Le 1er Régiment d'Infanterie de Ligne

1789-1815

Avertissement et remerciements : Le point de départ de ce travail, c'est l'ouvrage de Charles Desmaze : "Le Régiment de Picardie", Paris, Dentu, 1888. Cet ouvrage, qui tente de retracer l'Historique du 1er Régiment, nous a paru extrêmement confus dans son organisation, la chronologie des faits étant souvent décousue, et contenant parfois des erreurs de dates. A tel point que nous avons jugé à propos de retracer de manière plus claire l'Historique du Corps sous l'Ancien Régime en nous appuyant sur les travaux de Louis Susanne (Histoire de l'ancienne infanterie française) ; afin d'aborder ensuite l'histoire du 1er de Ligne, depuis la Révolution, jusqu'à la fin de l'Empire. Nous compléterons bien entendu cet historique au grès de nos lectures et de nos diverses découvertes.

/ Introduction : les Régiments qui ont porté le numéro 1 avant le 2e amalgame

Différents Corps de troupe de l'infanterie française ont successivement porté le numéro 1.

- Le Régiment de Picardie

Piquier des Bandes de Picardie, 1480 Infographie de notre collègue et ami Marc Morillon - D. R.

Selon Susanne (Histoire de l'ancienne infanterie française, tome 2), après la bataille de Guinegate, livrée le 7 août 1479, Louis XI reconnait la nécessité de faire pour l'infanterie ce que son père avait fait en 1445 pour la cavalerie, c'est-à-dire de l'organiser d'une manière sérieuse et permanente. Voici ce qui s'est passé à cette bataille, où les troupes du Roi de France ont eu à combattre celles de Maximilien d'Autriche, époux de l'héritière des Ducs de Bourgogne.

Maximilien commande en personne une armée de 27,000 hommes, dont l'infanterie flamande forme la meilleure partie. Le Sire d'Esquerdes, Général de Louis XI, a sous ses ordres 14,000 Francs-archers et 1,800 lances. L'Archiduc a rangé sur une seule ligne ses Flamands armés de leurs longues piques, et disposé devant eux en herse, ou en tirailleurs, 3,000 Arquebusiers allemands et 500 Archers anglais : la cavalerie est sur les côtés. Les dispositions de l'armée française sont à peu près les mêmes. Le Sire d'Esquerdes, qui ne compte guère sur son infanterie, commence par charger impétueusement avec ses Gendarmes la cavalerie bourguignonne, espérant après la déroute de celle-ci, avoir le temps de revenir sur les hommes de pied ennemis. Mais la cavalerie française, estimant qu'il y a plus de profit à faire prisonniers les gentilshommes de Maximilien qu'à tuer de misérables bourgeois de Gand et de Bruges, ne se contente point de renverser les Escadrons bourguignons ; elle s'acharne à leur poursuite ; et lorsque, le soir, d'Esquerdes, vainqueur, revient sur le champ de bataille, il est fort étonné de ne plus apercevoir ses Francs-archers.

En effet, Maximilien, abandonnant sa cavalerie aux coups des lances françaises, reste à la tête de son infanterie. Celle-ci aborde résolument les Francs-archers, qui n'ont pour les conduire que des Capitaines sans réputation, et les met dans la plus déplorable déroute.

Ainsi, dans cette journée, il y a eu par le fait deux batailles : l'une de cavalerie, l'autre d'infanterie. Les Français sont complétement vainqueurs dans la première et complétement battus dans la seconde. En résumé, il n'y a de victoire pour personne : c'est une journée nulle, du moins quant au résultat.

Or, Louis XI a besoin d'un succès éclatant, qui lui assure la possession des provinces de l'héritage du Duc de Bourgogne dont il vient de s'emparer. Sa colère est terrible. Dans le premier moment, faute d'avoir sous la main les Francs-archers, dont on ne voit plus un seul, il veut faire pendre sa cavalerie, qui a abandonné les gens de pied pour courir après le butin. Après s'être calmé, il pense qu'il vaut mieux conserver ses Gendarmes qui, au demeurant, se sont bien battus et se battront bien encore, et que ce qu'il y a à faire, c'est de remplacer les Francs-archers par des soldats, de créer l'infanterie française. Il choisit pour cette mission le Sire d'Esquerdes.

Philippe de Crevecoeur, Sire d'Esquerdes, d'une illustre famille du Beauvoisis, dont les membres ont alternativement servi les Rois de France et leurs incommodes et puissants vassaux les Ducs de Bourgogne, s'est d'abord attaché à Charles le Téméraire, et est devenu son conseiller intime. Il a pris part à ses guerres contre les Suisses, et a, comme Louis XI, pu apprécier la force d'une bonne infanterie et la grandeur du rôle que des hommes de pied solidement organisés sont appelés à jouer sur les champs de bataille. Après la mort de Charles, d'Esquerdes entre, par l'entremise de Commines, au service du Roi, qui fait le plus grand cas de ses talents et de sa fidélité militaires.

Il s'agit de constituer et d'instruire des bandes de gens de pied qui soient capables de tenir tête et de vaincre les aventuriers allemands et les milices des puissantes cités flamandes, qui forment la principale force des armées de Maximilien. Or, il n'y a alors en Europe qu'une seule infanterie, dont la réputation est établie : ce sont les redoutables hérissons suisses, souvenir des phalanges de l'antiquité précieusement conservé au fond des âpres montagnes de l'Helvétie. L'infanterie suisse a fait ses preuves en chassant de chez elle les nombreux soldats de l'Autriche et en anéantissant les formidables armées de Charles le Téméraire. C'est là le modèle qu'il faut imiter. Louis XI rassemble donc 10,000 hommes choisis parmi les débris des Francs-archers et des bandes d'aventuriers, y joint des pionniers fournis par les villes et quelques Compagnies de cavalerie de ses ordonnances, et appelle à son service 6,000 vieux soldats suisses : il réunit le tout dans un camp établi près du Pont de l'Arche, et par lettres données au Plessis-lès-Tours, le 9 octobre 1480, il charge le Sire d'Esquerdes du soin de commander et d'exercer la nouvelle milice de Hallebardiers et de Piquiers, qui est partagée en bandes de mille hommes.

Le 9 octobre 1480 est donc la date de naissance des bandes dites de Picardie.

Les progrès de la nouvelle infanterie sont si rapides, et l'influence que doit avoir cette institution sur les résultats de la guerre donne tant d'humeur à Maximilien qu'il raye, en 1481, le nom du Sire d'Esquerdes du livre des Chevaliers de la Toison d'Or. Le fait est que, sans nouveaux combats, l'Archiduc se résigne à signer, le 23 décembre 1482, le traité d'Arras qui livre à la France l'Artois et les deux Bourgognes.

Le 17 août 1483, Louis XI se sentant mourir nomme d'Esquerdes Gouverneur et Lieutenant-général en Picardie. C'est alors que les bandes françaises s'établissent dans cette province dont elles vont illustrer le nom. Le Roi succombe le 30 du même mois, et sa dernière recommandation est de donner à d'Esquerdes le bâton de Maréchal de France. Ce voeu du vieux monarque est religieusement tenu, et l'organisateur de l'infanterie française reçoit la récompense de ses éminents services dès le 2 septembre, avant même que les restes mortels de son maître aient été déposés dans le tombeau.

De 1484 à 1491, le Maréchal d'Esquerdes, à la tête des bandes de Picardie, tient tête à Maximilien et lui enlève même Saint-Omer et Thérouenne, pendant que La Trémouille soumet la Bretagne. Cette importante diversion assure au Maréchal et à ses bandes la bienveillance de Charles VIII qui n'est que trop porté à prendre le contre-pied des actes de son père.

Quand vient l'entreprise de Naples en 1493, d'Esquerdes, malgré sa vive opposition aux romanesques projets du Roi, est un des principaux chefs de l'armée et il y conduit 4,000 hommes des bandes françaises. Malheureusement cet illustre guerrier meurt à la Bresle, près de Lyon, au commencement de 1494, avant d'avoir passé les Alpes, et avec lui tombe dans l'oubli une institution qui a contre elle sa nouveauté et les préjugés des hommes alors en faveur.

Depuis cette époque jusqu'à l'année 1521, on ne trouve dans l'histoire aucune mention expresse des bandes de Picardie, et rien n'indique que celles -ci ont fourni des contingents aux hommes de pied français qui figurent dans les dénombrements des armées d'Italie. Toutefois, ces bandes ont sans doute continué d'exister, puisqu'qu'après leur institution, des contestations graves ont surgi entre les vieux Régiments à propos de la préséance et que ces contestations se sont renouvelées jusqu'au temps où Louis XIV y mit ordre en établis sant le semestre. Piémont et Champagne se disputaient le pas entre eux et le disputèrent même au Régiment des Gardes Françaises : ils le cédèrent, au contraire, toujours sans difficulté à Picardie. Navarre seul, peu de temps après l'avénement de Henri IV à la couronne, eut une affaire avec Picardie ; mais ce n'était pas en vertu de son ancienneté qu'il prétendait le précéder, c'était comme Régiment des Gardes du Roi de Navarre devenu Roi de France. Cette déférence constante, à l'égard de Picardie, des Régiments de Piémont et de Champagne, de Piémont surtout qui était un Corps fort chatouilleux et qui ne s'embarrassait point pour constater la continuité des brillants services des bandes dont il provenait, est une preuve irrécusable de l'existence non interrompue des bandes de Picardie depuis le commencement du 16e siècle jusqu'à l'institution des Régiments.

Ainsi, quant à l'infanterie, le nom de bandes de Picardie, pris dans son acception la plus étendue, s'appliquait à tous les gens de pied réguliers qui servaient sur le territoire du Royaume, et le nom de bandes de Piémont était réservé aux fantassins, soit Français, soit Italiens, qui combattaient dans la Péninsule. Or, la paix régnant sur le territoire royal, cela explique pourquoi les bandes de Picardie ne sont peu ou pas mentionnées au cours de cette période.

A partir de l'année 1521, la politique de la France à l'égard de l'Italie éveille la susceptibilité de ses anciens ennemis ; la guerre s'étend sur toutes nos frontières et le nom des bandes de Picardie sort du long oubli où il est demeuré. En 1521, le Roi étant à Dijon, nomme François de Bourbon, Comte de Saint-Pol, Capitaine général de 6,000 hommes de pied chargés de défendre les défilés de la Champagne. Ces hommes de pied sont partagés en six bandes de mille homme. Deux d'entre elles servent à la célèbre défense de Mézières sous les ordres de Bayard.

En 1522, François de Montgommery, Seigneur de Lorges, a le commandement général à la place du Comte de Saint-Pol : il est envoyé au secours de Gênes, mais on le rappelle en Picardie pour la défense de Boulogne et de la terre d'Oye, attaquée par les Anglais et les Flamands. Ces bandes passent en Italie au mois d'août 1523 et y restent. Elles sont suivies en 1527 par quatre autres bandes ayant pour chef Charles de Coucy, Seigneur de Burïe. On se tient sur la défensive en France jusqu'à la paix de Cambrai (5 août 1529).

La guerre recommence en 1535. Les bandes de Picardie, mêlées avec les légionnaires qui viennent d'être organisés, et dirigées par le Maréchal de Fleuranges défendent Péronne avec succès. En 1537, elles reprennent Hesdin et Saint-Pol. Pendant les années suivantes leur rôle se réduit à la garde des places.

En 1542, sous les Ducs d'Orléans et de Guise, elles participent à la conquête du Luxembourg. L'année suivante elles se signalent par la reprise de l'Artois et la défense de Landrecies. Les premiers mois de 1544 sont marqués par les belles résistances des garnisons de Boulogne, Montreuil et Saint-Dizier. Cependant, les affaires vont au plus mal en France, et le Roi est encore contraint de signer le 18 septembre avec Charles-Quint, le traité de Crépy. Les Impériaux ont déjà leur avant-garde à Meaux.

Douze jours après ce fâcheux traité, le 1er octobre 1544, Jean de Taix, qui, depuis le 1er mai 1543 exerçait la charge de Capitaine et Colonel-général des bandes de Piémont, reçoit l'ordre de rentrer en France avec une partie de ses troupes et prend le titre de Colonel-général de toutes les bandes françaises vieilles et nouvelles. On crée en même temps un Mestre de camp pour commander en Piémont en l'absence de M. de Taix. Ce premier Mestre de camp, le Capitaine Guillaume de Villefranche, demeure toutefois en Picardie, et ne sert en Italie que pendant la campagne de 1545 ; il est alors remplacé à l'armée de Picardie par Blaise de Montluc. L'armée contraint les Anglais à lever le siège de Montreuil, mais Boulogne est perdue par la lâcheté des légionnaires, et après une vaine démonstration contre les côtes de l'Angleterre, il faut encore signer une paix onéreuse avec Henri VIII, le 7 juin 1546.

Le mélange des légionnaires avec les vieilles bandes n'a servi qu'à paralyser la valeur de celles-ci, sans donner de force à la nouvelle infanterie; on y renonçe. La séparation se fait tout naturellement à la paix. Les légionnaires rentrent dans leurs foyers et les bandes anciennes dans leurs garnisons.

Le 29 avril 1547, les bandes de Picardie et celles de Piémont ont des Colonels-généraux permanents. Gaspard de Châtillon, Comte de Coligny, est le premier Colonel-général des bandes d'en deçà les monts. Guillaume de Villefranche est établi le même jour Mestre de camp de Coligny.

Les démêlés de la maison Farnèse avec le pape Jules III, pour la possession de Parme, rallument la guerre en 1551. C'est alors que Montluc part pour l'Italie avec le titre de Mestre de camp. On le trouve payé en cette qualité du 14 janvier 1552 (nouveau style). Il emmène avec lui quelques bandes de Picardie, qu'il appelle quelquefois dans ses Commentaires le Régiment de Picardie, abus de langage qui, combiné avec la permutation d'emplois de Montluc et de Villefranche, n'a pas peu contribué à jeter de la confusion dans l'histoire des vieux Corps.

Les bandes de Picardie, réunies à une partie des bandes de Piémont rappelées dans le Royaume, servent en 1552 à la rapide conquête des Évêchés et à la belle défense de Metz, qui donne lieu à l'institution séparée des bandes de Champagne. Les bandes régulières qui prennent part à cette campagne de Lorraine présentent un effectif de 15 à 16,000 hommes. A partir de ce moment, l'intensité de la guerre diminue en Italie, et la plupart des bandes qui servent dans ce pays passent successivement dans les provinces du nord de la France devenues le principal théâtre des hostilités.

Le Comte de Coligny est remplacé le 17 août 1556 en qualité de Colonel-général des bandes d'en deçà les monts par son frère François de Châtillon, Seigneur d'Andelot. L'année suivante, ces bandes, affaiblies par le détachement que le Duc de Guise conduit en Italie, sont réduites à se renfermer dans les places de la Picardie. Philibert de Savoie qui commande l'armée impériale, concentre tous ses efforts sur Saint-Quentin où s'est renfermé Coligny avec les meilleurs soldats. Le reste de l'infanterie française rallie l'armée du connétable de Montmorency qui s'attire la plus cruelle défaite (10 août), en voulant jeter un secours dans Saint-Quentin ; 500 hommes avec d'Andelot réussissent à pénétrer dans la place, mais l'armée est détruite. Philibert de Savoie, au lieu de marcher sur Paris, s'obstine à vouloir réduire Saint-Quentin. Coligny et d'Andelot résistent encore dix-sept jours. La ville est emportée d'assaut le 27 août et toute la garnison est faite prisonnière, mais elle a sauvé la France en lui donnant le temps de revenir de son étourdissement et de se reconnaître.

En effet, le Duc de Guise accourt à marches forcées avec une partie des troupes de l'armée d'Italie ; il rallie à Compiègne les débris échappés au désastre de Saint-Quentin, reçoit du Roi, le 15 novembre, pleins pouvoirs pour réorganiser l'infanterie de Picardie et de Champagne, en cassant les mortes-payes dont le nombre s'est accru hors de raison, et en augmentant l'effectif des soldats des bandes entretenues, et le 1er janvier 1558, il se présente devant Calais qui capitule le 8. Au printemps, pendant que le Maréchal de Termes prend Dunkerque et Berghes et se fait battre à Gravelines, le Duc de Guise s'élance sur la Lorraine et emporte Thionville. Ces succès donnent lieu à l'ouverture des négociations terminées le 3 avril 1559 par le traité de Câteau-Cambrésis. La France reprend ses places de la Picardie, garde Calais, les Évêchés et quelques villes du Piémont. Blaise de Montluc exerce la charge de Colonel-général à la place de d'Andelot, disgracié pour ses opinions religieuses, du 1er juin 1558 au 3 avril 1559.

Lorsque le Roi Henri II est mortellement blessé, le 10 juillet 1559, au tournois de la rue Saint-Antoine, par un tronçon de la lance du Comte de Montgommery, la France est en paix avec tout le monde ; les bandes nouvelles ont été licenciées et l'état de l'infanterie ne comprend que les vieilles bandes de Picardie sous le Colonel général d'Andelot et les vieilles bandes de Piémont reconnaissant l'autorité du Prince de Condé leur colonel général.

Celles de Picardie comprennent les bandes de Picardie proprement dites, au nombre d'une vingtaine d'enseignes, qui n'ont point figuré au désastre de Saint-Quentin et qui sont réparties dans les places de la frontière du Nord, et les bandes de Champagne, au nombre de vingt-quatre, occupant les garnisons de Metz, Toul, Verdun, Thionville et Marsal. Il y a encore quelques bandes, cinq ou six peut-être, envoyées en 1558 en Ecosse et qui rentrent en 1560, et enfin une Compagnie d'Archers qui depuis François Ier fait partie de la Garde des Rois.

La guerre civile commence le 15 mars 1560 par la conjuration d'Amboise ou la tentative que font les protestants pour enlever cette ville où se tient la cour. Aussitôt après cette échauffourée, le Roi se rendit à Paris, et le Maréchal de Saint-André réunit sous les murs de la capitale les bandes récemment arrivées d'Ecosse et une partie des enseignes de Picardie et de Champagne. La cour, escortée par ces troupes quitte Paris le 10 octobre pour gagner Orléans.

Ainsi à la mort de François II, qui arrive le 5 décembre de cette même année, toutes les troupes d'infanterie, qui ont pu sans inconvénients être tirées des garnisons, sont rassemblées autour d'Orléans. Mais elles sont déjà divisées : une partie suit la fortune des Colonels généraux tous les deux protestants ; et l'on doit évaluer, tout au plus, à huit mille le nombre des vieux soldats de l'armée catholique réunis à Orléans, lors de l'avènement de Charles IX.

L'armée est alors réorganisée, et l'infanterie est rangée sous trois Régiments inspirés des tercios espagnols, et commandés par trois vieux Capitaines.

En 1569, Philippe Strozzi destine un Régiment à chacun de ses trois Mestres de camp, Gosseins, Sarrieu et Gohas l'aîné. Sarrieu réunit sous son commandement dix enseignes des Gardes et six vieilles bandes picardes et se trouve Mestre de camp d'un Régiment de seize Compagnies, qui prendra plus tard le nom de Picardie.

Le 29 mai 1569 est donc la date de création du Régiment de Sarrieu.

Roger de Sarrieu, le premier Mestre de camp du futur Picardie, était, en 1560, Capitaine d'une Compagnie des vieilles bandes d'en deçà les monts, qui entra dans la composition du Corps qu'on appela le Régiment de Richelieu. Ce Corps, après avoir servi avec distinction dans la première guerre civile, est cassé le 1er août 1563, immédiatement après la prise du Havre. La Compagnie du Capitaine Sarrieu est alors choisie pour faire partie du Corps d'élite, formé le même jour sous le nom d'Enseignes de la Garde du Roy, qui eut successivement pour Mestres de camp Jacques de Charry et Philippe Strozzi, et qui fut supprimé en 1566.

Sarrieu, relégué avec sa bande dans les garnisons de la Picardie, y demeure jusqu'au mois d'octobre 1567. Le coup de main tenté par les réformés, le 29 septembre de cette année sur la route de Meaux, ayant ouvert les yeux à Charles IX sur les véritables intentions de la faction protestante, les anciennes Compagnies de la Garde et une partie des bandes du Nord reçoivent l'ordre de se rendre à Paris et de se ranger sous le Régiment de Philippe Strozzi nommé, le 28 septembre, Colonel-général intérimaire. C'est Sarrieu, comme le plus ancien Capitaine, qui réunit les Compagnies dispersées dans les places et qui les amène à Paris. Après la bataille de Saint- Denis et la poursuite des vaincus, jusqu'aux confins de la Lorraine, Philippe Strozzi, qui se trouve à la tête de cinquante cinq enseignes, tant de l'ancienne Garde, que des bandes vieilles et nouvelles, partage son Régiment en trois fractions dont il donne le commandement à trois Mestres de camp. Roger de Sarrieu est un de ces mestres de camp.

La paix ayant été signée le 13 mars 1568, les Compagnies de Sarrieu sont mises en garnison à Orléans et Bourges. Elles sont maintenues dans ces villes quand, à l'automne, les hostilités recommencent. La situation des esprits, dans la province de Berry, est, en effet, peu rassurante, et l'on se voit bientôt obligé de faire le siège de Sancerre. Sarrieu est chargé de cette opération qui commence le 10 décembre. Mais les affaires paraissant mal tourner dans le Poitou, le Mestre de camp lève le siège le 1er février 1569, et va avec sa troupe renforcer l'armée du Duc d'Anjou.

Dans cette nouvelle répartition des bandes, qui est le véritable point de départ du Régiment qui nous occupe, Roger de Sarrieu a dans son lot seize Compagnies dont les Capitaines sont : Sarrieu, Gohas jeune, Saint-Géran, Verrière, Maulny, Borda, Boisbitrou, Tournecoup, Lago, Mascaran, Lussan, Castel, Paoul, Chantil, Valavoire et Quintini. Les dix premières proviennent des Gardes, les autres appartenaient aux vieilles bandes de Picardie. Le Régiment, qui porte d'abord le nom de son Mestre de camp, reste dans l'Armée du Duc d'Anjou et se signale au siège de Saint-Jean d'Angely où il est chargé de l'attaque du ravelin de la porte d'Aunis. A la paix de 1570, il va reprendre ses cantonnements dans le Berry.

Au mois de janvier 1573, le Régiment se réunit à l'armée du Baron de la Châtre chargé de réduire Sancerre. Son Mestre de camp, pendant ce long et terrible drame, "donnait le mot à l'infanterie, le reste n'étant que nouvelles compagnies". A l'assaut général qui a lieu à la fin de juin, Sarrieu est commandé, avec les Gendarmes de la Châtre, pour donner à la brèche pratiquée près de la porte d'Oison, au lieu dit la Grange Loudis. Son attaque est vigoureuse, mais les assiégés se défendent avec le courage du désespoir. En vain Roze, Enseigne de la Mestre de camp va-t-il planter son drapeau au sommet de la brèche, en vain ses soldats font-ils des efforts inouïs pour s'y maintenir ; Roze est blessé de deux coups d'arquebuse et sa troupe est repoussée. La famine seule put dompter les braves défenseurs de Sancerre : ils se rendent le 19 août après un siége de sept mois. Sarrieu prend possession de la place. On a dit à tort que le Régiment avait souillé son triomphe par l'assassinat du maire Johanneau qui avait défendu Sancerre avec une si inébranlable fermeté. L'infortuné maire fut exécuté juridiquement le 12 septembre suivant, par les Archers du Prévôt de l'armée (La Popelinière).

Sarrieu fait, en 1574, partie de l'armée du Duc de Montpensier. Au siége de Fontenay le Comte, il voit échouer tous ses efforts dans les premiers assauts, où se distinguent les Capitaines Péricard et Lago ; mais la garnison affaiblie batt la chamade, au moment où il va en tenter un dernier ; malgré cette capitulation, Fontenay est mis à sac pendant les journées des 16, 17 et 18 septembre. Voici comment La Popelinière raconte cet épisode de la vie du Régiment. A l'assaut général du château, le 16 septembre, "les vieilles bandes de Serriou estoient préparées du côté du fort des Dames, mais il ne voulut souffrir ses drapeaux branler pour la desmarche, parce que le duc de Montpensier auroit pu avoir la place à composition et que c'estoit son avis, et qu'il y avoit déjà suspension d'armes pour la ville : mais les nouvelles bandes vouloient emporter la ville d'assaut pour le pillage". La place capitule enfin. "Ceux que le hazard mit aux mains des nouvelles bandes furent maltraitez ; mais les vieilles bandes de Serriou firent si bonne guerre aux leurs, qu'ils ont occasion de s'en louer et de se revenger de ceste courtoisie françoise au premier endroit de reconnoissance. En quoy plusieurs eurent occasion remarquer deux choses : premièrement la foy toujours bien tenue par ceux qui sont pourveuz d'une âme plus généreuse : Serriou et aucuns des siens la tindrent telle aux assiégez de Sancerre secondement que soldats martiaux et pratics au fait de guerre, en l'exercice de laquelle esprouvans le bien et le mal, ne savent seulement quel est et jusques où s'étend le devoir du soldat ; mais encore prennent à honneur de le monstrer à ceux qui n'ont de guerrier que la mine et vaine piaffe : aussi cruels que tigres en leur prospérité et moindres que vieilles, si la fortune commence à leur tourner le dos. Je dis cela tant aux uns qu'aux autres". La Popelinière était protestant, mais protestant sincère et impartial.

Le 27 septembre, Sarrieu marche tambours battants et enseignes déployées à l'attaque des faubourgs de Lusignan et les emporte d'emblée. Il a ensuite beaucoup à souffrir dans le siége de la ville ; dans une seule sortie les assiégés lui tuent cinq Capitaines. L'assaut du 24 décembre est encore très-meurtrier pour lui. La garnison réduite à 500 hommes demande enfin à capituler le 5 janvier 1575, mais sous la condition que la ville sera remise à Sarrieu seulement. Le Régiment prend donc possession de la ville et du château et y demeure quelque temps en garnison. C'est lui qui démolit le château de Lusignan dont on attribue la fondation à la célèbre fée Mélusine et que toutes les histoires contemporaines représentent comme la merveille de l'architecture du moyen âge.

Au mois d'août 1575, "300 arquebusiers des plus lestes et des plus gaillards de Serriou", quittent Niort et vont s'embarquer aux Sables d'Olonne avec M. de Landereau. Ils abordent sans résistance à l'île de Ré le 2 septembre aux Portes et à Loix, et s'emparent de Saint-Martin après combat. Leur intention était d'empêcher les habitants de faire leurs vendanges. La Popelinière qui nous raconte cette expédition, part à quelques jours de là du port de La Rochelle avec un Corps de troupes, les attaque au milieu de la nuit et les force à se rembarquer.

Pendant les années suivantes, le Régiment demeure dans le bas Poitou, faisant la petite guerre aux protestants de La Rochelle. En 1577, il surprend le village de La Fond près de cette ville.

Roger de Sarrieu est remplacé en 1578 en qualité de Mestre de camp par François d'Epinay Saint-Luc, Gouverneur de Brouage; le Corps prend donc le nom de Régiment de Saint-Luc. Ce dernier a lui-même pour successeur en 1579, Jean-François de Faudoas de Sérillac, depuis Comte de Belin et Gouverneur de Paris pour la Ligue. Le Régiment prend donc le nom de Sérillac.

C'est vers cette époque que le Régiment retourne dans ses anciens quartiers de la province de Picardie. En 1580, on le trouve au siége de La Fère sous les ordres du Maréchal de Matignon.

Cinq ans après, en 1585, Sérillac se démet de son commandement et est remplacé par le Mestre de camp Jean Louppiat de Montcassin de Tajan de Grenet. Le Régiment cesse de porter le nom de son Mestre de camp pour prendre le titre de Régiment de Picardie. La même année 1585, une partie du Corps passe dans le Dauphiné pour se réunir à l'armée du Duc d'Epernon et assiste aux siéges de Bréoles, de Chorges et de quelques autres petites places de la Próvence. Le reste du Régiment marche en 1586 sous les ordres du Duc de Joyeuse vers le Languedoc, d'où il se rend en Guyenne, à l'armée du Maréchal de Biron qui le conduit en Saintonge et Poitou, et l'emploie aux siéges de Lusignan et de Marans.

Au mois de mai 1587, les protestants mettent le siége devant Fontenay ; le Duc de Joyeuse rassemble à Saumur une petite armée dont cette moitié de Picardie fait la meilleure partie. Il marche sur Saint-Maixent, joint les Régiments calvinistes de Charbonnières et de Bories à La Mothe Saint-Héray, et en fait un horrible massacre. Joyeuse, n'ayant plus d'ennemis devant lui, s'avance jusqu'à Tonnay-Charente qu'il emporte, et, tournant ses pas vers La Rochelle, rencontre, près du village de Croix- Chapeau, un corps de cavalerie huguenote qui est enveloppé, et, suivant l'habitude, passé au fil de l'épée. Ses succès se terminent par la prise de Maillezais.

Le présomptueux Joyeuse venant d'apprendre que le Roi de Navarre se met en marche pour aller au devant des secours que l'Allemagne envoie aux protestants de France, part pour lui barrer le passage et le rencontre en Périgord auprès de Coutras. La bataille a lieu le 20 octobre. Picardie est à la gauche de l'armée catholique : il y est écrasé par l'artillerie du Roi de Navarre qui, le premier en France, tire un bon parti de cette arme. "La bataille, dit d'Aubigné, commença à neuf heures par l'artillerie le premier boulet protestant donna dans le drapeau blanc du duc que portait Milly ; le deuxième coupa un arbre et tua derrière un capitaine de Picardie". Suivant Legrain, auteur de la Décade de Henri-le-Grand, "le premier coup d'artillerie emporta sept Capitaines du Régiment de Picardie, le meilleur et le plus aguerri de l'armée du duc". Le Régiment ébranlé par ces pertes va être chargé par la cavalerie calviniste, quand le Marquis de Lavardin s'élançe à la tête des Albanais sur ces Escadrons et leur passe sur le ventre. L'infanterie de la Religion, furieuse de cet échec, s'ébranle l'épée à la main, fond tête baissée sur les Régiments de Picardie et de Tiercelin, qui seuls résistent encore, et engage avec eux un combat terrible aux cris de La Mothe et Croix-Chapeau ! s'excitant ainsi par le souvenir de deux rencontres récentes où tout quartier leur avait été refusé. Picardie et Tiercélin sont trop faibles pour soutenir le choc d'une armée victorieuse et altérée de vengeance, ils sont entièrement défaits et massacrés. "Le mestre de camp Tiercelin, voyant son régiment dissipé, se couche sur l'arbre que le canon avoit abattu, et fut tué assis se bouchant les yeux, ce qui n'eust pas esté, si l'on l'eust connu, mais tout passoit pour Picardie". Ces paroles de d'Aubigné expriment la haine des huguenots pour le Régiment de Picardie qui avait chez eux la réputation d'être très-dévoué aux Guise. Le petit nombre d'hommes échappés au désastre de Coutras se trouvent, en 1588, aux siéges de Mauléon, de Montaigu et de La Garnache.

Après l'assassinat du Duc de Guise, l'armée de Poitou a ordre de se rendre à Blois auprès du Roi. La portion du Régiment qui, depuis trois ans, servait en Provence y arrive aussi. Picardie, trop faible pour tenir la campagne, est placé dans le château d'Angers dont les ligueurs veulent se rendre maîtres. Après que Henri III se soit jeté dans les bras du Roi de Navarre, et se soit retiré à Tours pour être plus à portée de recevoir les secours du Béarnais, Picardie est appelé dans cette ville et prend part à la défense des faubourgs attaqués par le Duc de Mayenne. Chargé de garder le faubourg Saint-Symphorien, il se retranche à l'embranchement des routes de Blois et de Châteaurenaud et y fait une belle résistance.

Après la réunion des armées des deux Rois, Picardie sert au siége de Gergeau. A l'assaut où la place est emportée, il perd son Mestre de camp Antoine Louppiat de Montcassin de Tajan des Houlières, qui a succédé à son frère en 1587.

Le Régiment est au camp sous Paris, lorsque Henri III est assassiné, et reconnait des premiers Henri de Navarre pour Roi de France. Il accompagne ce Prince dans son expédition en Normandie et est laissé à Dieppe sous les ordres du Comte de Châtillon, pendant que le Roi bat l'ennemi à Arques, le 21 septembre 1589. Picardie revient ensuite au siége de Paris, et lorsque Henri IV se retire vers la Loire, douze Compagnies ont l'ordre de se jeter dans Pontoise. Le Duc de Mayenne ne tarde pas à venir les y assiéger. Après une belle défense, qui coûte la vie au Mestre de camp Gilles de Faverolles, la garnison se voit obligée de capituler le 6 janvier 1590.

Dans la nouvelle campagne qui s'ouvre, Picardie, qui depuis janvier 1590 est commandé par le Mestre de camp Jean Messeau Baron de Romefort, suit le Roi et prend une grande part aux opérations du siége de Dreux qu'il attaque du côté de l'église Saint-Denis. Après la bataille d'Ivry, qui est surtout une affaire de cavalerie, il se trouve au blocus de Paris et en 1591 au siége de Chartres. C'est là qu'il manque en venir aux mains avec Navarre au sujet de la préséance. Ces deux Régiments ayant été commandés ensemble pour l'attaque d'un bastion, chacun d'eux prétend tenir la tête de l'assaut. Henri IV est obligé d'intervenir et les fait tirer au sort au pied de la brèche. Les dés sont favorables à Picardie, qui depuis ce jour n'eut plus rien à démêler avec Navarre.

Pendant les années suivantes, le Régiment, commandé depuis 1593 par le Mestre de camp Louis d'Estrées Marquis de Coeuvres, est de toutes les expéditions du Roi, et se trouve à son entrée solennelle dans Paris en 1594. Il fait ensuite le siége de Laon où son Mestre de camp, le Marquis de Coeuvres, est tué.

