Le 62ème Régiment d'Infanterie de ligne

1796-1815

Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et Soldats du 62e de Ligne

Avertissement et remerciements : La base de cette étude est constituée de l'Historique régimentaire du 62e, que nous avons reproduit intégralement, complété par les différentes sources dont nous disposons actuellement.

I/ Origine du 62e de Ligne

a/ Sous l'Ancien Régime

Selon l'Historique régimentaire, les origines du 62e de Ligne remontent à 1667, année "en laquelle il fut levé des deniers du roi Louis XIV, dans le cercle de Souabe, par un prince allemand ami de la France, Guillaume Egon, landgrave de Furstemberg, dont il porta d'abord le nom". Le Régiment faisait donc partie des régiments étrangers. Il entra en France en 1670, ayant pour Colonel le Comte Ferdinand de Furstemberg, frère du Landgrave. Il prend part à la conquête de la Lorraine (1670), à la Guerre de Hollande (1672-1678) et combat dans les Pyrennées. Le 31 août 1682, le Régiment passe sous le commandement de Ferdinand Maximilien Egon de Fustemberg. En 1686, ce dernier quitte la France, et le Régiment est donné par le Roi à M. de Gréder. Sous ce nom, il combat dans les deux dernières guerres de Louis XIV : la Guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697) et à celle de la Succession d'Espagne (1701-1714). A la fin de cette guerre, il vient tenir garnison à Douai.

Le Colonel Gréder décède le 18 juillet 1716; lui succède alors le Baron de Sparre, nom qu'il porte jusqu'en 1720. Cette année là, le Régiment est donné par le Régent au Comte Maurice de Saxe, nom qu'il portera trente ans. Il prend part à la Guerre de Succession de Pologne (1733-1734), et à la Guerre de Succession d'Autriche (1740-1748). Le 5 janvier 1751, le Régiment est donné au Comte de Bentheim; il participe en partie sous ce nom à la Guerre de Sept Ans (1756-1763). Le 10 mars 1759, le Régiment est donné au Prince d'Anhalt-Coëthen. En 1768-1769, il concourre à la pacification de la Corse.

Le 13 mars 1783, le Prince Emmanuel de Salm-Salm, qui commandait effectivement le Régiment depuis trois ans, en devient le Colonel en titre et lui donne son nom. En 1784, le Régiment fait un nouveau séjour en Corse; puis il tient garnison à Béfort et à Metz. En 1790, il revient à Befort. C'est là qu'en exécution du Réglement du 1er janvier 1791, il perd son nom de Salm-Salm pour être désormais désigné par le n°62. En même temps, il passe sous le pied français, perdant la dénomination de Régiment étranger, que d'ailleurs ne justifiait plus, depuis longtemps, sa composition.

b/ La Révolution : 62e Régiment d'Infanterie

- 1er Bataillon (1791-1794) - 2e Bataillon (1791-1796)

Le 62e Régiment d'Infanterie, constitué à deux Bataillons, quitta Béfort en juillet 1791 pour venir à Wissembourg, où le commandement fut pris, en titre, par M. Meunier, ancien Lieutenant colonel de Salm-Salm.

Meunier Louis Dominique

Né à Phalsbourg (district de Sarrebourg) le 17 décembre 1734.

Enseigne dans le régiment de Lowendal le 21 mai 1748. Deuxième lieutenant le 1er octobre 1756. Premier lieutenant le 5 novembre 1758. Incorporé dans le 62e Régiment, alors Anhalt le 1er mars 1760. Nommé à une Compagnie le 19 février 1766. Capitaine commandant de Grenadiers le 28 février 1778. Major le 20 mars 1778. Lieutenant-colonel le 2 janvier 1783. Colonel du 62e Régiment le 25 juillet 1791. Maréchal de camp employé le 7 septembre 1792. Lieutenant-général employé le 28 octobre 1792. Commandant en chef par intérim l'Arrmée des Vosges du 2 au 14 mars 1793. Remercié (n'ayant pu être compris dans le travail du jour) le 15 mai 1793. Autorisé à prendre sa retraite le 10 nivôse an III. (Du 3 septembre au 1er octobre inclusivement, Commandant en chef par intérim de l'Armée du Rhin en remplacement de Landremont).

- Campagne de 1792 - Armée du Rhin

Sous la menace de l'invasion, la France garda ses frontières par quatre armées, dont l'Armée du Rhin, sous le Maréchal de Lückner. Le 62e Régiment vient en mars 1792 à Strasbourg, où il fait partie de la 5e Division, dans l'Armée du rhin. Les opérations qui suivent immédiatement la déclaration de guerre à l'Autriche (20 avril 1792) ayant pour théâtre la frontière de Belgique, l'Armée du Rhin n'a d'abord qu'un rôle d'observation. Bientôt, les deux Bataillons du 62e se trouvent séparés.

- 1er Bataillon

A la fin d'avril 1792, le 1er Bataillon quitte Strasbourg pour se rendre, sous les ordres du Général Kellermann, au camp de Neunkrich, près de Sarreguemines, puis en juin, à celui de Wadgast, sous Sarrelouis. Un rassemblement de 20000 Autrichiens s'étant opéré vers Spire, Kellermann revient vers le Rhin pour s'opposer au passage du fleuve par l'ennemi. C'est ainsi que le 62e est ramené, avec la 2e Brigade dont il fait partie, auprès de Landau, où l'on se trouve en présence des Autrichiens qui ont effectivement passé le Rhin (31 juillet). Le 5 août, Kellermann quitte les bords de la Queich pour se replier sur Wissembourg et occuper les lignes de la Lauter. Le 15 août, alors qu'on attend un combat, l'ennemi quitte les environs de Landau pour se porter, par Hombourg, vers la Moselle. Cette circonstance détermine l'envoi de Kellermann à Metz, avec un renfort de 8300 hommes, qui part de Wissembourg le 30 août, et dont fait partie le 1er Bataillon du 62e, qui passe ainsi de l'Armée du Rhin à celle du Centre.

- Armée du Centre

En septembre, le Bataillon participe aux opérations qui aboutissent à la réunion des Armées du Nord et du Centre en Argonne. Le 19, la concentration est accomplie et porte à 62000 hommes l'effectif de l'armée de Dumouriez qui va combattre à Valmy. Le 20 septembre, l'Armée du Centre campe sur les hauteurs, en avant de Dommartin-la-Planchette, ayant sa droite à l'Armée du Nord et sa gauche au moulin de Valmy.

L'armée des coalisés, sous le commandement du Duc de Brunswick, compte à peu près le même nombre de combattants que l'armée française.

Le Bataillon du 62e fait partie des troupes que Kellermann a massées auprès du moulin de Valmy, et c'est tout près de lui que se produit cette explosion de trois caissons qui forme un des épisodes connus de la journée. Nous devons à la vérité de reconnaître que le 62e ne fut pas sans ressentir d'abord sa part du trouble causé dans la première ligne par cet incident impressionnant, et meurtrier aussi, puisqu'au dire du Général lui-même, l'explosion abattit des rangs entiers de soldats. Mais en peu d'instants, l'ordre et la confiance se rétablissent, et bientôt, que les colonnes ennemies se portent à l'attaque du plateau, elles reçoivent de nos troupes, qu'elles croient prêtes à se débander, un accueil inattendu. D'abord intimidés par l'aspect des vieux Régiments qui viennent à eux, mais vite réconfortés par l'entrainante ardeur de leur chef, les jeunes soldats de Kellermann exécutent bravement l'ordre qu'il leur done et, au lieu d'attendre le choc de l'attaque, se portent, la baïonnette en avant et au cri de : "Vive la Nation !" à la rencontre de l'ennemi, que cet élan arrête et refoule dans ses positions d'où il ne tente plus de sortir.

Pendant la nuit qui suit la bataille, Kellermann modifie heureusement la position dangereuse qu'il occupe sur l'étroit plateau de Valmy, avec sa gauche menacée et des marais à dos. Il vient s'établir sur la rive droite de l'Auve, menaçant à son tour la droite ennemie qui doit se replier. Ainsi, en se montrant manoeuvrières après s'être montrées solides, nos troupes surent étendre et confirmer le résultat d'un premier succès; et le 62e peut à bon droit s'enorgueillir d'avoir participé à une victoire qui fait bien augurer de l'avenir, en déconcertant la morgue méprisante de l'armée prussienne, et en provoquant dans l'armée française un puissant essor de confiance.

Le 1er octobre, l'armée des coalisés, épuisée par le manque de subsistances et les maladies, démoralisée par l'effet d'un premier échec et la crainte de nouveaux revers, se décide à la retraite.

- Armée de la Moselle

Le 1er octobre, un Décret de la Convention établit une nouvelle répartition des forces de la République, qu'il divise en huit armées (armées du Nord, des Ardennes, de la Moselle, du Rhin, des Vosges, des Alpes, des Pyrénées et de l'Intérieur).

L'Armée du Centre prend la dénomination d'Armée de la Moselle et reste sous les ordres de Kellermann. Le 1er Bataillon du 62e continue à en faire partie.

Lorsque l'armée des coalisés s'est retirée, Kellermann porte ses troupes sur Sainte-Menehould, puis sur Verdun (11 octobre) où il entre le 14, à la place des Prussiens qui occupaient la ville depuis quarante jours. Il en est de même, peu de jours après (22 octobre), pour la place de Longwy, dont la reprise marque l'évacuation définitive du territoire français par l'ennemi qui, deux mois auparavant, avait franchi la frontière avec tant d'arrogance.

Le 26 octobre, le Colonel de Ruttemberg prend le commandement du Régiment à la place du Colonel Meunier, qui a été nommé Maréchal de camp le 7 septembre.

Ruttemberg Ernest

Né à Milan (Duché de Courlande) le 25 janvier 1748. Volontaire dans le Régiment d'Alsace. Sous-lieutenant le 1er janvier 1767. Sous-lieutenant de Grenadiers le 1er juillet 1767. Lieutenant le 1er mai 1771. Capitaine en 2e le 29 mai 1778. Capitaine commandant le 13 avril 1783. Capitaine commandant de la Compagnie de Grenadiers le 8 juin 1787. Lieutenant-colonel du 62e régiment d'infanterie le 25 juillet 1791. Colonel de ce Régiment le 26 octobre 1792. Maréchal de camp employé le 8 mars 1793.

Kellermann, accordant à son armée un repos dont elle a grand besoin et qu'elle a bien gagné, la cantonne près de Metz. Le 1er Bataillon du 62e, qui fait partie de la Division Beaudre avec les 30e et 96e Régiments, est cantonné à Ancy-sur-Moselle et aux environs.

Le 5 novembre, le Général Beurnonville remplace, au commandement de l'Armée de la Moselle, le Général Kellermann.

Vers le milieu du mois de novembre, la nécessité se montrant de seconder le Général Custine dans les opérations qu'il conduit sur le Mein et la Lahn, les troupes en cantonnement de l'Armée de la Moselle se mettent en mouvement en vue de l'expédition projetée sur Trèves; et le 4 décembre, 17000 hommes environs sont réunis auprès de cette ville. Le 62e prend part aux opérations et engagements qui ont lieu dans la région, et qui rendent particulièrement pénibles la rigueur de la saison et le mauvais état des chemins; puis le 12 décembre, il fait partie d'un détachement fort d'une brigade de de 1000 chevaux dont est renforcé le Corps qui, sous le Général Delaage, opère entre la Sarre et la Moselle. Dans la retraite qui est faite peu de jours après, le 62e, étant à l'arrière garde, a un engagement assez vif, dans lequel il subit quelques pertes (21 décembre). Enfin, quand l'Armée prend ses cantonnements entre Thionville et Sarrelouis, il fait partie de la 2e Brigade de la 2e Division, qui est cantonnée aux environs de Distrof et Antilly.

Au mois de février 1793, le 62e prend part aux opérations entreprises par la Division Destournelles en vue d'appuyer l'Armée de Custine, qui se trouve sur la Nahe. Cette Division occupe Hombourg; son avant garde a divers engagements à Saint Wendel et à Kaiserslautern, puis, le 23 mars, la Division entière se porte en avant de Saint Wendel, à la rencontre d'un Corps prussien sorti de trèves, dont elle arrête le mouvement. A la fin du mois, la Division se replie sur Hombourg, où elle a ordre de rester sur la défensive.

Le 8 mars, le commandement du 62e passe au Colonel Chevalleau de Boisragon.

CHEVALLEAU de BOISRAGON Jean-Armand

Lieutenant en 2e dans le 44e Régiment, ci-devant Orléans le 20 mars 1745. Lieutenant en 1er le 18 mai 1746. Capitaine le 1er septembre 1755. Capitaine de Grenadiers le 1er juillet 1774. Premier capitaine commandant le 2e Bataillon le 20 juillet 1779. Premier capitaine commandant le 10 mai 1782. Chevalier de Saint-Louis en août 1781. Retiré avec une pension de retraite de 1900 fr., en date du 25 avril 1787.

A fait les campagnes de Flandre de 1745, 1746, 1747, 1748. S'est trouvé aux batailles de Fontenoy, Raucoux, Lawfeld, aux sièges de Tournay, Berg-op-Zoom et fort Lillo. A été blessé d'un coup de feu au travers du bras gauche à Raucoux et d'un coup de baïonnette à la main gauche à l'assaut de Berg-op-Zoom. A fait les sept campagnes d'Allemagne où il s'est trouvé aux batailles d'Hastembeck, Corbac, Groningue, Johannisberg, Villinghausen et Crevelt, aux sièges de Meppen et du château d'Alviethen.

S'est trouvé en outre à plusieurs affaires de postes et de détachements particuliers, ayant fait toute cette guerre aux volontaires et aux chasseurs. A pris les armes des premiers à l'époque de la Révolution en 89; fait un des Généraux en chef de la Garde nationale de Lille.

Nommé Lieutenant-colonel en premier du 2e Bataillon du Nord à sa formation le 1er septembre 1791. A fait avec ses braves camarades la campagne de 1792 en Champagne, Ardennes et Belgique. A fait avec eux aussi le siège de Namur. Fait commandant temporaire de Lille le 29 janvier 1793. Colonel du 62e le 8 mars 1793. Général de brigade le 15 mai 1793.

L'Armée de Moselle ayant été mise, avec celles du Rhin et des Vosges, sous les ordres du Général Custine, occupe, au commencement d'avril, de nouvelles positions dont la ligne s'étend de Longwy à Sarrebrück. Le 1er Bataillon du 62e, passé à la Division Lynch, occupe Sarreguemines. Dans les premiers jours d'avril, cette Division fait sur Neunkirchen une attaque combinée avec une autre qui a pour but la reprise du camp de Limbach, d'où ont été délogés les 44e et 71e de Ligne. Cette opération a un plein succès.

Vers la fin de juin, quelques modifications sont apportées à la composition des Divisions, et le 62e quitte la Division Lynch pour remplacer le 74e à la Division du Général Pully et occuper Bliecastel.

Le 15 juillet, l'Armée de la Moselle fait un mouvement pour se porter au secours de la place de Mayence, dans laquelle 22000 hommes se trouvent enfermés depuis le commencement du mois d'avril; et ainsi, le 1er Bataillon du 62e se trouve marcher au secours du 2e Bataillon qui compte, comme on le verra plus loin, parmi les défenseurs de Mayence. Mais la garnison, à bout de ressources après un siège valeureusement soutenu, et ignorant l'arrivée de ce secours, capitule le 23 juillet. L'armée de secours n'a donc pas à continuer son mouvement.

Sur ces entrefaites, le 1er Bataillon du 62e est désigné pour faire partie d'un important renfort envoyé à l'Armée du Nord, et est dirigé, le 31 juillet, du camp d'Exheim, près de Deux-Ponts, sur Metz.

- Armée du Nord

Le 1er Bataillon du 62e arrive à l'Armée du Nord juste à point pour prendre part à la bataille d'Hondschoote (8 septembre 1793). Le Général Houchard, joignant aux troupes du camp de Gaverelle les 12000 hommes qui lui arrivent de l'est, entreprend de débloquer Dunquerke qu'assiège le Duc d'York avec l'Armée anglaise couverte par les Hanovriens et les Hessois, et soutenue par le Corps hollandais. La victoire de Hondschoote, chèrement acquise par une lutte de trois jours contre un ennemi solidement retranché, réalise ce dessein et met fin dans le Nord, comme Valmy dans l'est, à une décourageante série de revers. Et c'est pour le 62e une heureuse fortune que d'avoir pu prendre part à ces deux féconds triomphes de nos armes.

- Formation de la 123e Demi-brigade

En exécution de la Loi du 21 février 1793 et du Décret conforme du 24 janvier 1794, les Régiments sont supprimés et remplacés par des Demi-brigades dites de Bataille (ou de première formation, pour distinguer cette première organisation de celle qui sera faite en 1796).

Conformément au principe adopté, d'après lequel les Demi-brigades sont constituées par l'amalgame d'un vieux Bataillon avec deux Bataillons de nouvelle levée, dits de Volontaires, le 1er Bataillon du 62e Régiment (ancien Salm-Salm) forme, le 15 avril 1794 avec le 1er Bataillon de la Vienne et le 2e Bataillon de la Somme, la 123e Demi-brigade.

Pour nous conformer aux instructions ministérielles, nous ne poursuivrons pas l'histoire détaillée de cette 123e Demi-brigade. Nous donnerons seulement, pour l'enchaînement de notre récit, l'exposé sommaire suivant, que nous empruntons à l'Histoire de l'infanterie française du Général Suzanne.

"La 123e demi-brigade de bataille a été versée, le 1er mars 1796, à l'armée de Sambre-et-Meuse, dans la 99e nouvelle, qui, après avoir servi aux armées d'Allemagne, d'Italie et de Naples, et s'être distinguée à la bataille de Limbourg, à la Trebbia, à la défense du pont du Var et au deuxième passage du Mincio, avoir occupé les garnisons de Mantoue, Vérone, Peschiera et Coni, a été incorporée, en 1803, dans le 62e régiment de ligne".

- 2e Bataillon

- Armée des Vosges - Défense de Mayence

Nous avons vu plus haut que le 1er Bataillon avait quitté Strasbourg au mois d'avril 1792. Le 2e Bataillon y resta jusqu'à la fin de l'année. Le 30 novembre, il en part pour rejoindre l'Armée des Vosges (qui est réunie peu de jours après à celle du Rhin, sous le commandement du Général Custine). Arrivé à Spire dans les premiers jours de décembre, il fait partie du Corps d'Observation de Manheim, sous les ordres du Général Meunier. Le 23 janvier 1793, il est dirigé sur Mayence, où il se trouve encore lorsque, au mois de mars, les troupes qui occupent la place, au nombre de 22000 hommes, se trouvent coupées de l'Armée du Rhin et doivent soutenir un siège mémorable, contre un corps de 70000 hommes commandé par le Maréchal Kalkreuth et le Roi de Prusse en personne. Sous les ordres de chefs tels que Meunier, Dubayet et Kléber, la garnison française fait une magnifique résistance qui oblige l'assaillant à déployer tout l'appareil d'un siège en règle. La défense, habilement organisée malgré un armement et des approvisonnements insuffisants, est vaillamment soutenue par des troupes qui savent se montrer solides et actives, malgré l'inexpérience de quelques jeunes Bataillons. Des engagements meurtriers ont lieu journellement; plusieurs vigoureuses sorties sont tentées, dont l'une coûte la vie au Général Meunier. Aussi, malgré l'importance des travaux entrepris par les assaillants, la résistance aurait pu se prolonger encore longtemps, et même aboutir à la délivrance, si le manque de vivres n'avait obligé les défenseurs à renoncer à la lutte avant le moment où ils auraient pu être dégagés par l'Armée du Rhin, que commande, après Custine, le Général de Beauharnais, et dont fait partie, comme nous l'avons dit, le 1er Bataillon du 62e. Le 23 juillet 1793, après deux mois et demi de blocus, 33 jours de tranchée ouverte et 31 jours de bombardement, la garnison de Mayence, réduite à 17000 hommes, sort avec les honneurs de la guerre, emportant ses armes, ses bagages et ses pièces de campagne, sous la condition de ne pas servir pendant un an contre les armées des puissances alliées.

Le 4 août, cette même Convention Nationale, qui punissait de l'échafaud les revers qu'elle jugeait dus à la faiblesse, décrète que la garnison de Mayence a bien mérité de la patrie.

- Vendée

La capitulation de Mayence ne réduit pas ses défenseurs à l'inaction. Ils sont dirigés sur la Vendée.

"Le 2e Bataillon du 62e, arrivé le 22 août à Saumur, prit part, sous les ordres de Kléber, aux combats qui amenèrent la ruine des royalistes. Le chef de bataillon de Beurmann fut tué, le 26 octobre 1793, au combat de Laval; le lendemain 27, les volontaires fuyaient; 100 hommes du bataillon, commandés par le capitaine O'Kelly, vieillard de soixante-dix ans, se jettent à la tête du pont de Château-Gontier, dernier obstacle que les Vendéens eussent à franchir pour exterminer les fuyards, et arrêtent l'élan des vainqueurs. Ce bataillon demeura dans l'ouest jusqu'à la fin de la guerre civile; il se fit souvent remarquer par l'ardeur qu'il déploya contre les Chouans, et surtout dans un combat acharné qu'il leur livra, en juillet 1795, auprès du château de Brunet. En janvier 1796, quand Stofflet reprit les armes, il accompagna Hoche dans sa marche sur Chemillé, et prit part aux opérations qui eurent pour résultat l'arrestation et la mort des derniers chefs royalistes" (Général Suzanne, "Histoire de l'Infanterie Française").

- Formation de la 94e Demi-brigade

"Le 2e bataillon de Salm-Salm est entré directement, le 16 septembre 1796, à l'armée des côes de l'Océan, dans la 94e demi-brigade du second amalgame. Celle-ci, envoyée sur le Rhin en 1799, s'est distinguée au passage de la Linth, au combat d'Uzenach et à la bataille d'Hochstedt. A la paix, elle a tenu garnison à Namur et à Liège. Le 94e régiment du Consulat a fait les campagnes de 1803-1804 dans le Hanovre, celles de 1805 à 1807 au 1er corps, toutes les autres campagnes jusqu'en 1813 en Espagne. En 1813 et 1814, il fut partagé entre l'Espagne et l'Allemagne. En 1815, il était à l'armée du Nord. Licencié à Bayonne, il a versé ses débris dans la légion des Basses-Pyrénées, l'une des souches du 13e léger de 1820, 88e de ligne actuel" (Général Suzanne, "Histoire de l'Infanterie Française").

II/ 62e Demi-brigade (1796-1803)

a/ Campagne de 1796 en Allemagne

- Formation de la 62e Demi-brigade

Lorsque, par application de la Loi du 21 février 1793, les Régiments sont supprimés et remplacés par les Demi-brigades de Bataille, le n°62 n'est attribué à aucune Demi-brigade; celle à laquelle il est destiné n'est pas formée, par suite de l'absence du Bataillon d'Aunis, qui doit lui servir de noyau et se trouve aux Antilles (Historique du 62e). A noter qu'au moment du 2e amalgame, les éléments destinés à former la 62e de Bataille sont incorporés dans la 76e de Ligne.

Plus tard, au commencement de 1796, le gouvernement du Directoire, n'ayant pas encore eu le temps de lever de nouvelles troupes et voulant cependant combler les vides occasionnés dans les rangs par les nombreux combats et les fatigues des dernières campagnes, décide d'amalgamer plusieurs Demi-brigades entre elles. C'est ainsi que, le 18 février 1796 (29 pluviôse an IV), la 62e Demi-brigade, dite de Ligne ou de 2e formation, est constituée avec les restes des 95e et 140e Demi-brigades, et pour être au complet, elle reçut le 28 novembre 1796 le 3e Bataillon de la 4e Demi-brigade de 1ère formation, fort de 378 hommes, Officiers compris. Cette réunion est présidée par le Général de Division Chauveau, Commissaire des Guerres, chargé du commandement et de la police des deux Corps.

C. Rousset (Les Volontaires, 1791-1794) nous permet de préciser les choses quant à l'organisation de la 62e Demi-brigade.
- 4e ancienne de bataille (3e Bataillon) : Formée le 27 novembre 1794 (7 frimaire an III) à partir du 2e Bataillon du 2e Régiment (Picardie), du 5e Bataillon de la République (Paris), et du 4e de la Haute-Saône.
- 95e ancienne : Organisée le 26 juin 1794 (8 messidor an II) à partir de l'amalgame du 1er Bataillon du 48e Régiment (Artois), du 2e Bataillon de la Creuse, et du 8e Bataillon de la Haute-Saône.
- 140e ancienne : Organisée le 28 juin 1794 (10 messidor an II) à partir de l'amalgame du 2e Bataillon du 75e Régiment (Monsieur), du 3e Bataillon du Doubs, et du 11e Bataillon du Jura.
- 4e Bataillon de Maine-et-Loire (partiellement).
- 4e de Vosges-et-Meurthe (partiellement).

Les Etats militaires de l'An X donnent le détail de l'amalgame suivant : "Cette demi-brigade est formée de l'ancien 3e bat. de la 4e., provenant du 2e. bat. du 2e. régiment; du 3e. bat., formation de Paris, dit de la République; du 4e de la Haute-Saône; de l'ancienne 95e., provenant du 1r. bat. du 48e régiment; du 2e. de la formation de la Creuse; du 8e. de la Haute-Saône; de l'ancienne 140e, provenant du 2e. bat. du 75e. régiment; du 3e. du Doubs, et du 11e. du Jura".

En l'an XII, la 62e est complétée par la 99e nouvelle, dont le numéro restera vacant sous l'Empire. Cette Demi-brigade avait été organisée le 1er mars 1796 (11 ventôse an IV) à partir des :
- 123e ancienne : Organisée le 9 avril 1794 (20 germinal an II) à partir de l'amalgame du 1er Bataillon du 62e Régiment (Salm-Salm), du 2e Bataillon de la Somme, et 1er Bataillon de la Vienne.
- 172e ancienne : Organisée le 26 mars 1794 (6 germinal an II) à partir de l'amalgame du 2e Bataillon du 94e Régiment (Royal Hesse-Darmstadt), du 4e Bataillon de la Marne, et du 6e Bataillon de la Marne.

- 4e Bataillon de la Haute-Saône

L'essentiel de ce qui suit est tiré de l'ouvrage "Bataillons de volontaires nationaux, Cadres et historiques", de G. Dumont.

Composé de 534 volontaires des districts de Champlitte et de Jussey, groupés par cantons dès le mois d'août 1791, rassemblés à Jussey le 18 octobre, formés en Compagnies aussitô et organisés en Bataillon, le 4e de la Haute-Saône est passé en revue le 20 par le Commissaire des guerres délégué par le Lieutenant-général de Toulongeon et les Commissaires du département. Affecté à la garnison de Strasbourg, il rejoint son poste dès le 1er novembre et y demeure tout l'hiver, comptant en décembre à l'armée du Rhin.

Etat des cadres à la formation (Revue du 20 octobre 1791). Un astérisque (*) placé à la suite du nom indique que l'officier a servi soit dans les troupes de ligne, soit dans les troupes provinciales.
1er Lieutenant-Colonel Tugnot de la Noye* (Jean -Marie), de Dommartin-sur-Vraine (Vosges), 47 ans, décoré de l'Ordre de Saint-Louis.
2e Lieutenant-Colonel Prélat* (Maxime), de Jussey, 40 ans.
Quartier-Maître Trésorier Joly (Etienne), de Bouhans, 20 ans.
Adjudant-Major Violet* (Claude-Antoine), de Gray, 51 ans, décoré de l'Ordre de Saint-Louis.
Adjudant-Sous-Officier Javelet* (Claude-François), de Scey-sur-Saône, 36 ans.
Chirurgien-Major Belgrand (Claude-Antoine), de Vauconcourt, 30 ans.
Grenadiers : Capitaine Dulion (Jean-Baptiste). Lieutenant Brouhot* (Jean-Baptiste), de Villars-le-Pantel, 46 ans. Sous-Lieutenant Fournier (Antoine), de Jussey, 23 ans.
1ère Compagnie (de Jussey) : Capitaine Delplanque* (Victor-Toussaint). Lieutenant Pérignon (Paul). Sous-Lieutenant Secours (Nicolas), de Jussey.
2e Compagnie (de Jussey) : Capitaine Poutot (Claude), d'Arbecey. Lieutenant Poutot* (Claude-Etienne), de Lambrey, 23 ans. Sous-Lieutenant Fraichot (Ferdinand), d'Arbecey, 18 ans.
3e Compagnie (de Jussey) : Capitaine Bouillerot (François), de Ceintrey (Meurthe-et-Moselle). Lieutenant Lépine* (Jean-Claude-Gaspard), de Vitrey. Sous-Lieutenant Millot* (Michel), de Chauvirey-le-Vieil, 27 ans.
4e Compagnie (de Champlitte) : Capitaine Maguet (Jean-Claude), de Dampierre, 19 ans. Lieutenant Rocot* (Hilaire), d'Autet, 31 ans. Sous-Lieutenant Chalmin.
5e Compagnie (de Champlitte) : Capitaine Poisot* (Jean-Baptiste), de Champlitte, 30 ans. Lieutenant Comtet* (Denis), de Champlitte, 35 ans. Sous-Lieutenant Bergeret (Claude).
6e Compagnie (de Champlitte) : Capitaine Damey (Etienne), de Vauconcourt, 23 ans.
Lieutenant Barbant (Claude). Sous-Lieutenant Ricard* (Nicolas), de Mercey, 40 ans.
7e Compagnie (de Jussey) : Capitaine Prévost* (Jean-Baptiste), d'Amance, 38 ans. Lieutenant Porcherot (Jean-Baptiste). Sous-Lieutenant Priauzet (Pierre).
8e Compagnie (de Champlitte) : Capitaine Charnotel* (Jean-Baptiste), d'Autrey, 30 ans. Lieutenant Allard (Pierre), de Mantoche, 19 ans. Sous-Lieutenant Jolyot* (François), de Bouhans, 33 ans.

Le 4e Bataillon de la Haute-Saône demeure à Strasbourg jusqu'à la fin de mars 1792, puis est envoyé à Molsheim, où il se trouve le 10 avril. Il se rend, en mai, au camp de Neukirch et y reçoit du 6 juin au 28 juillet, 280 volontaires de complément de Champlitte et de Jussey. Il se trouve à Wissembourg le 15 août ; prend part, avec Kellermann, à la marche sur Toul, Bar et Vitry, en septembre, et assiste à la canonnade de Valmy, puis suit les Prussiens en retraite, par Verdun et Longwy, en octobre. Il fait la campagne d'hiver de Trêves, avec la 2e ligne de l'armée de la Moselle, sous d'Aboville, en décembre, et prend ses quartiers, après la retraite, le 26.

Le Bataillon est cantonné à Bouzonville, avec la 4e Brigade, en février et mars 1793, à Sarreguemines le 15 avril; il est affecté à l'avant-garde et figure, en mai, parmi les Corps disponibles. Il reçoit, de mai à juin, environ 180 recrues d'Arcis-sur-Aube, Charolle et Joigny. Il campe à Hornbach le 15 mai et jusqu'en août avec le Corps des Vosges et est chargé, le 16, des avant-postes sous Pully (540 présents), vers Dietrichingen ; il prend part, le 14 septembre, au malheureux combat de Pirmasens, sous Moreaux, où une panique lui coûte 102 tués ou disparus. Il campe, le 21, à Diedrichen, puis bat en retraite sur la Sarre. Le Bataillon stationne le 16 octobre à Geislautern, puis va à Verden et fait partie, le 5 novembre, de la réserve, sous Moreaux, qui est employée au déblocus de Landau.

Le 7 janvier 1794, le 4e de la Haute-Saône est à Kreuznach et à Kaiserslautern le 30; il est signalé le 3 février, comme étant en marche et arrive le 4 à Saint-Wendel, puis le 6 au cantonnement d'Ommersheim et le 19 à Ormesheim; il est ensuite laissé en garnison à Bitche, où il reçoit 170 réquisitionnaires de la Haute-Saône, puis, le 3 juin, 275 autres de Loudéac. Il combat autour de Deux-Ponts du 21 au 29 juin, comptant à l'avant-garde, sous Ambert (853 présents); il bivouaque le 15 juillet à Stambach, venant d'Alt-Hornbach, et est passé en revue le 19, à Riedelberg, par l'agent secondaire Deshayes et le Commissaire des guerres Beaufumée qui lui adjoignent une section de Canonniers prélevée sur la Compagnie du 8e de l'Ain. Il participe à la marche sur Trêves, à l'affaire de la montagne de Pellingen le 8 août et à la prise de Trêves le 9. De là. se rend au siège de Mayence; il campe, le 17, à Hochheim et environs; le Bataillon compte, le 16 septembre, à l'avant-garde (Division Collaud); il bivouaque à Bingen le 22 octobre, sous Rolland, et à Alsheim du 28 octobre au 11 novembre.

En 1795, il est au bivouac, à l'attaque de droite, devant Mayence, avec l'armée de Rhin-et-Moselle : il prend part aux affaires des 26 mars et 22 mai et demeure employé au blocus jusqu'à son amalgame, le 15 juillet, avec le 2e Bataillon du 2e Régiment et le 3e de la République (Paris), pour former la 4e Demi-brigade (entrée en 1796 dans la composition des 31e, 62e et 89e nouvelles).

Etat des cadres au moment de l'amalgame.
Chef : Charnotel* (J.-B.). Quartier-maître : Bouillerot (P.-F.). Adjudant-Major : Detroye* (F.). Chirurgien : N... Adjudant Sous-Officier : N...
Grenadiers : Capitaine Clerc* (J. F.). Lieutenant (vacant). Sous-Lieutenant Bardenet (C. F.).
1ère Compagnie : Capitaine Delplanque* (V. T.). Lieutenant Parcheminey* (A.). Sous-Lieutenant Chatelet (B.).
2e Compagnie : Capitaine Ricard* (N.). Lieutenant Poutot (C. E.). Sous-Lieutenant Froment (J. B.).
3e Compagnie : Capitaine Bouillerot (F.). Lieutenant (vacant). Sous-Lieutenant Thiébault (P. A.).
4e Compagnie : Capitaine Comtet* (D.). Lieutenant Fraichot (F.). Sous-Lieutenant Durand* (J.).
5e Compagnie : Capitaine Poisot* (J. B.). Lieutenant Jolyot (F.). Sous-Lieutenant (vacant).
6e Compagnie : Capitaine Lépine* (J. C. G.). Lieutenant Gueldry* (F.). Sous-Lieutenant Sturel (C).
7e Compagnie : Capitaine Prévost* (J. B.). Lieutenant Dufourg* (L.). Sous-Lieutenant (vacant).
8e Compagnie : Capitaine Millot* (M.). Lieutenant (vacant). Sous-Lieutenant Maréchal* (C).

- 2e Bataillon de la Somme

L'essentiel de ce qui suit est tiré de l'ouvrage "Bataillons de volontaires nationaux, Cadres et historiques", de G. Dumont.

Composé de 571 volontaires des districts de Montdidier et de Péronne, rassemblés à Amiens le 3 septembre 1791, formés en Compagnies le 4 et le 5, puis organisés en Bataillon le 5, le 2e de la Somme est passé en revue le 6 par le Maréchal de camp de Boisgelin, assisté du Commissaire des guerres de Liaucourt et de MM. Dahamel et Butet, Commissaires du département.

Etat des cadres à la formation (Revue du 6 septembre 1791). Un astérisque (*) placé à la suite du nom indique que l'Officier a servi soit dans les troupes de ligne, soit dans les troupes provinciales.
1er Lieutenant-Colonel Thory* (Louis-Adrien-Théodore), de Montdidier, 32 ans.
1er Lieutenant-Colonel Bommart* (Philippe-Antoine), de Domart, 61 ans, décoré de l'Ordre de Saint-Louis.
Quartier-Maître Trésorier Foucault (Charles-Louis), de Ménévillers (Oise), 34 ans.
Adjudant-Major N...
Adjudant-Sous-Oficier Ycard* (Laurent-Maximilien), de Laudun (Gard), 27 a.
Chirurgien-Major Thory (Louis-François-Adrien), de Montdidier, 63 ans.
Grenadiers : Capitaine Goguet (Ignace-Marcel), d'Epénancourt, 25 ans. Lieutenant Courcelles (Pierre), de Montdidier, 31 ans. Sous-Lieutenant Capron (Louis-François), de Péronne, 41 ans.
1ère Compagnie (de Péronne) : CapitaineTupigny* (Augustin-Sébastien), de Ham, 41 ans. Lieutenant Beaucourt (Jacques), de Roisel, 29 ans. Sous-Lieutenant Duflos (Charles), de Sorel, 35 ans.
2e Compagnie(de Montdidier) : Capitaine Carpentier (Louis-Auguste), de Chaussoy-Epagny, 21 ans. Lieutenant Gouniou de Saint-Léger (Paul), d'Amiens, 21 ans. Sous-Lieutenant Belhomme* (Philippe), de Fléchy, 31 ans.
3e Compagnie (de Montdidier) : Capitaine Ledour* (Louis-Ignace), de Roye, 26 ans.
Lieutenant Payen (François), de Champion. Sous-Lieutenant Veret (Constantin-Honoré), de Villers-les-Roye, 21 ans.
4e Compagnie (de Montdidier) : Capitaine Froissart (Claude), de Lignières, 24 ans. Lieutenant Bailly (François-Nicolas de), de Beaucourt, 23 ans. Sous-Lieutenant. Willemont (Claude-Firmin), de Beaucourt, 21 ans.
5e Compagnie (de Montdidier) : CapitaineThory* (Jean-Baptiste), de Braches, 38 ans.
Lieutenant Langlet (Baptiste-Nicolas), de Mézières, 26 ans. Sous-Lieutenant Masse (Honnoré), de Moreuil.
6e Compagnie (de Péronne) : Capitaine Goguet (Joseph), d'Epénancourt, 22 ans. Lieutenant Bourdon (Constant), de Morchain, 20 ans, Sous-Lieutenant. Rigault (François), de Chaulnes, 43 ans.
7e Compagnie (de Péronne) : Capitaine Witasse* (Jean-François), de Bussu, 48 ans. Lieutenant Desmazières (Mathieu), de Péronne, 28 ans. Sous-Lieutenant. Hilly (Ferdinand-Armand d'), de Barleux, 20 ans.
8e Compagnie (de Montdidier) : Capitaine Parvillers* (Jacques-François de), de Roye, 31 ans. Lieutenant Pacary (Pierre-Eléonore), de Montdidier, 41 ans. Sous-Lieutenant. Bernard (Antoine-Toussaint), de Montdidier, 30 ans.

Le Bataillon part le 7 octobre pour Doullens, passe le 8 à Saint-Pol, le 9 à Hesdin et arrive le 10 à Montreuil où il est logé dans des couvents et se conduit assez mal pour motiver l'intervention du Général de Coulaincourt, qui le passe en revue le 30, veille de l'arrivée de son armement. Il demeure tout l'hiver, comptant à l'armée du Nord.

Le 2e de la Somme reste à Montreuil jusqu'en mai 1792 (556 présents), puis est envoyé, en juin, à Marchiennes, avec un détachement de 200 hommes à Orchies; cantonné dans cette dernière ville, y est attaqué dans la nuit du 14 au 15 juillet, parvient à s'échapper en faisant ouvrir le passage à la baïonnette à trois Compagnies et est, à cette occasion, l'objet d'un Décret de la Convention déclarant "qu'il a bien mérité de la patrie". Il est envoyé au secours de la garnison de Lille, entre le 20 septembre dans la place et y est assiégé jusqu'au 6 octobre, puis campe sous Avesnes en novembre (368 présents) ; il prend part avec l'armée du Nord (corps de bataille, Division de gauche, sous Duval) à l'invasion de la Belgique. Il est au siège du château d'Anvers du 25 au 28 novembre, cantonne en décembre entre Ruremonde et Maëstricht, puis campe à Mazeyck, sous Anvers.

En janvier 1793, le 2e de la Somme ne compte plus que 346 hommes; il fait partie, en février, de la colonne amenée par de Flers à Dumouriez et chargée du blocus de Berg-op-Zoom ; il prend part aux affaires entre Tirlemont et Saint-Trond du 18 au 22 mars, lors de la retraite de la Belgique; il est ensuite cantonné à Douai, puis rejoint à Arras, son dépô grossi, le 23 avril, de nombreuses recrues. Il demeure trois mois en garnison dans cette place, prend part, le 11 août, à une affaire entre Poperinghe et Steenworde et, le 6 septembre, à celle de Poperinghe; affecté à la 1ère Brigade de la Division Balland, à Gavrelle, il part le 6 octobre, passe par Bapaume, Péronne, Saint-Quentin, Guise et arrive le 12 à Etroeungt (560 présents) pour concourir, du 14 au 16, au déblocus de Maubeuge; il est ensuite envoyé en quartiers d'hiver au Nouvion.

Le 6 février 1794, le 2e de la Somme reçoit, au Nouvion, 533 réquisitionnaires de Joigny (6 Compagnies du 10e Bataillon de l'Yonne) et passe, le 17, la revue de nouvelle formation (1.082 présents) ; il cantonne en mars à Oisy et, le 15 avril, est amalgamé, près Catillon, avec le 1er Bataillon du 62e Régiment et le 1er de la Vienne, pour former la 123e Demi-brigade (entrée, le 27 février 1796 dans la composition de la 99e nouvelle).

Etat des cadres au moment de l'amalgame.
Chef : Ledour* (L.-I.). Quartier-maître : Foucault (C-L.). Adjudant-Major : Turquet (L.-L.-E.). Chirurgien : N... Adjudant Sous-Officier : Verdin (L.-D.).
Grenadiers : Capitaine de Parvillers (I. M.). Lieutenant Courcelles (P.). Sous-Lieutenant Rouvroy (N.).
1ère Compagnie : Capitaine d'Hilly (F. A.). Lieutenant Beaucourt (J.). Sous-Lieutenant Ballue (L. E.).
2e Compagnie : Capitaine Carpentier (L. A.). Lieutenant Belhomme* (P.). Sous-Lieutenant Lefebvre (H. J.).
3e Compagnie : Capitaine Veret (C. H.). Lieutenant Morel (F. N.). Sous-Lieutenant Engramer (E. F.)
4e Compagnie : Capitaine Froissart (C). Lieutenant de Bailly (F. N.). Sous-Lieutenant Willemont (C. F.)
5e Compagnie : Capitaine Langlet (B. N.). Lieutenant Tardieu (T.). Sous-Lieutenant Leroux (C).
6e Compagnie : Capitaine Goguet (J.). Lieutenant Bourdon (C). Sous-Lieutenant Bedhomme* (F.).
7e Compagnie : Capitaine Rigault (F.). Lieutenant Varrez* (L. F.). Sous-Lieutenant Damay (A.).
8e Compagnie : Capitaine Bernard (A. T.). Lieutenant Rayé (F. F.). Sous-Lieutenant Dennezon (C).

- 1er Bataillon de la Vienne

L'essentiel de ce qui suit est tiré de l'ouvrage "Bataillons de volontaires nationaux, Cadres et historiques", de G. Dumont.

Composé de 551 volontaires formés en Compagnies dans les divers districts, rassemblés à Poitiers le 19 novembre 1791 et organisés en Bataillon du 22 au 24. Il est passé en revue le 25 par le Maréchal de camp d'Harambure, assisté du Commissaire ordonnateur de Vareilles et de MM. Babert de Juillé, Bonin de Noire, Bricard, de Moustier, Fradin et Rougier, Commissaires du département, et reçu, bien qu'incomplètement armé, habillé et équipé.

Etat des cadres à la formation (Revue du 2d novembre 1791). Un astérisque (*) placé à la suite du nom indique que l'Officier a servi soit dans les troupes de ligne, soit dans les troupes provinciales.
1er Lieutenant-Colonel Du Moustier de La Fond* (And.-Franc.), de Loudun, 47ans, décoré de l'Ordre Royal de Saint-Louis.
2e Lieutenant-Colonel Babert de Juillé* (Jean-Baptiste l'aîné), de Montmorillon, 51 ans, décoré de l'Ordre de Saint-Louis.
Quartier-Maitre Trésorier Pescher (Etienne-Alexandre), de Paris, 23 ans.
Adjudant-Major Donnadieu* (Michel), de La Rochelle.
Adjudant-Sous-Officier Beaucourt* (Jacques- Désiré), d'Airon, 31 ans.
Chirurgien-Major Corderoy* (François), de Pessac, 22 ans.
Grenadiers : Capitaine Normand (François), de Latus, 32 ans. Lieutenant Laurenceau (Jean-Charles), de Nousmeil, 27 ans. Sous-Lieutenant Rolland (Jean-Marie), de Poitiers, 17 ans.
1ère Compagnie (de Châtellerault) : Capitaine Seuilly* (François), de Châtellerault, 25 ans. Lieutenant Faulcon (Jacques-Michel), de Châtellerault, 23 ans. Sous-Lieutenant Mitault (Louis), de Châtellerault, 24 ans.
2e Compagnie (de Montmorillon) : Capitaine Francheau de La Corbinière (Pier.), du Blanc (Indre), 28 ans. Lieutenant Chambert (Louis), de Montmorillon, 23 ans. Sous-Lieutenant Giberton de Boistailly (Auguste-Franc. -Xav.), de La Trémouille, 39ans.
3e Compagnie (2e de Poitiers) : Capitaine Texier (Alexandre), de Poitiers, 25 ans. Lieutenant Beaugard (Jacques), de Poitiers, 42 ans. Sous-Lieutenant Amiet (Charles-Louis-Hilaire), de Mirebeau, 41 ans.
4e Compagnie (1ère de Civray) : Capitaine Serph (Marie-Louis-Joseph), de Civray, 25 ans. Lieutenant Treuille de Beaulieu (Jeac-Baptiste-Pierre, l'aîné), de Saint-Secondin, 33 ans. Sous-Lieutenant Lortat* (François-Antoine), de Civray, 26 ans.
5e Compagnie (2e de Civray) : Capitaine Vouseleau-Martigny (Antoine), d'Availles, 23 ans. Lieutenant Bourdier de La Maillerie (P.-Paschal), de Charroux, 21 ans. Sous-Lieutenant Duclos (François-Alexandre), d'Availles, 18 ans.
6e Compagnie (de Lusignan) : Capitaine Hastron (Charles-Paul), de Couhé, 28 ans. Lieutenant Presle (François-Antoine), de Lusignan, 31 ans. Sous-Lieutenant Villeneuve (Olivier-Basile), de Lusignan, 24 ans.
7e Compagnie (1ère de Poitiers) : Capitaine Dumeny* (Jean), de Cubry, 33 ans. Lieutenant Pavie (André-Dominique), de Poitiers, 23 ans. Sous-Lieutenant Minoret (Benjamin), de Châtellerault, 20 ans.
8e Compagnie (de Loudun) : Capitaine Haward Boissaudière de La Blotterie* (Jean-Marie-François), de Loudun, 54 ans, décoré de l'Ordre de Saint-Louis. Lieutenant Canuel* (Simon), des Trois-Moûtiers, 24 ans. Sous-Lieutenant Montault (Daniel), de Loudun, 20 ans.

Le 1er Bataillon de la Vienne fait rendre visite par ses Officiers aux corps constitués le 26 et bénir son drapeau par l'évêque, à la cathédrale, le 27. Il se met en route le 18 décembre, passe par Châtellerault, Tours, Blois, Orléans, Etampes et arrive à Milly le 30, "s'étant bien comporté partout".

Le Bataillon repart le 1er janvier 1792 pour Melun, Meaux, Senlis et Compiègne, où il arrive le 7 janvier et demeure en garnison. Il est armé à neuf en février et renvoie le 16, à Poitiers, les fusils prêtés pour la route, "les jeunes gens se comportant très bien, mais ne faisant presque rien". Il est, lors de la déclaration de guerre, affecté à l'armée du Centre, envoyé à Meaux et dirigé, le 26 mai, sur Soissons, Suippes, Clermont, Verdun et Metz, où il arrive le 6 juin (567 présents); il y tient garnison trois mois, réclamant des volontaires de complément. Il prend part au siège de Thionville en octobre et novembre, compte à l'armée de la Moselle; il se constitue le 19 novembre, à Longwy, une Compagnie de canonniers (Capitaine Beaugard, Lieutenant Amiet et Sous-lieutenant Petit) et se trouve, le 29 décembre, en quartiers d'hiver à Villers-la-Montagne.

Le 22 janvier, le 1er de la Vienne est près de Sarrelouis, à Londivilliers, d'où il se plaint vivement des désertions; le 4 mars, sous d'Estournelles, à Deux-Ponts, puis à Spichin le 15 avril. Il est ensuite affecté à l'avant-garde et figure, le 1er mai, au nombre des corps disponibles, reçoit de nombreux recrues le 9 mai, occupe le camp d'Hornbach le 15 et y demeure jusqu'en juillet. Il est désigné, le 19 juillet, pour aller renforcer l'armée du Nord; il se rend d'abord à Metz, laissant son Dépô à Sarrelouis ; il part le 3 août, en poste, passe à Péronne le 7 et rejoint la Division Collaud le 22, à Arleux, puis la Division de Hédouville, à Gavrelle. Il repart le 31 août; se dirige, par Beaumont, Béthune et Saint-Venant, sur Cassel; il prend part à l'affaire de Poperinghe le 3 septembre, passe à Steenworde le 5, concourt à l'attaque de Rexporde le 7, à la bataille d'Hondschoote le 8, à l'affaire de Wervicq le 13 et à celle de Courtrai le 15. Il campe à Monchy-le-Preux le 2 octobre et fait partie de la Division Balland ; il quitte avec elle le camp de Gavrelle le 6, passe le 12 à Etroeungt et concourt, à la 1ère Brigade, au déblocus de Maubeuge, les 15 et 16 octobre (691 présents). Il campe ensuite près Yron, sous d'Hangest, le 13 décembre.

En janvier 1794, le 1er Bataillon de la Vienne compte encore à la Division Balland et cantonne au Nouvion, où l'agent secondaire Thébert lui passe, le 22, la revue d'ancienne formation et lui incorpore, du 2 au 11 février, 494 réquisitionnaires (358 de Dreux et 136 d'Ervy). Il se trouve, en mars, à Oisy, avec son Dépô à Soissons, et est amalgamé, le 15 avril, avec le 1er Bataillon du 62e Régiment et le 2e de la Somme, pour former la 123e Demi-brigade (entrée le 27 février 1796 dans la composition de la 99e nouvelle).

Etat des cadres au moment de l'amalgame.
Chef : Dumeny* (J.). Quartier-maître : Pescher (E.-A.). Adjudant-Major : Delord* (J.-P.). Chirurgien : Corderoy* (F.). Adjudant Sous-Officier : Martineau (L.).
Grenadiers : Capitaine Normand (F.). Lieutenant Lauranceau (J. C). Sous-Lieutenant Audinet (J.).
1ère Compagnie : Capitaine Seuilly* (F.). Lieutenant Mitault (L.). Sous-Lieutenant Berruet (J-).
2e Compagnie : Capitaine deLaCorbinière(P.) Lieutenant Corminier* (P. F.). Sous-Lieutenant Boistailly (A. F. X.).
3e Compagnie : Capitaine Texier (A.). Lieutenant Denis (M. L.). Sous-Lieutenant Jousselin (T.).
4e Compagnie : Capitaine Aymé (J.). Lieutenant Ingrand* (P.). Sous-Lieutenant Dubois* (J.).
5e Compagnie : Capitaine Martigny (A.). Lieutenant Duclos (F. A.). Sous-Lieutenant Corderoy (J.).
6e Compagnie : Capitaine Hastron (C. P.). Lieutenant Villeneuve (O. B.). Sous-Lieutenant Tard (J.).
7e Compagnie : Capitaine Pavie (A. D.). Lieutenant Minoret (B.). Sous-Lieutenant Gibault.
8e Compagnie : Capitaine Grignon* (J.). Lieutenant Létourneau (P. C). Sous-Lieutenant Richard* (A.).

- 4e Bataillon de la Marne

L'essentiel de ce qui suit est tiré de l'ouvrage "Bataillons de volontaires nationaux, Cadres et historiques", de G. Dumont.

Composé de 465 volontaires du district d'Epernay, rassemblés à Reims le 4 septembre 1791, formés en Compagnies le 7 et organisés en Bataillon le 8. Ce Bataillon tire au sort, le 12, le n° 4, puis est passé en revue le 14 par le Maréchal de camp de Carové, assisté du Commissaire des guerres Chaudeau et de MM. Duverger de Guy et Bruyant, Commissaires du département.

Etat des cadres à la formation (Revue du 14 septembre 1791). Un astérisque (*) placé à la suite du nom indique que l'Officier a servi soit dans les troupes de ligne, soit dans les troupes provinciales.
1er Lieutenant-Colonel Duverger de Cuy* (Jean-Rémy), de Vitry-le-Francois, 60ans, décoré de l'Ordre de Saint-Louis.
2e Lieutenant-Colonel Failly (Louis- Jacques), de Dormans, 27 ans.
Quartier-Maître Trésorier Chevalier (Pierre-Frariçois-Germain), d'Athis, 24 ans.
Adjudant-Major N...
Adjudant Sous-Officier Mousset* (Louis), de Saint-Christophe (Eure), 31 ans.
Chirurgien-Major Hortet* (Joseph), de Saint-Felin-d'Avall, 22 ans.
Grenadiers : Capitaine Clouet* (Pierre), d'Epernay, 48 ans. Lieutenant Pivain dît La Marine* (Etienne), de Châlons-sur-Marne, 59 ans. Sous-Lieutenant François dit Chauffour (Vict.-lsaac-Nicolas), d'Ay, 19ans.
1ère Compagnie : Capitaine Fagnier (Pierre-Franc. -Louis-Nicolas), de Dormans, 19 ans. Lieutenant Cordelle* (Jean-Pierre), de Crécy-sur-Seine (Aisne) , 40 ans. Sous-Lieutenant Braine* (Antoine), de Reims, 43 ans.
2e Compagnie : Capitaine Varin (Jacques-Ferdinand), de Dormans, 21 ans. Lieutenant Prévost (Louis-Charlemagne), de Dormans, 23 ans. Sous-Lieutenant Baron* (Philippe), de Chavot, 54 ans.
3e Compagnie : Capitaine Poittevin* (Joseph), de Cumières, 36 ans. Lieutenant Godard (Nicolas), de Cumières, 20 ans. Sous-Lieutenant Fourché (Louis), d'Epernay, 21 ans.
4e Compagnie : Capitaine Jarot* (Jean-Baptiste-Hubert), de Vaudières, 29 ans. Lieutenant Magne* (Jean-Baptiste), de Dormans, 48 ans. Sous-Lieutenant Gérard* (Claude-André), de Verzy, 28 ans.
5e Compagnie : Capitaine Cailliet (Jean-Louis), de Port-à-Binson, 26 ans. Lieutenant Failly (Joseph-François), de Dormans, 20 ans. Sous-Lieutenant Dupont (Jean-Nicolas), de Venteuil, 23 ans.
6e Compagnie : Capitaine Bailly* (Franc. -Romain), de Demange-aux-Eaux (Meuse),
50 ans. Lieutenant Muiron* (Léger), d'Epernay, 24 ans. Sous-Lieutenant Bouyé dit Bouillier* (Jean-François), d'Epernay, 33 ans.
7e Compagnie : Capitaine Cousin (François-Nicolas), d'Epernay, 20 ans. Lieutenant Guérin (Nicolas), d'Ay, 33 ans. Sous-Lieutenant Guérin (Isaac-Nicolas), d'Ay, 20 ans.
8e Compagnie : Capitaine Leulier (Jean-Nicolas), d'Epernay, 25 ans. Lieutenant Trélon (Jean-Joseph- Augustin), de Dormans, 18 ans. Sous-Lieutenant Philipponat (Claude-François), d'Epernay, 19 ans.

Le 4e Bataillon de la Marne part le même jour, après la bénédiction du drapeau, pour Rethel et Chesne-le-Populeux, où il demeure en cantonnement environ trois semaines. Il repart le 10 octobre, passe par Charleville et Aubigny et gagne, le 13, Rozoy-sur-Serre et Montcornet. Il reçoit là plus de 70 recrues pour se compléter et passe l'hiver à faire de l'instruction. Il compte à l'armée du Centre, sous Lafayette.

Le 4e de la Marne quitte ses cantonnements le 10 février 1792 et, par Aubenton, vient tenir garnison à Rocroi le 11; il y reste jusqu'à la réception de l'ordre du 29 avril qui l'envoie à Givet et, de là, au camp de Rancennes, laissant son Dépô sur place à Rocroi. Il prend part, le 5 mai, à la marche de l'armée sur le camp retranché de Maubeuge ; il ne prend pas part à l'affaire de La Glisuelle, mais figure à l'enterrement de Gouvion, le 13. Il repart avec l'armée, pour la Lorraine, le 1er juillet; célèbre la fête du 14 juillet à Maubert-Fontaine, cantonne le 1er août à Chauvency-le-Château et à Saint-Hubert, puis est utilisé, le 5, à renforcer la garnison de Montmédy. Il est bloqué dans cette place le 31 août, après la capitulation de Longwy, et y est maintenu après le déblocus du 20 octobre, tout l'hiver, comptant à l'armée de la Moselle.

Le 1er janvier 1793, le 4e de la Marne est à Montmédy (effectif : 586); il est mis en route le 8 mars pour rejoindre l'armée des Ardennes, passe par Sedan, Mézières et arrive le 11 à Givet-Charlemont (477 présents). Il reçoit, en cette garnison, plus de 200 recrues pendant les mois d'avril et de mai, et ne la quitte plus que pour quelques petites opérations de guerre, mais détache à Bouchain quatre Compagnies comptant 232 hommes, en juillet. Il perd tant à la sortie de Bouchain le 12 septembre, qu'aux environs de Givet, 2 Officiers et plus de 180 Sous-offîciers, Caporaux et volontaires. Il reçoit, le 27 novembre, environ 360 réquisitionnaires, en majorité du district de Reims, et 525 autres le 30 décembre.

Le 1er janvier 1794, le Bataillon est en garnison à Givet (effectif : 1228), avec de petits détachements à Fumay, Revin, Geffine, Vireux et Montigny. Il passe, le
20 janvier, la revue de nouvelle formation de l'agent secondaire Marthe, assisté du Commissaire des guerres Claude, et n'a plus que 598 hommes présents. Il est amalgamé le 26 mars, à Givet, avec le 2e Bataillon du 94e Régiment et le 6e de la Marne, pour former la 172e Demi-brigade (entrée, le 1er mars 1796, à l'armée de Sambre-et-Meuse, dans la composition de la 99e nouvelle).

Etat des cadres au moment de l'amalgame.
Chef en 1er : Failly (L.-J.) ; en 2e : Magne* (J.-B.). Quartier-maître : Chevalier (P.-F.-G.). Adjudant-Major : Mousset* (L.). Chirurgien : Duval (L.-T.) Adjudant Sous-Officier : (N.).
Grenadier : Capitaine Clouët* (P.). Lieutenant Braine* (A.). Sous-Lieutenant Chauvelle (A. V.).
1ère Compagnie : Capitaine Fagnier (P. F. L. N.). Lieutenant Prévost (L. C). Sous-Lieutenant Mazères (H. F.).
2e Compagnie : Capitaine Varin (J. F.). Lieutenant Baron* (P.). Sous-Lieutenant Baudot* (P. F.).
3e Compagnie : Capitaine Pivain* (E.). Lieutenant Chauffour (V. 1. N.). Sous-Lieutenant Fourché (L.),
4e Compagnie : Capitaine Jarot* (J. B. H.). Lieutenant Gérard* JC. A.). Sous-Lieutenant Boucher (P. F.).
5e Compagnie : Capitaine Cordelle* (J. P.). Lieutenant Dupont (J. N.). Sous-Lieutenant (vacant).
6e Compagnie : Capitaine Bailly* (F. R.). Lieutenant Muiron* (L.). Sous-Lieutenant Bouillier* (J. F.).
7e Compagnie : Capitaine Cousin (F. N.). Lieutenant Tourneur (H. J.). Sous-Lieutenant Vailly (P.).
8e Compagnie : Capitaine Leulier (J. N.). Lieutenant Trélon (J. J. A.). Sous-Lieutenant Philipponat (C*. F.).

- Début de la campagne de 1796 - Passage du Rhin

"A la suite d'un armistice, la 95e se rendit à Weissembourg pour une nouvelle organisation de l'infanterie. Elle y fut amalgamée avec la 140e pour n'en former qu'une seule. Les numéros furent tirés au sort, et la demi-brigade prit celui de 62. Par le résultat de cette organisation, les capitaines les moins anciens furent réformés; se trouvant de ce nombre, le capitaine FRIRION quitta le corps et alla habiter Strasbourg, où il fut employé auprès du général Schauenbourg" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

La 62e Demi-brigade, ainsi constituée, fait partie de l'Armée de Rhin et Moselle. Elle comprend 3 Bataillons de 9 Compagnies chacun, plus une Compagnie auxiliaire. A cette époque, elle est sous le commandement du Chef de Brigade Gudin.

GUDIN Claude-Louis

Né à Auroux (Nièvre) le 22 mars 1753. A servi dans la Légion Saint-Victor en qualité d'Officier, du 9 mai 1771 jusqu'au 10 juin 1772. Entré dans la partie des Aides le 10 février 1774, y a servi sans interruption jusqu'à la suppression en 1792. Chef de Bataillon au 2e Bataillon de la Creuse, faisant partie de la 62e Demi-brigade le 21 septembre 1792. Chef de Brigade (95e) le 8 messidor an II. Chef de Brigade (62e) le 8 février (sic) 1796.

A fait les campagnes de 1792-an IX inclusivement. A reçu un coup de baïonnette en l'an V sur le devant de la main droite. Blessé à l'affaire de la Trébbia, près Plaisance, 1er messidor an VII, d'un éclat d'obus à la cuisse droite. A été retraité le 26 germinal an XII.

La fortune des armes ne nous a pas été favorable en 1795; l'armée française, après plusieurs échec, a avantageusement profité d'un armistice proposé par l'armée autrichienne et est venue s'établir, à la fin de l'année, sur la rive gauche du Rhin pour prendre ses quartiers d'hiver. Obligée de vivre sur le pays, elle s'étend sur tout le territoire de l'Alsace et de la Lorraine. Le Général Moreau prend le commandement en chef de cette armée.

Les Autrichiens, sous le commandement de l'Archiduc Charles, occupent la rive droite du Rhin, de Bâle à Lauterbourg et les deux rives de ce même fleuve à partir de ce dernier point.

En Italie, une armée française, sous le commandement de Bonaparte, doit agir contre les Austro-piémontais; du côé de Cologne l'Armée de Sambre et Meuse, sous Jourdan, joindrait son action à celle de Rhin et Moselle.

L'armée de Bonaparte ayant pénétré en Italie, le plan du Directoire est le suivant, en ce qui concerne les armées de Rhin et Mosele et de Sambre et Meuse : traverser le Rhin et envahir une partie de l'Allemagne, donner la main à l'Armée d'Italie et marcher sur la capitale de l'Autriche.

Moreau a divisé son armée en trois Corps : l'aile droite sous Férino, le centre sous Desaix, l'aile gauche avec Gouvion Saint Cyr, et une réserve.

La 62e fait partie de l'aile droite et forme, avec la 10e Légère, la Brigade Lambert. Son effectif est d'environ 2350 hommes.

Après divers mouvements faits pour tromper ses adversaires, le Général Moreau décide de passer le Rhin à Kehl et de proposer ensuite la bataille à l'Archiduc. Cette opération, exécutée en face d'une armée ennemie, est peut être la plus difficile qu'un Général ait encore osé entreprendre. Mais l'armée possède dans le courage éprouvé et la ferme discipline de ses soldats les meilleures garanties de succès.

Le secret de l'opération, étudié depuis deux mois, est d'ailleurs bien gardé. Le passage doit s'opérer le 24 juin en deux points principaux : le Général Beaupuis avec les 62e, 103e, 109e Demi-brigades, la 10e Légère, le 6e Dragons, deux Escadrons du 7e Hussards et une Compagnie d'Artillerie légère, a mission de passer le fleuve à Gambsheim. Ces troupes ne peuvent obtenir le succès que méritait leur courage; les bateaux, qui descendent la rivière d'Ill, éprouvent du retard et les îles favorables au débarquement ayant été submergées, on est contraint de se mettre en bataille sous le feu de l'ennemi, l'eau arrivant jusqu'à la ceinture. Cette difficulté n'arrête en rien l'ardeur du soldat, mais la rapidité du courant, qui sépare les îles de la terre ferme, est si grande, qu'il est impossible de faire remonter les bateaux jusqu'au point de passage.

On se voit forcé de se rembarquer et de revenir sur la rive gauche.

Pendant ce temps, l'autre partie des troupes, divisée en trois colonnes, ayant rencontré moins de difficultés, a effectué son débarquement et culbuté les premières troupes ennemies. Le lendemain, la 62, ainsi que le reste de la Division Beaupuis, passe le Rhin à son tour et, dans l'après midi, Desaix, à la tête des Division Beaupuis et Férino, attaque avec une grande vigueur l'ennemi placé à Neumühl, le repousse et lui fait 200 prisonniers.

Le 26, ces deux mêmes Divisions marchent sur le camp autrichien de Willstedt. La Division Beaupuis se dirige sur Offenbourg. Quelque désordre se produit au début dans la tête de colonne, mais il est vite réparé et l'ennemi est chargé avec vigueur.

Nos troupes font preuve d'une rare intrépidité, l'ennemi est chassé de son camp et perd un canon et plusieurs caissons. Dans cette affaire, le Général Beaupuis a été grièvement blessé; il est remplacé par le Général Sainte Suzanne.

- Combats de Renchen (28 juin) et de Rastadt (5 juillet)

Une grande partie des troupes autrichiennes se rassemblant près d'Offenbourg, l'Armée française marche contre elles dans les journées des 27 et 28 juin.

La Division Sainte-Suzanne s'empare, le 27, d'Urloffen après un violent combat.

Sur la journée du 9 Messidor an 4 (27 juin 1796), Decaen raconte : "La 10e demi-brigade d'infanterie légère, commandée par le citoyen Gazan, reçut l'ordre de marcher sur trois colonnes, de diriger une de ses colonnes en côtoyant la lisière d'un bois, à la gauche de la plaine de Sand ou de Griesheim, une autre au centre du bois, et la troisième par la chaussée qui conduit de Sand à Appenweier, en traversant des marais et la largeur du bois, pour arriver sur la grande route de Renchen à Offenburg. La 62e demi-brigade devait exécuter le même mouvement en deuxième ligne. Deux pièces d'artillerie légère du citoyen Mosel et trois escadrons du 8e chasseurs marchèrent avec la colonne du centre ; quatre autres pièces d'artillerie et les pièces de bataillon de la 62e, le 6e régiment de dragons et le 4e escadron du 8e faisaient partie de la colonne de gauche.
Il se commit une erreur qui aurait causé des inconvénients si, de suite, je n'avais point réparé la faute. La cavalerie et l'artillerie s'étaient avancées sur la chaussée qui conduit à Appenweier, sur laquelle devaient marcher deux bataillons d'infanterie. J'étais resté en arrière pour faire filer et distribuer les colonnes. Par une méprise, cette colonne d'infanterie avait pris une autre direction : le chef avait entendu qu'il devait se porter sur Offenburg par le chemin le plus court. Un poste ennemi, composé de cavalerie et d'infanterie, fit feu sur l'avant-garde des chasseurs à cheval. L'ennemi avait à Appenweier deux pièces de canon avec lesquelles il pouvait défendre avec avantage la sortie du défilé. Il s'en servit alors pour tirer plusieurs coups. Je fis aussitôt faire un mouvement rétrograde à la colonne, faisant soutenir ce mouvement par le feu d'une de mes pièces d'artillerie légère, et j'envoyai chercher la première infanterie qui se trouverait à proximité. Deux bataillons de la 97e demi-brigade, qui étaient destinés pour la réserve, reçurent cet ordre. Lorsqu'ils furent arrivés à environ 200 toises d'Appenweier, je les disposai pour aller attaquer vigoureusement ce village, qui fut bientôt enlevé ; à cet effet, je fis marcher un bataillon pour le tourner par la gauche, tandis que l'autre l'attaquerait de front et par la droite. Je fis soutenir cette attaque par le feu de deux pièces de canon. L'ennemi ne fit pas une longue résistance : il se retira du côté de Renchen. Mais à peine quelques volontaires étaient entrés dans ce village, que des cuirassiers de Kavanagh les chargèrent. Aussitôt, je fis marcher contre eux l'escadron du 8e chasseurs et un escadron du 6e dragons qui tombèrent dessus avec une vigueur extrême. Ils en tuèrent, blessèrent et firent prisonniers au moins une centaine ; une soixantaine de chevaux furent aussi pris. Le reste, formant plus d'un escadron, aurait subi le même sort si j'avais pu me servir de tout ce que j'avais de cavalerie pour le poursuivre. Mais comme j'appréhendais que l'ennemi ne vint me prendre sur mes derrières, je fis marcher trois escadrons du 6e et trois pièces d'artillerie légère pour contenir ce qui pourrait venir du côté d'Offenburg.
Le citoyen Fauconnet, commandant du 6e dragons, et depuis, général, s'occupa de cette partie avec ce petit corps d'observation.
Le général Sainte-Suzanne avait marché avec sa brigade sur Urloffen qui fut enlevé de vive force par la 10e brigade d'infanterie de ligne, conduite par l'adjudant général Levasseur …
Je n'avais pu suivre le mouvement des 10e et 62e demi-brigades. La circonstance qui s'était présentée à Appenweier m'en avait empêché, mais le général Desaix avait surveillé leur mouvement.
L'attaque sur Offenburg n'eut pas le résultat qu'on en attendait ; on se canonna réciproquement et l'ennemi fut seulement resserré dans sa position …
A 10 heures du matin environ, le général Desaix, que j'accompagnais, repartit d'Offenburg pour se rendre à Appenweier, afin de concerter l'attaque préméditée avec le général Sainte-Suzanne mais des tirailleurs avaient déjà engagé une affaire qui eut le dénouement le plus extraordinaire. Le canon tirait de part et d'autre. Le général Desaix ordonna de suite les dispositions suivantes : trois pièces d'artillerie légère de la 1re compagnie du 2e régiment furent avancées en avant de la Holchen, soutenues par le 6e régiment de dragons et un escadron du 8e régiment de chasseurs. Le 14e régiment de cavalerie fut également avancé pour soutenir ces deux corps de troupes légères. Le reste de l'artillerie resta en arrière de la Holchen avec le 15e régiment de cavalerie et deux régiments de carabiniers ; la 62e demi-brigade d'infanterie fut placée derrière cette rivière, ainsi que les deux bataillons de la 97e demi-brigade ; la 103e demi-brigade fut placée en réserve en avant d'Appenweier, tandis que la 10e d'infanterie légère reçut ordre de côtoyer la montagne pour venir appuyer le flanc droit des troupes françaises. Sainte-Suzanne occupait la hauteur en avant d'Urloffen et avait sa gauche vers Bolzhurst.
Les Autrichiens, commandés par les généraux Devay et Sztaray, avaient toutes leurs forces, dont la majeure partie en cavalerie, dans le bois de Renchen, et ne faisaient paraître que quelques hussards de Szekler à l'entrée du bois devant le front des villages d'Erlach et de Stadelhofen. Ils apercevaient tous les mouvements des Français sans qu'on pût s'apercevoir d'aucun des leurs, ce qui obligea de prendre les plus grandes précautions pour les tâter. On fit marcher contre eux quelques tirailleurs de cavalerie qui furent attirés proche du bois par les hussards de Szekler qui, aussitôt, chargèrent les nôtres. Un escadron de chasseurs marcha pour les soutenir. Aussitôt, les Autrichiens sortirent du bois en grande quantité et auraient enlevé l'escadron de chasseurs, ou au moins une partie, si le 6e régiment de dragons n'avait pas marché à son secours, soutenu par le 15e régiment de cavalerie qui contribua pour beaucoup à décider l'ennemi à se retirer. Il fut un moment où près de deux mille hommes de cavalerie étaient prêts à se choquer, et peut-être qu'à cet instant t'affaire aurait été décidée. Mais un plus beau triomphe était réservé ce jour-là à l'armée française.
L'ennemi, n'ayant pas réussi par cette ruse, se reporta sur sa droite, sortit des bois par la route de Renchen, chercha à tourner deux pièces d'artillerie qu'on avait avancées pour battre sur le premier débouché où il avait paru ce second mouvement ne fut pas plus heureux pour lui que le premier. Cependant, il fit de grandes démonstrations sur ce point, et lorsqu'il crut que notre attention était toute portée sur la gauche, il fit apercevoir un nouveau mouvement sur notre droite ; des cuirassiers d'Anspach furent assez téméraires pour oser une charge dans un terrain marécageux, sur les bords de la Holchen, et pour passer cette rivière qui était guéable, afin de nous dépasser ; ce terrain était en outre coupé par des haies, derrière lesquelles j'avais disposé un bataillon d'infanterie de la 97e. Les cuirassiers reçurent quelques coups de fusil à leur approche. Cela ne les empêcha pas de continuer leur charge. Ils avancèrent sur l'infanterie qui, avec le plus grand sang-froid, fit une fusillade qui en jeta par terre la plus grande partie ; les autres se retirèrent, en partie blessés, eux ou leurs chevaux. Un instant après, Gazan fit annoncer qu'il occupait Oberkirch, point intéressant puisqu'il ôtait à l'ennemi un de ses chemins de retraite, et rendait sa communication avec le corps d'armée du Haut-Rhin de plus en plus difficile. Le général Desaix s'y porta pour le reconnaître. Pendant son absence, nous fûmes assez tranquilles ; au centre seulement on se canonnait ; il n'en était pas de même de la gauche : l'ennemi y faisait tous ses efforts, mais le général autrichien, ayant sans doute été informé du mouvement qui avait été fait sur sa gauche, se décida à abandonner la position de la Rench ; et, pour couvrir son mouvement de retraite, il fit charger par des hussards de Szekler des tirailleurs des 10e et 62e demi-brigades qui étaient entrés dans le bois et qui s'avançaient dans une futaie très accessible à la cavalerie ; ils auraient même fait beaucoup de prisonniers si le général Sainte-Suzanne, qui n'avait point pris le change, n'avait pas aussitôt donné l'ordre au 4e régiment de chasseurs de prendre en flanc ces hussards, ce qui fut exécuté avec la plus grande célérité.
L'adjudant général Levasseur était à la tête de ce régiment. Le citoyen Fauconnet, chef du 6e dragons, avait aperçu ce mouvement et s'était mis en devoir de le seconder. Ayant également aperçu que la cavalerie ennemie, qui était en avant d'Erlach, faisait aussi un mouvement de retraite, j'ordonnai à toute la ligne de suivre le mouvement de la gauche et de serrer l'ennemi, ce qui fut exécuté avec une telle précision que le 6e dragons et le 15e de cavalerie s'ébranlèrent et chargèrent l'ennemi de front tandis que le 4e chasseurs le prenait sur son flanc droit. Les Autrichiens furent poussés avec tant de vigueur qu'ils s'encombrèrent dans les défilés qu'ils avaient à passer, perdirent toute leur artillerie, au nombre de dix pièces de canon et les caissons. Plus de six cents chevaux furent pris ou tués dans cette journée ; mille à douze cents prisonniers furent faits. Le citoyen Rapatel, aide de camp du général Sainte-Suzanne, à la tête d’un parti de cavalerie, les poursuivit l'épée dans les reins jusqu'au-delà d'Anspach. Jamais déroute ne fut plus complète. Ils furent également poursuivis par leur gauche, mais ils avaient détruit les ponts sur la Rench de ce côté, de manière qu'ils évitèrent le sort qu'éprouva la droite. L'ennemi avait fait une très grande faute d'avoir accumulé toute sa cavalerie sur le même point et de n'avoir pas pris les précautions convenables pour garder la tête des défilés qu'il avait laissés derrière lui.
Le général Sainte-Suzanne avait à appréhender, pendant toute l'affaire, que l'ennemi ne fit un mouvement sur la gauche de l'armée française, qu'il lui était très facile de tourner puisqu'elle ne se prolongeait que vers Bolzhurst.
Aussitôt après le mouvement rétrograde de la cavalerie autrichienne, il fit attaquer par un bataillon de la 109e et un autre de la 10e d'infanterie de ligne le village de Wagshurst dans lequel l'ennemi se défendait avec opiniâtreté, mais qui pourtant fut obligé de faire le mouvement qu'avait fait sa gauche. Cette attaque fut dirigée par l'adjudant général Place ; les deux bataillons précités s'y comportèrent avec une grande valeur ; les chefs qui les commandaient méritent les plus grands éloges.
Dans la poursuite qu'on fit de l'ennemi, des chasseurs du 8e régiment, qui se trouvaient près de la montagne, prirent un officier de correspondance qui était chargé de paquets adressés au général La Tour par le général qui commandait les troupes dans le haut Rhin. Ce dernier annonçait, entre autres choses, qu'il avait été forcé de quitter la position d'Offenburg pour se retirer dans la vallée de la Kinzig, et d'autres renseignements précieux ...
" (Journal tenu par le général de brigade Decaen de la campagne qu'il a faite à l'armée de Rhin-et-Moselle, commencé le 6 messidor an IV - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 97).

Le 28, la Division Sainte-Suzanne met en complète déroute une colonne ennemie, qui cherche à la tourner par sa gauche. Cinquante tirailleurs de la 62e, commandés par le Lieutenant Touret, résistent à la cavalerie ennemie; ralliée par son chef, cette petite troupe fond sur une batterie, fait beaucoup de prisonniers et s'empare d'une pièce de canon, qui est ramenée à bras. La nuit seule met fin à la poursuite.

Après ce combat, l'armée française s'empare, sans coup férir, de l'important passage de Knübis.

Jusqu'ici, elle n'a eu affaire qu'à une partie des forces autrichiennes; à partir de ce moment elle va avoir à se mesurer avec l'armée de l'Archiduc Charles qui, à la nouvelle du passage du Rhin, arrive à marches forcées.

Moreau ordonne alors à Saint-Cyr d'attaquer la droite de l'ennemi; le Général Desaix doit l'attaquer de front. Au centre la lutte commence à 4 heures du soir.

La 62e, conduite par Joba et soutenue par la 103e, force le passage de l'Oelbach et attaque avec la plus grande bravoure le bois et le village de Nieder-Buhl, qu'elle emporte après deux heures de combat.

Le Lieutenant Ganivet a puissamment contribué au succès en passant différentes rivières à la tête d'un peloton de Grenadiers et en empêchant l'ennemi de couper un pont sur la Murg. Le mouvement de la 62e permet de tourner l'ennemi, qui est obligé de battre en retraite et éprouve des pertes considérables.

Pour la journée du 16 Messidor an 4 (4 juillet 1796), Decaen raconte : "... Sandweier fut occupé par les 62e et 103e demi-brigades, le 2e chasseurs et 6e dragons ; cette journée, qui nous avait donné la gorge de l'Oosbach et de Baden, fut un accessoire pour faciliter les opérations de l'armée ..." (Journal tenu par le général de brigade Decaen de la campagne qu'il a faite à l'armée de Rhin-et-Moselle, commencé le 6 messidor an IV - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 105).

Concernant la journée du 17 Messidor an 4 (5 juillet 1796), Decaen raconte : ... Les 62e et 103e demi-brigades d'infanterie se distinguèrent également ..." ((Journal tenu par le général de brigade Decaen de la campagne qu'il a faite à l'armée de Rhin-et-Moselle, commencé le 6 messidor an IV - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 106).

- Bataille d'Ettlingen (9 juillet) - Marche sur la Neckar et le Danube

L'Archiduc Charles arrive des bords de la Lahn triomphant et comptant rejeter les troupes françaises au delà du Rhin. Pour exécuter son plan, il place ses troupes entre l'Enz et le Rhin, mais il est prévenu par Moreau, qui, le 9 juillet, ordonne à toutes ses troupes de marcher à l'attaque. L'affaire a lieu non loin d'Ettlingen. La 62e se trouve avec le Corps de gauche, qui ne peut empêcher l'ennemi de gagner du terrain; mais notre droite est victorieuse, aussi l'Archiduc se retire t'il sur Pforzheim.

A la suite de la bataile d'Ettlingen, Moreau se contente de suivre l'Archiduc pas à pas. C'est ainsi qu'après divers engagements aux environs de Stuttgard, notamment à Kannstadt, le 21 juillet, l'Armée française arrive sur la rive droite du Neckar.

Concernant la journée du 4 Thermidor an 4 (22 juillet 1796), Decaen raconte : "… Le 4, la 10e légère avait reçu l'ordre d'appuyer à la droite, avec le 4e chasseurs, pour favoriser l'attaque de l'avant-garde du général Saint-Cyr, qui tenta le passage de Cannstatt. Le 6e dragons et trois pièces d'artillerie légère de la compagnie de Mosel furent également envoyés. Mais, ayant reçu l'ordre de marcher sur Ludwigsburg, je fis revenir ces deux derniers corps à ma colonne, à laquelle avait déjà été réunie la 62e demi-brigade. Je traversai cette ville avec toute ma brigade.
Sur les 4 heures après midi, ayant été reconnaître les ennemis, je trouvai quelques avant-postes sur la rive gauche du Neckar. La partie de l'armée ennemie sur ce point était composée des troupes saxonnes. Après avoir repoussé tous les avant-postes au-delà de cette rivière, je fis prendre position à l'avant-garde, appuyant sa gauche au Neckar, à la hauteur du village de Hochberg qui formait la droite de l'ennemi, et ma droite se prolongeant de manière à se lier avec la 10e légère qui occupait le village de Kornwestheim.
Les Saxons n'avaient pas souffert volontiers qu'on les obligeât à quitter la rive gauche du Neckar. C'est au point de Hochberg surtout qu'ils furent le plus opiniâtres. Aussi s'y fusilla-t-on toute la nuit. Deux compagnies de la 62e, qui étaient dans cette partie, ne voulurent pas céder à cette opiniâtreté ; les eaux du Neckar n'étant pas profondes dans cette partie, quelques soldats le traversèrent, et parvinrent, maigre le feu de la rive opposée, à s'emparer d'un pont de barques que l'ennemi avait reployé sur cette rive. Cet acharnement des soldats de la 62e aurait sûrement entraîné une canonnade de la part des ennemis pour défendre ce passage si, le 5, au point du jour, je n'avais pas reçu l'ordre de faire un mouvement pour appuyer à ma droite et prendre position, ma gauche à Zatzenhausen et ma droite à Feuerbach ...
" (Journal tenu par le général de brigade Decaen de la campagne qu'il a faite à l'armée de Rhin-et-Moselle, commencé le 6 messidor an IV - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 119).

La marche se poursuit, la 62e occupant toujours la gauche avec le Corps de Desaix; le 3 août, ce dernier s'avance sur la position de Neresheim.

Sur la journée du 19 Thermidor an 4 (6 août 1796), Decaen écrit : "… Le surplus de la division était resté aux environs d'Aalen ; le général Joba avait pris position auprès de Königsbronn avec la 62e et le 6e dragons ..." (Journal tenu par le général de brigade Decaen de la campagne qu'il a faite à l'armée de Rhin-et-Moselle, commencé le 6 messidor an IV - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 125).

Dans la journée du 8, plusieurs attaques se produisent; la 62e, placée en réserve, n'y prend point part.

Après ces combats, la distance entre les armées adverses se trouve tellement réduite qu'une grande bataille est inévitable.

"Pendant ce temps, l'armistice avait été rompu par l'ennemi, et les armées avaient repris leur ligne de bataille; le général Moreau avait passé le Rhin, et son armée s'avançait victorieuse dans le Wurtemberg et en Bavière. A la nouvelle des succès de nos armées, enflammé d'une ardeur guerrière et impatient de rejoindre ses camarades en face de l'ennemi, le capitaine FRIRION avait refusé les positions avantageuses d'aide-de-camp auprès des généraux Schauenbourg et Lambert qui avaient apprécié les brillantes qualités qui le distinguaient et lui témoignaient un chaleureux intérêt.
A la première vacance, ses désirs furent satisfaits : il fut rappelé à son ancien régiment, la 62e, où il arriva le 23 thermidor an IV, veille de la bataille de Néresheim. Dans cette journée, il combattit en tirailleur depuis une heure de l'après-midi jusqu'au soir
" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

- Bataille de Neresheim (11 août)

L'armée ennemie vient d'acquérir une force considérable par sa jonction avec son aile gauche, alors qu'au contraire l'armée française est privée de son aile droite, détachée depuis le commencement de la campagne. A la pointe du jour, le 11 août, nos avant-postes sont attaqués. Notre centre, qui se trouve dans une position avantageuse, est culbuté; pendant ce temps, la 62e, avec la Brigade Decaen, s'avance sur Schweindorf et s'en empare. Le Capitaine Picot, à la tête de sa Compagnie, enlève un étendard à un Escadron autrichien; d'un autre côté, un Bataillon de la Demi-brigade fait 600 prisonniers. Cette opération est facilitée par la belle manoeuvre du Lieutenant Ganivet, qui, avec un peloton de Grenadiers, tient en echec l'ennemi embusqué dans un ravin.

