Le 88e Régiment d'Infanterie de Ligne

1796-1815

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Avertissement et remerciements :

/ Les origines de la 88e Demi-brigade

/ Organisation officielle de la 88e Demi-brigade de Ligne - Armée de Sambre-et-Meuse puis Armée d'Italie

La 88e Demi-brigade de deuxième formation a été formée le 1er Ventôse an 4 (20 février 1796) (Arrêté du 18 Nivôse an 4 - 8 Janvier 1796) des unités suivantes :

- 112e demi-brigade de première formation

La 112e Demi-brigade de première formation a été formée des unités suivantes :

- 2e bataillon du 56e régiment d’infanterie (ci-devant Bourbon)

Le Régiment de Bourbon, créé en 1644, devient 57e Régiment en 1789, puis 56e Régiment en 1791. Lors du premier amalgame, en 1794, son 1er Bataillon entre dans la composition de la 111e Demi-brigade de première formation (qui, lors de la réorganisation de 1796 (18 Nivôse an 4) entra dans la composition de la 37e Demi-brigade de seconde formation). Son second Bataillon entre dans la composition de la 112e Demi-brigade de première formation.

Le 1er Bataillon a fait les guerres de 1792 à 1794 à l'Armée du Nord ; le 2e celles de 1792 et 1793 à l'Armée du Rhin, de 1794 à l'Armée du Nord, de 1795 à l'Armée de Sambre-et-Meuse.

- 7e Bataillon du Doubs

Le 7e Bataillon du Doubs est organisé le 9 août 1792. Son chef est Morand.

- 2e Bataillon des Deux-Sèvres (ou 22e Bataillon des Réserves)

Le 2e Bataillon des Deux-Sèvres, appelé également 22e Bataillon des Réserves, est organisé le 26 septembre 1792. En garnison à Condé.

- 3e Bataillon de la 173e Demi-brigade de première formation.

La 173e Demi-brigade de première formation a été formée des unités suivantes :

- 1er Bataillon du 96e Régiment d’infanterie (ci-devant Nassau)

Nassau a été créé en 1745. En 1789, il devient 99e Régiment, puis 96e Régiment en 1791. Lors du premier amalgame, en 1794, son 1er Bataillon entre dans la composition de la 173e Demi-brigade de première formation ; son 2e Bataillon entre dans la composition de la 174e Demi-brigade de première formation (qui, à la réorganisation de 1796 (18 Nivôse an 4) entra dans la composition de la 49e Demi-brigade de seconde formation).

Le Régiment a fait campagnes de 1792 à 1794 à l'Armée de la Moselle. Son 2e Bataillon a été fait prisonnier à Wesel en 1793.

- 5e bataillon de la Moselle

Le 5e Bataillon de la Moselle, ou Chasseurs de Kellermann, a été organisé le 1er août 1792. En garnison à Verdun. Personnalités : Louis Marie Gaussart alors sergent-major

- 6e bataillon des Vosges.

Formé le 4 août 1792.

A la réorganisation de 1796 (18 Nivôse an 4), les 1er et 2e Bataillons de la 173e Demi-brigade entrent dans la composition de la 37e Demi-brigade de seconde formation, le 3e Bataillon entre dans la composition de la 88e Demi-brigade.

Campagne de 1796

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Boutons de la 88e Demi-brigade de Ligne

La 88e Demi-brigade fait la campagne de 1796 à l’Armée de Sambre-et-Meuse du Général Jourdan, où elle est formée ; elle entre dans la composition de la division Bernadotte, Brigade Simond.

Le 31 mai, la Division est en position sur la Nahe avec les Divisions Marceau et Poncet. Les 3 Division constituent l’aile droite de l’Armée de Sambre-et-Meuse, sous le commandement supérieur de Marceau.

Le 11 juin, la Division passe le Rhin à Neuwied ; elle s’appuie entre Lahussein et Nassau ; son rôle est de protéger l’investissement d’Ehresbreitstein, concurremment avec la Division Championnet.

Le 18 juin, les Divisions Championnet, Grenier et Bernadotte se disposent à repasser le Rhin à Neuwied, mais l’Archiduc parvient à détruire le pont jeté par Jourdan ; l’armée est obligée de tenir tête à l’ennemi pendant qu’on le répare ; la Division Bernadotte livre un beau combat d’arrière-garde, elle est soutenue par la 30e, de la Brigade Dauriez et la cavalerie.

Dans la nuit du 2 au 3 juillet 1796, les Grenadiers de la Division sont chargés de prendre la route de Bendorf, entre Neuwied et Coblentz, pour permettre l’achèvement du pont. A 2 heures du matin, les Grenadiers de la Division forment 2 Bataillons, descendent sur la rive droite à Bendorf et en refoulent les avant-postes ennemis. Les Autrichiens renforcés reprennent Bendorf que les Grenadiers conquièrent pour la seconde fois. Ce vif combat permet l’achèvement du pont.

Le Grenadier Rollet débarque le premier, s’empare d’une pièce de canon, tue deux canonniers et en fait un troisième prisonnier.

Les Grenadiers Coutant, Deloffre et Gaudet se précipitent et se font remarquer par leur intrépidité.

Au jour, la Division vient prendre position sur les hauteurs de Hilscheim.

Le 4 juillet, la Division occupe Montabana.

Le 7 juillet, les Grenadiers de la Division repoussent à Offhein plusieurs charges du Régiment de Cavalerie Royal-Allemand, du Corps de Werneck.

Le 8 juillet, la Division, renforcée de la Brigade Dauriez, se porte sur Nassau ; le 9 sur Wiesbaden.

Le 12, elle se dirige sur le Main.

La 88e prend part avec l’Armée de Sambre et Meuse à la poursuite du Général Wartensleben jusqu’à Naab. Elle est détachée seulement quelques jours pour concourir au siège de Koenigstein.

Dans la sortie du 19 juillet tentée par la garnison, la 88e fait 500 prisonniers.

Le 29 juillet, elle occupe Wurtzbourg.

Le 7 août, la Division contribue à chasser le Corps de Dray des hauteurs de l’Aisch.

Le 9 août, elle suit la rive gauche de la Reignitz.

Le 10, elle occupe Schomberg.

Le 14, elle est en position à Runkel.

Le 17 août, la Division dépasse Neumark et s’établit à Teisseing d’où elle observe Ratisbonne.

Le 20 août, à Teissing, attaquée par l’Archiduc Charles, qui se porte au secours de Wartensleben et prend en flanc l’armée française, la Division oppose une très vive résistance et ne cède qu’à la supériorité du nombre ; elle se retire, en combattant, sur Neumark.

Le 21 août, à Neumark, Bernadotte, attaqué par les forces réunies des Généraux Nasserdorf et Hotze, profite de la lenteur que les Autrichiens mettent à prendre leurs dispositions de combat, pour se dérober sous la protection de ses arrières-gardes. Il se retire sur Lauf.

Le 29, la Division livre à Burg-Elberach un rude combat au Général Hotze ; elle combat avec la plus grande vigueur, et en tirailleurs, dans le bois d'Ampferbach d'où elle est cependant obligée de se retirer ; elle rétrograde sur ceux de Durkey.

- Bataille de Wurtzbourg, 3 septembre 1796

Dans cette bataille, la Division est commandée par le Général de Brigade Simon ; elle est placée à l’extrême droite de l’armée entre Longfels et le ravin qui couvre le front. Elle contient la cavalerie du Prince de Litschtenstein ; après la perte de la bataille, son arrière-garde, est entamée par Hotze, sur le chemin de Geisberg. La Division ne recule que sur ordre du Général en Chef.

Un Bataillon de la 88e s’est retiré dans la citadelle de Wurtzbourg mais, manquant de vivres, il est bientôt obligé de se rendre (4 septembre).

- Combat de Limbourg, 17 septembre 1796

La Division Bernadotte lutte jusqu’à midi avec la plus grande énergie contre un ennemi très supérieur en nombre. Un nouveau combat s’engage dans la position de Mehremberg que Bernadotte tient jusqu’à 8 heures du soir ; elle se retire alors à Wahenbach.

Composition des 4 Divisions sous les ordres de Kléber le 30 septembre 1796 :
Division BERNADOTTE :
Brigade FRIANT :
3 Bataillons de la 30e Demi-brigade d'infanterie, 2,529 hommes.
3 Bataillons de la 88e Demi-brigade d’infanterie, 1,339 hommes (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 371).

Dans la nuit du 20 au 21 octobre 1796, les Autrichiens débarquent presque sans obstacle vers le confluent de la Nette, avec 40 chevaux et 300 hommes d'infanterie, dont une partie se dirige sur Andernach et l'autre sur Weissenthum. Le Général Duvignau, à la tête de quelques Compagnies de la 2e Demi-brigade d'infanterie légère et d'un Bataillon de la 88e Demi-brigade, arrivé ce jour-là à Andernach, attaque la première colonne et la force à se rembarquer, après lui avoir fait 50 prisonniers. Kleber rejoint la Division Grenier; en rn route il rencontra son Aide de camp Pajol, qu'il a dépêché en avant, et apprend que l'ennemi est maitre du fort Marceau et du blockhaus qui en forme le dernier réduit. Il prescrit alors à Pajol d'aller chercher le Bataillon de la 88e Demi-brigade qui est à Andernach, ainsi qu'un Escadron de la Division Grenier. Il veut, avec ce faible Corps, attaquer l'ennemi et le débusquer d'une position qui intercepte la communication avec Coblenz. Championnet y a déjà pourvu; quoiqu'il soit chargé seulement de la défense des ouvrages de la rive droite de la Moselle, il a cru de son devoir de se porter partout où l'ennemi fait des progrès, dans la crainte que celui-ci ne cherche à couper les communications d'une rive à l'autre de la Moselle, en s'emparant du pont de Moselweiss. Championnet donne l'ordre au Général Legrand d'attaquer le fort Marceau avec quelques Compagnies de Grenadiers, pendant que quatre Compagnies, conduites par le Chef de Bataillon Winter, passant par Moselweiss, débouchent sur Metternich. Par ce mouvement simultané, toute la hauteur se trouve investie, et, dans le cas où l'ennemi prendrait la fuite, l'une des deux colonnes pourra le devancer à Neuendorf. Cette manœuvre est exécutée avec intelligence et audace; les Officiers ennemis donnent à leurs soldats l'exemple de la fuite et gagnent les barques à la hâte. Les soldats, abandonnés, mettent bas les armes ; une grande partie des Officiers embarqués se noient ou périssent par le feu de la mousqueterie (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 389).

Le 22 octobre 1796, la Division Bernadotte part du camp de Metternich et s'installe : la 88e, à Coblenz, occupant par un Bataillon le fort Marceau (Petersburg) et poussant ses cantonnements jusqu'à Kesselheim (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 392).

Le 21 novembre, il y a quelques changements de cantonnements. A la Division Bernadotte, un Bataillon de la 88e, cantonné à Wallersheim et Kesselheim, va au fort Marceau, permutant avec un bataillon de la 23e Demi-brigade (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 402).

Jusqu'au 21 décembre, il ne se passe aucun événement important à l'Armée de Sambre-et-Meuse. Il n'y a que quelques changements partiels dans les cantonnements des Divisions. Voici la situation du Chef d'état-major général pour les Divisions du centre, aux ordres de Kléber :
Division BERNADOTTE,
Brigade SIMON :
3 Bataillons de la 37e Demi- brigade de Ligne, 1,576. Dreieckhausen, Bacharach, Saint-Goar.
Brigade BARBOU :
3 Bataillons de la 49e Demi-brigade de ligne, 1,736. Boppart, Oppenhausen, Waldesch.
Brigade FRIANT :
3 Bataillons de la 30e Demi-brigade de Ligne, 2,544. Coblenz, Mettemich, Rubenach, Kesselheim, Gulz, Winningen.
3 Bataillons de la 88e Demi-brigade de Ligne, 1,564. Treis, Dieblich, Coblenz.
31e Division de Gendarmerie, 597. Neuendorf, Wallersheim.
Artillerie, 151 Buch.
Sapeurs, 127 Brodenbach.
Cavalerie :
7e Régiment de Dragons, 607 Castellaun, Roth, Gödenroth.
3e Régiment de Chasseurs, 641 Saint-Goar, Bacharach, Gondershausen, Rubenach.
9,543
Cette Division garde les bords du Rhin, de Bingen à Coblenz, ainsi que tout le pays compris entre le Rhin, la rive droite de la Moselle et les premières pentes des montagnes du Hundsrück.
Ces cantonnements sont, à proprement parler, des quartiers d'hiver pour les troupes aux ordres de Kléber; car, l'ennemi restant tranquille, l'Armée de Sambre-et-Meuse n'entreprend plus rien. La rigueur exceptionnelle de la saison s'oppose d'ailleurs à des opérations militaires. Le Rhin est entièrement gelé à Bacharach, et les Autrichiens ne cherchent même pas à profiter de la glace pour passer sur la rive gauche (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 409).

Campagne de 1797

Hausse col, 88e demi-brigade de Lignehausse col 88e demi-brigade de ligne
Hausse col de la 88e de Ligne, époque Consulat, début Empire - Photos B. Malvaux

La Division Bernadotte composée des 21e Légères, 30e, 55e, 61e, et 88e passe les Alpes, en plein hiver (janvier 1797) et débouche en Italie, à Padoue, où elle se joint à l’armée de Bonaparte, qui prend l’offensive à l’arrivée de ce renfort. La 88e fait partie de la Brigade Friant.

Le 9 Ventôse an 5 (27 février 1797), le Général en chef Bonaparte fait écrire, depuis Bologne, au Général divisionnaire Bernadotte : "Le général Bernadotte est prévenu que le général en chef le destine à commander une division active de l'armée, qui sera composée des
31e demi-brigade de bataille ...
88e idem ...
Comme ces différentes troupes se réunissent à Vérone, il voudra bien s'y rendre de suite pour en prendre le commandement, en informant s'il a un adjudant général, un commissaire des guerres, et quels sont les généraux de brigade qui marchent sous ses ordres ...
" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1530).

La Division est placée à la droite ; son point de direction est Cadroïpo. Elle se jette dans le Tagliamento, électrisée par son chef qui s’écrie : "Soldats de Sambre-et-Meuse, l’armée d’Italie vous regarde !". En tête est la 21e Légère soutenue par les Grenadiers de toute la Division, ensuite vient le gros de la Division, chaque Demi-brigade ayant des 1er et 3e Bataillons ployés en colonne sur les ailes du 2e. L’obstacle est franchi avec un admirable aplomb, sous les boulets de nombreuses batteries autrichiennes. Le Lieutenant Piat de la 88e se distingue dans cette journée.

Deux jours plus tard, le 18 mars, la Division passe le Gradisca ; elle est ensuite chargée de dessiner une fausse attaque sur les retranchements qui couvraient les approches de Gradiasca, pendant que la Division Sérurier s'avance par les crêtes qui dominent la ville. Mais elle se laisse emporter par trop d’ardeur ; en effet, malgré les ordres, la Division ne voulant pas partager la gloire de l’affaire avec la Division Sérurier, entraîne son général à l’assaut. S’étant avancée à portée de mitraille, elle est obligée de se replier et perd 500 hommes inutilement. Mais sa folle bravoure arrache des cris d’admiration à l’Armée d’Italie.

La garnison de Gradisca, voyant la Division Serrurier sur sa ligne de retraite, capitule le même jour.

Au cours de cette journée, le Sergent de Grenadiers Delaunay sauve, sous le feu des remparts de la place, un obusier dont les chevaux d'attelage ont été tués. Le Sergent Guémard s’avance jusque dans le fossé après avoir brisé une barrière à coups de hache, sous le feu de l’ennemi ; il est blessé à la main gauche.

Le Sergent-major Gendrois se signale par sa bravoure. Le Capitaine Schmitt reçoit un coup de feu à l’épaule. Le Caporal Neveu est blessé à la tête.

Bernadotte écrit, le 19 mars 1797 (29 Ventôse an 5), depuis Gradisca, au Général en chef : "Conformément à vos ordres, mon général, j'ai fait avancer ma division entre Mariane et Gradisca. J'ai, après l'avoir mise en bataille, ordonné au général Friant de se porter avec la 30e demi-brigade à la porte du Salvador : la 88e devait former la réserve ; à l'adjudant général Mireur, de se porter à la porte Nova avec douze compagnies de grenadiers ; au général Murat, avec la 15e demi-brigade et un escadron de hussards, à la porte de Laqua : ce général devait passer la rivière de l'Izonzo avec un corps de troupes, et couper la retraite à la garnison de Gradisca ; le restant de ma division en bataille dans la plaine, composée de la 55e et 61e commandée par le général Muilley, le 1er régiment de hussards et le 14e de dragons sous les ordres de l'adjudant-général Sarrasin, devaient protéger les attaques de Gradisca, en livrant bataille aux troupes que le prince Charles aurait pu envoyer de Goritzia.
Les ordres ainsi donnés, les généraux d'attaque ont avancé à la tête de leurs colonnes avec cette bravoure qu'on caractérise quelquefois de fureur.
Quatre mille hommes formant la garnison de Gradisca étaient rangés sur les remparts de la ville ; leur fusillade et le feu de leurs canons vomissaient à chaque instant la mort sur nos soldats, sans que leur intrépidité en fût ralentie : leur audace, au contraire, accrue par les obstacles, les faisait roidir contre les difficultés. Enhardis par les généraux qui les dirigeaient, ils demandaient à grands cris des échelles pour escalader le rempart, et des haches pour briser les portes ; j'ai donné des ordres pour que ces objets parussent au plus vite : j'allais donner le signal, lorsque des principes d'humanité m'ont retenu ; j'ai fait sommer M. d'Augustinetz, colonel du régiment de Splenitz, commandant la forteresse, de se rendre sur-le-champ, sous peine d'être passé lui et sa troupe au fil de l'épée.
Vous trouverez ci-joint, mon général, copie de la sommation : en réponse, le colonel a demandé à sortir avec les honneurs de la guerre, sous condition que la garnison se retirerait en Autriche.
La disposition de mes troupes était telle, que je ne pouvais pas y accéder. J'ai donc exigé que les ennemis fussent prisonniers de guerre, en conservant aux officiers la faculté de se retirer, sur leur parole de ne pas servir contre la république et ses alliés jusqu'à leur échange. Je n'ai donné qu'un quart heure, mes réponses ont été acceptées ; deux bataillons de Splenitz et deux d'un autre régiment ont sorti, à deux heures du soir, par la porte de Goritzia à Palma, et ont déposé ensuite les armes. Je les ai dirigés sur Palma.
Si j'avais à vous recommander, mon général, toutes les personnes qui se sont distinguées, j'aurais beaucoup à faire. Sans juger mes collaborateurs, il est impossible de passer sous silence la bravoure audacieuse du général Murat, de l'adjudant-général Mireur, et du général Priant ; il a fallu leurs talents, leur bravoure pour décider l'ennemi ; ils se portaient partout, consolaient les blessés, soutenaient le courage des soldats à attendre la mort avec sang-froid. L'ennemi a tenté vainement de venir de Goritzia pour dégager la garnison, en descendant la rive gauche de l'Izonzo. Le brave Murat, à qui j'avais envoyé un bataillon de la 55e, l'a forcé de se retirer précipitamment. Je vous recommande, mon général, le citoyen Julien, commandant de mon artillerie : son activité, son zèle m'ont rendu de grands services ; il a créé des moyens, il a fait honneur à son arme. Je vous prie aussi de ne pas oublier que le chef de brigade du génie Campredon ne m'a pas quitté pendant presque toute l'action. Je recommande a votre sollicitude paternelle le citoyen Maurice et les deux frères Conroux, jeunes gens qui ont continué à se distinguer, et qui appartiennent à un brave et respectable militaire. Je finis, mon général, quoique j'aie bien des choses à vous dire, en rendant justice au jeune Lemarrois, votre aide-de-camp : il s'est fait remarquer par son mépris pour le danger, et, quoique d'un âge fort tendre, il a montré beaucoup de calme et de sang-froid ; l'aide-de-camp du général Murat a chargé ce matin avec le 1er régiment de hussards : ce brave régiment a fait une vingtaine de prisonniers.
J'ai eu beaucoup d'hommes tués et blessés, entre autres beaucoup d'officiers ; quelques soldats se sont malheureusement noyés en passant l'Izonzo, mais seulement cinq à six. Nous avons pris huit drapeaux et sept pièces de canon.
Le citoyen Binon, aide-de-camp du général Friant, a eu un cheval tué sous lui : cet officier et le citoyen Denis, officier de correspondance de ce même général, se sont distingués par leur bravoure. Plusieurs soldats ont été blessés de coups de pierre en voulant essayer d'escalader le rempart
" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 2 Italie ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.2, p. 268).

L'armée de l'Archiduc bat en retraite sur deux colonnes. Le même jour, la Division marche sur Laybach.

Le 30 Ventôse an 5 (20 mars 1797), à 8 heures du matin, le Général Bonaparte fait écrire, depuis son Quartier général, à Palmanova, au Général Bernadotte : "Le général en chef ordonne au général Bernadotte de laisser, jusqu'à nouvel ordre, dans la place de Gradisca, deux bataillons de la 88e de bataille.
Il partira avec tout le reste de sa division le plus tôt qu'il pourra pour Goritz, où il prendra position en suivant la rive droite de l'Isonzo. Il est prévenu que le général Sérurier fait le même mouvement par la rive gauche. La division du général Guieu se porte à Cormons. Le bataillon de la 88e qui est venu conduire les prisonniers jusqu'à Palmanova continuera jusqu'à Mantoue.
Le général Bernadotte ordonnera le plus grand ordre dans les possessions impériales, et qu'on ne touche à rien, le général en chef ayant ordonné des mesures générales
" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1601).

Le même 30 Ventôse an 5 (20 mars 1797), Bonaparte écrit, depuis Palma Nova, au Général Bernadotte : "L’adjudant général Mireur est promu au grade de général de brigade. Je vous prie de me renvoyer, par mon aide de camp (note : Duroc) une note des six (note : « deux » est biffé) capitaines [de la 15e et 88e] (note : mots biffés sur l’expédition) qui se sont distingués pour promouvoir au grade de chef de bataillon, de deux chefs de bataillon pour promouvoir au grade de chef de brigade, de huit (note : « six » est biffé) lieutenants à promouvoir au grade de capitaine, de huit sous-lieutenants à promouvoir au grade de lieutenant, de huit caporaux ou sergents à promouvoir au grade de sous-lieutenant et de huit soldats à promouvoir au grade de sous-officier. Vous ferez ce choix indistinctement dans toutes les demi-brigades de votre division parmi ceux qui se sont le plus distingués dans l'affaire du Tagliamento et le combat de Gradisca, vous y comprendrez l'artillerie et la cavalerie" (Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1458).

Encore le 30 Ventôse an 5 (20 mars 1797), le Général Bonaparte écrit également au Directoire exécutif, depuis son Quartier général à Palmanova : "Je vous ai rendu compte du passage de la Piave, des combats de Longarone, de Sacile et de la journée du Tagliamento.
Le 28, la division du général Bernadotte part à trois heures du matin, dépasse Palmanova et prend position sur le torrent de la Torre, où les hussards se rencontrent.
La division du général Sérurier prend position sur la droite ; celle du général Guieu sur la gauche. J'envoie le citoyen Lasalle, avec le 24e régiment de chasseurs, à Udine ...
… PASSAGE DE L'ISONZO ET PRISE DE GRADISCA…
La division du général Bernadotte s'est conduite avec un courage qui nous est un garant de nos succès à venir. Le général Bernadotte, ses aides de camp, ses généraux ont bravé tous les dangers. Je vous demande le grade de général de brigade pour l'adjudant général Mireur. Le général Bernadotte se loue beaucoup du général Murat, commandant son avant-garde, du général Friant, de l'adjudant général Mireur, du citoyen Campredon, commandant du génie, du citoyen Jailliot, commandant de l'artillerie, du citoyen Lahure, chef de la 15e demi-brigade d'infanterie légère, du citoyen Marin et des deux frères Conroux. Le citoyen Duroc, mon aide de camp, capitaine, s'est conduit avec la bravoure qui caractérise l'état-major de l'armée d'Italie.
Le citoyen Miquel, chef de la 88e demi-brigade, a été blessé ...
" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 319 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 370; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 84 ; Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1600 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1460).

Ce même 20 mars, la Division poursuit sa route sur Laybach. Le 21, la Division Bernadotte, qui a poursuivi la colonne qui s'est dirigée sur le col d'Adelsberg, atteint l’arrière-garde commandée par le Prince de Reuss et la bat à Camigna. Le 22 mars, la marche sur Laybach continue par Viparco, Priwalo, Aselsberg.

Le 23, la 88e est détachée pour occuper Idria et Trieste.

Le 23 mars 1797, la 88e passe sous le commandement du Chef de Brigade Pierre Louis François Silly.

Le 14 juin 1797 (26 Prairial an 5), le Général Bonaparte écrit, depuis Mombello, au Général Berthier : "... Vous ordonnerez que l'on forme les brigades de la manière suivante :
... 3e DIVISION. Bernadotte.
La 30e de ligne et la 55e, 5e brigade : Friant. La 61e de ligne et la 88e, 6e brigade Mireur ...
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1919 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1674).

Le même 14 juin 1797 (26 Prairial an 5), le Général Bonaparte écrit encore, depuis Mombello, au Général Berthier : "Vous voudrez bien ordonner et prendre les mesures pour l'organisation prompte du personnel de l'artillerie de l'armée, ainsi qu'il suit :
Il y a dans ce moment-ci 76 compagnies d'artillerie de demi-brigade, desquelles vous ne devez former seulement que 30 compagnies d'artillerie de brigade, chaque demi-brigade de ligne devant avoir sa compagnie de canonniers ...
88e demi-brigade. - La 3e, du Temple, capitaine Belgros, avec la 88e, capitaine Parot ...
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1921 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1677).

Le 27 Fructidor an 5 (13 septembre 1797), le Général en chef Bonaparte écrit, depuis le Quartier général à Passariano, au Général Dessolle : "... Vous donnerez l'ordre au général Friant de faire partir, le 29 de ce mois, la 88e demi-brigade, qui fait partie de la brigade du général Fiorella, pour Palmanova, où elle tiendra garnison ...
Vous voudrez bien envoyer un adjoint à Palmanova, avec l'ordre au général Guillaume pour faire préparer les logements de la 88e. Vous aurez soin qu'il s'assure par lui-même que la garnison de Palmanova ne manque de rien
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2200 et 2201 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2013).

Le 13 Vendémiaire an 6 (4 octobre 1797], le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, à Passariano, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Italie : "Vous voudrez bien ordonner au général Friant (note : qui commande la division Bernadotte) de justifier le rapport qu'il m'a fait hier que le tiers de la 88e demi-brigade était tombé malade à Palma Nova. Vous trouverez ci-joint l'état de cette demi-brigade" (Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2129).

Le 9 octobre 1797 (18 vendémiaire an 6), le Général en chef Bonaparte écrit depuis le Quartier général de Passariano au Général Berthier : "... La 30e demi-brigade et la 55e forment la brigade du général Friant ; la 61e et la 88e, celle du général Fiorella ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2289 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2144).

Le 17 octobre est signé le traité de Campo-Formio.

Le 9 novembre 1797 (19 brumaire an 6), par ordre du Général en chef Bonaparte, une lettre est expédiée depuis le Quartier général de Milan, au Général Vignolle : "... Le général Bernadotte partira d'Udine, le 1er frimaire, avec la 61e, la 30e et la 88e et leurs dépôts, pour se rendre à Trévise ...
Lorsque tous ces mouvements seront effectués, l'armée se trouvera donc placée de la manière suivante :
... 3e division, Bernadotte, à Trévise 30e de bataille, 61e idem, 88e idem, Prendra toute l'artillerie du général Baraguey d'Hilliers qui est à Trévise; elle sera toute attelée de chevaux ...
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2332 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1, p.46).

Le même jour, le Général en chef Bonaparte écrit depuis son Quartier général de Milan, au Général Vignolle : "Vous préviendrez les 18e, 25e, 32e et 75e de bataille qu'elles sont destinées à être les premières pour partir pour l'armée d'Angleterre.
Vous donnerez le même ordre aux 30e, 61e et 88e de bataille ...
... Vous donnerez l'ordre aux généraux ... Bernadotte ... de se tenir prêts à partir, comme devant faire partie de l'armée d'Angleterre ...
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2334; correspondance générale, t.1, lettre 2202).

L'Etat des Demi-brigades, établi le même jour, précise que la 88e, destinée pour l'expédition d'Angleterre, comprend 1600 hommes (Correspondance de Napoléon, t. 3, lettre 2335).

Le 11 novembre 1797 (21 Brumaire an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Milan, au Général Vignolle : "Vous trouverez ci-joint, Général, l'état des hommes auxquels j'accorde des sabres ; vous voudrez bien faire écrire la légende qui est à côté, sur ces sabres, et les leur envoyer. Vous pourrez provisoirement écrire à chaque chef de brigade, et leur donner la liste des hommes qui ont été nommés. Je vous prie aussi de m'adresser une copie de cette liste, telle qu'elle est ci-jointe.
ANNEXE
ÉTAT NOMINATIF DES HOMMES AUXQUELS LE GÉNÉRAL EN CHEF BONAPARTE ACCORDEDES SABRES POUR LEUR CONDUITE DISTINGUÉE.
... DIVISION BERNADOTTE
88e DELAUNAY (François), sergent de grenadiers, n° 60. Pour avoir sauvé un obusier dont les chevaux avaient été tués sous le feu de Gradisca.
Idem GUÉMARD (Vincent), sergent, n°61. Pour avoir été jusque sous le rempart de Gradisca, après avoir brisé une barrière à coups de hache sous le feu de l'ennemi ...
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2347 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2220).

/ Expédition d'Egypte, de mai 1798 au 1er septembre 1801, Corps principal

Campagne de 1798

- Embarquement

Le 11 janvier 1798 (22 nivôse an 6), le Général Bonaparte adresse depuis Paris ses instructions au Général Berthier : "... Le Directoire exécutif vous autorise à faire revenir les 30e, 61e, et 88e demi-brigades de ligne, qui déjà doivent être en marche pour rentrer en France ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t.4, Venise; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 235; Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2404).

Le 5 mars 1798 (15 Ventôse an 6), depuis Paris, le Général Bonaparte remet au Directoire exécutif une note dans laquelle il écrit : "Pour s'emparer de Malte et de l'Egypte, il faudrait de 20 à 26,000 mille hommes d'infanterie, et de 2 à 3,000 hommes de cavalerie sans chevaux.
L'on pourrait prendre et embarquer ces troupes de la manière suivante, en Italie et en France :
... A Cività-Vecchia, la 21e d'infanterie légère, 2,000 ; la 61e, de ligne, 1,600 ; la 88e, id., 1,600 ; le 20e de dragons, de 400 ; et le 7e de hussards de 400 ; en tout 6,000 hommes, commandés par les généraux Belliard, Friant et Mireur (note : pour la cavalerie). ...
Il faudrait que ces troupes fussent embarquées dans ces différents ports et prêtes à partir au commencement de floréal, pour se rendre dans le golfe d'Ajaccio, et réunies et prêtes à partir de ce golfe avant la fin de floréal ...
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 114 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 249 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2426 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2322 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 197-198).

Le même le 15 Ventôse an 6 (5 mars 1798), à Paris, le Directoire exécutif arrête : "ART. Ier. Le général Masséna mettra l'embargo et frétera au compte de la république les bâtiments les plus gros qu'il pourra trouver dans le port de Cività-Vecchia et ports voisins ; il prendra même, s'il est nécessaire, des bâtiments neutres.
2. Il fera embarquer sur lesdits bâtiments les généraux Friant, Mireur et Belliard ; un chef de brigade d'artillerie, deux officiers de génie qu'il nommera, un commissaire des guerres, un chef de chaque administration, une ambulance proportionnée au nombre des troupes ; la 21e d'infanterie légère, la 61e de ligne, la 88e idem, leurs dépôts, leurs compagnies de canonniers, cent cartouches par homme, de l'eau pour un mois, et des vivres pour deux.
3. Il fera embarquer le 20e de dragons et le 7e de hussards, avec leurs selles, leurs dépôts, en armant chaque cavalier d'un fusil. Dès l'instant que le convoi sera parti, il fera donner les chevaux de ces deux corps aux autres corps de cavalerie de l'armée …
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2432 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 205).

Le 18 Ventôse an 6 (8 mars 1798), à Paris, le Général Bonaparte annonce au Général Berthier que les 11e et 12 Demi-brigades légères sont supprimées et qu'elles seront incorporées dans 6 Demi-brigades de Ligne, dont la 88e (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2437 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2326 et La Jonquière C. de : «L’expédition d’Egypte, 1798-1801», t. 1. P. 218-219).

Le 14 mars 1798 (24 ventôse an 6), Masséna écrit depuis Rome à Berthier : "... Je viens de recevoir un arrêté du Directoire qui m'ordonne de faire partir, pour une mission secrète et de la plus haute importance, les généraux Friant, Mireur et Belliard, avec les 61e, 88e de bataille, 21e d'infanterie légère, 20e de dragons et 7e de hussards. Vous connaissez la force des troupes sous mes ordres ; lorsque ces corps seront partis, je serai loin d'avoir des forces suffisantes pour garder le territoire de la République romaine …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 320).

La Demi-brigade doit s’embarquerà Civita-Vechia. Un rapport adressé, le 20 mars, au Directoire par le Ministre de la guerre, détaille, ainsi qu'il suit, l’effectif (hommes présents sous les armes) des troupes destinées à l'expédition : Embarquement de Civita-Vecchia, 88e Demi-brigade de Ligne, 2.400 hommes (La Jonquière C. de : «L’expédition d’Egypte, 1798-1801», t. 1. P. 197).

Le 20 Germinal an 6 (9 avril 1798), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Brune : "Je vous prie ... de faire rendre à Civita-Vecchia ceux (les hommes) des vingt-unième d'infanterie légère, soixante-unième, quatre-vingt-huitième de ligne ; septième régiment de hussards, vingtième idem de dragons.
Ces hommes s'embarqueront à la suite des divisions, qui s'embarquent à Gênes et à Civita-Vecchia, et quand même ces divisions seraient parties, leurs dépôts resteront à Gênes et à Civita-Vecchia, de manière que lorsqu'il y aura 100 hommes réunis, on pourra les faire partir pour rejoindre au lieu où se rend ledit embarquement ...
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 158 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 290 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2485 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2375; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 313).

Le 13 avril 1798 (24 germinal an 6), le Général Desaix écrit au Général Belliard pour l'informer que Bonaparte l'a désigné pour faire partie de l'expédition et qu'il commandera une Brigade, formée provisoirement de la 21e Légère et de la 88e de Bataille (sic). Il a enjoint aux Chefs de Corps de faire préparer sans délai des contrôles :
1° Des officiers, sous-officiers et volontaires que leur âge et leurs infirmités ne permettent pas d'embarquer ;
2° Des officiers, sous-officiers et volontaires qui seront en état de s'embarquer.
Desaix précise : "... Vous voudrez bien passer ces corps en revue le plus promptement possible, afin de vous en assurer. Vous arrêterez ces contrôles, que vous m'adresserez ensuite.
Il devra être formé par chaque corps un dépôt de tous les hommes qui ne seront pas dans le cas de s'embarquer. Perugia est le lien destiné pour le rassemblement de ces dépôts. Votre revue passée, vous donnerez en conséquence les ordres pour y envoyer de suite ceux qui se trouveront dans ce cas.
Il ne sera pas permis aux femmes de s'embarquer. On pourra les envoyer à ce dépôt. Si cependant elles voulaient retourner en France, vous leur ferez donner des routes pour s'y rendre.
Il faut enfin dégager les corps de tout ce qui ne doit pas s'embarquer, tant en hommes qu'autres objets.
Les officiers qui auraient des chevaux devront les vendre. S'ils n'en trouvaient pas l'occasion, je donnerais des ordres pour qu'ils soient remis au compte de la République, dans le cas toutefois où ils seraient propres à quelques services. Il en sera donné des reçus aux officiers, en vertu desquels on leur remboursera le prix de leurs chevaux, après le débarquement.
Les chefs de brigade pourront seuls embarquer un cheval.
Salut et fraternité.
DESAIX.
P.-S. - On écrit aux chefs des Corps d'envoyer à Civita-Vecchia les équipages qu'ils destinent à être embarqués. Un officier et un petit détachement devront les escorter
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 335).

Le 14 avril 1798 (25 germinal an 6), le tableau des Corps de troupes certifié conforme par le Ministre de la Guerre Scherer, établit que la 88e de Ligne qui devait être dirigée sur Gênes, et servir sous les ordres du Général Desaix, est arrivée à destination; sa force est de 1496 hommes (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2508; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 355).

"Expédition de Civita-Vecchia.
ORDRE GÉNÉRAL
Rome, le 5 floréal an VI (24 avril 1798).
Les troupes formant la division de l'expédition de Civita-Vecchia sont organisées comme suit :
État-major général. Le général de division Desaix, commandant en chef ...
Généraux de brigade. Corps. Commissaires des guerres.
... Friant, 61e demi-brigade de bataille ; 88e demi-brigade de bataille, Colbert.
… Suit l'état de répartition des bâtiments de transport.
Les bâtiments sont répartis en cinq divisions, qui reçoivent les troupes ci-après indiquées : ... 2e division : 61e demi-brigade de bataille, sur les bâtiments de 11 à 17 ; 88e demi-brigade de bataille, sur les bâtiments de 18 à 23. (Effectif de la 61e, 1.675 hommes ; de la 88e, 1.372 hommes ; par bâtiment, de 170 à 320 hommes.)
… L'adjudant général, DONZELOT
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 44).

Le 16 mai 1798, Desaix est informé par Bonaparte du début de la concentration des escadres ; aussitôt, depuis Civita-Vecchia, il donne des ordres pour que toutes les troupes de sa Division soient concentrées, le surlendemain, dans le port et embarquées sur-le-champ. Ces ordres, envoyés, au nom du Général Desaix, par l'Adjudant général Donzelot, Chef de l'Etat-major (Civita-Vecchia, 27 floréal -16 mai), prescrivent :
"… 2° Au général Friant, de partir de Rome avec la 88e de Ligne, le 20e de Dragons et la 8e Compagnie du 5e Bataillon de Sapeurs, de se rendre le 28 floréal à Palo et le 29 à Civita-Vecchia ; recommandation est faite de mettre les troupes en route le 29, de très bonne heure, attendu qu'elles devront, dès leur arrivée, être passées en revue, puis embarquées ;
3° A la 61e de Ligne, d'être rendue le 29 floréal à Civita-Vecchia
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 471).

La "Situation du personnel de l'artillerie au moment de l'embarquement", indique que la Compagnie d'artillerie de la 88e comprend 2 Officiers et 47 hommes (Arch. Art. Ces chiffres sont empruntés au registre du personnel de l'artillerie - In La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 514).

Le 25 mai 1798 (6 prairial an VI), l'Adjudant général Donzelot écrit, depuis Civita-Vecchia, au Général Belliard : "L'ordre de départ est arrivé. La 21e d'infanterie légère s'embarquera aujourd'hui à 1 heure après midi. Je vous invite, Citoyen Général, à ordonner que de suite on embarque le reste des équipages pour se tenir prêt à monter à bord à l'heure désignée. Les chefs de brigade embarqueront leurs chevaux sur le n° 53, qui doit se placer à la porte de Livourne, ainsi que le n° 52, destiné à recevoir les chevaux des généraux et officiers d'état-major.
Dans la matinée, il sera fait une distribution de viande fraiche pour quatre jours.
On donne des ordres pour que, ce matin, tous les chevaux et équipages soient définitivement embarqués.
Salut et fraternité.
Donzelot.
P.-S. - La 21e s'embarquera à l'emplacement actuel de ses bâtiments
". Un ordre semblable, adressé au général Friant, prescrit que les 61e et 88e de ligne doivent s'embarquer à 2 heures de l'après-midi, par le quai du Fort (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 502).

L'État par aperçu des fonds nécessaires pour un mois de solde à l'armée de terre, établi par le payeur Estève, à bord du vaisseau l'Orient, le 6 juin 1798 (18 prairial an VI) indique que la 88e Demi-brigade est forte de 1500 Hommes, Officiers non compris (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 508).

Le 23 juin 1798 (5 messidor an 6), depuis le Quartier général, à bord de l'Orient, Berthier adresse aux troupes un Ordre Général : "Le général en chef a déterminé le commandement des brigades, dans les divisions, ainsi qu'il suit :
... DIVISION DESAIX.
... Le général Friant commande la 61e et la 88e de ligne ...
" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2706; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 15).

Par ailleurs, les troupes laissées à Malte ayant été, en grande partie, prélevées sur les garnisons des bâtiments de l'escadre, Bonaparte décide de reconstituer cet élément de défense et prescrit à cet effet les dispositions suivantes (Ordre de Berthier en date du 23 juin 1798 – 5 messidor an 6) : "… FREGATES ARMEES EN FLUTE. - ... Montenotte, 20 hommes de la 88e de ligne.
GALIOTES A DOMBES ET AVISOS ATTACHES AU CONVOI. - Portugaise, Aglaé, Hercule, Oranger, Torride, Foudre, Capricieuse, chacun 5 hommes de la 88e de ligne
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 13).

- Prise d’Alexandrie, 2 juillet 1798

La 88e fait partie de la 2e Brigade Friant, Division Desaix ; elle assiste, sans y participer toutefois, à la prise d’Alexandrie par les Divisions Kléber, Bon et Menou.

Le 16 Messidor an 6 (4 juillet 1798), l'Adjudant-général Donzelot écrit, pour le Général DESAIX, depuis le Quartier-général à Beda, au Général Bonaparte : "… J'attends vos ordres, mon général avec impatience, ainsi que l'artillerie et les 500 hommes de la vingt-unième légère que j'ai eu l'honneur de vous demander hier.
Ma situation actuelle est, savoir :
Vingt-unième légère, 1850 hommes ; soixante-unième de bataille, 1416 ; quatre-vingt-huitième, id., 1125 ; septième hussards, 80 ; vingtième dragons, 80 ; sapeurs, 5o ; en tout, 4601 hommes et 160 chevaux.
Le surplus des dragons et hussards est resté à Alexandrie ou à bord, n'étant pas montés, ni bien armés …
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte).

Le même 4 juillet 1798 (16 Messidor an 6), à dix heures du soir, Desaix écrit de son côté, depuis Beda : "… J'ai été obligé ce soir de faire occuper les villages d'El-Arych par les dragons et la 22e légère ; Cafer, par la 61e de bataille, et je suis resté avec la 88e à Beda, afin de pouvoir procurer un peu d'eau qui manquait totalement ici pour un aussi grand nombre d'hommes. Cette raison m'a déterminé à ne pas laisser de troupes entre Marmont et moi, parce que je n'y ai pas trouvé une goutte d'eau. Je ne pouvais y laisser des troupes harassées …" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte).

Le 5 juillet 1798 (17 messidor an 6), le Général Desaix écrit depuis le camp de Beda au Général Bonaparte : "… Comme je vous l'ai mandé cette nuit, la 21e légère et les dragons du 20e régiment, ont pris position à El-Arych, la 61e à Cafer, et la 88e avec les hussards restant au camp de Beda. J'ai pris cette mesure pour avoir de l'eau ; mais d'après le rapport qu'on m'a fait, elle y manque déjà. Dans ce moment-ci, les troupes n'ont pas l'espérance d'en avoir un verre ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte).

Ordre du jour des deux Divisions d'avant-garde (Damanhour, 20 messidor an 6 - 8 juillet 1798). "Le général défend expressément de tirer des coups de fusil dans le camp ; les munitions ne doivent être employées qu'à l'ennemi. Il recommande aux chefs et officiers d'y veiller et de punir sévèrement tout soldat qui contreviendrait au présent ordre.
Il sera distribué aux deux divisions de l'avant-garde la quantité de pintes d'eau-de-vie ci-après :
Division Desaix. – 21e légère, 21 pintes ; 61e de ligne, 18 ; 88e de ligne, 17 ...
Ne pouvant faire une plus grande distribution d'eau-de-vie, elle sera coupée avec de l'eau pour boire.
Les troupes formant les deux divisions ... recevront également aujourd'hui une demi-ration composée de biscuit ou légumes.
Ces distributions se feront de suite à Damanhour, au magasin des subsistances.
Dans la journée, toutes les troupes recevront la viande fraîche pour un jour. La distribution se fera au camp.
Signé : Donzelot
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 116).

- Combat de Chebreiss, 13 juillet 1798

La Division Desaix emporte Chebreiss, village situé sur les derrière de Mourad-Bey, lequel a vainement tenté de déborder la droite des Français.

- Bataille des Pyramides, 21 juillet 1798

La 88e prend ensuite part à la bataille des Pyramides. La Division forme l’extrême droite placée près du village de Bunktell ou de Biktil. Rangée en carré, elle repousse la charge par laquelle Mourad-Bey commence l’action.

Le Capitaine du Génie Garbé raconte dans son rapport (sans indication de destinataire ni signature) : "Le 3 thermidor, à la pointe du jour, la division quitta la position d'El-Qorataïn, et, contiuant de faire l'avant-garde, elle marchait suivie de toute l'armée vers Gizeh, à peu près parallèlement au cours du Nil. A une demi-lieue de là, on commença à apercevoir un détachement nombreux de cavalerie, qui paraissait être l'avant-garde des Mameluks. Ce corps ne chercha point à s'engager avec nous ; il était toujours occupé à nous observer et à nous éviter. En allant toujours de la même manière pendant plus de cinq heures, on arriva au village de Bechtil, d'où l'on aperçut facilement le camp de l'armée ennemie à un quart de lieue de là, en avant du village d'Embabeh. On apercevait également leur flotille, qui était sur le fleuve.
La division s'arrêta au village de Bechtil, pour observer l'ennemi et attendre des ordres du quartier général, qui était en arrière. Il y avait une heure que l’on était dans cette position lorsqu'on s'aperçut d'un mouvement général dans le camp de Mourad-Bey. On vit bientôt que ce mouvement avait pour but de se former et de marcher sur nous. Les soldats étaient répandus autour des citernes et dans le village. On rappela et on se forma précipitamment. Voici quelles étaient les dispositions de notre division. Elle formait un carré dont le côté, qui faisait face au camp ennemi, était composé de la 61e demi-brigade sur six hommes de hauteur ; le côté opposé et qui regardait le village était formé par la 88e demi-brigade sur 6 hommes également ; les deux autres étaient formés par la 21e d'infanterie légère sur 3 hommes seulement. La cavalerie, peu nombreuse, était dans le centre, ainsi que tous les équipages. L'artillerie était sur les angles du carré. On avait jeté dans le village les canonniers, les dragons à pied et les sapeurs formés de cette manière. Nous avions le côté de la 88e et un de la 21e regardant le village, dont ils étaient éloignés d'environ 30 toises ; le côté de la 61e était vis-à-vis une digue, qui en était éloignée de 10 à 12 toises ; l'autre côté faisait face à la division Reynier, distante d'à peu près 40 à 50 toises.
A peine était-on formé, qu'on vit les Mameluks arriver sur nous, avec l'air des hommes qui viennent engager un combat. Ils pensaient, en effet, nous rompre du premier abord. Leur charge avait paru se diriger sur le centre de l'armée. Mais, quand ils furent à moitié chemin, ils tournèrent tout à coup sur leur gauche et vinrent sur la division du général Desaix. Il se divisèrent en deux parties ; l'une vint passer entre les deux divisions Desaix et Reynier ; il en resta plus de trente étendus dans l'intervalle de ces divisions, et plusieurs blessés furent enlevés aussitôt. L'autre partie vint se jeter sur la digue, qui était près de notre carré ; mais, ayant été accueillis par un feu bien nourri de mousqueterie et d'artillerie, ils se rejetèrent sur le village qu'ils tentèrent inutilement d'enlever. Il s'engagea aussitôt dans ce village une fusillade terrible. Ceux qui le défendaient s'y battirent avec la plus grande bravoure. Ils revinrent bientôt après occuper une petite mosquée, qui était sur la droite du carré. On s'attendait à une seconde charge ; mais quand ils virent le village d'Embabeh enlevé par nos troupes, et les Mameluks qui le défendaient prendre la fuite, ils se réunirent à eux et prirent le chemin des Pyramides.
Le peu de temps qu'on avait eu pour se mettre en bataille n'avait point permis d'occuper la digue qui était en avant de notre position. II eût été avantageux d'y placer l'artillerie et une partie de la division
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 185).

