Le 8ème Régiment d'Infanterie Légère

1796-1815

"Fidelis, Felix, Fortis "

Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et soldats du 8e Régiment d'infanterie légère

Avertissement et remerciements : Le point de départ de cette étude est la série de planches que nous avions consacrée en son temps à ce Régiment (Soldats de la Grande Armée, Série 65), et l'article que nous avions réalisé pour Soldats Napoléoniens, en 2003. Cette étude sera complétée par les auteurs du site, Didier Davin et Frédéric Berjaud, au fur et à mesure de nos lectures et découvertes.

I/ Les origines du Corps

Sapeur 8e Léger, 1807-1808Sapeur 8e Léger, 1807-1808
Sapeur 8e Léger 1807-1808Sapeur 8e Léger, 1807-1808 Sapeur 8e Léger 1807-1808
Fig. 1 Sapeurs en 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace pl 92, et notre dessin paru dans SN) Fig. 7 Sapeurs en 1807-1808 d'après Carl (Fichier Carl, pl 17 et notre dessin, paru dans SN). Fig. 7a Sapeur en 1807-1808 (1809 ?), auteur inconnu (Collection de notre ami E. Wagner - Rastatt).

Selon B. Coppens, la 8e Légère de seconde formation a été organisée par arrêté du arrêté du 18 nivôse an IV (8 janvier 1796); C. Rousset (Les Volontaires, 1791-1794) donne comme date de formation le 14 mars 1796 (24 ventôse an IV); d'autres sources indiquent le 15 mai 1796.

Le 2ème amalgame aurait eu lieu à Anvers. Toutes les sources indiquent que la 8e Légère de seconde formation a été organisée à partir des unités suivantes :

- 30ème Demi-brigade d'infanterie légère de 1ère formation : Formée le 13 novembre 1793 (23 brumaire an II) à partir de 4 quatre Bataillons de la Légion franche étrangère, et d'un Bataillon de Chasseurs de la même Légion. La Légion franche étrangère a elle même été formée à Dunkerque, le 1er août 1792. Recrutée principalement de Hollandais, elle se composait de quatre Bataillons d'infanterie, un de Chasseurs, deux Compagnies d'artillerie et quatre Escadrons de Chasseurs à cheval. Licenciée le 11 novembre 1793, sa cavalerie fut incorporée dans le 13e Régiment de Chasseurs à cheval, son infanterie entra dans la composition de la 30e Légère.

- 8ème Bataillon des Réserves (formé le 12 septembre 1792).

- Bataillon de l'Egalité (11ème Bataillon de Seine Inférieure - formée le 14 juillet 1793)

- 1er Bataillon de Tirailleurs : Un grand nombre de Belges combattirent dans les rangs des troupes françaises au cours des guerres de la Révolution. Dès le commencement de la guerre, une Légion belge, puis une Légion liégeoise furent formées dans le Nord de la France. Au cours de la conquête de la Belgique, différents corps furent levés dans le pays. Un décret du 26 janvier 1793 déclarait que les Légions belges et liégeoises feraient partie provisoirement des armées de la République française. Un décret du 20 brumaire an 2 (10 novembre 1793) prescrivait aux différents corps d'infanterie belge et liégeoise à la solde de la République de se réunir à Péronne pour être supprimés et recomposés en Bataillons de tirailleurs. C'est ainsi que le 1er Bataillons de Tirailleurs (Jardon) fut composé du 1er Bataillon de Chasseurs de Gand, du 2e Régiment d'infanterie belge, et de la Légion liégeoise

D'autres sources ajoutent le 3ème Bataillon de la Demi-brigade des Ardennes; c'est sans doute une erreur.

II/ La 8e Légère de 1796 à 1803

A/ Armée de Sambre et Meuse, 1796-1797

La 8e Légère de 2e formation, dont le Dépôt est à Liège en 1796, fait d'abord la campagne de l'an IV à l'Armée du Nord avec Beurnonville. Elle passe ensuite en Allemagne à la reprise de la campagne, avec les troupes envoyées par le Directoire à Jourdan. Elle est d'abord placée derrière Bonn sous les ordres du Général Bonnaud, commandant la réserve d'infanterie de l'Armée de Sambre-et-Meuse.

Le 9 juillet 1796, le Corps de Kleber se compose de deux Divisions (Lefebvre et Colaud), et d'une Réserve d'infanterie (Général Bonnard) :
Division LEFEBVRE :
Brigade LEVAL :
8e Demi-brigade légère.
25e id. id. (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 324).

La 8e ne rejoint le Corps d'observation que le 11 juillet, au moment où il arrivait sur la Vidda (effectif, 2 280 hommes). Elle fait alors partie de l'avant-garde de Lefebvre, marche à côté de la 83e pendant une partie de la campagne, et prend part à une série de rencontres, les 27 et 28 juillet, du côté de Schweinfurt.

Pendant le combat de la Souzbach, le Capitaine Dujardin est placé avec sa Compagnie par le Général Soult en avant d'un bosquet, avec mission d'y rester jusqu'à ce qu'on lui dise de se retirer. Un Bataillon de Croates et un Escadron de Hussards de Barko le chargent plusieurs fois sans pouvoir le débusquer de cette position, où il résiste pendant quatre heures, sans recevoir ni renforts, ni munitions. Il ne se rend que lorsque ses hommes ont brûlé toutes leurs cartouches.

Pendant la retraite qui termine la campagne, la 8e Légère est à l'arrière-garde avec Championnet.

Dès le 3 août 1796 (16 thermidor an IV), elle est commandée par le Chef de Brigade Jacques François Brun (Général de Brigade le 21 mai 1800).

Détachée sur Veilbourg le 12 septembre, avec le 12e Chasseurs et 3 pièces d'artillerie pour couvrir la gauche de l'armée, la 8e Légère y soutient un très violent combat dans lequel elle se couvre de gloire en repoussant l'ennemi. Elle rejoint le gros de l'armée après ce combat, repasse le Rhin le 21 septembre et prend ses quartiers d'hiver.

Elle est à Cologne avec Desjardin en décembre 1796, près de Dusseldorf avec Macdonald en janvier 1797.

Les 2e et 3e Bataillons prennent part à la campagne du printemps dans la Brigade Goullu, chargée de l'investissement d'Ehrenbreisten. Ils restent près de cette place lorsque la paix est conclue.

L’Armée de Sambre-et-Meuse, destinée à conserver, jusqu'à la signature du traité de paix, l'immobilité la plus complète, tout en se tenant prête à marcher si des difficultés surgissent, est réorganisée par Hoche, le 20 mai, de la manière suivante :
Corps devant Ehrenbreitstein. (Général GOULLU, commandant.) 8e Demi-brigade légère. 48e, 49e Demi-brigades de Ligne. 1 Compagnie du 16e Dragons. Ce corps occupe, au 29 mai, les villages aux environs de la forteresse, étendant ses derrières jusqu'à Montabaur (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 27).

En juillet 1797, le Dépôt est à Verviers.

Le 1er Bataillon est avec Jacobé Trigny à Bonn en août, à Dusseldorf en septembre, à Cologne en octobre, à Thionville en novembre.

Au mois de janvier 1798, les trois Bataillons se déplacent et vont, les deux premiers à Metz, le 3e à Sarrelouis. Le 15 mai, les deux premiers Bataillons sont à Besançon ; le 3e est à Dijon.

A partir de septembre 1798, le Dépôt de la 8e Légère tient garnison à Chambéry.

B/ Campagnes en Italie, 1798-1800

1/ La 8e Légère combat au sein des Armées d'Italie et de Naples

Après la victoire d'Aboukir (25 juillet 1798), Nelson conduit sa flotte à Naples et soulève par sa présence le Piémont, la Toscane et les Etats romain. La 8e Demi-brigade d'Infanterie légère passe alors en Italie au commencement du mois octobre 1798. Elle est placée dans la 6e Division du Piémont, Général Sauret, et contribue à la pacification du pays.

Macdonald et Championnet rétablissent l'ordre et font même la conquête de Naples.

Les garnisons successives de la 8e Légère sont Pavie et Tortone ; puis, à la fin du mois de novembre, Ferrare, où elle prend ses quartiers d'hiver.

Cependant, les succès de Macdonald et Championnet entrainent la deuxième coalition.

2/ La 8e Légère, toujours partagée entre l'Armée d'Italie et l'Armée de Naples

L'année suivante, les Bataillons de la 8e Légère agissent sur trois théâtres d'opérations différents.

a/ Le 1er Bataillon à l'Armée de Naples (1799)

tambour 8e Léger, 1807-1808Tambour 8e Léger, 1807-1808
Tambour 8e Léger 1807-1808Tambour 8e Léger, 1807-1808
Fig. 2 Tambours de Chasseurs en 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace pl 92, et notre dessin paru dans SN) Fig. 8 Tambours de Chasseurs en 1807-1808 d'après Carl (Fichier Carl, pl 17 et notre dessin, paru dans SN).

Le 21 mars 1799, le 1er Bataillon de la 8e Légère (garnison d'Ancône) s'embarque à Ancône pour Corfou. Arrivé à hauteur de Raguse, apprenant que cette île est au pouvoir de l'ennemi, il change de direction pour entrer dans sa garnison. Mais le vaisseau qui le porte échoue devant le fort de Brindisi. Obligé de débarquer, le Bataillon prend ce fort d'assaut et se met en route pour rejoindre du côté de Foggio, la 2e Division de l'Armée de Naples, commandée par le Général Ollivier. Il doit employer la force pour s'ouvrir le chemin dans cette région qui était en pleine insurrection.

A peine a-t-il rejoint la Division Olivier, que celle-ci part pour Naples où la rappelle Macdonald.

Pendant la retraite, une colonne dont fait partie la 8e Légère disperse près d'Avellino, le 24 avril 1799, des bandes d'insurgés qui harcelaient trop vivement la division. Dans cette affaire, le Lieutenant Bellard, aux prises avec trois Calabrais, en tue un et met les deux autres en fuite.

Le 28 avril, le Lieutenant Leger, placé à la tête de quatre Compagnies d'avant-garde de la Division, contribue, par sa bravoure et par l'activité de sa marche, à chasser l'ennemi, supérieur en forces, des hautes montagnes qui couvraient la gauche du village de Monteforte ; il se porte ensuite sur ses derrières et, par une charge hardie à la tête d'une trentaine d'hommes, le force à abandonner le village de Monteforte, où il était avantageusement posté au nombre de 800.

Le 7 mai, la Division rejoint Macdonald qui continue la retraite vers Florence ; mais le 1er Bataillon de la 8e a été laissé avec la 7e dans la forteresse de Gaëte. Il y est bientôt enfermé et, pendant plus de deux mois, y soutient avec avantage un siège en règle. Privé de toute espèce de secours, manquant de munitions et réduits à la dernière ration, il obtient la capitulation honorable de retourner en France avec armes et bagages, et de pouvoir rentrer en campagne quand il le voudra. Il s'embarque pour Marseille, rejoint le 2e Bataillon à la fin de septembre et continue la campagne avec lui dans l'armée d'Italie.

b/ Le 3e Bataillon à la Division d'Ancône (1799)

Le 3e Bataillon fait partie de la Division d'Ancône, commandée par le Général Monnier. Cette Division, livrée à elle-même, réduite à des moyens presque nuls, devait, par six mois de combats et de résistance opiniâtre, donner un bel exemple de persévérance et d'héroïsme. Assaillie par des armées nombreuses de révoltés, elle sut les vaincre et les disperser. Obligée de se renfermer dans des murs et dans des forts qui, par leurs positions et leur construction, ne présentaient aux assiégés aucune défense et qui devaient militairement, après quinze jours de siège, succomber devant des assaillants nombreux, elle trouva dans sa bravoure les moyens de résister d'une façon honorable.

Le départ de l'Armée de Naples est le signal du soulèvement (18 mai 1799). Les flottes combinées russes et turques arrivent et bombardent la place d'Ancône ; mais le feu de nos batteries les oblige à lever l'ancre. Une colonne suit leurs mouvements et rejette à la mer leurs compagnies de débarquement.

Pendant ce temps, la ville de Fano s'est révoltée. Le Général Monnier veut faire un exemple; il arrive le 25 mai 1799 à Fano avec le 3e Bataillon de la 8e Légère, destitue la municipalité, prend des otages et désarme la ville.

Le 9 juin 1799, une colonne, dont fait partie la 8e, est assaillie par des paysans devant Pesaro et doit battre en retraite pour ne pas être cernée. Cette affaire donne au commandant Magnen l'occasion de se distinguer.

Musicien 8e Léger, 1807-1808Musicien 8e Léger, 1807-1808
Musicien 8e Léger 1807-1808Musicien 8e Léger, 1807-1808
Fig. 3 Musicien en 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace pl 92, et notre dessin paru dans SN) Fig. 9 Musicien en 1807-1808 d'après Carl (Fichier Carl, pl 17 et notre dessin, paru dans SN).
Fig. 9a Musiciens en 1807-1808 (1809 ?), auteur inconnu (Collection de notre ami E. Wagner - Rastatt).
Détail du parement

Le 18 juin 1799, les troupes combinées, augmentées par de nouveaux débarquements de l'escadre ennemie, attaquent Sinigaglia, défendu par le 3e Bataillon de la 8e Légère, qui se bat à outrance pendant cinq heures. Les portes ayant été enfoncées à coups de canon, la 8e est forcée d'abandonner les remparts ; elle combat alors dans les rues, assaillie par les marins de la ville qui se sont armés pendant l'affaire, et se voit bientôt contrainte de se retirer par la seule porte qui lui ouvre une retraite sur Fiumeso. Mais, en sortant de Sinigaglia, le Bataillon, poursuivi par l'ennemi, maître de la ville, trouve une colonne d'insurgés qui s'est avancée pour lui fermer le passage. Le commandant Magnen, se portant à la tête des quatre Compagnies de la gauche, contient l'ennemi qu'il a en queue, tandis que les quatre Compagnies de droite, marchant à la baïonnette sur la colonne qui barre le chemin de Fiumeso, la culbutent et la mettent en déroute. La 8e réussit ainsi à opérer sa retraite sans éprouver de pertes trop considérables.

L'ordre du jour cite l'Adjudant-major Zenardi comme s'étant tout particulièrement distingué dans cette circonstance.

Après cette affaire, le Général Monnier rapproche ses troupes d'Ancône. Apprenant que les alliés viennent de se rembarquer (22 juin 1799), il réunit de suite toutes ses forces et marche le même jour sur Sinigaglia ; les brigands se sauvent à son approche, abandonnant deux pièces de canon.

Monnier entreprend alors une expédition hardie. Il part avec une colonne composée de la 8e Légère, de détachements des 16e et 62e cisalpins et de quelques cavaliers, et passe par Fano le 23 juin et par Fossambie le 24. Le 25, il force le passage terrible de Fourlo percé par Annibal. "Jusqu'à l'entrée de ce passage, dit le Général Monnier, nous avions fait fuir les insurgés ; mais ils espéraient nous surprendre et nous défaire dans ce défilé, plus facile à garder que les Thermopyles. Nous franchissons d'abord une voûte taillée à vif dans le roc de 30 toises de longueur sur 2 ou 3 d'élévation ; puis notre oeil effrayé voit à droite une chaîne de rochers qui s'élevait verticalement jusqu'aux nues. Le Metauro roulait à gauche dans des abîmes bordés par une montagne aussi escarpée.
Nous suivions un chemin si étroit que la colonne ne pouvait s'avancer que sur six hommes de front. Quand nous fûmes bien engagés dans le défilé, les brigands qui garnissaient les crêtes des montagnes firent pleuvoir sur nos têtes une grêle de balles et de pierres.
Il fallait percer ; un instant d'irrésolution nous eût perdu ; déjà nos derrières étaient menacés par des rassemblements de paysans qui descendaient des montagnes.
Notre attaque fut aussi prompte que l'éclair ; des Français seuls pouvaient vaincre. Le général Pino, les officiers de l'état-major s'élancent à la tête des cavaliers, et traversent ce défilé inexpugnable au grand galop, suivis de l'infanterie au pas de course. Ce coup d'audace porta la terreur dans les rangs des brigands et tout rentra dans l'ordre à notre approche
".

Fabriano, le foyer de la contre-révolution, est ensuite enlevé après une lutte acharnée. Le Chasseur Grosset, de la 8e Légère, qui y a été blessé grièvement, est nommé Caporal.

Les brigands, battus à Fabriano, se replient dans les gorges de la Roussa ; c'est un second passage de Fourlo. Monnier envoie deux colonnes sur les hauteurs de droite et de gauche, et, avec le centre, force le passage au pas de charge, malgré le feu de l'ennemi, malgré les rocs et les pierres qu'on jette du haut des rochers.

La colonne est à Jesy le 28 juin 1799, et rentre le lendemain à Ancône.

Nos troupes ont déployé dans toutes ces affaires l'intrépidité étonnante qui caractérise le soldat français.

La 8e Légère prend d'assaut la ville de Macérata, le 5 juillet 1799, avec le Général Monnier. Quelque temps après, elle entre dans Fano par la brèche et à cette occasion les plus grands éloges lui sont adressés ainsi qu'à son chef, le commandant Magnen, qui a eu un cheval tué sous lui par la mitraille des remparts.

Mais le retour de Lahoz et des alliés forcent Monnier à s'enfermer dans Ancône. A ce moment, ses troupes sont réduites à 1600 combattants, Français, Cisalpins, Romains déjà très fatigués des combats et des marches qu'ils font avec tant de gloire depuis trois mois.

Ancône se trouve sans défense ; ses approvisionnements sont à peu près épuisés. Mais Monnier fait des prodiges ; en peu de temps la ville est fortifiée, les redoutes sont construites sur les hauteurs voisines. La farine manquant, des moulins sont construits ; on fait de la poudre, des canons ; on bat monnaie.

Le 12 septembre 1799, l'ennemi s'avance en colonne sur la redoute du mont Gardet, une sortie le culbute. L'Adjudant Courtois, de la 8e, reçoit le grade de Sous-lieutenant à la suite de cette affaire.

Dans le même temps, pour protéger le mont Gardet, nous nous sommes emparés de Montegaleazo qui commande la ville et les forts.

Le 19, l'ennemi attaque de nouveau le mont Gardet ; il ne réussit pas mieux que la première fois. Le Caporal Duclous, de la 8e Légère, est nommé Sergent ; Dolet, Sapeur du même Corps, Caporal.

Le 25 septembre 1799, l'ennemi se jette en force sur le Montegaleazo ; il est encore repoussé. Le Chasseur Valençon est nommé Caporal.

L'ennemi fait une troisième tentative sur le mont Gardet, le 30 septembre. Mais notre mitraille et les braves de la 8e Légère, qui défendent ce point, ne le laissent pas approcher.

Dans la nuit du 1er au 2 octobre, 600 hommes sortent de la ville en trois colonnes. Celle de gauche, composée de la 8e Légère et des Cisalpins, suit le bord de la mer et doit enlever les redoutes de droite de l'ennemi. Sa marche s'exécute dans le plus grand silence ; lorsque l'on n'est plus qu'à vingt pas de l'ennemi, la charge est battue et la 8e, sans tirer un seul coup de fusil, s'élance à la baïonnette sur la grande redoute, l'enlève après trois assauts, tue Lahoz, encloue une pièce et deux mortiers et prend sept drapeaux. Ces colonnes rentrent au jour dans la ville. Le Caporal de Carabiniers Brun est nommé Sergent.

Le 4 octobre 1799, à la pointe du jour, 80 bouches à feu tirent sur la ville et 10000 hommes marchent à l'attaque. Mais la défense, malgré son infériorité numérique, a encore le dessus. Toutes nos troupes se sont couvertes de gloire ; la 8e en particulier a fait des prodiges de valeur. Aussi, Monnier nomme t-il Capitaine sur le champ de bataille, le Lieutenant Taquin ; Lieutenant, le Sous-lieutenant Bouvier ; Sergent, le Caporal Pansoff (ce dernier a reçu cinq coups de feu). Il adresse, en outre, les plus grands éloges à la conduite courageuse du Lieutenant Malpey, des Sergents Guri et Fournier, du Caporal Seguin et des Chasseurs Laune, Semon, Moreau.

Le 11 octobre, dans une sortie, le Sergent-major Lhuillier se précipite le premier dans les redoutes ennemies.

Le 17 octobre, un détachement enlève à la baïonnette un avant-poste. A la suite de cette opération, le Sergent-major Lhuillier, qui s'est précédemment distingué, est nommé Sous-lieutenant.

Mais l'ennemi resserre de plus en plus l'investissement. Le 12 novembre 1799, il envoie pour la quatrième et dernière fois un parlementaire sommer le Général Monnier de lui rendre les forts et la ville. Celui-ci, pénétré de l'état de détresse de la place qui, depuis 105 jours, soutenant au-delà de toute attente, le siège régulier le plus pénible et le plus vif, convoque le conseil de guerre. Après avoir constaté qu'il n'y a plus de vivres que pour dix jours et de la poudre que pour une demi-journée un peu chaude, on consent à traiter. La Division sort d'Ancône le 17 novembre 1799 avec tous les honneurs de la guerre. Ces troupes ont mérité de la patrie.

Le 11 février 1800 (22 pluviôse an VIII), Bonaparte écrit depuis La Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Faites-moi connaître où sont les 3e bataillons des 7e, 8e, 16e et 17e légères ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1156 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 4963).

Le 14 février 1800 (25 pluviôse an VIII), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Faites-moi connaître où sont les troisièmes bataillons :
des 8e, 7e , 16e, 17e légères ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 4982).

Le 3e Bataillon de la 8e Légère arrive à Nice le 15 février 1800 ; il va ensuite à Brignolles, puis à Saint-Maximin (264 hommes) où il reste pendant que les deux premiers sont enfermés dans Gênes.

Le 14 mars 1800 (23 ventôse an VIII), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Vous ferez diriger sur Saint-Denis la 8e légère ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5102).

Le 14 mai 1800 (24 floréal an VIII), Bonaparte écrit depuis Lausanne au Général Berthier : "Monnier commande la 8e légère ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5290).

c/ Le 2e Bataillon

Le 2e Bataillon, qui est resté près de Ferrare, reçoit l'ordre, le 8 mai 1799, de se rendre au camp d'observation formé par Gauthier, entre Florence et Bologne, pour garder les débouchés des Apennins et faciliter la retraite de Macdonald. Il est à l'arrivée de ce dernier placé à Sarzanne dans la 5e division, commandée par Dombrowski, et y fait partie de l'aile droite de l'armée de Naples (27 mai 1799).

Ce Bataillon se couvre de gloire à la malheureuse bataille de la Trebbia (17-19 juin 1799). Il se retire ensuite par Parme et les Apennins vers Gênes où il n'arrive que le 26 juillet après une pénible retraite. En moins d'un mois, il a eu 89 tués et 92 blessés.

Au moment où Joubert vient prendre le commandement de l'Armée d'Italie, le 2e Bataillon, à l'effectif de 247 hommes, passe dans la Division Watrin, Brigade Calvin. Le 15 août 1799, il assiste à la bataille de Novi, après laquelle il reprend ses premières positions. Le 25 août, il va battre du côté de Fontana-Buona un parti ennemi qui marchait vers Gênes. Il occupe ensuite Voltaggio, puis la Bochetta, où il est rejoint le 20 septembre par le 1er Bataillon.

Commandés par leur Chef de Brigade, Brun, ils passent aussitôt avec le Général Calvin dans la Division Grenier qui défend Coni, la clé du Piémont. A ce moment, Melas serre la ville de très près, et ce rapprochement donne lieu à de fréquents engagements qui nous sont presque toujours favorables. Dans une de ces rencontres, le Sapeur Renaud s'élance sur deux pièces de canon, s'en empare en coupant les traits des chevaux, puis court après les chevaux qu'emmène l'ennemi, les prend et les ramène. Cette action d'éclat lui vaut un fusil d'honneur.

Le 28 octobre 1799, la 8e Légère jette dans la Sturla un corps autrichien qui venait de franchir cette rivière pour tourner la Division Grenier et lui enlève deux canons et un grand nombre de prisonniers.

L'armée bat en retraite après le combat de Fossano (4 novembre 1799), arrive le 9 au camp de Limone, près de Tende. Dans cette retraite, l'Adjudant Val exécute un hardi coup de main qui le fait nommer Sous-lieutenant. Chargé un soir d'enlever une tête de pont fortement défendue, il s'avance avec 18 Carabiniers, surprend lui-même la vedette, la tue et jette l'ennemi dans la rivière.

La situation de l'armée devient critique. De l'Italie, il ne lui reste plus à ce moment que Gênes et le revers méridional des monts. Une épidémie met le comble à ses désastres et lui enlève Championnet, son Général en chef.

3/ Armée d'Italie - Campagne de 1800

a/ 1er et 2e Bataillons

Carabinier 8e Léger, 1807-1808Carabinier 8e Léger, 1807-1808
Carabinier 8e Léger 1807-1808Carabinier 8e Léger, 1807-1808 Carabinier 8e Léger, 1807-1808
Fig. 4 Carabinier en 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace pl 92, et notre dessin paru dans SN) Fig. 10 Carabinier en 1807-1808 d'après Carl (Fichier Carl, pl 17 et notre dessin, paru dans SN). Fig. 10a Carabinier en 1807-1808 (1809 ?), auteur inconnu (Collection de notre ami E. Wagner - Rastatt).

Masséna, successeur de Championnet, laisse l’armée dans ses cantonnements pendant tout l’hiver. Il doit toutefois, à plusieurs reprises, faire circuler des colonnes pour maintenir le calme dans le pays. C’est dans ces circonstances que la 8e va réprimer des troubles dans la rivière de Gênes le 15 janvier, puis le 3 mars. Durant cette dernière opération, elle est enveloppée près de San Colombano, par 4 000 paysans rassemblés par le tocsin et les cornes d’alarme et se trouve un instant dans une situation très critique. Heureusement que des troupes viennent en toute hâte à son secours.

Le Soldat Coignet, de la 106e, dans une lettre en date du 10 mars 1800 (19 Ventôse an 8), écrit, depuis Bogliasco, à sa famille : "Nous venons de faire une nouvelle expédition. Cette fois nous avons eu affaire, non-seulement aux éléments, mais à des adversaires vivants, et très-vivants, aux Autrichiens et à leurs auxiliaires les montagnards de la rivière du Levant, dits de Fontana-Buona, contre lesquels nous étions spécialement envoyés.
Depuis assez longtemps, on parlait de troubles occasionnés de ce côté par des réquisitions de subsistances, malheureusement indispensables pour nous empêcher de mourir tout à fait de faim. A la suite de pourparlers inutiles, notre général en chef Masséna avait fait occuper militairement le pays.
Cependant les habitants, soutenus par l'ennemi qui leur fournissait des munitions, se levèrent un jour en masse, et chassèrent nos troupes de leurs cantonnements. Après les avoir vainement sommés de livrer leurs armes et les principaux moteurs du soulèvement, Masséna résolut d'agir par la force, et notre demi-brigade fut de la partie.
Nous quittâmes Sestri du Ponent le 3 mars.
Après avoir rallié à Gênes notre premier bataillon, la demi-brigade se porta sur Nervi et Bogliasco, où elle séjourna le 4, pour faire ses derniers préparatifs.
Le 5, on marcha sur Recco, petite ville du littoral, à cinq ou six lieues de Gènes, où se trouvait déjà la 8e demi-brigade légère; elle nous attendait pour marcher en avant. D'autres troupes devaient opérer par les montagnes, à une certaine distance sur notre gauche.
Nous commençâmes aussitôt à monter à travers les bois par un chemin étroit et escarpé. La 8e tiraillait en tête et sur les flancs, pour débusquer l'ennemi du fourré. Les insurgés défendirent le terrain pied à pied, et nous firent éprouver quelques pertes au débouché sur le plateau de Rapallo; mais dès que nous eûmes dépassé la région boisée, nos adversaires s'enfuirent avec une telle précipitation, qu'en peu d'instants la plaine fut entièrement dégagée. Nous continuâmes alors librement notre marche sur Rapallo; la 8e éclairant le littoral, que nous laissions sur la droite.
Après une courte halte dans cette petite ville, nous avancions vers les montagnes, quand une décharge qui nous enleva quelques hommes, nous révéla la présence d'un petit détachement autrichien, embusqué au milieu des rochers. Ce poste, d'un accès difficile de toutes parts, aurait donné de l'embarras s'il avait été fortement occupé. Heureusement ces messieurs n'étaient pas plus d'une cinquantaine. On nous détacha en tirailleurs pour répondre à leur feu et les débusquer, sans interrompre la marche du gros de la colonne. L'affaire fut bientôt finie, et nous ne vîmes plus d'Autrichiens de la journée. En arrivant sur le terrain dont ceux-là venaient de déguerpir, nous trouvâmes leurs marmites pleines de soupe toute chaude qu'ils n'avaient pas eu le temps d'avaler, ce dont nous nous acquittâmes à leur place avec un merveilleux entrain.
A peu de distance de là, le bataillon, engagé dans un chemin tortueux en contre-bas, arriva dans un endroit où ce chemin, bordé d'un côté de falaises presque perpendiculaires, longe de l'autre un précipice dont il n'est séparé que par le parapet. Au moment où la tête du bataillon arrivait à la partie la plus étroite de ce passage, les insurgés qui tenaient le haut de la falaise, firent rouler sur nous deux énormes pierres. L'une passa par-dessus nos têtes, brisa une partie du parapet et l'entraîna dans l'abîme. L'autre, mieux dirigée, tomba juste sur le chemin. Par bonheur, la tête de la colonne, avertie par la chute du premier bloc, avait poussé précipitamment en avant, tandis que le reste rétrogradait non moins vite, si bien que personne ne fut atteint. Des tirailleurs escaladèrent les rochers, mais n'y trouvèrent plus personne.
Le jour tombait quand la colonne atteignit Cbiavori à trois bonnes lieues au-delà de Rapallo. On nous fit traverser la ville, et on nous établit aussitôt de l'autre côté, dans une grande prairie, confinant à un torrent dont nous nous empressâmes d'occuper le pont. Les Autrichiens se montrèrent immédiatement pour nous en disputer la possession, et il s'établit une vive fusillade pendant laquelle le pont fut rompu, et chacun garda sa rive. Une chaîne de postes fut installée de suite le long du torrent, et les soldats auxquels on venait, pour la première fois depuis bien des jours, de distribuer ration entière ! s'occupèrent du grand oeuvre de la soupe. Il était alors huit heures du soir.
Pendant ce temps; un détachement envoyé en reconnaissance, avait découvert que des troupes quelconques étaient campées sur notre gauche. On espérait que c'était le corps français destiné à opérer conjointement avec nous, mais on n'en avait nullement la certitude. Vers dix heures, on vint m'appeler pour faire partie d'une nouvelle reconnaissance de trente hommes commandée par un officier, avec un sergent et deux caporaux. L'officier était porteur d'un message pour le commandant de ces troupes, présumées françaises. Nous filâmes en grand silence, côtoyant le torrent et par conséquent les postes autrichiens de la rive opposée, auxquels nous réussîmes à dérober notre marche puis, nous nous avançâmes, sous la conduite d'un guide, dans la direction où l'on avait aperçu les feux de ce camp problématique. L'officier m'avait lancé en éclaireur, avec deux soldats, à cinquante pas en avant, mais lui-même s'arrêtait au moindre bruit, ce qui me forçait de m'arrêter aussi. Arrivés à un petit hameau, le guide refusait d'aller plus loin ; il fallut le menacer de lui brûler la cervelle pour le faire avancer.
Parvenus fort prés du camp, nous entendîmes distinctement parler français. Mais ces Français pouvaient bien encore être des ennemis, car nous n'ignorions pas que la légion des émigrés de Bussy était dans ces parages. Il fallut donc tenter l'aventure. J'avançai de nouveau, et bientôt je fus arrêté par une sentinelle qui appela la garde ! Il arriva aussitôt un sergent et deux soldats, on croisa de part et d'autre la baïonnette. J'approchai la mienne de la poitrine du sergent. De son côté celui-ci, me présentant la pointe de son sabre, me demanda les mots d'ordre et de ralliement. Jamais, pendant tout le temps que j'ai porté les armes, je n'ai ressenti une si cruelle émotion. Ces Français, dont l'obscurité ne nous permettait pas de distinguer l'uniforme, étaient-ils des nôtres ? ou des autres ? Dieu merci, ils étaient des nôtres ; ce campement était celui de la 74e demi-brigade. Dès qu'on se fut reconnu de part et d'autre, notre détachement avança à l'ordre et pénétra dans le camp. L'officier qui le commandait s'acquitta de son message auprès du chef de la demi-brigade, et nous repartîmes après avoir pris quelques instants de repos. Nous étions de retour à nos bivouacs vers deux heures du matin.
Les Autrichiens ayant vu nos feux établis sur tant de points, craignirent d'être tournés et se retirèrent avant le jour.
Le 6, on se porta d'abord sur Lavagna, à trois lieues de Chiavari, puis on poussa jusqu'à Sestri du Levant qui est encore à trois lieues plus loin. Les insurgés s'étant retirés fort avant dans la montagne, on s'établit à Sestri, on y fit de nombreuses réquisitions, et tout alla bien jusqu'au lendemain matin.
Mais les insurgés ne s'endormaient pas. Ils étaient d'ailleurs appuyés par les Autrichiens, qui tenaient à regagner le terrain perdu la veille. Nous fûmes avertis avant le jour que tout était en mouvement dans la montagne, et que déjà nos communications étaient gravement compromises. Presqu'aussitôt nous reçûmes l'ordre de battre en retraite immédiatement. On fit six lieues d'une traite, de Sestri du Levant à Rapallo, par Lavagna et Chiavari.
Mais nous ne devions pas en être quittes à si bon marché. Comme nous entrions à Rappallo, tambours battants et enseignes déployées, on commença à faire sur nous un feu nourri, du faubourg que nous venions de traverser. Il fallut faire volte face pour répondre à cette politesse, et prendre des mesures énergiques pour sortir de ce guêpier. Toutes les dispositions étaient déjà faites pour intercepter notre retraite ; l'autre faubourg était fortement occupé et barricadé. Quand on voulut poursuivre le mouvement, on rencontra une résistance tellement vive, que la tête de la colonne fut plusieurs fois obligée de se replier. Nos soldats montrèrent beaucoup de solidité, et parvinrent à se faire jour, mais non sans pertes.
Dès que nous fûmes sur un terrain découvert, la plus grande partie de la troupe se déploya en tirailleurs et repoussa les insurgés jusque dans les hameaux voisins où l'on mit le feu. Ils se battaient avec une opiniâtreté remarquable; j'ai vu des paysans bloqués dans un moulin qui brûlait déjà, tirer encore sur nous du milieu des flammes, et périr sans demander quartier. Dès que nous faisions mine de nous éloigner, ces enragés revenaient à la charge. Ils nous harcelèrent ainsi jusqu'au-dessus de Recco. Tout était en désarroi dans cette ville, où nous avions espéré passer la nuit. Nous y trouvâmes l'ordre de regagner nos cantonnements respectifs. Il était minuit quand le bataillon rentra coucher dans notre masure de Bogliasco; coucher sans souper, comme d'habitude, et sur des dalles peu moëlleuses.
Vous voyez que notre expédition n'a pas été longue. Deux jours de marche triomphale, un de retraite précipitée, dans lequel nous avons reperdu tout le terrain conquis. Nous avons fait huit lieues le premier jour, six le second; donc quatorze le troisième, avec le surcroît de fatigue de l'échauffourée de Rapallo, et du combat soutenu chemin faisant depuis cette ville jusqu'à la descente de Recco. Nous avons fort maltraité les montagnards, mais ils nous l'ont bien rendu.
Nous avons eu ce matin nos rations de pain. Mais, selon toute apparence, nous jeûnerons plus d'une fois encore dans cette région pauvre, dévastée, et bloquée par terre et par mer
" (Cognet (Abbé) : "Souvenirs militaires d'un jeune abbé, soldat de la République (1793-1801)", publiés par le Baron Ernouf, Paris, 1881, p. 146).

La 8e est à Recco, dans la Division Miollis, à l’aile droite de l’armée commandée par le Lieutenant général Soult, quand reprennent les hostilités (20 mars). L’ennemi, enhardi par ses succès précédents, nous harcèle de tous côtés.

Le Soldat Coignet, de la 106e, dans une lettre en date du 4 avril 1800 (14 Germinal an 8), écrit, depuis Recco, à sa famille : "Il est plus que probable que nous serons prochainement attaqués. L'ennemi ne connaît que trop bien nos embarras. Il sait que nous ne recevons de France aucun secours, que nous sommes décimés par la misère et les maladies. Il voudra sans doute profiter de sa grande supériorité numérique pour nous enlever l'honneur de l'offensive. La réapparition des avant-postes autrichiens à proximité des nôtres, le blocus plus étroit que jamais du littoral par la flotte anglaise, nous présagent de sérieux événements. Nous sommes prêts à la lutte, résignés à tous les sacrifices, même à celui de la vie.
Nous étions postés à Bogliasco depuis le 7 mars, pour appuyer au besoin la 8e légère, échelonnée de Recco au débouché de la plaine de Rapallo. Nous étions on ne peut plus mal dans cet endroit, réduits pour toute nourriture à une demi-ration de pain, qui souvent ne venait que très irrégulièrement, ou même pas du tout. Combien de fois ne m'est-il pas arrivé, mourant de faim, de dévorer des olives vertes, ou de mâcher des écorces de citrons desséchés sur l'arbre !
Cependant les montagnards avaient reparu plus menaçants que jamais, et serraient de près les positions de la 8e. Nous reçumes donc, le 25 mars, l'ordre d'avancer sur Recco, pour être à portée de renforcer cette demi-brigade au premier signal. La précaution n'était pas inutile, car, ce jour-là même, les insurgés attaquèrent vivement. Ils furent repoussés avec perte, et reconduits assez loin, la baïonnette dans les reins. Ils n'en revinrent pas moins à la charge dans la matinée du lendemain, et obtinrent d'abord quelques succès. La 8e fut refoulée à son tour sur le versant boisé qui domine Recco. Dans ce moment, j'étais posté avec quatre hommes au milieu du bois, dans le défilé tortueux et encaissé qui conduit de cette ville au débouché du plateau. Ce poste ne me semblait nullement compromis, bien que j'entendisse des coups de feu tout autour de nous. Débordé ou même pris à revers, je pouvais toujours, à la faveur des accidents de terrain, rejoindre notre grand'garde.
Dans cette situation, nous eûmes à essuyer une panique, occasionnée par des poltrons, des vivandières et autres fléaux d'armée, dégringolant à travers le bois, et criant comme si tout eût été perdu. Je faillis être abandonné par mes quatre hommes, et ne parvins à les retenir qu'en leur barrant le passage, la baïonnette au bout du fusil. Pendant que je me débattais ainsi, nos troupes reprenaient le dessus ; les insurgés cédèrent de nouveau le terrain. Lorsque je fus relevé de ce poste, on me félicita de n'avoir pas cédé à la panique. Je ne pus m'empêcher de répondre, en montrant mes quatre hommes : "Ce n'est pas la faute de ces Messieurs !".
Le soir même, un retour offensif de ces montagnards nous fournit l'occasion de leur donner une telle chasse, que depuis ils n'ont plus rien entrepris de sérieux. Mais nous n'en sommes pas beaucoup plus tranquilles. Ils viennent sans cesse rôder autour de nos positions. Pour les contenir, nous sommes obligés de nous montrer souvent sur les hauteurs, d'entretenir un grand nombre de postes, d'être sans cesse sur le qui-vive métier bien pénible pour des gens aussi sommairement nourris que nous le sommes.
C'est ainsi que nous nous reposons, en attendant l'ouverture imminente de la campagne. Tout ceci est évidemment calculé par l'ennemi il veut nous épuiser d'avance pour nous accabler plus sûrement. Il en sera ce que Dieu voudra, mais les Autrichiens nous croient plus malades que nous ne le sommes
" (Cognet (Abbé) : "Souvenirs militaires d'un jeune abbé, soldat de la République (1793-1801)", publiés par le Baron Ernouf, Paris, 1881, p. 156).

Le 1er avril, le Lieutenant Belliard arrête, avec 14 hommes seulement, 300 Autrichiens qui veulent faire prisonnière une Compagnie de la 8e restée en arrière pendant une reconnaissance.

Le 5, une forte colonne ennemie enlève par surprise le village de Recco, mais elle ne le garde pas longtemps en son pouvoir. La 8e le lui reprend le soir même, grâce à la présence d’esprit de son Chef de Brigade. Chassé de Recco, Brun a pris position en arrière de ce village, de manière à voir tout ce qui s’y passae. S’étant aperçu que les Autrichiens sont tous ivres ou dispersés pour piller et par conséquent incapables d’opposer une grande résistance, il marche sur la ville avec son 2e Bataillon, y pénètre sans être vu, en faisant un grand détour, et y surprend 400 Autrichiens qu’il fait prisonniers. Le Chef de Bataillon Moittié est mis à l’ordre de l’armée pour sa belle conduite dans cette journée.

Dans sa lettre datée du 10 avril 1800 (20 Germinal an 8), le soldat Coignet, de la 106e, écrit, depuis Recco, à sa famille : "Le 3 de ce mois, un peu avant le jour, j'étais couché tranquillement, ainsi que mes camarades, dans notre caserne de Recco, au delà du pont jeté sur te torrent du même nom, quand je crus entendre le bruit lointain d'une fusillade. Je regardai par une lucarne, et j'aperçus comme une série de feux follets, courant ]e long des hauteurs occupées par nos avant-postes. J'éveillai mes hommes, et presqu~aussitôt, les trois coups de tambour d'alerte mirent tout le monde sur pied. Déjà nos postes étaient en pleine retraite, et leurs baraques incendiées. Tandis que nous nous formions en toute hâte sur la place, notre adjudant-major, braquant sa lunette sur la montagne, me dit : "Ce ne sont que quelques centaines de paysans dont nous aurons bon marché". - "Dieu le veuille , mon major !" répondis-je, mais j'aurais été bien surpris qu'il eût raison.
Trois compagnies, dont la mienne, furent détachées immédiatement au secours des avant-postes. Notre présence leur rendit quelque courage. Mais de ces hauteurs, d'où l'on embrassait l'ensemble des positions, nous vîmes que l'attaque s'étendait sur toute notre ligne, que sur notre droite la 8e faiblissait, et que notre gauche perdait sensiblement du terrain. Nous étions à environ trois quarts de lieue en amont de Recco. Mon capitaine, qui avait le commandement supérieur des trois compagnes, me chargea d'aller annoncer au chef du bataillon que nous allions être coupés, et que la position devenait insoutenable à moins d'un prompt secours. Je ne fis qu'un saut jusqu'à Recco. Le commandant ne pouvait plus disposer que de quelques compagnies, et il était accablé de demandes semblables à la mienne.
Retournez vite, me répondit-il, et dites au capitaine que je ne puis pas lui envoyer un seul homme, mais qu'il tienne jusqu'à extinction ... Et je repris ma course vers la montagne.
J'étais au plus à vingt minutes de Recco, et je venais de quitter la rive du torrent pour grimper parmi les rochers. Soudain j'entends siffler les balles autour de moi; je vois plusieurs de nos soldats dégringolant sur la pente, puis le capitaine lui-même ramenant, au pas de course, sa troupe fort en désordre. Mon rapport fut bientôt fait. Le capitaine s'écria : "qu'il y vienne lui-même, il verra ...", et poursuivit sa marche rétrograde. En trois minutes, nous arrivons au torrent ; nous tournions à gauche pour redescendre par la berge jusqu'à Recco, que nous voyions distinctement à nos pieds. Mais le bruit d'une autre fusillade nous arrive aussi de ce côté dans la ville, visible de l'endroit où nous étions comme sur un plan en relief, nous distinguons des uniformes blancs ; nous apercevons aussi notre chef de bataillon et sa petite troupe, repoussés au delà du pont dont ils s'efforcent de disputer le passage. Un instant de plus, et nous allions nous trouver pris entre les ennemis qui nous poursuivaient et ceux déjà maîtres de la ville. "A l'eau !" s'écrie notre capitaine, en joignant l'exemple au précepte. Et nous voilà tous, jusqu'au cou dans cette eau rapide et glaciale. Nous la traversâmes sans accident, pour aller nous jeter dans un bois situé en face, mais à une distance qui nous parut bien grande, car l'ennemi, qui déjà bordait la rive que nous venions de quitter, nous fusilla pendant tout ce trajet. Nous réussîmes pourtant à gagner cet abri, où personne ne vint nous relancer et, peu de temps après, nous ralliâmes le bataillon qui se repliait sur Sori avec la 8e légère. Sori est à une lieue de Recco, entre cette ville et Bogliasco.
Mais nous n'y restâmes que jusqu'à deux heures de l'après-midi sur l'avis que l'ennemi ne paraissait pas être en grande force à Recco, et qu'il s'y gardait assez mal, nous croyant plus battus et abattus que nous n'étions. On retourna de suite à la charge. Une brusque attaque nous redonna le pont; l'ennemi, assailli à la fois sur tous les points accessibles qu'un long séjour à Recco nous avait fait connaître, s'enfuit en désordre, laissant dans cette ville bon nombre de morts, de blessés et de prisonniers. A la suite de cette prompte et brillante revanche, nous avions réoccupé plusieurs des positions avancées qui avaient été surprises le matin. Mais, dans la nuit, nous reçûmes l'ordre de retourner à Sori. Ce retour n'était qu'un épisode d'une manoeuvre de concentration, rendue indispensable par la grande supériorité de l'ennemi.
Dans la matinée du lendemain 4 avril, l'ennemi enleva la position du Monte-Cornua, sur notre gauche. On nous fit suivre le mouvement général de retraite par le littoral jusqu'auprès de Nervi, position parallèle au Monte-Facio, où une grande partie de notre brigade se trouvait réunie à la 74e. Pour nous, postés au-dessous de la batterie de côte, nous eûmes bientôt à faire face à une démonstration de plusieurs navires de guerre anglais, qui paraissaient nous menacer d'une descente. Après une canonnade à laquelle riposta vigoureusement la batterie de côte, cette division prit le large.
Cependant les Autrichiens, continuant de manoeuvrer contre nos troupes, leur enlevèrent dans l'après-midi le Monte-Facio, et les obligèrent de se retirer à mi-côte, au-dessus de Quinto, où elles passèrent la nuit. L'ennemi avait allumé sur le Monte-Facio de grands feux qu'on devait facilement apercevoir de Gênes, qui n'est qu'à trois lieues de là. Ces feux étaient à la fois une bravade et un signal. Mais les Autrichiens étaient loin de s'attendre au réveil du lendemain.
Pendant cette même nuit, un vigoureux retour offensif s'organisait. Une colonne venant de Gênes sous les ordres du général Miollis, s'avançait pour prendre à revers la droite des Autrichiens, tandis que le général Darnaud, avec la 74e demi-brigade et la nôtre (renforcée de son troisième bataillon qui arrivait de Suisse), se préparait à les assaillir de front. Cette double attaque, exécutée avec beaucoup d'ensemble et de vigueur, obtint un succès complet. Malgré l'avantage de la position et la supériorité du nombre, l'ennemi fut délogé et mis en pleine déroute. Sa fuite fut tellement précipitée, qu'un bataillon tout entier, attardé dans un ravin, fut enveloppé et fait prisonsier. Il se rendit sans combattre, à la condition de conserver ses sacs.
Nous le rencontrâmes défilant piteusement du côté de Gênes, tandis que nous nous portions en avant. Au moment où les deux troupes se croisaient, je vis un de ces pillards indignes du nom de Français, colleter un ennemi sans défense, le renverser dans le fossé et lui prendre son sac. Indigné de cet acte de lâche brigandage, je sautai aussi dans le fossé j'y culbutai à son tour le voleur, lui arrachai le sac et le restituai à l'Autrichien. Celui-ci s'était laissé faire et m'avait regardé faire d'un air ahuri, et s'éloigna sans avoir seulement l'idée de me remercier.
Cette reprise énergique du Monte-Facio avait produit une telle impression sur l'ennemi, qu'il nous abandonna le Monte-Cornua sans résistance, perdant ainsi tout le fruit de ses premiers avantages. Nous nous installâmes donc sur ce vaste plateau, où nous passâmes la nuit. Le lendemain, en parcourant la montagne, je trouvai derrière un rocher, un vieux grenadier français grièvement blessé dans la rencontre de l'avant-veille, quand nous avions évacué cette position. Il était resté là caché pendant quarante-huit heures, sans avoir été aperçu par l'ennemi. Nous nous empressâmes de relever ce brave homme, qui n'avait plus qu'un souffle de vie, et de le transporter à notre bivouac, où il reçut les premiers secours. II fut expédié ensuite sur l'ambulance de Nervi, et j'ai su qu'on avait réussi à le sauver.
Le lendemain 9 avril, nous avions poursuivi notre retour offensif, et repris Bogliasco sans coup férir. Mais, le 7, un ordre pressant nous rappela sur Gênes, et nous occupons présentement diverses positions dans le voisinage de la ville. Notre bataillon est au fort de l'Éperon ; il y est même assez mal, mais je doute que nous y restions longtemps. Nous savons que l'ennemi compte sur une prochaine revanche, et qu'il réunit de grandes forces dans le Ponent, au-dessus de Savone. Nous l'attendons de pied ferme. Dans le Ponent comme dans le Levant, il nous trouvera toujours prêts à défendre l'honneur de la France
" (Cognet (Abbé) : "Souvenirs militaires d'un jeune abbé, soldat de la République (1793-1801)", publiés par le Baron Ernouf, Paris, 1881, p. 160).

A partir du 8 avril, la 8e fait partie avec sa Division des troupes chargées spécialement de la défense de Gênes, pendant que le gros de l’armée opère encore au dehors avec Masséna. Elle doit presque chaque jour livrer combat.

Le 10, ses Carabiniers qui forment avec ceux de la 106e de Ligne, un Bataillon de Grenadiers, assistent dans la Division Gardanne à l’affaire de la Volta.

Le 14, nous nous disposons à attaquer le Monte-Faccio. Déjà nos reconnaissances partaient pour vérifier la position et la force de l’ennemi, quand celui-ci tombe tout à coup sur notre aile droite où était la 8e ; 700 hommes se trouvent ainsi aux prises avec près de 3 000. Tout ce que l’honneur et le dévouement rendait possible est fait. Brun, blessé dès le commencement de l’action, n’en continue pas moins à commander sa Demi-brigade ; le Chef de Bataillon Moittié est blessé en chargeant à la tête des Carabiniers en même temps que le Capitaine Hinnekens et le Lieutenant Belliard. La résistance pourtant commence à faiblir, quand 250 hommes de la 74e arrivent au pas de course et contribuent à arrêter l’ennemi et à le forcer à la retraite. Nos troupes sont trop en désordre pour le poursuivre ; aussi nous nous retirons derrière la Stuila. Enhardi par notre prudence, l’ennemi vient nous attaquer une seconde fois ; mais, pris entre plusieurs colonnes, il est mis en pleine déroute et laisse 350 prisonniers en notre pouvoir.

Cependant Masséna, qui, jusque-là, avait essayé de se joindre à Suchet, est obligé de s’enfermer dans Gênes (21 avril). Il en complète la défense, recherche les moyens d’approvisionnements et établit la plus grande économie dans l’emploi des ressources existantes.

Le 30, l’ennemi nous attaque par terre et par mer pour nous enfermer dans la place et nous priver des ressources des villages voisins. Il s’empare, dans la matinée, d’Albaro et du point important de Quezzi, mais nous lui reprenons dans l’après-midi toutes ces positions. Pendant ce combat, la 8e a fait une diversion dans le Levant pour empêcher l’ennemi de renforcer sa droite. C'est la journée la plus brillante du blocus ; elle coûte 4000 hommes à l’ennemi. L’ordre de l’armée cite le Sergent-major de Carabiniers Guillaume de la 8e. Masséna profite de ce succès pour rassurer les Gênois et leur promettre de conserver la ville.

Le 12 mai, il attaque à son tour l’ennemi qui occupe les positions de Bisogno, de Monte-Faccio, de Bavari, le fait reculer et le poursuit sur Nervi, dont il s’empare après un léger combat auquel prend part la 8e Légère. Deux pièces de canon, 100 prisonniers et quelques vivres sont le prix de cette journée ; elle nous livre, en outre, 2000 échelles d’escalade qui sont aussitôt brûlées. Les troupes se replient à la tombée de la nuit, à l’exception de la 8e Légère qui est laissée à Nervi.

Cette victoire est annoncée le soir à Gênes au son des musiques militaires ; la ville est spontanément illuminée et malgré la détresse, les troupes reçoivent une double ration de vin.

Mais, le lendemain, 2 000 Autrichiens reprennent Nervi.

Le but de l’attaque du 12 mai avait été de rechercher des ressources contre la famine, dont les atteintes se faisaient sentir. On a bien réussi à faire entrer dans la place quelque bétail et des herbes, mais il aurait fallu s’étendre plus au loin pour trouver du grain. Bientôt le blocus se resserre encore sur terre et sur mer, et les canonnières ennemies ne cessent de lancer des boulets sur la ville. Masséna donne la plus grande publicité aux nouvelles du dehors qui peuvent ranimer l’espérance générale. Il annonce les victoires de Moreau en Allemagne et l’arrivée prochaine d’une Armée de réserve commandée par le Premier Consul, qui doit débloquer la place.

Un instant, on croit que Bonaparte est près et que Mélas s’est enfui. Pour s’assurer du fait, Masséna ordonne, le 28 mai, une reconnaissance sur Nervi, Monte-Faccio et Monte-Ratti. Mais les Autrichiens défendent vigoureusement l’accès de leur ligne, et nous éprouvons de grandes pertes. La 8e a deux Officiers blessés, les Lieutenants Saint-Fuscien et Dehon. Toutefois, la retraite se fait en bon ordre et les troupes ne sont harcelées que par des bandes de paysans qui se sont embusquées dans les rochers.

L’espoir d’une prompte délivrance soutient encore les esprits. Le moindre bruit extraordinaire semble signaler la présence de l’armée de secours. On croit entendre le canon sur tous les points ; un orage dans le lointain est un évènement. Cependant la situation s’aggrave de plus en plus à Gênes. Chaque jour dévoile les horribles effets de la famine. Des malheureux répandus dans les rues remplissent l’air de leurs gémissements et expirent dans les angoisses de la faim et du désespoir. On se dispute les cadavres des animaux morts, la pâture des bestiaux. Les prisonniers de guerre à qui on ne peut plus faire de distributions en arrivent à manger leurs souliers et leurs havre-sacs.

Il est impossible à Masséna de prolonger encore cette angoisse ; la distribution des soupes, dans lesquelles on a fini par mêler des herbes médicales et qui ont remplacé le pain qu’on ne fabrique plus, a été interrompue faute d’aliments.

Dans cette extrémité, Masséna, comptant toujours sur la prochaine arrivée de l’Armée de réserve, essaye de gagner encore quelques jours. On ramasse par son ordre tout ce qui existe dans la ville, en amandes, graines de lin, amidon, son, avoine sauvage et cacao ; amalgamant le tout ensemble, on fait une espèce de pâte qui n’est autre chose qu’un mastic noir, amer, carbonisé par la cuisson si on veut lui donner la consistance du pain, et impossible à manger en raison de l’huile de cacao dont il est imprégné si on le mange dans sa préparation première. Pendant quinze jours, on ne fait que cette distribution dangereuse et dégoûtante, et encore faut-il la réduire à la fin.

Le désespoir est à son comble ; on voit cesser cette patience admirable et exemplaire avec laquelle Français et Gênois ont supporté la détresse commune. Le 30 mai, les habitants prennent les armes et les Français, d’abord menacés par la sédition, sont sauvés par la division qui se met parmi les révoltés. On les voit se battre entre eux dans les rues. Cette dernière circonstance achève de compléter l’horrible situation où se trouve Gênes.

Masséna, par des prodiges d’activité et de fermeté, parvient à contenir, jusqu’au 3 mai, les 150000 Gênois et les 5000 combattants qui lui restent dans une résignation dont eux-mêmes s’étonnent. A ce moment, un grand nombre de soldats ont reçu, pour cause de faiblesse, l’autorisation de faire leur faction assis, et encore en faut-il soutenir beaucoup pour le faire arriver au lieu de la faction où certains se trouvent mal pendant sa durée.

Masséna, qui a jusque-là refusé d’entrer en relation avec l’ennemi, sent qu’il est arrivé au bout des sacrifices et consent à entrer en négociation. Il signe, le 4 juin, l’acte d’évacuation et obtient de sortir de Gênes avec armes et bagages et de se rendre à Nice.

b/ Opérations de Suchet et de Bonaparte

- Suchet et et le passage du Var en 1800 pour Nice

Certaines sources indiquent que la 8e Légère a contribué activement, le 28 mai 1800, à chasser les Autrichiens de Nice et à les forcer à évacuer le département des Alpes-Maritimes. Il s'agit très certainement du 3e Bataillon.

- Bonaparte passe le Saint-Bernard et défait les Autrichiens

Le 2 juin 1800, la 8ème passe sous le commandement du Chef de Brigade Louis Bertrand de Sivary (Colonel en 1803 lorsque la 8e prend le nom de 8e Régiment d'infanterie légère ; Général de Brigade le 5 juin 1809).

Les alliés ne vont pas jouir longtemps de leur succès à Gênes. En effet, pendant que Masséna se défend péniblement dans Gênes, Bonaparte descend en Italie par le Grand Saint-Bernard (16-20 mai 1800), bat les Impériaux Montebello le 8 juin, et les défait complètement à Marengo le 14 juin 1800, les obligeant à évacuer l'Italie jusqu'au Mincio par la glorieuse convention d'Alexandrie.

Le 4 Messidor an 8 (23 juin 1800), à Milan, Bonaparte, Premier Consul de la République, arrête : "ART. 1er. – L'armée d'Italie sera composée des demi-brigades et régiments ci-après, savoir :
Infanterie légère. – 1re, 3e, 6e, 7e, 8e, 9e, 12e, 13e, 19e, 20e, 24e, 25e, 28e ...
ART. 3. – Les dépôts des demi-brigades d'infanterie légère et de ligne, ainsi que des régiments des troupes à cheval et autres troupes qui restent à l'armée d'Italie, auront ordre de rejoindre l'armée.
ART. 4. – L'ordonnateur en chef et tous les agents des administrations qui ne seront pas jugés nécessaires pour le service de l'armée d'Italie retourneront à l'armée de réserve à Dijon.
ART. 5. – Le Ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 521).

- Reprise des hostilités : la 8e Légère combat fin 1800 et 1801 à l'Armée d'Italie

Le Général Brune, qui a remplacé Masséna, extrêmement fatigué, a suivi, avec l’Armée de Gênes, les progrès de nos armes en Italie. Les deux Bataillons de la 8e sont à Reggio le 10 juillet.