Le 1er février 1595, le Régiment passe sous le commandement de Jean de Gontaut Baron de Saint-Blancard-Biron. En 1595, il part pour la Bourgogne et sert aux siéges de Beaune, d'Autun et de Dijon. Il passe ensuite à l'armée de Picardie, commandée par le Duc de Bouillon, le Comte de Saint-Pol et le Comte d'Humières. Le 20 juin, deux cents hommes du Régiment avec deux cents de celui d'Egmont s'emparent du château de Ham. Cette prise amène la capitulation de la garnison espagnole qui tient la ville. Picardie est ensuite au blocus de La Fère qui se rend le 22 mars 1596. Les Espagnols, n'ayant pu secourir La Fère, tournent leurs armes contre Calais. Le Roi se rend à Boulogne pour être à portée de jeter du secours dans la place. Un Capitaine de Picardie, nommé Lenoir de Campagnols, lui offre d'entrer dans Calais avec les troupes qu'il voudra lui confier, ou de périr dans cette entreprise. Henri lui donne 300 hommes avec lesquels il passe hardiment, à la faveur de la nuit, à travers le camp ennemi et pénètre dans la place. Calais aurait été sauvé, si le secours avait été plus considérable. Campagnols, devenu Gouverneur de la ville par la mort de M. de Bidossan, est sommé de se rendre. "J'ai, répond-t-il, couru trop de risques en entrant dans Calais pour l'abandonner". Il soutient encore avec intrépidité trois assauts. Au quatrième, Campagnols, abandonné par la garnison rebutée, reste seul sur la brèche. Les Espagnols respectent son courage en le faisant prisonnier et massacrent tous les lâches qui ont refusé de le suivre. Le Roi récompense son héroïsme en lui donnant une Compagnie des Gardes Françaises.

En 1597, lorsque les Espagnols surprennent Amiens, Picardie est à Corbie en quartiers d'hiver. Le Maréchal de Biron le prend en passant, et, arrivé devant Amiens, lui ordonne de s'y fortifier pour donner le temps à l'armée de s'assembler. Quand le siége commence, le Régiment prend poste à l'abbaye de La Madeleine. Le Gouverneur Porto-Carrero, que ce voisinage incommode, le fait battre par des coulevrines et le contraint à se retirer. Après l'arrivée du Roi, les opérations reçoivent une impulsion plus vive, mais Picardie n'est pas heureux. Dans la sortie du 17 juin, les assiégés tombent sur lui d'une manière si imprévue qu'il n'a pas le temps de se mettre en bataille. Dès le premier choc, il perd les Capitaines de Montigny, Flessan et Fougerolles. Cependant le Maréchal de Biron et puis le Roi étant survenus, le Rrégiment reprend courage et force les Espagnols à rentrer dans la place. Le rancuneux d'Aubigné, en faisant l'éloge du Régiment calviniste de Navarre, qui se rend redoutable aux assiégés, ajoute que "les Espagnols déployoient leurs insolences sur le régiment de Picardie, qu'ils appeloient les maheuris". Davila signale, au contraire, Picardie comme un des corps les mieux disciplinés et les plus braves de l'armée française. Au reste d'Aubigné était alors Capitaine dans Navarre.

Après la paix de Vervins, le Régiment reprend ses anciens quartiers dans les villes de la Picardie, et n'en bouge point jusqu'à l'année 1615. Ainsi il ne prend aucune part à l'expédition de Savoie, la dernière guerre du règne de Henri IV. Peut-être se méfiait-on du Mestre de camp Saint-Blancard, frère de l'infortuné, mais coupable Maréchal de Biron. En 1615, Picardie se rend au Bec-Choisy, où s'assemble l'armée du Maréchal de Bois-Dauphin, destinée à agir contre les Princes mécontents. Quatre Compagnies, rencontrées en route par la cavalerie des Princes, sont entièrement détruites. Le 8 octobre, l'armée marche sur Sézanne. Dans cette expédition, le Régiment est chargé de la garde de l'artillerie. En janvier 1616, il est envoyé à l'armée de Guyenne, qui passe l'année suivante en Champagne, et prend les châteaux de Richecourt, Rozoy, Château-Porcien, attaque les faubourgs de Laon, et s'empara de Rhétel.

Le 1er janvier 1617, le Régiment est donné au fils d'un traitant anobli, Jean Zamet, Baron de Murat et de Billy, que les huguenots, dont il s'est déclaré le persécuteur, appellent le grand Mahomet. Le nouveau Mestre de camp est, au reste, fort brave.

En 1620, Picardie est en garnison à Verdun, quand il reçoit l'ordre de se rendre à l'armée de Normandie. Le Roi le voit le 6 juillet, et le trouve très faible. Une partie des soldats s'est jetée dans Metz avec M. de La Valette, et le Régiment de Marcoussay, qui part pour l'Allemagne, en a débauché un grand nombre. Les Compagnies sont réduites à une trentaine d'hommes. Le Marquis de Bassompierre, qui commande l'armée et qui tient à Picardie, engage le Comte de Vaubecourt à céder à ce Corps 400 hommes de son Régiment à raison d'un écu par homme, ce qu'il lui accorde volontiers à cause de la facilité qu'il a à les remplacer. Le Comté de Clermont et la ville de Verdun lui en fournissent 600 au même prix. Picardie, remis sur pied, est dirigé sur Montereau, rendez-vous de l'armée, et marche de là sur Dreux, dont il prend possession et dont le Capitaine Saint-Quentin a le commandement. Il rejoint ensuite le Roi à La Flèche. Louis XIII le passe de nouveau en revue, et le trouve beau et complet.

En 1621, Picardie fait partie du Corps qui, sous les ordres du Comte d'Auriac, investit Saint-Jean d'Angély. Il est campé à Saint-Jean de Lescap, à un quart de lieue de la ville, et contribue à la prise des ponts de la Boutonne. Le Roi arrive le 29 mai, et distribue les attaques. Picardie a la deuxième sous le Maréchal de Chaulnes. Pendant ce siége, un soldat de la Mestre de camp va en pourpoint et sans armes insulter une sentinelle avancée ; il la désarme, s'en rend maître, et l'amène au camp. Saint-Jean se rend à la fin de juin. Le Régiment passe de là au siége de Nérac, sous le Marquis de Vignolles qui n'a point assez de troupes pour investir complétement la ville. Éveillé la nuit par le bruit d'un secours qui cherche à entrer dans la place, Vignolles court au quartier de Picardie, le trouve déjà sous les armes, et en détache les Capitaines La Mothe Saint-Ouen et Lézines, avec quatre compagnies qu'il fait soutenir par le reste du Corps. Ces braves Officiers joignent l'ennemi, la pique basse, et reprennent le fort d'Aiguillon dont il s'est déjà emparé. Le gros du Régiment arrive, et culbute tout ce qui se trouve devant lui. Nérac, n'espérant plus être sécourue, capitule. Picardie en prend possession, et laisse quatre Compagnies dans le château sous les ordres du Capitaine de Hames. Les autres rejoignent Louis XIII au siége de Clérac, et y obtiennent l'attaque de gauche.

Au fameux siége de Montauban, Picardie est au quartier du Prince de Joinville et a la garde d? pont du Tarn. Quoiqu'affaibli par tant d'expéditions, le Régiment attaque avec vigueur une demi-lune et parvient à s'y établir solidement, après un combat de six heures. Dans une sortie qu'il a à soutenir quelque temps après, le Mestre de camp Zamet est mis hors de combat et fait prisonnier avec plusieurs autres Officiers. Ils sont presque aussitôt délivrés par l'audace du célèbre Pointis, Lieutenant de Champagne, auquel Zamet donne la Lieutenance de sa Mestre de camp en reconnaissance du service qu'il lui a rendu.

Promu Maréchal-de-camp le 19 mai 1621, Jean Zamet se démet du Régiment de Picardie en septembre ; il sera mortellement blessé l'année suivante au siége de Montpellier. Roger du Plessis de Liancourt Duc de La Rocheguyon prend le commandement du Régiment en septembre 1621.

M. de Schomberg fait établir une nouvelle batterie dont il se promet beaucoup de succès mais elle se trouve sur un sol miné. Le 24 octobre, Picardie y est de garde, et presque tous les soldats accablés de lassitude dorment à la française. Une épouvantable explosion se fait entendre à deux heures du matin. Tout ce qui se trouve dans le rayon de la mine saute. Quatre Officiers avec un grand nombre de soldats sont ensevelis sous les terres bouleversées. Les assiégés profitent de ce moment de trouble et de désordre, se précipitent dans la batterie et remportent une victoire facile sur des malheureux mutilés. Ce désastre, où périssent les Capitaines Saint-Quentin et Lézines détermine la levée du siége. Les troupes sont distribuées dans les environs de Montauban : Picardie est envoyé à Montech. Il a été si maltraité et il lui reste si peu d'Officiers en état de marcher qu'il est commandé par le Lieutenant Pointis qui repousse une attaque des protestants sur son quartier.

En mars 1622, Picardie qui s'est rétabli pendant l'hiver, fait des prodiges de valeur au siége de Tonneins et emporte la ville d'assaut, mais la prise du château offre de grandes difficultés. Les assiégés ont établi du côté de l'attaque un retranchement formé avec des barriques vides. Le 20 mars, Pointis à la tête de 50 Hallebardiers réussit à déranger ces barriques et à s'emparer du retranchement, mais il ne peut s'y maintenir. Cependant le Roi se plaint que le siége traîne en longueur et menace pour en voir la fin d'y envoyer le Prince de Condé. Les Généraux piqués décident de faire un nouvel effort. Ils envoient deux soldats de Picardie reconnaître un bastion qu'ils ont dessein d'attaquer. Ces deux hommes y arrivent sans rencontrer d'obstacles et font signe à leurs camarades de les suivre. Trente ou quarante braves gens s'élancent aussitôt et réussissent à s'y faire un logement pendant que le reste du Régiment, animé par les encouragements du Duc d'Elbeuf, maintient les assiégés. La place va être gagnée, quand on apprend que le Duc de La Force arrive avec 4,000 hommes au secours de son fils qui y commande. Le Duc d'Elbeuf, forcé de marcher à sa rencontre, laisse Picardie dans les tranchées. A peine l'armée est-elle éloignée, que la garnison, rassemblant toutes ses forces, exécute une sortie furieuse. Le Régiment débordé de toutes parts recule en combattant jusqu'au camp. Dans cette retraite, l'aventureux Pointis est percé de part en part d'un coup d'épée et n'évite d'être enlevé que par le dévouement d'un soldat, nommé Muthonis, qui reçoit lui-même un coup de feu dans le moment où il emporte son Lieutenant dans ses bras. Ce brave homme, ne voyant plus d'autre chance de salut, se laisse rouler avec son fardeau du haut en bas de la brèche, d'où il rejoignit le camp. A l'instant où Picardie repoussé rentre dans les lignes, le Duc d'Elboeuf revient vainqueur. Profitant de l'animation de ses troupes et du découragement des assiégés, il ordonne un assaut général. Picardie, malgré ses pertes, s'élance avec résolution, brûlant de venger son échec, et après cinq heures d'un combat terrible, le château capitule. C'est le 4 mai 1622. Le Capitaine de Bonneuil a été tué à ce siége. Le Régiment va se refaire à Rabasteins et c'est là que du Plessis-Liancourt, depuis Duc de La Rocheguyon, se fait reconnaître par le Corps en qualité de Mestre de camp.

Au siége de Sainte-Foy, Picardie a l'attaque du faubourg. Il fait encore cette année les siéges de Moissac, de Negrepelisse où il a un Capitaine tué, de Saint-Antonin, de Bédarieux, de Lunel et de Sommières. A Sommières, le Marquis de Liancourt, à la tête des enfants perdus, attaque les retranchements dressés en avant de la ville, en chasse les ennemis et s'établit au bord de la contrescarpe, ce qui amène quelques jours après la capitulation de la place. Au siége de Monpellier qui termine cette campagne, Picardie a la deuxième attaque : il en est toujours ainsi quand il se trouve dans une même armée avec les Gardes. Le 30 août il y a une sortie. Le Régiment est de tranchée : il reçoit l'ennemi avec tant de bravoure, qu'avant que les réserves soient arrivées à son secours, il a tué la moitié des assaillants et rejeté l'autre en désordre dans la ville. A l'attaque du bastion vert, Picardie marche le premier : la garnison fait une sortie vigoureuse sur le flanc de l'attaque ; une fraction du corps est rompue ; mais le reste, conduit par les Lieutenants Pointis et Calvières, charge à son tour l'ennemi, le coupe en deux, en refoule une partie dans Montpellier, tandis que l'autre portion acculée dans un coin du fossé est massacrée. Montpellier se rend le 19 octobre. Picardie y est mis en garnison et ne quitte point ce quartier jusqu'en 1630.

Le 14 janvier 1625, Picardie passe sous le commandement du Duc D'Orval (François de Béthune).

Picardie prend part avec le Régiment de Normandie à toutes les actions qui ont le Languedoc pour théâtre. Ainsi, en 1627, 400 hommes, commandés par le Capitaine de Hames, s'emparent de la petite ville de Corconne. Le Comte de Charost (Louis de Béthune) prend le commandement de Picardie le 19 septembre 1627.

En 1628, le Régiment fait le siége de Sainte-Affrique, prend part au combat de Castres le 25 juin, à la prise d'Alby et de Mazamet. En 1629, il est à la prise de Soyon et au siége de Privas où il perd le Capitaine La Neufville. Au mois de mai, quarante hommes commandés par le Sergent Guerrier défendent le château de Corconne contre le Duc de Rohan et ont la gloire de lui voir lever le siége. A la fin de 1629, Picardie suit le Maréchal de Bassompierre à Montauban qui fait sa soumission. Douze Compagnies du Régiment y restent en garnison.

En 1630, Picardie quitte le Languedoc et passe en Savoie. Il prend une part glorieuse au combat de Veillane, où il taille en pièces 600 cavaliers commandés par Doria, fait 600 prisonniers, et s'empare de dix -sept drapeaux ou étendards. Les Capitaines de Sérillac et de Brennes y sont tués. Quarante soldats, laissés après ce combat dans le château de Pancale, s'y défendent contre 1200 Espagnols et 500 Trentins, et résistent jusqu'à l'arrivée d'un secours qui force l'ennemi à décamper. A l'attaque du Pont de Carignan, le Lieutenant-colonel de Miraumont s'élance avec 200 hommes ; jaloux d'arriver aussi vite que les Gardes, il se jette dans le fossé et entre en même temps qu'eux dans les retranchements. Le Capitaine Baron d'Escuirs, et Dubreuil, Lieutenant de la Mestre de camp, périssent dans cette occasion. Au mois d'octobre, Picardie rentre en France et se dirige sur Verdun et Metz, pour faire la guerre au Duc de Lorraine. Après le siége de Marsal auquel il prend part, le Régiment est mis en garnison dans Jametz, Clermont et autres places de sûreté, que le Duc est obligé de livrer au Roi.

En 1633, le Duc de Lorraine manque à ses engagements, et Louis XIII met le siége devant Nancy. Picardie a son quartier à Jarville. Après la capitulation de Nancy, quatre Compagnies y restent en garnison ; quatre autres sont envoyées à Metz ; les douze Compagnies restantes font partie de l'armée du Maréchal de La Force. Elles contribuent à la prise de Bitche le 18 mai 1634, et vont ensuite ouvrir la tranchée au siége de La Mothe. Il arrive cette année un fait étrange dans le Régiment. Le Lieutenant-colonel de Montcassin est tué à Metz de quatre coups d'épée, par le Lieutenant Salmatoris, parce qu'il n'a pas désigné sa Compagnie pour aller à la guerre.

Après le siége de La Mothe, le Régiment, renforcé des Compagnies qui sont à Metz, marche sur Phalsbourg, Philisbourg et Landau, qui sont occupées, et où il reste en quartiers jusqu'au mois de décembre. Il fait alors partie du secours envoyé à Heidelberg, et passe le Rhin sur la glace, vis-à-vis de Manheim. Chargé avec d'autres troupes d'attaquer les Impériaux logés dans le faubourg d'Heidelberg, il les en chasse le 23 décembre, et rentre en France.

En septembre 1634, le Régiment passe sous le Marquis de Beauté (Pierre).

Spire ayant ouvert ses portes aux troupes de l'Empire, les Maréchaux de La Force et de Brézé partent le 10 mars 1635 de Landau et se rendent devant cette ville. Picardie y ouvre la tranchée. A l'assaut général, 300 hommes, malgré un feu terrible, descendent dans le fossé, montent aux retranchements, chassent 600 hommes qui les défendent et les poursuivent jusqu'au pont-levis de la ville qui capitule le 21. Au mois d'octobre, le Régiment joint l'armée d'Allemagne, commandée par le Cardinal de La Valette. Cette année, 1635, est marquée par un événement bien rare dans nos fastes militaires. Un Capitaine de Picardie, nommé Des Chapelles, a la tête tranchée sur le pont de Mézières, pendant que l'armée y passe, pour avoir rendu au Duc de Lorraine le poste de Sierck, dont la garde lui avait été confiée. La lettre du Roi aux membres du Conseil de guerre est conçue en ces termes : "J'envoie Des Chapelles à Mézières où mon armée passe pour aller en Flandres : comme il est du tout nécessaire de faire exemple de l'action qu'il a commise, d'avoir rendu Circle sans y être forcé, je vous l'envoye afin que vous lui fassiez couper le col sur le pont de la ville, et que toute l'armée, en passant par là, voie son corps sur l'échaffaut, et l'exécution qui en aura été faite".

En 1636, les Francs-Comtois venaient rompent leur neutralité, en donnant passage à l'armée espagnole et en fournissant au Duc de Lorraine de l'argent et des soldats. Louis XIII, pour les punir, envoie le Prince de Condé faire le siège de Dôle. Picardie y ouvre la tranchée le 1er juin. Le 13, il emporte la contrescarpe après un rude combat où périssent les Capitaines Montbazin, Duplessis-Barbée et La Fresnaye ; mais les assiégés, au moment où Picardie est relevé de tranchée par le Régiment d'Enghien, attaquent celui-ci avec furie ; Picardie qui n'a plus de poudre, vole cependant à son secours à l'arme blanche, et reprend tous les postes. Le Capitaine de Bacalan est tué dans cette mêlée. Le Lieutenant-colonel de Brisailles et le Sergent-major de Bruguières y sont blessés, ce dernier mortellement. Le Régiment d'Enghien a tellement souffert que Picardie doit rester dans les tranchées. Le lendemain, cinq cents hommes, appuyés par Enghien attaquent, malgré les fatigues de la veille, la demi-lune de la porte d'Aran : après une lutte acharnée qui dure quatre heures et qui coûte la vie à quarante braves gens "tous de ce généreux régiment" ils parviennent à s'en emparer ; mais abandonnés à eux-mêmes, ils ne peuvent s'y maintenir. Le Prince de Condé les console de cet échec en les complimentant sur leur intrépidité. Le Lieutenant-colonel de Brisailles y reçoit encore une blessure à la cuisse, dont il meurt peu après. Le Capitaine La Renouillère, les Lieutenants Blanquefort, d'Orsigny et La Plaine et l'Enseigne Philartie y sont aussi blessés. Après la levée du siége, où il trouve encore l'occasion de rendre au Régiment de Conti un service semblable à celui qu'il a rendu à Enghien, Picardie joint l'armée de Monsieur et fait le siége de Corbie, que les Espagnols et les Hollandais viennent de surprendre et qui capitule le 10 novembre. Le Capitaine Le Buat y est tué par l'explosion d'un magasin à munitions.

Le Régiment, qui a énormément souffert dans cette campagne, est cantonné dans le Boulonnais et y reste jusqu'au mois d'août 1637. Il se rend alors au siége de La Capelle.

En 1638, après avoir servi avec distinction au siége de Saint -Omer et à celui du Câtelet, où sont tués les Capitaines d'Anglure et Vivans-Noaillac, il passe en Lorraine où le Duc de Longueville et le Marquis de Feuquières l'attendent pour commencer leurs opérations. Il débute dans cette armée, au mois de novembre, par le siége de Blamont, la défaite du général Savelli et la prise de Lunéville. La Compagnie du Capitaine de Vigneau, détachée pour le siége de Brisach, quitte l'armée le 26 novembre, arrive devant Brisach le 2 décembre et en prend possession le 17. En 1639, Picardie fait partie de l'armée de M. de Feuquières, qui éprouve près de Thionville une de ces défaites qui honorent les vaincus. Battues par Piccolomini, ces braves troupes se retirent sous le canon de Metz et passent sous les ordres du Duc de Châtillon qui leur procure bientôt une glorieuse revanche en forçant Piccolomini et l'armée impériale à lever le siége de Mousson.

En 1640, Picardie sert sous le Maréchal de La Meilleraye qui, après la prise de Charlemont, vient faire le siége d'Arras. Le Régiment est posté au-dessus de la Scarpe, près des villages de Sailly et de Vitry où les ennemis se retranchent. Leur Général, Lamboy, espérant faire entrer du secours dans la ville, attaque le 24 juin les lignes de l'armée française, avec 2,000 hommes d'infanterie et quelque cavalerie. A la première alerte, Picardie prend les armes, culbute l'infanterie espagnole, arrête la cavalerie qui cherche à retablir le combat et poursuit l'ennemi jusque dans son camp. Cette journée, si honorable pour le Régiment et qui décide de la chute d'Arras, en démontrant aux Espagnols l'impossibilité d'y faire entrer du secours, coûte la vie au Mestre de camp de Bréauté, qui est tué en combattant vaillamment à la tête de ses soldats. Les Capitaines Neufvillette et Miraumont y trouvent aussi la mort. Le 1er août, Picardie ouvre la tranchée à l'attaque de La Meilleraye, et fait des pertes énormes le lendemain à la reprise du fort Rantzau, dont les Espagnols sont parvenus à s'emparer. Il y a 38 Officiers tués ou blessés dangereusement. Rien ne peut résister à des hommes qui savent ainsi mourir. Arras capitule au bout de neuf jours de tranchée ouverte. Les Espagnols, qui en étaient devenus maîtres à la faveur de nos troubles et qui croyaient, ainsi que les habitants, cette place imprenable, avaient écrit sur une de ses portes : Quand les Français prendront Arras, les souris mangeront les chats. Nos braves soldats conservèrent l'inscription après avoir effacé le p du mot prendront. Le 27 août 1640, François de Brichanteau Marquis de Nangis, prend le commandement de Picardie; il sera fait Maréchal-de-camp le 13 juin 1643.

Le Régiment est employé en 1641 au siége d'Aire. Chargé de s'emparer du fort de Flandre, situé à 500 pas de la place, il l'occupe d'emblée par une attaque pleine de vivacité. Dans la nuit du 14 au 15 juin une sortie vient l'assaillir dans ses retranchements. Il la repousse après une lutte de quatre heures, qui lui coûte le Capitaine du Buc, le Lieutenant Pescadour et 70 soldats. Les Capitaines Mouchy et Marchelles sont blessés. Le 20, l'Aide-major Saint-Élie se fait tuer avec un Sergent et quatorze hommes en protégeant les travailleurs du logement de la contrescarpe. La ville capitule le 26 juillet, après quarante neuf jours de tranchée ouverte.

Picardie se repose en 1642 et ne se trouve qu'à la prise d'assaut du fort d'Aigue, situé sur le bord de la mer entre Calais et Gravelines.

Le glorieux règne de Louis XIV s'ouvre par une grande victoire. Le respect qu'on a en Europe pour l'infanterie espagnole va se tourner du côté de l'infanterie française. Le souvenir des journées de Pavie et de Saint-Quentin pèse encore sur nos armes. Henri IV et Louis XIII ont eu le malheur de ne remporter des avantages considérables que sur des Français. Gustave-Adolphe seul a su gagner de grandes batailles au 17e siècle. Rocroi est pour nos troupes l'époque de leur réhabilitation complète dans l'esprit de l'étranger et l'origine de cette confiance dans leur valeur qui n'a plus abandonné nos soldats. Dans cette célèbre bataille qui a lieu le 19 mai 1643, Picardie occupe la droite de la première ligne de l'infanterie, ayant à sa gauche le Régiment de La Marine. Le jeune Duc d'Enghien passe la nuit qui précède l'action aux feux de Picardie. Au point du jour il harangue les soldats qui l'entourent ; ses paroles sont portées de rang en rang, et l'armée enthousiasmée de voir tant de résolution avec tant de jeunesse, s'ébranle, pleine de foi dans son chef. Dans sa marche en avant, Picardie rencontre un Corps de 1,000 Mousquetaires dont la vue lui a été dérobée par un pli de terrain. Le Capitaine de Pédamour, à la tête des volontaires, et suivi par le reste du Corps, charge ces mousquetaires avec une telle furie qu'il n'en échappe pas un seul. Attaqué à son tour par la cavalerie espagnole, Picardie reforme rapidement ses rangs, lui présente une haie de piques et l'oblige à tourner bride en désordre. Cette fermeté du Régiment assure le succès de la journée à l'aile droite. Il est plus chèrement disputé au centre et à la gauche. Le Capitaine de Pédamour et le Lieutenant de Gesvremont sont les seuls Officiers blessés à Rocroi. Le Lieutenant-colonel de Maupertuis s'y fait remarquer par la précision qu'il donne aux mouvements du Corps.

Cette victoire est suivie de la prise de Landrecies, de Barlemont et d'Emery, de Maubeuge et de Binch. L'armée française investit ensuite Thionville. Le Régiment est établi au quartier du Roi et la tranchée est ouverte le 25 juin. Le 13 juillet, Picardie et La Marine emportent de vive force un moulin retranché et palissadé et s'y maintiennent malgré tous les efforts des assiégés pour le reprendre. Le 18, Picardie attaque la contrescarpe. En moins d'une heure, les ennemis sont chassés du chemin couvert et un logement capable de contenir 300 hommes y est établi. Dans cette action qui est fort vive, le Lieutenant Petit, qui commande le piquet de tête, est tué avec une trentaine de soldats. Le Capitaine La Pleine, qui a rempli les fonctions d'ingénieur, et les Lieutenants Saint-Quen et Gesvremont sont blessés. L'attaque de la demi-lune du front qui regarde Metz a lieu dans la nuit du 28 au 29. Picardie, toujours en compagnie de La Marine, y soutient un combat des plus opiniâtres et finit par s'y établir. Le Régiment se distingue encore aux assauts du 29 juillet et du 4 août. La place se rend le 10 août. Le brave Lieutenant- colonel de Maupertuis, qui venait d'être blessé devant Thionville, est tué quinze jours après, d'un coup d'arquebuse tiré du château de Sierck, pendant qu'il s'efforçait de préserver du pillage la ville emportée d'assaut.

Picardie en 1644 - Infographie de notre collègue et ami Marc Morillon - D. R.

A la fin de cette belle campagne, Picardie se rend en Alsace pour se rapprocher de l'armée du Maréchal de Guébriand et passe l'hiver le long du Rhin. On le trouve en 1644 à l'armée de Flandre, sous les ordres du Duc d'Orléans. Le 17 juin il ouvre la tranchée avec les Gardes devant Gravelines. Cette place, bravement défendue, soutient quarante-huit jours de siége et quatre assauts, et ne se rend que le 29 juillet. Le Mestre de camp Nangis a été tué dans l'assaut du 14, ainsi que le Capitaine de Gauville. M. de Nangis est momentanément remplacé, le 1er septembre , en qualité de Mestre de camp, par son vieux père Nicolas de Brichanteau Marquis de Nangis, avide de venger sa mort, et a pour successeur définitif le Duc Charles de La Vieuville à partir du 8 mars 1645.

En 1645, Picardie ouvre le 4 juillet la tranchée devant Mardyk au quartier de Rantzau. La place fait peu de résistance et se rendit le 11. Le Capitaine de Grave y est blessé. Le Régiment se trouve la même année à la prise de Bourbourg et de Lillers. A son entrée dans cette dernière place, le Major de Mehun, voulant arrêter quelques pillards, est tué par un soldat d'un autre Corps. A l'attaque de Béthune, Picardie, sans attendre l'ouverture de la tranchée, s'empare d'emblée d'un retranchement qui couvre le faubourg ; un Capitaine avec 100 hommes poursuit cette pointe et le Régiment se trouve maître de la contrescarpe. Les assiégés intimidés par des revers si rapides, se retirent dans l'ouvrage à cornes, mais les soldats sont lancés quatre d'entre eux abattent à coups de haches les palissades du fossé et l'ouvrage est emporté en moins d'une heure. La place capitule le même jour.

Au siége de Courtrai, en 1646, Picardie a la deuxième attaque ; il ouvre la tranchée dans la nuit du 14 au 15 juin, repousse une sortie le lendemain et emporte avec Navarre une demi-lune, dont la prise amène la reddition de la ville. Le Capitaine de Viole est blessé devant Courtrai. Après avoir contribué à la prise de Berghes et de Furnes, Picardie arrive devant Dunkerque. Il y a affaire le 28 septembre à une grande sortie qui le fait plier, lui tue le Capitaine de Bréauté et lui en blesse trois autres. Dans la nuit du 3 au 4 octobre, il prend sa revanche. Aidé par 300 Anglais et 100 Polonais, il emporte les traverses du chemin couvert. Dunkerque se rend le 7 novembre.

En 1647, au siége de La Bassée, deux Capitaines, dont l'un se nomme d'Orties, sont commandés pour l'attaque d'une demi-lune ; après s'être emparé de cet ouvrage, ils ont l'audace de pénétrer seuls jusque dans la ville. Ils en ramènent chacun un prisonnier. Pendant l'investissement de Lens, 300 Anglais auxiliaires se laissent surprendre à Pont-à-Vendin : 300 hommes de Picardie y courent suivis d'un bataillon des Gardes et d'un détachement du Régiment de Lorraine. Non-seulement ils chassent l'ennemi de Pont-à-Vendin, mais aussi de leurs propres retranchements. La garde de ce poste important est confiée aux 300 hommes de Picardie.

L'année 1648 est encore une année glorieuse pour le Corps : il se retrouve sous les ordres du vainqueur de Rocroi. Après avoir servi au siége d'Ypres, il marche au secours de Lens assiégé par l'Archiduc Léopold et prend part, le 19 août, à la sanglante bataille de Lens, où l'infanterie achève si bien la besogne commencée par la cavalerie. Le Mestre de camp La Vieuville est blessé dans cette terrible action, ainsi que les Capitaines Léchelle, Saint-Léonard et de Loigny : ce dernier meurt de ses blessures. Après la campagne, le Régiment a ses quartiers dans la Picardie. Le traité de Westphalie semble lui promettre du repos après une aussi longue guerre. Il n'en est point ainsi. Les troubles de la Fronde l'appellent à de nouveaux travaux.

Picardie est mandé en 1649 à Paris et 400 hommes prennent part le 11 février au combat que le Comte de Grancey soutient contre le Marquis de Noirmoutiers. A la suite de ce combat, le Régiment fait le siége de Brie-Comte-Robert. A l'ouverture de la campagne, il part pour l'armée de Flandre avec le Comte d'Harcourt et fait le siége de Condé, qui se rend le 25 août.

En 1650, il se rend à Saumur qu'un certain Dumont occupe pour le Maréchal de Brézé. Il y entre sans resistance le 1er avril et rejoint ensuite l'armée du Maréchal du Plessis-Praslin, qui a Turenne pour adversaire. Picardie est d'abord chargé de garder Arras, et à la fin de l'année il est appelé au siége de Rhétel dont les Espagnols viennent de s'emparer. La place ne tient que quatre jours, mais Turenne arrive. Plessis-Praslin n'hésite pas à l'attaquer et remporte une victoire complète sur son illustre antagoniste, qui se méprend à un mouvement qu'opèrent entre eux les Gardes Françaises et Picardie, et qui vient se heurter contre les piques de ces deux braves Régiments. L'année suivante, Picardie, après avoir commencé la campagne en Flandre sous le Maréchal d'Aumont, est envoyé à l'armée de Guyenne. Étant à Poitiers, en 1652, il reçoit l'ordre d'aller reprendre les Ponts de Cé où est le Duc de Rohan. Après la soumission de ce château, il rejoint l'armée au siége de Saintes où il se distingue, surtout à la prise du faubourg Saint-Vivien qui est emporté après une vive résistance, grâce à l'énergique bravoure des Capitaines Pauliac et Cardaillac. Le Capitaine de Godonvilliers y est blessé. La cour s'étant retirée à Gien, l'armée la suit et est mise sous les ordres de Turenne qui a fait sa paix avec le Roi. Picardie fait des merveilles aux combats de Bléneau et d'Etampes, où Turenne avec 3,500 hommes tient tête aux 15,000 hommes de Condé et leur fait éprouver de grandes pertes. Après quelques chicanes aux environs de Paris, les deux armées se retrouvent bientot en présence, dans les faubourgs de la capitale, et, le 2 juillet, a lieu le célèbre combat de Saint-Antoine. Picardie est chargé d'attaquer les barricades que Condé a fait élever vers la Râpée et s'en empare. Il fait ensuite échouer tous les efforts tentés par le Duc de Nemours pour les reprendre. Après la victoire, Turenne, averti de l'arrivée du Duc de Lorraine avec 16,000 hommes, se porte à Villeneuve Saint- Georges où il lui barre le passage. Il le suit ensuite en Lorraine. Le Régiment donne l'assaut à Bar-le-Duc, qui se rend le 15 décembre après une résistance énergique de la haute ville. Les Capitaines Pauliac et Godonvilliers sont blessés à ce siége. La campagne se termine par la prise de Ligny, Château-Porcien et Vervins.

En 1653, une partie du Régiment est envoyée dans l'Aunis, et au mois d'avril, 200 hommes occupent Brouage que le Comte du Daugnon remet au Roi en échange d'un bâton de Maréchal de France. Le reste du Corps fait les siéges de Rhétel et de Mouzon et passe l'hiver à La Bassée. Le Duc de La Vieuville, qui a été nommé Maréchal-de-camp le 16 janvier 1649, et Lieutenant-général le 10 juillet 1652, se démet de Picardie en octobre 1653. Il est remplacé le 29 octobre 1653 par Claude de Brichanteau, Marquis de Nangis.

Picardie débute, en 1654, par la prise de Saint-Pol et du Mont Saint-Eloy. Quelques Compagnies se jettent en juillet dans Arras menacée. En effet, les Espagnols viennent bientôt l'investir avec une armée de 32,000 hommes qui s'enferme dans des lignes formidables. Le 25 août, sans se laisser intimider par le nombre, Turenne, qui a pris de sages dispositions, ordonne l'attaque de ces lignes. Picardie y entre le premier, avec les Gardes Suisses, et contribue beaucoup au succès de cette attaque audacieuse, qui amène la levée du siége d'Arras. L'année suivante, le Régiment fait le siége de Landrecies : vingt Compagnies sont jetées dans Ham : les vingt autres sont détachées de l'armée, le 19 septembre, avec le Régiment de Turenne et douze Escadrons, pour s'emparer du château de Brifeuil qui ne fait point de résistance.