De son côté, le Journal de Savary raconte : "… Vers les 3 ou 4 heures du soir, l'on arrive à un grand et superbe village. Nous le longeons, en le laissant à notre droite ; le contour n'était qu'un jardin immense.
Nous allons nous placer en avant de ce village, dans un angle rentrant formé par deux jardins. La division Reynier était à notre gauche, nous débordant un peu.
L'on fait halle dans cette position. Les soldats se répandent dans les jardins, pour y cueillir du raisin et des grenades, puiser de l'eau aux citernes.
Il n'y avait presque plus de soldats dans les rangs, lorsque l'on vit d'extrêmement loin une troupe de cavalerie très nombreuse sortir des villages en avant de nous, se former dans la plaine et venir à nous grand train (note en marge : 1500 cavaliers).
On crie aux armes ; on hat le rappel. Les soldats, accoutumés aux alertes, obéissent mollement.
On court de toutes parts. Pendant ce temps, qui fut court, les Mameluks s'approchent.
Les derniers traînards n'étaient pas encore dans leurs rangs que le feu de file commence sur les Mameluks, qui étaient à 200 pas.
La division Reynier commença la première.
Aussitôt que les Mameluks eurent débordé le canal qui était devant nous, notre gauche fit feu.
Des Mameluks, malgré la vivacité de la fusillade, passèrent entre nos deux divisions.
Pour les arrêter, la droite du général Reynier et notre gauche firent feu ; et, comme elles se débordaient, l'on se tua de part et d'autre 18 ou 20 hommes (Note en marge : Plusieurs fuyards et traînards, voulant revenir du village au carré, furent fusillés par la 88e, qui faisait feu sur les Mameluks qui avaient traversé le village).
Les Mameluks, éloignés par le feu, passent sur la gauche du général Reynier, au nombre de 3 ou 400, et viennent se placer sur nos derrières contre la muraille du jardin. Ils restèrent là un moment.
L'on fit cesser le feu, et l'on fit placer un obusier et une pièce de canon sur nos derrières. L'on recommence le feu par derrière sur le groupe qui était près du jardin ; il fuit à l'instant. Quelques-uns traversent le village et osent déboucher sur le front de la 88e, qui en tue plusieurs ; d'autres en font le tour et vont se fusiller avec les grenadiers placés dans les deux jardins qui étaient à notre droite.
Cette fusillade dura si longtemps que le général envoya un détachement de 300 hommes pour la faire finir …
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 187).

Après la défaite de Mourad-Bey, la Division le poursuit concurremment avec la Division Reynier.

Le Chef de la 88e Conroux est cité à l’ordre de l’armée.

Le 7 Thermidor an 6 (25 juillet 1798), Bonaparte, depuis son Quartier général, au Caire, demande au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient, de donne les ordres pour attribuer : "... Le grade de chef de brigade pour le citoyen Morand chef de bataillon de la 88e" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2634).

Le 2 août 1798 (15 thermidor an VI), le Général en chef écrit au Général Berthier : "Le magasin central d'habillement (note : sous la direction de l'agent en chef Thorin, du capitaine d'habillement Bernoyer et du garde-magasin principal Grandjean) a de quoi confectionner :
1° dix mille habits et 20000 pantalons : vous ordonnerez qu'il en soit fait la distribution suivante :
... 88e [de ligne] 600 (habits) 1200 (pantalons) ...
2° Les habits seront confectionnés par les corps. L'ordonnateur en chef (note : Sucy) fera un règlement pour tout ce qui doit leur être donné par habit et pour la façon.
3° Il ne sera rien confectionné du magasin brigade
" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2723 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 335).

Le 16 Thermidor an 6 (3 août 1798), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "… Vous donnerez l'ordre aux 3e bataillon de la 25e et 88e [de ligne) de venir tenir garnison dans la place demain matin" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2736 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 331).

Le 7 août 1798, la 88e est en réserve à Gizeh.

Le 16 août 1798 (29 thermidor an 6), depuis le Quartier général, au Caire, Bonaparte écrit au Général Berthier : "... Vous ferez réunir, dans la journée de demain, au reste de la division du général Desaix, du côté de Gyzeh, les deux premiers bataillons de la 21e d'infanterie légère, les troupes que le général Desaix aurait placées au Vieux-Caire et toute l'artillerie attachée à sa division.
Cette division, ainsi composée de deux bataillons de la 21e légère, deux bataillons de la 61e de ligne, deux bataillons de la 88e idem, et de son artillerie, prendra, dans la matinée du 1er fructidor, du pain pour le 2 et le 3, et s'embarquera à Gyzeh sur les djermes que lui fournira le contre-amiral Perrée …
… le général Desaix partira dans la journée du 1er avec cette flottille et sa division, pour prendre possession de la province de Beny-Soueyf
" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3027 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2840; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 475).

L'Ordre du jour, établi au Quartier général, au Caire, le 22 août 1798 (5 fructidor an 6) fixe les emplacements de l'armée : "DIVISION DESAIX, à GYZEH ... 88e de ligne, le 3e bataillon détaché au Caire ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3086).

- Marche sur la Haute-Egypte, 23 août 1798

Bonaparte décide de reprendre l'offensive contre Mourad et les Mameluks réfugiés dans la haute Égypte. La petite colonne expéditionnaire, placée sous les ordres de Desaix, comprend 6 Bataillons d'infanterie, soit environ 3000 hommes, dont deux de la 88e de Ligne. Une partie s’embarque sur le Nil, sur quelques petits bâtiments armés en guerre ; l’autre suit la rive gauche. La 88e a laissé son 3e Bataillon au Caire.

L'Ordre du jour de la Division Desaix du 6 fructidor (23 août), prescrit que les troupes s'embarqueront le 7, à la pointe du jour : "… La 21e s'embarquera au Vieux-Caire ; les 61e et 88e, vis-à-vis le camp de Gezireh ; les munitions s'embarqueront à Gizeh. La pièce de 8 et l'obusier, qui sont au camp de Gezireh, rentreront an parc de l'armée … ". Les gros bagages et les chevaux doivent être laissés aux Dépôts des Corps, les chameaux remis à l'administration des transports. Les troupes doivent emporter les marmites, bidons, pelles, haches et autres effets de campement (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 194).

"7 fructidor (24 août). - Le général Desaix ayant reçu l'ordre de partir pour la haute Egypte, les 1er et 2e bataillons de la 21e légère et de la 88e de ligne se sont embarqués. On n'a pu se procurer des djermes pour le surplus de la division.
Le vent a été contraire ...
" (Historique de la Division Desaix (rapport du 7 au 14 fructidor - 24 au 31 août) La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 194).

Au moment du départ, les 25 et 26 août 1798, la 88e présente la situation suivante : 1er bataillon 289 présents ; 2e bataillon 319 présents, total 608 présents. 153 hommes aux hôpitaux, 143 hommes détachés (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 193-194).

"8 fructidor (25 août). - A la pointe du jour, le général mis à la voile avec ses quatre bataillons, le chebec le Cerf, l'aviso l'Etoile, la demi-galère la Coquette. La demi-galère l'Amoureuse est restée pour escorter le bataillon de la 61e, pour lequel on n'avait pu se procurer des djermes. Le soir, on est parvenu à en réunir. Le 2e bataillon s'est embarqué dans la nuit, et, le 9 (26 août), le convoi, avec la demi-galère l'Amoureuse, mit à la voile pour se diriger à la hauteur d'Atlieh, où l'expédition devait se réunir et y prendre le 1er bataillon de la 61e, avec les deux pièces de 5, qui étaient à la disposition du général Rampon. Le 12, dans la matinée, toutes les troupes de l'expédition ont été réunies à ce point, où le bataillon et l'artillerie furent embarqués. 50 hommes malades de la 21e légère et 8 de la 88e ont été envoyés à l'hôpital du Caire par l'aviso le Pluvier. Le 13, toute la flottille mit à la voile. Le 14, au matin, elle est arrivée à Beni-Souef, où les 6 bataillons ont débarqué et pris position en avant de la ville, appuyant la droite et la gauche au Nil, le camp étant protégé par les bâtiments de guerre. Le même jour, dans la nuit, un détachement de 15 hommes est parti en djerme pour porter des dépêches au général Bonaparte et au général Berthier" (Historique de la division Desaix, rapport du 7 au 14 fructidor - 24 au 31 août, In La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 194).

"Le 25 août, Desaix avec cinq mille hommes, dont six cents de cavalerie, trois cents d'artillerie ou de sapeurs, et quatre mille trois cents d'infanterie, une escadrille de huit bâtiments, demi-galères, avisos ou demi-chebecs, montés par des marins français, partit du Caire. C'était à la fois une opération militaire importante, et un voyage scientifique d'un grand intérêt. Pour la première fois depuis la chute de l'empire romain, une nation civilisée et cultivant les sciences et les arts allait visiter, mesurer, fouiller ces superbes ruines qui occupent depuis tant de siècles la curiosité du monde savant. Personne n'était plus propre à diriger une pareille opération que Desaix ; personne ne le désirait avec plus d'ardeur. Jeune, la guerre était sa passion ; insatiable de gloire, il connaissait toute celle qui était attachée à la conquête de ce berceau des arts et des sciences. Au seul nom deThèbes, de Coptos, de Philæ, son coeur palpitait d'impatience. Les généraux Friant et Belliard, l'adjudant-commandant Donzelot, le colonel d'artillerie la Tournerie, étaient sous ses ordres. Le 21e léger, les 61e et 88e de ligne, excellents régiments qui s'étaient embarqués à Civita-Vecchia, étaient les plus nombreux de l'armée. Ils occupaient le même camp, au sud de Gizéh, depuis deux mois, et Desaix les avait employés à se préparer à cette campagne. La cavalerie était montée sur des chevaux arabes, aussi bons que ceux des Mameloucks, provenant des remontes et des prises, mais elle n'était pas nombreuse. Les remontes se faisaient avec difficulté, le pays était encore malsoumis. Des savants et des artistes désiraient suivre Desaix, ce qui aurait eu le double inconvénient d'exposer aux périls de la guerre des hommes précieux, et de porter du retard dans les opérations militaires. Denon seul eut la permission de suivre, comme volontaire, le quartier général de la division" (Campagne d'Égypte et de Syrie, Genéral Bertrand ; cité par Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 253).

Le 3 septembre, la Division arrive à Abou-Gergeh. Le 4, elle atteint Siont et y débarque malgré une vive fusillade.

"Le 27 (13 septembre), le général Desaix, ayant appris qu'il y avait des ennemis à Siout, où l'on présumait qu'étaient aussi leurs bâtiments de guerre, partit après midi avec les deux demi-galères et seize djermes, chargées des deux 1ers bataillons des 61e et 88e demi-brigades, pour se rendre devant cette ville. Le chebec et l'aviso l'Étoile, avec le restant du convoi, mirent à la voile deux heures après pour suivre le général, excepté un détachement de la 21e légère et la chaloupe canonnière la Cisalpine, qui restèrent à Darout-el-Cherif, pour attendre le détachement de ce corps qui avait été laissé pour la garde des barques prises aux Mameluks dans le canal Joseph" (Historique de la division Desaix - La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3., p. 202).

De son côté, le 20 septembre 1798 (4e jour complémentaire an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "Le bataillon qui est à El-Qobbeh en partira avant le jour, pour rejoindre sa division et assister à la fête du 1er vendémiaire ...
Les troupes formeront un carré en dehors du cercle, le visage tourné vers la pyramide. Le côté de la droite faisant face à la pyramide, entrant par l'arc de triomphe, sera occupé par la division du général Bon et commandé par lui ; celui de la gauche, par la division du général Lannes, et commandé par lui.
Toute la cavalerie occupera le côté opposé à l'arc de triomphe, les hommes à cheval divisés sur les deux flancs, et les hommes à pied au milieu, et sera commandée par le général Dumas. Le 2e bataillon de la 2e d'infanterie légère, ceux des 88e, 25e et 75e, les différents détachements des dépôts, les détachements d'artillerie, les grenadiers de la 19e et les guides à pied, occuperont le côté de l'arc de triomphe et seront commandés par le général Murat …
" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3344 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3258 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 21).

Le 21 septembre 1798 (5e jour complémentaire), Bonaparte prescrit que le magasin central d'habillement distribuera aux troupes, en sus des quantités allouées le 2 août, les matières nécessaires pour confectionner 10100 habits, 21300 capotes, 8900 pantalons pour l'infanterie, l'artillerie et le génie ; 2400 gilets et 2400 pantalons d'écurie pour les troupes à cheval. Ces quantités sont ainsi réparties : 88e Demi-brigade de ligne, 500 habits, 1100 capotes et 500 pantalons (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 34-35).

La fête du 1er Vendémiaire organisée au Caire retarde l'exécution de certains mouvements, Bonaparte ayant tenu à l'entourer d'un déploiement de troupes qui fasse impression sur la population du Caire. Dès le lendemain, nous le voyons prescrire à Berthier de tenir prêt à marcher au premier ordre le 3e Bataillon de la 88e (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte ; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 383 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3366 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3300; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 151-152).

Le 23 septembre (2 vendémiaire an 7), l'Adjudant général Donzelot écrit, depuis Darout-el-Cherif, au Général Friant : "La division, mon cher Général, partira au coup de canon. Elle devra marcher dans l'ordre suivant dans le canal Joseph :
La 21e légère,
La 61e de ligne,
L'artillerie,
Les vivres,
L'ambulance,
La 88e.
Un officier ferme et intelligent de ce corps devra faire l'arrière-garde.
Néanmoins toutes les djermes marcheront en ordre et en file sans se dépasser, pour qu'il n'y ait pas de confusion dans le canal, ce qu'il faut recommander expressément.
Le général Desaix marchera après la 21e ; sa djerme sera distinguée par un pavillon tricolore ...
On sera souvent dans le besoin de tirer la corde pour faire marcher les djermes. Les officiers qui y commandent devront commander des hommes de corvée à cet effet, et les faire relever lorsqu'ils les croiront fatigués ... Jusqu'à nouvel ordre, l'on ne marchera pas la nuit. On partira à la pointe du jour, l'on voguera toute la journée et on s'arrêtera après le soleil couché.
Salut et amitié.
DONZELOT
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 206-207).

Le 5 Vendémiaire an 7 (26 septembre 1798), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "Je vous prie de faire connaître au général Dugua et au général Vial que mon intention est que toute la troupe qui est à Damiette soit casernée, les nuits étant trop fraîches pour bivouaquer.
Vous donnerez l'ordre au général Murat de s'embarquer ce soir avec le 3e bataillon de la 88e, une pièce de 3 et les trois compagnies de grenadiers de la 19e. Il se rendra vis-a-vis Menouf, où il attendra le général Lanusse, auquel vous donnerez l'ordre de s'embarquer avec toutes ses forces et de rejoindre le général Murat, pour lui porter secours dans l'attaque qu'il va faire des Arabes de Derne. Le général Murat emmènera la djerme la Styrie. Si le pont que j'avais demandé au général Dommartin est fait, vous lui donnerez l'ordre de le faire embarquer ce soir, à la suite de la division du général Murat. Vous donnerez l'ordre aux grenadiers et au bataillon de la 88e de se procurer 60 cartouches par homme ; et, indépendamment de cela, le général Murat en emmènera 10,000 avec lui.
Le général Murat attaquera les Arabes de Derne partout où il les trouvera. Il leur fera tout le mal possible ; mon intention est de les détruire. S'il avait besoin de secours, il en demanderait au général commandant à Mansourah, au général Fugière, commandant à Mehallet-el-Kebyr. Mon intention est qu'il mette le moins de délai possible à finir cette affaire. Si, après avoir détruit une partie des Arabes de Derne, l'autre partie demande à traiter, il exigera pour conditions 200 chevaux, 900 fusils et 30 otages des principaux. Il aura, du reste, bien soin d'étudier le pays et de connaître où il s'engage. Il aura, à la suite de sa colonne, des hommes portant des poutrelles, pour pouvoir jeter un pont sur les canaux, au moins pour le passage des hommes à pied.
Faites partir de suite l'ordre pour le général Lanusse, par un officier d'état-major. Cet officier accompagnera le général Murat dans son expédition de Myt-Ghamar, et viendra m'en rendre compte lorsqu'elle sera finie
" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3387 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3326 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 170).

Le Rapport du Lieutenant du Génie Crespin (daté de Mit-Gamar, le 10 Vendémiaire – 1er octobre) indique : "… Le général Murat s'embarqua à Boulak, le 6 vendémiaire à 6 heures du matin … Les forces du général Murat consistaient en 3 compagnles de grenadiers de la 19e demi-brigade de ligne et le 3e bataillon de la 88e, formant un effectif de 500 hommes en tout ; il avait une pièce de 3, avec son escouade et un bateau plat nommé la Styrie, armé de 4 pièees de canon, sur lequel il était embarqué … ». Crespin dit que la jonction avec Lanusse eut lien le lendemain vers midi ; ce général avait également 500 hommes. Le débarquement fut exécuté à 600 toises au-dessus de Mit-Gamar ; 100 hommes furent laissés peur garder les barques.
Les Arabes, dès notre arrivée, s'étaient retirés derrière Dondeyt, en coupant les digues de tous les canaux pour nous empêcher de les atteindre. Nous avions avec nous des poutrelles, dont nous nous servîmes d'abord ; mais rencontrant bientôt des étendues d'eau très considérables, nous les abandonnâmes et, les généraux en tête, nous marchâmes en avant, ayant de l'eau jusqu'à la ceinture
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 171).

C'est à cette époque que se produit l’acte de courageux dévouement du Grenadier Joubert. Ce valeureux soldat, apercevant le Général Friant sur le point de se noyer dans le Nil, se précipite dans le fleuve et le sauva. Joubert est fait Lieutenant à la 88e. Dans l'ouvrage "Vie militaire du lieutenant-général comte Friant" (De comte Jean François Friant), on lit : "Le général Friant, accablé par la chaleur et la fatigue de la marche qu'il avait faite à pied, voulut se baigner dans l'inondation qui approchait des murs de la ville; il comptait y trouver un délassement, il faillit y perdre la vie.
Il était à peine éloigné de quelques cents pas du rivage, qu'il se sent enlacé dans un tourbillon qui l'entraine ; c'est en vain qu'il nage de toutes ses forces pour sortir du danger; constamment ramené au centre, il demande du secours; le sieur Senneville, commissaire des guerres, et plusieurs autres personnes qui se baignaient aussi, essaient d'aller à lui; mais, à l'approche du lieu fatal, près eux-mêmes d'être entrainés, ils sont forcés de s'éloigner; aux cris que poussent ces baigneurs, répétés par les personnes qui se trouvent sur le rivage, le brave Joubert, grenadier de la 88e, instruit du danger que court son général, s'élance dans l'eau tout habillé, le joint au moment suprême, car déjà deux fois le général Friant avait disparu de la surface de l'eau; Joubert lui dit de mettre la main sur son épaule; ils nagent ainsi quelques instants; mais Joubert, dont le courage a dédaigné le danger, surchargé de ses vêtements, du poids du naufragé, ne peut sortir du gouffre ; ses forces s'épuisent; ils allaient périr tous deux, lorsque des Turcs arrivent à leur secours et les ramènent au rivage.
C'est à cette occasion, surtout, que l'on vit combien le général Friant était chéri de ses soldats; leur joie et leurs acclamations ne peuvent se comparer qu'aux cris douloureux qu'ils avaient fait entendre lorsque sa perte avait paru inévitable. Tout le monde l'entoure, le presse: amis, officiers, soldats, chacun veut l'embrasser. Joubert eut aussi son tour; il fut accueilli, fêté par ses camarades; le général Desaix, également accouru sur les lieux, voulut le voir, et, après avoir serré dans ses bras à plusieurs reprises le général Friant : « Joubert, « lui dit-il, vous avez fait une belle action, vous avez sauvé mon meilleur ami, « vous prospérerez. »
La prédiction du général Desaix se réalisa, Joubert devint un des officiers les plus distingués de son corps
".

Le 13 Vendémiaire an 7 (4 octobre 1798), Bonaparte écrit, de son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "Je vous prie, Citoyen Général, d'ordonner qu'on envoie à Myt-Ghamar, pour être à la disposition du général Murât, 600 paires de souliers et 300 culottes ; et, s'il n'y a pas de ces dernières en magasin, d'ordonner aux dépôts des 88e et 25e de faire passer de suite à Myt-Ghamar chacun 150 pantalons à leur bataillon respectif.
Vous donnerez l'ordre au général Murat d'employer tous ses moyens et toutes ses forces ; de tâcher d'atteindre encore une fois les Arabes de Derne et de les détruire ... Vous l'autoriserez cependant à rester encore quelques jours à Myt-Ghamar, si, pendant ce peu de jours, le général Murat pense pouvoir entreprendre une nouvelle expédition contre les Arabes
" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3419 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3378 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 174).

- Bataille de Sédiman, 7 octobre 1798

Le 7 octobre 1798, les hommes de la 88e de Ligne affrontent Mourad-Bey dans le désert de Sédiman. Desaix forme la Division en carré sur les bords du canal Joseph pour protéger la navigation de la flottille. Le carré est protégé au dehors par deux autres petits forts de 200 hommes chacun. Il arrive à Sédiman. La Division est chargée par Mourad-Bey, mais le repousse par ses feux comme aux Pyramides. Mourad fait alors battre le carré par une batterie de 4 pièces. Alors Desaix ébranle le carré qui marche sur la batterie et l’emporte avec une fureur excitée par ce qui se passe sur ses derrières. La cavalerie, qui a échoué contre les carrés, est en effet tombée sur les blessés que la Division a laissés derrière, elle les a massacrés. Mourad-Bey est complètement défait.

"LE GÉNÉRAL DESAIX AU GÉNÉRAL EN CHEF BONAPARTE
A Ellahoun, le 18 vendémiaire an VII (9 octobre 1798).
... je suis venu à Behneseh. J'espérais y retrouver les Mameluks : on me l'annonçait, mais ils n'y étaient plus venus depuis longtemps. Enfin, j'ai rencontré leurs premiers avant-postes près d'El·Qiah, vis-à-vis Fechn; c'était le 12. Il y avait 150 hommes et autant d'Arabes. 400 hommes d'infanterie, marchant le long du canal, les ont éloignés et permis à la division de suivre sa route.
Le lendemain, au jour, nous n'avons rien découvert. Le canal dans cette partie passe près du désert; au bout d'une heure de chemin, nous avons vu paraître un corps de 600 Mameluks qui, placé sur la rive, nous attendait pour nous fusiller. Il était impossible de débarquer vis-à-vis d'eux; les inondations ne le permettaient pas. Nous prîmes le parti de rétrograder d'une demi-lieue, de faire débarquer tout le monde et de marcher aux ennemis; ils se sont présentés au moment du débarquement, mais des compagnies de carabiniers de la 21e légère les ont bientôt assez éloignés pour ne plus leur permettre de nous gêner. La division s'est formée, deux pièces de canon s'y sont jointes et nous nous sommes mis en marche dans le désert en côtoyant l'inondation. Nous avons bientôt vu les ennemis se retirer quand nous avons marché à eux. Nos pelotons avancés ont fait feu pendant plus de quatre heures. Personne n'a été blessé; les ennemis ont laissé plusieurs chevaux. Nous avons su qu'ils étaient commandés par Mohammed Elfi Bey. Après avoir marché trois heures, nous avons attendu nos barques, qui suivaient, gardées par 200 hommes et montées par 200 malades ou éclopés ...
Le 16, au matin, nous sommes partis de très bonne heure; j'étais prévenu que Mourad-Bey avait fait des retranchements à Sédiman, qu'il y avait rassemblé toutes ses ressources, tous les Arabes, et que, fort de 4 ou 5.000 chevaux, il tenterait un vigoureux effort, cherchant à m'éloigner peu à peu de l'inondation pour attaquer le village de Sédiman par le côté qui touche le désert. Le pays est formé de monticules irréguliers; au bout de deux heures, j'ai vu tous les ennemis qui, quittant le pied des montagnes, venaient rapidement à nous au son de leur musique barbare. A peine les petits pelotons étaient repliés sur les carrés et les pièces en batterie, que les ennemis se sont précipités sur nous de toutes parts. Nos intrépides troupes les ont vus venir du plus grand sang-froid. "Tirez donc", disais-je aux grenadiers de la 61e. - "Qu'à vingt pas, mon Général", me répondirent-ils. Sur le front, le canon à mitraille les éloigna; ils se jetèrent sur les petits carrés placés aux angles, l'un devant, l'autre derrière; à celui de droite, le citoyen Valette, capitaine, qui le commandait, cria à ses chasseurs de la 21e : "Feu à dix pas et croisez baïonnette !" Cela est exécuté. L'ennemi, qui n'est pas arrêté par ce feu trop court, arrive au carré; Il ne peut y entrer; le feu qui le couvre l'arrête; il jette sur nos soldats fusils, pistolets, sabres, poignards, masses d'armes; plusieurs en sont assommés et tombent; il pénètre alors parmi ces braves; douze tombent morts avec autant de Mameluks, et trente sont blessés. Notre mitraille et le feu de la division délivrent bientôt les autres; ils rentrent dans la division après avoir dépouillé leurs riches ennemis. On ne peut assez admirer la valeur de ces trop braves soldats ne voulant se battre qu'à la baïonnette. Le rapport du chef de brigade Robin que je vous envoie vous fera connaître les actions particulières de cette troupe.
A l'instant, les autres corps des ennemis venaient au carré de gauche, commandé par les citoyens Sacrost, capitaine de la 21e, et Geoffroy, de la 61e, mais le feu qui en est sorti de bonne heure les a bientôt repoussés. Ils ont aussi tenté de venir au côté de la division qui était derrière nous : c'était la 88e qui le formait et son feu les a aussi bientôt fait éloigner. Une grande quantité de balles qu'ils nous ont envoyées de toutes parts nous ont blessé beaucoup de monde. Le citoyen Conroux, chef de la 61e, a reçu une forte contusion à l'épaule droite. Il fallait pouvoir transporter les blessés avant de marcher à l'ennemi. Malgré notre diligence, Mourad-Bey eut le temps de rassembler quatre pièces de canon et d'en former une batterie très près derrière un monticule; déjà elles faisaient de grands ravages, deux files et deux chevaux d'artillerie étaient emportés; mais, battant la charge et courant dessus, nous les avons eu bientôt prises. Un coup de canon à mitraille n'a pas arrêté notre intrépide bataillon carré, non plus qu'une charge vigoureuse, repoussée par la 88e, derrière nous et au milieu de notre course. L'ennemi, étonné de notre vigueur, s'est enfui à toutes jambes et dans le plus grand désordre; nous l'avons poursuivi assez longtemps. Nos audacieux tirailleurs lui ont blessé beaucoup de monde; le citoyen Rapp, mon aide de camp, à leur tâte, a pris les quatre pièces. Embarrassés de nos blessés et mourant tous de soif, ayant toujours marché dans le désert, nous nous sommes arrêtés sur le bord de l'inondation du Fayoum. Dans toute cette partie, on ne peut approcher aucun village; j'étais sans subsistances; après avoir attendu plusieurs heures, j'ai donc conduit mes blessés à Sédiman, pour les y faire panser et placer sur les barques.
Dans le combat, nous avons eu 30 hommes tués et 30 blessés, non compris 50 blessures plus légères. Un officier, le citoyen Humbert, capitaine de la 21e, est mort de ses blessures; c'était un officier bien recommandable par sa valeur. 4 autres officiers sont blessés; il y a eu une infinité de contusions. Je ne vous peindrai jamais la valeur de nos troupes; j'ai eu bien de la peine à obtenir qu'elles tireraient de loin et beaucoup. Les ennemis ont perdu bien du monde, 400 hommes environ.
La division est absolument sans habits, sans souliers, ayant marché constamment dans les sables les plus fatigants ...
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. P208-216).

Le rapport adressé à Desaix par le Chef de Brigade Morand, qui commandait la 88e en remplacement du tilulaire, Silly, malade au Caire, daté de Ellahoun, le 18 Vendémiaire - 9 octobre, raconte : "… Au moment où vous fîtes exécuter une charge sur le canon de l'ennemi, le sergent Gérôme, du 1er bataillon de la 88e, s'élança, avec un soldat de la 21e légère, sur la pièce de canon et l'enleva. Ce sergent a, dans les campagnes précédentes, fait plusieurs actes de bravoure qui n'ont pas été récompensés.
Lorsque nous fûmes arrivés au sommet du coteau où l'ennemi avait sa batterie et où Gérôme enleva une pièce de canon, deux soldats, l'un nommé Étienne Duchêne, de la 2e compagnie, 2e bataillon, et l'autre, Charles Morain, de la 5e du même bataillon, se précipitèrent sur une autre pièce que l'ennemi avait traînée et qu'il descendait au bas de la colline et l'amenèrent avec deux chameaux …
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 215).

Dans une autre lettre adressée à Desaix et datée du 5 Brumaire - 26 octobre, Morand signale la conduite du capitaine Piat, commandant la Compagnie de Grenadiers du 2e Bataillon de la 88e : "... Chargé, avec sa compagnie et un détachement, d'éclairer et flanquer la queue du carré où se trouvait la 88e, elle fit avec le plus grand succès ; et, dans l'instant où le carré marcha sur les canons de l'ennemi, que les Mameluks se réunirent pour en charger la queue, le citoyen Piat soutint longtemps leur effort prodigieux, rallia les tirailleurs, fit un feu terrible, donna le temps au carré qui marchait de faire halle et à la 88e celui de faire face en arrière sans se séparer du carré …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 215).

Par ailleurs, le Fusilier Buffet, les Voltigeurs Marguet et Duffait se sont distingués. Le Caporal Blandin s'est fait remarquer par son éclatante bravoure et s’est emparé d’une pièce de canon. Dans son rapport, le Général Desaix qualifié la 88e de bonne et intrépide Demi-brigade.

Dans une lettre adressée du Quartier-général du Caire au Directoire exécutif, et datée du 17 octobre 1798 (26 vendémiaire an 7 de la République), Bonaparte écrit : "... Bataille de Sediman (Sédymân).
Le 16 (vendémiaire), à la pointe du jour, la division du général Desaix se mit en marche, et se trouva bientôt en présence de l'armée de Mourâd bey, forte de cinq à six mille chevaux, la plus grande partie Arabes, et un corps d'infanterie qui gardait les retranchemens de Sédymân, où il avoit quatre pièces de canon.
Le général Desaix forma sa division toute composée d'infanterie en bataillon carré qu'il fit éclairer par deux petits carrés de deux cents hommes chacun.
Les Mamloùks, après avoir longtemps hésité, se décidèrent, et chargèrent, avec d'horribles cris et la plus grande valeur, le petit peloton de droite que commandait le capitaine de la 21e, Vallet. Dans le même temps, ils chargèrent la queue du carré de la division, où étoit la 88e, bonne et intrépide demi-brigade.
Les ennemis sont reçus partout avec le même sang-froid. Les chasseurs de la 21e ne tirèrent qu'à dix pas, et croisèrent leurs baïonnettes. Les braves de cette intrépide cavalerie vinrent mourir dans le rang, après avoir jeté masses et haches d'armes, fusils, pistolets, à la tête de nos gens. Quelques-uns, ayant eu leurs chevaux tués, se glissèrent le ventre Contre terre pour passer sous les baïonnettes, et couper les jambes de nos soldats ; tout fut inutile. Ils dûrent fuir ; nos troupes s'avancèrent sur Sédymân, malgré quatre pièces de canon, dont le feu étoit d'autant plus dangereux que notre ordre étoit profond; mais le pas de charge fut comme l'éclair, et les retranchemens, les canons et les bagages nous restèrent.
Mourâd bey a eu trois beys de tués, deux blessés, et quatre cents hommes d'élite sur le champ de bataille ; notre perte se monte à trente-six hommes de tués, et quatre-vingt-dix blessés.
Ici, comme à la bataille des Pyramides, les soldats ont fait un butin considérable. Pas un Mamloùk sur lequel on n'ait trouvé quatre ou cinq cents louis.
... les citoyens Rapp, aide-camp du général Desaix, Vallette et Sacro, capitaines de la 21e, Geoffroy, de la 61e, Geromme, sergent de la 88e, se sont particulièrement distingués ...
J'ai avancé les différens officiers et soldats qui se sont distingués. Je vous en enverrai l'état par la première occasion ...
" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 390 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 11 ;Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 254 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3488 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3476).

Plus tard, dans son rapport au Directoire exécutif écrit au Quartier-général du Caire, et daté du 25 brumaire an 8 (16 novembre 1799), Kléber, Général en chef, écrit : "Haute Egypte
Mourad-bey, après la défaite que lui fit éprouver l'adjudant-général Morand, errait dans les déserts de la haute Egypte … Le général Desaix … organisa deux colonnes mobiles, composées d'infanterie montée à dromadaires, de cavalerie et d'artillerie ; ces colonnes partirent de Syoùth dans les premiers jours de vendémiaire, commandées, l'une par le général Desaix lui-même ; et l'autre par l'adjudant-général Boyer.
Le 17 du même mois, l'adjudant-général Boyer, après trois journées de marche forcée, joignit Mourad-bey dans le désert de Sédiman. A peine notre infanterie eut-elle le temps de mettre pied à terre, et de réunir ses dromadaires, qu'elle reçut la charge des Mamloùks et des Arabes réunis : elle la repoussa avec vigueur et par la baïonnette et par un feu de mousqueterie à bout portant.
Cependant les dromadaires devinrent l'objet de la convoitise des ennemis, et trois fois ils tentèrent de s'en rendre maîtres ; mais nos troupes ne s'ébranlèrent point et ripostèrent avec la même valeur à ces attaques réitérées. Enfin les Mamloùks et les Arabes prirent la fuite ; et notre infanterie remontée sur ses chameaux, se mit à les poursuivre aussitôt. Nous eûmes dans cette affaire un homme de tué et dix-sept blessés. L'ennemi abandonna dans les sables plus de quarante cadavres.
… Je dois les plus grands éloges à l'intelligence et à l'infatigable activité de l'adjudant-général Boyer : son détachement était formé de la 21e d'infanterie légère et de la 88e de bataille ...
" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d'orient).

Situation de la Division Desaix établie à Ellahoun, le 18 vendémiaire an 7 (9 octobre 1798) et signée de l’Adjudant général Donzelot : 88e (1er et 2e Bataillons) : 594 hommes ; 155 hommes aux hôpitaux, 1 mort, 140 au Dépôt ou détachés (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 219).

Le 27 Vendémiaire an 7 (18 octobre 1798), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Desaix : "… Si vous jugez à propos, envoyez la 88e ou la 61e au Caire, où elle se reposera. Je suppose que les Mameluks se sont tellement éloignés que vous n'avez plus rien à craindre d'eux …" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3495 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3480 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 226).

Le 19 octobre 1798 (28 vendémiaire an 7), l'Ordre du jour établit au Caire, annonce à l'Armée : "Ordre du jour.
Les généraux de division feront connaître à leurs divisions, la relation jointe au présent ordre du jour, de la bataille de Sédyman, victoire remportée le 16 vendémiaire, dans le Fayoum, sur les mameloucks et les Arabes, par la division aux ordres du général Desaix ; le général en chef a accordé, en conséquence de cette victoire, les avancemens ci-après : ... Le citoyen Jérôme, sergent de la 88e, sous-lieutenant.
Les citoyens Etienne Duchêne, soldat de la 2e compagnie du 2e bataillon ; et Ch. Morain, de la 5e compagnie du même bataillon de la 88e, à dater du 16 vendémiaire, jouiront de la même paie que les grenadiers ...
" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 16).

Le 22 octobre éclate la première révolte du Caire.

Le 24 octobre 1798 (3 brumaire an 7), Bonaparte écrit depuis le Quartier général, au Caire, au Général Desaix : "... Les trois dépôts de votre division vont vous envoyer tous les habits et pantalons qu'ils ont de faits. Ils ont reçu de quoi confectionner : La 88e 600 (habits) 1,200 (pantalons) …" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3529 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3535).

Le 5 Brumaire an 7 (26 octobre 1798), le Chef de Brigade Conroux, de la 61e, écrit, depuis Ellahoun, au Général en chef Bonaparte : "Lorsque vous fîtes choix de la 61e demi-brigade, pour faire partie de l'armée destinée à la conquête de l'Égypte, ce corps crut que vous l'honoriez de votre estime ; il a vu avec peine qu'il s'était trompé, à la lecture de votre rapport de la bataille de Sédiman. En attribuant tout le succès de cette journée aux 21e et 88e demi-brigades, c'est enlever à la 61e la portion de gloire qu'elle s'est justement acquise et que personne ne peut lui disputer. Le général Desaix lui a rendu cette justice dans son rapport" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 221).

Le 28 octobre 1798 (7 Brumaire an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier, Chef de l'État-major génral de l'Armée d'Orient : "Vous voudrez bien, citoyen général, donner l'ordre au 3e bataillon de la 75e, au 3e bataillon de la 88e, aux grenadiers de la 19e [tous de ligne] et au général Murat de se tenir prêts à partir au premier ordre. Vous donnerez l'ordre au général Dommartin de tenir un obusier et deux pièces de 8 avec les attelages, les canonniers nécessaires et l'approvisionnement complet, prêts à partir au premier ordre. Vous donnerez l'ordre au commandant des armes à Boulak de tenir prêts à partir La Styrie, les deux petites djermes et les deux canges, ainsi que les bateaux nécessaires pour embarquer 1000 hommes ; à l'ordonnateur de tenir les biscuits prêts à Boulak pour 8 jours pour 1200 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3561).

Le 10 Brumaire an 7 (31 octobre 1798), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, à Sucy, Commissaire ordonnateur en chef de l'Armée d'Orient : "Je vous prie, citoyen ordonnateur, de faire distribuer les bonnets qui existent en magasin :
300 au 3e bataillon de la 88e demi-brigade [de ligne] ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3603).

Le 16 Brumaire an 7 (6 novembre 1798), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "Vous donnerez l'ordre au général Belliard de partir demain avec le 3e bataillon de la 88e et une pièce de 8. Il se rendra par terre à Medynetel-Fayoum pour rejoindre la division du général Desaix. La troupe prendra pour quatre jours de pain, et aura, sur des chameaux, pour quatre jours de biscuit.
Le général Belliard tiendra note de tous les villages par où il passera, ainsi que de leur distance. Il fera partir sur-le-champ un courrier du pays pour le Fayoum, pour annoncer au général Desaix son arrivée
" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3583 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 348 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3627).

Dans son Journal, le Général Belliard note : "17 Brumaire (7 novembre). Allé au Caire chez le général en chef. Fait les préparatifs du départ. Remis au général Andréossy le commandement de la province. Le soir, le bataillon de la 88e arrivé à Gizeh" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 348).

De son côté, fin octobre, Desaix s'est transporté dans le Fayoum. "Le général Desaix ... voyant que l'on n'amenait plus de chevaux, résolut de faire une tournée avec sa division pour forcer les villages à l'obéissance. II laissa 350 hommes dans la ville de Fayoum pour garder nos malades et nos établissements.
Mourad-Bey, qui avait résolu de soulever tout le pays pour nous attaquer, saisit le moment de l'absence de la division pour faire marcher sur la ville. Il fit partir quelques beys et environ 1.000 Mameluks pour s'en approcher. Des beys et kachefs furent envoyés dans les principaux villages, au midi et au couchant de la province, pour commander les paysans et Arabes. Le 17 fut employé à échauffer les esprils par des chants guerriers et de la musique du pays. Le 18, à 8 heures du malin, une cinquantaine d'Arabes parurent; à 11 heures, on aperçut 3 colonnes qui faisaient leurs mouvements au sud-ouest, pour attaquer la partie de la ville qui est sur la rive gauche du canal qui la traverse. C'est dans cette partie que se trouve la maison d'Ali-Kachef, d'assez bonne défense, où nous avons notre ambulance et le point de rassemblement de la garnison. Le général Robin, atteint de l'ophtalmie, était resté; le citoyen Eppler, chef de bataillon dans la 21e légère, officier distingué, commandait la place. Indépendamment des 350 bommes, il avait encore pu disposer d'environ 150 ophtalmiques les moins malades. Prévenu de bonne heure de l'approche de l'ennemi, il fit ses dispositions, augmenta ses postes et attendit. A 11 heures 1/2, une grande quantité d'Arabes mirent pied à terre et avancèrent, tambourins battants, ayant des chefs mameluks en tête pour escalader les murs des faubourgs et de la ville. La colonne de gauche et du centre de l'ennemi fit ce mouvement spontané ; celle de droite, formée des Mameluks et de leurs esclaves, fut moins ardente ; quelques braves et les esclaves armés furent envoyés pour imiter ce mouvement. Toutes les issues de la ville n'avaient pu être occupées par nos troupes. On garda les principales, où l'on avait embusqué les postes. Quelques-uns, après une vive résistance et avoir couvert de morts le défilé qu'ils défendaient, furent obligés de se replier. Plusieurs Arabes et quelques Mameluks, de maisons en maisons, parvinrent jusque près de celle d'Ali-Kachef que nous occupons.
Les portes, les croisées et les terrasses étaient entièrement défendues par nos malades ; sur la place et dans la cour, était la réserve des 350 hommes. Une fusillade s'engagea sur les toits ou terrasses. Les assaillants avançaient par diverses rues. On le désirait. Alors la réserve fut divisée en deux colonnes, laissant un piquet sur la place qui est devant la maison. L'une, commandée par le chef Eppler, marcha à droite; l'autre par le chef de bataillon Sacrost (les deux, de la 21e légère), se dirigea à gauche; au même instant, la charge fut généralement battue ; tout ce que l'on rencontra sur le passage fut renversé à coups de baïonnette. Une grande quantité d'Arabes pillaient le faubourg. Le citoyen Eppler arrive et fait une boucherie de tous ceux qui ne prirent pas la fuite. Le citoyen Sacrost en fit faire autant des esclaves des Mameluks qui pillaient quelques boutiques. De tous côtés les assaillants furent chassés ou massacrés; tous se retirèrent au moins à une lieue, les Mameluks même. La victoire fut décidée dans un moment. A 4 heures après midi, ceux-ci, ayant reçu quelques renforts, vinrent encore charger nos postes; mais ils furent reçus par une fusillade si vive, qu'ils prirent la fuite. Les paysans et la plupart des Arabes s'étaient retirés après la première attaque. On a compté 60 morts dans les rues et deux fois autant dans les environs de la ville. Les habitants portent les morts à plus de 200; le nombre des blessés doit être considérable. Les Mameluks ont eu 4 hommes tués et 10 blessés 1; on a pris 5 chevaux : l'un vient du 3e régiment de dragons. 15 chevaux ont été tués.
Nous avons perdu 4 braves, nous avons 16 blessés; de ce nombre est le citoyen Fradin, capitaine dans la 61e.
Comme toujours, les troupes ont attaqué avec la bravoure et l'intrépidité qui les caractérisent dan.; toutes les actions. Le citoyen Eppler mérite les plus grands éloges, ainsi que le citoyen Sacrost. Dans le compte que le général Desaix rend au général en chef de cette journée glorieuse, il lui fait connaître ceux qui se sont plus particulièrement distingués. Le détachement des 350 était composé des 21e légère, 61e et 88e de ligne et quelques dragons du 3e régiment ...
"(Rapport de Donzelot à Berthier, daté du 11 novembre 1798 - 21 Brumaire an 7 - In La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 344 et suivantes). D'après le rapport de Desaix, il y avait à Fayoum 250 malades et autant de soldats bien portants pour les défendre. Le Rapport de Garbé indique pour sa part : "On laissa dans Fayoum une grande quantité de malades et d'ophtalmistes (sic), qu'on enferma dans la maison de Selim-Kaehef, susceptible d'une assez bonne défense".

Le 21 novembre 1798 (1er frimaire an 7), Bonaparte écrit depuis le Quartier général, au Caire, à Daure, Commissaire ordonnateur en chef de l'Armée d'Orient : "Je vous prie, citoyen ordonnateur, d'employer tous les moyens qui sont en votre pouvoir pour pousser la confection des capotes dont l'armée a le plus grand besoin dans un moment où les nuits sont si fraîches. Je désire que :
... Les 9e, 85e, 61e, 88e de ligne ... soient servies les premières ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3754).

"Rapport du capitaine du génie Garbé sur les marches de la division Desaix depuis l'ouverture de la deuxième campagne jusqu'au 12 prairial, avec quelques détails sur les positions actuelles, ainsi que le plan du fort qu'il a fait construire dans la province de Thèbes.
Le 6 Frimaire, toute la division aux ordres du général Desaix, se trouvant rassemblée à Beneçouef, se mit en marche pour aller combattre le corps de mameloucks qui tenaient la Haute-Egypte sous le commandement de Mourad-Bey. Cette division était composée … de la 61e, de la 88e sous les ordres du général Friant, de 900 hommes de cavalerie, des 14e, 15e, 18e et 20e régimens de dragons, du 22e de chasseurs à cheval, et du 7e de hussards sous les ordres du général Davoust, enfin de huit pièces d'artillerie
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte).

Le 15 décembre 1798, la 88e Demi-brigade d’Infanterie de Ligne, au sein de la Division du Général Desaix, présente la situation suivante : 66 Officiers présents, 13 Officiers absents ; 874 hommes présents sous les armes, 156 hommes aux hôpitaux, 203 hommes détachés au dépôt, etc. Chaque Bataillon d’Infanterie a un chameau (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 365-366).

Le 16 décembre 1798 (26 frimaire an 7), Belliard note, dans son Journal : "La division, composée des 21e demi-brigade d'infanterie légère, 61e et 88e demi-brigades de bataille, 1.000 hommes de cavalerie des 7e hussards, 22e chasseurs, 14e, 18e et 20e de dragons, 8 pièces d'artillerie, s'est mise en marche à 3 heures après-midi, avec des vivres pour 8 jours. Elle doit être suivie sur le Nil par les djermes armées l'Italie, la Casabianca, la Brueys, la Thébaïde, qui sont chargées de l'escorte de l'ambulance, des vivres et des munitions. Les demi-galères et 200 hommes de différents corps de cavalerie et d'infanterie sont restés en station à Beni-Souef, pour établir la communication avec Le Caire.
Nous marchons enfin contre les Mameluks et nous voilà à El-Baranqah, où la division restera la nuit … L'avant-garde, qui était partie le matin, avec les sapeurs, pour préparer les chemins, a couché à Bebah, où elle a rencontré quelques Mameluks qui ont fui à son approche … La route est coupée de canaux, qui rendent la marche difficile, surtout pour l'artillerie et la cavalerie
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 506).

Campagne de 1799

Le 9 janvier 1799 (20 nivôse an 7), le Général Bonaparte, depuis son Quartier général au Caire, ordonne la création d'un Régiment de Dromadaires (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3820); la 88e doit fournir 10 hommes, choisis parmi les plus hardis et les plus intrépides, pour former le noyau du Régiment des Dromadaires destiné à enrayer le brigandage des Arabes. "Ces hommes devront avoir moins de vingt-quatre ans, plus de quatre ans de service, au moins cinq pieds quatre pouces, et être d'une bravoure reconnue. Ils seront envoyés sur-le-champ au Caire. Le commandant de la place établira leur caserne sur la place Ezbekyeh", écrit le Général en chef.

Le 15 janvier 1799 (26 Nivôse an 7), Belliard écrit dans son Journal : "… Il est parti, dans la matinée, 400 hommes des 61e et 88e demi-brigades pour El-Menchieh et environs ; ce détachement doit lever les impositions ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 520).

