Le 21ème Régiment d'Infanterie Légère
1796-1814
Avertissement et remerciements : Cet article nous a été adressé par notre collègue du Bivouac, Didier Davin, que nous remercions tout particulièrement pour sa disponibilité et son érudition.
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Créée en 1796 par amalgame des :
- 4e demi-brigade d'Infanterie Légère (première formation - Voir 4e Régiment d'Infanterie légère)
- 14e bis demi-brigade d'Infanterie Légère
- et des éléments de la 21e bis demi-brigade d'Infanterie Légère.
La 21e demi-brigade légère de seconde formation fait une brillante campagne d'Italie avec Bonaparte et y gagne le droit d'arborer un drapeau.
Le 17 mars 1797 (27 ventôse an 5), Bonaparte écrit, depuis le Quartier général, à Valvasone, au Directoire exécutif : "… Le 22, à la pointe du jour, la division passe la Piave vis-à-vis le village de Vidor. Malgré la rapidité et la profondeur de l'eau, nous ne perdons qu'un jeune tambour. Le chef d'escadron Lasalle, à la tête d'un détachement de cavalerie, et l'adjudant général Leclerc, à la tête de la 21e d'infanterie légère, culbutent le corps ennemi qui voulait s'opposer à notre passage, et se portent rapidement à San-Salvatore ; mais l'ennemi, au premier avis du passage, a craint d'être cerné et a évacué son camp de Campana ..." (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 315 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 366 ; ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 81 ; Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1457).
Le 9 novembre 1797 (19 brumaire an VI), Bonaparte fait écrire, depuis son Quartier général, à Milan, au Général Vignolle : "… La 21e d'infanterie légère, qui fait partie de la division Sérurier, se rendra à Vicence, pour faire partie de la division du général Joubert ...
… Lorsque tous ces mouvements seront effectués, l'armée se trouvera donc placée de la manière suivante :
5e division, Joubert, à Vicence.
4e d'infanterie légère.
21e idem.
22e idem ...
Vous voudrez bien, Général, me remettre, avant de donner ces ordres, un tableau du jour où ces différents corps feront leurs mouvements" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2332 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1, p.46.).
Le 14 juin 1797 (26 prairial an 5), le Général en chef Bonaparte écrit depuis Monbello au Général Berthier : "... Vous ordonnerez au commissaire ordonnateur [Villemanzy] de faire promptement habiller la 29e demi-brigade d'infanterie légère, qui est à Mantoue ...
Vous ordonnerez que l'on forme les brigades de la manière suivante :
... La 21e légère et la 29e, 7e brigade : Dessolle, 4e division [Sérurier - en l'absence de ce dernier, le commandement intérimaire de la 4e divisions est confié au Général Fiorella] ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1919; correspondance générale, t.1, lettre 1674).
Le 9 novembre 1797 (19 brumaire an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Milan, au Général Vignolle : "Vous préviendrez les 18e, 25e, 82e et 75e de bataille qu'elles sont destinées à être les premières pour partir pour l'armée d'Angleterre ...
Vous donnerez le même ordre aux 2e, 4e, 22e, 21e, 5e et 18e d'infanterie légère, qui doivent faire partie de l'expédition de l'armée d'Angleterre" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2334 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2202).
L'"État des Demi-brigades de ligne et légères distraites de l'Armée d'Italie pour l'expédition d'Angleterre", daté du même jour (9 novembre 1797 - 19 brumaire an 6) indique que la 15e Légère est forte de 2000 hommes présents sous les armes (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2335; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 47-48).
La 21e participe au début de l'année 1798 à la marche sur Rome, après l'asassinat du Général Duphot.
Le 11 janvier 1798 (22 nivôse an 6), le Général Bonaparte adresse depuis Paris ses instructions au Général Berthier : "... Le Directoire exécutif vous autorise à faire revenir les 30e, 61e, et 88e demi-brigades de ligne, qui déjà doivent être en marche pour rentrer en France, ainsi que la vingt-unième d'infanterie légère ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t.4, Venise; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 235 ; Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2404).
Le 12 janvier 1798 (23 nivôse an 6), un Arrêté du Directoire Exécutif à Paris, fixe la composition de l'Armée d'Angleterre :
"LE DIRECTOIRE EXECUTIF,
Considérant qu'il est instant de réunir sur les côtes toutes les forces qui doivent être employées à l'armée d'Angleterre,
ARRÊTE ce qui suit :
ARTICLE PREMIER
Les divers corps de troupe ci-après désignés seront mis en mouvement pour se rendre sans délai sur les côtes qui bordent la Manche, ou autres lieux de rassemblement désignés par le ministre de la guerre, savoir :
... INFANTERIE LEGERE.
Les ... 21e ... demi-brigades ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 97).
Dans le "RAPPORT FAIT AU GÉNÉRAL EN CHEF, PAR L'ADJUDANT GÉNÉRAL RIVAUD, SUR LE DÉPART DES COLONNES POUR L'ARMÉE D'ANGLETERRE", daté de Milan, le 16 janvier 1798 (27 nivôse an VI), il est indiqué :
"Le corps d'armée parti de l'Italie pour passer en France et faire partie de l'armée d'Angleterre, sur les côtes de l'Océan, a été composé de cinq divisions d'infanterie, une division de dragons, une brigade de chasseurs à cheval, les chevaux et attelages nécessaires à six pièces d'artillerie légère et six pièces d'artillerie à pied pour les divisions d'infanterie, et pour six pièces d'artillerie à cheval pour la division de dragons. Les chasseurs à cheval n'ont pas emmené de chevaux et attelages d'artillerie.
… Les colonnes d'infanterie ont toutes été dirigées par le Mont Cenis …
L'adjudant général, RIVAUD" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 97.)
Ce rapport est suivi d'un tableau qui indique :
5e Division Général de Division Joubert; 21e Demi-brigade d'Infanterie légère : 2464 hommes au moment du départ de Vicence, le 22 nivôse; arrivée prévue à Rennes le 28 ventôse (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 99).
Le 19 janvier 1798 (30 nivôse an 6), Berthier écrit depuis Milan au Général Bonaparte : "… J'ai retenu le général de brigade Monnier avec les quatrième et vingt-deuxième d'infanterie légère; Veau avec la vingt-unième ; le général Belliard, son état-major, les chevaux d'artillerie de sa division et la quatre-vingt-cinquième, continueront la route pour la destination de la division ...
J'espère, d'ici à huit jours , être en marche de Macerata sur Rome …" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.4, Venise).
Le 20 janvier 1798 (1er pluviôse an VI), le Ministre de la Guerre Schérer écrit depuis Paris, au Général en chef Bonaparte : "Vous avez pensé, Citoyen Général, dans la conférence que nous avons eue ensemble le 27 du mois dernier, qu'il suffirait de retirer seulement, quant à présent, onze demi-brigades de l'armée d'llalie pour être employées à l'armée d'Angleterre, indépendamment des régiments de troupes à cheval qui sont en ce moment en marche pour se rendre à cette destination, afin de conserver, par ce moyen, vingt-sept demi-brigades en Italie, non compris les deux demi-brigades stationnées à Corlou, ni celles qui se trouvent employées en Corse.
... Tous ces corps sont en ce moment en marche ...
Je vous prie de remarquer, Citoyen Général, qu'indépendamment de la 43e demi-brigade de ligne, que vous n'avez pas désignée, ainsi que de la 2e d'infanterie légère, qui arrive en ce moment à Versoix, les 4e, 5e, 18e, 21e et 22e demi-brigades d'infanterie légère sont également en marche et doivent arriver dans les environs de Lyon vers le 20 de ce mois.
Il ne reste, par ce moyen, à l'armée d'Italie que vingt demi-brigades au lieu de vingt-sept, savoir : quinze d'infanterie de ligne et cinq d'infanterie légère, à moins que vous ne vous soyez entendu avec le général Berthier pour suspendre la marche des demi-brigades en excédent.
Je vous prie de vouloir bien m'informer de ce que vous aurez fait à ce sujet. Comme la 43e demi-brigade de ligne, qui fait partie de la division Brune, doit arriver à Lyon du 7 au 10 de ce mois, peut-être jugerez-vous convenable, Citoyen Général, de conserver ce corps ainsi que la 2e d'infanterie légère, qui arrive en ce moment à Versoix et de faire rester en Italie les 4e, 5e, 18e, 21e et 22e brigades d'infanterie légère ; alors il resterait encore vingt-six demi-brigades à l'armée d'Italie.
Veuillez, je vous prie, Citoyen Général, me faire connaitre vos vues, afin que je puisse donner de suite les ordres nécessaires pour faire rétrograder ces corps, dans le cas où vous n'auriez pas chargé le général Berthier de les retenir en Italie.
Salut et fraternité" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 101).
La 21e Légère va s'embarquer ensuite avec Bonaparte pour l'Egypte.
I/ 1798-1799 : LA CAMPAGNE D'EGYPTE
"Paris, le 15 ventôse an 6 (5 mars 1798).
Note remise par le général Bonaparte au Directoire exécutif.
Pour s'emparer de Malte et de l'Egypte, il faudrait de 20 à 26,000 mille hommes d'infanterie, et de 2 à 3,000 hommes de cavalerie sans chevaux.
L'on pourrait prendre et embarquer ces troupes de la manière suivante, en Italie et en France :
A Civita-Vecchia, la vingt-unième d'infanterie légère, 2,000 ; la soixante-unième, de ligne, 1,600 ; la quatre-vingt-huitième, id., 1,600 ; le vingtième de dragons, de 400 ; et le septième de hussards de 400 ; en tout 6,000 hommes, commandés par les généraux Belliard, Friant et Muireur" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 114 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 249; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2426 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2322; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 197-198).
"Paris, le 15 ventôse an 6 (5 mars 1798).
Le Directoire exécutif arrête :
ART. Ier. Le général Masséna mettra l'embargo et frétera au compte de la république les bâtimens les plus gros qu'il pourra trouver dans le port de Civita-Vecchia et ports voisins ; il prendra même, s'il est nécessaire, des bâtimens neutres.
2. Il fera embarquer sur lesdits bâtimens les généraux Friant, Muireur et Belliard; un chef de brigade d'artillerie, deux officiers de génie qu'il nommera, un commissaire des guerres, un chef de chaque administration, une ambulance proportionnée au nombre des troupes la vingt-unième d'infanterie légère, la soixante-unième de ligne, la quatre-vingt-huitième idem, leurs dépôts, leurs compagnies de canonniers, cent cartouches par homme, de l'eau pour un mois, et des vivres pour deux ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte Egypte ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2432; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 205).
Le 14 mars 1798 (24 ventôse an 6), Masséna écrit depuis Rome à Berthier : "... Je viens de recevoir un arrêté du Directoire qui m'ordonne de faire partir, pour une mission secrète et de la plus haute importance, les généraux Friant, Mireur et Belliard, avec les 61e, 88e de bataille, 21e d'infanterie légère, 20e de dragons et 7e de hussards. Vous connaissez la force des troupes sous mes ordres ; lorsque ces corps seront partis, je serai loin d'avoir des forces suffisantes pour garder le territoire de la République romaine …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 320).
Un rapport adressé, le 20 mars, au Directoire par le Ministre de la guerre, détaille, ainsi qu'il suit, l’effectif (hommes présents sous les armes) des troupes destinées à l'expédition : Embarquement de Civita-Vecchia, 21e demi-brigade d'Infanterie légère, 2.500 hommes (La Jonquière C. de : «L’expédition d’Egypte, 1798-1801», t. 1. P. 197).
Le 9 avril 1798 (20 germinal an 6), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Dessaix (Panchouke, Stuttgart et Tubingue, indiquent, sans aucun doute par erreur : au Général Berthier) : "… Faites compléter la musique de vos différentes demi-brigades. Donnez-en une à la vingt-unième d'infanterie légère, s'il n'y en a pas.
Ayez soin qu'il ne manque point de tambours. Si cela était, vous pourriez vous en faire donner dans les corps qui restent à Rome.
Faites donner un drapeau à chaque bataillon de la vingt-unième d'infanterie légère. Ayez soin que les lieutenans et les sous-officiers d'infanterie légère soient armés de fusils, ainsi que les sous-officiers de ligne. Faites armer de fusils les canonniers.
J'avais ordonné, dans le temps, que chaque corps eût un certain nombre de sapeurs, avec des haches et des outils. Assurez-vous que cet ordre est exécuté ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 156 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 288; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2483 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2376; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 331).
Le même jour, Bonaparte écrit depuis Paris au Général Brune : "Je vous prie ... de faire rendre à Civita-Vecchia ceux (les hommes) des vingt-unième d'infanterie légère, soixante-unième, quatre-vingt-huitième de ligne ; septième régiment de hussards, vingtième idem de dragons.
Ces hommes s'embarqueront à la suite des divisions, qui s'embarquent à Gênes et à Civita-Vecchia, et quand même ces divisions seraient parties, leurs dépôts resteront à Gênes et à Civita-Vecchia, de manière que lorsqu'il y aura 100 hommes réunis, on pourra les faire partir pour rejoindre au lieu où se rend ledit embarquement ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 158 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 290 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2485 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2375; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 313).
Le 13 avril 1798 (24 germinal an 6), le Général Desaix écrit au Général Belliard pour l'informer que Bonaparte l'a désigné pour faire partie de l'expédition et qu'il commandera une Brigade, formée provisoirement de la 21e Légère et de la 88e de Bataille (sic). Il a enjoint aux Chefs de Corps de faire préparer sans délai des contrôles :
1° Des officiers, sous-officiers et volontaires que leur âge et leurs infirmités ne permettent pas d'embarquer ;
2° Des officiers, sous-officiers et volontaires qui seront en état de s'embarquer.
Desaix précise : "... Vous voudrez bien passer ces corps en revue le plus promptement possible, afin de vous en assurer. Vous arrêterez ces contrôles, que vous m'adresserez ensuite.
Il devra être formé par chaque corps un dépôt de tous les hommes qui ne seront pas dans le cas de s'embarquer. Perugia est le lien destiné pour le rassemblement de ces dépôts. Votre revue passée, vous donnerez en conséquence les ordres pour y envoyer de suite ceux qui se trouveront dans ce cas.
Il ne sera pas permis aux femmes de s'embarquer. On pourra les envoyer à ce dépôt. Si cependant elles voulaient retourner en France, vous leur ferez donner des routes pour s'y rendre.
Il faut enfin dégager les corps de tout ce qui ne doit pas s'embarquer, tant en hommes qu'autres objets.
Les officiers qui auraient des chevaux devront les vendre. S'ils n'en trouvaient pas l'occasion, je donnerais des ordres pour qu'ils soient remis au compte de la République, dans le cas toutefois où ils seraient propres à quelques services. Il en sera donné des reçus aux officiers, en vertu desquels on leur remboursera le prix de leurs chevaux, après le débarquement.
Les chefs de brigade pourront seuls embarquer un cheval.
Salut et fraternité.
DESAIX.
P.-S. - On écrit aux chefs des Corps d'envoyer à Civita-Vecchia les équipages qu'ils destinent à être embarqués. Un officier et un petit détachement devront les escorter" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 335).
Le 14 avril 1798 (25 germinal an 6), le tableau des Corps de troupes certifié conforme par le Ministre de la Guerre Scherer, établit que la 21e Légère qui devait être dirigée sur Gênes, et servir sous les ordres du Général Desaix, est arrivée à destination; sa force est de 1820 hommes (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2508; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 355).
Le 17 avril 1798 (28 germinal an 6), le Général Desaix écrit, depuis Rome, au Général en chef Bonaparte : "… Je ferai donner des drapeaux aux bataillons de la 21e demi-brigade d'infanterie légère ; mais je suis embarrassé pour faire armer en fusils les lieutenants, sous-lieutenants et sous-officiers, comme vous l'ordonnez, attendu que nous n'en avons que du calibre romain. Je vous prie d'ailleurs d'être persuadé que je ferai tout ce qu'il sera possible de faire pour l'exécution de vos ordres …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 438).
Le lendemain 18 avril 1798 (29 germinal an 6), l'Adjudant-major Donzelot (Chef d'Etat-major de Desaix) écrit au Général Belliard pour l'inviter à faire connaitre "les actions glorieuses de la 21e légère", afin d'inscrire les plus remarquables sur les drapeaux. Il ajoute que Desaix voudrait que la 21e ait une belle musique. Si le Chef de Corps pouvait trouver des musiciens, le Général ferait tout son possible pour le paiement des instruments, si le corps n'en a pas déjà (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 438).
"Expédition de Civita-Vecchia.
ORDRE GÉNÉRAL
Rome, le 5 floréal an VI (24 avril 1798).
Les troupes formant la division de l'expédition de Civita-Vecchia sont organisées comme suit :
État-major général.
Le général de division Desaix, commandant en chef ...
Généraux de brigade. Corps. Commissaires des guerres.
Belliard, 21e demi-brigade d'infanferie légère. Colbert
… Suit l'état de répartition des bâtiments de transport.
Les bâtiments sont répartis en cinq divisions, qui reçoivent les troupes ci-après indiquées :
1re division : 21e demi-brigade d'infanterie légère, sur les bâtiments de 1 à 10 (Effectif total, 2.210 hommes ; par bâtiment, minimum 200 hommes ; maximum, 270 hommes.)
… L'adjudant général, DONZELOT" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 44).
Le 16 mai, Desaix est informé par Bonaparte du début de la concentration des escadres ; aussitôt, depuis Civita-Vecchia, il donne des ordres pour que toutes les troupes de sa Division soient concentrées, le surlendemain, dans le port et embarquées sur-le-champ. Ces ordres, envoyés, au nom du Général Desaix, par l'Adjudant général Donzelot, Chef de l'Etat-major (Civita-Vecchia, 27 floréal -16 mai), prescrivent au Général Belliard, de diriger sur Civita-Vecchia les unités de la 21e d'infanterie légère, qui ne se sont pas encore rendues dans ce port, de façon que ce Corps puisse être passé en revue le 29 floréal, à 9 heures du matin, par le Commissaire des guerres, puis embarqué aussitôt après (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 471).
Le 25 mai 1798 (6 prairial an VI), l'Adjudant général Donzelot écrit, depuis Civita-Vecchia, au Général Belliard : "L'ordre de départ est arrivé. La 21e d'infanterie légère s'embarquera aujourd'hui à 1 heure après midi. Je vous invite, Citoyen Général, à ordonner que de suite on embarque le reste des équipages pour se tenir prêt à monter à bord à l'heure désignée. Les chefs de brigade embarqueront leurs chevaux sur le n° 53, qui doit se placer à la porte de Livourne, ainsi que le n° 52, destiné à recevoir les chevaux des généraux et officiers d'état-major.
Dans la matinée, il sera fait une distribution de viande fraiche pour quatre jours.
On donne des ordres pour que, ce matin, tous les chevaux et équipages soient définitivement embarqués.
Salut et fraternité.
Donzelot.
P.-S. - La 21e s'embarquera à l'emplacement actuel de ses bâtiments" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 502).
Un "État par aperçu des fonds nécessaires pour un mois de solde à l'armée de terre, établi par le payeur Estève, à bord du vaisseau l'Orient, le 18 prairial an VI (6 juin 1798)" indique qu'à cette date, la 21e Légère embarquée pour l'Egypte compte dans ses rangs 2000 hommes, Officiers non compris (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 508).
Le 9 juin 1798 au soir, l'attaque de l'île de Malte est décidée; Belliard note dans son Journal : "A 9 heures, le général m'a fait appeler à la frégate pour me donner l'ordre de réunir tous les bâtiments de la 21e demi-brigade d'infanlerie légère et de me tenir prêt à débarquer le lendemain avec elle. Ce n'est pas fort aisé, tant à cause du calme qui règne dans ce moment que parce que les bâtiments se sont mêlés. N'importe, la nuit est longue. Demain, nous irons à terre et nous nous mesurerons avec les Maltais. Les divisions Vaubois, Reynier et Baraguey d'Hîlliers doivent aussi descendre" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 584).
Savary dans son Journal, relate la journées du 10 juin (22 floréal) : "... L'on embarqua la 21e demi-brigade et nous nous mimes en chemin dans le sud pour aller débarquer. traversée était extrêmement longue. Il nous fallut ramer plus de quatre heures pour y arriver. Nous passâmes bien au large, toujours dans le sud-est des batteries de la côte, qui, malgré cela, tirèrent dessus à une portée hors du bon sens. Après avoir doublé un petit cap à la pointe de la baie, nous entrâmes dans l'anse où nous devions débarquer. Nous fûmes aperçus par une troupe maltaise qui se dirigeait du eôtè opposé à nous; elle vint aussitôt se placer dans un petit retranchement, situé sur la partie la plus basse de la plage, où il y avait six pièces de canon. Elle commença à nous canonner avec deux pièces seulement; nous avions deux autres batteries, l'une en tête, l'autre par le flanc gauche; j'étais dans la chaloupe du Franklin, portant du 12; elle était la plus avancée, marchant la mieux; nous essuyâmes le premier feu et nous fûmes obligés de nous mettre en travers à cause de la lame et pour attendre les deux autres cbaloupes de 8, qui nous suivaient d'assez près, ainsi que les deux demi-galères, qui nous suivaient de fort loin. Pendant ce temps, le général Belliard fut, avec son caanot, rallier les trainards. Cela donna le temps aux demi-galères d'approcher assez près pour canonner la batterie qui nous canonnait par le flanc droit. Les canots s'étant ralliés, nous courûmes de l'avant et fûmes droit débarquer sur la batterie de l'avant. Nous eûmes, en abordant, un homme tué d'un boulet de canon. La batterie fut enlevée; nous y trouvâmes cinq pièces de canon, toutes enclouées. Nous fûmes droit à la troupe maltaise qui fuyait; nous tuâmes deux hommes et poursuivîmes le reste ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 601-602)
Le 13 juin 1798 (25 prairial an 6), Bonaparte écrit depuis son Quartier général à Malte, au Directoire Exécutif : "... Nous sommes arrivés le 21, à la pointe du jour, à la vue de l'île de Goze. Le convoi de Civita-Vecchia y était arrivé depuis trois jours …
Le 21 au soir … Le général Desaix fit débarquer le général Belliard avec la 21e. Il s'empara de toutes les batteries et de tous les forts qui défendaient la rade et le mouillage de Marsa-Scirocco" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient ; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 241 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 370 ; ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 186 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2641 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2523).
Le même jour, Donzelot, Chef d'Etat-major de la Division Desaix, notifie au Général Belliard les dispositions de détail pour l'exécution des ordres de Bonaparte. Après avoir été relevée, le matin du 26 prairial (14 juin), dans les postes qu'elle occupe (la Sangle, la Bormola, la Collonera), la 21e Légère viendra cantonner, le soir, dans les cazals Asciak, Gudia, Luca, Kircop, Zuricco, Miccabba. Elle devra être prête à partir le 27 pour s'embarquer à Marsa-Scirocco. "Il (le Géneral Desaix) vous engage de vous rendre demain de bonne heure à la baie de Marsa-Scirocco, où est le convoi, et vous invite à prendre toutes les mesures que vous jugerez convenables pour presser les bâtiments de faire de l'eau, de manière à être prêts à lever l'ancre le 28 ... Des officiers de santé se rendront à bord des bâtiments de l'ambulance pour juger ceux des malades qui, par la nature grave de leurs maladies, se trouveraient hors d'état de supporter la traversée. Ils seront alors conduits à l'hôpital militaire de Malte. II sera fait en même temps une visite de tous les hommes qui sont atteints de maladies vénériennes, dont le caractère les mettrait dans l'impossibilité de pouvoir naviguer plus longtemps, afin de les transporter aussi à cet hôpital ..." (Malte, 25 prairial - 13 juin. - La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 629).
Des lettres de Donzelot aux Généraux Friant et Belliard [27 prairial - 15 juin), prescrivant divers mouvements de troupes, stipulent que la 21e Légère a été désignée par Bonaparte pour fournir cent hommes de garnison sur chacun dos vaisseaux le Mercure, le Tonnant, le Guillaume-Tell, l'Aquilon (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 638).
Le 17 juin 1798 (29 prairial an 6), Bonaparte écrit depuis le Quartier général à Malte au Général Berthier : "Vous voudrez bien, Citoyen Général, donner l'ordre pour que les citoyens Perrier, capitaine, Baumard, capitaine, Berger, lieutenant de la 61e demi-brigade de bataille, soient destitués, arrêtés et conduits au fort Lamalgue jusqu'à ce que le Gouvernement ait donné de nouveaux ordres. Ils sont les chefs de l'insurrection qui a eu lieu à Rome.
Vous vous informerez des bâtiments sur lesquels ils sont embarqués, afin que demain, lorsque nous serons en pleine mer, on fasse signal de les faire venir à bord de l'Orient, où on les arrêtera.
Le même ordre aura lieu pour les citoyens Bodard et Brenau, lieutenants de la 21e d'infanterie légère, qui étaient députés au comité de Rome" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2678 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2541 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 647).
Le 23 juin 1798 (5 messidor an 6), depuis le Quartier général, à bord de l'Orient, Berthier adresse aux troupes un Ordre Général : "Le général en chef a déterminé le commandement des brigades, dans les divisions, ainsi qu'il suit :
... DIVISION DESAIX.
Le général Belliard commande la 21e légère ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2706; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 15).
Le même jour (23 juin 1798 – 5 messidor an 6), du fait que les troupes laissées à Malte ont été, en grande partie, prélevées sur les garnisons des bâtiments de l'escadre, Bonaparte décide de reconstituer cet élément de défense; Berthier donne en conséquence les ordres suivants : "VAISSEAUX. - ... Spartiate, Généreux et Peuple-Sourerain, chacun 100 hommes de la 21e d'infanterie légère ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 13).
Le lendemain 24 juin 1798 (6 messidor an 6), le Général Belliard note dans son Journal : "... Ce soir, j'ai reçu l'ordre d'envoyer à bord de l'Orient, deux officiers de la demi-brigade que je commande. Ce sont les membres du comité d'insurrection de Rome; il parait que le général en chef veut punir ceux qui se sont montrés les plus ardents; car chaque corps doit envoyer ses députés et, en outre, on nous a demandé les noms de tous los grands meneurs. Il est temps de se purger des mauvaises têtes et de faire des exemples qui soient dans le cas de retenir ceux qui seraient tentés de recommencer; car il ne serait pas très aimable de voir se renouveler des scènes pareilles, surtout dans le pays où nous allons, où la dicipline doit être rigoureuse, si nous voulons nous y maintenir ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 10).
Le 26 juin 1798 (8 messidor an 6), le Général Belliard note dans son Journal : "... A 2 heures, le général Friant m'envoie, par son aide de camp, l'ordre général de l'armée et, en même temps, celui de fournir 300 hommes pour former la garnison des vaisseaux le Peuple-Souverain, le Spartiate et le Généreux. On croit qu'il est fort aisé de faire parvenir en mer des ordres à nos troupes, divisées sur tant de bâtiments qui sont aux quatre parties du monde. Je n'ai pas vu, depuis notre départ de Malte, les bâtiments affectés à la demi-brigade que je commande ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 11).
Deux jours plus tard (28 juin 1798 - 10 messidor an 6), le Général Belliard note dans son Journal : "... Enfin, ce matin, j'ai découvert le bâtiment que monte le chef de la 21e, et je lui ai envoyé l'ordre que j'avais reçu avant-hier ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 11).
Le 29 juin 1798 (11 messidor an 6), le Général Belliard note dans son Journal : "... J'ai donné à diner aux généraux Veaux et Mireur, ainsi qu'au chef de la 21e demi-brigade; nous avons fait bombance. Les vins de Bordeaux, de Champagne et de Frontignan n'ont pas été épargnés; et, en buvant à la santé de la République, nous avons songé à nos amis . .." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 11-12).
Le 1er juillet 1798 (13 messidor an 6), en vue du débarquement à Alexandrie, l'Adjudant-général Donzelot (à bord de la Courageuse) adresse au Général Belliard les ordres suivants : "Toutes les chaloupes du convoi ont ordre de se réunir près de la frégate la Courageuse, pour ensuite aller reprendre à bord des bâtiments qui portent la 21e d'infanterie légère, le nombre de troupes qu'elles pourront contenir ... Toutes les chaloupes portant des troupes pour le débarquement devront se réunir à la demi-galère la Coquette, commandée par le citoyen Motard, adjudant général de l'armée navale, qui a été chargé ce matin d'aller, dans la partie de l'ouest du Marabout, pour y trouver un endroit propice à la descente ... Lorsque toutes les troupes seront réunies en nombre suffisant près de la demi-galère la Coquette, vous les ferez débarquer dans le lieu que vous indiquera le citoyen Motard, auquel je vous invite de parler, afin de vous concerter avec lui sur les moyens de débarquer facilement. Lorsque vos troupes auront mis pied à terre, vous vous formerez en observant l'ordre en masse et vous vous porterez en avant ...". Donzelot recommande également au Général Belliard, si les Divisions Menou et Reynier tardaient à débarquer, de prendre une position convenable pour protéger leur débarquement. La brigade Friant devait être ensuite débarquée, au moyen des chaloupes ayant transporté la 21e légère. Donzelot transmet au Général Friant des instructions analogues aux précédentes et ajoute : "Vous vous formerez ensuite en seconde ligne, derrière la 21e légère, en ayant soin d'observer l'ordre en masse et serré, attendu que les principales forces de l'ennemi sont en cavalerie. Vous connaissez d'ailleurs, Citoyen Général, ce genre de guerre que vous avez été dans le cas de faire avec succès". Signalons toutefois que La Coquette étant restée à Malte, le Capitaine de frégate Motard monta en réalité l'autre demi-galère, l'Amoureuse (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 40).
Le 3 juillet 1798 (15 messidor an 6), le Général Desaix, qui doit partir avec sa Division, à El-Beydah, écrit, sous les murs d'Alexandrie, au Général Bonaparte : "… Depuis ce matin, j'attends l'artillerie, mais en vain, quoiqu'on me l'ait promise avec assurance. Ne pouvant rester plus longtemps, je pars sans elle, dans l'espoir que vous voudrez bien me l'envoyer demain de très bonne heure. Je dois vous réclamer 400 hommes de la vingt-unième légère que j'ai fait embarquer d'après vos ordres à Malte, sur les bâtimens le Franklin, le Mercure, le Tonnant, et le Guillaume-Tell, pour soulager mon convoi. Je vous demande de plus, vingt-cinq carabiniers de ce corps que j'ai laissés à bord de la frégate la Courageuse, en attendant un détachement de la troisième de ligne qui doit y aller pour garnison.
Toute cette infanterie légère réunie dont j'ai grand besoin, et la cavalerie que vous vous proposeriez d'y joindre, pourront servir d'escorte a l'artillerie ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte).
Le 4 juillet 1798 (16 messidor an 6), le Général Desaix, qui est arrivé à El-Beydah, fait écrire par l'Adjudant-général Donzelot, depuis son quartier-général à Beda, au Général Bonaparte : " … J'attends vos ordres, mon général avec impatience, ainsi que l'artillerie et les 500 hommes de la vingt-unième légère que j'ai eu l'honneur de vous demander hier.
Ma situation actuelle est, savoir :
Vingt-unième légère, 1850 hommes …" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte).
Extrait du Journal du Général Belliard : "A El-Beydah, dans les temps de sécheresse, on peut trouver de l'eau pendant un jour pour 1.000 à 1.200 hommes et le lendemain autant, les citernes se remplissant lorsqu'on donne à l'eau le temps de se renouveler.
La division y a passé la journée.
A 6 heures du soir, le général Desaix me donna l'ordre de partir avec la 21e demi-brigade et un détachement de dragons pour le village d'El-Akrich. La 61e se mit en intermédiaire à Kafr-Selim et les autres troupes de la division restèrent à la première position. Le général avait ainsi divisé son monde à cause de la disette d'eau. Les ressources sur lesquelles il comptait pour El-Akrich furent nulles ; car, après avoir établi mon bivouac, je fus obligé d'en voyer des hommes de corvée avec un fort détachement, chercher de l'eau à EI-Kerioun, à une bonne lieue de là. La 61e éprouva le mème sort et eut recours à un village assez grand qu'elle avait à sa droite. Kafr-Selim et El Akrich sont deux mauvais villages dont les maisons sont construites en terre …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 107-108).
Le 5 juillet 1798 (17 messidor an 6), le Général Desaix écrit depuis le camp de Beda au Général Bonaparte : "… Comme je vous l'ai mandé cette nuit, la vingt-unième légère et les dragons du vingtième régiment, ont pris position à El-Arych ... J'ai pris cette mesure pour avoir de l'eau ; mais d'après le rapport qu'on m'a fait, elle y manque déjà. Dans ce moment-ci, les troupes n'ont pas l'espérance d'en avoir un verre ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte).
Sur ordre de Bonaparte, la Division Reynier part d'Alexandrie dans la nuit du 4 au 5 juillet et atteint El-Beydah, après une route fort pénible. La Division Desaix continue alors sa marche en avant.
Journal de Belliard : "La division Reynier étant arrivée à El-Beydah, le général Desaix en partit avec sa troupe, prit à El·Akrich la 61e, et vint à El-Kerloun. Il me donna l'ordre de lui céder la place et de me porter en avant avec la 21e, l'artillerie et la cavalerie. A la nuit, j'arrivai à Berket-Gitas et je pris position en avant du village, formant le bataillon carré, ayant au milieu l'artillerie, les équipages et une partie de la cavalerie. Le reste fut mis sur· un des flancs du village, prutégé par des carabiniers. A 11 heures du soir, le reste de la division nous joignit et s'établit près de nous tant bien que mal" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 113).
Desaix demeure toute 1a matinée du 5 juillet à Berket-Gitas, attendant l'arrivée de la Division Reynjer. Celle-ci, partie de bonne heure d'El-Beydah, rejoint l'avant-garde vers midi. Trois heures après l'arrivée de Reynier, la Division Desaix se met en marche pour Damanhour, où elle arrive vers minuit, après avoir encore beaucoup souffert du manque d'eau.
Ordre du jour des deux Divisions d'avant-garde (Damanhour, 20 messidor an 6 - 8 juillet 1798).
"Le général défend expressément de tirer des coups de fusil dans le camp ; les munitions ne doivent être employées qu'à l'ennemi. Il recommande aux chefs et officiers d'y veiller et de punir sévèrement tout soldat qui contreviendrait au présent ordre.
Il sera distribué aux deux divisions de l'avant-garde la quantité de pintes d'eau-de-vie ci-après :
Division Desaix. – 21e légère, 21 pintes ...
Ne pouvant faire une plus grande distribution d'eau-de-vie, elle sera coupée avec de l'eau pour boire.
Les troupes formant les deux divisions ... recevront également aujourd'hui une demi-ration composée de biscuit ou légumes.
Ces distributions se feront de suite à Damanhour, au magasin des subsistances.
Dans la journée, toutes les troupes recevront la viande fraîche pour un jour. La distribution se fera au camp.
Signé : Donzelot" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 116).
Une partie de la Division Desaix exécute, aux environs de Damanhour, quelques mouvements dont le double but est de procurer des subsistances et de reconnaître l'importance de détachements ennemis signalés dans ces parages. Le Général Belliard écrit dans son journal : "20 messidor.- ... Le général en chef arriva à Damanhour ... Il nous annonça la prise de Rosette ...
Comme l'armée devait arriver, on voulut avoir recours aux villages qui nous avoisinaient pour avoir des subsistances en viande et en légumes (les ressources en pain sont nulles). A cet effet, il partit des détachements de dragons, de hussards et de chasseurs, ainsi que de l'infanterie. La cavalerie, qui allait dans les villages les plus éloignés, rencontra les Mameluks ... en avant du village d'Abou-el-Schameh. Les détachements qui s'étaient séparés se réunirent lorsqu'ils aperçurent un ennemi beaucoup plus nombreux qu'eux. Les Mameluks les chargent, les nôtres reçoivent et se battent en se retirant sur le village de Qarâqes, où j'envoyai un détachement de la 21e pour les soutenir. Ils prirent position en arrière; l'ennemi ne s'avança pas. De notre côté, il y a eu 5 blessés; d'après le rapport de l'officier qui commandait, les Mameluks ont dû en avoir davantage ...
21 messidor.- Le général en chef visita les alentours de Damanhour avec le général Desaix; il ordonna de porter une brigade au village de Qarâqts. Après cet établissement, je partis avec le général Desaix, 4 bataillons, quelques pièces d'artillerie et un détachement de la cavalerie commandé par le général Leclerc (note : Le Journal de Savary donne la composition des forces de cette reconnaissance : le 2e bataillon de la 61e, le 1er de la 21e, 2 canons, la cavalerie du général Leclerc). Nous fûmes jusqu'au village de Chanoub, à 6 milles de Damanhour, oü s'était retiré l'ennemi la veille. On ne rencontra personne. Le général Desaix fit prendre position à la troupe et lui fit donner des vivres, tant de Chanoub que des villages voisins, où l'on envoya des détachements.
A 2 heures, au moment où l'on se disposait à se mettre en marche pour retourner au camp, environ 100 Mameluks paraissent; ils escarmouchent pendant quelque temps; on leur lâcha quelques coups de fusil et de canon, et ils cessèrent de nous poursuivre. Un officier, qui fut au secours d'un de ses hussards qu'on allait prendre, reçut une balle dans le bras et le délivra. Cette troupe a l'air de craindre beaucoup l'infanterie.
Nous continuâmes notre route pour le camp, amenant avec nous les boeufs et des légumes, fruit de la journée" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 135-136).
La 21e prend ensuite part à la bataille des Pyramides; le Capitaine du Génie Garbé raconte dans son rapport (sans indication de destinataire ni signature) : "Le 3 thermidor, à la pointe du jour, la division quitta la position d'El-Qorataïn, et, contiuant de faire l'avant-garde, elle marchait suivie de toute l'armée vers Gizeh, à peu près parallèlement au cours du Nil. A une demi-lieue de là, on commença à apercevoir un détachement nombreux de cavalerie, qui paraissait être l'avant-garde des Mameluks. Ce corps ne chercha point à s'engager avec nous ; il était toujours occupé à nous observer et à nous éviter. En allant toujours de la même manière pendant plus de cinq heures, on arriva au village de Bechtil, d'où l'on aperçut facilement le camp de l'armée ennemie à un quart de lieue de là, en avant du village d'Embabeh. On apercevait également leur flotille, qui était sur le fleuve.
La division s'arrêta au village de Bechtil, pour observer l'ennemi et attendre des ordres du quartier général, qui était en arrière. Il y avait une heure que l’on était dans cette position lorsqu'on s'aperçut d'un mouvement général dans le camp de Mourad-Bey. On vit bientôt que ce mouvement avait pour but de se former et de marcher sur nous. Les soldats étaient répandus autour des citernes et dans le village. On rappela et on se forma précipitamment. Voici quelles étaient les dispositions de notre division. Elle formait un carré dont le côté, qui faisait face au camp ennemi, était composé de la 61e demi-brigade sur six hommes de hauteur ; le côté opposé et qui regardait le village était formé par la 88e demi-brigade sur 6 hommes également ; les deux autres étaient formés par la 21e d'infanterie légère sur 3 hommes seulement. La cavalerie, peu nombreuse, était dans le centre, ainsi que tous les équipages. L'artillerie était sur les angles du carré. On avait jeté dans le village les canonniers, les dragons à pied et les sapeurs formés de cette manière. Nous avions le côté de la 88e et un de la 21e regardant le village, dont ils étaient éloignés d'environ 30 toises ; le côté de la 61e était vis-à-vis une digue, qui en était éloignée de 10 à 12 toises ; l'autre côté faisait face à la division Reynier, distante d'à peu près 40 à 50 toises.
A peine était-on formé, qu'on vit les Mameluks arriver sur nous, avec l'air des hommes qui viennent engager un combat. Ils pensaient, en effet, nous rompre du premier abord. Leur charge avait paru se diriger sur le centre de l'armée. Mais, quand ils furent à moitié chemin, ils tournèrent tout à coup sur leur gauche et vinrent sur la division du général Desaix. Il se divisèrent en deux parties ; l'une vint passer entre les deux divisions Desaix et Reynier ; il en resta plus de trente étendus dans l'intervalle de ces divisions, et plusieurs blessés furent enlevés aussitôt. L'autre partie vint se jeter sur la digue, qui était près de notre carré ; mais, ayant été accueillis par un feu bien nourri de mousqueterie et d'artillerie, ils se rejetèrent sur le village qu'ils tentèrent inutilement d'enlever. Il s'engagea aussitôt dans ce village une fusillade terrible. Ceux qui le défendaient s'y battirent avec la plus grande bravoure. Ils revinrent bientôt après occuper une petite mosquée, qui était sur la droite du carré. On s'attendait à une seconde charge ; mais quand ils virent le village d'Embabeh enlevé par nos troupes, et les Mameluks qui le défendaient prendre la fuite, ils se réunirent à eux et prirent le chemin des Pyramides.
Le peu de temps qu'on avait eu pour se mettre en bataille n'avait point permis d'occuper la digue qui était en avant de notre position. II eût été avantageux d'y placer l'artillerie et une partie de la division" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 185).
Le 2 août 1798 (15 thermidor an VI), le Général en chef écrit au Général Berthier : "Le magasin central d'habillement (note : sous la direction de l'agent en chef Thorin, du capitaine d'habillement Bernoyer et du garde-magasin principal Grandjean) a de quoi confectionner :
1° dix mille habits et 20000 pantalons : vous ordonnerez qu'il en soit fait la distribution suivante :
... 21e [légère] 900 (habits) 1800 (pantalons) ...
2° Les habits seront confectionnés par les corps. L'ordonnateur en chef (note : Sucy) fera un règlement pour tout ce qui doit leur être donné par habit et pour la façon.
3° Il ne sera rien confectionné du magasin brigade" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2723 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 335).
Le 7 août 1798 (20 thermidor an 6), depuis le Quartier général, au Caire, Bonaparte écrit au Général Berthier : "Vous donnerez l'ordre à la 21e légère de partir cette nuit pour venir tenir garnison au Caire. Le général Desaix la fera remplacer au camp retranché d'Abou-Seyfeny par un bataillon de la 61e ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2997 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2795; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 344 et 363).
Le 16 août 1798 (29 thermidor an 6), depuis le Quartier général, au Caire, Bonaparte écrit au Général Berthier : "... Vous ferez réunir, dans la journée de demain, au reste de la division du général Desaix, du côté de Gyzeh, les deux premiers bataillons de la 21e d'infanterie légère, les troupes que le général Desaix aurait placées au Vieux-Caire et toute l'artillerie attachée à sa division.
Cette division, ainsi composée de deux bataillons de la 21e légère, deux bataillons de la 61e de ligne, deux bataillons de la 88e idem, et de son artillerie, prendra, dans la matinée du 1er fructidor, du pain pour le 2 et le 3, et s'embarquera à Gyzeh sur les djermes que lui fournira le contre-amiral Perrée …
… le général Desaix partira dans la journée du 1er avec cette flottille et sa division, pour prendre possession de la province de Beny-Soueyf" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3027 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2840; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 475).
Situation de la 21e Demi-brigade légère le 18 août 1798, d'après le "Tableau général des forces de l'armée d'Orient au 1er fructidor de l'an VI de la République française une et indivisible" :
- 4e Division, Général commandant la Division Desaix :
- 21e Demi-brigade légère (3 Bataillons) au Caire : total de l'effectif, Officiers compris : 1923.
91 Officiers présents, 16 Officiers absents; 1816 hommes dont 1629 présents sous les armes (5 prisonniers, 16 en congé ou permission, 183 aux hôpitaux, 29 détachés, 45 au Dépôt : total donné 294). 23 chevaux d'Officiers (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 613 et suivantes).
L'Ordre du jour, établi au Quartier général, au Caire, le 22 août 1798 (5 fructidor an 6) fixe les emplacements de l'armée : "DIVISION DESAIX, à GYZEH. 21e légère, le 3e bataillon détaché au Caire ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3086).
Bonaparte décide de reprendre l'offensive contre Mourad et les Mameluks réfugiés dans la haute Égypte. La petite colonne expéditionnaire, placée sous les ordres de Desaix, comprend 6 Bataillons d'infanterie, dont deux de la 21e Légère. L'Ordre du jour de la Division Desaix du 6 fructidor (23 août), prescrit que les troupes s'embarqueront le 7, à la pointe du jour : "… La 21e s'embarquera au Vieux-Caire …". Les gros bagages et les chevaux doivent être laissés aux Dépôts des Corps, les chameaux remis à l'administration des transports. Les troupes doivent emporter les marmites, bidons, pelles, haches et autres effets de campement (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 194).
"7 fructidor (24 août). - Le général Desaix ayant reçu l'ordre de partir pour la haute Egypte, les 1er et 2e bataillons de la 21e légère et de la 88e de ligne se sont embarqués. On n'a pu se procurer des djermes pour le surplus de la division.
Le vent a été contraire ..." (Historique de la Division Desaix (rapport du 7 au 14 fructidor - 24 au 31 août) La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 194).
Au moment du départ, les 25 et 26 août 1798, celle ci présente la situation suivante : 1er Bataillon 595 présents ; 2e Bataillon 587 présents, total 1182 hommes. 289 hommes sont aux hôpitaux, 117 détachés (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 193-194).
"8 fructidor (25 août). - A la pointe du jour, le général mis à la voile avec ses quatre bataillons, le chebec le Cerf, l'aviso l'Etoile, la demi-galère la Coquette. La demi-galère l'Amoureuse est restée pour escorter le bataillon de la 61e, pour lequel on n'avait pu se procurer des djermes. Le soir, on est parvenu à en réunir. Le 2e bataillon s'est embarqué dans la nuit, et, le 9 (26 août), le convoi, avec la demi-galère l'Amoureuse, mit à la voile pour se diriger à la hauteur d'Atlieh, où l'expédition devait se réunir et y prendre le 1er bataillon de la 61e, avec les deux pièces de 5, qui étaient à la disposition du général Rampon. Le 12, dans la matinée, toutes les troupes de l'expédition ont été réunies à ce point, où le bataillon et l'artillerie furent embarqués. 50 hommes malades de la 21e légère et 8 de la 88e ont été envoyés à l'hôpital du Caire par l'aviso le Pluvier. Le 13, toute la flottille mit à la voile. Le 14, au matin, elle est arrivée à Beni-Souef, où les 6 bataillons ont débarqué et pris position en avant de la ville, appuyant la droite et la gauche au Nil, le camp étant protégé par les bâtiments de guerre. Le même jour, dans la nuit, un détachement de 15 hommes est parti en djerme pour porter des dépêches au général Bonaparte et au général Berthier" (Historique de la division Desaix, rapport du 7 au 14 fructidor - 24 au 31 août, In La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 194).
"Le 25 août, Desaix avec cinq mille hommes, dont six cents de cavalerie, trois cents d'artillerie ou de sapeurs, et quatre mille trois cents d'infanterie, une escadrille de huit bâtiments, demi-galères, avisos ou demi-chebecs, montés par des marins français, partit du Caire. C'était à la fois une opération militaire importante, et un voyage scientifique d'un grand intérêt. Pour la première fois depuis la chute de l'empire romain, une nation civilisée et cultivant les sciences et les arts allait visiter, mesurer, fouiller ces superbes ruines qui occupent depuis tant de siècles la curiosité du monde savant. Personne n'était plus propre à diriger une pareille opération que Desaix ; personne ne le désirait avec plus d'ardeur. Jeune, la guerre était sa passion ; insatiable de gloire, il connaissait toute celle qui était attachée à la conquête de ce berceau des arts et des sciences. Au seul nom deThèbes, de Coptos, de Philæ, son coeur palpitait d'impatience. Les généraux Friant et Belliard, l'adjudant-commandant Donzelot, le colonel d'artillerie la Tournerie, étaient sous ses ordres. Le 21e léger, les 61e et 88e de ligne, excellents régiments qui s'étaient embarqués à Civita-Vecchia, étaient les plus nombreux de l'armée. Ils occupaient le même camp, au sud de Gizéh, depuis deux mois, et Desaix les avait employés à se préparer à cette campagne. La cavalerie était montée sur des chevaux arabes, aussi bons que ceux des Mameloucks, provenant des remontes et des prises, mais elle n'était pas nombreuse. Les remontes se faisaient avec difficulté, le pays était encore malsoumis. Des savants et des artistes désiraient suivre Desaix, ce qui aurait eu le double inconvénient d'exposer aux périls de la guerre des hommes précieux, et de porter du retard dans les opérations militaires. Denon seul eut la permission de suivre, comme volontaire, le quartier général de la division" (Campagne d'Égypte et de Syrie, Genéral Bertrand ; cité par Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 253).
Le 4 septembre 1798 (18 fructidor an 6), le Général Bonaparte écrit depuis son quartier général au Caire, au Général Andréossy, commandant l'artillerie de l'Armée d'Orient par intérim : "Je vous prie, citoyen général, de faire partir ce soir avec le convoi, sous l'escorte du dernier bataillon de la 21e, deux pièces d'artillerie, un obusier, 50 000 cartouches" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3066).
Dans la même journée, Bonaparte écrit depuis le Quarier général au Caire à Berthier, Chef de l'Etat-major de l'Armée d'Orient : "Vous voudrez bien donner l'ordre au 3e bataillon de la 21e demi-brigade d'infanterie de partir ce soir sous l'escorte de la canonnière La Cisalpine. Cette troupe prendra du pain pour 4 jours. Elle escortera 40 000 rations de biscuit, 50 000 cartouches et 2 pièces de canon avec un obusier. Le commandant des armes à Boulak a à cet effet 20 djermes prêtes. Chargez un adjudant général de tout le détail de cet embarquement. Tout ce convoi se rendra à Beni-Souef et de là à Alba-Girgé pour joindre la d[ivisio]n du g[énéra ]l Desaix" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3068).
Le même jour 4 septembre 1798, Bonaparte écrit depuis Le Caire, à son Aide de camp, le Commandant Croizier : "Vous partirez ce soir, sur la canonnière la Cisalpine, avec un convoi de 40,000 rations de biscuit, 50,000 cartouches et deux pièces de canon, et le 3e bataillon de la 21e, pour vous rendre à Beny-Soueyf, et de là à Abou-Girgeh, où vous trouverez le général de division Desaix.
Vous resterez jusqu'à la première affaire qui aura lieu avec Mourad- Bey, et vous viendrez m'en rendre compte" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3235 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 3073).
Le même jour encore, Bonaparte écrit au Général Desaix à Abou-Girgeh, en expédition dans la Haute-Egypte : " … La Cisalpine part ce soir avec le troisième bataillon de la vingt-unième, quarante mille rations de biscuit, deux pièces de canon et cinquante mille cartouches : ils se rendent à Abugirgé. On m'assure qu'il y a à Abugirgé un canal qui conduit à Benhecé, et j'espère que vous trouverez moyen de vous porter directement à cette position et d'atteindre Mourad-Bey. C'est le projet qui me paraît le plus simple : s'il n'était pas exécutable, je désire que vous remontiez jusqu'à Melaoni, pour descendre par le canal de Joseph.
Vous savez qu'en général je n'aime pas les attaques combinées. Arrivez devant Mourad-Bey par où vous pourrez, et avec toutes vos forces. Là, sur le champ de bataille, s'il tient, vous ferez vos dispositions pour lui causer le plus de mal possible …" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 370 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 496 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3233 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 3074; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 197).
Le 5 septembre 1798 (19 fructidor an 6), Bonaparte écrit depuis le Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "Sur le compte qui m'a été rendu par le général et le chef de brigade, de l'immoralité et du peu de talent du citoyen Sempré, chef de bataillon à la suite de la 21e demi-brigade d'infanterie légère, vu surtout la mauvaise conduite qu'il a tenue lors de l'insurrection des troupes à Rome, vous donnerez l'ordre au cit[oyen] Sempré de se rendre en France, le suspendant de ses fonctions jusqu'à ce que le Gouvernement ait définitivement statué sur son sort.
Vous donnerez également l'ordre au g[énér]al Desaix de faire remplacer le cit[oyen] Duroc puisque cet officier est resté en France pour cause d'infirmités. Il sera écrit au ministre pour lui accorder sa retraite" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3091).
Le petit convoi de la Cisalpine, parti du Vieux-Caire le 5 septembre, remonta heureusement le Nil et rejoignit la Division, le 8, un peu au-dessus d'Abou-Girgeh. Le Journal de l'Ingénieur géographe Schouani qui accompagnait le convoi indique : "Le 18 soir, je fus m'embarquer au Vieux-Caire sur un convoi de vingt djermes, portant à la division Desaix le 3e bataillon de la 21e légère, une compagnie de canonniers, 2 pièces de canon et des munitions de guerre et de bouche ... Le 19, on leva l'ancre à 10 heures du matin. Le vent était bon ...". A la date du 22 (8 septembre), il porte que l'on rejoignit la Division Desaix à 30 minutes au-dessus d'Abou-Girgeh. (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 199).
Le 6 septembre 1798 (20 fructidor an 6), Desaix de mener une reconnaissance afin de repérer les positions des Mamelucks; il en donne le détail dans son Rapport au Général Bonaparte, daté du 26 fructidor (12 septembre), à l'entrée du canal de Joseph : "Vous voulez, Général, que je corresponde directement avec vous ; je me conforme à vos ordres.
