Le 73e Régiment d'Infanterie de Ligne

1789-1815

Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et hommes du 65e de Ligne

Avertissement et remerciements : Le point de départ de ce travail sur le 73e, est le livre consacré au Général Coutard (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857), qui a servi dans le 1er Bataillon de Volontaires de la Sarthe, plus tard amalgamé pour former la 73e Demi-brigade de Ligne. Nous compléterons cette page au fil de nos découvertes.

La 73e demi-brigade de deuxième formation a été formée en 1796 (arrêté du 18 Nivôse an 4 - 8 janvier 1796) des unités suivantes :

- 97e demi-brigade de première formation ;

La 97e Demi-brigade de bataille est formée à Solre-le-Château, le 19 janvier 1794, selon Belhomme (Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France, tome 3 et 4), et le 17 août 1794 selon Susanne (Louis Susane, Histoire de l’ancienne infanterie française.). Le Commandant Dumont indique la date du 6 juillet 1794 au camp d’Hardinghen (Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, p. 53). Elle comprend le 1er Bataillon du 49e Régiment d’infanterie, le 2e du Calvados et le 2e de Maine-et-Loire (2e de Mayenne-et-Loire).

- 1er bataillon du 49e régiment d'infanterie (ci-devant Vintimille)

B. Coppens indique : Régiment de Vintimille, ci-devant Berry, créé en 1647. 50e Régiment en 1789; 49e Régiment en 1791

Lors du premier amalgame en 1794, son 1er Bataillon entre dans la composition de la 97e Demi-brigade de première formation ; son 2e Bataillon n'a pas été amalgamé en 1794 mais entrera dans la composition, lors du second amalgame en 1796, de la 7e Demi-brigade de seconde formation.

Le 1er Bataillon a fait les campagnes de 1792 à 1794 à l'Armée du Nord ; le 2e Bataillon celles de 1792 à 1794 à la même armée ; celles de 1795 et 1796 à l'Armée de Sambre-et-Meuse. Le Régiment faisait partie du camp de Merbes, le 17 floréal an II (6 mai 1794).

- 2e bataillon du Calvados

Le 2e Bataillon de Volontaires du Calvados, a été formé le 2 novembre 1791 (Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France, tome 3 et 4). Le Commandant Dumont indique pour sa part la date du 20 novembre 1791 (Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, p. 53).

Il est composé de Volontaires demeurés en surnombre après la formation du 1er Bataillon du Calvados, et de Compagnies de Caen, Falaise, Lisieux et Vire arrivées au fur-et-à-mesure à Lisieux en novembre. Il est formé avec 570 hommes le 20 novembre, par les Commissaires du département, Burcy, de Verrières et Brison, et passé en revue le même jour par le commissaire des guerres David, alors qu’il n’est ni habillé, ni équipé, ni armé.

État des cadres à la formation du Bataillon, revue du 20 novembre 1791 (Commandant Dumont, Les bataillons de volontaires nationaux, p. 52) :
Etat-major : Lieutenant-colonel Louis-Armand Dumont Des Rivières, de Vire, 35 ans; Lieutenant-colonel en second, Jacques Dejean, de Caen, 45 ans,; Quartier-maître trésorier Pierre-Jean Duperron, de Vire, 36 ans; Adjudant-major Jean-Pierre Geffine, de Caen, 33 ans; Adjudant sous-officier Jacques Boigiroux, de Lisieux, 27 ans; Chirurgien-major Jean-Michel Morin, de Saint-Pierre-sur-Dives.
Compagnie de Grenadiers : Capitaine Michel-Charles Guérard De Cleny de Vire, 35 ans; Lieutenant Auguste-Marc Géraud-Dubosc, Sous-lieutenant Jacques Malo de Tocqueville dans la Manche, 34 ans.
1ère Compagnie de Falaise : Capitaine Pierre-Louis-Félix, Jacques Angot de Falaise, 23 ans; Lieutenant Pierre Le Harivel d’Harcourt, 35 ans; Sous-lieutenant François Cuvigny.
2e Compagnie de Caen et divers districts : Capitaine Thomas Le Dosme dit Favierre de Toul, 51 ans; Lieutenant Jean-Pierre Geffine de Caen, 33 ans; Sous-lieutenant François-Marin Cosne de Bernay 26 ans.
3e Compagnie de Vire : Capitaine Pierre-Louis Bosnière de Vassy; lieutenant Philibert-Louis Cassel De La Chaise de Caen, 52 ans; Sous-lieutenant Pierre-Jean Rivière d’Aunay.
4e Compagnie de Caen : Capitaine Louis-François Bazire de Caen, 38 ans; Lieutenant Michel-Antoine-François Guillot de Bayeux; Sous-lieutenant Le Marinier.
5e Compagnie de Caen et de Vire : Capitaine Marie-Joseph-Thomas L’Honoré de Caen 28 ans; Lieutenant Louis-François Louvet de Vire, 34 ans; Sous-lieutenant Louis-César Lance de Noireau, 17 ans.
6e Compagnie de Lisieux : Capitaine Jean-Baptiste Galopin de Lisieux; Lieutenant Pierre-Yves Motte de Bonneval, 28 ans; Sous-lieutenant Pierre-Jean Orey de Lisieux, 36 ans.
7e Compagnie (2e de Vire) : Capitaine Michel-Jean-Baptiste Hélie De La Vente de Caen, 31 ans; Lieutenant Charles-Louis-François Duchemin de Vire, 44 ans; Sous-lieutenant Pierre Carville de Vire.
8e Compagnie (1ère de Vire) : Capitaine Etienne Brouard De Grammont de Vire, 26 ans; Lieutenant Gilles Paris d’Airel dans la Manche, 37 ans; Sous-lieutenant Pierre-Jacques Roussin de Vire, 21 ans. Le Bataillon part le 23 novembre, passe par Argences, Caen, Bayeux et arriveà Saint-Lô le 26 novembre, où il cantonne tout l’hiver, complétant son instruction militaire.

Le 1er janvier 1792, le Bataillon est en garnison à Saint-Lô (Journal militaire de 1792). Il en part en mars pour se rendre à Granville, et il est affecté lors de la déclaration de guerre, à l’Armée du Nord. Il partit de Granville le 27 mai, passa par Abbeville le 12 juin, arrive à Arras le 14 juin, le 15 à Béthune, où il doit tenir garnison. Il laisse sur place son D épôt, et il est envoyé en juillet au camp de Maulde, puis au camp de Maubeuge où il se trouve le 10 août, comptant 450 présents. Il se constitue le 10 octobre une Compagnie de Canonniers, Capitaine Boisgiroux, Lieutenant Haynaut, Sous-lieutenant Cardin. Il prend part à la campagne de Belgique sous Dumouriez, Division de droite sous Harville en novembre. Le 6 décembre, il sert toujours dans la 2e Division du Général Harville, avant-garde du Général Montchoisy (1ère Brigade). Il prend ses cantonnements d’hiver dans la région de Namur, Ciney, Emptinnes et Marche au mois de décembre.

Personnalités : Étienne Brouard alors Capitaine

En janvier 1793, il sert toujours dans cette armée, son Dépôt se trouvant encore à Béthune. Le 13 janvier il stationneà Rochefort, puis fait partie en février des troupes de l’expédition d’Hollande. Il sert à la Division de gauche, sous Leclaire, Division chargée d’observer Berg-op-Zoom, puis s’établissant à Zevenbergen. Le 1er mars, il sert dans la Division de droite du Général d’Arçon (519 hommes - Ordre de bataille de la collection Nafzinger, Armée de Hollande, 1er mars 1793). Il sert à l’affaire de Loyers près de Namur le 18 mars, puis de Dinant le 27 mars et rentre au camp de Maubeuge en avril. Le 12 mai, il fournit une compagnie au 11e Bataillon de la Formation d’Orléans, Capitaine Honoré, Lieutenant Duchemin, Sous-lieutenant Rivière. Il s’établit ensuite au camp de Famars en juin, cantonneà Avesnes en juillet, comprenant un effectif de 549 hommes. Il se trouveà Jeumont sous les ordres de Gudin en août, puis à Maroilles le 27 septembre, à Cerfontaine le 29 septembre, au camp de la Madeleine en octobre, occupant le camp de Recquignies en novembre et décembre.

Le 1er janvier 1794, il sert à la Division Vezu, comprenant 377 présents, et il cantonne à Cerfontaine, puis à Jeumont le 24 février. Il fait partie de la Division du Général Desjardins, à Damousies en mars, après avoir été complété par de nombreux réquisitionnaires. Le 19 avril, il fait peut-être partie de la Division du Général Moreau, Armée du Nord du Général Pichegru. Il est fort de 951 hommes. Il campe près de Charleroi le 3 juin, et passeà l’Armée de Sambre-et-Meuse du Général Jourdan.

Amalgamé lors de la première réorganisation dans la 97e Demi-brigade de première formation.

État des cadres au moment de l’amalgame de 1794 (Commandant Dumont, déjà cité, p. 53) :
Etat-major : Chef de Bataillon Michel-Jean-Baptiste Hélie (Capitaine de la 7e Compagnie en 1791); Chef de Bataillon en second Jean-Pierre Geffine (Adjudant-major en 1791); Quartier-maître Trésorier Pierre-Jean Duperron (déjà à ce poste en 1791); Adjudant-major Jean-Baptiste Mancel; Adjudant Sous-officier non connu; Chirurgien-major Jean-Michel Morin (déjà à ce poste en 1791).
Compagnie de Grenadiers : Capitaine M. J. F. Brochon, Lieutenant J. F. Roussin, Sous-lieutenant J. Capelle.
1ère Compagnie : Capitaine P. L. Bastard, Lieutenant Pierre Le Harivel (déjà à ce poste en 1791), Sous-lieutenant P. T. Moulin.
2e Compagnie : Capitaine Thomas Le Dosme (déjà à ce poste en 1791), Lieutenant François-Marin Cosne (Sous-lieutenant à la Compagnie en 1791), Sous-lieutenant J. F. R. Pernet.
3e Compagnie : Capitaine Pierre-Louis Bonnierre (déjà à ce poste en 1791), Lieutenant P. J. Roussin, Sous-lieutenant G. Letessier.
4e Compagnie : Capitaine Louis-François Bazire (déjà à ce poste en 1791), Lieutenant C. A. Piegeard, Sous-lieutenant L. J. Meurillion.
5e Compagnie : Capitaine Louis-César Lance (Sous-lieutenant dans la Compagnie en 1791), Lieutenant Le Fournier, Sous-lieutenant L. J. Detauville.
6e Compagnie : Capitaine vacant, Lieutenant C. Le Danois, Sous-lieutenant J. P. Yvard.
7e Compagnie : Capitaine vacant, Lieutenant J. G. Jouenne, Sous-lieutenant G. Guérin.
8e Compagnie : Capitaine Gilles Paris (Lieutenant dans la compagnie en 1791), Lieutenant J. F. Robinne, Sous-lieutenant P. Mitaine.

- 2e bataillon de Mayenne-et-Loire (Maine-et-Loire).

Le 2e Bataillon de Volontaires de Mayenne-et-Loire (Maine-et-Loire) est formé en août 1792. Son commandant est le Lieutenant-colonel Jacques Desjardins; Jean Victor Tharreau y sert en tant qu'Adjudant-major.

Le 2e Bataillon de Mayenne-et-Loire sert à l'Armée de Belgique.

La 97e de Bataille, lors du 2e amalgame, le 20 février 1796 (1er Ventôse An 4), forme la 73e Demi-brigade de ligne, à Luxembourg.

- 2e Bataillon de la 161e Demi-brigade de première formation ;

La 161e Demi-brigade de première formation (1794) est formée des unités suivantes :

- 1er Bataillon du 89e Régiment d’infanterie (ci-devant Royal-Suédois)

Royal-Suédois (88e), créé en 1690; 91e Régiment en 1789, 89e Régiment en 1791.

Le 1er Bataillon a fait les guerres de 1792 et 1793 à l'Armée de la Moselle, celle de 1794 à l'Armée du Nord ; le 2e Bataillon les campagnes de 1792 et 1793 à l'Armée du Nord, 1794 à l'Armée de Sambre-et-Meuse.

Lors du premier amalgame en 1794, son 1er Bataillon entre dans la composition de la 161e Demi-brigade de première formation ; son 2e Bataillon entre dans la composition de la 162e Demi-brigade de première formation.

- 9e Bataillon du Nord ;

Le 9e Bataillon de Volontaires du Nord dit Bataillon de Douai, est formé le 24 octobre 1792. Son Chef est Gaspart. Figure dans ses rangs Éloi Laurent Despeaux, alors simple Volontaire puis Capitaine adjudant-major et Chef de Bataillon.