Six jour après sa victoire (9 Pluviôse an 7 - 28 janvier 1799), Desaix adresse, depuis Esneh, à Bonaparte le compte-rendu suivant : "Les occasions pour vous écrire, mon Général, sont fort rares. Il s'en présente une, et j'en profite pour vous annoncer que nous avons combattu à Samhoud. Mourad-Bey avait rassemblé, pendant notre séjour de Girgeh, tous les habitants à cinquante lieues à la ronde, 2.000 hommes d'infanterie, bien armés, venus de La Mecque, Hassan-Bey et ses Mameluks ; fier d'une aussi nombreuse armée, il se croyait invincible.
En effet, le jour que je partis de Girgeh, il s'avança de Hou à Farchout, laissant ses équipages au premier lieu. Nous nous rencontrâmes donc à Samhoud ... la division se forma alors en deux carrés d'infanterie, aux ailes avec les canons, la cavalerie en carré au milieu, et marcha sur Samhoud. Deux compagnies de carabiniers, conduites par mon aide de camp Clément, furent chargées d'attaquer le village défendu par les chérifs de La Mecque. Un peloton de hussards, commandé par le citoyen Desvernois, devait les soutenir. Les ennemis étaient sur le bord d'un canal ; ils firent une vigoureuse résistance ; on en vint à l'arme blanche ; un carabinier fut tué, mon aide de camp Rapp fut blessé d'un coup de sabre, sans [l'être] mortellement, et le citoyen Desvernois eut le poignet scié d'un coup de poignard, sans être estropié. Mais, à notre tour, nos carabiniers, à coups de crosses et de baïonnettes, en eurent bientôt expédié une trentaine, et le village fut à nous.
J'ai eu à me louer, dans celle occasion, de mon aide de camp Clément, qui a très bien fait. Nous vimes bientôt arriver de toute part des immenses colonnes d'ennemis, qui s'avançaient pêle-mêle en faisant des hurlements affreux. Notre carré de gauche était composé de la 21e demi-brigade légère, commandée par le général Belliard ; ils passèrent devant lui à une certaine distance sans attaquer, mais se dirigèrent tous sur le carré de droite, commandé par le général Friant et composé des 61e et 88e demi-brigades. A peine furent ils approchés que toute notre artillerie, commandée par le chef de brigade Latournerie, fit un feu épouvantable sur eux ; ils avancèrent malgré cela ; mais, quand la mitraille eut vigoureusement joué et que la mousqueterie eut commencé, ils s'enfuirent à toutes jambes. Alors, nous marchâmes droit à eux, nous dirigeant vers le désert. Nous parvînmes à les approcher ; un gros groupe vis·à-vis de nous, Mourad à la tête, je crus l'occasion favorable, et la cavalerie et le général Davout se précipitèrent sur eux ; les dragons, le fusil en main, pleins d'ardeur, espéraient les joindre ; mais, dans un instant, tout disparut. Au bout d'une lieue de charge, on ne voyait pas quatre Mameluks ensemble ; dispersés dans le désert derrière nous, ils ne présentèrent plus d'ennemi à combattre. Les chasseurs du 22e, du chef de brigade Lasalle, en joignirent cependant quelques-uns.
Nous avons trouvé quelques armes précieuses garnies en or, plusieurs livres de ce métal sur les morts. Sans nous arrêter à les emporter, nous avons marché sur Farchout. Nous n'y avons pris que le temps de rafraichir et, marchant toute la nuit, nous sommes arrivés au point du jour à Hou. En chemin faisant, nous avons massacré quelques soldats de La Mecque restés dans les villages ; ils sont braves et se défendent jusqu'à la mort.
A Hou est un passage à travers la montagne qui conduit à Esneh dans vingt-quatre heures ; par les bords du fleuve, il faut cinq jours. Je craignais que les Mameluks, suivant cette route tandis que je suivrais la seconde, ne revinssent derrière moi, et, gagnant cinq ou six jours de marche, ne se trouvassent encore les maîtres d'une grande partie du pays ; c'est ce qu'ils ont toujours fait dans les guerres précédentes ; mais le désordre dans lequel ils se sont trouvés, la précipitation de notre marche, les ont obligés à suivre le Nil ; ils n'ont pas eu le temps de préparer l'eau indispensable pour cette traversée.
Nous avons toujours marché à grandes journées, espérant rejoindre les débris de nos ennemis ; mais nous n'avons pu en attraper que très peu, parce que, prévenus de notre arrivée, ils traversaient le fleuve, soit sur des barques, soit sur des radeaux faits de dourah ; beaucoup se sont noyés en employant d'aussi frêles machines. La cavalerie les talonne ainsi depuis trois jours ; ici, après une marche forcée, nous les avons manqués de deux heures. Ils y ont brûlé leurs tentes et leurs gros bagages pour aller plus légèrement.
Depuis le combat de Samhoud, l'Elfi-Bey n'a plus reparu ; beaucoup de Mameluks aussi. Nous les suivrons ainsi sans relâche jusqu'à Syène. Je pars ensuite avec la 21e légère. La cavalerie nous précède. Dans quatre jours, Mourad aura quitté l'Égypte. Quand cette troupe sera reposée, je l'enverrai tenir garnison à Keneh, Girgeh, Siout et Minieh ; la cavalerie sera ici et le général Belliard à Esneh. Ainsi disposés, nous attendrons facilement que la faim et la misère aient détruit entièrement nos ennemis. Nos barques ne sont pas arrivées ; quand elles seront près de nous, je vous donnerai plus de détails. Vous faire l'éloge de tous ceux qui le méritent, j'aurais beaucoup à vous dire ...
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 531-530).

Dans la soirée du 5 février 1799 arrive d'Esneh à Syène un convoi de farine, escorté par 150 hommes des 61e et 88e Demi-brigades, sous le commandement du capitaine Binot, aide de camp de Friant. Ce détachement repart, le surlendemain, en descendant la rive droite du Nil (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 542).

- Combat de Kéné, 12-13 février 1799

De retour à Esneh, Desaix apprend que, pendant son absence, des rassemblements de Mecquains ont été signalés du côté de Keneh. Cette ville étant au débouché de la route venant de Kosseir, il est important d'en éloigner l'ennemi. Aussi, dès le 6 février (18 Pluviôse), Friant fait partir, sous les ordres du Chef de Brigade Conroux, une petite colonne (61e Demi-brigade, grenadiers de la 88e, une pièce de canon), avec ordre d'occuper Keneh. Desaix décide d'appuyer ces premières forces en dirigeant sur le même point tout le reste de la brigade Friant ; elle ne doit laisser à Esneh qu'un petit détachement de 200 hommes. Friant reçoit en même temps le commandement de la province de Girgeh. D'autres rapports lui signalant qu'Osman Bey et Hassan sont revenus sur la rive droite du Nil. A hauteur d'Edfou, Desaix fait marcher contre eux le Général Davout avec le 22e de Chasseurs et le 15e de Dragons (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 553).

Dans son Rapport daté de son Quartier-général à Syoùth, le 20 Thermidor an 7 (7 août 1799), adressé au Général en chef Bonaparte, le Général Desaix, commandant la Haute-Egypte, écrit : "… Pendant mon absence, le général Friant avoir eu avis que les débris des Arabes d'Yamb'o se ralliaient dans les environs de Keneh, sur la route de Qosséyr ; et, dès le 18, il avait formé une colonne mobile, composée de la 61e des grenadiers, de la 88e, et une pièce de canon, sous les ordres du chef de brigade Conroux, qui dans peu arriva à Keneh, petite ville fort importante en raison de son grand commerce avec les habitants des rives de la mer rouge ..." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).

Le 21 Pluviôse an 7 (9 février 1799), l'Adjudant-général Donzelot écrit, depuis Esneh, au Général Friant : "… Vous avez remarqué que votre commandement s'étend d'El-Wafa jusqu'à Girgeh. El-Wafa est un village où nous avons campé venant d'Hou.
L'intention du général Desaix est que vous laissiez la 61e demi-brigade à El-Wafa,
2 bataillons de la 88e à Farchout,
1 bataillon du même corps à Girgeh.
Comme vous avez à votre disposition quatre djermes-canonnières et deux barques, vous en placerez deux à chaque position, qui se trouveront sous les ordres des commandants d'arrondissement. Elles serviront à passer les troupes sur l'une ou l'autre rive selon les circonstances. Si, contre toute vraisemblance, il en arrivait qui exigeassent que vos troupes, soit en totalité, soit en partie, dussent se rassembler sur un point pour agir contre des insurgés ou des Mameluks, il est entendu que le général vous y autorise.
Le commandement de l'arrondissement d'El-Wafa sera donné par conséquent au citoyen Conroux, chef de brigade de la 61e ; celui de Farchout au citoyen Silly, chef de brigade de la 88e ; celui de Girgeh au citoyen Morand, chef de brigade à la suite de ce corps.
Si vous pensez devoir faire quelques changements à cet égard, le général vous donne à ce sujet toute la latitude nécessaire …
En passant près de Keneh vous ferez partir la 61e. Cependant s'il y avait quelques magasins importants à garder, il serait peut-être à propos de l'y laisser jusqu'à l'arrivée du 7e régiment de hussards, qui doit partir après-demain pour y tenir garnison, avec le 18e régiment de dragons ...
Les six djermes qui sont à votre disposition partiront demain dans le jour. Je vous prie de laisser un détachement de 80 hommes de la 88e, pour y tenir garnison. Il en sera pris une trentaine pour être placée sur les djermes-cannonières qui doivent stationner à la hauteur de la cavalerie ...
Vous aurez sous vos ordres deux pièces de 8, commandées par le citoyen Colin. Il prendra ici 10.000 cartouches d'infanterie qui, réunies aux 10.000 emportées par la 61e, vous formeront une réserve de 20.000 …
RÉPARTITION DES TROUPES ET DES BATIMENTS DE GUERRE ENTRE LES ARRONDISSEMENTS
... Arrondissement du général Friant.
61e de ligne, occupant El-Wafa.
88e de ligne, occupant Farchout, Girgeh, etc.
L'Africaine et une djerme non armée de canons à El-Wafa.
La Casabianca et la Lybienne à Farchout.
L'Eléphantine (felouque) et une barque non armée de canons à Girgeh
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 555).

"Notes sur la campagne du général Desaix dans la Haute-Egypte, écrites et transmises par le général Davoust.
Combat de Keneh.
Arrivé à Keneh, il y est attaqué la nuit du 21 pluviôse par un millier d'Arabes d'Yambo, qui furent repoussés très-vivement avec perte de 3oo hommes. Le général Friant arrive avec la 88e ; le lendemain il y a combat ...
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte).

Tandis que Davout marche contre Osman-Bey, le Chef de Brigade Conroux arrive à Keneh ; il a appris que l'ennemi est, à trois lieues de là, établi dans des villages, à la lisière du désert. Il essaye de le surprendre, par une marche de nuit, sans réussir à le joindre. Prenant à leur tour l'offensive, les Mecquains, dans la nuit du 12 au 13 février (24 au 25 Pluviôse), tentent un coup de main contre la garnison de Keneh. Ils sont repoussés après un combat très vif, dont Conroux rend ainsi compte à Friant (Keneh, 25 Pluviôse - 13 février) :
"Cette nuit, à mon grand étonnement, ils vinrent m'attaquer au nombre de 7 à 800. Je fus surpris de la hardiesse qu'ils avaient de vouloir se mesurer avec nous ; comme il existait la plus grande surveillance parmi les postes, ils les reçurent avec un feu bien nourri, et ne firent leur retraite sur le camp qu'après en avoir tué trois ou quatre chacun.
Toutes les troupes étaient sous les armes ; je me portais en avant avec 12 grenadiers pour reconnaître de quel côté venait l'ennemi, lorsque je fus assailli par un gros de leurs troupes ; je fis faire feu dessus ; l'un d'eux, profitant de l'obscurité de la nuit, me déchargea un coup de bâton ou de massue sur la tête, qui m'étendit roide par terre. Je fus une demi-heure sans connaissance ; pendant ce temps, les ennemis s'étaient portés dans un petit bois de palmiers, vis-àvis le 1er bataillon, et paraissaient s'opiniâtrer à le défendre. Le chef de bataillon Dorsenne fit faire feu si à propos à son demi-bataillon de droite qu'il les mit en fuite.
Je ne pouvais plus, d'après le coup que j'avais reçu, agir moi-même ; je voulais pourtant poursuivre l'ennemi et profiter de la terreur dans laquelle il se trouvait. Je donnai le commandement du camp au chef de bataillon Richard ; le chef de bataillon Saineville, qui commandait la place de Keneh, fut chargé de contenir les habitants, en cas qu'ils voulussent remuer.
Je fis partir, un peu avant la pointe du jour, un détachement de 300 hommes, composé de la 1re compagnie des grenadiers et de 200 hommes de la demi-brigade, avec la 3e compagnie des grenadiers de la 88e. Je donnai le commandement de ce détachement au chef de bataillon Dorsenne, avec ordre d'attaquer l'ennemi et de ne pas lui donner le temps de se reconnaitre. A une demi-lieue de notre position, il le trouva et l'attaqua avec vigueur ; il ne tint pas longtemps et s'enfuit. Le chef de bataillon Dorsenne le poursuivit, et, pendant trois heures que dura sa poursuite, il ne fit que tuer, et leur prit huit chameaux chargés d'huile, de riz et de biscuits.
Le nombre d'hommes qu'a tué ce détachement peut se monter à 140 ; le nombre de ceux qui ont été tués près du camp et par les postes est de 60 hommes ; ainsi, je compte que l'ennemi a eu 200 hommes de tués et au moins 200 blessés ; dans le nombre des tués, on a remarqué plusieurs hommes très blancs, ce qui me fait croire qu'il y avait des Mameluks avec eux.
Le détachement que commandait le chef de bataillon Dorsenne s'est parfaitement conduit, toute la troupe s'est montrée avec une valeur distinguée.
Je n'ai perdu personne dans cette affaire. Dorsenne a reçu un léger coup de sabre sur la main ; un tambour de la 3e compagnie des grenadiers de la 88e en a aussi reçu un assez dangereux sur le bras …
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 560-562 Note : Dans son Rapport à Bonaparte sur la campagne de la haute Égypte, Desaix dit : "Ils (les Mecquains) manquaient des moyens nécessaires pour retourner à Kosseir ; les habitants leur fournissaient peu de vivres. Leur chef crut qu'il fallait se faire des ressources pour gagner le temps de l'arrivée du deuxième convoi ; il forma donc le projet d'enlever Keneh").

Dans son Rapport daté de son Quartier-général à Syoùth, le 20 Thermidor an 7 (7 août 1799), adressé au Général en chef Bonaparte, le Général Desaix, commandant la Haute-Egypte, écrit : "… Combat de Keneh.
… le 24, à onze heures du soir, tous les postes avancés de la 61e sont attaqués en même temps par huit cents Arabes d'Yamb'o, qui avaient entraîné avec eux beaucoup de paysans ; aussitôt les troupes sont sous les armes, marchent à l'ennemi, et le culbutent partout. Le chef de brigade Conroux, jeune officier plein d'intelligence, d'activité, et doué de beaucoup de talents militaires, se portant d'un point à l'autre de la ligne de bataille, reçut sur la tête un coup de pique qui l'étendit par terre ; ses grenadiers se précipitent à sa défense, et l'emportent sans connaissance ; ils jurent tous de le venger. La vive défense de nos troupes avait forcé les ennemis à se retirer ; il était nuit profonde, et l'on vouloir attendre le lever de la lune pour les poursuivre. Le chef de bataillon Dorsenne, qui commandait la place, veillait avec grand soin à sa défense, en attendant impatiemment le moment de continuer la destruction des ennemis. A peine les mesures sont-elles prises, que l'ennemi revient en foule, en poussant des cris épouvantables. Cette fois, ils n'en furent pas quittes comme la première : ils furent reçus de même par une fusillade extrêmement vive ; mais on ordonna la charge, et ils furent mis dans une déroute complète ; on les poursuivit pendant des heures entières. En fuyant, deux à trois cents de ces fanatiques se jettent dans un enclos de palmiers ; malgré les feux de demi-bataillon que leur fait faire le citoyen Dorsenne, ils s'acharnent à s'y défendre ; ils y sont tous mis à mort.
Le chef de brigade Conroux pense que les Arabes d'Yamb'o ont eu plus de trois cents tués dans cette affaire où beaucoup de paysans ont péri. De son côté, il n'a eu que trois blessés, du nombre desquels se trouve le chef de bataillon Dorsenne, dont il rend le compte le plus avantageux. Toute sa troupe, les grenadiers de la 88e surtout, et les siens, ont donné les preuves de la plus grande bravoure ...
" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).

- Combat d’Aboumanah, 19 février 1799

Le lendemain du combat de Keneh (donc le 14 février - 26 Pluviôse), Friant arrive dans cette localité avec le reste de sa Brigade et le 7e régiment de Hussards. Il doit, conformément aux ordres reçus, se porter sur Girgeh ; avant d'exécuter cette partie de sa mission, il réussit à infliger un nouvel échec aux bandes que Conroux a repoussées, mais non détruites.

Sur cette affaire, Donzelot écrit à Berthier, de Kous, le 3 Ventôse - 21 février 1799 : "Un rassemblement de Mameluks, de Mecquains, de paysans dirigé par Salah-Bey, se faisait sur nos derrières, du cùté d'Aboumanah, à une journée plus bas que Keneh. Le général Friant, qui était arrivé dans cette ville le 26, se mit en marche avec les 61e, 88e demi-brigades et deux pièces de canon. Le 29, dans la matinée, il rencontra l'ennemi qui était retranché dans le village. Il le fait canonner, surtout dans la partie où se trouvaient les Mameluks. Ensuite, il le fait tourner et enlever de vive force. L'ennemi fit une décharge sur les grenadiers, qui étaient conduits par le chef de brigade Conroux, et prit ensuile la fuite, se sauvant dans le désert. Cependant, 85 hommes qui étaient restés en position dans un angle du village furent passés au fil de la baïonnette par le 1er bataillon de la 61e. On en trouva 17 autres tués par la mitraille.
Pendant que ce bataillon s'emparait d'Aboumanab, le général Friant ordonna au chef de brigade Silly de tourner l'ennemi par le désert. Il les atteignit, en tua un grand nombre et prit le camp des Mecquains, où il se trouva : 40 chameaux, 250 moutons, 11 boeufs et une grande quantité de chèvres.
Les grenadiers, qui, dans la retraite de l'ennemi en sortant du village, l'avaient poursuivi la baïonnette aux reins, l'atteignirent au pied de la montagne, lui tuèrent 153 hommes, lui en blessèrent 60 et prirent 210 moutons, 11 boeufs, 1 chameau.
Aboumanah a été brûlé et les villages environnants qui étaient en révolte, pillés.
Nous avons eu, dans cette affaire, 8 hommes blessés ; l'un est mort de ses blessures ; nous n'avons à regretter que ce brave
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 562 à 563).

La Relation de la campagne adressée par Desaix à Bonaparte (20 Thermidor an 7 - 7 août 1799) raconte : "Depuis le combat de Keneh on savait que les Arabes d'Yambo s'étaient retirés dans les déserts, à hauteur d'Aboumanah ; que leur chérif Hassan, fanatique des plus exaltés et entreprenant, entretenait les siens de l'espoir de nous détruire sitôt que les renforts seraient arrivés ; qu'en attendant il mettait tout en oeuvre pour soulever contre nous les vrais croyants de la rive droite ; qu'à sa voix tous sont en mouvement et courent aux armes. Déjà, une grande quantité d'Arabes sont arrivés à Aboumanah ; des Mameluks épars et sans asile s'y rendent aussi. L'orage grossit. Les belliqueux habitants de la rive droite ne connaissent pas encore la puissance de nos armes ; le général Friant est chargé de leur donner une preuve de notre supériorité, même sur les envoyés du grand chérif de La Mecque, le premier homme après Mahomet.
Le 29 pluviôse (17 février), le général Friant arrive près d'Aboumanah ; il le trouve plein de gens armés ; les Arabes d'Yambo sont en bataille en avant, et plus de 300 cavaliers de toutes les couleurs flanquent la droite du village. De suite, ce général fait former son corps de bataille ; ses grenadiers sont déjà en colonne d'attaque, commandés par le chef de brigade Conroux. Après avoir reçu plusieurs coups de canon, et à l'approche des grenadiers, la cavalerie et les paysans prennent la fuite ; mais les Arabes d'Yambo tiennent bon. Alors, le général Friant forme deux colonnes pour tourner les villages et leur enlever leur retraite. Ils ne peuvent résister au choc terrible des grenadiers. Ils se jettent dans le village où ils sont assaillis et mis en pièces. Cependant, une autre colonne, commandée par le citoyen Silly, chef de brigade commandant la 88e, poursuivait les fuyards. Nos soldats y mirent tant d'acharnement qu'ils s'enfoncèrent à 5 heures dans les déserts et arrivèrent ainsi sur le camp des Arabes d'Yambo ; fort heureusement, ils y trouvèrent, avec beaucoup d'effets de toute espèce, de l'eau et du pain.
Le général Friant ne voyait point revenir cette colonne ; son inquiétude était extrême et augmentait à chaque instant. Il pensait que, si elle ne se perdait pas dans les immenses plaines de déserts où elle s'était jetée, au moins perdrions-nous beaucoup de soldats que la faim et la soif auraient accablés ; mais, quelle fut sa surprise de voir revenir nos soldats chargés de butin et frais et dispos ! Un Arabe que l'on avait fait prisonnier en entrant dans le désert, avait conduit la colonne au camp de l'ennemi.
Les Arabes d'Yambo ont perdu dans cette journée 400 morts et ont eu beaucoup de blessés. Une grande quantité de paysans furent tués dans les déserts. Nous avons eu quelques blessés. Le général Friant est on ne peut plus satisfait de ses braves troupes. Il loue beaucoup les chefs de brigade Conroux et Silly, ainsi que le citoyen Petit, capitaine, remplissant près de lui les fonctions d'aide de camp. Ce général m'a envoyé une note d'avancement pour plusieurs officiers et sous-officiers qui s'y sont distingués ; je vous la ferai passer, en vous priant de vouloir bien y faire droit
" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 562 à 563).

Dans son Rapport daté de son Quartier-général à Syoùth, le 20 Thermidor an 7 (7 août 1799), adressé au Général en chef Bonaparte, le Général Desaix, commandant la Haute-Egypte, écrit : "… Le 26, le général Davoust revient à Esnèh, et le 27 je pars de cette ville, y laissant une garnison de deux cents hommes du 61e et 88e, sous les ordres du citoyen Binor, aide-de-camp du général Friant, qui avec ces mêmes troupes, avait conduit un fort convoi de subsistances à Syène …" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).

Après le combat d'Aboumanah, le Général Friant continue sa route vers Girgeh, où il arrive le 3 Ventôse (21 février). Il y laisse un bataillon de la 88e, sous les ordres du citoyen Morand, Chef de Brigade à la suite de ce Corps, et, deux jours après, il se porte à Farchout, d'où il renvoie les deux Bataillons de la 61e à Keneh (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 562 à 563).

Dans son Rapport daté de son Quartier-général à Syoùth, le 20 Thermidor an 7 (7 août 1799), adressé au Général en chef Bonaparte, le Général Desaix, commandant la Haute-Egypte, écrit : "… Après le combat d'Aboùma'anâh, le général Friant continue sa route vers Djirdjéh, où il arrive le 3 ventôse. Il y laisse un bataillon de la 88e, sous les ordres du citoyen Morand, chef de brigade à la suite de ce corps, et, deux jours après, il se porte à Farchoùrh, d'où il renvoie les deux bataillons de la 61e à Keneh …" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).

De son côté, avançant un peu la date de son départ, Desaix quitte Esneh le 15 février, de bonne heure, et descend la rive droite du Nil pour venir s'établir à Kous. Il laissa à Esneh un détachement de 200 hommes des 61e et 88e de ligne, commandé par Binot, aide de camp de Friant.

Le 9 Ventôse an 7 (27 février 1799), à 1 heure de l'après midi, l'Adjudant-général Donzelot écrit, depuis Kous, au Général Belliard : "… Il s'agit … en ce moment d'occuper Esneh par une garnison et de venir prendre position à Erment.
Vous ne laisserez point pour cette garnison le détachement de 160 hommes des 61e et 88e commandés par Binot, aide de camp. Vous le ferez partir avec vous pour nous rejoindre à la première occasion avec le détachement de 20 dragons du 20e régiment ...
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 585-586).

Le 10 Ventôse an 7 (28 février 1799), l'Adjudant-général Donzelot écrit, depuis Kous, au Général Belliard : "Je vous ai écrit hier, mon cher Général, pour vous prévenir que Mourad-Bey, avec Hassan et plusieurs autres beys, s'étaient réunis à Erment. Aujourd'hui on annonce qu'ils sont partis, passant par la Gaby et qu'ils arriveront ce matin à Hou …
Si les beys allaient dans l'Ef-Ouah, on laisserait un bataillon à Girgeh, un à Tahtah, un à Siout. La cavalerie et deux bataillons seraient en colonnes mobiles selon le besoin. J'aurai soin de vous tenir au courant des dispositions qui seront faites.
Lorsqu'il y aura garnison à Girgeh, Clément et Binot descendront avec le détachement des 61e et 88e demi-brigades et les 20 dragons du 20e régiment. Je vous invite à tenir ces détachements avec la colonne que vous aurez la plus voisine de cette province ...
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 587-588).

Dès le 2 mars, à 8 heures du matin, le Général Belliard part d'Esneh, en y laissant une garnison de 400 hommes de la 21e légère, commandée par le Chef de bataillon Valette. Il emmène le reste de la 21e, les détachements des 61e et 88e Demi-brigades et du 20e Dragons, une pièce de 3 et 30 chameaux chargés de vivres. Plusieurs bâtiments armés et des barques de transport doivent suivre sur le Nil, portant les blessés et les malades, des vivres, du matériel d'artillerie, etc. (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 593).

Le 3 mars (13 Ventôse), la Division entière atteint Farchout. De Farchout, Donzelot écrit à Belliard, à 9 heures du soir : "Nous sommes arrivés, mon cher Général, dans l'après-midi à Farchout avec toute la cavalerie et la 61e. Nous y avons trouvé le général Friant, avec deux bataillons de la 88e ; demain, nous partirons tous pour Girgeh.
L'on ne peut pas avoir des renseignements certains sur la marche des beys, qui ont descendu. On dit cependant généralement qu'ils sont dans le pays de Siout, et que Mourad doit aller dans l'El-Ouah, et de là en Barbarie. Nous ne saurons ce qu'il peut être qu'à Siout. Les uns ajoutent qu'Osman-Bey est retourné du côté d'Esneh ; d'autres prétendent le contraire.
Dans ma lettre du 10 de ce mois je vous ai transmis les dispositions du général ; voici celles d'aujourd'hui :
Vous laisserez, comme je vous l'ai mandé, une garnison suffisante à Esneh. Le général désire qu'elle soit de 500 hommes, commandés par un officier vigoureux. Avec cette garnison, il pourra envoyer des colonnes mobiles pour lever le miri et contenir le pays … Vous ordonnerez à l'officier commandant cette ville de faire travailler avec la plus grande activité aux réparations défensives de la maison d'Hassan, d'après les plans du capitaine du génie Garbé.
Sans doute, vous êtes en marche pour venir à Keneh. Le général vous recommande de faire aussi couvrir le pays par des colonnes mobiles ; il vous engage à faire mettre la plus grande célérité dans la levée de ce qu'il reste à payer du miri …
Vous ordonnerez aux citoyens Clément et Binot de se rendre à Farchout avec le détachement des 61e et 88e demi-brigade et le dépôt du 20e régiment de dragons. Vous y joindrez un détachement de 100 hommes pour être momentanément à leur disposition …
Incessamment la Thébaïde ne pourra plus naviguer dans l'Égypte supérieure. Elle devra suivre le mouvement de leurs détachements. Le citoyeib Guichard devra faire l'impossible pour faire descendre le chebec.
Quant aux mesures que nécessitent les circonstances, le général me charge encore de vous dire qu'il se repose sur vous.
Il importe de faire un fort dans la haute Egypte pour contenir le pays et avoir une communication avec Kosseir ; le point de Keneh parait le plus favorable. Le capitaine Garbé devra donc s'occuper de suite à la construction de ce fort, qui devra commander la ville et le Nil et tenir une garnison au moins de 300 hommes avec tous les établissements nécessaires.
Le chef de brigade Morand commande la province de Girgeh ayant un bataillon à ses ordres. Je vous prie de correspondre avec lui et de lui passer vos dépêches pour le général, en les adressant d'abord à Farchout.
L'intention du général est de laisser un bataillon à Tahtah, un à Siout et de marcher en colonne mobile avec la 61e, de l'artillerie et de la cavalerie. Ces dernières dispositions dépendront au surplus du mouvement et de la force des Mameluks.
Je vous écrirai le plus souvent possible ; au moyen des garnisons, on pourra correspondre plus promptement.
P.-S.- ... Quatre petits bâtiments de guerre français sont partis de Suez avec 80 hommes de débarquement, pour venir prendre Kosseir. Je crains bien que ce que je vous ai mandé sur ces bâtiments soit vrai ; prenez des renseignements à ce sujet
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 589-590).

En mars et en avril, la Division fait rayonner ses colonnes mobiles dans la Haute-Egypte.

Belliard part le 8 mars, à la pointe du jour, pour Keneh. En arrivant à Kous, il est informé que les Mecquains sont établis un peu plus en aval, au village de Benout. Il les rencontre bientôt dans la plaine de Coptos, où s'engage une première affaire; puis, ayant réussi à les rejeter sur Benout, il se heurte à une résistance opiniâtre, qui se prolonge jusqu'au surlendemain. Sur cette affaire, Belliard adresse à Desaix, depuis Benout, le 10 mars 1799 (20 ventôse an 7) le rapport suivant : "Je me suis rendu à Erment, mon cher Général, conformément à vos intentions. D'après les rapports qu'il existait à Keneh un rassemblement considérable de Mecquains, de paysans et de Mameluks, je me suis mis en marche pour venir le combattre. Le 11, je suis passé sur la rive droite au village d'EI-Kamouleh ; le 18, je suis parti pour Keneh. A Kous, le cheik m'a instruit du funeste événement arrivé à nos barques armées et de transport et m'a prévenu que les Mecquains, retranchés à Benout, nous attendaient avec les Mameluks d'Osman-Bey. A une heure et demie après midi, l'ennemi, au nombre de 3.000 hommes d'infanterie, tant Mecquains que paysans, et de 350 à 400 chevaux, est venu à notre rencontre dans la plaine de Coptos, et nous a présenté la bataille que nous avons acceptée.
Bientôt le combat s'est engagé et est devenu corps à corps avec nos tirailleurs. Les 30 ou 40 Mecquains qui s'étaient avancés sont restés sur le champ de bataille. J'ai marché sur le gros de l'armée avec le carré ; l'ennemi a pris la fuite, disputant tous les villages, ravins ou fossés, et s'est retiré sur Benout, où il avait disposé une partie des canons qu'il avait pris sur les barques. Mais, malgré sa résistance opiniâtre, les carabiniers l'ont chassé ; et ses pièces (ou plutôt les nôtres) sont restées en notre pouvoir. Alors les Mecquains se sont jetés dans plusieurs maisons, dont une de Mameluks, fort grande, avait été mise en état de défense avec du canon. C'est là qu'étaient leurs magasins et les munitions qui se trouvaient sur les barques. Je l'ai fait attaquer ; mais la fusillade a été si vive, et la nuit étant venue, il a fallu y renoncer. On a pris les maisons adjacentes qui ont été livrées aux flammes, après avoir passé au fil de la baïonnette environ 200 Mecquains et paysans qui les défendaient. Le feu n'a pas pu gagner la grande maison, que j'ai fait bloquer pendant la nuit ; les Mameluks, qui ont été spectateurs bénévoles, se sont éloignés vers le désert, où ils ont bivouaqué. Voilà la journée du 18.
Le 19, il a fallu recommencer. Un des braves de La Mecque est sorti à cheval de la maison, et est allé trouver les Mameluks, sûrement pour leur reprocher leur lâcheté et les engager à débloquer la maison ; car, de suite, ils se sont mis en marche et sont venus charger les carabiniers, qui les ont reçus par une fusillade bien nourrie, et les ont forcés à une retraite précipitée.
A 11 heures, les Mecquains échappés la veille, des rassemblements de paysans formés par les Mameluks sont venus au moment où je me disposais à attaquer la maison, et ont fourni une seconde charge. Ils se sont avancés très près du fort, dans lequel quelques-uns sont entrés. J'ai marché dessus, et ils se sont retirés de suite. Alors, j'ai fait attaquer la maison de vive force ; on est parvenu à entrer dans une des cours et j'y ai fait mettre le feu. Les Mecquains sont descendus dans la grande cour tout nus, tenant d'une main le sabre, et de l'autre le fusil, faisant un feu très vif sur nos soldats et sautant, comme des furieux sur le feu qu'ils voulaient éteindre avec leurs pieds. Ils ont poussé des hurlements affreux ; ils chantaient, se battaient en faisant leurs prières au milieu des flammes, avec un courage et un fanatisme dignes d'exemple. La nuit est encore venue trop tôt ; les ennemis échappés aux flammes ont percé une muraille, et, à la faveur des ténèbres, une partie d'entre eux s'est évadée. Beaucoup ont été tués par les troupes qui bloquaient le château ; les autres courent les champs.
Ce matin, on est entré dans la maison, où l'on a trouvé une trentaine d'hommes, qui, quoique blessés ou malades, voulaient encore se défendre. Ils ont été tués, à l'exception de trois, que j'ai fait garder pour avoir des renseignements ; ils sont de Tunis.
Les Mameluks, je ne sais pourquoi, sont encore venus ce matin faire les fanfarons, et s'avançaient ayant l'air de vouloir nous attaquer. Je me suis porté en avant, et ils ont fui, après avoir reçu quelques coups de canon. Je les ai poursuivis à une lieue et demie ; ils ont fait partir leurs chameaux par le désert, où il se sont retirés ; et moi je suis rentré à Benout, où je vais laisser reposer nos pauvres soldats, qui, depuis trois jours, se battent et vivent d'eau et de biscuit. Je ne sais pas comment étaient les Mecquains que Conroux et Friant ont battus et comment ils ont fait pour avoir très peu de blessés : quant à moi, mon Général, je sais que je n'ai point encore trouvé de troupes aussi braves et qui se battent avec autant d'acharnement ; aussi ai-je eu des morts et beaucoup de blessés dont l'état est ci-joint.
Je ne peux trop vous faire l'éloge de la 21e, des détachements des 61e et 88e, des dragons du 20e commandés par le citoyen Escassa des sapeurs, tant de la demi-brigade, que de la compagnie de Garbé et du détachement d'artillerie. Officiers et soldats, tous ont montré la plus grande bravoure et, en particulier, les officiers, sous-officiers et soldats dont la note est ci-jointe et pour lesquels je vous prie de demander de l'avancement au général en chef, ainsi que pour votre aide de camp, celui du général Friant et Majou, que j'ai avec moi, qui tous trois se sont trouvés dans le combat corps à corps, et qui, tous trois, pendant ces trois journées, m'ont parfaitement secondé. Clément a eu son cheval blessé d'un coup de sabre. L'adjudant-major Laprade, qui était avec eux, en a tué trois de sa main ; le dragon Longet et le caporal Toinard en ont fait autant. Les carabiniers se sont particulièrement distingués. Vous connaissez le brave Eppler, mon Général, il est inutile de vous en faire l'éloge ; il honore son corps, et montre sans cesse une bravoure et un zèle infatigables. Les soldats ont fait un butin considérable. On a trouvé dans la maison une partie des effets qui étaient sur les barques et les caisses de munitions que les ennemis avaient vidées, et dont ils se sont servis contre nous avec nos fusils. J'ai repris deux barques, une pièce de 8 en bronze, quatre de 6 en fer, sortant de dessus l'Italie, qui a été brûlée, une de 4 en fer, une de 3 en fonte, une de 2 en fer ; il y avait aussi deux caissons, dont un a été brûlé, l'autre est sur les barques, avec plusieurs roues, tant bonnes que mauvaises ; je vais remonter ma pièce de 15.
Le résultat des trois journées est la mort de 500 à 600 Mecquains ou paysans et de 8 à 10 Mameluks, beaucoup de blessés, l'assaut d'une maison fortifiée, la prise de 9 pièces de canon, six drapeaux dont deux de La Mecque que je conserve. J'ai eu de mon côté 35 morts et 134 blessés, dont 5 officiers.
Le pauvre Bulliaud, capitaine des carabiniers, qui avait toujours été dans le feu, a reçu hier soir une blessure dont il est mort ce matin.
Ces trois journées, mon Général, ont usé une grande partie de mes munitions. Je me trouve à peu près sans cartouches d'infanterie et avec environ cinquante coups de canon à tirer. Si j'ai encore une affaire, tout sera dissipé et je ne saurai plus où puiser. Alors je serai forcé de descendre du côté de Girgeh, et même plus loin, s'il n'y avait pas de troupes et de munitions pour m'alimenter. Avant de me décider à ce mouvement, je remonterai du côté d'Esneh pour protéger l'arrivée de la garnison que j'y ai laissée et l'évacuation des subsistances qui s'y trouvent.
Je vis très difficilement ; tous les villages s'évacuent lorsque je m'approche, je n'y trouve aucune ressource et pas un paysan pour espionner et porter mes dépêches ; je ne sais à quoi attribuer cette désertion générale. Nous ne faisons cependant aucun mal dans les endroits où nous passons. Demain, nous nous porterons à Keneh, où les débris de La Mecque paraissent s'être retirés. Les Mameluks, qui avaient gagné ce matin du côté de Kous, retournent, à ce qu'on me reporte, du côté de Keneh, longeant le désert. Je les verrai demain, s'ils nous y attendent, et, après les avoir battus, je remonterai à Esneh, d'où je descendrai à Girgeh, si je ne reçois pas de vos nouvelles.
C'est un journal plutôt qu'un rapport, mon Général, mais j'ai cru indispensable d'entrer dans tous ces détails ; je les crois nécessaires quand on est si éloigné et que nous communiquons aussi difficilement
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 597-600).

Le 9 mars 1799 (19 Ventôse an 7), Donzelot écrit, depuis Siout, à Berthier, en lui indiquant la répartition des troupes de la Division : "… Le général Belliard occupe Esneh par 1 bataillon et Keneh par 2 … Le général a laissé un détachement à Farchout, commandé par son aide de camp Clément ; le chef de brigade Morand avec 1 bataillon de la 88e à Girgeh ; le chef de brigade Lasalle avec son régiment et 1 bataillon de la 88e à Tahtab. Le chef de brigade Silly restera à Siout avec 1 bataillon … Les deux bataillons de la 61e, la cavalerie et de l'artillerie seront en colonnes mobiles pour donner la chasse aux beys qui courent encore dans le pays …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 592).

Le 27 Ventôse an 7 (17 mars 1799), l'Adjudant-général Donzelot écrit, depuis Siout, à Berthier : "… Dispositions de la division :
1 bataillon de la 88e à Girgeh, commandé par le chef de brigade Morand ; 1 bataillon de ce corps à Tahtah avec le 22e de chasseurs à cheval aux ordres de Lasalle ;
Le 3e bataillon de cette demi-brigade à Siout avec les 14e et 15e dragons, cantonnement commandé par le chef de brigade Pinon.
Les 2 bataillons de la 61e, le 7e de hussards, les 18e et 20e dragons passent sur la rive droite du Nil, formant une colonne mobile. Après-demain, le général Desaix se mettra en marche avec elle, remontant cette rive habitée par des Arabes très méchants. On se portera sur Keneh, où il y a toujours des rassemblements de Mecquains et de Mameluks ...
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 609-611).

Desaix quitte Siout le 18 mars pour se rendre à Keneh, en remontant la rive droite du Nil ; 1 Bataillon de la 88e, les 14e et 15e Dragons restent en garnison à Siout (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 612).

Dans une lettre écrite au cantonnement de Tahtah, le 2 Germinal an 7 - 22 mars 1799, et adressé au Général Dugua, Lassalle, Chef de Brigade du 22e Chasseurs, raconte : "... le bon général divisionnaire Desaix, voulant que mes pertes de la campagne fussent compensées par un peu de bien-être me mit en garnison à Tahtah, avec un bataillon de la 88e demi-brigade. Je suis commandant de la province ; je perçois les impositions, les chevaux, etc. ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 557 à 560).

- 1er combat de Girgeh, 23 mars 1799

Le 23 mars, le Voltigeur Guery fait partie d’un détachement de 20 hommes qui résiste en face de Girgeh, pendant 2 heures, aux charges répétées de plus de 300 mamelucks : 15 de ses camarades tombent et il est dégagé avec les 4 derniers par une Compagnie de grenadiers.

Dès le 14 Germinal an 7 (3 avril 1799), le commandant Pinon, laissé à Siout pour gouverner la province, écrit à Lasalle de venir à Siout pendant qu'il ira donner la chasse à des Arabes qui inquiètent les environs de Melaoui. Lasalle, qui est resté à Tahtah avec son Régiment, s'y rend. Pinon revient le 19 Germinal (8 avril) et, le même jour, il apprend que les Arabes d'Yambo, après avoir été battus à Girgeh, sont venus dévaster Tahtah, et que leur chef cherche encore à soulever le pays.

Le 20 Germinal an 7 (9 avril 1799), Lasalle part pour aller les attaquer, ayant sous ses ordres un bataillon de la 88e, le 22e de Chasseurs et une pièce de canon. Le 21 Germinal, à 1 heure après-midi, Lasalle arrive près de Tehmeh, village extrêmement grand, ou sont les Arabes d'Yambo. Il fait de suite cerner le village par des divisions de son Régiment et marche à l'ennemi avec l'infanterie. Les Arabes d'Yambo font une décharge de mousqueterie et se jettent dans un enclos à double muraille qu'ils viennent de créneler. Malgré le feu du canon et notre fusillade, ils résistent plusieurs heures ; enfin, ils sont enfoncés. Ceux qui ne sont pas tués sur-Ie-champ s'enfuient ; mais une grande partie est taillée en pièces par le 22e ; une centaine ou deux gagnent cependant les déserts à la faveur des arbres et des jardins. Lasalle écrit à Desaix qu'il a tué 300 Arabes d'Yambo, dont le chérif, successeur de Hassan (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. 641-642. Note : Le village de Tehmeh Village est appelé Gehyneh dans le rapport de Bonaparte au Directoire sur les événements de la haute Égypte (5 Messidor - 23 juin). Ces noms (que l'on ne trouve pas sur la carte des ingénieurs géographes) paraissent une altération de : Nerziet-el-Hémeh, village à 4 lieues en aval de Tahtah sur le Nil).

Est-ce au cours de ce combat que le Grenadier Rollet, étant en tirailleur, se place au milieu des Arabes et en tue plusieurs ? (au cours d'un combat dit de Gehen).

Dans son Rapport daté de son Quartier-général à Syoùth, le 20 Thermidor an 7 (7 août 1799), adressé au Général en chef Bonaparte, le Général Desaix, commandant la Haute-Egypte, écrit : "… Le 20, Lassalle part pour aller les attaquer, ayant sous ses ordres un bataillon de la 88e, le 22e de chasseurs, et une pièce de canon.
Le 21, à une heure après-midi, Lassalle arrive près de Théméh, village extrêmement grand, où étaient les Arabes d'Yamb'o. Il fait de suite cerner le village par des divisions de son régiment, et marche droit à l'ennemi avec 1'infanterie. Les Arabes d'Yamb'o font une décharge de mousqueterie, et se jettent dans un enclos à doubles murailles qu'ils venaient de créneler. Malgré le feu du canon et notre fusillade, ils résistèrent plusieurs heures ; enfin ils furent enfoncés. Ceux qui ne furent pas tués sur-le-champ s’enfuirent ; mais une grande partie fut taillée en pièces par le 22e …
" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).

- Combat de Benyhady, 19 avril 1799

Le 19 avril, la Brigade Friant défait à Benyhady les bandes de Mourad-Bey, renforcées par Darfour ; le Chef de Bataillon Piat est blessé dans cette affaire d’un coup de feu dans les reins.

Le Sergent-major Gendron délivre un de ses camarades attaqué par 6 Arabes. Le Voltigeur Duffait, voyant un autre Voltigeur entouré et prêt à succomber, se précipite à son secours et le sauve après avoir tué 3 ennemis.

Dans son Rapport daté de son Quartier-général à Syoùth, le 20 Thermidor an 7 (7 août 1799), adressé au Général en chef Bonaparte, le Général Desaix, commandant la Haute-Egypte, écrit : "… Cependant le général Davoust … vînt à Syoùth … tout-à-coup on le prévient qu'il se forme à Bényhâdy, grand et superbe village, et dont les habitants passent pour les plus braves de l'Egypte, un rassemblement de Mamloùks, d'Arabes, et de Darfouriens, kâravânistes, venus de l'intérieur de l’Afrique ; que Mourâd-bey doit venir des oasis se mettre à la tête de cette troupe.
Le général Davoust n'hésita pas un instant de marcher contre ce village. En conséquence, il renforce sa colonne d'un bataillon de la 88e, et du 15e de dragons ; il remplace provisoirement Pinon dans le commandement de la province de Syoùth par le chef de brigade Silly, à qui je l'ai conservé depuis.
Combat de Bényhâdy.
Le 29, le général Davoust arrive près de Bényhâdy, qui est plein de troupes ; le flanc du village vers le désert est couvert par une grande quantité de cavalerie, Mamloùks, Arabes, et paysans. Ce général forme son infanterie en deux colonnes ; l'une doit enlever le village, pendant que l'autre le tournera : cette dernière était précédée par sa cavalerie, sous les ordres de Pinon, chef de brigade, distingué par ses talents ; mais en passant près d’une maison, ce malheureux officier reçoit un coup. De fusil et tombe mort. Cet événement étonne ; le général Davoust y remédie, et donne ce commandement à l'adjudant- général Rabasse. La cavalerie aperçoit les Mamloùks dans les déserts : une des colonnes d'infanterie s'y porte ; mais 1’avant-garde de Mourâd-bey … lui porte promptement le conseil de retourner. Les Arabes et les paysans à cheval avaient déjà lâché pied. L'infanterie et la cavalerie reviennent ; le village est aussitôt investi : l'infanterie y entre ; et malgré le feu qui sort de toutes les maisons, nos troupes s'en rendent entièrement maîtres ... Nos troupes y ont fait un butin immense : elles y ont trouvé des caisses pleines d’or.
Nous n'avons perdu presque personne dans cette affaire …
" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 258).

"Notes sur la campagne du général Desaix dans la Haute-Egypte, écrites et transmises par le général Davoust.
Combat de Benehadi.
Le pays au-dessous de Syout se révolte ; les habitants de Benehadi, le plus grand et le plus peuplé des villages de l'Egypte, promettent à Mourad de prendre sa défense ; Mourad annonce qu'il va descendre des oasis, distant de quatre journées de Benehadi. Les Arabes d'Yambo, 400 mameloucks, étaient réunis à deux lieues plus bas que Benehadi, prêts à recevoir Mourad : tous les Arabes à cheval du pays, au nombre de près de 1500, étaient du rassemblement ; 500 hommes d'infanterie de la 61e et de la 88e, avec 250 chevaux du 7e de hussards, des 14e et 15e de dragons, partent de Syout avec trois pièces de canon, le 29 germinal, pour aller combattre tous nos ennemis.
Arrivés près de Benehadi, notre avant-garde est attaquée par quelques centaines de cavaliers, suivis d'hommes à pied. Le chef du 15e, Pinon, attaque ces gens-là, les repousse jusqu'au village, dont tous les murs de jardins et de maisons sont crénelés. Une vive fusillade part du village contre la troupe française, Pinon reçoit la mort dans cet instant. Le village est attaqué avec beaucoup d'ordre, défendu avec la plus grande opiniâtreté ; les maisons sont la plupart endommagées. Ce combat, commencé à huit heures du matin, a fini à six heures du soir : à cette heure seulement tout le village a été au pouvoir des Français : 3,000 hommes, presque tous armés de fusils, ont payé de leur vie leur révolte : nous avons eu neuf hommes tués et trente-trois blessés. Ce village s'était toujours maintenu indépendant des mameloucks, et était dans l'usage de donner asile a leurs ennemis. La valeur française a fait dans une journée ce que les mameloucks n'ont pu faire pendant tout le temps qu'ils ont dominé l'Egypte. Mourad, qui a été instruit du sort de ses protecteurs, n'a plus eu l'envie de descendre d'Elouah. Le rassemblement d'Yambo et de mameloucks qui était à quelques lieues de Benehadi, n'a pas encore osé venir se mêler de la querelle : il s'est porté sur Minieh pour y combattre la garnison française, qui était très-faible
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte).

"Rapport du capitaine du génie Garbé sur les marches de la division Desaix depuis l'ouverture de la deuxième campagne jusqu'au 12 prairial, avec quelques détails sur les positions actuelles, ainsi que le plan du fort qu'il a fait construire dans la province de Thèbes.
... Le 21, on reçut des nouvelles du chef de brigade Morand, commandant à Girgeh. Elles apprenaient que les mameloucks et les Mecquains qui étaient descendue de ce côté, s'étaient joints à un grand nombre de paysans pour l'attaquer et le forcer. Il s'engagea un combat de plusieurs heures, tant hors la ville que dans les rues. On tua trois cacheifs, vingt-sept mameloucks, cent cinquante Mecquains, et un grand nombre de paysans. Le bataillon de la 88e, qui défendait ce poste, eut sept hommes tués et quelques blessés.
Les mameloucks parurent ensuite se réunir de nouveau entre Girgeh et Scyout. Le général Desaix se porta dans la première de ces villes, et laissa le général Belliard pour tenir la Haute-Egypte. On reçut avis à Girgeh que le Village de Benehadi s'était insurgé, et que le général Davoust qui se trouvait à Scyout, avait marché avec la 61e, la 88e et la cavalerie contre ce village …
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte).

Le 30 avril (11 Floréal an 7), Desaix, écrit, de Saouaqi, à Bonaparte (lettre accompagnée d'une lettre de transmission à Dugua) : "... Quant à notre situation, elle est ainsi :
... La province de Girgeh est occupée par le 3e bataillon de la 88e, commandé par le chef de brigade Morand ; il a 240 hommes d'infanterie et 30 chevaux. Le général Friant commande cette province. Il a avec lui un bataillon de la 61e, 100 chevaux. Nous parcourons le pays entre Girgeh et Siout pour la rentrée des contributions et contenir le pays.
A Siout, un autre bataillon de la 88e et les chasseurs du 22e ...
Nous avons fortifié les maisons de Mameluks, d'Esneh, Girgeh et Siout ; elles sont à l'abri d'un coup de main et séparées des maisons voisines. Nous avons nos malades et blessés : 200 à Girgeh, 100 à Siout, et un peu plus à Keneh ...
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 654-655).

Dans la seconde affaire, près de Girgeh, le 3 mai, le Caporal Baudin se fait remarquer par sa bravoure.

- Combat de Dembady, 11 juin 1799

La Demi-brigade prend part au combat de Dembady ; les Capitaines Centée et Calihol y sont blessés ; le 1er au talon gauche et l’autre à la tête. Le Général en chef témoigne à la 88e toute sa satisfaction pour ses fatigues et ses constantes victoires dans la Haute-Egypte.

