.
3e Un 3e état pour les cas prévus par l’article 3 du décret.
4e Un 4e état pour les hommes qui se trouveront dans les cas prévus par l’article 4.
5e Et un 5e état pour ceux qui se trouveront dans le cas prévu par l’article 5.
Chacun de ces états, signé par le conseil d’administration sera fait en quadruple expédition signée et arrêtée par le général chargé d’opérer cette réforme, un restant au corps, deux seront adressés par lui au général chef de l’état-major général de l’armée, avec les certificats voulus par les cas prévus par les articles 1 et 2, et le 4e restera entre ses mains.
Nota : le décret du 6 janvier ne portant pas d’effet rétroactif, le 3e état pour l’article 3 portant néant, cet état sera fait d’après le modèle numéro 2 et portera pour intitulé le cas prévus par l’article du décret
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 88 page 190).

Le 11 mars 1807, Delcambre écrit Général de Division Chef de l’Etat-major : J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, les états de situation au 1er mars des 1er, 6e, 10e, 42e de ligne, 14e, 23e régiments d’infanterie légère aux ordres de M. le général Pouchin. Cet officier général n’ayant reçu que le 7 courant l’ordre général du 23 février dernier relatif à la note des conscrits quoique qu’il lui ait été expédié par le courrier du 2, la négligence de la poste l’ayant dirigé sur Milan, le fait exécuter aux situations du 8 dernier. Je vous prie, mon général, de vouloir bien ordonner qu’on ne fasse le relevé sur le livret d’inspection pour celle-ci seulement" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 82).

Le 12 mars 1807, l'Empereur écrit depuis Osterode, au Prince Eugène : "Mon Fils ...
Il faut préparer un nouveau secours pour l'armée de Naples, à pouvoir lui envoyer avant la grande chaleur, indépendamment des 4,700 hommes que vous avez fait partir dernièrement. Ce secours sera composé de la manière suivante : 120 hommes du 14e léger, 190 hommes du 23e, 120 hommes du 1er de ligne, 190 hommes du 6e, 120 hommes du 10e, 120 hommes du 22e léger, formant un bataillon provisoire de 720 hommes (il suffira que chaque détachement, ou compagnie, soit commandé par un officier, deux sergents et quatre caporaux ; vous chargerez un chef de bataillon de commander ce bataillon provisoire) ; et un second bataillon de 960 hommes ...
Mon intention est que le 1er bataillon provisoire soit réuni à Ancône le 15 avril, et parte pour l'armée de Naples ; que le 2e bataillon soit réuni à Ancône le 20 avril, et se dirige également sur Naples. Ces 1,700 hommes, joints aux 4,700 qui sont déjà partis, compléteront les cadres.
Il faut avoir soin que ces détachements soient bien armés, bien habillés et bien équipés...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 273 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12013 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14581).

Ce jour là, 12 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Pouchin : "S. A. I. passera la revue du régiment de grenadiers et voltigeurs réunis à Padoue vers le 15 du courant. Veuillez mon cher général, donner les ordres les plus précis aux commandants des dépôts sous vos ordres, de faire compléter de suite ce qui manque aux grenadiers et voltigeurs de leurs corps respectifs à l’exception des sabres qui manquent pour le moment. Dans le cas où il n’y aurait point d’effets dans les magasins, ils prendront ceux des hommes qui sont aux dépôts, ils s’attacheront particulièrement à l’armement.
Sous aucun prétexte il ne doit rester de sapeurs aux dépôts ; dans le cas où il s’en trouverait, ils recevront l’ordre de partir sans délai pour les grenadiers et carabiniers.
Ci-joint est l’état des besoins, relevés par ceux des colonels commandant des dépôts qui ont fourni des grenadiers coiffés de chapeaux aux régiments réunis à Padoue, de leur envoyer des bonnets et à défaut des shakos.
... 23e léger : carabiniers, il ne manque rien ; voltigeurs, il manque un sabre complet et 12 schakos ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 91 page 196).

Puis, dans une nouvelle lettre, toujours en date du 12 mars 1807, le Général de Division Grenier demande au Général Pouchin : "Je vous invite à donner vos ordres, mon cher général, pour que sans délai il soit fourni au 3e bataillon de grenadiers à Padoue, par le 6e de ligne un adjudant major, le 10e un chirurgien et un tambour maître, et le 23e d’infanterie légère un adjudant sous-officier" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 91 page 196).

Le 12 mars 1807 encore, le Général de Division Grenier écrit également au Général de Division Charpentier : "... Le dépôt du 23e régiment d’infanterie légère étant partie de Bologne pour se rendre à Ancône, ce dépôt je pense n’est plus sous mes ordres, je n’ai été prévenu de son départ que par le rapport journalier du général Pouchin ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 92 page 199).

Le 19 mars 1807, Delcambre écrit aussi au Général Charpentier : "J’ai eu l’honneur de vous adresser le 5 courant, mon cher général, les états en triple expédition, des sommes dûes aux corps de la garnison de Mantoue ; le 11 ceux du 22e et 52e, le 12 les 1er, 6e, 10e de ligne, et le 14e d’infanterie légère, le 23e régiment de cette arme ne faisant plus partie des corps à mes ordres, je ne puis vous faire parvenir ses états" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 83).

Le même 19 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit lui aussi au Général Charpentier : "… Vous me dites d’ordonner au 23e régiment léger de remplacer MM. Blondeau et Claudet prisonniers de guerre sur parole ; je vous ai déjà annoncé que ce dépôt était parti pour Ancône et n’est par conséquent plus sous mes ordres" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 93 page 201).

Le Général de Division Grenier écrit aussi, le 19 mars 1807, au Général Pouchin : "Veuillez, mon cher général, ordonner à tous les commandants des dépôts sous vos ordres, de faire avancer à leurs compagnies de grenadiers et de voltigeurs réunies à Padoue le quart et l’excédent des fonds de masse de linge et chaussure pour subvenir à leurs plus pressants besoins.
Donnez l’ordre aussi de faire rejoindre sans délai les sous-officiers et caporaux qui manquent encore à ces compagnies et pressez autant que possible l’envoi des effets de grand et de petit équipement et armement ...
MM. Blondeau et Claudet, tous deux capitaines au 23e régiment d’infanterie légère, prisonniers de guerre sur parole, doivent également rentrer au dépôt et être remplacés par d’autres ; le chef de l’état-major continue à m’écrire pour ce régiment, comme s’il était encore dans votre division. Je lui ai déjà mandé que ce dépôt était parti pour Ancône sans que j’aie été autrement instruit de ce mouvement que par votre rapport de huitaine.
Je vous serais obligé de me faire connaître ce que les dépôts auront envoyé aux compagnies de grenadiers et voltigeurs tant en hommes, qu’en effets et argent.
Le général Dutruy est chargé de renvoyer au dépôt tous les hommes des compagnies de grenadiers et voltigeurs qui ne sont pas capables de soutenir les fatigues de la guerre ; ils devront être sur-le-champ remplacés par d’autres
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 94 page 202).

Et en avril 1807 (côte SHDT : us180704 4C98) :
Chef de corps : ABBE colonel. Promu général en mars 1807, il n' a pas encore quitté son commandement.
Conscrits des départements des Pyrénées Orientales de 1807.
HORIOT major - infanterie.
1er bataillon commandant : chef de bataillon Tardif à Seminario - armée de Naples - 1ère division des dépôts.
2ème bataillon commandant : chef de bataillon Rey à Seminario - armée de Naples - 1ère division des dépôts.
3ème bataillon commandant : chef de bataillon Langeron à Forli - armée d'Italie.

Le 8 mai 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier : "Par lettre du 14 avril dernier, vous m’invitez, mon cher général, à envoyer de suite à Padoue l’adjudant sous-officier du 22e d’infanterie légère, pour servir dans le 3e régiment de grenadiers, dans le cas où il n’aurait pas déjà rejoint ce régiment. L’ordre fut expédié de suite, mais l’adjudant ne fut pas reçu au corps, d’après ce que m’a mandé le major du 22e, parce que le commandant des grenadiers attend celui du 3e bataillon du 23e légère comme lui ayant été annoncé par l’ordre du jour ; de sorte que l’adjudant du 22e est rentré à son bataillon et qu’il est très probable que le 3e régiment de grenadiers ou voltigeurs n’a pas d’adjudant" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 113 page 240).

Chasseur 23e Léger 1807
Fig. 1 Chasseur du 23e Léger, en Calabres, 1807 (dessin de D. Davin).

Le 9 mai 1807, nouveau débarquement venu de Sicile de Napolitains, à Reggio et Gioja. Après divers engagement, les Napolitains occupent Mileto.

Dans la Calabre ultérieure, le Prince de Hesse-Philipstadt opère un débarquement à la tête d'environ 6 mille hommes, et se porte sur Mileto, à quatre lieues de Monteleone. Il compte sur un complot qui doit éclater à Naples, et espère faire insurger les provinces ; mais les causes de révolte n'existent plus, la police, le 23 mai, a saisi tous les fils de la trame ourdie par la Reine Caroline dans la capitale, et l'influence féodale et monacale, auxiliaire puissant, est détruite (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 375).

Le 26 mai 1807, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "Sire, un cutter venu de Malte le 16 a amené à Messine le régiment qui s'était révolté à Malte, et a embarqué deux régiments anglais, le 21e et le 62e, qu'on croit destinés pour l'Egypte, où l'on assure que l'armée anglaise a été battue : elle a eu un général tué et deux blessés. Ces deux régiments sont partis pour leur destination le 19.
Le prince de Hesse est débarqué avec 4 à 5 mille hommes. J'ai écrit au général Reynier de le culbuter. Il y a en Calabre le 1er, les 29e et 52e de ligne, les 22e et 23e léger, le 9e chasseurs. Sur douze régiments français, Reynier en a cinq.
On parle d'un débarquement à Salerne, d'un à Fondi : ils seront bien reçus ici
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 364).

Le même 26 mai 1807, Joseph écrit, depuis Naples, au Général Reynier : "Général, je reçois votre lettre du 22. Je vous ai déjà écrit aujourd'hui : je crois devoir vous redire encore que vous devez battre Hesse et les troupes qu'il commande avec les Français que vous avez et les gardes civiques que vous pouvez avoir. Il y aurait des malheurs particuliers évités, en arrêtant l'ennemi et le rejetant dans la mer. Si les Anglais menaçaient le royaume d'un débarquement sérieux, il faudrait alors se réunir au centre; mais je pense que vous devez attaquer avec les troupes que vous avez dans les deux Calabres. Comment le 1er de ligne, les 22e, 23e, 29e, 52e, 9e de chasseurs français pourraient-ils ne pas culbuter Philipstadt, qui a été tenu prisonnier avec 8 mille hommes dans Gaète par 1,500 hommes du 6e ? Je ne doute pas que vous ne m'appreniez bientôt que ces troupes venues de Sicile n'existent plus ; il est heureux qu'elles s'avancent un peu, pour vous donner le temps de réunir le monde qu'il vous faut pour les battre" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 367).

Le Prince de Hesse, qui a défendu avec vigueur la place de Gaète, ne peut tenir en rase campagne. Il est attaqué le 28 mai, dans les environs de Mileto, par le Général Reynier, avec les 23e, 29e et 52e de ligne et le 9e de chasseurs à cheval. Les Voltigeurs du 23e Léger s'emparent du village de Mileto, tandis que le reste des troupes écrase les Napolitains en arrière de celui-ci. Le Prince de Hesse perd 500 hommes tués, et 2 à 3 mille prisonniers. Poursuivi avec vigueur, le Prince parcourt en moins de dix heures la distance qui le sépare de Reggio (60 milles ou 20 lieues) ; et, grâce à cette fuite précipitée, il parvient à s'embarquer trois heures avant l'entrée des troupes françaises. Il lui reste une cinquantaine d'hommes, les seuls de tout son petit corps d'armée qui parviennent à s'échapper (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 375).

Le Chef de bataillon Langeron (qui n'est donc pas à la tête de son 3e Bataillon, théoriquement loin de là ?) et le Capitaine Audigé sont blessé. Les bases arrières de Reggio Scylla et Cotrone restent cependant encore aux pouvoir de l'adversaire. Elles vont bientôt tomber.

Le 29 mai 1807, Joseph écrit, depuis Naples, au Général Reynier : "Général, je reçois voire lettre du 23 mai. Je vous ai déjà écrit par deux courriers que, sans changer de système si l'armée anglaise ou russe menaçait le royaume, je pense que vous devez culbuter le prince Philipstadt et les troupes qu'il commande, dont le but ne peut être que d'encourager le brigandage, et de jeter le trouble dans le royaume.
Vous devez défendre contre eux les provinces que vous occupez; vous avez pour leur défense 5 régiments d'infanterie française qui doivent être de 2 mille hommes chacun, un régiment de cavalerie, beaucoup d'artillerie. Il n'est aucune province qui puisse en avoir autant. Cependant vous vous louez des gardes civiques provinciales : elles valent bien les troupes que vous amène le prince de Hesse. Vous savez mieux que personne ce dont elles sont capables, puisque vous les avez culbutées à Campo-Tenèse avec une poignée de monde. Vous savez qu'à Gaète 8 mille d'entre elles ont été contenues pendant quatre mois par le 6e, qui n'était pas alors fort de 1,500 hommes. Comment pouvez-vous douter du succès avec six régiments français ? Au reste, c'est peut-être un bien que l'ennemi se soit avancé comme il l'a fait ; je ne doute point que vous ne m'appreniez bientôt sa défaite. Vous connaissez le pays mieux que personne ; c'est à vous à juger le lieu et le moment de l'attaquer. II ne faut pas se dissimuler cependant que, son but étant de jeter le trouble dans le pays, chaque jour qui s'écoulera depuis son débarquement jusqu'à sa défaite peut ranimer quelques espérances, mettre les armes à la main à quelques hommes, et nous préparer des désordres qu'il serait mieux de prévenir
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 368).

Le même 29 mai 1807, Joseph écrit encore, depuis Naples, au Général Reynier : "Général, je reçois votre lettre du 24 ; je ne conçois pas comment votre bon esprit habituel vous permet de confondre notre position avec celle où nous étions il y a quelques mois, lorsque les Anglais et les Russes n'ayant pas prononcé leur mouvement, vous deviez les suivre par terre, s'ils s'avançaient par mer dans la Méditerranée ou dans l'Adriatique. J'ai dû alors vouloir ne m'ôter aucun moyen de réunir toutes mes forces contre eux ; les habitants étaient alors chancelants ; mais, depuis qu'il n'y a plus d'armée ni d'escadre à surveiller, comment avez-vous pu faire l'honneur aux gens que commande le prince de Hesse de leur appliquer les précautions et le système que m'avaient inspiré les armées anglaises et russes ? Vous savez bien qu'il faut vingt jours pour porter des troupes de Naples à Monteleone ; vous avez six régiments français et des gardes nationales ; vous avez affaire à 5 mille hommes échappés de Gaète et de Campo-Tenèse ; 2 mille hommes français et 100 chevaux doivent les détruire. Comment pouvez-vous reculer devant cette canaille ? ... Vous devez les attaquer et les détruire ; si vous deviez attendre des secours qui ne sont pas nécessaires aujourd'hui, ils pourraient être alors insuffisants, parce que les peuples, sans confiance dans votre marche rétrograde, se prononceraient pour ceux devant qui vous fuyez, et n'oseraient plus reprendre les armes pour vous qu'ils auraient abandonnés après en avoir été abandonnés, et livrés aux fureurs de la reine Caroline.
Vous avez réuni le 23e, le 29e, le 52e, le 9e de chasseurs; vous avez deux autres régiments derrière vous, beaucoup de gardes nationales avec vous : que vous faut-il de plus ? D'ailleurs, vous savez bien que je ne puis pas vous envoyer des troupes comme un courrier. Jusqu'ici, il n'y a aucun mal ; vous êtes bien à Monteleone ; vous devez détruire Philipstadt
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 369).

Le 31, le Général Abbée entre dans la petite ville de Reggio à la tête du 23e, qui y est laissé provisoirement en garnison (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 376).

Le 1er juin 1807, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "… Le prince de Hesse a été battu par un détachement du 9e de chasseurs et du 23e à Mileto ; j'attends la nouvelle de la destruction totale des 5 à 6 mille hommes qu'il avait débarqués à Reggio et à Givia ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 384).

Le 2 juin 1807, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "Sire, je reçois par un de mes aides de camp la nouvelle de la défaite totale du corps d'armée commandé par le prince de Hesse, qui s'était avancé jusqu'à Mileto, près Monteleone. Le général Reynier, avec les 23e, 29e, 52e, et le 9e de chasseurs, l'a totalement détruit le 28 mai ; il a fait 3 mille prisonniers, tué ou blessé le reste ; le corps d'armée était de 6 à 7 mille hommes. J'attends le rapport du général Reynier …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 385).

En Juin 1807, les deux premiers Bataillons sont toujours en Calabre, tandis que le 3e Bataillon garde Ancône beaucoup plus au Nord. Des Compagnies d'élite sont détachées.

Joseph envoie l'ordre à Reynier de profiter de la circonstance pour reprendre Scylla, poste auquel l'Empereur attache une grande importance pour l'expédition de Sicile. Le Corps d'armée des Calabres est renforcé, dans ce but, d'un Régiment suisse, et d'artillerie de campagne. On expédie aussi à Reynier de l'argent, et le Général de Brigade Cavaignac (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 376).

Le 5 juin 1807, Joseph écrit, depuis Naples, au Général Reynier : "Général, je vous fais mon compliment sur le succès que vous avez remporté. Je n'ai jamais douté, avec les troupes que vous aviez et la parfaite connaissance du pays, que vous ne dussiez détruire tous les Philipstadt de la Sicile. Je vous envoie le général Cavaignac, 800 Suisses d'élite, 500 mille francs. Je vous enverrai 2,200 hommes du 20e dès que vous m'aurez envoyé le 52e et le 29e, que vous ne portez pas à plus de 1,800 hommes ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 387).

Le 6 juin 1807, Joseph écrit, depuis Capo di Monte, à Napoléon : "Sire, je reçois la lettre de Votre Majesté du 19 mai. Le général Abbée est entré à Reggio le 31, à la poursuite du prince de Hesse, qui s'y est embarqué avec 50 hommes, officiers, soldats ou domestiques : tout le reste de l'armée ennemie a été pris ou tué. Il y avait 4 mille soldats de ligne, dont 500 chevaux, 3 mille brigands habillés en uniforme, 6 pièces de canon. Le général Reynier se loue des habitants des Calabres. Reggio est une ville ouverte ; les troupes qui y sont peuvent, dans une nuit, être enlevées par des forces majeures qui, de Messine, peuvent débarquer dans les environs dans moins d'une heure ; toutefois je donnerai ordre d'y laisser un corps léger, qui pourra se retirer si les circonstances l'exigent. Je verrai s'il sera possible de rétablir assez bien un très-petit et très-mauvais château, pour que les troupes qui y seraient pussent s'y défendre ; mais je fais observer à Votre Majesté que je puis toujours en chasser l'ennemi et aussi en être chassé facilement, puisqu'il y a toujours dans le port de Messine, qui est presque à portée de canon, 4 à 5 mille hommes, dont 3 mille Anglais, 2 vaisseaux de guerre, 6 frégates, 80 chaloupes canonnières et galiotes, plus de 100 bateaux de transport, et qu'il est difficile, devant un ennemi si supérieur en force sur ce point, de pouvoir y laisser des troupes dans l'état actuel sans les croire aventurées, à moins qu'on ne veuille pour cela faire beaucoup de sacrifices. Les Anglais sont toujours les maîtres de pulvériser la ville, qui est remplie de gens bienveillants pour moi ; et si l'on porte des moyens considérables d'artillerie sur cette pointe extrême des Calabres, pour défendre la ville, il est à craindre que l'ennemi, s'y portant en force, ne les enlève toujours ; il a l'avantage de pouvoir exécuter son mouvement avant qu'on le sache à Reggio. Aujourd'hui le 23e y est en garnison. Scylla est un petit rocher avancé dans la mer vis-à-vis le phare, et près le village du même nom. Ce château, ruiné par les tremblements de terre, peut contenir 200 hommes ; les Anglais y communiquent par une porte qu'ils ont pratiquée vis-à-vis le phare. Il est possible, en transportant de l'artillerie de gros calibre dans le village de Scylla, de détruire cette masure de château ; mais les chemins ne sont pas encore faits, la mer n'est pas libre ; il faut tirer cette artillerie de Tarente, où elle est plus utile et où je n'en ai pas de trop ; et j'ai la certitude de prendre Scylla lorsque cette prise me sera bonne, et vaudra les peines et les dépenses qu'il faut faire pour cela. Toutefois, si, d'après cet exposé, Votre Majesté le veut absolument, je ferai prendre le château de Scylla. Votre Majesté conçoit cependant que les fortifications de Gaète, de Tarente, de Capoue, dépensent, plutôt que cette opération de Scylla, l'argent et les moyens qu'il me faudrait employer pour cela ; il est de fait que les 100 ou 200 hommes qui sont là ne me font jusqu'ici ni bien ni mal. Au reste, peu à peu je viendrai à cela. J'ai dépensé 100 mille ducats pour les chemins de Lagonegro à Cassano ; j'ai ordonné ceux de Lagonegro à Cosenza ; après, je pousserai à Monteleone, de là à Reggio et Scylla. Je pourrai alors avoir de l'artillerie partout, et de partout chasser l'ennemi. Au reste, si Votre Majesté insiste, je puis chasser l'ennemi de Scylla ; il n'est plus à Reggio. Cent chasseurs du 9e ont mis en déroute les 500 cavaliers du prince de Hesse. Ce régiment va être remonté ; il n'avait plus que 100 chevaux ...
Les colonnes mobiles et les gardes provinciales arrêtent partout des agents de la conspiration : 400 sont entrés par les États du pape, du côté d Ascoli ; on est à leur poursuite. Je fais payer les troupes tant que je puis : j'ai affecté au payement de l’arriéré de la solde des troupes françaises les 500 mille francs que Votre Majesté m'envoie …
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 388).

Positions en juin 1807 (côte SHDT : us180707 4C98) :
Chef de Corps : vacant.
Conscrits des départements des Pyrénées-Orientales de 1807.
HORIOT Major - infanterie.
1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Tardif à Seminara - Armée de Naples.
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Rey à Seminara - Armée de Naples.
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Langeron à Ancône - Armée d'Italie - Division des Côtes de l'Adriatique.
Observations : juin 1807 sous les armes : 16 Officiers, 421 hommes - hopitaux 2 Officiers, 100 hommes.
- Armée d'Italie - Division de Grenadiers - Duhesme (commande la Division d'Ancône)
Observations : les Grenadiers des 14e, 22e, 23e Léger et des 1er, 6e, 10e de Ligne forment le 3e Régiment de la Division de Grenadiers aux ordres de l'Adjudant-commandant Huin - Adjoint Chef de Bataillon Baille du 6e de ligne - juin 1807 sous les armes : 5 Officiers, 213 Grenadiers - hopitaux 16 Grenadiers.

Le 7 juin 1807, Joseph écrit, depuis Naples, au Général Reynier : "Général, je reçois votre lettre du 2 du courant. Je pense qu'il serait possible dans ce moment de prendre les châteaux de Scylla et de Reggio. Les Suisses sont en marche avec les fonds destinés à la solde de l'armée. Je vais vous faire envoyer l'artillerie nécessaire. Il me semble que vous devriez avoir assez de moyens pour enlever d'abord le château de Reggio, qui ne doit pas être tenable ; et dès que vous en serez maître, celui de Scylla, que vous devez réparer de manière que, en cas de débarquement de forces supérieures, le peu de troupes que vous laisseriez dans l'extrémité de la Calabre pussent s'y réfugier, et s'y soutenir pendant plus d'un mois. J'insiste toujours sur l'opinion que vous ne devez avoir que très-peu de troupes dans le fond de la boite, point de gros bagages. C'est à vous, qui connaissez parfaitement le pays, à me dire s'il y aurait un point plus favorable que celui de Scylla pour contenir les 1,200 hommes environ que vous pouvez raisonnablement laisser au-delà de Monteleone, et plus propre à une longue résistance qui donnerait le temps au reste de l'armée de venir à son secours ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 39).

Le 29 juillet 1807, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils, la division que j'ai à Ancone n'est pas suffisante ; mon intention est donc qu'il y ait à Ancône, sous les ordres du général de brigade qui y commande, un corps de troupes composé conformément à l'état ci-joint. Mettez sur-le-champ ces troupes en marche pour s'y rendre. Vous nommerez un bon major pour commander le régiment provisoire de cavalerie. Vous compléterez une nouvelle compagnie de canonniers italiens, que vous tiendrez à Ancône avec six pièces de campagne attelées ...
ANNEXE
ETAT DE LA DIVISION D'ANCÔNE Le 3e bataillon du 23e d'infanterie légère 500 hommes ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 372 ; Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12950 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16065).