Situation en août 1800 (côte SHDT : us180008)

Chef de corps : BRUN (J. F.), Chef de Brigade
MORIN, Quartier-maître trésorier
Vacant Chirurgien major
1er Bataillon : Chef de Bataillon Magnin, Letache Adjudant major du 1er bataillon - Armée d'Italie
2e Bataillon : Chef de Bataillon Colinet, Finaud Adjudant major du 2e Bataillon - Armée d'Italie
3e Bataillon : Chef de Bataillon La Porte, Francois Adjudant major du 3e bataillon - Armée d'Italie

Par arrêté des Consuls du 9 fructidor an 8 (27 août 1800), la 8e Demi-brigade légère est réduite à deux Bataillons.

Le 7 septembre, la 8e Légère est sur la Chièse, dans le Corps du centre, commandé par Suchet, Division Gazan (effectif, 760 hommes).

Le 29 septembre 1800 (7 vendémiaire an IX), Bonaparte écrit depuis Paris à Carnot, Ministre de la Guerre : "… Vous donnerez l'ordre au général Saint-Hilaire, commandant la 8e division militaire, de faire rejoindre à l'armée d'Italie les détachements ... de la 8e légère, aussitôt que la garnison de Malte sera arrivée et dans le cas de faire du service ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1195 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5669).

Situation en octobre 1800 (côte SHDT : us180010)

Observations : octobre 1800 1 Bataillon à Bozzola - sous les armes : 666 Officiers et hommes.

Chef de corps : BRUN (J. F.), Chef de Brigade
MORIN, Quartier-maître trésorier
Vacant Chirurgien major
1er Bataillon : Chef de Bataillon Magnin, Letache Adjudant major du 1er bataillon - Armée d'Italie - centre - Suchet - Division Gazan
2e Bataillon : Chef de Bataillon Colinet, Finaud Adjudant major du 2e Bataillon - Armée d'Italie - centre - Suchet - Division Gazan
3e Bataillon : Chef de Bataillon La Porte, Francois Adjudant major du 3e bataillon - Armée d'Italie - centre - Suchet - Division Gazan

Les hostilités recommencent au mois de décembre.

Au 10 Frimaire an 9 (1er décembre 1800), l'Armée d'Italie sous le commandement de Brune, a la composition suivante :
- Centre, Lieutenant général Suchet, commandant. Division Gazan : 2 Compagnies de Sapeurs — 2 Compagnies d'artillerie légère — 15e Chasseurs — 2e de Ligne — Carabiniers de la 7e Demi-brigade — 13e Chasseurs — 16 hommes Gendarmerie — 8e Légère — 99e de Ligne — 96e de Ligne — 72e de Ligne — 18e Légère — du 3e Chasseurs (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 138).

Nous attaquons les Impériaux retranchés derrière le Mincio (25 décembre). La Division Gazan, dont fait partie la 8e Légère, se dirige sur le village de Pozzolo, et s’en empare ; mais elle en est presque aussitôt chassée par un corps de 10000 Autrichiens. Heureusement, le Général Suchet arrive à son secours avec des renforts. Pozzolo est repris et les Autrichiens battus sur tous les points prennent la fuite vers l’Adige. Dans cette journée, le Capitaine Mathieu de la 8e reste seul dans le village de Pozzolo avec 30 Chasseurs de sa Compagnie, quand la Division Gazan en est refoulée. Il se retranche dans une maison, préférant le danger d’une mort presque certaine à la honte de se retirer devant un ennemi qu’il a vu fuir peu de temps auparavant, et s’y défend avec tant d’intrépidité qu’il donne le temps au Général Suchet de reprendre le village et de le délivrer, lui et ses braves.

Dans son rapport, daté que Quartier Général de Volta, le 5 Nivôse an 9, Dupont, Lieutenant Général Commandant l'aile droite, écrit au Général en chef Brune : "Le passage du Mincio, citoyen général, a donné lieu à la bataille de Pozzolo dont j'ai à vous rendre compte. D'après vos ordres on a jeté hier matin sur cette rivière un pont de bateaux entre le village de Pozzolo et le moulin de Volta. Le chef de brigade Bardenet a mis dans cette opération une activité bien précieuse pour l'armée. Aussitôt que ce pont a été construit, le général de brigade Musnier s'est emparé de l'autre rive du Mincio et y a établi la 6e légère et une partie de la 28e de ligne. Un corps ennemi d'environ douze cents bommes, qui est accouru pour s'y opposer, n'a pu parvenir à conserver la possession du rivage et il s'est replié dans le village de Pozzolo, disputant pied à pied le terrain qui se trouve en cet endroit très propre à une longue défensive.
Le général de division Watrin poursuivait ce premier avantage, qui est entièrement dû à sa division, et continuait à faire filer ses troupes, lorsque j'ai reçu l'ordre de différer mon passage de 24 heures, attendu que celui qui devait s'opérer en même temps à Monzambano, n'avait pu s'effectuer. Le succès de l'opération, qui était déjà assuré, cl la difficulté de retirer d'une rive à l'autre les troupes, au milieu du combat qu'elles soutenaient depuis longtemps, m'ont fait penser que je devais poursuivre l'exécution de cette entreprise, au lieu de l'interrompre. J'ai considéré que les premiers succès de ma tentative ne vous étant pas connus lorsque votre second ordre a été donné, je devais prendre le parti que vous auriez pris vous-même étant sur le terrain, et votre approbation l'a justifié.
Les troupes, qui avaient déjà été prévenues du contre-ordre, ont poussé des cris de joie lorsqu'elles ont appris ma détermination. Le lieutenant général Suchet, qui arrivait de Monzambano, a été frappé, comme moi. des avantages que la fortune offrait à l'armée et de la nécessité de conserver un pont déjà établi sur une rivière dont le passage de vive force est regardé comme l'opération la plus délicate de la guerre d'Italie. Il a senti en même temps que le secours de son corps d'armée m'était indispensable afin que l'aile droite sortit glorieusement de son entreprise. J'éprouve une douce satisfaction à reconnaître le service signalé qu'il a rendu à la République dans cette occasion non moins importante qu'imprévue ; la 28e de ligne avait achevé de passer ; la 40e faisant également partie de la division Watrin, passe lestement et marche sur le village de Pozzolo dont elle s'empare avec rapidité.
La 24e légère et la 58e formant la division Monnier, parties du camp de Santa Maria, arrivent au pont après une marche pénible et prennent leur rang de bataille.
L'ennemi averti du passage et des progrès de notre établissement, lève le camp de Marengo et de Villafranca, et toute l'armée autrichienne se trouve réunie devant nous à une heure. Elle était forte de quarante-cinq bataillons et de douze régiments de cavalerie, et commandée par le général en chef Bellegarde en personne, avec le général Zach, son chef d'état-major. Ses premières attaques se sont portées sur la gauche de notre position, occupée par la division Watrin : la violence du feu a été égale de part et d'autre, et il a duré deux heures dans le même état. L'ennemi, étonné de l'impuissance de ses meilleures troupes contre une seule de nos divisions, a dirigé alors sur elle par son flanc droit une charge impétueuse de cavalerie ; ce choc terrible a été lui-même sans effet. Deux escadrons du 11e de hussards, commandés par le chef d'escadron Martigue, ont fait des prodiges d'audace dans cette occasion. — L'artillerie placée sur la hauteur qui règne circulairement sur la rive droite de la rivière, soutenait la division Watrin par des feux qui portaient le ravage dans les rangs ennemis. L'effet meurtrier de ces batteries, joint à la fermeté inébranlable des 6e légère, 28e et 40e de ligne, et l'habileté des manœuvres du général Watrin, a obligé M. de Bellegarde à changer son plan de bataille. Il s'est en conséquence porté avec ses principales forces sur notre droite, à l'attaque de Pozzolo, occupé par la division Monnier. Ce général, qui se maintenait avec avantage dans cette position, a eu tout à coup à combattre une si grande supériorité de nombre que, malgré la bravoure renommée de la 24e légère et la vigueur de la 58e, il n'a pu conserver son établissement à Pozzolo sur lequel toute la colonne des grenadiers hongrois était, dirigée. Ce village était destiné à subir toutes les vicissitudes du sort des armes. Il a été perdu et repris trois fois.
Au moment où l'ennemi, fort de près de quarante mille hommes, redoublait d'efforts pour profiter de sa supériorité sur l'aile droite de l'armée qui n'avait alors que sept mille hommes présents au combat, le lieutenant général Suchet m'a fait passer ses premiers renforts. Le général de division Gazan est entré en ligne avec les brigades des généraux Lesuire et Clausel. La 72e a marché sur Pozzolo pour appuyer la droite, et dans un instant cette redoutable demi-brigade a pénétré dans le village et a enlevé du canon à l'ennemi. La 8e légère et la 96e, placées au centre, ont à leur tour influé puissamment sur le combat et ramené plusieurs fois la fortune incertaine.
Cependant M. de Bellegarde qui frémissait de voir l'honneur de son armée compromis par la résistance inattendue d'un corps aussi intérieur en nombre, renouvelle ses efforts et parvient encore à se saisir du village dont l'occupation devait décider du sort de la bataille. Mais une brigade de la division Loison franchit le pont et se précipite vers les points les plus en danger. Les 43e et 106e s'avancent au pas de charge et toute la ligne fait un mouvement qui achève de culbuter l'ennemi. Le 11e régiment de hussards, attaché à l'aile droite, a, pendant cette glorieuse journée, fait de fréquentes et audacieuses charges et pris des pièces de canon. Le 4e de chasseurs s'est aussi bien montré, ainsi que le 3e qui fait partie du corps du général Suchet. Le général de division Davout, commandant la cavalerie, est arrivé à cinq heures, amenant avec lui plusieurs régiments de cette arme, et il s'est porté avec l'adjudant commandant Lavallette et avec 40 sapeurs du 6e régiment de dragons, sur le village dont le général Monnier, soutenu par les troupes du centre, s'emparait pour la troisième fois. La nuit ne met pas elle-même de terme à cette longue et sanglante lutte. Nous étions maîtres du champ de bataille, l'ennemi était en pleine retraite et la victoire était entièrement décidée en notre faveur, lorsqu'un corps de grenadiers de douze bataillons parti du camp de réserve de Valeggio, et qui n'avait pu arriver plus tôt, attaque la division Watrin. Il était alors six heures du soir. L'intrépide 6e légère soutient avec la 28e cette attaque que l'obscurité rendait plus terrible. On se battait à vingt pas de distance. Le brave chef de brigade Macon s'est conduit avec la plus haute distinction. L'ennemi, repoussé sur la gauche, a tourné ses efforts contre le village et y a dirigé un feu d'artillerie très vif. Notre ligne était trop avancée pour que le canon de nos batteries du Mincio pût répondre à celui de l'ennemi. Le feu cesse enfin à neuf heures et nos troupes ramassent encore quelques prisonniers. Il est vraisemblable que cette attaque n'a eu lieu que pour couvrir la retraite de M. de Bellegarde, et elle rend notre victoire plus brillante. Ce général a fait marcher toutes ses troupes, jusqu'à sa garde, pour s'opposer à mon passage.
Le général Watrin m'apprend que dans le mouvement qu'il a fait aujourd'hui pour remonter le Mincio par la rive gauche et opérer s'il était possible la jonction de l'aile droite avec l'armée, il a trouvé à deux milles du pont le champ de bataille encore couvert de blessés et d'armes abandonnés par les Autrichiens. Il a fait transporter les blessés aux ambulances françaises.
Nous avons fait environ deux mille prisonniers dont plusieurs officiers supérieurs, enlevé un drapeau et plusieurs pièces de canon avec leurs caissons. Le lieutenant général autrichien Kaim a été grièvement blessé. La perte des ennemis est en outre d'environ quatre mille hommes tués ou blessés. Nous avons eu huit ou neuf cents hommes tués ou blessés ; le général de brigade Calvin est au nombre de ces derniers. Les généraux Monnier, Saint-Cyr et Petitot ont eu leur cheval tué sous eux. Le chef de brigade Valhubert, commandant la 28e officier très distingué, a été blessé, ainsi que le citoyen Lusignan, commandant la 58e, qui a eu deux chevaux tués sous lui. Le chef de bataillon Sarret a été tué ; sa perte est très sensible à la 6e légère. Le chef de bataillon Vivenot de la 28e a été blessé. Le chef de brigade Legendre, commandant la 40e, s'est trouvé, quoique malade, à la bataille ; il y a été très utile. Presque tous les officiers du 11e de hussards ont été blessés ou ont eu des chevaux tués sous eux, ainsi que plusieurs aides de camp et officiers d'état-major.
Les généraux de division Watrin et Monnier, les généraux de brigade Musnier, Petitot, Calvin et Gobert, chef de l'état-major de l'aile droite, ont rivalisé d'amour pour la gloire et ont déployé des talents précieux. Les adjudants commandants Sacqueleu et Girard se sont fait remarquer par leur bravoure et leur activité.
Les généraux de division Gazan et Loison, les généraux de brigade Lesuire, Colli et Clausel, employés dans le corps du centre, méritent les plus grands éloges.
L'artillerie du centre et l'artillerie légère attachée à la cavalerie ont parfaitement secondé l'artillerie de l'aile droite. Tous les corps de toutes les armes, fiers de se secourir mutuellement, se sont surpassés eux-mêmes dans cette circonstance décisive. Le général Salva, commandant l'artillerie de l'aile droite, m'a rendu un compte avantageux de tous les officiers employés sous ses ordres.
Je dois citer le citoyen Pierron, maréchal des logis en chef au 11e régiment de hussards, qui a enlevé un drapeau et qui a été blessé au moment d'en prendre un second. Le citoyen Godefroy, caporal de la 6e légère, est passé à la nage pour attacher la 1re barque. Le maréchal des logis Moreau, le brigadier Lagrenade du 11e de hussards, ont enlevé chacun une pièce de canon.
Il est peu de batailles dont le gain ait été disputé avec autant d'acharnement et une aussi grande inégalité de forces. Quatorze mille hommes ont triomphé de quarante mille, dans la position la plus délicate et n'ayant qu'un pont pour retraite. L'héroïque valeur des troupes de la République, ne s'est jamais manifestée avec plus d'éclat
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 152).

Le Rapport du Général de Division Oudinot, Chef de l'État-Major Général, adressé au Ministre de la Guerre, et daté du Quartier Général de Villafranca, le 9 Nivôse an 9, est ainsi conçu : "Citoyen Ministre, "Dans mon rapport sommaire daté de Monzambano le 5 de ce mois, à 5 heures du matin, j'ai eu l'honneur de vous donner un précis de la journée du 4. Je vous ai annoncé le compte détaillé que vous trouverez ci-bas.
Bulletin de la journée du 4 nivôse.
Le général en chef ayant décidé de passer le Mincio, ordonna qu'il serait jeté deux ponts devant Monzambano et un troisième entre les moulins de la Volta et le village de Pozzolo. L'aile droite de l'armée, aux ordres du lieutenant général Dupont, devait passer sur ce dernier point pour attirer et fixer l'attention de l'ennemi et faciliter par cette forte diversion le passage du reste de l'armée dans le même temps devant Monzambano. Le pont de la Volta fut jeté le 4. La lieutenance Dupont devait y attirer l'ennemi pour faire une diversion favorable à l'attaque par Monzambano qui était la véritable. Pour soutenir l'établissement du pont protégé par l'artillerie disposée avec beaucoup de talent par le chef de brigade Bardenet, le général de brigade Musnier se porta sur la rive gauche et y établit la 6e légère et une partie de la 28e de ligne. Un corps ennemi, fort d'environ 2200 hommes, était en vain accouru pour culbuter nos troupes ; il avait été lui-même contraint de se replier sur Pozzolo, disputant pied à pied le terrain. Le général de division Watrin poursuivait ses avantages et continuait de faire filer ses troupes.
Tel était l'état des choses lorsque le lieutenant général Dupont reçut les ordres du général en chef de ne plus agir : le succès de l'opération, la difficulté de ramener sur l'autre rive des troupes engagées dans un combat qu'elles soutenaient depuis plusieurs heures avec avantage, déterminèrent le lieutenant général Dupont à poursuivre ses avantages en rendant compte de sa position.
Le général en chef persista dans le projet qu'il avait adopté d'une forte diversion, laissant à sa prudence de ne pas compromettre ses troupes ; cette nouvelle fut accueillie par des cris de joie.
La 40e, faisant également partie de la division Watrin, suivit la 28e et s'empara du village de Pozzolo.
La 24e légère et la 58e, formant la division Monnier, arrivèrent au pont après une marche pénible et prirent leur rang de bataille sur la rive gauche du Mincio.
L'ennemi, averti du passage et des progrès de nos troupes, rassembla bientôt les siennes, et à une heure après midi, suivant les rapports, le lieutenant général Dupont avait en tête 45 bataillons et 12 régiments de cavalerie commandés par le général en chef Bellegarde en personne, accompagné de son chef d'état-major le général Zach.
Le général Watrin, qui tenait la gauche de notre ligne, eut à soutenir les premières attaques ; après deux heures d'efforts inutiles contre cette division, il dirigea sur elle, par son flanc droit, une charge impétueuse de cavalerie qui devint elle-même sans effet. Deux escadrons du 11e d'hussards, commandés par le chef d'escadron Martigues, en soutinrent le choc et firent des prodiges d'audace.
M. de Bellegarde voyant ses troupes foudroyées par l'artillerie placée sur la rive droite, vaincu d'ailleurs par L'inébranlable fermeté des 6e légère, 28e et 40e de ligne, habilement conduites par le général Watrin, abandonna cette partie et dirigea ses forces sur Pozzolo, occupé par la division Monnier.
Une forte colonne vint mettre un terme à l'avantage qu'avait conservé jusqu'alors la division Monnier : elle fut contrainte de céder momentanément au grand nombre.
Ce fut à cette heure que le lieutenant général Suchet rentrant avec son corps d'armée dans ses anciennes positions pour attendre le passage de Monzambano, remis au lendemain, apercevant des hauteurs de la rive droite la lutte aussi disproportionnée de 20000 hommes contre 7000, témoin des succès qu'allait obtenir l'ennemi, n'hésita point à détacher contre lui une de ses divisions.
Le général de division Gazan passa le Mincio avec les brigades Lesuire et Clausel. La 72e, envoyée pour appuyer l'aile droite, rétablit en un instant le combat, pénétra dans Pozzolo et enleva du canon à l'ennemi. La 8e légère et la 96e produisirent le même effet au centre.
Cependant l'ennemi trouve un nouvel avantage dans son grand nombre. Pozzolo est encore une fois emporté.
Le lieutenant général Suchet détacha aussitôt une des brigades de la division Loison, composée des 43e et 106e commandées par le général Colli. Ces deux corps s'avancent au pas de charge, toute la ligne suit l'impulsion et l'ennemi est partout culbuté.
Le 11e régiment de hussards se couvrit de gloire dans cette journée par ses charges fréquentes et audacieuses. On doit des éloges au 4e de chasseurs ainsi qu'au 3e.
A cinq heures, arme le général de division Davout, commandant la cavalerie, qui, s'apercevant que l'ennemi, dans sa 3e charge, s'emparait du village de Pozzolo, passa le Mincio à la tête des sapeurs et d'une quarantaine de dragons du 6e régiment, et accompagné du général de cavalerie Rivaud, de l'adjudant commandant Lavalette et des chefs de brigade Baron, Rigaud et Becker ; sans consulter l'inégalité de ses forces, le général Davout s'élance sur la colonne ennemie, culbutant tout ce qui se trouvait devant lui, traversa Pozzolo et poursuivit l'ennemi une demi-lieue au delà.
Il ne fallut rien moins qu'un pareil concours de bravoure, de générosité et de dévouement de la part des troupes et de leurs chefs, pour arracher la victoire si longtemps disputée.
Le général Monnier rentra dans Pozzolo: nos troupes, maîtresses du champ de bataille, avaient lieu de penser que la nuit avait mis un terme à cette lutte sanglante.
Il était six heures du soir lorsqu'un corps de grenadiers, arrivant du camp de réserve de Valeggio, vint fondre sur la division Watrin. L'intrépide 6e légère, ayant à sa tête son brave chef, le citoyen Macon, soutint seule cette attaque et la repoussa. L'ennemi tourna aussi infructueusement ses efforts sur Pozzolo: le feu cessa enfin entre neuf et dix heures du soir. Il fut fait à l'ennemi environ 2000 prisonniers dont plusieurs officiers supérieurs, enlevé un drapeau et plusieurs pièces de canon.
Le lieutenant général autrichien Kaim a été grièvement blessé ; la perte de l'ennemi en tués et blessés est au moins de 3 à 4 mille hommes. La nôtre s'élève à environ 900 hommes tant tués que blessés. Le général de brigade Calvin est du nombre des derniers, ainsi que le citoyen Valhubert, chef de la 28e de ligne, officier distingué; et le citoyen Lusignan, chef de la 58e, qui a eu deux chevaux tués sous lui ; presque tous les officiers du 11e de hussards ont été atteints, eux ou leurs chevaux : le chef de bataillon Sarret, de la 6e légère, est du nombre des morts ; ce brave et estimable officier est vivement regretté par son corps.
Le général Dupont se plait à payer un juste tribut d'éloges aux généraux Watrin, Monnier, Carra-Saint-Cyr, Musnier, Gobert, chef de l'état-major de l'aile droite, ainsi qu'aux adjudants commandants Saqueleu et Girard. Il rend le même hommage aux généraux Gazan, Lesuire et Colli, qui, employés dans le corps du général Suchet, ont si puissamment contribué aux succès de cette brillante journée. L'artillerie, placée sur la rive droite, a rendu les plus importants services ; dirigée par le chef de brigade Bardenet, plus d'une fois elle garantit nos braves d'une perte inévitable.
Le général Dupont se loue encore beaucoup de l'activité et du talent qu'ont montrés le chef de bataillon du génie Morio et les officiers de cette arme employés sous lui à la construction d'un second pont. Les braves sapeurs occupés au travail se servaient alternativement de leurs outils et de leurs armes.
Le citoyen Pierron, maréchal des logis au 11e de hussards, enleva un drapeau et fut blessé au moment où il allait en saisir un second.
Le capitaine Godefroi, de la 6e légère, passa le Mincio à la nage pour attacher la première barque.
Le maréchal des logis Moreau et le brigadier Lagrenade, du 11e de hussards, prirent chacun une pièce de canon.
Tels sont, citoyen Ministre, les principaux événements de la journée du 4 nivôse ; pour rendre à chacun la justice qui lui est due, il faudrait dénommer tous ceux qui ont combattu : dans l'impossibilité de satisfaire à ce devoir, je me propose néanmoins de recueillir les actions d'éclat qui ont eu lieu dans les corps et de vous les présenter
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 175).

Dans son Rapport au Général en chef Brune, daté du Quartier Général de Salionze, le 7 Nivôse an 9, le Lieutenant Général Suchet, commandant la Lieutenance du centre de l'Armée d'Italie, écrit : "Je m'empresse, mon cher général, de vous rendre compte des opérations militaires auxquelles les divisions du centre ont pris part dans les journées des 4, 5 et 6 nivôse.
Dès les premiers jours de ce mois, tous les préparatifs nécessaires à un passage du Mincio, près Pozzolo, avaient été faits ; nos moyens, réunis à l'équipage de pont envoyé par le général Marmont, assuraient la célérité de l'exécution. Le 4. à deux heures du matin, vous ordonnâtes que l'aile droite fût chargée d'opérer le passage sur ce point, tandis que le Centre, appuyant à gauche et remontant le fleuve, viendrait se réunir à l'avant-garde, à la division Boudet et à la Réserve à Monzambano, pour y effectuer un autre passage. En partant de la Volta, je laissais à la disposition du Lieutenant Général Dupont les commandants d'artillerie et du génie et les sapeurs de ma Lieutenance.
D'après vos dispositions, une division du Centre devait rejeter l'ennemi dans Borghetto et venir ensuite, à la pointe du même jour, passer le Mincio à Monzambano. Je chargeai le Général de division Loison de cette attaque et lui laissai douze bouches à feu pour la soutenir.
Je me rendis à votre quartier général pour recevoir vos dernières instructions. Vous m'apprîtes que, décidé à suspendre le passage, il importait de prévenir l'attaque de Borghetto, d'arrêter celle de l'aile droite et de reprendre les anciennes positions.
J'envoyai de suite un de mes aides de camp au moulin de la Volta pour prévenir le général Dupont.
Je me portai près du général Loison qui déjà s'était engagé avec vigueur et qui, avec la brigade du général Compans, poussait l'ennemi dans ses retranchements, en même temps qu'il pénétrait avec quelques chasseurs de la 13e légère jusque dans les maison crénelées de Borghetto. Le feu se ralentit successivement ; dix pièces que le général Loison avait établies à demi-portée du village furent retirées et le feu cessa.
La 13e légère perdit près de soixante hommes. Le général Compans montra l'intelligence et le courage d'un excellent officier.
Je continuai ma course sur l'aile droite et je joignis au moulin de Volta les généraux Dupont et Watrin auxquels je communiquai l'ordre que vous m'aviez chargé de leur transmettre. Déjà un de mes aides de camp était arrivé, mais trop tard pour prévenir une affaire fort engagée. Le pont avait été jeté avec une telle célérité par les soins des commandants d'artillerie et du génie, Bardenet et Rouziès, du Centre, et du Commandant du génie de la droite, Morio, qu'il n'était plus permis de se retirer sans s'exposer à une perte considérable. Le Lieutenant Général Dupont me fit part de sa position. Aussi désireux d'exécuter vos ordres que d'assurer le salut de son corps d'armée, il crut ne rien devoir décider avant de vous avoir fait connaître l'état des choses. Il pensa qu'instruit de cet incident, il pourrait entrer dans vos intentions de conserver la facilité d'un passage aussi heureusement effectué.
C'est dans ce moment que, de concert avec lui, je dépêchai près de vous l'adjudant commandant Ricard vers 9 heures du matin, afin de vous informer de ce qui se passait à l'aile droite et de recevoir vos ordres.
L'ennemi réunissait ses forces, se formait dans la plaine en avant de Villafranca, et tandis que la division Watrin s'établissait en chassant tout ce qui l'insultait, la division Monnier passait le pont pour s'établir à sa tête.
La division Gazan revenait alors de Monzambano ainsi qu'une réserve. La division Loison était encore devant Borghetto. Je n'hésitai pas, sachant que vos ordres étaient de faire reprendre les anciennes positions, de faire avancer toute l'artillerie du centre sur le plateau de la rive droite. Par cette disposition j'étais en mesure de protéger l'établissement du corps du général Dupont et même autant que possible sa retraite si votre réponse était négative.
Cependant les colonnes autrichiennes venaient attaquer avec impétuosité. Le Lieutenant Général Dupont vous donnera les détails des brillantes actions qui ont immortalisé les braves divisions Watrin et Monnier. Je dois vous retracer les motifs qui m'ont déterminé à prendre part à celle bataille, et vous fournir l'occasion de faire connaître an Premier Consul les traits de bravoure qui ont honoré les troupes du Centre dans celle mémorable journée.
Les engagements étaient successifs et les forces de l'ennemi grossissaient sans cesse. M. de Bellegarde et le Quartier Mtre Gal Zach marchaient en personne. L'armée autrichienne se déployait et offrait un tel développement qu'il n'était plus permis de douter que l'ennemi jugeait le passage de l'armée déterminé sur ce point et voulait l'empêcher à tout prix.
Le moment était critique. La droite se trouvait extrêmement pressée. Je donnai ordre à la division Gazan de se présenter en bataille sur l'escarpement de la rive droite dans le but d'encourager les nulles et d'inquiéter l'ennemi, mais les efforts de l'aile droite devenaient insuffisants. Il était une heure après midi. Je fis passer la brigade Clausel pour former une réserve au général Dupont ; à peine était-elle établie à quelques toises en avant du pont, que ce général fut obligé de la porter sur la ligne pour résister au choc terrible de l'ennemi.
Ce fut alors que M. de Bellegarde, par une charge impétueuse, força de nouveau nos troupes avec une telle précipitation, que la situation de l'aile droite et de la brigade Clausel parut entièrement désespérée. Le feu ordonné à l'infanterie placée sur la rive droite du Mincio et à vingt bouches à feu qui vomissaient la mitraille, arrêta l'ennemi, couvrit la terre de ses morts et donna le temps aux généraux de rallier leurs troupes et de les enlever encore une fois à une charge si brillante qu'en peu d'instants l'ennemi perdit le terrain qu'il venait de gagner. Les généraux placés sur la rive droite pointaient eux-mêmes les pièces, encourageaient les canonniers. Les deux rives furent alors en quelque sorte dans la mêlée ; nous précipitâmes en avant du plateau tous les grenadiers, toutes nos réserves pour soutenir le feu de l'artillerie par une fusillade des plus vives. Davout, Loison et moi saisîmes cet instant pour les animer davantage et les électriser. Les commandants d'artillerie Bardenet, Vaudré et Berthier donnaient partout l'exemple de l'ardeur et de l'activité.
Dans le moment de la charge, toutes nos troupes avaient été entraînées de manière qu'il ne restait plus aucune réserve pour couvrir le pont. Je jugeai urgent de faire passer le Mincio au reste de la division Gazan. Ce fut sur ces entrefaites que j'appris, par l'adjudant commandant Ricard et par une lettre de votre chef d'état-major au général Dupont, que votre intention était de conserver pour l'aile droite une communication sur l'autre rive. Vous recommandiez au général Dupont de ne pas se compromettre, mais depuis longtemps il n'était plus en son pouvoir de maîtriser ses opérations ; les dangers avaient éclaté avec trop de force.
Je vous expédiai de nouveau un de mes aides de camp.
A peine le général Gazan avait réuni sa division sur la rive gauche, que celles des généraux Watrin et Monnier, déjà épuisées de fatigue, essuyèrent une nouvelle attaque sur le village de Pozzolo dont elles s'étaient emparées le matin, et furent obligées de l'évacuer. Un bataillon de la 8e légère, aux ordres du chef Margeril, de concert avec celui de la 24e légère (division Monnier) se porta rapidement pour le reprendre. L'ennemi ne put résister à la bravoure de nos soldats et nous en restâmes maîtres. Une demi-heure après, les Autrichiens, avec une réserve de six bataillons, s'avancèrent sur deux colonnes pour tenter une nouvelle attaque, l'une dirigée sur la gauche et l'autre sur le village dont ils s'emparèrent après une résistance opiniâtre. Ces troupes se repliaient, lorsque le général Gazan se détermina à faire une charge vigoureuse. Il ordonna au général Lesuire de réattaquer le village avec la 72e et un bataillon de la 97e, tandis qu'un autre de la 96e s'y portait sur la gauche. Ces mouvements, qui furent dirigés sur trois colonnes, s'opérèrent avec tant d'ensemble qu'ils curent le plus heureux résultat. Sur la droite, le Gal Lesuire et le chef de brigade Ficatier, à la tête de la brave 72e, reprirent le village, et les Autrichiens en déroute laissèrent au pouvoir du chef de bataillon Saunier deux pièces de canon et celles que les divisions de droite avaient été obligées d'abandonner par la perte de leurs chevaux.
Le capitaine Mathieu, de la 8e légère, s'est enfermé, avec 30 chasseurs, dans une maison du village de Pozzolo. Il s'y est maintenu intrépidement jusqu'à l'instant où nous avons repris le village. Les chefs de bataillon Jannin et Berthezène, de la 72e, ont été blessés : le premier a eu un cheval tué sous lui. Le chef Ficatier n'est point encore confirmé ; sa bravoure lui a mérité la justice de l'être. Le brigadier du 3e régiment de chasseurs, en chargeant à côté du brave maréchal des logis du 11e Régt d'hussards (Division Watrin), qui a enlevé un drapeau à l'ennemi, a fait 30 prisonniers. Le général Gazan m'a prié de vous demander de l'avancement pour lui : « Récompenser, dit-il, une action d'éclat, c'est en créer de nouvelles. » Sur la gauche, le bataillon de la 96e, à la tête duquel marchait le capitaine Tripont, aide de camp du général Gazan, poussa l'ennemi jusque dans la plaine et ramena 300 prisonniers, parmi lesquels un major. Cet officier s'est particulièrement distingué et mérite un sabre d'honneur.
Le général Loison, arrivé de Borghetto, avait remplacé le général Gazan sur la rive droite. Dès son arrivée, ce général, pour renforcer un bataillon de la 99e, que j'avais placé dans un petit bois sur la rive droite, y avait établi un bataillon de la 43e. Il fit un si grand effet qu'il concourut puissamment à arrêter l'ennemi ; en moins d'une heure ce bataillon éprouva une perte de plus de 80 hommes. Les chocs se multipliaient avec tant de vivacité que je chargeai le général Loison d'envoyer la brigade Colli au delà du Mincio. Il s'agissait de reprendre encore une fois le village que nous venions de perdre. En débouchant du pont, le général Colli forma la 43e en colonne d'attaque, fit marcher le 2e Baton, sous les ordres du Chef de Baton Sémélé pour prendre le village par la droite, tandis qu'il marchait de front avec le 3e Baton, soutenu par un autre de la 106e. La charge fut battue, l'ennemi encore une fois chassé et poursuivi jusqu'au pied de la hauteur. L'artillerie légère de la cavalerie, placée sur le plateau à droite, favorisa cette attaque par un feu aussi vif que bien dirigé.
Le général de cavalerie Davout, présent à la bataille et convaincu de la nécessité de renforcer notre cavalerie sur la rive gauche, avait fait passer le pont à des dragons. Il a dû vous faire connaître par son rapport l'heureux résultat de la charge qu'ils firent très à propos et qui concourut à raffermir le moral de nos troupes.
Pozzolo, si souvent pris et repris, fut de nouveau attaqué à 8 heures du soir, mais défendu avec intrépidité par la 43e, réunie à la division Monnier, les entreprises de l'ennemi devinrent infructueuses. Le général Loison me rend compte que le Gal Colli, toujours jaloux de témoigner sa reconnaissance au gouvernement français, s'est conduit avec la plus grande distinction et la plus calme bravoure. Le chef de brigade Sémelé a justifié la confiance que vous lui avez accordée. Le Chef de Baton Dupelin de la 106e s'est battu comme à son ordinaire. Le Chef de Baton Aratois, de la 43e, pour lequel le Gul Loison demande un sabre d'honneur, et l'adjudant major Garnier, méritent d'être distingués. Ils ont marché le drapeau à la main à la tête des bataillons. Le lieutenant Brossier a fait des prodiges de valeur et mérite de l'avancement. Les chefs de Baton Boyer de la 43e, Magnard de la 106e, le brave Brossier ont été mis hors de combat. Les carabiniers piémontais se sont bien conduits. L'aide de camp du Gal Colli, le citoyen Caquereau, a eu un cheval tué sous lui.
Les trois brigades du Centre passées sur la rive gauche ont fait 8 à 9 cents prisonniers et ont laissé le champ de bataille jonché de morts. Cinq porte-drapeau de la 72e ont été tués. Notre perte s'élève à plus de six cents hommes ; 12 officiers dans la 43e et 20 dans la 72e ont été tués ou blessés.
Les 8e légère, 72e, 96e, 99e, 43e, 106e, et le 3e régiment de chasseurs ont rivalisé de gloire et à leur tête Clausel, Lesuire et Colli. Le Général Gazan a parfaitement bien conduit sa division. Les officiers d'état-major ont servi avec distinction.
L'aile droite et le centre sont restés maîtres du champ de bataille et du village tant disputé.
La perte de l'ennemi s'élève à plus de 4000 hommes. Le Gal Kaim et plusieurs officiers supérieurs ont été blessés.
Tel est, mon cher général, le récit des événements qui ont donné à la bataille de Pozzolo un caractère si important. Je vous observe que M. de Bellegarde avait porté toute son armée sur ce point, que l'extrême ténacité de ses attaques a nécessité de ma part un grand ménagement dans l'emploi de mes forces. Aussi ai-je constamment conservé en réserve près de moi, le Gal Loison, la brigade Compans, deux bataillons de grenadiers commandés par le Gal Bron, et laissé deux bataillons de chasseurs en observation devant Goïto sons les ordres du Gal Quesnel.
Le corps d'armée du Centre, digne soutien et digne émule de l'aile droite, reçut ordre de se porter à Monzambano, où vos nouvelles dispositions réunissaient l'armée à l'exception des troupes du Lieutenant Général Dupont. Le 5, à 2 heures du matin, il a repassé le Mincio, pour exécuter votre ordre; mon artillerie resta en position sur le plateau du moulin de la Volta. Je dirigeai sur Monzambano les divisions Loison et Gazan, laissant en observation devant Borghetto la brigade Lesuire.
A deux heures après midi, en suite de votre ordre de bataille, j'ai passé le Mincio et me suis établi en observation en face des redoutes de Salionze. La 1re brigade de la division Loison a été détachée suivant vos ordres pour soutenir l'avant-garde.
Vous m'avez ordonné de faire attaquer Borghetto en même temps que Valeggio le serait ; cette disposition a été ponctuellement exécutée.
Au premier coup de canon tiré sur Valeggio, le général Lesuire, à la tâte de la vaillante 72e, attaque la redoute palissadée de Borghetto, son impétuosité ne peut vaincre les obstacles de l'art, ces braves se font tuer au pied des palissades et dans les retranchements. Bientôt ralliée, cette troupe qui connut toujours le chemin de la victoire, gravit de nouveau la redoute, mais alors le commandant autrichien demande à capituler. Le résultat a été de 1037 prisonniers, dont 29 officiers, 5 pièces de canon, 2 obusiers et les caissons, 900 fusils et 80 chevaux.
Le Gal Lesuire a la modestie de ne parler avantageusement que des troupes qui ont combattu sous lui, mais il est positif qu'il a déployé beaucoup de valeur à leur tête. Son aide de camp Courtin mérite d'être particulièrement cité. Il a de grands droits à être confirmé dans son grade de capitaine ; il est lieutenant depuis sept ans. Le capitaine Martineau qui a commandé la 72e dans cette action et qui a eu un cheval tué sous lui à la bataille de Pozzolo, a montré tant de bravoure que tous les officiers se sont réunis pour demander en sa faveur le grade de chef de bataillon, vacant à son corps. Je me joins au général Gazan pour vous demander sa nomination sur le champ de bataille à dater du 4 nivôse.
Je désire, mon cher général, que vous fassiez accorder des fusils d'honneur à la 72e, pour être distribués aux braves qui se sont signalés par leur vaillance. J'en demande 8 pour la 43e, 6 pour la 106e, 4 pour la 8e légère. Je désire aussi faire obtenir des baguettes d'honneur à un jeune tambour de la 72e, qui, blessé à la main, exprimait sa douleur en s'écriant : « Ne suis-je pas bien malheureux d'être blessé avant d'avoir pu battre la charge ! »
Le 6, les éclaireurs de la brigade Clausel, en poussant des reconnaissances sur Salionze, sont entrés dans la dernière redoute au moment où les Autrichiens l'abandonnaient. Ils se sont emparés de 5 pièces de canon ainsi que de 23 hommes de la queue de leur colonne.
Ainsi la division Loison a fait 4oo prisonniers, tué ou blessé à l'ennemi plus de 600 hommes et a pris 3 pièces de canon. La division Gazan a fait à Pozzolo et à Borghetto 1694 prisonniers, tué ou blessé près de 1800 hommes et pris 12 pièces de canon. Le Centre a, dans ces deux journées, passé deux fois le Mincio, sur deux points différents.
Aujourd'hui, conformément à vos ordres, je forme provisoirement la gauche de larmée, appuyant ma droite à l'avant-garde et ma gauche à Salionze, en avant des redoutes.
Le Gal Quesnel, que vous m'aviez ordonné de laisser en observation devant Goïto, m'apprend que l'ennemi a évacué la place en laissant en très bon état un ouvrage qui la défendait. Ce général y est entré, a fait de suite réparer le pont de pierre et poussé ses postes jusqu'à Marmirolo
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 152 – Archives Dupont).

Après cette victoire, l’armée se met à la poursuite des Autrichiens.

Le 7 janvier, deux Compagnies de Carabiniers de la 8e et un Bataillon de la 96e sont un instant enveloppés par la cavalerie ennemie, près de Vicence, en avant de Montebello ; mais ils soutiennent sa charge avec la plus grande valeur et la repoussent en lui infligeant de grandes pertes.

Enfin, nous arrivons à Trévise, où est signé, le 15 janvier 1801, un armistice qui termine la campagne.

Les deux premiers bataillons de la 8e légère restent encore en Cisalpine pendant un an et tiennent garnison à Forli.

Situation en juin 1801 (côte SHDT : us180106)

Chef de corps : BERTRAND de Sivary, Chef de Brigade
Observations : juin 1801 effectif sous les armes : 1575 Officiers et hommes
1er Bataillon à Forli : Armée d'Italie - troupes francaises en Cisalpine - 2e Divison Ambert
2e Bataillon : à Forli : Armée d'Italie - troupes francaises en Cisalpine - 2e Divison Ambert

Situation en août 1801 (côte SHDT : us180108)

Chef de corps : BERTRAND de Sivary, Chef de Brigade
Observations : août 1801 effectif sous les armes : 1186 Officiers et hommes
1er Bataillon : à Ravennes : Armée d'Italie - troupes francaises en Cisalpine - 5e Division Quesnel
2e Bataillon : à Ravennes : Armée d'Italie - troupes francaises en Cisalpine - 5e Division Quesnel

Puis garnison à Rimini et à Casana.

Situation en mars 1802 (côte SHDT : us180203)

Chef de corps : BERTRAND de Sivary, Chef de Brigade
Observations : mars 1802 effectif sous les armes : 1032 Officiers et hommes
PIGEARD : Chef de Bataillon
MARLIN : Quartier-maître trésorier

1er Bataillon : Chef de Bataillon Moittie à Forli, Armée d'Italie
2e Bataillon : Chef de Bataillon Margerit à Forli, Armée d'Italie

Le 28 juin 1802 (9 messidor an X), Bonaparte écrit depuis La Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... La 8e légère se rendra à Gênes pour y remplacer la 41e.
Tous ces mouvements ne se feront que dix jours après avoir reçu l'ordre.
Vous aurez soin que la veille du départ, il soit passé une revue de rigueur qui fasse bien connaître la situation des troupes que vous ferez partir. Vous aurez soin que tous les détachements soient bien réunis avant leur départ, et qu'ils marchent dans le plus grand ordre et par bataillon
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1257 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6965).

4/ Retour en France

Voltigeur 8e Léger, 1807-1808Voltigeur 8e Léger, 1807-1808
Voltigeur 8e Léger 1807-1808Voltigeur 8e Léger, 1807-1808
Fig. 5 Voltigeur en 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace pl 92, et notre dessin paru dans SN) Fig. 11 Voltigeur en 1807-1808 d'après Carl (Fichier Carl, pl 17 et notre dessin, paru dans SN). Fig. 11a Voltigeur en 1807-1808 (1809 ?), auteur inconnu (Collection de notre ami E. Wagner - Rastatt).

Le 20 juillet 1802 (1er thermidor an X), Bonaparte écrit depuis La Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre à la 8e demi-brigade légère de partir de Gênes le 1er fructidor et de se rendre à Nice, 8e division militaire, pour y tenir garnison ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7031).

Les deux Bataillons de la 8e Légère rentrent à Nice, où se trouve déjà le troisième bataillon, le 5 août 1802.

La même année, il est donné des drapeaux aux Demi-brigades légères. La distribution en est faite la 14 juillet par le premier consul aux députations des Demi-brigades réunies dans la cour des Tuileries. Chaque Bataillon reçoit un drapeau tricolore, portant d’un côté le numéro du corps et de l’autre le nom des batailles où il s’est trouvé.

C / Expédition du Général Decaen en Inde (1802)

A la suite du Traité d'Amiens, conclu avec la Grande-Bretagne, la ville de Pondichéry et les comptoirs français en Inde, occupés depuis 1794 par les Britanniques, doivent être remis à la France. Le 15 avril 1802, Bonaparte avise le Ministre de la Marine, Denis Decrès, que "... nous devons prendre possession des Indes ... dans les six mois de la ratification du traité au plus tard ..." (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6037). Un expédition est ainsi organisée pour hisser le drapeau tricolore sur Pondichéry et les comptoirs de l'Inde, sous la direction du Général de Division Charles Mathieu Isidore Decaen.

Le 18 juillet 1802 (29 messidor an 10), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre ... d'écrire également au général Decaen, pour qu'il donne l'ordre de former un bataillon d'infanterie légère à cinq compagnies, et fort seulement de 300 hommes. Le chef de bataillon et les capitaines seront pris parmi les officiers des 3es bataillons d'infanterie légère qui ont été réformés en l'an VIII. Les 1re, 6e, 8e, 9e, 10e, 13e, 14e, 16e, 17e, 18e, 20e, 26e, 27e, 29e, 30e et 31e légères fourniront chacune 20 hommes de bonne volonté. Ce bataillon comptera dans l'armée comme 3e bataillon de la 18e légère. Par ce moyen, cette demi-brigade aura deux bataillons en France et un aux Indes ..." (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6189; Correspondance générale, t.3, lettre 7026). C'est ainsi donc que 20 hommes de la 8e Demi-brigade légère se retrouvent détachés pour l'expédition.

III/ Le 8e Régiment d'infanterie légère de 1803 à 1815

En 1803, la 8e Légère tient garnison d'abord à Nice.

Le 2 mai 1803 (12 floréal an XI - La minute conservée aux Archives nationales (AF IV 865, floréal an XI, no 15) est datée du 1er mai), depuis Saint-Cloud, le Premier Consul écrit au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, en conséquence de l'arrêté du 10 floréal, de donner ordre ... Au 3e bataillon de la 11e légère qui est à Agen de se rendre à Montélimar, où il sera incorporé dans la 8e légère qui par là sera portée à 3 bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7618).

La 8e légère a ensuite pour garnison Draguignan et Antibes. En mai, son troisième Bataillon est renforcé par l’incorporation du Bataillon de Chasseurs Corses.

Le 31 août 1803 (13 fructidor an XI), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Faites passer une revue extraordinaire du 3e bataillon de la 8e légère ou autrement du bataillon corse qui est à Antibes pour savoir si ce bataillon est dans le cas de s'embarquer pour faire la campagne d'Angleterre ... écrivez au général Morand pour lui faire connaître qu'il ait à faire passer sur-le-champ les recrues nécessaires pour former ce bataillon à mille hommes. Vu qu'il est dans ce cas à faire partie du camp de Saint-Omer qui doit agir immédiatement sur les ordres du Premier Consul. Il n'y a qu'à les embarquer à Bastia. Ils se rendront de là devant l'île d'Elbe, de là à Piombino et en suivant la côte jusqu'à Antibes. Dans cette ville on acquittera tous les frais de bâtiments.
Il ne manque pas en Corse de gondoles et autres bateaux propres à la navigation. Par ce moyen la navigation est sûre et les hommes arriveront promptement ; à leur retour ces bateaux pourront prendre au dépôt de Villefranche les hommes destinés pour l'île d'Elbe et pour la Corse.
P.S. Si la conscription ne suffit pas pour porter ce bataillon à mille hommes, le général Morand peut prendre les mesures qu'il jugera convenables ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 586 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7980).

La 8e Légère (une partie ?) doit ensuite se rendre au camp de Saint-Omer au mois de septembre. Enfin, par arrêté du 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803), les dénominations de Demi-brigades et de Chef de Brigade sont supprimées; la 8e Légère devient 8ème régiment d'infanterie légère. Il semble par ailleurs que la 8e ait été dispersée entre Nice, les îles d’Hyères et de Sainte-Marguerite et le camp de Saint-Omer (à quelle époque ?).

Le 11 octobre 1803 (18 vendémiaire an XII), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Le 3e de la 8e légère (bataillon corse) qui est à Antibes doit être employé dans la grande expédition, mais il faut qu'il fournisse au moins 750 hommes, officiers non compris. L'instruction de ce corps ne doit pas beaucoup m'importer pour le camp devant les employer en tirailleurs, ce qui convient beaucoup aux montagnards. Ce qui m'importe le plus c'est l'habillement. Donnez ordre au général Cervoni qu'il prenne des mesures pour que les 750 hommes de ce bataillon soient habillés, armés, équipés et prêts à partir au 1er brumaire" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8137).

Le 30 octobre 1803 (7 brumaire an 12, depuis Saint-Cloud, sont demandées au Premier Consul des précisions "Sur la destination du 3e bataillon du 8 régiment d'infanterie légère (bataillon corse)"; ce dernier répond : "Renvoyé au ministre pour donner ordre à ce corps de partir le 1er frimaire, en supposant qu'il ait plus de 700 hommes habillés. Un dépôt restera à Antibes pour recevoir les conscrits, les habiller, les instruire et les envoyer au corps" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1334).

Le 23 novembre 1803 (1er frimaire an 12), Bonaparte écrit au Général Rapp, son Aide de camp : "... Vous vous informerez du jour où passera le 3e bataillon de la 8e légère, qui part d'Antibes, et qui a ordre de se rendre a Saint-Omer pour l'expédition; vous vous rendrez au lieu le plus près de Toulon ou il passera, pour l'inspecter, et vous me ferez connaître sa situation ..." (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7308 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8314).

Le 19 décembre 1803 (27 frimaire an XII), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de me faire connaître la route qu'on fait tenir au 3e bataillon du 8e d'infanterie légère (bataillon corse) et pourquoi il ne marche point par étapes. On lui fait faire jusqu'à trois étapes dans 2 jours, et on ne lui donne de séjour que tous les 8 jours. Ce n'est point ainsi qu'on fait voyager des hommes d'Antibes à Saint-Omer. Ce bataillon était de 750 hommes quand il est parti, il est à 600 hommes et finira par rester en grande partie aux hôpitaux ; à moins qu'il n'y ait en tout que 5 ou 6 jours de marche, les troupes doivent avoir des séjours tous les trois jours. Je vous prie de veiller à cela pour les troupes qui viennent de Bayonne et de Perpignan, sans cela toute l'armée serait à l'hôpital.
Le bataillon du 8e d'infanterie légère qui arrive demain à Moulins s'arrêtera à Nevers et y séjournera jusqu'au 16 nivôse, époque à laquelle il en partira pour se rendre à Compiègne. Envoyez-lui cet ordre par un courrier extraordinaire.
Le ministre Dejean fera passer à ce corps six cent cinquante capotes à Nevers
" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8468).

Situation en janvier 1804 (côte SHDT : us180401)

Chef de corps : BERTRAND de Sivary, Colonel
Conscrits des départements de l'Isère - de la Corse des ans XI et XII
MOREL : Major
MARLIN : Quartier-maître trésorier

1er Bataillon : Chef de Bataillon Moittie
2e Bataillon : Chef de Bataillon Margerit
3e Bataillon : Chef de Bataillon Cattaeno

Le 29 février 1804 (9 ventôse an XII), Bonaparte écrit depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des Camps : "Donnez ordre, citoyen ministre, au 3e bataillon du 8e régiment d'infanterie légère, qui est au camp de Compiègne, de se rendre à Ambleteuse où il fera partie de la division du général Legrand et sera mis sous les ordres du colonel Baciocchi. Il marchera avec le régiment de ce colonel (26e léger) ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8701).

Le 10 mars 1804 (19 ventôse an 12), à Paris, à la question : "La compagnie franche du Liamone se rend à Ambleteuse pour sy réunir au 3e bataillon (bataillon corse) du 8e léger ; faut-il l'incorporer ou ne la réunir que pour le service ?", Napoléon répond : "Charger le colonel Bacciochi de faire un rapport sur cette compagnie lorsquelle sera arrivée ; le meilleur parti à prendre est de conserver les officiers et sous-officiers" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1382).

Chasseur 8e Léger, 1807-1808Chasseur 8e Léger, 1807-1808
Chasseur 8e Léger 1807-1808Chasseur 8e Léger, 1807-1808 Chasseur 8e Léger, 1807-1808
Fig. 6 Chasseur en 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace pl 92, et notre dessin paru dans SN) Fig. 12 Voltigeur en 1807-1808 d'après Carl (Fichier Carl, pl 17 et notre dessin, paru dans SN). Fig. 12a Voltigeur en 1807-1808 (1809 ?), auteur inconnu (Collection de notre ami E. Wagner - Rastatt).

Dans chacun des Bataillons du 8e Léger, il est créé une Compagnie de voltigeurs (13 mars 1804) ; elle a le cadre ordinaire des autres Compagnies : deux Cornets, au lieu de deux Tambours, et 104 hommes armés de fusils de dragon.

Le 3 septembre 1804 (16 fructidor an 12), depuis Aix-la-Chapelle, Napoléon écrit au Maréchal Berthier : "... Vous donnerez ordre au général commandant la 8e division militaire de faire relever les postes du 14e par un bataillon du 8e d'infanterie légère ..." (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7981 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 9161).

Situation et encadrement du Régiment selon l’Etat militaire de l’An XIII (23 septembre 1804 - 22 septembre 1805) :
8e Léger : 1er et 2e Bataillons à Nice, iles d’Hyères et de Sainte Marguerite. Le 3e Bataillon est de Chasseurs corses; Colonel Bertand; Major Morel; Chefs de bataillon Moittié, Margerit.

Le 29 Brumaire an 13 (20 novembre 1804), Murat écrit au Général Caulaincourt, Grand Ecuyer de l’Empire : "J'ai l'honneur de vous adresser, monsieur le Grand Ecuyer, la lettre de monsieur Bertrand, colonel du 8e régiment d'infanterie légère, qui désire placer dans les pages de Sa Majesté l'un de ses neveux, élève au collège de La Flèche. Je vous demande votre bienveillance en faveur de ce jeune homme, qui me parait mériter l'honorable emploi que je sollicite en sa faveur. Je compte assez sur vos dispositions obligeantes pour joindre à cet envoi une lettre de monsieur Leclerc, chef du 46e escadron de gendarmerie, qui sollicite la même faveur pour monsieur Coudroi, de Lille, son beau-frère, âgé de 13 ans. En fixant votre choix sur ces deux jeunes gens, vous récompenserez en même temps les heureuses dispositions qu'ils annoncent et les utiles services de leurs parents" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 248, lettre 1625).

Au mois de mars 1805, les deux premiers Bataillons de la 8e passent en Italie. Le 16 avril 1805 (26 germinal an 13 - datée du 25 germinal – 15 avril, dans la CGN), Napoléon écrit depuis Lyon, au Maréchal Berthier : "... Donnez ordre au général commandant la 8e division militaire de faire partir les deux bataillons du 8e léger pour Gênes ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8591 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9843).

Ces deux Bataillons vont ensuite en garnison à Bergame. Puis le 6 mai 1805 (16 floréal an 13), Napoléon écrit depuis Alexandrie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des Camps : "Mon cousin, vous donnerez des ordres pour ... que le 8e d'infanterie légère se rende au camp de Castiglione ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9979).

Le 20 juin 1805 (1er messidor an 13), Napoléon écrit depuis Mantoue, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des Camps : "… Donnez ordre à tout le disponible du 3e bataillon de la 8e légère (bataillon corse), qui se trouve à Antibes, de rejoindre le bataillon au camp de Boulogne ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettres 8924 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 120; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10305).

D'après la situation des "Troupes dans le royaume d'Italie à l'époque du 1er thermidor au XIII" (20 juillet 1805), il y a, dans la 2e Division à Bergame, le 8e Léger, fort de 1261 hommes à l'effectif, et 1097 hommes présents à Bergame (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 117 et suivantes).

A/ La campagne de 1805

1/ En Italie

Bouton 8e Léger 1812
Bouton du 8e Léger, petit module (16 mm)

Le 4 Août 1805 : Les 1er et 2ème Bataillons (1261 hommes dont 42 détachés et 122 aux hôpitaux) sont à Bergame (royaume d'Italie, 2ème Division militaire). Le 3ème Bataillon Corse (949 hommes dont 131 aux hôpitaux), commandé par le Chef de Bataillon d'Ornano est à la 3ème Division du corps du centre (Soult) de l'Armée des Côtes, à Outreau et Boulogne. Il est à noter que la 1re Compagnie Franche Corse du Golo, et la 1ère Compagnie Franche Corse de Liamone ont été incorporées dans ce Bataillon. Le Dépôt à Antibes, 8ème Division militaire, comprend 34 hommes dont 9 aux hôpitaux (Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) in Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).

A l'ouverture des hostilités, vers le milieu du mois d'octobre, l'Armée d'Italie a été portée à 65000 hommes, sous le commandement du Maréchal Massena, commandant en chef. L'aile gauche de cette armée comprend la Division d'infanterie Duhesme, Brigades Goulus et Camus, treize Bataillons des 14e d'infanterie légère, 20e, 1er, 102e de ligne, trois escadrons du 25e de chasseurs à cheval, 7000 combattants et six bouches à feu ; la Division d'infanterie Serras, Brigades Gilli, Guillet, Mallet et Schild, seize bataillons des Carabiniers corses, 8e d'infanterie légère, 53e, 81e, 106e, 13e et 9e de ligne, quatre escadrons des Dragons de la Reine, 8000 combattants, six bouches à feu (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 277).

Les deux Bataillons du 8e Léger (5e Division Seras, Brigade Guillet, Aile gauche de l’Armée) sont placés entre Bussolongo et Rivoli (effectif, 46 Officiers, 975 hommes).

Le 12 octobre, les 2 Bataillons (1073 hommes) à l'Armée d'Italie de Masséna (ensuite 8ème Corps de la Grande Armée) sont en Lombardie, 5ème Division Seras. Ils combattent à Fiume le 23.

Le 28 octobre, Seras chasse l’ennemi de Bussolongo après un combat auquel les voltigeurs du 8e Léger prennent une grande part. Le lendemain, il reste en position pendant la bataille de Caldiéro, couvrant la gauche de l’armée, et repousse une reconnaissance qui s’avance par la route de Trente sur Dolce. Puis, il fait la poursuite avec le reste de l’armée. Les Voltigeurs du 8e Léger et un petit détachement de Dragons atteignent la queue de la colonne ennemie à Assiago, près de Bassano, le 6 novembre, et lui font quelques prisonniers.

Le 2 décembre, les deux Bataillons comptent 1045 hommes.

Seras, détaché du côté de Trieste, laisse en garnison dans cette ville, que l’ennemi a évacuée à son approche, les Carabiniers du 8e Léger, et arrive, le 9 décembre, à Fiumes, après avoir enlevé à la baïonnette les hauteurs de Saint-Mathias où l’ennemi a pris position. Là se terminent ses opérations.

2/ Les autres parties du 8e Léger

Tambour 8e Léger 1807-1808Tambour 8e Léger, 1807-1808
Fig. 13 Tambour en 1807-1808 (1809 ?), auteur inconnu (Collection de notre ami E. Wagner - Rastatt); à droite, notre dessin, paru dans SN).

Le 5 août 1805 (17 thermidor an 13 - la minute (Archives nationales, AF IV 867, thermidor an XIII, n° 69) est datée du 6 août), l'Empereur écrit depuis Pont-de-Briques, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Faîtes-moi connaître également la situation de la légion corse qui est à Livourne. Je n'ai pas signé les brevets des officiers ; il serait convenable d'avoir des notes sur chacun d'eux. Le bataillon corse ou 3e bataillon de la 8e légère qui est à Boulogne a beaucoup de vieux officiers. Il y a aussi beaucoup de jeunes gens dont on pourrait faire des officiers. Demandez au chef de ce bataillon les renseignements nécessaires. Il faut donner aux officiers qui sont vieux et incapables de faire un service actif des brevets pour les deux bataillons du Golo et du Liamone. Il y a au collège de Saint-Cyr un certain nombre de gens qui pourraient être placés comme officiers dans le bataillon corse" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10506).