Concernant la journée du 24 Thermidor an 4 (11 août 1796), Decaen raconte : " ... Ayant vu le chef de brigade Gazan, qui me dit que l'ennemi l'avait attaqué avec quatre bataillons et quatre pièces d'artillerie, après avoir pris connaissance des dispositions qu'il avait faites pour lui résister, je me portai vite à ma droite pour savoir dans quel état elle était. Ayant fait placer trois escadrons du 8e régiment de chasseurs au débouché de ma route de Nördlingen pour parer aux premiers accidents, la suite de la bataille nous prouva que l'ennemi n'avait fait là qu'une fausse attaque.
Il n'en était pas ainsi à ma droite, où je me portai rapidement. L'ennemi ayant déjà eu l'avantage de culbuter la brigade du général Lambert, qui faisait l'appui de mon flanc droit, avait fait une attaque vigoureuse à mes avant-postes, qui avaient été forcés de se replier. Le terrain dont il s'était emparé lui donna l'avantage de déployer huit pièces d'artillerie contre trois que j'avais sur ce point. Les talents du brave citoyen Mosel et la bravoure de ses canonniers surent suppléer au nombre. Toute la ligne, à droite, était aux prises. Il me restait encore, à moi, deux points où je m'attendais à être attaqué, et qui jouissaient de la plus grande tranquillité : c'était le front des 1er bataillon de la 10e légère commandé par le citoyen Devillers, 1er et 2e de la 10e de ligne commandés par Missire et Béchot ; deux occupaient le bois où l'on s'était battu le 21, et celui de Missire, adossé à un bois en arrière de Herdtfeldhausen, occupait ce village. Un avant-poste occupait un chemin qui débouche encore dans la plaine de Neresheim.
Sur ces entrefaites, les généraux Moreau et Desaix arrivèrent. Les généraux Beaupuy et Sainte-Suzanne avaient fait comme moi leur premier mouvement avait été de se porter à la gauche. Le général Moreau me demanda si je croyais pouvoir tenir ; je l'assurai que je ferais tous mes efforts, mais que quelques centaines de chevaux avec quatre pièces d'artillerie et un bataillon d'infanterie me serviraient beaucoup. Il m'en fit la promesse « autant, ajouta-t-il, qu'il serait possible », et se dirigea avec promptitude du côté du général Saint-Cyr, qui paraissait aussi bien surchargé. Le général Desaix, de son côté, s'occupa à faire faire des mouvements à la réserve, pour qu'elle pût occuper le plateau en avant de Mörtingerhöfe, dont l'ennemi n'avait encore pu s'emparer, ayant été empêché par quelques troupes de la brigade Lambert qui lui faisaient obstacle.
Cette digression m'a empêché de dire plus tôt qu'a peine le général Moreau m'avait quitté que deux colonnes d'infanterie ennemie s'avancèrent sur les deux points que j'ai précités. La résistance de mes troupes fut vigoureuse ; mais l'attaque qu'avait faite l'ennemi, dès le commencement de l'affaire, sur le bataillon qui était enfourché sur la route de Nördlingen à Neresheim, lui avait facilité le moyen d'inquiéter le flanc gauche du bataillon de Missire. Avec cela, l'ennemi avait amené avec lui du canon, et, sur ces deux points, je n'en avais pas les deux pièces de 4 étaient placées en arrière, sur une position avantageuse, où je devais faire ma retraite au besoin.
Si la résistance de mes troupes était vigoureuse, l'attaque de l'ennemi ne l'était pas moins : la mitraille surtout me faisait bien souffrir, et je perdais un peu de terrain. L'ennemi s'étant trouvé à portée des petites pièces de 4, il fut arrêté par leur feu. La canonnade de l'artillerie légère allait toujours son train enfin arriva le bon et brave général Beaupuy, qui s'était occupé à faire ses dispositions pour me recevoir, si j'avais été obligé de céder tout mon terrain. Le général Sainte-Suzanne s'occupait particulièrement de l'ennemi sur le point où était l'artillerie légère.
Le général Beaupuy m'annonça deux bataillons de la 62e. Je sentis alors quelque chose que je ne saurais exprimer : j'avais reconnu, la veille, un petit chemin dans le bois par lequel on pouvait passer avec une pièce d'artillerie et par lequel on arrivait au village de Herdtfeldhausen ; arrivé à ce point, le terrain perdu était repris et l'ennemi forcé à la retraite. Je demandai au général Beaupuy deux bataillons. Le 1er de la 62e commandé par le citoyen Beaufils, était celui qui me fut désigné. Je chargeai le chef de bataillon Marcognet, que je m'étais adjoint depuis qu'il avait été élevé à ce grade, de le diriger et de mener avec lui une pièce de 4 ; l'autre bataillon de la 62e fut placé de manière à pouvoir être porté sur les points nécessaires je donnai aussi une position favorable à une pièce d'artillerie qui était venue avec ces deux bataillons.
Le plateau de Mörtingerhöfe était fourni de forces suffisantes pour empêcher le projet de l'ennemi, qui avait sans doute eu l'intention de couper l'aile gauche du centre de l'armée ; notre droite ainsi appuyée nous mit dans le cas de pouvoir agir offensivement. Le général Beaupuy ordonna donc de frapper avec une nouvelle vigueur. Marcognet l'avait déjà prévenu avec le bataillon de la 62e, il avait tombé sur l'ennemi avec impétuosité, l'avait forcé à la retraite et fait environ trois cents prisonniers (I). L'artillerie légère fit des mouvements en avant, et tira tellement bien que l'ennemi, qui jusqu'alors avait paru être le vainqueur, fut obligé de faire sa retraite. Le citoyen Fauconnet, commandant le 6e dragons, qui, avec deux escadrons de son régiment, avait contenu quatre fois plus de cavalerie qu'il n'en avait, fit serrer l'ennemi dans sa retraite. Mais, comme le terrain n'était pas bien propice, il ne put pas lui causer grand dommage ; il ne fit que quelques prisonniers.
Nous eûmes, avec l'avantage d'avoir résisté, celui de gagner la lisière d'un bois qui nous procurait mieux la vue de l'ennemi, en empêchant celui-ci d'apercevoir aucun des mouvements que nous aurions pu faire, si nous avions voulu l'attaquer, comme on le verra dans le rapport du 25 ...
" (Journal tenu par le général de brigade Decaen de la campagne qu'il a faite à l'armée de Rhin-et-Moselle, commencé le 6 messidor an IV - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 131).

La nuit arrivant, on se décide à remettre le mouvement décisif au jour suivant, mais le lendemain, l'ennemi n'attend pas notre attaque et décampe.

- Passage du Danube et du Lech - Combat de Geisenfeld (1er septembre)

L'ennemi, abandonnant sa position avantageuse entre les deux armées françaises d'Allemagne, traverse le Danube; l'Armée de Rhin et Moselle, au lieu d'effectuer sa jonction avec celle de Sambre et Meuse, passe le même fleuve à la suite de l'armée autrichienne et marche sur Augsbourg. L'Archiduc profite de la faute commise : il laisse le Général Latour devant l'Armée de Rhin et Moselle et va battre celle de Sambre et Meuse.

Malgré le mauvais état des gués, Moreau traverse le Lech, met les Autrichiens de Latour en complète déroute et ordonne à Desaix d'aller, avec une partie de la Division Beaupuis, attaquer la tête de pont d'Ingolstadt. La 62e fait partie de ce détachement, qui, selon les prévisions du Général en chef, ne devait trouver devant lui que des forces peu importantes. Mais, le 1er septembre, nous sommes assaillis par des forces considérables.

L'attaque des Autrichiens est si vigoureuse que l'avant-garde française est ramenée sur le corps de bataille.

Un combat acharné s'engage sur les hauteurs; deux fois les Autrichiens sont refoulés en désordre; leur nombreuse cavalerie veut profiter de prairies spacieuses pour tourner notre aile gauche; heureusement Desaix et Beaupuis ont vu le danger : ils détachent immédiatement trois Régiments de cavalerie, une Compagnie d'Artillerie et un Bataillon de la 62e.

Quelques pelotons du Bataillon sont mis en évidence pour attirer l'ennemi; le reste, se défilant derrière des hauteurs, se range en bataille. La cavalerie ennemie fond sur les pelotons français; à son tour, notre cavalerie la prend en flanc et la force à passer devant la 62e, qui lui fait éprouver des pertes considérables.

La Division Beaupuis reprend l'offensive, poursuit l'ennemi à travers bois et ne s'arrête qu'à la nuit.

"ll (le Capitaine Fririon) prit part ensuite au combat du passage du Lech, à celui de Geisenfeld où son bataillon fut cité, le 15 fructidor, et le 21 du même mois à celui de Neustadt où il perdit avec un regret profond son brave général de brigade Lambert qu'il chérissait" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

Concernant la journée du 15 Fructidor an 4 (1er septembre 1796), Decaen écrit : "... Les corps qui se distinguèrent dans cette journée furent les deux 10e demi-brigades, la 62e, la 97e, la 103e, les 4e et 8e régiments de chasseurs, les 6e et 17e dragons, et le 2e régiment de carabiniers. L'artillerie légère servit avec la plus grande distinction : c'étaient les compagnies des capitaines Mosel et Ponce. Nombre d'officiers se distinguèrent, entre autres l'adjudant général Levasseur, les chef de brigade Gazan, Rivet et Vandermaësen, les chefs de bataillon Marcognet, Missire, Mas, Ducassou, Nagle, Béchot et Montvoisin, le citoyen Fauconnet, commandant le 6e dragons, le chef d'escadrons France, commandant le 8e chasseurs, le capitaine Chalhos et le chef de brigade Scalfort, commandant du 4e chasseurs ; mon aide de camp Coëhorn se conduisit avec sa bravoure et son intelligence ordinaires ..." ((Journal tenu par le général de brigade Decaen de la campagne qu'il a faite à l'armée de Rhin-et-Moselle, commencé le 6 messidor an IV - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 140).

Le 10 septembre, l'armée s'ébranle pour repasser le Danube, la 62e franchit ce fleuve à Neubourg.

Ce mouvement est la conséquence des manoeuvres de l'Archiduc qui, en ce moment, repousse l'armée de Sambre et Meuse et va bientôt pouvoir agir sur les derrières de celle de Rhin et Moselle. Après quelques hésitations, l'armée française revient sur la rive droite du Danube, et le 17 septembre, le Corps de Desaix repousse l'ennemi.

- Retraite de l'armée française

Les troupes autrichiennes sont sur notre flanc gauche, dégarni par le recul de l'Armée de Sambre et Meuse; la retraite s'impose. Obligée de vivre dans un pays insurgé, entourée d'ennemis qui se flattent de la jeter dans le lac de Constance, l'armée française livre de nombreux combats et réussit à rentrer en France.

Jamais battue, très souvent victorieuse, elle légue à l'histoire la retraite la plus glorieuse qu'aucune armée ait jamais accomplie.

La plus sanglante bataille pour l'armée autrichienne est celle de Biberach. Le Général Latour nous serrant de trop près, Moreau veut le châtier de sa témérité. Le Corps de Desaix marche, le 2 octobre, par la chaussée de Riedlingen à Biberach contre la droite ennemie, qui est mise en complète déroute, pendant que notre centre écrase une partie de l'armée autrichienne. Nous ne perdons que 400 hommes, alors que l'armée ennemie est à peu près détruite.

Après cette bataille, la retraite continue.

Le val d'Enfer franchi, les communications avec la France sont assurées. La Division Beaupuis charge l'ennemi le 15 octobre et lui prend quatre Compagnies.

A ce moment, la position des deux armées adverse est la même qu'au commencement de la campagne; le succès définitif va appartenir à celle qui saura le mieux se concentrer.

- Bataille de Waldkirch (19 octobre)

L'armée française, placée sur la rive gauche de l'Elz, près Waldkirch, a deux de ses Divisions, dont celle de Beaupuis, sur la rivre doite de la rivière, en une position favorable.

L'Archiduc, qui a réuni une grande partie de son armée, profite de cet avantage et, après différents combats livrés les jours précédents, lance le 19 ses troupes sur nos positions. A peine l'avant-garde de la Division Beaupuis est elle en mouvement, que son commandant, le Général Decaen, est blessé dans une chute de cheval. Beaupuis accourt : "Aujourd'hui camarade, lui dit-il, c'est à moi de faire le général d'avant-garde, reste à la division". Il y a quelques instants qu'il a prononcé ces paroles lorsqu'il tombe à son tour, mortellement frappé. Le Général Desaix averti, arrive : "Sauvons la Division, dit-il, nous le pleurerons après". Les Autrichiens, enhardis, chargent nos rangs avec la plus grande vigueur, mais enfin elles sont rejetées au délà de l'Elz.

Le Lieutenant Barrey se signale dans cette bataille par son dévouement en se chargeant volontairement, avec 15 hommes de détruire, sous le feu de l'artillerie et de la mousqueterie, un pont qui doit faciliter les mouvements de l'ennemi.

L'armée française n'a perdu que très peu de terrain. Le lendemain, le Général Latour fait ses efforts pour passer la Glotter; quatre fois son avant garde est repoussée par la 50e Demi-brigade et un Bataillon de la 62e.

"L'artillerie légère se distingua particulièrement à l'affaire de Nimburg : la 50e et un bataillon de la 62e défendirent ce poste avec la plus grande bravoure" (Journal général des opérations de l'armée de Rhin-et-Moselle, 29 Vendémiaire an 5. A. H. G. - in : Journal tenu par le général de brigade Decaen de la campagne qu'il a faite à l'armée de Rhin-et-Moselle, commencé le 6 messidor an IV - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 183).

Cependant, le reste de l'armée a été obigé de reculer devant les attaques de l'Archiduc, le Général en chef ordonne alors, le 21, à l'aile gauche de traverser le Rhin pour tenter un coup de main sur Manheim, mais cette diversion est insuffisante et, après le combat de Schliengen, l'armée se retire, par Huningue, sur la rive gauche du Rhin.

Ainsi se termine cette retraite de quarante sept jours, commencée le 10 septembre à Pfaffenhofen et finie le 26 octobre à Huningue. "L'armée avait le plus grand besoin de repos; un tiers des hommes marchait nu-pieds, à peine vêtus, cependant leur démarche était fière et quelque chose de faoouche se faisait voir dans leurs regards".

"A la célèbre retraite de Moreau, où l'on combattit presque tous les jours, le capitaine FRIRION fut chargé d'escorter le grand parc d'artillerie de l'armée pendant toute la durée de la marche jusqu'au passage du Rhin à Brisach" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

Durant toute cette campagne, la 62e fut une des Demi-brigades qui se montrèrent le plus à hauteur de la situation, et dans toutes les circonstances elle mérita les éloges de ses chefs.

- Siège de Kehl (novembre 1796-janvier 1797)

Un autre genre de combats va commencer. Moreau a décidé d'arrêter l'ennemi à Kehl et de l'empêcher de se répandre sur la rive gauche du Rhin. Nous devons une page à ces troupes exténuées de fatigues, qui surent cependant remplir encore entièrement leur devoir.

Les fortifications de Kehl ne sont constituées que par de mauvais ouvrages en terre; les Autrichiens entourent la place d'une ligne de contrevallation formidable.

"A son retour en France, la 62e prit part aux travaux du camp retranché de Kehl, qui alors n'était en rien susceptible de défense; car si l'ennemi l'eut attaqué en cet état, il l'aurait sans nul doute enlevé de vive force, et par là se serait épargné ce siège long et meurtrier dans lequel nos troupes, et particulièrement la 62e, rivalisèrent de bravoure. Le 1er frimaire an V, l'ennemi avait terminé et armé sa ligne de contrevallation, tandis que nos ouvrages étaient peu avancés et que notre camp retranché n'était pas encore en mesure de se défendre. Néanmoins, Moreau ordonna d'attaquer la ligne ennemie" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

Le 22 novembre, les Français font une pointe en avant de Kehl, la 62e marche avec la 97e sous le commandement de Decaen. Elle s'élance sur la redoute N°IX, où le feu le plus terrible l'accueille. Le Chef de Bataillon Beaufils parvient aux retranchements ennemis et y grimpe le premier en s'aidant de ses soldats et de leurs fusils; peu après, un boulet emporte le fourreau de son épée, et, au moment où il se baisse pour aider ses hommes à monter à leur tour, il a le genou percé par une balle; il continue le combat en se faisant soutenir par un Sergent. Le Capitaine Antoine, à la tête d'un Bataillon, entre un des premiers dans les retranchements de l'ennemi; le Lieutenant Barrey suit son exemple et fait plusieurs prisonniers parmi lesquels un Major autrichien.

La 62e enlève la redoute. Le Capitaine Picot est détaché avec sa Compagnie pour s'emparer d'un retranchement, il y entre un des premiers et prend quatre bouches à feu.

Beaufils conduit sa troupe à une deuxième redoute; il est atteint d'un second coup de feu, qui lui déchire un nerf du bras droit, mais il a le bonheur de voir la deuxième redoute emportée par ses soldats. Le Capitaine Corne est tué en montant à l'assaut. Dans cet instant, l'ennemi, revenu de son premier mouvement de stupeur et, s'apercevant que nos troupes ne sont pas soutenues, se jette en forces sur la gauche de la Brigade Decaen. Celle ci recule peu à peu, tandis que le Lieutenant Touret, de la 62e, rallie près de 600 fuyards d'autres Corps, avec lesquels il contient l'ennemi. Le but de la sortie étant atteint, l'armée française rentre dans ses quartiers.

"Alors eut lieu cette grande sortie du 2 frimaire, renommée dans nos annales militaires. Ce jour-là, à six heures du matin, les troupes d'expédition furent prêtes et placées en colonnes près des sentinelles avancées. Il y avait trois attaques commandées par les généraux Lecourbe, Decaen et Cissé. A un signal convenu, les trois colonnes partirent au pas de charge. Celle du centre, où se trouvait la 62e, ainsi que celle de droite escaladèrent la ligne ennemie, y entrèrent et s'emparèrent en outre d'une redoute. Dans cet engagement, le capitaine FRIRION fit prisonnier un officier autrichien. - Ces deux colonnes étaient victorieuses, mais celle de gauche ayant été repoussée et de fortes batteries ayant pris nos colonnes en flanc, la marche fut ralentie, ce qui donna le temps aux réserves ennemies d'arriver sur le champ de bataille. Alors s'y engagea un combat furieux dans lequel nous perdîmes beaucoup de braves. Dans ce moment, le capitaine FRIRION tombe frappé d'une balle dans le cou, son lieutenant et parent, Christophe Fririon, est blessé au flanc par un biscaïen qui lui enlève les chairs jusqu'à l'os de la hanche. Le général Moreau est frappé à la tête, et Desaix avait eu un cheval tué sous lui. Nos troupes combattirent avec le plus grand acharnement, quoique sous les feux croisés de l'artillerie et de la mousqueterie, jusqu'à ce qu'enfin le général en chef eût ordonné la retraite, après avoir recueilli comme trophées de ce sanglant combat dix bouches à feu des Autrichiens, leur en avoir encloué plus de vingt, et leur avoir fait perdre 2,000 hommes tués, blessés ou prisonniers. Notre perte en tués ou blessés fut de 1,500 environ" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

Durant ce siège, les Officiers et les soldats, à moitié nus et manquant de tout, donnent les plus grande preuve de courage et d'abnégation. C'est ainsi que le Lieutenant Barrey, de la 62e, marche à l'ennemi sans être commandé par son tour, et ne cesse de stimuler le courage des soldats; dans une de ces sorties, il reçoit une blessure assez grave.

Presque chaque jour a lieu une attaque de l'ennemi ou une sortie; les Autrichiens continuent leurs travaux et nous serrent de si près qu'il est facile de prévoir la fin du siège.

"Depuis la grande sortie, les Autrichiens travaillèrent sans relâche, nuit et jour, aux travaux du siège. Leur première parallèle étant établie et leurs batteries armées, ils commencèrent leur feu le 8 frimaire, et marchèrent à la sape contre les moindres ouvrages qu'ils auraient du enlever de vive force, d'autant plus que l'intensité du froid et leurs efforts pour entamer la terre qui était gelée et dure comme du roc, les faisaient cruellement souffrir et les fatiguaient beaucoup" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

Le 1er janvier 1797, les troupes de l'Archiduc s'étant emparées de plusieurs de nos retranchements, la 62e essaye, pendant la nuit, de les reconquérir; après les grands efforts, elle doit céder. Le Lieutenant Lenouaud est nommé Capitaine sur le champ de bataile pour la brillante valeur qu'il montra dans une sortie exécutée le 5. Le lendemain, le Capitaine Picot, à la tête de trois Compagnies de Grenadiers de la Demi-brigade, étant seul Officier pour les commander, enlève pendant la nuit, après un combat de plusieurs heures, la redoute dite "du Cimetière".

"Le 17 nivôse, la 62e allant relever la 84e à la redoute du cimetière, rencontra une colonne autrichienne qui était sur le point d'y entrer par la barrière. Elle n'eut que le temps d'accourir pour la fermer, de sorte que les Autrichiens la poussaient d'un côé et les Français de l'autre. Enfin, l'ennemi fut chassé de la redoute et on lui tua encore un millier d'hommes; mais il occupait les autres ouvrages, et en outre, le 19 nivôse, le pont du Rhin avait été coupé par leurs batteries, de sorte que toute communication avec Strasbourg était rompue" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

Comme la place n'est plus tenable, elle est rendue à l'ennemi le 9 janvier. Les troupes françaises repassent sur la rive droite du Rhin avec leurs armes et bagages, ainsi que tout le matériel. L'Archiduc lui même rend justice au courage de la garnison en écrivant : "La garnison se défendit vaillamment et fit tout ce qu'on pouvait espérer".

"Dès lors le général Desaix fut chargé de traiter de la capitulation, par laquelle il fut donné vingt-quafre heures à la garnison pour évacuer le fort de Kehl.
Ce siège avait duré cinquante jours, pendant lesquels nos soldats avaient défendu des ouvrages ébauchés contre des forces considérables et avaient engagé de nombreux et glorieux combats. Les Autrichiens avaient employé autant de moyens et d'efforts contre ces faibles ouvrages que contre la plus forte place de l'Europe. Ils y avaient perdu près de 12,000 hommes par le feu ou les maladies, et les Français n'en comptèrent que 4,000 de pertes. - En récompense de la bravoure qu'avait montrée FRIRION pendant ce long et pénible siège, le colonel Vandermoesen le nomma capitaine de grenadiers
" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

A ce moment, l'armée de Moreau se trouve affaiblie par le prélèvement de renforts qu'elle doit envoyer à l'Armée d'Italie; la 62e Demi-brigade continue à faire partie de l'Armée de Rhin et Moselle, qui, n'ayant pas conclu d'armistice avec l'ennemi, se trouve prête à rentrer en campagne. Le 15 avril, l'Armée se Sambre et Meuse dénonce l'armistice qu'elle a conclu avec les Autrichiens et, le 20 de même mois, une partie de l'Armée de Rhin et Moselle traverse le Rhin à Diersheim. La 62e, qui fait partie de l'aile gauche sous Gouvion Saint Cyr, traverse le fleuve dans la nuit du 22 au 23. L'armée française court au devant d'un succès lorsque les préliminaires de paix, conclus par Bonaparte, l'arrêtent. Elle revient sur la rive gauche du Rhin et le Corps de Gouvion Saint Cyr prend ses subsistances en Palatinat.

Hausse col de la 4e Demi-brigade de 1ère formation

Ci-contre : acte de nomination au grade de Sous lieutenant du Sergent Théodore Gérard, en date du 26 mai 1797 (document communiqué par un de nos correspondants) :

"Aujourd'hui six prairial de l'an 5, le chef de la 62e Demi Brigade s'étant fait représenté le registre d'ancienneté des Sous officiers à l'effet de nommer à un employ de Sous lieutenant vaquant dans la 2e Compie du 3e Bataillon, le citoyen Jean Baptiste Patoux promu de cet employ étant mort à la suite de ses blessures le 18 frimaire an 5, il s'est trouvé après avoir murement examiné ledit registre d'ancienneté des Sous officiers que le Citoyen Theodore Gérard Sergent du 28 may 1791, s'est trouvé le plus ancien; en conséquence il est nommé Sous lieutenant et arrêté qu'il soit reconnu pour ce grade dans la 2e Compie du 3e Bataillon, et ce dans les vingt quatre heures".

Quelques temps après, les deux Armées de Rhin et Moselle et de Sambre et Meuse sont réunies sous le commandement d'Augereau, avec la dénomination d'Armée d'Allemagne.

Le 17 octobre la paix est signée à Campo-Formio.

"Lors du traité de paix de Campo-Formio, l'armée fut mise en cantonnement, et la 62e fut envoyée dans le Palatinat. Par le traité, la France devait avoir la rive gauche du Rhin en échange de Venise qui devait être cédée aux Autrichiens, lorsque Mayence et la tête du pont de Manheim auraient été abandonnés aux Français. En conséquence, un corps de troupes françaises entra à Mayence; un autre corps, dont la 62e faisait partie, marcha sur la tête de pont de Manheim. La colonne arriva le soir en vue du fort; elle s'avançait par la grande route dans la confiance qu'elle entrerait sans résistance en conformité du traité. Les grenadiers du 1er bataillon de la 62e, commandés par le capitaine FRIRION, formaient l'avant-garde. Arrivés à demi-portée de fusil, ils furent assaillis par une grêle de balles, de mitraille et de boulets, lancés des retranchements du fort. Notre colonne perdant du monde, se déploya promptement pour faire face au fort et l'entourer; mais le feu devenant plus vif, nos grenadiers descendirent par le revers de la route, qui faisait un coude en cet endroit, et s'y mirent à l'abri jusqu'à la nuit. L'obscurité couvrant alors la terre, FRIRION s'entendit avec son camarade Marchandon, capitaine de la 2e compagnie de grenadiers. lls s'avancèrent à pas de loup avec quelques hommes pour reconnaître l'entrée du fort; s'étant assurés que cette entrée n'avait pas de pont-levis et n'était fermée que par un cheval de frise mobile, ils firent avancer les trois compagnies de grenadiers, marchant courbés; la barrière fut alors détournée et ils y entrèrent vivement. Ils y étaient déjà quand l'ennemi tirait encore du haut des remparts sur nos troupes déployées dans la plaine; mais, averties de la prise du fort, elles arrivèrent en toute hâte, et la garnison mit bas les armes.
Ce fut donc à l'intelligence et à l'audace du capitaine FRIRION que l'on dut le succès de cette admirable et périlleuse entreprise. Ce brillant fait d'armes, loin d'être récompensé, ne fut même pas mentionné. FRIRION eût mérité le grade immédiat de chef de bataillon; mais aussi modeste que brave, ce beau caractère eùt répugné devant la moindre démarche pour sou avancement. Plein de loyauté, de désintéressement, de dévouement, il n'avait d'autre ambition que le bonheur et la gloire de sa patrie, et ne cherchait sa récompense qu'au fond de sa noble conscience
" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

Le 12 janvier 1798 (23 nivôse an 6), un Arrêté du Directoire Exécutif à Paris, fixe la composition de l'Armée d'Angleterre :
"LE DIRECTOIRE EXECUTIF,
Considérant qu'il est instant de réunir sur les côtes toutes les forces qui doivent être employées à l'armée d'Angleterre,
ARRÊTE ce qui suit :
ARTICLE PREMIER
Les divers corps de troupe ci-après désignés seront mis en mouvement pour se rendre sans délai sur les côtes qui bordent la Manche, ou autres lieux de rassemblement désignés par le ministre de la guerre, savoir :
INFANTERIE DE LIGNE
Les 4e, 10e, 16e, 17e, 18e, 25e, 30e, 31e, 32e, 37e, 40e, 43e, 46e, 51e, 57e, 58e, 61e, 62e, 69e, 73e, 75e, 76e, 78e, 84e, 85e, 89e, 96e, 100e et 105e demi-brigades.
INFANTERIE LEGERE.
Les 1re, 2e, 3e, 5e, 9e, 10e, 18e, 20e, 21e, 22e et 25e demi-brigades.
TROUPES A CHEVAL
Les deux régiments de carabiniers ;
Les 1er et 8e régiments de cavalerie ;
Les 1er, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, 12e, 13e, 14e, 15e, 16e, 17e et 19e régiments de dragons ;
Les 1er, 2e, 3e, 4e, 8e, 9e, 10e et 12e régiments de chasseurs ;
Les 2e, 3e, 5e et 8e régiments de hussards.
ARTILLERIE ET GÉNIE
Les 1er et 4e régiments à pied ;
Les 2e et5e régiments à cheval ;
Quatre compagnies d'ouvriers ;
Quatre compagnies de mineurs ;
Deux bataillons de sapeurs et deux corps de pontonniers
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 97).

Le 18 mars 1798, le Général Schauenburg écrit depuis Berne au Directoire Exécutif : "... Le citoyen Jourdain, jeune sous-officier de la 62e demi-brigade attaché à l'inspection depuis environ 2 ans m'a été fort utile dans les détails les plus compliqués de cette partie et notamment depuis ma mission en Suisse il a par les actes prouvé son attachement à la République. Je demande pour lui une sous-lieutenance vu l'emploi de quartier maître adjoint dans la 62e demi-brigade ..." (L'invasion de 1798 : Documents d'archives françaises concernant la liquidation de l'Ancien Régime en Suisse par la France – BNUS, MS 471/267- MS 481/64).

Le 14 avril 1798 (25 germinal an 6), le Ministre de la Guerre Schérer adresse un rapport au Directoire Exécutif : "Le ministre rend compte au Directoire Exécutif des demandes d'avancement pour des officiers de l'armée de l'Erguel, faites par le général de division Schauenburg ...
Une sous-lieutenance ou un emploi de quartier-maître adjoint dans la 62e demi-brigade
Jourdain, (Laurent) : né le 17.09.1771,
Soldat au 18e régiment d'infanterie 8.09.1791
Caporal-fourrier 1.01.1793
Sergent 16.11.1794, passé en cette qualité dans la 62e demi-brigade de bataille.
Ce jeune sous-officier est attaché depuis environ 2 ans à l'inspection dont le général Schauenburg était chargé. Il lui a été fort utile dans les détails les plus compliqués et notamment depuis sa mission en Suisse. Il a en outre par ses écrits prouvé son attachement à la République.
Le Général Schauenburg en donnant ces renseignements sur ce jeune militaire demande pour lui une sous-lieutenance ou l'emploi de quartier-maître adjoint dans la 62e demi-brigade à laquelle il est attaché.
On observe que les vacances de ces emplois de quartier-maître en pied sont fort rares et que le citoyen Jourdain courrait risque d'être longtemps adjoint ou sans activité, au lieu qu'il pourrait être incessamment proposé pour une sous-lieutenance si le Directoire se détermine pour ce dernier parti.
Décision : accorder une sous-lieutenance, faire la minute d'arrêté ...
" (L'invasion de 1798 : Documents d'archives françaises concernant la liquidation de l'Ancien Régime en Suisse par la France– ANP, AFIII 180/832/11).

b/ A l'Armée d'Italie (1798-1801)

Congé 62e Demi-brigade 1798
Congé absolu accordé à Jean François Perrier, Sergent à la Compagnie de Grenadiers du 3e Bataillon, le 1er prairial an 6 (20 mai 1798) à Strasbourg (document communiqué par un de nos correspondants)

Une deuxième coalition gronde sur la France.

Le Roi de Naples, soutenu par presque toute l'Europe, se croit assez fort pour entamer les hostilités et envahir, le 23 novembre 1798, le territoire romain, alors occupé par Championnet. Celui-ci réunit son petit Corps d'armée et inflige des défaites désastreuses à l'armée napolitaine, qui s'enfuit jusque sous les murs de Naples.

A ce moment, la 62e, composée de deux Bataillons, après avoir fait partie de l'Armée de Mayence, a quitté Strasbourg pour se rendre à l'Armée d'Italie.

Elle arrive à Milan le 13 novembre et est placée dans la Division du Modenois. Le 10 janvier 1799 le Commissaire des Guerres Léaumont procède, d'après l'ordre du Directoire, à la formation d'un 3e Bataillon, dit "Bataillon de garnison", fort de 8 Compagnies de Fusiliers. Ce Bataillon comprend 27 Officiers et 882 hommes.

"Vers la fin de l'an VI, la 62e fut envoyée en Suisse, où elle reçut l'ordre de franchir le grand Saint-Bernard et de se rendre à l'armée d'Italie pour être employée dans l'expédition contre le roi de Sardaigne; elle contribua à la prise de Turin. - Quelque temps après, elle fut envoyée en expédition dans la Toscane" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

Championnet, après avoir fait proclamer, le 23 janvier, la République Parthénopéenne, est remplacé par Macdonald. Celui-ci se trouve en présence de bandes consédérables, composées d'aventuriers de toutes sortes et principalement de paysans insurgés.

"Cependant les Napolitains, au nombre de 80,000, étaient venus attaquer, sans déclaration de guerre, nos troupes composées de 15,000 hommes et occupant le territoire de Rome. Leur armée avait été battue, dispersée, et nos troupes victorieuses étaient entrées dans Naples. Par suite de ces événements, il ne restait plus à Rome qu'un faible détachement français pour garder le fort Saint-Ange. La 62e y fut envoyée" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

- Combats aux environs de Naples

Les nombreux engagements auxquels la 62e Demi-brigade va prendre part, vont lui fournir l'occasion de montrer sa brillante valeur.

Le 3 mars, elle assiste au siège de Civita-Vecchia.

La ville est emportée d'assaut. Le Capitaine Prieur, à la tête de la 3e Compagnie de Grenadiers, place le premier une échelle contre le rempart, après s'être élancé dans l'eau, qui lui arrivait jusqu'à la ceinture.

"A peine occupait-elle cette ville (Rome) depuis quelques jours, qu'elle apprit que les habitants de Civita-Vecchia étaient en pleine insurrection et venaient de chasser le commandant français. On y envoya la demi-brigade avec ordre de réinstaller ce commandant. A l'approche des Français, les insurgés ferment les portes de la place et se préparent à se défendre. L'ancien commandant s'avance vers eux, certain, disait-il, de les ramener à la soumission; mais à peine s'est-il approché des remparts et a-t-il prononcé quelques mots, qu'il tombe criblé de balles. Le siège fut donc résolu. ll fut ordonné à l'artillerie qui venait d'arriver de commencer son feu, et l'on se disposa à enlever la ville d'assaut. - Déjà nos soldats avaient tenté d'escalader les murs avec des échelles, lorsque les insurgés, effrayés de leur audace, offrirent de capituler et de livrer leur ville, à condition qu'ils garderaient le fort et que les habitants conserveraient leurs armes. Ces conditions furent acceptées.
Après l'occupation de la ville, on s'aperçut que la garnison du fort laissait entrer quelques-uns de nos soldats comme curieux, mais sans armes. On chargea alors quelques hommes d'élite d'y entrer avec des armes cachées sous leurs habits, de s'emparer du corps-de-garde de la porte et de la tenir ouverte pour faire entrer, à un signal convenu, une colonne qui était déjà sous les armes dans le voisinage, comme pour faire un appel. Ce stratagême réussit à souhait, et aussitô qu'on fut maitre du fort, on obligea les habitants de rendre leurs armes
" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

Le 16 mars, la Demi-brigade prend part à l'affaire de la Tolfe, dans laquelle le Capitaine Potard s'empare, à la tête de 300 hommes, des positions qui lui avaient été indiquées, tue une grande quantité de brigands et fait de nombreux prisonniers.

"L'insurrection de Civita-Vecchia avait excité les populations des campagnes à s'insurger contre nous. Des rassemblements considérables s'étaient formés à la Tolfa, à trois ou quatre lieues de Civita-Vecchia; ils interceptaient nos communications et s'opposaient à l'arrivée de nos subsistances venant de Rome. La 62e fut dirigée contre ces masses. Leurs bandes nombreuses resistèrent pendant plus de deux heures dans les bois et les montagnes autour de la ville. Cependant une charge vigoureuse de toute la ligne nous rendit maitres du champ de bataille et de la ville qui fut livrée au pillage, après leur avoir fait éprouver des pertes énormes. FRIRION se distingua dans ce combat, comme il l'avait fait au siège de Civita-Vecchia. Son parent, Christophe Fririon, fut encore frappé d'une balle dans cette campagne" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

Armée de Naples, 1er Germinal an VII - 21 mars 1799 (Nafziger - 799CAJ)

62e Demi-brigade, 2100 hommes

Quelques jours plus tard, le 26 avril, a lieu un engagement de moindre importance, à l'Aculat.

Armée française d'Italie, 25 mai 1799 (Nafziger - 799EAQ)

Division : Général Watrin
62e Demi-brigade de Ligne, 2426 hommes

Forces sous Macdonald , fin mai 1799 (Nafziger - 799EMG)

Division : Général Watrin
62e Demi-brigade de Ligne, 2426 hommes

Source : Miliutin, "Geschichte des krieges Russlands mit Frankreich under der Regierung Kaiser Paul's I. im Jahr 1799", Munich, 1856

Armée française de Naples, 8 juin 1799 (Nafziger - 799FAS)

Commandant en Chef : Général de Division Macdonald
4e Division : Général de Division Watrin
62e Demi-brigade de Ligne, 3420 hommes

Source : Gachot

- Bataille de la Trebbia (17, 18 et 19 juin)

Cette guerre terrible menace de devenir désastreuse pour la petite armée française, toujours victorieuse, lorsque Macdonald reçoit l'ordre de venir renforcer, sur les bords du Pô, l'Armée d'Italie, après l'échec de cette dernière à Cassano et sa retraite sur Turin.

La 62e est placée dans la Division Watrin; elle laisse à Rome son conseil d'administration ainsi que son 3e Bataillon, fort de 900 hommes. Ce Bataillon, d'ailleurs, ne reste pas inactif, mais assiste, dans le courant de l'année, aux affaires d'Albano, Frascati, Roussiglione, Viterbe, sur le territoire de la République romaine. Durant cette période, le Lieutenant Déchamp se fait remarquer par la conduite courageuse qu'il tient à Fabriano, en montant un des premiers à l'escalade de cette place. Le Capitaine Limouzin, à la tête de plusieurs détachements français, cisalpins et romains, emporte d'assaut Palestrine, puis Conegliano. Il y reçoit plusieurs blessures. Le Chef de Bataillon Beaufils s'acquitte si bien du commandement de la place de Rome pendant huit mois, que le comité provisoire du gouvernement romain décide qu'il a bien mérité de la République romaine.

Le 3e Bataillon rejoint ensuite le Régiment à Gênes, où nous le verrons prendre sa part de gloire dans la défense de cette place.

Macdonald s'est dirigé vers le nord et, après un arrêt en Toscane, s'est porté sur Modène. La 62e prend part à l'attaque de cette dernière ville, défendue par Hohenzollern. Celui-ci en est chassé.

Cependant, le Général russe Souvarof, vainqueur, après avoir poussé les Français sur Gênes et Turin, a éparpillé ses forces.

Le plan du Directoire est de les faire attaquer par Moreau, tandis que Macdonald, arrivant du sud de l'Italie, doit les prendre à revers. Malheureusement, Souvarof voit à temps le danger qui le menace et, réunissant la plus grande partie de son armée, marche au devant de Macdonald. La rencontre a lieu sur les bords de la Trebbia, le 17 juin.

Notre avant-garde, aidée de deux autres Divisions, remporte d'abord un succès, mais l'entrée en ligne de forces ennemies considérables la force à se retirer derrière la Trebbia; la Division Watrin est en réserve. Cette première journée ne nous est pas favorable. Le 18, les Russes attaquent avec vigueur nos trois Divisions, qui sont en ligne depuis la veille, la Division Watrin est un peu en arrière à Borgo San Antonion; les Russes gagnent du terrain lorsque l'arrivée de deux Divisions françaises les arrête. Après une échauffourée de nuit, Souvarof porte, le 19, le gros de ses forces à sa droite pour nous couper des montagnes; de son côé, Macdonald forme le plan d'attaquer sur toute la ligne et de déborder les deux ailes de l'ennemi; la Division Watrin, avec la Brigade Salm, doit tourner la gauche austro-russe.

Le 19, à 10 heures du matin, la lutte recommence furieuse, Macdonald espère voir Moreau déboucher sur les derrières de l'ennemi. Notre gauche et notre centre ont des alternatives de succès et de revers, pendant que Watrin pousse avec vigueur le Général Ott, pour le couper du Pô. Le Capitaine Potard passe la Trebbia à la tête de sa Compagnie sous le feu de deux pièces de l'ennemi; il met ce dernier en déroute, prend un canon, tue plusieurs Russes de sa main et en fait quelques autres prisonniers.

Le Capitaine Dufeux, à la tête de Grenadiers, s'empare de deux pièces de canon que soutenait un Bataillon autrichien.

Moreau, trop éloigné, ne va pas paraître. La gauche et le centre français sont obligés de se retirer derrière la Trebbia; l'ordre arrive à Watrin de se replier sur la rive droite de cette rivière. Il est ainsi contraint d'abandonner ses trophées et de revenir sur ses anciennes positions.

"Les revers de notre armée dans le Milanais décidèrent la retraite de celle de Naples. La 62e suivit ce mouvement. Lors de la bataille de la Trebbia, FRIRION avait été envoyé avec une colonne, composée de ses grenadiers et d'un détachement de son régiment formant en tout 400 hommes et deux pièces de canon, à San-Giovanni, à quatre lieues de distance, pour éclairer la droite de notre armée en retraite. Le chef de bataillon Abbé commandait le tout. Assaillie par un corps autrichien considérable, notre faible colonne fut repoussée, son artillerie prise, et elle eût été entièrement écrasée par la cavalerie, si FRIRION n'eût rallié ses grenadiers, barré la route et opposé à ses attaques acharnées une muraille de fer et de feu. Les Autrichiens le canonnaient avec les deux pièces de canon prises, sans que les grenadiers en fussent ébranlés. Cette attitude intrépide de FRIRION sauva le détachement et lui procura une retraite sûre. Pendant qu'une partie de l'armée française défilait à Bologne, le capitaine FRIRION ferma la marche avec sa compagnie qu'il tint serrée et menaçante contre les populations féroces qui voulaient le massacrer et qui n'osèrent l'aborder" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

- Retraite de l'Armée de Naples

Cette bataille a épuisé les deux armées, chacune d'elles y a perdu environ 6000 hommes : Macdonald ordonne la retraite; la Division Watrin prend une bonne position et là elle repousse toutes les attaques d'Ott; mais, nos autres Divisions étant battues, il faut continuer la retraite sur Reggio. Arrivé dans cette ville le 22, Macdonald s'occupe de réorganiser son armée. La Division Watrin parvient à Modène, après un engagement à Fascottlo et toute l'armée reprend les positions qu'elle occupait avant sa marche sur Plaisance (le Lieutenant Touret, faisant fonction d'Officier payeur, parvient, par son énergique résistance au débouché des Apennins, à sauver les fonds qui lui ont été confiés).

De son côté, Moreau rentre dans l'Apenin.

- Réorganisation du 3e Bataillon

Le 4 juin, le Directoire a rapporté le Décret relatif à la formation du Bataillon de garnison et ordonné que chaque Demi-brigade comprenne désormais trois Bataillons de guerre. En conséquence, le 3e Bataillon de la 62e, qui a été en partie désorganisé, est reformé et l'ordre de bataille établi d'après l'ordre d'ancienneté des Capitaines, ce qui donne un effectif de 81 Officiers et 3888 Sous officiers et soldats.

- Réorganisation de l'Armée d'Italie

L'armée française réorganisée occupe le pays entre la Bocchetta et la frontière de France, où elle se relie avec l'Armée des Alpes, alors en formation.

La 62e fait partie de la Division Watrin, Brigade Petitot. Cette Division est l'une des trois, qui compose l'aile droite commandée par Gouvion Saint Cyr.

Armée française d'Italie, 27 thermidor an 7 - 16 juillet 1799 (Nafziger - 799GBA)

Commandant en Chef : Général de Division Joubert
Aile droite
1ère Division : Général de Division Watrin
62e Demi-brigade de Ligne, 1900 hommes

Source : Gachot

De son côté, l'armée austro-russe occupe les deux rives de la Bormidda.

- Préliminaires

Déjà, le 18 juillet, nous sommes obligés d'abandonner Serravalle, enlevé par une Brigade ennemie. Le Lieutenant Beaufils se distingue à cette affaire en s'emparant, à la tête d'un faible détachement, d'une position très importante; de là, il protège le passage des troupes et arrête un convoi considérable de mulets destinés à l'ennemi.

Le commandement vient d'être donné à Joubert, qui veut profiter de la division des forces ennemies pour les accabler. En conséquence, l'armée descend des Apennins pour entrer dans la plaine du Pô.

Armée française d'Italie sous Joubert, août 1799 (Nafziger - 799HMD)

Général Commandant : Joubert
Aile droite : Saint-Cyr
Division : Watrin
Brigade : Petitot
62e Demi-brigade

Source : Miliutin, “Geschichte des krieges Russlands mit Frankreich under der Regierung Kaiser Paul's I. im Jahr 1799”, Munich: 1856.

Le 9 août, l'aile droite se concentre; le 12 la Division Watrin prend position en avant et en arrière de Serravalle. Joubert, qui a compté sur la résistance de Mantoue, est tout à coup détrompé par l'entrée en ligne de 23 Bataillons ennemis, devenus libre par la reddition de cette place. Souvarof a décidé d'attaquer l'Armée d'Italie. 38000 Français vont combattre contre 63000 Austro-Russes. Dès le 13 août, le Lieutenant Follot se fait remarquer par sa bravoure en s'emparant, avec l'aide d'un Sergent, d'un Tambour et de 4 hommes, d'une colline gardée par les Autrichiens et les insurgés.

Armée française face à Souvarov en Italie, 14 août 1799 (Nafziger - 799HCP)

Général Commandant : Général de Division Joubert
Aile droite
1ère Division : Généraux Watrin et Dombrowski
Brigades : Généraux de Brigade Calvin, Petitot et Darnaud
62e Demi-brigade de Ligne, 1980 hommes

Source : Gachot, "Les campagnes de Souvarow en Italie", Paris, 1903

- Bataille de Novi (15 août)

Armée française d'Italie à la bataille de Novi, 15 août 1799 (Nafziger - 799HBD)

Général Commandant : Général de Division Joubert
Aile droite : Général de Division Gouvion Saint-Cyr
Division : Général de Division Labroissière
Brigade : Général de Brigade Calvin
62e Demi-brigade de Ligne, 3 Bataillons, 1931 hommes

Situation de l'Armée d'Italie à Novi le 15 août 1799 (Nafziger - 799HBE)
Commandants en chef : Généraux Moreau et Joubert
Aile droite : Gouvion Saint-Cyr
Division : Général Watrin
Brigade Calvin
62e Demi-brigade (3 Bataillons; 1931 hommes).

L'attaque est très décousue; à gauche et au centre, les revers et les succès alternent; le Général en chef est tué un des premiers.

A la droite, Watrin reçoit l'ordre de quitter San Bartholomeo et de s'établir à l'est de Novi, sur les pentes du Monte Rotondo. Le Général russe Bagration attaque cette position, mais la Brigade Petitot, 62e et 78e, est déjà sous les murs de Novi, les deux autres Brigades de la Division arrivent, les soldats austro-russes se battant corps à corps avec les tirailleurs français, commencent à lâcher pied. Le Sergent major Prieux contribue à faire prisonnière une Compagnie de Hongrois en chargeant à la tête d'une Compagnie de la 62e.

En ce moment, de nombreux renforts viennent soutenir les Impériaux et tentent de s'emparer de Cassinetta; mais la Division Watrin reprend le faubourg et s'étend dans la plaine.

Le Sous lieutenant Chalopé, à la tête d'une section de Grenadiers, entre dans Serravalle sous la mitraille et la mousqueterie du fort occupé par l'ennemi. Le Capitaine Prieur, accompagné du Sergent Verron, s'empare d'une pièce d'artillerie et de sept soldats russes.

Jusqu'à 3 heures de l'après midi, nous pouvons nous considérer comme victorieux. Mais Souvarof ne voulant pas s'avouer vaincu, lance des colonnes considérables sur Novi; la Division Watrin reçoit l'ordre de revenir sur le plateau.

Le Capitaine Antoine dirige son Bataillon avec tant d'ordre qu'il parvient à arrêter les progrès de l'ennemi et facilite l'arrivée de la 106e Demi-brigade.

Cependant, la position de notre Demi-brigade commence à devenir critique, le Sous lieutenant Brochain, abandonné de presque tous ses hommes, se porte en avant avec quelques tirailleurs, s'élance sur une Compagnie de Hongrois, saisit le premier et somme tous les autres de se rendre, ce qu'ils font au nombre de 103, dont 3 Officiers. Il les conduit ensuite au Colonel Petit, qui lui donne l'ordre de les mener à Gavi. Le Lieutenant Grudelet est envoyé sur le flanc droit, où un nombre considérable d'ennemis se prépare à se jeter sur la 62e; il flanque la Demi-brigade avec tant d'intrépidité qu'il l'empêche d'être tournée et reprend même le terrain perdu.

Enfin, la Division est ralliée, les Grenadiers hongrois l'abordent, mais ils ne peuvent l'empêcher de déblayer le terrain qui lui est nécessaire pour se frayer un passage vers Gavi. L'ennemi, harassé, se prépare à tenter un nouvel effort, lorsque Moreau, ayant succédé à Joubert, ordonne la retraite qui, malheureusement pour beaucoup de Corps, s'accomplit en désordre.

Pour la 62e, la retraite est protégée par le Sous lieutenant Mayer qui, à la tête d'une Compagnie, arrête la marche de l'ennemi.

Le Capitaine Buccholz se distingue également en défendant le village de Bosco. Le Général Darnaud ordonne au Capitaine Ganivet de prendre le commandement d'un Bataillon de la 62e. Ganivet conduit ce Bataillon dans le meilleur ordre possible contre les Russes et protège ainsi la retraite. Il tombe frappé d'une balle qui lui traverse le bras gauche.

De chaque côé, les pertes sont d'environ 8000 hommes. Le lendemain, la retraite continue et la Division Watrin vient prendre position entre le Lemme et la Scrivia.

Quelques temps après, le Général Klenau, désirant profiter du désordre des troupes françaises, veut tenter un coup de main sur Gênes. La Division Watrin, aidée de Miollis, le repousse si rudement, le 26, que la Division ennemie est en partie détruite.

A ce moment, l'Armée des Alpes essayant une diversion, Moreau forme le projet de secourir Tortone. La Division Watrin est chargée de cette mission. Elle arrive le 8 septembre à Novi et culbute les Autrichiens, mais, devant une cavalerie trop nombreuse, les Français sont obligés de renoncer à leur entreprise.

Championnet est nommé, par le Directoire, Général en chef de l'Armée d'Italie. Aussitô, le nouveau Général forme le projet de débloquer Coni, ville assiégée par Mélas, qui a succédé à Souvarof.

Situation de l'aile droite de l'Armée d'Italie le 23 septembre 1799 (Nafziger 799IBU)
Général Commandant : Général de Division Gouvion Saint-Cyr
Division Watrin : 62e Demi-brigade (2 Bataillons; 1740 hommes).

Saint Cyr a le commandement de l'aile droite, dont fait partie la Division Watrin; il dirige, le 27 septembre, cette dernière contre Klenau, qui vient de prendre l'offensive. Les Autrichiens sont refoulés, puis, le 11 octobre, la Division culbute de nouveau l'ennemi.

Armée française d'Italie, 17 octobre 1799 (Nafziger 799JBX)
Général Commandant : Général Championnet
Division Watrin
Brigades : Généraux de Brigade Gauthrin, Darnaud et Petitot
62e Demi-brigade : 2741 hommes

- Combat de Bosco (23 octobre)

L'aile droit doit favoriser l'attaque du centre sur Coni en s'avançant du côé d'Acqui. Comme l'ennemi occupe la hauteur de Bosco, la Division Watrin pousse sur Pozzolo pour tourner les Autrichiens, tandis que ces derniers sont attaqués de front par une autre Division.

Les 62e et 12e Demi-brigades, formant la tête, arrivent en colonnes serrées; elles s'élancent au pas de charge sur la cavalerie, la forcent à se replier, culbutent l'infanterie et s'emparent d'une partie de l'artillerie. Le Sergent Fuachier, à la tête de 15 hommes, fait 60 prisonniers. Les Impériaux se retirent en désordre. C'est une des plus brillantes affaires de toute cette campagne.

Le 29 octobre, toute la ligne française reprend le mouvement en avant : le rapprochement des deux armées rend ainsi une bataille inévitable.

- Combat de Novi (6 novembre)

Le 4 novembre, le Général autrichien, par ses savantes manoeuvres, a eu raison de la gauche et du centre français. Le 6, Saint Cyr s'établit sur la hauteur de Novi, qu'il a si bien défendue le 15 août. Les Autrichiens gravissent les premiers ressauts, lorsqu'ils sont attaqués en flanc avec tant d'impétuosité qu'ils sont culbutés de toutes parts. Saint Cyr reprend ses positions en avant de Novi.

Dans ce combat, le Lieutenant Clerin, envoyé à la droite avec la 8e Compagnie du 1er Bataillon pour s'emparer d'une maison occupée par l'ennemi, y fait prisonniers 3 Officiers et 34 soldats.

De même, le Lieutenant Dufeux est envoyé par Saint Cyr pour débusquer, avec ses Grenadiers, un Bataillon, qui occupe une ferme en avant de la position à conquérir. Il prend si bien ses mesures, qu'il s'empare de la ferme et dait 30 prisonniers.

Le Capitaine Antoine, avec un Bataillon de la 62e, résiste sur place, puis il repousse une charge de la cavalerie ennemie, ce qui permet à la Division de reprendre le mouvement en avant.

Pendant l'action, le Capitaine Marchandon se distingue en défendant, à la tête de sa Compagnie, la porte du faubourg de Novi. Il tombe frappé à mort.

Peu après, nous traversons les Apennins et Coni capitule, mais une tentative de Klenau sur Gênes est repoussée le 14 décembre par la Division Watrin, avec de très grandes pertes. Les Français, pressés par les Autrichiens livrent, presque chaque jour, des combats dans lesquels la 62e se fait remarquer par sa valeur.

Déjà, le 6 décembre, le Lieutenant Dufeux a reçu du Général Gartherin l'ordre de débusquer 200 Autrichiens d'une position en avant de Turia; il les attaque, et malgré une résistance opiniâtre, les déloge, tue un Officier et fait 5 prisonniers. Le lendemain, le Général lui donne le commandement de huit Compagnies de Grenadiers pour pousser en avant; Dufeux bat complètement l'ennemi et lui fait 200 prisonniers sans compter 8 Officiers.

12 décembre 1799 (21 Frimaire an 8). Vu les services du citoyen Lomme, Capitaine à la suite de la 62e demi-brigade, le général de division Grenier le nomme provisoirement adjudant de place capitaine de la place de Fenestrelle ; il se rendra en conséquence de suite à sa nouvelle destination et prendre les ordres du commandant de cette place. La présente nomination sera adressée au Ministre de la Guerre pour obtenir confirmation. Le Général de Division Grenier Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 240 page 512

Le 16 décembre, c'est le Sous-lieutenant Chalopé, accompagné seulement d'un Sergent de Grenadiers, qui, à Borgo di Formari, fait mettre bas les armes à 15 soldats autrichiens et seconde si bien le Capitaine Lenouaud, commandant deux Compagnies de Grenadiers, que 113 soldat et 2 Officiers sont faits prisonniers.

A Bosco, le 23 décembre, le Sous lieutenant Chalopé et le Lieutenant Touret montrent tant de bravoure et de fermeté, qu'ils parviennent à rallier le premier Bataillon; à sa tête, ils chargent l'ennemi, font mettre bas les armes à un Bataillon autrichien et s'emparent de deux canons, d'un caisson et de quelques cavaliers.

Le 9 février, le Lieutenant Barrey se charge volontairement de soutenir la retraite de son Bataillon avec une section de la Compagnie qu'il commande; il parvient non seulement à faciliter cette retraite, mais encore à favoriser la réunion de plusieurs Compagnies qui se trouvent détachées à Rappallo. Dans cette affaire, il soutient un combat d'une heure avec une section de 40 hommes contre une masse d'insurés de 1500 à 1800 hommes.

Le 11 février, le Lieutenant Beaufils soutient, avec 30 hommes, sur la rivière de Gênes, le feu terrible d'une quantité de Brigands mêlés avec les Autrichiens; il en tue plusieurs de sa main et protège par sa fermeté la retraite des troupes qui se trouvent à Rappallo.

- Situation de l'Armée d'Italie

Nous sommes en plein hiver, et l'Armée d'Italie se trouve obligée de passer cette saison sur les sommets glacés des Apennins, alors que les Autrichiens cantonnent dans la plaine et se procurent de tout en abondance. Les traits de courage n'en sont pas moins nombreux.

C'est ainsi que le 6 février, le Sergent Fauchier se distingue, à l'abbaye de Montalegro, en détruisant avec 24 hommes une colonne de 300 insurgés, dont il fait prisonnier le commandant ainsi qu'un grand nombre de soldats.

L'armée française, sans solde depuis cinq mois, sans habits, sans chaussures, presque sans nourriture, commence à se laisser aller au désespoir lorsque le vainqueur de Zurich, Masséna, arrive pour prendre le commandement des braves qui, depuis si longtemps, luttent avec tant de courage.

En quelques jours, la discipline et le sentiment de l'honneur militaires prennent le dessus. L'armée est divisée en trois Corps; la 62e est placée dans la Division Marbot, qui dépend du Corps de Soult, situé à l'aile droite.

"Atteint à Gênés de la fièvre jaune, il (le Capitaine Fririon) resta pendant un mois entre la vie et la mort. A peine guéri de cette affreuse maladie, il fut appelé par le général Moreau à l'armée du Rhin en qualité d'adjoint à son ancien et brave ami, l'adjudant-général Rapatel, qu'il joignit à Basle, dans le courant de germinal de l'an VIII" (Notice biographique sur M. le général baron Fririon).

Le 31 mars, le Lieutenant Dufeux est blessé en défendant une redoute en avant de Cadibone; il en est de même du Chef de Bataillon Beaufils, qui n'en reste pas moins à la tête de sa troupe.

Mélas, voulant profiter de la trop grande dissémination des forces françaises, dirige le 6 avril, la plus grande partie de ses troupes sur le centre pour le séparer de l'aile gauche et le rejeter sur Gênes. C'est la Division Marbot qui va soutenir cet effort, elle compte à peine 3000 hommes et il est difficile qu'elle puisse résister au coup qu'on va lui porter. La 3e Légère, assaillie au point du jour, se replie sur la 62e, qui occupe le Montenotte, et là toutes deux font bonne contenance pendant près de trois heures, quoique attaquées par plus de 6000 hommes et menacées d'être tournées. Le Général Gardanne, qui les commande en l'absence de Marbot malade, n'opère sa retraite sur Cadibone qu'à dix heures du matin.

Les Lieutenants Barrey et Touret arrètent l'ennemi et protègent la retraite de la Division.

La 62e a une grand'garde de 60 hommes postée en avant de Montelegino, elle s'y défend bravement, quoique l'ennemi soit déjà maître de Cadibone. Elle résiste jusqu'à la nuit et, seulement alors, se retir sur la Stella, échappant ainsi aux Corps qui la cernent.

Armée Française d'Italie, 6 avril 1800 (Nafziger - 800DAG).
Général commandant : Général de Division Masséna
Aile droite : Général de Division Soult
Division : Général de Division Marbot
Brigade : Général de Brigade Buget
62e Demi-brigade de Ligne (1500)
Brigade : Général de Brigade Gardanne
62e Demi-Brigade de Ligne (1500)

Aile droite de l'Armée Française d'Italie, 6 avril 1800 (Nafziger - 800DCB)
Général Commandant : Masséna
Aile droite : Lieutenant Général Soult
3e Division : Général de Division Marbot
Brigades : Généraux de Brigade Buget & Gardanne
62e Demi-brigade (1500)

On remarquera que sur cette 2e situation, la 62e n'est donnée qu'une fois.

- Masséna essaie de rejoindre l'aile gauche

Le centre français étant percé, Masséna veut rétablir les communications avec la gauche. A cet effet, il dirige Soult par le sommet des monts, tandis que lui même s'avance par la côte. A ce moment se livrent une série de combats dans lesquels nos troupes accomplissent des prodiges de valeur contre un ennemi quatre fois supérieur en nombre. Masséna apprend que Soult est engagé avec l'ennemi; le tambour bat le rappel, mais les hommes exténués n'y répondent pas. Le Général en chef envoie alors Fressinet avec ses meilleures troupes, 3e Légère, 62e et 63e, au secours de Soult. Celui-ci, après avoir résisté le 11 à Vereira, commence à reculer; ses soldats, épuisés par la faim, le froid et la fatigue, ne sont plus susceptibles d'élan, lorsque l'avant-garde de Fressinet arrive, après cinq heures de marche forcée. Les 3e Légère, 62e et 63e gravissent au pas de charge les flancs de l'Emetta, renversent les deux lignes d'Impériaux qui en garnissent les sommets, leur font près de 200 prisonniers et les obligent à battre en retraite.

Dans son "Rapport général des opérations de l’aile droite de l’armée d'Italie, depuis le 15 jusqu'au 30 Germinal an 8 (du 5 au 20 avril 1800)", daté du Quartier général à Gênes, le 16 Floréal an 8 (6 mai 1800), le Général Soult raconte : "… Par la position que nous prîmes autour de la montagne de la Verrerie, il ne restait à l'ennemi, pour se retirer, que le chemin qui conduit à Ponte-Invrea, par la Moglia, et celui de Montenotte, par Stella. Il craignit pour le premier de ces débouchés ; pendant la nuit, il y porta des troupes et ne conserva que trois régiments à la Verrerie. Le lieutenant général Soult ordonna que, le 21, à quatre heures, ils y fussent attaqués; le général Gazan, ayant avec lui la 25e légère, les grenadiers de la 2e de ligne, et les 3e et 92e de ligne, fut chargé de cette opération ; le général Poinsot resta, avec la 78e, en réserve, sur les chemins de Ponzone et de Sassello. La défense fut opiniâtre; mais, pressé, de tous côtés, par l'extraordinaire bravoure de nos soldats, l'ennemi commença sa retraite. Ce moment fut saisi; les efforts redoublèrent, et partie de la colonne se trouva coupée ; deux mille prisonniers, parmi lesquels était le régiment de Deutsch-Meister, en son entier, sept drapeaux et beaucoup d'officiers restèrent en notre pouvoir. Il y eut, en outre, une infinité de tués; la terre en était jonchée, sur un espace de plus d'une lieue ; les blessés, qui étaient en très-grand nombre, eurent le temps de se retirer.
Dans cette action, qui fait honneur au général Gazan, et dans laquelle l'adjudant général Gauthrin, chef de l'état-major de l'aile droite, se distingua, le lieutenant général Soult remarqua plusieurs officiers et des soldats, qui firent des prodiges de valeur. Il demandera pour eux de l'avancement. La conduite du chef de brigade Mouton mérite de grands éloges.
Ce qui échappa d'ennemis, dans cette affaire, fut se rallier aux troupes qui, pendant la nuit, avaient pris position à la Moglia et à la Galera. On ne chercha pas à les poursuivre ; au contraire, l'ordre fut donné an général Gazan de réunir ses troupes sur la hauteur dite Gros-Pasto, position importante qui domine celles que nous venions de parcourir, et qui est parallèle à la montagne de l'Hermette. Le mouvement commençait à s'opérer, quand l'ennemi, débouchant sur deux colonnes, fortes d'à peu près cinq mille hommes, vint prendre position à l'Hermette, et chercha d'abord à déborder notre gauche; nos succès et les dispositions prévues nous permirent de faire échouer ses desseins. L'attaque de l'Hermette fut ordonnée; les soldats déployèrent la plus grande valeur; la gauche remportait de nouveaux avantages , mais la droite était repoussée. Quelques troupes que l'ennemi avait lancées pour la déborder commençaient à tirailler sur nos derrières; nous manquions de pain et de cartouches , la troupe était harassée (c'était le troisième combat de la journée). La nuit approchait ; quelques compagnies fléchirent : on parvint à les rallier. En cette circonstance, le chef de brigade Godinot se couvrit de gloire; il venait d'être blessé à l'attaque de l'Hermette; il oublia ses souffrances, pour s'occuper de ses soldats et les ramener à la victoire. Il y parvint, et dans l'instant, arrivèrent à notre gauche les 3e légère et 62e de ligne, conduites par le général de brigade Fressinet : le général en chef les avait détachées de sa colonne, pour établir nos communications.
Cette jonction fort heureuse s'opéra sur l'Hermette, position de l'ennemi, d'où il fut obligé de se retirer , après y avoir considérablement perdu de monde, tant en hommes tués que blessés, et après nous avoir abandonné quelques centaines de prisonniers. Nous ne pûmes le poursuivre : il y avait deux heures qu'il était nuit, et notre feu seul éclairait sa marche ; les soldats étaient dispersés, et on se battait encore sur la droite. Pour ne rien compromettre, l'ordre fut donné de se rallier au gros de l'armée, et de conserver l'Hermette par des postes. Ainsi finit cette journée, l'une des plus glorieuses de notre marche, et pendant laquelle l'ennemi éprouva une perte d'au moins quatre mille hommes, dont plus de la moitié sont prisonniers de guerre. Nous eûmes à regretter plusieurs braves et à admirer le courage héroïque des 25e légère, 3e et 78e de ligne, ainsi que celui des grenadiers de la 2e ...
" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 35).

Le lendemain, Soult veut enlever aux Autrichiens la position de Santa Giustina, il partage ses troupes en trois colonnes, la 62e est au centre. Les munitions étant peu abondantes, ordre est donné de marcher à l'ennemi sans tirer et de l'aborder à la baïonnette. Le mouvement s'exécute avec la précision qui distingue les manoeuvres des vieux soldats, les Autrichiens sont culbutés. Soult, laissant reprendre haleine à ses braves, les lance peu après à l'escalade de l'escarpement de Cavallo. Gazan dirige les 62e et 63e. Les Autrichiens laissent les Français arriver à mi-côte, puis s'élancent sur eux; le choc est si rude qu'en moins de dix minutes les Français sont rejetés au fond du vallon. Les colonnes n'en sont pas moins reformées et reviennent deux fois à la charge; la nuit seule met fin au combat.

Dans son "Rapport général des opérations de l’aile droite de l’armée d'Italie, depuis le 15 jusqu'au 30 Germinal an 8 (du 5 au 20 avril 1800)", daté du Quartier général à Gênes, le 16 Floréal an 8 (6 mai 1800), le Général Soult raconte : "… Le 25, nos besoins devinrent pressants : nous manquions de pain; depuis deux, jours, nos soldats avaient à peine des cartouches pour trois heures de combat. L'ennemi, faisant un mouvement sur notre droite, s'emparait de Sassello, que nous avions abandonné, et se retranchait à la Moglia. Il fallait le combattre, pour prévenir ses dessein et faciliter à la colonne de gauche son arrivée sur Savone.
Dans cette journée, on obtint la mesure de ce que peuvent des troupes françaises. Elles ne pouvaient se tenir de fatigue et de faim, pourtant elles marchèrent à l'ennemi avec un courage indicible; mais le manque de munitions nous obligea à commencer tard. A quatre heures du soir, le lieutenant général Soult ordonna l'attaque. A cet effet, il chargea le général Gazan, qui avec sa colonne avait repris Sassello, d'attaquer la gauche du camp ennemi en gagnant la crête des montagnes. Le général Poinsot forma l'attaque du centre avec la 25e légère, tandis que le chef de brigade Cassagne avec la 3e, débouchant sur la Galera par San-Giustiniani, attaqua la droite. Tout ce que peuvent l'honneur et l'intrépidité fut déployé dans cette action , une des plus meurtrières que nous ayons eues. Deux fois nous parvînmes sur les hauteurs de Ponte-Invrea, et deux fois dix mille hommes ayant du canon nous en firent descendre. Malgré tant de résistance de la part des ennemis, malgré leurs abatis et leurs retranchements, nous l'aurions emporté, car pendant longtemps la victoire sembla nous être favorable; mais le général Mélas survint à la tête d'une réserve de cinq mille hommes, et tous nos efforts ne servirent plus qu'à l'honneur de notre poignée de braves, qui luttait contre quinze mille Autrichiens. La nuit mit fin à ce combat terrible, et nous conservâmes la position d'attaque; l'ennemi éprouva une perte très-considérable en hommes tués ou blessés; plusieurs de ses corps eurent la moitié de leur monde détruit. Nous perdîmes aussi beaucoup de monde : six officiers et quatre-vingts soldats furent tués, quarante officiers et trois cent cinquante soldats de blessés ; point de prisonniers. Le général Fressinet fut du nombre des blessés : il reçut deux coups de feu, au commencement de l'action; l'adjudant général Gauthrin, chef de l'état-major de l'aile droite, le remplaça avec beaucoup de distinction. Toutes les troupes se battirent avec un courage extraordinaire, mais particulièrement les 25e légère, 3e et 62e de bataille, et les grenadiers de la 2e. Il n'est pas possible d'être plus brave ...
" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 35).

- Retraite sur Gênes

L'armée française est séparée en deux tronçons et l'aile droite rejetée sous Gênes. Pendant cette retraite, la 62e se distingue constamment.

Le Sous-lieutenant Mayer ayant reçu l'ordre, le 14 avril, d'aller attaquer à la tète de 200 hommes deux Bataillons ennemis sur la montagne de Melogne, participe à la prise de 800 prisonniers, dont une douzaine d'Officiers. Le méme jour, à 4 heures de l'après-midi, il reçoit l'ordre du Général Solignac d'aller attaquer une redoute occupée par 500 hommes près de la montagne Saint-Jacques. Il s'en empare après un combat de six heures et fait 250 prisonniers. Le lendemain, sur l'ordre du méme Général d'aller attaquer à la tète de 20 hommes un poste de 30 Autrichiens près de Saint-Jacques, il parvient, par son courage et sa valeur, à s'emparer de la position et fait 7 prisonniers, parmi lesquels figure le chef du poste.

Le Sergent-major Mauvais finit par être fait prisonnier après s'être distingué en gardant pendant longtemps un passage très important.

De même, le Lieutenant Follot tombe blessé en enlevant sa troupe à l'assaut de la montagne Saint-Jacques.

Le 17 avril, à Voltri, le Capitaine Ducommun, qui commande le 1er Bataillon, est chargé par le Général Cassagne de contenir l'ennemi. Il y réussit entièrement et parvient ainsi à assurer la retraite de son Bataillon et la réunion des Corps qui doivent composer la garnison de Gênes.

Le Capitaine Antoine, le 20 avril, en avant de Saint-Martin d'Albaro, chasse l'ennemi, retranché dans un fort sur le bord de la mer et fait une quarantaine de prisonniers.

Le Capitaine Prieur, de son côé, fait plus de 40 prisonniers et contribue, avec des Grenadiers de la 74e, au succès de cette journée.

Le 24, les capitaines Bertrand et Mitault se distinguent d'une manière éclatante en montant des premiers à l'assaut de la montagne Saint-Jean et en y faisant beaucoup de prisonniers.

- Siège de Gênes

Les pertes essuyées par les Corps dans les dernières affaires les ayant affaiblis de plus d'un tiers, il devient nécessaire de refondre les Divisions pour les rendre plus compactes : la 62e est placée dans la Division Miollis, qui occupe le Monte Vento et le fort Richelieu, l'aile droite est réduite à deux Divisions, dont la Division Miollis.

Le siège de Gênes est un des plus mémorables que l'histoire nous rapporte : 12000 hommes vont lutter contre une année victorieuse, une population insurgée et un ennemi plus terrible encore, la faim.

Le 23 avril, l'investissement est complet.

De nombreux combats, dans lesquels les Français, la 62e Demi-brigade en particulier, se couvrent de gloire, se livrent autour de la place; nous ne citerons que les principaux :

Le 30 avril, le 1er Bataillon de la 62e, sous le commandement du Capitaine Ducommun, reçoit l'ordre du Général Darnaud de charger, à Saint-Martin d'Albaro, l'ennemi, qui vient de repousser avec avantage la 8e Demi-brigade légère. Ce bataillon combat avec le plus grand courage, mais se voit forcé de céder devant la supériorité numérique et la position avantageuse de l'ennemi. Alors le sergent Fauchier, suivi d'une trentaine de braves qui, dans un instant, sont réduits à sept, s'élance et parvient à arrêter les charges vigoureuses de l'ennemi. A la faveur de cette contre-attaque, les troupes en arrière se reforment et repoussent l'ennemi jusque dans ses anciennes positions en lui faisant beaucoup de prisonniers. Cette belle action d'éclat vaut au Sergent Fauchier le grade de Sous-lieutenant. Le même jour, le Capitaine Mathivet passe une rivière et, aidé du Sergent-major Drapier et, d'une dizaine d'hommes, débusque l'ennemi d'une masure et coupe la retraite à 80 Autrichiens, dont 4 Officiers. Drapier est nommé Sous-lieutenant.

Le 7 mai, à Albaro, le Lieutenant Carmantrand désarme à lui seul 8 Chasseurs du Loup et les fait prisonniers.

- Attaque du Monte Creto

Les troupes françaises enlèvent brillamment, le 11 mai, le Monte Facio. Dans ce combat, le Capitaine Antoine chasse l'ennemi de ses positions et s'y soutient tant qu'il a des munitions.

Le Sous-lieutenant Fauchier est blessé dangereusement en résistant, avec quelques braves, à des ennemis très supérieurs en nombre.

Le Chef de Bataillon Wuillerme charge l'ennemi à la tête de la 62e, renverse quatre Bataillons autrichiens, fait prisonnier de sa main un Officier supérieur et détermine le succès de l'affaire. (Il a reçu un brevet d'honneur).

Le 13 mai 1800 (23 Floréal an 8), l'attaque du Monte Creto est décidée. La 62e est sous les ordres de l'Adjudant. général Gauthier, elle s'empare du sommet du Monte Creto. Les Impériaux sont battus, lorsqu'un Régiment autrichien, celui de Kray, débouche tout à coup sur nos derrières. L'ennemi, ranimé par cette apparition soudaine, reprend courage et fond sur nos soldats. Ceux-ci font volte-face et le combat continue avec plus d'ardeur, car nous ne voulons pas céder le terrain si chèrement acheté. Enveloppés par les Impériaux dont le nombre augmente sans cesse, les braves de la 62e et de la 5e Légère, après avoir vu tomber Gauthier, frappé d'un coup de feu, commencent cependant à reculer lorsqu'arrivent les 2e et 24e. Une charge vigoureuse fait alors tomber le Monte Creto en notre pouvoir; mais, malheureusement, un Régiment autrichien oppose une résistance inébranlable, et en même temps Soult est blessé : c'est le signal de la retraite. Le Capitaine Ducommun s'est distingué dans ce combat en enlevant un poste très important.

Le Sergent Lebeau se distingue en sauvant, à la tête de six Grenadiers, le drapeau de la 106e Demi-brigade et en faisant de sa main un Officier autrichien prisonnier; il est nommé Sous-lieutenant par Masséna.

Le Général Soult, qui a lancé l'attaque, est blessé et capturé par les Autrichiens ; il écrit : "C'était le dernier effort que, dans notre épuisement, nous pouvions hasarder. On fit tout ce qui était possible pour mettre les troupes en état de le soutenir. Animées de l'espoir d'une nouvelle victoire, et bien disposées, elles se mirent en marche, vers six heures du matin. La colonne dont je pris la direction fut réunie sur les glacis de la porte Romaine ; elle se composait des 3e légère, 2e, 3e, 24e et 62e de ligne, qui, ensemble, formaient à peu près deux mille quatre cents hommes. Je plaçai, à l'avant-garde, l'adjudant général Gauthier, avec la 3e légère et la 62e de ligne; le général Poinsot eut la brigade formée par les 2e et 3e de ligne; la 24e que je destinais à seconder l'attaque du général Gazan, commença par suivre mon mouvement. Je remontai la vallée du Bisagno; les postes autrichiens que nous y trouvâmes, furent aisément repoussés jusqu'au pied du Monte-Creto. L'adjudant général Gauthier gravit, après eux, la première hauteur de cette montagne escarpée, et s'y établit, à la suite de deux charges vigoureuses qui rejetèrent les ennemis dans leurs retranchements, et le rendirent maitre du plateau; mais il dut arrêter sa marche, pour attendre le général Poinsot.
Le général Gazan était parti, en même temps, des Deux-Frères, et il avait pris, à droite, au-delà du fort du Diamant, pour attaquer, sur la montagne des Quatre-As, un corps autrichien, qui y occupait de fortes redoutes, en avant de sort camp. Le général Spital commença, sur ce point, l'engagement; il fut secondé, au revers opposé, par la 24e demi-brigade, que j'avais détachée, à cet effet, en passant le Bisagno. Cette double attaque fit retirer les ennemis de leurs premières positions, et la 24e s'établit, de manière à prendre en flanc leur ligne; son feu devint très-vif. Le général Poinsot, qui en était encore assez rapproché, croyant que sa présence pouvait y être nécessaire, se détourna pour y aller, et laissa l'adjudant général Gauthier s'engager seul vers le Monte-Creto. J'étais près de ce dernier, à l'avant-garde, quand j'appris le changement de direction que s'était permis le général Poinsot. J'en fus très-mécontent, et je lui envoyai l'ordre de rentrer sur-le-champ dans la direction que je lui avais prescrite; il arriva sur le plateau du Monte-Creto, après que la dernière charge eut conduit l'adjudant général Gauthier devant les retranchements ennemis.
En ce moment, un orage des plus violents vint éclater sur nous; sur le point élevé où nous nous trouvions, une pluie torrentielle et les éclats du tonnerre nous enveloppaient de toutes parts. Le mouvement fut nécessairement suspendu ; nous le reprîmes, aux deux attaques, aussitôt que la tempête eut cessé. Sans doute, nous eussions mieux fait de nous retirer, après avoir reconnu que les ennemis s'étaient renforcés, et qu'ils se trouvaient beaucoup plus nombreux que nous ne l'avions supposé, en allant à eux; en outre, l'orage avait considérablement augmenté toutes les difficultés qui , auparavant, étaient déjà bien assez grandes. Les vêtements, les armes, le sol, tout était trempé; nous n'avions plus pied sur ces pentes rapides, nous glissions, nous ne pouvions plus avancer et à peine nous tenir sur place ; le vent était d'une violence extrême, et les soldats, grelotant de froid, n'avaient plus d'énergie. Cependant, nous étions en présence, et presque entremêlés, au point où la tempête nous avait surpris. Dans cette position, aussi imprévue qu'extraordinaire, il était impossible de faire le moindre mouvement, dans un sens ou dans l'autre,sans qu'il devint général et sans qu'il nous fût contraire. A l'attaque du général Gazan, le général Spital avait pris, avant l'orage, les premières positions des Quatre-As. Quand la pluie ne tomba plus par torrents, il voulut ranimer ses troupes et faire effort pour les lancer. Quelques pelotons seulement le suivirent. Les ennemis venaient à lui, avec des forces très-supérieures; pressé par eux, il cherche à se rallier ; son cheval est tué, lui-même est blessé et obligé de se retirer. Vainement l'adjudant général Reille, qui le remplace, veut donner aux soldats une nouvelle impulsion. Leur enthousiasme s'est éteint, ils ne l'écoutent plus. Ne pouvant les faire avancer, il est forcé de renoncer au combat et de se rapprocher des Deux-Frères.
Rien ne pouvait être plus défavorable à l'attaque de droite, que ce qui se passait à celle de gauche. L'effet immédiat fut de faire manquer la diversion sur laquelle j'avais compté, et de laisser aux ennemis la liberté de diriger sur moi toutes les forces qu'ils avaient de ce côté. Malheureusement, je ne l' appris que quand j'en sentis les coups. Jusque-là, j'étais trop engagé pour y remédier, ou trop éloigné pour connaitre, à temps, ce revers, qui devait m'être fatal. A l'arrivée du général Poinsot sur le plateau de Monte-Creto, j'avais donné ordre à l'adjudant général Gauthier de recommencer l'attaque, et d'enlever les premières redoutes des ennemis; il les avait prises, sans la moindre hésitation, et nous y étions restés enfermés pendant l'orage. Les Autrichiens vinrent ensuite pour les reprendre ; nous les défendîmes à outrance, corps à corps, mais la supériorité du nombre l'emporta. Nous nous ralliâmes, et nous chargeâmes de nouveau. A cette reprise, les ennemis furent encore enfoncés; nous restâmes dans les redoutes, et nous fîmes tomber la seconde ligne des retranchements, où un colonel et cent cinquante prisonniers restèrent en notre pouvoir. Le camp de Monte-Creto fut également pris, brûlé et dépassé ; mais un premier malheur vint nous frapper, au milieu de ces succès, qui devaient être les derniers. Le brave, l'infiniment brave adjudant général Gauthier, officier du plus rare mérite, qui s'était surpassé dans cette journée, fut grièvement blessé par une balle, et il dut se retirer. Je fis remplacer sa brigade par celle du général Poinsot, que je portai en avant.
Nous touchions au moment où la fortune qui, jusque-là, nous avait été si favorable, allait nous devenir contraire. Le général comte de Hohenzollern, qui m'était opposé, commandait aussi les troupes autrichiennes établies aux Quatre.As, et contre lesquelles l'attaque du général Gazan venait d'échouer. Assuré qu'il n'avait plus rien à craindre de ce côté, il s'était hâté d'en retirer un fort détachement, et de le diriger sur le Monte-Creto, où je pressais vivement le restant de sa division. A l'arrivée de ce secours, les ennemis réunissent toutes leurs forces, et marchent sur la brigade du général Poinsot, passée à l'avant-garde un instant auparavant. Je venais de rallier celle de l'adjudant général Gauthier; je me mets à sa tête, et je me porte au soutien de la première brigade. Tout semblait nous promettre, après ce dernier effort, un succès décisif. J'entre en ligne au-delà du camp ennemi, le feu y était très-vif et presque à bout portant. Pour en finir, je me dispose à exécuter une charge générale, quand une balle vient fracasser ma jambe droite. Je tombe; on m'entoure; quelqu'un s'écrie que je suis mort; on le croit, en voyant mon chapeau qu'on emporte. Les uns veulent m'enlever, les autres me défendre. Je reprends connaissance, j'ordonne qu'on me laisse et qu'ou repousse les ennemis. A ma voix, la troupe se ranime et montre encore un reste de vigueur ; mais c’en est fait de nos progrès : tout change à notre désavantage.
Les Autrichiens, qui ont remarqué de l'hésitation dans nos rangs, deviennent audacieux. De notre côté, on chancelle, les rangs flottent, quelques soldats commencent à s'éloigner, ils sont suivis par d'autres, ils ne s'arrêtent même plus dans les retranchements que nous venions de prendre, et où les chefs s'efforcent, en vain, de les retenir. Le général Poinsot, l'adjudant général Gauthrin, mon chef d'état-major, et le brave chef de brigade Perrin, qui fut tué une demi-heure après, ne peuvent non plus se faire écouler; ils sont entraînés dans la déroute et forcés de redescendre dans le Bisagno, où ils sont heureusement recueillis par le 24e de ligne, qui revenait des Quatre-As.
Ma chute avait malheureusement entraîné la défaite de mes compagnons d'armes, au moment où nous espérions recueillir le fruit de tant d'efforts, et réparer le mal que l'abandon de la colonne de gauche nous avait fait. Des soldats voulurent m'emporter; mais le sol était si glissant, sur ces pentes rapides, qu'ils ne pouvaient y parvenir, et je les compromettais eux-mêmes, mêlés, comme nous l'étions, avec les ennemis. Je leur ordonnai de me laisser , et je les chargeai de remettre mon épée au général Masséna ; je ne permis qu'à mon frère et au lieutenant Hulot, tous deux mes aides de camp, de rester auprès de moi. Ils essayèrent à leur tour, mais sans plus de succès, de me retirer au moins du milieu du feu, en me portant sur un brancard fait avec des fusils ou sur leurs épaules. Ce ne fut qu'en me traînant sur le dos, et en tenant en l'air ma jambe brisée, que je parvins à gagner l'abri d'un rocher ; j'éprouvais de vives souffrances.
Le rocher nous préservait d'un premier danger, mais nous y étions exposés aux violences des soldats autrichiens, qui, pour s'arracher nos dépouilles, pouvaient nous faire un mauvais quartier; ma montre et le peu d'argent que j'avais sur moi avaient servi à contenter les premiers, et nous n'avions plus rien à offrir pour satisfaire l'avidité des autres. Nous désirions nous remettre, le plus tôt possible, entre les mains d'une garde qui répondît de nous; mais il n'était pas facile de la chercher. Mon frère méprisa le danger et fut à la rencontre des ennemis. Avant d'être reconnu, il manqua plusieurs fois d'être tué par les balles; il finit pourtant par arriver, et il demanda pour moi des secours. En apprenant que j'allais être son prisonnier, le comte de Hohenzollern s'empressa de m'en envoyer, et il me fit transporter dans une chaumière située en arrière du camp, où des chirurgiens autrichiens vinrent aussitôt appliquer le premier appareil à ma blessure.
Je reçus tous les secours qui pouvaient m'être donnés; mais, soit prévention, soit qu'en effet les chirurgiens autrichiens qui me soignaient manquassent d'instruction, comme leur gaucherie me le faisait craindre, je demandai au comte de Hohenzollern la permission de faire venir de Gênes le docteur Cothenet, chirurgien-major de la 25e demi-brigade légère, qui avait ma confiance. Il me l'accorda avec empressement, et j'écrivis au général Masséna pour le prier de me l'envoyer; en même temps je rassurai le général Masséna sur mon compte, en lui donnant de mes nouvelles. J'écrivis cette lettre, sur le dos du chirurgien autrichien qui me mettait l'appareil. Il me faisait horriblement souffrir par sa maladresse, et il n' osait toucher à ma blessure, pour la dilater. Cependant l'opération était nécessaire pour prévenir les accidents qui, par la suite, auraient pu se déclarer. Impatienté, je la fis moi-même, après avoir ôté des mains du chirurgien son bistouri ; elle fut facile et peu douloureuse. J'ai attribué à cette prévoyance la promptitude de ma guérison...
" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 125 et suivantes).

Comme la ville de Gênes posséde très peu de provisions de bouche, la ration de pain est d'abord réduite à 153 grammes; le 21 mai, il ne reste plus que deux jours de vivres. Sur ces entrefaites, Masséna reçoit la nouvelle que l'armée est en grand mouvement pour descendre en Italie. Bonaparte compte sur Masséna pour retenir devant Gênes une partie des forces ennemies. Ce dernier ordonne alors pour le 28 une grande reconnaissance : deux colonnes sont mises en route; l'une, composée des 62e et 74e, est commandée par le Général Darnaud. Ces deux colonnes doivent opérer leur jonction sur le Monte Facio; un combat sanglant s'engage sur ce point, où Darnaud est mortellement blessé.

Nous devons signaler ici plusieurs actions d'éclat accomplies par des Officiers ou Sous-officiers de la Demi-brigade :

Le Sous-lieutenant Relougues est nommé Lieutenant le 15 mai, pour avoir arrêté, à Rivalta, à la tête d'un détachement de la 62e Demi-brigade, une colonne ennemie et tenu une position qui a empêché les 97e et 63e Demi-brigades d'être faites prisonnières, cet endroit étant le seul point de retraite.