Comme je vous l'ai annoncé, Je me suis rendu à Abou-Girgeh pour y avoir des nouvelles et chercher d'arriver à Behneseh, où je savais qu'étaient les Mameluks. J'ai voulu les joindre par le moyen d'un canal, mais il n'en existait aucun capable de m'y conduire ; j'ai alors pris le parti de m'y rendre par terre ; les obstacles étaient sans nombre ; l'inondation couvre tout le pays. J'appris que les Mameluks n'y étaient pas très nombreux et qu'une partie d'eux était dans le Fayoum ; j'ai désiré en être assuré à quelque prix que ce fût. En effet, ne pouvant conduire toute la division, ce qui aurait demandé un temps infini, je me suis mis à la tête du 1er bataillon de la 21e légère et son chef de brigade, et je me suis mis en route à travers l'inondation le 20 au matin. Je ne puis vous peindre les fatigues et les maux que les troupes ont éprouvés dans cette expédition. Trois heures elles ont marché dans l'eau jusqu'au-dessus de la ceinture, et la boue jusqu'au genou, dans un terrain tout couvert d'épines. Enfin nous avons atteint Scheroubi (El-Agoubeh?). Là nous n'étions plus qu'à une demi-lieue de Behneseh ; nous y avons trouvé des digues étroites, où nous avons filé un à un. Les Mameluks, pleins de confiance, étaient tranquilles à Behneseh ; mais, nous ayant vus venir, ils firent bientôt repasser sur l'autre rive du canal tout ce qui était de ce coté-ci. Nous allions à toutes jambes et nous arrivâmes au moment où le dernier chameau traversait le canal.
Instruits par les habitants que 12 barques chargées étaient peu éloignées, nous courûmes après et nous parvînmes à nous en emparer malgré les ennemis qui nous fusillaient d'une rive à l'autre. Sur la première de ces barques se trouvaient cinq Mameluks ; trois se sont sauvés à la nage ; les deux autres, hommes très àgés, ont été pris ; le citoyen Rapp, mon aide de camp, les a désarmés très courageusement ; ils refusaient absolument de se rendre. Toutes les barques étaient chargées d'orge, de légumes et de quelques effets de Mameluks ; une portait six pièces de canon et des munitions.
Il était nuit close et nous avons pris du repos ; la troupe en avait grand besoin. Les Mameluks avaient disparu et s'étaient enfoncés dans le désert. Nous apprimes des habitants de Behneseh, que Mourad-Bey, après y avoir passé un mois, en était parti, il y avait huit jours, pour aller à Ellahoun, à l'entrée du Fayoum ; que Mohammed-Bey-el-Elfi était resté à moitié chemin de cet endroit à Behneseh. A ce dernier lieu étaient Osman-Bey, Rodoan-Bey, un troisième bey et la compagnie d'Ibrahim le Petit. Ils avaient en tout 400 hommes et quelques Arabes ; ces derniers venaient de Siout depuis trois jours et devaient protéger l'arrivée des subsistances de cet endroit à Behneseh par le canal Joseph.
Toute la haute Égypte reste donc sans troupes ; mais il y a encore des bâtiments de guerre. A la vérité, ils sont fort mal montés en équipages et sans chef. Ils sont à Siout, où se trouvent aussi beaucoup de djermes et d'effets de Mameluks. J'ai pris alors le parti de faire remonter les barques que j'avais prises, portant 200 hommes, pour aller, le long du canal, arrêter les autres barques des ennemis ; douze n'étaient qu'à une demi-lieue de nous. Je retraversai les inondations, non sans peine, et revins à mon convoi pour le conduire à Minieh, où je comptais rejoindre mon détachement de Behneseh …". D'après l'Historique de la Division, 2 Carabiniers ont été blessés au cours de cette reconnaissance (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 199-201).
Revenu à Abou-Girgeh dans l'après-midi du 7 septembre, Desaix se remet en route, le lendemain matin, avec sa flottille; il est alors rejoint par le convoi que conduit l'Aide de camp Croisier. Le soir, il atteint Minieh.
Le 10 septembre, Desaix est à Melaoui. Le 12, il arrive à Darout-el-Cherif, à l'entrée du canal Joseph. Il est bientôt rejoint par le détachement de Behneseh.
"Le 27 (13 septembre), le général Desaix, ayant appris qu'il y avait des ennemis à Siout, où l'on présumait qu'étaient aussi leurs bâtiments de guerre, partit après midi avec les deux demi-galères et seize djermes, chargées des deux 1ers bataillons des 61e et 88e demi-brigades, pour se rendre devant cette ville. Le chebec et l'aviso l'Étoile, avec le restant du convoi, mirent à la voile deux heures après pour suivre le général, excepté un détachement de la 21e légère et la chaloupe canonnière la Cisalpine, qui restèrent à Darout-el-Cherif, pour attendre le détachement de ce corps qui avait été laissé pour la garde des barques prises aux Mameluks dans le canal Joseph" (Historique de la division Desaix - La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. P202).
La Division arrive à Siout le 15 septembre; les détachements laissés en arrière rejoignent le lendemain. Le 17 septembre, les six Bataillons de la Division se mettent en route pour Beni-Adin où ils arrivent le lendemain 18. Le 19, retour à Siout, puis le 21 arrivée à l'entrée du canal Joseph. A cette date, le 3e Bataillon de la 21e Légère est fort de 10 Officiers et 305 hommes présents sous les armes.
Le même 21 septembre 1798 (5e jour complémentaire), Bonaparte prescrit que le magasin central d'habillement distribuera aux troupes, en sus des quantités allouées le 2 août, les matières nécessaires pour confectionner 10100 habits, 21300 capotes, 8900 pantalons pour l'infanterie, l'artillerie et le génie ; 2400 gilets et 2400 pantalons d'écurie pour les troupes à cheval. Ces quantités sont ainsi réparties : ... 21e Demi-brigade légère 800 habits, 1700 capotes, 800 pantalons ... (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 34-35).
Desaix reste trois jours à l'entrée du canal Joseph. Le 23 septembre (2 vendémiaire an 7), l'Adjudant général Donzelot écrit, depuis Darout-el-Cherif, au Général Friant : "La division, mon cher Général, partira au coup de canon. Elle devra marcher dans l'ordre suivant dans le canal Joseph :
La 21e légère,
La 61e de ligne,
L'artillerie,
Les vivres,
L'ambulance,
La 88e.
Un officier ferme et intelligent de ce corps devra faire l'arrière-garde.
Néanmoins toutes les djermes marcheront en ordre et en file sans se dépasser, pour qu'il n'y ait pas de confusion dans le canal, ce qu'il faut recommander expressément.
Le général Desaix marchera après la 21e ; sa djerme sera distinguée par un pavillon tricolore ...
On sera souvent dans le besoin de tirer la corde pour faire marcher les djermes. Les officiers qui y commandent devront commander des hommes de corvée à cet effet, et les faire relever lorsqu'ils les croiront fatigués ...
Jusqu'à nouvel ordre, l'on ne marchera pas la nuit. On partira à la pointe du jour, l'on voguera toute la journée et on s'arrêtera après le soleil couché.
Salut et amitié.
DONZELOT" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 206-207).
Partie le 24 septembre, la Division Desaix, après 10 jours de trajet, entre en contact avec les premiers détachements de Mamelucks le 3 octobre.
Le 7 octobre 1798, les hommes de la 21e Légère affrontent Mourad-Bey dans le désert de Sédiman. Ce dernier est complètement défait : "LE GÉNÉRAL DESAIX AU GÉNÉRAL EN CHEF BONAPARTE
A Ellahoun, le 18 vendémiaire an VII (9 octobre 1798).
... je suis venu à Behneseh. J'espérais y retrouver les Mameluks : on me l'annonçait, mais ils n'y étaient plus venus depuis longtemps. Enfin, j'ai rencontré leurs premiers avant-postes près d'El·Qiah, vis-à-vis Fechn; c'était le 12. Il y avait 150 hommes et autant d'Arabes. 400 hommes d'infanterie, marchant le long du canal, les ont éloignés et permis à la division de suivre sa route.
Le lendemain, au jour, nous n'avons rien découvert. Le canal dans cette partie passe près du désert; au bout d'une heure de chemin, nous avons vu paraître un corps de 600 Mameluks qui, placé sur la rive, nous attendait pour nous fusiller. Il était impossible de débarquer vis-à-vis d'eux; les inondations ne le permettaient pas. Nous prîmes le parti de rétrograder d'une demi-lieue, de faire débarquer tout le monde et de marcher aux ennemis; ils se sont présentés au moment du débarquement, mais des compagnies de carabiniers de la 21e légère les ont bientôt assez éloignés pour ne plus leur permettre de nous gêner. La division s'est formée, deux pièces de canon s'y sont jointes et nous nous sommes mis en marche dans le désert en côtoyant l'inondation. Nous avons bientôt vu les ennemis se retirer quand nous avons marché à eux. Nos pelotons avancés ont fait feu pendant plus de quatre heures. Personne n'a été blessé; les ennemis ont laissé plusieurs chevaux. Nous avons su qu'ils étaient commandés par Mohammed Elfi Bey. Après avoir marché trois heures, nous avons attendu nos barques, qui suivaient, gardées par 200 hommes et montées par 200 malades ou éclopés ...
Le 16, au matin, nous sommes partis de très bonne heure; j'étais prévenu que Mourad-Bey avait fait des retranchements à Sédiman, qu'il y avait rassemblé toutes ses ressources, tous les Arabes, et que, fort de 4 ou 5.000 chevaux, il tenterait un vigoureux effort, cherchant à m'éloigner peu à peu de l'inondation pour attaquer le village de Sédiman par le côté qui touche le désert. Le pays est formé de monticules irréguliers; au bout de deux heures, j'ai vu tous les ennemis qui, quittant le pied des montagnes, venaient rapidement à nous au son de leur musique barbare. A peine les petits pelotons étaient repliés sur les carrés et les pièces en batterie, que les ennemis se sont précipités sur nous de toutes parts. Nos intrépides troupes les ont vus venir du plus grand sang-froid. "Tirez donc", disais-je aux grenadiers de la 61e. - "Qu'à vingt pas, mon Général", me répondirent-ils. Sur le front, le canon à mitraille les éloigna; ils se jetèrent sur les petits carrés placés aux angles, l'un devant, l'autre derrière; à celui de droite, le citoyen Valette, capitaine, qui le commandait, cria à ses chasseurs de la 21e : "Feu à dix pas et croisez baïonnette !" Cela est exécuté. L'ennemi, qui n'est pas arrêté par ce feu trop court, arrive au carré; Il ne peut y entrer; le feu qui le couvre l'arrête; il jette sur nos soldats fusils, pistolets, sabres, poignards, masses d'armes; plusieurs en sont assommés et tombent; il pénètre alors parmi ces braves; douze tombent morts avec autant de Mameluks, et trente sont blessés. Notre mitraille et le feu de la division délivrent bientôt les autres; ils rentrent dans la division après avoir dépouillé leurs riches ennemis. On ne peut assez admirer la valeur de ces trop braves soldats ne voulant se battre qu'à la baïonnette. Le rapport du chef de brigade Robin que je vous envoie vous fera connaître les actions particulières de cette troupe.
A l'instant, les autres corps des ennemis venaient au carré de gauche, commandé par les citoyens Sacrost, capitaine de la 21e, et Geoffroy, de la 61e, mais le feu qui en est sorti de bonne heure les a bientôt repoussés. Ils ont aussi tenté de venir au côté de la division qui était derrière nous : c'était la 88e qui le formait et son feu les a aussi bientôt fait éloigner. Une grande quantité de balles qu'ils nous ont envoyées de toutes parts nous ont blessé beaucoup de monde. Le citoyen Conroux, chef de la 61e, a reçu une forte contusion à l'épaule droite.
Il fallait pouvoir transporter les blessés avant de marcher à l'ennemi. Malgré notre diligence, Mourad-Bey eut le temps de rassembler quatre pièces de canon et d'en former une batterie très près derrière un monticule; déjà elles faisaient de grands ravages, deux files et deux chevaux d'artillerie étaient emportés; mais, battant la charge et courant dessus, nous les avons eu bientôt prises. Un coup de canon à mitraille n'a pas arrêté notre intrépide bataillon carré, non plus qu'une charge vigoureuse, repoussée par la 88e, derrière nous et au milieu de notre course. L'ennemi, étonné de notre vigueur, s'est enfui à toutes jambes et dans le plus grand désordre; nous l'avons poursuivi assez longtemps. Nos audacieux tirailleurs lui ont blessé beaucoup de monde; le citoyen Rapp, mon aide de camp, à leur tâte, a pris les quatre pièces. Embarrassés de nos blessés et mourant tous de soif, ayant toujours marché dans le désert, nous nous sommes arrêtés sur le bord de l'inondation du Fayoum. Dans toute cette partie, on ne peut approcher aucun village; j'étais sans subsistances; après avoir attendu plusieurs heures, j'ai donc conduit mes blessés à Sédiman, pour les y faire panser et placer sur les barques.
Dans le combat, nous avons eu 30 hommes tués et 30 blessés, non compris 50 blessures plus légères. Un officier, le citoyen Humbert, capitaine de la 21e, est mort de ses blessures; c'était un officier bien recommandable par sa valeur. 4 autres officiers sont blessés; il y a eu une infinité de contusions. Je ne vous peindrai jamais la valeur de nos troupes; j'ai eu bien de la peine à obtenir qu'elles tireraient de loin et beaucoup. Les ennemis ont perdu bien du monde, 400 hommes environ.
La division est absolument sans habits, sans souliers, ayant marché constamment dans les sables les plus fatigants ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. P208-216).
"Le général Desaix fit faire halte et rentrer tous les pelotons de tirailleurs ; il ne resta que les deux pelotons qui étaient à droite et à gauche, sur l'angle, pour faire des feux croisés. Les mesures ne furent pas plus tôt prises, que l'ennemi fut en présence, chargeant avec impétuosité sur toutes les faces. Nos deux pièces de canon vomirent de la mitraille (sur ceux qui venaient en front) avec tant de succès qu'ils ne purent arriver au carré. Une partie se jeta sur le peloton de droite, commandé par le capitaine Valette, de la 21e légère, qui les attendit à portée de pistolet pour faire son feu et croiser les baïonnettes, sur lesquelles se précipitèrent les plus audacieux Mameluks. Leur premier peloton ayant élé terrassé et en partie détruit par les feux, il en arriva d'antres avec non moins de bravoure, qui, malgré la mitraille et la mousqueterie du bataillon carré, s'opiniâtrèrent à vouloir pénétrer dans ce peloton. Ne pouvant culbuter les baronnettes, ils jetèrent, sur la troupe qui le formait, leurs haches d'armes, fusils, sabres, pistolets, lances et autres armes avec telle force que plusieurs chasseurs en furent tués ou blessés. Les Mameluks saisirent ce mouvement pour s'élancer une troisième fois contre ce peloton qu'ils culbutèrent. On se battit alors corps à corps. Le capitaine Valette se retira avec la plus grande partie de sa troupe dans le carré et les Mameluks prirent la fuite, laissant leurs morts sur place. On fit de suite enlever nos blessés ; il resta 13 hommes tués" (Donzelot à Berthier). Le Rapport de Garbé porte que les petits carrés marchaient à peu près à 200 pas du grand. Celui de droite ne contenait que 150 hommes, dont 18 furent tués et une trentaine blessés (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. P. 212).
Rapport adressé à Desaix par le Chef de Brigade Morand, qui commandait la 88e en remplacement du titulaire, Silly, malade au Caire (Ellahoun, 18 vendémiaire- 9 octobre) : "… Au moment où vous fîtes exécuter une charge sur le canon de l'ennemi, le sergent Gérôme, du 1er bataillon de la 88e, s'élança, avec un soldat de la 21e légère, sur la pièce de canon et l'enleva. Ce sergent a, dans les campagnes précédentes, fait plusieurs actes de bravoure qui n'ont pas été récompensés ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 215).
Lettre du Général Friant à son Aide de camp, le Capitaine Binot :
"D'Ellahoun, le 19 vendémiaire an 7 (10 octobre 1798)
… Le 16, à la pointe du jour, nous vîmes venir du village de Sediman (où depuis longtemps était établi le camp des Mameluks) plusieurs gros détachements. Après deux heures de marche (il pouvait être 7 heures du matin), nous aperçûmes de nouveau toute l'armée ennemie qui se réunissait sur une hauteur à environ 600 toises de nous. Le général Desaix et moi nous ne doutâmes point d'après son mouvement qu'il y avait des intentions hostiles de la part de Mourad-Bey. Nous prîmes nos dispositions en conséquence. Nous entendîmes le bruit d'une grosse caisse et des cris aigus qui annonçaient le signal du combat. Ils commencèrent aussitôt leur charge qui fut autre chose que celle des Pyramides. Nos deux pièces de 5 commencèrent à jeter la mort parmi eux. Nous avions deux petits carrés de 189 hommes chacun placés sur nos angles. Arrivé à nous avec la rapidité de l'éclair, le feu s'établit de toute part. Le carré de droite n'ayant point nourri son feu de deux rangs, vu sa précipitation à tirer, l'ennemi l'enfonça après une perte considérable. Vingt-deux de la 21e et autant de Mameluks restèrent sur le champ de bataille du même carré. L'autre fut de même attaqué ; mais son feu fut dirigé avec plus de précision ; il ne fut point enfoncé. Enfin, mon ami, quoique l'ennemi fût contraint de se retirer après sa charge sur les hauteurs qu'il y avait à notre gauche, quatre pièces de canon des leurs commencèrent à jouer sur nous. Notre position en pareille circonstance, que nous avions choisie pour la meilleure, devenait désavantageuse pour nous, vu l'emplacement de leurs pièces, et je dirai même dangereuse, car nous perdîmes en un instant 2 chevaux d'artillerie et 9 hommes de tués par le boulet. Je dis au général Desaix qui voulait enlever le reste de nos soldats : « Général, abandonnons nos blessés ; la victoire ou la mort sont là-haut. » Nous les abandonnâmes en partie. Je fis battre la charge et nous marchâmes sur les pièces ennemies. Nous en primes trois. La victoire se déclara alors en notre faveur par la retraite de tous les Mameluks et des Arabes, qui se fit dans le plus (sic) désordre sur Garah, village à 5 lieues dans les déserts. Nous avons de nouveau canonné leur arrière-garde ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 216-217).
Le Rapport du Chef de Brigade Robin (daté du 17 vendémiaire - 8 octobre) envoyé par Desaix, signale le Chef de Bataillon Eppler qui, avec le Sous-lieutenant Lirmann et quelques Tirailleurs, a "couru sur une pièce de canon" et "l'a enlevée à l'ennemi" ; le Sous-lieutenant Nicolier, qui a montré beaucoup de fermeté et de courage dans le petit carré de gauche;
"Le citoyen Pierre Laurent, sergent, a montré de la bravoure et de la fermeté à toute épreuve, a tué plusieurs ennemis, s'est précipité à chaque instant sur eux, enfin a succombé par deux blessures qu'il a reçues. Il n'en mourra pas ; mais, comme il ne sait écrire, je vous demanderai pour lui une récompense. C'est un excellent militaire et un très bon instructeur, qui a rendu des services en cette qualité ; il était dans le carré de droite.
Le citoyen Trenier, chasseur, était dans le même carré ; s'est montré comme le précédent ; a des moyens, une très bonne conduite. Je demanderai pour lui une place de caporal". Le rapport demande une place de Sergent pour les caporaux Parille et Rougereau qui ont concouru, avec Eppler et Lirmann, à la prise d'un canon : "Cinq Mameluks, fâchés de voir leurs pièces prises, voulant les ravoir, les ont chargés ; mais ils les ont attendus de pied ferme et, avec leur feu, leur ont résisté et les ont repoussés.
Le citoyen Richoux, caporal, a montré aussi beaucoup de bravoure à la prise d'une des pièces, où il est arrivé un des premiers, l'a tournée contre l'ennemi, l'a amorcée avec une cartouche, l'a tirée, s'est brûlé la main et a démonté un Mameluk. Je vous demanderai aussi pour lui le grade de sergent.
Les citoyens Jezard, caporal, Charles Petigeon, Chatelain, Claude Tissot, Claude Demouly et Julien Marchand, chasseurs, ont montré aussi beaucoup de bravoure à la prise des pièces ; mais comme ils ne savent écrire, je vous demanderai seulement pour eux une petite récompense.
Les officiers des deux petits carrés de chaque côté se sont très bien conduits. Ils méritent des éloges et notamment le citoyen Sacrost, capitaine commandant le carré de gauche, qui, par le moyen de la direction de son feu, a repoussé l'ennemi avec beaucoup de perte. Il mérite aussi des éloges particuliers" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 212).
Dans une lettre adressée du Quartier-général du Caire au Directoire exécutif, et datée du 17 octobre 1798 (26 vendémiaire an 7 de la République), Bonaparte écrit : "... Bataille de Sediman (Sédymân).
Le 16 (vendémiaire), à la pointe du jour, la division du général Desaix se mit en marche, et se trouva bientôt en présence de l'armée de Mourâd bey, forte de cinq à six mille chevaux, la plus grande partie Arabes, et un corps d'infanterie qui gardait les retranchemens de Sédymân, où il avoit quatre pièces de canon.
Le général Desaix forma sa division toute composée d'infanterie en bataillon carré qu'il fit éclairer par deux petits carrés de deux cents hommes chacun.
Les Mamloùks, après avoir longtemps hésité, se décidèrent, et chargèrent, avec d'horribles cris et la plus grande valeur, le petit peloton de droite que commandait le capitaine de la 21e, Vallet. Dans le même temps, ils chargèrent la queue du carré de la division, où étoit la 88e, bonne et intrépide demi-brigade.
Les ennemis sont reçus partout avec le même sang-froid. Les chasseurs de la 21e ne tirèrent qu'à dix pas, et croisèrent leurs baïonnettes. Les braves de cette intrépide cavalerie vinrent mourir dans le rang, après avoir jeté masses et haches d'armes, fusils, pistolets, à la tête de nos gens. Quelques-uns, ayant eu leurs chevaux tués, se glissèrent le ventre Contre terre pour passer sous les baïonnettes, et couper les jambes de nos soldats ; tout fut inutile. Ils dûrent fuir ; nos troupes s'avancèrent sur Sédymân, malgré quatre pièces de canon, dont le feu étoit d'autant plus dangereux que notre ordre étoit profond; mais le pas de charge fut comme l'éclair, et les retranchemens, les canons et les bagages nous restèrent.
Mourâd bey a eu trois beys de tués, deux blessés, et quatre cents hommes d'élite sur le champ de bataille ; notre perte se monte à trente-six hommes de tués, et quatre-vingt-dix blessés.
Ici, comme à la bataille des Pyramides, les soldats ont fait un butin considérable. Pas un Mamloùk sur lequel on n'ait trouvé quatre ou cinq cents louis.
... les citoyens Rapp, aide-camp du général Desaix, Vallette et Sacro, capitaines de la 21e, Geoffroy, de la 61e, Geromme, sergent de la 88e, se sont particulièrement distingués.
… Je vous demande le grade de général de brigade pour le citoyen Robin, chef de la 21e demi-brigade. J'ai avancé les différens officiers et soldats qui se sont distingués. Je vous en enverrai l'état par la première occasion ..." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 390 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 11 ;Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 254 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3488 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3476).
Ce Rapport ne parle guère de la 61e. Aussi, le Chef de Brigade Conroux écrit, depuis Ellahoun, le 5 Brumaire an 7 (26 octobre 1798), au Général en Chef Bonaparte : "Lorsque vous fîtes choix de la 61e demi-brigade, pour faire partie de l'armée destinée à la conquête de l'Égypte, ce corps crut que vous l'honoriez de votre estime ; il a vu avec peine qu'il s'était trompé, à la lecture de votre rapport de la bataille de Sédiman. En attribuant tout le succès de cette journée aux 21e et 88e demi-brigades, c'est enlever à la 61e la portion de gloire qu'elle s'est justement acqnise et que personne ne peut lui disputer. Le général Desaix lui a rendu cette justice dans son rapport" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 221).
Plus tard, dans son rapport au Directoire exécutif écrit au Quartier-général du Caire, et daté du 25 brumaire an 8 (16 novembre 1799), Kléber, Général en chef, écrit :
"Haute Egypte
Mourad-bey, après la défaite que lui fit éprouver l'adjudant-général Morand, errait dans les déserts de la haute Egypte … Le général Desaix … organisa deux colonnes mobiles, composées d'infanterie montée à dromadaires, de cavalerie et d'artillerie ; ces colonnes partirent de Syoùth dans les premiers jours de vendémiaire, commandées, l'une par le général Desaix lui-même ; et l'autre par l'adjudant-général Boyer.
Le 17 du même mois, l'adjudant-général Boyer, après trois journées de marche forcée, joignit Mourad-bey dans le désert de Sédiman. A peine notre infanterie eut-elle le temps de mettre pied à terre, et de réunir ses dromadaires, qu'elle reçut la charge des Mamloùks et des Arabes réunis : elle la repoussa avec vigueur et par la baïonnette et par un feu de mousqueterie à bout portant.
Cependant les dromadaires devinrent l'objet de la convoitise des ennemis, et trois fois ils tentèrent de s'en rendre maîtres ; mais nos troupes ne s'ébranlèrent point et ripostèrent avec la même valeur à ces attaques réitérées. Enfin les Mamloùks et les Arabes prirent la fuite ; et notre infanterie remontée sur ses chameaux, se mit à les poursuivre aussitôt. Nous eûmes dans cette affaire un homme de tué et dix-sept blessés. L'ennemi abandonna dans les sables plus de quarante cadavres.
… Je dois les plus grands éloges à l'intelligence et à l'infatigable activité de l'adjudant-général Boyer : son détachement était formé de la 21e d'infanterie légère et de la 88e de bataille ..." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient).
Situation de la Division Desaix établie à Ellahoun, le 18 vendémiaire an 7 (9 octobre 1798) et signée de l’Adjudant général Donzelot : 21e Légère : 1368 hommes ; 436 hommes aux hôpitaux, 33 morts, 510 au dépôt ou détachés (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 219).
Une fois établi à Ellahoun, Desaix fait rétablir la communication avec la flotille demeurée sur le Nil, notamment pour évacuer les blessés. Donzelot écrit, le 10 octobre (19 vendémiaire), depuis Ellaboun, à Berthier : "... le général Desaix vous prie, mon Général, de lui faire enjoindre de se rendre le plus promptement possible à Beni-Souef; puisque le général Zayonchek doit y commander, ayant des dragons à ses ordres, il n'a aucun danger à courir. D'ailleurs nous avons à cette hauteur une demi-galère, notre ambulance et un détachement. Le citoyen Dumaret, capitaine dela 21e légère, qui y commande, a reçu toutes les lettres et paquets adressés par vous au général Desaix et à la division. Il n'a pu les envoyer par la difficulté de nos communications; nous les retrouverons à notre retour. On lui envoie un exprès pour chercher près de lui quelques exemplaires des proclamations en arabe au peuple de la haute Égypte, afin d'en distribuer dans le Fayoum ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 221).
L'évacuation des blessés achevée, la Division se remet en route, pénètre dans le Fayoum (12 octobre), puis revient à Ellahoun 16 octobre).
Le 17 octobre 1798 (26 vendémiaire an 7), Bonaparte écrit depuis le Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "Vous mettrez à l'ordre que les citoyens Girard, caporal de la 21e, Petitjean, Chatelain, Claude, Tissot, Claude Des Acoules et Julien Marchand, chasseurs de la 21e, ont montré beaucoup de valeur à la bataille de Sédiman; extrait de l'ordre sera envoyé à leurs communes" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3489).
Le 19 octobre 1798 (28 vendémiaire an 7), l'Ordre du jour établit au Caire, annonce à l'Armée : "Ordre du jour.
Les généraux de division feront connaître à leurs divisions, la relation jointe au présent ordre du jour, de la bataille de Sédyman, victoire remportée le 16 vendémiaire, dans le Fayoum, sur les mameloucks et les Arabes, par la division aux ordres du général Desaix ; le général en chef a accordé, en conséquence de cette victoire, les avancemens ci-après :
Le citoyen Robin, chef de la 21e demi-brigade, général de brigade.
Le citoyen Rapp, aide-de-camp capitaine du général Desaix, chef d'escadron.
Les citoyens Vallette, de la 21e ; Sacro, de la 21e ; Geoffroy, de la 6e, capitaines, nommés chefs de bataillon.
Le citoyen Lorman, sous-lieutenant de la 21e, lieutenant.
Le citoyen Nicolier, sous-lieutenant de la 21e, lieutenant.
Le citoyen Jérôme, sergent de la 88e, sous-lieutenant.
Les citoyens Etienne Duchêne, soldat de la 2e compagnie du 2e bataillon ; et Ch. Morain, de la 5e compagnie du même bataillon de la 85e, à dater du 16 vendémiaire, jouiront de la même paie que les grenadiers.
Les citoyens Parille, Rougereau et Richoux, caporaux à la 21e, nommés sergens.
Le citoyen Tremier, chasseur de la 21e, caporal,
Le citoyen Pierre Laurent, sergent de la 21e, a un des cent sabres destinés aux actions d'éclat.
Le général en chef fait connaitre, par la voie de l'ordre du jour, sa satisfaction du courage et de la valeur qu'ont particulièrement montrés à la bataille de Sédyman, les citoyens Gizard, caporal de la 21e, Petitgeon, Chatelain, Claude Tissot, Claude Desmoules et Julien Marchand, chasseurs de la 21e demi-brigade d'infanterie légère. Le général en chef ordonne, qu'extrait de l'ordre du jour et un exemplaire de la relation, seront envoyés à leur commune" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 16).
État général des troupes composant l'armée d'Égypte à l'époque du ler brumaire an VII de la République française (22 octobre 1798) : Division Desaix, Généraux de Brigade Friant et Robin, Adjudant-général Donzelot :
21e Demi-brigade d'Infanterie légère (camp d'Ellahoun) : 44 Officiers présents, 22 détachés, 28 vacants ou à l'hôpital; 2164 hommes dont 656 aux hôpitaux, 454 détachés, 108 au Dépôt, et 946 présents sous les armes. Total : 2258 hommes (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 697 et suivantes).
Le 24 octobre 1798 (3 brumaire an 7), Bonaparte écrit depuis le Quartier général, au Caire, au Général Desaix : "... Les trois dépôts de votre division vont vous envoyer tous les habits et pantalons qu'ils ont de faits. Ils ont reçu de quoi confectionner : La 21e 900 (habits) 1,800 (pantalons) …" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3529 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3535).
Le 26 octobre 1798 (5 brumaire an 7), Bonaparte écrit depuis le Quartier général, au Caire, à Poussielgue, Administrateur général des finances de l'Egypte : "Vous donnerez l'ordre au citoyen Maréchal de rejoindre le plus tôt possible le général Desaix" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3550). Il s'agit soit de Maurice Maréchal, Officier à la 21e Demi-brigade légère (Division Desaix), soit de Mareschal, Adjoint d'Etat-major.
Le 29 octobre 1798 (8 brumaire an 7), Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier : "Vous ferez reconnaître le citoyen Eppler, chef de bataillon de la 21e, comme chef de brigade ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3582).
Fin octobre, Desaix se transporte dans le Fayoum. "Le général Desaix ... voyant que l'on n'amenait plus de chevaux, résolut de faire une tournée avec sa division pour forcer les villages à l'obéissance. II laissa 350 hommes dans la ville de Fayoum pour garder nos malades et nos établissements.
Mourad-Bey, qui avait résolu de soulever tout le pays pour nous attaquer, saisit le moment de l'absence de la division pour faire marcher sur la ville. Il fit partir quelques beys et environ 1.000 Mameluks pour s'en approcher. Des beys et kachefs furent envoyés dans les principaux villages, au midi et au couchant de la province, pour commander les paysans et Arabes. Le 17 fut employé à échauffer les esprils par des chants guerriers et de la musique du pays. Le 18, à 8 heures du malin, une cinquantaine d'Arabes parurent; à 11 heures, on aperçut 3 colonnes qui faisaient leurs mouvements au sud-ouest, pour attaquer la partie de la ville qui est sur la rive gauche du canal qui la traverse. C'est dans cette partie que se trouve la maison d'Ali-Kachef, d'assez bonne défense, où nous avons notre ambulance et le point de rassemblement de la garnison. Le général Robin, atteint de l'ophtalmie, était resté; le citoyen Eppler, chef de bataillon dans la 21e légère, officier distingué, commandait la place. Indépendamment des 350 bommes, il avait encore pu disposer d'environ 150 ophtalmiques les moins malades. Prévenu de bonne heure de l'approche de l'ennemi, il fit ses dispositions, augmenta ses postes et attendit. A 11 heures 1/2, une grande quantité d'Arabes mirent pied à terre et avancèrent, tambourins battants, ayant des chefs mameluks en tête pour escalader les murs des faubourgs et de la ville. La colonne de gauche et du centre de l'ennemi fit ce mouvement spontané ; celle de droite, formée des Mameluks et de leurs esclaves, fut moins ardente ; quelques braves et les esclaves armés furent envoyés pour imiter ce mouvement. Toutes les issues de la ville n'avaient pu être occupées par nos troupes. On garda les principales, où l'on avait embusqué les postes. Quelques-uns, après une vive résistance et avoir couvert de morts le défilé qu'ils défendaient, furent obligés de se replier. Plusieurs Arabes et quelques Mameluks, de maisons en maisons, parvinrent jusque près de celle d'Ali-Kachef que nous occupons.
Les portes, les croisées et les terrasses étaient entièrement défendues par nos malades ; sur la place et dans la cour, était la réserve des 350 hommes. Une fusillade s'engagea sur les toits ou terrasses. Les assaillants avançaient par diverses rues. On le désirait. Alors la réserve fut divisée en deux colonnes, laissant un piquet sur la place qui est devant la maison. L'une, commandée par le chef Eppler, marcha à droite; l'autre par le chef de bataillon Sacrost (les deux, de la 21e légère), se dirigea à gauche; au même instant, la charge fut généralement battue ; tout ce que l'on rencontra sur le passage fut renversé à coups de baïonnette. Une grande quantité d'Arabes pillaient le faubourg. Le citoyen Eppler arrive et fait une boucherie de tous ceux qui ne prirent pas la fuite. Le citoyen Sacrost en fit faire autant des esclaves des Mameluks qui pillaient quelques boutiques. De tous côtés les assaillants furent chassés ou massacrés; tous se retirèrent au moins à une lieue, les Mameluks même. La victoire fut décidée dans un moment. A 4 heures après midi, ceux-ci, ayant reçu quelques renforts, vinrent encore charger nos postes; mais ils furent reçus par une fusillade si vive, qu'ils prirent la fuite. Les paysans et la plupart des Arabes s'étaient retirés après la première attaque. On a compté 60 morts dans les rues et deux fois autant dans les environs de la ville. Les habitants portent les morts à plus de 200; le nombre des blessés doit être considérable. Les Mameluks ont eu 4 hommes tués et 10 blessés 1; on a pris 5 chevaux : l'un vient du 3e régiment de dragons. 15 chevaux ont été tués.
Nous avons perdu 4 braves, nous avons 16 blessés; de ce nombre est le citoyen Fradin, capitaine dans la 61e.
Comme toujours, les troupes ont attaqué avec la bravoure et l'intrépidité qui les caractérisent dan.; toutes les actions. Le citoyen Eppler mérite les plus grands éloges, ainsi que le citoyen Sacrost. Dans le compte que le général Desaix rend au général en chef de cette journée glorieuse, il lui fait connaître ceux qui se sont plus particulièrement distingués. Le détachement des 350 était composé des 21e légère, 61e et 88e de ligne et quelques dragons du 3e régiment ..."(Rapport de Donzelot à Berthier, daté du 11 novembre 1798 - 21 brumaire an 7 - In La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 344 et suivantes). D'après le rapport de Desaix, il y avait à Fayoum 250 malades et autant de soldats bien portants pour les défendre. Le Rapport de Garbé indique pour sa part : "On laissa dans Fayoum une grande quantité de malades et d'ophtalmistes (sic), qu'on enferma dans la maison de Selim-Kaehef, susceptible d'une assez bonne défense".
Le 16 novembre 1798 (26 brumaire an 7), Bonaparte, depuis son Quartier général au Caire, adresse au Directoire Exécutif un rapport dans lequel il mentionne le combat mené à Medinet-El-Fayoum quelques jours plus tôt : "Cependant Mourad-Bey en profita pour faire courir le bruit qu'Alexandrie était pris et qu'il fallait exterminer tous les Français. Les villages se refusèrent à rien fournir au général Desaix, qui se porta, le 19 brumaire, pour punir le village de Kerânyeh, qui était soutenu par 200 Mameluks; une compagnie de grenadiers les mit en déroute. Le village a été pris, pillé et brûlé; l'ennemi a perdu 15 ou 16 hommes.
… Dans le même temps, 500 Arabes, autant de Mamloùks, et un grand nombre de paysains, se portoient à Medynet-el-Fayoum pour enlever l'ambulance. Le chef de bataillon de la 21e, Epler, sortit au-devant des ennemis, les culbuta par une bonne fusillade ; et les poussa la baïonnette dans les reins. Une soixantaine d'Arabes, qui étaient entrés dans les maisons pour piller, ont été tués ; nous n'avons eu, dans ces différens combats, que trois hommes tués et dix de blessés" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 405 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 27 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3632 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3716).
Le 21 novembre 1798 (1er frimaire an 7), Bonaparte écrit depuis le Quartier général, au Caire, à Daure, Commissaire ordonnateur en chef de l'Armée d'Orient : "Je vous prie, citoyen ordonnateur, d'employer tous les moyens qui sont en votre pouvoir pour pousser la confection des capotes dont l'armée a le plus grand besoin dans un moment où les nuits sont si fraîches.
Je désire que :
Les 4e, 21e d'infanterie légère ... soient servies les premières ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3754).
"... Le 6 frimaire (26 novembre 1798), toute la division aux ordres du général Desaix, se trouvant rassemblée à Beneçouef, se mit en marche pour aller combattre le corps de mameloucks qui tenaient la Haute-Egypte sous le commandement de Mourad-Bey. Cette division était composée de la vingt-unième demi-brigade d'infanterie légère, formant l'avant-garde sous les ordres du général Belliard ..." (Rapport du capitaine du génie Garbé sur les marches de la division Desaix depuis l'ouverture de la deuxième campagne jusqu'au 12 prairial, avec quelques détails sur les positions actuelles, ainsi que le plan du fort qu'il a fait construire dans la province de Thèbes - Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte).
Le 8 décembre 1798 (18 frimaire), Belliard note dans son Journal : "... Le soir, il est arrivé trois barques venant du Caire, chargées d'artillerie et de munitions, escortées par 50 hommes de la 21e" (La Jonquière C. de : "L'expédition d'Egypte, 1798-1801", t. 3. p. 367).
Le 11 décembre 1798 (21 frimaire), Belliard note dans son Journal : "... J'ai repris le commandement de la 21e demi-brigade d'infanterie légère ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 368).
Le 15 décembre 1798, la 21e Demi-brigade d’Infanterie légère, au sein de la Division du Général Desaix, présente la situation suivante : 61 Officiers présents, 23 Officiers absents ; 1427 hommes présents sous les armes, 430 hommes aux hôpitaux, 211 hommes détachés au dépôt, etc. Chaque Bataillon d’Infanterie a un chameau (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 365-366). Belliard note ce jour là dans son Journal : "J'ai passé la revue de la 21e d'infanterie légère ... On doit partir demain" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 368).
Le 16 décembre 1798 (26 frimaire an 7), Belliard note, dans son Journal : "La division, composée des 21e demi-brigade d'infanterie légère, 61e et 88e demi-brigades de bataille, 1.000 hommes de cavalerie des 7e hussards, 22e chasseurs, 14e, 18e et 20e de dragons, 8 pièces d'artillerie, s'est mise en marche à 3 heures après-midi, avec des vivres pour 8 jours. Elle doit être suivie sur le Nil par les djermes armées l'Italie, la Casabianca, la Brueys, la Thébaïde, qui sont chargées de l'escorte de l'ambulance, des vivres et des munitions. Les demi-galères et 200 hommes de différents corps de cavalerie et d'infanterie sont restés en station à Beni-Souef, pour établir la communication avec Le Caire.
Nous marchons enfin contre les Mameluks et nous voilà à El-Baranqah, où la division restera la nuit … L'avant-garde, qui était partie le matin, avec les sapeurs, pour préparer les chemins, a couché à Bebah, où elle a rencontré quelques Mameluks qui ont fui à son approche … La route est coupée de canaux, qui rendent la marche difficile, surtout pour l'artillerie et la cavalerie" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 506).
L’Ingénieur Schouani, dans son Itinéraire, écrit que le 18 décembre (28 frimaire), la Division passe par Bermachié (Barmachâ) et, six heures plus tard, atteint Bermin, fort village entouré d'un bois, sur la rive droite du canal Joseph. Elle bivouaque un peu au delà : «… La cavalerie prit position dans un espace entre le bois et le canal; la 21e se forma en bataille à la tête du bois, sa droite au canal, sa gauche flanquée de deux pièces; la brigade Friant se rangea sur le flanc du bois, faisant face à la plaine, une pièce à sa gauche et sa droite appuyée à celle de la 21e; l'artillerie et les bagages derrière le 2e bataillon de la même demi-brigade» (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 507).
Le 3 janvier 1799 (14 nivôse an 7), Belliard note dans son Journal : "Une grande partie des Mameluks s'est retirée à Esneh ... L'autre, avec Mourad-Bey et Elfi-Bey, est encore au village de Hou.
Il est parti ce matin un bataillon de la 21e pour se rendre au village de Bardis, lever le miri qui doit servir à la solde de la troupe ...
On travaille à faire une caserne fortifiée; on y construit des fours, des magasins et une ambulance qui puissent être à l'abri des insultes, et de l'ennemi et des habitants" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 516).
Le 6 janvier 1799 (17 nivôse an 7), Belliard note dans son Journal : "D'après les renseignements reçus sur l'asile des voleurs (note : il s'agit de paysans qui, à plusieurs reprises, étaient venus voler des chevaux jusque dans le camp), on a fait partir dans la nuit un détachement de 600 hommes de la 21e demi-brigade pour le village de (mot en blanc), où l'on croyait les trouver. Ils en étaient partis. Une de leurs bandes était dans le camp la nuit et a pris 4 fusils; ce sont d'effrontés coquins; ils arrivent à plat ventre, avec leurs robes brunes, se glissent près des armes ou des chevaux, et, quand ils croient n'être pas aperçus, alors ils travaillent. Un d'eux, qui avait pris un cheval à la cavalerie, a cependant été découvert et a eu les doigts coupés; un autre, volant la bourse d'un carabinier, en place publique, a été arrêté et fusillé. Tout cela ne les arrête pas.
La course du détachement a été utilisée par la rentrée de bestiaux, de grains et de farines qu'ont fournis les villages. Les chefs ont dit au commandant de la troupe que Mourad-Bey avait promis 100 piastres au paysan qui ferait sauter nos caissons" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 517).
Le 9 janvier 1799 (20 nivôse an 7), le Général Bonaparte, depuis son Quartier-général au Caire, ordonne la création du Régiment des Dromadaires : "... Le général en chef ordonne que les 13e, 18e, 25e, 32e, 69e, 75e demi-brigades de ligne, la 21e légère, les guides à pied, fourniront chacun 15 hommes ...
Ces hommes devront avoir moins de vingt-quatre ans, plus de quatre ans de service, au moins cinq pieds quatre pouces, et être d'une bravoure reconnue. Ils seront envoyés sur-le-champ au Caire. Le commandant de la place établira leur caserne sur la place Ezbekyeh" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3820 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 74 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 75).
Le 11 janvier 1799 (22 nivôse an 7), Belliard écrit dans son Journal : "Le bataillon qui était à Bardis a fait une marche en avant pour lever les contributions qu'on refuse toujours de payer. Il a mis le feu à un village qui s'est soulevé et a fait la fusillade avec une centaine de Mameluks, qui sont en observation, formant la chaine de la montagne au Nil, pour être prévenus de notre nwuvement. Un Copte, qui se trouvait avec le citoyen Clément, a pris peur, s'est imaginé voir une armée nombreuse, et, pour éviter les coups de fusil, est venu bien vite à Girgeh annoncer au général Desaix que 1.500 hommes avaient attaqué son aide de camp. Alors on a donné l'ordre de partir; à 6 heures, les troupes se sont mises en marche pour aller protéger le bataillon, qu'on a trouvé rentré à Bardis, fort tranquille; et nous de revenir bien vite à Girgeh reprendre nos positions ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 518-519).
Le 14 janvier 1799 (25 nivôse an 7), Belliard écrit dans son Journal : "... Le chebec des Mameluks est à deux lieues de Bardis; le bataillon qui se trouve dans ce village est allé pour le prendre, il l'a trouvé ensablé de trois pieds, dégarni et de ses pièces d'artillerie et de ses agrès; il a été impossible de le mettre à flot et de l'emmener ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 519).
Le 17 janvier 1799 (28 nivôse an 7), Belliard note dans son Journal : "Je suis allé ce matin à Bardis, avec le général Desaix, voir le bataillon de la 21e demi-brigade ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 520).
La Division Desaix part de Girgeh le 21 janvier à 11 heures du matin, rallie, au passage, le Bataillon de la 21e, détaché à Bardis, et vient camper, deux lieues plus loin, en avant du village d'El-Maassarah, que ses habitants ont totalement évacué. Au cours de cette marche, Desaix reçoit confirmation des renseignements qui lui sont déjà parvenus sur les intentions de Mourad-Bey. Un espion lui annonce que "... l'ennemi était en marche et que son avant-garde était à Samhoud ...".
Ne voulant pas se laisser prévenir, Desaix quitte sa position le 22 janvier (3 pluviôse), dès la pointe du jour, et se porte dans la direction de Samhoud, avec toutes ses forces réunies. Le Journal de l'Ingénieur géographe Schouani raconte : "Un peu au-dessus, on aperçut un gros de Mameluks qui descendait en longeant le désert. Bientôt on découvrit leur infanterie qui s'étendait sur la rive opposée d'un grand canal, qui passe à l'est et près du village de Samhoud. Mourad-Bey et ses Mameluks étaient derrière.
Nous continuâmes d'avancer, laissant un kafr à droite, et un santon à gauche; la tête de la colonne s'arrêta à 200 toises du grand canal. La division forma trois carrés, la cavalerie au centre, la brigade Friant à droite (au nord), et celle Belliard à gauche; par ce moyen, la droite refusait.
Pendant que les troupes se formaient, deux pièces de canon, placées sur le flanc gauche de la 21e légère, firent reculer les Mecquains; une partie se retira derrière Samhoud, et, l'autre s'étant jetée dans le canal, le général Desaix ordonna à une compagnie de carabiniers et à un détachement de hussards de les déloger, ce qui fut exécuté sur-le-champ.
Après cetle affaire qui nous coûta un carabinier et quelques blessés (l'ennemi eut 12 à 15 hommes tués), la division se porta en avant, marchant direction ouest; elle s'arrêta à 6 à 700 toises de sa première position et à environ 300 au nord de Samhoud et à 50 minutes des basses montagnes : on détacha une compagnie de carabiniers pour prendre position sur un mamelon situé à l'entrée (nord) du village.
Les corps des Mameluks que l'on avait d'abord aperçu voltigeait devant le front de la division; plusieurs même s'approchèrent à peu de distance, et tiraient sur les carrés; on détacha des tirailleurs pour les écarter.
Les Mecquains, qui s'étaient reployés en arrière de Samhoud, revinrent sur le bord du canal et se prolongèrent jusqu'en face du carré de droite; 200 à 300 le passèrent même, sans néanmoins oser aller plus loin, se contentant de tirer quelques coups de fusil de gros calibre, auxquels on ripostait par des coups de canon.
Après être resté quelque temps dans cette position, on aperçut un corps considérable de Mameluks déboucher de derrière Samhoud et descendre à une portée de canon devant le front de la division; une centaine s'étaient arrêtés dans un petit bois de dattiers qui est au nord-ouest du village et voulurent passer devant, mais le feu des carabiniers placés sur le mamelon les arrêta et les fit rentrer dans les dattiers, où bientôt un obus, parti de l'angle sud-ouest du carré Belliard, et qui en tua quatre, les mit en fuite.
Les Mameluks parurent quelque temps incertains du point qu'ils voulaient attaquer; enfin, ils parurent décidés pour l'angle nord-ouest du carré de droite, mais le feu vif et soutenu de l'artillerie de ce carré les fit apparemment changer de dessein; ils tournèrent la division (sic) Friant et, voyant tous les angles hérissés de bouches à feu, ils passèrent derrière la division et se retirèrent sur Farchout. Leur infanterie prit le même chemin, tandis qu'un gros de Mameluks et d'Arabes fila vers le désert : la cavalerie se déploya
et marcha en bataille à leur poursuite, jusqu'à l'entrée d'une gorge où ils s'enfoncèrent.
Nous eûmes, dans toute cette affaire, 4 hommes tués et quelques blessés : les ennemis perdirent une centaine d'hommes, dont une trentaine de Mameluks.
Notre infanterie se mit en mouvement et passa à 200 toises à l'ouest de Samhoud, laissant les basses montagnes à 30 à 40 minutes à droite; nous marchâmes direction sud, au travers d'une belle plaine, en partie couverte des plus beaux blés que j'aie vus en Égypte ...
A deux heures quarante minutes de Samhoud, nous trouvâmes une digue de 4 pieds de haut et de 5 à 6 de large : elle prend au pied des basses montagnes et descend vers le Nil ...
Nous mimes deux heures à venir de la digue à Farchout 2, où nous arrivâmes à la brune ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 528-530).
Six jour après sa victoire (9 pluviôse an 7 - 28 janvier 1799), Desaix adresse, depuis Esneh, à Bonaparte le compte-rendu suivant : "Les occasions pour vous écrire, mon Général, sont fort rares. Il s'en présente une, et j'en profite pour vous annoncer que nous avons combattu à Samhoud. Mourad-Bey avait rassemblé, pendant notre séjour de Girgeh, tous les habitants à cinquante lieues à la ronde, 2.000 hommes d'infanterie, bien armés, venus de La Mecque, Hassan-Bey et ses Mameluks ; fier d'une aussi nombreuse armée, il se croyait invincible.
En effet, le jour que je partis de Girgeh, il s'avança de Hou à Farchout, laissant ses équipages au premier lieu. Nous nous rencontrâmes donc à Samhoud ... la division se forma alors en deux carrés d'infanterie, aux ailes avec les canons, la cavalerie en carré au milieu, et marcha sur Samhoud. Deux compagnies de carabiniers, conduites par mon aide de camp Clément, furent chargées d'attaquer le village défendu par les chérifs de La Mecque. Un peloton de hussards, commandé par le citoyen Desvernois, devait les soutenir. Les ennemis étaient sur le bord d'un canal ; ils firent une vigoureuse résistance ; on en vint à l'arme blanche ; un carabinier fut tué, mon aide de camp Rapp fut blessé d'un coup de sabre, sans [l'être] mortellement, et le citoyen Desvernois eut le poignet scié d'un coup de poignard, sans être estropié. Mais, à notre tour, nos carabiniers, à coups de crosses et de baïonnettes, en eurent bientôt expédié une trentaine, et le village fut à nous.
J'ai eu à me louer, dans celle occasion, de mon aide de camp Clément, qui a très bien fait. Nous vimes bientôt arriver de toute part des immenses colonnes d'ennemis, qui s'avançaient pêle-mêle en faisant des hurlements affreux. Notre carré de gauche était composé de la 21e demi-brigade légère, commandée par le général Belliard ; ils passèrent devant lui à une certaine distance sans attaquer ...
Nous avons trouvé quelques armes précieuses garnies en or, plusieurs livres de ce métal sur les morts. Sans nous arrêter à les emporter, nous avons marché sur Farchout. Nous n'y avons pris que le temps de rafraichir et, marchant toute la nuit, nous sommes arrivés au point du jour à Hou. En chemin faisant, nous avons massacré quelques soldats de La Mecque restés dans les villages ; ils sont braves et se défendent jusqu'à la mort.
A Hou est un passage à travers la montagne qui conduit à Esneh dans vingt-quatre heures ; par les bords du fleuve, il faut cinq jours. Je craignais que les Mameluks, suivant cette route tandis que je suivrais la seconde, ne revinssent derrière moi, et, gagnant cinq ou six jours de marche, ne se trouvassent encore les maîtres d'une grande partie du pays ; c'est ce qu'ils ont toujours fait dans les guerres précédentes ; mais le désordre dans lequel ils se sont trouvés, la précipitation de notre marche, les ont obligés à suivre le Nil ; ils n'ont pas eu le temps de préparer l'eau indispensable pour cette traversée.
Nous avons toujours marché à grandes journées, espérant rejoindre les débris de nos ennemis ; mais nous n'avons pu en attraper que très peu, parce que, prévenus de notre arrivée, ils traversaient le fleuve, soit sur des barques, soit sur des radeaux faits de dourah ; beaucoup se sont noyés en employant d'aussi frêles machines. La cavalerie les talonne ainsi depuis trois jours ; ici, après une marche forcée, nous les avons manqués de deux heures. Ils y ont brûlé leurs tentes et leurs gros bagages pour aller plus légèrement.