Le 27 Prairial an 7 (15 juin 1799), Bonaparte, depuis son Quartier général, au Caire, fait publier l'ordre du jour suivant : "… Le général en chef, dans la revue qu'il a passée, a vu avec le plus grand plaisir les bataillons des 61e et 88e, et le brave 15e de dragons ; ces corps méritent, par leurs fatigues et les constantes victoires qu'ils ont remportées dans la haute Egypte, ces témoignages particuliers de satisfaction …" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4174).

Le même jour, 27 Prairial an 7 (15 juin 1799), Bonaparte, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "... L'adjudant général Boyer partira demain, avec tous les hommes de la 88e qui se trouvent au Caire ou au dépôt, pour se rendre au Fayoum, achever la levée de toutes les impositions. Lorsque cela sera fait, il rejoindra et se mettra sous les ordres du général Zajonchek pour parcourir la province de Beny-Soueyf, pour faire payer le myry et autres impositions que devrait cette province. Lorsque cette opération sera faite, il attendra à Beny-Soueyfde nouveaux ordres. Le général Zajonchek, qui est chargé du commandement des provinces du Fayoum et de Beny-Soueyf, lui donnera tous les renseignements qui pourraient lui être utiles pour sa tournée dans la province du Fayoum …" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4177 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4379).

Le 19 Messidor an 7 [7 juillet 1799], Bonaparte écrit, de son Quartier général, au Caire, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "L'adjudant général Boyer prendra à Minieh le commandement des troupes qu'avait sous ses ordres le citoyen Detrès. Il laissera le détachement de la 88e [de ligne] aux ordres du général Zayonchek …" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4539).

Le 24 Thermidor an 7 (11 août 1799), Bonaparte écrit, depuis le Caire, au général Desaix : "… Je vous ai demandé le bataillon de la 61e, afin de reformer cette demi-brigade et de lui donner quelques jours de repos à Rosette. Dès l'instant que vous serez venu à bout de Mourad-Bey, je ferai relever toutes vos troupes. Je prépare, à cet effet, la 13e et une autre demi-brigade. Je serais d'ailleurs fort aise d'avoir vos troupes s'il arrivait quelque événement, ou sur la lisière de la Syrie, ou sur la côte …
Je vous laisse la 21e, la 88e, la 22e et la 20e
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 136 (la lettre est datée du 12 août 1799 – 25 thermidor an 7) ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 261 (idem) ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4341 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4695).

Le 6e jour complémentaire an 7 (22 septembre 1799), le Général en chef Kléber écrit, depuis le Quartier général du Caire, au Directoire exécutif : "... Le citoyen Ravier, chef de bataillon de la 88e demi-brigade, et le citoyen Lebreton, officier au 20e régiment de dragons, se sont particulièrement distingués" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient).

- Combat du 25 décembre

La Demi-brigade livre encore, le 25 décembre, un combat à Osmars-Bey. Le Grenadier Lagnier attaque 2 mamelucks, en tue un, démonte et désarme l’autre. Le Tambour Huard fait preuve d’une bravoure éclatante et désarme un chef ennemi.

Selon les Etats Militaires de l'an VIII (1799-1800), la 88e Demi-brigade est à l'Armée d'Orient. Elle est commandée par le Chef de brigade C. Silly. Elle ne donne ensuite que des informations fragmentaires concernant le corps des Officiers, se résumant ainsi :
- 1er Bataillon : Capitaine C C. Gagnepin.
- 2e Bataillon : Capitaine Legallet, Grenadiers.
- 3e Bataillon : Capitaine Peulet, Grenadiers.

Campagne de 1800

- Bataille d’Hélipolis, 20 mars 1800

Le Général Desaix étant rentré en Europe, il est remplacé dans le commandement de la Division par le Général Friant, promu Général de Division. Il occupe la droite de la ligne de bataille ; ses troupes sont disposées en 2 carrés, chacun de 2 Demi-brigades. La Division est établie par Kléber en personne, entre Héliopolis et El-Matarich. La 88e et la 21e Légère sont au carré de droite aux ordres du Général Belliard. Lors du mouvement de l’armée en avant, elle repousse par des feux presque à bout portant, la charge de la cavalerie turque qui débouche du village d’El-Merd.

"… Au milieu de la nuit suivante je me rendis, accompagné des guides de l’armée, et de mon état-major, dans la plaine de la Coubé, où se trouvait déjà une partie des troupes ; les autres arrivèrent successivement et se rangèrent en bataille.
… La ligne de bataille était composée de quatre carrés ; ceux de droite obéissaient au général Friant, ceux de gauche au général Régnier. L'artillerie légère occupait les intervalles d'un carré à l'autre, et la cavalerie en colonne, dans l'intervalle du centre, était commandée par le général Leclerc : ses pièces marchaient sur ses flancs, et étaient soutenues par deux divisions du régiment des dromadaires.
Derrière la gauche, en seconde ligne, était un petit carré de deux bataillons : l'artillerie de réserve, placée au centre, était couverte par quelques compagnies de grenadiers, et les sapeurs armés de fusils ; d'autres pièces marchaient sur les deux côtés du rectangle, soutenues et flanquées par des tirailleurs ; enfin des compagnies de grenadiers doublaient les angles de chaque carré, et pouvaient être employées pour l'attaque des postes. La première brigade de la division Friant était commandée par le général Belliart, et formée de la 21e légère et de la 88e de bataille ; les 61e et 75e de bataille formaient la deuxième brigade aux ordres du général Donzelot ...
… Vers les trois heures du matin, j'ordonnai que l'armée se mit en marche. L'aile droite arriva au point du jour près la mosquée Sibelli Hallem … les deux carrés de gauche arrivèrent devant le village de Matariéh, s'y arrêtèrent hors de portée de canon et donnèrent le temps à la division de la droite de venir se placer entre Héliopolis, et le village d'el-Marek, afin de s'opposer à la retraite des troupes ennemies et à l'arrivée des renforts que l'ennemi pouvoir envoyer.
Tandis que ce mouvement s'exécutait, je distinguais un corps de cavalerie et d'infanterie turque, uni à une forte troupe de Mamloùks, qui, après avoir fait un grand détour dans les terres cultivées, se dirigeaient vers le Caire : les guides eurent ordre de les charger; ceux-ci acceptèrent la charge·; et, renforcés successivement par de nouvelles troupes, ils enveloppèrent les nôtres : l'issue de cette mêlée nous eût été funeste, si le 22e régiment de chasseurs, et le 14e régiment de dragons ne se fussent portés aussitôt pour soutenir 1'action : après un combat long et opiniâtre, l'ennemi prit la fuite …
Le général Régnier commença l’attaque de Matariéh ; des compagnies de grenadiers, mises en réserve pour cet objet, reçurent l'ordre d'emporter les retranchements, et l'exécutèrent avec une bravoure digne des plus grands éloges. Tandis qu'ils s'avançaient au pas-de-charge, malgré le feu de l'artillerie ennemie, on vit les janissaires sortir de leurs retranchements, et courir, l'arme blanche à la main, sur la colonne de gauche; mais ils n'y rentrèrent plus : arrêtés de front par le feu vif et soutenu de cette colonne, une grande partie tombe sur la place ; le reste, pris en flanc par la colonne de droite, et bientôt attaqué de toute part, périt sous la baïonnette : les fossés, comblés de morts et de blessés, n’empêchent plus de franchir les retranchements; drapeaux, pièces d'artillerie, queues de pâchâs, effets de campement, tout reste en notre pouvoir; une partie de leur infanterie se jette dans les maisons à dessein de s'y défendre ; on ne leur laisse pas le temps de s'y établir, ils y sont tous égorgés, livrés aux flammes ; d’autres, essayant de sortir du village de Matariéh, tombent sous le feu de la division Friant ; le reste est tué ou dispersé par une charge de cavalerie. … L'armée avait éprouvé de grandes fatigues dans cette journée ; elle prit quelque repos …
" (RAPPORT fait au Gouvernement français par le général Kléber sur les événements qui se sont passés en Egypte depuis la conclusion d'êl-A'rych jusqu’à la fin de prairial an 8 (note : 19 juin 1800) - Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient.)

- Marches sur le Caire, 23 au 24 mars 1800

Le 24 mars, Kléber, informé de la révolte du Caire, marche sur cette ville avec la 88e, les 3e et 4e Dragons.

"… je partis de Salêhié le 3 au soir, et je me rendis au Caire avec la 88e demi-brigade, deux compagnies de grenadiers de la 61e, le 7e régiment de hussards, et les 3e et 14e de Dragons … C'est alors que j'appris ce qui s'était passé dans la capitale ..." (RAPPORT fait au Gouvernement français par le général Kléber sur les événements qui se sont passés en Egypte depuis la conclusion d'êl-A'rych jusqu’à la fin de prairial an 8 (note : 19 juin 1800) - Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient.)

Kléber arrive au Caire, le 27 mars. Le Fusilier Buffet court le premier sur les pièces de l’ennemi et aide à en diriger une sur le fort de Belbeis.

Les 3 et 4 avril, la 88e participe à l’assaut des maisons qui cernent la place d’Ezbeikiech ; le 3, le Capitaine Calihol est blessé d’un coup de feu à la tête ; le 4, le Capitaine Voinnet reçoit un coup de feu au ventre.

"… Dans la même nuit du 21 au 22, un détachement du régiment des dromadaires, soutenu d'une compagnie de grenadiers de la 25e, et d'un détachement de la 88e, attaqua la maison de la direction du génie, située à la droite de la place de l'Ezbékyéh ; il y pénétra par une brèche que le canon y avait faite, et chassa l'ennemi et s'en empara avec la plus grande impétuosité : toute la nuit fut employée aux travaux nécessaires à la sûreté de ce poste, qui se firent avec un courage et une activité extrêmes ..." (RAPPORT fait au Gouvernement français par le général Kléber sur les événements qui se sont passés en Egypte depuis la conclusion d'êl-A'rych jusqu’à la fin de prairial an 8 (note : 19 juin 1800) - Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient)

Le 15 avril, la 88e coopère à l’assaut du faubourg de Boulâq qui est suivi de la conquête du Caire. Le Chef de Demi-brigade Conroux y est blessé et meurt des suites de sa blessure. Le Chef de Bataillon Longchamp reçoit un coup de feu à la jambe gauche ; le Capitaine Metzinger est blessé à la cuisse droite.

Le même jour, le Caporal Gilbains, étant de garde au poste du quartier des Chrétiens au grand Caire, soutient pendant longtemps l’attaque de 30 Turcs et, bien qu’il ait perdu 3 des siens, il conserve sa position jusqu’à l’arrivée des renforts.

"… Une fois maître de Boulac, et voulant presser continuellement l'ennemi, le général en chef fit préparer pour le lendemain l'attaque générale du Caire ; elle ne put cependant avoir lieu que le vingt-huit ...
… la division du général Friant formait la droite et le centre ; le général Donzelot dirigeait l'attaque de droite où Se tenait le général Friant ; elle était composée de détachements des 61e, 75e, et 88e demi-brigades ...
" (RAPPORT fait au Gouvernement français par le général Kléber sur les événements qui se sont passés en Egypte depuis la conclusion d'êl-A'rych jusqu’à la fin de prairial an 8 (note : 19 juin 1800) - Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient)

Le 5 mai, le Grenadier Pagnier se distingue ; le Sergent Joubert monte le premier à l’assaut, il est promu Lieutenant 3 jours après.

Le 10 mars, le Caporal Chalard, étant de garde avec 12 Grenadiers, est attaqué par une centaine de Turcs ; il défend son poste corps à corps, avec la plus grande intrépidité et tue 10 ennemis.

L'Ordre du jour du 23 Germinal an 8 (13 avril 1800) déclare : "Le général en chef a été fort content de la conduite du détachement des dromadaires qui a été employé dans la nuit du 21 au 22, à s'emparer de la maison ci-devant occupée par la direction du génie, près celle du général Régnier, ainsi que du détachement de la 88e, et des grenadiers de la 25e, qui ont travaillé ensemble avec la plus grande activité et le plus grand courage à faire, pendant la nuit et dans la matinée du 22, tous les travaux nécessaires pour la sûreté de ce poste : l'on s'y est établi si solidement et si rapidement que l'ennemi a eu vingt-hommes tués, et au moins autant mis hors de combat, tandis que nous n'avons eu que deux soldats légèrement blessés. Les officiers du génie et le détachement de sapeurs employés à cette attaque ont aussi mis le plus grand zèle à fortifier ce poste : le général en chef leur en témoigne à tous sa satisfaction.
Le général de division, chef de l'état-major général.
Signé DAMAS
" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient).

Campagne de 1801

- Bataille de Canope, 21 mars 1801

La 88e assiste à la bataille de Canope ; elle est placée à l’aile gauche et fait partie de la Division Lanusse et de la Brigade Valentin. sont blessés à cette bataille le Chef de Bataillon Piat (coup de feu au genou droit), le Chef de Bataillon Longchamp (coup de feu au genou droit), le Chef de Bataillon Delenne (coup de feu à la tête), les Capitaines Mouff (coup de feu sous la poitrine), Parant (coup de feu au côté gauche et au bras gauche), Gelly (jambe gauche), Bachelier (pied gauche), Baron (bras gauche), Bertholet (bras droit), Voinnet (main gauche), Guillet (côté gauche). Les Lieutenants Kippert (coup de feu), Morel (côté). Les Sous-lieutenants Geronne (bras droit), Roux (jambe gauche), Brassat (flanc gauche). Les Sous-officiers Remy (tête), Hurel (bras) ; Sergent Jouardet (3 coups de feu à la cuisse et au côté gauche). Sont cités : le Lieutenant Kippert qui est fait Capitaine pour action d’éclat, sur le champ de bataille; le Sous-lieutenant Geronne qui est fait Lieutenant le même jour; le Sergent Jouardet qui reçoit 3 coups de feu et qui, malgré la gravité de ses blessures, reste à son poste jusqu’à la fin de l’affaire et ne cesse d’encourager ses camarades par son exemple et ses propos déterminés; le Caporal Constant, les Fusiliers Tarbes et Buffet se font remarquer par leur sang-froid et leur intrépidité.

Le 16 août, la Demi-brigade se distingue, le Sous-lieutenant Joubert, à la tête des Grenadiers, se signale ; il est mis à l’ordre du jour du 20.

Un détachement de la 88e est placé dans le fort Marabout, près d’Alexandrie ; il s’y fait remarquer et est cité à l’ordre du jour du 22 août. Le Capitaine Metzinger et le Lieutenant Gille s’illustrent particulièrement et reçoivent des sabres d’honneur du Général en chef. Le Sous-lieutenant Garran est nommé Lieutenant pour sa bravoure. Sont encore cités les Caporaux Ilers et Manifleurs, les Grenadiers Mathe et Morelle.

/ Campagne d’Italie, 1799-1800

- Le Dépôt

Pendant que la Demi-brigade est en Egypte, son Bataillon complémentaire ou de Dépôt fait partie de l’Armée d’Italie, sous les ordres supérieurs du Général Delmas, Division Chabran.

Le 31 août 1799 (14 Fructidor an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Davin : "... Le 3e bataillon de la 3e légère restant à Largentière et aux Barricades fera partie des troupes sous vos ordres en attendant que le bataillon de la 88e que j’attends soit arrivé ; comme toutes ces troupes méritent d’être surveillées, je vous invite, citoyen général, de vous établir à Meyronnes et à Larche et de correspondre souvent avec moi ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 125 page 272).

Le 13 septembre 1799 (27 Fructidor an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Duhesme : "… vous me dites, mon cher général, que la 88e n’est que de 400 hommes, sans doute le chef de bataillon n’a pas compris dans son état de situation les compagnies que ce bataillon a encore dans la vallée de Queyras …" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 142 page 306).

"Extraits des lettres des divers généraux employés dans l’aile gauche, au Général Grenier
Oulx, 7 Vendémiaire
Il annonce la rentrée à Suze du Général Lesuire, et prévient que si l’ennemi n’est pas en force à un camp qu’il a à Bussolin, il le repoussera plus loin, faisant porter pour cet effet sur ce point toutes les forces qu’il a dans la vallée d’Aoste et sur le Mont Cenis, que le 9 le Général Lesuire marchera sur Pignerolle avec la 47e, le bataillon de la 88e et la grosse cavalerie du 14e et le 10e sur Saluces, le Général Muller de son côté devant envoyer des troupes à sa rencontre.
Si le Général Lesuire n’est pas heureux, continue-t ’il, il aura toujours la facilité de se retirer par les vallées de Lucerne ou d’Yvrée. Le but de renforcer la droite sera toujours rempli ; et la pointe que nous faisons par ce moyen en avant de Suze et à Pignerol ne seront point inutiles à vos projets de droite que nous renforçons, bien plus promptement
" (Papiers du général Paul Grenier. III Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 190 pages 392 et suivantes).

Le 1er octobre 1799 (9 Vendémiaire an 8), Le Général de Division Grenier écrit, depuis Guillestre, au Général Duhesme : "... Votre division après ce mouvement se trouvera composé : d’un bataillon de la 28e légère, deux bataillons de la 26e de bataille, deux bataillons de la 74e, deux bataillons de la 88e, deux bataillons de la 92e, deux bataillons de la 99e, trois bataillons de la 104e, un bataillon de la 105e, un de la 106e, un de la 107e, et deux escadrons de hussards non compris quelques détachements isolés qui sont à Fenestrelle et les dépôts qui tiennent garnison Mont-Lion ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 161 page 343).

Le 11 octobre 1799 (19 Vendémiaire an 8), le Général de Division Grenier écrit au Général Duhesme : "La 28e légère doit vous avoir rejoint entièrement, ou ne doit pas tarder. Veuillez mon cher général nous envoyer sans retard le bataillon de la 17e et le diriger sur Demont comme il doit en avoir reçu l’ordre. Veuillez aussi tenir prêts à marcher lorsque vous n’aurez plus rien à craindre dans la partie que vous s’occupez le bataillon de la 92e et celui de la 99e qui doivent d’après les intentions du général en chef rentrer à leurs demi brigades. Si l’un ou l’autre de ces bataillons tient garnison à Fenestrelle, il sera bon de le faire relever par un des corps dont le fond ne fait pas partie de l’armée, tel que le bataillon de la 88e en le portant à la force nécessaire" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 172 page 365).

Le 17 octobre 1799 (25 vendémiaire an 8), le Général de Division Duhesme, de l'Armée des Alpes, écrit, depuis son Quartier-général de Chaumont au Général Grenier : "Je reçois, mon cher général, l’ordre de vous faire passer trois bataillons et je l’exécute en me retirant de Suze et prenant les positions d’Exilles et du Montcenis. Il y aura dans chacune de ces positions deux bataillons forts de 600 chacun mais j’espère qu’on pourra défendre. Je donne d’ailleurs l’ordre au général Valette de nous envoyer encore un bataillon de la 104e car il m’en a déjà envoyé un sur Termignon vallée de la Maurienne, mais ce n’a pas été sans difficulté qu’il est parvenu à faire partir ce bataillon qui s’est insurgé en demandant des souliers et de l’argent.
Je ne puis vous peindre le dénuement de chaussures et d’habillement, quoique cependant les capotes y aient un peu remédié, mais la moitié des soldats marchent pieds nus ; demain donc les deux bataillons de la 92e et de la 28e légère partiront pour aller coucher entre Oulx et Césane et continuer leur marche à grandes journées ; 14 compagnies de la 28e suivront de près ; quant à la 99e il faut donner le temps et relever la garnison de Fenestrelle par la 88e que je vais y envoyer. Mais je serai obligé d’en garder une partie qui est la garnison actuelle de Briançon, n’ayant rien absolument rien pour la relever.
Je vous enverrai au premier jour l’état de situation de la caisse de ma division provenant des contributions. Vous savez que j’ai fait avancer la solde de plusieurs corps, mais je crains bien qu’on ne me cherche encore noise malgré toute mon attention. On m’a envoyé un commissaire payeur. Le payeur général l’a révoqué sous prétexte que ce n’était que mon homme de confiance, et qu’il ne veut pas mêler sa comptabilité avec la nôtre, voici cette lettre elle est curieuse.
Cependant mon cher général il est instant de dépêcher dans cette partie un payeur et de l’argent ; tout le monde souffre et est dans le besoin, et pour nous refuser on annonce que nos appointements de l’an sept seront mis à l’arriéré. Je vous avoue que pour mon compte, je ne suis pas disposé à souffrir cette injustice d’autant plus criante que je n’ai pas été à l’affût des envois d’argent et que de tous les généraux et Etat-major nous sommes les plus arriérés, l’étant pour ma part de 5 mois et de tous mes frais de postes. Je ne suis pas en état de supporter cette perte.
Le général Raoul est de trop parce qu’il est ridicule de voir deux généraux pour deux bataillons qui resteront dans la Tarentaise. D’ailleurs il y a de nouvelles plaintes quoique non précisées, je voulais envoie, elles sont sans fondements. La crosse de l’évêque été mise chez le payeur, qui en fera de l’argent que l’on emploiera aux réparations urgentes du Mont Bernard. Il ne faut cependant pas perdre cet officier général ... Veuillez l’appeler et l’employer autrement.
Je suis retenu à la chambre par un dépôt à la caisse.
Salut et amitié
" (Papiers du général Paul Grenier. II Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 98 page 207).

Le 18 octobre 1799 (26 vendémiaire an 8), le Général de Division Duhesme, de l'Armée d’Italie, écrit, depuis son Quartier général à Oulx au Général de Division Grenier, commandant en chef l’aile gauche : "Notre retraite s’est effectuée avec ordre et secrets pendant cette nuit sur Exilles et le Montcenis et je vous envoie les bataillons de la 92e et la 28e légère. Ils coucheront demain à Guillestre. Veuillez leur envoyer au-devant une feuille de route et l’ordre de faire préparer des vivres. Les 14 compagnies de la 28e qui étaient au Montcenis et qui non pu être relevées qu’aujourd’hui suivront de près et je ferais passer 5 à 600 hommes de la 99e aussitôt que la 88e les aura relevés à Fenestrelle.
Dans quelques jours, je compte avoir les 14 compagnies de la 28e légère plus un bataillon encore de la 104e. De manière que j’aurai sur cette vallée et celle de la Maurienne près de 7 bataillons, je me porterai en avant et attaquerais le camp de Bussolin si vous le jugez concevable, veuillez me le mander. Si je vais rester sur la stricte défensive aux positions actuelles je pourrai vous envoyer encore des renforts. Je ne puis au reste fixer le moment de l’arrivée de ces bataillons, surtout des 14 compagnies légères. Peut-être la destination sera-t-elle changée. Je n’ai aucune nouvelle des bataillons auxiliaires que votre chef d’état-major annonce être à Saint-Jean-de-Maurienne et à Moûtiers.
Veuillez me mettre aussi un peu au courant des opérations de l’armée afin que dans des circonstances imprévues je puisse prendre le meilleur parti.
L’adjudant général Planta mande qu’une petite expédition qu’il a fait faire dans la vallée de Lucerne par quatre compagnies qui en sont rentrées le 19 courant lui a valu 6 bœufs, dix quintaux de grains pris à un comte adjudant ; et que les Autrichiens ayant voulu les poursuivre ont eu beaucoup de blessés, sa perte à lui n’est que de Vaudois. Marauda est arrêté, il demande les motifs d’accusation. Veuillez les envoyer il paraît que Planta et Le Suire en ont été contents et n’ont rien à lui reprocher.
Veuillez me répondre au sujet de l’approvisionnement de Fenestrelle ; dois-je le faire augmenter par qui et comment ?
Pressez, je vous prie, l’envoi d’un payeur avec de l’argent pour les troupes, les officiers sont dans la plus affreuse misère, et aucune division n’est aussi arriérée. Je vous avoue que la préférence qu’a eu la droite me fait de la peine, me discrédite. Il me semble que l’on devrait mettre plus d’égalité dans la répartition des fonds car on nous avait annoncé une décade, et tous les fonds ont été consommés à Embrun même ; tel est le sujet des murmures et je vous le dis en camarade.
J’attends le receveur pour vous envoyer l’état de la caisse et des avances faites ; vous voudrez bien en prendre un parti pour que les avances soit restituées, et que cette caisse mise à votre disposition ne tourne pas au profit des payeurs …
On a l’air d’y travailler, vous y verrez l’état des dépenses extraordinaires … et je ne doute pas que vous ne les approuviez. Mon aide de camp est porteur de la présente, et je lui ai dit de pousser jusqu’auprès du général Championnet pour mes frais de postes arriérés.
Adieu, mon cher général, j’attends de vos nouvelles et vous embrasse
" (Papiers du général Paul Grenier. II Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 106-107 pages 225-227).

Le même 18 octobre 1799 (26 Vendémiaire an 8), le Général de Division Grenier écrit, depuis le Quartier général de Borgo San Dalmazzo, au Général de Division Duhesme : "Le général en chef désire, mon cher général, que vous réunissiez sur le champ toutes vos troupes disponibles entre Suze et Peyrouse à l’effet de former deux colonnes que vous mettrez de suite en marche, l’une sur Bussolin, et l’autre composée de la majeure partie de vos forces sur Pignerolle ...
Le bataillon de la 88e formant par suite de ces dispositions la garnison de Fenestrelle qu’il ne faut pas dégarnir, si dans la marche de ces colonnes, nous n’éprouvez pas trop de résistance, vous tâcherez de vous emparer de Bussolin et de Pignerolle ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 176 page 375.).

Le 25 octobre 1799, le Général Duhesme adresse, depuis Oulx, au Général Grenier, pour la 2e Division de l'aile gauche de l'Armée d’Italie, un Etat certifié et signé à Oulx le 3 Brumaire an 8 (25 octobre 1799) : "Etat des recettes et dépenses faites, d’après les ordres du Général de Division Duhesme, par le préposé à la recette des contributions de cette Division ...
10 vendémiaire an 8 88e demi-brigade d’infanterie de bataille pour avance à titre de prêt 600 livres ...
26 vendémiaire an 8 88e demi-brigade d’infanterie de bataille pour avance à titre de prêt 1000 livres ...
" (Papiers du général Paul Grenier. II Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 144 pages 301-302).

Le 26 octobre 1799 (4 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit, depuis Coni, au Commissaire des Guerres Ploumiers (?) : "Je viens de recevoir, citoyen commissaire, votre lettre de ce jour ; vous m’annoncez n’avoir plus rien à votre disposition à Vignolo, et vous demandez qu’il soit mis journellement à votre disposition la quantité de rations nécessaires à la subsistance de la division. Je pense que vous devez jusqu’à présent avoir reçu les 6000 rations qui nous était destinées et qu’elles ont suffi à pourvoir la demi-ration pour chaque homme.
L’état de situation que vous demandez doit vous être fourni par l’adjudant général Flavigny chef de l’état-major de la division que je commande ; veuillez-vous adresser à lui pour cet objet. Il est chargé encore de vous prévenir que la division sera établie demain à la pointe du jour dans les positions ci-après, afin que vous puissiez y faire arriver les subsistances ...
Brigade du général Davin, à Dronero, un bataillon de la 17e, un bataillon de la 88e ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 180 page 381).

Le 9 décembre 1799 (18 Frimaire an 8), le Général de Division Grenier écrit, depuis Embrun, au Général de Brigade Valette : "J’ai reçu, général, vos lettres du 15 et 16 de ce mois, les lettres du général Raoul jointes à la première et celle du chef de bataillon de la 88e avec la seconde ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 238 page 507).

Le 12 décembre 1799 (21 Frimaire an 8), le Général de Division Grenier écrit au Général de Brigade Valette : "… J’ai lieu de croire que les nouvelles qui se répandent à Briançon relativement à Coni, ne sont pas dénuées de fondements ; quelques autres circonstances que je rapproche me le font craindre ; je vous engage donc, citoyen général, à prendre les plus grandes précautions et à augmenter la garnison de Fenestrelle ; je ne regardais l’occupation de la vallée de l’Oulx utile que parce que cela nous facilitait, et couvrait votre communication avec Fenestrelle, je pense donc que vous en devez en retirer les troupes et les resserrer dans les environs du Mont Genève entre Ferrils, et Cézanne afin de maintenir notre communication avec Fenestrelle le plus longtemps que vous pourrez ; la retraite de ces troupes serait en dernier lieu sur le Mont Genève où vous devez établir quelques pièces d’artillerie. Vous n’avez pas de temps à perdre pour augmenter la garnison de Fenestrelle, vous devez porter cette garnison de 11 à 1200 hommes et y envoyer des bonnes troupes ; le bataillon de la 106e ou celui de la 26e peuvent fournir ce renfort, qu’il faut y faire marcher dès cette nuit ; ces troupes seront remplacées sous peu de jours par une demi-brigade que j’attends, je vous engage même d’y envoyer le bataillon de la 106e tout entier, de porter la garnison de Fenestrelle au nombre voulu ci-dessus et de retirer ensuite le restant de la 88e. Vous ferez sortir de cette place tous les officiers piémontais et les ferez remplacer par des français ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 239 page 510).

La situation de l'aile gauche de l'Armée d'Italie, commandée par le Général Turreau, extraite du "Tableau de la nouvelle organisation de l'armée d'Italie aux ordres du général en chef Masséna", en date du 20 Ventôse (11 mars 1800), indique que la88 de Ligne a 548 hommes au sein de la 8e Division (4,332 hommes) dont le Quartier général est à Embrun (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 121 - D'après les situations des 1er et 15 février).

- Formation du Bataillon supplémentaire de la 88e Demi-brigade

Un Arrêté du 19 décembre 1799 prescrit de former dans chacun des Dépôts de l'Armée d'Egypte un Bataillon supplémentaire de 12 Compagnies (4 pour chacun des 3 Bataillons actifs) qui, en fin janvier, doit être porté à 1.000 hommes, au moyen de conscrits appelés à Lyon.

Cet arrêté s’exprime ainsi sur la valeur des troupes qui, comme la 88e, ont fait les campagnes d’Italie et d’Egypte :
"Considérant que les demi-brigades qui composent l’armée d’Orient, ont constamment fait preuve, tant dans les campagnes d’Italie que dans celle d’Egypte, de bravoure dans les combats qui les rendit toujours victorieuses et d’une constance dans les fatigues et les privations de tout genre qui seront, dans la postérité, un exemple à citer aux troupes de toutes les nations, arrêté, etc. …".

Le Bataillon supplémentaire contribue à former la 2e Demi-brigade provisoire légère dite d’Orient à 3 Bataillons.

Le 11 février 1800 (22 pluviôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Faites-moi connaître où sont ... les deux bataillons des 30e, 80e, 88e et 107e de ligne ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1156 ; Correspondance générale, t.3, lettre 4963 ; le 14 février 1800 (25 pluviôse an 8), la même demande est adressée au Général Berthier - Correspondance générale, t.3, lettre 4982).

Le 14 février 1800 (25 pluviôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Vous donnerez au général de division Chabran l'ordre de se rendre sur-le-champ à Chalon-sur-Saône,pour prendre le commandement des quatorze bataillons de dépôt de l'armée d'Orient. Le général Chabran les passera en revue et veillera à leur équipement, armement, habillement et recrutement. Ces bataillons resteront cantonnés à Mâcon, Châlon, Seurre et Saint-Jean-de-Losne. Ils seront exercés deux fois par jour à la manoeuvre. La division commandée par le général Chabran portera le nom de 1re division de l'armée de réserve. Il sera attaché à cette division trois pièces de 8 et un obusier de 6 pouces, servis par l'artillerie légère, deux pièces de 12, quatre de 8 et deux obusiers, servis par l'artillerie à pied. Le général Chabran aura sous ses ordres deux généraux de brigade et un adjudant général. Son quartier général sera à Chalon-sur-Saône. Il ne recevra directement des ordres que du ministre de la guerre. … Les bataillons de la 61e, de la 69e et de la 88e, seront commandés par un chef de brigade sortant d'un de ces corps" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4594; Correspondance générale, t.3, lettre 4983 ; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 50).

Le 8 mars 1800 (17 Ventôse an 8), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Férino, Commandant de la 7e Division Militaire : "Faites partir, citoyen général, le bataillon bis de la 88e demi-brigade de bataille, qui se trouve stationné à Briançon, et donnez les ordres nécessaires pour que ce corps soit dirigé, sans séjour, sur Chalon-sur-Saône" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5070).

Le "Tableau des progrès de l'organisation des dépôts d'infanterie de l'armée d'Orient en bataillons, conformément à l'arrêté des Consuls de la République du 28 frimaire an 8 (19 décembre 1799), depuis le 3 pluviôse (23 janvier 1800) jusqu'au 1er germinal suivant (22 mars 1800)" indique pour la 88e de Ligne : 1000 hommes à l'effectif, dont 666 présents ; "Réorganisé ; la force de ce bataillon a suffi pour le porter au complet; ce bataillon est en route" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 602 - Note : Ce tableau a été envoyé au Ministre, de Mâcon, le 24 mars 1800, par l'Inspecteur aux Revues Gaultier).

La situation du 24 mars 1800 donne :
Armée de réserve.
BATAILLONS (bis) DE L'ARMÉE D'ORIENT EMBRIGADÉS.
Infanterie de bataille
61e, 69e et 88e, 2,268 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 612).

Une situation en date du 10 avril donne au Bataillon supplémentaire (de l'Armée d'Orient) de la 88e de Ligne un effectif de 704 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 615 - Note : Cette situation, existant seulement à l'état de minute, ne peut inspirer une confiance absolue).

Le 23 Germinal an 8 (13 avril 1800), le Ministre de la Guerre écrit, depuis Paris, au Général Berthier, commandant en chef l'Armée de Réserve : "Suivant une dépêche que je reçois à l'instant, il parait que l'ennemi est parvenu à s'emparer du Mont-Cenis, et même qu'il est descendu en force à Lanslebourg et menace Chambéry. Au premier avis de cette incursion, le général commandant à Lyon a envoyé 400 hommes de troupes de renfort à celles qui s'étaient repliées sur Chambéry.
Le général Vignolle a, de son côté, dirigé sur-le-champ vers le même point la 6e demi-brigade légère, forte d'environ 2,000 hommes; elle arrivera à Chambéry le 1er floréal.
J'ai donné ordre au général Chabran de se tenir prêt à se porter de sa personne à Chambéry, par Genève, avec 1500 hommes, pris parmi les hommes disponibles de la demi-brigade composée des 61e, 69e et 88e; et si cela ne suffit pas pour compléter ce nombre, je l'ai autorisé à prendre un des bataillons d'infanterie légère faisant également partie de sa division.
Je l'ai chargé, en outre, de former un détachement de 100 hommes de cavalerie, pris parmi les escadrons de l'armée d'Orient, et, dans le cas où il ne serait pas possible d'extraire ce nombre d'hommes complètement armés et équipés, il doit prendre ce détachement dans le 7e régiment de chasseurs, qui est à Bourg.
Cependant, je lui ai recommandé de ne se mettre en mouvement que dans le cas où ce nouveau renfort deviendrait indispensable, et de se concerter à cet égard avec le général Turreau, commandant l'aile gauche de l'armée d'Italie.
L'intention du Premier Consul est que vous dirigiez les opérations dans la partie des Alpes qui avoisine le département du Mont-Blanc.
Je préviens en même temps le général Masséna de ces dispositions.
Salut et fraternité.
CARNOT
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 138).

Le 14 avril 1800, le Ministre donne l'ordre au Général Chabran de se "mettre en marche au reçu de la présente, avec le détachement de 1500 hommes d'infanterie et 100 hommes de troupes à cheval ... pour vous diriger avec rapidité sur Genève et, de là, sur les différents points du département du Mont-Blanc où votre présence sera nécessaire ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 138).

Pour atteindre l'effectif de 1500 hommes, Chabran doit prendre 4 Bataillons, ceux des 9e, 69e, 75e et 88e, et "vu la mauvaise organisation du service des étapes", il est "obligé de faire filer successivement les bataillons" (Chabran au Ministre, 17 avril - De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 138). Dans la même lettre, le Général rend compte "que le bataillon de la 88e a un arriéré de 15 décades dans la solde, tant pour les officiers que pour les soldats".

D'après un "État de la force et de l'emplacement des corps arrivés dans leurs cantonnements au 26 germinal an 8 (16 avril 1800)" signé par le Général Vignolle, Général chef provisoire de l'Etat-major général, "l'embrigadement formé des dépôts de l'armée d'Orient" comprend un Batailllon de la 88e Demi-brigade qui est à Mâcon, et a 666 hommes présents sous les armes; son effectif total est de 1000 hommes ; dans les observations, il est noté que "Il a été détaché une force de 1500 hommes de ces bataillons pour marcher sur le département du Mont-Blanc d'après l'ordre du Ministre" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 619).

Selon la "Force des corps de l'armée de réserve d'après la situation établie à Paris; le 1er floréal an 8 (21 avril 1800)", la 88e de Ligne a un effectif de 666 hommes présents sous les armes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 621 - Archives nationales AF. IV; reg. 1132).

La tête de colonne doit arriver à Genève le 22 avril et le dernier Bataillon le 25. Laissant 11 Bataillons dans la Saône, Chabran arrive de sa personne à Genève dans la soirée du 22 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 138).

La situation de l'Armée de Réserve (1ère partie) datée du 5 Floréal an 8 (25 avril 1800) indique :
Armée de Réserve : Berthier, Général en chef.
Bataillons formés des Dépôts d'infanterie de l'Armée d'Orient.
88e de Bataille, à Chalon, 559 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 622 - Note : Une autre situation a été établie la veille, 24 avril, sous une autre forme présentant les effectifs par armes et subdivisions d'armes au lieu de les donner par division. – Elle ne diffère de celle-ci que par quelques détails (Archives nationales AF. IV, registre, 1159.)). A noter qu'une situation établie le même jour à Paris, donc un peu moins fiable, donne la 88e à Mâcon pour un effectif de 666 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 627)

Le 8 Floréal an 8 (28 avril 1800), le Général de Division Chabran écrit, depuis Genève, au Ministre de la Guerre : "Citoyen Ministre,
Mon premier soin ayant été de vous instruire de mon arrivée ici et de la tranquillité qui régnait dans le département du Mont-Blanc, je m'attends à recevoir des ordres qui donnent à ma division et à moi une destination définitive. Je n'ai cessé, d'après vos instructions, de correspondre avec le général en chef de l'armée de réserve, quoique l'ordre du jour du 30 germinal sur la formation de cette armée ne fasse mention, ni des corps qui sont sous mes ordres, ni du commandement que le Premier Consul m'avait conféré.
Malgré toutes les précautions que j'ai pu prendre, malgré le zèle infatigable des officiers, la désertion en route s'est portée à environ 300 hommes Elle peut être, en partie, attribuée au défaut absolu de solde et de souliers. Par toutes mes lettres, j'ai exposé la pénurie de la division sur ces deux objets. Je vous la rappellerai, citoyen Ministre, jusqu'à ce qu'on y aura porté remède ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 140).

Le 9 Floréal an 8 (29 avril 1800), le Général de Division Chabran écrit, depuis Genève, au Ministre de la Guerre : "J'ai l'honneur de vous prévenir que, conformément aux intentions du général en chef Berthier, je dirigerai sur Annecy la colonne de 1500 hommes et les 100 hommes de cavalerie. J'en ai donné le commandement provisoire au citoyen Miquel, chef de brigade de la 88e. Tout étant tranquille dans le Mont-Blanc, je n'ai pas cru devoir suivre ce détachement et je me suis décidé à attendre ici, de vous ou du général Berthier, des ordres ultérieurs qui me rappellent au quartier général de la division que je commande ou qui me fixent toute autre destination.
Voulant m'assurer si l'artillerie, qui, d'après vos instructions, devait être attachée à la colonne, serait disponible à Grenoble, j'en ai écrit au directeur et ai même envoyé un officier sur les lieux. Je joins ici copie de la réponse qu'il m'a faite
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 225).

Le 12 Floréal an 8 (2 mai 1800), le Général de Division Chabran écrit, depuis Genève, au Général Dupont, Chef de l'Etat-major général : "Le général en chef, dans une lettre écrite au général Watrin, s'exprimant ainsi: « Si le général Chabran est encore à Genève, il pourrait se porter à Annecy », j'ai cru devoir donner l'ordre à la colonne que j'ai conduite de se rendre à cette destination, et je me suis, par conséquent, conformé aux dispositions de votre lettre du 9, qu'un courrier m'apporte, avant d'en connaître le contenu.
Vous savez sans doute, Général, que c'est avec 1500 hommes seulement que je suis parti de Châlons. Ils se trouvent réduits aujourd'hui, par la désertion, à environ 1200. J'en ai conféré le commandement provisoire au citoyen Miquel, chef de brigade de la 88e, et j'en ai instruit le général en chef.
Si l'ennemi n'avait pas été chassé du Mont-Cenis, si la tranquillité la plus parfaite n'était pas rétablie dans le Mont-Blanc, je me serais porté, avec ce détachement, partout où ma présence aurait été nécessaire; telles étaient les instructions du Ministre de la guerre et les ordres du général Berthier. Mais toute espèce de danger ayant disparu et mon but étant, comme celui que vous m'exprimez, de ne pas disséminer le peu de forces que j'avais, je me félicite d'avoir prévu vos intentions et de n'avoir pas obtempéré aux invitations du général Turreau et du général de brigade Valette, qui ne tendaient à rien moins qu'à faire porter en avant une partie de l'armée de réserve.
Désirant connaître ma destination ultérieure, j'attendrai ici les ordres ou l'arrivée du général en chef.
Salut et fraternité.
CHABRAN.
P. S. – Vous n'ignorez pas, citoyen Général, que l'ordre du jour du 30 germinal, sur la formation de l'armée de réserve, ne fait mention ni de moi ni des corps formant la division dont le commandement m'avait été conféré par le Premier Consul et transmis par le général Berthier, alors Ministre de la guerre
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 247).

Siège du fort de Bard

Selon un état de la "Force de l'Armée de réserve en Italie au 1er prairial an 8 (21 mai 1800", le Bataillon complémentaire (de l'Armée d'Orient) de la 88e de Ligne compte 400 hommes pour un effectif total de 500 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 679).

La Demi-brigade passe le Saint-Bernard avec la division CHABRAN. Cette division est chargée du siège régulier du fort de Bard, ce qui l’empêche d’assister à la bataille de Marengo.

Le 11 Prairial an 8 (31 mai 1800), le Général de Division Chabran écrit, depuis Verrès, au Premier Consul de la République française : "L'attaque du fort de Bard, retardée par le défaut de munitions et le départ des canonniers nécessaires pour servir les différentes pièces, est fixée à demain, d'après l'arrivée d'un caisson de 12 qui vient fort à propos. Tout est ordonné. Je joins ici les diverses instructions que j'ai cru devoir donner. Je compte sur l'intelligence et le zèle de ceux que j'ai chargé de diriger les différentes attaques que je surveillerai de très près. Je compte aussi sur la bravoure des troupes. Tous les efforts seront réunis pour la réussite.
Je vous rendrai, sur-le-champ, compte du résultat.
Je crois devoir, citoyen Consul, vous mettre sous les yeux l'état de situation et de l'emplacement des corps qui composent la division que je commande et je réclame votre attention.
Le général Carra-Saint-Cyr me demande une demi-brigade forte de 1500 hommes. Je me trouve dans l'impossibilité de pouvoir la lui envoyer.
Salut et respect.
CHABRAN
Je suis sûr d'avance, citoyen Consul, que si vous jetez un coup d'oeil sur le triste état ci-joint, vous serez peiné d'y voir 3,000 conscrits pour 4 officiers généraux.
Armée de réserve. – Division du général Chabran.

  DENOMINATION des CORPS OFFICIERS SOUS-OFFICIERS, SOLDATS présents sous les armes. EMPLACEMENTS
présents absents Infanterie Cavalerie Artillerie.
3e demi-brigade provisoire Bataillon complémentaire de la 88e de ligne 34   375     à Donnas, en avant de Bard.
de la 75e de ligne 29   283     Sur les hauteurs de gauche de Bard, batterie d'Albard.
de la 69e de ligne 35   329     A Ivrée.

Certifié très véritable.
Le général CHABRAN
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 533).

Le même 11 Prairial an 8 (31 mai 1800), le Général Chabran expédie, depuis Verrès, ses instructions pour l'attaque du fort de Bard (12 Prairial) : "… AU GÉNÉRAL BRENNIER.
Je vous charge, citoyen Général, de commander l'attaque que j'ai résolu de faire sur le fort de Bard, du côté de Donnas. Le commandant du génie se rendra près de vous pour la diriger; vous aurez sous vos ordres le bataillon de la 88e et les grenadiers de la 69e.
L'attaque se fera sur deux colonnes, l'une de 150 hommes et l'autre de 50
La première tournera la montagne par la gauche, de manière à être rassemblée à 8 h. 1/2 du soir dans la gorge où descend l'escalier qui conduit du fort à la rivière et, à 9 heures, elle gravira le rocher par tous les endroits accessibles, observant toujours le plus grand silence jusqu'à ce qu'elle soit découverte. Il paraîtrait convenable de la séparer en deux corps. L'un de 80 hommes, qui se porterait droit au premier retranchement au-dessous du château, où ils trouveront 30 hommes et un capitaine, qu'il faut prendre ou suivre l'épée dans les reins. Le deuxième corps, de 70 hommes, prendra un peu à gauche pour monter au château et gagner une petite porte qui est tournée du côté de Hone pour tenter de l'enfoncer ou de pénétrer par d'autres voies.
La seconde colonne de Donnas s'avancera par la route pour seconder les autres attaques en s'introduisant soit par la ville, soit par les rochers qui bordent la route, dans les retranchements ennemis. Il faudra aussi une réserve pour les cas imprévus.
Si l'on se loge dans quelques ouvrages, il faudra y tenir ferme. Il ne faudra pas tirer un seul coup de fusil pendant l'attaque: la baïonnette seule doit agir.
L'attaque devant se faire la nuit, le plus grand ordre et le plus grand silence sont indispensables dans tous les mouvements. Vous donnerez vos ordres pour qu'à 6 heures du soir, il ne se tire plus un coup de fusil.
Pour que toutes les attaques aient lieu en même temps, j'ai arrêté que l'artillerie commencerait son feu à 8 heures, le 12 au matin; qu'elle ne cesserait que pour l'envoi d'un parlementaire, à 6 heures du soir; que ce feu recommencerait ensuite par les ordres du général Seriziat (établi dans la ville), vers les 8 heures; qu'il serait de nouveau interrompu pendant dix minutes, et qu'il ne recommencerait que pour tirer à poudre 5 coups, pendant lesquels les troupes de toutes les attaques doivent marcher à l'assaut. Il sera environ 9 heures à ce moment.
Vos tirailleurs feront, pendant la journée du 12, un feu bien soutenu, et vous leur ordonnerez de se régler sur l'artillerie pour cet objet, de manière qu'ils tirent et cessent avec elle. Vous aurez soin de faire prendre de l'eau-de-vie et des cartouches.
J'ai pourvu à l'ambulance; vous retirerez de Saint-Martin les officiers de santé qui vous seront nécessaires ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 534).

Le 15 Prairial an 8 (4 juin 1800), le Général de Division Chabran écrit, depuis Bard, au Général de Division Dupont, Chef de l'Etat-major général de l'armée : "… En partant pour l'armée, je laisserai dans la citadelle d'Ivrée le bataillon de la 69e, fort d'environ 300 hommes; dans celui de Bard, celui de la 75e, fort de 300 environ, avec un détachement de celui de la 88e; le restant de ce dernier sera employé à la garde des magasins et parcs d'artillerie établis dans la vallée; le tout commandé par le chef de brigade Miquel. J'ai cru devoir prendre ces mesures; je désire que vous et le général en chef les approuviez …" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 542).

Situation de la Réserve, 1re ligne, au 20 Prairial an 8 (9 juin 1800) :
88e de Bataille, 1 Bataillon, 350 hommes; 84 hommes sont au Dépôt à Chambéry (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 535; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 543).

Autre Situation de la Première ligne de l'armée de réserve au 20 prairial an 8 (9 juin 1800).
Force de l'infanterie de la première ligne de l'armée de réserve
Bataillon complémentaire de l'Armée d'Orient, 88e de Ligne, 400 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 539 - Archives nationales, A. F. IV, registre, 1159).

Après la capitulation du fort, la Division se porte sur Ivrée, puis sur la rive gauche du Pô ; elle y apprend la victoire de Marengo et la convention d’Alexandrie.

La 2e demi-brigade provisoire légère d’Orient rentre pour la fin de la campagne d’Italie, dans la division DOMBROWSKY dite de réserve ; elle fait partie de la brigade ?

/ La période de paix

Portrait d'officier du 88e de ligne
Portrait d'Officier du 88e de Ligne, fin Consulat, début Empire ?

Le 24 novembre 1801 (3 Frimaire an 10), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... ARMÉE D'ORIENT ... La 18e demi-brigade de ligne se rendra à Lyon, ... La 88e demi-brigade de ligne se rendra à Grenoble ...
Ces demi-brigades de l'armée d'Orient resteront dans la 8e division militaire jusqu'à ce qu’elles soient embarquées, au nombre des deux tiers de la force de la demi-brigade.
Elles laisseront un chef de bataillon et plusieurs officiers à Marseille et à Toulon pour rejoindre les détachements qui arriveraient plus tard.
Vous donnerez des ordres pour envoyer, le plus promptement possible, dans tous les endroits où ces demi-brigades doivent tenir garnison, tout ce qui leur est nécessaire
" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6654).

