Le 56e Régiment d'Infanterie de Ligne
1800-1815
Avertissement et remerciements : En Mémoire de notre ami Didier Davin (†), qui nous avait adressé cet article, afin d'enrichir encore un peu plus le site, juste avant son décès. Nous le complèterons au fur et à mesure de nos découvertes ultérieures.
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/ Introduction : les Corps qui ont porté le numéro 56
Les Corps d'infanterie qui ont porté le numéro 56 sont les suivants (Livre d'or du 56e Régiment d'infanterie, par le Capitaine adjudant-major Telmat, 1886) :
- Régiment d'Enghien de 1635 à 1686
Le Régiment est formé au moment où la France entreprend contre l'Espagne la guerre qui a pour but d'empêcher la maison d'Autriche de devenir trop puissante en Allemagne et en Italie. Le Duc d'Enghien, fils du Prince de Condé, lève, le 8 juillet 1635, le Régiment qui porte son nom. Louis II de Bourbon-Condé Duc d'Enghien en est le Colonel de 1635 à 1646. A peine formé, le Régiment se rend en Franche-Comté et commence à faire parler de lui en 1636. Le Capitaine de Chabannes, et le Lieutenant d'Aubigny sont blessés au siège de Dôle en 1636.
- Enghien en Espagne
En 1638, le Régiment passe à l'Armée de Guyenne. Le 1er juillet, cette armée cherche à franchir la Bidassoa. Le Régiment d'Enghien attaque au gué de Béhobie. La rive ennemie est élevée et fortifiée de deux redoutes protégées elles-mêmes par le canon de Fontarabie. Le combat est opiniâtre; mais enfin, les Espagnols, étonnés du courage des Franpais qui passent la rivière allègrement, bien qu'ils soient dans l'eau jusqu'à la ceinture, plient et s'enfuient vers Irun où Enghien entre pêle-mêle avec l'ennemi. Le Régiment le disperse dans les bois et se rend maitre d'un pont important sur la communication de Fontarabie. Cette brillante affaire ne coûte au corps que peu de monde.
Le Régiment sert avec la même vigueur à la prise du fort du Figuier, du port du Passage et au siège de Fontarabie; le 8 août, trois cents hommes de la garnison de cette dernière place font une sortie le long de la plage, au moment de la basse mer, et viennent attaquer les postes d'Enghien. Aussitôt, six Compagnies, conduites par le Capitaine Ménétreux, accourent, culbutent les Espagnols dans leurs fossés, en tuent une partie et font trente prisonniers.
Après la prise de Fontarabie, le Régiment termine cette glorieuse campagne par le siège de Gattari, où il pénètre par un brillant coup de main.
- Enghien s'illustre dans le Roussillon
Enghien fait la campagne de 1639 dans le Roussillon où il coopère à la prise du château d'Opoul et aux sièges de Salces et de Tautavel.
Le 20 septembre, le Régiment entre dans Salces et est assiégé le même jour. Dans une sortie qu'il exécute le 27, il met en déroute le Régiment espagnol du comte-duc d'Olivarès, la fleur de l'infanterie castillanne.
Au mois de février 1642, le Régiment soutient un combat terrible près de Perpignan. Presque tous les officiers y sont tués ou blessés, ce qui l'empêche de servir activement au siège de Collioure.
Mais il prend bientôt sa revanche devant Perpignan, et, le 7 septembre, il a l'honneur d'entrer avec les Gardes françaises et suisses dans la capitale du Roussillon. En 1643, à Miralbel sont blessés le Lieutenant Anturin et les Sous-lieutenants Roquemont et Desgranges.
- Remarquable conduite du Régiment sous Fribourg.
Le Régiment rejoint en 1644 le Duc d'Enghien en Champagne.
1644, c'est, selon Bernard Coppens, l'année de création du Régiment.
Le Régiment contribue à la prise de plusieurs petites places du Luxembourg et marche au secours de l'Armée d'Allemagne qui n'a pas été assez forte pour empêcher la prise de Fribourg. Il se signale entre tous aux combats livrés pendant trois jours autour de cette ville.
Le premier jour, 3 août, il commence à la droite l'attaque des retranchements bavarois; conduit par le lieutenant-colonel de Chamilly, il force les premières palissades, se jelle sur les redoutes, et, après une action des plus meurtrières, reste maitre des retranchements. Ce jour-là, les pertes du Régiment sont très fortes, on doit citer particulièrement le sous-lieutenant Clisson, qui est tué sur le parapet d'une redoute au moment où il vient d'y planter son drapeau.
Ont été blessés le 3 août à Fribourg les Capitaines Landenay, de Chazans, La Madeleine, Fondouce, Moricourt, Lestang, Dubreuil, Morlant; les Lieutenant Chabert, Beaumont, Lanty, Bannette, Desfontaines. Les Capitaines Saint-Micaud et de Chirizy sont blessés le 5 août.
Le Régiment termine cette sanglante campagne par la prise de Philipsbourg, de Gemmersheim, de Spire, de Worms, de Mayence et de Landau.
- Nombreuses campagnes du Régiment d'Enghien.
De 1645 à 1686, le Régiment parait partout où l'on se bat et se conduit avec honneur devant les ennemis de la France. On le trouve, en 1645, à la bataille de Nordlingen. A partir de 1646, son Colonel est de la Robertière (jusqu'en 1651); le Régiment, en 1647, est au siège de Lérida, en Catalogne; l'année suivante, il passe en Flandre et combat à Lens, en 1649, il assiste à la prise de Condé. De 1651 à 1667, son Colonel est de Chambellay. le Régiment est commandé par le Colonel Marquis de Terme, de 1667 à 1672, puis par le Colonel de la Mothe, de 1672 à 1674. En 1674, il marche avec le Prince de Condé à la conquête de la Hollande. En 1674, il contribue à la conquête définitive de la Franche-Comté. L'année suivante, il prend part, à l'Armée de la Meuse, aux sièges de Liège, Dinan, Huy et Limbourg; il marche ensuite au secours de l'Alsace envahie. Il contribue à faire lever le siège de Hagueneau et de Saverne. Le Capitaine de Theury est blessé à Luxembourg en 1683. Le colonel de la Mothe est tué à la tête du Régiment à l'assaut de Girone en 1683. De 1684 à 1690, le Régiment est commandé par le Marquis de Villandry.
A la mort du Grand Condé, en 1686, le nouveau Prince de Condé cède le Régiment à son fils Louis-Henri Duc de Bourbon ; le Corps perd alors son nom d'Enghien pour prendre celui de Bourbon. Nous allons suivre son histoire sous ce nouveau titre.
- Régiment de Bourbon de 1686 à 1791
- Bourbon se distingue au siège de Philipsbourg.
En 1688, le Régiment fait partie de l'Armée du Dauphin, Brigade de Feuquières; il se distingue au siège de Philipsbourg : il ouvre, le 10 octobre, la tranchée à l'attaque du bas Rhin et pousse ses travaux jusqu'aux palissades de l'ouvrage à cornes. Le 17, les assiégés font une sortie du côté du cimetière; le Régiment, ayant à sa tête le Duc de Bourbon et le Prince de Conti, les charge avec tant de vigueur qu'il les force à se retirer, les Grenadiers les chassent même du chemin couvert. Le Marquis de Villandry est blessé à la tête du Régiment le 17 octobre. La place est prise le 30 octobre.
En 1690, le Régiment est commandé par le Marquis de Vieux-Pont, tué à la tête du Corps le 17 août 1690, veille de la bataille de Staffarde. De 1690 à 1704, il est commandé par un autre Marquis de Vieux-Pont, puis par le Comte de Vieux-Pont, en 1704-1705. Le Capitaine de Ricousse est blessé à Hoechstedt en 1704. De 1705 à 1719, il est commandé par le Comte de Montmorency-Laval, Maréchal de France qui a reçu 3 blessures à la tête du Régiment, dont une au siège de Nice en 1705. Le Capitaine de la Brunie est blessé à Malplaquet en 1709. De 1719 à 1740, il est commandé par le Marquis de Fimarcon, blessé à la tête du Régiment au combat de Parme, en 1734. De 1740 à 1748, il est commandé par le Comte de la Tour-du-Pin de la Charce, blessé deux fois à la tête du Régiment.
- Admirable exemple d'énergie du Sergent Bertrand.
Le 5 juillet 1743 le Régiment de Bourbon se trouve à la prise de Wissembourg en Alsace. Cette journée est meurtrière. Beaucoup d'Officiers, de Sous-officiers et de soldats se font tuer bravement. Le Sergent de Grenadiers Claude Bertrand dit Stenay se signale par un acte de stoïcisme qui mérite d'être rappporté. Commandé pour l'attaque du village des Picards près de Wissembourg, il reçoit dès le commencement de l'action un coup de feu dans la poitrine. Sans se laisser arrêter par la douleur qu'il éprouve, ce brave tire son couteau, coupe une poignée d'herbe, l'introduit dans la plaie pour faire cesser l'écoulement du sang et continue à combattre jusqu'à ce que la victoire couronne nos efforts. Le Sergent Stenay est mort aux Invalides en 1766. Le Lieutenant colonel de Maurens, et le Capitaine Saint-André ont été blessés à Wissembourg, de même que les Capitaines Sainte-Croix, La Motte, Montagnon, Despas, De Belloy, Perrier. Le Capitaine d'Estienne est blessé en 1747 à Lawfeld.
De 1748 à 1749, le Régiment est commandé par le Comte de Vaux, puis passe sous le commandement du Marquis de Broc (1749-1761), puis sous celui du Comte de Rabodanges (1761-1780)
- Bourbon jette deux fois les Anglais à la mer.
En 1758, les Anglais veulent opérer un débarquement à Saint-Cast sur les côtes de Bretagne. A la nouvelle de ce débarquement, le Régiment se concentre à Lamballe; le lendemain 10 septembre, il attaque l'ennemi par la droite à Saint-Cast, et, malgré les vaisseaux dont le feu balaie la plage, il jette dans la mer les Bataillons anglais qui lui sont opposés. Le Colonel Marquis de Broc, qui s'est fort distingué, est chargé par le Duc d'Aiguillon de porter à Versailles la nouvelle de cette victoire.
Le 7 avril 1761 le Régiment se trouve à Belle-Isle-en-Mer. Cent quinze vaisseaux anglais essaient de débarquer des troupes au port Andras. Le Régiment surprend l'ennemi au milieu de son opération, lui tue 800 hommes, presque tous Grenadiers, et fait 300 prisonniers, dont un Lieutenant-colonel et un Commandant.
De 1780 à 1782, le Régiment est commandé par le Marquis de la Tour-du-Pin-Gouvernet puis par le Comte de Canillac de 1782 à 1791.
- 56e Régiment d'infanterie de ligne de 1791 à 1794
Un règlement du 1er janvier 1791, qui est mis à exécution le 1er avril suivant, enlève aux quatre vingt-deux Régiments d'infanterie francaise et aux douze Régiments étrangers leurs anciens noms et décide qu'ils ne seront plus désignés que par les numéros du rang que chacun d'eux occupe dans la ligne. En conséquence de cette disposition, le Régiment perd le titre de Bourbon pour prendre celui de 56e Régiment d'infanterie de ligne; il porte avec distinction ce numéro dans les premières campagnes que fait la République francaise contre les rois coalisés.
Le Régiment est commandé par le Colonel de Francval en 1791, puis par le Comte Ruault de la Bonnerie de 1791 à 1793, et le Colonel Saint-Quentin de 1793 à 1794.
- Belle réponse du Capitaine de Mortemart.
En 1792, la France doit repousser l'invasion de toute l'Europe coalisée. Des Bataillons de Volonlaires sont levés et font dignement leur devoir à ooté des vieux Régiments. Quatorze Corps d'armée sont organisés. Le 56e se trouve à l'Armée du Nord sous les ordres du Général Dumouriez. Il occupe le camp de Maulde ; le 31 août, les Autrichiens viennent attaquer le camp. Le Général de Division de Beurnonville dirige la défense et l'ennemi est repoussé avec perte. Le 1er Bataillon du 56e se fait remarquer dans ce combat par la bravoure avec laquelle il défend la redoute de Maulde.
La conduite du Capitaine de Mortemart, dans cette journée, honore particulièrement le Régiment : retenu à l'ambulance par une large blessure à la poitrine, ce Capitaine apprend que l'on va marcher au combat; le Chirurgien le trouve trop faible pour qu'il puisse se mettre à la tête de sa
Compagnie. "L'honneur m'appelle, lui dit-il, et je me sens assez de force pour battre l'ennemi". Aussitôt il part et donnant le premier l'exemple d'une rare intrépidité, il fond sur les Autrichiens qui sont mis en déroute.
- Bataille de Valmy (Inscrite sur le drapeau du Régiment).
Le 20 septembre 1792, la bataille commence dès sept heures du matin entre les avant-gardes françaises et prussiennes. Le brouillard se lève à dix heures et demie et l'armée prussienne peut voir les Francais disposés en bon ordre de bataille. La canonnade commence des deux parts avec vivacité. Deux obus prussiens ayant fait sauter deux de nos caissons, le désordre se met dans les rangs de la première ligne qui fait un mouvement rétrograde; mais la position est bientôt reprise, grâce à l'arrivée de la réserve d'artillerie à cheval du Général d'Arboville.
A ce moment, les colonnes d'attaque prussiennes se mettent en mouvement pour aborder les hauteurs de Valmy, avec la régularité et l'aplomb de vieilles troupes. Le Général Kellermann, commandant
en chef l'armée francaise, sent que l'instant est décisif; il parcourt le front de l'armée, interpellant chaque Régiment et ordonnant de charger l'ennemi à la baïonnette lorsqu'il commencera à gravir les pentes.
Sur toute la ligne, la présence et les paroles du Général en chef sont saluées par les cris unanimes de : "Vive la Nation !". Ces cris ont un tel caractère de fermeté et d'enthousiasme que le Duc de Brunswick comprend qu'il a affaire à des hommes retrempés par l'amour de la patrie. Aussi, conseille-t-il au Roi de Prusse de ne pas combattre l'armée francaise dans la position avantageuse qu'elle occupe. Le lendemain matin, l'aile droite des Prussiens étant menacée, ceux-ci se mettent aussitôt en retraite.
Telle est la bataille de Valmy, où les Français obtiennent la victoire par leur ferme contenance; les soldats, pleins de confiance, demandent à grands cris à marcher à l'ennemi. Ses résultats sont immenses, l'invasion est repoussée et l'armée des coalisés, épuisée, manquant de tout, commence son mouvement de retraite.
- Abnégation exemplaire des soldats du 56e.
Pendant le rude hiver de 1793, le 56e de ligne subit, comme les autres Corps des quatre divisions rassemblées sur la Sambre, une série d'épreuves, de privations et de misère qui donne aux soldats l'occasion de montrer l'excellent esprit qui les anime. Ainsi, l'on voit d'un côté la Division Fromentin, à laquelle appartient notre 1er bataillon, réduite à un état de dénuement tel que les hommes, manquant absolument de souliers, entortillent sans se plaindre leurs pieds avec du foin.
D'un autre côté, ce sont les 3 Divisions réunies sous Maubeuge, dont le 2e Bataillon du Régiment fait partie, qui, instruites de la pénurie qui menace le Corps d'armée, envoient sur le champ une foule d'adresses au Quartier général, dans laquelle chaque Corps fait abandon de deux jours de viande tous les d1x jours.
Le moral du soldat se maintient excellent en traversant pendant tout l'hiver cette série de pénibles épreuves. Le cri général des hommes est qu'ils attendent avec impatience le moment de chasser l'ennemi du territoire de la République.
Pendant cette année 1793, bien des corps, surtout parmi les Bataillons de nouvelle levée, sont mis à l'ordre, soit pour des actes d'indiscipline, soit pour une mauvaise conduite devant l'ennemi. Le 56e Régiment de ligne n'est pas une seule fois l'objet d'un de ces blâmes du Général en chef.
- Le 56e a bien mérité de la Patrie.
A l'Armée de Sambre-et-Meuse, le 1er Bataillon, sous les ordres directs du brave Kléber, prend part aux deux batailles livrées le 16 et le 26 Juin 1794, à Fleurus. Un décret de la Convention nationale, en date du 1er juillet, déclare que l'Armée de Sambre-et-Meuse, ayant Jourdan pour Général en chef, a bien mérité de la Patrie.
Le 18 septembre a lieu la bataille de Sprimont dans laquelle le 2e Bataillon a sa large part de sloire. Vers deux heures du soir, cinq drapeaux, trente-six pièces de canon, plus de quinze cents prisonniers sont en notre pouvoir et l'ennemi est en retraite.
La Convention applaudit à ces succès; elle déclare que l'Armée de Sambre-et-Meuse ne cesse de bien mériter de la Patrie, et lui adresse un drapeau portant cette inscription : "A l'armée de Sambre-et-Meuse, la Patrie reconnaissante".
Note : Bernard Coppens indique qu'en 1794, lors du Premier amalgame, le 1er Bataillon entre dans la composition de la 111e Demi-brigade de première formation (elle même versée ensuite dans la 37e Demi-brigade de seconde formation); le 2e Bataillon entre dans la composition de la 112e demi-brigade de première formation (elle même versée dans la 88e Demi-brigade de seconde formation).
- 56e Demi-brigade d'infanterie de bataille de 1794 à 1796.
La 56e Demi-brigade est formée, du 15 au 18 février 1794, à Nice, Quartier général de l'Armée d'Italie.
Selon Bernard Coppens, elle comprend le 2e Bataillon du 28e Régiment d'infanterie (ci-devant du Maine) ; le 2e Bataillon de l’Ariège ; le 2e Bataillon de l’Aveyron.
La 56e de Bataille est commandée par le Chef de Brigade Bugard de 1794 à 1795, puis Eberlé de 1795 à 1796.
Dans les premiers mois de sa formation, le Régiment prend part, sous les ordres de Masséna, aux nombreux engagements livrés pour s'emparer du passage des Alpes.
Pendant l'hiver l'armée garde ses positions défensives; les soldats supportent avec la plus grande énergie les misères de tous genres, au milieu de ces montagnes couvertes continnellement de brouillards et de neiges. Le Général en chef Kellermann admire dans un de ses rapports l'excellent esprit qui anime les troupes.
- Trois braves.
Le 19 avril 1796, la Division Sérurier, dont fait partie la 56e, s'empare de la redoute Saint-Michel, près de Céva. Les troupes piémontaises opposent une vigoureuse résistance. Il faut passer à découvert sur un pont gardé par trois batteries. Le Général Fiorella ordonne que la charge soit battue : les Grenadiers et les autres Compagnies de la 56e s'élancent aussitôt sur l'ennemi. Les Piémontais gagnent les hauteurs, abandonnant leurs retranchements que l'on démolit et leurs canons que l'on démonte. Les Lieutenants Vigniers et Langre et le Sergent-major Pommet, ayant passé la rivière à la nage, pénétrent jusque dans la redoute qui bat la prairie voisine, renversent trois pièces de canon et font prisonniers les artilleurs qui les servent.
- Bataille de Mondovi.
Le 24 avril, la Division, considérablement renforcée et ayant à sa tête le Général en chef Bonaparte, marche sur Mondovi. Une partie de la 56e se bat à la droite sous les ordres du Général Pelletier, pendant que l'autre, sous le commandement du Général Fiorella, combat chaudement au centre. Les Régiments piémontais, placés sur un plateau hérissé d'artillerie, montrent beaucoup de fermeté. Trois fois nos Grenadiers, qui forment l'avant-garde et ont à leur tête leur Chef de Brigade Eberlé, essaient de les débusquer, ils sont repoussés. Enfin, tous se rallient pour une quatrième attaque qui est décisive. La charge est battue et, à l'instant, le plateau tombe en notre pouvoir avec toute l'artillene ennemie : huit canons et deux obusiers. Ces pièces sont aussitôt braquées sur la ville qui capitule une heure après. Le Chef de Brigade Eberlé est blessé de trois coups de feu.
Le Lieutenant Lango est blessé le 1er mai 1796, au combat de Spinardo où il se distingue.
Le 30 mai, les Grenadiers de la 56e, lors de la défaite des Autrichiens à Borghetto, sont les premiers à passer le Mincio, malgré un feu très vif de mousqueterie et d'artillerie.
Le 5 juin, ils enlèvent à la baïonnette le faubourg Saint-Georges du pont de Mantoue. Les Grenadiers Chaudier et Fournier s'y distinguent par une fougueuse ardeur à poursuivre l'ennemi.
Le 18 juin 1796, la 56e Demi-brigrade perd son numéro pour être amalgamée avec d'autres Corps et former la 85e Demi-brigade de seconde formation.
/ Formation de la 56e Demi-brigade de ligne
Selon le livre d'or du 56e Régiment d'Infanterie, conformément à l'Arrêté du Comité de Salut public sur la reorganisation des Demi-brigades, le tirage au sort des nouveaux numéros à donner aux corps d'infanterie a lieu à l'Armée de Rhin-et-Moselle, le 4 mai 1796. Le numéro 56 échoit à la Demi-brigade formée des anciennes 75e et 108e de ligne.
Bernard Coppense indique effectivement que la 56e Demi-brigade de deuxième formation a été formée en 1796 (Arrêté du 18 Nivôse an IV) de la :
- 75e Demi-brigade de première formation.
La 75e Demi-brigade de première formation a elle même été formée des unités suivantes :
- 1er Bataillon du 38e Régiment d'infanterie (ci-devant Dauphiné)
Dauphiné (38e), créé en 1629. 39e Régiment en 1789; 38e Régiment en 1791. Campagnes : 1792 et 1793 à l'Armée des Ardennes ; 1794 à l'Armée du Nord. Le 1er Bataillon faisait partie de la garnison de Condé où il fut fait prisonnier. Son second Bataillon entre dans la composition de la 76e Demi-brigade de première formation (elle même versée ensuite dans la 76e Demi-brigade de Ligne).
- 1er Bataillon des Vosges
Formé le 29 août 1791; son Chef est Haxo.
- 17e Bataillon de la Côte-d'Or.
Formé le 9 Brumaire an 2; son Chef est Blandin.
- 208e Demi-brigade de première formation.
La 208e Demi-brigade de première formation a été formée des unités suivantes :
- Bataillon des cinq Sections (Paris)
Appelé aussi 7e Bataillon (autre), des Cinq Sections, formé le 15 mai 1793; son Chef est Cartery.
- 2e Bataillon du Rhône
Formé le 21 Brumaire an 2; son Chef est Dubost.
- 1er Bataillon de la Montagne
Formé à Landau.
- Plus tard, le 15e Bataillon des Vosges
Est incorporé à cette Demi-brigade.
L'Etat Militaire de l'an VIII indique qu'elle provient du 1er Bataillon du 33e Régiment (erreur typographique sans doute, car ce Bataillon est entré dans la formation de la 65e Demi-brigade de Bataille, devenue ensuite 68e de Ligne); du ler Bataillon des Vosges, du 17e Bataillon de la Côte-d’Or; du Bataillon des cinq sections réunies de Paris; du 2e Bataillon du Rhône, et du Bataillon de la Montagne. Son premier Chef de Brigade est François Felix Vignes.
Le Livre d'or du 56e Régiment indique que 56e a par suite deux chefs : Morel et Vignes ; le premier prend le commandement du Corps, le second y demeure comme Chef de Brigade à la suite.
Le 6 janvier 1793 l'armée prussienne fond sur l'avant-garde de l'Armée du Rhin. L'ennemi, déjà maître de la porte de Francfort, se présenta pour s'emparer de celle de Mayence. Le caporal de canonniers Bouchon est de garde à cette porte avec deux pièces de campagne; aidé de deux de ses camarades il tire à mitraille sur l'ennemi qu'il arrête tout d'abord ; puis, par un feu continuel, il rend nuls les efforts des Prussiens qui reviennent plusieurs fois à la charge pour occuper ce poste important. C'est ainsi que par son courage et sa présence d'esprit, ce brave soldat favorise la retraite de quatre mille hommes qui, surpris et tournés, auraient été forcés de mettre bas les armes (Livre d'or du 56e Régiment d'infanterie).
Le 19 mai 1794, le Général autrichien Beaulieu attaque, devant Bouillon, à la tête de 18,000 hommes un corps de 1,000 hommes au plus; après avoir soutenu un choc terrible qui met plus de 800 hommes hors de combat, les Français ne pouvant résister à des forces aussi supérieures, ploient dans le plus grand désordre, lorsque le Capitaine Roche, à la tête d'une Compagnie de Grenadiers, se place sur un pont, où, pendant plus d'une demi-heure, il arrête avec cette poignée de braves les troupes autrichiennes et met, par sa belle défense, les Français en retraite à l'abri de la cavalerie ennemie (Livre d'or du 56e Régiment d'infanterie, par le Capitaine adjudant-major Telmat)
/ 1796, campagne de la 56e Demi-brigade de Ligne
La 56e Demi-brigade se couvre de gloire à l'Armée de Rhin-et-Moselle. Cette armée, sous les ordres du Général Moreau, commence la campagne de 1796 par le passage du Rhin. La 56e Demi-brigade a l'honneur d'être une des premières qui franchit le fleuve. Le Corps législatif déclare à cette occasion, que "l'armée de Rhin-et-Moselle avait bien mérité de la patrie".
Le 14 juillet 1796, la Division Férino, dont fait partie la 56e, attaque l'ennemi sur tous les points ; le principal effort se porte sur les montagnes et dans la vallée de la Kintzig, dans le but d'en chasser l'ennemi et de le forcer à abandonner la plaine entre le Rhin et les montagnes. Les Autrichiens sont en force à Haslach; malgré une résistance opiniâtre dans les haies multipliées qui bordent ce village, et quoique les ponts soient rompus, les Grenadiers de la 56e enlèvent ce poste à la baïonnette. L'ennemi, repoussé de poste en poste, se retire sur Homberg. "On doit des éloges, dit le général après le combat, à la 56e demi-brigade, et particulièrement à ses grenadiers, qui ont montré la plus grande bravoure".
Le Chef de Brigade Vignes est de ceux qui sont cités dans le rapport comme s'étant particulièrement distingués.
Après le combat de Mémingen, où le 1er Bataillon de la 56e est un de ceux qui méritent des éloges particuliers, et celui de Schliegen où la 56e se distingue de nouveau, l'armée repasse le Rhin à Huningue. La garde de la tête de pont est confiée à trois Demi-brigades qui se sont, dit le rapport du Général Moreau, distinguées pendant la campagne; les 3e légère, 56e et 89e de de ligne sont désignées pour défendre ce poste sous le commandement du Général Abbatucci.
Le 27 octobre 1796, le Général Moreau écrit a Directoire : "… Le 4 (25 octobre), l'armée prit position à Altingen ; le 5 ( 26 octobre), elle passa le Rhin à Huningue, et quoique l'armée ennemie ne fut campée qu'à une lieue, elle n'osa pas troubler notre passage, qui s'est fait avec le plus grand ordre et couvert par les brigades des généraux Abbatucci et Laboissière.
J'ai trouvé la tête de pont dans un état affreux et pas à l'abri d'un coup de main.
Plusieurs raisons ont occasionné cette négligence. On avait voulu faire un camp retranché sur la hauteur de Friedlingen ; au lieu de s'occuper d'un objet avant l'autre, on a fait marcher les deux ouvrages de front, de sorte que tous deux n'étaient qu'ébauchés.
Il y a également eu beaucoup d'intrigues, de mauvaise volonté et de discussions déplacées entre les autorités civiles et militaires pour la fourniture des travailleurs.
J'ai les plus grandes craintes de ne pouvoir conserver ce débouché, si l'ennemi attaque avec vigueur.
J'ai chargé le général Abbatucci de ces soins, et je vous assure que personne n'en est plus capable. Sa brigade, composée des 3e d'infanterie légère et 89e de ligne, y est campée ; l'artillerie légère, troupe extrêmement aguerrie, est en batterie dans cet ouvrage, quoique ce ne soit pas son service ; lui -même s'y est barraqué. Il a en réserve à Huningue la 56e et huit compagnies de grenadiers ..." (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 1, p. 339).
Le 30 octobre a lieu le combat qui est le plus brillant fait d'armes dont puisse s'enorgueillir la 56e. Vers onze heures du soir, l'ennemi attaque nos ouvrages; nos avant-postes sont d'abord repoussés par la cavalerie, suivie de trois colonnes d'infanterie gui se précipitent en même temps sur nos positions. La grande supériorité du nombre leur donne un moment l'avantage; nos troupes se retirent dans l'ouvrage à cornes dont la barrière est défendue avec une intrépidité remarquable. Le Général Abbatucci en sort bientôt à la tête de nos soldats : l'attaque a lieu à la baïonnette; elle est vive, prompte; l'ennemi, chassé de la demi-lune, se retire en désordre dans la plaine; au moment de l'y poursuivre, le brave Général est blessé mortellement.
Le combat dure jusqu'à deux heures du matin et coûte beaucoup de monde à l'ennemi. Le Général Abbatucci, après l'action, a encore la force de faire son rapport, dans lequel il cite avec éloges les Chefs de Brigade Morel et Vignes, tous deux de la 56e, le second blessé de deux coups de feu,l'un au poignet et l'autre à la cuisse. C'est assez dire la part brillante que la 56e Demi-brigade a prise à cette victoire.
Lacombe, éclaireur, est cité pour sa belle conduite au combat de Caressio le 23 novcmbre 1796.
Date ? A la retraite de Moreau en avant de Friberg, le général Gordy, qui commande la 56e Demi-brigade, donne ordre au 1er Bataillon de passer derrière l'armée autrichienne pour couper la retraite d'un Corps d'émigrés. Il est onze heures du soir. Le Capitaine adjudant-major Hersan, chargé de cette mission, traverse la ligne ennemie et prend position sur la route de Munich. Un Régiment de cavalerie et deux Régiments d'infanterie fondent bientôt sur lui, faisant un feu terrible ; il n'a point de retraite; il met sa troupe sur un rang, disperse ses tambours, fait des commandements comme s'il a un régiment, fait croiser la baïonnette; battre la charge et marche à l'ennemi qu'il culbute (Livre d'or du 56e Régiment d'infanterie, par le Capitaine adjudant-major Telmat).
/ 1798-1799, la 56e en Italie
La 56e se signale en Italie en 1798-1799, sous les ordres des Chef de Brigade Morel puis Vignes puis Boutroué (à la mort de son prédécesseur en mars 1799).
Dans le courant de l'année 1798, la 56e est envoyée en Italie et fait partie de la Division Victor qui, avec deux autres Divisions , est placée sous les ordres du Général Moreau.
Le 26 mars 1799 a lieu devant Vérone le combat de Pastrengo. Dans cette affaire, la Division Victor enlève, dès l'aube, les villages de Sainte-Lucie et de San-Massimo. L'armée ennemie, que renferme Vérone, instruite de ce mouvement, sortit de la place et porte ses principaux efforts sur notre Division dans l'intention de la tourner par sa gauche. Le village de San-Massimo est pris et repris six fois. La Division Victor, écrit le Général Moreau dans son rapport, a mis "une opiniâtreté admirable" dans ses attaques. Le combat, commencé à la pointe du jour, se prolonge par intervalles jusqu'à sept heures du soir avec le plus grand acharnement de part et d'autre, lorsque le Général Moreau, faisant un dernier effort sur tout son front, détermine, par une attaque générale, l'ennemi à se replier sous les murs de Vérone. La 56e a son Chef de Brigade Morel blessé dans ce combat. Le Général Schérer cite dans la Demi-brigade comme s'étant particulièrement distingués le Capitaine Roche qui, lorsque les Officiers supérieurs sont tous mis hors de combat, prend le commandement de la 56e et la maintient faisant constamment face à l'ennemi, et le Capitaine adjudant-major Hersan, qui montre la même fermeté que le Capitaine Roche et l'aide dans le commandement de la Demi-brigade.
Au cours de la bataille du 26 mars 1799 devant Vérone, un Bataillon de la 56e Demi-brigade forcé par un Corps ennemi nombreux ploie en désordre, un peloton de cavalerie autrichienne le charge avec impétuosité. Gouvenel, alors Sergent-major, ne voulant pas faire un mouvement rétrograde, fait feu et renverse une file; le peloton l'ayant dépassé, il recharge son fusil, ajuste l'officier qui le commande et l'étend mort sur la place, ce qui met le désordre dans la troupe ennemie et lui fait prendre la fuite. Gouvenel est signalé pour sa belle conduite dans cette journée où il tue à lui seul plus de vingt Autrichiens (Livre d'or du 56e Régiment d'infanterie).
Le l6 mai l799, en Italie, le Général en chef Moreau décide d'attaquer l'ennemi entre Alexandrie et Tortone. Le Bataillon dans lequel combat le Capitaine Latour a ordre d'édairer la route de Novi ; mais l'armée française, accablée par des forces supérieures, est obligée de repasser la Bormida, et ce Bataillon se trouve coupé de sa ligne de retraite ; il ne lui reste plus qu'à mettre bas les armes ou à se jeter dans l'Orba. Le Capitaine Latour conseille vivement ce dernier parti, cherche un gué et tout le Bataillon se risque dans la rivière, dont le cours torrentueux présente de grands dangers. Sur onze cents hommes, plus de quatre-vingts sont entraînés et périssent dans les flots. Dans cette circonstance, trente Officiers ou soldats doivent la vie au brave Latour. A chaque instant malgré sa fatigue, il arrachait à la mort de nouvelles victimes et lui-même manque de périr : un Grenadier qu'il s'efforce de sauver s'attache à lui et le serre avec tant de violence qu'il lui devient impossible de nager ; épuisé, Latour va subir le sort de celui qu'il veut sauver, quand le Caporal Léguerney, de sa Compagnie, se met à la nage et le pousse sur la rive (Livre d'or du 56e de Ligne).
Le 4 août 1799 (17 Thermidor an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général en Chef : "J’ai en effet fait arrêter et verser dans les magasins de Chambéry les draps à la suite de la 56e demi-brigade, parce que rentrant dans l’intérieur, ce corps n’en avait pas besoin, et qu’ils nous produiront environ 600 habits pour les conscrits. J’ai d’ailleurs fait constater le fait par procès-verbal du commissaire des guerres ; il vous en aura adressé expédition" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 116 page 250).
Bonaparte devenu Premier Consul constitue une nouvelle Armée du Rhin, dont il donne le commandement au Général Moreau. La 56e va former alors avec la 14e légère, les 46e, 57e et 108e de ligne et le 3e Régiment, une Division aux ordres du Général Delmas. Cette Division est l'une des trois Divisions du Corps de réserve qui défendent Bâle avec son camp retranché, sur la rive droite du Rhin et occupent la Haute-Alsace. Le Général Moreau commande en personne le Corps de réserve.
Le 4 décembre 1799 (13 frimaire an 8), le Consul Bonaparte fait écrire, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Le ministre de la guerre réunira chez lui les généraux Moreau et Clarke, pour arrêter ensemble un plan d'opérations pour la nouvelle armée du Rhin.
Les Consuls désireraient que, vers la fin de décembre, l'armée du Rhin se portât en Bavière. Elle sera renforcée, 1° des 4e, 15e, 56e, 42e, 51e, 68e, de deux demi-brigades bataves et deux demi-brigades françaises de l'armée qui est en Batavie, du 21e régiment de chasseurs, qui est à Paris, et de trois régiments de cavalerie, qui sont en Batavie; 2° de tous les bataillons de conscrits qu'il sera possible d'y envoyer et qu'on incorporera au moment de leur arrivée.
Le ministre de la guerre retirera de l'intérieur tous les régiments de cavalerie qu'il pourra, afin de les envoyer à l'armée du Rhin. Il y enverra particulièrement le 11e de hussards, qu'on équipera à cet effet le plus promptement possible" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4413 ; cité par De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1800, t.1, p. 7).
Selon les Etats Militaires de l'an VIII (1799-1800), la 56e Demi-brigade est à l'Armée de l'Ouest. Elle est commandée par le Chef de brigade C. Morel. Le Chef du 1er Bataillon est CC. Longeaux; celui du 2e Bataillon Bouvard; du 3e Bataillon Lelmi.
- Adjudants majors : du 1er Bataillon, Pellecier; du 2e Bataillon, Sauvaire; du 3e Bataillon, Boucirot.
- Quartiers-maîtres-trésoriers : Adot; Tanière.
Chirurgiens-majors : Haffeneger, Sadourny, Lions.
1er Bataillon : Capitaines C C. Ruisard, Grenadiers, Chalamel, Vauchey, Gaugelin, Cordier, Christ, Burlheret, Fouchet, Pugniere. Liutenants Combet, Guilgot, Coppard, Oriet, Allegros, Guillot, Yacle, Cresme, Pagès. Sous-lieutenants Dargent, Crouet, Floquerel, Crespy, Negre, Kesler, Desjardins, Thiébaud, Couturier.
2e Bataillon : Capitaines Pont, Grenadiers, Maurice, Portail, Rimel, Rudeloff, Reignac, Floquerel, André, Falgons. Lieutenants Finet, Mergey, Doneau, Rivière, Trouhet, Chapelle, Guillien, Guerre, Blache. Sous-lieutenants Gouvenel, Bailly, Louvet, Bontems, Vernet, Martin, Faucon, Savoye, Chasseur.
3e Bataillon : Capitaines Cabassus, Grenadiers, Boudroy, Rony, Errard, Chalamel, Demangek, Cosnard, Grégoire, Dorez. Lieutenants Baboud, Ritz, Verrier, Grange, Jardot, X, Déné, Maréchal, Carmouche. Sous-lieutenants Leons, X, Bailly, Morlot, Chambolle, Goutte, Nicolet, Rapaille, Bizet.
Des récompenses sont instituées par un Arrêté des Consuls en date du 25 décembre 1799, en exécution de l'article 87 de la Constitution de l'an 8, ainsi conçu : "Il sera décerné des récompenses nationales aux guerriers qui auront rendu des services éclatants en combattant pour la République". En ce qui concerne la 56e Demi-brigade, se sont vus décerner une arme d'Honneur (d'après le Livre d'Or de la 56e, qui cite des militaires ayant aussi bien appartenu à la 56e de Ligne, que à d'autres unités ayant porté le n°56 (tels que Eberlé, qui a fait partie de la 56e Demi-brigade de Bataille, devenue 85e de Ligne) :
- Le Grenadier Auneveux (originaire de la Haute-Vienne) : "Au moment de l'attaque d'une position ennemie, ce brave grenadier se précipita à la baïonnette dans les rangs Autrichiens, et, par son exemple, entraîna ses camarades. Cette action lui mérita un fusil d'honneur" (était apparemment dans la 56e de Ligne).
- Le caporal Barlier (Né à Marsillac, Aveyron) : "Il partit comme volontaire. Nommé caporal, il fit avec honneur dans le corps les campagnes de 1794, 1795, 1796. Passé à l'armée d'Orient, il se distingua à Saint-Jean-d'Acre où, le 14 mai 1799, il reprit, à l'aide de cinq hommes seulement, la batterie des Guides dont les Turcs s'étaient emparés. Il périt de la mort des braves à la bataille d'Iéna" (56e de Bataille ou de Ligne ?).
- Le Lieutenant Deraux (Né à Marigny, Manche): "Deraux se distingua particulièrement à la prise d'Alexandrie, aux assauts de Saint-Jean-d'Acre et à la prise du village de Matarieh. Ces actes de courage lui valurent un sabre d'honneur" (il est passé dans le 56e de Ligne en 1813).
- Le Sergent Driget : "Il se signala à l'armée de l'Ouest à l'attaque d'une colonne vendéenne ; il pénétra, la baïonnette en avant, dans les rangs des insurgés et tua un de leurs chefs. Le brave Driget reçut un sabre d'honneur le 9 mars 1803" (il était bien à la 56e de Ligne).
- Le soldat Flers (Né à Denancourt, Somme) : "Flers fit avec honneur, au 56e, toutes les campagnes de la Révolution, depuis 1793 jusqu'à 1801, aux armées du Nord, de Sambre-et-Meuse, d'Italie et d'Orient. Il se distingua par son courage le 15 septembre 1793, au déblocus de Maubeuge ; il reçut dans le combat trois coups de feu à la jambe droite et un quatrième au cou. Le 17 décembre 1796, il combattit de nouveau avec une grande valeur et fut blessé à la jambe gauche. Blessé de nouveau en Egypte, il reçut un fusil d'honneur en 1802. Criblé de blessures et accablé d'infirmités, par suite des fatigues de la guerre , le brave Flers obtint, comme lieutenant, en 1808, sa pension de retraite" (56e de Bataille ou de Ligne ?).
- Le lieutenant Guilgot (Né à Circourt, Vosges) : "Guilgot fit, comme soldat, sous-officier et officier au régiment, toutes les campagnes de la République, de 1791 à 1801. Après avoir reçu de nombreuses blessures, il fut admis à la retraite en 1802. Le premier Consul ne voulut pas le laisser rentrer dans ses foyers sans qu'il emportât le témoignage mérité de ses loyaux et brillants services, et lui décerna un sabre d'honneur comme récompense nationale" (il était bien à la 56e de Ligne).
- Le Sergent Lançon : "Ce sous-officier fit dans le corps toutes les campagnes de la Révolution, depuis 1793 jusqu'à 1800, et se distingua particulièrement à l'armée de l'Ouest, à l'attaque d'un bois occupé par les insurgés de la Vendée. Il reçut en 1803 un fusil d'honneur, juste récompense de sa belle conduite" (il était bien à la 56e de Ligne).
- Le Sergent-major Leguerney : "Servit avec distinction dans les armées d'Allemagne et d'Italie. Dans un engagement contre les rebelles de la Vendée, il tua un de leurs chefs et fit plusieurs prisonniers. Sa bravoure lui mérita le brevet d'un fusil d'honneur" (il était bien à la 56e de Ligne).
- Le Capitaine adjudant-major Pélecier (Né à Rioz, Haute-Saône) : "Pélecier entrait au service en 1792 comme vo-lontaire. Plusieurs actions d'éclat avaient mérité au brave capitaine Pélecier un sabre d'honneur. Le 13 juillet 1796, dans une affaire qui eut lieu devant Trispstadt, il avait emporté de vive force, à la tête d'une centaine de tirailleurs de la 56e, les retranchements ennemis. Son brevet portait « que son courage avait constamment égalé ses talents distingués et que partout il avait fait l'honneur de son corps et de l'armée ». Le capitaine Pélecier, devenu colonel et commandeur de la Légion d'honneur, mourut à Nevers en 1844" (il était bien dans la 56e de Ligne).
- Le Grenadier Perrin (Né à Pierrelatte, Drôme) : "Il servit à l'armée de l'Ouest et s'y fit remarquer par son courage autant que par les sentiments d'humanité qu'il montra pendant toute la durée de cette guerre. Il reçut, le 9 mars 1803, un fusil d'honneur" (il était bien dans la 56e de Ligne).
- Le Capitaine Pont (Né à Rarécourt, Meuse) : "Servit d'abord comme enfant de troupe et prit part, ensuite, à toutes les guerres de la Révolution, de 1793 à 1800, et se distingua dans toutes les circonstances par sa bravoure et son sang-froid. Le 17 juin 1799, il était en garnison à Fort-Franc (Italie), qui se trouvait presque bloqué. Il se rendit néanmoins à Modène, à deux lieues de là, pour y régler quelques affaires de service avec le commandant de cette place. Pendant qu'il était à dîner chez cet officier, la ville, qui n'était gardée que par quelques soldats isolés et par deux cents malades ou convalescents, fut surprise par un escadron de hussards autrichiens. L'ennemi s'empara des quatre portes après avoir taillé en pièces les postes et se porta rapidement chez le commandant d'armes, dont il tua également les soldats de garde. Le commandant essaya vainement de se défendre ; il succomba dans cette lutte disproportionnée et fut fait prisonnier. Au milieu de la confusion produite par cet évènement, le capitaine Pont parvient à s'échapper de la maison, il prend ses armes et un cheval, revient sur le lieu du combat, tue d'un coup de pointe le premier hussard qui se présente à lui, court à la citadelle où il prend trente hommes de bonne volonté, délivre cent Français tombés au pouvoir des Autrichiens, chasse les ennemis de la ville, place de nouveaux postes aux quatre portes et revient tranquillement se remettre à table, pour achever de diner avec le commandant qu'il avait aussi retiré des mains des hussards. Le sang-froid, la bravoure et l'intelligence dont il avait fait preuve dans cette circonstance lui valurent un sabre d'honneur" (Il est apparemment bien dans la 56e de Ligne).
/ 1800-1803
Le 30 Pluviôse an 8 (19 février 1800), le Général Travot écrit au commandant de Fontenay : "La 56e vous restera provisoirement pour votre arrondissement, disposez-en de la manière que vous trouverez la plus convenable ..." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 8 Ventôse an 8 (27 février 1800), le Général Travot écrit au Commandant de l’arrondissement à Fontenay : "J’ai reçu votre lettre du 6 Ventôse où vous m’informez des dispositions que vous avez ordonnées et que vous vous proposez d’ordonner encore, relativement à l’emplacement de vos troupes : je les trouve très sages, elles sont parfaitement conformes à mes vues.
Je préfèrerai toujours voir moins de cantonnements et remarque qu’ils sont assez forts pour faire un service très actifs ; un des grands inconvénients de placer de faibles détachements dans les communes est qu’on les met dans l’impossibilité de faire une seule patrouille au dehors" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 8 Ventôse an 8 (27 février 1800) encore, le Général Travot écrit au Chef de la 56e de Ligne, à Fontenay : "En attendant que j’obtienne au citoyen Aupetit, fusilier de votre bataillon, la récompense que lui méritent sa vigilance et son honnêteté, je vous prie de lui témoigner ma satisfaction particulière sur la conduite qu’il a tenue.
Pour vos habillements, adressez vos états au commissaire ordonnateur à Nantes, et pour votre armement et tout ce qui y a trait, faites parvenir vos demandes au chef major aussi à Nantes. Il conviendrait que vous dépêchiez un officier pour appuyer de sa présence les demandes que vous êtes dans le cas de faire" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 10 Ventôse an 8 (1er mars 1800), le Général Travot écrit au Général Muller : "Je m’empresse de vous transmettre copie du rapport que me fait le chef de la 56e de ligne ; je vous prie de le mettre sous les yeux du Ministre de la Guerre ou du général en chef pour qu’il obtienne au citoyen Aupetit, fusilier de cette demi-brigade la récompense que lui méritent sa vigilance et son honnêteté" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 11 Ventôse an 8 (2 mars 1800), le Général Travot écrit au Commandant de Fontenay : "L’administration centrale me requiert de placer un cantonnement aux Epaisses (Les Epesses) à l’effet d’empêcher toute opposition de la part des habitants à la réintégration de la gendarmerie dans la cure où s’est installé le ci-devant curé. Vous voudrez bien en conséquence faire partir pour les Epaisses les grenadiers du 1er bataillon de la 56e. Ils y établiront cantonnement et y resteront jusqu’à nouvel ordre. Vous ordonnerez à l’officier qui la commande de caserner sa compagnie dans ladite cure et de laisser une chambre ou deux pour la gendarmerie. Vous lui recommanderez en même temps d’user de prudence à l’égard de ce curé et de le déloger le plus honnêtement qu’il sera possible.
Vous voudrez bien parler au commissaire des guerres pour les subsistances de ce nouveau cantonnement" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 11 Ventôse an 8 (2 mars 1800), le Général Travot écrit à l’Administration centrale de la Vendée : "Je vous préviens que j’expédie au citoyen Petitlaurent l’ordre de faire partir pour les Epaisses une compagnie de grenadiers de la 56e de ligne. Comme je fais caserner tous mes cantonnements, je fais recommander à l’officier de cette compagnie de l’établir précisément dans la cure, en laissant une ou deux chambres pour la gendarmerie" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 25 Ventôse an 8 (16 mars 1800), le Général Travot écrit au commandant de Fontenay : "Donnez l’ordre au capitaine Caron de se rendre avec les deux compagnies dans les cantonnements suivants pour y opérer le désarmement conformément aux instructions contenues à son adresse que vous voudrez bien lui remettre 1 Officier 40 hommes à Mareuil, 1 officier 65 à Bouvacque ( ?), 2 officiers et 72 hommes au Tablier, donnez en en même temps à la compagnie de la 56e qui est à … ( ?) l’ordre de se rendre où vous le croirez utile dans votre arrondissement. D’après cette disposition, vous aurez de disponible pour le désarmement de votre arrondissement les deux bataillons de la 56e, le dépôt de la 68e et la compagnie franche, plus que suffisants pour occuper Fontenay. Parlez au commissaire des guerres pour qu’il assure les subsistances dans les communes où vous placerez vos troupes" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 26 Ventôse an 8 (16 mars 1800), le Général Travot écrit : "Veuillez donner sur le champ à 200 hommes de la 56e l’ordre de se rendre directement et promptement à Mortagne, où la tranquillité publique me parait sérieusement menacée, d’après les rapports que je viens d’en recevoir. Je me rends dans cette partie-là, je serai à portée de pénétrer dans peu d’heures dans votre arrondissement avec les 200 hommes que vous allez m’envoyer, si le désarmement donnait lieu à quelque rumeur. Vous pouvez, pour remplacer le vide que ce départ va laisser dans votre territoire, disposer et faire partir de Fontenay tout ce que le dépôt de la 68e peut fournir d’hommes en état de marcher ; enfin, usez de tous les moyens qui vous paraitront les plus propres à assurer au désarmement un prompt et entier succès.
Faites prendre les vivres pour 4 jours à ces 200 hommes et recommandez-leur de la célérité" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 9 Germinal an 8 (30 mars 1800), le Général Travot écrit au Général Dufresse, à Niort : "Je vous préviens qu’en exécution des ordres du général en chef, j’expédie ceux nécessaires pour faire passer à Niort, pour y être à votre disposition, les 1er et 2e bataillons de la 56e de ligne, forts ensemble de 767 hommes, officiers compris. Je ne peux vous dire le jour précis où ils vous arriveront, attendu qu’ils occupent plusieurs cantonnements jusque dans la partie de Mortagne, et que leur réunion demande du temps ..." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 9 Germinal an 8 (30 mars 1800), le Général Travot écrit au Commissaire Gonnet : "Je vous préviens que d’après les ordres que je viens à l’instant d’expédier, les 1er et 2e bataillons de la 56e vont passer à Niort ..." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Puis, toujours le 9 Germinal an 8 (30 mars 1800), le Général Travot écrit aussi au Commandant de Fontenay : "Vous voudrez bien, conformément aux dispositions arrêtées par le général en chef, ordonner à tout ce que vous avez de la 56e de ligne dans votre arrondissement de passer à Niort pour y être sous le commandement immédiat du général Dufresse. Vous préviendrez ce général du jour où ces troupes lui arriveront ...
Profitez du court séjour que la 56e a encore à faire dans votre arrondissement pour presser la remise des armes. Il ne faudra cependant pas en trop retarder le départ, parce que le général Dufresse va se trouver tout aussi embarrassé que moi.
Sur le rapport que vous me ferez, que le désarmement sera plus ou moins parfait dans votre arrondissement, je pourrai bien y faire paraitre momentanément une partie du 3e bataillon de la 68e.
Mandez-moi souvent où en est l’opération concernant la levée des chevaux de remonte, car très souvent, le chef de l’état-major me demande des renseignements à ce sujet.
Je vous enverrai incessamment des cartouches" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Encore le 9 Germinal an 8 (30 mars 1800), le Général Travot écrit au Chef de l’Etat-major de la 12e Division : "J’ai reçu par une ordonnance pressée votre lettre du 7 courant ... Je vais aussi donner l’ordre à la 56e de se rendre à Niort pour être à la disposition du général Dufresse ..." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Toujours le même 9 Germinal an 8 (30 mars 1800), le Général Travot écrit aussi au Chef de Brigade Dieu à Montaigu : "Vous voudrez bien ordonner aux détachements de la 56e de ligne qui occupent La Vérie, La Gaubertiere et Saint-Laurent de partir sans être relevés pour se rendre à Niort passant par Fontenay, et le prévenir que les bataillons auxquels ils appartiennent passent en totalité dans le département des Deux-Sèvres. Mes détachements de La Vérie et de Saint-Laurent enverront les armes qui leur auront été remises à Mortagne et celui de la Gaubertiere les enverra aux Herbiers et à Tiffauges avec les états des hommes qui les auront déposées. Pressez le désarmement dans votre arrondissement, car on m’enlève une partie de Pouzauges. Ne parlez pas de cette extrême réduction dans les forces de ma subdivision à qui que ce soit, afin que le peuple l’ignore" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 11 Germinal an 8 (1er avril 1800), le Général Travot écrit au Général de Division Muller : "… Vous savez sans doute que l’on m’enlève tout à la fois les canonniers de marine, la 56e et la 70e de ligne, et qu’on me laisse avec 1300 hommes dont 6 à 700 seulement sont dans le cas de faire un service actif , je ne puis me servir du dépôt de la 68e, des compagnies de vétérans et des compagnies franches que pour faire le service des places, ce qui vous prouve l’insuffisance des troupes qu’on me laisse" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 13 Germinal an 8 (3 avril 1800), le Général Travot écrit au Chef de la 56e : "Envoyer au chef de ce corps la plainte portée par le Cen Labadie contre un caporal" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805 - Labadie, de la 70e).
Le même 13 Germinal an 8 (3 avril 1800), le Général Travot écrit au Cen Boutroue, Chef de la 68e : "Je vous autorise d’envoyer aux Caux les militaires de votre dépôt … viennent d’être reconnus nécessaires, vous les ferez marcher isolément ou par détachement, suivant qu’il vous paraitra plus convenable. Je ne puis accéder à la demande que vous avez faite de faire rejoindre les militaires de vos deux premiers bataillons, le nombre en est trop considérable pour que je me détermine à affaiblir d’autant les forces de ma subdivision déjà extrêmement réduites par le départ des canonniers marins, la 56e et la 70e de ligne" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Encore le 13 Germinal an 8 (3 avril 1800), le Général Travot écrit également au Chef de Bataillon Dieu, de la 68e, à Montaigu : "Le départ des 56e et 70e de ligne me réduit à votre seul bataillon pour toute ma subdivision. Je viens déjà d’ordonner au capitaine Champion de faire partir de Mortagne une compagnie pour venir relever aux Herbiers les grenadiers de la 70e ..." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 21 Germinal an 8 (11 avril 1800), le Général Travot écrit au Général commandant la Division : "J’ai l’honneur de vous rendre compte, citoyen général, que le 18 courant, dans la matinée, il y a eu à Fontenay du désordre occasionné par les grenadiers de la 70e qui voulaient absolument, qu’avant de se mettre en marche, on leur paye tout ce qui leur était dû. On est cependant parvenu à les ramener à la raison par la promesse qu’on leur a faite qu’ils seraient payés de tout leur arriéré à Niort. Depuis près de trois ans que ce corps était sous mes ordres, c’est le premier sujet de mécontentement que j’ai eu contre cette compagnie de grenadiers. Il faut qu’elle ait été fortement stimulée par quelques malveillants pour s’être oubliée à ce point.
Le soir du même jour, la 56e qui devait aussi partir le lendemain pour Niort, en a fait autant que les grenadiers de la 70e, pour avoir ce qui lui était dû ; il a fallu pour la ramener à l’ordre, épuiser toute la caisse du receveur du Fontenay, pour lui donner un acompte ; il lui est dû encore considérablement.