D'après la "Situation de l'avant-garde de l'Armée des côtes de l'Océan, à l'époque du 1er Fructidor an 13" (19 août 1805), il y a, dans les troupes Troupes de la 3e Division du Corps du centre (Legrand), le 8e Légère, Colonel Ornano ; 3e Bataillon Corse, 930 hommes au complet ; 818 présents à Outreau et Boulogne ; 25 hommes au Dépôt à Antibes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 48 et suivantes).

Le 1er septembre 1805 (14 fructidor an 13), l'Empereur, depuis Boulogne, décide que "Le troisième bataillon actuel du 8e régiment d'infanterie légère portera le nom de bataillon des tirailleurs corses. Il sera créé au 8e régiment d'infanterie légère un nouveau troisième bataillon. Les deux premiers bataillons fourniront un contingent pour la formation du troisième et il sera fait un tiercement dans les compagnies. Le ministre de la guerre nous présentera dans le plus court délai des propositions de nomination aux emplois d'officier afin que le nouveau troisième bataillon soit organisé au 1er brumaire an XIV" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 145).

Des hommes du 8ème Léger combattent à Augsburg le 11 octobre 1805. Par ailleurs, le troisième Bataillon venant du camp de Saint-Omer se rend ensuite à Caprino, puis à Côme, et sert de Dépôt (septembre ? octobre ? Plus tard ?).

B/ 1806-1809 : Un Régiment partagé entre la Dalmatie, l'Italie puis l'Espagne (1808)

1/ 1806

Après la bataille d’Austerlitz, l’Armée d’Italie est dédoublée; la Division Seras fait partie du 8e Corps de la Grande Armée, commandé par Masséna. Le 8e Léger, qui est toujours à Fiumes va, avec la Brigade dont il fait partie, occuper l’Istrie. Il est à Laybach au mois de décembre, à l’effectif de 1096 hommes.

A la fin de décembre, la Division Séras (6000 hommes des 8e d'infanterie légère, 13e, 53e, 106e de ligne et bataillon de pontonniers noirs) a une Brigade à Laybach, une Brigade à Trieste (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 2).

Le 14 janvier 1806, le 8ème Corps détache 403 hommes du 8ème Léger, envoyés en renfort à l'Armée de Naples, sous les ordres du Général Seras.

a/ La Dalmatie

Le 21 février 1806, Napoléon écrit depuis Paris, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "… Vous ne me dites pas où est le dépôt du 8e d'infanterie légère ...
Je ne vois pas, dans votre état, qui commande l'artillerie et le génie du corps du général Molitor en Dalmatie. ... J'approuve fort que vous lui ayez envoyé le 81e; faites-lui passer, de plus, un bataillon d'élite. Faites-lui passer le 8e d'infanterie légère, et remplacez ce régiment dans l'Istrie par le 60e de ligne ; de sorte que le général Molitor aura le 8e d'infanterie légère, les 5e, 23e, 79e et 81e de ligne, quatre compagnies d'artillerie française, deux de sapeurs, une demi-compagnie d'ouvriers, douze pièces d'artillerie, deux compagnies d'artillerie italienne, un régiment de chasseurs; ce qui, avec les conscrits que vous lui enverrez le plus tôt possible, ayant soin de les habiller et de les armer auparavant, portera son corps à 15,000 hommes ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 78 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 9865 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11517).

En février donc, le 8ème reçoit l'ordre de passer en Dalmatie, et fait partie de la 1ère Division de l’Armée de Dalmatie commandée par Molitor.

Le 12 mars 1806, Napoléon écrit depuis Paris, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, mon intention est que les trois mille hommes formant la réserve des départements ci-dessous nommés marchent comme les autres et soient dirigés, savoir ceux du département :
... De la Gironde ... 8e d'infanterie légère ... Ceux de ces conscrits dont les corps sont à Naples rejoindront leurs dépôts en Italie où ils trouveront des habillements et on les fera passer sur-le-champ à Naples
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 329 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11656).

Le 14 mars 1806, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "... J'ai appris ce matin, par le courrier de Venise, que, le 60e n'avait pu encore aller en·Istrie, à cause des vents contraires. Comme le 8e d'infanterie légère a été obligé de rentrer en Istrie, j'envoie l'ordre au 60e de débarquer à Venise et d'attendre de nouveau ; trois régiments, dont un à quatre bataillons, eussent été trop nombreux pour la province de l'Istrie …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 165).

Le 15 mars 1806, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j'ai l'honneur d'envoyer à Votre Majesté le seul renseignement qui me soit encore parvenu sur la marche du général Molitor ; je n'ai point reçu de nouvelles de lui depuis le départ de sa division de Zara. Ainsi que j'ai déjà eu l'honneur d'en rendre compte à Votre Majesté, le 8e d'infanterie légère n'a pu se rendre de l'Istrie en Dalmatie ; cependant, d'après les nouveaux renseignements qui me parviennent, on pourra, je crois, tenter d'embarquer ce régiment à Fianona, et le conduire à·Zara, toujours en dedans des îles ; dans ce cas, j'enverrai le 60e en Istrie. Je n'ai pas voulu tenter ce moyen avant l’approbation de Votre Majesté …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 167).

Le 18 mars 1806, l'Empereur depuis Paris, écrit à Talleyrand, Ministre des relations extérieures : "Monsieur de Talleyrand, vous ferez venir dans la journée M. de Vincent, et vous lui porterez plainte sur ce que l'on a refusé le passage au 8e régiment d'infanterie légère pour aller prendre possession de la Dalmatie, avec des formes extrêmement malhonnêtes, quoique ce corps fît partie de la division qui doit occuper la Dalmatie et qu'aucun article du traité ne me restreigne à n'y envoyer qu'un tel ou tel nombre de troupes. Vous lui déclarerez que nos troupes n'évacueront pas Braunau ni l'Allemagne, 1° avant que je sache si les bouches de Cattaro ont été remises à mes troupes, 2° si l'on ne convient pas que je puis avoir une communication libre par terre avec la Dalmatie. Il est ridicule de croire que, pour le blocus de trois ou quatre frégates anglaises, je laisserai égorger en Dalmatie un corps de 10,000 hommes par les Russes ou les Monténégrins. Je préfère la guerre et je la ferai, si l'on me continue cette misérable querelle. En un mot, je veux, et c'est le mot que vous emploierez, une route d'étapes pour mes troupes pour aller et venir, sans quoi je n'ai point de troupes en Dalmatie et elles sont exposées à y être égorgées ..." (Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 9988 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11725).

Le même jour 18 mars 1806, Napoléon écrit depuis Paris, au Prince Eugène, Vice Roi d'Italie : "Mon fils, la cour de Vienne ne peut me refuser le passage de mes troupes à travers son territoire pour communiquer avec la Dalmatie. Soutenez que la république de Venise l'avait, et aites prévenir le général autrichien qui commande dans cette partie du passage de cinq cents hommes, en disant que ce sont des conscrits et des hommes isolés des corps qui sont en Dalmatie, qui vont les rejoindre. Vous attendrez sa réponse; je ne doute point qu'il défère sur-le-champ à votre demande.
Du moment qu'il vous aura répondu, faites suivre vos premiers cinq cents hommes par cinq cent autres. Tout ce que vous ne pourrez pas envoyer par terre, envoyez-le par mer. Chargez le général Marmont de régler les journées d'étapes, mais ayez soin de pourvoir à leur subsistance.
P. S. Faites également passer la 8e légère par terre
" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 172; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11720).

Le 21 mars 1806, Napoléon écrit depuis Paris au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... Vous n'êtes pas assez instruit de ce qui se fait dans votre armée. Vous m'aviez dit que le 8e d'infanterie légère était parti, et depuis vous m'avez écrit qu'il ne l'était pas ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 181; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10003 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11742).

Le 24 mars 1806, Napoléon écrit depuis Paris, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... Envoyez l'ordre au général Seras de tenir toutes ses forces bien réunies ; il ne faut pas qu'il les disperse dans ces îles ; ces détachements pourraient être pris isolément. Il suffit d'envoyer en Dalmatie quelques officiers pour y commander, et qui lèveront quelques compagnies pour y maintenir l'ordre. Ainsi la division du général Seras, composée des 13 et 60e de ligne, et probablement du 8e d'infanterie légère, qui n'a pu passer avec son artillerie, doit, sans faire de trop grands mouvements, se tenir en mesure de marcher sur Trieste, si les circonstances s'aggravent ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 185 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10014 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11765).

Au 1er mai 1806, d'après les états de situation envoyés par le Prince Éugène, commandant en chef, la composition et la force des divers corps composant l'Armée dite d'Italie, dont le quartier général est à Milan, est la suivante :
Division de Dalmatie. Quartier général à Zara : Général de Division Molitor ; 8e Léger, Colonel Bertrand, 2291 hommes, 21 chevaux (à Zara et dans les iles du Quarpero) - Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 268.

Le 8e Léger va être dispersé entre les garnisons de Zara, les îles Quarnero et Chaso, et à Sebenico.

Sapeur 8e Léger, 1809-1810
Sapeur 8e Léger 1809-1810 Sapeur 8e Léger 1809-1810
Fig. 14 Sapeur en 1809-1810 d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 85) Fig. 14a Sapeur en 1809-1810 d'après H. Boisselier (Bucquoy - L'Infanterie) Fig. 14b Sapeur en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

Le 3 juin 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... Les nouvelles de Corfou et de Constantinople portent que les Russes sont beaucoup affaiblis, et qu'ils n'ont jamais pu avoir plus de 6,000 hommes disponibles à Corfou. Cependant je ne m'oppose pas à ce que vous ordonniez au 8e régiment d'infanterie légère (note : Le texte porte : 18e régiment d'infanterie légère. Pour cette rectification de chiffre, voir pièce n° 10368) de se rendre à Zara, et au bataillon brescian ou à un autre bataillon de troupes italiennes de se rendre à Cherso pour prendre la défense de cette île ..." (Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10310 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12221).

Le 6 juin 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... J'imagine que vous avez fait filer tout le 8e d'infanterie légère sur Zara, comme je vous l'ai ordonné. Cela sera un renfort considérable au général Molitor ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 426 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10323 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12232).

Le 10 juin 1806, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j'ai l'honneur d'annoncer à Votre Majesté que j’ai donné contre-ordre au 18e d'infanterie légère, aussitôt que j'ai eu reçu la lettre de Menneval qui m'annonçait que c'était une erreur de chiffre, et que ce devait être le 8e d'infanterie légère. Votre Majesté ne se sera pas souvenue qu'elle m'avait donné précédemment l'ordre de faire passer ce régiment de l'Istrie en Dalmatie. Un seul de ces bataillons occupait les îles du Quarnero ; il va être relevé par le bataillon des chasseurs brescians ; en conséquence le 8e sera en entier en Dalmatie.
Le général Molitor n'aura donc que 4 bataillons en réserve à la position de Dernits …
" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 436).

Le 11 juin 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène : "Mon Fils ... Le 8e d'infanterie légère a beaucoup d'hommes sans fusils ; cela est bien honteux ; ne perdez pas une heure à vous faire rendre compte de cet objet. Comment est-il possible qu'on ait ainsi, dans des postes avancés, des soldats sans fusils ? Les colonels, chefs de bataillon et capitaines sont bien coupables …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 443 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10350 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12279).

Le 14 juin 1806, depuis Saint-Cloud, Napoléon écrit au Prince Eugène : "Mon Fils, il faut laisser entier le corps du général Marmont, qui est rassemblé pour pouvoir agir, en cas d'événement, sur tous les points. Il paraît que vous avez donné l'ordre d'envoyer le 18e en Dalmatie, parce que Meneval s'était trompé en vous écrivant ; mais il vous a, le lendemain, écrit que c'était le 8e d'infanterie légère. Ma lettre du 3 vous aura fait connaître que je ne veux envoyer en Dalmatie que le bataillon brescian ou un autre bataillon de troupes italiennes. Vous verrez, par l'ordre que j'ai donné, que j'ai fait des dispositions inverses des vôtres ; je mets les bataillons de dépôt au camp, parce qu'ils doivent être exercés, et qu'il faut que toute l'administration y soit réunie" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 447 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10368 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12306).

Dans le courant du mois de juin, l'armée du Vice-roi est réorganisée; concernant l'Armée de Dalmatie, commandée par le Général Marmont (Quartier général à Zara), la 1ère Division, Général Molitor (Quartier général à Zara) ; Généraux de brigade Jalcas, Guillet, Gily (à Spalatro) et Launay, est forte de 14 Bataillons des 8e Léger, 60e, 79e et 81e de ligne, 1er Escadron du 19e de Chasseurs, 2 Compagnies de Sapeurs, deux d'Artillerie à pied du 2e Régiment français, 2 du 1er Régiment italien, détachements d'Artillerie et du Train (9,000 présents, cent chevaux). Les cadres du 8e Léger ont ordre de se réunir à Padoue, pour entrer dans la composition de la Brigade de la Division de réserve de l'Armée de Dalmatie (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 283).

Molitor se porte au secours de Lauriston; le 25 juin 1806, il écrit, depuis Marcaska, au Prince Eugène : "Monseigneur, j'ai reçu à Zara, le 20 de ce mois, la nouvelle que le général Lauriston, forcé de céder à des forces supérieures, s'était tout à fait retiré dans Raguse, où il est bloqué par terre et par mer. Je me suis mis en marche à l'instant même pour dégager le général Lauriston, et j'arrive ce matin à Marcaska. Je suis suivi par le 79e régiment, deux compagnies de voltigeurs du 81e et le dépôt du bataillon grec. Je serais arrivé ce soir à Stagno, si un malheureux vent contraire n'avait arrêté la plus grande partie du convoi à un mille de ce port ; mais j'espère que demain je pourrai continuer ma route.
Un officier du 5e régiment est parvenu à sortir de Raguse par mer et me remet ici la lettre ci-jointe pour Votre Altesse Impériale. Le général Lauriston ne me témoigne aucune inquiétude sur sa position présente : il a des vivres pour deux mois, mais il insiste pour qu'il ne soit point pris de demi-mesures et pour que l'on vienne à son secours en force ; le général Lauriston m'annonce la malheureuse nouvelle que le général Delgorgue a été tué ...
Les renforts que je porte dans l'État de Raguse se montent à seize cents hommes en tout ; et, pour les réunir, il m'a fallu dégarnir toute la Dalmatie. J'ai laissé à Zara et Sebenico les recrues du 8e régiment (la partie combattante de ce corps est dans le Quarnero) ; le 81e, qui a fourni quatre cents hommes à Lesina (et qui, par la maladie, se trouvent déjà réduits à deux cent quatre-vingts), cent hommes à Brazza, n'a pas quatre cents hommes en état de marcher, tant à Spalaro qu'à Marcaska ; j'ai trouvé le surplus de ce régiment dans les hôpitaux ou malades à la chambre.
Attaquer l'ennemi sans certitude de succès serait peut-être comprometre le sort de cette province ; cependant, Monseigneur, je ne vois pas d'autre parti à prendre, puisque le 18e régiment ne peut être ici avant le 22 du mois prochain. Ainsi, à moins d'impossibilité absolue, j'attaquerai vigoureusement aussitôt que toutes mes forces seront réunies à Stagno, ce qui arrivera sous peu de jours, si les vents ne me contrarient pas trop.
Je ferai en sorte d'en prévenir le général Lauriston afin qu'il me seconde de son côté, et alors, Monseigneur, j'ai grande espérance que tout ce qui se trouvera entre lui et moi sera maltraité. Votre Altesse Impériale est sans doute informée de la barbarie des ennemis envers nos prisonniers et blessés : les chefs de ces barbares payent un sequin par tête qui leur est apportée ; et voilà les brigands que les Russes prennent pour auxiliaires et qu'ils voudraient vomir parmi nous ! Quelle leçon pour l'Europe civilisée ! …
" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 339).

Le 26 juin 1806, depuis Saint-Cloud, l'Empereur écrit à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... Je vois avec peine que le 8e d'infanterie légère occupe toujours l'île de Cherso. Donnez donc l'ordre qu'il soit envoyé à Zara, et faites occuper l'île de Cherso par 400 hommes du 60e de ligne, qui est en Istrie ; mettez la plus grande rapidité dans ces mouvements …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 468 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10418 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12378).

Le même jour 26 juin 1806, depuis Saint-Cloud, l'Empereur écrit une deuxième fois à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... Faite-moi connaître pourquoi le 8e léger n'a pas tous ses hommes habillés, au moins en vestes; prenez des mesures pour que cela soit fait sur-le-champ …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 467; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12380).

Le 28 juin 1806, depuis Saint-Cloud, Napoléon écrit à Eugène, Vice-Roi d'Italie : " Mon Fils, voici mes dispositions générales pour Raguse et les bouches de Cattaro. Le général Molitor, ayant sous ses ordres le 8e d'infanterie légère, les 79e et 81e, occupera toute la Dalmatie. Il tiendra à Stagno deux bataillons du 8e, forts de 1,500 hommes, un bataillon du 79 e complété à 800 hommes, et une compagnie d'artillerie complétée à 100 hommes. Cette colonne, forte de 2,400 hommes, avec un officier du génie pour faire tous les plans, croquis et reconnaissances, sera sous les ordres du général Guillet. C'est une réserve qui, suivant les événements, pourra ou retourner en Dalmatie ou se porter sur Raguse, et venir ainsi au secours des points attaqués …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 468 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10423 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12390).

Tambour major 8e Léger, 1809-1810
Tambour major 8e Léger 1809-1810 Tambour major 8e Léger 1809-1810
Fig. 15 Tambour major en 1809-1810, d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 85) Fig. 15a Tambour major en 1809-1810, d'après H. Boisselier (Bucquoy - L'Infanterie) Fig. 15b Tambour major en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

Le 7 juillet 1806, depuis Saint-Cloud, l'Empereur écrit au Prince Eugène : "Mon Fils, donnez ordre au général Marmont de se rendre en Dalmatie. Il prendra le titre de commandant en chef de mon armée de Dalmatie. ... J'ai vu avec peine que le général Molitor n'a fait aucune des choses que j'avais ordonnées. Faites-moi connaître pourquoi, au lieu de réunir 4,000 hommes sur la Narenta pour soutenir le général Lauriston, il a laissé ses troupes disséminées. Quel que soit le nombre des malades dans mes troupes qui sont en Dalmatie, je ne puis concevoir que le 8e d'infanterie légère, les 5e, 23e, 79e et 81e régiments d'infanterie de ligne, ayant ensemble un effectif de plus de 15,000 hommes en Dalmatie, ne puissent pas offrir 8 à 9,000 hommes en ligne ..." (Correspondance Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 60 ; de Napoléon, t.12, lettres 10461 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12443).

Le 9 juillet 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils, j'ai nommé le général Marmont commandant de mon armée de Dalmatie. Il sera sans doute parti pour Zara ..." (Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10474 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12458).

Le 28 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils
... Ne réunissez à Cattaro que le moins possible des 5e et 23e ; mais placez-y les 8e et 18e d'infanterie légère et le 11e de ligne, ce qui formera six bataillons qui doivent faire 5,000 hommes ; et, pour compléter 6,000 hommes, ajoutez-y le 60e ...
Après que les grandes chaleurs seront passées et que le général Marmont aura rassemblé tous ses moyens et organisé ses forces, avec 12,000 hommes il tombera sur les Monténégrins pour leur rendre les barbaries qu'ils ont faites ; il tâchera de prendre l'évêque ; et, en attendant, il dissimulera autant qu'il pourra. Tant que ces brigands n'auront pas reçu une bonne leçon, ils seront toujours prêts à se déclarer contre nous. Le général Marmont peut employer le général Molitor, le général Guillet et les autres généraux à ces opérations. Il peut laisser pour la garde de la Dalmatie le 81e.
Ainsi le général Marmont a sous ses ordres, en troupes italiennes, un bataillon de la Garde, un bataillon brescian et un autre bataillon ; ce qui, avec les canonniers italiens, ne fait pas loin de 2,400 hommes. Il a, en troupes françaises, les 5e, 23e et 79e, qui sont à Raguse et qui forment, à ce qu'il paraît, 4,500 hommes, le 81e, et les hôpitaux et détachements de ces régiments, qui doivent former un bon nombre de troupes. Il a enfin les 8e et 18e d'infanterie légère et les 11e et 60e de ligne ...
" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10557 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12585).

Situation en juillet 1806 (côte SHDT : us180607 4C98)

Chef de corps : BERTRAND de Sivary, Colonel
Conscrits des départements de l'Isère - de l'île d'Elbe de l'an XIV
Observations : août 1806, effectif du Régiment : 83 Officiers, 2247 hommes, 24 chevaux - sous les armes 75 Officiers, 1694 hommes, 24 chevaux - hopitaux 431 hommes
CROSSE : Major
ORRY : Quartier-maître trésorier

1er Bataillon : Chef de Bataillon Moittie à Zara (Dalmatie), Armée de Dalmatie, Division Molitor
Observations : août 1806 sous les armes : 35 Officiers, 569 hommes - hopitaux 60 hommes
2e Bataillon : Chef de Bataillon Margerit à Sebrenisco, Armée de Dalmatie, Division Molitor
Observations : août 1806 sous les armes : 22 Officiers, 532 hommes, 24 chevaux - hopitaux 141 hommes
3e Bataillon : Chef de Bataillon Quevillon à Zara (Dalmatie), Armée de Dalmatie, Division Molitor
Observations : août 1806 sous les armes : 18 Officiers, 593 hommes - hopitaux 230 hommes

Le 2 août 1806, le Prince Eugène écrit, depuis Monza, au Général Marmont : "Je reçois, monsieur le général en chef Marmont, plusieurs lettres de Sa Majesté. Je transcris littéralement tout ce qui vous concerne :
« Mon intention n'est pas qu'on évacue Raguse. Écrivez au général Marmont qu'il en fasse fortifier les hauteurs ; qu'il organise son gouvernement et laisse son commerce libre ; c'est dans ce sens que j'entends reconnaître son indépendance. Qu'il fasse arborer à Stagno un drapeau italien ; c'est un point qui dépend aujourd'hui de la Dalmatie. Donnez-lui l'ordre de faire construire sur les tours de Raguse les batteries nécessaires et de faire construire au fort de Santa-Croce une redoute en maçonnerie fermée. Il faut également construire dans l'ile de Calamata un fort ou redoute. Les Anglais peuvent s'y présenter : il faut être dans le cas de les y recevoir. Le général Marmont fera les dispositions qu'il croira nécessaires ; mais recommandez- lui de laisser les troisième et quatrième bataillons des 5e et 23e à Raguse ; car il est inutile de trainer loin de la France des corps sans soldats. Aussitôt qu'il le pourra, il renverra en Italie les cadres des troisième et quatrième bataillons. Si cela pouvait se faire avant l'arrivée des Anglais, ce serait un grand bien. Écrivez au général Marmont qu'il doit faire occuper les bouches de Cattaro par le général Lauriston, le général Delzons et deux autres généraux de brigade, par les troupes italiennes que j'ai envoyées et par des troupes françaises, de manière qu'il y ait aux bouches de Cattaro six ou sept mille hommes sous les armes. Ne réunissez à Cattaro que le moins possible des 5e et 23e régiments ; mais placez-y les 8e et 18e d'infanterie légère et le 11e de ligne, ce qui formera six bataillons qui doivent faire cinq mille hommes ; et, pour compléter six mille hommes, ajoutez-y le 60e régiment. Laissez les bataillons des 5e et 23e à Stagno et à Raguse, d'où ils pourront se porter sur Cattaro au premier événement. Après que les grandes chaleurs seront passées et que le général Marmont aura rassemblé tous ses moyens et organisé ses forces, avec douze mille hommes, il tombera sur les Monténégrins pour leur rendre les barbaries qu'ils ont faites. Il tâchera de prendre l'évêque, et, en attendant, il dissimulera autant qu'il pourra. Tant que ces brigands n'auront pas reçu une bonne leçon, ils seront toujours prêts à se déclarer contre nous. Le général Marmont peut employer le général Molitor, le général Guillet et ses autres généraux à cette opération. Il peut laisser pour la garde de la Dalmatie le 81e. Ainsi le général Marmont a sous ses ordres, en troupes italiennes, deux bataillons de la garde, un bataillon brescian et un autre bataillon qui y sera envoyé, ce qui, avec les canonniers italiens, ne fait pas loin de deux mille quatre cents hommes. Il a, en troupes françaises, les 5e, 23e et 79e, qui sont à Raguse, et qui forment, à ce qu'il parait, quatre mille cinq cents hommes ; le 81e et les hôpitaux et détachements de ces régiments, qui doivent former un bon nombre de troupes. Il a enfin les 8e et 18e d'infanterie légère, et les 11e et 60e de ligne. Je pense qu'il faut que le général Marmont, après avoir bien vu Zara, doit établir son quartier général à Spalatro, faire occuper la presqu'île de Sabioncello, et se mettre en possession de tous les forts des bouches de Cattaro. Il doit dissimuler avec l'évêque de Monténégro ; et, vers le 15 ou le 20 septembre, lorsque la saison aura fraîchi, qu'il aura bien pris ses précautions et endormi ses ennemis, il réunira douze à quinze mille hommes propres à la guerre des montagnes, avec quelques pièces sur affûts de traineaux, et écrasera les Monténégrins.
L'article du traité relatif à Raguse dit que j'en reconnais l’indépendance, mais non que je dois l'évacuer. Des quatre généraux de division qu'a le général Marmont, il placera Lauriston à Cattaro et Molitor à Raguse, et leur formera à (chacun une belle division. Il tiendra une réserve à Stagno, fera travailler aux retranchements de la presqu'île et au fort qui doit défendre Santa-Croce, ainsi qu'à la fortification du Vieux Raguse et à des redoutes sur les hauteurs de Raguse. Demandez les plans des ports et des pays de Raguse ».
Sa Majesté s'étant expliquée dans le plus grand détail, je me borne à vous recommander l'exécution de tous ses ordres, ci–dessus transcrits
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 73).

Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "Je plaçai mes troupes de la manière suivante : le 81e régiment à Zara, le 18e léger à Sebenico, le 5e à Trau et Castelli, le 11e à Klissa et Spalatro, la garde à Spalatro, et le 8e léger à Macarsca ; enfin, à Signe, ma cavalerie, composée de trois cent cinquante chevaux du 24e chasseurs, montés sur de petits chevaux bosniaques, cavalerie qui me rendit de grands services.
Je pouvais ainsi, en moins de deux journées, rassembler mes troupes, les porter dans toutes les directions, et elles étaient établies convenablement pour leur santé et leur bien-être. Une fois cantonnés et reposés, ces corps reprirent leur instruction, et, en peu de temps, redevinrent, les 18e et 11e, ce qu'ils avaient été, c'est-à-dire aussi beaux que jamais ; et les autres, se piquant d'honneur, furent bientôt dignes de leur être comparés. Nous passâmes l'hiver dans cette position
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 24).

Le 25 décembre 1806, Eugène écrit, depuis Vérone, à Napoléon : "Sire, je reçois la lettre que Votre Majesté m'a fait l’honneur de m’écrire le 11 décembre relativement à l'avis à faire donner au général Marmont des dispositions que j'ai faites, et pour que, de son côté, il puisse, quinze jours après qu'il en aura été prévenu, avoir son corps réuni aux environs de Zara, mais pas plus tôt. Lorsque Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'adresser ses instructions, elle m'a chargé d'instruire le général Marmont de ce qu'il aurait à faire en cas d'événement, et d'avoir un chiffre pour la correspondance avec ce général et le général Lauriston. C'est de cette manière que j'ai prévenu le général Marmont de ce qu'il doit faire. Il m'a écrit dernièrement en chiffres pour me faire connaître ses dispositions, et j'en ai rendu compte à Votre Majesté en date d'Udine. Le général Marmont a 7 à 8,000 hommes disponibles et qui, dans ce moment, sont cantonnés dans les meilleurs endroits de la Dalmatie, à 2, 3 et 4 journées de Zara. Les corps disponibles sont les 8e et 18e d'infanterie légère, les 11e et 60e d'infanterie de ligne, 2 escadrons de chasseurs, 1 compagnie d'artillerie et la garde royale. Il laisse dans l'État de Raguse, sous les ordres du général Lauriston, les 23e et 79e de ligne ; le 81e est placé à Spalatro et les îles, et le 5e est à Zara. Je n'ai pas fait part au général Marmont de mes dispositions ; il sait seulement que, si Votre Majesté l'ordonne, l'armée d'Italie passera l'Isonzo, et qu'alors il prendra part à ce mouvement en se portant sur la Croatie, suivant les ordres et instructions que Votre Majeslé lui fera parvenir quinze jours d'avance. J'aurai l'honneur d'observer à Votre Majesté que si le général Marmont fait un mouvement hors de la Dalmatie, il sera nécessaire de désigner le général qui devra le remplacer ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 231).

b/ L'Italie

Fifre de Carabiniers 8e Léger, 1809-1810
Fifre de Carabiniers 8e Léger 1809-1810 Fifre de Carabiniers 8e Léger1809-1810
Fig. 16 Fifre de Carabiniers en 1809-1810, d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 85) Fig. 16a Fifre de Carabiniers en 1809-1810, d'après H. Boisselier (Bucquoy - L'Infanterie) Fig. 16b Fifre de Carabiniers en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

Le 3e Bataillon (Dépôt) va former avec les troisièmes Bataillons des Régiments employés en Istrie et en Dalmatie, trois Brigades placées sous les ordres d’un Général de Brigade. Ainsi,

Le 9 juillet 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils, j'ai nommé le général Marmont commandant de mon armée de Dalmatie. Il sera sans doute parti pour Zara. Il est bien nécessaire que les 3e et 4e bataillons du 60e, le 3e du 18e d'infanterie légère, et les 3es et 4es bataillons des régiments que le général Marmont aura emmenés, soient formés en une division de réserve, qui portera le nom de division de réserve de Dalmatie. Vous y réunirez les dépôts du 8e d'infanterie légère, des 5e, 23e, 79e et 81e de ligne. Tous ces détachements seront divisés en trois brigades à Padoue, Vicence et Trévise, sous les ordres des majors et sous l'inspection d'un général de brigade, qui s'occupera sans relâche de former et d'organiser ces dépôts, et de tout préparer pour l'arrivée des conscrits. Par ce moyen, vous pourrez exercer une grande surveillance sur l'administration et l'instruction de ces dépôts. Faites-y diriger tous les malades et tout ce qu'il y aurait en arrière appartenant à ces corps. Lorsque les circonstances le permettront, faites venir les cadres des 3es et 4es bataillons des 5e et 23e de ligne, et ceux du 8e léger et des 79e et 81e de ligne. Je n'ai pas besoin de vous faire sentir l'importance de ces mesures, car il faut tout préparer pour que ces huit ou neuf corps aient des moyens de se refaire des pertes qu'ils éprouveront par les maladies et par l'ennemi" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 65 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10474 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12458).

Le 28 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils
... Faites-moi connaître où se trouvent ... les 3e bataillons des 8e et 18e légers, et si les ordres que j'ai donnés pour la formation des réserves en Dalmatie sont déjà exécutés ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 93 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10557 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12585).

Le 29 juillet 1806, Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils ... Je vous ai déjà envoyé l'ordre de réunir les 3e et 4e bataillons du 11e et du 60e et le 3e bataillon du 8e d'infanterie légère dans des places au-delà de la Piave ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 98 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12599).

Le 1er août 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ...
Donnez ordre au 3e bataillon du 8e d'infanterie légère, aux 3es et 4es bataillons des 11e, 35e et 60e de ligne de se rendre à Trévise, Padoue et Vicence, comme je l'ai déjà ordonné. Mon intention est qu'il n'y ait aucun dépôt ni embarras entre la Piave et l'Isonzo ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 105 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10580 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12629).

Le 3ème Bataillon passe donc en Italie en août.

Le 4 septembre 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie des revues du général Charpentier qui sont très importantes. Vous verrez qu'un grand nombre d'hommes de l'armée de Dalmatie qui son aux dépôts à Vicence sont encore habillés en bourgeois. Depuis la revue passée par le général Schauenburg, il y a beaucoup de monde rentré des hôpitaux, hors d'état de service. J’attends avec quelque empressement la revue de ce général, pour savoir les corps qu’il a inspectés, le nombre d'hommes qu'il a proposés pour la retraite ou la réforme, s’ils sont partis, et si l'on a nommé à toutes les places vacantes. Vous verrez dans le livret de la revue des dépôts de l'armée de Dalmatie que les dépôts du 8e et 18e d’infanterie légère ... n'ont point leurs majors ; que sur huit régiments il manque quatre troisièmes chefs de bataillon, cinq quartiers-maîtres et cinq adjudants-majors aux dépôts. Écrivez au général Marmont pour lui faire sentir l’importance de renvoyer les cadres des 3es et 4es bataillons de ses régiments, les majors et les 3es et 4es chefs de bataillon aux dépôts en Italie puisque c'est là qu'on va confectionner l’habillement et habiller les corps. Si cependant, vu les circonstances où se trouve l’armée de Dalmatie, les officiers et les chefs ouvriers tardaient à arriver, vous vous entendrez avec le vice-roi pour la réception des draps que vous enverrez aux dépôts des régiments pour les confectionner et les distribuer aux conscrits à mesure qu'ils arriveront ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 623; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12863).

Le 5 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie une note des changements que je désire faire dans la répartition des 50000 conscrits de la conscription de 1806. Faites-la imprimer sans délai et envoyez-moi cette seconde édition.
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ANNEXE
En lisant avec attention la répartition des 50 000 conscrits de la conscription de 1806 entre les différents corps, on est porté à désirer quelques changements ; comme la conscription n’a pas encore été mise en mouvement, il est encore temps de le faire sans produire de contre-mouvements ... Le département de Gênes, au lieu de fournir 176 hommes au 8e d'infanterie légère, les fournira au 10e léger ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 627 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12873).

2/ 1807

Situation en janvier 1807 (côte SHDT : us us18070110 4C98)

Chef de corps : BERTRAND de Sivary, Colonel
Garnison - Dépôt à Venise
Conscrits des départements de l'Isère - des Apennins - du Lot - de la Haute Loire de 1806
CROSSE : Major, Armée d'Italie
ORRY : Quartier maître trésorier, Armée d'Italie

1er Bataillon : Armée de Dalmatie - Division de réserve
2e Bataillon : Chef de Bataillon Margerit à Zara (Dalmatie), Armée de Dalmatie, Division de Réserve
3e Bataillon : Chef de Bataillon Quevillon à Venise, Armée d'Italie

a/ La Dalmatie

En 1807, les deux premiers Bataillons occupent successivement Trau (1676 hommes), Makarsca, Stagno et contribuent à la pacification du pays. Ils combattent les 16 et 17 juin avec le Général Delzon la route de Stuza, un corps russe à qui ils prennent ou tuent 200 hommes. Ce corps ennemi avait débarqué à Makarsca, pour tâcher de soulever contre nous les habitants des campagnes, pendant que le Duc de Raguse était absent avec la plus grande partie des troupes.

Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "... L'amiral débarqua immédiatement mille hommes environ dans le comté de Politza. Aussitôt les habitants se révoltèrent, prirent les armes, et tous ceux des environs de Spalatro en firent autant. Quelques soldats périrent et furent assassinés. J'étais à Zara et j'en fus informé sur-le-champ. Je me rendis tout de suite à mon quartier général ; mais déjà, à mon arrivée, les Russes s'étaient rembarqués, et mon chef d'état-major, le général Vignolle, avait marché à eux avec le 8e léger et le 11e. Ils s'étaient retirés sans l'attendre, et il occupait même déjà une partie du comté de Politza. J'achevai de tout soumettre et d'y rétablir l'ordre ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 48).

Situation en juin 1807 (côte SHDT : us180706 4C98)

Chef de corps : BERTRAND de Sivary, Colonel
Garnison - Dépôt à Venise
Conscrits du département de l'Isère de 1808
CROSSE : Major
ORRY : Quartier maître trésorier

1er Bataillon : Chef de Bataillon Moittie à Zara (Dalmatie), Armée de Dalmatie, Division de réserve
2e Bataillon : Chef de Bataillon Margerit à Zara (Dalmatie), Armée de Dalmatie, Division de réserve
3e Bataillon : Chef de Bataillon Quevillon à Venise, Armée d'Italie, 3e Division d'Infanterie Clauzel (forme le 1er Régiment avec le 3e Bataillon du 18e Léger)
Observations : juin 1807 sous les armes : 15 Officiers, 644 hommes - hopitaux 1 Officier, 57 hommes

Situation en octobre 1807 (côte SHDT : us180710)

Chef de corps : BERTRAND de Sivary, Colonel
Garnison - Dépôt à Genève (7e Division militaire)
Conscrits du département de l'Isère de 1808
CROSSE : Major
ORRY : Quartier maître trésorier

1er Bataillon : Chef de Bataillon Moittie à Zara (Dalmatie), Armée de Dalmatie, Division de réserve
2e Bataillon : Chef de Bataillon Margerit à Zara (Dalmatie), Armée de Dalmatie, Division de réserve
3e Bataillon : Chef de Bataillon Quevillon à Venise, Armée d'Italie, 3e Division d'Infanterie Clauzel

b/ En Italie

Tambour de Carabiniers 8e Léger, 1809-1810
Tambour de Carabiniers 8e Léger 1809-1810 Tambour de Carabiniers 8e Léger1809-1810
Fig. 17 Tambour de Carabiniers en 1809-1810, d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 85) Fig. 17a Tambour de Carabiniers en 1809-1810, d'après H. Boisselier (Bucquoy - L'Infanterie) Fig. 17b Tambour de Carabiniers en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

Le 15 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Je réponds à votre lettre du 7 février. J'y vois que vous avez encore 7342 hommes. Vous me demandez comment vous devez les employer. Il ne faut point donner les 7300 hommes que demande la marine et il faut employer cette réserve à réparer les pertes de la bataill d'Eylau. Voici les corps auxquels j'en voudrais donner : En Italie ... La 8e légère a reçu 600 hommes de 1806, rien sur la réserve, non porté sur la conscription de 1807 ; on peut lui donner 200" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14661).

Le 25 mars 1807, Napoléon écrit, depuis Osterode, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils, vous ne mettez pas dans vos états de situation ce que les dépôts doivent recevoir de la réserve de 1806, de la conscription et de la réserve de 1807, et cela rend vos états incomplets.
… De tous ces arrangements, la division Duhesme souffrira beaucoup. Voici, je pense, comme vous pouvez la former : le 8e d'infanterie légère peut former un bataillon de six compagnies, les trois autres compagnies au dépôt ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 285 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12174 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14892).

Le 18 avril 1807, Eugène écrit, depuis Padoue, à Napoléon : "… La division Clausel, qui a beaucoup gagné depuis sa réunion, va être augmentée par un bataillon de 800 hommes du 8e d'infanterie légère et par un autre de même force du 18e d'infanterie légère ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 298).

Le 6 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Prince Eugènre, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils ... Vous pouvez et vous devez considérablement augmenter la division Duhesme. Les 8e, 18e et 3e légers pourraient fournir chacun un petit bataillon de six compagnies, formant un effectif de 720 hommes ; le 81e pourrait fournir dans la même proportion. Les dépôts du royaume de Naples qui vous fournissent deux compagnies pourraient vous en fournir quatre ; ceux qui vous en fournissent quatre pourraient vous en fournir six ; et par ce moyen vous pourrez augmenter cette division jusqu'à 8 ou 10,000 hommes ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 307 ; Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12543 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15550).

Le 5 septembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, je reçois la lettre par laquelle vous m'instruisez que vous allez passer la revue de la division Clauzel, afin de la porter à 5 000 hommes. Mon intention serait que cette division fût portée à 9 ou 10 000 hommes. En effet, les huit régiments français qui sont en Dalmatie ont un présent sous les armes de [ ... ] 000 hommes et forment seize bataillons. La division Clauzel a, selon le dernier état du 15 août, 4540 hommes et le dépôt des huit régiments se compose de 5 000 hommes. La division Duhesme a 1 000 hommes, appartenant à cinq de ces régiments. Je pense donc qu'il faut ainsi organiser la division Clauzel, savoir :
8e légère six compagnies de 200 hommes chacune 1200 hommes
Nota : Il ne restera plus au dépôt que les 6e, 7e et 8e compagnies.
Les grenadiers et voltigeurs feront partie des six compagnies qui marchent ...
La division serait donc composée de deux bataillons de six compagnies chacune, formant 2 400 hommes ; de cinq bataillons de sept compagnies chacune, 7 000 ; et d'un bataillon de trois compagnies, 600 hommes. Total, 10 000 hommes.
Vous enverrez aussi 300 Brescians et 300 hommes de la garde royale, pour marcher avec la division Clauzel, de manière que cette division marcherait forte de 10 à 11 000 hommes, ce qui, joint à l'armée française de Dalmatie, formerait plus de 25 000 hommes ; mais, il faut que ces hommes soient bien armés, bien équipés, et qu'ils aient déjà la meilleure instruction.
Si donc les 6 000 hommes qui sont aux dépôts ne vous paraissent pas suffisamment instruits et ne sont pas entièrement habillés au 1er octobre, selon l'ordre que j'en donnerai, pour aller renforcer le corps du général Marmont, vous ferez partir la division Clauzel dans la situation où elle se trouve actuellement, c'est-à-dire formant 5 000 hommes, mais organisée de manière qu'il n'y ait que trois compagnies par régiment à 200 hommes chaque compagnie. Vous en sentez l'importance ; il faut que ces compagnies, arrivant à leurs Corps en Dalmatie, puissent verser dans ces corps ce qu'ils ont au-dessus de 100 hommes. Dans ce cas, vous préparerez sur-le-champ trois autres compagnies que vous ferez partir un mois ou six semaines après, de sorte que jusqu'au 1er janvier vous ayez envoyé en Dalmatie les 10 000 hommes qui m'y paraissent nécessaires
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 398 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16293).

Le 16 septembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, à Eugène Napoléon, Vice-roi d'Italie : "Mon Fils, je reçois votre lettre du 11 à minuit. Je vois que la division Clauzel est composée de 5,482 hommes ; mais je ne vois pas de combien de compagnies chaque bataillon est composé. C'est à cela que vous devez porter votre principal soin. Je consens qu'il ne parte du 8e léger que 517 hommes ; mais je ne voudrais pas que ces 517 hommes formassent six compagnies, je voudrais qu'ils n'en formassent que trois … Au total, mon intention est que la division Clauzel soit toute composée de compagnies de 200 hommes, afin qu'elle puisse les incorporer en Dalmatie" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 409 ; Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13165 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16389).

Le 1er octobre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, je reçois votre lettre du 22 par laquelle vous me faites connaître que la division Clauzel est de plus de 5 500 hommes.
Je vois avec peine que vous n'avez pas exécuté l'ordre que je vous ai donné de réduire le nombre de compagnies de manière que les 752 hommes du 8e léger ne formassent que trois compagnies de 223 hommes chacune ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 420 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16450).

3/ 1808

a/ Dalmatie et Italie

Cornet de Voltigeurs 8e Léger, 1809-1810
Cornet de Voltigeurs 8e Léger, 1809-1810
Fig. 18 Cornet de Voltigeurs en 1809-1810, d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 86) Fig. 18a Cornet de Voltigeurs en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

Le 20 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils ... Les armées de Naples et d'Italie doivent seules composer la division de Rome ; mon intention étant de former une division de sept bataillons, de quatre compagnies chacun, et chaque compagnie de 140 à 150 hommes, savoir : 1er bataillon, une compagnie de grenadiers et une de voltigeurs du 8e léger, une compagnie idem, et une idem du 18e ... Ces 7 bataillons de grenadiers et de voltigeurs formeront un effectif de 3 400 hommes. Le général Souham prendra le commandement de cette division qui se réunira à Trévise. Chacun des sept bataillons sera commandé par un chef de bataillon ; deux majors commanderont l'un 3 bataillons, l'autre quatre, sous les ordres du général de division. Il faut que cette division soit formée et prête à partir pour l'armée de Dalmatie du 1er au 10 mars. Vous m'en ferez faire l'état corps par corps, après avoir retiré des dépôts tout ce qui est dans le cas de servir ; ... donnez les ordres nécessaires pour que ... on réunisse les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des dépôts de l'armée de Dalmatie. Elles seront réunies sous les ordres du général Souham, au 1er février ; elles se formeront insensiblement, de manière du 1er au 5 mars [sic], elles soient prêtes à partir. Vous me ferez connaître ce qu'il restera aux dépôts après la formation de ces détachements ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 41 ;Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17048).

Le 29 janvier 1808, à Paris, "On propose de nommer sous-lieutenant quartier-maître, le sieur Mahot-Gemasse, sous-lieutenant au 8e régiment d'infanterie légère"; l'Empereur répond "Refusé; il est trop jeune" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3796).

En 1808, un Décret porte les Régiments à cinq Bataillons (18 février). Les quatre premiers dits Bataillons de guerre ont six Compagnies, dont une de Grenadiers et une de Voltigeurs. Le 5e Bataillon, dit de Dépôt, comporte quatre Compagnies et doit toujours avoir le Major avec lui.

Le 22 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Armée de Dalmatie. — Le 8e d'infanterie légère a un effectif de 2,000 hommes ; il en est de même du 18e. Le 5e de ligne a plus de 2,000 hommes. Le 11e de ligne a un effectif de plus de 2,700 hommes. Le 79e a plus de 2,400 hommes ; le 23e de ligne, plus de 2,200 ; le 60e de ligne, 2,100. Tous ces régiments n'ont que deux bataillons ou dix-huit compagnies à l'armée de Dalmatie. Ils y seront donc formés à deux bataillons de six compagnies chacun, conformément au décret. Cet effectif est plus considérable que ne le portent vos états, parce que, le 10 février, j'ai fait partir 2,000 hommes des dépôts des régiments pour cette armée ... Les 8e et 18e d'infanterie légère, qui sont à Venise ... ne demandent aucune observation ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13594 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17261).

Le 1er mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Il y a quelques imperfections dans le dernier projet. Le ... 8e, le 18e léger, le 22e léger sont des corps qui, bien qu'ayant leurs dépôts en Dauphiné, Provence, ont leurs régiments en Italie. Il ne faut donc pas comme vous avez fait leur donner des italiens.
Pour bien faire l'état, il faut des notes dans les colonnes indépendamment de l'emplacement des dépôts, y mettre l'emplacement des régiments d'aujourd'hui, afin que les conscrits après être restés 6 semaines au dépôt ne soient pas obligés de rétrograder pour rejoindre leurs bataillons de guerre. Je voudrais d'ailleurs que vos états fussent classés par armée ; que le Dauphiné, la Savoie, la Provence, tout le Languedoc, l'Auvergne fournissent exclusivement ce qu'ils doivent fournir pour l'infanterie en Italie ...
Je voudrais donc avoir un projet plus systématisé ; nous changerions le recrutement, avant la conscription prochaine
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17312).

Dans une Note dictée par l'Empereur, dans la séance du Conseil de la Guerre, datée de Saint-Cloud, le 23 mars 1808, Napoléon explique : "… Le 8e régiment d'infanterie légère est à Venise ; son 4e bataillon est dans le même lieu, et doit y rester ; son dépôt est à Marseille ; les conscrits qui leur seront donnés sont choisis dans le Languedoc ; ils iront à Marseille, qui se trouve sur leur route. S'il y a à ce dépôt des effets d'habillement envoyés par le ministre, ils y seront habillés, sinon, ils seront dirigés sur le 4e bataillon à Venise, où on les habillera ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13674).

Le Vice-Roi ayant reçut de l’Empereur le 29 mars 1808 l’ordre de présenter un projet complet d'organisation de ses troupes par Divisions, lui adresse le 6 avril 1808 un mémoire qui est approuvé dans toutes ses parties. D'après ce projet, suivi presque de point en point, l'armée du Vice-Roi en Italie se trouve composée de 9 Divisions d'infanterie et de 4 de Cavalerie.
Infanterie : 1re division (Clausel), généraux de brigade Delzons et Launay, 12 bataillons des 8e léger, 25e, 60e et 79e de ligne, à Raguse et à Cattaro ...
7e division (Lauriston), général de brigade D'Azémar, 8 bataillons des 8e et 18e léger, 5e, 11e, 23e, 60e, 79e et 81e de ligne (dépôts), à Trévise et Padoue ...
Total pour l'infanterie : 100 bataillons à 800 hommes, dont 92 français et 8 italiens ; environ 80,000 hommes ... (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 8).

Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts. Je conçois que les conscrits ont été dirigés sur les nouveaux dépôts ... Je pense qu'il serait convenable d’en faire de même, et qu'ainsi de suite il faudrait diriger les magasins ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
Le 8e d’infanterie légère de Venise à Genève ... Ces distances sont très considérables.
Mais tous ces régiments ont leurs bataillons de guerre en Dalmatie et leurs 4es bataillons sont tous réunis près de Venise où sont les emplacements de leurs dépôts.
Vous donnerez des ordres aux majors d'envoyer des nouveaux dépôts où se rendus des conscrits autant de conscrits non habillés que le régiment a d'effets d’habillement à l'ancien dépôt près de Venise. Ces hommes seront habillés là à leur arrivée et seront encadrés dans le 4e bataillon ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).

Le 15 juin 1808, à Bayonne, "On propose à Sa Majesté d'accepter la démission de M. Pittié, sous-lieutenant au 8e régiment d'infanterie légère"; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2004 - Non signées ; extraites du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, du 8 juin 1808 »).

Le 25 juin 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Vous devez avoir reçu les instructions du ministre de la Guerre pour la nouvelle organisation de l’armée.
... Quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie :
Les huit quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie ont déjà leurs compagnies de grenadiers et de voltigeurs réunies à Trévise. Il faut compléter sans délai les 4es bataillons.
Ils ont au dépôt en Italie 3 800 hommes ; ils ont 2 900 présents à la division Souham, ce qui fait 6 700 hommes, qu'ils ont en Italie, mais ils ont beaucoup d'hommes dans la 72e division militaire. Les huit bataillons à 840 hommes forment 6 700 hommes.
Il est donc très urgent que vous défassiez ces 1er, 2e et 3e régiments d'élite qui sont sous les ordres de Souham, en laissant subsister les corps qui les composent, mais en en formant trois régiments provisoires à 4 bataillons. Le 1er sera composé d'un bataillon du 8e léger et d'un du 18e léger, ce qui fera un régiment d'infanterie légère fort de 1680 hommes à l'effectif ...
Formez-les sans délai ; vous le pouvez ; afin de défaire le chapitre intitulé : dépôts de Dalmatie, qui est inutile.
Tout cela doit être réuni ; vous renverrez en France l'inutile au complet des 4es bataillons.
Cette division sera très belle. Il me tarde de la voir formée afin que Souham ait le temps de la réunir et de la connaître ...
Ainsi, il faut mettre de l'ensemble dans l'armée d'Italie ...
La 4e division serait composée des 8 quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie, de 4 bataillons du 13e de ligne, formant 8 000 hommes présents sous les armes, 500 aux hôpitaux ; total 8500 hommes, effectif ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 162 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18406). La 4e Division doit être commandée par le Général Souham, qui commandait précédemment la 5e.

Les trois premiers Bataillons tiennent garnison à Makarsca toute l’année. Le 4e est successivement à Venise, à Padoue, à Bassano, à Este, dans la 5e Division de l’Armée d’Italie. Le 5e Bataillon (Dépôt) reste à Genève dans la 7e Division militaire.

Situation en juillet 1808 (côte SHDT : us180807 4C111)

Chef de corps : BERTRAND de Sivary, Colonel
Garnison - Dépôt à Genève (7e Division militaire)
Conscrits des départements des Hautes Alpes, du Puy de Dôme, de la Vienne de 1809
CROSSE : Major
ORRY : Quartier maître trésorier

1er Bataillon : Chef de Bataillon Roussille à Makarsca (Dalmatie), Armée de Dalmatie, Division de réserve
2e Bataillon : Chef de Bataillon Margerit à Makarsca (Dalmatie), Armée de Dalmatie, Division de réserve
3e Bataillon : à Makarsca (Dalmatie), Armée de Dalmatie, Division de réserve
4e Bataillon : Chef de Bataillon Pigeat à Trévise, Armée d'Italie, Division Souham (forme le 1er Régiment avec le 4e Bataillon du 18e Léger)
Observations : juillet 1808 sous les armes : 14 Officiers, 354 hommes dont hopitaux 50 hommes

Le 10 juillet 1808 (ou le 19 ?), Eugène écrit, depuis Forli, à Napoléon : "… Quant à moi, je m'occupe sans relâche de l'exécution des ordres de Votre Majesté. Les camps se forment ... La division Souham (4e division) s'organise bien. Ses conscrits sont en marche de toutes parts, et, sauf le 8e léger, le 23e de ligne et le 60e, presque tous les bataillons de cette division seront, au 1er septembre, de 700 et plus. Avant ce temps sûrement les conscrits des trois régiments ci-dessus seront arrivés ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 197)

Le 13 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre au dépôt du 8e léger qui est à Genève ... d'envoyer tous les détachements qu’ils ont de disponibles, bien armés et bien équipés avec leurs officiers aux quatrièmes bataillons en Italie pour les porter au grand complet. Des états vous seront envoyés qui vous feront connaître ce que chaque dépôt fera partir, et pourquoi il n'en fait pas partir davantage. Ces détachements se mettront en marche à la fois au 1er octobre. ... Vous me ferez connaître l'augmentation qu’éprouvera l'armée d'Italie par ce renfort ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2288 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18898).

Le 21 octobre 1808, l'Empereur, depuis Saint-Cloud, écrit à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, vous ne m'envoyez jamais les états de mon armée italienne. Je vous ai dit bien des fois qu'il me faut ces états tous les dix jours. Envoyez-m'en un sans délai. Mon armée d’Italie doit être prête à entrer en campagne au mois de mars. Sa composition sera la suivante : ... 9 quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie
1er bataillon du 8e légère
1er bataillon du 18e idem
8e 2 bataillons
5e 1 bataillon
23e 1 bataillon
11e 1 bataillon
79e 1 bataillon
60e 1 bataillon
9 bataillons ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 163 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19097).

Le 26 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Aranda, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je désire que vous ordonniez les dispositions suivantes : ... Donnez l'ordre que les cadres des 3es bataillons du 8e et du 18e léger rejoignent leurs 4es bataillons à l'armée d'Italie ... il y aura en Italie quinze bataillons, savoir les 3es et 4es des 8e et 18e légers ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14513 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19392).

b/ Espagne

Tambour de Chasseurs 8e Léger, 1809-1810
Tambour de Chasseurs 8e Léger, 1809-1810
Fig. 19 Tambour de Chasseurs en 1809-1810, d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 86) Fig. 19a Tambour de Chasseurs en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

Le 2 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée, à Bayonne : "... Vous donnerez l'ordre au commandant de la 7e division militaire de faire partir une compagnie de 140 hommes de chacun des 8e et 18e légers, et des 23e, 60e, 79e et 81e de ligne. Ces détachements se dirigeront sur Perpignan, et formeront un bataillon de six compagnies de 840 hommes. Ces troupes profiteront du Rhône pour arriver promptement à leur destination.
Vous appellerez le ... bataillon, ... 2e bataillon provisoire de Perpignan ...
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14150 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18462).

Le 8 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Reille, son Aide de camp, à Bellegarde : "... Le 1er bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 1er, 62e, 5e et 24e de ligne, et des 16e et 22e légers, formant 840 hommes, le 2e bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 8e et 18e légers et des 23e, 60e, 79e et 81e de ligne, ces deux bataillons formant 1,600 hommes, doivent se trouver réunis du 20 au 22 à Perpignan. Ces deux bataillons arrivent de différents points. Chargez le commandant de la place de les former. Le major général a dû nommer les chefs de bataillon et adjudants-majors pour les commander ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14168 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18509).

4/ 1809

Le 8e Léger prend une part glorieuse à la campagne de 1809. Ses deux premiers Bataillons marchent avec l’Armée de Dalmatie ; le 3e et le 4e réunis à Este, près de Venise, sont dans l’Armée d’Italie ; de plus, deux compagnies du 5e Bataillon entrent dans la composition de la 17e Brigade provisoire de réserve placée à Alexandrie. Les Armées d’Italie et de Dalmatie vont aller rejoindre Napoléon près de Vienne et terminer avec lui la campagne, par la glorieuse bataille de Wagram.

a/ Opérations de l'Armée d'Italie

Le 2 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Dejean, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le général Dejean, le dépôt du 8e d'infanterie légère a 200 hommes habillés en paysans ..." (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 1, lettre 877 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20183).

Le 17 mars 1809, Napoléon écrit depuis Paris à Eugène Napoléon, Vice-roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, dans le premier état de situation que vous m'enverrez, faîtes mettre à la division Barbou le nom des majors qui commandent les régiments. Il manque là un général de brigade. Cette division doit avoir vingt-quatre pièces de canon, six par brigade; vous en savez la raison, c'est pour que, si elle se réunissait à l'armée de Dalmatie, elle pût lui en fournir. La 1re brigade, composée des 8e et 18e légers, doit avoir plus de 3,200 hommes sous les armes; il faut avoir soin que les régiments aient leur major, commandant deux bataillons. La 2e brigade ne sera que de 2,700 hommes. La 3e, composée des 23e et 60e, doit être de 3,000 hommes; la 4e, de 3,000 hommes; ce qui fera, pour la division, 12,000 hommes" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 384 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14917 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20431).

Le même jour, 17 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre que le dépôt du 1er régiment de ligne fasse partir avant la fin de mars, 60 hommes ; celui du 62e, 60 hommes ; celui du 22e légère, 300 hommes ; celui du 5e de ligne, 60 hommes ; celui du 18e légère, 60 hommes ; celui du 79e, 60 hommes ; celui du 81e, 200 hommes ; celui du 60e, 200 hommes ; celui du 8e légère, 200 hommes et celui du 23e de ligne, 200 hommes. Vous ordonnerez que ces détachements se réunissent ; ceux qui passent par le Mont-Cenis, à Chambéry, et s'y forment en bataillon de marche ; ceux aui vont par la corniche, à Gênes, et de là, marchent en ordre pour renforcer l'armée" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2960 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20419).

Le 25 mars 1809, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j’ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté l'état de situation de son armée d'Italie au 15 mars 1809. Ce ne sera que dans celle du 1er avril que Votre Majesté verra la formation des deux divisions italiennes, ainsi que les changements qu'elle avait ordonnés des emplacements des diverses divisions. Je dois rendre compte à Votre Majesté que je ne ferai former la division Rarbou qu'à 3 brigades, puisque le 3e bataillon du 11e de ligne n'est jamais revenu de Dalmatie. Ainsi la 1re brigade sera composée de 4 bataillons de 8e et 18e léger ; la seconde, de 5 bataillons, dont 2 du 5e, 1 du 11e et 2 du 23e ; la 3e demi-brigade, de 6 bataillons, savoir : 2 du 60e, 2 du 79e, et 2 du 87e …" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 407).