Le 20 janvier 1802 (30 Nivôse an 10), Bonaparte écrit, depuis Lyon, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre ... de garder à Grenoble la 6e légère et la 88e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6728).

Le 20 Floréal an 10 (10 mai 1802), à Paris, on informe le Premier Consul que "Molitor, commandant la 7e division militaire, expose que les bâtiments militaires de Grenoble sont entièrement occupés : plus de place pour le 5e bataillon du train d'artillerie ; il y a à Grenoble la 88e, la 6e légère, le 4e d'artillerie à pied et deux compagnies d'ouvriers ; on pourrait envoyer l'une des deux demi-brigades à Gap et à Embrun"; Bonaparte répond : "Laisser le 4e régirment à Grenoble, mais changer la destination du bataillon du train ; l'on pourrait le mettre à Valence" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 428).

Le 1er Prairial an 10 (21 mai 1802), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre ... La 88e de ligne à Nancy.
Donnez tous ces ordres de manière que les demi-brigades aient dix jours avant de partir, pour faire leurs préparatifs
" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6896).

Le 27 mai 1802 (7 Prairial an 10), Bonaparte écrit, depuis La Malmaison, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vois, citoyen ministre, que sur l'état de l'emplacement des troupes du 5 prairial, les chefs de brigade de la 9e de ligne, ... 88e ... ne sont pas nommés. Cependant ces places ne sont pas vacantes …" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 439 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6917).

Le 24 mars 1803 (3 Germinal an 11), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez ordre, citoyen ministre, à la 88e de se rendre en garnison à Strasbourg ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7533).

- Camp de Boulogne 1803 à 1805

Le 28 Messidor an 11 [17 juillet 1803), le Premier Consul écrit, depuis Gand, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de me faire connaître à combien se monterait la dépense extraordinaire de la gratification de campagne des soixante bataillons, des 12 régiments de dragons, des six régiments d'hussards et de l'artillerie, désignés pour former le camp de Saint-Omer.
Faites-vous faire un rapport particulier sur les 2e, 15e et 17e demi-brigades légères, et sur les 30e, 72e et 88e de ligne pour savoir si par l'organisation de leur corps d'officiers, et par le nombre d'anciens qui sont dans leur cadre, elles pourraient faire partie d'un camp ...
Je vous prie de vous réunir avec le citoyen Dejean, un des jours de la première semaine de thermidor, pour me faire de ce point un rapport sur tout ce que j'ai demandé pour l'armée de terre et pour l'organisation des trois camps, [ce qu'il faut faire sur les] renseignements qu'on avait au 1er messidor.
Dans l'état de situation que vous allez m'envoyer au 1er thermidor, je vous prie de faire joindre à côté des corps, depuis quel temps ils sont dans les garnisons où ils se trouvent
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 582 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7832).

Le 6 Thermidor an 11 (25 juillet 1803), le Premier Consul écrit, depuis Bruxelles, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez ordre que les 2e, 15e et 17e demi-brigades légères, ainsi que les 30e, 72e et 88e de ligne se préparent à faire partie des camps qui auront lieu cet automne sur la côte ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 584 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7857).

Le 28 août 1803 (10 Fructidor an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous envoie, citoyen ministre, les dispositions que j'ai arrêtées pour l'organisation de quatre camps faisant partie des six qui vont être formés sur les côtes de l'Océan.
... Camp de Saint-Omer
Le général Soult commandant en chef le camp de Saint-Omer. Il pourra correspondre immédiatement avec le Premier Consul.
... Le camp de Saint-Omer sera composé de trois divisions
... La 2e division sera commandée par le général de division Vandamme qui aura à ses ordres les généraux de brigade :
Roger-Valhubert,
Féry.
... La 3e division sera commandée par le général Legrand qui aura à ses ordres les généraux de brigade :
Miquel,
Moreau (Note : Jean-Claude Moreau)
... Cette division sera composée de :
26e légère,
22e de ligne (qui restera en garnison à Calais jusqu'à nouvel ordre),
72e de ligne,
75e idem,
88e de ligne,
64e de ligne.
La 3e division sera cantonnée le plus tôt possible à Saint-Omer et dans les villages voisins ...
Le général Soult partira de Paris le 16 fructidor et établira son quartier général entre Saint-Omer et Boulogne ...
" (Correspondance générale, t.4, lettre 7972).

Par l'Arrêté du 1er Vendémiaire an 12 (24 septembre 1803), la 88e Demi-brigade prend le nom de 88e Régiment d'infanterie de ligne.

Le 26 septembre 1803 (5 Vendémiaire an 12), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez ordre, citoyen ministre, ... A la 88e de former ses deux premiers bataillons chacun à 800 hommes, et de les diriger sur Saint-Omer ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8076).

Le 22 octobre 1803 (29 Vendémiaire an 12), le Premier Consul écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Soult, commandant le camp de Saint-Omer : "Citoyen général Soult ... La 88e, 64e, 40e formeront la 4e division de votre armée qui se réunira à Wimereux ...
La 88e doit être arrivée à Saint-Omer. Vous pourrez la diriger sur Wimereux dès qu'elle se sera reposée quelques jours ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8175).

Fin octobre, la 88e est établie près Wimereux (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 2, p. 107).

Le 12 Frimaire an 12, le 88e Régiment passe sous le commandement de Philibert Jean Baptiste Curial.

/ Campagne de 1805

D'après un "Etat sommaire des hommes qui ont fait la guerre dans les différents corps composant l'armée des côtes (Exécution de l'ordre du 12 thermidor an XIII.)", au Corps du Centre, Division Suchet, le 88e de Ligne, sur un effectif de 1813 hommes, en a 749 qui ont déjà fait la guerre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 145).

Désertion en l'an XIII

Régiments

Recrues

Déserteurs

88e de ligne

376

29

Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 148

Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 88e de Ligne a ses 1er et 2e Bataillons à l'Armée des Côtes, Corps du centre. 1729 hommes sont présents, 84 aux hôpitaux, total 1813 hommes; le 3e Bataillon est à la citadelle de Strasbourg, 5e Division militaire, pour 387 hommes présents, 60 détachés ou en recrutement, 20 aux hôpitaux, total 467 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).

D'après la "Situation de l'avant-garde de l'Armée des côtes de l'Océan, à l'époque du 1er Fructidor an 13" (19 août 1805), il y a, dans les troupes Troupes de la 4e Division du Corps du centre (Suchet), le 88e de Ligne, Colonel Curial ; Chefs de Bataillon Duhautpré et Rosey ; 2 Bataillons, 1860 hommes au complet ; 1729 hommes présents à Boulogne et Wimereux ; 447 hommes présents au Dépôt de Strasbourg (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 48 et suivantes).

Un "État des présents sous les armes des bataillons de guerre de tous les corps de l'Armée des côtes de l'Océan en marche vers le Rhin, pour servir à établir la distribution des fonds accordés par l'Empereur pour fournir une paire de souliers par homme et le tiers de l'effectif en capotes", daté du 11 fructidor an 13 (29 août 1805) indique que le Corps du centre comprend à sa 4e Division les :
17e Régiment d’infanterie légère, 1674 hommes.
34e Régiment d’infanterie de ligne, 1686 hommes.
40e Régiment d’infanterie de ligne, 1640 hommes.
64e Régiment d’infanterie de ligne, 1531 hommes.
88e Régiment d’infanterie de ligne, 1565 hommes.
Total : 8096 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 384).

cachet à sec 88e de ligne
Cachet à sec, 88e de Ligne

Le 88e Régiment, est placée dans le 5e Corps d’armée (Maréchal Lannes). Le Régiment entre dans la composition de la 3e Division Suchet, 3e Brigade Becker.

Composition de la Grande Armée au moment où elle a passé le Rhin pour la campagne d'Autriche.
5e corps d'armée au passage du Rhin dans les premiers jours de vendémiaire an XIV.
3e division. (La division portée ici resta 4e du 4e corps, et le 5e corps demeura à 2 divisions).
88e de Ligne, 2 Bataillons, 1702 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 158).

Le 28 septembre 1805 (6 Vendémiaire an 14), l'Empereur écrit, depuis Strasbourg, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, faites partir 150 hommes du 88e sous les ordres d'un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant. Ils prendront quatre jours de vivres, 50 cartouches, deux paires de souliers dans le havresac, et se rendront à marches forcées sur Heilbronn, en passant par Rastadt et Bretten. Ils joindront leur régiment à Heilbronn ...
… Enfin, donnez l'ordre à tous les 3es bataillons qui, depuis la formation de la Grande Armée, n'ont pas eu ordre d'envoyer des détachements aux bataillons de guerre de faire partir 100 hommes et plus pour lesdits bataillons, en recommandant aux majors de chercher à compléter les 2es bataillons de guerre au grand complet, qui est de 2020 hommes. La route de l'armée est désormais Spire, Heilbronn, etc. Vous ferez donc diriger tout sur Spire, hormis les détachements des 88e, 16e d'infanterie légère et du 18e de ligne qui devront partir demain
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 355; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10883).

Le 9 Vendémiaire an 14, le Général Suchet écrit, depuis Heilbronn, au Général Beker : "… Le 88e régiment occupera Heilbronn; en conséquence, vous ordonnerez au général Valhubert de faire partir en avant les fourriers de ce régiment, pour assurer le logement" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 548).

Le 17 Vendémiaire an 14 (9 octobre 1805), l'Adjudant-commandant Hastrel écrit, depuis Donauwörth, à l'Intendant Petiot : "J'ai l'honneur de vous prévenir que des détachements des 17e régiment d'infanterie légère, 4e, 18e et 88e de ligne, doivent partir sous deux ou trois jours de Heilbronn pour aller à Nördlingen, d'où le général Millet doit les diriger sur le 4e corps d'armée.
HASTREL.
P.-S. - Ces détachements ont dû arriver à Heilbronn le 9 du courant, peut-être sont-ils déjà partis
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 435).

Le 18 Vendémiaire an 14 (10 octobre 1805), le Général Salligny écrit, depuis Augsburg, au Commandant du détachement du 88e de Ligne : "Monsieur,
Vous voudrez bien partir avec votre détachement le lendemain de votre arrivée à Heilbronn, pour rejoindre votre régiment, en passant par Hall, Ellwangen, Nördlingen et Donauwörth, où vous prendrez des renseignements de l'officier supérieur qui y commande, afin de vous diriger de suite sur votre corps
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 477).

Le 18 Vendémiaire an 14 (10 octobre 1805), le Général Salligny écrit, depuis Augsburg, au Chef de Bataillon Boy, commandant à Heilbronn : "Commandant,
Vous trouverez ci-jointes diverses lettres pour les commandants de détachements qui doivent arriver successivement à Heilbronn pour rejoindre les bataillons de guerre des corps dont ils font partie; vous voudrez bien les déposer entre les mains d'une personne à Heilbronn en l'invitant à les faire remettre à leur adresse à l'instant de l'arrivée de chaque détachement.
Je pense que vous aurez dirigé par Hall, Ellwangen et Donauwörth sur l'armée, tous les détachements qui seront arrivés à Heilbronn, notamment celui de 150 hommes du 88e régiment; celui de pareille force du 17e d'infanterie légère; celui de 100 hommes du 18e de ligne et celui de 60 hommes du 4e régiment, les trois premiers ayant dû s'y rendre le 9 et le quatrième le 10 de ce mois; s'ils s'étaient arrêtés à Heilbronn, vous leur donneriez l'ordre d'en partir sur-le-champ pour rejoindre leurs corps respectifs
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 477).

- Attaque sur Ulm, 15 octobre 1805, marche du 21 octobre au 5 novembre 1805

La Division Suchet rejoint les Grenadiers d’Oudinot, le 11 octobre à Zusmarshausen. Le 14 octobre, pendant que Ney enlève le Michelsberg, Suchet s’empare de Frauenberg, hauteur retranchée en avant de Ulm ; le 88e Régiment assiste en 3e ligne à l’attaque de Frauenberg.

Quelques jours plus tard (5 Brumaire an 14 - 27 octobre 1805), le Général Roger-Valhubert écrit depuis Landshut, au Maréchal Lannes : "Monsieur le Maréchal,
En présence des Russes, je dois bannir toute considération particulière, pour ne plus voir mon honneur compromis; ainsi, je représente à Votre Excellence que je suis fort mal placé sous les ordres de M. le général Suchet. A la journée d'Ulm, il abandonne sa division au moment où vous la faites charger sur le Michelsberg. Il se porte ensuite derrière le 17e léger à qui vous aviez ordonné d'aller prendre position en avant du bois situé à notre gauche, et voulant, sans doute, après cela, cesser de jouer le rôle d'un simple colonel, il m'envoie, deux fois, l'ordre de le rejoindre, sur ce point où il n'y avait rien à combattre ..... Si j'eusse obéi, Monsieur le Maréchal, qu'eussiez-vous pensé de moi !!!
Le général Suchet, vers la fin du jour, après avoir quitté le haut du Kaiser où il s'était porté ensuite, et d'où il avait précipité le 17e léger sur les murs d'Ulm, cherche sa division, rencontre la queue de ma colonne, m'enlève bien vite le 88e régiment et me fait ordonner de rester là avec le 64e régiment. Alors, Monsieur le Maréchal, je n'évitais nul danger, en ne suivant point votre mouvement sur Söflingen ; l'ennemi, qui, d'ailleurs, était rentré dans la place, ne tirait plus, et j'obéis à mon divisionnaire.
Je sais, Monsieur le Maréchal, qu'en me conformant à son ordre, je n'ai point été approuvé de Votre Excellence et j'en ai eu beaucoup de regret, et comme je suis moralement sur que ce qui est arrivé à la journée d'Ulm se renouvellera dans toutes les occasions semblables, je ne cesserai de vous prier de faire en sorte que je ne sois plus commandé par le général Suchet.
Comme je ne puis me décider à porter plainte contre un chef sans lui en donner connaissance, je vous prie de ne pas trouver mauvais que je lui envoie copie de la présente.
Agréez, je vous prie .....
ROGER-VALHUBERT.
P.-S. - A cette occasion, Votre Excellence se rappellera que vous aviez d'abord ordonné à ma brigade de fouiller ce bois et de s'établir en avant, mais, dès que vous vîtes que l'ennemi y était à peine fort de 300 hommes, et que déjà il se retirait, vous vous bornâtes à envoyer le 17e léger occuper sa position.
ROGER-VALHUBERT.
(En note : Le même jour, copie de la présente lettre fut portée et remise au général Suchet par mon aide de camp Desderides.- R.-V.)
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 797).

"5e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 23 vendémiaire (15 octobre 1805).
… Division Suchet ... Le soir, la division s'établit ainsi qu'il suit :
... Le 88e, à Jungingen …
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 799).

Le 16, Ulm capitule.

Le 21 octobre, la Division marche sur le Lech qu’elle atteint le 22.

Le 23, elle se porte sur l’Issar où elle arrive le 24.

La "Situation des divisions composant le 5e corps de la Grande Armée à l'époque du 4 brumaire an XIV (26 octobre 1805)" indique que le 88e de Ligne comprend 61 Officiers, 1759 hommes et 9 chevaux (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 755).

Le 26, marche sur Wilsbourg.

Le 27 et le 28, marche sur Eggenfels et Braunau.

Grande Armée à l'époque du 6 Brumaire an XIV (28 octobre 1805).
5e Corps d'Armée.
Commandant en chef. Maréchal LANNES.
3e Division du 5e Corps.
Général de Division. Suchet.
17e Légère;
34e de Ligne;
40e de Ligne;
64e de Ligne;
88e de Ligne.

Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 711

Le 30, marche sur Efferding et Lintz.

Le 4 et le 5 novembre, marche sur Ebersberg et Amstetten. La Division assiste à cette affaire mais reste en réserve.

La "Situation des troupes composant le 5e corps de la Grande Armée, à l'époque du 15 brumaire an XIV (6 novembre 1805)" indique : État-major général. - Quartier général à Neumarkt.
Maréchal d'Empire commandant en chef. LANNES ...
Division aux ordres de M. le général Suchet.
2e Brigade.
88e de Ligne. 60 Officiers et 1542 hommes prêts à combattre ; 188 hommes détachés sur les derrières ; 150 hommes aux hôpitaux (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 764).

Du 7 au 12 novembre, la Division marche sur l’Ips et sur Vienne.

- Passage du Danube, 13 novembre 1805

La Division passe le Danube aux ponts de Vienne.

- Combat d’Hollabrünn, 16 novembre 1805

Le 16, au combat d’Hollabrünn, la Division Suchet marche pour tourner l’aile droite des Russes.

Le 17, elle se dirige sur Prost-Meritz.

Du 18 novembre au 1er décembre, la Division reste autour de Brünn.

- Bataille d’Austerlitz, 2 décembre 1805

Cachet, 88e de Ligne
Cachet à sec, 88e de Ligne

Après la prise de Vienne, Napoléon s’avance jusqu'à Wischau, forçant les Russes à se retirer sur Olmutz.

Le 2 décembre 1805, le Maréchal Lannes dispose d’une seule de ses Divisions (Suchet) dont fait partie le 88e et de la Division Caffarelli du Corps de Davout, en tête de laquelle marche le 13e Léger. Le 88e compte 2 Bataillons formant un total de 1596 hommes.

Entre 7 et 8 heures du matin, le 5e Corps et la Réserve de cavalerie prennent position à hauteur du centre. L’infanterie est rangée sur deux lignes de bataillons en colonnes d’attaque avec 200 pas de distance. Les Bataillons d’un même Régiment sont accolés.
Le 17e Léger garde le Santon, et a détaché un poste à Bosenitz. Les Régiments de la Division Suchet sont disposés dans l’ordre suivant, de la gauche à droite : en première ligne, le 40e et le 34e ; en deuxième ligne, le 88e et le 64e ; la route d’Olmutz masse deux bataillons à gauche et six à droite. Dans la Division Caffarelli, la première ligne est formée, de gauche à droite, par le 30e et le 17e de Ligne, et le 13e Léger ; la seconde Ligne par le 61e et le 51e (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 185).

Le 88e est placé en 2e ligne derrière la Brigade Valhubert, à l’aile gauche entre Girzibowitz et la route d’Olmütz. Il a à souffrir surtout de la canonnade et perd 46 tués et 122 blessés.

Bagration veut s’emparer du Santon; il est repoussé par la seule Division Suchet.

Les Russes reculent en masse compacte, repoussant les charges de nos Cuirassiers; c’est alors que les Bataillons de deuxième ligne se portent au pas de charge sur cette masse qui ne peut supporter un si rude choc.

L’artillerie est enlevée ; plus de 2 000 Russes sont faits prisonniers ; le reste mis en fuite se jette dans le vallon de Koralowitz.

Le 88e s’illustre dans cette charge de la Division Suchet, enregistrant de nombreux actes de courage. Le Sergent Musseau se précipite dans les rangs ennemis et tue plusieurs Russes, tant à coup de hache qu’à coups de baïonnette. Le Caporal Baliarjot se fait remarquer par son intrépidité et tue plusieurs ennemis. Le Sergent Vautier (ou Vautrin ?) se précipite sur une pièce de canon qu’il enlève avec quelques Voltigeurs; il est gravement blessé à cette affaire. Le Sergent Jeammes se distingue par une bravoure éclatante et fait plusieurs prisonniers. Le Sergent Michaud refuse d’aller se faire panser et ne quitte les rangs que l’action terminée. Le Sergent Richet se distingue aussi par sa bravoure. Le grenadier Meneu, quoique blessé grièvement à la cuisse gauche, refuse d’être porté par ses camarades à l’ambulance ; "Restez, leur dit-il, à votre poste, je ne veux pas priver le corps d’autres bonnes gens que vous". Le Fusilier Roussel continue à charger l’ennemi à la baïonnette, quoique blessé dangereusement.

"L’ennemi rompu d’abord, dit le Rapport de Suchet, s’est pelotonné, en continuant de tirer. Nos bataillons, au pas de charge, la baïonnette croisée, se portaient sur cette masse. La cavalerie qui , désespérant de leur faire poser les armes, s’était arrêtée dans son mouvement, ralentit un moment le nôtre ; mais bientôt, les 34e, 40e et 88e reprennent leur ardeur, couvrent le champ de bataille de 2000 morts, enlèvent 16 pièces de canon et un grand nombre de prisonniers. Le reste est poursuivi et rejeté dans le ravin, où il tâche de se rallier sous la protection de quatre pelotons de cavalerie" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 220).

"A 3 heures, tout le plateau était dégarni", dit le Général Suchet. L’infanterie de sa Division se trouve alors sur la hauteur qui domine Kovalowitz : le 88e, passé en 1re ligne, fait face à ce village, à portée de fusil ; le 34e, le 40e et le 64e couronnent la hauteur ; le 30e et le 17e sont à cheval sur la route d’Olmütz, près de la poste de Posorzitz, ayant la cavalerie en avant d’eux. Les Russes se rallient, partie en arrière du ruisseau, au nord de Kovalowitz, partie sur la colline à l’ouest de ce ruisseau, en avant de l’étang (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 220).

Le soir, après la poursuite, la Division s’arrête entre Posoritz et Rausnitz.

La victoire d’Austerlitz coûte à l’ennemi 15000 tués ou blessés, 2000 prisonniers, 45 drapeaux et 146 canons.

"Soldats, dit NAPOLÉON, dans l’ordre du jour qui suit la bataille, je suis content de vous. Vous avez décoré vos aigles d’une gloire immortelle ... Mon peuple vous reverra avec joie et il vous suffira de dire : J’étais à Austerlitz, pour que l’on vous réponde : Voila un brave !".

Le 3 décembre, la Division marche sur Straditz-Gaya. Le 3, elle est cantonnée à Wischau et à Prosnitz.

Le 6, elle revient à Brünn.

A la suite de la journée d’Austerlitz, le Colonel Curial est nommé Commandeur de la Légion d’honneur.

/ Campagne de 1806

Le 16 mars 1806, le Colonel Veillande succède au Colonel Curial, passé dans la Garde Impériale. Le Colonel Veillande a débuté comme soldat au Régiment de Berwick, le 13 mai 1786 ; il a quitté la 88e en 1796 comme Adjudant-major.

Le 22 juin 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie un travail sur l'emplacement que doit occuper la Grande Armée au moment de sa rentrée en France. Vous me proposerez une meilleure répartition, à peu près dans les mêmes divisions, si vous y entrevoyez quelque économie pour le service, soit pour les lits, soit pour le fourrage, soit pour le casernement.
... 5e corps du maréchal Mortier
2e division militaire
Numéros des corps Garnisons qu’ils doivent rejoindre
... Strasbourg 88e légère (note : comprendre de Ligne) Rocroy Philippeville ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11352).

Le 11 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin …
La division du général Leval est composée de détachements des 10e et 26e d'infanterie légère, 3e, 40e, 58e, 4e et 34e de ligne, 17e et 24e d'infanterie légère (n’apparaissent pas dans la CGN), 18e, 64e, 57e et 88e de ligne : donnez ordre que cette division soit dissoute, et qu'elle se dirige, sans aucun séjour, par la route la plus courte, sur les bataillons de guerre. Donnez l'ordre que toute l'artillerie se rende au parc à Augsbourg, tant au personnel qu'au matériel…
" (Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10478 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12461).

Vers la mi-juillet, Murat, devenu Grand-Duc de Clèves-Berg, adresse à l'Empereur quelques demandes; parmi ces dernières, on note : "... 7° M. Mouff, capitaine au 88e régiment d'infanterie de ligne, pour en faire un chef de bataillon. Il est Allemand. Son colonel me l'a désigné comme un excellent militaire. ..." (Lumbroso A. : « Correspondance de Joachim Murat (juillet 1791-juillet 1808) », Roux, Turin, 1899, lettre CLVLe Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 267, lettre 2407).

Le 20 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean … Vous mettrez … à la disposition du prince Joachim le major Gheiter du 15e d'infanterie légère, et les capitaines Gentil du 2e d'infanterie légère, et Mouff du 88e de ligne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 540 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12539).

Le 1er août 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Rapp, commandant la 5e Division militaire, à Strasbourg : "J'ai reçu votre lettre avec le livret, qui y était joint, des trois colonnes que vous avez fait partir pour la Grande Armée, se montant à 4,200 hommes d'infanterie et 2,000 chevaux. Je désire que vous me fassiez connaître, par un livret pareil, ce qui reste aux dépôts en officiers, sous-officiers et soldats, et en chevaux, et ce qui leur manque pour qu'ils fournissent un plus grand nombre de troupes et de chevaux.
J'ai confronté votre livret avec mes états de situation ; j'y vois ... Que les 57e, 88e et 96e n'ont rien fourni ... Faites-moi connaître les raisons de ces différences ...
" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10579 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12634).

Le 17 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Rapp, commandant la 5e Division militaire à Strasbourg : "… Je n'ai point, dans les situations que vous m'avez envoyées, celles des compagnies de grenadiers des 3es et 4e bataillons. Envoyez-moi cette situation, que je désire avoir. Quelle serait, par exemple, la force d'un bataillon de six compagnies qui serait formé des compagnies des 3e, 4e, 18e, 57e et 88e régiments de ligne, qui sont à leurs 3es bataillons, et d'un autre bataillon qui serait formé avec les compagnies de carabiniers des 7e, 10e, 16e et 24e légers, qui se trouvent à leurs 3es bataillons au dépôt ? Faites-moi connaître aussi la situation des voltigeurs" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10802 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12967).

Le Régiment continue dans cette campagne à faire partie du 5e Corps (Maréchal Lannes). La Division Suchet devient 1re de ce Corps ; le Régiment forme avec le 64e la 3e Brigade de la Division, Brigade Vedel.

Le 6 octobre, le Corps d’armée se met en marche, livre le 10 le combat de Saalfeld, où le 88e soutient la cavalerie.

- Bataille d’Iéna, 14 octobre 1806

Le Corps de Lannes campe sur le plateau de Landgrafenberg.

C’est la Division Suchet qui commence la lutte ; à six heures du matin elle se porte sur Loswitz par un brouillard très dense. "Les 88e et 64e sous les ordres du général Vedel soutenaient, avec valeur, quoique en seconde ligne, le feu terrible de l’ennemi" (Rapport du Général Victor, commandant du 5e Corps).

Les Prussiens se retirent sur Lützenrode.

Dans la marche sur les bois où l’ennemi s’est retiré, vers huit heures et demie "le soleil, dissipant le brouillard, nous fit apercevoir, dit le Général Suchet, trois bataillons de grenadiers à grands bonnets qui nous chargeaient en flanc. Ces derniers furent repoussés par deux bataillons du 34e. Le 1er du 88e, commandant Rosey, fut chargé d’assurer le succès et le fit avec vigueur" (Rapport du Général Suchet).

Pendant l’attaque sur Vierzehnheilingen, la Brigade Vedel débusque d’un bois une fraction de l’aile gauche de Tauenzien, la chasse d’Allengonne et la rejette dans la direction d’Apolda.

A la fin de la bataille, l’Empereur en personne dispose de la Brigade Vedel et l’envoie soutenir la Division Desjardins qui ne peut déloger les Saxons du débouché de la Schmecke.

"Le chef de bataillon Cambronne, commandant le 2e bataillon du 88e, officier très déterminé, dit le Général Suchet, a chargé audacieusement les batteries et repoussé l’ennemi de deux positions en arrière, a pressé les charges de notre cavalerie qu’il a appuyé presque sur les murs de Weimar".

A 10 heures, après avoir repoussé les Grenadiers saxons de la Brigade de Cerrini, elle s’étend sur 2 lignes entre les village de Merkovitz, Alten-Gine et Herstedt. Le Lieutenant Moreau est blessé et meurt des suites de ses blessures.

- Poursuite de l'Armée prussienne

L’armée prussienne est en déroute, elle va être sauvée momentanément par la nuit.

Après Iéna, la Division marche sur Halle et Dessau où elle passe l’Elbe le 20 octobre, après avoir rétabli le pont à moitié détruit. Elle se dirige par Postdam sur Spandau qui capitule à discrétion, le 23.

"DÉCRET.
Quartier impérial, Wittenberg, 23 octobre 1806.
… TITRE III.
FORCE MILITAIRE.
... ART. 3. Troisième gouvernement. Une compagnie du 3e bataillon du 88e régiment d'infanterie, complétée à 100 hommes, et une compagnie du 1er régiment de hussards, de 90 hommes à pied, se rendront à Brunswick pour la garde du gouverneur ...
" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11054).

Le 26, la Division se porte à Fehrbellin. De ce point à Prentzlow, elle exécute une marche forcée, marchant jour et nuit et ne s’arrêtant que pour manger. Le 28, elle contribue à la capitulation du Prince de Hohenlohe à Prentzlow. 20000 hommes d'élite, parmi lesquels se trouve la Garde prussienne, mettent bas les armes et se rendent avec 53 bouches à feu et leurs attelages.

Le 30 octobre, le 5e Corps s’empare à Passewalk d’un parc considérable d’artillerie. En vingt jours, le 5e Corps a pour sa part pris 80 pièces de canon, 13 drapeaux et fait 12000 prisonniers.

Le 4 novembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Berlin, au Maréchal Berthier, Major général dela Grande Armée : "Mon cousin, donnez l'ordre que les détachements des 34e, 64e, 40e, 88e, … et des 100e et 103e qui se trouvent à Spandau en partent demain pour rejoindre leurs corps à Stettin, avec tous les bagages et autres objets ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 771 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13445).

Le même 4 novembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Berlin, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, mon intention est que le corps d’armée du maréchal Lannes soit partagé en trois divisions : la 3e sera sous les ordres du général de division Victor et sera composée du 28e régiment d’infanterie légère et des 64e et 88e; ces deux régiments seront ôtés à la division Suchet, une division de cinq régiments étant trop considérable pour pouvoir être maniée sur un champ de bataille. La division du général Victor aura douze pièces de canon. Je donne ordre, à cet effet, qu’une division de six pièces, actuellement attachée à la Garde et servie par l’artillerie à pied, passe au corps du maréchal Lannes. Le général Songis y joindra deux pièces de 12 du parc, ce qui fera huit, et y fera passer le plus tôt possible quatre pièces de 3, ce qui complétera les douze pièces. Vous donnerez donc l’ordre au maréchal Lefebvre de faire partir demain, à cinq heures du matin, sous la conduite du colonel du 28e régiment d’infanterie légère, la division d’artillerie de la Garde qui a été organisée à Mayence, et que je suppose servie entièrement par l’artillerie à pied ..." (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11168 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13439).

A la suite de cet ordre du 4 novembre faisantt passer sous les ordres du Général Victor les 64e et 88e. Le Général Suchet réclame contre celui-ci, dans une lettre qui honore le Régiment, car elle se termine par ces mots : "Daignez Sire, m’accorder une consolation en ordonnant que le 88e régiment que j’affectionne, continue à faire partie de ma division". Cette demande est accordée.

La Division est cantonnée, pendant le mois de novembre autour de Sttetin.

Le 11 novembre 1806, le Maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et Valengin, Major général de la Grande Armée, écrit depuis Berlin, au Général Dejean : "J'ai l'honneur de prévenir Votre Excellence qu'indépendamment des détachements que j'ai ordonné à M, le maréchal Kellermann de faire partir dans la première quinzaine de novembre, ainsi que je vous en ai informé par ma lettre du 2, je viens de lui adresser l’ordre de former huit bataillons provisoires conformément à l'état de composition que je joins ici.
Chaque bataillon sera composé de compagnies fournies par les troisièmes bataillons des corps de la Grande Armée, à raison d'une par bataillon, et chaque compagnie sera complétée à 140 hommes.
Le maréchal Kellermann nommera un chef de bataillon et un adjudant-major pour chaque bataillon et un major pour commander deux bataillons. Il aura soin de ne pas prendre les majors dans les mêmes corps où il prendra les chefs de bataillon ou adjudants-majors.
Je donne l'ordre aux généraux commandant les 25e et 2e divisions militaires de faire diriger de suite sur Mayence les compagnies que doivent fournir les bataillons qui ne sont pas stationnés dans les 5e et 26e divisions.
Pour accélérer la formation et le départ de ces bataillons il ne sera pas nécessaire que les conscrits soient dressés ; il suffira qu'ils aient huit ou dix jours d'instruction, qu'ils soient armés, qu'ils aient la veste, la culotte., les guêtres, le chapeau d'uniforme et une capote. Il ne faudra pas attendre qu'ils aient l'habit.
Sa Majesté espère que ces troupes seront réunies à Mayence le 25 et en partiront le même jour pour se rendre le plus promptement possible, conformément aux ordres que je donne à M. le maréchal Kellermann : savoir les 5e et 6e bataillons à Cassel pour maintenir la tranquillité de cet électorat et les six autres à Magdeburg où ils achèveront leur instruction.
Je préviens le maréchal Kellermann qu'il ne doit pas perdre un moment pour former ces bataillons que, pourvu qu'ils soient armés, tout est bon ; qu'ils seront fournis à Magdeburg de tout ce qui leur sera nécessaire ; que Sa Majesté doit en tirer deux avantages, puisqu'ils ne coûteront rien en France et qu'ils garderont Magdeburg, ce qui rendra d’autres troupes disponibles ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 793). Le 2e Bataillon doit comprendre 1 Compagnie du 34e de ligne, 1 du 40e, 1 du 88e, 1 du 100e, 1 du 103e, 1 du 17e d'infanterie légère, total 840 hommes.

5e Corps, Maréchal Lannes (11 novembre).
1ère Division, Général Suchet : 17e léger, 34e (3 bataillons), 40e, 64e et 88e de Ligne, 11 Bataillons, 12 pièces, 8948 hommes.
2e Division Gazan : 21e et 28e Légers (au 11 novembre, l’effectif de ces deux Régiments est de 3117 hommes ; ils ont rejoint le 5e Corps le 23 novembre), 100e (3 Bataillons) et 103e de Ligne (3 Bataillons), 10 bataillons, 12 pièces, 7120 hommes.
Parc d’artillerie et Génie : 454 hommes.
Cavalerie légère, Général Treillard : 9e et 10e Hussards, 21e Chasseurs, 9 Escadrons, 1049 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 296).

A la fin de novembre, le Régiment, avec tout le 5e Corps, quitte les cantonnements de Stettin et marche sur Stargare, Deusch-Kroise, Scheneidmühl, Nakel et Bromberg, puis le long de la Vistule par Inowrazlaw, Brezese, Kowal et Varsovie.

La Grande Armée se concentre près de cette ville évacuée par les Russes. Suchet occupe Lowicz pendant quelques jours.

- Bataille de Pultusk, 26 décembre 1806

Le Corps de Lannes se porte sur la Narew à la suite du 3e Corps (Davout). La Division marche, le 23 sur Pultusk où l'ennemi est réuni en force; le 26, elle arrive devant les hauteurs que l’ennemi occupe près de cette ville.

Lannes trouve l’ennemi établi en avant de Pultusk. Il y a là 45000 hommes rangés en bataille, le dos tourné à la ville, et de plus, une avant-garde de 5000 cavaliers réguliers et de quelques milliers de Cosaques. Cette armée dispose de 50 pièces de canon de gros calibre, tandis que nous traînons à grand peine, dans une boue gluante, quelques canons de bataillon. Ceux de notre gauche même ne peuvent arriver.

Lannes dispose de 18000 hommes; le Général Daultanne lui en amène 5 à 6000. Le Maréchal n'hésite pas. Il décide d'attaquer les Russes avec les Régiments de la Division Suchet, laissant le 40e et la Division Gazan en réserve.

L’avant-garde est promptement repoussée par le 17e léger et le 88e "qui reçoivent avec le plus grand sang-froid les charges de la cavalerie russe" (Rapport de Lannes)

La Division est ensuite partagée en 3 colonnes. La 1re colonne à droite, Général Claparède, 17e léger. 2e colonne destinée à attaquer le centre, Général Vedel, 64e et 1er Bataillon du 88e. 3e colonne à gauche, Général Reille, 2e Bataillon du 88e et 34e de ligne, avec pour objectif, les hauteurs au nord de la ville.

Les colonnes joignent les Russes et les précipitent vers la Narew. La 3e colonne soutient énergiquement un combat inégal contre 15000 Russes et la plus grande partie de l’artillerie. Le 2e Bataillon du 88e oppose aux charges de la cavalerie ennemie une constance inébranlable.

A la droite, les Russes cherchent à déborder le 17e Léger, colonne de droite. Benigsen appelle sa réserve et la jette sur le flanc droit de Claparède.

Le Maréchal Lannes renforce alors la droite de la Brigade Vedel qui prend à son tour les Russes en flanc. La colonne du centre, 1er Bataillon du 88e et du 64e, se dirige sur le pont de la Narew, fait une conversion à droite pour couper l’aile gauche russe du pont. Malheureusement, un vent violent mêlé de neige obscurcit bientôt l’atmosphère. Le 1er Bataillon du 88e rencontre un gros Corps de cavalerie russe; surpris avant d’avoir pu former le carré, il est sabré et désuni et fait des pertes sérieuses; il aurait même été anéanti sans le sang-froid d’un Aide de camp du Maréchal Lannes, nommé Voisin. Ce vigoureux Officier parvient à rallier les éléments épars du Bataillon. A la voix de ses chefs et et de Voisin, le Bataillon reformé, attaque à son tour les cavaliers russes, à qui il fait payer chèrement payer leur succès momentané. Cette cavalerie, embarrassée dans une boue profonde, est poursuivie, fusillée à bout portant et attaquée à la baïonnette. Le vaillant Aide de camp paye de sa vie cet acte d’énergie.

La victoire de la gauche est assurée par l’apparition de la colonne Daultanne du 3e Corps, sur le flanc de l’ennemi. La colonne de gauche s’empare d’un bois placé à la droite des Russes, malgré un feu violent d’artillerie. Les Capitaine Weiss et Brassat sont tués ; le Capitaine Raignaud meurt des suites de ses blessures, le 15 janvier 1807 ; le brave Sergent Musseau est tué. Le Caporal Baliarjot meurt des suites de ses blessures. Le Lieutenant Lombard reçoit un coup de feu à la tête. Le Lieutenant Guemard, un coup de feu à la lèvre. Le Fourrier Merle, un coup de sabre à la main droite.

Le 27 décembre 1806, Lannes écrit à l'Empereur : "Je suis arrivé avec mon corps d'armée devant Pultusk, vers 10 heures. J'ai trouvé l'ennemi établi sur la plaine, devant, cette ville ; son avant-garde était composée d'environ 5000 hommes de cavalerie et de quelques mille cosaques. J'ai fait attaquer l'avant-garde ennemie par le 17e léger et le 88e. Après quelques charges que nos troupes ont reçues avec beaucoup de sang-froid, l'ennemi s'est replié sur son corps de bataille, qui avait la droite d’appuyée au pont l'extrémité de la ville et la gauche à un autre pont à l'entrée de la ville ...
J'ai fait marcher sur le pont de droite le restant du 64e et tout le 88e pour couper la retraite à l'ennemi sur le pont, et je l'ai fait attaquer par le 17e après une fusillade des plus vires. L'ennemi a été culbuté et est revenu sur le pont dans le plus grand désordre. Si un bataillon du 88e, qui a été chargé par la cavalerie, n'eut pas plié, toute cette colonne était prisonnière de guerre/em>" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 94).

Le 51e Bulletin de la Grande Armée, daté de Varsovie, le 14 janvier 1807, raconte : "… Nous ne dirons rien de la ridicule dépêche du général Bennigsen ; nous remarquerons seulement qu'elle paraît contenir quelque chose d'inconcevable. Ce général semble accuser son collègue le général Buxhoevden ; il dit qu'il était à Makow. Gomment pouvait-il ignorer que le général Buxhoevden était allé jusqu'à Golymin, où il avait été battu ? Il prétend avoir remporté une victoire, et cependant il était en pleine retraite à dix heures du soir, et cette retraite fut si précipitée qu'il abandonna ses blessés. Qu'il nous montre une seule pièce de canon, un seul drapeau français, un seul prisonnier, hormis 12 ou 15 hommes isolés qui peuvent avoir été pris par les Cosaques sur les derrières de l'armée ; tandis que nous pouvons lui montrer 6,000 prisonniers, 2 drapeaux qu'il a perdus près de Pultusk, et 3,000 blessés qu'il a abandonnés dans sa fuite. Il dit encore qu'il a eu contre lui le grand-duc de Berg et le maréchal Davout, tandis qu'il n'a eu affaire qu'à la division Suchet, du corps du maréchal Lannes. Le 17e régiment d'infanterie légère, le 34e de ligne, le 64e et le 88e sont les seuls régiments qui se soient battus contre lui. Il faut qu'il ait bien peu réfléchi sur la position de Pultusk, pour supposer que les Français voulaient s'emparer de cette ville ; elle est dominée à portée de pistolet …" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 151 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 114 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11632).

/ Campagne de 1807

Le 1er janvier 1807, la Division prend ses cantonnements d’hiver entre Ostrolenka et Varsovie, sur l’Omulew et la Narew. Elle y reste les 3 mois de janvier, février et mars.

Le Maréchal Lannes étant tombé malade, le Maréchal Masséna prend le commandement du 5e Corps qu’il garde jusqu’à la fin d’avril.

Le 10 janvier 1807, l'Empereur écrit depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Vous donnerez l'ordre que les 1700 capotes existant le 9 au magasin soient distribuées de la manière suivante :
... 150 au 88e
... Ces capotes seront distribuées dans la journée et données à ces régiments qui n'en ont pas, par le colonel dans la journée de [demain] aux hommes nouvellement arrivés de France et à ceux qui n'en ont pas de manière que l'Empereur ne rencontre aucun soldat qui n'ait de capote
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 865 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13998).

Le 12 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Aarmée : "... Donner ordre au général Bisson de faire partir les détachements du 88e et du 1er de hussards pour Berlin, aussitôt que les troupes du prince primat lui seront arrivées" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 872 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14025).

Le 15 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "... Donnez ordre que les détachements du 21e de ligne et du 88e qui appartiennent à la division du général Gudin restent à Varsovie. L'un et l'autre seront placés dans les casernes qui ont été mises à 1a dispositiondu général Gudin pour caserner sa division ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 881 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14057).

Le 16 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier : "… Donnez ordre au commandant de Bromberg de faire partir sans délai tout ce qu'il a appartenant au 17e léger, aux 21e, 34e, 40e, 64e, 88e, 100e et 103e, et de les diriger sur Varsovie …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11650 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14073).

Le 17 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier : "Donnez ordre à la compagnie du 17e d'infanterie légère, à celle du 88e et à celle du 34e qui font partie du 1er régiment provisoire de partir de Magdeburg pour se rendre à Berlin, et de Berlin à Varsovie. Avant leur départ, on s'assurera que l'armement de ces compagnies est en bon état, que les hommes ont deux paires de souliers dans le sac, de bonnes capotes et de bonnes gibernes, sans quoi on les retiendra à Magdeburg et à Berlin le temps nécessaire pour les mettre dans le meilleur état. Le général Clarke en passera l'inspection à Berlin, et ne les laissera partir que lorsqu'elles seront pourvues de tout ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 886).

Le 21 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier : "... Donner ordre au même de faire partir pour Varsovie les détachements des 12e de ligne, 2le de ligne, 25e et 85e, des 100e, 103e, 21e léger, 28e idem, 34e, 40e, 64e, 88e et 17e léger, qu'il a à son dépôt, en les faisant marcher bien en ordre, de choisir une église ou un lieu couvert afin de faire exercer les conscrits qui passent à son dépôt, et de s'y rendre fréquemment lui-même afin de s'assurer qu'on pousse leur instruction autant que possible ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11675 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14137).

Le 26 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Général Lacuée, Directeur général des revues et de la conscription : "L’état n°3 que vous m'avez accordé m'a fait plaisir ; il m'a paru ne rien laisser à désirer. Je disposer des 20000 hommes de la réserve de la manière suivante :
Annexe
Etat des hommes de la réserve à donner aux corps d'infanterie ci-après :
Ceux 12e de ligne 280 hommes ...
88e 630 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14172).

Par Décret du 14 février, l’Empereur nomme membres de la Légion d’honneur, les Capitaines Vurtz, Salomon, Debrigues, Lareche, Voinnet, Tirel; les Lieutenants Neveu, Lefaivre, Lombard; les Sergents-majors Klein, Merle, Février; les Sergents Blachère et Tissot, le Caporal Fayol; les Fusiliers Gagelin, Laplace; le Sapeur Raffin.

Le 88e combat le 16 février à Ostrolenka.

Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Daru, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
5e corps
... 88e de ligne ...
Dépôts à Varsovie ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).

Le 15 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Je réponds à votre lettre du 7 février. J'y vois que vous avez encore 7342 hommes. Vous me demandez comment vous devez les employer. Il ne faut point donner les 7300 hommes que demande la marine et il faut employer cette réserve à réparer les pertes de la bataill d'Eylau. Voici les corps auxquels j'en voudrais donner : … Pour la Grande Armée … 88e de ligne 200 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14661).néral Girard.

Le 22 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, mon intention est de compléter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs de la division Oudinot à un effectif de 150 hommes. Je désire en conséquence que vous fassiez réunir, conformément au tableau ci-joint, différents détachements d'hommes. De 5 pieds 4 pouces pour les grenadiers et de 4 pieds 11 pouces ou 5 pieds bien constitués pour les voltigeurs. Ces détachements peuvent partir sans sous-officiers, en désignant les meilleurs sujets pour en faire les fonctions pendant la route. Après en avoir passé la revue et avoir pourvu à ce que leur habillement et armement soient parfaitement en état, vous les ferez conduire par des officiers d'état-major, pour Thorn ...
88e de ligne 53 [Pour les grenadiers] 47 [Pour les voltigeurs] ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14811).

Le 24 mars 1807, depuis Osterode, l'Empereur écrit au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, il y a à Francfort-sur-l'Oder un détachement de 76 hommes du 88e, un détachement de 43 hommes du 1er de hussards, un de 25 hommes du 22e de chasseurs, un de 32 hommes du 3e de hussards. Donnez ordre que tous ces détachements partent pour rejoindre leurs corps par Thorn …" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 974 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14849).

Le 31 mars, depuis Osterode, Napoléon décide d'accorder 18 aigles d'honneur, dont neuf aux Officiers, et neuf aux Sous officiers et soldats, aux Régiments qui se sont distingués à Eylau. Il écrit au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre. 1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite, depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition : … 88e ... d'infanterie de ligne ...
Du moment que les maréchaux auront reçu ma décision, ils ordonneront à chaque général de division de réunir chez lui les colonels et chefs de bataillon de chaque régiment, ainsi que les généraux, de brigade, et de dresser un procès-verbal qui constate les individus qui méritent le mieux la décoration. Ce procès-verbal sera envoyé au maréchal commandant le corps d'armée, qui le transmettra, avec ses observations, au major général. Tous ces procès-verbaux devront être arrivés avant le 6 avril. Le 7, le major général me les soumettra …
" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 145013).

Le 1er avril, la Division Suchet devient 1ère du 5e Corps. Le 88e continue à faire partie de la 3e Brigade avec le 64e ; cette Brigade passe sous le commandement du Girard.

En avril, la Division est appelée à couvrir le siège de Dantzig ; elle est placée, à cet effet, sur le bas Omulew.

Le 21 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, dans l'état de situation de votre armée de réserve au 15 avril, je trouve ...
Que le 44e avait 462 hommes ; pourquoi n'en enverriez-vous pas 300 hommes ...
Je suppose que si vous ne les avez pas fait partir, c'est qu'ils n'étaient pas habillés. Mais moyennant l'autorisation que je vous ai donnée de les envoyer non habillés dans les régiments provisoires et de garnison, je pense que vous les avez mis en route ...
Je vois, par le même état, que vous pourriez faire partir également de Strasbourg :
du 3e régiment de ligne 500 hommes ... 88e idem 100 ...
Je suppose donc que tout cela sera parti ; si ce ne l'était pas, faites-le parti sans délai ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15379).

"Le capitaine de grenadiers Laurin, du 64e, avait été entouré dans sa redoute de Bialobregy par une nuée de cosaques et un bataillon ; seul avec son faible détachement, il résiste par un feu des plus vifs, repousse une sommation de se rendre qu'on ose lui faire et contraint l'ennemi à se retirer. Un poste du 88e fut moins heureux, quoique aussi brave : quatorze hommes sont enlevés dans leurs retranchements après une longue résistance, se défendent jusqu’au dernier soupir et restent tous sur te champ d'honneur entourés d'ennemis morts" (Notice du Général Beker, 5e Corps - In : Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 62)

Le 12 mai 1807, le Général Girard repousse avec le Régiment les Russes qui tentent d’enlever le pont de Druczewo.