Il est essentiel, citoyen général, que je vous observe que depuis dix mois, la rentrée des contributions est presque nulle dans toute la partie ci-devant insurgée, et que conséquemment, ce département n’a offert jusqu’à ce jour, en raison du grand nombre de troupes qui s’y trouvaient que des ressources bien insuffisantes ; il a fallu abandonner le service des vivres viandes, celui du bois et lumières, et laisser cumuler l’arriéré qui se trouve énorme puisqu’à la 68e seule, il est dû plus de 44 mille francs et qu’à la 70e et à la 56e, il était dû avant leur départ plus de 60 mille francs. Malgré cette insuffisance reconnue des ressources du département de la Vendée, le payeur général a reçu des ordres du général en chef pour acquitter à vue des mandats pour le service de la marine, jusqu’à une somme de 31250 francs. Vous sentez que de semblables traites, ajoutées au titre du produit des contributions que l’on détourne pour la subsistance des troupes, absorbent entièrement les fonds qui devraient de préférence être employés à la solde des troupes du corps de la subdivision. Je vous serai infiniment reconnaissant d’en faire une observation au général en chef" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 21 Germinal an 8 (11 avril 1800), le Général Travot écrit au Commandant de Fontenay : "Je rends compte au général de division des excès auxquels se sont livrés les grenadiers de 70e et une partie de la 56e avant leur départ de Fontenay ; tâchez d’empêcher que cet exemple soit suivi par les troupes qui vous restent, et qui malheureusement se trouvent avoir les mêmes sujets de mécontentement ; quoique vos forces soient infiniment réduites, il ne faut pas pour cela abandonner le désarmement, il est possible de le continuer encore et même avec beaucoup d’efficacité. Les plus mutins ont déposé leurs fusils, c’était contre ceux-là seuls que le déploiement des mesures de vigueur a pu être nécessaire. Nous n’avons plus présentement à désarmer que des personnes que l’on ne peut supposer absolument insensible à la persuasion …" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 3 Floréal an 8 (23 avril 1800), le Général Travot écrit au Général en chef Brune : "Malgré que le départ des 56e et 70e de ligne m’ait extrêmement contrarié pour le désarmement de ma subdivision, cette opération s’est continuée avec assez de se… jusqu’à ce jour ; je puis avoir en ce moment 4500 fusils et j’espère aller jusqu’à 5000. J’aurais pu pousser jusqu’à 7000 au moins, si j’avais eu des troupes en suffisante quantité ..." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 12 Floréal an 8 (2 mai 1800), le Général Travot écrit au Chef de l’Etat-major divisionnaire : "... Je vais m’assurer, par des informations que je ferai prendre sur les lieux, de la conduite qu’a tenue un détachement de la 56e envers le nommé Belin, fermier de La Motte, près de Mouilleron, si elle est telle que la dépeint ledit Belin, dans sa lettre au général Hédouville, je transmettrai votre lettre et les renseignements que j’aurai reçus au général Dufresse sous les ordres de qui est présentement la 56e …" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 15 Floréal an 8 (5 mai 1800), le Général Travot écrit au Commandant de Fontenay : "... Je vous prie de vouloir bien prendre des informations exactes et impartiales sur l’objet des plaintes du citoyen Belin, fermier de La Motte près Mouilleron, et m’en rendre compte. Avec votre rapport, vous m’adresserez toutes les pièces que vous trouverez ci-jointes ..." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
La 56e Demi-brigade de Ligne (2 Bataillons) est envoyée en juin 1800 à l’Armée de l’Ouest du Général Brune puis Bernadotte, contre les Chouans encore rebelles.
Le 16 Prairial an 8 (5 juin 1800), le Général Travot écrit au Chef de l’Etat-major divisionnaire : "Je reçois par le courrier de ce jour vos deux lettres du 11 courant, l’une où vous me prévenez que la 56e sera envoyée par le général Dufresse au lieu de la 5e légère que vous gardez à Nantes ...
J’aurai soin de vous informer de l’arrivée des deux bataillons de la 56e" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 18 Prairial an 8 (7 juin 1800), le Général Travot écrit au Général Chabot : "… La 56e de ligne, qui m’a été annoncée, ne m’est point encore arrivée ; je l’attends avec impatience, car je n’ai pas un instant de tranquillité depuis que j’ai vu mes postes les plus importants presque sans troupes" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 19 Prairial an 8 (8 juin 1800), le Général Travot écrit au Général divisionnaire : "… La 56e ne m’est pas encore arrivée. Aussitôt qu’elle sera à ma disposition, j’établirai mes postes sur la côte et placerai ma réserve à Challans" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 19 Prairial an 8 (8 juin 1800), le Général Travot écrit au Commandant de Fontenay : "On m’annonce, mon cher Petitlaurent, les deux bataillons de la 56e que vous avez déjà eu à Fontenay ; aussitôt qu’ils seront arrivés, vous ordonnerez au chef du 1er bataillon d’aller avec ses grenadiers et ses deux plus faibles compagnies relever à Montaigu la 2e compagnie franche ; à trois autres compagnies de se diriger de Luçon sur la Roche-sur-Yon où elles établiront cantonnement, et seront à la disposition du commandant de l’arrondissement des Sables ; au restant de ce 1er bataillon et de la totalité du 2e de se rendre directement aux Sables où ils recevront de nouveaux ordres. La 2e compagnie franche doit se rendre à Fontenay" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 21 Prairial an 8 (10 juin 1800), le Général Travot écrit au Général Hédouville : "J’ai reçu ce matin votre lettre du 19 de ce mois. Les Anglais n’ont encore fait aucune tentative sur les côtes de cette subdivision. Il est même à remarquer que depuis que j’ai eu l’honneur de vous écrire on est partout assez calme et que la tranquillité parait moins menacée. Malgré qu’en ce moment actuel rien ne présage que le peuple soit dans l’attente d’un débarquement, aussitôt que la 56e de ligne me sera arrivée, je prendrai toutes les dispositions que je croirai convenable pour assurer la côte. Je ne dois pas compter sur la garde nationale des cantons avoisinant la côte, il n’y a que Noirmoutier où elle pourrait être de quelque utilité, partout ailleurs ce sont de petites communes qui sont ou mal armées ou sans garde nationale ..." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 24 Prairial an 8 (13 juin 1800), le Général Travot écrit au Citoyen Maulde : "Il parait, citoyen, d’après ce que me mande le général Hédouville, qu’il retient les deux compagnies de grenadiers des deux bataillons de la 56e demi-brigade qui me sont annoncés depuis longtemps et que le restant prend la direction que je lui ai désigné. Je vous préviens en conséquence qu’il doit arriver ici demain 25 ou 26 au plus tard trois compagnies du 1er bataillon de cette demi-brigade auxquelles vous donnerez l’ordre de se rendre à Challans où elles tiendront garnison ; vous ferez prendre au 2e bataillon les dispositions suivantes : la plus forte compagnie restera aux Sables, deux seront envoyées à Saint-Gilles, deux autres à Saint-Jean-de-Monts, une sera placée à Notre-Dame-de-Monts, une autre à La Barre-de-Monts, et la huitième passera à l’ile de Noirmoutier pour faire le service dans cette place.
Les troupes placées à Challans sont pour se porter partout au besoin, soit sur la côte, en cas de descente, ou dans le boccage en cas de troubles.
Le service auquel seront employés les troupes cantonnées à Saint-Gilles, Saint-Jean-de-Monts, Notre-Dame, et la Barre, consistera principalement dans l’établissement d’une correspondance continuelle entre ces différents postes pour s’avertir mutuellement de ce qu’ils observeront en mer afin de se réunir si l’on apercevait l’ennemi se proposer à quelque descente ; vous donnerez en conséquence les ordres que vous croirez nécessaires pour que ce service se fasse avec la plus grande exactitude. Je dois vous prévenir que le cantonnement de Saint-Gilles doit établir un poste à … de … pour surveiller cette partie. Vous préviendrez les bataillons les troupes qu’elles doivent correspondre avec vous. D’après les ordres que j’ai donnés, trois compagnies doivent arriver à La Roche-sur-Yon, ce cantonnement est provisoirement sous vos ordres" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 28 Prairial an 8 (17 juin 1800), le Général Travot écrit au Général Chabot : "… Jusqu’à ce jour, l’ennemi a peu paru sur cette côte, dans le cas où il nous menacerait de quelque descente, je n’aurais de troupes à lui opposer que 7 à 8 cents hommes de la 56e ; je compte peur sur la garde nationale, excepté dans Noirmoutier, où nombre d’habitants pourraient utilement servir aux batteries, surtout dans le moment présent où je n’ai que 37 canonniers dans l’ile …" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 9 Messidor an 8 (28 juin 1800), le Général Travot écrit aux Généraux Hédouville et Chabot : "Je vous adresse ci-joint copie du rapport que je reçois à l’instant de l’officier qui commande les chasseurs à Challans. Je pars pour me rendre sur les lieux et j’envoie aux trois compagnies de la 56e qui sont à la Roche-sur-Yon l’ordre de venir me rejoindre à Challans.
Je suis fâché que cet officier ne me donne pas de plus grands détails sur cette descente des Anglais, car on ne peut, par ce qu’il me dit, présumer si c’est une incursion pour se procurer des vivres ou si c’est une expédition d’une plus haute importance.
Aussitôt que j’aurai des renseignements plus précis, je vous en rendrai compte par une ordonnance très pressée" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 12 Messidor an 8 (1er juillet 1800), le Général Travot écrit au Général Chabot : "Je ne disposerai point, citoyen général, des deux cents hommes que vous avez à Machecoul, puisque l’ennemi n’a pas fait de nouvelle tentative. D’ailleurs, le général Hédouville me permet de placer 500 hommes de la 56e sur la côte, lesquels me suffiront bien, si l’Anglais n’a d’autre but que d’opérer des débarquements partiels ; je me propose d’en faire passer une partie à Noirmoutier, et de m’en tenir aux cantonnements même de la Barre, Notre-Dame, Saint-Jean-de-Monts et Saint-Gilles. Vous voyez qu’avec si peu de monde, il m’est impossible d’établir une réserve. J’y suppléerai en mettant quelques hommes de plus à Saint-Gilles que dans les autres postes et qui y seront pour être envoyés où besoin sera. La division anglaise mouillée devant l’ile d’Yeu qui était d’un vaisseau … et d’une frégate vient d’être renforcée de deux vaisseaux ou frégates.
Hier matin une forte canonnade s’est fait entendre au loin ; on ignore encore d’où elle partait ; elle m’a donné de grandes inquiétudes ; j’étais alors à Challans ; elle me paraissait partie de Saint-Gilles ou des Sables ; elle est cause que je me suis tout pressé de retourner ici. Tout est tranquille dans l’intérieur" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 12 Messidor an 8 (1er juillet 1800), le Général Travot écrit : "Donner ordre aux trois compagnies du premier bataillon de la 56e actuellement à la Barre, Notre-Dame et Saint-Jean-de-Monts de passer dans l’ile de Noirmoutier" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Encore le 12 Messidor an 8 (1er juillet 1800), le Général Travot écrit ensuite au Commandant de Noirmoutier : "Je vous préviens, citoyen, que le 15 du courant, trois compagnies du premier bataillon de la 56e, fortes ensemble de 100 hommes, passeront dans votre ile pour y être à votre disposition. Il conviendrait que vous vous transportiez à leur rencontre afin d’éviter une marche rétrograde au détachement que vous vous proposiez de laisser soit à Barbâtre soit à la Guérinière, soit sur tout autre point ; c’est tout ce que je puis vous envoyer pour le moment" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 12 Messidor an 8 (1er juillet 1800), le Général Travot écrit au Citoyen Lelmy (ou Lelmi) : "Vous voudrez bien, citoyen, donner à la totalité de votre bataillon l’ordre de se rendre à Saint-Gilles où il recevra du chef Maulde commandant l’arrondissement de la côte des ordres pour son emplacement définitif. Demain il ira se loger à Apremont et le 14 à Saint-Gilles.
Vous partirez aussi demain avec l’état-major de la demi-brigade et ce que vous avez avec vous du 1er bataillon pour retourner à Fontenay ; envoyez quelqu’un en avant de vous, prévenir la direction de Luçon pour qu’elle vous fasse tenir vivres et logement prêts ; l’avis de votre marche ne pouvant lui être donné assez à temps par le commissaire des guerres Gonnet" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 12 Messidor an 8 (1er juillet 1800), le Général Travot écrit au Général Hédouville : "Conformément aux dispositions de votre 2e lettre du 11 de ce mois, j’ai envoyé au chef de la 56e de ligne l’ordre de retourner à Fontenay avec l’état-major de la demi-brigade et les 4 compagnies qui lui restent de son 1er bataillon ; il arrivera le 14 à sa destination. Le 2e bataillon recevra en même temps l’ordre de se rendre sur la côte ; je le divise sur 4 points ainsi qu’il suit :
2 compagnies à la Barre de Mont ; ce cantonnement fournira une garnison à bord de la canonnière de Fromentine.
2 id. à Notre-Dame de Mont.
3 id. à Saint-Jean de Mont.
J’ai jugé indispensable de faire passer dans l’ile de Noirmoutier les 3 compagnies du 1er bataillon qui ne sont ensemble fortes que d’environ 100 hommes.
Avec aussi peu de monde, il m’a été impossible d’établir une réserve ; j’ai préféré placer quelques hommes de plus à Saint-Gilles afin qu’au besoin on puisse en retirer une compagnie pour renforcer les autres cantonnements.
La division ennemie qui est mouillée près de l’ile d’Yeu et qui était forte d’un vaisseau, 2 frégates et un lougre, vient d’être renforcée de 2 autres vaisseaux ou frégates.
Sur les six heures du matin, on a entendu une forte canonnade qui a duré environ 1 heure. Elle semblait partir d’un point éloigné ; on ignore encore ce que c’est. Quelques personnes prétendent que c’est le canon de l’ile de Thé où l’on aurait fait quelques réjouissances.
Je ne vois guère de possibilité de faire rétrograder sur Saint-Gilles ou les Sables les bâtiments chargés de grains qui se trouvent à Fromentine, sans qu’ils tombent au pouvoir de la division ennemie qui mouille dans les coureaux de l’ile d’Yeux ; au surplus, je fais connaitre vos intentions au commandant de la station et l’engage à prendre le parti le plus prudent.
Les canonniers que vous m’avez annoncés pour Noirmoutier n’y sont point encore arrivés" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 12 Messidor an 8 (1er juillet 1800), le Général Travot écrit au Général Hédouville : "Prévenu le commissaire Gonnet et le commandant de Fontenay du retour de l’état-major de la 56e et de 4 compagnies du 1er bataillon à Fontenay" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 13 Messidor an 8 (2 juillet 1800), le Général Travot écrit au Citoyen Maulde : "Je vous préviens, citoyen, que j’ai expédie au 2e bataillon de la 56e de ligne fort d’environ 400 hommes l’ordre de partir ce matin de la Roche-sur-Yon pour se rendre dans la journée de demain à Saint-Gilles d’où vous voudrez bien lui faire prendre les dispositions suivantes.
Le chef de bataillon avec 3 compagnies à Saint-Gilles, 2 compagnies à Saint-Jean-de-Monts, idem à Notre-Dame, idem à la Barre-de-Mont. L’établissement de ces quatre cantonnements ne peut avoir d’autre objet que d’empêcher les débarquements possibles, d’observer les mouvements de l’ennemi et de nous les instruire assez à temps pour que nous puissions nous mettre en mesure. Les instructions que nous leurs donnerez doivent conséquemment avoir pour but d’établir une surveillance active sur toute l’étendue de la côte, et de prévoir les dispositions convenables pour repousser l’ennemi s’il se proposait de faire quelque incursion ou de débarquer des émigrés.
La surveillance s’établira au moyen de factionnaires que l’on placera de jour sur la dune la plus élevée et qui feront avertir le commandant du poste de tout ce qu’ils apercevront en mer. Pendant la nuit, on leur substituera de fréquentes patrouilles qui iront d’un cantonnement à un autre, et qui ne suivront d’autre chemin que la plate côte afin que rien n’échappe à la vigilance des troupes. Il conviendra sur la grande distance de Saint-Gilles à Saint-Jean-de-Monts, d’établir deux postes intermédiaires l’un à Sion, et l’autre au Bec, ce dernier ne doit pas être au-dessous de quinze hommes.
Lorsqu’un cantonnement croira remarquer que l’ennemi fait des préparatifs soit pour venir ravager le pays, soit pour débarquer des hommes, des armes, ou autres objets, le chef militaire sera tenu d’en avertir les trois autres cantonnement ; alors, on doublera la forcer des patrouilles et toutes les troupes se tiendront prêtes à marcher au premier coup de fusil ; si les préparatifs que l’ennemi paraissent être de nature à faire présumer une expédition plus conséquente, alors les troupes se réuniront s’il est nécessaire, et se porteront au point menacé ; vous observerez aux chefs des cantonnements qu’il serait quelque fois très intéressant de laisser débarquer les objets que l’Anglais amènerait sur le rivage, mais que ce n’est que lorsqu’ils auraient la certitude de pouvoir s’en emparer.
Après avoir donné les instructions nécessaires pour la surveillance et la sûreté de la côte, vous établirez une correspondance régulière sur toute la ligne et assez active pour que vous puissiez être en peu de temps instruit de tout ce qui sera survenu d’intéressant au point même le plus éloigné. Vous ordonnerez que chaque jour, les chefs de cantonnement aient à vous adresser un rapport qui vous assurera que le service des patrouilles s’est fait avec exactitude et qui vous instruira des mouvements de la force et de la position de l’ennemi, ainsi que des dispositions militaires qui auront été prises extraordinairement.
Il me reste à vous dire que l’intention du général Hédouville est que l’on fournisse une garnison à bord du bâtiment stationnaire de Fromentine ; vous la prendrez dans le cantonnement de la Barre-de-Monts ; je n’en déterminerai pas la force ; il faut pour cela que vous vous entendiez avec l’officier de marine qui vous fera connaitre ses besoins. Les troupes placées sur la côte doivent protéger le commerce et défendre autant qu’il leur sera possible les bâtiments qui se jetteraient à la côte pour échapper aux poursuites de l’ennemi. Elles devront aussi empêcher qu’il se fasse aucun embarquement sur quelque point de la côte que ce soit, excepté à Saint Gilles et à la Barre-de-Monts où vous chargerez les chefs militaires de surveiller ceux qui s’y feront." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 13 Messidor an 8 (2 juillet 1800), le Général Travot écrit au Citoyen Kumasson ( ?) : "Je vous adresse ci-jointe, copie d’une lettre que je reçois du général Hédouville ; veuillez, je vous prie, en prendre connaissance. Vous y verrez que ses intentions seraient que les bâtiments chargés de grains qui sont au Fromentine rétrograderaient aux Sables où ils seraient plus en sûreté. J’ai cru pouvoir lui représenter que le trajet est trop périlleux en ce moment où une division ennemie croise devant l’ile d’Yeu, et que quelque exposé que soient les bâtiments dans la rade de Fromentine, ils courent moins de dangers que s’ils entreprenaient de retourner dans le port des Sables. Je vous prie de vouloir bien me dire si ce n’est là aussi votre manière de voir. Je donne au chef de bataillon Maulde qui commande l’arrondissement de la côte l’ordre de mettre à votre disposition un détachement de troupes ; dans la tournée qu’il va faire, il se rendra près de vous ; vous lui déterminerez le nombre d’hommes qui vous est nécessaire" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 13 Messidor an 8 (2 juillet 1800), le Général Travot écrit aux Généraux Hédouville et Chabot : "Messieurs les Anglais ont voulu nous laisser des leurs citoyen général, vous verrez par le rapport du citoyen Mouvain ( ?) lieutenant de gendarmerie que je m’empresse de vous transmettre, le détail de l’expédition qu’il a commandé la nuit dernière et son heureux résultat ; je ferai hâter la marche du 2e bataillon de la 56e afin que si l’Anglais irrité sans doute de sa défaite, tente une autre descente, pour en tirer vengeance, il ait la réception qu’il mérite.
Il est à présumer que les bâtiments qu’ils ont brulés font partie du convoi qui est en rade de Fromentine ; c’est là où tendaient probablement les tentatives qu’ils firent déjà le 7. C’est une perte pour nous mais de laquelle ils n’auront retiré que la satisfaction de nous avoir reçu.
Je fais venir ici les prisonniers, et je demande au général Hédouville des ordres pour leur destination ultérieure" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 14 Messidor an 8 (3 juillet 1800), le Général Travot écrit au Général Hédouville : "Conformément aux dispositions de votre lettre de hier, j’envoie trois compagnies du 1er de la 56e l’ordre de partir de Noirmoutier où elles viennent seulement d’entrer pour se rendre à La Rochelle, où elles seront à la disposition du général Beaufort (Beaufol ?). Comme vous ne me parlez pas des compagnies qui sont à Montaigu, je pense, citoyen général, que vous leur aurez envoyé directement l’ordre de départ. Je vous prierai de vouloir bien me dire ce que je devrai faire du 2e bataillon de cette même demi-brigade, lorsqu’il sera relevé sur la côte par le 1er de la 107e ; le garderai je ici, ou l’enverrai-je à Fontenay ? Je fais passer vos lettres au commandant des gardes nationales à qui j’ai écrit pour lui témoigner la satisfaction que j’éprouvais en apprenant leur dévouement" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 14 Messidor an 8 (3 juillet 1800), le Général Travot écrit au Citoyen Maulde : "En exécution des ordres du général Hédouville, vous voudrez bien citoyen, faire partir sur le champ de Noirmoutier les 3 compagnies du 1er bataillon de la 56e pour se rendre à La Rochelle où elles seront à la disposition du général Beaufort. Vous les remplacerez par deux compagnies que vous prendrez l’une sur le détachement qui doit occuper Saint-Gilles, l’autre sur celui que vous devez placer à Notre-Dame. Le 2e bataillon de la 56e va être incessamment relevé sur la côte par le 1er bataillon de la 107e que le général Hédouville fait partir de Nantes. Vous l’en préviendrez afin qu’il se tienne prêt à se mettre en marcher au premier ordre. Profitez du départ des 3 compagnies de Noirmoutier pour envoyer ici les prisonniers" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Encore le 14 Messidor an 8 (3 juillet 1800), le Général Travot écrit au Général Chabot : "… Il parait que la division anglaise qui croise sur la côte de cette subdivision a été augmenté de deux vaisseau et quelques autres petits bâtiments. J’ai dirigé sur la côte le 2e bataillon de la 56e demi-brigade sous les ordres du chef de bataillon Maulde, commandant cet arrondissement ; il doit y être arrivé hier soir ; la garnison de Noirmoutier se trouve être augmentée de trois compagnies du 1er bataillon de la 56e depuis le douze, ce qui nous a mis à même de nous emparer de toutes les chaloupes ennemies. Je fais partir d’après les ordres du général Hédouville le 2e bataillon de la 56e pour la Rochelle. Je veux faire passer dans l’ile deux compagnies du 1er bataillon pour remplacer la 3e du même corps qui doivent en partir. Ne pouvant envoyer à Montaigu des troupes pour remplacer celles qui doivent en partir, je viens de charger la garde nationale de cette commune de la garde du château et des différents objets qui y sont tels que 1200 ou 1300 fusils qui y sont et je crois quelque peu de munition ; ces fusils doivent être envoyés à Nantes car c’est le produit du désarmement de cette partie et aucune de ces armes ne peuvent servir sans être assujetties à quelques raccommodages" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le Livre d'or du 56e Régiment raconte que le 1er juillet 1800, huit voiles anglaises croisent en vue de l'ile de Noirmoutiers. Le lendemain, deux vaisseaux, une frégate et un cutter mouillent dans le port de Vieil, hors de la portée des batteries. Dans la soirée, les vaisseaux mettent à la mer treize chaloupes armées d'obusiers, de pierriers et d'espingoles ; chacune d'elles est montée par 25 hommes environ. Ces chaloupes franchissent le passage de Gouay et attaquent les bâtiments d'un convoi. Le feu est mis au stationnaire et à ceux des bâtiments qui n'ont pu s'échouer et cela malgré les efforts d'un détachement de la 56e dont la mousqueterie ne peut atteindre l'ennemi. Au point du jour, on s'aperçoit que les Anglais, ayant mal calculé l'heure de la marée, sont tous échoués. Les batteries ouvrent aussitôt le feu contre les chaloupes que l'ennemi abandonne en se jetant à l'eau. Nos soldats s'y précipitent à sa suite au pas de charge, marchant dans la vase et dans l'eau jusqu'à la ceinture. Les treize chaloupes armées et quatre-vingt-douze prisonniers restent en notre pouvoir. Le détachement de la 56e, dit dans son rapport le commandant temporaire de l'île de Noirmoutiers, s'est très bien comporté dans cette affaire. Outre le service qu'ils ont à faire sur le rivage, qui consiste à porter secours aux bâtiments marchands qui s'échouent pour échapper ux Anglais, nos soldats sont sans cesse en route pour poursuivre à outrance les rebelles armés avec lesquels ils ont de fréquents enga- gements. Dans cette guerre difficile, la 56e soutient sa réputation de valeur en même temps qu'elle se distingue par sa modération. Le Sergent-major Lequerney, les Sergents Driget et Lançon et le Grenadier Perrin sont signalés pour leur éclatante bravoure et leurs sentiments d'humanité, et récompensés par des armes d'honneur.
Le 15 Messidor an 8 (4 juillet 1800), le Général Travot écrit au Commandant de Montaigu : "Vous partirez demain 16 messidor avec vos deux compagnies pour La Rochelle où vous recevrez du général Beaufol de nouveaux ordres sur votre destination ultérieure ; auparavant de vous mettre en marche vous remettrez au commandant de la garde nationale les renseignements nécessaires pour la garde du château ; vous lui ferez connaitre la quantité de fusils et munitions qui peuvent y exister ; je ne puis en ce moment vous faire remplacer par les troupes de ligne.
PS : vous irez coucher le 16 à Chantonnay, le 17 à Luçon, le 18 à Marans et arriverez le 19 à La Rochelle" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 16 Messidor an 8 (5 juillet 1800), le Général Travot écrit au Commandant du 2e Bataillon de la 56e Demi-brigade : "Vous avez dû recevoir, citoyen, l’ordre d’envoyer à Noirmoutier, deux compagnies de votre bataillon ; indépendamment de cela, à la réception de la présente, vous dirigerez trois autres compagnies dans cette ile ; d’après les ordre du citoyen Latour, ce mouvement ne doit éprouver aucun retard. Le restant de votre corps sera placé ainsi qu’il suit : une compagnie à la Barre, une à Notre-Dame, l’autre à Saint-Jean-de-Monts, et vous avec vos grenadiers resterez à Saint-Gilles ; vous préviendrez le citoyen Maulde commandant l’arrondissement de ce mouvement, car je le crois dans vos parages ; vous préviendrez les compagnies qui occuperont la Barre et Notre-Dame qu’elles sont à la disposition du commandant de l’ile de Noirmoutier et qu’elles aient en conséquence à obéir aux ordres qu’il pourrait leur envoyer" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 17 Messidor an 8 (6 juillet 1800), le Général Travot écrit au Commandant de Noirmoutier : "Aussitôt la réception de la votre du 15 courant, je me suis empressé de donner l’ordre à 3 compagnies de la 56e de se rendre dans l’ile de Noirmoutier ; j’ai de plus donné ordre aux deux compagnies placées à la Barre et Notre-Dame, de s’attendre à passer dans l’ile aussitôt que vous leur en donnerez l’ordre ; je vous recommande cependant de ne les déplacer qu’à la dernière extrémité ; car vous sentez que ces points ne peuvent être en ce moment longtemps sans troupes. Je compte en cas d’évènement sur la bravoure des soldats et sur le zèle de celui qui les dirigera" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 17 Messidor an 8 (6 juillet 1800), le Général Travot écrit au Général Hédouville : "Je vous rends compte, citoyen général, que la 1ère et 2e compagnie du 1er bataillon de la 56e parties de Montaigu le 16 arriveront le 19 à la Rochelle et que les 3e, 4e et 5e compagnies du même bataillon parties du 15 de Noirmoutier arriveront le 21 à la même destination. J’en donne avis au général Beaufort (Beaufol ?).
Le commandant de Noirmoutier m’ayant témoigné quelque crainte au sujet du mouvement que fait continuellement la division anglaise autour de l’ile, je viens de donner à trois autres compagnies du 2e bataillon de la 56e l’ordre d’aller augmenter la garnison qui se trouvera alors forte de près de 300 hommes d’infanterie et 36 canonniers ; les 4 autres compagnies de la 56e occuperont Saint-Gilles, Saint-Jean, Notre-Dame, et la Barre-de-Monts" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Encore le 17 Messidor an 8 (6 juillet 1800), le Général Travot écrit au Général Beaufort (Beaufol ?) : "Je vous préviens, citoyen général, que les 1ère et 2e compagnies du 1er bataillon de la 56e arriveront le 19 à la Rochelle pour y être à votre disposition. Je vous annonce de plus pour le 21 les 3e, 4e et 5e compagnies du même bataillon. Le surplus de ce bataillon doit aussi arriver à la Rochelle, mais comme c’est le général Hédouville qui le fait partir de Fontenay, je ne puis vous dire le jours que vous le recevrez" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 17 Messidor an 8 (6 juillet 1800) toujours, le Général Travot écrit aussi au Commandant Gonnet : "Je vous préviens, citoyen, que d’après l’ordre du général Hédouville, le 1er bataillon de la 56e de ligne passe en totalité à la Rochelle ; les 1ère et 2e compagnies partie de Montaigu le 16 arriveront le 19. Les 3e, 4e et 5e parties de Noirmoutier le 15 arriveront le 19. Les 6e, 7e, 8e et les grenadiers partent de Fontenay d’après l’ordre immédiat du général Hédouville ; j’ignore le jour où elles seront rendues à leur destination" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Puis, le même 17 Messidor an 8 (6 juillet 1800), le Général Travot écrit ensuite au Sous-inspecteur Emery : "Je vous donne avis, citoyen, que le 1er bataillon de la 56e fort d’environ 400 hommes, passe de cette subdivision à la Rochelle où il doit recevoir de nouveaux ordres du général Beaufort. Les 2 premières compagnies arriveront le 19 de ce mois, les 3e, 4e et 5e le 21 ; le surplus a reçu l’ordre de son départ du général Hédouville. J’ignore le jour de son arrivée à la Rochelle.
Vous trouverez ci-joint un tableau de l’emplacement des chefs et conseil d’administration du corps qui lui restent." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Enfin, encore le 17 Messidor an 8 (6 juillet 1800), le Général Travot écrit au Commissaire des Guerres Mollert : "Je vous préviens, citoyen, que les 3 compagnies du 1er bataillon de la 56e qui doivent arriver de Noirmoutier ici aujourd’hui, partiront demain pour se rendre à la Rochelle, d’après les ordres du général Hédouville. Le 2e bataillon de cette même demi-brigade fort d’environ 400 hommes occupe le point suivant (à lui donné connaissance de cet emplacement) ; j’attends un bataillon de la 107e qui m’est annoncé par le général Hédouville devoir m’être envoyé de Nantes. J’ai écrit pour qu’on le dirige sur la côte" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 20 Messidor an 8 (9 juillet 1800), le Général Travot écrit au Chef de la 56e de Ligne : "Vous trouverez ci-joint l’état de 14 militaires de votre demi-brigade que le jury a choisi pour faire partie de la gendarmerie à pied. Vous voudrez bien leur faire expédier sans délai des congés de passe, conformément à l’ordre général de l’armée du 11 Floréal dernier, pour se rendre à Nantes près du citoyen Noireau, chef de la 5e division de gendarmerie, chargé de l’organisation de la gendarmerie à pied dans sa division.
Vous voudrez bien m’accuser la réception de la présente" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 20 Messidor an 8 (9 juillet 1800), le Général Travot écrit également au Chef de la 5e Division de Gendarmerie, à Nantes : "Je reçois seulement par le courrier de ce matin votre lettre écrite à Nantes le 13 du courant. Je fais passer au chef de la 56e de ligne avec l’état des militaires qu’il doit fournir pour la composition de la gendarmerie à pied, l’ordre de leur faire expédier sans délais des congés de passe pour se rendre près de vous, à Nantes" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 21 Messidor an 8 (10 juillet 1800), le Général Travot écrit au Commandant de la 56e Demi-brigade : "Vous trouverez ci-joint, citoyen, une plainte portée par le citoyen avocat de la chaire Girard contre un détachement de votre demi-brigade qui dans la nuit du 10 au 11 de ce mois, a commis des dégâts considérables dans sa mission. Je vous prie de vouloir bien vous faire rendre compte par le capitaine Gangelin de la conduite qu’a tenu sa troupe, et de celle qu’il a lui-même tenu lorsqu’il s’est trouvé témoin de tous ces excès. Si cet officier est reconnu avoir, par sa tolérance, participé à tous ces désordres, je serais d’avis qu’il fut seul condamné à payer tous les dommages. Je vous serai obligé de vouloir bien me faire part des informations que vous aurez prises, afin que je puisse donner, s’il y a lieu, satisfaction au plaignant Cavin, au citoyen avocat que j’ordonnerai de faire les recherches des délits commis chez lui et que je lui ferai part du résultat de ma démarche" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
En juillet, des soldats de la 56e capturent des chaloupes anglaises échouées sur des haut-fonds devant l’ile de Noirmoutier.
Le 21 Messidor an 8 (10 juillet 1800), le Général Travot rédige le rapport suivant : "Le 11, la division anglaise qui était alors d’1 vaisseau, 2 frégates et un lougre fut renforcée de 2 vaisseaux et 1 frégate. Le 12, elle a quitté les parages de l’ile d’Yeu et s’est divisée, une partie est venue prendre position en avant de la fosse ; l’autre a pénétré dans la baie de Bourgneuf. Le soit, à la nuit, 15 péniches armées de pierriers et d’obusiers, vinrent mettre le feu au bâtiment stationnaire de Fromentine, la corvette la Thérèse, dont elles firent l’équipage prisonnier et à 10 ou 12 bâtiments marchands qui étaient en rade. Le 13, à la pointe du jour, les habitants des environs et les troupes de Noirmoutier qui s’étaient portés sur la côte pendant la nuit, remarquèrent que les péniches anglaises se trouvaient à sec sur le Goua, ils s’en emparèrent et firent 90 prisonniers et délivrèrent tous ceux qui avaient faits par l’ennemi. Toute la journée, la division se tint dans la même position. Dans la journée du 14, la division a disparu pendant quelques heures, mais le soir, elle revint dans la baie de Bourgneuf. Le 15, l’ennemi n’a fait aucun mouvement. Le 16 au soir, il a disparu. Les rapports que j’ai reçu depuis le 16 ne m’annoncent pas son retour ; il est à présumer qu’il n’a pas reparu dans les parages de Noirmoutier. Le 20, une frégate et 2 vaisseaux anglais signalés l’après-midi, étaient à 7 heures du soir à moins d’une lieue de distance des Sables. Ils se sont éloignés aussitôt" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 27 Messidor an 8 (16 juillet 1800), le Général Travot écrit au Général Chabot : "Je viens, citoyen général, de recevoir vos trois lettres d’hier ( ?) ainsi que la somme de deux cents soixante dix neuf francs qui m’est annoncée par l’une d’elles ; je la fais parvenir au citoyen Gangelin, capitaine de la 56e, pour qu’il ait à la distribuer à sa troupe ; la lettre des négociants de Nantes qui sont dues de cette somme sera remise en même temps à cet officier. Toutes les troupes et les habitants qui se sont trouvés à l’affaire de la nuit du 12 au 13 se sont également bien comportés ; c’est au concours de tous, c’est aux disposition prises dans l’ile par le citoyen Latour, commandant de la place, et sur le continent par le citoyen Mouvain, lieutenant de gendarmerie, que l’on doit la prise des anglais, et la conservation des bâtiments qui n’ont point été incendiés. Si une troupe peut avoir plus puissamment contribué à faire abandonner leur projet aux Anglais, c’est l’artillerie qui, dès la pointe du jour, a fait un feu bien dirigé et qui a déconcerté l’ennemi. Le surplus de l’expédition est aux autres troupes et aux habitants ..." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 27 Messidor an 8 (16 juillet 1800), le Général Travot écrit ensuite au Chef de la 56e à Méron : "Je vous prie de vouloir bien remettre au citoyen Gangelin capitaine de votre demi-brigade, la lettre ci-incluse et les 279 francs qui l’accompagnent" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Encore le 27 Messidor an 8 (16 juillet 1800), le Général Travot écrit une seconde fois au Chef de la 56e à Méron : "J’étais mal informé lorsque j’ai attribué à la troupe commandée par le citoyen Gangelin les excés commis dans la maison du citoyen Arceau ; j’apprends à l’instant que c’est au contraire celle que vous conduisiez à la Roche-sur-Yon qui, à son passage à la Chaize, à provoqué les plaintes portées par ce particulier. Je m’empresse de relever cette erreur et vous renouvelle l’invitation de vouloir bien me mettre à même de satisfaire le citoyen Arceau" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 28 Messidor an 8 (16 juillet 1800), le Général Travot rédige le rapport décadaire du Messidor suivant : "Il n’est survenu aucun évènement intervenant dans l’intérieur du département de la Vendée. La tranquillité y règne, malgré que l’on cherche à y fomenter encore de nouveaux troubles et que l’esprit des habitants des campagnes ne soit pas bon.
Le 11 Messidor, la division anglaise qui était alors d’1 vaisseau, 2 frégates et 1 congre fut renforcée de 2 vaisseau et frégate. Le 12, elle a quitté les parages de l’Isle d’Yeu et s’est divisée, une partie est venue prendre position en avant de la fosse, l’autre a pénétré dans la baie de Bourgneuf ; à la nuit, 15 péniches armées de pierriers et d’obusiers vinrent mettre le feu au bâtiment stationnaire de Fromentine, la corvette la Thérèse, dont elles firent l’équipage prisonnier, et a dix ou douze bâtiments marchands qui étaient en rade. Elles eussent emmené le surplus du convoi qui était considérable si trois compagnies de la 56e qui d’après l’ordre que leur avait envoyé le commandant de Noirmoutier de passer dans l’ile sur le champ, venaient de mettre pied à terre, ne se fussent trouvées prête à faire une fusillade qui déconcerta l’ennemi. Le 13, à la pointe du jour, les habitants et les troupes remarquèrent que les péniches anglaises se trouvaient à sec sur le Gois, ils s’emparèrent d’une partie firent 90 prisonniers et délivrèrent tous ceux qui avaient été faits par l’ennemi. Toute la journée, la division se tint dans la même position. Dans la journée du 14, la division a disparu pendant quelques heures, mais le soir, elle revint dans la baie de Bourgneuf. Le 15, l’ennemi n’a fait aucun mouvement. Le 16 au soir, il a disparu. Les rapports reçus du 16 au 20 de Noirmoutier n’ont point annoncé son retour. Le 20 au soir, une frégate et deux vaisseaux anglais se sont approchés à moins d’une lieue des Sables d’Olonne" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 5 Thermidor an 8 (24 juillet 1800), le Général Travot écrit au Citoyen Solin-Latour, Commandant de Noirmoutier : "… Prévenez la 56e qu’elle se tienne prête à partir. Je lui en donnerai l’ordre aussitôt que les troupes qui doivent la remplacer seront arrivées ..." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 5 Thermidor an 8 (24 juillet 1800), le Général Travot écrit au Général de Division Chabot : "J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen général, que je viens de recevoir du général Hédouville un ordre daté de Rochecorbon le 1er thermidor à l’effet de faire partir pour Rochefort le 2e bataillon de la 56e de ligne, qui me sera remplacé par le 3e de la 5e légère. Si ce dernier bataillon part de Nantes, veuillez, je vous prie, général, autant pour la célérité du mouvement que pour éviter aux troupes des fatigues inutiles et au gouvernement les dépenses occasionnées par le transport des effets de bataillon lui donner l’ordre de se rendre directement à Challans. Il ne peut y avoir en cela aucun inconvénient puisque le général Hédouville m’écrit qu’il lui envoie à Fontenay l’ordre de se rendre aux Sables d’où je dois lui assigner des cantonnements sur la côte" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 5 Thermidor an 8 (24 juillet 1800), le Général Travot écrit au Général de Division Hédouville, Lieutenant du Général en chef : "… Aussitôt que sera arrivé le 3e bataillon de la 5e légère, je ferai partir le 2e bataillon de la 56e pour Rochefort.
Conformément à votre ordre, je porterai la garnison de Noirmoutier à 350 hommes ..." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 5 Thermidor an 8 (24 juillet 1800) encore, le Général Travot écrit au Citoyen Lafaix ( ?), Juge de paix à la Roche-sur-Yon : "Je vais, citoyen, faire part de votre lettre du 29 Messidor au chef de bataillon de la 56e de ligne ; il faut espérer qu’il fera payer par le citoyen Chepy la somme qu’il doit à la citoyenne veuve Porcher ; je lui ferai aussi la réclamation des 10 francs qu’il en a touché à cette femme pour le commissionnaire qu’il a envoyé à Saint-Jean-de-Monts, mais je ne réponds pas qu’elle en obtienne le remboursement" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Toujours le 5 Thermidor an 8 (24 juillet 1800), le Général Travot écrit au Chef de Bataillon Lelmy, commandant la 56e de Ligne : "Le citoyen Chepy, officier payeur de votre 1er bataillon, a consenti le 14 Messidor dernier envers la citoyenne veuve Porcher, demeurant à La-Roche-sur-Yon une obligation payable en quatre jours de la somme de cent deux francs vingt cinq centimes, pour pension de 8 de ses camarades. Cette femme en réclame le payement avec d’autant plus d’instance qu’elle est peu fortunée et qu’elle est réellement dans le besoin de cet argent. Je vous prie, citoyen, de vouloir bien presser cet officier de remplir son engagement et même d’interposer votre autorité s’il est nécessaire.
Cette femme réclame enfin une somme de dix francs qu’elle a payé à un exprès qu’elle a envoyé à Saint-Jean-de-Monts, pour y trouver le citoyen Chepy plusieurs jours après l’échéance du billet, afin d’en réclamer le payement, attribuant ce déboursé au retard apporté par le citoyen Chepy à remplir son obligation. Voyez vous-même s’il est juste ou non de faire supporter cette dépense à cet officier.
J’ai ordre d’envoyer votre 2e bataillon à Rochefort ; il partira incessamment" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 8 Thermidor an 8 (27 juillet 1800), le Général Travot écrit au Chef de Bataillon Maulde : "Vous disposerez le bataillon de la 5e légère de la manière suivante. L’état-major, les carabiniers et une compagnie de chasseurs à Saint-Gilles ; une compagnie aux Sables, une compagnie à Saint-Jean-de-Monts, une à Notre-Dame-de-Monts, une à La-Barre-de-Monts et les trois autres à Noirmoutier. Ces trois dernières doivent être les plus fortes du bataillon.
Réunissez de suite aux Sables le 2e bataillon de la 56e puis lui remettez l’ordre ci-inclus du général Hédouville.
La 5e légère recevra de la 56e qu’elle va remplacer les instructions qui lui seront nécessaires pour le service de la côte.
Je ne place une compagnie aux Sables que parce que je suis décidé à faire incessamment refluer dans l’intérieur, où le calme n’est pas parfait ce qui vous reste aux Sables de la 107e. Prévenez par écrit le commissaire Mollet de la répartition de la 5e et du départ de la 56e pour Rochefort. Vous voudrez bien aussi écrire au général Gillibert à la Rochelle pour l’informer de l’arrivée de ce corps" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 8 Thermidor an 8 (27 juillet 1800), le Général Travot écrit au Sous-inspecteur Emmery : "Vous trouverez ci-joint une note de l’emplacement des conseils d’administration de tous les corps de cette subdivision ... (à lui donné avis dans la note ci-dessus mentionnée du départ pour Rochefort du 2e bataillon de la 56e)" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 10 Thermidor an 8 (27 juillet 1800), le Général Travot écrit au Général Hédouville : "Le 3e bataillon de la 5e légère est arrivé, citoyen général, aujourd’hui et demain ; il prendra ses cantonnements sur la côte ; il sera disposé de la même manière que le 2e bataillon de la 56e, excepté que je garde aux sables une compagnie, étant déterminé à faire refluer toute la 107e dans l’intérieur. Le 2e bataillon de la 56e partira pour Rochefort aussitôt qu’il sera réuni ..." (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 10 Thermidor an 8 (27 juillet 1800), le Général Travot écrit au Général Chabot : "… Le 3e bataillon de la 5e légère est arrivé. Il prend aujourd’hui ses cantonnements sur la côte ; il occupera le même emplacement que le 2e bataillon de la 56e qui d’après l’ordre du général Hédouville va se rendre à Rochefort …" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 17 Thermidor an 8 (4 août 1800), le Général Travot écrit au Citoyen Sollin Latour : "… Puisque la compagnie franche que commande le citoyen Lautrac, touche à sa fin, j’estime qu’il vaut encore mieux que son tambour soit dans la 56e que d’être congédié. Au surplus s’il veut absolument qu’il lui soit renvoyé, qu’il me l’avise ; j’agirai en conséquence …" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 17 Thermidor an 8 (4 août 1800), le Général Travot écrit au Général Hédouville et au Préfet : "… N’ayant pas eu besoin de la 56e, je l’ai laissé continuer sa route pour Rochefort" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 21 Thermidor an 8 (9 août 1800), le Général Travot écrit au Juge de Paix de la Roche : "Veuillez, je vous prie, communiquer à la citoyenne veuve Porcher la réponse que je viens de recevoir du chef de la 56e de ligne, au sujet de la réclamation que j’ai faite en son nom de ce qui lui est du par le citoyen Chepy. Elle verra qu’elle doit s’attendre incessamment à être payée" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 7 Fructidor an 8 (25 août 1800), le Général Travot écrit au Général Chabot : "Dans la nuit du 4 au 5 de ce mois, la gendarmerie a arrêté dans les marais du Périer trois déserteur dont deux de la 56e de ligne et un de la 28e légère ; ils sont dans les prisons de cette ville et y resteront jusqu’à ce que vous ayez prononcé sur leur sort. Je vous envoie le procès-verbal de leur arrestation ; la seule pièce que j’ai à leur charge, j’y joint une lettre que m’ont écrit les deux premiers, dans laquelle ils exposent les motifs qui les ont déterminés à déserter" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 10 Fructidor an 8 (28 août 1800), le Général Travot écrit au Commandant de la 56e de Ligne : "Vous trouverez ci-jointe la note des objets enlevés chez le citoyen Hj Arceau, propriétaire à la Chaize, par un détachement de votre demi-brigade, dont l’estimation m’a parue un peu exagérée ; j’en juge par le prix des 2 barriques de vin qui est porté à 42# pour chaque, tandis que je sais que sa valeur n’a pas excédé 30 francs dans l’intérieur du bocage. Ce serait alors une diminution de 24 francs que je crois juste de faire sur le montant du mémoire du citoyen Arceau" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 10 Fructidor an 8 (28 août 1800), le Général Travot écrit au Citoyen Arceau, propriétaire à la Chaize : "J’ai reçu l’état indicatif et estimatif que vous m’avez envoyé des objets qui vous ont été enlevé par un détachement de la 56e de ligne. Je dois vous prévenir que j’ai trouvé un peu d’exagération dans l’estimation de plusieurs objets ; notamment dans celle du vin dont la valeur à ma connaissance n’a pas été, cette année, porté au prix de 42 francs ; c’est ce que j’ai cru devoir observer au chef de la 56e en lui disant qu’il peut réduire à 60 francs les 84 portés pour cet article dans votre mémoire" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 25 Fructidor an 8 (12 septembre 1800), le Général Travot écrit au Général Chabot : "Je vous préviens que d’après vos lettres du 15 du courant, je donne aujourd’hui à la gendarmerie l’ordre d’extraire de la maison d’arrêt les nommés Jean Genout (?) et Pierre Tourneur (?) déserteurs de la 56e de ligne, pour être conduits de brigade en brigade dans la prison militaire de la place de Nantes. Le troisième qui était de la 28e légère est parvenu à s’évader ; comme il est marié aux environs du Périer, je regarde qu’il sera facile de l’arrêter une seconde fois ; la gendarmerie est avertie" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 25 Fructidor an 8 (12 septembre 1800), le Général Travot écrit à la Gendarmerie des Sables : "En exécution de l’ordre du général Chabot, commandant la 12e division militaire, la gendarmerie extraira de la maison d’arrêt de la commune des Sables les citoyens Jean Genouts ( ?) et Pierre Tourneur, tous deux déserteurs de la 56e de ligne, pour être conduits de brigade en brigade à Nantes, dans la prison militaire" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 24 décembre 1800, au passage du Mincio, l'ennemi étant parvenu en longeant la rivière jusqu'à cent toises du pont, le commandant Rottembourg reçoit, du Général Gazan, l'ordre de faire une charge à la baïonnette sur la gauche du village de Pozzolo avec le Bataillon qu'il commande; il exécute ce mouvement avec beaucoup d'impétuosité et de courage et concourt efficacement au brillant succès de la journée (Livre d'or du 56e Régiment d'infanterie).
/ 1801, Expédition de Saint-Domingue
Le 14 Nivôse an 9 (4 janvier 1801), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de me faire connaître si le bataillon de la 56e est parti de la Rochelle et où il est dans ce moment.
Faites-moi connaître de quels corps sont les troupes qui doivent s'embarquer à Rochefort, et l'époque à laquelle arrivera le matériel qui doit être embarqué.
Les troupes et l'artillerie qui devaient être embarquées au Havre le seront à Rochefort, vu qu’il y a pour les frégates trop de danger à leur sortie du Havre.
Cependant le matériel qui serait arrivé et qui serait le moins précieux pourrait y être embarqué. Faites-moi un rapport sur cet objet.
Les troupes resteront jusqu'à nouvel ordre au Havre. Les frégates à leur arrivée à Rochefort devront y trouver des troupes pour y être embarquées.
Les bataillons de la 20e et de la 56e s'ils ne sont pas encore partis, et qui sont dans la 12e division militaire, me paraîtraient très propres à remplir cette mission" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5879).
Le 6 janvier 1801, le Ministre de la Guerre ordonne au Général Desfourneaux de se rendre diligemment à Rochefort pour y superviser la formation d'un Bataillon expéditionnaire (Berthier à Desfourneaux, 6 janvier 1801, S.H.A.T. B7 1).
Le 9 janvier 1801, le Ministre de la Guerre fait part au Premier Consul qu'ordre a été donné de réunir à Rochefort divers détachements destinés à former le commandement du Général Desfourneaux : "J'ai l'honneur de vous rendre compte, d'après la lettre que vous m'avez adressée hier, que j'ai donné des ordres le 27 pour faire rassembler de suite à Rochefort, sous le commandement du général Desfourneaux les troupes ci-après désignées :
- le dépôt des troupes de la Marine stationné à l'Île de Ré (250 hommes)
- le dépôt des Antilles qui est à Rochefort (72 hommes)
- 100 hommes pris dans les bataillons isolés des 21e et 107e de ligne, et 5e légère qui sont dans la 12e Division Militaire (100 hommes)
- de la 14e compagnie du 5e d'artillerie à pied (84 hommes)
- pour 17 canonniers volontaires pour porter cette compagnie à 100 hommes (17 hommes)
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Total 522 hommes
Le général Desfourneaux est chargé de former ces troupes en un bataillon de 4 compagnies et de se concerter avec le préfet maritime pour l'embarquement " (Cité par M. Brevet in "Les expéditions coloniales vers Saint-Domingue et les Antilles, 1802-1810" - Le Dépôt des troupes de la Marine de l'île de Ré et le Dépôt des Antilles sont des dépôts-prisons où sont enfermés, en attendant d'être expédiés au loin, des déserteurs étrangers, des réfractaires ou déserteurs français pris par la gendarmerie, des fortes têtes, des noirs tirés des Demi-brigades ayant servi aux colonies ou en Egypte, voire des soldats condamnés pour divers crimes. Ce sont là les hommes que le Ministre compte employer pour former la moitié de l'effectif initial).
Pour compléter le Bataillon expéditionnaire, Desfourneaux préfère détourner des éléments des Demi-brigades de ligne les plus proches, particulièrement les 21e et 56e demi-brigades; il en informe Berthier le 18 janvier 1801, ce qui lui attire des remontrances de la part de ce dernier, qui s'y oppose (Desfourneaux à Berthier, 18 janvier 1801, S.H.A.T. B7 1 - cité par M. Brevet).
Néanmoins, Desfourneaux a finalement gain de cause, puisqu'on l'autorise à tirer les hommes de son Bataillon expéditionnaire des 3es Bataillons de ces deux Demi-brigades. Il en profite pour renvoyer les éléments des Dépôts coloniaux et écrit, le 28 janvier 1801, à Berthier : "Les troisièmes bataillons des 56e et 21e étant à ma disposition, je n'ai pris des dépôts que 74 hommes, mais la composition en est si mauvaise que j'aurais bien désiré que vous m'eussiez autorisé à n'en pas prendre ...". C'est dire la valeur de ces hommes (M. Brevet).
Le 31 janvier, le Bataillon est prêt et est stationné à l'île de Ré ; le moral des hommes destinés aux colonies étant rarement bon, ils sont donc placés sur une île pour éviter les désertions. Dans son rapport au ministre, Desfourneaux en donne la composition finale : "... 140 hommes provenant du 4e bataillon de la 21e DB
106 hommes provenant du 4e bataillon de la 56e DB
59 hommes provenant du 4e bataillon de la 9e DB légère
58 hommes provenant du dépôt de l'lsle de Ré
28 hommes provenant de la Légion de la Loire ...».
Soit 391 hommes, auxquels s'ajoutent 56 Artilleurs du 5e Régiment d'artillerie à pied et 63 Canonniers volontaires, pour un total de 510 hommes, non compris l'Etat-major (M. Brevet).
Le 10 février, le Bataillon est embarqué sur les frégates Africaine et Régénérée, prêt à faire voile pour l'Egypte mais il ne partira pas. La désertion devient alors endémique ! Le Bataillon expéditionnaire de Defourneaux est miné par la désertion et la maladie et n'existe plus, bien que ses hommes aient été maintenus à bord des navires pendant plus de trois mois; le peu qui en subsiste est elors versé dans le Dépôt de la Légion expéditionnaire.
Le 7 Germinal an 9 (28 mars 1801), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de mettre à la disposition du préfet maritime à Rochefort 150 hommes de la 21e de ligne et 150 hommes de la 56e qui sont dans la 12e division militaire. Ces troupes sont destinées à tenir garnison sur les trois bâtiments qu’on arme à Rochefort" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6161).
C'est à partir du 3 mai 1801 que sont véritablement jetées les bases d'une nouvelle expédition pour Saint-Domingue. Le 2e Bataillon de la 56e, renfort de l'Armée de Moreau à l'Armée de l'Ouest, est désigné par le Gouvernement pour faire partie de l'espédition (M. Brevet).
Le 2 Vendémiaire an 10 (24 septembre 1801), le Général Travot écrit aux Chefs militaires : "Envoyé l’ordre de l’armée du 25 fructidor dernier et le signalement de trois militaires de la 56e demi-brigade de bataille" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 8 Germinal an 10 (29 mars 1802), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Vous mettrez à la disposition du ministre de la Marine pour être embarqué :
... 2° Vous ferez former dans chaque demi-brigade qui a un bataillon à Saint-Domingue un piquet de 120 hommes envoyé pour le rejoindre. Ce piquet sera commandé par un capitaine, un lieutenant ou un sous-lieutenant.
Les compagnies de dépôt des 71e, 79e, 31e et 38e légères (il faut lire de Ligne) seront embarquées à Brest.
Celles des 21e, 56e, 68e, 90e de ligne et 15e légère seront embarquées à Rochefort ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6835).
Le même 8 Germinal an 10 (29 mars 1802), le Premier Consul écrit, de Paris, au Contre-Amiral Decrès, Ministre de la Marine et des Colonies : "Nous avons, Citoyen Ministre, sur les différents points d'Italie, des troupes que je destine pour Saint-Domingue ...
Il est également convenable de faire partir des renforts des ports de l'Océan ...
La 15e légère, la 21e de ligne, la 56e, la 68e, la 90e fourniront chacune 120 hommes, qui s'embarqueront à Nantes ou à Rochefort ...
Les hommes revenant des hôpitaux ou de semestre, appartenant à des bataillons qui se trouvent à Saint-Domingue, s'embarqueront dans les ports d'où sont partis leurs bataillons" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6017 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6836).
Le même 1er Prairial an 10 (21 mai 1802), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Contre-Amiral Decrès, Ministre de la Guerre et des Colonies : "... A Rochefort, vous avez à embarquer 480 hommes des 21e, 56e, 68e et 90e, plus 800 hommes de canonniers gardes-côtes ; ce qui fait 1,280, conformément aux dispositions qui ont déjà été prises ..." (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6089 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6899).