Le 12 août 1807, à Saint-Cloud, l'Empereur est interrogé sur le choix de "Candidats présentés pour les emplois vacants de colonel dans les 42e et 101e régiments de ligne et le 23e régiment d’infanterie légère"; il répond "Nommer trois majors qui ont servi dans le corps d'Oudinot" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3658).

En octobre 1807 les positions du régiment sont les suivantes (côte SHDT : us180710) :
Chef de corps : vacant colonel - infanterie.
Conscrits des départements des Pyrénées-Orientales - du Puy-de-Dôme de 1808
HORIOT major - infanterie.
Vacant quartier-maître trésorier.
1er bataillon commandant : chef de bataillon Tardif à Seminara - armée de Naples.
2e bataillon commandant : chef de bataillon Rey à Seminara - armée de Naples.
3e bataillon commandant : chef de bataillon Langeron à Ancône - armée d'Italie.

Le 4 octobre 1807, à Fontainebleau, "Sur la 23e légère", "Sa Majesté a décidé que le commandement de la 23e légère sera donné à un officier supérieur de l'armée d'Italie" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3724).

Un nouveau colonel prend donc la tête du Régiment, le 6 décembre 1807 : Louis Joseph Thierry.

- 1808

Le 20 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, je vois dans le dernier état de situation de l'armée d'Italie, au 1er janvier, que le 23e léger a un dépôt de 248 hommes à Pesaro ... Dirigez tout cela sur Rome ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 41 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17048).

Fin janvier, début février 1808, les deux premiers bataillons du régiment participent à la reprise de Scylla et Reggio, occupées par des garnisons anglo-siciliennes,par le général Reynier.

En Février 1808, Napoléon donne des instructions pour l'Armée de Naples, alors que des 4ème bataillons de guerre sont formés pour chaque régiment, à Clarke : "Armée de Naples. - L'armée de Naples est dans le même cas que celle de Dalmatie. Tous ses régiments sont composés de deux bataillons ou dix-huit compagnies à l'armée, lesquelles seront formées à trois bataillons. Les 4e bataillons continueront aussi à rester dans les lieux où ils sont aujourd'hui; leurs dépôts et les compagnies de dépôt, conformément aux observations ci-dessus, se rendront seules à leurs nouvelles destinations. Quand ce départ sera effectué, je verrai, sur le compte qui me sera rendu, s'il est convenable de faire partir aussi ces 4e bataillons pour joindre leurs dépôts. Les régiments de l'armée de Naples sont faibles; presque aucun ne serait dans le cas de conserver plus de deux bataillons ou douze compagnies, car presque aucun n'a un effectif de plus de 1,700 hommes. Mais l'armée de Naples étant une armée agissante, et ayant d'ailleurs les 4e bataillons à compléter, il sera convenable de prescrire de former les dix-huit compagnies qui y sont en 3e bataillons, en répartissant le plus également possible l'effectif de ce que chaque régiment a dans le royaume de Naples; de sorte que mon intention est, dans la nouvelle formation, de tenir trois bataillons à Naples, un à moitié chemin en Romagne, et le dépôt en France, pour faire passer les conscrits de l'un à l'autre endroit, de manière à concilier leur acclimatement avec les besoins du service. D'ailleurs, ces quatre bataillons me serviront en Italie. Les compagnies de grenadiers et de voltigeurs sont déjà presque toutes en activité dans l'état romain, et les quatre autres compagnies, quelque faibles qu'elles soient, seront toujours une ressource pour contenir le pays".

En Mars 1808, Napoléon espère toujours un débarquement en Sicile.

Le Vice-Roi ayant reçut de l’Empereur le 29 mars 1808 l’ordre de présenter un projet complet d'organisation de ses troupes par Divisions, lui adresse le 6 avril 1808 un mémoire qui est approuvé dans toutes ses parties. D'après ce projet, suivi presque de point en point, l'armée du Vice-Roi en Italie se trouve composée de 9 Divisions d'infanterie et de 4 de Cavalerie.
Infanterie ...
8e division (Miollis), généraux de brigade Herbin et Dumoulin, 12 bataillons des 4es bataillons des 14e, 22e et 23e léger, 1er, 6e, 10e, 20e, 29e, 52e, 62e, 101e et 102e de ligne, à Rome et à Ancône.
Total pour l'infanterie : 100 bataillons à 800 hommes, dont 92 français et 8 italiens ; environ 80,000 hommes ... (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 8).

Le dépôt du 23e Léger est porté en mai 1808 à Mondovi. Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Prince Camille Borghèse, Gouverneur général des départements au delà des Alpes, à Turin : "Les comptes que vous me rendez, en forme d'états, doivent être en petits carnets de la grandeur de quatre à six pouces, parce qu'alors je les garde sur ma table. Il faut distinguer sur vos états de situation les conscrits de 1809. Faites-moi connaître les mouvements qui se sont opérés dans vos dépôts. Vous devez avoir dans votre gouvernement : ... les dépôts ... à Mondovi, celui du 23e léger ... Ces dépôts sont-ils arrivés dans votre gouvernement, ou sont-ils annoncés ? Faites-vous remettre par les majors l'état des effets d'habillement qu'ils ont aux anciens dépôts, la quantité de conscrits qu'ils ont à recevoir et celle qu'ils ont déjà reçue, le nombre de conscrits de 1899 arrivés aux nouveaux dépôts et ce qui y est attendu. Vous donnerez l'ordre que les corps qui auraient des conscrits à leur nouveau dépôt et des effets d'habillement à l'ancien fassent marcher des conscrits, en proportion de ces effets d'habillement, sur les anciens dépôts, pour y être habillés et incorporés dans les 4es bataillons" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 13942 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17998).

Toujours le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts. Je conçois que les conscrits ont été dirigés sur les nouveaux dépôts ... Je pense qu'il serait convenable d’en faire de même, et qu'ainsi de suite il faudrait diriger les magasins ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
Ces régiments reçoivent beaucoup de monde ... le 23e id, également près de 800 ...
Les 4 compagnies des dépôts probablement incomplètes seraient insuffisantes pour un aussi grand nombre d'hommes et il faudra qu'elles se hâtent de diriger sur les 4es bataillons en proportion des effets d'habillements de l'ancien dépôt.
Mais comme je vois qu'une partie de l'armement sera aux anciens dépôts, faites-moi connaître ce que vous aurez fait là-dessus.
Ainsi donc les majors laisseront aux anciens dépôts d'Italie la quantité de fusils et d'habillement nécessaires pour les nouveaux conscrits et tout le reste, les papiers, les cadres des compagnies de dépôt, etc., ils les dirigeront sur les nouveaux dépôts afin de les sortir une fois pour toutes de premiers embarras
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).

Le 12 juin 1808, Napoléon écrit, depuis Bayonne, à Borghèse, Gouverneur général des départements au-delà des Alpes : "Mon cousin, je reçois l'état que vous m'envoyez des conscrits de 1809 arrivés dans les 27e et 28e divisions militaires, montant à 9500 ... Je vois ... qu'il n'existe aucun effort d'habillement pour les recrues du 23e légère. Écrivez-en au vice-roi. Le dépôt de ce régiment est en Italie, puisqu'il fait partie de l'armée de Naples : informez-vous où sont les habits, et combien d'hommes vous pouvez envoyer pour le 4e bataillon ... Il me semble qu'il n'y a que le 23e légère qui est en souffrance. Écrivez au vice-roi pour ce régiment" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18285).

Le 23 juin 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Donnez ordre que les cadres du 3e bataillon de nouvelle formation des 1er, 29e et 52e régiments de ligne et des 22e et 23e légère rejoignent leurs 4es bataillons dans le royaume d’Italie, en complétant les deux premiers bataillons de ces régiments de tous les hommes disponibles de ces 3es bataillons. Je ne donne pas le même ordre pour les 102e, 101e et 10e de ligne, ni pour les 20e et 62e parce que ces régiments restant à deux bataillons seront portés, moyennant le versement des hommes disponibles, à près de 1 680 hommes, c'est-à-dire au complet de 840 hommes par bataillon, et les régiments à 3 bataillons seront à plus de 700 hommes par bataillon. Par ce moyen l'armée d'Italie sera augmentée de 5 bataillons et l’armée de Naples sera affaiblie des cadres de cinq bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18390).

Le 25 juin 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Vous devez avoir reçu les instructions du ministre de la Guerre pour la nouvelle organisation de l’armée.
... Organisez tous les autres bataillons, savoir le 23e léger et le 29e de ligne à Ancône et les quatre autres qui sont à Bologne et dans la Romagne dans les lieux où ils se trouvent ...
Les 6 quatrièmes bataillons de Naples qui doivent rester à Rome formeront la 1re brigade de la division qui en ligne doit être commandée par le général Miollis.
Les deux bataillons qui sont à Ancône et les quatre qui sont à Bologne formeront la 2e brigade. Ainsi, en cas d'événement sérieux, il n'y aurait qu'un ordre à donner pour les réunir sur l’Adige et on ferait garder Rome par un détachement tiré de l'armée de Naples. Dans sa position actuelle, l'armée d'Italie est toute morcelée ; il faut réunir tous les corps et la mettre en mesure d'entrer promptement en ligne ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 162 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18406).

Le 27 juin 1808, Napoléon écrit, depuis Bayonne, à Borghèse, Gouverneur général des départements au-delà des Alpes : "Mon cousin ... On a eu tord de faire venir l'habillement du 23e d'infanterie légère à Mondovi. Il vaut mieux faire partir 400 hommes pour le 4e bataillon ; ils y prendraient leur habillement" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18421).

En Juillet 1808, Murat succède à Joseph sur le trône de Naples, tandis que Joseph devient roi d'Espagne. A la même date, l'encadrement et les positions du régiment sont les suivantes :
juillet 1808 côte SHDT : us180807
Chef de corps : THIERRY colonel
garnison - dépôt à : Mondovi Conscrits des départements des Pyrénées Orientales - du Rhône - de la Haute Loire - de la Lozère de 1809
HORIOT major - infanterie
MAYSONNIER quartier maître trésorier
Les deux premiers bataillons sont dans le royaume de Naples
1er bataillon commandant : chef de bataillon Langeron à Palmi, Monteleone
2e bataillon commandant : chef de bataillon Rey à Palmi, Monteleone
Les trois autres bataillons sont à l'Armée d'Italie
3e bataillon à Pesaro ( gouvernement d'Ancône)
4e bataillon commandant : chef de bataillon Tardif
carabiniers, voltigeurs à Rome - chasseurs à Pesaro
observations : juillet 1808 à Pesaro sous les armes 12 officiers, 184 hommes - hopitaux 22 hommes - prisonniers de guerre 122 hommes
5e bataillon de dépôt à Mondovi - 27e division militaire.

Le 15 août 1808, on informe l'Empereur que "Le général Pille ayant pris sur lui d'accorder une gratification aux sous-officiers du 23e d'infanterie légère qui se sont distingués par leur zèle et leur activité à instruire les conscrits, le général Clarke propose à l'Empereur d'approuver cette dépense, bien qu'elle soit irrégutière" ; "Approuvé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2164).

Le 13 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre ... au dépôt du 23e léger qui est à Mondovi, d'envoyer tous les détachements qu’ils ont de disponibles, bien armés et bien équipés avec leurs officiers aux quatrièmes bataillons en Italie pour les porter au grand complet. Des états vous seront envoyés qui vous feront connaître ce que chaque dépôt fera partir, et pourquoi il n'en fait pas partir davantage. Ces détachements se mettront en marche à la fois au 1er octobre. ... Vous me ferez connaître l'augmentation qu’éprouvera l'armée d'Italie par ce renfort ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2288 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18898).

Le 17 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Je vous renvoie votre travail ... Je vois que les corps des armées d'Italie, de Dalmatie, de Naples et de la Grande Armée, ayant leurs dépôts au-delà des Alpes, cela doit former 36 régiments et je n'en trouve que 24 ; il en manque donc 12. J'en ignore la raison.
Il manque dans l'infanterie légère les 22e, 23e et 1er ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18948).

Le 1er octobre 1808, Napoléon écrit, depuis Erfurt, à Borghèse, Gouverneur général des départements au delà des Alpes : "Mon cousin, je vois par la note qui était jointe à votre lettre du 20 septembre qu'il reste en état de partir : au dépôt du 14e légère, 76 hommes ; au dépôt du 23e idem, 155 hommes ...
Si ces hommes sont habillés et armés, faites-les partir afin que les 4es bataillons soient complets ; et que les cadres retournent aux dépôts pour recevoir les nouveaux conscrits qui vont leur arriver
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19006).

Le 21 octobre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... le 4e bataillon du 20e de ligne, formé à 800 hommes, le 4e bataillon du 10e de ligne, formé à 800 hommes, un détachement tiré du 4e bataillon du 62e fort de 350 hommes, un détachement idem du 101e, fort de 500 hommes, un détachement idem du 22e légère, fort de 300 hommes, un détachement du 23e d'infanterie légère de 400 hommes.
Ces 4 détachements formant un total de 3 150 hommes, avec les 1 600 hommes des deux 4es bataillons du 20e et du 10e de ligne, se rendront à Naples, pour porter les 10 et 20e à 4 bataillons chacun, et pour porter au grand complet les 3 bataillons des 62e et 101e qui sont à Naples, et les deux bataillons du 22e et 23e d'infanterie légère.
Ces mouvements devront être terminés avant le 1er octobre.
... Moyennant ces changements, l'armée de Naples ne perdra rien en infanterie et l'armée d’Italie gagnera 2 régiments. L'armée de Naples ne sera plus composée que de 4 bataillons du 10e de ligne, 4 du 20e de ligne, 3 du 62e, 3 du 101e, 2 du 22e légère, et 2 du 23e légère ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2389 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19087).

Le même jour, 21 octobre 1808, l'Empereur, depuis Saint-Cloud, écrit à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, vous ne m'envoyez jamais les états de mon armée italienne. Je vous ai dit bien des fois qu'il me faut ces états tous les dix jours. Envoyez-m'en un sans délai. Mon armée d’Italie doit être prête à entrer en campagne au mois de mars. Sa composition sera la suivante :
... 6e division
14e légère 1 bataillon
22e idem 2 bataillons
23e idem 2 bataillons
6e de ligne 1 bataillon
62e idem 1 bataillon
101e idem 1 bataillon
7e idem 1 bataillon
9 bataillons ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 163 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19097).

Le même jour encore, 21 octobre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Directeur des Revues et de la Conscription, à Paris : "J'ai lu, avec le plus grand intérêt, le bel état que vous m'avez envoyé sur l'armée de Naples. Il m'a paru d'une clarté parfaite. Je l'ai parcouru avec autant de plaisir qu'un bon roman ... Je vois cependant dans votre état une erreur, c'est que vous portez le 23e léger à trois bataillons, à l'armée de Naples; il n'en a que deux. Ce qui fait quelque différence dans les chiffres ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14390 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19102).

Le 26 octobre 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Les légions de réserve de Metz, Versailles et Grenoble, ont trop de bataillons, d'autant plus qu’elles manquent d'officiers. Je pense que ces 600 hommes pourront leur être donnés des conscrits de 1810 et qu'ils pourraient être dirigés : ceux de Lille, sur les régiments qui sont dans les 16e ou 24e divisions militaires et qui ont le plus de besoins ; on les donnera de préférence aux corps qui fournissent au camp de Boulogne. On donnera ceux de Rennes à ceux dont les régiments sont en Bretagne, ceux de Versailles aux corps qui sont dans la 12e division militaire ; ceux de Grenoble aux 22e et 23e légers, et 62e et 102e de ligne" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19142).

Le 28 octobre 1808, Murat écrit, depuis Portici, au Général Lamarque, Chef de l’Etat-major : "... Faites relever à Ischia par le 1er régiment napolitain, le 23e régiment d'infanterie légère, que vous ferez venir à Naples ...
Envoyez-moi demain l'itinéraire de tous ces mouvements ...
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 6, p. 373, lettre 3551).

Le 29 octobre 1808, Murat écrit au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "… Autorisé par l'Empereur et par les circonstances à croire possible l'expédition de la Sicile, et persuadé qu'elle ne pourrait être tentée dans des moments plus favorables, j'ai demandé à S. M. 8 000 hommes, et cependant tous les préparatifs se poursuivent ici avec la plus grande activité et je n'attends que l'arrivée de ce renfort pour me rendre de ma personne, en Calabre ; je vous prie de solliciter ce secours auprès de l'Empereur et de me faire connaître son itinéraire, parce que je mettrai d'ici des troupes en mouvement aussitôt que j'aurai la certitude qu'elles y seront remplacées. La tranquillité parfaite qui règne dans tout mon royaume et le bon esprit de mes peuples me permettent de dégarnir momentanément les provinces de Naples et des Terres de Labour.
Une division forte d'environ 8 000 hommes est chargée de la défense de la Calabre, mais cette division est insuffisante pour l'expédition de la Sicile. Je suis donc résolu d'organiser à Cozenza une 2e division que je ferai commander par le général Reynier ...
Le 23e régiment d'infanterie, qui arrive de Calabre et qui a besoin de repos, entrera d'Ischia à Naples ...
Par ces dispositions je réunis des corps disséminés depuis longtemps et je forme un corps d'armée d'environ 18000 hommes pour l'expédition de la Sicile ...
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 6, p. 374, lettre 3553).

Le 10 décembre 1808, Murat écrit au Général Lamarque, Chef de l’Etat-major général : "Monsieur le général, ordonnez les mouvements suivants :
... Faites relever de suite le 23e régiment d'infanterie légère, par les Suisses, qui devront laisser à Naples les compagnies d'élite ...
Faites partir pour les Calabres tous les détachements qui appartiennent aux régiments de cette division. Vous retiendrez ici le détachement du 23e régiment d'infanterie légère que vous deviez envoyer à Ischia.
Aussitôt que le 23e sera arrivé à Naples, vous le ferez partir pour Salerne d'où vous retirerez le 10e régiment qui viendra faire la garnison de Naples ...
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 6, p. 443, lettre 3652).

IIIBis/ 1806-1807, DES ELEMENTS DU 23E EN ALLEMAGNE ET POLOGNE ?

Le 10 décembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Posen, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Donnez ordre à Spandau qu'on fasse partir les 10 hommes du 23e léger, les 20 hommes du 24e, les six hommes du 6e, les 25 hommes du 27e de ligne, les 396 hommes isolés et les 84 hommes du 5e corps, après toutefois les avoir pourvus de fusils et de tout ce dont ils auront besoin. Vous les ferez diriger sur Küstrin et de là sur Posen" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13796).

IV/ LA CAMPAGNE DE 1809 DU 23E LEGER A L'ARMEE D'ITALIE

Chasseur 23e Léger 1807
Fig. 2 Uniforme de Sous-officier du 23e Léger, 1809-1810

Au début de 1809, Napoléon sait que l'Autriche est en train de réarmer de manière plus massive qu'en 1805, et il se prépare à une future confrontation en réorganisant ses forces en Allemagne. Le théâtre d'opération Nord-italien doit être initialement secondaire.

Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Borghèse, Gouverneur général des départements au-delà des Alpes : "Mon cousin, j’ai reçu l’état de situation du 1er février ... je désirerais que vous me fissiez connaître quand le dépôt du 6e d’infanterie de ligne pourra envoyer au 4e bataillon 200 hommes ? Quand le dépôt du 20e pourra en envoyer 100 ? Quand celui du 29e pourra en envoyer 100 ? Quand celui du 112e pourra en envoyer 400, celui du 14e d’infanterie légère 100, celui du 23e d’infanterie légère 600, celui du 10e d’infanterie légère 100, celui du 52e 300, celui du 100e 400, enfin celui du 102e 300 ? Ce qui fera un total de 2 400 hommes qui iraient renforcer les quatrièmes bataillons. Il faudrait que tous ces hommes bien armés, bien équipés, ayant souliers et capotes, fussent prêts à partir avant le commencement de mars. Prenez des renseignements et faites-moi connaître si tout cela peut s’exécuter avant le 1er mars" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20014).

Le 13 février 1809, depuis Paris, Napoléon écrit à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, j'écris au prince Borghèse pour qu'il fasse partir un grand nombre de conscrits des dépôts de Naples pour recruter vos 4e bataillons. De forts convois de conscrits, réunis en régiments de marche, sont déjà partis de la 7e et de la 8e division militaire. Je pense que la division Barbou doit être composée de seize bataillons formés en quatre brigades. Il résulte des états du prince Borghèse, du 15 janvier, que le 6e de ligne peut fournir 300 hommes; le 20e, 100 hommes; le 29e, 100 hommes; le 112e, 200 hommes; le 14e d'infanterie légère, 50 hommes; le 23e, 400 hommes; le 10e, 100 hommes; le 52e, 300 hommes; le 101e, 300 hommes; le 102e, 300 hommes. Je ne sais pas pourquoi ces hommes ne sont pas mis en marche et ne vont pas renforcer la division Miollis, dont les cadres sont bien faibles; par exemple, le 23e d'infanterie légère, qui a deux bataillons dans la division Miollis, n'a qu'un présent sous les armes de 350 hommes; les 4 à 500 hommes qu'il a au dépôt seraient donc bien utiles à ces bataillons. Savez-vous si les cadres des 3e bataillons du 14e d'infanterie légère et du 6e de ligne sont de retour en Italie ? Le 22e d'infanterie légère n'a que 428 hommes dans ses bataillons de guerre; il a 1,200 hommes au dépôt à Nice; écrivez au commandant à Nice pour savoir quand ces hommes partiront; ils sont bien nécessaires pour former et donner couleur à ces bataillons ...
Je pense que la division Miollis, qui va être considérablement accrue par les conscrits qui partent de la 27e et de la 28e division militaire, peut désormais occuper Ancône ; le 6e et le 14e d'infanterie légère resteraient à Rome ; le 22e, à Ancône, et le 23e, à Florence ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 331 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14773 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20024).

Le Prince Eugène, vice-roi d'Italie, a pour mission de surveiller les débouchés des Alpes et de contenir une action autrichienne. L'armée d'Italie, formée de troupes franco-italiennes, va se trouver en infériorité numérique face aux deux Corps d'Armée de l'Archiduc Jean qui se concentrent en mars.

Napoléon, conscient des lacunes stratégiques et tactiques de son fils adoptif, lui envoie le Général Mac Donald pour le seconder, mais celui-ci n'arrivera que fin avril. En attendant, Napoléon réorganise les forces en Italie et donne ses ordres. Ainsi, il écrit depuis Paris, au Général Clarke, le 17 février 1809 : "Monsieur le général Clarke, vous ferez connaître au roi de Naples que, dans les circonstances actuelles, mon intention n’est pas qu’il ait toutes les troupes dans le fond de la Calabre, et que je désire qu’il les place de cette manière :
... Une autre division serait réunie à Naples et environs, composée des : 10e de ligne, 4 bataillons, 3 000 hommes ; 62e de ligne, 3 bataillons, 2 100 hommes ; 23e légère, 2 bataillons, 1 600 hommes ; Suisses, 2 bataillons, 1 400 hommes ; régiment de La Tour d’Auvergne, un bataillon, 800 hommes ; 2 escadrons de chasseurs, 500 hommes. Total : 9 400 hommes.
Cette division divisée en deux brigades devrait être placée à Naples et à trois marches de cette ville pour pouvoir se réunir et marcher sur Rome si les circonstances l’exigeaient ...
" (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2792 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20053).

Napoléon écrit ensuite, le même jour, à Eugène : "Paris, 17 février 1809.
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan.
Mon fils, j'ai donné ordre aux généraux de brigade Abbé et Huart de se rendre à Milan. Vous les emploierez dans vos divisions actives qui en ont besoin ...
Vous avez donné ordre aux 22e et 23e légers de se rendre à Florence et à Ancône. Ces régiments ont deux bataillons, de nombreux détachements de conscrits se dirigent sur ces régiments qui auront chacun 1 600 hommes suffisants pour la garnison de ces deux pays ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 342 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20057).