Le 26 mars 1809, le Général de Division Charpentier, chef de l’état-major général, écrit depuis Milan, au Général de Division Grenier à Sacile : "Voici, mon cher général, la composition et l’emplacement de l’armée au 1er avril prochain :
... 5e division : Général Barbou, à Trévise ; Généraux de brigade Moreau, Pouget, Roize, adjudant commandant Ducomet, capitaine du génie Marion.
3e et 4e bataillons du 8e léger, 3e et 4e idem du 18e idem, 3e et 4e bataillons du 5e de ligne, 4e idem du 11e de ligne, 3e et 4e idem du 23e idem, 3e et 4e idem du 60e idem, 3e et 4e idem du 79e idem, 3e et 4e idem du 81e idem, 2e régiment d’artillerie à pied détaché de la 5e compagnie, 4e idem idem 14e idem, 4e idem à cheval 2e idem ; ces corps viennent s’établir à Bassano, Cittadella et Feltre ; le 79e à Trévise ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34. Page 78).

Le 27 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Il y a en congé onze officiers des 35e, 53e et 66e ; il y en a onze des 9e de ligne, 84e et 92e ; deux du 1er léger et des 52e et 102e ; et sept des 8e et 18e légers et des 5e, 11e et 23e de ligne et des 60e, 79e et 81e. Donnez ordre que tous ces officiers en congé rejoignent leur corps sans délai. Cela peut se mettre à l'ordre de la gendarmerie sans en faire un article de journaux" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20563).

Le 1er avril 1809, les 3ème et 4ème Bataillons ont 1638 hommes à l'Armée d'Italie du Prince Eugène, 5ème Division Barbou, Brigade Moreau.

L’armée d’Italie est attaquée avant d’être toute rassemblée par deux corps d’armée autrichiens que commande l’Archiduc Jean. Aussi ne peut-elle pas tout d’abord avoir l’avantage. Le 8e Léger, à l’effectif de 32 Officiers et de 1370 hommes (toujours au sein de la 5ème Division, Général Barbou) entre en ligne le 11 avril.

Le 13 avril 1809, le Général de Division Charpentier, chef d’état-major général, écrit, depuis Valvasone, au Général de Division Grenier : "Je vous préviens, mon cher général, que S. A. I. vient d’ordonner que l’armée prendrait position sur de ligne et en arrière de la Livenza ... La division Barbou à Fratta, 2 milles en arrière de Sacile ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 39. Page 88).

Le 14 avril 1809, le Général de Division Grenier établit l’ordre d’emplacement et composition de division pour le jour même : "La division se composera aujourd’hui des troupes ci-après et sera partagée en trois brigades, savoir : ... 1 escadron Napoléon, la compagnie d’artillerie légère ; 1 bataillon du 8e d’infanterie légère, 1 bataillon du 11e de ligne, le 52e réuni, général Teste ...
La brigade du général Teste prendra position en arrière de San Giovanni del Tempio, appuyant sa gauche à la grande route de Sacile, et prolongeant sa droite dans la direction qui lui sera indiquée par un officier d’ordonnance du général de division ; cette brigade aura son escadron de dragons Napoléon et 2 bataillons en avant du château ou maison ruinée du village de San Giovanni del Tempio avec deux pièces d’artillerie légère, ce détachement aura à se garder sur Vigonovo, et par sa droite sur Tamai, entre Fontana Fredda et Brugnera, la seconde ligne de la brigade se gardera par sa droite sur Caserra, hameau que le général Teste peut faire occuper avec une compagnie de voltigeurs et quelques dragons pour communiquer avec la division Seras qui prendra position à Brugnera ; il placera le restant de son artillerie de manière à défendre San Giovanni del Tempio ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 27 page 69).

La situation de la 3e Division de l’Armée d’Italie, sous le Général de Division Grenier, à Sacile, le 15 avril 1809, et plus spécifiquement celle du 8e Léger, signée par le Colonel Giflengau, est la suivante : "... 8e régiment d’infanterie légère, au camp devant Sacile :
Etat major : 2 Officiers, 2 hommes présents ; 1 Officier aux hôpitaux. Total 5 hommes et Officiers
4e Bataillon Alirebletterie (?) : 15 Officiers, 702 hommes présents, 1 Officier et 4 hommes détachés dans l’arrondissement de l’armée à Novarre, 54 hommes aux hôpitaux. Total : 776 hommes et Officiers ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 42. Page 93).

Le 15 avril 1809 à 9 heures ½ du soir, le Général de Division Grenier établit, depuis Sacile, l’ordre de bataille : "La division se mettra en mouvement demain à la pointe du jour pour marcher à l’ennemi, avant le jour, le général Teste réunira sa brigade en avant du défilé de San Giovanni del Tempio et la portera en trois colonnes en arrière du ruisseau de Fontana Fredda ; sa brigade du bataillon du 11e de ligne, d’un bataillon du 1er régiment de ligne et du 52e d’infanterie avec l’escadron napoléon. Le général Teste enverra après avoir organisé sa brigade, le bataillon du 8e d’infanterie légère à Sacile où il sera employé à la disposition du colonel d’artillerie Faure ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 29 page 71).

Les 3ème et 4ème Bataillons combattent le 16 avril à Sacile, et couvrent la retraite de l’armée sur Caldiéro.

Deux jours après, quand Barbou est chargé d’occuper Venise, le 8e Léger quitte la Division et passe au Corps du centre commandé par Grenier dans la Division Pacthod, Brigade Abbe. Le 18 avril 1809 justement, à 9 heures du soir, le Prince Eugène écrit, depuis Trévise, au Général Grenier : "Je viens de recevoir, M. le général Grenier, votre lettre de ce jour par le retour de l’officier que je vous avais adressé. Je serais tout à fait d’avis que vous passassiez la journée de demain à Castelfranco, sans la nouvelle que vous me donnez des difficultés du passage du pont de la Brenta. Quoique je regarde essentiel que votre division puisse passer tranquillement cette rivière, je vous engage à diriger votre marche sur Bassano ; ainsi, après de petites marches, vous seriez après-demain à Vicence ...
Je m’empresse de vous annoncer que le bataillon de Belluno du 8e léger et les deux bataillons du 79e qui sont arrivés ce soir à Duesco, ont l’ordre de rejoindre votre division. Le bataillon du 8e passera naturellement par Bassano, mais il sera bon de prévenir l’adjudant commandant Bartin qui est à Biadene (près du bois de Montello) avec les deux bataillons du 79e de se diriger par Bassano, puisque par Cittadella la Brenta n’est point praticable, bien entendu que tous vos mouvements sur Bassano sont subordonnés aux nouvelles du Tyrol, et à des nouvelles positives et non à des on dit, car si l’ennemi vous devançais à Bassano (ce qu’il m’est impossible de croire), il ne nous resterait d’autre route que celle de Padoue. Sur ce M. le général, je prie dieu qu’il vous est en sa sainte garde
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 51. Page 111. Et Doc 52 page 113).

Le 19 avril 1809, un "Ordre du jour du Général de Division Grenier à la Division" prévoit : "Ensuite des nouvelles dispositions de S. A. I. la division du général Seras s’établira ce soir la première ligne à Soave, sa droite à la route et sa gauche dans la direction du rentrant de Colognola placé à peu près à son côté ; sa seconde ligne sera derrière la première, sur la route de la montagne, la gauche se prolongera dans la direction de Colognola, cette direction aura par suite de ces nouvelles dispositions tout le front de la ligne à gauche.
La division aux ordres du général Abbé prendra position à Colognola sur le névé de la montagne qui fait face à Soave, gardant le plateau de San Vittore par un bataillon et celui qui était occupé par le 8e d’infanterie légère également par un bataillon afin de connaitre le mouvement de l’ennemi. Le général Abbé placera aussi un bataillon en avant de Colognola en arrière de la … du général Séras et communiquera constamment avec les troupes qui sont à … Le général Abbé aura son quartier général à Colognola
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 124 page 263).

Le même jour, 19 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Castel Franco, à S. A. I. le Prince Vice-Roi : "Conformément aux ordres de V. A. I. la division que je commande est en mouvement pour aller prendre position à Bassano où je réunirai encore le bataillon du 8e léger qui vient de Belluno et les troupes commandées par l’adjudant-commandant Bartier ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 32 page 77).

Toujours le 19 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit encore, depuis Bassano, à S. A. I. le Prince, Général en chef : "… Je n’ai pas encore de nouvelles du bataillon du 8e léger qui est à Bellune; l’adjudant-commandant Bartier à qui j’avais adressé l’ordre d’arriver aujourd’hui à Bassano, a cru pouvoir suivre ses premières dispositions, je désire qu’il parvienne à Cittadella sans accident et au pont de la Brenta. Je laisse au colonel Vallin, une compagnie de carabiniers et une de voltigeurs pour tenir poste et protéger les hussards …" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 32 page 78).

Encore le 19 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit ensuite, depuis Bassano, au Colonel du 6e Hussards : : "Les intentions de S. A. I., général en chef de l’armée, étant, M. le colonel, que Bassano soient gardé par des postes pendant toute la journée de demain, vous voudrez bien y laisser un escadron et vous replier avec votre régiment 2 heures après le départ de la division sur le village Delle Nove qui était à 3 milles d’ici sur la route de Vicence. Si vous croyez votre régiment trop rapproché de Bassano, vous pouvez encore le porter plus en arrière, mais je dois vous prévenir que vous ne trouverez plus de villages avant Scaldaferro qui est distant de 7 milles de Bassano. Vous vous arrangerez en conséquence. Je laisse ici à votre disposition ma compagnie de grenadiers et une de voltigeurs du 8e léger, ces compagnies seront rendues sur la place de Bassano vers 5 heures du matin.
La division prend les armes demain à 3 heures 30 du matin ; faites partir à cette époque une reconnaissance et de 26 hussards pour Azolo et tâchez d’avoir des nouvelles de ce qui se passe sur la Piave ; vous m’obligerez de m’envoyer de suite votre rapport à Vicence ou en route à la tête de ma colonne.
Je vous prie d’avoir soin des grenadiers et voltigeurs que je vous laisse ; ils suivront le mouvement de votre régiment et resteront sous vos ordres jusqu’à votre rentrée sur Vicence
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 32 page 78).

Le 20 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Bassano, au Général Sahuc : "Les intentions de S. A. I. son, mon cher général, que la division de cavalerie légère reste entre Vicence et la Brenta, tant que ma division sera à Vicence et qu’elle garde cette rivière, et sont pont, tant en arrière de Cittadella comme aussi de laisser des postes à Bassano ; je vous préviens en conséquence que le 6e régiment de hussards a reçu l’ordre de s’établir à Scaldaferro et Delle Nove sur la route de Vicence et de laisser un escadron à Bassano, afin de pouvoir se garder sans compromettre sa troupe ; je lui ai laissé deux compagnies d’infanterie légère, j’enjoins au colonel de correspondre avec vous et de recevoir vos ordres, m’adressant cependant aussi tous les rapports intéressants qu’il aurait à faire ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 79).

Le même 20 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Bassano, au Colonel du 6e Hussards : "N’ayant reçu aucun ordre de S. A. I. cette nuit, mon cher colonel, vous vous conformerez pour ce jour aux dispositions que je vous ai prescrites par ma lettre d’hier, vous quitterez Bassano ce soir vers 9 heures, emmenant avec vous l’escadron et les deux compagnies d’infanterie légères ; vous irez prendre poste à Sandrigo, village situé à moitié chemin de Vicence, d’où vous continuerez à éclairer Bassano et à y envoyer de fréquentes reconnaissances. Vous ferez part de votre nouvelle position au général Souham et recevrez ses ordres en me tenant également informé de tout ce qui vous paraitra intéressant ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 80).

Encore le 20 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit aussi, depuis Bassano, au Général Charpentier : "… Le bataillon du 8e ne pas encore rejoint ; j’ignore si l’adjudant-commandant Bartier a passé la Brenta à Cittadella" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 80).

Toujours le 20 avril 1809 à 6 heures du matin, le Général de Division Grenier écrit, depuis Bassano, à S. A. I. le Prince, Général en chef : "... J’ai chargé le général Sahuc de faire couper ce soir le pont en arrière de Cittadella ou au plus tard demain matin ; je n’ai pas cru devoir faire couper celui de Bassano, attendu que l’ennemi n’est pas à Trente, que le bataillon du 8e d’infanterie légère n’est pas encore rentré, et qu’à Bassano, l’ennemi trouverait les moyens de le rétablir en 4 ou 5 heures ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34 page 81).

Puis, encore le 20 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit également, depuis Bassano, au Colonel du 6e Hussards : "... Tâchez d’avoir des nouvelles du bataillon qui doit venir de Bellune, après son arrivée envoyez-le à Delle Nove pour se reposer quelques jours et dirigez-le ensuite sur Vicence où je l’attends demain" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34 page 81).

Le 21 avril 1809, le Général de Division Charpentier, chef de l’état-major général, écrit, depuis le Quartier général à Vicence, au Général de Division Grenier à Vicence : "Au lieu de vous rendre à San Bonifacio et Villanova, ainsi que vous en avez reçu l’ordre, mon cher général, vous établirez votre division à Caldiero et cantonnements voisins ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 54. Page 117).

Le même 21 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Vicence, au Colonel du 6e Hussards : "... J’ai communiqué à S. A. I. votre lettre de ce jour, elle m’enjoint de faire rentrer à ma division les compagnies du 8e léger que vous avez avec vous, dirigez-les de suite sur Vicence où elles trouveront de nouveaux ordres chez le commandant de la place ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 83).

Le 22 avril 1809, au Quartier général à Vicence est établi l'ordre de l’Armée : "A compter de ce jour, l’armée d’Italie divisée en trois corps d’armée organisés de la manière suivante par S. A. I. le prince Eugène, général en chef ...
Centre :
Le corps du centre aux ordres du général Grenier, se compose des :
1ère division Grenier, 8e régiment d’infanterie légère, 1er régiment de ligne ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 125 page 265)

Le 22 avril 1809, le Général de Division Grenier, ordonne, depuis Caldiero : "La division se mettra en mouvement demain à 6h00 du matin et sera dirigée sur Vérone, marchant par sa gauche dans l’ordre suivant: 52e
L’artillerie à pied
1er de ligne trois bataillons
Artillerie légère quatre pièces
Sapeurs
Un bataillon du 1er de ligne
102e
11e
Artillerie légère deux pièces
Dragons
8e léger.
La division sera formée sur la grande route et marchera après dans le plus grand ordre ; l’artillerie et les sapeurs se tiendront prêts à Saint-Martin et prendront le rang qui leur est indiqué, lorsque la division passera.
Le général de division a remarqué aujourd’hui dans plusieurs corps qu’il n’avait pas été porté un égal soin des armes, plusieurs sont couvertes de rouille et n’ont même pas été essuyée, les baïonnettes sont enduites de sang et de graisse parce qu’au lieu de servir à combattre l’ennemi, on s’en sert pour porter la viande, les baguettes de fusils reçoivent la même destination ou servent à porter le pain ; ainsi se dégradent les armes et ceux qui les portent pour cet usage.
Le soldat n’a rien fait pour sa propreté et il s’en trouve qui ne se sont pas lavés depuis 8 jours. Il est temps de rétablir l’ordre dans toutes les parties et il en rend les chefs personnellement responsables
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 55. Page 119 ; Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 83).

Le 23 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Vérone, à S. A. I. : "Je viens de recevoir l’ordre de l’armée N° en date de ce jour, il est particulièrement relatif au commissaire de la guerre employé dans la division que j’ai l’honneur de commander, et j’ai vu avec peine que ce fonctionnaire y était mal traité sans l’avoir mérité. Si j’avais été interpelé avant la rédaction de cet ordre du jour, il m’eut été facile de prouver que le commissaire des guerres n’a fait que son devoir en demandant à la municipalité de Vicence douze mille rations de pain pour les troupes sous mes ordres puisque cette demande n’a été faite que sous mes observations sur le nombre de troupes à nourrir à Vicence et qui alors faisaient partie de mon commandement. V. A. I. me permettra seulement de les nombrer et alors seulement je la prie de payer des torts du commissaire des guerres.
3e division
1er bataillon du 8e d’infanterie légère ...
La division faisait alors partie de mon commandement, son commissaire des guerres était absent, j’ai crû devoir charger mon commissaire des guerres de s’en occuper.
Je crois par cette explication disculper mon commissaire des guerres des torts que l’on lui reproche, et si quelqu’un en a, c’est à moi sans contredit. J’ajouterai à présent que dans le cas où il aurait commandé 12000 rations pour le service de ma division seulement, il eut été bien loin d’être répréhensible puisque la municipalité distribuait sur des bons visés de lui peut prouver les consommations et que s’il a été demandé des rations en plus, bien loin de laisser le service en souffrance, les rations qui restaient se trouvaient déjà en avance pour les autres divisions, ce qui est bien différent et le serait davantage encore si les 12000 rations demandées avaient été versées dans les mains des préposés de ma division et qu’ils en eussent faits eux-mêmes la distribution
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 36 page 85).

Le 24 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Vérone, au Général Charpentier : "… le 3e bataillon du 8e léger doit me joindre aujourd’hui ; je pense que les compagnies que j’ai laissé à Bassano à la disposition du colonel Valin rentreront avec ce bataillon ; au moins j’en ai donné l’ordre …" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 37 page 88).

Le 26 avril 1809, le Général de Division Grenier ordonne, depuis Caldiero : "... Lors de l’arrivée du 6e régiment de hussards, le colonel chef de l’état-major lui indiquera l’emplacement qu’il devra occuper. La cavalerie du général Abbé pourra être provisoirement portée en avant du 102e à hauteur du 8e d’infanterie légère ; ce général est prévenu que la division de cavalerie légère sera placée à sa droite et en arrière pour être portée où besoins sera …" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 38 page 89).

A ce moment, l’ennemi cesse de nous harceler et disparaît tout à coup. Des reconnaissances sont aussitôt envoyées par le Prince Eugène.

Le 28 avril, toutes les forces dont le Prince Vice-Roi a le commandement en chef se trouvent concentrées sur l'Adige; le Général Macdonald est arrivé la veille. Eugène met alors à exécution le projet d'organisation en trois Corps et une réserve, projet adopté déjà en principe depuis le 23 avril et que nous donnons ci-dessous :
2° - Centre, général Grenier commandant. Division Abbée, les Bataillons des 1er, 52e, 102e de Ligne et 8e Léger ; Division Séras, 10 Bataillons des 35e, 53e, 106e, 79e de Ligne, 4 Escadrons du 6e de Hussards (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 45).

Cette armée, reconstituée et prête ou à tenir tête à l'ennemi sur l'Adige ou à reprendre l'offensive, occupe le 28 avril les positions suivantes :
Centre : le 6e de Hussards et la Division Séras, à Caldiero, ayant un Régiment sous le général Bonfanti à Illasi ; la Division Abbée, un Régiment en avant de Caldiero, un autre en arrière et un troisième à Saint-Martin (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 45).

"Ordre de mouvement pour le 29 avril.
Le corps du centre fera à midi précise le mouvement ci-après …
Le général Abbé attaquera à Soave de front par la gauche et débouchera par les chemins qui conduisent de San Vittore à ce village ...
Le général Abbé fera placer deux pièces d’artillerie à côté de la place occupée le matin par le 8e d’infanterie légère, pour battre la vallée qui conduit à la gauche du mont Bisson à San Vittore et à la Soave ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 39 page 91).

Après plusieurs engagements auxquels prend part le 8e Léger (29 et 30 avril), les reconnaisances apprennent que l’ennemi bat en retraite (30 avril) à la suite des échecs éprouvés par l’armée principale du Danube (Bataille d’Eckmühl - 21-22 avril 1809). Le Prince Eugène se met aussitôt à sa poursuite.

Le 3 mai 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Montecchio, à 1 heure du marin, à S. A. I. : "… Je fais partir du camp de Creazzo le 6e régiment de hussards et le 2e bataillon du 8e léger et les dirige sur Sandrigo et Arrignano par l’itinéraire que V. A. I. m’a fait adresser …" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 41 page 96).

Eugène atteint l'ennemi derrière la Piave où il a pris position et le 8 mai, le met en pleine déroute après lui avoir tué ou fait prisonniers 10000 hommes. Dans cette bataille, le 8e Léger a un Officier blessé, le lieutenant Sauvage, 5 hommes tués et 20 blessés. Le Régiment a encore 3 hommes tués le lendemain dans un combat d’avant-garde.

Le 11 mai, après avoir franchi le Tagliamento, la Division Pacthod marche au secours de Desaix qui combat déjà depuis trois heures dans la plaine de Saint-Daniel et culbute l’ennemi. Elle se dirige de là sur Marlborghetto (14 mai) qu’elle emporte d’assaut après un siège de trois jours (18 mai), puis va battre l’Archiduc qui s’est arrêté près de Tarvis pour rallier ses colonnes et leur donner quelque repos.

Le 19, le prince Eugène décrète la dissolution de l’avant-garde et la formation d’un corps de troupes légères pour marcher avec Grouchy à la poursuite de l’ennemi par la vallée de la Drave. La Division Pacthod (8e Léger) est désignée pour en faire partie.

Le 19 mai 1809, le général de division Charpentier, chef de l’état-major général de l’Armée d’Italie (pour ampliation, l’Adjudant commandant sous-chef de l’état-major de l’armée Bartin), depuis le Quartier général à Villach envoie un "Ordre de mouvement pour demain 20 mai 1809.
La division du général Pacthod se rendra demain à Valding. Le bataillon de voltigeurs qui appartient à cette division y rentrera ainsi que le 8e régiment d’infanterie légère
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 90. Page 188).

"Ordre de mouvement pour le 20 mai 1809
La division Pacthod partira sur le champ pour Klagenfurt ; cette division prendra à son passage à Velden l’artillerie de l’avant-garde qui, avec deux pièces de 3, forment un total de 8 pièces. Cette division, afin d’occuper Klagenfurt sur-le-champ, sera précédée par deux bataillon du 8e d’infanterie légère et le bataillon de voltigeurs de sa division qui se trouve à l’avant-garde. Ces 3 bataillons seront conduits à Klagenfurt par l’adjudant commandant Forestier et prendront leur rang dans la division ce soir. Les 2 pièces de 3 marcheront avec cette petite colonne …
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 53 page 119).

Le 20 mai 1809, le Général de Division Charpentier, chef de l’état-major général de l’armée, écrit, depuis Villach, quartier général de l’Armée, au Général de Division Grenier : "Je vous préviens, mon cher général, que les coureurs de l’armée sont entrés cette nuit à Klagenfurt, et qu’en conséquence, S. A. I. ordonne les dispositions suivantes.
… les deux bataillons du 8e léger qui sont à Velden partiront de suite pour Klagenfurt où ils attendront la division Pacthod ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 92. Page 193).

Ce corps, venant de Marburg, trouve Ehrenhausen fortement occupé par l’ennemi (28 mai) ; le pont de Muhr est coupé et deux Bataillons placés sur la rive droite en disputent le passage. Les Grenadiers du 52e et les voltigeurs du 8e Léger rétablissent le pont, chassent les Bataillons de la rive opposée. Le village est ensuite enlevé.

Le 30 mai 1809, le Général Grouchy écrit, depuis Gratz, au Prince Eugène : "Monseigneur, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que le corps de troupes dont elle m'a confié le commandement s'est porté de Marburg dont il s'était emparé le 27 mai, et où il a opéré sa jonction avec le général Macdonald, sur Ehremhausen. L'ennemi occupait ce point, et avait coupé le pont sur la Muhr : deux de ses bataillons étaient placés sur la rive droite de la rivière pour en défendre le passage et s'opposer au rétablissement du pont.
Sous le feu des Autrichiens, le pont a été rétabli par les grenadiers du 52e et les voltigeurs du 8e léger qui ont chassé l'ennemi de la rive opposée et lui ont tué nombre d'hommes.
Ce passage de vive force fait le plus grand honneur aux grenadiers et voltigeurs, et notamment au lieutenant qui a passé le premier sur un fragile fragment de bois …
" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 247).

Le "RAPPORT FAIT AU PRINCE EUGÈNE LE 30 MAI 1809" par le Général Grouchy reprend à peu près les mêmes termes : "Monseigneur, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que le corps de troupes dont elle m'a confié le commandement s'est porté de Marburg sur la Drave, dont il s'est emparé le 27 mai, et où il a opéré sa jonction avec le général Macdonald, sur Ehrenhausen (sur la Mur).
L'ennemi occupait ce point et avait coupé le pont sur la Mur. Environ deux de ses bataillons étaient placés sur la rive droite de la rivière, pour en défendre le passage et s'opposer au rétablissement du pont. Sous le feu des Autrichiens, le pont a été rétabli par les grenadiers du 52e et les voltigeurs du 8e léger, qui ont chassé l'ennemi de la rive opposée et lui ont tué nombre d'hommes.
Ce passage de vive force fait le plus grand honneur aux grenadiers et voltigeurs, et notamment au lieutenant, qui a passé le premier sur un fragile fragment de bois
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 27).

Le 28 mai 1809, dix-heures du matin, Napoléon écrit depuis Ebersdorf, à Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Bruck : "Mon Fils, je vous renvoie votre aide de camp. Je désirerais avoir l'état de situation de votre corps d'armée.
Je suppose que la division Durutte est composée de deux bataillons du 22e, de quatre bataillons du 23e, et de quatre bataillons du 62e. Je suppose que ces dix bataillons forment au moins 6,000 hommes présents sous les armes. Je suppose que la division Seras est composée d'un bataillon du 35e, de trois bataillons du 53e, de quatre bataillons du 106e et de deux bataillons du 79e; je la suppose également de 6,000 hommes. Je ne sais ce que c'est que la 3e division; je suppose que c'est une division italienne qui est avec le 112e, et qu'elle est également de 6,000 hommes. Je suppose que la division Pacthod vous a rejoint avec la division Grouchy. La division Pacthod doit être composée de deux bataillons du 8e léger, de quatre bataillons du 52e, de quatre bataillons du 102e et de quatre bataillons du 11e de ligne, que je suppose former 6,000 hommes. Sans comprendre le corps détaché du général Macdonald, vous devriez avoir aujourd'hui à Bruck 24,000 hommes d'infanterie, 4,000 hommes de cavalerie et 2,000 hommes de la garde; ce qui ferait 80,000 hommes et soixante pièces de canon. Le général Macdonald, que je suppose sur le point d'arriver à Graz, vous renforcera de 15,000 hommes. Ainsi votre arrivée me renforce de 45,000 hommes, non compris le corps du général Marmont
" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 240 ; Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15266 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21083).

Le lendemain, Grouchy marche sur Groetz, l’investit puis dirige le 8e Léger sur Bruck pour se relier avec le gros de l’armée qui a encore battu l’ennemi à Saint-Michel, le 25 mai.

Les Armées d’Italie et d’Allemagne font leur jonction le 31 et le Prince Eugène, dont les troupes forment l’aile droite de la Grande Armée, se met à la poursuite de l’Archiduc Jean pour l’empêcher de rallier l’armée principale.

Le 1er juin, l'Armée d'Italie détache à Klagenfurth un corps sous Grouchy comprenant les 3ème et 4ème Bataillons du 8ème Léger (Division Pacthod, Brigade Abbé) commandés par Antoine Alexandre de Belair.

La Division Pacthod est à Neustadt le 5 juin.

Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 17e Demi-brigade provisoire : 8e léger qui reçoit 100 hommes; 18e id. qui en reçoit 30; 5e de ligne; 7 id.; 11e id. qui reçoit 295 hommes; 23e id.; 60e id. qui reçoit 220 hommes; 79e id. qui en reçoit 50; 81e id.; au total donc, 425 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).

La Brigade dont fait partie le 8e Léger emporte de vive force, le 11, le pont de Karako sur la Marczal, que les Autrichiens ont fortifié, puis entre dans Papa le lendemain, après un vif engagement.

Le 14 juin, l’Archiduc Jean, renforcé par le corps d’insurrection organisé en Hongrie, tente les chances d’un combat derrière la Raab. 36000 Français luttent contre 56000 Autrichiens. Pacthod, placé en réserve, décide du succès de la journée en marchant au secours de la Division Durutte fortement compromise.

Antoine Alexandre de Belair est promu Colonel du 8ème Léger le 20 juin (Général de Brigade le 26 février 1813).

Le 8e Léger reste dans les faubourgs de Raab jusqu’au 1er juillet, puis va sur la Marczal. Enfin, le 4 juillet, toute l’armée est réunie à Schwachat et passe dans l’île de Lobau le 5, à quatre heures du matin.

b/ Opérations de l'Armée de Dalmatie

Musicien du 8e Léger, 1809-1810
Musicien du 8e Léger 1809-1810 Musicien du 8e Léger1809-1810
Fig. 20 Musicien en 1809-1810, d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 86) Fig. 20a Musicien en 1809-1810, d'après H. Boisselier (Bucquoy - L'Infanterie) Fig. 20b Musicien en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).
Ci-contre fig. 23 : détail de la Grosse caisse du 8e Léger
Grosse caisse 8e Léger

Les deux premiers Bataillons, avons nous dit; sont à l'Armée de Dalmatie (11ème Corps, Marmont, 2ème Division Clauzel, Brigade Delzons).

Le 10 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Je désirerais que les 8 dépôts de l'armée de Dalmatie qui sont dans la 7e division militaire réunissent à Chambéry 16 compagnies formant trois bataillons de marche. Le 1er sera composé d'une compagnie du 5e de ligne, d'une du 11e, d'une du 23e, d’une du 60e, d’une du 79e, d'une du 81e, d'une du 8e légère, et d'une du 18e légère. Ces huit compagnies se réuniront à Chambéry bien armées et bien habillées et seront prêtes à partir le 20 janvier de cette ville. Le 2e bataillon composé de la même manière sera prêt à partir le 10 frévrier et le 3e bataillon composé de la même manière le 20 février. Ce régiment de marche de l'armée de Dalmatie fera un renfort de [4 700] hommes pour les dépôts de de cette armée ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2652 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19766).

Le 14 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, vous enverrez de ma part l'ordre suivant au général Marmont … Si les Autrichiens portaient des forces considérables sur l'Isonzo et la Dalmatie, l'intention de l'Empereur est que son armée de la Dalmatie soit disposée de la manière suivante : Le quartier général à Zara avec toute l'artillerie de campagne, le 8e, le 18e d'infanterie légère, le 5e, le 11e et le 81e de ligne, les cavaliers et les vélites royaux, s'ils ne sont pas déjà passés en Italie, le 23e, le 60e et le 79e, formant, avec le peu de cavalerie qu'il y a, l'artillerie et les sapeurs, en tout 17,000 hommes ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 311 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14706 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19833).

Le 15 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "… Donnez ordre au général Mathieu Dumas de partir dans trois jours pour se rendre dans toute diligence [sic] dans la 8e division militaire ...
Le général Dumas ira ensuite dans la 7e division militaire, où il passera demain en revue le 5e, le 11e, le 23e, le 60e, le 79e, le 10e de ligne, le 8e et le 18e d'infanterie légère. Il y a là 5 à 600 conscrits qui sont nécessaires à l'armée d'Italie et pour compléter les 3es bataillons de Dalmatie qui se trouvent réunis aux environs de Venise. Il vérifiera ce qui peut empêcher que ces conscrits ne soient habillés et en état de partir. Je désire que le général Dumas les mette en route avant le 15 février et qu'ils puissent être réunis à leurs bataillons avant le 1er mars ; il lèvera toutes les difficultés.
... Le général Dumas, lorsque sa mission sera finie, viendra me présenter l'ensemble de ses opérations dans l'endroit où je serai. Mais il est nécessaire que lorsqu'il passera en revue un régiment, il en adresse sur-le-champ un rapport particulier au ministre de la Guerre et lui fasse connaître ce qu'il y a à faire pour activer l'armement et l'habillement. Il devra faire de son côté tout ce qu'il pourra auprès du major et des préfets pour donner à ces opérations toute l'activité convenable
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2677 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19840).

Le 27 janvier 1809, le Prince Eugène écrit, depuis Milan, au Général Marmont : "Je m'empresse de vous annoncer, monsieur le général Marmont, que les affaires d'Espagne sont terminées. Sa Majesté va se rendre bientôt à Paris, et sa garde ainsi qu'une partie de ses troupes rétrogradent déjà en ce moment. Je vous envoie les derniers journaux et les bulletins.
L'Empereur m'écrit de son quartier général de Valladolid, en date du 14 janvier, et me charge de vous envoyer les instructions suivantes : « La maison d'Autriche fait des mouvements. Le parti de l'impératrice paraît vouloir la guerre ; nous sommes toujours au mieux avec la Russie, qui, probablement, ferait cause commune avec nous.
Si les Autrichiens portaient des forces considérables entre l'Isonzo et la Dalmatie, l'intention de Sa Majesté est que son armée de Dalmatie soit disposée de la manière suivante :
Le quartier général à Zara avec toute l'artillerie de campagne. Les 8e et 18e d'infanterie légère, les 5e et 11e de ligne pour la première division ; les 23e, 60e, 79e, 81e pour la deuxième division, formant, avec les escadrons de cavalerie, l'artillerie et les sapeurs, un total de dix-sept mille hommes.
Les dispositions pour le reste de la Dalmatie et de l'Albanie seront les suivantes :
Tous les hôpitaux, que l'armée peut avoir, concentrés à Zara. On laisserait à Cattaro deux officiers du génie, une escouade de quinze sapeurs, une compagnie d'artillerie italienne, une compagnie d'artillerie française, le premier bataillon du 3e léger italien, qui va être porté à huit cent quarante hommes par les renforts qu'on va lui envoyer par mer, et les chasseurs d'Orient, ce qui fait environ douze cents hommes. Un général de brigade commandera à Cattaro. Il devra former un bataillon de Bocquais des plus fidèles pour aider à la défense du pays.
On laisserait à Raguse un général de brigade, une compagnie d'artillerie française, une compagnie d'artillerie italienne, un bataillon français, le quatrième bataillon du régiment dalmate, deux officiers du génie, et une escouade de quinze sapeurs, ce qui fera à Raguse un total de quatorze à quinze cents hommes.
Il suffira de laisser à Castelnuovo deux cents hommes pour la défense du fort. Il faut s'occuper avec soin d'approvisionner ce fort, Cattaro et Raguse pour six ou huit mois de vivres. Il faudra y réunir également les poudres, boulets et munitions en quantité suffisante pour la défense de ces places pendant le même temps.
Avec le reste de votre armée, c'est-à-dire avec plus de seize mille hommes, vous prendrez position sur la frontière pour obliger les Autrichiens à vous opposer d'égales forces, et vous manœuvrerez de manière à opérer votre jonction avec l'armée d'Italie.
En cas d'échec, vous vous retirerez sur le camp retranché de Zara, derrière lequel vous devez pouvoir tenir un an. Il faut donc, à cet effet, réunir dans cette place une quantité considérable de biscuit, farines, bois, etc., et la munir de poudres, boulets, et tout ce qui sera nécessaire à sa défense.
Dans le cas contraire, c'est-à-dire dans celui de l'offensive, vous devriez laisser à Zara une compagnie de chacun de vos régiments, composée des hommes malingres et éclopés, mais commandés par de bons officiers ; vous laisseriez en outre un régiment pour la garnison de Zara, et, avec le reste, vous prendriez part aux opérations de la campagne. Bien entendu que ce régiment assisterait aux batailles qui seraient données avant la jonction, laquelle une fois opérée, ce régiment rétrograderait pour venir assurer la défense de Zara et de la province.
Vous laisseriez dès le commencement, à Zara, trois compagnies d'artillerie, un officier supérieur avec quatre officiers du génie, et une compagnie de sapeurs. L'officier général qui resterait en Dalmatie doit organiser, de son côté, un bataillon composé de gens du pays les plus fidèles. L'instruction à donner aux commandants de Zara, Cattaro et de Raguse doit être de défendre le pays autant que possible, mais de se restreindre à la défense des places du moment qu'il y aurait un débarquement et que l'ennemi se présenterait trop en forces. Si les bouches de Cattaro, Raguse et Zara étaient bloquées, ils devraient correspondre avec Ancône et Venise par mer, et ils pourraient être assurés qu'avant huit mois ils seraient dégagés. Il est donc indispensable de munir ces places de poudres, boulets, biscuits, farines et autres approvisionnements. L'intention de Sa Majesté est que les troupes ne soient pas disséminées : elles ne doivent occuper que la pointe de Cattaro, Castelnuovo, Raguse et Zara. Dans le cas où l'armée de Dalmatie se porterait en Allemagne, il faut préparer des mines pour faire sauter les châteaux fermés qu'il peut y avoir dans le pays, et qui donneraient de la peine à reprendre quand l'armée rentrera. Les gardes nationales seront suffisantes pour garder la côte pendant tout le temps que l'armée marchera contre l'ennemi, dont les forces, occupées ailleurs, ne pourront d'ailleurs rien tenter de ce côté.
Ceci est une instruction générale qui doit servir dans tous les temps, quand vous ne recevriez point d'ordre toutes les fois que les courriers seraient interceptés, et que vous verriez les Autrichiens se mettre en hostilité, chose cependant qu'on a peine à croire. Sa Majesté a vu, par vos derniers états, qu'il y a à Raguse et Cattaro quatorze mille quintaux de blé, ce qui fait des vivres pour quatre mille hommes pendant plus d'un an. Cet approvisionnement est suffisant. Celui de Spalatro et de Sebenico serait porté sur Zara, ce qui ferait cinq mille quintaux à Zara, c'est-à-dire pour cinq mille hommes pendant cent jours, plus le biscuit, qui rendrait cet approvisionnement suffisant ; mais il faut avoir soin que ce blé soit converti en farine, afin de n'éprouver aucun embarras ni obstacle dans les derniers moments. A tout événement, ce serait une bonne opération de réunir à Zara dix mille quintaux de blé, en faisant en sorte cependant que les fournisseurs soient chargés de la conservation, et que cela ne se garde pas
" Mémoires de Marmont, tome 3, page 189).

D’après le plan général d’opération arrêté par Napoléon, le Corps de Dalmatie doit former l’extrême droite de la Grande Armée, lorsque le Prince Eugène aura fait sa jonction avec elle.

En conséquence, Marmont, qui commande ce Corps, reçoit l’ordre de suivre les mouvements de l’Armée d’Italie pour se trouver à sa hauteur vers les frontières de la Carniole et de l’Istrie. Il va avoir à lutter contre un corps d’armée autrichien envoyé par l’Archiduc Jean pour observer la Dalmatie et empêcher la jonction projetée entre le Général Marmont et le Prince Eugène.

L’Armée de Dalmatie est réunie le 21 mars sur le plateau qui est en avant d’Ostrovitza. Les deux premiers Bataillons du 8e Léger comprenant 29 Officiers et 1472 hommes sont dans la 2e Division, Général Clauzel.

Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "… à la fin de mars, je réunis, dans les environs de Zara, de Benkovatz et d'Obrovatz, l'armée prête à entrer en campagne. Sa force était de neuf mille cinq cents hommes d'infanterie, formés en deux divisions : première division commandée par le général Montrichard ; deuxième division, par le général Clausel, et composées des régiments suivants : 8e et 18e d'infanterie légère, 5e, 11e, 23e, 79e, 81e d'infanterie de ligne, quatre cents chevaux, douze pièces de canon ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 133).

Marmont commence son mouvement et rencontre, le 1er mai, l’ennemi établi sur le mont Citta. Il occupe en première ligne un terrain coupé de ravins profonds, et en deuxième ligne une hauteur à pentes escarpées. Le 8e Léger commence l’attaque à trois heures et enlève l’aile droite ennemie avec une vigueur et une rapidité qui font tressaillir de joie et d’admiration toutes les troupes qui en sont témoins. Le ravin où se précipite le corps autrichien poursuivi par le 8e est jonché de cadavres ; une réserve de 1000 hommes venue à son secours partage sa défaite. Vue l’heure avancée de la journée, l’attaque de la seconde ligne est remise au lendemain. Mais, apprenant ce jour-là les mauvais débuts de l’Armée d’Italie (perte de la bataille de Sacile), Marmont n’ose pas poursuivre ses succès et revient dans ses premières positions en arrière.

Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "... L'ennemi avait réuni ses troupes sur le mont Kitta, appuyé à la Zermagna et couvert par un de ses affluents. Cette position était retranchée, et il avait ses réserves placées dans le fond de la vallée et près de la grande route qui conduit à Grachaz. Une forte avant-garde de cinq à six mille hommes occupait le plateau de Bender ; en avant de la position défensive, trois bataillons, deux de Sluin et un d'Ottochaz, formaient une première ligne assez mal soutenue. Le 1er mai, je la fis attaquer par les voltigeurs du 8e et un bataillon du 11e, pour m'approcher davantage de la masse des forces ennemies et juger de sa position, en faisant rentrer ainsi tout ce qui en était détaché. Culbuter cette ligne fut l'affaire d'un moment ; on la jeta en partie dans un ravin, et on lui tua beaucoup de monde. Une réserve d'environ mille hommes vint à son secours et partagea sa défaite. Je fus à même de juger la manière dont l'ennemi était établi et d'apprécier la force de sa position. Il était trop tard pour continuer l'action, et je remis au lendemain å l'attaquer ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 138).

Marmont ne reprend sa marche en avant qu’à la nouvelle de la victoire d’Eckmühl, certain alors de rencontrer la Grande Armée.

L’ennemi est toujours en position sur le mont Kitta (Croatie). Le 16 mai, le 8e léger et le 23e l’en chassent malgré une vive résistance. Le 8e fait la poursuite avec trop d’ardeur et voit un moment sa ligne de retraite fortement compromise ; il est dégagé par le 11e qui arrive juste à temps.

Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "... Le mont Kitta offre une magnifique position. Son développement est assez grand, et plusieurs pitons forment comme autant de redoutes. Son pied est couvert et défendu par un affluent de la Zermagna, qui, ce jour-là, était heureusement guéable. Deux régiments de la division Clausel, le 8e léger et le 23e, furent chargés d'enlever la position. Elle fut emportée après une vive résistance. Je m'y rendis aussitôt, et j'appelai à moi le 11e et le régiment de chasseurs à cheval, monté sur des chevaux bosniaques. Le 8e s'étant abandonné à la poursuite des troupes battues qui se retiraient par les hauteurs, le 23e suivit. Je le fis arrêter, et je renforçai la position avec le 11e, placé sur le revers et caché de manière à ne pas être aperçu.
Le général Stoisevich vit, de la vallée où il était, l'événement arrivé aux troupes du mont Kitta ; il savait le prix de sa possession, soit qu'il se bornât à la défensive, soit qu'il se décidât à essayer de l'offensive ; aussi voulut-il le reprendre et profiter du moment où, par l'entrainement du succès, les troupes victorieuses s'éloigneraient du lieu où elles avaient vaincu, sans avoir assuré suffisamment sa conservation. Ayant mis en mouvement immédiatement au moins quatre mille hommes du corps de la vallée, il se plaça à leur tête et gravit directement le mont Kitta, en se dirigeant par la ligne la plus courte sur ses sommités.
Je lançai quelques troupes en avant, avec ordre de rétrograder pour l'encourager dans son mouvement. Le général Stoisevich marchait avec une nuée de tirailleurs en avant de la colonne. Au moment où il croyait atteindre son but et saisir la victoire, le 11e régiment se montra et marcha à la baïonnette contre cette infanterie essoufflée, fatiguée ; en même temps, mes trois cents chasseurs ayant fait une charge sur ce qui s'était le plus avancé, huit cents hommes, cinquante officiers furent faits prisonniers, et avec eux le général Stoisevich commandant cette armée. La colonne rétrograda aussitôt dans la vallée et fit sa retraite sur Popina, où des retranchements très-considérables avaient été préparés ...
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 142).

Le lendemain, Marmont atteint devant Gradchatz l’arrière-garde ennemi qui a été laissée au débouché des montagnes pour favoriser la rentrée de deux Bataillons détachés. Il la chasse de toutes ses positions, la poursuit dans la plaine, continue le combat jusqu’à dix heures du soir et rentre après dans Gradchatz. Le 8e Léger, ainsi que son chef, le Colonel BERTRAND, sont félicités à la suite de cette journée.

L’armée arrive les 20 et 21 devant Goespich. Cette ville se trouve à la réunion de quatre rivières ; de quelque côté qu’on se présente on est forcé d’en passer deux et à cette saison elles sont gonflées par les pluies ; une seule se trouve guéable.

Marmont se décide à tourner la position. Pour cela, il doit, sous les feu des batteries ennemies, franchir la Licea défendue sur la rive opposée par de l’infanterie. Deux Compagnies de Voltigeurs du 8e Léger, commandées par le Capitaine Bourillon, passent à gué, chassent l’ennemi de ses positions, occupent deux pitons qui touchent la rivière et s’occupent de rétablir le pont.

A peine ce mouvement est-il terminé que l’ennemi débouche par le pont de Bilay et marche sur la Division Montrichard que suit la Division Clauzel. Le Général Clauzel fait aussitôt occuper par le 8e Léger les mamelons dont se sont emparés ses Voltigeurs et lui recommande de les défendre avec la plus grande opiniâtreté. Le combat se développe alors vers la gauche. Pendant l’action, six Bataillons viennent attaquer le 8e Léger. Ce corps, «un des plus braves de l’armée française», dit le rapport du Général en chef, est si bien posté et met une telle énergie dans la défense, qu’il repousse toutes les attaques de front de l’ennemi. Celui-ci essaie alors de le tourner, mais le 11e arrive au secours du 8e et l’arrête en menaçant sa propre ligne de retraite. L’ennemi est complètement défait et laisse entre nos mains 500 prisonniers. A la suite de ce combat, le Colonel Bertrand reçoit de nouveaux éloges.

Dans son Rapport à l'Empereur, daté de Fiume le 29 mai 1809, le Général Marmont écrit : "Sire, j'ai eu l'honneur de rendre compte à Votre Majesté de l'entrée en campagne de votre armée de Dalmatie, de la défaite de l'armée ennemie au mont Kitta, de la prise du général Stoisevich, commandant en chef, et du combat de Grachaz. Je dois maintenant à votre Majesté le rapport des opérations qui ont suivi. L'artillerie et les vivres que j'attendais de Dalmatie m'ayant joint le 19, je me mis en marche le 20 pour Gospich. Le 21, de bonne heure, j'arrivai à la vue de Gospich. L'ennemi y était renforcé des colonnes d'Obrovatz et d'Évernich, qui étaient fortes de trois à quatre mille hommes, et qui ne s'étaient pas encore battues Il avait reçu de plus deux régiments du Banat, et avait fait réunir toute la population en armes. Ses forces étaient doubles des nôtres. La position de l'ennemi était belle. Gospich est situé à la réunion de quatre rivières, de manière que, de quelque côté que l'on se présente, il est nécessaire d'en passer deux. Ces rivières sont très encaissées ; on ne peut les passer que vis-à-vis les chaussées, et, dans cette saison, une seule d'elles est guéable. Je me décidai à ne pas attaquer de front Gospich, mais à tourner sa position, de manière à menacer la retraite de l'ennemi. Pour atteindre ce but, il fallait passer une des rivières à la portée du canon des batteries ennemies, établies de l'autre côté de la Licca, ou traverser des montagnes de pierres extrêmement âpres et difficiles, où les Croates auraient pu résister avec avantage. L'ennemi occupant la rive opposée de cette rivière, il fallait l'en chasser, afin de pouvoir rétablir le pont qu'il avait coupé. Deux compagnies de voltigeurs du 8e régiment, commandées par le capitaine Bourillon, ayant passé ce gué, remplirent cet objet, attendu que l'ennemi, comptant sur sa position, était peu en force. Elles occupèrent deux pitons qui touchaient la rivière.
A peine ce mouvement fut-il exécuté, que l'ennemi déboucha par le pont de Bilai et marcha sur la division Montrichard, qui suivait la division Clausel. Je donnai l'ordre immédiatement au général Clausel de faire passer au général Delzons, avec le 8e régiment d'infanterie légère, la petite rivière qui était devant nous, afin d'occuper les mamelons dont s'étaient emparés les voltigeurs, et de les défendre avec le plus d'opiniâtreté possible s'il y était attaqué. Je lui donnai également l'ordre de rapprocher un peu les autres régiments de la division, de manière à soutenir la division Montrichard, avec laquelle j'allais combattre l'ennemi, qui débouchait.
L'ennemi marcha à nous sur trois colonnes. J'eus bientôt disposé toute la division Montrichard, et, après être resté en position pour bien juger du projet de l'ennemi, je me décidai à faire attaquer la colonne du centre par le 18e régiment d'infanterie légère, à la tête duquel marchait le général Soyez, tandis que le 79e régiment, que commandait le colonel Godart, et avec lequel se trouvait le général Montrichard, contenait la droite de l'ennemi.
La charge du 18e régiment fut extrêmement brillante ; il est impossible d'aborder l'ennemi avec plus de confiance et d'audace que ne le fit ce brave régiment. L'ennemi fut culbuté, perdit cinq pièces de canon. Dans cette glorieuse charge, le général Soyez fut blessé d'une manière très-grave. Je fis soutenir immédiatement le 18e régiment par le 5e régiment, sous les ordres du colonel Plauzonne, qui marcha sur la colonne de gauche de l'ennemi et la fit replier.
L'ennemi, s'opiniâtrant, envoya de puissants renforts, qui exigèrent de notre côté de nouveaux efforts. Le 79e régiment, qui avait suivi la droite de l'ennemi, s'était réuni à notre centre en faisant le tour d'un monticule qui la séparait. Je plaçai en deuxième ligne le 81e régiment, sous les ordres du général Launay et du colonel Bonté, et en réserve un bataillon du 11e régiment, que je détachai de la division Clausel.
L'ennemi ayant fait un nouvel effort, le 79e régiment le reçut avec sa bravoure ordinaire, et un bataillon le chargea, tandis que le 81e régiment en faisait autant.
Cette charge fut si vive, que l'ennemi se précipita dans la rivière et s'y noya en grand nombre. Tout ce qui avait passé devait être détruit si douze pièces de canon de l'ennemi, placées sur l'autre rive de la Licca, n'avaient mis obstacle à ce qu'on le poursuivit davantage.
Cet effort termina la journée à notre gauche. Le général Launay, qui marchait à la tête du 79e et du 81e, y fut grièvement blessé.
Pendant que ces affaires se passaient, l'ennemi détacha six bataillons pour attaquer les positions qu'occupait le 8e régiment. Ce corps, un des plus braves de l'armée française, que commande le colonel Bertrand, et que le général Delzons avait très bien posté, résista avec beaucoup de vigueur et de persévérance. Après plusieurs tentatives inutiles pour enlever la position de vive force, l'ennemi s'occupa à le tourner. Il allait être en péril lorsque j'ordonnai au général Clausel d'envoyer au général Delzons les trois bataillons du 11e régiment, sous les ordres du colonel Bachelu, pour, non seulement soutenir et assurer le 8e régiment, mais encore pour prendre l'offensive et menacer la retraite de tout ce corps ennemi qu'il avait tourné.
Le général Delzons fit le meilleur emploi de ces forces, et le 11e régiment soutint, dans cette circonstance, son ancienne réputation, et, en moins de trois quarts d'heure, l'ennemi perdit de vive force ou évacua toutes ses positions.
Ce succès mit fin au combat ...
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 203).

Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "... Je donnai l'ordre au général Clausel de faire passer au général Delzons, avec le 8e régiment, la petite rivière placée devant nous, afin d'occuper les mamelons dont les voltigeurs s'étaient emparés, et de les défendre avec la plus grande opiniâtreté. Je fis prendre lestement les distances, par la queue de la colonne, à la division Montrichard, avec laquelle j'allais combattre. Le général Montrichard, sans manquer de bravoure personnelle, perdait toute son intelligence dans le danger ; et, vu les circonstances, je commandai moi-même ce jour-là sa division. L'ennemi marcha à nous avec lenteur, ce qui nous donna le temps de nous former et de nous mettre en position. Après y être resté quelques moments pour juger des intentions de l'ennemi, je reconnus qu'il était formé en trois colonnes. Celle du centre devançant un peu les autres, je la fis attaquer sur-le-champ par le 18e régiment. A sa tête était le général Soyez. J'ordonnai ensuite l'attaque de la colonne de droite de l'ennemi par le 79e, à la tête duquel marchait Montrichard.
Les charges du 18e furent brillantes. Tout céda devant ce brave régiment ; tout fut culbuté, et l'ennemi perdit cinq pièces de canon sur six qui avaient débouché. Le général Soyez y fut gravement blessé. Le 5e régiment marcha sur la colonne de gauche de l'ennemi et la fit replier. Pendant ce temps, le 79e, ayant suivi la droite de l'ennemi, s'était réuni à notre centre, après avoir dépassé un mamelon isolé, comme on en trouve beaucoup dans ce pays, mamelon auquel l'ennemi s'était appuyé, et qui coupait notre ligne. L'ennemi présentant de nouvelles troupes, je plaçai en réserve le 81e et un bataillon du 11e, que je détachai de la division Clausel. L'ennemi fit alors un grand effort sur la droite ; le 79e le reçut avec sang-froid et vigueur, et le 81e, l'ayant chargé immédiatement après, le précipita dans la Licca, où plus de deux mille hommes se noyèrent, et douze cents tombèrent entre nos mains. Le feu de douze pièces de canon, placées de l'autre côté de la Licca, protégea la retraite du reste des troupes qui avaient passé la rivière pour nous attaquer. Le général Launay fut gravement blessé dans cette circonstance.
Pendant que cette action se passait à ma gauche, l'ennemi avait détaché six bataillons pour attaquer le régiment d'infanterie légère, mis en position pour protéger la reconstruction du pont et faciliter à l'armée les moyens de déboucher. Ce régiment, à la tête duquel se trouvait le général Delzons, était si bien posté et avait mis une telle énergie dans sa défense, que l'ennemi fut constamment repoussé dans toutes ses attaques directes. Il voulut tourner la position ; mais le 11e régiment était à portée : je l'envoyai au secours du 8e, avec ordre de prendre l'offensive et de menacer la retraite des forces ennemies en les tournant comme elles tournaient le 8e. Le succès le plus complet couronna cette manœuvre. L'ennemi fut repoussé, mis en déroute, et laissa entre nos mains cinq cents prisonniers ...
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 148).

Le pont est rétabli dans la nuit ; l’armée entre dans Goespich le 23 ; elle arrive le 25 devant Ottochatz où sont encore six Bataillons de l’arrière-garde ennemie, ainsi que son artillerie et ses bagages. Le 8e Léger, soutenu par le 23e, les attaque et les chasse de toutes les positions. C'est un combat brillant pour le 8e comme tous ceux, du reste, qui ont précédé, et le colonel Bertrand est encore cité.

Dans son Rapport à l'Empereur, daté de Fiume le 29 mai 1809, le Général Marmont écrit : "... Le 23, nous entrâmes à Gospich. Le 24, nous marchâmes sur Ottochatz, où était encore l'arrière-garde de l'ennemi, forte de six bataillons, l'artillerie et les bagages. Les ponts étaient coupés ; nous tournâmes tous les marais d'Ottochatz ; et le général Delzons, à la tête du 8e régiment d'infanterie légère, soutenu par le 23e, de la division Clausel, chassa l'ennemi de toutes les positions qu'il occupait pour couvrir la grande route. Ce combat fut brillant pour le 8e régiment comme tous ceux qui l'avaient précédé. Le général Delzons, selon son usage, conduisit cette affaire avec beaucoup de talent et de vigueur. Il y a reçu une blessure qui, j'espère, ne l'empêchera pas de reprendre bientôt du service. Si le général Montrichard, par une lenteur inouïe et contre tout calcul, ne s'était pas trouvé de trois heures en arrière, l'arrière–garde de l'ennemi était évidemment détruite, l'artillerie et les bagages pris.
Dans la nuit, l'ennemi s'est retiré en toute hâte sur Carlstadt ; quelques bagages sont encore tombés entre nos mains ...
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 203).

Dans ses Mémoires, Marmont raconte : "… Le 24, je continuai mon mouvement sur Ottochatz, et, le 25, nous arrivâmes devant cette ville. Elle est environnée d'eau et de marais, et la route la traverse. Les ponts étant coupés, l'arrière-garde ennemie y était encore. Une communication praticable donnait les moyens de la tourner par la droite. L'ennemi, qui le savait, plaça un corps de troupes appuyé aux marais et aux montagnes pour barrer cette communication. Je le fis attaquer par le général Delzons avec les 8e et 23e. L'ennemi fut battu et culbuté, mais le général Delzons fut blessé ..." Mémoires de Marmont, tome 3, page 153).

le 8e donne encore le 26, à Berlochk (Croatie).

Marmont arrive à Fiumes.

Dans son Rapport à l'Empereur, daté de Fiume le 29 mai 1809, le Général Marmont écrit : "... Le 26, nous sommes entrés à Segna, et, le 28, à Fiume, où l'armée se rassemble le 29, et d'où elle partira, le 31, pour se joindre à l'armée d'Italie.
L'ennemi, dans cette courte campagne, a eu environ six mille hommes hors de combat et un très-grand nombre de déserteurs. Nous avons combattu ou marché tous les jours pendant douze heures ; et les soldats, au milieu des privations, des fatigues et des dangers, se sont toujours montrés dignes des bontés de Votre Majesté. Je devrais faire l'éloge de tous les colonels, officiers et soldats, car ils sont tous mus du meilleur esprit ; mais je ne puis dire trop de bien des colonels Bertrand, Plauzonne et Bachelu, qui sont des officiers de la plus grande capacité.
L'armée a fait une grande perte dans les généraux Launay et Soyez, blessés grièvement ; et le jour où ils lui seront rendus sera pour elle un jour de fête. Je dois aussi beaucoup d'éloges au général Clausel, et je dois me louer du général Tirlet, commandant l'artillerie, du colonel Delort et du chef des ambulances.
Nous avons eu, dans ces trois dernières affaires, huit cents hommes tués ou blessés
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 203).

Marmont part le 31 mai dans la direction de Gratz pour opérer sa jonction définitive avec le Prince Eugène qui, ce même jour, se réunit comme nous l’avons vu à la Grande Armée d’Allemagne.

Il est le 3 juin à Laybach et manoeuvre dans les environs contre Chasteler. Il repart le 17, remonte la Drave, puis arrive à Gratz, le 27.

Il se dispose le 29 à attaquer l’ennemi, lorsqu’il reçoit l’ordre de l’Empereur d’être le 4 juillet à six lieues de Vienne.

c/ Bataille de Wagram, 5-6 juillet 1809

Musicien noir du 8e Léger, 1809-1810
Musicien noir du 8e Léger1809-1810
Fig. 21 Musicien (chapeau chinois) en 1809-1810, d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 86) Fig. 21a Musicien (chapeau chinois) en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

Depuis la bataille d’Essling, l’armée ennemie a élevé en face de l’île de Lobau de formidables retranchements pour répondre aux immenses apprêts dont elle est devenue le centre.

Le moment arrivé où l’on n’a plus de diversion à craindre sur la rive droite, où les ponts et les estacades qui les couvrent ont acquis une solidité à toute épreuve, l’Empereur concentre l'armée et pendant la nuit la fait passer dans l’île. Pour masquer sa direction, la canonnade s’ouvre comme si elle veut forcer l’ancien passage entre Aspern et Essling ; l’Archiduc se met sous les armes dans ses retranchements et fait un feu terrible.