Le Bataillon fait partie de l'Armée des Ardennes, et prend part à la Bataille de Jemmapes.

Le Bataillon est amalgamé lors de la première réorganisation dans la 161e Demi-brigade de première formation, au sein des 3 Bataillons de la Demi-brigade.

Lors du 2e amalgame, les 1er et 3e Bataillon de la 161e Demi-brigade de première formation sont incorporés dans la 9e Demi-brigade de deuxième formation; le 2e Bataillon de la 161e Demi-brigade de première formation est incorporé dans la 73e demi-brigade de deuxième formation.

- Bataillon de Molière (Paris).

bataillon de Molière 24 septembre 1792 Lefebvre 1 et 3/161 db et 2/161 db 9 db 73 db

Le 15e Bataillon de Volontaires de Paris, également appelé Bataillon de Molière, est formé le 24 septembre 1792; il est commandé par Simon Lefebvre, alors lieutenant-colonel en chef du Bataillon; on trouve dans ses rangs Étienne Louis Malus, alors Volontaire.

Le Bataillon combat à l'Armée du Nord.

Le Bataillon est amalgamé lors de la première réorganisation dans la 161e Demi-brigade de première formation, au sein des 3 Bataillons de la Demi-brigade.

Lors du 2e amalgame, les 1er et 3e Bataillon de la 161e Demi-brigade de première formation sont incorporés dans la 9e Demi-brigade de deuxième formation; le 2e Bataillon de la 161e Demi-brigade de première formation est incorporé dans la 73e demi-brigade de deuxième formation.

A la réorganisation de 1796 (18 Nivôse an 4), les 1er et 3e Bataillons de la 161e entrent dans la composition de la 9e Demi-brigade de seconde formation, le 2e Bataillon entre dans la composition de la 73e Demi-brigade de seconde formation.

-1er Bataillon de la Sarthe

Le 1er Bataillon de la Sarthe a, selon B. Coppens (1789-1815.com) et L. Brayard (1er Bataillon de la Sarthe) été formé le 2 septembre 1791 (source : Belhomme, Histoire de l’Infanterie en France). Son Chef est Lenoir.

Louis François Coutard s’enrôle comme Volontaire dans le 1er Bataillon de la Sarthe dès la formation de ce dernier (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 7).

Le 1er janvier 1792, le Bataillon est en garnison à Chauny.

Louis Coutard, de son côté, quitte le Bataillon pour entrer dans la Garde à pied du Roi Louis XVI. Il entre, le 28 février 1792, dans la Compagnie de Couët, mais cette dernière étant licenciée le 26 avril, Coutard en sort le 5 juin, pour rentrer à nouveau au 1er Bataillon de la Sarthe (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 8 et 9).

Le Bataillon de son côté est censé partir de Chauny début avril pour se rendre à Corbeil (Journal Militaire de 1792).

Le Capitaine Boutrouë passe dans le 33e Régiment d'Infanterie de ligne en juin 1792. Quelques mois plus tard, il reçoit le certificat suivant : "Nous soussignés, membres du conseil d'administration du bataillon du département de la Sarthe, certifions que Jules-Alexandre-Léger Boutrouë, natif de Chartres (Eure-et-Loir), a servi en qualité de capitaine de la 2e compagnie du 1er bataillon de la Sarthe, depuis le 3 septembre, époque à laquelle ce bataillon a été formé, jusqu'au 20 may 1792 qu'il s'est retiré pour entrer dans la ligne.
Nous attestons, en outre, que ledit citoyen Boutrouë s'est comporté en homme d'honneur, en brave militaire, et que ses moeurs, son civisme et son courage lui ont mérité l'estime et l'amitié de tous ses camarades.
En foi de quoi, nous lui avons fait passer le présent pour lui servir et valoir à ce que de raison.
Fait au cantonnement de Latinne, près le quartier général de Thinne, pays de Liège, l'an deux de la République française, le 20 janvier 1793.
S1gné: ALBERT, lieutenant-colonel en 2e.
Les membres du conseil d'administration,
(Suivent les signatures.) Cachet de cire du bataillon
" (D'Hauterive A. : "1793-1805, Lettres d'un Chef de Brigade, 33e de ligne, 65e et 68e Demi-brigades, 56e de Ligne", Paris, Baudoin, 1891, p. 169).

Coutard est attaché à l'Armée du Nord qui protège le territoire contre les Autrichiens, et il sert sous les ordres de Rochambeau et de Luckner. Le 17 juin, il est à la prise de Menin, le 20 à celle de Courtray. Quelques mois plus tard, dans l’armée de Dumouriez, le 14 septembre, Coutard se distingue à l’affaire de la Croix-au-Bois, en Champagne, où est tué le Prince de Ligne. Enfin il prend bravement part à la bataille de Valmy sous Kellermnann (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 9).

Cette bataille est le point d’arrêt des troupes coalisées. De ce jour, elles reculent. Mêlé au retour offensif de nos soldats, Coutard se trouve au siège de Namur; c’est là que commence sa fortune militaire.

Coutard a montré de la bravoure, de la résolution, du talent; ses camarades, à cette rude école, où chacun paye de sa personne, ont appris à le connaître et à l’aimer. Un jour, le Général Valence l’appelle : il l’estime, et antérieurement il a entendu parler de lui au Mans quand il y commandait, en 1789, le Régiment de Chartres. Il a l'intention de prendre pour Aide de camp le Capitaine de la Compagnie où sert Coutard. "Connais-tu quelqu’un qui puisse remplacer ton capitaine Garnier ? lui dit-il. — Oui, mon général. — Et qui donc ? — Moi ! réplique le grenadier". Cet à-propos plait à Valence. Coutard est fait Capitaine sous le canon de Namur. Ce rapide avancement n’est du reste que la récompense de sa valeur et le gage d'une ardeur à toute épreuve. Le nouveau Capitaine de la 1ère Compagnie ne tarde pas à justifier la confiance de ses chefs (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 9 et 10).

Le 30 novembre 1792, le Lieutenant-colonel Duplessis, du 1er Bataillon de la Sarthe, envoie à la Convention nationale sa croix de chevalier de Saint-Louis (Procès verbal de la Convention nationale, imprimé par son ordre, tome quatrième).

Le Journal militaire de 1793 indique qu’il se trouve au mois de janvier à l’Armée des Ardennes.

Le 1er mars 1793, le 1er Bataillon de la Sarthe est toujours dans l’Armée des Ardennes, Division de gauche du Général Diettmann. Il est fort de 535 hommes.

Coutard aurait assisté à la Bataille de Neewinden le 18 mars 1793, au siège de Maastricht en juin, aux combats sous Valenciennes, aux engagements sous le Quesnoy (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 10).

Partie du procès-verbal de l’interrogatoire du Lieutenant-colonel Chopplet, du 5e Bataillon de Paris, le 8 octobre 1793, arrêté suite aux dénonciations de ses hommes : "Interrogé si, le 21 mars 1793, au bois de Namur, sur la route de Louvain, il n’avait pas exposé son bataillon à être détruit, en le menant à une portée de fusil d’un village, où l’ennemi était en grand nombre, sans munitions et sans ordre, a dit qu’il n’a exposé nullement son bataillon, il s’en réfère à ceux qui y étaient, que, quant aux munitions, il avait le caisson à cartouches, qu’on avait eu près le Quartier général, que quant à l’ordre de se porter près la village où des compagnies de grenadiers étaient, notamment le 1er bataillon de la Sarthe, qui y était aussi, près lequel on s’est mis en bataille, étant de la demi-brigade avec son bataillon et qu’il avait reçu un ordre de l’aide de camp" (Léon Hennet, Les volontaires nationaux pendant la Révolution, p. 497).

Le 27 août, l’ennemi passa à l’attaque de la forêt de Mormale, menaçant la Maison-Rouge, culbutant après de grands efforts le poste défendu par deux pièces d’artillerie et le 1er Bataillon de la Sarthe, qui perd son drapeau dans l’affaire. Le Sous-lieutenant Reyniac du 2e Régiment des Belges, de garde avec 25 hommes, tombe sur l’ennemi à l’improviste, le déconcerte, lui reprend le drapeau et l’oblige à battre en retraite; cette action d’éclat est le lendemain mise à l’ordre de l’armée (Eugène Cruyplants, La Belgique sous la domination française (1792-1815), 1912, tome 2, p. 516).

"Le 17 août 1793, il occupe la redoute de Jolimay, construite dans la forêt de Mormal. Une division autrichienne l’attaque ; avec quatre compagnies de son bataillon, il en soutient l’effort, et, par son énergique résistance, favorise la retraite des flanqueurs de droite sur Maubeuge. Là il fut blessé d'un coup de feu; c’est ainsi qu’il payait ses épaulettes" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 10).

Le 26 Vendémiaire an 2 (17 octobre 1793), Coutard promu Adjudant-génral, quitte le 1er Bataillon de la Sarthe (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 10).

Le 1er de la Sarthe est non amalgamé lors du 1er amalgame.

En 1795, le Bataillon est à l'Armée de Sambre et Meuse (an III).

Le 23 Fructidor an 3 (9 Septembre 1795), Coutard rentre au 1er Bataillon de la Sarthe pour la 3e fois; il a le grade de Chef de Bataillon et va combattre à l'Armée de Sambre-et-Meuse, sous les ordres de Jourdan. Marceau le distingue ; Marceau, si bon juge du mérite, reconnait en lui la rapidité de l’exécution, la promptitude de l’obéissance, la ténacité du devoir. Mayence est bloquée par nos troupes, mais les assiégeants se trouvent séparés du gros de l’armée massé à Wurzbourg. Marceau détache le commandant Coutard avec deux bataillons et lui ordonne de relier les communications. Le 20 fructidor an IV, Coutard se met en marche vers le Mein et rencontre bientôt toute l’avant-garde du Prince Charles commandée par le Général Wartensleben. La lutte est presqu’impossible. Cinq heures durant, les deux Bataillons disputent le passage à ce redoutable Corps d’armée. Coutard a un cheval tué sous lui, il remonte en selle : un instant après, il est blessé grièvement. Accablé par le nombre il tombe au pouvoir de l’ennemi. La défense a été si extraordinaire, que les Autrichiens émerveillés le renvoient sur parole lui et tout son monde. Le Prince Charles a voulu le voir auparavant et l’a publiquement complimenté : les éloges d’un tel ennemi sont des titres. Coutard rentre en France avec les débris de son Bataillon. Il ne peut plus servir sur le Rhin, nous allons bientôt le revoir en Italie (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 13 et 14).

Selon Laurent Brayard, le 1er Bataillon de la Sarthe aurait été versé le 6 janvier 1796, à Luxembourg, dans les rangs de la 97ème Demi-brigade de ligne. Mais Champeaux donne une autre unité de seconde formation, la 73e Demi-brigade de ligne de seconde formation, ce qui est confirmé par Bernard Coppens (Champeaux, État militaire de la République française en l’an douze, 4e partie, p. 161).

- 1er Bataillon de la Mayenne.

Le 1er Bataillon de Volontaires de la Mayenne est formé le 18 septembre 1791. Il est commandé par Leforestier. Figure dans ses rangs Joseph-Juste Coquereau, alors volontaire.

Le Bataillon est amalgamé lors de la première réorganisation dans la 161e Demi-brigade de première formation, au sein des 3 Bataillons de la Demi-brigade.

Le Bataillon est en garnison à Laval, Granville, et Verdun. Il a été à l'Armée du Centre, l'Armée des Ardennes, l'Armée des côtes de Cherbourg.

Non amalgamé lors de la première réorganisation, il entre dans la formation de la 73e Demi-brigade de deuxième formation, lors du 2e amalgame

/ 1796

Le 29 avril 1796 (10 Floréal an 4), on trouve à l'Armée d'Italie, Division de la Côte, 5e Division (Général Sauret) une Compagnie auxiliaire de la 73e, embrigadée avec une Compagnie auxiliaire de la 51e, pour un effectif total de 450 hommes.

Composition des 4 Divisions sous les ordres de Kléber le 30 septembre 1796 :
Division HARDY (Quartier général, Bingen) :
Brigade Lorge :
31e division de gendarmerie. Freiweinheim et le long de la Selz, Westerhaüser-hof.
3 Bataillons de la 2e Demi-brigade de ligne, 2768 hommes. Camps de Jugenheim et d'Engelstadt.
3 Bataillons de la 55e Demi-brigade. 2465 hommes. Camp d'Ockenheim et en arrière de la Selz.
3 Bataillons de la 108e Demi-brigade, 3081 hommes. Camp de Kempten et sur les bords du Rhin jusqu'à Gaulsheim.
10 Compagnies auxiliaires des 16e, 37e, 43e, 49e, 61e, 73e, 78e, 92e, 99e et 105e Demi-brigades d'infanterie, 1084 hommes. Sur les bords du Rhin, entre Bingen et Bacharach; relevées par les troupes de Poncet ...
Division PONCET :
Brigade Daurier :
3 Bataillons de la 73e Demi-brigade d'infanterie, 1,320 hommes (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 371).