Depuis le combat de Samhoud, l'Elfi-Bey n'a plus reparu ; beaucoup de Mameluks aussi. Nous les suivrons ainsi sans relâche jusqu'à Syène. Je pars ensuite avec la 21e légère. La cavalerie nous précède. Dans quatre jours, Mourad aura quitté l'Égypte. Quand cette troupe sera reposée, je l'enverrai tenir garnison à Keneh, Girgeh, Siout et Minieh ; la cavalerie sera ici et le général Belliard à Esneh. Ainsi disposés, nous attendrons facilement que la faim et la misère aient détruit entièrement nos ennemis. Nos barques ne sont pas arrivées ; quand elles seront près de nous, je vous donnerai plus de détails. Vous faire l'éloge de tous ceux qui le méritent, j'aurais beaucoup à vous dire ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 531-530).
Dans son rapport adressé au Général en chef Bonaparte, établi au Quartier-général à Syoùth et daté du 20 thermidor an 7 de la République (7 août 1799), le Général Desaix, commandant la haute Egypte, écrit : " … Affaire de Ssâmhhoùd.
Le 3 pluviôse (22 janvier 1799) … Une colonne d'infanterie, composée en partie des Arabes d'Yamb'o, commandée par des chéryfs et les chefs de ce pays, se jeta dans un grand canal sur notre flanc gauche, et commençoit à nous inquiéter par son feu ; j'ordonnai à mes aides-de-camp, Savary et Rapp, de se mettre à la tête d'un escadron du 7e de hussards, et de charger l'ennemi en flanc, pendant que le citoyen Clément, mon aide-de-camp, capitaine commandant les carabiniers de la 21e légère, formée en colonne serrée dans le canal, enfoncerait celle des ennemis. Mes ordres furent parfaitement exécutés ; l'ennemi fut culbuté, et prit la fuite laissant une quinzaine de morts sur la place et emmenant beaucoup de blessés ... Un carabinier fut tué d'un coup de poignard, après avoir enlevé des drapeaux de la Mekke. Cette action nous rendit maîtres du village de Ssâmhhoùd.
Cependant les innombrables colonnes ennemies s'approchoient, et se disposaient à nous attaquer : des cris horribles se faisoient entendre. Déjà la colonne des Arabes d'Yamb'o est reformée ; elle attaque, et va pénétrer dans Ssâmhhoùd ; mais les intrépides carabiniers de la 21e font un feu si vif, et leur bravoure est si grande que l'ennemi est forcé de se retirer avec une perte considérable ...
Je laissai à Syene le général-Beillard, et la 21e légère …" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).
Après que ses troupes se soient un peu reposées à Farchout, Desaix les porte sur Hou, par une marche de nuit, dans l'espérance de surprendre les Mameluks au point du jour; mais ceux-ci ont continué précipitamment leur retraite en remontant le Nil. Sans se décourager, Desaix continue sa poursuite jusqu'à Esneh, avec toute sa Division réunie; il marche toujours sur la rive gauche du Nil, dont la vallée devient plus resserrée et moins fertile à mesure qu'on s'avance vers le sud; sa cavalerie le précède à quelque distance, talonnant les Mameluks, mais sans pouvoir les gagner de vitesse.
D'après les renseignements recueillis, Desaix décide de laisser à Esneh la Brigade Friant et de continuer sa poursuite, le plus rapidement possible, avec la cavalerie et la 21e légère. Il a ainsi des forces bien suffisantes eu égard à celles que conserve Mourad-Bey; la colonne, ainsi allégée, devait plus facilement marcher et subsister dans le pays difficile et pauvre qui s'étend jusqu'à l'extrême limite de l'Égypte. Prenant les devants avec la cavalerie, Desaix vient, le 28 janvier (9 pluviôse), coucher à Eddegireh, à trois lieues en amont d'Esneh. Il est suivi le lendemain matin par Belliard. Les deux petites colonnnes, séparées par une demi-journée de marche, parcourent en moins de cinq jours les 140 kilomètres qui les séparaient de Syène; mais elles ne réussissent pas à atteindre l'ennemi et l'empêchent seulement d'évacuer ses magasins.
"Le 9 (pluviôse - 28 janvier 1799), nous arrivâmes de bonne heure à Esneh ; le général Desaix y laissa le général Friant avec toutes ses troupes, et partit le même jour avec la cavalerie et la vingt-unième légère, pour venir coucher à trois lieues d'Esneh ...
Le 14 (pluviôse - 2 février 1799), à Sienne ... Osman-Bey, Hassan et ses troupes tenaient encore le pays sur la rive droite, entre Sienne et Esneh. Le général Desaix y descendit avec toute sa cavalerie, et les chercha sans pouvoir les rencontrer. Arrivé à Esneh, il s'occupa de diviser ses troupes, pour tenir tout le pays et y lever les contributions : il avait laissé à Sienne le général Belliard avec la vingt-unième …" (Rapport du capitaine du génie Garbé sur les marches de la division Desaix depuis l'ouverture de la deuxième campagne jusqu'au 12 prairial, avec quelques détails sur les positions actuelles, ainsi que le plan du fort qu'il a fait construire dans la province de Thèbes - Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte).
L'arrivée des Français à Syène consacre la prise de possession de l'Égypte entière. Mais, si la retraite de Mourad-Bey au delà des cataractes témoigne de son impuissance momentanée, il faut se tenir en garde contre un retour offensif de sa part; il importe aussi de prévenir ou de réprimer les mouvements que pourraient tenter, soit les bandes de La Mecque, soit les Mameluks réfugiés sur la rive droite du Nil. Desaix confie à Belliard la mission d'occuper Syène avec la 21e Légère, de barrer à l'ennemi l'entrée de l'Égypte supérieure; il prescrit au Capitaine du Génie Garbé d'entreprendre immédiatement la construction d'un fort qui permette d'assurer l'occupation de ce point, avec une garnison restreinte. Desaix, quant à lui, part de Syène le 4 février à midi avec la cavalerie et prend la route d'Esneh où il arrive le 9, sans avoir rencontré l'ennemi.
Conformément aux ordres de Desaix, Belliard fait, dès le 5 février, commencer les travaux de fortification, mais ils sont ralentis par l'insuffisance de ressources en argent et en main-d'oeuvre.
Le 7 février (19 pluviôse), Belliard écrit au Général Desaix : "... Nous avons bien besoin d'eau-de-vie pour les travailleurs. Nos ateliers sont établis, non pas sans peine; mais, maintenant, j'espère que nos travaux iront vite, tant que nous aurons de l'argent ...". Et dans une autre lettre, écrite le 11 février (23 pluviôse) : "... Les travaux vont avec assez d'activité; tout le monde s'y prête de la meilleure volonté; les chasseurs et les carabiniers rivalisent à qui travaillera davantage; je leur ai promis 10 parats par jour, lorsque les fonds permettront de les acquitter. Si vous pouviez m'envoyer une décade, ce serait pour eux un petit soulagement, et ils n'en iraient que mieux. Les paysans ne sont pas comme les soldats; il faut les payer tous les soirs, autrement mafiche. Veuillez, en conséquence, avoir la bonté de m'envoyer quelques fonds par le premier détachement" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 542).
Le 9 février 1799 (21 pluviôse an VII), l'Adjudant général Donzelot écrit, depuis Esneh au Général Belliard pour l'informer que que Desaix se porte de Syène à Esneh, Osman-Bey de son côté revient sur les bords du Nil, environ à mi-distance entre les deux villes. Donzelot ajoute : "... Trois djermes, dont deux canonnières, mettront aujourd'hui à la voile pour vous porter du biscuit, du riz, du beurre, les effets de la demi-brigade, les vôtres et 100 louis pour les frais extraordinaires et de construction. Ces djermes resteront à Syène à votre disposition. Il sera mis un détachement de 50 hommes pour garnison. Il restera ici environ 200 hommes pour celle d'Esneh. On les fera commander par le plus ancien capitaine, et aussitôt que Sacrost,que l'on attend par le convoi qui était déjà à Girgeh il y a plusieurs jours, sera arrivé, on réunira le détachement qu'il amène à ces 200 hommes de la 21e, et alors il commandera cette garnison. Esneh se trouve par conséquent dans l'arrondissement de votre commandement. Il y restera aussi en station deux djermes-canonnières qui seront à vos
ordres.
Lorsque le détachement qui vous a escorté de la farine sera de retour, il tiendra garnison à Esneh, pendant quelques jours; en conséquence, celui de la 21e se portera à Edfou pour y lever les contributions. Il reviendra ensuite dans cette ville ...
Avec le biscuit, le riz, les 170 quintaux de farine que vous avez recus et les magasins des Mameluks vous aurez des vivres au moins pour deux mois ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 554).
Le même jour, Donzelot écrit à nouveau à Belliard pour lui annoncer que que les djermes n'ont pas pu partir; elles mettront à la voile le lendemain; elles ont à leur bord 45 hommes de la 21e, commandés par le Quartier-maître (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 554).
Dans la même journée, Donzelot adresse établit une Répartition des troupes et des bâtiments de guerre entre les arrondissement (sans doute adressée au Général Friant) : "Arrondissement du général Belliard.
21e légère, occupant Syène, Bihan, Edfou, Esneh, etc.
La Strasbourgeoise et l'Ethiopienne à Syène.
La Brueys, la Nubienne, le Crocodile (chebec) à Edfou et Esneh" (La Jonquière C. de : "L'expédition d'Egypte, 1798-1801", t. 3. p. 555-557).
Instruit du mouvement de Osman-Bey, qui peut menacer ses communications, Belliard envoie les Carabiniers de la 21e à Darao, village à une journée au nord de Syène. La mission de ce détachement est définie par l'ordre suivant (du 25 pluviôse - 13 février) : "II est ordonné au capitaine Bulliaud de partir demain, avec les trois compagnies de carabiniers et 30 chasseurs, qui seront répartis dans les trois compagnies, pour se rendre au village de Darao, où il s'établira militairement et où il restera jusqu'à nouvel ordre. Il correspondra, s'il est possible, avec un détachement parti d'Esneh, qui doit être à hauteur d'Edfou, sur la même rive et à deux jours de Darao. Le chef du village de Darao, auquel je fais écrire en arabe, fournira les paysans nécessaires pour porter les lettres et prendra des renseignements sur environ 200 Mameluks qui se tiennent entre Edfou et Darao. S'il arrivait qu'ils fussent près du cantonnement et qu'on pût les joindre, le capitaine Bulliaud marchera dessus et tâchera de faire une surprise ...". ln fine, Belliard recommande au Capitaine Bulliand de veiller à ce que son détachement ne commette aucun dégât, afin d'inspirer confiance aux habitants : "La bonne conduite de la troupe est le plus grand moyen de persuasion, et je suis assuré d'avance qu'il sera employé par les carabiniers" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 544).
Osman-Bey, battu à Redecieh le 11 février, est forcé à se jeter dans le désert. Afin d'empêcher sont retour sur le Nil, Desaix envoie à Edfou un détachement de 160 hommes de la 21e Légère, commandé par son Aide de camp Clément. Lui-même se prépare à descendre vers Keneh, aussitôt que Davout sera revenu à Esneh. Avant de quitter cette ville, il écrit à Belliard (26 pluviôse an 7 - 14 février 1799) : "J'ai déjà reçu, mon cher Général, depuis que je vous ai quitté, trois fois de vos nouvelles ; c'était tout ce que je pouvais désirer. Vous devez avoir reçu, en ce moment-ci, les provisions que je vous envoie par les barques de guerre ; je ne m'en tiendrai pas à cet envoi. A présent, je·fais rassembler ici 200 quintaux de farine, fabriquer autant de biscuit, acheter du beurre, et tout vous parviendra le plus tôt possible …
J'ai envoyé Clément et 200 hommes de la 21e qui étaient restés ici à Edfou pour y lever les contributions, y rassembler si possible des bœufs pour vous les faire passer …
On est en activité partout pour lever de l'argent. J'en attends au premier convoi. J'espère vous envoyer 50.000 francs ; personne n'aura un sol avant vous …
Le pays que vous occupez est véritablement bien pauvre en ressources ; mais j'espère que, les Mameluks forcés par la disette de s'éloigner de nous, il pourra s'organiser et nous donner quelques petits moyens. J'en ai encore plus d'espérance depuis le sanglant combat que le général Davout a livré à Osman-Bey, à Redecieh. Nous avons eu beaucoup de blessés, perdu un brave homme, le chef d'escadron Fontête, mais détruit beaucoup d'ennemis et nettoyé, j'espère, le pays entre vous et Esneh.
C'est un objet bien essentiel pour notre tranquillité. Je vous engage donc à ne pas permettre aux Mameluks de s"y établir et à les persécuter par de bonnes colonnes mobiles. La rive droite est toute de montagnes escarpées, les chemins difficiles ; vous n'y mèneriez jamais de canon ; nos chameaux ont manqué d'y périr.
A l'approche du petit détachement de Binot, Osman-Bey s'était enfui dans les déserts. Clément à Edfou, où il restera huit jours, aura pour objet de ne pas leur permettre de venir au bord du Nil. Il passera sur l'autre rive s'ils en approchent …
Les Mameluks qui sont derrière nous ont abandonné Keneh à l'approche de la 61e que le général Friant y avait envoyée. Ils sont descendus par petites troupes sur la rive droite …
J'ai eu des lettres de Keneh ; il n'y est pas question du tout des soldats de La Mecque. Le bruit que fait répandre Mourad-Bey à ce sujet est sans doute pour avoir de l'influence sur les habitants et donner espérance à ses Mameluks …
Je m'occupe ici à organiser un divan. J'ai de la peine à y réussir ; la crainte des revenants fait qu'on n'ose pas y entrer …
Je compte partir dans 2 ou 3 jours au plus tard, pour aller du côté de Keneh, y ramasser les ressources de ce pays pour vous les adresser ; après cela, peut-être irai-je vous voir …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 564).
Dans son rapport adressé au Général en chef Bonaparte, établi au Quartier-général à Syoùth et daté du 20 thermidor an 7 de la République (7 août 1799), le Général Desaix, commandant la haute Egypte, écrit : "... Combat de Thèbes.
Le 24, à la pointe du jour, le général Davoust apprend que O'tsmân-bey Hhaçan est sur le bord du Nil, et que ses chameaux font de l'eau; il ordonne que l'on presse la marche ... O'tsmân-bey se retire dans l'intérieur des déserts, sur le chemin de Qosséyr, à une citerne nommée la Kuira ; mais on croyoit que ne pouvant y vivre que fort difficilement, il reviendroit vers Radécyéh, et passeroit peut-être sur la rive gauche dans un village qui lui appartenoit près d'Edfoù. En conséquence j'envoyai dans ce dernier endroit un détachement de cent soixante hommes de la 21e légère, commandée par mon aide-de-camp Clément ..." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).
De nouvelles informations lui ayant bientôt appris qu'Osman-Bey n'a plus reparu depuis le combat de Redecieh, Belliard juge inutile de maintenir ce détachement; il prescrit à Bulliaud de revenir à Syène (27 pluviôse - 15 février) : "Si, à la réception de ma lettre, vous avez assez de temps pour vous rendre à Syène, vous partirez et vous rejoindrez la brigade. Dans le cas contraire, vous viendrez demain. Faites cependant votre possible pour arriver aujourd'hui. Avant de quitter Darao, vous prendrez beaucoup de renseignements sur les Mameluks; s'ils ont reçu beaucoup de monde par la montagne et si Soliman-Aga-el-Ouali s'est réuni à eux depuis deux ou trois jours ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 544).
A Syène, au bout de trois semaines, les maçonneries du fort en construction viennent à peine d'être commencées. Belliard, pendant son séjour, s'applique à surveiller les Mameluks, mais ces derniers, en manque de vivres et de fourrages, décident de revenir en Haute Egypte. Le 16 février, Belliard, apprenant que des partis de Mameluks se sont avancés sur les deux rives du Nil, se porte à leur rencontre avec un Bataillon, en remontant la rive droite, ce qui entraîne la retraite de l'ennemi. Dans son rapport, qu'il adresse à Desaix le 17 février (29 pluviôse), Belliard écrit : "... Le détachement de Darao est rentré; il n'a eu aucun renseignement sur les Mameluks d'Osman; mais les paysans qui m'apportaient vos lettres des 25 et 26 s'accordent à dire qu'ils sont dans le désert, que ce bey a été tué ainsi que 40 Mameluks, qu'Ibrahim-Kachef a été blessé; quelques-uns, bien portants, ont reparu sur la rive droite, à hauteur d'Edfou.
... Je ne peux que vous faire l'éloge des soldats. Le bataillon que j'avais avec moi a mieux aimé passer la nuit sans feu que de ruiner le village où nous avons couché. Les carabiniers qui étaient à Darao ont fait rentrer tous les habitants de ce village et de ceux qui se trouvent dans les environs. Je leur ai promis que je vous en rendrais compte : un petit mot pour eux dans votre première lettre, mon Général; cela leur fera plaisir et les engagera à continuer ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 546).
Du 18 au 21 février, Belliard s'emploie à occuper l'ile de Philae.
Finalement, le 23 février, Belliard décide d'évacuer Syène pour poursuivre les Mamelucks. Il fait fait passer un Bataillon sur la rive gauche du Nil, où se trouve l'ancien village, à peu près ruiné, de Gharbi-Assouan.
Le 24 février 1799 (6 ventôse an 7), Desaix écrit, de Kous, au Général Belliard : "... Vous m'avez fait le plus grand plaisir, mon cher Général, en m'annonçant le mouvement que vous avez fait contre les Mameluks. Il est parfait, et on ne peut plus à propos, et on ne peut pas plus utile. J'espère que, par cette activilé soutenue, et ayant toujours des détachements en campagne, soit en avant, soit en arrière, vous leur rendrez si difficile un mouvement sur nous, que nous en serons débarrassés ... Je suis enchanté de la conduite de vos soldats. Témoignez-leur ma satisfaction, surtout aux carabiniers qui ont été à Darao; avec des soldats aussi braves et aussi sages, il y a plaisir à faire la guerre ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 546).
Dans la nuit du 24 au 25 février, Belliard se met en route. Il note dans son Journal : "7 ventôse (25 février). A 1 heure du matin, j'ai quitté Garbessouan avec la 21e demi-brigade. Deux barques armées et neuf barques chargées de vivres ont suivi le mouvement sur le Nil.
A midi, je suis arrivé à Bihan. Les Mameluks en étaient partis avant-hier pour Edfou.
Nous avons pris, en quittant Garbessouan, une route différente qui passe le long du Nil, au lieu de traverser la montagne.
En arrivant à Bihan, un chasseur qui avait donné son sac à porter à un paysan, ainsi que son fusil, se trouvant un peu éloigné de la colonne, a été assassiné par le paysan qui lui a pris son sac et son fusil et eût fini par le tuer sans l'arrière-garde ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 550). Les Mameluks ont deux jours d'avance sur lui.
Le même 25 février, a lieu un combat Esneh. Dans son rapport adressé au Général en chef Bonaparte, établi au Quartier-général à Syoùth et daté du 20 thermidor an 7 de la République (7 août 1799), le Général Desaix, commandant la haute Egypte, écrit : "... Enfin, je reçus avis que, parvenus à cacher leur marche au général Beillard, et avec une rapidité excessive, les beys Mourâd, Hhaçan, et plusieurs autres beys, à la tête de sept à huit cents chevaux et beaucoup de Nubiens, avoient paru devant Esnê, le 7 (ventôse soit le 25 février 1799), à la pointe du jour ; que mon aide-de-camp Clément, à la tête de son détachement de cent soixante hommes de la 21e, était sorti d'Esnê, et avait présenté la bataille à cet immense rassemblement, qui avoit été intimidé par l'audacieuse valeur de nos troupes; qu'il les avoit harcelés pendant une heure; que les ennemis avaient préféré la fuite au combat, et avoient forcé de marche sur Arment ...." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 551).
Le 26 février, Belliard note dans son Journal : "... Quatre chasseurs ont manqué à l'appel; ils ont sûrement été arrêtés dans la montagne en s'écartant de la colonne pour prendre une route plus courte ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 550).
Belliard n'atteint Esneh que le 28 à 3 heures du soir, soit quatre jours après le passage des Mameluks dans cette ville. Là, il reçoit avis des nouvelles dispositions prises par Desaix, pour contrer l'offensive des Mamelucks. Belliard note dans son Journal : "... d'après les lettres que j'ai reçues du général Desaix, je vais m'établir à Esneh jusqu'à nouvel ordre. Binot et Clément m'ont rendu compte que Mourad-Bey, Hassan-Bey et leurs Mameluks sont passés le 6, dans la plaine d'Esneh; qu'ils ont fait mine de vouloir attaquer. La garnison est sortie; elle a présenté la bataille que les Mameluks ont refusée et se sont retirés du côté d'Erment, longeant le désert. Si l'on en croit les rapports, Hassan-Bey s'est séparé de Mourad, qui, dit-on, va dans l'El-Ouah, et est venu du côté d'Edfou. J'ai envoyé des espions. J'ai prévenu le général Desaix de mon arrivée à Esneh et du mouvement des Mameluks ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 551).
Le 29, Belliard fait ses préparatifs pour se rendre à Erment, où Desaix lui prescrit de s'établir. Le 1er mars, Belliard donnne au Chef de Bataillon Valette les instructions suivantes : "Vous prendrez, Citoyen, le commandement de la place d'Esneh et des troupes qui ont l'ordre d'y rester. Il reste dans les magasins des vivres pour un mois; vous aurez avec vous deux djermes armées qui seront sous vos ordres ... Votre détachement est complété à 60 coups par homme; je laisse, en outre, 4,000 cartouches en magasin. Vous ferez continuer les travaux de la maison d'Hassan-Bey pour la mettre en état de défense ... La manutention restera à Esneh jusqu'à nouvel ordre; elle doit fabriquer du biscuit; donnez-y de temps en temps un coup d'oeil pour en faire accélérer la confection ... Vous aurez soin d'avoir des espions pour connaître les mouvements des Mameluks, et s'il arrivait que, repoussés par nous, ils se présentassent devant Esneh, vous les recevrez à l'ordinaire. Vous me donnerez souvent de vos nouvelles à Erment, à un jour et demi de vous, où je vais m'établir avec la dernière brigade, jusqu'à nouvel ordre ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 593).
Dès le 2 mars, à 8 heures du matin, il part d'Esneh, en y laissant une garnison de 400 hommes de la 21e légère, commandée par le Chef de bataillon Valette. Il emmène le reste de la 21e, les détachements des 61e et 88e Demi-brigades et du 20e Dragons, une pièce de 3 et 30 chameaux chargés de vivres. Plusieurs bâtiments armés et des barques de transport devaient suivre sur le Nil, portant les blessés et les malades, des vivres, du matériel d'artillerie, etc. La colonne couche le soir même à Rezqat, et arrive, le lendemain, à Erment, où elle séjourne jusqu'au 6 au matin.
Le 8 mars, Belliard part, à la pointe du jour, pour Keneh. En arrivant à Kous, il est informé que les Mecquains sont établis un peu plus en aval, au village de Benout. Il les rencontre bientôt dans la plaine de Coptos, où s'engage une première affaire; puis, ayant réussi à les rejeter sur Benout, il se heurte à une résistance opiniâtre, qui se prolonge jusqu'au surlendemain.
Sur cette affaire, Belliard adresse à Desaix, depuis Benout, le 10 mars 1799 (20 ventôse an 7) le rapport suivant : "Je me suis rendu à Erment, mon cher Général, conformément à vos intentions. D'après les rapports qu'il existait à Keneh un rassemblement considérable de Mecquains, de paysans et de Mameluks, je me suis mis en marche pour venir le combattre. Le 11, je suis passé sur la rive droite au village d'EI-Kamouleh ; le 18, je suis parti pour Keneh. A Kous, le cheik m'a instruit du funeste événement arrivé à nos barques armées et de transport et m'a prévenu que les Mecquains, retranchés à Benout, nous attendaient avec les Mameluks d'Osman-Bey. A une heure et demie après midi, l'ennemi, au nombre de 3.000 hommes d'infanterie, tant Mecquains que paysans, et de 350 à 400 chevaux, est venu à notre rencontre dans la plaine de Coptos, et nous a présenté la bataille que nous avons acceptée.
Bientôt le combat s'est engagé et est devenu corps à corps avec nos tirailleurs. Les 30 ou 40 Mecquains qui s'étaient avancés sont restés sur le champ de bataille. J'ai marché sur le gros de l'armée avec le carré ; l'ennemi a pris la fuite, disputant tous les villages, ravins ou fossés, et s'est retiré sur Benout, où il avait disposé une partie des canons qu'il avait pris sur les barques. Mais, malgré sa résistance opiniâtre, les carabiniers l'ont chassé ; et ses pièces (ou plutôt les nôtres) sont restées en notre pouvoir. Alors les Mecquains se sont jetés dans plusieurs maisons, dont une de Mameluks, fort grande, avait été mise en état de défense avec du canon. C'est là qu'étaient leurs magasins et les munitions qui se trouvaient sur les barques. Je l'ai fait attaquer ; mais la fusillade a été si vive, et la nuit étant venue, il a fallu y renoncer. On a pris les maisons adjacentes qui ont été livrées aux flammes, après avoir passé au fil de la baïonnette environ 200 Mecquains et paysans qui les défendaient. Le feu n'a pas pu gagner la grande maison, que j'ai fait bloquer pendant la nuit ; les Mameluks, qui ont été spectateurs bénévoles, se sont éloignés vers le désert, où ils ont bivouaqué. Voilà la journée du 18.
Le 19, il a fallu recommencer. Un des braves de La Mecque est sorti à cheval de la maison, et est allé trouver les Mameluks, sûrement pour leur reprocher leur lâcheté et les engager à débloquer la maison ; car, de suite, ils se sont mis en marche et sont venus charger les carabiniers, qui les ont reçus par une fusillade bien nourrie, et les ont forcés à une retraite précipitée.
A 11 heures, les Mecquains échappés la veille, des rassemblements de paysans formés par les Mameluks sont venus au moment où je me disposais à attaquer la maison, et ont fourni une seconde charge. Ils se sont avancés très près du fort, dans lequel quelques-uns sont entrés. J'ai marché dessus, et ils se sont retirés de suite. Alors, j'ai fait attaquer la maison de vive force ; on est parvenu à entrer dans une des cours et j'y ai fait mettre le feu. Les Mecquains sont descendus dans la grande cour tout nus, tenant d'une main le sabre, et de l'autre le fusil, faisant un feu très vif sur nos soldats et sautant, comme des furieux sur le feu qu'ils voulaient éteindre avec leurs pieds. Ils ont poussé des hurlements affreux ; ils chantaient, se battaient en faisant leurs prières au milieu des flammes, avec un courage et un fanatisme dignes d'exemple. La nuit est encore venue trop tôt ; les ennemis échappés aux flammes ont percé une muraille, et, à la faveur des ténèbres, une partie d'entre eux s'est évadée. Beaucoup ont été tués par les troupes qui bloquaient le château ; les autres courent les champs.
Ce matin, on est entré dans la maison, où l'on a trouvé une trentaine d'hommes, qui, quoique blessés ou malades, voulaient encore se défendre. Ils ont été tués, à l'exception de trois, que j'ai fait garder pour avoir des renseignements ; ils sont de Tunis.
Les Mameluks, je ne sais pourquoi, sont encore venus ce matin faire les fanfarons, et s'avançaient ayant l'air de vouloir nous attaquer. Je me suis porté en avant, et ils ont fui, après avoir reçu quelques coups de canon. Je les ai poursuivis à une lieue et demie ; ils ont fait partir leurs chameaux par le désert, où il se sont retirés ; et moi je suis rentré à Benout, où je vais laisser reposer nos pauvres soldats, qui, depuis trois jours, se battent et vivent d'eau et de biscuit. Je ne sais pas comment étaient les Mecquains que Conroux et Friant ont battus et comment ils ont fait pour avoir très peu de blessés : quant à moi, mon Général, je sais que je n'ai point encore trouvé de troupes aussi braves et qui se battent avec autant d'acharnement ; aussi ai-je eu des morts et beaucoup de blessés dont l'état est ci-joint.
Je ne peux trop vous faire l'éloge de la 21e, des détachements des 61e et 88e, des dragons du 20e commandés par le citoyen Escassa des sapeurs, tant de la demi-brigade, que de la compagnie de Garbé et du détachement d'artillerie. Officiers et soldats, tous ont montré la plus grande bravoure et, en particulier, les officiers, sous-officiers et soldats dont la note est ci-jointe et pour lesquels je vous prie de demander de l'avancement au général en chef, ainsi que pour votre aide de camp, celui du général Friant et Majou, que j'ai avec moi, qui tous trois se sont trouvés dans le combat corps à corps, et qui, tous trois, pendant ces trois journées, m'ont parfaitement secondé. Clément a eu son cheval blessé d'un coup de sabre. L'adjudant-major Laprade, qui était avec eux, en a tué trois de sa main ; le dragon Longet et le caporal Toinard en ont fait autant. Les carabiniers se sont particulièrement distingués. Vous connaissez le brave Eppler, mon Général, il est inutile de vous en faire l'éloge ; il honore son corps, et montre sans cesse une bravoure et un zèle infatigables. Les soldats ont fait un butin considérable. On a trouvé dans la maison une partie des effets qui étaient sur les barques et les caisses de munitions que les ennemis avaient vidées, et dont ils se sont servis contre nous avec nos fusils. J'ai repris deux barques, une pièce de 8 en bronze, quatre de 6 en fer, sortant de dessus l'Italie, qui a été brûlée, une de 4 en fer, une de 3 en fonte, une de 2 en fer ; il y avait aussi deux caissons, dont un a été brûlé, l'autre est sur les barques, avec plusieurs roues, tant bonnes que mauvaises ; je vais remonter ma pièce de 5.
Le résultat des trois journées est la mort de 500 à 600 Mecquains ou paysans et de 8 à 10 Mameluks, beaucoup de blessés, l'assaut d'une maison fortifiée, la prise de 9 pièces de canon, six drapeaux dont deux de La Mecque que je conserve. J'ai eu de mon côté 35 morts et 134 blessés, dont 5 officiers.
Le pauvre Bulliaud, capitaine des carabiniers, qui avait toujours été dans le feu, a reçu hier soir une blessure dont il est mort ce matin.
Ces trois journées, mon Général, ont usé une grande partie de mes munitions. Je me trouve à peu près sans cartouches d'infanterie et avec environ cinquante coups de canon à tirer. Si j'ai encore une affaire, tout sera dissipé et je ne saurai plus où puiser. Alors je serai forcé de descendre du côté de Girgeh, et même plus loin, s'il n'y avait pas de troupes et de munitions pour m'alimenter. Avant de me décider à ce mouvement, je remonterai du côté d'Esneh pour protéger l'arrivée de la garnison que j'y ai laissée et l'évacuation des subsistances qui s'y trouvent.
Je vis très difficilement ; tous les villages s'évacuent lorsque je m'approche, je n'y trouve aucune ressource et pas un paysan pour espionner et porter mes dépêches ; je ne sais à quoi attribuer cette désertion générale. Nous ne faisons cependant aucun mal dans les endroits où nous passons. Demain, nous nous porterons à Keneh, où les débris de La Mecque paraissent s'être retirés. Les Mameluks, qui avaient gagné ce matin du côté de Kous, retournent, à ce qu'on me reporte, du côté de Keneh, longeant le désert. Je les verrai demain, s'ils nous y attendent, et, après les avoir battus, je remonterai à Esneh, d'où je descendrai à Girgeh, si je ne reçois pas de vos nouvelles.
C'est un journal plutôt qu'un rapport, mon Général, mais j'ai cru indispensable d'entrer dans tous ces détails ; je les crois nécessaires quand on est si éloigné et que nous communiquons aussi difficilement.
Salut et respect.
BELLIARD" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 597-600)
De son côté, dans son rapport adressé au Général en chef Bonaparte, établi au Quartier-général à Syoùth et daté du 20 thermidor an 7 de la République (7 août 1799), le Général Desaix, commandant la haute Egypte, écrit : "… Combat de Coptos (Qéfth). Assaut du village et de la maison fortifiée de Benoùthah.
Le 18 matin (ventôse soit le 8 mars 1799), le général Beillard arrive près de l'ancienne Coptos : à l'instant, il aperçoit déboucher, tambour battant et drapeaux déployés, trois colonnes nombreuses d'infanterie, et plus de trois à quatre cents Mamloùks, dont le nombre venoit d'augmenter par l'arrivée de Hhacan-bey Djeddâoùy, qui avoit passé le Nil à Edfoù.
Le général fait former son carré (il n'avoit qu'une pièce de canon de trois) ... Au lieu d' être épouvantés, nos soldats se réunissent et les attendent de pied ferme. Alors s'engage un combat de corps à corps ... Plus de cinquante Arabes d'Yamb'o restent sur la place; deux drapeaux de la Mekke sont pris. Le citoyen Laprade, adjudant-major de la vingt-unième, en tue deux de sa main .... Le général Belliard, fait continuer la marche ; et après avoir passé plusieurs fossés et canaux défendus et pris de suite, il arrive près de Benoùthah ... il fait former les carabiniers en colonne d'attaque, et ordonne que l'on enlève ces pièces au moment où le carré passeroit le canal et menaceroit de tourner l'ennemi.
En effet on bat la charge, et les carabiniers alloient enlever les pièces lorsque les Mamloùks, qui avoient rapidement fait un mouvement en arrière, se précipitent sur eux à toute bride. Nos carabiniers ne sont point étonnés, font halte et font une décharge de mousqueterie si vive, que les Mamloùks sont obligés de se retirer promptement, laissant plusieurs hommes et chevaux sur la place; les carabiniers se retournent, se jettent à corps perdu sur les pièces, y massacrent une trentaine d'Arabes d'Yamb'o, les enlèvent et les dirigent sur les ennemis ...
Alors le général Beillard forme deux colonnes ; l'une destinée à cerner de très près la grande maison, l'autre à entrer dans le village ... Le chef de brigade Eppler, excellent officier et d'une bravoure distinguée, commandait dans le village ; il veut entrer dans la mosquée, il en sort un feu si vif qu'il est obligé de se retirer ... La grande maison restait à prendre : Eppler se charge de cette expédition ; par toutes les issues on arrive à la grande porte ; les sapeurs de la demi-brigade la cassent à coups de hache, pendant que les sapeurs de la ligne faisaient crouler la muraille du flanc gauche, et que des chasseurs mettaient le feu à une petite mosquée attenante à la maison et où les ennemis avaient renfermé leurs munitions de guerre. Les poudres prennent feu, vingt-cinq Arabes d'Yamb'o sautent en l'air, et le mur s'écroule de toutes parts; aussitôt Eppler réunit ses forces sur ce point; et, malgré nos forcenés ennemis, qui, le fusil dans la main droite, le sabre dans les dents, et nus comme des vers, veulent en défendre l'entrée, il parvient à se rendre maître de la grande cour ... le général Belliard a eu une trentaine de morts et autant de blessés; du nombre des premiers se trouve le citoyen Bulliand, capitaine des carabiniers, officier qu'il regrette beaucoup ..." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).
Après cette sanglante affaire, Belliard poursuit sa marche sur Keneh, qu'il atteint le 12 mars. Dès son arrivée, il fait part à Desaix des difficultés qu'il rencontre dans l'exécution de ses ordres.
Le 17 mars 1799 (27 ventôse an 7), l'Adjudant général Donzelot informe, depuis Siout, le Général Berthier des positions de la Division : 1 Bataillon de la 21e légère à Esneh ; 2 à Keneh avec le Général Belliard (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 609-611).
Le 21 mars 1799 (1er germinal an 7), l'Adjudant général Donzelot écrit, depuis Akmin, au Général Belliard : "Nous partirons après-demain, mon cher Général, pour nous rendre à la hauteur de Girgeh en dépassant le défilé; de là, nous continuerons notre route pour vous rejoindre ... Nous portons avec nous des fonds pour payer une partie de la solde de la 21e ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 615).
Le 27 mars 1799, Savary note dans son Journal : "... Le 7, avant le jour, l'on se met en marche avec 200 chevaux, le bataillon de la 61e et 2 canons pour Keneh ; l'on y arrive de bonne heure ...
Le soir, la 21e passée en revue par le général Desaix" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 616).
Davout étant arrivé le 29 mars, Desaix se dispose à partir dès le lendemain matin. Comme les bagages doivent rester à Keneh et que des établissements ont été déjà organisés dans cette ville, la garde en est confiée au 1er bataillon de la 61e, sous les ordres du commandant Dorsenne. Desaix emmène avec lui le reste des troupes : 21e Légère, un Bataillon de la 61e, 7e Hussards, 18e et 20e Dragons, soit 1.500 hommes environ, avec 4 pièces d'artillerie. La colonne se met en marche entre 3 ou 4 heures du matin et se dirige vers Kous en suivant la lisière du désert (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 618).
"Le 10 (germinal - 30 mars), à trois heures du matin, le général Desaix se mit en marche avec 800 hommes de la vingt-unième, 400 hommes de la soixante-unième, les escadrons du septième de hussards, dix-huitième et vingtième de dragons. A notre approche, l'ennemi prit la fuite dans le désert ..." (Rapport du capitaine du génie Garbé sur les marches de la division Desaix depuis l'ouverture de la deuxième campagne jusqu'au 12 prairial, avec quelques détails sur les positions actuelles, ainsi que le plan du fort qu'il a fait construire dans la province de Thèbes - Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte).
De son côté, dans son rapport adressé au Général en chef Bonaparte, établi au Quartier-général à Syoùth et daté du 20 thermidor an 7 de la République (7 août 1799), le Général Desaix, commandant la haute Egypte, écrit : "… Le 10 germinal j'arrivai à Qénéh : je ravitaillai les troupes du général Beillard, et, le 11, nous nous mîmes en marche pour aller combattre les ennemis, qui, depuis deux jours, étaient postés à Qoùss. A notre approche ils rentrèrent dans les déserts, et se séparèrent ... " (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).
Desaix décide d'occuper les deux débouchés de Bir-el-Bar et d'Hagazi, de façon à ne laisser à Hassan-Bey que la longue et pénible ligne de retraite par Redecieh. A cet effet, il prescrit à Belliard de partir, le 31 mars, à la pointe du jour, avec la 21e légère, le 20e dragons et deux pièces, et d'aller s'établir à Hagazi ; il fait écrie par Donzelot à Belliard : "Lorsqu'il sera arrivé à cette destination, il fera fouiller le désert par de fortes reconnaissances pour s'assurer du chemin qu'aura tenu l'ennemi. Si, comme on le dit, la plupart des Mecquains et Mameluks se sont retirés à la Guitta, le général Belliard prendra les mesures pour aller les combattre. Préalablement, il rendra compte de ses dispositions au général Desaix et des renseignements qu'il aurait sur les mouvements de l'ennemi.
… On correspondra souvent par le moyen de commissionnaires et de reconnaissances en détachement …".
Tandis que Belliard se porte ainsi sur Hagazi, Desaix, avec le reste de la colonne (1 bataillon de la 61e, 18e dragons, 7e hussards et 2 pièces), occupe Bir-el-Bar. Dans la journée, il reçoit des renseignements, plus précis que ceux de la veille, sur les mouvements des Mameluks et des Mecquains. Il arrête, en conséquence, de nouvelles dispositions, qu'il notifie à Belliard par la lettre suivante (écrite de Birambar, par Keneh, 11 germinal - 31 mars) : "Avez-vous vu les ennemis, mon cher Général ?
Tous les rapports qui me sont venus m'assurent qu'Hassan-Bey Djeddaoui et sa compagnie, suivis de quelques Mecquains, se sont rendus à la Guitta, mais que le chérif et 400 Mecquains, s'étant séparés de ceux ci-dessus et ayant fait un crochet dans le désert, ont décidé leur mouvement et veulent descendre, dit-on, jusqu'au Caire, s'ils le peuvent, où, se confondant dans la foule, ils espèrent trouver le moyen de retourner à La Mecque, ne le pouvant plus par Kosseir, où l'on ne peut se rendre sans des provisions qui leur manquent. Mille rapports m'assurant bien ce dernier mouvement, voici les dispositions que je viens d'arrêter pour en finir : le détachement qui est à Farchout passera de suite le fleuve pour se poster dans les défilés qui sont vis-à-vis ; Morand passera aussi ; Lasalle l'est déjà et le commandant de Siout se trouvera en mesure sur cette rive-ci pour les arrêter en définitive, si, par impossible, ils étaient parvenus à arriver jusque-là en faisant des crochets dans le désert. Quant à moi, je joindrai la moitié de mon monde à la garnison de Keneh et j'en formerai une colonne qui les poursuivra partout et toujours. J'irai à Keneh avec le restant ; mais, pour ce faire, il est essentiel que je sois remplacé ici par un détachement de 3 à 400 hommes d'infanterie et 60 hommes de cavalerie, que vous ferez partir de suite et de manière à être rendu demain, 12, au soir. Vous, Général, vous resterez à Hagazi jusqu'à nouvel avis. Vous sentirez l'importance de ces dispositions qui sont telles que ni les Mecquains ni les Mameluks (dans le cas où ceux d'en bas nous éviteraient avec adresse et remonteraient) ne pourront s'établir et habiter dans ce pays-ci, qui est pour eux un point de grandes ressources et de débouchés importants.
Sans doute, vous restant à Hagazi et tenant bien le désert et la campagne en avant de vous, les Mameluks quitteront la Guitta et prendront un autre parti ; je vous engage à bien épier leurs mouvements et à les suivre autant et le plus possible, disposant dans ce cas de votre détachement ici.
Vous voudrez bien donner l'ordre précis àl'officier qui commandera ce détachement de se bien tenir sur ses gardes et de faire faire tous les jours des reconnaissances d'infanterie et de cavalerie dans le désert, tant qu'il habitera ce village-ci. Il devra correspondre tous les jours, et plutôt deux fois qu'une, avec vous et le commandant de Keneh. Ces deux commandants ordonneront à leurs reconnaissances de se rencontrer le plus souvent possible.
Dans le cas où, au moment où vous recevrez ma lettre, vous auriez la certitude, bien et très bien acquise, que les Mameluks ont quitté la Guitta, où que, n'y ayant pas été, ils ont continué leur route et remontent, alors vous les suivriez et vous vous dispenseriez d'envoyer ici le détachement que je vous mande" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 622).
Dans son rapport adressé au Général en chef Bonaparte, établi au Quartier-général à Syoùth et daté du 20 thermidor an 7 de la République (7 août 1799), le Général Desaix, commandant la haute Egypte, écrit : "… ... j'envoyai le général Beillard, avec la 21e, et le 20e de dragons, au village d'Adjâzy, principal débouché de la Kuita ..." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient).
Le 1er avril 1799 (12 germinal an 7), Belliard adresse, depuis Hagazi, au Capitaine Gressin, l'ordre de se rendre à Biramba avec 300 hommes de la 21e légère : "... Il s'établira militairement et se concertera avec l'officier commandant le détachement de 60 dragons qui marchera avec lui. Il exercera la plus grande surveillance et fera pousser des patrouilles et reconnaissances en avant dans le désert et sur les flancs. Il correspondra tous les jours avec moi et avec le commandant de Keneh, et écrira plutôt deux fois qu'une ... Le commandant Gressin prendra tous les renseignements possibles sur la marche des ennemis et sur la position qu'ils occupent et m'en rendra compte. S'il arrivait qu'il fût attaqué, il battra l'ennemi, et je me porterai à sa rencontre, si je suis averti à temps. Quatre caisses de cartouches suivront le détachement ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 624-625).
Belliard part le 5 avril d'Hagazi. Le 6 avril, Desaix écrit, depuis Keneh, au Général Bélliard : "Qu'est devenu Hassan-Bey et sa compagnie ? Quel parti croyez-vous qu'il prendra ? ... Vous sentez bien, mon Général, qu'il deviendra inutile de rester avec tout votre monde devant ces 200 ou 300 ennemis, s'ils sont au-dessus de Redecieh. Mon intention est donc que vous laissiez dans ce pays en tout 500 hommes, y compris la garnison d'Esneh. Il faudra que ces troupes soient commandées par un hon officier, par Eppler même. Il faudra que ces troupes soient toujours en campagne et qu'il y ait, tour à tour, beaucoup et peu de monde à Esneh; jamais moins de 100 hommes, cependant. Ces dispositions ainsi faites, vous redescendriez avec le reste de votre monde prendre position à Salmieh et à Hagazi, vous tiendriez la campagne jusqu'ici inclus, allant et venant à votre volonté, et suivant les circonstances. Quant à nous, nous allons marcher aux Mecquains et à Osman Bey-Cherkaoui, réuni à eux avec 150 Mameluks dans le pays de Abdoul-Ménem, vis-à-vis Girgeh ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 636).
Belliard arrive le 8 à Redecieh. Le même jour, Desaix lui écrit, depuis Keneh : "... je dois marcher contre les Mecquains, qui ont passé sur la rive gauche et me donnent de l'inquiétude; mais je ne puis faire aucun mouvement qu'il ne vienne ici un détachement pour y tenir garnison, attendu qu'on ne peut y abandonner les malades et les barques. C'est pourquoi je demande à Gressin de s'y rendre avec sa troupe, dans le cas où sa présence ne serait pas nécessaire à Hagazi et que les Mameluks seraient remontés, comme on le dit, jusqu'au-dessus de Redecieh et hors d'état de rien entreprendre ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 636).
Le 9 avril 1799 (20 germinal an 7), depuis Redecieh, le Général Belliard ordonne "... au citoyen Smith, capitaine de carabiniers, de partir de suite, avec deux: compagnies de carabiniers et une pièce de 8, pour se rendre à Edfou, où il prendra le commandement du détachement qui s'y trouve. Il se gardera militairement, prendra des renseignements sur les Mameluks ... ; et, s'ils venaient pour passer auprès d'Edfou, il marchera dessus en me prévenant de son mouvement". Le même jour, il note dans son Journal : "... J'ai envoyé à Edfou deux compagnies de carabiniers et une pièce de 8 ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 638).
Le lendemain 10 avril, Belliard note dans son Journal : "... Le capitaine Gressin m'annonce de Salmieh qu'il n'a pas pu passer le Nil à Erment, pour aller inquiéter les Mameluks, qui sont descendus longeant le désert et qui paraissent avoir été du côté de Girgeh.
... Le soir, je suis passé à Edfou avec la cavalerie et l'artillerie, laissant sur la rive droite 300 hommes à Redecieh. Le passage a été difficile à cause du grand vent" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 638).
Le 11 avril (22 germinal), Belliard note dans son Journal : "... J'ai fait partir pour Esneh le détachement qui était venu à Erment; les 300 hommmes de Redecieh m'ont joint à Edfou, et le soir je me suis mis en marche pour Esneh, avec tout le reste de la brigade et la cavalerie. Nous avons couché au village d'El-Moniçat ...". Le lendemain, à 1 heure du matin, Belliard marche sur Esneh où il arrive à 10 heures du matin; il y apprend que les Mamelucks sont du côté de Girgeh (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 639).
Le 13 avril (24 germinal), Belliard note dans son Journal : "... Le soir, l'infanterie a passé le fleuve avec l'artillerie; la cavalerie et les équipages ont continué toute la nuit.
J'ai quitté (sic) à Esneh 500 hommes sous les ordres du chef de brigade Eppler, et j'irai avec le reste m'établir à Keneh ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 639).
Dans son rapport adressé au Général en chef Bonaparte, établi au Quartier-général à Syoùth et daté du 20 thermidor an 7 de la République (7 août 1799), le Général Desaix, commandant la haute Egypte, écrit : "… Lorsque les bey Hhaçan Djéddâouy et O'tsmân Hhaçan partirent de la Kuita pour remonter vers Syene, le général Beillard les suivit extrêmement près, et les força de se jeter au dessus des Cataractes ; après quoi il laissa à Esnê le brave chef de brigade Eppler avec une garnison de cinq cents hommes qui devoit contenir le pays et y lever les contributions, et surtout veiller à ce que les Mamloùks ne redescendissent pas ..." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).
Belliard se met en marche le 14 avril; il arrive à Kous le 16, où il séjourne une huitaine de jours.
Le 22 avril, Desaix écrit depuis Girgeh au Général Belliard : "... Lebel, adjudant-major de la 21e, est arrivé du Caire à Siout, dans quatre jours, avec six hommes de troupe sur sa barque; ils ont été attaqués en route; ils sont cependant arrivés sans accident ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 651).
Belliard se remet en route pour Keneh dans la nuit du 23 au 24 avril, laissant à Kous le 1er Bataillon de la 21e Légère.
Signalons par ailleurs que le capitaine Gandiani, de la 21e Légère, est tué au cours des combats menés à Minieh les 24, 25 et 26 avril 1799 (rapport du Chef de Brigade Detrès daté de Minieh, le 8 floréal an 7 (27 avril 1799) - La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 646-647).
Le 27 avril (8 floréal), Desaix écrit depuis au Général Belliard : "... J'engage bien Eppler à vous débarrasser de Hassan. Il est heureux à la guerre, le brave Eppler. J'espère qu'il le fera aller au bout du monde ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 651).
Le 30 avril, Desaix, continuant à descendre le Nil, arrrive à Saouaqi, où il séjourna les 1er et 2 mai. Il adresse à Bonaparte un long compte rendu des dernières opérations, dans lequel il expose la situation et les besoins de la Division (Lettre datée de Saouaqi le 11 floréal - 30 avril) : "… Les marches et combats continuels nous ont bien fatigués.
Quant à notre situation, elle est ainsi :
Le général Belliard occupe la province de Thèbes, depuis Syène jusque vis-à-vis Hou. Il a 1.200 hommes d'infanterie (21e légère) et 150 chevaux du 20e dragons. Il doit faire avec cela la guerre à Hassan-Bey, ne lui laisser aucun moyen de s'établir en Égypte, gouverner cette province, faire construire le fort de Keneh et aller à Kosseir ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 654-655).
Le 2 mai, Belliard note dans son Journal : "J'ai envoyé à Kous tous les hommes du 2e bataillon qui se trouvaient à Keneh, d'où ils partiront pour se rendre à Esneh. Le chef de bataillon Hausser a reçu l'ordre de partir le 14 de Kous pour aller occuper Salmieh et remonter même jusqu'à Esneh, si le chef de brigade, auquel j'ai marqué de faire un détachement contre les Mameluks, a besoin de renfort. 150 hommes sont restés à Kous pour la levée de l'impôt et maintenir la tranquillité dans le pays" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. 663).
Le 5 mai, Belliard note dans son Journal : "Le chef de brigade Eppler m'a annoncé qu'un détachement, qu'il a fait faire sur les Mameluks, les a chassés de Darao le 10, et qu'ils sont remontés jusqu'à Syène" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. 663).
Belliard note les jours suivants dans son Journal : "21 floréal (10 mai). ... Le chef de bataillon Hausser a quitté le cantonnement de Salmieh le 19 pour venir s'établir à El-Kamouleh, sur la rive gauche, et y presser la rentrée des contributions.
22 floréal (11 mai). J'ai écrit au chef de brigade Eppler de requérir des chameaux dans les villages de son arrondissement et de faire emplette de dromadaires pour monter la compagnie que je dois organiser.
Les Mameluks, d'après le rapport du chef Eppler, sont revenus à Darao. Je lui ai écrit de les faire attaquer par le détachement d'Edfou et de les repousser jusqu'à Syène et même plus loin pour leur enlever toute ressource. J'ai écrit au général Desaix pour l'en prévenir ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. 663).
LES COMPAGNIES MONTEES DE LA 21E LEGERE EN HAUTE EGYPTE C’est avec une petite Division que le Général Desaix remonte le Nil à partir du 25 août 1798, à la poursuite de Mourad Bey se battant contre les restes des forces mameluks. Parmi les Français, deux Bataillons de la 21e Demi-brigade légère aux ordres du Chef de Brigade Robin. |
Fig. 0 Compagnie montée de la 21e Demi-Brigade Légère, en Egypte (dessin de D. Davin) |
Le détachement en question part d'Edfou le 13 mai, comme le confirme une lettre de Belliard, adressée à Desaix le 15 mai (30 floréal) : "Un détachement de 200 hommes est parti d'Edfou le 24; il a dû arriver à Syène le 28; il y restera deux jours; Il fera charger les bois que nous y avons laissés et ensuite il viendra s'établir à Darao" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. 668).
Le 14 mai 1799 (25 floréal), Belliard note dans son Journal : "... Les Mameluks qu'on avait repoussés jusqu'à Syène étant revenus à Darao, j'ai ordonné au chef de brigade Eppler de faire marcher encore dessus et d'envoyer le détachement jusqu'à Syène. II a dû partir aujourd'hui d'Edfou" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. 666).
Le 16 mai, le détachement parti d'Edfou, rencotre les Mameluks à deux lieues au sud de Syène et leur livre un combat que combat que Napoléon qualifie "le plus beau de toute la guerre d'Êgypte". Belliard informe le Général Desaix de ce combat le 21 mai 1799 (2 prairial an 7), dans une lettre écrite depuis Keneh : "Le détachement que j'avais envoyé à Syène, mon Général, a rencontré l'ennemi, le 27 du mois dernier , a deux lieues avant cette ville. Les Mameluks se sont avancés à la rencontre de la troupe et ont poussé une charge si vigoureuse que plusieurs d'entre eux sont venus mourir sur les baïonnettes. Le détachement, commandé par le capitaine Renaud, a soutenu la charge avec sa bravoure ordinaire; 8 Mameluks, dont 3 kachefs, et 20 chevaux sont restés sur le champ de bataille; deux autres kachefs et un bey, appelé Demourgi, sont morts de leurs blessures au village d'Elchelel (Chemt-el-Ouah ?), à deux lieues au-dessus de Syène.