Le 74e Bulletin de la Grande Armée, daté de Finkenstein, le 16 mai 1807, raconte : "... Les Russes se présentèrent aussi à Malga, devant le général Zajonchek, commandant le corps d'observation polonais, et enlevèrent un poste de Polonais. Le général de brigade Fischer marcha à eux, les culbuta, leur tua une soixantaine d'hommes, un colonel et deux capitaines. Ils se présentèrent également devant le 5e corps, insultèrent les avant-postes du général Gazan à Willenberg ; ce général les poursuivit pendant plusieurs lieues. Ils attaquèrent plus sérieusement la tête de pont de l'Omulew, de Drenzewo ; le général de brigade Girard marcha à eux avec le 88e, et les culbuta dans la Narew. Le général de division Suchet arriva, poussa les Russes l'épée dans les reins, les culbuta dans Ostrolenka, leur tua une soixantaine d'hommes, et leur prit 50 chevaux. Le capitaine du Laurin, qui commandait une grand'garde, cerné de tous côtés par les Cosaques, fit la meilleure contenance et mérita d'être distingué. Le maréchal Masséna, qui était monté à cheval avec une brigade de troupes bavaroises, eut lieu d'être satisfait du zèle et de la bonne contenance de ces troupes …" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 205 ; Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12593).

Le 14 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Le 5e provisoire se rendra à Finkenstein, hormis les détachements des 34e, 40e, 88e, 100e, 103e, et du 17e léger, qui se rendront en droite ligne sur Willenberg ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1117 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15611).

Le 21 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J’ai reçu les états de situation que je vous avais demandés. Les 20000 hommes de la réserve doivent être distribués de la manière suivante :
12000 hommes à l'infanterie de ligne et légère conformément au tableau ci-joint.
… Répartition de 12 000 hommes de la réserve de 1808 entre les corps ci-après de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère.
... INFANTERIE DE LIGNE
CORPS NOMBRE DES CONSCRITS
... 88e 300 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15681).

Le 27 mai 1807, à Finkenstein, "Le général CIarke rend compte qu’il a fait partir de Berlin le 9e régiment d'infanterie légère pour Posen, d'où les compagnies de ce régiment provenant du 17e légère, des 34e, 40e, 88e, 100e et 163e ( ?) de ligne, se dirigeront sur Varsovie ; tandis que celles appartenant aux 10e légère, 3e, 4e, 18e, 57e et 59e de ligne se dirigeront sur Thorn. Il demande quelle sera la destination ultérieure de ces six dernières compagnies"; l'Empereur répond : "Faire venir à Finkenstein la partie de ce régiment qui arrive à Thorn" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1149 - Note : 9e Régiment provisoire d’infanterie ?).

A la fin de mai, 14 Grenadiers du régiment occupent une petite redoute avancée ; une forte reconnaissance Russe s’en approche et les somme de se rendre. Ils répondent à coups de fusils et résistent 3 heures. N’ayant plus de munitions et pour la plupart blessés, ils se rendent après avoir tué 30 hommes à l’ennemi.

Composition de l'Aile droite, 5e Corps du Maréchal Masséna, le 1er juin 1807 :
1ère Division, Général Suchet : 17e Léger, 34e (3 bataillons), 40e, 64e et 88e de Ligne, 11 Bataillons, 18 pièces, 7540 hommes.
2e Division, Général Gazan : 21e et 28e Légers, 100e (3 Bataillons) et 103e de Ligne (3 Bataillons), 10 Bataillons, 17 pièces, 6219 hommes.
Artillerie : 369 hommes.
Division bavaroise, (Prince royal de Bavière), Général de Wrède : 2e, 3e, 4e, 7e, 13e et 14e Régiments de Ligne ; 3e et 4e Bataillons légers, Bataillon Braun ; 15 Bataillons, 18 pièces, 10468 hommes ; 2e
Dragons, 3e Chevau-légers, 4 Escadrons, 803 hommes.
Cavalerie légère, Général Montbrun : 9e et 10e Hussards, 21e Chasseurs, 9 Escadrons, 667 hommes.
5e Division de Dragons, Général Lorge : 13e, 22e, 15e et 25e Régiments, artillerie ; 12 Escadrons, 3 pièces, 1645 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).

Le 8 juin, le Sous-lieutenant Rosey du Régiment reconnaît à la nage l’île Grobowo, occupée par l’ennemi, en fait le tour sous un feu violent et vient rendre compte de sa mission.

Le 10 juin, le Régiment se distingue au combat de Borki, sur la Narew, où les Russes sont retranchés. Mais n’assiste pas aux batailles de Heilsberg également le 10 juin 1807, et de Friedland le 14 juin.

Les Russes sont poursuivis jusqu’à Bialystok, le Régiment reste dans cette ville jusqu’à la paix de Tilsit.

/ Le Corps d'Observation des Côtes de l'Océan, 1807-1808

L’autre grande affaire pour l’Empereur après Tilsitt, c’est le Portugal et l’Espagne où il envoie des troupes, en général des Régiments provisoires, dans des Corps d’Observation formés de divers détachements, pour contrôler discrètement les places fortes du Royaume bourbonien, alors notre allié, et lancer la conquête du Portugal.

Le Corps d’Observation des Côtes de l’Océan était sous les ordres de Moncey. Avec le 4e Régiment provisoire d’infanterie formé de détachements des 61e, 88e, 96e et 100e de Ligne.

Le 11 novembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke Clarke, le corps d'observation des côtes de l'Océan ne sera réuni à Metz, Nancy et Sedan, tout entier, que vers le 25 novembre ; cela ne peut point cadrer avec mes projets. Voici donc les mesures que mon intention est que vous preniez sans délai.
Faites préparer à Metz et sur toute la route de Metz à Bordeaux, des voitures en nombre suffisant pour porter mille hommes par convoi ; et vous ferez ainsi aller en poste, par un mouvement continu, les troupes qui seront arrivées à Metz le 15 et le 16 novembre.
Le 15 novembre, à cinq heures du matin, les premiers 1,000 hommes ... partiront sur ces voitures et continueront leur mouvement sur Bordeaux, de manière à y être rendus, si c'est possible, le 25 ou le 26 novembre.
Six heures après, le second convoi, compose des deux compagnies du 24e, de deux du 44e et des deux du 63e, suivra et prendra les mêmes relais ...
Six heures après, le troisième convoi, composé de deux compagnies du 44e, des deux compagnies du 18e et des deux du 57e, suivra ce même mouvement et sera suivi par les deux compagnies du 96e, par celles du 88e et par celles du 100e ; de sorte que ces 3,600 hommes se trouvent rendus à Bordeaux avant la fin de novembre.
Un officier d'état-major, que vous expédierez du ministère avec les fonds nécessaires, marchera devant, préparera la route et fera tous les payements ...
" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13344 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16760).

/ 1808, en France : Formation de la Division de Réserve d'Infanterie à Orléans

Le 12 janvier 1808, l'ordre suivant est promulgué : "L'Empereur a ordonné la formation d'une division de réserve d'infanterie qui sera réunie à Orléans le 1er février 1808.
Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires et chaque régiment de trois bataillons. La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires ...
... Les trois bataillons du 15e régiment provisoire doivent être composés de quatre compagnies chacun, tirées des 39e 40e, 45e, 54e, 57e, 61e, 63e, 76e, 85e, 88e, 94e et 95e régiments de ligne ...
Le général de division Verdier commandera cette division de réserve, le général Schramm y sera employé
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1511).

Toujours le 12 janvier 1808, un deuxième ordre est promulgué, portant sur la composition de la Division de Réserve d'infanterie qui se réunit à Orléans : "Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires, chaque régiment de trois bataillons, chaque bataillon de quatre compagnies, chaque compagnie de 150 hommes, total 10.800 hommes.
La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires, la 2e, des 15e et 16e, la 3e des 17e et 18e.
... Le 15e régiment provisoire sera composé, savoir : ... 3e bataillon : d'une compagnie de 150 hommes du 85e régiment de ligne, d'une du 88e, d'une du 94e et d'une du 95e ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1514).

Le même 12 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous donnerez les ordres pour la formation d'une division qui portera le titre de division de réserve, et qui se réunira à Orléans. Cette division sera composée conformément au tableau ci-joint ... Vous donnerez l'ordre qu'avant de faire partir les compagnies qui doivent former la division de réserve d'Orléans on complète tout ce que les corps doivent fournir aux douze régiments provisoires du corps d'observation des côtes de l'Océan. Le général de division Verdier commandera cette division de réserve. Le général Schramm y sera employé
P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et elle se mettra en marche au 1er février. Vous aurez soin de lui faire fournir des capotes et de veiller à ce que les hommes soient bien habillés.
COMPOSITION DE LA RÉSERVE D'INFANTERIE QUI SE RÉUNIT À ORLÉANS
Cette division sera composée de trois brigades ; chaque brigade de deux régiments provisoires ; chaque régiment de trois bataillons ; chaque bataillon de quatre compagnies ; chaque compagnie de 150 hommes : total 10 800 hommes.
... la 2e brigade 15e et 16e ...
Le 15e régiment provisoire sera composé : ... 3e bataillon
une compagnie de 150 hommes du 85e régiment de ligne
une du 88e régiment de ligne
une du 94e régiment de ligne
et une du 95e régiment de ligne ...
Le 16e régiment provisoire sera composé :
... 3e bataillon
4 compagnies de 150 hommes du 85e régiment de ligne
une du 88e régiment de ligne
une du 94e régiment de ligne
une du 95e régiment de ligne
Nota : le 3e bataillon de ce régiment qui est à Boulogne fera sur-le-champ partie de ces 4 compagnies ...
" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 16987).

Le 22 février 1808, Napoléon écrit, de Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous devez avoir reçu mon décret pour la nouvelle organisation de l'armée. Je me suis hâté de vous l'envoyer, ainsi que les différents tableaux, afin que vous puissiez donner tous les ordres préparatoires. Mon intention est cependant qu'aucun dépôt ne se mette en marche pour sa nouvelle destination, et qu'aucun embrigadement ne soit fait qu'en conséquence d'une instruction que vous donnerez aux généraux chargés de ce travail, et qui, avant d'être expédiée, sera mise sous mes yeux. Voici quelles sont mes vues ; je vous les fais connaître afin que cela vous serve pour la rédaction de cette instruction ...
5e Corps de la Grande Armée. — Pour le 5e corps, le 34e, qui a ses trois bataillons à la Grande Armée, c'est-à-dire vingt-sept compagnies, en gardera vingt-quatre. Les 40e, 64e, 88e, 100e et 103e garderont leurs trois bataillons ou dix-huit compagnies. Il en sera de même des 17e, 21e et 28e d'infanterie légère ...
" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17260).

Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ... ANNEXE :
... 5e corps
... 88e id. 80 000 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).

Tambour major 88e de Ligne, en Espagne 1810 Tambour major du 88e de Ligne Tambour major 88e de Ligne
Tambour major du 88e de Ligne en Espagne, 1810 - Dessin de K. Tohshche, d'après El Guil
Tambour major du 88e de Ligne en Espagne, 1810 - Dessin de H. Boisselier, d'après El Guil
Tambour major du 88e de Ligne en petite tenue

Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts. Je conçois que les conscrits ont été dirigés sur les nouveaux dépôts ... Je pense qu'il serait convenable d’en faire de même, et qu'ainsi de suite il faudrait diriger les magasins du ... du 88e de Strasbourg sur Rocroy ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).

Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; il écrit :"3° NOTE ...
4e régiment de marche :
1er bataillon, à Strasbourg, six compagnies. 840
2e bataillon, à Hanovre, huit compagnies. 1.120
1960 ...
Réunir cette division à Magdeburg.
4° GRANDE ARMÉE.
PROJET DE FORMATION DE RÉGMENT DE MARCHE.
Infanterie.
1er régiment de marche. 1.860 ...
4e Id. 1.540 ...
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Il sera formé six régiments de marche de la Grande Armée ; ils seront organisés conformément au tableau ci-annexé.
Art. 2. Toutes les troupes qui doivent composer ces régiments seront bien habillées, bien armées, enfm mises en bon état et prêtes à partir de leur garnison le 1er août prochain.
Art. 3. Le 1er régiment de marche se réunira à Hanau ...
Le 4e – à "
Art. 4. Nos ministres de la guerre, de l'administration de la guerre et du Trésor public, sont chargés de l'exécution du présent décret ...
8° 4e RÉGIMENT DE MARCHE OU RÉGIMENT DE MARCHE DU 5e CORPS ...
1er bataillon (6 compagnies).
... Deux compagnies, Besançon, à 140 hommes du 64e 280
Trois compagnies, Besançon, à 140 hommes du 88e 420
Une compagnie, Strasbourg, à 140 hommes du 17e d'infanterie légère 140
840 ...
Total 1.540
88e 3 ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée, en raison de la lettre adressée le même jour à Clarke).

Le 6 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il sera formé trois brigades composées de régiments de marche, sous les ordres du maréchal Kellermann. La 1re brigade se réunira à Wesel, la 2e à Mayence et la 3e à Strasbourg. La 1re brigade sera composée du 1er et du 5e régiment de marche. Le 1er régiment de marche sera composé de détachements d'hommes nécessaires pour compléter les régiments d'infanterie du 1er corps de la Grande Armée : le 5e régiment de marche, des détachements nécessaires pour compléter le 5e corps de la Grande Armée ...
Le 5e régiment de marche sera composé de deux bataillons :
1er bataillon : 2 compagnies de 140 hommes chacune du 64e de ligne
3 compagnies du 88e de ligne
et 3 compagnies du 22e ...
Chacun de ces régiments sera commandé par un major, et chaque bataillon par un chef de bataillon. Cette brigade forte de 3 à 3 500 hommes sera formée sans délai, et sera composée d'hommes bien habillés et bien équipés. Le maréchal Kellermann proposera un général de brigade pour la commander, et la tiendra prête à se porter partout où elle serait nécessaire ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2077 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18486).

- Juin 1808, fin 1808 : le front d'Espagne

Moncey quitte Madrid, le 8 Juin, pour mâter la révolte de Valence mais échoue devant cette ville à la fin juin; il doit alors se replier sur Madrid.

Par ailleurs, la défaite de Bailen force Napoléon à venir sur le théâtre d'opération en personne, en rameutant ses vieilles troupes d'Europe centrale, et en réorganisant les unités sur place. Fin septembre, à Erfurt, il tente de s’assurer de la neutralité des puissances européennes sur ses arrières et laisse en Allemagne une Armée du Rhin avec Davout. Puis il s’occupe de l’acheminement de ses Corps d’armées sur l’Espagne.

Le 19 octobre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, le 5e corps de la Grande Armée faisant partie de l'armée d’Espagne, il faut ordonner que les dépôts des 17e léger, 34e, 40e, 64e, 88e, 100e, 103e de ligne, 21e léger et 28e léger fournissent tout ce qu'ils ont de disponible pour compléter ces corps ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2372 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19068).

La Division Suchet quitte l’Allemagne avec la Grande Armée et arrive à Bayonne en novembre 1808.

/ 1809 : le 88e sur plusieurs fronts

- Espagne

Musicien 88e de Ligne, chapeau chinois
Musicien du 88e de Ligne, chapeau chinois

La Division Suchet, avec le 88e Régiment, est envoyée en Catalogne pour faire partie du 5e Corps commandé par le Général Mortier. La Division est d'abord employée à l’investissement de Saragosse, et servant de Corps d’observation, elle couvre le siège de la ville.

Le 17 janvier 1809, Berthier adresse à Joseph, depuis Valladolid, les Instructions de l'Empereur : "Sire, l'Empereur m'ordonne d'avoir l'honneur de faire connaître à Votre Majesté que les événements politiques le décident à partir pour Paris ; qu'il compte revenir en Espagne au mois de mai, si les circonstances le permettent. Toutefois, l'Empereur confie à Votre Majesté le commandement de ses armées en Espagne. J'ai l'ordre de rester huit à dix jours après le départ de l'Empereur, c'est-à-dire jusqu'au 25, afin d'être assuré que vous aurez reçu cette dépêche, et que Votre Majesté a connaissance de la situation des choses …
L'Empereur, Sire, a confié au duc d'Istrie le commandement de tout ce qui compose la garde impériale, qui recevra les ordres directs de l'Empereur ; cette garde ne fait pas partie de l'armée. L'intention de Sa Majesté est qu'elle soit toute réunie à Valladolid, qu'elle s'y repose, pour être en mesure de se porter sur une autre frontière.
Le maréchal duc d'Istrie a également sous son commandement, comme faisant partie de l'armée :
... 3° La division du général Heudelet, composée du 4e bataillon du 15e régiment d'infanterie légère, du 2e bataillon du 32e régiment d'infanterie légère, de deux bataillons du 26e de ligne ; de deux bataillons du 66e, de deux bataillons du 88e, d'un bataillon de la légion du Midi, d'un bataillon de la légion hanovrienne, et d'un bataillon de la garde de Paris. Cette division sera sous les ordres du duc d'Istrie, tant qu'elle sera à Astorga et dans les montagnes entre cette ville et Villa-Franca ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 5, p. 365).

Le 24 janvier, Mortier quitte la Catalogne avec les 34e, 40e, 64e et 88e Régiments et 10 canons pour marcher contre les troupes qui veulent attaquer le Corps qui assiège Saragosse. Il rencontre avec forces, à Nuestra-Senora de Magaffor, près de Licinena, les Espagnols forts de 15000 hommes, commandés par le frère de Palafox. Le 64e les attaque, tandis que les 34e et 88e le tournent, le 40e restant en réserve. Le succès est complet; les Espagnols perdent 12000 hommes, 2 drapeaux et 4 canons.

Après ce combat heureux, Mortier descend l’Elbe jusqu’à Pina, couvrant ainsi le siège de Sarragosse.

Après avoir passé le mois de février à dissiper autour de Saragosse des bandes sans grande consistance, mais bientôt réformées, la Brigade Girard (88e et 64e) est détachée en mars, prend le fort de Mouzon et met en déroute, à Benavarre (21 mars), le Corps espagnol de Pereba.

En avril, le 5e Corps est dirigé sur Burgos et Palencia, et Suchet est nommé au commandement du 3e Corps de l’Armée d’Espagne. Le Général quitte avec regrets sa division : "La division Suchet, écrit-il dans ses mémoires, formée dès le camp de Boulogne du 17e léger, des 34e, 40e, 64e et 88e de ligne était comme une véritable légion romaine ; animée d’un même esprit, sous un chef qu’elle chérissait, elle était devenue disciplinée, manoeuvrière, infatigable".

Le Général Girard prend le commandement de la Division.

- Opérations en Vieille Castille, Léon et Asturies.

En mai et juin, cette Division poursuit les rassemblements espagnols sur Léon et Oviedo par une pluie continuelle, à travers des pays ruinés, sans habitants. Ces marches fatiguent beaucoup des troupes exceptionnellement résistantes.

- Offensive de Wellington sur Madrid.

En juillet, Soult concentre à Salamanque les 3 Corps d’armée sous ses ordres et part de là pour prendre en flanc, dans la vallée du Tage, l’armée anglo-espagnole de Wellington qui vient de livrer à Jourdan la bataille indécise de Talavera de la Reina. Wellington s’empresse de repasser le Tage.

La Division Girard, à l’avant-garde de Soult, repousse facilement un détachement espagnol gardant le col de Banos et attend l’arrière-garde espagnole au pont d’El-Arzobispo.

- Combat du pont d’El-Arzobispo.

Le 8, pendant que l'artillerie française tire avec la plus grande vivacité sur les batteries espagnoles et sur le pont, la Brigade de Dragons du Général Caulaincourt, protégée par le feu de deux Compagnies de Voltigeurs, passe plus haut le Tage, à un gué situé à 100 toises (195 m) en amont du pont; le 34e Régiment d'infanterie et deux Bataillons du 40e suivent cette Brigade ; le reste de la cavalerie du 5e Corps, et celle du 2e, marchent immédiatement après. En même temps le 1er Bataillon du 40e, précédé des Compagnies de Sapeurs, renverse les palissades et de chevaux de frise qui défendent l’accès du pont, et ouvre le passage aux 64e et 88e, qui le passent rapidement. Les batteries ennemies, prises à revers, sont enlevées. Les deux Brigades réunies enlèvent les bois où l’infanterie ennemie a pris position. Cette infanterie,est également chargée par le 18e de Dragons, et mise en déroute, de même que les canonniers espagnols ; la Division de cavalerie du Duc d'Albuquerque, que Cuesta fait avancer pour protéger la retraite, chargée à son tour par le Général Caulaincourt, est culbutée, et perd ses canons. A partir de ce moment, l'ennemi prend la fuite dans le plus grand désordre, et se disperse, laissant au pouvoir des vainqueurs 30 bouches à feu, 45 caissons, 600 prisonniers, plus de 400 chevaux, et quantité d'équipages. Le Duc de Dalmatie annonça que la perte de sa cavalerie est de 28 tués et de 80 blessés, et celle de l'infanterie insignifiante, n'ayant eu que des Tirailleurs engagés. D'après son rapport, les Espagnols ont un grand nombre d'hommes hors de combat. Cette brillante affaire fait beaucoup d'honneur au maréchal Mortier, qui la dirige (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 251).

Wellington et l’armée anglaise ont pu s’échapper.

Le 8 août 1809, Soult écrit, depuis Valvidejar, à Joseph : "... En tête de la cavalerie avaient passé un gué, ayant de l'eau jusqu'à la poitrine, la 5e compagnie de pontonniers et la 5e compagnie du bataillon de sapeurs. Les 34e et 40e régiments de ligne ont passé le Tage à gué en colonnes par peloton, en même temps que la cavalerie, et se sont formés à la rive gauche. Les 64e et 88e régiments ont forcé le pont, et ont été se mettre en bataille devant les batteries ennemies. Le général Girard, qui commandait cette division d'infanterie, a très-bien fait ses dispositions …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 303).

Le 9 août 1809, Mortier écrit, depuis Valvedejas, à Soult : "Monsieur le maréchal, le 6 de ce mois le 5e corps se mit en marche de sa position de Naval-Moral, à deux heures du matin pour Valvedejas. Des partis de cavalerie que j'avais envoyés sur Puente-del-Arzobispo y trouvèrent l'ennemi ; et j'eus lieu de me convaincre dans la journée que la majeure partie de l'armée de Cuesta était campée sur la rive gauche du Tage, entre Azutan et Rio-Pedrosa. L'armée anglaise, aux ordres de sir Arthur Wellesley, avait opéré sa retraite depuis quarante-huit heures.
Arzobispo était défendu par 18 pièces d'artillerie, et la cavalerie ennemie tenait encore la plaine sur la rive droite ; mais à notre approche elle repassa le pont, défendu par deux tours remplies de troupes, par des traverses et des chevaux de frise que l'ennemi rétablit avec soin après son passage. Il était important d'occuper Arzobispo, et la ville fut emportée avec beaucoup de résolution par un fort détachement de ma 1re division, malgré une canonnade très-vive. La nuit nous ayant surpris, je fis prendre position au 5e corps en arrière d'Arzobispo. Le 7, je portai en avant un fort parti de cavalerie ; il rencontra la cavalerie légère du 1er corps. J'appris que l'ennemi avait entièrement évacué Talavera de la Reyna, et que le 1er corps devait s'y rendre ; il était donc instant de passer le Tage et de tomber sur le corps que j'avais devant moi ; il était commandé par le duc d'Albuquerque. D'après tous les rapports, il devait être composé de 4 mille chevaux, de 18 mille hommes d'infanterie, et d'une nombreuse artillerie. Le projet d'emporter le pont de vive force aurait pu nous coûter beaucoup de monde, et les habitants du pays assuraient que le gué près d'Arzobispo, et sous le canon des redoutes de la rive gauche, était impraticable.
Je donnai à M. l'adjudant-commandant Dembrosky, chef de mon état-major, l'ordre de le reconnaître avec trois nageurs : bientôt après il me rapporta que le gué, quoique profond, pouvait être passé.
J'eus alors l'honneur de vous proposer de faire passer toute ma cavalerie et une division d'infanterie. M. le général Caulaincourt avec sa brigade, composée des 18e et 19e régiments de dragons de la division du général Lahoussaye, formait la colonne ; et, malgré la mousqueterie de l'ennemi, la mitraille et les boulets que faisait pleuvoir sur lui sa batterie de droite, le Tage fut traversé. Deux compagnies de voltigeurs du 34e régiment s'étaient jetées dans une petite île près du gué, pour protéger le passage de la cavalerie. La 1re brigade de ma 1re division, composée des 34e et 40e régiments, traversa le Tage en colonne serrée par peloton dans chaque bataillon, et dans le plus grand ordre, ayant souvent de l'eau au-dessus de la poitrine ; tandis que les 64e et 88e régiments, formant la 2e brigade, franchissaient rapidement le pont que venait d'enlever un bataillon du 40e, commandé par M. le Saché, et qui depuis vingt-quatre heures avait pris poste dans la ville ...
Le général Chauvel ; le colonel Veyland, du 88e régiment ; les chefs de bataillon Millet et le Saché, du 40e, méritent également d'être cités à Sa Majesté l'Empereur, ainsi que MM. Maron, lieutenant, aide de camp de M. le général Girard, et Mahon, capitaine-adjoint à l'état-major général du 5e corps ...
La chaleur était accablante ; la troupe, depuis cinq jours, était sans pain ; le manque d'eau était pour elle une privation bien sensible. Mais, au premier coup de canon, les officiers, sous-officiers et soldats oublièrent leurs souffrances, et ne manifestèrent que le désir de vaincre, et de prouver à l'Empereur tout leur attachement ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 313).

Dans son "Rapport sur le mouvement des 2e, 5e et 6e corps des bords du Duero et du royaume de Léon, sur le Tage" expédié le 13 août 1809 depuis Placencia au Ministre de la Guerre, Soult écrit : "... Deux compagnies de voltigeurs du 34e régiment avaient été placées dans une petite île près du gué, pour protéger le passage de la cavalerie. La 1re brigade de la 1re division du 5e corps, composée des 34e et 40e régiments, traversa le Tage en colonne serrée par peloton, et dans le plus grand ordre ; immédiatement après, la 1re brigade de cavalerie, en même temps que les autres, défilait, ayant souvent de l'eau au-dessus de la poitrine, tandis que le 64e et le 88e régiments, formant la 2e brigade de cette division, franchissaient rapidement le pont que venait d'enlever un bataillon du 40e, commandé par M. le Saché, qui, depuis vingt-quatre heures, avait pris poste dans le village de l'Arzobispo ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 321).

Le 5e Corps s’établit dans les environs de Madrid.

Tambour du 88e de Ligne en Espagne Tambour du 88e de Ligne en Espagne, 1809
Tambour du 88e de Ligne en Espagne, copie d'un dessin de H. Boisselier, source BNF
Tambour du 88e de Ligne en Espagne, 1809 - Dessin de K. Tohshche, d'après El Guil

Le 25 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint l'idée d'un rapport pour justifier la levée des 36 000 conscrits que je viens d'ordonner. Vous trouverez également la répartition de ces 36 000 conscrits. Ajoutez à votre rapport une considération sur la grande quantité de conscrits qui restent sur les années passées, écrivez-en même le nombre s'il en reste effectivement 500 000, dites qu'il y en a 800 000. Il est nécessaire que cette phrase soit bien frappée, parce qu'elle fera une grande influence sur l'étranger.
Napoléon
Décret « de distribution » répartissant les 36 000 conscrits par place forte ou régions militaires
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1er
La distribution des 36 000 conscrits levés en vertu du sénatus-consulte du […] octobre, sera fait ainsi qu’il suit :
... Seront dirigés sur différents dépôts, savoir :
... 200 au 88e ...
Relevé de la distribution des 36 000 conscrits suivant l’ordre numérique des régiments employés à l’armée d’Espagne :
... Infanterie de ligne
... 88e à son dépôt 200 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22176).

A l’automne, le Corps de Mortier opère dans la Nouvelle Castille.

Le Maréchal se porte à Talavera, à Tolède, à Aranjuez.

- Bataille d’Ocana, 18 novembre 1809

Au mois de novembre, le Général Areizaga marche sur Madrid avec l’armée espagnole d’Andalousie forte de 60000 hommes.

Le 17 novembre, les Espagnols prennent position à Ocana. Le Roi se trouve à Aranjuez avec le 4e (Sébastiani) et le 5e Corps (Mortier), une Brigade de la Division Dessolles, et sa Garde; en tout 30000 hommes. Le Maréchal Victor est à une forte marche de là, du côté de Villamaurique et de Fuente-Dueno, observant le haut Tage. Il reçoit l'ordre de passer le fleuve le 18, sur le point où il se trouve, et de se diriger sur Ocana. Le même jour, les 4e et 5e Corps débouchèrent d'Aranjuez. Le Maréchal Mortier commande l'infanterie des deux Corps ; le Général Sébastiani, la cavalerie ; le Roi et son Major général dirigent les mouvements. Arrivé sur le plateau en avant d'Ocana, on se trouve en présence de l'ennemi. Si on engage l'affaire de suite, le Duc de Bellune ne peut arriver à temps pour y prendre part ; toutefois, après quelques moments d'hésitation pour savoir si on l'attendra, on se décide à attaquer.

La Division Girard occupe la gauche de la ligne de bataille et y est d’abord placé en 2e ligne derrière la Division Leval du Corps de Sébastiani. Celle-ci ayant fait des pertes sensibles par le feu à petite portée de l'artillerie et de l’infanterie espagnoles, est remplacée, en 1re ligne, par la Division Girard ; les 34e et 40e et 64e sont formés en colonnes d’attaque ; le 88e est laissé sur le flanc gauche pour contenir la cavalerie espagnole.

La Division Girard, entraînant le 4e Corps tout entier rallié derrière elle, enfonce la droite de l’ennemi. Ce n'est bientôt plus qu’une horrible confusion. Cinquante bouches à feu, 30 drapeaux, 15000 prisonniers, 3000 chevaux et des bagages considérables tombent en notre pouvoir.

Le Colonel du 88e, Veilande, les Chefs de Bataillon Marquet et Monnot du Régiment sont cités pour leur bravoure dans cette bataille.

Dans son rapport, le Duc de Trévise, à qui la gloire de cette journée doit être particulièrement attribuée, raconte : "L'armée espagnole était en bataille sur plusieurs lignes, la droite et le centre dans la direction de Noblejos à Ocana, et sa gauche se prolongeant au-delà de cette ville. Un ravin profond, partant de la ville, s'étendait presque vis-à-vis l'extrémité de sa droite.
Le général Leval, qui commandait les divisions du duché de Varsovie et de la confédération du Rhin, se dirigea sur la droite de l'ennemi en tournant le ravin, l'attaqua avec vigueur, et le repoussa jusque sur ses masses. Celui-ci, ayant ainsi concentré ses forces, reprit l'offensive à son tour, franchit le ravin, et chargea les bataillons du général Leval. Dans ce moment ce général est blessé, un de ses aides de camp tué, deux pièces démontées. Le duc de Trévise s'étant aperçu du flottement qui se manifestait dans sa 1re ligne, ordonna à la 1re division du 5e corps, composée des 34e, 40e et 88e régiments, commandée par le général Girard, de se porter en avant, et de passer à travers les intervalles de la première ligne. Ces troupes exécutent ce mouvement avec précision, marchent avec rapidité sur l'artillerie ennemie, s'emparent de 3 pièces, culbutent tout ce qui veut opposer de la résistance, débordent les corps appuyés à la ville d'Ocana, et les forcent à fuir en abandonnant leurs armes. La victoire est assurée.
Pendant que ces événements se passaient sur la droite et sur le centre, la division aux ordres du général Dessolles, composée momentanément d'une de ses brigades et d'une brigade de la division Gazan, était restée en face et à la droite d'Ocana, pour contenir les troupes qui occupaient cette ville et celles qui tenaient la gauche de la ligne. Au moment où elle aperçoit les progrès que l'on a faits au centre et à la gauche, elle passe le ravin, forme vivement son attaque sur la droite d'Ocana, et complète la déroute sur ce point. Alors s'ébranle la cavalerie, que dirige le général Sébastiani ; elle s'élance avec rapidité, et a bientôt atteint l'ennemi, qui, dans sa fuite à travers les bois d'oliviers, cherchait à gagner la route de Dos-Barrios et de la Guardia. En vain il s'efforce de soutenir sa retraite par des bataillons carrés : les carrés sont enfoncés. La division de cavalerie légère, composée du régiment de lanciers, du 10e de hussards, 10e et 21e de chasseurs, commandée par le général Beauregard, sabre à sa gauche une colonne nombreuse, et fait mettre bas les armes à 5 mille hommes. Au même instant, une brigade de dragons charge une autre colonne, lui fait également mettre bas les armes, et lui prend plusieurs pièces de canon. On poursuit l'ennemi, l'épée dans les reins, jusqu'à la Guardia ; à chaque pas on ramasse de nouveaux prisonniers, et, dans la même soirée, 20 mille hommes, 50 bouches à feu et 30 drapeaux restent au pouvoir des Français, dont la perte ne s'élève qu'à 1,200 hommes tués ou blessés
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 7, p. 13).

Dans son "Rapport général sur la bataille d'Ocana et sur les mouvements de l'armée impériale qui ont précédé, d'après les dispositions de Sa Majesté Catholique", adressé le 19 novembre 1809, depuis Ocana, à Berthier, Soult écrit : "... M. le maréchal duc de Trévise fait l'éloge de M. le général Chauvel, dont les deux aides de camp Toirot et Bourgavin ont été blessés ; du colonel Reymond, du 34e régiment ; des colonels Chassereau, du 40e, et Pescherie, du 64e, tous deux blessés ; du colonel Weylande, du 88e, qui commandait la 2e brigade ; de l'adjudant commandant Dambrouski, son chef d'état-major, officier aussi intelligent que brave, qui a déjà été proposé pour général de brigade ; de l'adjudant commandant Delage, chef d'état-major de la Ire division ; du colonel Boucha, commandant l'artillerie du 5e corps ; des chefs de bataillon Meunier, Pichard et Astruc, du 64e; Millet, du 40e, Cadillon, du 34e, Masquet et Monnot, du 88e ; du chef d'escadron Hudry et du capitaine Masson, adjoints à l'état-major ; du chef de bataillon Canius, et des capitaines Bouvier, du 28e régiment d'infanterie légère, Peniel, du 34e, Moinllard, du 64e, Lambert, de l'artillerie, Girard, du génie : ce dernier a eu la cuisse emportée par un boulet ; du lieutenant Bret, du sous-lieutenant Collet, et du sergent Roblat, du 64e : ce sous-officier a pris un drapeau au milieu des rangs ennemis; du capitaine Mesclop et du lieutenant Maron, aides de camp du général Girard ; enfin, du colonel Gouré, du chef de bataillon Lapointe, et des capitaines Beaumetz, Choisy et Devimeaux, ses aides de camp ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 8, p. 404).

- 1808-1809 : le 88e à la Division d'élite, campagne d'Autriche de 1809

Grenadier, 88e de Ligne, Espagne Grenadier en Espagne, 88e de ligne
Grenadier du 88e de Ligne en Espagne, dessin de H. Boisselier, source E. Fort, d'après El Guil, BNF
Grenadier du 88e de Ligne en Espagne, dessin de H. Boisselier, d'après El Guil

Le 28 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Aranda, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Du moment que j'ai reçu votre état, je l'ai lu avec le plus grand intérêt ; mais il est tellement fautif que je ne puis compter sur son exactitude. Il faut que vous le fassiez corriger et que vous me le renvoyiez, dans l'état où il est, il ne peut me servir ... La colonne de l’armée du Rhin ne comprend que 17 corps qui auraient leurs compagnie de grenadiers et de voltigeurs au corps d'Oudinot ; c'est encore une erreur ; il y en a un plus grand nombre. Le 4e de ligne ; le 18e le 24e, le 26e légère ont leurs compagnies de grenadiers et de voltigeurs au corps d'Oudinot. Le 4e, le 88e, le 64e, le 16e léger, le 17e, le 21e, le 28e léger également. Vous commettez une double erreur en portant ces régiments pour 2800 hommes parce que vous y comprenez les compagnies de grenadiers et de voltigeurs et que vous ne les portez pas à l'armée du Rhin. Cet état demande donc à être retouché ; aux petits changements près, que j'ai notés ci-dessus, la forme m'en paraît très belle" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19429).

Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "... 2° Le corps du général Oudinot sera composé de trente-six bataillons des régiments ci-après, savoir des 4e, 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e et 28e d'infanterie légère ; des 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e, 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e et 94e de ligne, et des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e de ligne.
Les bataillons des tirailleurs corses et des tirailleurs du Pô y seront joints, ce qui en portera le nombre à 36.
Chaque bataillon sera réuni, enfin, à six compagnies et à 840 hommes.
Tous les hommes sortant des hôpitaux et appartenant aux régiments de marche formés en France resteront à la suite des compagnies de grenadiers et voltigeurs du corps d'Oudinot, et, lorsque les quatre compagnies de fusiliers seront arrivées, elles seront incorporées dans ces compagnies.
3° Aussitôt que deux compagnies de ces 4es bataillons seront complétées au dépôt à 140 hommes chacune, le ministre de la guerre nous en rendra compte, pour que nous donnions l'ordre de les faire rejoindre avec les chefs des bataillons et adjudants-majors.
Au 10 janvier, le ministre de la guerre nous fera connaître ceux de ces 4es bataillons qui peuvent fournir deux compagnies de 140. Les deux autres compagnies auront joint avant le 20 février, de manière qu'à cette époque chaque régiment de l'armée du Rhin ait ses quatre bataillons de six compagnies chacun et d'un effectif de 3.360 hommes, et que le corps présentera trente-six bataillons ou 30.000 hommes.
4° Ce corps sera partagé en trois divisions de douze bataillons chacune.
Les bataillons seront embrigadés sous le nom de demi-brigades d'infanterie, dont quatre d'infanterie légère et huit d'infanterie de ligne, commandées par les majors.
La 1re demi-brigade provisoire d'infanterie légère sera composée des 4es bataillons des 6e, 24e et 25e.
La 7e des bataillons des 40e, 75e et 88e ...
La 3e division sera composée des 3e, 4e demi-brigades d'infanterie légère et des 7e et 8e d'infanterie de ligne ...
5° Aucun mouvement ne se fait par le ministre de la guerre, qu'il ne m'en ait présenté le projet et qu'il n'ait eu mon approbation
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).

Le même 5 décembre 1808, l'Empereur écrit également, depuis Chamartin, au Général Lacuée, Directeur des Revues et de la Conscription militaire, à Paris : "Mon intention est de renvoyer les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 4es bataillons des régiments qui font partie de l'armée du Rhin à leurs régiments, pour former le cadre des 4es bataillons, et d'augmenter insensiblement ces 4es bataillons des quatre autres compagnies, de manière que l'armée du Rhin, qui est composée de vingt et un régiments, le soit de quatre-vingt-quatre bataillons ; ce qui, avec les huit bataillons qui forment le corps des villes hanséatiques, fera quatrevingt-douze bataillons, ou un effectif de près de 78,000 hommes, et, avec la cavalerie et l'artillerie, près de 110,000 hommes. Le corps d'Oudinot ne serait plus alors composé que des compagnies de grenadiers et voltigeurs des régiments ci-après, savoir : 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e, 28e d'infanterie légère ; 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e. 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e, 94e d'infanterie de ligne. Mon intention serait que les compagnies restant des 4es bataillons de ces corps y fussent réunies ; ce qui compléterait vingt-huit bataillons. J'y joindrais les 4es bataillons des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e ; ce qui porterait ce corps à trente-quatre bataillons, qui, à 840 hommes chacun, feraient près de 30,000 hommes. Pour compléter le nombre de 30,000 hommes, j'y réunirais les bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses ; j'en formerais trois divisions de douze bataillons chacune ; ce qui ferait un beau corps qui pourrait, si cela était nécessaire, renforcer l'armée du Rhin et la porter à 140,000 hommes, laissant les 4e, 46e, 18e de ligne, 24e et 26e légers, ce qui fait cinq régiments, pour la défense du port de Boulogne et de la Bretagne, et me laissant ainsi la faculté de diriger sur l'Allemagne les 4es bataillons des 48e, 13e, 108e, etc ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14535 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19446).

Le 24 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le ministre de la Guerre ... En lisant avec attention l'état des 4es bataillons à l'époque du 15 décembre, je vois qu’il y a des fautes ... Le 88e n'aurait également qu'une compagnie à fournir ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2684 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19888).

Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, le corps du général Oudinot, au lieu d’être partagé en trois divisions, ne le sera qu’en deux. À cet effet, la 3e demi-brigade légère et la 4e demi-brigade de ligne feront partie de la 1re division ; la 5e et la 6e demi-brigade de ligne feront partie de la 2e division. Le général Claparède commandera une de ces deux divisions. Comme il paraît que chaque corps ne pourra fournir que deux compagnies de fusiliers au grand complet, jusqu’à ce que la conscription de 1810 ait complété les cadres, chaque bataillon ne sera que de 560 hommes, chaque demi-brigade de 1 680 hommes, chaque division de 10 000 hommes, et le corps entier de 20 000 hommes. Lorsque les 5e et 6e compagnies de fusiliers pourront être envoyées, je verrai si je dois former une 3e division, ou laisser seulement le corps à deux divisions.
... Le 11e bataillon sera composé de deux compagnies du 40e, de deux du 75e et de deux du 88e ...
Ces douze bataillons de marche seront réunis du 1er au 15 mars à Strasbourg.
Vous donnerez ordre que chacune de ces compagnies soient complétées à 140 hommes.
Donnez ordre que les dépôts fournissent à chaque homme une capote et 3 paires de souliers, dont deux dans le sac et une aux pieds.
Si les dépôts ne pouvaient compléter ces compagnies, ils en enverront toujours les cadres, avec tout ce qu’ils ont de disponible, et vous ferez connaître ce qui manquerait, afin que je le fasse tirer des conscrits de ma Garde.
Vous donnerez ordre que tous les détachements de ma Garde qui doivent partir de Paris, pour porter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs au grand complet, soient prêts à partir le 15 pour se rendre à Strasbourg. Ils seront formés en bataillons de marche. Vous prescrirez aux différents commandants de ma Garde d’en passer la revue, de n’envoyer que des hommes qui sachent faire l’exercice à feu, et de les faire habiller de l’uniforme d’infanterie légère, avec les boutons des régiments où ils doivent entrer ; on me les présentera à la parade du 16, et ils partiront le 17.
J’ai donné ordre au corps du général Oudinot de se réunir à Augsbourg.
Si le général Claparède est encore à Paris, donnez-lui l’ordre de se rendre à Strasbourg pour y attendre ces détachements, et exécuter les ordres qui lui seront donnés. Il sera chargé de mener cette colonne.
Par ce moyen, il y aura entre Strasbourg et Augsbourg de quoi compléter les 12 brigades du corps du général Oudinot, à 12 compagnies chacune, c’est-à-dire à 20 000 hommes. Comme il y aura 12 demi-brigades, il faudra 36 chefs de bataillon et adjudants-majors. Présentez-moi la nomination de ceux qui manquent, et vous les dirigerez sur Strasbourg, pour de là rejoindre le corps. Il faudra 12 majors, le corps en a huit ; c’est quatre à envoyer. Il faut 6 généraux de brigade ; faites-moi connaître ceux qu’il faudrait envoyer.
Il faut à chaque division 18 pièces de canon, c’est-à-dire 36 pour les 2 divisions. Le corps en a 18 ; faites-moi connaître la situation du parc de l’armée du Rhin, et s’il peut fournir les 18 autres pièces.
Ainsi, à la fin de mars, j’aurai au corps du général Oudinot 20 000 hommes, 36 pièces de canon avec caissons et double approvisionnement, un général de brigade d’artillerie, deux compagnies de sapeurs, une compagnie de pontonniers, un colonel du génie, trois officiers du génie, 6 000 outils attelés, 40 caissons d’infanterie, 20 par division, la division de cuirassiers Espagne, et la brigade de cavalerie légère composée de 3 régiments que j’ai attachés à ce corps. Ce qui fera un corps de près de 30 000 hommes.
Il faut qu’il y ait un commissaire des guerres par division, et deux adjoints, et les chefs de service nécessaires. L’armée du Rhin a en personnel de quoi organiser tout cela ...
" (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2767 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20016).

Situation de la Division Oudinot au 9 mars 1809 (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20309) :

Divisions

Brigades

1/2 Brigades

Bataillons

Présents
Situation des grenadiers et voltigeurs réunis

Détachements tirés des conscrits de la Garde

Compagnies de fusiliers formant les 12 premières compagnies de marche

Détachement formant le 13e bataillon de marche

Totaux

Manque au complet de 560 par brigade

Excédent sur le complet

Par bataillon

Par 1/2 brigade

2e division général Tharreau

3e brigade le général

7e 1/2 brigade d’inf. de ligne Major Rebin

40e de ligne

75e de ligne

88e de ligne

270



251

18



32

266



224



546



507


1053

14



53





Le 31 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, des nouvelles que je reçois de plusieurs côtés me font connaître que presque tous les dépôts peuvent faire partir les 5es et 6es compagnies des 4es bataillons. Il est donc urgent de ne pas perdre un moment. Expédiez les ordres aux commandants des divisions militaires pour qu'ils fassent partir ces compagnies si elles sont prêtes, 24 heures après la réception de votre lettre.
Donnez au général Dumas les instructions et ordres nécessaires pour qu'à mesure qu'il passe l'inspection d'un corps, et qu'il reconnaît que ce corps peut fournir les 5e et 6e compagnies de son 4e bataillon, il ait à les faire partir aussitôt. Recommandez-lui également de faire partir ce qui serait nécessaire pour compléter les 1res compagnies. Ainsi, les 2 premières compagnies de fusiliers du 4e bataillon du 88e, qui devaient partir, fortes de 280 hommes, n'ont que 224 hommes, il faut faire partir les 56 hommes qui doivent les compléter.
Par ce moyen, je compte qu'avant le 25 avril tout sera arrivé à Strasbourg, et que les départs, au lieu du 10, pourront commencer dès le 2 avril
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 3053 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20639).

Franc Tireur, 88e de Ligne
Compagnie des Francs tireurs du 88e de Ligne en Espagne, dessin de E. Fort, d'après El Guil

Le même 31 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... La Garde a employé 2 800 conscrits pour former les régiments de tirailleurs, et 5 200 hommes pour tout ce qu'elle a fourni jusqu'à cette heure à la ligne. Elle a donc employé 8 000 conscrits. Elle a dû en recevoir 16 000. Il lui en reste donc encore 8 000, sur lesquels elle retiendra 5 600, pour former 4 régiments de conscrits.
Il ne lui restera donc plus que 2 400 hommes. Sur ces 2 400 hommes, elle en donnera 240 hommes aux 5es et 6es compagnies de chacun des 25e, 28e, 36e, 75e, 72e, 65e et 46e ; ce qui fait 1 680 hommes. Elle en fournira autant aux 1res et 2es compagnies des ses bataillons des 12e, 14e, 34e et 88e, ce qui emploiera tous les conscrits de la Garde. Ainsi, donnez l'ordre que la Garde retienne 5 600 hommes pour les 4 régiments de conscrits dernièrement ordonnés, et qu'elle prépare, pour le jour où ces 11 régiments arriveront ici, le cadre de leurs compagnies, 240 hommes, c'est-à-dire 120 par compagnie, ce qui les portera à 140 hommes, avec les officiers et leurs cadres
" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 1, lettre 898 (donne le 31e au lieu du 34e) ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20643).

Le 31 mars 1809 encore, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Mathieu Dumas, Adjudant-major général : "Je reçois votre lettre de Verdun sur les 12e et 88e et 25e léger. J'ai lu ces rapports avec intérêt. Vous êtes autorisé à faire partir pour Strasbourg les 5e et 6e compagnies des 4es bataillons partout où vous trouverez des conscrits habillés. Vous recevrez cet ordre par le ministre de la Guerre, mais Dieu sait quand vous le recevrez. Je prends le parti de vous envoyer un de mes officiers d'ordonnance qui vous cherchera. Annoncez aux corps qu'ils vont toucher ce qui leur est dû. Je viens de destiner dix millions d'extraordinaire pour cet objet.
Lorsque les dépôts pourront le fournir, faites partir le complément des deux premières compagnies des 4es bataillons, pour les porter à 280 par compagnie. Celles qui comme le 88e n'en ont fait partir que 224 en feront partir 56
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20652).

Le 1er avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, des nouvelles que je reçois de plusieurs côtés me font connaître que presque tous les dépôts peuvent faire partir les 5e et 6e compagnies des 4es bataillons. Il est donc urgent de ne pas perdre un moment. Expediez les ordres aux commandants des divisions militaires pour qu'ils fassent partir les compagnies si elles sont prêtes, 24 heures après la réception de votre lettre.
Donnez au général Dumas les instructions et ordres nécessaires pour qu'à mesure qu'il passe l'inspection d'un corps et qu’il reconnaît que ce corps peut fournir les 5e et 6e compagnies de son 4e bataillon, il ait à les faire partir aussitôt. Recommandez-lui également de faire partir ce qui serait nécessaire pour compléter les 1res compagnies. Ainsi les 2 premières compagnies de fusiliers du 4e bataillon du 88e qui devaient partir fortes de 280 hommes n'ont que 224 hommes. Il faut faire partir les 56 hommes qui doivent les compléter.
Par ce moyen, je compte qu'avant le 25 avril, tout sera arrivé à Strasbourg et que les départs, au lieu du 10, pourront commencer dès le 2 avril
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20665).