Le 3 octobre 1796, la Division Bernadotte s'établit : la Brigade Friant, dans les villages sur les bords du Rhin, entre Urmitz et Neuendorf, détachant un Bataillon à Coblenz ; la Brigade Simon, au camp de la Chartreuse, et la Brigade Barbou, sur la rive gauche du Rhin, depuis Bacharach jusqu'à Capellen et l'ile d'Oberwerth inclusivement. Dès lors, la 73e Demi-brigade de Ligne et la 15e Légère, qui occupent, depuis le 26 septembre, cette partie des bords du Rhin et le camp de la Chartreuse, peuvent rejoindre leur Division au camp de Kempten. Leur arrivée permet au Général Poncet d'occuper Gross-Winternheim et de mieux garder les débouchés de la Selz, jusqu'à Elsheim (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 374).

Le 17 frimaire an 5 (7 décembre 1796), le Général de Division Ligneville, commandant de l’aile droite de l’Armée, ordonne, depuis le Quartier général de Creutznach : "Ordre particulier pour l’aile droite
Comme il importe infiniment d’être toujours en mesure vis-à-vis de l’ennemi, et d’assurer par la force, et des positions respectables la conservation des postes que nous lui avons enlevés et d’y vivre, en même temps il importe aussi à mon cœur de procurer aux soldats un repos honorable pendant cette saison rigoureuse, que me suis arrêté aux dispositions suivantes qui auront leur effet très incessamment et du jour où j’en aurais l’ordre.
L’aile droite composée de la division Grenier et du corps du Hunsdruck sera formée sur deux lignes avec avant-garde, et réserve de cavalerie. L’avant-garde du corps du Hunsdruck commandé par le chef de brigade Souham sera composé de six bataillons d’infanterie légère, le 2e de Hussards et d’un régiment de chasseurs. Le quartier général sera à Esber Budesheim ou à Alsey.
La première ligne sera commandée par le général de brigade Daurier, le quartier général à Creutznach, sera composée des 73e, 102e, 99e Demi-brigades qui pourront être en très grande partie cantonnées tant derrière Bass Hass ( ?), que derrière la Basse Glamm ( ?) à partir de l’autree (?) ou Weisenheim avec des signaux tels que les troupes puissent être promptement rassemblés et toujours en mesure ...
" (Papiers du général Paul Grenier. NAF 24304. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 20 pages 51-53).

/ 1797

Le 22 Ventôse an 5 (12 mars 1797), le Général Grenier écrit, depuis Meisenheim, au Général Daurier, commandant la 5e Division : "J’ai reçu hier soir mon cher Daurier tes deux lettres, la 1ère relative au citoyen Chauveau, la 2e à la demande du chef de la 73e demi-brigade pour la rentrée des deux compagnies que cette demi-brigade a à Trèves. Je ne puis faire droit à ta première demande parce que le service en souffrirait. Lorsque le directeur général des postes aura remplacé à l’aile droite le citoyen Chauveau, je ne mettrai aucun obstacle à son départ. Je verrai de faire rentrer à leur corps les deux compagnies qui sont à Trèves le plus tôt possible" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 81).

Le 22 Germinal an 5 (11 avril 1797), le Général de Division Grenier écrit au Général Lefebvre : "J’ai reçu, mon cher Lefebvre, la lettre que vous avez chargé Drouet de m’écrire ; il parait que nous serons extrêmement resserrés dans nos cantonnements ; aussitôt que les premières troupes du général Colaud arriveront, je vous ferai prévenir du jour où je me mettrai en mouvement ; en attendant, je vais donner ordre aux troupes de ma seconde ligne de partir le 24 de leurs cantonnements pour aller relever la 73e entre Nahe et Moselle. Je vous prie de donner en conséquence des ordres à cette demi-brigade et la prévenir qu’elle sera relevée les 26 et 27e courant" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 40 page 95).

/ 1798

L'ARRÊTÉ DU DIRECTOIRE EXÉCUTIF en date de Paris, le 12 janvier 1798 (23 Nivôse an 6), fixe l'état des troupes qui doivent faire partie de l'Armée d'Angleterre : "Considérant qu'il est instant de réunir sur les côtes toutes les forces qui doivent être employées à l'armée d'Angleterre,
ARRÊTE ce qui suit :
ARTICLE PREMIER
Les divers corps de troupe ci-après désignés seront mis en mouvement pour se rendre sans délai sur les côtes qui bordent la Manche, ou autres lieux de rassemblement désignés par le ministre de la guerre, savoir :
INFANTERIE DE LIGNE
Les ... 73e ... demi-brigades ...
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 95).

Une situation, sans date, mais probablement établie début février 1798, signée par l’Adjudant-général Donzelot indique : Armée d’Angleterre; Situation de la division aux ordres du Général Grenier
Grenier, Général de Division
Daultanne, Ducheiron, Adjduants généraux
Dalbon, Gellée, Commissaires des guerres
1ère Légère, 73e de Ligne, 94e de Ligne, 96e de Ligne; lieu de rassemblement Abbeville ; époque de l’arrivée des Corps 22 ventôse. "Arrondissement de la Division : dans le département du Pas de Calais les ci-devant district de Calais, de Boulogne, Saint-Omer et Montreuil.
Observations :
... La 73e est à Caen ; elle sera dirigée sur Montreuil. On préviendra du jour de l’arrivée à cette destination ...
" (Papiers du général Paul Grenier. NAF 24304. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 197 page 408).

Le 10 mars 1798 (20 ventôse an 6), le Général en chef Desaix, commandant l’Armée d’Angleterre, écrit, depuis le Quartier général à Paris, au Général de Division Grenier, à Boulogne : "La 73e demi-brigade, général, ne fera plus partie de votre division ; elle vous sera remplacée par la 16e de ligne que le général Championnet vous enverra en la dirigeant sur Saint-Omer, et vous préviendra du jour où le corps y arrivera pour y recevoir vos ordres ..." (Papiers du général Paul Grenier. NAF 24304. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 202 page 420).

Le 17 mars 1798 (27 Ventôse an 6), le Général de Division Paul Grenier écrit, depuis Boulogne-sur-Mer au Général de Brigade Ney : "J’ai reçu, mon cher général, l’état de vos cantonnements ; j’y réponds en vous faisant connaître, sommairement, l’arrondissement que je dois occuper, dans le département du Pas-de-Calais. Les ci-devant districts de Calais, Saint-Omer, Boulogne et Montreuil ; la 1ère demi-brigade d’infanterie légère celui de Calais, la 96e celui de Boulogne, la 73e celui de Saint-Omer, et la 94e celui de Montreuil ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 94 page 207).

Le 18 mars 1798 (28 Ventôse an 6), le Général de Division Paul Grenier écrit, depuis Boulogne-sur-Mer, au Général Desaix, commandant en chef l’armée : "Je n’ai reçu, mon général, que le 27 de ce mois votre lettre par laquelle vous m’annoncez le remplacement de la 73e demi-brigade de ligne par la 16e. Ce changement m’est d’autant plus agréable que cette dernière a été près de quatre ans sous mes ordres aux armées de Sambre-et-Meuse et Mayence ...
Veuillez me faire connaître mon général, en quels lieux seront établis les magasins d’habillement et qu’équipement de l’armée et quelle sera la marche à faire suivre pour obtenir des effets ; les souliers surtout deviennent extrêmement nécessaires après une aussi longue route.
Il est urgent aussi de faire verser des fonds chez les différents payeurs ; le soldat obligé de vivre sur le pied de paix ne pourrait exister s’il n’était régulièrement soldé
" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 95 page 208).

/ 1799

Les Abruzzes sont en armes. Duhesme, malgré son activité, désespère presque de les réduire. Les paysans, au nombre de trois ou quatre mille et déployant un vrai enthousiasme, battent un détachement français, occupent plusieurs places et prennent trois pièces de canon. Ce succès enorgueillit la population qui se lève partout. Duhesme détache le Chef de Bataillon Coutard et lui donne le commandement des provinces insurgées. En treize jours, Coutard enlève aux Napolitains vingt-sept pièces de canon, trois drapeaux, prend le Général en chef et opère sa jonction avec le Corps d'armée, dans la Pouille.

Le l4 Pluviôse (2 Février 1799), Coutard assiège une petite place nommée Ortona-Mare. Les Napolitains se défendent énergiquement; la fusillade dure depuis deux heures, les troupes assaillantes se fatiguent et l’espoir entre au coeur des ennemis. Le Commandant s’en aperçoit, fait sonner la charge, ordonne l’escalade, et, le premier, monté sur les épaules de deux Sapeurs de la 7e légère, il s’élance aux remparts et arrive à une embrasure armée d’une pièce de quatre. La pièce est chargée à mitraille ; elle va tirer; Coutard bondit, tombe sur le canon, disperse les artilleurs. Ses soldats électrisés le suivent, et la ville est emportée (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 16).

Trois jours après il recommence : c’est l’assaut de Sanciano. Il y pénètre le premier et enlève un drapeau de sa main. Mais la fortune des armes nous devient contraire. Macdonald se voit obligé d’abandonner le sud de l’Italie et de se replier sur les provinces supérieures de l’Italie. Coutard reçoit l’ordre d’évacuer les Abruzzes et de se retirer vers Florence (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 17).

Le 13 Ventôse an 7 (3 mars 1799), le Général de Division Duhesme écrit, depuis son Quartier général, à Foggia, au Citoyen Coutard, Commandant en chef les deux Abruses, qui sont le département de la Pescara et du Sangro : "Brave et modeste, mon cher Coutard, vous avez fait des choses qui feraient honneur à un général de réputation. Vous n’aviez pas reçu mes dépêches et vous m’avez senti. Vous l’avez vu par ma collonne et mon parti. Gardez ce qu'il vous faut pour tenir Pescara seulement et avoire une collonne mobille dans vos environs. 7 à 800 hommes sufiront, je pense. Organisez le département du Sangro. Formez des gardes nationalles, et renvoyez moy le reste, notament les compagnies détachées de la 73e. Peut-être vous renverai-je par la suite une collonne mobille. J’attends Broussier. Toutes mes lettres précédentes vous ont détaillé mes intentions. Nous perdons le brave et bon Championet ; j’aurais pu vous assurer le grade d'adjudant-général, mais cela ne m’empêchera pas de le demander avec force, parce que vous le méritez. Si je ne l’obtiens pas, j’aurai toujours eu la ferme volonté de procurer un bon officier général à la Hépublique.
Adieu faîtes confectioner. Jétablirai un dépôt à Barleta, j'y tiendrai des troupes, j'y ferais confectioner. J’aurai une petite garnison napolitaine à Manfredonia. Basez toutes vos oppérations ladessus. Le corps d’armée sera sur la mer Ioniene, près de Matera et Gravina, jusqu’à nouvel ordre. Servons nous de paisants pour correspondre et rétablissez les postes de Lanciano à Foggia où je monte un esprit public et une garde nationale. Vous continuerez à faire de même de vos cotés.
Ps. 11 y aura des troupes jusques au 18 à Foggia, tachez qu’une partie de la collonne y arrive pour ce tems.
Envoyez nous vos drapeaux même celui que jai laissé à Pescara
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 17 et 18).

Le Conseil supérieur de la Haute et Basse-Abruzze, les Administrateurs de ces provinces, adressent alors à Coutard l'expression du regret profond que cause son départ et de l’admiration qu’a inspirée son désintéressement. Ils le remercient de la discipline strictement observée, de la sécurité maintenue, de la générosité pratiquée en toute occasion. C’est à lui que la contrée aime à reporter l’ordre et la tranquillité dont elle a joui, la répression qui a poursuivi et anéanti le brigandage ; elle célèbre son courage, son activité, sa vigilance ; elle loue la noblesse de son caractère, sa rigide probité, vertu si rare alors; elle regrette son esprit de gouvernement, l’ascendant qu’il exerce sur ses troupes, les ménagements qu’il a pour les populations; elle forme des voeux pour que "la gloire et la victoire lui soient de fidelles compagnes".