Le Sous-lieutenant Dumay est nommé Lieutenant le même jour, pour avoir, à Arbissola, à la tête d'une Compagnie de Grenadiers, arrêté les efforts de l'ennemi, qui a forcé tous les avant-postes et mis en déroute les troupes chargées de défendre les différents points de la rivière du Levant. Cette manoeuvre a empéché le Général en chef d'être fait prisonnier et a donné le temps aux troupes de se rallier et de se reformer.

Le Sergent-major Gros est nommé Sous-lieutenant pour être entré le premier à Monte Cornua, près de Gênes, dans une redoute défendue par 700 ou 800 Autrichiens et avoir protégé avec deux Compagnies de la 62e la retraite des 2e, 3e Légère et 62e Demi-brigades.

- Reddition de Gênes

La misère devient de plus en plus affreuse; chacun a, pour trois jours, une ration composée de 95 grammes de pain, fait de 20 parties de cacao, 10 de son, 4 d'amidon et 4 de haricots avec 385 grammes de viande de cheval et 1 litre de vin. Les habitants n'ont plus rien, la place est transformée en un vaste cimetière, les soldats sont à ce point affaiblis que beaucoup n'ont plus la force de porter leurs armes. Masséna, ne recevant pas de nouvelles de Bonaparte et ne voyant pas l'ennemi lever le siège, décide de faire une trouée avec les hommes valides et de laisser Miollis dans la place avec les blessés, mais il doit renoncer à cette héroïque folie, que rend absolument irréalisable l'extrême affaiblissement des hommes.

Le 3 juin, Masséna signe une convention d'après laquelle, le lendemain, 6000 Français "squelettes ambulants" sortent de Gênes tambour battant et drapeaux déployés pour rejoindre à Voltri l'armée de Suchet. Environ 2000 hommes vont revenir en France par mer. Les alliés, à qui le courage malheureux commande l'admiration, rendent les honneurs militaires, à cette troupe qui, par sa résistance et son héroïque fermeté, vient de sauver la patrie de l'invasion.

Quelques jours après Bonaparte frappe un grand coup à Marengo : la Lombardie, le Piémont, la Ligurie sont remis à la France.

Signalons qu'à la date du 10 mai 1800 (20 floréal an VIII), figure un Sous-lieutenant Fririon (jeune), de la 62e, attaché à l'Etat-major général du Général en chef de l'Armée en Allemgne Moreau, en qualité d'Aide de camp de l'Adjudant-général Fririon. A ses côé se trouve F. Fririon, Chef de Bataillon. Le Lieutenant P. Gudin est quant à lui Aide de camp du Général de Brigade Gudin, Chef de l'Etat-major du Lieutenant-général Lecourbe, commandant l'Aile droite de l'Armée en Allemagne (de Carrion-Nisas, Marquis, Campagne des Francais en Allemagne, Année 1800, Paris, 1829).

Par Arrêté du 27 août 1800 (9 fructidor an 8), la 62e est organisée à 2 Bataillons et envoyée à Milan, où elle fait partie de la réserve de l'Armée d'Italie; chaque Bataillon comprend une Compagnie de Grenadiers et huit de Fusiliers.

Situation en Août 1800 (côte SHDT : usuel-180008 )

Chef de Corps : GUDIN Chef de Brigade - Infanterie; LEDIEU Chirurgien major; COLOMBET Quartier maître trésorier
1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Beaufils à Gênes - Armée d'Italie
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Vuillerme à Gênes - Armée d'Italie
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Dumasbon à Gênes - Armée d'Italie

Armée Française, 17/18 Fructidor An VIII, 6/7 septembre 1800 (Nafziger - 800IBB)
Général commandant : Jourdan
3e Division : Général de Division Zayonchek (plus tard Verdier)
62e infanterie de Ligne

Note : nous ignorons à quoi correspond cette situation; il y a peut être erreur de date

Situation en Octobre 1800 (côte SHDT : usuel-180008 )

Chef de Corps : GUDIN Chef de Brigade - Infanterie; LEDIEU Chirurgien major; COLOMBET Quartier maître trésorier
Observations : octobre 1800 : 2 Bataillons sous les armes, effectif 1037 Officier et hommes
1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Beaufils à Malapaga - Armée d'Italie - Corps de réserve - Michaud - Division Rochambeau
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Vuillerme à Malapaga - Armée d'Italie - Corps de réserve - Michaud - Division Rochambeau
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Dumasbon à Gênes

Le 6 décembre 1800 (15 frimaire an 9), à Lonato, le Sous-lieutenant François Bougotte obtient son congès de Réforme (voir liste des Officiers etc.).

Congé 62e Demi-brigade 1798
Congé de Réforme accordé à François Bougotte, Sous-lieutenant, le 15 frimaire an 9 (6 décembre 1800) à Lonato (document communiqué par un de nos correspondants)

- Reprise des hostilités

Bonaparte, convaincu de la prochaine reprise des hostilités, concentre en Italie, sous le commandement de Brune, une armée de 60000 hommes, qui doit traverser l'Adige près de Vérone, donner la main à Macdonald opérant en Tyrol et marcher sur Vienne de concert avec Moreau agissant dans la vallée du Danube. La 62e, Brigade Bisson, est à l'avant-garde, commandée par Delmas. L'armée ennemie, forte d'environ 80000 hommes, occupe la rive gauche du Mincio.

Armée Française d'Italie, décembre 1800 (Nafziger - 800LBG)
Commandant en Chef : Général Brune
Avant Garde
Division : Général de Division Delmas (10510 hommes)
Brigade : Général de Brigade Bisson
62e Demi-Brigade

- Passage du Mincio

Le plan du Général en chef est de faire une fausse attaque sur Pozzolo, pendant qu'il passera le Mincio à Mozambano. Le 25 décembre 1800 une sanglante bataille s'engage, à la suite de laquelle les troupes françaises, qui ont combattu toute la journée avec une grande intrépidité, restent maîtresses du champ de bataille.

Le lendemain la lutte reprend : les soldats de Delmas s'avancent sur Valeggio, l'arme au bras et au pas redoublé, les Impériaux sont enfoncés. Nous sommes à peine établis à Valeggio que les Grenadiers autrichiens nous assaillent; ces derniers commencent à progresser lorsque la charge retentit; les Français, électrisés, s'élancent en avant et culbutent tout sur leur passage. L'avant-garde, poursuivant son mouvement en avant, s'empare de Valeggio. A la faveur de cette manoeuvre le passage du Mincio s'effectue pour toute l'armée. Les Autrichiens ont perdu 8000 hommes dans ces deux journées. Dès lors l'armée marche vers l'Adige, l'avant-garde passe ce fleuve le 1er janvier 1801, renverse l'ennemi qui défend le passage et fait plusieurs centaines de prisonniers. Différents petits combats, notamment celui d'Armeola le 9 janvier, font grand honneur à la Division Delmas. Quelque temps après l'armistice de Trévise vient arrêter la marche en avant; enfin le glorieux traité de Lunéville assure à la France un accroissement considérable de territoire.

Cachet 33e Demi-brigade de Ligne 1801
Cachet de la 62e Demi-brigade, an X (extrait de l'ouvrage du Lieutenant E. Cheutin : "Vignettes et Sceaux des Papiers Militaires pendant la Révolution Française"; 1911).

La campagne terminée, la 62e vient tenir successivement garnison à Ferrare, Asti, Coni, Turin, où elle reste jusqu'en mars 1802. Le Dépôt, qui se trouvait à Auriol en décembre 1799, se voit transporté à Brignolles, à Aubagne en mai 1800, puis à Chambéry et enfin à Turin.

Le 12 juin 1801 (23 prairial an 9), à Paris, "On propose d'accorder des brevets d'honneur aux ciloyens Cluy, Lemay et Lemelle, caporaux dans la 62e demi-brigade". Le Premier Consul répond : "Renvoyé au ministre de la guerre. Les brevets d'honneur proposés pour la 62e demi-brigade ne sont pas suffisamment motivés. Le ministre de la guerre demandera à ce corps des détails plus circonstanciés sur les hommes proposés pour avoir des fusils d'honneur" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 307).

D'après l'Etat militaire de l'an X (septembre 1801-septembre 1802), la 62e Demi-brigade se trouve à Turin. Les cadres du Régiment sont constitués de la manière suivante :

- Etat major : Chef de Brigade Gudin; Chefs de Bataillon Vuillerme (avec rang de Chef de Brigade), Beaufils Jean-François, Dumasbon; Quartier maître trésorier Chef de Bataillon Colombet; Adjudants majors Chef de Bataillon Limouzin, Capitaine Ganivet, ; Officiers de santé Ledieux, Houssard.
- Capitaines : Prevost, Antoine, Pignet (avec rang de Chef de Bataillon), Mathivet, Marechal, Waille, Monneret, Potard, Morisot, Sommer, Picot, Petit, Charpentier, Dechamp-Benoit, Loga, Génébrias, Ducommun, Lenonand.
- Lieutenants : Vincent, Desplaigne, Franck, Dufeux, Terme, Barrey, Carron, Gradeles (avec rang de Capitaine), Desfossés, Lafond, Seigneury, Deschamps, Boyer, Thouret, Clerin (avec rang de Capitaine), Sortet, Saveux, Dumay.
- Sous lieutenants : Retogne (avec rang de Lieutenant), Beaufils Claude François, Kinseler Michel, Youtre, Simonet, Chalopé, Fabre, Leroux, Boutes, Guillannin, Ithier, Courlon, Drapier, Lebeau, Fauchier, Prieur, Ramonet, Gros.

Le Capitaine Massot est Capitaine Adjoint à l'Etat-major de l'Armée.

Vient alors le temps des récompenses (Tony Broughton : "Armes d'Honneur Awarded to the Regiments d'Infanterie de Ligne") :
Bernard (Leonard) - Sergent : Sabre d'Honneur le 30 mai 1803
Bidoux (André) - Fusilier : Fusil d'Honneur le 1er mars 1801
Conchon (Antoine) - Sergent : Sabre d'Honneur le 30 mai 1803
Dupain (Francois) - Sergent : Sabre d'Honneur le 30 mai 1803
Hyvonnet (Francois) - Sergent : Fusil d'Honneur le 10 mars 1803
Langlais (Alphonse) - Sergent : Fusil d'Honneur le 14 décembre 1800
Legout (Jacques) - Caporal : Sabre d'Honneur le 10 mars 1803
Petit (Pierre-Francois) - Sous-lieutenant : Sabre d'Honneur le 15 septembre 1802
Yvonnet (Francois) - Sergent : Sabre d'Honneur le 15 septembre 1802.

III/ 62e Régiment d'Infanterie (1803-1815)

a/ Caldiero (1803-1805)

- Formation du 62e

Le 6 novembre 1802 (15 Brumaire an 11), Murat écrit, depuis Milan, à Bonaparte : "J'ai l'honneur de vous adresser, mon général, différentes notes de proposition qui m'ont été remises par quelques chefs de corps.
J'ai l'honneur de vous envoyer également une réclamation du conseil d'administration de la 62e demi-brigade de ligne, concernant trois officiers de ce corps, qui, quoique promus par vous à des grades supérieurs, ne peuvent parvenir à toucher les appointements de leurs nouveaux grades ...
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 296, lettre 967).

D'après l'Etat militaire de l'an XI (septembre 1802-septembre 1803), la 62e Demi-brigade se trouve à Turin et fait partie de la 27e Division militaire. Les cadres du Régiment sont constitués de la manière suivante :

- Etat major : Chef de Brigade Gudin; Chefs de Bataillon Thiéry, Dumasbon, N; Quartier maître trésorier avec rang de Chef de Bataillon Colombet; Adjudants majors Limouzin, Ganivet ; Officiers de santé Le Dieux, Houssard, N.
- Capitaines : Prevost, Antoine, Maréchal, Monneret, Potard, Mathivet, Morizot, Sommer, Picot, Petit, Charpentier, Dechamphenoit, Loya, Génébrias, Ducommun, Lenouaud, Pignet , N.
- Lieutenants : Vincent, Dufeux, Deplaigne, Franck, Terme, Barrey, Gradelet, Carron, Lafond, Saveux, Clérin, Desfossez, Seigneury, Boyer, Deschamp, Touret, Sorlet, Dumay.
- Sous lieutenants : Beaufils, Ganneval, Relongue, Youtre, Simonnet, Chalopé, Fabre, Bontes, Leroux, Guillomin, Ythier, Gros, Lebeau, Fauchier, Prieur, Ramonnet, Hammeau, Poncot.

Le 9 mai 1803 (19 floréal an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... La 62e sera mise en garnison à Turin ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 566 ; Correspondance générale, t.4, lettre 7627).

Le décret des Consuls du 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803) supprime les Demi-brigades et les remplace par des Régiments d'infanterie. La 99e Demi-brigade est réunie à la 62e pour former le 62e Régiment d'infanterie, composé de 4 Bataillons.

D'après l'Etat militaire de l'an XII (1803-1804), le 62e de Ligne se trouve à Turin et fait partie de la 27e Division militaire. Les cadres du Régiment sont constitués de la manière suivante :

- Etat major : Colonel Petit; Major Pouget; Chefs de Bataillon Dumasbon, Duheim,Thierry, Poisson; Quartier maître trésorier avec rang de Chef de Bataillon Colombet; Adjudants majors Helmuth, Ganivet, Hardoenecker, Touret; Chirurgiens majors Guyot, Dafaur, Ledieu, Houssard.
- Capitaines : Prevost, Marchal, Potard, Menneret, Reguier, Doyen, Morizot, Sommer, Barrey, Hoffmann, Albert, Laboucary, Blanckenheim, Petit (P.-E.), Charpentier, Berçeau, Dobanton, Deschampsbenoit, Loga, Ducommun, Mitault, Lenouaud, Parvilliers, Clérin, Rayez, Verdin, Gradelet, Dupont, Dans, Morel, Amiet, Vincent, Dumay, Koëpff, Varrez.
- Lieutenants : Deplaigne, Franck, Dufeu, Terme, Spitz, Barrey, Massin, Carou, Legendre, Boistaillis, Lefebvre, Laurent, Meisberger, Vilbaut, Mittembilher, Mazers, Desfossez, Lafond, Seigneury, Saveux, Boyer, Deschamp, Sorlet, Relongue, Lachan, Maljean, Brochin, Phfau, Friotch, Tréber, Beaufils, Ganneval, Simonet, Bernardin, N., N.
- Sous lieutenants : Weiber, Keyser, Zimmer, Mayer, Bronner, Rheim, Youtre, Schily, Sequeval, Follot, Follot, Franck, Chalopé, Fabres, Leroux, Petit, Buehholz, Guillomin, Mereau, Ithier, Dans (M.), Gros, Fauchier, Prieur, Ramonnet, Jouglet, Ponçot, Leliévre, Berod, Collot, Martin, Borderieux, Moussus, Dantenis, N., N., N.

"L'armée présentait un coup d'œil magnifique. Pliés à une discipline sévère et animés de cet esprit de corps qui fait pour tous un culte du drapeau, les vétérans et les conscrits s'étaient parfaitement assimilés. Presque tous les sous-officiers comptaient 10 campagnes et étaient en état de commander leur compagnie. Les officiers, doués des meilleures vertus militaires, les généraux, éprouvés par cent batailles, avaient la confiance des troupes et la méritaient à tous les titres".

Le 24 octobre 1803, le 62e passe sous le commandement du Colonel Petit.

PETIT (Pierre-Joseph

Né à Essert (Haut-Rhin) le 21 juin 1752. Soldat au 62e Régiment d'Infanterie, ci-devant Salm-Salm le 1er mai 1767. Caporal le 6 mai 1773. Sergent le 10 août 1782. Sergent-fourrier le 17 septembre 1783. Sergent-major le 1er janvier 1791. Sous-lieutenant le 1er septembre 1792. Lieutenant le 6 septembre 1793. Capitaine le 6 pluviôse an II. Chef de Bataillon le 22 pluviôse an II. Chef de Brigade le 26 germinal an II. Chef de la 99e le 11 ventôse an IV. Colonel du 62e Régiment le 1er brumaire an XII. Membre de la Légion d'Honneur le 20 frimaire an XII. Officier de la Légion d'Honneur le 26 prairial an XII.

A fait en Corse les campagnes de 1768, 1769, 1770; celles de 1792 à l'an IX inclusivement. Blessé d'un coup de feu le 6 germinal an VII devant Vérone (Italie), étant à son poste.

A cette époque, le Chef de Bataillon Pouget, à la suite du 4e de Ligne, futur Général d'Empire, est nommé Major au 62e de Ligne. Dans ses souvenirs de guerre, il écrit : "Il était connu dans l'armée que le premier Consul voulait créer des majors lieutenants-colonels qui seraient chargés de la police, discipline, instruction et comptabilité des corps. Ils devaient remplacer les chefs de bataillon chargés de la tenue des contrôles. Je vis cette institution avec d'autant plus de plaisir que je croyais fermement qu'un des chefs de bataillon du 4e régiment serait nommé major et que j'aurais enfin un commandement réel. Quel fut mon étonnement quand je reçus par la poste une lettre du ministre de la guerre qui m'annonçait ma promotion au grade de major du 62e régiment de ligne en garnison à Turin ! Je ne pouvais en croire mes yeux; je lisais et relisais avec une émotion qui m'étouffait. Je n'imaginais pas qu'un officier à la suite pût passer à un grade supérieur de préférence aux quatre chefs de bataillon titulaires, et je pouvais facilement croire à une erreur de nom quoique le mien fût bien correctement écrit sur l'adresse de la lettre du ministre. Mon anxiété fut redoublée par la réception d'une seconde nomination de major au 57e de ligne, dont le dépôt était à Hesdin et le régiment au camp. Je ne pouvais être major de deux régiments; le premier Consul fut consulté, il venait d'arriver au camp; il décida, à ma grande joie, que la deuxième nomination serait non avenue et que j'irais à Turin. Avant son départ de Paris, le premier Consul avait nommé à vingt-quatre emplois de major. Je ne savais à quelle bienveillance je devais d'en avoir fait partie. Je ne pouvais que le soupçonner, et je ne fus confirmé dans mes soupçons que dix-huit mois plus tard.
Mon bonheur était au comble, j'allais en Italie, j'allais revoir tous les miens, embrasser ma femme et me faire décorer par elle de mes nouvelles épaulettes ! Je partis pour Turin, après avoir reçu les adieux des officiers du 4e régiment, qui étaient restés en dépôt à Nancy. Je reçus aussi des témoignages d'attachement de ceux que j'avais laissés au camp; les jaloux me virent partir sans regret, mais rongés par l'envie. Mes deux nominations donnèrent une telle fièvre à l'un des chefs de bataillon qu'il en garda le lit pendant plusieurs jours (Note : Il se nommait Gros et fit fortune depuis). J'arrivai dans la capitale, du Piémont à l'improviste, quoique le colonel du 62e fut depuis longtemps prévenu de ma nomination. Je lui fis ma visite et je fus bien désappointé, moi qui quittais un colonel aussi brillant homme de guerre que distingué par son esprit et son éducation, de trouver à mon nouveau chef une figure commune et des manières à l'avenant. Mais ce dont je m'aperçus au premier abord n'était rien auprès de ce que j'appris ensuite; on me le dépeignit non seulement comme un homme sans éducation, ignorant sa langue comme une fille de basse-cour, mais injuste, se prévenant contre les officiers, sous-officiers et soldats de son régiment, sans aucun motif, et n'ayant d'autre société que la femme du maître cordonnier et pour conseillers que quelques officiers subalternes, ses dignes acolytes. Il n'était au reste qu'un ancien prévôt de salles d'armes, parvenu au grade de colonel par l'effet d'une loi qui avait désorganisé l'armée en donnant le premier emploi vacant au plus ancien de service; en sorte que de caporal il parvint au grade de colonel dans l'espace de quatre à cinq ans.
J'eus fort à faire à mon arrivée dans un régiment commandé par un pareil homme, et ma position devenait plus pénible de jour en jour. Il m'était fort désagréable d'avoir sans cesse à improuver mon chef, dont les injustices et la partialité me révoltaient. Ma présence bridait un peu sa malveillance; je réclamais auprès de lui pour ses victimes, mais quand mes observations n'étaient point écoutées, je réclamais auprès du général de division; nous n'avions pas alors de général de brigade. Un seul fait caractérisera ce chef de corps : sa manière de donner des notes à ses officiers était telle, qu'elles étaient prises en sens inverse. Je tiens cette vérité des deux généraux inspecteurs Legrand et Verdier
" ("Souvenirs de guerre du Général Baron Pouget", publiés par Mme de Boideffre née Pouget, Paris, Librairie Plon, 1895).

Le 20 Frimaire an 12 (12 décembre 1803), le Général Travot écrit au Commandant d’Armes de Verceil : "D’après des nouveaux ordres du ministre, citoyen commandant, le 102e régiment d’infanterie devant rentrer à Alexandrie, vous voudrez bien donner l’ordre au bataillon qui est dans cette place de partir de Verceil le 22 courant pour aller coucher le même jour à Casal et le 23 arriver à Alexandrie.
Vous donnerez aussi les ordres nécessaires pour que les détachements de Buronzo et Saint-Germain arrivent ici dans le jour de demain.
Je dois aussi vous prévenir qu’il m’arrivera le 22 courant en remplacement de cette troupe deux compagnies du 62e régiment
" SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le même 20 Frimaire an 12 (12 décembre 1803), le Général Travot écrit au Commissaire des Guerres : "J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen, qu’en exécution des ordres du Ministre, le bataillon du 102e régiment, en garnison ici, part le 22 pour se rendre à Alexandrie, cette troupe sera remplacée par deux compagnies du 62e qui arriveront le même jour.
Les détachements de Buronzo et Saint-Germain rentreront demain à Verceil et ne seront par remplacés jusqu’à nouvel ordre ...
" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 22 Frimaire an 12 (14 décembre 1803), le Général Travot écrit au Chef de l’Etat-major général : "... Les deux compagnies du 62e régiment, fortes de six officiers et 98 sous-officiers et soldats, sont arrivées ce matin ..." (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Situation en janvier 1804 (côte SHDT : us180401)

Chef de Corps : PETIT Colonel - Infanterie; POUGET Major - Infanterie; COLOMBET Quartier maître trésorier
Conscrits des départements de l'Aveyron des ans XI et XII
1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Dumasbon à Turin - 27e Division Militaire - Armée d'Italie
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duheim à Turin - 27e Division Militaire - Armée d'Italie
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Thierry à Turin - 27e Division Militaire - Armée d'Italie
4e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Poisson à Turin - 27e Division Militaire - Armée d'Italie

Le 16 nivôse an 12 (7 janvier 1804), le Général Travot écrit au commandant de Gendarmerie de la Sesia : "Vous voudrez bien, citoyen, faire conduire de brigade en brigade au commandant de la place de Turin le nommé Louis Goder, déserteur du 62e régiment. Je joins ici le procès-verbal de son arrestation constatant qu’il s’est déclaré lui-même et a demandé de rejoindre son corps" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 20 nivôse an 12 (11 janvier 1804), le Général Travot adresse un ordre de départ pour un convois de conscrits : "Le général Travot ordonne au citoyen lieutenant attaché au recrutement du département de la Sesia aidé de deux sergents dont un du 62e régiment et l’autre ainsi que deux caporaux du 31e régiment d’infanterie légère, de partir demain 21 du courant, pour conduire cent trente quatre conscrits destinés pour le 13e régiment d’infanterie légère à Chambéry, où la route leur sera continuée sur le lieu de la garnison du corps ; si cet officier rencontre les officiers et sous-officiers envoyés par le conseil d’administration dudit régiment, dans le département de la Sesia auprès du capitaine chargé du recrutement, il se fera remplacer par l’un d’eux auquel il remettra le présent ordre et le contrôle nominatif et signalé des conscrits qu’il conduit ; il fera connaitre à cet officier les mutations qui pourraient être survenues pendant la route et aura soin d’en détailler les motifs à la colonne d’observations. Il rétrogradera de cet endroit ainsi que le sergent du 62e régiment, et fera route avec les autres officiers et sous-officiers destinés pour le recrutement de la Sesia ; il fera pareillement relever par un nombre égal et quelqu’un de plus s’il est nécessaire, le sergent et les deux caporaux du 31e régiment, et il leur fera délivrer une feuille de route pour rejoindre leur corps. Si, dans le lieu où ce changement s’opérera, il ne se trouve pas de commissaire des guerre ou faisant fonctions, ils resteront avec le convois jusqu’au premier gite où il y en aura. Dans le cas où pendant la route, ces sous-officiers n’auraient pas été remplacés, une fois rendus à la garnison du 13e régiment recevront une route pour rejoindre le 31e régiment.
Au vu du présent ordre, le commissaire des guerres Grosbert voudra bien délivrer la feuille de route nécessaire, et le commandant de la gendarmerie fournira pour escorte deux gendarmes qui seront relevés de brigade en brigade, et continués jusqu’au lieu de la destination si le commandant du convois le juge utile.
Cet officier demeure personnellement responsable du bon ordre et de la discipline des hommes qu’il conduit
" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le même 20 nivôse an 12 (11 janvier 1804), le Général Travot adresse un ordre pour le départ de 16 conscrits : "Donné ordre au citoyen caporal au 62e régiment d’infanterie de ligne de conduire au chef de l’état-major général de la division à Turin, seize conscrits dont deux destinés pour le 2e des carabiniers à cheval et quatorze pour le 7e d’artillerie à pied. Ce détachement faisant route avec le convoi destiné pour le 13e régiment d’infanterie légère" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 20 nivôse an 12 (11 janvier 1804), le Général Travot écrit au Général commandant la 27e division militaire : "J’ai l’honneur de vous prévenir que je ferai partir demain de Verceil deux convois de conscrits, l’un commandé par un officier et composé de centre trente-quatre hommes destinés pour le 13e régiment d’infanterie légère ; l’autre de seize, est conduit par un caporal au chef de l’état-major général à Turin, deux sont pour le 2e régiment des carabiniers à cheval, et quatorze pour le 7e d’artillerie à pied. J’ai choisi pour ces deux armes sur ce premier convoi d’après le rapport du capitaine de recrutement qui me les a indiquées, comme plus grands et plus forts. J’attendrai la réunion des autres conscrits pour prendre parmi eux les dix-huit pour le 1er régiment des chasseurs à cheval, mais les officiers ou sous-officiers qui, d’après l’instruction que vous m’avez adressée, doivent se rendre ici pour les recevoir n’y étant pas encore arrivés, je vous prie de me faire connaitre l’endroit vers lequel je dois les diriger, ou si je les garderai à Verceil jusqu’à ce que l’on vienne les chercher.
Le départ du second convois enlèvera la plus grande partie des sergents et caporaux du 62e régiment que j’ai ici, je désirerais qu’à leur passage à Turin, vous les fassiez relever et retourner à Verceil ; j’en ferai l’invitation au chef de l’état-major général, par l’ordre dont l’officier sera porteur ...
(SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 24 nivôse an 12 (15 janvier 1804), le Général Travot écrit au Colonel du 62e Régiment : "A lui envoyé deux certificats délivrés par le conseil d’administration dudit 62e régiment portant que les deux enfants Charles et Adolphe Pelissier ont été portés comme enfants de troupe dans la 5e compagnie du 1er bataillon jusqu’au 30 brumaire dernier, ainsi que copie de la lettre du général de division Dupont Chaumont en date du 23 frimaire portant autorisation de faire compter ces enfants dans une compagnie de la garnison de Verceil, invité ledit colonel à faire comprendre de nouveau ces enfants dans les compagnies qui sont ici, deux places d’enfants de troupes y étant vacantes" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 29 nivôse an 12 (20 janvier 1804), le Général Travot adresse un ordre de départ pour des conscrits : "Donné l’ordre au citoyen Chaufroid sous-lieutenant attaché au recrutement du département de la Sesia, aidé d’un sergent et deux caporaux du 62e régiment, de partir aujourd’hui pour conduire à Chambéry soixante-dix conscrits destinés pour le 13e régiment d’infanterie légère" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 20 pluviôse an 12 (10 février 1804), le Général Travot écrit au Colonel du 62e Régiment : "Ecrit au colonel du 62e régiment d’infanterie pour le prier de faire porter sur les contrôles de son corps, comme enfants de troupe, deux des enfants de la veuve Pélissier, où de me renvoyer les deux certificats que je lui envoie à ce sujet, par une lettre du 24 nivôse dernier" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 5 Germinal an 12 (26 mars 1804), le Général Travot écrit au Général commandant la 27e Division : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, deux rapports, l’un du commandant du détachement du 62e régiment d’infanterie, constatant la désertion à l’intérieur de deux conscrits de ce corps ; et l’autre du capitaine commandant le détachement du 29e régiment de dragons, demandant qu’un dragon, convaincu d’avoir soustrait les rations d’avoines de trois chevaux pour les vendre, soit traduit devant un conseil de guerre, et un autre soupçonné du même délit, conduit au chef du corps. Le colonel Beaupoil observe à l’égard de ces deux déserteurs que n’y ayant point d’officier supérieur dans la place, ni le nombre d’officiers compétents pour former le conseil de guerre spécial, il sera plus expéditif de renvoyer cette plainte au corps qui se trouve à Turin, que de faire déplacer des officiers des garnisons voisines ; l’absence des deux déserteurs qui n’ont point été arrêtés me parait lever toutes difficultés à cet égard, c’est pourquoi je vous la fais passer et vous prie, si vous le trouvez bon, de la transmettre au chef de ce corps avec ordre de les faire juger ; je ferai conduire les deux dragons à Turin de brigade en brigade" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le Major Pouget écrit : "Le régiment reçut bientôt l'ordre de quitter Turin pour se rendre en Toscane. Ce ne fut pas sans regrets que nous abandonnâmes cette résidence, et je dois faire connaître ici le nom des principales autorités qui s'y trouvaient. Je citerai d'abord M. le comte Abdalla Menou, qui gouvernait pour la France les départements transalpins, acquis par les conquêtes de Napoléon Bonaparte, devenu premier Consul. Le général Menou avait fait la campagne d'Egypte et avait épousé dans ce pays une musulmane ayant conservé les moeurs et les coutumes de sa patrie; elle professait l'islamisme et ne se montrait jamais. M. le gouverneur était homme de mérite et fort distingué; il avait le ton et les manières d'un grand seigneur; il tenait un état de maison en rapport avec sa haute position et usait du palais des rois de Sardaigne avec une noble aisance. J'eus l'honneur de lui être présenté et d'en être reçu de la manière la plus gracieuse. J'eus aussi des devoirs à rendre à M. le général Dupont-Chaumont, qui logeait au palais Carignan; c'était un homme qui commandait le respect et la vénération, par sa bonté et les éminentes qualités qui le distinguaient. J'ai été assez heureux pour recevoir de lui un accueil dont je conserve le plus agréable souvenir. Il avait pour chef d'état-major l'adjudant commandant Maison, devenu depuis maréchal de France. Je n'avais pas assez de perspicacité pour lui prédire une telle fortune militaire. Je ne l'ai plus retrouvé que sur le champ de bataille de Polotsk, revêtus tous deux de l'uniforme de général de brigade.
J'ai aussi connu à Turin MM. les colonels Avice, Faure, et M. Berger, sous-inspecteur aux revues, administrateur très distingué. J'ai constamment eu avec ces messieurs les relations de service les plus agréables. Nous ne voyions pas la haute société de la ville, qui boudait et pleurait son roi; nous ne nous serions pas entendus. Nous nous en dédommagions en fréquentant d'autres personnes distinguées qui ne dédaignaient pas de nous recevoir. Un jour je reçus une invitation de bal d'un des principaux négociants de la ville; le colonel, qui était aussi du nombre des invités et qui avait équipage, m'offrit de me mener, ce que j'acceptai, car il n'y avait pas de carrosses de louage. Nous chaussâmes le bas de soie, en véritables amateurs de danse. Le temps était affreux : il tombait une pluie mêlée de neige, et sans véhicule il nous eût été de toute impossibilité de mettre les pieds dehors. Nous étions convenus de ne pas revenir l'un sans l'autre et de nous entendre pour le nombre de nos engagements, de manière à être libres en même temps. Je l'attendis à l'heure convenue : point de colonel; je le cherchai dans tous les salons, qui devenaient déserts, plus de colonel. Il était parti ! Je crus qu'il me renverrait sa voiture. Point de voiture ! Je fus obligé de regagner mon logis à pied, avec une chaussure de bal, par un temps affreux. Cette petite anecdote achèvera de peindre l'homme.
Le temps se passait rapidement pour moi entre mon service et les plaisirs. La ville et ses environs nous procuraient des distractions agréables; il y avait d'ailleurs des ressources de société dans les Français mariés qui y résidaient. Ce fut à Turin que je reçus ma nomination de chevalier de la Légion d'honneur, le 5 germinal an XII (26 mars 1804). Je fus reçu par le colonel, le régiment étant sous les armes, et je prêtai serment devant la Cour royale. Ces deux cérémonies se firent avec pompe
" ("Souvenirs de guerre du Général Baron Pouget", publiés par Mme de Boideffre née Pouget, Paris, Librairie Plon, 1895).

Le 27 Germinal an 12 (17 avril 1804), le Général Travot écrit au Général commandant la division : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, citoyen général, un rapport du commandant du détachement du 62e régiment d’infanterie concernant la désertion d’un tambour à l’intérieur, n’ayant point, comme je vous l’ai marqué dans ma lettre du 5 courant, sous un ordre d’officiers supérieurs, ni le nombre d’officiers compétents pour former le conseil de guerre spécial, il est plus convenant d’envoyer les plaintes qui au corps qui se trouve à Turin, d’autant plus que votre chef d’état-major par son accusé de réception parait ne point désapprouver cette marche" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 24 avril 1804 (4 floréal an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Donnez ordre, Citoyen Ministre, ... au 62e de ligne, qui est à Turin, de remplacer à Livourne le 5e de ligne qui se rendra à Turin ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 8828).

Le 8 Floréal an 12 (28 avril 1804), le Général Travot écrit au Commandant d’armes Beaupoil : "Je vous préviens, citoyen, que d’après les ordres que j’ai reçu du général de division, les compagnies du 62e régiment qui sont ici devant en partir après demain lundi 10 courant, pour se rendre à Turin, vous voudrez bien leur faire délivrer une feuille de route, et faire les le servie de prison et celui indispensable, par la garde nationale, jusqu’à ce que trois compagnies de ce même régiment qui me sont annoncées pour le 16 soient arrivées ..." (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le même 8 Floréal an 12 (28 avril 1804), le Général Travot écrit au Commissaire des Guerres Lefevre : "Je vous préviens, citoyen, qu’après demain, 10 courant, les compagnies du 62e régiment qui sont ici devront partir pour Turin, et que trois compagnies de ce même corps arriveront le 16 en cette ville ..." (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 10 Floréal an 12 (30 avril 1804), le Général Travot écrit au Chef de l’Etat-major de la 27e Division militaire : "J’ai reçu, citoyen, les ordres de la division des 4 et 7 floréal, ainsi que votre lettre du 6, en conformité de cette dernière, les compagnies du 62e régiment de ligne qui étaient ici sont parties pour Turin où elles arriveront le 13 courant" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 17 Floréal an 12 (7 mai 1804), le Général Travot écrit au Chef de l’Etat-major de la 27e Division militaire : "... Les compagnies du 62e régiment d’infanterie arrivées hier, partiront le 19 courant pour Alexandrie" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 18 Floréal an 12 (8 mai 1804), le Général Travot écrit au Capitaine commandant les compagnies du 62e Régiment : "Vous voudrez bien, citoyen, partir demain, 19 du courant, avec la troupe que vous commandez, armes et bagages, pour vous rendre le même jour à Trino, le 20 à Casal, et le 21 à Alexandrie, où vous aurez séjour et vous réunirez à votre bataillon.
Vous vous présenterez chez le citoyen Lefevre, commissaire des guerres, qui vous délivrera une feuille de route
" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le même 18 Floréal an 12 (8 mai 1804), le Général Travot écrit au Citoyen Beaupoil : "Veuillez bien, citoyen, transmettre au capitaine commandant les compagnies du 62e régiment qui sont ici, l’ordre de départ joint à la présente.
Vous ferez faire par la garde nationale le service absolument indispensable jusqu’à l’arrivée de nouvelles troupes
" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 18 Floréal an 12 (8 mai 1804) encore, le Général Travot écrit ensuite au Commissaire des Guerres Lefevre : "Je vous préviens, citoyen, que j’ai donné ordre aux compagnies du 62e régiment en garnison dans cette ville, de partir demain 19 pour se rendre le même jour coucher à Trino, le 20 à Casal, et le 21 à Alexandrie, où elles séjourneront et seront réunies à leur bataillon. Veuillez bien leur délivrer une feuille de route" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le Major Pouget écrit : "Le moment du départ du régiment étant arrivé, il plut au colonel de partir avec la première colonne, qui n'était composée que du 1er bataillon, les sapeurs et la musique. La mienne était formée des trois autres bataillons, qui quittèrent la place deux jours après. Nous passâmes par Alexandrie, où, plus heureux que mon colonel, j'évitai les arrêts qui lui furent infligés par le général Despinois, qui commandait la division, pour avoir fait taire les batteries sans avoir pris ses ordres. Notre voyage à travers la belle Italie se fit très joyeusement et très militairement par le plus beau temps du monde. Je vis, avec un plaisir extrême, toutes les jolies villes de Plaisance, Reggio, Parme, Modène, Bologne, Pistoia. Ce fut à Plaisance, où nous séjournâmes, que le premier Consul allait incessamment se faire couronner empereur. Nous étions très peu au courant des nouvelles politiques, depuis longtemps nous n'avions vu de journaux, qui n'étaient pas alors aussi répandus qu'ils l'ont été depuis, quoique les grands événements se succédassent avec rapidité.
En arrivant à Bologne, je fus très agréablement surpris de trouver cette ville commandée par le général Tholmé, qui était à la tête d'une brigade de la division Taponnier dont j'étais chef d'état-major lors du blocus de Luxembourg et des prises de Trèves et de Coblentz. Il me fit inviter à diner pour renouveler plus amplement connaissance; il y avait neuf ans que nous ne nous étions vus. Nous continuâmes notre route, laissant Florence à notre gauche; cette ville, en qualité de résidence royale, n'était traversée ni par la troupe ni par les militaires isolés. Nous passâmes par Pistoia pour gagner Pise, où nous retrouvâmes le 1er bataillon. Nous ne restâmes que quinze jours dans cette belle et intéressante ville, célèbre par ses monuments; nous visitâmes les rives fleuries de l'Arno, ses beaux quais à parapets de marbre blanc; la cathédrale, le baptistère, la tour qui penche, aussi élégante qu'une dentelle, et l'immense Campo-Santo. De Pise nous allâmes à Livourne, belle ville régulièrement bâtie, célèbre par son commerce et l'un des plus beaux ports de l'Italie. Quoique peu étendue, sa population se montait à soixante-dix mille âmes. Nous y trouvâmes environ trois cents soldats espagnols qui y faisaient le service, parce que la Toscane était encore sous la domination d'une infante. Nous primes possession des quatre casernes placées aux quatre coins de la ville, dans chacune desquelles il n'y avait place que pour un bataillon. Dans cette nouvelle garnison, mon service devint bientôt aussi périlleux qui pénible; on verra pourquoi. Deux mois environ après notre établissement, le général reçut l'ordre d'envoyer une députation du régiment pour assister au couronnement. Le colonel eut assez de bon sens pour ne pas accepter cet honneur, qui me revint de droit; j'attendis les colonels des 22e léger et 20e de ligne qui étaient en garnison en Corse, et nous primes un voiturier pour nous conduire jusqu'à Plaisance; notre voyage fut fort agréable, j'avais deux aimables et spirituels compagnons dans MM. les colonels Abbé et Cassan. Je connaissais ce dernier bien particulièrement; nous avions servi ensemble comme chefs de bataillon au 4e régiment de ligne.
En passant à Florence, nous nous arrêtâmes pour visiter à loisir cette capitale, où mon père avait séjourné soixante ans auparavant, et qui mérite bien son surnom de Fiorenza la bella. En arrivant à Plaisance, nous fùmes bien désappointés de recevoir un contre-ordre dont nous ne connûmes point le motif; nous nous reposâmes quatre jours, bien fêtés, bien accueillis par les officiers d'un régiment d'artillerie qui tenait garnison à Plaisance, d'où nous rebroussâmes chemin pour retourner à Livourne.
J'ai oublié de mentionner plus haut l'arrivée de ma femme auprès de moi; elle désirait vivement voir l'Italie, et l'occasion ne pouvait être plus favorable. Je lui avais écrit de Turin pour la prévenir de notre départ pour Livourne, en l'engageant à venir m'y rejoindre. J'ajoutais qu'elle trouverait encore à Turin des officiers du régiment qui l'accompagneraient de cette ville à Livourne, ce qui fut fait. Elle était déjà près de moi quand je reçus l'ordre d'assister au couronnement.
Peu de temps après notre retour, le bruit se répandit qu'une maladie pestilentielle s'était manifestée dans la ville. Il fut bientôt reconnu que c'était la fièvre jaune, apportée de la Havane par un bâtiment chargé de cuirs qu'on avait négligé de visiter avant son admission dans le port. Cette peste enleva bientôt plusieurs officiers et soldats; la présence de ma femme ajouta beaucoup aux inquiétudes que j'éprouvais déjà pour le régiment. Elles étaient d'autant mieux fondées que j'avais des relations de tous les instants avec des militaires; je recevais tous les jours chez moi, dans une très grande salle, de soixante à soixante-dix personnes, tant officiers que sous-officiers et caporaux arrivant des quatre coins de la ville. Je pris le parti de faire des fumigations d'après le système de Guyton de Morveau. La maladie nous serrait de si près que toutes les maisons qui avoisinaient la nôre étaient pavoisées du sinistre drapeau noir, qui annonçait que la peste les avait visitées. Il mourait à Livourne deux cents personnes par jour, et toutes les nuits j'étais réveillé par des rapports qu'on venait me faire de la mort de quelque officier que j'avais vu bien portant quelques heures auparavant. Ma femme, malgré tout son courage et son énergie, était dans de mortelles angoisses. Enfin, après avoir gardé Livourne aussi longtemps que possible pour ne pas trop décourager les habitants, le général de division Verdier, qui y avait son quartier général, le transporta à Pise avec ordre au régiment de l'y suivre. Cette ville, comme je crois l'avoir déjà dit, est bien percée; l'Arno, qui la traverse et la partage dans sa partie la plus longue, y établit un courant d'air qui contribue encore à l'assainir; malgré l'inquiétude des habitants, il ne se manifesta aucun symptôme de peste pendant le séjour que nous y fimes. Le général fit seulement laisser à Livourne une garde permanente dans la caserne du port.
Nous profitâmes de notre séjour à Pise pour visiter les superbes bains de marbre construits à quelque distance de la ville, ainsi que ses délicieux environs, ses palais, ses aqueducs, la laiterie appartenant à la Reine et entretenue comme si elle était souvent visitée par elle. Je revis avec un nouveau plaisir un superbe jardin rempli d'orangers portant des fruits de toute beauté; il y en avait en espaliers, en pleine terre et en caisses, qui garnissaient la façade d'un hôel donnant sur le jardin. Ce paradis terrestre était habité par notre quartier-maître. Pour donner une idée du climat de Pise, je citerai un fait qui est particulièrement resté dans ma mémoire; c'est que, nous promenant sur le quai de l'Arno le jour de Noël avec quelques dames, nous y éprouvâmes une chaleur de vingt-cinq degrés Réaumur. Les dames étaient en parasol et les hommes le chapeau à la main pour chercher à se rafraîchir. L'intensité de la maladie ayant beaucoup diminué à Livourne, le général de division nous y ramena. Nous ne quittâmes pas sans regrets le délicieux séjour de Pise, quoique Livourne nous offrit quelques compensations par les agréments du voisinage de la mer, le mouvement de son port, toujours encombré de bâtiments marchands et d'une population venue des quatre parties du monde. Nous y faisions aussi une chère excellente de poissons frais et fins qui y abondaient. Le carnaval arriva, qui fut gai, nonobstant la présence de la fièvre jaune; il y eut des bals masqués à la salle de spectacle, où ma femme fut reconnue à la beauté de ses cheveux noirs, dont elle avait formé un magnifique turban. Pendant le jour, des équipages dans tout leur luxe promenaient dans les rues la société de la ville, qui jetait des dragées aux gens garnissant les balcons, lesquels à leur tour mitraillaient de la même façon leurs agresseurs. Les chevaux avaient aux jambes des bracelets garnis de grelots, ce qui faisait une musique appropriée à la circonstance
" ("Souvenirs de guerre du Général Baron Pouget", publiés par Mme de Boideffre née Pouget, Paris, Librairie Plon, 1895).

Situation en juillet 1804 (côte SHDT : us180407)

Chef de Corps : PETIT Colonel - Infanterie; POUGET Major - Infanterie; COLOMBET Quartier maître trésorier
Conscrits des départements de l'Aveyron des ans XI et XII
Observations : juillet 1804 effectif des 1e, 2e, 3e Bataillons : sous les armes 2447 Officiers et hommes dont hopitaux 241 hommes
1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Dumasbon à Livourne - Armée d'Italie - troupes francaises en Etrurie - Verdier
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duheim à Livourne - Armée d'Italie - troupes francaises en Etrurie - Verdier
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Thierry à Livourne - Armée d'Italie - troupes francaises en Etrurie - Verdier
4e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Poisson à Piombino, Gorgogna, Orbitello - Armée d'Italie

Cachet 62e de Ligne
Cachet à sec du 62e de Ligne Autre cachet du 62e de Ligne

Le Major Pouget écrit : "Pendant l'été, nous avions fait plusieurs promenades en gondole sur la Méditerranée; cette saison avait été en 1804 plus brûlante que d'ordinaire, ce qui n'empêchait pas les Français de vaquer à leurs occupations, tandis que les Italiens s'enfermaient chez eux depuis neuf heures du matin jusqu'à huit heures du soir et faisaient du jour la nuit. Aussi disaient-ils qu'on ne voyait dans les rues que des chiens et des Français. Un jour, nous fûmes visiter la madone de Montenero avec un négociant de Livourne; en entrant dans la chapelle nous vîmes un homme de très mauvaise mine qui était à genoux devant la statue de la Vierge, pleurant, gémissant, jetant des cris lamentables en implorant son pardon. Notre cicerone nous dit que cet homme était sans doute un grand scélérat, qui était persuadé qu'après être venu jeter quelques écus devant la Vierge, ses crimes lui seraient pardonnés et qu'il pourrait ensuite jouir en toute sûreté de conscience du fruit qu'il en avait retiré", publiés par Mme de Boideffre née Pouget, Paris, Librairie Plon, 1895).

Le 19 septembre 1804 (2e jour complémentaire an 12), Napoléon écrit depuis Coblentz au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin, l'état que vous m'avez envoyé de la solde de vendémiaire contient quelques erreurs.
2° Si le 5e de ligne est passé de la solde d'Etrurie à celle de la France, le 62e, qui était à Turin, a été en Etrurie ...
" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 8029; Correspondance générale, t.4, lettre 9228).

Le même jour (19 septembre 1804 - 2e jour complémentaire an 12), Napoléon écrit depuis Coblence à Mr Barbé-Marbois, Ministre du Trésor public : "Vous trouverez ci-joint l'état que m'envoie le ministre de la guerre. Il en résulte que la solde ne doit monter qu'à 8,684,000 francs pour vendémiaire; encore, sur cette somme, y a-t-il des observations à faire.
On a porté en plus le 5e régiment de ligne, qui n'est plus en étrurie; mais il fallait porter en moins le 62e, qui n'est plus en Piémont et qui est passé à la solde de l'Etrurie ...
" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 8030; Correspondance générale, t.4, lettre 9227).

- Coalition de l'Europe

Situation en janvier 1805 (côe SHDT : us180501)

Chef de Corps : PETIT Colonel - Infanterie; POUGET Major - Infanterie; COLOMBET Quartier maître trésorier
Conscrits des départements de l'Aveyron des ans XI et XII
Observations : janvier 1805 effectif sous les armes : 2486 Officiers et hommes dont hopitaux 178 hommes
1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Dumasbon à Pise et Livourne - Armée d'Italie - troupes francaises en Etrurie - Verdier
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duheim à Pise et Livourne - Armée d'Italie - troupes francaises en Etrurie - Verdier
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Thierry à Pise et Livourne - Armée d'Italie - troupes francaises en Etrurie - Verdier
4e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Poisson à Pise et Livourne - Armée d'Italie

bouton 62e de lignebouton 62e de ligne
Bouton 62e de LigneBouton 62e de LigneBouton 62e de Ligne
62e de Ligne62e de Ligne
Boutons du 62e de Ligne, communiqués par un de nos correspondants
Autres boutons, communiqués par un autre de nos correspondants - les deux premiers ont un diamètre de 16 mm
Bouton du 62e de Ligne, gros module
bouton 62e de ligne
bouton 62e de lignebouton 62e de ligne
bouton 62e de ligne
Bouton trouvé en Espagne
Bouton gros module 22 mm, attache complète; sur la tranche est visible un petit choc
Bouton gros module
Bouton du 62e

Trois ans à peine de paix générale se sont écoulés, qu'une formidable coalition menace de nouveau la France; presque tous les Etats de l'Europe en font partie. L'Autriche se dispose à envahir l'Italie avec une armée de 100000 hommes, tandis qu'une deuxième armée reçoit la mission d'entrer en Allemagne et d'y attendre les Russes.

Le Major Pouget écrit : "Malgré tous les agréments du séjour de Livourne, nous étions fort préoccupés de la présence de la fièvre jaune qui, quoique moins intense, continuait toujours ses ravages. Mes inquiétudes avaient surtout pour objet la présence de ma femme, qui avait quitté la Lorraine et ses deux fils, les seuls enfants que nous ayons alors, pour venir me rejoindre. Un soir du mois de février 1805, j'étais allé me promener sur la route de Pise, rêvant tristement à la position critique dans laquelle je me trouvais et me demandant si nous reverrions jamais la France. Le temps était fort sombre et en harmonie avec ma situation d'esprit. En rentrant chez moi, je trouvai ma femme au coin de son feu en compagnie d'un chef de bataillon du régiment, M. Duhem, qui me dit: "Arrivez donc, monsieur le colonel, vous vous faites bien attendre ! - Que signifie, lui dis-je, cette plaisanterie et ce titre de colonel ?" Alors ma femme, qui avait un air rayonnant que je ne lui avais pas vu depuis longtemps, m'embrassa en me disant : "Rien n'est plus vrai, vous êtes colonel; le général de division a envoyé son aide de camp pour vous féliciter sur votre nomination au 26e régiment d'infanterie légère en remplacement du prince Bacciochi." Cette bonne nouvelle, arrivée si inopinément, me remplit de joie, et mon bonheur était centuplé par celui de ma femme, qui ne cessait de me répéter: "Mais songez donc à quel point nous sommes heureux ! Vous êtes colonel au moment où vous vous y attendiez le moins; nous allons quitter la peste, revoir la France et embrasser nos enfants !" Je m'assurai d'un voiturier qui avait une bonne berline attelée de deux belles et bonnes mules qui, tout eu allant au pas, nous firent faire de quatorze à quinze lieues françaises par jour.
Ce n'était pas sans quelques regrets cependant que nous nous préparions à quitter le beau ciel de l'Italie, car notre curiosité était loin d'être satisfaite. Nous aurions voulu visiter Rome, Naples, Venise; mais la fièvre jaune nous bloquait à Livourne, et nous ne pûmes mettre à exécution les agréables projets que nous avions formés. J'éprouvai aussi un véritable chagrin de me séparer des amis que j'avais au régiment, dans tous les grades, j'ose le dire. Je m'étais efforcé de rendre justice à chacun et de maintenir une discipline sévère, mais paternelle. Les sous-officiers et les soldats étaient surtout l'objet de mon incessante sollicitude; je veillais à ce qu'ils n'éprouvassent pas de vexations dans leur service, et quand il m'arrivait de les punir, ils n'en conservaient point de rancune, parce qu'ils reconnaissaient qu'ils l'avaient mérité.
Notre voiture devait se compléter de MM. Poisson et Dumasbon, chefs de bataillon au 62e régiment; ils avaient sollicité leur retraite et allaient l'attendre, l'un à Paris, l'autre à Toulouse. Nous quittâmes Livourne dans les premiers jours de mars 1805, menant avec nous le jeune Gérard, mon parent, qui était venu me rejoindre à Pise comme volontaire; je ne voulus pas le laisser isolé dans un corps où il aurait été en butte au colonel, qui se serait vengé sur lui de l'opposition que je lui avais faite. Nous voyageâmes en amateurs, visitant à loisir toutes les villes qui se trouvaient sur notre passage. Je revis Florence, dont on ne se lasse pas d'admirer les monuments. Nous visitâmes en détail le palais Pitti, résidence royale, la galerie de peinture et de sculpture, les ateliers de mosaïque, la cathédrale, le Baptistère et plusieurs autres choses remarquables. Nous continuâmes notre route laissant à notre droite Venise, que nous gémissions de ne pouvoir aller visiter. A notre arrivée au lazaret de Scarica-Lasino, où nous devions nous purifier, nous eûmes le désagrément de ne pas trouver de place; nous fûmes obligés de rétrograder de deux milles pour gagner une pauvre hôellerie du nom de Pietra Mala, où nous manquions de tout et où nous restâmes huit jours. Nous les mîmes à profit pour parcourir les Apennins. Nous visitâmes "il Monte Fuoco", espèce de volcan sans cratère d'où les flammes sortent par des crevasses et qui ne s'élèvent par un temps serein qu'à un pied du sol, sur un diamètre de douze à quinze, mais qui s'élancent à la hauteur de huit à neuf pieds quand le temps est à la pluie. Il prit fantaisie à Mme Pouget de franchir ce volcan, qui était alors dans son calme, ce qu'elle fit en rétrogradant pour prendre son élan. Nous vîmes aussi, près de là, la fontaine de l'Acqua-Buya, dont l'eau s'enflamme à l'approche d'une lumière. Notre jour d'entrée au lazaret arriva enfin; on nous purifia préalablement ainsi que nos effets; nos purificateurs, revêtus des pieds à la tête d'une robe en toile cirée noire, la tête enveloppée d'un voile épais où des ouvertures étaient pratiquées vis-à-vis des yeux, environnaient des réchauds remplis de charbon enflammés, au-dessus desquels on nous fit passer et repasser, en même temps qu'ils y faisaient jeter des aromates. Cette opération terminée, nous fûmes admis dans l'intérieur d'un ancien couvent où les personnes qui nous avaient précédées à la quarantaine nous fuyaient comme la peste, ce que nous fimes à notre tour pour les personnes admises après nous, car le moindre contact entre les anciens et les nouveaux admis nécessitait inexorablement pour les anciens la reprise de la quarantaine. On nous transmettait nos vivres au bout d'une perche, et ensuite on nous présentait de la même façon un verre de vinaigre dans lequel nous jetions notre argent. Toutes ces précautions faisaient un peu diversion à l'ennui inévitable d'un pareil séjour. Nous avions la liberté de nous promener dans un grand verger où nous avions le spectacle de la purification de tous les nouveaux arrivants. Enfin les portes nous furent ouvertes vingt jours après notre entrée et nous pûmes continuer notre voyage. Nous vîmes dans le plus grand détail les villes de Bologne, Modène, Reggio, Parme, Plaisance, Lodi, Milan, Novare, Verceil et Turin. Je retrouvai à Bologne le général Tholmé, mon ancienne connaissance dans les campagnes sur Trêves, Coblentz et Luxembourg; à Lodi, je trouvai le général Merlin, que j'avais connu pendant que j'étais au 4e régiment en garnison à Nancy, lui colonel du 8e régiment de cuirassiers en garnison à Toul. Nous eûmes grand plaisir à nous revoir. Nous ne manquâmes pas d'aller saluer le pont de Lodi, rendu célèbre par la bravoure et l'intrépidité du général en chef Bonaparte, lors de ses brillantes conquêtes qui amenèrent la paix de Léoben
" ("Souvenirs de guerre du Général Baron Pouget" ("Souvenirs de guerre du Général Baron Pouget", publiés par Mme de Boideffre née Pouget, Paris, Librairie Plon, 1895).

Le 6 mars 1805 (15 ventôse an 13), Napoléon écrit depuis Paris au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "... Le 62e de ligne se rendra à Boulogne ..." (Correspondance générale, t.5, lettre 9228).

Le 27 mars 1805 (6 germinal an XIII), Napoléon écrit depuis Saint-Cloud au Maréchal Berthier : "... Je passerai en revue dans les dix premiers jours de prairial, dans la plaine de Lonato, les 22e et 23e légers, les 1er, 10e, 106e, 52e, 62e, 101e, 53e de ligne, et les trois régiments italiens. Le général Jourdan formera quatre divisions, chacune de trois régiments; on les cantonnera sur la Chiese et le Mincio ...Vous me ferez connaître également ce qu'il sera nécessaire de donner aux troupes pendant le temps qu'elles seront cantonnées ...
Vous recommanderez bien au maréchal Jourdan que ces mouvements n'aient point l'air de mouvements de guerre. Il ne dégarnira Vérone, Peschiera et Mantoue qu'au moment de la revue. li donnera seulement l'ordre de se mettre en marche au 62e qui est à Livourne, au 53e qui est à Rimini, au 22e qui est à Novare, au 23e qui est à Parme, et aux autres corps qui ont besoin de se rapprocher ...
" (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8491 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9739).

D'après la situation des "Troupes dans le royaume d'Italie à l'époque du 1er thermidor au XIII" (20 juillet 1805), il y a, dans la 3e Division à Bologne, le 62e de Ligne, fort de 2419 hommes à l'effectif, et 2250 hommes présents à Modène (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 117 et suivantes).

Le plan de Napoléon est arrêté. Comme il n'a pu descendre en Angleterre, il dirige la Grande-Armée vers l'Allemagne; cette armée doit refouler les Autrichiens entrés en Bavière et de là marcher sur Vienne. Le commandement de l'Armée d'Italie est donné à Masséna, qui se tiendra sur la défensive ou attaquera, suivant la tournure que prendront les affaires en Allemagne.

En attendant des nouvelles de la Grande-Armée, Masséna rassemble ses troupes entre le Mincio et l'Adige. Il dispose d'environ 40000 hommes, formant 5 Divisions. Le 62e fait partie, avec le 56e, de la Brigade Digonnet, Division Verdier (2e). Ses 4 bataillons sont présents, son Dépôt est à Parme.

Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 62e de Ligne a ses 1er, 2e, 3e et 4e Bataillons à Alexandrie, 27e Division militaire, pour 2250 hommes présents, 71 détachés ou en recrutement, 98 aux hôpitaux, total 2419 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).

Troupes Françaises en Italie, 1er Thermidor an XIII - 20 juillet 1805 (Nafziger - 805GAB)
1ère Division à Vérone
62e de Ligne : 2250 hommes

Source : Alombert et Colin

Le 20 août 1805 (2 fructidor an 13), à Pont-de-Briques, "On propose de nommer le capitaine Jean Etienne Barré qui a rang de chef de bataillon au 102e, chef de bataillon au 62"; l'Empereur répond : "J'adopterai cet arrêté; mais il faut que le ministre me présente en même temps un bon capitaine du 62e pour être comme chef de bataillon dans un autre corps, afin de donner de l'avancement au 62e qui a beaucoup d'anciens officiers et soldats" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 651).

- Formation des Compagnies de Voltigeurs

La Division Verdier vient cantonner aux environs de Bovolone et Valese. C'est à Bovolone que le Sous-inspecteur aux revues Gavin procède à la formation des quatre Compagnies de Voltigeurs du 62e. La 8e Compagnie de chaque Bataillon, par application du Décret de l'Empereur en date du 2e complémentaire an 13 (19 septembre 1805), devient "Compagnie de Voltigeurs" et est constituée avec les hommes les plus petits et les plus robustes.

Armée d'Italie, 17-18 fructidor en 14 - 6-7 septembre 1805 (Nafziger - 805IBB)
3e Division Verdier
Brigade Zayonchek
62e de Ligne

Source : Gachot

- Passage de l'Adige

A l'ouverture des hostilités, vers le milieu du mois d'octobre, l'Armée d'Italie a été portée à 65000 hommes, sous le commandement du Maréchal Massena, commandant eu chef. L'aile droite de cette armée comprend la Division d'infanterie Gardanne, Brigades Compère et Lenchantin, douze Bataillons des 22e d'infanterie légère, 52e, 29e et 101e de ligne, trois Escadrons du 23e de Chasseurs à cheval, 6000 combattants et cinq bouches à feu ; et la Division d'infanterie Verdier, Brigades Brun et Digonet, quinze Bataillons des 23e d'infanterie légère, 10e, 56e, 62e de ligne, Dragons à pied, Dragons réunis, sept Escadrons des 4e et 19e de Chasseurs à cheval,·5000 combattants et onze bouches à feu (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 277).

Le Corps du Général Gouvion-Saint-Cyr, dans le Royaume de Naples, est formé de deux Divisions et d'une de réserve. La 1ère Division, Général de Division Reynier, Généraux de Brigade, Digonet, Herbin, Grigni, compte 7500 hommes et 1200 chevaux, des 23e d'infanterie légère, 10e, 56e, 62e de ligne, 4e Bataillon suisse, 4e et 6e de Chasseurs à cheval. La 2e Division, Général de division Lecchi, Généraux de brigade Ottavi et Severoli, 5000 hommes et 750 chevaux des 2e, 4e et 5e Régiments italiens, 32e Léger (un Bataillon), 1er Régiment des Chasseurs royaux italiens. La Réserve, Généraux de Brigade Peyri et Brou, 5000 hommes et 430 chevaux, des 1er d'infanterie·polonaise, Légion corse, 28e de Dragons, total de 17 à 18000 combattants et 2500 cheveaux, avec un matériel de 37 bouches à feu et 25 voitures (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 277).

plaque de giberne ou shako 62e de ligne
plaque de shako 62e de ligne
plaque 62e de ligne
Plaque en cuivre, époque Empire, extraite de la Giberne (11e année, N°12 - Collection du Prince de la Moscowa). Cette plaque est donnée comme étant celle d'une giberne
Dessin de notre ami Didier Davin, qui parle de plaque de shako en usage de 1807 à 1809 (in Le Bivouac 2001/03). Ce dessin est basé sur la plaque donnée par C. Blondieau (Aigles et shakos du 1er Empire), conservée au Musée de l'Armée
Plaque en cuivre jaune, au dessin particulièrement rustique. On remarquera les deux ouvertures de part et d'autre de la tête de l'aigle, destinées à fixer la plaque. Ces ouvertures sont absentes sur le dessin de la Giberne.

Les deux armées occupent chacune une rive de l'Adige; 40000 Français et 83000 Autrichiens vont en venir aux mains. Masséna, apprenant la marche rapide de l'Armée d'Allemagne, se résout à prendre l'offensive et à traverser l'Adige à Vérone. La Division Verdier reçoit l'ordre d'exécuter une diversion à droite, tandis qu'une partie des troupes forcera le passage.

Armée d'Italie, 12 octobre 1805
Commandant en Chef : Masséna
2e Division Verdier
2e Brigade
62e de Ligne, 3 Bataillons, 1874 hommes

Armée d'Italie, 18 octobre 1805 (Nafziger - 805JBG)
Commandant en Chef : Masséna
Aile droite : 2e Division Verdier
2e Brigade : Digonnet
62e de Ligne, 4 Bataillons

Dans la nuit du 18 au 19 octobre, les troupes impatientes commencent les mouvements indiqués : Verdier s'empare de tous les moulins flottants situés sur l'Adige, en forme un pont sur lequel passent deux Régiments d'infanterie, qui engagent avec l'ennemi une vive fusillade. Pendant cc temps le passage du fleuve est forcé à Vérone et, après une lutte qui dure jusqu'au soir, l'armée française occupe la rive gauche de l'Adige. L'ennemi a perdu près de 2000 hommes et 7 canons; quant à nous, nos pertes sont peu importantes (450 hommes).

Une sorte de trêve de dix jours suit ce coup de force. L'armée la met à profit pour se fortifier dans les positions conquises.

Armée d'Italie, 1er Brumaire an XIV - 23 octobre 1805 (Nafziger - 805JBH)
Commandant en Chef : Masséna
Aile droite : 2e Division Verdier
2e Brigade : Brun
62e de Ligne, 4 Bataillons, 1438 hommes

Source : Gachot ; une autre situation (Nafziger - 805JBK) indique un effectif de 1428 hommes

- Bataille de Caldiero (29 octobre)

Sous officier 62e de Ligne voltigeur 62e de ligne
Fig. 1 Sous officier en 1807-1808, d'après Didier Davin (in Le Bivouac N°03 de 2001)
Fig. 1bis Voltigeur, même époque; figurine de Didier Davin

Après leur échec du 19, les Autrichiens se sont fortement retranchés sur les hauteurs de Caldiero. Le 29 octobre Masséna se dispose à enfoncer le centre ennemi, tourner sa gauche et la culbuter dans les marais d'Arcole. La Division Verdier engage une vive fusillade entre Ronco et Albaro, d'une rive à l'autre de l'Adige; elle atteint ainsi le but qu'on lui a assigné, car les Autrichiens n'osent pas dégarnir leur gauche. Le lendemain la lutte recommence, acharnée. La Division Verdier, qui doit passer l'Adige à Perzacco au point du jour et forcer la gauche de l'ennemi, ne peut le faire, faute de matériaux. A force de recherches on finit par trouver quelques poutrelles pour la construction d'un pont, mais il est impossible de déboucher devant les forces par trop supérieures de l'ennemi. Verdier remonte alors vers Zevio, où le Général Brun embarque le 62e, qu'il a ordre de diriger sur Perzacco. Le 62e s'élance sur la colonne autrichienne du Général Nordman, établie dans de fortes positions, mais il est obligé de reculer.

Le Sous-lieutenant Marchal, qui se trouve en avant avec les Tirailleurs du Régiment, est blessé de deux coups de feu, l'un à l'épaule et l'autre au bras. Il se dirige sur son Bataillon dans l'intention de se faire relever, mais à peine l'a-t-il rejoint qu'animé par un courage vraiment héroïque il revient à son premier poste et là il reçoit à la jambe droite un troisième coup de feu qui le met définitivement hors de combat.

Le Général Brun est lui aussi mortellement blessé à l'attaque du canal de la Bendinara. Le Général Verdier adresse alors au Colonel Boutrouë, du 56e, depuis Perzago, l'ordre suivant (daté du 8 Brumaire) : "M. le colonel Boutrouë prendra le commandement de la brigade du général Brun, placera son régiment à la gauche du 62e et attendra dans cette position de nouveaux ordres de ma part" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 102).

Heureusement des renforts nous arrivent, les Autrichiens sont abordés à la baïonnette et culbutés, beaucoup sont faits prisonniers. Au centre et à gauche, après diverses alternatives de revers et de succès, nous restons maîtres du champ de bataille. Cette journée sanglante a vu tomber de chaque côé environ 6000 hommes.

Selon Martinien, ont été blessé le 30 octobre lors du passage de l'Adige devant Vérone, le Chef de Bataillon Donnat, le Capitaine Dupont et le Sous lieutenant Humbert.

Le lendemain, dans le but de concentrer les troupes pour recommencer la lutte, la Division Verdier reçoit l'ordre de rejoindre le gros de l'armée à Caldiero. Un fort détachement ennemi, qui essaye d'entraver ce mouvement, est rudement attaqué à Gombione par notre Division et obligé de se retirer. Le Général Verdier est blessé. Au 62e, le Capitaine Antoine est tué; les Sous lieutenants Derbergues et Marchal sont blessés (Martinien).

Le 30 octobre le Sergent Fontenay montre beaucoup de zêle et de courage. "Chargé par 7 ou 8 grenadiers hongrois i1 parvint à les disperser en les bourrant avec le bâton de son drapeau".

Le Sergent Veret donna les preuves d'un courage exemplaire, "en restant toujours à la tête des tirailleurs et les excitant par ses paroles à foncer sur l'ennemi, ce qui il exécuta lui-même plusieurs fois".

Le 31 octobre, toujours devant Caldiero, le Sous lieutenant Mousset est tué; le Lieutenant Seigneurie est blessé (Martinien).

L'Archiduc Charles vient de recevoir de mauvaises nouvelles d'Allemagne, i1 ordonna la retraite et décide d'aller couvrir la Hongrie. L'armée française le poursuit aussitô et, après divers engagements avec les arrière-gardes ennemies, elle arrive tout entière sur le Tagliamento le 11 novembre.

- Blocus de Venise (novembre 1805)

Les Autrichiens, en se retirant, ont jeté une forte garnison dans Venise. Le 62e, toujours placé dans la Division Verdier, fait alors partie du Corps commandé par Gouvion-Saint-Cyr, formé le 16 novembre pour faire le blocus de Venise.

Quelques jours après le Lieutenant Carmantrand est envoyé avec 8 Voltigeurs du 62e pour surprendre un poste autrichien sur le canal de Venise; il déploie, en cette occasion, tant de courage et de bravoure qu'il réussit à faire prisonniers l'Officier et 21 soldats du poste ennemi.

Le 23, un détachement de la Division contribue, à Castelfranco, à l'anéantissement de Rohan, descendu du Tyrol avec une colonne de 10000 hommes pour se jeter dans Venise.

Dans cette affaire le Lieutenant Béné, suivi du Sergent Gentilhommne, du Caporal Cruel et du Fusilier Oivel, fonce sur un groupe d'Autrichiens avec une intrépidité telle qu'il contraint 2 Officiers et 40 hommes à déposer les armes. Martinien donne à la date du 24 un combat de Castel-Franco, au cours duquel le Lieutenant adjudant major Georges, et le Sous lieutenant Touret sont blessés.

Notons qu'en novembre 1805, le Colonel Petit est admis à la retraite.

Armée française d'Italie (8e Corps de la Grande Armée) - 2 décembre 1805 (Nafziger - 805LCQ)
Commandant : Masséna
2e Division Verdier
Brigade Herbin : 62e de Ligne, 3 Bataillons, 1306 hommes

Sources : Liskenne & Sauvan, "Bibliothèque Historique et Militaire dédiée à l'Armée et à la Garde nationale de France", Paris, 1853

Corps de Saint Cyr - 11 décembre 1805 (Nafziger - 805LCM)
Division Reynier
Brigade Herbin : 62e de Ligne, 1351 hommes

Sources : Saint Cyr ?

Pendant le blocus de Venise l'Armée d'Italie prend ses cantonnements, tout en gardant le contact avec l'armée autrichienne en retraite sur la Drave. Cet arrêt est nécessité par un nouveau danger qui vient d'éclater dans le sud de l'Italie. Le roi de Naples, après avoir signé un traité de neutralité, a enfin levé le masque et un corps de 20000 Anglo-Russes a débarqué dans l'intention de se joindre à 40000 Napolitains, puis de menacer les derrières de l'armée française. La Division Verdier reçoit aussitôt l'ordre de quitter les environs de Venise et de se rendre à Livourne. Entre temps la bataille d'Austerlitz s'est donnée, un armistice a été conclu et la paix avec l'Autriche signée le 26 décembre à Presbourg.

Forces françaises au siège de Venise - 31 décembre 1805 (Nafziger - 805LCO)
Commandant général : Pino
1ère Division Partounneaux
Brigade Digonet (à Mestre) : 62e de Ligne, 1740 hommes

Sources : Saint Cyr

La campagne de l'Armée d'Italie est terminée, les troupes de Masséna ont puissamment contribué au succès de l'Armée d'Allemagne en combattant un ennemi de beaucoup supérieur en nombre et commandé par un des premiers Généraux de l'époque.

Le 23 décembre 1805, le Prince Eugène écrit, depuis Padoue, à Napoléon : "… Le maréchal Masséna m'a laissé onze beaux régiments d'infanterie, les 9e, 10e, 56e, 62e de ligne ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 476).

L'armée du Prince Eugène est composée à la fin de décembre de trois Divisions, donnant une force de 17000 combattants. Le Quartier général est à Padoue; elle comprend la Division Partouneaux (Brigade Digonet à Mestre, Brigade Herbin à Padoue) : Gardes d'honneur, Garde impériale et Vélites royaux, Gendarmerie, 9e, 62e, 10e et 56e de ligne, Artillerie, Train et Sapeurs (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 2).

b/ Campagne de l'Armée de Naples (1806-1808)

Situation en janvier 1806 (côte SHDT : us180601 4C105)

Chef de Corps : PETIT Colonel - Infanterie; POUGET Major - Infanterie; COLOMBET Quartier maître trésorier
Conscrits des départements de l'Aveyron des ans XIII
Garnison - Dépôt à Legnago
1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Dumasbon à Mestre - Armée d'Italie - troupes francaises - 1ère Division Parthonnaux - 1ère Brigade Digonnet
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Donna à Mestre - Armée d'Italie - troupes francaises - 1ère Division Parthonnaux - 1ère Brigade Digonnet
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duheim à Mestre - Armée d'Italie - troupes francaises - 1ère Division Parthonnaux - 1ère Brigade Digonnet
4e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Thierry

Observations : janvier 1806 effectif des 1er, 2e, 3e Bataillons : sous les armes 86 Officiers, 1668 hommes, 28 chevaux - hopitaux 5 Officiers, 545 hommes - prisonniers de guerre 16 hommes

Débarrassé de l'Autriche, Napoléon forma aussitôt une armée dans le but de punir le roi de Naples de sa défection. Le commandement en est donné à Masséna; celui-ci réunit la Division Verdier, dont le 62e fait toujours partie, à l'ancienne Armée de Naples. L'ardeur des troupes, divisées en trois Corps, ne se dément pas un seul instant, malgré la fatigue produite par d'interminables marches.

Armée de Naples - 1er février 1806 (Nafziger - 806BAA)
Commandant en Chef : Joseph, Roi de Naples
Corps du centre : Masséna
Division Verdier
62e de Ligne, 1648 hommes

Réserve de Grenadiers : Général de Division Gardanne
6e Bataillon : 4èmes Compagnies du 62e de Ligne

Le 8 février 1806 le mouvement en avant commence; le 12 est signée la convention de Capoue, remettant toutes les places fortes du royaume entre les mains des Français; le 15 le Roi Joseph entre dans la capitale. Le Roi Joseph prend le commandement en chef des troupes; la Division Verdier fait partie du premier Corps, qui est donné à Masséna. Ce dernier reçoit la mission de pacifier les environs de Naples, tandis que les deux autres Corps se rendent dans le sud.

Armée de Naples - 21 février 1806 (Nafziger - 806BAB)
Commandant en Chef : Joseph, Roi de Naples
1er Corps : Masséna
Sous le Général Gardanne : 62e de Ligne, 1696 hommes

- Siège de Gaëte (février-juillet 1806)

Une seule place forte ne s'est pas rendue : Gaëte. Cette ville se trouve dans une position presque inexpugnable. Située à 1'extrémité d'un isthme, elle est défendue du côé de la mer par des murailles bastionnées, deux vieux châteaux et le roc taillé à pic. Elle l'est vers la terre par trois étages de fortification, partie bastionnéé, partie angulaire, sur le revers d'une montagne volcanique.

Son Gouverneur, le Prince de Hesse, reçoit à coups de fusil les envoyés français, et, après divers pourparlers, il se prépare à faire une résistance à outrance. La garnison comprend 6000 hommes, dont beaucoup de bandits à qui on a promis la vie sauve.

Le 62e est détaché, vers le milieu de février, pour faire le blocus de la place.

Le 18 février 1806, le 62e de ligne relève le 6e (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 11).

Jusqu'au 10 mars le 62e est le seul corps employé aux premiers préparatifs du siège avec trois Compagnies d'Artillerie, 90 Sapeurs ou Mineurs et une Compagnie du 30e Dragons. Quelques pièces seulement sont d'abord mises en batterie du côté de la mer pour tenir éloignées les chaloupes canonnières ennemies.

Situation en mars 1806 (côe SHDT : us180603)

Chef de Corps : PETIT Colonel - Infanterie; CASTELLAN Major - Infanterie; COLOMBET Quartier maître trésorier
Conscrits des départements de l'Aveyron de l'an XIII
Garnison - Dépôt à Mantoue
1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Dumasbon à Saint Germain et environs - Armée de Naples
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Donna à Avelino et environs - Armée de Naples
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duheim à Cesene - Armée d'Italie
4e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Thierry à Cesene - Armée d'Italie

Le 10 mars, le 10e d'Infanterie renforce le 62e; à ce moment on dispose d'une vingtaine de pièces contre les 100 canons que l'ennemi peut faire jouer; ainsi tout contribue à retarder le siège : le peu de matériel, le mauvais temps ainsi que les ménagements pour les habitants.

Le 12 mars 1806, Napoléon écrit depuis Paris, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, mon intention est que les trois mille hommes formant la réserve des départements ci-dessous nommés marchent comme les autres et soient dirigés, savoir ceux du département :
... De la Haute-Loire ... 62e de ligne ... Ceux de ces conscrits dont les corps sont à Naples rejoindront leurs depôts en Italie où ils trouveront des habillements et on les fera passer sur-le-champ à Naples
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 329 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11656).

Le 13 mars 1806, l'Empereur écrit depuis Paris au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils, j'ai reçu l'état de situation que vous m'avez envoyé ... Vous portez le 62e à Mantoue ; j'ai lieu de croire qu'il est à Modène ; si cela est vrai, ce sont des erreurs qu'il faut éviter ... Faites partir le 20 mars un nouvel état de situation qui me fasse connaître votre position au 15 mars, et que je trouve dans les notes tout ce qui pourra me mettre à même de connaître la situation des depôts et les raisons de leur accroissement ou de leur diminution. Faites-moi aussi connaître à cette même époque le nombre des places vacantes dans chaque régiment, le nombre des conscrits arrivés dans votre armée et dans les depôts de l'armée de Naples depuis le dernier état, et enfin ce qui vous est arrivé du dépôt général de Strasbourg, et dans quels corps vous les avez distribués ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 157 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 9966 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11674).

Le 13 mars 1806 (date présumée), l'Empereur adresse à Eugène Napoléon la question suivante : "On porte le dépôt du 62e à Mantoue ; on croit qu'il est à Modène"; le Vice-Roi répond, le 29 mars 1806 : "Le dépôt du 62e était à Parme vers le milieu du mois dernier. Il a été écrit par ordre de Sa Majesté au général Junot de l'envoyer à Mantoue ; depuis, il n'a point fait de mouvement" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 331).

Entre temps, le 23 mars 1806, le Capitaine Ducommun est blessé (Martinien). Le 28, c'est au tour du Lieutenant Seigneurie (Martinien).

Jusqu'au 20 avril la place fait un feu extrémement violent; le 16 elle tire 1100 coups de canon, auxquels nous ne pouvons encore répondre.

Le 21 avril 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, donnez ordre au général commandant en chef de l'armée de Naples d'envoyer aux dépôts du corps de cette armée qui sont en Italie les cadres de ses 3es et 4es bataillons ...
Donnez ordre que les majors des régiments de l'armée de Naples restent avec les dépôts en Italie.
Donnez ordre au général Charpentier de passer une inspection de revue de ces dépôts et de renvoyer chez eux, ou aux vétérans, ou aux invalides ceux qui en seraient susceptibles, en faisant la proposition des pensions à accorder.
Faites connaître aux généraux commandant en chef les armées de Naples et d'Italie que les 14 dépôts du corps de l'armée de Naples doivent rester où ils sont et qu'aucun homme ne peut être retiré, désirant les porter au grand complet de guerre par les conscrits que j'y enverrai afin de mettre ces 14 bataillons dans le cas d'entrer eux-mêmes en ligne. Il y a dans les dépôts de l'armée de Naples beaucoup de places vacantes. Il manque au 62e le colonel et un chef de bataillon, et 12 capitaines, lieutenants et 18 sous-lieutenants, dans les 14 dépôts. Proposez-moi dans la semaine des remplaçants. Prévenez ces 14 dépôts de l'arrivée des conscrits qui doivent les porter au grand complet de guerre, et enjoignez-leur de préparer des moyens d'habillements, d'équipements et d'armements en conscrits devant arriver dans le courant de l'année
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 390 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11927).

Le 21 avril 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, à Joseph, Roi de Naples : "Mon Frère ...
Le 62e régiment a quatre bataillons à votre armée ; renvoyez aux depôts les cadres des 3e et 4e, ce qui vous laissera deux bataillons passables de 7 à 800 hommes chacun ; les cadres de ces 3e et 4e bataillons, réunis à leur dépôt, le porteront à 2,000 hommes ...
Je verrai avec plaisir que vous renvoyiez quatre régiments français, tels que le 62e et les trois autres régiments qui ont le plus fatigué. Si vous prenez ce parti, vous les dirigerez sur Ancône ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 199 (avec la date du 21 avril 1806) ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10131 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11938).

Le 26 avril, le Sous lieutenant Chardonnet est blessé aux avant-postes (Martinien). Le 5 mai, le Sous lieutenant Henry est blessé (Martinien).

Au 1er mai 1806, d'après les états de situation envoyés par le Prince Éugène, commandant en chef, la composition et la force des divers corps composant l'Armée dite d'Italie, dont le quartier général est à Milan, est la suivante :
Division DES DÉPÔTS DE L’ARMÉE DE NAPLES, comptant à l'armée d'Italie :
2e Division, Général de Brigade Valory (Bologne) ; 3e ou 4e Bataillon des 22e Léger, 20e, 29e, 52e, 62e, 101e, 102e de Ligne, 7,300 présents ; 4e Bataillon du 1er Régiment suisse, 150 hommes (Mantoue) ; 1er Bataillon du 32e Léger, 40 hommes (Mantoue) - Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 268.

L"État des troupes qui ont été employées au siège de Gaète, indiquant le nom, la force et remplacement des corps, ainsi que la date de leur arrivée et de leur départ" indique : "62e régiment de 1igne, arrivé le 18 février, réduit de quatre bataillons à deux à la fin du mois de mai. MM. Castelanne, major ; Thierry, chef de bataillon, 42 officiers et 1,513" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 449).

Le 6 mai 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils ... Je vois que ... le 62e n'a point de solde depuis le 1er mars. Il faut tâcher d'aligner la solde, c'est le premier devoir ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 373 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10200 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12064).

Le 7 mai 1806, à Saint-Cloud, "On propose de nommer à une sous-lieutenance dans le 62e régiment, Touret, sergent-major du régiment, et l'Empereur, rayant cet article, écrit de sa main à la place :
Resnier, élève de Fontainebleau ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3415).

Le 13 mai 1806, le Régiment passe sous le commandement du Colonel Bruny.

BRUNY Jean-Baptiste

Né à Lyon le 18 novembre 1769. Engagé volontaire au Régiment de Lyonnais (Infanterie) le 6 juin 1785. Caporal le 1er septembre 1789. Caporal-fourrier le 1er avril 1791. Sergent le 28 avril 1792. Sergent-major le 26 mai 1792. Quartier-maître le 1er septembre 1792. Capitaine à l'élection le 12 janvier 1794. Passé à la 34e Demi-brigade d'Infanterie de Ligne le 21 mai 1794.

Agent supérieur chargé de l'incorporation des réquisitionnaires à l'Armée du Rhin-et-Moselle le 18 juillet 1795. A cessé ses fonctions le 28 septembre 1795. Nommé Chef de Bataillon à la 89e Demi-brigade le 28 septembre 1795. Passé à la 90e Demi-brigade le 25 novembre 1798. Passé à la suite de la 89e le 5 août 1799. Colonel provisoire à Saint-Domingue par le Capitaine général Rochambeau le 14 septembre 1803. Prisonnier de guerre à Saint-Domingue le 12 janvier 1804. Rentré en France le 18 septembre 1804. Colonel provisoire au 82e Régiment le 17 décembre 1804. Colonel titulaire du 62e Régiment pour prendre rang du 14 septembre 1803 le 13 mai 1806.

Général de Brigade employé au camp de Boulogne le 6 août 1811. Employé au Corps d'observation de l'Océan 9 janvier 1812. Employé au 3e Corps de la Grande-Armée en février 1812. Commandant la place de Spandau le 3 mars 1813. Employé au 1er Corps de la Grande-Armée le 25 décembre 1813. Employé dans la 23e Division Militaire le 27 août 1814. S'est démis de son commandement le 21 avril 1815. Mis à la disposition du Général en chef de l'Armée du Rhin le 10 juin 1815. Relevé de la retraite et mis à la disposition du Gouverneur de la 23e Division Militaire le 16 mars 1816.

Mis en non-activité le 23 décembre 1816. Commandant provisoire de la 17e Division le 6 mai 1818. Compris en qualité de commandant de la 17e Division militaire dans le cadre de l'Etat-major général de l'armée le 30 décembre 1818.

Mis en disponibilité le 9 décembre 1820. Commandant la 1re subdivision de la 21e Division Militaire le 14 avril 1821. Commandant la subdivision des Pyrénées-Orientales le 26 février 1823. Employé à la 8e Division militaire du 3e Corps de l'Armée des Pyrénées le 4 avril 1823. Disponible le 23 décembre 1823. Commandant la 1re subdivision de la 21e Division Militaire le 22 janvier 1824. Commandant la 2e subdivision de la 14e Division Militaire (Manche) le 17 décembre 1828. Commandant la 2e subdivision de la 21e Division Militaire (devenue 15e) le 19 août 1829. Disponible le 19 août 1830. Compris comme disponible dans le cadre d'activité de l'Etat-major général le 22 mars 1831. Retraité par ancienneté de service par ordonnance du 11 juin 1832.

Campagnes et blessures :
- 1792, 1793, 1794, Armée du Rhin.
- 1795, 1796, Armée du Rhin-et-Moselle.
- 1797, 1798, 1799, Armée du Rhin.
- 1800, 1801, Batavie.
- 1802, 1803, 1804, Saint-Domingue et captivité.
- 1806, Armée d'Italie et de Naples.
- 1807, 1808, 1809, 1810, Armée de Naples.
- 1811, Armée du camp de Boulogne.
- 1812, Armée de Russie. Blessé le 7 septembre 1812, à la Moscowa.
- 1813, Armée de Saxe.
- 1814, Armée de Corse.
- 1815, Armée de France.
- 1823, Armée des Pyrénées.

Décorations : Chevalier de la Légion d'Honneur le 4 janvier 1806. Officier de la Légion d'Honneur le 23 octobre 1808. Commandeur de la Légion d'Honneur le 2 septembre 1812. Grand-officier de la Légion d'honneur le 1er mai 1821. Chevalier de Saint-Louis le 20 aoùt 1814. Commandeur le 23 mai 1815. Baron de l'Empire en 1809.