Les Compagnies d’élite du 88e, réunies à celles du 40e, forment un Régiment de deux Bataillons commandé par le Colonel Robin ; ce Régiment d’élite est joint à un autre (Compagnies d’élite des 64e, 100e et 103e sous les ordres du Major Foulois). Les deux Corps constituent la Brigade Ficatier, de la 3e Division d’élite Claparède, 2e Corps de la Grande Armée (Maréchal Lannes).

- Combat d'Ebersbreg, 5 mai 1809

La Division Claparède débute par le terrible combat d’Ebersberg.

La Brigade Ficatier et la Brigade Lesuire accourent au soutien de la Brigade Coheorn, la 1re de la Division, qui a été repoussée d’Ebersberg ; Claparède lance ses 3 Brigades sur cette ville et l’emporte. Il aborde alors le château de cette ville, mais il est repoussé et se voit même arracher Ebersberg, par un retour offensif des Autrichiens. La Division Legrand est envoyée au secours de la Division Claparède; la ville est reprise et le formidable château conquis.

La Division marche sur Vienne par Sieghards, Kirchen et Shoenbrünn, les 9 et 10 mai.

La Division entre à Vienne le 12 mai, après la capitulation de cette ville.

La division Claparède ne passe le Danube que le 21 au soir.

Au cours de la journée du 22, elle est placée à la gauche de la ligne, ayant sur son flanc gauche la cavalerie du Maréchal Bessieres.

Le Maréchal Lannes ayant résolu l’attaque au centre des Autrichiens, forme 4 échelons en colonne serrée ; la Division Claparède constitue le 3e échelon. Mais ce mouvement offensif est bientôt arrêté par la terrible nouvelle que le pont du grand bras du Danube vient de se rompre. Le Maréchal Lannes prescrit un temps d’arrêt à ses échelons ; l’Archiduc Charles prend alors une offensive habile et la prépare par une violente canonnade. Lannes prescrit une lente retraite derrière le fossé qui s'étend entre Essling et Aspern. Les Autrichiens précipitent leur mouvement en avant pour les arrêter ; Lannes déploie les Divisions Saint-Hilaire, Claparède, Tharreau en première ligne, la cavalerie en seconde. Le Général Claparède, blessé, est remplacé par le Général Frère. A minuit, l’armée se retire dans l’île de Lobau.

Le Capitaine Bobion a été atteint par un boulet à la jambe gauche, blessure qui le met hors d’état de continuer son service. Le Sous-lieutenant Lespagnet reçoit un coup de feu au pied droit.

Le Général Oudinot remplace dans le commandement du 2e Corps le Maréchal Lannes, tué à Essling (25 mai).

Dans la nuit du 4 au 5 juillet et au bruit du tonnerre et du fracas de l’artillerie, le 2e Corps passe le Danube, en face des bois touffus du confluent des deux bras du Danube.

Le 2e Corps, appelé à faire partie de la droite de la ligne de bataille, se déploie dans la vaste plaine de Marchfeld à hauteur de Grosshofen et en 1re ligne.

- Bataille de Wagram, 6 juillet 1809

La Division est au centre du Corps d’armée ; à sa droite en effet est la Division Tharreau ; à sa gauche, la Division Granjean (ce Général a remplacé le Général Saint-Hilaire tué à Essling).

Lors de l’attaque du village de Wagram, la Division Tharreau marche droit à l’obstacle ; les Divisions Frère et Granjean la débordent à droite.

Le Capitaine Poyeau reçoit un coup de feu à la jambe gauche. Le Lieutenant Lamour est atteint par un boulet qui lui fracasse les reins.

Le 2e Corps resta bivouaqué autour de Wolkersdorf.

Le 12 juillet, il revient à Vienne.

- 1809 : Défense de la Bretagne - Corps de Réserve

Voltigeur du 88e de Ligne en Espagne
Voltigeur du 88e de Ligne en Espagne; copie d'un Dessin de H. Boisselier, d'après El Guil

Le 24 janvier 1809, "Le général Clarke rend compte à l'Empereur qu'il a été passé une revue des dépôts d'infanterie de la garnison de Paris, savoir ceux du 15e d'infanterie légère, qui doit partir pour l'Allemagne le 1er février, et, ceux des 2e, 4e et 12e d'infanterie légère, 32e et 88e de ligne, qui sont prêts à partir pour l'Espagne; l'Empereur répond : "Il faut que ces cinq dépôts puissent fournir chacun 700 à 800 hommes d'ici au mois de mars pour la défense de la Bretagne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2704).

Le 26 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J'ai lu avec attention l'état général de l'année que vous m'avez envoyé après la conscription de 1810. Je vois qu'il manquera encore beaucoup de monde au complet des corps ... 200 au 88e ... Il faudra me proposer des moyens pour remédier à cette grande irrégularité, et surtout pour les 3e et 4e bataillons qui sont à portée de fournir une réserve pour la défense de la côte ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20150).

Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810 ...
4e régiment provisoire ...
Le 4e régiment provisoire sera composé de 4 bataillons des 12e, 14e, 34e, 88e, formés de même. Ces trois régiments
(note : les 2e, 3e et 4e) formant plus de 9 000 hommes se réuniront et seront formés à Paris dans le courant d'avril ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).

Le 23 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai signé le décret sur la composition des 17 demi-brigades provisoires de réserve ...
il ne reste plus qu'à pourvoir à la formation des 5es et 6es compagnies des 4es bataillons afin de compléter ces 4es bataillons en Allemagne. Voici les dispositions que je me propose de prendre à cet égard :
... On pourrait aussi commencer la formation des demi-brigades provisoires de la réserve. Je désire qu'au 1er mai, la 1re et la 2e demi-brigade puissent se réunir à Pontivy, et que les 3e, 4e et 5e puissent se réunir à Paris ...
On pourrait réunir de même le fonds de la 4e et de la 5e demi-brigade ; mais je remarque que le 12e de ligne, le 14e, le 34e et le 88e, qui doivent fournir la composition de la 5e demi-brigade, manquent des 3/4 de leur monde pour atteindre le complet qui leur sera demandé. Il faudrait donner ordre à ces dépôts d'envoyer à Paris, chacun, le cadre de deux compagnies de leur 5e bataillon. La Garde donnerait à chacun de ces corps 300 hommes, ce qui formerait le fonds de la 5e demi-brigade. Les dépôts des régiments fourniraient, aussitôt que faire se pourrait, les troisièmes compagnies ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2992 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20514). Le Décret sur la création des 17 Demi-brigades de 2520 hommes chacune a été signé le même jour (voir Saski, Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche, Paris, Berger-Levrault et cie, 1899, t. 1, p. 550-554).

Le 29 mars, à Paris, on soumet à l'Empereur la requête suivante : "M. Mouff, colonel en second de la demi-brigade du grand-duché de Berg, commandant le 1er régiment, supplie Sa Majesté de permettre que son frère Richard Mouff, adjudant sous-officier au 88e régiment, passe au service du grand-duché de Berg, dans le régiment qu'il commande"; "Accordé", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 3037 - Sans signature ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec l'Empereur, du 22 mars 1809 »).

Le 31 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je réponds à votre lettre du 30 mars sur la formation des demi-brigades de réserve ...
La 5e demi-brigade se réunit à Sedan. Il faut, avant de la former, que les quatre régiments qui concourent à sa formation fassent partir ce qu'ils doivent avoir au corps du général Oudinot. Aussitôt que les cadres des 5es bataillons seront arrivés, la Garde leur remettra 1,200 conscrits, qui me seront présentés. Aussitôt que les 12e, 14e, 34e et 88e pourront fournir une 3e compagnie, ils la dirigeront sur cette demi-brigade. Il est nécessaire qu'avant le 20 avril ils aient expédié leurs quatre compagnies ; avant de les envoyer à Sedan, on me présentera ces compagnies ...
chaque demi-brigade sera commandée par un colonel en second et deux majors ...
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14979 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20647).

Le 29 mai 1809, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vois dans l'état de situation de la 1re division militaire ... 500 hommes dont on pourrait augmenter la 3e demi-brigade provisoire ; ce qui la porterait à 1500 bommes.
... L'état de situation de la 2e division militaire présente comme disponible 1000 hommes du 3e régiment de la Vistule. Il faut les faire partir pour l'Espagne.
Les 12e, 14e, 34e, et 88e ont 500 hommes prêts à marcher ;
Le 25e en a 300.
Tout cela devrait joindre les 1/2 brigades provisoires. Faites donc partir tout cela.
Dans presque tous les états des divisions militaires, je vois beaucoup d'hommes prêts à partir. Il me semble que tous les hommes qui sont disponibles aux dépôts doivent se rendre ou aux demi-brigades provisoires ou à l'armée, pour compléter ce qu'ils doivent encore
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3195 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21091).

Des ordres sont donnés pour une importante levée de 40000 hommes, Conscrits levés sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, de manière à remplacer les soldats arrivés à Vienne entre le 22 mai et le 15 juillet. Ainsi, le 10 juin 1809, l'Empereur écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 88e de Ligne, l'Empereur ordonne : "... Les 1500 hommes des conscrits des 4 années destinés pour la cavalerie, et les 1500 hommes des mêmes années destinés pour l'artillerie formant 3000 hommes seront employés à renforcer le corps d'Oudinot. Les trois régiments des côtes de La Rochelle fourniront trois autres mille hommes qui auront la même destination ; ce qui renforcera de 6000 hommes le corps d'Oudinot conformément à l'état A ..."; la répartition qui suit indique que 1500 hommes seront dirigés sur le Dépôt du 82e de Ligne, tandis que le Dépôt de ce Régiment devra en envoyer "200 (au) 88e". Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 5e Demi-brigade provisoire : 12e de ligne 180, 14e de ligne 220, 34e id. 90, 88e id.; au total elle doit recevoir 490 hommespour porter "les 16 compagnies à 2400 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).

Le 15 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Voici mes observations sur les états de la 2e division militaire ... Le 12e de ligne, à ce qu'il paraît, a 200 hommes à son dépôt, dont 120 prêts à marcher. Il faudrait faire marcher les 120 sur Vienne en les dirigeant sur Strasbourg. Le 14e a 300 hommes disponibles, le 34e 150 hommes, le 88e 100 hommes, et le 25e d'infanterie légère 100 hommes. Ces 5 régiments peuvent former un bataillon de marche de 600 à 700 hommes, qui portera le nom de bataillon de marche de la 2e division militaire. Vous l'enverrez à Augsbourg, et de là sur Vienne. Vous aurez soin de noter que le 14e et le 34e, n'ayant rien à l'armée, doivent être incorporés dans les corps que je désignerai ...
Mon intention est de supprimer les demi-brigades provisoires suivantes : la 5e et, à cet effet, tout ce qui la compose aujourd'hui, savoir les compagnies des 12e, 14e, 34e, 88e se rendront à Vienne, où elles seront incorporées dans leurs corps ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3308 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21511).

/ 1810

- Espagne, conquête de l'Andalousie

A la suite de la bataille d’Ocana, la conquête de l’Andalousie est décidée. Le Maréchal Soult l’entreprend avec les 4e, 5e et 1er corps.

- Combat du col de Despena-Perros.

Le 5e Corps enlève, le 20 janvier 1810, au milieu de mines qui font explosion, et de rochers qui s’écroulent, le col de Despena-Perros que les Espagnols croient inexpugnable ; il suit la vallée du Guadalquivir, entre le 27 janvier à Cordoue, le 3 février à Séville, et tandis que Victor se dirige sur Cadix, et Sébastiani sur Grenade et Malaga, Mortier fait face aux bandes de Ballesteros et de Mendizabal qu’il bat en diverses circonstances.

- Combat de Villagarcia ou de Llerena, 11 août 1810

Tandis que le Corps de Mortier agit en Estramadure, au mois d’août, La Romana et Ballesteros tentent une incursion en Andalousie. Le Général Girard se porte au devant de l’ennemi qui prend une position défensive sur les hauteurs de Villa Garcia, entre Bienvenida et Llerena, sur la route de Badajoz à Séville.

Le 88e Régiment placé, sous les ordres du Chef de Bataillon Monnot, fait partie de la Brigade Brayer et est placé à gauche. Les 88e et 64e tournent la gauche de l’ennemi, et, après avoir repoussé une vigoureuse charge de la cavalerie espagnole, enlèvent brillamment les positions de La Romana.

L’autre Chef de Bataillon Marquet a été mis à la tête de toutes les Compagnies de Voltigeurs des autres Corps. La cavalerie espagnole veut protéger la retraite ; elle est chargée au pas de course et rompue par les Compagnies de Voltigeurs de la Division, sous le commandement du Chef de Bataillon Marquet.

La retraite de l’ennemi se change en déroute. Sont cités dans cette affaire les Chefs de Bataillon Monnot, Marquet, l’Adjudant-major Lefebvre, et le Sous-lieutenant Rosey.

Dans le Rapport sur l'affaire de Villagarcia, adressé depuis Séville, par Mortier à Soult, le 19 août 1810, on lit : "... Le 11, à 3 heures du matin, le général Girard quitte Llerena et se porte sur Benvenida par Villagarcia, tandis que l'ennemi marchait par une route parallèle sur Llerena. Un bataillon de voltigeurs qu'il avait détaché sur sa gauche le fait prévenir que les Espagnols débouchaient : il ordonne de suite à la division de faire un changement de direction à gauche par brigade ; il arrive. Les voltigeurs du 34e se déploient, et font le feu le plus vif. Alors deux escadrons s'élancent sur eux ; ils sont reçus à bout portant et détruits dans un instant : l'ennemi tient cependant. Le 34e marche l'arme au bras et enlève la position. Au même moment le général Brayer, qui devait, pendant l'attaque de droite, observer la ligne ennemie, sort de sa position, franchit le ravin, marche aux Espagnols sous un feu violent, et enlève à la baïonnette un plateau défendu par près de 5 mille hommes. Le bataillon de voltigeurs, commandé par le chef de bataillon Marquet, descend l'escarpement, et prend à revers l'ennemi. Les deux brigades couronnent les hauteurs ; la victoire est décidée. Le désordre se met dans les rangs de l'ennemi, la déroute devient complète ; la cavalerie fait des efforts pour protéger la fuite de l'infanterie ; tous les voltigeurs se réunissent, et chargent la cavalerie à la course ; l'élan de ces braves gens était admirable. Notre cavalerie fait quelques charges, et ramène des prisonniers ; l'ennemi est poursuivi l'épée dans les reins jusqu'à Monte-Molino ; il se jette dans les montagnes de Calera, pour se retirer sur Frejenal et Xerès de Los Caballeros ...
Les Espagnols ont perdu des officiers de marque. Un bataillon du 34e qui était placé en arrière pour les soutenir, les rejoint ; ces deux bataillons prennent position ...
La 1re division arrive ; les brigades se forment ; toutes les démonstrations du général Girard se portent d'abord sur le centre ; il le fait canonner par la petite artillerie de montagnes. En même temps le bataillon de voltigeurs marche par sa gauche, et va prendre position de l'autre côté de l'escarpement, en face de la droite de l'ennemi.
Le général espagnol replie alors sa gauche et se concentre. Le général Girard donne sur-le-champ l'ordre au général Chauvel de marcher avec sa brigade entière et la cavalerie, et de manœuvrer à la faveur d'un rideau qui masquait son mouvement, pour déborder la gauche de l'ennemi ; mais celui-ci voit son projet. Au moment où le général Chauvel débouche dans une petite plaine arrosée par le Canta-Gollo, il accourt alors à toutes jambes pour reprendre la position ; nos troupes se forment en marchant ; 2 bataillons du 34e attaquent en colonne par bataillon la hauteur ; un bataillon du 40e soutient le mouvement et l'autre bataillon de ce régiment, le 3e, les régiments d'Insierto Lena, Mérida, et de la Princesse, ont été entièrement dispersés.
L'ennemi avait de 11 à 12 mille hommes d'infanterie et 900 chevaux : Mendizabal commandait l'action, il avait sous ses ordres Ballesteros et la Canera. La Romana était à un quart de lieue du champ de bataille : il fut le premier de son armée à prendre la fuite. Il avait cru marcher à un triomphe certain, il se faisait recevoir dans les communes au son de toutes les cloches ...
MM. le colonel Raymond du 34e, qui a été blessé ; Chasseriaux, du 40e ; Végent, du 64e, et Monnot, chef de bataillon, commandant le 88e (le colonel Veylande étant malade), se sont fait remarquer à la tête de leurs régiments.
M. Marquet, chef de bataillon commandant les voltigeurs, mérite d'être cité d'une manière particulière ...
Les adjudants-majors Lefebvre, du 88e ; Dery, du 40e, et Gris-Pierre, adjudant au 21e de chasseurs à cheval, doivent également être cités avantageusement ...
Une partie de la foudre de l'aigle du 88e a été emportée par une balle ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 8, p. 458).

Après le combat, le 88e est divisé et fournit des détachements.

Des renforts arrivent dans des Régiments de marche. C'est ainsi que Napoléon ordonne, le 19 août 1810, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je désire que vous formiez plusieurs bataillons de marche pour 1'Espagne et le Portugal.
... Le 8e bataillon de marche sera composé de 130 hommes du 28e léger ; 100 du 40e de ligne ; 100 du 64e ; 100 du 88e ; 100 du 100e ; 100 du 103e ; 100 du 34e ; 150 du 58e ; 150 du 32e ; 1030 hommes. Ce bataillon se réunira à Orléans ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24356).

Le 13 septembre 1810, Napoléon ordonne, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, il sera formé une division de réserve de l'armée d'Espagne, qui sera composée de trois brigades.
La 1re brigade sera composée,
1° Du 1er régiment de marche de l'armée du Midi, lequel se formera à Limoges et sera composé de deux bataillons de marche de l'armée du Midi. Le 1er bataillon sera composé de la manière suivante : 100 hommes du 21e léger, 100 du 28e, 100 du 34e de ligne, 100 du 40e, 100 du 64e, 100 du 88e; total, 600 hommes.
Le 2e bataillon sera composé de 100 hommes du 100e de ligne, 100 du 103e, 100 du 54e, 100 du 63e, 150 du 32e, 150 du 58e; total, 700 hommes.
Ce 1er régiment sera commandé par un colonel en second, deux chefs de bataillon et les officiers nécessaires.
Les officiers destinés à rejoindre l'armée du Midi auront emploi dans ces régiments. Vous me proposerez d'y envoyer douze jeunes gens de l'école militaire de Saint-Cyr, qui rejoindront à Limoges et auront des brevets de sous-lieutenants pour les douze régiments dont les détachements forment ce régiment de marche. Les détachements faisant partie de ce régiment, qui se forment à Orléans, recevront l'ordre de continuer leur route sur Limoges.
Il est nécessaire que ce régiment soit bien constitué, parce qu'il se passera beaucoup de temps avant qu'il puisse être dissous et rejoindre ses corps sous Cadix ...
Les quatre bataillons composant cette 1re brigade de la division de réserve seront cantonnés à Limoges. Un général de brigade ira en prendre le commandement.
Il sera passé la revue de cette brigade le 10 octobre, mon intention étant qu'elle soit complétée, pour cette époque, en officiers et sous-officiers, et qu'elle soit en état de faire la guerre ...
Le général qui commandera cette division sera le général de division Caffarelli, mon aide de camp. Proposez-moi les trois généraux de brigade et un adjudant commandant à attacher à cette division. Je désire qu'elle puisse être réunie, du 15 au 20 octobre, à Bayonne ...
" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 16900 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24562).

Le 18 octobre 1810, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, écrivez au général Caffarelli de diriger sur Pampelune les détachements ci-après, aussitôt que les bataillons de marche dont ils font partie seront arrivés à Tolosa, savoir :
Les 58 hommes du 14e de ligne qui font partie du bataillon de marche d'Aragon.
Les 100 hommes du 34e, les 100 hommes du 54e et les 94 hommes du 88e qui font partie du 1er régiment de marche de l'armée du Midi.
Total 353, pour être incorporés dans les compagnies que ces régiments ont dans le 4e régiment provisoire de Navarre ... Ce qui fera une augmentation de 1.262 hommes pour les régiments de Navarre. Prévenez-en le général Reille. Recommandez-lui de prendre un soin particulier de l'organisation de ces régiments provisoires, de les fournir de ce qui leur manque et de les tenir en bon état ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4725 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24963).

Cette lettre est suivie d'un document Annexe (Note jointe à la minute - Archives nationales, AF IV 886, octobre 1810, n° 233) qui présente la situation antérieure du 2e Régiment provisoire : "Renseignements demandés par Sa Majesté sur les régiments provisoires qui sont en Navarre".

Composition des régiments provisoires qui sont en Navarre
Situation des détachements qui composent les régiments provisoires de la Navarre
Détachements que les mêmes régiments ont dans la division de réserve
Nombre de compagnies, numéros des bataillons auxquels elles appartiennent, présents sous les armes
4e régiment provisoire
1er bat
14e id.
25e id.
28e id.
36e id.
2e bat
43e id.
34e id.
54e id.
88e id


1 id.
2 id.
2 id.
2 id.

2 id.
Détachement
id.
id.


206
354
213
290

307
89
29
6


60




170
100
102
94

- Combat de Rio-Almanzor, 4 novembre 1810

Lorsque le Général Blake, avec l’armée espagnole de Murcie, veut envahir l’Andalousie, le Général Rey réunit deux Bataillons du 32e (4e Corps) et un Bataillon du 88e (400 hommes) pour s’opposer à la marche de Blake. Il le rencontre sur les bords du Rio-Almanzor.

Il attend des renforts promis, lorsque le Général Milhaud arrive avec 1200 chevaux, prend le commandement, et attaque avec 2500 hommes les 10000 hommes de Blake, en position. En un instant, les Espagnols sont culbutés, laissent entre nos mains 1000 prisonniers, 4 canons, 4 caissons, 2 drapeaux et plus de 1200 morts sur le champ de bataille.

Le 17 novembre 1810, "On propose à Sa Majesté de décider si une distribution de 1.008 paires de souliers du magasin de Séville, faite par ordre de M. le maréchal duc de Dalmatie aux 34e, 64e et 88e régiments et à des détachements de divers corps, sera accordée en gratification ou imputée", "Accordé", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4832 - Extrait du « Travail du ministre directeur de l'administration de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 17 novembre 1810 »).

Le 30 décembre parvient au Commandant en chef le Décret impérial du 25 octobre, par lequel le Général Ferey, commandant une Brigade de la 3e Division du 6e Corps, est nommé Général de division dans le même Corps d'armée. Par le même décret, le Major Lamour, du 88e, est nommé Colonel du 39e, en remplacement du Colonel Soyer, admis à la retraite (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 436).

- Autre front

Le 2 mars 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clrake, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je veux profiter de la consolidation de la paix continentale pour porter la plus grande économie dans mes armées. Voici les diverses dispositions que je projette, et sur lesquelles je désire un rapport ...
Armées du Nord et du Brabant. — Les armées du Nord et du Brabant seraient dissoutes ... la 19e demi-brigade serait dissoute, et, à cet effet, le détachement du 4e de ligne irait rejoindre son corps en Hollande, celui du 72e rejoindrait son régiment à Boulogne, et ceux des 12e, 54e, 14e, 34e et 88e de ligne se rendraient à Versailles pour entrer dans la composition soit des régiments de marche, soit des bataillons auxiliaires ...
" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16303 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 23241 ; cité par Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 172).

Le 15 mars 1810, l'Empereur ordonne, depuis Paris : "Notre ministre de la guerre donnera les ordres ci-après : ... Toutes les autres troupes françaises évacueront également de suite l'Allemagne, savoir :
III
ARMÉES DU NORD ET DE BRABANT.
Les états-majors, les administrations, et tout ce qui tient à l'organisation des armées du Nord et de Brabant sont dissous, à dater du 5 avril prochain, pas avant.
La 19e demi-brigade provisoire sera dissoute. En conséquence, le détachement du 4e régiment d'infanterie de ligne rejoindra son régiment à la division du général Puthod. Le détachement du 72e régiment d'infanterie de ligne rejoindra son régiment au camp de Boulogne, et les détachements des 13e, 14e, 34e, 54e et 88e régiments d'infanterie de ligne seront dirigés sur Tours, pour entrer dans la composition du 6e régiment de marche et du 7e bataillon auxiliaire ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4105).

Le 25 avril 1810, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vois dans une de vos lettres du 22 mars que des détachements des 12e, 14e, 34e, 54e et 88e de ligne sont formés en un détachement de marche, qui est parti le 7 mars de Bois-le-Duc, et arrive le 7 mai à Tours, et que vous avez le projet de le réunir au 7e bataillon auxiliaire et au 6e régiment de marche. Le 6e bataillon de marche n'existera plus alors, et Dieu sait où sera le 7e bataillon auxiliaire. Cette disposition est donc mauvaise. Faites-moi connaître la force de ces détachements, et faites-en former une compagnie qui sera jointe à un des régiments provisoires, qui partent de Paris pour l'Espagne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4185 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23499).

/ 1811

- Espagne, campagne en Estrémadure

Le 2 janvier 1811, l'Empereur écrit au Général Clarke : "2 janvier 1811. Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître ce que c'est que dépôt de gendarmerie de l'armée d'Espagne qui est à Saint-Denis. Il me semble qu'il y a là 400 hommes, quel parti peut-on en tirer ? Pourrait-on former un bataillon de marche d'une compagnie de chacun des 32e, 58e, 2e, 4e, 12e et 14e léger, et un autre composé, d'une compagnie de chacun des 34e, 88e et 25e léger ?" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 4945).

Ce jour là, 2 janvier 1811, Soult dirige sur Badajoz le 5e Corps réuni à Séville, pour délivrer les armées de Portugal et d’Andalousie du voisinage importun de Badajoz et pour essayer de seconder Masséna par la rive gauche du Tage.

La marche, contrariée par une pluie persistante formant des torrents et détruisant les chemins, est très difficile.

- Siège et prise d’Olivenza.

La Division Girard, chargée de prendre Olivenza, ne peut emmener qu’une batterie de campagne, l’artillerie de siège ne pouvant passer. Faute d’outils, les hommes remuaient la terre avec leurs baïonnettes et avec leurs mains. Après dix jours de travaux, la place capitule.

- 1er siège de Badajoz, 28 janvier au 10 mars 1811

La Division Girard, toujours placée dans le Corps du Maréchal Mortier, vient faire le siège de Badajoz, place très forte et très bien approvisionnée, défendue par 10000 hommes. Le 88e constitue avec le 64e la Brigade Philippon. Les troupes de siège souffrent beaucoup du mauvais temps et du manque de vivres.

Le 31 janvier 1811, une sortie de 4 Bataillons, 2 Escadrons et 2 canons est faite par les Espagnols, sur le centre des attaques, en avant du fort de Pardaleras. Elle refoule les travailleurs, mais le Général Girard accourt avec un Bataillon et 3 Compagnies du Régiment ; la sortie est repoussée.

Le 7 février 1811, 8000 Espagnols passent le Rivillas, se jettent sur l’attaque de droite et parviennent à en bouleverser les tranchées. Le Maréchal Mortier déploie devant eux des Bataillons appelés en toute hâte ; pendant ce temps, 2 autres Bataillons, l’un du 64e, l’autre du 88e, ont ordre de se rabattre de l’attaque du centre sur le flanc droit des Espagnols qui sont repoussés avec de grandes pertes. Cet acte de vigueur coûte au Régiment les Capitaines Lareche et Brassat qui sont tués.

Le 17 février 1811, le 88e Régiment d’infanterie de ligne passe sous le commandement de François-Joseph Alexandre Letourneur.

- Bataille de la Gévora, 19 février 1811

Les généraux Carrera et Mendizabal, qui commandent l’armée de secours, profitant des inondations de la Guadiana, établissent, sous la protection du fort Saint-Christobal, sur les hauteurs de Sainte-Eugracia, un camp retranché sur la rive droite de la Guadiana, en arrière de la Gévora.

Aussitôt que les eaux se sont suffisamment écoulées pour permettre le passage, le Maréchal Soult décide d’enlever ce camp retranché et d’en couper la garnison du fort Saint-Christoval. Tel est le but de la bataille de la Gévora. La Brigade Philippon marche au camp retranché ; elle est en 1re ligne, chaque Régiment ayant un Bataillon déployé et 2 autres en colonne. A cent pas, le feu commence. L'ennemi est enfoncé, le camp est emporté. 8000 prisonniers, 17 canons et 6 drapeaux sont pris. 1200 hommes de cavalerie anglaise trouvent leur salut dans la vitesse de leurs chevaux.

L'"Analyse du Rapport de Soult sur la bataille de la Gébora, 19 février 1811" raconte : "… Le 19, avant le jour, le général Latour-Maubourg fit passer sa cavalerie au gué de la Gébora, au-dessus du pont que, deux jours auparavant, l'ennemi avait détruit. Il se porta rapidement sur le chemin de Badajos à Campo-Mayor, où il commença l'attaque contre la gauche de la ligne ennemie: le 2e de hussards pénétra même un instant dans leur camp. Pendant ce temps, l'infanterie et la cavalerie aux ordres du général de division Girard passaient les gués à droite et à gauche du pont, malgré la rapidité du courant, et que la troupe eût de l'eau jusqu'à la ceinture. Aussitôt que les colonnes furent formées, M. le duc de Trévise donna ordre à M. le général Girard de se diriger sur la droite de l'ennemi, et de faire en sorte de gagner la hauteur, en se plaçant entre lui et San-Cristoval. Cette droite forcée, le général Girard devait changer de direction à droite, et se rabattre sur le gros des troupes ennemies, tandis que le général Latour-Maubourg avec sa cavalerie l'attaquerait par son flanc gauche, et ferait en sorte de l'entamer. Ce double mouvement s'exécuta avec toute la perfection que l'on peut atteindre dans un champ de Mars, malgré la vivacité du feu de l'ennemi. Les 34e et 88e régiments, formant la brigade du général Philippon, étaient en première ligne, et avaient un bataillon déployé et deux autres en colonne. Le 100e suivait en réserve, à demi-distance de ligne ; la 2e compagnie du 4e régiment d'artillerie légère marchait en deux batteries, à hauteur de l'infanterie. A cent pas, le feu de mes troupes commença, et elles continuèrent sans interruption leur mouvement, une partie ayant cependant la baïonnette croisée jusqu'à ce que toutes les masses de l'ennemi eussent été enfoncées et mises en déroute. La cavalerie, qui suivait sur les derrières de l'ennemi les progrès de l'infanterie, a alors exécuté diverses manœuvres, qui toutes ont été couronnées du plus grand succès. A dix heures du matin, les deux divisions espagnoles qui, douze jours auparavant, étaient arrivées de Lisbonne, n'existaient plus. 850 des leurs étaient étendus sur le champ de bataille, 5 drapeaux, 17 pièces de canon, 20 caissons et 5,200 prisonniers" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 7, p. 458).

Le Colonel Veillande, du 88e, est cité ; le Capitaine Darras grièvement blessé.

Badajoz capitule le 10 mars 1811; 9000 hommes sont faits prisonniers.

Le 88e est mis dans la place avec le 21e Léger et en forme la garnison sous les ordres du Général Philippon.

Le 29 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne, à Paris : "Mon Cousin, donnez les ordres suivants pour diriger des renforts sur l'armée du Midi ...
RENFORTS A TIRER DE L'ARMÉE DU NORD ...
Navarre. — Donnez ordre de faire partir sans délai les trois compagnies du 51e qui se trouvent dans le 3e régiment provisoire, les 300 hommes du 55e et les 400 du 75e qui se trouvent dans le même régiment, où ils forment le 3e bataillon ; les 600 hommes du 32e et les 700 hommes du 58e qui forment les deux premiers bataillons du 1er régiment provisoire ; enfin les détachements du 54e, du 88e et du 34e qui se trouvent dans le 4e régiment provisoire, au 2e bataillon, et le détachement du 28e qui fait partie du 1er bataillon du même régiment. Ces différents détachements se réuniront à Logrono. Il en sera fait un 1er régiment de marche de l'armée du Midi, fort de 2,800 hommes. De Logrono, ce régiment de marche se dirigera sur l'Andalousie par Burgos, Valladolid et Madrid ...
Ainsi donc les renforts que l'armée du Nord dirigera sur l'armée du Midi se composeront : du 1er régiment de marche du Midi, fort de 2,800 hommes ; du 2e, 1,400 hommes ; du 3e, 2,000 hommes, et des trois régiments provisoires de dragons, 1,800 hommes ; total, 8,000 hommes. Ce qui, joint aux 5,000 de l'armée du Centre, formera un secours d'environ 13,200 hommes pour l'armée du Midi.
Donnez vos ordres de manière à ne pas être désobéi ... Le duc d'Istrie composera chaque colonne d'infanterie et de cavalerie, en portant chaque colonne à 2,000 hommes au moins, sans que cela soit cependant un motif de retard ... Il faut bien expliquer dans vos ordres qu'ils ne sont susceptibles ni de mais, ni de si, ni de car ; que, vingt-quatre heures après leur réception, ces régiments doivent se mettre en marche ; que les généraux Caffarelli et Beille doivent vous envoyer l'itinéraire de ce mouvement et le jour où ce régiment de marche doit arriver à Madrid ; qu'ils doivent également adresser cet itinéraire au duc de Dalmatie ; que les généraux auxquels vos ordres sont adressés sont responsables du moindre retard ...
Vos ordres seront composés, 1° d'un ordre positif et sec, à peu près en ces termes : L'Empereur ordonne, etc. 2° d'une lettre contenant vos instructions. Mettez dans l'ordre : « sous peine de désobéissance » ...
" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17529).

- Second siège de Badajoz

Dès le mois d'avril, Badajoz, livré à ses seules ressources par le départ de l'armée, est menacé par le Général anglais Beresford. Le 16 avril, les Anglais ouvrent la tranchée devant le fort de Saint-Christoval.

Le Général Philippon, dans une sortie du 10 mai, détruit de fond en comble toutes les tranchées de l’assaillant.

Beresford doit lever le siège pour aller au devant du Maréchal Soult, auquel il livre la bataille indécise de la Albufera le 16 mai. A Badajoz, le même jour, le Capitaine Dautremont est tué.

Le siège est repris, dirigé par Wellington lui-même, que l’évacuation du Portugal par Masséna a rendu libre de ses mouvements. La tranchée est rouverte dans la nuit du 29 au 30 mai.

Le 1er juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Alençon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites former à Orléans le bataillon de marche d'infanterie de l'armée du Midi afin qu'il soit en état de partir au 10 juin. Vous formerez ce bataillon de la manière suivante ; savoir :
... 4e compagnie, 34e régiment 60 hommes; 64e régiment 40 hommes; 88e régiment 48 hommes; 40e régiment 15 hommes; total 163 ...
Il est indispensable qu'il y ait 3 officiers par compagnie. Vous désignerez soit de l'école de Saint-Cyr, soit des vélites, soit de la garde nationale, soit de tout autre corps, les officiers destinés à se rendre à l'armée du Midi.
Le bataillon de marche de l'armée de Portugal sera organisé à Orléans et formé de 4 compagnies. J'ai nommé colonel en second le major du 75e qui est à Cherbourg. Vous lui donnerez le commandement de ces deux bataillons. Donnez ordre que les détachements qui ne seraient pas partis au 5 juin de ces dépôts pour former ce bataillon n'en partent plus. Rendez-moi compte du progrès de la formation de ces deux bataillons, afin que je sache quand ils seront prêts à partir
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5536 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27191).

Le 6 juin, une brèche jugée praticable est faite au fort saint-Christobal; 1500 hommes des meilleures troupes anglaises s’élancent à l’assaut dans les fossés, et veulent appliquer des échelles. Trois fois, ils reviennent à la charges, et sont repoussés, avec des pertes énormes, par 75 Grenadiers (ou 3 Compagnies ?) du 88e, sous les ordres d’un vigoureux Officier, le Capitaine Chauvin.

Le Général en chef de l'Armée impériale du Midi, le Maréchal Duc de Dalmatie, écrit, depuis Badajoz, le 21 juin 1811, au Prince de Neuchâtel : "Je m'empresse de rendre compte à V. A. Sérénissime, que la place de Badajoz est dégagée, et que les troupes qui en formaient le siège se sont retirées dans l'intérieur du Portugal, pour joindre le restant de l'armée anglo-portugaise-espagnole, commandée par lord Wellington, qui a pris la même direction.
Au fort San-Christoval il n'y avait qu'une brèche de praticable dans la nuit du 7 au 8 ; 1500 anglais se lancèrent dans les fossés du fort, appliquèrent des échelles et voulurent donner l'assaut ; trois fois ils revinrent à la charge, 75 braves, commandés par le capitaine Chauvin, du 88e régiment, les repoussèrent constamment, et leur firent éprouver de très-grandes pertes ; nous eûmes des soldats blessés de coups de baïonnettes sur le haut de la brèche ; le succès fut complet, les morts, les blessés, et les échelles restèrent dans le fossé.
Les jours suivants, l'ennemi continua son feu sur le fort, et chercha à agrandir la brèche. Dans la nuit du 10 au 11, 2000 anglais se présentèrent de nouveau pour donner l'assaut. Le capitaine Jondion, du 21e régiment léger, commandait à San-Christoval, sa garnison était de 140 hommes, chaque soldat avait quatre fusils chargés à ses côtés : le général Philippon avait fait placer une grande quantité de bombes chargées sur les parapets, dont le sergent Brette, du 5e régiment d'artillerie, avait la direction ; ce même militaire s'était déjà distingué au 1er assaut de San-Christoval.
Déjà les ennemis avaient appliqué 40 échelles, la tête de leur colonne arrivait au haut de la brèche ; le sergent Brette s'écrie : mon capitaine, faut-il faire sauter la première mine ? Les bombes et les grenades descendent ; en éclatant elles brisent les échelles, elles répandent la mort et l'épouvante parmi les ennemis, tandis qu'à coup de baïonnettes la garnison les précipite à bas de la brèche ; dans un instant les fossés sont comblés de morts et de blessés, parmi lesquels plusieurs officiers anglais ; dans cette confusion des officiers anglais demandent des secours, le brave Jondion leur ordonne de redresser une échelle et de monter dans le fort, où ils se rendront prisonniers. Cela fut exécuté. Au jour, le général ennemi écrivit au général Philippon pour lui demander une trêve de trois heures à l'effet d'enlever les blessés qui étaient restés dans les fossés ou sous le feu du fort. La demande fut accordée. La perte des anglais dans cette circonstance fut de plus de 6oo hommes ; nous n'eûmes pas 10 hommes hors de combat. C'est un des plus beaux faits d'armes que l'on connaisse.
On estime que la perte des Anglais, au siège de Badajoz, est au moins de 3000 hommes ; les Portugais et les Espagnols ont aussi perdu.
En adressant à V. A. S. le journal du siège, j'aurai l'honneur de lui présenter le nom des militaires de tout grade qui se sont distingués, et qui ont mérité les grâces de l'Empereur, pour qu'elle ait la bonté de les solliciter.
M. le chef de bataillon Lamarre commandait le génie. M. le chef de bataillon Colin, l'artillerie ; ce dernier tomba malade pendant le siège : il fut parfaitement secondé par M. le colonel Gonzales et le chef de bataillon Horré, tous deux au service de S. M. C. Je regrette infiniment de ne pouvoir, dans ce premier rapport, citer tous les braves ..." (Supplément au Courrier de Turin N°95, 7e année, vendredi 12 juillet 1811).

A la nouvelle de l'arrivée des Maréchaux Soult et Marmont, le siège est levé dans la nuit du 11 au 12 juin 1811.

Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai ordonné que les détachements du 2e léger, du 4e et du 12e qui sont arrivés à Bayonne le 7 juin fussent formés en bataillon de marche pour escorter un trésor. Ce trésor devait partir le 15 juin ; mais depuis, en ayant retardé le départ, je pense convenable que vous écriviez au major général de donner l'ordre au général Monthyon de tenir au 1er juillet prêt à partir un régiment de marche et fort de 3 bataillons, composé de la manière suivante :
... 2e bataillon (infanterie de ligne)
Du 8e de ligne 60 hommes, 32e 105, 40e 15, 45e 63, 54e 66, 58e 88, 63e 38, 64e 41, 88e 48, 95e 76, 96e 73, 100e 67
Total 740 ...
Le général Monthyon passera la revue de ces 3 bataillons au 1er juillet. Le général Avy en prendra le commandement, les fera camper, les exercera et les tiendra en haleine et prêts à marcher du 1er au 10 juillet, selon les ordres que j'en donnerai, pour escorter un trésor
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5624 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27338).

Le 18 juin 1811 encore, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation. Je réponds d'abord à ce qui concerne le corps d'observation de la réserve.
... RÉGIMENTS DE MARCHE D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL.
Enfin deux régiments de marche seront formés : le premier, qui sera le régiment de marche des armées d'Espagne, sera composé de la manière suivante, savoir :
... 6e bataillon : deux compagnies du 40e de ligne, deux du 88e, deux du 100e, deux du 103e. Ce bataillon se formera à Metz ...
Un colonel en second sera chargé de la formation de ce régiment ; il aura sous ses ordres deux majors en second : le premier sera à Compiègne et commandera les 1er, 2e et 3e bataillons ; l'autre sera à Metz et commandera les 4e, 5e et 6e bataillons. Le 7e bataillon se joindra au régiment à son passage pour Bordeaux.
Chaque compagnie sera fournie par le 5e bataillon, qui la complétera à 150 hommes. Elle sera habillée et mise en bon état. Il y aura trois officiers par compagnie et le nombre des sergents et caporaux sera complet.
Au 10 juillet, ces compagnies se mettront en marche. A la même époque, les majors en second seront rendus l'un à Compiègne et l'autre à Metz. Le colonel en second restera à Paris et recevra la correspondance des majors en second. Un chef de bataillon sera chargé de passer la revue du 7e bataillon à Bordeaux et correspondra avec le colonel en second.
Ainsi ce premier régiment de marche aura sept bataillons et sera fort d'environ 7,000 hommes.
Au 15 juillet, vous me rendrez compte de sa situation pour que je puisse donner l'ordre définitif du mouvement ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).

Le 29 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le 3e bataillon de marche de l'armée du Midi parte le 5 août pour se rendre à Orléans. Donnez ordre que le 4e bataillon parte le 6, et le 5e bataillon le 7. Ce régiment sera ainsi réuni à Orléans ...
Le 88e, le 63e et le 95e fourniront chacun une compagnie indépendamment de ce que pourront fournir les autres régiments. Il faudrait que ce bataillon pût partir de Metz, fort de 6 à 700 hommes dans les premiers jours de septembre.
Je suppose que tous les hommes sont bien équipés et bien armés, et que les colonels en second et les majors qui doivent commander ces régiments s'y trouvent. Je désire : 1° que vous me fassiez connaître le numéro de la compagnie que chaque régiment a fournie et de quel bataillon elle est tirée ; 2° que vous me proposiez d'attacher à chacune un ou deux sous-lieutenants tirés de Saint-Cyr ou des vélites. Donnez ordre qu'on passe la revue des sous-officiers à Metz afin que s'il s'en trouvait qui eussent moins de deux ans de service, on envoyât de Fontainebleau des sous-officiers pour les remplacer. Faites-m'en remettre l'état grade par grade.
Si l'on pouvait tirer quelques centaines d'hommes sûrs de l'île de Ré appartenant à des provinces éloignées de la 11e division militaire, on pourrait s'en servir pour compléter le régiment à son passage à Bordeaux
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5866 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27863).

- Combat de la Roca, 29 décembre 1811

A la fin de décembre, la Division anglaise Hill s'approche de Badajoz. Le Capitaine Neveu, du 88e, est chargé de faire, avec les 3 Compagnies de Voltigeurs du Régiment et un peloton de Hussards, une reconnaissance sur la Roca, pour avoir des nouvelles de la marche des Anglais de Portalègre sur Mérida. Le 29, la reconnaissance rencontre l’avant-garde du Général Hill, forte de 800 chevaux et 4 pièces d'artillerie légère. Le Capitaine Neveu fait former ses 3 Compagnies en carré et place au milieu son peloton de Hussards. Vainement la cavalerie anglaise couvre-t-elle le carré de ses boulets et charge-t-elle 5 fois, les Voltigeurs du 88e restent inébranlables. Au bruit du canon, le Général Dombrowsky, commandant à Mérida, envoie quelques Escadrons au secours de la reconnaissance. A cette vue les Anglais reculent ; le Capitaine Neveu rentre dans Mérida à la tête de sa petite troupe, ramenant ses blessés et, chose incroyable, 13 Anglais prisonniers. Il est salué dans les rues par des applaudissements qui sont pour le 88e une précieuse tradition.

Le 4 janvier 1812, le Maréchal Soult écrit, depuis Séville, au Maréchal Marmont : "… Le 30 décembre, une reconnaissance de quatre compagnies d'infanterie et quinze hussards, qui avait été poussée de Merida sur Carmonita, fut attaquée par l'avant-garde de l'ennemi, composée de six cents chevau-légers anglais et quatre pièces de canon ; notre détachement forma le carré et repoussa successivement cinq charges sans pouvoir être entamé ; ensuite il opéra sa retraite en bon ordre sur Merida. L'ennemi perdit beaucoup de monde et de chevaux. La reconnaissance était commandée par le capitaine Neveu, du 88e régiment ; sa valeur et les bonnes dispositions qu'il a faites ont donné le temps à la garnison de Merida de se mettre en mesure d'aller à son secours, et de recevoir l'ennemi" Mémoires de Marmont, tome 4, page 283).

- Autre front

Le 23 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous recevrez le décret par lequel j'ai réglé la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne. J'ai changé les éléments de cette formation. Vous verrez par l'état joint au décret que ces bataillons sont composés de trois manières :
1° Avec des conscrits fournis par les dépôts de leurs régiments.
2° Avec ce qu'on peut tirer d'anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne.
3° Avec des conscrits tirés des dépôts de l'armée d'Espagne.
J'y ai ajouté, pour chaque 6e bataillon, un détachement de 150 conscrits tirés du régiment de Walcheren.
Donnez ordre que les détachements d'anciens soldats qui se trouvent dans les dépôts des régiments se mettent en marche du 1er au 10 mai. Les cadres doivent être formés en Allemagne dans le même délai, de sorte que dès leur arrivée, ces hommes formeront de petits bataillons de 3 à 400 hommes. Ces bataillons seront ensuite complétés par la conscription, tant pour les conscrits arrivant du dépôt du régiment, que pour ceux venant des autres dépôts qui fournissent à cette incorporation.
Quant aux détachements à prendre dans l'île de Walcheren, vous donnerez les ordres suivants : la 2e compagnie de chaque 5e bataillon composée d'un capitaine, de 2 lieutenants, 2 sous-lieutenants, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal fourrier, 8 caporaux et 2 tambours, doit se mettre en marche du 1er au 10 mai pour l'île de Walcheren. À son arrivée, le général commandant dans l'île y incorporera 150 hommes choisis parmi les conscrits les plus sûrs et de la meilleure volonté. Vous aurez soin de faire envoyer d'avance au régiment de Walcheren des boutons de ces 2 régiments, afin que le changement d'uniforme des conscrits puisse être préparé sans frais.
Aussitôt que ces détachements bien habillés, bien équipés et bien armés se trouveront formés, le général commandant l'île de Walcheren les passera lui-même en revue avant leur départ. Un inspecteur aux revues en dressera les contrôles et aura soin d'y inscrire les noms, prénom et signalement, afin que si ces hommes désertent, on puisse les faire poursuivre dans leurs familles par des garnisaires. Il ne partira de l'île de Walcheren que deux détachements par semaine. Ces détachements remonteront par eau jusqu'à Willemstad et Berg-op-Zoom, d'où ils rejoindront les bataillons de guerre en traversant la Hollande. Il y aura quelques brigades de gendarmerie pour observer leur passage ...
ANNEXE
Etat indiquant les éléments de la formation des 6es bataillons des régiments de l’Armée d’Allemagne

400

Régiments qui forment les 6e bataillons

Conscrits du régiment

Supplément de 150 conscrits à tirer du régiment de Walcheren (ce supplément ne compte que pour 50

Suppléments à tirer d'autres régiments

Total de ce que 6e bataillons aura

Conscrits que le régiment reçoit et hommes disponibles
Conscrits pour compléter les bataillons suisses
Conscrits du 4e bataillon A
Reste pour le 6e bat. B
Numéros du régiment d'où on les tire
Anciens soldats C
Conscrits D
Total
57e de ligne
1400
400
800
200
50
Le 76e
75
75
150
726
Le 88e
75
75
150
Le 95e
88
88
176

A : Ces conscrits partiront le 1er juillet 1811 de leur dépôt pour les 6es bataillons en Allemagne.
B : Ces 1500 conscrits partiront de Walcheren par compagnie, dirigés sur le dépôt en France pour le 5e bataillon. Elles commenceront à partir le 15 mai.
C : Ces conscrits partiront dès le 10 mai pour l'Allemagne.
D : Ces conscrits partiront le 1er juin de leur dépôt
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26814".