Voici le texte de ces témoignages. Le premier est en français; nous en conservons l'orthographe : "Le conseil supérieur de la haute et basse Abruzze, au citoyen Coutard :
Dans le moment que, pour accomplissement de nos désirs et de vos soins, vous alliez, çitoyen, donner les derniers échecs au brigandage, nous apprenons par vous que des ordres supérieurs vous rappellent de notre pays. Fatal départ ! Nous vous regretterons à beaucoup de titres. Nous, et ces départements, perdons le héros et le père. Votre courage les a plusieurs fois sauvés; votre désintéressement les a toujours soulagés. Jugez, vous maintenant, si vous ayez pu mériter la commune estime dans ces pays-ci, ou plutôt s'il y ait pu être jamais officier aussi estimable comme vous. Que la victoire et la gloire soient toujours les vostres fidelles compagnes ! Et que nous puissions mériter l’honneur de vostre estime et de vostre amitié !...
Salut et respect. Melchior Delfico.
Antoine Madonna.
Charles Benardini
".

Suit un acte en italien dont voici la traduction : "Pescara, le 8 Floréal an VII (27 avril 1799) de la Rép. franç.
Le conseil suprême de la Haute et Basse-Abruzzo ;
Nous soussignés, membres du conseil, certifions comme ayant été pendant trois mois en communauté de gouvernetnent et de résidence avec le citoyen L. Coutard, chef de bataillon de la 73e et commandant en chef de ces départements par ordre du citoyen Duhesme; que, durant tout ce temps, nous avons eu pleine connaissance dudit citoyen Coutard, l’ayant vu infatigable au travail, très-vigilant au gouvernement, actif au plus haut degré pour conserver la tranquillité et l’ordre public, en faveur duquel il n’a jamais hésité à se porter en personne contre les troupes de brigands et de révoltés qui troublaient cette contrée. Aussi, attestons-nous que c’est seulement à son courage et à son activité qu’est due la réduction des rebelles. Ce citoyen est éloigné de toute espèce d’avidité et plein de sentiments moraux qui distinguent l'honnête homme et l’homme bien élevé; et nous devons semblablement certifier que les peuples sous son gouvernement n’ont été nullement opprimés, et que, dans les deux départements, le nom de Coutard est aimé, acclamé et applaudi comme celui du libérateur et du père des peuples confiés à son autorité. C’est ce que nous attestons pour rendre hommage à la vérité, et ce que nous attesterons toujours à toutes les autorités supérieures et à tous les commandants généraux, tant en Italie qu’en France.
Signé : Melchior Delfico.
Carlo Berardini.
Antonio Madonna
"

L’Administrateur de la Basse-Abruzze ajoute : "Chieti, 8 Floréal an 1er de la République napolitaine, VII de la liberté.
Citoyen commandant,
La nouvelle que vous venez de nous donner de votre départ nous a profondément attristés, parce que vous étiez déjà habitué à compatir à nos maux. Vous pouvez attester à votre nation notre attachement pour elle, comme nous attesterons toujours le vôtre à la nôtre. Puissent de nouveaux lauriers couronner votre mérite, et soyez assuré que votre nom restera toujours cher aux honnêtes citoyens de l’Abbruze !
Respect et estime.
Signé : Pietro de Sterlich
".

Enfin un poète fait imprimer des sonnets à l’honneur du brave commandant, sur un tissu de soie couleur de pourpre (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 19 à 21).

Coutard ce replie vers la Toscane. Sous les murs de Modène, il rencontre la Légion de Bussy. Cette Légion se compose de braves émigrés français et sert sous les ordres du Prince de Hobenzollern. Entourée par les troupes de la République, elle veut se faire jour ou trouver une mort glorieuse. Ses cavaliers se jettent sur les premiers postes qu’ils aperçoivent; leur impétuosité tient du désespoir, rien ne les arrête; ils parviennent jusqu’au Quartier général de Macdonald, dispersent son escorte, le blessent à la tête, et continuent leur route vers Modène. Le Commandant Coutard se met à leur poursuite avec les Grenadiers de l’aile droite : il les atteint et les suit de si près qu’il entre avec eux dans la ville et s’en empare (19 Prairial an 7 - 7 juin 1799) (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 21).

"Le 30 prairial, Coutard, à la tête de ces mêmes grenadiers, assistait à la fameuse bataille de la Trebbia, sur ce champ illustre où Annibal avait vaincù les Romains, et où, trois jours durant, trente mille Français disputèrent la victoire à cinquante mille Autrichiens et Russes: cinq millions de cartouches brûlées, plus de soixante-dix mille coups de canon échangés, le lit du fleuve encombré de cadavres, et plus de quinze mille hommes restés sur la place, attestent la fureur et l’acharnement de cette lutte. Coutard y fut blessé et fait prisonnier avec les siens" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 21-22).

Le 6 novembre 1799 (15 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit, depuis Borgo San Dalmazzo, au Général Duhesme : "J’ai reçu votre lettre relative à la conduite scandaleuse qu’a tenu le bataillon de la 73e demi-brigade à Lyon, mon cher général ; vous en avez sans doute rendu compte au ministre de la guerre. De mon côté, vous pouvez être assuré que je tiendrai la main autant qu’il sera en mon pour les faire rentrer dans l’ordre et ramener la discipline. Vous méritez de l’armée et de l’humanité, mon cher général, en faisant des démarches pour faire équiper les détachements qui y viennent. Nos besoins sont bien grands, et nos ressources bien faibles" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 186 page 393).

Le 10 novembre 1799 (19 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit, depuis L’Arche, au Général Richepanse : "J’ai reçu, mon cher général, votre dépêche du 18, et les lettres qui y étaient jointes. Je crains beaucoup pour les suites du mouvement qui vous est ordonné et je ne doute pas que notre communication ne soit bientôt interceptée ; je préviens le général en chef que nous donne l’ordre de faire garder la Rocca Spavera et le pont de l’Oulx au moins par trois bataillons ; je crois cette disposition très nécessaire, veuillez en conséquence l’exécuter, si le général en chef ne l’approuve pas, il la contremandera. Je donne l’ordre à la 73e de se rendre à Demont, laissant un détachement de 100 hommes à Sambuco ; je ferai garder Brezès par des conscrits de la 99e qui seront encore sous les ordres du général Brenier.
Tâchez de faire parvenir ma lettre au général en chef. Je voudrais pouvoir mon cher général accorder la gratification que vous me demandez pour vos officiers, mais je n’ai pas un sol à ma disposition et l’argent qui est ici ne suffira peut-être pas pour la solde annoncée ; les 600 francs que je vous envoie sont de ma bourse et je ne suis pas riche ; donnez-moi souvent de vos nouvelles ; je doute que vous ayez pu exécuter votre mouvement.
Ps. Le bataillon de la 99e qui sera à Brezès ne pourra être porté plus avant, attendu qu’il sera chargé d’entretenir la communication avec Tournoux et occuper tous les villages
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 197 page 422).

Le 10 novembre 1799 (19 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit, depuis L’Arche, au Général de Division Brenier : "Je reçois à l’instant, mon cher général, votre de ce jour ; le général Richepanse m’a fait connaître aussi les dispositions qu’il a faites pour exécuter le mouvement du général en chef, je n’entrerai pas dans les détails des inconvénients que cette disposition présente, elle était sans doute nécessaire puisque le général en chef l’a ordonnée ; cependant, j’ai cru devoir engager le général Richepanse a laissé trois bataillons à Gaiola pour occuper la Rocca Spavera et garder le pont de l’Oulx afin de rester en communication avec vous. Cet ordre est porté par l’officier qu’il m’a envoyé avec les dépêches du général en chef, et ne lui parviendra sans doute que demain ; encore faut-il que votre communication avec lui ne soit pas interrompue ; je ne crois pas mon cher général, que l’ennemi présente devant vous de grandes forces tant que la division du général Richepanse sera en position à Borgo San Dalmazzo ; vous serez sans doute inquiété et harcelé mais je ne pense pas que ce sera plus par les paysans que par les Autrichiens ; au reste, mon cher général, il faut tout prévoir et être en mesure ; si vous étiez attaqué par des forces supérieures, vous vous retireriez [à Sambuco ?] et en dernier lieu derrière les barricades, ce dernier mouvement ne doit se faire qu’à l’extrémité et dans cette position vous ne devez négliger aucun des moyens de vous bien défendre, la sureté de nos frontières en dépend. Je compte sur votre zèle et votre dévouement pour en bien pénétrer les officiers et soldats qui vous restent ; le bataillon de la 73e sera à réserve à Sambuco, vous avez dans cette partie des communications à garder telles que le passage de la Montagnette sur les Barricades, la Scaletta et le col dell Mulo : tous ces passages sont ou seront bientôt impraticables. Je fais arriver aussi jusqu’à Brezès quelques compagnies de la 99e afin de bien établir nos communications ; je ne crois pas que le parc de réserve soit à Sambuco, dans tous les cas, comme le passage des Barricades est très difficile, je donne l’ordre pour que ce parc vienne s’établir à Brezès, où il sera gardé par des conscrits de la 99e.
J’ai envoyé sur tous les points pour faire arriver des subsistances ; vous devez croire que je ne négligerai aucun moyen pour vous procurer tout ce qui dépendra de moi ; mais il faut un peu de patience et donner le temps d’organiser tout ce qui est dans ce moment désorganisé. Je vous recommande, mon cher général, de rester rapproché le plus que vous pourrez de la division Richepanse, c’est pourquoi il est nécessaire de se maintenir à Demont malgré les circonstances difficiles dans lesquelles vous vous trouvez.
L’entrepôt de vos subsistances et de vos munitions sera à Brezès ; je vais tâcher d’y établir aussi un échelon de mulets de transports ; enfin si quelque chose manque ce ne sera pas de ma faute ; j’ai envoyé aujourd’hui sur Demont 500 paires de souliers à la disposition du général Richepanse. Comme je pense que votre communication avec lui n’est pas facile, je vous autorise à en disposer
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 198 page 424).

Le même 10 novembre 1799 (19 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit, depuis l’Arche, au Général en chef de l’Armée : "Je vous ai rendu compte aujourd’hui, mon cher général, que le général Richepanse avait exécuté le mouvement que vous avez ordonné, je vous faisais connaître en même temps combien cette disposition mettait la vallée de Sture à découvert puisqu’il ne restait à Demont qu’un bataillon de la 105e et un bataillon de la 80e, le tout faisant environ 550 hommes, plus le bataillon de la 73e qui a l’ordre de se porter à Sambuco fort de 200 hommes, ce dernier prétend être prisonnier de guerre et m’observe qu’il ne peut servir contre l’ennemi qu’après avoir obtenu son cartel d’échange ; je ne sais jusqu’à quel point je dois ajouter foi au dire des officiers, mais il est de fait que je ne les contraindrai pas à faire quelque chose qui puisse compromettre l’honneur français ; il faut donc, mon cher général, que le chef de l’état-major général m’envoie une attestation qui puisse tranquilliser ce corps en disant qu’il est réellement échangé ou que le terme de sa capitulation est fini.
Le général Brenier me mande de Demont qu’il craint d’être attaqué demain, s’il l’est réellement, vous pensez bien que ce n’est pas avec 5 ou 600 hommes qu’il pourra faire une grande défense et se maintenir à Demont ; je lui donne en conséquence pour instruction d’y tenir aussi longtemps qu’il pourra, de se retirer s’il est forcé à Sambuco, et en dernier lieu aux Barricades, que l’on ne doit pas quitter ; si le général Richepanse pouvait avoir exécuter l’ordre que je lui ai transmis après le votre de laisser trois bataillons à la Rocca Sparvera, et en arrière du pont de l’Oulx, cette vallée serait couverte ; si ma lettre ne lui est pas parvenues, nous n’avons pas même de quoi nous garantir des invasions des barbets ; telle est notre position et je ne dois pas vous la cacher
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 199 page 428).

Le 11 novembre 1799 (20 Brumaire an 8), le Général de Brigade Brenier écrit, depuis Brezès, au Général de Division Grenier : "... Je vais m’établir à L’Argentière où je serai plus à porter de correspondre avec vous. Je crois qu’il est inutile de faire venir la 73e jusqu’ici, surtout n’y ayant point de subsistance ..." (Papiers du général Paul Grenier. III Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 42 page 96).