Cependant, dès le soir, 1 500 Voltigeurs ont amarré près de la pointe orientale de l’île un pont de bateaux qui aboutit au-delà des positions ennemies. Les colonnes d’infanterie le traversent au pas de charge ; quatre autres ponts sont aussitôt établis et le défilé continue pendant la nuit entière.

Enfin, aux premières lueurs du matin (5 juillet), l’armée est rangée en bataille ; le Vice-roi et Marmont en seconde ligne avec la Garde et la cavalerie.

Le Prince Charles s’efforce de contrarier le déploiement des Français, puis évacue ses retranchements et se replie en pivotant sur son extrême droite. La Grande Armée passe toute la journée à s’étendre et à s’affermir dans la plaine large environ de 6 kilomètres qui limite : au sud, le Danube ; au nord, le Russbach.

Vers neuf heures du soir, Macdonald, avec trois Divisions, est dirigé sur Wagram ; ce village, que traverse la route de Vienne à Brunn, est d’une importance décisive ; en l’occupant, on intercepte la communication entre les Archiducs Jean et Charles, et on ne laisse à ce dernier de retraite que sur la Bohême. Macdonald y pénètre et fait 3000 prisonniers, mais la position est reprise par l’ennemi. Il est onze heures, Napoléon suspend cet engagement, dont le résultat lui indique la résolution prise par l’Archiduc, de conserver Wagram et par conséquent de livrer bataille le lendemain.

Le 6 juillet, Grouchy est remplacé par Grenier, Abbé par Teste. Les 3ème (Bletterie) et 4ème (Latour) Bataillons alignent 720 hommes, tandis que les 1er (Belair) et 2ème Bataillons (Margerit) au sein du 11ème corps, en comptent 1227.

A la pointe du jour, l’armée française se range en bataille, Masséna à gauche, le Prince Eugène et Marmont au centre, Davout à droite.

Napoléon fait avancer Davout pour prendre Neusiedel sur les collines que borde le Russbach, village sur lequel s’appuyait l’extrême gauche des Impériaux. Mais Rosemberg devance Davout et passe le ruisseau ; les deux corps se heurtent dans la plaine. Après une lutte de deux heures, les Français repoussent leurs adversaires au-delà du cours d’eau. Pendant ce temps, la lutte s’est engagée sur toute la ligne.

L’Empereur a groupé au centre le gros de ses forces, soit pour secourir Davout, soit pour marcher sur Wagram. Il a prescrit à Masséna de ne laisser qu’une Division à la garde des ponts, de s’avancer dans la plaine et de s’emparer d’Aderklaa, village presque contigü à Wagram. Ce dernier mouvement, en dégarnissant la rive du Danube, invite l’Archiduc à opérer par la droite pour nous couper la retraite en s’emparant des ponts. Il y porte 50000 hommes, et préalablement, livre un long et sanglant combat pour reprendre Aderklaa dont il se rend maître. Alors, toute son aile droite marche en avant ; pour l’appuyer, il met en batterie devant son centre soixante pièces de canon, et bientôt il la pousse entre le fleuve et la gauche de Masséna.

Tandis que l’Archiduc fait des progrès au bord du Danube, Napoléon se dispose à enfoncer son centre et sa gauche. Bessières, avec la cavalerie, charge la colonne de l’Archiduc en apparence victorieuse et la ralentit ; Davout tourne la position de Neusiedel pendant que Pacthod l’attaque de front et l’emporte. L’aile gauche ennemie, entièrement culbutée, bat en retraite vers Wagram; Pacthod se met à sa poursuite, enlève Wagram à la baïonnette, traverse le village et s’avance jusqu’à 2000 mètres d’Hagemburg où il prend position. Un corps de Cuirassiers ennemis se porte avec audace sur cette Division pour protéger la retraite de son infanterie ; il est vivement canonné et forcé de se replier. Marmont vient appuyer le mouvement et accélérer la retraite de l’aile gauche de l’ennemi, dont le centre est enfoncé après la perte du village de Gerensdof.

A ce moment, Masséna attaque la droite et reprend rapidement le terrain perdu. De toutes parts, les Impériaux vident le champ de bataille.

Cette journée, où se heurtèrent 150000 Français contre 175000 Impériaux, coûte aux Autrichiens 31000 hommes. Les Français en ont 15000 hors de combat. Le 8e Léger a 5 Officiers tués : les Capitaines Lhuillier, Lecomte, Lelarge, Moucherant, le Sous-lieutenant Maffre ; et 11 blessés : le Major Bois, le Chef de Bataillon Latour; les Capitaines Coquelard, Siegmund, Deschamps; les Lieutenants Destouches, Lebailli, Verreulx; les Sous-lieutenants Ferreol et Vaujani. Certaines sources donnent 3 Officiers tués ; 13 blessés dont les Chefs de Bataillon Bois et Latour (4 décèderont de leurs blessures).

Le lendemain, Pacthod se met en mouvement au point du jour et va vers le village de Hugelbrünn où il s’établit.

En même temps, Marmont poursuit l’ennemi dans la direction de la Bohême et bat son arrière-garde le 8 juillet.

Il a une affaire plus sérieuse devant Znaïm le 10 juillet, que l’ennemi essaie de défendre. Les 8e (sous la conduite du Major Joli, qui a assuré l'intérim depuis le 5 juin 1809) et 23e Légers ouvrent le feu, chassent l’ennemi de ses premières positions et lui enlèvent deux drapeaux du Régiment de l’Archiduc Charles. Le combat continue toute la journée. Sur le soir, Napoléon fait cesser le feu et signe un armistice qui termine les hostilités. Le 8e Léger a un Officier tué, le Lieutenant Plique, et 5 blessés, les Lieutenants Leroy, Desbordes, Gouritz et Perroud, ainsi que 20 hommes tués et 23 blessés.

Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "... Le 10, à la pointe du jour, je passai la Thaya, et je marchai sur Znaïm en remontant la rive gauche. Montbrun, avec toute sa cavalerie, formait mon avant-garde. Arrivé à trois quarts de lieue de Znaïm, il rencontra quelques tirailleurs d'infanterie qui occupaient des vignes que nous avions à traverser, et il me demanda deux bataillons d'infanterie pour les en chasser. Je jugeai la chose plus sérieuse, et je marchai moi-même avec une division. En approchant de la hauteur en face de Znaïm, qui, de ce côté, cache la ville et forme, avec la montagne sur le revers de laquelle elle est bâtie, le bassin de Znaïm, je vis des troupes d'infanterie arriver à la course pour l'occuper et la défendre : il pouvait y avoir de cinq à six mille hommes.
Chaque moment de retard devait ajouter à la difficulté ; je fis attaquer cette position par la division Clausel, soutenue à gauche et en échelons par la division bavaroise, gardant en réserve la division Claparède (le général Claparède avait remplacé le général Montrichard). Le 8e d'infanterie légère et le 23e de ligne furent seuls engagés ; ils suffirent pour emporter la position, en chasser l'ennemi et lui enlever deux drapeaux du régiment de l'archiduc Charles …
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 248).

Le 14 juillet 1809, le Maréchal Marmont adresse au Major général son Rapport : "Monseigneur, quoique mes rapports journaliers vous aient fait connaître dans le plus grand détail les événements qui viennent d'avoir lieu, je crois de mon devoir de vous rendre un compte qui en présente l'ensemble.
Le 7, je reçus l'ordre de me porter en avant avec mon corps d'armée augmenté de la division bavaroise et de la cavalerie légère du général Montbrun, pour marcher à la recherche de l'ennemi par la route de Nikolsbourg. Arrivé à Wülfersdorf, j'y acquis la certitude que très -peu de troupes ennemies y avaient passé, et qu'au contraire la masse de ses forces était dirigée sur Znaïm. Je me mis en marche pour me porter sur cette ville, à une lieue et demie de laquelle j'arrivai le 10, à onze heures du matin. Tous les rapports qui m'avaient été faits s'accordaient à m'annoncer que l'armée ennemie avait dépassé cette ville, et que je n'y trouverais plus qu’une arrière-garde.
Je vis bientôt paraitre, sur les hauteurs qui couvrent le bassin de Zn?ïm, six à sept mille hommes d'infanterie qui voulaient m'en disputer la possession. Je les fis immédiatement attaquer par la division Clausel, soutenue par la division bavaroise, ayant en réserve la division Claparède.
Le 8e régiment d'infanterie légère, soutenu du 23e, chargea avec tant de vigueur et de confiance l'ennemi, que, d'instants, il fut forcé à la retraite. Le général Delzons conduisait cette charge avec son habileté ordinaire. La cavalerie du général Montbrun culbuta toute la cavalerie ennemie qui était sur la gauche, et nous arrivâmes bientôt sur les bords du ravin qui borde la plaine. J'aperçus alors bien distinctement dix à douze mille hommes de troupes autrichiennes dans le bassin, et un corps de vingt à vingt-cinq mille sur la rive droite de la Thaya, qui n'avait pas eu le temps de passer cette rivière. Déjà différents indices me faisaient soupçonner le voisinage du maréchal Masséna par la route de Stokerau.
Je pensai que la fortune m'offrait la plus belle occasion possible, et que je pouvais détruire l'armée ennemie en battant ce que j'avais devant moi, en coupant les ponts, et livrant tout ce qui était de l'autre côté de la rivière au maréchal Masséna.
Je fis mes dispositions d'attaque ; mais, avant de les faire exécuter, je crus utile de bien faire éclairer ma droite, et j’ordonnai un mouvement offensif à la cavalerie du général Montbrun. Ce mouvement nous découvrit près de quarante mille hommes de l'armée ennemie, avec tout le parc d'artillerie qui était en avant de Znaïm. La présence d'une force aussi considérable me fit renoncer à attaquer l'ennemi ; mais, fort de l'opinion qui soutient les armées victorieuses, assuré de l'ignorance de l'ennemi sur mes véritables forces, je pris avec sécurité position sur les bords du ravin. Je fis retrancher deux fermes qui servaient d'appui à ma droite, couvraient ma cavalerie, et j'occupai le village de Tesswitz, qui était en avant de mon front et me donnait action sur les ponts de la Thaya, et je fis garnir d'une nombreuse artillerie toutes les hauteurs.
L'ennemi voulut bientôt nous faire évacuer le village, et l'attaqua avec beaucoup de vigueur. Il fut défendu avec opiniâtreté par le général bavarois Becker, commandant la deuxième brigade. Mais, après un certain temps, de nouveaux secours lui furent nécessaires pour conserver une partie du village dont l'autre lui avait été prise par l'ennemi. Le combat se soutint avec des alternatives de revers et de succès, et la moitié du village fut prise et reprise trois fois de suite ; mais la fortune fut fixée quand le 81e régiment marcha au secours du général Becker.
Je dois beaucoup d'éloges à la manière vigoureuse dont ce général s'est conduit, et je dois beaucoup de louanges au colonel Bonté pour la défense qu'il a faite pendant ces événements.
L'ennemi, après de fréquentes charges sur le village, se trouvant en désordre, j'ordonnai au général comte Preising, qui commande les chevaux bavarois, de déboucher et de charger l'ennemi. Cette charge, faite avec beaucoup de vigueur, eut pour résultat ce que je devais en attendre, et l'ennemi perdit un bon nombre de prisonniers.
L'ennemi dirigea plusieurs colonnes sur d'autres points de ma ligne, mais sans succès ; et, après un combat de neuf heures, nous restâmes maîtres des positions dont nous nous étions emparés.
Le lendemain, l'ennemi se disposa à la retraite. Lorsque je vis déboucher sur les bords de la Thaya l'avant-garde du maréchal Masséna, je me portai en toute hâte sur les flancs de l'armée ennemie, espérant pouvoir l'entraver dans son mouvement. La disproportion de mes forces avec celles de l'ennemi m'obligeait à attendre que, d'un côté, le corps du maréchal Masséna eût fait des progrès, et que, de l'autre, celui du maréchal Davoust fût en liaison avec moi. L'ennemi, qui s'aperçut de mon projet, vint m'attaquer, et il en résulta un combat où l’ennemi, malgré les avantages du nombre, ne put nous faire céder le terrain. Mais Votre Altesse Sérénissime en est aussi bien instruite que moi, puisqu'elle y a assisté sur le soir.
Sa Majesté m'ordonna de marcher sur Znaïm, afin d'aider au mouvement du maréchal Masséna, et nous allions entrer dans cette ville lorsque je reçus l'ordre de faire cesser le feu.
Les résultats de cette journée sont d'avoir pris deux drapeaux, deux mille hommes à l'ennemi ; d'avoir retardé sa marche, de manière à ce qu'elle aurait pu être combattue avec avantage si la générosité de l'Empereur n'eût fait accorder une sus pension d'armes à l'ennemi.
L'ennemi a perdu plus de trois mille hommes tués ou blessés dans ces deux journées. Nous avons eu seize cents hommes hors de combat. Parmi les blessés se trouvent le général de division Claparède, les généraux de brigade Delzons et Bertrand. C'est la deuxième fois dans la campagne que le général Delzons est blessé.
Je ne saurais trop me louer des généraux, officiers et soldats. Mais je dois particulièrement des éloges aux généraux Clausel et Delzons
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 321).

Pendant l’armistice, le Régiment reste au camp de Krems, à 100 kilomètres environ à l’ouest de Vienne (effectif : 69 Officiers, 1930 hommes), et fait partie de la Division Clauzel, du 11e Corps de la Grande Armée.

Le 16 juillet 1809, au Quartier général à Presbourg, "Son Altesse Impériale le prince vice-roi d’Italie, général en chef, donne l’ordre du jour de l’organisation de l’armée d’Italie, arrêtée par S. M. l’Empereur le 15 courant, savoir.
... Les 8e et 18e légers, 23e et 60e de ligne ne font plus partie de l’armée d’Italie car ces régiments sont partis hier pour se diriger sur le corps de S. E. le duc de Raguse dont le quartier-général est à Kamenburg
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 137 page 290).

Le 19 juillet 1809, l'Adjudant sous-officier Petit est avisé provisoirement par le Major général Berthier que, par Décret du 17 du même mois, il a été promu par l'Empereur au grade de Sous-lieutenant.

Chef de Musique du 8e Léger, 1809-1810
Lettre de nomination au grade de Sous-lieutenant adressée à l'Adjudant sous officier Petit, datée du 19 juillet 1809 (avis provisoire)

Le 5 août 1809, à Schönbrunn, le Prince de Neuchâtel, Alexandre Berthier, Major général, écrit à l'Empereur : "Sire, j'ai l'honneur de soumettre à Votre Majesté cinq questions que fait le général Baraguey d'Hilliers à S. A. le prince vice-roi d'Italie :
... Un détachement de 76 hommes du 8e de ligne ; il est à présumer qu'il y a erreur et qu'il s'agit plutôt du 8e légère mais, dans les deux cas, ce régiment paraît devoir être dirigé sur l'armée, le 8e de ligne ayant son 4e bataillon au corps du maréchal Oudinot et le 8e légère ayant ses quatre premiers bataillons à l'armée de M. le maréchal duc de Raguse
"; Napoléon répond : "Les diriger sur Vienne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3394).

Le 15 août, les 4 Bataillons totalisent 66 officiers et 1180 hommes ; 1106 hommes manquent à l'appel.

Le Régiment est ensuite commandé par le Colonel Jean François Auguste Sarraire.

Le 12 septembre 1809, le Ministre de la Guerre adresse, de Paris, à l'Adjudant sous officier Petit, sa nomination définitive au grade de Sous-lieutenant.

Chef de Musique du 8e Léger, 1809-1810
Lettre de nomination au grade de Sous-lieutenant adressée à l'Adjudant sous officier Petit, datée du 19 juillet 1809 (avis provisoire)

Chef de Musique du 8e Léger, 1809-1810
Chef de Musique du 8e Léger, 1809-1810
Chef de Musique du 8e Léger, 1809-1810
Fig. 22 Chef de Musique en 1809-1810, d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 86) Fig. 22a Chef de Musique en 1809-1810, d'après H. Boisselier (Bucquoy - L'Infanterie) Fig. 22b Chef de Musique en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

Situation en octobre 1809 (côte SHDT : us1809 _ C2680)

Chef de corps : SARRAIRE, Colonel
Garnison - Dépôt à Genève (7e Division militaire)
Conscrits du département de la Corrèze de 1810
JOLY : Major
BONZEAU : Quartier maître trésorier

1er Bataillon : Chef de Bataillon Bletterie au camp sous Krems, Armée d'Allemagne, 11e Corps (Marmont), 2e Division (Clausel), 1ère Brigade Delzons
Observations : octobre 1809 effectif sous les armes : 29 Officiers - 549 hommes - 32 chevaux au Régiment - hopitaux 151 - prisonniers de guerre 8
2e Bataillon : Chef de Bataillon Ricard au camp sous Krems, Armée d'Allemagne, 11e Corps (Marmont), 2e Division (Clausel), 1ère Brigade Delzons
Observations : octobre 1809 effectif sous les armes : 16 Officiers - 567 hommes - hopitaux 132 - prisonniers de guerre 5
3e Bataillon : Chef de Bataillon Orliac au camp sous Krems, Armée d'Allemagne, 11e Corps (Marmont), 2e Division (Clausel), 1ère Brigade Delzons
Observations : octobre 1809 effectif sous les armes : 16 Officiers - 512 hommes - hopitaux 376 - prisonniers de guerre 5
4e Bataillon : Chef de Bataillon Margerit au camp sous Krems, Armée d'Allemagne, 11e Corps (Marmont), 2e Division (Clausel), 1ère Brigade Delzons
Observations : octobre 1809 effectif sous les armes : 13 Officiers - 546 hommes - hopitaux 267 - prisonniers de guerre 1
5e Bataillon au Dépôt à Genève, Armée d'Italie
Observations : juillet 1808 Dépôt : détachement de conscrits : 411 hommes, 4 chevaux - en route de Padoue pour le Dépôt 185 hommes

Le 5 octobre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, donnez l’ordre à l'intendant général de faire distribuer 1.000 habits d'infanterie légère et 3.000 habits d'infanterie de ligne avec vestes, culottes et pantalons au 8e léger et autres corps du maréchal Marmont qui en ont le plus besoin. Mon intention est que cette distribution soit faite sans délai ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3642).

Dès que la paix est signée (14 octobre), les troupes rentrent dans leurs garnisons. Le 11e Corps arrive à Laybach (8 novembre) en passant par Vienne (21 octobre) et Gratz, et devient peu après Armée d’Illyrie. Le 8e est alors en garnison à Karlsladt (décembre).

d/ Opérations autour de Zara.

Officier de Carabiniers du 8e Léger, 1809-1810
Lieutenant de Carabiniers 8e Léger 1809-1810 Officier de Carabiniers du 8e Léger1809-1810
Fig. 24 Officier de Carabiniers en 1809-1810, d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 87) Fig. 24a Lieutenant de Carabiniers en 1809-1810 (d'après Bucquoy). Fig. 24b Officier de Carabiniers en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

Après le départ de l’Armée de Dalmatie et jusqu’à la conclusion de la paix, la ville de Zara, où l’on n'a laissé que quelques troupes, dont 140 hommes environ du 8e Léger, doit résister aux attaques de nombreuses bandes de brigands auxquelles sont venus se joindre des mécontents et des déserteurs des Bataillon de Pandours (Bataillons qui ont été levés pour suivre l’armée).

Des colonnes fréquentes dispersent bien ces bandes, mais celles-ci se reforment dès que nos troupes sont restées dans la place.

Ainsi, le 25 juillet, le Capitaine Raudisson, du 8e Léger, commandant les quatre Compagnies de garnison, sort de la ville avec 300 hommes et se dirige vers la chapelle des Sept-Douleurs, pour surprendre l’ennemi qui a fait mine de s’avancer sur la place de Zara. En même temps, le lieutenant Genin, du même Corps, détaché avec 40 hommes, longe la mer et arrive sur la droite du village des Albanais. L’ennemi, abordé de deux côtés à la fois, prend la fuite. Nous avons 3 tués et 4 blessés dont le Lieutenant Genin.

C/ Le 8e Léger se partage entre l'Armée D'Illyrie et l'Armée de Catalogne, 1810-1812

1/ Les 1er et 2e Bataillons à l'Armée d'Illyrie

Le 6 octobre 1810, l'Empereur adresse, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, une Note sur l'organisation des armées; concernant l'Armée d'Italie, il écrit : "… Cette armée se composerait de 10 divisions, dont 7 françaises et 3 italiennes, et composées, savoir :
1re division française, 8e d'infanterie légère ayant quatre bataillons ; 5e de ligne, quatre ; 11e, quatre ; 23e, quatre : 16 bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17000 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24816).

Le 15 octobre 1810, le Colonel Sarraire décède de maladie en Illyrie.

Le 7 décembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Proposez-moi de nommer le sieur Pourailly à un autre régiment que le 24e léger ..." (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 1, lettre 1206 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25442). Le Colonel Bernard Pourailly, en effet, a été mis en infirmité en janvier 1810 suite aux blessures reçues à Eylau puis à Wagram, et il ne commande plus le 24e Léger. Il est nommé à la tête du 8e Léger le 24 décembre suivant (il sera Général de Brigade le 6 août 1811).

9 décembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le duc de Feltre, l'armée d'Illyrie ne sera plus composée à l'avenir que des troupes suivantes, savoir : de deux bataillons du 8e d'infanterie légère, deux bataillons du 18e et deux bataillons du 23e de ligne ; Total 6 bataillons d'infanterie. Deux escadrons du 19e régiment de chasseurs ; quatre compagnies du 2e régiment d'artillerie à pied français complétées (1) ; d'une escouade d'ouvriers ; vingt chevaux du train pouvant atteler 3 pièces et leurs caissons ; deux compagnies d'artillerie italienne complétées ; une compagnie de sapeurs français ; tout cela faisant moins de 6000 hommes ...
Cet ordre n'admet aucune modification, ayant besoin de mes troupes ailleurs, et du reste mon intention n'étant pas de tenir en Illyrie plus de troupes que ces provinces n'en peuvent nourrir ...
Vous réduirez en conséquence l'État-Major général, ainsi que les états-majors du génie et de l'artillerie. Il n'y aura pour chef de l'Etat-Major général qu'un adjudant commandant ; il n'y aura qu'un colonel d'artillerie et un colonel du génie ; vous ferez rentrer tout ce qui sera jugé inutile. Deux généraux de brigade me paraissent suffisants sous les ordres du gouverneur général, l'un sera placé en Dalmatie et l'autre à Laybach ou à Trieste. Vous ferez rentrer les autres généraux de division et de brigade...
" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17199 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25456).

Situation en avril 1811 (côte SHDT : us181104)

Chef de corps : POURAILLY, Colonel
Garnison - Dépôt à Genève (7e Division militaire)
Conscrits des départements des Basses Pyrénées, du Cantal, de Montenotte de 1811
OUDOT : Major
BONZEAU : Quartier maître trésorier

1er Bataillon : Chef de Bataillon Bletterie, Armée d'Illyrie
2e Bataillon : Chef de Bataillon Orliac, Armée d'Illyrie
3e Bataillon : Chef de Bataillon Ricard, à Genève
4e Bataillon : Chef de Bataillon Latour, Armée d'Espagne en Haute Catalogne, Division de Puycerda
5e Bataillon au Dépôt à Genève

Le 17 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Paris : "Mon Fils, vous donnerez des ordres pour réunir sans délai, et sans attendre les ordres de mon ministre de la guerre, un corps d'armée entre Vérone, Trente et Bolzano ; ce corps sera composé de quatre divisions.
La 1re division sera formée de deux bataillons du 8e d’infanterie légère, de deux bataillons de Croates, de trois bataillons du 84e, de trois bataillons du 92e ; total, dix bataillons, tous portés au grand complet, ce qui fera 8,400 hommes. Le 8e, le 84e et le 92e auront leur compagnie d'artillerie avec leurs caissons et leurs pièces ; on donnera également aux bataillons croates deux pièces qu'on organisera en Illyrie ; ce qui fera huit pièces de canon. Il y aura en outre douze pièces d'artillerie de ligne attachées à cette division ; on y attachera également une compagnie de sapeurs avec ses outils. Cette division sera partagée en deux brigades, chacune de cinq bataillons ...
Chaque division formera trois brigades, à l'exception de la première qui n'en formera que deux ...
Donnez sans délai des ordres pour que tous ces régiments se tiennent prêts et que les compagnies d'élite soient complétées ... Présentez-moi l'organisation après que vous aurez donné les ordres préparatoires pour ce qui vous regarde, afin de ne pas perdre un moment et qu'au 1er mai tout cela se puisse mettre en marche pour Vérone ; étudiez cette organisation ; présentez-moi les généraux de division, les généraux de brigade, les états-majors, les administrations, les commissaires de guerre, les officiers du génie et d'artillerie, et tout ce qui est nécessaire pour compléter cette organisation en détail et telle que je puisse ainsi l'envoyer toute faite au ministre de la guerre. Je désire l'avoir demain soir. Faites transporter 200,000 rations de biscuit à Vérone afin de pouvoir remplir les caissons ; ces biscuits serviront à l'armée. Donnez tous les ordres pour que l'artillerie puisse également se diriger sur Vérone et être prête au 1er mai, de sorte qu'au 15 mai le corps d'armée puisse déboucher sur Trente ...
Quant aux bataillons croates et aux deux bataillons du 8e d'infanterie légère, vous écrirez d'office au général qui commande en Illyrie, pour lui signifier ces dispositions, lui mander qu'il recevra à cet égard les ordres du ministre ; mais que, comme ces troupes doivent faire partie du corps d'armée que vous êtes chargé d'organiser, vous croyez devoir l'en prévenir pour qu'il fasse d'avance ses dispositions. Vous lui direz confidentiellement qu'il est possible que ces corps sortent d'Illyrie pour entrer en Allemagne, mais que ceci est très-secret et pour lui seul. Qu'il commence donc à lever sans délai les deux bataillons croates et à préparer les deux bataillons d'infanterie légère. Ces deux bataillons seront remplacés dans le pays par deux bataillons croates qui feront le service ...
Ainsi le corps d'armée sera donc composé de 34,000 hommes d'infanterie, de 6,000 hommes de cavalerie et de près de quatre-vingts pièces de canon, indépendamment de la garde royale ; ce qui le portera de 40 à 50,000. Il faut que tout cela puisse se mettre en marche et, s'il est nécessaire, entrer en Allemagne le 15 mai. La brigade qui partira d'Illyrie se rendra à Laybach, et de là sera dirigée par Villach sur Landshut ; elle arrivera en même temps que les autres troupes à Ratisbonne ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 145 ; Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17623 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26719).

Le 18 avril 1811, on écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, je désire que sans perdre un moment vous fassiez savoir au général qui commande en Illyrie que mon intention est de lever les deux bataillons de Croates, de les réunir à deux bataillons du 8e léger et d'en former une brigade à Laibach, d'où ensuite ils devront se tenir prêts à partir ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5352 - Non signée).

Le 19 avril 1811, Napoléon décide que l'Armée d'Allemagne sera composée de trois Corps; le 3e est le Corps d'observation d'Italie. L'Empereur écrit en effet ce jour à au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, l'armée d'Allemagne sera composée de trois corps :
1° Le corps d'observation de l'Elbe ;
2° Le corps d'observation du Rhin ;
3° Le corps d'observation d'Italie.
CORPS D'OBSERVATION D'ITALIE
Ce corps se réunira à Bolzano, Vérone, Mantoue et Brescia. Il sera composé de la manière suivante :
Infanterie
1re division
1re brigade 8e régiment d'infanterie légère 2 bataillons
84e régiment de ligne 3
5 bataillons ...
Le général Delzons commandera cette 1re division qui se réunira à Bolzano. Elle aura 8 pièces d'artillerie de régiment ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17630 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26753; Comprendre 33e Léger; le Général Dessaix est à la tête de cette Division).

Le même jour, 19 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Paris : "Mon Fils, je n’approuve pas l'organisation que vous m’avez présentée, je vous en envoie une nouvelle ...
Je pense aussi qu'il faut emmener tout ce qu'on pourra de Dalmatie ; ce ne sont pas des troupes assez sûres pour les laisser sur les derrières. En envoyant les huit bataillons de deux régiments, vous devez compléter ces bataillons en prenant dans les autres, s'il est nécessaire ; rien que ces huit bataillons doivent vous faire 6,000 hommes.
Par cette nouvelle organisation vous verrez que votre corps d’armée se trouvera composé de plus de 40,000 hommes d'infanterie, y compris la garde, de 8,000 hommes de cavalerie et de plus de 140 pièces de canon. Je vous ai déjà mandé de faire faire du biscuit à Mantoue, afin de remplir tous les caissons, qu'on n'ouvrira plus que devant l'ennemi.
Il est important que chaque homme ait deux paires de souliers neuves dans le sac et une aux pieds, et qu'on puisse délivrer à Vérone, Trente et Bolzano, au moment du départ, trente cartouches par homme, Ces cartouches doivent être réunies dans les dépôts d’artillerie de ces places et n'être données qu'au départ.
Annexe
Corps d'Observation de l'Italie
Première division
Cette division sera composée de : 2 bataillons du 8e d’infanterie légère
2 bataillons de Croates
3 bataillons du 84e
3 bataillons du 92e
Le général Delzons commandera cette division. Il aura sous ses ordres les généraux de brigade Huard (à choisir parmi ceux qui sont en Illyrie [sic]) ...
On prendra du 2e régiment d'artillerie à pied en Illyrie deux compagnies d'artillerie avec 2 batteries, chacune composée de 2 obusiers et de 6 pièces de 6, ce qui fera 16 pièces de canon ...
Les 2 bataillons du 8e d'infanterie légère auront leur compagnie d'artillerie avec leurs caissons ...
Tout ce qui est relatif à l'état-major de cette division, aux deux bataillons du 8e et aux deux bataillons croates sera réuni à Laybach ...
Le vice-roi commandera ...
Le corps d'armée doit se réunir sur l'Adige, l'Oglio et le Mincio
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 152 (ne donne pas l’annexe) ; Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17633 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26764).

Le 20 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je vous envoie le plan d'organisation du corps d'observation de l'Italie. Rédigez cette organisation convenablement. Mon intention est de ne rien envoyer de France. La 1re division sera fournie par l'Illyrie ... Mon intention est de le diriger en cas d'événement par Inspruck sur Dresde, pour se réunir avec le corps d'observation du Rhin, qui, par Wesel et Mayence, se dirigerait sur Magdeburg. Je suppose que je n'ai rien oublié. Vous me ferez connaître après cela ce qui restera en Italie aux régiments.
CORPS D'OBSERVATION DE L'ITALIE.
1re Division. — Cette division sera composée de deux bataillons du 8e d'infanterie légère, deux bataillons croates, trois bataillons du 84e, trois bataillons du 92e.
Le général Delzons commandera cette division. Il aura sous ses ordres les généraux de brigade Huard et (à choisir parmi ceux qui sont en Illyrie), deux commissaires des guerres et adjoints, un officier supérieur d'artillerie, deux officiers du génie, un inspecteur aux revues, un adjudant commandant (le prendre en Illyrie), et plusieurs officiers d'état-major pris dans le grand nombre d'officiers employés à l'état-major ou comme commandants de place ou à d'autres titres, en Illyrie ...
Les deux bataillons du 8e d'infanterie légère auront leur compagnie d’artillerie avec leurs caissons ...
Tout ce qui est relatif à l'état-major de cette division, aux deux bataillons du 8e et aux deux bataillons croates, sera réuni à Laybach ... Cette division aura deux compagnies d'artillerie à pied, seize bouches à feu de ligne, huit pièces régimentaires ; total, vingt-quatre pièces de canon. Elle aura en outre, comme il a été dit plus haut, une compagnie de sapeurs avec ses outils attelés ; le tout fourni par l’Illyrie ...
ETAT-MAJOR GÉNÉRAL ET DISPOSITIONS DIVERSES. — Le vice-roi commandera ...
Le corps d'armée doit se réunir sur l'Adige, l'Oglio et le Mincio
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17635 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26776).

Le 30 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre aux 8e, 18e et 23e régiments qui sont en Illyrie de faire chacun un choix de 100 hommes sachant bien écrire, ayant plus de quatre ans de service, bons sujets et propres à faire des caporaux et sergents distingués. Ces hommes seront dirigés sur Fontainebleau ... mais il faut qu'on n'envoie que des soldats qui puissent être utiles et non des hommes médiocres. Ces nouveaux détachements porteront à 1700 le nombre des hommes à diriger sur Fontainebleau" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5423 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26901).

Le même 30 avril l811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Duroc, Grand Maréchal du Palais : "J'ai ordonné aux 5e, 79e, 11e, 81e, 60e, 10e et 20e régiments de ligne de diriger chacun 200 hommes sur Fontainebleau. Ces hommes doivent savoir lire, écrire, avoir plus de 4 années de service et être capables de faire de bons caporaux et de bons sergents.
Je donne ordre aux 8e, 18e et 23e d'infanterie légère d'envoyer chacun 100 hommes ayant les mêmes qualités, ce qui fera 1700 hommes qui dans le courant juin arriveront à Fontainebleau, ce qui joint aux 1300 existants fera 3000 hommes ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26912).

Le 14 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le colonel du 8e régiment d'infanterie légère n'est pas encore à son poste : faites-moi connaître pourquoi ?" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 925; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27050).

Le 12 mai 1811, Eugène écrit, depuis Paris, à Napoléon : "Sire, à l'appui de ce que j'ai eu souvent l'honneur de dire à Votre Majesté, je m'empresse de lui adresser une lettre originale que j'ai reçue du général Delzons, qui m'annonce l'état de dénuement dans lequel il a trouvé le 8e d'infanterie légère, dans la revue qu'il vient d'en passer. Je prie Votre Majesté de vouloir bien faire donner par ses ministres les ordres nécessaires pour mettre ce régiment en état d'entrer en campagne" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 157).

Le 24 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Caen, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je vous envoie cinq états pour vous servir de direction dans un rapport que vous me ferez au 15 juin, pour donner une nouvelle organisation, au 1er juillet, aux différents corps d'observation ...
CORPS D'OBSERVATION D'ITALIE. — Ce corps conservera la même dénomination, mais il sera organisé comme il est porté au n° 3 ...
Je n'ai pas besoin de vous dire que vous ne devez donner aucun ordre, faire aucun mouvement en conséquence de ces états, mais que vous devez vous borner à me faire un rapport général au 15 juin, époque à laquelle vous me demanderez en même temps mes ordres ...
CORPS D'OBSERVATION D'ITALIE.
Le corps d'observation d’Italie recevra au 1er juillet, conformément au rapport que nous fera le ministre de la guerre le 15 juin, l'organisation suivante :
1re Division. — Deux bataillons du 8e léger, deux bataillons croates, quatre du 84e et quatre du 92e ; total, 12 bataillons ...
Ce corps d'observation sera réuni, selon les ordres soumis à notre approbation, à Trente, Bolzano, Brescia, Laybach, Bassano, Vérone et Vicence.
NOTE.
D'ici au 1er juillet, le corps d'observation d'Italie conservera son organisation telle qu'elle a été établie par le dernier rapport du ministre, afin que, si d'ici au 1er juillet j'avais besoin de le mettre en mouvement, il pût marcher selon ladite organisation ...
CORPS D'OBSERVATION D'ITALIE
(ne figure pas dans la Correspondance; c'est la situation ci-dessus en date du 20 avril 1811)
1re DIVISION
Cette division sera composée : de 2 bataillons du 8e léger, de 2 bataillons croates, de 3 bataillons du 84e, de 3 bataillons du 92e ...
Les 2 bataillons du 8e d'infanterie légère auront leur compagnie d'artillerie avec leurs caissons ...
Tout ce qui est relatif à l'état-major de cette division, aux 2 bataillons du 8e et aux 2 bataillons croates sera réuni à Laybach ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17247 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27150).

Le 23 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Le corps d'observation d'Italie doit rester organisé comme il est jusqu'au 1er janvier, mais seulement sur le papier.
Passé le 1er janvier, tous les 4es bataillons doivent marcher ...
Vous ordonnerez que les compagnies d'artillerie se réunissent à Vérone au 1er juillet. Un officier d'artillerie leur fera faire le polygone et les exercices nécessaires pour compléter leur instruction. Vous ferez connaître ces dispositions au général qui commande mes troupes en Illyrie. Il pourra employer les deux bataillons croates pour le service d Illyrie, ainsi que le 8e d'infanterie légère. Mon intention est que le 8e, au lieu de deux bataillons, en ait trois au corps d'observation d'Italie. A cet effet, le 3e bataillon, qui se réunit à Toulon, ira le joindre avant le mois de janvier prochain.
Les compagnies d'artillerie des régiments qui sont en Illyrie, hormis celles de Zara et de Raguse, feront également polygone
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17845).

"Laybach, 2 juillet. S. E. M. le gouverneur-général est arrivé samedi dernier dans cette ville. Le lendemain elle a passé en revue le 8e régiment d'infanterie légère, 2 bataillons des 5e et 6e régiments des chasseurs illyriens, et quelques compagnies d'artillerie française et croate" (Courrier de Turin N°98, 7e année, jeudi 18 juillet 1811).

Le 15 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Lacuée : "Monsieur le comte de Cessac, ... qui est-ce qui a eu l'ordre de fournir l'habillement ... du bataillon provisoire d'Illyrie qui se trouve à 1'île Marguerite et se compose de deux cadres du 8e léger, du 18e léger et du 23e de ligne ?
... En me rendant compte des mesures que vous avez prises, faites-moi connaître quand vous êtes fondé à penser que tous ces cadres seront habillés et équipés
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5996 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28178).

Le 24 août 1811, à Saint-Cloud, on informe l'Empereur que : "La baronne Sarraire, veuve du colonel de ce nom, demande une pension"; l'Empereur répond : "Renvoyé au ministre de la guerre pour me faire un rapport" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 482). Le peu de durée des services du Colonel Sarraire et les circonstances de sa mort ne permettaient pas d'accorder une pension à sa veuve, Emilie de Larisch, fille d'un Général-major au service de Prusse. Pourtant un Décret du 26 janvier 1812 lui accordera une pension de 1.800 francs, 600 francs sur une dotation de Westphalie et 1.200 francs sur une dotation de Hanovre.

Dès le 26 août, le 8ème Léger est commandé par Joseph Serrant (Général de Brigade le 29 septembre 1812).

Le 14 septembre 1811, le Ministre de la Guerre adresse, de Paris, au Sous-lieutenant Petit, sa nomination définitive au grade de Lieutenant, en remplacement du Lieutenant Servin.

Chef de Musique du 8e Léger, 1809-1810
Lettre de nomination au grade de Sous-lieutenant adressée à l'Adjudant sous officier Petit, datée du 19 juillet 1809 (avis provisoire)

Le 18 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que le bataillon d'Illyrie, formé de compagnies des 8e et 18e légers et du 23e de ligne, et fort de 1.400 hommes, lorsqu'il sera habillé et équipé, soit embarqué à l’île Sainte-Marguerite et transporté à Gênes. De Gênes, il sera dirigé sur Sale, où il s'embarquera sur le Pô, et descendra ainsi jusqu'à Mantoue. De Mantoue, il se dirigera sur l'Illyrie. Arrivé là. il sera incorporé dans les bataillons de guerre des 8e, 18e et 23e. Les cadres des compagnies retourneront à Genève et à Grenoble ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6197 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28693).

Le 11 octobre 1811, depuis Amsterdam, l'Empereur ordonne de "Placer le fils aîné de M. le maréchal duc de Conegliano dans le 8e régiment d'infanterie légère, commandé par le colonel Rome, en qualité de lieutenant" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 952). Il s'agit de Jean-Bon Moncey, qui sera plus tard Colonel du 3e Hussards.

Le 31 octobre 1811, à Nimègue, "Sa Majesté est priée ... De permettre à un sergent et à deux soldats du 8e régiment d'infanterie légère, admis à la retraite. d'en jouir dans les provinces illyriennes, où ils sont employés dans les douanes" ; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6316 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l’Empereur et Roi, daté du 21 octobre 1811 »).

Le 16 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, voici l'organisation que je désirerais donner au corps d'observation d'Italie.
La 1re division du corps d'observation d'Italie se réunira à Trente et à Bolzano. Elle sera composée (je fixerai le jour) de deux bataillons du 8e d'infanterie légère, de quatre bataillons du 84e, de quatre bataillons du 92e, de quatre bataillons du 106e et de deux bataillons croates ; total, seize bataillons. Cette division portera le n° 13, ayant décidé de donner un numéro général à toutes les divisions de la Grande Armée ...
On laisserait en Italie les régiments suivants : RÉGIMENTS FRANÇAIS. — 22e d'infanterie légère, six bataillons ; 6e de ligne, trois ; 14e léger, trois ; 112e de ligne, cinq ; 13e, cinq ; 23e, deux ; les 5es bataillons des six régiments français composant les 13e et 14e divisions, six bataillons ; 10e de ligne, deux bataillons ; 20e, deux ; 7e, un ; 12e, un ; 1er léger, deux ; 3e, un ; 67e de ligne, un ; régiment illyrien, un ; 52e de ligne, cinq ; 102e, deux ; ce qui ferait en deçà des Alpes quarante-huit bataillons français, formant 30,000 hommes d'infanterie, lesquels seront complétés par la levée de la conscription qui va être faite, celle de 1812 ...
Le 18e léger, les Croates, les Espagnols et le 8e léger sont portés au grand complet ...
Faites-moi connaître si du 1er au 10 janvier les trois divisions du corps d'observation pourront être réunies, la 1re à Trente et à Bolzano, la 2e à Brescia et la 3e à Vérone, et la cavalerie aux environs, avec toute l'artillerie bien attelée, double approvisionnement de caissons, compagnies du train du génie et au moins 6,000 outils attelés, afin qu'en février ce corps puisse se mettre en campagne ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 233 ; Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18340; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29370).

Le 23 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "... Voici comment sera composée l'armée :
... En Italie ...
4 bataillons du 18e léger
4 bataillon du 8e id. ...
Je désire que tous ces bataillons aient un caisson de transport ...
Il est nécessaire que chaque régiment ait sa forge de campagne et son caisson d’ambulance ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29440).

Le 24 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre aux bataillons de guerre des 8e et 18e légers et du 23e de ligne, qui sont en Illyrie, d'envoyer chacun 50 hommes au dépôt de Fontainebleau, en prenant des hommes sachant lire et écrire, ayant plus de trois ans de service, de la capacité, et propres à faire de bons caporaux et de bons sergents.
Donnez ordre au vice-roi d'envoyer 25 hommes ayant les mêmes qualités, pris dans chacun des sept régiments de ligne qui sont en Italie, lesquels seront destinés pour le dépôt de Fontainebleau.
Donnez ordre à la grande duchesse de Toscane d'envoyer 50 hommes du 112e.
Donnez ordre au général Miollis d'envoyer 25 hommes du 6e de ligne et 25 hommes du 14e léger.
Donnez ordre au général Grenier d'envoyer 50 hommes du 22e léger qui est dans le royaume de Naples.
Enfin donnez ordre que le 29e qui est à Toulon envoie 25 hommes.
Ce qui fera un total de 600 hommes qui, joints aux 2.000 que la jeune garde envoie à Fontainebleau, remontera ce dépôt, et mettra à même d'y trouver des moyens pour recruter les régiments.
P.-S. Le cinquième de ces hommes, c'est-à-dire 120, devront être propres à faire des sergents ; les autres quatre cinquièmes propres à faire des caporaux. Tous devront avoir trois ans de service
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6521 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29445).

Le 30 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au comte de Cessac : "J'ai signé le décret que vous m'avez présenté sur les caissons et forges des régiments. J'ai rectifié quelques erreurs dans votre travail ... Le 8e et le 18e régiment d'infanterie légère ont leur artillerie. Ils ont leurs chevaux et leurs caissons depuis longtemps ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4872 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6570 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29545).2/ Les 3e et 4e Bataillons

En 1810, les 3e et 4e bataillons du 8e léger rentrent de Karlstadt à Genève (6 mai).

a/ Le 3e Bataillon

Le 7 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que les dépôts des 8e et 6e légers versent leur disponible dans le 3e bataillon, et celui du 5e léger dans les 1er et 2e bataillons ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26122).

Le 24 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Caen, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "... il faut pourvoir à la garnison de Toulon. A cet effet, le 3e bataillon du 8e léger, qui est à Genève, se dirigera sur Toulon vers le 1er juillet, après avoir reçu tous les conscrits ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17747 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27150).

Le 7 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... Faites-moi connaître quand les bataillons des 8e et 18e légers, des 23e, 81e, 79e, 5e, 6oe et 11e de ligne, qui sont à Genève et à Chambéry, et qui doivent être complétés par des conscrits, pourront partir pour se rendre à Toulon, où je voudrais réunir ces huit bataillons pour tenir garnison sur les côtes ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17779 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27234).

Le 10 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au général commandant la 7e division militaire de faire passer la revue des 8e et 18e légers et 23e de ligne, de faire compléter le 3e bataillon du 8e léger par tout ce qu'il y a dans le 5e, de faire également compléter les 4es bataillons du 18e léger et du 23e de ligne, et de vous faire connaître si ces trois bataillons seront habillés, équipés et en état de partir au 1er juillet ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5577 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27261).

Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation. Je réponds d'abord à ce qui concerne le corps d'observation de la réserve.
CORPS D'OBSERVATION DE LA RÉSERVE.
... 3e Division ...
Donnez ordre au 4e bataillon du 1er de ligne, qui est à Marseille, et aux 3e et 4e bataillons du 62e, qui sont à Toulon, d'en partir pour se rendre à Nîmes. Ainsi les quatre bataillons des régiments de cette division seront réunis. Mais Toulon ne sera pas suffisamment gardé. Vous donnerez ordre que le bataillon du 8e léger, celui du 18e léger et celui du 23e de ligne, qui sont dans la 7e division militaire, soient complétés avec tout ce que le 5e bataillon a de disponible et se mettent en marche au 1er juillet pour Toulon. Donnez le même ordre pour les 5e, 11e et 79e. Nommez deux majors en second, l'un pour commander les trois premiers bataillons, l'autre pour commander ces trois derniers.
Par ce moyen, Toulon aura six bataillons, indépendamment des deux bataillons suisses ; ce qui sera suffisant ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).

Le 23 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Mon intention est que le 8e, au lieu de deux bataillons, en ait trois au corps d'observation d'Italie. A cet effet, le 3e bataillon, qui se réunit à Toulon, ira le joindre avant le mois de janvier prochain ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17845 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27414).

Situation en juillet 1811 (côte SHDT : us181107)

Chef de corps : POURAILLY, Colonel
Garnison - Dépôt à Genève (7e Division militaire)
Conscrits des départements des Basses Pyrénées, du Cantal, de Montenotte de 1811
OUDOT : Major
BONZEAU : Quartier maître trésorier

1er Bataillon : Chef de Bataillon Millot, Armée d'Illyrie
2e Bataillon : Armée d'Illyrie
3e Bataillon : Chef de Bataillon Ricard, à Toulon, 8e Division Militaire
4e Bataillon : Chef de Bataillon Latour, Armée d'Espagne en Haute Catalogne, Division Quesnel
5e Bataillon au Dépôt à Genève
Observations : juillet 1811 : 3 Compagnies à l'Ile Sainte Marguerite, 1 Compagnie et Dépôt à Genève

Le 24 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dumas, Directeur des Revues et de la Conscription : "Monsieur le comte Dumas, j'ai lu avec intérêt le compte que vous m'avez rendu des déserteurs réfractaires au 1er juin ... Je relève ici par aperçu le nombre d'hommes dont j'ai disposé :
... 2e régiment de la Méditerranée (à Toulon)
... 1500 conscrits doivent être versés dans les cadres des 3es bataillons du 8e et 18e léger et 23e de ligne. 1500
... Vérifiez cet aperçu et remettez-moi un travail complet à cet égard
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5677 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27431).

Le 4 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je désire que le colonel ou le major du 102e parte de Savone pour aller passer la revue du 5e bataillon de ce régiment qui est à l'île Sainte-Marguerite, inspecter en détail ce bataillon, et s'il pense qu'on pourrait se fier à ces conscrits et qu'ils ne déserteraient pas, les diriger sur Savone. Il serait important de les ôter de l'île Sainte-Marguerite où vont arriver les bataillons du 8e et 18e légers et du 23e de ligne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5734 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27521).

Officier de Voltigeurs du 8e Léger, 1809-1810
Officier de Voltigeurs du 8e Léger1809-1810
Fig. 25 Officier de Voltigeurs en 1809-1810, d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 87) Fig. 25a Officier de Voltigeurs en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

Le 3e Bataillon va, le 20 juillet 1811, à Toulon, puis à Nice.

Le 13 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... au 3e bataillon du 8e d'infanterie légère, il manque un chef de bataillon et deux sous-lieutenants ... Nommez à ces places ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6169 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28639).

Au mois de décembre, le 3e Bataillon entre dans la composition d’une Brigade qui part pour l’Espagne.

Le 6 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre à la demi-brigade que commande le major Verset, et qui est composée des bataillons du 8e léger, 18e léger et 23e de ligne, de se rendre à Perpignan ...
Tous les hommes que ces bataillons ont embarqués à bord de l'escadre ou ailleurs seront sur-le-champ débarqués et réunis à leurs bataillons. Ces sept bataillons doivent former un total de 5.000 hommes de renfort. Donnez ordre qu'ils ne partent que lorsque tout ce qui est embarqué aura rejoint ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6460 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29283).

A son arrivée à Palamos (16 janvier), le Bataillon est placé dans le deuxième Arrondissement territorial du Corps d’armée de Catalogne (Corps d'occupation, sous les ordre du Général Quesnel, Brigade Gareau). Il contribue à la soumission de cette province (effectif, 18 Officiers, 605 hommes).

Le 26 janvier 1812, l'Empereur, à Paris, dicte des notes sur les divisions de troupes de ligne, adressées au Maréchal Berthier, Major général : "... L'armée de Catalogne se compose des 8e léger, 18e léger, 5e de ligne, 11e de ligne, 81e id., 60e id., 79e id., 23e id., 3e léger, 67e de ligne, 102e de ligne.
Tous ces corps sont à trois ou à deux bataillons. Je crois qu'il n'y en a plus à quatre bataillons, puisque le 3e léger, les 67e et 16e de ligne ont envoyé leurs 4es bataillons à leurs dépôts.
C'est ce qu'il est instant de vérifier, et l'on ne manquera pas de comprendre dans le compte à me rendre les six bataillons qui formaient à Toulon des demi-brigades provisoires, lesquels sont entrés en Catalogne.
Je pense qu'il sera facile de se procurer et de réunir à Perpignan quatre ou six cadres, et de diriger sur eux les conscrits des Landes et des Basses-Pyrénées et autres départements voisins ; et, dans le même temps, les cadres certainement existants au 1er mars parmi les huit bataillons portés au projet recevraient les conscrits de Perpignan et autres, de sorte que, supposant huit bataillons, on en mettra quatre à Perpignan et quatre dans les Basses-Pyrénées.
Ceux qui seraient à leurs propres dépôts s'habilleraient, s'équiperaient par les moyens qui leur appartiennent.
Mais les quatre ou six bataillons réunis à Perpignan ayant leur dépôt en Italie ou ailleurs, l'administration de la guerre sera chargée de les faire habiller et équiper à Perpignan. Ces neuf bataillons, portés sur l'état comme étant aux Pyrénées, doivent être placés en trois lignes, savoir :
1° Ceux dont les 3es bataillons ont reçu l'ordre de rentrer. Il faut rechercher quand ils ont dû partir, d'après les ordres qu'ils ont reçus, soit du major général, soit du ministre de la guerre, pour bien calculer si l'on peut y compter ;
2° Ceux qui ont quatre compagnies de leur 5e bataillon à leur dépôt ceux-là ont des ressources en officiers et sous-officiers ;
3° Enfin, ceux qui n'ont que deux compagnies à leur dépôt et sont sans ressources.
Ainsi, voulant avoir neuf à dix bataillons pour les Pyrénées, je ne pense pas qu'on puisse en avoir plus de quatre.
Ces quatre bataillons pourront, en l'absence des cadres des 3es bataillons, s'ils tardent à rentrer, être formés par les compagnies des 5es. Quant aux quatre ou cinq autres, on peut y pourvoir en faisant venir quatre ou cinq cadres de Catalogne, c'est-à-dire de Girone à Perpignan ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6693 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29851).

Le 3e Bataillon est à Toroella le 1er février.

Par ailleurs, un Officier faisant partie d'une colonne mobile en Catalogne, est blessé le 27 février 1812.

Le Bataillon est à Besalu le 13 mars 1812, dans la Brigade Beurmann, chargée d’observer le pays entre Lhers et Tortella et de maintenir la communication entre Bagnolas et Girone.

Il va à Girone le 1er avril ; son petit Dépôt est alors à Figuières. Le 1er août, sa Compagnie d’élite fait partie d’une colonne envoyée près de Palamos où une flotte ennemie de cent voiles vient de mouiller ; elle empêche le débarquement des troupes et revient aussitôt après.

A partir de cette époque, le Bataillon est fortement éprouvé par une épidémie provenant de la mauvaise qualité de l’eau ; il a, à la date du 1er octobre, 284 hommes aux hôpitaux et 158 hommes seulement sous les armes. Le 1er novembre 1812, le 3e Bataillon aligne 226 hommes.

Au moment où se termine la campagne de Russie, une partie des cadres de l’armée d’Espagne est rappelée en France pour servir à reconstituer les Régiments. Le cadre du 3e Bataillon, désigné pour rentrer, verse ses hommes valides au nombre de 279 dans le 23e Léger qui reste en Espagne, et rejoint le 5e bataillon à Genève (20 décembre).

b/ Le 4e Bataillon

Le 8 juin 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le 4e bataillon du 8e régiment d'infanterie légère, le 4e bataillon du 60e régiment d'infanterie de ligne et le 4e bataillon du 79e régiment d'infanterie de ligne complétés à 600 hommes chacun avec tout ce que leurs régiments peuvent offrir de disponibles soient dirigés de Genève sur Toulouse. Vous me ferez connaître le jour où ils arriveront et il leur sera donné une destination.
Ces bataillons partant de Genève forts de 600 hommes ne le seront bientôt plus que de 500 hommes. Il sera donc nécessaire de faire fournir des régiments qui sont à Paris 200 hommes à chacun de ces bataillons, lesquels seraient dirigés sur ces bataillons afin de les maintenir toujours à 600 hommes.
Les hommes sortant des hôpitaux appartenant à ces régiments rejoindront les 3e et 5e bataillons
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4281 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23725).

Le 4e Bataillon quitte Genève le 15 juillet 1810 pour se rendre en Espagne. Il arrive à Toulouse le 1er août et va, le 13, à Foix, où il entre dans la formation d’une colonne qui doit, sous les ordres du Général Garreau, aller en Catalogne pour désarmer des villages du côté de Puycerda et d’Urgel.

A ce moment pénètre en Cerdagne un corps espagnol composé de six Régiments, 300 Miquelets et 2000 paysans. Ce corps vient attaquer, le 29 septembre, le Général Garreau, qui a pris position sur le plateau de Livia. Il est culbuté trois fois, mais par la supériorité de son nombre, il parvient à déborder nos ailes avec sa cavalerie, puis avec ses Miquelets, qui marchent aussi vite que des chevaux. Voyant que l’ennemi grossit sur ses derrière, Garreau se replie en combattant sur Sallagossa, puis sur Mont-Louis. Pour cela, il faut percer l’ennemi trois fois et soutenir trois vigoureuses attaques.

Dans cette journée, 1200 hommes sans cavalerie ont lutté avec avantage contre plus de 10000 hommes dont 800 passent pour les meilleures troupes d’Espagne. Nos pertes sont de 18 tués dont 6 pour le 8e Léger ; parmi eux se trouve le Sous-lieutenant Forville.

Le Bataillon du 8e Léger est ensuite en garnison à Port-Vendres.

En décembre 1810, la Brigade du Général Gareau, qui a été organisée fin août en tant que colonne d'observation, se compose des 4e Bataillons des 8e Léger, 60e et 79e de Ligne et de quelques pièces de canon. En mars 1811, son effectif est doublé, et le 1er avril, le Corps d'observation prend le nom de Division de Cerdagne; le 4e Bataillon du 8e Léger forme un Régiment provisoire avec les Bataillons du 60e et du 79e de Ligne.

Au mois d’avril 1811, le Bataillon passe dans la Division Quesnel, et va au siège de Figuières qui vient de tomber par surprise entre les mains des Espagnols. Il assiste sous ses murs, le 3 mai, à un rude combat livré à un corps espagnol de 8000 hommes d’infanterie et de 1500 cavaliers qui veut faire entrer dans ses murs un convoi considérable de munitions de bouche et de guerre. Malgré sa grande supériorité numérique, ce corps est mis en déroute et laisse entre nos mains 1500 prisonniers dont 80 Officiers, deux drapeaux et le convoi. Le 8e Léger avait un Officier blessé, le Sous-lieutenant Brice.

Après cet échec, les Espagnols ne viennent plus inquiéter les opérations de siège. La place est enveloppée de lignes formidables de circonvallation de plus de 4000 toises de développement ; les lignes sont garnies d’une chaîne de redoutes fermées, liées entre elles par des retranchements et couvertes par un double rang d’abatis.

Le 5 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Quant au 8e d'infanterie légère il faut connaître par quel événement le bataillon de ce régiment est si faible.
Au reste je laisse le duc de Tarente maître de faire ce qu'il voudra. Dans le cas où il incorporerait les hommes du 8e, il devrait renvoyer le cadre à Toulon, en ayant soin de compléter ce cadre
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27554).

Au bout de quatre mois et demi de ce siège rigoureux, sa garnison, affaiblie par le feu et par les maladies, manquant d’ailleurs de munitions de guerre, réduite à quelques onces de pain et à une ration d’eau, fait une sortie générale (16 août) ; mais elle est promptement rejetée dans la place, laissant 400 tués sur le terrain. Personne n’a pu franchir la première ligne d’abatis.

Après cette tentative malheureuse, la garnison, forte de 3800 hommes dont 24 Officiers supérieurs, 3 Brigadiers, 1 Maréchal de camp, se rend à discrétion, ne demandant comme faveur que d’avoir la vie sauve ; elle a perdu 3000 hommes pendant le blocus.

Les troupes de l’Armée de Catalogne, pour arriver à ce résultat, ont supporté avec une constance exemplaire les privations, les peines, les fatigues et toutes les intempéries. Prévenues de l’extrême détresse de la garnison, et afin d’être à même de s’opposer efficacement à toute tentative de sortie, elles ont passé vingt-cinq nuits consécutives sous les armes.