Le 22 Vendémiaire an 11 (14 octobre 1802), le Général Travot écrit au Capitaine du recrutement à Fontenay : "J’ai reçu par l’officier que vous en aviez chargé la lettre où vous me donnez avis de l’objet de votre mission en ce département. Si votre opération présente des difficultés que mon intervention soit dans le cas de vous faire surmonter, vous pouvez m’écrire et être assuré que je ferai tout ce qui dépendra de moi pour contribuer au succès de votre mission" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 22 Vendémiaire an 11 (14 octobre 1802), le Général Travot écrit au Préfet de la Vendée : "L’arrivée à Fontenay des officiers et sous-officiers de recrutement me donnant lieu de présumer qu’incessamment on procèdera à la désignation des conscrits à lever en exécution de la loi du 28 floréal dernier, je viens vous prier de m’informer quand il sera nécessaire que je me rendre au chef-lieu. J’aimerai bien en être instruit quelques jours d’avance à cause des arrangements que j’aurai à prendre pour le temps sue je serai absent" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 22 Vendémiaire an 11 (14 octobre 1802), le Général Travot écrit au Général de la Division : "J’ai l’honneur de vous rendre compte que les officiers et sous-officiers que devait envoyer la 56e demi-brigade d’infanterie pour la levée des conscrits destinés au recrutement de ce corps, viennent d’arriver en ce département. Ils attendent que la répartition du contingent du département soit terminée pour remplir l’objet de leur mission.
Je suis bien porté à croire qu’on ne mettra cette opération à fin, qu’avec beaucoup de difficultés, et qu’un grand nombre de jeunes de la campagne se seront rangés dans la classe des conscrits supplémentaires par leur obstination à ne vouloir pas se rendre aux assemblées que devront convoquer les maires des communes" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
/ 1803-1805
Le 19 Pluviôse an 11 (8 février 1803), depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Les détachements et bataillons qu'ont à Saint-Domingue les 15e légère, 56e, 21e, 98e et 38e de ligne ayant été incorporés dans d'autres corps sont effacés du contrôle de ces demi-brigades en Europe. Je vous prie de me proposer le plus tôt possible la nomination des officiers nécessaires pour compléter les cadres" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7463).
Le 24 mars 1803 (3 Germinal an 11), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez ordre, citoyen ministre, à la 88e de se rendre en garnison à Strasbourg ... à la 56e id. à Phalsbourg ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7533).
Le 19 avril 1803 (29 Germinal an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Sarrelibre : "Inspection de l’an 11 dans les 2e et 4e Divisions
Le Général de Division, Inspecteur général d’infanterie, aux Chefs des 4e, 12e, 14e, 56e, 72e et 111e Demi-brigades de ligne, 25e, 26e, et 31e Demi-brigades d’infanterie légère.
Le Ministre de la Guerre vous a sans doute donné avis, citoyens chefs, que la demi-brigade que vous commandez fait partie de l’arrondissement dont l’inspection m’est confiée. Je vous adresse en conséquence trois livrets de revue avec les états y annexés ainsi que les contrôles nominatifs des officiers. Vous observerez que la situation sommaire ne doit être établie qu’après mon arrivée au corps et lorsque j’en aurai passé la revue.
L’état n°2 qui est le contrôle nominatif des officiers pourra être rempli dans son entier jusqu’à la colonne des observations qui me regarde particulièrement ; vous remarquerez que la colone du détail des services n’est destinée qu’aux officiers promus et admis dans le corps depuis la dernière revue ; cet état devra être signé par vous, les chefs de bataillon et le quartier maître.
Nota : On classera dans cet état les officiers présents ou absents dans l’ordre ci-après :
1° les officiers de l’état-major, y compris le chirurgien-major.
2° les capitaines, lieutenants et sous-lieutenants suivant leur ancienneté de grade.
L’état n°2 bis contiendra les lieutenants et sous-lieutenants susceptibles d’obtenir la gratification accordée par l’arrêté du 14 Ventôse an 11 ; il restera en blanc et vous le ferez dresser sur papier libre jusqu’à ce que j’aie statué sur vos propositions.
L’état n°3 du livret général pourra être rempli dans son entier.
Le n°4 jusqu’au détail des services, en ayant soin de le remplir conformément à l’article 48 de l’arrêté du 9 Vendémiaire an 11. Et de ne proposer pour la Garde des Consuls que les hommes qui auront les conditions et les qualités voulues par ledit arrêté.
Les n°5, 6 et 7 pourront être remplis jusqu’à la colonne d’observation.
Les états n°8, 9, 10, 11 et 12 resteront en blanc. Jusqu’après la revue et jusqu’à ce que j’aie statué sur ceux qui me seront présentés pour la réforme, la retraite, les vétérans nationaux et les Invalides.
Vous remarquerez à cet égard, de ne présenter pour la réforme que les hommes absolument incapables de servir et pour des infirmités non provenant des évènements de la guerre ; à l’appui de l’état que vous en ferez dresser sur papier libre devant être les certificats du chirurgien major de la demi-brigade bien motivés et visés par le conseil d’administration.
Aucun homme ne sera réformé faute de taille ; il en sera dressé un état séparé sur papier libre et conforme au n°8 bis ; dans cet état seront compris aussi les hommes qui seraient dans le cas de passer à d’autres corps.
L’état n°9 comprendra les individus d’une conduite constamment répréhensible et que les punitions de la discipline ordinaire ne peuvent corriger. Cet état sera aussi sur papier libre, ainsi que tous ceux que j’indique devoir rester en blanc, jusqu’à mon arrivée à la demi-brigade.
Il est très important de distinguer soigneusement les trois classes de militaires qui sont dans le cas des états n°10, 11 et 12. Il ne faut pas que ceux qui n’étant que légèrement blessés, pourraient être encore utilement employés dans l’intérieur, soient proposés pour des récompenses qui ne sont dues qu’aux hommes que des blessures graves mettent hors d’état de rester aux drapeaux et de pourvoir à leur subsistance.
Les pièces à l’appui des désignés ci-contre sont pour chaque hommes les certificats bien motivés du chirurgien major sur les blessures, les causes des blessures et leur suite avec les mémoires de proposition en double expédition conformes au modèle.
Vous vous conformerez donc pour la proposition des hommes à admettre à la solde de retraite, aux vétérans et aux Invalides, aux dispositions de la loi du 28 Frimaire an 7, la lettre du Ministre du 25 Frimaire an 9 et l’arrêté du 4 Germinal an 8 sur les vétérans, pour remplir ponctuellement les intentions du gouvernement et suivre les dispositions que je vous prescris ; vous passerez, citoyens chefs, la revue préliminaire de votre demi-brigade quelques jours avant la revue d’inspection. Vous recevrez de chaque capitaine le contrôle et les états de sa compagnie, et vous en vérifierez les détails ; d’après cette vérification, vous ferez établir un livret préliminaire sur papier libre dans lequel vous comprendrez tous les états que je vous demande. Vous me présenterez à mon arrivé ce livret préliminaire avec les contrôles des compagnies qui devront être rédigés avec clarté et précision et contenir toutes les mutations en perte et en gain survenues depuis la dernière revue d’inspection. Ces contrôles serviront à vérifier et à établir la situation sommaire de votre demi-brigade à l’époque de ma revue.
Les états n°15, 16, 17, 18 et 19 du livret servant à constater plus particulièrement l’administration, la comptabilité et la tenue de la demi-brigade seront établis comme les précités sur papier libre et ne seront transcrits comme eux sur les livrets que je vous adresse qu’après que j’en aurais reconnu l’exactitude.
L’inspection générale des corps ayant pour but de faire connaître au gouvernement les abus qui peuvent exister, les améliorations à faire, de lui rendre compte de l’instruction, de la discipline, de la tenue, de l’habillement, armement, équipement, administration et comptabilité, vous donnerez connaissance de la présente au conseil d’administration de la demi-brigade et vous me mettrez à même de faire un rapport satisfaisant au gouvernement de l’administration et gestion de votre corps.
Je vous annoncerai par une lettre subséquente le jour que je passerai la revue de votre demi-brigade.
Ps. Ci-joint la note des états et livrets de revue que je joins à la présente" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 105 page 223).
Le 20 avril 1803 (30 Germinal an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Sarrelibre, au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen Ministre, que je commencerai ma tournée d’inspection par la 56e demi-brigade stationnée à Phalsbourg. Je compte y être rendu du 12 au 15 du mois de Floréal. Veuillez en conséquence m’adresser les ordres ultérieurs que pourraient nécessiter les circonstances, jusqu’au 10 Floréal inclusivement à Sarrelibre. Et depuis cette époque, jusqu’à la fin du même mois à Phalsbourg. Je continuerai de suite mon inspection dans la 4e division militaire et recevrai vos ordres pendant le mois de Prairial à Nancy ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 108 page 229).
Le 21 avril 1803 (1er Floréal an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Sarrelibre, au Général de Division Gilot, commandant la 4e Division militaire : "Je vous préviens, citoyen général, qu’en suite des dispositions arrêtées par le gouvernement, le Ministre m’a désigné pour inspecter les troupes d’infanterie stationnées dans les 2e et 4e divisions militaires. Je vous envoie ci-joint copie de mes lettres de service et vous prie de les faire mettre à l’ordre de la division que vous commandez.
J’ai adressé aux chefs des 4e, 56e, 72e de ligne et 9e de vétérans stationnées dans votre commandement les livrets de revue et instructions nécessaires à la préparation des états et autres matériaux que je leur indique.
Je compte me rendre à Phalsbourg du 15 au 18 de ce mois et y passer l’inspection de la 56e ; l’examen de tous les objets relatifs à ma mission m’y arrêtera jusque vers la fin du moins ; époque à laquelle je me rendrai à Nancy pour y continuer mes opérations.
Vous m’obligerez, général, de me donner en attendant que je puisse avoir l’avantage de vous voir, les renseignements que vous avez été à même d’acquérir sur la discipline, la tenue, l’instruction et la moralité de chacune de ces demi-brigades depuis qu’elles sont sous vos ordres.
Veuillez me faire connaitre aussi l’emplacement des détachements s’il en existe et me tenir au courant des mouvements que l’une ou l’autre de ces demi-brigades pourrait faire en suite des ordres du gouvernement" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 108 page 230).
Le même 21 avril 1803 (1er Floréal an 11), le Général de Division Grenier écrit également, depuis Sarrelibre, à l’Inspecteur aux Revues dans la 4e Division militaire : "Je vous donne avis, citoyen inspecteur, que d’après les dispositions arrêtées par le gouvernement, les troupes d’infanterie stationnées dans les 2e et 4e divisions militaires font partie du 2e arrondissement dont l’inspection m’est confiée. Je serais dans ma tournée d’inspection et particulièrement aux revues des corps dans le cas de vous demander ainsi qu’aux sous-inspecteurs sous vos ordres des renseignements sur le personnel des demi-brigades dont vous avez la surveillance. Je dois vous prévenir en conséquence que je commencerai mon inspection par la 56e demi-brigade en garnison à Phalsbourg ; que je compte en passer la revue le 20 de ce mois pour de là continuer mes opérations à Nancy pendant le mois de Prairial" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 109 page 231).
Toujours le 21 avril 1803 (1er Floréal an 11), le Général de Division Grenier écrit aussi, depuis Sarrelibre, au Commissaire ordonnateur de la 4e Division militaire : "Je vous préviens, citoyen ordonnateur, qu’ensuite des dispositions du gouvernement, le Ministre de la Guerre m’a désigné pour inspecter les troupes d’infanterie stationnées dans la 4e division militaire. Je serai dans ma tournée d’inspection dans le cas de vous demander ainsi qu’aux commissaires des guerres sous vos ordres des renseignements sur le matériel des corps dont vous avez la police ; veuillez en conséquence les prévenir que je commencerai ma tournée d’inspection par la 56e demi-brigade en garnison à Phalsbourg ; que j’y serai du 15 au 18 de ce mois et que je continuerai mes opérations à Nancy pendant le mois de Prairial" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 109 page 231).
Le 21 avril 1803 (1er Floréal an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Sarrelibre, au Ministre directeur de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen Ministre, que je commencerai l’inspection qui m’est confiée par la 56e demi-brigade en garnison à Phalsbourg. Je compte en passer la revue du 15 au 20 de ce mois et vous adresser après sa cloture tous les états ayant rapport à l’administration de la guerre.
Je continuerai mes opération pendant le mois de Prairial à Nancy, où je vous prie de m’adresser les ordres que vous aurez à me donner.
Lorsque j’aurai terminé dans la 4e division militaire, je vous ferai connaître l’itinéraire que je tiendrai dans la 2e.
Notice des livrets et états envoyés aux 4e, 12e, 14e, 56e, 72e, 111e de ligne, 25e, 26e et 31e légère, ainsi qu’aux 6e et 9e demi-brigades de vétérans pour servir à la revue d’inspection de l’an 11. Envoi du 29 Germinal.
3 exemplaires du livret général de revue avec états annexés.
1 du livret du matériel
1 duplicata de l’état n°1.
3 cahiers de l’état n°2
1 duplicata n°4*
1 duplicata n°5*
1 duplicata n°6*
1 duplicata n°10
1 duplicata n°11
1 duplicata n°12*
2 duplicatas n°15
1 duplicata n°16
1 duplicata n°17
1 duplicata n°18
1 duplicata n°19
3 exemplaires du n°2bis*}
1 exemplaire du n°8 bis*} ils ne font pas partie du livret général de la revue
Les livrets de revue et autre états désignés ci-dessus seront soigneusement conservés et resteron en blanc jusqu’à l’arrivée de l’inspecteur général, à l’exception de ceux qu’il a par son instruction aux chefs de corps indiqué pouvoir être remplis.
Nota : tous les états marqués d’une étoile ne faisant pas partie de la revue des demi-brigades de vétérans ne leurs ont pas été adressés" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 110 page 233).
Le 1er mai 1803 (11 Floréal an 11), le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre : Par ma lettre du 30 Germinal dernier, j’ai eu l’honneur de vous prévenir, citoyen Ministre, que je me proposai de commencer ma tournée d’inspection par la 56e demi-brigade stationnée à Phalsbourg et que je comptais m’y rendre du 12 au 15 de ce mois ; mais j’apprends à l’instant par le général commandant la 4e division militaire, que j’avais prévenu de cette disposition, que la 56e demi-brigade n’était pas encore arrivée à Phalsbourg, et qu’elle ne devait y être rendue que le 6 Prairial prochain, quoique sur l’état d’emplacement que vous m’avez adressé, elle soit porté comme y tenant garnison. Cette circonstance m’oblige de changer mon itinéraire. Je vous préviens en conséquence, citoyen Ministre, que je serai le 20 de ce mois à Nancy, et que je commencerai mon inspection par la 4e demi-brigade de ligne afin de laisser à la 56e le temps de s’établir et de préparer les matériaux nécessaires à sa revue" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 111 page 235).
Le même 1er mai 1803 (11 Floréal an 11), le Général de Division Grenier écrit au Général Gilot, commandant la 4e Division militaire : "L’état d’emplacement des troupes stationnées dans la 4e division militaire, que m’a adressé le Ministre de la Guerre, m’annonçait la 56e demi-brigade en garnison à Phalsbourg et je ne devais pas présumer que ce corps était encore en route ; je vous remercie général de l’avis que vous m’en donnez par votre lettre du 7 ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 112 page 236).
Le 26 mai 1803 (6 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Nancy, au Ministre de la Guerre, Bureau de l’Inspection : "... J’ai passé la revue de la 72e demi-brigade le 4 de ce mois. Je compte de vous envoyer le travail de cette demi-brigade le 11 ou le 12. Je vous préviens en attendant, que je partirai de Nancy le 13 pour me rendre à Marsal près l’état-major de la 9e demi-brigade de vétérans ; d’où je me rendrai le 18 à Phalsbourg, pour m’occuper de la 56e ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 118 page 249).
Le 26 mai 1803 (6 Prairial an 11), le Général Grenier écrit aussi, depuis Nancy, au Ministre directeur de l’Administration de la Guerre : "... Je serai le 13 à Marsal, près l’état-major de la 9e demi-brigade de vétérans et le 18 à Phalsbourg près de la 56e de ligne" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 119 page 251).
Le 7 juin 1803 (18 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Marsal, au Ministre directeur de l’Administration de la Guerre : "... Je serai le 19 à Phalsbourg et je passerai la revue de la 56e demi-brigade le 20" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 124 page 260).
Le 8 juin 1803 (19 Prairial an 11), le Général de Division Grenier adresse, depuis Phalsbourg, au Chef de la 56e Demi-brigade, la "Même lettre qu’au chef de la 72e demi-brigade relativement aux notes à donner sur le degré d’instruction et de moralité des officiers" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 126 page 264).
Le 8 juin 1803 (19 Prairial an 11), le Général de Division adresse, depuis Phasbourg, aux Chefs de Bataillon de la 56e Demi-brigade, "Pareille lettre qu’aux chefs de bataillon de la 72e demi-brigade relativement aux notes à donner sur les officiers" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 126 page 264).
Le 11 juin 1803 (22 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Phalsbourg, au Chef de la 56e Demi-brigade : "Je désire, citoyen chef, voir manœuvrer le bataillon demain à onze heures du matin, veuillez donner vos ordres pour qu’il soit rendu sur le terrain à l’heure indiquée.
Le 24 à dix heures du matin, je verrai les recrues de l’an 9 et l’an 10. Ils me seront présentés sans armes et un de chaque année séparément.
Vous me présenterez également les enrôlés volontaires, les enfants de troupe, et les hommes proposés pour la gratification des Consuls.
Le 24 à onze heures, tous les officiers se rendront chez moi" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 127 page 267).
Le 13 juin 1803 (24 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Phalsbourg, au Ministre Directeur : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, citoyen Ministre, une réclamation du conseil d’administration de la 56e demi-brigade de ligne, par laquelle il demande au nom du corps à conserver comme chirurgien major le citoyen Landini ; les sacrifices que cet officier de santé a faits, le zèle et le dévouement qu’il a montrés, les preuves de talent dans son art et d’humanité qu’il a données en toutes occasions, lui donnent des droits à la bienveillance du gouvernement ; veuillez, je vous prie, avoir égard à la demande du conseil d’administration et y faire droit" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 128 page 268).
Le même 13 juin 1803 (24 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit aussi, depuis Phalsbourg, à l’Inspecteur aux revues de la Division militaire : "Je vous adresse, ci-joint, citoyen inspecteur, l’état nominatif des hommes de la 56e demi-brigade que j’ai réformés dans ma revue d’inspection du 20 du courant" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 128 page 268).
Le 14 juin 1803 (25 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Phalsbourg, au Ministre Directeur de la Guerre : "Le mauvais état de l’habillement fourni à la 56e demi-brigade pour l’an 10 faisant prévoir, citoyen Ministre, qu’il ne pourra atteindre la durée prescrite, le conseil d’administration demande un supplément de 250 habits comme fourniture extraordinaire. Veuillez la prendre en considération et en accorder au moins une partie. Le nombre des conscrits que cette demi-brigade doit recevoir pour se compléter milite encore en sa faveur" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 128 page 268).
Le même 14 juin 1803 (25 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit aussi, depuis Phalsbourg, au Ministre Directeur de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint, citoyen Ministre, une réclamation de la 56e demi-brigade relative à une demande en remboursement de fonds de caisse, volés le 15 Pluviôse an 8. Je joins à la réclamation du conseil d’administration toutes les pièces qui constatent le fait. Veuillez y faire droit s’il y a lieu" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 128 page 268).
Toujours le 14 juin 1803 (25 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit encore, depuis Phalsbourg, au Ministre Directeur de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous adresser, citoyen Ministre, le livret du matériel de la revue d’inspection de la 56e demi-brigade faite le 20 de ce mois ; j’y joins un double de la situation sommaire et les états n° 15, 16, 17 et 18.
Cette demi-brigade est assez bien administrée ; le résumé de ma revue et les ordres que j’ai laissés au corps vous feront connaitre l’ensemble de toutes les parties du service.
J’ai l’honneur de vous transmettre plusieurs réclamations du conseil d’administration de cette demi-brigade ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 128 page 269).
Le 14 juin 1803 (25 Prairial an 11) encore, le Général de Division Grenier écrit à nouveau, depuis Phalsbourg, au Ministre Directeur de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous adresser, citoyen Ministre, le livret général et tous les états relatifs à la revue d’inspection de la 56e demi-brigade de ligne, que j’ai passée le 20 de ce mois.
L’effectif de cette demi-brigade reste à 555, desquels il faut encore défalquer ceux proposés pour la solde de retraite, 10 ; invalides, 1 ; vétérans, 16 ; 27.
L’effectif restera à 528.
Et le manque au complet de 784.
Il est à désirer que ce corps reçoive bientôt un nombre de recrues pour être porté au complet ; les éléments qui le composent sont bons et tels qu’il sera bientôt réorganisé.
Je n’ai réformé que 15 hommes de cette demi-brigade, proposé 10 pour la solde de retraite, 1 pour les invalides et 16 pour les vétérans.
J’ai été satisfait de la tenue des conscrits ; ils sont pourvus des effets que la loi leur accorde et sont traités avec douceur ; deux seulement sont désertés dans la longue route que cette demi-brigade vient de faire.
Sur le résumé de la revue et l’ordre que j’ai laissé à la demi-brigade, j’entre, citoyen Ministre, dans tous les détails qui peuvent vous faire connaitre l’ensemble de cette demi-brigade, tant sous les rapports de l’instruction, tenue et discipline, que ceux d’administration, habillement, équipement et armement ...
Notice des livrets et états relatifs au travail d’inspection de la 56e demi-brigade, adressés au Ministre de la Guerre.
Le livret général de la revue.
L’état nominatif des officiers double n°2
L’état en double expédition n°2bis
L’état 4
Id 6
Id une pièce à l’appui 10
Id 11
Id 12
L’état 15
Id 19
Objets accesssoires à la revue.
1° le procès-verbal de désignation des candidats proposés pour la formation du nouveau conseil d’administration.
2° l’état des emplois d’officiers vacants.
3° une réclamation du conseil d’administration en faveur du citoyen Landini, chirurgien-major.
4° une demande du conseil d’administration d’effets d’habillement.
5° une réclamation pour le remboursement de fonds volés à la caisse.
6° une nouvelle demande pour l’obtention de distinctions d’honneur.
7° demandé une solution sur une question proposée par les officiers" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 128 page 269).
Le même 14 juin 1803 (25 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit, encore une fois, depuis Phalsbourg, au Ministre de la Guerre : "Je vous adresse ci-joint, citoyen Ministre, l’état des emplois d’officiern vacants à la 56e demi-brigade ; j’ai appris, indirectement, la nomination à quelques une de ces places, quoique n’étant pas annoncée officiellement" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 129 page 271).
Encore le 14 juin 1803 (25 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Phalsbourg, au Chef de la 56e Demi-brigade : "Je vous adresse ci-joint, citoyen chef, le livret de la revue d’inspection de votre demi-brigade, faites le 20 de ce mois, ensemble celui de votre revue de l’an 10.
Je vous invite à tenir la main à l’exécution ponctuelle des ordres que je laisse à la demi-brigade, et que vous trouverez dans le livret de la revue d’inspection.
J’ai appris avec peine après la clôture de ma revue que les officiers mangeaient pèle mêle ensemble, ce qui est contraire à la hiérarchie et nuit quelques fois à la discipline.
Je vous invite donc à rappeler aux officiers l’article du règlement qui traite de la composition des tables et à veiller à ce qu’au 1er Messidor prochain, les dispositions de cet article soient mises à exécution" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 129 page 271).
Le 15 juin 1803 (26 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Phalsbourg, au Ministre de la Guerre : "La 56e demi-brigade, citoyen Ministre, est celle qui dans la dernière guerre, a eu le plus d’occasions de se distinguer, tant par l’esprit qui régnait au corps que par le courage et la bravoure de ceux qui en faisaient partie ; aussi a-t-elle eu grand nombre d’actions d’éclat, et il ne reste dans ce moment au corps qu’un seul individu ayant une arme d’honneur.
Elle l’a invité de vous présenter un état de ceux qui par leurs actions ont mérité d’en recevoir ; je vous le transmets avec plaisir, et vous prie de le présenter au 1er Consul en demandant pour cette demi-brigade un nombre d’armes d’honneur proportionné à celui d’autres demi-brigades" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 130 page 272).
Le même 15 juin 1803 (26 Prairial an 11), le Général de Division écrit encore, depuis Phalsbourg, au Ministre de la Guerre : "Une question délicate se présente, citoyen Ministre, dans la 56e demi-brigade ; le bien du service et la tranquillité de plusieurs personnes exigent une prompte solution.
Le citoyen Vauchey, capitaine de la 1ère classe, devait s’embarquer à la Rochelle pour passer aux colonies avec un détachement de son corps ; par arrangement et par condescendance, le citoyen Grégoire, également capitaine dans cette demi-brigade, mais de 3e classe, partit au lieu et en place du capitaine Vauchey, et le général Fusier approuva cet arrangement qui était contraire aux règlements.
Aujourd’hui, par suite d’une disposition que vous avez ordonnée, le détachement de cette demi-brigade et ceux qui le commandaient ont été rayés des contrôles, et les capitaines de la demi-brigade en … que si le capitaine Vauchey était parti, comme il le devait, l’emploi de cette 1ère classe serait devenu vacant et appartiendrait au capitaine Bartherel ; les officiers demandent en conséquence s’il ne serait pas juste que le capitaine Vauchey prit le rang et la classe du capitaine Grégoire marché pour lui, et que tous les capitaines qui sont plus anciens que ne l’était le capitaine Grégoire marchassent avant lui.
Telle est, citoyen Ministre, la question que je suis chargé de vous soumettre ; veuillez m’en adresser bientôt la solution ; elle importe au repos de tous les officiers" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 130 page 272).
Le 21 Messidor an 11 (10 juillet 1803), le Premier Consul écrit, depuis Ostende, au Général Berthier : "... Je n'approuve pas que vous vouliez ôter 500 hommes à la 55e pour les donner à la 56e. La 55e faisant partie d'un des camps ne saurait être trop nombreuse ; elle n'a que 2,000 hommes sous les armes, et son complet doit être à 2,300. On se contentera, dans la conscription de l'an X et de l'an XI, de donner peu de monde à cette demi-brigade, et on aura soin d'en fournir un plus grand nombre à la 56e ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6898 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7808).
Le 1er Vendémiaire an 12 (1803), le désormais Régiment (le nom de Demi-brigade disparait et le Chef de Brigade devient Colonel) passe à 4 Bataillons en incorporant deux Bataillons de la 68e Demi-brigade. Un Major vient compléter les effectifs d’encadrement.
Le Chef de Corps devenu Colonel est Boutroue.
Le 24 Vendémiaire an 12 (17 octobre 1803), le Premier Consul ordonne, depuis le Quartier général de Boulogne : "L'armée est prévenue que, d'après l'arrêté du gouvernement du 1er de ce mois, et conformément à l'ordre du Ministre de la guerre, en date du 17 vendémiaire, les demi-brigades d'infanterie de ligne et légère, prendront la dénomination de régiments, en conservant leurs numéros.
Dans tous les régiments, soit d'infanterie, soit de troupes à cheval, le chef de bataillon ou d'escadron, chargé du détail, sera remplacé par un major, dont le grade sera intermédiaire entre celui de colonel et celui de chef de bataillon ou d'escadron.
Le major aura pour marques distinctives de son grade, dans l'infantede de ligne et légère, les carabiniers, cuirassiers et dragons, deux épaulettes de colonel, le fond de l'épaulette et la frange seront de métaux différents, la frange sera toujours de même métal que les boutons; dans les chasseurs et hussards, il aura pour marques distinctives, cinq chevrons, dont quatre de 4 lignes et un de 9, placé dans le milieu des quatre autres; ce dernier sera d'un métal différent.
Le major sera spécialement chargé des détails de l'instruction, de la tenue, de la discipline, de la police et de la comptabilité du corps et des compagnies, il sera dépositaire des contrôles, il remplira, au Conseil d'administration, les fonctions de rapporteur, même lorsqu'il le présidera, et commandera le régiment en l'absence du colonel" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 195).
Le 2 décembre 1803 (10 Frimaire an 12), Alexandre Boutrouë, Colonel du 56e Régiment d'infanterie de ligne, écrit, depuis Genève, à son frère : "J'ai reçu, mon bon ami, ta lettre du 22 du mois dernier, qui s'est croisée avec la mienne. Tu dois connaître maintenant les résultats de la réorganisation de l'armée.
Je puis à présent te faire la description de Genève et du village de Ferney-Voltaire, que j'ai vu dans les beaux jours.
Genève, par sa situation, semble fait pour inspirer le goût de l'histoire naturelle. La nature s'y présente aux regards sous l'aspect le plus brillant; elle y a une infinité de productions différentes : un lac rempli d'une eau claire et azurée, un beau fleuve, tout autour des collines charmantes qui forment les premiers degrés d'un vaste amphithéâtre couronné par les cimes majestueuses des Alpes; le mont Blanc, qui les domine toutes, revêtu d'un manteau de glaces et de neiges éternelles, traîne jusqu'à ses pieds le contraste étonnant de ses frimas multicolores, d'un rose tantôt vif, tantôt pâle, avec l'éclatante verdure qui tapisse les coteaux et les basses montagnes. Ce grand spectacle ravit d'admiration et inspire le plus vif désir de connaître et d'étudier en détail toutes ces merveilles.
Le lac de Genève situé au milieu d'une large vallée qui sépare les Alpes dn Jura, est aussi connu sous le nom de lac Léman. Le Rhône, en sortant des Alpes du Valais, vient le traverser; il s'y repose et se dépouille du limon dont il est chargé; il sort ensuite brillant et pur de ce grand réservoir, comme s'il avait voulu faire toilette pour donner à la ville de Genève, qu'il traverse, le spectacle de ses eaux limpides. A un quart de lieue de la ville, il reçoit l'Arve, qui descend des hautes Alpes, voisines du mont Blanc. Cette rivière a un cours remarquable ; elle est, en outre, intéressante par la variété et la beauté des cailloux qu'elle charrie, sans oublier l'or qui, paraît-il, se trouve mêlé à son sable.
Ferney, où résidait Voltaire, est un village situé dans un superbe bassin à une lieue et demie de Genève. Très gai et très vivant autrefois, il est fort triste aujourd'hui, eu égard à la splendeur de ce temps peu éloigné de nous cependant.
Il n'y a plus rien de remarquable que la maison du célèbre philosophe. Elle est agréablement exposée, entourée d'avenues de peupliers et d'un beau jardin fruitier tout orné de berceaux et de charmilles. A l'intérieur de la maison, dans la chambre où est mort Voltaire, on lit, au-dessus d'un tombeau qui a renfermé son coeur, cette inscription funèbre : Mes mânes sont consolées, puisque mon coeur est au milieu de vous ..., et plus haut : Son esprit est partout et son coeur est ici.
Son mausolée est représenté sur un tableau où est écrit ce quatrain :
Dans ce triste et fatal tombeau
Repose l'ombre de Voltaire.
Pleurez, Beaux-Arts, vous n'avez plus de père
Et l'univers a perdu son flambeau !
Sur un autre tableau où est peint Christophe Colomb, on lit aussi ces vers :
Honneur du Nouveau Monde et de l'humanité
Le sage, aimable et vrai, les guide et les éclaire,
Comme un autre Mentor il cache à l'oeil vulgaire
Sous les traits d'un mortel une divinité !
On voit, dans cette même chambre, les portraits de Milton, Delille, Diderot, Newton, Washington, Corneille, d'Alembert, Franklin, Helvétius, Antoine Thomas, Racine, Lekain, Marmontel, Frédéric, roi de Prusse; le portrait de Voltaire à quarante ans, celui de Catherine, impératrice de Russie, peint par elle-même. Le reste n'a rien de bien curieux.
Deux compagnies de ma demi-brigade, je veux dire de mon régiment, occupent le Valais, où il y a des crétins et des albinos. Je veux t'en dire deux mots. Ces êtres sont imbéciles et ont l'absence totale des facultés intellectuelles; avec cela, la figure la plus hideuse et la plus dégoûtante du monde. L'impression que firent sur moi ces êtres infortunés ne s'effacera jamais de ma mémoire. Le signe extérieur le plus ordinaire de cette affection est un engorgement des glandes du col, qui produit les tumeurs connues sous le nom de goîtres. Tous ceux qui ont des goîtres ne sont pourtant pas crétins; il y a même, dans l'un et l'autre sexe, des goîtreux qui ont beaucoup d'esprit. Les crétins sont généralement voués à la plus grande inertie. Quoique leurs besoins les excitent aux mouvements indispensables pour la conservation de la vie, on remarque chez eux une apathie et une indolence excessives. C'est surtout dans le Valais, la Maurienne et la vallée d'Aoste, que l'on rencontre des victimes de cette triste infirmité, mais à des degrés différents.
Les albinos redoutent beaucoup la lumière du jour. Ce n'est que le soir, après le coucher du soleil, qu'ils commencent à bien voir.
Le 25 du mois dernier, mon troisième bataillon est parti pour Lyon, où il doit tenir garnison. Mes trois autres bataillons sont ici, mais j'ignore si nous y sommes pour longtemps.
Nous vous souhaitons à tous une bonne santé.
Adieu. Ton ami" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, lettre 55).
Le 20 Frimaire an 12 (14 décembre 1803), le Grand Chancelier de la Légion d'Honneur écrit, depuis Paris, au Colonel Boutrouë, du 56e Régiment : "Le Grand Conseil de la Légion d'honneur vient de vous nommer membre de cette Légion.
Je m'empresse et me félicite vivement, citoyen colonel, de vous annoncer ce témoignage de l'estime du Grand Conseil et de la reconnaissance nationale.
J'ai l'honneur de vous saluer,
LACÉPÈDE.
P. S. Je vous invite, citoyen, à prêter le serment prescrit par la loi, et dont j'ai l'honneur de vous envoyer la formule, devant le tribunal le plus voisin du lieu où vous recevrez ma lettre.
Si le service public ou votre santé s'y oppose, vous voudrez bien m'envoyer le serment signé de vous" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 196).
"GRANDE CHANCELLERIE DE LA LÉGION D'HONNEUR.
Formule du serment.
Je jure, sur mon honneur, de me dévouer au service de la République, à la conservation de son territoire ; à la défense de son Gouvernement, de ses lois et des propriétés qu'elles ont consacrées; de combattre, par tous les moyens que la justice, la raison et les lois autorisent, toute entreprise tendante (sic) à rétablir le régime féodal, à reproduire les titres et qualités qui en étaient l'attribut; enfin de concourir de tout mon pouvoir au maintien de la Liberté et de l'Égalité" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 197).
Le 56e Régiment est désigné pour faire partie des Grenadiers de la Réserve d’Arras et doit former un Bataillon d’élite.
Le 22 Frimaire an 12 (14 décembre 1803), le Ministre de la Guerre Berthier écrit, depuis Paris, au Colonel Boutrouë, du 56e Régiment : "Je vous annonce avec plaisir, citoyen, que le Premier Consul vous a choisi pour commander les 3e et 4e bataillons de grenadiers de la réserve; ces bataillons sont tirés des 56e et 58e régiments de ligne el seront commandés, sous vos ordres, par les chefs de bataillon Hersan et Chemineau.
Vous reconnaitrez dans le nouveau poste qui vous est confié un témoignage de la satisfaction que le gouvernement éprouve de votre dévouement et de vos services.
Vous voudrez bien vous rendre sans délai à Arras et m'informer de votre départ
Je vous salue" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 196).
Le Colonel Boutrouë prend le commandement du 2e Régiment des Grenadiers de la Réserve.
Cette formation, regroupée en Demi-brigades de deux Bataillons d’Elite, doit participer aux futures opérations contre l’Angleterre. Boutroue va même prendre un temps la tête de la 1ère Demi-brigade d’Elite sous les ordres du Général Macon, en attendant l’arrivée du Général Junot qui doit superviser toutes ces unités.
Pendant ce temps, les autres Bataillons sont à Genève, un Bataillon est à Lyon, et deux Compagnies sont détachées dans le Valais. Le nouveau Major : Rottembourg, les supervise.
/ 1804
Revue des Grenadiers de la Réserve de Junot par Napoélon, près d'Arras, 1804 |
Fig. 1 Le Colonel Boutroue en 1804 |
Le 2 janvier 1804 (11 Nivôse an 12), Alexandre Boutrouë, Colonel du 56e Régiment d'infanterie de ligne, écrit, depuis Paris, à son frère : "Mon cher ami, mon départ de Genève a été si précipité, que je n'ai pas pu te l'annoncer.
Le Premier Consul m'a fait la faveur, le 22 frimaire, de me désigner pour commander le deuxième régiment de grenadiers de la réserve. C'est à Arras que je dois aller organiser ce corps, formé du bataillon d'élite de mon régiment et d'un autre bataillon tiré du 58e de ligne, aussi un bataillon d'élite. Je conserve néanmoins le commandement du 56e.
En exécution de cet ordre, je suis parti de Genève avec toute ma famille; je m'en suis séparé en passant à Tonnerre, car j'ai dans cette ville mon beau-frère, ma belle-soeur, le papa et la maman. J'ai pris ce parti pour m'éviter l'embarras d'une femme grosse. Ma femme n'est pas encore accouchée; cela ne m'étonne pas, car il a dû se faire une révolution dans la nature et, à ce que disent les commères, les femmes portent, en l'an XII, leurs enfants onze mois ! ... Ainsi, j'en ai encore deux pour attendre l'arrivée de mon second grenadier ! Il m'en coûte doublement d'être obligé de quitter ma femme en ce moment, mais la gloire m'appelle à l'armée d'Angleterre et je ne balance pas.
Mon cousin Petit, chez qui je suis descendu ici, vient de me remettre une lettre de mon régiment; on m'annonce, de Genève, que j'ai été nommé, le 20 frimaire dernier, membre de la Légion d'honneur. Ainsi, mon cher, voilà encore un bienfait du gouvernement. Ce qui me flatte le plus dans cela, c'est de ne le devoir qu'à ma manière de servir. Je prêterai serment aussitôt arrivé à Arras.
Je compte rester encore ici quatre ou cinq jours pour voir le ministre de la guerre et le grand chancelier de la Légion d'honneur. Je leur dois à l'un et à l'autre une visite. Après ces devoirs remplis, je me rendrai à Aeras.
Je t'embrasse et suis ton ami" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, lettre 56).
Le 25 janvier 1804 (5 Pluviôse an 12), Alexandre Boutrouë, Colonel du 56e Régiment d'infanterie de ligne, membre de la Légion d'honneur et commandant par intérim la 1re Brigade de Grenadiers de
l'Armée de Réserve, écrit, depuis Arras, à son frère : "Je suis arrivé à Arras, mon cher ami, le 26 nivôse, en joie et santé. Le lendemain, j'ai été faire mes visites aux généraux, comme cela se pratique ordinairement. J'ai eu le bonheur de retrouver parmi eux un mien pays et ami qui m'a fort bien reçu; il est de Châteaudun et s'appelle Clément. Quant aux autres généraux, ils sont très aimables; ils sont officiers supérieurs du palais et attachés au Premier Consul.
Les jours suivants, j'ai pris, comme plus ancien colonel, le commandement par intérim de la 1re brigade de grenadiers d'élite. Le général Macon commande la division en l'absence du général Junot, que l'on attend de jour en jour. Ce général commandait à Paris et était aide de camp du Premier Consul.
Dimanche dernier, nous avons passé une revue générale. Cette troupe d'élite formait le plus beau coup d'oeil que l'on puisse voir.
Nous avons une assez mauvaise troupe de comédiens; elle est cependant suivie, il faut bien passer son temps à quelque chose le soir. Samedi dernier, les bourgeois de la ville nous ont donné un bal. Aujourd'hui, nous dînons chez le préfet; l'évêque Latour-Maubourg doit y être.
J'ai reçu ta lettre du 24 du mois dernier. J'ai, comme je te l'ai dit, laissé ma famille à Tonnerre. La soeur de ma femme y est établie; elle avait avec elle sa mère, moi j'avais le papa, de sorte que toute la famille se trouve maintenant réunie dans cette ville.
Nous attendons ici le Premier Consul. Il doit nous passer en revue. Nous nous exerçons matin et soir aux nouvelles manoeuvres qu'il nous a envoyées et qu'il doit faire exécuter devant lui.
Adieu, mon ami, je t'embrasse ainsi que la famille" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, lettre 57).
Le 26 Pluviôse an 12 (16 février 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, au Major du 56e Régiment d'Infanterie, à Genève : "Je n'ai appris, citoyen, votre arrivée au régiment que par une lettre du Conseil d'administration signée de vous. Depuis, plusieurs officiers de l'armée de réserve m'ont parlé de vous avec éloges.
Je reçois à l'instant votre lettre du 13. J'eusse, comme vous, été très flatté de me trouver au corps à votre arrivée, autant pour faire votre connaissance que pour convenir ensemble des meilleurs moyens à employer pour réparer le délabrement du régiment, délabrement causé par des circonstances impérieuses que déjà sans doute vous connaissez.
La tâche que vous avez à remplir est, à la vérité, un peu difficile; mais votre activité, vos connaissances et le désir que vous me manifestez de vouloir travailler dans mon sens me rendent sûr à l'avance qu'avec un collaborateur tel que vous nous pourrons remonter la machine. Déjà je m'applaudis de voir régner entre vous et moi l'union et l'harmonie.
Cela bien convenu, il faut aviser maintenant aux moyens de toujours nous entendre et de conserver cette union de vues qui doit nous mériter et la confiance du gouvernement et l'estime de nos subordonnés. Nous aurons une correspondance suivie à entretenir sur les finances, la discipline intérieure, l'instruction, l'esprit de corps et principalement celui des officiers, l'avancement
dans chaque grade, etc.
Si quelques renseignements vous sont nécessaires, et je prévois que vous en avez besoin, ne craignez pas surtout de m'en demander. Je peux d'autant mieux vous en donner que, pendant dix ans, j'ai commandé la 68e demi-brigade. Il me serait un peu plus difficile de le faire en ce qui concerne la 56e, mais, malgré cela, je n'en suis pas complètement dépourvu. Le citoyen Pommageot, quartier-maitre, peut vous édifier sur l'administration ; il est partaitement au courant, de cette partie du service et il a ma confiance.
Je vous recommande particulièrement l'armement et l'habillement. Le départ précipité du 3e bataillon pour Lyon et du bataillon d'élite, qui s'est produit avant la fusion des deux magasins, aura sans doute occasionné un peu de désordre : vous pourrez bientôt le réparer.
Quant à la tenue des officiers, elle n'est pas très régulière. Cette irrégularité provient de la réunion des deux demi-brigades et ne peut exister plus longtemps. Il serait très impolitique de laisser subsister entre les deux corps d'officiers une ligne de démarcation. Veuillez, si vous ne l'avez déjà fait, renouveler aux officiers de l'ex-68e demi-brigade l'ordre que je leur ai déjà donné de porter sur leurs habits des boutons n° 56.
Depuis mon départ de Genève, vous devez avoir reçu des conscrits en quantité. Les 200 hommes des Deux-Nèthes, qui nous étaient annoncés, sont-ils arrivés au corps ? La Vendée a-t-elle fourni son contingent ? Il serait à propos que vous fissiez au ministre la demande d'un supplément de conscrits pour cette année, car en supposant que les 558 hommes que nous devons recevoir arrivent tous, nous serions encore très loin de voir le corps au complet.
Je pense bien que les bataillons détachés à Lyon et ici, qui ont une administration particulière, rendent des comptes au conseil d'administration à des époques déterminées. Dès que vous aurez reçu ces comptes, je serais charmé que vous me fissiez un rapport sur la gestion de chacun d'eux. Vous voudrez bien y joindre vos observations.
Le chef de bataillon Dieu, qui commandait en mon absence, a dû, à votre arrivée, vous donner connaissance de l'ordre que j'ai laissé au commandant Roche d'avoir à nous rendre, avec son conseil, les comptes définitifs de l'ex-56e demi-brigade. Je ne vous dissimulerai pas que sa comptabilité ne m'a pas paru très claire au moment de la réunion des deux corps. Ce qui me tranquillise, c'est de savoir que ces comptes ont été rendus en votre présence et que, par vos soins, l'administration générale du régiment ne laissera bientôt rien à désirer.
Recevez, je vous prie, le témoignage de mon amitié" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 107, lettre 1).
Le 30 Pluviôse an 12 (19 février 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, au Général Macon, commandant la 1re Brigade de Grenadiers de l'Armée de réserve, à Arras : "Citoyen général,
Ci-joint l'adresse au Premier Consul, signée de tous les officiers et des représentants de toutes les compagnies du régiment sous mes ordres. Si vous l'approuvez, je vous prie de l'envoyer au
général Junot.
Salut et respect" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 109, lettre 2).
Le même 30 Pluviôse an 12 (19 février 1804), le 2e Régiment de Grenadiers de l'Armée de Réserve écrit, depuis Arras, au Premier Consul, à Paris : "Général Consul,
Et nous aussi nous avons été saisis de la plus vive indignation à la nouvelle de l'atroce conspiration qui a été tramée contre vous et notre patrie.
Qu'ils tremblent les coupables ! Nos baïonnettes croisées attendent avec impatience le signal de la vengeance !
Commandez, général Consul, et la perfide Angleterre, couverte de nos phalanges, trouvera bientôt dans un bouleversement total le sort fatal qu'elle avait destiné à la France !
(Suivent les signatures)" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 109, lettre 3 - Note : il s'agit de la conspiration de Georges Cadoudal).
Le 13 Ventôse an 12 (4 mars 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, au Major du 56e Régiment d'Infanterie, à Genève : "Le manque d'hommes valides, citoyen major, et la précipitation avec laquelle le bataillon d'élite a été formé m'ont mis dans la nécessité de demander au ministre une cinquantaine d'hommes qui seraient pris dans le bataillon détaché à Lyon. Le ministre m'annonce qu'il vient d'ordonner de faire partir ces hommes pour me rejoindre ici dans le plus bref délai. Je donnerai en échange les malingres et les hommes hors d'état de faire la guerre. Si cet ordre du ministre vous est déjà parvenu, je vous prie de prescrire au commandant du bataillon de Lyon de m'envoyer de beaux hommes, bien habillés, armés et équipés. Du reste, comme il est très probable que le commandant Ozilliau a reçu directement du ministre l'ordre de faire partir ce détachement, je vais lui écrire par le même courrier pour qu'il ait à remplir mes intentions à cet égard et qu'il vous en rende compte de suite.
Je vous recommande la bibliothèque du régiment. Vous nommerez un bibliothécaire; il sera responsable des livres. Vous ferez faire un règlement et tous les officiers devront avoir connaissance des statuts.
Je vous recommande également l'école de lecture et d'écriture. Cette institution est très précieuse dans un corps. Vous remarquerez comme moi que les Suisses sont beaucoup plus avancés que nous sous ce rapport; c'est un sujet d'émulation que vous ne manquerez pas de faire ressortir auprès des officiers. Le quartier-maitre Pommageot a une caisse qui contient des écritoires, livres, papier, plumes, canifs et tout ce qui est nécessaire pour former cette école; il a aussi un règlement qu'il a fait et que j'ai approuvé dans le temps.
Si dans la marche que j'ai établie au régiment et que j'ai toujours suivie, vous remarquiez de la négligence, des abus, si les liens de la discipline venaient à se relâcher, je vous prie de mettre en usage tous les moyens qui sont en votre pouvoir pour ramener cette vertu militaire si indispensable à un corps et vous m'en rendriez compte.
Si les circonstances nécessitaient de votre part un ordre important, mon intention est que vous m'en soumettiez le projet avant que d'en donner connaissance au corps; je suis sûr d'avance qu'il recevrait bientôt ma sanction, mais cela est absolument nécessaire pour maintenir entre nous l'ensemble dont nous sommes convenus.
Je vous adresse les nouvelles manoeuvres envoyées par le Premier Consul, et auxquelles s'exercent les troupes de l'armée de réserve. Vous pouvez dès maintenant les mettre en vigueur au régiment, en attendant qu'elles vous parviennent du ministre qui, je pense, vous donnera bientôt l'ordre de vous y conformer. Vous vous attacherez surtout aux changements de front et de direction en masse, aux feux de bataillon en avançant et aux formations et ruptures rapides des carrés.
Il faut que tout cela soit exécuté avec la plus grande célérité et sans aucune espèce de confusion.
Je vous salue avec amitié" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 110, lettre 4).
Le 4 mars 1804, 50 hommes de Lyon viennent renforcer le Bataillon d’Elite.
Le 26 Ventôse an 12 (17 mars 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, au Citoyen Hersan, commandant le 3e Bataillon du 2e Régiment de Grenadiers : "La fin du trimestre approche, citoyen commandant; c'est l'époque où les inspecteurs aux revues doivent arrêter la comptabilité des corps, et ils n'attendront pas sûrement pour le faire que les décomptes des revues vous soient parvenus. Je voudrais auparavant jeter un coup d'oeil sur toutes vos opérations et m'assurer de la régularité de votre administration dans toutes ses parties, pour être à même de rectifier en temps utile les erreurs ou omissions qui auraient pu se produire. Cette vérification sera préparatoire à celle que doit faire l'inspecteur dans peu de temps.
En conséquence, vous voudrez bien donner ordre à votre officier-payeur de commencer le plus tôt possible ce travail, et m'indiquer le jour où je pourrai me présenter à votre conseil d'administration que vous assemblerez à cet effet.
Je pense bien que vous aurez eu le soin de vous faire fournir des quittances de tous les achats que vous aurez faits pour le bataillon. Ces pièces sont de rigueur et doivent être à l'appui de vos dépenses. L'inspecteur en exigera la représentation.
Je vous salue sincèrement" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 112, lettre 5).
Le 28 Ventôse an 12 (19 mars 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, au Chef de l'Etat-major Clément, à Arras : "Je viens de communiquer votre lettre aux deux chefs de bataillon sous mes ordres. Ils m'ont assuré qu'aucune réclamation ne leur avait été faite lorsqu'ils ont visité la chambre de police. Le rapport ci-joint du capitaine de service ne renferme non plus aucune plainte. Ils me font observer que le règlement n'accorde que 15 livres de paille par homme et pour trois mois, qu'avec cette modique quantité il n'est pas étonnant que le soldat manque de paille. Malgré cela, je vais donner des ordres pour que cette chambre soit désormais mieux tenue, et pour m'en assurer, j'en ferai souvent la visite. Néanmoins, je vous prie de faire autoriser par le général en chef, le commissaire des guerres à délivrer une plus grande quantité de paille et qu'il ne mette plus en avant les règlements, ordonnances, etc., derrière lesquels il se retranche.
Quant aux fournitures, il n'est pas nécessaire d'en avoir un plus grand nombre, ayant toujours très peu de prisonniers dans le régiment et, par la suite, il y en aura encore moins, parce que mon intention est de consigner seulement les hommes pour des fautes légères.
Du reste, ce qu'il y aurait de mieux, ce serait que chaque régiment eût sa chambre de police; tant qu'elle contiendra des hommes de tous les corps, aucun chef de bataillon ne voudra prendre sous sa responsabilité des fournitures pour servir à d'autres militaires que les siens.
Veuillez, je vous prie, donner des ordres pour nous faire obtenir une salle de police pour le régiment, et c'est alors qu'elle sera dans l'état que vous désirez.
J'ai l'honneur de vous saluer" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 112, lettre 6).
Le 4 Germinal an 12 (25 mars 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, au Major du 56e Régiment d'Infanterie de ligne, à Genève : "J'ai reçu, citoyen major, vos lettres des 15 et 23 ventôse dernier, ainsi que les copies des ordres que vous avez donnés au régiment, votre rapport sur l'administration, l'instruction, etc.
Je ne puis qu'applaudir aux moyens que vous avez pris pour ramener l'ordre dans toutes les parties du service ; l'uniformité dans la tenue des officiers amène nécessairement celle des sous-officiers et soldats et vous avez bien fait de l'exiger. Ce que vous avez fait pour rétablir la discipline si négligée me fait vous témoigner ma confiance et la satisfaction que j'éprouve de votre manière de servir. Je compte toujours sur votre zèle et votre activité pour la maintenir.
Vous savez ce que j'entends par subordination. C'est avant tout une subordination de confiance; il faut qu'elle ait lieu de grade à grade. De cette façon, celui qui obéit est tranquille parce qu'il est assuré que celui qui commande le couvre de sa responsabilité.
Puisque l'établissement de l'école d'instruction et de la bibliothèque offre dans ce moment-ci des difficultés que je sens comme vous maintenant, je vous laisse le soin de décider de l'époque où vous pourrez procéder à cette installation, quand l'instruction des recrues sera plus avancée.
Lors de mon départ de Genève, j'étais muni d'une feuille de route avec indemnité, laquelle indemnité m'a été payée jusqu'à Bourg.
Le payeur d'Arras m'a payé les cinq jours de Genève à Arras, et ce, malgré la déclaration que je lui ai faite de les avoir touchés avant mon départ. li m'a dit que je m'arrangerais avec mon régiment lorsqu'on lui enverrait les pièces pour comptant. En conséquence, vous voilà prévenu sur cet objet.
Dans la liste des militaires du régiment qui ont droit par leurs actions d'éclat d'être admis dans la Légion d'honneur, veuillez bien y porter les citoyens Roche et Hersan, chefs de bataillon, et Berger, sous-lieutenant. Ces trois officiers ont obtenu leur grade sur le champ de bataille.
Je suis sensible à l'intérêt que vous prenez à ma santé; je suis parfaitement rétabli. Je puis dire que jamais je ne me suis si bien porté; nos exercices fréquents, je crois, y contribuent beaucoup. Nous ignorons toujours l'époque à laquelle nous irons faire notre visite à messieurs les Anglais. L'armée brûle d'impatience d'aller les combattre. En attendant, recevez l'assurance de
mon amitié sincère." (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 113, lettre 7).
Le 12 Germinal an 12 (2 avril 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, au citoyen Berger, Sous-lieutenant au 56e Régiment d'infanterie, à Genève : "Je ne suis pas moins surpris que vous, citoyen, que le citoyen Pelletier, votre camarade, ait été nommé lieutenant au choix du gouvernement, sans avoir été au nombre de ceux que j'avais proposés pour ce grade. Des quatre officiers qui le furent, vous étiez le premier; le citoyen Marange ensuite, de l'ex-68e demi-brigade, et les deux autres de l'ex-56e. Mon intention, en agissant ainsi, était de faire l'avancement des officiers des deux corps réunis par égale portion, et si le ministre n'a pas approuvé mon choix pour le moment, j'en suis fâché au moins autant que vous. Vous devez être assez assuré de mon amitié pour y croire.
Il ne peut m'entrer dans la tête que quelqu'un du corps ait osé substituer le nom de Pelletier au vôtre. D'ailleurs, vos services ne sont pas les mêmes, et comme j'ai fait porter vos actions d'éclat sur votre mémoire de proposition, il ne me paraît pas possible que cela ait été changé. Quant au ministère de la guerre, il n'est pas présumable non plus qu'il se commette des erreurs dans ses bureaux, et surtout des erreurs aussi grossières que celle-là. Il me parait plus aisé de croire que le citoyen Pelletier a eu des personnes puissantes qui l'ont bien servi auprès du ministre de la guerre pour lui faire obtenir ce grade, et que, devant mettre de côté un des quatre mémoires de proposition, le malheur a voulu que ce fût le vôtre.
Soyez tranquille pour l'avenir; il se trouvera certainement une occasion favorable dont je saurai profiter, je l'espère, plus heureusement pour vous. Néanmoins, dès que le major m'aura fait parvenir l'état de ces nominations, je compte écrire au ministre pour m'assurer de la vérité.
Je vous salue avec amitié" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 115, lettre 8).
Le 16 Germinal an 12 (6 avril 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, citoyen Rottembourg, Major du 56e Régiment d'infanterie, à Genève : "J'ai reçu votre lettre du 6 germinal, citoyen major, avec la copie de l'inventaire des livres qui se trouvent dans la bibliothèque du régiment. Je suis surpris de ne pas y voir figurer les Commentaires de César; c'est une lecture instructive pour des militaires. Veuillez prescrire qu'on en fasse l'acquisition, autant que possible en latin et en français; il y a de bonnes traductions de cet ouvrage.
J'étais déjà prévenu que le citoyen Pelletier, que je n'avais pas proposé au ministre, avait obtenu le grade de lieutenant au lieu et place du citoyen Berger. J'ignore les raisons qui ont pu déterminer le ministre à faire ce changement. J'en suis aussi surpris que mécontent. Je compte lui écrire à ce sujet.
Dans ma lettre du 4 courant, j'ai oublié de vous désigner les citoyens Dieu et Ozilliau, chefs de bataillon, pour l'obtention d'un brevet d'honneur. Quant au vôtre, je crois que c'est à moi d'en faire la demande. Je ne vous dissimule pas le plaisir que j'aurais de voir tous les chefs du régiment faire partie de la Légion d'honneur.