Le 30 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les 6es bataillons de l'armée d'Allemagne ne seront pas formés avant les 4es.
Je prends donc le parti de contremander l'ordre que contient mon décret du 23 avril de tirer 1800 anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne pour servir à la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne ...
Le bataillon de marche de l'armée du Midi sera composé de :
80 hommes du 8e, 70 hommes du 88e. 170 du 28e. 90 du 95e. 60 du 34e. 70 du 96e. 60 du 40e. 70 du 100e. 80 du 43e. 60 du 63e. 60 du 45e. 60 du 64e. 60 du 54e. 100 du 32e. 80 du 75e. 80 du 58e. Total du bataillon de marche de l'armée du Midi 1250 hommes ...
Envoyez dans la journée des ordres à tous ces régiments pour que la destination de ces détachements soit changée et qu'on les dirige sur Orléans. Vous ferez connaître aux corps que ces détachements devant désormais former des régiments de marche et servir à recruter des bataillons de guerre, on ne doit plus rayer des contrôles les hommes qui les composent.
Ces 1800 hommes seront remplacés pour la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne par une augmentation équivalente dans le nombre de conscrits que ces dépôts de l'armée d'Espagne devaient fournir. Ainsi, ces dépôts au lieu de fournir seulement 1430 conscrits ainsi qu'il est indiqué dans l 'état joint à mon décret du 23 avril compléteront en conscrits le nombre total de 3300 conscrits qu'ils doivent fournir conformément audit état. Ceci aura le double avantage de fournir de bonnes recrues à l'armée d'Espagne, et de ne faire aucun changement dans les contrôles des corps, en même temps qu'on laisse à l'armée d'Allemagne le même nombre d'hommes qu'elle doit recevoir
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5419 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26900).

Le 22 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez les ordres suivants pour la répartition des compagnies destinées à former les garnisons de vaisseaux.
... ESCADRE DE ROCHEFORT
... Les sept vaisseaux, qui sont au Helder, auront des garnisons irrégulières, prises dans les 123e, 124e, 125e et 126e, jusqu'à ce qu'ils soient réunis à Anvers, où ils auront pour garnisons définitives des compagnies tirées des 75e, 76e, 54e, 88e, 94e et 95e. A cet effet, ces six régiments fourniront six compagnies qu'ils enverront à Anvers et de là, à Metz. Ces six compagnies jointes à trois compagnies des 96e, 100e et 103e, se formeront à Metz, ce qui fera neuf compagnies disponibles ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6042 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28292).

Le 28 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Maréchal Mortier, commandant l’Infanterie de la Garde impériale : "Les 1435 conscrits que la Garde a reçus ou doit recevoir pour être distribués à la ligne seront donnés dans la proportion suivante, savoir
600 au 15e léger ... 100 au 88e ...
Aussitôt que vous aurez complété le 15e léger à 600 hommes, vous complèterez tous les autres ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28418).

/ 1812

- Espagne

- Prise de Badajoz par les Anglais (6 avril 1812)

Le 16 mars 1812, toute l’armée de Wellington, forte de plus de 25000 hommes, vient faire le siège de Badajoz ; la garnison de 4000 hommes est beaucoup trop faible pour défendre une place, comprenant un développement d’ouvrages très étendu. Après un assaut infructueux, le 26 mars, trois brèches sont ouvertes le 6 avril ; elles sont si énergiquement défendues que l’ennemi ne peut en approcher ; mais la place est escaladée par le côté opposé aux brèches et enlevée au prix d’une perte de 3600 hommes. Maîtres de Badajoz et de Ciudad Rodrigo, Wellington a beau jeu pour prendre l’offensive sur la longue ligne d’opérations françaises.

Le 88e Régiment passe ensuite l’année 1812 à Madrid.

Le 3 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai approuvé l'organisation des 4 demi-brigades de marche qui forment la 1re division de réserve.
J'ai approuvé l'organisation des 16 demi-brigades provisoires.
Je vous ai fait connaître par ma lettre d'hier ce qu'il fallait faire des conscrits des 5es bataillons dont les régiments sont à la Grande Armée, en en complétant d'anciens cadres de réfractaires ; ce travail règle la formation des dix bataillons de marche que vous avez proposée.
Il me reste à vous faire connaître mes intentions sur la formation des 20 bataillons de marche qui ont leurs bataillons en Espagne. Je les distingue en deux classes :
1° Bataillons de marche qui se formeront sur-le-champ, parce qu'ils ne doivent rien fournir aux demi-brigades de marche et provisoires de la conscription de 1813 ;
2° Bataillons qui ne seront formés que lorsque les 4es bataillons qui fournissent aux demi-brigades provisoires seront complètement organisés ;
Enfin cadres des bataillons qui avaient passé par Bayonne au 1er mai, et qui de ce moment doivent être considérés comme destinés à être complétés par la conscription de 1812.
Faites-moi faire un travail détaillé sur cet objet. Je n'ai point compris dans ce travail ce qui se trouve en Italie, aux Pyrénées, non plus que ce qui est en Bretagne et dans la 12e division militaire ...
ETAT N° 2. Bataillons formés par les 5es bataillons, mais seulement lorsque les 4es bataillons qui font partie des demi-brigades seront complètement organisés, ce qui ne pourra avoir lieu qu’à la fin de mai.
Les 4es bataillons doivent être complétés avant tout ...
7e bataillon. 1 compagnie du 88e, 150 hommes ; 2 compagnies du 96e, 300 hommes ; 1 compagnie du 100e, 2 compagnies du 103e, 450 hommes : 900 hommes ...
Nota. – Les 5e, 6e, 7e, 8e et 9e bataillons ne seront que projetés. On prendra de nouveaux ordres, avant de les former, et sur le lieu de leur réunion. Ils seront destinés ou à recruter l'armée d'Espagne, ou à remplacer les demi-brigades provisoires dans l'intérieur, ou enfin à compléter des cadres ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7200 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30566).

Les désastres de Russie, la coalition de l’Europe qui suit ces désastres ne permettent plus d’envoyer en Espagne les forces nécessaires. Au contraire, d'Espagne, des renforts sont envoyés en Allemagne. Aussi la période de revers et de la retraite va-telle commencer.

- Autres fronts

Bouton du 88e de ligne
Bouton du 88e de Ligne, 1812; Grand module

Le 4 janvier 1812, à Paris, "On propose à Sa Majesté d'ordonner l'admission, comme enfant de troupe, du jeune Joseph, fils d'un lieutenant du 88e régiment, Cet enfant n'est pas encore en âge d'entrer dans un établissement public" ; "Approuvé" répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6596 - Non signée ; extraite du « Travail du Ministre de la guerre avec S. M. l’Empereur et Roi, daté du 1er janvier 1812 »).

Le 26 janvier 1812, l'Empereur, à Paris, dicte des notes sur les divisions de troupes de ligne, adressées au Maréchal Berthier, Major général : "... Les 125e, 123e, 88e sont bien, ont leur 4e bataillon en France et peuvent recevoir leurs conscrits ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6693 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29851).

Le 13 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Mathieu Dumas : "Monsieur le comte Dumas, je vous renvoie la répartition de la conscription, approuvée. J'y ai fait quelques changements, que vous pouvez exécuter, sans les soumettre de nouveau à mon approbation, vu qu'il n'y a pas de temps à perdre.
Diminution.
Vous ôterez
Au 3e de ligne, qui est à Strasbourg. 200 hommes,
... Au 88e id. 100 ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6780 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29976).

Le 8 mars 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que 30 hommes du 39e, 80 hommes du 40e, 100 hommes du 103e, 120 hommes du 88e, 80 hommes du 76e, 40 hommes du 96e, 30 hommes du 100e, formant un total de près de 500 hommes, se rendent à Wesel et soient formés en bataillon de marche du 3e corps, 2e bataillon ; ce bataillon est destiné à être incorporé dans le 72e ; il se rendra à Magdeburg ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6899 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30153).

Le 2 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Berthier : "... 3e DEMI-BRIGADE PROVISOIRE. Le 4e bataillon du 40e, le 4e du 88e, le 3e du 34e, le 4e du 24e partiront à la même époque de Weissembourg, Rocroy, Givet, et Lyon, et se rendront à Cherbourg où ils formeront la 3e demi-brigade provisoire. Si l'on manquait de cantonnements autour de Cherbourg, on pourrait placer une partie de ces troupes autour de Valognes. Ainsi Cherbourg se trouvera défendu par les 1re, 2e et 3e demi-brigades provisoires ; c'est-à-dire par 10 bataillons ou 8 000 hommes ...
Par ces dispositions, toutes les côtes de l'Empire seront suffisamment pourvues, en attendant la formation des cohortes de gardes nationales. Il devient pressant que les cadres de ces bataillons soient complets en officiers ; qu'ils aient leurs chefs de bataillon, et que vous nommiez les 15 majors en second qui devront commander ces demi-brigades. Vous ferez partir le 15 avril ces majors en 2nd pour visiter les dépôts qui fournissent aux demi-brigades.
Vous aurez soin de prévenir le ministre de l'Administration de la guerre afin qu'il donne des ordres, et prenne des mesures pour que l'habillement ne manque pas.
Vous autoriserez les majors en 2nd à faire partir le 30 avril les 4es bataillons à 600 hommes. Les 200 autres hommes viendront un mois après.
Ces demi-brigades ne doivent rien déranger à la comptabilité. Les bataillons qui les composent doivent correspondre avec leurs dépôts pour l'administration.
Annexe
Formation des demi-brigades provisoires, de l'Intérieur et des côtes
3e demi-brigade à Cherbourg (1ère réserve d’Espagne)
1er bataillon : 4e bataillon du 40e de ligne (dépôt à Weissembourg) : 405 conscrits de Haute-Saône, 433 du Jura et 439 du Doubs ; total 1277 ; 577 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon : 4e bataillon du 88e de ligne (dépôt à Rocroy) : 335 conscrits de la Loire, 534 de la Meuse-Inférieure et 184 de la Roër ; total 853 ; 153 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
3e bataillon : 3e bataillon du 34e de ligne (dépôt à Givet) : 565 conscrits de Sesia et 420 de Saône-et-Loire ; total 985 ; 285 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
4e bataillon : 4e bataillon du 24e de ligne (dépôt à Lyon) : 458 conscrits de Montenotte et 450 du Lot ; total 908 ; 208 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7057 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30370 (intégrale)).

Le 3 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Je désire faire les changements suivants aux demi-brigades provisoires. Le 4e bataillon du 34e et le 3e bataillon du 40e feront partie de la 3e demi-brigade. En conséquence, le 4e bataillon du 88e et le 4e bataillon du 24e de ligne qui font partie de cette demi-brigade seront placés, savoir le bataillon du 24e dans la demi-brigade qui s'organise à Wesel, et le bataillon du 88e dans la 8e demi-brigade qui s'organise aussi à Wesel ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7203 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30565).

Le 8 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, les états des divisions militaires qui me sont remis aux 1er et 15 de chaque mois, en conformité des instructions données dans la dernière campagne, sont négligés dans leur rédaction. Recommandez aux généraux des divisions, 1° de faire connaître non seulement les numéros des bataillons, mais encore les numéros de chaque compagnie ; 2° de faire connaître en observation le nombre d'hommes que la loi accorde en ouvriers et aux dépôts, et pourquoi ce nombre est dépassé ...
Pourquoi, au 1er mai, le bataillon du 14e n'était-il pas parti pour Sedan ? Il devait partir le 30 avril. Il en est de même du 4e bataillon du 88e ...
... Donnez une instruction pour que ces états soient faits exactement au 15 et qu'ils m'arrivent le plus promptement possible
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18690 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30606).

Le 29 décembre 1812, Napoléon est informé que "Un ex-grenadier du 88e régiment, admis à la solde de retraite, demande l'autorisation de jouir de sa pension à Trieste (provinces illyriennes), où il est employé dans les douanes"; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7661 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec Sa Majesté l'Empereur et Roi daté du 14 octobre 1812 »).

/ 1813

- Espagne

Le 88e compose avec le 24e de Ligne l’escorte d’un convoi de 300 voitures formant l’évacuation de la capitale par le Roi Joseph (27 mai). Le convoi, placé sous les ordres du Général de Brigade Hugo, atteint heureusement Burgos.

Dans ses Mémoires, le Général Hugo raconte : " ... j'évacuai Madrid le 27 mai (1813), avec un convoi de plus de trois cents voitures, renfermant des ministres, des conseillers d'état, une partie du corps diplomatique et beaucoup de familles distinguées de cette capitale. Je fus le même jour bivouaquer entre Galapagar et Guadarama. On m'avait prescrit d'attendre de nouveaux ordres en position près du Lion, qui sépare les Castilles, et j'y passai deux nuits par un temps épouvantable. Enfin ces ordres me parvinrent et me tracèrent jour par jour les gîtes où je devais coucher en me rendant à Valladolid. Les journées étaient fort courtes, de sorte que, choisissant chaque soir des bivouacs charmans, je cherchais, par l'excellente musique du 88e, à étourdir sur leurs chagrins les familles qui abandonnaient leurs foyers encore une fois et avec si peu d'espoir d'y rentrer. Le 88e et le 24e de ligne formaient l'escorte du convoi. Plusieurs détachemens de dragons, qui faisaient aussi partie de cette escorte, avaient profité de leur passage près de leurs régimens pour nous abandonner sans ordre …
Nous entrâmes dans le défilé; voyant ce passage long, étroit, boisé, au milieu des montagnes, on pensa que l'intention de le franchir était la seule raison qui m'avait fait diminuer le nombre des haltes, mais qu'à la sortie on serait dédommagé, par quelque bon gîte, des fatigues de la marche. La nuit s'approchait au moment où nous quittâmes le défilé pour entrer dans les forêts de pins, et je ne ralentis pas la célérité de notre mouvement.
Tandis que le convoi, dans lequel chacun, quoique toujours mécontent, avait pris le parti de se taire, cheminait en silence, l'avant-garde me fit dire, vers onze heures, qu'elle entendait trotter de la cavalerie sur la route, et que cette cavalerie s'avançait vers nous; je me portai aussitôt à la tête pour reconnaître cette troupe, et m'abouchai presque immédiatement avec un officier de dragons qui cherchait de mes nouvelles. Il me fit part des inquiétudes que l'on avait sur mon convoi, et m'apprit que le colonel Braun, avec le 8e régiment d'infanterie de ligne devait rester à Tudela de Duero jusqu'à minuit, heure à laquelle il ferait brûler le pont si je n'étais pas arrivé, et se retirerait sur Valladolid. Cet officier, enchanté de m'avoir rencontré, rebroussa chemin sur Tudela, où je lui promis de me présenter à temps. Minuit sonnait effectivement quand la tête des voitures y arriva.
La nuit était obscure, et le pont, très élevé au-dessus de la rivière, le paraissait davantage encore, par une chute d'eau, produite, ou par la nature du lit du Duero, ou par les digues de quelques écluses. Depuis la guerre, on avait coupé le centre de ce pont, et les arches détruites étaient remplacées par de longues solives tremblantes et couvertes seulement de madriers sans garde-fous. Les premiers qui y arrivèrent, ne purent s'empêcher d'un mouvement d'effroi ; mais, pressés par la nécessité de hâter leur passage, ils s'avancèrent en gardant un silence profond, commandé autant par la crainte que par la prudence. La faible lumière des bivouacs du 8e régiment, placés sur la rive opposée, éclairait seule ce passage effrayant; mais l'ordre que j'avais donné de faire descendre tout le monde des voitures et de cheval, ainsi que la précaution de faire conduire les attelages par la bride, nous préservèrent de tout accident. Je présidais à toutes ces mesures; et ayant vu enfin la dernière voiture franchir le pont sans malencontre, je me hâtai de le passer moi-même.
On vit aussitôt les flammes en dévorer la charpente, en même temps que de nombreux coups de fusils, échangés par l'arrière-garde du 8e de ligne, chargée de cette opération incendiaire, contre ceux d'une colonne ennemie qui se présentait au passage, firent connaître à mon convoi que l'ordre de séjourner à Cuellar n'avait été qu'une ruse, dont l'objet, ainsi que la précipitation de mon mouvement, était d'éviter un combat dans des positions trop désavantageuses. Aux murmures, succédèrent les félicitations, les éloges, les remerciements; on s'abandonna pleinement à mon expérience; on continua la marche sans faire d'objections, et l'on arriva enfin, au jour, dans Valladolid, où se trouvait l'avant-garde de l'armée française.
Après avoir tourné cette ville, par les boulevards, et passé la rivière, j'accordai trois heures de repos, afin de pouvoir, ensuite, continuer le mouvement (nous avions marché pendant vingt-deux heures de suite).
Le quartier-général du roi était à trois lieues de cette ville, sur la route de Burgos : il était convenable que je m'y rendisse au plutôt, non seulement pour dissiper les inquiétudes causées par mon retard, mais encore afin de dégager mon convoi de l'immense quantité de bagages dont Valladolid et la route étaient encombrées.
Le convoi, s'étant remis en mouvement, arriva vers midi, en vue du quartier-royal, dont les environs étaient couverts de masses de toutes armes au bivouac. Je me rendis près du roi, dont aucun rapport n'avait encore calmé les inquiétudes sur notre compte, et qui fut enchanté de nous voir sauvés. S. M. me prévint que j'allais reprendre mes fonctions près du major-général; et lui ayant fait connaître les causes qui m'avaient fait marcher si lentement à mon départ de Ségovie, elle me dit de conserver soigneusement l'original de cet ordre, attendu que, s'il arrivait quelque fâcheux événement à l'armée, on ne manquerait pas de l'attribuer à l'obligation dans laquelle on s'était vu de m'attendre. J'allai présenter ensuite mes services au respectable maréchal Jourdan, qui me prévint que le convoi allait continuer sa marche sous le commandement du colonel du 88e ; mais à peine venais-je d'envoyer prendre mes équipages, que le roi me fit rappeler et m'annonça, qu'à la demande des ministres et des autres personnages importans qui étaient venus de Madrid avec moi, je conserverais ce commandement jusqu'à Burgos.
Le soir, le convoi étant parqué, nous nous aperçûmes que quelques hommes trop confians, restés en arrière, avaient disparu. Des guerillas s'étant présentées à portée du canon, furent vigoureusement éloignées par des détachemens d'un corps de cavalerie, très bien armé et très bien monté, qu'en partant de Ségovie, j'avais entièrement formé de toutes les personnes à cheval de ma colonne, c'est-à-dire, de conseillers d'état, de préfets, d'agens diplomatiques, d'officiers et de négocians: je donnai à l'un de mes amis, le duc de Sotomayor, maréchal-de-camp des armées du roi, et l'un des gentilshommes de sa chambre, le commandement de ce corps, jusqu'à Burgos, où il fut dissous.
Voyageant alors sur les derrières de l'armée, nous n'avions à craindre que les partis de guérillas ; mais le bon ordre qui régnait dans la marche du convoi le rendait si respectable, que nous arrivâmes à Burgos, sans avoir rien éprouvé de fâcheux
" (« Mémoires du Général Hugo », Paris, 1823, t. 3, p. 118 et suivantes).

Le 88e fait dès lors partie de la Division Darmagnac (Armée du centre, Général Drouet d’Erlon).

- Bataille de Vittoria, 21 juin 1813

La Division Darmagnac est placée en 2e ligne, derrière l’armée d’Andalousie qui est en position, en face du défilé de la Puebla. Pendant la bataille, elle reçoit l’ordre de se placer à droite de l’armée d’Andalousie, pour combler les vide existant le long de la Zadora, entre le centre et l’armée du Portugal (Général Reille).

Peu après, le 88e entre dans la composition de la Division Taupin (le 12 juillet)

- Combat d’Altobiscar, 25 juillet 1813

La gauche de l’armée française à laquelle appartient la Division Taupin, placée sous les ordres supérieurs du Général Claudel, chasse l’ennemi d’Altobiscar.

- Bataille de Zubiry, 27 juillet 1813

La Division Taupin prend part, le 27 juillet, à la bataille de Zubiry. Elle est à la gauche de la ligne.

Le 31 août, la Division est placée un peu en avant d’Ascain (Irun). Elle franchit la Bidassoa et emporte le col de Berra.

Le 8 octobre, le 88e reste le dernier face à l'ennemi. Le Général Taupin, dont la Division est réduite à 4500 hommes, face à 20000 Anglais, place dans la redoute de la Baïonnette, placée en avant d’Ascain, un Bataillon du 88e commandé par le Chef de Bataillon Gillet. La Division débordée par les Anglais se met en retraite sur Ascain. Le commandant Gillet, séparé de la Division, tient ferme dans la redoute et demure sourd à toutes les sommations; après une défense véritablement héroïque, la redoute est emportée, le Chef de Bataillon massacré avec la plus grande partie de sa troupe. Beau fait d’armes qui honore à jamais le 88e.

Le reste du 88e est lui aussi fort éprouvé.

Le Régiment est bientôt rappelé à Paris, pour se reformer avec des hommes de nouvelles levées.

/ Allemagne

Le 6 Janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Vous verrez par la lettre que je vous ai écrite la formation de quatre corps : un corps d’observation de l'Elbe, un corps d'observation d'Italie et deux corps d'observation du Rhin ...
Il me faut, pour le corps d'observation d'Italie, sans y comprendre les bataillons italiens, 28 bataillons, et 40 bataillons pour chacun des corps d'observation du Rhin, 80 bataillons ; total des bataillons nécessaires, 108.
Il sera formé, à cet effet, 34 régiments provisoires, chaque régiment composé de 2 bataillons ; ce qui fera 68 bataillons ...
Les 34 régiments provisoires seront formés de la manière suivante :
... 24e régiment provisoire: 3e bataillon du 88e de ligne, 3e du 103e ...
Vous me présenterez un projet de décret pour compléter ces 40 bataillons à 840 hommes ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19425 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32215).

Le 14 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, donnez des ordres pour réunir à Mayence, aussitôt que possible, les deux bataillons du 22e de ligne, le 10e régiment provisoire, qui se compose des bataillons du 16e et du 28e léger ; le 6e provisoire, formé des bataillons du 6e et du 25e léger ; le 14e provisoire, formé du 40e et du 34e de ligne ; le 24e provisoire, formé du 88e et du 103e ; le 21e provisoire, formé du 59e et du 69e ; ce qui fera douze bataillons ou une division.
Vous donnerez ordre au général Souham d'aller en prendre le commandement. Le duc de Valmy sera chargé de bien armer et bien organiser ces régiments, dont chaque compagnie doit sortir de Mayence forte de 140 hommes. Vous nommerez sur-le-champ les majors qui doivent commander ces régiments. Vous ferez organiser, aussitôt que faire se pourra, deux batteries pour être attachées à cette division. Vous me ferez connaître quand elle pourra être réunie à Mayence et se porter en bon état sur Francfort, où elle complétera son organisation. Le duc de Valmy pourra même, aussitôt que la 1re brigade, forte de trois régiments, sera formée, l'envoyer à Francfort. Il est important que cette 1re brigade ait d'abord son artillerie.
Je désire attacher à cette division le 10e de hussards, qui est à Metz. Faites-moi connaître quand ce régiment sera à 1,000 hommes. Ordonnez la formation des 5e et 6e escadrons de ce régiment. Faites-moi connaître également quand tout le reste du corps d'observation du Rhin pourra se mettre en mouvement pour se réunir à Mayence
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32289).

Le 18 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... 1er corps d'observation du Rhin. Au 6e régiment provisoire le 25e d'infanterie légère n'a que 630 hommes. Il faut lui donner 200 hommes. Au 14e régiment provisoire, le 34e de ligne n'a que 800 hommes et le 40e que 770 hommes. Il faut leur donner 40 hommes au 1er et 70 hommes au 2nd afin de les porter au grand complet. Il faut également compléter le 21e régiment provisoire composé des 59e et 69e ainsi que le 24e composé du 88e et 103e. Il faut compléter tous ces bataillons. Le colonel du 22e de ligne est-il avec son régiment à Mayence ? ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32815).

Le 23 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je réponds à votre rapport du 21 février, bureau du mouvement des troupes ...
Quant à ce que vous me proposez pour former le 36e, le 44e, le 51e et le 55e, je ne vois guère que le 11e de ligne qui ayant 500 hommes, le 16e et le 88e qui en ayant autant, puissent fournir quelque chose ; tous les autres n'ayant que 3 à 400 hommes, ne pourront probablement rien fournir. Toutefois, il me semble que tous ces régiments, entre autres le 88e, ont dû fournir aux bataillons de réserve des divisions réunies que j'ai ordonné par mon décret du 12 février qu'on formât pour envoyer à Hambourg et à Brême.
Je ne crois pas que vous m'ayez envoyé l'état de cette formation ; il faut d'abord les former avant de rien retirer de ces régiments ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32851).

Le 14 juin 1813, l'Empereur ordonne, depuis Dresde : "Le sieur Pierre-Charles Couvreux, élève du gouvernement au Lycée de Mayence, fils du sieur Couvreux, capitaine de voltigeurs au 3e bataillon du 88e régiment de ligne, est nommé sous-lieutenant au 88e régiment de ligne" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 5990).

Le 18 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai reçu votre lettre du 13 juin ...
J'approuve que les 2es bataillons des 45e, 96e, 103e, 100e, 24e, 76e, 88e, 21e, total 8, soient employés au corps d'observation de Mayence. Vous verrez dans le décret que j'en ai besoin pour former 6 divisions.
En cherchant avec attention dans les dépôts, vous trouverez les 8 ou 10 mille hommes nécessaires pour compléter tous ces bataillons. Vous pourrez ensuite y employer des réfractaires et enfin, si cela est nécessaire, faire un appel de 4 ou 5 mille hommes sur les compagnies départementales. Indépendamment des 11 bataillons, je pense qu'il y en a d'autres arrivés d'Espagne, et qui ne sont compris dans aucun corps
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34820).

Le 22 juillet 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Vous portez le 5e bataillon du 134e qui est à Cologne pour 1200 hommes. Sont-ce des conscrits français ou des conscrits d'Erfurt ? S'ils étaient français il faudrait en faire partir pour compléter les 3e et 6e bataillons de ce régiment, qui sont à Magdebourg ; mais s'ils étaient d'Erfurt, il faut les envoyer dans le 47e, le 88e et le 122e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35529).

Le 1er août 1813, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin ... On complétera immédiatement après : le 4e bataillon du 29e du léger; le 2e idem 100e idem; le 2e idem 45e idem; le 2e idem 103e idem; le 2e idem 88e idem.
Ces cinq bataillons partiront au plus tard le 4 ou le 5 pour compléter la 43e division ...
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 3 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35705).

Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "... TITRE II. — Corps d'observation de Bavière.
Art. 12. — Le corps d'observation sera composé des 51e, 52e, 53e et 54e divisions.
Art. 13. — Les quatre divisions du corps d'observation de Bavière seront composées de la manière suivante :
... 52e division
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 24e de ligne, le 2e bataillon du 39e de ligne.
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 17e léger, le 2e bataillon du 29e léger.
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 54e de ligne, le 2e bataillon du 93e de ligne.
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 8e de ligne, le 2e bataillon du 88e de ligne.
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 28e de ligne, le 6e bataillon du 70e de ligne, le 6e bataillon du 15e de ligne ...
Art 14. — Le major général enverra tous les majors nécessaires pour les 51e et 52e divisions.
Art. 15. - Les 51e et 52e divisions se réuniront à Würzbourg ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).

Le 6 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, décrète : "Napoléon, Empereur des Français. Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:
TITRE PREMIER. — Corps d'observation de Bavière. Article premier. — Le corps d'observation de Bavière sera composé, comme nous l'avons ordonné par notre ordre du 4 dernier, de quatre divisions, savoir: la 51e, la 52e, la 53e et la 54e.
Art. 2. - Ces quatre divisions seront composées de la manière suivante :
52e division
Commande par un major : 24e de ligne, 2e bataillon, 39e de ligne, 2e bataillon.
Commandé par un major : 17e léger, 2e bataillon ; 29e léger, 4e bataillon.
Commandé par un major : 54e de ligne, 2e bataillon ; 95e de ligne, 2e bataillon.
Commandé par un major : 8e de ligne, 2e bataillon ; 88e de ligne, 2e bataillon.
28e de ligne, 4e bataillon.
Commandé par un major : 15e de ligne, 6e bataillon ; 70e de ligne, 6e bataillon. Total : 11 bataillons ...
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 20).

Le 2 octobre 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, le 14e corps fournira 13 bataillons ...
Ces 13 bataillons se mettront sans délai en marche pour Dresde, d'où l'état-major les enverra rejoindre leurs corps respectifs. Le 14e corps recevra en échange :
9 bataillons du 3e corps
1 bataillon du 5e corps
2 bataillons du 11e corps
Et 2 bataillons qui sont à Leipzig.
14
Les 9 bataillons qu'il recevra du 3e corps seront : le 3e bataillon du 25e léger ; le 6e bataillon du 32e de ligne ; le 2e bataillon du 58e ; le 3e bataillon du 88e ; le 1er et le 2e du 29e léger ; le 3e du 103e ; le 4e du 34e ; le 3e du 75e ...
Par ce moyen, il n'y aura plus de régiments provisoires au 3e corps, et tous les bataillons d'un même régiment qui sont à l'armée se trouveront réunis.
Faites-moi connaître quelle sera la situation des 8e, 9e, 10e, 13e, 31e, 42e, 43e, 44e et 45e divisions, quand le mouvement de ces bataillons aura été fait. Donnez des ordres pour que ce mouvement s’opère demain. Tous les bataillons passeront à Dresde où vous en ferez la revue pour constater leur situation
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 219 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 36606).

Le 5 novembre 1813, Berthier écrit, depuis Mayence, au Maréchal Kellermann : "L'Empereur a examiné les différentes propositions que vous aviez faites dans votre travail du 4 de ce mois, et voici quelles sont ses intentions.
1° Conscrits hollandais. - L'intention de Sa Majesté est de conserver les bataillons des 8e, 27e, 70e et 88e régiments qui sont composés de conscrits hollandais ; ces bataillons resteront à Mayence ; ils formeront une brigade et feront le service de la ville ; par la suite Sa Majesté verra à se décider sur leur incorporation dans d'autres corps ; mais on aura soin de ne les employer que sur la rive gauche. Envoyez-moi des mémoires de proposition pour nommer à toutes les places vacantes dans ces bataillons ...
" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2575).

Le 12 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Duc de Feltre : "Il me semble que dans la 2e division militaire il y a plus ou moins d'hommes prêts à marcher. Je vois que pour le 12e régiment il y a 400 hommes ; pour le 14e, 100 ; pour le 88e, 80 ; pour le 136e, 200. Faites-moi un rapport là-dessus pour toutes les divisions militaires. Il serait bon que partout où il y a cent hommes, on les fît rejoindre le bataillon qu'ils ont à la Grande Armée" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6160; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 36996).

Le 19 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Marmont, Duc de Raguse, commandant le 6e Corps de la Grande Armée, à Mayence : "… Le ministre a décidé où devaient être placés les dépôts du 30e et du 33e de ligne ; quant aux 8e, 27e, 70e et 88e régiments de ligne, renvoyez les cadres à leurs dépôts ... Le 88e a aussi son dépôt dans le Nord ...
Instruisez de ces dispositions les commissaires des guerres de Metz, Châlons et de la route, afin que les conscrits qui se rendent à ces différents dépôts ne puissent se détourner
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 79 ; Correspondance de Napoléon, t. 26, 20921 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37167).

Le même 19 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vous envoie une lettre du duc de Raguse ; voici ce que je lui ai mandé.
Il ne doit contrarier en rien les dispositions que vous avez faites concernant le déplacement des dépôts. Il faut qu'il n'y ait jamais aucune incertitude sur ce point.
Je lui donne l'ordre de prendre tous les hommes disponibles du 70e, vu que ce régiment a son dépôt à Brest. Nous verrons à placer ce bataillon dans une division où son régiment a déjà un bataillon et à le compléter. Quant aux 8e de ligne, 27e et 88e, ces 3 régiments ayant leur dépôt dans le nord, je lui donne ordre que ces cadres rejoignent leur dépôt ...
Recommandez qu'on s'entende bien là-dessus, car ce serait un grand inconvénient que de faire marcher des conscrits dans de fausses directions ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6204, mais en date du 18 novembre ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37160).

Le 28 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ...Il sera formé un nouveau corps d'armée qui prendra le n° 7, et qui sera composé de trente-six bataillons ou de trois divisions, formées ainsi qu'il suit : 1re division : 12e léger, 3e et 4e bataillons ; 8e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 24e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 27e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 28e de ligne, 2e et 4e bataillons ; 34e de ligne, 3e et bataillons ; total, 12 bataillons ; 2e division : 27e léger, 2e, 3e et 4e bataillons ; 45e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 58e de ligne, 2e, 3e et 4e bataillons ; 64e de ligne, 3e et 4e bataillons ; 81e de ligne, 6e bataillon ; 60e de ligne, 4e bataillon ; total, 12 bataillons ; 3e division : 75e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 76e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 79e de ligne, 3e et 4e bataillons ; 88e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 94e de ligne, 3e bataillon ; 100e de ligne, 2e, 3e et 4e bataillons ; total, 12 bataillons. En tout pour le 7e corps, 36 bataillons. Les administrations, l'artillerie et le génie qui étaient attachés au 14e corps le seront au 7e corps.
Les dépôts enverront à leurs bataillons respectifs les détachements nécessaires pour les porter au complet ; et ceux des bataillons dénommés ci-dessus, qui se trouvent dans les dépôts, se rendront sans délai à Strasbourg, où ce corps se formera ...
Le 7e corps, formé comme il a été dit ci-dessus, sera de trente-six bataillons ...
RÉCAPITULATION.— ... 7e corps, trente-six ...
Tous ces bataillons doivent se trouver complétés moyennant l'appel de la moitié des 300,000 hommes, ou si cela ne suffisait pas, moyennant un supplément sur la conscription de 1815.
II faudra me renvoyer cet état quand vous l'aurez corrigé, et comme la répartition des 160,000 hommes est déjà faite, la répartition des 140,000 hommes, que j’appelle sur la levée des 300,000 pour l'armée du Rhin, doit servir à compléter tous ses bataillons. Il n'y a, d'ailleurs, que l'état en cent colonnes qui puisse bien déterminer cela. Les cadres qui ne pourraient pas être remplis le seront sur la conscription de 1815.
NAPOLÉON.
P. S. On égalisera par la suite tous les corps, chacun à trois divisions de quatorze bataillons, ou quarante-deux bataillons par corps, ce qui, multiplié par huit, fait trois cent trente-six bataillons ou vingt-quatre divisions ; mais c'est une opération de détail qui se fera plus tard
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20943 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37291).

Le 15 décembre 1813, à Paris, l'Empereur décrète : "... 7e corps. Il sera formé un 6e bataillon ... aux 8e, 24e, 27e, 28e, 34e, 45e, 58e, 60e, 64e, 81e, 75e, 76e, 79e, 88e, 94e et 100e de ligne" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1242).

Le 16 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les 88e, 75e, 79e, 45e, 60e, 81e et le 27e léger ont dirigé en tout 1800 hommes sur Strasbourg, lesquels arriveront depuis le 21 jusqu'au 30 décembre. Cette opération avait été faite dans l'espérance de l'arrivée du 14e corps, et pour en compléter les bataillons. Depuis, le 14e corps n'arrivant point, j'ai ordonné, il est vrai, la formation de 5es bataillons dans ces régiments ; mais ces 5es bataillons doivent se former au dépôt.
Mon intention est donc que le détachement du 27e léger, dirigé sur Strasbourg, soit incorporé dans le 1er bataillon du 11e léger ; ... et celui du 88e dans le 37e.
Successivement, les autres détachements qui étaient destinés pour le 14e corps seront incorporés dans les 12 premiers bataillons du 2e corps qui, par ce moyen, se trouveront sur-le-champ au complet de 8 à 900 hommes.
Faites-moi connaître les autres détachements que les régiments qui étaient destinés pour le 14e corps ont dirigés sur Strasbourg, et proposez-moi leur incorporation dans ces 12 bataillons.
Tout cela sera d'autant plus à propos que les régiments du 2e corps n'ont pas reçu autant de conscrits qu'il faudrait pour avoir leurs troisièmes bataillons bien complets à l'armée, indépendamment de leurs 5es.
Donnez ordre que les cadres retournent sans délai à leurs dépôts
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37571).

Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le 1er corps bis prendra le nom de 1er corps ...
Le 7e corps d'armée ne sera pas formé, et ses bataillons feront partie du 1er corps, savoir :
Le 8e de ligne, le 24e, le 27e, le 28e, le 34e, le 45e, le 58e, le 64e, le 75e, le 76e, le 88e, le 94e, le 100e, le 12e léger et le 27e léger.
Ainsi le 1er corps sera composé de la manière suivante :
13e d'infanterie légère (3e, 4e et 6e bataillons), 3 bataillons ; 12e d'infanterie légère (6e bataillon), 1 bataillon ; 27e d'infanterie légère (6e bataillon), 1 bataillon ; 17e de ligne, 3 bataillons ; 21e de ligne, 3 bataillons ; 25e de ligne, 3 bataillons ; 33e de ligne, 3 bataillons , 36e de ligne, 2 bataillons ; 51e de ligne, 3 bataillons ; 55e de ligne, 3 bataillons ; 85e de ligne, 3 bataillons ; 8e de ligne, 2 bataillons ; 24e de ligne, 2 bataillons ; 27e de ligne, 2 bataillons ; 28e de ligne, 2 bataillons ; 34e de ligne, 2 bataillons ; 45e de ligne, 1 bataillon ; 58e de ligne, 2 bataillons ; 64e de ligne, 1 bataillon ; 75e de ligne, 1 bataillon ; 76e de ligne, 1 bataillon ; 88e de ligne, 2 bataillons ; 90e de ligne, 1 bataillon ; 100e de ligne, 1 bataillon
Total 48 bataillons ...
Ces dispositions porteront le 1er corps à 52 bataillons ...
Il est indispensable que vous expédiiez dans la journée, par estafettes extraordinaires, ces nouveaux ordres aux généraux commandant les divisions militaires, afin que les 16 régiments qui devaient envoyer des détachements pour reformer le 14e corps à Strasbourg ne les fassent pas partir. Ceux qui seraient partis seront incorporés, comme je l'ai précédemment ordonné, dans le 2e corps à Strasbourg, et les cadres retourneront à leurs bataillons ...
Il n'était encore parti que 7 détachements formant 1800 hommes des bataillons qui devaient former le 7e corps à Strasbourg ; ils arrivent en ce moment à Strasbourg. Ces 1800 hommes seront incorporés, comme je l'ai ordonné dans le 2e corps. Les cadres retourneront à leurs dépôts ...
Je me dépêche de vous envoyer ces décisions parce que l'expédition des ordres qu'elles exigent est urgente ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).

"ORDRES CONCERNANT LA COMPOSITION DES CORPS D’ARMÉE.
Paris, 21 décembre 1813.
Le général Maison est nommé commandant du 1er corps d’armée à Anvers ; le major général lui donnera l’ordre de partir demain pour se rendre dans cette place ; le général Roguet et le général Lefebvre-Desnoëttes seront sous ses ordres.
Le major général donnera l’ordre au général Grouchy de partir de suite pour se rendre à Strasbourg, où il prendra le commandement en chef de la cavalerie de l’armée.
… Le 1er corps d'armée, commandé par le général Maison, sera composé de trois divisions, savoir :
... 3e division : 11e de ligne, deux bataillons ; 30e, un ; 33e, trois ; 55e, deux ; 64e, un ; 75e, un ; 76e, un ; 85e. deux ; 88e, deux ; 94e, un ; 100e, un ; total, dix-sept bataillons. Cette division pourra être commandée par le général Carra Saint-Cyr ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).

/ 1814

Le 21 janvier 1814, l'Empereur, depuis Paris, décrète : "I. Les régiments des dépôts ci-après désignés et ceux de leurs cadres qui n'ont pas de conscrits se rendront, savoir :
... Ceux de la 2e division : 12e, 14e, 136e, 27e, 34e, 88e de ligne et 25e léger à Compiègne et à Laon ...
II. Le ministre de la guerre désignera un officier général ou supérieur ou un commissaire des guerres de ceux employés dans le département pour être spécialement chargé de ces dépôts qui seront placés dans les villes ci- dessus désignées ou aux environs ...
III. Les douze cadres de bataillon ci-après, savoir :
Le 2e du 88e de ligne : 1 bataillon ...
seront dirigés sur Paris et feront partie des trente bataillons de la réserve du général Fririon ; ils seront complétés en officiers et sous-officiers aux dépens du sixième bataillon s'il est nécessaire, et on y placera tous les anciens soldats au fur et à mesure qu'ils sortiront des hôpitaux
" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2736).

A la fin de janvier, les débris du Régiment sont appelés des Pyrénées à Paris ; le 88e se reforme, recevant aussi les 1er et 3e Bataillons du 131e, et entre dans la composition de la 2e Division dite de Réserve (Arrighi, Duc de Padoue). Mais ce n’est plus l’ancien 88e. C’est un Régiment de conscrits qui se conduira, du reste, honorablement dans les campagnes de 1814 et 1815. La Division du Duc de Padoue rejoint, le 29 février, le 6e Corps (Maréchal Marmont) derrirèe la ligne de l’Ourcq.

Le 3 mars 1814, le Régiment débute à Oulchy où il contribue à battre l’arrière-garde de Blucher.

Le 6 mars 1814, le Corps d’armée bivouaque aux environs de Corney ; il y reste, le 7 et le 8.

Le 9, à la première journée de la bataille livrée sous Laon, la Division Arrighi enlève, avec une grande vigueur, le village d’Athies. La cavalerie russe et prussienne assaille le camp et s’empare d’une parc de 40 pièces, met 300 hommes hors de combat et fit 500 prisonniers.

Lorsque Napoléon, après avoir repris Reims, se porte sur la Seine, il laisse le 6e Corps qui s’est réorganisé, sur l’Aisne, pour couvrir son mouvement.

Le 18 mars, il est en position à Berry-au-Bac dont il fait sauter le pont, à l’approche de l’armée de Blucher.

Le 19 mars, le 6e Corps est porté à Fismes où il est rejoint par celui du Maréchal Mortier.

Le 21, les deux Maréchaux se portent à Château-Thierry.

Le 22, à Champaubert ; le 23, à Bergères ; le 24, à Soudé St-Croix ; le 25 à Sommesous.

Les deux Corps toujours réunis quittent Sommesous à midi, pour se porter sur La Fère-Champenoise, lorsqu’ils sont attaqués à Vassimont, par des forces très considérables ; après une ferme résistance, ils se mettent en retraite sur Sézanne.

Le lendemain, Blucher se jette de nouveau sur les deux Maréchaux ; le 6e Corps, chargé ce jour là de l’arrière-garde, est assailli à la Ferté-Gaucher ; l’ennemi est contenu avec la plus grande énergie, au défilé de Montils.

Dans la nuit, on fait la retraite sur Provins.

Le 27, les deux Maréchaux séjournent à Provins ; leurs troupes sont harassées.

Le 28, Mortier atteint Mormont ; Marmont arrive à Melun.

Le lendemain, les deux Corps se réunissent à Charenton.

- Bataille de Paris, 30 mars 1814

Dans la mémorable bataille du lendemain, la Division Arrighi occupe d’abord les village de Montreuil et de Bagnolet.

A 10 heures, elle se retire en parfait ordre sur Ménilmontant qu’elle dispute, avec acharnement, à la brigade Stockmayer et à la 2e Division de Grenadiers russes Paskewitch.

/ La Première Restauration

A la Première Restauration*, le 88e devient 75e.

/ 1815, les Cent Jours

Au retour de l'Empereur, le Régiment reprend le numéro 88.

Le Régiment fait partie du 3e Corps commandé par le Général Vendamme; il est placé à la 1ère Brigade Dupuy, peu après (4 mai) Gengoult, de la 10e Division Habert.

Le 20 avril 1815, le 1er et le 3e Bataillons sont à Philippeville ; le 2e à Rocroy ; le Dépôt à Reims.

Le 3 mai 1815, le 1er Bataillon est à Bourg-Fidelle ; le 2e, à Bouilly ; le 3e, à Servigny. Un détachement de 259 hommes arrive du Dépôt.

Le 15, le Régiment est réuni à Faynoles.

Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations :
... 10e division : donnez ordre à Soissons, Reims, Epernay, Lorient qu’on fasse partir savoir :
De Soissons, du dépôt du 34e, 500 hommes pour renforcer les 3 bataillons de guerre qui sont à la 10e division.
De Reims, du dépôt du 88e 500 hommes idem.
D’Epernay, du dépôt du 22e 400 hommes idem.
De Lorient, le 2e bataillon du 70e, afin que la 10e division ait 12 bataillons chacun de 600 hommes.
Vous avez oublié de mettre sur l’état dans quels départements se recrutent les 4 régiments de la 10e division ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21909 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39639).

Le 20, il est porté à Frasnes et à Bossut.

Le 31 mai, il reçoit du Dépôt un détachement de 132 hommes conduits par 3 Officiers.

Le 10 juin, le Régiment revient à Faynoles. Les Chefs de Bataillon sont : 1er Bataillon, Barbet ; 2e Bataillon, Gilles; 3e Bataillon, Gremon. Au Dépôt sont le Major Charpentier et le commandant Davannes.

- Bataille de Ligny, 16 juin 1815

A la bataille de Ligny, le 88e est à l’extrême gauche de la ligne. Toute la brigade est en potence pour couvrir le flanc gauche de la Division Girard qui s’est emparée du Hameau et de la Haye.

Au cours de cette mémorable journée, un cordon épais de Tirailleurs de la Division est embusqués derrière des blés ; pendant l’attaque de la Division Tippel-Kirchen et de la cavalerie du Général Iürgas sur le village de Saint-Amand-le-Hameau, et qui débouchent de Wagnelée sans se faire éclairer dans leur hâte de prendre en flanc le Corps de Vandamme, les Tirailleurs se lèvent tout à coup, et, par un feu de mousqueterie terrible exécuté à demi-portée, refoulent l’ennemi. L’infanterie prussienne se débande bientôt et s’enfuit sur Wagnelée, où elle disparaît derrière trois Bataillons et une batterie en position, tandis que la nouvelle cavalerie prussienne empêche la Brigade de poursuivre son succès.

L’autre Brigade de la Division arrive, mais les Prussiens reçoivent de nombreux renforts. La Division Habert, toujours en potence, se maintient pendant longtemps, la droite appuyée au Hameau ; puis le nombre finit par l’emporter un moment et la Division perd un peu de terrain; finalement, ce village est, au bout de 2 heures de combat, arraché par les Prussiens à la Division épuisée par cette lutte continuelle.

Mais la Division Duhesme étant accourue, ce point du champ de bataille si important est repris et conservé. Les deux Divisions contiennent l’attaque en flanc de l’ennemi jusqu’au moment où l’arrivée de la Garde sur le plateau de Bussy détermine la retraite de la droite prussienne.

Ont été tués le Lieutenant Mial, le Sous-lieutenant Morin, les Sergents-majors Dalaporte et Favier, le Tambour-major Magnier, le Fourrier Couder, le Caporal Hannebique, le Clairon Lemaire, les Voltigeurs Devoir, Magnier et Jean, les Fusiliers Lamothe, Brocheton, Baptiston, Bourgner, Valle, Briot.

- Combat de Wavres, 18 juin 1815

Le 3e Corps fait partie des troupes données au Maréchal Grouchy. Au combat de Wavres, livré en même temps que la bataille de Waterloo, la Division Habert est chargée d’enlever le pont de la Dyle à Wavres, mais les Prussiens y sont établis d’une manière formidable; la Division se maintient quelques instants dans les maisons adjacentes du faubourg de Wavres, mais elle est ensuite refoulée. Dans ce combat, le Régiment fait de grosses pertes, perdant notamment les Fusiliers Saint-Pierre, Deludin, Benet.

Le 88e fait la retraite avec Grouchy.

- Défense de Paris, 1er juillet 1815

Le 1er juillet, les débris du Régiment (666 soldats et 34 Officiers) défendent Montrouge, sous Paris.

- Défense de Philippeville

60 hommes du Régiment laissés à Philippeville prennent part à la défense de cette place.

En 1816, le 88e entre dans la formation de la 61e Légion (Pas-de-Calais), qui à la dislocation des légions en 1820, forme le 32e de ligne.

/ Uniformes

Le 13 septembre 1798, Bonaparte fixe la couleur des poufs des différents corps d'infanterie : pour la 21e Légère, jaune et bleu (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 34).

- Drapeaux

La 88e, nous l'avons vu, s'est rendue en Italie en 1797. Elle est donc concernée par l'attribution de nouveaux drapeaux décidée par Bonaparte (voir l'étude du 4e de Ligne). Une lettre de Berthier adressée sur ordre du Général en chef Bonaparte, depuis Milan au citoyen Boudet, et datée du 22 Floréal an V (11 mai 1797) indique que 8 Demi-brigades doivent se voir attribuer de nouveaux drapeaux; parmi elles figure la 88e. Berthier indique également que sur ces drapeaux, il faudra écrire "PASSAGE DU TAGLIAMENTO"; "... Le citoyen Boudet est tenu d'apporter tous les drapeaux le 1er prairial à l'état-major général, casa Serbelloni, pour y être reçus par un commissaire des guerres, qui en dressera l'acte afin que le payement en soit fait", précise la lettre (Correspondance de Napoléon, t. 3, lettre 1789).

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