Situation en mai 1806 (côe SHDT : us180605)

Chef de Corps : BRUNY Colonel - Infanterie; CASTELLAN Major - Infanterie; COLOMBET Quartier maître trésorier
Conscrits des départements de l'Aveyron de l'an XIV
1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Dumasbon devant Gaëte - Armée de Naples
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Donna devant Gaëte - Armée de Naples
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duheim devant Gaëte - Armée de Naples
4e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Thierry à Iviala - Armée d'Italie

Le 14 mai est jour de tranchée pour le Régiment, un Bataillon fait le service.

Le Prince Louis de Hesse-Philippsthal, bien servi par ses espions, sait que le 62e Régiment, incommodé du feu de la place, recule son camp, et que, pour donner du repos aux troupes, on ne laisse plus dans la journée qu'une faible garde à la tranchée. Profitant de cette circonstance doublement favorable, il ordonna une nouvelle sortie, plus forte et mieux combinée que les premières.

Le 15, entre 9 et 10 heures du matin, 400 à 500 hommes, conduits par ses Aides de camp et un Ingénieur, franchissent les palissades des chemins couverts, et se portent au pas de course sur le milieu de la parallèle, en suivant la crête du Monte-Secco, et sur les ouvrages de droite à travers les dunes. Cette manœuvre est ingénieuse. La crête du Monte-Secco, imparfaitement vue par la parallèle (couverte dans cet endroit par un ressaut du terrain), est la portion des ouvrages la moins garnie de feux, et de là on plonge dans les boyaux de droite et de gauche, de manière à les rendre intenables. La place fait jouer toute son artillerie, et 1 frégate et 4 chaloupes canonnières tirent sur les flancs, pour empêcher les secours d'arriver. Cent Grenadiers du 62e, de garde à la tranchée occupent la partie attaquée de la parallèle ; 75 Corses sont répartis en tirailleurs dans les dunes et dans les ouvrages les plus avancés ; les travailleurs, divisés en plusieurs ateliers, se tiennent sur le plateau dans les boyaux nos 13, 16, 19 et 21, et dans la place d'armes à l'extrémité de la parallèle ; l'officier supérieur de service est le Colonel Lazousky.

Les travailleurs, se voyant dépassés, se retirent, sous la conduite des Capitaines Martin et Grandjean, et se portent dans la communication n° 5, pour protéger les batteries e et g qui sont menacées. Les Corses se rallient devant leur camp ; les Grenadiers, restés seuls, se replient vers le plateau, en défendant pied à pied le terrain. Leur Capitaine, M. Morizot, est tué et deux de leurs Officiers blessés ; le Colonel Lazousky, qui les commande, a ses habits percés de balles ; et le Capitaine du Génie Nempde, qui lui était adjoint, est fait prisonnier, après avoir reçu trois blessures dangereuses.

L'ennemi occupe d'abord tous les boyaux jusqu'à la première parallèle, fait entrer du monde dans le faubourg, s'empare des deux batteries e et g, encloue les quatre pièces dont elles sont armées, tandis que des travailleurs qui l'ont suivi détruisent la tête des tranchées, et ramassent les outils qu'on y a abandonnés.

Dès les premiers coups de fusil, les hommes du Bataillon Noir, baraqués près de la Torre, courrent aux armes. S'étant joints à quelques travailleurs, ils se précipitent à la baïonnette sur l'ennemi. Celui-ci, formé en bataille sur les revers des parapets des batteries e et g et de leurs communications, n'oppose qu'une faible résistance, puis lâche pied. Une trentaine des siens, coupés, cherchent en vain à s'échapper à travers champs. Poursuivis par les Corses, ils sont tous tués ou pris. Les pièces sont désenclouées de suite, et tirent aussitôt. Tout est terminé avant l'arrivée des troupes du camp.

Le résultat de cette affaire est, pour l'ennemi, de nous tuer un Officier, d'en blesser 6, et d'en faire un prisonnier ; de nous mettre hors de combat 40 soldats (une dizaine de morts et une trentaine de blessés), et d'en prendre 5; enfin, d'enclouer les quatre pièces des batteries e et g, de briser quelques manœuvres, de renverser quelques gabions du boyau n° 19, et d'emporter soixante pelles ou pioches. Sa perte sur le champ de bataille, en morts ou blessés, est à peu près la même que la nôtre, et il nous laisse 15 ou 20 prisonniers (l'Historique parle d'une cinquantaine).

L'ennemi a pû pénétrer grâce à un malentendu qu'il n'a pas prévu. Le Général Lacour, averti par le Volonel Lazousky des mouvements des assiégés, qui faisaient avancer les chaloupes canonnières sur les flancs, avait prescrit de maintenir à la tranchée un Bataillon du 62e qu'on relevait. L'ordre fut remis au Colonel du Corps, au lieu d'être porté au Colonel de service ; en sorte que le Bataillon était parti, suivant ses premières instructions, lorsque l'ennemi se présenta (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 27 et suivantes).

Martinien indique à la date du 15 mai le Capitaine Morizot, tué et le Capitaine Deplaigne, blessé.

Troupes employées au siège de Gaëte - 16 mai 1806 (Nafziger - 806BAB)
Commandant en Chef : Général Gardanne
62e de Ligne, 1555 hommes

Le 19 mai 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Roi de Naples : "Mon frère ... Par les états de situation que j'ai, je vois qu'il n'y a que les 10e et 62e, formant moins de 3,000 hommes, devant Gaète. Je ne vois pas qu'en général il y ait là tous les moyens nécessaires pour faire les travaux préparatoires du siège ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 240 (avec la date du 29 mai 1806) ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10250 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12147).

Chaque jour le feu de la place atteint quelques-uns des nôres. Martinien indique le Sous lieutenant Mereau blessé le 19; les Capitaines Barrey et Rottmann, blessés le 22; le Sous lieutenant Tarnier le 23; et le Capitaine Petit, blessé et mort le 26.

Dans la première quinzaine de juin, l'armée du Vice-roi comprend la Division des Dépôts, Généraux Pouchin (Forli), Valory (Bologne), Laplanche-Mortièrcs (Modène), 7500 fantassins des 1er, 14e, 22e et 23e Légers,·1er, 6e, 10e, 20e, 29e, 42e, 52e, 62e, 101e·et 102e de Ligne, du 4e Régiment suisse et du 32e Léger (1er Bataillon) (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 285).

Le 4 juin, le Lieutenant Pfau est tué (Martinien). Le 16, le Capitaine Régnier est blessé (Martinien). Le 29, sont blessés les Capitaines Monneret et Deplaigne, le Lieutenant Fauchier et le Sous lieutenant Degodchard (Martinien).

Le 7 juin 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Roi de Naples : "... Voici comment je placerais vos troupes au moment de l'expédition de Sicile : ... Le 6e de ligne, le 10e, le 62e, le 101e et le 4e italien avec 800 chevaux, ce qui ferait, y compris l'artillerie et les sapeurs, plus de 9,000 hommes, seraient chargés de Gaëte, en mettant une petite garnison à Capoue ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 285 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10329 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12252).

Le 17 juin 1806, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "Sire, je reçois la lettre de Votre Majesté du 7. Elle porte l'armée à quarante-quatre mille hommes présents. Votre Majesté verra, par le résumé ci-joint, que le total des présents est de trente-huit mille deux cent trente-six. L'erreur vient de ce que la garnison d'Ancône et les régiments qui, d'après les ordres précédents de Votre Majesté, ont dû quitter l'armée, se trouvent compris dans le premier état ..."; voici ce résumé : "... Dans le 1er corps : dix mille vingt-deux hommes et deux mille deux cent trente-huit chevaux répartis dans les 101e, 20e, 62e, 10e de ligne, 14e et 4e de chasseurs, 23e, 29e, 30e de dragons, 1er bataillon du 32e léger, 19e compagnie du 2e d'artillerie à pied, 1re et 3e du 7e bataillon du train, pionniers noirs ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 302).

Le 21 juin 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Roi de Naples : "Mon frère, on me porte dans mes états une grande quantité de paires de souliers comme vous étant arrivés de Gênes et de Turin par terre. Faites-moi connaître combien vous en avez reçu.
Je vois par vos états de situation que ... Le 62e a ses 3e et 4e bataillons ; renvoyez-en les cadres.
Je suis étonné que le colonel du 62e ne soit pas encore arrivé ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 309 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12348).

Le 28 juin 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, faites-moi connaître pourquoi les majors ... des 1er, 20e, 62e et 102e de ligne faisant partie de l'armée de Naples ne sont pas à leurs depôts dans le royaume d'ltalie" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 503 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12389).

Le 29 juin 1806, Joseph écrit, depuis le camp devant Gaète, à Napoléon : "… Le 6e de ligne, le 101e, le 62e et le 10e sont absolument nus ; je viens de les voir. Les colonels ne savent plus que faire ; on leur refuse à leur dépôt tout envoi d'hommes, de fonds et de drap. Votre Majesté a ordonné que les troupes qui se trouvent dans le royaume de Naples seraient payées de tout, à compter du 1er mai. Votre Majesté n'a pas entendu qu'on leur retiendrait les habits qu'elles ont économisés, et qui leur sont dus avant le mois de mai ; elle n'a pas voulu qu'on retînt au dépôt les masses de linge et chaussure qui appartiennent aux soldats, ni aucun autre objet dû aux troupes avant le 1er mai. C'est cependant ce que l'on fait, Sire, et il m'est impossible de créer sur-le-champ les habillements de cinquante mille hommes, qui tous sont nus à la fois, parce que la campagne a été très-fatigante par les marches continuelles, par les travaux de terre à Gaète, et parce que les colonels n'ont pas pris aux dépôts ce qui leur revenait, chacun ayant cherché à économiser les effets ; mais le moment du besoin est arrivé, et tous demandent aujourd'hui inutilement ce qu'ils pouvaient prendre hier, et ce qui leur est dû aujourd'hui, si l'on ne rend pas les ordres de Votre Majesté plus sévères qu'ils ne sont effectivement.
Votre Majesté n'aurait pas vu sans peine, ce matin, les braves corps qui ont fait ici des travaux romains, déguenillés d'une manière honteuse ; et il y a impossibilité physique à ce qu'ils soient habillés ici tous à la fois. Ils recevront la masse d'habillement à compter du 1er mai ; mais cette masse d'habillement ne pourra pas les habiller en juin, ni en juillet, puisque ce n'est pas avec un douzième ou un sixième de cette masse que l'habillement entier peut être fait. Si j'avais des draps et des moyens, je n'écrirais pas tout ceci à Votre Majesté, et les troupes seraient habillées ; mais Votre Majesté est trop expérimentée pour ne pas connaître ma position, et trop juste pour vouloir l'impossible ...
Jusqu'ici la santé des soldats est assez bonne. Je fais payer ceux qui travaillent à Gaète, ce qui leur donne le moyen de pourvoir à leur chaussure. Je leur fais aussi donner le vin …
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 342).

Armée de Naples - 30 juin 1806
Commandant en Chef : Joseph, Roi de Naples
1er Corps : Masséna
62e de Ligne, 1567 hommes

Bientôt les pluies continuelles, la fatigue, le manque de subsistances augmentent le nombre des victimes dans une proportion inquiétante, mais les soldats du 62e savent braver les dangers et les fatigues avec autant de valeur que, six ans auparavant, leurs camarades de Gênes. Ils ont certainement une large part de gloire dans ce siège pénible, car le Régiment y assiste depuis le commencement jusqu'au jour de la capitulation. Celle-ci est proche.

Le 8 juillet 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, les corps qui sont à l'armée de Naples se plaignent qu'on retient au dépô la masse de linge et chaussures des soldats, pour le temps antérieur au 1er mai. Faites vérifier ce qu'il en est, et, si cela est vrai, faites partir pour Naples tout ce qi appartient aux bataillons de guerre, pour le temps antérieur au 1er mai. Les 10e, 62e et plusieurs autres régiments se plaignent d'avoir à leurs depôts une grande quantité d'effets qu'on leur retient. Mon intention est que vous fassiez faire une revue des depôts par le général Charpentier, et que vous fassiez partir pour Naples les effets confectionnés et inutiles à l'habillement des conscrits qui sont actuellement aux depôts" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 63 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12451.

Malgré les renforts jetés par les frégates anglaises, entre autres mille forçats arrivés de Palerme le 14 juillet, Masséna décide de faire donner l'assaut.

Situation en juillet 1806 (côe SHDT : us180607)

Chef de Corps : BRUNY Colonel - Infanterie; CASTELLAN Major - Infanterie; COLOMBET Quartier maître trésorier
Conscrits des départements de l'Aveyron de l'an XIV
1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Dumasbon devant Gaëte - Armée de Naples
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Donna devant Gaëte - Armée de Naples
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duheim à Imola - Armée d'Italie
4e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Thierry à Imola - Armée d'Italie

Le 6 juillet, les feux d'attaque ont commencé, les troupes françaises viennent d'être portées à 9000 hommes; le même jour, le Lieutenant Relongue est blessé(Martinien). Le 7, les Capitaines Vincent et Deschamp sont tués (Martinien).

Le 12 juillet 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Roi de Naples : "... Il paraît que vous avez renvoyé le cadre du 2e bataillon du 62e ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 362 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10488 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12480).

Le 18 les colonnes sont formées, les soldats frémissants voient enfin arriver le terme de leurs souffrances, l'assaut va être donné, lorsque les assiégés demandent à capituler. Une convention est signée dans la nuit et à 5 heures du matin les troupes françaises prennent possession de la place.

- Formation de la Garde du Roi Joseph (1806-1808)

Joseph, frère de Napoléon, à peine monté sur le trône de Naples, désire avoir une Garde personnelle. En infanterie elle doit être forte de deux Régiments de Grenadiers et Voltigeurs, chacun de deux Bataillons à huit Compagnies. Pour arriver à la constitution de ce nouveau Corps, on enlève à chacun des beaux Régiments qui se trouvent alors dans le sud de l'Italie une Compagnie de Grenadiers et une de Voltigeurs. C'est ainsi que le 62e, déja fort appauvri en hommes et en cadres par la dernière campagne sur l'Adige et le siège de Gaëte, se voit enlever une partie de ses éclaireurs et de sa réserve : 206 hommes et Officiers entrent dans la Garde royale à Naples, au moment où le Régiment va être envoyé dans les Calabres pour continuer une guerre ingrate. Le commandement du Régiment de Voltigeurs est donné au Major Donat, du 62e, nous dit l'historique régimentaire. En réalité, le 14 juillet 1806, le le Ministère de la Guerre du roi Joseph écrit à Berthier, Ministre de la Guerre : "Monseigneur, j'ai l'honneur de prévenir V. A. que sa majesté, par différents décrets rendus le 11 de ce mois, a nommé das le régiment des grenadiers à pied de sa garde :
... Chefs de bataillon
monsieur Donna, chef de bataillon du 62ème, l'un de ses Aides de camp ...
Le général de division ministre de la guerre Dumas
" (P. Quentin : "Français au service de Naples", t.1. - SHD cote XP1d).

Le 4 août 1806, le Roi de Naples décrète : "... Sont nommés dans le régiment des grenadiers de notre garde.
... Lieutenant, monsieur ... Maingarnaud, lieutenant au 62ème régiment d'infanterie ...
" (P. Quentin : "Français au service de Naples", t.1. - SHD cote XP1d).

Le 8 août 1806, le Colonel du 62e de Ligne adresse depuis Naples au Ministre de la guerre une lettre : "Monseigneur, j'ai l'honneur de vous adresser copie des deux lettres du chef de l'état-major en date des 21 juillet et 1er août et copie d'un ordre de monsieur le général de division Mathieu du 28 juillet, conformément à la première lettre trois officiers ont été désignés pour faire partie de la dite garde, le 31 juillet, ainsi que 102 sous-officiers et grenadiers, il y en a (?) passé 103" (P. Quentin : "Français au service de Naples", t.1.).

Le 10 septembre 1806, le Roi de Naples décrète : "... Sont nommés dans le régiment des grenadiers de notre garde.
A l'emploi de chef de bataillon monsieur Monneret, capitaine au dit régiment sortant du 62ème régiment d'infanterie ...
" (P. Quentin : "Français au service de Naples", t.1. - SHD cote XP1d).

Il serait injuste de laisser partir ces braves sans dire un mot de ce qui leur advint dans la suite.

Le 7 juillet 1808, tous les Corps de la Garde sont dédoublés et la partie la plus vigoureuse se rend en Espagne où elle prend part, comme réserve, à toutes les opérations qui ont lieu depuis la bataille de Talaveyra jusques et y compris la tentative faite pour débloquer Pampelune à la fin de 1813. Les Grenadiers et Voltigeurs sont alors incorporés dans des Régiments de l'Armée des Pyrénées, les cadres sont envoyés à Paris pour contribuer à la formation des 13e et 14e Régiments de Tirailleurs de la Jeune Garde. La partie restée à Naples prend part à l'expédition de Caprée en 1808, aux opérations de 1809 en Allemagne et de 1812 en Russie. En 1814, le Roi de Naples, Murat, s'étant déclaré contre Napoléon, la grande majorité des Officiers français quitte l'Italie et vient à Fontainebleau se mettre à la disposition de l'Empereur.

- Envoi des 3e et 4e Bataillons dans la Haute-Italie

Après la chute de Gaëte, le Régiment est divisé en deux parties : tandis que les 1er et 2e Bataillons restent à l'Armée de Naples, les 3e et 4e sont envoyés à Césène comme troupes d'occupation.

Par ailleurs, le 28 juillet 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, je n'ai point de nouvelles de vous depuis longtemps, je n'ai de nouvelles de Dalmatie que par Le Marois.
Donnez l'ordre au général Charpentier de se rendre auprès des divisions de réserve des depôts de l'armée de Naples, et d'organiser deux compagnies du 1er régiment d'infanterie légère, fortes de 100 hommes chacune, deux compagnies d'égale force du 14e, deux compagnies du 23e ; de former de ces six compagnies un bataillon, dont il donnera le commandement à un des chefs de bataillon du 1er régiment d'infanterie légère ; il prendra l'adjudant-major dans un régiment différent.
Il formera un second bataillon de trois compagnies du 6e ; un troisième bataillon de six compagnies du 10e et un quatrième bataillon de six compagnies du 42e. Il donnera le commandement de ces quatre bataillons à un major, en choisissant un homme habile et ferme, et les réunira à Rimini. Recommandez-lui de ne prendre que des hommes bien portants, bien armés et bien habillés.
Il formera un bataillon de six compagnies, de 100 hommes chacune du 22e d'infanterie légère ; un autre bataillon d'égale force, de six compagnies du 20e de ligne ; un troisième bataillon de quatre compagnies du 29e et de deux compagnies du 52e ; et un quatrième bataillon de trois compagnies du 62e et de trois compagnies du 102e. Ces quatre bataillons seront également mis sous les ordres d'un major intelligent et capable, et seront réunis sans délai à Imola.
Tout ce qu'il y a dans le royaume d'Italie du 32e d'infanterie légère de la légion corse se rendra sur-le-champ à Rimini, pour se joindre à l'un des deux corps de réserve. Ces deux corps sont destinés à se rendre dans le royaume de Naples et à servir de réserve ; si cela est nécessaire, le général Laplanche-Morthières se rendra à Rimini pour en prendre le commandement. Vous aurez soin que les huit pièces d'artillerie que je vous ai ordonné par ma lettre d'hier de tenir prêtes se rendent à Rimini avec un bon officier pour les commander. Vous comprendrez facilement que mon intention et de réunir d'abord ce corps de 4 800 hommes à Ancône, où il sera sous les ordres du général Le Marois, qui y joindra ses deux régiments de cavalerie et les deux bataillons suisses qu'il a ; ce qui formera un corps de plus de 6 000 hommes, avec huit pièces d'artillerie attelées.
Le général Le Marois aura sous ses ordres les généraux Laplanche-Morthières et Tisson, et par là, il aura les moyens de contenir l'état romain et même de se porter sur le royaume de Naples pour renforcer l'armée française. Au reste, mon intention n'est, pour le moment que de réunir ces huit bataillons à Rimini et à Imola. Je désire que vous ne fassiez aucune disposition que par mon ordre que je donnerai selon les événements. Ordonnez au général Charpentier de m'envoyer l'état de situation de ces bataillons, afin que je vous fasse connaître la réponse quand ils devront partir
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 91 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12586).

- Opérations en Calabre

Pendant le siège de Gaëte, un Corps de 10000 Anglais a débarqué à Santa Euphemia et repoussé le Général Reynier. La nouvelle de cet échec, répandue immédiatement dans les Calabres, y attise encore plus que jamais le feu de l'insurrection.

Le 31 juillet les Calabres sont déclarées en état de guerre. Le 1er août, Masséna prend avec lui 6000 hommes et court rejoindre Reynier; le 62e fait partie de cette expédition. Le 8 août, Lauria, où se sont réfugiés 6000 insurgés, est emportée d'assaut et, afin de punir la rébellion, cette ville est livrée aux flammes.

Le 20 août 1806, depuis Rambouillet, l'Empereur écrit à Joseph, Roi de Naples : "Mon frère ... Vous trouverez ci-joint la distribution que je voudrais faire de votre armée, afin que vous menaciez la Sicile et que vous soyez en mesure contre tout ... L'armée une fois placée ainsi, pas un homme ne débarquera en Calabre, et on pourra punir sévèrement les brigands ; cela est plus nécessaire que tout le reste ... Aujourd'hui la question est tout entière dans la Calabre. Il faut que tout le monde soit dans la conscience qu'on y est assis de manière à ne pouvoir être ébranlé. Cela encouragera l'armée et commencera à influer sur la Sicile, et même sur les négociations ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 136 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10673 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12752). Cette lettre est suivie d'un "Projet de placement de l'Armée de Naples ... A Salerne serait placée une division sous les ordres du général Girardon, qui serait composée de la Garde royale à cheval et à pied, du 6e et 62e de ligne et du 2e régiment d'infanterie italienne. Ce corps serait cantonné de manière à pouvoir se réunir et manoeuvrer ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 138 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10674 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12752).

A partir de ce moment et pendant le reste de l'année 1806 et l'année 1807, les troupes françaises ont à soutenir contre les insurgés, unis aux Anglo-Napolitains, une guerre qui, sans donner lieu des engagements importants, n'en est pas moins difficile par les dangers que courrent nos détachements et les fatigues exceptionnelles que les combats de tous les jours leur font éprouver.

Le 5 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie une note des changements que je désire faire dans la répartition des 50000 conscrits de la conscription de 1806. Faites-la imprimer sans délai et envoyez-moi cette seconde édition.
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ANNEXE
En lisant avec attention la répartition des 50 000 conscrits de la conscription de 1806 entre les différents corps, on est porté à désirer quelques changements ; comme la conscription n’a pas encore été mise en mouvement, il est encore temps de le faire sans produire de contre-mouvements. ... Le département de Seine-et-Oise ne fournira rien au 62e ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12873).

Le 22 septembre 1806, Eugène écrit à Napoléon : "Sire, Votre Majesté, par sa lettre du 17 septembre que j'ai reçue ce matin, m'ordonne de lui faire un projet sur le nouvel emplacement des deux divisions de dépots d'infanterie de l'armée de Naples. Je m'empresse, après avoir pris connaissance des localités, de lui proposer la répartition suivante. J'attendrai ses ordres avant d'ordonner les mouvements.
Première division, commandée par le général de brigade Pouchin, quartier général à Forli, ayant sous ses ordres le général de brigade Leguai, à Rimini : 1er et 14e d'infanterie légère à Rimini ; 23e d'infanterie légère, à Céséna ; 10e d'infanterie de ligne, à Ravenne ; 6e et 42e d’infanterie de ligne à Forli ; 2e d'infanterie de ligne, à Faënza. Deuxième division, commandée par le général de brigade Valori ; quartier général à Bologne, ayant sous ses ordres un général de brigade qui se tiendra à Ferrare : 20e d'infanterie de ligne, à Imola ; 22e d'infanterie légère, 62e et 102e d'infanterie de ligne, à Bologne ; 20e et 101e d'infanterie de ligne, à Ferrare ; 52e d'infanterie de ligne, à Rovigo.
Votre Majesté remarquera que, d'après son approbation, les mouvements auraient lieu dans le milieu d'octobre, et qu'alors la mauvaise saison est tout à fait passée pour Ferrare
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 160).

Situation en octobre 1806 (côe SHDT : us180610)

Chef de Corps : BRUNY Colonel - Infanterie; CASTELLAN Major - Infanterie; COLOMBET Quartier maître trésorier
Conscrits des départements de l'Aveyron - du Finistère - du Lot de 1806

1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duportail à Naples - Armée de Naples
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duheim à Naples - Armée de Naples
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Thierry à Imola - Armée d'Italie
4e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Lamotte à Imola - Armée d'Italie

Le 8 décembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Posen, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils … Mon intention est que, des 3es bataillons des régiments de l'armée de Dalmatie qui sont à quatre bataillons, il soit formé une division qui sera réunie à Bassano. Le 3e bataillon du 11e de ligne et le 3e bataillon du 79e formeront un régiment provisoire ; les 3es bataillons des 5e et 23e formeront un second régiment ; les 3es bataillons du 60e et du 20e ou 62e, à votre choix, formeront le 3e régiment. Ces trois régiments, devant faire une force de 6,000 hommes, formeront ainsi une 6e division. Vous ne réunirez cette division qu'autant que chaque bataillon pourra partir de son dépôt, fort de 800 hommes, pour se rendre aux cantonnements de Bassano. Dans tous les cas, je ne souhaite pas que ce soit avant le 20 janvier. Vous préparerez l'artillerie pour cette nouvelle division …" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 222; Correspondance de Napoléon, t.14, lettres 11418 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13785).

Le 24 janvier 1807, le Général de Division Grenier adresse une circulaire n°4 au 62e de Ligne à Mantoue : "Si dans le dépôt que vous commandez, monsieur, il existe des hommes invalides et hors d’état de servir, vous voudrez bien en faire dresser l’état en vous conformant pour ce travail aux instructions du général Schauenburg dont vous devez avoir copie ; vous joindrez à cet état les certificats exigés, et me l’adresserez dans le plus court délai ; après examen, je vous indiquerai le jour auquel je pourrai moi-même voir ces hommes, les admettre à la réforme ou les rejeter" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 142 page 300).

Le même 24 janvier 1807, le Général de Division Grenier adresse une circulaire n°5 au 62e de Ligne à Mantoue : "Chargé du commandement des dépôts de l’armée de Naples, en remplacement du général Clausel, vous voudrez bien monsieur, correspondre à l’avenir avec moi pout tout ce qui est relatif à la discipline, l’instruction, armement et l’administration de votre corps. Vous aurez attention de m’adresser régulièrement tous les 1er, 8, 16 et 24 de chaque mois l’état double de votre situation, et indépendamment au 1er de chaque mois, un livret d’inspection" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 142 page 301).

Toujours le 24 janvier 1807, le Général de Division Grenier écrit également au Général de Division Charpentier, Chef de l’Etat-major général de l’Armée : "Conformément à votre lettre du 19 de ce mois, j’ai ordonné, mon cher général, au général Pouchin de faire préparer le nécessaire pour opérer la réforme des hommes absolument invalides qui pourraient se trouver dans les corps sous ses ordres ; je me chargerai de ce travail pour les corps qui sont à Mantoue et pour le 22e d’infanterie légère qui est à Legnago, et que dans l’état d’emplacement joint à votre lettre du 16 de ce mois, on a placé à Peschiera. L’instruction du général Schauenburg est copié sur les instructions ministérielles du travail de l’inspection" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 142 page 301).

Par ailleurs, le même 24 janvier 1807, le Général de Division Grenier expédie également un supplément à la lettre n°4 relative à la réforme : "Le général de division chef de l’état-major de l’armée devant arriver dans la journée du 25, il est à désirer que vous puissiez lui présenter les hommes susceptibles de la réforme avec les certificats qui constatent leurs infirmités. Veuillez les donc faire préparer de suite afin que tout le travail soit prêt pour demain midi" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 142 page 301).

Puis, encore le 24 janvier 1807, le Général de Division Grenier écrit au Commandant du dépôt du 102e à Mantoue : "Vous trouverez ci-joint, monsieur, l’ordre de route pour un détachement d’un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant et de
Pour le 20e 400 hommes sous-officiers compris.
Pour le 101e 500 hommes idem.
Pour le 102e 500 hommes idem.
Devant tous se rendre en vertu des ordres de Sa Majesté dans le royaume de Naples pour rejoindre les bataillons de guerre de votre régiment. Les sous-officiers et soldats de ce détachement devront être bien habillés, équipés et armés. Il leur sera fait avant leur départ une distribution de vingt cartouches par homme. Ce détachement sera pris et formé sur votre dépôt sans préjudice des compagnies de grenadiers et voltigeurs dont l’organisation a été précédemment ordonnée et qui continueront de rester au dépôt dans leur état de formation actuel.
Le général de division chef de l’état-major général de l’armée devant passer ce détachement en revue dans la journée du 25, vous vous occuperez de suite de son organisation et le tiendrez prêt au quartier de manière à être rassemblé dix minutes après la réception de l’ordre.
Vous aurez attention encore, monsieur, de ne laisser partir avec ce détachement que le nombre de sous-officiers strictement nécessaire pour le conduire jusqu’aux bataillons de guerre.
Dans le cas où les hommes qui doivent composer ce détachement manqueraient de fusils, d’équipement ou d’habillement, il leur serait fourni de suite en le prenant sur celui des grenadiers ou voltigeurs, le départ de ce détachement ne devant souffrir aucun retard et devant être complètement armé et habillé.
Note en marge : le 25 expédié la même circulaire au 62e régiment, en suite d’une lettre du 24 le général Charpentier, reçue par courrier extraordinaire le 25 à dix heures du matin.
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 142 page 301).

De son côté, le même 24 janvier 1807 à minuit, le Prince Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "J'ai reçu seulement hier matin le décret que m'a envoyé Votre Majesté relatif aux 5,000 hommes à faire passer à l'armée de Naples. Ce décret sera exécuté ponctuellement : les premiers ordres sont partis hier soir, et Charpentier part cette nuit pour passer en revue tous ces détachements. Ils seront tous passés à Ancône le 10 février (ils auront 20 cartouches par homme).
Le 62e, fournissant 400 hommes pour l'armée de Naples et deux compagnies d'élite à la division de grenadiers, ne peut plus former son 3e bataillon qu'à 300 hommes ; en conséquence, j'ai ordonné qu'il ne se rendrait à la division Clausel qu'un mois ou six semaines plus tard, c'est-à-dire après qu'il aura reçu les conscrits de 1807 ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 262).

Le 25 janvier 1807, le Général de Division Grenier écrit au Commandant du 3e Bataillon du 62e Régiment, en route pour Vicence : "Les nouvelles dispositions du chef de l’état-major général de l’armée changeant, monsieur, la destination du bataillon que vous commandez, je vous adresse ci-joint, l’ordre de rétrograder pour rentrer dans Mantoue et y recevoir de nouveaux ordres ; il sera bon qu’après l’avoir mis en marche et rappelé les hommes qui pourraient déjà être arrivés à Villafranca, vous précédiez votre bataillon pour préparer le travail que vous aurez à faire en vertu des ordres que vous recevrez du général chef de l’état-major général de l’armée ; vous aurez attention de me faire prévenir de suite de votre arrivée à Mantoue" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 143 page 303).

Suit l'ordre suivant : "Il est ordonné au commandant du 3e bataillon du 62e régiment de ligne en route pour Vicence de faire rétrograder sur le champ son bataillon pour le faire rentrer dans Mantoue où il recevra de nouveaux ordres" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 143 page 303).

Le même 25 janvier 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général de Division Mainoni, Commandant d’armes à Mantoue : "J’ai l’honneur de vous prévenir, mon cher général, qu’en vertu de nouvelles dispositions du chef de l’état-major général de l’armée, j’envoie à l’instant ordre au 3e bataillon du 62e régiment de ligne, en route pour Vicence, de rétrograder et rentrer dans Mantoue. Veuillez je vous prie, donner les ordres nécessaires pour le recevoir et le loger" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 143 page 303).

Le 26 janvier 1807, le Général de Division Grenier écrit au Commandant du Dépôt du 62e à Mantoue : "Vous voudrez bien, monsieur, m’envoyer dans le plus court délai possible, l’état double des capotes restantes au corps que vous commandez, et qui proviennent de l’approvisionnement ordonné l’année dernière par M. le maréchal Masséna. Vous y joindre également, l’état double de celles qui sont nécessaires au complément de l’approvisionnement de cette année.
Cette mesure étant ordonnée par Son Excellence le Ministre directeur de l’Administration de la Guerre, vous veillerez monsieur, à la confection de ces états et répondrez de leur exactitude
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 144 page 304).

"Paris le 28 janvier 1807
Le Ministre Directeur de la Guerre à Monsieur le général Charpentier, chef d’état-major de l’Armée d’Italie, Milan.
J’ai reçu, général, avec votre lettre du 16 janvier, un état des quantités manquantes pour compléter l’approvisionnement des baudriers, de sabres, des dépôts de l’armée de Naples et des corps d’armée de Dalmatie et du Frioul. Vous m’annoncez qu’il n’existe point de ces effets au magasin d’Alexandrie, que les besoins sont urgents et que le pays n’offre point de ressources en ce genre.
Les baudriers et en général, les effets de grand équipement, sont des objets à la charge des corps, et il convient que les achats de cette espèce d’effet, soient faits à l’avenir immédiatement par leurs conseils d’administration. Je les autorise généralement à faire venir de France les baudriers qui leur manquent. Vous pourrez leur indiquer la maison Aquard à Lyon et la maison Delpont à Paris, comme capables de leur faire cette fourniture, elles sont présumées des troupes de ce genre, et ont assuré être en mesure d’y pourvoir. Je vous salue avec une considération distinguée. Signé Dejean.
Pour copie conforme le général de division chef de l’état-major général de l’armée, signé charpentier.
Noté en marge : reçu le 9, expédié le 11 février, au général Pouchin, aux dépôts du 22e léger, 20e, 52e, 62e, 101e et 102e de ligne
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 26 page 64).

- Prise de Scylla (17 février 1807)

Un des principaux faits d'armes auxquels le 62e prend part est le siège de Scylla, dont les différentes phases fournissent aux vétérans du Régiment l'occasion de montrer leur résolution et leur courage.

Le 27 janvier 1807, 600 hommes, moitié Anglais, moitié brigands, débarquent à Canatello et se mettent en marche dans le but d'attaquer, à la pointe du jour, Campo, que défend une Compagnie de Voltigeurs du 62e et de Chasseurs, commandés par l'Adjoint à l'Etat-major Livron. La tentative n'est pas heureuse, car, mis en complète déroute, l'ennemi est poursuivi jusqu'à la mer; une partie se noie en cherchant à gagner les barques, le reste est fait prisonnier.

Le 30 janvier, quatre chaloupes canonnières et deux bâtiments de transport armés sont attaqués à Rentinelle par quelques Grenadiers du 62e et une Compagnie de Voltigeurs du 1er. Les Grenadiers du 62e se jettent à l'eau, abordent les canonnières, les forcent à se rendre et les amènent à la côte; les prisonniers sont ensuite conduits à Monteleone.

Le 2 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major général de l’Armée : "Conformément à votre lettre du 26 janvier, mon cher général, j’ai passé la revue du 62e régiment au moment où il a rentré en ville ; et j’en ai fait extraire devant moi les 400 sous-officiers et soldats destinés pour l’armée de Naples. Ce détachement ainsi que les autres que vous aviez vu par vous-même, sont partis de Mantoue le lendemain 27" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 145 page 307).

Le même jour, 2 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Chef de l’Etat-major général : "Je vous adresse ci-inclus, mon cher général, les états de situations des 20e, 52e, 62e, 101e, 102e régiments de ligne et 22e régiment d’infanterie légère, aussitôt que celles des corps sous les ordres de monsieur le général Pouchin me seront parvenues, je vous les enverrai.
J’ai remis celles des mêmes corps que je devais vous envoyer les 24 à monsieur le capitaine Delaune ; je présume qu’il vous les aura envoyés
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 146 page 308).

Le 4 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major général : "... Les livrets des 22e d’infanterie légère, 52e de ligne, 20e, 62e, 101e et 102e ont été remis depuis le 26 du mois passé à M. Delaune pour être rectifiés ; j’ignore s’il vous les a adressés" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 146 page 309).

Le 12 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général de Division Chef de l’Etat-major général : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-inclus, mon cher général, les états de situations des 20e, 52e, 62e, 101e, 102e de ligne et 22e léger à l’époque du 8 février ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 149 page 314).

Le 14 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au chef du 62e de Ligne (lettre type) : "Ci-joint, vous trouverez monsieur, un ordre de route pour la compagnie de carabiniers et celle de voltigeurs du 3e bataillon du 22e régiment d’infanterie légère ; veuillez je vous prie tout disposer pour que rien ne manque à ces compagnies et qu’elles soient portées au complet voulu par les ordres de S. A. I. savoir, la compagnie de carabiniers à 100 hommes au moins et celle des voltigeurs à 140. Je vous engage aussi, monsieur, à profiter du peu de temps qui vous reste pour presser l’instruction de ces compagnies, soit en les habituant à la fatigue par des promenades militaires, soit en leur faisant faire l’exercice à feu et tirer à la cible ; il sera bon encore de leur donner une notion du service de campagne en leur faisant, après les exercices et même dans les promenades militaires, établir des gardes du camp, des grandes gardes, des postes avancés, leur faire faire des patrouilles et leur dire enfin ce qu’ils auront à faire dans ces différents cas ; si par le peu de temps qui vous reste, ces jeunes gens ne sont pas parfaitement instruits, ils auront au moins une idée de ce que l’on exigera d’eux et seront moins embarrassés" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 149 page 315 - Note en marge : "Pour le départ des compagnies de grenadiers et de voltigeurs, savoir ... 2 de grenadiers et 2 de voltigeurs pour le 62e ...").

Le même 14 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au chef du 62e de Ligne : "Vous m’avez adressé hier, monsieur, un état d’un détachement de conscrits arrivés aux bataillons de dépôt du 62e régiment que vous commandez. J’ai vu par cet état que sur 17 hommes qui sont partis du chef-lieu du département, il n’en est arrivé que deux au régiment ; cette désertion étant au-dessus de tout ce que l’on peut imaginer, je désire connaitre la conduite qu’a tenue en route le sous-officier conducteur de ce détachement, les rapports qu’il a fait ou du faire aux autorités civiles et militaires dans les lieux où il a passé, s’il a réclamé des escortes de la gendarmerie et quels sont les moyens qu’il a employé pour s’opposer à cette désertion. Veuillez donc réunir les papiers, feuilles de route et de revues dont il est porteur, me les communiquer, et en attendant que j’en ai pris connaissance, mettre ce sous-officier en prison" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 150 page 316).

Encore le 14 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général de Division Mainoni : "Ci-joint, mon cher général, l’itinéraire des troupes partant de Mantoue ou passant dans cette ville et son arrondissement du 18 février au 4 mars inclus. Veuillez je vous prie, donner les ordres nécessaires pour leur assurer le logement et les subsistances ..." ; suit l'itinéraire du 62e qui, partant de Matoue, doit être à Castellaro le 25 février, Legnago le 26, Montagnana le 27 et Monselice le 28 (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 150 page 316).

Le 14 février 1807, le Général de Division Grenier écrit également au Général de Division Chef de l’Etat-major général : "Conformément à votre lettre du 9 de ce mois, reçue le 13, j’ai adressé, mon cher général, les ordres de départ pour les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 20e, 62e, 101e, 102e de ligne et 22e d’infanterie légère aux chefs de ces corps, avec injonction de porter ces compagnies au complet voulu par S. A. I. et de les fournir de tout ce qui leur est nécessaire en armements, habillements et équipements. Ces compagnies partiront aussi instruites qu’elles peuvent l’être par le peu de temps qu’elles sont organisées ; j’ai engagé encore les chefs des corps à profiter des dix jours qui leurs restent pour les habituer à la fatigue, en leur faisant faire des promenades militaires, les exercices à feu et tirer à la cible. Après chaque exercice, on leur donnera aussi sur le terrain quelques notions du service en campagne, en leur faisant établir des gardes du camp, des grandes gardes, des postes avancés, faire des patrouilles et les reconnaitre, en leur apprenant enfin ce qu’ils auront à faire dans ces différents cas. Si par ces parties de détails et le peu de temps qui leur reste, ces jeunes gens ne sont pas très instruits, ils auront au moins une idée de que l’on exigera d’eux et seront moins embarrassés" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 150 page 317).

Le Général de Division Grenier écrit le 15 février 1807, au Chef de l’Etat-major général de l’Armée : "J’ai l’honneur de vous prévenir, mon cher général, que MM. Thierry et Sixe, le 1er chef de bataillon au 62e régiment, le 2e au 102e, désignés par Son Altesse Impériale pour commander les bataillons d’élite du 4e régiment de la division Duhesme, sont tous deux à l’armée de Naples. Je vous renvoie en conséquence leurs commissions.
Les chefs de bataillon dans ce moment présents aux dépôts sont, MM. Peignon, Maury, 20e de ligne ; Lamotte, Duportail, 62e id ; Julien, 101e, ce dernier est déjà âgé et supporterait difficilement les fatigues de de la campagne.
Si Son Altesse Impériale choisit deux chefs de bataillon parmi ceux désignés ci-dessus, veuillez m’envoyer leurs commissions pour qu’ils soient prévenus à temps
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82 page 179).

Le même 15 février 1807, le Général de Division Grenier écrit éncore au Chef de l’Etat-major général de l’Armée : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, mon cher général, l’état d’un détachement de conscrits arrivés au 62e régiment ; vous remarquerez que sur 17 hommes qui le composaient, deux seulement sont arrivés à leur destination, les 15 autres sont désertés du 5 au 13 janvier dans les premiers jours de leur départ du chef-lieu de leur département ; cette désertion m’a parue si au-dessus de toutes proportions que j’ai soupçonné le conducteur de l’avoir tolérée en ne se conformant par aux instructions du directeur général de la conscription. Je me suis fait remettre en conséquence son contrôle et je l’ai trouvé en règle puisque, à chaque mutation, il a donné à la gendarmerie et aux autorités civiles les signalements des hommes désertés. La seule chose que l’on puisse lui reprocher, c’est de n’avoir pas dès le jour où les premiers hommes sont désertés, requis la gendarmerie d’escorter son détachement. Mais les autorités civiles et la gendarmerie du département de l’Aveyron ne font pas leur devoir ; il est temps de le leur rappeler" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82 page 180).

Encore le 15 février 1807, le Général de Division Grenier écrit aussi à M. Lamotte, Chef de Bataillon du 62e Régiment : "Je vous renvoie, M. le contrôle que vous m’avez adressé hier ; à la rigueur le sous-officier est en règle, vous regarderez comme non avenue la disposition que j’avais ordonnée contre lui par ma lettre d’hier" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82 page 180).

Le 16 février 1807, le Général de Division Grenier écrit à M. Lamotte, Chef de Bataillon du 62e Régiment : "J’ai adressé le 4 de ce mois, M., l’état triple avec les certificats de visite pour le sergent Bruneau susceptible de réforme, au général chef de l’état-major de l’armée ; il me demande aujourd’hui le certificat de contre-visite qu’il dit avoir été remis. Veuillez me l’envoyer de suite pour le lui faire parvenir" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 83 page 180).

Le 16 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Pouchin : "Le commissaire ordonnateur de la 28e division militaire a annoncé au chef de l’état-major de l’armée, mon cher général, qu’il avait fait expédier aux corps sous vos ordres, les 2 et 3 janvier derniers par la voie des transports militaires, les effets de grands équipements ci-après.

Désignation des partis présents
Nombre de balles ( ?)
Gibernes
Porte gibernes
Bretelles de fusils
14e d’infanterie légère
23e idem
6e de ligne
42e idem
22e léger
52e de ligne
62e idem
11
7
4
11
10
18
2
600
380
250
380
550
1000
120
500
300

550
500
900

600
380
250
380
550
1000
120

Il a été expédié aux chefs des 22e, 52e, 62e régiments pareils … et l’état des effets qui leur sont annoncés.
Veuillez, je vous prie, me faire connaitre si les régiments ont reçu ces effets
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 83 page 180).

Le 17 février, la ville de Scylla est prise d'assaut; nos troupes entrent à midi dans le fort où l'ennemi a abandonné 12 pièces de divers calibres, 2 mortiers, 2 obusiers, 2 caronades et des magasins assez bien fournis. Pendant l'évacuation du fort, les Anglais perdent beaucoup de leurs hommes, plusieurs barques, chargées dc troupes, ayant été coulées bas. La prise de Scylla met fin à l'insurrection des Calabres. A partir de ce moment nous n'avons plus à combattre que des bandes de brigands, assez dangereuses il est vrai.

Le 19 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général chef de l’Etat-major général : "L’officier de santé désigné pour visiter le sergent Bruneau du 62e régiment, ayant décidé que ce sous-officier devait être envoyé aux eaux la saison prochaine, le croyant susceptible de guérison, le travail que je vous ai adressé, mon cher général, pour ce militaire, doit être considéré comme non avenu" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 83 page 180).

Le 19 février 1807, le Général de Les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des dépôts des 20e, 62e, 101e et 102e régiments de ligne, qui devaient partir le 25 courant de cette place, n’en partiront que le 26 pour aller loger à Castel d’Ario le même jour, le 27 à Legnago et le 28 à Monselice. C’est par erreur que l’on avait désigné un gite entre Legnago et Monselice puisqu’il n’y a qu’une marche de l’une de ces places à l’autre. Veuillez mon cher général, en prévenir les autorités chargées du logement et des subsistancesDivision Grenier écrit au Général de Division Charpentier : "Je vous adresse ci-joint, mon cher général, les états de situation au 16 février des 1er, 6e, 10e, 20e, 42e, 52e, 62e, 101e, 102e régiment de ligne, des 14e, 22e et 24e légers" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 83 page 181).

Le 20 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Mainoni : "Les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des dépôts des 20e, 62e, 101e et 102e régiments de ligne, qui devaient partir le 25 courant de cette place, n’en partiront que le 26 pour aller loger à Castel d’Ario le même jour, le 27 à Legnago et le 28 à Monselice. C’est par erreur que l’on avait désigné un gite entre Legnago et Monselice puisqu’il n’y a qu’une marche de l’une de ces places à l’autre. Veuillez mon cher général, en prévenir les autorités chargées du logement et des subsistances" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 83 page 181).

Le 20 février 1807 encore, le Général de Division Grenier écrit au Chef de Bataillon du 20e de ligne Pregnon : "Ci- joint, vous trouverez, M., un ordre par lequel vous êtes désigné par S. A. I. pour commander le 2e bataillon du 4e régiment de grenadiers et de voltigeurs de la division Duhesme.
Je vous préviens que ces compagnies qui devaient partir le 25 de ce mois, n’en partiront que le 26 pour aller coucher le même jour à Castel d’Ario, le 27 à Legnago et le 28 à Monselice, la journée de Montagnana étant supprimée.
Comme les compagnies de grenadiers et de voltigeurs qui doivent former votre bataillon sont celles du bataillon de réserve que vous commandez aujourd’hui et celles du 3e bataillon du 102e régiment, également en garnison à Mantoue, votre bataillon se trouvera tout formé au moment du départ, qui devra avoir lieu le 26 à 7 heures du matin. Le major du 102e recevra l’ordre d’envoyer ses deux compagnies en avant de Saint-Georges sur la route de Castel d’Ario pour l’heure indiqué, conduisez celles du 20e pour la même heure.
En marge : au chef de bataillon du 62e Lamotte idem, commandant le 1er bataillon du 4e régiment ; ce bataillon est formé de celles de son bataillon et celles du 3e bataillon du 101e ; elles se rassembleront à 6 heures du matin sur la place Saint-Pierre
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 182).

Toujours le 20 février 1807, le Général de Division Grenier écrit aussi au Major du 102e Régiment : "Je vous préviens, monsieur, que les compagnies de grenadiers et de voltigeurs du dépôt du 102e régiment que vous commandez, qui devaient partir de Mantoue le 25 de ce mois, n’en partiront que le 26 pour aller coucher le même jour à Castel d’Ario, le 27 à Legnago et le 28 à Monselice, la journée de Montagnana étant supprimée.
Vos deux compagnies devant avec les 4 du 20e former un bataillon et le commandement de ce bataillon ayant été confié à monsieur le chef de bataillon Pregnon du 20e, il doit réunir ce bataillon le 26 à 7 heures du matin en avant de Saint-Georges sur la route de Castel d’Ario. Veuillez donner des ordres pour que vos compagnies se trouvent sur ce point à l’heure indiquée.
En marge : au major du 101e idem. Le bataillon formé des 2 du 101e et de celles du 62e sera commandée par le chef de bataillon Lamotte. Il se réunit à 7 heures du matin sur la place Saint-Pierre
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 182).

Le 26 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général de Division Charpentier, chef de l’Etat-major général : "J’ai l’honneur de vous adresser, mon cher général, la situation des compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 20e, 62e, 101e et 102e régiments de ligne au moment de leur départ ; il a été impossible d’obtenir le nombre d’homme suffisants pour compléter ces compagnies. Vous verrez d’ailleurs, qu’il en est noté un assez grand nombre aux hôpitaux qui seront envoyés à leurs compagnies fur et à mesure de leur sortie ; on a encore incorporé dans ces compagnies depuis le 20 de ce mois près de deux cents conscrits, au moment même de leur arrivée, ils ont été habillés et armés" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 85 page 184).

Le 27 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier chef de l’Etat-major : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-inclus, mon cher général, les états de situation du 24 courant des 20e, 52e, 62e, 101e, 102e de ligne, et 22e régiment d’infanterie légère, aussitôt que celles des corps aux ordres de monsieur le général Pouchin me seront parvenus, je vous les ferai passer" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 85 page 185).

Le 3 mars 1807, le Sous lieutenant Resnier se noit au cours d'une expédition sur Capri (Martinien).

Le 3 mars 1807, le Général de Division Grenier, Gouverneur de Mantoue, écrit "Aux commandants des Dépôts des 20e, 62e, 101e, 102e régiments de ligne : Comme dessus en ajoutant invitation de faire connaitre au gouverneur s’ils ont reçu les effets de grand équipement annoncés par sa lettre du 16 février dernier", faisant référence à d'autres ordres, adressés au Major du 9e Chasseurs : "D’après la demande qui en est faite par l’ordre du jour du 23 février dernier, monsieur le major, vous être invité à mettre au dos de la situation que vous voudrez bien désormais adresser en double expédition les 1er, 8, 16 et 24 de chaque mois à monsieur le gouverneur de Mantoue, le nombre de conscrits reçus et à renvoyer à l’époque de l’envoi de ces situations" ; et à celui du 4e de Chasseurs : "Veuillez, je vous prie, la faire établir en conséquence et à date du 1er mars, et me les adresser promptement. Les livrets d’inspection du mois ne dispensant point de l’expédition de ces états de situation par huitaine" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 78).

Le 4 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général de Division Charpentier : "Ensuite de votre lettre du 1er février par laquelle vous m’invitiez à faire connaître, mon cher général, si les 14e, 22e, 23e légers, 6e, 42e, 52e et 62e de ligne ont reçu les effets de grand équipement que le commissaire ordonnateur de la 28e division militaire vous annonçait avoir fait expédier le 2, et 7 janvier derniers ; j’ai l’honneur de vous informer que ces corps m’en ont accusé la réception, à la réserve du 62e régiment, qui réclame 120 baudriers de giberne, avis qu’il ne devait pas recevoir puisqu’il n’en est pas fait mention dans le bordereau que vous m’avez envoyé" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 87 page 188).

Le 5 mars 1807, l'Aide de camp du Général de Division Grenier, Delcambre, écrit au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint les états de situation au 1er mars des 20e, 52e, 62e, 101e, 102e de ligne, 4e et 9e chasseurs à cheval, toutes revêtues de l’addition voulue par l’ordre du jour de l’armée du 23 février dernier ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 79).

Le même 5 mars 1807, l'Aide de camp du Général de Division Grenier, Delcambre, écrit également au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint les livrets d’inspection de février des 14e, 22e et 23e d’infanterie légère ; 1er, 6e, 10e, 20e, 42e, 62e, 101e, 102e de ligne, 4e et 9e chasseurs à cheval. Celui du 52e de ligne n’a point été fourni à cause de son déplacement. J’espère avoir l’honneur de vous l’expédier par le prochain courrier" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 79).

Le 5 mars 1807 encore, l'Aide de camp du Général de Division Grenier, Delcambre, écrit aussi au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser, mon cher général, l’état en triple expédition de tout ce qui est dû à la 2e compagnie du 1er bataillon de sapeurs, 4e escadron du train d’artillerie, 2e artillerie, 13e compagnie d’ouvriers, 20e, 62e, 101e, 102e régiments de ligne, 4e et 9e chasseurs à cheval, tous de la garnison" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 79).

A nouveau le 5 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit églament au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, mon cher général, les états en triple expédition de tout ce qui est du à la 2e compagnie d’artillerie, bataillon de sapeurs, 4e bataillon bis du train d’artillerie, dépôt du 2e d’artillerie à pied, à la 13e compagnie d’ouvriers, au dépôt des 20e, 62e, 101e, 102e régiments de ligne, 4e et 9e chasseurs à cheval, tous de la garnison ; aussitôt que ceux des corps sous les ordres du général Pouchin, du 22e d’infanterie légère Legnago et du 52e qui était en route me seront parvenus, je vous les enverrai" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 88 page 190).

Par ailleurs, toujours le 5 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au commandant du dépôt du 62e de Ligne : "Ci-joint, vous trouverez, M., copie d’un décret de Sa Majesté l’Empereur, en exécution duquel doivent être réformés ou incorporés dans les pionniers tous les conscrits impropres au service dans la ligne.
Chargé par Son Altesse Impériale le vice-roi de donner les ordres nécessaires pour l’exécution de ce décret aux conseils d’administration des bataillons et escadrons stationnés dans mon arrondissement ou sous mes ordres, je joins à la copie du décret impérial les dispositions que je crois nécessaires pour son exécution et des modèles des états à fournir pour obtenir l’uniformité dans ce travail.
Avant de remplir ces états, il sera bon de me faire connaître le nombre d’hommes que vous aurez à réformer ou à incorporer afin que je puisse les classer et les voir avant de terminer le travail
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 88 page 190).

Puis, encore le 5 mars 1807, le Général de Division Grenier adresse ses instructions au Général de Brigade Pouchin, "commandant les dépôts des 20e, 52e, 62e, 101e, 102e de ligne, 22e et 23e légers, 9e et 4e chasseurs à cheval.
Disposition à suivre pour l’exécution du décret de sa majesté l’empereur relatif à la réforme des conscrits non valides donné à Varsovie le 6 janvier 1807.
1e Il sera dressé dans chaque corps un état des hommes à réformer à l’appui de cet état par l’article 1er du décret ; on joindra à l’appui de cet état le certificat que le conscrit pourrait avoir apporté de son département et un certificat double des officiers de santé du corps et des officiers, sous-officiers et soldats de la compagnie s’il y a lieu, constatant l’existence des infirmités, vice de conformation ou d’organisation au départ du conscrit de son département et reconnus à son arrivée au corps.
2e Un autre état des hommes à réformer pour les cas prévus par l’article 2 avec le certificat double voulu par l’article 1er mais motivé pour ceux du remplacement.
3e Un 3e état pour les cas prévus par l’article 3 du décret.
4e Un 4e état pour les hommes qui se trouveront dans les cas prévus par l’article 4.
5e Et un 5e état pour ceux qui se trouveront dans le cas prévu par l’article 5.
Chacun de ces états, signé par le conseil d’administration sera fait en quadruple expédition signée et arrêtée par le général chargé d’opérer cette réforme, un restant au corps, deux seront adressés par lui au général chef de l’état-major général de l’armée, avec les certificats voulus par les cas prévus par les articles 1 et 2, et le 4e restera entre ses mains.
Nota : le décret du 6 janvier ne portant pas d’effet rétroactif, le 3e état pour l’article 3 portant néant, cet état sera fait d’après le modèle numéro 2 et portera pour intitulé le cas prévus par l’article du décret
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 88 page 190).

Le 9 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général de Division chef de l’Etat-major général : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint les états de situation au 8 mars des 20e, 52e, 62e, 101e, 102e de ligne, 22e léger et 9e régiment de chasseurs à cheval, celle des corps aux ordres de M. le général Pouchin lui ayant été retournées pour y ajouter les conscrits reçus et a renvoyer ; aussitôt qu’elles me seront parvenues, je m’empresserai de vous les faire parvenir" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 90 page 194).

Le 9 mars 1807, Delcambre écrit au Commandant du 62e : "J’ai l’honneur de vous prévenir, M. le commandant, que l’intention de M. le général gouverneur et de voir demain 10 du courant à … heures du matin à … les hommes à réformer et ceux à faire incorporer dans les pionniers. Veuillez, je vous prie, donner vos ordres en conséquence" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 82).

Le 12 mars 1807, l'Empereur écrit depuis Osterode, au Prince Eugène : "Mon Fils, voici le printemps qui approche ; il est nécessaire de faire des changements dans vos garnisons, sans quoi toute votre armée tombera malade. Mantoue, Ferrare, Porto-Legnago, Palmanova sont des lieux malsains. Il ne faut mettre dans ces garnisons que des Italiens plus accoutumés au pays. Je vois que les dépôts des ... 20e, du 101e, du 102e et du 62e sont à Mantoue ; passé le mois de mai, ils sont là fort mal ...
Il faut préparer un nouveau secours pour l'armée de Naples, à pouvoir lui envoyer avant la grande chaleur, indépendamment des 4,700 hommes que vous avez fait partir dernièrement. Ce secours sera composé de la manière suivante : ... un second bataillon de 960 hommes, qui sera composé de 120 hommes du 102e de ligne, 120 hommes du 101e, 240 hommes du 62e, 120 hommes du 52e, 120 hommes du 29e, 240 hommes du 20e. Un officier par régiment sera également suffisant ...
Mon intention est que le 1er bataillon provisoire soit réuni à Ancône le 15 avril, et parte pour l'armée de Naples ; que le 2e bataillon soit réuni à Ancône le 20 avril, et se dirige également sur Naples. Ces 1,700 hommes, joints aux 4,700 qui sont déjà partis, compléteront les cadres.
Il faut avoir soin que ces détachements soient bien armés, bien habillés et bien équipés...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 273 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12013 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14581).

Le même 12 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au commandant du dépôt du 62e de ligne : "L’intention de S. A. I. le prince vice-roi est, M. le Major, qu’il ne soit fait aucun mouvement dans les dépôts qu’en vertu d’un ordre de l’état-major général ; MM. les colonels doivent s’occuper de leurs bataillons de guerre et n’ont rien à ordonner à leurs bataillons de dépôt, je vous invite donc à n’obtempérer à aucun ordre s’il ne remplit les intentions de Son Altesse Impériale" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 92 page 198).

Le 12 mars 1807 encore, le Général de Division Grenier écrit au Commandant du Dépôt du 62e de Ligne : "S. A. I. passera la revue des régiments de grenadiers et voltigeurs réunis à Padoue, vers le 15 du courant, vous voudrez bien MM. faire compléter de suite ce qui manque aux grenadiers et voltigeurs du régiment que vous commandez.
... 62e de ligne : grenadiers, il manque tous les schakos, on espère les avoirs sous peu ; voltigeurs, il manque 254 sabres complets ...
Dans le cas où vous n’auriez pas d’effets en magasin, vous prendrez ceux qui servent aux hommes qui sont au dépôt ; vous vous attacherez particulièrement à l’armement.
Sous aucun prétexte il ne doit rester de sapeurs au dépôt ; dans le cas où il s’en trouverait, ils auront l’ordre de partir sans délai pour les grenadiers et carabiniers.
Pour le 62e, l’ordre pour fournir un adjudant sous-officier au 4e bataillon de grenadiers ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 92 page 199).

Le 19 mars 1807, Delcambre écrit au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint les états de situation au 15 mars des 1er, 6e, 10e, 20e, 52e, 62e, 101e, 102e de ligne, 14e, 22e léger et 9e de chasseurs à cheval. Je joins le rapport des mouvements de la place de Mantoue du 1er au 16. La situation de la garnison de cette dernière époque, le rapport journalier du 1er au 14 de la division aux ordres de monsieur le général Pouchin et enfin en double de la situation au 1er mars du 22e régiment d’infanterie légère, laquelle s’est égarée dans le temps" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 83).

Toujours le 19 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au Commandant du Dépôt du 62e de Ligne : "L’intention de son altesse étant, monsieur, que les compagnies de grenadiers et voltigeurs puissent subvenir à leurs plus pressants besoins, vous voudrez bien avancer aux compagnies de votre régiment réunies à Padoue le quart et l’excédent des fonds de leur masse de linge et chaussure.
Vous ferez rejoindre sans délai les sous-officiers et caporaux qui peuvent encore manquer à ces compagnies, et accélérer autant que possible l’envoi des effets qui leur sont nécessaires en armement, grand et petit équipement.
Vous adresserez dans le plus court délai une note de ce que vous aurez envoyé à ces compagnies pour les compléter tant en hommes, qu’en effets et argent.
Vous aurez soin de remplacer aussi à ces compagnies tous les hommes qui seront envoyés par le général Dutruy à votre dépôt comme incapables de soutenir les fatigues de la guerre
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 93 page 201).

Le 23 mars, le Capitaine Ducommun parvient, par son activité et sa bravoure, à seconder de la manière la plus efficace le Chef d'Escadron de Gendarmerie Bonelly dans une affaire qui a lieu au pont de Santa Oliva contre des brigands, à la tête desquels se trouve Fra-Diavolo.

Le même 23 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser, mon cher général, le travail des hommes à réformer et à envoyer dans les pionniers en exécution du décret de Sa Majesté l’Empereur en date du 6 janvier dernier, pour les corps ci-après : 9e de chasseurs, 22e régiment d’infanterie légère, 20e, 52e, 62e, 101e et 102e régiment de ligne.
... Le 62e à 4 hommes pour la réforme dans le cas d’être remplacés et 13 hommes pour les pionniers ...
Ci-joint pour chacun des hommes réformés un certificat de l’officier de santé du corps, un autre de la compagnie et tous les certificats que ces hommes avaient de leurs communes ; les motifs de leur réforme sont bien analysés et vous pouvez être assuré de leur véracité.
Un seul homme se trouvant remplaçant est dans le cas de l’article 2 (pour le 9e de chasseurs) ; j’ai également joint aux états le certificat de l’officier de santé du corps, quant à ceux envoyés aux pionniers les certificats deviennent inutiles, je les ai donc gardés pour y avoir recours au besoin ainsi que les double de ceux délivrés pour les hommes réformés ...
Vous me manderez ce que vous en pensez lorsque les hommes désignés pour les pionniers seront dans le cas de partir. Il sera nécessaire de les réunir pour les faire marcher ensemble sous escorte, sans cela la majeure partie déserterait ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 94 page 203).

Le 25 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J'écris fort en détail au vice-roi pour lui faire connaître mes intentions sur mon armée d'Italie. Correspondez avec lui et occupez-vous de compléter les corps à quatre bataillons. J'ai là le 11e, le 35e, le 92e, le 79e, le 23e, le 56e, le 93e, le 5e, le 62e, le 20e, qui sont à quatre batailIons, et qui sont susceptibles de recevoir encore un grand nombre de conscrits. Depuis six mois j'augmente progressivement mon armée d'Italie, et je veux l'augmenter encore, afin d'avoir en campagne autant de troupes que les cadres peuvent en contenir. Vous sentez que c'est là ma plus grande sauvegarde contre l'Autriche, qui aurait besoin d'une grande armée contre mon armée d'Italie et Dalmatie, et qui s'attirerait sur les bras une guerre sérieuse que la pénurie de ses finances et le vide de ses arsenaux ne lui permettent pas d'entreprendre. Mes armées d'Italie et de Dalmatie réunies forment déjà une très-belle armée, mais je continue à y porter une attention suivie. Quoique j'aie sous la main les éléments de ce travail, pour ne point me fatiguer d'un travail inutile, j'attendrai les états que je vous ai demandés pour savoir si nous devons encore envoyer des conscrits à cette armée. Le complet, tel que je l'entends, est à 140 hommes par compagnie ; c'est là le maximum de ce qui peut entrer raisonnablement dans un cadre, ce qui forme 1,260 hommes pour l'effectif et ne fait guère que 1,050 hommes présents sous les armes, qui, en quelques mois de campagne, se réduisent à 900, ce qui est encore une force raisonnable" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12165 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14899).

Le même jour (25 mars 1807), Napoléon écrit, depuis Osterode, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils, vous ne mettez pas dans vos états de situation ce que les dépôts doivent recevoir de la réserve de 1806, de la conscription et de la réserve de 1807, et cela rend vos états incomplets.
… La division Clauzel doit être augmentée ... Vous pourrez ... augmenter la division Clauzel du 3e bataillon du 62e et du 3e bataillon du 20e, ce qui porterait cette division à dix bataillons. Avec les conscrits qui vous arrivent, cela devrait être possible ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 285 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12174 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14892).

Le 26 mars 1807, Delcambre écrit au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, les états de situations au 24 mars, des 1er, 6e, 10e, 20e, 52e, 62e, 101e, 102e régiments de ligne, 14e et 22e d’infanterie légère, et 9e chasseurs à cheval" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34 page 80).

Encore le 26 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major général : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, mon cher général, les états d’effets de campements manquant au 20e, 52e, 62e, 101e, 102e ligne, 9e de chasseurs à cheval, et partie du 2e d’artillerie à pied, 13e compagnie d’ouvriers et 2e bataillon de pontonniers, conformément à votre lettre du 16 qui ne m’est parvenue que le 21 ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 97 page 208).

De son côté, le même 26 mars 1807, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "… Le colonel Brun, du 62e, a mis son corps sur un pied qui en fait le modèle de l'armée ; il n'est que légionnaire : Votre Majesté pourrait le nommer officier …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 321).

Le 30 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Mainoni : "Je vous prie, mon cher général, de donner ordre aux dépôts des 20e, 52e, 62e, 101e, et 102e régiments, de prendre les armes demain à 10 heures du matin et de se rendre sur la place Virgile. Ces corps devront présenter à la revue que j’en passerai tous les hommes qui appartiennent à ces dépôts, et compris dans la dernière situation qui m’a été remise.
Les chefs me présenteront une note des pertes et gains que ces corps ont faits depuis, avec le détail des hommes qui, étant de service, ne seront pas sous les armes. Vous aurez la complaisance de m’envoyer aussi l’état des hommes qui seront de service du 30 au 31 pour chacun de ces corps, afin que je puisse m’assurer, si les détails qu’ils me présentent sont exacts
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 99 page 212).

Le 31 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Chef de l’Etat-major général : "Pour remplir, mon cher général, l’objet de votre lettre du 29, relative au détachement à envoyer l’armée de Naples, je viens de passer une revue de rigueur des dépôts en garnison à Mantoue. Il en résulte que les corps en prenant presque tous les ouvriers peuvent fournir le nombre d’hommes ci-après :
20e de ligne, 2 officiers, 4 sergents, 6 caporaux, 2 tambours, 298 fusiliers, total 300. Note : dans les 2 officiers du 20e est compris 1 chef de bataillon.
52e de ligne, 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux 74 fusiliers, total 90.
62e de ligne, 2 officiers, 4 sergents, 6 caporaux, 2 tambours, 328 fusiliers, total 340. Note : les 2 officiers du 62e appartiennent à l’armée de Naples.
101e de ligne, 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 1 tambour, 53 fusiliers, total 60.
102e de ligne, 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 1 tambour, 73 fusiliers, total 80.
Je suppose que le 22e légère peut fournir 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 1 tambour, 83 hommes, total 90.
Le détachement sera composé de 8 officiers, 16 sergents, 28 caporaux, 7 tambours, 909 fusiliers, total 960.
Vous remarquerez, mon cher général, que j’ai laissé les officiers en dehors et que j’ai complété le nombre de 960 hommes avec les tambours que vous pourrez ensuite défalquer, si vous le jugez à propos.
J’ai adressé par ordonnance expresse l’ordre au major du 22e d’infanterie légère à Legnago, de tout disposer pour faire partir au 1er avril un détachement d’un officier, 2 sergents, 4 caporaux et 113 chasseurs, mais vous ne devez pas compter sur plus de 90 hommes, ce corps étant pour sa force dans les mêmes proportions que 101e et 102e ; aussi ai-je beaucoup forcé sur les 20e et 62e pour obtenir le nombre d’hommes que vous me demandez. Si la lettre que vous annoncez m’avoir adressée le … ne m’était parvenue, j’aurais été à même de vous envoyer par l’officier d’état-major le nombre exact des hommes que ce régiment pourra fournir, mais je ne peux en être instruit que cette nuit ou demain matin, n’ayant antérieurement à votre dernière rien reçu qui soit relatif à ce mouvement. Vous pourrez laisser dans l’ordre de départ du 22e le nombre d’hommes en blanc, je le remplirai après la réponse que je recevrai du major, et vous en donnerai avis.
Les détachements seront armés, habillés et équipés, mais tous ne peuvent être coiffés, ce qui au reste est peu important puisque je suis instruit que les chefs de corps à l’armée de Naples peuvent se procurer facilement des coiffures dans le pays moyennant de l’argent qu’on leur envoie du dépôt.
J’ai dû pour obtenir le nombre d’hommes que je vous présente comprendre presque tous les ouvriers, les chefs de corps se désolent mais ils doivent obéir ; si vous pouvez diminuer pour les 52e, 101e et 102e les détachements de 10 à 12 hommes chaque sans augmenter les autres où j’ai également tout pris, ils vous en auront beaucoup d’obligations
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 99 page 213).

Emplacement des troupes de l'Empire français à l'époque du 1er avril 1807
Numéros des Régiments, et noms des Colonels
Majors, Chefs de Bataillon et Quartiers-maîtres
Numéro des Bataillons
Emplacement, et conscription de l'an 1807
Division Militaire
62e Bruny

Castellan
Duheim
Thierry
Duportail
Lamote
Colombet

Major
1er
2e
3e
4e
Quartier-maître


A Naples, Armée de Naples
A Naples, Armée de Naples
A Mantoue, Italie
A Mantoue, Italie
Conscrits de l'Aveyron et de l'Ain

Le 1er avril 1807, le Général de Division Grenier écrit au Commandant des du 62e de Ligne : "Ensuite des dispositions ordonnées par S. A. I. le prince vice-roi, le dépôt que vous commandez, M., doit envoyer incessamment un détachement à l’armée de Naples pour rejoindre vos bataillons de guerre ; ce détachement sera composé comme il suit (chaque corps comme il est porté ci-contre à la lettre au chef de l’état-major général daté du 31 mars).
Veuillez, M. le …, tout disposer pour que ce détachement puisse se mettre en marche au premier avis, que son habillement, équipement et armement soit au complet, et qu’il ne soit composé que d’hommes valides, dussiez-vous, en cas exceptionnel, fournir vos ouvriers
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 100 page 214).

Le même 1er avril 1807, le Général de Division Grenier écrit aussi à M. Duportail, commandant la réserve du 62e de Ligne : "Le chef de l’état-major général de l’armée me mande, monsieur, qu’il manque à vos compagnies de grenadiers et de voltigeurs ensemble 233 fourreaux de baïonnettes, qu’il vous invite à leur faire parvenir, ainsi que les souliers nécessaires pour que chaque homme puisse en avoir une paire dans son sac, observant que ce sera à titre d’avance sur la masse de linge et de chaussure.
Vous aurez soin de leur envoyer aussi les épaulettes et pompons dont elles peuvent avoir besoin
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 100 page 215).

Le 2 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major général : "Je vous ai mandé, mon cher général, par ma lettre du 31 avoir mis de la rigueur dans la répartition que j’ai faite aux différents corps pour les 960 hommes qui doivent se rendre à l’armée de Naples ; je vous ai dit que j’y avais compris tous les ouvriers et c’est la vérité, mais j’ai oublié de vous dire que j’y avais compris aussi tous les hommes revenus depuis quelque temps de l’armée de Naples et des voltigeurs. Les chefs des corps m’observent, avec raison, que si ces hommes avaient été propre au service, ils n’eussent pas été renvoyés au dépôt, que tous entreront aux hôpitaux à la première étape, et qu’alors le détachement éprouverait beaucoup de pertes en route ; il sera donc nécessaire s’il en est temps encore de réduire ce détachement au nombre ci-après.
22e léger : 1 officier, 2 sous-officiers, 4 caporaux, 1 tambour, 73 hommes, total 80. Note : C’est tout ce que peut fournir ce régiment à la rigueur.
20e de ligne : 2 officiers, 4 sous-officiers, 6 caporaux, 2 tambours, 248 fusiliers, total 260. Note : dont 1 chef de bataillon.
62e de ligne : 2 officiers, 4 sous-officiers, 6 caporaux, 2 tambours, 308 fusiliers, total 320. Note : les officiers appartiennent à l’armée de Naples.
52e de ligne : 1 officier, 2 sous-officiers, 4 caporaux, 64 fusiliers, total 70.
101e de ligne : 1 officier, 2 sous-officiers, 4 caporaux, 1 tambour, 47 fusiliers, total 54.
102e de ligne : 1 officier, 2 sous-officiers, 4 caporaux, 1 tambour, 43 fusiliers, total 50.
Totaux : 8 officiers, 16 sous-officiers, 28 caporaux, 7 tambours, 783 fusiliers, total 834.
J’avais encore l’espoir de voir arriver avant l’époque du départ quelques conscrits, mais les corps ont presque tous reçu, et ont en partie complété les voltigeurs au nombre de 140 hommes.
Ps. Je reçois à l’instant votre lettre du 28 relative à ce mouvement, elle me vient par Bologne, le départ du détachement étant fixée au 12, je pourrai peut-être le compléter d’ici à cette époque, comme je vous l’ai mandé par ma première, mais il faudrait pour cela que vous laissassiez le nombre en blanc dans les ordres de départ pour chaque détachement
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 101 page 216).

Le même 2 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit encore au Chef de l’Etat-major général : "J’ai fait connaître, mon cher général, aux commandants des dépôts des 20e, 62e, 101e et 102e les différents objets qu’ils doivent envoyer aux grenadiers et voltigeurs à Padoue, ensuite de votre lettre du 28 mars. Je vous avoue que je regarde les demandes de MM. les commandants des régiments de grenadiers et voltigeurs, si souvent réitérées, comme indiscrètes ; puisqu’ils connaissent mieux que personne la situation des finances des corps, ils devraient se contenter du nécessaire et ne pas écraser les dépôts. Vous verrez par l’un des états que je me suis fait remettre, il y a quelques jours, combien les dépôts ont déjà fait pour ces compagnies ; tous sont à peu près dans le même cas et toutes ces compagnies redoivent.
Les grenadiers et voltigeurs du 20e ont reçu à leur départ 48 sacs qui sont suffisants pour les distributions, les autres corps dans les mêmes proportions. La loi en accorde à la vérité un à chaque soldat comme effet de première mise, mais jusqu’à présent il en a été peu délivré et ceux qui l’ont été sont en pure perte, les soldats les vendent ou les perdent, et ce serait un surcroît de dépenses pour les masses générales qui sont très obérées, vu le peu de fonds que le gouvernement fait passer aux corps qui, comme vous le savez, sont très endettés et qui n’ont pu habiller leurs soldats qu’en faisant des efforts extraordinaires.
Les 144 bonnets d’oursin que l’on demande au 20e appartiennent aux compagnies de grenadiers des bataillons de guerre ; en les envoyant aux grenadiers à Padoue, on en privera ses premières compagnies sans pouvoir compléter celle de Padoue puisqu’il leur manquerait encore 46. Il vaut donc mieux que ces compagnies conservent leurs chapeaux jusqu’à ce que l’on puisse leur envoyer les shakos au complet. Si cependant l’intention de S. A. I. est que ces bonnets soient distribués et que les sacs à toile pour tous les corps soient fournis au complet, veuillez m’en écrire afin que j’en intime l’ordre obligatoire à tous les corps.
Plusieurs commandants des régiments de grenadiers ou voltigeurs renvoient aux dépôts des hommes qu’ils disent ne pas être propres aux compagnies sous leurs ordres ; aucun officier général ne signe ces renvois, il en résulte des mutations continuelles qui entraînent des frais et qui exigent des remplacements, et ce pour satisfaire quelquefois les caprices d’un individu ; veuillez, mon cher général, leur défendre ces sortes de mouvement et les prévenir que les dépôts ont reçu l’ordre de ne remplacer à ces compagnies que les hommes qui leur seraient envoyés ensuite d’une revue passée par un officier général, qui devra signer l’ordre du renvoi
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 101 page 217).

Le 3 avril 1807, le Général Grenier écrit au Général Chef de l’Etat-major général : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint les livrets d’inspection du mois de mars des 9e chasseurs à cheval, 14e et 22e d’infanterie légère, 1er, 6e, 10e, 20e, 52e, 62e, 101e, 102e régiments de ligne. J’y joint le rapport journalier du 14 au 28 mars de la division aux ordres de M. le général Pouchin, celui des mouvements survenus dans la place de Mantoue du 16 au 31 mars, et enfin ceux de la place de Ferrare" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34 page 80).

Le 4 mai 1807, Delcambre écrit au Général Chef de l’Etat-major général : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, les livrets d’inspection du mois d’avril des 9e chasseurs à cheval, 14e et 22e d’infanterie légère, 1er, 6e, 10e, 20e, 52e, 62e, 101e et 102e de ligne" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34 page 81).

Le 6 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit M. Duportail, commandant la réserve du 62e de Ligne : "Pour rétablir la régularité des tours de service, et particulièrement pour les détachements, il convient, M., de les faire commencer par la tête pour tous les grades, sauf à passer le tour de ceux qui ont été commandés par ordre exprès, attendu qu’ils ne doivent pas marcher deux fois lorsque ceux qui les précèdent n’auront fait qu’un seul détachement. Telle est monsieur la décision que je dois à votre lettre de ce jour" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 103 page 220).

Le 7 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Mainoni : "J’ai l’honneur de vous prévenir, mon cher général, qu’il partira le 12 de ce mois un détachement de la garnison pour se rendre à l’armée de Naples composé ainsi qu’il suit.
286 du 20e de ligne : 2 officiers compris le chef de bataillon, 2 sergents, 4 caporaux, 2 tambours, 276 fusiliers.
74 du 52e de ligne : 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 67 fusiliers.
360 du 62e de ligne : 2 officiers, 6 sergents, 8 caporaux, 2 tambours, 342 fusiliers.
61 du 101e de ligne : 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 1 tambour, 53 fusiliers.
54 du 102e de ligne : 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 1 tambour, 46 fusiliers.
Le chef de bataillon Maury prendra le commandement de ces détachements réunis pour les conduire à leur destination, chaque homme devra être pourvu de 20 cartouches.
Je vous préviens aussi qu’un détachement du 22e d’infanterie légère fort de 80 hommes arrivera le 10 de ce mois à Mantoue, y séjournera le 11 et en partira le 12, comme faisant partie du détachement que doit commander M. Maury. Je vous prie de vouloir bien vous assurer lors de son arrivée s’il est muni des 20 cartouches par homme et dans le cas contraire de leur en faire délivrer, comme aussi de prévenir le commandant de ce détachement qu’à dater du 12, il se trouvera sous les ordres de M. le chef de bataillon Maury qui lui fera connaître l’heure du départ et le lieu du rendez-vous.
Veuillez aussi, mon cher général, prévenir de ce mouvement le sous inspecteur aux revues et le commissaire des guerres, et donner les ordres nécessaires pour le logement et la subsistance de cette troupe à Mantoue, sans Benedetto, Carpi et Modène
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 103 page 221).

Le même 7 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit également au Chef de Bataillon Maury : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, monsieur, l’ordre général du départ des différents détachement de la garnison que vous êtes chargé de conduire à l’armée de Naples. Le détachement du 22e d’infanterie légère qui en fait partie arrivera le 10 de ce mois dans cette classe, y séjournera le 11 et se trouvera comme les autres détachements à dater du 12 sous vos ordres. Les différents chefs de corps sont prévenus que vous fixerez l’heure du départ de cette place et le lieu du rendez-vous. Vous aurez donc à vous entendre avec eux à ce sujet.
Veuillez remettre à votre arrivée à Ancône la lettre ci-incluse au général Tisson ; elle est relative à différents changements que j’ai été obligé de faire dans la composition de ces détachements, mais le nombre d’hommes fixé par le chef de l’état-major général de l’armée, et dont sans doute il aura eu connaissance, existe tel qu’il doit être
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 104 page 222).

Puis, toujours le 7 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit ensuite au Général Tisson à Ancône : "Le chef de l’état-major de l’armée vous sera sans doute donné connaissance, monsieur le général, du détachement de cette garnison destinée à se rendre à Ancône pour y recevoir de vous des ordres ultérieurs.
Ce détachement se compose avec celui du 22e d’infanterie légère, officiers compris, de 915 hommes. Je ferai partir le 12 ce nombre d’hommes et vous trouverez quelques différences dans sa composition, ayant été obligé d’en prendre un plus grand nombre dans un corps pour compenser ce qu’un autre pouvait fournir en moins ; le résultat est le même puisque le détachement existe en son entier, mais j’ai dû vous en donner avis afin que vous ne soyez pas induit en erreur. J’en préviens également le chef de l’état-major général de l’armée
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 104 page 222).

Le 7 avril 1807 encore, le Général de Division Grenier écrit églament au Commandant du 62e de Ligne : "Les détachements que doivent fournir le … régiment pour l’armée de Naples est décidément fixé, monsieur … au nombre ci-après.
20e de ligne : 2 officiers, 2 sergents, 4 caporaux, 2 tambours, 276 fusiliers, total 286.
52e de ligne : 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 67 fusiliers, total 74.
62e de ligne : 2 officiers, 6 sergents, 8 caporaux, 2 tambours, 342 fusiliers, total 360.
101e de ligne : 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 1 tambour, 53 fusiliers, total 61.
102e de ligne : 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 1 tambour, 46 fusiliers, total 54.
Vous voudrez bien donner tous vos soins à ce que ce détachement soit bien armé, habillé, équipé et pourvu de 20 cartouches par chaque homme, ce détachement partira le 12 de ce mois et sera du jour de son départ sous les ordres de M. Maury, chef de bataillon au 20e régiment, chargé de conduire ces détachements à leur destination ; il recevra en conséquence l’ordre de route pour tous les détachements de la garnison et fixera l’heure de départ et le lieu de rendez-vous
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 104 page 222).

Enfin, le 7 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit pour finir au Chef de l’Etat-major général : "J’ai reçu, mon cher général, votre lettre du 2 de ce mois avec l’ordre de départ pour l’armée de Naples des différents détachements de la garnison. Ils partiront comme vous l’avez fixé le 12 de ce mois et complèteront le nombre d’hommes que vous avez demandés, à quelques changements près que j’ai été obligés de faire et que l’arrivée d’un petit détachement de conscrits m’a permis ; sans quoi j’aurais été fort embarrassé, ayant compris dans mon premier travail beaucoup d’hommes qui revenaient depuis peu de l’armée de Naples et que je croyais bien portants et capables de faire route. Le détachement sera composé ainsi qu’il suit.
22e d’infanterie légère : 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 1 tambour, 72 fusiliers, total 80.
20e de ligne : 2 officiers, 2 sergents, 4 caporaux, 2 tambours, 276 fusiliers, total 286.
52e de ligne : 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 67 fusiliers, total 74.
62e de ligne : 2 officiers, 6 sergents, 8 caporaux, 2 tambours, 342 fusiliers, total 360.
101e de ligne : 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 1 tambour, 53 fusiliers, total 61.
102e de ligne : 1 officier, 2 sergents, 4 caporaux, 1 tambour, 46 fusiliers, total 54.
Ce qui donne en officiers, sous-officiers et soldats le nombre total de 915 hommes, portés dans votre tableau du 2 et dans l’ordre de départ que j’ai été obligé de changer. J’en donne avis au général Tisson à Ancône afin que cette différence dans la composition de ces détachements ne l’induise pas en erreur puisqu’en résultat, le nombre d’hommes est le même
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 104 page 223).

Le 17 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Mainoni : "Je vous préviens, mon cher général, que les dépôts partis le 12 de ce mois pour l’armée de Naples rentrent aujourd’hui à Mantoue dans leurs corps respectifs ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 106 page 227).

Le 21 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit au Commandant de la réserve du 62e Régiment : "Je vous adresse ci-joint, monsieur, une réclamation d’un sergent-major du corps que vous commandez ; veuillez en prendre connaissance et me la renvoyer avec vos observations. Si la réclamation de ce sous-officier est juste, je ne souffrirai pas que l’on commette une justice à son égard" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 106 page 227).

Le 23 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit au Chef de Bataillon Lamotte, du 62e de Ligne : "Les renseignements que vous m’avez donnés, monsieur le commandant, sur le compte du sieur Rapp, sergent-major de la 8e compagnie du 4e bataillon du 62e régiment, ne lui étant pas défavorables, je dois, s’il persiste dans sa réclamation pour ne pas être privé de l’avancement auxquels ses services lui donnent des droits, faire maintenir en sa faveur les dispositions de la loi sur l’avancement. Mais je dois en même temps faire exécuter les règlements militaires qui fixent le nombre de femmes voulu par bataillon soit comme blanchisseuses ou vivandières.
Celle de ce sous-officier, du moment où il sera promu sous-lieutenant, ne pouvant plus être considérée comme vivandière ou blanchisseuse, devra quitter le corps et rentrer dans ses foyers. Veuillez, je vous prie monsieur, faire connaître la présente au sergent-major Rapp, pour servir de réponse à la pétition qu’il m’a adressée
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 107 page 228).

Le 24 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit au Major du 62e Régiment : "J’ai reçu, M. le Major, votre lettre du 21 de ce mois ensemble les copies de votre correspondance avec le chef de bataillon Duportail. Cet officier supérieur que j’ai fait venir chez moi pour cet objet convient et regrette d’avoir employé dans cette correspondance des expressions trop vives. Il doit même vous en écrire. Je désire que là se terminent ces altercations qui sont toujours nuisibles au bien du service" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 108 page 230).

Le 1er mai 1807, le Général de Division Grenier écrit aux Majors des 20e et 62e Régiments : "S. A. I. désirant messieurs les majors, tirer des dépôts des 20e et 62e régiments, douze caporaux pour les nommer sergents dans les troupes italiennes et leur procurer par suite d’autres avancements, je vous prie de me faire connaitre combien vous pourrez en fournir. Je n’ai pas besoin de vous observer que vous devez fixer votre choix sur de bons sujets et bien instruits" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 110 page 234).