En juin 1656, Picardie se trouve à l'investissement de Valenciennes et en 1657, il arrive devant Mardyk, dont le siége doit être fait par les armées combinées de Turenne et du Marquis d'Huxelles. Il en résulte une querelle avec Piémont, qui est le premier Régiment du Marquis d'Huxelles, tandis que Picardie n'est que le second Régiment du Corps de Turenne, où se trouvent les Gardes. Or, chaque armée ayant son attaque particulière, Piémont ne veut point céder son droit et l'on est obligé, pour arranger les choses et consoler Picardie, de détacher celui-ci en l'envoyant prendre La Mothe aux bois.

En 1658, il est au siége de Dunkerque. Dans la garde qu'il monte du 7 au 8 juin, il parvient à établir un logement à vingt pas de la place, malgré un vent furieux qui enlève le sable sur les pelles. A huit heures du matin, il va être relevé par le Régiment de Plessis-Praslin, lorsque le Gouverneur Marquis de Leyde exécute une sortie que ces deux braves Régiments repoussent. Picardie a dans cette garde sept Officiers blessés. Cependant l'armée espagnole, commandée par don Juan d'Autriche et le Prince de Condé, s'avance par le chemin de Furnes pour secourir Dunkerque. Le 14 juin a lieu la bataille des Dunes. Picardie a, par courtoisie, cédé sa place à l'extrême gauche aux quatre Bataillons anglais de Lockart et s'est placé à leur droite. C'est là qu'a lieu le principal effort. Pendant que les Anglais gravissent avec un admirable sang-froid, sous le feu de l'artillerie, la dune élevée où s'appuie la droite des Espagnols, Picardie prend l'ennemi en flanc et contribue beaucoup à sa déroute. Après la victoire, il retourne aux tranchées et est chargé de l'attaque de la fausse-braye. Le Capitaine Cuverville avec 60 hommes marche en tête ; à vingt pas de l'ouvrage, il est accueilli par une pluie de grenades. Cuverville est tué, son détachement écrasé perd courage et plusieurs autres attaques exécutées le même jour restent sans succès, malgré la bravoure des Officiers dont vingt-deux se font tuer ou blesser. Piémont est plus heureux le lendemain. Picardie est de toutes les expéditions qui terminent cette campagne et la guerre. Il perd son Mestre de camp M. de Nangis à la prise de Berghes Saint Winox : c'était le frère de celui qui avait été tué en 1644 devant Gravelines. Le Régiment passe sous le commandement du Comte de LA Mark (Henri-Robert Eschallard de la Boullaye), le 25 octobre 1658.

Après la paix des Pyrénées, le 5 mars 1660, Picardie prend possession d'Hesdin évacué par les Espagnols. Il en reçoit les clefs et entre par une porte, tandis que les troupes d'Espagne sortent par une autre. Le 29 novembre 1662, deux Compagnies entrent en garnison à Dunkerque, cédé au Roi par l'Angleterre.

En 1663, le Régiment, qui a subi des réformes à la paix, est reporté à 40 Compagnies. Les vingt plus anciennes se rendent en 1664 à Toulon et s'y embarquent pour l'expédition d'Afrique sur la flotte du Duc de Beaufort. L'armée française débarque sans opposition le 22 juillet , près de Djigelli. Rien ne parait; quelques détachements sont envoyés à la découverte. Aussitôt enveloppés par les Kabyles cachés dans les broussailles, ils sont égorgés en vue de l'armée, qui fait de vains efforts pour atteindre l'ennemi. Fusillé par un adversaire insaisissable, Picardie doit déplorer la perte d'un grand nombre de soldats. Le Colonel Comte de La Mark reçoit trois coups de feu dans sa cuirasse et un autre à la cuisse. Balleroy, Lieutenant de la Colonelle est tué. Après la disparition de l'ennemi, Picardie s'avance dans la plaine avec les Gardes ; on trouve Djigelli abandonnée et l'armée se met sans délai à fortifier cette ville pour y être à l'abri des surprises. Après quelques engagements insignifiants, où le Régiment perd le Lieutenant La Girardière, et deux mois de séjour sur cette côte, l'armée décimée par les maladies se rembarque en octobre. Les dix premières Compagnies de Picardie sont avec le Lieutenant-colonel sur le vaisseau la Lune, qui s'ouvre en deux en vue de la France sur un banc de sable situé entre les îles d'Hyères et Toulon. Il n'échappe pas un seul homme à ce naufrage. C'est ainsi que se termine, d'une manière bien fatale pour le Corps, cette première expédition d'Afrique.

En mars 1666, Picardie fait partie du camp de Compiègne et en 1667 il participe à la prise de Charleroi, de Tournai et de Douai. Au siége de Lille, il se loge sur la contrescarpe et perd les Capitaines Villedieu, Rambouillet et Prévigny. Alost est emporté de vive force en plein jour. Cette glorieuse affaire coûte 400 hommes au Régiment qui fait encore en 1668 la campagne de Franche-Comté.

En 1672, Louis XIV déclare la guerre à la Hollande. Picardie se rend à Charleroi, lieu d'assemblée de l'armée. Après un court séjour dans le pays de Liége, il marche sur le Rhin, emporte le chemin couvert d'Orsoy où le Capitaine d'Orbigny est blessé et assiste au siége de Doësbourg. A la fin de la campagne, les deux premiers Bataillons sont placés en quartiers d'hiver à Woërden et le 3e à Bombelles. En octobre, le Prince d'Orange assiége Woërden avec 12,000 hommes. Le Comte de La Mark se prépare à une vigoureuse résistance. L'ennemi s'est logé dans le faubourg : 400 hommes s'y élancent, en chassent les Hollandais et y mettent le feu ainsi qu'aux retranchements du Prince d'Orange. Cette brillante action coûte la vie au Capitaine Bois-Dauphin et à six soldats. Le Duc de Luxembourg arrive bientôt avec 4,000 hommes au secours de la brave garnison de Woërden, et secondé par elle, fait lever le siége. En novembre, Luxembourg forme le projet de pénétrer jusqu'à La Haye à la faveur des glaces. Il sort d'Utrecht avec 8,000 fantassins et 3,000 chevaux, prend en passant à Woërden les deux Bataillons de Picardie et divise ses troupes en deux Brigades. Le 3e Bataillon du Régiment arrive bientôt de Bombelles et reste sous les ordres de M. de Gassion, avec la cavalerie. La fonte des glaces réduit le résultat de cette entreprise audacieuse à la prise de Swammerdam, de Bodegrave et de Niewerbrücke, où les soldats, à la faveur de la nuit, commettent toutes sortes d'excès. Le Capitaine Dagnan est blessé dans cette course.

En février 1673, Picardie est sous les ordres de Turenne dans le Comté de La Mark. Assailli dans un mauvais poste par 5,000 hommes, il y fait pendant dix-huit heures une magnifique défense, qui lui vaut, ainsi qu'au Colonel de Bourlemont, les plus grands éloges. Au siége de Maëstricht, pendant que les deux premiers Bataillons sont, sous les ordres de Condé, chargés de couvrir les travaux, le 3e placé au château de Lichtemberg, ouvre la tranchée le 17 juin. Il a la gloire, pendant une de ses gardes, de s'établir au pied de la palissade de la demi-lune verte, ce qui amène la capitulation le 29 ; le 3e Bataillon y reste en garnison. A la fin de la campagne, Picardie fait, comme l'année précédente, partie du camp volant commandé par le Duc de Luxembourg, et emporte Tongres; mais son Major, M. de Lagrange y est tué. Après cette expédition, Picardie va prendre ses quartiers d'hiver dans la Bourgogne.

Au printemps de 1674, il entre des premiers dans la Franche-Comté, couvre les opérations du siége de Besançon et est employé à réduire Pontarlier, Ornans et autres petites places. Après la soumission de la province, il passe en Flandre à l'armée du Prince de Condé. Il est d'abord mis à Lille et perd le 1er juillet le Capitaine de Poix-Signac tué près d'Armentières en détachement. Deux de ses Bataillons se trouvent le 11 août à la bataille de Séneff. Dans cette journée meurtrière, ils sont placés seuls à l'extrême droite, vis-à-vis d'un bois où le Prince d'Orange a plusieurs Bataillons et toute la cavalerie allemande. Ces troupes sont encore appuyées par une batterie, dont le Régiment supportE longtemps le feu avec une grande fermeté. Le Duc de Luxembourg ordonne enfin l'attaque du bois, et s'élançant lui-même à la tête du 1er Bataillon de Picardie, il aborde l'ennemi avec tant de vigueur qu'il le rejette dans la plaine au delà du village de Fay. Renforcé dans cet instant par une partie des Gardes du Corps et le Régiment des Cuirassiers du Roi, il se met en bataille, la gauche appuyée à ce village et la droite au bois dans lequel il jette le Bataillon de Picardie. Celui-ci, foudroyé encore dans cette position par l'artillerie hollandaise, exécute une nouvelle charge et parvient à repousser au delà de la portée du canon les troupes qui lui sont opposées. Le Régiment perd à Séneff son Lieutenant-colonel, M. de Senneville, les Capitaines de Cléran et du Faure et les Lieutenants du Fresne et Claussain. Il a, en outre, 35 Officiers blessés. On l'envoie se refaire à Saint-Mihiel. Pendant cette même année 1674, il se forme à l'armée d'Allemagne un Bataillon composé de Compagnies de divers Régiments qui prend le nom justement redouté de Picardie. Il est commandé par M. de Villedieu qui joint Turenne sous Philisbourg. Ce Bataillon se trouve à la bataille de Seintzheim et y perd le Capitaine Sainte-Foy. Il y a encore un autre Bataillon de Picardie, levé en 1673 par M. d'Agoust. Celui-ci est employé dans la Franche-Comté. Ces Bataillons deviennent en 1684 les noyaux de nouveaux Régiments.

En 1675, Picardie, après avoir couvert les siéges de Dinant et d'Huy, entre au camp de Timéon. Dans un combat d'avant-poste qui a lieu alors, le Lieutenant de Senneville, blessé d'un coup de feu au travers du corps, répond à ses soldats qui veulent lui porter secours, en leur montrant le champ de bataille : "Mes amis, ne songez plus à moi et faites votre devoir". Les deux premiers Bataillons vont bientôt avec le Lieutenant-général Comte Magalotti assiéger la ville et la citadelle de Limbourg. Le Capitaine Danvoile y est tué d'un éclat de pierre. Ils ont ensuite leur quartier d'hiver à la citadelle de Liége. Le 3e Bataillon est toujours à Maëstricht. Un 4e Bataillon récemment formé, va s'embarquer à Toulon et passe en Sicile où il demeure jusqu'en 1678. Le 29 août 1675, Picardie passe sous le commandement de Henri d'Anglure Comte de Bourlemont.

Au printemps de 1676, les deux premiers Bataillons quittent Liége après avoir rasé la citadelle et joignent le 15 avril à Rocroi l'armée du Maréchal de Luxembourg qui passe en Allemagne. Ils se trouvent au combat de Kokersberg avec ce Général et sont ensuite cantonnés dans les places du Rhin. Deux Compagnies, qui sont à Philisbourg, prennent part à la défense de cette place et l'évacuent le 17 septembre. Cette année, Maëstricht est assiégé par le Prince d'Orange. Le 3e Bataillon, qui y est renfermé, trouve de nombreuses occasions de se signaler. Dans une sortie exécutée le 6 août et commandée par le Capitaine Peswel du Régiment, les Français entrent à huit heures du soir, l'épée à la main, dans la redoute Dauphine occupée par les assiégeants. Tout ce qui s'y trouve est tué ou fait prisonnier, et les travaux sont bouleversés. Une nouvelle sortie, conduite le 8 avec autant de résolution, a le même résultat. Le 10, le Capitaine Rougeon fait creuser la terre depuis la porte de Tongres jusqu'au fossé de Bois-le-Duc et inonde avec les eaux du Jar tous les fossés et une grande partie des tranchées du Prince d'Orange, qui, après deux assauts livrés infructueusement à la demi-lune et à l'ouvrage à cornes, se décide à lever le siége. Le Bataillon de Picardie reste dans Maëstricht jusqu'à la fin de la guerre. Il perd le Capitaine La Pommeraie à la défense de cette place.

En février 1677, les deux premiers Bataillons joignent l'armée du Roi qui investit Valenciennes et y ouvrent la tranchée à l'attaque de gauche dans la nuit du 9 au 10 mars. Ils sont de garde le 17, quand, au signal d'un coup de canon, les Mousquetaires volent à l'attaque de la contrescarpe, gagnent l'ouvrage à couronne, entrent dans la demi-lune, suivent les assiégés dans le pâté et pénètrent avec les fuyards dans la ville qui capitule immédiatement. Les volontaires de Picardie partagent la gloire des Mousquetaires. Ce mémorable fait d'armes coûte au Régiment un Capitaine et 40 soldats. M. de Bourlemont, qui a quitté le commandement du Régiment en obtenant le grade de Brigadier le 24 février 1676 , y est aussi tué. Le 17 mars 1677, Picardie passe sous le commandement de Henri Duc d'Harcourt.

Picardie se rend de là devant Cambrai, où il emporte la demi-lune de la citadelle et perd 200 hommes : le Colonel Duc d'Harcourt y est blessé. Le 15 mai, il joint sur la Meuse l'armée du Maréchal de Créqui. Après divers mouvements sans importance, il passe le Rhin le 9 octobre au-dessous de Bisach et investit Fribourg. Il est placé au faubourg de Wière et ouvre la tranchée le 10 novembre à portée de pistolet des palissades. La prise de Fribourg coûte la vie au Lieutenant- colonel de Culan, à deux Capitaines et à trois Lieutenants.

Le Régiment quitte Charleville, où il a eu ses quartiers d'hiver, le 26 février 1678, pour se rendre à l'armée. Le 10 juillet il est devant Kelh et prend part à toutes les opérations du siége de ce fort. Après sa prise il repasse le Rhin et tente le 11 septembre une attaque sur Strasbourg, mais sans résultat. C'est le dernier acte de cette guerre. Le 3e Bataillon resté à Maëstricht, qui a fait l'expédition dirigée sur Lewes et le 4e qui est passé en Sicile rejoignent à la fin de cette année et en 1679, le Régiment est réduit à deux Bataillons qui sont mis en garnison à Fribourg.

Le 27 septembre 1681, Picardie reçoit l'ordre de partir pour le Dauphiné, mais lorsqu'il arrive à Brisach les portes de cette ville sont fermées et un détachement de 300 hommes d'élite est immédiatement embarqué sur le Rhin avec d'autres troupes aux ordres de M. de la Chétardie, Gouverneur de Brisach qui va joindre le Baron d'Asfeld près de Strasbourg. M. d'Asfeld, après s'être emparé du fort qui défend le pont du petit Rhin, somme la ville de se rendre et elle lui est remise le 3 octobre. Picardie est le premier Régiment français qui ait tenu garnison dans cette belle et importante place. En 1683, la guerre se rallume. Picardie se rend au camp de Molsheim où il est passé en revue par Louis XIV. Il part de là pour la Flandre et contribue à la prise de Courtrai et de Dixmude.

L'année suivante il assiste au siége de Luxembourg sans y prendre part, et après la capitulation de cette place il est envoyé à Fribourg. En 1685 et 1686, il travaille au canal de Maintenon et se voit décimé par les maladies. En 1687 on l'emploie aux travaux de fortification du Fort-Louis sur le Rhin et en 1688 à ceux de Landau. La formation de la ligue d'Augsbourg ramène la guerre. Les deux Bataillons de Picardie quittent la pioche et se rendent à l'armée du Dauphin qui fait le siége de Philisbourg. Placés à Oberhausen, ils ouvrent la tranchée dans la nuit du 3 au 4 octobre devant le fort du Rhin qu'ils emportent d'assaut le 6. Le 10, ils ouvrent encore la tranchée devant la ville. Le 21, quatre Compagnies de Grenadiers, tirées des Régiments de Picardie, de Champagne, du Roi et du Dauphin, se glissent jusqu'à l'ouvrage à cornes. Au signal donné par six bombes, elles s'élancent à l'envî, escaladent l'ouvrage, y surprennent les Impériaux qui se sont couchés ventre à terre pour éviter les éclats des bombes et engagent avec eux une lutte acharnée. La Brigade de Picardie survient et l'ouvrage est emporté. Picardie y plante ses drapeaux aux cris de : Vive le Roi ! Philisbourg capitule le 29. Le 30, le Régiment prend possession de l'une des portes. Il a perdu à ce siége le Capitaine La Loge et le Sous-lieutenant d'Hautefeuille. Il va ensuite ouvrir la tranchée devant Manheim. Il y entre le 11 novembre et y est laissé en garnison. Les années suivantes, Picardie continue de servir aux armées d'Allemagne sous les Maréchaux de Duras et de Lorges. Il est en 1689 à la prise de Brücksaal.

Le 25 février 1691, Louis de Melun Prince d'Epinoy, prend le commandement de Picardie.

En 1692, le 3e Bataillon est rétabli. On le compose de huit Compagnies tirées des deux premiers, et de quatre Compagnies du Régiment de Saintonge. Le seul fait d'armes un peu important, auquel le Corps prend part cette année, est la prise de Pforzheim, le 27 septembre. Le 21 mai 1693, il ouvre la tranchée devant Heidelberg sur le front des ouvrages en terre qui couvrent le faubourg. Les assiégés sont poussés si vivement qu'ils abandonnent en plein midi la tete du faubourg . Le 1er Bataillon, conduit par les Capitaines Chamilly et Chalmazel, s'élance à leur poursuite, pénètre par le rempart dans le faubourg et chasse les fuyards jusqu'à la porte de la ville. Les assiégés, craignant que les Français n'entrent pêle mêle avec les vaincus ont fermé cette porte, et ce qui reste des défenseurs du faubourg, au nombre de 500 hommes, est forcé de mettre bas les armes. Mais dans leur précipitation les assiégés ont oublié de lever le pont ; les Grenadiers s'en aperçoivent, brisent la porte à coups de hache et emportent d'emblée la ville qui est livrée au pillage. Le Colonel Prince d'Épinoy se distingue particulièrement dans cette affaire, en franchissant le premier les palissades du faubourg. Le château capitule le lendemain. La prise d'Heidelberg n'a coûté au Régiment que le Capitaine de Basillac, un Lieutenant et 20 hommes, tous des Grenadiers.

Le 19 juillet, on attaque le poste de Wingemberg près d'Oppenheim. Les Grenadiers de Picardie et de Normandie, commandés par le Prince d'Épinoy l'emportent au second assaut. La ville est insultée sans délai : au troisième assaut livré à minuit, Oppenheim est pris, pillé et brûlé. Le Colonel de Picardie y est blessé. Le reste de la campagne, ainsi que celles de 1694 et 1695 que le Régiment fait à la même armée, n'offrent plus rien de remarquable. Picardie demeure presque toujours au camp d'observation de Lambsheim.

En 1696, les trois Bataillons passent à l'armée de la Meuse sous Boufflers qui ne fait rien et en 1697 ils couvrent le siége d'Ath, dernière opération de cette guerre terminée par le traité de Riswick. La paix amène la réforme d'un grand nombre de Régiments de nouvelle création. Celui d'Enonville est incorporé dans Picardie en 1698. Cette même année, le Corps fait partie du camp de Compiègne. Après les manoeuvres, il va tenir garnison à Aire.

Au commencement de la guerre de la succession d'Espagne en 1701, Picardie est chargé d'occuper Anvers au nom de Philippe V. Au printemps de 1702, il se rend dans le pays de Clèves à l'armée du Duc de Bourgogne.

Le Prince de Montbazon (François- Armand de Rohan) prend le commandement de Picardie le 18 juin 1702.

Après l'expédition de Nimègue, l'armée repasse la Meuse et le 3e Bataillon de Picardie entre dans la citadelle de Liége qui est bientôt assiégée. Les Français n'y sont qu'en qualité d'alliés et n'ont par conséquent à jouer qu'un rôle secondaire. Pendant l'assaut où la citadelle est emportée, le Bataillon de Picardie est dans une demi-lune ; M. de Grandmaison, qui le commande, obtient par sa bonne contenance une capitulation particulière. Le Bataillon perd à ce siége trois Capitaines, cinq Lieutenants et cinquante soldats.

Les 1er et 2e Bataillons font la campagne de 1703 à l'armée de Flandre sous les ordres de Villeroy et de Boufflers. Le 3e Bataillon, après sa sortie de Liége, fait partie du Corps commandé par le Comte de Tilly. Au mois de juin, les trois Compagnies de Grenadiers réunies passent sous les ordres de Boufflers. Ce Maréchal se joint près d'Anvers au Corps espagnol du Marquis de Bedmar. Le 30 ils battent les Hollandais à Eckeren. Les Grenadiers de Picardie conduits par le Lieutenant-colonel de Selve, y font briller leur valeur. Le Capitaine Bruchié de Verbois de la 1re Compagnie y est tué.

En 1704, le Régiment se trouve tout entier sous les ordres de Villeroy. Après la funeste bataille d'Hochstedt, il passe le Rhin et va avec les Gardes Françaises camper à Biberach, afin de favoriser la retraite des débris de l'armée de Bavière. Picardie se rend à Thionville en 1705. Il compte dans l'armée du maréchal de Villars chargé de couvrir la frontière de ce côté. A la fin de l'année, il retourne dans les Pays-Bas pour renforcer Villeroy et entre dans Bruxelles menacée par Marlborough. Cette campagne n'offre du reste aucun événement mémorable.

Au mois de mai 1706, Picardie sort de Louvain où il a passé l'hiver et se trouve à la bataille de Ramilies. Il y occupe l'extrême droite de la première ligne d'infanterie. Le Régiment irlandais de Clare, qui est de sa Brigade, exposé au feu des batteries ennemies, a déjà beaucoup souffert lorsqu'il est assailli de toutes parts. Il va être écrasé et entraîner Picardie dans sa défaite, lorsqu'il est dégagé par Royal-Italien. L'armée est déjà dans une déroute complète ; la Brigade de Picardie se forme en Bataillon carré, opère sa retraite en bon ordre et fait l'arrière-garde de l'armée jusqu'à Menin. La journée de Ramilies coûte au Corps quarante Officiers mis hors de combat. Parmi les morts figurent le Major de Chavailles, les Capitaines Puget, de Vaux, Magnac et le Lieutenant Hardy. L'Aide-major de Dampierre a le bras gauche brisé de deux coups de feu ; le Lieutenant de Senneville a les deux bras cassés et quatre coups de sabre sur la tête. L'Enseigne de Vibrac, quoique blessé d'un coup de feu dans les reins, de deux coups de sabre sur la tête et de plusieurs autres sur les bras et sur les mains, n'abandonne point son drapeau. MM . Desmarets, La Mothe, Colommiers, Charcin, Maupas et Despréaux sont aussi blessés dangereusement. Le Régiment est envoyé à Tournai pour se refaire, et au mois d'août il se rend à l'armée que l'Electeur de Bavière et le Duc de Vendôme assemblent à Frelinghem pour couvrir les places qui nous restent. Il occupe la gauche de l'infanterie et a son quartier à Valenciennes. Il passe l'année 1707 à Lille.

Dans la campagne suivante, il sert sous le Duc de Bourgogne à la prise de Gand et de Bruges. Le 11 juillet, il est au combat d'Audenaërde. La Brigade de Picardie y a affaire à un Corps suisse qui ne peut soutenir son premier choc et abandonne sa position. Elle le poursuit de haie en haie jusqu'à l'entrée de la plaine qui borde les glacis d'Audenaërde. L'ennemi fait alors marcher des troupes par la gauche pour prendre en flanc cette valeureuse Brigade, mais le Colonel, Prince de Montbazon, s'en aperçoit, et se met en bataille dans un terrain coupé où il est soutenu par la Maison du Roi. Dans cette position, Picardie attaque un gros de troupes hessoises et hambourgeoises qui s'avance sur la gauche. Le feu est très-vif des deux côtés. Le Régiment retourne jusqu'à cinq fois à la charge sans résultat décisif. Cette action particulière ne finit qu'avec le jour après quatre heures d'une lutte opiniâtre, où Picardie ne perd pas un pouce de terrain, quoiqu'il ait eu en tête des troupes sans cesse renouvelées. La nuit venue, il parvient à assurer la retraite de la Maison du Roi, en soutenant encore, malgré ses fatigues et ses pertes, un combat d'une heure, et il quitte le dernier le champ de bataille. Dans ce nouveau désastre de l'armée française, Picardie n'abandonne pas un seul de ses drapeaux et en prend un à l'ennemi. Le Capitaine de Casan et le Lieutenant Lanespède sont tués. Beaucoup d'Officiers blessés sont pris pendant la retraite. L'armée s'étant retirée derrière l'Escaut, la Brigade campe au Saulsoy, quartier du Duc de Bourgogne et tient la campagne jusqu'en décembre. Picardie va passer le reste de l'hiver à Arras.

Au mois de mai 1709, l'armée s'assemble à La Bassée sous les ordres de Villars. La Brigade de Picardie, avec sept autres Brigades, va camper près de Denain. Après la chute de la citadelle de Tournai, elle se rapproche de Mons que les ennemis menacent ; mais débordée par les alliés, l'armée française est bientôt obligée de se retirer. Le 10 septembre, elle marche sur quatre colonnes dans une petite plaine resserrée par la rivière d'Honneau et arrive à dix heures du matin au défilé de Malplaquet, où elle se heurte contre l'armée ennemie. La Brigade de Picardie a d'abord quelques avantages, mais les Gardes Françaises ayant été culbutés, on ne songe plus qu'à la retraite. Elle se fait en bon ordre. Cette nouvelle disgrâce coûte encore à Picardie de braves officiers. Le commandant de Bataillon d'Ornaison, les Capitaines Pepin, Maupas et Duparc, les Lieutenants Froyé, Valeras, Dampierre et de Chesnaye, arrosent de leur sang le champ de Malplaquet. Le Régiment est envoyé à Amiens où il a ses quartiers jusqu'à la campagne de 1711. Celle-ci n'offre aucun fait saillant. Un détachement du Corps prend part, le 31 août, à l'attaque du poste d'Hordain, près Bouchain, où quatre Bataillons ennemis sont passés au fil de l'épée. Le Lieutenant-colonel de Picardie est légèrement blessé dans cette affaire. Après la campagne le Régiment se retire à Abbeville.

L'année 1712 voit revenir la fortune sous les drapeaux de la France. Le combat de Denain a lieu le 24 juillet, mais Picardie n'y est pas. Villars, qui a voulu masquer ses desseins, l'a envoyé avec d'autres Corps faire une fausse marche sur Landrecies. Le 1er Bataillon ouvre, le 15 août, la tranchée, au fort de Scarpe de Douai, et est relevé par les autres. Le Régiment fait encore les siéges du Quesnoy et de Bouchain et prend ses quartiers d'hiver à Saint-Omer. En 1713, il passe avec Villars en Alsace et couvre le siége de Landau. Les trois Compagnies de Grenadiers prennent seules part aux travaux. Le Régiment termine cette campagne et la guerre par l'attaque des retranchements du Général Vaubonne, le 20 septembre, et par le siége de Fribourg. A la prise du chemin couvert, le Capitaine de Grenadiers Lanespède est tué, ainsi que son Sous-lieutenant.

Après la paix de Rastadt, Picardie est mis en garnison à Strasbourg. Il y reste trois ans. Le Prince de Montauban (Charles de Rohan) en prend le commandement le 26 juin 1717. Picardie passe en 1717 à Thionville qu'il quitte, en 1719, pour se rendre sur la frontière d'Espagne à l'armée du Maréchal de Berwick. Ce valeureux Régiment est sorti épuisé des longues guerres de la Succession, et quoiqu'on y eût incorporé, à la fin de 1713, les débris du Régiment de Villemort, et au commencement de 1715, ceux des Régiments de Saint-Germain- Beaupré et de Chalmazel, il a besoin, pour la campagne de 1719, de se compléter avec des recrues. Aussi perd-t-il 800 hommes par la désertion au camp d'Irun. Le reste du Corps contribue à la prise de Castelléon et du fort de Béhobie, et fait le siége de Saint-Sébastien. Il y ouvre la tranchée, le 19 juin, au pied même des glacis. Au point du jour, les assiégés font un feu terrible de toute leur artillerie. Les Capitaines de Senouville, de Rabillard, Chavanet et Dubois de La Clairage sont tués, ainsi que plusieurs autres Officiers. Après la capitulation de la place, qui a lieu le 1er août, Picardie participe encore à la prise du château d'Urgell où périt le Lieutenant de Grenadiers Dalibert.

La paix s'étant faite avec l'Espagne, il se rend à Moulins et Nevers, et après la dissolution du cordon sanitaire établi autour de Marseille pestiférée, il retourne à Strasbourg. En 1722, il passe à Besançon, puis occupe successivement les garnisons de Lille, Cambrai et Saarlouis. Après avoir fait partie en 1727 du camp de la Meuse, il revient à Strasbourg qu'il quitte pour Givet et Charlemont. De retour en Alsace, en 1730, il occupe Colmar, Schelestad et Brisach. L'année suivante, il passe en Languedoc et prend ses quartiers à Nîmes, Montpellier et Perpignan. Enfin il est en 1733 à Montélimart quand il reçoit au mois de septembre l'ordre de partir pour l'Italie, qu'il n'a fait encore qu'apercevoir une seule fois du haut des Alpes en 1630.

Il se met en marche le 18 octobre par Briançon et la vallée de Barcelonnette, franchit les montagnes et arrive le 25 à Vigevano où il rallie l'armée franco-sarde. Quelques jours après il est devant Pizzighetone ou il relève à la tranchée les Gardes Piémontaises et se rend ensuite au siége du château de Milan. Le Maréchal Visconti, qui y commande, fait battre la chamade sous les drapeaux de Picardie, qui prend possession de la forteresse le 30 décembre. Le Capitaine La Rochetulou est blessé à ce siége d'un éclat de pierre à la jambe.

En 1734, après avoir passé la mauvaise saison à Crémone, Picardie arrive sur l'Oglio au camp de Calva commandé par le Comte de Broglie. Les Impériaux ayant réussi à franchir le Pô, se sont emparés de Guastalla et de La Mirandole et font mine de vouloir assiéger Parme. Pendant ce temps la Brigade de Picardie et celle de Dauphin sous le commandement du Marquis de Maillebois, gardent les ponts établis au village de Sacca. Le 25 mai, les Autrichiens détachent 200 Dragons pour s'emparer du château de Colorno. Maillebois y court avec les Grenadiers de ses Brigades, tue quinze Dragons et met le reste en déroute. Le 31, le château est attaqué par trente-six Compagnies de Grenadiers impériaux. Deux Compagnies de Grenadiers de Picardie, présentant un effectif de 100 hommes, chargées de la défense du côté des jardins, y font une résistance admirable. Pressé de toutes parts et resté seul dans le château, le Capitaine d'Arcy se renferme dans une tour et envoie en parlementaire son plus ancien Officier, M. Boure, qui n'a que dix-sept ans. Escorté d'une dizaine d'hommes, ce brave enfant se présente à la grille de la cour : une troupe d'ennemis qui a pénétré dans le château fait feu sur lui. Il tombe frappé de deux balles ; trois de ses soldats sont blessés, et ils auraient tous été massacrés sans l'arrivée du Général autrichien qui, plein d'admiration pour tant de bravoure, accorda à M. d'Arcy une capitulation honorable. Le valeureux Capitaine défile avec 80 hommes la plupart blessés devant 1,800 Grenadiers qu'il a arrêtés pendant tout un jour. Le Lieutenant-colonel de Souillac a été grièvement blessé au genou dès le commencement de l'action. Le 29 juin est livrée la bataille de Parme. Picardie a son poste de combat à La Croisette. Attaqué trois fois par l'armée impériale, il résiste à tous ses efforts et lui tue beaucoup de monde, entre autres le Général Mercy. L'ennemi reparaît avec une colonne de troupes fraîches et tente un nouvel effort sur le Régiment. Les 2e et 3e Bataillons vivement pressés s'ouvrent à droite et à gauche pour prendre cette colonne en flanc au moment où elle passera la chaussée sur laquelle elle est engagée ; mais les Impériaux se précipitent avec tant d'impétuosité que la Brigade est rompue, à l'exception du 1er Bataillon qui, sous les ordres du Lieutenant-colonel du Blaisel, fait une résistance opiniâtre et est presque entièrement détruit. Il reste à peine 100 hommes autour des drapeaux : le canon a emporté le reste. Mais cette fermeté et l'arrivée successive de quelques autres Brigades ont mis de l'hésitation dans les mouvements de l'ennemi. Le feu recommence de part et d'autre avec une nouvelle vivacité et à la nuit les Autrichiens se retirent en désordre. Cette action qui dure depuis dix heures du matin coûte la vie aux Capitaines Chevalier de Guges, de Perthes, Bergeret, d'Igoine et Trotot qui sont tués sur le champ de bataille et à MM. de La Barthe, Marquis de La Roche-Tulou, Oursel, Broussy et Nogaret qui meurent des suites de leurs blessures. Le Régiment perd encore à cette bataille les Lieutenants Hoccart, Lozaudière, Quincy, de Marais, Baron-Deinge , Marcellange, Dubreuil, du Nô, Schwind et Saultereau, 60 Sergents et 800 soldats. Le Colonel Prince de Montauban y est blessé à la main et au bras et est récompensé de sa conduite par le grade de Maréchal-de-camp. Le 17 septembre, Picardie se trouve encore à la bataille de Guastalla où il occupe la droite. Tous les efforts de l'ennemi sont dirigés sur l'aile gauche où sont les troupes du Roi de Sardaigne. La Brigade de Picardie est envoyée à leur secours et arrive fort à propos avec le Régiment du Roi pour soutenir les Escadrons sardes qui vont être écrasés. Elle est placée dans des broussailles à droite de l'infanterie piémontaise et y fait des merveilles, en essuyant avec fermeté tout le feu des Allemands qu'elle prend en flanc, pendant que les Dragons combattant à pied les attaquent avec le même succès à la gauche. L'infanterie de l'Empereur est entièrement défaite et laisse sur le champ de bataille 2,000 morts et 7,000 blessés. Le 3e Bataillon de Picardie est très-maltraité à cette affaire. Sa Compagnie de Grenadiers est anéantie, et le Capitaine Dubourg, commandant du Bataillon, y est tué. Le Régiment a encore à regretter son brave Lieutenant-colonel du Blaisel, les Capitaines Cartellier, Saint-Remy, de Préville et d'Alvymare et les Lieutenants de Vertus et de Tournemine. Plus de 500 Bas-officiers et soldats couvrent de leurs cadavres le champ de bataille. A la fin de la campagne, Picardie a ses quartiers à Modène, d'où il fait quelques expéditions contre un Corps autrichien qui a repassé le Pô. Le 18 novembre 1734, Picardie passe sous le commandement du Marquis de Vassé (Armand-Mathurin).