Osman-Bey est blessé à mort; il a, dit-on, une balle dans le sein gauche. Hassan-Bey a eu son cheval tué sous lui. A en croire le rapport des habitants, les Mameluks ont eu environ 80 hommes tués ou blessés. De notre côté, nous avons 3 morts et 15 blessés. Les Mameluks se sont, dit-on, retirés à deux jours au-dessus de Syène.
Le citoyen Renaud, mon Général, fait le plus grand éloge des citqyens Joudioux et La Porte, lieutenants, et des citoyens Lazard et Esterni, sergents. Je vous demande, pour le dernier, le grade de sous-lieutenant; quoique blessé, il a encore tué un Mameluk. Les autres méritent des récompenses.
Je ne vous demande point d'avancement pour Renaud, mon Général; vous le connaissez aussi bien que moi. On pourrait lui donner une récompense honorable; il mérite bien un des sabres accordés par le Général en chef, pour la bonne conduite qu'il a tenue.
Le détachement rentrera à Edfou. Il ne peut pas rester à Darao, a cause des blessés et des malades. Si les Mameluks redescendaient vous pouvez être assuré que le brave Eppler ne leur donnera pas de relâche; ils sont entre bonnes mains ...
BELLIARD.
P. S. - On croit qu'il y a erreur pour le bey; c'est sûrement Salah-Bey qui est mort; il est venu jusque sur le carré" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. 669).
L'ordre du jour de la Brigade Belliard du 21 mai (2 prairial) indique que le combat a eu lieu à 9 heures du matin. Cet ordre du jour porte que les Mameluks ayant chargé avec impétuosité, "les braves chasseurs les accueillirent avec leur courage ordinaire, leur faisant un feu terrible".
Dans son rapport adressé au Général en chef Bonaparte, établi au Quartier-général à Syoùth et daté du 20 thermidor an 7 de la République (7 août 1799), le Général Desaix, commandant la haute Egypte, écrit : "Vers le 20 floréal (9 mai 1799) Eppler eut avis que les Mamloùks étaient revenus à Syene ... Cet excellent officier jugea qu'il étoit important de leur enlever cette dernière ressource : en conséquence il donna ordre au capitaine Renaud, qu'il avoit envoyé, quelques jours auparavant à Edfoù avec deux cents hommes, de marcher sur Syene, et de chasser les Mamloùks au dessus des Cataractes.
Combat de Syene.
Le 27, à deux heures après midi, arrivé à une demi-lieue de Syene; le capitaitne Renaud est prévenu qu'il va être attaqué. A peine a-t-il fait quelques dispositions que les ennemis arrivent sur lui à bride abattue; mais comme rien n'étonne nos soldats, ils furent attendus et reçus avec le plus grand sang-froid. La charge est fournie avec la dernière impétuosité, et quinze Mamloùk tombent morts au milieu des rangs ...
Nous avons eu quatre hommes tués et quinze blessés ... ..." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).
Dans "Campagnes d'Égypte et de Syrie, t. I., p. 315", Napoléon dit que l'ennemi comptait 180 Mameluks, 200 Arabes et 300 fantassins. Au moment où le Capitaine Renaud fit former son carré, il aurait dit ces mots : "Camarades, les soldats d'Italie ne comptent pas le nombre des ennemis; ajustez bien, que chacun tue son homme, et je réponds de tout". Les documents de l'époque ne font aucune mention de semblable allocution.
Le 17 mai (28 floréal), Belliard note dans son Journal : "... J'ai écrit au chef de brigade Eppler de faire occuper, pendant l'expédition de Kosseir, le point de Redecieh, où se trouve l'entrée de la gorge qui conduit à la Guitta ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. 667-668).
Le 23 mai 1799 (4 prairial an 7), le Général Belliard écrit au Capitaine Renaud : "Le chef de brigade Eppler m'a rendu compte, Citoyen, de la brillante affaire que vous avez eue contre les Mameluks le 27 floréal, auprès de Syène, et de l'intrépidité qu'ont montrée tous les braves de la 21e que vous commandiez. C'est une fleur nouvelle que vous ajoutez à la gloire de votre invincible demi-brigade. Témoignez-en ma reconnaissance à votre détachement et recevez en particulier l'assurance de mon estime" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. 670).
Le 25 mai 1799 (6 prairial an 7), le Général Belliard écrit au Général Desaix : "Le détachement de Syène, mon Général, est rentré à Edfou. D'après le nouveau rapport qui m'est fait sur l'allaire du 27, 14. Mameluks sont restés sur le champ de bataille, 6 blessés sont morts à un quart de lieue au-dessus, 2 chels et 25 Mameluks sont morts de leurs blessures à Syène; il peut y avoir autant de blessés. C'est sûrement l'affaire où les Mameluks ont le plus souffert. Ils sont, dit-on, remontés jusqu'à Bribe.
Un Turc, chirurgien de Syène, a pris un soin particulier de nos blessés et de nos malades; sitôt la bataille finie, il est venu les panser sur le terrain et a voulu les conduire jusqu'à Esneh. Un si grand dévouement mérite une récompense; j'ai écrit à Eppler de lui faire délivrer 12 ardeps de grain. Les soins qu'on donne aux malades ou blessés dans des circonstances pareilles ne peuvent pas être payés trop cher. A Esneh et dans les environs, les habitants ont témoigné leur joie en apprenant la défaite des Mameluks ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. 670).
Le 26 mai, à 8 heures du matin, le Général Belliard quitte Keneh et se met en route pour Kosseir, où il arrive le 29 mai. ll prend possession de la ville et du fort sans résistance.
Dans son rapport adressé au Général en chef Bonaparte, établi au Quartier-général à Syoùth et daté du 20 thermidor an 7 de la République (7 août 1799), le Général Desaix, commandant la haute Egypte, écrit : "... Le général Beillard ... (et) le citoyen Donzelot, mon adjudant-général ... sont partis de Qénéh, le 7 prairial, avec cinq cents hommes de la 21e.
Prise de Qosséyr.
Le 10, le général Beillard a pris possession de ce port, où l'on a trouvé un fort qui, moyennant quelques réparations, deviendra très-bon ..." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).
Le 1er juin, Belliard quitte Kosseir pour rentrer à Keneh. Il confie à Donzelot le soin d'assurer l'organisation et la défense de l'important établissement que la France vient d'acquérir sur la mer Rouge. Au moment de se mettre en route, il lui adresse des instructions dans lesquelles il indique laisser à Kosseir 243 hommes d'infanterie et d'artillerie, des vivres, des munitions, etc ... Le même jour, Belliard écrit au Capitaine Gressin : "" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », tVous resterez à Kosseir, mon cher Gressin, avec le général Donzelot; qui vous donnera l'ordre de prendre le commandement du fort et du port. 3. 676-677).
Belliard arrive à Keneh le 4 juin au matin. Il en avvise immédiatement Eppler, afin que celui-ci retire le détachement de Redecieh, désormais inutile.
Le 9 juin 1799 (21 prairial an 7), Bonaparte écrit depuis Salahieh au Général Dugua : "… Gardez le bataillon de la vingt-unième avec vous jusqu'à mon arrivée ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 164).
Le 11 août 1799 (24 thermidor an 7), Bonaparte depuis écrit Le Caire au Général Desaix : "… Je vous laisse la vingt-unième, la quatre-vingt-huitième, la vingt-deuxième et la vingtième ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 136 (la lettre est datée du 12 août 1799 – 25 thermidor an 7) ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 261 (idem) ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4341 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4695).
Le 14 août 1799 a lieu l'attaque de Qosséyr. Le Général en chef Kléber, dans son rapport adressé au Directoire exécutif, et daté du Quartier général du Caire, le 6e jour complémentaire an 7 (22 septembre 1799), écrit : "Attaque de Qosséyr.
Le 17 thermidor à midi, deux frégates anglaises s'embossèrent près le fort de Qosséyr, et le canonnèrent aussitôt ...
Ces deux bâtimens changèrent de position dans la matinée du 28, pour battre le fort en brèche, en même temps qu'un débarquement de trois cents hommes s'exécuta au village, où, la veille, l'ennemi n'avoir osé aborder. Les chasseurs de la 21e, qui y était embusqués, les laissèrent s'y engager, puis les y accueillirent d'un feu tellement vif, que les Anglais, dans leur fuite, abandonnèrent leurs morts et leurs blessés.
… On a ramassé plus de six mille boulets dans le port seulement, depuis le calibre de 24 jusqu'à celui de 8.
On peut juger d'après cela, dit le général Donzelot, de la vivacité du feu de ces deux bâtimens.
Ce général fait le plus grand éloge de la conduite du troisième bataillon de la 21e légère.
Il loue également la conduite distinguée des citoyens, Valette, chef de bataillon, Lagarde, adjudant-major, et du capitaine Gressin, commandant la place. Je vous demande pour ce dernier le grade de chef de bataillon ..." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient).
Le 17 août 1799 (30 thermidor an 7), l'Ordre du Jour, promulgué au Caire par Bonaparte, accorde un sabre d'honneur : "Au citoyen Pierre Laurent, chasseur de la vingt-unième légère : bataille de Sédiman ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte).
Là dessus, la 21e Légère va prendre part à la bataille d'Héliopolis (20 mars 1800). Le "RAPPORT fait au Gouvernement français par le général Kléber sur les événements qui se sont passés en Egypte depuis la conclusion d'êl-Arych jusqu'à la fin de prairial an 8e, signé par le Général Menou (Kléber a été assassiné entre temps), indique : "… Au milieu de la nuit suivante je me rendis, accompagné des guides de l'armée, et de mon état-major, dans la plaine de la Coubé, où se trouvait déjà une partie des troupes ; les autres arrivèrent successivement et se rangèrent en bataille.
… La ligne de bataille était composée de quatre carrés ; ceux de droite obéissaient au général Friant, ceux de gauche au général Régnier. L'artillerie légère occupait les intervalles d'un carré à l'autre, et la cavalerie en colonne, dans l'intervalle du centre, était commandée par le général Leclerc : ses pièces marchaient sur ses flancs, et étaient soutenues par deux divisions du régiment des dromadaires.
Derrière la gauche, en seconde ligne, était un petit carré de deux bataillons : l'artillerie de réserve, placée au centre, était couverte par quelques compagnies de grenadiers , et les sapeurs armés de fusils ; d'autres pièces marchaient sur les deux côtés du rectangle, soutenues et flanquées par des tirailleurs ; enfin des compagnies de grenadiers doublaient les angles de chaque carré, et pouvaient être employées pour l'attaque des postes. La première brigade de la division Friant était commandée par le général Belliart, et formée de la 21e légère et de la 88e de bataille ..." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient).
Héliopolis est une victoire; mais la bataille à peine achevé, la 21e doit partir pour le Caire : la ville est en insurrection. Le "RAPPORT fait au Gouvernement français par le général Kléber sur les événements qui se sont passés en Egypte depuis la conclusion d'êl-A'rych jusqu'à la fin de prairial an 8e raconte : "... j'ordonnai au général Friant de marcher sur cette ville avec le général Donzelot ... … le général Régnier conduisait à Saléhié sa division ; ... je partis deux heures après avec la brigade du général Belliard, les guides, et le 7e régiment de hussards.
… Je me mis en marche à la pointe du jour, et, me trouvant près Coraïm, j'entendis une vive canonnade en avant de ce village ; je présumai que le général Régnier était fortement engagé : j'ordonnai aussitôt au général Belliard de presser sa marche, et me portai moi-même en avant pour être présent à l'action. ... Il fallut franchir l'intervalle qui nous séparait du carré du général Régnier, et recevoir la charge ... Le danger était extrême, lorsque le 14e régiment accourt pour nous soutenir : nous reprenons aussitôt l'offensive, et repoussons vivement l'ennemi, qui laisse environ trois cents morts ou blessés sur le champ de bataille : nous rejoignîmes le carré du général Régnier, auquel se réunit bientôt celui du général Belliard.
… je partis de Salêhié le 3 au soir, et je me rendis au Caire … C'est alors que j'appris ce qui s'était passé dans la capitale.
… le général Belliard, qui avait été rappelé au Caire, y arriva le 23 (germinal soit le 12 avril 1800) avec la 21e légère; il avait laissé le commandement de Damiette au général Rampon : le retour de ces troupes, et l'arrivée d'un convoi de munitions venu en même temps de Rosette, fournirent les moyens de préparer l'exécution de l'attaque générale sur le Caire, et de réduire Boulac …
En conséquence, le 25 (germinal - 14 avril 1800), à la pointe du jour, le général Friant fit cerner Boulac avec la 21e demi-brigade légère, deux compagnies de grenadiers de la 32e, un détachement de sapeurs, et l'artillerie légère de la division commandée par le général Belliard. On bombarda vivement la ville …
Une fois maître de Boulac, et voulant presser continuellement l'ennemi, le général en chef fit préparer pour le lendemain l'attaque générale du Caire ; elle ne put cependant avoir lieu que le vingt-huit (germinal - 17 avril 1800).
… la division du général Friant formait la droite et le centre ; le général Donzelot dirigeait l'attaque de droite où se tenait le général Friant ..
Le général Belliard commandait l'attaque du centre, formée de la 21e légère et d'un détachement de la 25e de ligne, sous les ordres de l'adjudant- général Duranteau" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient).
La ville à peine reprise, la 21e Légère est envoyé à Suez, tombée aux mains des Anglais. Le "RAPPORT fait au Gouvernement français par le général Kléber sur les événements qui se sont passés en Egypte depuis la conclusion d'êl-A'rych jusqu'à la fin de prairial an 8e raconte : "... Le chef de brigade Lambert, commandant le 14e régiment de dragons, et l'adjudant-général Macsechi, partirent du Caire le 29 (germinal - 18 avril 1800), avec un détachement de la 21e légère, d'une compagnie de grenadiers de la 32e de ligne, cent dromadaires, un détachement de dragons du 14e, quelques sapeurs et trois pièces d'artillerie légère.
L'adjudant-général Macsechi, qui avait déja commandé plusieurs mois à Suez, avait ordre d'en reprendre le commandement, et le chef de brigade Lambert de revenir au Caire aussitôt après l'expédition avec les troupes qui ne seraient pas nécessaires à la défense de cette place.
… le premier floréal (20 avril 1800), au commencement du jour, la colonne se présente devant Suez, qu'elle attaque de vive force. Après avoir tiré quelques coups de canon, la montagne fortifiée de Kalsanié fut emportée par les dromadaires , en même temps que les grenadiers de la 32e et un détachement de la 21 e tournaient la place du côté de la grande redoute, pour couper à l'ennemi la retraire de la mer, et empêcher que les bâtiments marchands ne sortissent du port.
L'attaque fut impétueuse : nos soldats, après avoir culbuté l'ennemi, entrèrent pêle-mêle avec lui dans la ville, dont ils furent bientôt maîtres. Ce jour fut témoin sur la mer Rouge et le Nil, des derniers triomphes qui nous assurèrent la possession entière de l'Egypte.
L'ennemi laissa cent hommes morts sur le champ de bataille, parmi lesquels quinze Anglais.
Nous n'eûmes qu'un homme tué et trois blessés" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient).
II/ 1800-1802 : LA DISPERSION
Lorsque commence l'année 1800, la demi-brigade a trois fractions d'inégale valeur en effectifs dispersés sur différents théâtres d'opération.
1) Trois bataillons sont à l'Armée d'Orient désormais sous les ordres de Kleber après le départ de Bonaparte.
2) Un détachement se trouve dans la garnison de Malte.
3) Un bataillon complémentaire, dit de l'Armée d'Orient, a été formé par Bonaparte à partir de son Dépôt et va servir lors de la campagne en Italie avec l'Armée de Réserve avec d'autres bataillons créés selon le même principe.
II.1 / La demi-brigade à l'Armée d'Orient
Sous les ordres du chef de brigade Eppler, la 21e Légère et ses trois bataillons, comme le reste de l'armée, s'attend à quitter l'Egypte avec les honneurs depuis que Kléber a signé le 24 janvier avec les forces anglaises et turques un traité d'évacuation (convention d'El Arisch). Les troupes commencent à se regrouper autour du Caire tandis que des forces turques progressent simultanément sur le territoire.
La 21e Légère, qui servait en Haute Egypte avec le général Desaix dans des conditions difficiles, et y avait adapté ses opérations en se montant sur dromadaire et en enrôlant dans son 3e bataillon de nombreux Soudanais, et remontait donc le long du Nil (note 1). Ses soldats montés répartis entre les divisions pour servir d'éclaireurs.
Le 28 février, on apprend que Bonaparte a pris le pouvoir en France, tandis que le gouvernement anglais refuse de ratifier le traité et demande une capitulation pure et simple. Kleber regroupe ses forces et décide d'affronter les forces turques à Heliopolis près du Caire. La 21e Légère est à la brigade Belliard, division Friant.
Tandis que Kleber repousse les Turcs entre le 20 et le 24 mars, le Caire se révolte sur ses arrières et la garnison, faiblement renforcée par la colonne du général Lagrange, se voit assiégée par les insurgés et d'autres forces turques. Kleber rebrousse chemin le 25 mars. Le 15 avril, Friant et la 21e Légère s'emparent de Boulaq dans la banlieue du Caire et répriment la rébellion sans pitié, à coups de canons et de baïonnettes.
Le 20 avril, le Caire capitule et est évacuée par les forces turques le 25. Les Français se réinstallent donc en Egypte. La 21e Légère complète ses équipements.
Kleber renforce son armée de toutes les minorités religieuses (Coptes, grecs, syriens) et finit de l'habiller complètement. La Haute Egypte est confiée à Mourad Bey, l'ancien chef mameluck, devenu désormais allié des Français.
Le 14 juin 1800, Kleber est assassiné par un fanatique. Le commandement passe au général Menou qui s'est converti à l'Islam. C'est un très bon administrateur mais un piètre général en chef et rapidement, des dissensions éclatent dans l'Etat-Major.
Une expédition britannique se met en place et débarque dans la baie d'Aboukir le 8 mars 1801. Quelques Français sont facilement repoussés et les Anglais entament leur marche sur Alexandrie. Une première tentative pour les bloquer échoue à Mandara le 12 mars.
Le 20 mars, Menou décide enfin d'attaquer les Britanniques du général Abercromby dans leur camp fortifié. La bataille de Canope (Alexandrie pour les Anglais) est un nouvel échec avec de nombreuses pertes d'effectifs (2000 hommes) pour les Français dont de nombreux officiers. La 21e Légère, durement engagée avec le général Destaing, y laisse le drapeau de son 3ème bataillon.
Durant la bataille, au centre du dispositif avec le général Rampon, les second et 3e bataillons étaient sous les ordres du général Destaing, tandis qu'Eppler, chef de la 21e Légère, commandait un détachement de grenadiers dont ceux de la demi-brigade. Le premier bataillon gardait le Caire avec le général Belliard.
LE DRAPEAU PERDU DE LA 21ème LEGERE, 1801
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Parce qu'elle était à l'Armée d'Italie de Bonaparte comme la seconde, la 4ème et la 22ème, et à la différence des autres demi-brigades légères françaises, qui n'avaient aucun emblème, la 21e reçut trois drapeaux du modèle armée d'Italie, portés à chacun de ses bataillons. Le drapeau, avec sa disposition tricolore particulière, avait dans le carré central d'un côté un cor de chasse entre des branches de chêne, de l'autre un faisceau de licteur avec bonnet rouge entouré de feuilles de chêne (voir dessin). Sur les côtés de la face, avec le cor de chasse, des noms honorifiques de bataille gagnées à l'Armée d'Italie. Auteurs anglais et français ne s'accordent pas sur ces noms de bataille. Ce qui est sur, c'est qu'il était inscrit : Passage de la Piave et passage du Tagliamento, et prise de Gratz. Ce qui est discuté, ce sont les inscriptions : Passage de la Scrivia, Passage de l'Isonzo, Pont de Lodi. Comme il ne reste que des lambeaux de ce drapeau, il est difficile de contrôler. Bonaparte avait aussi décidé de rajouter sur ces drapeaux des victoires égyptiennes, mais fixées sur des pièces rapportées, on n'en trouve aucune trace évidente. Le drapeau fut pris par le major Stirling, repris par les Français, tombé à terre dans les combats et récupéré par le soldat Lutz du régiment de Minorque, qui le défendit contre deux dragons, exploit récompensé en numéraire et par le droit de porter un insigne spécial sur son uniforme. |
Fig. 3 Musicien de la 21e Légère en Egypte, 1800-1801 |
Les Français se séparent alors. Quatre mille hommes, avec le général Lagrange, surveillent les Anglais avec la division Reynier. Après des tentatives très mal coordonnées par Menou pour rompre la jonction des forces anglo-turques, ils finissent par rejoindre le général Belliard retranché au Caire.
Le chef de brigade Tarayre n'est désigné provisoirement par Menou comme chef de la 21e Légère que le 7 avril 1801, alors qu'il est coincé au Caire avec le 1er bataillon de la demi-brigade et que son prédécesseur, Eppler, est passé général de brigade.
Belliard, assez découragé par la situation et partisan d'une évacuation rapide de l'Egypte, d'autant que la peste refait son apparition, tente bien de contre-attaquer, contre les forces turques grâce aux renforts de toutes les garnisons qui se sont portées sur lui, le 16 mai, mais il finit par rétrograder. Restant assiégé pendant encore un mois, il capitule le 27 juin et peut évacuer ses hommes sur la France. Tarayre participe aux négociations et signe la capitulation honorable. Les forces de Belliard embarquent, ramenant le corps du général Kleber.
Menou, lui, s'est enfermé dans Alexandrie, espérant des renforts de France et la conclusion d'une paix générale en Europe avec l'Angleterre qui le sauverait. Il capitulera à son tour le 2 septembre 1801 et pourra aussi rejoindre la métropole.
La demi-brigade rentre donc d'Egypte en deux contingents : la garnison du Caire avec le premier bataillon, et la garnison d'Alexandrie avec le second et troisième.
Après une période de quarantaine, la Demi-brigade est envoyée à Avignon où l'on épure les effectifs de tous les invalides. La tenue est toujours celle d'Egypte, très insuffisante sous nos climats. A noter que "... La 21e demi-brigade a recruté 500 Cophtes, dont plusieurs ont été faits sous-officiers et ont obtenu la légion-d'honneur : il en existe sans doute encore en France ..." (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 299).
Le 24 novembre 1801 (3 frimaire an 10), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... La 21e demi-brigade légère [se rendra] au Puy, 19e division militaire ...
Ces demi-brigades de l'armée d'Orient resteront dans la 8e division militaire jusqu'à ce qu’elles soient embarquées, au nombre des deux tiers de la force de la demi-brigade.
Elles laisseront un chef de bataillon et plusieurs officiers à Marseille et à Toulon pour rejoindre les détachements qui arriveraient plus tard.
Vous donnerez des ordres pour envoyer, le plus promptement possible, dans tous les endroits où ces demi-brigades doivent tenir garnison, tout ce qui leur est nécessaire" (Correspondance générale, t.3, lettre 6654).
Le 25 frimaire an 10 (16 décembre 1801) la Demi-brigade doit se rendre au Puy, et en passant doit laisser à Lyon ses trois Compagnies de Carabiniers pour servir à la garde du Premier Consul dans cette ville, où il va, en janvier 1802, présider la Consulte de la République Cisalpine.
Le 5 Floréal an X (25 avril 1802) le Général Suchet passe la Demi-brigade en revue. Celle-ci reçoit alors les éloges du gouvernement à la suite de cette inspection. Plus pour sa discipline que son équipement, qui n'est pas de son fait.
Inspection de Suchet le 5 Floréal an X
La tenue est propre mais elle laisse encore à désirer. L'habillement n'est pas bien fait. Les draps sont mauvais et ne pourront durer le temps déterminé par les règlements. |
Le 27 mai 1802 (7 prairial an 10), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vois, citoyen ministre, que sur l'état de l'emplacement des troupes du 5 prairial, les chefs de brigades ... des 2e, 4e, 21e et 22e légères ne sont pas nommés. Cependant ces places ne sont pas vacantes ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 439 ; Correspondance générale, t.3, lettre 6917).
II.2 / Le détachement de Malte
La 5ème compagnie du 3e bataillon de la 21e Légère formait la garnison du vaisseau "le Guillaume Tell" durant l'expédition. Après la bataille navale d'Aboukir, le "Guillaume Tell" réussissait à rallier Malte et cette compagnie était incorporée dans la garnison de l'ile et servait à la défense des forts de la Valette.
Malte capitule le 3 septembre 1800, et la garnison bénéficie d'un cartel : elle est rapatriée à condition de ne plus servir contre les Anglais.
Le 18 octobre 1800 (26 vendémiaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Lacuée, Ministre de la Guerre par intérim : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner la destination suivante aux troupes de la garnison de Malte.
Le détachement de la 2e légère rejoindra le dépôt de sa demi-brigade en Italie.
Même ordre pour celui de la 21e légère ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1197 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5697).
La compagnie, après avoir rallié la France, arrivait à Marseille et était dirigée sur Draguignan. Elle servait alors à réprimer le brigandage dans le département. Peu après, elle retrouvait le bataillon complémentaire de la demi-brigade stationné en Italie à Peschiera.
II.3 / Le bataillon complémentaire de l'Armée d'Orient de la 21e Légère en Italie
Fig. 4 Chasseur du bataillon complémentaire de la 21e Légère en Italie, 1800 (Cronaca Rovatti) |
En mal d'effectifs, le nouveau premier Consul Bonaparte organisait à la fin de 1799, avec les dépots métropolitains des demi-brigades en campagne en Orient, des bataillons supplémentaires qui furent versés à l'Armée de Réserve dans la division du général Chabran.
Dès le 5 décembre 1799, le Premier Consul avait prévenu le général Clarke :
"... Mon intention est de former quatorze bataillons de 1000 à 1200 hommes, portant chacun le nom d'une des demi-brigades qui sont en égypte, et d'incorporer dans ces bataillons tous les individus de ces corps qui se trouvent présentement en France ...".
Quelques jours après, les différents dépôts de l'armée d'Orient étaient dirigés sur Chalon-sur-Saône et Mâcon, et le général Gaultier, inspecteur général aux revues, devait les organiser "en bataillons" avec les conscrits destinés à en compléter les cadres. Le 19 décembre paraissait l'arrêté qui créait les 14 nouveaux bataillons, composés chacun de 12 compagnies.
A la fin de janvier, il est décidé que ces bataillons seront de suite portés à 1000 hommes, au moyen des conscrits arrivant à Lyon, à mesure qu'ils seront armés et habillés. Les bataillons de l'armée d'Orient sont groupés, le 14 février, en 4 demi-brigades, réparties dans les cantonnements de Mâcon, Chalon, Seurre et Saint-Jean-de- Losne.
En pluviôse an 8 (janvier 1800), le bataillon était dirigé sur Macon.
Le 14 février 1800 (25 pluviôse an VIII), le Premier Consul écrit depuis Paris au Général Berthier, Minister de la Guerre : "... Vous donnerez au général de division Chabran l'ordre de se rendre sur-le-champ à Chalon-sur-Saône, pour prendre le commandement des quatorze bataillons de dépôt de l'armée d'Orient. Le général Chabran les passera en revue et veillera à leur équipement, armement, habillement et recrutement. Ces bataillons resteront cantonnés à Mâcon, Châlon, Seurre et Saint-Jeande-Losne. Ils seront exercés deux fois par jour à la manoeuvre.
La division commandée par le général Chabran portera le nom de 1re division de l'armée de réserve. Il sera attaché à cette division trois pièces de 8 et un obusier de 6 pouces, servis par l'artillerie légère, deux pièces de 12, quatre de 8 et deux obusiers, servis par l'artillerie à pied. Le général Chabran aura sous ses ordres deux généraux de brigade et un adjudant général. Son quartier général sera à Chalon-sur-Saône. Il ne recevra directement des ordres que du ministre de la guerre … Le chef de brigade Taupin, qui est à Toulon, recevra de vous l'ordre de se rendre à Chalon-sur-Saône, pour y prendre le commandement des bataillons des 18e, 32e et 75e demi-brigades. Le chef de brigade Gaspard prendra celui des bataillons des 13e, 25e et 85e demi-brigades.
Les bataillons des 4e, 21e et 22e légères seront commandés ... par un ancien chef de brigade de l'armée d'Italie qui aura fait la campagne d'Italie comme commandant une troupe ..." (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4594 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 4983; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 50).
Le 16 février 1800 ( 27 pluviôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... L'on m'assure qu'un bataillon bis de la 21e légère est resté à Avignon, et le bataillon bis de la 22e est resté à Brignoles. Envoyez sur-le-champ les ordres pour qu'ils se rendent à Chalon-sur-Saône ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 4995).
Le 8 mars 1800 (17 ventôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vois, citoyen ministre, par un état adressé par un aide de camp que j'ai envoyé sur les lieux, qu'on a confondu en un seul bataillon le dépôt de la 4e et de la 21e légère. Ordonnez-en la séparation, mon intention étant que les deux bataillons soient organisés séparément" (Correspondance générale, t.3, lettre 5065).
Le 10 mars 1800 (19 ventôse an 8), le Premier Consul écrit, depuis Paris à Berthier : "Le chef de brigade Magny commandera les bataillons des 21e et 22e d'infanterie légère ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 162).
"Extrait de la revue faite le 25 ventôse an 8 de la République française (16 mars 1800), par moi, commissaire des guerres, employé à la 17e division militaire, pour servir au départ de la 21e demi-brigade d'infanterie légère, devant partir en conséquence des ordres du Ministre de la guerre, le 26 du présent mois, pour se rendre à Dijon, laquelle demi-brigade avons trouvé composée ainsi qu'il suit, savoir :
ÉTAT-MAJOR :
1 chef de brigade
4 chefs de bataillon
2 quartiers-maîtres
2 adjudants-majors
1 adjudant sous-lieutenant
3 officiers de santé
13
PETIT ÉTAT-MAJOR
2 adjudants sous-officiers
2 tambours-majors
2 tambours-maitres
5 musiciens
11
OFFICIERS
24 capitaines
51 lieutenants et sous-lieutenants
75
Sous-officiers et chasseurs 2,479
Incorporés 400
2,879
RÉCAPITULATION :
Officiers. 88
Sous-officiers, chasseurs et incorporés. 2,890.
Fait et arrêté par moi, commissaire des guerres susdit, la présente revue à la quantité de 88 officiers et 2,890 sous-officiers, chasseurs et incorporés.
Paris, le 25 ventôse an 8 de la République française.
Léonard ROLLAND" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 608).
Le 17 mars, l'incorporation du Bataillon de la 2e Légère nécessite le dédoublement de la Demi-brigade légère d'où résulte le groupement suivant :
- Bataillons des 21e et 22e Demi-brigades légères – Chef de Brigade : Magny.
- Bataillons des 2e et 4e Demi-brigades légères – Chef de Brigade : Citoyen Chavardès (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 50).
ARMÉE DE RÉSERVE. – 1re Division. Tableau de la force et de l'emplacement de ladite Division
au 30 Ventôse an 8 de la République française une et indivisible.
Général commandant la Division : CHABRAN, Général divisionnaire.
Aides de camp : TESTE et BERGER, Chefs de Bataillon.
Quartier général :
Adjudant général, Chef de l'Etat-major provisoire : PRÉVOST, Général de Brigade.
Adjoints aux Adjudants généraux : QUESNEL et COLIN, Lieutenants.
DÉNOMINATION DES CORPS |
OFFICIERS | PRÉSENTS sous les armes: sous-officiers et soldats. | COMBATTANTS. | COMPRIS dans l’effectif. | TOTAL DE L’EFFECTIF, officiers compris. | CHEVAUX d’officiers. | EMPLACEMENT des corps. | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
présents. | absents. | aux hôpitaux. | en congé ou détachés. | |||||||
Bataillon complé- mentaire |
de la 9e de ligne | 38 | 4 | 466 | 436 | 25 | » | 533 | 9 | à Givry. |
de la 13e de ligne | 60 | 6 | 634 | 610 | 24 | 63 | 787 | 15 | à Mâcon. | |
de la 69e de ligne | 45 | 6 | 528 | 579 | 110 | 29 | 719 | 7 | à Chalon. | |
de la 75e de ligne. | 42 | 4 | 724 | 669 | 25 | 30 | 770 | » | à Sennecv. | |
de la 21e légère. | » | » | » | 600 (1) | » | » | » | » | à Cluny. | |
12e compagnie du 5e d'artillerie à pied | 2 | 2 | 41 | 40 | 9 | 21 | 85 | 4 | à Bourg-Neuf. | |
Détachement d'artillerie, Ecole de Grenoble | » | » | 16 | 16 | » | » | 16 | » | à Bourg-Neuf. | |
TOTAUX. | 187 | 22 | 2,409 | 2,950 | 193 | 143 | 2,910 | 35 | ||
(1) Malgré les demandes réitérées faites au commandant de la 21e légère, il n'a pas été possible d'obtenir la situation du corps qu'il commande. |
Les Généraux de Brigade, Adjudants généraux et Chefs de Brigade qui sont annoncés n'ont point encore paru. Les armes manquent, surtout depuis l'incorporation des Bataillons auxiliaires, qui n'en ont point reçu.
Situation de la Division Chabran (Bataillons supplémentaires Armée d'Orient à l'Armée de Réserve) le 22 mars 1800 (Infanterie légère) :
Tableau des progrès de l'organisation des dépôts d'infanterie de l'armée d'Orient en bataillons, conformément à l'arrêté des Consuls de la République du 28 frimaire an 8 (19 décembre 1799), depuis le 3 pluviôse (23 janvier 1800) jusqu'au 1er germinal suivant (22 mars 1800). | ||||
Numéros des Corps. |
Présents sous les armes. |
Force actuelle à l'effectif. |
Manque au complet. |
Observations |
21e |
494 |
562 |
438 |
Réorganisé; on y a incorporé les deux compagnies de chasseurs des bataillons auxiliaires de la Vienne et de l'Indre; ce bataillon est à Clugny. |
Le Général de division, inspecteur général aux revues, P. GAULTIER. |
La situation du 24 mars 1800 donne :
Armée de réserve.
Infanterie légère
21e 2770 hommes.
BATAILLONS (bis) DE L'ARMÉE D'ORIENT EMBRIGADÉS.
Infanterie légère
21e et 22e, 1,041
2e et 4e, 76
1,117 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 612).
Une situation en date du 10 avril donne au Bataillon supplémentaire (de l'Armée d'Orient) de la 21e Légère un effectif de 601 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 615 - Note : Cette situation, existant seulement à l'état de minute, ne peut inspirer une confiance absolue).
D'après un "État de la force et de l'emplacement des corps arrivés dans leurs cantonnements au 26 germinal an 8 (16 avril 1800)" signé par le Général Vignolle, Général chef provisoire de l'Etat-major général, "l'embrigadement formé des dépôts de l'armée d'Orient" comprend un Batailllon de la 21e Demi-brigade légère qui est à Chalon, et a 493 hommes présents sous les armes; son effectif total est de 572 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 619).
Selon la "Force des corps de l'armée de réserve d'après la situation établie à Paris; le 1er floréal an 8 (21 avril 1800)", la 21e Légère a un effectif de 493 hommes présents sous les armes à Mâcon(De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 621 - Archives nationales AF. IV; reg. 1132).
La situation de l'Armée de Réserve (1ère partie) datée du 5 Floréal an 8 (25 avril 1800) indique :
Armée de Réserve : Berthier, Général en chef.
Bataillons formés des Dépôts d'infanterie de l'Armée d'Orient.
21e Légère, à Chalon, 493 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 622 - Note : Une autre situation a été établie la veille, 24 avril, sous une autre forme présentant les effectifs par armes et subdivisions d'armes au lieu de les donner par division. – Elle ne diffère de celle-ci que par quelques détails (Archives nationales AF. IV, registre, 1159.)). A noter qu'une situation établie le même jour à Paris, donc un peu moins fiable, donne la même situation pour la 21e Légère (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 627)
Le Bataillon passait le col du petit Saint-Bernard le 16 mai et s'emparait de Bard et tenait la position face au fort pour faciliter le passage de l'armée.
Selon un état de la "Force de l'Armée de réserve en Italie au 1er prairial an 8 (21 mai 1800", le Bataillon complémentaire (de l'Armée d'Orient) de la 21e Légère compte 400 hommes pour un effectif total de 493 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 679).
Le 11 Prairial an 8 (31 mai 1800), le Général de Division Chabran écrit, depuis Verrès, au Premier Consul de la République française : "L'attaque du fort de Bard, retardée par le défaut de munitions et le départ des canonniers nécessaires pour servir les différentes pièces, est fixée à demain, d'après l'arrivée d'un caisson de 12 qui vient fort à propos. Tout est ordonné. Je joins ici les diverses instructions que j'ai cru devoir donner. Je compte sur l'intelligence et le zèle de ceux que j'ai chargé de diriger les différentes attaques que je surveillerai de très près. Je compte aussi sur la bravoure des troupes. Tous les efforts seront réunis pour la réussite.
Je vous rendrai, sur-le-champ, compte du résultat.
Je crois devoir, citoyen Consul, vous mettre sous les yeux l'état de situation et de l'emplacement des corps qui composent la division que je commande et je réclame votre attention.
Le général Carra-Saint-Cyr me demande une demi-brigade forte de 1500 hommes. Je me trouve dans l'impossibilité de pouvoir la lui envoyer.
Salut et respect.
CHABRAN
Je suis sûr d'avance, citoyen Consul, que si vous jetez un coup d'oeil sur le triste état ci-joint, vous serez peiné d'y voir 3,000 conscrits pour 4 officiers généraux.
Armée de réserve. – Division du général Chabran.
DENOMINATION des CORPS | OFFICIERS | SOUS-OFFICIERS, SOLDATS présents sous les armes. | EMPLACEMENTS | |||||
présents | absents | Infanterie | Cavalerie | Artillerie. | ||||
1re demi-brigade provisoire | Bataillon complémentaire | de la 4e légère | 31 | 10 | 277 | à Étroubles, garde le parc d'artillerie et le Mont-Bernard. | ||
de la 21e légère | 34 | 8 | 302 | Dans la ville de Bard . | ||||
de la 22e légère | 25 | 4 | 232 | Dans le défilé de Cogne. |
Certifié très véritable.
Le général CHABRAN" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 533).
Le même 11 Prairial an 8 (31 mai 1800), le Général Chabran expédie, depuis Verrès, ses instructions pour l'attaque du fort de Bard (12 Prairial) : "… AU GÉNÉRAL SERIZIAT.
Vous êtes chargé, citoyen Général, des attaques du côté de la ville, et vous aurez sous vos ordres le bataillon de la 21e, les carabiniers de la 4e et ceux de la 22e. Il est nécessaire que toutes ces troupes entrent ce soir en ville. Vous choisirez dans ces corps 200 hommes d'élite, qui seront partagés en trois colonnes, l'une de 100 et les deux autres de 50 hommes chaque.
La première colonne de 100 hommes sera dirigée dans sa marche par le capitaine du génie Bouviers. Elle marchera dans le plus grand silence et cherchera à s'introduire dans le fort par le pont-levis de la tour du Cadran et par les brèches qui pourront être faites ou ouvertes dans le mur en crémaillère à gauche. Pour cela, elle sera précédée par des sapeurs ou mineurs pour établir des ponts sur le fossé. La colonne ne débouchera qu'après que le chemin lui aura été ainsi préparé.
La deuxième colonne tentera de s'introduire derrière la tour de l'Horloge par un petit chemin reconnu, dans la première maison à droite, après la première route en venant de la ville basse. Cette colonne sera dirigée par le citoyen Pastour, capitaine adjoint à l'état-major; elle sera pourvue de quatre échelles et ne s'ébranlera qu'en même temps que la première.
La troisième colonne sera en réserve dans la ville.
Pour que toutes les attaques dirigées sur le fort puissent se seconder et agir en même temps, j'ai arrêté que l'artillerie qui ferait, dans la nuit du 11 au 12, toutes ses dispositions, commencerait son feu le 12, à 8 heures du matin; qu'il serait interrompu à 6 heures du soir pour envoyer en parlementaire le capitaine du génie Bouviers, que j'ai désigné à cet effet.
Le feu de la pièce de la Chapelle recommencera ensuite, d'après vos ordres, durera pendant trois quarts d'heure, sera de nouveau interrompu pendant dix minutes, et alors l'artillerie tirera de chacune de ses pièces 5 coups à poudre, signal auquel chacune des attaques commencera.
Vous ordonnerez, citoyen Général, à l'infanterie qui doit entrer ce soir en ville, de se charger des gabions et fascines déposés sur la route, près du parc d'artillerie.
Vous ordonnerez que l'on fasse entrer ce soir en ville le pain et l'eau-de-vie nécessaires aux distributions.
Tous les tirailleurs sous vos ordres doivent faire le plus grand feu pendant la journée du 12; ils le cesseront absolument à 6 heures du soir. Vous ferez prendre au parc, dans la journée, les cartouches qui vous seront nécessaires.
Si l'on parvient à se loger dans un ouvrage, il faudra y tenir ferme
Il ne faut pas tirer un seul coup de fusil pendant l'attaque: la baïonnette seule doit agir.
L'attaque devant se faire pendant la nuit, il est très important d'établir le plus grand ordre et d'exiger dans tous les mouvements un silence exact.
S'il arrivait, citoyen Général, que la pièce de la Chapelle fût démontée et que la brèche ne fût pas faite, l'attaque s'effectuera toujours à l'heure déterminée; vous donnerez vos ordres en conséquence.
Vous me ferez connaître la réponse du commandant du fort à ma sommation aux batteries établies sur la grande route sous le fort, où je me trouverai.
J'ai pourvu à l'ambulance ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 534).
Situation de la Réserve, 1re ligne, au 20 Prairial an 8 (9 juin 1800) :
21e Légère, 1 Bataillon, 350 hommes; 62 hommes sont au Dépôt à Chambéry (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 535; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 543).
Autre Situation de la Première ligne de l'armée de réserve au 20 prairial an 8 (9 juin 1800).
Force de l'infanterie de la première ligne de l'armée de réserve
Bataillon complémentaire de l'Armée d'Orient, 21e Légère, 400 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 539 - Archives nationales, A. F. IV, registre, 1159).
Pendant la bataille de Marengo, la division contient l'ennemi aux ponts de Cazals et Valence.
Après Marengo, le bataillon prend garnison à Tortonne puis à Milan en octobre 1800. Puis il est placée dans l'avant garde du général Cassagne à l'Armée d'Italie, désormais commandée par le général Brune après Massena.
Le 22 décembre, l'armée d'Italie repousse les Autrichiens au delà du Mincio. Le bataillon s'illustre à Mozembano, en particulier la compagnie de carabiniers du capitaine Chevreuse. On prend Borghetto d'assaut. Puis le bataillon reste au siège de Peschiera et y stationne après la prise de la ville. Réduit à moins de 200 hommes, il y est rejoint par la compagnie venant de Malte.
Après avoir stationné en avant de la Piave, le bataillon est dirigé sur l'Armée d'Observation du Midi de Murat, qui s'enfonce au sud de l'Italie pour mâter le royaume de Naples. Il passe par Ancône, Rietti, Pescara, Tarente et Gallipoli où il reste en garnison.
Le 11 octobre 1801 (19 vendémiaire an 10), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Vous donnerez les ordres, citoyen ministre, pour que le citoyen Hausser, chef de bataillon à la 21e légère, qui a eu la cuisse droite emportée par un boulet, soit employé dans une succursale d'invalides" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées » ; Paris, 1903, t. 1, lettre 166; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6557). Le Moniteur du 19 vendémiaire indique que le fils du citoyen Hausser est nommé élève au Prytanée.
Le 1er Vendémiaire an 10 (23 septembre 1801), le Bataillon reçoit les restes du 2ème bataillon de la demi-brigade, de retour d'Egypte. L'état militaire de l'an X nous précise que le bataillon complémentaire à Gallipoli est sous les ordres du chef de bataillon Duroc, et que la compagnie venant de Malte est sous ceux du capitaine Bodard.
Le 18 décembre 1801 (27 frimaire an 10), Bonaparte écrit au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez l'ordre à la 2e, 4e et 21e demi-brigade légère de passer directement par Lyon en se rendant à leur destination. Elles complèteront leurs compagnies de carabiniers qui serviront pour fournir la Garde au palais du Premier Consul à Lyon. Il leur sera à cet effet donné des bonnets de grenadiers ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3114 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6684). Mesure prise en prévision de la réunion de la Consulte cisalpine à Lyon.
L'unité stationne plusieurs mois en Italie du Sud.
Le 20 janvier 1801 (30 nivôse an 10), Bonaparte écrit depuis Lyon au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, ... de ne plus garder pour garnison à Lyon aucun corps d'infanterie.
Cette garnison ne sera composée désormais que de 18 compagnies de grenadiers qui seront formées :
De 3 compagnies de carabiniers de la 21e légère,
De 3 de la 4e,
De 3 de grenadiers de la 59e,
De 3 de carabiniers de la 2e légère,
De 3 de carabiniers de la 22e légère,
De 3 de carabiniers de la 6e légère.
Ces compagnies qui seront tirées des corps qui sont dans la 7e division correspondront avec eux pour leur comptabilité, comme s'ils étaient dans la même division.
Au 1er vendémiaire de chaque année, on changera ces grenadiers. Le ministre de la Guerre désignera, soit dans la 7e, soit dans la 18e ou dans la 19e division militaire même, les grenadiers qui devront former la garnison de Lyon.
Il sera sévèrement défendu à ces compagnies de grenadiers de recruter aucun homme ; toutes les recrues qui se présenteraient seront envoyées aux corps.
Le général commandant à Lyon classera ces 18 compagnies en 3 bataillons commandés chacun par un chef de bataillon que désignera le ministre de la Guerre. Les chefs de bataillon suivront leurs grenadiers. Toutes les fois qu'un corps partirait de Lyon, ou d'une division voisine, les grenadiers suivront le corps auquel ils appartiennent, et d'autres compagnies les remplaceront.
Cet ordre de choses peut commencer à avoir lieu dès le 20 pluviôse. Il faut recommander au général commandant la place de Lyon de ne faire faire à ces grenadiers qu'un service d'honneur et de haute police, et d'avoir soin que les compagnies soient complétées par leur corps et bien tenues. Il doit y avoir à Lyon, comme à Bordeaux et à Paris, une garde nationale soldée pour faire le service de la basse police" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6728).
Le 15 floréal an 10, le contingent part rejoindre l'unité au Puy, où il arrive le 8 Thermidor (27 juillet 1802).
II.4 / La réunification (juillet-décembre 1802)
Le 16 juillet 1802 (27 messidor an 10), Bonaparte, depuis La Malmaison, ordonne à Berthier que la 21e Demi-brigade Légère gagne Provins (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7018).
Le 18 juillet 1802 (29 messidor an X), depuis Paris, à la requête suivante : "Tarayre, chef de brigade, demande la grâce de deux carabiniers condamnés aux fers ; ils pourraient être employés aux colonies", Bonaparte répond : "Renvoyé au ministre de la guerre pour les envoyer à Saint-Domingue. Le ministre fera connaître leur affaire au général Leclerc et leur dira de les employer, vu que ce sont de bons soldats" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées » ; Paris, 1903, t. 1, lettre 195).
Le 27 juillet, le détachement d'Italie vient rejoindre la 21e au Puy (voir chapitre I.3).
Le 29 juillet 1802 (10 thermidor an 10), Bonaparte écrit depuis Paris à Berthier, Ministre de la Guerre : "Les neuf compagnies des 4e légère, 21e légère et 59e de ligne qui faisaient partie de la garnison de Lyon, seront remplacées ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3140 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7055).
Le 18 thermidor, entre le Puy et Provins, à Clermont Ferrand, la Demi-brigade aperçoit un obélisque érigée à la mémoire du Général Desaix, qu'elle a bien connu sur le Rhin, en Italie et en Egypte. Elle se forme en bataillon carré comme lors d'une bataille et lui rend les honneurs.
Le 11 Fructidor, elle arrive à Provins, tandis que redescend de Paris, le détachement venu chercher les nouveaux drapeaux que Bonaparte a fait donner à son infanterie légère à la grande parade du 14 juillet. Au moment de la remise des drapeaux, le 1er Consul a adressé une allocution aux détachements représentant l'infanterie légère : "Soldats de l'infanterie légère de l'armée française, voilà vos drapeaux ; ils vous serviront toujours de ralliement. Ils seront partout où le Peuple français aura des ennemis à combattre ; ils imprimeront la terreur aux ennemis du Gouvernement, quels qu'ils soient.
Soldats, vous défendrez vos drapeaux ; non, jamais ils ne tomberont au pouvoir des ennemis. Vous jurez d'être prêts à les défendre aux dépens de votre vie !" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6182).
Discours du Chef de Brigade Tarayre : "Officiers, sous-officiers et chasseurs, voici les drapeaux que le Premier Consul Bonaparte m'a chargé de vous remettre. En les recevant, j'ai juré que vous les porteriez toujours sur le chemin de la gloire. Vous tiendrez ce serment, j'en suis certain. Vos belles actions, vos victoires, votre patriotisme, les blessures honorables dont vous êtes couverts m'en donnent un gage certain ... ".
Aux conscrits : "... Et vous jeunes militaires qui débutez dans la carrière des armes et qui brûlez d'envie de vous distinguer, fixez ces drapeaux, jurez de les défendre jusqu'à la dernière goutte de votre sang. Jamais, je l'espère, ils ne vous verront fuir, lâchement du combat. Pensez à la gloire qu'ont acquise les braves que vous remplacez, brûlez de la noble ardeur de les imiter …".
L'état militaire de l'an XI (septembre 1802-septembre 1803) nous précise alors les noms des chefs de bataillon : Vallet, Gressin, Dumarest et Cherel.
Le 18 septembre 1802 (1er complémentaire an X), depuis Paris, à la requête suivante : "Tarayre, chef de la 21e demi-brigade, adresse au premier consul la protestation de dévouement des officiers dela 21e auxquels on attribuait avec fausseté des propos injurieux contre la personne du premier consul", Bonaparte répond : "Le général Duroc lui répondra une lettre où il lui dira « que je n'ai jamais douté des sentiments de la brave 21e demi-brigade, que s'il avait existé quelques mauvais sujets, le zèle des officiers en aurait dû faire justice" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées » ; Paris, 1903, t. 1, lettre 204).
III / 1803-1805 : LES ANNEES DU CAMP DE BRUGES PUIS DE BOULOGNE
Fig. 5 Sergent-major porte Aigle du 21e Léger, 1806-1807 (Zimmermann) |
Le 24 mars 1803, Napoléon demande à Berthier que la 21e demi-brigade légère se rende à Juliers dans la 26e Division Militaire (Lettre de Bonaparte adressée Paris à Berthier, Ministre de la Guerre - Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7533). Elle y arrive le 13 floréal an 11 (4 mai 1803). Puis se dirige sur Cologne où elle passe la revue de l'inspecteur général Sainte-Suzanne.
Après un séjour à Aix la Chapelle où elle laisse ses carabiniers, la voici à Venloo et le premier bataillon à Juliers.
Les camps de l'armée des Côtes de l'Océan sont organisés d'après des instructions de Bonaparte adressées de Saint-Cloud le 28 Août 1803 au Général Berthier, Ministre de la Guerre. Le camp de Bruges s'étend en fait entre Flessingue et Dunkerque. Les deux premiers bataillons de la 21e Légère se retrouvent à la 2ème division, sous les ordres du général Friant, avec les 33e, 108e et 11e de Ligne (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7972). Et cantonnent dans des baraques autour d'Ostende. Le 3e bataillon est resté à Venloo.
Le 26 septembre 1803, Bonaparte depuis Paris demande au Général Berthier, Ministre de la Guerre de donner ordre à la 21e de compléter ses deux bataillons de guerre à 600 hommes chacun, et de s'établir au camp de Bruges, sous l'autorité de Davout (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8076).
Le 2 mars 1804 (11 Ventôse an 12), Davout écrit au Premier Consul : "Mon Général, j'ai l'honneur de vous adresser un jugement qui condamne à sept ans de travaux publics Paul Chevalier, caporal au 21e régiment d'infanterie légère. Les services de cet homme, sa conduite qui jusqu'ici a été irréprochable, les démarches du Conseil qui l'a condamné, ne peuvent commuer sa peine, aux termes des lois ; celles du colonel de ce corps me déterminent à vous demander sa grâce, qui en sera une en même temps pour tous vos anciens et fidèles soldats du 21e. Je joins à ma lettre celle du colonel du 21e et du président du conseil de guerre" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 57, lettre 38).
Le 20 mars 1804 (29 Ventôse an 12), Davout écrit au Premier Consul : "... La plupart de nos bataillons sont déjà portés à 800 hommes par les conscrits de cette année que l'on a tirés des trois bataillons. Tous auront ce complet dans la première quinzaine de germinal, le 21e régiment d'infanterie légère seul excepté, parce qu'il lui manque encore 400 conscrits pour avoir son complet, et cela indépendamment du nombre qui lui avait été accordé cette année..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 70, lettre 43).