Le même 17 février, Eugène écrit, de son côté, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j'ai reçu la lettre de Votre Majesté du 13, et les trois du 14 février. Les cadres du 3e bataillon des 6e de ligne et 14e léger ne sont pas encore arrivés de Corfou, en sorte qu'il n'existe à celte division que les 4es bataillons de ces régiments. Votre Majesté est surprise de voir, sur la situation qui lui parvient de ces dépôts, un aussi grand nombre de conscrits au lieu d'être aux bataillons de guerre, et m'en demande la raison. Cela provient, ainsi que j'ai eu l'honneur d'en rendre compte plusieurs fois à Votre Majesté, de ce que les dépôts manquent de drap pour habiller les hommes. J'ai écrit plusieurs fois, à ce sujet, au ministre directeur. Votre Majesté pense que la·division Miollis pourrait fournir la garnison d'Ancône, lorsqu'elle sera renforcée de conscrits que les dépôts envoient, et qu'alors les 13e, les 29e et 112e seraient disponibles, et pourraient se rendre dans la haute Italie. Je me permettrai, dans ce cas, de proposer à Votre Majesté la répartition suivante, au moyen de laquelle il y aura le moins de mouvements possibles.
Le 14e léger à Ancône, le 22e léger à Florence, le 23e léger, les 6e, 62e et 101e de ligne à Rome et à Civita-Vecchia.
Si Votre Majesté adopte définitivement cette mesure, je la prie de me donner ses ordres, afin que je puisse les faire exécuter de suite ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 344).

Napoléon décide également la création de 16 Régiments provisoires. L'Empereur écrit, le 3 mars 1809, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
1
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2
... 15e régiment provisoire :
Le 15e régiment sera composé de 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 67e, 2e de ligne, 56e, 37e, 93e, 112e, 1er de ligne, 62e, 23e léger.
Ce régiment se réunira à Alexandrie ...
Ces 4 derniers régiments (13e, l4e, 15e, et 16e) formeront la réserve de notre armée d'Italie, et seront réunis 3 à Alexandrie et un à Milan.
Les 9 régiments de l'armée italienne formeront un régiment composé de même, lequel sera fort de 2 500 hommes et se réunira à Milan.
Ainsi la réserve de l'armée d'ltalie sera composée de 2 brigades, l'une de deux régiments qui se réunira à Milan, l'autre de 3 régiments qui se réunira à Alexandrie, l'une et l'autre commandées par un général de brigade, et qui seront prêtes à se porter partout où les circonstances l'exigeront
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).

Les deux premiers bataillons du 23e Léger ont été sortis du Royaume de Naples et réunis aux 3e et 4e pour renforcer l'Armée d'Italie. Napoléon écrit ainsi à Eugène :
"Paris, 16 mars 1809.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan.
Mon Fils, le 23e léger, qui était en Toscane, a dû y arriver fort de 600 hommes; il doit avoir reçu 300 hommes; 300 hommes partant vers la fin de mars du Piémont pour le joindre; ce qui portera ces deux bataillons à 1,200 hommes. Le 22e léger, qui est à Ancône, a dû recevoir 800 hommes; 200 hommes vont partir pour le rejoindre; ces deux bataillons seront donc au complet de 1,600 hommes. Ainsi, au premier événement, ils pourront entrer en ligne. Le 52e va recevoir 300 hommes qui partent de Gênes, le 102e recevra 200 hommes; le 29e de ligne, 100 hommes. Mon intention est donc que la division Miollis vienne à être composée : de quatre bataillons du 62e, 3,000 hommes; de quatre bataillons du 23e léger, 3,000 hommes; de deux bataillons du 22e léger, 1,500 hommes; du 4e bataillon du 101e, 700 hommes; du bataillon du 11e léger, 1,100 hommes, et du bataillon du 6e de ligne, l,200 hommes; ce qui formerait une division de 10 à 11,000 hommes de très bonnes troupes ...
J'ai ordonné que le briquet fût supprimé dans la compagnie de grenadiers et de voltigeurs et qu'on y substituât des outils ... Mon intention est d'étendre cette mesure à toute l'armée et de supprimer ainsi une arme aussi inutile que le briquet.
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 376 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20400).

Le même jour, toujours depuis Paris, l'Empereur écrit au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, donnez ordre au roi de Naples de faire partir de Naples le général de brigade Valentin avec les demi bataillons du 23e léger, forts de 1,500 hommes; les trois bataillons du 62e de ligne, forts de 2,200 hommes; six pièces d'artillerie servies par une compagnie d'artillerie française, et attelées, s'il n'y a pas assez d'attelages français, par des attelages napolitains; et un bataillon entier du régiment de la Tour d'Auvergne ou d'Isembourg, fort de 800 hommes; total de la brigade française, 4,600 hommes, en recommandant que les compagnies de grenadiers et voltigeurs et les chefs de bataillon se trouvent à tous ces régiments. Un des deux régiments d'infanterie napolitains et deux escadrons de cavalerie napolitains, formant 300 hommes à cheval, partiront avec cette brigade sous les ordres d'un adjudant commandant et en feront partie. Un officier supérieur et un capitaine d'artillerie, deux officiers du génie et deux commissaires des guerres y seront attachés. Cette brigade, forte de 6 à 7,000 hommes, devra être rendue à Rome cinq jours après la réception du présent ordre, c'est-à-dire dans les premiers jours d'avril" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14911; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20403, qui date cette lettre du 17 mars 1809).

Le lendemain 17 mars 1809, toujours depuis Paris, Napoléon écrit à Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, j'ai ordonné que le général de brigade Valentin partit de Naples pour se rendre à Rome avec les 2 bataillons du 23e léger, forts de 1,500 hommes; les 3 bataillons du 62e de ligne, forts de 2,200 hommes; un bataillon d'Isambourg ou de la Tour d'Auvergne, fort de 800 hommes; 6 pièce d'artillerie, servies par une compagnie d'artillerie française; un régiment napolitain de 1,500 à 1,800 hommes; un escadron napolitain de 300 chevaux; ce qui fera une brigade de prés de 7,000 hommes. Cette brigade devra être rendue à Rome le 1er avril et sera sous les ordres du général Miollis. Vous ordonnerez au 4e bataillon du 62e, qui doit être à Rome, de se réunir aux trois premiers bataillons; ce qui fera un beau régiment de 4 bataillons et au complet de près de 3,000 hommes" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 383 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20432).

Le même jour, 17 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre au prince Borghèse de faire partir le 25 du mois 100 hommes du 29e de ligne pour Milan d'où ils rejoindront les bataillons de guerre ; de faire partir 400 hommes du 23e léger pour Florence ; de faire partir de Gênes 300 hommes du 52e pour rejoindre les bataillons de guerre à Milan ; et 200 hommes du 102e également pour Milan d'où ils rejoindront les bataillons de guerre" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2959; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20414).

De son côté, également le 17 mars 1809, Murat écrit, depuis Naples, à Napoléon : "J'ai reçu ce matin à Persano la lettre de Votre Majesté du 8 mars …
D'après les dispositions tracées dans cette lettre, j'ai prescrit au général Partouneaux de former sa division en deux brigades ; l'une, sous les ordres du général Cavaignac, reste à Scilla, l'autre viendra s'établir à Lagonegro. Le 62e et le 23e viennent à Naples et formeront une brigade ; le 10e et les Suisses formeront l'autre. Sire, je sens toute la nécessité de cette mesure, mais si je perds ces quatre régiments, je ne dois pas dissimuler mes craintes à Votre Majesté, non sur la capitale et sur les provinces voisines, mais que deviendront les Calabres ? Il faudra bien me résoudre aussi à évacuer Tarente, Brindisi et, quelques points exceptés, la Pouille et les Abruzzes ; car si je les faisais occuper, qu'aurais-je à opposer à l'ennemi, en cas de débarquement ? et avec quelle force pourrais-je faire rentrer dans l'ordre les provinces qui viendraient à être troublées ? Ensuite Votre Majesté ne trouvera-t-elle pas sa brigade placée au fond de la Calabre un peu exposée ? et, cependant, sa présence y est nécessaire. Il est seulement malheureux que je ne puisse pas les faire appuyer de plus près par la brigade Digonnet. Par les dispositions de Votre Majesté, je dois renoncer au camp d'Evoli sur la Sele. Il en eût imposé à tout mon royaume ; de cette position centrale je commandais toutes les provinces. Je ferai établir le 23e et le 62e sur Caserta et environs, d'où ils pourront facilement passer à Rome ...
" (Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 88, lettre 3875).

Entre temps, des troubles ont éclaté en Toscane. Le 20 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, écrivez au général Menou que les mesures prises en Toscane, jusqu'à cette heure, ont conduit à l'état d'incertitude où se trouve le pays ; que les malveillants n'y ont été comprimés d'aucune manière ; qu'il faut faire arrêter à Sienne les 2 bataillons du 23e qui arrivent de Rome ; et profiter également de l'arrivée du 9e de chasseurs ; que j'envoie le général de gendarmerie Radet, avec une colonne mobile de gendarmerie, pour désarmer le pays et enlever tous les fusils ; qu'il faut faire traduire devant une commission militaire tous ceux qui ont insulté les Français et les faire exécuter ; que j'avais ordonné d'Espagne des mesures contre Arezzo et Sienne que je connais bien ; que le général Menou en a suspendu l'exécution, et qu'il a eu tort ; que si la simple apparence de la guerre produit cet effet en Toscane, que serait-ce donc si l'on perdait une bataille ; que l'on n'a employé jusqu'ici que des palliatifs, et qu'il est temps de prendre des mesures suivies pour contenir le pays. Recommandez au général Menou, de faire mettre en état la citadelle de Livourne. Ordonnez qu'on crée sur-le-champ les 3 compagnies départementales, et autorisez le général Menou à former des compagnies de police de tous les sbires de la Toscane. Il formera autant de compagnies qu'il pourra réunir de fois 100 hommes. Il emploiera ces compagnies à parcourir le pays et à Je désarmer, et il leur fera donner une prime de récompense proportionnée aux services qu'elles rendront" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2977 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20468).

Le 22 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, à Eugène, Vice-roi d'Italie : "Mon fils, je vous envoie un état que me remet le ministre de la Guerre et que je vous prie de vérifier. Avez-vous reçu 8191 hommes ? Il résulterait de cet état ... que le 23e léger aurait fourni 850. Il ne lui manquait donc plus que 400 hommes pour être au grand complet. Le dépôt étant de 1000 hommes, il pourrait en fournir bien davantage ...
Ces régiments ne devant fournir aux régiments de réserve que 5800 hommes et en ayant 13000 à leur dépôt, il restera donc encore 7000 hommes disponibles
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20500).

Le 26 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-roi d'Italie : "Mon fils, si le 23e léger qui a ordre de se rendre en Toscane est de 1600 hommes présents sous les armes, par l'incorporation des différents conscrits qu'il a reçus, vous pouvez donnez ordre au 112e de vous joindre, en se dirigeant d'abord sur Bologne. Si le 23e n'a pas le nombre d'hommes, vous pourrez donner l'ordre à un bataillon de La Tour d'Auvergne, qui doit être arrivé à Rome avec la colonne du général Valentin au 1er avril, de se rendre en Toscane, et moyennant ce, le 112e pourra se rendre à Bologne.
Vous pouvez annoncer en Toscane que 6 000 hommes y arrivent de Rome, cette annonce sera toujours utile
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 408 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20555).

Le 26 mars 1809, le Général de Division Charpentier, chef de l’état-major général, écrit depuis Milan, au Général de Division Grenier à Sacile : "Voici, mon cher général, la composition et l’emplacement de l’armée au 1er avril prochain :
... 6e division : Général de division Miollis à Rome ; généraux de brigade Salras, Herbino, adjudant commandant Garobuau, adjudant commandant Miollis.
4e bataillon du 14e léger à Rome, 3e et 4e bataillons du 23e idem en Toscane, 4e bataillon du 6e de ligne à Rome, 4e bataillon du 62e de ligne à Rome et Spoleto, 4e bataillon du 101e à Velletri, 17e compagnie du 2e régiment d’artillerie à pied italien à Rome, détachement du 7e bataillon principal du train à Rome, 10e compagnie du 1er régiment d’artillerie à pied italien à Cività-Vecchia.
Brigade du général Valentin, à Rome, venant de Naples.
2 bataillons du 23e léger, 3e bataillons du 62e de ligne, 1 bataillon du régiment de la Tour d’Auvergne, 1ère compagnie d’artillerie, 1 régiment napolitains, 2e escadrons cavalerie id, à Rome ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34. Page 78).

Le 27 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke... Le 23e léger a dû arriver à Sienne le 18 février, fort de 600 hommes. 350 hommes sont partis du dépôt de Mondovi pour le rejoindre. Il y avait à ce dépôt au 15 mars 600 hommes sur lesquels 400 étaient prêts à partir, et ont dû partir depuis. Ainsi, les 2 bataillons du 23e léger, doivent être à 1400 hommes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 3019 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20566).

Le même 27 mars 1809, Murat écrit au Maréchal Pérignon : "... Donnez l'ordre au 23e régiment d'infanterie légère de partir à Salerne en passant par Avellino pour se rendre à San Germano ; dirigez sur ce point les compagnies d'élite de ce corps ...
Donnez l'ordre au général de brigade Valentin de se rendre à Naples avec armes et bagages ; je vous préviens que les compagnies d'élite de tous les régiments dont je viens d'ordonner le mouvement, doivent marcher avec eux. Vous me ferez connaître demain matin les ordres que vous aurez donnés et vous me remettrez l'itinéraire de tous les corps qui doivent marcher ; cet ordre est pour vous seul et vous devez commander autant que possible le secret sur ces différents mouvements ...
" (Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 112, lettre 3913).

Encore le 27 mars 1809, à minuit, Murat écrit, depuis Naples, à Napoléon : "Je reçois l'ordre du ministre de la Guerre de Votre Majesté de diriger de suite sur Rome les 23e et 62e régiments français, un bataillon de La Tour d'Auvergne, une compagnie d'artillerie française avec six pièces de canon, un régiment d'infanterie et un de cavalerie napolitaines. Sire, ces ordres vont être exécutés …" (Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 112, lettre 3915).

Le 28 mars 1809, depuis Paris, l'Empereur écrit à Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, donnez l'ordre au 112e qui est à Florence de se rendre à Bologne, d'où vous le dirigerez sans délai sur sa division. Il partira douze heures après votre ordre reçu. Vous ferez connaître au général Menou que le 23e léger doit être arrivé à Sienne fort de 600 hommes, qu'il a reçu deux convois de 800 conscrits, ce qui l'a porté à 1,400 hommes ...
Donnez ordre au général de brigade Valentin de partir de Rome avec les 4 bataillons du 62e et les 2 bataillons du 23e léger, et de se rendre à Florence, où il y aura ainsi 8 bataillons ... Il me tarde de voir les 8 bataillons que commande le général Valentin, formant le fonds de la division Miollis, arriver sur 1'Adige. Donnez ordre qu'ils partent sans différer ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 410 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20596).

Le 29 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Murat, Roi de naples : "Mon frère, je reçois votre lettre du 20 mars. Tout pousse à la guerre. Le prince de Neuchâtel est parti. Je n'ai pas cependant le projet d'attaquer, et je ne partirai moi-même que lorsque les hostilités seront à la veille de commencer. Mon armée d'Italie se concentre sur le Tagliamento et l'Isonzo. La division Miollis, dont le 23e léger et le 62e font le fonds, est nécessaire, ces deux régiments ont reçu ordre de partir de Rome pour Florence où ils se joindront avec les deux bataillons du 23e et les deux du 22e qui d'Ancône se rendent à Bologne. Ces dix bataillons formeront une belle division qui peut être utile à l'armée d'Italie ..." (Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 118, lettre 3921 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20618).

Le 31 mars 1809, Murat écrit à l'Inspecteur aux Revues Ferraud : "Monsieur l'inspecteur général, je désire connaître ce que coûtaient par mois le 62e régiment de ligne, le 23e d'infanterie légère, une compagnie de 100 hommes d'artillerie, le 2e bataillon de la Tour d'Auvergne qui doit être complété à huit cents hommes, les deux premiers bataillons du 2e régiment d'infanterie napolitaine forts de onze cents hommes, avec environ cent hommes du train, deux escadrons du 1er régiment de chasseurs à cheval napolitain forts de trois cents trente deux hommes et trois cents chevaux, douze officiers d'artillerie dont un major, un chef de bataillon et les autres capitaines, deux commissaires des guerres, deux officiers du génie, deux généraux de brigade, un adjudant-commandant, deux adjoints et deux aides-de-camp. Je désire recevoir ces renseignements dans la journée de demain" (Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 124, lettre 3935).

Le 2 avril 1809, Murat écrit au Commissaire général d’Arcambal : "Monsieur le commissaire général, je vous prie de me faire connaître ce que coûtaient par mois les 25e, 102e, 62e et 23e légère, 3e régiment italien, 28e régiment de dragons, 9e et 25e régiments de chasseurs, le détachement de chasseurs napolitains, deux bataillons d'infanterie légère napolitaine, une compagnie de cent canonniers français, un bataillon de la Tour d'Auvergne, en un mot tous les officiers généraux sans troupes, et toutes les troupes sorties du Royaume depuis le mois d'Octobre. Vous comprendrez dans cet état généralement toute espèce de dépense relative à ces corps" (Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 130, lettre 3945).

Le 8 avril 1809, l’Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène : "Mon fils, je vous envoie l'itinéraire de la colonne du général Valentin. Je vous envoie également les tables de chiffres qui vous sont annoncées dans une de mes précédentes lettres" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 433). Cet itinéraire de la brigade Valentin est le suivant : 28 mars à Capoue ; 29, à Sessa ; 30, à Mola ; 31, à Fondi ; 1er avril, à Terracine ; 2 avril, à Torrepontra ; 3, à Velletri ; 4, à Albane ; 5, à Rome. Il concerne : 1° une division de 6 bouches à feu avec voitures attelées et munitions (servie par la 2e compagnie d'artillerie française) ; 2° 2 bataillons de guerre du 2e d'infanterite légère napolitaine ; 3e les compagnies d'élite du 23e léger ; 4° le 23e léger ; 5° les 3 bataillons du 62e de ligne ; le 3e bataillon de la Tour-d'Auvergne. Total, 6,000 hommes environ.

Le 10 avril, les Autrichiens prennent l'offensive et les Franco-italiens se replient sur le Tagliamento.

Le 11 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Élisa, Grande-Duchesse de Toscane, à Florence : "Ma Soeur, quand le 62e de ligne et le 23e léger seront arrivés, faites-les partir pour Bologne, car les hostilités sont imminentes. La guerre commencera du 15 au 20. Ce sont les Autrichiens qui attaquent. Les Russes sont avec moi. Je vais partir ces jours-ci pour mon armée d'Allemagne ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15056 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20808).

Le 12 avril 1809, onze heures du soir, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Valvasone : "Mon Fils, à peine arrivé à Vérone ou à Trente, je suppose que vous aurez appris que les Autrichiens ont commencé les hostilités … Réunissez bien toute votre armée ; instruisez Marmont des hostilités. Je vous ai déjà recommandé de placer la 14e demi-brigade provisoire à Vérone et de faire venir la division composée du 62e, des 23e et 22e légers par Bologne et Ferrare en grande marche sur Trévise, afin de vous servir de réserve …" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 444 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15061 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20826).

Les Autrichiens entrent dans Udine le 13. Le 15 ils passent le fleuve. Eugène, contre l'avis de ses généraux, décide de les arrêter à Sacile le 16 avril. Les Français, malgré une belle résistance, sont submergés et doivent une nouvelle fois se replier, cette fois ci derrière la Piave. Eugène est humilié par cet échec vis-à-vis de Napoléon qui, par contre, a vaincu à Eckmühl le 22 avril et va entrer dans Vienne le 13 mai.

Heureusement, Mac Donald est arrivé, ainsi que des renfort amenés par le général Duruttte, dont les quatre bataillons du 23e Léger.

Le 22 avril 1809, au Quartier général à Vicence est établi l'ordre de l’Armée : "A compter de ce jour, l’armée d’Italie divisée en trois corps d’armée organisés de la manière suivante par S. A. I. le prince Eugène, général en chef ...
Réserve de l’armée.
Division Durutte, 22e léger, 23e léger, 62e de ligne ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 125 page 265)

Les Autrichiens reculent alors leurs positions pour se rapprocher de leur capitale,ce qui va favoriser l'offensive du Vice-Roi.

Le 28 avril, toutes les forces dont le Prince Vice-Roi a le commandement en chef se trouvent concentrées sur l'Adige; le Général Macdonald est arrivé la veille. Eugène met alors à exécution le projet d'organisation en trois Corps et une réserve, projet adopté déjà en principe depuis le 23 avril et que nous donnons ci-dessous :
4e - Réserve spécialement sous les ordres directs du Vice-Roi. Division Durutte, 10 bataillons des 22e et 23e Léger et 62e de ligne ; Division italienne Lecchi, 3 Bataillons de Garde royale et 5 Escadrons de cavalerie de la Garde ; Division du Général Sahuc, 16 Escadrons des 6e, 8e, 9e et 25e de Chasseurs à cheval ; Division Pully, 12 Escadrons des 23e, 28e, 29e de Dragons (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 45).

Cette armée, reconstituée et prête ou à tenir tête à l'ennemi sur l'Adige ou à reprendre l'offensive, occupe le 28 avril les positions suivantes :
Réserve, les Divisions Sahuc, Pully et la Garde royale, ainsi que la Division Durutte, en avant de Caldiero (cavalerie légère), à Saint Martin (Garde royale), en avant de Vago (Dragons). Ces derniers furent chargés d'éclairer l'Adige jusqu'à Roveredo (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 45).

Le 29 avril, l'Armée d'Italie repart en avant.

Le Général de Brigade Valentin ne se rend à Isola della Scala que le 1er mai avec 4 Bataillons du 23e Léger et le 1er Bataillon du 62e de ligne ; les 2e et 3e bataillons, trop fatigués pour poursuivre leur marche, s'arrêtent à Mantoue. Le 4e Bataillon du même régiment, se trouvant encore à deux journées de marche de cette place, reçoit l'ordre de suivre le mouvement de la Division Durutte aussitôt son arrivée à Mantoue (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 61).

Le 2 mai, Durutte et sa Division se porte sur Legnano, récupère sa garnison (dont 2 bataillons du 18e Léger) et avec la brigade Valentin (dont 4 bataillons du 23e Léger) marche sur Padoue. Il rencontre l'ennemi à Este, le bouscule grâce aux Carabiniers et Voltigeurs du 18e Léger, et gagne Padoue.

L'armée passe la Brenta. Puis la Division Durutte se porte sur Mestre et débloque Venise. Elle rameute une partie de la garnison pour attaquer Trévise dont elle s'empare.

La Division a l'ordre de se porter en avant pour empêcher la destruction du pont sur la Piave.

Le 6 mai, la Division Durutte passe au Corps du centre de l'Armée, aux ordres du Général Grenier. L'aile droite est sous Mac Donald et la gauche sous le Prince Eugène.

La Piave est franchie le 8 mai malgré la force du fleuve. Vers les 3 heures, la Piave continuant à grossir, le passage devient trop difficile pour l'infanterie, et le 23e d'infanterie légère est le seul Régiment de la Division Durutte qui parvient sur la rive gauche, non sans avoir perdu plusieurs hommes entraînés par la force du courant. Le passage du fleuve devient tellement dangereux, que le Vice-Roi doit ordonner de le cesser. Les troupes qui sont sur la rive gauche sont alors formées en bataille dans l'ordre suivant :
A l'extrême droite, la Division Abbé, vis-à-vis Cima-d'Olmo. Le centre, composé des 9e et 84e de ligne (Division Broussier), et du 23e Léger (Division Durutte), en avant du gué du Lovadina, vis à-vis Bocca di Strada. L'intervalle entre ce Corps et la Division Abbé est rempli par les Divisions de Dragons Grouchy et Pully. A la gauche du 23e Léger, la Division Lamarque, formant, avec la Division Sahuc, avec l'avant-garde, et le 9e de Chasseurs, la gauche de l'armée (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 72). Un temps isolé du reste de la Division Durutte, le 23e Léger repousse ensuite l'ennemi. Toujours dans la Division Durutte, le Capitaine Salis, du 23e Léger, est tué, et le Capitaine Wilherne est blessé.