Je vous salue avec beaucoup d'amitié" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 116, lettre 9).
Le 7 avril 1804 (17 Germinal an 12), Alexandre Boutrouë, Colonel du 56e Régiment d'infanterie de ligne, écrit, depuis Arras, à son frère : "J'ai reçu, mon bon ami, tes deux dernières lettres. Ma femme est toujours à Tonnerre, chez son beau-frère Daret. Ce Daret était avant la Révolution premier clerc chez un procureur du Parlement; depuis, il a été directeur d'un hôpital et maintenant il vit de son bien qu'il fait valoir. C'est un fort bon enfant.
Mes deux grenadiers se portent bien. Martial, mon dernier, est étonnant de vigueur; il est, dit-on, très fort, on lui donnerait six mois. Emile l'amuse beaucoup et n'est point jaloux des caresses que sa mère lui prodigue. Quoique Mme Boutrouë soit très bien dans sa famille, elle me tourmente beaucoup pour venir me retrouver ici. Une femme de vingt-six ans n'aime pas à rester si longtemps éloignée de son mari, tu en devines bien la cause. Si notre expédition de Londres n'a pas lieu, je pourrai bien la faire venir dans quelque temps. Je ne me sens guère la force de lui refuser ce qu'elle me demande avec tant d'insistance.
Mon régiment de grenadiers est fort de 1,200 hommes sans les officiers; ce sont tous des hommes d'élite. On peut donner un bon coup de collier avec ces lurons-là.
Mon 56e est toujours à Genève, avec 1 bataillon à Lyon et 200 hommes dans le Valais. Ce double commandement me donne assez de besogne.
Nous nous exerçons toujours aux nouvelles manoeuvres que nous a envoyées le Premier Consul. Nous l'attendons de jour en jour; l'armée, qui l'aime beaucoup, est impatiente de le voir.
Ma santé est toujours bonne. Je suis à cheval six heures par jour et quelquefois sept, et je n'ai pas trop de mes trois chevaux.
Je puis dire que jamais je ne me suis si bien porté. Je suis un peu engraissé et les belles dames d'Arras me trouvent joli; je puis dire, sans vanité, que j'ai égratigné le coeur de quelques-unes.
Je t'embrasse de tout mon coeur ainsi que ta famille" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, lettre 58).
Le 28 avril 1804 (8 Floréal an 12), le Premier Consul écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier : "Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire faire une revue extraordinaire pour constater la situation, au 1er germinal, des 10e, 19e, 28e, 45e, 47e, 56e, 58e et 106e de ligne, et des 3e, 12e, 21e et 24e légers. On aura soin de mettre le nombre d'hommes de ces corps présents dans chaque ville où ils se trouvent, les malades aux hôpitaux, les absents et depuis quel temps, ceux inhabiles à porter les armes, le nombre de conscrits qu'ils ont reçus et qu'ils ont à recevoir sur l'an xi et l'an XII. Ces régiments sont les plus faibles de l'armée. Je désire savoir positivement dans quelle situation ils sont, afin de les faire recruter" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7728 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8848).
Le 20 Floréal an 12 (10 mai 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, au Major du 56e Régiment, à Genève : "Je réponds, citoyen major, à votre lettre du 23 du mois dernier.
Votre admission dans la Légion d'honneur m'a fait un sensible plaisir; c'est à la juste satisfaction du gouvernement pour vos services que vous devez l'honneur d'en faire partie. Recevez, je vous prie, mes compliments bien sincères.
La lettre du ministre de la guerre, du 27 du mois dernier, mise à l'ordre de la division le 30 suivant, porte que chaque bataillon des grenadiers de l'armée de réserve doit avoir un état-major composé de : 1 chef de bataillon, 1 adjudant-major, 1 officier payeur, 1 chirurgien-major, 1 adjudant sous-officier, 4 maîtres-ouvriers, 1 colonel par régiment. Chaque compagnie doit être de 100 hommes, non compris les officiers ; ainsi, la force totale de chaque bataillon doit être de 628 hommes et de 629 pour le bataillon auquel le colonel est attaché. En conséquence, je vous préviens que vous recevrez incessamment l'ordre du ministre de la guerre de me fournir 33 hommes, dont 24 grenadiers, pour nous porter au complet. Si le sous-lieutenant Berger, que j'ai demandé au ministre d'affecter au bataillon d'élite, n'a pas encore reçu l'ordre de partir, vous lui donnerez le commandement du detachement. Je pense bien que ce sera encore sur le bataillon qui est à Lyon que vous prendrez ces hommes, n'ayant pu en donner que 17, lors du dernier envoi, sur
vos deux bataillons de Genève.
Veuillez bien, je vous prie, donner l'ordre au commandant Ozilliau de me donner de beaux hommes et de bons sujets. Un bataillon d'élite ne doit pas être composé autrement. Il leur fera couper les cheveux courts avant leur départ de Lyon. C'est l'ordre du général Junot. Je compte sur vous pour tout cela. Du reste, j'ai bien du plaisir à vous répéter que la marche que vous suivez dans vos relations de service avec mes chefs de bataillon me convient infiniment; je m'applaudis tous les jours de vous avoir pour collaborateur.
Dimanche prochain, le ministre arrive à Arras pour passer en revue l'armée de réserve. Après cela, nous allons camper, les uns disent à Saint-Omer, les autres à Grenelle près Paris.
Je vous salue avec beaucoup d'amitié" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 117, lettre 10).
Le 28 mai 1804 (8 prairial an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, 60,000 hommes de la conscription de l'an XII ont été mis à la disposition du Gouvernement. Il n'y a point de temps à perdre pour répartir entre les différents corps ladite conscription.
Les 3e, 5e, 10e, 19e, 36e, 37e, 67e, 56e, 58e, 59e, 70e, 72e, 82e et 86e régiments d'infanterie de ligne, et les 3e, 12e, 21e, 24e, 25e, 26e et 28e d'infanterie légère, me paraissent les régiments les plus faibles et ceux qui auront le plus besoin de monde ..." (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7792; Correspondance générale, t.4, lettre 8915).
Le même 8 Prairial an 12 (28 mai 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, à M. Frölich, marchand fourreur, rue Saint-Denis, à Paris : "Je vous prie, citoyen, au reçu de la présente, de donner vos ordres pour me faire faire un bonnet à poil de la même forme que celui des officiers de grenadiers, mais pourtant un peu plus léger. Je veux avoir une plaque bien dorée, une grenade au milieu, et sans devise; les deux glands doivent être à gros bouillons, comme les épaulettes de colonel. Je voudrais aussi que vous missiez des deux côtés du bonnet une attache en forme d'écailles de poisson, également bien dorée, pour pouvoir les accrocher sous le col lorsque je monte à cheval.
Je vous recommande surtout un poil bien noir et une qualité de peau d'ours qui ne laisse rien à désirer. Le prix ne devra pas dépasser 260 francs. Vous pourrez tirer à vue sur moi, ou, si vous le préférez, je vous ferai passer les fonds par la poste.
Je vous salue" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 118, lettre 11).
Le 26 Prairial an 12 (15 juin 1804), le Grand Chancelier de la Légion d'Honneur écrit, depuis Paris, au Colonel Boutrouë, du 56e Régiment : "L'Empereur, en Grand Conseil, vient de vous nommer, Monsieur, officier de la Légion d'honneur.
Je m'empresse de vous annoncer ce témoignage particulier de la bienveillance de Sa Majesté Impériale et de la reconnaissance de la Nation.
LACEPÈDE" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 197).
Le même 26 Prairial an 12 (15 juin 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, à M. Rottembourg, Major du 56e Régiment, à Genève : "J'ai reçu votre lettre du 8 prairial, mon cher Rottembourg, ainsi que votre rapport sur la situation et les mouvements du régiment. Je vous en remercie.
Vos plaintes sur l'inutilité de vos demandes au ministre sont fort légitimes. Je sens comme vous qu'après avoir épuisé tous les moyens praticables pour réédifier et réorganiser le régiment, il est bien dégoûtant de ne pouvoir rien obtenir. Il ne faut pas pour cela perdre patience; ne vous lassez pas d'écrire, c'est à force de demandes réitérées qu'on vous accordera quelque chose. D'ailleurs, à plus de peine, plus de gloire, dit un proverbe.
On dit ici que nous devons faire partie de la garde impériale, mais ce ne sont que des on-dit. Tout ce que je sais, c'est que rien n'est épargné pour nous rendre brillants; tous les chefs portent des bonnets de grenadiers, les officiers de chasseurs ainsi que les soldats sont en shakos. On disait encore, ces jours-ci, que tous les régiments d'élite devaient avoir des dénominations particulières : régiment de l'empereur, de l'impératrice, du connétable, etc., mais ce sont toujours des on-dit. Cependant, le 1er régiment de grenadiers est parti d'Arras, il y a dix jours, pour aller relever 1,200 hommes de la garde impériale. On pense que sous peu mon régiment le suivra.
Je vous salue, et vous assure de ma sincère amitié" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 119, lettre 12).
Le 27 Prairial an 12 (16 juin 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, à Son Excellence Berthier, MMinistre de la Guerre : "Monseigneur,
Le sous-lieutenant Berger, étant en recrutement à Angoulême lors de la dernière revue de l'inspecteur général Lecourbe, fut oublié dans le nombre de ceux qui avaient droit à des marques d'honneur. Le 20 floréal dernier, j'ai eu l'honneur de vous adresser un état nominatif des officiers, sous-officiers et grenadiers susceptibles, par leurs actions d'éclat, de recevoir ces marques distinctives ; mais cet officier n'y fut pas porté parce qu'il n'appartenait pas alors au bataillon d'élite. Je m'étais contenté de le proposer au choix du gouvernement pour le grade de lieutenant, comme j'ai eu l'honneur de vous le rappeler dans ma lettre du 20 germinal dernier. Comme M. le sous-lieutenant Berger fait maintenant partie du bataillon d'élite, je me fais un devoir de vous signaler plusieurs traits qui honorent son courage :
Pendant la retraite de Bruchsal sur Kehl, le 29 fructidor an IV, sous les ordres du général Scherb, l'ennemi, s'étant retranché au village de Grumbach avec deux pièces de canon, disputait vivement le passage à ma demi-brigade, la 68e. Après une lutte de cinq heures, où l'attaque et la résistance avaient été également opiniâtres, nous avions déjà perdu sans succès plus de 400 hommes. Berger, alors sergent-major, rallie, à la tombée de la nuit et dans la confusion du combat, un peloton des plus braves, presque tous sous-officiers et caporaux ; un officier se présente pour prendre le commandement; mais, pour ne pas perdre la gloire qu'il espérait, Berger s'élance le premier, et, suivi de ses compagnons d'élite, il se rend maitre de la position de l'ennemi et le force d'abandonner la route.
Le 2e jour complémentaire, à la reprise de Kehl par ma demi-brigade, la compagnie dont il était sergent-major fut commandée pour s'emparer de la porte de la Kintzig. A peine engagés sur le pont, les trois officiers, quatre sergents, autant de caporaux et plus de la moitié des soldats sont enlevés par le feu de l'ennemi.
Berger prend le commandement du reste de la compagnie, se précipite à la baïonnette avec tant d'impétuosité que la porte fut enlevée à la première charge. Il fut blessé à la tête d'un coup de
feu.
Le 27 floréal an VII, en Italie, l'armée attaqua l'ennemi entre Tortone et Alexandrie. Le 2e bataillon de la 68e demi-brigade avait reçu l'ordre d'éclairer la route de Novi. En exécution de
cet ordre, le bataillon s'avança jusqu'à Fregaro, mais un parti de Russes s'étant jeté sur ses derrières la retraite devint fort dangereuse; il fallait passer l'Orba ; on avait bien sondé un gué, mais l'apparition de la cavalerie ennemie avait commencé à mettre du désordre dans la troupe et l'approche de la nuit l'augmentait encore. Beaucoup d'hommes avaient déjà péri, victimes de leur précipitation ; un grand nombre, effrayés des cris de ceux qui se noyaient, avaient pris la fuite en remontant la rivière pour se soustraire à une mort qu'ils considéraient comme certaine. Berger s'élance à leur poursuite, les devance et les arrête; leur rappelant leur courage, il ne leur demande que de l'ordre et de la tranquillité pour conserver leur vie et leur honneur. Il réussit à les ramener, les range en bataille; à leur tour ils en imposent à l'ennemi et secondent efficacement les dispositions prises par le chef dA bataillon pour le passage de la rivière. Par sa fermeté, par sa prudence et surtout par la confiance qu'il sut inspirer à ses camarades, le sergent-major Berger eut une grande part dans les résultats de cette journée où le bataillon put échapper à un ennemi très supérieur en nombre et qui manoeuvrait pour l'envelopper, alors que le général Victor le croyait infailliblement perdu. Cette honorable action d'éclat lui valut le grade de sous-lieutenant.
Je crois devoir signaler au gouvernement, qui veut répandre ses bienfaits sur des sujets dignes de récompense, cet officier qui donna toujours l'exemple de l'intrépidité et de l'élan qui mènent à la victoire. Je demande pour lui un brevet d'honneur.
J'ai l'honneur de vous saluer, Monseigneur le Maréchal, avec le plus profond respect" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 120, lettre 13).
Le 5 juillet 1804 (16 Messidor an 12), Alexandre Boutrouë, Colonel du 56e Régiment d'infanterie de ligne, écrit, depuis Arras, à son frère : "Je t'apprends avec plaisir, mon bon ami, que l'Empereur vient de me nommer officier de la Légion d'honneur. Comme le travail de cette légion n'est pas encore terminé, j'ignore de quelle cohorte je ferai partie. Cette nouvelle dignité me donne 1,000 francs de plus par an. Avec mes appointements, j'aurai 7,800 francs chaque année, sans compter 600 francs de logement et les fourrages pour trois chevaux. Tu vois que tous les jours; nous recevons de nouveaux bienfaits de notre Empereur.
Nous sommes toujours ici et nous ne savons pas quand nous en sortirons, à moins que ce ne soit pour le couronnement; s'il se fait le 15 août, nous pourrions fort bien nous remuer pour aller y assister.
J'ai dîné hier avec M. Jouvencel, chef d'escadron de gendarmerie, que tu as vu souvent chez feu notre père. Il réside ordinairement à Lille; l'an dernier, il était dans le département de la Creuse, et j'avais eu le plaisir de dîner avec lui chez le général, à mon passage à Guéret, en allant à Bourg-en-Bresse.
Il y a un siècle que je n'ai reçu de tes nouvelles. Je commence à être inquiet de ta santé. Si ce n'est que la paresse qui t'a empêché de m'écrire, je te le pardonne bien volontiers, car je suis aussi un peu attaqué de cette maladie là. Depuis le jour de la réception de ta dernière lettre, j'ai vingt fois pris la plume pour t'écrire et toujours j'en ai été empêché, tantôt par une chose,
tantôt par une autre.
Ma femme et ma petite famille sont toujours à Tonnerre, en bonne santé.
Si j'avais Je bonheur d'aller à Paris pour le couronnement, je ferais un saut jusqu'à Gréez, pour me payer quarante-huit heures de bon temps avec toi.
Adieu, je suis ton meilleur ami" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, lettre 59).
Le même 16 Messidor an 12 (5 juillet 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, à Son Excellence le Grand Chancelier de la Légion d'Honneur : "Monseigneur,
J'ai l'honneur de vous accuser réception de ma nomination d'officier de la Légion d'honneur, qui ne m'est parvenue qu'aujourd'hui, parce qu'elle m'avait été adressée à Genève où se trouve mon régiment.
Comme je suis assuré que c'est par votre intermédiaire que j'ai obtenu ce nouveau témoignage de la bienveillance de Sa Majesté impériale, je vous prie de vouloir bien agréer mes sincères remerciements et de croire à mes sentiments de reconnaissance avec lesquels je suis respectueusement, Monseigneur, de Votre Excellence, etc." (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 122, lettre 14).
Le 21 Messidor an 12 (10 juillet 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, au Général Macon, commandant la 1re Brigade des Grenadiers de la réserre : "Général, depuis quelque temps je m'aperçois qu'il y a dans le 3e bataillon un plus grand nombre de malades que dans le 4e. J'ai voulu m'assurer par moi-même quelle en était la véritable cause; j'ai fait de fréquentes visites avec mes chirurgiens dans le quartier occupé par ce bataillon; j'ai constaté qu'il y régnait la plus grande propreté et que mes grenadiers étaient très bien nourris. C'est donc à l'air raréfié et concentré des chambres qu'il faut attribuer la cause de ces maladies. D'ailleurs, le rapport ci-dessous de mes chirurgiens vous convaincra de la vérité de ce que j'avance; il mérite toute votre attention.
"Les officiers de santé du 2e régiment de grenadiers au colonel :
"A la suite de la visite de salubrité que nous venons de faire dans les chambres du quartier occupées par les grenadiers du 3e bataillon, nous avons spécialement observé que la cause des maladies qui s'y déclarent fréquemment est le peu de liberté que l'air éprouve; il se trouve raréfié et concentré par le défaut de courants convenables. Nous vous prions donc de solliciter l'ouverture des croisées masquées et situées sur le derrière, afin de pouvoir à volonté établir des ventilateurs propres à changer et à renouveler l'air".
Je vous prie, mon général, de demander au général Junot l'ordre de faire ouvrir les croisées qui donnent sur le derrière du quartier. Je compte sur votre sollicitude paternelle pour l'obtenir.
Salut et respect" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 123, lettre 15).
Le 22 Messidor an 12 (11 juillet 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, au Major du 56e Régiment d'Infanterie, à Genève : "J'ai reçu vos deux lettres, mon cher Rottembourg, ainsi que la lettre du capitaine Bouchon, votre rapport de prairial et ma nomination d'officier de la Légion d'honneur.
Je reçois avec d'autant plus de plaisir votre compliment sur ma nouvelle dignité que je le crois bien sincère. Aussi je vous en remercie.
C'est par oubli que je ne vous ai pas parlé du dernier détachement que vous m'avez envoyé. J'en suis très content; l'espèce des hommes en est belle et ils ont bon esprit.
Ce que vous me dites de la bonne harmonie qui règne dans le corps, ainsi que de sa discipline et de sa tenue, me fait plaisir. C'est à votre travail et à votre constance que je dois cet excellent esprit de corps qui fait le bonheur des chefs et des subordonnés.
Continuez de servir comme vous le faites, vous gagnerez de plus en plus la confiance du gouvernement et plus particulièrement l'estime d'un chef qui s'applaudit tous les jours de vous
avoir pour major.
Le capitaine Bouchon, dont vous me parlez, est, sous tous les rapports, un homme de mérite ; s'il venait à vaquer une place de capitaine et qu'elle fût au choix du gouvernement, vous pourriez en faire la demande pour lui au ministre, à moins que quelque capitaine ne voulût changer avec lui; en ce cas, vous pourriez solliciter une lettre de passe pour le faire rentrer au régiment, mais je pense bien qu'il sera très difficile de trouver un homme de bonne volonté pour faire un pareil échange. Nous attendons de jour en jour notre Empereur. Il doit aller à Boulogne; on ignore si c'est en allant ou en revenant qu'il viendra nous voir.
Je vous salue avec la plus grande amitié" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 124, lettre 16).
Le 22 Thermidor an 12 (11 août 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, au Général Junot, commandant les Grenadiers : "Mon général,
J'ai l'honneur de vous exposer que le nommé Ruot, sergent à la 5e compagnie du 3e bataillon, a acquis par son héroïsme et sa valeur des droits à la reconnaissance nationale. Notamment en
l'an VIII.
A la tête d'un détachement de 85 hommes, le 25 messidor, il attaqua l'ennemi dans la ville de Javan (Piémont) et l'obligea, par un feu continuel et bien dirigé, de lui céder cette place qui, quelques jours auparavant, avait résisté à un détachement de 300 hommes. Entré en ville, il apporta tous ses soins à arrêter l'effusion du sang et à obvier à tous les désordres trop communs en pareil cas. Sa conduite lui valut les éloges du commandant de la colonne.
Au col de la Rousse, Ruot montra une intelligence égale à sa valeur en tournant l'ennemi et en le débusquant de cette position qui était de la première importance.
Ces faits, mon général, étant à la connaissance de plusieurs officiers du corps et à la mienne en particulier, je vous prie de prendre ce militaire en considération, vous observant qu'il a été omis sur les tableaux antérieurs parce qu'il était en recrutement.
Je vous salue respectueusement" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 125, lettre 17).
Le 16 août 1804, il assiste à la remise de décorations de la Légion d’Honneur au Camp de Boulogne.
Le 1er septembre, la Division des Grenadiers a été passée en revue par l’Empereur à sa grande satisfaction sur sa belle tenue.
Le 20 Fructidor an 12 (7 septembre 1804), le Ministre de la Guerre, le Maréchal Berthier, écrit, depuis Paris, au Colonel Boutrouë, du 56e Régiment : "Je vous préviens, Monsieur, que l'intention de l'Empereur est que vous retourniez à votre régiment pour veiller par vous-méme
à sa réorganisation.
Vous voudrez bien, en conséquence, vous rendre de suite, à cet effet, à Genève et m'informer de votre arrivée dans cette place.
Je préviens de cette disposition le général Junot, commandant la division de grenadiers de la réserve et le général commandant la 7e division militaire.
Je vous salue avec considération" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 198).
Le 20 Fructidor an 12 (7 septembre 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, à M. Rottembourg, Major du 56e, à Genève : "Je suis arrivé de Boulogne, mon cher Rottembourg, le 1er de ce mois. Je ne vous ferai point la description de cette fête, parce que les journaux ont dû déjà vous en instruire. Je vous dirai seulement que j'ai reçu des mains de l'Empereur la décoration d'honneur et que j'ai dîné à sa table; le banquet était magnifique. Toute l'armée est enthousiasmée et brûle d'ardeur de passer la mer pour combattre les Anglais. Le 11 Sa Majesté est arrivée ici. Le lendemain, la division de grenadiers a manoeuvré devant elie pendant trois heures. Sa Majesté a été très satisfaite de l'instruction et de la belle tenue des troupes. Le soir, tous les colonels ont eu l'honneur de dîner avec l'Empereur. Il nous a fait tour à tour des questions sur nos régiments ; heureusement que votre dernier rapport m'a mis à même de lui répondre d'une manière bien précise.
Je me suis plaint du peu de conscrits qu'on nous avait donnés en l'an XII et de ce que je me voyais avec peine dans l'impossibilité de porter mon régiment au complet.
Il m'a promis 900 hommes sur la conscription de l'an XIII. Avec ce nombre, nous pourrons un peu figurer. Je lui ai demandé un autre département, attendu que celui de la Vendée ne nous donnait aucun homme de taille; il me l'a promis. Ce ne sont pas des promesses en l'air, car il a pris note lui-même de tout cela sur son porte-feuille. Je lui ai aussi demandé de nouveaux drapeaux, mais il m'a répondu que le 18 brumaire toute l'armée en recevrait de nouveaux ; ils seront surmontés d'un aigle et seront moins grands que les anciens.
Le général Caffarelli, qui est avec l'Empereur, m'a beaucoup parlé de vous. J'ai vu avec plaisir qu'il vous rendait la justice que vous méritez, et moi, par contre, je lui ai dit beaucoup de mal de vous.
J'ai fait droit à votre demande relative à la souscription à proposer aux officiers du bataillon d'élite et dont le produit doit être employé à l'achat d'un trousseau pour l'enfant adoptif de notre camarade Morel, le jeune Colinet, qui vient d'être nommé élève du Prytanée de La Flèche. J'ai convoqué à cet effet tous les officiers du bataillon; nous avons réuni une somme de 110 francs, que j'ai remise entre les mains du quartier-maître. Il portera cette somme à l'actif de vos comptes; c'est le meilleur moyen d'éviter les frais de port. J'aurais bien désiré que la somme fût plus forte, mais les officiers ont été obligés de faire des dépenses considérables pour la revue de l'Empereur, et ils n'ont pu faire ce qu'ils auraient désiré.
Je vous salue et vous assure de mon amitié.
P. S. - Je vous préviens que je reçois à l'instant l'ordre de me rendre à Genève pour veiller par moi-même à la réorganisation du régiment. Auriez-vous déjà reçu des ordres à cet égard. Je compte partir dans quelques jours; comme j'espère voir le ministre à mon passage à Paris, il pourra me mettre au fait de tout cela" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 126, lettre 18).
En Septembre donc, Boutroue est rappelé à la tête de son Régiment pour le réorganiser. Le Chef de Bataillon Hersan reste commander le Bataillon d’Elite.
Le 24 Fructidor an 12 (12 septembre 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Arras, à M. Dugaye, commandant le 4e bataillon : "J'ai reçu, mon cher Dugaye, l'ordre du Ministre de la guene de me rendre à Genève rejoindre mon régiment. J'éprouve beaucoup de peine à quitter mes grenadiers et je vous dirai, avec la franchise qui me caractérise, combien pendant huit mois j'ai eu de plaisir à commander un corps dont la discipline et le bon esprit ne laissaient rien à désirer. C'est une justice que je me plais à vous rendre ainsi qu'à messieurs vos officiers. Ce souvenir me sera toujours agréable.
Veuillez bien, je vous prie, leur témoigner mes regrets ainsi que mon sincère attachement" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 127, lettre 19).
Le 2 octobre 1804 (10 Vendémiaire an 13), Alexandre Boutrouë, Colonel du 56e Régiment d'infanterie de ligne, écrit, depuis Genève, à son frère : "Mon départ précipité d'Arras, mon cher ami, m'a empéché de t'écrire, avant de me mettre en route, que j'avais reçu l'ordre de me rendre à Genève pour être présent et veiller moi-même à la réorganisation de mon régiment. J'ignore en quoi consistera exactement cette réorganisation qui doit avoir lieu le 18 du courant.
J'ai la satisfaction de t'annoncer que j'ai reçu aussi l'ordre de me rendre à Paris pour le couronnement de l'Empereur. Nous pouvons donc espérer nous voir à ce moment, soit que tu viennes faire un tour dans la capitale pour cette imposante cérémonie, soit que j'aille moi-même à Gréez, si je puis disposer de quelques jours de liberté.
Je me suis arrêté six jours à Tonnerre, en me rendant ici. J'ai trouvé toute ma famille au lit, malade d'une fièvre dite pernicieuse qui règne depuis trois mois dans cette ville. Le médecin qui soigne ma femme m'a assuré qu'il n'y avait rien d'inquiétant ni pour elle, ni pour mes enfants; néanmoins on a été obligé de sevrer Martial, parce que la mère avait perdu son lait dans un accès de fièvre.
Si tu te décides à venir à Paris au moment du couronnement, tu me trouveras chez le cousin Petit, où je compte descendre.
Adieu, mon ami, je vous embrasse tous" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, lettre 60).
Le 15 Vendémiaire an 13 (7 octobre 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Genève, à M. Hersan, commandant le Bataillon d'élite, à Arras : "Je n'ai pas encore eu le temps de rien voir de votre comptabilité, mon cher Hersan, mais j'espère m'en occuper après la revue du 18 courant. Le général Herbin est spécialement chargé de reviser votre ancienne comptabilité (56e demi-brigade), et cela est en partie cause de mon départ d'Arras pour le régiment. Je ne crois pas à une réduction de bataillons comme on le pense ici.
Les détachements de Briançon, Lyon et Genève doivent se trouver le 24 à Mâcon et continuer leur route jusqu'à Paris, où ils doivent être rendus le 12 brumaire pour le couronnement; ce même jour, ils doivent aussi se réunir à la députation d'élite de votre bataillon, et le tout sera commandé par moi.
Vous savez sans doute que nous portons nos quatre drapeaux et qu'ils doivent être échangés pour quatre autres neufs le jour du couronnement.
Je vous salue sincèrement" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 128, lettre 20).
Le 20 Brumaire an 13 (11 novembre 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Paris, à M. Hersan, Chef du Bataillon d'élite : "Monsieur, aussitôt ma rentrée au régiment, j'ai cru de mon devoir de m'éclairer sur les différends qui existent depuis trop longtemps entre vous et le conseil général du corps, relativement au partage qui eût dû être fait, lors de votre départ, du magasin et de la masse générale.
Je me suis occupé sérieusement de cette affaire, à la demande du conseil général, et je lui ai communiqué votre lettre du 25 fructidor dernier.
J'ai apporté toute l'impartialité possible dans l'examen de vos prétentions respectives, mais laissez-moi vous répéter ici ce que j'ai déjà dit aux membres du conseil général : j'ai constaté de part et d'autre, dans toute cette affaire, beaucoup trop de vivacité et d'exaltation dans l'attaque comme aussi une résistance trop opiniâtre dans la défense. Ces sentiments, sous la forme exagérée où ils se sont produits, écartent la confiance que de braves camarades se doivent réciproquement et altèrent l'amitié qu'ils doivent entretenir pour le bon esprit du corps. Vous avez cru, les uns et les autres, mettre vos droits à l'abri en invoquant l'autorité ministérielle. Comme colonel et comme arbitre, je ne puis ni ne dois approuver ces sortes de procédés. La paix, l'amitié et la confiance entre tous les membres d'un corps sont non seulement désirables, mais absolument nécessaires, et le premier droit comme le premier devoir d'un colonel est d'y prétendre. Tel est mon principe.
Je tenais, Monsieur, à vous prévenir que votre réclamation avait été examinée par moi avec toute la bienveillance compatible avec mes devoirs. Vous recevrez sous peu satisfaction.
Je vous salue sincèrement" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 128, lettre 21).
Le 20 Brumaire an 13 (11 novembre 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Paris, à Son Excellence le Ministre de la Guerre : "Monsieur le Maréchal,
Par nos lettres du 1er floréal et du 28 prairial derniers, le major de mon régiment et moi nous vous avons représenté différents vices qui existent dans la loi sur la conscription et dont le principal est l'abus que l'on fait de la faculté du remplacement.
Nous ne connaissions, en général, ces vices que par l'espèce même des hommes que le corps recevait, et c'est en vain que je m'en suis plaint, à plusieurs reprises, aux capitaines de recrutement. Mais la revue de lïnspecteur général que nous venons de passer et pour laquelle je me suis rendu, d'après vos ordres, d'Arras à Genève, d'où je reviens, nous a parfaitement éclairés sur la cause de nos plaintes et sur leur auteur. Je vais exécuter l'ordre que j'ai reçu de vous en rendre compte.
Le contingent fourni cette année par le département de la Vendée présente une très grande quantité d'hommes faibles et de petite taille ; la plupart sont visiblement infirmes ou d'une stature trop courte et sont ou d'autres départements, ou réformés d'autres corps. Beaucoup de cette classe ont déclaré avoir été enrôlés par le capitaine Tannière et ne pas connaître les conscrits pour lesquels ils servent; cependant tous ont été signalés par le capitaine Tannière comme domiciliés dans le département de la Vendée, tandis qu'ils n'en sont réellement pas. Il résulte de toutes ces infractions aux lois et règlements une réforme de 122 hommes, dont une bonne partie de la Vendée, réforme aussi onéreuse pour l'Empire que pour le régiment, soit en hommes, soit en finances.
Je viens supplier Votre Excellence, monseigneur le Maréchal, de vouloir bien, ainsi que Sa Majesté l'Empereur a bien voulu me le promettre personnellement lors de son passage à Arras, m'accorder un autre département que celui de la Vendée pour le recrutement de l'an XIII.
Salut et respect" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 129, lettre 22).
Le même 20 Brumaire an 13 (11 novembre 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Paris, à Son Excellence Monseigneur le Maréchal, Ministre de la Guerre : "Monseigneur,
J'ai l'honneur de vous soumettre quelques observations sur la composition et la situation actuelle du régiment que je commande. Je vous prie de vouloir bien les prendre en considération.
Composition.
Ce corps ne présente, en général, qu'une très légère proportion d'anciens sous-officiers, caporaux et soldats qui aient fait la guerre. En voici les raisons : le régiment est formé des 56e et 68e demi-brigades; toutes deux ont fait toutes les campagnes sur le Rhin et celles d'Italie, notamment depuis l'an VI jusqu'à la paix. Rentrée en France, la première était tellement réduite en hommes qu'elle a été formée à deux bataillons, sur lesquels elle a fourni, en l'an X, environ le complet d'un bataillon pour les colonies.
La 68e a été également réduite par les événements de guerre. A peine ses deux bataillons avaient-ils rejoint le 3e à l'armée de l'Ouest qu'elle reçut l'ordre de compléter le bataillon dit bataillon de garnison, et de le faire partir pour l'Amérique. lndépendamment de ce bataillon, elle a aussi embarqué des détachements sur divers vaisseaux, en sorte qu'elle ne comportait plus pour ainsi dire que son cadre. A la vérité, ces ci-devant corps avaient un espoir dans la conscription, mais le premier, se recrutant dans la Vendée, n'a presque rien obtenu, et les hommes que la 68e a recueillis dans la Charente ont à peine compensé le nombre de désertés, réformés et morts. C'est ainsi qu'à l'organisation dudit régiment (le 7 brumaire an XII), son effectif s'est
trouvé composé de :
Sous-officiers, caporaux et soldats .... 1494
Gains depuis cette époque .... 783
TOTAL .... 2277
Pertes
Désertés .... 101
Rayés des contrôles .... 80
Bataillon d'élite .... 615
Total 796
L'effectif réel à ce jour n'est donc que de 14481, dont 60 à proposer pour la réforme, plus 27 enfants de troupe.
Aussi, Sa Majesté Impériale, instruite de ce fait, a-t-elle eu la bonté de donner sa parole au colonel de faire fournir à ce régiment 900 hommes de la conscription de l'an XIII.
Il est bon d'ajouter que les diverses autorités militaires, connaissant la faiblesse du corps et pressentant la nécessité de lui donner une consistance plus nombreuse, ont dirigé sur lui tous les hommes détenus qui étaient à leur disposition ; mais cette mesure n'a pas du tout rempli leur but, attendu que ces mêmes hommes ont de suite déserté soit en route, soit à peine arrivés au corps ; la preuve en est que, depuis la formation du corps, il y a eu 90 jugements pour crime de désertion.
Situation.
L'emplaûement du régiment et sa dissémination tant à Genève que dans le Valais et à Briançon, toutes places frontières de la Suisse et du Piémont, lui sont très préjudiciables.
La désertion, notamment à Genève, est journalière; elle est provoquée et facilitée par beaucoup de personnes des environs. Ce fait est prouvé par l'arrestation toute récente d'un embaucheur, par une infinité de renseignements que j'ai recueillis à cet égard, et enfin par le grand nombre d'hommes condamnés.
D'un autre côté, le régiment, qui ne comprend que des recrues, étant toujours divisé et ses fractions éloignées les unes des autres, il est impossible d'y établir cet esprit de corps et cet ensemble qui sont si nécessaires pour le bien général.
Pour parvenir à ce point essentiel, il n'y a pas d'autre moyen que de réunir le régiment, tant que la paix durera, dans une place de l'intérieur, soit en Lorraine, soit en Alsace. C'est là que, par une discipline modérée mais suivie, on pourra réussir à reconstituer un corps qui, depuis six ans, ne cesse d'être décomposé et épuisé.
Son Excellence le Ministre de la guerre est suppliée de prendre en considération les observations ci-dessus et d'y faire droit.
Salut et respect" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 130, lettre 23).
Le 21 Brumaire an 13 (12 novembre 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Paris, à Hersan, commandant le bataillon d'élite, à Arras : "Je reçois à l'instant, Monsieur, votre lettre du 8 courant, et j'y réponds.
La musique demandée par le ministre pour le bataillon d'élite est partie de Genève le lendemain de mon arrivée dans cette ville. Vous devez bien penser que les officiers, qui l'ont constamment payée (et cela sans le concours de votre bataillon), n'ont pas été satisfaits de s'en priver pour vous; ils ont suivi à la lettre les ordres du ministre, qui n'en demandait qu'une portion.
Vous devez vous rappeler que quand je commandais le régiment de grenadiers à Arras, vous avez cru devoir dispenser, sans me consulter, les officiers de votre bataillon d'une retenue qui, jusqu'alors, avait toujours eu lieu, et que même vous leur fîtes rendre un ou deux mois qui étaient en réserve chez le quartier-maître. Procédé se rend par procédé, et si vous avez un reproche à faire, adressez-vous-le à vous-même, car, soit dit entre nous, les officiers du bataillon d'élite, qui avaient touché une gratification et qui recevaient les vivres de campagne, avaient moins de raisons à se refuser à payer la musique du régiment que les officiers des bataillons de Lyon et de Briançon et du détachement du Valais, qui tous en sont privés depuis longtemps, et qui la payent régulièrement comme leurs camarades de Genève, qui seuls en profitent.
Je vous salue sincèrement" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 132, lettre 24).
Le 12 Novembre 1804, la Musique du Régiment est donc envoyée au Bataillon d’élite, au grand dam du Régiment dont les Officiers ont payé jusqu’à présent son entretien.
Le 22 Brumaire an 13 (13 novembre 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Paris, au Major du Régiment, à Genève : "Je suis arrivé à Paris le 8 du courant au soir, mon cher Rottemhourg, et j'en suis reparti le 10 au matin, pour me rendre à Melun, où j'ai inspecté le détachement formant la députation de nos quatre bataillons pour le couronnement; comme la cérémonie a été fixée au 13 frimaire, la députation d'Arras ne viendra que pour cette époque.
La ville de Melun ne m'offrait pas beaucoup d'amusements, aussi je me suis décidé à revenir attendre ici le jour où l'auguste cérémonie doit avoir lieu.
J'ai reçu toutes vos lettres. Vous avez parfaitement rempli mes instructions. J'ai eu depuis à répondre à une lettre du commandant Hersan, dans laquelle il se plaignait amèrement de ce qu'on ne lui eüt pas envoyé de Genève la crème de nos musiciens. Je ne lui ai pas laissé ignorer le mécontentement qu'a éprouvé le régiment quand on a su qu'il se refusait à payer la musique, etc.
J'ai revu ici le général Caffarelli, nous avons parlé de vous; j'ai vu aussi le colonel Mouton, qui m'a chargé de voüs dire mille choses honnêtes.
Je vous salue amicalement" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 133, lettre 25).
Le 20 novembre 1804 (29 Brumaire an 13), Alexandre Boutrouë, Colonel du 56e Régiment d'infanterie de ligne, écrit, depuis Paris, à son frère : "J'ai reçu ta lettre, mon cher ami, il y a quelques jours. Je suis bien fàché que ton indisposition t'empêche de venir ici pour le couronnement. Il doit avoir lieu le 11 du mois prochain. Dès que cette fête sera terminée, je ferai mon possible pour aller te voir.
J'ai été faire des visites aux princes Louis et Joseph, au gouverneur de Paris, aux ex-consuls Lebrun et Cambacérès, au chef de l'état-major Berthier, frère du ministre et au grand chancelier.
Samedi dernier, j'ai été dîner chez le prince Louis; le lendemain, j'ai été présenté à S. M. l'Empereur. Je devais prêter le serment de fidélité entre ses mains, mais une indisposition du prince Louis, qui devait me présenter, a fait remettre cette cérémonie. Je dois aller à Saint-Cloud cette semaine à cet effet.
Jeudi prochain, je dois dîner chez le ministre de la guerre. Tu vois, mon ami, que je suis répandu dans le grand monde. Dimanche, tous les colonels donnent une superbe fête aux premières autorités militaires. J'ignore encore si je retournerai à mon régiment de grenadiers à Arras; mais, comme il n'est plus question d'embarquement, il est plus probable qu'on me renverra à Genève.
Adieu, mon cher ami, je souhaite vivement que ta santé se rétablisse et que tu jouisses d'une parfaite santé quand j'irai te voir" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, lettre 61).
Le 12 décembre 1804 (21 Frimaire an 13), Alexandre Boutrouë, Colonel du 56e Régiment d'infanterie de ligne, écrit, depuis Paris, à son frère : "Je pars d'ici, mon cher ami, samedi 24, à cinq heures du matin, pour me rendre à La Ferté-Bernard. J'ai obtenu, à grand'peine, une place dans le cabriolet, mais le plaisir d'aller te voir m'aurait fait accepter une place sur l'impériale. Je compte donc être à Gréez le dimanche, si tu peux m'envoyer ton cheval à La Ferté. Je n'emporte avec moi qu'un petit portemanteau, pour éviter tout embarras.
J'ai dîné hier chez le cousin Petit-Tapin ; j'y ai vu le jeune Deslandes. ll est ici pour faire son droit, c'est un assez joli garçon. Nous avons profité dans la journée d'un temps sec et ensoleillé pour aller nous promener au bois de Boulogne et à Bagatelle. C'est un endroit charmant qui doit l'être encore bien davantage dans la belle saison.
Tu ne peux pas te faire une idée de ce qu'est Paris en ce moment; le luxe reparaît comme par enchantement, les voitures se multiplient. On sent une ère nouvelle. Les agioteurs et les fripons de l'ancien régime conmencent à rentrer dans l'ombre. Personne ne jalouse les parvenus d'aujourd'hui parce qu'on les sent de bon aloi. Le règne de l'immoralité est fini.
J'ai vu aussi Maison-Guillard ainsi que son frère le poète. Le premier est venu pour le couronnement; tu sais sans doute qu'il est procureur impérial à Chartres. J'ai rencontré également un nommé Huchedé; il est négociant ici, il fait des affaires avec les régiments. Il est venu me faire ses offres de service pour l'habillement de mon régiment.
En l'an XIV toute l'infanterie de ligne aura l'habit blanc; mon régiment aura les revers et les parements cramoisis.
Adieu, mon ami, à bientôt et de tout coeur" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, lettre 62).
En décembre, le Régiment part à Paris récupérer deux Aigles. Deux autres viendront après.
Le 23 Frimaire an 13 (14 décembre 1804), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Paris, au Major du Régiment, à Genève : "Le rapport que vous m'envoyez, mon cher Rottembourg, de votre petite fête à l'occasion du couronnement m'a causé un vrai plaisir. Je n'avais pas besoin, du reste, de cette nouvelle preuve pour être convaincu du bon esprit qÙi règne dans le corps et de son attachement au souverain. Permettez-moi de vous témoigner toute ma satisfaction.
Je me rendrai à Tonnerre, auprès de mon épouse, vers le 7 nivôse. Si, jusqu'à cette époque, vous receviez des lettres du ministre et du grand chancelier à mon adresse, vous pourrez les ouvrir, et me donner connaissance de leur contenu, si c'est pressé; autrement, vous pourrez attendre mon retour à Genève.
Le détachement formant la députation du régiment est reparti avant-hier. Il emporte avec lui deux aigles, une pour le 1er bataillon et l'autre pour le 2e. Le ministre nous enverra les deux autres dès qu'elles seront achevées.
Salut et amitié" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 134, lettre 26).
Le 26 décembre 1804 (5 Nivôse an 13), Alexandre Boutrouë, Colonel du 56e Régiment d'infanterie de ligne, écrit, depuis Paris, à son frère : "Un mot seulement, mon cher ami, pour te dire que je suis arrivé à Paris en bonne santé. J'en repars vendredi matin pour me rendre à Tonnerre auprès de ma femme. Je serai à mon régiment vers le 20 courant. Tu peux donc m'écrire à Genève à partir de cette époque. Quand nous reverrons-nous maintenant ! Gardons, en attendant, le souvenir des bons moments que nous avons passés ensemble.
Ton frère et ton meilleur ami" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, lettre 63).
/ 1805
Le 24 Nivôse an 13 (14 janvier 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Genève, au Commandant Hersan, à Arras : "Je suis arrivé à Genève, monsieur, le 22 du courant. J'y ai trouvé vos deux dernières lettres. Vous vous êtes permis de décacheter un paquet à mon adresse, j'en suis fâché; vous voudrez bien dorénavant ne pas en agir ainsi.
Je suis prévenu que vous avez écrit au grand chancelier, en vous plaignant beaucoup de ce que j'avais sans doute oublié de porter un de vos officiers, M. Artus, sur l'état des légionnaires. Votre devoir était, avant que de faire cette démarche, de m'en donner avis; je vous aurais fait savoir, ce que vous ignorez peut-être, que, sans avoir égard aux états fournis par les conseils d'administration, tous les colonels avaient été appelés à la grande chancellerie pour désigner cenx d'entre les officiers, sous-officiers et soldats proposés qui doivent passer les premiers. Quant à M. Artus, si je ne l'ai pas porté sur le premier état, c'est que des raisons, dont je ne dois compte à personne, m'ont déterminé à lui donner un autre rang.
Croyez-moi, monsieur, ce n'est pas en agissant ainsi en arrière, en ayant une manière d'être en opposition complète avec ses paroles et ses écrits que l'on gagne la confiance de son chef, et encore moins en paraphrasant et en tournant en ridicule, et ce dans un café devant des inférieurs, lui et les lettres qu'il vous écrit. J'aime la franchise et la bonne foi; tout autre langage ou manière d'agir ne me conviennent point.
J'aime à croire que, par la suite, vous vous conduirez vis-à-vis de moi avec plus de décence, et que vous m'éviterez le désagrément d'adresser des reproches aussi sérieux à un chef que, jusqu'alors, j'avais toujours estimé.
J'espère obtenir encore des légionnaires pour le régiment ; j'ai laissé à la grande chancellerie des états supplémentaires. Vous êtes maintenant prévenu que les demandes que vous pourriez faire isolément et sans mon aveu ne seraient pas accueillies. Les colonels ont seuls le droit d'en présenter. D'ailleurs, je ne veux rien ignorer.
Je vous salue sincèrement" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 135, lettre 27).
Le 22 janvier 1805, le Régiment doit quitter les Grenadiers de la Réserve et doit se rendre à Turin avec tous ses Bataillons
Napoléon écrit, depuis Paris, le 22 janvier 1805, au Maréchal Berthier : "J’ai ordonné à mon ministre de la guerre à Milan de faire armer les places de Legnago, Peschiera et Mantoue, cette dernière seulement pour la mettre à l’abri d’un coup de main.
J’ai ordonné qu’il fit confectionner un million de biscuits pou mettre dans ces trois places, et, indépendamment de cet approvisionnement, d’approvisionner Legnago et Peschiera pour 2,000 hommes pour deux mois ...
Donnez ordre au 56e de ligne de se rendre à Turin, ainsi qu’à son bataillon d’élite; vous recommanderez au général commandant la 27e division militaire de le réunir à Turin, et de veiller à sa formation et à sa réorganisation.
Ordonner à une compagnie de 100 hommes du 81e, qui est à Besançon, de se rendre dans le Valais pour y relever les postes du 56e".
Le 25 janvier 1805, le Régiment a deux Bataillons à Genève, un à Lyon, un à Briançon, le Bataillon d’Elite à Arras et 2 Compagnies dans le Valais.
Le même jour, 5 Pluviôse an 13 (25 janvier 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Genève, au Général Duperch, commandant le département du Léman : "J'ai l'honneur, mon Général, de vous adresser une plainte en conseil de guerre contre le fusilier Vanivanoise, Piémontais, avec un certificat d'un officier de santé qui atteste la gravité de la blessure reçue par le nommé Knap, cité dans la plainte.
Je vous fais observer qu'ayant beaucoup de Piémontais dans mon régiment, il est nécessaire de faire un exemple sévère. Vous savez comme moi qu'ils se servent volontiers de leur baïonnette ou de leur couteau quand ils en veulent à quelqu'un, même pour un motif futile. En conséquence, je vous prie d'envoyer cette plainte au général de division, pour que ledit Vanivanoise soit jugé par un conseil de guerre.
J 'ai l'honneur de vous saluer avec respect" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 136, lettre 28).
Le 6 Pluviôse an 13 (26 janvier 1805), le Ministre de la Guerre, le Maréchal Berthier, écrit, depuis Paris, au Colonel Boutrouë : "Le Conseil d'administration du bataillon d'élite du régiment que vous commandez, Monsieur, m'annonce qu'il est impossible aux officiers de ce bataillon de subvenir à l'entretien des quatorze musiciens que vous lui avez envoyés.
Non seulement ce nombre me parait trop considérable pour la force de ce bataillon, mais, si je juge par l'envoi de ces musiciens du nombre de ceux qui doivent exister au corps, j'aurai à vous reprocher de jeter les officiers dans des dépenses onéreuses qui peuvent les mettre hors d'état de remplir des besoins plus pressants. D'ailleurs, les frais de musique d'un corps, quelque part où elle soit, divisée ou réunie, doivent être supportés par tous les officiers du corps indistinctement et en proportion de leurs facultés.
Vous voudrez bien, de concert avec le Conseil d'administration, prendre des mesures en conséquence et répartir cette dépense de manière à ce qu'en payant aux musiciens du bataillon d'élite ce qui leur est dû, la retenue à faire sur tous les officiers n'excède pas une journée de solde par mois; si, pour y parvenir, il est nécessaire de faire des réductions, vous les opérerez, car il faut, avant tout, que les officiers n'éprouvent pas de plus forte retenue sur leur traitement pour cet objet, et vous me rendrez compte de ce que vous aurez fait à cet égard.
Je vous salue avec considération" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 203).
Le 11 Pluviôse an 13 (31 janvier 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Genève, à M. Hersan, commandant le Bataillon d'élite : "Je vous préviens, Monsieur, que le 15 du courant, les deux bataillons qui sont ici partent pour Turin et que les bataillons qui sont à Lyon et à Briançon doivent avoir reçu le même ordre. Je pense que vous recevrez aussi sous peu l'ordre de quitter Arras pour vous rendre à la même destination avec votre bataillon. Je vais donc voir tout mon corps réuni. J'en suis d'autant plus heureux que depuis trois mois je sollicite du Ministre cette réunion, qui est très nécessaire pour le bien de tout le régiment.
Je vous salue, etc" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 136, lettre 29).
Pendant les mois de février et de mars, le Colonel Boutrouë commande la place de Turin.
Le 17 février 1805 (28 Pluviôse an 13), l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier : "... Je désire connaître le jour où le bataillon d'élite du 56e passera à Lyon ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8332 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9567).
Le 2 ventôse an 13 (21 février 1805), à La Malmaison, "Le maréchal Berthier, ministre de la guerre, expose à l'Empereur la nécessité de remplacer à Briançon le 56e régiment de ligne parti pour Turin. Il propose à cet effet le 9e de ligne ou le 15e d'infanterie légère"; Napoléon répond : "Le ministre me proposera une réunion de vétérans à Briançon assez considérable pour faire le service : en général, les compagnies de vétérans sont mal réparties" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 37).
Le 5 Ventôse an 13 (24 février 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Turin, à Son Excellence le Maréchal d'Empire, Ministre de la Guerre : "Monseigneur le Maréchal,
J'ai l'honneur de vous rendre compte que, en exécution de vos ordres, les 4 bataillons de mon régiment (non compris le bataillon d'élite et 2 compagnies détachées dans le Valais), forts de 1433 hommes avec les officiers, tiennent maintenant garnison dans la place de Turin.
Chaque individu du corps s'est parfaitement conformé, pendant la route de Genève à Turin, aux lois et règlements de la discipline militaire.
Les cerficats ci-joints vous édifieront à cet égard. C'est avec une vive satisfaction que je les transmets à Votre Excellence, de laquelle j'ai l'honneur d'être avec respect, etc." (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 137, lettre 30).
Le 24 février 1805, les quatre Bataillons sont à Turin (1433 hommes) et attendent le reste du Régiment : le Bataillon d’Elite qui est encore à Lyon le 9 mars, ainsi que les deux Compagnies du Valais qui ne rejoindront l’Italie que le 28 mars.
Le 18 Ventôse an 13 [9 mars 1805 - Note : La minute (Archives nationales, AF IV 866, ventôse an XIII, n° 23) est datée du 8 mars), Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "... Vous donnerez ordre au bataillon d'élite du 56e de rejoindre son corps à Turin ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9647).
Le 18 Ventôse an 13 (9 mars 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Turin, au Commandant Hersan : "J'ai reçu votre lettre du 10 courant, Monsieur. Vous me prévenez que, par suite des ordres du Ministre de la guerre, votre bataillon doit rester à Lyon jusqu'à nouvel ordre. Le général de division m'en avait déjà instruit, mais il espère, ainsi que moi, que vous rejoindrez le corps après le passage de l'Empereur.
S. A. S. le prince de Beauharnais est arrivé ici le 15. Nous l'avons reçu avec tous les honneurs dus à son rang; il nous a accueillis avec bonté. Il est reparti ce matin avec la colonne sous ses ordres.
Les deux compagnies qui étaient détachées dans le Valais arrivent à Turin le 28 de ce mois. Ainsi, il ne me manquera plus que votre bataillon.
Je vous salue sincèrement" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 138, lettre 31).
Le 20 Ventôse an 13 (11 mars 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Turin, à Son Excellence le Grand Chancelier de la Légion d'honneur : "Votre Excellence m'a mis à même de me convaincre que c'était remplir ses vues que de lui proposer un acte de justice. Le certificat ci-joint lui en offre une nouvelle occasion. J'y joins mon témoignage parce qu'il est celui de la vérité, et j'ose encore supplier Votre Excellence de proposer et faire admettre le capitaine Gouvenel à la Légion d'honneur, parce que, par ses vertus militaires, il en est réellement digne.
J'ai l'honneur d'être, etc." (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 138, lettre 32).
Le 24 Ventôse an 13 (15 mars 1805), le Colonel Boutrouë, Commandant de la place de Turin, écrit, depuis Turin, au Maire de Turin : "Monsieur le Maire,
J'ai reçu votre lettre en date d'hier, par laquelle vous vous plaignez que les séances du conseil spécial se tiennent au palais de la Ville et qu'on occupe une salle nécessaire à l'administration
de la cité, etc., etc.
J'ai l'honneur de vous observer que, conformément aux formules et instructions rédigées par le Ministre de la guerre pour l'exécution de l'arrêté du 19 vendémiaire an XII, il est dit : "Dans les lieux où il n'y a pas de commandant d'armes en titre, la séance se tiendra à l'hôtel de la mairie et au frais de la commune".
Dans le temps qu'il y avait ici un commandant d'armes en titre, ces séances devaient se tenir chez lui et il devait fournir audit conseil les tables et sièges nécessaires, chauffer et éclairer ledit lieu, sans qu'il puisse pour cela réclamer aucune somme ni dédommagement; mais le gouvernement a cru devoir ne plus mettre au rang des places d'armes la ville de Turin, et voilà pourquoi ces tribunaux tiennent maintenant leurs séances à la mairie.
Quant au local du couvent Saint-François que vous me proposez, j'ai l'honneur de vous observer encore qu'il est occupé par les deux conseils de guerre permanents de la division et que les frais de chauffage, etc., sont supportés par le gouvernement, et cela conformément à la loi.
Je sens comme vous que vos travaux administratifs ne doivent pas être interrompus, qu'ils doivent se faire dans le plus grand silence, et qu'aussi vos administrés doivent avoir accès auprès de leurs magistrats sans éprouver le désagrément de passer par la salle dont il est question dans votre lettre; mais vous pourriez bien, je pense, donner un autre local, toujours à la mairie, plus éloigné du lieu de vos séances ; par là vous éviterez le désagrément d'être troublés dans vos travaux administratifs. Je vous invite donc à le faire et vous, comme moi, nous aurons satisfait à la loi.
J'ai l'honneur d'être, avec la plus haute considération, etc." (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 139, lettre 33).
27 mars 1805 (6 germinal an XIII), l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, vous ferez réunir, du 1er au 10 floréal, dans la plaine de Marengo, les corps dont l'état est ci-joint :
Les quatre bataillons du 23e de ligne, les quatre du 56e, les quatre du 60e ; trois bataillons du 14e léger, quatre du 5e de ligne, trois du 102e (note : la CGN donne 2 Bataillons).
Ils seront partagés en deux divisions ; une tiendra garnison à Alexandrie, l'autre à Tortone et environs ...
Mon intention n'est point que ces troupes soient campées ; elles seront baraquées dans les villages.
Comme les troupes du Piémont ont un traitement particulier, vous me ferez un rapport sur les gratifications qu'il faudra leur donner également ...
Vous recommanderez bien au maréchal Jourdan que ces mouvements n'aient point l'air de mouvements de guerre ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8491 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9739).
Le 8 Germinal an 13 (29 mars 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Turin, au Général Menou, administrateur général, grand-officier, etc. : "Monsieur le Général,
J'ai reçu votre lettre du 7 courant et la copie de la lettre de Son Excellence Monseigneur le maître de la police générale de l'Empire, portant suppression des jeux dans la ville de Turin.