Le 28 avril 1804 (8 floréal an 12), Napoléon ordonne depuis Saint-Cloud à Berthier, Major général des Camps, de passer une revue extraordinaire de divers régiments qui lui paraissent faibles en effectifs, dont la 21e Légère (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7728 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8848). Il faut dire que les fièvres ravagent régulièrement les troupes du camp de Bruges et que les hôpitaux sont débordés. Les troupes sont cependant entrainées par Davout avec une grande rigueur.
Le 28 mai 1804 (8 prairial an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, 60,000 hommes de la conscription de l'an XII ont été mis à la disposition du Gouvernement. Il n'y a point de temps à perdre pour répartir entre les différents corps ladite conscription.
Les ... 3e, 12e , 21e, 24e, 25e, 26e et 28e d'infanterie légère ... me paraissent les régiments les plus faibles et ceux qui auront le plus besoin de monde ..." (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7792; Correspondance générale, t.4, lettre 8915).
Situation et encadrement du Régiment selon l’Etat militaire de l’An XIII (23 septembre 1804 - 22 septembre 1805) :
21e Léger : 1er et 2e Bataillons au camp de Bruges, 3e Bataillon à Venloo (25e DM); Colonel Tarayre; Major Dumareux; Chefs de Bataillon Vallet, Cherel, Marquié.
Le 17 octobre 1804, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin, je désire que vous donniez l'ordre ... au troisième bataillon et dépôt du 21e d'infanterie légère qui est à Juliers de se rendre à Venloo" (Correspondance générale, t.4, lettre 9352).
LES DRAPEAUX ET AIGLES DE LA 21E LEGERE, 1804-1812
Rebaptisée en régiment, la 21e Légère reçoit, en 1804, 3 Aigles et trois drapeaux du modèle Picot à angles rouges et bleu alternés et losange blanc central. Les drapeaux et Aigles sont portés au sein de chaque bataillon par un sergent major, encadré par les caporaux fourriers. |
Le 28 Février 1805 (9 ventôse an XIII), Napoléon écrit depuis Paris au Maréchal Berthier : "... Savoir quand le 21e léger arrive à Novare ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8371; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9615).
Le 5 mars 1805 (14 ventôse an XIII), Napoléon écrit depuis Paris au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, tous les régiments qui font partie des trois camps ne peuvent tous fournir 1,800 hommes sous les armes, surtout ceux qui ont des malades.
... Le 21e d'infanterie légère [aurait besoin] de 300 [hommes] ...
Faites-moi un rapport, corps par corps, sur les régiments composant les trois camps; de leur situation au 1er ventôse, présents sous les armes et aux hôpitaux; de la situation des 3mes bataillons; du nombre d'hommes de la conscription de l'an XIII qu'ils doivent recevoir ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8393; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9635).
Le 21 mars 1805 (30 ventôse an XIII), Napoléon écrit depuis La Malmaison au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des Camps : "Mon cousin, ... Faites-moi connaître quand le 21e d'infanterie légère arrive à Novare" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9715).
Le 3 avril 1805 (13 germinal an 13), l'Empereur écrit depuis Troyes au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon Cousin, le 21e régiment d'infanterie légère a plus de 300 déserteurs, tous du département du Puy-de-Dôme. Ces déserteurs engagent les autres soldats à déserter, en leur écrivant qu'on est parfaitement tranquille chez eux. Faites connaître le mécontentement que j'éprouve, et ordonnez qu'un chef d'escadron de la gendarmerie, avec une quarantaine d'hommes de la réserve, parcoure le département et arrête tous ces déserteurs" (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8514; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9762; Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 708).
Le même jour (3 avril 1805 - 13 germinal an 13), l'Empereur écrit depuis Troyes à Champagny, Ministre de l'Intérieur : "Monsieur de Champagny, mon ministre de l'Intérieur, le préfet du Puy-de-Dôme tolère les déserteurs. Plus de 300 du 21e régiment y jouissent de la plus grande tranquilité. Faites connaître à ce préfet qu'il ait à s'occuper avec activité de faire arrêter ces déserteurs ; qu'il se concerte à cet effet avec la gendarmerie. Le colonel a saisi les lettres et les a envoyées au préfet, il n'a pas reçu de réponse et les déserteurs n'en jouissent pas moins d'une entière impunité" (Brotonne L. « Lettres inédites de Napoléon Ier », Paris, 1898, lettre 85; Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 709; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9766). Le département du Puy-de-Dôme à l'époque oppose en effet une farouche résistance à la conscription.
"Rapport fait au Ministre.
Paris, le 2 fructidor an 13 (20 avril 1805).
M. le Maréchal a demandé qu'on lui fit connaître le nombre des conscrits reçus depuis le 1er vendémiaire an XII, pour les 33e, 40e régiments d'infanterie de ligne, 10e, 21e, 24e et 26e légère ; celui des conscrits que ces corps ont dû recevoir et le nombre de ceux qui ont déserté après l'incorporation.
L'état qu'on met sous les yeux de Son Excellence contient ces détails.
M. le Maréchal remarquera que la désertion s'est surtout manifestée dans les 24e et 26e légère; les recrues fournies à ces corps n'ont peut-être pas été suffisamment surveillées. Il est extraordinaire que sur 800 ou 900 individus, arrivés à chacun de ces régiments, il en soit déserté 250.
Le seul moyen au surplus d'arrêter ces déserteurs, ainsi que les réfractaires qui se trouvent dans les départements des Basses-Pyrénées, du Mont-Blanc, de l'Eure et du Tarn, serait de mettre à la disposition du préfet et du général une force armée suffisante pour les poursuivre avec activité. Cette mesure a été réclamée par plusieurs préfets.
DE SOIZE, HARGENVILLERS, BARNIER.
Le Ministre trouvera peut-être que l'état ne satisfait pas complètement aux renseignements demandés par son ordre ; on a cependant fait usage de tous les matériaux que l'on a pu recueillir dans différents bureaux, mais lorsqu'un déserteur est dénoncé et jugé, rien n'indique de quelle année il est conscrit, on n'a pu rien donner de positif à cet égard.
BARNIER" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 692 - Note : Barnier, Chef de Division ; Hargenvilliers, Chef de bureau au Ministère, 4e Division, recrutement).
D'après un "Etat sommaire des hommes qui ont fait la guerre dans les différents corps composant l'armée des côtes (Exécution de l'ordre du 12 thermidor an XIII.)", au Corps de Droite, Division Friant, le 21e léger, sur un effectif de 1355 hommes, en a 515 qui ont déjà fait la guerre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 145).
Le 5 août 1805 (17 thermidor an 13 - la minute (Archives nationales, AF IV 867, thermidor an XIII, n° 69) est datée du 6 août), l'Empereur écrit depuis Pont-de-Briques, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, les 10e, 21e, 24e et 26e régiments d'infanterie légère sont faibles ... Faites-vous faire un rapport sur le nombre des conscrits qu'ils ont reçus depuis le 1er vendémiaire an XII, de ceux qu'ils ont dû recevoir, et de ceux qui ont déserté après qu'ils les ont reçus. Distinguez dans ce nombre les remplaçants des conscrits et proposez-moi des mesures extraordinaires pour faire arrêter à la fois dans les départements tous les conscrits et remplaçants déserteurs" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10506).
Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 21e Léger a ses 1er et 2e Bataillons à l'Armée des Côtes, Corps de droite. 1295 hommes sont présents, 60 aux hôpitaux, total 1355 hommes; le 3e Bataillon est à Vanloo, 25e Division militaire, pour 338 hommes présents, 45 détachés ou en recrutement, 29 aux hôpitaux, total 412 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).
D'après la "Situation de l'avant-garde de l'Armée des côtes de l'Océan, à l'époque du 1er Fructidor an 13" (19 août 1805), il y a, dans les troupes Troupes de la 2e Division du Corps de droite (Friant), le 21e Léger, Colonel Tarayre, Chefs de Bataillon Vallé et Marquié, 2 Bataillons, 1860 hommes au complet ; 1295 hommes présents à Ambleteuse ; 383 hommes présents au Dépôt de Vanloo ; 29 hommes aux hôpitaux (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 48 et suivantes).
Le 4 Fructidor an 13 22 août 1805), le Maréchal Berthier écrit, depuis Boulogne, à l'Empereur : "J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Majesté du nombre de conscrits que les 33e et 48e régiments de ligne, les 10e, 21e, 24e et 26e régiments d'infanterie légère ont reçu depuis le 1er vendémiaire an XII, de celui qu'ils ont dû recevoir et du nombre de ceux qui ont déserté après l'incorporation.
Il résulte de l'état ci-joint que la désertion s'est principalement manifestée dans les 24e et 26e régiments d'infanterie légère, puisque sur 800 à 900 conscrits arrivés à chacun de ces régiments, il en est déserté près de 250.
Pour faciliter la poursuite et l'arrestation de ces déserteurs, ainsi que des réfractaires qui se trouvent dans les départements des Basses-Pyrénées, du Mont-Blanc, de l'Eure et du Tarn, il paraîtrait nécessaire de mettre des troupes à la disposition des préfets de ces départements et de les autoriser à établir des garnisaires chez les parents des déserteurs et conscrits en retard.
Il existe dans le département des Basses-Pyrénées le 5e régiment d'infanterie légère, fort de 900 à 1000 hommes, qui s'organise à Pau; trois compagnies de ce régiment pourraient être mises à cet effet à la disposition du préfet.
Il n'existe aucune troupe dans le département du Mont-Blanc; on pourrait y détacher momentanément deux compagnies de vétérans qui sont à Genève.
Le 3e bataillon du 10e régiment d'infanterie légère, fort de 480 hommes présents, qui est à Evreux, pourrait fournir deux compagnies pour activer les poursuites dans le département de l'Eure.
Quant au département du Tarn, on pourrait y envoyer momentanément deux compagnies de vétérans qui sont à Cette. Il n'existe dans la 9e division que quatre compagnies de vétérans, un détachement du 3e régiment d'artillerie à pied, la 4e compagnie de canonniers vétérans et deux compagnies de canonniers gardes-côtes.
Je demande les ordres de Sa Majesté" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 696).
Le 26 août 1805 (8 fructidor an 13), l'Empereur écrit depuis Pont-de-Briques, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, ... Chaque corps d'armée laissera un régiment, savoir : ... le corps de droite, le 21e d'infanterie légère ... Les 3es bataillons de ces régiments viendront les joindre au camp ; indépendamment de ces bataillons, trois 3es bataillons des corps de la droite se rendront au camp d'Ambleteuse ; six 3es bataillons des corps du centre se rendront à Boulogne ; et un 3e bataillon du corps de la gauche se rendra à étaples. Par ce moyen, il restera au camp neuf bataillons entiers, et dix 3es bataillons, ce qui fera dix-neuf bataillons … Le 21e d'infanterie campera le plus près possible des vaisseaux ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 332 ; Correspondance de Napoléon, t.10, lettres 9137 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10666).
Le 9 Fructidor an 13 (27 août 1805), le Ministre de la Guerre écrit, depuis Boulogne, au Maréchal Davout : "L'Empereur ordonne, Monsieur le Maréchal, que toutes les divisions composant le corps d'armée que vous commandez se mettent successivement en marche pour se diriger sur Haguenau.
Donnez, en conséquence, vos ordres pour disposer ce mouvement …
Le 21e régiment d'infanterie légère sera distrait de sa division au moment où elle se mettra en marche et ne la suivra point. En conséquence, il n'est pas compris dans l'itinéraire de cette division" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 338).
Le "Bulletin des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre le 5 Fructidor an XIII (Du 27 au 31 août 1805)" indique à la date du 8 Fructidor que le 3e Bataillon du 21e d'Infanterie légère (412 hommes) quitte Toulouse le 20 Fructidor pour arriver à Strasbourg le 3e jour complémentaire (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 443).
Dans une de ses notes, datée de Boulogne, le 11 Fructidor an 13 (29 août 1805), le Maréchal Berthier écrit : "Je prie Monsieur Blein de me remettre le plus tôt possible un état du présent sous les mêmes des bataillons de guerre des trois corps d'armée et du corps d'avant-garde qui marchent sur le Rhin, de manière à ce que je puisse connaitre la somme nécessaire pour que chaque homme reçoive une paire de souliers à raison de 4 fr. 10 sous, et également la somme nécessaire pour donner le tiers des capotes, à raison de 16 francs par homme.
D'après cela, rédiger un rapport à l'Empereur pour lui demander que, pour la plus prompte exécution de son décret sur les capotes et souliers à faire confectionner à Strasbourg, je demande que sur l'état que je joins au rapport, Sa Majesté m'autorise à faire payer provisoirement, à chaque conseil d'administration, à Boulogne, la moitié de la somme nécessaire à ces confections jusqu'à la concurrence de 600.000 francs sur le fonds qui est entre les mains du payeur général de l'armée, à Boulogne, à la disposition de l'Empereur : ce que ce payeur acquitterait sur l'État, approuvé par l'Empereur pour en être aussi couvert par une ordonnance expédiée par le Ministre de la guerre sur les fonds de 1.200.000 francs mis en distribution Par le décret du .....
Pour connaître à peu près la situation des bataillons de guerre, on n'écrira pas aux corps : on consultera les derniers états de situation, qui sont chez M. Salamon.
On observera que le 21e d'infanterie légère et le 22e, et le 72e de ligne, restent à Boulogne et ne doivent pas être compris dans cette répartition" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 382).
En annexe à l'Ordre du jour daté du Quartier général impérial, à Boulogne, le 12 Fructidor an 13 (30 août 1805), il est indiqué : "L'Empereur accorde aux officiers des corps composant la ci-devant Grande Armée des côtes de l'Océan, depuis le colonel jusqu'au sous-lieutenant inclusivement, une gratification extraordinaire de 150 francs à chaque officier pour les rembourser des frais extraordinaires qu'ils ont dû faire pour le baraquement.
Ne sont point compris dans ce nombre, les officiers des trois régiments italiens, ceux des trois régiments français; 22e, 17e de ligne et 21e légère qui restent à Boulogne ou sur la côte, sur ceux de cavalerie, du génie ou d'état-major, qui n'ont pas fait de baraques ...
Pour ampliation du registre d'ordre :
Le Colonel du génie chargé en chef des détails de l'état-major général,
VALLONGUE" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 386).
Dans une annexe à une lettre adressée par l'Empereur, depuis Pont-de-Briques, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée, il est indiqué : "... 3e corps, maréchal Davout :
[Le camp dont il a charge] hormis la 21e légère qui reste à Boulogne ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10698).
Le "Bulletin des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre pour la garde des camps (Du 1er au 20 septembre 1805)" indique :
Camp de Wimereux et Ambleteuse.
1er et 2e Bataillons du 21e d'infanterie légère, 1355 hommes. Y compris 60 aux hôpitaux et 32 détachés. Départ de Ambleteuse. Arrivée à Ambleteuse. Ces deux Bataillons n'ont pas suivi le mouvement de leur Division.
3e Bataillon : 412 hommes; y compris 45 détachés et 29 aux hôpitaux. Départ de Wenloo le 17 Fructidor. Arrivé à Ambleteuse le 3e jour complémentaire (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 447).
Lors de la campagne de 1805, qui mène à Austerlitz, la 21e Légère reste en arrière, participant à un corps de Réserve sous les ordres du général Brune.
Positions et encadrement du régiment en octobre 1805 :
Chef de corps : TARAYRE colonel - infanterie
Dépôt à : Wesel - 25e division militaire
Conscrits des départements de la Haute Loire de l'an XIII
Observations : octobre 1805 effectif sous les armes 82 officiers 1785 hommes - hopitaux 95
DUMAREIX major - infanterie
BERNARDINI quartier maître trésorier
1er bataillon commandant : chef de bataillon Vallet, à Ambleteuse, 1er corps de réserve Brune - 1ère division Carra Saint Cyr - 1ère brigade Moreau.
2e bataillon commandant : chef de bataillon Marquié, à Ambleteuse, 1er corps de réserve Brune - 1ère division Carra Saint Cyr - 1ère brigade Moreau.
3e bataillon commandant : chef de bataillon Cherel, à Ambleteuse - 1er corps de réserve Brune - 1ère division Carra Saint Cyr - 1ère brigade Moreau.
Le 8 novembre 1805 (17 brumaire an 14), l'Empereur, depuis Linz, établit le Décret suivant : "ARTICLE 1er. Il sera formé une armée du Nord, composée de six divisions : deux divisions se réuniront à Anvers ; deux autres divisions seront composées des troupes de l'avant-garde du corps de réserve de Mayence et de l'avant-garde du corps de réserve de Strasbourg. La division de Mayence se réunira à Juliers, et celle de Strasbourg dans cette ville.
Les deux autres divisions seront formées de toutes les troupes françaises et bataves qui se trouvent en Batavie et se réuniront à …
ART. 2. Le connétable de l'Empire aura le commandement de cette armée.
ART. 3. Les deux divisions qui se réunissent à Anvers seront composées ainsi qu'il suit, savoir :
La 1re division, du 21e régiment d'infanterie légère, du 65e régiment de ligne, du 72e de ligne, d'un des régiments de la garde municipale de Paris ...
ART. 9. Tous les corps qui doivent former les deux divisions d'Anvers partiront douze heures après la réception de l'ordre qui leur sera adressé, et ces ordres seront expédiés et partiront immédiatement après la réception du présent décret ...
ART. 10. Le général Collot commandera les deux divisions d'Anvers ; le général Lagrange commandera, sous ses ordres, la première division ...
Les deux généraux de brigade de chaque division seront désignés par le connétable, sur la proposition du général Collot …" (Correspondance de Napoléon, t.10, lettres 9466).
IV / LA CAMPAGNE DE 1806-1807
Après Austerlitz, l'armée française se replie lentement en Allemagne. Le 21e Leger part de Hollande pour rallier le maréchal Mortier.
Le 8 mars 1806, l'Empereur écrit depuis Paris au Général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, ... Donnez ordre aux 3es bataillons des 21e d'infanterie légère, 65e et 22e de ligne et à celui du 72e de rejoindre leur régiment en Hollande" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 315 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11621).
Le 12 mars 1806, Napoléon écrit depuis Paris, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, mon intention est que les trois mille hommes formant la réserve des départements ci-dessous nommés marchent comme les autres et soient dirigés, savoir ceux du département :
... De Sezia ... 21e d'infanterie légère ...
Ceux de ces conscrits dont les corps sont à Naples rejoindront leurs dépôts en Italie où ils trouveront des habillements et on les fera passer sur-le-champ à Naples" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 329 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11656).
Le 11 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, vous verrez, par les deux lettres que je vous ai adressées aujourd'hui, les différentes dispositions que j'ai prescrites pour compléter mon armée et la mettre en situation de tout entreprendre ...
Je donne ordre au 21e léger et au 22e de ligne, qui sont en Hollande, de se rendre à Wesel. Mon intention est de les diriger sur Wurzburg, pour y faire partie de la division Gazan et remplacer les 12e et 58e de ligne. Vous pouvez dire au maréchal Mortier que cette division sera de 9,000 hommes" (Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10479 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12463).
Le même jour, toujours depuis Saint-Cloud, l'Empereur écrit au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre "Monsieur Dejean, donnez ordre aux 21e régiment d'infanterie légère et 22e de ligne qui sont en Hollande de se rendre à Wesel où ils recevront de nouveaux ordres ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 517; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12465).
Et dans une troisième lettre, adressée à Loui, Roi de Hollande : "J'ai donné ordre au 21e d'infanterie légère et au 22e de ligne de se rendre à Wesel ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12468).
Le 23 juillet 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean ... Le 21e d'infanterie légère se rendra à Düsseldorf, et le 22e de ligne tiendra garnison à Wesel. Le 3e bataillon du 21e d'infanterie légère restera à Wesel, et les deux premiers bataillons qui seront complétés à mille hommes chacun et prêts à faire campagne se rendront avec le colonel à Düsseldorf où ils attendront de nouveaux ordres" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 550 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12563).
Mais les ordres ne sont pas toujours suivis; le 1er août 1806, depuis Saint-Cloud, Napoléon écrit à Louis, Roi de Hollande :
"Le 21e régiment d'infanterie légère qui arrive à Wesel n'a point ses carabiniers; j'avais cependant donné ordre que ce qu'il y avait de ce régiment en Hollande s'y rendît. Que voulez-vous que je fasse d'un régiment sans carabiniers qui va marcher à l'ennemi ? Je suis fort mécontent de cette inexécution de mes ordres, qui me paralyse un régiment" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10584 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12633).
Le 2 août 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, j'ai donné ordre au 21e régiment d'infanterie légère de se rendre à Wesel. Les trois compagnies de carabiniers de ce régiment ne s'y sont pas rendues. Envoyez l'ordre au général Michaud de les faire partir sur-le-champ et témoignez-lui mon mécontentement de ce que mes ordres ne sont pas exécutés" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 570; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12635).
Le 4 août 1806, Murat écrit au Ministre directeur Dejean : "… Le 21e régiment d'infanterie légère est arrivé aujourd'hui à Düsseldorf" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 285, lettre 2436).
Le même 4 août 1806, Murat écrit aussi au Ministre directeur Dejean : "Monsieur le ministre ... Le 22e de ligne et le 3e bataillon du 21e d'infanterie légère forment la garnison de Wesel, mais les 2 premiers bataillons du 21e n'ont pu être complétés à 2 000 hommes, comme l'avait ordonné l'Empereur ; la force totale de ce régiment n'étant que de 1900 hommes et ses trois compagnies de carabiniers étant restées en Hollande. Les colonels de ces corps les réclament. J'en ai moi-même fait la demande au Roi de Hollande. Recevez, etc." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 286, lettre 2438).
Le 5 août 1806, un nouveau colonel vient prendre la tête du 21e Léger : Augustin Romain Duhamel ; ancien capitaine du 3ème bataillon de volontaires des Bouches du Rhône en 1792, puis officier dans la 25e demi brigade de Ligne, il a fait les campagnes d'Italie et d'Egypte. Il a servi dans l'Etat Major du camp de Boulogne puis du 6ème Corps en 1805.
Le 6 août 1806, Murat écrit au Général Piston : "Monsieur le général, je vous préviens que je donne l'ordre au major du 21e régiment d'infanterie légère de retirer du dépôt tous les officiers et soldats qui lui seront nécessaires pour compléter les deux bataillons qui ont ordre de se rendre à Düsseldorf et doivent se tenir prêts à entrer en campagne. Vous voudrez bien ordonner qu'il ne soit apporté aucun obstacle à l'exécution de cette mesure. Recevez, etc." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 291, lettre 2446).
Le 7 août 1806, Murat écrit à Napoléon : "… Je joins à ma lettre l'état de situation du 21e régiment d'infanterie légère. V. M. verra qu'il est impossible de compléter les deux premiers bataillons à 2000 hommes, néanmoins j'ordonne de tirer du 3e bataillon tout ce qui sera disponible pour les incorporer dans les deux premiers. L'habillement de ce corps n'est pas dans un bon état ainsi que son armement. Le major qui le commande en l'absence du colonel, resté en Hollande pour y commander la garde du Roi, n'a pas eu le temps, m'a-t-il dit, d'y faire travailler, et le ministre de la Guerre n'a point répondu aux demandes qu'il lui a faites de fusils" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 297, lettre 2453).
Le 10 août 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, il paraît que l'habillement du 21e régiment d'infanterie légère est en mauvais état. Il faudrait tâcher cependant de mettre ce régiment dans le cas de faire campagne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 577 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12690).
Le 11 août 1806, Louis Napoléon, Roi de Hollande, écrit, depuis Mayence, à Murat : "… Le 65e et le 21e ont laissé des hommes à ma garde, j'espère que vous n'en serez pas fâché, si ceux du 21e qui sont désignés n'étaient pas partis, vous me feriez plaisir de les laisser partir" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 305, lettre 2462).
Le 23 août 1806, depuis Rambouillet, Napoléon écrit au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, répondez au roi de Hollande que je n'approuve point que 159 hommes du 21e d'infanterie légère entrent dans sa Garde, que 300 hommes sont suffisants; que, s'il prend ainsi les sous-officiers et les grenadiers de chaque corps, c'est le moyen de rendre nuls 9,000 hommes; que d'ailleurs, s'il traite sa Garde comme les miennes, c'est une très grande folie, que c'est dépenser de l'argent sans raison; qu'il lui faut une Garde peu nombreuse et quelques hommes à cheval; qu'en ayant une Garde de 6,000 hommes et leur donnant une paye si considérable, j'ai eu pour but de récompenser l'armée; que le roi de Hollande ne peut avoir ce but, puisqu'il prend des troupes françaises et les premiers venus; que, si ce n'était cette considération de récompenser l'armée, je n'aurais pas eu plus de 400 hommes de Garde, ou du moins j'aurais eu des régiments un peu plus soignés que les autres, mais qui n'auraient pas été payés davantage" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10690 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12780).
Le 30 août 1806, Murat écrit au Roi de Hollande : "Monsieur mon Frère, l'Empereur m'ayant ordonné de faire venir à Düsseldorf les deux premiers bataillons du 21e régiment d'infanterie légère, complétés à 1 000 hommes et prêts à entrer en campagne, je ne puis remplir ses intentions, c'est-à-dire les porter à cette force, sans leurs compagnies de carabiniers qui sont restées en Hollande par les ordres de Votre Majesté. Vous jugerez sans doute indispensable, d'après cette observation, de donner l'ordre à votre ministre de la Guerre de faire partir ces compagnies de carabiniers pour venir rejoindre leurs bataillons. Je dois vous faire la même demande pour les compagnies de grenadiers des 22e et 65e régiments de ligne qui se trouvent également en Hollande. Je désire bien fortement que rien ne s'oppose à l'exécution de cette mesure que les circonstances semblent rendre indispensable. J'ai l'honneur d'être, Sire, etc." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 334, lettre 2508).
Le 11 septembre 1806, Murat écrit à Napoléon : "… Tout est à 'la guerre dans ce pays ; rien ne peut en rassurer les habitants. Des nouvelles reçues par le commerce annoncent la marche d'une armée russe de cent mille hommes sur la Saxe, et le bruit circule que le Roi de Prusse a fait donner l'ordre à ceux de ses négociants qui pouvaient avoir des fonds en France de les en retirer. Ce qui accrédite le plus les bruits de guerre, c'est la prise de possession du Lawenbourg [sic] par les Suédois au nom du Roi d'Angleterre, et la continuation des mouvements de l'armée prussienne. Je fais tous mes efforts pour rassurer les esprits alarmés ; je dis que très certainement V. M. ne me laisserait pas moi-même à quelques lieues des avant-postes prussiens, après le départ du 21e régiment, s'il y avait la moindre possibilité de rupture. Je suis moi-même très rassuré puisque je vois Votre Majesté à Paris ainsi que sa garde" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 346, lettre 2532).
En septembre 1806, la Prusse entre en Saxe et oblige le pays à rallier sa cause : la guerre vient de recommencer.
Le 5 septembre 1806, depuis Saint-Cloud, Napoléon écrit au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon Cousin, les nouvelles circonstances de l'Europe me portent à penser sérieusement à la situation de mes armées ...
Donnez ordre au 21e régiment d'infanterie légère, de la division Gazan, qui est à Dusseldorf, de rejoindre cette division, seulement les deux premiers bataillons ; le 3e restera à Wesel ..." (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10743 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12869).
Le même jour, toujours depuis Saint-Cloud, Napéolon écrit au Général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "... Donnez ordre aux deux premiers bataillons du 21e d'infanterie légère, complétés à 140 hommes par compagnie, si cela est possible aux dépens du 3e bataillon, de partir pour se rendre à la division du général Gazan à Würzburg ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 625 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12872).
Le 15 septembre 1806, depuis Saint-Cloud, Napoléon écrit au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin ...
Vous avez donné bien tard l'ordre au 21e léger de partir; comme j'en avais également donné l'ordre au ministre Dejean, j'espère qu'il l'aura fait partir de bonne heure." (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10786 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12940).
Le même 15 septembre 1806, Murat écrit de son côté au Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le ministre, j'ai reçu la lettre que vous m'avez adressée le 6 septembre. J'ai l'honneur de vous annoncer que conformément aux ordres que vous me transmettez, le départ du 21e régiment d'infanterie légère a été effectué de Düsseldorf le 15 de ce mois et que ce corps arrivera le 29 de ce mois à Wurtzbourg. La faiblesse de ce régiment n'a pas permis de compléter ses deux premiers bataillons suivant les intentions de Sa Majesté, et malgré tout ce que l'on a tiré du dépôt, on n'a pu les porter qu'a 2140 hommes, au lieu de 2520 qu'ils auraient dû former. Je joins à ma lettre l'itinéraire de cette troupe. Recevez, etc." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 349, lettre 2537).
Toujours Le 15 septembre 1806, Murat écrit à Berthier : "Monsieur le Prince, j'ai l'honneur de vous prévenir que d'après les ordres qui m'ont été transmis par S. Ex. Mr le ministre directeur, le 21e régiment d'infanterie légère part de Düsseldorf aujourd'hui 15 septembre, pour se rendre à Würtzbourg où il arrivera le 29 du même mois et attendra les nouveaux ordres que vous voudrez bien lui donner. Recevez, etc." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 350, lettre 2538).
Le 21e Léger se retrouve donc dans le 5e Corps, division Gazan, avec ses deux premiers bataillons et un détachement du 3ème bataillon.
Le 22 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean : "Sur les capotes qui sont à Augsbourg, faites-en donner 1,800 au 21e léger ..." (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10866; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13074).
Le même jour, toujours depuis Saint-Cloud, il écrit au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin … Le 21e léger qui vient d'arriver n'a point de capotes ; envoyez-lui-en 1800 de celles qui sont à Augburg …" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 686 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13060).
Le 24 septembre 1806, le Major général Berthier écrit, depuis Munich, au Maréchal Lefebvre : "Je vous préviens, Monsieur le Maréchal, que le 21e regiment d’infanterie légère venant de Dusseldorf [DÜSSELDORF] dont je vous annoncais par ma lettre du 10 septembre l’arrivée à Schweinfurth [SCHWEINFURT] pour le 6 octobre prochain, ayant accéléré sa marche doit être rendu le 29 septembre à Wurtzbourg [WÜRZBURG]. Vous voudrez bien lui adresser des ordres dans cette ville pour continuer sa route et rejoindre la division du général Gazan dont il fait partie. Vous lui assignerez les cantonnemens et m’en enverrez l’état".
Le maréchal Lannes arrive le 5 octobre se mettre à la tête du 5e Corps. Son chef d'Etat-major est le futur maréchal Victor.
Les colonnes françaises marchent au devant des Prussiens et Saxons. Le 10 octobre, le 5e Corps les affronte victorieusement à Saalfeld. La division Gazan n'a pas donné.
Le 5e Corps remonte au Nord et va former l'aile gauche de l'armée qui se regroupe de Gera à Iena. Le 14 octobre, le 5e Corps commence par supporter seul l'assaut des Prussiens de Hohenlohe, en attendant l'arrivée du Corps de Ney.
Le Bataillon de Voltigeurs de l'avant-garde du 6e Corps pénètre dans le village de Vierzehnheiligen, conjointement avec les Bataillons du 40e et du 21e Léger appartenant au 5e Corps. Vers 11 heures, l'infanterie de Grawert attaque ce village, mais uniquement par le feu, en sorte que les Bataillons du 5e corps qui l'occupent y restent (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 282).
La victoire finale est acquise, aux prix de pertes pour le 21e Léger.
Après la bataille et celle d'Auerstedt, livrée le même jour par Davout, la Prusse a son armée en miettes et les Saxons se soumettent à Napoléon. Les débris de l'armée prussienne sont poursuivis, l'épée dans les reins, mais le roi de Prusse ne veut pas capituler, attendant l'aide des Russes.
Les places fortes tombent les unes après les autres. Le 5e Corps reste cantonné à Stettin après sa capitulation, le 30 octobre, pour souffler un peu. Les Français sont entrés dans Berlin le 26.
Le 30 octobre 1806, depuis Berlin, Napoléon écrit au Général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, donnez des ordres pour faire partir sur-le-champ, de la 25e division militaire, 150 hommes du 3e bataillon du 21e d'infanterie légère, 150 hommes du 27e d’infanterie légère, 300 hommes du 21e de ligne, 200 hommes du 45e, 300 hommes 54e, 250 hommes du 94e et 150 hommes du 95e, total 1500 hommes. Ces détachements se dirigeront sans délai sur Erfurt, d'où ils seront dirigés sur Wittenberg et, de là, sur Spandau ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 752 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13374).
Le 3 novembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Berlin, au Général Corbineau, commandant à Spandau : "Le 21e d'infanterie légère doit avoir été relevé à Spandau par des troupes de Hesse-Darmstadt..." (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11158; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13429).
Le 4 novembre 1806, l'Empereur écrit depuis Berlin, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez l'ordre que les détachements ... du 21e d’infanterie légère ... qui se trouvent à Spandau en partent demain pour rejoindre leurs corps à Stettin, avec tous les bagages et autres objets. Donnez ordre également aux deux bataillons du 21e d'infanterie légère qui sont à Spandau où ils ont escorté des prisonniers de se rendre sans délai à Stettin" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 771 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13445).
Le 6 novembre 1806, Napoléon écrit depuis Berlin, au Général Corbineau, commandant à Spandau : "... Faites escorter les prisonniers par les troupes de Darmstadt, Nassau et Bade afin de renvoyer à Stettin le 21e de chasseurs qui les a escortés ; également si l'on pouvait épargner le 21e légère en employant les troupes de Darmstadt, il faudrait renvoyer ce régiment à Stettin ..."(Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13476).
Le 9 novembre 1806, Napoléon, depuis Berlin, écrit au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, vous donnerez l'ordre aux 28e et 21e légère qui sont restés à Stettin d’en partir le 15, époque à laquelle les troupes de Bade seront arrivées à Stettin" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 784 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13520).
Le 9 novembre encore, toujours depuis Berlin, l'Empereur écrit au Maréchal Lannes : "Mon cousin, je ne conçois pas que le 21e n'ait pas de capotes puisque je lui en ai fait donner 1600 à Würzburg. J'ai donné ordre à 2500 hommes de troupes de Bade de se porter à Stettin. Ils y arriveront le 12, et le 13. Tout ce qui appartient à votre corps d'armée, excepté le dépôt, rejoindra ses corps"(Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13529).
Le 11 novembre 1806, le Maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et Valengin, Major général de la Grande Armée, écrit depuis Berlin, au Général Dejean : "J'ai l'honneur de prévenir Votre Excellence qu'indépendamment des détachements que j'ai ordonné à M, le maréchal Kellermann de faire partir dans la première quinzaine de novembre, ainsi que je vous en ai informé par ma lettre du 2, je viens de lui adresser l’ordre de former huit bataillons provisoires conformément à l'état de composition que je joins ici.
Chaque bataillon sera composé de compagnies fournies par les troisièmes bataillons des corps de la Grande Armée, à raison d'une par bataillon, et chaque compagnie sera complétée à 140 hommes.
Le maréchal Kellermann nommera un chef de bataillon et un adjudant-major pour chaque bataillon et un major pour commander deux bataillons. Il aura soin de ne pas prendre les majors dans les mêmes corps où il prendra les chefs de bataillon ou adjudants-majors.
Je donne l'ordre aux généraux commandant les 25e et 2e divisions militaires de faire diriger de suite sur Mayence les compagnies que doivent fournir les bataillons qui ne sont pas stationnés dans les 5e et 26e divisions.
Pour accélérer la formation et le départ de ces bataillons il ne sera pas nécessaire que les conscrits soient dressés ; il suffira qu'ils aient huit ou dix jours d'instruction, qu'ils soient armés, qu'ils aient la veste, la culotte., les guêtres, le chapeau d'uniforme et une capote. Il ne faudra pas attendre qu'ils aient l'habit.
Sa Majesté espère que ces troupes seront réunies à Mayence le 25 et en partiront le même jour pour se rendre le plus promptement possible, conformément aux ordres que je donne à M. le maréchal Kellermann : savoir les 5e et 6e bataillons à Cassel pour maintenir la tranquillité de cet électorat et les six autres à Magdeburg où ils achèveront leur instruction.
Je préviens le maréchal Kellermann qu'il ne doit pas perdre un moment pour former ces bataillons que, pourvu qu'ils soient armés, tout est bon ; qu'ils seront fournis à Magdeburg de tout ce qui leur sera nécessaire ; que Sa Majesté doit en tirer deux avantages, puisqu'ils ne coûteront rien en France et qu'ils garderont Magdeburg, ce qui rendra d’autres troupes disponibles ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 793). Le 7e Bataillon doit comprendre 1 Compagnie du 21e Régiment d'infanterie légère, 1 du 22e Régiment de ligne, 1 du 27e Régiment d'infanterie légère, 1 du 8e Régiment de ligne, 1 du 65e, 1 du 72e ; total : 840 hommes.
5e Corps, Maréchal Lannes (11 novembre).
1ère Division, Général Suchet : 17e léger, 34e (3 bataillons), 40e, 64e et 88e de Ligne, 11 Bataillons, 12 pièces, 8948 hommes.
2e Division Gazan : 21e et 28e Légers (au 11 novembre, l’effectif de ces deux Régiments est de 3117 hommes ; ils ont rejoint le 5e Corps le 23 novembre), 100e (3 Bataillons) et 103e de Ligne (3 Bataillons), 10 bataillons, 12 pièces, 7120 hommes.
Parc d’artillerie et Génie : 454 hommes.
Cavalerie légère, Général Treillard : 9e et 10e Hussards, 21e Chasseurs, 9 Escadrons, 1049 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 296).
Les Russes s'approchent de Varsovie et l'Empereur a résolu d'aller au-devant d'eux en se portant sur la basse Vistule où les Prussiens ont encore quelques détachements, notamment à Thorn. Tout le pays, jusqu'à la Vistule, a été traversé au commencement de novembre par Davout, Augereau et Lannes, sous le commandement en chef de Murat.
Le 25 Novembre, Napoléon quitte Berlin, pour se mettre à la tête de ses troupes. Murat est entré dans Varsovie, dans l'enthousiasme des Polonais.
Napoléon entre dans la capitale polonaise le 19 décembre 1806 et deux jours plus tard, la Grande Armée continue sa marche vers l'Est, entamant une manœuvre de contournement du flanc droit des alliés russo-prussiens.
Le 23 décembre, les Français franchissent l'Ukra (Wkra), disputée par les Russes, tandis que Bessières repoussait un corps prussiens à Biezun et Davout passait le Bug à Czarnowo. Puis l'avancée continue avec des Russes de plus en plus opiniâtres dans la défense.
Le 25, des relicats de l'armée prusienne sont encore battus à Soldau, et des forces russes à Lopaczin.
Le 26 décembre, le 5e Corps de Lannes arrivait à Pultusk dont il devait s'emparer et de ses ponts. Le but de Napoléon étant d'y bloquer la retraite des Russes sur la Narew, rabattus par ses autres corps d'armée. Mais, mal informé de leurs positions, il ne se doutait pas que la majorité de l'armée russe s'y trouvait déjà et que Lannes, dont les soldats pataugeaient dans la boue jusqu'aux genoux, allait devoir combattre à un contre deux.
Lannes entame son offensive sur le flanc gauche de l'ennemi. Après plusieurs heures de combat, les positions n'avaient guère bougé entre Russes et Français. Le général Daultrane, 3e division du 3e Corps (voir historique 12e de Ligne), envoyé en reconnaissance par Davout, entendant le canon, avait heureusement rejoint pour renforcer le camp français, en pleine tempête de neige. Les Russes doivent reculer dans un premier temps, puis contre-attaquent furieusement, arrêtés par le 85e de Ligne formé en carré.
Les deux camps se replient alors sur leurs positions initiales. Apprenant que les Français étaient à Golymin, le général russe Bennigsen décide de retraiter sur Ostrolenka dans la nuit. Lannes entrait dans Pulstuck le lendemain ; ses hommes, ayant passé la nuit debouts dans la boue et fouettés par la neige et la grêle, y trouvant un peu de réconfort.
Ce combat sanglant, préfigurant Eylau, n'avait eu aucun résultat stratégique pour les deux camps. Le 21e Léger y déplorait la perte du capitaine Sambon et les blessures des capitaines : Marcellot, Marion et Schmitz.
Napoléon au cours de ses manœuvres entre la Vistule et la Narew a cependant réussi à repousser les Russes vers l'intérieur de la Pologne, tandis que le roi de Prusse est réfugié à Koenigsberg. Les troupes étant épuisées, on prend des quartier d'Hiver sur la Vistule, et l'Empereur commence à organiser la Pologne.
Le 2 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, à Louis, Roi de Hollande : "Vous accordez bien de la confiance à l'ancien colonel du 21e d'infanterie légère; je doute qu'il la mérite. Il a laissé son régiment dans un mauvais état, et de forts soupçons de dilapidation planent sur lui ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11541 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 13932). L'Empereur parle ici de Tarayre.
Le 7 janvier 1807, Napoléon écrit depuis Varsovie, à Louis, Roi de Hollande : "… Vous donnez votre confiance à un mauvais colonel, méprisé dans son corps ; je parle du colonel du 21e régiment d'infanterie légère …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11580 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 13979).
Les Russes de Bennigsen ne laissent pas le temps de souffler. Le généralissime a résolu de tourner l'Armée française par sa gauche, de débloquer Danzig et d'obliger les Français à se replier derrière l'Oder. Il menace notre droite et arrive à Heilsberg sur l'Alle.
Le 10 janvier 1807, l'Empereur écrit depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Vous donnerez l'ordre que les 1700 capotes existant le 9 au magasin soient distribuées de la manière suivante :
... 200 au 21e légère
... Ces capotes seront distribuées dans la journée et données à ces régiments qui n'en ont pas, par le colonel dans la journée de [demain] aux hommes nouvellement arrivés de France et à ceux qui n'en ont pas de manière que l'Empereur ne rencontre aucun soldat qui n'ait de capote" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 865 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13998).
Le 21 janvier 1807, Napoléon écrit depuis Varsovie, au Maréchal Berthier : "Donner ordre au général Guérin, à Lowicz, d'établir un atelier d'armuriers, pour faire les réparations les plus urgentes aux fusils de son dépôt ; en informer le général Songis, qui accordera quelques sommes pour ces dépenses. Donner ordre au même de faire partir pour Varsovie les détachements des 12e de ligne, 21e de ligne, 25e et 85e, des 100e, 103e, 21e léger, 28e idem, 34e, 40e, 64e, 88e et 17e léger, qu'il a à son dépôt, en les faisant marcher bien en ordre ; de choisir une église ou un lieu couvert afin de faire exercer les conscrits qui passent à son dépôt, et de s'y rendre fréquemment lui-même afin de s'assurer qu'on pousse leur instruction autant que possible ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11675 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14137).
Le 21 janvier justement, Bennigsen se heurte aux troupes du maréchal Ney, et le 25 à celles de Bernadotte à Mohrüngen (voir historique 9ème Léger). Ney se met alors en retraite en direction de Gilgenbourg et Bernadotte pour couvrir Thorn. Ney et Bernadotte doivent attirer les Russes en se repliant. Le 30 Janvier, Napoléon a quitté secrètement Varsovie.
Bennigsen a éventé le piège et se replie à son tour en menant des actions de retardement à Bergfried (3 février), tandis que Ney affrontait le corps prussien de Lestocq à Liebstadt le 5. Les Russes finissent par affronter l'Empereur lui même à la sanglante bataille d'Eylau les 7 et 8 février.
Notre 21e Léger et le 5e Corps ne participent pas à la bataille. Tandis qu'arrivait en Pologne, venant de Moldavie, un corps russe de 25.000 hommes aux ordres du général Essen. Celui-ci reçut l'ordre de se porter sur Ostrolenka , sur la Narew. Position que défend le 5ème Corps, placé provisoirement sous l'autorité de Savary.
Le 16 février, des combats acharnés ont lieu pour le contrôle de la ville. Les Russes finissent par être repoussés après de lourdes pertes, dont le général Souvarov, fils du célèbre maréchal. Le 21e Léger déplore aussi de nombreuses victimes, dont son colonel Duhamel, mortellement blessé, ainsi que les capitaines Bodard, Biancony et Bailly.
Le 62e Bulletin de la Grande Armée, daté de Liebstadt, le 21 février 1807, déclare : "... Parmi les blessés sont le colonel Duhamel, du 21e régiment d'infanterie légère, et le colonel d'artillerie Noury ..." (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 179 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 129 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11853).
L'armée française prend enfin ses quartier pour se retaper. Le 5e Corps rentre sur Varsovie.
Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Daru, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
5e corps
... 21e léger ...
Dépôts à Varsovie ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).
Le 15 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Je réponds à votre lettre du 7 février. J'y vois que vous avez encore 7342 hommes. Vous me demandez comment vous devez les employer. Il ne faut point donner les 7300 hommes que demande la marine et il faut employer cette réserve à réparer les pertes de la bataille d'Eylau. Voici les corps auxquels j'en voudrais donner : … Pour la Grande Armée … 21e léger 100" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14661).
Le 18 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Junot, Gouverneur de Paris et commandant la 1ère Division Militaire : "À l'heure qu'il est, le 3e bataillon du 2e d'infanterie légère doit être à l'effectif de 400 hommes. Celui du 4e à 1200 hommes ; du 12e à 1300 ; 15e à 1300 ; 58e à 1200, du 32e à 1350 hommes ; du 14e à 900 hommes et du 12e à 1100 hommes.
Il résulte des états qui me sont envoyés que, le 15 février, la situation du 3e bataillon du 21e léger était de 936 hommes ; le nombre de conscrits qu'il avait à recevoir de 1806, de 1807 et de la réserve était de 547 hommes, total 1483. Je suppose ces conscrits arrivés à l'heure qu'il est ; ce qui devrait vous faire un effectif de 10 000 hommes des 8 bataillons, et, en présence sous les armes, de 8 à 9 000 hommes. Faites-moi connaîtres ce qu’il en est" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14723).
Le 31 mars, depuis Osterode, Napoléon décide d'accorder 18 aigles d'honneur, dont neuf aux Officiers, et neuf aux Sous officiers et soldats, aux Régiments qui se sont distingués à Eylau. Il écrit au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre.
1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite, depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition :
… 21e ... d'infanterie légère ...
Du moment que les maréchaux auront reçu ma décision, ils ordonneront à chaque général de division de réunir chez lui les colonels et chefs de bataillon de chaque régiment, ainsi que les généraux, de brigade, et de dresser un procès-verbal qui constate les individus qui méritent le mieux la décoration. Ce procès-verbal sera envoyé au maréchal commandant le corps d'armée, qui le transmettra, avec ses observations, au major général. Tous ces procès-verbaux devront être arrivés avant le 6 avril. Le 7, le major général me les soumettra …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 145013).
Emplacement des troupes de l'Empire français à l'époque du 1er avril 1807
Infanterie légère |
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Numéros des Régiments, et noms des Colonels |
Majors, Chefs de Bataillon et Quartiers-maîtres |
Numéro des Bataillons |
Emplacement, et conscription de l'an 1807 |
Division Militaire |
21e Duhamel |
Dumareix |
Major |
|
2e Division, 5e Corps 2e Division, 5e Corps 25e |
Le 9 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lemarois : "Monsieur le Général Lemarois
… Faites partir tout ce qu'il y a de disponible à Varsovie, en état de faire la guerre, appartenant aux 21e d'infanterie légère, 28e, 100e et 103e ..." (Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12334 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15174).
Le 21 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, dans l'état de situation de votre armée de réserve au 15 avril, je trouve ...
Que le 44e avait 462 hommes ; pourquoi n'en enverriez-vous pas 300 hommes ...
Je suppose que si vous ne les avez pas fait partir, c'est qu'ils n'étaient pas habillés. Mais moyennant l'autorisation que je vous ai donnée de les envoyer non habillés dans les régiments provisoires et de garnison, je pense que vous les avez mis en route ...
Je vois que de Wesel vous pourriez faire partir :
du 8e de ligne 300 hommes ...
du 21e d'infanterie légère 200 ...
Je suppose donc que tout cela sera parti ; si ce ne l'était pas, faites-le parti sans délai ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15379).
Le 14 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Donnez ordre au 8e régiment qui est à Marienwerder d'en partir demain pour se rendre à Marienburg, hormis la compagnie du 21e léger qui se rendra en droite ligne à Willemberg ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1117; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15611).
INSTRUCTIONS DE NAPOLEON POUR LE 5EME CORPS
(Correspondance de Napoléon) "Finkenstein, 17 mai 1807 |
Le 21 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J’ai reçu les états de situation que je vous avais demandés. Les 20000 hommes de la réserve doivent être distribués de la manière suivante :
12000 hommes à l'infanterie de ligne et légère conformément au tableau ci-joint.
… Répartition de 12 000 hommes de la réserve de 1808 entre les corps ci-après de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère.
... INFANTERIE LEGERE
CORPS NOMBRE DES CONSCRITS
... 21e 100 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15681).
Composition de l'Aile droite, 5e Corps du Maréchal Masséna, le 1er juin 1807 :
1ère Division, Général Suchet : 17e Léger, 34e (3 bataillons), 40e, 64e et 88e de Ligne, 11 Bataillons, 18 pièces, 7540 hommes.
2e Division, Général Gazan : 21e et 28e Légers, 100e (3 Bataillons) et 103e de Ligne (3 Bataillons), 10 Bataillons, 17 pièces, 6219 hommes.
Artillerie : 369 hommes.
Division bavaroise, (Prince royal de Bavière), Général de Wrède : 2e, 3e, 4e, 7e, 13e et 14e Régiments de Ligne ; 3e et 4e Bataillons légers, Bataillon Braun ; 15 Bataillons, 18 pièces, 10468 hommes ; 2e
Dragons, 3e Chevau-légers, 4 Escadrons, 803 hommes.
Cavalerie légère, Général Montbrun : 9e et 10e Hussards, 21e Chasseurs, 9 Escadrons, 667 hommes.
5e Division de Dragons, Général Lorge : 13e, 22e, 15e et 25e Régiments, artillerie ; 12 Escadrons, 3 pièces, 1645 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).
L’autre grande affaire pour l’Empereur après Tilsitt, c’est le Portugal et l’Espagne où il envoie des troupes, en général des Régiments provisoires, dans des Corps d’Observation formés de divers détachements, pour contrôler discrètement les places fortes du Royaume bourbonien, alors notre allié, et lancer la conquête du Portugal.
Le Corps d’Observation des Côtes de l’Océan était sous les ordres de Moncey. Son 8e Régiment provisoire d’Infanterie (légère) sous le Major Peschery, compte des détachements des 21e, 25e, 26e et 27e Légers. Attachés en juillet 1808 au Corps de Dupont, ils capituleront à Bailen.
Le 12 janvier 1808, l'ordre suivant est promulgué : "L'Empereur a ordonné la formation d'une division de réserve d'infanterie qui sera réunie à Orléans le 1er février 1808.
Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires et chaque régiment de trois bataillons. La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires ...
Les trois bataillons du 13e régiment provisoire doivent être composés de quatre compagnies chacun, tirées des 6e, 7e, 9e, 10e, 13e, 16e, 17e, 21e, 24e, 26e, 27e et 28e régiments d'infanterie légère ...
Le général de division Verdier commandera cette division de réserve, le général Schramm y sera employé" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1511).
Toujours le 12 janvier 1808, un deuxième ordre est promulgué, portant sur la composition de la Division de Réserve d'infanterie qui se réunit à Orléans : "Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires, chaque régiment de trois bataillons, chaque bataillon de quatre compagnies, chaque compagnie de 150 hommes, total 10.800 hommes.
La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires, la 2e, des 15e et 16e, la 3e des 17e et 18e.
Le 13e régiment provisoire sera ainsi composé :
... 2e bataillon : une compagnie de 150 hommes du 16e régiment d'infanterie légère, une du 17e, une du 21e et une du 24e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1514).
Le même 12 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous donnerez les ordres pour la formation d'une division qui portera le titre de division de réserve, et qui se réunira à Orléans. Cette division sera composée conformément au tableau ci-joint ... Vous donnerez l'ordre qu'avant de faire partir les compagnies qui doivent former la division de réserve d'Orléans on complète tout ce que les corps doivent fournir aux douze régiments provisoires du corps d'observation des côtes de l'Océan. Le général de division Verdier commandera cette division de réserve. Le général Schramm y sera employé
P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et elle se mettra en marche au 1er février. Vous aurez soin de lui faire fournir des capotes et de veiller à ce que les hommes soient bien habillés.
COMPOSITION DE LA RÉSERVE D'INFANTERIE QUI SE RÉUNIT À ORLÉANS
Cette division sera composée de trois brigades ; chaque brigade de deux régiments provisoires ; chaque régiment de trois bataillons ; chaque bataillon de quatre compagnies ; chaque compagnie de 150 hommes : total 10 800 hommes.
La 1re brigade sera composée du 13e et 14e régiment provisoire
Le 13e régiment provisoire sera ainsi composé :
... 2e bataillon
une compagnie de 150 hommes du 16e
une du 17e
une du 21e
une du 24e ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 16987).