Le même 1er mai 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier : "Je viens de recevoir, mon cher général, vos lettres des 27e et 28 avril derniers relatives aux mouvement et départ des dépôts français et italiens ; je vais leur expédier de suite les ordres qui les concernent. Il me semble que vous auriez dû me laisser ici au moins un dépôt français, il est des parties de service qui demandent une grande surveillance et que l’on ne peut confier à tout le monde. Voyez si vous pouvez changer quelque chose aux dispositions de S. A. I. et me laisser le 62e ; ce régiment à quelques ressources en officiers et si tous les dépôts partent, il sera même impossible d’organiser ici un conseil de guerre. Je pourrai d’ailleurs loger ce dépôt dans un quartier très salubre, et si d’ailleurs on avait à craindre des maladies, on serait toujours à temps de lui donner une autre destination" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 110 page 234).

Le 4 mai 1807, le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major général : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, mon cher général, un état des douze caporaux désignés susceptibles de remplir les intentions de S. A. I. Le 20e régiment n’ayant sujet capable j’en ai désigné huit au 62e et 2 à chacun des 101e et 102e de ligne, afin de compléter le nombre voulu par votre lettre ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 111 page 236).

Le 7 mai 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser, mon cher général, une lettre du conseil d’administration du dépôt du 62e régiment ; vous verrez par son exposé combien ce corps se trouve embarrassé (les autres dépôts sont dans le même cas). Il serait à désirer que vous puissiez engager le payeur général à ne faire exercer la retenue qui a lieu que par portions égales et mensuellement ; sans cette mesure, les corps vont se trouver dans une circonstance bien pénible et dans l’impossibilité de subvenir à la moindre dépense" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 111 page 237).

Le 13 mai 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous prévenir, mon cher général, que le conseil de guerre convoqué le 5 de ce mois à Mantoue a condamné à la peine de mort les nommés Baptiste Gulia, François Julier, Jean Taillefer et Jean Pierre Tabarly, fusiliers au 62e régiment d’infanterie et faisant partie du détachement parti le 12 avril dernier pour l’armée de Naples, désertés en route avec armes et bagages ; le jugement a eu son exécution le lendemain 6 mai à 6 heures du matin.
Les juges ont fait tout ce qu’il était possible de faire pour faire tomber la peine capitale sur l’un deux seulement, mais toutes les circonstances étaient si aggravantes qu’il leur a été impossible de commuer la peine, d’autant plus que ces malheureux avaient fait feu sur la garde nationale qui les a arrêtés.
Ces hommes sont tous les quatre du département de l’Aveyron, le 1er du canton d’Entragues, commune de Mussif, les autres du canton de St Antonia
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 113 page 241).

Le 18 mai 1807, le Général de Division Grenier écrit de Mantoue, au Général Charpentier, chef de l’Etat-major général de l’armée d’Italie, à Milan : "Le seul cadre des voltigeurs du 3e bataillon du 101e régiment, mon cher général, est rentré des bataillons de guerre, celui des grenadiers n’a pu rentrer puisque la compagnie est passée en totalité dans la garde de Sa Majesté le roi de Naples. Il n’est rentré jusqu’à présent des cadres de ces compagnies dans les 52e et 102e ; sans doute que le général Pouchin vous fera connaitre ce qui sera dans le 20e, 62e et 22e légère qui étaient déjà partis de Mantoue lorsque je reçus votre lettre du 8 mai, lui en ayant donné connaissance afin qu’il puisse les mêmes renseignements pour les corps qui étaient antérieurement sous ses ordres ; si ce général m’adresse ces renseignements, je m’empresserai de vous les transmettre" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 116 page 247).

De son côté, ce même 18 mai 1807, le Prince Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "... Ainsi que Votre Majesté me l'ordonne, la division Clausel sera augmentée ; elle sera, j'espère, à la mi-juin, de 8,000 hommes ; celle du général Dubesme sera toujours tenue complète à 6,000 hommes. Comme c'est une division d'élite, on ne peut guère y joindre d'autres troupes ; mais la division de Vérone sera elle-même facilement portée à 8,000 hommes, car je vais y ajouter les 3es bataillons des 20e et 62e de ligne, et le 3e bataillon de 6 compagnies du 3e d'infanterie légère, ce qui, joint aux 1er d'infanterie de ligne, et 42e, 112e et 81e (si Votre Majesté me l'accorde en entier), fera une superbe division de 10 bataillons. J'attends que Votre Majesté veuille bien y désigner un bon général pour la commander.
Il y en a quatre qui m'ont déjà fait soumettre des demandes d'être employés activement ; ce sont les généraux : L ... , dans ses terres ; Chabot, commandant la réserve ; Grenier, gouverneur de Mantoue ; Miollis, gouverneur à Venise.
Je me borne à les désigner à Votre Majesté, parce que je suis d'avance sùr qu'elle voudra bien en désigner un solide
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 314).

Le 21 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J’ai reçu les états de situation que je vous avais demandés. Les 20000 hommes de la réserve doivent être distribués de la manière suivante :
12000 hommes à l'infanterie de ligne et légère conformément au tableau ci-joint.
… Répartition de 12 000 hommes de la réserve de 1808 entre les corps ci-après de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère.
INFANTERIE DE LIGNE
CORPS NOMBRE DES CONSCRITS
... 62e 200 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15681).

Le 31 mai 1807, le Prince Eugène écrit, depuis Vérone, à Napoléon : "Sire ... Je vois demain la division qui vient de se former ici ; j'en rendrai compte à Votre Majesté. Dans le courant de juin, je pourrai joindre à cette division les 3es bataillons des 20e et 62e de ligne ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 317).

Le 18 juin 1807, le Lieutenant Rougemont est tué au cours d'une affaire à Rivello en Calabre (Martinien).

Situation en juillet 1807 (côe SHDT : us180707 4C98)

Chef de Corps : BRUNY Colonel - Infanterie; CASTELLAN Major - Infanterie; COLOMBET Quartier maître trésorier
Conscrits du département de l'Aveyron de l'an XIV
1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duheim à Naples - Armée de Dalmatie
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Thierry à Naples - Armée de Dalmatie
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duportail à Villafranca - Armée d'Italie - 4e Division Souham - 2e Brigade Teste
Observations : juin 1807 sous les armes : 21 Officiers, 618 hommes - hopitaux 20 hommes
4e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Lamotte à Cesena - Armée de Dalmatie - 2e Division des depôts
- Armée d'Italie - Division de Grenadiers - Duhesme
Observations : les Grenadiers des 20e, 29e, 52e, 62e, 101e, 102e de Ligne forment le 4e Régiment de la Division de Grenadiers sous les ordres de Castellan Major du 62e - Adjoint Lammote Chef de Bataillon au 62e - juin 1807 sous les armes : 5 Officiers, 177 hommes - hopitaux 21 hommes

Le 4 juillet 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Jalras à Vérone : "J’ai reçu, mon cher général, vos deux lettres du 1er de ce mois ainsi que les situations que votre chef d’état-major m’a adressé ...
Je ne pense pas que l’on puisse retirer les officiers désignés dans le 3e bataillon du 62e régiment pour faire partie de la 4e légion qui s’organise à Versailles ; ces officiers ont été désignés par corps et M. Lamotte doit demander qu’ils soient remplacés à son bataillon par des officiers du 4e.
Je vais proposer au chef de l’état-major général de placer d’après vos observations les bataillons des 20e et 62e dans les villages de Saint-Michel et Pescantina ; comme vous je pense que l’instruction doit y gagner ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 7 page 26)

Le 5 juillet 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier, Chef de l’Etat-major général de l’armée d’Italie : "L’éloignement des 3es bataillons des 20e et 62e régiments à Vérone nuisant au bien du service et à l’instruction de ces corps, le général Jalras me demande de les rapprocher de lui, pouvant en loger facilement un à Saint-Michel et l’autre à Pescantina près Bussolengo, mandez-moi si je peux l’autoriser à faire ce mouvement ...
Le 3e bataillon du 62e régiment a reçu l’ordre de faire partir un capitaine, 2 lieutenants, et 3 sous-officiers appelés à la 4e légion à Versailles, le chef de ce bataillon désirait le retenir mais je viens d’écrire au général Jalras de les laisser partir aller à leur destination ; je vous prie de les faire remplacer à ce bataillon par des officiers du dépôt ...
Les bataillons du 20e et 62e sont encore bien arriérés pour leur instruction, dans 15 jours seulement on peut espérer de les voir à l’école de peloton
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 7 page 25).

La Reine d'Étrurie, fille des souverains d'Espagne, mise sur le trône par Napoléon ayant perdu son mari, gouverne pour son fils. Mais c'est une très mauvaise alliée de la France, qui ouvre son port aux Anglais qui y trafiquent presque librement. Cette conduite n'échappe pas longtemps à l'oeil de Napoléon qui décide de faire cesser cette espèce de scandale politique chez une nation amie de la nôtre. Il prescrivit au Vice-roi de tirer des Dépôts de l'Armée de Naples, alors dans les Légations, une Division de 4,600 hommes, de la diriger sur Bologne, puis sur Livourne, pour prendre possession de la ville et confisquer les marchandises anglaises. Napoléon, qui a coutume de tout prévoir, de tout calculer et de laisser au hasard le moins de chances possibles dans ce qu'il combine et ordonne, recommande au Prince de tenir l'opération très-secrète, de faire filer les troupes sur Pistoia, de renforcer la Division tirée des Dépôts par 1,800 Italiens et 600 cavaliers, et de dire que ce corps se rend à Naples. A Pistoia seulement, le Général auquel est confié l'expédition doit être connu, ainsi que la destination des troupes (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 337).

Ainsi, le 29 juillet 1807, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils, … Quant au mouvement sur Naples, mon intention est que, des dépôts des douze régiments que j'ai à Naples, vous formiez un corps de 4,600 hommes d'infanterie, qui se réunira à Bologne sans délai, pour de là se diriger sur Livourne, prendre possession de cette ville et confisquer toutes les marchandises anglaises. Cette division sera composée, en outre, de 1,800 Italiens et de 600 hommes de cavalerie. Cette opération doit être tenue très-secrète.
Vous pouvez commencer à ordonner le mouvement des troupes et la formation de la division, en les réunissant à Bologne. Avant que les troupes soient arrivées, je vous enverrai les instructions et le nom du général qui doit commander. Ces troupes doivent arriver à Pistoja comme passant à Naples, et ce ne sera que là qu'il sera déclaré qu'elles vont à Livourne. Je viens de vous dire que je me réservais de nommer le général ; vous nommerez les officiers d'artillerie et du génie, les commissaires ordonnateurs et commissaires des guerres et autres individus de l'administration. Provisoirement le général Charpentier se rendra à Bologne pour prendre le commandementde ce corps.
NAPOLÉON.
ANNEXE
ÉTAT DE LA DIVISION DE BOLOGNE
(Toute composée des corps de l'armée de Naples et qui est censée se réunir à Bologne, pour de là, se rendre à Naples) :
3e bataillon du 20e de ligne 900 hommes
3e bataillon du 62e de ligne 900 hommes
3e régiment de grenadiers de la division Duhesme 1 400 hommes
4e régiment de grenadiers de la division Duhesme 1 400 hommes
Total 4 600 hommes ...
CAVALERIE
3 escadrons d'un régiment de dragons qui est en Italie, au choix du vice-roi 600 hommes
ARTILLERIE
Deux divisions d'artillerie française, chacune de 6 pièces : 12 pièces.
Division d'artillerie italienne de 6 pièces.
GÉNIE
Deux compagnies de sapeurs pour le parc. Trois officiers du génie
Total 7 à 8 000 hommes
" (Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12949 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16064. L'état est absent de la Correspondance).

En réalité, la Division ne comptera guère plus que 6,000 hommes présents sous les armes. Le Général Miollis quitte Venise pour se mettre à sa tête.

Voici comment le Général Charpentier, Chef d'Etat-major du Vice-roi, rend compte au Ministre de la Guerre, du mouvement de cette Division, dans une lettre en date du 14 septembre 1807 : "Excellence, j'ai l'honneur de vous prévenir que ia division réunie à Bologne sous les ordres du général de division Miollis, partie de ses cantonnements les 24, 25, 28 et 29 août, sur une feuille de route annonçant pour destination l'armée de Naples, est arrivée à Pistoïa les 26, 28, 29, 30 août et 1er septembre.
Dans cette place, le général Miollis a reçu de Son Altesse Impériale l'ordre de se porter à marche forcée sur Livourne, d'y tenir garnison, d'arrêter les Anglais, et de confisquer au profit de l'Empereur les marchandises anglaises qui s'y trouveraient; le mouvernent s'est exécuté dans les premiers jours de septembre; le général Miollis en a prévenu le gouvernement d'Étrurie par l'intermédiaire de l'ambassadeur de France.
Cette division recevra les~vivres de campagne, et le gouvernement du pays pourvoira à son entretien.
Son Altesse Impériale s'est réservée de rendre directement compte à l'Empereur du résultat des perquisitions faites pour arrêter les Anglais et saisir les marchandises de manufacture anglaise. Les mêmes mesures ont été en même temps mises à exécution à Civita-Vecchia, à Ancône et arrondissement
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 338).

Sur demande de son frère, Napoléon envoie régulièrement à l’Armée de Naples, des renfort en provenance de ses Dépôts d'Italie; ainsi, il écrit, le 10 septembre 1807, depuis Rambouillet, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils ... Il faut ... songer à renforcer davantage l'armée de Naples. Vous avez dû réunir dernièrement à Ancône 1000 hommes de cette armée. Préparez encore les détachements suivants : un capitaine, un lieutenant, et un sous-lieutenant et 300 hommes du 14e d’infanterie légère ; même chose du 1er de ligne. Je vous ai déjà donné des ordres pour le 6e, qui est à Corfou ; même chose pour le 10e de ligne, pour les 22e et 20e légères, et les 52e, 62e et 101e de ligne, que pour le 14e léger et le 1er de ligne ; ce qui fera 2700 hommes. Je désire que ces 2 700 hommes soient prêts au 1er octobre, pour se rendre à Ancône et de là à Naples ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 402 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16351).

Situation en octobre 1807 (côe SHDT : us180710)

Chef de Corps : BRUNY Colonel - Infanterie; CASTELLAN Major - Infanterie; COLOMBET Quartier maître trésorier
Conscrits des départements de l'Aveyron - du Finistère - du Lot de 1806
- Armée d'Italie - Division de Grenadiers - Duhesme
1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duheim à Naples - Armée de Dalmatie
2e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Thierry à Naples - Armée de Dalmatie
3e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Duportail à Imola - Armée d'Italie - 4e Division Souham - 2e Brigade Teste
4e Bataillon commandant : Chef de Bataillon Lamotte à Imola - Armée de Dalmatie - 2e Division des depôts

Le 19 octobre 1807, l'Empereur écrit depuis Fontainebleau, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils …
Vous donnerez l'ordre que tous les détachements de la division Miollis, qui appartiennent à ceux de mes régiments qui sont à Naples, soient de suite dirigés sur Naples, excepté toutefois les grenadiers et voltigeurs des 3es et 4es bataillons, qui resteront en Italie. Tous les autres détachements qui doivent être envoyés à Naples, le général Miollis les réunira en colonnes qui seront fortes chacune d'environ 1,000 hommes ; à Naples, les détachements composant ces colonnes seront incorporés, et les officiers et sous-officiers rentreront dans les cadres des 3es et 4es bataillons. Je vois dans l'état de situation de cette division ... 500 hommes du 62e ; je suppose que ce sont des basses compagnies. Cela réduira un peu la division Miollis ; mais il y a d'autant moins d'inconvénient que cela fera taire les criailleries de la reine d'Etrurie
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 431 ; Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13273 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16569).

Le 26 octobre 1807, le Prince Eugène écrit, depuis Monza, à Napoléon : "Sire, j’ai reçu hier les ordres de Votre Majesté, ainsi que son décret sur le complet des compagnies de guerre désarmées de Naples et de Dalmatie. Je me suis déjà occupé de son exécution, et, cette nuit, les expéditions ont été faites. Ce décret annule toutes les questions que j'avais précédemment faites à Votre Majesté. 1° J'ai écrit à l'armée de Naples pour savoir ce qui manque au juste à chaque bataillon pour les porter à 1,260 hommes, mais en attendant je fais partir, le 10 novembre, 2,500 hommes qui, joints aux 1,500 hommes partis le 15 octobre, feront un renfort de 4,000 hommes pour les régiments français ; puis j'envoie 800 hommes pour les 2e et 3e de ligne italiens, puis les 3es bataillons des 20e et 62e, qui sont en Toscane, qui laissent leurs grenadiers et voltigeurs, pourront faire encore un détachement de 800 hommes. Ajoutez le régiment entier d'lsembourg, le renfort qui sera porté en octobre et novembre peut donc se calculer, pour l'armée de Naples, à 7,600 hommes ; bien entendu que je ne comprends pas, dans ce total, ce que je pourrai encore faire partir à la fin de novembre, après les renseignements que j'attends de Naples ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 435).

Extrait d'un rapport du Général Reynier à Joseph : "Le 30 janvier, quatre chaloupes canonnières et deux bâtiments de transport armés ont été attaqués à Pentimille par une compagnie de voltigeurs du 1er régiment et quelques grenadiers du 62e. Les grenadiers se sont jetés à l'eau, ont abordé les chaloupes canonnières, les ont forcées à se rendre, et les ont amenées à la côte. Les prisonniers ont été conduits à Monteleone par ordre du général Reynier.
Plusieurs bâtiments de guerre anglais étaient partis de Messine pour observer ce qui se passait. Un brick anglais, armé de 22 pièces de canon, s'étant beaucoup approché de Pentimille, a été jeté à la côte, et, après une défense de deux heures, est tombé en notre pouvoir.
Six cents hommes, moitié brigands, moitié Anglais, ont débarqué dans la nuit du 26 au 27 à Canatello et Villa San-Giovanni, et ont marché pour attaquer à la pointe du jour Campo, qui était défendu par une compagnie de voltigeurs du 62e et 20 chasseurs du 9e, commandés par l'adjoint à l'état-major Livron. L'ennemi a été mis en déroute et poursuivi jusqu'à la mer : partie a été noyée en cherchant à gagner ses barques, le reste a été fait prisonnier
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 4, p. 133).

Le 7 février 1808, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "Sire, le général Reynier est entré à Reggio le 31 ; il assiégeait le château, où il y avait 800 hommes qui ne peuvent pas se défendre huit jours. Par un fort heureux hasard, les canonnières ennemies, qui ont été prises par les voltigeurs et grenadiers des 1er et 62e, ont fourni de bonnes pièces de 24. Le capitaine du brick anglais est prisonnier avec une centaine d'hommes …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 4, p. 134).

Le 7 février 1808, le Sous lieutenant Toillon est blessé au cours d'un combat devant Scylla (Martinien). Le lendemain, toujours devant Scylla, le Capitaine Laurent (ou Lament Paul) est tué, le Lieutenant Dantenis (ou Danteis Pierre) blessé et mort le 10 (Martinien).

Le 7 février 1808, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "Sire, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté l'extrait d'un rapport du général Reynier. Votre Majesté trouvera juste de donner la Légion d'honneur aux commandants des grenadiers et voltigeurs du 62e et voltigeurs du 1er, et à l'adjoint Livron ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 4, p. 128 - Note : Voir au 30 janvier 1808 ci-dessus le rapport en question).

Le 1er mars 1808, "Le général Lafon Blaniac, écuyer de S. M. la reine de Naples, demande que les sieurs G. Donna et J.-B. Richard, le premier soldat et le second caporal au 62e régiment d'infanterie, soient autorisés à passer dans le régiment des voltigeurs de la garde de S. M. le roi de Naples; le sieur Donna est cousin germain du sieur Donna, colonel de ce corps.
On prie Sa Majesté de faire connaître ses intentions à ce sujet
"; l'Empereur répond : "Accordé" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1662 - Note. Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l’Empereur et Roi, du 24 février 1808 »).

- Mutations au sein des 3e et 4e Bataillons et dislocation d'une partie du 4e

Le 25 mars 1808, le Capitaine Ducommun est blessé par des brigands au pont de Santo Olivo.

Le Vice-Roi ayant reçut de l’Empereur le 29 mars 1808 l’ordre de présenter un projet complet d'organisation de ses troupes par Divisions, lui adresse le 6 avril 1808 un mémoire qui est approuvé dans toutes ses parties. D'après ce projet, suivi presque de point en point, l'armée du Vice-Roi en Italie se trouve composée de 9 Divisions d'infanterie et de 4 de Cavalerie.
Infanterie ...
8e division (Miollis), généraux de brigade Herbin et Dumoulin, 12 bataillons des 4es bataillons des 14e, 22e et 23e léger, 1er, 6e, 10e, 20e, 29e, 52e, 62e, 101e et 102e de ligne, à Rome et à Ancône ...
Total pour l'infanterie : 100 bataillons à 800 hommes, dont 92 français et 8 italiens ; environ 80,000 hommes ... (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 8).

Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts. Je conçois que les conscrits ont été dirigés sur les nouveaux dépôts ... Je pense qu'il serait convenable d’en faire de même, et qu'ainsi de suite il faudrait diriger les magasins ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
Ces régiments reçoivent beaucoup de monde ... le 62e, 100 ...
Les 4 compagnies des dépôts probablement incomplètes seraient insuffisantes pour un aussi grand nombre d'hommes et il faudra qu'elles se hâtent de diriger sur les 4es bataillons en proportion des effets d'habillements de l'ancien dépôt.
Mais comme je vois qu'une partie de l'armement sera aux anciens dépôts, faites-moi connaître ce que vous aurez fait là-dessus.
Ainsi donc les majors laisseront aux anciens dépôts d'Italie la quantité de fusils et d'habillement nécessaires pour les nouveaux conscrits et tout le reste, les papiers, les cadres des compagnies de dépôt, etc., ils les dirigeront sur les nouveaux dépôts afin de les sortir une fois pour toutes de premiers embarras
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).

Le 8 juin, étant à la poursuite de Brigands en Calabre, le Lieutenant Fabre est blessé.

Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; dans sa 1ère note, il écrit :"Il y a dix-neuf compagnies de grenadiers et de voltigeurs hors de ligne ; la 5e d'infanterie légère, la 21e, 17e, 15e, 93e doivent être conservées exclusivement pour le 4e bataillon de ces régiments ainsi que deux basses compagnies du régiment.
Les 20e, 62e, 93e, 35e, 92e également. Ces corps sont à Naples ou en Italie. Il faut que les compagnies de grenadiers et chasseurs de ces régiments restent à la place ainsi que les basses compagnies. Ces régiments se forment ou à Naples ou en Italie la distance n'est pas assez grande pour ne pouvoir entrer dans l'organisation ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée, en raison de la lettre adressée le même jour à Clarke).

Le 23 juin 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Donnez ordre que les cadres du 3e bataillon de nouvelle formation des 1er, 29e et 52e régiments de ligne et des 22e et 23e légère rejoignent leurs 4es bataillons dans le royaume d’Italie, en complétant les deux premiers bataillons de ces régiments de tous les hommes disponibles de ces 3es bataillons. Je ne donne pas le même ordre pour les 102e, 101e et 10e de ligne, ni pour les 20e et 62e parce que ces régiments restant à deux bataillons seront portés, moyennant le versement des hommes disponibles, à près de 1 680 hommes, c'est-à-dire au complet de 840 hommes par bataillon, et les régiments à 3 bataillons seront à plus de 700 hommes par bataillon. Par ce moyen l'armée d'Italie sera augmentée de 5 bataillons et l’armée de Naples sera affaiblie des cadres de cinq bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18390).

Par suite de l'organisation du 18 février 1808, 11 Officiers des 3e et 4e Bataillons passent dans divers Régiments le 1er juillet 1808. Même jour, à Césène, la 3e Compagnie du 4e Bataillon passe au 1er de Ligne, à Bayonne. La 4e Compagnie au 16e à Toulon. La 5e Compagnie au 5e à Chambéry. La 6e Compagnie au 102e à Bologne. La 7e Compagnie au 22e à Bologne. La 8e Compagnie au 23e à Mondovi.

Le 10 juillet 1808 (ou le 19 ?), Eugène écrit, depuis Forli, à Napoléon : "… Quant à moi, je m'occupe sans relâche de l'exécution des ordres de Votre Majesté. Les camps se forment ... Quant à la division Miollis, c'est-à-dire aux douze 4es bataillons de l'armée de Naples, cela marche plus lentement. Je viens de les passer en revue presque tous, et ce que j'ai vu ne sont que des hommes impropres à faire la guerre ou déjà fatigués, mais que les inspecteurs n'ont pas cru devoir réformer. Les conscrits tardent beaucoup à partir de leurs dépôts pour rejoindre leurs 4es bataillons ... Enfin, Sire, quand ces conscrits pour les 4es bataillons nous seront arrivés, il nous manquera un nombre infini d'officiers ... J'excepte cependant les 20e et 62e qui avaient plus de ressources, étant anciennement à 4 bataillons. Je prie Votre Majesté de vouloir bien faire compléter le plus tôt possible les officiers qui manquent dans les 4es bataillons de chaque corps, à commencer par les chefs de bataillon qui ne sont pas encore nommés ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 197).

Le 8 septembre 1808, Eugène écrit, depuis Monza, à Napoléon : "Sire, j'apprends à l'instant de l'armée de Naples que les deux corps que l'on envoie à Rome, d'après les ordres de Votre Majesté, sont les 1er et 29e de ligne.
D'après les ordres précédents de Votre Majesté, le général Miollis va déjà avoir sous ses ordres les forces suivantes. Je la prierais de vouloir permettre que ce 1er et ce 29e se rendent à Forli et à Bologne pour se joindre à leurs 4es bataillons.
Division du général Miollis, 1re brigade à Rome, le général de brigade Jalras : 14e léger, 4e bataillon, 595 hommes présents, officiers compris ; 22e léger, 3e et 4e bataillons, 618 ; 6e de ligne, 4e bataillon, 537 ; 10e de ligne, 4e bataillon, 775 ; 20e de ligne, 4e bataillon, 579 ; 62e de ligne, 4e bataillon, 669 ; 23e régiment de dragons, 3 escadrons, 730, et 740 chevaux ; plus 3 compagnies d'artillerie, dont une italienne, une compagnie de sapeurs, et une du train, 387, et 146 chevaux. Total des troupes dans l'État de Rome : 4,890 hommes, officiers compris, et 886 chevaux ...
Je prie Votre Majesté de me pardonner ces diverses demandes. Elles ont toutes pour but le service de Votre Majesté, et lui prouvent combien je désire d'être bien en mesure de la servir activement"
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 217).

Le reste du 4e Bataillon est détaché le 1er octobre à Viterbe.

- Formation du 5e Bataillon

Le 1er juillet 1808, il est formé à Marseille un 5e Bataillon, dit de Dépôt, composé de quatre Compagnies de Fusiliers, une de Grenadiers et une de Voltigeurs.

Le 13 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, ... Donnez ordre au dépôt du 1er régiment de ligne qui est à Marseille, ... au dépôt du 62e idem qui est à Marseille ... de faire partir tout ce qu’ils ont de disponible pour renforcer leurs 4es bataillons en Italie. Ces détachements se mettront également en marche au 1er octobre. Vous me ferez connaître l'augmentation qu’éprouvera l'armée d'Italie par ce renfort" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2288 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18898).

La Compagnie de Grenadiers et la Compagnie de Voltigeurs du 5e Bataillon sont détachées à Rome (Division Miollis) le 1er octobre 1808.

Le 21 octobre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... le 4e bataillon du 20e de ligne, formé à 800 hommes, le 4e bataillon du 10e de ligne, formé à 800 hommes, un détachement tiré du 4e bataillon du 62e fort de 350 hommes, un détachement idem du 101e, fort de 500 hommes, un détachement idem du 22e légère, fort de 300 hommes, un détachement du 23e d'infanterie légère de 400 hommes.
Ces 4 détachements formant un total de 3 150 hommes, avec les 1 600 hommes des deux 4es bataillons du 20e et du 10e de ligne, se rendront à Naples, pour porter les 10 et 20e à 4 bataillons chacun, et pour porter au grand complet les 3 bataillons des 62e et 101e qui sont à Naples, et les deux bataillons du 22e et 23e d'infanterie légère.
Ces mouvements devront être terminés avant le 1er octobre.
... Moyennant ces changements, l'armée de Naples ne perdra rien en infanterie et l'armée d’Italie gagnera 2 régiments. L'armée de Naples ne sera plus composée que de 4 bataillons du 10e de ligne, 4 du 20e de ligne, 3 du 62e, 3 du 101e, 2 du 22e légère, et 2 du 23e légère ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2389 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19087).

Le même jour, 21 octobre 1808, l'Empereur, depuis Saint-Cloud, écrit à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, vous ne m'envoyez jamais les états de mon armée italienne. Je vous ai dit bien des fois qu'il me faut ces états tous les dix jours. Envoyez-m'en un sans délai. Mon armée d’Italie doit être prête à entrer en campagne au mois de mars. Sa composition sera la suivante :
... 6e division
14e légère 1 bataillon
22e idem 2 bataillons
23e idem 2 bataillons
6e de ligne 1 bataillon
62e idem 1 bataillon
101e idem 1 bataillon
7e idem 1 bataillon
9 bataillons ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 163 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19097).

Fouché ayant informé l'Empereur que le district de Beaupréau est un foyer de brigands, déserteurs et réfractaires à la conscription, Napoléon écrit, le 24 octobre 1808, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vous ai ordonné de faire partir pour Rochefort le bataillon provisoire du camp de Rennes, fort de 1 000 hommes, composé de deux compagnies du 15e de ligne, de 2 du 47e, de 2 du 62e et de 2 du 86e. Envoyez un courrier extraordinaire pour que ce bataillon se dirige sur Beaupréau où l'administration a besoin de forces. Donnez l’ordre à un général de brigade capable et propre à ce genre de mission de se rendre à Beaupréau pour prendre le commandement de la force armée de ce district. Donnez l'ordre aux 400 hommes qui partent demain de Versailles de se diriger sur Beaupréau pour être sous les ordres du général de brigade jusqu'à ce que la tranquillité soit rétablie dans ce département. Faites part de ces mesures au ministre de la Police, et concertez-vous avec lui" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2399 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19115).

Le 25 octobre 1808, à Paris, "L'Empereur ayant ordonné de former les garnisons des vaisseaux avec des Français et non avec des Italiens, le général Clarke propose de tirer des 1er et 62e de ligne les détachements destinés au vaisseau l'Austerlitz et à la frégate l'Amélie"; "Les prendre sur la légion de réserve qui est à Grenoble, mais ayant soin qu'il n'y ait aucun soldat qui ne soit à l'école de bataillon", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2410).

Le 26 octobre 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Les légions de réserve de Metz, Versailles et Grenoble, ont trop de bataillons, d'autant plus qu’elles manquent d'officiers. Je pense que ces 600 hommes pourront leur être donnés des conscrits de 1810 et qu'ils pourraient être dirigés : ceux de Lille, sur les régiments qui sont dans les 16e ou 24e divisions militaires et qui ont le plus de besoins ; on les donnera de préférence aux corps qui fournissent au camp de Boulogne. On donnera ceux de Rennes à ceux dont les régiments sont en Bretagne, ceux de Versailles aux corps qui sont dans la 12e division militaire ; ceux de Grenoble aux 22e et 23e légers, et 62e et 102e de ligne" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19142).

Le 26 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Aranda, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, le 52e et le 102e qui sont à l'armée de Naples, doivent déjà être rendu à Rome, et les 4es bataillons du 10e et du 62e doivent être en marche pour remplacer ces régiments à l'armée de Naples. Si ce mouvement n'avait pas eu lieu, écrivez-en au ministre de la Guerre, car c'est ma volonté. Vous ferez passer la revue de ces régiments et les préparerez à rendre un bon service ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 245 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19396).

Murat dans une lettre datée du 22 juin 1809, relate une bataille navale au cours de laquelle des Grenadiers du 62e de Ligne auraient pris part. Ces derniers auraient balayé les ponts des navires ennemis d'un feu nourri. Au cours de ce combat, un Capitaine du 62e aurait été blessé.

bbis/ Espagne 1808

Le 2 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée, à Bayonne : "Envoyez l'ordre au général Cervoni, commandant la 8e division militaire, de faire partir sur-le-champ pour Perpignan une compagnie de 140 hommes, bien armés et bien habillés, de chacun des 1er et 62e de ligne et du 22e léger. Donnez l'ordre au général commandant la 18e division militaire de faire embarquer sur la Saône et sur le Rhône une compagnie du 16e léger de 140 hommes. Donnez ordre au général commandant à Lyon de faire embarquersur le Rhône une compagnie du 24e de ligne de 140 hommes. Donnez ordre au commandant de la 7e division militaire de faire partir également une compagnie du 5e de ligne forte de 140 hommes. Ces six compagnies se réuniront à Perpignan, et formeront là un bataillon de 840 hommes. Vous enverrez un des chefs de bataillon à la suite pour commander ce bataillon.
... Vous appellerez le ... bataillon, 1er bataillon provisoire de Perpignan ...
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14150 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18462).

Le 8 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Reille, son Aide de camp, à Bellegarde : "... Le 1er bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 1er, 62e, 5e et 24e de ligne, et des 16e et 22e légers, formant 840 hommes, le 2e bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 8e et 18e légers et des 23e, 60e, 79e et 81e de ligne, ces deux bataillons formant 1,600 hommes, doivent se trouver réunis du 20 au 22 à Perpignan. Ces deux bataillons arrivent de différents points. Chargez le commandant de la place de les former. Le major général a dû nommer les chefs de bataillon et adjudants-majors pour les commander ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14168 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18509).

Forces françaises envoyées en Espagne, juin, juillet, août 1808 (Nafziger - 808HSAN)
Division : Général de Division Reille
1er Bataillon provisoire (560 hommes) : éléments du 62e de Ligne

c/ Campagne de 1809

- Formation de l'Armée d'Italie

Napoléon vient de commencer une guerre malheureuse et pénible en Espagne, lorsque l'Autriche croit l'occasion favorable de se venger de ses désastres de 1805.

Le 10 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Je vois que quatre dépôts de la 8e division militaire peuvent faire partir des détachements. Donnez ordre que celui du 1er de ligne fasse partir une compagnie de 200 hommes, celui du 62e deux compagnies de 200 hommes chacune, celui du 22e légère, 4 compagnies de 250 hommes chacune, c'est-à-dire mille hommes. Ces détachements se réuniront à Nice et partiront ensemble en passant par La Bochetta et Gênes, pour rejoindre leurs 4es bataillons à Plaisance. Ce sera donc un régiment de marche d'Italie, fort de sept compagnies et ayant un présent sous les armes de 1 600 hommes qui sera un bon renfort pour l'armée d'Italie. Mais il faut que ces hommes partent parfaitement habillés et armés ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2652 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19766).

Le 15 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "… Donnez ordre au général Mathieu Dumas de partir dans trois jours pour se rendre dans toute diligence [sic] dans la 8e division militaire, y passer la revue des 1er, 16e, 62e de ligne, 22e et 32e légère et du 2e régiment suisse. Il aura soin de voir en détail les 5es bataillons et de faire partir par la corniche tous les effets d'armement et d'habillement disponibles afin que les conscrits des 1er et 62e de ligne et 22e légère rejoignent sans délai leurs bataillons de guerre à l'armée d'Italie. Il rendra un compte détaillé au ministre de la guerre de toutes ses opérations ; il m'en écrira directement ; il entrera dans tous les détails et lèvera les difficultés. On m'assure qu'il y a beaucoup de conscrits qui ne sont pas habillés.
... Le général Dumas, lorsque sa mission sera finie, viendra me présenter l'ensemble de ses opérations dans l'endroit où je serai. Mais il est nécessaire que lorsqu'il passera en revue un régiment, il en adresse sur-le-champ un rapport particulier au ministre de la Guerre et lui fasse connaître ce qu'il y a à faire pour activer l'armement et l'habillement. Il devra faire de son côté tout ce qu'il pourra auprès du major et des préfets pour donner à ces opérations toute l'activité convenable
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2677 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19840).

L'Empereur écrit depuis Paris, au Général Clarke, le 17 février 1809 : "Monsieur le général Clarke, vous ferez connaître au roi de Naples que, dans les circonstances actuelles, mon intention n’est pas qu’il ait toutes les troupes dans le fond de la Calabre, et que je désire qu’il les place de cette manière :
... Une autre division serait réunie à Naples et environs, composée des : 10e de ligne, 4 bataillons, 3 000 hommes ; 62e de ligne, 3 bataillons, 2 100 hommes ; 23e légère, 2 bataillons, 1 600 hommes ; Suisses, 2 bataillons, 1 400 hommes ; régiment de La Tour d’Auvergne, un bataillon, 800 hommes ; 2 escadrons de chasseurs, 500 hommes. Total : 9 400 hommes.
Cette division divisée en deux brigades devrait être placée à Naples et à trois marches de cette ville pour pouvoir se réunir et marcher sur Rome si les circonstances l’exigeaient ...
" (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2792 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20053).

Le même jour, 17 février 1809, l'Empereur écrit à Eugène, Vice-roi d’Italie : "Mon fils ... Je n’entends pas parler de l’arrivée des cadres du 14e léger ; mais je vois que son 4e bataillon doit être à plus de 1 100 hommes. Le bataillon du 6e de ligne va également être à 1300 hommes. Le 4e bataillon du 62e de ligne et celui du 101e vont se trouver complets ; ainsi ces 4 bataillons feront près de 4 000 hommes, ce qui sera plus que suffisant pour la garnison de Rome ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 342 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20057).

Le même 17 février, Eugène écrit, de son côté, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j'ai reçu la lettre de Votre Majesté du 13, et les trois du 14 février. Les cadres du 3e bataillon des 6e de ligne et 14e léger ne sont pas encore arrivés de Corfou, en sorte qu'il n'existe à celte division que les 4es bataillons de ces régiments. Votre Majesté est surprise de voir, sur la situation qui lui parvient de ces dépôts, un aussi grand nombre de conscrits au lieu d'être aux bataillons de guerre, et m'en demande la raison. Cela provient, ainsi que j'ai eu l'honneur d'en rendre compte plusieurs fois à Votre Majesté, de ce que les dépôts manquent de drap pour habiller les hommes. J'ai écrit plusieurs fois, à ce sujet, au ministre directeur. Votre Majesté pense que la·division Miollis pourrait fournir la garnison d'Ancône, lorsqu'elle sera renforcée de conscrits que les dépôts envoient, et qu'alors les 13e, les 29e et 112e seraient disponibles, et pourraient se rendre dans la haute Italie. Je me permettrai, dans ce cas, de proposer à Votre Majesté la répartition suivante, au moyen de laquelle il y aura le moins de mouvements possibles.
Le 14e léger à Ancône, le 22e léger à Florence, le 23e léger, les 6e, 62e et 101e de ligne à Rome et à Civita-Vecchia.
Si Votre Majesté adopte définitivement cette mesure, je la prie de me donner ses ordres, afin que je puisse les faire exécuter de suite ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 344).

Le 21 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, À Eugène, Vice-roi d’Italie : "Mon fils, je vous envoie […] du général Mathieu Dumas. Vous y verrez que le 1er régiment de ligne recevra un renfort de 500 hommes, le 62e de 600 hommes et le 22e de 1 000 hommes. Faites-moi connaître dans quelle situation arrivent ces détachements. Il paraît qu’ils ont beaucoup d’effets d’habillement à Césène ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20095).

Napoléon décide également la création de 16 Régiments provisoires. L'Empereur écrit, le 3 mars 1809, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
1
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2
... 15e régiment provisoire :
Le 15e régiment sera composé de 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 67e, 2e de ligne, 56e, 37e, 93e, 112e, 1er de ligne, 62e, 23e léger.
Ce régiment se réunira à Alexandrie ...
Ces 4 derniers régiments (13e, l4e, 15e, et 16e) formeront la réserve de notre armée d'Italie, et seront réunis 3 à Alexandrie et un à Milan.
Les 9 régiments de l'armée italienne formeront un régiment composé de même, lequel sera fort de 2 500 hommes et se réunira à Milan.
Ainsi la réserve de l'armée d'ltalie sera composée de 2 brigades, l'une de deux régiments qui se réunira à Milan, l'autre de 3 régiments qui se réunira à Alexandrie, l'une et l'autre commandées par un général de brigade, et qui seront prêtes à se porter partout où les circonstances l'exigeront
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).

Le 9 mars 1809, depuis Paris, l'Empereur écrit au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, les deux compagnies du 10e d'infanterie légère, du 3e de ligne, du 57e, du 62e et du 22e formant dix compagnies seront réunies en un bataillon de marche qui portera le titre de bataillon de marche des 4es bataillons de la division Saint-Hilaire.
Les deux compagnies du 12e, du 30e, 61e, 65e, 85e, 105e et 111e formeront un second bataillon de marche qui portera le titre de bataillon de marche du 4e bataillon de l'armée du Rhin.
Faites-moi connaître le plus tôt possible le nombre d'officiers, sous-officiers et soldats que les corps pourront fournir à ces compagnies afin de pourvoir à les compléter. Ces 2 bataillons se rendront à Strasbourg
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2906 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20308 - La minute (Archives nationales, AF IV 879, mars 1809, n° 146), qui est la dictée, est datée à posteriori de Rambouillet le 11 mars). Ces «Bataillons de marche» sont composés de renforts destinés aux Corps d'armée stationnés en Allemagne.

Le 14 mars 1809, Murat écrit au Général Partouneaux : "Monsieur le général, le général Lamarque vient de me communiquer votre lettre du 7 mars ; il me tarde d'apprendre que le 62e régiment est en marche ..." (Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 84, lettre 3870).

Napoléon, le 16 mars 1809, écrit depuis Paris au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie :
"Paris, 16 mars 1809.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan.
Mon Fils, le 23e léger, qui était en Toscane, a dû y arriver fort de 600 hommes; il doit avoir reçu 300 hommes; 300 hommes partant vers la fin de mars du Piémont pour le joindre; ce qui portera ces deux bataillons à 1,200 hommes. Le 22e léger, qui est à Ancône, a dû recevoir 800 hommes; 200 hommes vont partir pour le rejoindre; ces deux bataillons seront donc au complet de 1,600 hommes. Ainsi, au premier événement, ils pourront entrer en ligne. Le 52e va recevoir 300 hommes qui partent de Gênes, le 102e recevra 200 hommes; le 29e de ligne, 100 hommes. Mon intention est donc que la division Miollis vienne à être composée : de quatre bataillons du 62e, 3,000 hommes; de quatre bataillons du 23e léger, 3,000 hommes; de deux bataillons du 22e léger, 1,500 hommes; du 4e bataillon du 101e, 700 hommes; du bataillon du 11e léger, 1,100 hommes, et du bataillon du 6e de ligne, l,200 hommes; ce qui formerait une division de 10 à 11,000 hommes de très bonnes troupes ...
J'ai ordonné que le briquet fût supprimé dans la compagnie de grenadiers et de voltigeurs et qu'on y substituât des outils ... Mon intention est d'étendre cette mesure à toute l'armée et de supprimer ainsi une arme aussi inutile que le briquet
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20400).

Le même jour, toujours depuis Paris, l'Empereur écrit au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, donnez ordre au roi de Naples de faire partir de Naples le général de brigade Valentin avec les demi bataillons du 23e léger, forts de 1,500 hommes; les trois bataillons du 62e de ligne, forts de 2,200 hommes; six pièces d'artillerie servies par une compagnie d'artillerie française, et attelées, s'il n'y a pas assez d'attelages français, par des attelages napolitains; et un bataillon entier du régiment de la Tour d'Auvergne ou d'Isembourg, fort de 800 hommes; total de la brigade française, 4,600 hommes, en recommandant que les compagnies de grenadiers et voltigeurs et les chefs de bataillon se trouvent à tous ces régiments. Un des deux régiments d'infanterie napolitains et deux escadrons de cavalerie napolitains, formant 300 hommes à cheval, partiront avec cette brigade sous les ordres d'un adjudant commandant et en feront partie. Un officier supérieur et un capitaine d'artillerie, deux officiers du génie et deux commissaires des guerres y seront attachés. Cette brigade, forte de 6 à 7,000 hommes, devra être rendue à Rome cinq jours après la réception du présent ordre, c'est-à-dire dans les premiers jours d'avril" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14911; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20403, qui date cette lettre du 17 mars 1809).

Le lendemain 17 mars 1809, toujours depuis Paris, Napoléon écrit à Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, j'ai ordonné que le général de brigade Valentin partit de Naples pour se rendre à Rome avec les 2 bataillons du 23e léger, forts de 1,500 hommes; les 3 bataillons du 62e de ligne, forts de 2,200 hommes; un bataillon d'Isambourg ou de la Tour d'Auvergne, fort de 800 hommes; 6 pièce d'artillerie, servies par une compagnie d'artillerie française; un régiment napolitain de 1,500 à 1,800 hommes; un escadron napolitain de 300 chevaux; ce qui fera une brigade de prés de 7,000 hommes. Cette brigade devra être rendue à Rome le 1er avril et sera sous les ordres du général Miollis. Vous ordonnerez au 4e bataillon du 62e, qui doit être à Rome, de se réunir aux trois premiers bataillons; ce qui fera un beau régiment de 4 bataillons et au complet de près de 3,000 hommes" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 383 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20432).

Le même jour, 17 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre que le dépôt du 1er régiment de ligne fasse partir avant la fin de mars, 60 hommes ; celui du 62e, 60 hommes ; celui du 22e légère, 300 hommes ; celui du 5e de ligne, 60 hommes ; celui du 18e légère, 60 hommes ; celui du 79e, 60 hommes ; celui du 81e, 200 hommes ; celui du 60e, 200 hommes ; celui du 8e légère, 200 hommes et celui du 23e de ligne, 200 hommes. Vous ordonnerez que ces détachements se réunissent ; ceux qui passent par le Mont-Cenis, à Chambéry, et s'y forment en bataillon de marche ; ceux aui vont par la corniche, à Gênes, et de là, marchent en ordre pour renforcer l'armée" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2960 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20419).

De son côté, également le 17 mars 1809, Murat écrit, depuis Naples, à Napoléon : "J'ai reçu ce matin à Persano la lettre de Votre Majesté du 8 mars …
D'après les dispositions tracées dans cette lettre, j'ai prescrit au général Partouneaux de former sa division en deux brigades ; l'une, sous les ordres du général Cavaignac, reste à Scilla, l'autre viendra s'établir à Lagonegro. Le 62e et le 23e viennent à Naples et formeront une brigade ; le 10e et les Suisses formeront l'autre. Sire, je sens toute la nécessité de cette mesure, mais si je perds ces quatre régiments, je ne dois pas dissimuler mes craintes à Votre Majesté, non sur la capitale et sur les provinces voisines, mais que deviendront les Calabres ? Il faudra bien me résoudre aussi à évacuer Tarente, Brindisi et, quelques points exceptés, la Pouille et les Abruzzes ; car si je les faisais occuper, qu'aurais-je à opposer à l'ennemi, en cas de débarquement ? et avec quelle force pourrais-je faire rentrer dans l'ordre les provinces qui viendraient à être troublées ? Ensuite Votre Majesté ne trouvera-t-elle pas sa brigade placée au fond de la Calabre un peu exposée ? et, cependant, sa présence y est nécessaire. Il est seulement malheureux que je ne puisse pas les faire appuyer de plus près par la brigade Digonnet. Par les dispositions de Votre Majesté, je dois renoncer au camp d'Evoli sur la Sele. Il en eût imposé à tout mon royaume ; de cette position centrale je commandais toutes les provinces. Je ferai établir le 23e et le 62e sur Caserta et environs, d'où ils pourront facilement passer à Rome ...
" (Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 88, lettre 3875).

Le 26 mars 1809, le Général de Division Charpentier, chef de l’état-major général, écrit depuis Milan, au Général de Division Grenier à Sacile : "Voici, mon cher général, la composition et l’emplacement de l’armée au 1er avril prochain :
... 6e division : Général de division Miollis à Rome ; généraux de brigade Salras, Herbino, adjudant commandant Garobuau, adjudant commandant Miollis.
4e bataillon du 14e léger à Rome, 3e et 4e bataillons du 23e idem en Toscane, 4e bataillon du 6e de ligne à Rome, 4e bataillon du 62e de ligne à Rome et Spoleto, 4e bataillon du 101e à Velletri, 17e compagnie du 2e régiment d’artillerie à pied italien à Rome, détachement du 7e bataillon principal du train à Rome, 10e compagnie du 1er régiment d’artillerie à pied italien à Cività-Vecchia.
Brigade du général Valentin, à Rome, venant de Naples.
2 bataillons du 23e léger, 3e bataillons du 62e de ligne, 1 bataillon du régiment de la Tour d’Auvergne, 1ère compagnie d’artillerie, 1 régiment napolitains, 2e escadrons cavalerie id, à Rome ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34. Page 78).

Le 27 mars 1809, Murat écrit au Maréchal Pérignon : "... envoyez en poste un officier au devant du 62e régiment de ligne qui revient de la Calabre ; il sera dirigé par Avellino également à San Germano ; cet officier devra vous rapporter son itinéraire. Je vous préviens que tous ces mouvements sont urgents et qu'aucune considération particulière ne doit les empêcher.
Donnez l'ordre au général de brigade Valentin de se rendre à Naples avec armes et bagages ; je vous préviens que les compagnies d'élite de tous les régiments dont je viens d'ordonner le mouvement, doivent marcher avec eux. Vous me ferez connaître demain matin les ordres que vous aurez donnés et vous me remettrez l'itinéraire de tous les corps qui doivent marcher ; cet ordre est pour vous seul et vous devez commander autant que possible le secret sur ces différents mouvements ...
" (Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 112, lettre 3913).

Le 27 mars 1809, à minuit, Murat écrit, depuis Naples, à Napoléon : "Je reçois l'ordre du ministre de la Guerre de Votre Majesté de diriger de suite sur Rome les 23e et 62e régiments français, un bataillon de La Tour d'Auvergne, une compagnie d'artillerie française avec six pièces de canon, un régiment d'infanterie et un de cavalerie napolitaines. Sire, ces ordres vont être exécutés …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 112, lettre 3915).

Le 28 mars 1809, depuis Paris, l'Empereur écrit à Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils ... Donnez ordre au général de brigade Valentin de partir de Rome avec les 4 bataillons du 62e et les 2 bataillons du 23e léger, et de se rendre à Florence, où il y aura ainsi 8 bataillons ... Il me tarde de voir les 8 bataillons que commande le général Valentin, formant le fonds de la division Miollis, arriver sur 1'Adige. Donnez ordre qu'ils partent sans différer ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 410 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20596).

Le 29 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Murat, Roi de naples : "Mon frère, je reçois votre lettre du 20 mars. Tout pousse à la guerre. Le prince de Neuchâtel est parti. Je n'ai pas cependant le projet d'attaquer, et je ne partirai moi-même que lorsque les hostilités seront à la veille de commencer. Mon armée d'Italie se concentre sur le Tagliamento et l'Isonzo. La division Miollis, dont le 23e léger et le 62e font le fonds, est nécessaire, ces deux régiments ont reçu ordre de partir de Rome pour Florence où ils se joindront avec les deux bataillons du 23e et les deux du 22e qui d'Ancône se rendent à Bologne. Ces dix bataillons formeront une belle division qui peut être utile à l'armée d'Italie ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 118, lettre 3921 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20618).

Le 30 mars 1809, Murat écrit au Maréchal Pérignon : "Mon cousin, donnez l'ordre à M. le général Valentin de prendre le commandement de la brigade qui se rend à Rome, et faites-lui connaître les dispositions que vous avez faites pour sa marche ; le général Compère qui commande la Indivision n'a pas été prévenu du mouvement de cette brigade ...
Donnez l'ordre à M. l'adjudant-commandant Crivelli de partir de suite pour aller prendre le commandement de la brigade napolitaine qui marche sur Rome ; vous le préviendrez qu'il sera sous les ordres de M. le général Valentin. Faites passer par San Germano le 62e régiment d'infanterie, écrivez à M. le général Miollis que Terracine n'est pas occupée par assez de troupes pour empêcher la contrebande qui se fait dans mon Royaume par les États Romains, je vais y envoyer un détachement ; prévenez-le, en même temps, qu'il est indispensable de faire établir un télégraphe sur le mont Cicelli ; que s'il ne peut obtenir du Saint Père qu'il le fasse établir, je serai forcé de le faire établir moi-même et que je le prie de me faire connaître le parti qu'aura pris la Cour de Rome ou lui-même
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 121, lettre 3927).

Le 31 mars 1809, Murat écrit à l'Inspecteur aux Revues Ferraud : "Monsieur l'inspecteur général, je désire connaître ce que coûtaient par mois le 62e régiment de ligne, le 23e d'infanterie légère, une compagnie de 100 hommes d'artillerie, le 2e bataillon de la Tour d'Auvergne qui doit être complété à huit cents hommes, les deux premiers bataillons du 2e régiment d'infanterie napolitaine forts de onze cents hommes, avec environ cent hommes du train, deux escadrons du 1er régiment de chasseurs à cheval napolitain forts de trois cents trente deux hommes et trois cents chevaux, douze officiers d'artillerie dont un major, un chef de bataillon et les autres capitaines, deux commissaires des guerres, deux officiers du génie, deux généraux de brigade, un adjudant-commandant, deux adjoints et deux aides-de-camp. Je désire recevoir ces renseignements dans la journée de demain" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 124, lettre 3935).

Le 2 avril 1809, Murat écrit au Commissaire général d’Arcambal : "Monsieur le commissaire général, je vous prie de me faire connaître ce que coûtaient par mois les 25e, 102e, 62e et 23e légère, 3e régiment italien, 28e régiment de dragons, 9e et 25e régiments de chasseurs, le détachement de chasseurs napolitains, deux bataillons d'infanterie légère napolitaine, une compagnie de cent canonniers français, un bataillon de la Tour d'Auvergne, en un mot tous les officiers généraux sans troupes, et toutes les troupes sorties du Royaume depuis le mois d'Octobre. Vous comprendrez dans cet état généralement toute espèce de dépense relative à ces corps" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 130, lettre 3945).

Le 8 avril 1809, l’Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène : "Mon fils, je vous envoie l'itinéraire de la colonne du général Valentin. Je vous envoie également les tables de chiffres qui vous sont annoncées dans une de mes précédentes lettres" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 433). Cet itinéraire de la brigade Valentin est le suivant : 28 mars à Capoue ; 29, à Sessa ; 30, à Mola ; 31, à Fondi ; 1er avril, à Terracine ; 2 avril, à Torrepontra ; 3, à Velletri ; 4, à Albane ; 5, à Rome. Il concerne : 1° une division de 6 bouches à feu avec voitures attelées et munitions (servie par la 2e compagnie d'artillerie française) ; 2° 2 bataillons de guerre du 2e d'infanterite légère napolitaine ; 3e les compagnies d'élite du 23e léger ; 4° le 23e léger ; 5° les 3 bataillons du 62e de ligne ; le 3e bataillon de la Tour-d'Auvergne. Total, 6,000 hommes environ.

Le 10 avril 1809, deux armée autrichiennes attaquent, en l'Allemagne et l'Italie. La Grande Armée, rassemblée immédiatement en Bavière, va être conduite de victoire en victoire par l'Empereur lui-même jusqu'à Vienne.

Le 11 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Élisa, Grande-Duchesse de Toscane, à Florence : "Ma Soeur, quand le 62e de ligne et le 23e léger seront arrivés, faites-les partir pour Bologne, car les hostilités sont imminentes. La guerre commencera du 15 au 20. Ce sont les Autrichiens qui attaquent. Les Russes sont avec moi. Je vais partir ces jours-ci pour mon armée d'Allemagne ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15056 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20808).

Le 12 avril 1809, onze heures du soir, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Valvasone : "Mon Fils, à peine arrivé à Vérone ou à Trente, je suppose que vous aurez appris que les Autrichiens ont commencé les hostilités … Réunissez bien toute votre armée ; instruisez Marmont des hostilités. Je vous ai déjà recommandé de placer la 14e demi-brigade provisoire à Vérone et de faire venir la division composée du 62e, des 23e et 22e légers par Bologne et Ferrare en grande marche sur Trévise, afin de vous servir de réserve …" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 444 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15061 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20826).

En Italie, l'Archiduc Jean, profitant du premier moment d'étonnement, débouche tout à coup des Alpes Carniques et bat le Vice-Roi Eugène à Sacile le 16 avril. La campagne s'annonce mal, mais Eugène, conseillé par Macdonald, reforme aussitôt ses troupes et appelle à lui l'armée de Naples.

Le 22 avril 1809, au Quartier général à Vicence est établi l'ordre de l’Armée : "A compter de ce jour, l’armée d’Italie divisée en trois corps d’armée organisés de la manière suivante par S. A. I. le prince Eugène, général en chef ...
Réserve de l’armée.
Division Durutte, 22e léger, 23e léger, 62e de ligne ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 125 page 265)

Le 62e, ayant réuni ses quatre Bataillons, est placé à Isola della Scala dans la Division Durutte; cette Division vient de recevoir l'ordre, le 27 avril, de couvrir Mantoue.

Le 28 avril, toutes les forces dont le Prince Vice-Roi a le commandement en chef se trouvent concentrées sur l'Adige; le Général Macdonald est arrivé la veille. Eugène met alors à exécution le projet d'organisation en trois Corps et une réserve, projet adopté déjà en principe depuis le 23 avril et que nous donnons ci-dessous :
4e - Réserve spécialement sous les ordres directs du Vice-Roi. Division Durutte, 10 bataillons des 22e et 23e Léger et 62e de ligne ; Division italienne Lecchi, 3 Bataillons de Garde royale et 5 Escadrons de cavalerie de la Garde ; Division du Général Sahuc, 16 Escadrons des 6e, 8e, 9e et 25e de Chasseurs à cheval ; Division Pully, 12 Escadrons des 23e, 28e, 29e de Dragons (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 45).

Cette armée, reconstituée et prête ou à tenir tête à l'ennemi sur l'Adige ou à reprendre l'offensive, occupe le 28 avril les positions suivantes :
Réserve, les Divisions Sahuc, Pully et la Garde royale, ainsi que la Division Durutte, en avant de Caldiero (cavalerie légère), à Saint Martin (Garde royale), en avant de Vago (Dragons). Ces derniers furent chargés d'éclairer l'Adige jusqu'à Roveredo (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 45).

Le mouvement de retraite de l'armée française est arrêté; Durutte doit, avec sa Division, se porter sur Padoue.

Le Général de Brigade Valentin ne se rend à Isola della Scala que le 1er mai avec 4 Bataillons du 23e Léger et le 1er Bataillon du 62e de ligne ; les 2e et 3e bataillons, trop fatigués pour poursuivre leur marche, s'arrêtent à Mantoue. Le 4e Bataillon du même régiment, se trouvant encore à deux journées de marche de cette place, reçoit l'ordre de suivre le mouvement de la Division Durutte aussitôt son arrivée à Mantoue (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 61).

Le 2 mai, Padoue est occupée après un combat assez vif engagé par l'avant garde.

L'armée est divisée en trois Corps, la Division Durutte fait partie du centre commandé par le Général Grenier. Comme les nouvelles d'Allemagne sont favorables, Eugène se prépare à pousser les Autrichiens qui, d'ailleurs, se sont mis en retraite.

La Division Durutte se porte sur Venise, débloque cette ville, marche vers Trévise et s'en empare après un violent combat d'avant-garde; elle y trouve de nombreux blessés, des chariots et une grande quantité de blé et de farine.

Pendant ce temps, le reste des troupes a traversé la Brenta. La Piave, quoique considérablement grossie et difficile à franchir, est bientôt passée. Une partie seulement de la Division Durutte prend part au brillant fait d'armes qui a lieu sur les bords de cette rivière; cependant les Grenadiers du 62e s'y illustrent par leur courage et leur désintéressement.

Martinien donne à la date du 8 mai 1809, le Chef de Bataillon Lamotte, blessé à la bataille de la Piave.

L'ennemi est en pleine retraite, le Tagliamento, l'Isonzo sont bientôt traversés à sa suite.

Le Sous-lieutenant Joux se fait remarquer par son courage au passage du Tagliamento en se jetant tout habillé dans le torrent pour secourir plusieurs soldats qui se noient; il a le bonheur d'en sauver quatre qui ont presque perdu connaissance.

L'armée est arrivée aux Alpes.

- Prise d'assaut de Malborghetto (17 mai 1809)

Le Général Desaix , Les Voltigeurs s'élancent sur l'ennemi et s'emparent de la position qu'il occupe.

Le 15 mai, le Général de Brigade Dessaix, qui forme l'avant-garde, se met en mouvement de grand matin. Il est appuyé par la Division Durutte, partie de Pontebba dans la matinée du 15. Dessaix ordonne au Major Vautré de tourner les ouvrages de Malborghetto avec un Bataillon de Voltigeurs, et de s'établit sur les hauteurs situées à la droite du fort. Ce Bataillon parvient, non sans beaucoup de peine, à gravir des rochers aussi escarpés et à déloger l'ennemi. Un Corps de 2,000 Autrichiens occupe la hauteur opposée et prolonge sa droite vers Malborghetto ; un ravin profond couvre son front et le sépare du Bataillon de Voltigeurs du Major Vautré. Le Général Dessaix, ayant reconnu cette position, détache le 23e Léger pour soutenir le Major, et lui prescrit d'en chasser l'ennemi, tandis que, avec le reste de l'avant-garde, il secondera son mouvement par le village de Malborghetto. Déjà une partie de l'avant-garde s'est formée sur la rive droite de la Fella, et le Général Durutte a placé, pour la soutenir le 62e de ligne sur les rives du torrent, lorsque le Major Vautré fait battre la charge. Ses Voltigeurs, vivement secondés par deux Bataillons du 23e Léger, s'élancent sur la hauteur, fondent sur l'ennemi, qui, ébranlé de l'impétuosité de cette attaque, étonné en même temps de se voir atteint par le feu des voltigeurs, établis sur des rochers qu'il a jugés inabordables, ne balance plus à se retirer. Ces 3 bataillons le poursuivent de montagne en montagne, jusqu'à ce que, enfin parvenus sur celle qui domine la droite du fort de Malborghetto, ils s'arrêtent à la vue de l'armée autrichienne en pleine retraite sur Tarvis (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 100).

Dans son rapport daté de Malbourget (Malborghetto) le 16 mai 1809, le Général de Division Durutte écrit au Général de Division Grenier, commandant le centre de l’Armée d’Italie, au sujet de la journée du 15 : "J’ai l’honneur de vous rendre compte que, d’après vos ordres, j’ai placé hier derrière l’avant-garde pour la soutenir le 62e régiment et le 23e d’infanterie légère. L’un et l’autre ont pris position à droite et à gauche de la rivière en échelons par bataillons.
La plus grande force de l’avant-garde se trouvant sur la gauche, le 62e régiment n’a suivi que ses mouvements pour pouvoir la soutenir au besoin ; mais il ne s’est point engagé avec l’ennemi ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82. Page 173).

Le 16 mai 1809, quelques Compagnies du 62e Régiment de Ligne, détachées en tirailleurs, parviennent à se loger à la hauteur et même au-dessus de la tour la plus élevée du fort de Malborghetto, d'où elles commencent à tirer sur l'ennemi. L'Officier qui les commande constate que le chemin pratiqué sur la crête du contre-fort a deux mètres de largeur (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 106).

Le 16, à 5 heures du soir, le Vice-Roi, après avoir pris ses dispositions préliminaires pour attaquer le fort de Mulborghetto, ordonne au Général Durutte de sommer le commandant autrichien de se rendre à discrétion et, en cas de refus, de se disposer à emporter le fort d'assaut. Les soldats du 62e vont se mesurer avec des adversaires dignes d'eux, car le commandant du fort ayant refusé de se rendre, le lendemain matin l'attaque commence.

Durutte forme sa Division devant le village et attend que le Général Pacthod, qui doit tourner le fort, ait commencé son mouvement. Le signal est alors donné. Tout s'ébranle. Les Grenadiers de la 1re Compagnie du 1er Bataillon du 62e ainsi que la Compagnie de Voltigeurs, suivis du 4e Bataillon, attaquent les premiers les batteries masquées de la droite, tandis que les 2e et 3e Bataillons (Divisiob Durutte) débouchent par la grand'route et s'avancent sur le blockhaus du centre. Les Voltigeurs de ces Bataillons marchent à la suite des Grenadiers et sont soutenus par les Compagnies du centre. Le 3e Bataillon a déjà gravi la montagne et s'avance à grands pars vers la tour la plus élevée sur son prolongement. Les trois Compagnies du Régiment, qui s'étaient logées la veille sur le rocher qui domine la tour la plus élevée, reçoivent l'ordre de se jeter sur les palissades de cette tour aussitôt que les colonnes seront en mesure de l'attaquer. Les deux points où l'on arrive sont, ainsi que le Prince l'a prévu, le fossé de la batterie de la pointe du contre-fort, et celui de la tour.

Les troupes éprouvent des difficultés inouïes à gravir l'escarpement du rocher et souvent, dans les parties où ce rocher est couvert de déblai, les pierres en croulant sous les pieds des assaillants les font reculer au lieu d'avancer, les plus grosses même entraînent parfois, en roulant, des files entières de la colonne. Mais la présence du Vice-Roi, la confiance et l'ardeur du soldat à la vue de ses Généraux marchant en tête des colonnes d'attaque, font surmonter tous les obstacles. Les pièces de la batterie basse tirent encore à mitraille sur les troupes de la Division Pacthod, lorsque les Grenadiers de la 1re Compagnie du 1er Bataillon et la Compagnie de Voltigeurs, suivis du 4e Bataillon, s'élancent dans le fossé à l'angle de la batterie; ils parviennent à s'établir au-dessus de la fraise au moyen de laquelle ils arrivent aux embrasures par lesquelles ils pénètrent dans l'intérieur; tous les canonniers sont tués sur leurs pièces. Les soldats, animés par ce premier succès, franchissent l'escarpement et pénètrent dans la galerie blindée; ils s'emparent ensuite des blockhaus inférieurs armés de canons et facilitent ainsi aux colonnes du centre l'accès des batteries hautes placées entre les deux tours. Le Sous-lieutenant Hutin franchit un des premiers la palissade et, par son courage et son intrépidité, force le commandant du blockhaus à se rendre. Celui-ci lui passe d'abord son sabre à travers les barreaux et ouvre ensuite la porte. Le Sous-lieutenant Joux monte à l'assaut le deuxième et passe la palissade le premier de son Bataillon. En même temps, deux détachements de Sapeurs coupent les palissades du fossé de la tour la plus élevée; les trois Compagnies du 62e, qui se sont établies la veille sur les hauteurs dominant cette tour, en descendent, et tirant par les crénaux, s'emparent de cette dernière; dans l'attaque, ces trois Compagnies sont soutenues par le 3e Bataillon du Régiment.

Presque toutes les troupes qui défendent les blockhaus supérieurs sont anéanties, les soldats tirant dans l'intérieur par les soupiraux. Des 600 braves qui forment la garnison du fort, 306 implorent la clémence du vainqueur, le reste est passé par les armes. On trouve dans le fort 11 pièces de canon et une quantité considérable de munitions et de vivres pour six semaines pour 600 hommes (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 107 - repris dans l'Historique régimentaire).

Le Capitaine Mitault et le Lieutenant Miquel ont été tués; le Sous lieutenant Bardin est blessé (il décède de ses blessures le 15 juin), de même que le Chef de Bataillon Duportail, les Capitaines Rottmann et Berceau, et les Lieutenants Leroux et Lefebvre (Martinien).

Après ce beau coup de main, le Prince se porte rapidement sur Tarvis, ordonnant au Général Grenier d'établir deux Compagnies du 62e dans le fort et de se mettre immédiatement en marche avec ses deux Divisions (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 107).

Le 17 mai 1809, Eugène écrit, depuis Malborghetto, à Napoléon : "… le général Grenier, commandant des deux divisions, qui a tout dirigé sous mes ordres, a montré un sang-froid et un zèle qui ont dû contribuer beaucoup au succès de cette entreprise. Voyant dans un endroit un moment d'indécision, il s'y lança avec deux compagnies de grenadiers, et tout fut entraîné. Les compagnies de grenadiers et de voltigeurs du 62e, du 52e, du 102e et du 1er de ligne se sont particulièrement distingués …" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 207).

Dans son rapport daté de Tarvis le 18 mai 1809, le Général Durutte écrit, au sujet de la journée du 17 mai, au Général Grenier, commandant le centre de l’Armée d’Italie : "D’après vos ordres et conformément aux dispositions que vous aviez approuvées, j’ai ordonné hier au 62e régiment de ligne d’attaquer de vive force les forts de Malborgette. Les grenadiers, les voltigeurs et la 1ère compagnie du 1er bataillon, suivis du 4e bataillon, avaient ordre d’attaquer de vive force les batteries masquées de la droite. Cette colonne avait à sa tête dessus le capitaine Berceau, commandant provisoirement le 1er bataillon de ce régiment.
Les 2e et 3e bataillons eurent ordre de déboucher par la grande route et d’attaquer le blockhaus du centre ; les voltigeurs de ce bataillon marchaient à la suite des grenadiers et les compagnies du centre devaient soutenir cette attaque quand elles en seraient requises.
Le 3e bataillon du 62e régiment était placé vers la montagne, et en la longeant il devait attaquer le blockhaus le plus élevé à gauche.
Trois compagnies du 1er bataillon étaient placées sur la montagne à gauche et très près du blockhaus le plus élevé ; elles avaient l’ordre d’attaquer les palissades qui défendaient l’approche de ce blockhaus, aussitôt qu’elles verraient nos colonnes se diriger sur l’ennemi.
D’après vos ordres, l’attaque devait avoir lieu à 9 heures et demie précise, et toutes les troupes se trouvaient à la position que je leur avais indiquée. On avait laissé les sacs des soldats dans les prairies masquées par des maisons. A 5 heures et quart, l’ennemi jetant beaucoup d’obus sur les premières maisons, il y mit le feu que le vent communiqua aux autres. M. Duportail, chef du 2e bataillon, fut dans ce mouvement blessé à la tête par un éclat d’obus. Ce bataillon privé de chef abandonna sa position pour aller sauver les sacs qui étaient menacés d’être incendiés. Le 3e bataillon en fit autant ; ces corps ne pouvant plus repasser au travers des flammes se rangèrent en colonnes derrière le 4e bataillon. Ce changement inattendu de mes dispositions me fit un instant désespérer de cette attaque. J’eus l’honneur de vous voir à 9 heures et demie précise à la tête du 52e régiment et vous m’ordonnâtes de commencer l’attaque. Je n’eus que le temps d’ordonner aux commandants des 3e et 4e bataillons, de traverser le ruisseau et de diriger sur la première direction que je leur avais donnée. Le capitaine Berceau commandant la colonne de droite se porta avec beaucoup de vigueur sur la batterie circulaire qui battait la grande route. Les grenadiers et voltigeurs de ce 1er bataillon ainsi que les grenadiers du 4e gravirent sans coup férir la hauteur sur laquelle était cette batterie et y pénétrèrent. Le capitaine Berceau qui voulait y entrer le premier fut blessé au genou ; il fut remplacé par le sous-lieutenant Fallon qui entre le premier dans la batterie et qui fut suivi par sa troupe. Pendant ce temps, les 2e et 3e bataillons cherchaient à gravir la montagne sur le centre et à gauche ; mais l’escarpement considérable de cette hauteur ne leur permettait d’arriver qu’avec lenteur à la cime et avec des efforts infinis. Aussitôt que les trois compagnies qui était sur les hauteurs à gauche virent nos colonnes s’élancer sur l’ennemi, elle se portèrent avec beaucoup de vigueur sur les palissades du blockhaus le plus élevé et parvinrent à force d’efforts, malgré le feu de l’ennemi, à se faire un passage ; ils pénétrèrent jusqu’au blockhaus ou ils fusillèrent l’ennemi par ses créneaux et ses embrasures, et plusieurs soldats y entrèrent. Le premier fut M. Larzeau adjudant sous-officier du 1er bataillon, le second M. Utin, lieutenant qui fut suivi des sieurs Dyvarat, sergent légionnaire et Dazat, caporal, et d’une foule de braves dont j’ignore encore les noms.
Le succès de cette attaque encouragea toutes nos autres colonnes ; toutes les troupes voulurent s’emparer du blockhaus qui leur était désigné, et elles parvinrent à se rendre maître non sans beaucoup de peine, et en donnant les preuves multipliées d’un grand courage. Le sergent-major Rousseau du 2e bataillon s’est jeté le premier dans une embrasure de la seconde batterie et tué l’officier sur sa pièce. Jacquot grenadier du 3e bataillon a enfoncé la porte du blockhaus et y est entré le premier.
Généralement toutes les troupes se sont conduites avec une bravoure et une énergie peu commune. La difficulté de cette attaque ne peut être bien conçue que par ceux qui comme vous M. le Général y ont été présents. Vous l’avez soutenue à la tête du 52e régiment. Ce corps s’est aussi fort bien conduit ; j’ai vu beaucoup de soldats arriver aux retranchements ennemis aussi vite que ceux du 62e et 102e régiment. J’ai aussi à me louer du détachement de sapeurs qui était sous mes ordres, ainsi que du capitaine du génie Iliet qui qui le commandait ; ce jeune homme qui pour la première fois se trouvait au feu ne m’a jamais quitté, et s’est conduit avec beaucoup de sang-froid de courage. Les sergents de sapeurs Domanget et Prévôt se sont aussi conduits avec beaucoup de courage. On m’assure que le premier est déjà recommandable par une foule de traits qui lui font le plus grand honneur.
Les soldats et officiers qui se sont le plus distingués et que je n’ai pas encore cités sont : le capitaine Lenourau qui est entré un des premiers dans le blockhaus du centre ; le lieutenant de grenadiers Franc qui a montré autant d’humanité que de courage en sauvant la vie à plusieurs prisonniers ; Maniare sapeurs du 1er bataillon, Lambert lieutenant du 3e bataillon s’est aussi fort bien conduit à l’attaque du centre. Mrs. Duffere capitaine légionnaire, Gerriot lieutenant ; Danger lieutenant ; Leroux lieutenant au 2e bataillon qui a été blessé ; Prieur adjudant major ; Bauholtz adjudant Major ; Touret adjudant Major ; Seigneuri capitaine et Valet sous-lieutenant se sont également distingués.
Il est sans doute encore beaucoup de traits de courage que je ne connais pas encore et dont je vous enverrai les notes au premier moment. Je vous adresserai en même temps une demande d’avancement et d’admission à la légion d’honneur pour les militaires qui se sont le plus distingués en cette journée.
J’ai à me louer du zèle qua mis M. le colonel Bruny et M. le major Renaud à m’aider à faire les dispositions de cette attaque et à la diriger. Le chef de bataillon Couçon a aussi fort bien dirigé son bataillon
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 86. Page 181).

De son côté, toujours au sujet de la journée du le Général de Division Pacthod, commandant la 2e Division du Corps du centre, écrit, de son quartier général à Arnoldstein le 18 mai 1809, au Général Grenier : "... Le colonel Pastol (du 1er de Ligne) par l’intrépidité qui le caractérise, malgré la grande difficulté du terrain pénètre dans la batterie basse et concourt glorieusement avec le bataillon du 62e régiment de la division Durutte à la prise de ce point si formidable ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 88. Page 185).

Après ce beau fait d'armes, Tarvis est enlevé. Les Corps de gauche et du centre continuent leur marche sur Klagenfurth, le Corps de Macdonald ayant été détaché à droite. La Division Durutte traverse Klagenfurth et vient bivouaquer le 21 sur la route de Saint-Veit; le 23 elle s'établit à Neumarkt et, le 24, à Knittelfeld.

- Combat de Saint Michel (25 mai)

Le 25 mai, le Général Durutte reçoit l'ordre de seconder le Général Séras, qui remonte vers Léoben. L'ennemi, commandé par Jellachich, est établi à Saint-Michel. La Division Durutte accélère alors sa marche, le Général de brigade Valentin doit se porter avec le 23e Léger sur la droite de l'ennemi et la déborder pendant que deux Bataillons du 62e, après avoir passé la Muhr à San Stefano et s'être jetés sur la rive droite pour fouiller le bois, en chasseront les Tirailleurs ennemis et inquiéteront leur flanc gauche; le reste de la Division est en deuxième ligne (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 127; Historique régimentaire).

Pendant que tout s'ébranle pour mettre ces ordres à exécution, le Général Séras marche droit au plateau et l'aborde franchement; il est bientôt suivi par deux Bataillons du 62e, qui se jettent à la baïonnette sur l'ennemi avec le plus grand courage; en même temps, deux Régiments de Chasseurs secondent cette attaque. Les Autrichiens, ébranlés par l'impétuosité du choc, se disposent à opérer leur retraite en bon ordre, lorsque, se voyant assaillis à la fois par l'Infanterie et les Chasseurs, ils n'ont que le temps de faire une seule décharge et prennent précipitamment la fuite. Une partie des troupes ennemies se dérobe étourdiment par la route de Rottmann, mais déjà cette dernière est occupée par le 23e Léger et deux Bataillons du 62e : tous ceux qui se retirent sur ce point sont tués ou pris.

Le Général Jellachich fait de vains efforts pour rallier l'autre partie de ses troupes; une terreur panique l'a frappée.

Le jour même, 25 mai 1809, le Général de Division Séras, adresse au Général Grenier, depuis son Quartier général à Leoben, un "Rapport sur l’affaire de Saint-Michel le 25 mai 1809.
La division est partie à 3 heures et demie du matin de la position qu’elle occupait en avant de Knittelfeld pour se rendre à Leoben. Arrivée à hauteur de Saint-Michel, l’avant-garde a rencontré l’ennemi en position sur le plateau en avant de ce village. Une canonnade et une fusillade très vive s’est engagée et s’est prolongée jusqu’à une heure après midi, où S. A. I. a ordonné la charge. La division a marché en bataille par échelon de bataillon dans la plaine et a monté sur le plateau qui était défendu par cinq pièces de canon, sans tirer un coup de fusil. L’aile droite seule s’est fusillé un instant avec la gauche de l’ennemi, qui a osé avancer au pas de charge, et qui a payé sa témérité par une déroute complète et qui a été presque entièrement fait prisonnier. La position a été enlevée et une pièce de canon avec un nombre considérable de prisonniers ont été le prix de cette victoire.
Le 9e régiment de chasseurs a exécuté une charge très brillante sur le centre de l’ennemi, qui a parfaitement réussi. Il a enlevé un drapeau à l’ennemi.
Le général de brigade Roussel ayant été détaché avec trois bataillons pour tourner la droite de l’ennemi et éclairer notre gauche a fait dans cette expédition 1150 prisonniers.
La division a poursuivi immédiatement sa route à la poursuite de l’ennemi, appuyée par trois bataillons du 62e régiment commandé par le général de brigade Dessaix. Arrivée au débouché du défilé auprès de Leoben, l’ennemi était en position et embusqué dans les maisons de cette ville, faisant un feu de mousqueterie très vif. La division s’est formée en bataille dans la plaine sous le feu de l’ennemi, la charge fut ordonnée et la ville a été enlevée de vive force ; on a fait dans cette affaire 600 prisonniers.
Le général de brigade Roussel se loue beaucoup du chef de bataillon Belluse, et moi de l’adjudant commandant Ducommet et du chef de bataillon Mouton, mon premier aide de camp. J’ose les recommander à la bienveillance de S. A. I. En général, tous les militaires ont prouvé dans cette affaire, comme dans toutes celles où ils se sont trouvés, qu’ils sont français et tout dévoués à notre empereur et à son auguste famille
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 102. Page 213).

Le Général Durutte écrit, de Saint-Michel, le 25 mai 1809, au Général Grenier : "M. Le général, j’espère que le général en chef est instruit des troupes que j’ai l’honneur de commander, on n’aurait certainement pas deviné qu’elles avaient fait 8 lieues quand elles ont marché à l’ennemi.
Je ne vous parlerai pas des dispositions prises et exécutées par ma division, nous n’avons fait qu’exécuter vos ordres et ceux de S. A. I.
... J’ai été content de la contenance des 1er, 2e et 3e bataillons du 62e régiment. Le 1er bataillon a pris part à l’attaque de la droite et les deux autres ont soutenu au centre.
A l’attaque de Malborghetto, j’avais distingué M. le lieutenant Fran… pour sa bravoure et son humanité ; dès ce moment je l’ai attaché à mon état-major, aujourd’hui en revenant de porter un ordre au premier bataillon du 62e régiment, il a rencontré la cavalerie qui chargeait, il a chargé avec elle avec intrépidité et a mérité les éloges de M. Lacroix colonel du 9e de chasseurs. Je demande avec insistance le grades de capitaine pour ce brave homme, il y a 12 ans qu’il est officier ; il est instruit et parle très bien allemand ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 56. Page 121).

Les Officiers et Sous-officiers cités par le Général Durutte pour leur bonne conduite à l’affaire de Saint-Michel le 25 mai 1809, écrit le Général Grenier, sont : "... Le 62e régiment est cité par le général Séras comme étant entré en colonnes dans Loeben en suivant la grande route et poursuivant l’ennemi, avec une telle vigueur qu’il est arrivé avec lui sur le pont ; ce régiment était commandé par son colonel Mr Brugny. Le sergent major des grenadiers du 2e bataillon s’est jeté le premier sur le pont que l’ennemi coupait, a pris un capitaine autrichien et fait mettre bas les armes à 30 hommes. Mr Sperting, officier du 106e, qui arrivait au même moment, a contribué à cette prise et la certifie" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 46. Page 101).

L'Ordre de l’Armée rédigé au Quartier général à Leoben le 26 mai 1809, indique, concernant la journée du 25 mai 1809 : "S. A. I. a fait connaitre à l’empereur les officiers et soldats qui se sont particulièrement distingués dans cette journée ; elle cite notamment les généraux Seras, Roussel, Valentin, les colonels Trieve et Lacroix, l’adjudant commandant Forestier, le capitaine Aimé adjudant major du 9e de chasseurs, le lieutenant Bourgeois du 102e, le lieutenant Frant du 62e et le maréchal des logis Rigonaille du 6e de chasseurs …" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 135 page 285).

La Division Durutte bivouaque sur le champ de bataille et le lendemain l'armée marche sur Bruck

Tandis que l'Armée d'Italie exécute cette marche victorieuse, la Grande-Armée, de son côté, est entrée à Vienne et a livré la bataille indécise d'Essling.

Le 28 mai 1809, Napoléon écrit depuis Ebersdorf à sa sœur Elisa, Grande Duchesse de Toscane, à Florence :
"Ma Soeur, faîtes partir pour Osoppo tout ce qu'il y aurait de disponible dans le duché, appartenant aux 23e léger, 13e, 112e et 62e de ligne et au 9e chasseurs. Cette lettre vous parviendra par le canal de l'armée d'Italie. Ma jonction avec cette armée a été faite heureusement, il y a deux jours. Les affaires vont ici fort bien, et ma santé est fort bonne" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15270 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21081).

Le 28 mai toujours, à dix-heures du matin, Napoléon écrit depuis Ebersdorf, à Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Bruck : "Mon Fils, je vous renvoie votre aide de camp. Je désirerais avoir l'état de situation de votre corps d'armée.
Je suppose que la division Durutte est composée de deux bataillons du 22e, de quatre bataillons du 23e, et de quatre bataillons du 62e. Je suppose que ces dix bataillons forment au moins 6,000 hommes présents sous les armes. Je suppose que la division Seras est composée d'un bataillon du 35e, de trois bataillons du 53e, de quatre bataillons du 106e et de deux bataillons du 79e; je la suppose également de 6,000 hommes. Je ne sais ce que c'est que la 3e division; je suppose que c'est une division italienne qui est avec le 112e, et qu'elle est également de 6,000 hommes. Je suppose que la division Pacthod vous a rejoint avec la division Grouchy. La division Pacthod doit être composée de deux bataillons du 8e léger, de quatre bataillons du 52e, de quatre bataillons du 102e et de quatre bataillons du 1er de ligne, que je suppose former 6,000 hommes. Sans comprendre le corps détaché du général Macdonald, vous devriez avoir aujourd'hui à Bruck 24,000 hommes d'infanterie, 4,000 hommes de cavalerie et 2,000 hommes de la garde; ce qui ferait 80,000 hommes et soixante pièces de canon. Le général Macdonald, que je suppose sur le point d'arriver à Graz, vous renforcera de 15,000 hommes. Ainsi votre arrivée me renforce de 45,000 hommes, non compris le corps du général Marmont
" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 240 ; Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15266 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21083).