Le "Rapport du régiment indiquant MM. les officiers, sous-officiers et chasseurs qui se sont distingués dans la bataille de la Piave, et les pertes qu’il a éprouvées", certifié à Ponterba le 14 mai 1809 par le Major Horiot, indique :"Ls Gd Langeron, Chef de bataillon, légionnaire : S’est distingué à la bataille de la Piave, par ses talents et son courage, a démontré beaucoup de zèle au passage de cette rivière et a combattu honorablement au pont de Brugnera sur la Livenza le lendemain ; il a été proposé plusieurs fois pour obtenir de l’avancement et le grade d’officiers de la légion d’honneur, ayant pu se faire distinguer à l’armée de Naples.
Paulus, adjudant Major au 2e bataillon. S’est distingué à la bataille de la Piave et à l’attaque du pont de Brugnera, sur la Livenza, en commandant les tirailleurs ; cet officier a déjà été proposé pour être admis à la légion d’honneur, il a reçu deux blessures dans le royaume de Naples.
Willerme, capitaine des carabiniers du 2e bataillon. S’est distingué à la bataille de la Piave et y a été blessé.
Buard, capitaine de la 1ère du 1er bataillon. S’est distingué à la bataille de la Piave.
Maurice, lieutenant des carabiniers du 3e bataillon. S’est distingué à la bataille la Piave, et au passage de cette rivière en sauvant beaucoup de soldats.
Foucard, sergent-major de la 2e compagnie du 2e bataillon. Même observation.
Goiron, sergent-major de la 3e du 1er bataillon. S’est distingué à la bataille de la Piave et au pont de Brugnera sur la Livenza.
Crozet, caporal de la 3e du 1er. Même observation.
Debance, carabinier du 2e bataillon. Même observation.
Horiot, chasseurs de la 3e du 1er bataillon. Même observation.
Pertes en hommes et en effet.
Officiers morts : 1 capitaine, 1 lieutenant.
Officiers blessés : 1 capitaine, 2 sous-lieutenants.
Total : 5
11 sous-officiers et chasseurs morts, 22 blessés ; total 33
Pertes en armement :
Fusil perdu par les morts, 11 ; par les blessés, 22 ; dans les rivières, 87 ; total 120
Pertes en habillement et équipements en passant les rivières : 15 habits, 48 schakos, 21 capotes, 15 sacs avec effets.
Certifié par nous Major, commandant le régiment
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 77. Page 163).

Le 9 mai 1809, le 1er Bataillon du 23e Léger, détaché à Brugnera, y rencontre l'ennemi et le met en fuite après un léger engagement (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 79).

Le 10 mai 1809, Eugène écrit, depuis Conegliano, à Napoléon : "Deux bataillons du 23e léger, qui avaient été dirigés sur Brugnera, ont pu joindre, hier soir, la queue d'une colonne ennemie, et lui ont pris ou tué 4 à 500 hommes, et enlevé une pièce de canon …" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 183).

Le 10 mai, l'armée arrive sur la rive droite du Tagliamento. A St Daniel, les Autrichiens sont encore battus. Mac Donald fait occuper Udine puis marche sur l'Isonzo.

Le 14, l'avant garde, suivie de la Division Durutte, prend position devant Malborghetto et les fortifications du col de Tarvis dont il faut s'emparer de haute lutte.

Le 15 mai, le Général de Brigade Dessaix se met en mouvement de grand matin avec l'avant-garde. Il ordonne au Major Vautré de tourner les ouvrages de Malborghetto avec un Bataillon de Voltigeurs, et de s'établit sur les hauteurs situées à la droite du fort. Ce Bataillon parvient, non sans beaucoup de peine, à gravir des rochers aussi escarpés et à déloger l'ennemi. Un Corps de 2,000 Autrichiens occupe la hauteur opposée et prolonge sa droite vers Malborghetto ; un ravin profond couvre son front et le sépare du Bataillon de Voltigeurs du Major Vautré. Le Général Dessaix, ayant reconnu cette position, détache le 23e Léger pour soutenir le Major, et lui prescrit d'en chasser l'ennemi, tandis que, avec le reste de l'avant-garde, il secondera son mouvement par le village de Malborghetto. Déjà une partie de l'avant-garde s'est formée sur la rive droite de la Fella, et le Général Durutte a placé, pour la soutenir le 62e de ligne sur les rives du torrent, lorsque le Major Vautré fait battre la charge. Ses Voltigeurs, vivement secondés par deux Bataillons du 23e Léger, s'élancent sur la hauteur, fondent sur l'ennemi, qui, ébranlé de l'impétuosité de cette attaque, étonné en même temps de se voir atteint par le feu des voltigeurs, établis sur des rochers qu'il a jugés inabordables, ne balance plus à se retirer. Ces 3 bataillons le poursuivent de montagne en montagne, jusqu'à ce que, enfin parvenus sur celle qui domine la droite du fort de Malborghetto, ils s'arrêtent à la vue de l'armée autrichienne en pleine retraite sur Tarvis (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 100).

Dans son rapport daté de Malbourget (Malborghetto) le 16 mai 1809, le Général de Division Durutte écrit au Général de Division Grenier, commandant le centre de l’Armée d’Italie, au sujet de la journée du 15 : "J’ai l’honneur de vous rendre compte que, d’après vos ordres, j’ai placé hier derrière l’avant-garde pour la soutenir le 62e régiment et le 23e d’infanterie légère. L’un et l’autre ont pris position à droite et à gauche de la rivière en échelons par bataillons.
La plus grande force de l’avant-garde se trouvant sur la gauche, le 62e régiment n’a suivi que ses mouvements pour pouvoir la soutenir au besoin ; mais il ne s’est point engagé avec l’ennemi.
A la droite, le général Dessaix n’avait placé qu’un bataillon de tirailleurs, qui avait gravi les montagnes. Le général Valentin, à qui j’avais donné le commandement de la droite, jugea à propos de mettre un bataillon du 23e entre ce bataillon et le corps de l’avant-garde ; parce que l’ennemi paraissait vouloir pénétrer dans cet intervalle vers les 4 heures, ce bataillon fut installé ; il attaqua vivement l’ennemi qui avait fait un mouvement sur lui. Dans le même moment, le général Dessaix l’ayant fait attaquer par son centre et par la gauche, il fut poussé hors du village de Malbourget avec beaucoup d’énergie. Le 1er bataillon du 23e régiment d’infanterie légère commandé par le major Horiot se porta en-avant du village à droite, et les tirailleurs allèrent jusque sous le fort.
J’ai beaucoup à me louer du 1er bataillon du 23e régiment qui ne fut pas un seul instant étonné du feu d’artillerie de l’ennemi, quoique nous n’avions point à lui opposer. Le Major Horiot a montré beaucoup de courage et d’intelligence, ainsi que l’adjudant major Jalabert. Vous savez que l’avant-garde est privée d’ambulance ; le chirurgien major Monier du 23e régiment s’est multiplié ; on l’a vu courir panser les blessés au milieu des tirailleurs, et il a rendu en cette journée les plus signalés services, tant à l’avant-garde qu’à ma division.
La perte du 23e régiment peut être évaluée à 23 morts et une quinzaine de blessés ; celle de l’ennemi doit être plus considérable. Le 23e régiment a enlevé plusieurs postes ; le nombre des prisonniers qu’il a fait est à peu près d’une trentaine d’hommes ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82. Page 173).

Mac Donald s'empare de Goritz le 15 mai puis entre dans Trieste puis Laybach.

Le 18 mai, Napoléon fait occuper l'île Lobau sur le Danube. Les 21 et 22 mai aura lieu la bataille sanglante et infructueuse d'Essling; les Français se retranchent dans la Lobau, attendant des renforts. Pendant ce temps, Eugène marche sur Villach.

Le 25 mai 1809, un Bataillon du 23e Léger (Division Durutte) est envoyé pour se joindre au Général Roussel, et les trois autres Bataillons de ce même Régiment sont destinés à venir former la deuxième ligne du Général Séras, sous les ordres du Général Valentin (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 128).

Le Général Durutte écrit, de Saint-Michel, le 25 mai 1809, au Général Grenier : "M. Le général, j’espère que le général en chef est instruit des troupes que j’ai l’honneur de commander, on n’aurait certainement pas deviné qu’elles avaient fait 8 lieues quand elles ont marché à l’ennemi.
Je ne vous parlerai pas des dispositions prises et exécutées par ma division, nous n’avons fait qu’exécuter vos ordres et ceux de S. A. I.
Le 23e d’infanterie légère a coupé une colonne ennemi forte d’environ 500 hommes ; le général Valentin en a envoyé 3 à 400 ou presque et la plus grande partie s’est rendue au 1er bataillon du 23e dirigé par l’adjudant commandant Forestier et aux troupes du général Roussel de la division Séras ...
A l’attaque de Malborghetto, j’avais distingué M. le lieutenant Fran… pour sa bravoure et son humanité ; dès ce moment je l’ai attaché à mon état-major, aujourd’hui en revenant de porter un ordre au premier bataillon du 62e régiment, il a rencontré la cavalerie qui chargeait, il a chargé avec elle avec intrépidité et a mérité les éloges de M. Lacroix colonel du 9e de chasseurs. Je demande avec insistance le grades de capitaine pour ce brave homme, il y a 12 ans qu’il est officier ; il est instruit et parle très bien allemand.
Je suis très satisfait de la conduite du major Horriot du 23e régiment léger. Il a beaucoup de sang-froid et de fermeté.
Le général se loue beaucoup de M. Longeron, officier du 2e bataillon du 23e régiment, du capitaine Serigue du 3e bataillon, du lieutenant Paulus adjudant Major, de son aide de camp M. François, Bonneau lieutenant de carabiniers, il a aussi remarqué dans la foule de braves le carabinier Brignaud...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 56. Page 121).

Les Officiers et Sous-officiers cités par le Général Durutte pour leur bonne conduite à l’affaire de Saint-Michel le 25 mai 1809, écrit le Général Grenier, sont : "Le major Horriot du 23e d’infanterie légère, ayant conduit ses colonnes avec courage, sang-froid, fermeté et valeur.
Mrs Longeron, Serigue capitaine, Paulus adjudant major, Bonneaud, lieutenant et Mr Crancoit aide de camp du général Valentin. On désigne aussi le carabinier Brignaud, mais on ne cite aucun fait ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 46. Page 101).

Le 26 mai, l'Armée d'Italie fait sa jonction avec les forces de Napoléon. Napoléon écrit alors, depuis Ebersdorf, à sa sœur Elisa, Grande Duchesse de Toscane :
"Ebersdorf, 28 mai 1809
A Elisa, à Florence.
Ma Soeur, faîtes partir pour Osoppo tout ce qu'il y aurait de disponible dans le duché, appartenant aux 23e léger, 13e, 112e et 62e de ligne et au 9e chasseurs. Cette lettre vous parviendra par le canal de l'armée d'Italie. Ma jonction avec cette armée a été faite heureusement, il y a deux jours. Les affaires vont ici fort bien, et ma santé est fort bonne
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15270 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21081).

Ce jour là, tous les hommes du 23e Régiment d'infanterie légère incapables de suivre l'armée sont destinés à former la garnison de Bruck (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 130).

Le 29 mai 1809, à deux heures, le Général Durutte écrit, depuis Frohnleiten, au Général Grenier : "Mon cher général, je vous rends compte d’une horreur abominable de la part des autrichiens. Lorsque nos troupes sont entrées à Frohnleiten, le général Valentin alla de suite attaquer le pont. L’ennemi avait tout préparé pour le faire brûler, il mit le feu. Le général Valentin tachât de le faire éteindre en se servant des pompes de la ville. Pendant qu’on travaillait à éteindre le feu du pont, on vit tout à coup plusieurs maisons en flammées à la fois dans différents quartiers de la ville. Plusieurs chasseurs du 6e régiment assurent qu’ils ont vu sortir des maisons des croates qui étaient restés cachés dans la ville et qui ont fait éclater ce terrible incendie. Il paraît que la ville sera entièrement brûlée !
Le général Valentin se trouve avec les pièces et le 5e chasseurs, du 6e et le 23e régiment entre le feu du pont et celui de la ville. Je n’ai pu encore communiquer avec lui. Je crois qu’il aura retiré ses troupes à droite sur la montagne, mais je ne puis deviner où il aura placé les pièces.
Je suis en arrière de la ville. Je fais avancer le 3e et le 4e bataillon du 62e régiment pour communiquer avec lui par les montagnes à droite. Ordonnez, je vous prie, au général Dessaix ( ?) d’envoyer un bataillon du 62e à Zedestini (?) et un autre bataillon du même corps à Pernedy (?). J’emploierai aussi le 3e bataillon du 62e et le 4e bataillon à éteindre l’incendie si cela est possible.
Salut et attachement
Ps. Il faudra m’envoyer des subsistances car cet incendie nous enlève toutes les ressources que cette ville nous offrait
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 112. Page 233).

Le 28 mai 1809 à dix-heures du matin, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, à Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Bruck : "Mon Fils, je vous renvoie votre aide de camp. Je désirerais avoir l'état de situation de votre corps d'armée.
Je suppose que la division Durutte est composée de deux bataillons du 22e, de quatre bataillons du 23e, et de quatre bataillons du 62e. Je suppose que ces dix bataillons forment au moins 6,000 hommes présents sous les armes. Je suppose que la division Seras est composée d'un bataillon du 35e, de trois bataillons du 53e, de quatre bataillons du 106e et de deux bataillons du 79e; je la suppose également de 6,000 hommes. Je ne sais ce que c'est que la 3e division; je suppose que c'est une division italienne qui est avec le 112e, et qu'elle est également de 6,000 hommes. Je suppose que la division Pacthod vous a rejoint avec la division Grouchy. La division Pacthod doit être composée de deux bataillons du 8e léger, de quatre bataillons du 52e, de quatre bataillons du 102e et de quatre bataillons du 1er de ligne, que je suppose former 6,000 hommes. Sans comprendre le corps détaché du général Macdonald, vous devriez avoir aujourd'hui à Bruck 24,000 hommes d'infanterie, 4,000 hommes de cavalerie et 2,000 hommes de la garde; ce qui ferait 80,000 hommes et soixante pièces de canon. Le général Macdonald, que je suppose sur le point d'arriver à Graz, vous renforcera de 15,000 hommes. Ainsi votre arrivée me renforce de 45,000 hommes, non compris le corps du général Marmont
" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 240 ; Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15266 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21083).

Et dans une deuxième lettre : "Ebersdorf, 28 mai 1809, huit heures du soir.
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Bruck.
Mon Fils, Tascher me porte des drapeaux et votre lettre du 27.
J'ai donné ordre àLauriston de se porter avec une brigade de cavalerie et deux régiments d'infanterie badois, qui forment son petitcorps d'observation, sur Oedenburg, d'où il poussera des partis sur les flancs du princeJean, qui probablement se rend àRaab. Attirez à vous tout le généralBaraguey d'Hilliers, tout le général Grouchy. Retirez aussi tout ce qui est inutile sur vos derrières. Ordonnez qu'on fortifieKlagenfurt, qu'on mette de l'eau dans les fossés et qu'on yforme un grand magasin; j'y avais déjà fait ces dispositions il y aseize ans. Faites venirle plus d'artilleriepossible; il faut en faire venir. non-seulement attelée, amis encore par réquisition, sur Klagenfurt. Je compte que votre armée, en en ôtant tout au plus un oudeux bataillons italiens, que vous laisserez à Klagenfurt, sera sur Bruck demain et après, et que le corps de Macdonald sera à Graz. Il me tarde que Marmont soit arrivé à Laybach et qu'il envoie sur Graz les détachements que Macdonald aurait laissés à Laybach. La situation des choses dans le Midi me décidera sur le parti que je prendrai pour l'armée de Dalmatie. J'attends l'état de situation de tous vos corps, avec les lieux où ils se trouvent et des détails sur votre artillerie. La division que vous avez envoyée dans la direction de Neustadt peut continuer sa route pour occuper le Semmering, et partir sur Neunkirchen et se mettre en correspondance avec Lauriston pour se lier.
Envoyez la lettre ci-jointe à Borghèse par votre premier courrier.
Je lui mande d'envoyer sur Osoppo tout ce qu'il a de disponible appartenant aux sept régiments des divisions Molitor et Boudet, aux quatre régiments de cuirassiers et aux cinq régiments de cavalerie légère. Je vous envoie cette lettre sous cachet volant, pour que vous en fassiez autant dans tout le royaume, et que vous fassiez fournir, soit par l'armée italienne, soit par l'armée française, tout ce qu'elles ont de disponible pour renforcer les cadres. Je suppose que vous aurez formé sur la Livenza ou sur le Tagliamento un dépôt de cavalerie, et que vous avez laissé quelqu'un à la tête pour vous alimenter. Ayez à Osoppo un homme marquant pour mettre à la tête de vos dépôts : c'est là qu'il faut tout diriger. Donnez ordre qu'on n'en laisse partir aucun homme isolé, mais qu'on fasse des bataillons de marche de 5 à 600 hommes d'infanterie et cavalerie.
J'ai donné ordre que les états du Pape feraient partie de l'armée de Naples, et j'ai chargé le Roi d'en prendre possession. Les états du Pape feront partie de la France, ayant pris un décret pour détruire le gouvernement temporel du Pape.
écrivez au roi de Naples (Murat) pour l'instruire de notre jonction; envoyez-lui la lettre ci-jointe. Vous trouverez aussi une lettre pour la grande-duchesse, dans laquelle je lui donne l'ordre de faire partir pour Osoppo tout ce qu'il y aura à Florence de disponible des 23e léger, 62e, 13e et 112e de ligne. Je suppose que vous avez pourvu à ce qu'il soit laissé de petites garnisons à Palmanova et à Osoppo. Si Miollis est retourné à Rome et que Lemarois n'y soit plus nécessaire, il faut le diriger sur Osoppo, où il aura le commandement du Frioul; il surveillera les dépôts, tiendra la main à ce que tout en parte en bon état, et servira d'intermédiaire entre vous et le royaume d'Italie
" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 238 ; Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15268 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21084).

Le 31 mai 1809, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, à Borghèse, Gouverneur général des départements au-delà des Alpes : "Mon cousin ... faites partir de tous les régiments dont les dépôts se trouvent dans votre gouvernement tout ce qu'ils auraient de disponible, tel que 20e, 29e, 112e, 23e léger, 10e de ligne, etc., en réunissant tout cela en masse à Osoppo, pour renforcer la Grande Armée" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21101).

Le 2 juin 1809, le Général de Division Charpentier, chef de l’état-major général, écrit, depuis le quartier général à Neustadt, au Général de Division Grenier, commandant le centre de l’armée : "Je vous adresse ci-joint mon cher général 25 lettres d’avis de membres de la légion d’honneur pour les nommés ci-dessous, et une de promotion de colonel pour M. Horriot major au 23e d’infanterie légère ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 117. Page 243).

Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 16e Demi-brigade provisoire : 67e de ligne; 2e id.; 56e id. qui reçoit 110 hommes; 37e id.; 93e id.; 112e id. qui reçoit 30 hommes; 1re id. qui en reçoit 220; 62e id. qui en reçoit 20; 23e léger qui en reçoit 90; au total donc, 470 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).

Rapidement, Eugène est chargé par Napoléon d'empêcher la jonction entre les forces autrichiennes des Archiducs Jean, Joseph et Charles.

Le 11 juin 1809, le Prince est informé que le Général Colbert est arrêté au pont de Karaco par une forte colonne d'infanterie autrichienne. Il prescrit aussitôt à la Division Durutte de presser sa marche par Janoshaza ; lui-même rejoint la Brigade Colbert, reconnait les positions de l'ennemi, fait replier les postes autrichiens derrière la rivière et le village, et attend l'arrivée de son infanterie. Dès que parait le Général Durutte et le 23e Léger, le Vice-Roi fait enlever le pont et le village par ce brave Régiment. Toutefois l'ennemi a eu le temps de démolir le tablier du pont. La Brigade Colbert doit alors chercher un gué ; elle traverse la rivière avec deux pièces, repousse avec le 9e Hussards une charge des plus vives d'un Régiment ennemi et débouche dans la plaine. Bientôt le pont est rétabli, et le 23e Léger se déploie en avant du défilé (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 265).

Le même 11 juin 1809, Eugène écrit à Napoléon : "… Le corps de Grenier était déjà trop près de Janoshaza pour le faire rétrograder ; d'ailleurs, il était essentiel de s'emparer du pont Karaco. Le général Lauriston était maître à ma gauche du pont de Merse, et, dès lors, je me trouvai maître des deux seuls débouchés par lesquels il m'était possible de marcher à eux, car la Marczal est environnée de marais, et n'est nullement guéable ; j'ordonnai les dispositions pour le passage de vive force ; deux bataillons du 23e léger passèrent, et s'établirent de l'autre côté du pont, sans presque tirer un coup de fusil …" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 367).

Eugène va affronter les Archiducs Jean et Joseph à Raab en Hongrie le 14 juin, aux pieds de la forteresse du même nom. Il a été renforce d'unités de cavalerie lourde et légère. Les 14 et 15, les Autrichiens sont vaincus . La bataille est sanglante pour la Division Durutte.

Le Général de Brigade Valentin attaque, avec le 23e Léger (Division Durutte), le village de Kismegyer, et le Général Durutte se porte avec 3 Bataillons (2 du 60e et 1 du 62e) entre ce village et celui de Szahadhegy, sur lequel marche la Division Sévéroli. En débouchant sur ce dernier village, le Général Baraguey-d’Hilliers fait former ses troupes en colonnes d'attaque et marche droit à l'ennemi. Les Autrichiens, embusqués en arrière des retranchements naturels qui couvrent Szabadhegy, et soutenus par leur artillerie, arrêtent alors par leur feu la marche de la 1re brigade de la Division Sévéroli. Fiers de cet avantage, ils se jettent sur les 3 Bataillons de la Division Durutte parvenus à se loger sur la droite du village, et les contraignent à se replier ; ce que voyant le Général Grenier fait avancer 2 Bataillons du 62e, qui sont à sa réserve ; la 2e Brigade de la Division Sévéroli se porte aussitôt en avant avec la plus grande intrépidité. La charge est battue, les 2 Divisions se rallient, suivent l'impulsion de leur gauche ; l'ennemi déconcerté regagne le village avec précipitation (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 274).

Le Colonel Thierry, du 23e Léger, et le Chef de Bataillon Hardecker sont tués. Les Chefs de Bataillons Manessier et Langeron sont blessés, ainsi que les Capitaines Buard, Bougon, Joubert, Jouvet, et Jalabert.

Le 15 juin 1809, Eugène, depuis le camp sous Raab, écrit au Ministre : "… Nous avons eu plus de 2,000 hommes hors de combat, parmi lesquels nous avons à regretter le colonel Thierry, du 23e léger, qui a été tué …" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 380).