J'ai l'honneur de vous observer qu'en me passant le commandement de la place de Turin, mon prédécesseur ne m'a laissé aucun renseignement sur cet objet; je ne m'en suis jamais occupé, ayant toujours pensé que l'attribution de la surveillance des jeux dans la ville était dévolue à l'autorité civile et à la police et non au commandant de place. Si je me suis trompé, veuillez bien, je vous prie, me donner des instructions à cet égard pour que je puisse m'y conformer.
Hier, une querelle a eu lieu entre divers militaires de la garnison. Le théâtre de cette scène était dans une maison publique près la place Saint-Charles. ll en est résulte qu'un militaire italien a été tué et que quatre autres ont été blessés, dont deux grièvement; ces deux derniers sont de l'artillerie italienne, les deux autres de l'infanterie.
Le commissaire de police, ses agents; le capitaine de gendarmerie, ses gendarmes; un adjudant de place et la garde se sont rendus sur les lieux pour y mettre le bon ordre et se saisir des coupables, ce qu'ils n'ont pu faire, attendu que les militaires se sont évadés par les croisées de derrière et qu'il n'est resté dans la maison que le mort, les blessés et les femmes. Ces dernières ont été conduites à la prison correctionnelle.
Ce matin, j'ai envoyé un adjudant de place à l'hôpital Saint-Jean pour y prendre des informations auprès des blessés. Après les avoir questionnés de différentes manières, il lui a été répondu que ces coups leur avaient été donnés par des chasseurs français de la garnison, mais qu'ils ignoraient leurs noms.
Aussitôt que des rapports plus précis me seront parvenus sur cette malheureuse affaire, j'aurai l'honneur de vous en donner connaissance.
En attendant, croyez, Monsieur le Général, à mon profond respect" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 140, lettre 34).
Le 5 Floréal an 13 (25 avril 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Castelnovo, au Général Rostolland : "Mon Général,
La proposition que vous me faites par votre lettre d'hier comprend deux objets bien précieux à nos coeurs. Et nous aussi, nous voulons prouver à Sa Majesté Impériale notre respectueux attachement en éternisant sa gloire et sa mémoire, trop heureux de lui donner ainsi un faible témoignage de notre fidélité à sa personne sacrée.
Je vous assure, en conséquence, mon Général, que le 56e suivra en tous points les dispositions qui seront prises par la 1re division, en vous faisant observer néanmoins que le bataillon d'élite qui vient de rejoindre le corps a déjà souscrit à Arras pour l'érection de ce monument.
Salut et respect" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 141, lettre 35).
Le 6 mai 1805 (16 Floréal an 13), l'Empereur écrit, depuis Alexandrie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major génréal des camps : "Mon cousin, vous donnerez des ordres pour ... que le 56e soit réuni à Asti ... Recommandez au général commandant la 27e division militaire de porter un soin particulier au 5e de ligne et au 56e. Mon intention est que le 56e soit réuni en entier à Asti, pour y faire peu de service et s'y rétablir ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9979).
Le 9 mai 1805 (19 Floréal an 13), Alexandre Boutrouë, Colonel du 56e Régiment d'infanterie de ligne, écrit, depuis Castel Novo, à son frère : "J'ai reçu, mon cher ami, ta lettre du 25 ventôse dernier. Mon départ précipité de Turin pour Tortone ne m'a pas permis de te répondre; j'ai continué à en être empêché par toutes les marches et contre-marches qui ont eu lieu à l'occasion de l'arrivée de l'Empereur. Maintenant nous voilà un peu plus tranquilles. Je m'empresse de te donner de mes nouvelles : ma santé est toujours très bonne. Il n'en est pas de même pour ma femme et pour mon fils. Ils ont été obligés de s'arrêter à Chambéry, mais Mme Boutrouë vient de m'annoncer qu'elle se porte mieux ainsi qu'Émile et que sous peu elle espère être auprès de moi.
Le 1er floréal le maréchal Lannes a passé en revue toute l'armée dans la plaine de Marengo; après la revue, nous avons manoeuvré; le lendemain tous les colonels ont été diner chez Son Excellence. Le 15, l'Empereur a passé sa revue dans la même plaine, il nous a fait faire la petite guerre. Nous étions commandés par les maréchaux Lannes, Murat et Bessières et nous avons manoeuvré sur le champ de bataille même de 1800. L'Empereur a été très content de la tenue et de l'instruction de tous les corps. Nous formions environ 20,000 hommes. Après sa revue, l'Empereur a posé la première pierre du monument commémoratif de sa victoire. Le lendemain, Sa Majesté s'est rendue à Milan pour son couronnement qui doit avoir lieu le 3 du mois prochain.
Le 25, mes deux premiers bataillons partent d'ici pour se rendre à Asti, département du Tanaro ; les deux autres partiront deux jours après pour le même endroit, mais je doute que tout le régiment puisse y tenir garnison sans caserne, ce qui me fait croire que j'aurai des bataillons détachés soit à Coni, soit à Alba. Je compte, dans ce cas, rester à Asti avec mon état-major.
Je pense que maintenant ta santé doit être meilleure; la belle saison y aura contribué. Dis-moi si tu redeviens luron; ton tempérament exige que tu prennes de l'exercice de jour et de nuit, tu me comprends. Le mien est à peu près le même; les fatigues qui tuent les autres hommes m'entretiennent la santé. La preuve de ce que je te dis, c'est que le jour de la revue de l'Empereur je suis resté dix-huit heures à cheval et que jamais je ne me suis si bien porté. Mon major et mes chefs de bataillon se ressentent encore aujourd'hui de cette journée du reste plus fatigante qu'une bataille.
Adieu mon ami, je t'embrasse" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, lettre 64).
Le 2 Prairial an 13 (22 mai 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Asti, à Son Excellence Monseigneur le Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre : "Monseigneur,
J'ai reçu votre lettre du 6 pluviôse dernier, relative aux musiciens du bataillon d'élite.
J'ai l'honneur de vous rendre compte que, dès la réunion de ce bataillon au régiment, un grand nombre de musiciens sont rentrés dans leurs compagnies comme fusiliers, en ayant été tirés pour former la musique de ce bataillon, et que maintenant le nombre des musiciens du corps n'excède pas 24, y compris quelques enfants de troupe. La retenue que l'on exerce aux officiers ne se monte qu'à un jour de solde par mois.
J'ai l'honneur, Monseigneur, de vous saluer respectueusement" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 142, lettre 36).
Le 3 Prairial an 13 (23 mai 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Asti, au Général Jalras, commandant le département du Tanaro, à Tortone : "Mon général,
Mon chirurgien-major a pris auprès des chirurgiens et médecins de la ville tous les renseignements relatifs à la situation sanitaire de la localité, ainsi que sur les soins et précautions à prendre pour assurer la santé des militaires sous mes ordres.
L'eau est généralement bonne, mais ce n'est pas un motif pour retarder la distribulion de vinaigre qui a lieu en cette saison. Ce vinaigre pourra servir à aciduler légèrement la boisson du soldat; j'ordonnerai à mes hommes de se rincer la bouche tous les matins avec cette mixtion, leurs gencives se raffermiront, et l'affection scorbutique aura moins de prise. Cette mesure n'est pas, pour le moment, d'une très urgente nécessité; mais elle ne peut faire que du bien au soldat. En conséquence, je vous prie de vouloir bien faire les démarches nécessaires auprès du général de division pour faire donner à la troupe ce correctif.
J'aurai l'honneur de Yous faire passer demain le rapport que vous me demandez sur la discipline dans mes cantonnements. J'espère qu'aucune piainte ne vous sera portée contre des militaires de mon régiment, et que vous n'aurez qu'à vous louer d'avoir sous vos ordres le 56e régiment. Quant à moi, je suis hien flatté qu'il fasse partie de votre brigade.
Salut et respect" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 142, lettre 36).
Le 5 Prairial an 13 (25 mai 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Asti, à Son Excellence le Maréchal Berthier : "Le nommé Cédoz, conscrit désigné pour le 106e régiment, se trouve être le neveu d'un capitaine du régiment que je commande. Comme ce dernier m'a manifesté le désir d'avoir son neveu auprès de lui, j'ai écrit au colonel du 106e pour avoir, avec votre agrément, une lettre de passe qui permette à ce jeune homme de venir nous rejoindre ici. La lettre que m'écrit à ce sujet son colonel vous convaincra qu'il consent à me l'envoyer, sous réserve de votre approbation et de vos ordres.
En accueillant favorablement ma demande, vous ajouterez aux sentiments de reconnaissance et de respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être, Monseigneur, etc." (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 143, lettre 38).
En juin 1805, la coiffure du Régiment devient officiellement « à la Titus », soit les cheveux courts, au même titre que le Bataillon d’Elite qui la porte depuis 1804.
Le 19 Prairial an 13 (8 juin 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Asti, au Capitaine Trécole, commandant le détachement d'Acqui : "Monsieur, je vous préviens que j'ai autorisé les officiers, sous-officiers, caporaux et soldats à se couper les cheveux à l'instar du bataillon d'élite, et que ce genre de coiffure existe maintenant dans tout le régiment; en conséquence, vous autoriserez les militaires du demi-bataillon que vous commandez à faire de même, et vous veillerez à ce que les cheveux soient coupés uniformément.
J'ai reçu votre lettre du 15 courant et votre rapport sur la police et la discipline pendant la première quinzaine. Je vous approuve d'avoir puni les militaires qui, sans ordre, avaient fait couper leurs cheveux, puisque c'était de vous qu'ils devaient le recevoir; maintenant c'est une affaire finie, et vous ferez sortir de prison les soldats qui ont été punis pour cette cause-là.
Vous ferez faire, à l'exemple du régiment, le maniement des armes, y compris la charge en douze temps sans décomposer; quand vous vous serez assuré qu'il y a de l'ensemble dans l'exécution de cette leçon, vous passerez à la charge précipitée et ensuite à la charge à volonté. Il sera à propos que vous fassiez faire de temps à autre les feux de rang par demi-bataillon et par division, pour que les officiers et les soldats n'en perdent pas l'habitude.
J'approuve également votre ordre de tenir la troupe en veste et en bonnet de police quand elle n'est pas de service. Cette attention de votre part me plaît infiniment. Je vous engage à ne rien négliger des choses qui tendent à l'économie.
Salut amical" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 144, lettre 39).
Le 22 Prairial an 13 (11 juin 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Asti, à Son Excellence le Maréchal d'Empire, Ministre de la Guerre : "Monseigneur,
Conformément à votre ordre du 19 courant, j'ai l'honneur de vous adresser ci-joint l'état des militaires de toutes classes incorporés à mon régiment depuis le 1er vendémiaire an XII. Le total en est, au 15 de ce mois, de 1,158 hommes. 123 autres, dont une partie est déjà arrivée, doivent rejoindre incessamment.
En général, la conscription de l'an XIII est belle. Celle du département de la Lys (Bruges) donne des hommes robustes, quoique jeunes; celle de la Vendée en offre qui, pour la plupart, paraissent de très bonne volonté.
Il me reste donc à désirer que les 409 hommes que j'ai encore à recevoir de la Lys, de la Vendée et de la Haute-Garonne soient de pareille espèce, et que j'aie les moyens nécessaires pour bien les équiper. Avec les soins que j'apporte à leur éducation militaire, je pourrai me féliciter d'avoir reformé un corps qui était délabré pour la troisième fois.
Salut et respect" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 145, lettre 40).
Le 28 Prairial an 13 (17 juin 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Asti, à Son Excellence le Grand Chancelier de la Légion d'honneur : "Le 28 nivôse, j'ai eu l'honneur de remplir le voeu de votre circulaire du 30 brumaire précédent, en vous adressant le tableau des officiers et membres de la Légion d'honneur du régiment, non compris ceux du bataillon d'élite, et c'était tout ce que je pouvais faire alors. Aujourd'hui que ce bataillon est rentré au corps, j'ai pensé que, pour mieux remplir vos intentions, je devais réunir en un tableau général tous les officiers et légionnaires du régiment sans exception. J'ai donc l'honneur de l'adresser à Votre Excellence.
Votre Excellence me permettra-t-elle de rappeler à son souvenir l'envoi d'un certificat aussi élogieux que mérité que je lui ai fait, le 20 ventôse dernier, en faveur du capitaine Gouvenel, de mon corps. J'ai bien moins de doute de la justice de Votre Excellence envers cet officier, que je n'ai de crainte que ma supplique ne vous soit pas parvenue. Daignez encore me tirer d'inquiétude
à cet égard.
Salut et respect" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 146, lettre 41).
Le 3 Messidor an 13 (22 juin 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Asti, au Capitaine Dorez, en recrutement dans le département de la Vendée : "Je suis aussi édifié que peu surpris, monsieur, des peines et soins que vous prenez pour que la conscription du corps soit d'une bonne espèce cette année. Il était bien temps de mettre dans cette opération importante le zèle que vous y apportez. Je ne puis que vous engager à le continuer; vos efforts, dont tout le corps vous sait gré, ont été jusqu'ici couronnés de succès, et je me plais à espérer qu'il en sera de même pour le reste de la conscription.
Je mettrai à profit, lorsque les circonstances me paraîtront favorables, le contenu de vos notes. Elles me seront précieuses pour faire bénéficier le corps des avantages que vous me signalez.
Vous n'auriez dû payer à votre détachement son tiers de solde que pour le temps fixe de sa route, attendu les changements qui peuvent s'opérer ici parmi les sous-officiers et caporaux. Vous voudrez bien y faire attention à l'avenir.
Je vous souhaite courage, bonne santé, et vous salue cordialement" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 146, lettre 42).
Le 8 Messidor an 13 (27 juin 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Asti, au Général Menou, commandant la 27e Division : "Mon général,
Conformément à vos ordres à moi transmis par le chef de l'état-major, le 6 messidor courant, j'ai l'honneur de vous adresser l'état nominatif de 24 officiers et 6 sous-officiers qui, par leurs actions d'éclat, bravoure, moralité et attachement particulier à Sa Majesté impériale et royale, sont susceptibles d'être admis à la Légion d'honneur. Comme, sur ce nombre, 10 d'entre eux seulement doivent recevoir des mains de l'Empereur leur décoration, j'ai désigné, dans la colonne d'observations, les sujets auxquels je m'intéresse plus particulièrement; mais, comme ce choix est subordonné à votre volonté, je vous prie d'y avoir égard, et de vouloir bien les porter sur l'état que vous devez adresser à l'Empereur.
J'ai l'honneur de vous observer que, sur les dix sujets que je vous propose, moitié sont de la ci-devant 68e demi-brigade, et l'autre moitié de la ci-devant 56e. Comme ces deux corps ont été réunis pour n'en plus former qu'un, je crois qu'il est de toute justice de les faire participer également aux bienfaits de notre souverain, et, par là, éviter des jalousies toujours dangereuses dans un corps. Depuis la réunion des deux demi-brigades, j'ai toujours suivi cette marche, et j'ai eu le bonheur de voir constamment régner, parmi les militaires sous mes ordres, l'union et l'harmonie.
En accueillant favorablement ma demande, vous ajouterez aux sentiments de reconnaissance et de respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être, etc." (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 147, lettre 43).
Le 10 Messidor an 13 (29 juin 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Asti, au Capitaine Gauchais, à Turin : "J'ai reçu votre lettre du 9 courant. Je verrai avec plaisir, monsieur, votre admission au tribunal spécial de Turin, parce que je suis persuadé que vous remplirez ces fonctions avec toute la délicatesse et l'intelligence possibles. C'est dans cette persuasion que je viens de vous proposer au procureur général impérial à Turin.
Le capitaine Pillet, sur lequel le procureur général impérial est chargé de prendre auprès de moi des renseignements de la part de monseigneur le grand juge ministre de la justice, est, je pense, le deuxième snjet qui sera choisi pour remplir les fonctions de juge à ce tribunal.
Quant au capitaine Billion, adjudant-major, officier très instruit dans son métier, je le crois peu propre à remplir de pareilles fonctions. Sa présence sera bien plus utile au corps pour l'instruction de nos jeunes recrues. Une autre raison m'empêcherait aussi de le proposer, c'est que ses camarades n'ont pas vu avec plaisir qu'il fit les fonctions d'adjudant de place après le départ du régiment pour Marengo; cela a fait jaser sur son compte, etc. Il appartient à la sagesse d'un chef de sa voir éviter à ses officiers des froissements désagréables, surtout quand ils ont des torts dans l'esprit de leurs camarades. Vous savez que je l'aime assez pour l'obliger, et ce ne serait pas le faire que de l'éloigner encore une fois du corps, surtout dans les circonstances actuelles" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 148, lettre 45).
Juillet 1805, le Régiment en Italie a la force de 2400 hommes. Il doit recevoir des conscrits de la Lys, de la Vendée et de la Haute-Garonne. Il est à Asti.
Le 22 Messidor an 13 (11 juillet 1805), le Colonel Boutrouë écrit, depuis Asti, au Général Menou, commandant général de tous les départements au delà des Alpes, Gouverneur général par intérim, Grand officier de la Légion d'honneur : "Mon général,
J'ai l'honneur de répondre à votre lettre du 21 courant.
Pour obtenir des armes, nous nous adressons directement au ministre de la guerre. Ces sortes de demandes se font ordinairement chaque trimestre; le ministre, alors, nous donne avis que tel directeur d'artillerie est autorisé à nous délivrer la quantité de tant de fusils. Ces jours derniers, j'ai fait ainsi au ministre une demande de 563 fusils et 563 baïonnettes pour compléter mon armement.
J'ai eu l'honneur de vous adresser plusieurs rapports sur la situation du logement et du casernement des militaires de mon régiment. Je ne vous ai pas laissé ignorer toutes les démarches que j'avais été obligé de faire pour engager la municipalité à donner des fournitures et des demi-fournitures à toute ma troupe. Le général Jalras a fait, de son côté, plusieurs démarches; malheureusement elles n'ont encore rien produit, et je n'ai même plus l'espoir d'obtenir, par la suite, ce que je demande.
La conversation que j'ai eue avec le maire, depuis son retour de Milan où il a vu l'Empereur, vous convaincra de ce que j'avance.
Sa Majesté Impériale et Royale, m'a-t-il dit, nous a promis une garnison à Asti, pour nous dédommager de la perte que nous faisions du département, des tribunaux, etc. Je l'ai interrompu pour lui dire : "Sa Majesté croit, sans doute, que vos casernes sont en état, et qu'elles contiennent tout ce qui est nécessaire au soldat; mais lorsqu'Elle saura qu'elles ne peuvent être occupées l'hiver, que presque toutes les chambres sont sans cheminée, qu'il y a peu de fournitures, et qu'à peine vous pouvez loger un bataillon au complet; quand Sa Majesté saura, en outre, que les soldats logés chez l'habitant couchent sur la paille, et qu'enfin Elle aura appris le peu de moyens dont vous disposez, je doute fort qu'Elle vous laisse ici une garnison. Si vous voulez la conserver, il faut vous occuper de faire faire de suite les réparations aux bâtiments (ces bâtiments sont d'anciens couvents dont le rez-de-chaussée est très malsain), et de donner des fournitures en assez grande quantité pour garnir les lits de nos soldats; sans cela, vous pouvez croire que je mettrai sous les yeux de mes chefs la situation de ma troupe, et que je ferai tant auprès d'eux que j'obtiendrai une garnison qui me conviendra mieux sous tous les rapports".
Il ne m'appartient pas de dire si c'est mauvaise volonté de la part des autorités ou des habitants, et si effectivement ils manquent de moyens; tout ce que je puis vous affirmer avec vérité, mon général, c'est que la municipalité ne s'est encore occupée de rien, malgré tout ce que j'ai fait et dit.
Votre nomination à la place de commandant général et de gouverneur général a fait plaisir à tout mon régiment. L'amitié que vous m'avez témoignée pendant mon séjour à Turin et les bontés que vous avez eues pour moi ne s'effaceront jamais de ma mémoire, et je puis dire avec la franchise qui me caractérise que le plus beau jour de ma vie sera celui où mon régiment se rapprochera de vous et marchera sous vos ordres.
Salut et respect" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 149, lettre 46).
Le 14 juillet 1805 (25 Messidor an 13), l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin ... Le général Chabot continuera à rester à Alexandrie chargé du commandement des 56e, 79e, 23e et 60e de ligne. Il se transportera fréquemment d'un point à l'autre pour veiller à leur instruction et à leur bonne tenue" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 130 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10395).
Le 15 juillet 1805 (26 Messidor an 13), Alexandre Boutrouë, Colonel du 56e Régiment d'infanterie de ligne, écrit, depuis Asti, à son frère : "J'ai reçu, mon bon ami, ta lettre du 11 prairial dernier. Je suis on ne peut plus content du voyage qu'a fait ton rhumatisme goutteux, mais puisqu'il est en train de courir tu feras bien de l'envoyer se promener à tous les diables et de t'en débarrasser une bonne fois.
Ma femme et mon fils sont avec moi depuis le 20 du mois dernier. Le mont Cenis s'est montré, le jour de leur passage, le plus aimable possible; c'est un monsieur qui ne l'est pas toujours, car il régale fort souvent les voyageurs de tourmentes de neige et autres petites plaisanteries qui ne font pas toujours rire. Mme Boutrouë, que je croyais grosse, ne l'est fort heureusement pas. J'en
suis satisfait, car ses fièvres l'ont beaucoup fatiguée; l'enfant ne s'en serait pas bien trouvé. Lorsqu'elle sera tout à fait rétablie nous traiterons de cette affaire-là. "A bon compte revenir", dit le proverbe, et je puis t'assurer qu'elle ne m'en tient pas quitte. Je t'ai parlé dans le temps de son beau-frère que j'ai connu à Nantes ; il est venu nous voir avec sa femme en revenant de Milan. Il faisait partie de la suite de notre ambassadeur qu'accompagnait dans cette ville le doge de Gênes à l'occasion de la réunion de la république ligurienne à la France, dont tu auras entendu parler par les gazettes. Il ne peut plus s'entendre avec son patron qui est Corse, aussi ne retourne-t-il pas à Gênes. Il nous a quittés pour rentrer en France.
Mon régiment commence à se monter; il est en ce moment fort de 2,400 hommes et je dois recevoir cette année 731 conscrits pour le compléter. Les départements qui doivent me les fournir sont la Vendée, la Lys et la Haute-Garonne.
Nous attendons bientôt notre inspecteur général, le général Müller. Il doit rester six jours avec nous et on le dit sévère. Je me flatte néanmoins de lui présenter un régiment redoutable aux ennemis de l'empire français.
J'ai tous mes bataillons avec moi. Le 1er bataillon et quelques compagnies du 2e sont casernés. Les lits des soldats sont composés, en grande partie, de demi-fournitures données par les habitants et à nous remises par la municipalité; le reste de ma troupe est chez le particulier. Quoique les effets de casernement ne soient pas très bons, je désirerais bien voir tout mon régiment caserné ; la discipline serait beaucoup mieux observée et nos jeunes recrues, que nous allons recevoir, bien plus tôt formées. J'ai mis tout en usage pour l'obtenir sans pouvoir y réussir. Malgré cela je puis te dire que je me trouve encore très heureux d'avoir des soldats assez disciplinés pour avoir déjà gagné l'estime des habitants et surtout d'habitants peu curieux de loger constamment des militaires.
Le bruit court ici qu'avant la fin de l'été nous irons causer avec messieurs les Autrichiens. Ce sont pour moi de vieilles connaissances; je les reverrai avec plaisir.
Au revoir, nous vous embrassons tous.
Ton frère et ton meilleur ami" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, lettre 65).
Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 56e de Ligne a ses 1er et 2e Bataillons à Asti (Alexandrie, pour travailler aux forticatin pendant la belle saison). 2261 hommes sont présents, 45 détachés ou en recrutement, 123 aux hôpitaux, total 2429 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).
Le 56e est en effet dirigé sur Alexandrie en Août; là, le Général Chabot fait enlever de sa propre autorité les ornements aux chapeaux. 1er Bat (Chef de Bataillon Dieu), 2e Bat (Chef de Bataillon Ozilliau).
Le 14 août 1805 (26 Thermidor an 13), le Chef de Bataillon Ozilliau écrit, depuis Alexandrie, au Colonel Boutrouë : "Mon colonel,
Tous nos chapeaux sont dégradés ! C'est une suite de l'ordre de M. le général Chabot. Avant-hier il a fait appeler le commandant Dieu et il lui a demandé avec humeur pourquoi ses ordres n'avaient pas été exécutés plus tôt. Il lui a été répondu que l'on attendait les vôtres, que cet ordre devait venir du régiment, que l'on n'était ici qu'un détachement du corps. Il est entré dans une
colère épouvantable ; il a répondu que c'était lui qui commandait, qu'il voulait être obéi sur-le-champ sans égard pour rien.
Ainsi, voilà tous les chapeaux des sous-officiers et soldats, même ceux des officiers, sans mouchet aux pompons, ni floches dans les cornes !
Dans sa colère, M. Chabot a dit qu'il irait à Asti, qu'il vous mettrait aux arrêts, etc. Je vous laisse à penser de sa bile contre vous; il parait qu'il se souvient de loin. Si vous n'y prenez garde il vous fera tout le mal possible. Ainsi, mon colonel, prenez tous les moyens pour nous retirer de cette division; n'épargnez pas les voyages, soit à Turin, auprès du général Menou, soit même à Paris, car je vois dans l'avenir des choses qui pourraient nous nuire beaucoup à tous et plus encore à vous. Il faudrait que vous puissiez être témoin de tout ce qui se fait ici pour en juger; ce n'est rien de le dire, il faut le voir.
Le commandant Dieu vous aura sûrement rendu compte de tout cela, du moins il me l'a dit. Si j'en agis ainsi avec vous vis-à-vis d'un chef, c'est pour vous mettre en garde contre ces sortes de gens qui ne font que du mal, et vous savez l'intérêt que je prends à ce qui vous touche.
Je suis votre dévoué" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 100).
Le "Bulletin des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre le 5 Fructidor an XIII (Du 27 au 31 août 1805)" indique à la date du 8 Fructidor que le 56e de Ligne quitte Asti de suite pour arriver à Brescia le 26 Fructidor (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 443).
Le 14 Fructidor an 13 (1er septembre 1805), le Général Menou, commandant général, faisant fonctions de gouverneur général, écrit, depuis Turin, au Colonel Boutrouë : "Il est ordonné aux 3 premiers bataillons du 56e régiment d'infanterie de ligne de partir le 20 de ce mois d'Alexandrie avec armes et bagages pour se rendre à Brescia, en Italie, sous les ordres de M. le maréchal Jourdan.
Le 4e bataillon et le dépôt de ce régiment doivent rester à la
citadelle d'Alexandrie.
Ils recevront leur route en même temps que cette lettre" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 101).
En exécution de cet ordre, les 3 Bataillons partent pour Brescia tandis que le 4e Bataillon et le Dépôt restent à Alexandrie.
De Brescia, le Régiment part ensuite au camp de Montechiaro, sur la Chiese, où le Maréchal Masséna organise l’Armée d’Italie dont il vient de recevoir le commandement (8e Corps de la Grande Armée). Le 56e fait partie de la 1ère Brigade Brun (avec le 62e de Ligne) de la 2e Division Verdier.
Le 2e jour complémentaire an 13 (19 septembre 1805), l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez l'ordre au général Menou de faire partir du 4e bataillon du 5e de ligne 350 hommes pour compléter les trois premiers bataillons, de faire partir également du 4e bataillon du 56e 300 hommes pour compléter les trois autres bataillons. Je vois avec peine qu'on ait conservé tant de monde à ces bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10830).
A l'ouverture des hostilités, vers le milieu du mois d'octobre, l'Armée d'Italie a été portée à 65000 hommes, sous le commandement du Maréchal Massena, commandant en chef. L'aile droite de cette armée comprend la Division d'infanterie Gardanne, Brigades Compère et Lenchantin, douze Bataillons des 22e d'infanterie légère, 52e, 29e et 101e de ligne, trois Escadrons du 23e de Chasseurs à cheval, 6000 combattants et cinq bouches à feu ; et la Division d'infanterie Verdier, Brigades Brun et Digonet, quinze Bataillons des 23e d'infanterie légère, 10e, 56e, 62e de ligne, Dragons à pied, Dragons réunis, sept Escadrons des 4e et 19e de Chasseurs à cheval, 5000 combattants et onze bouches à feu (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 277).
Le Corps du Général Gouvion-Saint-Cyr, dans le Royaume de Naples, est formé de deux Divisions et d'une de réserve. La 1ère Division, Général de Division Reynier, Généraux de Brigade, Digonet, Herbin, Grigni, compte 7500 hommes et 1200 chevaux, des 23e d'infanterie légère, 10e, 56e, 62e de ligne, 4e Bataillon suisse, 4e et 6e de Chasseurs à cheval. La 2e Division, Général de division Lecchi, Généraux de brigade Ottavi et Severoli, 5000 hommes et 750 chevaux des 2e, 4e et 5e Régiments italiens, 32e Léger (un Bataillon), 1er Régiment des Chasseurs royaux italiens. La Réserve, Généraux de Brigade Peyri et Brou, 5000 hommes et 430 chevaux, des 1er d'infanterie·polonaise, Légion corse, 28e de Dragons, total de 17 à 18000 combattants et 2500 cheveaux, avec un matériel de 37 bouches à feu et 25 voitures (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 277).
Le 18 octobre 1805, le Régiment prend les retranchements de Veronette et le passage de l’Adige de vive force.
Le 29 octobre, à deux heures de l'après-midi, l'armée française attaque les Autrichiens sur toute la ligne. Le Maréchal Masséna ordonne à la Division Verdier, formant la droite, de passer l'Adige à Bova, dans la nuit du 28 au 29, afin de tourner la position de Caldiéro, que toutes les autres Divisions doivent attaquer de front à huit heures du matin. Mais des difficultés surviennent dans la construction du pont. Le passage de la Division se trouve retardé. A deux heures du soir, lorsque l'action s'engage, l'opération n'est pas complètement terminée ; ce retard donne le temps au Prince Charles de réunir toutes ses forces, et l'on doit combattre l'armée autrichienne toute entière. La gauche et le centre commencent la bataille, et la droite, formée de la Division, ne tarde pas à entrer en ligne. Le village de Caldiéro est emporté d'assaut et l'ennemi est poursuivi jusque sur les hauteurs. A quatre heures et demie, le Prince Charles fait avancer sa réserve, forte de vingt-quatre Bataillons de Grenadiers ; l'action devient alors plus terrible et plus sanglante. Les Français déploient leur intrépidité ordinaire. "La baionnette, dit le Maréchal Masséna, décida du sort de la journéeé. 3,500 prisonniers restent entre nos mains. Le Général en chef, dans son rapport, applaudit à la valeur et au dévouement de toute son armée. La bataille de Caldiéro est pour le 56e une lutte continuelle de trois journées. Le Régiment éprouve des pertes qui lui valent l'inscription sur son drapeau du nom de la bataille.
Le 30 octobre 1805, au cours de la 2e journée de la bataille de Caldiero, le Général Brun est mortellement blessé à l'attaque du canal de la Bendinara. Le Général Verdier adresse au Colonel Boutrouë, depuis Perzago, l'ordre suivant (daté du 8 Brumaire) : "M. le colonel Boutrouë prendra le commandement de la brigade du général Brun, placera son régiment à la gauche du 62e et attendra dans cette position de nouveaux ordres de ma part" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 102).
Le 31 octobre, le Colonel Boutroue, alors qu'il conduit la Brigade à l'attaque de la redoute de Chiavicco del Christo, est gravement blessé, la jambe droite emporté par un boulet. Il meurt le 4 décembre à l'hôpital de Vérone, après deux amputations courageusement supportées. Les souffrances de ses derniers jours sont adoucies par une citation à l'ordre de l'armée, et par la présence de sa femme, accourue d'Alexandrie avec son fils. Il reçoit aussi de nombreux témoignages d'attachement de la part de ses Officiers.
"Alexandrie, le 24 brumaire an XIV de la République française, une et indivisible.
LIBERTÉ. ÉGALITÉ.
Les officiers du 4e bataillon et du dépôt du 56e régiment de ligne, à leur brave colonel.
Monsieur le colonel,
Le coup terrible, quoique honorable, qui vous a frappé, a tellement rejailli sur nos coeurs qu'il en a, jusqu'à ce jour, comprimé les élans. Que dire, que faire en pareille circonstance ? Peut-être avons-nous gardé le silence trop longtemps, mais nous vous connaissons trop généreux pour n'en accuser que notre sensibilité et notre douleur.
Mais certains aujourd'hui que votre courage a dominé vos souffrances, la reconnaissance nous fait un devoir de venir vous prier de croire à nos voeux de coeur pour la prompte guérison de vos glorieuses blessures et à l'attachement aussi inviolable que respectueux avec lesquels nous sommes pour la vie, Monsieur le colonel,
Vos dévoués serviteurs.
(Suivent les signatures.)" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 202).
Avant de décéder, il a pris la peine de rédiger son testament, à l'hôpital de Vérone : "Le vingt-cinq brumaire an quatorze, moi, Jules-Alexandre Boutrouë, fils de Laurent-François Boutrouë et de Marie-Louise Ligeon, originaire de Chartres, département d'Eure-et-Loire, colonel au 56e régiment de ligne et officier de la Légion d'honneur, considérant qu'étant, par la grâce de Dieu, sain d'esprit et de sentiment, mais seulement blessé dans le corps à la bataille de Caldiero, je dispose de tous mes biens et facultés par le présent acte écrit par une personne de confiance, de la manière suivante :
Et premièrement, comme vrai catholique, je recommande mon âme au Tout-Puissant pour qu'elle soit digne de l'éternité. Je lègue, etc ..." (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 82).
Le certificat qui constate la mort du Colonel Boutrouê est ainsi conçu :
"ARMÉE FRANÇAISE EN ITALIE.
Au quartier général de Vérone, le 14 frimaire an XIV.
Le général de brigade Scherb, officier de la Légion d'honneur et commandant d'armes des deux Vérone
Certifie que M. Alexandre Boutrouë, natif de Chartres, département d'Eure-et-Loir , ci-devant colonel du 56e régiment à l'armée d'Italie, est mort en cette place, le 13 frimaire courant, à la suite de ses honorables blessures reçues à la bataille de Caldiero, en avant de Véronette, le 9 brumaire dernier, et qu'il a été regretté à l'armée comme militaire distingué.
En foi de quoi j'ai délivré le présent pour servir ainsi que de raison.
SCHERB" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 103).
L'ordre du jour à l'armée est une noble récompense pour nos troupes : "Soldats, dit le Maréchal, vous soutenez l'antique honneur de l'armée d'Italie, vous répondez aux cris de victoire qui retentissent en Allemagne. En quelques jours, vous avez forcé des positions redoutables. Vous avez gagné une bataille et fait douze mille prisonniers. L'empereur sera content de vous, il reconnaîtra les braves qui, dans ces mêmes contrées, ont ap- pris de lui le chemin de la gloire".
Peu de jours après, un Corps d'armée, sous les ordres du général Gouvion Saint-Cyr, est formé à Padoue pour bloquer Venise. Tout à coup on annonce la présence d'un Corps autrichien détaché de l'Armée d'Allemagne, sous les ordres du Prince de Rohan, qui compte qu'en faisant un grand effort il traversera notre ligne et arrivera à Venise. La Division Reynier, dont fait partie le 56e, reçoit l'ordre de partir le 23 novembre de très bonne heure. L'ennemi arrive le même soir à Castelfranco.
Le Général Reynier, à Novale, reçoit l'ordre de marcher, le 24 novembre, à la pointe du jour, sur Castelfranco. L'ennemi, arrivé la veille et sentant la difficulté de sa position, prévient l'attaque ; il se jette tête baissée sur la Division Reynier, qui le reçoit avec la plus grande vigueur et bientot le culbute. Il revient plusieurs fois à la charge, se heurtant toujours contre ce même écueil. Pendant ce temps, le Général Saint-Cyr fait faire au Régiment polonais un mouvement pour tourner l'ennemi ; ce n'est plus alors pour celui-ci qu'une déroute jusqu'à Castelfranco, où nos troupes arrivent aussitôt que les Autrichiens. Tout ce qui n'a pas péri ou n'a pas été pris sur le champ de bataille demande à capituler. Six mille hommes d'infanterie et mille chevaux restent au pouvoir de Saint-Cyr. Le Général Prince de Rohan, commandant ce Corps, plusieurs Colonels et beaucoup d'Officiers sont faits prisonniers ; six drapeaux et un étendard, douze pièces de canon, leurs caissons et d'immenses bagages sont les trophées de ce combat. Le Général Gouvion Saint-Cyr a déployé une grande habileté dans cette opération. Lui-même donne de justes éloges à la bravoure et au talent du Général de Division Reynier. Dans son rapport sur cette brillante affaire, il cite avec honneur le chef du 56e de ligne (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 332).
Le Capitaine Pillet, les Lieutenants Mazuet et Villard, sont tués au combat de Castel-Franco le 24 novembre 1805.
Le 23 décembre 1805, le Prince Eugène écrit, depuis Padoue, à Napoléon : "… Le maréchal Masséna m'a laissé onze beaux régiments d'infanterie, les 9e, 10e, 56e, 62e de ligne ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 476).
L'armée du Prince Eugène est composée à la fin de décembre de trois Divisions, donnant une force de 17000 combattants. Le Quartier général est à Padoue; elle comprend la Division Partouneaux (Brigade Digonet à Mestre, Brigade Herbin à Padoue) : Gardes d'honneur, Garde impériale et Vélites royaux, Gendarmerie, 9e, 62e, 10e et 56e de ligne, Artillerie, Train et Sapeurs (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 2).
/ 1806
Le 23 janvier 1806, Napoléon écrit depuis Strasbourg, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "… le 56e retournera à Alexandrie ... Transmettez ces ordres au prince Eugène pour qu'il les fasse exécuter sur-le-champ, parce que partout il faut un peu de troupes" (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9697 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11317).
Le même 23 janvier 1806, Napoléon écrit depuis Strasbourg, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "… Mon Fils, mon intention est que vous envoyiez ... le 56e à Alexandrie ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 51 ; Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9697 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11317).
Le 12 mars 1806, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Dejan, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, mon intention est que les trois mille hommes formant la réserve des départements ci-dessous nommés marchent comme les autres et soient dirigés, savoir ceux du département :
... De Vendée … 56e de ligne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 329 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11656).
Le 30 mars 1806, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, voici une liste d'hommes du régiment de la garde de Paris qui ne peuvent pas rester à Paris. Donnez des ordres pour qu'ils en partent tous dans la semaine prochaine. Vous ferez faire le travail successivement et par corps. Ils partiront sous les ordres d'un officier, les uns pour joindre le 5e régiment de ligne, les autres le 56e, les autres le 106e. Vous aurez soin de faire envoyer leur signalement à la gendarmerie, pour qu'il n'en revienne aucun. Ils seront envoyés aux corps ci-dessus, sous prétexte que le service de Paris nuit à leur discipline. On aura soin qu'ils ne désertent pas en route et surtout que sous quelque prétexte que ce soit ils ne rentrent pas dans la capitale" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées » ; Paris, 1903, t. 1, lettre 391 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11795).
Louis Thomas Gengoult Né le 20 décembre 1767 à Toul, fils d’un maitre orfèvre. Soldat puis Sous-officier du Régiment d'Austrasie ; Passe dans la Garde Constitutionnelle du Roi en 1792 ; Sert dans le 7e Bataillon de la Meurthe versé par les amalgames dans la 16e Demi-brigade de seconde formation où il devient Capitaine. Passe Chef de Bataillon en 1797. Commande le 1er Bataillon auxiliaire de la Meurthe, puis à la 50e Demi-brigade ; Armée du Rhin puis de Hanovre |
Le 28 juin 1806, Murat écrit au Maréchal Berthier : "Monsieur le Prince, ministre de la Guerre, le 9 avril dernier, monsieur le général Noguez, d'après l'ordre du Prince Louis, aujourd'hui Roi de Hollande, eut l'honneur de vous écrire pour vous prier de vouloir bien accorder à MM. Delon et Desgoutes, capitaines adjoints à l 'état-major de la 1re division militaire, et Caron, capitaine adjudant de la place de Paris, une gratification proportionnée aux soins qu'ils ont pris, aux peines qu'ils se sont données, ainsi qu'aux dépenses extraordinaires qu'ils ont été obligés de faire pour bien remplir la mission qui leur était confiée de conduire dans le royaume d'Italie, trois détachements des 1er et 2e régiments de la garde municipale de Paris, destinés à être incorporés dans les 5e, 56e, et 106e régiments de ligne.
Ces officiers étant de retour après avoir remis à leur destination les détachements dont ils étaient chargés, je les recommande à votre bienveillance, persuadé que vous trouverez juste de leur accorder l'indemnité demandée pour eux par le général Noguez, au nom du Prince Louis, demande que je vous renouvelle moi-même. Recevez, etc." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 249, lettre 2383).
Le 5 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie une note des changements que je désire faire dans la répartition des 50000 conscrits de la conscription de 1806. Faites-la imprimer sans délai et envoyez-moi cette seconde édition.
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ANNEXE
En lisant avec attention la répartition des 50 000 conscrits de la conscription de 1806 entre les différents corps, on est porté à désirer quelques changements ; comme la conscription n’a pas encore été mise en mouvement, il est encore temps de le faire sans produire de contre-mouvements ...
Le département de l'Allier ne fournira rien au 56e, et les 153 hommes qu'il devait recevoir seront donnés au 58e, qui aura alors 345 hommes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 627 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12873).
Le 8 septembre 1806 (note : La minute (Archives nationales, AF IV 870, septembre 1806, n° 58) est datée du 9 septembre), l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "… je n’approuve pas qu'on envoie du 2e de ligne, du 7e, 16e, 37e, 56e, 57e et 93e un aussi grand nombre d'officiers et de sous-officiers pour se rendre à Chambéry, cela rendra ces corps non disponibles ; je ne suis pas dans des circonstances où cela puisse avoir lieu. Mais les 2e, 37e, 56e et 82e peuvent chacun envoyer à Chambéry de leurs 3es et 4es bataillons un capitaine, 2 lieutenants ou sous-lieutenants, 9 sergents et caporaux pour servir à cette escorte ; et chacun des 3es bataillons des 14 régiments de l’armée de Naples qui forment deux divisions de réserve à Bologne, Rimini, etc., peuvent très bien envoyer au dépôt de Chambéry un capitaine et deux lieutenants pour prendre eux-mêmes la conduite de leurs hommes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 630 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12884).
Napoléon adresse, depuis Saint-Cloud, le 23 septembre 1806, ses "Instructions pour le vice-roi.
ORGANISATION DE L'ARMÉE D'ITALIE
Général en chef, le vice-roi;
Chef d'état-major général, le général Charpentier ; commandant en chef l'artillerie, le général Sorbier ; commandant en chef le génie, le général Lery; ordonnateur en chef, le sieur Joubert.
L'armée d'Italie sera composée de cinq divisions actives.
Ce corps, qui continuera à porter le nom de 2e corps de la Grande Armée, donnera ainsi une force de plus de 16,000 hommes ...
Pour l'administration et le commandement, ce corps doit faire en tout partie de l'armée d'Italie et sera sous les ordres du vice-roi ...
La 4e division sera composée du 2e régiment d'infanterie de ligne, du 56e de ligne et du 93e de ligne ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 165 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10871).
Le 4 novembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Berlin, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, envoyez par un courrier extraordinaire l'ordre au vice-roi d'Italie ... Il sera formé deux divisions, l'une à Brescia et l'autre à Vérone. La division de Vérone sera formée de deux bataillons du 3e d'infanterie légère complétés à 140 hommes par compagnie à l’effectif, de trois bataillons du 93e complétés de même et de trois bataillons du 56e complétés de même. Si ce complément ne peut se faire de suite, il se fera insensiblement à mesure que les conscrits seront armés et habillés ... À fur et à mesure que les troisièmes bataillons pourront le permettre, les deux premiers bataillons de chacun de ces régiments seront complétés à 140 hommes par compagnie.
Une troisième division de réserve sera organisée et réunie à Alexandrie. Elle sera formée de deux bataillons du 7e de ligne, de deux bataillons du 112e de ligne et d'un bataillon de réserve qui sera composé des deux compagnies de grenadiers et voltigeurs du 4e bataillon du 56e, des grenadiers et voltigeurs du 4e bataillon du 93e, des grenadiers et voltigeurs du 3e bataillon du 2e de ligne, et des grenadiers et voltigeurs du 3e bataillon du 37e, total huit compagnies qui, complétées à 100 hommes, formeront 800 hommes.
Vous donnerez en conséquence l'ordre aux deux bataillons du 16e qui est à Gênes, de se rendre à Brescia, aux deux bataillons du 67e qui est à Alexandrie de se rendre à Brescia. Vous donnerez le même ordre aux deux bataillons du 2e de ligne et aux deux bataillons du 37e ... Vous donnerez le même ordre ... aux trois bataillons du 56e ...
Le 4e bataillon du 56e et du 93e et les 3es bataillons des 2e et 37e tiendront garnison à Alexandrie ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 765 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13442).
Le même jour, le Maréchal Berthier écrit au Prince Eugène : "L'Empereur, Monseigneur, me charge d'expédier à Votre·Altesse un officier de mon état-major pour lui porter les ordres suivants :
... L'intention de l'Empereur est que Votre Altesse Impériale forme deux divisions, l'une à Brescia et l'autre à Vérone. La division de Vérone sera formée de deux bataillons du 3e régiment d'infanterie légère, complétés à 140 hommes par compagnie à l'effectif ; de trois bataillons du 56e régiment, et de trois bataillons du 93e régiment : ces bataillons complétés de même à 140 hommes par compagnie à l'effectif.
Si ce complément ne peut se faire de suite, il se fera insensiblement à mesure que les conscrits seront armés et habillés
Si ce complément ne peut se faire de suite, il se fera insensiblement à mesure que les conscrits seront armés et habillés ...
Je préviens Votre Altesse que je donne des ordres pour qu'une troisième division de réserve soit organisée et réunie à Alexandrie ; cette troisième division de réserve sera formée de deux bataillons du 7e régiment de ligne, de deux bataillons du 112e de ligne, et enfin d'un bataillon de réserve d'élite qui sera composé des deux de grenadiers et de voltigeurs du 4e bataillon du 56e régiment, de grenadiers et voltigeurs du 4e bataillon du 93e, des grenadiers et voltigeurs du 3e bataillon du 2e de ligne, et des grenadiers et voltigeurs du 3e bataillon du 37e de ligne. Total, huit compagnies, qui, complétées à 100 hommes, formeront 800 hommes. Je donnc en conséquence l'ordre aux deux bataillons du 16e qui est à Gênes, de se rendre aussi à Brescia ; je donne le même ordre aux deux bataillons du 2e de ligne, et aux deux bataillons du 37e de ligne. Je donne l'ordre aux deux bataillons du 3e d'infanterie légère, qui est à Parme, de se rendre à Vérone ; je donne le même ordre aux trois bataillons du 93e, qui sont à Alexandrie, et aux trois bataillons du 56e. Je donne aussi des ordres aux deux bataillons du 7e de ligne, qui est à Turin, et aux deux bataillons du 112e, qui est à Grenoble, de se rendre à Alexandrie ...
Les 4es bataillons du 56e et du 93e régiments, et les 3es bataillons du 2e et du 37e de ligne, tiendront garnison à Alexandrie ... Comme ces 3es bataillons ne peuvent avoir quelque importance que pour les conscrits, je donne l'ordre au général Menou de porter toute son attention à ce que ces conscrits soient promptement habillés ; armés et instruits, et pour que, du moment qu'ils seront à l'école de peloton, c'est-à-dire un mois après leur arrivée au dépôt, on commence à les faire tirer à la cible ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 189).
A cette époque, l'armée sous les ordres du Prince Eugène, modifiée depuis la création de l'Armée de Dalmatie de Marmont, et depuis la reconstitution du 2e Corps, est formée de la manière suivante :
... 2e corps, 15,372 combattants.
3e DIVISION. Commandant Boudet (Vérone) ; Généraux de Brigade Valory, Fririon ; Adjudant commandant Pascalis.
3 Bataillons des 56e et 93e de Ligne, 3,000 et 2,400 hommes ; 2 Bataillons du 3e d'Infanterie légère, 2,000 hommes ; 2 Escadrons de Chasseurs, 320 chevaux ; 80 hommes d'Artillerie, 80 du Génie. Total, 7,880 combattants ... (Mémoires du Prince Eugène, t.3, p.47).
Le 27 décembre 1806, Eugène écrit, depuis Vérone, à Napoléon : "Sire, je termine ce matin l'inspection de la 3e division et du parc.
Les officiers et soldats ont le meilleur esprit, mais l'instruction des 56e et 93e est bien arriérée. Les travaux d'Alexandrie leur ont fait bien du tort, même dans leur tenue. Ils sont aussi arriérés sur différentes masses, et particulièrement le 56e, à qui il est encore dû le drap des conscrits de 1806. Au reste, à mon retour à Milan, c'est-à-dire dans trois ou quatre jours, je ferai à Votre Majesté un rapport général sur son armée d’Italie. Le 3e d’infanterie légère est un modèle de l'armée pour sa tenue et son instruction ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 233).
/ 1807
Fig. 3 Fusilier du 56e de Ligne vers 1807, Manuscrit de Lunebourg |
Fig. 3bis Plaque de shako du 56e de Ligne, 1806-1809 |
Le Régiment est toujours à l’Armée d’Italie. Le 16 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, d’abord au Général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre, à Paris : "Monsieur Dejean, il manque un major au 8e régiment de chasseurs. Pourquoi les 2e, 67e, 37e, 93e et 56e ont-ils leur habillement en mauvais état ? Le 7e et le 112e sont tellement dans un dénuement tel (sic) que le général Chabot demande pour eux un armement et un habillement complets. Faites partir de Paris un inspecteur aux revues ferme pour vérifier la comptabilité de ces régiments" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées » ; Paris, 1903, t. 1, lettre 522).
Puis au Prince Eugène, le même jour : "Mon fils, je reçois votre lettre du 1er janvier et les états de situation de l’armée du 15 décembre ...
J'ai lu avec attention le rapport que vous me faites sur les corps ...
Faites faire au 56e des fournitures extraordinaires de ce qu’il pourrait avoir besoin; envoyez au ministre Dejean, et envoyez-moi également, l’état détaillé de ce qui est dû aux corps par masses, et pour quelles années. Il paraît qu’il serait dû beaucoup aux corps, mais il faut prendre garde qu’ils ne réclament pas plus qu’il ne leur revient. Faites pour le 93e la même chose que pour le 56e; et, comme il faut beaucoup d’argent pour faire venir des effets de France, faites-les fournir en gratification des moyens d’Italie ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 257 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14084).
Après la sanglante bataille d’Eylau le 8 février, l’armée française prend ses quartiers d’Hiver. Des renforts sont prélevés d’Italie ; Les trois premiers Bataillon du 56e de Ligne sont versés dans la Division Boudet destinée à faire partie du Corps d'observation du Maréchal Brune, chargé d'opérer sur les bords de la Baltique, pendant que l'Empereur poursuit les Russes et les Prussiens.
Le 15 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, le 56e et le 93e de ligne ; le 3e léger, le 2e de ligne, le 37e et le 67e ont levé leurs 3es et 4es bataillons en Piémont et dans les États de Parme, et leurs bataillons de guerre à l'armée d'Italie, aux camps de Brescia et de Vérone. Donnez des ordres pour qu'au 10 avril il parte de chacun de ces 3es et 4es bataillons des détachements pour renforcer les bataillons de guerre de manière que le complet des bataillons de guerre soit de 140 hommes par compagnie, et si cela n'est pas possible à 130 hommes. Les généraux Menou, Montchoisy et Pérignon peuvent désirer de garder des bataillons forts, mais veillez à l'exécution de mon ordre ; car je veux positivement que les bataillons de guerre soient au grand complet ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 939 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14651).
Le 25 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J'écris fort en détail au vice-roi pour lui faire connaître mes intentions sur mon armée d'Italie. Correspondez avec lui et occupez-vous de compléter les corps à quatre bataillons. J'ai là le 11e, le 35e, le 92e, le 79e, le 23e, le 56e, le 93e, le 5e, le 62e, le 20e, qui sont à quatre batailIons, et qui sont susceptibles de recevoir encore un grand nombre de conscrits. Depuis six mois j'augmente progressivement mon armée d'Italie, et je veux l'augmenter encore, afin d'avoir en campagne autant de troupes que les cadres peuvent en contenir. Vous sentez que c'est là ma plus grande sauvegarde contre l'Autriche, qui aurait besoin d'une grande armée contre mon armée d'Italie et Dalmatie, et qui s'attirerait sur les bras une guerre sérieuse que la pénurie de ses finances et le vide de ses arsenaux ne lui permettent pas d'entreprendre. Mes armées d'Italie et de Dalmatie réunies forment déjà une très-belle armée, mais je continue à y porter une attention suivie. Quoique j'aie sous la main les éléments de ce travail, pour ne point me fatiguer d'un travail inutile, j'attendrai les états que je vous ai demandés pour savoir si nous devons encore envoyer des conscrits à cette armée. Le complet, tel que je l'entends, est à 140 hommes par compagnie ; c'est là le maximum de ce qui peut entrer raisonnablement dans un cadre, ce qui forme 1,260 hommes pour l'effectif et ne fait guère que 1,050 hommes présents sous les armes, qui, en quelques mois de campagne, se réduisent à 900, ce qui est encore une force raisonnable" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12165 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14899).
Le même 25 mars 1807, Napoléon écrit, depuis Osterode, à Eugène : "Mon Fils, vous ne mettez pas dans vos états de situation ce que les dépôts doivent recevoir de la réserve de 1806, de la conscription et de la réserve de 1807, et cela rend vos états incomplets. Il faut écrire à Parme pour compléter les deux bataillons du 3e Léger de 600 hommes. Il faut augmenter également le 56e et le 93e ; ils doivent être forts. Cela augmentera la division Boudet de 1,800 hommes ...
De tous ces arrangements, la division Duhesme souffrira beaucoup. Voici, je pense, comme vous pouvez la former : le 8e d'infanterie légère peut former un bataillon de six compagnies, les trois autres compagnies au dépôt ; le 18e peut en former autant, le 81e autant, le 102e autant ; ce qui ferait quatre beaux bataillons ; et, en place des compagnies d'élite que vous lui ôtez, vous prendriez dans les compagnies d'élite des régiments qui ont des dépôts en Piémont. Le 56e et le 2e d'infanterie légère, le 67e et le 93e, le 37e pourraient offrir huit belles compagnies en remplacement de celles du 81e, du 53e, du 86e, du 92e, du 106e. Cette division se trouverait encore forte de 6,000 hommes" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 285 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12174 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14892).
Le 30 mars 1807, l'Empereur écrit depuis Osterode, au Maréchal Berthier : "Donnez ordre par un courrier extraordinaire à la division Boudet qui est à Vérone, et à la division Molitor, qui est à Brescia, de se mettre en marche le 10 avril pour se diriger sur Augsbourg, où il indispensable qu'elles soient arrivées avant le 30 avril. La troupe marchera en divisions. Les régiments de tête feront, les premiers jours, double marche, afin de pouvoir marcher par régiments pour se cantonner. Pour avoir le temps de se procurer des vivres, les divisions prendront, en partant de Vérone, quatre jours de pain. La division de Vérone passera par Ala, et celle de Brescia par la Rocca d'Anfo. S'iI y a quelques marches d'étapes qui soient trop courtes, les généraux des divisions pourront les brûler. Ces divisions mèneront leur artillerie.
On tiendra cet ordre le plus secret possible, afin qu'elles aient déjà fait plusieurs marches avant qu'on se doute de leur destination ...
… Donnez l'ordre au 4e bataillon du 56e, qui est en Piémont, de faire partir 400 hommes sous les ordres d'un capitaine, de deux lieutenants ou sous-lieutenants et de quelques sergents, pour se rendre à Augsbourg, afin de porter les compagnies des bataillons de guerre à 140 hommes ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12232 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14992).