Le 19 août 1811, Macdonald, depuis le camp devant Figuières, adresse au Duc de Tarente, Ministre de la Guerre, la lettre suivante : "M. le duc,
J'ai la satisfaction d'informer V. Exc. que la valeur, le dévouement et la persévérance de l'armée de S. M. en Catalogne, a triomphé de la perfidie des traîtres qui ont livré la forteresse de Figuières à l'ennemi, ils sont dans les fers ; cette place est aujourd'hui reconquise et au pouvoir de l'Empereur.
La garnison espagnole ayant inutilement tenté de s'échapper dans la nuit du 16 et avec perte de 400 hommes, a été forcée de se rendre à discrétion, et pour toute faveur, la vie sauve.
Elle est sortie sans armes ce matin de la forteresse, au nombre de 5500 hommes, et près de 550 officiers, dont le maréchal-de-camp Martinez, plusieurs brigadiers-généraux, 80 officiers supérieurs, etc. ; elle est dirigée en trois colonnes sur Perpignan, où elle arrivera les 21 et 22.
Cette garnison a perdu depuis le blocus plus de 2200 hommes, par le feu ou de mort naturelle ; il reste 1500 malades à l'hôpital, et 200 non combattants, qui seront renvoyés. L'armée de S. M. a bravé plus de 60,000 coups de canon, et deux millions de coups de fusils sans beaucoup de perte.
Elle a supporté avec une constance vraiment exemplaire, les peines, les fatigues, les intempéries du climat, pendant quatre mois neuf jours de blocus, et passé depuis le 24 juillet vingt-cinq nuits de suite sous les armes.
Les travaux des lignes de contrevallation et circonvallation sont immenses ; S. M. pourra en juger, si elle daigne jeter les yeux sur le plan que je transmets à V. Exc.
L'arme du génie les a en grande partie dirigés avec un zèle et une activité soutenus.
Celle de l'artillerie a été ce qu'elle est toujours, excellente ; le général de division Tamil la commande et le général Nourry a élevé et dirigé toutes les batteries, dont quelques-unes, placées trèshardiment à moins de trois cent toises de la forteresse.
Les redoutes du 37e de ligne, 8e léger, 16e et 67e de ligne, 32e léger, 11e, 81e, 60e, 93e, celles de la gendarmerie impériale et des Westphaliens, ont reçu le nom des corps qui y ont assidument travaillé ; les premiers ne sont qu'à portée de fusil du chemin couvert : le 5e et 25e légers ont également beaucoup travaillé.
Ces corps, sous les ordres des généraux Quesnel, Clément, Palmarole, Plansonne, Lefebvre, les adjudants-commandants Vigier, Beurmann, les colonels Lamarque et Petit, formaient la ligne de blocus ou la renforçaient, chaque nuit. L'escadron du 20e et le 29e de chasseurs, l'escadron du 24e de dragons, les lanciers gendarmes étaient aussi en partie à cheval.
Enfin une réserve d'élite, composée de gendarmerie à pied, et de détachements de divers corps, commandés à tour de rôle par les généraux Favier, Nourry et Prost, l'adjudant-commandant Nivet, les chefs de bataillon d'état-major Ferrari, Guibourg et le chef d'escadron Séguin, mon aide-de-camp, était destinée à soutenir tous les points menacés.
S. Exc. le colonel-général était partout. Il a déployé une très grande activité ; en général tout le monde a parfaitement rempli son devoir, Je me plais à rendre cette justice à l'armée, dans l'espoir que l'Empereur daignera jeter sur ses braves un regard de bienveillance, priant V. Exc. de faire remarquer à S. M., que son armée de Catalogne est étrangère à l'événement qui l'a réunie sous les murs de cette place.
Je viens de faire hisser le pavillon impérial sur ses murs, il est salué de cent un coups de canon ; cette salve sera entendue des vaisseaux anglais qui bordent la côte, et des rassemblements d'insurgés à Olot ; elle les avertira de la reprise de Figuières, et de la fin de la guerre dans cette partie de la Catalogne.
Agréez, M. le duc, l'assurance nouvelle de ma considération distinguée.
Le maréchal duc de Tarente,
Macdonald.
P. S. L'aide-de-camp de V. Exc., le chef de bataillon Schneider, porteur de cette dépêche, a partagé les fatigues des troupes en passant toutes les nuits aux tranchées ; il a vu le fort, les prisonniers, et pourra donner à V. Exc. tous les renseignements qu'elle jugera convenables
" (Courrier de Turin N°120, 7e année, lundi 2 septembre 1811).

Situation en octobre 1811 (côte SHDT : us181107)

Chef de corps : SERRANT, Colonel
Garnison - Dépôt à Genève (7e Division militaire)
Conscrits des départements des Basses Pyrénées, du Cantal, de Montenotte de 1811
OUDOT : Major
BONZEAU : Quartier maître trésorier

1er Bataillon : Chef de Bataillon Masson, Armée d'Illyrie
2e Bataillon : Chef de Bataillon Mouchel, Armée d'Illyrie
3e Bataillon : Chef de Bataillon Ricard, à Nice, 8e Division Militaire
4e Bataillon : Chef de Bataillon Latour
5e Bataillon au Dépôt à Genève

Peu de temps après, le cadre du 4e Bataillon rentre en France après avoir versé ses hommes de troupe dans les corps qui doivent rester en Espagne.

Le 1er octobre 1811, à Anvers, "Le général Clarke rend compte que le cadre du 4e bataillon du 8e d'infanterie légère doit arriver le 5 octobre à Toulon, venant de Perpignan" ; "Il prendra des conscrits réfractaires à Toulon" répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6228).

Avec ce cadre, un nouveau 4e Bataillon est reformé aux îles Porquerolles.

Le 19 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, ce n'est plus la même main qui dirige la formation de mes états de situation. Ceux que j'ai sous les yeux ne contiennent que des fautes ; il faut qu'il y ait une désorganisation dans ce bureau.
Dans l'état de situation par ordre numérique on porte que le 4e bataillon du 8e léger est à l'île Sainte-Marguerite, et dans le livret par division militaire on porte qu'il est à Porquerolles ...
Dans ce même état de situation par ordre numérique on n'a pas mis la note des conscrits que chaque corps a à recevoir, ni de ceux qu'il a reçus.
Je désire que vous me remettiez un nouvel état où toutes ces fautes soient réparées
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18346; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29391).

Le même 19 décembre 1811, l'Empereur écrit, pour la seconde fois, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Faites partir le 4e bataillon du 8e d'infanterie légère, complété à 900 hommes par des conscrits réfractaires, pour se rendre à Gênes par mer. Il y débarquera et, de là, se dirigera sur Laibach où on le réunira aux trois autres bataillons que ce régiment a en Illyrie" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6499 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29398).

Le 4e Bataillon rejoint à Laybach, dès qu’il est reconstitué, les deux premiers bataillons qui font partie du Corps d’observation d’Italie (fin décembre 1811). Quand ceux-ci partent pour la campagne de Russie, il va en garnison à Zara et y reste toute l’année 1812.

Le 3 novembre 1812, le Général de Division Grenier écrit au Général Comte Vignolle, à Milan : "J’ai reçu, ce matin, votre lettre du 1er de ce mois, relative à la 3e brigade de ma division et j’ai reçu hier matin les instructions de S. E. le Ministre de la Guerre concordantes avec l’extrait de la lettre que vous m’avez envoyée ...
Le 22e Régiment d’infanterie légère n’a que 1984 hommes présents sous les armes, ne recevant plus le bataillon du 3e léger, il sera porté, au moyen des 750 hommes du 1er à 2734. Il lui manquera donc encore 926 hommes pour être au complet voulu ; j’ai remarqué par les instructions du Vice-Roi qu’il pourrait être complété au moyen d’un bataillon du 8e léger qui est en Illyrie ; si vous êtes autorisé à donner cet ordre, on pourrait faire arriver ce bataillon à Brixen le 29 de ce mois et l’incorporer le 30, jour de séjour dans cette ville pour le 22e. J’en fais au reste la demande à S. E. le Ministre de la Guerre et j’espère ainsi qu’il nous rentrera environ 200 hommes de ce régiment d’ici à la fin de ce mois sur ceux restés aux hôpitaux
" (Papiers du Général Paul Grenier. XX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 7 page 26). Quel Bataillon du 8e Léger à cet époque est en Illyrie ?

Le 4 novembre 1812, le Général de Division Grenier écrit au Général Vignolle, à Milan : "J’ai reçu hier votre lettre du 2 novembre avec la note des ordres que vous avez expédiés pour l’exécution de ceux transmis pas S. A. I. et R. le Prince Vice-Roi et S. E. le Ministre de la Guerre de l’Empire ...
Si les 2 bataillons du 14e léger sont partis de Rome à 700 hommes chacun, et que le détachement venant de l’Ile d’Elbe soit de 400 hommes comme il est annoncé, tous les corps de la division seront complets à l’exception du 22e régiment d’infanterie légère, à moins qu’on ne dirige sur Brescia le Bataillon du 8e qui est en Illyrie, comme je l’ai demandé ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 9 page 29).

Le 8 novembre 1812, le Général de Division Grenier écrit au Général Vignolle, à Milan : "… Je pense que nous finirons par être organisés avant notre départ au moyen des soins que vous et les chefs d’administration de l’armée d’Italie voulez bien y apporter ; j’ai déféré à toutes les demandes de M. Maret, s’il a les chevaux à sa disposition, comme il me l’annonce, il y aura peu d’obstacles ; dans tous les cas, je serai obligé de laisser à Vérone un officier supérieur, des officiers et des sous-officiers pour recevoir les hommes sortant des hôpitaux et en former une colonne de marche qui escortera en même temps les voitures qui n’auraient pu être attelées avant le départ des brigades.
Cette colonne ne pourra partir que du 5 au 10 décembre et le bataillon du 8e léger pourrait en être si le Ministre de la Guerre lui donne l’ordre de joindre ma division, comme je vous le demande
" (Papiers du Général Paul Grenier. XX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 15 page 42).

Le 13 novembre 1812, le Général de Division Grenier écrit au Général de Division Vignolle, à Milan : "Mon chef d’état-major m’a communiqué votre lettre du 11 courant et à laquelle était jointe copie de celle de M. le général comte Bertrand, Gouverneur général des provinces illyriennes, relativement au 4e bataillon du 8e léger que je désirais voir incorporer dans le 22e régiment d’infanterie légère. Je ne ferai au sujet de ce détachement aucune disposition avant d’avoir reçu la réponse du Ministère de la Guerre, d’autant plus que les raisons qu’allègue le général Bertrand me paraissent justes et qu’il est probable que le Ministère de la Guerre ne donnera pas d’ordre pour le mouvement du 8e léger. Dans tous les cas, comme vous le dites fort bien, les officiers et sous-officiers du 22e léger que je laisserai à Vérone pour recevoir les hommes venant de Rome, pourraient recevoir le détachement du 8e à Stezzeng en calculant le départ du 22e à Vérone le 10 décembre, jour fixe, ou en le retardant même à raison des ordres que pourrait donner S. E. le Ministre de la Guerre ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 21 page 53).

2/ Le 5e Bataillon

Le 9 septembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, faites-moi connaître quand les dépôts des 8e et 18e légers, des 5e, 11e, 23e, 74e et 81e de ligne auront les moyens nécessaires pour habiller les hommes disponibles et compléter leurs bataillons" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 4286 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4568 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24538). Une apostille de Lacuée indique : "Monsieur < ...> voudra bien mettre au portefeuille de ce soir les renseignements qui me sont nécessaires pour répondre à la demande de Sa Majesté".

Le 17 septembre 1810, à Saint-Cloud, "On rend compte à Sa Majesté des mesures prises pour fournir aux 5e, 11e, 79e et 81e régiments d'infanterie de ligne les objets dont ils ont besoin pour l'équipement de leurs hommes disponibles.
On pense que tous ces hommes et de plus ceux des 23e de ligne, 8e et 28e légère seront habillés et prêts à partir pour le 20 octobre.
Ils trouveront au besoin les effets qui leur manqueraient encore dans les magasins de Bayonne ou de Perpignan
" ; l'Empereur répond : "Ces hommes ne vont pas à Bayonne. Il est nécessaire qu'ils soient équipés avant de partir de Genève" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4595 - Extraite du « Travail du ministre directeur de l'administration de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 19 septembre 1810 ». Ce rapport a été envoyé à l'Empereur extraordinairement le 15 septembre, ce qui explique que la décision soit du 17, alors que le Travail n'est daté que du 19).

Le 28 novembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que tout ce qu'il peut y avoir de disponible aux dépôts de Genève et de Grenoble, appartenant aux 8e et 18e légers et aux 5e, 11e, 23e, 60e, 81e et 79e de ligne, soit formé en bataillon de marche et mis en mouvement pour se rendre d'abord à Foix, et servir à renforcer les bataillons de ces huit régiments" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4861).

Le 14 février 1811, à Paris, "Le général Clarke propose de constituer un détachement à l'aide des officiers et soldats disponibles dans les dépôts des 8e légère, 60e et 79e de ligne, et de diriger ce détachement sur Perpignan"; "Approuvé, en les dirigeant en droite ligne sur Foix", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5066).

Le 5e Bataillon est porté à six Compagnies par Décret du 12 avril 1811.

Le 14 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Je vous envoie une réclamation du 8e régiment d'infanterie légère. Vous y verrez la mauvaise situation de ce régiment.
Envoyez des ordres au dépôt à Genève pour que les habits soient envoyés. Et faites-moi un rapport particulier
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4578; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5478; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27061).

Le 5e Bataillon détache le 1er juillet suivant trois Compagnies aux îles Sainte-Marguerite. L’une d’elles est embarquée sur «La Flore», en rade de l’île, conformément à l’ordre de Napoléon qui place à demeure, sur chaque vaisseau de haut bord, une Compagnie prise dans le Bataillon de Dépôt.

Le 3 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître quand les 3 compagnies du 5e bataillon du 8e léger, 18e léger et 23e léger qui doivent aller chercher 450 conscrits à l'île Sainte-Marguerite les auront reçus ? Quand ces hommes seront habillés, armés et en état de partir. Mon intention est de les diriger sur l'Illyrie où on les incorporera dans leurs bataillons de guerre, ce qui portera ces deux bataillons au très grand complet" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4689; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5897; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27958).

Le 9 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez des ordres pour qu'il soit formé un bataillon de marche de tout ce qu'il y a de disponible à Genève des 5e, 11e et 23e de ligne, des 18e et 8e légers et du 79e. Ce bataillon sera envoyé à Toulon pour renforcer d'autant les bataillons de ces régiments qui sont à Toulon.
Il partira le 1er septembre de Genève ou de Grenoble, et il se réunira à Valence où il s'embarquera sur le Rhône jusqu'à Avignon
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5951 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28064).

Le 30 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au général du Muy, commandant la 8e division militaire, de passer la revue du 5e bataillon du 1er de ligne, qui est dans l'île de Pomègue, et de vous rendre compte de l'habillement de ce bataillon ainsi que de l'esprit des conscrits qui y sont incorporés.
De là, il se rendra à Toulon pour inspecter les 6es bataillons des 10e et 20e de ligne, formant 1.800 hommes pris dans les conscrits réfractaires du dépôt du fort Lamalgue, et, s'il le juge prudent, et que ce soit l'avis des officiers, il mettra ces deux bataillons en marche en les dirigeant, par Nice et le col de Tende, sur le Piémont. La gendarmerie prendra des mesures pour éclairer la marche de ces bataillons, afin qu'il n'y ait point de déserteurs.
Il passera ensuite la revue du régiment de la Méditerranée ; de là, il se rendra aux iles d'Hyères ; il passera la revue des compagnies des 5es bataillons des 18e, 8e légers et du 23e de ligne, formant 1.400 hommes ; et, s'il le juge convenable, il les enverra aux bataillons de guerre en Illyrie. Il est nécessaire qu'avant leur départ ces 1.400 hommes soient équipés. Arrivés en Illyrie, ces 1.400 hommes seront incorporés dans les bataillons de guerre, en mettant 200 hommes par compagnie, si cela est nécessaire. Après quoi, les cadres de ces 5es bataillons retourneront à leurs dépôts en France
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6095 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28433).

Le 6 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Faites-moi connaître si les petits bataillons des 8e et 18e légers et 23e de ligne, forts de 1,300 hommes, qui sont dans l'île Sainte-Marguerite, pourront partir au 20 septembre, habillés et en bon état, pour se rendre, par Gênes et le col de Tende, en Illyrie rejoindre les deux bataillons de guerre que ces régiments ont dans ce pays ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 18117; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28527).

Le 13 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Les trois compagnies du 5e bataillon du 8e d'infanterie légère, qui sont à l'île Sainte-Marguerite, n'ont qu'un capitaine. Les trois capitaines de ce régiment sont tous restés à Genève. Je ne conçois pas pourquoi ils ne marchent pas avec leur compagnie ...
Il faut que les trois bataillons des 8e, 18e et 23e, qui sont sous les ordres d'un major en second, soient placés ensemble ; que, de même, le 5e, le 11e et le 79e soient également ensemble sous les ordres d'un major en second, et que vous correspondiez avec ces majors, tant pour remplir les emplois vacants que pour mettre au complet ces six bataillons. C'est une réserve qui me deviendra peut-être nécessaire pour la Catalogne.
Je ne vois pas de trace que le major en second, qui doit commander les trois compagnies du 8e, du 18e et du 23e formant 1.400 hommes à l'île Sainte-Marguerite, y soit arrivé. Il n'y a pourtant aucun officier supérieur et vous voyez dans les états qu'il y a des compagnies entières où il n'y a pas de capitaines. Assurez-vous que ce major soit arrivé, et qu’au moins il y ait un capitaine présent dans l'ile.
Chargez le général qui commande le département du Var de passer la revue de ces compagnies, et de vous en envoyer le résultat. Comme j'ai déjà prescrit cette mesure, si le général du Muy avait passé cette revue, vous m'enverriez son rapport aussitôt qu'il vous arriverait, vu que je désire faire partir, dans les premiers jours d'octobre, ces trois détachements pour l'Illyrie, où ils iront compléter les bataillons de guerre. Ils s'embarqueront pour Gênes, et, de là, seront dirigés sur l'Illyrie. Les cadres reviendront ensuite à Genève
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6169 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28639).

D/ 1812 : La Campagne de Russie

a/ L'entrée en campagne

Le 2 janvier 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le due de Feltre, le corps d'observation d'Italie sera organisé de la manière suivante :
1re division (c'est-à-dire la 13e de la Grande Armée)
8e d'Infanterie légère, 2 bataillons.
84e … 4 –
92e … 4 –
106e … 4 –
Régiment croate – 2
16 bataillons
Le général Delzons commandera cette division ; les généraux de brigade Huard, Roussel et Bertrand de Sivray y seront employés. Il y aura 1 compagnie d'artillerie à cheval, 1 à pied, 1 compagnie de sapeurs, 1 détachement d’ouvriers et toute l'administration nécessaire.
Chaque régissent ayant 2 pièces d'artillerie, cette division aura 10 pièces de régiment, ce qui, avec les batteries d'artillerie à pied et à cheval, fera 24 pièces de canon.
Vous donnerez ordre ... au 8e d'infanterie légère, de se réunir à Linz ...
Toute l'artillerie, personnel et matériel, que doit fournir l’Illyrie pour cette division, se réunira également à Linz ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6590 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29631).

Le même 2 janvier 1812, l'Empereur écrit également, depuis Paris, au Général Lacuée, Comte de Cessac, Ministre directeur de l’Administration de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Comte de Cessac, je vous envoie pour votre gouverne l’organisation de la Grande Armée. Le corps de l’Elbe formera deux corps. Il est nécessaire d’envoyer un ordonnateur à chaque corps et tout le personnel d’administration qui est indispensable. Présentez-moi un projet d’organisation. Comme je n’ai pas encore organisé en deux corps le corps d’observation de l’Elbe, envoyez-y tout double.
NOTE SUR L’ORGANISATION DE LA GRANDE ARMÉE.
La Grande Armée sera partagée en quatre corps : le corps d’observation de l’Elbe en fera deux; le corps d’observation de l’Océan en fera un ; le corps d’observation d’Italie en fera un autre.
La Grande Armée sera organisée en 15 divisions d’infanterie ...
CORPS D'OBSERVATION D'ITALIE.
13e division (se réunit à Bolzano) : 8e léger, 2 bataillons ; 84e de ligne, 4 bataillons ; 92e de ligne, 4 bataillons ; 106e de ligne, 4 bataillons ; Croates, 2 bataillons ; total, 16 bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18410 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29642).

Le 3 janvier 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, le ministre de la guerre vous a transmis mes ordres pour l'organisation des 13e, 14e et 15e divisions ... Cachez votre mouvement le plus longtemps que vous pourrez, en commençant par tout ce qui est insignifiant, c'est-à-dire par ce qui est le plus éloigné. J'ai décidé que la 13e division serait réunie à Bolzano et jusqu'aux limites du territoire bavarois ; que la partie de la division qui vient des provinces illyriennes se rendrait à Linz, hormis toutefois les Croates, qui ne doivent partir que bien habillés et bien armés ... bien entendu que chaque division aura avec elle son artillerie, son détachement du génie et tout ce qui lui est nécessaire. Comme il est possible que les divisions restent dans cet état pendant douze ou quinze jours, il faut que des mesures soient prises pour les subsistances et pour que les divisions mènent avec elles huit jours de vivres, pour pouvoir marcher rapidement. Vous ne ferez aucune demande de passage en Bavière, ni aucune démonstration ; quand le cas arrivera, je donnerai les ordres nécessaires.
Il faut m'envoyer un autre état de formation de votre corps, qui soit mieux fait ...
Le 8e et le 18e régiment d'infanterie légère pourront avoir le même complet, puisque ces régiments viennent de recevoir 400 hommes réfractaires ...
Le 4e bataillon du 8e léger est parti à la fin de décembre des îles d'Hyères, composé de conscrits réfractaires, pour rejoindre son régiment ; vous aurez ainsi trois bataillons du 8e léger, au lieu de deux ; vous ferez tiercer ce 3e bataillon avec les deux autres. Comme j'attache une grande importance à ce que le corps d'observation d'Italie parte complet, écrivez au prince Borghèse pour savoir ce que les dépôts qui sont dans son gouvernement peuvent fournir à vos régiments ...
Je désirerais que tous vos bataillons pussent passer le Tyrol forts de 840 hommes chacun. Il faudra former à Trente un dépôt pour tous les hommes malades et fatigués ; à mesure qu'ils guériront, ils viendront vous rejoindre ; on ne les fera partir que lorsqu'il y en aura 1,500 ou 2,000, avec les effets que les corps voudront envoyer ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 293 ; Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18414 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29647).

Le 26 janvier 1812, l'Empereur, à Paris, dicte des notes sur les divisions de troupes de ligne, adressées au Maréchal Berthier, Major général : "... Le 22e léger a 6 bataillons ... Le cadre du 6e bataillon se rend à Rome pour y recevoir 1200 conscrits de Rome et du Trasimène, mènera par compagnie jusqu’à Genève, où 400 hommes suivront leur destination, et les 800 hommes destinés pour ce bataillon seront habillés à Genève par le dépôt du 8e léger ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6693 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29851).

Le 28 janvier 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, vous donnerez l'ordre que le 5e bataillon du 14e régiment d'infanterie légère et le 5e bataillon du 6e de ligne partent de l'île d'Elbe, à deux jours de distance l'un de l'autre, et se dirigent par le plus court chemin sur Mantoue, où ils seront à la disposition du vice-roi, qui en incorporera tous les hommes dans les régiments de l'armée d'Italie. Il placera l'infanterie légère dans les 8e et 18e régiments d'infanterie légère, et les hommes de la ligne dans ceux de ses régiments du corps d'observation d'Italie qui en auront le plus besoin. Envoyez cet ordre par estafette ; qu'il soit exécuté dans les vingt-quatre heures qui suivront sa réception. Recommandez à la grande-duchesse de veiller sur les mesures à prendre pour empêcher la désertion. Les cadres de ces deux bataillons, après avoir fourni leurs conscrits, retourneront à Rome ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6702 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29850).

Napoléon écrit, le 5 février 1812, au Général Mathieu Dumas, Conseiller d’Etat, Directeur général des Revues et de la Conscription : "... Le 8e léger a quatre compagnies du 5e bataillon portées pour recevoir 500 conscrits à Genève. Ces quatre compagnies sont à l'île de Ré. Ils sont partis de Genève pour Sainte-Marguerite. Ils ont pris ou dû prendre des réfractaires et, de là, en Illyrie. Sont-ils revenus ? ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6741 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29913).

Napoléon précise son idée. Le 6 février 1812, l'Empereur, à Paris, dicte au Général Mathieu Dumas, Conseiller d’Etat, Directeur général des Revues et de la Conscription, sur les Divisions de défense et la répartition : "... Division de Toulon.
... Je désire donc une division de plus, formée « division des Alpes », composée des 8e, 18e légers ; 5e, 11e, 23e, 60e, 79e, 81e de ligne.
Tout cela à trois compagnies, ce qui fait vingt-quatre compagnies, quatre bataillons, bonne réserve pour l'Italie, le Simplon et partout où besoin serait ...
"(Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6747 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29917).

Situation en février 1812 (côte SHDT : us181204 C2 698108)

Chef de corps : SERRANT, Colonel
Garnison - Dépôt à Genève (7e Division militaire)
Conscrits des départements des Basses Pyrénées, du Gers de 1812
OUDOT : Major
BONZEAU : Quartier maître trésorier

1er Bataillon : Chef de Bataillon Ricard, à Lientz le 12 février, Grande armée, 4e Corps (Prince Eugène), 13e Division Delzon
Observations : février 1812 : effectif sous les armes 857 Officiers et hommes
2e Bataillon : Chef de Bataillon Masson, à Lientz le 12 février, Grande armée, 4e Corps (Prince Eugène), 13e Division Delzon
Observations : février 1812 : effectif sous les armes 714 Officiers et hommes
3e Bataillon : Chef de Bataillon Mouchel, Armée de Catalogne, Espagne
4e Bataillon : Chef de Bataillon Latour, en route pour son Corps, Grande armée, 4e Corps (Prince Eugène), 13e Division Delzon
5e Bataillon au Dépôt à Genève
Observations : 230 conscrits conduits par le cadre des 1ère et 2ème Compagnie du 5e Bataillon du 14e Léger
Compagnie régimentaire d'Artillerie : Lieutenant (non précisé), avec le 2e Bataillon à Lientz le 12 février, Grande armée, 4e Corps (Prince Eugène), 13e Division Delzon
Observations : février 1812 : effectif sous les armes 60 Officiers et hommes, 43 chevaux

Le 9 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon fils, je vois par le rapport du général Vignolle, du 2 février, que, moyennant les incorporations des bataillons de la Méditerranée, le 84e, le 9e, le 106e et le 92e se trouvent au grand complet ; le 8e et le 18e d'infanterie légère doivent se trouver au grand complet par l'incorporation du 7e bataillon. Les Croates et les Espagnols sont au grand complet ; je n'ai donc plus de sollicitude que pour le 35e et le 57e. Faites-moi connaître si vous avez reçu le 5e bataillon du 62e qui doit vous fournir 3 à 400 hommes à incorporer. J'ai dirigé de l'île d'Elbe sur l'Italie les 5e bataillons du 14e·d'infanterie légère et du 6e de ligne. Je l'ai fait suivre par quatre compagnies de marches, tirées également des bataillons de la Méditerranée qui sont à l'île d'Elbe ; enfin je suppose que vous avez pris toutes les mesures nécessaires pour porter les troupes italiennes au grand complet. Ayez soin de faire passer une revue générale par les inspecteurs aux revues du 11 au 16, afin de bien savoir l'état des troupes qui partent, et d'arrêter à cette époque l'effectif de chaque compagnie, de chaque bataillon et chaque corps. Tout le reste pourrait entrer dans l'effectif du 6e bataillon, hormis ce qui se trouve aux hôpitaux de Bolzano, de Vérone, de Brescia et environs. Vous devez avoir reçu du prince de Neufchâtel l'ordre de commencer votre mouvement du 16 au 20. Je vous ai fait connaître que vous pouviez ne le commencer que du 20 au 22, cela est indifférent ; il suffit que le mouvement soit secret et s'opère ensuite avec rapidité une fois qu'il sera commencé. Il faut surtout que j'en sois prévenu, et que je connaisse à l'avance le moment où votre première colonne de troupes passera le Brenner, pour que je puisse régler tous les autres mouvements en conséquence" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 305 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29954).

Le 29 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, j'ai reçu vos deux états de situation au 15 février.
Je vois avec peine dans l'état de situation du 4e corps de la Grande Armée que les régiments sont partis très-faibles ... Le 4e bataillon du 8e léger, qui se rend en Illyrie, est-il passé ? combien avait-il d'hommes à son passage à Mantoue ? Neuf compagnies des 5es bataillons des 8e et 18e légers et du 23e de ligne sont, il y a bien du temps, parties des îles Sainte-Marguerite pour se rendre à Laybach : ces compagnies ont-elles passé ? Les 8e et 18e légers devraient donc être au grand complet ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 308 ; Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18534 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30090).

Le 29 février 1812 encore, à Paris, l'Empereur est informé que "Gaillard, Saurant, Andréas, Cresson, ex-soldats du 8e régiment d'infanterie légère ..., admis à la solde de retraite, demandent à en jouir dans les provinces Illyriennes où ils sont employés dans les douanes ..."; Napoléon répond "Accordé." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 5771).

Le 6 mars 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Les détachements des 2e, 37e et 93e, qui partent de Besançon, et les détachements du 8e et du 18e d'infanterie légère, se dirigeront sur Strasbourg, où ils s'embarqueront pour Mayence ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6890 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30138).

Le 19 mars 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d’Italie, à Milan : "Mon Fils ... Le 4e bataillon du 8e léger doit être arrivé ; comme, avec le détachement du 14e léger, le 8e et le 18e léger seront assez forts, mon intention est que le 4e bataillon du 8e léger soit envoyé à Trieste, où il tiendra garnison. Ce sera l'augmentation d'un bataillon pour la province illyrienne ; il y en a deux, cela fera trois et ne peut être que fort utile. Ayez bien soin que ces hommes qui vous arrivent aient deux paires de souliers dans le sac et une bonne paire à leurs pieds ; faites-leur compléter cette fourniture à Vérone.
Il est indécent que la route militaire passe par Munich ; cela gêne le roi ; faites-la passer par Augsburg, Nuremberg, Donauwoerth, et de là sur Glogau, où doit être le dépôt de votre armée ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 320 ; Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18594 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30260).

Les 1er et 2e Bataillons sont le 28, à Augsbourg, le 31 à Donauwerth, puis marchent sur Nüremberg, Bayreuth, Zwickau, Dresde, Goerlitz et enfin, le 23 avril, sur Lüben, où ils rejoignent la 14e division.

Officier de Chasseurs du 8e Léger, 1809-1810
Officier de Chasseurs du 8e Léger1809-1810
Fig. 26 Officier de Chasseurs en 1809-1810, d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 87) Fig. 26a Officier de Chasseurs en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

Les rapports devenant très tendus avec la Russie, Napoléon sent, dès le mois d’avril 1812 la nécessité d’appuyer ses dernières négociations par la présence de ses armées. Le Corps d’observation d’Italie où sont les deux premiers Bataillons du 8e Léger (effectif : 1820 hommes) se met en route sous les ordres du Prince Eugène, passe par Lienz, Hall, Munich, Ratisbonne, Zwickau et arrive le 1er avril à Bautzen. Là, il forme le 4e Corps de la Grande Armée et le 8e Léger est placé dans la 13e Division, Général Delzon, Brigade Huard.

Le 2 avril 1812, Napoléon décide de renforcer sa Grande Armée, à partir de détachements des 5es Bataillons de dépôt des Régiments déjà mobilisés. Il écrit à Clarke, depuis Saint-Cloud : "Monsieur le duc de Feltre ... On formera à Genève un bataillon de marche composée de trois compagnies du 8e léger et de trois du 18e léger. Ce bataillon de marche sera dirigé par Strasbourg sur Cologne pour y être réuni aux quatre demi-brigades marche, et recruter par la suite les deux bataillons que le 8e et le 18e ont au 4e corps ...
A Genève pour se rendre à Mayence
1er bataillon :
3 compagnies du 5e bataillon du 8e léger (dépôt à Genève) : 425 conscrits des Basses-Pyrénées, 109 de Gênes ; total 534.
3 compagnies du 5e bataillon du 18e léger (dépôt à Grenoble) : 560 conscrits des Basses-Pyrénées ; total 560 ; 110 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
Manque 115 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30371).

Le 10 avril 1812, l'Empereur écrit depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois votre lettre du 9 ... Je remarque que les trois compagnies du 18e léger et les trois compagnies du 8e léger doivent d'abord se réunir à Genève. Faites en sorte que ces compagnies y soient arrivées au 25 avril. Vous en ferez passer la revue, et vous ne les ferez partir de Genève que lorsque vous serez assuré que ces compagnies sont en bon état et complètes en officiers et sous-officiers. Ne partiraient-ils que le 5 ou le 10 mai, cela serait suffisant. Il est inutile aussi que ce petit bataillon aille jusqu'à Cologne. Lorsqu'il y arriverait la division n'y serait plus. Il faut qu'il aille jusqu'à Strasbourg seulement. A son arrivée là, le major général lui enverra des ordres.
Recommandez bien aux majors en second et aux commandants des différents bataillons de ne faire partir que des hommes bien habillés et d'un bon service, de retarder le départ de dix et même de quinze jours, plutôt que d'envoyer des hommes qui ne seraient pas très bien portants, bien habillés et bien armés, et qui ne seraient pas au dépôt depuis au moins quinze jours et habillés depuis huit ou dix jours ; enfin de faire partir les cadres bien complets en officiers et en sous-officiers ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7104 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30428).

Le 17 avril 1812, à Saint-Cloud, on informe l'Empereur que "Le 4e bataillon du 8e d'infanterie légère, fort de 549 hommes présents sous les armes, est arrivé à Trieste le 4 avril"; "Il faut me proposer des moyens pour compléter à 900 hommes ce bataillon du 8e léger, ce qui doit être possible en prenant des hommes dans le régiment de la Méditerranée qui est en Corse" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7134).

Le 1er mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, j'ai lu avec attention la seconde partie de votre rapport du 26 de ce mois sur la formation des dix bataillons de marche à tirer des dépôts employés à la Grande Armée ...
Les trois compagnies du 8e léger et les trois du 18e continueront à former un bataillon de marche. Quant aux conscrits tirés des régiments qui sont en Italie, c'est un bataillon que j'ai ajouté à l'état de ce que le cadre du 1er bataillon du 1er régiment de la Méditerranée doit recevoir ...
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18679 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30553).

Le 2 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, donnez ordre au général Berthier de faire partir de Corse 300 hommes français ou des départements du Piémont, en ayant soin de ne prendre ni Romains ni Toscans, et de les faire passer par Trieste, d'où ils seront envoyés sur le 4e bataillon du 8e léger, dans lequel ils seront incorporés" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18680 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30558).

Le 3 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai approuvé l'organisation des 4 demi-brigades de marche qui forment la 1re division de réserve.
J'ai approuvé l'organisation des 16 demi-brigades provisoires.
Je vous ai fait connaître par ma lettre d'hier ce qu'il fallait faire des conscrits des 5es bataillons dont les régiments sont à la Grande Armée, en en complétant d'anciens cadres de réfractaires ; ce travail règle la formation des dix bataillons de marche que vous avez proposée.
Il me reste à vous faire connaître mes intentions sur la formation des 20 bataillons de marche qui ont leurs bataillons en Espagne. Je les distingue en deux classes :
1° Bataillons de marche qui se formeront sur-le-champ, parce qu'ils ne doivent rien fournir aux demi-brigades de marche et provisoires de la conscription de 1813 ;
2° Bataillons qui ne seront formés que lorsque les 4es bataillons qui fournissent aux demi-brigades provisoires seront complètement organisés ;
Enfin cadres des bataillons qui avaient passé par Bayonne au 1er mai, et qui de ce moment doivent être considérés comme destinés à être complétés par la conscription de 1812.
Faites-moi faire un travail détaillé sur cet objet. Je n'ai point compris dans ce travail ce qui se trouve en Italie, aux Pyrénées, non plus que ce qui est en Bretagne et dans la 12e division militaire.
ETAT N° 1.
Bataillons à former dans le courant de mai, lesquels ne doivent rien fournir aux demi-brigades de marche ni provisoires.
1er bataillon – 3 compagnies du 8e léger, à Genève, 450 hommes ; 3 compagnies du 18e léger, à Grenoble, 450 hommes : 900 hommes.
Ce bataillon se réunira d'abord à Genève ; lorsqu'il sera en état de partir, on en rendra compte ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7200 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30566).

Quelques jours plus tard, Napoléon renforce ses Divisions de réserve; il écrit, le 18 mai 1812, depuis Dresde, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois le travail qui était joint à votre lettre du 11 mai. Voici quelles sont mes intentions définitives, donnez des ordres pour leur prompte exécution.
Division de Réserve ...
4e division ... J'approuve l'état n° 7. Vous aurez soin que les hommes du 8e et du 18e léger s'embarquent à Strasbourg pour Wesel ... Mon intention est que cette 4e division se réunisse à Spandau et à Berlin. Le général Durutte commandera cette division ; et, comme il commande en ce moment à Berlin, sa division se formera ainsi sous ses yeux ...
Cette réserve se composera donc de quatre divisions :
... 4e division, le général Durutte, quatorze bataillons, à Berlin; total, soixante-cinq bataillons, dont trente et un à Berlin et trente-quatre à Munster et Osnabrück ...
La 4e division recevra également ordre de se rendre sur la Vistule, où chaque détachement qui aura été incorporé dans les cadres des régiments de réfractaires pourra rejoindre son régiment ou rester réuni dans ces cadres, selon les circonstances ...
Vous n'avez plus un moment à perdre pour la formation de ces quatre divisions de réserve. Faites-en part au major général et aux généraux de division qui doivent les commander, et expédiez tous les ordres ...
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18701 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30633).

Le 23 mai 1812, depuis Dresde, l'Empereur écrit au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... Le 4e bataillon du 8e léger est à Zara ; ce bataillon a 200 malades, de sorte qu'il n'a que 550 hommes présents. Faites partir de Genève une compagnie de 150 hommes pour le compléter ...
Faites-moi un rapport sur les différentes parties de cette dépêche, que je dicte de mémoire, et présentez-moi un projet d'organisation
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18716 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30673).

Le 8e Léger continue ensuite sa route par Glogau, Freystad, Kalisch et arrive à Plock le 1er juin.

A ce moment, les négociations sont rompues avec la Russie et Napoléon pousse son armée vers le Niémen.

La 13e division traverse Soldau, Villemberg, Rastemburg, Oleskow, dernière ville de la Prusse orientale. Le 25 juin, les 2 Bataillons alignent 44 Officiers et 1414 hommes au 4ème Corps (Prince Eugène), 13ème Division Delzons, 1ère Brigade Huard. Le Régiment et franchit le Niémen à Pilony, le 30 juin.

Le 22 juillet 1812 (l'original est daté du 28 par erreur ; les ordres ont été expédiés le 22), l'Empereur écrit, depuis Gloubokoïé, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Amée, à Gloubokïé : "Mon Cousin ... Donnez ordre au 1er bataillon de la 17e brigade, composée du 5e bataillon du 8e et du 18e d'infanterie légère, de se rendre à Danzig pour joindre la division Lagrange, c'est-à-dire la division de marche, ces détachements devant être incorporés" (Correspondance de Napoléon, t.24, lettre 18998 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31289).

A six cent lieues de leur patrie, les soldats conservent la même tenue et le même ordre que s’ils manoeuvraient sur la place d’exercice.

Le 24 juillet, l’ennemi, qui jusque-là a fui devant nous, semble vouloir nous attendre. Le lendemain, le 8e Léger (effectif : 33 Officies, 1191 hommes) est à l’avant-garde, à la disposition du commandant de la cavalerie à l’armée, le Roi de Naples, et marche sur Witebsk avec les Divisions de cavalerie Saint-Germain et Bruguieres. Celle-ci rencontre vers Dolgaïa, près d’Ostrowno, la cavalerie russe du Général Ostermann et la culbute jusque dans l’infanterie ennemie, mais elle est à son tour arrêtée et poursuivie par des forces supérieures. Les Russes viennent se heurter au 8e léger qui s’était posté le long d’un bouquet de bois sur la gauche de la route. Ils essaient vainement de déboucher tant par la droite que par la gauche ; les charges de cavalerie et la valeur du 8e Léger les arrêtent toujours et ils battent en retraite en voyant arriver la Division Delzon.

Le 8e Léger se couvre de gloire dans cette journée, où il est le seul Régiment d’infanterie engagé. Son Colonel, 10 Officiers et une centaine de soldats ont été blessés, et 5 Officiers tués ainsi qu’une vingtaine de soldats.

Sur cette journée du 25 juillet, le Prince Eugène écrit, le 31 juillet 1812, depuis Souraj, à Napoléon : "Sire, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté les rapports des combats qui ont eu lieu les 25, 26 et 27 juillet, et auxquels le 4e corps que je commande a pris part.
Votre Majesté donna l'ordre au roi de Naples, commandant la cavalerie de l'armée, de partir de Bechenkowits et de se diriger sur la route de Witebsk. Je reçus celui de mettre à sa disposition le 8e régiment d'infanterie légère.
Le roi de Naples rencontra l'ennemi en avant d'Ostrowno, et engagea différentes charges de cavalerie qui obtinrent de beaux résultats. Environ 600 prisonniers et 8 pièces de canon furent les trophées de cette journée. Le général de division Delzons me rend compte que le 8e eut plusieurs engagements qu'il soutint avec valeur ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 433).

Le lendemain matin, le mouvement sur Witebsk continue. Le 8e Léger prend encore la tête avec la cavalerie suivis par les Divisions Delzons et Broussier. Vers les 10 heures du matin, on se trouve en présence des troupes d'Ostermann posté sur un plateau très élevé, qui ont été renforcées pendant la nuit par une Division. Les Russes occupent une bonne position derrière un ravin, leur gauche à un bois. Le 8e Léger se déploie en face de leur centre, soutenu en seconde ligne par la Division Delzons; la cavalerie Bruyère est mise sur les ailes, la cavalerie Saint-Germain en réserve, toute l'artillerie du 4e corps et de la cavalerie vient se mettre en batterie sur le front (70 bouches à feu). Le 8e Léger engage aussitôt le combat pour chasser les tirailleurs ennemis des bois que traverse la route (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, page 282).

Nous cherchons à tourner l’ennemi par la gauche pendant qu’il manoeuvre sur notre droite. La 13e Division s’avance de ce dernier côté derrière le 8e Léger et se met à cheval sur la route. A gauche, le combat est très mouvementé ; cette aile s’avance trop vite, les réserves ennemies accourent et l’arrête ; notre artillerie, qui suit de trop près, est fortement compromise. A ce moment, le Chef de Bataillon Ricart, du 8e Léger, se précipite à la tête d'une Compagnie de Grenadiers qui restait de la réserve de son Régiment et parvient à empêcher l’ennemi de s’emparer des pièces d'artillerie françaises. Des secours nous arrivent et nous refoulons l’ennemi.

La 13e Division, qui suit le mouvement en avant, a à traverser des bois où l’ennemi ne cède que pas à pas et lui fait payer cher le terrain qu’elle gagne sur lui.

Sur cette journée du 26 juillet, le Prince Eugène écrit, le 31 juillet 1812, depuis Souraj, à Napoléon : "... Le 26, le roi de Naples reçut l'ordre de continuer son mouvement sur Witebsk, et moi de marcher avec une division pour soutenir le mouvement de la cavalerie. Je me rendis avant le jour chez le roi de Naples, et nous convînmes ensemble de l'heure à laquelle Je mouvement commencerait.
Je donnai ordre à la 13e division de suivre la cavalerie, à la 14e et à la garde de marcher à la suite de la 13e division, mais par échelon et à une heure de distance. La route traversait un pays boisé, et le 8e fut bientôt engagé pour ouvrir le chemin que l'ennemi disputait avec de l'infanterie. Vers dix heures du matin, le 8e régiment, après avoir chassé du bois tous les tirailleurs de l'ennemi, le rencontra formé et tenant une position avantageuse sur un plateau d'une- assez belle élévation, protégé par une artillerie nombreuse, ayant devant lui un ravin profond, et sa gauche appuyée à une forêt tellement épaisse, qu'il était impossible à des masses, sans la rompre, de la pénétrer. C'était le corps du général Ostermann, fort de deux divisions d'infanterie, qui occupait cette position ; alors j'ordonnai au général Delzons, commandant la 13e division, de se former pour l'attaque, le régiment croate et le 84e sur la gauche de la route, le premier déployé, le second en colonne par division. Un bataillon de voltigeurs et le 92e régiment furent placés sur la droite en échelon par bataillon. L'attaque commença ; elle fut vive, et l'ennemi fut abordé avec intrépidité ; les Croates et le 84e firent plier les bataillons qui leur étaient opposés. Le général Huard, qui commandait cette attaque, y déploya autant de valeur que de capacité. Sur la droite, les voltigeurs et le 92e éprouvèrent une plus grande résistance : ils avaient à pénétrer la forêt, à déboucher et à se former sous le feu de l'ennemi, qui avait placé à sa gauche ses principales forces ; ce ne fut pas sans des efforts multipliés que le général Roussel put parvenir à prendre position au débouché du bois et à en chasser l'ennemi ; il fallait la valeur des troupes et l'opiniâtreté du général qui commandait pour réussir dans une attaque aussi difficile.
Cependant le centre et la gauche, qui ne pouvaient voir la lenteur des progrès de la droite disputés dans la forêt, poursuivirent leurs succès un moment peut-être avec trop d'ardeur ; la cavalerie et l'artillerie, pressées de déboucher, suivirent les premiers avantages du centre et de la gauche et s'engagèrent précipitamment dans le reste du défilé qu'il fallait encore parcourir pour pouvoir se déployer, et l'ennemi, qui voyait sa gauche se maintenir, fit porter sa réserve sur sa droite où il se sentait plus vivement pressé. Les Croates et le 84e furent à leur tour poussés et débordés ; la cavalerie fît un mouvement rétrograde, et l'artillerie allait se trouver compromise, lorsque le roi de Naples, avec sa valeur brillante et la promptitude de l'éclair, détermina une charge de cavalerie vigoureuse qui arrêta l'ennemi. Le chef de bataillon Ricard, avec une compagnie de carabiniers du 8e se précipite à la tête des pièces ; le chef de bataillon Dumas et le capitaine Bonardelle, avec une intrépidité rare, maintiennent le plus grand ordre dans la colonne d'artillerie. Pendant ce temps-là, le général Roussel débouche de la forêt, charge l'ennemi avec le 92e en colonne et se rend maître de la position. Les Croates et le 84e, soutenus de deux· bataillons du 106e régiment tenu en réserve jusqu'à ce moment, reprennent leurs premiers avantages. C'est alors que tout fut rétabli et que nous restâmes maîtres du terrain que l'ennemi avait fortement disputé.
Après quelques moments de repos pour rallier les troupes et reformer les colonnes, l'ennemi fut de nouveau poursuivi et forcé promptement dans toutes les positions qu'il chercha encore à défendre ; il fut ainsi ramené jusqu'à deux lieues de Witebsk, où la 13e division prit position vers neuf heures du soir. La 14e se plaça sur la route en seconde ligne, avec ordre d'éclairer par des postes les bords de la Dwina. La garde se plaça également en arrière à droite de la 13e division ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 433).

A la suite de cette affaire, le Colonel Serrant, le Chef de Bataillon Ricart, le Capitaine Desjardins sont cités pour leur belle conduite, et l’Empereur accorde cinq décorations au Régiment. En deux jours, le 8e Léger avait perdu 25 Officiers et 500 hommes (selon certaines sources, 6 Officiers sont tués, 9 autres blessés dont le Colonel Serrant).

Le 10e Bulletin de la Grande Armée, daté de Witepsk, le 30 juillet 1812, raconte, concernant les combats des 25 et 26 juillet 1812 : "… Combat d'Ostrovno.
Le 25 juillet, le général Nansouty avec les divisions Bruyères et Saint-Germain, et le 8e régiment d'infanterie légère, se rencontra avec l'ennemi à deux lieues en avant d'Ostrovno. Le combat s'engagea. Diverses charges de cavalerie eurent lieu. Toutes furent favorables aux Français. La cavalerie légère se couvrit de gloire. Le roi de Naples cite, comme s'étant fait remarquer, la brigade Piré, composée du 8e de hussards et du 16e de chasseurs. La cavalerie russe, dont partie appartenait à la garde, fut culbutée. Les batteries que l'ennemi dressa contre notre cavalerie furent enlevées. L'infanterie russe, qui s'avança pour soutenir sou artillerie, fut rompue et sabrée par notre cavalerie légère.
Le 26, le vice-roi marchant en tête des colonnes, avec la division Delzons, un combat opiniâtre d'avant-garde de quinze à vingt mille hommes s'engagea à une lieue au-delà d'Ostrovno. Les Russes furent chassés de position en position. Les bois furent enlevés à la baïonnette.
Le roi de Naples et le vice-roi citent avec éloges les généraux baron Delzons, Huard et Roussel ; le 8e d'infanterie légère, les 84e et 92e régiments de ligne, et le 1er régiment Croates, se sont fait remarquer ...
" (Panckoucke : « Œuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 5, p. 31; Kermoysan "Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins", Paris, 1853, t.2, p. 529 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7474 ; le donne à la date du 31 juillet).

Le 27, l’ennemi, qui a pris position près de Witebsk, semble vouloir encore livrer bataille ; mais il disparaît dans la nuit.

Le 29, le vice-roi marche sur le Dniéper avec les 13e et 15e Divisions et flanque la gauche de la grande route en marchant à la même hauteur que le Corps du centre.

Le 31 juillet 1812, l'Empereur écrit, depuis Vitebsk, à Berthier : "Mettez à l'ordre du jour les avancements et les récompenses que j'ai accordés dans le 4e corps pour la bonne conduite qu'il a tenue au combat d'Ostrovno. Faites connaitre au vice-roi et mettez également à l’ordre que j’accorde quatre décorations à chaque bataillon du régiment croate, du 84e de ligne, du 92e, du l06e, cinq à chaque bataillon du 8e léger, trois à chaque bataillon du 53e et trois à chacune des deux compagnies de voltigeurs du 9e de ligne qui ont soutenu la charge de la cavalerie ennemie sur les bords de la Dvina" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2287; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31371).

Le 3 août, les deux Bataillons alignent 35 Officiers et 930 hommes.

Le 8e Léger est à Smolensk le 19 août. Le 26, le Colonel Jean Ricard remplace le Colonel Serrant. Le Régiment franchit le Borysthêne à Blaghoué le 27.

L’ennemi prend enfin position sur un immense plateau pour nous arrêter (5 septembre). Le 8e Léger a alors 39 Officiers et 946 hommes présents sous les armes, et 6 Officiers et 398 hommes aux hôpitaux, soit 1398 hommes à l’effectif.

Napoléon reconnaît la position des Russes le 6 et envoie le soir une proclamation qui est lue le lendemain matin aux troupes. La lutte s’engage presque aussitôt.

b/ Bataille de la Moskowa (Borodino), 7 septembre 1812

Major du 8e Léger, 1809-1810
Major du 8e Léger1809-1810
Fig. 27 Major en 1809-1810, d'après Bucquoy Fig. 27a Major en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

La 13e Division, placée à la gauche de la ligne, marche sur le village de Borodino, déjà incendié par l’ennemi, et l’enlève. Elle doit se borner à l’occuper, mais emportée par l’ardeur si naturelle aux Français, elle franchit la rivière de Kologha et reste maîtresse un instant de l’un des ponts qui joint le village au plateau, puis elle bat en retraite sur Borodino.

Le Général Delzon, constamment menacé sur sa gauche par des mouvements de cavalerie ennemie, fait former sa première Brigade en carré par des Régiments (8e Léger) pour repousser ses charges.

Pendant ce temps, le reste de la ligne s’empare successivement de toutes les redoutes. Après un combat acharné, et malgré tous ses efforts, l’ennemi est en pleine déroute à la nuit.

En raison de l’opiniâtreté de l’attaque et de la défense, cette bataille est une des plus sanglantes qui ait été livrées depuis longtemps. 130000 hommes ont lutté de chaque côté. Chacun a tiré plus de 60000 coups de canons. Les Russes perdent soixante pièces d’artillerie ; de notre côté la perte ne s’éleva pas à moins de 20000 hommes.

Après cette bataille, l’armée marche sur Moscou où elle arrive le 15 septembre. Le 4e corps, qui a continué à la flanquer sur la gauche, va garder la route de Saint-Pétersbourg ; la 13e Division est placée à Peterskoe et détache le 8e Léger en grand garde, à trois lieues en avant de ce château avec le 1er Croates et la 13e Brigade de cavalerie.

Mais un incendie, qui dure quatre jours, détruit Moscou, ainsi que les approvisionnements sur lesquels Napoléon comptait pour nourrir son armée pendant la saison d’hiver. La situation devient bientôt critique ; les paysans et les Cosaques nous enlèvent nos transports et arrêtent nos courriers. L’ennemi revient de Vladimir où il s’était retiré, suit le cours de la Moskowa et prend position à Koloma (20 septembre).

Vers le 5 octobre, la 13e Division, qui est établie sur la route de Twer, va vers Dimitrow. Ce mouvement, en obligeant l’ennemi à s’éloigner, agrandit de ce côté le cercle des fourrageurs et met à la disposition de l’armée française un district qui n’a pas encore été ruiné.

Le même 5 octobre 1812, l'Empereur fait expédier, depuis Moscou, une note qu'il a dictée, adressée au Prince Eugène : "La division Grenier, qui doit se réunir le 1er novembre à Vérone, sera composée de trois brigades ...
Chaque bataillon français sera porté à 900 hommes ... comme il n’y a point d’infanterie légère en Italie, on prendra tout ce qui sera disponible dans le dépôt du 3e léger, qui est à Parme, et même dans le bataillon du 8e léger, qui est en Illyrie, s’il n’est pas trop loin ...
" (Correspondance de Napoléon, t.24, lettre 19249 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31826 - Note : La Division Grenier est la 35e Division d'Infanterie).

Toujours le 5 octobre 1812, l'Empereur écrit également, depuis Moscou, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ...Dans la 17e demi-brigade provisoire je ne compte pas le 1er bataillon formé de trois compagnies du 5e bataillon du 8e léger et de deux compagnies du 5e bataillon du 18e léger, lesquelles sont déjà parties de Danzig et doivent être incorporées dans leur régiment ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7585 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31819).

L'Empereur écrit aussi, de Moscou, le 5 octobre 1812, au Génral Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'approuve que vous choisissiez dans les 7es bataillons du 6e de ligne et du 14e léger, qui sont à l’ile d'Elbe, les hommes les plus sûrs pour compléter à 1.600 hommes les deux autres bataillons que chacun de ces régiments fournit à la division Grenier à Vérone.
Les deux bataillons du 112e qui faisaient partie de la division Barbou y seraient, en cas d'événement, remplacés par deux bataillons étrangers.
Il est nécessaire que tous les bataillons de la division Grenier soient complétés à 900 hommes présents sous les armes à Vérone. A cet effet, vous ferez choisir dans les 5es bataillons qui sont aux dépôts des régiments de l'armée d'Italie ce qui est nécessaire pour ce complément, de sorte que les douze bataillons français de la division Grenier présentent une force de 10.800 hommes. Vous ferez fournir par les bataillons des 8e et 3e légers ce qu'ils ont de disponible pour compléter l'infanterie légère.
Donnez ordre au général Vignolle de choisir six beaux bataillons italiens, des plus anciens et des meilleurs, pour porter la division Grenier à 18 bataillons, ou 16.000 hommes, formant trois brigades. Le 22e léger, le 112e, le 6e de ligne et le 14e léger doivent avoir leurs pièces de canon, ce qui fait huit pièces ; les deux régiments italiens en auront quatre, ce qui fait douze pièces. S'il était de ces régiments qui n'eussent pas de pièces vous leur feriez prendre des pièces appartenant aux régiments qui restent en Italie ou en Dalmatie.
Vous attacherez à cette division 2 généraux de brigade (le vice-roi désignera le général de la brigade italienne). Vous y attacherez un officier du génie, une compagnie de sapeurs italiens, un officier supérieur d'artillerie, une batterie d'artillerie à cheval et une batterie d'artillerie à pied italienne, une batterie d'artillerie à pied française, une compagnie de pontonniers italienne, le nombre de canons d'infanterie voulu, un régiment de cavalerie italienne qui sera complété à 1.000 chevaux, avec tous les dépôts des autres régiments, 2 commissaires des guerres français, 1 commissaire des guerres italien, des chirurgiens français et italiens, et toute l'administration française nécessaire.
Il est nécessaire que les hommes aient leurs deux paires de souliers dans le sac et une aux pieds, leurs effets de campement, de bonnes capotes, et que tout soit en état, de sorte que cette division qui prendra le numéro de la 35e division de la Grande Armée puisse hiverner à Berlin et me mette à même d'en retirer le 11e corps, si je le juge nécessaire, et de l'approcher de la Vistule.
Du 26 au 30 novembre vous ferez passer à cette division le mont Brenner, en réunissant la 1re brigade à Nuremberg, l'autre à Augsburg, et la 3e à Ratisbonne. Pendant que la 35e division fera cette première partie de sa route, j'en serai informé, et je donnerai mes ordres pour qu'elle se rende à Berlin. Vous instruirez d'ailleurs de ce mouvement le duc de Castiglione qui, en cas de circonstances inattendues, transmettrait les ordres convenables à ces troupes. Mais s'il ne survient rien de pressant, je désire qu'elles puissent s'arrêter huit jours à Nuremberg, Ratisbonne et Augsburg.
Le 9e bataillon des équipages militaires doit avoir des hommes et des chevaux à Plaisance. S’il pouvait fournir une compagnie, on achèterait à Augsburg les chevaux qui manqueraient, et on pourrait les atteler, soit à des charrettes du pays, soit à des voitures à la Comtoise, qui seraient construites à Nuremberg ou à Berlin. Il y sera aussi attaché une compagnie de voitures à la Comtoise italienne.
Faites donner à cette division 84 moulins portatifs, savoir 4 par bataillon et 12 de réserve &la division. Envoyez un modèle à Milan en poste ; on en fera en Italie
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7586 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31818).

Le 8 octobre 1812, l'Empereur écrit, depuis Moscou : "Vous aurez reçu mon décret du 2 octobre. Chaque régiment de la Grande Armée recevait en France le cadre du 5e bataillon qu'il avait à l'armée et qui faisait partie des cadres des bataillons de marche. Ainsi, ces cadres doivent être considérés comme complets. J'ai ordonné qu'arrivés à Vilna, il leur fût donné une indemnité pour se rendre en poste à leurs dépôts, en faisant au moins quatre étapes par jour.
Les trois compagnies du 5e bataillon du 8e léger et les trois compagnies du 5e bataillon du 18e léger qui sont déjà arrivées à Smolensk, rentreront aussi en France, de sorte que les demi-brigades provisoires qui font partie des 30e et 31e divisions, seront toutes composées de bataillons entiers ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 5148 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7597 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31870).

La 13e Division revient le 13 octobre vers Moscou où se rassemble l’armée.

Les négociations entamées n’ayant pas amené de résultats, l’Empereur bat en retraite pour aller chercher ses cantonnements vers Smolensk où il a accumulé d’immenses ressources (18 octobre).