Dans son rapport daté de Sabatheds (sic) le 15 juin 1809, et adressé au Général de Division Grenier, commandant le centre de l’armée d’Italie, le Général de Division Durutte raconte au sujet de la bataille du 14 juin : "Je vous parlerai peu des dispositions qui ont été faites hier au commencement de la bataille de Raab ; je vous rappellerai seulement que ma division marchait sur deux colonnes et sur deux lignes vers l’ennemi qui occupait une position à gauche de Kesmagar ainsi que ce village et celui de Sabathiye.
Aussitôt que nous fûmes arrivés à portée de fusil de l’ennemi, j’ordonnai conformément à vos ordres aux généraux Valentin et Dessaix, d’attaquer l’ennemi avec la première ligne et de conserver l’autre en en réserve. La première ligne du général Valentin était le 23e régiment d’infanterie légère, celle du général Dessaix était composée de deux bataillons du 60e régiment et le premier bataillon du 62e ; quatre pièces d’artillerie faisant faisaient feu devant elles. Ces deux attaques furent dirigées avec vigueur, mais l’ennemi envoyant sans cesse des bataillons frais on eut beaucoup à souffrir ; cependant il fut repoussé jusqu’à Sabathegs, ce village défendu par un ruisseau et des bocages fut pris et repris trois fois. La seconde ligne du général Dessaix composée seulement du 2e et 3e bataillon du 62e régiment et de la compagnie de grenadiers et des voltigeurs du 4e marche au secours de la première ligne. Malgré ce renfort l’ennemi repoussait nos troupes lorsque je marchai avec le 2e et 3e bataillon du 102e régiment sur ce village ; nous le reprîmes une quatrième fois et l’ennemi fut en déroute. J’ose vous assurer que si dans ce moment j’avais eu un régiment de cavalerie à mes ordres la division aurait indubitablement pris 3 à 4000 prisonniers ; ce défaut de cavalerie ne nous a pas permis de tirer tous les avantages que nous aurions dû avoir de cette victoire. Le village de Kesmagar a tenu pendant toute la journée ; les ennemis étaient fortifiés dans l’abbaye qui s’y trouve ; je l’ai fait attaquer par un bataillon du 23e régiment que j’avais rallié à la fin du combat ; on n’a pu s’en rendre entièrement maitre que quand j’ai envoyé la 7e compagnie du 3e bataillon de sapeurs qui abattit une muraille, et entrant dans cette abbaye força l’ennemi à se rendre. On a fait dans ce village beaucoup de prisonniers, mais comme la division Séras y avait aussi beaucoup de monde, je ne m’occupais pas de ce point, et j’en retirai même de suite les troupes pour les porter sur Sabathegs où le combat paraissait encore douteux ; je sais cependant que mes troupes y ont pris 4 à 500 prisonniers, et dans la mêlée M. le sous-lieutenant Bertrand du 62e régiment a pris un drapeau. Le caporal Déramé du 102e régiment dit avoir tué celui qui portait ce drapeau ; il paraît qu’il se trompe puisque M. Bertrand a encore le sabre d’un officier qui cherchait à défendre ce drapeau et qu’il a blessé et désarmé. Je crois que le drapeau dont parle le brave caporal Déramé est un drapeau qui a été pris et repris dans la mêlée de Sabathegs.
Le Fourier Mougin du 4e bataillon du 62e régiment a pris aussi une pièce de trois. Je ne puis dire la quantité de prisonniers qu’on a pu faire, on était trop occupé pour y faire grande attention ; on les dirigeait sur les derrières sans y faire grande attention.
Je n’ai généralement qu’à me louer de tous les officiers de ma division, on peut dire qu’ils se sont prodigués pour soutenir le courage des troupes. Les pertes que j’ai faites le prouveront plus que tout ce que je pourrais dire.
Le général Valentin a été touché d’une balle morte et son cheval a été tué. Ce général se loue beaucoup de son aide de camp M. Francoul ; j’avais demandé pour lui la décoration après l’affaire de Saint-Michel, et j’ai l’honneur de vous prier de faire de nouveau la même demande. Dans le cours de cette journée, le général Valentin a montré beaucoup de bravoure et de sang-froid. Le général Dessaix a eu un cheval tué ainsi que son aide de camp, on demande pour lui le grade de chef de bataillon. Deux officiers de mon état-major ont eu leurs chevaux tués à mes côtés, M. Bertrand et M. Franc.
J’ai été extrêmement satisfait du zèle de tous les officiers de mon état-major : je vous prie de demander la décoration pour M. l’adjudant commandant contamines. Cet officier a reçu un coup de biscayen au genou qui ne lui a fait qu’une contusion. Je vous prie aussi de demander le grade de capitaine pour monsieur Gauglet, mon aide de camp.
M. Franck pour qui j’ai déjà demandé le grade de capitaine après l’affaire de Malborghette et de Saint-Michel, a reçu à la vérité la croix ; mais il y a 12 années qu’il est officier et il me semble qu’il est temps de le faire capitaine ; vous avez pu juger plusieurs fois de ses moyens.
Voici la note des pertes que ma division à faites et des officiers et soldats qui se sont distingués ...
23e régiment d’infanterie légère
Ce régiment a attaqué un des premiers avec la division Séras ; il a eu beaucoup à souffrir, et quoiqu’il ait été repoussé plusieurs fois, il s’est toujours rallié. Le colonel Thiéry a été tué en le commandant.
26 sous-officiers et chasseurs ont été tués.
Le colonel Horiot a été légèrement blessé à la cuisse, ainsi que les trois chefs de bataillon Longeron, Hardecker et Manessio.
L’adjudant major Jalabert, trois capitaines savoir MM. Buard, Jousset et Joubert, deux lieutenants savoir MM. Bonnard et Dison, quatre sous-lieutenants savoir MM. Boerio, Gauvin, Gasquet et Pagny, trois adjudants sous-officiers savoir MM. Ardemard, Vincent et Laferrière, 240 sous-officiers et chasseurs blessés.
Perte totale 284 hommes ; de plus on ignore le sort de 40 hommes ...
Le résultat de cette journée pour la division du général Durutte est : Un drapeau de pris, et deux pièces de canon.
Environ 400 hommes fait prisonniers dans les environs de Kesmagar. On ne peut apprécier le nombre des prisonniers fait à Sabathegs, ils ont été envoyés à fur et à mesure sur les derrières et dirigés sur le quartier général.
Les pertes sont : 6 officiers tués et 102 sous-officiers ou soldats.
34 officiers blessés et 889 sous-officiers et soldats.
50 hommes dont on ignore le sort et un prisonnier
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 138. Page 287).

Le 16 juin 1809, le Général de Division Durutte écrit, depuis son Quartier général à Saabaadhegy, à Son Altesse Impériale le Prince Eugène napoléon de France, Lieutenant de l’Empereur pour le commandement de ses armées d’Italie : "… Cette bataille a coûté cher au corps du centre, nous avons à regretter beaucoup de braves gens, 23 officiers sont restés sur le champ d’honneur, parmi lesquels on compte le colonel Thierry du 23e d’infanterie légère ; 103 ont été blessées, 377 sous-officiers ou soldats tués et 2015 blessés, 176 hommes sont égarés, mais j’espère qu’ils rentreront encore, présumant que ce sont de ceux qui se sont jetés en arrière au commencement de la bataille. L’ennemi ne nous a fait que trois prisonniers.
Parmi les officiers supérieurs blessés sont MM. le colonel Horiot, Hardecker, Mangin et Longeron légèrement, 23e d’infanterie légère ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 146 et 228. Page 303 et page 465).

Dans son rapport daté du camp sous Raab, le 15 juin 1809, le Commissaire des Guerres Astruc, faisant fonction d’Ordonnateur au corps du centre, écrit au Lieutenant général Grenier, commandant le centre de l’armée, au sujet de la bataille du 14 juin : "Je m’empresse de vous rendre compte de la manière dont ont servi à l’affaire d’hier les chefs de l’administration et les ambulances du corps d’armée que vous commandez. J’ai la satisfaction de pouvoir dire que tous ont fait leur devoir, et que le même honneur qui anime tous les militaires français s’est fait remarquer dans cette portion utile de l’armée ...
A la division Durutte, M. Monnier, chirurgien major du 23e régiment d’infanterie légère, chargé du service de l’ambulance, a montré un zèle peu commun ; il s’est porté plusieurs fois au milieu du feu, et a donné constamment aux blessés au milieu du danger les secours les plus prompts et les mieux entendus. C’est un officier de santé très distingué sous tous les rapports.
Il a été secondé avec distinction par M. Loiset, chirurgien aide-major, qui mérite aussi une mention très honorable ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 137. Page 285).

Ordre du jour du 16 juin 1809 : "... Nous avons perdu 5 à 600 hommes, parmi lesquels nous avons à regretter le brave colonel Thierry du 23e d'infanterie légère ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 24)

"DIX-NEUVIÈME BULLETIN DE L'ARMÉE D'ALLEMAGNE.
Vienne, 16 juin 1809.
… Le 14, à onze heures du matin, le vice-roi range son armée en bataille, et avec 35,000 hommes en attaque 50,000. L'ardeur de nos troupes est encore augmentée par le souvenir de la victoire mémorable qui a consacré cette journée. Tous les soldats poussent des cris de joie à la vue de l'armée ennemie, qui était sur trois lignes et composée de 20 à 25,000 hommes, restes de cette superbe armée d'Italie qui naguère se croyait déjà maîtresse de toute l'Italie, de 10,000 hommes commandés par le général Haddick et formés des réserves des places fortes de Hongrie, de 5 à 6,000 hommes composés des débris réunis du corps de Jellachich et des autres colonnes du Tyrol échappées aux mouvements de l'armée par les gorges de la Carinthie, enfin de 12 à 15,000 hommes de l'insurrection hongroise, cavalerie et infanterie. Le vice-roi plaça son armée : la cavalerie du général Montbrun, la brigade du général Colbert et la cavalerie du général Grouchy sur sa droite ; le corps du général Grenier, formant deux échelons, dont la division du général Seras formait l'échelon de droite, en avant ; une division italienne, commandée par le général Baraguey d'Hilliers, formant le troisième échelon, et la division du général Puthod en réserve. Le général Lauriston avec son corps d'observation, soutenu par le général Sahuc, formait l'extrême gauche et observait la place de Raab.
A deux heures après midi, la canonnade s'engagea. A trois heures, le premier, le second et le troisième échelon en vinrent aux mains. La fusillade devint vive ; la première ligne de l'ennemi fut culbutée, mais la seconde ligne arrêta un instant l'impétuosité de notre premier échelon qui fut aussitôt renforcé et la culbuta. Alors la réserve de l'ennemi se présenta. Le viçe-roi, qui suivait tous les mouvements de l'ennemi, marcha de son côté avec sa réserve : la belle position des Autrichiens fut enlevée, et à quatre heures la victoire était décidée.
L'ennemi en pleine déroute se serait difficilement rallié, si un défilé ne s'était opposé aux mouvements de notre cavalerie. 3,000 hommes faits prisonniers, six pièces de canon et quatre drapeaux sont les trophées de cette journée. L'ennemi a laissé sur le champ de bataille 3,000 morts, parmi lesquels on a trouvé un général-major. Notre perte s'est élevée à 900 hommes tués ou blessés. Au nombre des premiers se trouve le colonel Thierry, du 23e régiment d'infanterie légère, et parmi les derniers le général de brigade Valentin et le colonel Espert ...
" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 456; Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15356).

Napoléon est ravi de cette victoire qui entre dans son programme stratégique.

Le 20 juin 1809, Eugène écrit, depuis Gonyo, à Napoléon : "Sire, Votre Majesté aura sans doute remarqué dans le dernier état de situation de son armée d'ltalie, la faiblesse de quelques régiments. Je lui demanderais de réduire à 2 bataillons le 23e léger, le 1er de ligne, 53e, 106e et 42e, et de réduire les 3e et 4e bataillons du 60e de ligne en un seul bataillon. Je demande·la même autorisation pour les 1er et 3e italiens, et, si Votre Majesté l'approuvait, j'enverrais à Klagenfurth par Capuvar, OEdenburg et le Simmering, tous les cadres des bataillons fondus pour y attendre et recevoir tous les détachements, et tous les sortis d'hôpitaux venant d'Italie …" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 421).

La forteresse de Raab doit se rendre le 24.

Napoléon quant à lui a appellé à lui l'Armée d'Italie pour la confrontation finale sur le même terrain qu'Essling. Ce sera la bataille de Wagram.

Berthier écrit ainsi à Eugène le 1er juillet : "L'ennemi nous a montré ce matin toute son armée et s'est mis en bataille. Nous vous attendons, Monseigneur, avec votre corps d'Armée pour le 4 de ce mois. Vous passerez les ponts d Ebersdorf, au sud de l'île Lobau, sans vous arrêter …".

La "Situation des troupes composant le corps du centre au 1er juillet 1809" indique : "... 2e division M. le général Durutte ...
1ère brigade M. le général Valentin
23e d’infanterie légère à Zamohy : 34 officiers et 1223 hommes présents, 14 chevaux d’officiers ; 13 officiers et 226 hommes détachés à Bruck, Raab et Neustadt ; 12 officiers et 842 hommes aux hôpitaux ; 1 officier et 2 hommes prisonniers de guerre, 293 hommes en jugement ou égarés ; total : 2646 hommes et 14 chevaux ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 177. Page 364).

Après un premier jour infructueux où l'Armée d'Italie rate son offensive, au deuxième jour de la bataille, emmenée par Mac Donald, qui y gagne son bâton de maréchal, elle enfonce le centre autrichien. Les pertes sont dramatiques mais l'armée autrichienne est cassée en deux et ses flancs sont repoussés par les autres maréchaux. Le 23e Léger, toujours au sein de la division Durutte, y perd son tout nouveau colonel Horiot, le 6 juillet. Le chef de bataillon Massenier est blessé.

Puis les forces de Mac Donald sont envoyées en Styrie, dont certaines places fortes autrichiennes (Gratz) tiennent toujours, tandis que Marmont et Masséna poursuivent l'archiduc Charles et l'attaquent devant Znaïm. L'archiduc demande un armistice qui est accepté par Napoléon.

LE COLONEL DELCAMBRE EN 1809


Nommé à la suite de la mort d'Horiot à Wagram
Grenadier au 9e bataillon de volontaires du Nord en 1792, sergent le 7 octobre, sergent-major le 8.
Le 12 mai 1793, il devient sous-lieutenant. Il sert à l'affaire du Cateau et à l'attaque de nuit des redoutes qui couvraient la route de Mons, devant Maubeuge, et reçoit dans cet engagement un coup de feu au pied droit. Il passe à l'armée de la Moselle, fin 1793.
Il est nommé adjoint aux adjudants généraux le 25 décembre 1793. Il sert aux combats de Dinant et de Neufchâteau, puis au siège de Charleroi et à bataille de Fleurus, le 26 juin 1794.
Il est au combat de Nivelles, puis à la bataille de la Roër le 2 octobre. Il est blessé d'un éclat de bombe à la jambe gauche au siège de Maastricht, en novembre 1794. Il sert au passage du Rhin, le 6 septembre 1795.
Il est nommé lieutenant le 3 avril 1796. Il est aux combats de Sulzbach le 17 août et de Wolfering le 20 août. Il est au 2e passage du Rhin et à la bataille de Neuwied le 18 avril 1797. Il est capitaine le 5 octobre 1797. Nommé adjoint à l'état-major général de l'armée de Mayence le 4 juillet 1798. Il est aide de camp de Grenier à partir du 30 août 1798 et le suit en Italie.
Il est blessé à Centalo le 28 octobre 1799. Il est à Genola le 4 novembre, et nommé provisoirement chef de bataillon à cette date.
Il sert à l'armée du Rhin en 1800-1801. Il est à Hohenlinden le 3 décembre 1800, puis en Italie de 1805 à 1809. Il est promu adjudant commandant le 30 mai 1809. Il se signale à la prise du fort de Malborghetto, puis à Wagram le 6 juillet.
Il est nommé colonel du 23e léger le 9 juillet 1809. Chevalier de l'ordre de la Couronne de fer. Il est fait baron de Champvert et de l'Empire le 4 juin 1810.
Il sert dans le Valais, puis à l'armée de Catalogne en 1810-1811. Il est sous Baraguey d'Hilliers au combat devant Figuières le 3 mai 1811, puis au siège du fort de Figuières qui capitule le 17 août. Il est sous Decaen au combat d'Altafulla le 24 janvier 1812, puis à Mataro, Casa Massana, au col Sainte-Christine et au Mont Serrat.
Il est nommé colonel-major du 5e régiment de voltigeurs de la Jeune Garde le 24 janvier 1813. Il sert en Saxe en 1813 où il devient général de brigade dans la 40e division d'Infanterie. Sert à Hambourg au début 1814. Sera à Waterloo et continuera sa carrière militaire jusqu'en 1830.

Le 14 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, à Alexandre, Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Allemagne, à Schönbrunn: "Mon Cousin, l'armée d'Italie sera organisée de la manière suivante :
1re division, commandée par le général Broussier, les. 9e, 84e et 92e.
2e division, commandée par le général Lamarque, les 13e, 29e, 32e et 53e.
3e division, commandée par le général Durutte, les 23e léger, 62e et 105e.
4e division, commandée par le général Pacthod, les 1er de ligne, 52e, 106e et 112e ;
Division Severoli, tous les Italiens.
Les 4es bataillons du 1er léger et du 42e, avec le parc, au quartier général.
Deux brigades de cavalerie légère, composées chacune de deux régiments ; un des cinq régiments continuera à rester avec la brigade Thiry.
Enfin, les deux divisions de dragons des généraux Grouchy et Pully.
Les 3es et 4es bataillons des régiments de l'armée de Dalmatie rejoindront le maréchal Marmont.
Vous donnerez ordre que le maréchal Macdonald, avec deux divisions et une brigade de cavalerie légère, se porte sur Graetz ; que la division Severoli se porte sur Klagenfurt. Vous donnerez ordre que les deux autres divisions, une brigade de cavalerie légère et les deux divisions de dragons restent jusqu'à nouvel ordre sur la March
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15522 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21494).

Le 16 juillet 1809, au Quartier général à Presbourg, "Son Altesse Impériale le prince vice-roi d’Italie, général en chef, donne l’ordre du jour de l’organisation de l’armée d’Italie, arrêtée par S. M. l’Empereur le 15 courant, savoir.
... 3e division, général Durutte, 23e léger, 62e, 102e de ligne ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 137 page 290).

Le 13 août 1809, à Schönbrunn, on informe l'Empereur que "Le prince vice-roi d'Italie demande que le détachement de 132 hommes du 14e d'infanterie légère, qui est à Laibach et qui a l'ordre de se rendre à Vienne pour être incorporé, soit donné au 23e régiment d'infanterie légère, dont les trois bataillons ne présentent que 955 hommes sous les armes"; Napoléon répond : "Comme les deux bataillons de ces régiments qui sont à Rome viennent à l'armée, ces 130 hommes seront mis dans la citadelle de Graz comme garnison et attendront le passage des deux bataillons" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3445).

Le 18 août 1809, à Schoenbrunn, l'Empereur décrète que "... Le sieur Zaepffel, capitaine et notre officier d'ordonnance, est nommé chef de bataillon dans le 23e régiment d'infanterie légère ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 5465).

Le 30 septembre 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Oedembourg, à S. A. I. le Prince Vice-Roi, Général en chef à Vienne : "Monseigneur, j’ai l’honneur d’adresser à V. A. I. les lettres cachetées de MM. les colonels et officier supérieurs des divisions sous mes ordres, pour la présentation des militaires jugés dignes d’obtenir les décorations de la Toison d’or, comme commandants et chevaliers des régiments.
Ces lettres sont au nombre de ...
Division Durutte : 1 pour le 4e bataillon du 1er d’infanterie légère, 5 pour le 23e léger, 5 pour le 62e, 4 pour le 102e ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 70 page 154).

Le 5 octobre 1809, le Général de Division Grenier écrit au Général Vignolle, à Eisenstadt : "Vous aurez sans doute déjà été prévenu, mon cher général, que les draps distribués à Raab à différents corps d’après les répartitions de S. A. I. ont été en aunes du pays, ce qui fait pour eux la différence d’un tiers en moins. Le 23e régiment d’infanterie légère est dans ce cas (division Durutte), il ne lui a été délivré que 32... du pays au lieu de France. J’ignore si on a fait des démarches pour obtenir cette différence" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 73 page 160).

Le 7 octobre 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Oedembourg, à S. A. I. le Prince Eugène, à Vienne : "Plusieurs des régiments sous mes ordres venant du royaume de Naples ont obtenu, par la sollicitude de V. A. I. un secours de 30000 francs. Le 23e régiment d’infanterie légère n’a pas été compris dans cette répartition, et cependant il a de grands besoins et d’autant plus urgents qu’il lui est arrivé hier un détachement de 400 hommes dans un état déplorable ; ayant été employé longtemps dans les colonnes mobiles et abandonné sans surveillance, les effets et habillements des hommes sont très détériorés et doivent être en partie remplacés. La créance que ce régiment a sur le royaume de Naples est au moins aussi forte que celle des autres régiments et lui donne les moyens de couvrir les avances qui lui seront faites. Je prie donc V. A. I. de prendre cette demande en considération en obtenant pour le 23e régiment d’infanterie légère le même secours obtenu par les autres" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 74 page 162).

Le 14 octobre 1809, à Schönbrunn, on soumet à l'Empereur une "Demande d'un secours de 30.000 francs pour le 23e d'infanterie légère, venant de Naples"; "Accordé", répond ce dernier (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3669).

Suite à une réquisition de draps ordonnée le 17 septembre 1809 par le Prince Eugène, Vice-Roi d’Italie, Général en chef, l’Adjudant commandant chef de l’état-major, le Baron Forestier, en adresse le 21 octobre 1809, depuis Adembourg, au Général de Division Comte Grenier le procès verbal suivant : "Moi soussigné adjudant commandant, baron de l’empire, chef de l’état-major du corps d’armée commandé par M. le général de division comte Grenier, certifie que le comitat d’Adembourg a fait verser entre les mains de M. Frank capitaine du 62e régiment d’infanterie, chargé par le général Grenier de la surveillance du magasin, à compte de la réquisition de 7160 aunes de drap, faite par le général comte Vignolle, chef de l’état-major général de l’armée d’Italie, en vertu des ordres de son altesse impériale le prince vice-roi général en chef, la quantité de 5191 aunes de drap de diverses couleurs, pour laquelle quantité le présent servira de décharge, et annule par suite tous les récépissés provisoires du capitaine Frank qui devront m’être remis.
Le comitat demeurant néanmoins chargé de remplir la réquisition entière des 7160 aunes, il fera verser de suite dans les magasins de l’intendance générale à Oedenbourg le complément de cette réquisition, montant à 1969 aunes ; laquelle quantité servira de remplacement d’une autre pareille quantité prise en vertu des ordres du général comte Vignolle, chef de l’état-major général de l’armée d’Italie, dans les magasins de l’intendant général, savoir : 1431 aunes de drap de capotes pour le 102e régiment et 538 de drap blanc pour le 52e régiment
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 198. Page 405).

Quatre jours plus tard, le 25 octobre 1809, l’Adjudant commandant Baron Forestier, chef d’état-major du Corps du Général Grenier, adresse depuis Oedembourg un "Etat pour servir à constater la recette des draps de réquisition du 17 septembre 1809, faite par Son Altesse Impériale le prince Eugène Napoléon de France, Vice-Roi d’Italie, général en chef, et l’emploi des dits draps.
Recettes.
Du comitat d’Oedembourg 5191 aunes
De Wisselbourg 3710
De Günz 1600
Total 10501
La copie du récépissé de 5191 aunes que j’ai faite au comitat d’Oedembourg et que j’ai envoyée au chef de l’état-major général indique que ce comitat reste chargé de verser 1969 aunes dans le magasin de l’intendance générale.
Distributions
... Au 23e régiment d’infanterie légère 642, 1 pièce justificative ... Total égal 10501 aunes, 22 pièces justificatives
Certifié le présent état de distribution des draps conforme aux pièces justificatives qui m’ont été remises par M. Frank officier au 62e et M. Bernard chef de l’état-major de la division Pacthod, lesquelles pièces justificatives au nombre de 22 ont été envoyées à M. le général comte Vignolle chef de l’état-major général
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 199. Page 407).

Le 4 novembre 1809, le Général Durutte écrit, depuis Gleisdorf, au Général Grenier : "J’arriverai demain matin à Gratz avec mon artillerie légère, mon artillerie de ligne, le 23e régiment et le 102e ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 205. Page 419).

Le 8 novembre 1809, le Général de Division Grenier écrit au Duc de Tarente : "J’ai l’honneur de rendre compte à V. E. que le général de brigade Valentin, employé dans la division Durutte, est resté malade à Gratz ; j’ai donné provisoirement le commandement de sa brigade au colonel du 23e d’infanterie légère, M. Delcambre" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 80 page 174).

Le 10 décembre 1809, le Général Grenier écrit, depuis Graz, au Maréchal Macdonald, à Graz : "J’ai l’honneur de prévenir votre excellence qu’en conformité de ses ordres, le mouvement des deux divisions d’infanterie de mon commandement commencera le 15 de ce mois ainsi qu’il suit :
Division Durutte.
Le 23e d’infanterie légère se réunira dans les journées 13 et 14 à Celly et Nanken, logera le 15 à Kracken, le 16 à Laybach et arrivera à Villach le 20, passant par Krainbourg, Assling et Vullen ( ?) ...
Demain matin, je ferai connaître au général Vignolle le mouvement des deux divisions avec l’itinéraire détaillé, je prie V. E. de faire donner les ordres nécessaires pour que les troupes soit fournies de logement en logement des voitures de troupes, je pense qu’il en faudra par bataillon
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 207. Page 423).

Le 2 janvier 1810, le général Durutte écrit, depuis Villach, au Général Grenier : "J’ai l’honneur de vous envoyer copie d’une lettre que j’ai reçue hier au soir du général Vignolle par laquelle il me prescrit d’envoyer deux bataillons à Lientz et un à Sachsenbourg.
Il désirait que ce mouvement s’exécutât hier, mais je n’ai reçu cet ordre qu’hier à six heures du soir ; cependant, le 1er bataillon du 23e régiment sera aujourd’hui à Lientz et l’autre demain ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 219. Page 447).