Le même 11 novembre 1799 (20 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier adresse, depuis Larche, une "Instruction pour le général de brigade Brenier.
Le général de brigade Brenier commandant la 3e brigade de la 1ère division prendra le commandement de la vallée de Stura et de celle de Barcelonnette ; il prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la défense des Barricades et aura sous ses ordres, un bataillon de la 25e, un bataillon de la 73e, un bataillon de la 80e, et un bataillon de la 99e avec un détachement du 9e de dragons.
Le général Brenier établira ses troupes de manière à garder le poste important des Barricades, il fera occuper la Montagnette, le Bec Roux et enverra journellement des reconnaissances au col del Mulo, pour s’assurer que les paysans ou l’ennemi n’occupent pas ce passage. Le général de division pense que le meilleur moyen d’assurer cette frontière est d’établir le bataillon de la 80e avec celui de la 25e dans les fermes en arrière des Barricades, de fournir sur ces deux bataillons un poste de 100 hommes au moins sur la hauteur et au passage des Barricades ; le bataillon de la 73e sera placé en réserve à Brezès et l’Argentière ; si l’ennemi se présente, le général Brenier rassemblera ces trois bataillons, chargera l’ennemi avec impétuosité et il le repoussera ; le bataillon de la 99e sera établi par échelon depuis Maison Méane jusqu’à Meyronne.
Le général Brenier établira une manutention à Brezès, toutes les mesures prises pour lui faire arriver les subsistances ; il sera établi un parc de cartouches d’infanterie à Maison Méane et une bouche à feu avec ses munitions à Larche ; le grand parc de munitions est à Tournoux ; dans le cas où le général Grenier remarquerait que le col de l’Argentière se fermât et qu’il ne soit plus praticable, le général Brenier retirerait ses troupes des Barricades et suivrait les dispositions ci-après.
Il formera une avant-garde composée de ses meilleures troupes, cette avant-garde de 6 à 700 hommes serait établie à Maison Méane et Malboisset ; il en donnera le commandement à un officier supérieur ferme et intelligent et lui donnera les instructions qu’il croira nécessaire pour la sureté de son poste, sa réserve sera établie à Larche avec sa bouche à feu et des munitions d’infanterie ; il fera occuper encore les villages de Meyronnes, Gleizolles, Barcelonnette, Tournoux et Saint-Paul, le général Brenier s’établira de sa personne à Meyronnes ; il est prévenu que sous peu de jours, un demi-bataillon de conscrits des Hautes-Alpes viendra occuper les quatre derniers villages désignés ci-dessus.
Le général Brenier s’entendra avec le général Pelletier commandant l’arrondissement de la 8e division militaire pour tout ce qui aura rapport à la défense des vallées, à la subsistance des troupes et au bon ordre à établir ; dans le cas où l’esprit de ces vallées pourrait nuire à la discipline militaire ou entraver les opérations du général Brenier, toutes les communes de son arrondissement seront mises en état de siège et seront administrées militairement.
Le général Brenier correspondra journellement et activement avec le général de division soussigné ; il sera prévenu du point qu’il fixera pour son quartier-général ; le général Brenier est encore prévenu qu’une grande quantité d’artillerie et de munitions est à Tournoux ; il est donc nécessaire de la faire garder et c’est au camp de Tournoux que se réuniraient toutes ces troupes, s’il était forcé de quitter tous les points indiqués précédemment ; mais il est à présumer que cette prescription est surabondante, l’ennemi ne cherchera surement pas à s’établir entre son corps de troupes et une barrière que la saison rend insurmontable
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 200 page 430).

Encore le 11 novembre 1799 (20 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit, depuis Larche au Général de Brigade Brenier : "J’ai reçu, mon cher général, votre rapport de ce jour. Je pense que vous avez reçu mon instruction. Vous y ferez les changements que les circonstances exigeront. Je sais que vous avez peu de troupes mais une fois les services organisés, je présume que vous serez tranquille, seulement vous devez observer que nous sommes sur nos frontières et que nous ne devons pas les laisser dévaster par des Barbets. Je vous avoue que je ne crois pas que les Autrichiens viennent jusqu’aux Barricades.
Le bataillon de la 73e est arrivé ici aujourd’hui ; les officiers de ce bataillon croient qu’ils ne sont pas encore échangés et mon intention n’est pas de compromettre l’honneur français ; gardez-le en seconde ligne et ne les employez que contre les paysans ; croyez que je ne négligerai aucun des moyens qui sont en moi pour assurer et organiser tout ce qui regarde votre brigade. Je me rends demain à Barcelonnette pour cet objet et j’espère que lorsque le pain et la viande seront assurés, les soldats reviendront de cette terreur panique qui aujourd’hui les abat.
Nous avons à Larche des souliers, des habits, des culottes, le tout sera à votre disposition, mais je pense que ces effets devront être emmagasinés à Barcelonnette pour plus de sûreté.
Ps. Il paraît mon cher général que le bataillon de la 73e ne se soucie pas de servir, je viens d’avoir une séance assez désagréable avec les officiers. Si vous jugez qu’il ne vous soit pas trop nécessaire, laissez-le à Larche et Maison Méane, j’envoie un officier en courrier à Briançon pour faire arriver un bataillon qui vous sera plus utile je l’espère, et alors vous vous servirez de la 73e pour garder votre communication avec Barcelonnette
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 202 page 434).

Toujours le 11 novembre 1799 (20 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit, depuis Larche, au Général en chef de l’Armée : "Ce que j’avais prévu, mon cher général, est arrivé hier. Les 300 hommes qui étaient restés à Demont après le départ de la division Richepanse ont été forcés par quelques milliers de paysans qui ont massacré beaucoup de soldats. Le général Brenier n’a pas 1500 hommes pour garder cette frontière, encore le bataillon de la 73e refuse de servir, au moins les officiers parce qu’ils prétendent qu’ils sont prisonniers de guerre. J’envoie chercher en toute diligence deux bataillons de la division Duhesme pour venir s’établir à Larche, vous voyez que sa seule division fait le service, je vous prie en conséquence d’obtempérer à la demande que je vous fais par ma lettre du 19" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 203 page 435).

Le 12 novembre 1799 (21 Brumaire an 8), le Général de Brigade Brenier, de l'Armée d’Italie, écrit, depuis son Quartier général de Largentière, au Général de Division Grenier : "Je n’ai rien de nouveau, je viens d’établir des postes conformément à vos intentions et proportionnellement à ma force. J’ai envoyé une patrouille sur le col de Roburent et de la Scaletta, et j’ordonne au chef de la 73e d’en envoyer tous les jours du poste qui est à Maison-Méane parce que, quoique les cols commencent à se couvrir de neige, les paysans pourraient facilement venir nous inquiéter par là.
Les paysans m’ont annoncé qu’au premier changement de vent, le col se couvrirait de neige. J’ai chargé les paysans ici de me prévenir exactement du moment où cela devrait arriver afin de prendre mes précautions.
Je compte, mon général, sur vos promesses pour la subsistance de ma brigade ainsi que pour tout ce qui y a rapport
Je prends la liberté de vous recommander mon adjoint qui a tout perdu avant-hier ; s’il est possible de lui faire payer l’indemnité que la loi lui accorde
" (Papiers du général Paul Grenier. III Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 46 page 104).

Le 15 novembre 1799 (24 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit au Général en Chef : "Je vous ai fait connaître, mon cher général, les mouvements qui ont eu lieu dans la vallée de Stura depuis que la division aux ordres du général Richepanse s’est portée, en conformité de vos ordres, sur Borgo. Je vous ai rendu compte que le bataillon de la 25e, est partie de celui de la 80e, avait été forcé de quitter Demont, et était venu prendre position aux Barricades, que c’était les seules troupes qi restaient dans cette vallée puisque le bataillon de la 73e que j’avais envoyé chercher ne pouvait être employé, les officiers se disant prisonniers de guerre, et refusant de servir. J’ai donc été forcé de faire venir deux des bataillons de la colonne du général Duhesme pour être sous les ordres du général Brenier. Il résulte de ces dispositions que les troupes aux ordres du général Brenier dans la vallée de L’Arche et de Barcelonnette sont 1 bataillon de la 25e, 130 hommes, 1 bataillon de la 80e, 300 hommes, 1 bataillon de la 74e, 450 hommes, et 1 de la 107e, 480 hommes. Total 1360 hommes.
La désertion s’est manifestée dans les troupes et il est parti plus de 500 hommes des deux derniers bataillons avec armes et bagages ; j’ai envoyé des officiers sur tous les postes et si les administrations civiles me secondent, j’espère en faire rentrer un grand nombre.
J’ai destiné le bataillon de la 73e pour faire exécuter militairement dans le département des Basses-Alpes la rentrée des grains sans lesquels il est impossible de faire subsister la troupe dans les vallées. J’ai chargé le général Lepelletier commandant ce département de cette commission avec ordre de mettre toutes les communes en état de siège si les circonstances et la mauvaise volonté des habitants de ce département nécessitaient cette mesure. J’ai dirigé sur Nice le restant de la 99e environ 500 hommes et 80 chevaux du 21e de cavalerie en très bon état. Il ne reste donc dans toutes les Alpes que la division du général Duhesme. Veuillez m’autoriser à lui remettre ce commandement qui lui appartient de droit et que je ne peux plus garder. J’attends la permission que je vous ai demandée. Je suis malade, et ai besoin de repos. Veuillez aussi ne pas oublier de me faire défrayer de mes avances, il m’en coûte horriblement, et je ne peux plus y faire face.
J’ai dû me rendre moi-même à Barcelonnette pour assurer les services de cette vallée. Je vous assure que la position des troupes qui doivent l’occuper n’est rien moins que tranquillisante sous le rapport des subsistances, il en est de même dans le Briançonnais, Maurienne et Tarentaise, les arrêtés que j’ai pris le 17 Vendémiaire dernier n’ayant pas reçu d’exécution, nous touchons à notre prochaine dissolution
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 209 page 449).

Le 17 novembre 1799 (26 Brumaire an 8), le Général de Brigade Brenier (Armée d’Italie, aile gauche, Division Vallée de Barcelonnette), écrit, du Quartier général de Meyronnes, au Général de Division Grenier commandant l’aile gauche, à Guillestre ou Embrun : "J’ai reçu, cette nuit, mon général, votre lettre d’hier 25. Tous les jours, mes reconnaissances vont au-dessus du lac. J’ai fait ouvrir les canaux qui sont en haut des montagnes ; ces canaux versant l’eau sur les prés qui sont pente au-dessous forment une glace qui empêche absolument toute communication par la difficulté de passer sur cette glace. Cette idée m’a été donnée par les habitants du pays qui font beaucoup de difficultés quant il faut fournir quelque chose, mais qui sont bien disposés à ne pas se laisser piller par les paysans.
J’ai des rapports que les Autrichiens ne sont pas forts, qu’ils étaient venus en force l’autre jour pour nous attaquer mais qu’ensuite il en est reparti une partie ; on ajoute cependant qu’il y a deux ou trois mille paysans, cela n’empêche pas de que quand je voudrais je suis prêt de les chasser de Largentière et même de Brezès et même peut-être des Barricades, mais je serai sûr, le lendemain, d’être harcelé, inquiété, et peut-être forcé à une retraite désagréable parce qu’avec le temps qu’il fait, ils peuvent me tourner par une grande quantité de passages.
Je me suis convaincu que les Barricades est un poste insignifiant, même en gardant la Montagnette et le Bec Rouge, puisque lorsque la neige n’est pas plus forte qu’elle n’est actuellement, on peut être tourné facilement par divers cols qui viennent soit de la vallée de Maira soit de la vallée de Saint-Etienne qui est de tous les temps le repaire des Barbets, et dans le fait le poste de Servagno n’a été attaqué et repoussé que lorsque les paysans étaient en dessus de Brezès et tiraient jusque dans Brezès même ; avec le peu de monde que j’avais je ne pouvais garder le village de Serrières quoique j’eusse des troupes qui ont gardé les débouchés, mais les paysans venaient par-dessus la montagne et les postes ne pouvaient pas tenir.
Voici quel est mon projet ; quand je serai sûr de mes subsistances pour deux jours, je ferai attaquer Largentière que je suis sûr d’emporter, je ferai peut-être pousser jusque Brezès et, pendant ce temps je prendrai mes dispositions pour établir un camp à la position appelée ci-devant camp de la Madeleine et je me retirerai à mes premières positions en laissant deux ou trois cent hommes camper à la dite position pour lesquels j’aurai fait porter d’avance des tentes que je me suis assuré qui existaient à Tournons ; car il est impossible même d’y établir des baraques puisqu’il n’y a point de bois aux environs.
Le commandant de Barcelonnette me témoigne beaucoup de craintes pour les débouchés de la vallée de Saint-Etienne qui viennent tomber à Giausier ( ?). Cette 73e se refuse à toute espèce de service, les officiers disent que ce sont les soldats ; moi, je crois que c’est un prétexte de certains officiers.
Il me faudrait au moins 200 hommes pour garder cette partie et je ne sais où les prendre sans me dégarnir. Je cherche partout quelques personnes sures pour envoyer dans ces parties pour me donner des renseignements, je les payerai très bien, je crois en cela entrer dans vos intentions et quand vous ne pourriez pas me rembourser les dépenses à cet égard, cela ne m’empêcherait pas de les faire, parce que j’en connais la nécessité.
J’ai envoyé des instructions hier à la 99e, je ne suis rien moins que rassuré sur mes subsistance à venir ; votre arrêté ne suffit pas, je crois, parce que les communes ayant déjà fourni presque toutes les denrées d’appel, il faudra de grandes difficultés pour en faire verser d’autres, et si cependant on ne prend pas de grands moyens, les neiges viendront et nous resterons sans ressources dans cette vallée.
J’ai reçu les deux décrets et que vous m’avez fait passer, qui vivra verra.
J’ai donné le commandement de l’avant-garde au général Flavigny
" (Papiers du général Paul Grenier. III Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 78 page 168).