Le 22 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous devez avoir reçu mon décret pour la nouvelle organisation de l'armée. Je me suis hâté de vous l'envoyer, ainsi que les différents tableaux, afin que vous puissiez donner tous les ordres préparatoires. Mon intention est cependant qu'aucun dépôt ne se mette en marche pour sa nouvelle destination, et qu'aucun embrigadement ne soit fait qu'en conséquence d'une instruction que vous donnerez aux généraux chargés de ce travail, et qui, avant d'être expédiée, sera mise sous mes yeux. Voici quelles sont mes vues ; je vous les fais connaître afin que cela vous serve pour la rédaction de cette instruction.
5e Corps de la Grande Armée. — Pour le 5e corps ... Les 40e, 64e, 88e, 100e et 103e garderont leurs trois bataillons ou dix-huit compagnies. Il en sera de même des 17e, 21e et 28e d'infanterie légère." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 171260).
Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ...
ANNEXE :
... 5e corps
... 21e Légère 800 000 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).
- Les éléments du 21e Léger au sein du Corps Oudinot
Après que les principales places fortes au mains des Prussiens aient capitulé, restait l'armée russe. En novembre 1806, Napoléon avait recréé un nouveau Corps ou division de grenadiers et voltigeurs réunis, placés sous le commandement du général Oudinot, prélevant ces compagnies d'Elite dans les 3ème ou 4ème bataillons. Et le 21e Léger avait envoyé ses hommes au 7ème bataillon de ce nouveau corps avec ceux des 17e Léger et 34e de Ligne.
En janvier 1807, la division Oudinot était affectée au 8e Corps du maréchal Mortier, et participait au siège de Dantzig.
Le 22 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, mon intention est de compléter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs de la division Oudinot à un effectif de 150 hommes. Je désire en conséquence que vous fassiez réunir, conformément au tableau ci-joint, différents détachements d'hommes. De 5 pieds 4 pouces pour les grenadiers et de 4 pieds 11 pouces ou 5 pieds bien constitués pour les voltigeurs. Ces détachements peuvent partir sans sous-officiers, en désignant les meilleurs sujets pour en faire les fonctions pendant la route. Après en avoir passé la revue et avoir pourvu à ce que leur habillement et armement soient parfaitement en état, vous les ferez conduire par des officiers d'état-major, pour Thorn ...
21e légère 150 [Pour les grenadiers] 150 [Pour les voltigeurs] ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14811).
En mai, la Division était affectée au Corps d'Armée de Réserve mis sous le commandement de Lannes. C'est avec cette division que les hommes du 21e Léger vont participer à la bataille de Friedland, le 14 juin. Le sous-lieutenant Fabre y sera blessé.
La campagne va se terminer sur les bords du Niémen le 25 juin par l'entrevue de Tilsitt. La Prusse est démembrée et sont créés un royaume de Westphalie et un Duché de Varsovie. Les forces françaises peuvent souffler. Le reste du Régiment au 5e Corps, qui était passé sous l'autorité de Masséna, n'avait pas été très actif sur la fin de la campagne. Un nouveau Colonel avait pris la tête du régiment en avril 1807 : Henri Jacques Martin Lagarde.
Le 28 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Aranda, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Du moment que j'ai reçu votre état, je l'ai lu avec le plus grand intérêt ; mais il est tellement fautif que je ne puis compter sur son exactitude. Il faut que vous le fassiez corriger et que vous me le renvoyiez, dans l'état où il est, il ne peut me servir ...
La colonne de l’armée du Rhin ne comprend que 17 corps qui auraient leurs compagnie de grenadiers et de voltigeurs au corps d'Oudinot ; c'est encore une erreur ; il y en a un plus grand nombre. Le 4e de ligne ; le 18e le 24e, le 26e légère ont leurs compagnies de grenadiers et de voltigeurs au corps d'Oudinot. Le 4e, le 88e, le 64e, le 16e léger, le 17e, le 21e, le 28e léger également. Vous commettez une double erreur en portant ces régiments pour 2800 hommes parce que vous y comprenez les compagnies de grenadiers et de voltigeurs et que vous ne les portez pas à l'armée du Rhin. Cet état demande donc à être retouché ; aux petits changements près, que j'ai notés ci-dessus, la forme m'en paraît très belle" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19429).
V / LA CAMPAGNE D'ESPAGNE DU 21E LEGER, 1808-1809
Fig. 6 Carabinier du 21e Léger en Espagne entre 1809 et 1811; dessin de Fort d'après le manuscrit El Guil |
En Espagne, dès la fin 1807, sous prétexte de la campagne au Portugal, les troupes françaises, organisées en divers Corps d'Observation, avaient largement pénétré chez leur allié et s'étaient emparées des points stratégiques, tandis que la monarchie espagnole se déchirait dans des querelles familiales. Le peuple espagnol et l'armée subissaient cela en rongeant leur frein.
Le 20 février 1808, Murat prend la tête de toutes les forces françaises en Espagne et s'avance sur Madrid qu'il atteint le 23 mars. Le 21e Léger a envoyé des compagnies pour constituer le 2e Corps d'Observation de la Gironde, aux ordres du général Dupont. Dupont était parti le 7 avril de la capitale espagnole pour l'Andalousie. Il laissait deux de ses divisions en arrière. On connait le sort qui l'attendait à Bailen.
LES REGIMENTS PROVISOIRES LEGERS A BAILEN EN JUILLET 1808
Des régiments provisoires pour les Corps d'Observation qui pénètrent en Espagne à la fin 1807 et début 1808 ont été créés, associant des petits bataillons de 4 compagnies pris dans les Dépôts. Parmi ces régiments : le 7e régiment provisoire léger (Major Deslon) qui compte des détachements des 6e, 9e, 24e et 28e Léger, et le 8e régiment provisoire Léger (Major de Peschery) associant des détachements des 21e, 25e, 26e et 27e Léger. Ces bataillons, qui font partie du 2e Corps d'Observation de la Gironde du général Dupont, vont capituler à Bailen, le 23 juillet 1808. |
Napoléon, croyant le pays mur pour un changement dynastique, force les souverains espagnols à l'abdication à Bayonne, et décide de mettre son frère Joseph sur le trône, le 10 Mai 1808. Dès que cela est connu, des révoltes éclatent simultanément sur tout le territoire (en préambule, il y eut les fameux 2 et 3 Mai à Madrid, liés à l'exfiltration d'une partie de la famille royale) et l'armée espagnole prend les armes contre les occupants français.
Pendant ce temps, le gros du régiment est resté en Allemagne avec le 5e Corps, toujours sous l'autorité théorique de Masséna.
POSITIONS ET ENCADREMENT DU REGIMENT EN AVRIL 1808
SHDT : us1808 C2 644
Chef de corps : MARTIN-LAGARDE colonel - infanterie
Garnison - dépôt à : Wesel - 25e division militaire
Conscrits des départements des Apennins - des Forêts de 1809
Observations : mai 1808 effectif des 2 bataillons sous les armes 62 officiers, 1858 hommes - hopitaux 99 hommes - prisonniers de guerre 2 hommes
DUMAREIX major - infanterie
BERNARDINI quartier maître trésorier
1e bataillon commandant : chef de bataillon Boissard à Briey - 5e corps - Masséna - 2e division - Gazan - 1ère brigade - Guérin
2e bataillon commandant : chef de bataillon Brondel à Briey - Grande armée - 5e corps - Masséna - 2e division - Gazan - 1ère brigade - Guérin
3e bataillon commandant : chef de bataillon Leblanc à Wesel.
Un 4ème bataillon de guerre est formé.
Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; il écrit :"3° NOTE ...
4e régiment de marche :
1er bataillon, à Strasbourg, six compagnies. 840
2e bataillon, à Hanovre, huit compagnies. 1.120
1960 ...
Réunir cette division à Magdeburg.
4° GRANDE ARMÉE.
PROJET DE FORMATION DE RÉGMENT DE MARCHE.
Infanterie.
1er régiment de marche. 1.860 ...
4e Id. 1.540 ...
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Il sera formé six régiments de marche de la Grande Armée ; ils seront organisés conformément au tableau ci-annexé.
Art. 2. Toutes les troupes qui doivent composer ces régiments seront bien habillées, bien armées, enfm mises en bon état et prêtes à partir de leur garnison le 1er août prochain.
Art. 3. Le 1er régiment de marche se réunira à Hanau ...
Le 4e – à "
Art. 4. Nos ministres de la guerre, de l'administration de la guerre et du Trésor public, sont chargés de l'exécution du présent décret ...
8° 4e RÉGIMENT DE MARCHE OU RÉGIMENT DE MARCHE DU 5e CORPS ...
2e bataillon (5 compagnies).
Deux compagnies, Wesel, de 140 hommes du 21e d'infanterie légère. 280
Trois compagnies, Mayence, à 140 hommes du 28e d'infanterie légère. 420
700
Total 1.540 ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée, en raison de la lettre adressée le même jour à Clarke).
Le Général Gobert reçoit, le 2 juillet 1808, l'ordre de partir le lendemain avec sa 2e Brigade. Le 3 juillet 1808, la Division Gobert présente l'organisation suivante :
Division Gobert; Brigade Dufour :
7e Régiment provisoire, 1547 hommes; Major D'Eslon, du 9e Léger : 1er Bataillon, 4es Compagnies du 6e Léger ; 2e Bataillon, 4es Compagnies du 9e Léger ; 3e Bataillon, 4es compagnies du 24e Léger ; 4e Bataillon, 4e compagnies du 28e Léger. Il n'y a que 2 Chefs de Bataillon, Hoffmann (puis Lanusse) et Berthet
8e Régiment provisoire, 1573 hommes ; Major Peschery, du 26e Léger : 1er Bataillon, 4es Compagnies du 26e Léger ; 2e Bataillon, 4es Compagnies du 21e Léger ; 3e Bataillon, 4es Compagnies du 27e Léger ; 4e Bataillon, 4es Compagnies du 25e Léger. Il n'y a que 2 Chefs de Bataillon, Leblanc et Gleize (Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 329).
Le 6 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il sera formé trois brigades composées de régiments de marche, sous les ordres du maréchal Kellermann. La 1re brigade se réunira à Wesel, la 2e à Mayence et la 3e à Strasbourg. La 1re brigade sera composée du 1er et du 5e régiment de marche. Le 1er régiment de marche sera composé de détachements d'hommes nécessaires pour compléter les régiments d'infanterie du 1er corps de la Grande Armée : le 5e régiment de marche, des détachements nécessaires pour compléter le 5e corps de la Grande Armée.
... Le 5e régiment de marche sera composé de deux bataillons :
... 2e bataillon : 2 compagnies de 140 hommes du 21e légère, 3 compagnies de 140 du 28e, 1 compagnie du 27e.
Chacun de ces régiments sera commandé par un major, et chaque bataillon par un chef de bataillon. Cette brigade forte de 3 à 3 500 hommes sera formée sans délai, et sera composée d'hommes bien habillés et bien équipés. Le maréchal Kellermann proposera un général de brigade pour la commander, et la tiendra prête à se porter partout où elle serait nécessaire ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2077 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18486).
En octobre 1808, le 5e Corps de la Grande Armée, et les trois premiers bataillons du 21e Léger, passés sous le commandement du maréchal Mortier, partaient pour l'Espagne, devenant ainsi 5e Corps de l'Armée d'Espagne (le corps de Gouvion St Cyr perdant alors son numéro 5 pour devenir 7e de l'Armée d'Espagne).
Le 2 octobre 1808, l'Empereur écrit, depuis Erfurt, au Général Clarke : "Monsieur le général Ctarke ... Le 21e légère a à Wesel 190 hommes. Je suppose que c'est indépendamment de ce qu'il a au régiment de marche du 5e corps. Si cela est ainsi, il faut les diriger d'abord sur Versailles, pour, de là, être réunis à leur régiment, qui marche avec le 5e corps sur l'Espagne ... Je vous envoie la situation de l'armée de réserve que m'a remise le maréchal Kellermann. Il est convenable que tout ce qu'il y a de disponible appartenant soit aux cinq divisions de dragons qui vont en Espagne, soit aux régiments de cavalerie légère des 1er, 5e et 6e corps, soit dirigé sur ces corps" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2346).
Le 9 octobre 1808, l'Empereur écrit, depuis Erfurt, au Maréchal Kellermann, commandant l'Armée de réserve d’Espagne : "Mon cousin, je vois par votre état du 1er octobre que le 39e régiment, qui est du corps du maréchal Ney, a 120 hommes disponibles ; ... que le 21e léger du 5e corps en a 195 ... Dirigez tous ces détachements sur Metz ; ceux du 5e corps attendront là le passage de ce corps d'armée ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19043).
Le 19 octobre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, le 5e corps de la Grande Armée faisant partie de l'armée d’Espagne, il faut ordonner que les dépôts des 17e léger, 34e, 40e, 64e, 88e, 100e, 103e de ligne, 21e léger et 28e léger fournissent tout ce qu'ils ont de disponible pour compléter ces corps ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2372 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19068).
Dans une lettre adressée à Berthier le 17 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Burgos : "Mon Cousin (...) Les 21 hommes du 21e légère et les 18 hommes du 28e attendront le passage du 5e corps à Burgos ..." (Picard et Tuetey : Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809. 2465; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19288).
Les hommes de Mortier n'arrivent en Espagne qu'en décembre.
Défense de Saragosse, décembre 1808-février 1809 |
Le 5ème Corps est engagé avec le 3ème, pour le second siège de Saragosse, sur l'Ebre, qui a déjà réussi à repousser les Français du général Verdier, en juin 1808. Cette fois ci, les forces assiégeantes sont plus considérables, placées sous l'autorité du maréchal Moncey à partir du 20 décembre. Les second et 3e bataillons du 21e Léger font partie de la division Gazan, brigade Guerin avec le 100e de Ligne. Le 1er bataillon est resté en arrière.
Fig. 7 Officier de Carabiniers (?) du 21e Léger en Espagne entre 1811 et 1812; d'après le manuscrit El Guil |
La division Gazan est chargée de contrôler les faubourgs de la ville de la rive gauche du fleuve Ebre. La population et la garnison ont juré de se défendre jusqu'à la mort. Et c'est ce qu'ils vont faire. Malgré les bombardements continuels, il va falloir s'emparer de chaque maison, de chaque point fortifié en les minant et en y montant à l'assaut. Les pertes seront lourdes dans les deux camps.
Le 33e Bulletin de l'Armée d'Espagne (sans date) raconte : "… on remarqua que l'ennemi mettait le temps à profit pour fortifier le Monte-Torrero et d'autres positions importantes. Le 21 décembre, la division Suchet le chassa des hauteurs de Saint- Lambert, et de deux ouvrages de campagne qui étaient à portée de la place. La division du général Gazan culbuta l'ennemi des hauteurs de Saint-Grégorio, et fit enlever par le 21e d'infanterie légère et le 100e de ligne, les redoutes adossées aux faubourgs, qui défendaient les routes de Suéva et de Barcelonne. Il s'empara également d'une grande manufacture située près de Galliego, où s'étaient retranchés cinq cents Suisses. Le même jour, le duc de Conegliano s'empara des ouvrages et de la position du Monte-Torrero, enleva tous les canons, fit beaucoup de prisonniers et un grand mal à l'ennemi ..." (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 390; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 342).
Moncey cède la place à Junot puis au maréchal Lannes (le 22 janvier 1809) pour commander le siège. Rognée par les assauts successifs, la ville, a bout de ressources, capitule le 21 février 1809, et les troupes françaises entrent dans des ruines. Le 21e Léger doit déplorer la perte des chefs de bataillons Boissard et Talotte, et des capitaines Balland, Blanc, Charenat et Despinet.
Après la prise de la ville, le 5e Corps stationne en Aragon. Il est dirigé ensuite sur Burgos puis Valladolid où il arrive début mai. Pendant ce temps, Soult s'est enfoncé au Portugal mais doit se replier devant les forces de Wellington en mai. Tandis que des forces espagnoles sont battues dans tous les coins du pays, Wellington sort du Portugal le 27 juin, remonte la vallée du Tage, et fait sa jonction avec les forces espagnoles des généraux Gregorio, puis La Cuesta le 20 Juillet.
Le 1er Juillet, Soult reçoit la nouvelle que, par ordre de l'Empereur, il commande désormais en chef son 2e corps, le 6ème de Ney, alors à Astorga, et celui de Mortier (le 5e) alors à Valladolid, pour se porter sur le flanc de l'offensive de Wellington. Au début Juillet, le 5ème Corps reçoit l'ordre de se rapprocher de Madrid.
POSITIONS ET ENCADREMENT DU REGIMENT EN JUILLET 1809 - côte SHDT : us180914 C8436060
Chef de corps : MARTIN-LAGARDE colonel - infanterie
garnison - dépôt à : Wesel - 25e division militaire
Conscrits des départements de l'Yonne - de la Côte d'Or de 1810
1er bataillon commandant : chef de bataillon Brondel - armée d'Espagne - 5e corps - 2e division - 1ère brigade
2e bataillon commandant : chef de bataillon Stefany - armée d'Espagne - 5e corps - 2e division - 1ère brigade
3e bataillon commandant : chef de bataillon Bigot - armée d'Espagne - 5e corps - 2e division - 1ère brigade
4e bataillon commandant : chef de bataillon Cabaret - armée d'Allemagne
5e bataillon : 3 Compagnies à la 12e demi-brigade provisoire de réserve à Neufbrisach - 1 Compagnie et dépôt à Wesel
Le 18 Juillet 1809, le Corps de Soult se porte sur Salamanque, mais il ne sera rejoint par les 6e et 5e Corps que les 22 et 31 Juillet. Le Corps de Victor s'est replié devant Wellington en arrière de Talavera, et a été rejoint par le Général Sébastiani; quant à Joseph, sans attendre l'arrivée de Soult, il a décidé d'affronter les anglo-hispano-portugais. La bataille de Talavera aura lieu les 27 et 28 Juillet 1809. Bataille indécise et sanglante (7000 hommes blessés ou morts pour les forces de Joseph, 5000 pour les Anglais, 1000 pour les Espagnol), où les Français devront quitter le champ de bataille pour éviter d'être coupés de Madrid. Wellington est donc techniquement vainqueur mais, apprenant la marche de Soult sur son flanc, il décide de se replier sur le Portugal.
Mortier est à l'avant-garde de Soult, parti le 27 de Salamanque, et suivi par le 2e Corps. Il talonne l'arrière garde alliée, formée d'Espagnols du général La Cuesta, au pont de l'Arzobispo sur le Tage, le 6 Août, tandis que les forces de Victor réoccupaient Talavera. Le corps de Mortier les remplace bientôt.
Très mécontent du résultat d'une bataille coûteuse en effectifs qui aurait pu être décisive, si les forces de Joseph avaient attendu celles de Soult, Napoléon décide de nommer Soult Major général de toutes ses armées en Espagne.
Le 25 septembre 1809 encore, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint l'idée d'un rapport pour justifier la levée des 36 000 conscrits que je viens d'ordonner. Vous trouverez également la répartition de ces 36 000 conscrits. Ajoutez à votre rapport une considération sur la grande quantité de conscrits qui restent sur les années passées, écrivez-en même le nombre s'il en reste effectivement 500 000, dites qu'il y en a 800 000. Il est nécessaire que cette phrase soit bien frappée, parce qu'elle fera une grande influence sur l'étranger.
Napoléon
Décret « de distribution » répartissant les 36 000 conscrits par place forte ou régions militaires
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1er
La distribution des 36 000 conscrits levés en vertu du sénatus-consulte du […] octobre, sera fait ainsi qu’il suit :
... Seront dirigés sur différents dépôts, savoir :
... 300 au 21e id. ...
Relevé de la distribution des 36 000 conscrits suivant l’ordre numérique des régiments employés à l’armée d’Espagne :
... Infanterie légère
... 20e à son dépôt 300 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22176).
Après la bataille d'Ocana, le 19 Novembre 1809, qui élimine une armée espagnole venue d'Andalousie, le Roi Joseph décide de s'emparer de cette riche province. Soult, avec les 3 corps d'armée de Victor, Sebastiani et Mortier, est chargé de la besogne ...
VI / LA CAMPAGNE DE 1809 DU 4EME BATAILLON DU 21E LEGER EN AUTRICHE
Bataille d'Ebersberg, 3 mai 1809 |
Le 4e bataillon, aux ordres du chef de bataillon Cabaret était resté en Allemagne. Fin 1808, Napoléon ayant beaucoup de forces envoyées en Espagne, réactive un corps d'armée formé de détachements "d'élite" de plusieurs régiments, réunis en demi-brigades, pour le général Oudinot.
Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "... 2° Le corps du général Oudinot sera composé de trente-six bataillons des régiments ci-après, savoir des 4e, 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e et 28e d'infanterie légère ; des 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e, 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e et 94e de ligne, et des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e de ligne.
Les bataillons des tirailleurs corses et des tirailleurs du Pô y seront joints, ce qui en portera le nombre à 36.
Chaque bataillon sera réuni, enfin, à six compagnies et à 840 hommes.
Tous les hommes sortant des hôpitaux et appartenant aux régiments de marche formés en France resteront à la suite des compagnies de grenadiers et voltigeurs du corps d'Oudinot, et, lorsque les quatre compagnies de fusiliers seront arrivées, elles seront incorporées dans ces compagnies.
3° Aussitôt que deux compagnies de ces 4es bataillons seront complétées au dépôt à 140 hommes chacune, le ministre de la guerre nous en rendra compte, pour que nous donnions l'ordre de les faire rejoindre avec les chefs des bataillons et adjudants-majors.
Au 10 janvier, le ministre de la guerre nous fera connaître ceux de ces 4es bataillons qui peuvent fournir deux compagnies de 140. Les deux autres compagnies auront joint avant le 20 février, de manière qu'à cette époque chaque régiment de l'armée du Rhin ait ses quatre bataillons de six compagnies chacun et d'un effectif de 3.360 hommes, et que le corps présentera trente-six bataillons ou 30.000 hommes.
4° Ce corps sera partagé en trois divisions de douze bataillons chacune.
Les bataillons seront embrigadés sous le nom de demi-brigades d'infanterie, dont quatre d'infanterie légère et huit d'infanterie de ligne, commandées par les majors.
La 1re demi-brigade provisoire d'infanterie légère sera composée des 4es bataillons des 6e, 24e et 25e.
Le 2e des 4es bataillons des 17e, 21e et 28e ...
La 2e division sera composée de la 2e demi-brigade d’infanterie légère et des 4e, 5e et 6e d'infanterie de ligne
Aucun mouvement ne se fait par le ministre de la guerre, qu'il ne m'en ait présenté le projet et qu'il n'ait eu mon approbation" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).
Le même 5 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Chamartin, au Général Lacuée, Directeur des Revues et de la Conscription militaire, à Paris : "Mon intention est de renvoyer les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 4es bataillons des régiments qui font partie de l'armée du Rhin à leurs régiments, pour former le cadre des 4es bataillons, et d'augmenter insensiblement ces 4es bataillons des quatre autres compagnies, de manière que l'armée du Rhin, qui est composée de vingt et un régiments, le soit de quatre-vingt-quatre bataillons ; ce qui, avec les huit bataillons qui forment le corps des villes hanséatiques, fera quatrevingt-douze bataillons, ou un effectif de près de 78,000 hommes, et, avec la cavalerie et l'artillerie, près de 110,000 hommes. Le corps d'Oudinot ne serait plus alors composé que des compagnies de grenadiers et voltigeurs des régiments ci-après, savoir : 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e, 28e d'infanterie légère ; 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e. 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e, 94e d'infanterie de ligne. Mon intention serait que les compagnies restant des 4es bataillons de ces corps y fussent réunies ; ce qui compléterait vingt-huit bataillons. J'y joindrais les 4es bataillons des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e ; ce qui porterait ce corps à trente-quatre bataillons, qui, à 840 hommes chacun, feraient près de 30,000 hommes. Pour compléter le nombre de 30,000 hommes, j'y réunirais les bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses ; j'en formerais trois divisions de douze bataillons chacune ; ce qui ferait un beau corps qui pourrait, si cela était nécessaire, renforcer l'armée du Rhin et la porter à 140,000 hommes, laissant les 4e, 46e, 18e de ligne, 24e et 26e légers, ce qui fait cinq régiments, pour la défense du port de Boulogne et de la Bretagne, et me laissant ainsi la faculté de diriger sur l'Allemagne les 4es bataillons des 48e, 13e, 108e, etc ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14535 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19446).
Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, le corps du général Oudinot, au lieu d’être partagé en trois divisions, ne le sera qu’en deux. À cet effet, la 3e demi-brigade légère et la 4e demi-brigade de ligne feront partie de la 1re division ; la 5e et la 6e demi-brigade de ligne feront partie de la 2e division. Le général Claparède commandera une de ces deux divisions. Comme il paraît que chaque corps ne pourra fournir que deux compagnies de fusiliers au grand complet, jusqu’à ce que la conscription de 1810 ait complété les cadres, chaque bataillon ne sera que de 560 hommes, chaque demi-brigade de 1 680 hommes, chaque division de 10 000 hommes, et le corps entier de 20 000 hommes. Lorsque les 5e et 6e compagnies de fusiliers pourront être envoyées, je verrai si je dois former une 3e division, ou laisser seulement le corps à deux divisions.
... Le 5e bataillon de marche sera composé des deux compagnies de fusiliers du 17e légère qui est à Strasbourg, des deux compagnies du 21e qui est à Wesel, et des deux compagnies du 28e légère qui est à Mayence. ...
Ces douze bataillons de marche seront réunis du 1er au 15 mars à Strasbourg.
Vous donnerez ordre que chacune de ces compagnies soient complétées à 140 hommes.
Donnez ordre que les dépôts fournissent à chaque homme une capote et 3 paires de souliers, dont deux dans le sac et une aux pieds.
Si les dépôts ne pouvaient compléter ces compagnies, ils en enverront toujours les cadres, avec tout ce qu’ils ont de disponible, et vous ferez connaître ce qui manquerait, afin que je le fasse tirer des conscrits de ma Garde.
Vous donnerez ordre que tous les détachements de ma Garde qui doivent partir de Paris, pour porter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs au grand complet, soient prêts à partir le 15 pour se rendre à Strasbourg. Ils seront formés en bataillons de marche. Vous prescrirez aux différents commandants de ma Garde d’en passer la revue, de n’envoyer que des hommes qui sachent faire l’exercice à feu, et de les faire habiller de l’uniforme d’infanterie légère, avec les boutons des régiments où ils doivent entrer ; on me les présentera à la parade du 16, et ils partiront le 17.
J’ai donné ordre au corps du général Oudinot de se réunir à Augsbourg.
Si le général Claparède est encore à Paris, donnez-lui l’ordre de se rendre à Strasbourg186 pour y attendre ces détachements, et exécuter les ordres qui lui seront donnés. Il sera chargé de mener cette colonne.
Par ce moyen, il y aura entre Strasbourg et Augsbourg de quoi compléter les 12 brigades du corps du général Oudinot, à 12 compagnies chacune, c’est-à-dire à 20 000 hommes. Comme il y aura 12 demi-brigades, il faudra 36 chefs de bataillon et adjudants-majors. Présentez-moi la nomination de ceux qui manquent, et vous les dirigerez sur Strasbourg, pour de là rejoindre le corps. Il faudra 12 majors, le corps en a huit ; c’est quatre à envoyer. Il faut 6 généraux de brigade ; faites-moi connaître ceux qu’il faudrait envoyer.
Il faut à chaque division 18 pièces de canon, c’est-à-dire 36 pour les 2 divisions. Le corps en a 18 ; faites-moi connaître la situation du parc de l’armée du Rhin, et s’il peut fournir les 18 autres pièces.
Ainsi, à la fin de mars, j’aurai au corps du général Oudinot 20 000 hommes, 36 pièces de canon avec caissons et double approvisionnement, un général de brigade d’artillerie, deux compagnies de sapeurs, une compagnie de pontonniers, un colonel du génie, trois officiers du génie, 6 000 outils attelés, 40 caissons d’infanterie, 20 par division, la division de cuirassiers Espagne, et la brigade de cavalerie légère composée de 3 régiments que j’ai attachés à ce corps. Ce qui fera un corps de près de 30 000 hommes.
Il faut qu’il y ait un commissaire des guerres par division, et deux adjoints, et les chefs de service nécessaires. L’armée du Rhin a en personnel de quoi organiser tout cela ..." (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2767 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20016).
Le 26 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J'ai lu avec attention l'état général de l'année que vous m'avez envoyé après la conscription de 1810. Je vois qu'il manquera encore beaucoup de monde au complet des corps ... à l'infanterie légère ... 200 au 21e. Il faudra me proposer des moyens pour remédier à cette grande irrégularité, et surtout pour les 3e et 4e bataillons qui sont à portée de fournir une réserve pour la défense de la côte ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20150).
En février 1809, 2 Compagnies de Fusiliers du 4e Bataillon se mettent en route de Wesel au sein du 5e Bataillon de marche pour rejoindre Strasbourg le 18 mars. Puis gagnent Augsbourg retrouver les Carabiniers et Voltigeurs du Bataillon et entrer dans la nouvelle 2e Demi-brigade légère, Brigade Coehorn, Division Claparède, avec des détachements du 28e Léger et du 17e Léger.
Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
1
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2
... Le 11e régiment sera composé de 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 7e léger, 17e 1éger, 10e 1éger, 9e 1éger, 21e léger, 28e 1éger ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).
Situation de la Division Oudinot au 9 mars 1809 (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20309) :
Divisions |
Brigades |
1/2 Brigades |
Bataillons |
Présents |
Détachements tirés des conscrits de la Garde |
Compagnies de fusiliers formant les 12 premières compagnies de marche |
Détachement formant le 13e bataillon de marche |
Totaux
|
Manque au complet de 560 par brigade |
Excédent sur le complet |
|
Par bataillon
|
Par 1/2 brigade
|
||||||||||
2e division général Tharreau |
1re brigade le général |
2e 1/2 brigade d'inf. légère Major Lendy | 17e d'inf. légère |
308 |
11 |
231 232 275 |
|
550 527 564 |
1641 |
10 |
|
La 1ère division du Corps d'Oudinot est placée sous le commandement du maréchal Lannes et de son 2e Corps d'Armée, et la brigade Coehorn est attachée au Corps de Masséna. On la retrouve à Landshut le 21 avril.
La brigade Coehorn se couvre de gloire, le 3 mai, sur le pont d'Ebersberg. Le chef de bataillon Cabaret y est tué.
Au moment de la bataille d'Essling (20-22 Mai 1809), les soldats d'Oudinot défendent avec acharnement le village du même nom. Lannes, mortellement blessé, est alors remplacé directement par Oudinot. Le Corps d'Oudinot passe alors sous le commandement du Général Tharreau. Tandis que la Division Claparède passe sous le Général Frère.
Les Français repassent le Danube et se fortifient dans l'ile Lobau.
Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 21e Léger, l'Empereur ordonne : "... Les 1500 hommes des conscrits des 4 années destinés pour la cavalerie, et les 1500 hommes des mêmes années destinés pour l'artillerie formant 3000 hommes seront employés à renforcer le corps d'Oudinot ..."; la répartition qui suit indique que 300 hommes seront dirigés sur le Dépôt du 21e Léger, tandis que le Dépôt devra envoyer 300 "hommes au 4e bataillon desdits régiments au corps d'Oudinot". Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 12e Demi-brigade provisoire : 7e Léger qui reçoit 300 hommes; 17e id. qui en reçoit 175; 9e id. qui en reçoit 25; 10e id. complété à la Division St-Hilaire; 21e id.; 28e id. qui reçoit 60 hommes; au total donc, 560 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).
Au sein du 2ème Corps, désormais sous leur ancien chef, la Division Frère participe à la bataille de Wagram. Le Général y est blessé. Le 21e n'y a que peu de pertes en Officiers.
En juillet, la Division Oudinot est réduite à 10 Demi-brigades. La 2ème Demi-brigade d'infanterie légère, aux ordres du Colonel Morand, compte toujours à la Brigade Coenhorn, 2ème Division Dupas.
Petit à petit, les 4ème bataillons vont rejoindre le gros de leur unité.
VII / 1810-1811, LA CAMPAGNE D'ANDALOUSIE DU 21E LEGER
- 1810
Les opérations militaires tournent donc au début de l'année autour d'une expédition en Andalousie, exécutée par les 4e, 5e et 1er Corps, regroupés en Armée du Midi sous les ordres de Soult, accompagné du roi Joseph.
Vers le 15 Janvier, l'Armée est devant la Sierra Morena dont les Espagnols disputent les passages.
Le 20 Janvier, au centre du dispositif français, le 5ème Corps de Mortier, et en premier la Division Gazan (21e Léger), franchit la montagne et disperse à Despêna Ferros les forces espagnoles qui voulaient s'y opposer. Les 3 corps français débouchent sur le Guadalquivir, s'emparent des ponts sur le fleuve et Mortier entre dans Cordoue le 21. Le Roi Joseph pavoise ... Victor s'empare de Séville qui se rend le 31 janvier.
Pendant ce temps le gouvernement provisoire de l'Espagne, la Junte Insurrectionnelle, se réfugie à Cadix, pressé par Victor qui y met le siège (voir historique 9e Léger).
Le 22 février 1810, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je reçois votre rapport du 21 février. Je suis surpris de voir qu'on a incorporé dans le 5e bataillon auxiliaire des détachements du 17e, du 21e, du 28e d'infanterie légère, du 14e, du 27e, du 34e, du 39e, du 40e de ligne. Évidemment, cela est une erreur. Tous ces détachements, appartenant à des régiments qui sont en Espagne, ne peuvent pas faire partie des bataillons auxiliaires, qui, encore une fois, ne doivent être composés que de détachements tirés des corps qui ne sont pas en Espagne. Donnez ordre sur-le-champ que le travail du comte de Lobau soit refait, et que les détachements ci-dessus aient à se rendre à Orléans, pour entrer dans la composition des régiments de marche qu'on forme dans cette ville.
La différence entre les régiments de marche et les bataillons auxiliaires est sensible. Les régiments ou bataillons de marche sont composés de tous détachements qui appartiennent à des régiments de l'armée d'Espagne. Du moment qu'ils seront en Espagne, on en ordonnera la dissolution, et le résultat de cette mesure sera que chacun rejoindra son régiment. Pendant le temps que ces détachements sont en route, ils comptent dans leurs régiments ; au lieu que les bataillons auxiliaires ne sont composés que de détachements qui n'appartiennent pas à l'armée d'Espagne, qui, aussitôt qu'ils sont entrés dans le bataillon auxiliaire, sont effacés de la matricule de leur corps, et qui, arrivés en Espagne, restent formés en bataillons auxiliaires, sans être dissous, et ne peuvent avoir une autre destination que par un décret" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16282 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 23177).
Mortier laisse une Brigade à Séville, puis se porte sur Badajoz. Comprenant que la place ne se rendra pas, il se replie sur Llerena où il établit son QG. Les soldes sont enfin payées depuis plus de 13 mois grâce à des levées de contributions sur le pays.
POSITIONS DU 21E LEGER EN SEPTEMBRE 1810
Colonel Martin Lagarde, Major Dode, Quartier Maitre Bernardini |
Jusqu'à la fin de l'année, le 5e Corps contrôle les accès de l'Extremadure. Des Officiers sont tués dans divers petites affaires contre des guérilleros et des débris des armées espagnoles.
Dans ses Mémoires, le Général Hugo raconte : "... don Juan Martin, emporté par son caractère actif, brave, entreprenant ; et poussé par les continuelles exhortations de la junte, ne pouvait rester longtemps sans reparaître. J’appris qu'il s'était reporté sur Cifuentes (note : Cifuentes est une petite ville située dans un bassin riant et fertile ; elle est entourée d'une chemise crénelée et défendue par un vieux château. Au pied du mont San Cristoval et dans la ville même jaillit la large source du ruisseau dont j'ai déjà parlé plusieurs fois, et qui, après avoir alimenté la papeterie de Gargoles, va se jeter, après une belle cascade, dans le Tage, auprès du pont de Trillo. Cette source forme, dans Cifuentes, un grand abreuvoir, et mérite d'être visitée par les curieux. Après la bataille de Villa-Viciosa, le général Staremberg se retira de ce côté, et fut sauvé d'une destruction entière par la position escarpée qu'il prit sur la rive gauche du Tajuna), et qu'il avait le dessein de m'y attendre. Je l'y laissai rassembler toutes sa division pour lui donner plus de confiance encore ; et quand j'eus la certitude qu'elle y était entière, je fis venir de Guadalaxara. un détachement des 12e et 21e d'infanterie légère, et laissant Brihuega sous la garde des dépôts, j'en sortis le 14 septembre au point du jour avec les Westphaliens, les hussards hollandais, deux bataillons d'Irlande et le détachement d'infanterie française dont je viens de parler ; c'est-à-dire avec environ mille fantassins et trois cent cinquante chevaux.
Nous n'aperçûmes rien jusqu'à Gargoles ; mais à peine eûmes-nous passé le ruisseau de Cifuentes, que l'avant-garde annonça l'ennemi. Ayant alors fait arrêter la colonne, ordonné à l'infanterie de se serrer en masse, et à la cavalerie de se former en bataille à mesure que l'une et l'autre arrivaient à ma hauteur, je me portai sur un tertre d'où j'observai les dispositions suivantes :
L'ennemi avait un bataillon entre le château et le pied du San-Cristoval : plusieurs autres bataillons garnissaient ce mont escarpé, et sa cavalerie occupait la plaine en avant et sur la droite de la ville de Cifuentes, faisant face à moi ; elle détachait des tirailleurs pour escarmoucher avec les miens.
Les deux bataillons d'Irlande étant formés en masse, un escadron westphalien en bataille sur chaque aile, et les hussards hollandais composant seuls une réserve, aussi en bataille vis-à-vis l'intervalle de l'infanterie, je lançai sur mon front moitié de mon infanterie légère en tirailleurs ; l'autre moitié, formant mon avant-garde sous les ordres de M. Dronis, marchait à cent cinquante pas de moi en colonne par section. Je suivis leurs mouvemens dans l'ordre que je viens de décrire.
La cavalerie ennemie étant nombreuse et en bataille, mon infanterie exécuta devant elle le passage de plusieurs obstacles. Arrivé enfin à une bonne portée de fusil, l’ennemi commença, de toutes ses positions, un feu de file très nourri. J’arrêtai ma colonne ne pouvant la masquer, et ordonnant à l'infanterie légère de diriger tous ses coups sur la troupe placée auprès du château ; je détachai le 2e bataillon d'Irlande commandé par M. de Chamborant pour gagner les derrières de cette troupe en traversant la ville. Je jetai au même moment toute ma cavalerie sur ma gauche, comme pour appuyer ce bataillon, mais afin de la dérober au feu meurtrier de la montagne.
La cavalerie ennemie, craignant que le bataillon que je dirigeais par la ville et qui coupait en quelque sorte la ligne de l’Empecinado, ne la prît de flanc, fit un mouvement rétrograde pour rester liée à cette ligne. Aussitôt un escadron westphalien et les hussards hollandais eurent ordre de la suivre. Poussée par cette manœuvre, elle se retira plus loin qu'elle n'en avait l'intention et fut contrainte à faire le tour de Cifuentes pour gagner le chemin de Canredondo.
M. de Chamborant ayant exécuté l'ordre qu'il avait reçu, l'infanterie ennemie, placée entre le San-Cristoval et le château, se hâta, pour se soustraire aux feux, qui l'atteignaient devant et derrière, de se jeter dans le vallon à droite des masses de son général, afin de s'y réunir par les bois.
Les chasseurs des 12e et 21e légers, aussi braves que pleins d'ardeur, voulurent suivre cette infanterie ; mais le feu terrible de la montagne leur en imposa tellement, qu'ils s'abritèrent contre 1'escarpement : le bataillon de M. de Chamborant, en cherchant à les appuyer, fut bientôt obligé de faire de même, de sorte que les chasseurs et ce bataillon se trouvèrent comme bloqués sur ce point inutile, d’où ils ne pouvaient sortir sans défiler à portée de pistolet, et avec une perte effroyable, sous les coups de l'ennemi placé au-dessus d'eux. Je sentis que pour les tirer de ce dangereux abri, autant que pour empêcher l'Empecinado de les écraser par le vallon à sa droite, dont il était maitre, il fallait, avec le seul bataillon qui me restait, faire lé plus vigoureux effort sur les derrières des masses postées en haut de la montagne, et profiter du mouvement qu'il y causerait pour arracher M. de Chamhorant et l'infanterie légère à leur position difficile,·les porter ensuite à l'appui du premier bataillon, que dans mon extrême confiance en sa valeur, j'allais extraordinairement,·mais indispensablement engager. Ce bataillon, pour arriver à mon but, avait à gravir, le long de la montagne et sous le feu de l'infanterie qui la garnissait, 1e seul chemin qui pût nous y conduire. J'ordonnai le mouvement et le colonel Balestrier se mit en tête, l'épée à la main : ses grenadiers souffrirent en gravissant le chemin, mais leur audace l'emporta, et malgré le feu roulant dirigé sur eux, leur marche ne se ralentit heureusement point. J'attendais avec un calme apparent, quoique avec une réelle inquiétude, l'effet que ce mouvement allait produire, et je n'en eus pas plutôt vu le principe, que je dis à M. de Chamborant et aux chasseurs de saisir l'instant où le feu changeait de· direction, et de se jeter dans le vallon· dont je viens de parler. L'Empecinado, pressé par cette diversion, fit, pour n'être pas coupé par deux troupes qui allaient se réunir sur ses derrières, un mouvement brusque et dont le désordre l'obligea de se jeter dans les bois.
Mais pendant que les choses se passaient ainsi à l'attaque de la montagne, la cavalerie ennemie n'arrêtait point sa retraite, parce qu'elle était harcelé par les hussards hollandais et les Westphaliens ; néanmoins au retour d'un coude sur le chemin montueux de Canredondo, elle s'aperçut que la tête de l'escadron westphalien passait seulement le défilé du petit pont de Cifuentes, et que les hussards, ne l'attendant point, suivaient seuls la charge ; alors se sentant supérieure de cinq sixièmes, elle fit volte-face et revint très vigoureusement sur les hussards. Je m'aperçus de ce mouvement à l'instant où j'arrivais sur le San-Cristoval avec le 2e bataillon d'Irlande, et m'empressai d'envoyer le capitaine Roh, l'un de mes aides-de-camp, porter aux escadrons westphaliens l'ordre de se réunir près la chapelle de Canredondo, de soutenir les hussards et de leur faire prendre leur revanche.
Les Westphaliens de l'escadron de réserve voyant arriver l'aide-de-camp qui leur criait : En avant vers la chapelle, ne l'attendirent pas, et, s'élançant le long du château, rejoignirent bientôt l'autre escadron. Celui-ci ayant remarqué l'embarras des Hollandais et achevé son passage, se portait au galop à leur secours. Il ne faut pas croire que les cent Hollandais chargés par six cents chevaux se sauvassent lâchement ; ils avaient fait leur demi-tour à la voix de leur intrépide colonel Van Poll, et se retiraient vite, mais en ordre : aussi, dès que cet officier s'aperçut du renfort qui lui venait, il fit faire face en arrière en bataille, s'unit aux chevau-légers et reprit ses blessés ainsi que ses prisonniers. Vos braves viennent de nous prouver qu'ils n'ont point dégénéré, lui dis-je en le rejoignant bientôt après, et qu'ils sont issus de ces Bataves qui, sous le règne d'Auguste, méritèrent si bien le surnom de praestantissimi equites.
La cavalerie ennemie n'apercevant plus l'Empecinado sur la hauteur inexpugnable de San-Cristoval, ne jugea point à propos de s'engager plus sérieusement, et continua à se retirer au galop devant la mienne, qui la poursuivait du même train. Quoique ces deux troupes ne fussent qu'à portée de pistolet l'une de l'autre, telle est la vigueur des chevaux espagnols, que cette distance se conserva sans pouvoir disparaitre (note : La même chose arriva depuis (le jour où je marchai sur le Xarama) au colonel Vial, du 26e de chasseurs à cheval, dans une charge longtemps soutenue). Arrivée au sommet de la montagne, lequel peut être à moitié chemin de Canredondo, et l'ennemi fuyant toujours, ma cavalerie s'arrêta, fit referrer en position les chevaux nombreux que le terrain pierreux avait mis à nu, et revint sur moi quand tout eut disparu devant elle.
De son côté, l'infanterie, après s'être réunie sous le petit plateau du mont San-Cristoval, avait donné si furieusement contre l'Empecinado pendant son mouvement, qu'elle avait augmenté le désordre de ses bataillons, et les avait culbutés jusqu'au bois. Une dispersion subite, selon la coutume de l'ennemi, vint le dérober encore à notre acharnement. J'aurais bien désiré que don Juan Martin eût suivi un tout autre système ; mais, à parler franchement, c'était le seul qui convint à son genre de guerre et à ses soldats mal exercés.
Il me fut impossible, dans le rapport de cette affaire à l'état-major de S. M. C., de citer nominativement tous les braves qui s'étaient distingués parce qu'à cet égard il n'y avait pas de choix à faire, et que les colonels Balestrier d'Irlande (note : Il fut élevé à la dignité de commandeur de l'ordre royal d'Espagne), de Stein des chevau-légers, et Van Poll des hussards, ne purent me fournir aucun état. Cependant je signalai pour des récompenses les chefs de bataillon Delès et Chainborant, les chefs d'escadron de Plessen. et Goelhingen, le lieutenant Dronis, et beaucoup d'autres braves dont les noms ne sont pas présens à ma mémoire en ce moment. Mes pertes ne furent point proportionnées à la chaleur de l'action ; car je ne comptai que vingt-deux hommes tués ou blessés ; celle de l'ennemi égala sans doute la mienne ; mais elle l'aurait considérablement dépassée, si son champ de bataille eût été plus accessible : quelques prisonniers seulement restèrent en mon pouvoir ; l'ennemi n'en garda aucun de ceux qu'il m'avait faits.
Cette position du San-Cristoval domine considérablement la belle vallée de Cifuentes : on ne peut y arriver de cette ville que par un chemin très rude, qui conduit à l'entrée des bois. Sur la pointe qu'elle avance au-dessus de Cifuentes, se trouve une maisonnette au pied de laquelle les rochers tombent brusquement à pic de plus de vingt toises : au bas de cette escarpe, il y a, si je m'en souviens bien, une carrière, et, de ce point, la chute des terres est très inclinée vers les ruines du château.
L'Empecinado, en attendant sur un pareil terrain la seule colonne que je pusse lui opposer, ne pouvait jamais rien craindre pour sa retraite, sans ma résolution désespérée ; mais quels avantages cette position· ne lui assurait-elle point, si les chances du combat tournaient en sa faveur ? toutes ses forces descendant ou plutôt se précipitant sur moi, m'auraient accablé dans la plaine et dans les vallées profondes, dont le trajet de Cifuentes à Brihuega est entrecoupé.
Pour tenter la destruction de l'Empecinado, il eût fallu la coopération de plusieurs colonnes sur une même direction, et les troupes manquaient à l'armée du centre pour les former ; d'un autre côté, si une pareille combinaison eût eu lieu, ce général ne l'eût-il pas mise en défaut par ses dispositions, ou en se cachant dans les défilés impraticables qui avoisinent le haut Tage sur l'une et l'autre de ses rives.
Ne pouvant, avec les troupes sous mes ordres et à cause des garnisons que j'avais à fournir, réunir encore plus de 1000 à 1200 hommes, contre 4, 5 et quelquefois 6000, mes manœuvres devaient se ressentir de ma faiblesse numérique. Des attaques audacieuses sur un seul point, comme le flanc, le centre, les derrières, étaient tout ce que je pouvais entreprendre de mieux. Je devais me conformer à ce que mes moyens me permettaient, et donner le moins désavantageusement pour moi contre des masses toujours retranchées dans les rochers, ou cachées dans d'épaisses broussailles ; toujours postées sur des crêtes inaccessibles, ou couvertes par des rivières profondes. J'arrivais ordinairement à ces positions à jeun, après une marche fatigante, un soleil brûlant ou la pluie sur le corps ; j'y forçais un ennemi frais, bien repu et tout disposé pour une dispersion en cas de malheur. Le moment de la victoire était pour moi le plus voisin d'une défaite ; il ne fallait qu'un instant d'imprudence ou une fausse manœuvre pour causer la perte de ma colonne. En laissant poursuivre en désordre, en laissant trop disperser mes forces, je pouvais me priver des moyens de résister au choc d'une réserve habilement lancée : heureusement pour moi que sur ce point de tactique militaire, l'Empecinado se montra toujours faible.
L'affaire finie, nous revînmes bivouaquer sous Cifuentes, où les blessés et les prisonniers avaient été réunis. Le lendemain matin , nous fîmes relever et enterrer les morts, et n'ayant, le surlendemain, aucune nouvelle de l'Empecinado, nous quittâmes cette ville pour aller déposer nos blessés à l'hôpital de Brihuega.
Dans cette guerre et dans ce pays difficile, ne sachant jamais à temps utile le point de ralliement de l'ennemi, on n'osait pas risquer ces malheureux à la conduite d'une escorte qui facilement eût pu se trouver arrêtée ou prise dans les défilés ; il fallait, si l'on voulait poursuivre ses succès, laisser ces braves intéressans dans les ruines de quelque vieux château, avec un détachement, ce qui les exposait, non seulement à manquer de tout, mais à être enlevés ou égorgés par des partis. On était donc, après chaque affaire, dans la nécessité de créer un poste, ou de se rapprocher du poste le plus voisin ..." (« Mémoires du Général Hugo », Paris, 1823, t. 2, p. 232 et suivantes).
Des renforts arrivent dans des Régiments de marche. C'est ainsi que Napoléon ordonne :
"Saint-Cloud, 13 septembre 1810
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, il sera formé une division de réserve de l'armée d'Espagne, qui sera composée de trois brigades.
La 1re brigade sera composée,
1° Du 1er régiment de marche de l'armée du Midi, lequel se formera à Limoges et sera composé de deux bataillons de marche de l'armée du Midi. Le 1er bataillon sera composé de la manière suivante : 100 hommes du 21e léger, 100 du 28e, 100 du 34e de ligne, 100 du 40e, 100 du 64e, 100 du 88e; total, 600 hommes.
Le 2e bataillon sera composé de 100 hommes du 100e de ligne, 100 du 103e, 100 du 54e, 100 du 63e, 150 du 32e, 150 du 58e; total, 700 hommes.
Ce 1er régiment sera commandé par un colonel en second, deux chefs de bataillon et les officiers nécessaires.
Les officiers destinés à rejoindre l'armée du Midi auront emploi dans ces régiments. Vous me proposerez d'y envoyer douze jeunes gens de l'école militaire de Saint-Cyr, qui rejoindront à Limoges et auront des brevets de sous-lieutenants pour les douze régiments dont les détachements forment ce régiment de marche. Les détachements faisant partie de ce régiment, qui se forment à Orléans, recevront l'ordre de continuer leur route sur Limoges.
Il est nécessaire que ce régiment soit bien constitué, parce qu'il se passera beaucoup de temps avant qu'il puisse être dissous et rejoindre ses corps sous Cadix ...
Les quatre bataillons composant cette 1re brigade de la division de réserve seront cantonnés à Limoges. Un général de brigade ira en prendre le commandement.
Il sera passé la revue de cette brigade le 10 octobre, mon intention étant qu'elle soit complétée, pour cette époque, en officiers et sous-officiers, et qu'elle soit en état de faire la guerre
...
Le général qui commandera cette division sera le général de division Caffarelli, mon aide de camp. Proposez-moi les trois généraux de brigade et un adjudant commandant à attacher à cette division. Je désire qu'elle puisse être réunie, du 15 au 20 octobre, à Bayonne ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 16900 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24562).
Selon les Mémoires du Général Hugo, le 17 octobre 1810, près de Brihuega, avant d'entrer dans le bois de Fuentes, un "... convoi de Royal-Étranger tomba dans une embuscade formée des deux côtés de la route à la faveur des murailles de pierres sèches que les paysans élèvent pour enceinte aux extrémités des champs rocailleux du plateau ; l'avant-garde composée d'une forte partie du détachement des 12e et 21e légers, s'étant trop avancée, fut coupée, et, en partie, prise ..." (« Mémoires du Général Hugo », Paris, 1823, t. 2, p. 281 et suivantes).
Le 18 octobre 1810, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin ... le 1er régiment de marche de l'armée du Midi se trouvera diminué de 500 à 600 hommes. Il sera donc convenable que, des deux bataillons, le général Caffarelli n'en forme plus qu'un qui se trouvera composé savoir :
De 104 hommes du 21e légère, 127 du 28e, 67 du 40e, 100 du 64e, 70 du 63e; 104 du 100e, 86 du 103e.
TOTAL. 658 hommes. On l'appellera bataillon de marche de l'armée du Midi ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4725 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24963).
Dans ses Mémoires, le Général Hugo raconte qu'après le combat à Brihuega le 17 octobre, il a fait un mouvement en direction de Alcolea del Pinar; parmi les troupes sous ses ordres, figurent le détachement des 12e et 21e Léger (Mémoires du Général Hugo », Paris, 1823, t. 2, p. 292 et 294).
Le 13 novembre 1810, à Fontainebleau, on soumet à l'Empereur "La demande d'un congé d'un mois avec solde, pour se rendre à Paris, faite par M. Dode, major au 21e régiment d'infanterie légère" ; "Accordé" répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4813 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 11 novembre 1810 »).