En 1735, il prend part aux marches de l'armée dans les États de Venise et dans le Tyrol à la poursuite de l'ennemi et a ses quartiers à Bagnoli et Guedi sur les terres vénitiennes. A la paix, il se rend à Crémone et y passe l'hiver. Au mois de mai 1736, Picardie vient à Milan qu'il quitte en septembre pour se rendre à Nîmes et Montpellier. Envoyé à Perpignan en 1737, il revient la même année à Montpellier et dans les Cévennes et part pour Besançon en 1740.

Au mois de septembre 1741, il est appelé à Strasbourg. La guerre de la Succession d'Autriche va commencer. Au printemps de l'année suivante il passe le Rhin au Fort-Louis. Il forme la tête de colonne des troupes françaises qui entrent en Bavière sous les ordres du Duc d'Harcourt. Le 26 mars il disperse 6 ou 700 Pandours et Hussards hongrois et leur tue une soixantaine d'hommes. En arrivant à Donauwerth, le 1er avril, les trois Compagnies de Grenadiers sont envoyées en reconnaissance vers le château d'Epersberg. A leur approche tous les postes ennemis sont repliés et rentrent dans le château. M. d'Armeville, commandant du 2e Bataillon, est détaché au château d'Aw pour protéger l'arrivée des fourrages qu'on tire des montagnes voisines. Il est bientôt bloqué et sommé de se rendre par des forces supérieures aux siennes, mais il tient ferme jusqu'à l'arrivée de la Compagnie de Grenadiers du Capitaine de Montoux qui profitant habilement des accidents du terrain, réussit à maintenir en respect les Pandours et dégage M. d'Armeville. Bientôt le Comte de Saxe vient prendre le commandement de l'armée au camp de Deckendorf et met le Régiment en quartiers à Frontenhausen. Pendant cet hiver, le Capitaine de Grenadiers de Grassin commence à fonder sa réputation comme chef de partisans, en faisant la petite guerre avec beaucoup de succès pour faciliter l'arrivée des vivres.

Au mois de mai 1743, un Corps de 9,000 Autrichiens, commandé par Daun, investit Dunkelfingen que le Prince de Conti vient de mettre en état de défense. Picardie fait partie d'une petite Division aux ordres du Lieutenant-général Phelippes de La Houssaye qui occupe les montagnes dont la place est entourée. A l'approche de l'ennemi, Phelippes, laissant dans Dunkelfingen deux piquets de chaque Bataillon de son Corps et sept Compagnies de Grenadiers, repasse l'Isar le 16 au soir et prend poste au delà avec le reste de ses troupes, pour protéger la retraite de la garnison, dans le cas où elle serait forcée. Dès le lendemain, à huit heures du matin, Daun ouvre le feu de ses batteries et somme le commandant de se rendre. Sur son refus, il fait tirer à boulets rouges et bientôt l'hôpital et les retranchements sont la proie des flammes. La garnison doit songer à la retraite. Les Compagnies de Grenadiers de Picardie forment l'arrière-garde et sont souvent aux prises avec l'ennemi, qui pénètre au même moment dans la ville. Dans le dessein d'arrêter sa poursuite, on brûle le pont de bois sur l'Isar, mais on ne peut réussir à détruire par le même moyen le pont de radeaux. Le commandant de Bruslard, qui vient d'avoir son cheval tué sous lui de trois coups de feu, ordonne alors aux Grenadiers de Picardie de mettre leurs fusils en bandoulière et de rompre le pont à coups de haches et de sabres. Malgré le feu de l'ennemi en bataille sur la rive, ces braves gens viennent à bout de leur périlleuse entreprise, et la garnison est sauvée. Picardie a 56 hommes tués à cette affaire de Dunkelfingen, et parmi ceux-ci se trouvent les Capitaines du Bran, du Ligondèz et Desnoyers et les Sous-lieutenants de La Voûte et du Ligondèz. Dix-neuf Capitaines, douze Lieutenants ou Sous-lieutenants et 167 Sergents et soldats sont plus ou moins grièvement blessés. Le lendemain, le Prince de Conti fait distribuer trente-six louis aux survivants des Grenadiers de Picardie. Peu de temps après, l'armée rentre en France. Dans cette retraite, le Régiment reste constamment à l'arrière-garde. Le Lieutenant-colonel de Gauthier, demeuré à Straubing avec un détachement, obtient une capitulation honorable. Le commandant de Bruslard, qui s'est jeté dans Ingolstadt, a aussi les honneurs de la guerre. Le Général Bernklaw lui fait même présent de trois pièces de canon en témoignage d'estime. A sa rentrée en France, Picardie est établi à Strasbourg ; mais le Prince Charles faisant mine de vouloir passer le Rhin, il est envoyé au camp de Brisach, et de là à Colmar où il lève un 4e Bataillon.

En 1744, le Régiment fait partie de l'armée du Rhin, commandée par le Maréchal de Coigny. Il ne se trouve point, le 5 juillet, à l'attaque des lignes de la Lauter ; mais un Sergent du Corps, nommé Epervier, qui escorte avec dix hommes les équipages d'un Officier général, demande au Colonel du Régiment de Bourbon la grâce de le laisser combattre avec lui. Ces onze braves se font tous tuer ou blesser. Epervier reçoit plusieurs coups de feu et est nommé Officier par le Colonel de Bourbon qui veut le garder près de lui : mais il est réclamé par Picardie qu'il honora depuis par de nouveaux traits de bravoure. Le 23 août, on attaque les Impériaux à Augenheim. Les Grenadiers de Picardie sautent l'épée à la main dans les retranchements de Suffelsheim et d'Hangermheim, franchissent les redoutes et culbutent tout ce qui s'oppose à eux. Le Régiment est ensuite au siége de Fribourg, où le Lieutenant-colonel de Gauthier trouve la mort.

En 1745, Picardie joint le Maréchal de Maillebois sur le Mein. Le 14 mars, un Bataillon est détaché avec le Régiment de Cambrésis pour s'emparer du poste de Kronembourg. Après une canonnade de trois quarts d'heure, la garnison se rend prisonnière. Au mois de juin, Picardie passe à l'armée de Flandre, et le 30, il ouvre la tranchée devant Audenaërde. Le Roi y fait son entrée le 25 juillet : Picardie borde la haie. Il ouvre ensuite la tranchée, le 11 août, devant Termonde qui se rend le soir même par un singulier incident. L'Officier qui commande dans la redoute du côté de la chaussée de Malines, se voyant serré de très-près et craignant d'être emporté de vive force, engage quelques-uns de ses soldats à parler à ceux de Picardie et leur fait proposer de venir boire de l'eau-de-vie. Quelques Grenadiers, autorisés par leurs Officiers, sont introduits dans la redoute et bien reçus ; d'autres les suivent. Le Gouverneur de Termonde, apprenant que les Français sont dans la redoute, la croit prise, perd la tête et se rend immédiatement. Le Duc d'Antin (Louis de Pardaillan de Gondrin) prend le commandement de Picardie le 20 août 1745.

Après la prise d'Ath, où il ouvre encore la tranchée le 3 octobre, le Régiment est envoyé à Verdun où il passe l'hiver. Au printemps de 1746 il se rend à Valenciennes. Le 3 mai il est au camp devant Bruxelles, d'où il est envoyé à Lierre que les ennemis viennent d'évacuer. Il prend part à quelques petits combats qui occupent les armées pendant l'été, entre autres, à celui du 26 juillet, où deux Compagnies de Grenadiers, faisant partie de l'escorte d'un convoi confié à M. de Clermont-Gallerande, soutiennent l'attaque du Général Tripps qui a les Régiments de Dragons de Ligne et de Styrum, deux Bataillons de Croates et 2,000 Hussards. Ces troupes sont repoussées grâce à la valeur des Grenadiers de Picardie.

Le 7 septembre, le Régiment est au siége de Namur où le Capitaine de Glandevèz-Niozel est mortellement blessé, et le 10 octobre il combat à Rocoux, près de Liége. Placé à la droite, il chasse les Pandours des haies du faubourg Sainte-Walburge, où ils sont embusqués, et, soutenu par une autre Brigade, il ouvre un feu terrible qui oblige à la retraite l'infanterie ennemie à laquelle il prend six canons. La cavalerie hollandaise veut rétablir le combat, mais elle n'est pas plus heureuse que l'infanterie. Picardie perd cent hommes à Rocoux et a ses quartiers à Namur où il lève un 5e Bataillon.

En 1747, le Régiment assiste à la bataille de Lawfeld, sans y prendre beaucoup de part. Cependant, deux cents hommes, dirigés par le Capitaine La Voreille, commandant de Bataillon, détachés au hameau d'Elcht, se distinguent beaucoup, en faisant, par ordre et sous les yeux du Roi, leur retraite devant une colonne d'infanterie autrichienne qui ne peut les entamer. Picardie a cette année ses quartiers à Louvain. En 1748, les cinq Bataillons ouvrent, le 15 avril, la tranchée devant Maëstricht qui se rend le 7 mai. Le Régiment perd à ce siége les Lieutenants de Gaillard et de Chaumigny.

Après la paix d'Aix-la-Chapelle, Picardie est envoyé à Diest, Sichem et Aërschott. En janvier 1749, il est à Lille où a lieu la réforme du 5e Bataillon. Il passe le 25 août 1749 sous le commandement du Marquis de Bréhant (Marie-Jacques).

A la fin de 1751, il se rend à Givet et Charlemont. En 1753, il fait partie du camp de Saarlouis et part de là pour aller à Verdun. En 1754, deux Bataillons relèvent les garnisons de Thionville et de Marsal. En 1755, tout le Régiment est réuni à Metz. Il quitte cette ville pour se rendre à Valenciennes, où il célèbre, avec une galanterie raffinée, le mariage de Con colonel, le Marquis de Bréhant, par un bal et un souper auxquels toute la ville est invitée. En 1756, il fait partie du camp de Dunkerque, d'où il se rend à Saint-Omer. C'est dans cette ville qu'il reçoit l'ordre de faire ses équipages. La guerre de Sept Ans est commencée.

Picardie part de Saint-Omer au mois de mars 1757 ; il traverse la Flandre et le Brabant et joint à Geneppe l'armée du Maréchal d'Estrées. Le 26 juillet la bataille d'Haastembeck est livrée. L'ennemi ne peut être attaqué que par son flanc gauche sur un front de 400 mètres et après avoir tourné les sommités des montagnes qu'il occupe. Le Maréchal charge l'illustre Chevert de cette attaque. Parti, le 24 à minuit, avec les Brigades de Picardie, de Navarre et de La Marine, et suivi à quelque distance par la Brigade d'Eu, Chevert tourne la montagne de Nimerim et passe la nuit en bataille au bord d'un bois qui le sépare de l'ennemi. Au point du jour, après une vive canonnade où l'artillerie française a une supériorité marquée, le Général donne l'ordre de pénétrer dans ce bois et saisissant la main du Marquis de Bréhant, il lui dit : "Jurez-moi, foi de chevalier, que vous et votre régiment vous vous ferez tuer tous jusqu'au dernier plutôt que de reculer". Bréhant et ses braves soldats répondent par un cri d'enthousiasme à cette laconique allocution et disparaissent dans le fourré, les Grenadiers et les volontaires sur les flancs, le reste de la Brigade en colonne par Bataillons. Les autres Brigades suivent. Bientôt le Lieutenant-colonel de Gascoing se met à la tête des Grenadiers pour fouiller un taillis si serré que la Compagnie du Capitaine Dallène s'égare et se trouve tout à coup, seule, face à face avec l'ennemi. Ce brave Officier, craignant d'être coupé, s'il tente de rejoindre la colonne, se décide à tenir ferme. Il est écrasé, mais il couvre le flanc droit du Régiment qui peut continuer sa marche sans obstacle, et arrive aux formidables retranchements de l'ennemi. Picardie s'élance sur les barricades avec résolution, et après un combat acharné met ses adversaires en fuite. Ce succès de Picardie décide du gain de la bataille. Il en a coûté trois cents hommes au Régiment. Le Lieutenant-colonel de Gascoing y est tué, et recommande en expirant à ses soldats de maintenir l'honneur du drapeau. Parmi les blessés se trouvent le Colonel, les Capitaines Chevalier d'Urre, Dallène, Saint-Mauris, Durond, Panisson, Saint-Paul, du Gravier et cinq Lieutenants. Le Marquis de Bréhant a tellement contribué par son exemple à la victoire d'Haastembeck que la Cour qui, jusque-là, avait peu reconnu ses services, lui envoie un brevet de pension de deux mille livres. Bréhant répond qu'il n'a jamais désiré de récompenses pécuniaires et qu'il supplie le Roi de partager cette pension entre quelques Officiers de son Régiment, qui en ont plus besoin que lui. On lui demande alors les noms de ceux qui se sont distingués. Voici sa réponse telle qu'elle est rendue par Duclos qui l'a lue : "Aucun de nous ne s'est distingué, tous ont combattu vaillamment et tous sont prêts à recommencer. Je suis donc obligé de donner la liste par ordre d'ancienneté. Quant à moi, ce que j'ai demandé jusqu'ici m'ayant été refusé, ce n'est pas après d'aussi faibles services que ceux du 26 qu'on peut se flatter d'obtenir. Je mets et fais consister, désormais, ma fortune dans l'estime et l'amitié des soldats que personne ne peut m'arracher".

La victoire d'Haastembeck ouvre à l'armée le chemin du Hanovre. Picardie a ses quartiers d'hiver à Brunswick. Après la défaite de l'armée de Soubise à Rosbach, le Régiment est envoyé avec une partie de l'armée de Hanovre pour protéger la retraite des troupes battues. Il rentre ensuite à Brunswick.

En février 1758, le Comte de Clermont ramène l'armée de Hanovre sur le Rhin. Picardie fait toujours l'arrière-garde et est souvent aux prises avec les troupes légères des alliés. Il est cantonné à Wesel, et se trouve cette année à la bataille de Crefeld où il a peu de chose à faire. A la fin de la campagne, il prend ses cantonnements à Goch dans le Duché de Clèves. En 1759, il passe dans la Hesse et assiste le 1er août à la bataille de Minden. Il est à la droite et ne donne pas, mais il n'en souffre pas moins du feu de l'ennemi. Il y perd le Capitaine de Vidal et le Lieutenant Montagnac. Le Capitaine Chevalier de Monteil et le Lieutenant des Bardes y sont très-dangereusement blessés. Le 7 du même mois, au combat d'Embeck, un Bataillon est dans la ville et les autres en bataille à une certaine distance. Celui qui garde Embeck, attaqué par le Prince héréditaire, fait un feu terrible et voyant toute l'armée en retraite, sort en bon ordre d'Embeck, incendie les portes pour retarder l'ennemi et rejoint le Régiment qui l'attend. Picardie se retire alors sur une hauteur voisine, d'où, avec ses pièces de Bataillon, il ouvre une canonnade bien dirigée qui force le Prince héréditaire à lui laisser effectuer sa retraite sans l'inquiéter davantage. Il a cependant encore un choc à soutenir au passage des gorges de Minden ; mais sa bonne contenance en impose encore à l'ennemi. Il achève la campagne dans le Westerwald aux ordres du Marquis de Voyer qui doit secourir Dillembourg et Heillbronn menacés par les Allemands ; mais ce Général arrive trop tard : les places se sont déjà rendues. Il fait attaquer la dernière par un piquet de Picardie qui y est écrasé. Cependant le Régiment parvient à reprendre Heillbronn le 4 janvier 1760. Après cette affaire il établit ses quartiers d'hiver à Cologne. Dans la campagne de cette année, il se trouve au combat de Corbach et à la défense de Gottingen.

Le 10 février 1761, Picardie sort d'Eschwege sur la Werra, où il a hiverné avec les Grenadiers de France, et est attaqué le 12, près du village d'Eyreden, par le Général Sporckheim qui commande des forces de beaucoup supérieures. Nos deux braves Régiments soutiennent sans s'ébranler une canonnade fort vive depuis dix heures du matin jusqu'à trois heures de l'après-midi. Enfin, les ennemis ayant beaucoup souffert du feu de l'artillerie du Corps habilement servie par le Capitaine de Lusignem, prennent le parti de la retraite. Ce beau combat coûte la vie au Major Gelb, et aux Capitaines de Richemont et de Montlouët. Après diverses expéditions peu importantes, Picardie retourne à Eschwège. Le comte Louis-Philippe de Durfort, qui obtient Picardie le 20 (ou le 26 février ?) de cette année, est fait Brigadier le même jour; il sera Maréchal-de-camp le 25 juillet 1762 et conserva le commandement du Corps jusqu'en mai 1763.

La campagne de 1762 est un peu plus fertile en événements. Le 24 juin, le camp français est attaqué par le Prince héréditaire. M. de Barquier, Capitaine au Régiment, de garde au trésor de l'armée à Grebenstein, ordonne de charger les caisses à la première alerte ; les Hussards prussiens arrivent et se précipitent sur le trésor. Barquier fait feu sur eux et leur tue plusieurs hommes ; la cupidité, cependant, l'emporte chez ces pillards sur le sentiment du danger; au lieu de se défendre, ils s'acharnent à coups de sabre sur les caisses pour les briser. Barquier les fait alors charger à la baïonnette et les extermine. Le trésor arrive intact à Cassel.

Le Capitaine de Roqueval, détaché à Fulde avec cent hommes, s'illustre aussi par une courageuse résistance. Attaqué par 4 ou 5,000 hommes aux ordres de Lückner, il se retire dans le cimetière et y tient ferme pendant cinq heures, malgré le feu de cinq pièces de canon et tous les efforts de cette petite armée. Il ne se rend que lorsqu'il a épuisé toutes ses munitions. A la fin de septembre, Picardie est à l'attaque du château d'Amenebourg. Posté dans un moulin près du pont de la Lohn, il se laisse écraser par le feu des batteries ennemies plutôt que de rendre son poste, et tient ferme jusqu'à la nuit sans vouloir être relevé. Dès qu'il fait sombre, le Lieutenant de Mesnard, avec cinquante volontaires, monte à la brèche et pénètre jusque dans la première cour du château ; mais il ne trouve point d'issue et se voit obligé de battre en retraite après avoir perdu la moitié de son monde. On va recommencer une nouvelle tentative avec des forces plus considérables, quand la garnison, au nombre de 553 hommes et 11 Officiers, met bas les armes. Le brave Épervier, qui était parvenu au grade de Capitaine, a à ce siége un bras emporté par un boulet et en meurt.

La paix se fait peu après, et Picardie demeure quelque temps à Aschaffembourg. En mars 1763, il arrive à Strasbourg où il reste en garnison jusqu'en octobre 1765. Entre temps, le 5 juin 1763, il est passé sous le commandement du Comte de Lévis-Lugny (Marc-Antoine). De Strasbourg, il se rend à à Douai qu'il quitte au mois d'août 1767 pour Valenciennes. Après avoir pris part aux manoeuvres du camp de Verberie en juillet 1769, il se rend à Besançon. Il passe ensuite à Landau en novembre 1770, revient à Besançon en septembre 1772, et part pour Toulon en octobre 1773.

Les derniers mouvements de la Corse ont engagé le Gouvernement à envoyer dans cette île quelques-uns des vieux Régiments pour en imposer davantage aux partisans de Paoli. Picardie s'embarque donc pour la Corse à la fin de décembre 1774, et c'est là qu'il subit les conséquences de l'organisation du 25 mars 1776.

Le vieux Picardie est partagé en deux Régiments. Le premier, destiné à perpétuer les traditions du Corps, et qui conserve d'abord le nom de Picardie, est formé avec les 2e et 4e Bataillons. Le sort en a ainsi décidé.

Le deuxième Régiment est composé des 1er et 3e Bataillons, et prend le titre de Provence.

- Le Régiment Colonel-général, 1er Régiment d'Infanterie

Le Régiment de Picardie (2e et 4e Bataillons du Picardie initial), toujours sous le commandement du Comte de Lévis-Lugny (Marc-Antoine), quitte bientôt la Corse, débarque à Toulon le 23 août 1777, et se trouve à Montauban, au moment où la guerre est déclarée à l'Angleterre. Il est alors envoyé à Bordeaux et Blaye où il arrive le 1er janvier 1779. C'est là qu'il prend, en 1780, le titre de Colonel- Général. Le Roi vient de rétablir, par une ordonnance datée du 5 avril de cette année, la charge de Colonel-général de l'infanterie en faveur du Prince de Condé. Le Régiment, en sa qualité de premier Corps de l'infanterie de ligne devient la propriété du Colonel général et est chargé de la garde de son drapeau. Le commandement du Régiment est assuré par le Comte de Rabodanges (Jean- Henri) à partir du 13 avril 1780. Le Régiment conserve son titre en 1788, malgré la suppression de l'office du Colonel-général. Depuis ce moment on trouve le Régiment en garnison au Havre en 1781 et à Lille en 1782. Le 11 novembre 1782, il passe sous le commandement du Marquis François-Marie de Sennefoy. Le Régiment, commandé à partir du 1er janvier 1784 par Jean-François Marquis de Rochedragon, passe l'année à Besançon. Il est à Schelestadt en 1785, à Toul en 1787, à Lille en 1788. Il occupe les casernes de la citadelle de cette ville quand éclate la Révolution.

Il demeure étranger aux querelles qui s'élèvent au mois d'avril 1790 entre les Régiments d'infanterie Royal-Vaisseaux et La Couronne d'une part et les Chaseurs à cheval de Normandie de l'autre. Lorsque ces derniers, chassés de la ville, cherchent un refuge dans la citadelle, il les couvre de sa protection. Compris dans la mesure générale qui change la garnison de Lille, Colonel-Général se rend à Dunkerque.

Le Règlement du 1er janvier 1791 lui attribue la dénomination de 1er Régiment d'Infanterie de Ligne (Le Spectateur Militaire, 15 avril 1839 - 15 septembre 1839, p. 217).

Le 24 juin 1791, presque tous les Officiers, sollicités par l'émigration, dont le Prince de Condé est le chef, abandonnent leurs soldats en emportant les drapeaux et se rendent à Furnes. Ce grave événement n'a aucune influence sur la bonne conduite du Corps, devenu 1er de Ligne depuis le 1er janvier de cette année. La Garde nationale de Dunkerque lui donne un de ses drapeaux pour remplacer ceux qui lui ont été soustraits. Il est commandé, le 25 juillet 1791, par Jean Dubois de Chantereine, et à partir du 23 novembre 1791 par Charles-Augustin de Courcy d'Hervilly.

A l'ouverture des hostilités en avril 1792, le 1er Régiment d'infanterie fait partie du camp de Maulde. Quelques Compagnies détachées pour la garde des postes de La Chaussette, du Coq et de Macou, y sont attaquées par des forces supérieures, et, après une belle défense, se retirent sous le canon de Condé qui arrête l'élan des Autrichiens. Peu de temps après, le Régiment est partagé : le 2e Bataillon reste à Condé, et le 1er est envoyé à l'Armée du Centre. Celui-ci est mis en garnison à Saarlouis.

Le Régiment fait les campagnes de 1792 et 1793 à l'Armée de la Moselle. Le 26 octobre 1792, Louis-Adrien-Brice de Montigny prend le commandement du Régiment. Au mois de décembre, quand Dumouriez envahit la Belgique, le 1er Bataillon sert sous ses ordres et après la bataille de Neerwinden, les deux Bataillons contribuent à la défense des frontières du département du Nord. Le Régiment se fait particulièrement remarquer dans un combat d'avant-poste livré le 30 avril 1793 près de Valenciennes. Le Général Kilmaine, dans son rapport, en fait l'éloge par ces simples paroles : "le 1er régiment a servi à sa manière accoutumée, c'est-à-dire on ne peut mieux".

Le 1er Bataillon, après s'être montré avec éclat à la bataille de Fleurus le 26 juin 1794, se rend à l'Armée de Rhin-et-Moselle et se trouve le 17 juillet de la même année à la prise de Kayserslautern. Peu de temps après et par ordre du 26 avril 1794, il entre dans la composition de la 1ère Demi-brigade de Bataille ou de 1ère formation, conformément à la loi du 28 janvier 1794. Cette Demi-brigade reçoit pour commandant Joseph-Placide-AlexandreLevrier, qui sera Général de Division en 1796.

Le 2e Bataillon de l'ex-Colonel-Général fait la campagne de 1794, sous Jourdan, à l'Armée de Sambre-et-Meuse, et devient, au commencement de 1795, le noyau de la 2e Demi-brigade de Bataille. L'ordre d'amalgame est du 25 décembre 1794. La 2e Demi-brigade de première formation sera amalgamée ensuite au sein de la 9e Demi-brigade de seconde formation.

- Le Régiment de Picardie, 2e Régiment d'Infanterie

Comme on a pu le voir plus haut, le 2e Régiment est composé par ordre du 25 mars 1776 des 1er et 3e Bataillons du Picardie initial; il prend le titre de Provence (porté avant lui par deux autres Corps). Son commandement est assuré par le Marquis de Nédonchel (César-Joseph-Marie) à partir du 18 avril 1776.

Le nouveau Régiment quitte en août 1777 la Corse où il a été formé, et vient tenir garnison à Nîmes. Il se rend en décembre 1778 à Saint-Omer, et en juillet 1779 à Arras et Béthune. C'est là qu'il prend, par ordre du 5 avril 1780, le titre de Picardie, lorsque le Corps qui portait ce nom reçoit le titre de Colonel-Général. Le 13 avril 1780, Picardie passe sous le commandement du Marquis de Faudoas (Bernard).

En octobre 1781, le Régiment de Picardie après une courte station à Lille, est envoyé à Honfleur et Pont-Audemer ; il revient en mai 1783 à Saint-Omer, lorsque la paix est conclue, et l'année suivante il quitte cette ville pour aller à Brest où il est à la fin de mai. Le Marquis de Bouthillier (Charles-Léon de Chavigny) prend le commandement du Régiment, le 30 janvier 1785. Le Régiment ne reste pas longtemps à brest, car le 4 juillet 1785 il arrive au Havre. Dans le terrible incendie qui menace d'une ruine complète la ville et le port du Havre, Picardie est admirable de dévouement et de générosité. Il accepte une gratification que la ville lui offre, mais il en dispose immédiatement en faveur des victimes de l'incendie. Son séjour au Havre se prolonge jusqu'en mars 1788 ; il part alors pour Metz où il est encore en 1789.

Le Régiment demeure toujours fidèle à la discipline la plus exacte. En août 1790, il se rend à Saarlouis. Le 1er janvier 1791, il devient le 2e Régiment d'infanterie de ligne ci-devant Picardie. Le 25 juillet 1791, il passe sous le commandement de François Richer Drouet; il se rend ensuite à Bitche et Thionville en mai 1792. Quand la guerre commence, le 1er Bataillon est envoyé à Douai, et le 2e reste à Thionville.

- 1er Bataillon du 2e d'Infanterie

Le 1er Bataillon se trouve le 4 août 1792 au combat de Maubray et le 27 du même mois à la prise de Saint-Amand; il contribue ensuite à la défense de Lille. Après la levée du siége, il se fait remarquer sous le Général Lamorlière, à l'attaque de Beaulieu et de Marquain. Dans cette affaire, le Grenadier Michaud reçoit un coup de feu en pleine poitrine, il se traîne auprès de son camarade de lit Cadet qui a une jambe cassée : "Consolons- nous, lui dit- il, nous mourons pour la nation".

Le 9 octobre 1792, le Régiment passe sous le commandement de Henri Nadot de Fontenay. Le 24 octobre, le Bataillon se signale encore au combat de Baisieux. Il accompagne ensuite Dumouriez en Belgique, et, après la bataille de Jemmapes, il contribue à la réduction de la citadelle d'Anvers.

Etienne-Jacques-Joseph-Alexandre Macdonald prend le commandement du Régiment le 1er mars 1793.

Après un court séjour dans la place d'Anvers, le Régiment rejoint l'armée et se trouve le 18 mars à la bataille de Neerwinden. Revenu sur la frontière, il se couvre de gloire le 23 mai au combat de Turcoing : le Grenadier Gros-Lambert y prend un étendard à l'ennemi. Dans le mois de juin, il est aux affaires de Mouscron, de Lincelles et de Lannoy et à la reprise de Turcoing. Au combat de Lincelles, le 18 juin, c'est le Bataillon qui, conduit par Macdonald, emporte à la baïonnette le village de Balton, où il tue aux Anglais un Général et deux Colonels. Dans un nouveau combat livré le 11 juillet entre Maubeuge et Grisvelle, le Caporal Soissons entre le premier dans une redoute, tue plusieurs Grenadiers ennemis et fait prisonnier leur Capitaine. Pendant le reste de cette campagne, le 1er Bataillon de Picardie, toujours au feu, prend part le 13 septembre au combat d'Hallwyn, le 21 octobre à celui de Pont-à-Tressin, et du 21 au 25 octobre à divers engagements autour de Maubeuge.

En 1794 on le voit le 29 avril au combat de Mont-Cassel, le 17 mai à la bataille du Turcoing, le 22 au combat de Tournai, à la prise de Charleroi le 14 juin et au combat de Courtrai le 11 septembre. Il marche alors à la conquête de la Hollande avec Pichegru et fait le siége de Bois-le-Duc pendant les mois de septembre et d'octobre.

Le 31 décembre de cette année, le 1er Bataillon versé dans la 3e Demi-brigade de bataille ou de première formation (qui lors du second amalgame, contribuera à former la 8e Demi-brigade de Ligne).

- 2e Bataillon du 2e d'Infanterie

Le 2e Bataillon, que nous avons laissé en 1792 à Thionville, prend part cette année à la défense de cette ville contre les Prussiens. Après la retraite des ennemis, ayant lui aussi pour chef un futur Maréchal de France, le brave Oudinot, il sert à l'armée du Rhin sous Custines, et se couvre de gloire à Morlauter, où, entouré par 10,000 hommes, il soutient seul leurs attaques depuis quatre heures du matin jusqu'au soir. En vain les Prussiens le font-ils charger par toute leur cavalerie, Oudinot le forme en carré, oppose au choc des chevaux une muraille inébranlable de baïonnettes et parvient à rejoindre le gros de l'armée. Le lendemain de cette affaire, le glorieux nom d'Oudinot est donné pour mot de ralliement à l'armée.

Au commencement de 1793, le bataillon passe dans la Vendée. Le 9 juin, lorsque les royalistes, grâce à la lâcheté et à l'indiscipline des sans-culottes, s'emparent de Saumur, un détachement du Corps s'y défend seul avec un rare courage. Pressés par les Vendéens qui les somment de mettre bas les armes, ces braves enfants du vieux Picardie préférent se jeter dans la Loire, où presque tous se noient. Après l'arrivée des troupes mayençaises, le Bataillon retourne à l'Armée du Rhin et prend une part glorieuse à toutes les affaires qui ont lieu sur cette frontière. Dans un des combats livrés autour d'Haguenau dans les premiers jours de décembre, un Dragon autrichien d'un coup de sabre coupe le pouce à Poupart, canonnier du Bataillon, au moment où il va mettre le feu à sa pièce. Poupart aveugle son ennemi avec sa lance à feu et le fait prisonnier. Le 23 mai 1794, le Bataillon qui fait partie de la Division du Général Ambert, cantonnée à Hochspeyer et Fischbach, se fait encore remarquer par sa grande bravoure. Cette Division attaquée par des forces supérieures soutient leur choc pendant quatre heures, mais il faut enfin se replier sur Tripstadt et Pirmasens. Le Bataillon fait l'arrière-garde, et, chargeant plusieurs fois avec énergie la cavalerie ennemie, il parvient à la contenir. C'est son dernier fait d'armes.

Quelques jours après, le 2e Bataillon de Picardie entre dans la composition de la 4e Demi-brigade de Bataille ou de première formation, qui continue de servir avec distinction à l'armée de Rhin-et-Moselle. A la réorganisation de 1796 (18 Nivôse an 4) :
- son 1er Bataillon entre dans la composition de la 89e Demi-brigade de seconde formation,
- son 2e Bataillon entre dans la composition de la 31e Demi-brigade de seconde formation,
- son 3e Bataillon entre dans la composition de la 62e Demi-brigade de seconde formation).

-1ère Demi-brigade de Bataille ou de 1ère formation

Cette Demi-brigade continue de combattre sur le Rhin.

La 1re Demi-brigade de première formation est ensuite amalgamée dans la 31e Demi-brigade de seconde formation.

/ Organisation de la 1ère Demi-brigade de ligne en 1796

La 1ère Demi-brigade de Ligne a été formée lors du second amalgame (loi du 18 Nivôse an 4 - 7 janvier 1796) au moyen de la seule :

- 131e Demi-brigade de premier amalgame.

La 131e demi-brigade avait été formée elle-même des unités suivantes

- 1er Bataillon du 71e Régiment d'infanterie (ci-devant Vivarais)

Vivarais a été créé en 1674. Selon le Le Spectateur Militaire, 15 avril 1839 - 15 septembre 1839, p. 218, il portait en mars 1674 le nom d'Albret infanterie, puis devint Gaudelus en 1678, Clérembault en 1679, Mirabeau en 1697, Gensace en 1711, Duras en 1734, Bonnace en 1743, Brissace (Duc de Cossé) en 1749, Lemps en 1759, Puységur en 1762, Vivaraix en 1762. Il porte le numéro 73 en 1789, puis le 71e en 1791. En 1792, il était à Montmédy et encore commandé par M. de Courtavel. Son 1er Bataillon a fait les campagnes de 1792 à 1794 à l'Armée du Nord et est entré dans la composition de la 131e Demi-brigade de première formation. Son second bataillon a fait les campagnes de 1792 à 1794 à l'Armée de la Moselle, et est entré dans la composition de la 132e Demi-brigade de première formation (elle même entrée dans la composition de la 108e de Ligne de seconde formation).