Et le même jour, à 8 heures du soir, au Prince Eugène, à Bruck :
"Mon Fils, Tascher me porte des drapeaux et votre lettre du 27.
J'ai donné ordre à Lauriston de se porter avec une brigade de cavalerie et deux régiments d'infanterie badois, qui forment son petit corps d'observation, sur Oedenburg, d'où il poussera des partis sur les flancs du prince Jean, qui probablement se rend à Raab. Attirez à vous tout le général Baraguey d'Hilliers, tout le général Grouchy. Retirez aussi tout ce qui est inutile sur vos derrières. Ordonnez qu'on fortifie Klagenfurt, qu'on mette de l'eau dans les fossés et qu'on y forme un grand magasin; j'y avais déjà fait ces dispositions il y a seize ans. Faites venir le plus d'artillerie possible; il faut en faire venir. non-seulement attelée, amis encore par réquisition, sur Klagenfurt. Je compte que votre armée, en en ôant tout au plus un ou deux bataillons italiens, que vous laisserez à Klagenfurt, sera sur Bruck demain et après, et que le corps de Macdonald sera à Graz. Il me tarde que Marmont soit arrivé à Laybach et qu'il envoie sur Graz les détachements que Macdonald aurait laissés à Laybach. La situation des choses dans le Midi me décidera sur le parti que je prendrai pour l'armée de Dalmatie. J'attends l'état de situation de tous vos corps, avec les lieux où ils se trouvent et des détails sur votre artillerie. La division que vous avez envoyée dans la direction de Neustadt peut continuer sa route pour occuper le Semmering, et partir sur Neunkirchen et se mettre en correspondance avec Lauriston pour se lier.
Envoyez la lettre ci-jointe à Borghèse par votre premier courrier.
Je lui mande d'envoyer sur Osoppo tout ce qu'il a de disponible appartenant aux sept régiments des divisions Molitor et Boudet, aux quatre régiments de cuirassiers et aux cinq régiments de cavalerie légère. Je vous envoie cette lettre sous cachet volant, pour que vous en fassiez autant dans tout le royaume, et que vous fassiez fournir, soit par l'armée italienne, soit par l'armée française, tout ce qu'elles ont de disponible pour renforcer les cadres. Je suppose que vous aurez formé sur la Livenza ou sur le Tagliamento un dépô de cavalerie, et que vous avez laissé quelqu'un à la tête pour vous alimenter. Ayez à Osoppo un homme marquant pour mettre à la tête de vos depôts : c'est là qu'il faut tout diriger. Donnez ordre qu'on n'en laisse partir aucun homme isolé, mais qu'on fasse des bataillons de marche de 5 à 600 hommes d'infanterie et cavalerie.
J'ai donné ordre que les états du Pape feraient partie de l'armée de Naples, et j'ai chargé le Roi d'en prendre possession. Les états du Pape feront partie de la France, ayant pris un décret pour détruire le gouvernement temporel du Pape.
écrivez au roi de Naples pour l'instruire de notre jonction; envoyez-lui la lettre ci-jointe. Vous trouverez aussi une lettre pour la grande-duchesse, dans laquelle je lui donne l'ordre de faire partir pour Osoppo tout ce qu'il y aura à Florence de disponible des 23e léger, 62e, 13e et 112e de ligne. Je suppose que vous avez pourvu à ce qu'il soit laissé de petites garnisons à Palmanova et à Osoppo. Si Miollis est retourné à Rome et que Lemarois n'y soit plus nécessaire, il faut le diriger sur Osoppo, où il aura le commandement du Frioul; il surveillera les depôts, tiendra la main à ce que tout en parte en bon état, et servira d'intermédiaire entre vous et le royaume d'Italie
" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 238 ; Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15268 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21084).

Le 29 mai 1809, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vois dans l'état de situation de la 1re division militaire ... 500 hommes dont on pourrait augmenter la 3e demi-brigade provisoire ; ce qui la porterait à 1500 bommes.
... Dans la 8e division militaire, je vois :
que le 1er de ligne a 400 hommes, le 16e 300, le 62e 200.
Faites donc partir tout cela.
Dans presque tous les états des divisions militaires, je vois beaucoup d'hommes prêts à partir. Il me semble que tous les hommes qui sont disponibles aux dépôts doivent se rendre ou aux demi-brigades provisoires ou à l'armée, pour compléter ce qu'ils doivent encore
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3195 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21091).

Le 29 mai 1809, à deux heures, le Général Durutte écrit, depuis Frohnleiten, au Général Grenier : "Mon cher général, je vous rends compte d’une horreur abominable de la part des autrichiens. Lorsque nos troupes sont entrées à Frohnleiten, le général Valentin alla de suite attaquer le pont. L’ennemi avait tout préparé pour le faire brûler, il mit le feu. Le général Valentin tachât de le faire éteindre en se servant des pompes de la ville. Pendant qu’on travaillait à éteindre le feu du pont, on vit tout à coup plusieurs maisons en flammées à la fois dans différents quartiers de la ville. Plusieurs chasseurs du 6e régiment assurent qu’ils ont vu sortir des maisons des croates qui étaient restés cachés dans la ville et qui ont fait éclater ce terrible incendie. Il paraît que la ville sera entièrement brûlée !
Le général Valentin se trouve avec les pièces et le 5e chasseurs, du 6e et le 23e régiment entre le feu du pont et celui de la ville. Je n’ai pu encore communiquer avec lui. Je crois qu’il aura retiré ses troupes à droite sur la montagne, mais je ne puis deviner où il aura placé les pièces.
Je suis en arrière de la ville. Je fais avancer le 3e et le 4e bataillon du 62e régiment pour communiquer avec lui par les montagnes à droite. Ordonnez, je vous prie, au général Dessaix ( ?) d’envoyer un bataillon du 62e à Zedestini (?) et un autre bataillon du même corps à Pernedy (?). J’emploierai aussi le 3e bataillon du 62e et le 4e bataillon à éteindre l’incendie si cela est possible.
Salut et attachement
Ps. Il faudra m’envoyer des subsistances car cet incendie nous enlève toutes les ressources que cette ville nous offrait
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 112. Page 233).

Le 31 mai, la jonction entre les deux armées est opérée, ce même jour la Division Durutte se rend à Mürzzuschlag.

Le 2 juin 1809, le Général de Division Charpentier, chef de l’état-major général, écrit, depuis le quartier général à Neustadt, au Général de Division Grenier, commandant le centre de l’armée : "Je vous adresse ci-joint mon cher général 25 lettres d’avis de membres de la légion d’honneur pour les nommés ci-dessous ...
Dufleu capitaine au 62e régiment de ligne membre de la légion
Franck lieutenant de grenadiers au même régiment idem
Danger lieutenant au même régiment idem
Geriat lieutenant au même régime idem
Lambert lieutenant au même régiment idem
Larocca lieutenant au même régime idem
Valet sous-lieutenant au même régiment idem
Rousseau sergent-major au même régiment idem
Jacquot grenadier au 62e régiment de ligne membre de la légion
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 117. Page 243).

Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 16e Demi-brigade provisoire : 67e de ligne; 2e id.; 56e id. qui reçoit 110 hommes; 37e id.; 93e id.; 112e id. qui reçoit 30 hommes; 1re id. qui en reçoit 220; 62e id. qui en reçoit 20; 23e léger qui en reçoit 90; au total donc, 470 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).

L'Archiduc Jean s'étant retiré en Hongrie, le Vice-Roi reçoit l'ordre de l'y suivre. Après s'être concentrée, l'Armée d'Italie marche le 12 juin sur Papa, le 13 sur Raab, la Division Durutte occupe les digues et les hauteurs de Czarnach.

- Bataille de Raab (14 juin)

Les Autrichiens se sont décidés à s'arrêter et à occuper une très forte position en avant de Raab; toutes leurs forces y sont réunies; leur droite s'appuie à Salbadghetty, leur gauche à un marais, qui couvre la droite de Kiss-Megger, le revers du plateau qu'ils tiennent est hérissé de canons, les pièces de la place de Raab doivent mêler leur feu à celui des pièces de campagne. Le Général Grenier reçoit l'ordre d'attaquer le centre ennemi avec la Division Durutte formée en deux colonnes; il place deux Bataillons du 62e en réserve. Tandis que la Division Séras attaque Kiss-Megger et que Severoly s'avance vers Salbadghetty, Durutte se porte avec trois Bataillons (deux du 60e et un du 62e) entre les deux villages; ces Bataillons parviennent à se loger à la droite de Salbadghetty. Le Sous-lieutenant Joux fond sur l'ennemi avec un Sergent-major, un Sergent et quatre Grenadiers pour prendre un drapeau; ces quelques braves sont près de s'en emparer lorsque le Bataillon est obligé de se retirer, ils sont alors forcés de battre en retraite, poursuivis par près de 200 hommes.

L'ennemi, embusqué derrière des fossés, arrête le Général Baraguey-d'Hilliers et, fier de ce succès, se jette brusquement sur le 60e et le 62e et les contraint momentanément à reculer.

Le Lieutenant Fabre rallie le Porte-aigle du 2e Bataillon ainsi que plusieurs soldats et marche en avant; par ce mouvement, il arrête la marche de l'ennemi. Le Sous-lieutenant Terriez rallie de même les Tirailleurs et les ramène au combat.

Les deux Bataillons du 62e placés en réserve reçoivent alors l'ordre d'entrer en action; la charge est battue, toute la ligne suit l'impulsion donnée et l'ennemi, déconcerté, regagne Salbadghetty avec précipitation.

Le Capitaine Mereau charge un Bataillon à la tête de sa Compagnie et s'empare de deux canons. De même, le Capitaine Bertrand se précipite au milieu des rangs de l'ennemi, s'élance sur un Porte-drapeau, le tue, désarme un Officier qui veut s'interposer et revient avec le précieux emblème. Le Lieutenant Fauchier, à la tête des Voltigeurs du 4e Bataillon, s'empare d'une pièce de canon.

Mais l'ennemi n'a pas dit son dernier mot : bientôt de nouvelles masses se jettent avec impétuosité sur la Division Durutte et sont sur le point d'obtenir l'avantage; le village est pris et repris trois fois, lorsque la Division Pacthod reçoit l'ordre de se porter en avant. A cette vue, la Division Durutte se rallie et enlève la hauteur au pas de charge. L'attaque de cette Division, conduite avec autant d'habileté que de vigueur, l'élan général, tout concourt cette fois à fixer la victoire. L'ennemi, enfoncé, est culbuté sur tous les points; il perd en un instant tout le terrain qu'il venait de gagner et abandonne définitivement les deux villages après quatre heures d'un sanglant combat. Sa déroute est complète et, dans sa fuite, il couvre le champ de bataille de morts et de blessés.

Le Lieutenant Compiègne, et les Sous lieutenants Gallien, Pouchain et Renaud ont été tués; les Sous lieutenant Saint-Georges, Debarre, Fadate, blessés, décèdent tous trois le 28; le Chef de Bataillon Duportail, les Capitaines Varez, Legendre, Seigneurie, Desfossez, Meulan, Mereau, Rehm, les Lieutenants Follot, Jacquesson, Gueniot, Descombes des Morelles, les Sous lieutenants Prieur, Douzon et Martin sont blessés (Martinien).

Dans son rapport daté de Sabatheds (sic) le 15 juin 1809, et adressé au Général de Division Grenier, commandant le centre de l’armée d’Italie, le Général de Division Durutte raconte au sujet de la bataille du 14 juin : "Je vous parlerai peu des dispositions qui ont été faites hier au commencement de la bataille de Raab ; je vous rappellerai seulement que ma division marchait sur deux colonnes et sur deux lignes vers l’ennemi qui occupait une position à gauche de Kesmagar ainsi que ce village et celui de Sabathiye.
Aussitôt que nous fûmes arrivés à portée de fusil de l’ennemi, j’ordonnai conformément à vos ordres aux généraux Valentin et Dessaix, d’attaquer l’ennemi avec la première ligne et de conserver l’autre en en réserve. La première ligne du général Valentin était le 23e régiment d’infanterie légère, celle du général Dessaix était composée de deux bataillons du 60e régiment et le premier bataillon du 62e ; quatre pièces d’artillerie faisant faisaient feu devant elles. Ces deux attaques furent dirigées avec vigueur, mais l’ennemi envoyant sans cesse des bataillons frais on eut beaucoup à souffrir ; cependant il fut repoussé jusqu’à Sabathegs, ce village défendu par un ruisseau et des bocages fut pris et repris trois fois. La seconde ligne du général Dessaix composée seulement du 2e et 3e bataillon du 62e régiment et de la compagnie de grenadiers et des voltigeurs du 4e marche au secours de la première ligne. Malgré ce renfort l’ennemi repoussait nos troupes lorsque je marchai avec le 2e et 3e bataillon du 102e régiment sur ce village ; nous le reprîmes une quatrième fois et l’ennemi fut en déroute. J’ose vous assurer que si dans ce moment j’avais eu un régiment de cavalerie à mes ordres la division aurait indubitablement pris 3 à 4000 prisonniers ; ce défaut de cavalerie ne nous a pas permis de tirer tous les avantages que nous aurions dû avoir de cette victoire.
Le village de Kesmagar a tenu pendant toute la journée ; les ennemis étaient fortifiés dans l’abbaye qui s’y trouve ; je l’ai fait attaquer par un bataillon du 23e régiment que j’avais rallié à la fin du combat ; on n’a pu s’en rendre entièrement maitre que quand j’ai envoyé la 7e compagnie du 3e bataillon de sapeurs qui abattit une muraille, et entrant dans cette abbaye força l’ennemi à se rendre. On a fait dans ce village beaucoup de prisonniers, mais comme la division Séras y avait aussi beaucoup de monde, je ne m’occupais pas de ce point, et j’en retirai même de suite les troupes pour les porter sur Sabathegs où le combat paraissait encore douteux ; je sais cependant que mes troupes y ont pris 4 à 500 prisonniers, et dans la mêlée M. le sous-lieutenant Bertrand du 62e régiment a pris un drapeau. Le caporal Déramé du 102e régiment dit avoir tué celui qui portait ce drapeau ; il paraît qu’il se trompe puisque M. Bertrand a encore le sabre d’un officier qui cherchait à défendre ce drapeau et qu’il a blessé et désarmé. Je crois que le drapeau dont parle le brave caporal Déramé est un drapeau qui a été pris et repris dans la mêlée de Sabathegs.
Le Fourier Mougin du 4e bataillon du 62e régiment a pris aussi une pièce de trois. Je ne puis dire la quantité de prisonniers qu’on a pu faire, on était trop occupé pour y faire grande attention ; on les dirigeait sur les derrières sans y faire grande attention.
Je n’ai généralement qu’à me louer de tous les officiers de ma division, on peut dire qu’ils se sont prodigués pour soutenir le courage des troupes. Les pertes que j’ai faites le prouveront plus que tout ce que je pourrais dire.
Le général Valentin a été touché d’une balle morte et son cheval a été tué. Ce général se loue beaucoup de son aide de camp M. Francoul ; j’avais demandé pour lui la décoration après l’affaire de Saint-Michel, et j’ai l’honneur de vous prier de faire de nouveau la même demande. Dans le cours de cette journée, le général Valentin a montré beaucoup de bravoure et de sang-froid.
Le général Dessaix a eu un cheval tué ainsi que son aide de camp, on demande pour lui le grade de chef de bataillon. Deux officiers de mon état-major ont eu leurs chevaux tués à mes côtés, M. Bertrand et M. Franc.
J’ai été extrêmement satisfait du zèle de tous les officiers de mon état-major : je vous prie de demander la décoration pour M. l’adjudant commandant contamines. Cet officier a reçu un coup de biscayen au genou qui ne lui a fait qu’une contusion. Je vous prie aussi de demander le grade de capitaine pour monsieur Gauglet, mon aide de camp.
M. Franck pour qui j’ai déjà demandé le grade de capitaine après l’affaire de Malborghette et de Saint-Michel, a reçu à la vérité la croix ; mais il y a 12 années qu’il est officier et il me semble qu’il est temps de le faire capitaine ; vous avez pu juger plusieurs fois de ses moyens.
Voici la note des pertes que ma division à faites et des officiers et soldats qui se sont distingués ...
62e régiment de ligne
Le 1er bataillon du 62e formait avec le 60e régiment la première ligne de la brigade du général Dessaix. Le 2e et 3e bataillons et la compagnie de grenadiers et les voltigeurs du 4e formaient la seconde ligne.
Deux compagnies du 4e bataillon ont été laissées au parc d’artillerie, et deux autres compagnies de ce corps qui ont été mises en garnison aux blockhaus de Malborghetto sont encore en route pour rejoindre la division.
Le 1er bataillon du 62e attaqua l’ennemi sur le front de Sabathegs avec le 60e régiment. Ces troupes ayant des forces supérieures devant elles n’eurent d’abord que des succès qu’elles ne purent conserver. La seconde ligne composée des 2e et 3e bataillons et des grenadiers et voltigeurs du 4e marcha de suite à leur secours et partagea avec elle toutes les viscissitudes de cette journée. Le général Dessaix ainsi que son aide de camp eurent leurs chevaux blessés. Le général de division s’est fortement occupé à la droite où dépendait selon lui le fort de la bataille ; de sorte que ce corps fut ainsi dire abandonné à l’énergie de ses chefs. Monsieur Bruni colonel prouva beaucoup de courage et de sang-froid ; il rallia trois fois son régiment et les troupes qui étaient dans ses environs et il parvint par une quatrième charge à s’emparer de la portion du village de Sabathegs qui était devant lui. Il se loue du 112e régiment de la division Baraguey d’Hilliers devant le front duquel il rallia son régiment. Mr le lieutenant Bertrand prit un drapeau avec quelques grenadiers qui ne sont pas encore désignés.
Le fourrier Mougin prit une pièce de canon ; M. Fauché lieutenant des voltigeurs, avec le nommé Calvé voltigeurs contribuèrent à la prise de cette pièce.
Ce corps a eu 4 officiers de tué et 46 sous-officiers et soldats. 14 officiers de blessés et 305 sous-officiers ou soldats. 1 prisonnier et 10 hommes égarés.
Mr Pouchain, sous-lieutenant, a été tué; Gallien idem idem; Saint-Georges idem idem; Compiègne lieutenant idem; Mr Duportail, chef de bataillon a été blessé; Douzon, adjudant sous-officier, idem; Defossé capitaine idem; Merau capitaine idem; Varré capitaine idem; Segneurie capitaine idem; Rehm capitaine idem; Meuland capitaine idem - le général de brigade Dessaix et le général de division demandent la croix pour cet officier qui ne voulait pas abandonner le champ de bataille, quoique grièvement blessé.
Follot lieutenant idem; Jaqueson lieutenant idem; Martin sous-lieutenant idem; Guniot sous-lieutenant idem.
Le nommé Bayet sergent des grenadiers au 2e bataillon de ce régiment, qui pendant la mêlée s’est trouvé séparé de son corps, s’est réuni au 3e régiment d’artillerie italienne où il s’est parfaitement conduit. Il est porteur d’un certificat du major de ce régiment que je joins ici.
Le résultat de cette journée pour la division du général Durutte est : Un drapeau de pris, et deux pièces de canon.
Environ 400 hommes fait prisonniers dans les environs de Kesmagar. On ne peut apprécier le nombre des prisonniers fait à Sabathegs, ils ont été envoyés à fur et à mesure sur les derrières et dirigés sur le quartier général.
Les pertes sont : 6 officiers tués et 102 sous-officiers ou soldats.
34 officiers blessés et 889 sous-officiers et soldats.
50 hommes dont on ignore le sort et un prisonnier
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 138. Page 287).

Le 16 juin 1809, le Général de Division Durutte écrit, depuis son Quartier général à Saabaadhegy, à Son Altesse Impériale le Prince Eugène napoléon de France, Lieutenant de l’Empereur pour le commandement de ses armées d’Italie : "… le général Séras se maintenant sur le plateau de l’église, la 1ère ligne de la division Durutte fut encore portée en avant et serait dès ce moment restée maître de la position de Saabaadhegy si la division du général Baraguey d’Hilliers ne s’était repliée jusque dans la plaine ; ce mouvement donna encore les moyens à l’ennemi de faire de nouveaux efforts sur mon front, il y porta ses dernières troupes fraîches et l’attaqua avec une ardeur telle que je ne l’avais remarqué depuis longtemps parmi ses troupes ; je n’avais jusqu’alors engagé comme je l’ai dit d’autre part qu’une partie de la seconde ligne de la division Durutte, réservant bien précieusement deux bataillons du 102e et un bataillon du 62e pour faire le dernier effort et aussitôt que je vis notre première ligne plier pour la 3e fois je lançais ma dernière réserve qui fut parfaitement secondée par un bataillon du 112e (division Severoli) en même temps que j’avais ordonné au général Séras de porter sur la droite de ce mouvement un bataillon du 106e. Ce dernier effort fut couronné de tout le succès possible ; nous restâmes maitre de la position et l’ennemi enfoncé de toute part n’osa plus revenir à la charge, d’autant plus que V. A. I. faisait marcher dans le même moment une partie de sa réserve, qui vint se mettre en bataille sur les hauteurs de Saabaadhegy à la gauche de mes troupes ; le corps du centre a fait dans cette journée des prodiges de valeur, trois fois ramené par des troupes deux fois plus nombreuses que lui, il les culbuta la 4e fois d’une manière si vigoureuse qu’elles furent bientôt dans une déroute complète et que si j’avais eu à ma disposition 5 à 600 chevaux, je pouvais espérer présenter à V. A. I. de 3 à 4000 prisonniers. Cependant le corps du centre a fait dans l’action 1500 prisonniers, pris trois pièces de canons et deux drapeaux ; votre altesse impériale a été témoin des efforts que ce corps a dû faire puisqu’elle-même a été trop longtemps exposée au feu de l’ennemi ; elle a vu le dévouement des officiers généraux, des officiers supérieurs et particuliers, enfin elle a pu juger de la valeur des soldats, puisque le corps du centre composé de 18 bataillons avec une division du corps du général Baraguey d’Hilliers de 10 bataillons ont enfoncé, battu et dispersé aux cris de vive l’empereur les troupes autrichiennes fortes d’après tous les rapports de 35 à 40000 hommes.
Cette bataille a coûté cher au corps du centre, nous avons à regretter beaucoup de braves gens, 23 officiers sont restés sur le champ d’honneur ... ; 103 ont été blessées, 377 sous-officiers ou soldats tués et 2015 blessés, 176 hommes sont égarés, mais j’espère qu’ils rentreront encore, présumant que ce sont de ceux qui se sont jetés en arrière au commencement de la bataille. L’ennemi ne nous a fait que trois prisonniers.
Parmi les officiers supérieurs blessés sont ...
Dans le 62e, M. Bruny colonel légèrement, Duportail chef de bataillon ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 146 et 228. Page 303 et page 465).

A la suite de la bataille de Raab, le Colonel Bruny adresse, depuis Sabadghety, le 15 juin 1809, au Général Grenier, une "Proposition de différents officiers, sous-officiers et soldats qui se sont les plus distingués à l’affaire de Malborghetto le 17 mai 1809, et le 14 juin à Sabadghety", pour le 62e Régiment de ligne, approuvée par le Général de Division Durutte : "Pour obtenir les décorations de la Légion d’Honneur.
D’officier à la légion. Pour monsieur Duportail, chef du 3e bataillon blessé à Malborghetto, officier d’une grande bravoure et d’un mérite rare, qui quoique blessé n’a pas voulu quitter le commandement de son bataillon. Fait pour être un excellent colonel.
Idem. Pour monsieur Retmann, capitaine 1ère compagnie 2e bataillon, officier intrépide, légionnaire, qui s’est toujours distingué et à qui on doit en partie la prise du 1er blockhaus à Malborghetto, où il a été dangereusement blessé.
De légionnaire. Pour monsieur Caussand-Dallié, chef du 4e bataillon, officier du plus grand mérite, courage, fermeté et sang-froid, qui s’est parfaitement conduit à Malborghetto, qui le 14 juin sous les yeux de monsieur le général Durutte, s’est comporté avec la plus grande bravoure.
Idem. Pour monsieur Poincignon, chef du 2e bataillon, et brave officier, blessé plusieurs fois, déjà proposé, a tenu son bataillon le 14 juin à l’ennemi, de manière à ralentir sa marche et a donné le temps à un bataillon du 112e de nous secourir et rallier nos troupes.
Idem. Pour monsieur Berceau, capitaine des grenadiers du 1er bataillon pour son intrépidité et bravoure, blessé à Malborghetto, abordant la 1ère batterie à la tête de sa compagnie. Déjà proposé.
Idem. Pour le sieur Prieur, adjudant major au 3e bataillon, proposé plusieurs fois, pour sa bravoure qu’il a montrée en toute occasion et qui au passage de la Piave et Taglamento a sauvé la vie à une douzaine de soldats ; le 14 juin, s’est montré avec la plus rare intrépidité, toujours à la tête des attaques.
Idem. Pour sieur Devaux, adjudant major au 1er bataillon, officier qui dans l’affaire du 14 juin, s’est fait remarquer par son intrépidité, son sang-froid en commandant, exécutant ; l’ennemi qu’il a abordé le premier.
Idem. Pour le sieur Maljean, capitaine 2e compagnie de voltigeurs, bon officier, instruit, brave, bon à être employé, utile de toute manière. Déjà proposé ; le 14 juin a couvert la gauche, a fait nombre de prisonniers et s’est porté partout avec la plus grande bravoure.
Idem. Pour le sieur Seigneury, capitaine 3e compagnie 3e bataillon qui, dans toutes les conditions et campagnes s’est ditingué.
Idem. Pour le sieur Meulan, capitaine, 4e compagnie 3e bataillon, officier très bien instruit, brave qui s’est bien conduit à Malborghetto. Le 14 juin a été remarqué et cité par monsieur le général Dessaix.
Idem. Pour le sieur Hullin, lieutenant 1ère compagnie 1er bataillon, soldat qui s’est présenté le 2e dans les palissades du premier blockhaus et a reçu l’épée du commandant, le 14 a de nouveau mérité la décoration.
Idem. Pour le sieur Farquesson, sous-lieutenant de grenadiers du 1er bataillon qui s’est montré avec une bravoure et un sang-froid remarquable, blessé le 14 juin après s’être on ne peut plus bravement comporté.
Idem. Pour le sieur Terriez, sous-lieutenant 2e compagnie 1er bataillon est un des officiers sur la ligne qui s’est des mieux montré, attaquant, soutenant et ralliant tour à tour le 14 juin.
Légionnaire. Pour le sieur Douzon, adjudant sous-officiers 1er bataillon qui le premier est entré dans les blockhaus, après avoir arraché les palissades. Le 14 juin il s’est de même conduit avec la plus grande intrépidité.
Idem. Pour le sieur Massoutin, caporal de voltigeurs 1er bataillon qui est entrée le premier dans une embrassure à la 2e batterie couverte à Malborghetto. Note : ce brave homme le mérite particulièrement. Durutte.
Idem. Pour le sieur Perny, sergent de grenadiers, 3e bataillon, intrépide soldat, dans la journée du 14, toujours le premier à l’attaque et le dernier à se retirer.
Idem. Pour le sieur Legros, tambour-major qui chargeant l’ennemi le 14 juin à la tête du 1er bataillon en a assommé cinq avec sa canne.
Idem. Pour le sieur Boitassi, sergent-major, 2e compagnie 2e bataillon portant l’aigle, qui dans le mouvement rétrograde à planter l’aigle sur l’alignement d’un bataillon du 112e et par son exemple a beaucoup servi au ralliement, ce sous-officier s’est toujours bien montré.
Idem. Pour le sieur Rennomet, grenadier 1er bataillon qui est entré le premier dans la première batterie à Malborghetto.
Idem. Pour le sieur Auby, sapeur, qui a brisé la palissade des 1ère et 2e batterie et en a facilité l’entrée.
Idem. Pour le sieur Magnin idem 1er bataillon idem
Idem. Pour M. Varrez, capitaine de grenadiers 2e bataillon, conduisant très bravement sa compagnie à l’ennemi à différentes reprises, et lui ayant fait éprouver une perte assez conséquente a été dangereusement blessé.
Idem. Pour M. Franck, capitaine de voltigeurs, 1er bataillon. A montré un courage à toute épreuve le 14 juin en chargeant à plusieurs reprises sur l’ennemi et rallié différentes fois les tirailleurs qui se retiraient.
Ceux qui ont été les plus remarqués et sont entrés des premiers dans les batteries et blockhaus à Malborghetto, sont :
Desnimes, sergent voltigeur 1er bataillon
Barberet, sergent-major, grenadier 4e
Couvreux, sergent grenadier 3e
Lopin, Sergent-major 2e compagnie 2e
Saint-Rémy grenadier 1er bataillon
Pousse idem 3e
Azot caporal 3e compagnie 1er bataillon
Hardin caporal 3e compagnie 3e bataillon
Picat grenadier 4e bataillon
Chevallier fusilier 2e compagnie 4e bataillon
André fusilier 2e compagnie 1er bataillon
Verdier sergent 1ère compagnie 1er bataillon
Villermet fusilier 1ère compagnie 1er bataillon
Ces militaires se sont de même très bien distingués le 14 juin. Les décorations qui leur seraient accordées seraient dignement soutenues, le nombre paraîtra grand ; mais la conduite du 62e régiment dans ces affaires a été vue de son altesse impériale, une demi-heure a suffi pour s’assurer de s’avancer, gravir, enfoncer et emporter trois batteries couvertes, deux blockhaus défendus par palissades, fossés, chemins couverts, 500 hommes, deux bouches à feu.
Le nombre des légionnaires a diminué de plus de 30 depuis trois ans au 62e qui s’est bien utilement montré dans le royaume de Naples.
Ps. Jean Pierre Joris, grenadier 4e bataillon s’est élancé au milieu d’un Bataillon ennemi le 14 juin pour prendre leur drapeau qu’il avait saisi de la main gauche quand on lui a coupé le poignet d’un coup de sabre. On demande la croix pour lui particulièrement
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 141. Page 293).

Le surlendemain, l'armée marche sur Komorn, toujours à la poursuite de l'Archiduc Jean; elle séjourne quelque temps aux environs de cette ville dans le but d'observer le Danube.

Le 17 juin, la Division Durutte s'empare de tous les moulins que l'ennemi avait retirés sur la rive opposée.

L'Ordre de l’Armée, daté du Quartier général à Gönyö le 17 juin 1809, et signé par le Général de Division Charpentier, chef de l’état-major général de l’armée et pour ampliation par l’Adjudant commandant Bartin, sous-chef de l’état-major général de l’armée signé, indique, dans son supplément, que : "Le colonel du 62e régiment réclame une jument que son domestique a perdu dans la journée du 14. Cette jument, alezan clair, tout crins, quatre ans, marquée légèrement en tête ; une balzane non dressée, portait une bride du 9e régiment de chasseurs, selle à la hussarde, chabraque bleue en pointe sur le derrière, un portemanteau. Dans un mouchoir et une pèlerine de taffetas noir ciré.
Les personnes qui auraient trouvé tout ou partie de ces objets sont invitées à les remettre au propriétaire
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 154. Page 319).

Le 22, l'armée se rapproche de Raab.

- Passage du Danube

Un grand mouvement se prépare, les deux armées françaises ont de nouveau opéré leur jonction et l'Empereur va leur faire traverser le Danube en face de l'armée autrichienne, établie dans de formidables positions.

Le 1er juillet, le 62e de Ligne a 4 Bataillons (2360 hommes) au 4e Corps (Armée d'Italie sous le Prince Eugène), Division Morand du centre Grenier, Brigade Valentin (Nafziger 809GCC).

Ce jour là, le Chef de Bataillon Poinsignon est blessé aux avant-postes sur le Danube.

La "Situation des troupes composant le corps du centre au 1er juillet 1809" donne des effectifs différents et plus précis : "... 2e division M. le général Durutte ...
1ère brigade M. le général Valentin
62e de ligne à Zamohy : 53 officiers et 1759 hommes présents, 19 chevaux d’officiers ; 18 officiers, 389 hommes et 2 chevaux d’officiers détachés à Klagenfurt, Ozopo et Raab ; 12 officiers et 985 hommes aux hôpitaux ; 8 hommes prisonniers de guerre, 141 hommes en jugement ou égarés ; total : 3365 hommes et 21 chevaux ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 177. Page 364).essé aux avant-postes sur le Danube (Martinien).

Les 2, 3 et 4 juillet, l'Armée d'Italie marche sur Schwachat. Dans la nuit du 4 au 5, le plan de Napoléon est mis à exécution : la Grande Armée d'abord, l'Armée d'Italie ensuite passent le Danube au dessous du point primitivement choisi et rendent ainsi inutiles les ouvrages considérables élevés par les Autrichiens.

L'Armée d'Italie a commencé son mouvement à 8 heures du matin, elle vient de se former sur la rive opposée lorsque ses Divisions sont invitées à se porter dans la plaine de Marchfeld et à suivre le mouvement de Davout. Les soldats, jaloux de concourir avec ceux de la Grande Armée aux desseins de l'Empereur et de combattre sous ses yeux, brûlent du désir de lui prouver leur zèle et leur dévouement.

- Bataille de Wagram (5 et 6 juillet)

Les 5 et 6 juillet, le 62e de Ligne a 3 Bataillons au sein de la Brigade Bruch, Division Durutte, du 6e Corps Général de Division Grenier (Nafziger 809GCE - sources : M. Rauschensteiner, "Die Schlacht bei Deutsch-Wagram am 5. und 6. Juli 1809"; Litre, E. F., "Les Régiments d'artillerie à pied de la Garde", Paris, 1895; Buat, E., "Etude Critique d'Histoire Militaire, 1809, de Ratisbonne à Znaïm", Librairie Militaire R. Chapelot et Cie, Paris, 1909).

A 6 heures et demie du soir, le Général Grenier reçoit l'ordre de soutenir le Général Macdonald entre Daumersdorf et Deutsches Wagram. La Division Dupas franchit aussitô un ruisseau sous une grêle de mitraille; elle est suivie par les autres Divisions. Les troupes avancent au pas de charge sur la hauteur et mettent l'ennemi en fuite; mais les fuyards sont bientôt ramenés au combat par des masses considérables d'Infanterie; les Divisions françaises de réserve arrivent, la charge est battue, plusieurs carrés ennemis jettent· leurs armes. Les autres carrés se disposent déjà à suivre l'exemple des premiers, l'Armée d'Italie va avancer la victoire de Wagram d'un jour, lorsqu'une Division alliée, celle des Saxons, trompée par l'obscurité, prend pour ennemies les Divisions Durutte et Séras et exécute sur elles des feux très violents. Cette méprise cause quelque désordre, à la faveur duquel les Autrichiens se reforment et nous sommes obligés de quitter la position conquise et d'abandonner quatre drapeaux sur les cinq, qui ont été pris à l'ennemi.

Le Lieutenant Fabre, soutenu seulement par quelques hommes, essaie de paralyser, sur le plateau, les efforts de l'ennemi; il ne peut y réussir et tombe blessé en se défendant avec intrépidité. Le Sous-lieutenant Joux reste de son côé un des derniers sur le plateau ct rallie plusieurs hommes avec lesquels il remonte, quelques instants après, sur la même position pour protéger les blessés. Le Sous-lieutenant Terriez charge l'ennemi, fait prisonnier un Officier, mais tombe au même moment atteint d'un coup de feu.

L'Armée d'Italie revient prendre les mêmes positions que dans la journée.

Le Capitaine adjudant major Prieur a été tué; le Capitaine Maljean, blessé, décède le 25; les Chefs de Bataillon Poinsignon et Coussaud, les Capitaines Dumay, Kayser, Lafond, Magers, Lenouaut, Dufeux, les Lieutenants Franck, Fabre, Fricot, les Sous lieutenants Bertrand, Terrier sont blessés (Martinien).

Le lendemain, l'action décisive va se donner. Dès le point du jour, le combat commence. Tandis que nos deux ailes sont engagées, Macdonald attaque le plateau abandonné la veille; il est près de réussir quand son flanc droit se trouve à l'improviste menacé par une colonne ennemie, contre laquelle le Vice-Roi d'Italie se hâte de lancer la Division Durutte. A peine celle-ci s'est-elle portée en avant que l'ennemi démasque une batterie de douze pièces, Durutte n'en a que six à lui opposer; malgré cette infériorité, il fait avancer ses troupes en deux colonnes sur le village de Breitenlee.

A ce moment, Macdonald reçoit l'ordre de forcer le centre autrichien; ce Général rassemble toutes ses forces et exécute la fameuse charge qui nous donna la victoire. Pendant l'exécution de ce mouvement, la Division Durutte ne cesse de protéger le flanc droit de Macdonald ct contribue ainsi puissamment au succès.

Sans parler de la Grande Armée, l'Armée d'Italie fait dans cette journée 2500 prisonniers et prend 8 pièces; elle a perdu 350 Officiers et 6000 soldats. Pour sa part, le Régiment a 2 Officiers et 75 Sous-officiers et soldats tués, 13 Officiers et 153 Sous-officiers et soldats blessés (Historique régimentaire).

Pour la journée du 6, le Lieutenant Decombes, les Sous lieutenant Ganeval et Guéniot sont blessés (Martinien).

"Ainsi finit, dit Napoléon, la bataille de Wagram, que l'on peut considérer comme la plus mémorable des temps modernes tant par les masses imposantes qui combattirent dans cette terrible journé que par la durée et l'opiniâtreté de la lutte et par la grandeur et la variété des moyens que chaque parti employa pour obtenir la victoire".

Le 13 juillet, l'Armée d'Italie sous le Prince Eugène est réorganisée; le 62e de Ligne a 3 Bataillons à la Brigade Bruch, 3e Division Durutte (Nafziger 809GCl - source : Buat, E., "Etude Critique d'Histoire Militaire, 1809, de Ratisbonne à Znaïm", Librairie Militaire R. Chapelot et Cie, Paris, 1909).

L'armée ennemie est complètement désorganisée, l'Empereur d'Autriche demande un armistice qui est signé à Znaym le 14 juillet. Après la bataille de Wagram, l'Armée d'Italie a marché contre l'Archiduc Jean, qui s'est rapproché du théâtre de la lutte.

Le 14 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, à Alexandre, Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Allemagne, à Schönbrunn: "Mon Cousin, l'armée d'Italie sera organisée de la manière suivante :
1re division, commandée par le général Broussier, les. 9e, 84e et 92e.
2e division, commandée par le général Lamarque, les 13e, 29e, 32e et 53e.
3e division, commandée par le général Durutte, les 23e léger, 62e et 102e.
4e division, commandée par le général Pacthod, les 1er de ligne, 52e, 106e et 112e ;
Division Severoli, tous les Italiens.
Les 4es bataillons du 1er léger et du 42e, avec le parc, au quartier général.
Deux brigades de cavalerie légère, composées chacune de deux régiments ; un des cinq régiments continuera à rester avec la brigade Thiry.
Enfin, les deux divisions de dragons des généraux Grouchy et Pully.
Les 3es et 4es bataillons des régiments de l'armée de Dalmatie rejoindront le maréchal Marmont.
Vous donnerez ordre que le maréchal Macdonald, avec deux divisions et une brigade de cavalerie légère, se porte sur Graetz ; que la division Severoli se porte sur Klagenfurt. Vous donnerez ordre que les deux autres divisions, une brigade de cavalerie légère et les deux divisions de dragons restent jusqu'à nouvel ordre sur la March
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15522 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21494).

Le 16 juillet 1809, au Quartier général à Presbourg, "Son Altesse Impériale le prince vice-roi d’Italie, général en chef, donne l’ordre du jour de l’organisation de l’armée d’Italie, arrêtée par S. M. l’Empereur le 15 courant, savoir.
... 3e division, général Durutte, 23e léger, 62e, 102e de ligne ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 137 page 290).

L'Armée d'Italie est dirigée vers la Hongrie et le Corps de Grenier vient occuper la Styrie.

Le 9 août 1809, "On propose à Sa Majesté de nommer à l'emploi de 3e porte-aigle au 62e régiment le sieur Pinot, caporal et légionnaire" ; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3420 - Non signée; extraite du "Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 7 juin 1809").

Le 3 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Major Général de l'Armée d'Allemagne : "Mon cousin ... Vous donnerez l’ordre au vice-roi de renvoyer en Italie le cadre des 4es bataillons du 92e, du 62e, en retenant tous les hommes disponibles et les incorporant dans les autres bataillons ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3520 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21962).

Le 14 septembre 1809, à Schönbrunn, on informe l'Empereur que "Le prince Eugène sollicite de l'Empereur un secours extraordinaire de 30.000 francs, pour les régiments de l'armée d'Italie"; Napoléon répond : "Il sera accordé aux 52e, 29e, 1er de ligne, 102e, 62e, qui viennent de l'armée de Naples, 30000 francs à compte sur leurs masses de ce que leur doit le roi de Naples, Cette somme sera employée à mettre dans le meilleur état l'administration de ces corps" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3569).

Ainsi finit la campagne de 1809. Parti des bords de l'Adige, le 62e est arrivé, vainqueur, sur les hauteurs de Wagram. Malborghetto, Saint-Michel, Raab, Wagram deviennent désormais des noms impérissables. Wagram est la plus mémorable journée des temps modernes, a dit Napoléon : "Wagram" a été inscrit sur le drapeau du 62e.

Le 30 septembre 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Oedembourg, à S. A. I. le Prince Vice-Roi, Général en chef à Vienne : "Monseigneur, j’ai l’honneur d’adresser à V. A. I. les lettres cachetées de MM. les colonels et officier supérieurs des divisions sous mes ordres, pour la présentation des militaires jugés dignes d’obtenir les décorations de la Toison d’or, comme commandants et chevaliers des régiments.
Ces lettres sont au nombre de ...
Division Durutte : 1 pour le 4e bataillon du 1er d’infanterie légère, 5 pour le 23e léger, 5 pour le 62e, 4 pour le 102e ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 70 page 154).

Le 12 octobre 1809, le Général de Division Grenier écrit à S. A. I. le Prince Vice-Roi, à Vienne : "J’ai l’honneur d’adresser à V. A. I. une demande du conseil d’administration du 62e régiment ; elle jugera de l’avantage que cette demande présente et qui pourrait être applicable aux autres régiments venus du royaume de Naples" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 76 page 166).

Suite à une réquisition de draps ordonnée le 17 septembre 1809 par le Prince Eugène, Vice-Roi d’Italie, Général en chef, l’Adjudant commandant chef de l’état-major, le Baron Forestier, en adresse le 21 octobre 1809, depuis Adembourg, au Général de Division Comte Grenier le procès verbal suivant : "Moi soussigné adjudant commandant, baron de l’empire, chef de l’état-major du corps d’armée commandé par M. le général de division comte Grenier, certifie que le comitat d’Adembourg a fait verser entre les mains de M. Frank capitaine du 62e régiment d’infanterie, chargé par le général Grenier de la surveillance du magasin, à compte de la réquisition de 7160 aunes de drap, faite par le général comte Vignolle, chef de l’état-major général de l’armée d’Italie, en vertu des ordres de son altesse impériale le prince vice-roi général en chef, la quantité de 5191 aunes de drap de diverses couleurs, pour laquelle quantité le présent servira de décharge, et annule par suite tous les récépissés provisoires du capitaine Frank qui devront m’être remis.
Le comitat demeurant néanmoins chargé de remplir la réquisition entière des 7160 aunes, il fera verser de suite dans les magasins de l’intendance générale à Oedenbourg le complément de cette réquisition, montant à 1969 aunes ; laquelle quantité servira de remplacement d’une autre pareille quantité prise en vertu des ordres du général comte Vignolle, chef de l’état-major général de l’armée d’Italie, dans les magasins de l’intendant général, savoir : 1431 aunes de drap de capotes pour le 102e régiment et 538 de drap blanc pour le 52e régiment
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 198. Page 405).

Quatre jours plus tard, le 25 octobre 1809, l’Adjudant commandant Baron Forestier, chef d’état-major du Corps du Général Grenier, adresse depuis Oedembourg un "Etat pour servir à constater la recette des draps de réquisition du 17 septembre 1809, faite par Son Altesse Impériale le prince Eugène Napoléon de France, Vice-Roi d’Italie, général en chef, et l’emploi des dits draps.
Recettes.
Du comitat d’Oedembourg 5191 aunes
De Wisselbourg 3710
De Günz 1600
Total 10501
La copie du récépissé de 5191 aunes que j’ai faite au comitat d’Oedembourg et que j’ai envoyée au chef de l’état-major général indique que ce comitat reste chargé de verser 1969 aunes dans le magasin de l’intendance générale.
Distributions
... Au 62e régiment d’infanterie de ligne 1480 aunes, 1 pièce justificative ... Total égal 10501 aunes, 22 pièces justificatives
Certifié le présent état de distribution des draps conforme aux pièces justificatives qui m’ont été remises par M. Frank officier au 62e et M. Bernard chef de l’état-major de la division Pacthod, lesquelles pièces justificatives au nombre de 22 ont été envoyées à M. le général comte Vignolle chef de l’état-major général
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 199. Page 407).

Le 8 décembre 1809, le Général de Division Grenier ordonne, depuis Gratz, à MM. Rayez et Lenormand, du 62e de ligne : "En suite des ordres de S. A. S. le Prince de Neuchâtel, transmis par M. le maréchal Duc de Tarente, il est enjoint à M. le chef de bataillon à la suite du … de partir le 8 courant en poste pour se rendre à Paris où étant, il se présentera chez M. le général Hullin qui lui fera connaître sa destination" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 86 page 185).

Le même jour, 8 décembre 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Gratz, au Maréchal Duc de Tarente, à Gratz : "Conformément à la lettre de V. E. du 7 courant, je viens de donner l’ordre aux trois chefs de bataillon désignés dans l’état ci-joint de partir en poste pour se rendre à Paris. J’en donne avis à S. A. I. le Prince Vice-Roi et à S. E. le Ministre de la Guerre ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 86 page 185).

Puis, toujours le 8 décembre 1809, le Général de Division Grenier écrit ensuite au Ministre de la Guerre, Duc de Feltre, à Paris : "J’ai l’honneur de rendre compte à V. E. qu’en suite des ordres de S. A. S. le Prince de Neuchâtel, transmis par M. le maréchal Macdonald, Duc de Tarente, je viens d’enjoindre M. Revel chef de bataillon à la suite du 1er de ligne, Lenormand et Rayez, chefs de bataillon à la suite du 62e, de partir en poste pour se rendre à Paris, le 1er au reçu de l’ordre, étant en ce moment employé avec un détachement du 1er régiment en Italie ; et les 2 autres le 12 courant, j’écris auquel l’ordre doit leur parvenir étant cantonnés dans les environs de Marbourg ; ces officier ont l’ordre de s’adresser lors de leur arrivée à Paris au général Hullin" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 86 page 186).

Enfin, toujours le 8 décembre 1809, le Général de Division Grenier écrit au Prince Vice-Roi, Général en chef, à Milan : "J’ai l’honneur de rendre compte à V. A. I. qu’en suite des ordres de S. A. S. le Prince de Neuchâtel, transmis par M. le maréchal Duc de Tarente, je viens de faire partir de suite et en poste pour Paris MM. Revel, Lenormand et Rayez, chefs de bataillon à la suite le 1er du 1er de ligne et les 2 autres du 62e ; arrivés à Paris, ces officier s’adresseront au général Hullin qui leur fera connaitre leur destination" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 86 page 186).

Le 10 décembre 1809, le Général Grenier écrit, depuis Graz, au Maréchal Macdonald, à Graz : "J’ai l’honneur de prévenir votre excellence qu’en conformité de ses ordres, le mouvement des deux divisions d’infanterie de mon commandement commencera le 15 de ce mois ainsi qu’il suit :
Division Durutte.
... Le 62e recevra le 15 à Ehrenhausen, logera le 16 à Marbourg, et arrivera à Gorizia le 29, ayant un séjour le 20 à Cilly ...
Demain matin, je ferai connaître au général Vignolle le mouvement des deux divisions avec l’itinéraire détaillé, je prie V. E. de faire donner les ordres nécessaires pour que les troupes soit fournies de logement en logement des voitures de troupes, je pense qu’il en faudra par bataillon
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 207. Page 423).

Le 2 janvier 1810, le général Durutte écrit, depuis Villach, au Général Grenier : "J’ai l’honneur de vous envoyer copie d’une lettre que j’ai reçue hier au soir du général Vignolle par laquelle il me prescrit d’envoyer deux bataillons à Lientz et un à Sachsenbourg ...
Nous continuons d’être sans lettres ; il parait que Chauméry ne s’est pas contenté de ne pas venir ici, mais qu’il retient toutes nos dépêches, car je n’ai pas encore reçu une seule lettre du général Pastol depuis mon départ de Marbourg. De sorte que j’ignore où se trouve mon artillerie et où a été arrêté le 62e régiment ; je ne puis supposer que cet officier général ne m’ait point encore écrit
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 219. Page 447).

Le 14 janvier 1810, le Général Comte Vignolle écrit, depuis Milan, au Général Grenier : "J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’amitié de m’écrire le 7 de ce mois, en m’adressant l’état d’emplacement que vous avez arrêté pour la division Pacthod, et je l’avais déjà transmis au prince vice-roi lorsque j’ai reçu de Son Altesse une disposition générale du placement des troupes qui rentrent dans l’intérieur du royaume d’Italie, et d’après laquelle le 1er régiment de ligne et le 106e régiment doivent se rendre l’un à Padoue et l’autre à Vicence ; quant au 52e et au 112e régiments, leur destination est pour Bologne, Forli et Faenza. Le 62e régiment doit se rendre à Udine et les deux autres régiments de la division Durutte sont destinés à rester dans le cercle de Villach jusqu’à ce que le cercle et la frontière du Tyrol qu’il contrôle, soient tranquilles ; alors on n’y laissera qu’un régiment réparti en cantonnement par bataillon, un à Villach, un à Lientz et un à Sachsenbourg, avec un général de brigade qui commandera le tout ...
Je transmets à M. le maréchal Macdonald les dispositions prescrites à cet égard par Son Altesse Impériale en exécution des ordres de l’Empereur. Car c’est un travail que le prince a fait avec Sa Majesté et d’après tous les mouvements, j’invite de la part de Son Altesse Impériale, M. le maréchal à se rendre à Milan où Son Altesse compte elle-même être de retour vers la fin de ce mois.
De vous à moi, je crois aussi que le maréchal Macdonald aura obtenu la destination qu’il a demandée, celle d’être employé à l’armée d’Espagne, je n’en ai cependant pas de certitudes et Son Altesse ne m’en a pas écrit un mot. Quant à ce qui vous concerne particulièrement, général, le prince dit dans la dépêche qu’il m’adressée et qui contient tous ses ordres : « le général Grenier irait prendre le commandement de la division militaire d’Ancône et je vous charge de lui écrire une lettre particulière pour le prévenir que j’y affecterais un traitement particulier ».
Quel que soit votre détermination à cet égard, mon cher général, j’espère que nous aurons l’avantage de vous posséder quelques jours à Milan et en m’en félicitant d’avance particulièrement, je vous prie d’agréer l’expression réitérée de mes sentiments de haute considération et de mon entier dévouement
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 222. Page 453).

Le 16 janvier 1810, le Général de Division Grenier écrit, depuis Udine, au Général Vignolle, à Milan : "Par une lettre du 7 de ce mois, j’eus l’honneur de vous annoncer mon arrivée à Udine et de vous envoyer la répartition des cantonnements que j’avais arrêté pour la division Pacthod, cette division y est arrivée aux jours indiqués et a été établie conformément à cette répartition ; tous les régiments sont passablement bien, à l’exception du 1er de ligne qui occupe quelques pauvres villages où les soldats n’ont pas même de la paille ; je compte y remédier en envoyant un bataillon de ce régiment à Palma, aussitôt que le commandant de cette place m’aura fait connaitre que le casernement et les fournitures nécessaires sont en bon état. J’ai fait rentrer à leurs corps respectifs tous les hommes qui se trouvaient au dépôt d’Udine et appartenant à la division Pacthod ; par suite de cette mesure, j’ai dû envoyer des compagnies du 112e à Osoppo tenir garnison. Le général Durutte m’a annoncé que d’après vos ordres, il avait envoyé à Lienz 2 bataillons du 23e d’infanterie légère et le 3e à Sachsenbourg ; il me mande aussi que le général Baraguey d’Hilliers lui a écrit de faire passer des vivres à Lienz et que l’intendant du cercle de Villach dit qu’il ne peut obtempérer à cette demande, cependant le général Durutte y a envoyé 8000 rations d’eau de vie, et a du depuis y faire arriver cent quintaux de farine, bien faible ressource pour un pays dénué de tout et s’i l’on veut y conserver des troupes, il faut y faire arriver des substances à quel prix que ce soit. Le général Garreau est dans la vallée de la Gail pour faire opérer le désarmement, ce qui se fait très paisiblement. Le général Durutte se plaint que les troupes sont fort mal dans le cercle de Villach, et qu’elles manquent de tout, surtout les capottes, les billets de la banque de Vienne étant réduits à rien, il demande qu’il soit envoyé de l’argent pour la solde, d’autant plus qu’elles ne peuvent plus exiger de vivres comme en Styrie ; d’un autre côté, l’intendant, en vertu des ordres de l’intendant général des provinces illyriennes, se refuse à toute demande et l’ordonnateur de l’armée ne donne aucun secours. Il est plus que temps de faire cesser cet état de choses. Le général Gérard a reçu l’ordre du maréchal Macdonald d’envoyer le 6e régiment de chasseurs à Gorizia par Caporetto et Canale. Le maréchal ne savait pas que ce chemin est impraticable par les neiges, je pense que le général Gérard aura pris sur lui de les diriger par Laybach ; je vais écrire au général Durutte ; comme je vous l’ai annoncé, j’enverrai ce régiment à Monfalcone et environs ; mais je ne pense pas qu’il puisse ainsi que le 62e rester longtemps dans le comté de Gorizia, le maréchal Marmont étant trop intéressé à conserver le peu de ressources que ce pays offre encore ; il serait donc bon de me faire connaitre à l’avance l’emplacement que S. A. I. destine tant pour la brigade de cavalerie que pour la division Durutte. J’ai donné l’ordre au général Pacthod de faire dresser un état nominatif par corps des hommes qui existent qui sont dans le cas de la réforme ou de la retraite ; aussitôt que ces états m’auront été remis, je vous les adresserai pour que vous donniez les ordres d’envoyer ces hommes aux dépôts des régiments pour y attendre une revue d’inspection. Je vous prie en même temps de donner ceux nécessaires pour faire partir des dépôts tout ce qui sera jugé propre aux bataillons de guerre" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 88 page 189).

Le 18 janvier 1810, le Maréchal Macdonald écrit, depuis Goritz, au Général Grenier : "Mon cher général, d’après les ordres de S. A. I. que me transmet le général Vignolle, vous ferez exécuter le mouvement suivant à une partie de votre corps, savoir :
... Dès que les troupes du général Durutte auront été remplacées dans le cercle de Villach, par celles du maréchal Marmont, un seul régiment restera à Lientz avec un général de brigade, l’autre viendra à Osopo, Vensone et Gemona, le 62e à Udine avec le général Durutte, l’artillerie, personnel et matériel à Palmanova.
Pour vous personnellement, mon cher général, vous devez vous rendre à Ancône pour y prendre le commandement de la division militaire, je désire que cette destination vous convienne, autrement passant par Milan où S. A. I. doit être rendue du 25 au 30 de ce mois, vous y arrangerez vos affaires. J’y suis appelé sans savoir si c’est à poste fixe. Je dirige mes équipages jusqu’à Brescia, j’espère toujours recevoir l’ordre que j’ai sollicité de passer en Espagne ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 225. Page 459).

Le 19 janvier 1810, le Général de Division Durutte écrit, depuis Villach, au Général de Division Comte grenier : "J’ai l’honneur de vous envoyer une copie de deux lettres, que je viens de recevoir du général Vignolle. Il vous a sans doute donné avis du mouvement qu’il fait exécuter au 62e de ligne.
Dès que le général Garreau sera revenu de la vallée de la Gaille, j’exécuterai les dispositions qu’il prescrit par sa lettre du 13 janvier.
Le désarmement va assez bien et s’exécute sans résistance.
Il y a quelque temps, que je n’ai pas reçu de vos nouvelles. N’auriez-vous pas reçu mes lettres, ou votre santé serait-elle dérangée ?
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 226. Page 461).

Le 22 janvier 1810 à minuit, le Maréchal Macdonald écrit, depuis Palmanova, au Général Grenier : "Mon cher général … pour éviter les retards, veuillez bien donner des ordres directs au général Pastol resté à Goritz de se rendre à Udine avec le 62e régiment lorsque la division du général Pacthod aura effectué son mouvement" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 227. Page 463).

- Le 62e revient en Italie; Naples, 1810

Plaque de shako 62e de Ligne 1810-1812
Fig. 1Ter Plaque de shako à soubassement, vers 1810-1812 (extraite de "Catalogue de Curiosités Militaires"; 1912).
Plaque originale, sans doute de Grenadiers, assez similaire à la précédente (avec l'aimable autorisation de Mr J. M. Lefevre)

Le Régiment demeure en Styrie jusqu'en avril 1810, époque à laquelle il est dirigé vers la Basse Italie. Il y tiendra garnison jusqu'en 1811.

Le 11 mars 1810, Murat écrit, depuis Naples, au Général Cavaignac, à Monteleone : "… Le 1er régiment de ligne, le 62e, le 101e et le l0e sont en marche pour les Calabres et pour Castro Villari ; mes équipages et ma garde sont aussi en route pour Cosenza et Monteleone, de manière que je serai au milieu de vous, au moment même où toutes mes troupes pourront y être réunies ; cependant tous les préparatifs de l'expédition se feront …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 8, p. 216, lettre 4800).

Le 23 avril 1810, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vous envoie un ordre du jour pour l'armée de Naples. Vous le ferez imprimer et vous l'enverrez aux généraux, colonels et chefs de bataillon de l'armée de Naples. Vous écrirez au roi que je n'entends pas raillerie là-dessus et que je rendrai responsables le commandant de sa garde et de ses régiments ; que j'enverrai de Paris ordre directement à mes généraux de les faire arrêter s'ils s'avisent de transgresser mes ordres.
ANNEXE
Ordre daté du 22 avril 1810
Sa Majesté l'Empereur ordonne ce qui suit.

... 62e régiment de ligne
Les nommés : Combes fourrier, Lalo id., Chataux caporal, Antoine id., Foucras fourrier, Fayolle grenadier, Dumoulin voltigeur ...
qui ont déserté de leur corps et qui se trouvent dans la garde du roi de Naples, et dans les troupes napolitaines, seront sur-le-champ renvoyés à leurs corps, par les commandants de la [dernière] garde et des régiments napolitains, sous leur responsabilité particulière.

62e régiment d'infanterie de ligne
Les nommés :
Pierre Tasterre fusilier, Guilbert Jacquet id., Pierre Massville id., Pierre Granier id., Philippe Dumasset id., Paul Renard id., Paul-Marie Regard id., Pierre-Claude Gaillard id., Guillaume Masse id
...qui se trouvent dans la Garde du roi de Naples ou dans les régiments napolitains, sont autorisés à passer à ce service.
Ils seront en conséquence rayés des contrôles de leurs corps.

Le trésor de Naples remboursera aux conseils d'administration des régiments suisses, d'Isembourg et de La Tour d'Auvergne, tout ce qu'ont coûté ces hommes pour leur recrutement et habillement. 4°
Il est enjoint au commandant en chef de notre armée de Naples, au général chef de l'état-major, à tous nos généraux et chefs de corps, et aux généraux et officiers commandant la garde et les corps napolitains, de ne recevoir ou faire recevoir aucun individu faisant partie des corps français ou des corps étrangers à notre service ; il leur est ordonné, ainsi qu'aux commandants des régiments étrangers qui sont à notre service à Naples, de faire arrêter et reconduire à leurs corps les individus déserteurs qui seraient entrés ou entreraient dans la garde napolitaine ou ailleurs ; ils les feront arrêter partout où ils les trouveront
" (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23466).

Le 1er mai 1810, "... Les 3 bataillons de guerre du 62e régiment, en marche pour Castrovillari, de s’y établir provisoirement ...
Aperçu des premières opérations de S. M. le Roi de Naples, pour la réunion d’un corps d’armée en Calabres
Le corps d’armée se réunira entre Bagnara, Scilla et Reggio.
Corps d’armée ; il se compose :
2 divisions françaises : de 2 bataillons du 1er de ligne, 4 du 10e, 4 du 20e, 2 du 62e, 3 du 101e, 3 du 22e d’infanterie légère, 2 du 1er régiment suisse, 1 d’élite du régiment de la Tour d’Auvergne, et 4 escadrons de guerre des 4e et 9e chasseurs à cheval, formant ensemble deux divisions françaises non comprise l’artillerie et évaluées approximativement à 15000 hommes ...
" ("Journal des mouvements opérés dans le corps d’armée impérial, commandé par Sa Majesté le Roi de Naples, ensuite des dispositions qu’Elle a ordonnées. Du 1er au 8 mai", adressé de Naples le 10 mai 1810 au Ministre de la Guerre, par le Général Grenier - Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 119. Page 246).

"... Le 10 [juin] au matin un nouveau convoi ayant été signalé au cap Vatirano, faisant aussi route sur Bagnara, l’ennemi sortit de nouveau du phare avec toute sa flottille composée de 45 à 50 bâtiments armés, parvint à joindre les dernières voiles du convoi, au moment même où elles allaient arriver sous la protection des batteries de terre et les attaqua avec fureur.
La marine napolitaine n’avait dans ce moment à lui opposer que 7 chaloupes canonnières et, malgré cette inégalité de forces, elle soutint cet engagement avec un courage et un acharnement, dignes des plus grands éloges. Son feu fut même si bien dirigé que trois des canonnières ennemies furent coulées dans l’action ; elle y perdit, il est vrai, 5 bâtiments de transport et 2 chaloupes canonnières ; mais cette perte de la marine napolitaine lui laissait encore tout l’avantage du combat, vu l’extrême infériorité de ses forces. Cet avantage s’accrut encore lorsqu’au moment où l’ennemi se retirait au phare, avec ses prises, S. M. fit enlever, à l’abordage, presque au milieu de sa flottille, une chaloupe canonnière, la 4e qu’il perdit dans cet engagement. Ce fut en vain que toutes ces voiles revirant de bord cherchèrent à reprendre la canonnière six honteusement enlevée ; elle entra sous leurs yeux au mouillage de Scilla.
D’après tous les rapports, la perte de l’ennemi dans cet engagement dut être considérable, ainsi que les avaries de ses bâtiments ; celle éprouvée de notre côté consista en 12 hommes, dont un tué et 11 blessés, savoir : 8 de la marine et de l’artillerie napolitaines, 1 du 1er régiment de ligne, et 3 du 62e ...
" (Résumé Historique - Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82. Page 172 et suivantes).

"… Les troupes de terre ont perdu quatre hommes dans le combat du 10, dont un tué et trois blessés ; trois de ces hommes appartiennent au 62e" (Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 123. Page 254).

Le 22 juin 1810, l'Empereur écrit, depuis Scilla, à Napoléon : "J'ai l'honneur de prévenir V. M. qu'aujourd'hui à 4 heures du matin, l'ennemi a signalé un de mes convois par le travers de Nicotera. Le général Stuart a fait aussitôt hisser à toute sa flottille le signal de chasse générale. Elle était toute partie dès 5 heures du matin et faisait voile sur le convoi ; mais ayant vent debout, et, conséquemment, mon convoi vent en poupe, l'ennemi n'a pu engager le combat avec l'escorte de mon convoi qu'à 2 heures et demie. M'apercevant de sa manœuvre, j'ai fait sortir de Scilla dix scoridors, cinq canots de ma garde, et dix ou douze barques portant des grenadiers du 62e et des voltigeurs de ma garde. Les huit canonnières qui étaient à Bagnara ont reçu l'ordre d'aller au-devant du convoi et de le protéger. Six scoridors de l'ennemi ayant forcé de rames, avaient déjà, de beaucoup, dépassé la flottille et étaient près d'arriver sur le convoi, lorsque mes scoridors leur ayant donné chasse les ont forcés de virer de bord et de se réunir au restant de la flottille. Cependant mon convoi était déjà arrivé au-delà de Pietra Nera et continuait tranquillement sa route sur Bagnara. Réunis à la flottille et protégés par elle, les scoridors ennemis en ont repris la tête et marché de nouveau à force de voiles sur mon convoi. Enfin l'action s'est engagée sous la Corona, elle est devenue générale. Vingt-huit de mes canonnières ont engagé le feu avec toute la flottille ennemie, composée de cinquante et quelques voiles, parmi lesquelles plus de vingt canonnières portant du 24, et aux cris de « Vive l'Empereur, Vive le Roi » elles marchaient sur elle, et couraient à l'abordage, lorsqu'après cinq heures de combat, l'ennemi a honteusement pris chasse, ayant eu quatre canonnières coulées bas, et celle du commandant de la flottille Natoli prise à l'abordage. Aucune de mes canonnières n'a souffert ; je n'ai pas même perdu une seule barque, et, au moment où j'ai l'honneur d'écrire à V. M., à minuit, tout le convoi, fort de deux cents voiles, rentre dans le port de Scilla. Cette action couvre de gloire ma marine. Elle fait le plus grand honneur au capitaine de frégate St-Caprais qui l'a commandée. L'ennemi doit avoir considérablement perdu, puisque pendant deux heures, mes canonnières ont épuisé toute leur mitraille, et qu'outre les canonnières qu'il a perdues, nous en avons vu plusieurs ramenées à la remorque. J'aurai l'honneur d'adresser à V. M. le rapport de cet officier sur une affaire qui doit avoir tant d'influence sur les opérations ultérieures et qui s'est passée sous les yeux de la Sicile et des Calabres. Nous commençons déjà à avoir quelques prisonniers anglais.
Je dois faire observer à V. M. que ce convoi avait appareillé de Tropea, sous les yeux de la croisière ennemie, composée d'un vaisseau, d'une frégate, d'une corvette et de douze ou quinze petits bâtiments armés. Tout le restant des convois arrivés au Pizzo passera vraisemblablement cette nuit au cap Vaticano. Je ne pense pas que l'ennemi ait envie de nous chercher querelle demain
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 8, p. 383, lettre 5027).

Le même 22 juin 1810, Murat écrit ensuite, depuis Scilla, à son Ministre de la Guerre Daure : "Monsieur le ministre, ainsi que je l'ai annoncé hier, le convoi de Pietra Nera était entré à 4 heures du matin, sans avoir été inquiété, dans la rade de Scilla.
Ce matin à 4 heures, l'ennemi a signalé un de mes convois par le travers de Nicotera, le général Stuart a fait aussitôt hisser à toute sa flottille le signal de chasse générale : elle était toute partie dès 5 heures du matin et faisait voile sur le convoi; mais ayant vent debout et conséquemment mon convoi vent en poupe, l'ennemi n'a pu engager le combat avec l'escorte de mon convoi qu'à 2 heures ½ ; m'apercevant de sa manœuvre j'ai fait sortir de Scilla dix scoridors, cinq canots de ma garde et dix ou quinze barques portant des grenadiers du 62e et des voltigeurs de ma garde ; les huit canonnières qui étaient à Bagnara ont reçu l'ordre d'aller au-devant du convoi et de le protéger, six scoridors de l'ennemi ayant forcé de rames avaient déjà dépassé de beaucoup la flottille et étaient près d'arriver sur le convoi, lorsque mes scoridors leur ayant donné chasse les ont forcés de virer de bord et de se réunir au restant de la flottille. Cependant mon convoi avait déjà dépassé Pietra Nera et continuait tranquillement sa route sur Bagnara. Réunis à la flottille et protégés par elle, les scoridors ennemis ont repris la tête et marché de nouveau à force de voiles sur mon convoi. Enfin, l'action s'est engagée sous la Corona, elle est devenue générale : vingt-huit de mes canonnières ont engagé le feu avec toute la flottille ennemie, composée de cinquante et quelques voiles, parmi lesquelles vingt et quelques canonnières portant du 24, et aux cris de Vive l'Empereur et Vive le Roi, elles marchaient sur elle et couraient à l'abordage, lorsque, après cinq heures de combat, l'ennemi a honteusement pris chasse, ayant eu quatre canonnières coulées et celle du commandant de la flottille Natoli prise à l'abordage. Aucune de mes canonnières n'a souffert ; je n'ai pas même perdu une seule barque, et au moment où j'écris, à 11 heures du soir, tout le convoi fort de deux cents voiles rentre dans le port de Scilla. Cette action couvre de gloire ma marine et fait le plus grand honneur au capitaine de frégate S'-Caprais qui l'a commandée.
L'ennemi doit avoir considérablement perdu, puisque pendant deux heures mes canonnières ont épuisé toute leur mitraille et qu'outre les canonnières qu'il a perdues, nous en avons vu plusieurs ramenées à la remorque.
Je vous adresserai pour être mis dans les journaux, le rapport de cet officier sur une affaire qui doit avoir tant d'influence sur les opérations ultérieures. Faites connaître, en attendant, par une gazette extraordinaire ce premier résultat d'une action qui s'est passée sous les yeux de la Sicile et des Calabres. Nous commençons déjà à avoir quelques prisonniers anglais.
Il est bon d'observer que ce convoi avait appareillé de Tropea sous les yeux d'une croisière ennemie composée d'un vaisseau, d'une frégate, d'une corvette et de douze ou quinze petits bâtiments armés. Le restant des convois arrivés au Pizzo passera vraisemblablement cette nuit au cap Vaticano. Je ne pense pas que l'ennemi ait envie de nous chercher querelle demain : voilà une belle réponse à faire à ceux qui disaient que l'ennemi nous laissait arriver à Scilla pour nous détruire tout d'un coup. Ma santé est fort bonne ; si ce soir j'avais eu de quoi transporter quatre mille hommes et les canonnières à ma disposition, je serais passé en Sicile, sans recevoir un coup de canon.
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 8, p. 385, lettre 5029).

Le Général Grenier écrit : "... le 22 … l’ennemi, qui, de la tour du phare, les avaient signalés dès le matin, avait appareillé en toute hâte pour aller à leur rencontre ; une flottille composée de 17 canonnières et de quatre scorridors avait mis aussitôt à la voile faisant route sur le convoi. S. M., dans l’intention de ralentir la marche de cette flottille donna l’ordre aussitôt à 8 scorridors, qui se trouvaient au mouillage de Scilla, de mettre en mer et fit en outre embarquer sur 12 bâtiments légers des grenadiers du 62e de ligne et des voltigeurs de la garde, avec ordre de se porter sur l’ennemi et d’inquiéter sa marche, et aux canonnières d’escorte celui de se former dans bataille dans le cas où cela fut devenu nécessaire.
S. M. fit en même temps partir 6 canonnières stationnées au mouillage de Bagnara pour aller au-devant des convois et les protéger de concert avec les canonnières de leur escorte ...
" (Résumé Historique - Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82. Page 172 et suivantes).

"… Cependant l’ennemi qui de la tour du phare avait signalé ce convoi dès le matin, appareillait en toute hâte pour aller à sa rencontre ; à une heure après midi, sa flottille, forte de 17 canonnières, et quatre scorridors, était à la hauteur de Scilla, faisant route sur le convoi. Le roi qui avait observé toutes ses manœuvres, fit sur-le-champ mettre à la mer huit scorridors qui se trouvaient au mouillage de Scilla, donna ordre à un détachement du 62e de ligne et des voltigeurs de la garde, de s’embarquer sur douze petites barques et de partir sur l’ennemi pour arrêter sa marche. L’objet de cette disposition était de l’amuser assez longtemps pour donner le temps aux convois de filer sur Bagnara, et à la flottille d’escorte de se former, en même temps que le roi ferait sortir six canonnières stationnées au mouillage de Bagnara, avec ordre d’aller au-devant du convoi. L’objet fut parfaitement rempli ..." (Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 124. Page 256).

Le 29 juin 1810, Murat écrit, depuis Scilla, à Napoléon : "Le convoi qui était arrivé à Nicotera fit voile hier sur les 6 heures du soir, et, malgré le calme de la nuit, il était dès cinq heures du matin sous Palmi d'où il a continué sa route sur Bagnara. La tour du Phare l'a signalé, et le signal de chasse a aussitôt été donné à toute la flottille ennemie. Elle est partie en trois divisions, au nombre de 72 voiles dont 50 canonnières de 24, deux bombardes et le reste composé de scoridors et de lances. Une corvette et trois bricks se sont réunis à cette flottille au commencement de l'action. Voyant la manoeuvre de l'ennemi, j'ai fait donner le signal à toutes les canonnières qui étaient à Scilla d'appareiller et d'être prêtes à mettre à la voile au premier signal. J'ai laissé défiler devant Scilla la première division ennemie, et lorsque la deuxième a été par le travers du château de Scilla, j'ai ordonné à ma flottille de mettre à la voile et de se diriger sur elle. Je voulais engager le combat sous le fort et les batteries de cette place et arrêter la première division qui menaçait déjà la queue de mon convoi ; mais les vents et les courants ont absolument empêché cette manoeuvre. Alors ma flottille s'est dirigée, en longeant la côte, sur Bagnara, afin de couvrir le convoi qui y arrivait et les autres barques qui s 'y trouvaient rassemblées. Cependant la lère division ennemie avait engagé le combat avec l'escorte du convoi et était parvenue à s emparer d une barque chargée de biscuits et abandonnée par les marins ; et, vraisemblablement une quinzaine seraient tombées en son pouvoir, sans les dispositions qui avaient été ordonnées depuis longtemps, de placer de l'infanterie de distance en distance dans les rochers sous la fameuse position de la Corona ; mais le commandant Del Galdo a fait bonne contenance contre cette division, et l'a empêchée d'entamer le convoi. Sur ces entrefaites, le capitaine de frégate St-Caprais commandant mes canonnières qui se trouvaient à Scilla, continuait sa marche sur Bagnara, et le restant de la flottille ennemie partait du Phare avec 50 barques chargées de troupes de débarquement. Arrivé à Bagnara, le capitaine St-Caprais a formé sa ligne d'embossage et a soutenu pendant 10 heures tout le feu de la flottille ennemie, qui a été obligée, comme à l'ordinaire, de virer de bord et de gagner honteusement le large, sans avoir pu remplir l'objet qu'elle s'était proposé et que l'ennemi avait annoncé avec beaucoup d'emphase à Messine, de venir brûler mes convois à Scilla et à Bagnara. Les embarcations, toutes chargées de soldats anglais, ont été plusieurs fois repoussées par notre infanterie, et n'ont pu parvenir, malgré la protection de leurs 76 voiles, à amariner un seul bâtiment abandonné ; on a vu une de leurs canonnières couler, et deux de leurs bricks ont été si fort endommagés que j'ai compté jusqu'à 14 embarcations qui les remorquaient. Dix de mes canonnières ont reçu des boulets à bord, mais toutes seront réparées dans la journée de demain. Notre perte consiste en cinq ou six tués et dix ou douze blessés. L'ennemi doit avoir considérablement souffert, puisque sa première division qui avait engagé le combat n'a pris presqu'aucune part à l'action, tant elle avait souffert ! Ce combat fait le plus grand honneur à ma marine. Le 62e a rendu les plus grands services, ainsi que le 1er de ligne Suisse, les bataillons d'élite et les voltigeurs de ma garde. Il a été bien prouvé aujourd'hui que si j'avais eu mes bâtiments de transport, je passais en Sicile pendant qu'on se battait à Scilla, sans tirer un coup de canon, puisqu'il n'était plus resté un seul bâtiment armé depuis le Phare jusqu'à Messine ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 8, p. 411, lettre 5057).

"... Le 29 … dans le milieu de l’action, les troupes anglaises, qui probablement avait espéré de surprendre la surveillance des nôtres, osèrent tenter un débarquement sur la route qui longe la mer entre Tavazzina et Bagnara ; mais elles reconnurent bientôt leur imprudence lorsqu’elles aperçurent notre infanterie marchant sur elles à la baïonnette et n’eurent que le temps de regagner leurs bâtiments et de se mettre à la voile. Notre perte dans ce combat aurait pu être très considérable sans doute si M. le général Partouneaux n’avait eu le soin de faire placer toutes les troupes de sa division, soit dans des boyaux qu’il avait fait pratiquer sur la plage même, soit sur les hauteurs qui dominent ce littoral. Elles ne s’élèvent qu’à 19 hommes dont six morts et 13 blessés. Parmi ces derniers se trouva M. Rhem, capitaine au 62e régiment à qui on dut amputer une jambe et qui succomba à cette opération ..." (Résumé Historique - Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82. Page 172 et suivantes).

"... Notre perte en tués ou blessés ne s’élève qu’à 19 hommes dont six morts et 13 blessés ; parmi les derniers se trouve Mr Rhem, capitaine au 62e régiment d’infanterie de ligne, très gravement blessé, et à qui on a dû amputer une jambe. Son état cependant laisse espérer qu’il ne succombera pas à sa blessure ; c’était un bon officier. Je prends la liberté de le recommander particulièrement à votre bienveillance et à la justice de S. M. l’Empereur et Roi ; il est âgé de 55 ans environ ...
M. Le général de division Partouneaux se loue beaucoup des preuves de zèle et de dévouement qu’ont donné la troupe tant d’infanterie que d’artillerie et qui se composaient du 1er et 62e régiment de ligne, du 1er régiment suisse et de quelques détachements du 101e …
MM. les colonels généraux de la garde Dery et Lavauguyon chargés par S. M. de diriger les scorridors, et autres bâtiments légers qui formaient l’avant-garde de la flottille et commandant en même temps quatre cent cinquante hommes d’infanterie pris dans les voltigeurs de la garde, et dans le 62e régiment de ligne, ont longé la ligne ennemie avec beaucoup de courage et de résolution, de la droite à la gauche, et ont supporté pendant toute l’action, dans une des anses derrière la tour dite du Roccio, un nombre infini de décharges à boulet et à mitraille, sans que l’ennemi ait pu parvenir à prendre une seule de leurs barques, défendues seulement par quelques hommes d’infanterie …
" (Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 126. Page 260).

Martinien donne à la date du 29 juin 1810 le Capitaine Rehm blessé au cours d'une poursuite des brigands en Calabre, et indique qu'il est mort le 11 juillet (Martinien).

Le 2 juillet 1810, Murat écrit, depuis Scilla, au Général Grenier, Chef de l'Etat-major général : "Monsieur le général, écrivez de suite au général Partouneaux de s'assurer par expérience, en faisant embarquer devant lui des troupes, ce que peuvent porter les bâtiments qu'il a à Bagnara. Il faut qu'aujourd'hui on fasse ici la même opération. Prévenez le colonel Arcovito, mon aide-de-camp, qu'il est chargé de cette opération avec le colonel du 62e. Il faudra que M. de Simone charge un officier de marine d'opérer de concert avec eux.
Il faut absolument rappeler toutes les compagnies détachées des régiments français ; donnez-en l'ordre de suite, excepté à la Mongiana
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 8, p. 420, lettre 5070).

Le 11 juillet 1810, le Roi de Naples, Joachim Napoléon, écrit, depuis le camp de Piala, au Général Grenier : "Monsieur le chef de l’état-major général … Le général Partouneaux aurait bien pu demander l’autorisation de permettre l’envoi d’un détachement du 62e à la rencontre d’un convoi de souliers ; car son quartier général n’est pas trop éloigné du mien ..." (Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 23. Page 57; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 8, p. 444, lettre 5105).

Le 30 août 1810, le Roi de Naples, Joachim Napoléon, écrit, depuis le camp de Piale, au Général chef de l’état-major général : "Monsieur le général, j’ordonne que toute la division Lamarque soit embarquée demain ; le 20e devra être rendu à 5 heures du matin sous Villa S. Giovanni pour y être embarqué à bord des bâtiments de la gauche de la ligne d’embossage ; le 10e sera rendu à 8 heures sous Villa S. Giovanni pour être embarqué sur les barques qui suivront immédiatement après celles du 20e. Le 22e se trouvera à 10 heures sur la plage pour être embarqué de même sur les barques qui suivront immédiatement après celles du 10e. Les barques légères continueront à être destinées à l’embarquement des compagnies d’élite ; les barques destinées à ma garde continueront à être à sa disposition. Le bataillon de la Tour d’Auvergne, le 1er et 62e de ligne se tiendront prêts à descendre aux Canatelli pour y être embarqués. Tous les hommes disponibles devront être embarqués ; il n’y aura que les gardes de batteries qui pourront en être exemptés. Cet embarquement une fois exécuté, il ne sera plus permis, sous quelque prétexte que ce soit, de faire aucun changement ; les colonels des différents régiments en seront responsables ; ils devront à cet effet laisser des garnisons à bord de chaque barque et exiger l’appel des marins des barques destinées à l’embarquement de leur régiment ; j’assisterai moi-même à cet embarquement.
Toutes les cartouches qui se trouvent en magasin ainsi que le biscuit seront embarqués sur les barques qui arriveront demain de Nicotera ; on ne débarquera point les quatre pièces de siège qui arriveront cette nuit ou demain de Tropea le 101e et de faire relever par des Suisses tous les détachements qui se trouvent à Palmi, à Pietre Nere, etc., toute la division de ce général, aux Suisses près, doit être réunie à Scilla et au camp de la Malia. Le régiment suisse doit occuper Palmi et Bagnara.
Envoyez de suite l’ordre à l’adjudant commandant Montigny d’arriver à Reggio avec le régiment corse, toujours battant la campagne. Je donnerai demain des ordres ultérieurs ; donnez sur le champ les vôtres en conséquence des dispositions ci-dessus.
Ecrivez aux deux ordonnateurs de terre et de mer de faire partir, s’il est possible, les distributions de bonne heure
" (Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 41. Page 93).

Le 19 novembre 1810, à Paris, on soumet à l'Empereur une "Proposition d'accorder au colonel Bruny, du 62e régiment, un congé de convalescence de six mois avec solde et de le faire remplacer par M. Madier, colonel à la suite" ; ce dernier répond : "Le faire remplacer par le major" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4831 - Non signées ; extraites du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 17 novembre 1810 »).

Le 21 novembre 1810, à Paris, on interroge l'Empereur sur le fait que "Sa Majesté a ordonné de faire remplacer M. Bruny, colonel du 62e régiment, auquel Elle a accordé un congé de convalescence de six mois, par le major de ce corps.
Ce major étant employé à commander des gardes nationales dans la 10e division militaire, on supplie Sa Majesté de vouloir bien approuver la proposition qui lui est faite de faire remplacer M. Bruny pendant la durée de son congé par M. Madier, colonel à la suite
"; Napoléon répond : "Envoyer le colonel Madier commander les gardes nationales et le major commander son régiment" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4841 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l’Empereur et Roi, daté du 21 novembre 1810 »).

1810, en France (Toulon)

Le 4 juillet 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le 3e bataillon du 62e qui est à Marseille sera complété à 800 hommes et se rendra à Toulon. Le 3e bataillon du 16e de ligne, le 3e bataillon du 32e léger et un bataillon du 2e régiment suisse seront également complétés à 800 hommes chacun, ces 4 bataillons formant plus de 3 000 hommes composeront la garnison de Toulon ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4361 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23903).

A propos de la garnison de Toulon, Napoléon écrit, depuis Trianon, à Clarke, Ministre de la Guerre, le 4 août 1810 : "Monsieur le duc de Feltre, le 4e bataillon du 1er régiment de ligne tiendra garnison à Toulon, de sorte qu'il y aura à Toulon le 1er bataillon du 1er de ligne qui sera complété à 600 hommes présents, le bataillon du 62e complété à 600 hommes, le 2e bataillon du 2e régiment suisse complété à 800 hommes, le 5e bataillon du 16e de ligne complété à 400 hommes et le bataillon du 32e léger complété à 300 hommes, ce qui fera 2 700 hommes de garnison.
Vous donnerez ordre qu'on place au moins 600 hommes dans les iles d'Hyères et que les batteries qui sont dans ces îles soient mises dans le meilleur état de défense, de sorte que mon escadre de Toulon venant à s'y réfugier, elle soit à l'abri de toute attaque de l'ennemi.
Envoyez un général de brigade intelligent pour commander le département du Var
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4471 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24231).

Le 13 août 1810, le 3e Bataillon est détaché à Toulon.

Le 9 février 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je médite une expédition qui devra partir de Toulon. Cette expédition sera composée du 3e bataillon du 62e, complété à 800 hommes, de deux bataillons des 5e, 81e, 79e, 11e et 60e de ligne et d'un bataillon du 22e d'infanterie légère ; total, douze bataillons ou 10,000 hommes.
Ces troupes seront prêtes à partir au 10 mars et à s'embarquer sur l'escadre. Le général Plauzonne se rendra à Toulon pour en prendre le commandement. Un chef de bataillon du génie, un chef de bataillon d'artillerie, deux compagnies d'artillerie, une compagnie de sapeurs et douze pièces de canon feront partie de l'expédition.
Concertez-vous avec le ministre de la marine pour les moyens d'embarquer les troupes.
Faites connaître au général Plauzonne qu'elles seront portées à 15,000 hommes et qu'elles sont destinées pour la Sicile ou pour un autre point.
Un adjudant commandant sera nécessaire à cette division.
Faites-moi un rapport pour disposer ces troupes de la manière la moins coûteuse. Elles pourront être cantonnées dans les villages environnant Toulon
" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17342).

Le 18 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, voici les dispositions que je juge convenable de prendre pour les colonnes mobiles :
RÉGIMENT DE LA MÉDITERRANÉE.
... La 2e colonne mobile sera commandée par le général de gendarmerie Lagrange, et comprendra les 9e et 10e divisions militaires ; il aura sous ses ordres :
1 compagnie de voltigeurs du 1er de ligne ;
2 compagnies de voltigeurs du 62e ;
3 compagnies de voltigeurs du régiment suisse qui est à Sète et à Marseille ;
60 gendarmes d'élite ;
120 Portugais à cheval de la légion portugaise qui est à Aurillac.
Total : 240 hommes de cavalerie et 600 hommes d'infanterie.
Il divisera ce nombre d'hommes en quatre ou cinq colonnes qu'il distribuera entre les différents départements, selon l'esprit récalcitrant du département et les difficultés qu'il éprouvera. Vous mettrez sous ses ordres le colonel Rolland, qui est disponible, et trois ou quatre chefs d'escadron pour commander les colonnes, lesquels correspondront avec lui, et lui seul avec le ministre de la guerre. Vous lui donnerez les mêmes instructions qu'au général Durosnel ...
Voilà pour le régiment de la Méditerranée.
Le général Durosnel aura l'inspection du dépôt du fort Lamalgue, veillera au prompt départ des conscrits pour la Corse et correspondra avec qui de droit pour faire arrêter ceux qui déserteraient en route.
Le général Lagrange, qui est chargé de faire rejoindre les hommes qui doivent alimenter le dépôt du fort Lamalgue, lui enverra l'état de ceux qu'il fera partir. Faites-leur à tous une instruction bien détaillée ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5206 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26290)

- 1811, Italie, Rome

Le 7 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que ce qu'il y a de disponible dans le 72e soit versé dans le 4e bataillon.
Même ordre pour les 62e, 61e, 57e, 55e, 53e, 52e, 51e, 48e, 44e, 35e, 33e, 30e, 29e ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26122).

Le 13 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'avais donné l'ordre que le 3e bataillon du 1er de ligne se rendît à Marseille ; mais de nouvelles dispositions me font désirer que le 1er de ligne tout entier, c'est-à-dire les trois bataillons qui sont à l'armée de Naples, se rende à Rome, où i1 attendra de nouveaux ordres.
Donnez également l'ordre que le 62e de ligne se rende à Rome.
Donnez le même ordre au 4e régiment de chasseurs.
... Écrivez au général Grenier, chef de l'État-Major général de l'armée de Naples, pour qu'aucun détachement des 10e, 20e, 101e, 62e et 1er de ligne et du 4e de chasseurs ne soit retenu, et pour que ces régiments soient dirigés en entier sur Rome
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5172; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26214).