Le 16 janvier 1810, le Général de Division Grenier écrit, depuis Udine, au Général Vignolle, à Milan : "Par une lettre du 7 de ce mois, j’eus l’honneur de vous annoncer mon arrivée à Udine et de vous envoyer la répartition des cantonnements que j’avais arrêté pour la division Pacthod, cette division y est arrivée aux jours indiqués et a été établie conformément à cette répartition ; tous les régiments sont passablement bien, à l’exception du 1er de ligne qui occupe quelques pauvres villages où les soldats n’ont pas même de la paille ; je compte y remédier en envoyant un bataillon de ce régiment à Palma, aussitôt que le commandant de cette place m’aura fait connaitre que le casernement et les fournitures nécessaires sont en bon état. J’ai fait rentrer à leurs corps respectifs tous les hommes qui se trouvaient au dépôt d’Udine et appartenant à la division Pacthod ; par suite de cette mesure, j’ai dû envoyer des compagnies du 112e à Osoppo tenir garnison. Le général Durutte m’a annoncé que d’après vos ordres, il avait envoyé à Lienz 2 bataillons du 23e d’infanterie légère et le 3e à Sachsenbourg ; il me mande aussi que le général Baraguey d’Hilliers lui a écrit de faire passer des vivres à Lienz et que l’intendant du cercle de Villach dit qu’il ne peut obtempérer à cette demande, cependant le général Durutte y a envoyé 8000 rations d’eau de vie, et a du depuis y faire arriver cent quintaux de farine, bien faible ressource pour un pays dénué de tout et s’i l’on veut y conserver des troupes, il faut y faire arriver des substances à quel prix que ce soit. Le général Garreau est dans la vallée de la Gail pour faire opérer le désarmement, ce qui se fait très paisiblement. Le général Durutte se plaint que les troupes sont fort mal dans le cercle de Villach, et qu’elles manquent de tout, surtout les capottes, les billets de la banque de Vienne étant réduits à rien, il demande qu’il soit envoyé de l’argent pour la solde, d’autant plus qu’elles ne peuvent plus exiger de vivres comme en Styrie ; d’un autre côté, l’intendant, en vertu des ordres de l’intendant général des provinces illyriennes, se refuse à toute demande et l’ordonnateur de l’armée ne donne aucun secours. Il est plus que temps de faire cesser cet état de choses. Le général Gérard a reçu l’ordre du maréchal Macdonald d’envoyer le 6e régiment de chasseurs à Gorizia par Caporetto et Canale. Le maréchal ne savait pas que ce chemin est impraticable par les neiges, je pense que le général Gérard aura pris sur lui de les diriger par Laybach ; je vais écrire au général Durutte ; comme je vous l’ai annoncé, j’enverrai ce régiment à Monfalcone et environs ; mais je ne pense pas qu’il puisse ainsi que le 62e rester longtemps dans le comté de Gorizia, le maréchal Marmont étant trop intéressé à conserver le peu de ressources que ce pays offre encore ; il serait donc bon de me faire connaitre à l’avance l’emplacement que S. A. I. destine tant pour la brigade de cavalerie que pour la division Durutte. J’ai donné l’ordre au général Pacthod de faire dresser un état nominatif par corps des hommes qui existent qui sont dans le cas de la réforme ou de la retraite ; aussitôt que ces états m’auront été remis, je vous les adresserai pour que vous donniez les ordres d’envoyer ces hommes aux dépôts des régiments pour y attendre une revue d’inspection. Je vous prie en même temps de donner ceux nécessaires pour faire partir des dépôts tout ce qui sera jugé propre aux bataillons de guerre" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 88 page 189).

Le 2 mars 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Borghèse, Gouverneur général des départements au-delà des Alpes : "Mon cousin, quand on a dirigé le 23e léger sur Mondovi, le 102e sur Savone, le 52e à Gênes, c'est pour les envoyer où sont leurs dépôts ; mais vous pouvez placer les bataillons selon que vous le jugerez le plus convenable pour le bien du service, surtout pour bien garder les côtes et maintenir la tranquillité dans le pays" (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23234).

Le 4 mars 1810, à Paris, "Le ministre de la guerre rend compte à l'Empereur d'un vol de 1.277 fr. 40, qui a été fait au 23e régiment d'infanterie légère, et propose à Sa Majesté d'en ordonner le remboursement"; "Approuvé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4067 - Non signées ; extraites du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 21 février 1810 »).

Le même 4 mars 1810, à Paris toujours, on informe l'Empereur que "M. Delcambre, colonel du 23e régiment d’infanterie légère, demande un congé de deux mois"; "Accordé", répond ce dernier (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4068 - Non signées ; extraites du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 28 février 1810 »).

Le 23 juin 1810, à Saint-Cloud, "On met sous les yeux de Sa Majesté la demande que fait le ministre de la guerre du royaume de Naples, pour que M. Christophe, sous-lieutenant au 23e régiment d'infanterie légère, puisse passer au service napolitain. Cet officier en a exprimé le désir" ; "Approuvé" répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4313 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 13 juin 1810 »).

V/ 1810-1811 : DU VALAIS A LA CATALOGNE

- 1810-1811 : Expédition dans le Valais, puis retour en France

Plaque de shako 23e Léger 1810
Plaque de shako du 23e Léger, modèle 1810

En juillet 1810, Napoléon décide de rattacher la république du Valais à l'Empire. Il prépare son occupation. Il écrit à Clarke le 25 juillet:
"Monsieur le duc de Feltre, mon intention est de réunir le Valais à la France …
Mon intention est de faire passer par le Saint-Bernard deux bataillons du 23e Léger, formant 1500 hommes auxquels on joindra une compagnie de chasseurs, tirée des dépôts du Piémont. Cette colonne resterait à Aoste et se joindrait à celle qui viendrait de Genève …
" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17096 ; Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16720 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24131).

De fait, la décision finale n'intervient qu'en novembre. En effet, le 3 novembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, mon intention est de réunir le Valais à la France et de charger de cette opération le général César Berthier. En lui écrivant par l'estafette d'aujourd'hui, il recevra votre lettre le 7. Vous aurez soin de recommander au gouverneur général à Turin d'envoyer votre lettre au général Berthier par un courrier extraordinaire. Le général pourra être rendu le 10 ou le 11 à Sion. Vous ordonnerez directement au gouverneur général à Turin de faire partir le 6 les 2 bataillons du 23e d'infanterie légère qui sont à Aoste avec six jours de vivres et de les diriger sur Sion où ils arriveront en même temps que le général César Berthier.
Vous donnerez l'ordre au vice-roi de faire partir les 2 bataillons italiens que depuis quelque temps j'ai fait réunir à Domodossola. Vous lui recommanderez de faire marcher avec cette colonne 4 pièces de canon. Cette colonne se rendra à Brigue. Vous donnerez l'ordre au général de brigade Fiteau de partir de Genève avec 1100 Portugais, quelques centaines de Français, 2 pièces de canon, pour se rendre à Martigny. Il sera sous les ordres du général Berthier.
La colonne italienne partant de Domodossola qui passe le Simplon aura une centaine de chevaux. Vous joindrez également cent chevaux à la colonne du général Fiteau. Le général Berthier aura ainsi à sa disposition 3 colonnes : l'une qui se réunira à Brigue, laquelle sera composée de 2 bataillons d'infanterie italienne, de cent chevaux et de 4 pièces de canon ; une autre composée de 2 bataillons du 23e légère qui marchera avec lui sur Sion. Il appellera sur-le-champ à lui les 100 hommes de cavalerie qui partiront de Genève. La 3e colonne sera celle du général Fiteau qui se rendra à Martigny ; elle sera composée d'un millier d'hommes et de 2 pièces de canon. Le général Berthier aura donc plus de 4 000 hommes sous ses ordres.
Vous donnerez des ordres au gouverneur général à Turin, au vice-roi et au général Fiteau pour que chaque homme ait 40 cartouches ; que la solde soit payée jusqu'au 1er janvier. A cet effet la 27e division militaire, le vice-roi et la 7e division militaire verseront les fonds nécessaires dans la caisse de ces colonnes à leur départ d'Aoste, de Domodossola et de Genève. Vous ferez donner les vivres de campagne à toutes ces troupes pour qu'elles soient bien nourries, et qu'elles n'aient aucun prétexte pour commettre des désordres. Vous désignerez un commissaire des guerres pour se rendre à Sion.
Enfin vous recommanderez au vice-roi de mettre avec ses 4 pièces de canon 3 caissons d'infanterie ; et au général Fiteau d'emmener de Genève aussi trois caissons d'infanterie. Vous aurez soin que les vivres soient assurés à la troupe pour six jours
" (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25125).

Sous les ordres du Général César Berthier, les deux Bataillons du 23e Léger gagnent Sion le 6 du mois.

Le 18 novembre 1810, depuis Paris, l'Empereur écrit au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les nouvelles que je reçois du Valais étant satisfaisantes, je désire que vous donniez l'ordre au général César Berthier de faire rentrer à Genève le général Fiteau et toute la colonne qui est venue de Genève, ce qui soulagera le pays. Aussitôt que le serment d'obéissance aura été prêté dans tout le Valais, il pourra renvoyer en Italie la colonne de troupes italiennes, et ne gardera auprès de lui que les 2 bataillons du 23e d'infanterie légère. Je le laisse maître d'exécuter ces ordres selon les circonstances" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17141 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25275).

Le 2 décembre 1810, Napoléon écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je suppose qu'à l'heure qu'il est, le général César Berthier aura renvoyé en Valais les Italiens et les Portugais, et qu'il n'a plus avec lui que les bataillons du 23e" (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25410).

Le 30 décembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez l'ordre aux deux bataillons du 23e d'infanterie légère de se rendre de Sion à Avignon. Vous me ferez connaître le jour où ils y arriveront. Il paraît que la gendarmerie suffira dans le Valais. Toutefois s'il en était besoin, le général Be1thier tirerait cent hommes de Genève" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4413; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4941; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25584).

Le 17 janvier 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le 23e régiment d'infanterie légère (3e, 4e et 5e bataillons) se rende à Auxonne. Par ce moyen il ne restera dans la 25e division militaire que quatre 5es bataillons" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4425 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 4986; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25725).

Le 20 janvier 1811, à Paris, "Le général Clarke rend compte du départ pour Auxonne des 3e, 4e et 5e bataillons et du dépôt du 23e légère, et il demande si ces bataillons et ce dépôt doivent demeurer stationnés dans cette ville où se trouvent déjà beaucoup de troupes et prisonniers anglais"; "Faire connaître s'il y a des casernes où l'on pourrait les placer dans la 6e division militaire", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 4991).

Le 15 février 1811, à Paris, "On rend compte à Sa Majesté que le passage du mont Saint-Bernard a occasionné au 23e régiment d'infanterie légère plusieurs dépenses extraordinaires ou des pertes d'effets.
On propose à Sa Majesté d'accorder une indemnité de 2.000 francs à ce régiment
"; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5071 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l’Empereur et Roi, daté du 13 février 1811 »).

Le 7 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre aux dépôts des 24e, 23e, 22e, 18e, 13e, 10e, 7e et 1er légers de verser ce qu'ils ont de disponible dans le 4e bataillon ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26122).

Le 8 mars 1811, à Paris, "On propose à Sa Majesté d'ordonner le remboursement au 23e régiment d'infanterie légère d'une somme de 13.971 francs provenant de la masse de linge et chaussure et qui fait partie des pertes faites par ce corps en Calabre.
On fait remarquer à Sa Majesté que ce corps était alors à la solde du roi de Naples et on demande si cette perte ne doit pas être remboursée par le Trésor de ce royaume
" ; "Elle doit être payée par le roi de Naples", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5142 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 27 février 1811 »).

Le 19 avril 1811, l'Armée d'Allemagne est composée de trois Corps; le 1er est le Corps d'observation de l'Elbe, commandé par Davout. L'Empereur écrit en effet ce jour à au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, l'armée d'Allemagne sera composée de trois corps :
1° Le corps d'observation de l'Elbe ;
2° Le corps d'observation du Rhin ;
3° Le corps d'observation d'Italie.
... CORPS D'OBSERVATION DU RHIN.
Ce corps se réunira de Mayence à Wesel. Il sera composé de quatre divisions d'infanterie ...
2e DIVISION. — 1re brigade : 23e léger, deux bataillons ; 26e, quatre ; 2e brigade : deux bataillons d’élite du 46e de ligne ; deux du 125e ; régiment suisse, deux bataillons ; 3e brigade : deux bataillons d'élite du 72e ; deux du 126e ; deux bataillons portugais ; total, 18 bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17630 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26753).

Le 23 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous recevrez le décret par lequel j'ai réglé la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne. J'ai changé les éléments de cette formation ...
Quant à l'infanterie légère, j'ai d'abord ôté de la liste le 23e qui a ses 3e et 4e bataillons en France et qui doit les fournir à l'armée ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5383 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26814".

Le 30 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre aux 8e, 18e et 23e régiments qui sont en Illyrie de faire chacun un choix de 100 hommes sachant bien écrire, ayant plus de quatre ans de service, bons sujets et propres à faire des caporaux et sergents distingués. Ces hommes seront dirigés sur Fontainebleau ... mais il faut qu'on n'envoie que des soldats qui puissent être utiles et non des hommes médiocres. Ces nouveaux détachements porteront à 1700 le nombre des hommes à diriger sur Fontainebleau" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5423 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26901).

Le même 30 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Duroc, Grand Maréchal du Palais : "J'ai ordonné aux 5e, 79e, 11e, 81e, 60e, 10e et 20e régiments de ligne de diriger chacun 200 hommes sur Fontainebleau. Ces hommes doivent savoir lire, écrire, avoir plus de 4 années de service et être capables de faire de bons caporaux et de bons sergents.
Je donne ordre aux 8e, 18e et 23e d'infanterie légère d'envoyer chacun 100 hommes ayant les mêmes qualités, ce qui fera 1700 hommes qui dans le courant juin arriveront à Fontainebleau, ce qui joint aux 1300 existants fera 3000 hommes ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26912).

Le 25 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre à deux bataillons du 23e d'infanterie légère, formant 1.500 hommes, ainsi qu'à une compagnie de chasseurs tirée des dépôts du Piémont, de se rendre à Aoste ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5837 - Non signé, copie conforme).

Le 3 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître quand les 3 compagnies du 5e bataillon du 8e léger, 18e léger et 23e léger qui doivent aller chercher 450 conscrits à l'île Sainte-Marguerite les auront reçus ? Quand ces hommes seront habillés, armés et en état de partir. Mon intention est de les diriger sur l'Illyrie où on les incorporera dans leurs bataillons de guerre, ce qui portera ces deux bataillons au très grand complet" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4689; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5897; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27958).

- La Catalogne

Entre temps, le 16 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez des ordres pour qu'il soit formé à Turin un régiment de marche de l'armée de Catalogne. Ce régiment sera composé de trois bataillons. Vous enverrez sur-le-champ à Turin un colonel en second pour le commander.
Le 1er bataillon sera le 4e du 42e complété à 1170 hommes de la manière suivante : 420 hommes existant du cadre du 4e bataillon du 42e ; 150 du 52e ; 150 du 101e ; 150 du 84e ; 150 du 35e ; 150 du 13e de ligne. Total : 1170 hommes.
Le 2e bataillon sera composé :
8e corps
d'une compagnie du 56e 200 hommes
d'une du 93e 300
d'une du 7e de ligne 300
de deux compagnies du 1er d'infanterie légères formées par l’incorporation de 200 hommes du 4e bataillon du 23e d'infanterie légère et de 200 hommes du 4e bataillon du 1er d'infanterie légère 400 Total 1 200 hommes.
Le 3e bataillon sera composé de 2 compagnies du 3e d'infanterie légère 300 ; de 2 du 37e 300 ; 1 du 67e 150 ; 2 du 16e de ligne 300 (ce détachement ne devra rejoindre le bataillon qu'à son passage à Nîmes). Total 1100 [sic].
J'ai signé un décret pour ordonner l'incorporation des détachements qui entrent dans le 4e bataillon du 42e et pour celle du détachement du 23e d'Infanterie légère dans le 1er régiment de cette arme.
Donnez des ordres pour que tous les hommes qui seront envoyés pour former ce régiment de marche soient bien portants et en état de faire la guerre. Recommandez qu'ils soient bien habillés, qu'ils aient 2 paires de souliers dans le sac et que leur livret de masse et chaussures soient en bon état. Vous chargerez les généraux qui commandent dans les arrondissements où sont situés les dépôts de passer eux-mêmes l'inspection de ces détachements avant leur départ, pour s'assurer qu'ils sont composés comme ils doivent l'être et qu'il ne s'y trouve pas d'hommes malingres. Pour les détachements venant du royaume d'Italie, vous chargerez le général Charpentier d'en passer la revue à leur passage par Milan.
Ainsi le 1er régiment de marche de l'armée de catalogne sera composé d'un 1er bataillon qui sera le 4e du 42e complété à 1170 hommes ; d'un 2e bataillon fort de 1100 ; d'un 3e bataillon fort de 1250. Total du régiment : 3550 hommes [sic].
Lorsque ce régiment sera ainsi complété, le gouverneur général en passera la revue à Turin.
Le bataillon du 42e arrivé en catalogne rejoindra son régiment. La compagnie du 23e d'infanterie légère sera incorporée dans le 1er d'infanterie légère, toutes les autres compagnies seront incorporées dans les bataillons qu'elles ont en Catalogne. L'on retiendra les officiers qui seraient nécessaires pour compléter les cadres et remplacer les officiers infirmes ; le reste sera renvoyé au dépôt.
Expédiez sur-le-champ vos ordres pour la formation de ce régiment. Prenez vos mesures pour qu'il soit prêt à partir de Turin le 20 septembre. Je désire cependant qu'il ne soit mis en marche que quand je vous aurai donné mes derniers ordres à ce sujet. En conséquence, rendez-moi compte de sa formation vers le 15 septembre
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4505 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24339).

En septembre 1810, le 23e Léger est réparti de la manière suivante :
Colonel Delcambre, major Collard, Quartier Maitre : Colommes.
1er bataillon : Willerme, Aoste.
2e bataillon : Zoepffel, Aoste.
3e bataillon : Manessier, Alexandrie.
4e bataillon : Tardif, Mondovi.
5e bataillon : dépôt à Mondovi.

Le 6 octobre 1810, l'Empereur adresse, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, une Note sur l'organisation des armées; concernant l'Armée d'Allemagne, il écrit : "… Un autre corps serait composé de la manière suivante, savoir : le 10e régiment d'infanterie légère formant quatre bataillons ; le 23e, quatre ; le 24e, quatre ; le 26e, quatre ; le 3e de ligne, quatre ; le 4e, quatre ; le 18e, quatre ; le 72e, quatre ; le 123e, quatre ; le 124e, quatre ; le 125e, quatre ; le 126e, quatre ; le 135e, quatre ; le 2e, trois ; le 19e, trois ; le 37e, trois ; le 46e, trois; total, 17 régiments ou 64 bataillons formant 6 divisions, chacune de 16 bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17000 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24816).

A la fin 1810, les deux premiers bataillons et le colonel sont envoyés en Catalogne où la situation évolue mal. Le nouveau maréchal Mac Donald est à la tête de l'Armée de Catalogne depuis les derniers jours de Mai 1810. Une province loin d'être soumise, où la résistance des guerilleros catalans soutenus par des restes des armées régulières espagnoles est acharnée. Les insurgés disposent de places fortes et de l'aide maritime britannique. Barcelone est régulièrement isolée.

Chasseur 23e Léger 1807
Carte de la Catalogne

Le 2 Janvier 1811, Suchet et son armée d'Aragon qui tiennent bien leur province, sont chargés d'opérer en Basse-Catalogne en collaboration avec les troupes de Mac Donald. Suchet s'empare de Tortose. Puis Mac Donald se recentre sur Reuss, bat les troupes espagnoles du marquis de Campo Verde à Valls, et retraite sur Lérida.

Pendant ce temps, pour le reste du Régiment, Napoléon écrit à Clarke le 11 janvier 1811:
"Donnez ordre que le 23e Léger (3e, 4e et 5e bataillons) se rende à Auxonne".

Le 27 janvier, le capitaine Dehenault est blessé devant San Felice.

Le 13 février 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, j'approuve que vous donniez au général Quesnel le commandement de la division de Puycerda ; il aura sous ses ordres les généraux de brigade Gareau et Palmarole, et l'adjudant commandant Noguès. Je désire qu'il ait réuni au moins 4.000 hommes d'infanterie, 4 pièces de canon et 250 hommes de cavalerie, avant d'entrer dans le pays.
Vous donnerez l'ordre aux deux bataillons du 23e léger, qui sont à Avignon, d'en partir, pour faire partie de la division du général Quesnel et entrer dans la Cerdagne. Vous me ferez connaître quand ces deux bataillons arriveront à Foix. Il me semble qu'il est important de s'occuper sérieusement de la formation de cette division.
Donnez l'ordre au 2e escadron du 20e de chasseurs, qui est à Nantes, de se compléter à 200 hommes, et de se rendre à Foix, où il fera partie de la division Quesnel.
Le général Baraguey d'Hilliers n'aura plus qu'à envoyer au général Quesnel 3.000 hommes d'infanterie et 200 chevaux. Par ce moyen, ce général sera en état d'entrer dans la Cerdagne, de s'y nourrir, de pacifier le pays et de contribuer aux opérations
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5063).

Le 10 Avril 1811, les Espagnols réussissent à reconquérir par surprise l'importante place de Figueres (Figuieres ou Figueras) en Haute-Catalogne. Les Français mettent alors le siège devant la place. Le siège va durer plusieurs mois.

En mai 1811, les positions du 23e Léger sont les suivantes:
- Les deux premiers bataillons sont à la division de Puycerda (Haute-Catalogne).
- Les 3e, 4e et 5e bataillons à Auxonne.

Le 24 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Caen, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je vous envoie cinq états pour vous servir de direction dans un rapport que vous me ferez au 15 juin, pour donner une nouvelle organisation, au 1er juillet, aux différents corps d'observation ...
CORPS D'OBSERVATION DE RÉSERVE. — Ce corps sera créé conformément au n° 4 ...
Je n'ai pas besoin de vous dire que vous ne devez donner aucun ordre, faire aucun mouvement en conséquence de ces états, mais que vous devez vous borner à me faire un rapport général au 15 juin, époque à laquelle vous me demanderez en même temps mes ordres ...
CORPS D'OBSERVATION DE RÉSERVE.
Il sera créé un corps d'observation de réserve. Ce corps d'observation sera composé de la manière suivante :
... 2e Division, composée de douze bataillons, savoir : deux bataillons du 23e léger, qui se réuniront à Lyon ; deux bataillons d'élite du 52e, qui se réuniront à Toulon ; quatre bataillons du 10e de ligne, qui se réuniront à Lyon ; quatre bataillons du 20e de ligne, qui se réuniront à Lyon ...
Le corps d'observation de réserve est destiné à se réunir à Bayonne et à passer en Espagne. Il se mettra, à cet effet, en mouvement au 1er juillet. L'organisation définitive des divisions se fera à Bayonne. Cependant rien ne devra se mettre en mouvement que le ministre n'ait pris mes derniers ordres ; il me les demandera au 1er juin ...
2e Division. — Les deux bataillons du 23e léger se rendront, au 1er juillet, à Lyon, où, avec les 10e et 20e de ligne, ils formeront dix ou douze bataillons qui doivent composer la 2e division ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17247 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27150).

Début juin, l'Empereur décide de renforcer le régiment en Espagne et de lui envoyer ses autres bataillons. Le 8 juin 1811, il écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, pour former un Corps d'Observation de Réserve pour l’Espagne : "Monsieur le Duc de Feltre, le corps d’observation de réserve sera composé de la manière suivante :
... 3e Division. - La 3e division se réunira à Pont-Saint-Esprit ; elle sera composée de la manière suivante :
1re de ligne : quatre bataillons. Les trois premiers bataillons arrivent à Turin. Le 4e bataillon partira de Marseille aussitôt qu’il aura reçu ses conscrits.
62e de ligne : quatre bataillons. Deux bataillons sont à Turin ; deux autres partiront de Marseille.
23e léger : quatre bataillons. Deux bataillons sont à Auxonne, aussitôt qu’ils auront reçu leurs conscrits, ils se rendront par eau à Pont-Saint-Esprit. Les deux autres bataillons, qui sont en Catalogne, se réuniront aux deux premiers aussitôt que faire se pourra.
101e de ligne : quatre bataillons. Deux bataillons sont à Turin ; un bataillon partira de la Spezia ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17784 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27246).

Le 11 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Donnez ordre que les 156 hommes des Pyrénées-Orientales qui sont dans le 3e de ligne passent à Metz au 26e d'infanterie légère, et que, en place, le 26e d'infanterie légère donne 156 hommes des Ardennes au 23e léger.
Donnez ordre que les 3e et 4e bataillons du 23e léger soient complétés au moins à 700 hommes et prêts à partir au 1er juillet. Faites passer la revue par le commandant de la 18e division militaire au 18 juin, afin de connaître quand ces deux bataillons pourront se mettre en marche ...
P. S. J'ai ordonné que les mouvements s'opéreraient au 1er juillet ; cependant, comme il est possible qu'il manque des habits et autres effets aux conscrits, vous donnerez en conséquence l'ordre aux dépôts de faire partir au 1er juillet ce qui serait bien arme, équipé et arrive au régiment depuis vingt jours, et au 15 juillet le reste. Les généraux commandant les divisions militaires qui passeront la revue de ces dépôts vous enverront à l'avance l'état de ce qui doit partir au 1er et au 15 juillet, de sorte qu'au 1er août les camps de Boulogne, d'Utrecht, tout soit conformément à ma lettre
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17792 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27268).