- 8e Bataillon de Paris Sainte-Marguerite

Formé le 5 septembre 1792 selon B. Coppens (Le Spectateur Militaire, 15 avril 1839 - 15 septembre 1839, p. 218 donne la date du 21 septembre 1791); son chef est Becker. Il a fait les campagnes de 1793 et de l'An 2 à l'Armée du Nord. Il constitue le 3e Bataillon de la 131e de Bataille.

- 17e des Volontaires nationaux (des réserves)

Formé en septembre 1792 (le 16 septembre selon Le Spectateur Militaire, 15 avril 1839 - 15 septembre 1839, p. 218). Son Chef est Ganivet Desgraviers. Il comprend des volontaires de plusieurs départements. Il devient le 2e Bataillon de la 131e de Bataille.

Ces trois Bataillons sont amalgamés le 1er Thermidor an 2, en exécution de la Loi du 26 février 1793 pour former la 131e de Bataille, qui a fait les campagnes de 1793, de l'an 2, 3, 4 à l'Armée du Nord (Le Spectateur Militaire, 15 avril 1839 - 15 septembre 1839, p. 218).

En Mars 1796, la 1ère Demi-brigade de Ligne est commandée par Jean-François Delamare, démissionnaire le 8 octobre 1798.

La 1ère Demi-brigade de Ligne est à l'Armée du Nord en l'an 4 et en l'an 5. Elle est aux Armées du Nord et de Batavie en l'an 6.

/ 1799

La 1ère Demi-brigade est en Batavie, aux Armées de Mayence, du Danube et du Rhin en l'an 7.

L'Ordre du Général Jourdan daté de Tuttlingen, le 6 Germinal an 7 (26 mars 1809) indique : "... Le général Soult fera passer demain à Villingen, par la route de Tuttlingen à cette ville, la 1re demi-brigade de ligne et le 4e régiment de hussards. Cette colonne sera commandée par le chef de brigade Merlin. Ce chef enverra à Villingen prendre les ordres du général Souham. Le 4e de hussards et 1re de ligne feront ensuite partie de la 2e division.
La division d'avant-garde fera sa retraite sur Rottweil où elle prendra position ; elle se liera avec la 2e division. Le général Soult veillera à ce que la 1re de ligne et le 4e de hussards fassent le mouvement qui est prescrit plus haut. Il jettera des partis sur Ebingen afin de protéger la retraite du général Saint-Cyr et pour avoir des nouvelles de cette division ...
" (Journal du général de brigade Decaen pour la campagne de l’an VII, la Division commandée par le général Souham, et l’Armée par le Général Jourdan, depuis Ventôse an VII jusqu’au 7 Fructidor an VII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 230).

Concernant la journée du 7 Germinal an 7 (27 mars 1799), Decaen raconte : "… L'ennemi n'avait point du tout inquiété notre retraite. J'appris que le 4e régiment de hussards et la 1re demi-brigade de ligne feraient partie de ma brigade. Ces corps étaient restés à Geisingen sous les ordres du chef de brigade Merlin, pour couvrir la retraite et observer les mouvements de l'ennemi. Je donnai l'ordre au régiment de hussards, lorsqu'il arriva, d'occuper les postes de la droite, et qu'un escadron fut établi dans la gorge de Vöhrenbach, vers Wolterdingen, pour observer l'ennemi sur Donaueschingen et communiquer avec la division du général Ferino …" (Journal du général de brigade Decaen pour la campagne de l’an VII, la Division commandée par le général Souham, et l’Armée par le Général Jourdan, depuis Ventôse an VII jusqu’au 7 Fructidor an VII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 231).

Le 8 Germinal an 7 (28 mars 1799), le Général Decaen raconte : "… Le 8, j'envoyai a Vohrenbach, pour être ensuite à la disposition du capitaine Girard, commandant l'escadron de hussards, deux compagnies de la 2e de ligne, pour le soutenir et faciliter la surveillance dans ces montagnes.
La 1re demi-brigade reçut l'ordre de rentrer dans la division de Saint-Cyr, dont les talents sont connus. Cet officier général n'avait certainement pas éprouvé les agitations du général Jourdan, quoiqu'il eût été sommé de se rendre par l'armée autrichienne. Je ne connais point assez les détails de sa marche pour en parier. Cette division était revenue prendre sa position vers Rottweil. Alors la division d'avant-garde reçut l'ordre d'appuyer à droite ...
" (Journal du général de brigade Decaen pour la campagne de l’an VII, la Division commandée par le général Souham, et l’Armée par le Général Jourdan, depuis Ventôse an VII jusqu’au 7 Fructidor an VII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 232).

La Division Vandamme part le 14 avril 1799 en deux colonnes pour se porter sur Zurich et Winterthur, où elle arrive les 17 et 18 du même mois. Cette Division est alors composée des 1re, 2e, 83e Demi-brigades de ligne, de la 1re légère, du 4e de hussards, du 1er de Dragons, de deux Compagnies d'artillerie légère et deux d'artillerie de position. Le Quartier général est établi à Andelfingen. Les deux Brigades sont sous les ordres des Généraux Desenfans et Decaen ; l'Adjudant général Bertrand en est Chef d'état-major (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 1, p. 453).

Le 20 avril 1799, Masséna partage l'Armée du Danube en aile droite, centre et aile gauche. L'aile droite comprend : - 3° la Division Thareau (1ère, 50e, 46e et 102e Demi-brigades de Ligne, et 6e Chasseurs à cheval), Quartier général à Winterthur, la droite à la Toss et la gauche à Kaiserstuhl, en seconde ligne derrière la Division Vandamme (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 73).

Le Rapport du Général Soult, daté de Steig, le 19 Floréal an 7 (8 mai 1799), raconte : "Je m'empresse, mon cher général, de vous rendre compte du succès de mon expédition. Ce matin, à 3 heures, je me suis embarqué à Brunnen avec trois pièces d'artillerie légère, la 1re demi-brigade de ligne, trente chasseurs à cheval du 1er régiment, et une compagnie de sapeurs, me dirigeant sur Fluelen et Seedorff. A 7 heures, étant à hauteur des postes avancés des insurgés, j'ai ordonné le débarquement. Le 1er bataillon de la 1re demi-brigade l'a opéré au pied des rochers à droite et à hauteur de Seedorff, d'où il a gagné ce village, ensuite celui d'Attinghausen, et s'est porté sur Steig, en suivant les deux rives de la Reuss. Le 2e bataillon de la même demi-brigade a débarqué au fond de la baie qui est à gauche de Fluelen; il a gravi les montagnes, tourné le village, et il s'est porté, par Altorff, en avant de Burglen, dans le Schachenthal. L'artillerie, les chasseurs à cheval et les sapeurs ont suivi ce mouvement, qui a été protégé par la colonne que j'avais fait passer au bord du lac, et qui s'était portée au-dessus de Fluelen, tandis que l'attaque de droite a été secondée par le bataillon de la 103e demi-brigade, venu de Bauen.
Les rebelles avaient deux mille hommes et quatre pièces de canon, pour s'opposer au débarquement; ils étaient parfaitement retranchés dans la plaine et tenaient toutes les hauteurs. Nous avons trouvé partout la plus vive résistance; mais aussitôt que nous avons eu gagné terre, les ennemis ont été abordés, au pas de charge, et mis en déroute, du premier choc. Les retranchements enlevés, l'artillerie prise, des armes abandonnées, une grande quantité de marchandises éparses sur le champ de bataille, et beaucoup d'hommes tués, sont les résultats de cette action, qui compte au nombre de ses victimes le fameux Schmitt, auteur de l'insurrection.
Les insurgés qui sont parvenus à s'échapper se sont retirés partie dans le Schachenthal, d'où ils ont gagné les montagnes, et partie par Steig sur Wasen. Ceux-ci ont répandu le bruit que, si nous les forcions à ce dernier endroit, ils passeraient le Saint-Gothard, pour aller en Italie.
La 53e demi-brigade devait, comme je vous l'ai annoncé par ma dernière, partir du Muttenthal et se diriger sur Spiringen, dans le Schachenthal, d'où elle se serait portée sur Burglen et Altorff, pour couper la retraite aux insurgés. Ce mouvement était même commencé, mais la nuit dernière, il est tombé une si grande quantité de neige sur les montagnes, que la 53e, ne pouvant avancer, a été forcée de retourner sur ses pas. J'espère qu'elle me rejoindra aujourd'hui. Pendant la nuit, je réunirai les deux demi-brigades entre Steig et Silenen, pour marcher de bonne heure à la poursuite des insurgés et les chasser au-delà des monts. Le 3e bataillon de la 103e restera en avant d' Altorff, pour contenir le pays et faire rentrer les habitants, dont la plupart sont épars dans les montagnes.
Les insurgés devaient incessamment recevoir des renforts du Valais, du pays des Grisons et de la Levantine ; déjà deux cents hommes de cette dernière contrée étaient arrivés. La défaite qu'ils ont éprouvée,·en avant d'Altorff, a fait retirer ces auxiliaires et a empêché les autres d'arriver.
Je reçois à l'instant une de vos lettres, pour la faire passer au général Lecourbe ; j'en aurai peut-être des nouvelles quand je serai à Urseren. D'après le compte que je viens de vous rendre, vous devez juger qu'il n'est pas aisé de communiquer avec lui
" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 2, p. 75).

Le Rapport du Général Soult au Général en chef, daté d'Urseren, le 24 Floréal an 7 (13 mai 1799), raconte le Combat du Saint-Gothard : "Je vous rends compte, mon général, d'une nouvelle affaire que j'ai eue avec les insurgés. Après que je les eus défaits à Wasen et empêchés, par la rapidité de ma poursuite, de se rallier à Urseren et à Hôpital, ceux du Valais se retirèrent dans leur pays, par Réalp; les autres, la plupart émigrés du canton de Waldstetten, auxquels s'étaient joints quelques renforts venus de la Levantine, s'étant arrêtés sur le mont Saint-Gothard, se retranchèrent dans les neiges, au moyen de balles de coton et de soie qu'ils avaient trouvées au dépôt de l'hospice ou fait venir d'Airolo. Aucun émissaire n'était revenu, et les reconnaissances que j'avais avancées vers le mont ne m'ayant pas donné de renseignements satisfaisants, je partis moi-même, hier au matin, avec la 1ère demi-brigade d'infanterie de ligne, commandée par le général Bontemps, pour aller m'assurer de ce qui se passait au mont Saint-Gothard. A moitié chemin du village de l'Hôpital à l'hospice, nous rencontrâmes les insurgés qui avaient pris une position resserrée entre deux rochers, que la route traversait. Il fallait défiler, un à un, pour y parvenir, et suivre une pente extrêmement rapide, où l'on enfonçait dans la neige jusqu'au milieu du corps. Cinq compagnies de la première demi-brigade reçurent l'ordre de gravir la montagne, dite Matten-Alpenly, de la tourner, et de venir ensuite attaquer les insurgés sur leurs derrières.
Nos soldats déployèrent la plus grande audace, quoiqu'ils fussent exposés, non-seulement au feu de l'ennemi qui, de son côté, avait également envoyé des troupes pour s'emparer du sommet de la montagne, mais encore à la chute des avalanches que le mouvement rendait plus fréquente, et au danger imminent d'être entraînés dans les abîmes, à la descente des rochers, qu'ils ne pouvaient effectuer qu'en se laissant glisser sur la neige. Toutes ces difficultés, à force d'audace, furent heureusement surmontées. Les insurgés, n'ayant pu se maintenir sur la montagne, et voyant qu'ils allaient être enveloppés entre les deux rochers, se retirèrent dans leurs retranchements sur le mont même du Saint-Gothard, où je les fis suivre. Ici je rencontrai les mêmes difficultés et je répétai la même manœuvre, en dirigeant trois compagnies de la première demi-brigade sur la droite des insurgés, par la montagne dite BleyBerg. J'obtins le même résultat ; les ennemis forcés sur tous les points, débordés à droite et ne pouvant plus se défendre dans leurs retranchements, se sauvèrent en déroule sur Airolo.
Il tomba dans ce moment une si grande quantité de neige, que le ralliement de la 1ère demi-brigade en fut retardé; la trace des chemins fut perdue, le temps obscurci. On ne pouvait avancer qu'avec une extrême précaution, pour éviter de s'égarer dans les précipices, et nos soldats manquaient de crampons pour se soutenir. Cependant je donnai ordre au général Bontemps de poursuivre les insurgés au-delà d'Airolo, où je me rendis moi-même. A cinq heures du soir, nous étions maitres de ce dernier endroit ; j'en suis revenu à minuit, laissant le général Bontemps avec la 1ère demi-brigade, pour continuer la poursuite, et après lui avoir recommandé de porter, ce matin, une reconnaissance vers Faido. A mon départ, l'avant-garde était déjà à Manderana.
Les rebelles ont eu beaucoup d'hommes tués et considérablement de blessés; la neige était couverte de traces sanglantes qu'ils avaient laissées, en cherchant à gagner les montagnes, où un grand nombre se sont dispersés. J'ai aussi éprouvé quelques pertes; je n'en connais pas au juste le détail, mais j'ai connaissance d'une douzaine de soldats qui ont été engloutis dans les neiges où par des avalanches. En suivant la route, on avait ordinairement de la neige jusqu'aux genoux, et jusqu'à la ceinture, si on allait sur les côtés.
Le résultat de cette opération va nous assurer la communication jusqu'à Bellinzona; car d'après les renseignements que j'ai recueillis, les insurgés avaient déclaré que, s'ils étaient battus, ils se retireraient en Italie. Cela leur sera difficile, si, comme on l'annonce, Bellinzona est déjà occupée par nos troupes.
Je dois des éloges à la 1ère demi-brigade et particulièrement au chef de bataillon des Graviers-Berthelot, qui la commande, etc.
" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 2, p. 80).

Deux jours après, le 26 Floréal an 7 (15 mai 1799), Soult rend compte au Général en chef de la fin de son expédition : "Tout est enfin terminé, mon cher général; le restant des rebelles qui était encore dans la Levantine s'est dispersé, partie dans les montagnes, et partie dans la vallée de Maggia. Hier, mes troupes ont fait leur jonction avec celles du général Lecourbe, en avant de Faido; ainsi la communication avec Bellinzona est rétablie, et vos dépêches ont passé.
... Aujourd'hui, toutes les troupes sont en mouvement, pour se rendre à la nouvelle destination que vous m'avez donnée (dans le Frickthal); j'en aurai, ce soir, à Schwitz. La 1ère demi-brigade repasse le Saint-Gothard à midi ; j'espère être, dans deux jours près de vous, à Zurich
" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 2, p. 84).

Juin 1799. - Desgravières-Berthelot François-Ganivet, démissionnaire, le 8 octobre 1798 (???).

Le Rapport du Général Soult au Général en chef, daté de Birmensdorff, le 19 Prairial an 7 (7 juin 1799), raconte, au sujet de la bataille de Zurich-Berg : "... Le 16, à six heures du matin, l'attaque fut générale, sur tout notre front. L'ennemi la commença avec vingt pièces de canon, et fit passer la Glatt à ses troupes légères, tandis que, portant ses principales forces sur le centre de la division , en avant de Wilbach, il l'attaqua vigoureusement, et fit filer des colonnes d'infanterie, pour s'emparer de la montagne qui est à droite. Le centre se maintint dans sa position ; mais, vers les deux heures de l'après-midi, l'ennemi, débouchant avec des forces infiniment supérieures, s'approcha du chemin de communication de la montagne, et ayant débordé les troupes qui le défendaient, il les obligea, pour éviter d'être entièrement enveloppées, à se retirer sur le Zurich-Berg.
La brigade de gauche, commandée par l'adjudant général Werlé, et attaquée en même temps que celle du centre, fit durer sa résistance, une heure de plus, en tête du village de Schwamendingen et sur la hauteur en arrière ; ensuite elle entra dans le camp retranché, pour assurer la défense des abatis.
Pendant ce temps, les troupes aux ordres du chef de brigade Brunet, qui fait les fonctions de général de brigade, continuaient à se battre dans le bois de Witikon. Différentes charges furent exécutées, et l'ennemi , qui avait cherché à s'établir dans cette partie, fut forcé à la retraite, après avoir perdu beaucoup de monde.
Le général Humbert se défendait avec un égal succès, sur la droite, jusqu'au lac de Zurich. La brigade qu'il commande arrêta l'ennemi, qui voulait déboucher, entre le Zurich-Berg et la ville, et le força à reprendre ses positions du matin. De part et d'autre, on se maintint jusqu'au soir, malgré les tentatives que l'ennemi fit, à plusieurs reprises, pour se porter en avant.
Partout on se battit avec acharnement; mais au centre, cet acharnement fut au-delà de toute expression. Nos troupes avaient été repoussées jusqu'au dedans des abatis. Diverses charges, exécutées avec vigueur par l'infanterie, ne purent éloigner du bois les ennemis, qui, profitant de cet avantage et de leur supériorité, rassemblèrent, au pied du Zurich-Berg, une nouvelle colonne de troupes fraîches, composée de six bataillons de grenadiers hongrois, du régiment de Bender-infanterie, et de la garde d'honneur de l'archiduc, pour forcer les abatis et attaquer nos retranchements. A hauteur de cette masse, les troupes qui avaient combattu dans la journée se formèrent aussi, sur plusieurs colonnes, et attendirent que le signal fût donné, pour s'avancer au même moment. Je me trouvais justement au Zurich-Berg, lorsque, sur les huit heures du soir, un feu roulant de mousqueterie, soutenu par des décharges à mitraille de toute notre artillerie, m'avertit que les ennemis approchaient. L'embrasement était général; alors le Zurich-Berg ressemblait à un énorme volcan couvert de flammes. La résistance fut des plus opiniâtres ; on se battit corps à corps et à coups de crosses, avec les grenadiers hongrois. Néanmoins, les abatis furent forcés, et les ennemis se répandirent au milieu de nos retranchements.
Il n'y avait de ressource que dans un coup d'audace. Je pensai qu'en prenant en flanc les troupes qui avaient forcé notre ligne, et à la faveur de leur désordre, je les mettrais en déroute; qu'avec elles j'entraînerais aussi celles qui n'avaient pas encore débouché, et que j'assurerais ainsi le succès de la journée. J'avais près de moi, en réserve, quelques compagnies de la 1ère demi-brigade d'infanterie de ligne et de la 14e d'infanterie légère. Tous les officiers de mon état-major, prévenus de ma détermination de payer de nos personnes, se réunirent à l'instant près de moi, et nous-mêmes, l'épée à la main, nous fonçâmes sur les ennemis. Le choc fut si rude, qu'ils ne purent le soutenir. Culbutés, taillés et mis en pièces, ils se précipitèrent vers le pied de la montagne, où ils entraînèrent la garde du prince et tous ceux qui la suivaient. Les grenadiers hongrois, qui avaient pénétré dans l'intérieur des retranchements, se trouvant alors coupés, se dispersèrent, au nombre de plus de mille, dans les bois en arrière, d'où nos patrouilles, pendant la nuit et la journée du lendemain, les retirèrent et les amenèrent prisonniers à mon quartier général.
Après cette défaite, l'ennemi ne disputa plus la victoire et nous laissa le champ de bataille ...
" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 2, p. 101).

En l'an 8, sous le commandement de Desgraviers-Berthelot, la 1ère Demi-brigade est aux Armées du Danube, du Rhin et d'Italie.

Le 1er Pluviôse an 8 (21 janvier 1800), Clarke écrit, depuis Paris, à Moreau : "Le premier consul Bonaparte me charge de vous mander qu'il a reçu votre lettre du 25 Nivôse …
On s'occupe, citoyen général, des 7 à 800.000 francs que la République batave doit à la 1re et à la 8e demi-brigades de ligne. Des courtiers partent pour cet objet …
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 124).

Le Bulletin de l'Armée du Rhin, rédigé par le Général de Division Dessoles, Chef de l'Etat-major de cette armée, et successivement adressé sous la forme de rapports partiels au Ministre de la Guerre, déclare :
"IV. Rapport du 16 au 2o floréal an VIII (6-10 mai 1800).
BATAILLE DE BIBERACH.
... Les 1ère et 23e de ligne et le 5e de hussards se sont fait remarquer par la vigueur de leur attaque. ...
" (de Carrion-Nisas, Marquis, Campagne des Francais en Allemagne, Année 1800, Paris, 1829; ce Rapport figure dans les Papiers du Général Paul Grenier. XIV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 15 page 42).

Le Capitaine de Grenadiers Sicard est cité à l'Ordre de l'Armée le 9 mai 1800 - Bataille de Biberach.

Moreau écrit, de Biberach, au Premier Consul, une lettre que Carnot lui remet, le 14, à Lausanne : "… Le détachement que vous nous demandez nous dérange, mais nous ferons de notre mieux. Je tâcherai surtout de le cacher à l'armée et à l'ennemi. Je prends, à cet effet, le moins de troupe possible en ligne, d'autant que l'armée est trop éloignée …
Je vais réunir en Helvétie, avec la plus grande hâte, 20 bataillons et 20 escadrons, et les pièces d'artillerie que le Ministre nous demande. Ces troupes seront à la disposition du général Moncey … Je prévois avoir une autre affaire demain, par Hiller, vers Memmingen, et c'est de là que je ferai partir les troupes que j'envoie en Helvétie. Je tire les autres de Strasbourg et de Brisach …
" ; Carnot apporte aussi la situation suivante :
État de situation des troupes qui passent de l'armée du Rhin à l'armée de réserve.
1re Demi-brigade de ligne, un Bataillon, 898 hommes, à la 2e Division du centre (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 353).

Le Lieutenant du Général en chef, Moncey, commandant l'Helvétie, écrit, depuis Berne, le 28 Floréal an 8 (18 mai 1800), au Général Berthier, Général en chef de l'Armée de réserve : "... Le général Moreau me prévient que le général de division Lorge part de son armée avec une division, composée de la 1re demi-brigade d'infanterie de ligne, de la 67e, du 1er bataillon de la 101e, des 15e régiment de cavalerie et 12e de chasseurs; il ne me dit point la force de cette colonne, le jour de son départ de l'armée, celui de son arrivée en Helvétie, ni le point par où elle doit passer le Rhin. A tout événement, j'ai donné l'ordre au général La Poype de lui transmettre celui de se rendre au Gothard par Lucerne ...
En dernière analyse, et toujours dans la supposition que j'ai faite, je pourrai avoir au pied du Gothard, le 4 ou le 5 prairial, les troupes dont l'état est ci-joint :
Division Lorge ... 1re demi-brigade d'infanterie de ligne. On ne connaît pas sa force ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 365).

Selon un état de la "Force de l'Armée de réserve en Italie au 1er prairial an 8 (21 mai 1800", les 3 Bataillons de la 1ère de Ligne, faisant partie de la "Colonne détachée de l'armée du Rhin pour renforcer l'armée de réserve", comptent 898 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 679).

"Ordre du jour de l'aile gauche.
Le 4 prairial an 8 (24 mai 1800).
Le général Moncey, lieutenant du général en chef de l'armée de réserve, commandant l'aile gauche, a établi ses divisions de la manière suivante :
2e Division.
Lorge, général de division.
Bonamy, général de brigade; ce dernier commandera la division jusqu'à l'arrivée du général Lorge.
Foy, adjudant général, chef de l'état-major.
Commissaire des guerres, Souvestre fils ; Cadet, adjoint-commissaire.
Infanterie.
3 bataillons de la 67e;
3 – de la 1re de ligne;
1 – de la 91e – (celui qui tient garnison à Lucerne) ...
Afin de hâter l'expédition de tout ce qui est relatif au service, la hiérarchie militaire sera absolument observée dans les communications pour le service et dans les demandes de toute espèce. Les chefs de corps s'adresseront aux généraux de brigade, ceux-ci aux généraux de division qui les commandent et ces derniers au lieutenant, lorsqu'ils ne peuvent eux-mêmes satisfaire aux réclamations. Les commissaires des guerres correspondent avec l'ordonnateur et celui-ci avec le lieutenant. Les commandants des divisions d'artillerie avec le commandant en chef, ce dernier avec le lieutenant. Jusqu'au moment où une nouvelle organisation sera faite, le commandant de la réserve correspondra avec le lieutenant.
Les troupes sont prévenues que le général lieutenant s'occupe dans ce moment des moyens de faire distribuer à la troupe le peu d'argent qu'il a en caisse; tout ce qui s'y trouvera sera donné.
Les généraux de division, de brigade, commissaires des guerres et autres, se conformeront de suite au présent ordre du jour.
MONCEY
" (Livre d'ordres du Général Moncey - cité par De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 506).

Le 4 Prairial an 8 (24 mai 1800), Moncey, Lieutenant du Général en chef de l'Armée de Réserve, commandant l'aile gauche, écrit, depuis Lucerne, à Bonaparte, Premier Consul de la République française : "Général Premier Consul,
J'ai l'honneur de vous accuser la réception de votre dépêche du 29 floréal.
Je serai le 8 en avant d'Airolo avec la 1re division et le 9 au plus tard avec mes deux divisions; je ne pourrai donc manœuvrer avec toutes mes forces sur Bellinzona que le 9 fort tard ou le 10 au matin. Je n'aurai, au plus, que 11,000 hommes, comme vous vous en convaincrez par l'état ci-joint.
Vous concevez facilement ce retard de vingt-quatre heures en voulant bien vous rappeler que je n'ai reçu mon premier avis que le 25 dans la nuit; qu'alors, je n'avais ni troupes, ni artillerie, ni chevaux de trait, ni chevaux de somme.
Mes subsistances étaient dispersées sur des points éloignés de celui où je dois me mettre en mouvement. Il a fallu tout créer, parce que rien n'existait à notre disposition. Nous n'aurons pas tout ce qu'il nous faudrait; mais nous suppléerons à ce qui nous manque par de la bonne volonté, de la constance et de la résignation; en un mot, pourvu que nous ne soyons obligés de rester dans la vallée Valentine que peu de jours, nous vaincrons les obstacles.
Dès qu'il me sera possible d'établir ma communication avec le Simplon, par le versant italien du Gothard, je le ferai.
Dans l'incertitude où je serai du jour où le général Berthier arrivera sur le Tessin, je serai obligé de tâtonner, lorsque je pourrais avoir et prendre une résolution plus hardie, si j'avais la certitude de son apparition sur le Tessin à jour fixe. Au reste, si l'ennemi se dégarnit, je le pousserai avec vigueur.
Je suis bien sensible, Général Premier Consul, aux marques de votre bienveillance, et je crois vous en rendre certain en vous assurant que mon attachement pour la République n'est égalé que par mon dévouement pour son premier magistrat.
MONCEY.
... Etat des troupes arrivées
1re de ligne 2000 ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 430).

Vers le 27 ou 28 mai 1800, le Corps de Moncey (Division Lorges) comprend la 1re de Ligne, 2000 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 4).

Le 8 Prairial an 8 (28 mai 1800), Moncey expédie l'ordre suivant : "Ordre au citoyen Guerrin, capitaine à la 1re de ligne, de prendre le commandement de la place d'Altdorf. Cet officier est spécialement chargé de maintenir le bon ordre et la discipline parmi les troupes de passage, d'assurer le départ des convois de munitions de guerre et de bouche, de manière qu'elles soient intactes à leur destination, sans que qui que ce soit puisse se permettre d'en changer la destination de tout ou de partie. Si le commandant de la place de Flüelen, port d'Altdorf, est inférieur en grade ou moins ancien que le citoyen Guerrin, il aura le commandement supérieur" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 150).

Le Compte rendu du Général de Division Lorge, daté de Lugano, le 16 Prairial an 8 (5 juin 1800), indique que "... Un bataillon de la 1re de ligne placé à Bellinzona, observant par quelques troupes le débouché du Val Misancina, faisant la police de Bellinzona et de l'intérieur de la vallée, de Tarence à Lugano, Mogadino et Locarno.
Deux bataillons de la 1re tenant les débouchés du Saint-Bernardin sur Chiavenna et Ilantz ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 159).

Le 16 Prairial an 8 (5 juin 1800), l'Adjudant général Foy écrit, depuis Altdorf, au Général Moncey : "Mon Général, j'ai reçu votre lettre du 15 prairial, j'exécuterai de mon mieux les ordres qu'elle contient. Le plus grand désordre règne dans les transports tout est tronqué, tout est désorganisé, ou plutôt rien n'a jamais été organisé. Les dépôts de munitions sont à peu près formés en échelons, mais les moyens de transport ne suivent pas la même progression et cela est ainsi, non seulement du lac Majeur à Altdorf, mais encore d'Altdorf à Lucerne, car le service des bateaux se fait fort mal, et on s'est occupé d'amener des pièces de 8 au lieu de cartouches d'infanterie.
Le général Gilly m'avait parlé de bâts, les habitants n'en ont pas et ils ne peuvent plus en faire, parce qu'ils manquent de son pour les rembourrer. Ainsi on ne s'en procurerait pas, même en les achetant.
Tout est au point, mon Général, que par les moyens ordinaires je ne vous procurerais pas 200,000 cartouches dans le délai de 6 jours lue vous me prescrivez. J'ai donc dû avoir recours aux moyens extraordinaires :
1° Je demande au général Quétard de m'expédier de Lucerne ici, sous deux jours, par le moyen de chaloupes canonnières, un million de cartouches. Il y en a à peu près la même quantité éparpillée d'ici à Airolo; lorsque tout sera réuni sur le lac Majeur, l'armée aura dix-sept cent mille cartouches disponibles (car j'en compte 300,000 pour le déchet);
2° J'ai proposé au commandant de la réserve de cavalerie de charger de cartouches les chevaux de ses cavaliers. Le commandant a senti toute l'importance de ma demande; quoiqu'il ait l'ordre de vous rejoindre à marches forcées, malgré tous les inconvénients qui peuvent en résulter pour les chevaux, il a fait prendre à ses cavaliers 400 cartouches par homme;
3° Je place le peu d'infanterie que j'ai (environ 1000 hommes) en échelons d'ici à Urseren. Les soldats porteront les munitions dans leurs havresacs, ils laisseront dans leurs logements leurs effets et leurs armes. J'estime que chaque homme portera 300 cartouches. Ayant 300 hommes à chaque échelon et les faisant aller un jour et revenir l'autre, ce moyen me procurera par deux jours 90,000 cartouches à Airolo.
Pour transporter ensuite d'Airolo à Magadino, je donne l'ordre à la 1re de ligne de venir s'établir en échelons entre ces deux points. Il est possible que la 1re de ligne ne soit plus dans ses positions, et alors mon opération sera manquée. Dans ce cas, mon Général, je vous prie de suppléer à l'insuffisance de mes moyens. Il doit y avoir des mulets et des chevaux de bâts entre les lacs d'Italie, on pourrait les former en compagnies et les faire aller à Airolo sous l'escorte de la cavalerie. Dans les montagnes, un mulet bâté porte plus que 6 chevaux ne traînent, A défaut de chevaux, il faut des troupes.
Pour faire faire à l'infanterie un service aussi pénible que le transport des munitions, je lui ai promis, en votre nom, que le premier argent donné au corps d'armée pour la solde serait pour elle et qu'on lui payerait une plus grande partie de sa solde arriérée qu'aux autres demi-brigades, en un mot, que vous ne manqueriez pas de lui témoigner votre reconnaissance, Tout ceci ne produira pas de bien grands résultats, la marche des convois sera lente. Il y aura des munitions avariées. Mais il m'est humainement impossible de faire davantage. D'ailleurs les moyens ordinaires, tels que les traîneaux, etc., iront toujours leur train.
J'ai l'honneur de vous répéter, mon Général, que si la 1re de ligne ne se trouve plus à Bellinzona ou au Bernardin, il sera nécessaire que l'on prenne des mesures efficaces pour transporter sur le lac Majeur ce qui arrivera à Airolo. Il est indispensable qu'un officier supérieur d'artillerie soit à Bellinzona et à Magadino, pour recevoir les munitions et organiser le service. Vous me donnez l'ordre de filer sur Milan quand les évacuations seront faites. Je dois vous observer, mon Général, que les évacuations ne seront jamais terminées, car, d'après l'ordre donné aux directeurs des arsenaux de l'Alsace, il arrivera toujours des munitions. Ainsi, je regarderai l'instant où j'aurai fait passer le Gothard à deux millions de cartouches comme celui où je devrai vous rejoindre. Je présume cependant que je recevrai des ordres de vous auparavant. Je n'ai pas de nouvelles de la 102e, du bataillon de la 91e, ni du bataillon de la 12e légère. Je laisserai à Lucerne et Altdorf l'ordre pour tous ces corps de se diriger sur Bellinzona et de là sur Milan. Des 6 compagnies de la 101e que je devais trouver ici, trois ont été retenues à Lucerne pour le service de la place
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 160).

Un État des troupes arrivées du Rhin sous les ordres du général Moncey (non daté - vers le 20 Prairial) indique 1800 hommes de la 1er de Ligne (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 545).

Une situtation intitulée "Composition et force de l'armée à l'époque du 22 prairial an 8 (11 juin 1800)" indique :
Réserve :
... LORGE, général commandant
12e légère 900
1re bataille 1,800
67e bataille 1,800 ... (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 309 - A noter que 1 Bataillon de la 29e, fort de 600 hommes, envoyé par l'Armée du Rhin, n'est par encore arrivé).

Moncey place quelques Bataillons sur le Tessin pour le défendre, face à l'ouest, contre une marche de Mélas tandis qu'il dirige le Général Lorge sur l'Oglio pour s'opposer à une offensive venant de l'est. La route du Saint-Gothard qui relie l'Armée de Réserve à Moreau est fort inquiétée par des partisans ennemis et n'est que très faiblement défendue. Le 24 Prairial an 8 (13 juin 1800), Moncey ordonne, depuis Buffalora : "Ordre au commandant des deux compagnies de la 1re de ligne, qui ont dû arriver aujourd'hui à Galarate, se rendant à Buffalora, par ordre du général Bethencourt, de partir, à la réception du présent ordre, pour se rendre à Sesto, remontant le Tessin et sur le bord du lac Majeur, par le grand chemin de Gallarate à Sesto, où elles resteront jusqu'à nouvel ordre, sous celui du général Bethencourt.
Ce commandant marchera à la tête des deux compagnies avec armes et bagages en bon ordre et discipline, et fera en sorte d'être rendu le plus matin possible à Sesto
" (Livre d'ordres du général Moncey - cité par De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 354).