Le 19 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Murat, Roi de Naples : "Mon frère, je reçois votre lettre du 8 mars. Je vous ai déjà mandé que la garnison de Sicile s'était affaiblie de 4000 hommes. Tenez cela pour aussi certain que le 10e de ligne n'est plus dans votre armée. Mon ministre de la Guerre vous a envoyé l'ordre de faire partir pour Rome le 101e, le 62e et le 4e de chasseurs ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26325).

Le 2 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois enfin la 1re lettre du général Decouz, datée d'Otrante, que vous m'envoyez avec votre rapport du 31 de ce mois. Mandez-lui de renvoyer à leurs compagnies les ouvriers des 1er de ligne et 22e légère. Il peut faire passer ceux du 62e et du 101e.
Il doit faire passer tous les hommes du 14e et du 6e
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5261 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26484).

Le 5 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : Monsieur le Duc de Feltre ... Je désire également que le 62e, le 112e, le 29e et le 52e aient leur artillerie et leurs pièces, mon intention étant d'en former une division ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17573 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26544).

Le 5 avril 1811, l'Empereur écrit de nouveau, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre au 62e, au 1er, au 101e qui de Naples seront rendus à Rome de continuer leur route et de se rendre à Plaisance.
Vous me ferez connaître le jour de leur arrivée ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4528 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5277 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26548).

Le 6 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître si les sept régiments français qui sont en Italie, les deux régiments qui sont en Toscane, ceux qui sont au Piémont, ceux qui sont à l'armée de Naples et qui reviennent de cette armée ont leurs compagnies de canonniers, si ceux qui sont à Toulon, en Dalmatie et en Illyrie ont également leurs compagnies de canonniers. Je désire que vous me fassiez un rapport en général sur tous les régiments sous ce point de vue, afin que je donne les ordres nécessaires pour que tous les régiments aient leurs compagnies de canonniers. Vous noterez dans votre rapport les régiments qui n'auraient que des caissons, ceux qui n'auraient que le matériel et point de chevaux, etc" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26559).

Le 14 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Le 1er·et le 2e bataillon du 62e s'arrêteront également à Plaisance. Le 3e bataillon de ce régiment et le 4e bataillon qui est, je crois, à Genève se tiendront également prêts à rejoindre le régiment ...
Vous donnerez des ordres, sans délai, pour que les compagnies d'artillerie avec les caissons soient formées pour les 10e, 20e, 84e et 92e régiments, ainsi que pour les 1er de ligne, 62e et 101e. Les compagnies seront organisées de manière qu'elles aient leurs caissons, voitures et leurs pièces, à raison de deux pièces par régiment
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26667).

Le 17 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Paris : "Mon Fils, vous donnerez des ordres pour réunir sans délai, et sans attendre les ordres de mon ministre de la guerre, un corps d'armée entre Vérone, Trente et Bolzano ; ce corps sera composé de quatre divisions ...
La 3e division sera composée de quatre bataillons du 1er de ligne, de trois bataillons du 62e, de quatre bataillons du 101e et des deux bataillons espagnols qui sont à Palmanova et à Alexandrie ; total, treize bataillons et près de 9,000 hommes. Le 1er, le 62e et le 101e auront chacun leurs pièces de régiment qu'ils formeront à Plaisance ...
Chaque division formera trois brigades, à l'exception de la première qui n'en formera que deux ...
Donnez sans délai des ordres pour que tous ces régiments se tiennent prêts et que les compagnies d'élite soient complétées ... Présentez-moi l'organisation après que vous aurez donné les ordres préparatoires pour ce qui vous regarde, afin de ne pas perdre un moment et qu'au 1er mai tout cela se puisse mettre en marche pour Vérone ; étudiez cette organisation ; présentez-moi les généraux de division, les généraux de brigade, les états-majors, les administrations, les commissaires de guerre, les officiers du génie et d'artillerie, et tout ce qui est nécessaire pour compléter cette organisation en détail et telle que je puisse ainsi l'envoyer toute faite au ministre de la guerre. Je désire l'avoir demain soir. Faites transporter 200,000 rations de biscuit à Vérone afin de pouvoir remplir les caissons ; ces biscuits serviront à l'armée. Donnez tous les ordres pour que l'artillerie puisse également se diriger sur Vérone et être prête au 1er mai, de sorte qu'au 15 mai le corps d'armée puisse déboucher sur Trente ...
Quant aux troupes qui composent la division des trois régiments qui viennent de Naples, elles doivent être parties de Rome. Vous pouvez prendre des renseignements sur leur marche dans les bureaux de la guerre et en faire mention dans le travail que vous me présenterez. J'ai à suivre tant de détails, que je désire que vous vous occupiez de ce qui est relatif à ce corps d'armée ...
Ainsi le corps d'armée sera donc composé de 34,000 hommes d'infanterie, de 6,000 hommes de cavalerie et de près de quatre-vingts pièces de canon, indépendamment de la garde royale ; ce qui le portera de 40 à 50,000 ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 145 ; Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17623 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26719).

Le 19 avril 1811, Napoléon décide que l'Armée d'Allemagne sera composée de trois Corps; le 3e est le Corps d'observation d'Italie. L'Empereur écrit en effet ce jour à au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, l'armée d'Allemagne sera composée de trois corps :
1° Le corps d'observation de l'Elbe ;
2° Le corps d'observation du Rhin ;
3° Le corps d'observation d'Italie.
CORPS D'OBSERVATION D'ITALIE
Ce corps se réunira à Bolzano, Vérone, Mantoue et Brescia. Il sera composé de la manière suivante :
Infanterie ...
3e division
1er régiment de ligne 4
62e régiment de ligne 5
101e régiment de ligne 4
bataillons espagnols qui sont en Italie 2
Total 13
Cette division se réunira à Mantoue et aura 6 pièces d'artillerie de régiment ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17630 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26753; Comprendre 33e Léger; le Général Dessaix est à la tête de cette Division).

Le même jour, 19 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Paris : "Mon Fils, je n’approuve pas l'organisation que vous m’avez présentée, je vous en envoie une nouvelle ...
Je pense aussi qu'il faut emmener tout ce qu'on pourra de Dalmatie ; ce ne sont pas des troupes assez sûres pour les laisser sur les derrières. En envoyant les huit bataillons de deux régiments, vous devez compléter ces bataillons en prenant dans les autres, s'il est nécessaire ; rien que ces huit bataillons doivent vous faire 6,000 hommes.
Par cette nouvelle organisation vous verrez que votre corps d’armée se trouvera composé de plus de 40,000 hommes d'infanterie, y compris la garde, de 8,000 hommes de cavalerie et de plus de 140 pièces de canon. Je vous ai déjà mandé de faire faire du biscuit à Mantoue, afin de remplir tous les caissons, qu'on n'ouvrira plus que devant l'ennemi.
Il est important que chaque homme ait deux paires de souliers neuves dans le sac et une aux pieds, et qu'on puisse délivrer à Vérone, Trente et Bolzano, au moment du départ, trente cartouches par homme, Ces cartouches doivent être réunies dans les dépôts d’artillerie de ces places et n'être données qu'au départ.
Annexe
Corps d'Observation de l'Italie ...
Troisième division
La troisième division se réunira à Mantoue, elle sera composée de :
3 bataillons du 1er de ligne
2 bataillons du 62e
3 bataillons du 101e
2 bataillons espagnols
Cette division sera commandée par le général Partouneaux. Elle sera composée de 3 brigades.
Les généraux de brigade Pastol, Pouget, Dufour et Heyligers ...
Le 4e bataillon du 1er régiment de ligne, le 3e du 62e et le 4e du 101e de ligne qui sont en France iront joindre leurs régiments par un autre chemin de sorte que cette 3e division qui d'abord ne sera forte que de 10 bataillons y compris les Espagnols le sera de 13 après l'arrivée de ces renforts.
Le ministre de la Guerre me fera connaître où sont les trois bataillons qui devront rejoindre quand ils pourront marcher, et par où on devra les diriger pour les réunir ...
En conséquence, le ministre de la Guerre détournera la marche des 1er, 62e et 101e régiments, qui viennent de Rome, et au lieu de les laisser continuer leur route sur Plaisance les dirigera de Bologne sur Mantoue ...
Le vice-roi commandera ...
Le corps d'armée doit se réunir sur l'Adige, l'Oglio et le Mincio
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 152 (ne donne pas l’annexe) ; Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17633 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26764).

Le 20 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je vous envoie le plan d'organisation du corps d'observation de l'Italie. Rédigez cette organisation convenablement. Mon intention est de ne rien envoyer de France. La 1re division sera fournie par l'Illyrie, la 2e et la 3e par les régiments français qui sont en Italie ... Mon intention est de le diriger en cas d'événement par Inspruck sur Dresde, pour se réunir avec le corps d'observation du Rhin, qui, par Wesel et Mayence, se dirigerait sur Magdeburg. Je suppose que je n'ai rien oublié. Vous me ferez connaître après cela ce qui restera en Italie aux régiments.
CORPS D'OBSERVATION DE L'ITALIE ...
3e DIVISION. —La 3e division se réunira à Mantoue ; elle sera composée de trois bataillons du 1er de ligne, deux bataillons du 62e, trois bataillons du 101e, deux bataillons espagnols.
Cette division sera commandée par le général Partouneaux ; elle sera composée de trois brigades. Les généraux de brigade seront les généraux Pastol, Poujet, Dufour et Heyligers. L'adjudant commandant Mariotti sera chef d'état-major.
Le 4e bataillon du 1er régiment de ligne, le 3e du 62e et le 4e du 101e de ligne, qui sont en France, iront rejoindre leurs régiments par un autre chemin ; de sorte que cette 3e division, qui d’abord ne sera forte que de dix bataillons, y compris les Espagnols, le sera de treize après l'arrivée de ces renforts.
Le ministre de la guerre me fera connaître où sont les trois bataillons qui devront rejoindre, quand ils pourront marcher et par où on devra les diriger pour les réunir.
On aura soin de placer les Espagnols hors de Mantoue en les cantonnant à Villafranca, Borghetto, Roverbella, etc. En conséquence, le ministre de la guerre détournera la marche des 1er, 62e et 101e régiments, qui viennent de Rome, et, au lieu de les laisser continuer leur route sur Plaisance, les dirigera de Bologne sur Mantoue.
Cette division aura une biterie à cheval de six pièces et une à pied de huit pièces ; ce qui, joint aux six pièces de régiment, fera vingt pièces de canon.
Les commissaires des guerres, l'artillerie, les officiers du génie, les sapeurs, les attelages de pièces, tout sera fourni par ce qui est en Italie ...
ETAT-MAJOR GÉNÉRAL ET DISPOSITIONS DIVERSES. — Le vice-roi commandera ...
Le corps d'armée doit se réunir sur l'Adige, l'Oglio et le Mincio
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17635 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26776; à noter que la Correspondance générale redonne cette situation à la date du 24 mai - lettre 27150).

Le 15 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre au 1er régiment de ligne, au 62e et au 101e qui arrivent à Bologne et qui avaient ordre de se rendre à Mantoue de continuer leur route sur Turin ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4579 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5480 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27065).

Le 12 juillet 1811, le Général de Division Grenier écrit au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de rendre compte à V. E. que les détachements d’officiers et sous-officiers des 1er et 62e régiments restés à Naples pour arrêter leurs comptabilités en sont partis le 1er de ce mois après avoir terminé leurs opérations. Ces corps ont été payés de leur solde, mais le colonel du 1er d’infanterie de ligne m’a rendu compte pour la date du 8 de ce mois, qu’il reste du au régiment qu’il commande, par le gouvernement napolitain pour les exercices 1810 et 1811 une somme de cinquante-deux mille deux cents quatre-vingt-dix-sept francs ...
Il est également dû au 62e une somme à peu près semblable ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 9 page 32).

Le 14 juillet 1811, le Général de Division Grenier écrit au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur d’adresser ci-joint à V. E. l’état nominatif de neuf militaires français sortant des hôpitaux du Royaume et se rendant à Rome pour y être dirigés sur leurs corps respectifs.
Savoir ...
Gaudart Antoine canonnier, Renaud Pierre fusilier, 62e régiment de ligne ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 13 page 39).

Le 21 juillet 1811, le Ministre directeur de l’Administration de la Guerre, Ministre d’Etat, écrit, depuis Paris (Administration de la Guerre, Division de l’habillement, 1er bureau, 2e subdivision, 1ère section) au Général Grenier à Naples : "M. Le général, Sa Majesté l’Empereur en rendant le décret du 24 juin qui dissout l’armée de Naples et crée celle d’observation de l’Italie méridionale a ordonné qu’on réclamât du gouvernement napolitain les habillements qui ont été fournis en 1810 et 1811 aux corps français et qui dans le cours de ces deux exercices ont été employés dans les états de Naples.
Au terme des traités le gouvernement napolitain devait payer la masse d’habillement des troupes françaises et c’est le payement de cette masse qui a éprouvé un arriéré considérable, qui doit faire l’objet de la demande que le ministre de la guerre vous a chargé de faire à Sa Majesté le Roi de Naples.
J’ai été informé par M. l’inspecteur aux revues des troupes françaises, que Sa Majesté le Roi de Naples avait fait les fonds nécessaires pour payer ce qui était dû à ces troupes, mais il est important de s’assurer si les payements ont été effectués et si les corps français ne sont pas encore créanciers du gouvernement napolitain, car dans ce cas l’intention de Sa Majesté est que ce qui peut être dû soit payé sans délai.
Les corps français et qui ont été à charge du royaume de Naples dans le cours des années 1810 et 1811 sont ceux-ci-après désignés : 10e régiment de ligne, 20e régiment idem, 62e régiment idem, 101e régiment idem, 22e régiment d’infanterie légère, 4e régiment de chasseurs à cheval, 9e régiment idem, régiment d’Isembourg et de la Tour d’Auvergne, un détachement du 2e régiment d’artillerie à pied. Je viens d’écrire à M. l’inspecteur aux revues français à Naples pour le charger de vous faire connaître, général, ceux des corps ci-dessus désignés envers lesquels le trésor napolitain peut encore être débiteur.
Je vous prierai lorsque ce renseignement vous aura été produit de faire les instances nécessaires pour que, conformément aux intentions de l’Empereur, tout ce qui sera dû soit payé sans délai.
Je vous serai obligé, général, de me faire connaître le résultat des mesures que vous aurez prises pour l’exécution des ordres de l’Empereur
"; en marge : "Je le prie de réclamer auprès du gouvernement napolitain le paiement de ce qu’il peut devoir aux corps français qui ont été à sa charge en 1810 et 1811.
La réclamation a été adressée au Roi le 12 août
" (Papiers du général Paul Grenier. VII. 1768-1827, BNF, Paris. Docs 64 page 139).

Le même 21 juillet 1811, le Général de Division Grenier ordonne : "Il est ordonné aux militaires ci-après dénommés, savoir :
François Pelissier, voltigeur au 1er régiment de ligne ; Gabriel Castre, fusilier au 20e régiment ; Elie Labogue, Fusilier au 62e régiment, Pierre Gabonette, idem ; Louis Bayane, idem au 101e ; Charles Nicolas Monge, Chasseur du 4e à cheval et au nommé Auguste Bonté, homme isolé qui ne connait pas son corps, de partir de Naples le 23 juillet présent mois pour se rendre à Rome, d’où ils seront dirigés sur leurs corps respectifs.
François Pelissier sera porteur de l’ordre de route de ce détachement et le commandera jusqu’à Rome. Il sera également chargé de surveiller le nommé Bonté qu’il consignera au commandant de la place de cette ville. Le détachement suivra l’itinéraire ci-après :
Le 23 à Capoue, le 24 à Sessa, le 25 à Mola di Gaète, le 26 à Fondi, le 27 à Terracine séjour, le 29 à Priverno, le 30 à Sermoneta, le 31 à Velletri, le 1er août Albano, le 2 à Rome, destination
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 21 page 55).

- 1811, France

Le 15 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Duc de Feltre ... Les dispositions de mon décret relatives aux compagnies de grenadiers à embarquer sur les vaisseaux à 3 ponts ne doivent avoir lieu qu'à l'arrivée des conscrits et ne concernent pas les hommes de l'ancienne France ; elles ont été mal exécutées mais il n'en faut pas moins près de 7 à 800 hommes qui peuvent être fournis par les 62e, 60e et 52e ...
Le 4e bataillon du 1er de ligne se rendra à Toulon pour renforcer la garnison qui sera composée de 2 bataillons du 60e, d'un bataillon du 62e, d'un du 1er de ligne, d'un bataillon du 32e léger et du dépôt du 16e
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5336 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26678).

Le 25 octobre 1811, le Général de Division Grenier écrit au Payeur Poyedavant : "Je vous préviens, M. le payeur, que le conseil d’administration du 62e régiment de ligne m’écrit de Marseille, sous la date du 7 de ce mois, que ce régiment a le plus pressant besoin de ce qui lui est dû par le gouvernement napolitain sur ses masses d’habillement pour le 4e trimestre de 1811 et l’exercice 1811, montant ensemble à 47999, 90 frs. Je vous prie de me faire connaitre si vous avez reçu pour ce corps et comment on pourrait lui faire passe la somme à Marseille ; dans le cas qu’on ne vous eût fait un payement, vous voudrez bien vous adresser à S. E. le Ministre des Finances, à l’effet de sollicite de la manière la plus pressante le payement de la somme ci-dessus, en la prévenant que le 62e va s’adresser à S. E. le Ministre de la Guerre de l’Empire pour lui rendre compte de sa situation s’il n’est pas promptement soldé ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 68 page 149).

Le 31 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les conscrits réfractaires, qui ont été placés dans le 5e bataillon du 62e, qui est à Marseille, soient réunis dans le cadre d'une compagnie et embarqués à Marseille pour être transportés à Gênes, d'où ils seront dirigés sur Milan, à la disposition du vice-roi qui les fera incorporer dans un des régiments de l'armée d'Italie" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6577 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29562).

d/ Guerre d'Espagne

- Le 62e est envoyé en Espagne

Pendant que nos armées d'Allemagne et d'Italie parcourent victorieusement l'Autriche, d'autres armées françaises soutiennent en Espagne une guerre terrible contre les habitants de ce pays unis aux Anglais. Nous luttons depuis trois ans, avec des alternatives de succès et de revers, dans le but de placer Joseph, frère de Napoléon, sur le trône d'Espagne. Masséna vient d'être repoussé de Lisbonne et le commandement de l'Armée de Portugal donné au Maréchal Marmont.

Le 24 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Caen, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, je désirerais que vous me remissiez pour les mouvements que j'ordonne, surtout pour les mouvements un peu considérables, des états pareils à ceux que me remet le major général, sur lesquels sont marqués le départ de chaque corps et le lieu où ils se trouvent chaque jour jusqu'au jour de leur arrivée. Ainsi, par exemple, sur un tableau pareil, je verrai quand les 10e, 20e, 1er et 62e arriveront à Lyon ou à Turin. Il y a eu des séjours qu'il était contre mon intention de laisser aux troupes dans certains lieux, et qui n'auraient pas eu lieu, si j'avais eu ces tableaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5518).

Le même 24 mai 1811, l'Empereur écrit encore, depuis Caen, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je vous envoie cinq états pour vous servir de direction dans un rapport que vous me ferez au 15 juin, pour donner une nouvelle organisation, au 1er juillet, aux différents corps d'observation ...
CORPS D'OBSERVATION DE RÉSERVE. — Ce corps sera créé conformément au n° 4 ...
Je n'ai pas besoin de vous dire que vous ne devez donner aucun ordre, faire aucun mouvement en conséquence de ces états, mais que vous devez vous borner à me faire un rapport général au 15 juin, époque à laquelle vous me demanderez en même temps mes ordres ...
CORPS D'OBSERVATION DE RÉSERVE.
Il sera créé un corps d'observation de réserve. Ce corps d'observation sera composé de la manière suivante :
... 3e Division, composée de seize bataillons, savoir : quatre bataillons du 10e léger, qui sont en Bretagne ; quatre du 1er de ligne, quatre du 62e, quatre du 101e. Le 10e léger se réunira à Rennes ; les 1er, 62e et 101e se réuniront à Lyon ...
Le corps d'observation de réserve est destiné à se réunir à Bayonne et à passer en Espagne. Il se mettra, à cet effet, en mouvement au 1er juillet. L'organisation définitive des divisions se fera à Bayonne. Cependant rien ne devra se mettre en mouvement que le ministre n'ait pris mes derniers ordres ; il me les demandera au 1er juin ...
3e Division. — ... Le 62e, qui a deux bataillons à Toulon et deux à Lyon, se réunira avec les quatre bataillons du 1er de ligne ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17247 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27150).

Le 25 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Caen, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je n'ai point le projet de former un 3e régiment de la Méditerranée. La formation de ces régiments est trop difficile et est extrêmement coûteuse. D'ailleurs, j'ai un grand nombre de cadres qui ne sont pas remplis. Faites-moi un rapport sur le nombre de conscrits que le dépôt du fort Lamalgue doit recevoir. Je préférerais réunir à Toulon ou au cap Sepet les cadres complets des 3e et 4e compagnies du 5e bataillon des 8 régiments qui ont leur dépôt dans la 7e division militaire. On pourrait y joindre une compagnie du 5e bataillon du 24e qui est à Lyon, et du 62e qui est à Marseille, ce qui ferait 18 compagnies dont on formerait 3 bataillons chacun de 900 hommes qui pourraient être placés, savoir : un bataillon composé des compagnies des 62e, 24e, 81e, etc. à Pomègue, et les 2 autres bataillons dans le cap Sepet ou dans les îles d'Hyères. Il faudrait nommer trois majors en second pour commander ces 3 bataillons. Les hommes seraient habillés par les soins du major et des dépôts de ces corps qui, étant à Genève, Grenoble, Chambéry, Marseille, ne sont pas trop éloignés pour fournir à ce service. Cela donnerait de l'emploi à 2700 conscrits réfractaires ... Faites-moi un rapport dans ce sens ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27161).

Le 7 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... faites-moi connaître quand les 1er, 62e et 101e de ligne arriveront à Turin" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17779 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27234).

Le 8 juin 1811, Napoléon écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, pour former un Corps d'Observation de Réserve pour l’Espagne : "Monsieur le Duc de Feltre, le corps d’observation de réserve sera composé de la manière suivante :
... 3e Division. La 3e division se réunira à Pont-Saint-Esprit ; elle sera composée de la manière suivante :
1er de ligne : quatre bataillons. Les trois premiers bataillons arrivent à Turin. Le 4e bataillon partira de Marseille aussitôt qu’il aura reçu ses conscrits.
62e de ligne : quatre bataillons. Deux bataillons sont à Turin ; deux autres partiront de Marseille.
23e léger : quatre bataillons. Deux bataillons sont à Auxonne, aussitôt qu’ils auront reçu leurs conscrits, ils se rendront par eau à Pont-Saint-Esprit. Les deux autres bataillons, qui sont en Catalogne, se réuniront aux deux premiers aussitôt que faire se pourra.
101e de ligne : quatre bataillons. Deux bataillons sont à Turin ; un bataillon partira de la Spezia ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17784 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27246).

Le 10 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre par l'estafette de ce soir aux 1er, 101e et 62e régiments, qui sont à Turin, de continuer leur marche le 15 par le plus court chemin, pour se diriger sur Grenoble ; ... aux 2 bataillons du 62e et du 1er de ligne qui sont à Marseille de se tenir prêts pour rejoindre leur régiment" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5576 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27262).

Le 12 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que le 5e bataillon du 62e qui est à Marseille verse tous ses hommes disponibles dans les 3e et 4e bataillons. Vous ferez passer la revue de ces 3e et 4e bataillons au 20 et vous me rendrez compte de leur situation le 25, afin qu'au 1er juillet ils puissent se mettre en route pour Nîmes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5587 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27279).

Napoléon écrit encore, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, le 12 juin 1811 : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre lettre du 11 ; j'y remarque une inexactitude. Le 5e Léger a sa compagnie d’Artillerie. Je pense que le 60e l'a également, puisqu'il faisait partie de l'armée d'Allemagne, et qu'il se trouvait à la bataille de Wagram.
Je vois que vous faites fournir les pièces de régiment des l0e, 20e et 60e par la France. Ces 3 régiments et le 81e se rendent à Pampelune. Il y a là beaucoup d'artillerie et de pièces de 4 espagnoles. Il serait préférable de prendre ce matériel dans cette place. Pour le 3e de Ligne et le 105e, ne pourrait-on pas prendre leur artillerie à Burgos où il y a beaucoup de pièces de 4, pour ne pas affaiblir le matériel qui est en France ?
Même observation pour les 10e Léger, 52e, 1er, 62e, 101e de Ligne et le 23e Léger.
Ainsi donc, je désire qu'il ne soit point donné d’artillerie de France à aucun de ces régiments et que cette artillerie soit prise à Pampelune et à Burgos ; que les compagnies d’artillerie des 3e et 105e de Ligne, 10e et 5e Léger se réunissent à Rennes, qu'elles se procurent là leurs chevaux, caissons et harnais ; que les compagnies des 10e, 20e et 60e se réunissent à Nîmes, qu'elles attendent là leurs chevaux et caissons, et lorsqu'elles seront complétées, rejoignent leur division ; que les compagnies du 23e Léger, 52e, 1er de Ligne, 62e et 101e se réunissent à Nîmes y acheter leurs chevaux, harnais et caissons et partent ensuite pour rejoindre en Espagne leurs divisions. Donnez des ordres en conséquence. Les régiments peuvent aller en avant, sans attendre leur compagnie d'artillerie. Mon intention étant de faire séjourner une quinzaine de jours ces régiments dans la Biscaye et dans la Navarre, leurs compagnies d'artillerie auront le temps de les rejoindre.
Donnez ordre que l'on mette en réserve à Burgos et à Pampelune le nombre de pièces de 4 nécessaire ; cela ménagera le matériel de France. J'ai déjà d'ailleurs trop d'artillerie en Espagne.
Vous donnerez l'ordre à la compagnie d'artillerie du 23e léger de partir d'Auxonne pour se rendre au Pont-Saint-Esprit où elle s'embarquera pour Nîmes. La compagnie d'artillerie de ce régiment se procurera à Nîmes les chevaux, harnais et caissons, comme je l'ai dit plus haut. Les pièces lui seront fournies en Espagne.
Napoléon
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5589 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27280).

Toujours le 12 juin 1811, l'Empereur écrit également, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, les 81e, 60e, 20e et 10e de ligne qui font partie du corps d'observation de réserve, ayant quatre bataillons, doivent avoir une compagnie d'artillerie et deux pièces de canon, 3 caissons, un caisson d'infanterie par bataillon et un caisson de transports militaires. J'ai donné l'ordre que les compagnies d'artillerie des 60e, 20e et 10e de ligne séjournassent à Nîmes pour réunir leurs chevaux, harnais et caissons et se mettre en état de se porter sur Pampelune qui est la destination de ces régiments. Quant au 81e, je pense que sa compagnie d'artillerie est déjà à Pampelune. Donnez-lui l'ordre d'acheter des chevaux. Si elle ne peut pas s'en procurer à Pampelune, faites-la venir à Pau où elle trouvera plus de facilités.
Les bataillons d'élite des 3e et 105e et 52e de ligne, le 10e léger et le 5e léger font partie du même corps. Les 5e et l0e légers et les 3e et 105e de ligne laisseront leurs compagnies d'artillerie à Rennes ; et celles-ci n'en partiront que lorsqu'elles auront leurs chevaux, caissons et harnais. Quant au 52e, sa compagnie d'artillerie restera à Nîmes où elle se procurera les chevaux, harnais et caissons nécessaires.
Le 5e léger doit avoir des caissons pour quatre bataillons parce que les deux bataillons que ce régiment a en Aragon le rejoindront. Le 10e léger a quatre bataillons ; les 3e de ligne, 105e et 52e n'ont que deux bataillons.
Les 1er, 62e et 101e de ligne et 23e léger qui font partie du même corps de réserve doivent avoir également leurs compagnies d'artillerie. Ces compagnies séjourneront à Nîmes jusqu'à ce que leur chevaux, harnais et caissons soient complets et en état.
Prévenir le commandant du 23e léger qui est à Auxonne et qui n'a pas encore reçu l'ordre d'en partir, et les commandants des 1er, 62e et 101e qui sont en marche de Turin pour Grenoble qu'ils doivent réunir à Nîmes les chevaux, harnais et caissons de leur compagnie d'artillerie. C'est vous qui devez faire fournir aux compagnies d'artillerie régimentaires les harnais, caissons et chevaux. Faites-moi un rapport sur cela. Je désire que les compagnies d'artillerie ne séjournent qu'une quinzaine de jours au plus dans la ville où elles se formeront, après le passage des régiments.
Nap
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5595 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27286).

Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation. Je réponds d'abord à ce qui concerne le corps d'observation de la réserve.
CORPS D'OBSERVATION DE LA RÉSERVE.
... 3e Division. — Donnez ordre au 1er de ligne de partir de Grenoble le 25, au 62e de partir le 26 et au 101e de partir le 27.
Ces régiments se rendront à Valence, où ils s'embarqueront pour Pont-Saint-Esprit, et de là se rendront à Nîmes ... Donnez ordre au 4e bataillon du 1er de ligne, qui est à Marseille, et aux 3e et 4e bataillons du 62e, qui sont à Toulon, d'en partir pour se rendre à Nîmes. Ainsi les quatre bataillons des régiments de cette division seront réunis ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343)

Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre "Monsieur le comte de Cessac, le ministre de la Guerre a dû vous envoyer l'organisation d'un corps de réserve en trois divisions, indépendamment d'une division italienne ...
La 3e division se compose du 1er, du 62e, du 101e et du 23e d'infanterie légère.
Les 81e, 62e et 23e léger ont deux bataillons en Catalogne, mais ces bataillons doivent les rejoindre ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5630 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27347).

Le 62e reçoit donc l'ordre de se rendre en Espagne.

Le 27 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois votre rapport du 26 sur la marche des 1er, 62e et 101e régiments de ligne et 23e régiment d’infanterie légère. Je désire que ces régiments séjournent au moins 3 jours à Nîmes" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5692 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27468).

Le 28 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître si les 10e, 20e, 62e, 1er et 101e régiments qui viennent de Naples sont alignés de leur solde. S'ils ne l'étaient pas, il serait urgent de les aligner sur-le-champ, afin d'éviter à cette troupe toute espèce de mécontentement et de rendre au soldat la justice qui lui est due ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27481).

Le même 1er juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, au lieu de donner des fonds aux 60e et 81e régiments pour monter leur compagnie d'artillerie, je pense que vous devez faire fournir des caissons du dépôt de Pau. Vous pouvez donc retenir les fonds que vous destiniez à cet objet et faire connaître aux commandants de ces régiments à Nîmes qu'ils trouveront leurs caissons de transports militaires et leurs caissons d'ambulance préparés à Pau.
Donnez les mêmes ordres pour les 3e, 52e et 105e, 23e léger, 1er, 62e et 101e, cela épargnerait beaucoup d'argent et l’on emploierait les caissons de Pau que désormais je veux remplacer par des charrettes
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4645; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5716 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27507).

Le 3 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au général Souham de se rendre à Pau pour y prendre le commandement de la 3e division du corps d'observation de réserve. Il est nécessaire qu'il soit rendu à Pau le 20 juillet. Il y réunira le 23e léger, le 1er de ligne, le 62e et le 101e.
Vous consulterez ce général sur l'adjudant commandant et les deux généraux de brigade qu'il désire.
Vous lui donnerez ordre de passer à Nîmes où il inspectera toutes les compagnies d'artillerie du corps d'observation. Il vous rendra compte de leur situation. Vous lui donnerez des détails sur le jour où les chevaux doivent être arrivés, sur le lieu où ces compagnies doivent prendre leurs pièces et les caissons, etc.
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4647 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27516).

Le 17 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les compagnies d'artillerie des 3e et 105e régiments qui sont à Rennes, en partent pour se rendre à Bayonne ...
Enfin donnez ordre aux généraux commandant les divisions de faire partir celles du 23e léger, 62e, 101e, 52e et 81e aussitôt qu'elles seront prêtes. Vous me ferez connaître le jour de leur arrivée
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5793 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27678).

Le 27 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, donnez ordre au général Souham qu'aussitôt que le 4e bataillon du 1er de ligne sera arrivé à Pau, où il doit être rendu le 30 juillet, il fasse le tiercement de ce bataillon avec les trois premiers. Donnez-lui le même ordre pour les 3e et 4e bataillons du 62e, aussitôt qu'ils seront arrivés. Faites-moi connaître quels sont les 2 généraux de brigade et l'adjudant commandant qui sont employés dans la division du général Souham" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5848 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27813).

Le 28 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Donnez l'ordre aux 4 bataillons du 1er régiment de ligne et aux 4 bataillons du 62e formant la 1re brigade de la division Souham de se mettre en marche le 1er août pour se rendre à Pampelune.
La 2e brigade composée du 23e léger et du 101e se mettra en marche le 7 août pour se rendre à Pampelune.
Vous donnerez ordre qu'avant son départ, la solde arriérée et celle du mois d'août soient payées à cette division.
Vous me ferez connaître le jour où cette division arrivera à Pampelune, afin que je puisse lui donner des ordres ultérieurs.
Je suppose que le général Souham, dès son arrivée à Pau, vous enverra l'état de situation de sa division et vous fera connaître les officiers et sous-officiers présents.
Faites-moi connaître quels sont les 2 généraux de brigade et l'adjudant commandant qui sont attachés à cette division.
Tous ces corps séjourneront 3 ou 4 jours à Pampelune. Si après 3 jours de séjour à Pampelune, le général Reille tardait à recevoir mes ordres, il leur donnerait celui de se réunir à Logroño
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5855 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27840).

Le même 28 juillet 1811, l'Empereur écrit encore, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Donnez des ordres pour que les hommes appartenant aux 10e et 20e de ligne, 81e, 60e, 62e, 101e et 2e de ligne et 23e léger sortant des hôpitaux ou des dépôts qui viendront rejoindre leurs régiments soient formés en un petit bataillon d'environ 500 hommes, en ayant soin de leur donner 40 cartouches par homme, et ainsi organisés, dirigés sur Pampelune" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5856 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27841).

Le 30 juillet 1811, à Saint-Cloud, "Le général Clarke rend compte des dispositions qui ont été prises en vue de compléter les compagnies d'artillerie régimentaires des 1er, 62e, 101e de ligne et 23e léger" ; "Renvoyé au prince de Neuchâtel pour vérifier", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5872).

Le 62e fait partie au final de la 7e Division. Ses trois Bataillons arrivent dans la péninsule en août 1811. Les vétérans du 62e vont donc engager une lutte semblable à celle des Calabres par la nature du terrain, les difficultés de vivre et de communiquer, mais ici ils vont trouver des adversaires encore plus redoutables qu'en Italie : Espagnols braves et fiers, combattant pour leur souverain et leur honneur; Anglais bien disciplinés et abondamment pourvus de tout.

Le 11 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Mathieu Dumas, Directeur des Revues et de la Conscription : "Monsieur le comte Dumas ... Faites-moi connaître combien il y a eu de déserteurs aux 10e, 20e, 1er de ligne, 81e, 60e, 101e et 62e pendant leur marche" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5968 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28117).

Jusqu'au mois de décembre 1811, l'Armée de Portugal n'a pas été heureuse. Ainsi, le 27 septembre 1811, le Capitaine Dumay est blessé au cours de l'affaire d'Alda-Delponte au Portugal (Martinien). Le 28 novembre, au combat de Landrinel (Espagne), les Capitaines Fauchier et Gueniot sont blessés (Martinien). La 7e Division lui est adjointe et vient occuper Salamanque. Le 13 janvier 1812, le Capitaine Desfossez est blessé au cours d'une affaire près de Salamanque (Martinien).

Un grand mouvement offensif, préparé en janvier 1812, manque par suite de la prise de Rodrigo par l'armée anglaise; Salamanque devient alors pour nous le pivot de nos opérations.

Le 13 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris à Berthier : "Donnez ordre que le 4e bataillon du 62e soit incorporé dans les trois premiers bataillons et que le cadre de ce 4e hataillon se rende à son dépôt. Recommandez que les sous-officiers soient bien complétés et que ce soient d'anciens soldats" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4927; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6776 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29967).

Le 23 février 1812, à Paris, "Le maréchal Berthier propose de réunir une compagnie de marche tirée des dépôts des 5e et 10e bataillons principaux, 2e et 5e bataillons bis du train d'artillerie, à la compagnie de voltigeurs du 4e bataillon du 62e de ligne et de les faire diriger sur l'armée de Portugal" ; "Approuvé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6823).

A la fin d'avril, la 7e Division est envoyée à Zamora afin de pouvoir vivre.

Le 5 mai, le Chef de Bataillon Meulan est blessé au cours d'une affaire près de Roda (Martinien). Le 3 juillet, le Capitaine Bertrand est tué à Polia, étant en colonne mobile (Martinien).

Le 12 juillet, le Colonel Regnault prend le commandement du 62e.

REGNAULT Jean

Né à Chatoillenot (Haute-Marne) le 28 octobre 1763.

Entré au service comme commis aux aides le 1er janvier 1784. Soldat au Régiment de Hainaut (50e de Ligne) le 8 avril 1788. Caporal le 15 mars 1790. Fourrier le 12 juin 1790. Sergent le 4 mai 1792. Adjudant-major Capitaine au 8e Bataillon du Var le 7 septembre 1792. Capitaine de la Compagnie auxiliaire à la 60e Demi-brigade devenue 12e Régiment de ligne le 31 juillet 1795. Chef de Bataillon au 12e Régiment de ligne le 14 janvier 1797. Chef de Bataillon au 92e Régiment de ligne le 4 mars 1805. Major au 62e Régiment de ligne le 27 octobre 1808. Colonel du 62e Régiment de ligne le 12 juillet 1812. Appelé à concourir à la formation de la légion de la Haute-Marne organisée le 1er février 1816.

Campagnes :
- 1792, 1793 et an II, Armée d'Italie.
- Ans III et IV, Armée des Alpes.
- Ans V et VI, Armée d'Italie.
- An VII, Armée de Naples.
- Ans VIII et IX, Armée d'Italie.
- Ans X, XI et XII, Armée des côes de l'Océan.
- An XIII, Armée de Hollande.
- An XIV, 1806, Grande-Armée.
- 1807, 1808, Armée d'Italie.
- 1809, Grande-Armée.
- 1810, Armée de Naples.
- 1811, 1812, 1813, Armée d'Espagne.
- 1814, Armée de France (défense de Navarrenx).

- Bataille des Arapiles ou de Salamanque (22 juillet 1812)

Wellington, commandant l'armée anglaise, se prépare à prendre l'offensive avec plus de 50000 hommes contre l'Armée de Portugual, qui en compte environ 30000 : le 14 juillet 1812, il commence son mouvement. Marmont rassemble aussitô ses troupes, les Anglais se présentent devant Salamanque et en assiègent les forts, tandis que nous nous retirons. Mais le 20, les rôles changent : les Français, quoique bien inférieurs en nombre, manœuvrent de façon à inquiéter l'armée anglaise, qui se réunit à San Cristoval. Salamanque étant tombé au pouvoir de l'ennemi, nous nous retirons de nouveau, mais bientôt nous repassons le Douro à Tordesillas et nous marchons à la rencontre de l'armée anglaise.

Marmont, après avoir traversé la Guarena en présence de l'ennemi, a établi son camp entre Alba-Tormès et Salamanque. En face, les Anglais occupent Téjarès ct un des deux mamelons appelés Arapiles. Marmont dispose son armée pour la lutte : la 7e Division reçoit l'ordre de s'établir sur un mamelon extrêmement âpre et d'un accès difficile.

Le 22, à 11 heures du matin, l'armée anglaise s'ébranle pour attaquer, mais s'arrête bientôt, devant la ferme contenance des Français, puis elle commence à se retirer. Marmont saisit l'occasion et prend ses dispositions pour couper les communications de Wellington, la 7e Division doit soutenir la 5e, qui s'emparera d'un plateau situé sur le flanc de l'ennemi. Les mouvements ordonnés ne sont pas très bien exécutés, Marmont est blessé, les Anglais se retournent et, profitant de la confusion dans laquelle se trouvent les Divisions françaises, se lancent avec impétuosité sur nos positions, mais partout, après des succès partiels, ils sont arrêtés; chacune de nos Divisions, chacun de nos Régiments redouble d'efforts; le Général Thomières, qui commande la 7e Division, est tué.

"La brigade Wallace, flanquée par des tirailleurs, émerge des bois et se déploie, avant d'entamer résolument l'ascension du plateau. La division Thomières a été complètement prise au dépourvu, car lorsque les adversaires se découvrent mutuellement, ils ne sont plus éloignés que d'un petit kilomètre. La colonne française est très étirée, ses régiments (dans l'ordre de marche 101e, 62e et 1er de ligne) ayant de grands intervalles entre eux; Pakenham dispose donc d'une écrasante supériorité numérique. En apercevant l'ennemi, Thomières essaie de mettre rapidement ses troupes en bataille en formant une ligne de colonnes très irrégulière. Face à eux, Pakenham déploie en tirailleurs trois compagnies du 5/60th et le 12e caçadores, tandis que les trois bataillons de Wallace se forment en ligne sans cesser d'avancer. L'artillerie divisionnaire de Thomières se met en batterie et inflige quelques pertes à l'ennemi; en même temps, les batteries Bull et Douglas s'établissent sur une éminence au nord et arrosent de projectiles la droite de la division française, tirant par dessus la brigade Wallace. Celui-ci est suivi immédiatement par deux régiments de ligne portugas; la brigade Campbell suit en troisième ligne.
Les voltigeurs français sont rapidement ramenés par les troupes légères de Pakenham ... La brigade Wallace entreprend hardiment la montée du plateau, conduite par le général Pakenham en personne; son front est plus large que celui de la division Thomières ... Avant que les Britanniques n'atteignent la crête du plateau, Thomières envoie contre eux ses bataillons qui dévalent la pente tambours battant et aux cris de Vive l'Empereur. Leur première décharge couche sur le sol des files entières du 88th et plusieurs officiers. Cependant, les Français tombent ensuite sous le feu de l'ennemi et montrent des signes d'hésitation. Leur seconde décharge ne produit donc pas beaucoup d'effet; par ailleurs, les Français ne semblent pas avoir été déployés, mais forment une masse de colonnes de bataillons assez irrégulières, de sorte que leur puissance de feu est inférieure à celle de leurs adversaires. Les bataillons britanniques montent alors à l'attaque à leur tour; sans attendre le choc, les Français se replient précipitamment sur le plateau ... Ce n'est qu'à ce moment là que les chasseurs à cheval de Curto font enfin leur apparition ...
" (N. Griffon de Pleineville : "1812, la bataille des Arapilles", Gloire et Empire N°45).

Après la division Thomières, c'est au tour de celle du Général Maucune, au centre, de subir les assauts des troupes britanniques, dont la Brigade de cavalerie Le Marchant. L'Historique régimentaire nous dit : "Le Capitaine Mereau résiste héroïquement à la tête de sa Compagnie; il finit par être blessé. Le Chef de Bataillon Poincignon est grièvement blessé d'une balle au coude droit. Malgré cette blessure, il cherche à rallier autour de l'aigle du 62e les Sous-officiers et les soldats; 200 environ s'arrêtent et font feu sur l'ennemi, qui cesse un instant sa poursuite. La cavalerie anglaise arrive en force, culbute la troupe de Poincignon et la disperse; atteint d'une deuxième balle à la cuisse, le brave commandant est malheureusement jeté à terre, la cavalerie ennemie lui passe sur le corps et il est fait prisonnier".

"Le général Le Marchant ... a formé ses cavaliers sur deux lignes ... Il dispose en tout d'un millier de cavaliers. Du côé français, le 22e de ligne, régiment de tête de la division Brenier, qui arrive à la rescousse de Maucune, n'a pas encore achevé sa formation, tandis qu'à quelque distance sur la gauche, les débris de la division Thomières, en désordre, se replient sous la pression des soldats de Pekenham. Vers ce moment là, la 3e division, dans sa marche victorieuse le long du plateau, s'est jointe au flanc droit de la 5e division; les deux forment désormais une seule ligne qui avance inexorablement, chassant devant elle les débris des divisions Maucune et Thomières. La progression de Pekenham se trouve pourtant ralentie par quelques pelotons des 62e et 101e de ligne ralliés par le général Bonté et leurs officiers, qui se sont agglomérés au gros du 1er de ligne. Cette poignée d'homme, tout en se retirant vers l'est, essaie d'offrir une résistance. Bientôt les combattants de Bonté sont rejoints sur leur droite par la brigade (66e en tête, suivi du 15e de ligne) que Maucune a détaché de sa division au secours de Thomières. L'ensemble de ces unités se forme diagonalement sur le plateau, faisant face avec la gauche de la division Pakenham et avec la droite aux éléments avancés de la division Leith. La résistance ne dure que quelques instants, mais elle a pour effet d'enrayer momentanément l'avance de la brigade Wallace; les fantassins se fusillent à courte distance au milieu de l'épaisse poussière et de la fumée dégagée par l'herbe sèche enflammée par les cartouches. Pakenham fait charger les Français par les dragons portugais qui sont repoussés. Le second régiment d'Urban et les escadrons d'Arentschildt se heurtent à nouveau à la cavalerie de Curto, au moment même où l'infanterie de Pekenham est aux prises avec la poignée de Français ...
Avant de se lancer au combat, le général Le Marchant calcule ses chances. En effet, une meilleure occasion pour ses cavaliers pourrait à peine être imaginée : une masse désordonnée de fantassins ennemis fuyant devant une infanterie victorieuse et prêtant son flanc à leurs sabre. De plus, les Français ont le soleil directement en face et sont aveuglés en outre par la fine poussière tourbillonnante et la fumée. Le Marchant ordonne la charge; ses régiments passent à travers les intervalles de la brigade Wallace, partie entre les troupes légères remplissant l'espace entre les 3e et 5e divisions alliées. Les débris des 62e et 101e de ligne sont les premiers à tomber sous leurs coups et se désagrègent rapidement ...
La charge victorieuse de la brigade Le Marchant a beaucoup contribué à achever la désorganisation de l'aile gauche de l'armée française. Profitant de l'hésitation des cavaliers ennemis provoquée par la mort de leur chef, les débris des bataillons maltraités par les dragons anglais refluent vers l'est en une masse désordonnées, mélangés bientôt aux fugitifs de la division Thomières ... Les Alliés font quelque 1500 prisonniers. Le lieutenant Pearce du 44th d'infanterie s'empare de l'aigle du 62e de ligne. Voici l'histoire : Pearce aperçoit le porte-aigle de ce régiment en train de dévisser l'aigle pour l'emporter sous son manteau. Pearce se jette immédiatement sur lui; le second porte-aigle se joint à la bagarre, tandis que trois hommes du 44th accourent à l'aide de leur chef. Un fantassin français esaie de transpercer le lieutenant avec sa baïonnette, mais le soldat Finlay du 44th lui tire une balle dans la tête et sauve l'officier. D'après les sources britanniques, les deux porte-aigle auraient été tués, l'un par Pearce et l'autre par l'un des ses hommes
(note : Martinien ne mentionne pas de porte-aigle du 62e tué au cours de cette bataille). Pearce ramasse alors l'aigle, sans oublier de distribuer aux soldats qui l'ont aidé (20 dollars espagnols) tout l'argent qu'il a dans ses poches. L'aigle est alors hissée sur la pique d'un sergent et portée ainsi pendant le reste de la bataille. Le lendemain matin, le lieutenant Pearce la présente au général Leith, qui l'engage à la remettre à Wellington. En récompense, le 44th obtiendra l'honneur d'ajouter une aigle sur ses insignes régimentaires ... Signalons pourtant que le général Lamartinière parle de la capture de l'aigle du 101e de ligne, et non du 62e ... Par ailleurs, l'aigle du 62e de ligne est conservée aujourd'hui au musée régimentaire du 44th d'infanterie à Chelmsford" (N. Griffon de Pleineville : "1812, la bataille des Arapilles", Gloire et Empire N°45).

Le Général Clausel, ayant pris le commandement à la place du Général Bonnet qui, lui aussi, a été blessé, ordonne alors la retraite. Celle-ci s'exécute en bon ordre, sous la protection de la Division Foy.

Cette bataille, engagée malgré le commandant en chef, a été très meurtrière; de chaque côé, 6000 hommes environ sont hors de combat ou prisonniers. Pour le 62e, on note : Lieutenant Pinteau, tué; Lieutenant Rousseau, blessé et mort le 2 octobre; Chefs de Bataillon Poinsignon et Blanchard, Capitaines Mauvais, Mereau, Fricot, Ithier, Mayer, Lieutenants Breton, Moutardier et Raclot, Sous lieutenants Barberet, Delaveux et Lopin, blessés.

"A l'issue de sa résistance opiniâtre, la division Thomières se trouve pratiquement anéantie, son général a été tué, et toute son artillerie est perdue ... Le 62e de ligne déplore lui aussi la perte de plus de la moitié de ses effectifs" (N. Griffon de Pleineville : "1812, la bataille des Arapilles", Gloire et Empire N°45).

- Retraite de l'armée française

La fortune se déclare décidément contre nous, quoique Marmont, à peine arrivé, rétablisse dans l'Armée de Portugal une discipline très sévère et fasse de ses troupes ce que les Anglais eux-mêmes appellent "une belle et courageuse armée". Malgré cela, les soldats du 62e ne se laissent pas abattre; pendant toute cette malheureuse campagne, ils vont montrer que leur courage est au-dessus de la défaite et jusqu'au bout ils continueront à faire leur devoir et à sauvegarder l'honneur de la patrie et du Régiment.

L'armée française fait, le lendemain de la bataille, une retraite admirable et, faisant volte-face toutes les fois que les Corps ennemis la pressent, elle arrive ce jour-là même et dans un très bon ordre à treize lieues du champ de bataille. Après avoir passé le Douro, elle atteint Burgos, pendant que Wellington entre à Madrid.

Dans ce laps de temps, le Régiment a eu 20 Officiers et 848 hommes tués, blessés ou prisonniers.

Le 14 août, Clausel reprend l'offensive, arrive sur le Douro et peu s'en faut que Salamanque ne tombe entre nos mains.

- Le 2e Bataillon est fondu dans les deux autres

A ce moment, le Général Clausel reçoit l'autorisation de fondre les Bataillons qui ont éprouvé de fortes pertes, dans les autres Bataillons du même Régiment et d'envoyer les cadres en France. En conséquence, le 26 août 1812, les hommes du 2e Bataillon du Régiment sont versés dans les 1er et 3e Bataillons, après une revue passée par Charles Crosse, Sous-inspecteur aux revues de la 7e Division.

- Offensive de l'armée française

Wellington s'avance bientôt à la tête de son armée et de nombreuses guérillas; Clausel se met alors en retraite en livrant presque chaque jour un combat, dans lequel il use l'ennemi; il arrive ainsi à Burgos, dont les Anglais font en vain le siège.

Le 29 septembre 1812, au combat de Logrono (Vieille Castille), le Lieutenant Dutillet est blessé (mort le soir) tout comme le Lieutenant Renaud (mort le 7 février 1813); le Sous lieutenant Suchon est tué; les Capitaines Henry, Prieur, Vallet, le Lieutenant Cunin et le Sous lieutenant Maurin sont blessés (Martinien).

L'armée française s'étant refaite, Souham, qui la commande, se dirige sur Burgos, force les Anglais à en lever le siège le 21 octobre, les pousse vigoureusement et les refoule à Venta de Pozo et sur le Carion; enfin, le 11 novembre, les armées françaises opèrent leur jonction en face de l'armée alliée, qui a pris position à Salamanque. Le commandement en chef est donné à Soult, celui de l'Armée de Portugal à Drouet.

Nous nous trouvons sur le même terrain qu'au mois de juillet et Soult manœuvre pour agir sur le flanc et les communications de l'ennemi, lorsque ce dernier, par une retraite précipitée, lui échappe en laissant 2000 hommes entre ses mains. La poursuite continue jusqu'à l'Huelva; 9000 hommes et une grande quantité de bagages tombent en notre pouvoir. Comme l'hiver est arrivé, l'armée s'arrête et établit ses cantonnements à Valladolid. Les Anglais employent la mauvaise saison à reformer leur armée.

Le 24 avril 1813, le Sous lieutenant Vouzelland est blessé aux avant-postes en Espagne; il meurt le 26 (Martinien).

Le 4 juin, 100000 hommes marchent sous le commandement de Wellington contre les 50000 Français de Reille.

Le 7 juin 1813, Clausel écrit, depuis Pampelune, à Joseph : "... Si le général L'Huilier pouvait faire entrer en campagne quelques bataillons nouveaux, on relèverait à Tolosa, à Vittoria, à Miranda, les 22e, 62e et 64e régiments, dont on tirerait un grand parti, et ils me serviraient à former une seconde division de troupes de l'armée du nord. Je prie Votre Majesté de me faire connaître ses intentions à Logrono ou Haro ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 9, p. 295).

La difficulté de vivre est grande, la retraite commence aussitôt et se continue jusqu'à Vittoria, où l'armée arrive le 20 juin.

- Bataille de Vittoria (21 juin 1813)

Le 21, Wellington lance ses troupes contre l'armée du Roi Joseph, qui s'est décidé à rester à Vittoria. C'est une sanglante affaire, dans laquelle les soldats se montrent toujours à hauteur de leur tâche et ne cèdent qu'au nombre. Le lendemain, le Roi se décideà battre en retraite afin de conserver ses communications menacées.

20 Officiers et 1100 Sous-officiers et soldats du Régiment ont été mis hors de combat à la bataille de Vittoria. Avec les débris, on forme un Bataillon, le 1er, qui est immédiatement envoyé à Saint-Sébastien.

- Siège de Saint Sébastien (juin-juillet 1813)

- Préliminaires

La place de Saint-Sébastien a été désarmée et abandonnée durant les campagnes précédentes. La retraite de l'armée française, après la bataille de Vittoria, lui rend toute son importance : elle barre à l'ennemi la route de Bayonne. Le Roi Joseph désigne le Général Rey comme Gouverneur et lui donne pour troupes de défense cinq Bataillons, pris parmi les meilleurs, qui, joints à différents petits détachements, font un total de 2673 fantassins, 166 artilleurs et 248 hommes du Génie. Nous avons dit que le 1er Bataillon du 62e en faisait partie. Mais selon Belmas et Pinot, il s'agit du 3e, sous les ordres du Chef de Bataillon Blanchard.

La ville est bâtie au pied d'un promontoire situé à l'extrémité d'une presqu'île bordée d'un côé par la mer, de l'autre par un fleuve, l'Uruméa. Les fortifications sont, en somme, peu importantes; le courage de la garnison doit y suppléer. Le couvent de Saint-Bartholomé constitue un solide point avancé.

Dans la nuit du 25 au 26, le 62e arrive à Ernani (Girod de l'Ain, Vie Militaire du Général Foy, page 402).

Dans son "Rapport sur les opérations du 21 au 28 juin 1813", le Général Foy raconte : "Dans la nuit du 25 au 26, nous avons pris la position d'Andoain. Cette position, couverte de front par Lorio et par le Rio-Luzaran, ne peut être tournée que par un mouvement fait au-delà des crêtes qui séparent le Guipuscoa de la Navarre. Le 40e et le 101e, venant d'Irun, sont arrivés à Andoain. Le 62e régiment et le régiment Royal-étranger sont arrivés à Hernani. Les renforts successifs avaient porté mon corps de troupes à 16 mille baïonnettes, 400 sabres et 10 pièces de canon. Je regardais comme très-essentiel de faire ma retraite pied à pied, et de retarder la marche de l'ennemi vers les frontières de l'Empire ... (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 9, p. 440).

Dès le 27 juin, Mendizabal, chef espagnol, se présente devant la place de Saint-Sébastien.

"Le 28, j'ai visité Saint-Sébastien, que j'ai trouvé en état de défense. La place n'avait presque pas de garnison; j'y ai mis le 22e et le 62e, les détachements du 1er et du 34e, et tous les canonniers et officiers d'artillerie qui étaient avec moi. J'ai laissé au général Rey, gouverneur, une garnison de 2.600 bons soldats; c'est ce qu'il faut pour défendre une place contre laquelle une seule attaque est possible" (Rapport du Général Foy sur les opérations du 21 au 28 juin 1813, in : Girod de l'Ain, Vie militaire du Général Foy, pages 397-401; Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 9, p. 440).

Le 29, Mendizabal attaque Saint-Bartholomé et veut l'emporter de vive force, mais il a compté sans la valeur des assiégés; en effet, deux Bataillons, l'un du 62e, l'autre du 22e, s'élancent sur l'ennemi qu'ils mettent en désordre et poursuivent à la baïonnette jusque dans ses lignes. Une deuxième attaque de Mendizabal, le 1er juillet, ne réussit pas mieux que la première.

L'escadre anglaise étant venue bloquer le port, le Gouverneur se résout à exécuter une sortie pour reconnaître l'ennemi et faire des prisonniers. Le 3 juillet, à 9 heures du soir, trois colonnes sortent de la place; celle du centre est formée par 400 hommes du 62e sous le commandement du Chef de Bataillon Blanchard. L'ennemi est poursuivi pendant une lieue, on lui tue quelques hommes et on lui fait 12 prisonniers; le but était atteint, les trois colonnes rentrent dans Saint-Sébastien.

Le 8 juillet, le Lieutenant Julteau est blessé; il décède le 16 (Martinien). Le 9, le Général anglais Graham arrive avec 10000 Anglais, Allemands et Portugais. Deux colonnes ennemies, voulant refouler nos postes avancés, sont vigoureusement reçues et poursuivies par nos Grenadiers et Voltigeurs.

Le 15 juillet, l'ennemi essaie d'enlever les ouvrages extérieurs; il n'a pas plus de succès que précédemment et retourne précipitamment derrière ses retranchements.

- Assaut de Saint-Bartholomé (17 juillet)

Les Anglais se sont servis de leur nombreuse artillerie pour ruiner à peu près complètement le couvent de Saint-Bartholomé; le 17, trois colonnes s'avancent pour s'en emparer. Le Chef de Bataillon Blanchard, du 62e, est spécialement chargé d'appuyer la lunette du cimetière et de surveiller l'ennemi le long de l'Uruméa.

La colonne ennemie de gauche s'étant emparée de maisons crénelées, le Lieutenant Saint-Jame, avec des Voltigeurs du 62e, les reprend, tue plusieurs Anglais et Portugais et s'y maintient avec une grande bravoure en dirigeant un feu meurtrier sur les réserves, qui cherchent à soutenir les troupes entrées dans le couvent. Ce dernier est repris par un détachement de Sapeurs et de Grenadiers des 62e, 34e et 22e. Cependant, l'ennemi, grâce à ses troupes fraîches, parvient à nous chasser de la lunette du cimetière, malgré la bravoure et le sang-froid du Capitaine Blot, du 62e; mais l'élan des Anglais se brise contre la résistance des Français dans la redoute du Rondeau. Cette affaire a été une véritable bataille, elle a duré quatre heures, pendant lesquelles nous sommes restés exposés au feu de 60 pièces d'artillerie.

Le Chef de Bataillon Blanchard s'est fait particulièrement remarquer pendant l'action.

Le Capitaine Douzon et le Lieutenant Saint-James ont été tués; le Capitaine Blot a été blessé (Martinien). Est également blessé le Capitaine Lambert, sans précision de date (Martinien).

- Assaut du 25 juillet

Le 23, l'artillerie ennemie fait de tels ravages qu'un immense incendie s'allume et ne peut être combattu faute d'eau. Le Gouverneur se prépare à recevoir l'ennemi : à gauche, la petite brèche est défendue par le commandant de Songeon avec une Compagnie du 62e, une de Chasseurs de montagne et une du 22e; le Colonel de Sentuary se tient à droite avec des Sapeurs, 400 hommes du 62e et un Bataillon du 34e; le Gouverneur est au centre, à la grande brèche, avec les Grenadiers et les Voltigeurs des 62e, 34e et 22e; les autres troupes sont en réserve. Les hommes bivouaquent à leur poste et réparent les brèches; le 25 au matin, la mine renverse la contrescarpe et les colonnes anglaises débouchent aussitô. Elles sont criblées de mitraille, leurs échelles sont renversées et l'une de ces colonnes est obligée de se retirer dans le plus grand désordre. A l'attaque principale, les défenseurs montrent un sang-froid admirable. Ils attendent que la colonne anglaise, forte de 2000 hommes, soit au pied de la brèche, et lancent alors tout ce qu'ils ont sous la main; les Anglais s'arrêtent, hésitent et ne forment bientôt plus qu'une masse confuse au sein de laquelle l'artillerie et la mousqueterie font des ravages épouvantables. Le Général Graham tient ses réserves prêtes, mais les fuyards de la première colonne y sèment tant de désordre et d'épouvante, qu'il est impossible de faire avancer ces troupes fraîches.

Les Anglais demandent à ce moment une suspension d'armes qui leur est accordée, et nos soldats, joignant l'humanité au courage, sauvent les blessés ennemis en les transportant à l'hôpital. Les assiégeants ont perdu 2000 des leurs dans cet assaut; nous n'avons que 18 tués et 49 blessés.

"La journée du 25 paraît favorable au général Graham, à cause de l'éloignement de l'armée française alors en marche sur Pampelune, pour faire un effort décisif contre la place : il profite du moment où la basse mer laisse à sec le pied du rempart, et l'explosion d'un fourneau établi dans un conduit qui traverse une place d'arme rentrante devient bientôt le signal de l'assaut. Les colonnes ennemies s'avancent avec assurance contre la brèche; tandis que d'autres troupes se précipitent dans le chemin couvert de l'ouvrage à cornes que la ruine de la place d'arme a rendu accessible, et commencent aussi un feu des plus violents sur les défenseurs des ouvrages circonvoisins. La garnison oppose sur tous les points la plus vigoureuse résistance. Renversés au pied des brèches, et écrasés par les feux directs des retranchements attaqués et les feux croisés des remparts latéraux, les assaillants abandonnent leur entreprise; ils s'éloignent un instant après et se replient en désordre dans la tranchée. Les détachements ennemis qui ont envahi le chemin couvert de l'ouvrage à cornes, sont abordés à leur tour à la baïonnette par un bataillon du 62e de ligne, et acculés aux palissades qui s'opposent à leur retraite, et les laissent à la merci des Français. Sur 2 000 Anglo-Portugais engagés dans cet assaut meurtrier, 500 environ restent tués ou blessés au pied des revêtements et dans les défenses adjacentes à la contre escarpe; plusieurs centaines de blessés sont en outre recueillis dans la place et y recçoivent tous les soins dus à leur état" (Lapène, in Gloire et Empire N°52).

"Cette affaire est, sans contre-dit, une des plus glorieuses pour les armes françaises en Espagne, elle est surtout remarquable par le sang-froid qu'ont su montrer nos troupes en se voyant attaquées inopinément par une brèche faite sous leurs pieds" (du Capitaine Gouffet, de la Légion de la Vendée).

Les Anglais, remplis d'admiration pour la garnison, mais aussi découragés par leurs échecs, font encore venir des renforts, surtout en artillerie. Plusieurs surprises sont de nouveau déjouées.

Le 27 juillet, le Sous lieutenant Béné est blessé.

Le même 27 juillet 1813, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois l'état d'organisation de l'armée d'Espagne au 18 juillet ...
Dans l'état de situation prochain, faites-moi connaître le n° des bataillons qu'a chaque régiment. Je n'ai pas trouvé dans le dernier état le 3e de ligne, les 105e, 40e, 52e, 1er de ligne, 10e, 20e et 62e de ligne ; mais je vous dis cela de mémoire. Faites faire un travail là-dessus pour voir tout ce qui se trouve à Pampelune et à Saint-Sébastien.
Récapitulez la situation de l'armée et les corps qui seraient oubliés. Cet état devra faire connaître les compagnies et les bataillons qui sont aux régiments. Assurez le duc de Dalmatie que toutes les mesures sont prises pour compléter ses régiments
" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 2, lettre 2093 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35598).

Le 31 juillet, le Lieutenant Rothmann est tué; le Lieutenant adjudant major Roses, les Lieutenants Thomas, Trimoullier et Robitaille sont blessés (Martinien). Le 18 août, le Lieutenant Toutard est tué (Martinien).

Le 26 août, 63 bouches à feu, dont 29 mortiers, tonnent de toutes parts contre la malheureuse ville.

Le 28 août, le Chef de Bataillon Blanchard et le Sous lieutenant Boyer sont blessés (Martinien). Le 30 au matin, presque tous nos feux étant éteints, Saint-Sébastien ne présente plus qu'un amas de décombres. Cette situation, loin d'intimider nos soldats, ne fait qu'irriter leur courage; réduits à recevoir la mort sans pouvoir la donner, ils attendent l'instant de l'assaut comme celui de la vengeance.

- Assaut du 31 août

Enfin, à 2 heures du matin, le 31, l'explosion d'une mine avertit que l'ennemi va tenter un suprême et dernier effort. Tous volent au rempart au cri de : "Ils n'entreront pas !". Vers 11 heures, l'ennemi s'élance, renforcé de 1200 hommes d'élite, envoyés par Wellington; aussitô on fait jouer deux fourneaux qui renversent le mur du quai sur la colonne anglaise; c'est le prélude du massacre, nos Grenadiers combattent corps à corps, l'avantage va nous rester lorsque la fortune nous devient tout à coup contraire : un obus ennemi fait éclater un amas de projectiles, qui tuent ou blessent des centaines de braves; les Anglais en profitent et s'élancent sur la brèche dégarnie de défenseurs, mais les quelques Grenadiers qui restent leur font payer cher ces ruines arrosées de sang.

Nos pertes étaient irréparables, nous nous retirons à 5 heures du soir dans le château du mont Orgullo; l'ennemi a perdu 2573 tués et blessés, nous avons 250 tués et 270 prisonniers presque tous blessés; la garnison est réduite à 1280 hommes. Les Anglais entrent dans la ville et y commettent toutes sortes d'atrocités, ternissant ainsi la gloire qu'ils venaient d'acquérir.

Le Capitaine Cussis et le Sous lieutenant Kollin ont été blessés le 31 août (Martinien).

Le lendemain, l'ennemi, espérant une capitulation, continue son feu sur le château et crible d'obus l'hôpital. Nos soldats irrités demandent à grands cris à se venger et à rentrer dans la ville. Une première sommation de se rendre reste sans réponse. Le 8 septembre, le Sous lieutenant Thellot est blessé ; il décède le 15. Le Capitaine Henry, le Lieutenant Debarre sont blessés (Martinien).

Cependant tenir est vouer à une mort certaine le peu de braves qui restent. Obéissant à cette raison d'humanité, le Gouverneur fait demander à l'ennemi les conditions de la capitulation.

"Lorsqu'on s'est défendu ainsi que vos troupes l'ont fait, répond le Général anglais, on n'est pas vaincu et on a le droit de dicter ses conditions".

La capitulation a lieu le 9 septembre. La garnison sort avec les honneurs de la guerre et les blessés sont transportés en France.

Napoléon, sur la demande du Maréchal Soult, n'hésite pas à récompenser le courage malheureux, et la plupart des Officiers de la garnison reçoivent dans les prisons mêmes d'Angleterre leur nomination à un grade supérieur.

Ainsi tombe Saint-Sébastien, place de troisième ordre, que l'ennemi comptait enlever en quelques jours. Saint-Sébastien a résisté pendant près de deux mois à une armée complètement organisée et pourvue d'un formidable équipage de siège; l'héroïsme du Gouverneur et de la garnison fait de cette défense un des événements militaires les plus remarquables des temps modernes.

- dbis/ Et pendant ce temps, le 5e Bataillon

Le 17 juillet 1811 encore, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Les 2es compagnies des 5es bataillons des 5e, 11e, 23e, 60e, 81e, 79e, 1er de ligne, 62e, 102e, 10e, 20e, 101e, 29e, 9e, 35e, 53e, 13e, 106e, 16e et 67e formant 20 compagnies se réuniront à Toulon et seront destinées à monter les 16 vaisseaux qui sont en rade de Toulon et les premiers qui seront mis à l'eau ...
Vous donnerez ordre que toutes ces compagnies soient composées d'officiers, sous-officiers et soldats de l'ancienne France ; que tous les officiers, sergents, caporaux et fourriers aient au moins 4 ans de service, et que les soldats aient au moins un an de service et soient à l'école de bataillon. Vous recommanderez qu'on porte un soin particulier à la formation de ces compagnies, à les maintenir au complet ; qu'on y mette des officiers de choix, hommes d'ordre et d'honneur qui puissent être utiles à bord des vaisseaux
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5796 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27681).

Le 1er août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, j'approuve que les conscrits réfractaires qui arrivent au dépôt du fort Lamalgue avec des feuilles de route et non conduits par la gendarmerie soient placés dans le 5e bataillon du 62e qui est à Marseille ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5890 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27915).

Le 1er août 1811, le Général de Division Grenier écrit aux Membres du Conseil d’administration du 62e Régiment : Je vous renvoie, messieurs, le livret que vous avez expédié le 8 juin dernier, et que vous avez oublié de remettre au détachement d’ouvriers de votre régiment qui s’est embarqué à Otrante pour Corfou, le 10 du même mois.
Je l’ai adressé à M. le général Decouz à Otrante pour le remettre à l’officier qui commandait ce détachement, mais quand il est arrivé, les ouvriers étaient embarqués et l’officier parti d’Otrante pour rejoindre le 62e ; il avait reçu l’ordre du général Decouz de passer à Naples pour prendre mes ordres, dans doute cet officier a oublié cette recommandation, car s’il a passé à Naples, il ne s’est pas présenté chez moi ; j’aurais pu lui remettre le livret ci-joint
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 31 page 76).

Le 2 août 1811, le Général de Division Grenier ordonne : "Il est ordonné aux militaires ci-après désignés de partir de cette ville demain 3 du courant pour se rendre à Rome d’où ils seront dirigés sur leurs corps respectifs, savoir ... Savigny Joseph, fusilier au 62e régiment de ligne ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 31 page 76).

Le 22 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez les ordres suivants pour la répartition des compagnies destinées à former les garnisons de vaisseaux.
ESCADRE DE TOULON
... Les 2es compagnies du 5e bataillon de chacun des 1er, 5e et 11e de ligne, 62e, 81e et 79e, seront complétées à Genève et à Grenoble, et seront dirigées sur Toulon ...
La compagnie du 9e, sur le Wagram, vaisseau à trois ponts ; ... celle du 62e sur le Génois ... Il y a des détails qui peuvent faciliter la formation des compagnies. Par exemple ... Le 1er de ligne a 90 hommes sur le Danube ; le 62e, 92 hommes sur L’Ulm, etc., etc. Le bureau des mouvements du ministère pourra facilement faire une bonne et utile instruction là-dessus
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6042 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28292).

Le 10 septembre 1811, à Compiègne, "On demande à Sa Majesté si deux détachements d'ouvriers tirés des 62e et 101e régiments, formant ensemble 64 hommes, qui ont été envoyés à Corfou, doivent être incorporés dans la compagnie de sapeurs français qui est incomplète ou devenir le noyau d'une compagnie d'ouvriers du génie de 140 hommes dont le général Donzelot propose l'organisation provisoire" ; "Qu'est-ce qui serait le moins coûteux ?", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6148 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 8 septembre 1811).

Le 13 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Le 5e bataillon du 62e tiendra garnison au château d’If, dans l'île de Pomègue, ou dans t'enceinte du lazaret ... Les dépôts du fort Lamalgue et du lazaret doivent être dissous. Les 3.000 hommes qui s'y trouvent seront employés, sans délai, de la manière suivante :
500 hommes pour le 5e bataillon du 22e d'infanterie légère ... 500 au 5e bataillon du 62e ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6169 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28639).

Le 13 septembre 1811, le Général de Division Grenier ordonne : "Il est ordonné aux sieurs Lalo et Combes, sous-officiers sortant du 2e régiment de Vélites à pied de la garde de S. M. le Roi des Deux-Siciles et appartenant au 62e régiment de ligne, de partir de Sessa le 14 de ce mois pour aller rejoindre le dépôt de ce dernier corps.
M. le commissaire des guerres est invité à vouloir bien leur délivrer la feuille de route nécessaire pour qu’ils se rendent à leur destination
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 55 page 124). Ces deux Sous-officiers avaient d'abord été envoyés au Quartier général du Général Grenier, par le Colonel du 2e Régiment de Vélites de la Garde napolitaine, sans solde ni effets ; le Général Grenier les avait donc renvoyés, le 8 septembre 1811, en demandant au Colonel de les mettre en règle, et qu'ils soient de retour au Quartier-général le 12 septembre (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 52 page 118 et Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 52 page 118).

Le 14 septembre 1811, le Général de Division Grenier écrit au Conseil d’administration du 62e de Ligne : "MM. j’ai donné l’ordre de vous prévenir que j’ai hier donné l’ordre aux sieurs Lalo et Combes, sous-officiers appartenant au corps que vous administrez, qui étaient employés dans le régiment … de vélites à pied de la garde du roi de Naples, et qui ont été réclamés par le Directeur général des Revues et de la Conscription, de partir de Sessa, pour aller rejoindre le 62e régiment. Ces deux officiers jouissent d’une excellente réputation dans les vélites, ils sont bons sujets, ils méritent toute votre bienveillance à laquelle je les recommande" (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 55 page 124).

Le même 14 septembre 1811, le Général de Division Grenier écrit au Général Aymé, Chef de l’Etat-major général de l’armée napolitaine, à Naples : "J’ai reçu votre lettre du 5 de ce mois, par laquelle vous me prévenez que d’après les intentions de S.M. le Roi des Deux-Siciles, les nommés Combes, Lalo et Antoine qui servaient dans les vélites de la garde de S. M., devaient être mis à ma disposition. Les deux premiers ont reçu hier l’ordre de partir de Sessa, pour aller rejoindre le 62e auquel ils appartiennent (et non au 20e). Aussitôt que le nommé Antoine sera mis à ma disposition, il recevra la même destination" (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 55 page 124).

Toujours le 14 septembre 1811, le Général de Division Grenier écrit ensuite au Général Comte Dumas : "Le 15 juillet dernier, vous avez écrit à l’inspecteur aux revues Ferrand, et vous l’avez chargé de vous faire savoir, ce qu’étaient devenus les nommés Bonnet, grenadier, Combes et Lalo, fourriers, et Antoine, caporal, tous 4 appartenant au 20e de ligne ; cet inspecteur a transmis le 6 août aussi dernier copie de votre lettre au Ministre de la Guerre du Royaume de Naples, qui m’a écrit le 3 de ce mois pour me prévenir que les sieurs Combes et Lalo, fourriers, étaient mis à ma disposition.
Il y a sans doute eu erreur quelque part dans l’indication du régiment auquel ces 4 militaires appartiennent ; d’après l’ordre de S. M. l’Empereur et Roi du 22 avril 1810, et la déclaration de Combes et Lalo, ces deux derniers sont du 62e ; j’ai en conséquence donné hier l’ordre que ces deux sous-officiers fussent dirigés sur le 62e régiment de ligne, et j’en ai prévenu le conseil d’administration de ce corps.
Quand Antoine et Bonnet seront mis à ma disposition, je les dirigerai sur leurs corps respectifs, le 1er sur le 62e et l’autre sur le 20e
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 56 page 125).

Le 18 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Le 5e bataillon du 62e remplacera, au château d'If et au Ratoneau, le 5e bataillon du 1er de ligne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6197 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28693).

Le 8 octobre 1811, le Général de Division Grenier écrit au Général Aymé : "Mon cher général, j’avais autorisé le nommé Paul Guy grenadier au 62e régiment de ligne, à rester à Naples jusqu’au 1er juillet pour travailler chez le gantier de la Reine, le temps de sa permission expiré, cet individu au lieu de rejoindre son corps, s’est caché et est entré chez le dénommé Marchand rue du Gantai à Montelivetto. Je vous prie de donner l’ordre de le faire et de le faire conduire par la gendarmerie à Sessa, où je prendrai les mesures convenables à égard.
Si on avait quelques difficultés à le trouver, le gantier de la Reine, ou le sieur Marchand doivent savoir iù il est ; vous pourrez avoir recours à eux au besoin.
Je vous serai obligé de me prévenir du résultat de vos démarches qui m’intéressent d’autant plus que cet homme, en ne rejoignant pas son corps, me compromet il est …
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 61 page 136).

Le 16 novembre 1811, le Général de Division Grenier écrit au Général Aymé : "On lui rappelle une lettre du 8 octobre relative à un nommé Paul Guy, grenadier au 62e ; on le prie de nouveau de donner suite à ce qui est demandé par cette lettre" (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 73 page 159).

Le 27 janvier 1812, l’Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d’Italie : "... 300 hommes du 62e sont partis pour vous rejoindre ..." (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 300 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29844).

Le 9 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon fils, je vois par le rapport du général Vignolle, du 2 février, que, moyennant les incorporations des bataillons de la Méditerranée, le 84e, le 9e, le 106e et le 92e se trouvent au grand complet ; le 8e et le 18e d'infanterie légère doivent se trouver au grand complet par l'incorporation du 7e bataillon. Les Croates et les Espagnols sont au grand complet ; je n'ai donc plus de sollicitude que pour le 35e et le 57e. Faites-moi connaître si vous avez reçu le 5e bataillon du 62e qui doit vous fournir 3 à 400 hommes à incorporer. J'ai dirigé de l'île d'Elbe sur l'Italie les 5e bataillons du 14e·d'infanterie légère et du 6e de ligne. Je l'ai fait suivre par quatre compagnies de marches, tirées également des bataillons de la Méditerranée qui sont à l'île d'Elbe ; enfin je suppose que vous avez pris toutes les mesures nécessaires pour porter les troupes italiennes au grand complet. Ayez soin de faire passer une revue générale par les inspecteurs aux revues du 11 au 16, afin de bien savoir l'état des troupes qui partent, et d'arrêter à cette époque l'effectif de chaque compagnie, de chaque bataillon et chaque corps. Tout le reste pourrait entrer dans l'effectif du 6e bataillon, hormis ce qui se trouve aux hôpitaux de Bolzano, de Vérone, de Brescia et environs. Vous devez avoir reçu du prince de Neufchâtel l'ordre de commencer votre mouvement du 16 au 20. Je vous ai fait connaître que vous pouviez ne le commencer que du 20 au 22, cela est indifférent ; il suffit que le mouvement soit secret et s'opère ensuite avec rapidité une fois qu'il sera commencé. Il faut surtout que j'en sois prévenu, et que je connaisse à l'avance le moment où votre première colonne de troupes passera le Brenner, pour que je puisse régler tous les autres mouvements en conséquence" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 305 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29954).

Le 29 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, j'ai reçu vos deux états de situation au 15 février.
Je vois avec peine dans l'état de situation du 4e corps de la Grande Armée que les régiments sont partis très-faibles ... Je vous ai donné avis que le bataillon du 62e a dû arriver en Italie, que les 5es bataillons du 6e de ligne et du 14e léger et de forts détachements du régiment de la Méditerranée ont dû partir de l'île d'Elbe et de Corse pour venir à Vérone ; tout cela doit faire un renfort de 14 à 1,5oo hommes : est-ce arrivé ? ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 308 ; Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18534 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30090).

Le 2 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Berthier : "... vous réunirez une 16e demi-brigade à Marseille. Elle se composera :
1er bataillon
2 compagnies du 5e bataillon du 60e de ligne
2 id. du 81e
2 id. du 25e
2e bataillon
2 id. du 1er de ligne
2 id. du 62e
2 id. du 16e de ligne
Par ces dispositions, toutes les côtes de l'Empire seront suffisamment pourvues, en attendant la formation des cohortes de gardes nationales. Il devient pressant que les cadres de ces bataillons soient complets en officiers ; qu'ils aient leurs chefs de bataillon, et que vous nommiez les 15 majors en second qui devront commander ces demi-brigades. Vous ferez partir le 15 avril ces majors en 2nd pour visiter les dépôts qui fournissent aux demi-brigades.
Vous aurez soin de prévenir le ministre de l'Administration de la guerre afin qu'il donne des ordres, et prenne des mesures pour que l'habillement ne manque pas.
Vous autoriserez les majors en 2nd à faire partir le 30 avril les 4es bataillons à 600 hommes. Les 200 autres hommes viendront un mois après ...
Ces demi-brigades ne doivent rien déranger à la comptabilité. Les bataillons qui les composent doivent correspondre avec leurs dépôts pour l'administration
Annexe
Formation des demi-brigades provisoires, de l'Intérieur et des côtes
16e demi-brigade à Marseille
1er bataillon : 2 compagnies du 5e bataillon du 60e de ligne (dépôt à Genève) : 100 conscrits du Taro, 371 de la Haute-Garonne ; total 471 ; 171 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 81e de ligne (dépôt à Chambéry) ; 335 conscrits de Haute-Garonne ; total 335 ; 35 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 23e de ligne (dépôt à Genève) ; 184 conscrits du Taro, 100 du Gers, 200 des Landes ; total 484 ; 184 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon : 2 compagnies du 5e bataillon du 1er de ligne (dépôt à Marseille) : 280 conscrits du Tarn ; total 280 ; manque 20.
2 compagnies du 5e bataillon du 62e de ligne (dépôt à Marseille) : 420 conscrits du Tarn ; total 420 ; 120 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 16e de ligne (dépôt à Toulon) : 180 conscrits de l’Hérault, 241 du Tarn ; total 421 ; 121 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7057 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30370 (intégrale)).

Le 30 avril 1812, Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Je n'approuve point non plus que vous retiriez 20 hommes du 62e pour les donner au 1er régiment de ligne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7186 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30538).

Quelques jours plus tard, Napoléon renforce ses Divisions de réserve; il écrit, le 18 mai 1812, depuis Dresde, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois le travail qui était joint à votre lettre du 11 mai. Voici quelles sont mes intentions définitives, donnez des ordres pour leur prompte exécution ...
Brigades d’Espagne, d’Alexandrie et de Toulon
... Je n'approuve pas davantage que le 23e de ligne et le 60e versent leurs conscrits dans le 62e et le 16e de ligne ...
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18701 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30633).

Le 8 juillet 1812, l'Empereur écrit, depuis Vilna, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, la 16e demi-brigade provisoire a deux compagnies du 5e bataillon du 16e de ligne. Mon intention est que ces deux compagnies versent tout ce qu'elles ont de disponible dans le 3e bataillon de leur régiment, que le 5e bataillon verse également dans le 3e bataillon tout ce qu'il a de disponible, et, par ce moyen, ce 3e bataillon du 16e de ligne se trouvera au complet de 700 hommes. Le 62e a deux compagnies du 5e bataillon à la 16e demi-brigade. Mon intention est que ces deux compagnies donnent tout ce qu'elles ont de disponible au 4e bataillon ; que le 5e bataillon fournisse également au 4e bataillon ce qu’il a de disponible, et, par ce moyen, le 4e bataillon du 62e sera composé de 700 ou 800 hommes. La 16e demi-brigade provisoire se trouvera composée de la manière suivante :
1er bataillon : le 3e du 16e de ligne ;
2e bataillon : le 4e du 62e de ligne ;
3e bataillon : deux compagnies du 60e de ligne, deux compagnies du 81e de ligne, deux compagnies du 1er de ligne.
Vous ordonnerez que cette demi-brigade se forme sans délai à Marseille. A cet effet, les deux compagnies du 16e et du 62e, qui font partie du 2e bataillon actuel de la 16e demi-brigade, seront incorporées dans leur 3e et 4e bataillon avec tout ce qui est disponible au dépôt. Les 2es compagnies du 32e de ligne se rendront en Illyrie pour recruter les deux bataillons de ce régiment qui s'y trouvent ; elles seront remplacées dans la nouvelle formation de la 16e demi-brigade par deux compagnies du 1er de ligne, ce qui complète cette demi-brigade à trois bataillons, comme il a été dit ci-dessus. Quand ces trois bataillons seront bien formés en septembre, le ministre de la guerre pourra les diriger sur Bayonne pour de là aller renforcer la réserve de Bayonne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7416 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31158).

e/ Campagne d'Allemagne, 1813

Les armes françaises en 1812 n'ont pas été plus heureuses en Russie qu'en Espagne. La Grande Armée, victorieuse de ses ennemis, est entrée à Moscou, mais, vaincue par le climat, presque anéantie, elle a été obligée de rétrograder jusqu'en Allemagne.

Il ne reste à la France que quelques soldats de ce côté : le génie de Napoléon, le patriotisme des Français vont opposer aux vainqueurs une armée de soldats, jeunes il est vrai, mais que leur courage et leur dévouement vont bientôt rendre capables de marcher sur les traces de leurs aînés.

Le 30 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... Vous donnerez l'ordre que les compagnies des 7e de ligne, 10e, 13e, 20e, 42e, 62e, 67e, 101e et 102e (total 9 compagnies) forment un bataillon sous le titre de bataillon du corps d'observation d’Italie. Ce bataillon partira du 15 au 20 février ; il se rendra à Bamberg, où il restera jusqu'à nouvel ordre, attendant le passage du corps d'observation d'Italie, dans le courant de mars, et alors il sera incorporé dans les différents régiments ; les cadres rentreront à leurs dépôts ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 734 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32545).

- Création du 11e provisoire

Beaucoup de nouveaux Régiments sont créés; ils sont appelés "Régiments provisoires". Nous avons dit que les cadres du deuxième Bataillon ont été renvoyés au Dépôt, à Marseille, le 26 août 1812.

Le 6 Janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Vous verrez par la lettre que je vous ai écrite la formation de quatre corps : un corps d’observation de l'Elbe, un corps d'observation d'Italie et deux corps d'observation du Rhin ...
Il me faut, pour le corps d'observation d'Italie, sans y comprendre les bataillons italiens, 28 bataillons, et 40 bataillons pour chacun des corps d'observation du Rhin, 80 bataillons ; total des bataillons nécessaires, 108.
Il sera formé, à cet effet, 34 régiments provisoires, chaque régiment composé de 2 bataillons ; ce qui fera 68 bataillons ...
Les 34 régiments provisoires seront formés de la manière suivante :
... 11e régiment provisoire : 1e bataillon du 1er de ligne, 2e du 62e ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19425 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32215).

Le 26 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, au sujet de l'organisation du 2e Corps d'Observation du Rhin ; suit un état qui indique la composition de la 1ère Division : 13e Provisoire, 23e Léger, 4e, 17e, 16e et 11e Provisoires ; 20 mars (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32484).