- 1811
Au début 1811, Soult doit soulager les troupes de Masséna au Portugal en s'emparant de Badajoz. Il accompagne le 5e Corps de Mortier, renforcé de quelques éléments du 4ème. Mortier se met en marche le 3 janvier de Llerena. Les forces espagnoles de Ballesteros et Mendizabal sont repoussées. Le 6, les Français occupent Merida et s'emparent du pont sur la Guadiana. Le train de siège ne suit pas, englué par des pluies torrentielles.
Tandis que la division Gazan poursuit les forces de Ballesteros, la place d'Olivenza est capturée par la division Girard, après un court siège, le 22 janvier.
Le 27, le siège de Badajoz commence. La division Gazan, après avoir battu les forces de Ballesteros à Villanueva de Castillejos le 21, rallie le 5e Corps.
Une colonne de secours espagnole réussit à rejoindre la place et lance une offensive générale qui est repoussée le 7 février. Le capitaine Pertuisot, du 21e Léger, a été blessé trois jours avant.
Le 11 février, les Français s'emparent du fort de Pardaleras (compagnies d'élite du 21e Léger et du 100e de Ligne). Le 19, à la Gebora, la colonne de secours espagnole de Mendizabal est écrasée. La garnison espagnole est de nouveau isolée.
Les batteries française se déchainent contre la place. Une nouvelle sortie est repoussée.
Entre le 7 et le 9 mars , une brèche est praticable dans les murailles. Le 11 mars la place capitule.
Tandis que les trois premiers bataillons du régiment étaient avec Mortier au 5e Corps, le 4e bataillon, après la campagne d'Autriche de 1809, était entré en Espagne en 1810. Réuni à un bataillon du 28e Léger et du 54e de Ligne, au sein d'une 2ème Demi brigade légère, il fait partie de la 1ère division Claparede, du 9e Corps de Drouet d'Erlon qui a rejoint Masséna au Portugal fin décembre.
Se heurtant aux lignes de Torres Vedras devant Lisbonne, Masséna a fini par se replier du Portugal avec des troupes en très mauvais état. Seule la forteresse d'Almeida reste aux mains des Français au Portugal.
Le 23 mars 1811, le Général Hugo se porte au secours d'Auñon, attaqué par les Espagnols, et où se trouve son frère; le Général raconte, dans ses Mémoires : "Le 23 mars (1811) j'étais, dès le point du jour, à travailler dans mon cabinet à Brihuega, lorsque j'entendis très distinctement commencer une mousquéterie assez vive. Comme la 2e compagnie de grenadiers de Royal-Étranger avait dû partir le matin même, pour rejoindre mon frère à Auñon, je sortis aussitôt de chez moi, pour m'assurer si elle avait opéré son mouvement, et j'obtins tout de suite la certitude qu'il n'était pas encore commencé. Je m'informai alors, auprès des postes voisins de mon logement, s'ils avaient entendu de la mousqueterie : tous m'assurèrent que non, et je rentrai dans mon cabinet pour continuer mon travail, presque disposé à donner une autre cause au bruit qui avait frappé mon attention, quand tout à coup ce bruit recommença et se soutint d'une manière claire et très vive.
Je sortis une seconde fois et fis part à toutes les personnes que je rencontrai de la continuation du feu que j'avais entendu. Le major Shelly, de Royal-Irlandais, vint lui-même avec quelques officiers de son régiment, l'écouter dans mon cabinet ; mais dehors on n'entendait plus rien. Je chargeai alors un aide-de-camp d'aller sur le plateau demander quelques renseignemens à la garde du fort : il n'en put obtenir aucun ; on n'y avait rien entendu et l'on n'y entendait rien.
D'Auñon à Brihuega il y a six lieues et demie (de 20 au degré) de chemin en ligne droite ; mais par les détours, les longues et nombreuses montées, la difficulté des sentiers, et les petites haltes nécessaires aux troupes, on ne peut, même en marchant bien, faire ces six lieues en moins de neuf ou dix heures; or, le feu dirigé contre Aúñon pouvait-il être distinctement entendu de Brihuega ? Cette question était difficile à résoudre avant la preuve affirmative. On entendait le feu dans mon cabinet, situé à mi-côte et dans la manufacture, mais nulle part ailleurs. C'était cependant à Auñon qu'on se battait. Le vent qui régnait sur le grand plateau, entre l'Henarès et le Tajuña, n'avait pas la même direction que celui qui soufflait sur le plateau entre le Tajuña et le Tage, conséquemment le poste du fort n'avait pu entendre le feu. Ceci a besoin d'une explication physique plus démonstrative.
Sur la rive droite du Tage, et près du pont qui conduit à Sacedon, s'ouvre une vallée étroite, qui se partage, à une pointe où le village d'Auñon est situé. L'une des ramifications de cette vallée communique avec la vallée de Berlinches, laquelle jette, presque immédiatement, une branche qui va se perdre, ainsi que les ramifications de la longue vallée du Tajuña, sur le dernier plateau dont je viens de parler. Le vent de ce plateau peut se précipiter dans celles de ces ramifications qui se trouvent sur sa direction, et tantôt s'abaisser vers le Tage, tantôt vers le Tajuña, dont alors il remonte ou descend les bassins, selon l'intensité des autres vents qu'il y rencontre.
Le vent, soufflant ce jour-là du S. E., arrivait à la longue vallée du Tajuña, par le défilé de Romancos, ouvert sur le prolongement supposé de celui de Berlinches ; et ne trouvant d'obstacles que le flanc droit de cette vallée, qui s'élevait pour lors vers Brihuega, il remontait au nord vers cette ville, et me faisait entendre, dans le silence du cabinet, les détonations que ses lames prolongées portaient avec elles, sans cependant faire partager cet avantage aux postes, parce que ces postes étaient, ou sur la voie publique, ou dans un voisinage bruyant qui fixait toute leur attention.
Ainsi, d'après les avis que l'ennemi se rapprochait du Tage; d'après le bruit que j'entendais et les conséquences physiques que j'en tirais, je dus croire qu'Auñon était l'objet d'une attaque. Une seule chose me causait quelque incertitude, c'était de ne point entendre le canon. Néanmoins, et malgré le peu de forces dont je pouvais disposer sur l'heure, pour secourir à temps mon frère contre les corps réunis devant lui ; malgré la distance et la longue suite de défilés étroits et boisés qui nous séparaient ; malgré l'escarpement des positions où l'ennemi pouvait placer des détachemens pour arrêter ma marche, je n'hésitai pas une minute à me mettre en route ; 250 chevau-légers, 150 hommes de Royal-Irlandais, 80 grenadiers de Royal-Étranger, une centaine de chasseurs des 12e et 21e légers, voilà ce dont je composai la colonne avec laquelle je sortis de Brihuega, vers six heures et demie du matin. Je savais cependant que Villacampa n'avait guères moins de 5000 à 6000 hommes, et qu'il n'agirait point sans le concours de l'Empecinado; mais il fallait secourir Auñon, et je connaissais l'effet d'un secours quelconque : tels étaient néanmoins le choix du point d'attaque de l'ennemi, et la répartition indispensable de ma division à cette époque, qu'il ne restait, après la composition de ma faible colonne, qu'un bataillon de Royal-Étranger, et des simulacres de corps espagnols à Guadalaxara et Torija ; que le 2e bataillon de Royal-Irlandais et les gardes du premier à Brihuega; donc, toutes les forces dont j'aurais eu besoin pour composer de suite une plus forte colonne, étaient presque toutes utilement employées, par le retard qu'on avait mis à achever le blockhaus.
Un parti se présentait dans cette fâcheuse circonstance, celui de faire replier les troupes qui appuyaient les travaux, mais les faire replier avant qu'on sût vers quel point l'ennemi dirigerait ses efforts, c'était nous obliger à recommencer incessamment tout ce que nous aurions abandonné, parce qu'il était indubitable qu'on raserait nos travaux pendant notre absence, ne fût-elle que de 48 heures ; les faire replier seulement devant l'ennemi, c'était les priver de l'appui de leurs retranchemens et les exposer, pendant une longue journée, à toutes les entreprises, que l'extrême supériorité de nombre ne manquerait pas de leur rendre funestes, dans un pays si difficile et avec un genre de guerre si particulier.
Dès le pont de Pajarès, c'est-à-dire, presque aux portes de Brihuega, les flanqueurs s'engagèrent avec des tirailleurs ennemis groupés sur les crêtes ; mais je leur ordonnai de ne répondre qu'en s'avançant toujours et de ne point s'arrêter. Ainsi les tirailleurs ennemis nous suivirent pendant quelques lieues, les uns à pied, les autres à cheval, jusqu'à la hauteur de Yelamos.
Dans toutes les petites haltes j'avais fait partir quelqu'un, à une centaine de pas de l'avant-garde, pour écouter, l'oreille contre terre, si la mousqueterie continuait ; et plusieurs fois on m'avait fait un rapport affirmatif.
Déjà nous marchions depuis près de sept heures consécutives sans avoir fait de grande halte, quoique personne n'eût encore mangé, lorsque nous arrivâmes à la hauteur d'el-Olivar. La colonne se serra en masse, pour une petite halte ordinaire, et l'officier (M. Drouin, du 21e) chargé d'écouter, fit le rapport qu'il n'entendait plus rien.
Ce rapport était digne d'attention : l'on n'entendait plus rien, ou parce que l'ennemi s'était retiré, ou parce qu'Auñon était pris. Comme je connaissais l'opiniâtreté militaire de mon frère, je m'arrêtai à la première supposition. Dans cet instant un escadron ennemi, ayant débouché du bois de Berlinches, je le fis charger pour avoir des prisonniers et apprendre d'eux à quoi m'en tenir. Je recommandai seulement aux chevau-légers de ne pas le pousser plus d'un quart d'heure et de revenir ensuite me rejoindre.
Pendant cette charge, le canon et la mousqueterie se firent entendre de nouveau sur Auñon, ce qui me détermina, sur-le-champ, à ne point attendre les Westphaliens qui déjà revenaient, pour continuer, à leurs yeux, de m'avancer sur ce village ; ils me rejoignirent à l'entrée de Berlinches, et j'appris des prisonniers qu'ils avaient faits, que dès le point du jour Villacampa avait attaqué et forcé la redoute du pont, laquelle n'était point achevée ; qu'il en avait pris la garnison, et qu'il s'était immédiatement porté sur Auñon ; que ce village tenait encore à leur départ, quoique l'Empecinado fût venu renforcer Villacampa, et que d'accord ils eussent renouvelé leurs tentatives.
D'épais nuages nous menaçaient depuis une heure, un orage violent éclata entre Berlinches et Auñon et couvrit le chemin d'eau et de grêle. Je m'étonnai plus d'une fois et je m'étonnerai toujours, de ce que l'Empecinado, qui connaissait si bien le pays, n'avait pas porté un fort détachement sur les hauteurs, entre Berlinches et Auñon, pour m'écraser dans la vallée. Cette manœuvre, à laquelle il ne songea point, aurait peut-être détruit ma faible colonne, assuré le succès de son entreprise, et, sans doute, amené l'évacuation totale de mon gouvernement : c'est le cas de dire qu'on ne s'avise jamais de tout.
Pendant cet orage, une colonne française, que M. le comte Béliard, informé, par mes rapports, des mouvemens de l'ennemi, envoyait pour le contenir vers le Haut-Tage; cette colonne, dis-je, avait été dans l'obligation de s'arrêter à Buendia, endroit distant, à vol d'oiseau, d'une lieue du village attaqué ; elle n'entendit rien de l'affaire, et ni Villacampa, ni don Juan Martin ne furent informés de sa présence dans leur voisinage. Quelle chance heureuse, si cette colonne eût pu entendre le canon et marcher à l'ennemi ! Cette colonne et la mienne fussent arrivées simultanément, eussent surpris les assaillans dans la vallée, par leurs seuls points de retraite ; et secondées par une garnison pleine de cœur, eussent peut-être enseveli les deux divisions ennemies sur les rives du Tage.
L'avis de mon approche fut cependant porté aux généraux insurgés, dès ma sortie du défilé de Yelamos ; il leur parvint assez tôt pour leur permettre d'envoyer un fort détachement sur moi. Je dus, sans doute alors, le salut de ma faible colonne à l'étonnante réputation d'intrépidité qu'elle s'était acquise, et à l'idée que je devais avoir plus de forces ; l'ennemi quitta son entreprise après dix heures de combat, fit rappeler partout et se retira en deux colonnes, l'une dirigée par le pont d'Auñon, l'autre par El-Olivar.
La brave garnison d'Auñon, pendant sa résistance héroïque, s'attendait bien que, comme à Siguenza et à Jadraque, j'arriverais à son secours ; aussi avait-elle fait les plus vigoureux efforts pour se soutenir contre Villacampa. Voyant, vers dix heures du matin, déboucher des troupes du côté de Berlinches, elle fit une sortie au-devant d'elles, dans la persuasion que c'était un secours, mais elle se trouva aux prises avec un ennemi de plus, l'Empecinado qui, jusqu'alors, ne s'était pas montré. Cependant lorsque, sur les quatre heures, elle entendit rappeler précipitamment ; lorsqu'elle vit les bataillons ennemis se rassembler et se mettre en retraite ; lorsqu'enfin, une demi-heure après, elle vit mes tirailleurs et mon avant-garde descendre dans la vallée et enlever quelques traîneurs; alors elle nous fit reconnaître et nous accueillit avec les transports de la joie la plus vive.
Bientôt cette garnison fut tout entière sur notre passage : mon frère, qui avait été blessé vint, le bras en écharpe, m'embrasser, et des larmes coulèrent de mes yeux. Que de plaisir ces braves gens témoignaient de me voir, de voir leurs camarades au milieu d'eux ! Avec quelle généreuse franchise ils applaudissaient au dévouement qui nous avait fait accourir à leur secours, en si petit nombre et de si loin, à travers un pays si difficile !
La retraite des deux divisions ennemies ayant eu lieu, comme je viens de le dire, par El-Olivar et le pont d'Auñon, je poussai, immédiatement après mon entrée dans le village, une forte reconnaissance vers ce dernier point ; elle y échangea quelques coups de fusil avec une arrière garde placée dans les rochers, et vint m'en faire son rapport.
Toutes les rues d'Auñon, tous les champs qui touchent au village, étaient couverts de morts. L'ennemi, dans quelques charges très vigoureuses, avait plusieurs fois forcé les retranchemens et pénétré dans la ville, mais il en avait toujours été chassé avec perte : on lui avait repris l'obusier dont il s'était emparé, et l'on citait le chef de bataillon Bossut, comme ayant renversé beaucoup d'hommes à coups de pierres. Tous ces faits, et près de cent prisonniers attestaient la valeur et l'étonnante résistance de cette petite garnison si mal retranchée.
Ayant communiqué le lendemain avec M. le général Blondeau, commandant la colonne française, j'appris que, par la direction contraire du vent et la violence de l'orage de la veille, il n'avait rien entendu. J'aurais bien désiré me joindre à lui pour suivre Villacampa, mais j'avais besoin d'appuyer l'évacuation d'Auñon, poste devenu désormais inutile par la démolition des ouvrages du pont, laquelle avait été faite pendant l'attaque avec une célérité sans égale. D'un autre côté, la garnison avait épuisé ses munitions, et je n'en avais pas assez pour l'en pourvoir.
Je fis escorter, sur Guadalaxara, dès le lendemain matin, les hommes le plus légèrement blessés, et je m'occupai de faire porter, sur des brancards, à l'hôpital de Brihuega, tous ceux qui exigeaient ce pénible soin" (« Mémoires du Général Hugo », Paris, 1823, t. 3, p. 26 et suivantes).
Le 27 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que 200 hommes du 2e régiment d'infanterie légère, 100 du 4e et 200 du 12e ; total 500 ; forment à Paris un bataillon de marche et se mettent en route pour Bayonne.
Donnez ordre que le 17e d'infanterie légère envoie à Bayonne 150
que le 25e id. envoie 100
Le 9e id. 120
Le 16e id. 100
Le 21e id. 120
Le 27e id. 120
Le 28e id. 120
Total de ce que ces régiments enverront à Bayonne 1330
Ayez soin que chacun de ces détachements ait au moins deux sergents, quatre caporaux et deux tambours. A leur arrivée à Bayonne, on formera de ces détachements deux bataillons de marche que l'on composera de la manière suivante : les détachements des 2e, 4e, 17e et 25e régiments qui appartiennent à l'armée de Portugal marcheront ensemble. Ceux du 9e, du 12e, du 16e, du 21e, du 27e et du 28e, qui appartiennent à l'armée du Midi, formeront l'autre bataillon. Vous aurez soin que ces détachements soient bien armés, bien équipés. Les dépôts pourront profiter de leur départ pour faire des envois à leur régiment. Vous me rendrez compte d'ailleurs du mouvement de ces détachements afin que je sois toujours à même de donner les ordres que pourraient nécessiter les circonstances. Mon intention est qu'aucun conscrit de 1811 ne fasse partie de ces détachements. Le nombre d'hommes que je viens de vous indiquer est porté dans les états comme existant au dépôt avant l 'arrivée de la conscription. Vous pouvez donc les faire partir deux ou trois jours après la réception des ordres. Faites passer en revue le bataillon de Paris avant son départ. Ayez soin qu'un major en second se trouve à Bayonne pour organiser les deux bataillons. Les premiers arrivés attendront les autres. Mais il sera toujours avantageux que le général qui commande à Bayonne ait des troupes sous sa main, qui peuvent être utiles pour la protection des frontières" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5402 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26853).
Soult reçoit l'ordre de l'Empereur de repartir en avant pour dégager la forteresse d'Almeida. Il se met en route le 2 mai. Wellington avait décidé de l'attendre à Fuentes de Onoro pour l'en empêcher. La bataille va y être acharnée entre le 3 et le 5 mai, et la victoire est indécise pour un camp mais la garnison d'Almeida a pu s'échapper. Le 4ème bataillon du 21e Léger y voit le capitaine Brisson et les lieutenants Keiner et Rousel blessés.
Les Anglais se mettent alors à assiéger, une nouvelle fois, Badajoz défendue par l'héroïque Philippon. Soult part au secours de la garnison, quittant Séville dans la nuit du 9 mai. Il emmène le 5e Corps commandé provisoirement par le Général Girard. Le Général Beresford l'attend derrière l'Albuera, sur un plateau avec le village du même nom. Il dispose des forces coalisées d'Anglais, Portugais et Espagnols.
Soult décide de l'attaquer avant l'arrivée d'autres renforts espagnols le 16 mai. Le 5e Corps va combattre l'aile droite ennemie, tenue par les Anglais, tandis que le 16e Léger, au centre, va s'emparer du village. Le 5e Corps aborde les premières lignes ennemies qui se replient sur leur seconde ligne et accueillent les Français par un feu d'enfer puis contre-attaquent. Le 5e Corps doit reculer, après des pertes importantes. Il serait en plus mauvaise posture si l'artillerie du général Ruty n' avait pas réussi à casser la contre-offensive ennemie.
Le centre français isolé reçoit aussi l'ordre de se replier. Le lendemain, les deux armées se font face sans combattre.
Le 21e Léger a eu de nombreuses pertes. Sont tués : le chef de bataillon Bigot, les lieutenants Bertrand, Chambeau et Lagorse. Sont blessés les capitaines Bavez, Pertuisot, Clamont, Maréchal et Stephanopoli.
Dans la nuit du 17 au 18, devant l'étendue des pertes à Albuera (6500 pour les Français et 10.000 pour les Alliés), Soult préfère se retirer. Il se positionne en observation à Llerena en Extremadure, livrant de petits combats contre Espagnols et Anglais qui viennent au contact. Les vivres manquent et les hommes fourragent le blé sur pied pour se nourrir.
Pendant ce temps, Beresford, rejoint par Wellington, a repris le siège de Badajoz où 2000 Français, issus du 5e Corps, résistent à toute une armée. Parmi ces hommes tenaces, avec le Général Philippon, quelques soldats du 21e Léger, dont l'héroïque Capitaine Joudiou qui repousse deux assauts sur le fort de San Christoval avec ses hommes, armés chacun de quatre fusils et de bombes à main pour augmenter leur puissance de feu.
Le 9e Corps de Drouet d'Erlon rejoint les forces de Soult et se fond dans l'Armée d'Andalousie. Le 21e Léger réunit alors ses différents bataillons dispersés.
Dans un courrier daté de Badajoz, le 21 juin 1811, adressé au Maréchal Berthier, Soult écrit : "... Dans la nuit du 10 au 11, 2000 anglais se présentèrent de nouveau pour donner l'assaut. Le capitaine Jondion, du 21e régiment léger, commandait à San-Christoval, sa garnison était de 140 hommes, chaque soldat avait quatre fusils chargés à ses côtés : le général Philippon avait fait placer une grande quantité de bombes chargées sur les parapets, dont le sergent Brette, du 5e régiment d'artillerie, avait la direction ; ce même militaire s'était déjà distingué au 1er assaut de San-Christoval.
Déjà les ennemis avaient appliqué 40 échelles, la tête de leur colonne arrivait au haut de la brèche ; le sergent Brette s'écrie : mon capitaine, faut-il faire sauter la première mine ? Les bombes et les grenades descendent ; en éclatant elles brisent les échelles, elles répandent la mort et l'épouvante parmi les ennemis, tandis qu'à coup de baïonnettes la garnison les précipite à bas de la brèche ; dans un instant les fossés sont comblés de morts et de blessés, parmi lesquels plusieurs officiers anglais ; dans cette confusion des officiers anglais demandent des secours, le brave Jondion leur ordonne de redresser une échelle et de monter dans le fort, où ils se rendront prisonniers. Cela fut exécuté. Au jour, le général ennemi écrivit au général Philippon pour lui demander une trêve de trois heures à l'effet d'enlever les blessés qui étaient restés dans les fossés ou sous le feu du fort. La demande fut accordée. La perte des anglais dans cette circonstance fut de plus de 6oo hommes ; nous n'eûmes pas 10 hommes hors de combat. C'est un des plus beaux faits d'armes que l'on connaisse.
On estime que la perte des Anglais, au siège de Badajoz, est au moins de 3000 hommes ; les Portugais et les Espagnols ont aussi perdu.
En adressant à V. A. S. le journal du siège, j'aurai l'honneur de lui présenter le nom des militaires de tout grade qui se sont distingués, et qui ont mérité les grâces de l'Empereur, pour qu'elle ait la bonté de les solliciter" (Supplément au Courrier de Turin N°95, 7e année, vendredi 12 juillet 1811).
Le 12 juin, Soult fait mouvement pour faire sa jonction avec l'Armée du Portugal, désormais sous Marmont qui a remplacé Masséna.
Devant ces renforts, les Anglais lèvent le siège de Badajoz et se replient sur le Portugal.
Le même 12 juin 1811, le Général Hugo attaque les guérillas à Cifuentes; dans ses Mémoires, il raconte : "J'appris, par les prisonniers, que don Juan se trouvait à Cifuentes avec cinq mille hommes d'infanterie, deux pièces de 8 longues et deux de 4 ; qu'il y attendait sa cavalerie ainsi que d'autres renforts, pour venir ensuite m'attaquer.
Ma colonne se composait d'environ deux cent vingt chevau-légers, de deux bataillons de Royal-Etranger, formant huit cent cinquante baïonnettes aux ordres du major Saint-Albin Durivoir, de cent cinquante chasseurs des 12e et 21e légers, ainsi que des quatre compagnies d'élite de Royal-Irlandais, fortes d'environ deux cents hommes. J'avais trois canons de 4 et un de 8, servis par des canonniers espagnols. Avec ces moyens, je résolus de prévenir les desseins de l'ennemi et de marcher à lui dès le lendemain 12 juin, anniversaire heureux de l'affaire de Sotoca, en 1810.
Le vallon qui d'Alaminos descend au Tajuña, n'offrant aucun chemin à large voie pour le passage de l'artillerie, je pris par le plateau la route de Hontanarès, d'où je descendis par Cogollos à Masegoso, pour y passer la rivière que je viens de nommer, au pont de pierre qui s'y trouve.
Ma colonne ayant fait halte sur la rive gauche, nous aperçûmes bientôt environ trois cents chevaux défilant par le bois et se dirigeant vers nous. Comme ils s'en approchaient, je fis avancer quelques pelotons de voltigeurs, pour soutenir les postes qui couvraient la halte : la mousqueterie s'engagea aussitôt entre eux et les tirailleurs ennemis.
Après être resté environ une heure dans cette position, où quelques hommes furent blessés de part et d'autre, je fis passer le Tajuña aux chevau-légers et comme tête de colonne, non que j'eusse le dessein de les faire entrer les premiers dans le défilé qui remonte vers le val de Cifuentes, mais avec ordre de s'embusquer derrière un mamelon voisin, de laisser de ce point filer mon infanterie, et de tomber sur la cavalerie ennemie aussitôt que celle-ci serait parvenue à leur hauteur. Les accidens du terrain et les coudes du chemin favorisaient cette embuscade.
L'infanterie étant passée fut suivie, à quelques cents toises, par cette cavalerie, et de part et d'autre, le feu avait cessé, lorsque l'avant-garde de cette dernière parut à la vue des chevau-légers qu'elle découvrit également. Cette avant-garde se replia de suite en désordre, et la colonne qu'elle éclairait en fit autant; mais les Westphaliens la suivirent si vivement, que, bien que l'une et l'autre eussent devant elles le pont et une rivière guéable, elles se trouvèrent encombrées au passage, et toute la queue en fut sabrée ; après quoi les chevau-légers vinrent me rejoindre à l'entrée du défilé où je les attendais, prêt à les soutenir au besoin. J'appris par le petit nombre de prisonniers qu'ils avaient cru à propos de ramasser, que la guérilla battue était celle de Monroë, dont l'Empecinado avait réclamé l'aide dans l'opération qu'il méditait contre moi.
Le chemin que je prenais dans le val de Cifuentes pour arriver sous cette ville, était le mème que j'avais suivi avec le 10e de chasseurs à cheval et le Royal-Irlandais, la veille de l'affaire de Trillo ; aussi m'était-il bien connu, et l'Empecinado, en me le voyant descendre, avait-il eu le temps de faire ses dispositions.
Arrivé au point de partage des eaux entre le Tajuña et le Tage, je découvris le beau val de Cifuentes, et, de ce point, les forces ennemies rassemblées sur le sommet du mont San-Cristoval. Une partie du Royal-Etranger ne connaissait point encore cette position formidable, et les plus braves, en la voyant, la jugèrent trop inexpugnable et trop fortement occupée pour que j'osasse m'y engager avec don Juan Martin.
Ce général qui déjà m'y avait attendu, et que j'en avais délogé, ne jugeait pas comme eux ; mais informé par les rapports parvenus de Siguenza quelles étaient mes forces, il établit son plan de bataille de manière à m'enfermer dans Cifuentes, si j'avais l'audace de m'y présenter, et à m'y écraser sous les masses qu'il appelait à son aide.
Nous descendîmes la côte, et arrivés à portée de l'ennemi, le feu de son artillerie commença. A droite du chemin de Masegoso à Cifuentes et sous le canon de San-Cristoval, se trouve un tertre élevé plus long que large. J'ordonnai aux bataillons de se masser en arrière, afin de se couvrir. Je fis former les Westphaliens en seconde ligne, et voyant que l'ennemi avait négligé d'occuper le château, j'y portai de suite mon infanterie légère et deux compagnies de voltigeurs avec ordre de s'engager vivement et à couvert contre tout ce qui se montrerait au sommet du mont, ou qui ferait mine de vouloir en descendre, mais avec injonction expresse de ne pas aller plus loin, me rappelant trop bien la position critique où le deuxième bataillon de Royal-Irlandais s'était jeté lors de ma première affaire sur ce point.
Voulant néanmoins répondre au? canon ennemi qui tirait sans interruption, je fis porter la pièce de 8 sur le tertre, et ses premiers coups, pointés sur un angle trop bas, ne s'élevèrent point assez, mais tous ceux qui les suivirent donnèrent au milieu des masses ennemies. Le canon de l'Empecinado était également très bien pointé, mais des coups avaient moins de succès, à cause des tertres qui couvraient les troupes sous mes ordres.
Les voltigeurs et l'infanterie légère étant arrivés sans obstacle, mais en tirailleurs pour offrir moins de prise à l'artillerie ennemie, au poste que je leur avais assigné, fixèrent par leur attaque l'attention de l'Empecinado, qui, pour protéger ses canonniers contre eux, fit engager beaucoup de tirailleurs. La guérilla de Monroë, la même qui avait été culbutée au pont de Masegoso, parut bientôt après sur le chemin que nous avions tenu et resta prudemment en bataille à portée de canon de nos lignes.
Ne voulant perdre inutilement aucun de mes chevau-légers, je leur ordonnai d'aller rapidement s'établir en bataille derrière un mamelon très aigu, à gauche de la ville et de s'y tenir prêts à déboucher sur la prairie; je les fis appuyer par un bataillon qui, par les motifs donnés plus haut, s'y rendit en tirailleurs.
La cavalerie de l'Empecinado, forte ce jour-là, d'environ six cents sabres, et qui ne paraissait en ligne nulle part, déboucha dans la direction des chevau-légers, ce qui me détermina sur-le-champ à concentrer mon infanterie et mon artillerie entre eux et la ville.
Jusqu'alors les masses ennemies, placées sur le San-Cristoval, ne s'étaient point ébranlées, et l'arrivée de leur cavalerie pouvait déterminer l'Empecinado à faire descendre et à former le long du ruisseau, une partie de ses bataillons; mais il n'en fit rien, parce que son projet était de nous entourer, ainsi qu'on le verra plus tard.
Sa cavalerie, par suite de ce projet, ne paraissant pas avoir l'intention de s'engager encore, s'arrêta en colonne à portée de mitraille, et se couvrit d'une ligne de tirailleurs auxquels j'en opposai d'autres, pris dans l'infanterie.
Ma ligne de bataille, étant toujours au-dessus de la ville, derrière le ruisseau, et l'ennemi conservant sa position, j'ordonnai un changement de front, la gauche vers la chapelle du chemin de Canredondo, le centre couvert par la ville, et ma droite liée aux chevau-légers. Cette manœuvre eut lieu sous le feu de l'ennemi.
La mitraille ayant suffi pour maintenir la cavalerie de l'Empecinado, devant les chevau-légers, je songeai à m'emparer de la position du chemin de Canredondo, afin de pouvoir attaquer avantageusement la gauche de l'ennemi; et comme l'artillerie de celui-ci rendait ce mouvement très dangereux pour des masses, j'y fis passer le bataillon de M. Moutard (1er de Royal-Étranger), par sections éparpillées, les unes après les autres, comme au passage du pont de Trillo. Alors, voulant s'opposer à l'occupation de ce point, dont le feu lui était trop préjudiciable, l'Empecinado fit descendre de la montagne une nuée de tirailleurs vers les sections, qui se formaient en colonne à couvert par la chapelle; mais ils furent si bien reçus, et par le canon, et par la mousqueterie, qu'après avoir vainement tenté de se maintenir, qu'après avoir été soutenus à plusieurs reprises, ils furent obligés de se replier.
A peine ce mouvement de retraite était-il opéré, que, du poste où je me trouvais pour soutenir M. Moutard, je vis déboucher sur mes derrières, et dans la direction de Maranchon, une nouvelle colonne d'infanterie qui descendait à nous, l'arme à volonté et sur deux rangs. Ce renfort, joint aux six cents chevaux du Manco et à ceux de Monroë qui, par deux points différens, tenaient les chevau-légers en échec, devenait inquiétant, vu qu'il pouvait m'attaquer avec avantage.
Je chargeai alors M. le chef de bataillon Beaud, officier de mon état-major, de porter aux Westphaliens l'ordre de marcher à cette infanterie, de la charger et de l'écraser. Les chevau-légers, ayant à leur tête le brave Colonel de Stein, s'ébranlèrent: la cavalerie ennemie, qui se trouvait contenue par les voltigeurs d'Irlande, au lieu de soutenir cette infanterie en croisant le sabre avec les chevau-légers, se jeta toute en tirailleurs contre eux, et fut témoin de la presque entière destruction de la nouvelle colonne.
Ce qu'ayant vu, ainsi que l'Empecinado, je redoublai la vigueur de mon attaque, et m'attachant toujours au flanc gauche du San-Cristoval, comme le plus abordable, je parvins à l'ennemi, malgré le redoublement de son feu. Mais à peine fûmes-nous aux deux tiers de la côte, qu'il fit retirer ses pièces au galop dans le bois, et ordonna la dispersion accoutumée, la faisant, attendu la topographie des lieux, opérer dans deux directions différentes. Alors je chargeai le major Saint-Albin Durivoir d'en suivre une, et m'attachant à l'autre, je ne permis à la colonne qui la suivait de se remettre en bataille dans aucune des nombreuses et belles positions de la côte de Canredondo. A peine arrivions-nous au sommet de cette partie de la Sierra de Levante, que nous trouvâmes devant nous environ cent-cinquante chevaux en bon ordre, et que pour ne pas essuyer une charge désavantageuse, nous sentimes le besoin de nous rallier et de nous former en colonne. Les grenadiers du Capitaine Jacquot, du 2e bataillon de Royal-étranger, ayant été les premiers en ordre, et ceux d'Irlande étant déjà formés à demi, je chargeai le Capitaine Jacquot de marcher, en deux sections serrées, à cette cavalerie et de l'occuper, pendant que j'allais chercher à lui couper toute retraite, sur la vallée qui conduit à Carascosa; cette cavalerie ayant pénétré mon dessein, n'attendit personne et se précipita sur les traces de son infanterie. Le capitaine Jacquot l'y poursuivit jusqu'au petit village qui se trouve au bas, et je m'avançais pour l'appuyer, lorsqu'une autre colonne, d'environ quatre cents chevaux, marchant par quatre, s'étant montrée sur ma gauche, je fus obligé de m'arrêter encore pour lui faire face. La pièce de huit venait d'arriver; je lui en envoyai quelques coups avec succès, ce qui la fit rentrer dans le chemin de Canredondo.
Au bruit du canon, qui annonçait un nouvel engagement sur la montagne, les Westphaliens marchèrent à moi, mais ayant eu à parcourir plus d'une lieue de terrain pour me rejoindre, ils n'arrivèrent qu'une demi-heure après la disparition de cette colonne.
Le feu avait cessé tout à fait dans la direction du major Durivoir, mais j'ignorais si cet officier suivait l'ennemi, ou s'il était revenu sur Cifuentes. Ce ne fut qu'à mon retour sur cette ville, vers huit heures du soir, que je le rejoignis. L'affaire était alors terminée. La colonne de M. Durivoire, composée d'un bataillon de son régiment, des voltigeurs et de l'infanterie légère, était en bataille sur le chemin à l'entrée de la ville; la mienne, formée du 2e bataillon, du reste des compagnies d'élite de Royal-Irlandais et de la cavalerie, marchait derrière moi.
Qu'on se fasse ici une idée des sentimens qui durent m'agiter, quand cette troupe, en me voyant reparaître, se mit à crier: « Vive le Roi, vive notre général ;» quand, par un mouvement spontané, elle me salua de plusieurs décharges, et, après avoir couvert de feuillages la partie de son front que je devais traverser, manifesta le désir de faire une entrée triomphale, de mon retour à Cifuentes.
Jamais peut-être affaire aussi longue, engagée dans un terrain aussi difficile et contre des forces aussi disproportionnées, n'avait coûté si peu de monde aux troupes victorieuses : elles n'avaient eu que cinq hommes tués et vingt-deux blessés ; aucun n'avait été fait prisonnier. L'ennemi avait vu détruire presque entièrement une de ses colonnes : nous ne connaissions pas le nombre des blessés qu'il avait eus sur la montagne et parmi ses escadrons, mais la position que son infanterie avait occupée était jonchée de ses morts; nous avions fait en outre quatre-vingt prisonniers, enlevé un avant-train et obligé l'ennemi à enfouir pour toujours le reste de son artillerie.
Je modérai les transports de reconnaissance de cette partie de ma colonne, transports promptement et vivement partagés par l'autre partie, et après avoir témoigné hautement tout ce que je devais d'éloges à la valeur de chaque corps, je fis prendre position : un bataillon sur le San Cristoval, et le reste des troupes en avant de Cifuentes.
A l'exception de quelques maisons, toute cette ville était déserte. Du feu laissé négligemment par l'ennemi, et dont personne ne s'était occupé pendant une action longue, avait pris, dans les appartemens, et s'était étendu à plusieurs maisons. J'envoyai des piquets pour tâcher de l'éteindre, et ils y auraient complétement réussi, tant ils travaillaient avec ardeur, si ce fatal incendie n'eût communiqué avec un dépôt de munitions appartenant à l'Empecinado. Ce dépôt, ayant sauté avec violence, me tua quelques hommes et quelques chevaux, et couvrit la ville de poutres et de tisons enflammés. Un grand vent s'étant élevé, pendant la nuit, vint augmenter le désordre, et l'incendie se manifesta de toutes parts.
Ce ne fut cependant par en vain qu'au lieu de nous livrer à un repos si nécessaire, après une action et plusieurs marches très fatigantes, nous passâmes la nuit à porter des secours, puisque nous sauvâmes une partie de la ville. Mais l'explosion avait ralenti le zèle ;on voulait me la faire considérer comme un piège de l'ennemi, et l'on en craignait d'autres.
Le 13, plusieurs reconnaissances, sur différentes routes, ne nous ayant apporté aucune nouvelle de l'Empecinado, je pris le parti d'abandonner Cifuentes, afin de laisser aux habitans fugitifs la faculté de revenir chez eux, conserver ce que nous leur avions sauvé. Je m'acheminai, conséquemment, sur Brihuega, vers midi, afin d'y déposer les prisonniers et les blessés.
Les infortunés habitans de Cifuentes, en rentrant dans leurs murs, apprirent, de leurs concitoyens désolés, tous mes efforts et tous ceux de ma colonne pour sauver leur ville ; ils furent témoins des pertes que ces efforts nous avaient causées, et maudirent hautement l'Empecinado, qui, toujours, choisissait leur voisinage, pour se faire battre. Dans une lettre de remerciements qu'ils m'adressèrent, peu de jours après cet événement si malheureux, ils comparèrent la généreuse conduite de ma colonne, envers leur ville, à la conduite de l'armée de Titus, qui aida les rebelles, qu'elle combattait, à éteindre l'incendie du temple de Jérusalem" (« Mémoires du Général Hugo », Paris, 1823, t. 3, p. 45 et suivantes).
Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai ordonné que les détachements du 2e léger, du 4e et du 12e qui sont arrivés à Bayonne le 7 juin fussent formés en bataillon de marche pour escorter un trésor. Ce trésor devait partir le 15 juin ; mais depuis, en ayant retardé le départ, je pense convenable que vous écriviez au major général de donner l'ordre au général Monthyon de tenir au 1er juillet prêt à partir un régiment de marche et fort de 3 bataillons, composé de la manière suivante :
1er bataillon (infanterie légère)
Du 9e léger 100 hommes, 12e 200, 16e 80, 21e 80, 27e 95, 28e 75
Total 660 ...
Le général Monthyon passera la revue de ces 3 bataillons au 1er juillet. Le général Avy en prendra le commandement, les fera camper, les exercera et les tiendra en haleine et prêts à marcher du 1er au 10 juillet, selon les ordres que j'en donnerai, pour escorter un trésor" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5624 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27338).
Le même 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation ...
RÉGIMENTS DE MARCHE D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL.
Enfin deux régiments de marche seront formés : le premier, qui sera le régiment de marche des armées d'Espagne, sera composé de la manière suivante, savoir :
1er bataillon : une compagnie du 9e léger, deux du 27e, deux du 21e, une du 28e. Ce bataillon se formera à Compiègne ...
Un colonel en second sera chargé de la formation de ce régiment ; il aura sous ses ordres deux majors en second : le premier sera à Compiègne et commandera les 1er, 2e et 3e bataillons ; l'autre sera à Metz et commandera les 4e, 5e et 6e bataillons. Le 7e bataillon se joindra au régiment à son passage pour Bordeaux.
Chaque compagnie sera fournie par le 5e bataillon, qui la complétera à 150 hommes. Elle sera habillée et mise en bon état. Il y aura trois officiers par compagnie et le nombre des sergents et caporaux sera complet.
Au 10 juillet, ces compagnies se mettront en marche. A la même époque, les majors en second seront rendus l'un à Compiègne et l'autre à Metz. Le colonel en second restera à Paris et recevra la correspondance des majors en second. Un chef de bataillon sera chargé de passer la revue du 7e bataillon à Bordeaux et correspondra avec le colonel en second.
Ainsi ce premier régiment de marche aura sept bataillons et sera fort d'environ 7,000 hommes.
Au 15 juillet, vous me rendrez compte de sa situation pour que je puisse donner l'ordre définitif du mouvement" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).
La garnison victorieuse reçoit ses libérateurs avec joie, le 19 juin.
Soult doit retourner en Andalousie, où les affaires militaires se compliquent durant son absence. Le 5e Corps reste en Extremadure surveiller la région.
Le 20 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Boulogne, au Général Comte de Hogendorp, Aide de camp de l'Empereur : "Monsieur le Général Hogendorp, je vous ai mandé de faire partir sur-le-champ tous les conscrits que vous avez pour l'armée d'Allemagne. Vous ne devez pas manquer d'effets d'habillement. En effet je vous ai autorisé à prendre tous les effets d'habillement qui se trouvent dans les 9 dépôts de la 25e division militaire. Le 21e léger et le 8e de ligne doivent avoir au moins 1.500 habits destinés pour l'armée d'Espagne que vous pouvez prendre pour en habiller vos conscrits. J'attache de l'importance à ce que tous les hommes de vos dépôts soient habillés promptement et partent pour l'Allemagne, pour que le 28 vous puissiez vous trouver à Utrecht, après avoir habillé et fait partir tous les hommes que vous avez. Vous laisserez momentanément le commandement de votre dépôt au major" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 2, lettre 1607 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28709).
Dans son rapports au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général, daté du Quartier général de Séville, le 26 novembre 1811, le Duc de Dalmatie écrit : "... Le chef de bataillon Blondel, du 21e régiment d'infanterie légère, a fait une battue dans les montagnes en avant de Xérés de los Caballeros et d'Oliva, il a rencontré plusieurs corps de divisions portugaises; il les a dispersés après leur avoir tué une centaine d'hommes et blessé un plus grand nombre ; il est rentré avec un convoi de plusieurs centaine de boeufs enlevés à l'ennemi ..." (Courrier de Turin N°173, 7e année, mercredi 18 décembre 1811).
Le 25 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... Les quatre bataillons du 24e léger seront à 800 hommes présents sous les armes au 1er février, à Osnabrück. Il lui manque, je crois, peut-être à ce complet 600 hommes. Présentez-moi un projet pour détacher des 5es bataillons d'infanterie légère dont les régiments sont en Espagne les hommes disponibles pour former les 600 hommes nécessaires pour recruter ce régiment ; les 21e, 28e, 27e, 17e, 25e, 6e, 2e, 4e, 12e, 16e, 23e, etc. pourront fournir ces 600 hommes. Choisissez dans chaque dépôt ce qu'on peut en tirer ..." (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18367 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29460)
VIII / LE REPLI D'ESPAGNE, 1812-1813
- 1812
Fig. 8 Sapeur du 21e Léger en Espagne vers 1811-1812; dessin de Fort d'après le manuscrit El Guil |
Wellington ne peut que constater l'affaiblissement des Français, par la désertion, les maladies, les retenues abusives de bataillons de marche par les autorités locales, et surtout les ponctions pour le front Est Europe. Ciudad Rodrigo est reprise par les Britanniques, le 19 janvier.
Dès le mois de mars, le siège est mis pour la 3ème fois devant Badajoz, où Philippon essaie de rééditer ses deux exploits précédents.
Les cadres des 3e et 4e bataillon du 21e Léger sont rappelés en France pour recevoir des conscrits. Le commandement général de toutes les forces françaises a été, hélas, confié au Roi Joseph en Mars.
Pendant ce temps, les Anglais lancent des opérations au Nord de l'Espagne avec les Espagnols, soutenus par des raids de la Navy qui paralysent l'Armée de Caffarelli. Et au Sud, sur le Tage, le 18 mai, à Almaraz (destruction du pont) pour couper la jonction entre les Armées du Portugal et celle du Midi.
Le 28 juin, Wellington marche sur Salamanque, tandis que des forces coalisées, sous les ordres du général Hill, se portent sur Llerena.
Pendant ce temps, que se passait-il en Andalousie ? Soult n'était pas sans savoir ce qui se passait plus au Nord mais il était "fixé" par le siège de Cadix, par les opérations des forces espagnoles de Ballesteros, et celles près de Valence, où les Anglo siciliens menaçaient de débarquer. Il demandait son remplacement devant les inepties militaires du roi d'Espagne.
Le 6 juillet, Badajoz se rend et Wellington, le 22 juillet, bat l'Armée du Portugal aux Arapiles. Joseph fuit sur Valence.
Hippolite d'Espinschal, Officier au 2e Hussards, raconte, dans ses Souvenirs militaires : "... La division de cavalerie légère, réunie dans la nuit du 26 juillet, se porta dès la pointe du jour dans la direction de Don Benito, où elle fit sa jonction avec la brigade d'infanterie du général Saint-Paul, composée des 100e de ligne et 21e léger en position près du village de Montcarbie, d'où plusieurs détachements furent envoyés sur La Zarza et les bords de la Guadiana pour prendre connaissance des mouvements de l'ennemi ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 2, p. 32).
Le 29 juillet, Joseph donne l'ordre à Soult d'évacuer l'Andalousie avec son armée du Midi, pour regrouper les forces françaises. Wellington entre à Madrid le 12 Août.
Le repli de l'Armée du Midi débute à la fin Août.
Hippolyte d'Espinchal raconte, concernant le 28 août 1812 : "... nous fûmes ... à Monterubio où je fus détaché avec un escadron sur la ville de Benalcazar, afin de protéger l'évacuation de la forteresse occupée par le 100e de ligne et le 21e léger.
La route que nous suivîmes pour arriver au bourg d'Hinojosa fut d'autant plus fatigante qu'elle était à travers les montagnes à peu près inaccessibles, obligés de suivre la marche lente de l'infanterie et occupés à faire joindre les traînards qui eussent été infailliblement massacrés par les brigands qui nous suivaient de près.
La journée qui suivit celle d'Hinojosa fut bien certainement une des plus périlleuses de ma vie et la mort s'y présenta sous plusieurs formes, toutes moins rassurantes les unes que les autres.
Marchant avec mon escadron à l'arrière-garde de l'infanterie, à une distance peu éloignée, nous nous trouvâmes tout à coup séparés par une avalanche de rochers que faisaient rouler, dans le chemin tortueux et encaissé que nous suivions, les paysans et les guérillas placés sur le haut des montagnes.
Cette situation devenait d'autant plus critique que les blocs de rochers étaient énormes et il était, avec nos chevaux, impossible d'avancer et de les déranger ; retourner sur nos pas, c'était inévitablement tomber entre les mains des populations soulevées derrière nous et des guérillas qui nous entouraient ; par conséquent, la mort avec toutes ses tortures ; cette cruelle perplexité dura un temps dont je ne pouvais apprécier la durée, mais qui me semblait bien long ; heureusement, les coups de fusil qu'on commençait à nous tirer accompagnés des cris féroces qui nous faisaient entrevoir le sort qui nous était réservé, donnèrent l'éveil à l'infanterie qui s'arrêta, et un chef de bataillon du 100e, revenant sur ses pas avec sa troupe, employa une partie de son monde à entasser les pierres qui obstruaient la route, de manière à pratiquer un sentier pour le passage d'un cheval, tandis que le reste de la troupe arrêtait par un feu bien nourri les masses qui arrivaient sur nous. Cette opération se fit avec le plus grand sang-froid, les hussards avaient à parcourir plus de 500 pas un à un, tenant leurs chevaux par la bride, tandis que les officiers de mon escadron et moi restions les derniers pour fermer la marche, ainsi que c'était notre devoir. Enfin, après une anxiété de deux heures et par un bonheur inouï, nous sortîmes tous sains et saufs de cet endroit de perdition et arrivâmes, à onze heures du soir, près la ville d'Espiel exténués de fatigue ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 2, p. 41).
Hippolyte d'Espinschal raconte : "... Le 4 septembre, dès la pointe du jour, le 21e léger prit position un quart de lieue en arrière de Cordoue, tandis que le 2e Hussards, en bataille sur la grande place, en assurait la tranquillité et protégeait la sortie des traînards, des isolés, des employés et des particuliers attachés au sort des Français. Sur les quatre heures du soir nous abandonnâmes cette belle cité, objet de nos regrets, emportant ceux des habitants habitués au séjour constant d'un quartier général, des administrations, de plusieurs manufactures et usines qui avaient d'autant plus enrichi la ville qu'elle n'avait jamais cessé d'être sous la constante sollicitude de ses gouverneurs.
Deux escadrons anglais, placés non loin de la ville à 500 pas de nos postes avancés, attendaient notre sortie pour y rentrer ; nous l'évacuâmes sans qu'aucun coup de carabine eût été tiré, et nous fûmes prendre nos bivouacs, avec le 21e léger, au bourg d'Alcoléa sur la rive gauche du Guadalquivir. Le lendemain et jours suivants, l'armée continua son mouvement sur El Carpio, Aldeao del Rio, Andujar et Mengibar ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 2, p. 44).
Le 2 Octobre, l'Armée du Midi fait sa jonction avec l'Armée du Centre à Yecla. Souham a laissé la citadelle de Burgos sous l'autorité du général Dubreton et s'est retiré. Les Anglais débutent le siège le 16 Septembre.
Au 3 Octobre, un conseil de guerre réunit Joseph et les maréchaux Soult, Jourdan, et Suchet. Un nouveau plan de stabilisation de la situation militaire est adopté. Les armées du Centre, du Midi et du Portugal réorganisées allaient reprendre l'offensive.
Burgos tient toujours. Drouet d'Erlon, qui a pris le commandement de l'Armée du Centre, s'empare de Cuenca le 20 Octobre. Souham repart en avant et délivre Burgos le 28 Octobre, puis entre à Valladolid. Le 2 Novembre, Joseph retrouve Madrid et entre dans sa capitale silencieuse. Les Armées françaises se réunissent à Medina del Campo, mais ne peuvent empêcher une nouvelle fois Wellington de se replier à Alba de Tormes le 15 Novembre, sans pouvoir livrer une bataille décisive.
Le 12 novembre, le capitaine Pelicot a été blessé devant le fort Caravaca de la Cruz et le sous-lieutenant Meric est tué au combat de Samunos le 17 novembre.
Wellington prend ses quartiers d'Hiver à Ciudad Rodrigo. Les Français, eux, s'installent une nouvelle fois entre le Douero et le Tage.
Hippolyte d'Espinschal raconte : "... Le 3 décembre, peu après avoir traversé l'Alberche sur un pont très ancien et hardi, un escadron du régiment fut dirigé sur un bois au milieu duquel se trouvait le beau couvent d'Issando, devenu, par l'abandon des moines, le repaire du chef de bande el Médico, dont la troupe, composée de cavalerie et d'infanterie, était la terreur même du pays. L'approche des hussards, signalée par des émissaires toujours à l'affût de nos mouvements, permit à ces brigands de trouver leur salut dans la fuite. Cependant, en fouillant le monastère, cinq hommes que l'on trouva cachés dans les caves furent aussitôt fusillés, malgré l'offre qu'ils firent de découvrir une cache où el Médico avait une partie de ses trésors. Un de ces scélérats déclara, avant de mourir, avoir poignardé de sa main 15 soldats. Quant au trésor, ce fut vainement que les hussards bouleversèrent les caves, les dortoirs et les greniers cependant ils trouvèrent quantité d'armes de toute espèce qu'ils brisèrent, et une provision de vin dont ils ne se firent pas faute.
Le lendemain, nous entrâmes dans la plaine, pour prendre un repos de quatre jours, en attendant l'arrivée du 21e d'infanterie légère et notre artillerie, obligée de faire un détour pour nous rejoindre ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 2, p. 89).
Hippolyte d'Espinschal raconte : "... Le 8, nous vînmes coucher à Torrijos, marchant dans la direction de Tolède, évacué depuis deux jours par un corps espagnol de 18000 hommes, qui trouva prudent de céder la place au duc de Dalmatie. Le lendemain, à une lieue de la ville de Mora, mon peloton d'avant-garde surprit un poste espagnol et fit prisonniers un officier et cinq dragons du régiment de Calatrava, qui nous apprirent qu'une masse assez considérable d'infanterie et 1500 chevaux se trouvaient devant nous, sous les ordres du général Frayre, mais qu'ils avaient évacué la ville. L'après-midi, le général Soult vint s'y établir avec sa division, en me faisant prendre position une demi-lieue en avant avec 150 chevaux et trois compagnies du 21e d'infanterie légère ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 2, p. 89).
A la fin de l'année, l'Armée du Midi devait occuper la province d'Avila.
- 1813
C'est au début Janvier 1813, que parvienent à Madrid l'annonce du désastre de la campagne de Russie et les nouvelles instructions de l'Empereur. D'abord resserrer les lignes en se repliant sur le Nord de l'Espagne. Les 4 armées aux ordres de Joseph vont adopter de nouvelles positions : en mars, on évacue la Manche, l'Armée du Centre se place autour de Ségovie, celle du Midi vers la vallée du Douro, celle du Portugal en Vieille Castille. L'Armée du Nord du général Clauzel doit garder coûte que coûte les communications avec la France.