Le 25 Prairial an 8 (14 juin 1800), Moncey, Lieutenant du Général en chef de l'Armée, écrit, depuis Milan, au Général en chef Berthier : "... Les deux bataillons de la 1re de ligne, qui, comme je vous l'ai dit, ont eu à soutenir, le 17, un combat, occupent les débouchés qui tombent sur Bellinzona et sont d'une force de 1200 hommes.
Déterminé par vos ordres pressants de pourvoir à la défense du Tessin, que l'ennemi menaçait de passer en jetant des ponts sur le Pô; de porter des forces entre Brescia et Crémone; d'en envoyer à Pizzighettone et Plaisance; d'en porter de suite de Buffalora; de laisser trois bataillons à Milan pour le blocus du château ; ne pouvant remplir toutes vos intentions sans appeler deux bataillons sur quatre de mes derrières, ces deux bataillons de la 1re de ligne ont reçu l'ordre d'arriver promptement. Je désire que l'ennemi ne soit pas tenté de prendre les postes que nous aurons abandonnés ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 356).

La "Situation de l'armée de réserve, le 25 prairial, avant la bataille de Marengo" indique :
Division Gilly, 1re de Ligne, 1800 hommes; 102e de Ligne, 1500 hommes; total 3300 hommes, devant la citadelle de Milan (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 372 - Cette situation existe aux Archives de la Guerre; elle n'est pas signée. Elle est reproduite dans le Journal de Brossier (exemplaire de la Bibliothèque du Ministère de la guerre, A. II, d. 147). Une autre situation parut dans la Relation de la bataille de Marengo, rédigée au Dépôt de la guerre et publiée en 1805. Elle ne diffère de celle-ci que par la forme et quelques détails pour certains effectifs. On l'a reproduite dans les Mémoires de Napoléon In Corresp. de Napoléon, t. XXX, p. 386).

La Situation de l'Armée de Réserve, le 25 Prairial an 8, indique :
Bonaparte, Premier Consul, commandant en personne.
Alexandre Berthier, Général en Chef.
Devant les places et en position sur les deux rives du Pô
Lieutenant général Moncey, Division Gilly, 1re de Ligne (Berthelot), 3 Bataillon, 1800 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 548 - situation extraite de la Relation de la Bataille de Marengo, rédigée en 1805 au Ministère de la Guerre).

Le 27 Prairial an 8 (16 juin 1800), dans la nuit, à 2 heures, Moncey, Lieutenant du Général en chef, écrit, depuis Milan, au Général en chef Berthier : "... Voici les dispositions que j'ai prises :
Un officier est parti pour Côme, afin de diriger Sur Turbigo un bataillon de la 1re de ligne qui y a couché cette nuit, et qui venait sur Milan, L'autre bataillon est à un jour de marche en arrière du premier et suivra le mouvement de celui qui le précède. Le 3e de la même demi-brigade, déjà rendu sur les lieux, mais dispersé, se concentrera sur Turbigo.
Le général Béthencourt a ordre, dans le cas où il serait serré, d'éviter d'être coupé, d'être pris à dos et d'effectuer le passage du Tessin pour le barrer à l'ennemi ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 475).

D'après un État de situation de l'armée de réserve à l'époque du 1er messidor an 8 (20 juin 1800), la 1re de Ligne, forte de 3 Bataillons et de 1800 hommes (Brigade Gilly), prend position à Brescia (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 531).

Le 4 Messidor an 8 (23 juin 1800), à Milan, Bonaparte, Premier Consul de la République, arrête : "ART. 1er. – L'armée d'Italie sera composée des demi-brigades et régiments ci-après, savoir :
... Infanterie de ligne. – 1re, 2e, 3e, 10e, 11e, 22e, 24e, 26e, 28e, 29e, 30e, 34e, 40e, 41e, 43e, 44e, 58e, 59e, 60e, 67e, 68e, 70e, 71e, 72e, 74e, 78e, 91e, 96e, 97e, 99e, 101e, 105e, 106e, 107e, 102e ...
ART. 3. – Les dépôts des demi-brigades d'infanterie légère et de ligne, ainsi que des régiments des troupes à cheval et autres troupes qui restent à l'armée d'Italie, auront ordre de rejoindre l'armée.
ART. 4. – L'ordonnateur en chef et tous les agents des administrations qui ne seront pas jugés nécessaires pour le service de l'armée d'Italie retourneront à l'armée de réserve à Dijon.
ART. 5. – Le Ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 521).

D'après l'Etat militaire de l'an 8, la 1re Demi-brigade est à l’Armée du Rhin, à Strasbourg. Chef de Brigade, C. Desgraviers-Berthelot; Chef du 1er Bataillon : C. C. Desgraviers; Chef du 2e Bataillon : Manjeot; Chef du 3e Bataillon : Dein.

La 1ère Demi-brigade est à l'Armée d'Italie et en Cisalpine en l'An 9.

D'après l'Etat militaire de l'an 9, la 1re Demi-brigade est à Milan en Cisalpine; Chef de Brigade, C. Berthelot-Desgraviers; les Chefs de Bataillon sont Martin, Dein, et X...

D'après l'Emplacement des troupes de la République française à l'époque du 1er Fructidor an 9, la 1re Demi-brigade d'infanterie de ligne se trouve en Cisalpine.

En l'an 10, la 1ère Demi-brigade de ligne est en Cisalpine (vérone).

Le 15 Germinal an 10 (5 avril 1802), à Paris, "Le ministre de la guerre propose d'annuler la démission donnée par le citoyen Guérin, capitaine de la 1re demi-brigade de ligne, démission acceptée le 2 vendémiaire an x"; "On ne replace pas un officier qui a donné, de plein gré, sa démission" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6024).

En l'an 11, la 1ère Demi-brigade de Ligne est à Vérone et à Mantoue.

Le 4 Brumaire an 11 (21 octobre 1802), Murat écrit, depuis Milan, à Bonaparte : "… Mon général, peu de jours ont suffi pour me faire connoitre et l'esprit du pays envers les Français et le sistème actuel de la majeure partie des Italiens, c’est-à-dire de ceux qui veulent toujours de nouvelles révolutions. Mon rapport sur la conduite que l'on tient envers nous dans les douanes et à l'entrée des villes, vous donnera une idée certaine des dispositions des esprits pour l'armée ; à Brescia, à Bergame, à Bologne et Lodi, on a forcé insolemment, sans procédés ni égards, les généraux, déjà si malheureux, de payer cinquante sols la ration de fourrages que vous ne leur faites rembourser que 25 s., à payer encore des droits à l'entrée de ces villes; ailleurs, on ouvre, sans attendre le propriétaire, malles et paquets adressés à des Français, et ils sont en outre obligés de payer un droit, quoiqu'on se soit assuré que les effets sont pour leur usage ou leur consommation. Hier au soir, on a arrêté ici, à une des portes de la ville, le chef de brigade de la 1ère de ligne venant de Mantoue, il n'avoit qu'un simple portemanteau, et, malgré l'assurance qu'il donne qu'il ne contient que des chemises, mouchoirs, etc., et sur la résistance qu'il fit de donner son portemanteau, on parvint à le lui arracher, lorsqu'ayant tiré son sabre, il parvint, à son tour, à mettre en fuite cette canaille ; il offrit aussitôt son portemanteau à visiter à l'officier du poste de la porte.
Tous les jours, je reçois des plaintes semblables, et craignant quelqu'événement fâcheux, j'ai cru devoir solliciter une décision en faveur des Français de la part de Melzi. Les effets à mon adresse ne sont pas plus respectés que ceux des autres, c'est une vilenie qui fait crier l'armée. J'ai trouvé le Vire-Président très disposé à nous être favorable. Je connois trop combien vous voulés qu'on respecte une nation que voux avés rendu si respectable, pour permettre qu'on lui manque de ces égards que commandent en Italie votre nom et le titre d'armée protectrice et non auxiliaire.
Quoi que le citoyen Melzi m'ait assuré vous avoir mis sous les yeux un tableau exact de la situation politique de l'Italie, je dois néanmoins vous faire connoître tout ce que mes conversations avec les hommes de tous les partis m'ont mis à même de recueillir de vraisemblable. Je ne serai pas long, mais je serai vrai, vous pouvés compter sur l'exactitude et l'existence des faits.
Tout ce qui tient au Gouvernement nous déteste cordialement à quelques individus près, notre tutelle les humilie, ils ne rêvent que l'indépendance qu'ils espèrent trouver dans la protection des Anglais, qui ont, dans ce moment, des agents dans tous les coins de 1'Italie. Ces patriotes, ceux qui voudraient une seule République en Italie, disent : « Bonaparte nous a refusé la liberté, nous empêche, nous, Napolitains, Romains, Toscans, etc. de changer notre gouvernement, veut toujours nous gouverner ; eh bien ! jetons-nous dans les bras des Anglais, ceux-là doivent nous protéger, parce qu'ils doivent craindre la puissance de la France, gouvernée par Bonaparte, ils le fairont ; confiance en eux et haine contre les Français. » Voilà bien certainement quel est dans ce moment l'esprit de ces messieurs ...
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 284, lettre 958).

Le 2 novembre 1802 (11 Brumaire an 11), Murat écrit, depuis Milan, au Ministre de la Guerre : "... Voilà la Romagne et le Bas-Pô évacués, il ne me reste maintenant que la 1ère de ligne qui est sur l'Adige et la 101e qui occupe la ligne du Mincio pour faire remplacer le corps, qui de la Valteline passera dans les Grisons. La 81e 1/2 brigade occupe Parme depuis la mort de l'Infant. Me voilà donc absolument sans une seule demi-brigade d'infanterie en Italie, si vous persistez dans l'exécution de vos dispositions contenues dans votre dépêche du 23 vendémiaire. Cependant Bologne continue à ne pas être tranquille, le général Pino y commande ; il y a des mouvements à Naples et dans les États du Pape, et si l'on se bat en Suisse, je ne sais pas si on ne parviendra pas à remuer Bologne et toute la Romagne, puisque nous n'y aurions plus un seul homme. Cependant, ne voulant pas laisser absolument sans troupes les départements du Rubicon et du Bas-Pô, je viens d'y envoyer le 15e de cavalerie et je vous préviens que je ne ferai remplacer Ile corps de la Valteline, si je suis forcé de le faire passer à Coire. sans un ordre positif de votre part, étant bien persuadé qu'il ne convient dans aucun cas d'évacuer les lignes de l'Adige et du Mincio. J'attendrai avec bien de l'impatience votre dernière détermination" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 289, lettre 960).

Le 27 décembre 1802 (6 Nivôse an 11), Murat écrit à Bonaparte : "Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous l'annoncer, mon général, je viens de passer la revue d'une partie des troupes dont vous m'avez confié le commandement et je m'empresse de vous rendre compte de son résultat ...
VÉRONE. — J'y ai passé la revue de la 1ère de ligne ; il s'en faut bien que ce corps soit en aussi bon état que la 1ère légère, son instruction m'a paru très négligée et ses officiers peu instruits ; au reste, ce corps a une très bonne tenue, très bon esprit et très bonne conduite, les vieux soldats ne désirent que la guerre.
Esprit public. — Quoique je ne sois resté dans cette ville que deux heures, il m'a semblé bon, d'après tous les rapports qui m'ont été faits. Les Véronois m'ont paru très réservés, et cette retenue de leur part ne peut être que l'effet du bruit de guerre et du voisinage des Autrichiens, qui sont généralement abhorrés dans tous les Etats de Venise. A Vicence, on a été obligé de faire fermer le théâtre, les bourgeois s'y sont battus avec des officiers. A Trente, la garde nationale y a refusé de faire le service. En dernière analyse, les Français ont une préférence marquée sur les Autrichiens dans tous les pays que vous avez conquis ...
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 316, lettre 986).

L’arrêté du 1er Vendémiaire an 12 (24 septembre 1803) rétablit la dénomination de Régiment d’infanterie. Son Colonel est toujours François Desgravière-Berthelot.

D'après l'Etat militaire de l'an 12, la 1re Demi-brigade est à Vérone en Italie. Colonel : Ganivet-Desgraviers.

Le 28 Germinal an 12 (18 avril 1804), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier : "… Demandez au général Jourdan des renseignements sur le citoyen Berthelot, chef de la 1re demi-brigade de ligne, qui, à ce qu'il paraît, s'abandonne au jeu, conduite indigne d'un officier qui, père de famille et ayant 2,000 enfants à soigner, leur doit l'emploi de tout son temps et l'exemple d'une bonne conduite …" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7695 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8813).

En l'an 13, le 1er Régiment de ligne est à Brescia.

En Frimaire an 13, on communique à Napoléon une "Pétition : "Cornu Wisselet, âgé de 25 ans, taille de 5 pieds 6 pouces, grenadier au 1er régiment d'infanterie de ligne et député du dit corps (au couronnement), ose profiter de son honorable mission pour supplier très humblement Votre Auguste Majesté de l'admettre au nombre des braves qui composent sa garde impériale. Neuf années de service aux armées actives et sa conduite attestée par le certificat de son colonel lui méritent cette faveur qu'il ambitionne ardemment"; "Accordé", répond l'Empereur (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 5334).

Campagnes de l'an 12 à 1806 à l'Armée d'Italie

Le 5 Pluviôse an 13 (25 janvier 1805 – 28 janvier dans la CGN), l'Empereur écrit, depuis Paris, au maréchal Berthier : "Mon Cousin, mon intention est que le maréchal Jourdan réunisse à Vérone les 1er, 10e, 52e et 101e régiments de ligne, et les 3e et 15e régiments de chasseurs, avec douze pièces d'artillerie attelées, sous les ordres du général de division Gardanne et de deux généraux de brigade ; qu'il mette à Legnago un des deux bataillons suisses qui sont à Forli, pour former le fonds de la garnison de cette place, sans que le commandant puisse distraire aucun homme du service habituel de la place, et que l'autre bataillon soit mis à Ferrare pour le même objet ; que le général Gardanne tienne réunies, le plus possible, ses forces à Vérone et villages environnants, pouvant cependant s'étendre à Villefranche, Peschiera et Bussolengo ; qu'il tienne quelques détachements de cavalerie aux principales communications de l'Adige jusqu'au canal Blanc ; que le 2e de hussards italiens, également sous les ordres du général Gardanne, se cantonne à Rovigo et fournisse des détachements depuis le canal Blanc jusqu'à la mer. Vous ferez connaître au maréchal Jourdan que, pour aujourd'hui, ces dispositions me paraissent suffisantes, jointes à l'armement que j'ai ordonné des places et à un premier approvisionnement. Cette division du général Gardanne portera le titre de contre-cordon. Ce général doit d'ailleurs se comporter avec la plus grande urbanité, ne témoigner aucune méfiance et ne pas laisser penser que cela vienne du Gouvernement ; il se bornera à dire, dans la conversation, que ce sont de simples mesures de précaution qui cesseront dès que le cordon autrichien sera dissous. Vous lui recommanderez de porter par-dessus tout la plus grande attention sur Legnago, et de faire mettre sur-le-champ, par le directeur du génie, cette place à l'abri d'un coup de main. Vous ferez connaître au maréchal Jourdan que je n'ai aucune vue hostile, que je ne veux pas faire la guerre à l'Empereur, et que je ne pense pas qu'il veuille me la faire ; que j'ai lieu d'être tranquille ; mais que, voyant un mouvement de troupes extraordinaire, il ne serait rien moins que convenable que les places se trouvassent toutes exposées ; au lieu que, moyennant ces premières dispositions, Legnago, Peschiera et Mantoue se trouveront suffisamment garnies. Faites-vous rendre compte de la situation de ces places. C'est surtout contre Legnago qu'on doit maintenir la plus grande police ; elle est en état de siège, et, étant sur le cordon, elle pourrait être surprise tous les matins ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8287 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9525).

Le 8 Pluviôse an 13 (28 janvier 1805), l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Faites connaître au maréchal Jourdan que les mouvements des troupes autrichiennes sont trop exagérés ; que je n'ai aucune raison de supposer que la cour de Vienne ait fait aucune disposition générale tendant à prouver qu'elle veuille renouveler les hostilités ; que cependant j'ai cru devoir prendre des mesures pour l'approvisionnement des places et mettre Legnago à l'abri [de) toute surprise ; que mon intention est que les 52e, 1er, 10e et 101e de ligne et les 3e et 15e de chasseurs soient réunis avec 2 compagnies d'artillerie et 12 pièces d'artillerie attelées à Vérone sous les ordres du général Gardanne et de deux généraux de brigade ; ils mettront des cantonnements à Rivoli, Bussolengo, Villefranche et quelques piquets de cavalerie le long de l'Adige jusqu'au canal Blanc ; qu'un des bataillons suisses qui sont à Forli se rende à Legnago, pour former le fonds de la garnison et y rester aux ordres du commandant d'armes ; que l'autre bataillon se rende à Ferrare pour le même objet ; que le 10e de ligne se rende à Brescia avec 6 escadrons du 24e et 29e dragons et 6 pièces d'artillerie attelées ; que le 60e se rende également à Brescia et qu'à la moindre idée d'hostilités, cette division sera renforcée par le 43e qui est à Rimini ; qu'une division italienne se rende à Crémone composée du 2e, 3e et 4e de ligne et du 1er de chasseurs, avec 6 pièces d'artillerie attelées ; que le 1er d'hussards se rende à Rovigo pour garnir les postes de cette frontière depuis le canal Blanc jusqu'à l'Adriatique.
Ainsi le maréchal Jourdan aurait 3 divisions, la 1re de 7 000 hommes, la 2e idem et la 3e de 5 à 6 000 hommes italiens ; ce qui ferait un fonds de près de 26 000 [sic] hommes qui les supposant brusquement attaqués par des forces supérieures se reploieraient en deçà du Mincio, en laissant le bataillon suisse évalué à 900 hommes qui est à Legnago dans cette place, ainsi qu'un détachement italien de 700 hommes, un bataillon français de 600 hommes et 100 canonniers, la même force à Peschiera et 6 000 hommes à Mantoue, le tiers italien et le reste français. Un millier de chevaux d'artillerie se dirige sur l'Italie et en portera le nombre à 3 000 chevaux. Recommandez qu'on veille à ce que le parc d'artillerie soit en bon état, car c'est surtout l'artillerie qui retarde la formation des armées. Recommandez au maréchal Jourdan que ce mouvement se fasse sans ostentation, sans provocation, sans proclamation et sous le titre de contre-cordon. Il donnera au général Gardanne le commandement de la rive droite de l'Adige et le titre de commandant de l'avant-garde du contre-cordon. Le général Gardanne dira aux généraux autrichiens que l'ordre a été donné de faire un contre-cordon, que si cependant on veut casser un cordon sans but, puisqu'il n'y a pas de peste en Italie, on n'établira pas de contrec-ordon sur la rive droite de l'Adige. Vous ferez donner ordre que les mesures de police qui seront prises sur la rive droite par rapport à la rive gauche soient les mêmes que celles de la rive gauche par rapport à la rive droite ; leur commerce sera par là plus gêné que celui d'Italie. Donnez ordre en attendant au 63e de se rendre à Brescia et au 4e de chasseurs qui est dans la 6e division militaire de se rendre à Lodi
" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9527 ; le 63e n’était pas en Italie ; ce doit être le 53e).

Le 29 Ventôse an 13 (20 mars 1805), à La Malmaison, "On propose pour une sous-lieutenance au 1er régiment d'infanterie le sieur Canavaggia, secrétaire d'état-major des places"; "Refusé ; il passe au service du royaume d'Italie" répond l'Empereur (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3246).

Le 21 mars 1805 (30 Ventôse an 13, date présumée), Napoléon écrit depuis La Malmaison au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, je vois avec peine que l'on me propose, tous les jours, des avancements rapides pour des officiers d'état-major, des lieutenants qui ne le sont que de deux, trois, quatre ans, et l'on se croit ancien lorsqu'on date de l'an VII. Cependant il n'y a pas de régiment où il n'y ait huit capitaines de 1792 ayant des blessures et fait toutes les campagnes. J'en compte sept dans le 1er régiment ... Mon intention est que vous me remettiez un état de tous les officiers qui ont été faits capitaines pendant l'an XIII et avant, un même état des lieutenants et sous-lieutenants, avec la note de leurs services, s'ils ont fait la guerre dans leur corps sans interruption, avec des notes sur chacun d'eux, et que vous ne me proposiez aucun officier pour être chef de bataillon que la liste de ceux qui sont sur cet état ne soit épuisée" (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8460).

Le 27 mars 1805 (6 Germinal an 13), l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "... Je passerai en revue dans les dix premiers jours de prairial, dans la plaine de Lonato, les 22e et 23e légers, les 1er, 10e, 106e, 52e, 62e, 101e, 53e de ligne, et les trois régiments italiens. Le général Jourdan formera quatre divisions, chacune de trois régiments; on les cantonnera sur la Chiese et le Mincio ... Vous me ferez connaître également ce qu'il sera nécessaire de donner aux troupes pendant le temps qu'elles seront cantonnées ...
Vous recommanderez bien au maréchal Jourdan que ces mouvements n'aient point l'air de mouvements de guerre ...
" (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8491; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9739).

Le 3 Floréal an 13 (13 mai 1805), Murat écrit au Ministre de la Guerre : "Monsieur le maréchal ministre, j'ai l'honneur de solliciter votre bienveillance particulière en faveur du brave capitaine Faure, du 1er régiment d'infanterie de ligne. Cet estimable officier que je connais depuis longtemps, et auquel je porte une affection toute particulière, a toujours servi avec distinction et a constamment mérité l'estime de ses chefs et l'amitié de ses camarades. Je prie Votre Excellence de vouloir bien récompenser ses services et sa bonne conduite, en l'élevant au grade de chef de bataillon. Il est peu d'officiers qui méritent plus que lui de l'avancement et je puis vous assurer que tous les militaires de son corps le verraient avec plaisir promu au grade que je vous demande pour lui. Recevez, etc." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 426, lettre 1995).

D'après la situation des "Troupes dans le royaume d'Italie à l'époque du 1er thermidor au XIII" (20 juillet 1805), il y a, dans la 2e Division à Bergame, le 1er de Ligne, fort de 2154 hommes à l'effectif, et 1999 hommes présents à Bergame (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 117 et suivantes).

Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 1er de Ligne a ses 1er, 2e, 3e Bataillons dans le Royaume d'Italie, 2e Division. 1,999 sont présents, 46 en recrutement ou détachés, 109 aux hôpitaux, total 2154 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).

En l'an 14, le 1er Régiment de Ligne est à Palmanova.

A l'ouverture des hostilités, vers le milieu du mois d'octobre, l'Armée d'Italie a été portée à 65000 hommes, sous le commandement du Maréchal Massena, commandant en chef. L'aile gauche de cette armée comprend la Division d'infanterie Duhesme, Brigades Goulus et Camus, treize Bataillons des 14e d'infanterie légère, 20e, 1er, 102e de ligne, trois escadrons du 25e de chasseurs à cheval, 7000 combattants et six bouches à feu ; la Division d'infanterie Serras, Brigades Gilli, Guillet, Mallet et Schild, seize bataillons des Carabiniers corses, 8e d'infanterie légère, 53e, 81e, 106e, 13e et 9e de ligne, quatre escadrons des Dragons de la Reine, 8000 combattants, six bouches à feu (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 277).

A la fin de décembre, et après sa formation, le 8e corps, ayant pour Général en chef Masséna comprend la Division Duhemne (9000 hommes des 14e et 25e d'infanterie légère, 1er, 20e, 102e de ligne) dans le cercle de Cilly (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 2).

En 1806, le 1er de Ligne est au 8e Corps de la Grande Armée, puis à l'Armée de Naples.

Le 12 mars 1806, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Dejan, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, mon intention est que les trois mille hommes formant la réserve des départements ci-dessous nommés marchent comme les autres et soient dirigés, savoir ceux du département :
... Des Basses-Pyrénées … 1er de ligne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 329 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11656).

Le 21 avril 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, donnez ordre au général commandant en chef de l'armée de Naples d'envoyer aux dépôts du corps de cette armée qui sont en Italie les cadres de ses 3es et 4es bataillons. Donnez ordre que les 6e, 42e et 1er régiments de ligne envoient leurs registres aux conseils d'administration des dépôts, afin d'établir une marche régulière.
Donnez ordre que les majors des régiments de l'armée de Naples restent avec les dépôts en Italie.
Donnez ordre au général Charpentier de passer une inspection de revue de ces dépôts et de renvoyer chez eux, ou aux vétérans, ou aux invalides ceux qui en seraient susceptibles, en faisant la proposition des pensions à accorder.
Faites connaître aux généraux commandant en chef les armées de Naples et d'Italie que les 14 dépôts du corps de l'armée de Naples doivent rester où ils sont et qu'aucun homme ne peut être retiré, désirant les porter au grand complet de guerre par les conscrits que j'y enverrai afin de mettre ces 14 bataillons dans le cas d'entrer eux-mêmes en ligne. Il y a dans les dépôts de l'armée de Naples beaucoup de places vacantes ... Prévenez ces 14 dépôts de l'arrivée des conscrits qui doivent les porter au grand complet de guerre, et enjoignez-leur de préparer des moyens d'habillements, d'équipements et d'armements en conscrits devant arriver dans le courant de l'année
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 390 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11927).

Au 1er mai 1806, d'après les états de situation envoyés par le Prince Éugène, commandant en chef, la composition et la force des divers corps composant l'Armée dite d'Italie, dont le quartier général est à Milan, est la suivante :
Division DES DÉPÔTS DE L’ARMÉE DE NAPLES, comptant à l'armée d'Italie :
1re division, Général de Brigade Pouchin (Forli) ; 3es Bataillons des 1er, 14e, 23e léger, 1er, 6e, 10e, 42e de ligne ; 3500 présents - Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 268.

Le 3 juin 1806, Eugène écrit, depuis Monza, à Napoléon : "… Votre Majesté s'étonne que des régiments manquent d'habillement ; presque tous les corps ont habillé leurs recrues en vestes et en culottes d'ordonnance. Je dis presque, car, par exemple, les 1er, 6e et 42e (faisant anciennement partie de l'armée de Naples) n'ont pas la moindre ressource, et, ce soir même, j'ai donné l'ordre que les conscrits que ces régiments avaient reçus passeront aux corps qui pourront de suite les habiller ; les 101e et 52e seront en état de les prendre.
Votre Majesté me dit : « Pourquoi envoie-t-on de l'argent à Naples ?» Mais ces trois dépôts sont sans ressources, et en voilà la raison (aussi expliqué dans la revue). Votre Majesté sait que les corps reçoivent l'habillement en deux portions. Ces régiments ont touché la portion que nous avons le droit de payer comme la solde, et ils sont au courant pour les deux objets ; mais la première année (portion payable seulement sur ordonnance du ministre directeur) manque à ces trois dépôts.
L'année dernière, faisant partie de l’armée de Naples, le ministre envoyait tout à Naples, où on faisait payer par le payeur, ce que j'ignore ; mais ce que je sais, c'est qu'on suit la même méthode et que les dépôts des 1er, 8e et 42e sont en oubli pour cette partie ; pareille remarque a été faite dans la revue pour les corps de l'ancienne armée de Hollande, qui sont en arrièrc des autres pour l'habillement ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 418).

Le 7 juin 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Roi de Naples : "... Voici comment je placerais vos troupes au moment de l'expédition de Sicile :
... Le 14e léger, le 1er léger, le 23e léger, le 1er de ligne, le 20e de ligne, les 29e de ligne, 42e et 102e, les Polonais, les Suisses, les Corses et quelques régiments de chasseurs et de dragons, seraient chargés de l'expédition de Sicile. Cela formerait 18,000 hommes, en y joignant le bataillon de grenadiers des deux régiments qui sont à Naples et ceux des quatre régiments italiens ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 285 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10329 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12252).

Le 10 juin 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, je vois avec peine que vous avez interverti l'ordre de la conscription, en ordonnant au 1er, 6e et 42e de donner leurs recrues à d'autres régiments. Il est plus convenable que le 101e et le 52e donnent des habits à ces régiments, et comme j'ai ordonné qu'on envoyât d'Alexandrie des tricots pour les trois régiments, au moment de l'arrivée des tricots, ils rendront aux 101e et 52e ce que ces régiments leur auront prêté.
Je ne conçois pas, si ces corps ont reçu la portion de la masse qui se paie comme solde, comment ils n'ont pas acheté de quoi se faire des vestes et des culottes. Vous savez que sur la portion de la masse qui se paie comme solde, on paie 22 francs à chaque conscrit à son arrivée. Avec cet argent on peut leur donner des culottes et des vestes. Faites-vous rendre compte de cet objet
" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 434 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12272).

Dans la première quinzaine de juin, l'armée du Vice-roi comprend la Division des Dépôts, Généraux Pouchin (Forli), Valory (Bologne), Laplanche-Mortièrcs (Modène), 7500 fantassins des 1er, 14e, 22e et 23e Légers, 1er, 6e, 10e, 20e, 29e, 42e, 52e, 62e, 101e et 102e de Ligne, du 4e Régiment suisse et du 32e Léger (1er Bataillon) (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 285).

Le 17 juin 1806, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "Sire, je reçois la lettre de Votre Majesté du 7. Elle porte l'armée à quarante-quatre mille hommes présents. Votre Majesté verra, par le résumé ci-joint, que le total des présents est de trente-huit mille deux cent trente-six. L'erreur vient de ce que la garnison d'Ancône et les régiments qui, d'après les ordres précédents de Votre Majesté, ont dû quitter l'armée, se trouvent compris dans le premier état ..."; voici ce résumé : "... Dans le 2e corps : onze mille six cent quatre-vingt-treize hommes et quatre mille quatre cent trente-six chevaux répartis dans les 1er de ligne, 14e léger, 2e, 3e, 4e, 5e italiens, hulans polonais, 7e, 24e, 28e de dragons, dragons de la Reine, dragons Napoléon, l'artillerie, le génie et le train des équipages des troupes italiennes, et la légion hanovrienne" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 302).

Le 28 juin 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, faites-moi connaître pourquoi les majors ... des 1er, 20e, 62e et 102e de ligne faisant partie de l'armée de Naples ne sont pas à leurs depôts dans le royaume d'ltalie" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 503 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12389).

Le 20 août 1806, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet au Roi de Naples. Cette lettre est suivie d'un "Projet de placement de l'Armée de Naples ... Une autre division, commandée par le général Espagne et composée du 1er de ligne, du 42e et du 1er d'infanterie légère, serait placée dans une bonne position, à deux heures de distance de Naples. S'il y a des bois et une localité favorable, on la ferait camper ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 138 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10674 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12752).

Le 29 août 1806, Joseph écrit, depuis Capo di Monte, à Napoléon : "… J'ai reçu la lettre de Votre Majesté avec ses instructions. Je la remercie, je les mettrai à exécution : déjà j'ai donné l'ordre au 1er de ligne de se rendre à Naples …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 165).

Le 4 septembre 1806, Joseph écrit, depuis Capo di Monte, à Napoléon : "… J'attends sous peu de jours le 1er de ligne et la brigade du général Tisson : je commencerai alors à exécuter les dispositions de Votre Majesté ; en attendant, on les prépare : déjà une partie a reçu son exécution. Le 24e de dragons arrive ici après-demain …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 182).

Le 5 septembre 1806, Joseph écrit, depuis Capo di Monte, à Napoléon : "Sire, Votre Majesté trouvera dans le rapport ci-joint les détails de l'expédition du Cilento. J'ai donné des ordres pour former des compagnies franches de gens du pays, afin d'épargner vos troupes.
Le départ du 1er de ligne des Abruzzes a été suivi d'un mouvement de rébellion qui s'est manifesté aussitôt. J'ai donné l'ordre aux corps des généraux Tisson et Laplanche de s'arrêter dans ces provinces jusqu'à ce que le mouvement fût apaisé …
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 184).

Le 7 septembre 1806, Joseph écrit, depuis Capo di Monte, à Napoléon : "… le 1er d'infanterie de ligne n'est pas encore arrivé à Capoue" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 188).

En 1807, le 1er Régiment de Ligne est à l'Armée de Naples. Le Régiment passe sous le commandement de Devillers en février 1807.

Le 2 février 1807, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "… Les Anglais viennent de jeter encore 800 hommes près de Longobardi ; ils ont été taillés en pièces par le colonel Huard, du 42e, et le colonel du 1er de ligne. Si Votre Majesté nomme le colonel Huard général de brigade, je désire le garder pour la Calabre ; il entend parfaitement cette guerre ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 303).

Le 19 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général de Division Charpentier : "Je vous adresse ci-joint, mon cher général, les états de situation au 16 février des 1er, 6e, 10e, 20e, 42e, 52e, 62e, 101e, 102e régiment de ligne, des 14e, 22e et 24e légers" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 83 page 181 - Note : il y a sans doute erreur pour le 24e Léger).

Le 11 mars 1807, Delcambre écrit Général de Division Chef de l’Etat-major : J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, les états de situation au 1er mars des 1er, 6e, 10e, 42e de ligne, 14e, 23e régiments d’infanterie légère aux ordres de M. le général Pouchin. Cet officier général n’ayant reçu que le 7 courant l’ordre général du 23 février dernier relatif à la note des conscrits quoique qu’il lui ait été expédié par le courrier du 2, la négligence de la poste l’ayant dirigé sur Milan, le fait exécuter aux situations du 8 dernier. Je vous prie, mon général, de vouloir bien ordonner qu’on ne fasse le relevé sur le livret d’inspection pour celle-ci seulement" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 82).