On n'oublie pas de fournir au régiment sa Compagnie d'artillerie régimentaire que Napoléon a imaginée après la campagne de 1809.

"A Clarke, Saint-Cloud, le 12 juin.
Donnez ordre que l'on mette en réserve à Burgos et Pampelune, le nombre de pièces de 4 nécessaires. Cela ménagera le matériel de France.
Vous donnerez ordre à la compagnie du 23e Léger de partir d'Auxonne pour se rendre à Pont-Saint-Esprit, où elle s'embarquera pour Nîmes. La compagnie d'Artillerie de ce régiment se procurera à Nîmes les chevaux, harnais et caissons, les pièces lui seront fournies en Espagne
".

L’ARTILLERIE REGIMENTAIRE EN ESPAGNE

Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, le 12 juin 1811 : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre lettre du 11 ; j'y remarque une inexactitude. Le 5e Léger a sa compagnie d’Artillerie. Je pense que le 60e l'a également, puisqu'il faisait partie de l'armée d'Allemagne, et qu'il se trouvait à la bataille de Wagram.
Je vois que vous faites fournir les pièces de régiment des l0e, 20e et 60e par la France. Ces 3 régiments et le 81e se rendent à Pampelune. Il y a là beaucoup d'artillerie et de pièces de 4 espagnoles. Il serait préférable de prendre ce matériel dans cette place. Pour le 3e de Ligne et le 105e, ne pourrait-on pas prendre leur artillerie à Burgos où il y a beaucoup de pièces de 4, pour ne pas affaiblir le matériel qui est en France ?
Même observation pour les 10e Léger, 52e, 1er, 62e, 101e de Ligne et le 23e Léger.
Ainsi donc, je désire qu'il ne soit point donné d’artillerie de France à aucun de ces régiments et que cette artillerie soit prise à Pampelune et à Burgos ; que les compagnies d’artillerie des 3e et 105e de Ligne, 10e et 5e Léger se réunissent à Rennes, qu'elles se procurent là leurs chevaux, caissons et harnais ; que les compagnies des 10e, 20e et 60e se réunissent à Nîmes, qu'elles attendent là leurs chevaux et caissons, et lorsqu'elles seront complétées, rejoignent leur division ; que les compagnies du 23e Léger, 52e, 1er de Ligne, 62e et 101e se réunissent à Nîmes y acheter leurs chevaux, harnais et caissons et partent ensuite pour rejoindre en Espagne leurs divisions. Donnez des ordres en conséquence. Les régiments peuvent aller en avant, sans attendre leur compagnie d'artillerie. Mon intention étant de faire séjourner une quinzaine de jours ces régiments dans la Biscaye et dans la Navarre, leurs compagnies d'artillerie auront le temps de les rejoindre.
Donnez ordre que l'on mette en réserve à Burgos et à Pampelune le nombre de pièces de 4 nécessaire ; cela ménagera le matériel de France. J'ai déjà d'ailleurs trop d'artillerie en Espagne.
Vous donnerez l'ordre à la compagnie d'artillerie du 23e léger de partir d'Auxonne pour se rendre au Pont-Saint-Esprit où elle s'embarquera pour Nîmes. La compagnie d'artillerie de ce régiment se procurera à Nîmes les chevaux, harnais et caissons, comme je l'ai dit plus haut. Les pièces lui seront fournies en Espagne.
Napoléon
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5589 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27280).

Toujours le 12 juin 1811, l'Empereur écrit également, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, les 81e, 60e, 20e et 10e de ligne qui font partie du corps d'observation de réserve, ayant quatre bataillons, doivent avoir une compagnie d'artillerie et deux pièces de canon, 3 caissons, un caisson d'infanterie par bataillon et un caisson de transports militaires. J'ai donné l'ordre que les compagnies d'artillerie des 60e, 20e et 10e de ligne séjournassent à Nîmes pour réunir leurs chevaux, harnais et caissons et se mettre en état de se porter sur Pampelune qui est la destination de ces régiments. Quant au 81e, je pense que sa compagnie d'artillerie est déjà à Pampelune. Donnez-lui l'ordre d'acheter des chevaux. Si elle ne peut pas s'en procurer à Pampelune, faites-la venir à Pau où elle trouvera plus de facilités.
Les bataillons d'élite des 3e et 105e et 52e de ligne, le 10e léger et le 5e léger font partie du même corps. Les 5e et l0e légers et les 3e et 105e de ligne laisseront leurs compagnies d'artillerie à Rennes ; et celles-ci n'en partiront que lorsqu'elles auront leurs chevaux, caissons et harnais. Quant au 52e, sa compagnie d'artillerie restera à Nîmes où elle se procurera les chevaux, harnais et caissons nécessaires.
Le 5e léger doit avoir des caissons pour quatre bataillons parce que les deux bataillons que ce régiment a en Aragon le rejoindront. Le 10e léger a quatre bataillons ; les 3e de ligne, 105e et 52e n'ont que deux bataillons.
Les 1er, 62e et 101e de ligne et 23e léger qui font partie du même corps de réserve doivent avoir également leurs compagnies d'artillerie. Ces compagnies séjourneront à Nîmes jusqu'à ce que leur chevaux, harnais et caissons soient complets et en état.
Prévenir le commandant du 23e léger qui est à Auxonne et qui n'a pas encore reçu l'ordre d'en partir, et les commandants des 1er, 62e et 101e qui sont en marche de Turin pour Grenoble qu'ils doivent réunir à Nîmes les chevaux, harnais et caissons de leur compagnie d'artillerie. C'est vous qui devez faire fournir aux compagnies d'artillerie régimentaires les harnais, caissons et chevaux. Faites-moi un rapport sur cela. Je désire que les compagnies d'artillerie ne séjournent qu'une quinzaine de jours au plus dans la ville où elles se formeront, après le passage des régiments.
Nap
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5595 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27286).

Encore le 12 juin 1811, "On propose à Sa Majesté d'accorder la gratification extraordinaire de 300 francs au sieur Legray, nommé sous-lieutenant au 23e régiment d'infanterie légère" ; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5592 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. Empereur et Roi, daté du 12 juin 1811 »).

Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation. Je réponds d'abord à ce qui concerne le corps d'observation de la réserve.
CORPS D'OBSERVATION DE LA RÉSERVE.
... 3e Division ...
Donnez ordre au 23e léger de partir d'Auxonne ; il s'embarquera sur la Saône, changera de bateau à Lyon et se rendra ainsi par eau d'Auxonne à Pont-Saint-Esprit ; de là il se rendra à Nîmes ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).

Le même 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre "Monsieur le comte de Cessac, le ministre de la Guerre a dû vous envoyer l'organisation d'un corps de réserve en trois divisions, indépendamment d'une division italienne ...
La 3e division se compose du 1er, du 62e, du 101e et du 23e d'infanterie légère.
Les 81e, 62e et 23e léger ont deux bataillons en Catalogne, mais ces bataillons doivent les rejoindre ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5630 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27347).

Le 27 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois votre rapport du 26 sur la marche des 1er, 62e et 101e régiments de ligne et 23e régiment d’infanterie légère. Je désire que ces régiments séjournent au moins 3 jours à Nîmes" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5692 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27468).

Après la prise de Tarragone le 28 Juin par Suchet et son Armée d'Aragon, l'armée espagnole de Campo Verde étant dispersé, il s'agit à présent de s'emparer de Montserrat : unique Dépôt d'armes et de munition d'importance restant aux insurgés catalans.

Le 1er juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Quant aux 2 bataillons du 23e léger, faites connaître au duc de Tarente qu'après la prise de Figuières, j'aurai besoin de ces deux bataillons pour les réunir aux autres" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5710 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27505).

Le même 1er juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, au lieu de donner des fonds aux 60e et 81e régiments pour monter leur compagnie d'artillerie, je pense que vous devez faire fournir des caissons du dépôt de Pau. Vous pouvez donc retenir les fonds que vous destiniez à cet objet et faire connaître aux commandants de ces régiments à Nîmes qu'ils trouveront leurs caissons de transports militaires et leurs caissons d'ambulance préparés à Pau.
Donnez les mêmes ordres pour les 3e, 52e et 105e, 23e léger, 1er, 62e et 101e, cela épargnerait beaucoup d'argent et l’on emploierait les caissons de Pau que désormais je veux remplacer par des charrettes
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4645; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5716 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27507).

Le 3 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au général Souham de se rendre à Pau pour y prendre le commandement de la 3e division du corps d'observation de réserve. Il est nécessaire qu'il soit rendu à Pau le 20 juillet. Il y réunira le 23e léger, le 1er de ligne, le 62e et le 101e.
Vous consulterez ce général sur l'adjudant commandant et les deux généraux de brigade qu'il désire.
Vous lui donnerez ordre de passer à Nîmes où il inspectera toutes les compagnies d'artillerie du corps d'observation. Il vous rendra compte de leur situation. Vous lui donnerez des détails sur le jour où les chevaux doivent être arrivés, sur le lieu où ces compagnies doivent prendre leurs pièces et les caissons, etc.
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4647 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27516).

Le 17 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les compagnies d'artillerie des 3e et 105e régiments qui sont à Rennes, en partent pour se rendre à Bayonne ...
Enfin donnez ordre aux généraux commandant les divisions de faire partir celles du 23e léger, 62e, 101e, 52e et 81e aussitôt qu'elles seront prêtes. Vous me ferez connaître le jour de leur arrivée
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5793 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27678).

Le 24 Juillet, Suchet arrive à Bruch soutenu par une partie de la garnison de Barcelone. Montserrat, défendu par le baron d'Eroles est pris après des combats acharnés. Ceci fait, Suchet aide encore à conclure le siège de Figuières.

Le 28 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Donnez l'ordre aux 4 bataillons du 1er régiment de ligne et aux 4 bataillons du 62e formant la 1re brigade de la division Souham de se mettre en marche le 1er août pour se rendre à Pampelune.
La 2e brigade composée du 23e léger et du 101e se mettra en marche le 7 août pour se rendre à Pampelune.
Vous donnerez ordre qu'avant son départ, la solde arriérée et celle du mois d'août soient payées à cette division.
Vous me ferez connaître le jour où cette division arrivera à Pampelune, afin que je puisse lui donner des ordres ultérieurs.
Je suppose que le général Souham, dès son arrivée à Pau, vous enverra l'état de situation de sa division et vous fera connaître les officiers et sous-officiers présents.
Faites-moi connaître quels sont les 2 généraux de brigade et l'adjudant commandant qui sont attachés à cette division.
Tous ces corps séjourneront 3 ou 4 jours à Pampelune. Si après 3 jours de séjour à Pampelune, le général Reille tardait à recevoir mes ordres, il leur donnerait celui de se réunir à Logroño
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5855 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27840).

Le même 28 juillet 1811, l'Empereur écrit encore, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Donnez des ordres pour que les hommes appartenant aux 10e et 20e de ligne, 81e, 60e, 62e, 101e et 2e de ligne et 23e léger sortant des hôpitaux ou des dépôts qui viendront rejoindre leurs régiments soient formés en un petit bataillon d'environ 500 hommes, en ayant soin de leur donner 40 cartouches par homme, et ainsi organisés, dirigés sur Pampelune" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5856 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27841).

Le 30 juillet 1811, à Saint-Cloud, "Le général Clarke rend compte des dispositions qui ont été prises en vue de compléter les compagnies d'artillerie régimentaires des 1er, 62e, 101e de ligne et 23e léger" ; "Renvoyé au prince de Neuchâtel pour vérifier", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5872).

Figuières tombe le 19 Août, après une tentative de sortie infructueuse de la garnison. Le 23e Léger a participé au siège et y a perdu le Capitane Amphoux.

Puis l'Armée d'Aragon va se tourner contre Valence, quittant provisoirement la province, ne laissant qu'une Division en Basse-Catalogne.

Le 1er octobre 1811, à Anvers, l'Empereur est informé que "Le cadre du 4e bataillon du 23e léger est parti de Perpignan pour se rendre à Toulon"; Napoléon répond : "Il prendra des conscris réfractaires à Toulon" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4761).

Le 30 octobre 1811, le Général Decaen succède au Maréchal Macdonald dans le commandement de l'Armée de Catalogne.

Le 25 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... Les quatre bataillons du 24e léger seront à 800 hommes présents sous les armes au 1er février, à Osnabrück. Il lui manque, je crois, peut-être à ce complet 600 hommes. Présentez-moi un projet pour détacher des 5es bataillons d'infanterie légère dont les régiments sont en Espagne les hommes disponibles pour former les 600 hommes nécessaires pour recruter ce régiment ; les 21e, 28e, 27e, 17e, 25e, 6e, 2e, 4e, 12e, 16e, 23e, etc. pourront fournir ces 600 hommes. Choisissez dans chaque dépôt ce qu'on peut en tirer ..." (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18367 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29460)

VI/ 1812

Tambour de Voltigeurs 23e Léger 1810-1811
Fig. 3 Tambour de Voltigeurs du 23e Léger, 1810-1811

Pendant que l'Armée d'Aragon conclut le siège de Valence, le général espagnol Lascy se porte sur Tarragone pour bloquer la place, pendant que la flotte anglaise la bombarde. Suchet ordonne au général Musnier, aidé par le général Lafosse, sorti de Tortose, de se porter au secours de la garnison. Decaen fait de même, détachant la division Lamarque (dont le 23e Léger) vers Barcelone et Tarragone. Après avoir surpris un bataillon du 121e de Ligne à Villaseca, les Espagnols marchent à la rencontre de l'Armée de Catalogne. Ils sont écrasés à Altafulla le 26 janvier. Le colonel Delcambre et son régiment s'illustrent particulièrement en s'emparant d'un drapeau. Puis la division Lamarque stationne au bord de la Méditerranée autour de Mataro, tandis que Decaen guerroie en Haute Catalogne.

Les 3e et 4e bataillons du régiment avaient été envoyés à Astorga, dans le Léon, garder cet important poste. A l'Eté 1812, les troupes anglo-espagnoles de Wellington lancent une offensive sur l'Armée du Portugal de Marmont, qui fait reculer les forces françaises. Salamanque tombe le 28 juin. Le 22 juillet aura lieu la bataille des Arapiles. Le 13 août, Wellington entrera dans Madrid.

Le capitaine Courtot du 23e Léger (3ème bataillon) décrit les évènements simultanés à Astorga (in Carnets de la Sabretache 1903) : "Les troupes qui occupaient la ligne de l'Orbigo, ayant reçu l'ordre le 10 juin 1812 de se concentrer du côté de Salamanque, la garnison d'Astorga, composée des 3ème et 4ème bataillons du 23ème léger et d'un bataillon du 1er de ligne, formant en tout 1.200 hommes fut livrée à elle-même à dater du 10. Le 13 juin, l'armée espagnole de Galice, forte de 12.000 hommes, commandée par le général Castanos, se présenta devant la place et commença les travaux de siège. Après une résistance opiniâtre de soixante-sept jours et la garnison ayant absolument consommé ses vivres [selon les "Mémoires" de Marmont, la garnison d'Astorga n'avait de vivres que jusqu'au 17 août] et épuisé toutes ses munitions d'artillerie, la résolution fut prise, par le conseil de guerre, de se faire jour au travers des ennemis pour rejoindre l'armée de laquelle on n'avait plus de nouvelles et dont on ignorait la position.
Cette résolution hardie fut reçue avec satisfaction par la garnison et déjà les ordres étaient donnés pour sortir de la place dans la nuit du 18 au 19 août. Lorsqu'un parlementaire envoyé par le général Castanos, vint présenter une capitulation que notre brave général, ainsi que nos autres chefs, crurent pouvoir accepter sans déroger à l'honneur des armées de Sa Majesté
(*).
La base de la capitulation portait: que la garnison d'Astorga sortirait de la place dans la matinée du 19 avec armes et bagages, deux pièces de campagne, tambour battant et mèche allumée; qu'elle déposerait ses armes sur le glacis; qu'on les chargerait sur des voitures qui marcheraient escortées d'un cinquième de la garnison, entre les bataillons du 23ème léger et du 1er de ligne; que les officiers conserveraient leurs épées et leurs bagages et les soldats leurs sacs et que toute la garnison serait conduite, sans délai, aux avant-postes de notre armée que le général Castanos nous assurait être dans les mains de l'armée du Portugal. Mais loin de tenir aux traités signés, nous éprouvâmes, aussitôt les armes déposées, la plus affreuse trahison; non seulement on nous enleva nos épées et tous nos bagages, mais encore nous eûmes la douleur de voir dépouiller nos braves soldats et de nous voir traîner de prison en prison et traiter de la manière la plus infâme. Aujourd'hui, cette garnison, qui méritait un meilleur sort, se trouve dispersée dans divers endroits de la Galice, espérant encore de voir réaliser cet échange qui est le plus cher désir de tant de braves qui végètent si misérablement.Au lieu de nous conduire aux avant-postes de notre armée, on nous conduisit dans les Asturies où nous fûmes enfermés dans une prison et réduits à coucher sur la paille. L'approche des Français nous fit conduire à La Corogne. Nous eûmes le nouveau chagrin d'y trouver cent quarante officiers, compagnons d'infortune qui étaient enfermés dans le fort de San Anton, situé à l'extrémité du port au milieu de la mer. C'est là que ces braves officiers ont pour logement dix casemates humides et malsaines, ayant pour se coucher de chétives paillasses, pour traitement une ration de pain noir et vingt sous qu'il arrive souvent qu'on ne leur paye point; aussi par le prix exorbitant des denrées de première nécessité, les pauvres infortunés sont-ils réduits à prendre une nourriture grossière et malsaine et dans leur triste situation, ils n'ont même pas la satisfaction de distraire quelque peu leurs ennuis par une promenade salutaire qu'on a la barbarie de n'accorder qu'à un officier par jour, et encore est-il escorté par un soldat.Les soldats qui se trouvent à La Corogne sont enfermés dans le fort de … [nom laissé en blanc dans le manuscrit] dans lequel ils ont à peine assez de place pour se coucher sur une mauvaise poignée de paille qu'on ne leur change que fort rarement, couverts de haillons, dévorés par la vermine, ne sortant jamais, et ne recevant pour traitement que 450 grammes de ration de pain et six sous par jour qu'on ne leur paye que fort rarement
".

(*) Cette garnison joua de malheur. Le général Foy, après l'évacuation de Madrid, reprit le commandement de deux divisions d'infanterie et d'une de cavalerie légère, avec la mission de retirer de Toro, de Zamora et d'Astorga les garnisons qu'on y avait laissées. Celles des deux premières places furent ramenées, mais celle d'Astorga s'était rendue la veille du jour où le général Foy arriva. Il n'y trouva que les maladeset les blessés qu'il ramena; il lui fut impossible d'atteindre l'ennemi ("Mémoiresdu roi Joseph").

Courtot avec d'autres officiers réussit à s'évader et s'emparer d'un bateau. Le 13 févier 1813, ils arrivent avec leur prise à Santona, port occupé par une garnison française sous les ordres du général Charles de Lameth. Le capitaine Courtot, ainsi échappé des prisons de l'ennemi, reçoit le certificat ci-après du général de Lameth: "Le général soussigné, commandant la place de Santona, certifie que M. Courtot, capitaine au 23ème régiment d'infanterie légère, est arrivé aujourd'hui dans ce port sur le chasse-marée espagnol le "Saint-Bonaventure" qu'il a capturé, avec sept autres officiers prisonniers, dans le port de La Corogne, la nuit du 9 au 10 de ce mois. En foi de quoi lui avons délivré le présent certificat pour valoir ce que de raison.
A Santona, le 13 février 1813.
Signé: le général Charles de Lameth
" ("Journal de l'Empire" du 5 avril 1813).

Le régiment avait eu de nombreuses pertes pendant le siège. Les capitaines Lejal et Graffigny avaient péri et les capitaines Borgarellei, Brun, Simonin et Foucart avaient été blessés.

VIbis/ Le reste du Régiment

Le 20 janvier 1812, l'Empereur adressé, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général expédiant les ordres de Sa Majesté, des notes de travail dictées au Général Mathieu Dumas, relatives au recrutement et à l'organisation de l'armée : "... La 5e division.
... En place du 28e léger, qui est à Mayence, on y mettra deux compagnies du 28e, deux compagnies du 23e léger, deux compagnies du 63e et deux du 43e, qui fera également deux bataillons ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6664 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29799).

Le 30 avril 1812, Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... A la 6e demi-brigade provisoire, vous portez 300 hommes à tirer du 23e léger, pour être versés dans le cadre du 4e bataillon du 21e léger. J'approuve cette disposition ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7186 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30538).

VII/ 1813

A/ LE PREMIER ET SECOND BATAILLON EN ESPAGNE

On retrouve les deux bataillons en janvier 1813, dans une brigade de réserve aux ordres du général Espert de Latour, à la division de Basse Catalogne dans l'armée de Catalogne du général Decaen. Les effectifs sont respectivement de 20 officiers et 573 hommes et sous-officiers et 12 officiers et 565 hommes et sous officiers.

Le combat de la Salud en juillet 1813 (d'après le rapport du général Lamarque au général Decaen). Selon les ordres de Decaen pour se porter sur Vich en coordination avec lui, Lamarque prend 1500 hommes et avance sur le défilé de La Salud le 7 juillet. Il repousse des forces espagnoles à Lesquirol, mais se heurte le 9 à des ennemis en très grande supériorité numérique, quand il reçoit l'ordre de Decaen, qui de son coté n'a pu faire mouvement, de se replier.

Il retraite en combattant, face à l'ennemi qui le poursuit, quand il se trouve acculé à la Salud et doit résister plusieurs heures. Bientôt à bout de munitions, il est sur le point de succomberlorsqu'arrive une colonne de secours avec le général Beurmann, dont 2 bataillons du 23e Léger aux ordre du colonel Peyris, et deux bataillons du 115e de Ligne. Peyris lance aussitôtses bataillons à la charge avec tambours et musique, soutenus par les rescapés, tandis que le 115e tourne l'ennemi qui doit s'enfuir, poursuivi par quelques chasseurs à cheval et lanciers gendarmes. Le capitaine Fauconne, du 23e Léger, est blessé lors des combats.

B/ LES 3EME ET 4EME BATAILLON EN ALLEMAGNE

A son retour à Paris, la Grande Armée anéantie, les débris en occupant la Prusse Orientale, l'Empereur en organise une nouvelle pour s'opposer aux Russes. Il lève de nouveaux conscrits, réquisitionne les cohortes de Gardes Nationales et rameute progressivement de vieilles troupes d'Espagne. Il forme 34 régiments provisoires.

Le 24 décembre 1812, depuis Paris, l'Empereur ordonne : "On formera, au dépôt de notre 23e régiment d'infanterie légère, les cadres de deux bataillons pour remplacer les 3e et 4e qui manquent à ce régiment. Les officiers de l'ancien 4e bataillon qui sont au dépôt, seront placés dans le cadre du nouveau 4e" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 5871).

"Paris, 6 janvier 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris.
Vous verrez par la lettre que je vous ai écrite la formation de quatre corps : un corps d'observation de l'Elbe, un corps d'observation d'Italie et deux corps d'observation du Rhin. Les 34 régiments provisoires seront formés de la manière suivante : 2e régiment provisoire : 3e bataillon du 2e d'infanterie légère, 3e du 4e; 3e régiment provisoire : 3e bataillon du 3e d'infanterie légère, 3e du 8e; 4e régiment provisoire : 4e bataillon du 12e d'infanterie légère, 1e du 29e; 5e régiment provisoire : 4e bataillon du 14e d'infanterie légère, 4e du 18e ; 6e régiment provisoire : 2e bataillon du 6e d'infanterie légère, 3e du 25e ; 8e régiment provisoire : 4e bataillon du 5e d'infanterie légère, 4e du 23e; 10e régiment provisoire : 3e bataillon du 16e d'infanterie légère, 1e du 28e ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19425 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32215).

Le 8e régiment provisoire est affecté au 1er Corps d'Observation du Rhin. Le 7 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, le 1er corps d'observation du Rhin se réunira à Mayence ; il sera composé :
... 2e division. — ... 2e brigade : du 8e régiment provisoire, deux bataillons ; du 16e, deux ; du 17e, deux ; total, six bataillons ...
Présentez-moi le développement de la formation de cette armée
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19433 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32225).

Le 10 janvier 1813, l'Empereur, à Parie, adresse au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, ses "Observations sur la composition du Corps d'Observation d'Italie.
... Les bataillons des 8e et 23e léger qui sont dans les 7e et 18e divisions militaires se rendront à Vérone vers le 1er février ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32251).