Le même 30 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des revues et la conscription : "Monsieur Lacuée, je viens de retirer de l'armée d'Italie les divisions de Vérone et de Brescia, c'est-à-dire quatorze bataillons, savoir : deux du 3e d'infanterie légère, trois du 56e de ligne, deux du 93e de ligne, deux du 16e de ligne, deux du 67e de ligne, deux du 2e de ligne …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12227 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15006).
Le 24 Avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Clarke, Gouverneur de Berlin et de la Prusse : "La division Boudet arrive les 26, 27 et 28 à Augsbourg. Elle se mettra en marche le 29 par la route de Donauwoerth, Nuremberg, Bamberg, Iéna et Halle. Elle est composée de trois bataillons du 56e, de deux du 93e et de deux du 3e léger, avec son artillerie et tout ce qui lui est nécessaire. Cette division arrivera à Halle le 12 mai et au plus tard le 14. Comme elle fait beaucoup de journées de six à huit lieues, j'ai ordonné à ce général de vous envoyer un aide de camp pour que, si les circonstances l'exigeaient, vous les fassiez doubler de marches. Je n'ai pas besoin de vous dire que ce serait un grand malheur si cette division était obligée de forcer de marches. Au contraire, je trouve que les marches qu'elle fait sont déjà trop considérables. Ainsi mon intention est de la faire séjourner quelques jours à Halle, si rien ne s'y oppose. Vous en profiterez pour faire nettoyer cette ville et prendre toutes les mesures que vous jugerez convenables ..." (Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12467 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15411).
Le 29 Avril, Napoléon forme un nouveau Corps d'Observation confié au Général Brune qui doit recevoir la Division Boudet.
Le 30 avril 1807, un Décret impérial nomme Chef de Bataillon à la 5e Légion de Réserve le Chef de Bataillon Roche, du 56e de Ligne (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 30).
Le 20 mai, l'Empereur écrit à Brune : "... la division Boudet doit être en ce moment à Stettin ; elle doit faire plus de 6000 hommes ...".
Le 21 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J’ai reçu les états de situation que je vous avais demandés. Les 20000 hommes de la réserve doivent être distribués de la manière suivante :
12000 hommes à l'infanterie de ligne et légère conformément au tableau ci-joint.
… Répartition de 12 000 hommes de la réserve de 1808 entre les corps ci-après de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère.
... INFANTERIE DE LIGNE
CORPS NOMBRE DES CONSCRITS
... 56e 200 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15681).
Les forces françaises en Allemagne du Nord font alors le siège des dernières places prussiennes et Stralsund en Poméranie suédoise (Suède, qui s'est déclarée contre l'Empereur).
Tandis que Brune discute avec les Suédois, ceux-ci demandent l'aide des Anglais pour débloquer Stralsund qui a déjà reçu des renforts prussiens. Les Britanniques débarquent le 5 Juillet après que l'armistice ait été dénoncé par la Suède, mais l'annonce d'un traité avec la Prusse (le 9 Juillet) fait retirer les troupes de ce pays.
Brune attaque le 13 Juillet. La Division Boudet s'empare de Tribsee. Le blocus se resserre.
En juillet, le Colonel Gengoult du 56e est blessé, de même que les capitaines Allerstorffer, Floquerelle et Bontemps.
Le 19 juillet, les Anglais opérent un débarquement dans l'ile de Rugen pour empêcher la chute de Stralsund. L'ennemi est repoussé, les assiégés déploient en vain tous leurs moyens de résistance ; il doivent rentrer dans leurs ouvrages. Le lendemain matin, les Officiers suédois saluent de leurs remparts nos avant-postes, qui n'en sont éloignés que de deux cents mètres, et témoignent ainsi à nos soldats les sentiments d'admiration que leur inspire leur conduite.
Le 22 juillet 1807, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon Cousin … l'armée du maréchal Brune sera composée : 1° de la division italienne, commandée par le général Pino, et des trois régiments de cavalerie italiens ; 2° des quatre régiments français de la division Molitor ; 3° des trois régiments français de la division Boudet ; 4e du 5e d'infanterie légère et du 19e de ligne, ce qui fait neuf régiments français ; du régiment d'Aremberg et des deux régiments de cavalerie légère français venus de Danzig ; de tous les Badois; de la brigade bavaroise venue de Munich ; des régiments de Nassau, de Würzburg, de Hesse-Darmstadt et du grand-duc de Berg. Ce qui fait donc : … Total... 38,000 Ce qui est plus que suffisant" (Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12936 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16046).
Le même jour, Napoléon écrit, depuis Dresde, au Maréchal Brune, commandant le Corps d'Observation de la Grande Armée : "... Pressez le siége de Stralsund ..." (Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12941 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16049).
Les Anglais quittent la ville le 8 Août pour attaquer le Danemark. Le 9 août, le Sous-lieutenant Cartier du 56e est blessé.
Le 15 août, on ouvre des tranchées devant la ville. Les Suédois s'en retirent le 20 août. Brune subira la disgrâce de l'Empereur pour avoir permis aux Suédois de se retirer, sans les faire prisonniers, en livrant simplement l'ile de Rügen.
En Octobre, la Division Boudet est versée au Corps de Bernadotte, nommé au gouvernement des villes hanséatiques, et tient garnison dans les dites villes, dont Hambourg.
Le 19 novembre 1807, le Général Chabot écrit au Capitaine rapporteur du 2e Conseil de Guerre permanent de la Division : "Adressé au capitaine rapporteur une plainte contre le nommé Voignon, soldat à la 3e compagnie des pionniers, prévenu de vol de plusieurs effets au préjudice des cordonniers de l’atelier d’habillement du 56e régiment" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Le 23 novembre 1807, le Général Chabot écrit au Général Despinoy, Commandant d’armes : "Mon intention général, étant de passer demain la revue dans le plus grand détail du 3e bataillon du 2e régiment de ligne, vous voudrez bien faire vos dispositions pour que ce corps ne soit point employé au service ni aux travaux de la place et donner les ordres pour que les soldats à 8 heures du matin demain 24, se trouvent rendus sur la place d’armes à 9 heures précis avec armes et bagages, les officiers en petite tenue.
Je passerai mercredi la revue du 4e bataillon du 56e régiment, le 26 celle du 3e bataillon du 93e, le 27 le 4e du même régiment, le 28 le 1er du 112e, le 30 le second, et le 1er décembre celle du 3e bataillon.
Les mêmes dispositions prescrites pour le 3e bataillon du 2e régiment seront suivies pour ces différents bataillons le jour de leur revue" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Le 28 novembre 1807, le Général Chabot écrit au Général Despinoy : "Général, j’ai eu l’honneur de vous prévenir que d’après l’avis que j’en reçois de M. le général Menou, faisant fonction de Gouverneur général, vous avez été nommé par S. M. l’Empereur et Roi, Président d’une commission qui désire de faire une vérification spéciale extraordinaire de toute la comptabilité du 112e régiment et qui doit être composé de MM. Germain Sous-inspecteur aux Revues, Narci, Commissaire des Guerres, et de MM. De Conchy, major au 56e régiment, et Degeorges, capitaine au 2e régiment d’infanterie, ces deux derniers nommés par le général Menou.
Ps. Il sera adressé à la commission, par M. le Directeur général des Revues des instructions qu’il jugera propres à régler son travail.
Vous réunirez les plus promptement possible dans le local que vous désignerez" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Le même 28 novembre 1807, le Général Chabot écrit à MM Germain, Sous-inspecteur aux Revues, Varè, Commissaire des Guerres, Deconchy, Major au 56e, Degeorges, Capitaine au 2e : "Je vous préviens que vous avez été nommé pour faire partie d’une commission qui doit être présidée par M. le général Despinoy, commandant d’armes, dont l’objet est de faire une vérification spéciale extraordinaire de toute la comptabilité du 112e régiment" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Encore le 28 novembre 1807, le Général Chabot écrit au Colonel du 112e Régiment : "J’ai l’honneur de vous prévenir, M. le colonel, qu’en exécution des ordres de S. M. l’Empereur et Roi, il va être formé une commission composée de M. le Général Despinoy, commandant d’armes, président, Varé, commissaire des guerres, de MM. Germain, sous-inspecteur aux revues, ces trois premiers nommés par S. M. l’Empereur, de Conchy major au 56e régiment, et Degeorges capitaine au 2e régiment, ces deux derniers nommés par M. le général Menou faisant fonction de Gouverneur général, dont l’objet est de faire une vérification spéciale extraordinaire de toute la comptabilité du 112e régiment que vous commandez. Vous voudrez bien prévenir de ces dispositions MM. les chefs de bataillons et membres du conseil d’administration afin que chacun en ce qui le concerne se trouve prêt à fournir à la commission les renseignements dont elle pourrait avoir besoin et répondre aux demandes qu’il pourrait leur être faites" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Le 29 novembre 1807, le Général Chabot écrit au Général Menou, Gouverneur général du Piémont : "Je m’empresse de vous accuser réception de votre lettre du 27 par laquelle vous me prévenez qu’il a été nommé par S. M. une commission destinée à faire une vérification spéciale et extraordinaire de toute la comptabilité du 112e régiment. J’ai prévenu M. le général Despinoy qui en est président ainsi que MM. Germain, Varré, Deconchy et Degeorges, en leur prescrivant de se réunir le plus promptement possible pour s’occuper de ce travail.
Le général Despinoy, en m’accusant réception de ma lettre m’assure que la commission se réunira aussitôt qu’elle aura reçu les instructions qui lui sont annoncées et qui doivent lui être adressées par M. le général Lacué, directeur général des revues" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Le 15 décembre 1807, le Général Chabot écrit au Général Despinoy, commandant d’armes : "Mon intention étant, général, de faire manœuvrer les troupes de la garnison qui sont susceptible d’exécuter les grandes manœuvres, vous voudrez bien donner des ordres pour que demain à 10 heures et demie, tout ce qu’il y a à l’école de bataillon dans les 3e bataillon du 2e, 4e bataillon du 56e, 3e et 4e du 93e et les 2 bataillons de guerre du 112e régiment sortent de la ville pour la porte de Marengo pour être conduits dans le champ de manœuvre que j’ai désigné.
Ces troupes auront mangé la soupe avant de sortir de leurs quartiers.
Elles seront en vestes, guêtres grises et les officiers en petite tenue ; pour prévenir tout inconvénient qui pourrait résulter de l’absence des troupes, il sera commandé des piquets dans le 3e bataillon du 112e régiment pour la sureté de la citadelle" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
/ 1808, Grande Armée
Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ... ANNEXE :
... Corps du prince de Pontecorvo
... 56e de ligne 60 000 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).
/ 1808, la Catalogne
Shako de Grenadiers du 56e de Ligne, 1808-1810 |
Depuis la fin 1807, sous prétexte d’envahir le Portugal, les forces françaises passent par l’Espagne et y occupent les points stratégiques dans un but final d’annexion qui est déjà prévue, après avoir destitué la famille royale en place.
Le Corps d’Observation des Pyrénées Orientales, mis sous le commandement du Général Duhesme, a pris le contrôle de Barcelone en février.
Le 20 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Donnez ordre à une colonne formée de 3 bataillons des 1er, 56e et 93e de ligne de se mettre en marche d'Alexandrie pour se rendre également à Perpignan.
Ces trois bataillons seront sous les ordres d'un major d'un des régiments qui sont à Alexandrie. Ces trois bataillons seront composés comme celui du 37e, de compagnies prises dans les 3es bataillons, ce qui formera un complet de 2520 hommes. Ces deux colonnes formeront par là plus de 5 000 hommes. Tracez-leur la route la plus courte pour se rendre à Perpignan, où vous donnerez des ordres pour qu'ils trouvent une paire de souliers par homme, et pour qu'ils en partent parfaitement en état. Vous me remettrez l'itinéraire de ces colones jour par jour ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1634 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17247).
Le 29 février 1808, le Général Chabot écrit, depuis Alexandrie, au Général Menou, faisant fonction de Gouverneur général : "J’ai l’honneur, mon général, de vous rendre compte qu’en exécution des ordres que vous m’avez transmis, les trois bataillons qui forment la colonne commandée par M. le colonel Piat, major du 2e régiment, est partie ce matin pour se rendre à Perpignan.
Si vous voulez vous donner la peine de voir cette troupe à son arrivée à Turin, vous serez surement satisfait de la composition et de la tenue. Les majors des 56e et 93e se sont prêtés de la meilleure volonté à fournir tout ce qu’ils avaient de meilleur, tant en hommes qu’en habillement, équipement et armement.
Quant au 2e régiment, vous devez être persuadé que le colonel Piat y était trop intéressé pour ne pas avoir toutes les ressources de son dépôt ; aussi ces bataillons sont aussi forts qu’ils ont pu l’être et autant bien équipés que possible.
Je joins ici les contrôles que vous m’avez demandés ; ils sont très en règle, mais ce qui me fâche, c’est qu’ils ne soient point sur papier uniforme, malgré que j’aie fait donner à chaque corps des modèles. Comme je ne les ai reçus qu’après le départ des troupes, il m’est impossible de les faire refaire" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Napoléon écrit, le 14 mars 1808, à Murat, son Lieutenant général en Espagne depuis févier : "... D'un autre côté, 5 à 6,000 hommes d'infanterie française arrivent le 30 à Perpignan. Ils doivent donc être dans la première semaine d'avril à Barcelone; ce qui portera le corps du général Duhesme à 13 ou 14,000 hommes; ce qui, joint aux forts de Barcelone qu'il occupe, le mettra sur un pied respectable, et lui permettra de disposer d'une division pour seconder vos opérations ...".
Le 19 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre au général Cavrois de se rendre à Valladolid et d'y être arrivé le 28 mars. Donnez ordre au général de division Chabran, au général de brigade Nicolas, et au général de brigade Viala, qui est à Rodez de se rendre à Perpignan. Ces trois généraux commanderont la division venant d'Italie qui arrive à Perpignan le 30 mars, et qui est composée d'un escadron napolitain de 250 chevaux, du 7e régiment de ligne fort de 1 800 hommes, et de 4 bataillons des 37e, 56e, 93e et 2e de ligne, le tout formant 5 000 hommes. Cette division se mettra en marche le 1er avril pour se rendre à Barcelone et prendra à Perpignan le reste de l'artillerie du général Duhesme. Vous ferez connaître au général Chabran qu'il est sous les ordres du général Duhesme. Cette division se servira pour la solde du même payeur que la division Duhesme. Vous y joindrez un adjudant comandant, un officier d'artillerie et un du génie pris dans les 9e ou 10e divisions militaires ; ainsi le corps du général Duhesme sera composé de deux divisions, celle du général Chabran, à laquelle seront joints le 15e de ligne et le régiment suisse qui la porteront à 6 000 hommes ; le général Duhesme lui donnera la moitié de son artillerie, c'est-à-dire 9 pièces de canon ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1729 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17427).
En mars 1808, le Bataillon envoyé en Catalogne devient 4e Bataillon du Régiment.
En Catalogne, Duhesme est rapidement circonscrit dans la ville de Barcelone à partir de mai par les Espagnols qui se sont révoltés, à l’annonce de la destitution des Bourbons le 10 mai.
Puis on envoie encore des renforts sous la forme de Bataillons de marche. Le 14 juin 1808, depuis Bayonne, l'Empereur rédige ses "ORDRES POUR LE MAJOR GENERAL à Bayonne.
Donner les ordres suivants :
Donnez ordre qu’il soit formé, dans la 27e division militaire, deux bataillons de marche composés, le premier bataillon, de trois compagnies du 3e bataillon du 7e de ligne et de trois compagnies du 93e; le deuxième bataillon, de deux compagnies du 37e de ligne, de deux compagnies du 56e et de deux compagnies du 2e de ligne. Chaque compagnie sera complétée à 140 hommes ou au moins à 100 hommes. Ecrivez par l’estafette d’Italie au gouverneur général à Turin pour qu’il fasse sur-le-champ former ces deux bataillons de marche, et qu’il les dirige sur Perpignan".
Le Capitaine Cedroz est tué le 30 juin 1808 en Espagne.
Les renforts arrivent sur la frontière.
Le 8 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Mon cousin, le bataillon de marche composé de 3 compagnies du 7e de ligne et de 3 compagnies du 93e portera le nom de 1er bataillon de marche de Catalogne. Le bataillon de marche composé de 2 compagnies du 37e, de 2 compagnies du 2e de ligne et de 2 compagnies du 56e, portera le nom de 2e bataillon de marche de Catalogne. Le bataillon de marche composé de 2 compagnies suisses, et de 2 compagnies du 16e de ligne portera le nom de 3e bataillon de marche de Catalogne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2083 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18503).
Le même 8 juillet 1808, depuis Bayonne, l'Empereur écrit au Général Reille, son Aide de camp, à Bellegarde : "Le 1er bataillon de marche de Catalogne composé de trois compagnies du 7e de ligne et de trois compagnies du 93e, le 2eme bataillon de marche de Catalogne composé de deux compagnies du 37e, de deux compagnies du 93e de ligne et de deux compagnies du 56e, le 3e bataillon de marche de Catalogne composé de deux compagnies suisses et de deux compagnies du 16e de ligne, le 2e bataillon de la 5e légion de réserve, le bataillon du 32e léger et le bataillon valaisan, formant ensemble environ 3,500 hommes, doivent être arrivés à l’heure qu’il est à Perpignan; ce qui, joint à vos 1,300 Toscans, à vos bataillons de gardes nationales, aux neuf compagnies de la réserve et aux deux escadrons toscans, doit vous faire une force de 6,000 hommes, avec laquelle vous êtes en mesure de dissiper tout rassemblement, de débloquer Figuières et de prendre là position, pour être en mesure de vous porter partout".
Duhesme essaie de desserrer l’étau comme au combat d'Espaguerra le 5 juin. Puis en juillet, il décide de marcher sur Girone. Il part de Barcelone avec la Division Chabran, par la route qui suit le bord de la mer, la seule praticable à l’artillerie; il la trouve coupée en plusieurs endroits et défendue par la flotte anglaise. Trouvant Girone dans un état de défense hors de ses moyens, Duhesme retourne sur Barcelone.
Le Capitaine Riva du 56e est blessé le 10 août devant Girone et le Capitaine Plassiard, le 16.
Gouvion Saint-Cyr, qui commande à présent les forces en Catalogne appelées 5e puis 7e Corps, a pour première urgence de prendre Rosas pour sécuriser ses arrières. Ce sont les Divisions Reille et Pino qui en font le siège, tandis qu'il en couvre les abords. La ville capitule le 5 décembre. Puis il se glisse devant Girone, faisant mine de s'y attaquer, mais rallie Barcelone pour délivrer Duhesme.
/ 1808, l'Italie
Le 1er mars 1808, le Général Chabot écrit, depuis Alexandrie, au Général Menou, à Turin : "J’avais différé de vous rendre compte d’une mesure de sévérité et qui me paraissait arbitraire employée par le général Despinoy envers M. Deconchy, major du 56e régiment, qu’il a mis aux arrêts forcés le 28 pour quinze jours, pour ne s’être pas trouvé à la parade dimanche dernier.
Cet officier supérieur était, dans ce moment, en conseil d’administration, occupé de régler la comptabilité et du travail de la revue, et devait le soir même passer la revue de l’inspecteur aux revues, et vous devez penser que ce travail était assez important pour qu’il se cru dispensé d’assister à une parade qui n’avait aucun objet d’utilité.
Je vous fais passer copie de la lettre que m’écrit M. Deconchy. Les motifs qu’il allègue suffiront pour vous convaincre de la sévérité de la punition. Comme cet officier supérieur est un de ceux auxquels on n’a rien à reprocher, ce qui vous surprendra sans doute aussi, c’est que voilà le troisième jour que M. de Conchy est aux arrêts ; M. le général Despinoy ait négligé de m’en rendre compte.
Vous pensez que je ne peux m’empêcher de lui en témoigner mon mécontentement. J’espère que de votre côté, vous voudrez bien lui faire sentir le ridicule de sa conduite et lui ordonner d’être plus circonspect dans les punitions et surtout de n’en point infliger à aucun officier supérieur de la garnison sans m’en rendre compte sur le champ.
Je vous ai déjà dit, mon général, combien de semblables punitions qu’on emploie si souvent envers des officiers tendent à enlever la considération et affaiblissent l’autorité qu’ils ont sur leurs subordonnés. Il est tenu d’arrêter de pareils abus dont auxquels je croit devoir m’opposer de tout mon pouvoir" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Le 2 mars 1808, le Général Chabot écrit, depuis Alexandrie, au Général Despinoy, commandant d’armes : "Je suis surpris, général, d’apprendre par des voies indirectes que M. Deconchy, major du 56e régiment, est d’après vos ordres, aux arrêts forcés pour quinze jours. Cette mesure sévère employée envers un officier supérieur aussi distingué me porte à croire qu’il a commis une grave. Vous voudrez bien me rendre compte des motifs qui vous ont porté à déployer autant de sévérité à son égard. Si, ce que je ne peux croire, c’est pour ne s’être pas trouvé à la parade de dimanche dernier, je ne peux vous dissimuler mon étonnement. M. de Conchy s’occupait ce jour là d’affaires beaucoup plus importantes ; il devait régler la campagne d’un régiment partant, se préparer à la revue de départ qu’en devait passer en retour le soir même l’inspecteur aux revues, afin de répondre aux différentes demandes relatives aux mutations auxquelles la formation de ce bataillon avait dû donner lieu.
M. le major ne serait donc punissable que pour ne vous avoir demandé l’autorisation de ne pas assister à la parade et cette légère faute devait trouver son excuse dans les grandes occupations dont était chargé cet officier supérieur.
Je vous ai déjà dit plusieurs fois que les punitions trop sévères envers des chefs de corps tendaient à leur faire perdre la considération dont ils doivent jouir, et diminuer leur autorité envers leurs subordonnés. Je vous recommande donc de n’en plus employer de ce genre que pour des motifs très graves, et surtout de m’en rendre compte sur-le-champ. Si vous n’avez d’autres griefs à reprocher à M. Conchy, j’espère que vous voudrez bien le mettre sur le champ en liberté ; c’est un officier qui a toujours servi avec honneur et la manière dont il s’est conduit depuis qu’il est dans cette place aurait du lui mériter votre estime" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Le même 2 mars 1808, le Général Chabot écrit encore au Général Despinoy : "Je suis surpris, général, du refus que vous faites de mettre en liberté sur la demande que j’ai bien voulu vous en faire, M. de Conchy, major du 56e. Je croyais que vous auriez senti dans cette circonstance la délicatesse de mon procédé, puisque j’avais de mon côté fortement à me plaindre de ce que vous aviez différé plus de 484 à punir si sévèrement cet officier supérieur, et ce dont vous ne faites aucune mention dans votre lettre. Cependant, vous ne devez pas ignorer que vous aviez enfreint à cet égard tous les règlements. Je vous réitère donc ma demande en vous prévenant que si vous n’y faites pas droit, je prendrai sur moi de lever les arrêts" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Toujours le 2 mars 1808, le Général Chabot écrit ensuite à M. Deconchy, Major du 56e Régiment de Ligne : "J’ai senti, M. le major, toute l’injustice de la conduite de M. le général Despinoy, commandant d’armes, à votre égard, en vous infligeant les arrêts forcés pour ne vous être pas trouvé à la parade dimanche dernier, puisque vous me justifiez que des affaires de la plus grande importance pour votre corps vous ont empêché de remplir ce devoir. J’en ai témoigné mon mécontentement au général Despinoy, et lui ai demandé votre sortie, qu’il a eu la malhonnêteté de me refuser. Ne pouvant regarder sa conduite à votre égard que comme acte arbitraire et au mieux une désobéissance formelle, je prends pour moi de lever vos arrêts ; en conséquence, vous pouvez, dès à présent, vaquer à votre service" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Enfin, le même 2 mars 1808, le Général Chabot écrit au Général Menou, à Turin : "J’ai eu l’honneur de vous rendre compte hier de la punition sévère qu’avait infligé M. le général Despinoy, commandant d’armes, à M. Deconchy, major du 56e régiment, et je vous prévenais que j’allais lui en témoigner mon mécontentement. Je me bornais cependant à lui faire sentir l’abus qui pourrait résulter de l’emploi fréquent de punitions aussi sévères envers les officier et particulier, envers les chefs de corps, ce qui tendait à leur faire perdre leur considération et leur autorité envers leurs subordonnés. Je lui demandais en même temps la levée des arrêts de M. le major Deconchy.
J’ai été fort surpris que d’après les détails des motifs des mesures qui l’avaient déterminé à punir si sévèrement cet officier supérieur, il me réfute formellement sa sortie, prétendant qu’il croyait compromettre ses pouvoirs, sa dignité et le bien du service s’il acquiesçait à ma demande.
Surpris de ce refus, je lui en ai témoigné mon mécontentement, et lui demandai derechef la sortie de M. Deconchy, en le prévenant que s’il n’y faisait pas droit, je me verrais forcé de me servir de mon autorité pour lever moi-même ses arrêts.
Il est temps, général, que la lutte scandaleuse qui s’élève continuellement entre moi et le général Despinoy et dont je vous ai plusieurs fois entretenu, cesse. Il faut que les limites de nos pouvoirs soient déterminées.
M. le général Despinoy prétend que je cherche dans cette circonstance à soustraire à sa police les officiers de la garnison, et que je n’ai aucun droit à m’immiscer dans les punitions qu’il leur inflige. Je crois ce principe faux et contraire à tous les règlements et ordres militaires. Le général Despinoy étant ici sous mes ordres immédiats.
Je n’ai jamais cherché à contrarier les mesures ordonnées par le général Despinoy relatives au service de la place, quand elles ont été dictées par la justice et basées sur les règlements. Mais je crois à la dignité de ma place qui vaut surement bien la sienne de m’opposer à toutes vexations et mesures arbitraires lorsqu’elles tendent surtout à dégrader le caractère militaire, à lui faire perdre la considération et par conséquent nuire à la discipline.
L’excuse que donne M. le général Despinoy, pour ne m’avoir pas encore rendu compte hier à 2 heures, ne peut être admise puisque l’article 43, du titre 20 de l’ordre de 1768 dont il s’appuie porte le [blanc] et que je n’ai été instruit par lui que parce que je lui en ai demandé compte par ma lettre d’hier, quoique son ordre des arrêts fut daté du 28 février, comme vous le verrez par la copie ci-jointe.
Il est vrai qu’il a suspendu l’exécution de son ordre jusqu’au 29 à midi, mais ce n’était que comme grâce et sur des motifs puissants qu’alléguait le major du 56e desquels dépendait l’organisation et le départ de son bataillon, mais cela n’empêche pas qu’il ne fut aux arrêts du 28.
Je pense donc envisager la conduite du général Despinoy dans cette circonstance, que comme une insubordination marquée, et manque d’égards qu’il doit à son supérieur. Je vous en demande justice, 1° en déterminant d’une manière précise les limites de ses pouvoirs, les rapports qu’il me doit qui sont toujours retardés au moins de 24 heures, puisque je reçois souvent à 10 heures du soir le rapport qui devait même parvenu la veille à midi.
2° en lui infligeant une peine proportionnée à la gravité de l’affaire. J’espère que vous voudrez bien vous pénétrer de la justice de ma demande et y faire droit" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Le 4 mars 1808, le Général Chabot écrit, depuis Alexandrie, au Général Menou à Turin : "Je sens comme vous, combien est difficile le commandement supérieur de la place d’Alexandrie, mais je vous avouerai que je ne m’attendais pas que ce fut ma manière de servir qui vous le rendit si pénible. Dans ce cas, je vous supplie de vouloir bien solliciter mon changement plutôt que de perdre le commandement du poste le plus important de votre gouvernement.
J’ai donc eu tort de me plaindre de la punition trop sévère infligée par M. le général Despinoy à M. le major de Conchy ; j’ai donc eu tort également de me plaindre de ce qu’on ne m’a rendu compte de cette punition. D’après cela, je vous demande quelles sont les [mot illisible] que j’ai à remplir ici, si je ne peux m’opposer à des actes vexatoires et si je n’ai droit d’exiger en temps utile des rapports de tout ce qui s’y passe. Tous les adjudants-majors et officiers de semaine du 93e sont aux arrêts forcés depuis le 29 février sans qu’on m’en ait rendu compte. La confiance que vous paraissez avoir dans le général Despinoy et le soin que vous prenez de lui donner toujours raison sous toutes les circonstances où il se trouve en contradiction avec moi, me prouve que je ne me la suis pas méritée et que je n’ai aucune part à votre estime ; cependant je croyais que l’autorité supérieure devait être toujours soutenue, et jamais avilie devant ses subordonnés ; c’est une des bases sur lesquelles repose la hiérarchie militaire, que M. le général Despinoy [mot illisible] quelles les circonstance dans lesquelles j’ai contrarié ses mesures de police et discipline, quand elles ont été dictées par la justice et basées sur les règlements. Je connais comme lui les ordres, je me fait un devoir de m’y soumettre et de les faire observer et je croyais avoir le droit de ne pas permettre qu’ils [mot illisible].
Je suis fort aise que votre opinion à l’égard de M. le major de Conchy s’accorde avec la mienne, et c’est peut-être la marque de confiance donc vous l’avez honoré en le nommant membre de la commission de vérification du 112e, qu’il doit la sévérité avec laquelle il a été traité par M. le général Despinoy qui a saisi avec empressement cette occasion de le punir de ce qu’il n’est pas toujours de son avis.
Je ne suis nullement jaloux de la confiance que vous accordez à ce général parce que cela ne se commande point, mais cependant, il est plusieurs circonstances dans sa vie que je serais très fâché qu’on trouvât dans la mienne. Son mariage, les motifs qui l’ont fait renvoyer de l’armée dit-on, et sa conduite ici à l’égard de la famille Mosse, où il a mis la désunion en troublant la paix d’un ménage bien assorti sont trois points qui coïncident assez pour faire juger de son caractère et de sa loyauté. D’après cela, vous devez croire que j’ai souvent à rougir d’avoir des rapports avec pareil homme ; c’est pourquoi je vous réitère la demande de solliciter mon changement, en vous priant d’être bien persuadé qu’elle n’a aucun rapport à mon service et mes relations avec vous sous les ordres de qui je me ferai toujours un vrai plaisir de me trouver" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
Le Vice-Roi ayant reçut de l’Empereur le 29 mars 1808 l’ordre de présenter un projet complet d'organisation de ses troupes par Divisions, lui adresse le 6 avril 1808 un mémoire qui est approuvé dans toutes ses parties. D'après ce projet, suivi presque de point en point, l'armée du Vice-Roi en Italie se trouve composée de 9 Divisions d'infanterie et de 4 de Cavalerie.
Infanterie ...
6e division (Grenier), général de brigade Dutruy, 12 bataillons des 13e et 112e de ligne, quatre 4es bataillons des 2e, 37e, 56e et 93e de ligne, en Toscane.
Total pour l'infanterie : 100 bataillons à 800 hommes, dont 92 français et 8 italiens ; environ 80,000 hommes ... (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 8).
Pendant ce temps, on a changé les Dépôts des Régiments en Italie. L’Empereur écrit, depuis Bayonne, le 20 Mai 1808, au Prince Camille Borghèse, Gouverneur général des départements au-delà des Alpes, à Turin : "Les comptes que vous me rendez, en forme d'états, doivent être en petits carnets de la grandeur de quatre à six pouces, parce qu'alors je les garde sur ma table. Il faut distinguer sur vos états de situation les conscrits de 1809. Faites-moi connaître les mouvements qui se sont opérés dans vos dépôts. Vous devez avoir dans votre gouvernement : à Turin, les dépôts des 6e, 7e, 37e de ligne et l4e léger; à Plaisance, celui du 10e de ligne; à Verceil, celui du 20e de ligne; à Asti, celui du 29e; à Gênes, ceux du 52e et du 101e; à Savone, celui du 102e; à Mondovi, celui du 23e léger; à Alexandrie, ceux des 2e, 56e et 93e de ligne, et à Parme, celui du 3e léger.
Ces dépôts sont-ils arrivés dans votre gouvernement, ou sont-ils annoncés ? Faites-vous remettre par les majors l'état des effets d'habillement qu'ils ont aux anciens dépôts, la quantité de conscrits qu'ils ont à recevoir et celle qu'ils ont déjà reçue, le nombre de conscrits de 1809 arrivés aux nouveaux dépôts et ce qui y est attendu. Vous donnerez l'ordre que les corps qui auraient des conscrits à leur nouveau dépôt et des effets d'habillement à l'ancien fassent marcher des conscrits, en proportion de ces effets d'habillement, sur les anciens dépôts, pour y être habil1és et incorporés dans les 4e bataillons".
Le 4 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "… Faites-moi un pareil travail pour l'armée d'Italie, et pour celle de Dalmatie et de Naples ; c'est-à-dire que les 30 régiments qui sont dans ces armées aient, avant le printemps, 120 bataillons de ligne ou un effectif de plus de 100 000 hommes indépendamment des 5e bataillons et dépôts ; et que tous les régiments de cavalerie soient à 1000 hommes.
Indépendamment de cela, il faut y comprendre les 3e et 4e bataillons du 67e, le 4e du 56e, les 3e et 4e du 2e de ligne, le 4e du 37e, le 4e du 15e de ligne, le 4e du 3e légère, le 4e du 93e, ce qui ferait 10 bataillons, lesquels pourraient former une division et rester en Italie, sans aller au nord. On pourrait y joindre les 4es bataillons des 7e de ligne, 1re légère et 42e, ce qui ferait 133 bataillons ...
Il serait en conséquence dirigé sur Mayence : du 2e de ligne, 300 hommes ; du 37e idem, 500 hommes ; du 16e idem, 300 hommes ; du 67e idem, 100 hommes ; du 3e léger, 200 hommes ; du 93e de ligne, 300 hommes ; du 56e idem, 300 hommes : total : 2000 hommes ...1" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2255 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18825).
/ 1809, le 4e Bataillon en Catalogne
Assaut sur Girone, 1809 |
En Catalogne, l’Armée française tient quelques villes dont Barcelone mais les campagnes et Gérone sont toujours aux mains des insurgés.
Au début 1809, le 4e Bataillon du 56e est à la seconde Division Chabran du 7e Corps sous les ordres du Général St Cyr. Il va s'illustrer dans de nombreux combats. A Bruch, le 1er Janvier, le Général en chef Saint-Cyr charge la Division Chabran d’enlever la forte position au pied de Montserrat, où s’était établi un parti ennemi de 5 à 6000 hommes. Le défilé fut si lestement enlevé, dit Saint-Cyr, que nos pertes furent insignifiantes et que celles des Espagnols furent considérables, outre celle de leur artillerie, consistant en 8 pièces de canon.
Le 16 février, Gouvion Saint-Cyr opère une vaste opération vers le Campo de Tarragone afin de faire diversion en faveur du siège de Saragosse. Son aile droite est couverte par les Divisions Chabran et Chabot.
Après le combat de Valbonna, les deux Divisions occupent Igualadia jusqu'au 10 mars, puis doivent rentrer sur leurs bases près de Barcelone. Elles doivent forcer le passage du Llobregat à Molins del Rey le 15 mars.
En juin, Augereau est nommé à la tête de l'Armée de Catalogne, mais son état de santé ne lui permet pas d'être présent avant fin septembre. Gouvion Saint-Cyr reste en place jusque-là, s'occupant du siège de Gérone.
A l'affaire du 16 août 1809, sous les murs de Gérone, le Capitaine Lugnot a ordre, avec la Compagnie de Voltigeurs qu'il commande, de débusquer l'ennemi qui se trouve sur les hauteurs de Montaguet et d'occuper le poste, après en avoir chassé un Corps de cinq à six cents Miquelets. Il y prend position et s'y maintient pendant plus de dix heures, sous le feu le plus meurtrier. Il doit à sa fermeté et à sa bravoure la concervation de ce point, il s'y couvre de gloire et empèche l'ennemi de s'emparer du défilé de la Costa-Rossa. Il perd dans cette journée un tiers de sa Compagnie et est lui-même blessé grièvement.
Le Capitaine Gouvenel est tué lors d'un assaut à Gérone le 16 août 1809.
Le 19 septembre 1809,à l'assaut de la ville de Gérone, le Capitaine Lugnot se conduit avec la plus brillante valeur et est blessé d'un coup de feu sur la brèche où il a l'honneur d'arriver le premier. Le Chef de Bataillon Robin est tué lors de l'assaut du 19 septembre 1809.
Après plusieurs assauts meurtriers et une défense héroîque, Gérone finit par capituler le 10 décembre. Le siège aura coûté de nombreuses pertes au 56e de Ligne entre Juin et Septembre dont les blessures mortelles du Chef de Bataillon Robin et du Capitaine Gouvenel.
Le Capitaine Villeneuve est tué en Catalogne le 18 décembre 1809.
Des bataillons de marche de renforts sont envoyés en Catalogne.
Le 22 décembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le 1er d’infanterie légère et le 42e ont leurs dépôts en Italie et leurs régiments en Catalogne. Il faut les recruter. Faites-moi connaître ce qu’on pourrait faire partir de ces 2 régiments. Ces détachements se réuniraient aux 3e léger, 7e de ligne, 93e, 2e, 56e, 37e et 102e. Les détachements de ces 9 régiments formeraient un régiment de marche qui serait dirigé sur Perpignan ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3844 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22695).
Le 24 décembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Trianon, Au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, il sera formé un régiment de marche qui portera le titre de régiment de Catalogne. Il se réunira à Turin, sous l’inspection du prince Borghèse. Il sera composé ainsi qu’il suit :
1er bataillon une compagnie du dépôt du 1er léger 100 hommes, une compagnie du dépôt du 42e 130, une compagnie du dépôt du 7e de ligne 120, deux compagnies de 160 hommes, chacune, du 93e 320 670 hommes
2e bataillon deux compagnies du dépôt du 2e de ligne 300 hommes, deux compagnies du dépôt du 56e de ligne 300 hommes, deux compagnies du dépôt du 37e de ligne 140, deux compagnies du dépôt du 3e léger 200 940 hommes
Ces deux bataillons formant un total de 1600 hommes. Aussitôt que ce régiment sera formé à Turin, il se mettra en marche pour Perpignan. Le prince Borghèse aura soin d’en passer des revues, et de le pourvoir de tout ce qui lui sera nécessaire pour faire campagne.
Un bataillon de marche est formé parallèlement.
Arrivés en Catalogne, ce régiment et ce bataillon de marche seront dissous et incorporés dans leurs régiments respectifs" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3851 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22710).
/ 1809, la campagne d'Autriche
Pendant ce temps, les trois premiers Bataillons quittent la Westphalie à la fin de 1808, avec la Division Boudet, pour se rendre en Espagne. Napoléon les envoie d’abord sur Lyon. Mais les armements de l’Autriche, pendant que l'Empereur est en Espagne, l'obligent à changer ses plans et à former un Corps d’Observation du Rhin. Ainsi, il écrit, le 23 février 1809, depuis Paris, au Général Clarke, Comte D'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Annexe Nous avons décrété et décrétons ce qui suit : Art. 1er. Il sera formé un corps d'armée sous le titre de Corps d'observation de l'armée du Rhin. Le quartier général de ce corps sera porté à Strasbourg le 15 mars. Art. 2. Le corps d'observation de l'armée du Rhin sera commandé par le duc de Rivoli. L'état-major sera composé du général de division Beker, chef d'état-major, d'un général d'artillerie, d'un général du génie, d'un commissaire ordonnateur, d'un payeur, etc. Cet état-major sera réuni à Strasbourg le 15 mars. Art. 3. Il y aura pour tout le corps d'armée quatre compagnies de sapeurs avec 6 000 outils attelés ; au moins une compagnie de pontonniers. Art. 4. Ce corps sera composé de 4 divisions d'infanterie et d'une division de cavalerie légère. ... La 4e division, commandée par le général Boudet, sera composée : 1° du 3e régiment d'infanterie légère ; du 93e régiment d'infanterie de ligne ; du 56e régiment d'infanterie de ligne ; de 12 pièces d'artillerie française ; 2° d'une brigade composée du régiment de Nassau, etc., portant le n°2, de celui portant le n°5 et de celui portant le n°6 (de la 3e division) ... " (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14806 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20115).
La Division, arrêtée à Lyon, en repart au mois de février 1809, pour faire partie de ce qui s'appelle désormais 4ème Corps, en formation sur le Rhin, aux ordres du Maréchal Masséna.
- Napoléon réorganise ses forces en Italie.
Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Borghèse, Gouverneur général des départements au-delà des Alpes : "Mon cousin, j’ai reçu l’état de situation du 1er février.
Je désirerais réunir une brigade composée du 3e bataillon du 2e régiment d’infanterie de ligne, du 3e bataillon du 93e, du 3e bataillon du 3e d’infanterie légère et du 3e bataillon du 67e. Il faudrait que chaque bataillon fût de 840 hommes, ayant des compagnies à 140 hommes, ayant son chef de bataillon et son adjudant-major ; étant tous bien habillés, bien équipés, et munis de deux paires de souliers. On prendrait tout ce qui est disponible dans les 5es bataillons, pour former cette brigade.
Un général de brigade en aurait le commandement et ces 3200 hommes formeraient une réserve prête à se porter partout ; on les exercerait aux manœuvres de manière à les y accoutumer promptement, et à ce qu’on pût en tirer parti en campagne. Je désirerais les réunir à Plaisance. Faites-moi connaître quand ces 4 bataillons seront prêts et pourront être ainsi réunis. Pourrait-on ajouter à cette réserve 4 compagnies du 5e bataillon du 37e formant 520 hommes et 4 compagnies de même force du 56e, ce qui augmenterait de 1 000 hommes cette réserve, et la porterait à 4200 à 300 hommes [sic] ?
Je désirerais également qu’on y pût joindre une compagnie du 5e escadron du 4e régiment de cuirassiers, forte de 200 chevaux ; une idem de 7e de cuirassiers ; une idem du 8e ; une idem du 6e de cuirassiers ; ce qui ferait 4 compagnies ou 800 chevaux bien équipés, bien armés ; ce serait une belle réserve de cuirassiers ; on lui donnerait le nom de régiment provisoire de cuirassiers d’Italie ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20014).
Napoléon écrit également, depuis Paris, le 27 février 1809, au Prince Eugène Napoléon, Vice-roi d’Italie, à Milan : "Mon Fils, il ne faut point se presser de former des camps; ils ne servent de rien, et mars est une saison trop défavorable pour faire sortir mes troupes de leurs quartiers d’hiver ...
J’ai donné l’ordre au prince Borghese de réunir pour la fin de mars à Plaisance les 3e bataillons du 2e de ligne, du 3e, du 67e et du 93e, plus un cinquième bataillon, composé moitié du 56e et moitié du 37e. Cela formera une réserve de 4,000 hommes. Huit jours après qu’elle sera réunie et formée, vous enverrez le général Charpentier en passer la revue, et, quinze jours après, vous pourrez la passer vous-même. Je les ai mis là pour qu’ils manœeuvrent et achèvent de s’organiser. D’ailleurs, je pense qu’ils doivent être parfaitement à Plaisance, qui est une bonne ville ...
Je me suis décidé à réunir les deux divisions Molitor et Boudet à Strasbourg, où je forme un corps d’armée".
Le 27 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils … J'ai donné l'ordre au prince Borghese de réunir pour la fin de mars à Plaisance les 3es bataillons du 2e de ligne, du 3e, du 67e et du 93e, plus un cinquième bataillon, composé moitié du 56e et moitié du 37e cela formera une réserve de 4,000 hommes. Huit jours après qu'elle sera réunie et formée, vous enverrez le général Charpentier en passer la revue, et, quinze jours après, vous pourrez la passer vous-même. Je les ai mis là pour qu'ils manoeuvrent et achèvent de s'organiser. D'ailleurs, je pense qu'ils doivent être parfaitement à Plaisance, qui est une bonne ville …" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 351; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14820 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20156).
- Préparatifs contre l'Autriche sur le Rhin
Les armements de l’Autriche obligent Napoléon à changer ses plans.
Ainsi, il écrit, le 23 février 1809, depuis Paris, au Général Clarke, Comte D'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Le corps d'observation de l'armée du Rhin sera commandé par le duc de Rivoli.
L'état-major sera composé du général de division Beker, chef d'état-major, etc. Cet état-major sera réuni le 15 mars à Strasbourg.
Ce corps d'armée sera composé de quatre divisions d'infanterie et d une division de cavalerie légère ...
Annexe
Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :
Art. 1er. Il sera formé un corps d'armée sous le titre de Corps d'observation de l'armée du Rhin. Le quartier général de ce corps sera porté à Strasbourg le 15 mars.
Art. 2. Le corps d'observation de l'armée du Rhin sera commandé par le duc de Rivoli. L'état-major sera composé du général de division Beker, chef d'état-major, d'un général d'artillerie, d'un général du génie, d'un commissaire ordonnateur, d'un payeur, etc. Cet état-major sera réuni à Strasbourg le 15 mars.
Art. 3. Il y aura pour tout le corps d'armée quatre compagnies de sapeurs avec 6 000 outils attelés ; au moins une compagnie de pontonniers.
Art. 4. Ce corps sera composé de 4 divisions d'infanterie et d'une division de cavalerie légère.
... La 4e division, commandée par le général Boudet, sera composée : 1° du 3e régiment d'infanterie légère ; du 93e régiment d'infanterie de ligne ; du 56e régiment d'infanterie de ligne ; de 12 pièces d'artillerie française ; 2° d'une brigade composée du régiment de Nassau, etc., portant le n°2, de celui portant le n°5 et de celui portant le n°6 (de la 3e division) ... " (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14806 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20115).
Le 30 mars 1809, l'Empereur adresse, depuis Paris, à Berthier, Major général, ses instructions, pour la campagne à venir, suivies d'un Etat de la composition des Divisions et Brigades des différents Corps de la Grande Armée. Le 56e de Ligne doit faire partie du 4e Corps d'Armée commandé par le Maréchal Duc de Rivoli; 4e Division Boudet, 2e Brigade Valory (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14975 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20619).
C'est que le 9 Avril, l'Autriche a déclenché les hostilités en entrant en Bavière, alliée des Français, tandis que le Tyrol s'insurge. Le 10 Avril, les Autrichiens lancent une offensive contre l'Armée d'Italie du Prince Eugène. Puis contre les Polonais de Poniatowski en Galicie.
Le 56e envoie, de son Dépôt, 5e Bataillon, des Compagnies pour des Demi-brigades ou Régiments provisoires pour garder les arrières en Italie. Napoléon a écrit à Clarke le 3 mars 1809 : "PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
1 Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2 ... Le 15e régiment provisoire sera composé de 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 67e, 2e de ligne, 56e, 37e, 93e, 112e, 1er de ligne, 62e, 23e léger. Ces 4 derniers régiments (13e, l4e, 15e, et 16e) formeront la réserve de notre armée d'Italie, et seront réunis 3 à Alexandrie et un à Milan. Ce régiment se réunira à Alexandrie ... Les 9 régiments de l'armée italienne formeront un régiment composé de même, lequel sera fort de 2 500 hommes et se réunira à Milan. Ainsi la réserve de l'armée d'ltalie sera composée de 2 brigades, l'une de deux régiments qui se réunira à Milan, l'autre de 3 régiments qui se réunira à Alexandrie, l'une et l'autre commandées par un général de brigade, et qui seront prêtes à se porter partout où les circonstances l'exigeront" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).
Le 11 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, les régiments dont les dépôts sont en Piémont et qui ont leurs bataillons de guerre en Allemagne, savoir les 67e, 2e de ligne, 56e, 37e, 93e, 3e léger ne doivent plus rien fournir de leurs dépôts à l'armée d'Allemagne. Tout ce qu 'ils ont et tout ce qu'ils recevront doit être employé à fournir les cinquièmes bataillons, tant pour fournir deux compagnies et même trois ou quatre, si c'est possible, aux demi-brigades provisoires que pour fournir des garnisons aux citadelles de Turin et d'Alexandrie, et se porter partout où il serait nécessaire. Ainsi donnez l'ordre au gouverneur général de tenir la main à ce que ces dépôts envoient le plus d'hommes possible aux demi-brigades provisoires qui en sont formées, en partant du principe qu'ils n'ont plus rien à fournir à leurs régiments en Allemagne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3105 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20805).
Pendant ce temps, le 17 Avril, Masséna est à Augsbourg et doit tenir la position le temps que l'Armée française rallie. Les Autrichiens se concentrent sur Ratisbonne.
Les trois premiers Bataillons du 56e de Ligne sont à la 4e Division Boudet du 4e Corps.
Le 22 avril 1809, au Quartier général à Vicence est établi l'ordre de l’Armée : "A compter de ce jour, l’armée d’Italie divisée en trois corps d’armée organisés de la manière suivante par S. A. I. le prince Eugène, général en chef ...
L’aile gauche commandée par le général Baraguey D’Hilliers
1ère division, 16e de ligne, 56e, 93e, 112e idem ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 125 page 265)
Du 19 au 23 avril, par une série de manœuvres brillantes, Napoléon coupe l'armée autrichienne en deux à Abensberg et Landshut et la force à retraiter à Eckmühl, puis on reprend Ratisbonne. Les Français marchent sur Vienne. Masséna se dirige sur Passau, longeant le Danube à la gauche du dispositif français, d'où il déloge les Autrichiens le 26 avril. Puis se porte sur Linz et Ebesberg qui est emportée par la Division Oudinot.
Le 28 avril, toutes les forces dont le Prince Vice-Roi a le commandement en chef se trouvent concentrées sur l'Adige; le Général Macdonald est arrivé la veille. Eugène met alors à exécution le projet d'organisation en trois Corps et une réserve, projet adopté déjà en principe depuis le 23 avril et que nous donnons ci-dessous :
3°- Aile gauche, le Général Baraguey-d'Hilliers commandant. Division Vial, puis Rusca, 6 Bataillons des 56e, 16e, 93e, 112e de Ligne ; Division Fontanelli, 12 bataillons des 1er, 2e, 3e, 4e de Ligne italiens et du Bataillon d'Istrie, 4 escadrons du 7e de Dragons (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 45).
Cette armée, reconstituée et prête ou à tenir tête à l'ennemi sur l'Adige ou à reprendre l'offensive, occupe le 28 avril les positions suivantes :
L'aile gauche à l'entrée du Tyrol (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 45).
Le 10 mai, le 4e Corps se met en marche sur Vienne ; la Division Boudet s'avance, le 11, sur Schoenbrunn. Vienne est aussitôt sommé de capituler ; l'Archiduc Maximilien, qui y commande, rejette la sommation et ouvre le feu.
L'Empereur ordonne l'occupation d'un petit pavillon, sur la rive gauche du Danube, pour protéger la construction d'un pont. Deux Compagnies du 56e passent aussitôt le bras du fleuve dans des barques ; le Bataillon de Grenadiers qui défend ce passage est chassé par nos Voltigeurs et par la mitraille de quinze pièces d'artillerie.
Le bombardement de Vienne commence le jour même, à quatre heures du soir ; 1,800 obus sont tirés sur la ville, l'Archiduc Maximilien fait marcher , à une heure du matin, deux Bataillons en colonne serrée pour reprendre le pavillon. Les deux Compagnies de Voltigeurs du Régiment ont crénelé les murs ; elles reçoivent l'ennemi à bout portant ; leur feu et celui de l'artillerie le repoussent ; il se retire dans le plus grand désordre.
La capitale de l'Autriche capitule le 12 mai à la pointe du jour.
Le 13 mai, les Français entrent dans Vienne. La Division Boudet prend possession du faubourg de Léopoldstadt.
Des secours ont été envoyé d’Italie pour le Corps de Masséna mais certains ont été capturés par les Tyroliens révoltés au nom de l’Autriche et les autres ont du faire demi-tour. Napoléon écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, le même 13 Mai 1809 : "... la première colonne de troupes qui d'Italie devant se rendre en Allemagne parait avoir été prise par l'ennemi ...
La 2e colonne composée : d'1 bataillon de marche des 37e et 56e de ligne, du 3e bataillon du 67e, du 3e bataillon du 93e, de 100 hommes du 19e de chasseurs, de 100 hommes du 25e idem et de 70 hommes du 24e idem est retournée à Vérone.
Donnez ordre que cette colonne se reforme à Vérone ; que les 5es bataillons des 37e, 56e, 67e et 93e envoient des détachements pour réparer les pertes faites par maladie ou par mort, de sorte que les compagnies soient toutes à 140 hommes ... Mon but est de former à Vérone une forte colonne des cinq régiments de chasseurs, des quatre de cuirassiers et des sept régiments d'infanterie qui ont leurs dépôts dans les 27e et 28e divisions militaires, que je destine à rejoindre le corps du duc de Rivoli. Donnez vos ordres dans ce sens" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3163 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21010).
Le 19 mai, les Français s'installent dans l'ile Lobau. En premier, le 4e Corps de Masséna qui commence à construire des ponts pour traverser le Danube pour livrer bataille aux Autrichiens rassemblés sur la rive gauche, sous le commandement de l'Archiduc Charles. Les reconnaissances ayant rapporté que l'ennemi s'avance sur Vienne avec des forces considérables, la matinée du 21 est employée à organiser l'ordre de bataille du Corps d'armée, la droite à Essling, la gauche à Aspern.
Le passage de l'armée française commence le 21 mai. A cette nouvelle, l’Archiduc Charles, généralissime de l’armée autrichienne, se met lui-même en mouvement pour culbuter les Français, et engage le combat, vers une heure de l'après-midi, avec le 4ème corps, qui a seul passé le fleuve.
Les Autrichiens, couverts par un épais rideau de cavalerie, les attaquent, le dos au fleuve, avec des ponts rompus. A Essling, où se trouve la Division Boudet avec Lannes, et Aspern, où est déployé le reste du 4e Corps, on résiste avec ténacité, exhortés par Masséna en personne, un fusil à la main.
Le Maréchal Lannes, avec la seule Division Boudet, forte de 7 Bataillons, dont 3 du 56e, lutte contre tout le Corps de Rosemberg. L'intrépide Lannes, se portant sur tous les points, prolonge la résistance au delà de tout espoir. Des forces triples se pressent pendant toute la soirée, elles trouvent toujours Lannes et nos braves Régiments pour les repousser. La cavalerie ennemie s'avance à son tour pour prendre à revers les troupes qui défendent Aspern et Essling ; mais partout elle sont forcée de se retirer. Le Général autrichien s'obstine à vouloir enlever ces deux positions avec ses réserves ; trois attaques générales ont lieu dans la soirée ; mais le Maréchal Lannes, faisant face de tous les côtés, empêche l'ennemi de pénétrer sur aucun point et le force à se retirer ; il est puissamment secondé par le Général Boudet, commandant la Division, par le Général Valory et le Colonel Gengoult, qui commandaient tous les deux à la tête des trois Bataillons du 56e. Le feu continue encore une partie de la nuit.
Le Capitaine adjudant-major Demmommerot est tué à Essling le 21 mai 1809, le Lieutenant Larché est tué le 22 mai.
Le 22 Mai, la Division repousse encore trois attaques dirigées sur Essling avec des forces supérieures. Dans l'après-midi, cinq fois les Grenadiers hongrois attaquent le village et cinq fois ils sont repoussés. Le Général en chef autrichien virnt attaquer lui-même Essling avec de nouveaux renforts ; ses nombreux Bataillons accablent la Division épuisée de fatigues et de pertes.
Des renforts français ont entre temps passé le fleuve et Napoléon tente de percer le centre autrichien. Napoléon dirige sur ce point important le Général Mouton, à la tête de quatre Bataillons de la Jeune Garde, et les Autrichiens sont de nouveau chassés d'Essling. Il est environ trois heures de l'après-midi, cette terrible bataille touche à sa fin, mais la canonnade qui la termine fait éprouver à l'armée une perte bien sensible. Le brave Maréchal Lannes, que le 56e a vu combattre à sa tête pendant ces deux jours de lutte acharnée, a, vers six heures du soir, les deux genoux fracassés par un obus et ne peut survivre à cette blessure. Devant la résistance des Autrichiens, il faut se replier sur l'ile Lobau.
Le Régiment a éprouvé des pertes énormes ; il est réduit de 2,290 hommes à 1,307 présents sous les armes. Plus de 900 de ses combattants ont disparu de ses rangs. Dix officiers ont trouvé une mort glorieuse sur le champ de bataille , trente sont atteints de blessures. Parmi les figurent le Colonel Gengoult, les Chefs de Bataillon Cortez et Bial ; les Capitaines Demommerot, Morlot, Enders, Mairet, Gerardot, Jegu, Caron etc.