Le 12 mars 1807, l'Empereur écrit depuis Osterode, au Prince Eugène : "Mon Fils ... Il faut préparer un nouveau secours pour l'armée de Naples, à pouvoir lui envoyer avant la grande chaleur, indépendamment des 4,700 hommes que vous avez fait partir dernièrement. Ce secours sera composé de la manière suivante : 120 hommes du 14e léger, 190 hommes du 23e, 120 hommes du 1er de ligne, 190 hommes du 6e, 120 hommes du 10e, 120 hommes du 22e léger, formant un bataillon provisoire de 720 hommes (il suffira que chaque détachement, ou compagnie, soit commandé par un officier, deux sergents et quatre caporaux ; vous chargerez un chef de bataillon de commander ce bataillon provisoire) ; et un second bataillon de 960 hommes ...
Mon intention est que le 1er bataillon provisoire soit réuni à Ancône le 15 avril, et parte pour l'armée de Naples ; que le 2e bataillon soit réuni à Ancône le 20 avril, et se dirige également sur Naples. Ces 1,700 hommes, joints aux 4,700 qui sont déjà partis, compléteront les cadres.
Il faut avoir soin que ces détachements soient bien armés, bien habillés et bien équipés...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 273 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12013 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14581).

Encore le 12 mars 1807, Delcambre écrit au Chef de l’Etat-major général : "J’ai l’honneur de vous adresser les états de situation au 8 mars, des corps sous les ordres de M. le général Pouchin, 1er, 6e, 10e de ligne, et 14e d’infanterie légère. Ils présentent celui du recrutement à cette époque conformément à l’ordre du 23 février dernier.
Je joins la situation de ce même recrutement au 1er mars que je n’ai pu avoir l’honneur de vous faire parvenir plus tôt à cause du retard dans les postes
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 82).

Le même 12 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major général : "J’ai l’honneur de vous adresser, mon cher général, les états en triple expédition, des sommes dues au 1er, 6e, 10e de ligne et 14e régiment d’infanterie légère aux ordres de M. Le général Pouchin" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 91 page 196).

Toujours le 12 mars 1807, le Général de Division Grenier écrit aussi au Général Pouchin : "S. A. I. passera la revue du régiment de grenadiers et voltigeurs réunis à Padoue vers le 15 du courant. Veuillez mon cher général, donner les ordres les plus précis aux commandants des dépôts sous vos ordres, de faire compléter de suite ce qui manque aux grenadiers et voltigeurs de leurs corps respectifs à l’exception des sabres qui manquent pour le moment. Dans le cas où il n’y aurait point d’effets dans les magasins, ils prendront ceux des hommes qui sont aux dépôts, ils s’attacheront particulièrement à l’armement.
Sous aucun prétexte il ne doit rester de sapeurs aux dépôts ; dans le cas où il s’en trouverait, ils recevront l’ordre de partir sans délai pour les grenadiers et carabiniers.
Ci-joint est l’état des besoins, relevés par ceux des colonels commandant des dépôts qui ont fourni des grenadiers coiffés de chapeaux aux régiments réunis à Padoue, de leur envoyer des bonnets et à défaut des shakos.
1er de ligne : grenadiers, voltigeurs, il ne manque rien ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 91 page 196).

Le 19 mars 1807, Delcambre écrit au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint les états de situation au 15 mars des 1er, 6e, 10e, 20e, 52e, 62e, 101e, 102e de ligne, 14e, 22e léger et 9e de chasseurs à cheval. Je joins le rapport des mouvements de la place de Mantoue du 1er au 16. La situation de la garnison de cette dernière époque, le rapport journalier du 1er au 14 de la division aux ordres de monsieur le général Pouchin et enfin en double de la situation au 1er mars du 22e régiment d’infanterie légère, laquelle s’est égarée dans le temps" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 83).

Le même 19 mars 1807, Delcambre écrit au Général Charpentier : "J’ai eu l’honneur de vous adresser le 5 courant, mon cher général, les états en triple expédition, des sommes dues aux corps de la garnison de Mantoue ; le 11 ceux du 22e et 52e, le 12 les 1er, 6e, 10e de ligne, et le 14e d’infanterie légère, le 23e régiment de cette arme ne faisant plus partie des corps à mes ordres, je ne puis vous faire parvenir ses états" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 83).

Le 26 mars 1807, Delcambre écrit au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, les états de situations au 24 mars, des 1er, 6e, 10e, 20e, 52e, 62e, 101e, 102e régiments de ligne, 14e et 22e d’infanterie légère, et 9e chasseurs à cheval" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34 page 80).

Avril 1807 (juin selon Le Spectateur Militaire, 15 avril 1839 - 15 septembre 1839, p. 219) Colonel Jean Saint-Martin, fait Maréchal de camp, le 23 août 1814.

Le 3 avril 1807, le Général Grenier écrit au Général Chef de l’Etat-major général : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint les livrets d’inspection du mois de mars des 9e chasseurs à cheval, 14e et 22e d’infanterie légère, 1er, 6e, 10e, 20e, 52e, 62e, 101e, 102e régiments de ligne. J’y joint le rapport journalier du 14 au 28 mars de la division aux ordres de M. le général Pouchin, celui des mouvements survenus dans la place de Mantoue du 16 au 31 mars, et enfin ceux de la place de Ferrare" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34 page 80).

Le 21 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser, mon cher général, le travail des hommes réformés et à envoyer dans les pionniers en exécution du décret du 6 janvier 1807 pour les dépôts du 1er, 6e et 10e régiment de ligne ; vous remarquerez que le 1er régiment de ligne à 4 hommes proposés pour la réforme qui sont dans le cas d’être remplacés par leurs départements. Six hommes envoyés dans les pionniers pour maladie ou mauvaise volonté et un remplaçant également dans le cas de l’article 4 pour s’être mutilé ..., le travail a été fait par le général Pouchin. Je le trouve conforme aux intentions que je lui avais adressées dans le temps ...
Je joins à ma lettre un modèle des congés provisoires que j’ai cru devoir être donnés aux réformés que vous m’aviez invité à faire partir
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 106 page 227).

Le 23 avril 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Pouchin : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, mon cher général, les états n°1, 4 et 5 du 1er de ligne, 1er du 6e et idem du 10e. Quatre congés provisoires de réforme pour le 1er et 3 pour le 10e de ligne, tous revêtus de ma signature ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 107 page 228).

Le 4 mai 1807, Delcambre écrit au Général Chef de l’Etat-major général : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, les livrets d’inspection du mois d’avril des 9e chasseurs à cheval, 14e et 22e d’infanterie légère, 1er, 6e, 10e, 20e, 52e, 62e, 101e et 102e de ligne" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34 page 81).

Le 7 mai 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser, mon cher général, l’état des sommes dues par l’administration de la poste de l’armée aux dépôts des 1er, 6e et 10e régiments de ligne, le général Pouchin doit déjà vous avoir adressé de pareilles réclamations sur la négligence de ce service qui fait beaucoup crier les militaires ; vous ne devez pas être étonné si les dépôts n’envoient pas aux grenadiers et voltigeurs, les sommes d’argent qu’ils attendent, puisque la poste n’en fait pas la remise et que des actions restent plus d’une semaine dans sa caisse ; faites je vous prie cesser ces abus qui sont d’autant plus nuisibles qu’ils détruisent la confiance des familles qui souvent s’imposent des privations pour envoyer des secours à leurs enfants" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 111 page 236).

Le 26 mai 1807, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "Sire, un cutter venu de Malte le 16 a amené à Messine le régiment qui s'était révolté à Malte, et a embarqué deux régiments anglais, le 21e et le 62e, qu'on croit destinés pour l'Egypte, où l'on assure que l'armée anglaise a été battue : elle a eu un général tué et deux blessés. Ces deux régiments sont partis pour leur destination le 19.
Le prince de Hesse est débarqué avec 4 à 5 mille hommes. J'ai écrit au général Reynier de le culbuter. Il y a en Calabre le 1er, les 29e et 52e de ligne, les 22e et 23e léger, le 9e chasseurs. Sur douze régiments français, Reynier en a cinq.
On parle d'un débarquement à Salerne, d'un à Fondi : ils seront bien reçus ici
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 364).

Le même 26 mai 1807, Joseph écrit, depuis Naples, au Général Reynier : "Général, je reçois votre lettre du 22. Je vous ai déjà écrit aujourd'hui : je crois devoir vous redire encore que vous devez battre Hesse et les troupes qu'il commande avec les Français que vous avez et les gardes civiques que vous pouvez avoir. Il y aurait des malheurs particuliers évités, en arrêtant l'ennemi et le rejetant dans la mer. Si les Anglais menaçaient le royaume d'un débarquement sérieux, il faudrait alors se réunir au centre; mais je pense que vous devez attaquer avec les troupes que vous avez dans les deux Calabres. Comment le 1er de ligne, les 22e, 23e, 29e, 52e, 9e de chasseurs français pourraient-ils ne pas culbuter Philipstadt, qui a été tenu prisonnier avec 8 mille hommes dans Gaète par 1,500 hommes du 6e ? Je ne doute pas que vous ne m'appreniez bientôt que ces troupes venues de Sicile n'existent plus ; il est heureux qu'elles s'avancent un peu, pour vous donner le temps de réunir le monde qu'il vous faut pour les battre" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 367).

Le 29 juillet 1807, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène : "Mon Fils, la division que j'ai à Ancône n'est pas suffisante ; mon intention est donc qu'il y ait à Ancône, sous les ordres du général de brigade qui y commande, un corps de troupes composé conformément à l'état ci-joint. Mettez sur-le-champ ces troupes en marche pour s'y rendre ... Je n'ai pas besoin de vous dire que le bataillon provisoire d'Ancône doit être en bon état et bien armé. Vous le réunirez à Rimini, où le général Charpentier le passera en revue, et, quand vous serez assuré qu'il est en bon état, vous le dirigerez sur Ancône, toujours comme s il se rendait à Naples.
ANNEXE
ETAT DE LA DIVISION D'ANCÔNE
... 1 bataillon provisoire des dépôts composé de :
... 1 compagnie 1er régiment de ligne ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 372 ; Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12950 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16065).

La "Situation de la division sous les ordres du général de division César Berthier, au 28 août 1807" indique : "... 1er de ligne, 1er et 2e bataillons, Bourgeois commandant, 952 hommes, 19 chevaux. Parti le 10 mars ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 3, p. 464).

Sur demande de son frère, Napoléon envoie régulièrement à l’Armée de Naples, des renfort en provenance de ses Dépôts d'Italie; ainsi, il écrit, le 10 septembre 1807, depuis Rambouillet, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils ... Il faut ... songer à renforcer davantage l'armée de Naples. Vous avez dû réunir dernièrement à Ancône 1000 hommes de cette armée. Préparez encore les détachements suivants : un capitaine, un lieutenant, et un sous-lieutenant et 300 hommes du 14e d’infanterie légère ; même chose du 1er de ligne. Je vous ai déjà donné des ordres pour le 6e, qui est à Corfou ; même chose pour le 10e de ligne, pour les 22e et 20e légères, et les 52e, 62e et 101e de ligne, que pour le 14e léger et le 1er de ligne ; ce qui fera 2700 hommes. Je désire que ces 2700 hommes soient prêts au 1er octobre, pour se rendre à Ancône et de là à Naples ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 402 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16351).

Le 23 octobre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, l'état que vous m'avez remis des effectifs de l’armée de Naples n'est pas exact. Recommandez dans vos bureaux qu'on porte plus d'attention aux résultats que l'on me met sous les yeux ...
Le 1er de ligne est porté comme ayant 300 hommes au dépôt, pendant qu'il est à plus de 500. Le 6e est porté comme ayant 300 hommes au dépôt, tandis qu'il en a plus de 900.
Cela vient de ce qu'on n'a pas eu l'attention de porter tout ce qui était en Italie appartenant aux troisièmes bataillons, autres que les grenadiers et voltigeurs ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16606).

Campagne de 1807 à l'Armée de Naples.

Le Colonel Berthelot est cité à l'ordre de l'Armée en décembre 1807 (affaires de Lucido et de Fium-Freddo).

Extrait d'un rapport du Général Reynier à Joseph : "Le 30 janvier, quatre chaloupes canonnières et deux bâtiments de transport armés ont été attaqués à Pentimille par une compagnie de voltigeurs du 1er régiment et quelques grenadiers du 62e. Les grenadiers se sont jetés à l'eau, ont abordé les chaloupes canonnières, les ont forcées à se rendre, et les ont amenées à la côte. Les prisonniers ont été conduits à Monteleone par ordre du général Reynier.
Plusieurs bâtiments de guerre anglais étaient partis de Messine pour observer ce qui se passait. Un brick anglais, armé de 22 pièces de canon, s'étant beaucoup approché de Pentimille, a été jeté à la côte, et, après une défense de deux heures, est tombé en notre pouvoir.
Six cents hommes, moitié brigands, moitié Anglais, ont débarqué dans la nuit du 26 au 27 à Canatello et Villa San-Giovanni, et ont marché pour attaquer à la pointe du jour Campo, qui était défendu par une compagnie de voltigeurs du 62e et 20 chasseurs du 9e, commandés par l'adjoint à l'état-major Livron. L'ennemi a été mis en déroute et poursuivi jusqu'à la mer : partie a été noyée en cherchant à gagner ses barques, le reste a été fait prisonnier
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 4, p. 133).

Le 7 février 1808, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "Sire, le général Reynier est entré à Reggio le 31 ; il assiégeait le château, où il y avait 800 hommes qui ne peuvent pas se défendre huit jours. Par un fort heureux hasard, les canonnières ennemies, qui ont été prises par les voltigeurs et grenadiers des 1er et 62e, ont fourni de bonnes pièces de 24. Le capitaine du brick anglais est prisonnier avec une centaine d'hommes …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 4, p. 134).

Le même 7 février 1808, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "Sire, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté l'extrait d'un rapport du général Reynier. Votre Majesté trouvera juste de donner la Légion d'honneur aux commandants des grenadiers et voltigeurs du 62e et voltigeurs du 1er, et à l'adjoint Livron ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 4, p. 128 - Note : Voir au 30 janvier 1808 ci-dessus le rapport en question).

Le 20 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Donnez ordre à une colonne formée de 3 bataillons des 1er, 56e et 93e de ligne de se mettre en marche d'Alexandrie pour se rendre également à Perpignan. Ces trois bataillons seront sous les ordres d'un major d'un des régiments qui sont à Alexandrie. Ces trois bataillons seront composés comme celui du 37e, de compagnies prises dans les 3es bataillons, ce qui formera un complet de 2520 hommes. Ces deux colonnes formeront par là plus de 5 000 hommes. Tracez-leur la route la plus courte pour se rendre à Perpignan, où vous donnerez des ordres pour qu'ils trouvent une paire de souliers par homme, et pour qu'ils en partent parfaitement en état. Vous me remettrez l'itinéraire de ces colones jour par jour ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1634 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17247).

Le 28 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : Au 1er de ligne, il y a 6 dépôts qui fournissent. Il faudrait qu'il n'y en eut que deux ou au plus trois ...
Il serait nécessaire qu'un corps ne se recrutât que dans un département, 2 pour complément, et rarement 3. Le travail est fait de manière qu'il y en a 6 ou 7, je regarde cela comme un défaut.
Ces observations sont très importantes.
J'ai vu avec peine qu'aux conscriptions de l'an passé on s'en soit éloigné
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17302).

Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
Le 1er de ligne a son dépôt à Faenza ; il doit avoir son nouveau dépôt à Marseille. Les 6e et 10e qui l'ont à Bologne doivent l'avoir à Turin et à Plaisance. Je ne vois pas d’inconvénient que le dépôt du 6e se rende de Bologne à Turin, que celui du 20e se rende d’Imola à Verceil, celui du 27e de Ferno à Asti ; ainsi de suite des autres.
Il est donc nécessaire qu'on opère de la même manière et qu'on dirige sur les anciens dépôts où reste toujours le 4e bataillon un nombre de soldats qui profitent de de ce qu’il y a d'habillement pour s'habiller et qui complétera les 4es bataillons.
Ces régiments reçoivent beaucoup de monde.
Le 1er reçoit 600 hommes ...
Les 4 compagnies des dépôts probablement incomplètes seraient insuffisantes pour un aussi grand nombre d'hommes et il faudra qu'elles se hâtent de diriger sur les 4es bataillons en proportion des effets d'habillements de l'ancien dépôt.
Mais comme je vois qu'une partie de l'armement sera aux anciens dépôts, faites-moi connaître ce que vous aurez fait là-dessus.
Ainsi donc les majors laisseront aux anciens dépôts d'Italie la quantité de fusils et d'habillement nécessaires pour les nouveaux conscrits et tout le reste, les papiers, les cadres des compagnies de dépôt, etc., ils les dirigeront sur les nouveaux dépôts afin de les sortir une fois pour toutes de premiers embarras
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).

Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon fils, je ne vois pas dans votre état de situation du 1er mai les conscrits que chaque corps doit recevoir sur 1809. Vous ne me parlez point encore de la nouvelle organisation. Vous avez déjà dû recevoir une grande quantité de conscrits, mais ils auront été dirigés sur leurs nouveaux dépôts. Par la nouvelle organisation, les 9e, 13e, 55e, 42e, 53e et 84e doivent avoir leurs dépôts à Milan ; le 92e à Côme, le 1er léger à Novare. Il serait donc possible que les conscrits eussent été dirigés sur les nouveaux dépôts ; mais, comme ces régiments sont dans votre commandement, vous arrangerez cela pour le mieux. Je désirerais que les effets d'habillement voyageassent le moins possible, et que les hommes des nouveaux dépôts fussent envoyés dans les anciens dépôts, ou il y aurait des effets d’habillement ; mais il serait bon de faire venir aussi les effets d'habillement aux nouveaux dépôts. Le 1er régiment de ligne a son dépôt à Marseille, le 5e à Turin, le 10e à Plaisance, le 20e à Verceil, le 29e à Asti, le 52e à Gênes, le 102e à Savonne, le 14e léger à Turin, … et le 23e de ligne à Mondovi. Ces 12 régiments ont trois bataillons à l’armée de Naples ; les 4es bataillons restent pour former la division de Rome et dans l'emplacement actuel des dépôts, les quatre compagnies de dépôt de ces régiments se rendront dans les nouveaux emplacements. Je suppose que l'organisation commence à être établie en Italie ; alors il faudrait avoir soin de correspondre avec le prince Borghèse pour que les conscrits au fur et à mesure de leur arrivée à leurs dépôts, se dirigeassent sur les anciens pour être habillés et joindre les 4es bataillons. Les dépôts de l'armée de Dalmatie se rendent à Grenoble, à Genève et à Chambéry.
L'armée d'Italie se compose donc, aujourd'hui, de 40 bataillons des 10 régiments d'infanterie de l'armée d'Italie et des 10 dépôts, ou 40 compagnies des mêmes régiments, qui restent en Italie ; des huits 4e bataillons des 8 régiments de l'armée de Dalmatie, et de 12 4e bataillons de l'armée de Naples, y compris Corfou. L'armée d'Italie se compose donc de 60 bataillons, qui, par l'appel de cette année, doivent se trouver au complet de 540 hommes, c’est-à-dire que l'armée d'Italie se compose d'un effectif de 50,000 hommes d'infanterie, sans comprendre les armées de Dalmatie et de Naples. Je vous ai déjà fait connaître que les 40 bataillons des 10 régiments de l'armée d'Italie doivent former 3 divisions, chacune de 22 bataillons ; que les 4 bataillons du 112e, avec les 8 bataillons de l'armée de Dalmatie, formeront une 4e division de 12 bataillons, et que les 12 divisions de l'armée de Naples formeraient une 5e division, chacune d'un effectif de 10,000 hommes ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 140 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18002).

Le 23 juin 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Donnez ordre que les cadres du 3e bataillon de nouvelle formation des 1er, 29e et 52e régiments de ligne et des 22e et 23e légère rejoignent leurs 4es bataillons dans le royaume d’Italie, en complétant les deux premiers bataillons de ces régiments de tous les hommes disponibles de ces 3es bataillons. Je ne donne pas le même ordre pour les 102e, 101e et 10e de ligne, ni pour les 20e et 62e parce que ces régiments restant à deux bataillons seront portés, moyennant le versement des hommes disponibles, à près de 1 680 hommes, c'est-à-dire au complet de 840 hommes par bataillon, et les régiments à 3 bataillons seront à plus de 700 hommes par bataillon. Par ce moyen l'armée d'Italie sera augmentée de 5 bataillons et l’armée de Naples sera affaiblie des cadres de cinq bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18390).

Le 2 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée, à Bayonne : "Envoyez l'ordre au général Cervoni, commandant la 8e division militaire, de faire partir sur-le-champ pour Perpignan une compagnie de 140 hommes, bien armés et bien habillés, de chacun des 1er et 62e de ligne et du 22e léger. Donnez l'ordre au général commandant la 18e division militaire de faire embarquer sur la Saône et sur le Rhône une compagnie du 16e léger de 140 hommes. Donnez ordre au général commandant à Lyon de faire embarquersur le Rhône une compagnie du 24e de ligne de 140 hommes. Donnez ordre au commandant de la 7e division militaire de faire partir également une compagnie du 5e de ligne forte de 140 hommes. Ces six compagnies se réuniront à Perpignan, et formeront là un bataillon de 840 hommes. Vous enverrez un des chefs de bataillon à la suite pour commander ce bataillon.
... Vous appellerez le ... bataillon, 1er bataillon provisoire de Perpignan ...
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14150 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18462).

Le 8 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Reille, son Aide de camp, à Bellegarde : "... Le 1er bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 1er, 62e, 5e et 24e de ligne, et des 16e et 22e légers, formant 840 hommes, le 2e bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 8e et 18e légers et des 23e, 60e, 79e et 81e de ligne, ces deux bataillons formant 1,600 hommes, doivent se trouver réunis du 20 au 22 à Perpignan. Ces deux bataillons arrivent de différents points. Chargez le commandant de la place de les former. Le major général a dû nommer les chefs de bataillon et adjudants-majors pour les commander ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14168 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18509).

La formation des 4èmes Bataillons des Régiments d’infanterie de l’Armée de Naples est plus compliquée que prévue. Le Prince Eugène écrit à Napoléon, le 18 juillet 1808 : "Quant à la division Miollis, c’est à dire les douze 4emes bataillons de l’Armée de Naples: cela marche plus lentement.
Je viens de les passer en revue presque tous, et ce que j'ai vu ce ne sont que des hommes impropres à faire la guerre ou déjà fatigués, mais que les inspecteurs n’ont pas cru devoir réformer. Les conscrits tardent beaucoup à partir de leurs dépôts pour rejoindre leurs 4es bataillons ... Enfin, Sire, quand les conscrits arriveront, il nous manquera un nombre infini d'officiers. Le 22e Léger n’en a que 8, dont deux attendent la retraite. Le 1er de ligne 19, dont 2 capitaines et 2 lieutenants ne peuvent plus supporter les fatigues. Il en est presque de même dans les autres corps ; mais tous également manquent du tiers de leurs sous-officiers et caporaux ... Je prie Votre Majesté de vouloir bien faire compléter le plus tôt possible les officiers qui manquent dans les 4es bataillons de chaque corps, à commencer par les chefs de bataillon qui ne sont pas encore nommés ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 197).

Le 7 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, les 1er et 29e régiments de ligne arrivent à Rome du 7 au 13 septembre. Ainsi ces deux régiments remplacent à votre armée le 42e et le 1er d'infanterie légère.
Il me semble que vous pouvez les laisser à Rome et en faire revenir les compagnies de grenadiers et de voltigeurs, afin de réunir les corps, car cette marche de disséminer les corps, qui a pu avoir des avantages à cause des circonstances, devient très nuisible aujourd’hui. Je lève 160 000 conscrits de sorte que les cadres des régiments de l'armée d’Italie soient portés à leur grand complet
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18847).

Le 8 septembre 1808, Eugène écrit, depuis Monza, à Napoléon : "Sire, j'apprends à l'instant de l'armée de Naples que les deux corps que l'on envoie à Rome, d'après les ordres de Votre Majesté, sont les 1er et 29e de ligne.
D'après les ordres précédents de Votre Majesté, le général Miollis va déjà avoir sous ses ordres les forces suivantes. Je la prierais de vouloir permettre que ce 1er et ce 29e se rendent à Forli et à Bologne pour se joindre à leurs 4es bataillons ...
Ces deux régiments (1er et 29e de ligne), réunis à leurs 4es bataillons, feraient une force de 4,600 hommes, et, en comprenant le 112e qui est en Toscane, voilà une superbe division qui remplacerait très-bien celle du général Souham ...
Je prie Votre Majesté de me pardonner ces diverses demandes. Elles ont toutes pour but le service de Votre Majesté, et lui prouvent combien je désire d'être bien en mesure de la servir activement
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 217).

Le 13 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, ... Donnez ordre au dépôt du 1er régiment de ligne qui est à Marseille ... de faire partir tout ce qu’ils ont de disponible pour renforcer leurs 4es bataillons en Italie. Ces détachements se mettront également en marche au 1er octobre. Vous me ferez connaître l'augmentation qu’éprouvera l'armée d'Italie par ce renfort" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2288 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18898).

Le même 13 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, je vous laisse le maître de faire revenir les 1er et 29e régiments de ligne pour rejoindre les 4es bataillons à Forli. Mais comme rien ne vous presse, et que ces régiments peuvent être utiles à Rome pour contenir les malveillants, vous pouvez les y laisser encore quelque temps. Quant aux mouvements de Dalmatie, j'ai, le 25 septembre, une entrevue avec l'empereur de Russie, et, à mon retour, je vous écrirai" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 218 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18899).

A Paris, le 25 octobre 1808, "L'Empereur ayant ordonné de former les garnisons des vaisseaux avec des Français et non avec des Italiens, le général Clarke propose de tirer des 1er et 62e de ligne les détachements destinés au vaisseau l'Austerlitz et à la frégate l'Amélie"; Napoléon répond : "Les prendre sur la légion de réserve qui est à Grenoble, mais ayant soin qu'il n'y ait aucun soldat qui ne soit à l'école de bataillon" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2410).

Le 10 novembre 1808, Murat écrit, depuis Portici, au Général Lamarque, Chef de l’Etat-major général : "Monsieur le chef de l’état-major, il est bien extraordinaire que je n 'aie pas encore obtenu les résultats des revues de rigueur que j’ai ordonnées, il y a un mois et demi. Écrivez aux chefs de corps pour leur témoigner tout mon mécontentement sur une négligence aussi coupable et ordonnez-leur de nouveau de vous adresser les états que vous avez demandés, d'ici à la fin du mois ; je ferai punir sévèrement ceux qui ne s'y seront pas conformés.
Faites partir pour l’Italie les dépôts des 1er et 29e régiments d'infanterie de ligne ; je suis fort étonné d'apprendre qu'ils sont encore à Naples. Envoyez également à leur régiment les cinq hommes du 4e régiment de chasseurs à cheval qui sont en route pour la Calabre. Envoyer à Nocera les 97 hommes du 20e régiment de ligne qui se trouvent à Torre del Greco ; faites partir de l'ile d'Ischia pour leur régiment les neuf hommes du 4e régiment de chasseurs à cheval qui s'y trouvent.
Je vois qu'il se trouve dans les hôpitaux de Naples 57 soldats galeux ; ordonnez qu'à l'avenir on n'y reçoive que ceux qui sont attaqués de gales invétérées et que les autres soient traités dans la chambre
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 6, p. 402, lettre 3593).

Le 19 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Burgos, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, j'ai reçu votre lettre du 1er novembre. La division Serras et la division Broussier formant chacune 12 bataillons commencent à prendre figure. Les autres divisions me donnent lieu de faire les observations suivantes : pourquoi à la division Grenier, le 3e bataillons du 1er régiment de ligne n'a-t-il que 75 hommes ? Pourquoi à la division Le Marois, le 3e bataillon du 29e de ligne n'a-t-il que ce même nombre de 75 hommes ? Le 1er et le 2e bataillon du 52e, le 1er et 2e et 3e du 102e qui doivent être à Rome n’y sont pas portés. Quant à la division Baraguey d'Hilliers, j'en serais assez satisfait, si je ne voyais que les 3e et 4e bataillons du 81e ne sont qu'à 300 hommes. D'où vient cela ? La brigade de cavalerie légère du général Pagès me paraît belle. Les dragons sont incomplets. Sur l'état des conscrits à recevoir, vous ne portez pas ceux de l'appel des quatre dernières années. Cela eût été nécessaire pour me faire connaître ce qui manque, et ce que recevront les différents dépôts" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19331).

1808 Armées de Naples et d'Italie

Le 7 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, je reçois votre état de situation du 15 décembre ...
La 2e division est composée des 9e, 84e et 92e de ligne ; faites partir également des dépôts de ces régiments tout ce qui est disponible, pour compléter les bataillons de guerre. Cette division sera donc aussi de 10,000 hommes.
La 3e division peut être de la même force. Écrivez au dépôt du 1er de ligne de faire partir tout ce qu'il a de disponible. Le dépôt du 13e est en Italie ; je vois qu'il a déjà 700 hommes ; faites-en partir le plus possible ...
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14661 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19714).

Le 10 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Je vois que quatre dépôts de la 8e division militaire peuvent faire partir des détachements. Donnez ordre que celui du 1er de ligne fasse partir une compagnie de 200 hommes, celui du 62e deux compagnies de 200 hommes chacune, celui du 22e légère, 4 compagnies de 250 hommes chacune, c'est-à-dire mille hommes. Ces détachements se réuniront à Nice et partiront ensemble en passant par La Bochetta et Gênes, pour rejoindre leurs 4es bataillons à Plaisance. Ce sera donc un régiment de marche d'Italie, fort de sept compagnies et ayant un présent sous les armes de 1 600 hommes qui sera un bon renfort pour l'armée d'Italie. Mais il faut que ces hommes partent parfaitement habillés et armés ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2652 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19766).

Le 15 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "… Donnez ordre au général Mathieu Dumas de partir dans trois jours pour se rendre dans toute diligence [sic] dans la 8e division militaire, y passer la revue des 1er, 16e, 62e de ligne, 22e et 32e légère et du 2e régiment suisse. Il aura soin de voir en détail les 5es bataillons et de faire partir par la corniche tous les effets d'armement et d'habillement disponibles afin que les conscrits des 1er et 62e de ligne et 22e légère rejoignent sans délai leurs bataillons de guerre à l'armée d'Italie. Il rendra un compte détaillé au ministre de la guerre de toutes ses opérations ; il m'en écrira directement ; il entrera dans tous les détails et lèvera les difficultés. On m'assure qu'il y a beaucoup de conscrits qui ne sont pas habillés.
... Le général Dumas, lorsque sa mission sera finie, viendra me présenter l'ensemble de ses opérations dans l'endroit où je serai. Mais il est nécessaire que lorsqu'il passera en revue un régiment, il en adresse sur-le-champ un rapport particulier au ministre de la Guerre et lui fasse connaître ce qu'il y a à faire pour activer l'armement et l'habillement. Il devra faire de son côté tout ce qu'il pourra auprès du major et des préfets pour donner à ces opérations toute l'activité convenable
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2677 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19840).

Dans une note datée du 5 avril 1809, le Général Grenier écrit : "Par lettre du 27 janvier dernier 1809. Le chef de l’état-major général de l’armée d’Italie a annoncé au général de division grenier que S. A. I. le prince vice-roi lui confiait le commandement d’une division composée des 1er, 52e, et 102e régiments de ligne.
Le 1er régiment de ligne était alors à Bologne ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 37. Page 84).

Le même 15 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, les nouvelles que je reçois de tout côté me disent que l'Autriche remue ... réunissez à Padoue la division Grenier, que vous composerez de la manière suivante : le 1er, le 52e et le 102e de ligne ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 315 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14715 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19850).

Le 3 février 1809, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier, Chef de l’Etat-major général de l’Armée d’Italie, à Milan : "J’ai reçu, mon cher général, votre lettre du 27 janvier dernier par laquelle vous m’annoncez que S. A. I. le prince vice-roi a dénié me confier le commandement d’une division composée des 1er, 52e, et 102e régiments de quatre bataillons chacun ; j’espère si l’occasion s’en présente justifier la confiance que S. A. I. veut bien me témoigner. Le général Pouchin me mande que le 52e régiment qui doit arriver à Mantoue le 9 du courant n’a qu’environ 2500 hommes présents ; il m’annonce aussi que le 1er régiment qui reste à Bologne n’a en présents sous les armes que 1900 hommes parmi lesquels sont 200 conscrits de 1809 extrêmement petits, malingres et si faibles qu’ils soutiendront difficilement les fatigues d’une longue route ; il doit vous avoir fait part de ces détails. Aussitôt que les différents corps seront arrivés leur destination, je vous ferai part des renseignements que je me procurerai soit par les généraux de brigade soit par moi-même sur leur composition, leur tenue, instruction et sur les besoins qu’ils peuvent avoir.
Si vous avez des exemplaires du décret sur l’organisation de l’infanterie en cinq bataillons et de l’instruction ministérielle qui y est relative, vous m’obligerez de men adresser ; je ne connais cette organisation que par oui dire ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 108 page 232).

Le 5 février 1809, le Général de Division Grenier écrit au Général Pouchin, à Bologne : "J’ai reçu mon cher général votre lettre du 31 janvier dernier, vous savez combien j’aime à avoir des relations de service avec vous. Annoncez-moi je vous prie le jour de l’arrivée du 102e à Ferrare. Votre lettre me laisse douter s’il y arrivera le 17 de ce mois. Obligez moi d’entrer dans les plus grands détails sur la situation du 1er régiment de ligne qui reste sous vos ordres, tant sur sa composition et sa tenue que son armement et son instruction" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 109 page 235).

Le 8 février 1809, le Général de Division Grenier écrit au Général Pouchin, à Bologne : "D’après les visites de l’armement, ordonnées par S. A. I., et les remplacements qui ont eu lieu en conséquence, je dois présumer mon cher général, que l’armement du 1er régiment de ligne est en bon état, surtout si des réparations restées à sa charge ont été exactement faites. Je vous prie de vous en assurer et de donner l’ordre de les faire faire sur-le-champ si elles avaient été négligées. Je vous prie encore de vous assurer si chaque homme est pourvu de trois paires de souliers et de tous les effets de linge et de chaussures exigés par les règlements et les différents ordres de l’armée. Je compte aller voir ce régiment et vous embrasser du 20 au 22 courant. J’espère le trouver en bonne état et à même d’être vu par S. A. I. qui doit passer la revue de ma division dans les premiers jours de mars ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 112 page 240).