Le 12 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, comme j'ai trouvé beaucoup de fautes dans ce que votre chef de division a recueilli sous ma dictée, je prends le parti de vous faire connaître de nouveau mes intentions ...
Les 5es bataillons du 8e léger et du 23e feront partir également, au 1er février, tout ce qu'ils auront de disponible pour compléter leur corps à Vérone ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19445 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32276).

Le 16 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, voici le relevé de quelques changements de détail qu'il faut faire dans les états que vous m'avez remis sur la composition des 4 corps d'observation.
ANNEXE
Dans le 4e régiment provisoire, il faut mettre, au lieu du 1er bataillon du 23e léger, le 4e bataillon du 5e léger (le 23e léger ne fournira plus rien).
Le 8e régiment provisoire sera supprimé.
Le 23e régiment marchera sous son nom puisqu'il a un 3e et un 4e bataillon formés ...
Le 8e régiment provisoire a été retiré de la composition du 1er corps d'observation du Rhin, parce qu'il est supprimé ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32301).

Le 26 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, au sujet de l'organisation du 2e Corps d'Observation du Rhin ; suit un état qui indique la composition de la 1ère Division : 13e Provisoire, 23e Léger, 4e, 17e, 16e et 11e Provisoires ; 20 mars (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32484).

Le 13 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je vous envoie la formation que je crois devoir donner au 1er et au 2e corps d'observation du Rhin. Faites dresser les états de ces corps en conséquence.
Vous me ferez connaître l'époque précise où chaque régiment sera réuni à Mayence, et quand ces corps auront leur artillerie, leurs sapeurs et leurs officiers du génie. Vous y mettrez tous les généraux de division et de brigade et les adjudants commandants.
FORMATION DU 2e CORPS D'OBSERVATION DU RHIN ...
3e division.— Général Girard, général Dubreton, Ricard ou Friederichs : 2 bataillons du 11e provisoire, 2 du 13e, 2 du 16e, 2 du 23e léger, 2 du 44e de ligne, 2 du 121e; total, 12 bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19576 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32752).

En Février, les troupes françaises évacuent la Pologne et se replient sur l'Oder tandis que les Prussiens, à la fin du mois, s'alliaient officiellement aux Russes contre la France. Début mars, les Français quittent Berlin et Dresde, tandis que Davout se maintient autour des villes hanséatiques.

Le 23 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, il est bien nécessaire de faire quelques changements aux corps d'observation...
Au 2nd corps d'observation du Rhin ...
La 3e division sera composée :
du 11e régiment provisoire 2 bataillons; du 13e id 2 id; du 16e id 2 id; du 23e léger 2 id; du 121e id 2 id; 15e de ligne 2; 70e 2; 14 bataillons ...
Les première, seconde et troisième divisions pourront partir de Francfort le 10 avril. La 4e division restera à Mayence pour se former entièrement. Il ne paraît pas qu'elle puisse être complétée avant le mois de mai ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33396).

Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "Je me rendis à Mayence, où j'arrivai le 24 mars, encore très-souffrant de ma blessure reçue en Espagne …
Les dispositions de l'Empereur avaient ordonné la formation de mon corps d’armée en quatre divisions d'infanterie ; mais la quatrième, n'ayant eu qu’une organisation incomplète, reçut peu après une autre destination. Mon corps d'armée ne se composa donc réellement, pendant toute la campagne, que de trois divisions formées de quarante bataillons. Quinze de ces bataillons appartenaient à l'artillerie de la marine. Ils étaient composés moitié d'anciens soldats, et l'autre moitié de recrues, incorporées au moment où ils se mirent en marche des grands ports où ils tenaient garnison. Les vingt-cinq autres bataillons furent composés, savoir : du 37e léger, nouveau corps, mais formé de vieux soldats tirés par détachement des compagnies départementales ; de vingt troisième et quatrième bataillons de différents régiments des armées d'Espagne, organisés en régiments provisoires ; enfin, d'un bataillon espagnol.
1er régiment d'infanterie de la marine, quatre bataillons.
2e régiment, infanterie de marine, six bataillons.
3e régiment, infanterie de marine, deux bataillons.
4e régiment, infanterie de marine, trois bataillons.
37e léger, deux bataillons.
32e léger, deux bataillons.
23e léger, deux bataillons.
11e provisoire, deux bataillons.
13e provisoire, deux bataillons.
15e de ligne, deux bataillons.
16e provisoire, deux bataillons.
70e de ligne, deux bataillons.
120e de ligne, deux bataillons.
20e provisoire, deux bataillons.
25e provisoire, deux bataillons.
Corps Joseph Napoléon, un bataillon
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 5, page 10).

Le 2 avril 1813, le Maréchal Marmont écrit, depuis Hanau, au Major général : "… J'ai l'honneur de vous rendre compte aussi que le 23e régiment d'infanterie légère, n'ayant qu'un seul officier par compagnie et à peine un sous-officier et pas un caporal ayant plus de trois mois de service, il m'a paru de la plus urgente nécessité de donner quelques secours à ce corps, en lui accordant des sous-officiers tirés d'autres régiments. J'ai, en conséquence, ordonné provisoirement que le 14e de ligne, dont l'instruction est parfaite et le cadre excellent, lui fournirait six caporaux pour être faits sergents, et six soldats pour être fait caporaux ; que le 37e léger, qui est extrêmement riche en vieux soldats, fournirait douze caporaux et soldats pour être faits sergents et caporaux, et le 16e régiment provisoire, six autres ; ce qui donnera au 23e léger deux sergents et deux caporaux nouveaux par compagnie. Sans ce secours, il était impossible que ce régiment, dont l'espèce d'hommes est très-belle et de la meilleure volonté, rendit aucun service avant six mois. Je vous prie d'obtenir de Sa Majesté qu'elle approuve ces dispositions.
J'ai adressé des mémoires de proposition au ministre de la guerre pour les 23e et 37e léger, 11e provisoire, 121e de ligne et 2e de marine. Comme ces corps manquent d'officiers, il serait de la plus grande urgence que les nominations parvinssent promptement.
Le chef de bataillon Millaud, du 23e léger, ayant obtenu sa retraite, il manque à ce régiment deux chefs de bataillon. Je sollicite ces deux emplois, l'un pour M. Voisin, capitaine de grenadiers au 1er régiment, qui a vingt ans de grade et qui jouit de la meilleure réputation dans son corps, et l'autre pour M. Fonvielle, capitaine de grenadiers au 82e régiment, qui a quatre ans de grade, et que je connais pour un officier très-distingué
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 5, page 42).

Le 15 Avril, Napoléon quitte les Tuileries pour se mettre à la tête de ses forces. Il en compose deux groupes : l'Armée de l'Elbe, sous Eugène, et l'Armée du Main, officiellement sous Soult, mais en réalité sous sa direction. On y trouve le 6ème Corps de Marmont où les 3e et 4e bataillons du 23e Léger vont combattre jusqu'à la fin de l'année dans la 22e puis 23e division d'infanterie.

Sur les péripéties de la campagne de 1813, voir l'historique du 5ème léger sur ce site.

On verra les deux Bataillons combattre en mai à Lutzen (le Capitaine Pingaud y est blessé), Bautzen, à Dresde les 26 et 27 mai.

Le 13 août 1813, à Dresde, l'Empereur décrète : "Le sieur Antoine Villaret, élève au Lycée Impérial à Paris, est nommé sous-lieutenant au 23e régiment d'infanterie légère" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6030).

Les deux Bataillons donnent encore à Leipzig en octobre sous les ordres du Chef de Bataillon Rubelin.

Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte, sur la journée du 19 octobre 1813 : "Chargé d'occuper le faubourg de Halle et de le défendre, je pris position, le 19, de grand matin. Le troisième corps était sous mes ordres.
Je plaçai la plus grande partie de mes troupes à la porte même de Halle et derrière la Partha, afin d'empêcher l'ennemi d'arriver plus tôt que nous sur la communication de Lindenau, notre point de retraite, objet de la plus grande importance. Je chargeai la division Ricard de la barrière de Schenfeld, se liant par sa droite avec le onzième corps qui défendait la porte de Dresde. Je plaçai en réserve la plus grande partie du sixième corps dans les vergers, entre la barrière de Schenfeld et la porte de Halle, les troupes ne pouvant pas se former sur le boulevard, occupé par une grande quantité de voitures.
Nous étions à peine formés lorsque l'ennemi, ayant réuni beaucoup d'artillerie et de troupes, attaqua le onzième corps dans le faubourg de Dresde. Ses attaques parvinrent peu après à la barrière de Schenfeld ; mais le canon qu'il avait porté de ce côté, ne pouvant découvrir le pied des maisons et du mur d'enceinte, ne lui ouvrit aucun passage. Ses tentatives furent repoussées. Une vaste maison, hors de l'enceinte, une manufacture, que j'avais fait occuper par un détachement du 70e régiment, et dont j'avais donné le commandement au major Rouget, fit éprouver de grandes pertes à l'ennemi, en même temps qu'une compagnie de carabiniers du 23e léger sortit de la barrière avec la plus grande impétuosité et massacra tout ce qui s'était avancé. J'avais appelé, au secours de la division Ricard, la plus grande partie du sixième corps, et nous repoussions partout l'ennemi. Mais nous ne tardâmes pas à avoir des preuves que l'ennemi avait pénétré dans les faubourgs de droite. Il se présenta tout à coup à la droite immédiate des troupes à mes ordres, c'est-à-dire à la gauche du onzième corps, et entre ce corps et moi. Je marchai, à la tête du 142e et du 23e léger, pour le chasser des rues qu'il occupait. Un premier succès couronna nos efforts ; mais les troupes ennemies augmentaient sans cesse ; elles furent en outre bientôt secondées par le feu des troupes saxonnes et badoises qui occupaient l'intérieur de la ville. Cette circonstance rendit nos efforts inutiles.
Le désordre était partout. L'encombrement causé par les voitures sur les boulevards, l'affluence de ceux qui se retiraient, empêchaient aucune formation ni aucune disposition. Enfin la terreur emporta tout le monde. L'on jugera de ses effets quand on saura qu'il y a un boulevard circulaire entre la ville et les faubourgs, et que, les troupes se retirant à la fois par le boulevard du Nord, par celui du Midi et par le milieu de la ville, les trois colonnes se réunissaient sur la chaussée de Lindenau, débouché commun.
La foule était si pressée sur ce point de réunion, qu'ayant, pour mon compte, fait ma retraite par les bas-côtés du boulevard, jamais je ne pus entrer, sans secours, dans le courant. Deux officiers du 86e s'en chargèrent, l'un frappa tellement avec son sabre qu'il parvint à faire un léger vide, et l'autre, ayant saisi et tiré fortement la bride du petit cheval arabe que je montais, le jeta dans cette masse confuse, où dans les premiers moments il fut porté, tant la foule était compacte.
Cette foule s'écoulait et passait le pont que Napoléon avait fait miner. J'ignorais cette disposition, et je ne compris pas le sens d'une demande faite par le colonel du génie Montfort, qui s'informa auprès de moi de la troupe destinée à passer la dernière. Je lui répondis qu'à la manière dont la retraite s'opérait, avec la confusion existante, on devait croire que c'était le hasard qui en déciderait. Je continuai ma marche.
Je n'étais pas à deux cents pas de ce malheureux pont, lorsqu'une explosion m'annonça qu'il venait de sauter. Douze ou quinze mille hommes étaient encore en arrière.
Cet événement funeste fut causé par la vue de quelques Cosaques qui avaient paru dans la prairie. Le sous-officier de sapeurs qui était chargé de la mine perdit la tête, crut à une attaque, et y mit le feu ...
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 5, page 297 et suivantes

Les deux Bataillons combattent à Hanau à la fin du même mois.

L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique, dans son article 5 : "La vingtième division sera composée ainsi qu'il suit :
... Premier bataillon du 23e léger.
Tout ce qui existe du quatrième bataillon sera incorporé dans le premier, et le cadre renvoyé au dépôt …
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105). La 20e Division doit être commandée par le Général Lagrange.

Le 21 décembre 1813, l'Empereur depuis Paris ordonne : "Le 6e corps d’armée, commandé par le maréchal duc de Raguse, sera formé en quatre divisions, savoir :
... 4e division, général : 23e léger, deux bataillons; 37e, quatre; 121e de ligne, trois; 1er de marine, quatre; 2e, quatre; 3e, quatre; 4e, quatre; total, vingt-cinq bataillons
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).

Le 25 décembre 1813, le Major général écrit, depuis Paris, au Maréchal Marmont : "L'Empereur vient d'arrêter, monsieur le duc, une nouvelle organisation pour le sixième corps d'armée. L'intention de Sa Majesté est que vous le fassiez former de suite en trois divisions au lieu de deux, conformément à l'état ci-joint. Faites procéder à cette opération.
En conséquence, vous retirerez de la division Ricard, qui est votre première division, les bataillons des 9e et 16e léger, pour les réunir à votre deuxième division, dont ils doivent désormais faire partie. Ces bataillons formeront la deuxième division avec ceux des 1er, 14e, 15e, 16e, 62e, 70e et 121e régiments de la division actuelle du général Lagrange. La troisième division se trouvera formée des bataillons restants de la division actuelle du général Lagrange, savoir des bataillons des 23e et 37e léger, 1er, 3e et 4e régiments de marine. Vous verrez, par l'état ci-joint, que, pour compléter l'organisation du sixième corps, vous avez à recevoir vingt- deux bataillons, qui sont maintenant en formation dans leurs dépôts. A mesure que ces bataillons seront en état, le ministre de la guerre les fera partir pour vous rejoindre ...
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 100).

L'Etat qui suit indique : 6e Corps d'Armée, M. le Maréchal Duc de Raguse, commandant; 3e Division : 23e Régiment d'infanterie légère, 3e Bataillon présent au 6e Corps; le 4e se forme à son Dépôt à Auxonne (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 102).

Le 29 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, dans les dix-huit bataillons de la division de réserve de Paris, vous comprenez le 144e qui est à Chalon-sur-Saône, le 16e léger, qui est à Mâcon, et le 23e léger, qui est à Auxonne. Il serait plus convenable de réunir ces trois bataillons à Auxonne, où ils sont nécessaires pour défendre ce point important, et où ils formeraient une petite brigade sous les ordres du commandant de la 18e division. Ce sera donc trois bataillons qui manqueront. Il faut les remplacer par trois autres, qu'on peut tirer des 11e, 12e et 13e divisions ; je crois même qu'au lieu de trois vous en pourrez trouver sept ou huit ..." (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21052 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37698).

Fin décembre 1813, l'Empereur accepte que le Dépôt du 23e Léger demeure à Auxonne (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6337).

VIII/ 1814

Au début de 1814, les positions du régiment sont les suivantes :
Les deux premiers bataillons sont à l'Armée de Catalogne de Suchet. Ils vont être dirigés sur Lyon;
Le 3e bataillon est à la division Amey au Corps de Mac Donald à Wesel.
Le 4e bataillon n'existe plus.
Le 5e bataillon est au dépôt à Auxonne et un 6e bataillon est en cours de formation à Narbonne puis Nîmes.

Le 2 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... La 2e division se réunira à Troyes. Elle sera composée du 2e bataillon du 5e léger ; du 4e bataillon du 23e léger, qui restera à Auxonne ; du 2e bataillon du 138e, qui est à Laval ; du 2e bataillon du 142e, qui est au Mans ; du 2e bataillon du 144e, qui est à Châlons et se réunira à Auxonne ; du 4e bataillon du 15e de ligne ; du 2e et du 4e bataillon du 70e de ligne ; du 4e bataillon du 86e ; du 1er bataillon du 47e ; d'un bataillon du 26e de ligne ; d'un bataillon du 82e ; d'un bataillon du 66e ; d'un bataillon du 121e ; du 3e bataillon du 122e ; des 3e et 4e bataillons du 1er de la marine et d'un bataillon du 3e de la marine.
Total, dix-huit bataillons ; ce qui, avec les treize de la 1re division, fera trente et un bataillons.
Il faut donner l'ordre à ces bataillons qu'au fur et à mesure qu'ils seront formés ils se dirigent sur Troyes.
Vous remarquerez que ces bataillons ont tous leur régiment à la Grande Armée. Chaque bataillon rejoindra son régiment à la Grande Armée, quand la réserve sera dissoute et que l'ennemi aura été chassé du territoire. L'organisation de l'armée de réserve n'est donc qu'une manière de faire passer ces bataillons à leur destination, puisque presque tous passent aux environs de Paris et de Troyes pour se rendre à l'armée ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21057 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37719)

Le 21 janvier 1814, l'Empereur, depuis Paris, décrète : "1. Les régiments des dépôts ci-après désignés et ceux de leurs cadres qui n'ont pas de conscrits se rendront, savoir :
... Ceux de la 18e division : 23e léger et 113e de ligne à Auxonne ...
II. Le ministre de la guerre désignera un officier général ou supérieur ou un commissaire des guerres de ceux employés dans le département pour être spécialement chargé de ces dépôts qui seront placés dans les villes ci- dessus désignées ou aux environs ...
" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2736).

A/ L'ARMEE DE LYON

L'armée coalisée de Bohême, commandée par Schwartzenberg, viole la neutralité de la Suisse pour envahir la France par le Jura, le 21 décembre 1813, avec 6 colonnes d'attaques, dont une, de 12000 hommes, commandée par Bubna. La colonne de Bubna, passe par Bâle, Fribourg, Lausanne et Genève puis franchit la frontière française à Gex, le 29 décembre 1813. Le lendemain, les 1500 soldats français de garnison évacuent la ville. Le but des Coalisésest de marcher sur Lyon par les deux rives du Rhône.

Face à cette armée d'invasion, Napoléon crée de toute pièce une Armée de Lyon qu'il confie au maréchal Augereau. Pour la former, il rapatrie en urgence des troupes de Catalogne, dont la division Pannetier avecles deux premiers bataillons du 23e Léger et leur colonel Peyris et le 1er Léger (voir historique sur le site), une division de réserve venue de Nîmes sous les ordres du général Mesnard avec le 6ème bataillon du 23e Léger, et pousse à la formation de Gardes Nationales et Corps Francs (voir la Légion Lyonnaise sur le site).

Le maréchal Augereau reçoit l'ordre de couper les lignes de communications des Coalisés. Alors qu'en Savoie et en Dauphiné, les Français organisent la résistance, Augereau arrive tout juste à Lyon le 14 janvier pour constater son déficit de troupes face aux Autrichiens qui progressent depuis le Nord. Il prévoit déjà de se replier sur Saint-Etienne. La ville est quasi évacuée, attendant l'arrivée de l'ennemi. Les renforts de Catalogne arrivent enfin qui permettent de repousser les avant-gardes autrichiennes. Du coup, Augereau revient dans la ville.

Le 17 Février, l'Armée de Lyon monte vers le Nord, tandis que les généraux Marchand et Dessaix enfoncent l'ennemi en Savoie. Les Autrichiens reculent. Les ordres de l'Empereur sont de marcher sur Genève. Mais Augereau tergiverse. Le 22, l'offensive reprend. Le maréchal, lui, est toujours à Lyon, tandis que ses subordonnés se battent.

Alors que le 1er mars, les Français arrivent près de Genève, les hésitations permanentes du maréchal ont permis à l'adversaire de se renforcer, au lieu d'avoir pu le bousculer et le désorganiser. Mieux, il diminue les forces contre Genève pour se porter sur Besançon. C'est alors que les Autrichiens décident de couper sa ligne de communication avec Lyon.

Du 8 au 11 mars, des combats ont lieu autour de Macon, qui tournent à la faveur des Autrichiens. Les Français se replient sur Belleville et Villefranche. Les positions du 23e Léger au 15 mars sont les suivantes:
2e division d'infanterie (Pannetier)
2e brigade (Estève)
23e léger, 1er et 2e bataillons (1 078 h.)
3e division d'infanterie (Bardet)
1ère brigade (Soyez)
23e léger, 6e bataillon (527 h.)

Les Autrichiens continuent en plusieurs colonnes leur offensive sur Lyon. Augereau concentre une partie de ses forces sur les hauteurs de Limonest. Il est alors en infériorité numérique. Une bataille meurtrière pour les deux camps a lieu le 20 mars. Les capitaines Journaud et Lotherie sont blessés. Dans la nuit, Augereau décide d'évacuer Lyon et de se replier sur la ligne de l'Isère. Le lendemain à midi, les Autrichiens pénètrent dans la ville. Pendant ce temps, les forces françaises, toujours devant Genève, apprenant la chute de la ville de Lyon, reculent à leur tour.

La retraite française va se prolonger jusqu'au 10 Avril, émaillée de combats épisodiques, ainsi devant et dansRomans le 2 avril, où sont blessés le colonel Peyris et le chef de bataillon De Hennault, jusqu'à ce qu'arrive la nouvelle de l'abdication de l'Empereur. Le régiment compte alors : ses deux premiers bataillons (44 officiers et 993 hommes) à la division Panetier et son 6e bataillon (19 officiers et 480 hommes)à la division Bardet.

B/ EN CAMPAGNE AVEC L’EMPEREUR EN 1814

Pendant qu’une partie du régiment se battait avec Augereau autour de Lyon, de petits effectifs du régiment allaient se trouver engagés avec l'Empereur pour essayer d’enrayer la poussée alliée sur Paris. Le 4e bataillon était recréé avec 21 officier et 231 hommes à la division Hamelinaye avec Victor au 2e Corps. Soixante-seize hommes se retrouvaient à la division Lagrange avec Marmont, et les restes du 3e bataillon suivaient le général Amey en Champagne sous Mac Donald. Le régiment aura quelques officiers blessés à Etoges le 19 février puis devant Paris.

La première Restauration licencie le 23e Léger. Les 1er, 2ème et 6ème bataillons sont versés dans le 4e Léger et les 3e, 4e et 5e dans le 15e Léger.

IX/ UNIFORMES

Figure 1 : Chasseur du 23e Léger dans les Calabres, 1807 : Les troupes en Calabres à la saison chaude, vu leur service en colonnes mobiles et le climat, s'équipent légèrement, laissent leur uniforme de drap à leurs dépôts, et partent en veste et culotte de route, emportant un sac contenant quelques vivres, armement et munitions dans la giberne, et bien sur l'indispensable gourde. Le shako est encore d'un ancien modèle sans jugulaires métalliques.

Figure 2 :Tenue de sous-officier du 23e Léger vers 1809-1810 (d'après un uniforme conservé au musée de l'Emperi). Tenue classique de l'infanterie légère avec les revers coupés en pointe, les passepoils blancs, collet écarlate passepoilé de bleu et pattes de parements écarlates passepoilées de blanc. Cors de chasse blancs sur les retroussis. Galon de sergent argenté porté au-dessus des parements. Epaulettes vertesavec attente argentée. Deux chevrons d'ancienneté écarlates sur le bras gauche.

Figure 3 : Tambour de voltigeurs du 23e Léger vers 1810-1811 en tenue de route. On remarquera les distinctives classiques des voltigeurs avec le galonnage au shako,le collet et (souvent) les pattes de parements jaune chamois. Le pompon et les épaulettes sont aussi jaunes. Notre musicien a adopté, comme sans doute les autres musiciens régimentaires, une tenue de fond bleu foncé distinguée de cramoisi (ou d'écarlate?) et galonnée de blanc. Le gilet est blanc et le pantalon de route bleu foncé. Ce qui est original, c'est que c'est un tambour de voltigeurs, alors que normalement, les compagnies de voltigeurs sont accompagnées par des cornets. On sait par plusieurs témoignages et iconographies que des colonels, mécontents des sonorités des cornets, les ont remplacés par les roulements plus martiaux de tambours.

X/ Drapeaux

Stationné en Corse, le 23e Léger ne reçoit pas de drapeaux du type Consulat.

Trois Aigles et drapeaux de type Picot sont donnés au tout début 1805 en Italie.

Le 26 mars 1807, à Osterode, est établi par l'Empereur l'ordre suivant : "Sa Majesté ordonne que les régiments d'infanterie légère n'auront pas d'aigles à l'armée, et que les aigles de ces régiments seront envoyées aux dépôts, cette arme ne devant pas avoir d'aigle devant l'ennemi" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12183).

Le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).

Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).

En 1812, il n'y a plus qu'une seule Aigle en service. Un drapeau modèle 1812 et portant inscrit "WAGRAM" est donné au Régiment mais reste au Dépôt d'Auxonne.

Le 24 mars 1812, à Paris, à la question : "Les régiments d'infanterie légère doivent-ils faire revenir leur aigle qui, par une disposition spéciale de l'Empereur, se trouve à leur dépôt ?", ce dernier répond encore une fois : "Puisque les aigles de ces régiments sont aux dépôts, il faut que les régiments les y laissent" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 5028).

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