Le Prince Eugène descend vers le Sud avec l’intention de se rendre à Smolensk par la vallée de l’Ougra, que les armées n’ont ni parcourue ni épuisée, mais Kutusof, prévenu, vient lui barrer la route avec l’armée tout entière. Il attaque inopinément, le 24, le village de Malojaroslawetz, que défendent seulement deux Bataillons de grand-garde. Le Général Delzon accourt, mais ne peut longtemps lui tenir tête ; heureusement le reste du 4e Corps d’armée arrive à son secours. Le combat reprend avec un nouvel acharnement et le village reste entre nos mains.

20000 hommes ont soutenu, ce jour-là, le choc de 90000 Russes, mais ce succès est chèrement acheté : le Général Delzon est tué ; le 8e Léger, qui s’est maintenu toute la journée dans le village, malgré cinq vigoureuses attaques, a perdu 23 Officiers et 615 hommes.

Après cette bataille, le Prince Eugène doit renoncer à suivre la vallée de l’Ougra et revenir sur la route du Borodino. L’ennemi ne cesse de harceler sa marche et l’oblige constamment à déployer des troupes pour le contenir.

Sergent porte fanion de Carabiniers 8e Léger 1809-1810 Sergent porte fanion de Carabiniers 8e Léger 1809-1810 Sergent porte fanion de Carabiniers 8e Léger 1809-1810
Fig. 28 Sergent porte fanion de Carabiniers en 1809-1810 d'après Boersch (Petits Soldats d'Alsace pl. 87) Fig. 28a Sergent porte fanion de Carabiniers en 1809-1810 (d'après Bucquoy). Fig. 28b Sergent porte fanion de Carabiniers en 1809-1810 (notre dessin paru dans SN).

Arrivé à Viasma le 3 novembre, il a avec lui une affaire très sérieuse dans laquelle l’avantage lui reste encore.

Mais le désert est fait sur son parcours ; les villages qu’il doit traverser sont incendiés ; les vivres deviennent très rares et les troupes n’ont plus que de la viande de cheval. Le froid et la neige arrivent ; dans la nuit du 6 au 7 novembre, la température descend subitement au degré des plus rigoureux hivers et enlève le tiers de l’armée.

Le 7 novembre, un Officier est blessé par des cosaques sur la route de Smolensk.

A ce moment, le prince Eugène est détaché vers la droite de la route pour secourir la garnison de Witebsk. Presque toute son artillerie et ses fourgons restent embourbés au passage de la Vop ; mais Witebsk étant tombé au pouvoir des Russes avant son arrivée il revient sur Smolensk pour y rejoindre l’armée (13 novembre). Il y apprend qu’elle a été obligée de battre en retraite et qu’elle se dirige vers Minsk où elle espère trouver des quartiers d’hiver mieux assurés. Il suit son mouvement.

A Krasnoë (16 novembre), les Russes lui barrent la route et lui envoient un parlementaire qui lui annonce que l’Empereur et la garde ont été battus la veille et le somme inutilement de se rendre. Le Prince Eugène prend ses dispositions pour percer l’armée russe. La 14e Division, formée en carrés, est portée en avant avec les deux pièces de canon qui lui restent. Mais quand elle arrive au pied du plateau où sont campés les Russes, elle est foudroyée par les pièces ennemies que l’on a placées sur des traîneaux pour les rendre plus mobiles; puis, elle chargée par la cavalerie qui lui enlève ses deux pièces de canon dont elle n’a pu tirer grand profit, faute de munitions.

La 13e Division vient à son secours et se bat toute la journée. Vers le soir, le Prince Eugène feint de prolonger le combat sur la gauche avec la 14e Division, et pendant que les forces ennemies se portent de ce côté, fait filer par la droite tout ce qui reste de son armée.

Le 8e léger a 2 officiers tués et 4 blessés (3 Officiers tués, 5 blessés dont le Colonel Ricard, selon d'autres sources).

L’armée passe le Dniéper à Orcha le 19 et atteint, à marches forcées, la Bérézina à Studianska (27 novembre). Le 4e Corps franchit la Bérézina dans la soirée et le lendemain matin. Entre les 27 et 28 novembre, sur les ponts de la Bérésina, le 8ème a 4 Officiers blessés.

Le 4e Corps continue aussitôt sa retraite pendant que la bataille se livre sur les deux rives. Il passe à Vilna le 9 décembre, franchit le Niémen le 13 décembre. Sur la route menant de Wilna au Niemen, le 8e a à nouveau 11 Officiers blessés.

Le 4e Corps arrive à Marienwerder, qui est le terme de cette retraite désastreuse. Les deux Bataillons du 8e Léger ne comptent plus à ce moment que 25 Officiers et 42 hommes, soit 67 présents dont 4 seulement sont encore armés.

E/ 1813 : La campagne de Saxe

Habit d'Officier du 8e Léger au Réglement de 1812 ; détail des revers et des poches à la soubise (extrait de Encyclopédie des uniformes napoléoniens)

Vers le 15 janvier, le Prince Eugène est forcé d’abandonner Marienwerder et de reculer vers Glogau.

Le 8e Léger est à Wongrowitz le 18 janvier, à l’effectif de 18 Officiers et 114 hommes dont 73 armés ; à Liegnitz, le 1er février, avec 19 Officiers et 230 hommes sous les armes et 37 aux hôpitaux, soit 286 présents. Ces augmentations successives sont dues à la rentrée des traînards.

A ce moment arrive l’ordre de réduire les Régiments à une ou deux Compagnies et de former un Bataillon de chaque Division. Les cadres en excédent doivent rentrer au Dépôt pour servir à la reconstitution des Régiments. En conséquence, au 8e Léger, le Colonel, 1 Chef de Bataillon, 1 Adjudant-major, 1 Porte-aigle, 1 Officier-payeur, 4 Capitaines, 2 Lieutenants et 2 Sous-lieutenants, soit 13 Officiers, partent pour Genève, ainsi que 38 hommes, jugés incapables de servir avant plusieurs mois.

A la suite de cette réorganisation, le 8e Léger (6 Officiers, 230 hommes dont 37 aux hôpitaux) ne forme plus que deux Compagnies comptant au Bataillon de Dépôt le 4 février. Ces Compagnies font partie d’un détachement de trois Bataillons que le Prince Eugène laisse comme garnison dans Glogau au moment où il se replie derrière l’Elbe (16 février). Cette garnison va soutenir un siège en règle.

1/ Siège de Glogau

Le 28 février, une quarantaine de Cosaques paraissent devant la place et commencent à tirailler.

Le 15 mars, le Général Saint-Priest arrive avec un Corps de 8000 hommes d’infanterie, 2000 chevaux et 20 pièces d’artillerie, et somme inutilement la place de se rendre : ses opérations d’investissement sont inquiétées par des sorties de la garnison le 19 et le 25. Après une nouvelle sommation, 16 pièces de gros calibre canonnent la place, mais ces batteries sont détruites le lendemain dans une sortie (1er avril). Cependant l’ennemi serre de plus près l’investissement ; une attaque qu’il dirige contre la tête de pont de la rive droit de l’Oder échoue (1er mai).

Dans la nuit du 6 au 7, il ouvre un boyau et le pousse jusqu’à cent toise au-delà des chemins couverts du fort de l’Etoile. La garnison fait une sortie le 7 et comble les travaux de l’ennemi après un combat des plus vifs dans lequel le Sous-lieutenant Marion, du 8e Léger, est blessé d’un coup de baïonnette dans l’oeil.

Le 17 mai, l’artillerie de siège arrive de Breslau. Le 21, l’ennemi, qui avait établi une batterie de cinq embrasures dans le contrefort de la digue au-dessus de Zerbau, tente une seconde fois de détruire le pont à coups de canon. Mais, vers midi, 200 hommes sortent de la ville, rangés sur quatre rangs pour passer le pont et ne présenter à l’ennemi que la profondeur de la garde montante ordinaire. Arrivée aux abatis du tambour, cette colonne se fractionne en deux ; 100 hommes avec le Capitaine Roccasera du 8e Léger se dirigent comme une patrouille par le jardin de bourgmestre, et de là prennent la course vers le poste prussien qui, surpris, ne pense qu’à fuir. La deuxième partie de la colonne, avec le Commandant Marthe, marche au pas de charge à la gauche de la chaussée, arrive au contrefort, s’y loge et se trouve aux prises avec 100 Prussiens qu’elle met en fuite après en avoir tué 20 dont 2 Officiers. Les cinq embrasures et les plate-formes de la batterie sont détruites et les détachements rentrent aussitôt après.

A la suite de cette opération, le gouverneur adresse des éloges au Capitaine Roccasera, au Caporal Vernier et aux Voltigeurs Perron et Hennebert, tous du 8e Léger. Ce dernier, pendant l’affaire, s’étant trop aventuré, avait été surpris par un Officier et trois soldats prussiens. Mais Hennebert, sans se déconcerter, avait renversé d’un coup de baïonnette l’Officier au milieu de ses soldats et s’était sauvé à travers une grêle de balles lancées par les deux partis.

Ce combat est le dernier que la garnison a à soutenir. Le 27 mai au matin, les Prussiens qui bloquaient la place disparaissent à la nouvelle de l’arrivée de l’armée française, victorieuse à Bautzen.

Quinze jours plus tard, les deux Compagnies du 8e Léger sont versées dans le 4e Bataillon du Régiment. En effet, le 16 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez des ordres pour que la 1re et la 2nde compagnie du 8e léger, qui sont à Glogau, se rendent au 4e corps ; elles seront incorporées dans les deux bataillons de ce régiment qui sont au 4e corps. Les cadres retourneront au dépôt à Genève ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34696).

2/ Les autres parties du 8e Léger

Au moment où ces troupes ont été laissées dans Glogau, le prince Eugène, nous l’avons vu, s’était retiré derrière la ligne de l’Elbe ; là, pendant un mois encore, il arrête les armées prussiennes et russes et donne le temps aux nouvelles armées d’arriver à son secours. Nous allons y trouver les quatre premiers bataillons du 8e léger.

Le 4 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Bertrand, commandant le Corps d'Observation d'Italie : "Mon intention est de réunir un corps d'observation d'Italie fort de 3 divisions, chaque division de douze bataillons, deux divisions composées de troupes françaises, et une division composée de troupes italiennes. Faites venir les 3 bataillons du 29e du côté de Laybach et de Trieste. Vous recevrez l'ordre du ministre de la Guerre pour former un 6e bataillon à ce régiment. Vous recevrez aussi l'ordre de former un 6e bataillon au 13e de ligne. On complètera ces deux régiments par des conscrits, ce qui fera neuf très bons bataillons. S'il était possible d'y joindre un régiment croate de bonne volonté, cela serait avantageux. J'ai donné ordre de requérir 2500 chevaux dans les Provinces Illyriennes, savoir : 1500 chevaux pour l'artillerie et 1000 pour les transports militaires. Si ce nombre était trop fort, on en prendrait une partie dans les départements italiens. Faites aussi revenir le 8e léger. Mon intention est que vers la fin de février, ce corps qui sera de près de 40000 hommes soit réuni à Vérone. Vous en aurez le commandement. Préparez tout pour sa formation et mettez-vous en correspondance à ce sujet avec le ministre de la Guerre" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32194).

Le 6 Janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Vous verrez par la lettre que je vous ai écrite la formation de quatre corps : un corps d’observation de l'Elbe, un corps d'observation d'Italie et deux corps d'observation du Rhin ...
Il me faut, pour le corps d'observation d'Italie, sans y comprendre les bataillons italiens, 28 bataillons, et 40 bataillons pour chacun des corps d'observation du Rhin, 80 bataillons ; total des bataillons nécessaires, 108.
Il sera formé, à cet effet, 34 régiments provisoires, chaque régiment composé de 2 bataillons ; ce qui fera 68 bataillons ...
Les 34 régiments provisoires seront formés de la manière suivante :
... 3e régiment provisoire : 3e bataillon du 3e d'infanterie légère, 3e du 8e ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19425 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32215).

Le 10 janvier 1813, l'Empereur, à Parie, adresse au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, ses "Observations sur la composition du Corps d'Observation d'Italie.
... Les bataillons des 8e et 23e léger qui sont dans les 7e et 18e divisions militaires se rendront à Vérone vers le 1er février ...
Au lieu de lire 3e provisoire, il faut lire dans mon ordre du 6 janvier 5e provisoire, composé des 3e et 8e légers ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32251).

Le 12 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, comme j'ai trouvé beaucoup de fautes dans ce que votre chef de division a recueilli sous ma dictée, je prends le parti de vous faire connaître de nouveau mes intentions ...
Les 5es bataillons du 8e léger et du 23e feront partir également, au 1er février, tout ce qu'ils auront de disponible pour compléter leur corps à Vérone ...
J'appelle corps de la Grande Armée les quinze régiments du 1er corps ; les six du 2e ; les six du 3e et les six du 4e. Je ne comprends pas, comme je l'ai dit plus haut, sous cette dénomination, ni le 8e, ni le 18e léger
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19445 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32276).

le 17 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre ... Il ne faut prendre, aux dépôts des 8e et 18e légers, que ce qui est nécessaire pour former le bataillon qui doit partir ...
Il faut donc, après que le corps d'observation de l'Elbe, le corps d'observation d'Italie et les 2 corps d'observation du Rhin seront partis, pouvoir former un corps de réserve avec ce qui existe dans les 40 dépôts ci-dessus désignés, avec ce qu'ils reçoivent de la conscription de 1813 et ce qu'ils vont recevoir sur la levée des 100 000 hommes.
Ce corps de réserve serait composé de 120 bataillons fournis par les 40 régiments ci-dessus. Il faut y ajouter un bataillon de marche des 8e et 18e légers ; un autre du 3e et du 105e ; d'autres bataillons de marche, formés de 2 compagnies tirées des 34 dépôts de la Grande Armée ; plus 5 bataillons de marche de la 32e division militaire. Cela ferait donc environ 150 bataillons ou une réserve de 120 000 hommes qui partirait avec les cadres des 5e et 6e bataillons et avec les cadres qui reviennent de la Grande Armée.
P.S. Je vous prie d'observer que cette lettre dérange quelque chose à l'approuvé que j'ai donné, dans mes lettres précédentes, aux dispositions faites par les bureaux pour compléter les régiments provisoires et différents corps.
Aussitôt que le chef de division aura terminé, il m'apportera ce travail
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32318).

Le 23 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vous renvoie sur-le-champ les états que vous rn' avez faits passer avec votre lettre d'hier pour la répartition des 100 000 hommes.
Les 6 bataillons au-delà des Alpes, pour lesquels vous prenez 2 700 hommes doivent être complétés avec la conscription de 1814 ; vous pouvez donc donner ces 2 700 hommes aux dépôts de la Grande Armée, ce qui de 43 000 hommes en portera le recrutement à 46.
Je ne comprends pas bien pourquoi vous voulez donner au 6e de ligne 373 hommes, au 44e, 900 hommes, au 105e, 350 hommes. Si tout cela doit faire partie des 4 corps d'observation, on pourrait leur donner ce qui reste au dépôt sur la conscription de 1813. S'ils n'en font pas partie, il faut les recruter sur la conscription de 1814.
Je dis la même chose relativement aux 3200 hommes que vous proposez pour l'infanterie légère, savoir pour le 8e, le 14e, le 18e et le 22e régiment d'infanterie légère. Je préfère donc que vous donniez ces 3200 hommes aux dépôts de la Grande Armée, ce qui avec les 1626 hommes de l'infanterie de ligne fera 4 826 hommes de plus pour ces dépôts.
Au total, cela fera plus de 50 000 hommes pour les dépôts de la Grande Armée.
Vous devez comprendre le 29e de ligne comme étant un de ceux de la Grande Armée. Vous devez y comprendre aussi le 8e et le 18e d'infanterie légère. J'approuve que vous leur donniez à chacun 900 hommes.
Répartissez ce surcroit d'hommes pour les régiments de la Grande Armée en appuyant sur les régiments qui avaient 6 bataillons ...
Moyennant ces changements, j'approuve la répartition
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32411).

Le 27 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "… Nos besoins réels sont, selon que je vois les choses dans ce moment, tels qu'il suit :
... 6° Le 4e corps sera organisé à huit bataillons français (en y comprenant le 18e et le 8e léger) et deux bataillons italiens ; ce qui fait dix bataillons. Il recevra d'Italie dix bataillons, ce qui fera vingt bataillons, dont on pourra former deux divisions ; mais actuellement il n'en faut compter qu'une …
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19520 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32512).

Le 27 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen :"... Quant au corps, vous aurez gardé à Glogau tous les 1ers bataillons des six régiments français qui étaient en Italie, vous aurez établi pour les régiments italiens ce que vous aurez jugé convenable ; vous aurez gardé un bataillon du 8e et du 18e d’infanterie légère ; vous aurez donc huit bataillons français à Glogau ; vous aurez envoyé les autres cadres en Italie ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.8, page 274 ; Correspondance de Napoléon, t. 24, 19523 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32518).

Le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
ITALIE.
Il sera formé, pour l'Italie, quatre demi-brigades, ainsi qu'il suit : 31e demi-brigade, les 6es bataillons du 9e, du 35e et du 53e ; 32e demi-brigade, les 6es bataillons du 54e, du 92e et du 106e ; 33e demi-brigade, les 6es bataillons du 112e, du 13e de ligne et le bataillon du 8e léger qui revient d'Espagne ; 34e demi-brigade, les 6es bataillons du 8e léger, du 18e et du 36e.
Il sera formé, en outre, six bataillons de garnison : deux pour Palmanova, deux pour Venise, un pour Ancône, un pour Livourne ; total, six.
Ces troupes seront mêlées avec vingt-quatre bataillons italiens, de manière à former deux belles divisions, qui pourront surveiller, l’une les provinces illyriennes, Venise et le Tyrol ; l’autre, Ancône, la Toscane et Rome.
Cette organisation sera l'objet d'un travail particulier ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).

Le 8 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Comte Bertrand, commandant le Corps d'Observation d'Italie, à Trieste : "Monsieur le Général Bertrand ... je désirerais que du 1er au 15 mars le corps d'observation d'Italie se mit en marche ... Vous ne me dites pas si vous avez reçu la formation de votre corps d'observation. Je suppose que le 23e de ligne, le bataillon du 8e d'infanterie légère et le 13e de ligne sont déjà en marche ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19555 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32656).

Le 27 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, ayant retiré des Provinces Illyriennes les 4 bataillons du 23e et un bataillon du 8e léger, Trieste doit se trouver au dépourvu. Ecrivez au général Vignolle de former un bataillon provisoire composé de conscrits français non destinés au corps d'observation d'Italie, et d'envoyer ainsi 600 Français à Trieste.
J'écris également au ministre de la Guerre du royaume d'Italie d'y envoyer 2 bataillons formant 1 200 hommes. Écrivez au duc d'Abrantès de laisser ces 3 bataillons à Trieste pour la garde de la ville, et pour l’achever leur instruction, ce qui joint aux Croates sera plus que suffisant
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32895).

Le même 27 février 1813, l'Empereur écrit aussi, depuis Paris, au Général Fontanelli, Ministre de la Guerre et de la Marine du Royaume d'Italie : "Ayant retiré d'Illyrie les 4 bataillons du 23e régiment et le bataillon du 8e d'infanterie légère, Trieste se trouve dépourvu de troupes. Il doit y avoir suffisamment de Croates à Raguse où il existe d'ailleurs 3 bataillons italiens. Je désire que vous fassiez partir pour Trieste 2 bataillons provisoires de 600 hommes chacun lesquels seront composés de jeunes gens qui ne sont pas destinés à faire partie du corps d'observation d'Italie. Ils tiendront garnison à Trieste et se formeront là.
Je fais donner ordre au général Vignolle de former également un bataillon de 600 conscrits français, de ceux qui ne sont pas destinés au corps d'observation d'Italie, et de diriger ce bataillon sur Trieste, ce qui réunira dans cette place 1 800 hommes qui mettront la ville et le littoral en sûreté jusqu'à ce que la conscription de 1814 arrive et que je puisse faire les dispositions convenables pour l'île
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32902).

a/ Le 4e Bataillon, au sein du 3e Régiment provisoire (4e Corps Bertrand, 12e Division Morand)

Au moment de l’année 1813, un nouveau 4e Corps est organisé avec les troupes d’Italie et confié au Général Bertrand, Gouverneur général de l’Illyrie. Le 4e Bataillon du 8e Léger, resté à Zara pendant la campagne de Russie, en fait partie et forme, avec le 3e Bataillon du 3e Léger, le 3e Régiment provisoire ; il est placé dans la 12e Division, Général Morand.

Le 23 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Bertrand, commandant le 4e Corps de la Grande Armée : "Monsieur le comte Bertrand, je reçois votre lettre du 15 mars ... Le 8e léger et le 3e léger doivent aussi se trouver complétés. Ecrivez au prince Borghèse pour que ce qui est au 5e bataillon du 3e léger à Parme, ayant plus d'un mois de service, en parte jusqu'à concurrence de ce qui est nécessaire au complet du corps. Vous me dites que vous écrivez au général Vignolle de faire partir 500 hommes de chacun des dépôts pour compléter les bataillons qui s'organisent à Augsbourg. Mais cela est fait depuis longtemps, et je suppose que vous trouverez à Augsbourg ces bataillons arrivés et en état. J'ai nommé le colonel Slivarich général de brigade" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33393).

Le même 23 mars 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Bertrand, commandant le 4e Corps de la Grande Armée : "Monsieur le comte Bertrand, je viens de signer le décret qui nomme aux places que vous avez proposées pour les 3e et 8e légers. Ne perdez pas un moment à faire reconnaître ces officiers ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33394).

Le 4e corps traverse le Tyrol, passe à Augsbourg (2 avril) et continue sa marche vers la Saxe par Nuremberg, Cobourg (20 avril), Iéna (26 avril), Stossen (1er mai).

- Bataille de Lutzen, 2 mai 1813

Le lendemain, l’armée, qui est réunie depuis quelques jours, marche sur Leipzig, quand Witgenstein et Blücher la prennent en flanc et attaquent Ney vers le village de Kaya ; mais les conscrits du 3e Corps soutiennent glorieusement le choc des volontaires prussiens, pendant que Napoléon prend ses dispositions de combat. Macdonald prolonge à gauche, Marmont marche à droite ainsi que Bertrand qui fait à ce moment la reconnaissance de la route de Géra-Leipzig ; Oudinot manoeuvre pour menacer le flanc gauche ennemi.

Witgenstein essaie de tourner les positions où Ney se maintient avec opiniâtreté, mais Marmont entre en ligne avec de vieux Régiments de la Marine et déjoue cette attaque en repoussant de terribles charges de cavalerie.

Cependant, le déploiement des alliés continue ; les Prussiens, entrés un instant dans Kaya, en sont aussitôt chassés.

Il est trois heures, la Division Morand, du 4e corps, arrive enfin, débouche par le village de Teuschen et se forme sur les hauteurs. Son avant-garde, commandée par le Général Bruche et composée d’un Bataillon du 3e Régiment provisoire d’infanterie légère (8e Léger, effectif 20 Officiers et 709 hommes) et du 2e Régiment illyrien, s’élance avec la plus grande valeur vers l’ennemi à travers un ravin profond, franchit le Grünbach sous le feu d’une artillerie nombreuse et se forme dans la plaine devant les masses de cavalerie ennemie.

La Division ayant franchi à son tour le ravin sous la protection de nos batteries, et malgré le feu de l’ennemi, se reforme en carré par échelons flanqués de seize bouches à feu et s’avance dans cet ordre à travers une vaste plaine au milieu de la cavalerie ennemie. Elle marche au feu vers Kaya, prenant perpendiculairement le flanc gauche ennemi. A cet instant, Witgenstein fait donner ses réserves, repousse encore une fois Ney, et emporte ce village de Kaya dont la possession est décisive. Mais la Garde est là; l’Empereur lui donne le signal; elle se précipite, précédée d’une formidable batterie de soixante-quatre pièces. Les Prussiens prétendent en vain lutter contre le torrent ; écrasés, décimés par la mitraille, ils sont brisés. La Jeune Garde rentre dans Kaya par toutes les issues.

L’ennemi se débande ; Macdonald, Marmont, Bertrand débordent, foudroient les flancs de ses colonnes épuisées. Il fuit, affaibli de 15 à 20000 hommes ; sa cavalerie le préserve d’une entière déroute.

A neuf heures, on fait halte jusqu’au jour. Dans la nuit, l’ennemi essaie de ressaisir le champ de bataille, mais les vainqueurs sont bivouaqués en carré. Leur prévoyance, leur promptitude à se mettre sous les armes font échouer leurs efforts.

La journée de Lutzen, dans laquelle 85000 Français onnt lutté avec avantage contre 107000 Russes et Prussiens, a un grand retentissement. La Grande-Armée revit donc encore ! La France est inépuisable en soldats invincibles ! En conséquence, l’Autriche et les Rois allemands suspendent leurs projets de défection.

Le 3, au point du jour, l’armée française se met en mouvement pour suivre l’ennemi sur la route de Dresde. Morand pousse une reconnaissance sur Menschwitz et arrive à Frohbrug le 5. L’ennemi y a brûlé les ponts et laissé quelque infanterie pour garder les passages ; il le débusque et rétablit les ponts.

Les trois Divisions du 4e Corps marchent sur Roechlitz et Mittveyda et détachent, le 7 mai, trois Bataillons d’infanterie légère, dont celui du 8e Léger, à Dittmansdorf pour établir la communication avec la Grande Armée.

Le 4e Corps passe le pont de Dresde le 11 mai à la pointe du jour et se rend à Koenigsbrück, puis à Bautzen le 18. Le 8e Léger compte à ce moment 21 Officiers et 66 hommes.

- Bautzen, 20-21 mai 1813

Les coalisés, au nombre de 160000 hommes, dont 30 à 40000 cavaliers, nous attendent de l’autre côté de Bautzen, couverts par la Sprée, puis six mille mètres plus loin par un demi-cercle de retranchements et de redoutes tracés depuis Preitiz jusqu’aux montagnes des Géants.

Macdonald, soutenu par Soult et Mortier (la Garde), marche sur Bautzen, flanqué par Oudinot à droite, par Marmont et Bertrand à gauche. Les quatre colonnes franchissent à la fois la Sprée, enlèvent Bautzen, enfoncent d’abord la première ligne, puis les renforts qu’elle reçoit; puis, à plusieurs reprises, la cavalerie qui vient se briser contre leurs baïonnettes. Le combat dure jusqu’à sept heures.

A ce moment, Bertrand, qui a forcé le défilé de Nieder-Grusch, est établi sur la rive droite de la Sprée, à six mille mètres au-dessus de Bautzen, vis-à-vis de Doberschütz qu’occupe la Division du Général prussien Ziethen.

A l’aube, le combat reprend sur toute la ligne et se soutient longtemps avec des chances variées, lorsqu’enfin, Luriston, suivi de Ney, des Saxons (60000 hommes), débouche sur Preititz. Cette formidable colonne est commandée par Ney qui, après avoir simulé un mouvement sur Berlin, s’est rabattu à grand pas sur le champ de bataille. Les ordres lui prescrivent de forcer l’entrée du camp en emportant Preititz, de défiler sur les derrières des lignes qui luttent contre l’Empereur et de le prendre entre deux feux.

La 1re Division saisit Preititz, mais les Saxons se font attendre et les réserves des alliés ont le temps de se jeter au-devant du Maréchal et de reprendre Preititz. A ce moment, l’Empereur décide d’attaquer le Corps de Blücher de front. Le Duc de Dalmatie à la tête du 4e Corps débouche à une heure de l’après-midi par Pliskowitz et Doberschütz, culbute les troupes qui tiennent ces villages et fait canonner de front les retranchements de Krekwitz.

L’artillerie française ayant réussi à faire taire celle de l’ennemi, le 4e Corps se porte vivement en avant, attaque avec vigueur les hauteurs et le village de Krekwitz et les emporte de la manière la plus brillante, bien que Blücher ait rappelé à lui sa réserve qui a réoccupé Preititz. Les coalisés échappent à une destruction complète en vidant le champ de bataille. A la nuit, l’armée française s’étend de Hochkrich à Vurschen.

Les pertes de la journée sont pour l’ennemi de 18000 hommes et de 3000 prisonniers et pour nous de 12000 hommes. L’ennemi se retire sur l’Oder dans le camp retranché de Schweidnitz.

Enfin, l’armistice de Parschwitz est signé le 4 juin. A partir du 10 juin 1813, par suite du départ du Bataillon du 3e Léger, le 3e Régiment provisoire cesse d'exister, mais le 4e Bataillon demeure au sein du 4e Corps. Il sera rejoint par le 2e Bataillon du 8e Léger.

Le 4e Bataillon du 8e Léger reste au camp de Geismandorf du 15 juin au 15 juillet, puis va à Cunersdorf jusqu’à la reprise de la campagne.

b/ Les 1er, 2e et 3e Bataillons

Tandis que le 4e Bataillon combat au sein du 4e Corps, les trois autres Bataillons sont reconstitués au Dépôt à Genève, avec les hommes des nouvelles levées et les cadres rentrés d’Espagne et de Russie.

- Opération des 1er et 3e Bataillons

Le 6 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j’ai examiné le travail que vous m’avez présenté le 28 févier dernier relativement à la formation des 34 demi-brigades provisoires ...
Le 3e bataillon du 8e léger, qui est à Genève et Venise ; le 1er bataillon du 8e léger et le 1er du 18e léger qui est à Grenoble, feront une demi-brigade qui prendra le n°34, et sera ajoutée à la division chargée de la défense de Toulon, ce qui portera cette division à 4 demi-brigades ...
Vous remarquerez que le 8e et le 18e n’auront que leur second bataillon à Glogau ...
Le 8e léger a dans ce moment-ci, 317 hommes, il lui en restera 869 après la levée des 4 classes, il en reçoit 1 400 de 1814. Il aura donc 2269 hommes. Vous ferez rentrer tous ces bataillons à Genève, hormis ce qui est resté à Glogau : et là on complétera le 1er bataillon, ce qui n'exigera pas plus de 400 hommes. Le 2e bataillon et le 3e feront partie des 1/2 brigades provisoires et exigeront 1 600 hommes, ce qui laissera encore suffisamment de monde pour le 5e bataillon. C'est donc à tort que vous portez 500 hommes comme manquants, vu que ce régiment ne doit avoir à la Grande Armée que ce qui y a été laissé de son 1er bataillon, et que tous les autres cadres doivent se rendre à Genève ...
Du calcul que vous faites sur les hommes manquants il faut donc effacer les 9700 hommes que vous portiez manquants pour les régiments de la Grande Armée et 1150 pour les 8e et 18e d'infanterie légère ...
Résumé ... le 8e et le 18e légers. Ces 2 régiments ont laissé 2 ou 3 compagnies du 1er bataillon à Glogau ; tout le reste doit rentrer au dépôt à Grenoble et à Genève. Donnez des ordres en conséquence. Le reste du 1er bataillon et le 2e se réorganiseront et fourniront aux demi-brigades provisoires à moins qu'on ne juge convenable de compléter le 1er bataillon avec les conscrits des 4 classes ; mais tout cela devra partir du dépôt en France ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33036).

Le 4 avril 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Duc de Feltre, j’approuve que le 3e bataillon du 8e léger et le 2e du 18e portent le nom de 27e régiment provisoire" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33620).

Les 1er et 3e Bataillons partent de Genève le 9 juin, passent à Mayence le 27 et vont le 13 juillet dans la 44e Division aux ordres du Général Broussier à Wurzbourg, où ils font partie du Corps d’observation de Bavière. A la dissolution de ce corps (18 juillet), les 44e et 45e Divisions passent au 14e Corps à Bamberg.

A leur arrivée à Bamberg, les 1er et 3e Bataillons du 8e Léger sont placés dans la Brigade Paillard (44e Division, Général Berthezène - 14e Corps, Général Gouvion Saint-Cyr). Ils ont à ce moment le premier, quatre Compagnies et le troisième, deux.

Au début de la campagne d’automne, les 1er et 3e Bataillons sont chargés, au sein de la 44e Division, avec Gouvion Saint-Cyr, d’observer les débouchés de Bohême sur la rive droite de l’Elbe. Le 14e Corps quitte Bamberg le 2 août, passe par Cronach (4 août), Schleitz (7 août), Géra (9 août), Roechlitz (11 août) et arrive à Dresde le 13 août.

La 44e Division est établie en avant de Borna et défend la route de Toeplitz. L’on profite de quelques jours qui précèdent la reprise des hostilités pour exercer les hommes au tir à la cible ; la plupart n’ont jamais tiré encore un coup de fusil.

Mais Gouvion Saint-Cyr est bientôt forcé de se replier sous Dresde (23 août) pour arrêter la principale armée des alliés commandée par Schwarzemberg qui a débouché de Bohême en Saxe par la rive droite de l’Elbe.

Le 26 au matin, les Russes et les Prussiens attaquent les 44e et 45e Divisions placées en avant et à gauche de Gros-Garten. Leurs efforts se portent ensuite au centre de la ligne. A trois heures, ils font avancer une artillerie formidable et dirigent leur feu sur le poste et la redoute de Plauen et les font évacuer. Mais la redoute n°3 est défendue très vigoureusement ; à 5 heures du soir, elle est un instant évacuée, faute de munitions. Elle est aussitôt reprise par deux Compagnies de Grenadiers du 8e Léger et du 54e et un Bataillon de la Garde Impériale.

Enfin, l’ennemi est refoulé dans ses positions du matin. Il bat en retraite le lendemain après un nouveau combat.

Dans ces deux journée, le 8e Léger à cinq Officiers blessés : les Capitaines Ricard, Camoin et Gagnon, le Lieutenant Perroud et le Sous-lieutenant Henry (certaines sources indiquent pour les combats à Dresde les 25 et 26 août 1 Officier tué, 6 blessés)

Le 14e Corps, mis à la poursuite de l’ennemi, est à Maxen le 28, à Luckau le 29. Mais après la malheureuse affaire de Kulmm (30), il se rapproche de Dresde et vient près de Pirna (1er septembre).

Le 8, de grand matin, le Maréchal Saint-Cyr place ses troupes derrière la Müglitz et sur les hauteurs de Dohna, occupant par des avant-postes Heydeneau, Klein, Sedlitz et Dohna. L’ennemi vient l’attaquer et laisse bon nombre de morts, surtout à Heydeneau. Mais ses forces augmentent à tout moment et tout annonce qu’il va avoir le dessus, lorsque l’Empereur arrive, précédant de deux heures ses troupes, et ordonne vers quatre heures de reprendre l’offensive. On marche à l’ennemi ; après un combat très opiniâtre, celui-ci s’enfuit, laissant couverts de morts les différents plateaux où il avait pris position. Le 8e a deux Officiers blessés : le Lieutenant Joye et le Sous-lieutenant Pelet, 12 hommes tués et 104 blessés.

Après ce succès, l’armée marche vers la Bohême pour prendre Witgenstein à revers ; elle arrive à Breitenau le 9, à Furstenwald le 10. Mais à ce moment, Napoléon retourne à Dresde. Néanmoins, le 14e Corps feint de vouloir continuer son mouvement pour occuper l’ennemi et quelques Bataillons, dont ceux du 8e Léger, sont détachés pour garder un chemin qui conduit de Kulm à Furstenwald. L’ennemi les harcèle constamment et blesse dans une escarmouche le Sous-lieutenant Doyen (12 septembre).

Cependant, Napoléon revient pour essayer de rejeter les alliés en Bohême. Le 14e Corps, qui le couvre sur la droite, a une affaire près d’Autendorf dans laquelle sont blessés le Lieutenant Evrard et le Sous-lieutenant Ollagnier (17 septembre).

Le 17 septembre 1813, l'Empereur, depuis Peterswalde, ordonne : "... Art. 18. — Les bataillons du 8e régiment d'infanterie légère qui se trouvent au XIVe corps, se rendront au IVe corps pour y joindre leur premier bataillon.
Art. 19. — Le major général est chargé de prendre toutes les dispositions pour la prompte exécution du présent ordre
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 169).

Napoléon change encore ses vues et rentre à Dresde. Il y est suivi par les deux Bataillons du 8e qui ont reçu l’ordre de passer dans le 4e corps, 12e Division (voir plus bas). Le 3e Bataillon s’y complète par l’arrivée de trois Compagnies comprenant 6 Officiers et 531 hommes.

- Opération des 2e et 4e Bataillons

Le 30 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez l'ordre qu'un bataillon du 8e léger parte du 5 au 10 avril bien habillé, bien équipé et fort de 840 hommes ; qu'il se rende par la ligne la plus courte, sur le point le moins éloigné où le Rhin est navigable, et s'embarque pour descendre à Mayence. Faites-moi connaître le jour où il arrivera à Mayence, afin que je donne des ordres ultérieurs ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33531).

Le 1er avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Je reçois votre lettre sur les bataillons du 8e et 18e d'infanterie légère ; il faut les garder à Mayence ; on les placera dans la 4e division du 2e corps d'observation" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 842 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33553).

Le 2 avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "… DE QUELQUES RÉGIMENTS QUI NE SONT PAS EMPLOYÉS ...
Le 8e et le 18e d'infanterie légère doivent avoir leurs 2es bataillons complétés et réunis à Mayence : on en pourrait former un régiment provisoire qui serait attaché à la 4e division du 2e corps d'observation du Rhin ; les deux autres bataillons de ces régiments, devant être complétés avec la conscription de 1814, suivraient après leur destination ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 25, 19795 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33571).

Le 2e Bataillon part de Genève, le 10 avril, à l’effectif de 17 Officiers et 671 hommes. Il arrive le 28 à Mayence et entre d’abord dans la formation de la 23e Division du 6e Corps d’armée.

Le 13 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, à Berthier : "Vous aurez remarqué dans le décret sur les régiments provisoires qu'un bataillon des 8e et 19e légers qui est de la division Teste, passe au 4e corps ; faites opérer ce mouvement le plus tôt possible. Faites-moi connaître les renseignements que vous avez sur la formation de la division Teste" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 955 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34624).

Le 23 juin 1813, le Duc de Padoue écrit, depuis Leipzig, à Berthier : "… Conformément aux ordres de l'Empereur, j'ai fait partir ce matin pour Sprotau un bataillon du 8e régiment d'infanterie légère, appartenant au 4e corps, fort de 568 hommes, officiers compris, et pour Luckau, un bataillon du 18e d'infanterie légère, appartenant au 12e corps, fort de 401 hommes, officiers compris ..." (Du Casse A. : "Le Général Arrighi de Casanova, Duc de Padoue", 1866, t. 1, p. 344).

Au moment où la 23e Division passe dans le 1er Corps, le 2e Bataillon du 8e va donc rejoindre le 4e dans le 4e Corps, à Geismandorf, le 6 juillet.

L’effectif des 2e et 4e bataillons réunis est, le 11 juillet, de 37 Officiers et 1259 hommes.

Au début de la campagne d’automne, les 2e et 4e Bataillons font partie du 4e Corps, 12e Division, et doivent opèrer vers Berlin. Ils vont, eux aussi, livrer de nombreux combats.

Forts de 40 Officiers et de 1367 hommes, les 2e et 4e Bataillons partent de Cutzendorf le 12 août et marchent sur Berlin avec Oudinot. Ils passent par Sagan, Niverle, Cottbus et Schulzendorf. Le 22, le 4e Corps enlève le défilé de Juhndorf.

Le lendemain, il se bat toute la journée avec succès contre les Prussiens du côté de Blankenfeld, mais la défaite du 7e Corps à Gros Beeren entraîne la retraite de l’armée qui se retire à la nuit sur Treblin. Oudinot, n’espérant plus percer jusqu’à Berlin, continue les jours suivants son mouvement de retraite par Woltersdof et Wittemberg (2 septembre). Les deux Bataillons du 8e Léger sont commandés depuis deux jours par le Major Folard, venu du Dépôt.

Le 4, Ney, successeur d’Oudinot, reprend l’offensive. Il marche, le 6 septembre, sur Dahme et Baruth pour gagner Berlin en évitant l’armée ennemie.

Le 4e Corps, couvrant ce mouvement, se porte vers Juterbock et a constamment sur son flanc gauche une nombreuse cavalerie et quelque infanterie. La route qu’il suit traverse un ruisseau peu profond mais très marécageux ; on ne peut le passer qu’à Dennevitz et à Rohrbeck.

A sa sortie de Dennevitz, la Division italienne Fontanelli est assaillie par une vive canonnade de l’ennemi qui débouchait à ce moment de Juterbock. Il se met aussitôt en bataille, repousse l’ennemi et s’empare d’un bois sur la gauche. Morand couronne les mamelons sur la rive gauche avec les deux batteries de réserve et place le reste de sa Division autour d’un moulin et dans la plaine en avant de Dennewitz pour soutenir la Division italienne. Il envoie la cavalerie aux deux ailes en avant du défilé et sur la gauche des batteries de 12.

Des combats de cavalerie se livrent dans la plaine occupée par l’infanterie du Général Morand, qui forme les carrés pour recevoir les charges.

Notre position devient critique ; nos renforts n’arrivent pas encore tandis que le corps de Bulow, fort de 25000 hommes, débouche sur notre flanc gauche. Ses têtes de colonne s’avancent déjà sur les deux rives du ruisseau. Nos batteries de 12 les arrêtent ; Ney s’élance à leur rencontre à la tête des deux Bataillons du 8e, les repousse, reprend une petite éminence qui sert de point d’appui de gauche à la ligne de bataille et que deux Bataillons du 13e se sont laissés enlever ; il la couronne de treize pièces. L’ennemi se retire dans le plus grand désordre du côté de Nieder-Gersdorf ; sa cavalerie essaie de nous arrêter et se fait détruire.

Cependant, les forces de l’ennemi augmentent toujours des deux côtés du ruisseau et les armées russe et suédoise arrivent à marches forcées. Après avoir soutenu longtemps seul tous les efforts de l’ennemi, qu’appuie une artillerie nombreuse, le 4e Corps se voit obligé de battre en retraite vers Rohrbeck. Les Bataillons, dans la plaine, se retirent avec le plus grand calme par échelons, tantôt s’arrêtant, tantôt chargeant l’ennemi. Pour s’assurer la position de Rohrbeck et des bois qui couvrent ce défilé, ils chargent à la baïonnette un corps ennemi posté sur un coteau en avant de Juterbock et le jettent dans le ruisseau ainsi que dix pièces de canon.

Mais nous sommes débordés de plus en plus vers notre gauche. Sur le soir Ney, craignant d’être enveloppé, bat en retraite sur Torgau, pendant que le 4e Corps se replie sur Dahme.

Dans cette journée, nos troupes se sont montrées très disciplinées et ont fait des prodiges de valeur.

Le 8e Léger, fortement éprouvé, a 62 tués dont 2 Officiers : le Capitaine Sevestre et le Lieutenant Tristan de l’Hermite, et 11 Officiers blessés (ou 15 selon les sources) : le Chef de Bataillon Woillard, les Capitaines Couturier, Mayer, Courtois, Delaforet, Laforet, les Lieutenants Lebailli et Ricart, les Sous-lieutenants Folicaut et Lambert, le Sous-aide major Lacroix.

Le 8 septembre, le 4e Corps va de Dahme à Belgern sur la rive gauche de l’Elbe où l’on reconstitue l’armée.

C’est à ce moment que le Général Bertrand écrit à Ney la lettre suivante pour lui demander de réunir dans son Corps les quatre Bataillons du 8e Léger (13 septembre) : "Les deux bataillons du 8e léger sont aujourd’hui réduits à 400 hommes chacun ; ces deux bataillons sont bons et bien commandés, le corps d’officiers est excellent. Sur 16 officiers, un de ces bataillons en a eu 12 hors de combat à Juterbock. Il y a, dit-on, à Dresde un bataillon du 8e léger réduit à 400 hommes ; en le réunissant à ceux-ci on en tirerait peut-être meilleur parti. C’est une simple observation que j’ai l’honneur de soumette à votre Altesse".

A la suite de cette demande, les 1er et 3e Bataillons quittent le 14e Corps et rejoignent les 2e et 4e au 4e Corps (22 septembre). Le 8e Léger réuni compte alors 58 Officiers et 1424 hommes.

c/ Les 4 Bataillons réunis au sein du 4e Corps terminent la campagne

Les quatre Bataillons sont réunis le 22 septembre dans le 4e Corps d'infanterie de l'Armée d'Allemagne (Général de Division Bertrand), 12ème Division Morand, Brigade Belair. Ils y terminent la campagne.

Lorsque Ney recommence ses opérations (22 septembre), la Division Morand est envoyée du côté de Wartembourg pour y détruire les ponts que l’ennemi vient d’y jeter. Le 8e Léger marche à l’avant-garde.

Wartembourg, malgré une défense opiniâtre de 15000 hommes, est enlevé le 24 septembre et aussitôt après occupé défensivement.

Ce village est entouré d’une digue précédée d’une flaque d’eau qui s’étend de l’Elbe au village de Bloeding, et qui n’est accessible que par trois ponts. Par ses nombreux contours, cette flaque doit forcer les colonnes ennemies à faire de nombreux détours et à prêter le flanc à nos tirailleurs. MORAND installe ses Divisions derrière ces digues et sur les hauteurs de gauche qu’il couronne de son artillerie.

Le 29 septembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, des bataillons d'un même régiment sont à l'armée dans différents corps. Par exemple, le 8e d'infanterie légère et le 18e léger ont des bataillons dans le 4e corps et dans le 14e ; le 27e d'infanterie a deux bataillons au 11e et au 14e corps ; d'autres régiments en ont au 14e corps et au corps de Bavière. Faites-moi un travail là-dessus et proposez-moi de réunir le plus tôt possible tous les bataillons d'un même régiment dans un même corps. Je pense qu'il est convenable de réduire le 14e corps à 3 divisions" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 211 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 36560).

Le 3 octobre, à sept heurs du matin, Blücher, le Duc d’Yorck et le Prince Charles attaquent ce village avec l’armée de Silésie. Mais partout, la Division Morand repousse leurs attaques en leur faisant éprouver des pertes énormes. Postée derrière les digues et des lignes d’abatis, elle laisse approcher les colonnes ennemies et les reçoit ensuite avec la mitraille et une vive fusillade qui renverse tout.

A deux heures, les forces supérieures que l’ennemi porte sur Bloeding obligent la Division wurtembergeoise à évacuer ce village.

Les Brigades Hulot et Maroni tâchent de la dégager en faisant une diversion en avant ; elles culbutent l’ennemi dans le marais, mais la Division wurtembergeoise se laisse enfoncer. Le 4e Corps, voyant ses flancs menacés, suit ce mouvement de retraite ; il est cinq heures. La Division Morand s’est battue toute la journée avec la plus grande valeur ; aussi, sur le soir, les approches de la digue sont couverts de morts et de blessés de l’ennemi. On peut évaluer leur nombre à 5 ou 6000 hommes.

De notre côté, nous avons peu de tués grâce à l’avantage de la digue qui nous protégeait.

Le 8e, félicité pour sa belle conduite, a 1 Officier tué, le Sous-lieutenant Causse, 5 blessés, le Commandant Latour, les Capitaines Ricart et Courtois, les Lieutenants Charton et Lavrut, et 16 hommes tués.

Le Corps de Bertrand rejoint l’armée de Ney vers Doelitsch le 5 octobre.

Cependant, Napoléon prend la résolution de rejeter Blücher et le Prince de Suède de l’autre côté de l’Elbe, afin de retarder la concentration générale des armées alliées. Il arrive de Dresde avec plusieurs corps, rejoint l’armée de Ney à Eleimburg et arrive à Duben le 10.

Le lendemain, Reynier marche sur Wittemberg, Bertrand sur Wartemburg. Mais Napoléon apprend que l’armée bavaroise, au lieu de contenir les Autrichiens, vient de faire défection et se porte droit au Rhin ; de plus, que Schwarzemberg touche aux portes de Leipzig, que Blücher est à Halle et Bernadotte près de Dessau ; les trois armées vont se réunir. Pour ne pas être coupés des frontières de France, Napoléon se retire aussitôt sur Leipzig où il arrive le 15.

Le 4e corps va occuper Lindenau et garder les ponts sur l’Elster et la Pleiss.

- Bataille de Leipzig, 16-19 octobre 1813

La lutte commence le 16 à Vachau et sur la Pactha. En même temps, Bertrand est attaqué à Lindenau par les Généraux Giulay, Thielman et Lichtenstein qui veulent s’emparer des ponts et des faubourgs de Leipzig. Ce combat dure six heures sans que l’ennemi puisse gagner un pouce de terrain. A cinq heures du soir, le Général Bertrand décide la victoire à Lindenau en faisant une charge avec sa réserve et l’ennemi est forcé d’évacuer le champ de bataille.

Cette journée est meurtrière pour le 8e Léger qui a 6 Officiers tués : les Capitaines Vinois et Lapique, le Lieutenant Rampal et les Sous-lieutenants Vial, Lancon, Vielle, et 16 blessés : le Colonel Ricard, les Capitaines Fabre, Charton, Favier, Gagnon, Jacomet, les Lieutenants Blondel, Duclos, Verreulx, Brice, Crete, les Sous-lieutenants Paulicault, Prevel, Vaujani, Dousseau, Vogt.

Craignant de voir renouveler l’attaque, Bertrand fait renforcer les positions dans la nuit par la construction de redoutes, mais la journée du 17 se passe sans incidents et l’on continue à se retrancher.

Le lendemain se livre la grande bataille de Leipzig, dans laquelle 138000 Français luttent contre 300000 coalisés. Le 4e Corps n’y assiste pas.

Napoléon s’est rendu à Lindenau à trois heures du matin et a prescrit au Général Bertrand de marcher sur Weissenfels pour balayer la plaine de Lutzen et s’assurer le passage de la Saale. A midi, ses ordres sont exécutés et Bertrand garde le pont de Weissenfels.

L’armée bat en retraite le 19 et arrive à Lutzen. Le même jour, Bertrand prend les devants pour s’emparer du pont de Freybourg où il a un petit engagement. Il y laisse les Brigades Hulot et Belair et va occuper le défilé important de Koesen que doit traverser l’armée. Il y bat Giulay. Le 4e Corps fait ensuite partie de l’arrière-garde.

- Hanau, 30-31 octobre 1813

Le 31 octobre, le 4e Corps reste seul dans Hanau pour couvrir la retraite de l’armée et résiste toute la journée aux attaques de l’armée bavaroise. Pendant la lutte, le 8e Léger est envoyé au secours d’un Corps italien qui s’est laissé enfoncer à la porte de Nuremberg. Il s’élance à la baïonnette sur la colonne ennemie, la coupe et la repousse après avoir blessé son Général en chef. Posté ensuite près de cette porte, dans des vergers, et soutenu par huit pièces de canon qui prennent cette porte d’écharpe, le 8e Léger repousse encore une fois les attaques de l’ennemi.

A sept heures, lorsque toutes les voitures et tout le matériel ont débarrassé la route, le 4e Corps continue tranquillement sa marche sur Francfort. Quatre Officiers du 8e léger ont été blessés dans cette journée : les Lieutenants Duclos et Six, les Sous-lieutenants Dousseau et Vogt (le 8ème donne à Hanau les 30 et 31 octobre : 6 Officiers blessés au total).

L’armée française repasse le Rhin le 2 novembre, à l’exception du 4e Corps, qui est laissé sur la rive droite. Le 8e Léger, à l’effectif de 58 Officiers et de 523 hommes, reste quelque temps près de Hocheim.

L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique : "ARTICLE PREMIER.
L'armée sera organisée de la manière suivante :
Le onzième corps, commandé par le duc de Tarente, sera composé de la trente et unième et de la trente-cinquième division …
ART. 2.
Tous ces corps seront successivement portés à quatre divisions ...
QUATRIÈME CORPS D'ARMÉE.
ART. 10.
La douzième division sera composée ainsi qu'il suit :
Quatre bataillons du 8e léger ...
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105 et page 415).

où il a une petite escarmouche le 9, puis rentre dans Mayence le 15 novembre.

Le 21 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, dans l'état du 4e corps joint à une lettre du comte Bertrand que vous m'avez envoyée, je vois qu'on a porté le 5e léger à 2 bataillons et le 8e à 4 ; le 23e de ligne à 4, le 13e à 5, et le 137e à 5 ; ce qui, avec le bataillon du 96e, fait 19 bataillons pour la 12e division.
Je croyais que le 5e léger avait été réduit à un bataillon, le 8e à 2, le 23e de ligne à 3, le 13e à 4, et le 137e à 2 ; ce qui fait avec le bataillon du 96e, 13 bataillons pour cette division. Faites-moi connaître ce qu'il en est. Il en est de même de la 13e division
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37213).

Le même 21 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : Monsieur le duc de Feltre, je vous envoie un état de situation que je reçois du 4e corps. Ecrivez au prince de Neuchâtel pour savoir si ce n'est pas par erreur que le 5e léger y a été porté à 2 bataillons, le 8e à 4, le 23e à 4, etc. Je croyais que le 5e léger avait été réduit à un bataillon, le 8e à 2, le 23e à 3, etc.
Toutefois, il résulte de cet état que ce corps est de près de 20 000 hommes.
Comme 11500 conscrits ont été dirigés directement sur Mayence pour le recruter, et que les dépôts font partir les hommes nécessaires pour porter au grand complet les bataillons de leurs régiments respectifs, ce corps sera bientôt porté à 50000 hommes. Comme je destine spécialement ce corps à la Garde de Mayence et de Kastel, et à manœuvrer autour de Mayence, j'attache une grande importance à ce qu'il soit porté à cette force, tant par les conscrits envoyés directement que par ceux envoyés des dépôts, afin que, le cas arrivant, on pût ne placer dans Mayence que 2 divisions, ce qui ferait 20000 hommes, suffisant pour la garnison de cette ville ; tandis que, dans la position actuelle, il faudrait que tous les cadres de ce corps se renfermassent dans Mayence.
Je crois que le 5e 1éger, dont le dépôt est à Cherbourg, le 8e, dont le dépôt est à Genève, le 96e, dont le dépôt est dans le Nord, le 18e léger, dont le dépôt est à Genève, le 54e, dont le dépôt est à Maastricht, le 95e, le 36e, le 66e, le 103e dont le dépôt est à Metz, le 10e léger, dont le dépôt est dans la 5e division, le 32e de ligne, dont le dépôt est à Paris, etc., doivent tous envoyer à leurs bataillons, au 4e corps, des détachements de 250 à 300 hommes. Je ne parle pas des régiments dont les dépôts sont en Italie, puisqu'il doit être pourvu à leur recrutement au moyen des 11500 conscrits envoyés à Mayence.
Tous ces détachements ci-dessus feront un renfort de 7 à 8000 hommes. J'en attends 1'état.
Comme ces bataillons doivent être portés au grand complet de 840 hommes, ils auront tous besoin de plus de 300 hommes ; mais ce surplus sera l'objet de l'envoi de seconds détachements
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37216).

Les 3e et 4e Bataillons sont versés dans les deux premiers à la suite du Décret de réorganisation du 23 novembre, et les cadres en excédant rentrent au Dépôt. Les deux premiers Bataillons font alors partie de la 1re Brigade du 4e Corps (effectif au 6 décembre, 44 Officiers, 489 hommes), et restent enfermés dans Mayence pendant toute la campagne suivante.

Le 8e est mentionné à Toeplitz le 14 septembre, à Willembourg le 15, à Autendorf en Bohème le 18, à Torgau le 24, à nouveau près de Torgau le 4 octobre (Chef de Bataillon Latour blessé et décédé le 25 novembre). L'année se termine par un combat devant Torgau le 4 novembre.

3/ Des éléments isolés ?

Le 26 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre ... Le 8e et le 18e régiments d'infanterie légère enverront le cadre de deux bataillons mais je pense qu'il convient de compléter ces bataillons au lieu de les faire partir par détachements.
Ces 2 bataillons seront une ressource réelle pour la Hollande ou tout autre point ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33438).

Le 20 novembre 1813, à 11 heures du matin, l'Empereur adresse, depuis Saint-Cloud, ses instructions pour le Général d'Anthouard : "... … D'Anthouard me rendra compte de l'état dans lequel se trouve la citadelle de Turin ...
Même rapport sur la citadelle de Plaisance.
On me parle de la citadelle de Casale : il s'y rendra ...
Si le vice-roi avait enfermé dans les places les fonds de dépôts, comme quartiers-maîtres, ouvriers, etc. il faut les retirer ; il faut même évacuer tout ce qui, dans ce genre, se trouve à Mantoue. On y a même enfermé le 5e bataillon et le dépôt du 8e léger. J'ai donné deux ordres pour que ce dépôt reçoive 600 conscrits à Alexandrie. D'Anthouard se fera rendre compte où cela en est. Que cela soit dirigé à Alexandrie ; ensuite que le dépôt, le major, les ouvriers, soient à Plaisance pour recevoir ce qui revient de la Grande Armée et organiser un bataillon ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.9, page 425 ; Correspondance de Napoléon, t. 26, 20928).

F/ 1814 : La Campagne de France

1/ L'Armée de Lyon

Le 4 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, Au Duc de Feltre : "Le 1er bataillon du 18e léger, les 3e et 4e du 8e léger, le 4e du 5e de ligne, le 4e du 11e de ligne, le 3e du 23e de ligne formeront une brigade de réserve d'Italie, dite brigade de réserve de Genève, où ils se réuniront le plus tôt possible. Cette brigade sera donc de près de 5000 hommes.
Faites-moi connaître quand elle pourra se trouver réunie à Genève. Chargez un général, de ceux employés de ce côté, de la passer en revue, de nommer à toutes les places vacantes et de veiller à l'instruction des bataillons
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 1082; Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6271 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37381).

Le 7 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai reçu votre lettre du 4 décembre. La brigade de réserve qui doit se réunir à Genève est composée des 3e et 4e bataillons du 8e léger, du 4e bataillon du 5e de ligne, du 4e bataillon du 11e de ligne, du 3e bataillon du 23e de ligne, et du 1er bataillon du 18e léger. Cette brigade est indépendante des 500 hommes que les dépôts doivent faire partir pour Mayence. Donnez des ordres pour que les cadres soient bien complétés en officiers et sous-officiers. Je désirerais que dans le courant de janvier, cette brigade fût entièrement réunie à Genève" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37451).

Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ...
La division de réserve de Genève sera composée du : 18e léger, 1 bataillon ; 8e léger, 2 bataillons ; 5e de ligne, 1 bataillon ; 60e de ligne, 2 bataillons ; 79e de ligne, 2 bataillons ; 81e de ligne, 2 bataillons ; 11e de ligne, 1 bataillon ; 23e de ligne, 1 bataillon
Total 12 bataillons ...
Il n'est parti aucun bataillon pour renforcer ni le 4e ni le 6e bataillon. Tous les détachements partis sont pour les bataillons qui sont restés à leur corps. Ainsi il est parti 250 hommes du 8e d'infanterie légère, de Genève pour se rendre à Mayence, où ils arriveront le 2 janvier ; mais ces 250 hommes sont pour renforcer les 2 bataillons qui restent à l'armée à Mayence. Cela n'a rien de commun avec les 2 bataillons du 8e léger qui doivent se former à Genève ...
Je me dépêche de vous envoyer ces décisions parce que l'expédition des ordres qu'elles exigent est urgente.
ANNEXE
... ÉTAT B
Formation de la brigade de réserve de Genève
2 bataillons du 8e léger ; 1 bataillon du 18e léger ; 1 bataillon du 32e léger ; 1 bataillon du 5e de ligne ; 1 bataillon du 11e de ligne ; 1 bataillon du 23e de ligne ; 2 bataillons du 60e de ligne ; 2 bataillons du 79e de ligne ; 2 bataillons du 81e de ligne ; 1 bataillon du 16e de ligne ; 1 bataillon du 145e de ligne
15 bataillons ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).