Le 18 novembre 1799 (27 Brumaire an 8), le Général Richepanse, commandant la 1ère Division de l’aile gauche de l'Armée d’Italie, écrit, de Tende, au Général de Division Grenier, commandant l’aile gauche de l’armée : "Par ma lettre du 24, mon cher général, je vous rendais compte que le 19, j’avais été obligé d’abandonner à l’ennemi, faute de munitions, les positions de Borgo et de Roccavione. Le 20, je fus attaqué de nouveau et forcé de tailler en avant de moi Robilante. Les 21, 22 et 23, je restais dans les positions de Vernante et Limone sans qu’aucune troupe passa le col de Tende, afin d’être en mesure de me porter promptement en avant si j’apprenais que les divisions Victor et Lemoine se rapprochassent de Coni. Le 24, j’appris au contraire que les deux divisions avaient été forcées à des mouvements rétrogrades et de s’en tenir à couvrir les débouchés d’Ormea, Finale, et Savonne. L’ennemi se présenta aussi sur tous les points tels que ceux de Palanfrè par la gauche, de Vernante, de Roccavione sur son front, et la Chartreuse par notre droite ; je retirais alors toute la cavalerie pour la porter en arrière, et au loin du col de Tende, l’artillerie sur le col même, et l’infanterie sur les différents points dont vous pourrez prendre connaissance dans l’instruction que je donnais le 25 (vous en trouverez ci-joint la copie), ainsi que la situation de la division. Les subsistances sont assurées aux troupes, j’ai obtenu 7000 paires de souliers, dont 5000 sont déjà distribuées ; les munitions de guerre se trouvent également en quantité suffisante pour que nous puissions tenir les positions que nous occupons.
J’ai reçu hier des nouvelles du général en chef, il parle de tenir en force, outre le col de Tende, Demont. Je sais qu’il ne vous est resté dans cette vallée que trois bataillons très faibles des 25e, 73e et 80e demi-brigades, j’attends vos ordres pour vous faire passer des troupes, si vous le jugez nécessaire. Je désirerais que vous donnassiez aux quartiers-maîtres, officiers, troupes qui ont été détachés des corps qui sont ici l’ordre de venir les joindre par Nice ; on les attend avec d’autant plus d’impatience qu’on les suppose chargés d’argent. Si comme on me l’assure ici, les postes de Raut, Belvédère, Saint-Martin, Labollina sont occupés par des troupes françaises, toutes les troupes et individus détachés peuvent rejoindre par cette route qui est infiniment plus courte. J’ai cru ne pouvoir communiquer avec vous qu’au moyen des émissaires ; cette lettre en conséquence vous sera remise par des habitants de Tende
" (Papiers du général Paul Grenier. III Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82 page 176).

Le 19 novembre 1799 (28 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit au Général Brenier : "… J’ai destiné la 73e pour faire rentrer des subsistances de Digne ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 214 page 458).

Le même 19 novembre 1799 (28 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Pelletier, commandant le département des Basses-Alpes : "Je n’ai pas encore de nouvelles de vous, citoyen général, et les subsistances me donnent beaucoup d’inquiétudes ; rappelez-vous que vous êtes chargé d’une mission qui doit sauver les frontières du département des Basses-Alpes et que j’attends de votre rapport pour déterminer la conduite que je devrai tenir envers ce département ; déjà, j’ai mis à votre disposition le 3e bataillon de la 73e demi-brigade ; il est à Barcelonnette ; veuillez-vous en servir, et soyez convaincu que toutes les mesures que vous prendrez pour assurer les dispositions de mon arrêté du 22 de ce mois et dont je vous ai rendu responsable en vous en remettant expédition seront approuvées par moi ; il faut, citoyen général, que tous les moyens de transports de ce département, exceptés ceux de la vallée de Barcelonnette et de L’Arche, qui servent au service journalier, soient mis en réquisition et que les 4000 livres de grains demandés arrivent à Barcelonnette en 3 ou 4 convois" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 217 page 463).

Le 23 novembre 1799 (2 Frimaire an 8), le Général de Brigade Brenier, de l'Armée d’Italie, écrit, depuis le Quartier général de Meyronnes, au Général de Division Grenier : "J’ai fait aujourd’hui une connaissance sur l’argentière et Brezès. L’ennemi a été chassé de partout et poussé jusqu’au-delà de la Praynard. Il a fait voir environ 200 hommes dont 50 de cavalerie. Je l’aurai poussé plus loin si j’avais voulu, mais il était tard et la troupe n’ayant pas mangé, j’ai ordonné qu’on se retire. On a marché parfaitement en ordre. Les dispositions que j’avais ordonnées ont été exécutées avec précision, il faisait un temps superbe, et cela a été une promenade militaire qui ne fait point de mal aux soldats. Je vais faire demain le mouvement que je vous ai annoncé hier, c'est-à-dire que je fais occuper par la 80e les villages de Saint-Ours, Fonvide, Certamussat et les Bois de la Sylve. Les grenadiers resteront à Meyronne et je porte en entier la 25e à Jausiers ; par ce moyen je pourrai pousser la 73e sur Barcelonnette d’où elle sera plus à même de se porter où il sera nécessaire pour la rentrée des subsistances, et je garderai toujours les débouchés de la vallée de l’Ours et Lubac.
Je vous envoie une lettre du général de division Dièche et la réponse que je lui ai faite. J’attends vos ordres à cet égard. On dit que l’ennemi s’est retiré d’Isola. Je crois que ce n’était qu’une reconnaissance de sa part. J’ai reçu votre lettre du premier ; j’irai demain à Barcelonnette pour vérifier avec l’inspecteur général l’état que vous m’avez envoyé, les subsistances nous font toujours la guerre, je vous assure que sans cela tout irait bien ici
" (Papiers du général Paul Grenier. III Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 92 page 197).

Le 26 novembre 1799 (5 Frimaire an 8), le Général de Brigade Brenier (Armée d’Italie, aile gauche), commandant les vallées de l’Arche et de Barcelonnette, écrit, du Quartier général de Meyronnes, au Général de Division Grenier : "J’ai montré votre lettre et votre état pour les subsistances au citoyen Rippert, inspecteur général des subsistances, et il m’a dressé l’état détaillé que je vous envoie. Vous y verrez que sur les divers appels qui ont été faits, le département en a pris la plus grande partie pour des services particuliers, et qu’enfin le département se refuse à fournir les 4000 quintaux ordonnés par votre arrêté du 17 vendémiaire dernier. Toutes ces entraves ne peuvent que nous donner beaucoup d’inquiétudes, il est à craindre que bientôt, les moulins ne soient plus en état de moudre à cause du froid, j’ai bien ordonné qu’on mit la plus grande activité dans la mouture, mais cette activité deviendra inutile si nous n’avons point de grain. Il y en a tout au plus pour trois jours. Il en arrive journellement, mais en si petite quantité que la consommation journalière absorbe successivement toute nos avances.
Vous m’aviez mandé que la 73e était à la disposition du général Pelletier pour la rentrée des grains. Voyant que cette rentrée ne s’effectuait pas, je lui ai fait passer la 73e en gardant seulement 50 hommes à Barcelonnette, et je l’ai engagé à presser cette rentrée que chaque moment rend plus pressante.
Le commissaire Simmonot se donne beaucoup de peines, mais malgré cela, la farine manque quelques fois à Tournoux, et le pain par conséquent aux troupes. Je suis toujours très mécontent des canonniers et je voudrais que vous m’autorisiez à renvoyer la compagnie du 1er régiment qui est la plus insubordonnée. Je vous envoie ci-jointe une plainte des habitants de Tournoux. Vous verrez combien la troupe se démoralise quand on veut lui dire quelque chose ; ils demandent du pain et de l’argent et s’ils avaient du pain exactement, ils prendraient patience pour le reste, qu’il serait cependant bien nécessaire de leur faire avoir.
Le détachement de dragon qui est dans la vallée y est bien inutile ; en y laissant seulement 10 hommes, un brigadier et un maréchal-des-logis, cela suffirait bien et cela ménagerait d’autant nos moyens. J’avais déjà prévu votre idée pour envoyer des colonnes mobiles. Je vais faire distribuer à cet effet quelques espadrilles. J’en enverrai dans la vallée de Laus et dans la vallée de Meyra.
On avait envoyé de Jausiers des hommes pour savoir ce qui se passait du côté de Saint-Etienne. Ils rapportent que 25 hommes tant paysans que Autrichiens sont venus à Isola ; qu’on a envoyé contre eux une reconnaissance qui ont pris les auteurs sur la droite. Les ennemis ont pris les hauteurs opposées, et ont fait pendant la nuit beaucoup de feu. Le lendemain, ils se sont retirés et les nôtres aussi qui ont même, dit-on, quitté aussi Saint-Etienne, de cette manière il ne se rencontreront pas.
Je suis fort content du commandant de Barcelonnette, Marchennin, qui est lieutenants depuis longtemps ; il a été blessé plusieurs fois et si on pouvait le faire faire capitaine, c’est une justice méritée qu’on lui rendrait.
Si les neiges venaient, il serait impossible de laisser autant de troupes dans la vallée ; outre l’inutilité dont elles seraient, le peu d’activité dans l’approvisionnement d’hiver pourrait nous laisser dans le plus grand embarras. Je désirerais que vous me traciez la marche que j’aurais à tenir dans le cas où la neige arriverait.
Il serait utile pour remédier à l’inconvénient de l’interruption des moulins, que le département envoya de la farine au lieu d’envoyer du grain
" (Papiers du général Paul Grenier. III Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 95 page 203).

Le 8 Janvier 1800 (18 Nivôse an 8), le Général de Brigade Brenier (Armée d’Italie), commandant les vallées, écrit, du Quartier général de Barcelonnette, au Général de Division Grenier : "Le général Pelletier m’écrit pour m’engager d’envoyer des troupes à Seyne, attendu que la 73e est parti pour Gênes, je vais y envoyer deux compagnies ; j’ai déjà donné l’ordre pour faire occuper le fort Saint-Vincent par 25 hommes et un officier, attendu que la 73e l’avaient évacué sans être remplacée et que je juge très utile dans le moment présent d’occuper ce fort en force suffisante parce qu’il s’est manifestée à Seyne et dans les environs quelques-indices alarmants pour la tranquillité publique. On y a brûlé la maison du receveur des impositions et on a mis un écriteau menaçant sur la porte de celle du garde magasin D’appel. J’ai encore un autre but en envoyant des troupes, c’est de diminuer la consommation dans cette partie, ce qui diminue nos besoins en transports. Il tombe beaucoup de neige ; tous les passages sont impraticables. Vous pouvez être parfaitement tranquille à cet égard et sans inquiétude des subsistances. Je serai parfaitement inutile ici ; ce serait bien le moment, mon général, d’aller un peu arranger mes affaires. Je prends la liberté de vous rappeler ma demande ; soyez bien persuader que c’est le grand besoin qui m’y engage et que je n’en abuserai pas. J’ai écrit hier au département d’une manière un peu sévère ; je voudrais qu’ils se plaignent à vous ou au gouvernement parce qu’ils trouveraient par là leur négligence" (Papiers du général Paul Grenier. III Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 169 page 350).

Le Général Soult raconte que, le 21 Germinal an 8 (11 avril 1800), la 97e ayant fléchi face aux Autrichiens, et s'étant ralliée avec difficulté, "Cette demi-brigade fut renvoyée à Gênes, comme punition, et remplacée par des bataillons des 73e et 106e de ligne, qui, réunis au bataillon de grenadiers, formèrent ensemble près de deux mille sept cents hommes" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 72).

Masséna s'enferme dans Gênes.