L'Empereur accorde des récompenses aux Régiments qui viennent de se signaler ; il nomme Chevaliers de la Légion d'honneur dans la 56e les Capitaines Bizet, Ledoux, Bataille, Trécolle, Enders, Daram; les Lieutenants Desroches, Ardillier, Cabry, Bazin, Roudan, Desseine, Parchaffe, Chevallon, Migy, Sanguinède ; le Chirurgien Landini ; l'Adjudant - major Rouche ; les Sous-lieutenants Courand et Guisching ; le Sergent Normand et le Caporal Guimard.
L'Empereur décidera par ailleurs que le nom d'Essling serait inscrit sur le drapeau du 56e, afin de perpétuer à jamais le souvenir de la belle conduite du corps dans cette mémorable bataille (celui du modèle 1812).
L'Armée française et l'Autrichienne doivent refaire leurs forces. La période est donc propice à recevoir des renforts et l'Empereur attend aussi son Armée d'Italie et celle de Dalmatie qui remontent du Sud vers l'Autriche après avoir combattu les forces ennemies qui leur barraient le passage.
Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 93e de Ligne, l'Empereur ordonne : "... Vous ferez partir de la 3e demi-brigade provisoire 1 600 hommes, savoir : ... 300 pour le 56e ... Et par contre, 1 600 conscrits pris sur les 3 000 destinés pour le dépôt de Grenoble seront répartis entre ces régiments ..." . L'Etat B qui suit cette lettre donne d'un côté la "répartition des 3 000 hommes entre les dépôts et demi-brigades ci-après : 600 hommes au 58e id (pour la 3e Demi-brigade)" et de l'autre l' "Envoi que ces mêmes dépôts feront, par contre, à l'armée : ... 300 au 56e" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3223 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).
Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 16e Demi-brigade provisoire : 67e de ligne; 2e id.; 56e id. qui reçoit 110 hommes; 37e id.; 93e id.; 112e id. qui reçoit 30 hommes; 1re id. qui en reçoit 220; 62e id. qui en reçoit 20; 23e léger qui en reçoit 90; au total donc, 470 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).
Quelques semaines plus tard, le 56e ajoute à ses titres de gloire la bataille d'Enzersdorf, 5 juillet, et, le 6 juillet, la grande bataille de Wagram qui va amener la paix en écrasant encore une fois la coalition. Le 6 juillet au soir, l'armée autrichienne est en pleine retraite, abandonnant vingt mille prisonniers ; quarante canons et dix drapeaux sont les trophées de la victoire.
Le Régiment voit, à la suite de la bataille de Wagram , des faveurs accordées à ceux des siens qui ont eu l'occasion de se signaler. Les Capitaines Dargent, Desfontaines, Girardot, Morlot; les Lieutenants Porchet, Clerc; le Sous-lieutenant Trécolle, le Sergent-major Dorez ; les Sergents Lafons, Pichon ; le Caporal Ravaud et le Voltigeur Gadioux sont nommés Chevaliers de la Légion d'honneur.
Le 19 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "Mon cousin, donnez l'ordre que le bataillon du 11e de ligne qui vient du corps du général Rusca et qui doit passer à Melk le 23 ou le 24 se dirige de Melk sur Krems où il rejoindra le corps du duc de Raguse ; que les bataillons du 67e et du 96e suivent la même direction et de Krems se portent sur Znaïm où l'un et l'autre de ces bataillons rejoindront le corps du duc de Rivoli. Vous ferez connaître au duc de Rivoli que dans ces deux bataillons on a dû placer des détachements du 56e et du 37e régiment et qu'il est convenable que tout ce qui appartient à ces régiments rentre à leur corps ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3329 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21567 - non signé, expédiée le 19 juillet).
Le 25 septembre 1809 encore, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint l'idée d'un rapport pour justifier la levée des 36 000 conscrits que je viens d'ordonner. Vous trouverez également la répartition de ces 36 000 conscrits. Ajoutez à votre rapport une considération sur la grande quantité de conscrits qui restent sur les années passées, écrivez-en même le nombre s'il en reste effectivement 500 000, dites qu'il y en a 800 000. Il est nécessaire que cette phrase soit bien frappée, parce qu'elle fera une grande influence sur l'étranger.
Napoléon
Décret « de distribution » répartissant les 36 000 conscrits par place forte ou régions militaires
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1er
La distribution des 36 000 conscrits levés en vertu du sénatus-consulte du […] octobre, sera fait ainsi qu’il suit :
... 2000 sur Perpignan ; savoir :
... 200 pour le 56e ...
Relevé de la distribution des 36 000 conscrits suivant l’ordre numérique des régiments employés à l’armée d’Espagne :
... Infanterie de ligne
... 56e à Perpignan 200 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22176).
/ 1810-1811 : Séjour en Hollande et en Allemagne des trois premiers Bataillons, formation d'un 6e Bataillon
- 1810
Shako de Sous-officier du 56e de Ligne, 1810 |
La campagne d’Autriche terminées les troupes françaises refluent : les trois premiers bataillons du 56e de Ligne stationnent dans le royaume de Hollande à Utrecht au Corps d’Observation qui va être lui-même dissout à la fin de l’année. Le pays va être rattaché à l'Empire et le pauvre roi Louis Bonaparte se retrouver sans trône.
Le 21 janvier 1810, à Paris, on informe l'Empereur que "Le sieur A. Riva, sergent-major au 56e régiment d'infanterie de ligne, sollicite l'autorisation de quitter ce corps pour passer dans la garde du roi des Deux-Siciles, où deux de ses frères servent en qualité d'officiers"; "Accordé", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3954 - Non signées ; extraites du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 17 janvier 1810 »).
Le 8 février 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je désire que le colonel en second Vigent du 56e qui est un très bon officier soit nommé colonel du 64e. Présentez-moi le décret ..." (Brotonne (L. de) : « Lettres inédites de Napoléon 1er », Paris, 1898, lettre 541 (parle du 54e et non du 64e) ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 23073).
Le 17 mai 1810, l'Empereur écrit, depuis Gand, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre aux trois bataillons du 3e régiment d'infanterie légère, qui sont à Bois-le-Duc, de se rendre à Dunkerque. Le major général a déjà provisoirement donné cet ordre. Donnez ordre aux trois bataillons du 4e de ligne, qui sont également à Bois-le-Duc, de se rendre à Calais. Donnez ordre aux trois bataillons du 93e de se rendre à Bois-le-Duc ; aux trois bataillons du 26e léger de se rendre à Anvers, ainsi qu'à deux bataillons du 56e : le troisième bataillon de ce dernier régiment restera à Berg-op-Zoom. Par ce moyen, il n'y aura à Bois-le-Duc que le 93e. Il y aura à Anvers trois bataillons du 26e léger, et deux bataillons du 56e, ce qui fournira des travailleurs pour les fortifications ...
Il est nécessaire que les vivres de campagne soient données aux troupes qui sont en Hollande jusqu'au 1er juillet ; et d'ici à cette époque, on me proposera de régler la masse d'ordinaire pour ces troupes, de manière qu'elles puissent vivre. Aussitôt que les vétérans seront arrivés à Bois-le-Duc et à Graven, vous me proposerez de retirer le 93e de Bois-le-Duc, et le bataillon du 56e de Berg-op-Zoom ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4238 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23631).
Le 31 mai 1810, l'Empereur écrit, depuis Rouen, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois votre lettre du 29 mai avec celle du duc de Reggio. Vous ferez connaître à ce maréchal ... qu'il est maître également de rappeler le 93e qui est à Bois-le-Duc et le 56e qui est à Berg-op-Zoom ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23709).
En juin 1810, Napoléon prévoit l’annexion du royaume de son frère et y positionne ses troupes sous la direction d’Oudinot, Duc de Reggio.
Le 8 juin 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Duc de Feltre ... Il y a actuellement en Hollande trois régiments d'infanterie et trois régiments de cavalerie. Il y entre par le nord trois régiments d'infanterie et un de cavalerie. Le duc de Reggio aura à sa disposition le 93e et le 56e d'infanterie et le 1er régiment de chasseurs, qu'il pourra appeler à Utrecht. C'est donc huit régiments d'infanterie et quatre de cavalerie dont il peut disposer dès à présent" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16537 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23722 ; cité par Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 182).
Plaque de shako de Grenadier du 56e de Ligne vers 1810 |
Le même 8 juin 1810, l'Empereur écrit encore, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le 56e régiment de ligne qui est à Anvers et à Berg-op-Zoom se rende à Nimègue. Le 3e bataillon de ce régiment qui est à Berg-op-Zoom sera remplacé dans cette ville par un bataillon du régiment qui reste à Anvers. A l'arrivée du 3e bataillon à Nimègue, vous ferez connaître au colonel qu'il est à la disposition du duc de Reggio, qui pourra le faire venir à Utrecht, si cela devenait nécessaire, ainsi que le 1er régiment de chasseurs auquel vous donnerez l'ordre de se rendre également à Nimègue ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4280 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23726).
Le 9 juin 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, Faites connaitre au duc de Reggio que je vois avec peine qu'il soit à Utrecht avec un seul bataillon ; que l'ordre donné au 56e, au 93e et au 1er de chasseurs de le joindre, et le mouvement sur Emden de la division Molitor qu'il peut faire marcher, sous le prétexte de la faire rentrer en France, sur la direction d'Utrecht, vont mettre à sa disposition des forces suffisantes ; que quant à l'entrée en Hollande du 56e et du 93e, aussitôt que ces régiments auront fait une marche, il doit déclarer que cet accroissement de troupes est nécessité par les armements qu'on fait, par les mauvaises dispositions que l'on montre, et la direction qu'on donne à l'esprit des habitants, et qu'il est impossible de laisser les Français exposés à être égorgés par les Hollandais, et par les Anglais qui méditent une expédition en Hollande" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 4160 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4288; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23735). Les Hollandais s'opposeront malgré tout à l'entrée des troupes françaises à Utrecht.
Le 10 juin 1810, à Saint-Cloud, on présente à l'Empereur un "Compte rendu de l'autorisation donnée pour l'incorporation définitive de 355 hommes du 56e régiment d'infanterie dans le 73e régiment"; "Accordé", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4291 - Non signée ; extraite du « Travail du minière de la guerre avec S. M. l’Empereur et Roi, daté du 28 mai 1810 »).
Le 23 juin 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Il faut que vous envoyiez un officier au duc de Reggio pour lui donner l'ordre de former un camp à Utrecht, et de se tenir prêt, avec le 1er régiment de chasseurs, deux autres régiments de cavalerie, les 56e, 93e, le 24e léger et un autre régiment d'infanterie et douze pièces de canon, à marcher sur Amsterdam, qu'il est urgent de faire occuper. Je saurai, par le retour de l'officier que vous enverrez, quand il pourra être prêt, et je lui enverrai des ordres sur la conduite qu'il doit tenir" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16580 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23808).
Le 24 juin 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à M. de Champagny, Duc de Cadore, Ministre des Relations extérieures, à Paris : "Monsieur le Duc de Cadore, le ministre de la guerre vous communiquera l'ordre que je donne au duc de Reggio de marcher sur Amsterdam. Vous enverrez à ce ministre, qui les fera remettre par le duc de Reggio, des instructions en conséquence au sieur Sérurier ...".
En juillet, le rattachement à l’Empire est proclamé.
En Octobre 1810, le 56e de Ligne fait partie de l’Armée d’Allemagne sous Davout, tout en restant à Utrecht, et son Dépôt alors en Italie, repasse en France.
Le 6 octobre 1810, l'Empereur adresse, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, une Note sur l'organisation des armées; concernant l'Armée d'Allemagne, il écrit : "… Le 3e corps d'armée serait composé de 3 bataillons du 56e, de 3 bataillons du 93e et de 58 bataillons dont on ferait venir les cadres d'Espagne, en prenant ceux des bataillons les plus faibles (il faut bien calculer qu’il ne reviendrait que les cadres) ; total, 64 bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17000 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24816).
En octobre 1810, le Dépôt du Régiment reçoit l'ordre de se rendre d’Alexandrie à Besançon. En effet, Napoléon écrit, le 27 octobre 1810, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le 2e de ligne, le 37e, le 56e et le 93e étant destinés à faire partie de l'armée d'Allemagne, mon intention est que vous ordonniez aux 5es bataillons et dépôts de ces régiments de se diriger dans la 6e division militaire ; ils passeront par le Simplon. On les peut placer à Besançon" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4763 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25075).
/ 1810 - juin 1811, le 4e Bataillon en Catalogne
En 1810, le 4e Bataillon est toujours en Catalogne.
Le Chef de Bataillon Adhemar sera blessé au combat de Molins del Rey le 11 février 1810.
Le Lieutenant Lugnot sera blessé devant Hostalrich le 1er avril.
Le 13 mai 1810, étant à la tête d'un détachement de travailleurs, le Capitaine Triadou pénètre le premier dans la redoute de Castillo, ouvrage avancé du fort Gaidon ; il en chasse l'ennemi, s'y maintient et accélère ainsi la prise du fort qui entraine la chute de la place de Lérida (Espagne).
En mai 1811, les cadres du Bataillon sont rappelés en France pour y être complétés.
L’Empereur écrit, le 12 juin, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les 4es bataillons des 2e, 37e, 56e et 93e qui sont en Catalogne et dont les cadres doivent retourner à Besançon et ceux des 19e et 46e porteront ces régiments à 6 bataillons. Il y aura ainsi dans 1' intérieur 6 régiments à 6 bataillons, ce qui, avec les 15 régiments du corps d'observation de l'Elbe, portera le nombre des régiments à 6 bataillons à 21. Vous recevrez le décret que j'ai pris pour faire rentrer en France les cadres des bataillons des 2e, 37e, 56e et 93e" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5590 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27283).
Le 4 juillet 1811, à Saint-Cloud, "Le maréchal Macdonald demande que l'incorporation des hommes disponibles des 4es bataillons des 2e, 37e, 56e et 93e de ligne dans d'autres corps soit retardée, en raison de l'éloignement de ces bataillons" ; "Accordé de les retarder, pourvu toutefois que cela ne dépasse pas 15 jours après la prise de Figuières" répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5736).
/ 1810 : des éléments supplémentaires envoyés en Espagne
Le 10 août 1810, on soumet à l'Empereur un "Rapport du général Clarke au sujet de la formation de détachements, tirés des dépôts des régiments qui ont concouru à l'organisation des 3e et 4e régiments provisoires et réunis à Versailles pour, de là, être dirigés sur l'Espagne"; ce dernier répond : "Renvoyé au ministre de la guerre pour donner ordre que les dépôts des 44e, 56e, 75e, 50e, 51e, 55e, 25e, 28e, 36e et 43e régiments envoient à Versailles de quoi compléter à 140 hommes ce qu'ils ont dans cette ville, de sorte qu'au lieu de 400 hommes ceci fasse 1.400 hommes. Par ce moyen, ces quatre compagnies seront reformées et pourront composer un régiment de marche qui pourra partir pour l'Espagne dans le courant de septembre prochain" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4488).
Le même 10 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître si l'on pourrait former à Turin un régiment de marche pour l'armée de Catalogne qui serait composé de 200 hommes du 1er régiment d'infanterie légère, de 300 hommes du 3e idem de 200 hommes du 2e de ligne, de 200 hommes du 7e idem, de 200 hommes du 37e idem, de 200 hommes du 42e idem, de 200 hommes du 56e idem, de 100 hommes du 67e idem, de 200 hommes du 96e idem.
Le 16e qui est à Toulon pourrait envoyer 300 hommes à son 4e bataillon à l'armée de Catalogne, ce qui ferait pour cette armée un secours de 2 000 hommes. Envoyez-moi un projet d'organisation de ce régiment et faites-moi connaître quand il sera prêt.
Ne serait-il pas possible de compléter le 4e bataillon du 1er léger et celui du 42e, en tirant des dépôts du Piémont et du royaume d'Italie tous les hommes qu'ils peuvent fournir, ce qui fournirait encore 1 600 hommes et porterait à 4 000 hommes le renfort qu'on enverrait à l'armée de Catalogne ? ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4490 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24295).
Le 16 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez des ordres pour qu'il soit formé à Turin un régiment de marche de l'armée de Catalogne. Ce régiment sera composé de trois bataillons. Vous enverrez sur-le-champ à Turin un colonel en second pour le commander.
Le 1er bataillon sera le 4e du 42e complété à 1170 hommes de la manière suivante : 420 hommes existant du cadre du 4e bataillon du 42e ; 150 du 52e ; 150 du 101e ; 150 du 84e ; 150 du 35e ; 150 du 13e de ligne. Total : 1170 hommes.
Le 2e bataillon sera composé :
8e corps
d'une compagnie du 56e 200 hommes
d'une du 93e 300
d'une du 7e de ligne 300
de deux compagnies du 1er d'infanterie légères formées par l’incorporation de 200 hommes du 4e bataillon du 23e d'infanterie légère et de 200 hommes du 4e bataillon du 1er d'infanterie légère 400 Total 1 200 hommes.
Le 3e bataillon sera composé de 2 compagnies du 3e d'infanterie légère 300 ; de 2 du 37e 300 ; 1 du 67e 150 ; 2 du 16e de ligne 300 (ce détachement ne devra rejoindre le bataillon qu'à son passage à Nîmes). Total 1100 [sic].
J'ai signé un décret pour ordonner l'incorporation des détachements qui entrent dans le 4e bataillon du 42e et pour celle du détachement du 23e d'Infanterie légère dans le 1er régiment de cette arme.
Donnez des ordres pour que tous les hommes qui seront envoyés pour former ce régiment de marche soient bien portants et en état de faire la guerre. Recommandez qu'ils soient bien habillés, qu'ils aient 2 paires de souliers dans le sac et que leur livret de masse et chaussures soient en bon état. Vous chargerez les généraux qui commandent dans les arrondissements où sont situés les dépôts de passer eux-mêmes l'inspection de ces détachements avant leur départ, pour s'assurer qu'ils sont composés comme ils doivent l'être et qu'il ne s'y trouve pas d'hommes malingres. Pour les détachements venant du royaume d'Italie, vous chargerez le général Charpentier d'en passer la revue à leur passage par Milan.
Ainsi le 1er régiment de marche de l'armée de catalogne sera composé d'un 1er bataillon qui sera le 4e du 42e complété à 1170 hommes ; d'un 2e bataillon fort de 1100 ; d'un 3e bataillon fort de 1250. Total du régiment : 3550 hommes [sic].
Lorsque ce régiment sera ainsi complété, le gouverneur général en passera la revue à Turin.
Le bataillon du 42e arrivé en catalogne rejoindra son régiment. La compagnie du 23e d'infanterie légère sera incorporée dans le 1er d'infanterie légère, toutes les autres compagnies seront incorporées dans les bataillons qu'elles ont en Catalogne. L'on retiendra les officiers qui seraient nécessaires pour compléter les cadres et remplacer les officiers infirmes ; le reste sera renvoyé au dépôt.
Expédiez sur-le-champ vos ordres pour la formation de ce régiment. Prenez vos mesures pour qu'il soit prêt à partir de Turin le 20 septembre. Je désire cependant qu'il ne soit mis en marche que quand je vous aurai donné mes derniers ordres à ce sujet. En conséquence, rendez-moi compte de sa formation vers le 15 septembre" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4505 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24339).
Dans ses Mémoires, le Général Hugo raconte qu'à la fin de 1810 (pas de précision de date), "M. le comte Béliard ayant besoin des hussards hollandais, du bataillon du 51e; et des autres troupes qu'il avait envoyées à Guadalaxara, les fit rentrer à Madrid, mais il me les remplaça par deux bataillons, un du 55e et un du 56e" (Mémoires du Général Hugo », Paris, 1823, t. 2, p. 300).
/ 1811
Au début 1811, un 6e Bataillon est formé au Régiment.
Le 4 janvier 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je désire lever la conscription. Proposez-moi un état de situation de l'armée au 1er janvier, qui puisse me servir de base pour le recrutement. Mon intention est d'employer 30 000 hommes de la conscription de l'année à recruter, les 16 régiments du corps du prince d'Eckmühl et tous les régiments qui ont leurs bataillons de guerre en France, en y joignant les 2 bataillons du 5e d'infanterie légère, les 3e et 5e du 6e léger, et les 4e et 5e du 1er léger ; en formant un 6e bataillon au 15e léger, 25e de ligne, 19e, 2e, 37e, 46e, 56e et 93e de ligne, ce qui ferait 8 nouveaux bataillons ...
On joindrait également les 4e et 5e bataillons du 51e, les 3e et 4e du 44e, les 3e et 4e du 113e et les 3e et 4e du 55e.
Tout cela ferait un total de 154 bataillons que mon intention est d'avoir au complet de 140 hommes par compagnie. J'emploierai 20000 hommes à porter l'armée d'Italie au grand complet ; et enfin 35000 hommes à porter au complet les 131 cinquièmes bataillons, ce qui fera l'emploi de 85000 hommes ...
Par ce moyen, j'aurais 9 armées que je composerais selon les circonstances et qui m'offriraient 154 bataillons pour l'armée d'Allemagne, 100 bataillons pour l'armée d'Italie, et enfin une armée de réserve de 131 5es bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25633).
Le 56e est positionné à Utrecht.
Le 30 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je désire, dans le courant de mai … Pour la même époque je désire établir un autre camp près d'Utrecht. Il serait composé des trois bataillons du 18e, trois bataillons du 93e, trois bataillons du 56e, trois bataillons du 125e, trois du 126e ; total, quinze bataillons.
Ce camp serait commandé par un général de division et trois généraux de brigade. On aura soin de choisir un emplacement sain et convenable.
Les compagnies de voltigeurs seront détachées ; ce qui fera 15 compagnies dont on formera aussi des colonnes mobiles ; on les fera camper en les plaçant le long de la côte de la 17e division militaire. Chaque colonne aura deux pièces de campagne servies par l'artillerie des régiments. Vous prendrez des renseignements sur les localités et vous me présenterez un plan indiquant l'emplacement des camps et les différentes directions que pourront suivre les colonnes mobiles … Le duc de Reggio sera chargé du commandement de ces deux camps ; il ira y passer un mois et s'assurera de l'instruction des troupes ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17532; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26415).
Le 19 avril 1811, l'Armée d'Allemagne est composée de trois Corps; le 1er est le Corps d'observation de l'Elbe, commandé par Davout. L'Empereur écrit en effet ce jour à au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, l'armée d'Allemagne sera composée de trois corps : 1° Le corps d'observation de l'Elbe ; 2° Le corps d'observation du Rhin ; 3° Le corps d'observation d'Italie.
Des régiments d’élite sont organisés un premier bataillon de 4 compagnies de voltigeurs un second de 4 compagnies de grenadiers …"
Napoléon organise ses armées. Le 19 Mai 1811, il écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "CORPS D’OBSERVATION DU RHIN.
Ce corps se réunira de Mayence à Wesel. Il sera composé de quatre divisions d’infanterie.
1e Division. — 1e brigade : 5e léger, deux bataillons; 24e, quatre; 2e brigade : 10e régiment de ligne, quatre; Espagnols qui sont à Nimègue, deux; 3e brigade : 20e régiment de ligne, quatre; Portugais, deux; total, 18 bataillons.
Il y aura deux pièces d’artillerie de régiment au 24e régiment d’infanterie légère, aux 10e et 20e de ligne.
2e Division. — 1e brigade : 23e léger, deux bataillons; 26e, quatre; 2e brigade : deux bataillons d’élite du 46e de ligne; deux du 125e; régiment suisse, deux bataillons; 3e brigade : deux bataillons d’élite du 72e; deux du 126e; deux bataillons portugais; total, 18 bataillons.
3e Division. — 1e brigade : tirailleurs corses, un bataillon; tirailleurs du Pô, un; 10e léger, quatre; 2e brigade : deux bataillons d’élite du 56e; deux du 124e; deux bataillons portugais ; 3e brigade : deux bataillons d’élite du 2e de ligne; deux régiments suisses, quatre; total, 18 bataillons.
4e Division. — 1e brigade : deux bataillons d’élite du 3e de ligne; deux du 4e; deux du 105e; 2e brigade : deux bataillons d’élite du 37e; deux du 93e; deux du 123e; 3e brigade : deux bataillons délite du 18e de ligne; deux du 19e; trois bataillons portugais; total, 19 bataillons.
Ce qui porte la force totale de l’infanterie de ce corps d’armée à 73 bataillons faisant environ 45,000 hommes".
Le 24 mai 1811, nouvelle modification; l'Empereur écrit, depuis Caen, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "L'organisation des régiments d'élite existera jusqu'au 1er juillet. Les régiments d'élite qui font partie des corps d'observation du Rhin et d'Italie seront alors dissous.
Le corps d'observation du Rhin sera composé de quatre divisions, organisées de la manière suivante :
... 3e Division. - Quatre bataillons du 18e de ligne, quatre du 93e, quatre du 56e, quatre du 124e, deux bataillons espagnols et deux suisses ...
Chaque division ayant trois brigades, il y aura en tout douze brigades ; chaque division étant de vingt bataillons, le total du corps d'observation du Rhin sera de quatre-vingts bataillons.
Chaque régiment aura ses deux pièces d'artillerie, ce qui fera huit pièces par division, hormis que la 4e division n'en aura que six ; au total, trente pièces régimentaires.
Ainsi, à cette époque, le Corps d'observation du Rhin aura deux Divisions au camp de Boulogne et deux en Hollande. Il changera alors de dénomination et prendra celle de Corps d'observation des cotes de l'Océan.
Les 4es compagnies de voltigeurs et de grenadiers des bataillons d'élite passeront dans les 4es bataillons, qui céderont deux de leurs compagnies aux bataillons d'où ces compagnies d'élite seront tirées, de sorte que tous les bataillons seront égaux, de six compagnies, dont une de grenadiers et une de voltigeurs ...." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17247 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27150).
En Juin, et Juillet, les 4e bataillons qui sont en Catalogne doivent rejoindre le gros de leurs Régiments respectifs, les 6e Bataillons sont complétés et deux Compagnies des 5e Bataillons passent comme garnison sur les vaisseaux.
Le 11 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "... HOLLANDE. — Le bataillon d'élite du 2e régiment de ligne sera dissous au 1er juillet. Donnez l'ordre que les quatre compagnies du 6e bataillon partent de Besançon avec 1,000 hommes ; ce qui, avec les 2,000 hommes qui sont en Hollande, complétera les quatre bataillons à 750 hommes, les grenadiers et les voltigeurs rentrant dans leur bataillon ...
Même opération sera faite au 56e ; le 6e bataillon partira avec 1,000 hommes et portera les quatre bataillons de ce régiment qui se rendront au camp d'Utrecht à 3,000 hommes ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17792 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27268).
Le 24 juin 1811, depuis Saint-Cloud, au Général Dumas, Directeur des Revues et de la Conscription : "Monsieur le comte Dumas ... Il reste les 6es bataillons des 19e, 46e, les 4es des 2e, 56e, 93e, 37e et les 6es des 10e, 20e, 84e et 92e. Ces 10 bataillons seront complétés sur la conscription de 1812" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27432).
Le 17 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre ... Donnez ordre que la 2e compagnie des 5mes bataillons des 19e, 72e, 2e, 18e, 56e, 37e, 93e, 108e, 48e, 33e, 30e, 12e, 21e, 25e, 85e, 17e, 57e et 61e se forment à Anvers, et tiennent garnison à bord des 15 vaisseaux de ligne français qui sont dans 1'Escaut et des 2 vaisseaux hollandais ; la 18e compagnie sera destinée au premier vaisseau qui sera mis à 1'eau cette année … Vous donnerez ordre que toutes ces compagnies soient composées d'officiers, sous-officiers et soldats de l'ancienne France ; que tous les officiers, sergents, caporaux et fourriers aient au moins 4 ans de service, et que les soldats aient au moins un an de service et soient à l'école de bataillon. Vous recommanderez qu'on porte un soin particulier à la formation de ces compagnies, à les maintenir au complet ; qu'on y mette des officiers de choix, hommes d'ordre et d'honneur qui puissent être utiles à bord des vaisseaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5796 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27681).
Et le 22 août 1811, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez les ordres suivants pour la répartition des compagnies destinées à former les garnisons de vaisseaux ... ESCADRE DE L'ESCAUT Les 2es compagnies du 5e bataillon de chacun des 2e, 19e, 72e, 18e, 56e, 37e et 93e seront formées à Anvers et complétées. Ces sept compagnies tiendront garnison, savoir la compagnie du 2e sur le Friedland ; celle du 19e sur le Tilsit ; celle du 72e sur l’Auguste ; celle du 18e sur le Charlemagne ; celle du 56e sur le Duguesclin ; celle du 37e sur l'Anversois ; celle du 93e sur le César ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6042 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28292).
Le 26 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vous envoie un mémoire du général Hogendorp sur le camp à former à Utrecht. Je désire que vous donniez l'ordre au général Molitor de mettre en marche pour Utrecht au 5 août.
Le 18e de ligne et le 93e de ligne qui formeront une brigade.
Le 56e et le 124e qui formeront une seconde brigade.
Deux généraux de brigade pris parmi ceux qui sont dans la 17e division militaire auront le commandement de ces brigades, qui seront cantonnées dans la plaine de l'ancien camp d'Austerlitz, à Utrecht et aux environs, dans les villes et villages, de manière qu'on puisse réunir les troupes par régiment, par brigade, et ensuite tout le camp pour les manœuvres ...
Le maréchal duc de Reggio se rendra à Utrecht pour prendre le commandement de ce camp. Il devra y être arrivé dans les premiers jours d'août. Vous remarquerez que je ne veux point de camp, parce que cela est trop coûteux et parce que le soldat est beaucoup mieux dans les cantonnements ...
Dans l'un et l'autre de ces camps, il n'y aura pas d'autre artillerie que l'artillerie régimentaire et pas d'autres caissons que les caissons régimentaires. Le service se fera par les employés de la division. Il n'y aura aucun accroissement d'employés ni de dépenses ...
Vous donnerez pour instruction au duc de Reggio de passer en revue ces troupes, de les faire manœuvrer fréquemment, d'envoyer des notes sur leur armement, habillement, instruction, et sur toutes les places vacantes. Indépendamment de ce but important, j'ai aussi celui de soustraire les troupes au mauvais air, en les réunissant dans les pays les plus sains de la Hollande. Enfin vous recommanderez au duc de Reggio de les tenir en état d'entrer en campagne, soit pour s'embarquer sur l'escadre de l'Escaut, si cela devenait nécessaire, soit pour se rendre en Allemagne. Il recevrait l'artillerie et les administrations au dernier moment. Il suffit que ces régiments soient parfaitement en état" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 940 (en partie seulement) ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5842; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27795).
Le 9 septembre 1811, à Compiègne,"Le duc de Feltre propose d'envoyer à Grave le 5e bataillon du 56e d'infanterie" ; "Approuvé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6143).
En septembre-Octobre, le 4e Bataillon est toujours l’objet des instructions impériales.
Le 13 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Faites-moi connaître quand les 4es bataillons des 2e, 37e, 56e et 90e arriveront de l'armée de Catalogne à leur dépôt. Mon intention étant également de compléter tous ces 4es bataillons avec des conscrits réfractaires.
Faites-moi connaître si les ordres ont été exécutés en Catalogne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6167 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28640 - Note : 90e doit être une erreur).
Le 20 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Boulogne, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, vous me rendez compte que ... Aussitôt qu'on connaîtra la marche des cadres des 37e et 56e, vous m'en instruirez ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6203 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28707).
Le 8 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis Utrecht, au Général Lacuée, Comte de Cessac, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre, à Paris : "Je viens de passer en revue les 18e, 56e, 73e et 124e ... J'ai trouvé le 56e à peu près nu ... Je ne conçois pas qu'en dépensant tant d'argent mes troupes doivent être si mal habillées" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 18169 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28798 (donne par erreur le 93e au lieu du 73e, mais sur l'original, il s'agit bien du 73e).
Le 19 octobre 1811, l'Empereur décrète, depuis Amsterdam : "Une somme de 144.000 francs sera distribuée en gratifications : ... 2° 124.000 francs, aux 18e, 56e, 93e, 124e régiments d'infanterie de ligne et 24e de chasseurs à cheval, présents à la revue d'Utrecht ; 300 francs par officier, sans distinction de grade, et 3 francs par sous-officier et soldat" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 5669).
Le 21 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis Amsterdam, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Je vous ai déjà fait connaître que les 4es bataillons des 2e, 19e, 46e, 93e, 56e et 123e devaient être envoyés, bien armés, bien habillés et complétés à 900 hommes, et en officiers et sous-officiers, à Minden où le prince d'Eckmühl en formera une ou deux brigades spéciales, sous les ordres d'un général de brigade, en les tenant éloignés des frontières de France pour rendre la désertion plus difficile ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28886).
Le 22 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis Amsterdam, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, commandant l'Armée d'Allemagne, à Hambourg : "Mon Cousin, les 4es bataillons des 19e, 46e, 93e, 56e, 2e, 37e et 123e, ce qui fait sept bataillons, ont été envoyés à Wesel et à Strasbourg pour se compléter à 900 hommes ...
comme ces régiments sont en France, il y aurait trop de facilité pour la désertion. Je me suis décidé à vous les envoyer. Formez-en une ou deux bonnes brigades sous les ordres d'un général de brigade ferme, qui se charge de leur instruction et de leur tenue, et qui s'applique à empêcher la désertion. Ce sera 6,000 hommes que vous aurez sous la main ; et, selon les circonstances, je me déciderai à les faire servir à compléter vos régiments ou à tenir garnison à Magdeburg et sur les côtes. Pendant ce temps les régiments arriveraient sur l'Elbe, s'il y avait guerre ; ils trouveraient leurs bataillons et l'encadrement se ferait. Ces régiments, à l'exception du 123e, ont cinq bataillons, ayant eu leur 6e bataillon formé lorsque le 4e était en Catalogne. Portez donc une attention particulière à ces bataillons aussitôt qu'ils vous arriveront. Indépendamment de ces sept bataillons, les dépôts de Wesel et de Strasbourg vous auront fourni, avant le mois de février, une douzaine de mille hommes, en y comprenant ce que vous avez reçu ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 18188 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28887 ; citée par Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 289).
Le 22 même octobre 1811, à Amsterdam, "Le duc de Plaisance demande si les 4es bataillons des 2e, 3e, 37e, 46e, 105e et 123e de ligne devront être dirigés sur le corps d'observation de l'Elbe, aussitôt qu'ils auront été complétés avec des conscrits réfractaires"; Napoléon répond : "J'ai déjà donné l'ordre que les 4es bataillons des 2e, 19e, 46e, 93e, 56e, 37e et 123e fussent complétés à 900 hommes, habillés, armés et envoyés à Minden, où le prince d'Eckmühl en fera une ou deux brigades spéciales sous les ordres d'un général de brigade, en les tenant éloignés des côtes de France, afin de rendre la désertion impossible.
Quant aux 3e et 105e, je désire que ces bataillons restent à Strasbourg pour le service de la place. Mais à cet effet, il faut que le général Lebrun n'y mette point de déserteurs, mais les jeunes gens les plus dociles et desquels on a le plus à espérer. Qu'il complète bien le 4e bataillon et même le 5e ; car je verrais avec plaisir que chaque régiment eût 1.200 hommes, c'est-à-dire 600 hommes par bataillon. Ce serait 2.400 hommes qui seraient utiles à Strasbourg pour garder cette place importante et laisser les bourgeois tranquilles. Il faut prendre des mesures pour que les majors, les chefs des 4e et 5e bataillons soient présents, que tous les officiers et sous-officiers surtout soient présents, et que le général Lebrun ne mette dans les bataillons que des hommes qui puissent être utiles" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6289).
Le 30 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis Nimègue, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne, à Nimègue : "Mon Cousin ... Donnez ordre que le camp d'Utrecht soit dissous. Le 18e régiment de ligne se rendra à la Haye, où il tiendra garnison ; le 93e restera à Utrecht ; le 124e se rendra à Nimègue, et le 56e sera réparti entre Utrecht, Amersfoort et Arnheim. Ces régiments ne feront aucun service, se tiendront prêts à partir à chaque moment et ne pourront être employés par les généraux commandant les divisions qu'en cas d'événements imprévus et en en prévenant sur-le-champ le ministre de la guerre. Le général Maison restera à Utrecht, conservera le commandement de ces quatre régiments, en passera l'inspection fréquemment, les tiendra toujours en état de partir, en enverra l'état tous les cinq jours au ministre de la guerre, et obéira aux ordres des généraux de division, si des cas imprévus rendaient nécessaire le mouvement de ces troupes.
Le duc de Reggio et les officiers de son état-major qui étaient employés à Utrecht laisseront leurs bagages à Utrecht et pourront vaquer à leurs affaires, mais de manière à retourner en poste s'il était nécessaire. Faites part de ces dispositions au ministre de la guerre et au général commandant la 17e division militaire ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 18216 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28947).
Le 9 novembre 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'accuser à Votre Excellence la réception de sa lettre du 29 octobre dernier, par laquelle elle m'informe que les 4e bataillons des 3e et 105e régiments qui se complètent à Strasbourg doivent y rester en garnison, et gue ceux des 2e, 37e, 46e et 123e complétés à 900 hommes seront dirigés sur Minden, pour être réunis aux 4e bataillons des 19e, 56e et 93e qui partiront de Wesel.
Par ma lettre du 31 octobre, j'ai rendu compte à Votre Excellence que je pensais que pour mieux remplir les intentions de l'Empereur, je placerais ces bataillons à Hanovre, sous le commandement de M. le général Gratien.
M. le général duc Charles de Plaisance m'a déjà informé que le 4e bataillon du 46e était parti de Strasbourg le 1er de ce mois.
J'aurai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence de 1'arrivée successive de ces bataillons à Osnabruck et à Hanovre" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 280, lettre 997).
Le 10 novembre 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monseigneur, par vos lettres des 24 et 29 octobre dernier, Votre Excellence m'a fait connaître que les 4es bataillons des 2e, 37e, 46e, 123e, 19e, 56e et 93e régiments se complétaient à Strasbourg et à Wesel, et seraient ensuite dirigés sur Minden.
J'ai eu l'honneur de rendre compte à Votre Excellence que je ferai diriger ces 7 bataillons sur Hanovre, et que j'en donnerais le commandement à M. le général Gratien.
Je dois informer Votre Excellence que j'ai reçu l'avis de l'arrivée à Munster des 2e et 37e régiments, et je viens d'y envoyer M. le général de brigade Guyardet pour en prendre provisoirement le commandement. L'arrivée de ces régiments m'a fait penser qu'il serait plus dans les intérêts du service d'y réunir leur 4e bataillon, au lieu de les envoyer à Hanovre. En conséquence, j'ai écrit à M. le général duc de Plaisance de ne les diriger que sur Munster, où ils se réuniront aux 2e et 37e régiments, et j'en préviens M. le général Guyardet.
Si cette disposition, cependant, était contraire aux intentions de Sa Majesté, je prie Votre Excellence de me le faire savoir le plus tôt possible ; et je pourrai recevoir encore sa réponse, avant que les 4es bataillons des 2e et 37e régiments soient arrivés à Munster.
Si Sa Majesté approuve cette mesure, il n'y aura plus à Hanovre que cinq bataillons que le général Gratien pourra surveiller et instruire plus facilement ; et je pense que les 4es bataillons des 2e et 37e régiments ne pourront que gagner à être réunis à leur corps" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 289, lettre 1001).
Le 12 novembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au maréchal Davout, commandant le Corps d'Observation de l'Elbe, et Gouverneur général des villes hanséatiques : "Mon cousin ... Les bataillons du 56e, du 93e et du 123e partiront probablement avant le 1er janvier pour se rendre à Minden" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29047).
Actée dès la fin de 1811, la confrontation prochaine avec la Russie fait mobiliser les ressources du Grand Empire.
Le 23 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "... Voici comment sera composée l'armée :
5 bataillons de chasseurs des régiments du corps d'observation de l'Elbe, hormis le 33e 1éger qui n'en aura que 4 ...
4 du 56e ...
Je désire que tous ces bataillons aient un caisson de transport ...
Il est nécessaire que chaque régiment ait sa forge de campagne et son caisson d’ambulance ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29440).
Le 25 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je juge convenable de changer la formation de la 6e division du corps d’observation de l’Elbe, qui n’était encore formée que sur le papier. En conséquence, cette division sera composée de quinze bataillons, savoir : de quatre bataillons du 24e léger, qui partiront de Paris le 16 janvier, de quatre bataillons du 19e de ligne, qui partiront de Boulogne le 15 janvier, de quatre bataillons du 56e qui partiront le 20 janvier, et trois bataillons du 128e. Deux bataillons seront fournis sur-le-champ; le troisième bataillon partira aussitôt que possible.
La 6e division se réunira le 1er janvier à Osnabrück avec son artillerie, génie, administration, etc. Le général Legrand la commandera; il sera rendu à Osnabrück le 1er février. Les généraux de brigade Albert et Maison seront employés dans cette division. Vous consulterez le général Legrand pour nommer le troisième général de brigade et l’adjudant commandant nécessaire à la division, laquelle sera composée de trois brigades" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18367 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29460).
Le 27 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, commandant le Corps d'Observation de l'Elbe, à Hambourg : "... Vous avez reçu l'organisation des 6e, 8e et 9e divisions qui se composent, savoir : La 6e division, de quatre bataillons du 24e léger, de cinq bataillons du 19e de ligne, de cinq bataillons du 56e, de deux bataillons du 128e (d'abord et d'un troisième dans le courant de l'année ; ce qui fera d'abord seize bataillons) ..." (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18381 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29489).
/ 1812, la campagne de Russie
Dès le début janvier 1812, Napoléon fait le compte de ses forces et commence à composer sa nouvelle Grande Armée. Le 2 janvier 1812, il adresse ses hypothèses de travail au Général Lacuée, à Paris : "Monsieur le Comte de Cessac, je vous envoie pour votre gouvernement l’organisation de la Grande Armée. Le corps de l’Elbe formera deux corps. Il est nécessaire d’envoyer un ordonnateur à chaque corps et tout le personnel d’administration qui est indispensable. Présentez-moi un objet d’organisation. Comme je n’ai pas encore organisé en deux corps le corps d’observation de l’Elbe, envoyez-y tout double.
NOTE SUR L’ORGANISATION DE LA GRANDE ARMÉE.
La Grande Armée sera partagée en quatre corps : le corps d’observation de l’Elbe en fera deux ; le corps d’observation de l’Océan en fera un ; le corps d’observation d’Italie en fera un autre. La Grande Armée sera organisée, en 15 divisions d’infanterie ...
6e division (se réunit à Osnabrück) : 26e léger, 4 bataillons; 56e de ligne, 5 bataillons; 19e de ligne, 5 bataillons; 128e de ligne, 2 bataillons; total, 16 bataillons".
Le 8 janvier 1812, Napoléon écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre , je recois votre lettre du 7, par laquelle vous me rendez compte que le 3e de ligne, qui est à Strasbourg, a 2000 hommes, et le 105e, 1600 hommes. Je vous ai fait connaitre, par une lettre de ce jour, qu'il fallait que le 4e bataillon du 56e et le 4e bataillon du 93e fussent complétés à 900 hommes. On pourra retirer ce qui est nécessaire du 3e ou du 105e au choix du général Desbureaux …
Le dépôt de Strasbourg fournira donc ce qui est nécessaire pour, compléter le 4e bataillon du 93e à 900 hommes, ce que j'évalue à 300 hommes ; pour compléter le 4e bataillon du 56e à 900 hommes, ce qui emploiera 800 hommes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6609 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29689).
Le 9 janvier 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, les neuf divisions du corps d'observation de l'Elbe seront toutes sur la droite du Rhin dans le courant de février ...
Je désirerais que tous les régiments français qui font partie des 6e, 8e, 9e, 10e et 11e divisions fussent au complet d'au moins 800 hommes par bataillon, présents sous les armes ...
Le nombre d'hommes, pour arriver à ce résultat, ne doit pas être considérable et doit se trouver dans les dépôts de l'armée d'Espagne qui sont au Nord.
La 6e division est composée du 26e léger (je le crois complet), du 56e (les quatre premiers bataillons sont complets, le 5e sera complété à Strasbourg), du 19e (ses cinq bataillons doivent être complets) et du 128e (ses deux bataillons doivent être complets) ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6618 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29705).
Le même 9 janvier 1812, à Paris, on présente à l'Empereur les "Ordres de mouvements donnés aux 19e, 123e et 56e de ligne ; les 19e et 123e partiront le 15 janvier, le 56e seulement le 20 janvier" ; l'Empereur répond "Approuvé ces ordres, le 56e ne devant se rendre qu'à Osnabrück" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4885 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6624).
Le 10 janvier 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d’Eckmühl, commandant le Corps d’observation de l’Elbe, à Hambourg : "Mon Cousin, j’ai formé quatre corps d’armée. Le corps d’observation de l’Elbe sera composé de vos cinq premières divisions et des lere et 2e brigades de cavalerie légère. Le 2eme corps de l’Elbe sera commandé par le duc de Reggio et sera composé des 6e, 8e et 9e divisions et des 5e et 6e brigades de cavalerie légère. Le quartier général du duc de Reggio sera à Munster, et tout sera réuni au 15 février".
Le 16 janvier 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Donner ordre que les 629 hommes portés dans l'état ci-joint, rejoignent leur régiment sans laisser aucun détachement en arrière. Par ce moyen, le 72e, le 2e de ligne, le 124e, le 125, le 4e, le 56e recevront des renforts dont ils ont besoin. Quant au détachement du 65e, donnez ordre également qu’il rejoigne" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1834 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29770).
Le 31 janvier 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Berthier : "... Le 4e bataillon du 56e ne peut partir de Strasbourg que quand il aura reçu ses conscrits ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4907 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6726 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29882).
Le 56e de Ligne est incorporé dans la 6e Division Legrand, 2e Brigade Moreau.
Le 22 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l’Armée d’Espagne, à Paris : "Mon Cousin, donnez ordre au duc de Reggio de mettre en mouvement la division Legrand, aussitôt la réception du présent ordre, et de la diriger sur Magdeburg ; de mettre en mouvement la division Verdier et de la diriger sur Brunswick ; de mettre en mouvement la division Belliard et de la diriger sur Munster; de porter son quartier général à Magdeburg, où il est nécessaire qu’il soit rendu le 5 mars.
Vous donnerez l’ordre que les 5e bataillons des 56e et 19e et le 4e bataillon du 123e rejoignent leurs régiments à leur passage à Magdeburg. Le tiercement se fera entre tous les bataillons".
Le 29 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Berthier : "751 hommes graciés du boulet se rendent à Wesel. Mon intention est que ces hommes soient habillés et armés par le dépôt de Wesel et qu’ils soient placés moitié dans le 6e bataillon du 56e et moitié dans le 6e bataillon du 19e de ligne, ces deux bataillons ayant l'ordre de se rendre à Wesel" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1883 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30076 - Note : La CGN donne 4e au lieu de 6 bataillons).
Le même 29 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "J'ai ordonné que les cadres des 4es bataillons du 56e et du 19e de ligne se rendissent à Wesel, après avoir versé tous les hommes qu'ils ont disponibles dans les quatre premiers bataillons.
J'ai également ordonné que les cadres des 4es bataillons des 46e et 93e se rendissent à Strasbourg, après avoir versé tous leurs hommes disponibles dans les quatre premiers bataillons. Mon intention est que ces deux bataillons et ceux du 56e et du 19e soient complétés par des conscrits réfractaires ou des graciés du boulet. En conséquence les 751 graciés qui se rendent à Wesel, seront placés dans les bataillons du 56e et du 19e. Il faudrait voir à gracier un pareil nombre d'hommes et à les diriger sur Strasbourg et sur Wesel. Vous ordonnerez aux généraux commandant à Strasbourg et à Wesel de compléter les 4es bataillons des 56e, 19e, 46e et 93e par des conscrits réfractaires et aussitôt que ces bataillons seront complets, armés et équipés, on m'en rendra compte et j'ordonnerai leur départ ; ces bataillons se rendront sur l’Oder ; ainsi ils seront de suite hors de France" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1884 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30084).
En Mars 1812, Oudinot gagne Berlin.
Le 56e entre dans la Division Legrand, 1re du 2e Corps d'Observation de l'Elbe. Cette Division quitte Magdebourg le 23 mars 1812 pour aller occuper Berlin. Elle entre dans la capitale de la Prusse ayant à sa tête le Maréchal Oudinot. Le Roi de Prusse, alors allié de la France, vient au-devant des troupes jusqu'à Charlottenbourg, et nos soldats défilent deyant lui. Le 56e demeure pendant un mois à Berlin et s'y conduit, dit un rapport du maréchal, de manière à mériter des éloges. Le 2e Corps d'Observation de l'Elbe prend, à compter du 1er avril, le nom de 2e Corps de la Grande-Armée.
Le 25 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Faites-moi connaître quand les 6es bataillons du 56e et du 19e de ligne pourront partir de Wesel ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7160 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30504).
Le 25 avril 1812, le Général Rivaud de La Raffinière écrit à M. Reynier, commandant de la 37e Cohorte : "Le général Grillot me rend compte que le détachement de recrutement de la Vendée n’’offre de présent dans le département que le sous-lieutenant et 6 sous-officiers, lesquels sont répartis dans les résidences qui leurs avaient été assignées ; ils ont l’ordre de se réunir à Napoléon et seront dirigés sur La Rochelle immédiatement après leur arrivée. Les autres sont en mission et recevront la même direction au fur et à mesure de leur rentrée.
Je vous donne cet avis, M. le commandant, afin que vous connaissiez à peu près l’époque à laquelle arriveront les sous-officiers du 56e régiment qui sont destinés à votre cohorte" (SHD 1 I 52-3– Correspondance du Rivaud de La Raffinière, 24 février-16 juillet 1812).
Le 29 avril 1812, le Général Rivaud de La Raffinière écrit au Général Grillot, à Napoléon : "Je vous prie de m’adresser un état nominatif des 18 sous-officiers du 56e qui sont en mission : vous indiquerez les lieux où ils se trouvent et l’époque présumée de leur retour à Napoléon. Vous leur donnerez l’ordre de rejoindre la 37e cohorte à laquelle ils sont attachés aussitôt qu’ils seront de retour" (SHD 1 I 52-3– Correspondance du Rivaud de La Raffinière, 24 février-16 juillet 1812).
Le 30 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au général Loison de compléter le 6e bataillon du 19e de ligne à 840 hommes, en puisant, s'il est nécessaire, dans le 56e et dans le 37e et de faire partir ce bataillon ainsi complété pour Spandau.
Mandez-lui de vous faire connaître quand le 6e bataillon du 56e sera complété et prêt à partir ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7185 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30539).
Le 1er mai 1812, le Général Rivaud de La Raffinière écrit à M. Reynier, chef de la 37e Cohorte : "Je vous préviens de l’arrivée très prochaine des officiers et sous-officiers en recrutement dans le département de la Vendée qui sont destinés à être incorporés dans la 37e cohorte que vous commandez, ils sont partis hier 30 avril ; on lui envoie l’état nominatif du 56e" (SHD 1 I 52-3– Correspondance du Rivaud de La Raffinière, 24 février-16 juillet 1812).
Le 2 mai 1812, l'Empereur écrit, depus Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Faites-moi connaître quand les 6es bataillons du 56e et du 93e arriveront à Strasbourg ... Faites-moi connaître la situation du 6e bataillon du 56e ; s'il lui manque quelque chose, on pourra le compléter par le 5e bataillon du 56e qui est à Grave" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7197 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30560).
Le 3 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le 6e bataillon du 56e qui est à Wesel, soit complété avec 300 à 400 hommes du 5e bataillon de ce même régiment, après toutefois qu'il aura fourni les 2 compagnies qui font partie des demi-brigades provisoires ; que cette opération se fasse avant le 10 mai, ce qui est facile, puisque le dépôt est à Grave, et que ce bataillon, complété à 840 hommes bien habillés et bien équipés, puisse partir le 10 pour Spandau" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7201 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30567).
Le 4 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, les 6es bataillons des 19e, 56e et 37e qui sont à Wesel se rendront, aussitôt qu'ils seront complétés, à Spandau. Les 6es bataillons des 46e et 93e qui sont à Strasbourg se rendront également à Spandau aussitôt qu'ils seront formés. Ces bataillons passeront le Rhin à Kehl. Par ce moyen cinq sixièmes bataillons seront réunis à Spandau" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7206 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30576).
Le 6 mai 1812, le Général Rivaud de La Raffinière écrit à M. Reynier, Chef de la 37e Cohorte : "Je vous adresse ci-joint l’état des sous-officiers de recrutement du 56e de ligne, que vous avez encore à recevoir dans la cohorte que vous commandez. Vous y verrez les époques présumées de leur arrivée à La Rochelle" (SHD 1 I 52-3– Correspondance du Rivaud de La Raffinière, 24 février-16 juillet 1812).
Le 8 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à son Aide de camp, le Général Lebrun, Duc de Plaisance, à Paris :"Monsieur le Duc de Plaisance, vous partirez dans la journée de demain. Rendez-vous à Aix-la-Chapelle, à Cologne et à Düsseldorf ...
Vous irez de là à Wesel. Voyez-y la situation des 4es et 5es bataillons ; le nombre et l'espèce d'hommes ; la désertion qu'il y aurait eu. Voyez aussi les conscrits réfractaires. Faites-moi connaître quand les 6es bataillons du 37e et du 56e, portés à 840 hommes chacun, pourront partir pour Spandau ...
Arrangez-vous de manière à arriver, si cela est possible, vers le 20 à Posen. C'est dans cette ville que vous m'adresserez tous vos rapports, que vous aurez soin de numéroter" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18693 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30620).
Le 26 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, il est nécessaire de nommer un chef de bataillon au 6e bataillon du 56e de ligne ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30698).
Le 27 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Duc de Feltre : "Prenez un parti quelconque pour compléter les cadres du 6e bataillon du 56e et du 37e, celui du 46e qui, mal à propos, a été envoyé à Arras et qui a ordre de revenir à Strasbourg, et celui du 93e qui est dans cette ville" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2027; ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30716).
Le 1er juin 1812, l'Empereur écrit, depuis Posen, au Général Clarke, Duc de Feltre : "... Activez donc la formation des 6es bataillons des 37e, 46e, 56e, 93e, et faites-les partir, afin de compléter la 1re division de la réserve ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7293 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30778).
Un des anciens soldats du 56e, le Caporal Commandeur, retraité depuis le 1er mars 1807, demande, au moment où la guerre éclate, la faveur de reprendre les armes dans le Régiment. Ce brave qui, en 1796, s'était signalé dans la 56e au passage du Rhin, à la prise de Kehl et à la défense du pont d'Huningue, a fait partie de la première nomination de la Légion d'honneur au Corps ; il obtient l'autorisation demandée et revient, comme caporal, reprendre son rang au milieu de ses frères d'armes.
Le 2e Corps se distingue particulièrement au combat de Develtovo, le 28 juin.
Le 4 juillet 1812, l'Empereur écrit, depuis Vilna, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Armée, à Vilna : "Mon Cousin, le maréchal duc de Castiglione prendra le commandement du 11e corps de la Grande Armée. Ce corps sera composé de la manière suivante : de la 2e division de réserve, commandée par le général Heudelet, qui prendra le numéro de 1re division du 11e corps ; de la 3e division de la réserve, qui sera la 2e du 11e corps ; de la 4e division de la réserve, qui sera la 3e du 11e corps, et de la division napolitaine. Vous me présenterez l'organisation en détail et définitive de ces divisions, et vous me proposerez de leur donner des numéros à la suite des autres divisions de l'armée.
Le duc de Castiglione aura sous ses ordres les garnisons de la Poméranie suédoise, de Berlin et des trois places de l'Oder. Il gardera les cinq 6es bataillons des 46e, 37e, 56e, 19e et 93e jusqu'à nouvel ordre. Il est nécessaire que le duc de Castiglione soit rendu avant le 25 juillet à Berlin. Vous donnerez ordre au duc de Bellune qu'aussitôt que le duc de Castiglione sera arrivé il lui remette le commandement; il lui remettra ses instructions, tous les renseignements qui peuvent être utiles, et partira pour porter son quartier général à Marienburg. A cet effet, la division du général Partouneaux se mettra en marche, aussitôt après la réception du présent ordre, pour se diriger sur Marienburg. Elle marchera sur deux colonnes. La division du général Lagrange, qui est la 1re de la réserve, se portera sur Koenigsberg, en marchant sur deux colonnes, par Küstrin et par Schwedt. La division du général Girard partira immédiatement après la division Partouneaux et se rendra à Marienburg. La division Daendels est déjà rendue à Danzig. Ainsi les quatre divisions du corps du duc de Bellune seront réunies à Marienburg, à Danzig et à Koenigsberg, pouvant se porter partout où les circonstances l'exigeraient. Il est nécessaire que ces troupes soient rendues sur la Vistule à la fin de juillet.