Le 21 décembre 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris, à propos des troupes qui vont former la garnison de Mayence. "ORDRES.
Le 4e corps d’armée, commandé par le général Morand, restera composé de quatre divisions, ainsi qu’il suit :
12e division, général Damas : 5e léger, trois bataillons ; 8e, deux; 13e de ligne, quatre; 23e, trois; 96e, deux; 137e trois; total, dix-sept bataillons ...
... La brigade dite de réserve, qui se réunit à Genève, sera composée ainsi qu'il suit, savoir : 8e léger, deux bataillons ; 18e, un ; 32e, un ; 5e de ligne, un ; 11e, un ; 23e, un ; 60e, deux ; 79e, deux ; 81e, deux ; 16e, un ; 145e, un ; total, quinze bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).

Le même 21 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Je trouve qu'il y a beaucoup d'erreurs dans les états de situation par ordre numérique que vous m'avez envoyés avec votre rapport de ce jour. Par exemple, dans l'état des régiments de l'armée d'Espagne tous les détachements qui sont partis pour recruter leurs bataillons de guerre, n'y sont pas portés. Dans l'état de l'infanterie de l'armée d'Italie, le 8e d'infanterie légère est porté comme ayant ses 3e et 4e bataillons à l'armée de réserve d'Italie; ce qui n'est pas exact" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6315; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37625).

Encore le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit aussi, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître :
... Si le 8e d'infanterie légère a fait partir de Genève 500 hommes pour compléter son 1er et son 2e bataillon qui sont au 4e corps ? ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37627).

Le 23 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je lis avec attention l'état par ordre numérique de la Grande Armée que vous m'avez envoyé le 21 décembre.
Je vois ... Que le 8e d'infanterie légère n'a pas fait partir les 500 hommes pour compléter au 4e corps ses 3e et 4e bataillons ...
Je désire que vous me fassiez un rapport pour faire connaître tous les détachements de 500 hommes qui sont partis pour renforcer les bataillons qui sont aux 4e, 5e, 6e et 11e corps ; et, pour ceux qui n'ont pas pu partir, quand ils pourront le faire.
Il faut avoir grand soin qu'on n'envoie aucun Hollandais ni aucun Belge à l'armée du Nord
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37648).

Le même 26 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "… Il faut organiser sans délai à Paris une division de réserve.
On la composera comme il suit :
1 6e bataillon du 12e léger
1 6e bataillon du 29e léger
1 bataillon formé de 2 compagnies du 2e, 4e et 15e léger
1 bataillon du 8e léger qu'on fera venir de Cherbourg
4 bataillons d'infanterie légère ...
Total 12 bataillons ou une division de 9 600 hommes
Il faut accélérer l'arrivée des bataillons qui doivent aller de Bretagne à la 10e et à la 11e division.
Faites-moi connaître combien cela formera de bataillons et combien ils pourront recevoir d'hommes.
Cette division de réserve se formera à Paris ou dans les environs ...
Il faut accélérer l'arrivée des conscrits de la levée des 120 000 et de celle des 300 000 qui sont dues à la Garde. Ces conscrits suffiront pour compléter tous les bataillons
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37677).

Violant la neutralité de la Suisse (29 décembre), les alliés pénètrent en France à la suite de notre armée ; Bubna se présente le 30 devant Genève qui se rend à la première sommation.

Sa garnison, conduite par le Major Bois du 8e Léger, n’a que le temps de sortir ; elle se retire sur Rumilly (30 décembre).

Heureusement, Bubna perd un temps précieux à s’établir à Genève et laisse à la défense le temps de s’organiser. Les Comtes Desaix et Marchand pressent les levées en masse des départements de l’Isère et du Mont-Blanc et forment la Division de réserve dite de Genève (4 janvier). Les 3e et 4e Bataillons du 8e Léger devaient en faire partie, mais le Régiment ne peut fournir que le 3e Bataillon (son Dépôt est alors à Roanne).

Le 5 janvier 1814, à Paris, l'Empereur décrète : "Le maréchal duc de Castiglione est nommé commandant en chef de l'armée de Lyon. Il aura le commandement de la ville, de la garde nationale de la ville ainsi que des 19e et 7e divisions militaires.
L'armée de Lyon sera composée : 1° d'une division de troupes de ligne, formée des bataillons ci-après :
3e et 4e bataillons du 8e régiment d'infanterie légère.
1er et 2e bataillons du 18e id.
2e bataillon du 32e id.
4e bataillon du 5e infanterie de ligne.
4e bataillon du 11e id.
3e bataillon du 23e id.
2e et 6e bataillons du 24e id.
7e bataillon du 60e id.
7e bataillon du 64e id.
7e bataillon du 79e id.
7e bataillon du 81e id.
7e bataillon du 16e id.
2e bataillon du 145e id.
2e du corps de gardes nationales dit de Lyon.
3e du corps de gardes nationales du Dauphiné
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6360).

Cependant, le Général Zeichmester se met en marche sur Chambéry pour expulser les Français du département du Mont-Blanc. Il attaque le 18 janvier avec 2000 hommes d’infanterie, 500 chevaux, 8 pièces d’artillerie, le village de Rumilly occupé par 223 hommes du 8e Léger et du 60e de Ligne, 164 préposés aux Douanes et 16 Chasseurs du 4e régiment ; il ne peut s’en emparer qu’après une lutte de deux heures. Obligée de céder devant le nombre, la troupe de la défense bat en retraite par la montagne pour échapper à la poursuite de la cavalerie et arrive à Aix. Officiers, soldats de Ligne et volontaires donnèrent en cette occasion des preuves éclatantes de valeur et d’intrépidité.

Devant les progrès de l’ennemi, le Général Desaix abandonne Chambéry (19 janvier) et va occuper les Chavannes, position importante qui domine le pont de Montmeillan et se couvre à droite par le fort Barraux, à gauche par le poste des Echelles.

Le 20 janvier, le fort Barraux est armé, en bon état, et sa garnison comprend 1 Officier, 1 Sous-officier, 2 Caporaux, 1 Tambour et 55 soldats, de chacun des 5e, 11e, 23e, 60e, 79e, 81e de ligne, 8e et 18e Léger, ainsi qu'un Bataillon du 60e.

L’ennemi enlève ce dernier poste le 31 janvier. Il attaque de nouveau le 6 février. Pendant que 7 à 800 hommes font une démonstration devant la Chavanne, deux colonnes plus nombreuses se portent sur Champareillan et Bellecombe au pied de la montagne qui est en face du fort Barraux. Ces deux postes, défendus par quelques centaines d’hommes aux ordres du Major Bois, opposent la plus vigoureuse résistance, mais sont contraints de se replier sous les redoutes du fort. Ce jour-là, le Major Bois, sa troupe, ainsi que les habitants du pays, se sont rendus dignes des plus grands éloges. On a pu voir pendant tout le combat des enfants du village de Barraux âgés de dix à douze ans porter et distribuer des cartouches aux Tirailleurs, sous le feu même de l’ennemi.

Mais l’armée de Savoie, combinant ses opérations avec celles du Duc de Castiglione, reprend l’offensive. Le 8e Léger est à ce moment à Champareillan en Isère (16 Officiers, 352 hommes) où il combat le 15 février. Le même jour, le Général Desaix, d’accord avec Marchand, attaque le poste des Echelles. En même temps, le Major Bois pousse une reconnaissance jusqu’au château des Marches, sur la route de Chambéry, et s’empare de cette position après une lutte très chaude dans laquelle le Lieutenant Barthélémy est blessé.

Le lendemain, le Major Bois part des Marches pour couper la retraite de l’ennemi sur Chambéry pendant que Marchand arrive à Montmeillan. Ces mouvements combinés contraignent l’ennemi à la retraite ; il est chassé de Chambéry le 19, d’Aix le 22. Il se sépare alors en deux colonnes, dont l’une prend la route d’Annecy, l’autre celle de Rumilly.

La première est poursuivie par Serrant, qui a le 8e Léger sous ses ordres. Nous allons donner un extrait du rapport d’opérations de ce Général relatif à cette poursuite.

"Le 24 février, vers dix heures du matin, j’ordonnais de marcher à l’ennemi. Le bataillon du 8e léger et celui du Mont-Cenis marchaient en tête de colonnes, mes trois pièces d’artillerie immédiatement après, ensuite les bataillons des 11e et 23e en bataille.
Mes dispositions prises, je rencontrais l’ennemi à trois quarts de lieue d’Alby ; les tirailleurs du 8e et ceux du Mont-Cenis s’élancèrent sur lui avec la rapidité de l’éclair. Le peloton qui les guidaient au chemin de l’honneur était commandé par le brave capitaine RICART du 8e léger, officier de la Légion d’honneur.
Quelques coups de canon s’échangèrent ; l’ennemi défendit la position entre les bois d’Archant et de Saint-Sylvestre. Je pris la mienne. Aussitôt, je fis mettre en batterie mes pièces d’artillerie ; l’ennemi m’en offrit cinq dont un obusier. Le plateau fut défendu avec opiniâtreté par plusieurs de leurs bataillons. J’aperçus seulement quelques cavaliers, mais bientôt ma droite les ayant poussés à la baïonnette et au pas de charge, j’enlevai la première position après les avoir canonné d’importance.
L’ennemi trouva une seconde position à la hauteur de Sainte-Catherine, non moins avantageuse que la première, il est vrai ; cependant, il s’y défendit avec plus d’acharnement, mais succombant après trois quarts d’heure de combat et d’un feu très vif, il fut contraint de se retirer et nous nous emparâmes de la deuxième position.
Quoique l’ennemi fût plus nombreux, je reconnus sa faiblesse par sa crainte et ses tâtonnements. Il s’enfuit, nous le poursuivîmes, il alla défendre la positon de la Fourche.
Le feu s’engagea et devint très vif dans cette position ; l’ennemi nous accabla d’obus, mais ne nous blessa dangereusement qu’un seul homme ; nous vîmes l’ennemi de très près. C’est alors que j’ordonnai à M. PORION, mon aide de camp, de se porter sur un monticule à droite avec la première pièce d’artillerie ; le 11e, aux ordres de M. LAMOURETTE, soutenait et les tirailleurs de droite et la pièce. L’ennemi fut mitraillé, il laissa quelques morts, emporta beaucoup de blessés. Je fis battre la charge et l’ennemi fut mis en fuite. Je ne pus le joindre tant il courut, enfin je m’emparai de la troisième position.
J’arrivai à trois heures de l’après-midi en présence d’Annecy. Je pris une position à l’embouchure du petit village de Gevrier. Un marais spacieux que forme le lac était à ma droite, quelques monticules à ma gauche. J’eus tout le temps d’observer les dispositions de l’ennemi aux ordres de M. ZECHMEISTER. L’ennemi avait établi un bataillon au château, ses flancs étaient garnis d’une infinité de tirailleurs ; plusieurs bataillons étaient à cheval sur la grande route, à douze toises de l’entrée de la ville, avec cinq bouches à feu et un obusier. Sa réserve d’infanterie et sa cavalerie, composée de trois à quatre escadrons, se trouvaient en plaine derrière la ville, et j’aperçus plus loin les équipages que l’ennemi faisait filer vers le pont de Brogny.
J’attaquai vivement l’ennemi. Tandis que j’ordonnai au brave 8e léger de forcer de la position et de s’emparer du château, j’établis en même temps deux batteries qui battirent le château et foudroyèrent la grande route. Ma gauche fut seulement gardée par deux compagnies du Mont-Cenis, elles allèrent se placer sur un monticule où elles restèrent en observation. Le centre fut mis en colonne à l’abri du feu. Une canonnade continuelle et très vive s’engagea ; la mienne fut plus adroite, elle fit beaucoup de mal à l’ennemi qui ne cessa de me canonner sans me blesser personne. Le feu de droite devint très vif, l’ennemi se défendit sur ce point avec beaucoup d’opiniâtreté. Je fis renforcer la droite. M. ROCH s’avança sur la gauche au pas de charge ; la canonnade cependant était toujours animée. Le 8e léger gagnant toujours du terrain, je cédai à l’ardeur des troupes ; je me mis à la tête du 23e et du centre formé en colonne serrée ; je fis batte la charge et m’emparait de la quatrième position. Alors, l’ennemi effrayé se mit en pleine déroute. Il était cinq heures et demie du soir, j’entrai pêle-mêle avec lui dans la ville. Je vous citerai dans cette circonstance : M. DARGEAU sous-lieutenant au 8e léger qui à la tête de quelques braves est entré le premier au château et dans la ville, poursuivant devant lui plusieurs pelotons ennemis avec une pincée de monde.
Je ne tins pas quitte l’ennemi. La confiance, que la valeur des troupes m’inspira, me fit pousser plus avant dans la plaine à un quart de lieue de la ville. J’envoyai mon aide de camp sur la gauche avec une pièce d’artillerie ; elle fut devancée et soutenue par le bataillon du Mont-Cenis qui devait aborder vivement l’ennemi et le mitrailler ; ce qui fut fait. Je jetai une infinité de tirailleurs sur ma droite ; ils furent soutenus par mes deux canons restants. Le centre de la colonne s’avança au pas de charge ; l’émulation fut générale et dans un clin d’oeil cavalerie, artillerie, infanterie ennemies, disparurent. J’eus toute la peine possible d’empêcher le feu des nôtres et leur poursuite (il était nuit close) ; la plaine fut balayée aux cris ; « Vive l’Empereur ! »
L’allégresse de nos soldats fut vivement partagée par les habitants de la ville d’Annecy. Ils embrassèrent les larmes aux yeux nos jeunes braves, nous traitant de libérateurs.
Mes postes établis, les habitants portèrent aux troupes tout ce dont elles avaient besoin. Je n’ai qu’à me éliciter du dévouement et du bon esprit de la ville d’Annecy. Ce bon esprit est celui que nous avons remarqué à Chambéry et dans tout le département du Mont-Blanc.
Les morts et les blessés furent enlevés du champ de bataille. Nos pertes furent très légères en comparaison de celles que l’ennemi éprouva.
C’est dans cette journée pénible et fatigante que j’ai pu juger des dispositions guerrières de nos jeunes conscrits. Leur courage égale en tirailleurs, la hardiesse de nos vieux soldats ; sous peu dans le rang, ils seront invincibles.
Le 25, je restai en position. D’abord, je ravitaillai et fis reposer nos troupes afin d’avoir le temps de faire nettoyer nos armes, reprendre des cartouches, remédier enfin à toutes nos petites avaries et prendre nos mesures pour attaquer le pont de Brogny.
Le 26, il était midi lorsque je donnai l’ordre de marcher sur l’ennemi. Malgré la certitude que j’obtins qu’il avait abandonné le pont de Brogny, je fis traverser à la troupe la vaste plaine qui s’étend d’Annecy à la rivière de Fier, en bataillons carrés en échelons à cent pas, l’artillerie marchant sur la grand’route avec nos petits équipages consistant en deux ou trois voitures. A la hauteur de l’angle du 3e bataillon, six pelotons de tirailleurs couvraient mon front ; de cette sorte, nous passâmes la plaine en sûreté. Je fus étonné de l’ordre avec lequel ces bataillons marchèrent. Le piquet de chasseurs me suivit ; il porta ses tirailleurs dans les intervalles en avant.
Je passai le pont de Brogny à une heure et demie. Je m’éclairai sur les deux routes vieille et neuve. Mon avant-garde rencontra un poste de cavalerie ennemie sur la route vieille, ce qui me fit supposer que l’ennemi nous attendait.
Ce ne fut que vers quatre heures du soir que j’arrivai au pont de la Caille où se trouve la rivière des Usses. L’ennemi voulut la défendre avec trois pièces dont un obusier, 1500 à 1800 hommes et seulement un escadron de cavalerie. Je fis mettre en batterie ; en même temps, j’ordonnai au 8e léger de s’emparer du pont de la Caille à la baïonnette. Le bataillon du Mont-Cenis le suivit. Ils exécutèrent ponctuellement mes ordres. La canonnade et le feu des tirailleurs furent très vifs. Le 23e fila le long du précipice sur la gauche et, en moins d’une bonne demi-heure, je fis taire les pièces.
L’ennemi en fuite nous abandonna cette magnifique position. C’est dans cette nouvelle circonstance que je dois encore citer le brave capitaine RICART du 8e léger. Passant un des premiers le pont de la Caille, il leva son épée au bout de laquelle il avait placé son schako et cria : « En avant ! en avant ! chasseurs ! « Vive l’Empereur ! la position est à nous ! » Je ne dois pas oublier non plus le nommé LECOQ, caporal au 8e, qui s’est constamment distingué par sa bravoure dans cette affaire et celles qui avaient précédé.
Enfin, je me mis en position au bois de Cruseilles, en avant du village de Copponex. Trois bataillons et l’artillerie revinrent au pont de la Caille. Je fis garder cette position avec beaucoup de soin.
Le 27 février, je partis de ma position à neuf heures du matin pour attaquer l’ennemi. Je me dirigeai sur le village du Chable par le mont Sion, espérant opérer ma jonction avec le général DESAIX à Carouge. Je rencontrai l’ennemi au Chable, je l’en chassai et même de sa position du couvent de Pommier. J’aperçus sa cavalerie en bataille sur la hauteur qui est en avant de Neydens-Moisin ; mais, ayant fait mettre mes trois pièces en batterie, je la chassai devant moi ; elle disparut.
A ce moment, nous entendîmes le bruit de canon vers Saint-Jullien, nous crûmes même apercevoir les tirailleurs de l’autre colonne ; c’est dans cette croyance que, m’étant engagé, je portai une partie de mes tirailleurs sur la droite, soutenue par le 11e de ligne. Je n’avais gardé en réserve que le 23e et un peloton du 8e léger. Il n’y a pas de ruses que l’ennemi n’ait employées pour m’attirer en plaine. Quand je vis que je m’étais trompé, je changeai en partie mes dispositions ; je soutins ma gauche avec l’ordre d’abandonner Archamp. Je me maintins tout le jour dans mes positions, en avant de Neydens et même jusqu’à neuf heures du soir ; l’ennemi quatre fois plus nombreux que nous essaya de me barrer le passage. Il ne vint pas à bout de son dessein. Je me retirai en bon ordre et, sans le manque de vivres et de munitions de guerre, j’aurais tenu la position du Chable et du couvent de Pommier. Ma perte fut légère, l’ennemi souffrit beaucoup. C’est dans cette journée fatigante et pénible que j’ai pu juger de l’intrépidité de nos troupes ; chefs, sousofficiers et soldats, tous m’ont donné de la satisfaction.
Deux bataillons allèrent garder le pont de la Caille. Je m’établis à Cruzeilles avec celui du Mont-Cenis ; le 8e alla s’établir au petit village de Copponex.
Le 28, je restai en position attendant de nouveaux ordres.
Le 1er mars, je marchai sur l’ennemi et me portai de nouveau sur le Chable et Pommier d’où il s’en alla ; là, j’établis ma ligne définitive. Il était une heure lorsque je reçus l’ordre d’avancer. Nos soldats attaquèrent avec vigueur ; l’ennemi démoralisé abandonna le champ de bataille, mais le mauvais temps nous empêcha de terminer une journée qui a été glorieuse pour nous et funeste à l’ennemi.
Je dois citer avec éloge la conduite qu’ont tenue dans cette journée le capitaine RICART et le sous-lieutenant DARGEAU du 8e léger. Le nommé LECOQ, caporal au 8e, cité d’autre part, a beaucoup mérité
".

Dans le même temps, le Général Desaix, avec la deuxième colonne, enlève Rumilly le 24 février, Frangy le 26, et poursuit l’ennemi sur Genève.

Le 1er mars, les deux colonnes réunies (Serrant et Desaix) livrent près de Genève, le combat de Saint-Julien.

La Division entière s’établit sur la rive gauche de l’Arve le 23 mars, mais là s’arrêtent ses succès.

En effet, après la malheureuse bataille de Limonest (20 mars), Marchand se replie sur Grenoble, suivi de très près par l’ennemi.

Pour le rendre plus circonspect, Serrant se retourne contre lui les 24 et 25 mars, près d’Annecy, et le repousse dans un tel désordre qu’une partie de ses soldats se noie au pont de Brogny, en voulant passer à gué le torrent ; un grand nombre est tué et 300 hommes sont faits prisonniers ; le reste est poursuivi jusqu’au pont de la Caille.

L’attaque a été si vive que nos pertes sont peu considérables. Au 8e Léger, le Capitaine Dantras est tué ; le Chef de Bataillon Savoye (blessé le 24), le Capitaine Ricart et le Lieutenant Charvet blessés.

La leçon est bonne et, à partir de ce moment, l’ennemi n’inquièta plus la retraite de Marchand qui vient reprendre les positions qu’il avait occupées dans les premiers jours de l’année entre Montmeillan et les Echelles. Là, il résiste à toutes les attaques ennemies jusqu’à la fin de la campagne.

Nouveau combat à Tarare près de Lyon, le 29 mars, et enfin affaire de Chavanne (devant Montmélian) le 10 avril.

G/ 1814-1815 : La Restauration et les Cent-Jours

1/ La Restauration

L’armée est réorganisée par Louis XVIII, après l’abdication de NAPOLEON (11 avril). Dès le 12 mai paraît une Ordonnance qui réduit le nombre de Régiments d’infanterie légère à quinze. Le 8e Léger, envoyé à Bordeaux, reçoit le 15 mai 1814 deux Bataillons (les 3e et 4e) du 18e Léger et le 34e Léger en entier (cinq premiers Bataillons).

Formé à deux Bataillons, à huit Compagnies, dont deux d’élite, il prend le drapeau et la cocarde blanche ainsi que le nom de Régiment de Condé.

2/ Les Cent Jours

Le 12 mars 1815, le 8ème, en Garnison à Bordeaux, reçoit avec froideur la Duchesse d'Angoulême, fille de Louis XVI.

A son retour à Paris (20 mars 1815), l’Empereur réorganise l'Armée.

"EXTRAIT DU MONITEUR. Du lundi 3 avril 1815.
Bordeaux, le 27 mars.
… Le 24, quelques bandes peu nombreuses ont parcouru les cafés aux cris de vive le Roi !
Le plan des royalistes avait été de désarmer les deux régiments qui sont à Bordeaux, le 8e léger et le 62e de ligne ; mais ces corps se montrent dévoués à l'Empereur, et on n'a pas osé agir contre eux. Quelques partisans cherchent à se procurer des armes, craignant que le soulèvement du peuple n'entraîne celui des soldats ...
" (Pièces et actes officiels extraits du Moniteur, première partie 1815, p. 180).

Fin mars 1815, un "Projet de répartition des militaires rappelés aux drapeaux en sept dépôts généraux où ils seraient armés, habillés et instruits. Fin mars 1815". Le 8e Léger à Bordeaux fait partie de la 10e Division militaire; il doit être fourni par le Département des Hautes-Pyrénées, et son Dépôt doit être établi à Toulouse (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2972).

Fin mars 1815 encore, sur un "Rapport de Davout sur le mouvement des troupes tirées des 11e, 12e et 21e divisions militaires, la force de ces corps et leur itinéraire", l'Empereur écrit, en tête de ce rapport : "Corps de Clauzel : 3e et 8e léger, 56e, 78e, 62e = 5 régiments" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2974).

Le 3 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, Ministre de la Guerre, à Paris : "Mon Cousin, le 6e corps sera composé de la manière suivante, savoir : de la 18e division d'infanterie, commandée par le général Girard, qui partira demain de Paris pour Belfort, comme je l'ai déjà mandé, et qui sera composée des 5e, 14e, 20e et 24e régiments ; de la 19e division, qui sera commandée par le général Brayer et composée des 7e, 72e, 11e et 27e régiments (cette division restera à Paris) ; de la 20e division, qui sera composée des 5e léger, 88e, 44e et 40e (cette division devra se réunir à Paris ; vous ne la ferez venir que quand on le pourra sans inconvénient) ; de la 21e division ; le 15e de ligne, le 26e, le 61e et le 8e léger formeront cette 21e division, qui se réunira entre la Loire et la Dordogne ; elle restera là jusqu'à nouvel ordre.
Ce corps sera sous les ordres du comte de Lobau ; il sera ainsi composé de seize régiments ...
" ( Correspondance de Napoléon, t. 27, 21765 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39200).

Le 8 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je vous envoie le tableau que j'ai rédigé pour la répartition des militaires rappelés. Vous y verrez que j'appelle dans la 1re division tous les hommes de 31 départements. Il y a aujourd'hui à Paris 8 régiments. Je fais venir 4 dépôts de la 8e et 4 de la seconde et de la 5e.
Il y aura donc 16 dépôts à Paris, auxquels 31 départements fourniront, ce qui fera près de 2 départements par dépôt ; mais la Jeune Garde ayant 12 régiments à compléter, tous ces hommes seront nécessaires. Pour tout le reste, j'envoie les hommes en droite ligne à un dépôt voisin. J'ai même pour principe de faire passer les hommes d'un département, dans un autre de la même division. Vous pourrez placer dans des villes voisines de Paris, les 8 dépôts qui doivent arriver. Il faut que ces régiments, avec leur dépôt, fassent partir les 3e, 4e, et 5e bataillons. On peut donc avoir de quoi compléter ici 2 bataillons par régiment ou 32 bataillons, ce qui fera une réserve.
Je fais venir ici tous les hommes de la Provence. Quelque inconvénient qu'il puisse y avoir, je pense que ce déplacement est nécessaire. Si nous venons à nous apercevoir qu'un département ne puisse pas fournir à 2 ou 3 régiments, comme il est porté au tableau, nous verrons à faire venir à Paris un de ces régiments.
II faut mettre un inspecteur à la tête des 16 dépôts de Paris. Donnez à chacun de ces régiments ce qui est nécessaire pour habiller 1 000 hommes et en outre, faire un marché pour avoir à Paris un magasin de 20 000 habillements complets ...
Annexe
Répartition des militaires rappelées aux drapeaux
Dépôt garnison ...
5e dépôt à Toulouse
10e division militaire ...
Pyrénées Hautes : 8e léger à Bordeaux ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39235).

L'Empereur rend par ailleurs aux Régiments leurs anciens numéros (Décret du 20 avril 1815), les porte à cinq Bataillons et constitue le cadre en Officiers d’un 6e Bataillon. Le drapeau et la cocarde tricolores sont repris.

Toutefois, le 8e Léger conserve ses incorporations.

Le 24 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "... Faites-moi connaître quand la 21e division, c'est-à-dire le 8e léger, le 15e de ligne, le 26e, le 61e seront arrivés sur la Loire ; quand la 6e division de réserve sera complétée ..." (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21841 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39402).

a/ Campagne de Belgique

Les deux premiers Bataillons du 8e Léger arrivent à Paris, le 15 mai, à l’effectif de 45 Officiers, 926 hommes.

Le 15 mai 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Davout : "Je verrai jeudi les deux seconds régiments de la jeune garde, le 70e et le 8e léger. Immédiatement après la parade, le 8e léger partira pour Beauvais ...
Donnez ordre au général Teste de partir avec le bataillon du 61e qui est à Paris pour se rendre à Senlis. Il prendra le commandement du département de l'Oise et fera faire des colonnes mobiles pour faire rejoindre les anciens militaires. Recommandez-lui de se concerter avec le préfet pour accélérer l'organisation des bataillons d'élite de gardes nationales. Prévenez les ministres de l’intérieur et de la police de la mission de ce général à qui vous donnerez des pouvoirs extraordinaires. Prévenez-le que, jeudi, il sera renforcé du 8e léger
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2956 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39633).

Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations :
... 21e division : donnez ordre au dépôt du 8e léger de se rendre de Bordeaux Tours et de faire partir 200 hommes pour compléter ses bataillons de guerre.
Donnez ordre au 15e de ligne de faire partir 500 hommes pour compléter les deux premiers bataillons de ligne.
Donnez ordre au 26e de faire partir son 3e bataillon complété à 700 hommes pour rejoindre les deux premiers bataillons. A son arrivée, le 3e bataillon versera 200 hommes au 1er et au 2e.
Donnez ordre au 65e de faire partir de Nantes 250 hommes pour renforcer ses deux bataillons de guerre ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39651).

Le 18 mai 1815, à Paris, l'Empereur s'adresse au 8e Léger : "Je suis satisfait de la conduite que vous avez tenue à Bordeaux où, malgré les séductions d'une portion de la population, malgré la présence et les efforts de la duchesse d'Angoulème et de sa cour, vous vous êtes souvenus de l'Empereur et de la patrie" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 3246).

Le même 18 mai 1815, Soult écrit, depuis Paris, à Davout : "Monsieur le maréchal, d'après les ordres de l'Empereur, je prescris à M. le comte de Lobau de faire partir demain 19 le 8e régiment d'infanterie légère et le 75e régiment de ligne qui sont à Paris pour se rendre à Beauvais, savoir le 8e léger en deux jours et le 75e en trois jours : ces deux régiments seront à la disposition du général Teste et feront partie de sa division ...
Sa Majesté a aussi ordonné que les ambulances et les batteries de la 21e division d'infanterie commandée par le général Teste se rendent à Laon, quoi que la division soit à Beauvais où elle doit remplir un service particulier.
La mission que l'Empereur a confiée au général Teste ayant pour objet de faire rejoindre les anciens soldats et d'accélérer la formation des bataillons des gardes nationales, particulièrement ceux d'élite dont la destination est indiquée, je fais connaître à cc général qu'il ne doit rien négliger pour obtenir le plus promptement possible ce résultat.
Je mande aussi au général Teste que l'Empereur autorise que les régiments sous ses ordres incorporent tous les hommes qui se présenteront volontairement et qu'ils fassent des recrues ...
" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 3252bis).

Les deux premiers Bataillons partent avec le Colonel pour faire la campagne de Belgique à l’Armée du Nord, dans la 1re Brigade, Maréchal de camp Lafitte ; 21e Division, Général Teste ; 6e Corps, Général Mouton, Lieutenant général, Comte de Lobau.

Les deux premiers Bataillons du 8e Léger se mettent en mouvement avec le reste de l’armée par Laon, Avesnes et Charleroy (15 juin).

Le 6e Corps, parti le matin de Charleroy, reçoit l’ordre, vers deux heures de l’après-midi, d’accélérer sa marche et de prendre position, en réserve générale, en avant de Fleurus. Il y reste pendant toute la bataille, se porte en avant vers neuf heures et demie du soir et bivouaque en arrière de Ligny.

Le 16 est livrée la bataille de Ligny.

Le 17 juin 1815, Pajol reçoit le commandement de la Division Teste, en plus de sa cavalerie. Cette Division, qui arrive au Mazy un peu avant midi, comprend :
1re Brigade (Général LAFITTE) : 1er et 2e Bataillons du 8e Léger, 938 hommes ; 3e et 4e Bataillons du 40e de Ligne, 900 hommes.
2e Brigade (Général PENNE) : 1er Bataillon du 65e de Ligne, 503 hommes ; 1er et 2e Bataillons du 75e de Ligne, 981 hommes.
Artillerie : 3e Compagnie du 8e Régiment d'artillerie à pied, 94 hommes ; 4e Compagnie du 6e Escadron du Train, 72 hommes.
Génie : 3e Compagnie du 1er Bataillon du 3e Régiment, 101 hommes.
Force totale 3589 hommes (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 218).

Il part le 18 juin, à cinq heurs du matin, avec sa cavalerie et la Division TESTE pour Tourines, où il doit attendre de nouveaux ordres. Mais le Corps de Grouchy, auquel il st attaché, reste à Gembloux jusqu’à neuf heures du matin, sous prétexte de mauvais temps, et n’arrive qu’entre midi et une heure à Walhain, à moitié chemin de Gembloux à Wavres.

A ce moment, on entend une vive canonnade sur la gauche : Napoléon livre bataille du côté de Waterloo.

Grouchy réunit en conseil ses principaux Généraux pour les consulter sur la conduite à tenir dans cette circonstance ; malheureusement, l’avis de marcher au canon est rejeté, et l’on continue la marche sur Wavres, que l’on attaque.

Pajol et Teste, restés à Tourines, reçoivent, à quatre heures du soir, l’ordre de se rapprocher de Wavres.

La Division Teste n’arrive au pont de Limale que vers neuf heures, et appuie l’attaque du village de Rosieren, qui est enlevé entre neuf et dix heures du soir. Cette Division repousse, le lendemain, à trois heures du matin, une attaque du Général Thielman, qui veut rétablir sa communication avec Bruxelles, interceptée par l’occupation de Rosieren. Mais Grouchy reçoit à ce moment avis de la bataille de Waterloo et l’ordre de se retirer par Namur. Il exécute aussitôt sa retraite et, à son passage à Namur, y laisse momentanément la Division Teste pour protéger ses derrières. Cette Division prend ses dispositions en conséquence ; elle barricade toutes les portes et toutes les brèches du côté de l’ennemi, et reçoit par un feu vigoureux toutes les attaques. Bientôt les fossés et la grande avenue de la Porte-de-Fer sont jonchés de cadavres prussiens.

Pendant ce temps, on achève dans le plus grand ordre d’évacuer les magasins, les blessés et de faire sortir les hommes inutiles à la défense, et à six heures (heure prescrite par le Maréchal), la retraite est ordonnée. Ce mouvement est soigneusement dérobé à l’ennemi, et le temps qu’il lui faut pour débarrasser et enfoncer les portes de fer suffit au Général Teste pour faire passer ses Bataillons par les banquettes du pont barricadé, dans la partie de la ville qui est en deça de la Sambre.

La Division se retire lentement et toujours en bon ordre par la route de Dinant jusqu’à Profonde-Ville, où elle prend position pendant trois heures.

A minuit, elle se remet en marche et arrive, à quatre heures du matin, à Dinant.

La Division Teste, composée de trois Régiments (8e Léger, 65e et 75e de ligne), chacun de deux Bataillons n’a pas plus de 2600 hommes quand elle soutient cette lutte glorieuse contre un corps d’armée six fois plus nombreux.

Les rapports prussiens portent les pertes de leurs troupes à 3000 hommes ; le Général français n’a que 58 hommes hors de combat. Le 8e Léger compte, pour sa part, 2 Officiers tués, les Capitaine Maylieu et Duvivier, et 4 blessés, le Capitaine Besnard, les Lieutenants Guillebon et Fourniel et le Sous-lieutenant Escudier.

L’armée continue sa retraite par Dommartin et Claye, et arrive sous les murs de la capitale. Mais, conformément à la Convention de Paris (3 juillet), elle se retire aussitôt derrière la Loire, depuis Jargeau jusqu’à Saint-Nicolas.

b/ Opérations en Vendée

Les trois derniers Bataillons du 8e Léger vont en Vendée au moment où le Général Lamarque y est envoyé pour y rétablir l’ordre (mois de mai). Ils sont placés dans la brigade Estève, Division Travot; leur Dépôt passe à Tours.

Les Vendéens sont culbutés au combat de Mathes (4 juin), mais ils se réunissent de nouveau au début de la campagne du Nord pour favoriser un débarquement d’armes et de munitions apportées par les Anglais et essayer une diversion.

Le Général Lamarque marche aussitôt contre eux, à la tête d’une partie des troupes des Généraux Brayer et Travot.

Le 9 juin 1815, l'Empereur, depuis Paris, écrit à Davout : "Faites partir pour Paris le 3e bataillon du 8e léger et assurez-vous qu'il soit bien habillé et organisé. Faites-le diriger sur l'armée" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1672 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 40008).

L'avant-garde de Lamarque disperse, le 17 juin, un détachement de 2 à 3000 hommes qui se sont portés de Saint-Fulgent sur Banfous.

Deux jours après, dans une reconnaissance faite sur la Roche-Servières, les Compagnies de Voltigeurs des 8e Léger, 27e et 47e, s’élancent sur une avant-garde de 1200 à 1500 Vendéens et, soutenues à propos par deux Compagnies de Gendarmes, l’enfoncent et lui font éprouver une perte considérable.

Assuré de la présence de l’armée royaliste sur ce point, le Général Lamarque réunit pendant la nuit la Division Brayer à la Brigade Estève.

Le 20 juin, à la pointe du jour, les troupes impériales, au nombre de 4000 environ, commencent leur mouvement et rencontrent d’abord une avant-garde de 3000 hommes embusqués entre Legé et la Roche-Servières. Elle est promptement refoulée par le 8e d’Infanterie légère que soutiennent deux Bataillons de Voltigeurs et de Tirailleurs de la Jeune Garde, et toute la colonne arrive devant la position que les royalistes occupent à la Roche-Servières.

Ce village, situé au milieu du bocage le plus épais de la Vendée et couvert par la Boulogne, rivière dont les eaux sont très fortes, présente de grandes difficultés pour l’attaque. Le Général Brayer qui la dirige, prend de fort bonnes dispositions.

Voyant qu’il perdrait beaucoup de monde en voulant forcer le pont dominé de très près par les maisons du village et par les ruines d’un vieux château, il se borne à développer quelques Compagnies en face du pont et à y entretenir une forte fusillade, tandis que le 47e, appuyé par des pelotons de Gendarmes, se porte sur la gauche et profite d’un moulin pour traverser la rivière; et que, d’un autre côté, le 27e et un Bataillon de la Jeune Garde forcent, en ayant de l’eau jusqu’à la ceinture, un autre passage sur la droite.

Les Vendéens, massés dans le village, s’aperçoivent trop tard des mouvements qui leur coupent la retraite, et au moment où ils songent à l’effectuer, le 8e Léger et le reste de la colonne franchissent le pont. Ceux qui cherchent à se sauver, passent sous le feu des Bataillons des 47e et des 27e et de celui de la Jeune Garde qui a traversé la Boulogne à gué. Pris dans tous les sens, l’ennemi s’enfuit dans toutes les directions.

Les troupes du Général Lamarque ont manoeuvré avec tant de célérité et de précision, qu’elles n’ont pas plus d’une dizaine d’hommes tués et environ 60 blessés.

Le Commandant Voillard est cité pour sa conduite dans ces deux journées.

Six jours plus tard est signé un traité qui met fin à cette campagne.

En exécution des Ordonnances royales du 16 juillet et du 3 août, les débris de l’armée sont licenciés et l’on ne conserve des anciens corps que les conseils d’administration et quelques vieux soldats qui n’ont d’autre famille que le Régiment.

La Restauration entreprend de reconstituer l’armée sur des bases nouvelles afin de détruire l’ancien esprit. Elle forme l’infanterie en quatre-vingt-six Légions départementales numérotées dans l’ordre alphabétique, et envoie les Dépôts des Régiments licenciés dans les chefs-lieux des départements pour concourir à la formation des Légions départementales et leur servir de noyaux. En 1816, est formée à partir du 8e Léger la Légion de la Loire, qui reprend le nom de 8e Régiment d'Infanterie légère en 1821, puis celui 83e Régiment d'Infanterie de Ligne en 1855.

Le Dépôt du 8e Léger, qui est allé de Tours à Amboise (1er juillet 1815), est dirigé sur Perpignan, le 1er octobre. La Légion des Pyrénées-Orientales qui y est formée deviendra, en 1821, 15e régiment d’infanterie légère, puis, en 1855, 90e régiment d’Infanterie de ligne.

Entre 1804 et 1815, le 8e Léger a eu 34 Officiers tués, 7 Officiers morts de leurs blessures, et 129 Officiers blessés.

1

2

3

4

Dépôt (3e puis 5e à partir de 1808)

6

1805

Armée d'Italie (futur 8ème Corps) en mars

Corps de Soult puis Italie (septembre ?) où il sert de Dépôt

Antibes

1806
Idem puis Dalmatie (Molitor) à partir de février
Dalmatie puis Italie (1er août) Dépôt
1807
Dalmatie
Venise
Venise
1808
Dalmatie
Italie
Genève

1809

Armée de Dalmatie, 11ème Corps, Marmont

Armée d'Italie (8ème Corps)

Genève; deux Compagnies à la 17e Brigade provisoire de réserve (Alexandrie)

Octobre 1809
11ème Corps Marmont

1810

Illyrie

Karlstadt puis Genève (mai)
Juillet 1810
Illyrie
Genève
Départ pour la Catalogne

Avril 1811

Illyrie

Genève

Armée de Catalogne

Genève

Juillet 1811

Illyrie

Toulon puis Nice

Armée de Catalogne

Genève; trois Compagnies aux îles Sainte-Marguerite, dont une sur le "Flore"

Octobre 1811

Illyrie

4e Bataillon reformé à partir de ses cadres à Porquerolle; passe au Corps d'observation d'Italie en décembre 1811)

Genève

Février-juin 1812
4ème Corps (Eugène) Junot ?
Armée de Catalogne (depuis décembre 1811); les cadres rentrent en décembre 1812
En route pour le 4e Corps
Genève

Janvier 1813

4ème Corps

4e bat dans une 33e DB provisoire

3e Rgt provisoire Léger

Genève

6e bat dans une 34e DB provisoire
Avril-juillet 1813
44e Division (Broussier) du Corps d'observation de Bavière, puis 44e Division du 14e Corps (après le 18 juillet) 13ème Corps Gouvion St Cyr
23e Division du 6e Corps (avril) puis 4e Corps (juillet)
44e Division (Broussier) du Corps d'observation de Bavière, puis 44e Division du 14e Corps (après le 18 juillet) 13ème Corps Gouvion St Cyr
3e Provisoire léger au 4e Corps (Bertrand) jusqu'en juin, puis 4e Corps
Genève

A partir du 22 septembre 1813

4ème Corps (Bertrand) 12e Division

Genève

Janvier-avril 1814

Dispersé

Divison de Réserve dite de Genève puis Armée de Lyon Augereau div Marchand

Quitte Genève pour Roanne

Restauration
Régiment de Condé

1815

6e Corps Mouton, 21ème Division Teste, Brigade Lafitte

Vendée - Général Lamarque, Division Travot, Brigade Estève

IV/ Uniformes

Voici un Régiment dont l'étude s'avère complexe et passionnante. Il a en effet combattu quasiment sans interruption sur tous les fronts pendant les guerres de l'Empire. On pourrait donc s'attendre à l'existence de nombreuses sources iconographiques décrivant ses uniformes ; paradoxalement, seules les collections alsaciennes semblent les avoir reproduits. Nous présentons donc ici au lecteur le fruit de nos recherches, sans pour autant prétendre que notre étude soit définitive.

Avant 1807, le 8ème Léger a, semble, porté les boutons en laiton ; par ailleurs, les Chasseurs auraient eu la plaque en losange du modèle 1806 en cuivre jaune estampée de l'aigle, avec en dessous le numéro du Régiment dans un cor de chasse.

La plupart de nos figurines sont tirées principalement des Collections alsaciennes, recoupées avec d'autres sources. Il est peu aisé d'établir la chronologie de ces Collections car les auteurs se sont souvent mutuellement influencés, et par ailleurs, les nombreuses divergences ne concernent parfois que des points de détails (qui semblent parfois anachroniques). De plus, le Régiment a souvent été scindé ; ces divergences pourraient alors concerner différents Bataillons.

La période de représentation considérée pour les Collections alsaciennes s’étend entre 1808 (remontant sans doute à fin 1807) et 1811. On pourrait donc distinguer trois blocs théoriques :

- La période 1808-1809. Elle s'appuie sur notre premier ensemble de sources, lui même constitué des types de la Collection Boeswilwald tirés de la planche 92 des Petits Soldats d'Alsace (1 à 6), période fin 1807-1808. Et des soldats extraits du Fichier Carl (7 à 12), période 1808-1809.

Fritz Boeswilwald , marchand de draps de son métier, a réalisé sa collection entre 1865 et 1880. Théodore Carl (1837-1904), lui aussi dans le commerce du drap, a constitué sa collection à partir des années 1860 jusqu'à sa mort. Ces deux collectionneurs se sont donc influencés l'un l'autre.

Dans les grandes lignes, les Carabiniers (fig. 4 et fig. 10) ont encore le bonnet d’oursin. Le reste du Régiment est en shako (Chasseurs fig. 6 et fig. 12). La plaque, qui, d’après le règlement de 1806, devrait être losangique, a en fait été remplacée vers 1808 par la plaque à l’Aigle surmontant un soubassement en croissant, préfiguration du modèle 1812. Les Voltigeurs (fig. 5 et fig. 11) galonnent leurs shakos de jonquille. Les Musiciens des Compagnies (Fifres et Tambours fig. 2 et fig. 8), adoptent, comme les Musiciens du Régiment, les revers, collet, parements et retroussis verts. Un galon borde collet et parements et forme des chevrons sur les bras. Selon les sources, le galon est blanc ou vert et jaune. Les Musiciens (fig. 3 et fig. 9) ont aussi collet, parements, revers et retroussis verts. Un galon blanc ou argent borde le collet et les parements. Le plumet est blanc ou blanc à sommet vert. Le Tambour major adopte la tenue des Tambours avec revers; collet, revers, parements et retroussis verts, chapeau noir; le tout largement galonné d'argent. Les Sapeurs (fig. 1 et fig. 7) enfin ont une tenue rouge distinguée de bleu et sont coiffés du colback.

Les deux sources, au final très proches, ne diffèrent que par quelques détails : plaque de ceinturon et ornements de banderole des Sapeurs ; chevrons des manches des Tambours ; plumet du Musicien ; cordon de bonnet du Carabinier ; épaulette, dragonne et ornement des guêtres des Voltigeurs.

Boeswilwald aurait tiré ses types de documents Striedbeck et Piton. Il y a aussi des influences de Wurtz chez Carl (telles la livrée du Tambour). Mais Carl, dans son Fichier, a également inscrit au crayon au sujet du Sapeur " que le fusil est un tromblon, et qu'il ne doit pas y avoir de cordons ni de glands au colback " ; sur le Tambour : " garniture tricolore, pas de chevrons " ; et sur le Carabinier : " shako haut et bas, chevrons et cordons rouges ". Ces renseignements viennent en fait de la collection Boersch.

Nous avons recoupé ces types avec une série de dessins se trouvant à Rastatt, et dont l'auteur est inconnu. Tous les types sont datés de l'année 1809. Il y a quelques variantes : le parement des Musicien (fig. 9a) ; les guêtres du Carabinier (fig. 10a) ; les épaulettes du Voltigeur (fig. 11a). Le Sapeur (fig. 7a) et le Chasseur (fig. 12a) sont inchangés. Cette même source donne un curieux Tambour de chasseurs (fig. 13), que nous soumettons à la sagacité du lecteur. Il y a sans doute ici confusion avec la Musique.

- Période 1809-1810. Ici, la référence est Boersch (voir 1er Léger pour plus de précisions sur ce peintre de Petits Soldats d'Alasace) via les planches 85 à 91 des "Petits Soldats d'Alsace", qui donnent pour 1810 de nombreux types (14 à 26 et 28 à 32), différents de ceux de Boeswilwald et de Carl.

Boersch maintient la plaque à aigle. Le bonnet du Sapeur (fig. 14) a légèrement changé (flamme sans galon ni glands; pas de cordons ni raquettes), de même que l'habit, sans galons ni passepoils blancs. Par ailleurs, Tambours et Fifres de Carabiniers (fig. 16 et fig. 17) ont le galon tricolore au collet, revers, parement, patte de parement et retroussis, mais les chevrons sur les bras ont disparu.

Les Cornets de Voltigeurs (fig. 18 et fig. 18a) et les Tambours de Chasseurs (fig. 19 et fig. 19a) ont par contre le galon blanc, tout comme les chevrons qui pour eux ont été conservés sur les bras. En ce qui concerne les Musiciens (fig. 20 et fig. 20b), leur plumet est désormais à base verte; le parement est devenu bleu (mais pas les retroussis, qui restent verts). Boersch donne également un chapeau chinois nègre (fig. 21 et fig. 21a) qui est le seul de sa collection, le détail de la Grosse caisse (fig. 23), et le Tambour major (fig. 15 ), dont l'habit est entièrement bleu foncé, galonné d'argent; le chapeau est surmonté d'un plumet tricolore. Les carabiniers ont les pourtours et les chevrons (qui remplace le bonnet d'ourson) du shako rouges ( 30 ) ; les voltigeurs les ont jaunes ( 31 ).

Bucquoy, qui estimait que les types de Boersch avaient été réalisés à partir de documents Piton, via Boeswilwald (ce qui parait curieux), en a donné certains, dessinés par Boisselier, mais avec des divergences que nous avons fait paraître en arrière plan de nos personnages parus dans Soldats Napoléoniens : Sapeur (fig. 14a et fig. 14b), Tambour major (fig. 15a et fig. 15b) dont l'habit a le collet, les revers et les retroussis vert, et le plumet du shako blanc à sommet rouge; Fifre (fig. 16a et fig. 16b) et Tambour de Carabiniers (fig. 17a et fig. 17b), Musicien (fig. 20a), Chef de Musique (fig. 22, fig. 22a et fig. 22b), Lieutenant de Carabiniers (fig. 24a), Sergent porte fanion de Carabiniers (fig. 28a), Voltigeur.

Boersch donne par ailleurs les Officiers de Carabiniers (fig. 24 et fig. 24b), de Voltigeurs (fig. 25 et fig. 25a), et de Chasseurs (fig. 26 et fig. 26a), le Sergent porte fanion de Carabiniers (fig. 28 et fig. 28b).

Nous avons complété cette suite par le Major (fig. 27 et fig. 27a) et par le carabinier en tenue de route ( 33 ) de Bucquoy. Le lecteur remarquera également les divergences concernant le tambour major donné par Bucquoy ( 15a , b , c ).

L'uniforme rouge du sapeur, la tenue bleu foncé des tambours et des musiciens, ont été confirmés à Bayonne. Cette tenue a sans doute été portée lors du départ pour l'Espagne. Le tromblon, ou espingole selon Bucquoy, n'est peut être qu'une relique de l'Italie, et non pas de l'Espagne (Note : H. Rommel a écrit dans les Petits soldats d'Alsace " Boersch a pu noter ses types lors d'un passage à Strasbourg, soit pour la campagne d'Autriche, soit au retour d'Espagne, pour la campagne de Russie ". Cela paraît douteux).

Le Tambour Major perd ses distinctives vertes mais sa tenue reste galonnée largement d'argent.

Les musiciens régimentaires gardent la même tenue que précédemment, ainsi que les sapeurs.

Wurtz a semble t'il réalisé deux séries consacrées au 8ème léger. La première, tirée des planches 89 à 91 des Petits Soldats d'Alsace, offre une tenue de transition, sans doute courant 1811. En effet, nous y voyons curieusement des voltigeurs de la tête de colonne avec l'aigle au shako, alors que le rang a la plaque losangée, sans doute du modèle 1810, différence qui selon H. Rommel, a pu être été signalée oralement à Wurtz par un ancien du corps. Les tambours ( 37 et 38 ), le caporal cornet ( 35 ) et le curieux trombone (Note : Selon H. Rommel, c'est le seul musicien de bataillon connu pour le 1 er Empire) du bataillon ( 41 ) ont les galons blancs et les chevrons jaunes piqués de vert. Le Capitaine adjudant major ( 42 ) est en fait un chef de bataillon.

La deuxième série a été notée par Darbou (Note : Sans doute à partir des Wurtz du Musée de l'Armée) ; elle semble correspondre à l'achèvement d'une évolution (sans doute fin 1811, début 1812) car tous les shakos ont une plaque losangée. Par rapport à la série précédente, les différences sont les suivantes :

Petits soldats d'Alsace, 1811

Wurtz de Darbou, 1812

Chasseurs

Figure 45

Identique

Voltigeurs

Figure 46

Epaulettes, guêtres, dragonne

Carabiniers

Figure 44

Dragonne

Sous officiers

Figures 44 (caporal) et 47 (fourrier)

Galons de grade rouges ou argent ; les gradés de chasseurs ont le sabre

Adjudant

Figure 43

Identique

Officiers

Figure 42

Shako et tenue de la compagnie, avec marques de leur grade

Porte aigle

Non donné

Plumet et olive blanc, tenue d'officier de chasseurs. Baudrier porte drapeau blanc

Adjudant major

Non donné

Même shako ; épaulette à droite et contre épaulette argent

Sapeurs

Figure 34

Gland de flamme écarlate (Note : Voir planche Le Plumet 203 de Rigo)

Tambour major

Figure 36

Trèfles d'argent à la culotte ; baudrier noir galonné d'argent à plaque dorée. Crispins blancs

Tambours

Figures 37 et 38

Patte de parements bleu foncée. Retroussis bleu foncé liserés de blanc (?)

Fifres

Non donnés

Identiques

Cornets

Figure 39 et 41

Tenue des tambours ; shako et épaulettes de leur compagnie. Fusils. Certains cornets jouent du trombone, du cor ou de la trompette

Caporal cornet

Figure 35

Idem, mais muni d'une trompette

Musiciens

Figure 40 (chef de musique)

Patte de parement bleu foncé (Note : Voir le musicien donné par Job, dans ses Tenues des troupes de France) ; grosse caisse et tambour long peints en bleu ciel, sans ornements, avec tirants blancs ; tambour de basque bleu ciel ; cymbalier a crispins noirs

Signalons également qu'il existe peut être une 3ème série de Wurtz, qui donne un sapeur avec le bonnet sans flamme, mais avec cordon et raquettes blancs ; un tambour de fusiliers identique à celui représenté en figure 38, mais avec une plaque à aigle blanche, une patte de parement bleue, et de longues basques aux retroussis verts ; et un musicien identique à celui représenté en figure 40, avec la patte de parement bleue (Note : Vus dans la revue Tradition N°123.).

Terminons cette étude par le sergent de carabiniers en tenue de route en 1813 ( 48 ) ; celui ci, longuement étudié par le maître Rigo, est tiré d'un mannequin qui se trouve au Musée de l'Empéri. La coupe générale de son uniforme est conforme au règlement de 1812 ; les revers très courts et étriqués, dégagent un gilet bleu passepoilé de rouge. La patte de parement a quatre boutons. Sur les basques se trouvent des grenades blanches, mais aussi des poches à la "Soubise". La giberne est recouverte d'une toile blanche sur laquelle sont brodées des grenades. Enfin, le fourreau porte baïonnette est fixé sur la banderole porte giberne.

V/ Drapeaux
(En collaboration avec Didier Davin)

1/ Le Consulat

La 8ème Demi-brigade Légère reçoit à Paris, trois drapeaux consulaires le 14 juillet 1802 (25 messidor an 10). Ce jour là, le 1er Consul adresse une allocution aux détachements représentant l'infanterie légère : "Soldats de l'infanterie légère de l'armée française, voilà vos drapeaux ; ils vous serviront toujours de ralliement. Ils seront partout où le Peuple français aura des ennemis à combattre ; ils imprimeront la terreur aux ennemis du Gouvernement, quels qu'ils soient.
Soldats, vous défendrez vos drapeaux ; non, jamais ils ne tomberont au pouvoir des ennemis. Vous jurez d'être prêts à les défendre aux dépens de votre vie !
" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6182).

2/ 1804

En 1804, trois Aigles et drapeaux modèle Picot sont délivrés.

Le 26 mars 1807, à Osterode, est établi par l'Empereur l'ordre suivant : "Sa Majesté ordonne que les régiments d'infanterie légère n'auront pas d'aigles à l'armée, et que les aigles de ces régiments seront envoyées aux dépôts, cette arme ne devant pas avoir d'aigle devant l'ennemi" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12183).

Le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).

Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).

3/ 1812

En 1812, il n'y a plus qu'une Aigle en service. Le drapeau modèle 1812 fabriqué la même année et portant WAGRAM reste au Dépôt de Genêve.

Le 24 mars 1812, à Paris, à la question : "Les régiments d'infanterie légère doivent-ils faire revenir leur aigle qui, par une disposition spéciale de l'Empereur, se trouve à leur dépôt ?", ce dernier répond encore une fois : "Puisque les aigles de ces régiments sont aux dépôts, il faut que les régiments les y laissent" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 5028).

4/ Première Restauration

Le gouvernement provisoire du 1er Avril 1814 abolit les emblèmes impériaux. Le principe d'un drapeau par Régiment est conservé au 1er Bataillon, porté par un Officier, les autres Bataillons ayant des fanions. Les drapeaux sont blancs, 150 sur 150 cms, sur les bords un feston avec fleurs de lys et rosaces alternées en doré. Dans chaque angle, un carré avec le numéro du Régiment. Franges or sur les bords, cravate de taffetas blanc avec broderie de palmettes et fleurs de lys et franges or. Cordon et glands dorés. Hampe de 2,50 m surmontée d'une pique dorée, ornée d'une fleur de lys découpée.

A l'avers : au centre, en or bordé de noir, l'inscription :
LE ROI/ AU REGIMENT/ DE CONDE/ 8EME D'INFANTERIE/ LEGERE.

L'inscription centrale est encadrée à droite par deux branches de chêne, à gauche par deux branches de lauriers, les branches liées par un ruban rouge où pendent les croix de St Louis et de la Légion d'Honneur.

Au revers : les armes de France couronnées entourées par les colliers des ordres du St Esprit et de St Michel, avec sceptre et main de justice, encadrés par une branche de chêne et de laurier liées par un ruban rouge.

Le 8e Léger reçut le sien à Bordeaux le 23 octobre 1814.

5/ Les Cent Jours.

En Juillet 1815, un nouveau drapeau modèle 1815 avec une nouvelle Aigle sont reçus.Ils sont détruits à Bourges à la seconde Restauration.

VI/ Sources

- Bivouac N°4-5 de 1981 ; N°3 de l'année 2000.

- F. Berjaud : Soldats de la Grande Armée, série 65.

- F. Berjaud : Le 8e Régiment d'Infanterie légère; Soldats Napoléoniens Hors série N°2, octobre 2003

- H. M. Brauer : Heer und Tradition, Fahnentafel planche 16.

- Briquet N°1 de 1988.

- E. L. Bucquoy : L'infanterie.

- Collection E. Wagner.

- Capitaine Darbou : Fichier Wurtz.

- Elting : Napoleonic Uniforms, tome I.

- L. et F. Funcken : L'uniforme et les armes des soldats du 1er Empire, tome I.

- Haythornthwaite et Fosten : Men At Arms 146.

- Job : Tenues des troupes de France.

- Musée Historique de la ville de Strasbourg, Petits Soldats d'Alsace, Fichier de la Collection Carl, 1 ère partie, planche 17.

- A. Martinien : Tableaux par corps et par batailles des officiers tués et blessés pendant les guerres de l'Empire (1805-1815).

- North : Série 107 : French 8th Light regiment.

- Notes de l'auteur.

- Petits Soldats d'Alsace, planches 85 à 92, notes de H. Rommel.

- A. Pigeard : Les musiques d'infanterie sous l'Empire, Tradition 123.

- Rigo : Le Plumet, planche 203.

- Rigo : L'infanterie légère sous le Consulat et l'Empire, 1804-1815, Tradition 90-91.

- S.C.F.H. N°4 de 1963.

Notes

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