Le 25 Germinal an 8 (15 avril 1800), "… Les Autrichiens s'étaient rassemblés sur les hauteurs de Montenotte, vers Savone, derrière le torrent de Stella, et dans leurs camps de la Moglia et de la Galera, comme je l'ai dit dans mon rapport. Ils manœuvrèrent pour me reprendre Sassello, tandis que, le 25, je me préparais de mon côté à les attaquer dans leurs positions, et que le général en chef se disposait à tenter un dernier effort, pour dégager Savone.
Le combat allait s'engager, lorsqu'on aperçut une colonne ennemie, partie des hauteurs de Savone et se dirigeant sur Stella, de manière à faire supposer qu'elle avait l'intention de tourner ma gauche ou de déborder la droite du général Masséna. Celui-ci envoya aussitôt des partis, pour reconnaitre cette troupe et retarder sa marche, en tiraillant avec elle. Il disposa ensuite son attaque, mit le général Oudinot à la tête de la 73e demi-brigade, et le dirigea sur un couvent situé entre Albissola et Savone, où les ennemis étaient en position. L'adjudant général Gauthier eut ordre de seconder ce mouvement avec le bataillon de grenadiers, en appuyant à gauche, pour gagner le haut de la montagne. Le général en chef garda en réserve, en avant d'Albissola, le bataillon de la 106e de ligne. Le général Oudinot aborda les ennemis avec son intrépidité accoutumée; il les trouva très-supérieurs à ses forces, formés en échelons, et bien préparés à le recevoir. Il eut d'abord quelques succès, ainsi que l'adjudant général Gauthier; mais les grenadiers de ce dernier, s'étant éparpillés en gravissant la montagne, furent ramenés vertement, et le général Oudinot dut aussi faire sa retraite. Le général en chef s'avança avec sa réserve, pour les soutenir et empêcher que les Autrichiens ne passassent le torrent. C'est tout ce qu'il fut possible d'obtenir après un combat de trois heures, qui finit avec le jour. A la nuit, le général Masséna, instruit que les ennemis filaient sur sa droite, ordonna à l'adjudant général Gauthier de ramener les troupes à Varaggio.
Cette attaque échouait, à l'heure même où celle que j'avais dirigée sur les camps de la Moglia, de la Galera, et des hauteurs de Ponte-Invrea était également repoussée. De part et d'autre, nous devions revenir sur nos pas. Dès lors, il fut bien démontré qu'il n'était pas en notre pouvoir de sauver Savone, ni de rétablir les communications avec le corps du centre, aux ordres du lieutenant général Suchet ...
" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 74).

De toutes les positions exposées, celle des Deux-Frères est la plus importante et la plus périlleuse. C’est une forteresse placée au nord et à l’est de la ville, sur une crête élevée qui en défend les approches. Tout l’effort des troupes impériales se porte sur ce point. Le 30 avril, il est enlevé. Aussitôt Masséna charge Soult de le reconquérir; Coutard, délivré par échange, est sous ses ordres. Cette expédition est une des merveilles de ce temps si fécond en prodiges. La 73e, qui supporte le feu depuis le matin, n’est plus qu’un débris. Il est cinq heures du soir, on s’est battu toute la journée. Coutard rassemble les cent cinquante hommes qui lui restent, leur commande une charge désespérée à la baïonnette, arrive à leur tête jusqu’au sommet de la montagne, sans avoir tiré un coup de fusil, saute dans les retranchements et chasse les Autrichiens. En fuyant, les Impériaux jettent dans un ravin deux pièces de canon qu’ils ont arrachées à nos soldats et qu’ils ont braquées contre nous. Quelques grenadiers descendent dans le ravin, relèvent les deux pièces de canon sur leurs épaules, les rapportent sur le faite de la montagne, les placent en batterie et tirent plusieurs coups sur l’ennemi. Masséna, émerveillé, crée Coutard Chef de Brigade sur le champ de bataille. Coutard a trente-un ans (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 22-23).

Voici le brevet : "Au quartier général de Gènes, le 13 prairial an VIII (2 juin 1800) de la République française, une et indivisible.
Masséna, général en chef.
Sur le Rapport qui lui a été fait de la bravoure, de la capacité et de la conduite distinguée qu’a tenue le citoien Coutard, chef de bataillon à la 73e demi-brigade de ligne dans les différentes affaires qui ont eu lieu à l’aile droite de l’armée, l’a nommé sur le champ de bataille, chef de la même demi brigade.
Le citoyen Coutard jouira des émolumens et des prérogatives de son grade en attendant la confirmation du gouvernement.
". Une lettre de Carnot, Ministre de la Guerre, apprend à Coutard que le grade lui a été confirmée le 21 Thermidor, par le Premier Consul (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 23-24).

Le "Rapport du combat livré par suite de cette disposition au général en chef" rédigé par le Général Grenier le 6 juin 1800 (17 Prairial an 8), sur la journée du 5 juin (16 Prairial) indique : "... Le général Bonnet, à la tête de sa brigade composée de la 54e et 8e régiment de chasseurs et une compagnie d’artillerie légère précédée par un bataillon de la 48e qui aborda l’ennemi sans hésiter et malgré l’opiniâtreté de sa défense il fut non seulement forcé d’abandonner sa position, mais encore d’évacuer la forêt dans le plus grand désordre sur la direction de Gutensal et Oberbiech ; la brigade du général Joba composée de la 76e et le 3e bataillon de la 73e suivit en réserve la brigade aux ordres du général Bonnet ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 2 page 16).

Masséna finit par céder après un long siège mais le mot de capitulation n'est pas prononcé ; la garnison évacue, enseignes déployées, avec armes et bagages. Coutard a été de toutes les gloires et de toutes les misères, plus indomptable que personne. Il est compris dans la convention. Quelques jours après, le Premier Consul passe le Saint-Bernard, et le canon de Marengo chasse les Autrichiens de la Haute Italie.

Masséna rentre dans Gênes. Il confie à Coutard le commandement du fort de Quezzi, la clef de la place. Aussitôt, mettant à profit les moindres instants, l’infatigable Coutard s’emploie à réparer les fortifications. Officiers et soldats y mettent la main, à l'exemple de leur chef; en trois jours et trois nuits, six cents tonneaux sont remplis de terre, des escarpes de vingt-cinq pieds de haut, revêtues d’un mur de terre, sont construites. Ce travail étonnant aurait exigé trois mois en temps ordinaire (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 26).

Par arrêté des consuls du 9 fructidor an 8 (27 août 1800), la 73e demi-brigade est réduite à deux bataillons.

Le 11 Fructidor an 8 (29 août 1800), Bonaparte écrit, depuis Paris, à Carnot, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre ... Au général Macdonald de n'emmener à l'armée active qu'un bataillon des 73e, 80e, 87e et 104e demi-brigades, de prendre tous les hommes disponibles dans ces demi-brigades pour compléter ces bataillons et de laisser à Lyon, à Dijon et à Genève les officiers et sous-officiers des seconds bataillons pour recevoir les conscrits. Vous donnerez au général Canclaux l'ordre de rentrer à Dijon pour faire compléter, armer et habiller ces 4 bataillons. On les complétera avec les conscrits qui se rendent à Dijon.
Tous les dépôts des camps de l'armée de Réserve, soit cavalerie, soit l'infanterie, seront sous les ordres du général Canclaux
" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5624).

Gênes est mise désormais à l’abri.

Le 19 mars 1801 (28 ventôse an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre aux seconds bataillons des 72e et 73e, qui sont à Tours et à Angers, et au troisième bataillon de la 68e, qui est à Nantes, de se compléter à 420 hommes et de se rendre à Saintes, pour faire partie du corps de la Gironde.
Prévenez le général Leclerc que ces trois bataillons, les bataillons francs de l'Ouest, feront le fond de la deuxième brigade, destinée à s'embarquer avec l'amiral Bruix ...
" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5474; Correspondance générale, t.3, lettre 6141).

Coutard est envoyé à l’Armée des Grisons. Il commande à Coni, puis on le voit à Fribourg, où il demeure avec son Bataillon du 18 Floréal au 3 Prairial an 9 (8 au 23 mai 1801).

Le 23 Floréal an 9 (13 mai 1801), le Premier Consul écrit, depuis La Malmaison, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre ... Aux 12e et 14e de ligne de se rendre dans la 2e division militaire.
Moyennant cette destination, il n'y aura plus d'armée des Grisons. Il restera seulement en Helvétie les 73e, 87e et 104e demi-brigades qui seront nourries par l'Helvétie et soldées par la République. Indépendamment du général commandant en Helvétie, il restera attaché à ces corps deux généraux de brigade, un adjudant commandant, deux commissaires des guerres, une compagnie d'artillerie et six pièces d'artillerie attelées ...
Je désire avoir un état par division militaire de l'intérieur, fait en livret avec le plus de soins possibles, qui me fasse connaître les demi-brigades, régiments de cavalerie, officiers d'état-major, etc. qui se trouvent dans chaque division
" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6268).

Dans les Grisons, Coutard se montre tel que nous l’avons vu dans les Abruzzes. Là, encore, les magistrats de la ville et du canton se plaisent à attester la sévérité et la régularité qui règnent parmi ses troupes, les égards constamment observés envers les habitants, les lois de la guerre adoucies, celles de l’honnêteté exactement pratiquées, les personnes et les propriétés entourées de sécurité et de respect.

"Fribourg, 3 Prairial an IX (23 mai 1801).
La municipalité de la ville de Fribourg atteste et certifie que le 1er bataillon de la 73e demi-brigade d’infanterie de ligne française est arrivée dans cette ville le 18 floréal an IX de la République française, qu’il en est reparti aujourd'hui emportant les regrets et l’estime de tous les habitants, puisque, les militaires de tout grade qui composent ce bataillon y ont donné pendant tout leur séjour, l’exemple rare et frappant de toutes les vertus et bonnes qualités qui caractérisent un bon militaire, sans que jamais il y ait eu une occasion de plainte, ni contre le corps ni contre aucun des individus qui le composent. Le bon ordre, l'exacte discipline qui ont été constamment Observés dans ce bataillon, ses bons procédés envers les habitants et son respect pour la sûreté des personnes et des propriétés, méritent le plus grand éloge et n’ont pas eu d’exemple dans cette ville. En foi de quoi, le présent certificat lui a été délivré comme acte de vérité, à Fribourg, les jour et an prémis.
Gottrau, off. municipal.
Ch. Schaller, greffier.
Scellé du sceau de la République, représentant Guillaume Tell à qui son fils rapporte la pomme percée d’une flèche
".

"Citoyen chef !
Au moment où des ordres supérieurs vous éloignent de nous, nous croirions manquer essentiellement aux devoirs de l’honnêteté et nous trahirions notre sentiment si nous négligions de vous faire connaître tous les regrets que nous inspire un départ aussi subit, et si nous ne vous exprimions les sentiments de reconnaissance qui nous animent et qui vous sont si justement acquis pour le bon ordre et l’exacte discipline que vous avez fait régner dans la brave trouppe que vous commandez. La bonne conduite, les procédés loyaux et honnêtes de la 73e demi-brigade ne s’effaceront jamais de la mémoire des habitants de Fribourg; ils y sont d’autant plus profondément gravés qu’une pareille conduite de la part des militaires y est sans exemple. Pour la première fois nous avons reconnu des amis et des alliés dans une trouppe française. Depuis trop longtemps en bute aux véxations et aux désordres occasionnés par des trouppes indisciplinées, nous avons vu avec la surprise la plus agréable votre trouppe nous donner l’exemple de toutes les vertus qui caractérisent le bon militaire et qui l'honorent, et sa conduite vraiment fraternelle envers les habitans lui a gagné tous les coeurs.
C’est à vous, citoyen chef, que se rapportent tous les éloges dont votre demi-brigade se rend si digne, puisque votre activité lui comnande l’exercice de toutes ces vertus militaires, et que votre exemple lui en facilite l'exécution. Nous vous prions de recevoir l’expression de notre reconnaissance et d’être l’interprète de nos sentiments d’estime et de bienveillance auprès des braves militaires qui ont l'honneur d’être sous vos ordres. Nous ne croyons pas exagérer et nous nous appuyons de notre expérience en affirmant que pour la discipline militaire, la 73e demi-brigade est le modèle des trouppes françaises.
Salut et respect !
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 26 à 29).

