Miquelets de contre-guérilla en Catalogne

1810-1814

Avertissement et remerciements : Cet article, que nous compléterons au fur et à mesure de nos découvertes ultérieures, nous a été adressé par notre collègue du Bivouac, Didier Davin, que nous remercions tout particulièrement pour sa disponibilité et son érudition.

 

La Catalogne française en 1812

Au cours de la terrible Guerre d'Espagne (1807-1814), la Catalogne apparaît avec ses singularités :
- géographiques, entre la Haute-Catalogne et ses vallées encaissées propices à la guérilla et la Catalogne côtière;
- linguistiques, et politiques, vis-à-vis de n’importe quel gouvernement central espagnol, et celui de Joseph Bonaparte ne faisant pas exception.

Et puis, c’est une région riche, la plus dynamique économiquement d’Espagne, qui expérimente l’industrie moderne (que les Français ne vont pas encourager mais taxer et réquisitionner !).

La résistance anti-française est très structurée autour de Milices préexistantes à l'intervention impériale (Somatenes et Miquelets) qui transforment la région en vrai guêpier. Il faut dire que les premières troupes franco-italiennes entrées en Catalogne et les administrateurs français se sont comportés comme une nuée de sauterelles. Certains Généraux étant particulièrement rapaces. Ce qui ne crée surement pas l’adhésion aux couleurs françaises.

Ensuite, la longueur de l'occupation militaire et les vues très particulières que Napoléon a pour la Catalogne, qui doit être détachée de l'Espagne et devenir une province de l'Empire, amène à des particularités administratives. Cela commence en 1810, où elle est érigée en Gouvernement particulier, avec le Catalan et le Français comme langues officielles, puis un Décret impérial de Janvier 1812 la divise en quatre départements "français" : Bouches de l'Ebre, Montserrat, Segre et Ter.

Le recours à des troupes auxiliaires beaucoup plus nombreuses qu'ailleurs est encouragé au sein d’une politique globale d’intégration, mise à mal par les opérations militaires anti-insurrectionnelles.

Nous avons déjà vu sur ce site les Gendarmes catalans puis les Guides Catalans et la Légion de Gendarmerie de Catalogne qui, elle, est entièrement française. Voyons à présent d’autres unités de contre-guérilla dont le recrutement est peu regardant : contrebandiers, bandits, anciens guérilleros mais aussi propriétaires. Ils se battent sous la cocarde tricolore à partir de la fin 1811 et plus sous celle du roi Joseph.

Miquelet de Santa-Colonna, d'après H. Boisselier

En mai 1810 se forment une Compagnie municipale à Barcelone, des Chasseurs de montagne (331 hommes et 7 chevaux), une Compagnie de Miquelets de Santa Colonna (40 hommes), entre Barcelone et Gérone basée à Hostalric.

En juillet 1810, sont organisés les Chasseurs ou Miquelets de Don Pujol, bientôt appelés Chasseurs de l’Ampourdan (région frontalière de Catalogne). C’est une unité de Chasseurs mixte à cheval et à pied, formée dès Juillet 1810, à partir de déserteurs des guérillas et autres contrebandiers, selon les instructions du Commissaire royal de Joseph : Garriga. On retrouve la première mouture de cette Compagnie de 60 hommes au départ à Figueras en septembre 1810.

Miquelet de Don Pujol, dits de l'Ampourdan, d'après H. Boisselier

Son statut et son nom sont définitivement fixés en Octobre 1810 par le Général Barraguey d’Hilliers. Son chef, Pujol, dit Boquica, est né en 1779 à Besalu. C’est un ancien contrebandier. Il va se faire connaitre par son efficacité anti-guérilla mais aussi ses exactions sous couvert de représailles. Mise à sac de Sous en avril 1812, de Ripoll en mai, de Riu et Sadernes en aout etc …

On les verra combattre à la Garriga le 2 novembre 1812. Le Lieutenant Irondy est blessé en novembre 1812 devant Montserrat, et le Lieutenant Calvet en novembre 1813 à la défense d’un convoi. Pujol, lui même sera blessé 4 fois. En septembre 1813, l’unité compte un commandant (Pujol), 2 Capitaines, 2 Lieutenants, 2 Sous-lieutenants, 3 Maréchaux des logis chef, 10 Maréchaux des logis, 3 Fourriers, 19 Brigadiers, 10 Trompettes ou Tambours et 168 Chasseurs.

Pujol en uniformes "romantique"

Pujol retraitera avec les Français sur Perpignan. Il sera livré aux Espagnols en 1815 pour être garrotté.

En décembre 1811, le G énéral Clément forme deux Compagnies de Voltigeurs.

En juin 1812, les forces de contre-guérilla sont réparties ainsi :
- A la Division du Sègre (Général Quesnel) : 410 Chasseurs de montagne, 181 Gendarmes.
- A la Division de Haute-Catalogne (Général Lamarque) : les Miquelets de Santa-Colonna (131 hommes et 12 cavaliers)
- A Gérone et Figueras : les Gendarmes et Guides Catalans
- A Barcelone (Général Maurice Mathieu) : 52 Chasseurs à cheval, la Compagnie municipale de Barcelone, les Chasseurs de l’Ampourdan (80 hommes) et les Gendarmes.

En Août 1812, la Compagnie de Chasseurs distingués de Mataro, se fusionne avec les Chasseurs royaux pour former la Compagnie de Chasseurs de Barcelone aux ordres du Capitaine Rigaut.

En décembre 1812, en Haute-Catalogne, Lamarque peut compter sur 102 Miquelets (de Santa-Colonna). Les Chasseurs de montagne sont dans le département du Sègre, tandis qu’à Gérone, on trouve les Miquelets d’Auriga et Payol.

Début 1813, il y a 410 Chasseurs de montagne à la Division du Sègre.

La Division de Haute-Catalogne compte les Chasseurs de l’Ampourdan (204 hommes dont 30 cavaliers), les Chasseurs de Gérone (141 hommes dont 20 cavaliers) et les Guides catalans (103 hommes dont 37 cavaliers).

La Division de Basse-Catalogne compte 38 Chasseurs de montagne, 114 Chasseurs de Barcelone, et 153 hommes de la Compagnie municipale de Barcelone.

En janvier 1814, on retrouve 80 Gendarmes de Tarragone à Figueras; à Gérone, 240 Chasseurs de l’Ampourdan, dont 40 cavaliers, et les Guides Catalans (128 hommes dont 50 cavaliers), 40 Chasseurs de Gérone à cheval. Tandis que la Compagnie municipale et les Chasseurs de Barcelone sont encore dans la ville.

Toutes ces unités, regroupées sous le nom générique de « Chasseurs étrangers » se dissolvent après le passage de la frontière française.

- Uniformes des forces de contre-guérilla

Elles se rapprochent beaucoup de celles des guérillas partisanes de Ferdinand VII.

La tenue des Chasseurs de l'Ampourdan est de fond bleu foncé distingué de rouge, chapeau noir, ceinture écharpe rouge.

Les Miquelets et les Chasseurs de montagne ont des tenues de fond brune avec des couleurs distinctives rouges ou jaunes au col et parements de vestes courtes.

Coiffure chapeaux haut de forme ou shakos. La cocarde est française au début de 1812.

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