Cette réorganisation s'accompagne encore de ponctions en cadre et en hommes expérimentés pour reconstituer la Garde et l'armée d'Allemagne.
Le 4 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ...
ARMÉE DU MIDI.
Donnez ordre que l'on fasse rentrer sans délai et que l'on mette en route pour France, vingt-quatre heures après la réception de vos ordres, les cadres ci-après, au grand complet, savoir : les cadres ... du 3e bataillon du 21e léger ... ce qui fait vingt cadres de bataillons à tirer de l'armée du Midi. Ces cadres, à 120 hommes par bataillon, feront plus de 2,000 hommes, qui partiront en deux colonnes ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19416 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32199).
Joseph, quant à lui, évacue sa capitale et replie son gouvernement à Valladolid, laissant à Madrid une garnison avec le général Hugo. Pendant ce temps, au Portugal, Wellington, devenu généralissime de toutes les armées espagnoles et alliées, réorganise lui aussi ses troupes. C'est le 22 Mai que Wellington reprend l'offensive, réoccupe Salamanque, et continue sa progression.
Surpris par ce mouvement offensif des Anglais, les Français, se concentrent difficilement. La réunion des troupes ne peut s'effectuer en effet qu'à Vitoria, le 19 juin. La bataille s'engage le 21. Le 21e Léger n'a plus qu'un bataillon en ligne dans la 6e division d'infanterie Darricau de l'Armée du Midi, passée sous le commandement du général Gazan depuis le départ de Soult en mars, en conflit ouvert avec le roi Joseph. La bataille, mal engagée et mal conduite, finit mal.
Le bataillon du 21e Léger a de nombreuses pertes. Sont blessés le capitaine Schaal, les lieutenants : Delavilleon, Mansuy, et Perrin.
Exténué, le reste des Armées françaises repasse les Pyrénées, laissant deux fortes garnisons à Pampelune et San Sebastian. Le 12 Juillet, rappelé d'Allemagne, Soult vient reprendre le commandement en chef de toutes les forces sur la frontière. Joseph et Jourdan sont destitués.
Soult continue la réorganisation de ses forces en 10 divisions et 3 ailes. Les hommes sont assez déprimés, face désormais à des Alliés en supériorité numérique. Soult se met à fortifier la frontière, construisant tout un système de redoutes.
Des tentatives pour délivrer la garnison de Pampelune, le 27 Juillet avec le combat de Sauroren, et du col de Maya pris par le général Drouet échouent. Le 21e Léger, au combat du col de Maya, doit déplorer la mort des capitaines Geay, Lapose et Guinel, et les blessures du chef de bataillon Goget et des capitaines Dufaud et Godinot.
Les Français retournent sur leurs bases de départ derrière la Bidassoa. Puis Soult essaie de secourir Saint-Sebastien. La bataille de San Marcial, le 30 Août, est aussi infructueuse. Saint-Sébastien succombera le 8 Septembre. Désormais, on va se battre sur le sol français. Les hommes sont complètement démoralisés, la solde n'a plus été versée depuis des mois.
IX / LA CAMPAGNE DE 1813 EN ALLEMAGNE
Le 8 janvier 1812, Napoléon écrit, depuis Paris, au Général Clarke :
"Monsieur le duc de Feltre ... Vous donnerez l'ordre que 800 hommes pris dans les dépôts des 21e, 27e, 28e, 25e, 17e 10e et 6e d'infanterie légère et autres régiments qui sont en Espagne se dirigent sur Osnabrück, où ils seront incorporés dans le 26e léger qui, par ce moyen, sera au grand complet de 2300 hommes" (Correspondance de Napoléon).
Le 20 janvier 1812, l'Empereur adressé, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général expédiant les ordres de Sa Majesté, des notes de travail dictées au Général Mathieu Dumas, relatives au recrutement et à l'organisation de l'armée : "... La 5e division.
... En place du 94e et du 21e léger, on y mettra quatre bataillons de pupilles de la garde (sans leur donner de conscrits), ce qui complétera au même nombre la division de Boulogne ...
La division de Cherbourg ... Il faut ôter le 21e léger, qui sera recruté par des réfractaires ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6664 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29799).
LES DEMI-BRIGADES PROVISOIRES DE JANVIER 1812 Dans la vaste réorganisation que Napoléon coordonne pour la Grande Armée qui va entrer en Russie, de nombreuses unités dites provisoires vont être levées, formées de détachements de divers Régiments : Bataillons de marche, Demi-brigades de marche, Bataillons de marche de tel ou tel Corps. Parfois versées dans leurs unités d’origine ou organisées en Divisions de Réserve. Les Demi-brigades provisoires en 1812 sont formées à partir des 4ème Bataillons disponibles des Régiments d’infanterie. Elles vont peu à peu gagner l’Allemagne (ou l’Espagne ou l’Italie), remplacées sur leurs lieux de formation par les Cohortes de Gardes Nationales. Elles sont commandées par des Majors. On y réunit soit des Bataillons d’infanterie de Ligne, soit des Régiments d’infanterie légère entre eux, pour que les unités soient homogènes. Elles seront incorporées dans la seconde Ligne de l’Armée tandis que la force principale franchira le Niémen. Les 2e, 3e, 4e et 5e DB provisoires serviront sur la frontière espagnole et les 14e, 15e et 16e en Italie. 6e DB provisoire : 4e bat des 16e, 21e et 28e Léger |
Le 8 mars 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que 30 hommes du 27e de ligne s'embarquent à Mayence pour Wesel, ainsi qu'aux 150 hommes du 8e de ligne, à 70 hommes du 22e id., à 40 hommes du 45e, à 50 hommes du 54e, à 70 hommes du 94e, à 40 hommes du 95e, à 20 hommes du 21e léger et à 40 hommes du 28e léger. Le général Loison formera de ces détachements un bataillon de marche de 500 hommes, qui portera le nom de 1er bataillon de marche du 2e corps. Il n'y mettra que les officiers nécessaires pour la conduite de ces hommes et il les dirigera sur Magdeburg, où les 60 hommes d'infanterie légère seront incorporés dans le 26e léger, et les 440 hommes d'infanterie de ligne seront incorporés dans le 37e de ligne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6899 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30153).
Le 2 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Berthier : "... 6e DEMI-BRIGADE. Les 4es bataillons du 16e léger, du 21e et du 28e partiront de Mâcon, de Wesel et de Mayence, le 30 avril, complétés, chaque bataillon, à 840 hommes et se rendront à Wesel. Ces 3 bataillons formeront la 6e demi-brigade ...
Par ces dispositions, toutes les côtes de l'Empire seront suffisamment pourvues, en attendant la formation des cohortes de gardes nationales. Il devient pressant que les cadres de ces bataillons soient complets en officiers ; qu'ils aient leurs chefs de bataillon, et que vous nommiez les 15 majors en second qui devront commander ces demi-brigades. Vous ferez partir le 15 avril ces majors en 2nd pour visiter les dépôts qui fournissent aux demi-brigades.
Vous aurez soin de prévenir le ministre de l'Administration de la guerre afin qu'il donne des ordres, et prenne des mesures pour que l'habillement ne manque pas.
Vous autoriserez les majors en 2nd à faire partir le 30 avril les 4es bataillons à 600 hommes. Les 200 autres hommes viendront un mois après.
Ces demi-brigades ne doivent rien déranger à la comptabilité. Les bataillons qui les composent doivent correspondre avec leurs dépôts pour l'administration.
Annexe
Formation des demi-brigades provisoires, de l'Intérieur et des côtes
6e demi-brigade à Wesel (2e division de réserve de la Grande Armée).
1er bataillon : 4e bataillon du 16e léger (dépôt à Macon) : 239 conscrits de la Doire, 552 de la Nièvre et 90 de l’Indre ; total 881 ; 181 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon : 4e bataillon du 21e léger (dépôt à Wesel) : 195 conscrits de la Lys et 205 du Pas-de-Calais ; total 400 ; Manque 300.
3e bataillon : 4e bataillon du 28e léger (dépôt à Mayence) : 706 conscrits de la Stura et 288 du Nord ; total 994 ; 294 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7057 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30370 (intégrale)).
Le 30 avril 1812, Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... A la 6e demi-brigade provisoire, vous portez 300 hommes à tirer du 23e léger, pour être versés dans le cadre du 4e bataillon du 21e léger. J'approuve cette disposition ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7186 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30538).
Avant de partir pour la Russie, Napoléon avait laissé des troupes en garnison dans les principales places fortes d'Allemagne, ainsi qu'un corps d'armée de réserve chargé d'assurer les arrières. Il s'agissait en Juillet 1812 du XIe Corps d'armée du maréchal Augereau. Sa 30e division d'infanterie (Heudelet) comptait à la 6e demi-brigade provisoire (major Legros) les 4èmes bataillons des 16e, 21e et 28e Légers. Ce corps stationne en Allemagne durant toute la campagne de Russie et récupère les tragiques débris de la Grande Armée.
LA MOBILISATION DE L'INFANTERIE LEGERE EN JANVIER/ FEVRIER POUR LA CAMPAGNE DE 1813 EN ALLEMAGNE
(Source : correspondance de Napoléon ) Dès janvier 1813, Napoléon ordonne de réorganiser l'infanterie légère (et de Ligne) en prévision de la campagne qui ne saurait tarder sur le Front Est. Plusieurs mesures sont prises : 1. Le rappel des cadres des 3e Bataillons des Régiments en Espagne : de l'Armée du Midi : des 21e, 27e, 12e et 28e Légers de l'Armée du Centre : du 2e Léger de l'Armée d'Aragon : du 3e Léger Suivi, pour arrivée prévue début mars, en Allemagne, des seconds Bataillons des 13e, 15e, 11e, 24e et 26e Légers 2. Formation systématique d'un 6e Bataillon pour les Régiments qui n'en auraient pas. 3. Formations de Régiments provisoires légers pour les Corps d'Observation du Rhin ou d'Italie avec des Bataillons disponibles : 2e provisoire : 3e Bataillon des 2e et 4e Légers 3e provisoire : 3e Bataillon des 3e et 8e Légers 4e provisoire : 4e Bataillon du 12e Léger, 1er du 29e Léger 5e provisoire : 7e Bataillon du 14e Léger, 4e du 18e Léger 6e provisoire : 3e Bataillon des 6e et 25e Légers 8e provisoire : 4e Bataillon du 5e Léger, 4e Bataillon du 23e Léger 10e provisoire : 3e Bataillon du 16e Léger et 1er Bataillon du 28e Léger 4. Formation de Demi-brigades de réserve de 3 Bataillons sur les frontières de l'Empire : 1ère Demi- brigade : 6e Bataillon des 7e, 13e, 15e Légers pour Mayence 2e Demi-brigade : 6e Bataillon des 33e, 26e, 24e Légers pour Anvers 3e Demi-brigade : 4e Bataillon des 11e, 10e, 21e Légers venants d'Espagne pour Wesel 4e Demi-brigade : 4e Bataillon des 9e, 27e, 28e Légers venants d'Espagne pour Utrecht 5e Demi-brigade : 6e Bataillon des 12e, 5e et 29e Légers pour Cherbourg 27e Demi-brigade, dont un Bataillon du 32e Léger pour Toulon 33e Demi-brigade, dont un Bataillon du 8e Léger en Italie 34e Demi-brigade : 6e Bataillon des 8e, 18e et 36e Légers en Italie |
Fig. 9 Carabinier du 21e Léger en Espagne entre 1811 et 1813; dessin de D. Davin d'après le manuscrit El Guil |
Napoléon lève de nouvelles troupes et prélève sur l'Espagne. Le 21e Léger rapatrie donc de l'Armée du Midi les cadres du 3e bataillon, après avoir versé les effectifs dans les deux premiers. Tandis que le 4e bataillon est versé dans une 3e demi-brigade de réserve à Wesel. Le dépôt du régiment s'y trouve aussi. Le second bataillon va aussi rejoindre. Les bataillons du régiment vont combattre séparément au cours de cette campagne.
En Février, les troupes françaises évacuent la Pologne et se replient sur l'Oder, tandis que les Prussiens, à la fin du mois, s'alliaient officiellement aux Russes contre la France. Début mars, les Français quittent Berlin et Dresde, tandis que Davout se maintient autour des villes hanséatiques, mais les Russes étaient entrés dans Hambourg.
Puis, le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
FRONTIÈRES DU RHIN ET DE L'OCÉAN.
La défense de la France, depuis les 31e et 17e divisions militaires jusqu’à Besançon et jusqu’à Bordeaux, aura lieu de deux manières : par la formation de bataillons de garnison, composés de compagnies tirées des 5e bataillons et qui tiendront garnison dans nos places fortes, et par la formation de demi-brigades provisoires.
Les demi-brigades seront d’abord au nombre de vingt-quatre pour cette partie de la frontière qui s’étend depuis la 31e division jusqu’à la 11e.
Chaque demi-brigade sera composée de trois bataillons entiers, sans qu’il puisse y entrer, sous quelque prétexte que ce soit, une fraction de 5e bataillon. Ces vingt-quatre demi-brigades seront formées ainsi qu’il suit :
... la 3e demi-brigade, des 4e bataillons des 11e, 10e légers et du 21e, qui vient d’Espagne ...
Ces vingt-quatre demi-brigades formeront six divisions ; chaque division, quatre demi-brigades ou douze bataillons, savoir :
... La 2e division, à Wesel, composée des 3e, 6e, 7e et 9e demi-brigades ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615 - la CGN donne le 6e bataillon au 11e).
Le 15 Avril, Napoléon quitte les Tuileries pour se mettre à la tête de ses forces. Il en compose deux groupes : l'Armée de l'Elbe sous Eugène, et l'Armée du Main, officiellement sous Soult, mais en réalité sous sa main. La visée stratégique consistait à expulser l'ennemi de Saxe.
Le 3 mai, les Français entrent dans Leipzig, mais Napoléon, quasi dépourvu de cavalerie, a perdu le contact avec ses adversaires. La Grande Armée est divisée en 2 colonnes : Napoléon marche sur Dresde avec la colonne principale (Bertrand, Marmont, Oudinot et Macdonald). Ney marche sur Berlin en recueillant à Torgau les Saxons de Reynier. A Luckau, il fait sa jonction avec Victor venant de Wittenberg. Entre les deux colonnes, Lauriston reste en position intermédiaire.
Les Russo-Prussiens sont restés groupés et préparent une bataille. Leur choix se porte sur Bautzen, à l'endroit où la Sprée coupe la route de Dresde à Breslau. Ils peuvent y couvrir la Silésie et y être au voisinage de l'Autriche dont on peut espérer l'entrée en guerre. Le 8 mai, Napoléon arrive à Dresde où le pont sur l'Elbe a été détruit. Le 10, la Grande Armée peut franchir le fleuve. Napoléon retrouve ses adversaires le 20 Mai à Bautzen. les Coalisés sont encore battus. Les Prussiens et les Russes reculent rapidement.
Le 27 mai, l'Oder est atteinte et la forteresse de Glogau est débloquée. Oudinot, détaché du gros de l'armée, marche sur Berlin. Pendant ce temps, plus au Nord, Hambourg est reprise. Chez les Alliés, c'est le découragement. Certains jugent la situation si désespérée qu'ils pensent se retirer derrière la Vistule. C'est alors l'Autriche qui va sauver les vaincus et s'interposer pour proposer un armistice (dit de Pleiwitz). Napoléon va le ratifier le 7 Juin pour avoir le temps de se renforcer. Mais ses adversaires vont pouvoir faire de même.
Le 10 juin, Napoléon entre à Dresde; il y restera jusqu'au 15 août.
Pendant l'armistice, l'Armée française a été réorganisée.
Le 16 juillet 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, faites connaître au duc de Castiglione que j'ai reçu son état de situation du 12 ; qu'il paraît que les demi-brigades provisoires ne sont pas encore formées ; que le 10e léger doit avoir un major en second pour commander ses 3e et 4e bataillons ainsi que le 39e et le 63e. Ces régiments ayant chacun 2 bataillons figureront sous leur numéro ; que la 4e demi-brigade composée des 21e léger, 9e léger et 28e léger doit être commandée par un major ; que la 16e composée des 40e, 43e et 96e doit être également commandée par un major ; qu'ainsi la 42e division doit être composée des 10e, 39e et 63e de ligne, soit 6 bataillons, et des 4e et 16e provisoires, soit 6 bataillons, total 12 bataillons, ainsi de suite.
Qu'il faut qu'il m'en présente l'état tel que le corps est formé et qu'il nomme les majors qui commandent les demi-brigades provisoires.
Qu'il faut qu'il fasse connaître également les noms des 6 généraux de division, des 12 généraux de brigade et des 6 adjudants-commandants désignés pour commander les divisions" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35412).
Le 28 juillet 1813, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Je vous envoie un décret que je viens de prendre pour l'organisation des divisions d'infanterie du corps d'observation de Bavière. Faites-le mettre sur-le-champ à exécution, et communiquez-le au ministre de la Guerre, en attendant que le comte Daru lui en envoie expédition.
Vous remarquerez qu'en conséquence de ces nouvelles dispositions, les 21e 1éger, 45e de ligne, 76e, 96e, 100e et 103e ne fourniront plus de bataillons aux demi-brigades provisoires, et qu'ils figureront sous leur propre nom dans l'armée ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35638).
Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "ITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
42e division
Commandé par un major : 10e léger, 4e bataillon; 21e léger, 3e bataillon.
Commandé par un major : 63e de ligne, 3e bataillon; 27e de ligne, 3e bataillon.
76e de ligne : 2e bataillon, 3e bataillon.
4e Demi-brigade provisoire : 9e léger, 6e bataillon; 28e léger, 3e bataillon.
16e Demi-brigade provisoire : 40e de ligne, 4e bataillon; 43e de ligne, 3e bataillon.
96e de ligne : 2e bataillon, 3e bataillon.
12e léger, 3e bataillon.
4e léger, 2e bataillon.
14 bataillons...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
TITRE II. — Corps d'observation de Bavière.
Art. 12. — Le corps d'observation sera composé des 51e, 52e, 53e et 54e divisions.
Art. 13. — Les quatre divisions du corps d'observation de Bavière seront composées de la manière suivante :
51e division
32e demi-brigade : 1er bataillon du 25e léger; 4e bataillon du 32e léger.
113e, 4 bataillons.
Commandé par un major : le 2e bataillon du 63e de ligne; Le 2e bataillon du 27e de ligne.
Commandé par un major : le 3e bataillon du 10e léger; le 2e bataillon du 21e léger.
Commandé par un major : le 3e bataillon du 32e de ligne; le 3e bataillon du 58e de ligne ...
Art 14. — Le major général enverra tous les majors nécessaires pour les 51e et 52e divisions.
Art. 15. - Les 51e et 52e divisions se réuniront à Würzbourg ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).
Le 6 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, décrète : "Napoléon, Empereur des Français.
Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:
TITRE PREMIER. — Corps d'observation de Bavière.
Article premier. — Le corps d'observation de Bavière sera composé, comme nous l'avons ordonné par notre ordre du 4 dernier, de quatre divisions, savoir: la 51e, la 52e, la 53e et la 54e.
Art. 2. - Ces quatre divisions seront composées de la manière suivante :
51e division
32e demi-brigade : 1er bataillon du 25e léger, 4e bataillon du 32e léger.
113e 4 bataillons.
Commandé par un major : 63e de ligne, 2e bataillon ; 27e de ligne, 2e bataillon.
Commandé par un major : 10e léger, 3e bataillon ; 21e léger, 2e bataillon.
Commandé par major : 32e de ligne, 3e bataillon, 58e de ligne, 3e bataillon.
Total: 12 bataillons ..." (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 20).
Le 11 août, l'Autriche se joint aux Coalisés et déclare la guerre. La Suède de Bernadotte est aussi à leurs côtés. Et les états allemands faiblissent. Le 18 août, les hostilités reprennent.
Les coalisés disposent à cette date de quatre armées : 1° celle du Mecklemburg, forte de 30.000 hommes opposés à Davout; 2° celle du Nord de Bernadotte, avec 120.000 hommes, autour de Berlin; 3° l'armée de Silésie (120.000 hommes), sous Blücher, qui s'est avancée jusqu'à Breslau, malgré l'armistice; 4° enfin, l'armée principale, en Bohême, forte de 330.000 hommes, sous les ordres de Schwartzenberg. Le rapport des forces est désormais défavorable à Napoléon. Il répartit ses corps d'armée. Son idée est de s'interposer entre les Armées de Blücher et de Schwartzenberg.
Dans le même temps, à partir du 21 Août, l'Armée de Bohème passait aussi à l'offensive ; Gouvion Saint-Cyr et son 14e Corps se repliaient sur Dresde, où il relevait en hâte les défenses. Le 3e bataillon du 21e Léger (chef de bataillon Perreaux) est dans la 42e division d'infanterie. Napoléon se porte à son secours et arrive dans la capitale saxonne le 26 Août avec sa Garde, le 6e Corps de Marmont et le 2e Corps de Victor. L'Armée de Bohéme est repoussée mais non anéantie. Vandamme et son premier Corps d'armée sont chargés de la poursuivre. Alors qu'on lui a enlevé un certain nombre d'effectifs, il est renforcé de la 42e division, vue précédemment (dont le 3e bataillon du 21e Léger). Un combat peu important a lieu à Pirna ; les capitaines Bauner et Savelli sont blessés. Vandamme tombe dans le piège de Kulm les 29 et 30 Août.
L'armée française s'épuise dans des offensives dans le vide, tandis que les Coalisés, qui évitent les affrontements majeurs, ne cessent de recevoir des renforts. Leur but est de couper la retraite des forces françaises autour de Leipzig avec toutes leurs forces. Le 4 octobre, Napoléon apprend que Blücher a rejoint Bernadotte. Il décide de se débarrasser de cette menace de l'Armée du Nord afin d'avoir ensuite les mains libres pour livrer une bataille décisive à l'armée de Bohême. Mais Blücher recule une nouvelle fois. Pendant ce temps, l'armée de Bohême de Schwarzemberg est arrivée devant Wachau, à une vingtaine de kilomètres au sud de Leipzig. Murat, qui lui fait face, envoie à Napoléon des appels pressants. Napoléon décide alors d'aller livrer bataille à Schwarzenberg, sans avoir réussi à refouler l'armée du Nord. Le 12 octobre, il replie toutes ses forces sur Leipzig.
La bataille des Nations va avoir lieu dans et autour de la ville entre les forces réunies de tous les Coalisés contre l'armée de l'Empereur, entre le 16 et le 19 Octobre. Bataille gigantesque qui scelle la défaite de Napoléon en Allemagne, submergé par le nombre. Le 2ème bataillon se retrouve dans la 34e Demi-brigade provisoire dans le 9e Corps d'Augereau, et va participer à la bataille. Le capitaine Baurez et tué, 7 capitaines sont blessés, 4 lieutenants et le chef de bataillon Dubost.
Après Leipzig, Napoléon fait retraiter son armée jusqu'à Erfurt et doit forcer le passage à Kösen le 21 Octobre.
Pendant ce temps, Gouvion Saint-Cyr livre la seconde bataille de Dresde le 17 Octobre, avec son 14e Corps et divers détachements du 2ème Corps. Dresde, assiégée, finira par capituler le 11 Novembre et la garnison sera capturée en violation du traité. Le 3e bataillon voit blessés : le chef de bataillon Mangin et les capitaines Boulanger, Lacourt et Laurat, tandis que le chirurgien aide-major est tué.
A Hanau, le 30 octobre, les restes du 2e bataillon sont à la division Semellé rattachée au 4e Corps de Bertrand.
L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique : "ARTICLE PREMIER.
L'armée sera organisée de la manière suivante :
Le onzième corps, commandé par le duc de Tarente, sera composé de la trente et unième et de la trente-cinquième division …
ART. 2.
Tous ces corps seront successivement portés à quatre divisions ...
QUATRIÈME CORPS D'ARMÉE ...
ART . 13.
La cinquante et unième division sera composée ainsi qu'il suit :
Un bataillon du 10e léger.
Un id. du 21e id." (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105 et page 415).
Le 17 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lebrun, Aide de camp de l’Empereur : "... ÉTAT DES CONSCRITS QUE LES 16E, 24E ET 25E DIVISIONS MILITAIRES ONT À RECEVOIR
... 25e division
... 21e léger Wesel 650 hommes Mont-Tonnerre, Ourthe, Meuse ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37102).
Le 21 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Daru, Ministre directeur de l’Administration de la Guerre : "Monsieur le comte Daru, je vous envoie un rapport que j 'avais demandé au comte de Cessac. Je n'ai pas besoin de justification, mais de faits. J’ai dans la 16e, la 24e et la 25e divisions militaires plus de 20 000 conscrits qui arriveront avant le 15 décembre. Le ministre de la Guerre a approuvé leur armement. J'ai donc besoin qu'ils soient habillés. Une partie du nombre est destinée à former le 1er corps bis de la Grande Armée commandée par le duc de Plaisance et qui se compose du 9e et 4e bataillon des régiments du 1er corps commandé par le comte de Lobau. Si l'habillement n'arrête pas le duc de Plaisance, ce corps sera bientôt disponible. Faites-moi connaître le nombre d'habillement que chaque bataillon a dans ce moment. Il est de la plus haute importance que le duc de Plaisance puisse réunir sur-le-champ tous les bataillons ou du moins une partie pour marcher sur Amsterdam.
Np
Tableau faisant connaître le nombre des conscrits assignés aux corps des 16e, 24e et 25e divisions, les fournitures accordées à chacune et le restant à ordonner.
Numéro des divisions | Dénomination des corps | Contingent positif | Moitié que l'on présume être fournie sur le déficit | Excédant | Total | Nombre de fournitures accordées | Reste à ordonner |
25e division | 21e léger | 500 |
75 |
575 |
500 |
75 |
..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37221).
Le 28 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, le 4e bataillon du 10e léger, le 3e du 21e idem, le 3e du 25e idem, le ler du 29e idem, le 4e du 32e de ligne, le 3e du 39e, le 3e du 54e, le 3e du 63e, le 3e du 95e, le 3e du 96e et le 3e du 103e, ce qui fait onze bataillons, se rendront, aussitôt après leur arrivée, à Mayence, et rejoindront les bataillons de leurs régiments qui se trouvent au 4e Corps; ce qui augmentera ce corps de onze bataillons ...
Le 4e corps sera composé des cinquante-huit bataillons qui y existent; des onze qu'il reçoit du 14e corps, et de douze qui peuvent être envoyés des dépôts pour le rejoindre ; total, quatre-vingt-un bataillons. (Je crois que le 133e doit recevoir un bataillon qu'il avait à Meissen, et qui a dû revenir avec le 14e corps.) Ces quatre-vingt-un bataillons seraient un nombre trop considérable pour un seul corps; il faudra, par la suite, en former deux ; mais on peut toujours laisser provisoirement les choses dans cet état, en attendant que j'aie l'état en cent colonnes.
Au reste, sur les cinquante-huit bataillons existant au corps, beaucoup ne pourront pas être complétés par leurs dépôts ; et sur les douze qui sont dans les dépôts, il y en a qui sont en Italie, tels que celui du 67e, et plusieurs qui ne pourront pas être complétés. Cela fera donc une diminution, et je ne pense pas qu'il y ait en tout plus de soixante et seize bataillons du 4e corps qui puissent être complétés cet hiver, au moyen de la conscription ...
RÉCAPITULATION.— ... 4e corps, soixante et seize ou quatre-vingt-un ...
Tous ces bataillons doivent se trouver complétés moyennant l'appel de la moitié des 300,000 hommes, ou si cela ne suffisait pas, moyennant un supplément sur la conscription de 1815.
II faudra me renvoyer cet état quand vous l'aurez corrigé, et comme la répartition des 160,000 hommes est déjà faite, la répartition des 140,000 hommes, que j’appelle sur la levée des 300,000 pour l'armée du Rhin, doit servir à compléter tous ses bataillons. Il n'y a, d'ailleurs, que l'état en cent colonnes qui puisse bien déterminer cela. Les cadres qui ne pourraient pas être remplis le seront sur la conscription de 1815.
NAPOLÉON.
P. S. On égalisera par la suite tous les corps, chacun à trois divisions de quatorze bataillons, ou quarante-deux bataillons par corps, ce qui, multiplié par huit, fait trois cent trente-six bataillons ou vingt-quatre divisions ; mais c'est une opération de détail qui se fera plus tard" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20943 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37291).
Le même 28 novembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Quant aux 500 hommes destinés au 10e léger, au 21e léger, au 63e, au 96e et au 103e, ainsi qu'au 54e, au 95e et au 32e de ligne et qui sont dirigés sur Mayence, au lieu d'être donnés au 14e corps, ils le seront au 4e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37317).
Le 15 décembre 1813, à Paris, l'Empereur décrète : "... 4e corps. Il sera formé un 6e bataillon aux 10e et 21e d'infanterie légère ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1242).
Il vont s'enfermer avec la division dans Mayence.
Le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à propos des troupes qui vont former la garnison de Mayence : "ORDRES.
Le 4e corps d’armée, commandé par le général Morand, restera composé de quatre divisions, ainsi qu’il suit :
... 51e division, général Semelle : 21e léger, deux bataillons (ce sont les 2e et 3e); 25e, deux; 29e, deux; 26e de ligne, deux; 32e, deux; 39e, deux; 47e, deux; 63e, deux; 86e, deux; 122e, trois; total, vingt et un bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).
Toujours le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je viens d'examiner le tableau de l'infanterie qui est joint à votre travail du 19 décembre ...
... Le 11e corps sera composé de 3 divisions :
... 3e division, de : 2 bataillons du 21e léger ; 4 bataillons du 22e de ligne ; 2 bataillons du 28e ; 2 bataillons du 54e ; 2 bataillons du 59e ; 2 bataillons du 69e ; 2 bataillons du 95e ; 16 bataillons
La 2e division se formera à Wesel, et la 3e à Maëstricht, toutes deux sous les ordres du duc de Tarente. Il est nécessaire que vous donniez ordre aux bataillons : du 107e, du 22e de ligne, du 8e de ligne, du 28e de ligne, du 45e, du 54e, du 21e de ligne, du 59e, du 94e, du 69e, du 21e léger et du 95e de se rendre sur la Meuse pour y être à la disposition du duc de Tarente ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37628).
Pendant ces opérations, le 4e bataillon du 21e Léger est avec Rapp à Dantzig. Le capitaine Broussouze sera tué lors du siège de la ville.
Fig. 10 Chirurgien du 21e Léger en Espagne, d'après Fort et El Guil (dessin de Rigo) |
Chirurgien du 21e Léger en Espagne (Infographie de Marc Morillon) |
Fig. 11 Chirurgien-major du 21e Léger, 1813 |
Fig. 11bis et 11ter Habit de Chirurgien-major du 21e Léger conservé au Musée de l'Empéri, Salon de Provence |
X / LA DEFENSE DU SUD-OUEST DU 1ER BATAILLON du 21e LEGER : OCTOBRE 1813-AVRIL 1814
Quand Wellington reprend son offensive, le 7 Octobre, le 1er bataillon du 21e Léger est à la 6ème division Darricau. Le colonel Monnot est à la tête du régiment depuis juillet. Les Français ont pris position au Pays Basque.
Les positions françaises sont grignotées et Wellington s'empare des hauteurs. Soult prévoit alors de se replier derrière la Nivelle. Wellington temporise, attendant la chute de Pampelune qui survient le 31 Octobre. Le 10 Novembre, il reprend sa marche en avant.
Au début Novembre, Soult stabilise son front entre Saint-Jean de Luz et Saint-Jean Pied de Port, s'appuyant sur la Nivelle et la Nive, des camps retranchés et de multiples redoutes. Se sachant en infériorité numérique, il en est réduit à une campagne défensive, mais étale trop ses troupes au lieu de former une masse de manœuvre pour des contre offensives puissantes. Soult pense être attaqué sur son aile droite, mais Wellington va faire porter son offensive sur le centre de son front, le 10 Novembre.
L'offensive britannique est puissante autour de Sare, les Français ne peuvent résister longtemps. Le dispositif français doit se replier derrière la Nivelle. La division Darricau, positionnée autour d'Ascain, suit le mouvement. Le capitaine Thomas du 21e Léger est tué à Ascain.
En face, les Anglais ont eu aussi beaucoup de blessés et tués. Ralentis par des pluies abondantes , ils s'établissent à Saint-Jean de Luz.
Au début Décembre, les Français, très démoralisés par les replis successifs, sont sous Bayonne, protégés par la Nive. Bayonne est puissamment fortifiée et des renforts sont arrivés : conscrits mal dégrossis dont on ne pourra tirer grand-chose.
Le 9 Décembre, les Anglo-portugais franchissent la Nive. Le 12, Soult contre-attaque avec les 4 divisions de Drouet d'Erlon sur les forces de Hill. Celui-ci s'est avancé jusqu'à la proximité de Bayonne à Saint-Pierre d'Irrube. Les combats y font rage le 13 Décembre et les Anglais réussissent à tenir leurs positions en recevant des renforts de la rive opposée de la Nive. Les pertes ont été sévères des 2 cotés. Le temps exécrable fait que les 2 armées vont s'arrêter provisoirement de combattre jusqu'au début Février. Le 21e Léger doit déplorer la mort du capitaine Rolland et des trois sous lieutenants et les blessures du chef de bataillon Goguet, et des lieutenants : Billecard, Lucas, Mansuy, Rageot.
Le front reste tranquille jusqu'au 14. L'armée de Soult s'est affaiblie de nouvelles ponctions pour le front Est, ne lui laissant que 40.000 combattants. Le 14, Hill passe la Nive. Les Français se replient derrière le gave d'Oloron et Soult concentre ses troupes sur Orthez, espérant mener une bataille défensive décisive, tandis que les Anglais se casseront les dents sur Bayonne. Le général Vilatte a remplacé Darricau au commandement de la 6ème division.
Les 26 et 27 Février, la bataille d'Orthez est sanglante. De part et d'autre, les pertes s'élèvent à 3400 Français et 2300 Britanniques. Le colonel Monnot est blessé. Mais ce sont les Anglais, en avantage numérique, qui restent maîtres du terrain et Soult doit encore reculer vers Aire sur Adour puis Tarbes. Tandis que les Britanniques s'emparent de Bordeaux le 12 mars, Soult livre des combats de retardements sur sa ligne de repli à Maubourguet et Vic en Bigorre le 19 mars, puis Tarbes le 20. S'échappant encore avec les reste de ses troupes, il gagne Toulouse, qu'il a fait fortifier, où il entre le 24 Mars, poursuivi par 5 corps d'armées anglo-hispano-portugais.
Quelques 33.000 Français, dont beaucoup de conscrits mal entrainés, vont devoir s'opposer à 80.000 soldats alliés. Alors que l'Empereur abdique le 6, les deux armées se livrent à de violents combats entre le 27 mars et le 11 Avril. Au sein de la division Vilatte, brigade Saint-Pôl, le colonel Monot est de nouveau blessé. Puis Soult évacue la ville. Le 13 Avril, il apprend la cessation des hostilités par ordre du gouvernement provisoire.
Le 21 janvier 1814, l'Empereur, depuis Paris, décrète : "1. Les régiments des dépôts ci-après désignés et ceux de leurs cadres qui n'ont pas de conscrits se rendront, savoir :
... Ceux de la 25e division : 3e, 22e, 54e, 95e, 8e, 94e, 21e, 29e, 45e, 105e, 150e, 56e de ligne et 21e léger à Saint-Quentin ...
II. Le ministre de la guerre désignera un officier général ou supérieur ou un commissaire des guerres de ceux employés dans le département pour être spécialement chargé de ces dépôts qui seront placés dans les villes ci- dessus désignées ou aux environs ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2736).
(à suivre).
/ UNIFORMES
Fig. 15 Carabinier du 21e Léger en Allemagne, 1813; en-tête de lettre |
Le 13 septembre 1798, Bonaparte fixe la couleur des poufs des différents corps d'infanterie : pour la 21e Légère, vert et jaune (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 34).
Le 16 septembre 1798 (30 fructidor), Bonaparte prescrit à Berthier : "Les trompettes des troupes à cheval et les tambours des demi-brigades seront habillés avec des dolmans bleu de ciel. L'agent en chef de l'habillement en fera la fourniture sur les 400 dolmans qu'il a en magasin.
Il y aura, sur les nouveaux casques adoptés pour l'infanterie, deux grenades pour distinguer les grenadiers" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 34).
Figure 0 : Chasseur de la 21e Légère sur dromadaire en Haute Egypte : Il porte la tenue mise au point dans la deuxiéme moitié de 1798, de coton bleu sans couleur distinctive, retroussée sur le devant, à boutons recouvert de tissus bleu. Pantalon blanc (le pantalon guêtre prévu a été vite abandonné). Demi-guêtres et souliers noirs. Casquette à pouf vert et jaune (chaque Demi-brigade a le sien). Le fusil est porté accroché sur le côté de la selle. Le harnachement du dromadaire est sommaire avec une selle de type «indigène». Le dromadaire est chargé de vivres pour 6 jours (fèves pour l’animal et nourriture pour le méhariste) et de deux outres pleines d’eau.
Figure 1 : Chasseur la 21e Demi-Brigade Légère en Egypte en 1800 (d'après un dessin de J. Domange). C'est en fin 1798 que les uniformes du corps expéditionnaire en Egypte sont adaptés au climat avec l'adoption d'un pantalon guêtre, d'une casquette de cuir et d'un habit-veste court de coton bleu. Au retour de la campagne de Syrie, les tenues sont en loques ; on décide de les remplacer par des tenues de drap. La casquette reste la même. Faute de drap bleu en assez grande quantité, les demi-brigades sont habillées de drap de différentes couleurs avec des couleurs tranchantes au collet, parements et retroussis, sur instruction de Kléber, nouveau Général en chef, en Octobre 1799. La 21e Légère revenant de Haute Egypte ne reçut le sien qu'au début de 1800, vraisemblablement après la bataille d'Héliopolis L'habit veste avait un fond de couleur bleu céleste foncé. Après avoir songé à la distinguer de jaune puis d'aurore, il semble que finalement, d'après des documents récents, ce fut du rose qui fut distribué. Le pouf sur la casquette de cuir était jaune et vert. Sinon gilet et culotte de toile blanche. Des capotes blanc écru étaient en dotation à l'armée d'Orient, que l'on portait sur le sac. Sinon l'équipement restait celui de l'infanterie métropolitaine. Les chasseurs continuaient à porter le sabre briquet et les épaulettes vertes. Les carabiniers gardaient le chapeau noir avec pompon rouge en guise de coiffure, et bien sur, les épaulettes et la dragonne du sabre briquet écarlates.
Figure 2 : Détachement de la 21e Demi-Brigade Légère à Malte en 1800 (d'après dessin de J. Domange). Comme pour l'Armée d'Orient, le général Vaubois, bloqué à Malte, adopta des tenues plus en rapport avec les conditions climatiques. Les stocks de drap rouge et blanc ne manquant pas dans les dépôts de l'ex armée maltaise, il vêtit son infanterie de ligne d'habit-vestes blancs, et l'infanterie légère d'habit-vestes rouges. Le chapeau noir continue d'être porté avec le pompon vert de même que les épaulettes vertes. Et les boutons blancs sont récupérés. L'habit-veste de fond rouge est distingué de bleu au collet, retroussis avec passepoil blanc. Pantalon blanc.
Figure 3 : Musicien noir de la 21e Demi-Brigade en Egypte, 1800-1801 : Casquette de cuir à pouf du régiment, avec les couleurs vert et jaune. Tenue régimentaire bleu céleste foncé, avec collet, parements, passepoils et retroussis roses. Les boutons sont recouverts de tissu de la couleur du fond. Le collet et les parements sont galonnés de blanc. Nid d'hirondelles roses sur les épaules, galonnés de blanc. Culotte blanche, souliers noirs. En Egypte, devant la pénurie d'effectifs, même les musiciens des demi-brigades sont armés de mousquetons. Une petite giberne ventrale permet d'amener quelques cartouches.
Figure 4 : Bataillon complémentaire de la 21e Demi-Brigade Légère à l'Armée d'Italie en 1800 (d'après un dessin de la Cronica Rovatti) : Notre soldat porte encore le chapeau noir, alors que certaines demi-brigades légère ont déjà le shako. Il est orné d'une cocarde et d'un plumet vert. L'habit classique bleu passepoilé de blanc avec revers en pointe, collet et pattes de parements écarlates, est orné de boutons cuivre ou étain selon la demi-brigade. Les basques sont encore longues : elles seront bientôt raccourcies et resteront aux officiers et sous-officiers. Le gilet est bleu. Le nombre de boutons est très exagéré. Des épaulettes vertes, ainsi que la dragonne verte au sabre briquet, sont l'apanage des compagnies de chasseurs. La culotte bleue devrait être plus longue et s'arrêter à mi-mollet.
Figure 5 : Sergent-major Porte Aigle du 21e Léger, vu en Allemagne en 1806-1807 (d'après le manuscrit de Zimmermann) : Rappelons que le manuscrit de Zimmermann a été dessiné initialement en noir et blanc et qu'il a été colorisé par la suite d'une manière "logique". Notre sergent major a été prélevé parmi une des trois compagnies de carabiniers. Le port du bonnet d'oursin à cordon, raquettes et plumet écarlates, les épaulettes et la dragonne du sabre briquet écarlates passepoilées d'argent, les deux galons argent passepoilés d'écarlate au-dessus des parements sont les marques de sa fonction et de son rang de sous-officier. Le reste de sa tenue est réglementaire pour l'infanterie légère. Il porte un pantalon de route blanc. Son Aigle et son drapeau sont sous dimensionnés par le dessinateur. Les bonnets d'oursin sont portés depuis le début 1802 chez les carabiniers de la 21e Légère depuis que Bonaparte les leur a accordés, quand ils lui servaient de garde à Lyon pour la Consulte de la République Cisalpine.
Figure 6 : Carabinier du 21e Léger en Espagne entre 1809 et 1811 (dessin de Fort d'après le manuscrit El Guil, Source Gallica, BNF, cabinet des estampes, collection De Ridder, Uniformes de l'infanterie légère sous le 1er Empire). Sans revenir sur ce fameux manuscrit perdu d'El Guil que nous rencontrons souvent pour les régiments de la campagne d'Espagne, et les versions qu'en a produit Fort, on note plusieurs détails intéressants sans pouvoir en vérifier en totalité la véracité. Le shako recouvert d'un couvre shako blanc, très utilisé en Espagne. Les carabiniers du régiment semblent donc avoir abandonné les bonnets d'oursin qu'ils avaient en 1807 (voir illustration 5). Pompon écarlate strié de blanc. Les épaulettes écarlates ont aussi une tournante blanche. La tenue de fond bleu à revers en pointe passepoilés de blanc, mais contrairement au règlement : collet bleu passepoilé d'écarlate et parements en pointe écarlates. Le gilet est absent. La culotte bleue entre dans des demi-guêtres blanches, portées à la saison chaude. Notre homme arbore des chevrons d'ancienneté, blancs passepoilés d'écarlate, et le ruban de la Légion d'Honneur, sans aucun grade de sous-officier, ce qui semble bizarre.
Figures 7, 8 et 9 : Les carabiniers du 21e Léger en Espagne vers 1811-1812, vus par Fort d'après El Guil. Ces silhouettes comportent des constantes dans leurs uniformes :
- Le port d'un colback. Est-ce les carabiniers du 4e bataillon qui l'auraient ramené de leur séjour au sein de la division Oudinot en Autriche en 1809 ?
- La tenue bleu à revers en pointe passepoilés de blanc mais le collet bleu passepoilé d'écarlate et les parements en pointe entièrement écarlates que nous avons déjà vu dans la figure 6.
Détaillons maintenant les autres éléments :
Figure 7 : Officier de carabiniers (intitulé donné par Fort; le plumet vert à sommet écarlate pourrait aussi faire évoquer un officier de chasseurs). Le colback est orné d'un cordon tressé et de glands argent. Le plumet vert à sommet écarlate sort d'une tulipe argent. Distinctives de grade classiques : épaulette et contre-épaulette argent et hausse col de métal argenté. Boutons argentés. Le gilet est écarlate, galonné d'argent sur le devant et aux poches. La culotte bleu entrant dans des bottes noires est ornée de piques argentées sur les cuisses.
Figure 8 : Sapeur. Dessin de Fort d'après le manuscrit El Guil (Source : Gallica, BNF, cabinet des estampes, collection De Ridder, Uniformes de l'infanterie légère sous le 1er Empire). Les sapeurs font partie des compagnies de carabiniers. Ils en portent la tenue, plus leurs distinctives propres : port de la barbe et de la hache, d'un mousqueton, d'un sabre parfois particulier, et du tablier ici de cuir beige. Les manches sont ornées de deux haches croisées écarlates. Le colback à cordon tressé, plumet et flamme écarlates. Les épaulettes sont écarlates à tournantes blanches. Le sapeur porte un pantalon de route blanc. La buffleterie est blanche dont un ceinturon à plaque cuivre.
Figure 9 : Carabinier. Le colback a cordon et raquettes écarlates. Le plumet écarlate sort d'un pompon écarlate strié de blanc. Une plaque losangique de métal blanc orne le devant du colback. Epaulettes écarlates à tournantes blanches. Le gilet est bleu, pantalon de route gris. Equipement classique de fantassin. Buffleterie blanche.
Les Chirurgiens du 21e Léger : Chaque régiment d'infanterie a normalement, dans son Etat-Major, un chirurgien major (ou de 1ère classe) et dans chaque bataillon, un chirurgien aide-major ou sous-aide-major (2ème ou 3ème classe). Ceci est la théorie car, bien souvent, des postes ne sont pas pourvus, d'autant que le règlement n'a été fait que lorsque les régiments n'avaient que 3 bataillons de guerre. Pour ce qui est des uniformes, les chirurgiens régimentaires, plutôt que de prendre la tenue de fond bleu barbeau du Service de Santé, que gardent leurs confrères des ambulances, adaptent, sur une tenue d'officier ou un surtout d'officier, un collet, des parements et parfois des revers de fond cramoisi, ce qui est la couleur distinctive des chirurgiens, avec les broderies dorées (même pour l'infanterie légère qui a les boutons blanc) qui distinguent leur grade.
Rappelons que les officiers du Service de Santé n'ont pas droit au port des épaulettes, et se distinguent pour les tenues régimentaires :
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pour les chirurgiens de 1ère et seconde classe (ou chirurgien-major et aide-major) par deux fausses boutonnières en broderies dorées sur les côtés du collet, et trois sur les parements pour les chirurgiens-majors seulement
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et pour les chirurgiens de 3e classe ou sous-aide-major : une seule fausse boutonnière dorée sur les cotés du collet.
La culotte du régiment entre dans des bottes à revers ou d'officier d'infanterie légère. Les retroussis, pour lesquels les réglements ne prévoient rien, sont souvent ornés d'Aigles, ou des ornements régimentaires (cors de chasse argent sur fond cramoisi pour l'infanterie légère). Le chapeau est noir. En campagne, des tenues encore plus simples sont portées, de même que des surculottes. Les chirurgiens sont dotés d'une épée qui n'est pas souvent portée.
On connait deux tenues de chirurgiens du 21e Léger :
Figure 10 : Un chirurgien du 21e Léger en Espagne, dessiné par El Guil, repris par Fort (ici, dessin de Rigo et infographie de Marc Morillon). Notre homme s'est coiffé d'une confederadka polonaise. Son habit-surtout est rose ou cramoisi passé ? porté sur un gilet cramoisi soutaché de blanc. Culotte bleue du régiment entrant dans des bottes à revers.
Figure 11, 11bis et 11ter : Tenue de chirurgien major du 21e Léger conservée au musée de l'Emperi et datable de 1813-1814. Voir notre commentaire sur les tenues et broderies. On notera la forme des fausses poches des basques avec pattes "à la Soubise".
Figure 12 : Tambour Major et Tambour vers 1811-1812 en Espagne.
Figure 13 : Officier de voltigeurs fin 1812 en Espagne.
Figure 13bis : Cornet de voltigeurs fin 1812 en Espagne. Il s'agit d'un maitre d'armes (il transporte deux fleurets).
Figure 14 : Carabinier du 21e Léger, fin de campagne d'Espagne, tenue brune, d'après El Guil, reproduit par Fort?. Nous donnons cette tenue avec des doutes résiduels quant à sa véracité. Fort ayant eu tendance à faire des "variantes" de dessins initiaux. Le carabinier a abandonné le colback pour un shako qui n'a aucun ornement si ce n'est la cocarde et le pompon écarlate. La tenue est entièrement en drap brun. Ce qui est peut être possible devant la pénurie de drap bleu. Notre carabinier semble avoir récupéré de son uniforme précédent (voir figure 9), ses épaulettes, ses revers qu'il passepoile d'écarlate et ses parements. Le collet est à présent entièrement écarlate. Il est armé de son fusil, et de son sabre briquet à dragonne écarlate. Nous donnons dans la figure 14bis la version de Bueno avec des parements eux aussi bleu passepoilés d'écarlate et un cor de chasse (pourquoi pas une grenade pour un carabinier ???) sur le devant du shako (ce qui semble encore plus douteux) et l'absence de gilet.
Figure 15 : Carabinier du 21e Léger en Allemagne en 1813. D'après une en tête de lettre d'époque. La tenue est celle classique du règlement Bardin pour l'Infanterie légère avec les revers entièrement fermés. Le plumet, les passepoils, et les épaulettes écarlates marquent le statut de Carabinier. On notera la plaque qui est restée losangique et non du modèle à soubassement. Une inspection de la 6e Demi-brigade provisoire légère, à laquelle est incorporée le 4e Bataillon du 21e Léger, réalisée à Munster en mai 1812, note que l'habillement est complet et neuf, et que deux Tambours et un Cornet sont encore équipés "à la chasseur", soit de l'ancienne forme. Ce qui signifie que la tenue Bardin 1812 a commencé à équiper le Régiment en Allemagne à cette période.
/ DRAPEAUX
Nous l'avons vu, le 21e Léger a reçu en 1804, trois Aigles et trois drapeaux de type Picot.
Le 26 mars 1807, à Osterode, est établi par l'Empereur l'ordre suivant : "Sa Majesté ordonne que les régiments d'infanterie légère n'auront pas d'aigles à l'armée, et que les aigles de ces régiments seront envoyées aux dépôts, cette arme ne devant pas avoir d'aigle devant l'ennemi" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12183).
Bien entendu, les Régiments ne vont pas souvent obéir à cet ordre.
En Février 1808, Napoléon décrète que les Régiments d'infanterie n'auraient de toutes façons plus qu'une Aigle unique, portée par un Officier, escorté étroitement par deux soldats méritants ayant 10 ans de service, avec rang de Sous-officiers (Sergents) et la paye qui va avec, dits : second et troisième Porte-Aigle (avec par ailleurs 6 autres hommes issus des Compagnies de Fusiliers du 1er Bataillon : 2 Caporaux et 4 Fourriers).
Le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon. Quant au corps du général Oudinot, il faut que chaque bataillon fasse faire un petit drapeau d'un simple morceau de serge tricolore, portant d'un côté le numéro de la demi-brigade et de l'autre le numéro du bataillon, comme, par exemple, 4e bataillon du 6e d'infanterie légère d'un coté, et de l'autre 1re demi-brigade légère, etc. Il faut faire pour cela très-peu de dépense. J'en ferai faire de très-belles, que je donnerai moi-même aussitôt que possible" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).
Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).
Le 21e Léger, si il désigne son Officier porte-Aigle et ses Adjoints, ne rend ses deux Aigles supplémentaires qu'en 1812. C'est aussi à cette époque qu'il doit arborer le nouveau modèle de drapeau tricolore qui porte pour lui faire honneur : ESSLING/WAGRAM. Ce drapeau restera au Dépôt du Régiment.
Le 24 mars 1812, à Paris, à la question : "Les régiments d'infanterie légère doivent-ils faire revenir leur aigle qui, par une disposition spéciale de l'Empereur, se trouve à leur dépôt ?", ce dernier répond encore une fois : "Puisque les aigles de ces régiments sont aux dépôts, il faut que les régiments les y laissent" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 5028).
/ NOTES
Note 1 : Le 3e bataillon avait enrôlé 47 soldats noirs et la demi brigade 44 tambours, fifres, et musiciens "de couleur". Puis ce sera au tour de Coptes d'être enrôlés dans l'unité, dans les derniers temps de la présence française. A leur arrivée en France, les soldats noirs sont exfiltrés. Seuls resteront quelques jeunes musiciens.
/ SOURCES
- Histoire des campagnes de la 21e Demi-Brigade actuellement 21e Rgt d'infanterie légère, J. J. Tarayre, Paris, 1803.
- Drapeaux et étendards des armées d'Italie et d'Egypte, O. Hollander, in Carnets de la Sabretache, 1904.
- Etat militaire an X, an XI, an XII.
- Conquête de l'Andalousie campagne de 1810-1811 par E. Lapene, Paris 1823.
- Campagne de 1813 et 1814 sur l'Ebre, les Pyrénées et la Garonne, E. Lapene, Paris 1823
- Planche Rigo, Le Plumet : 21e demi brigade en Egypte.