Vous ordonnerez au duc de Bellune de faire venir sans délai la 13e demi-brigade provisoire qui est à Erfurt, et tout ce qui appartient aux 3e et 6e divisions de la réserve, pour les placer selon les ordres que j'ai donnés, et de garder les cinq 6es bataillons jusqu'à nouvel ordre. Tout cela assurera les garnisons de Stettin, de Küstrin, de Glogau, de la Poméranie suédoise, et formera un corps de réserve à Berlin. Ayez soin cependant que ce qui appartient à la 4e division de la réserve ne parte de Mayence, Wesel et Strasbourg que bien habillé, bien équipé et complété au moins à 800 hommes par bataillon.
Le duc de Bellune recevra, avant son arrivée à Marienburg, des instructions sur ce qu'il a à faire ; mais il aura pour instruction générale de courir au secours de Stettin, Danzig et Koenigsberg, selon les circonstances qui se présenteront.
Donnez ordre au général Rapp et au général Latour de former des bataillons de marche des hommes disponibles du 2e corps au dépôt de Marienburg, du 1er corps au dépôt de Danzig et des 3e et 4e corps au dépôt de Thorn, et de les diriger sur Koenigsberg. Ils auront soin de n'envoyer que des hommes valides et qui soient bien habillés et bien équipés" (Correspondance de Napoléon, t.24, lettre 18897 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31098).
Le 6 juillet 1812, l'Empereur écrit, depuis Vilna, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, j'approuve que la 2e division de réserve prenne le N°30 ; la 3e, le N°31 ; la 4e le N°32 et que la division napolitaine prenne le N°33" (Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31123).
Le 2e Corps s'illustre le 15 juillet au combat de Dunabourg.
Le Sous-lieutenant Beaudot est tué le 13 juillet à Dunabourg; le Lieutenant Leduchat est tué le 14 juillet à Dunabourg.
Le 22 juillet 1812, l'Empereur écrit, depuis Gloubokoïé, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Armée, à Gloubokoïé : "Mon Cousin, donnez l'ordre aux cinq 6es bataillons des 19e, 93e, 56e, 37e et 46e de se rendre a Danzig ..." (Correspondance de Napoléon, t.24, lettre 18999 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31293).
Le 2e Corps s'illustre les 30 et 31 juillet, et 1er août au combat de Iakoubowo.
Le 11e bulletin de la Grande-Armée dit, à propos du combat de Iakoubowo : "La division Legrand a soutenu glorieusement le feu de tout le corps ennemi. Le rapport du Maréchal Oudinot se termine ainsi à propos du dernier engagement : "La division Legrand a eu la principale part à l'action ; les officiers et les troupes ont montré la plus grande valeur".
Le Capitaine adjudant-major Desmazier est tué au combat de Drissa le 1er août 1812.
Le même 11e Bulletin de la Grande Armée, daté de Witepsk, le 4 août 1812, raconte : "... Le combat de Drissa, ceux d'Ostrovno et de Moguilev, dans d'autres guerres, pourraient s'appeler trois batailles. Le duc de Reggio fait le plus grand éloge du général comte Legrand, dont le sang-froid est remarquable sur le champ de bataille. Il se loue beaucoup de la conduite du 26e régiment d'infanterie légère et du 56e de ligne ..." (Panckoucke : « Œuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 5, p. 35; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 533; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 74).
Des récompenses sont accordées aux braves du Régiment qui ont eu l'occasion de se signaler dans ces combats : les Capitaines Sauls et Lugnot, le Porte-drapeau Floquerel, le Lieutenant Dupré, le Sergent-major Pineau, le Voltigeur Dumas et le soldat Coigts sont nommés Chevaliers de la Légion d'honneur. Le Capitaine Lugnot, qui fait partie de cette nomination, est un ancien enfant de troupe du Corps qui a mérité l'épaulette par sa bravoure et son intelligence. Il deviendra Général de Brigade en 1841.
Les 17 et 18 août a lieu le combat de Polotsk. Dans la première journée, le Maréchal Oudinot reçoit à l'épaule une blessure grave qui l'oblige à céder le commandement au Général Gouvion Saint-Cyr. Le succès couronne les efforts de nos troupes. A neuf heures du soir, les Russes sont battus sur tous les points. "Cette affaire, dit la fin du rapport du commandant en chef, fait le plus grand honneur à la division Legrand". Le lendemain, le combat recommence et l'ennemi est aussitôt dans une déroute complète. 11 laisse aux mains des Français vingt pièces de canon et mille prisonniers. "Jamais, dit l'Empereur, l'armée française n'avait montré plus d'intrépidité que dans cette campagne".
Le Capitaine Ledoux est tué au combat de Polotsk le 17 août 1812, le Capitaine Pelletier le 18. Sont également tués le 18 les Sous-lieutenants David, Marrotte, et Vingert.
Le Lieutenant Ravazé et le Sous-lieutenant Barbary sont tués le 24 août 1812 à Polotsk.
Les Capitaines Delseaux, Gellis, Faucher, Donceron , l'Adjudant-major Cesbron, les Lieutenants Maher, Cadenet, Soliveau et le Sergent-major Ouillon, les Sergents Cordier et Sadel, le Voltigeur Bain et le Fusilier Mourgues sont nommés Chevaliers de la Légion d'honneur.
Il y a deux mois à peine que les hostilités ont commencées et le 56e a déjà été réduit de moitié par la mitraille russe, les fatigues et les maladies. Des deux mille six cent cinquante hommes qui ont passé le Niémen le 24 juin, treize cents seulement sont présents sous les armes le 20 août : quatre-vingt`quatorze ont trouvé la mort des braves sur le champ de bataille. Seul des Officiers supérieurs du Régiment, le Colonel Delhaye se trouve encore à la tête de ses soldats.
Le 9 septembre 1812, l'Empereur écrit, depuis Mojaïsk, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Armée, à Mojaïsk : "Mon Cousin ...Donnez ordre que les 6es bataillons des 19e, 46e, 37e et 56e se rendent de Danzig à Smolensk ..." (Correspondance de Napoléon, t.24, lettre 19184 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31679).
Le 16 septembre 1812, le Lieutenant Perrin, laissé dans la ville de Plusk, avec un détachement de cinquante hommes, est surpris par plus de trois cents Cosaques; non seulement il les chasse de la ville, mais encore, voyant arriver deux Bataillons russes, il prend la résolution hardie d'opérer sa retraite au milieu d'euc, ce qu'il exécute pendant plus d'une heure, en plaine, avec un courage admirable, sans se laisser entamer.
Le 4 octobre 1812, l'Empereur écrit, depuis Moscou, à Berthier : "Je remarque sur les états que le 6e bataillon du 19e de ligne a eu ordre de se rendre à Smolensk. C'est une erreur. Envoyez l’ordre à Vilna et à Minsk pour que ce bataillon soit dirigé sur Polotsk où est son corps. Donnez le même ordre aux 6es bataillons du 56e et du 37e ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2503 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31801).
La Grande-Armée évacue, dans la nuit du 22 au 23 octobre, Moscou, qu'elle a occupé pendant plus d'un mois, et commence sa retraite.
Le Sous-lieutenant Guimard décède le 5 novembre 1812; le Sous-lieutenant Delort le 6.
Le 23 novembre 1812, le 56e a l'honneur de faire partie de la tête de colonne chargée de reprendre Borisow aux Russes, afin d'assurer à l'armée le passage de la Bérézina. Les Russes, refoulés de position en position, se replient en désordre.
Sont tués à la Barézina le 28 novembre 1812, les Capitaines Decaen et Dupré, les Lieutenants Girard di Château-Vieux et Penuin; les Sous-lieutenants Autun, Bélois, Colin, Vanorschoot.
Après le combat de la Bérézina, où l'armée russe est très maltraitée, le Régiment, sous les ordres du Général Maison, forme l'arrière-garde chargée de protéger la retraite de toute l'armée. Le 56e se trouve donc encore appelé à un poste d'honneur. Pendant toute la retraite, nos soldats sont sous les armes nuit et jour, combattant sans cesse, défendant avec opiniâtreté les défilés et les positions qui peuvent retarder la marche des Russes, dont les attaques sont constamment renouvelées.
La retraite continue. Le froid est devenu intolérable, il abat les soldats les plus robustes et les plus énergiques qui ont résisté jusque-là. L'épreuve dépasse les forces humaines ... Cependant, l'aigle du 56e est toujours portée par des soldats du Régiment, jaloux de garder et de défendre jusqu'à la mort ce glorieux symbole de l'honneur militaire.
Les Sous-lieutenants Chataignier et Claudel décèdent le 30 novembre 1812 au cours de la retraite; le Sous-lieutenant Dumontel le 4 décembre; le Sous-lieutenant Labory le 6 décembre; le Sous-lieutenant Duc le 7 décembre, à Wilna.
Le Capitaine Courant meurt au cours de la retraite le 9 décembre 1812.
Le 12 décembre 1812, un groupe de quinze hommes, presque tous Sous-officiers, à demi-morts de froid, couverts de haillons et serrés autour d'un drapeau en lambeaux, franchit le Niémen ; ce sont les débris du 56e qui repassent la frontière de Russie.
Le Capitaine Bufquin est tué le 15 décembre 1812.
/ 1812, formation des Demi-brigades de marche
Le 2 avril 1812, Napoléon décide, pour renforcer sa Grande Armée, de former 4 Demi-brigades de marche à partir de détachements des 5ème bataillons (Dépôts) de Régiments déjà mobilisés. Chaque Demi-brigade à 3 Bataillons de 6 Compagnies chacun. Les Demi-brigades doivent se former le long du Rhin, avant d’être envoyées vers l’Est. Il écrit à Clarke ses instructions et la composition de ces nouvelles unités. "Monsieur le duc de Feltre, je vous ai fait connaitre la formation des 16 demi-brigades provisoires ; mais comme cette organisation n’emploiera pas plus de 40000 conscrits de l’année, il faut que vous me fassiez dresser un état exact du superplus [sic] avec un projet de formation de bataillons de marche supplémentaires à réunir dans le courant de mai pour recruter la Grande Armée. Vous composerez chaque bataillon de marche de 6 compagnies, c'est-à-dire de 900 hommes à peu près. On les dirigerait sur Mayence et Wesel ; de là sur Berlin où ils recevraient les ordres du major général pour leur incorporation définitive.
J’ai actuellement à vous faire connaitre mes intentions relativement à la formation de 4 demi-brigades de marche composées de compagnies tirées des 5es bataillons des régiments qui sont à la Grande Armée. Ces 4 demi-brigades fortes ensemble de 10000 hommes formeront une seconde division de réserve pour la défense de tout le pays entre l’Elbe et le Rhin, et pour le recrutement de la Grande Armée. Je ne leur donnerai pas le nom de demi-brigades provisoires mais bien celui de demi-brigades de marche. Elles seront composées de la manière suivante :
... 4e Demi-brigade de marche.
1er Bat : 2 Cies du 19e de Ligne à Douai, 2 Cies du 46e de Ligne à Arras, 2 Cies du 44e de Ligne à Valenciennes
2e Bat : 2 Cies du 55e de Ligne à Dunkerque, 2 Cies du 72e de Ligne à Bruxelles, 2 Cies du 56e de Ligne à Grave
3e Bat : 2 Cies du 18e de Ligne à Strasbourg, 2 Cies du 4e de Ligne à Nancy, 2 Compagnies du 51e de Ligne à Lille.
Cette Demi-brigade se réunira à Aix la Chapelle : les détachements se mettront en marche du 15 au 25 avril, forts de 160 hommes par compagnie, bien habillés, bien armés et ayant 3 paires de souliers ...
Vous nommerez un major en second pour commander chaque demi-brigade. Ces majors se mettront en marche avant le 8 avril pour parcourir les différents dépôts. Tous les dépôts qui sont sur le Rhin, comme le 7e léger, etc. embarqueront leurs détachements sur ce fleuve. Vous nommerez un général de brigade ou même un colonel pour être chargé, comme inspecteur, de la formation de ces quatre demi-brigades, qui se composeront ainsi de douze bataillons ou de 9.000 à 10.000 hommes. Le général commandant la 25e division répartira ces 10.000 hommes dans des cantonnements entre Cologne, Juliers, Aix-Ia-Chapelle et Clèves ...
Formation des demi-brigades de marche de la Grande Armée
Demi-brigades du 3e corps (à l’exception du 16e régiment qui est du 2e corps)
4e demi-brigade 1ère division de réserve de la Grande Armée 2400
1er bataillon :
2 compagnies du 5e bataillon du 19e de ligne (dépôt à Douai) : 561 conscrits des Deux-Sèvres ; total 561 ; 261 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation. Manque 1
2 compagnies du 5e bataillon du 46e de ligne (dépôt à Arras) : 197 conscrits de Rhin-et-Moselle, 356 de Seine-Inférieure ; total 553 ; 253 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 44e de ligne (dépôt à Valencienne) : 410 conscrits de Vendée, 102 de la Somme ; total 512 ; 212 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon :
2 compagnies du 5e bataillon du 55e de ligne (dépôt à Dunkerque) : 485 conscrits du Maine-et-Loire ; total 485 ; 185 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 72e de ligne (dépôt à Bruxelles) : 468 conscrits de Loire-Inférieure, 100 de Mayenne ; total 568 ; 268 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 56e de ligne (dépôt à Grave) : 231 conscrits de Seine-et-Oise, 275 de Rhin-et-Moselle ; total 506 ; 206 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
3e bataillon :
2 compagnies du 5e bataillon du 18e de ligne (dépôt à Strasbourg) : 506 conscrits du Maine-et-Loire, 204 de l’Aisne ; total 487 ; 187 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 4e de ligne (dépôt à Nancy) : 533 conscrits de la Meuse ; total 533 ; 233 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 51e de ligne (dépôt à Lille) : 550 conscrits de Somme ; total 550 ; 250 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7055 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30371 - intégrale).
Le 18 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois le travail qui était joint à votre lettre du 11 mai. Voici quelles sont mes intentions définitives, donnez des ordres pour leur prompte exécution.
Division de Réserve
La 1e division de la réserve, commandée par le général Lagrange, qui se réunit à Coblentz, Düsseldorf et Aix-la-Chapelle, sera composée de la 1e demi-brigade de marche forte de trois bataillons, des 2e, 3e et 4e demi-brigades de marche fortes également de trois bataillons, et des 6e bataillons des 19e, 37e, 56e 93e, 46e, qui sont à Wesel et à Strasbourg ; total, dix-sept bataillons. Vous donnerez l’ordre que ces dix-sept bataillons se portent sur Magdeburg. Vous me ferez connaître leur ordre de marche et le jour où chacun de ces bataillons arrivera à sa destination, afin que je donne les ordres ultérieurs. Ces dix-sept bataillons, formant près de 14,000 hommes, seront destinés à tenir provisoirement garnison à Magdeburg, Spandau et Berlin ; ce qui me permettra de disposer du 9e corps. Je n’ai donc rien à changer à la formation proposée dans votre état n°1, qui me parait bien entendu ..." (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18701 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30633).
/ 1813
L'armée française se retire derrière la Vistule, puis derrière l'Oder et enfin derrière l'Elbe pour se reconstituer.
Le 17 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, il ne faut rien prendre de la conscription 1813 dans les 40 régiments dont l'état suit, savoir : ... 56e ... Total, 40 régiments.
Il faut au contraire leur donner, sur l'appel des 100 000 hommes, de quoi porter leur dépôt à 2500 hommes afin de compléter les 5e et 6e bataillons et ce qu'ils ont en France. Il suffira, pour les 5 derniers, de les porter à 2000 ...
Il faut donc, après que le corps d'observation de l'Elbe, le corps d'observation d'Italie et les 2 corps d'observation du Rhin seront partis, pouvoir former un corps de réserve avec ce qui existe dans les 40 dépôts ci-dessus désignés, avec ce qu'ils reçoivent de la conscription de 1813 et ce qu'ils vont recevoir sur la levée des 100 000 hommes.
Ce corps de réserve serait composé de 120 bataillons fournis par les 40 régiments ci-dessus. Il faut y ajouter un bataillon de marche des 8e et 18e légers ; un autre du 3e et du 105e ; d'autres bataillons de marche, formés de 2 compagnies tirées des 34 dépôts de la Grande Armée ; plus 5 bataillons de marche de la 32e division militaire. Cela ferait donc environ 150 bataillons ou une réserve de 120 000 hommes qui partirait avec les cadres des 5e et 6e bataillons et avec les cadres qui reviennent de la Grande Armée.
P.S. Je vous prie d'observer que cette lettre dérange quelque chose à l'approuvé que j'ai donné, dans mes lettres précédentes, aux dispositions faites par les bureaux pour compléter les régiments provisoires et différents corps.
Aussitôt que le chef de division aura terminé, il m'apportera ce travail" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32318).
Le 27 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, Au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois votre lettre du 26 (bureau du mouvement des troupes) ...
Le 11e léger, qui est à Wesel, et qui part le 9 février ; le bataillon du 56e qui est à [Graver] et qui part le 8 ; celui du 2e de ligne qui est à Juliers et qui part le 10, ne se rendront point à Erfurt ; ils passeront le Rhin à Wesel, et se rendront par le plus court chemin à Cassel, où ces bataillons pourront se réunir. Le vice-roi y enverra un major ou colonel en 2nd pour les réunir. Ils se reposeront 3 ou 4 jours ; après cela ils partiront de Cassel pour se rendre par le plus court chemin à Spandau ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32514).
Le 27 janvier 1813 encore, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen :"Mon Fils, le ministre de la guerre vous a écrit pour vous faire connaître que les détachements de conscrits de chacun des vingt-huit régiments de la Grande Armée qui doivent se rendre à Erfurt, où ils trouveront les cadres des 2e bataillons, ce qui complétera ces vingt-huit bataillons, partent de France ...
Je donne ordre que le bataillon du 11e d'infanterie légère, celui du 21e de ligne et celui du 56e qui sont à Juliers, Wesel et Grave, se rendent directement sur Cassel.
Donnez ordre que le 2e bataillon du 21e de ligne, ceux du 11e d'infanterie légère et du 50e (56e dans la minute), au lieu de se rendre à Erfurt, se rendent à Cassel, où se fera l'embrigadement. Envoyez-y un major en second pour prendre le commandement de ces trois bataillons ; et, après s'être reposés à Cassel le nombre de jours nécessaires, ils seront dirigés sur Spandau ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.8, page 274 ; Correspondance de Napoléon, t. 24, 19523 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32518).
Puis, le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
FRONTIÈRES DU RHIN ET DE L'OCÉAN.
La défense de la France, depuis les 31e et 17e divisions militaires jusqu’à Besançon et jusqu’à Bordeaux, aura lieu de deux manières : par la formation de bataillons de garnison, composés de compagnies tirées des 5e bataillons et qui tiendront garnison dans nos places fortes, et par la formation de demi-brigades provisoires.
Les demi-brigades seront d’abord au nombre de vingt-quatre pour cette partie de la frontière qui s’étend depuis la 31e division jusqu’à la 11e.
Chaque demi-brigade sera composée de trois bataillons entiers, sans qu’il puisse y entrer, sous quelque prétexte que ce soit, une fraction de 5e bataillon. Ces vingt-quatre demi-brigades seront formées ainsi qu’il suit :
... la 11e demi-brigade, des 6es bataillons des 56e, 72e et 46e ...
Ces vingt-quatre demi-brigades formeront six divisions ; chaque division, quatre demi-brigades ou douze bataillons, savoir :
La lere division, à Mayence, composée des 1e, 10e, 11e et 12e demi-brigades ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).
Le 27 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d'Italie, commandant en chef de la Grande Armée : "Mon fils, le 2e bataillon du 17e de ligne, celui du 21e et celui du 25e doivent être arrivés à Cassel le 25 février ; celui du 56e a dû arriver le 20. Ils peuvent, s'ils ne l'ont déjà fait, se mettre en marche sans délai pour se rendre à Wittenberg.
Les 30e et 33e doivent être à Erfurt le 19 février, le 57e le 28 février, le 61e le 23, le 85e le 24, le 18e le 28, le 111e le 28. Ces sept bataillons d'Erfurt, avec les quatre premiers de Cassel, font onze bataillons qui peuvent être bientôt réunis sur l'Elbe ...
Ainsi, lorsque vous recevrez cette lettre, les 28 bataillons hormis cinq, auront dépassé Erfurt et seront dirigés sur Wittenberg ou Spandau, c'est-à- dire suivant l'emplacement de leurs corps respectifs. Prescrivez des mesures pour qu'ils partent réunis suivant les circonstances.
Le prince d'Eckmühl pourrait les réunir à Dessau ou à Wittenberg.
Ces jeunes conscrits doivent être spécialement placés dans les forteresses" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32901).
Le même 27 février 1813, l'Empereur écrit également au Général Lauriston, commandant le Corps d'Observation de l'Elbe : "Vingt-huit deuxièmes bataillons du 1er et 2e corps de la Grande Armée se réunissent à Erfurt et Cassel, savoir :
à Cassel, les bataillons doivent être partis pour se porter sur 1'Elbe et Spandau : le 17e de ligne, 21e, 25e le 25 février en bataillons ; 56e le 26 février ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32905).
Le 5 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée : Mon fils, les deuxièmes bataillons du 17e de ligne, du 21e et du 25e doivent être arrivés à Cassel le 25 février ; celui du 56e a dû arriver le 20 ; ils peuvent, s'ils ne l'ont déjà fait, se mettre en marche sans délai pour se rendre à Wittenberg.
Les 30e et 33e doivent être à Erfurt, le 19 février ; le 57e, le 28 ; le 61e, le 25 ; le 85e, le 24 ; le 18e, le 28 ; le 111e, le 22. Ces 7 bataillons d'Erfurt avec les 4 premiers de Cassel font 11 bataillons qui peuvent être presque déjà réunis sur l'Elbe. Le 11e léger a dû arriver le 17 février à Cassel ; il doit être maintenant à Spandau.
Le 26e léger doit arriver à Erfurt, le 1er mars ; le 24e léger le 2 ; le 4e de ligne, le 6 ; le 12e de ligne, le 8 ; le 48e de ligne, le 10 ; le 7e léger, le 9 ; le 37e de ligne, le 11 ; le 72e de ligne, le 8 ; le 108e de ligne, le 9 ; le 2e de ligne, le 10 ; le 33e·de ligne, le 12. Quant au 13e léger, il ne pourra arriver à Erfurt que le 17 mars ; le 19e, le 16 ; le 46e, le 15 ; le 15e, le·15 ; le 93e, le 13.
Ainsi, lorsque vous recevrez cette lettre, les 28 bataillons, hormis 5, auront dépassé Erfurt et seront dirigés sur Willenberg ou Spandau, c'est-à-dire suivant l'emplacement de leurs corps respectifs.
Prescrivez les mesures pour qu'ils partent réunis suivant les circonstances. Le prince d'Eckmühl pourrait les réunir à Wittenberg ou à Dessau. Ces jeunes conscrits doivent être spécialement placés dans les forteresses" (Mémoires du Prince Eugène, t. 8, page 394 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33016).
Le 6 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vous renvoie la dépêche du duc de Padoue. Faites-lui connaître que les 16 bataillons du 1er corps se réunissent à Wittenberg, pour garder cette ville sous les ordres d'un général de division et de 2 généraux de brigade, et que les 12 bataillons du 2e corps se réunissent à Dessau pour y garder le pont, également sous les ordres d'un général de division et de 2 généraux de brigade, qu'il vous fasse connaître ce qui a été exécuté de ces différentes dispositions ...
Les 12 bataillons du 2e corps formeront 6 régiments de la manière suivante :
... 40e régiment provisoire : 56e de ligne, 2e bataillon, 4e de ligne, idem ...
Donnez ordre aux six majors de se rendre en poste à Dessau pour en prendre le commandement. Tous les colonels de ces régiments se rendront également à leurs dépôts. Comme en avril les 4es bataillons arriveront, on défera ces régiments provisoires qui, ayant alors deux bataillons, seront inscrits sous leur propre nom" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33041).
Le 12 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Maréchal Kellermann, commandant le Corps d'Observation du Rhin : "Mon cousin, j'ai ordonné que les 4es bataillons des 28 régiments qui forment le 1er et le 2e corps de la Grande Armée se rendissent à Wesel afin d'avoir des forces dans la 25e division militaire. Vous avez dans la 26e division militaire le 30e, le 33e, le 61e, le 85e et le 111e. Vous avez dans la 5e division où vous commandez je crois, le 18e, le 57e et le 7e léger. Vous avez dans la 25e division où vous commandez également le 21e de ligne, le 56e et le 11e léger. Vous avez donc dans l’étendue de votre commandement 11 régiments. Donnez ordre que ces 11 4es bataillons bien complets en officiers et sous-officiers partent de leur dépôt pour se rendre à Wesel complétés à 840 hommes, habillés et bien armés ; ceux qui sont dans la 5e et dans la 26e division militaire s'embarqueront sur le Rhin afin d'arriver le plus promptement possible.
Le général Loison aura soin de les former en régiments provisoires 2 à 2. Il devra prendre garde à ne pas confondre les régiments du 1er corps avec ceux du 2e. Par exemple le 56e et le 11e léger sont du 2e corps. Il peut en faire un régiment provisoire. Les autres étant du 1er corps, il peut les réunir 2 à 2 à mesure de leur arrivée. Passez vous-même la revue des deux qui sont à Mayence. Envoyez par des estafettes extraordinaires des ordres pour le complètement de ces 4es bataillons et leur départ. Si on ne pouvait les compléter à 840 hommes, on ne ferait partir d'abord que 4 compagnies complétées à 560 et les deux dernières compagnies partiraient aussitôt qu'on aurait pu les compléter.
Il serait nécessaire qu'on me présentât des nominations pour toutes les places vacantes. Aussitôt que ces régiments seront formés à Wesel, le général Loison dirigera ceux du 1er corps sur Osnabrück et Brême et ceux du 2e sur Minden et Munster. En attendant que les deux généraux de division et les quatre généraux de brigade soient arrivés pour commander ces deux divisions, dont une qui sera formée des 16 4es bataillons du 1er corps et une autre que les 12 4es bataillons du 2e corps composeront, vu que je fais donner par le ministre de la Guerre dans toute la division l'ordre que je vous adresse ici directement afin de gagner du temps sur les bureaux, en attendant dis-je que ces généraux soient arrivés, le général Loison attachera deux généraux de brigade ou officiers supérieurs à l'une ou l'autre de ces divisions pour les commander. Les régiments provisoires doivent être commandés par les majors. Mon intention est que tous les majors de ces 28 régiments soient employés savoir : 14 à commander les 14 régiments provisoires formés des seconds bataillons qui ont été organisés à Leipzig et 14 à commander les nouveaux régiments provisoires qui se forment à Wesel ; les colonels devant rester à leur dépôt, de s'y reposer et de réorganiser leur régiment" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33174).
Le 7 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Bunzlau, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Armée, à Dresde : "... Le 2e corps de l’armée, sous les ordres du duc de Bellune, sera composé de 3 divisions, les 4e, 5e, 6e.
Donnez ordre au duc de Bellune de se rendre à Crossen ; il y réunira son corps, le fera camper et prendra l'administration du cercle de Crossen, ayant soin de ne pas sortir de la ligne de démarcation.
Le duc de Bellune composera ses divisions avec les bataillons des mêmes régiments, savoir :
La 4e division : 3 bataillons du 24e léger, 3 bataillons du 19e de ligne, 3 bataillons du 37e de ligne, 3 bataillons du 56e de ligne ...
Chaque division aura 2 batteries à pied, 2 batteries à cheval pour le corps, 2 batteries de 12 pour réserve du corps ; 76 bouches à feu.
Vous manderez au duc que les colonels, les aigles et la musique doivent rejoindre les régiments.
Les 3es bataillons manqueront à ces régiments, ils se réunissent à Wesel sous le titre de la 6e division (6e bis).
Quand j’aurai reçu l'état de situation de son corps, je me déciderai à réunir les 3es bataillons à son corps d'armée afin de former ses divisions à 16 bataillons chaque.
Envoyez copie de tout cela au ministre de la Guerre pour que les colonels, musiques et aigles rejoignent leurs régiments" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34510).
Le 19 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Kellermann, commandant de la cavalerie du 3e Corps : "Mon cousin ... J'ai ordonné que le 2e corps fût réparti ainsi :
1re division ou 4e de l'armée 1er, 2e et 4e bataillons des 24e léger, 19e, 37e et 56e de ligne.
2e division ou 5e de l'armée 1er, 2e et 4e bataillons des 26e léger, 93e, 46e et 72e de ligne.
3e division ou 6e de l'armée 1er, 2e et 4e bataillons des 11e léger, 2e, 4e et 18e de ligne.
La 6e division bis, composée des 12 troisièmes bataillons des 12 régiments ci-dessus, se réunit à Wesel pour de là se rendre où les circonstances l'exigeront. Je vous envoie le décret que j'ai rendu pour l'organisation du corps d'observation de Mayence qui prendra le titre de corps d'observation de Bavière, et qui sera formé de 6 divisions. Faites-en part au duc de Castiglione. Ouvrez aux dépôts des 28 régiments des 1er et 2e corps pour savoir si leurs colonels, leurs musiques et leurs aigles sont partis. Ayez soin que tout ce qui appartient au 2e corps soit dirigé sur Wittenberg" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34865).
Le 15 juillet 1813, le 56e se trouve constitué et prêt à entrer en ligne à la reprise des hostilités en Saxe. Les éléments nouveaux dont se compose le Régiment vont montrer à Dresde, à Leipsick, à Hanau, autant de bravoure que leurs aînés ; mais ils ne peuvent avoir cette résistance à la fatigue qui distingue les vieux Régiments.
Le 12 août 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Donnez ordre au général Le Marois de composer une division active de six bataillons bis, et des 3e et 4e bataillons du 134e : ce qui formera deux brigades, chacune de quatre bataillons français ..." (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 53 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35835 - Note : 3e bataillon des 24e et 26e régiments d'infanterie légère ; 18e, 19e, 56e et 72e de ligne, bataillons provisoires de la 6e division bis).
Le 21 août, les armées russe, prussienne et autrichienne, formant une masse de plus de 480,000 hommes, entrèrent en Saxe et marchent sur Dresde. L'Empereur quitte la poursuite de l'Armée de Silésie pour accourir à la défense de cette capitale. Il y entre le 26 à huit heures du matin. L'armée alliée couronne toutes les collines qui environnent la ville ; elle attaque à quatre heures de l'après-midi sur six colonnes, précédées chacune de cinquante bouches à feu mais Napoléon est là avec sa garde et l'ennemi est rejeté sur les hauteurs.
Le lendemain 27 août, le 2e Corps, dans les rangs duquel combat le 56e, est placé sous les ordres du Roi Murat pour attaquer l'aile gauche. Murat débouche sur la route de Freyberg et le succès le plus éclatant couronne la bravoure de nos soldats ; les six Divisions qui composent la gauche des alliés sont culbutées et éparpillées ; la moitié, avec les drapeaux et les canons, est faite prisonnière. Les résultats de cette victoire sont : vingt-cinq mille prisonniers, soixante pièces de canon, quarante drapeaux.
Le 56e a combattu à l'aile qui a décidé de la victoire ; les pertes éprouvées par le Régiment sont très sensibles, mais sa belle conduite lui vaut l'honneur de voir le nom de la bataille figurer sur son drapeau. Elle y figurait encore avant la distribution des drapeaux (14 juillet 1880).
Parmi les tués figure les Capitaines Bertin et Delsaux (tué le 27).
Le Capitaine Deglaire est tué au combat de Magdebourg le 27 août 1813.
Le Sous-lieutenant Bessière est tué à Wachau le 13 octobre 1813.
Le 16 octobre a lieu le combat de Wachau qui est encore une victoire.
Le Capitaine Cesbron, le Lieutenant Ballet, les Sous-lieutenants Hélard et Soliveau sont tués à Wachau le 16 octobre 1813.
Le 18, à Leipsick, le 56e soutient toute la journée une lutte énergique au village de Probstheide. Les réserves de munitions sont épuisées, un grand mouvement sur les Dépôts de l'armée devient indispensable ; le mouvement de retraite sur le Mein commence.
Le Capitaine adjudant-major Petit est tué le 18 octobre 1808.
L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique : "ARTICLE PREMIER.
L'armée sera organisée de la manière suivante :
Le onzième corps, commandé par le duc de Tarente, sera composé de la trente et unième et de la trente-cinquième division …
ART. 2.
Tous ces corps seront successivement portés à quatre divisions ...
DEUXIÈME CORPS D'ARMÉE.
ART. 15.
Les trois divisions du deuxième corps formeront une seule division qui portera le n° 4.
ART. 16.
La quatrième division sera composée des premiers bataillons des régiments ci-après désignés :
11e régiment léger ...
56e régiment de ligne ...
ART. 17.
Il sera placé dans chacun de ces douze bataillons cent conscrits hollandais et cent conscrits réfractaires du dépôt de Strasbourg. Les cadres des autres bataillons que ceux désignés ci-dessus seront formés au dépôt où seront envoyés les officiers et sous-officiers inutiles aux premiers bataillons ..." (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105 et page 415).
Le 17 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général CLarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, il sera formé à Strasbourg un 2e corps bis de la Grande Armée.
Ce 2e corps bis sera composé des 2es et 3es bataillons des régiments ci-après, savoir : les 11e, 24e, 26e léger, 19e, 37e, 56e, 98e, 46e, 72e, 4e, 2e et 18e de ligne ; total, 24 bataillons. Cela formera provisoirement une division ; le général Dufour en prendra le commandement.
Ces vingt-quatre bataillons doivent se réorganiser aux dépôts.
Il faudra donc à chaque régiment 1,600 hommes ; vous ne leur en avez donné sur la conscription actuelle que 900, l'un portant l'autre ; c'est donc encore, vu les non-valeurs, à peu près 1,000 hommes à donner par régiment, ce qui fera 12,000 hommes.
Destinez à cela 8,000 hommes sur les 12,000 que vous avez désignés pour le dépôt de Metz, et faites-en la distribution entre les douze régiments ...
Donnez ordre au général Dufour de parcourir les différents bataillons pour compléter les cadres en officiers et sous-officiers ; et qu'aussitôt qu'un bataillon pourra partir avec 600 hommes habillés, armés et équipés, il le dirige sur Strasbourg.
Il est de ces bataillons qui sont à Strasbourg, il en est qui sont à Metz, il en est qui sont à Nancy ; ainsi, en très-peu de jours, si Ion a des armes et l'habillement, le général Dufour peut avoir a Strasbourg 7 à 8,000 hommes.
Vous ordonnerez qu'on organise d'abord les 2es bataillons, et immédiatement après les 3es. Je n'ai pas besoin de dire qu'aussitôt que cette division du 2e corps sera formée on la rapprochera des deux premières pour réunir les 2es bataillons avec les 1ers, et ensuite les 3es.
On en fera d'abord deux et ensuite trois divisions. Cela aura l'avantage que déjà le point important de Strasbourg sera gardé.
Le surplus des conscrits qui sont à ces régiments servira à compléter les 1ers bataillons à 840 hommes ; de sorte que ce 2e corps se trouvera composé de douze régiments de trois bataillons chacun, savoir : les 1ers, 2es et 3es bataillons, les 4es étant à Magdeburg ; ce qui fera trente-six bataillons et près de 30,000 hommes.
Ainsi, sans toucher à la levée des 300,000 hommes, j'aurai donc deux corps, l'un de trente bataillons à Utrecht, et l'autre de trente-six bataillons à Strasbourg et Spire" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20905 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37090).
Le 17 novembre 1813 encore, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lebrun, Aide de camp de l’Empereur : "Monsieur le duc de Plaisance, j’apprends par le télégraphe que la populace d’Amsterdam s’est insurgée dans la nuit du 15 au 16. Mon intention est que vous partiez cette nuit pour vous rendre à Anvers où il est nécessaire que vous voyiez l’amiral Missiessy et le commandant de la garnison, afin de garnir de matelots français les places d’Anvers et de Willemstad, les forts qui défendent l’ile de Gorée et la citadelle de Bois-le-Duc. Je suppose qu’il n’y a plus rien du côté de Breda.
J’ai donné ordre au général Rampon de se rendre à Gorcum avec 3000 hommes de gardes nationales. Je suppose qu’il y sera arrivé. Vous correspondrez avec lui pour connaitre la situation des choses de ce côté-là.
Vous connaissez déjà la situation de Grave et de Duvinter puisque vous en venez.
Vous prendrez le commandement du 1er corps bis de la Grande Armée qui se réunir à Anvers ...
Total : 13 bataillons
Tous ces bataillons sont en mouvement, les conscrits nécessaires pour les compléter, mais sans doute, il n’en est encore arrivé qu’une partie. Aussitôt qu’un bataillon pourra être organisé, habillé et armé, vous le ferez venir à Anvers ou à Flessingue de manière à former le plus promptement possible un corps de troupes.
Vous recevrez du ministre de la Guerre, l'organisation définitive de ce corps ...
Il y a à Venlo le 8e de ligne, à Juliers le 28e, et à Grave le 56e, qui provisoirement fourniront les garnisons de ces trois places.
Au surplus, vous recevrez des instructions plus détaillées du ministre de la Guerre. Le principal est la sûreté d'Anvers, d'Ostende, de Flessingue, de Willemstad, de Gorée, de la citadelle de Bois-le-Duc, et d'avoir des troupes qui surveillent le Rhin en communiquant avec Gorcum.
Vous correspondrez tous les jours avec moi par le télégraphe et les estafettes. Vous trouverez ci-joint l'état de tout ce que les 17e, 24e et 25e divisions militaires ont à recevoir de conscrits. Tout est en mouvement et arrive. Ecrivez aux généraux commandant les divisions, aux préfets, et aux directeurs d'artillerie pour accélérer l'habillement et l'armement de ces hommes. Si ces bataillons ne sont pas formés, formez-les. Nommez à tous les emplois vacants, et prenez toutes les mesures qu'exigent les circonstances, afin de vous former dans la main le plus tôt possible un corps de troupes qui soutienne Gorcum, Bois-le-Duc, Willemstad, défende le Rhin et puisse servir selon les circonstances.
Le duc de Tarente reçoit l'ordre de porter son quartier général de Cologne à Clèves pour se trouver plus à portée. Nous devons trouver de grandes ressources, dans les équipages de l'amiral Missiessy pour Flessingue, Anvers et pour les îles.
En passant à Lille, vous vous aboucherez avec le commandant de la division, et conférerez avec lui sur tout ce que la division peut fournir. Il sera nécessaire d'occuper tous les postes, tels que Crèvecoeur et autres le long du Rhin.
Prenez toutes les mesures les plus actives pour former l'approvisionnement de Gorcum et de la citadelle de Bois-le-Duc.
ÉTAT DES CONSCRITS QUE LES 16E, 24E ET 25E DIVISIONS MILITAIRES ONT À RECEVOIR
... 25e division
... 56e de ligne Grave 650 hommes. Lys, Nord, Haut-Rhin ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37102).
Le 21 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Daru, Ministre directeur de l’Administration de la Guerre : "Monsieur le comte Daru, je vous envoie un rapport que j 'avais demandé au comte de Cessac. Je n'ai pas besoin de justification, mais de faits. J’ai dans la 16e, la 24e et la 25e divisions militaires plus de 20 000 conscrits qui arriveront avant le 15 décembre. Le ministre de la Guerre a approuvé leur armement. J'ai donc besoin qu'ils soient habillés. Une partie du nombre est destinée à former le 1er corps bis de la Grande Armée commandée par le duc de Plaisance et qui se compose du 9e et 4e bataillon des régiments du 1er corps commandé par le comte de Lobau. Si l'habillement n'arrête pas le duc de Plaisance, ce corps sera bientôt disponible. Faites-moi connaître le nombre d'habillement que chaque bataillon a dans ce moment. Il est de la plus haute importance que le duc de Plaisance puisse réunir sur-le-champ tous les bataillons ou du moins une partie pour marcher sur Amsterdam.
Np
Tableau faisant connaître le nombre des conscrits assignés aux corps des 16e, 24e et 25e divisions, les fournitures accordées à chacune et le restant à ordonner.
Numéro des divisions | Dénomination des corps | Contingent positif | Moitié que l'on présume être fournie sur le déficit | Excédant | Total | Nombre de fournitures accordées | Reste à ordonner |
25e division | 56e de ligne | 500 |
75 |
575 |
500 |
75 |
..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37221).
Le 16 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les 88e, 75e, 79e, 45e, 60e, 81e et le 27e léger ont dirigé en tout 1800 hommes sur Strasbourg, lesquels arriveront depuis le 21 jusqu'au 30 décembre. Cette opération avait été faite dans l'espérance de l'arrivée du 14e corps, et pour en compléter les bataillons. Depuis, le 14e corps n'arrivant point, j'ai ordonné, il est vrai, la formation de 5es bataillons dans ces régiments ; mais ces 5es bataillons doivent se former au dépôt.
Mon intention est donc que le détachement du 27e léger, dirigé sur Strasbourg, soit incorporé dans le 1er bataillon du 11e léger ; ... celui du 75e dans le 56e ...
Successivement, les autres détachements qui étaient destinés pour le 14e corps seront incorporés dans les 12 premiers bataillons du 2e corps qui, par ce moyen, se trouveront sur-le-champ au complet de 8 à 900 hommes.
Faites-moi connaître les autres détachements que les régiments qui étaient destinés pour le 14e corps ont dirigés sur Strasbourg, et proposez-moi leur incorporation dans ces 12 bataillons.
Tout cela sera d'autant plus à propos que les régiments du 2e corps n'ont pas reçu autant de conscrits qu'il faudrait pour avoir leurs troisièmes bataillons bien complets à l'armée, indépendamment de leurs 5es.
Donnez ordre que les cadres retournent sans délai à leurs dépôts" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37571).
Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le 1er corps bis prendra le nom de 1er corps. Le 7e d'infanterie légère et le 57e n'en feront plus partie : ces deux régiments feront partie du 2e corps ...
Ces dispositions porteront le 1er corps à 52 bataillons, et 2e à 43 bataillons.
Il est indispensable que vous expédiiez dans la journée, par estafettes extraordinaires, ces nouveaux ordres aux généraux commandant les divisions militaires, afin que les 16 régiments qui devaient envoyer des détachements pour reformer le 14e corps à Strasbourg ne les fassent pas partir. Ceux qui seraient partis seront incorporés, comme je l'ai précédemment ordonné, dans le 2e corps à Strasbourg, et les cadres retourneront à leurs bataillons
Il n'était encore parti que 7 détachements formant 1800 hommes des bataillons qui devaient former le 7e corps à Strasbourg ; ils arrivent en ce moment à Strasbourg. Ces 1800 hommes seront incorporés, comme je l'ai ordonné dans le 2e corps. Les cadres retourneront à leurs dépôts ...
Je me dépêche de vous envoyer ces décisions parce que l'expédition des ordres qu'elles exigent est urgente.
ANNEXE
... ÉTAT C
Formation du 2e corps
1re division
3 bataillons du 24e léger ; 3 bataillons du 19e de ligne ; 3 bataillons du 37e de ligne ; 3 bataillons du 56e de ligne ; 1 bataillon du 111e de ligne ; 1 bataillon du 61e de ligne ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).
"ORDRES CONCERNANT LA COMPOSITION DES CORPS D’ARMÉE.
Paris, 21 décembre 1813.
Le général Maison est nommé commandant du 1er corps d’armée à Anvers ; le major général lui donnera l’ordre de partir demain pour se rendre dans cette place ; le général Roguet et le général Lefebvre-Desnoëttes seront sous ses ordres.
Le major général donnera l’ordre au général Grouchy de partir de suite pour se rendre à Strasbourg, où il prendra le commandement en chef de la cavalerie de l’armée.
Il ordonnera au duc de Bellune d’organiser le 2è corps d’armée en trois divisions de la manière suivante :
1re division : 24è léger, trois bataillons ; 19è de ligne, trois ; 37è, trois ; 56è, trois ; 61è, un ; 111è, un ; total, quatorze bataillons ;
Le général Dufour commandera cette division ...
Chaque division aura deux batteries d’artillerie à pied ; total, six batteries, quarante-huit pièces. Ce corps d’armée aura en outre deux batteries d’artillerie de réserve, seize pièces, et deux batteries d’artillerie à cheval" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).
/ 1814
Le 2 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Il résulte de l'état n° 4 du travail que ma remis le directeur de la conscription, que 6.674 de la levée des 120.000 hommes peuvent être dirigés sur Paris. J'approuve ce travail. Dirigez sur-le-champ ces hommes sur Paris en les adressant à la garde.
Quant à la levée des 300.000 hommes, j'approuve que vous dirigiez sur Paris les 400 hommes que le département de la Seine doit fournir aux 36e et 43e régiments de ligne, les 1.100 hommes que le département de Seine-et-Oise et celui du Loiret devaient envoyer à Grave pour le 56e, les 1.100 hommes qui doivent être dirigés sur Grave pour le 11e léger, les 500 hommes de la Seine-Inférieure qui doivent être dirigés sur Le Mans pour le 142e, les 330 hommes de la Seine qui doivent être dirigés sur Bruges pour le 131e, etc.
Complétez cette retenue jusqu'à 6.000 hommes, en prenant ce que doivent fournir les départements voisins de Paris, l'Oise, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise.
Ainsi, par ce moyen, la garde à Paris se trouvera avoir beaucoup de ressources qui pourront compenser le déficit.
Faites faire tout ce travail dans la journée de demain et soumettez-le-moi avant de rien mettre à exécution" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6351 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37717).
Le 6 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous me présentez dans la seconde partie de votre état no 4, relatif à mon ordre du 2 janvier, 9 047 conscrits à prendre pour la Garde. Mon intention est que tous ces conscrits suivent leur première destination, hormis : les 1097 du département de la Seine, les 818 destinés au 56e de ligne (à Grave), les 960 au 11e léger (aussi à Grave), les 550 au 142e (au Mans), les 188 au 156e de ligne (à Grave), les 700 au 28e léger (à Namur) ; total : 4313 conscrits qui devront être donnés à la Garde à Paris. Les autres suivront leur destination primitive. Activez l’arrivée des conscrits à Paris car cela va lentement ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37748).
Le 20 janvier 1814 a lieu le combat de Brienne, le 56e a l'honneur de voir le non du combat inscrit sur son drapeau, parce qu'il a puissamment contribué au succès de la journée. Le rapport du Maréchal Victor s'exprime ainsi : "La retraite de l'ennemi peut-être attribuée à l'occupation du château de Brienne et à la belle résistance qu'y ont faites les troupes du 56e ; le chef de bataillon Enders, qui les commandait, se disiingua en toute occasion".
Le 30 janvier au soir, le Duc de Bellune envoie au Major général son rapport sur le combat de Brienne : "… M. le général Château s'est mis en marche pour exécuter l'ordre qu'il avait reçu de s'emparer du château de Brienne. Cette opération a été faite avec beaucoup d'intelligence. M. le général Château, ayant dérobé sa marche aux ennemis, s'est emparé de cette position sans coup férir, et, après y avoir établi quatre cents hommes des 37e et 56e régiments, sous les ordres du chef de bataillon Honders, du 56e, et du capitaine Balion, du 37e, il s'est porté sur la ville avec l'autre partie de sa troupe, et a forcé l'ennemi à l'abandonner. MM. les généraux Krasinsky et Lefebvre-Desnouettes arrivaient en même temps. Ils ont tenté une charge qui n'a pas réussi, et leur retour entraînant l'infanterie du général Château, celui-ci s'est vu dans la nécessité de sortir à son tour de la ville ; mais la position supérieure de Brienne était fortement gardée. Une demi-heure après cet événement, l'infanterie du 2e corps, étant en partie ralliée, a attaqué de nouveau Brienne par diverses issues. Cette attaque a été repoussée, et nos troupes, harassées et considérablement réduites, ont pris position à la droite de la route de Maizières, où elles ont passé la nuit.
Ce matin vers quatre heures, l'armée ennemie a évacué Brienne et nos troupes y sont entrées aussitôt. La retraite des ennemis peut être attribuée à l'occupation de la position du château de Brienne, dont M. le général Château s'était emparé, et à la belle résistance qu'y ont faite les troupes du 37e et du 56e régiment. Le chef de bataillon et le capitaine qui les ont commandées méritent de l'avancement. Ils se distinguent en toute occasion ..." (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 127).
Le Lieutenant Lemchould et le Sous-lieutenant Houillon sont tués au combat de Brienne le 29 janvier 1814.
Le 1er février, au combat de la Rothière, le Régiment fait partie de l'arrière-garde qui fait si bonne contenance. Nos deux Bataillons combattent jusqu'à la nuit au hameau de la Giberie, que le Maréchal Victor défend toute la journée, malgré l'énorme disproportion de son Corps avec les forces qui l'attaquent. "Cette journée de la Rothière, dit l'Empereur, où notre arrière-garde tint dans une vaste plaine contre toute l'armée ennemie, est un des plus beaux faits d'armes de l'armée française".
Dans cette mémorable campagne de France, dans cette lutte héroïque, où chaque jour est marqué par un combat, le 56e a sa large part de gloire. La Division Château, dont il fait partie, est citée particulièrement au combat de Mormans, le 17 février, le 18 à Montereau. Sur tous les points, l'ennemi présente des forces quadruples des nôtres, et, malgré cela, nos soldats, avec le même courage, défendent pas à pas le sol sacré de la Patrie.
Le Capitaine Cadenet est tué à à Meaux le 20 février 1814.
Le Capitaine Passerat est tué au siège de Magdebourg le 6 mars 1814.
Le combat de Saint-Dizier, le 26 mars, est le dernier que l'Empereur livre dans cette campagne.
Les alliés arrivent devant Paris, l'ordre est donné de marcher sur la capitale. Il n'est plus temps ; la tête de la Garde n'a pas encore atteint Fontainebleau que l'on apprend la capitulation de Paris après un combat dans lequel les débris des Corps de Mortier et de Marmont ont été écrasés par toute l'armée alliée.
L'Empereur abdique.
Les débris du Régiment se retirent à Clamecy. Dans les premiers jours de juillet a lieu la fusion de tous les Régiments ayant composé l'armée impériale. Par suite de ce remaniement, le Régiment devint le 52e.
/ 1815
Napoléon revient de l'île d'Elbe et rentre aux Tuileries le 20 mars 1815. Un des premiers actes du Gouvernement impérial est de rendre aux Régiments leurs anciens numéros. Le décret qui ordonne cette mesure est ainsi conçu : "Les régiments d'infanterie de ligne, dont les numéros ont été changés, reprendront ceux qu'ils avaient précédemment et qu'ils ont illustré, depuis l'an IV, dans tant de combats célèbres qui ont immortalisé les armées françaises.
Le 52e régiment d'infanterie actuel reprendra le n° 56e".
Une circulaire du Maréchal Davoust, Ministre de la Guerre, dit à ce sujet : "Il appartient au gouvernement qui rend à la France sa dignité et son rang de restituer, à chacun des corps de la première armée du monde, cette portion de souvenirs et de traditions qui forme un patrimoine et une succession destinée à être transmise de générations en générations, des vétérans aux jeunes soldats, des anciens aux nouveaux défenseurs de la Patrie".
Le Régiment se reconstitue avec activité. Il est compris dans la 1re Brigade commandée par le Baron Gengoult, son ancien Colonel, qui fait elle-même partie du 3e Corps aux ordres du Général Vandamme. Le 3e Corps se réunit au 4e pour former l'aile droite commandée par le Maréchal Grouchy.
Le premier combat est celui de Gilly, livré par nos troupes le 15 juin. Le 16 juin, l'armée prussienne est rencontrée de nouveau entre Saint-Amand et Sombref. Le maréchal Grouchy l'attaque ; cette sanglante action prend le nom de bataille de Ligny. Le succès est chèrement acheté, mais l'ennemi est mis en déroute, après avoir perdu plusieurs milliers de prisonniers et trente pièces de canon.
Le Sous-lieutenant Bresson est tué au combat de Ligny le 16 juin 1815.
Le 18 juin 1815 est un jour fatal pour la nation : 65,000 Français sont écrasés à Waterloo par 130,000 Anglais et Prussiens. Le 56e n'assiste pas à ce grand désastre, qui a pour résultat de mettre de nouveau la France à la merci de l'étranger.
Le Régiment est à l'aile droite, chargé de contenir les Prussiens. Le Maréchal Grouchy, qui commande cette aile, attaque dans la soirée le Corps qui lui est opposé, et, après un violent combat, le chasse de Wavres. A minuit, le Maréchal n'a encore reçu aucune nouvelle de l'Empereur. Il décide de faire un effort le lendemain pour rejoindre le gros de l'armée, lorsque arrive la nouvelle de la bataille de Waterloo. La retraite sur Paris est ordonnée aussitôt.
Le Capitaine Bonefoy est tué à Namur le 20 juin 1815.
Le Régiment se rend successivement à Orléans, à Châteauroux et enfin, dans le département de Lot-et-Garonne, où il est licencié le 29 septembre 1815. Le vieux 56e cesse d'exister.
/ Uniformes
Figure 1 : Le Colonel Boutroue en 1804 aux Grenadiers de la Réserve. Les hommes arrivèrent avec la tenue de leurs corps. Les Grenadiers ou Carabiniers se voient dotés d’un bonnet d’oursin et les Chasseurs de Ligne comme de légère d’un shako. Les cheveux sont coupés courts « à la Titus ». L’étude de la correspondance du Colonel Boutroue nous fournit des détails sur sa tenue. En avril 1804, il précise qu’il est à cheval 6 ou 7 heures par jour sans arrêt à manœuvrer et qu’il n’a pas trop de ses trois chevaux. Le 6 juillet, le voici fait Officier de la Légion d’Honneur. Le 28 mai 1804, Boutroue se fait fabriquer un bonnet d’oursin et peau d’ours noir, précisant que tous les Officiers supérieurs de la Division en ont. Il doit y avoir une plaque en cuivre dorée sur le devant avec un grenade, sans inscription ; des garnitures dorées et des jugulaires "en écailles de poisson".
Figure 2 : Fusiller du 56e de Ligne en 1805.
Figure 3 : Fusilier du 56e de Ligne en 1807, vu par la Chronique de Lunebourg, au moment où le Régiment est, à la fin 1807, en Allemagne du Nord. On note plusieurs détails de l’uniforme intéressants. Le shako, encore sans jugulaire, est orné d’une plaque en cuivre tout particulière propre au Régiment (voir figure 3 bis). L’uniforme est assez classique pour l’Infanterie de Ligne mais la patte de parement est à 4 boutons. Les retroussis blancs sont ornés du chiffre du Régiment, inscrit en rouge.
/ Les drapeaux du 56e de Ligne
En 1804, le Régiment va recevoir 4 Aigles et drapeaux modèle Chaillot.
Il ne doit plus en porter qu’une en 1809. En effet, le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon. Quant au corps du général Oudinot, il faut que chaque bataillon fasse faire un petit drapeau d'un simple morceau de serge tricolore, portant d'un côté le numéro de la demi-brigade et de l'autre le numéro du bataillon, comme, par exemple, 4e bataillon du 6e d'infanterie légère d'un coté, et de l'autre 1re demi-brigade légère, etc. Il faut faire pour cela très-peu de dépense. J'en ferai faire de très-belles, que je donnerai moi-même aussitôt que possible" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).
Mais on ne sait ce qu'il fait des trois autres.
Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).
En 1812, il reçoit un nouveau drapeau, modèle 1812, portant ECKMUHL ESSLING WAGRAM. Le drapeau et l’Aigle sont ramenées de Russie et se trouvent au Dépôt de Groningue en décembre 1813.
A la première Restauration, renuméroté 52e de Ligne, il reçoit un drapeau royal.
En 1815, aux Cent-Jours il reçoit une nouvelle Aigle et un nouveau drapeau qui ne sont pas détruits à la seconde Restauration. Aujourd'hui dans les collections du Musée de l'Armée