A la fin des campagnes, chaque Chef de Corps va prendre les ordres du Premier Consul pour ses Quartiers d’hiver. Bonaparte distribue les stations dans la grande galerie du Louvre. Arrivé près de Coutard : "Et vous, Coutard, que me demandez-vous ? — Général premier Consul, je n’aurai pas beaucoup de concurrents. Je n’aime pas les soldats inactifs. Pennettez-moi d’aller travailler à la route du Simplon. — Vous avez raison ; on ne me l’a pas encore demandé. Allez !" Et les braves soldats de la 73e se reposent des fatigues de la guerre en traçant cet admirable chemin que l’Europe regarde comme une de ses merveilles. Là, le Colonel trouve d’humbles religieux qui ont une maison dans la vallée voisine de ces cimes perdues au milieu des neiges. La foi, l’esprit, la générosité de coeur du guerrier attirent les affectueuses sympathies de ces moines (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 32).

Le 15 Vendémiaire an 10 (7 octobre 1801 – date présumée), à Paris, le Premier Consul, dans une "Note pour l'organisation des troupes coloniales" ordonne que "... Les 15e, 35e, 37e, 38e et 73e seront portées, dans l'an 12, à trois bataillons, moyennant la création d'un troisième bataillon ..."(Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5785).

Le 9 Floréal an 10 (29 avril 1802), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "J'ai parcouru avec attention, Citoyen Ministre, les quatre états relatifs à la conscription dans les différents départements :
La 73e a un excédant aujourd'hui de 260 hommes ; mais elle doit délivrer 197 congés ; elle aura encore un excédent de 63 hommes, et dans votre état vous portez 364 hommes ...
" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6061 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6868).

Arrive la paix d'Amiens; de l'an 10 à l'an 13, Coutard reste attaché à l'Armée de Brest; il est nommé au commandement de la 73e de Ligne le 13 Prairial an 11 (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 29).

Le 6 Thermidor an 10 (25 juillet 1802), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Toutes les troupes françaises qui sont en Helvétie, Citoyen Ministre, se mettront en marche, le 11 thermidor, pour évacuer ce pays.
La 104e se rendra dans la 5e division militaire ; les 73e et 85e se réuniront dans le Valais ; les détachements d'artillerie et de gendarmerie rejoindront leurs corps …
" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6207 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7041).

Le 10 Vendémiaire an 11 (2 octobre 1802), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Le général Ney se préparera à agir de la manière suivante au premier ordre du Gouvernement :
La 87e et la 73e, qu'il va réunir à Villeneuve le plus tôt possible, les troupes qu'il aura pu réunira Genève, avec les demi-brigades de ligne helvétiques, formeront une division, qu'il réunira dans le pays de Vaud pour marcher droit à Berne …
" (Œuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 389 ; Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6359 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7193).

Coutard ambitionne d’être inscrit dans la Légion d’Honneur qui vient d’être créée. Il appuie sa demande des témoignages les plus flatteurs :

"Le général soussigné certifie que le citoyen Coutard dans touttes les sirconstanccs où il cest trouvé a déployé les moyens et le courage d’un officier supérieur d’un méritte distingué et que les faits ci-dessus cités sont à ma connaissance et que je ne puis assez exprimer l’estime que toutte l’armée lui a toujour justement accordés.
Paris, le 30 vendémiaire an XI.
A. Wouillemont
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 30 - Note : Le général Wouillemont était au siège de Gênes. Coutard l’a remplacé comme Chef de Brigade).

"Je soussigné certifie que dans plusieurs occasion où j’ai employé le citoyen Coutard, à l'armée de Sambre et Meuse, il s’y est comporté avec autant de valeur que d’intelligence et qu’il a déployé des talents distingués, cet officier mérite la bienveillance du gouvernement.
Le général de division, inspecteur-général d’infanterie,
Ernouf
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 30).

"Le général soussigné en certiffiant les faits mentionnés cy-contre, s’empresse de recommander au premier consul le chef de bataillon Coutard, qui rendit pendant la campagne de Naples les services les plus importants.
G. Duhesme
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 30).

"Je déclare avoir personnellement connu le chef de brigade Coutard et je m'empresse de certifier ses talents, sa bravoure, son zèle et son excellente conduite militaire, notamment aux armées de Naples et des Grisons où il a servi avec la plus grande distinction sous tous les rapports. Je prie le premier consul d’accorder à cet officier supérieur l’honorable distinction qu’il sollicite.
Le général Macdonald
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 30).

"J’atteste que le citoyen Coutard s’est comporté à l’armée de Sambre-et-Meuse avec beaucoup de valeur et de zèle, ce qui luy a mérité l’estime et l’amitié des généraux de cette armée.
Le général de division,
Coulaud
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 30).

"Atteste que le citoyen Coutard a fait le blocus de Gênes sous mes ordres, atteste que cet officier n'a cessé de donner des preuves de bravoure et d’inteligeanec qui lui ont mérité l’estime générale.
Général Masséna
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 30).

Le 29 octobre 1802, le Général Séras s'empare de Zurich, sans coup férir; le Général Ney, l'apprenant, écrit, le 31 octobre 1802, au Ministre de la Guerre Berthier : "... Les deux bataillons de la 73e et de la 87e, qui ont ordre de venir du Valais sur Thun, seront répartis entre Soleure, Baden et environs; un bataillon de la 87e restera dans le Valais ..." (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 1, p. 376).

Le 9 Brumaire an 11 (31 octobre 1802), le Premier Consul écrit, depuis Rouen, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "J'ai reçu, Citoyen Ministre, votre lettre relative aux affaires de Suisse ; écrivez au général Ney que toute sa conduite est tracée dans les instructions qu'il a reçues du ministre des relations extérieures.
La solde des corps qui sont en Suisse sera payée, pour le mois de brumaire par les payeurs des divisions où ces corps étaient au 1er brumaire.
Le général Ney prendra le titre de ministre plénipotentiaire, général en chef de l'armée française. A compter du 1er brumaire, il jouira du traitement de général en chef ; indépendamment, il touchera, aux relations extérieures, le traitement accordé au ministre de la République à Berne.
Il aura sous ses ordres : deux bataillons de la 27e de ligne, deux de la 16e de ligne, et deux de la 50e ; un des trois bataillons de la 27e continuera à rester à Strasbourg, un des trois de la 16e continuera à rester à Fribourg, et un des trois de la 50e restera à Huningue. Un bataillon de la 104e sera mis en garnison à Bienne. Les détachements de la 61e et de la 2e légère se réuniront à Genève et à Besançon. Indépendamment de ces troupes, le général Ney gardera six bataillons de troupes qui lui viennent de l'armée d'Italie ou du Piémont ; ces six bataillons seront composés de corps complets. Il gardera, également complet, le régiment de chasseurs qu'il a dans ce moment-ci.
Vous lui enverrez deux généraux de division et quatre généraux de brigade. La 73e sera également toute réunie à Genève. Une demi-brigade restera seule dans le Valais.
Le pain, la viande et les fourrages seront fournis par la Suisse ; vous vous en expliquerez avec le citoyen Stapfer. La solde sera fournie par le Gouvernement français ; en conséquence, à compter du 1er Frimaire, le citoyen Barbé-Marbois aura un payeur pour la Suisse et fera la solde pour Frimaire.
Il y aura un inspecteur aux revues, un commissaire ordonnateur, un chef de brigade et un chef de bataillon d'artillerie, et deux officiers du génie.
… Un des généraux de division sera le général Barbou. Vous enverrez à Turin le général Rivaud, qui commandait la cavalerie à Livourne, pour commander la 27e division. L'autre général de division sera pris parmi ceux de l'armée d'Italie
" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 400 ; Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6404 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7253).

Le 26 Germinal an 11 (16 avril 1803), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, à Berthier : "Je vous prie de donner ordre à la 87e qui est dans le Valais, de se rendre à Parme, en Italie, et à la 73e qui est à Genève, de fournir un détachement de 300 hommes pour garder le Valais et protéger les travaux du Simplon" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 551).

Le 28 Germinal an 11 (18 avril 1803), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie de donner ordre à la 87e (note : Commandée par Armand Philippon) qui est dans le Valais de se rendre à Parme, en Italie.
À la 73e (note : Commandée par Louis François Coutard) qui est à Gênes de fournir un détachement de 300 hommes pour garder le Valais et protéger les travaux du Simplon
" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7588).

Le 18 Messidor an 11 (7 juillet 1803), Bonaparte écrit, depuis Lille, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner ordre ... À la 73e de se rendre à Aix pour y être à la disposition du général commandant la 8e division militaire. À la 68e de se rendre à Genève, elle enverra deux compagnies dans le Valais pour relever les détachements de la 73e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7789).

Par l'arrêté du 1er vendémiaire an 12 (24 septembre 1803), la 73e prend le nom de 73e régiment d'infanterie de ligne.

Coutard est admis à la Légion d'Honneur le 20 Frimaire an 12 (12 décembre 1803) ; sept mois après, il reçoit la Croix d’officier, le 26 Prairial an 12 (15 juin 1804).

Entre temps, Coutard a été placé à la tête du 65e Régiment d'Infanterie de ligne.

Les Officiers du 73e sont désolés de se séparer de leur chef. Il lui rédigent une touchante adresse : "Organes des officiers de la 73e, permettez, Monsieur le colonel, que nous vous témoignions tons les regrets que nous éprouvons en vous voyant quitter un corps qui, à chaque instant, ne peut que se retracer les obligations qu'il vous doit.
La 73e, souvent conduite par vous au champ de l'honneur, s’est acquis une gloire qui est votre ouvrage. C'est à vous, Monsieur le colonel, c’est à vos soins que l'administration doit les éloges qu’elle a reçus; c'est à votre extrême activité, à vos moyens, à vos talents militaires, que le corps est enfin redevable de la réputation dont il jouit.
Croyez, Monsieur le colonel, que si, dans l’état militaire, des déplacements continuels semblent imprimer le caractère de l'indifférence, chez nous le sentiment de l’amitié la plus sincère et surtout celui de la reconnaissance, sont gravés dans nos coeurs en lettres ineffaçables.
Soyez aussi bien persuadé, Monsieur le colonel, que dans tel pays où nous allions, nous y chanterons les louanges de l'homme que nous révérons, et dont le mérite particulier rend notre perte si sensible. Daignez quelquefois penser aux officiers de la 73e. Ils n'oublieront jamais que vous fûtes leur chef et leur ami.
Nous avons l’honneur, etc.
Marseille, le 12 brumaire an XIII
" (Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 33).

En effet, la 73e a reçu de publics tributs de louange ; et, dans la dernière inspection qui précède la formation des Régiments, elle est proclamée un des plus beaux corps de l’armée. "Le gouvernement a vu avec satisfaction, écrit le Ministre de la Guerre au Chef de Brigade Coutard, le 28 Thermidor an 11, que l'esprit de ce corps, sa tenue et sa discipline, ne laissent rien à désirer Riancey H. (de) : « Le Général Comte de Coutard », Paris, Dentu, 1857, p. 34).

A la fin de décembre 1805, et après sa formation, le 8e corps, ayant pour Général en chef Masséna comprend la Division Molitor (7000 hommes des 5e, 73e, 60e et 29e de ligne) dans le cercle de Marburg (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 2).

Le 10 juin 1810, à Saint-Cloud, on présente à l'Empereur un "Compte rendu de l'autorisation donnée pour l'incorporation définitive de 355 hommes du 56e régiment d'infanterie dans le 73e régiment"; "Accordé", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4291 - Non signée ; extraite du « Travail du minière de la guerre avec S. M. l’Empereur et Roi, daté du 28 mai 1810 »).

Le 8 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis Utrecht, au Général Lacuée, Comte de Cessac, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre, à Paris : "Je viens de passer en revue les 18e, 56e, 73e et 124e ... Je ne conçois pas qu'en dépensant tant d'argent mes troupes doivent être si mal habillées" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 18169 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28798 (donne par erreur le 93e au lieu du 73e, mais sur l'original, il s'agit bien du 73e).

Le 30 mars 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, donnez des ordres pour que le 3e bataillon de marche du 3e corps, composé de 400 hommes du 3e de ligne et de 400 hommes du 105e, qui doivent être incorporés dans les 73e et 18e de ligne, ainsi que les 250 hommes du 24e léger faisant partie du bataillon de marche de Strasbourg, se détournent de leur route à Erfurt, pour se diriger sur Torgau et de là se rendre à Francfort-sur-l'Oder où ils rejoindront le 3e corps. Les 250 hommes du 26e léger et les 19 hommes des régiments suisses et illyriens se rendront de Torgau à Berlin, où ils rejoindront leurs régiments. Recommandez bien qu'après l'incorporation les officiers et les sous-officiers retournent en poste aux dépôts. Il est donc nécessaire que vos ordres pour détourner ces troupes de leur direction arrivent avant le 8 avril à Erfurt" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7038 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30340).

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