Le 30 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... les compagnies des 1er de ligne, 14e, 16e, 47e, 62e, 66e, 69e, 70e, 86e, 121e et 122e (total 10 compagnies) formeront un bataillon de marche des régiments provisoires des corps d'observation du Rhin ; et à fur et mesure que les régiments provisoires dont elles font partie passeront à Mayence, ces compagnies seront incorporées et les cadres rentreront en France ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 734).

Le Bataillon est 2e reconstitué au moyen de l'incorporation de conscrits, et, le 12 février 1813, il se met en route pour se rendre à Mayence pour former, avec le 4e Bataillon du 1er de Ligne, le 11e Régiment provisoire.

Ce nouveau Régiment est d'abord placé, à Mayence, dans la 1ère Division du 2e Corps de l'Armée dite "d'Observation du Mayn", organisée à la nouvelle apparition des armées ennemies sur les bords de l'Elbe. Martinien donne un Sous lieutenant Trimoullier, blessé le 5 avril lors de l'affaire d'Orloban (?).

Le 8 avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre :"Monsieur le Duc de Feltre, si le 4e bataillon du 32e est utile à Port-Cros et se trouve composé de réfractaires, je consens à ce qu’il reste aux iles d’Hyères. Je ne vois pas d’inconvénient à ce que vous fassiez partir 40 hommes du 1er de ligne, 120 du 16e, 200 du 62e, 150 du 145e. Ils formeront un bataillon de marche qui se rendra à Mayence et iront compléter les bataillons qu’ils ont à la Grande Armée. Le 32e peut aussi faire partir les 200 hommes nécessaires pour recruter le bataillon qu’il a à l’armée. Faites également partir 6 à 700 hommes du 2e régiment d’artillerie de marine" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33728).

Mais, le 15 avril, elle est encadrée définitivement dans la 21e Division (Général Bonnet); cette Division est la deuxième du 6e Corps (Général Marmont). Le Bataillon du 62e, qui a pris part à la formation du 11e Provisoire, est commandé par le Chef de Bataillon Berceau; le Régiment, à l'effectif de 1161 hommes, l'est par le Colonel Gougeon.

Le 15 avril, la Division Bonnet se trouve à Eisenach; le 21, elle arrive à Gotha.

- Bataille de Lutzen (2 mai 1813)

Napoléon, après avoir rassemblé 200000 hommes, décide de traverser la Saale, d'attaquer le flanc de l'armée ennemie, de lui couper ensuite ses communications et de marcher sur Berlin. Les Alliés, de leur côé, comptent écraser, en une seule bataille, les Conscrits de Napoléon.

Un premier engagement a lieu, le 1er mai, à Weissenfels, à la suite duquel le 6e Corps se porte près de Rippach.

Comme nous possédons peu de renseignements sur l'ennemi, le 6e Corps reçoit, le 2 au matin, l'ordre de marcher sur Pegau. Aussitô, les carrés sont formés, la Division Bonnet se place en échelon à gauche de la 1re Division, et la marche commence avec vigueur et promptitude. Le mouvement, bien que gardant un carctère offensif, est bientôt arrêté, car le Corps de Ney, placé auprès de Marmont, est aux prises avec des forces considérables. Pendant cet arrêt sous le feu, les jeunes soldats du 11e Provisoire supportent avec un sang-froid et un courage dignes des plus grands éloges les effets d'une artillerie formidable, à laquelle ils ne peuvent répondre; les rangs, éclaircis à chaque instant, se reforment; la cavalerie ennemie, qui s'est ébranlée et a chargé vigoureusement, vient se briser contre les baïonnettes. A ce moment, notre Division est envoyée au secours de Ney; l'ennemi est repoussé et la marche en avant reprise sur tout le front. La nuit seule arrête les trois Divisions du 6e Corps qui chargent en ligne. Les soldats, fatigués, espèrent goûter un repos bien mérité, lorsque la cavalerie prussienne fond sur nos troupes; un Régiment, surpris, est même mis en désordre, mais les carrés du 11e Provisoire ainsi que plusieurs autres en imposent à l'ennemi par leur bonne contenance et le forcent à se retirer. La cavalerie prussienne ne se déclare point satisfaite car, vers 10 heures du soir, elle revient de nouveau à la charge; cette fois, reçue à bonne portée, elle fait des pertes considérables et le Régiment des Gardes du Corps prussien est entièrement anéanti.

Ainsi finit cette journée, glorieuse surtout pour le 6e Corps, qui a eu l'honneur de tirer les premiers coups de canon et les derniers coups de fusil. Le 11e Provisoire reçoit des éloges particuliers pour le courage montré par ses conscrits encadrés par les vétérans d'Espagne et d'Italie.

- Bataille de Bautzen (20-21 mai 1813)

Après Lützen, l'armée française poursuit l'armée ennemie. Elle entre à Dresde et arrive devant Bautzen, aux environs de laquele les Alliés se sont très fortement retranchés, sur deux lignes parallèles. Le 20, tandis que notre droite attaque la gauche ennemie et que Macdonald se lance sur Bautzen, le 6e Corps reçoit l'ordre de passer la Sprée au dessous de cette dernière ville et de chasser le Général Kleist des hauteurs de Seydan. Malgré une résistance des plus acharnée de la part de l'ennemi, résistance qui dure plus de cinq heures, le 6e Corps accomplit sa mission. Le soir du premier jour, la première ligne de retranchements ennemis est donc forcée. Le lendemain, le feu reprend sur tous les points, l'armée française chasse les Alliés de toutes leurs positions qu'ils occupent et le 6e Corps poursuit l'enemi jusqu'à Wurtzen.

Comme à Lützen, nos jeunes soldats se sont couverts de gloire dans ces deux journées.

Etant donné le peu de détails que possèdent les Régiments sur cette campagne, nous dirons seulement que le 11e Provisoire a pris part aux combats de la Katzbach et de Jauer, qui sont pour nous des victoires. A ce moment, l'armée ennemie est sauvée par l'armistice de Pleiswitz, pendant lequel l'Autriche se déclare contre nous.

- Bataille de Dresde (26-27 août 1813)

A la reprise des hostilités, trois armée ennemies se préparent à entrer en lice; de notre côté, nous trouvons le 6e Corps à Buntzlau; il fait partie de l'Armée de Silésie, commandée par Ney, qui se retire devant Blücher, mais est bientôt ramené au combat par Napoléon lui même. Blücher est battu le 21 août.

Le 6e Corps est alors rappelé en toute hâte à Dresde au secours des Corps français, attaqués par la deuxième armée ennemie, celle de Bohême. Le 11e Provisoire, arrivé à marches forcées, participe à la bataille de Dresde, indécise le 26 août, mais décisive le lendemain. L'ennemi est rejeté en Bohême.

- Poursuite de l'ennemi

Avec plusieurs autres Corps, le 6e poursuit l'Armée de Bohême et lui inflige une défaite à Possendorf.

Le Général Lagrange a succédé au Général Bonnet dans le commandement de la 2e Division. Celle ci enlève Dippoldiswald, puis elle met en fuite 15000 Alliés à Falkenhein et, le 30 août, elle s'empare encore de la position de Zienwald. Mais nos succès sont arrêtés par la capitulation de Vandamme à Kulm, et nous sommes obligés de revenir sur nos pas.

Pendant cette poursuite, nos armes ont été malheureuses en Silésie, où Blücher a été vainqueur à la Katzbach.

Napoléon prend alors avec lui la Garde et le 6e Corps et renverse l'avant garde ennemie, dont le Corps principal se retire en toute hâte. Peu après, le 6e Corps revient à marches forcées à Dresde, le 10 septembre, et peut enfin jouir d'un repos bien mérité.

"Le 6e corps marchait depuis vingt-deux jours, dit Marmont, sans un seul séjour; il avait livré plusieurs combats et fait souvent des marches de douze lieues, mais il était bien organisé et l'esprit en était admirable".

Il s'écoule un mois, pendant lequel le 6e Corps accomplit, autour de Dresde, différentes opérations heureuses. Le Lieutenant Brousse est blessé le 29 septembre au cours d'une affaire sur l'Elbe (Martinien).

Durant cette période, Marmont arrête Blücher à Duben, puis vient s'établir à Eulembourg. L'armée ennemie du Nord, qui s'est avancée à son tour, force le 6e Corps à battre en retraite sur Leipzig.

- Bataille de Leipzig (16-19 octobre 1813)

Le 12 octobre, Marmon, qui a reçu l'ordre d'occuper Delitsch, accomplit sa mission, puis revient à marches forcées au nord de Leipzig. L'armée française, le 16 octobre, est placée en demi-cercle autour de cete dernière ville, faisant face vers le nors, l'est et le sud, aux armées des coalisés. La bataille, dont dépendra le sort de l'Allemagne, va se livrer.

Marmont choisit, à Liebenthal, un emplacement favorable pour résister aux armées ennemies du Nord et de Silésie, mais bientôt, il reçoit l'ordre de se porter au sud de la ville. Le mouvement est à peine commencé que les deux armées ennemies débouchent sur nos derrières; l'arrière garde, aidée de la Division dont fait partie le 11e Provisoire, les tient cependant en respect. Nous faisons de nouveau face à l'ennemi et nous livrons un combat furieux, dans lequel nos soldats luttent un contre quatre; les deux lignes de combat sont espacées seulement de 150 pas. "Jamais chose pareille ne s'était offerte à mes yeux", écrit Marmont.

Au sud de la ville, le combat est non moins violent, et le soir, nous conservons à peu près nos positions. Ont été blessés le 18 le Chef de Bataillon Berceau, le Capitaine Dauphin, les Lieutenants Marqueyret et Brousse, le Sous lieutenant Ducommun (Martinien).

Mais le lendemain, les Alliés reçoivent encore de puissants renforts et le 19, la lutte recommence aussi furieuse. Schoenfeld est perdu et repris sept fois. C'est notre Division qui a principalement la gloire de cette défense héroïque.

Quoique nos pertes énormes soient inférieures à celle de l'ennemi, nous sommes obligés de reculer devant les forces toujours croissantes des coalisés. Nos troupes se sont surpassées en énergie et en courage; "jamais elles n'avaient été aussi fières de ce qu'elles avaient fait".

Ont été blessés le 19, les Capitaines Achery, Hizet, le Lieutenant Pacory, les Sous lieutenants Villé et Rabiet (Martinien).

- Bataille de Hanau

La retraite, que rend difficile la traversée insuffisamment préparée de l'Elster, est des plus pénibles. Le 6e Corps, au prix de grands efforts et de grandes pertes, la protège et arrive considérablement réduit à Weissenfels. Un nouveau danger se présente à notre armée en retraite : la Bavière, qui vient de se déclarer contre la France, a envoyé 50000 hommes barrer la route, près de Hanau, à l'armée française. "Celle-ci, dit Napoléon, passa au travers de l'armée ennemie comme un boulet". Le 2 novembre, elle arrive à Mayence.

- Corps d'Observation de la Bavière

Le 6 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, décrète : "Napoléon, Empereur des Français. Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:
TITRE PREMIER. — Corps d'observation de Bavière. Article premier. — Le corps d'observation de Bavière sera composé, comme nous l'avons ordonné par notre ordre du 4 dernier, de quatre divisions, savoir: la 51e, la 52e, la 53e et la 54e.
Art. 2. - Ces quatre divisions seront composées de la manière suivante :
54e division
Commandé par un major : 51e de ligne, 2e bataillon ; 55e de ligne, 2e bataillon.
Commandé par un major : 62e de ligne, 3e bataillon ; 1er de ligne, 3e bataillon.
Commandé par un major : 23e de ligne, 3e bataillon ; 26e de ligne, 5e bataillon.
Commandé par un major : 32e léger, 1er bataillon ; 17e léger, 3e bataillon.
Commande par un major : 1er de marine, 7e bataillon ; 2e de marine, 9e bataillon.
Total: 10 bataillons ...
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 20).

f/ Campagne de France (1814)

Les débris de l'Armée d'Allemagne sont arrivés épuisés sur le Rhin, et comme si les revers de la campagne précédentes ne suffisent pas, le typhus fait bientôt dans les troupes de terribles ravages. De son côté, l'ennemi nous guette, prêt à passer la frontière.

L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique, dans son article 5 : "La vingtième division sera composée ainsi qu'il suit :
... Deuxième et sixième bataillons du 62e de ligne.
Il sera incorporé cent conscrits hollandais dans le deuxième bataillon …
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105). La 20e Division doit être commandée par le Général Lagrange. Les Conscrit Hollandais doivent être pris sur 4 Bataillons hollandais, à raison de 150 Conscrits par Bataillon.

Le 13 novembre 1813, le Sous inspecteur aux Revues Henry procède à l'incorporation de 100 conscrits hollandais dans le 2e Bataillon du 62e, qui a fait la campagne d'Allemagne.

Le 28 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre que le dépôt du 66e fasse partir 500 hommes pour rejoindre ses bataillons au 4e Corps d'armée, et que celui du 1er de ligne, qui est à Marseille, celui du 16e, qui est à Toulon, et celui du 62e, qui est à Marseille, en fassent également partir 500 hommes chacun pour rejoindre leurs bataillons au 6e corps ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37317).

Le 4 décembre 1813, à Paris, l'Empereur est informé que : "On ordonne d'envoyer 300 hommes du dépôt des 16e et 62e de ligne à l'armée d'Italie pour y renforcer leurs bataillons de guerre ..."; ce dernier répond : "Approuvé ces dispositions. Y ajouter le bataillon du 62e dont le cadre est à Marseille" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6272).

Le même 4 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le premier bataillon du 1er de ligne, qui est à Marseille, aussitôt qu'il aura été complété à 800 hommes, se rende à Alexandrie pour faire partie de l'armée de réserve.
Donnez ordre également que le 3e bataillon du 1er de ligne, aussitôt qu'il sera complété à 800 hommes, se rende de Marseille à Alexandrie.
Enfin, donnez ordre au 1er bataillon du 62e, qui est à Marseille, de se rendre aussi à Alexandrie, aussitôt qu'il sera complété à 800 hommes.
Ainsi, le 1er de ligne aura son 1er et son 2e bataillons à l'armée d'Italie, et le 62e, son 1er et son 4e ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37386).

Le 14 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les 2 500 hommes du Piémont que j'ai destinés, à Orléans, au 113e régiment, partent de Grenoble, de Toulon, de Genève, de Marseille et de Chambéry, savoir :
Par ce moyen, le 113e aura de quoi compléter ses trois bataillons.
... Le 62e de ligne enverra les 200 hommes de 1'Apennin ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37548).

Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ...
Je ne parle pas du 1er de ligne ni du 62e, parce qu'ils sont destinés pour Alexandrie et le corps de réserve d'Italie ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).

Le 21 décembre 1813, l'Empereur depuis Paris ordonne : "Le 6e corps d’armée, commandé par le maréchal duc de Raguse, sera formé en quatre divisions, savoir :
... 3e division, général Lagrange : 16e léger, deux bataillons; 28e, eux; 144e de ligne, deux; 145e, un; 1er, un; 14e, un; 15e, trois; 6e, un; 62e, deux; 70e, deux; total, dix-sept bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).

Toujours le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je viens d'examiner le tableau de l'infanterie qui est joint à votre travail du 19 décembre ...
... Le 6e corps sera formé en 3 divisions :
... 2e division, de : 2 bataillons du 9e léger ; 2 bataillons du 16e ; 1 bataillon du 1er de ligne ; 1 bataillon du 14e ; 3 bataillons du 15e ; 1 bataillon du 16e ; 1 bataillons du 62e ; 3 bataillons du 70e ; 5 bataillons du 121e ; 18 bataillons ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37628).

Le 25 décembre 1813, le Major général écrit, depuis Paris, au Maréchal Marmont : "L'Empereur vient d'arrêter, monsieur le duc, une nouvelle organisation pour le sixième corps d'armée. L'intention de Sa Majesté est que vous le fassiez former de suite en trois divisions au lieu de deux, conformément à l'état ci-joint. Faites procéder à cette opération.
En conséquence, vous retirerez de la division Ricard, qui est votre première division, les bataillons des 9e et 16e léger, pour les réunir à votre deuxième division, dont ils doivent désormais faire partie. Ces bataillons formeront la deuxième division avec ceux des 1er, 14e, 15e, 16e, 62e, 70e et 121e régiments de la division actuelle du général Lagrange. La troisième division se trouvera formée des bataillons restants de la division actuelle du général Lagrange, savoir des bataillons des 23e et 37e léger, 1er, 3e et 4e régiments de marine. Vous verrez, par l'état ci-joint, que, pour compléter l'organisation du sixième corps, vous avez à recevoir vingt- deux bataillons, qui sont maintenant en formation dans leurs dépôts. A mesure que ces bataillons seront en état, le ministre de la guerre les fera partir pour vous rejoindre ...
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 100).

L'Etat qui suit indique : 6e Corps d'Armée, M. le Maréchal Duc de Raguse, commandant; 2e Division : 62e Régiment de ligne, 2e et 3e Bataillons présents au 6e Corps (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 102).

Le 2e Bataillon, ainsi que le 3e, reconstitué, fait partie du 6e Corps d'Armée (Maréchal Marmont, 2e Division commandée par le Général Lagrange.

Le peu de répit que nous laisse l'ennemi est mis à profit pour instruire les recrues et donner quelque cohésion aux troupes.

La campagne ne tarde pas à commencer : luttant un contre quatre, les soldats du 62e s'illustrent dans cette campagne immortelle dont nous n'énumérerons très rapidement que les faits principaux, car presque chaque jour se livre un combat ou s'éxécute une longue marche et il est resté de cette période peu de documents donnant les faits d'armes accomplis par les Corps.

L'ennemi ayant passé le Rhin le 1er janvier 1814, nous rétrogradons immédiatement, et le 6e Corps arrive à Bar le Duc. Les Alliés sont divisés en deux grandes armées, dite de Bohême et de Silésie, sans parler de celle du Nord. Elles comptent environ 360000 hommes; nous en avons 60000 à leur opposer.

Le 18 janvier 1814, à Paris, l'Empereur dicte les notes suivantes : "1° Le 64e est à Besançon ; il ne faut donc pas y compter.
2° Les 1er et 62e de ligne ont deux bataillons dans le Midi, à Toulouse et Marseille ; ces deux bataillons sont destinés pour l'armée d'Alexandrie, mais on pourrait les destiner pour la réserve de Lyon. Si Lyon est occupé par l'ennemi, il faut désigner le point où la réserve doit se réunir. Serait-ce à Grenoble, à Chambéry ou à Vienne, flanquant ainsi Genève, couvrant Grenoble et Avignon, et menaçant Genève et Lyon ? Il faudrait alors que les généraux se tinssent à Chambéry et à Vienne, et qu'une division fût placée sur la route de Lyon à Paris ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21114 - Note : 1er et 4e Bataillons du 62e).

Le 25 janvier , le 62e de Ligne fait partie du centre de l'Armée française, commandé par le Maréchal Marmont, Duc de Raguse, 6e Corps d'Armée (idem), 2e Division Comte Lagrange; son effectif est de 228 hommes répartis en deux Bataillons (in Gloire et Empire N°54; source SHD).

Le 29 janvier se livre la bataille de Brienne, pendant laquelle le 6e Corps arrête le Corps d'York, puis, fort de 3000 fantassins seulement, il échappe miraculeusement à trois Corps d'Armée ennemis, qui l'ont entouré, et vient tenir en échec environ 20000 hommes, pendant que la bataille de la Rothière est livrée. Sont blessés à Brienne le Chef de Bataillon Miquelard, le Capitaine Joly, les Sous lieutenants Blanquet et Tisseron (Martinien).

De nouveau, le 2 février, il arrête 8000 hommes à Rosnay dans la Marne (Capitaine Joly, blessé aux avant-poste - Martinien); enfin, il s'illustre tout spécialement à Champaubert, où les troupes ennemies sont anéanties. Le Capitaine Seigneurie est blessé le 10 février à Baye, près de Champaubert (Martinien).

Après Champaubert, c'est à Vauchamp que le 6e Corps montre sa valeur en mettant l'ennemi en fuite et en lui faisant plus de 3000 prisonniers.

Marchant en avant ou en se dérobant, suivant les ordres de l'Empereur, le 6e Corps vient opérer sa jonction avec le Maréchal Mortier à la Ferté sous Jouarre. Grâce à l'habileté des Maréchaux Marmont et Mortier, Blücher, battu à Gué à Tresnes, est obligé de renoncer à marcher sur Paris et se met en retraite sur Soissons, poursuivi par Napoléon lui même. Le 6e Corps prend part à la poursuite de Blücher, qui est sauvé par la reddition de Soissons; il assiste à la bataille de Laon (Chef de Bataillon Miquelard, blessé le 10 mars lors de la reprise de Laon - Martinien). Et couronne cette série de combats en détruisant, à Reims, un Corps de 12000 hommes.

Martinien indique pour le combat de Meaux, le 27 mars 1814, le Capitaine Joux, blessé (mort le 17 avril); le Sous lieutenant Ducommun, tué; le Chef de Bataillon Grandjean, blessé (mort le 4 juin).

Quelques temps après, les armées ennemies s'étant réunies, Blücher forme le projet définitif de marcher sur Paris; malheureusement, Napoléon ne peut s'opposer à ces mouvements. Les deux Maréchaux, placés entre le gros des armées ennemies et Paris, battent lentement en retraite sur la capitale, en disputant le terrain pied à pied. Tout à coup, ils se trouvent en présence d'un Corps entier rangé en bataille; pris en tête et en queue, ils ne sortent que par les manoeuvres les plus habiles "de la plus horrible position où jamais troupes aient été placées".

Les armées ennemies arrivent sous Paris. Les soldats du 62e comptent parmi les 7500 fantassins qui livrent sous les murs de la capitale, à Romainville et au parc des Bruyères, un combat acharné contre plus de 50000 coalisés. Napoléon étant trop loin, l'issue ne peut être doteuse : Paris est remis aux Alliés et le 6e Corps se retire sur la position d'Essonne.

Ont été blessés à Paris le 30 mars le Capitaine Maqueyrat et le Lieutenant adjudant major Melignon.

g/ Le 4e Bataillon en Italie en 1813 et 1814

- Formation de la 25e Demi-brigade provisoire

Puis, le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
TOULON.
Il sera formé, pour la défense de Toulon, trois demi-brigades provisoires, sous les numéros 25, 26 et 27 ; elles seront composées ainsi qu'il suit : 25e demi-brigade, les bataillons des 1er, 16e et 62e de ligne ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).

Voltigeur 4e de ligne 1813 Voltigeur 4e de ligne 1813 Voltigeur 4e de ligne 1813
Fig. 2 Voltigeur de la 5e Compagnie du 4e Bataillon en 1813, d'après H. Knötel (Rastatt). Source : Magazin Veteranenbild ?
Dessin original de E. Fort extrait de "Uniformes des régiments d'infanterie et de ligne sous le Consulat et le 1er Empire"; Aquarelles par Ernest Fort (1868-1938); Ancienne collection Gustave De Ridder, (1861-1945); Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, PETFOL-OA-492
Le même d'après H. Boisselier (document de l'ancienne collection Bouteaud). La source indiquée est Fort.

L'armistice de Pleiswitz, pendant la campagne de 1813, est mis à profit pour renforcer nos armées d'Allemagne et d'Italie.

Le 18 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai reçu votre lettre du 13 juin. J'approuve que le bataillon du 62e et celui du 1er de ligne qui arrivent d'Espagne, soient employés pour renforcer le corps d'observation d'Italie ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34820).

Le 4e Bataillon du 62e est désigné, avec un Bataillon des 1er et 16e de Ligne, pour former la 25e Demi-brigade provisoire, et cette dernière est dirigée, au mois de juillet 1813, sur l'Armée du Prince Vice-Roi.

Une lettre non datée (fin octobre ?), du Général Mazzuchelli, adressée au Général Grenier, raconte : "Le bataillon du 2e léger est réduit à 150 hommes. Cet échec, attribuable à la nullité absolue des soldats, et au peu de bonne volonté des officiers en grande partie a abattu l’esprit du restant ; et je ne crois pas qu’avec des soldats pareils on puisse jamais rien faire, ni rien garder si ce n’est en un endroit fermé. Quant à moi, je déclare qu’avec des troupes pareilles, je ne sais rien faire. On a abandonné sans coup tirer des positions qu’il parait impossible de quitter. Au lieu de suivre les hauteurs qui les auraient protégés, dans leur fuite ils se sont jetés dans les valons, et je en sais plus ce qu’ils peuvent être devenus. Si l’on voulait se battre, pas de doute que la position de Serada peut être tenable pour quelques heures, mais elle ne sert pas à garantir la position de la Pietra vu que l’ennemi peut prendre un chemin à Mezzo Monte, qui vient tomber à Volano. C’est M. le curé d’ici qui m’a donné ces notions.
Je ne doute pas que l’ennemi viendra demain attaque en force cette position, même qu’il manœuvre déjà sur mon flanc gauche, et s’il s’empare de Noritio avant mo, nous n’aurions plus de retraite, et il serait à Roveredo avant vous et moi.
Je suis honteux de devoir avouer que je ne vois pas de possibilité de tenir ici avec des troupes telles que celles qui me restent. Vous savez que ni le 62e, ni le bataillon de Viviand, n’ont pas fait un coup de fusil de leur vie. La troupe aguerrie était le 1er de ligne, et vous avez vu aujourd’hui sa belle conduite. Je ne balance pas à me rendre dans la nuit à Noviglio, où j’attendrai vos nouvelles. Ce qui me détermine à cette retraite, est que la position de Serada une fois forcée, on est dans un défilé continuel, dans le plus horrible chemin, et continuellement dominé par l’ennemi. Tout calculé, je me vois forcé à replier. Je suis tout honteux de ma retraite. Je vois qu’elle va faire abandonner Roveredo mais ce n’est pas de ma faute. Je ne puis pas faire prendre courage à qui n’en a pas et qui refuse de se battre.
Ps. N’allez pas croire que Noviglio soit une position ; au contraire, c’est un coupe gorge ; mais je ferai halte pour pas porter à Roveredo les fuyards autant que je pourrai. Le brouillard n’a pas discontinué, et nous avons un pied de neige ; la troupe est au bivouac
" (Papiers du Général Paul Grenier. IX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 100 page 213).

L'armée française occupe la rive droite de l'Adige, les Autrichiens campent à Villach et le Général Hiller menace Trente, lorsque la 25e Provisoire arrive, le 2 novembre, à l'Armée d'Italie. Elle fait aussitôt partie du Corps détaché à gauche sous le général Giflenga qui, dans différents engagements, force les détachements qui lui sont opposés à battre en retraite.

Le 1er décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que 300 hommes du 5e bataillon du 16e régiment, qui est à Toulon, se rendent en Italie pour recruter le bataillon de ce régiment qui est à l'armée d'Italie.
Donnez le même ordre pour le 62e régiment, dont le dépôt est à Marseille ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37343).

Le 1er décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, il est un certain nombre de régiments dont les bataillons se réorganisent dans les 7e et 8e divisions militaires, et qui ont à la fois des bataillons à l'armée d'Italie et à la Grande Armée. J'avais, jusqu'à cette heure, destiné à la Grande Armée les bataillons qui se réorganisent, mais aujourd'hui je pense qu'il est plus convenable que tous les bataillons de ces régiments soient destinés à l'armée d'Italie. Cela diminuera la Grande Armée de 5 à 6 bataillons et augmentera d'autant l'armée d'Italie. Proposez-moi ce changement, par exemple, le 8e de ligne et le 62e sont dans ce cas ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37344).

Le 2 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d'Italie, commandant en chef l'Armée d'Italie : "Mon fils, je reçois votre lettre du 25 novembre. Je vois avec plaisir que vous avez déjà formé vos 6es bataillons pour les 6 régiments qui sont dans le royaume d'Italie ...
Les autres régiments qui ont deux bataillons peuvent sans difficulté recevoir 700 hommes, mais vous devez remarquer que sur ces 700 hommes, 100 seront à réformer, plus de 50 seront malades ; qu'ainsi il n'en restera guère que 500 et que vous aurez à peine ce qui est nécessaire pour compléter tous vos régiments. Mais vous êtes parfaitement le maître de verser d'un bataillon dans un autre, pourvu que ce soit par un ordre du jour qui soit envoyé au ministre, et qui contienne tous les renseignements de détail nécessaires aux bureaux. Tous les régiments qui fournissent à l'armée d'Italie ont leurs cadres au-delà des Alpes, soit en Piémont, soit à Gênes ; ils ont leurs cadres de 5es bataillons complets ...
Je vous ai destiné en outre, sur la conscription de 1815, 30 000 hommes. Il est nécessaire d'avoir des cadres pour pouvoir renfermer ces 30 000 hommes. J'approuve donc tout à fait que vous formiez autant de cadres qu'il vous sera possible ...
Je donne l'ordre que le 5e bataillon du 6e de ligne qui est à Toulon, celui du 62e qui est à Marseille, fassent partir chacun 300 hommes pour recruter le bataillon qui est à votre armée ; je recommande qu'on n'y mette pas d'Italiens. Du reste quand les conscrits vous arriveront, vous serez maître de les répartir comme vous le jugerez convenable. L'uniforme étant le même, il suffira de ne pas confondre l'infanterie légère avec l'infanterie de ligne, et d'opérer ces incorporations par des ordres sur des procès-verbaux qui seront envoyés au ministre. Correspondez avec le prince Borghèse pour la formation de ces bataillons ou pour compléter les cadres qui arrivent de la Grande Armée. Vous pouvez prendre d'un régiment pour mettre dans un autre à votre volonté ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.9, page 470 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37347).

Le 26 décembre, l'Armée d'Italie est formée à six Divisions; la 25e Provisoire est placée dans la 3e Division (Général Fressinet) appartenant à la 2e Lieutenance (Général Verdier). Elle est sous les ordres de l'Adjudant commandant Montfalcon et se trouve à Vérone.

Vers la fin du mois, les troupes italiennes qui étaient en Espagne étant rentrées et les divers corps de l'armée ayant reçu un assez grand nombre de conscrits, armés, habillés, équipés, et assez bien instruits au dépôt d'Alexandrie, le Prince Vice-Roi réorganise son armée en 6 Divisions de la manière suivante :
... DEUXIÈME LIEUTENANCE. - Le Général VERDIER.
... TROISIÈME DIVISION. - Général Fressinet. Adjudant-commandant, Montfalcon, 25e Demi-brigade provisoire, 1er de Ligne, 1 Bataillon ; 16e de Ligne, 1 Bataillon ; 62e de Ligne, 2 Bataillons ; 42e de Ligne, 2 Bataillons. Général de Brigade, Pegot, 7e de Ligne, 1 Bataillon ; 53e de ligne, 3 Bataillons. Force, 5,529 hommes, et 8 bouches à feu (Mémoires du Prince Eugène, t.9, page 441).

Le 29 janvier 1814, le Capitaine Dufour, de la 1ère Compagnie du 3e Bataillon de Sapeurs, écrit à Monsieur Bona : "Réclamation des hommes du 62e régiment sur ce qui leur revient, d’après les notes des capitaines n’est pas égal à ce qui est marqué sur leurs livrets ; pourquoi on ne leur a pas soldé ce qui leur revenait pour leur route ni retenu ce qu’ils avaient pris en effets de cette route" (Archives Guillaume Dufour, Ms. Dufour 4, Bibliothèque de Genève, Manuscrits et Archives privées).

- Bataille de Roverbello (9 février 1814)

L'année 1814 s'ouvre pour nous sous l'aspect le plus sombre. Pendant tout le mois de janvier, l'Armée d'Italie se maintient sur l'Adige, mais les événements se précipitent et nous forcent à reculer : la Division Fressinet se porte par Valeggio sur le Mincio; le 5 février, elle arrive à Borghetto et le 8 à Mozambano. Le 62e a, le 8, à la bataille du Mincio, le Capitaine Maurin, tué; les Capitaines Ducrot, Leroy, Pierret, le Lieutenant Aubriet et le Sous lieutenant Michaud, blessés (Martinien).

Le Maréchal de Bellegarde ayant résolu de traverser le Mincio, l'armée française marche à lui et la bataille devient générale. La Division Fressinet, qui résiste à Borghetto, se met en bataille pour faire face aux éclaireurs ennemis, situés au delà du Mincio; elle n'a que 5000 combattants à opposer aux 18000 de l'adversaire. Nos soldats prennent position derrière le ruisseau de Mozambano et, bien qu'accablés par le nombre, ils se battent avec la plus grande valeur, disputent le terrain pied à pied et, dans une dernière charge des plus vigoureuses, enfoncent la Division ennemie Radivojevitch et la forcent à la retraite. La bataille est gagnée. L'ennemi perd près de 9000 hommes et nous 2500 seulement; et cependant nous n'avons eu que 24000 hommes environ engagés contre 50000.

Les Autrichiens, attaqués de nouveau le 10 au matin par la Division Fressinet, sont obligés de repasser le Mincio.

Ces succès ne peuvent avoir beaucoup d'influence sur l'issue de la campagne; les faits décisifs se passent sur les bords de la Marne et de l'Aube. Le 15 février, le Roi de Naples nous déclare la guerre.

Hippolyte d'Espinschal, Officier au 31e Chasseurs à cheval, raconte : "… dans la nuit du 8, fort moelleusement étendu dans un bon lit, à la suite d'un excellent repas fait avec la famille du comte Emmili, je fus subitement réveillé par un de ses fils, introduisant dans ma chambre un ordonnance du général Fressinet m'apportant de sa part un pli qui me prescrivait de me trouver avant le jour avec tout mon monde près la tête de pont de Monzambano pour participer à une attaque générale sur la ligne, ordonnée par le Vice-roi sur l'avis que l'ennemi semblait faire des mouvements hostiles qu'il fallait prévenir.
Je répondis au général que ses ordres seraient ponctuellement exécutés ; puis, ayant quelques heures devant moi, je rentrai dans mon lit, et j'y terminai fort doucement ma nuit.
Rendu sur le terrain à 4 heures du matin, j'y trouvai la brigade du général Pégeot, se composant des 42e et 84e de ligne, qui débouchèrent aussitôt de Monzambano, appuyés de mes quatre escadrons, et enlevèrent à la baïonnette les premiers retranchements en avant de la rivière, tandis que le 62e, placé à notre gauche, prenait position pour soutenir cette attaque ; puis, pénétrant dans le village de Borena malgré la fusillade et la vive résistance de l'ennemi, il me fut ordonné de soutenir les voltigeurs du 84e et de gravir le mamelon de Monte-Bianco, rester en bataille et tenir ferme sans trop m'engager si nous étions obligés de charger.
Dans le même moment le général Bartoletti faisait sur notre extrême gauche une sortie de Peschiera à la tête de 1500 hommes, dont la fusillade prouvait qu'il repoussait l'ennemi. Le général Jeanin, de son côté, obtenait le même succès à droite, chassant les Autrichiens jusqu'à Rovorbella, dont il s'empara. Ces différents succès obtenus, il me fut prescrit d'envoyer, en toute hâte, deux détachements de 50 chevaux à droite et à gauche afin de soutenir l'infanterie des généraux Bartoletti et Jeanin.
Sur les midi, l'ennemi ayant reçu des renforts considérables et mis plusieurs pièces en batterie, le combat devint plus sérieux, sans pouvoir toutefois nous déloger des positions que nous avions enlevées. A deux heures, le général Fressinet, arrivant avec un bataillon du 84e sur le mamelon où nous étions toujours en bataille, salué par quatre pièces d'artillerie et un obusier et voyant les voltigeurs imprudemment engagés, m'ordonna de charger et de tâcher d'enlever les pièces soutenues par trois escadrons de hussards hongrois ; mais nous fumes si bien reçus par un bataillon du régiment de Bartenstein masqué par une sinuosité de terrain qu'il fallut y renoncer et reprendre notre position après avoir perdu un officier et cinq chasseurs tués par la mitraille. Cependant le général Fressinet, voulant avoir les pièces ou tout au moins les forcer à se retirer, lance le 84e à la baïonnette et m'ordonne de tourner l'ennemi ; alors, le combat s'engage de nouveau avec acharnement, et nous avions tout lieu d'espérer un succès, l'ennemi commençant à se retirer, lorsqu'un officier d'ordonnance du Vice-roi arrivant avec l'ordre de ne pas dépasser les positions prescrites, il nous fallut reprendre celles que nous venions de quitter ; ce qui ne put se faire qu'après avoir fourni deux charges contre les hussards hongrois afin de protéger le 84e fortement engagé et dans lesquelles nous perdîmes trois chasseurs tués et sept blessés.
Le Vice-roi, en ordonnant cette attaque générale sur la ligne du Mincio n'avait eu d'autre intention que de détruire tous les retranchements de l'ennemi ...
" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 2, p. 247).

Le 10 mars, le Lieutenant Legay est blessé aux avant-postes en Italie (Martinien).

Dès le 19 avril, le Général Verdier reprend la route de France; l'armée repasse les Alpes le 9 mai.

D'après un "Bordereau des corps et détachements de l’armée d’Italie pour servir à la répartition définitive du résidu des fonds provenant de la gratification accordée par S. A. I. le Prince Eugène, calculée à raison d’environ 10 jours de solde pour chaque grade, et pour les hommes présents seulement, d’après les états adressés par les corps ; cette répartition est faite conformément aux intentions de son excellence le comte Grenier", il est prévu pour le 4e Bataillon du 62e de Ligne :

Présents sous les armes
Somme revenant à chaque corps pour
Total
Officiers
Sous-officiers et soldats
Officiers
Sous-officiers et soldats
28
165
477
705
1182

Ce tableau a été certifié par le Chevalier de Saint-Charles, Inspecteur aux Revues de l’Armée d’Italie, à Manosque, le 20 juin 1814 (Papiers du Général Paul Grenier. X. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 133 page 278).

- Le 1er Bataillon à l'Armée de Lyon

Le 1er Bataillon, après avoir été fait prisonnier à Saint-Sébastien, est immédiatement réorganisé et, en février 1814, il est encadré dans la Division Vedel

Le 2 mars 1814, Porson écrit, depuis Turin, à Vignolle : "... P. S. du 3 mars au matin. - D'après une dépêche qui arrive à l'instant, par l’estafette, les troupes venant de Rome et de la Toscane doivent, d'après des ordres de l'Empereur, se rendre à Chambéry ; le prince Camille reçoit également l'ordre d'y envoyer une division de 6,000 hommes, avec 12 pièces de canon sur le même point. Ce qui embarrasse Son Altesse Impériale, c'est de savoir où prendre ces 6,000 hommes : le 4e bataillon du 7e de ligne qui était en route pour se rendre à Alexandrie, reçoit l'ordre de rétrograder ; le prince va également faire partir le 1er bataillon du 62e qui est à Alexandrie ainsi que le 7e bataillon du 20e qui est dans la vallée d'Aoste, que l'on remplacera par des détachements de compagnies départementales ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.10, page 197).

Le 3 mars 1814, Porson écrit, depuis Turin, à Vignolle : "Mon général, le prince gouverneur ayant reçu une nouvelle demande du ministre de la guerre, pour qu'une division de 8,000 hommes soit envoyée de suite à Chambéry, pour être aux ordres du général comte Marchand, Son Altesse Impériale, ainsi que j'ai eu l'honneur de vous en informer par ma lettre de ce matin, 3 mars, vient d'ordonner au général de division Vedel, de partir pour cette destination, avec le 7e bataillon du 20e de ligne, le 1er bataillon du 62e, 4e du 7e de ligne et le 3e du 156e ; auxquels on joindra une compagnie d'artillerie du 4e régiment à pied et une compagnie de sapeurs formant un total d'environ 3,200 hommes, en y comprenant, toutefois, la valeur d’un bataillon de la garnison du mont Cenis qui, étant dans la Savoie, a été emmené par le général Dessaix ...
Après le départ de ces quatre bataillons, le prince Camille ne pourra pas disposer d'un seul homme, les garnisons ne se composent plus que des dépôts, dans lesquels il n'y a guère que les cadres en état de faire le coup de fusil ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.10, page 202).

La Division Vedel part de Turin pour Chambéry, où elle rejoint la Division Marchand. Le Bataillon compte 20 Officiers et 648 hommes.

"La retraite de ce corps de troupes, ses opérations et les combats qu'il soutint furent comme un dernier rayon de gloire, brillant sur la fin du drame impérial". Les hommes, toujours sur le qui vive, conservant jour et nuit le sac au dos, sont exténués de fatigue. Le 2 avril, le Capitaine Magers et le Sous lieutenant Bouille sont blessés au combat de Voreppe près de Grenoble (Martinien).

Le 9 mai (avril ????), à Carouge, le Général Marchand, qui conserve l'espoir de voir l'Armée de Lyon prendre l'offensive, voit tout à coup sa Division entourée de tous côtés par l'ennemi. Il sait encore lui échapper par une marche forcée, qui l'amène, le 10 avril, à Grenoble.

- Le 62e devient 58e

Tambour de fusiliers 4e de ligne 1812
Shako de Fusiliers, tel qu'il aurait été porté en 1815

Le 21 juin 1814, le Général de Division Grenier écrit au Lieutenant général Comte Dumuy, à Marseille : "J’ai l’honneur de vous adresser l’état des corps stationnés dans la 8e division militaire dont la nouvelle organisation m’est confiée, l’intention de S. E. le Ministre de la Guerre étant que cette organisation s’opère pour le 62e et 102e régiment à Marseille et pour les 16e, 52e, 101e de ligne et 14e d’infanterie légère à Toulon. Je vous prie de donner les ordres pour que les différentes portions de ces corps qui pourraient être détachées soient réunies aux lieux désignés pour l’organisation ; si l’un ou l’autre de ces régiments tenait garnison sur un autre point et qu’il fut nécessaire de l’y laisser (Antibes par exemple), il suffirait d’y diriger et d’y réunir tout ce qui appartiendrait à ce régiment en même temps que les bataillons destinés à y être incorporés. Veuillez, je vous prie, mon général, me faire adresser les situations exactes de ces différents corps et me faire connaitre en même temps l’époque présumée de l’arrivée des bataillons ou dépôt qui doivent subir l’incorporation" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 5 page 22).

Le 23 juin 1814, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre, Bureau de l’Inspection, à Paris : "Le tableau que V. E. m’a adressé avec sa dépêche du 29 mai précédent présentant les corps dont l’organisation m’est confiée, porte pour le 52e régiment deux bataillons prisonniers de guerre, et ajourne l’arrivée du 1er bataillon du 62e et du 1er et 2e du 14e léger ; comment ces bataillons, s’ils ne sont pas arrivés au moment de l’organisation de ces régiments, devront-ils y être compris ? Sera-ce pour mémoire seulement ? Le travail relatif aux officiers devra t’il être indépendant de ceux existants aux dits bataillons ? Ou devront-ils en faire partie, soit en totalité, soit en nombre proportionné aux autres bataillons ? Et dans ce cas, devra-t-on se contenter de prendre pour base de ce travail le contrôle matricule de MM. les officiers des corps auxquels ces bataillons appartiennent ? Je prie V. E. de me faire connaitre ses décisions sur cet objet"(Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 6 page 23).

Le 30 juin 1814, le Général de Division Grenier ordonne : "Vu la demande du sieur Husson, adjudant-major, de laquelle il résulte qu’il n’est passé au service d’Espagne dans un régiment d’Espagne dans un régiment d’infanterie qu’en vertu d’un décret du 6 décembre 1808, et que sa position lui donne des droits aux bontés du Roi, le lieutenant général inspecteur général d’infanterie ordonne qu’il sera placé provisoirement à la suite du 62e régiment dans le grade de lieutenant pour concourir en cette qualité à la formation et nouvelle organisation de ce régiment.
Le sieur Husson se présentera en conséquence au commandant du 62e régiment à Marseille, qui le recevra sur vue dudit ordre.
Envoyé cette lettre au général commandant d’armes à Marseille avec prière de la faire remettre à M. Husson
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 9 page 29).

Le 1er juillet 1814, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre, Bureau de la police militaire, à Paris : "J’ai l’honneur d’adresser à V. E. une lettre que je reçus hier du commandant de la gendarmerie en cette ville, et le rapport des officiers du 1er bataillon du 62e régiment, sur le fait annoncé par cette lettre. Quoique ce rapport sera adressé à V. E., par le général commandant la division militaire, j’ai cru, puisqu’il m’était parvenu, devoir le lui transmettre. Il paraitrait que les habitants de Salons se sont extrêmement mal conduits et qu’ils imputent au bataillon du 62e des vociférations fausses et qui lui sont injurieuses ; cette commune est d’ailleurs connue par sa haine effrénée" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 10 page 31).

Le 3 juillet 1814, le Général de Division Grenier écrit au Lieutenant général Comte Dumuy, à Marseille : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint une lettre que je viens de recevoir de M. le maire de Salon et avec elle des procès-verbaux relatifs à une scène scandaleuse qui eut lieu le 29 de ce mois dans cette commune entre ses habitants et le 1er bataillon du 62e ; quoique je sois chargé de l’organisation d’une partie des corps d’infanterie stationnés dans la 8e division militaire, ces corps n’en sont pas moins sous votre commandement et sous votre police et discipline spéciale, c’est dans ce sens que j’ai accusé réception de ces pièces à M. le maire de Salon ; il vous appartient, M. le Comte, de prendre plus particulièrement connaissance de cette affaire et de faire poursuivre avec tout la vigueurs des lois les coupables qui ont provoqué ces malheureux évènements soit que les fauteurs soient civils, soit qu’ils soient militaires, il serait à désirer que tous les hommes appartenant au bataillon qui à passé à Salon soient entendus individuellement et séparément pour leurs déposition être confrontées avec celles du peuple de Salon" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 12 page 35).

Le même 3 juillet 1814, le Général de Division Grenier écrit au Maire de la commune de Salon : "Chargé de l’organisation de l’infanterie dans la 8e division militaire, sa discipline et sa police locale appartiennent au général commandant cette division ; j’adresse en conséquence à M. le lieutenant général Comte Dumuy votre lettre du 1er de ce mois avec les procès-verbaux qui y étaient jointes, relatifs à l’évènement qui eut lieu dans la commune de Salon entre les habitants et le 1er bataillon du 62e régiment. Je pense que cet officier général prendra toutes les mesures nécessaires pour poursuivre et faire punir les fauteurs d’un pareil délit, soit qu’ils soient civils ou militaires" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 12 page 36).

Le 5 juillet 1814, le Général de Division Grenier écrit au Sous-inspecteur aux Revue Sirodot, adjoint à l’Inspection générale du 9e arrondissement, à Aix : "… Vous commencerez votre tournée par Marseille où vous trouverez les 62e et 102e régiment, de là vous vous rendrez à Toulon et Antibes où se trouvent stationnés les autres corps. J’arriverai à Toulon vers le 15 de ce mois, si à cette époque, le 14e régiment qui est à Antibes était en mesure de terminer son opération vous m’en donneriez avis et je commencerai par ce régiment" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 13 page 38).

Le 14 juillet 1814, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre, Bureau de l’Inspection : "J’ai l’honneur d’informer V. E. que je me rends aujourd’hui à Marseille pour y préparer le travail d’organisation des 62e et 102e régiment que je ne compte cependant entreprendre qu’à mon retour de Toulon, où je serai du 16 au 17 ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 19 page 50).

Le 15 juillet 1814, le Général de Division Grenier écrit, depuis Marseille, au Général Dejean, commandant la place de Marseille : "J’ai l’honneur de vous prévenir que je verrai demain 16 du courant à 6 heures du matin les hommes proposés pour la réforme, les vétérans, invalides et retraite, du 102e régiment et des détachements qui doivent concourir à l’organisation prochaine de ce corps ; la même opération aura lieu pour le 62e régiment ledit jour à six heures du soir" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 20 page 51).

Le 16 juillet 1814, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre, Bureau de l’Inspection : "J’ai l’honneur de rendre compte à V. E. qu’un détachement de grenadiers de la Garde royale napolitaine, tous Français et pour la plupart, cédés au Roi de Naples lors de la formation de cette Garde, a été, par mon ordre, dissout à son arrivée à Marseille et les hommes renvoyés avec feuilles de route, dans leurs foyers, à l’exception de 3 qui ont été incorporés dans le 62e régiment.
J’ai cru devoir adopter cette mesure en raison de la prétention que ces hommes avaient de passer dans la Garde royale et en ce que leur incorporation forcée dans les régiments de ligne en garnison à Marseille, aurait produit le germe d’un mécontentement que j’ai voulu éviter ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 22 page 55).

Le même 16 juillet 1814, le Général de Division Grenier : "Ecrit au commissaire des guerres de la place de Marseille de désigner deux officiers de santé pour faire la contre-visite des officiers et des sous-officiers et soldats des 62e, 102e de ligne et différents corps que ces deux régiments reçoivent par incorporation, proposés pour la retraite, les vétérans, la réforme, etc." (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 26 page 63).

Le 28 juillet 1814, le Général de Division Grenier écrit au Chef de Bataillon Achart, venant du service de la marine, à Toulon : "De se rendre à Marseille et qu’à mon arrivée dans cette ville, je lui indiquerai le régiment avec lequel il devra concourir" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 29 page 70).

Le 3 août 1814, le Général de Division Grenier ordonne : "Il est ordonné à messieurs Pierre Philibert et Rigaut Jean, capitaines, Boudin François, Roman François, Pochebonne François, Bourdon Jacques, Teisseire Frédéric, Lieutenants, Evrard Claude, et Leblanc Alexandre, sous-lieutenants sortant du 2e régiment d’artillerie de marine pour rentrer au département de la guerre, de partir de cette place pour se rendre à Marseille à l’effet de concourir à l’organisation du 62e régiment d’infanterie de ligne qui y est stationné.
Messieurs les officiers susnommés, à leur arrivée à Marseille, se présenteront au colonel du 62e et feront inscrire leurs services sur le contrôle des officiers de ce corps
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 32 page 75).

Le 5 août 1814, le Général de Division Grenier écrit au Chef de Bataillon Achart, à Marseille : "Que je l’ai désigné pour concourir à l’organisation du 62e régiment, qu’il doit en conséquence se présenter au colonel de ce régiment et lui remettre son état de service afin qu’il soit inscrit sur le contrôle des officiers du corps" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 77).

Le 10 août 1814, le Général de Division Grenier écrit à l’Inspecteur aux Revues, chef de la 4e Division, au Ministère de la Guerre : "Que j’ai reçu la lettre qu’il m’a écrite en faveur de M. Raznardi, et que je le ferai concourir à l’organisation du 62e régiment de ligne, etc." (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 36 page 83).

Le 20 août 1814, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre, Bureau de l’Inspection : "Par lettre du 9 juin dernier, V. E. m’a fait connaitre qu’il doit rester, parmi les titulaires de chaque régiment réorganisé, neuf emplois vacants dont 3 de capitaines, 3 de lieutenants et 3 de sous-lieutenants, réservés pour les officiers rentrant des prisons de l’ennemi.
Je supposais que d’après ces dispositions, les officiers rentrant après l’organisation devaient être placés fur et à mesure de leur arrivée et j’ai placé en conséquence plusieurs officiers, notamment un capitaine arrivé au moment de l’organisation dans le 82e et un autre dans le 16e. La lettre de Votre Excellence en date du 16 juillet qui annonce le 1er bataillon du 133e pour être incorporé dans le 48e et le 2e du 112e pour l’être dans le 62e (ancien n°) en déterminant que les officiers de ces bataillons concourront entre eux pour les neuf emplois réservés aux officiers prisonniers de guerre me fait présumer que cette disposition pourrait s’étendre encore à d’autres corps et m’a fait suspendre le placement des officiers rentrant des prisons. Cependant, que doit on faire des prisonniers de guerre isolés qui se présentent tous les jours à leurs corps et comment doit-on les classer ? Je me borne aujourd’hui à les admettre à la demi-solde en attendant que Votre Excellence m’ait fait connaitre la marche à suivre à leur égard et dont il sera nécessaire de donner connaissance aux colonels des régiments puisque l’organisation dont je suis chargé sera probablement terminée avant que la réponse de V. E. n’ait pu me parvenir
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 37 page 86).

Le 24 août 1814, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre, Bureau de l’Inspection : "Au moment de mon départ de Toulon, je reçois la lettre de V. E. en date du 1er juillet (Bureau des vétérans) par laquelle Elle me charge de la réorganisation des compagnies de canonniers vétérans stationnées aux iles de Port-Cros et de Porquerolles. Je vais m’en occuper de suite, mais par cette organisation, même celle des nouveaux 58e et 83e à Marseille va encore être retardée de quelques jours. J’en suis d’autant plus contrarié que j’espérais tout terminer pour le 1er septembre.
J’ai reçu également hier les procès-verbaux relatifs à l’organisation ; il parait que le retard que cet envoi a éprouvé vient de ce que les paquets ont été adressés à Besançon, ainsi que plusieurs lettres, toutes aux dates du 1er et 8 juillet dernier. Le retard de celle relative aux officiers de santé surtout, causera quelques embarras puisque j’ai renvoyé chez eux à ½ solde, en attendant la décision ultérieure de V. E., tous ceux qui excédaient le complet des nouveaux cadres dans les trois régiments que j’ai réorganisés ici
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 43 page 98).

Le 29 août 1814, le Général de Division Grenier écrit Général Dejean, commandant d’armes à Marseille : "J’ai l’honneur de vous prévenir que mon intention est de passer la revue d’inspection du 62e régiment et de tous les corps qui doivent concourir à sa nouvelle organisation, le 31 de ce mois, à 7 heures du matin, dans l’emplacement qui conviendra le mieux pour cette revue. Je vous prie de donner les ordres en conséquence et faire relever à cet effet tous les postes que pourraient avoir ces différents corps. Je verrai encore après la revue les hommes susceptibles de la réforme, retraite, etc. qui ne m’auraient pas été présentés lors de mon premier passage à Marseille" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 106 page 224).

Le 31 août 1814, le Général de Division Grenier établit le certificat d’inspection suivant : "Nous, lieutenant-général des armées du Roi, etc.
Considérant que le sieur Balthazard Menard, lieutenant au 62e régiment, appartenait antérieurement au service de mer, et qu’en vertu de l’ordonnance du Roi, il doit rentrer à ce service, l’autorisons à se rendre à Toulon auprès de M. le préfet maritime pour y faire valoir ses services ; déclarant qu’il cesse dès ce jour de faire partie du 62e régiment
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 111 page 234).

Le 1er septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit, depuis Marseille, au Maréchal de camp commandant d’armes, à Toulon (sic - sans doute Marseille) : "Général, ayant fixé à demain, 10 heures du matin, la revue d’organisation du 58e régiment de ligne, je vous prie de donnes les ordres nécessaires pour que le 62e, le 112e, le 7e régiment de voltigeurs et tous les officiers qui doivent concourir à cette organisation, soient rendus aux allées de Meilhan entre 9 et 10 heures. Les postes que ces divers corps pourraient avoir fournis devront en conséquence être relevés de manière qu’il ne manque personne à la revue" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 108 page 229).

La revue du nouveau 58e est passée par le Lieutenant général Grenier : "L'administration de l'ancien 62e, dit Grenier, est tellement bien tenue et en règle, que les comptables du nouveau régiment sont invités à continuer et à y apporter les mêmes soins".

Par suite de la nouvelle organisation, le 62e forme donc, à partir du 1er septembre 1814, le 58e Régiment, avec le 3e Bataillon du 112e et le 3e Bataillon du 7e Régiment des Voltigeurs de la Garde.

Le 4 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit au Maréchal de camp Gentil de Saint-Alphonse : "Que M. Collavier d’Albissi, capitaine au 3e régiment de Croates, auquel il s’intéresse, est placé en pied dans le 58e régiment" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 109 page 231).

Le même 4 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit aussi au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur d’informer V. E. que, du 1er au 3 du courant, j’ai procédé à l’organisation des 58e et 83e régiments stationnés dans la place de Marseille.
De même qu’à Toulon, ces organisations ont été faites aux cris de vive le Roi et le plus grand enthousiasme pour Sa Majesté s’est fait remarquer parmi les officiers et les soldats. Le Roi peut compter sur l’amour et le dévouement de ces deux excellents régiments qui ne cesseront d’être dignes de ses bontés et de leur ancienne réputation.
J’espère pouvoir adresser à V. E. le travail relatif à ces organisations du 12 au 15 de ce mois. Ma mission terminée, je me rendrai de suite chez moi
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 110 page 233).

Le 5 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit au Général Comte Beurnonville, Ministre d’Etat, Pair de France, à Paris : "Pour lui annoncer que M. Guyot, major du 58e, auquel il s’intéresse, est placé titulairement dans ce régiment.
Que quant au désir qu’il a de voir le 58e régiment quitter les provinces méridionales, il n’est pas en mon pouvoir d’y répondre, le Ministre de la Guerre ayant seul le droit d’ordonner de pareils mouvements
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 110 page 233).

Le 7 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit au Préfet maritime, à Toulon : "J’ai l’honneur de vous prévenir qu’en vertu de l’ordonnance du Roi, qui porte que les officiers qui ont appartenu au service de mer, devront rentrer à ce service, j’ai autorisé le Sr Balthazard Menard, lieutenant au 62e régiment de se rendre à Toulon pour faire valoir près de vous les titres qu’il peut avoir à son placement dans la marine. Cet officier cesse d’appartenir au 62e régiment depuis le 31 août dernier" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 111 page 234).

Le 7 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit au Sous-inspecteur aux revues Regnier, à Marseille : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint l’extrait d’une lettre de S. E. le Ministre de la Guerre, en date du 16 juillet dernier, concernant les officiers nommés provisoirement par des maréchaux ou des généraux commandant les divisions militaires de l’intérieur pour remplir les emplois vacants dans les corps jusqu’au grade de chef de bataillon inclusivement. D’après les dispositions qu’elle renferme, j’ai cru devoir admettre à concourir à l’organisation du 58e régiment dans les grades qui leur étaient provisoirement conférés, les SS Bergaut, comme capitaine, Faguet, Saguet, Couzin et Prin, comme lieutenants, tous cinq nommés au 62e par le général commandant la 5e division militaire les 8 et 13 décembre 1813.
J’estime en outre que les intentions du Roi doivent être interprétés en faveur de ces officiers relativement au traitement de leurs nouveaux grades ; puisque dans l’organisation qui vient de s’opérer ils en ont pris le rang et qu’il en manque, d’après la lettre précitée, que l’avis direct de leur confirmation individuelle. Je vous engage en conséquence, M. l’inspecteur, à rappeler dans vos revues les officiers dont il s’agit, de la différence de leurs anciens grades aux nouveaux à dater de la nomination provisoire, si comme moi, vous jugez suffisante la lettre de S. E. le Ministre de la Guerre, que je vous envoie par extrait
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 111 page 235).

Le 19 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre : "V. E., par sa lettre du 30 août dernier, me fait l’honneur de me prévenir, que les Princes de la famille royale avaient l’intention de voir les régiments dans leurs garnisons. Elle m’engage en même temps de redoubler d’activité pour que les régiments que j’ai été chargés d’organiser fussent en état d’être passés en revue par LL AA RR. Je m’empresse de faire connaitre à V. E. que le travail qui m’était confié est entièrement terminé, et que j’ai lieu de croire que les Princes seront satisfaits de l’ensemble de la tenue, de la discipline et du bon esprit qui anime les corps dont l’organisation m’a été confiée.
L’armement est en bon état, l’habillement et l’équipement laisseront peu de choses à désirer, particulièrement dans les 16e, 58e et 83e. Les 48e et 82e seront moins bien parce que ces corps ont perdu tous leurs magasins à Gênes et qu’il ne leur a été fait depuis aucun remplacement. Néanmoins, les colonels m’ont promis de faire tous les efforts pour que leurs régiments soient dans une tenue convenable.
La solde courante se paie depuis quelque temps avec exactitude et parait être assurée.
Les officiers, sous-officiers et soldats qui d’après l’organisation, ne font plus partie des corps, ont été envoyés dans leurs foyers. J’avais suivi cette marche dès le commencement de mon inspection. Mes opérations étant terminées, j’ai l’honneur de prévenir V. E. que je partirai de Marseille le 20 du courant pour me rendre à Sarrelouis, département de la Moselle, lieu de mon domicile
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 113 page 239).

Le même 19 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit encore au Ministre de la Guerre : "... A la dissolution du 3e bataillon de vétérans, il restait en magasin, après avoir laissé à la 22e compagnie tout ce qui lui était nécessaire, pour les remplacements de 1814, un excédent de 46 mètres de drap bleu, 20 mètres de drap blanc, 6 de rouge, et 870 mètres de tricot blanc.
J’ai réparti ces étoffes aux divers corps de la garnison suivant leurs besoins, savoir :
... 300 mètres de tricot au 58e régiment ...
Au moyen de cette mesure, les corps seront pourvus des objets d’habillement de première nécessité...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 118 page 249).

Enfin, encore le 19 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur d’adresser à V. E. le travail d’inspection et d’organisation du 58e régiment. Il se compose :
1° des états d’inspection préliminaires des corps qui ont concouru à l’organisation de ce régiment.
2° de ceux dressés ensuite de ladite organisation.
V. E. verra qu’au moment de l’organisation, la force du 58e, déduction faite des réformes, retraites etc. était de 975 hommes et 79 officiers, ensemble 1054, desquels déduisant 100 hommes partant par congés absolus et 83 par congés illimités, ce régiment restera fort de 871 hommes, non compris environ 65 prisonniers de guerre rentrés ou incorporés depuis l’organisation.
J’ai joint au travail d’inspection de chaque régiment un borderau qui fera connaitre au 1er coup d’œil à V. E. le nombre de réformes et propositions aux diverses récompenses. Elle remarquera que celui des réformes et propositions à l’indemnité une fois payée, est considérable. J’aurai l’honneur de lui observer que parmi environ 650 prisonniers de guerre reçus par le 58e régiment, provenant de l’ile de Cabrera, il y en avait un grand nombre devenus infirmes par les maladies et les privations souffertes pendant le temps de leur captivité. J’ai cru alléger les charges de l’étant en débarrassant ce régiment de tout ce qu’il y avait d’impropre au service et en demandant pour ceux blessés une indemnité une fois payée, qui aide leur existence en attendant qu’ils puissent se remettre au travail.
V. E. verra que le 62e régiment avait beaucoup de vieux officiers, mais que je les ai éloignés en en proposant 30 pour la retraite et 4 pour les vétérans.
J’ai élagué du nouveau régiment ce qui n’en fait plus partie, en sorte qu’il n’y reste maintenant que tous les réformés ou proposés que les sous-officier et soldats désignés pour les vétérans et les invalides, lesquels sont en très petit nombre. Ces hommes y attendront les ordres de V. E. sur leur admission.
J’ai apporté dans la délivrance des congés absolus et illimités l’attention la plus scrupuleuse. J’ai recommandé au conseil d’administration du régiment de conserver pendant quelques temps (pour y recourir au besoin) les certificats et pièces qui ont assis mes décisions, leur volume étant trop considérable pour être adressées à V. E., pendant d’ailleurs qu’elle sera bien assurée que je n’ai accordé ces congés qu’à ceux qui y avaient le plus de droits.
Dans le nombre des hommes rentrés des prisons de l’ennemi et incorporés journellement au 58e régiment depuis sa formation, il s’en est trouvé plusieurs hors d’état de continuer leurs services. J’en ai fait l’objet d’un travail supplémentaire que j’ai l’honneur d’adresser à V. E. par un 3e paquet de ce même envoi.
L’habillement du 58e est dans le meilleur état, au moyen du versement que je viens de prescrire à son magasin, de 300 mètres de tricot blanc faisant partie de l’excédent qui se trouvait à celui du 3e bataillon de vétérans lors de sa dislocation. Ce régiment, malgré les demandes qu’il fait, n’aura rigoureusement besoin de rien pour les remplacements de 1814, à moins cependant qu’il reçoive des incorporations.
Je joins au travail d’inspection et organisation du 58e régiment les états de proposition pour des admissions et avancements dans la légion d’honneur. V. E. peut être bien convaincue que ces propositions sont faites en faveur des sujets les plus méritants. De même, je n’ai admis aux nouveaux corps que des officiers entièrement dévoués à la personne du Roi.
L’esprit du 58e régiment est bon, et je puis assurer que S. M. peut compter sur sa fidélité, comme sur la bravoure et la bonne conduite qui l’a toujours distingué
" Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 120 page 252).

Le 20 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit au Général Dumuy : "L’organisation des 58e et 83e régiments étant entièrement consommée, et le travail de mon inspection se terminant par celui de ces régiments, je quitterai incessamment la 8e division militaire. Je crois devoir, avant mon départ, vous faire connaitre, M. le Comte, plusieurs dispositions qui n’ont pu avoir encore leur exécution que je vous prie de surveiller en temps et lieu en ayant en même temps l’attention d’en rendre compte à S. E. le Ministre de la Guerre.
La 1ère est relative aux 48e et 58e régiments, chacun d’eux doit recevoir une nouvelle incorporation de bataillons prisonniers de guerre qui n’ont pas été compris dans la répartition arrêtée pour la formation des nouveaux corps. Ainsi, le 48e doit recevoir le 1er bataillon du 133e et le 58e un 2e bataillon du 112e. Les hommes de ces bataillons devront être incorporés à leur arrivée et les officiers concourront entre eux pour occuper les emplois qui ont été réservés lors de l’organisation, pour les prisonniers de guerre. Une autre disposition générale relative à tous les officiers rentrant des prisons de l’ennemi a été communiquée aux chefs des corps stationnés dans la 8e division militaire. Elle porte que si les officiers rentrant étaient moins anciens que ceux de leur grade mis en non activité, ils devront être classés de même afin que les emplois vacants restent toujours réservés pour ceux qui y ont le plus de droits. Dans cas, les officiers prisonniers rentrant qui ne pourront être classés en activité devront être renvoyés chez eux avec le traitement de demi-solde ...
J’ai laissé aux régiments que je viens d’organiser des ordres relatifs à la discipline, la tenue, etc. J’en ai adressé copie à M. le général Dejean avec invitation de tenir la main à leur exécution après vous en avoir donné communication
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 113 page 238).

Le même 20 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit ensuite au Maréchal de Camp Dejean : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint une expédition de l’ordre que j’ai donné au 58e régiment de ligne sur différentes parties du service. Cet ordre sera commun au 83e régiment à quelques légères différences près. Je vous prie de tenir la main à son exécution dans l’un et l’autre de ces corps, après en avoir donné communication à M. le lieutenant-général Dumuy et punir ceux qui contreviendraient au susdit ordre et dans ce cas en rendre compte à S. E. le Ministre de la Guerre"(Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 114 page 240).

Toujours le 20 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit ensuite au Conseil d’Administration de la 22e Compagnie de Vétérans : "Messieurs, j’ai remarqué que par vos états d’habillement et la situation de vos magasins, qu’en vous laissant de quoi habiller au complet la 22e compagnie de vétérans que vous administrez, il vous restait au magasin un excédent de 46 mètres de drap bleu, 20 idem de drap blanc, 6 idem de rouge, et 870 mètres de tricot blanc. Les circonstances exigeant de ne pas laisser en magasin des matières qui peuvent en ce moment être utilisées à votre avantage pour les intérêts du gouvernement, j’ai décidé que vous feriez la remise ci-après ...
2° Au 58e régiment, de 300 mètres de tricot ...
Je préviens les différents conseils d'administration de recevoir de vous et de vous remettre les différentes matières énoncées dans la présente selon la répartition que je viens de prescrire
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 115 page 242).

Puis, encore le 20 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit au Conseil d’Administration de la 6e Compagnie de Vétérans : "Pour vous donner les moyens de commencer les confections d’une partie de l’habillement dont la durée est expédiée dans votre compagnie, je viens de prescrire au conseil d’administration de la 22e compagnie de vétérans de vous fournir sur récépissé 46 mètres de drap bleu, 20 mètres idem de blanc, 6 idem de rouge et 170 idem de tricot.
Je prescris au conseil d’administration du 58e régiment de vous fournir de même 32 mètres de cadis et 100 mètres de toile de doublure ; ces quantités reçues seront à la décharge des masses d’habillement des corps qui vous feront la fourniture et imputables à la masse d’habillement de votre compagnie
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 115 page 242).

Toujours le 20 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit également au Conseil d’Administration du 58e Régiment : "La 22e compagnie de vétérans ayant dans ses magasins un excédent de tricot blanc, je viens de prescrire de vous en remettre 300 mètres sur récépissé à la décharge de la masse d’habillement et imputable sur la vôtre. Veuillez de suite faire les dispositions nécessaires pour recevoir cette fourniture, comme aussi pour délivrer à la 6e compagnie de sous-officiers vétérans à décharge de votre masse d’habillement et imputable à cette compagnie, la quantité de 32 mètres de cadis et de 100 mètres de toile de doublure. Je préviens le conseil d’administration de cette compagnie de la fourniture que vous lui ferez sur récépissé" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 115 page 242).

Par ailleurs, encore le 20 septembre 1814, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre : "En terminant l’inspection générale dont j’ai été chargé pour la réorganisation des troupes dans les places de Toulon et de Marseille, je crois en faire qu’une justice en témoignant toute ma satisfaction du zèle, de la conduite et de l’attachement qu’ont montré MM. les colonels des 16e, 48e, 58e, 82e et 83e régiments de ligne à la personne sacrée de notre auguste Roi, et j’ose prier Votre Excellence de daigner être mon interprète auprès de Sa Majesté, pour obtenir qu’ils soient nommés chevaliers de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis (à l’exception du colonel de la Mothe du 16e régiment qui est déjà honoré).
Je prierai aussi Votre Excellence de solliciter des bontés du Roi la même faveur pour deux autres officiers supérieurs dignes à tous égards de la bienveillance paternelle de Sa Majesté.
Suivent les nomes des colonels et officiers supérieurs que j’ai l’honneur de proposer ...
Regnauld, colonel du 58e régiment ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 118 page 248).

Extrait du Moniteur Universel : "Marseille le 30 décembre 1814.
Hier, ont été faits solennellement dans cette ville , la remise et la bénédiction des drapeaux accordés par S. M. aux 58e (ex 62e) et 83e (ex 102e) régiments de Ligne qui en forment la garnison.
A midi, les deux régiments étant rangés en bataille sur le Cours, Mr le maréchal Prince d’Essling, commandant la 8e Division Militaire, arriva suivi d’ un brillant cortège …
Alors son Excellence le Prince d’Essling présenta successivement aux colonels du 58e et du 83e les drapeaux dont S. M. honorait les régiments. Les deux officiers les reçurent un genou en terre.
Les deux colonels passèrent alors devant la ligne, portant leurs drapeaux qui furent reçus par ces braves aux cris mille fois répétés de «Vive le Roi ! ...
".

Fin mars 1815, un "Projet de répartition des militaires l'appelés aux drapeaux en sept dépôts généraux où ils seraient armés, habillés et instruits. Fin mars 1815". Le 58e de Ligne (ex 62e) à Marseille fait partie de la 19e Division militaire; il doit être fourni par le Département du Puy-de-Dôme, et son Dépôt doit être établi à Dijon (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2972).

Le 7 mai 1815, ce Régiment reprend le n°62 et fait partie, pendant les Cent-Jours, de l'Armée des Alpes.

Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations :
... 18e division : donnez ordre que le dépôt du 6e de ligne qui est à Avignon et du 62e qui est à Marseille, se rendent l’un dans la 18e division afin de se placer entre les départements qui les recrutent et leurs bataillons de guerre. Le 102e qui a 3 bataillons n’a que 600 hommes ; cependant il se recrute dans le département du Doubs. Il devrait avoir beaucoup de monde : donnez ordre que les conscrits du Doubs n’aillent plus du côté de Marseille, mais se réunissent à Chaumont et renforcent les bataillons de guerre ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21909 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39639).

Le Dépôt, placé à Beaune en mai et juin, est ensuite transporté à Montpellier. Le 1er juin, le 62e passe sous le commandement du Colonel Ricard.

RICARD Jacques

Né à Château-Arnoux (Basses-Alpes) le 13 septembre 1769.

Lieutenant au 1er Bataillon des Basses-Alpes devenu 19e Demi-brigade, puis 19e Régiment le 16 octobre 1791. Capitaine au même Régiment le 27 juillet 1796. Chef de Bataillon au même Régiment le 6 septembre 1808. Major au 21e Régiment de Ligne le 20 juillet 1811. Colonel du 61e Régiment de Ligne le 28 juin 1813. Colonel du 62e Régiment de Ligne le 1er juin 1815. En demi-solde le 10 février 1816. Mis en retraite pour ancienneté de service le 16 octobre 1821.

Campagnes : A fait les campagnes de 1792, 1793, 1794, 1795, des Alpes. Celles de 1796, 1797, 1798, Italie et Corse. Celles de 1799, 1800, de Malte. Celle de 1805, Hanovre. Celles de 1805 (vendémiaire an IV), 1806, 1807, 1808, 1809, 1810, Grande-Armée. Celle de 1811, des côes. Celles de 1813, 1814, Grande-Armée.

Blessures : Blessure de deux balles à la cuisse gauche, le 27 octobre 1799, dans une sortie de la garnison de Malte. Blessures, dans l'île de Wilhemsbourg, le 17 février 1814, d'un coup de feu à la jambe et d'un autre à la cuisse droite.

Décorations : Chevalier de la Légion d'Honneur le 15 juin 1804. Officier de la Légion d'Honneur le 13 août 1809. Chevalier de Saint-Louis le 27 novembre 1814.

Dans les derniers jours de juin, le 62e combat à l'armée du Jura; le 28 juin, "Le maréchal-de-camp Meuziau, détaché sur Delle avec deux escadrons de hussards et un bataillon du 62e, avait chassé les alliés des postes de Faverois, Rechely, Courtelevant, dont ils s'étaient déjà rendus maîtres. Il avait aussi poussé diverses reconnaissances sur les routes de Porentruy, Fatterhausen, Sepoix, dans lesquelles il avait obtenu des avantages, et s'était retiré par Roppes..." puis "le général Meuziau avait reçu ordre de se porter de Blamont à Odincourt, sur la route de Belfort, défendue par un bataillon de Saône-et-Loire et une compagnie du 62e. Il aperçut le plateau d'étapes, déjà couvert de cavalerie, et plus de trois mille fantassins qui arrivaient en colonnes avec quatre pièces d'artillerie. Cette vue n'effraya ni le général, ni les soldats. Nos troupes reçurent ces masses avec un sang-froid et une valeur admirables; mais le major Beurmann ayant donné avis que l'ennemi filait sur Héricourt, il fallut songer à la retraite. Meuziau jette quelques voltigeurs dans les redoutes qui couvrent les avenues de la place, et se retire sur Dun, pour observer la vallée de Barre, protéger Montbelliard en assurant sa retraite qu'il effectua de suite, ayant appris que cette ville avait été évacuée" (Précis des opérations des armées du Rhin et du Jura en 1815).

Les 1er et 2 juillet 1815, le Capitaine Gaucher (le 1er) et le Capitaine Fauché (le 2) sont blessés lors de la défense de Montbéliard (Martinien).

- Licenciement du 62e

A la création des Légions départementales, le Régiment est licencié : le 1er Bataillon à Belfort le 13 septembre, le 2e Bataillon à Moulins le 5 septembre, les 4e et 5e à Pamproux (Deux-Sèvres) le 22 septembre 1815.

- Bataillon supplémentaire du 62e de la première Restauration (ex 66e de Ligne impérial) aux Antilles (complément de Didier Davin)

Plaque de shako 62e de Ligne 1ère Restauration
Plaque de shako, 1ère Restauration

En arrivant sur le trône de France, Louis XVIII décide de restreindre le nombre de Régiment de l'ex armée impériale. Il faut dire que certains ne sont plus que des coquilles vides. Des Régiments sont supprimés, d'autres sont renumérotés. Le 66e ex impérial, qui a servi aux Antilles, devient ainsi un nouveau 62e de Ligne.

Le traité de Paris restitue à la France certaines de ses colonies dont la Guadeloupe et la Martinique. Pour reconstituer les garnisons Outre-Mer, on puise dans les anciens Régiments qui y ont fait leur preuves. Par un Décret du 8 Août 1814, l'ex 66e devenu 62e doit donc former 3 Bataillons supplémentaires : les 4e, 5e et 6e, pour servir à la Guadeloupe comme un Régiment autonome lors de la reprise de contrôle de l'ile. On adjoint au 62e un Colonel en second et un Major en second pour se mettre à la tête de ces Bataillons. Le Colonel Vatable, qui a servi aux Antilles dans le 66e, est désigné pour cette unité.

Le 18 août 1814, le Sous-inspecteur aux revues Piet-Chambelles se rend à Blaye pour procéder à l'organisation d'un détachement du 62e, destiné à former le noyau des trois Bataillons supplémentaires qui doivent passer aux colonies, conformément à l'Ordonnance du roi rendue le 8 août. Cette opération fournit un Officier et 136 hommes, qui partent le 20 août pour se rendre à La Rochelle. Les Batailons sont organisés à Oléron, on les équipe de neuf.

Un premier Bataillon est formé et embarqué sur les vaisseaux le Marengo et le Superbe, à destination de la Guadeloupe. Ces navires appareillent de l'île d'Aix les 27 octobre et 22 novembre 1814, arrivent à la Guadeloupe les 14 décembre 1814 et 22 janvier 1815.

La Guadeloupe devait nous être rendue début Octobre, mais les Anglais font trainer avec la plus parfaite mauvaise foi jusqu'en décembre, profitant de ce laps de temps pour piller consciencieusement les ressources de l'ile. Le premier Bataillon supplémentaire arrive le 12 décembre 1814 avec le Gouverneur général, le Contre amiral Linois. Les deux autres Bataillons rejoignent en Janvier avec le Colonel Vatable.

Ce n'est que le 29 Avril 1815, que la Guadeloupe apprend le retour de l'Empereur en France, mais elle reste fidèle aux autorités royales et refuse que les Anglais reviennent tenir garnison, vu leurs antécédents récents. Après des péripéties, le 18 Juin, soit le jour de Waterloo !, la Guadeloupe se décide à rallier Napoléon. Elle n'apprend le résultat de la bataille décisive que le 7 Août. Bien entendu les Anglais ont entamé un blocus de l'ile et y débarqueront pour s'en emparer une nouvelle fois le 8 Août. Les Bataillons du 62e feront une résistance pour l'honneur face à des forces bien supérieures en nombre. La garnison capitule le 10 août.

IV/ Uniformes :

Figure 1 : Soldat en tenue d'été en Italie (1807-1808). Reconstitution de Dider Davin pour le Bivouac. Voici ce que dit notre collègue et ami au sujet de ce soldat : "L'habitude a été prise depuis 1806 pour 1es troupes d'occupation française en Italie du Sud (royaume de Naples) comme pour les troupes de Corfou, d'abandonner l'habit uniforme beaucoup trop chaud l'été, de s'équiper plus légèrement d'un pantalon de toile et de rester en veste de coton. Ce qui parfois est insuffisant pour la nuit .... mais permet d'économiser aussi l'uniforme car en général l'habillement de ces malheureuses troupes de l'Armée de Naples est en guenilles. Deuxième caractéristique particulière de notre fantassin, la plaque de schako ovalaire, d'un modèle propre au Régiment (une plaque de ce type se trouve dans les collections du Musée de l'Armée. Cette plaque très rustique semble avoir été fabriquée localement en Italie, mais nous ignorons où et si tout le Régiment portait celle-ci. Le schako distribué est encore du 1er modèle 1807 sans jugulaires (...) Schako noir, mentonnière de cuir noirci, plaque ovalaire cuivre jaune, cocarde tricolore ganse jaune, pompon bleu céleste. Veste blanche à collet et parements bleu foncé, boutons laiton, pattes d'épaule blanches, pantalon et guêtres blancs, souliers noirs. Giberne noire, baïonnette et son fourreau, fusil à bretelle blanche, sac fauve, buffleterie blanche".

Figure 1bis : Voltigeur, même époque. Figurine de notre ami Didier Davin.

Figure 1ter : Plaque de shako vers 1810, extraite de "Catalogue de curiosités militaires ... composant la collection de M. C., de Lyon" (vendue à Drouot du 18 au 23 mars 1912). Le catalogue indique : "Plaque de shako du 62e régiment d'infanterie de ligne. Soubassement, modèle spécial. Couronne de l'aigle manque". Nous donnons à côé une plaque originale, sans doute de Grenadiers, assez similaire à la précédente (avec l'aimable autorisation de Mr J. M. Lefevre).

Figure 2 : Voltigeur, 5e Compagnie du 4e Bataillon, 1813, d'après Herbert Knötel; dessin conservé à Rastatt. Source indiquée : Magazin Veteranenbild ? En fait, la source est très certainement un dessin de Fort, dessin que H. Boisselier, qui était en relation avec H. Knötel, a pu lui communiquer. Nous donnons le dessin de Fort, extrait de "Uniformes des régiments d'infanterie et de ligne sous le Consulat et le 1er Empire"; Aquarelles par Ernest Fort (1868-1938); Ancienne collection Gustave De Ridder, (1861-1945); Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, PETFOL-OA-492. Fort indique : "d'après un en-tête de lettre daté de Mayence, 9 octobre 1813, représentant le soldat Moureg". La tenue de ce soldat est pour le moins curieuse. Commençons par le shako : surmonté d'un pompon vert, sur lequel est fiché un plumet jaune à sommet rouge, il est par ailleur doté d'une plaque en losange en cuivre et de jugulaires. L'habit maintenant : de coupe 1812, son collet est jaune sans passepoils; revers coupés droit passepoilés de rouge; parements en pointe rouges sans passepoils (?). Epaulettes à franges et tournantes vertes, corps rouges. Passants bleu. Enfin guêtre courtes noires. Notons par ailleurs l'absence de sabre briquet (sabre que donne H. Knötel). Le dessin de Boisselier (ancienne collection Bouteaud), que nous donnons également, est la copie du dessin de Fort.

V/ Drapeaux :

Drapeaux modèle 1794

En 1794, chaque Demi-brigade a reçu trois drapeaux tricolores. Le drapeau du 2e Bataillon ou Bataillon du centre correspond à l'ancien drapeau colonel de l'ancienne Monarchie; ce drapeau est uniforme pour toutes les Demi-brigades de Bataille. Les drapeaux des 1er et 3e Bataillons sont identiques entre eux, mais d'un modèle différent pour chaque Demi-brigade (O. Hollander : "Les Drapeaux des demi-brigades d'infanterie de 1794 à 1806"). Pour la 62e de première formation, nous ne connaissons que le modèle réglementaire des 1er et 3e Bataillons.

Drapeau 1 de la 76e Demi-brigade Drapeau 2 de la 76e Demi-brigade
Avers du drapeau commun à toutes les Demi-brigades et arboré au second Bataillon ou Bataillon du centre (reproduction d'après Challiot) Modèle réglementaire du drapeau des 1er et 3e Bataillons, 1794-1804 (reproduction d'après Challiot)

Drapeaux modèle 1804

Drapeau 62e de Ligne Aigle 62e de Ligne Flamme d'esponton du 62e de Ligne Flamme d'esponton du 62e de Ligne
Aigle et drapeau modèle 1804, d'après la Cronoca Rovatti Aigle du 62e Flamme d'esponton du 62e de Ligne (à gauche, dessin de D. Davin)

Le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).

Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).

L'Aigle du 62e aux Arapiles (communication de Didier Davin) :

L'Aigle du 62e fut capturée par le Lieutenant Pearce du 2ème Bataillon du 44th Rgt of Foot à la bataille des Arapiles (les Britanniques disent Salamanque), le 22 Juillet 1812. Il tua le Porte Aigle qui avait détaché l'emblème de son caisson pour le cacher sous son uniforme (d'où le fait que l'Aigle est incomplète). Le régiment n' avait pas reçu le nouveau modèle de drapeau, et l'ancienne étoffe étant trop usée, n'avait donc que l'Aigle sur hampe. L'Aigle fut présentée le lendemain à Wellington. Elle se trouve aujourd'hui au Royal Chelsa Hospital et une très belle reproduction est au musée régimentaire de tradition à Chelmsford (Essex Regimental Museum).

Deux flammes flamme d'esponton du 2ème et 3ème Porte-Aigle du 62e de Ligne ont également été capturée aux Arapiles le 22 juillet 1812. Rappelons qu'en février 1808, Napoléon ayant décidé qu'il n'y aurait plus qu'une seule Aigle par Régiment, portée au 1er Bataillon par un Officier, avait alors prévu pour son escorte, deux Sous-officiers avec rang de Sergent-major, dits second et 3e Porte-Aigle. Leur armement avait été précisé, consistant en deux pistolets et un esponton portant une flamme rouge pour l'un et blanche pour l'autre. Sur les flammes on devait inscrire : Napoléon d'un coté et Xeme régiment de l'autre.

Deux flammes d'esponton du 2ème et 3ème Porte-Aigle du 62e de Ligne ont également été capturées aux Arapiles le 22 juillet 1812.

Rappelons qu'en février 1808, Napoléon ayant décidé qu'il n'y aurait plus qu'une seule Aigle par Régiment, portée au 1er Bataillon par un Officier, avait alors prévu pour son escorte, deux Sous-officiers avec rang de Sergent-major, dits second et 3e Porte-Aigles. Leur armement avait été précisé, consistant en deux pistolets et un esponton portant une flamme rouge pour l'un et blanche pour l'autre. Sur les flammes, on devait inscrire : Napoléon d'un côté et Xeme régiment de l'autre.

Les deux flammes d'esponton du 62e sont à présent conservées au National Army Museum. Elles font 27 sur 50 cms et se terminent en pointe. On peut constater qu'elles sont toutes les deux rouges et qu'il n'y en a pas de blanche. L'une a ses inscriptions brodées sur la flamme en blanc ou jaune (actuellement passé) et est bordée d'une petite soutache. L'autre voit ses inscriptions rapportées sur la flamme sur une pièce d'étoffe de la couleur du fond : NAPOLEON et 62ème REGIMENT.

VI/ Sources :

Bibliographie

- Historique régimentaire.

- Martinien A. : "Tableaux par corps et par batailles des officiers tués et blessés pendant les guerres de l'empire (1805-1815)".

- Notes de l'auteur.

Ressources numériques en ligne

- Tony Broughton : "Armes d'Honneur Awarded to the Regiments d'Infanterie de Ligne" : http://www.napoleon-series.org

- Site de R. Darnault : http://darnault-mil.com/Militaires/regiments/infanterie_ligne.php

- Collection de situations Nafziger : http://www.cgsc.edu/carl/nafziger/index.asp

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