Le même 8 février 1809, le Général de Division Grenier écrit également au Général Charpentier, à Milan : "Aussitôt après l’arrivée du 52e, je passerai, mon cher général, la revue de son armement et m’assurerai si tous les hommes sont pourvus de trois paires de souliers et de tous les effets de linge et chaussures exigés par les ordres de l’armée. J’irai voir ensuite le 1er régiment à Bologne vers le 20, et le 102e du 25 au 26 à Casalmaggiore et Bozzolo. Je ferai en sorte que ces régiments soient en bonne état lorsque S. A. I. daignera les voir. Vous aurez la complaisance de m’avertir de l’époque fixée afin que je puisse avoir l’honneur d’assister à la revue de S. A. I. Si ces corps doivent encore rester tranquilles quelque temps, je voudrais bien que S. A. I. les fit camper ; un mois réunis dans le camp de Montechiaro leur ferait plus de bien pour l’instruction et l’ensemble que 6 mois de garnison ; rigueurs de l’hiver sont à peu près passées envers le 15 mars, les plaines de Montechiaro sont ordinairement sèches et la saison belle" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 112 page 240).

Le 11 février 1809, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier, à Milan : "Le général Pouchin m'a mandé, mon cher général, vous avoir déjà fait connaître les besoins en habillement du 1er régiment de ligne. Je ne peux donc que vous répéter qu’il est instant de presser le dépôt de ce corps de fournir les différents effets d’habillement qui lui manquent, 2500 paires de souliers lui sont encore nécessaires et les marchés que le conseil d’administration a passés n’en produisent que 120 paires par semaine.
Les fusils réformés au nombre de 73, n’ont pas encore été remplacés ; il est urgent de pourvoir aux besoins de ce corps et comme il est probable que son dépôt sera longtemps dans l’impossibilité de fournir ce qu’il doit, ne serait-il pas possible de venir à son secours au moyen d’une avance en argent sur les sommes considérables qui lui sont dues et dont je vous envoie ci-joint l’état ; cette situation est vraiment effrayante et méritent une attention sérieuse. Par aperçu, le 52e régiment est dans la même position, il lui est dû près de 200000 francs par le royaume de Naples ; il lui manque 3000 paires de souliers, et sans moyens de faire confectionner ; je passerai la revue de ce régiment le 13 du courant ; je vous enverrai l’état de ses besoins en vous priant de les faire connaître à S. A. I. ; il est plus que probable que le 102e ne se trouvera pas en meilleur état
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 112 page 242).

Dans une note datée du 5 avril 1809, le Général Grenier écrit : "... Le général de division passa la revue du 52e régiment le 18 février, celle du 1er de ligne le 21 à Bologne, et celle du 102e le 26 à Rivarolo ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 37. Page 84).

Le 26 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J'ai lu avec attention l'état général de l'année que vous m'avez envoyé après la conscription de 1810. Je vois qu'il manquera encore beaucoup de monde au complet des corps, 300 hommes au 1er régiment ... Il faudra me proposer des moyens pour remédier à cette grande irrégularité, et surtout pour les 3e et 4e bataillons qui sont à portée de fournir une réserve pour la défense de la côte. Je désire une note qui me fasse connaître combien il y a de régiments qui n'ont pas de 5e bataillon et quel accroissement de dépenses occasionnerait la formation des 5es bataillons, en calculant ce que coûteraient les officiers et sous-officiers seulement, car les soldats ne peuvent pas augmenter les dépenses, mais la création de ces 5es bataillons rendrait plus utile et plus facile l'emploi du grand nombre d'hommes que j'ai.
Cela passerait-il 2 millions ?
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20150).

Napoléon décide également la création de 16 Régiments provisoires. L'Empereur écrit, le 3 mars 1809, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
1
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2
... 15e régiment provisoire :
Le 15e régiment sera composé de 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 67e, 2e de ligne, 56e, 37e, 93e, 112e, 1er de ligne, 62e, 23e léger.
Ces 4 derniers régiments (13e, l4e, 15e, et 16e) formeront la réserve de notre armée d'Italie, et seront réunis 3 à Alexandrie et un à Milan.
Ce régiment se réunira à Alexandrie ... Les 9 régiments de l'armée italienne formeront un régiment composé de même, lequel sera fort de 2 500 hommes et se réunira à Milan.
Ainsi la réserve de l'armée d'ltalie sera composée de 2 brigades, l'une de deux régiments qui se réunira à Milan, l'autre de 3 régiments qui se réunira à Alexandrie, l'une et l'autre commandées par un général de brigade, et qui seront prêtes à se porter partout où les circonstances l'exigeront
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).

Le 4 mars 1809, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j’ai l’honneur de rendre compte à Votre Majesté que je suis revenu hier de Mantoue. J’ai passé en revue les divers régiments de la division Grenier. J'ai été fort content du 102e de ligne, moins content du 1er de ligne, et très-mécontent du 52e. Tous ces trois corps, et particulièrement le 1er et le 52e, ont besoin de toute la sollicitude de Votre Majesté. Leurs habillement et équipement sont dans un état affreux, si j'en excepte le 102e. Beaucoup de soldats n'ont que deux chemises et deux mauvaises paires de souliers ; des habits, vestes et culottes qui ont déjà dépassé leur temps ; mais il n'y a pas d'argent en caisse ni d'étoffes en magasin. J'ai trouvé dans le 52e des habits et des vestes qui, quoique à la moitié de leur temps, ont déjà besoin d'être remplacées. Dans ce même régiment, j'ai trouvé des soldats avec plus de 100 francs de masse, ayant besoin de chemises et de souliers, et n'ayant pourtant reçu, depuis six ans qu'ils sont au corps, aucun décompte en argent. Les officiers généraux qui ont eu ces corps dans leurs divisions sont bien coupables d'avoir souffert de pareils abus. Je promets à Votre Majesté d'y remédier promptement, et, dans cinq jours, tous les comptes seront réglés pour ce qui est écriture ; mais il est essentiel, pour le point de finances, que Votre Majesté veuille bien accorder à ces corps des secours extraordinaires, soit en argent, soit en effets. Une des principales causes de l'arriéré de ces régiments est l'absence de fonds où ils sont restés pendant leur séjour à l'armée de Naples. Je joins ici le relevé que j'en ai fait faire. Je connaissais leur situation depuis leur arrivée à Rome, et j'ai, en conséquence, écrit au ministre-directeur pour lui faire connaître que, quand même ces corps recevraient demain toutes les sommes qui leur sont dues, ce qui est bien loin d'être réel, avant qu'ils eussent fait des marchés et reçu des étoffes, il se passerait plusieurs mois. J'engageais donc le ministre-directeur à faire à tous ces corps revenant de l'armée de Naples (car le 29e a, dit-on, les mêmes besoins) une avance extraordinaire de fonds ou d'étoffes et de fonds pour les confectionner, et je lui proposais de retenir ces sommes à ces corps à mesure qu'il rentrerait des à-compte sur les arriérés de Naples. Il est bien instant que Votre Majesté veuille bien donner des ordres à ce sujet, et je lui réponds du zèle que je mettrai à les exécuter" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 359).

Le 5 mars 1809, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier, à Milan : "Vous m’avez annoncé, mon cher général, dans le courant de février dernier, qu’il arriverait du 1 au 2 de ce mois un détachement de 100 conscrits pour le 52e régiment ; je dois vous prévenir que bien loin que ces hommes soient arrivés, il n’y avait encore au dépôt de ce corps aucun ordre de mouvement le 25 février, quoique le commandant de ce dépôt annonçât au colonel qu’il aurait du 1er au 5 mars 270 hommes de disponibles. 191 conscrits sont arrivés au 1er de ligne ; je saurai demain si les 150 que vous m’annoncez pour le 102e sont arrivés ou s’ils ont été oubliés comme ceux du 52e" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 10 page 32).

Dans une note datée du 5 avril 1809, le Général Grenier écrit : "... Le 1er régiment de ligne est parti de Bologne le 1er mars pour se rendre à Vérone où il est arrivé le 7 ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 37. Page 84).

Le 17 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre que le dépôt du 1er régiment de ligne fasse partir avant la fin de mars, 60 hommes ; celui du 62e, 60 hommes ; celui du 22e légère, 300 hommes ; celui du 5e de ligne, 60 hommes ; celui du 18e légère, 60 hommes ; celui du 79e, 60 hommes ; celui du 81e, 200 hommes ; celui du 60e, 200 hommes ; celui du 8e légère, 200 hommes et celui du 23e de ligne, 200 hommes. Vous ordonnerez que ces détachements se réunissent ; ceux qui passent par le Mont-Cenis, à Chambéry, et s'y forment en bataillon de marche ; ceux aui vont par la corniche, à Gênes, et de là, marchent en ordre pour renforcer l'armée" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2960 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20419).

Le 22 mars 1809, le Général de Division Charpentier, chef de l’Etat-major général, écrit, depuis Milan, au Général de Division Grenier à Vicence : "Il est dans l’intention de son Altesse impériale, mon cher général, que le 28 du courant, les troupes de votre division commencent l’exécution du mouvement ci-après indiqué :
Le 4e bataillon du 1er régiment d’infanterie légère, qui est à Feltre, ira s’établir à Spilimbergo, sur la rive droite du Tagliamento.
Le 102e de ligne qui est à Vicence ira s’établir à Pordenone.
Le 1er de ligne qui est à Vérone occupera Sacile.
Et le 52e de ligne qui est à Bassano et Cittadella ira prendre cantonnement à Conegliano.
L’artillerie et les sapeurs iront occuper Sacile où devra pareillement se rendre le 4e escadron des Dragons Napoléon.
S. A. I. vous laisse le soin de régler vous-même la marche de ces troupes, et de faire prévenir de leur mouvement et de leur force les autorités chargées de la subsistance et du logement. Le 28 du courant, votre quartier général devra être établi à Sacile.
Comme les troupes du général Barbou doivent remplacer les vôtres dans leurs cantonnements de Cittadella, Bassano et Feltre, je vous prie de lui faire connaître l’époque à laquelle vous les aurez évacués, aussitôt que vous aurez arrêté vos itinéraires. Le général Barbou est à Trévise.
J’ai l’honneur de vous saluer avec amitié
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 32. Page 74).

Cette lettre est suivie de l'annotation suivante : " ... Le 1er de ligne partira de Vérone le 27, logera le même jour à San Bonifacio, le 28 à Vicence, le 29 à Cittadella, le 30 à Cornuda, le 31 à Conegliano et le 1er avril à Sacile, destination ...".

Le 24 mars 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Vicence, au Colonel du 1er Régiment d’infanterie de ligne, à Vérone : "Je n’ai reçu qu’aujourd’hui, M. Le colonel, vos lettres du 18 mars, la première portant demande du rappel de Naples de M. le chef de bataillon Droit et l’autre contenant trois plaintes contre autant de militaires de votre régiment qui ont abandonné leurs drapeaux.
Le mouvement que vous allez commencer le 27 de ce mois empêche le renvoi de ces plaintes à Vicence et l’ordre de les traduire à un conseil de guerre ; on s’en occupera aussitôt votre arrivée à Sacile.
Il n’y a point de doute qu’il ne faille rappeler de suite M. le chef de bataillon Droit et s’il est absolument nécessaire de le remplacer, je vous autorise à y envoyer un autre officier. Je désirerais que cela puisse se faire autrement.
J’ai reçu le 22 votre travail pour les hommes hors d’état de faire campagne, je m’en occupais mais je ne pourrai le terminer ici ; ils devront suivre le régiment jusqu’à sa nouvelle destination
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 20 page 54).

Le même 24 mars 1809, le Général de Division Grenier écrit une seconde fois au Colonel du 1er de Ligne, à Vérone : "Vous voudrez bien, monsieur le colonel, m’adresser le 25 de chaque mois un rapport sur votre régiment conforme au modèle ci-joint ; les mouvements ordonnés aujourd’hui empêchant que ce rapport me parvienne à l’époque déterminée, il devra m’être adressé pour ce mois seulement du 30 au 31" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 21 page 55).

Toujours le 24 mars 1809, le Général de Division Grenier écrit également au Général Charpentier, à Milan : "J’ai reçu ce matin vers les 3 heures, mon cher général, votre lettre du 22 courant. Le mouvement qui m’est prescrit sera exécuté à l’époque fixée ...
Le 1er de ligne sera le 1er avril à Sacile ..."
(Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 21 page 56).

Le 25 mars 1809, le Général Grenier adresse une Circulaire au Colonel du 1er de ligne à Vérone : "S. A. I. voulant donner de l’avancement dans les troupes italiennes à des sous-officiers méritants des corps français, me charge, monsieur le colonel devra donner les noms de 4 sergents majors ou sergents propres à l’emploi de sous-lieutenant ; je vous prie de donner toute votre attention au choix que vous ferez et de ne désigner que des sous-officiers de bonne volonté" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 22 page 58).

Le 26 mars 1809, le Général de Division Charpentier, Chef de l’Etat-major général, écrit, depuis Milan, au Général de Division Grenier à Sacile : "Voici, mon cher général, la composition et l’emplacement de l’armée au 1er avril prochain :
... 3e division : Général de division Grenier à Sacile, généraux de brigade Teste, Abbé, colonel Gifflengua ; capitaine du génie Tournade.
1er d’infanterie de ligne, 52e idem, 102e idem, 4e bataillon du 1er léger, 2e compagnie du 1er bataillon de sapeurs, 13e compagnie du 2e régiment d’artillerie à pied, 3e compagnie du 4e régiment d’artillerie à cheval, à Sacile et environs ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34. Page 78).

Le 28 mars 1809, depuis Paris, l'Empereur écrit à Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan : "... Le ministre de la Guerre donne ordre à 400 hommes disponibles du 37e, qui sont à Alexandrie, de se rendre à Milan. Vous ferez repartir ces 400 hommes, moitié dans le 1er de ligne, ce qui portera ces régiments à 3000 hommes. Cette incorporation devra se faire par procès-verbal, que vous enverrez au ministre de la Guerre ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 410 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20596).

Le 31 mars 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Sacile, au Chef de l’Etat-major général de l’Armée : "Le colonel du 1er régiment de ligne, mon cher général, en vertu de l’ordre du jour de l’armée n°10, réclame un soldat de son régiment employé dans ce moment, avec votre autorisation, près du sous-inspecteur aux revues Privat. Il vous prie d’ordonner sa rentrée au corps.
Ce régiment a encore dans le royaume de Naples, employés les hôpitaux militaires, messieurs Branquin chirurgien aide major et Chabert sous aide ; quoiqu’ils aient été réclamés plusieurs fois, on n’a pu obtenir leur rentrée au corps, où ils deviennent en ce moment extrêmement utiles. Veuillez, je vous prie, demander à S. A. I. que ces officiers de santé soient rappelés sans délai
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 23 page 59).

Le 1er avril 1809 à Sacile, le Général de Division Grenier met à l'Ordre du jour de la Division : "Les troupes de la division sont prévenues que monsieur le général Abbé y est employé dans son grade. Il prendra à dater de ce jour le commandement de la 2e brigade qui se compose provisoirement des 1er et 102e régiments de ligne et de la 13e compagnie du 2e bataillon d’artillerie à pied. La division étant encore incomplète et sa réserve n’étant pas formée, la composition des brigades subira sous peu de temps d’autres changements" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 120 page 255).

Le même 1er avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Sacile, au Colonel du 1er de Ligne : "Les mouvements continuels de la division depuis la réception de votre lettre du 18 mars derniers contenant trois plaintes contre des militaires de votre régiment qui ont abandonné leurs drapeaux ayant empêché d’y donner suite, je vous les renvoie aujourd’hui, M. le colonel, en vous invitant à les adresser à M. le général de brigade Abbé commandant la 2e brigade dont votre régiment fait provisoirement partie" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 23 page 60).

Encore le 1er avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Sacile, au Général Charpentier : "Les hommes arrivés au 1er, 52e et 102e régiments dans les derniers jours de mars, sont tellement infectés de la gale, que les chefs de ces corps on dû, à leur arrivée les faire entrer de suite à l’infirmerie afin de ne pas empoisonner les compagnies ; il en résulte que ceux du 1er de ligne sont restés à Vérone au nombre de 340, environ 200 du 102e à Vicence, et 150 du 52e à Mantoue ; ces derniers rentreront à leur régiment le 4 avril, leur départ de Mantoue m’est annoncé ; ceux du 102e rejoindront le corps le 11 et ceux du 1er de ligne du 12 au 14. Si le traitement de ces hommes n’avais pas été commencé, je ne l’eus pas permis dans ce moment, mais une fois dans les remèdes il faut le laisser finir" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 24 page 62).

Dans une note datée du 5 avril 1809, le Général Grenier écrit : "... Ensuite des ordres de S. A. I. transmis par le chef de l’état-major général en date du 22 mars, la division a commencé les 27 et 28 dudit mois les mouvements suivants, savoir :
... Le 1er de ligne est parti de Vérone le 27, arrivé à Sacile le 1er avril ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 37. Page 84).

Le 3 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Sacile, au Général Charpentier : "Les chefs des corps de la division me demandent, mon cher général, où ils doivent déposer les armes qui leur restent des déserteurs, ne pouvant les trainer à leur suite ; comme il n’y a point de place voisine des points que j’occupe, je vous prie de me dire ce qu’ils auront à faire à cet égard.
La désertion se manifeste dans le 1er régiment de ligne, aujourd’hui huit hommes sont désertés du 4e bataillon qui est ici ; je crois que ces hommes se jettent dans le Tyrol, ne conviendrait-il pas de demander qu’ils soient arrêtés ?
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 25 page 63).

Le 4 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Sacile, au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint mon cher général, le travail que j’ai fait pour les hommes du 1er de ligne incapables d’entrer en campagne.
2 hommes sont proposés pour la réforme pure et simple et ne sauraient être utilisés d’aucune manière.
13 sont admissibles aux vétérans et 28 autres sur lesquels les officiers de santé n’ont pas cru devoir prononcer définitivement peuvent être utilisés soit comme infirmiers à la suite des ambulances, soit aux hôpitaux sédentaires ; 14 de ces hommes ont des droits à être admis par la suite aux vétérans.
Je joins à cet état les certificats de visites et de contre-visites des hommes réformés et admissibles aux vétérans et pour ces derniers les mémoires de propositions ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 25 page 63).

Le même 4 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Sacile, au Général Charpentier : "Comme je vous l’ai annoncé, mon cher général, aucun des corps de ma division n’est en mesure pour les caissons qu’ils ont du se procurer ...
Dans le 1er de ligne, les dispositions sont prises pour la confection des caissons, dans 15 jours il sera fait, mais le régiment n’a pu encore se procurer de chevaux qui sont tous hors de prix ...
Je vais presser autant qu’il dépendra de moi la confection des caissons et l’achat des chevaux ; il faut convenir que les sommes allouées sont bien faibles, surtout dans un moment où tous les corps doivent se pourvoir de cet attirail ; et les chefs des corps craignent que le Ministre directeur ne voudra pas leur passer ce que les caissons et les chevaux couteront en plus que le prix alloué. D’un autre côté, le 1er de ligne est sans argent, s’il pouvait obtenir un secours pareil à celui annoncé au 52e, il serait à même de faire face à une partie de ses besoins
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 25 page 64).

Encore le 4 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit ensuite, depuis Sacile, au Général Abbé : "Je suis informé, monsieur le général, que les 1er et 102e régiments de ligne ne sont pas encore pourvus des caissons qu’ils doivent se procurer ensuite des ordres de Son Altesse Impériale qui leur ont été transmis le 15 du mois dernier, les retards que l’on a apporté dans l’exécution de ces ordres peuvent devenir très préjudiciables au service de ces régiments. Je vous prie en conséquence d’ordonner à messieurs les colonels de ces régiments de se pourvoir d’aujourd’hui au 17 de ce mois du caisson et des chevaux et de tout l’attirail voulu par la lettre ministérielle ; ce terme est de rigueur, voulant voir moi-même ces caissons le 18" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 25 page 64).

Toujours le 4 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit également, depuis Sacile, à S. A. I. le Prince Vice-Roi : "J’ai l’honneur de mettre sous les yeux de Votre Altesse Impériale la situation des 1er, 52e et 102e de ligne à l’époque du 1er de ce mois. Je la prie d’accueillir avec bienveillance la demande que je lui fais pour le 1er de ligne, en obtenant pour ce régiment un secours pareil à celui qu’elle a daigné faire accorder au 52e" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 26 page 65).

Le 5 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Sacile, au Général Charpentier : "Vous avez dû voir, mon cher général, par les états de situations qui vous ont été adressés que le 1er, 52e et 102e qui composent ma division ont encore des hommes éparpillés dans le royaume de Naples et même en Espagne ; que les 52e et 102e comprennent toujours comme absents sans congés les hommes restés dans le royaume de Naples ou désertés du corps au moment de leur départ de ce royaume ; ne conviendrait-il pas de faire cesser ces abus et d’ordonner que tous ces hommes soient rayés des contrôles. Je vous prie d’en faire la demande à Son Altesse Impériale" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 26 page 65).

Le 7 avril 1809, depuis le Quartier général à Sacile, le Général de Division Grenier adresse à la Division l'Ordre du jour suivant : "Monsieur de Saint-Martin, colonel du 1er régiment de ligne, ayant négligé de se conformer ponctuellement à l’ordre qui lui a été donné le 21 février dernier à Bologne par le général commandant la division, relativement à l’organisation des compagnies de grenadiers et voltigeurs du 4e bataillon de son régiment, a été envoyé aux arrêts pendant 24 heures" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 121 page 258).

Le même 7 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Sacile, au Général Abbé : "Monsieur le général, j’ai remarqué avec peine à la revue du 1er de ligne passée ce jour que les compagnies de grenadiers et voltigeurs du 4e bataillon de ce régiment n’ont pas été, malgré l’ordre que j’en ai donné moi-même à monsieur le colonel Saint-Martin le 21 février dernier à Bologne, égalisés en anciens soldats proportionnément au nombre qui en existe dans les compagnies d’élite des 1er, 2e et 3e bataillons ; cette indifférence dans l’exécution des ordres pouvant devenir extrêmement dangereuse, vous voudrez bien ordonner au colonel Saint-Martin de garder les arrêts pendant 24 heures, et lui enjoindre en même temps de faire sans délai cette répartition égale d’anciens soldats dans les proportions pour toutes les compagnies d’élite, vous priant, monsieur le général, de vouloir bien la surveiller" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 27 page 67).

Le 11 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit au Général Teste : "Mon cher général, vous voudrez bien demain 12 à la pointe du jour au plutôt à quatre du matin porter en avant de Codroipo sur la route de Palmanova un bataillon du 52e régiment, le placer à environ 2 milles d’ici sur cette route et envoyer en avant un une reconnaissance de 5 dragons Napoléons qui suivront la route de Palmanova à plusieurs milles et tacheront d’avoir des nouvelles de l’ennemi, dans le cas où ils le rencontreront, ils le chargeraient et le repousseraient jusqu’à ce que le commandant du détachement puisse reconnaitre sa force, après quoi le détachement se repliera en ordre sur le 52e placé pour le soutenir ; il vous donnera connaissance de tout ce qui paraitra intéressant ; ce détachement protégera aussi la rentrée de tous les convois qui pourraient venir de Palmanova soit en munition ou denrées.
Le général Teste donnera ordre que 200000 cartouches qui doivent arriver soient réparties entre le 1er et le 52e régiment de ligne et une centaine de paquets pour les dragons Napoléon. Le 1er et 52e prendront les armes à 6 heures du matin mais laisseront du monde pour faire la soupe qui devra être mangée au plus tard à 9 heures. Il sera donné ordre pour qu’en même temps il soit fait une distribution de vin ; l’artillerie légère sera également prête à marcher
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 27 page 68).

Le 14 avril 1809, le Général de Division Grenier établit l’ordre d’emplacement et composition de division pour le 14 avril 1809 : "La division se composera aujourd’hui des troupes ci-après et sera partagée en trois brigades, savoir :
6e régiment de chasseurs, 2 pièces d’artillerie légère, 1er régiment de ligne, le général Pagès.
1 escadron Napoléon, la compagnie d’artillerie légère ; 1 bataillon du 8e d’infanterie légère, 1 bataillon du 11e de ligne, le 52e réuni, général Teste.
La compagnie de sapeurs, l’artillerie à pied, 2 bataillons du 18e d’infanterie légère, 102e en entier, général Abbé.
La brigade du général Pagès prendra la position en arrière du ruisseau qui traverse la route qui conduit de Fontana Fredda à Sacile ; elle laissera à la tête du village de Fontana Fredda un escadron et une compagnie de grenadiers et voltigeurs, le restant du bataillon prendra position à Talmasson pour soutenir le détachement de Fontana Fredda. Comme il a été dit, la brigade, à l’exception d’un bataillon et d’un escadron, prendra sa position en arrière du ruisseau et détachera s’il est nécessaire quelque chose sur Vigonovo ; se gardera de Talmasson et Fontana Fredda soigneusement de Roveredo, Saint Quirin, Pordenone et Porcia.
La brigade du général Teste prendra position en arrière de San Giovanni del Tempio, appuyant sa gauche à la grande route de Sacile, et prolongeant sa droite dans la direction qui lui sera indiquée par un officier d’ordonnance du général de division ; cette brigade aura son escadron de dragons Napoléon et 2 bataillons en avant du château ou maison ruinée du village de San Giovanni del Tempio avec deux pièces d’artillerie légère, ce détachement aura à se garder sur Vigonovo, et par sa droite sur Tamai, entre Fontana Fredda et Brugnera, la seconde ligne de la brigade se gardera par sa droite sur Caserra, hameau que le général Teste peut faire occuper avec une compagnie de voltigeurs et quelques dragons pour communiquer avec la division Seras qui prendra position à Brugnera ; il placera le restant de son artillerie de manière à défendre San Giovanni del Tempio.
La brigade du général abbé s’établira également en arrière de San Giovanni del Tempio, appuyant sa droite à la route de Sacile à la même hauteur que la première brigade et prolongeant sa gauche dans la direction d’une maison de campagne qui se trouve à mi-côte entre Polcenigo et Ronche que l’on nomme Longon, on voit à côté de cette maison un grand arbuste.
Cette brigade aura deux bataillons en première ligne avec deux pièces d’artillerie, elle communiquera avec les troupes qui sont à Talmasson et occupera, si Vigonovo n’est pas trop loin, ce point par une ou deux compagnies de voltigeurs ; cette première ligne se liera parfaitement avec la première ligne de la première brigade.
Le général Abbé placera à la gauche de sa seconde ligne les quatre autres pièces qui lui restent et fera parquer ses munitions et recharges en arrière de la chapelle qui se trouve derrière sa brigade ; en plaçant son artillerie à cette gauche, on a pour but de défendre la route qui vient de Vigonovo à Sacile ; le général Abbé s’éclairera par sa gauche et communiquera avec la division Broussier dont la tête et à Polcenigo.
La compagnie de sapeurs, après avoir fait les ouvertures nécessaires pour les communications des brigades et réparé le petit pont qui conduit de San Giovanni del Tempio, viendra bivouaquer à la tête du faubourg de Sacile, pouvant d’un moment à l’autre être appelée à des travaux
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 27 page 69).

L'extrême avant-garde, sous les ordres du Général Sahuc, formée du 6e de Hussards, du 8e de Chasseurs et de trois beaux Bataillons du 35e de Ligne détachés de la Division Séras, s'établit à Pordenone, à deux lieues et demie de Sacile, ayant entre elle et la Division Grenier, centre de l'Armée du Vice-Roi, au village de Fontanafredda, sur la route de Sacile, le 1er de ligne de la Division Grenier et la Brigade de cavalerie légère Pagès. La Division Barbou détache à la Division Grenier un Bataillon du 11e de Ligne qui est placé sur la gauche de la route de Pordenone, et la Division Severoli détache au village de Motta, sur la rive droite de la Livenza, une Compagnie de Voltigeurs et 25 Chasseurs. Ordre est donné au commandant de cet avant-poste de détruire les ponts, de surveiller les mouvements de l'ennemi et d'en rendre compte (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 13).

Situation des troupes composant les Divisions de l’Armée d’Italie à l’époque du 15 avril 1809 :
"3e Division de l’Armée d’Italie, Général de Division Grenier, à Sacile ...
1er régiment d’infanterie de ligne, colonel Saint-Martin, au camp devant Sacile :
Etat major : 3 Officiers, 19 hommes présents ; 2 hommes détachés dans l’arrondissement de l’armée. Total 24 hommes et Officiers
1er Bataillon Ganivet : 12 Officiers, 517 hommes présents, 1 Officier et 69 hommes détachés dans l’arrondissement de l’armée, 60 hommes aux hôpitaux ; 17 manquants à l’appel. Total 676 hommes et Officiers.
2e Bataillon Droit : 16 Officiers, 507 hommes présents, 1 Officier et 72 hommes détachés dans l’arrondissement de l’armée à Naples, 1 Officier et 72 hommes aux hôpitaux, 12 hommes manquant à l’appel. Total : 681 hommes et Officiers.
3e Bataillon Pigny : 14 Officiers, 494 hommes présents, 101 hommes détachés dans l’arrondissement de l’armée à Varenne et environs, 75 hommes aux hôpitaux ; 6 hommes manquant à l’appel ; 1 homme détaché, absent sans solde. Total : 691 hommes et Officiers.
4e Bataillon Cramaille : 16 Officiers, 522 hommes présents, 81 hommes détachés dans l’arrondissement de l’armée, 64 hommes aux hôpitaux, 8 hommes manquant à l’appel. Total : 691 hommes et Officiers.
Observation : Il y a une erreur dans la situation du Régiment ...
Signé Gifflengua
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 42. Page 93).

"1er régiment d’infanterie,
Rapport de l’affaire du 15 avril 1809
Le 1er bataillon campé à Fontanafredda aux ordres de M. le général de brigade Pagès, commandant la cavalerie, reçut l’ordre de partir et de se rendre à Rive Grande, à environ un mille de Pordenone, pour y être aux ordres de M. le général de division Sahuc, commandant la cavalerie ; il se mit en mouvement avec un temps affreux, suivant la grande route pour arriver promptement à sa destination ; à peine avait-il fait un mille qu’il ne lui fut plus possible d’avancer, vu que la cavalerie légère opérait sa retraite. Sur l’avis que je reçus du chef d’escadron du 6e de hussards que l’ennemi était en force et qu’il poursuivait vigoureusement son régiment, je disposais le bataillon de chaque côté de la route à hauteur du petit village de Ronche, la compagnie des voltigeurs en avant sur la gauche, les grenadiers à droite, les 4 compagnies du centre à cent toises en arrière dans des positions sûres entourées de fossés et de haies. J’ordonnais à MM. les lieutenants Bladinière des grenadiers et Gos des voltigeurs, d’aller reconnaître l’ennemi. Le premier à droite, vers Porcia et le second à gauche vers Ronche d’où il pouvait nous tourner ; prévenu qu’il continuait toujours sa marche par la grande route, je fis avancer le bataillon jusqu’à trois cent toises des premières maisons de Rore, afin de l’arrêter et de protéger la retraite des derniers escadrons, placé et disposé par échelons. MM. Bladinière et Gors, avec leur détachement, attaquèrent au lieu d’être attaqués, se replièrent en se battant sur la compagnie des grenadiers à droite et sur la 3e à gauche qui firent des feux de peloton plusieurs fois et se replièrent ensuite d’après les ordres que j’avais donné, avec beaucoup de calme et de sang-froid par la droite et sur la gauche, à deux cent pas derrière la 4e compagnie et les voltigeurs. Le même ordre fut observé par les autres compagnies qui successivement se replièrent jusqu’à la chapelle de l’angle du chemin de Ronche et Villadolt ; à Fontanafredda, les éclaireurs de droite et de gauche firent plusieurs prisonniers. le sergent des grenadiers Lecorps, quoique blessé, en prit trois ; la pluie, la grêle et le tonnerre continuaient toujours, on n’éprouva jamais plus de difficultés pour franchir les fossés d’un champ à l’autre. Arrivée à la chapelle de Ronche, la 3e compagnie du 2e bataillon commandée par le capitaine Dubois, se plaça à la gauche de la chapelle, marcha sur l’ennemi qui avait tourné le village de Ronche et qui venait déboucher sur la grande route avec de la cavalerie, le chargea vigoureusement, l’arrêta, et le 1er bataillon put se replacer sur le point où le chemin change de direction, et se former en bataille des deux côtés de la route, soutint la fusillade d’une colonne et des tirailleurs qui venaient à droite et à gauche dans les champs et après avoir répondu avec vigueur, la retraite continua encore avec ordre, toujours par échelons, jusqu’à Fontanafredda, soutenue par les voltigeurs du 2e bataillon et les grenadiers. Le colonel Saint-Martin sortit de Fontanafredda avec les trois compagnies du 2e bataillon qui étaient disponibles, chargea à leur tête et le 1er bataillon bâtit la charge, marcha encore une fois en avant. L’ennemi fut repoussé jusqu’à Porcia et derrière le village de Ronche qui fut, de suite, occupé par le régiment. Le colonel plaça des postes que les 2e, 3e et 4e bataillon de vinrent relever, gardèrent jusqu’au lendemain, et le 1er bataillon reprit sa position de la veille, derrière Fontanafredda.
MM. les officiers se sont généralement tous distingués. Je dois des éloges à M. Moudou, le capitaine des grenadiers du 1er bataillon ; Bladinière, lieutenant de la même compagnie, Gors, lieutenant des voltigeurs du 1er bataillon ; Lambert, capitaine de la même compagnie, qui fut dangereusement blessé aujourd’hui, en s’opposant à ce que l’ennemi, infanterie et cavalerie ne pénètrent dans Fontanafredda par le côté de Villadolt qu’ils avaient tourné. Le lieutenant Gors fut légèrement blessé à la cuisse gauche. Le capitaine Baron, commandant la 1ère compagnie du 1er bataillon, après avoir combattu en brave, demanda à M. le colonel Saint-Martin, de marcher de nouveau pour aller reprendre les positions près de Porcia, ce qu’il fit avec distinction. M. Dubois, capitaine commandant la 3e compagnie du 2e bataillon se fit beaucoup d’honneur en repoussant l’ennemi débouché de la petite route de Ronche et Villadolt.
Nous avons à regretter deux braves, le sergent Nivoix et Herpé, grenadier, nous avons eu aussi 322 hommes blessés.
Quatorze ou quinze prisonniers sont restés en notre pouvoir.
Vérone, le 25 avril 1809
Le chef de bataillon commandant le 1er régiment de ligne
Pigny
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 58. Page 125).

Le 15 avril 1809 à 9 heures ½ du soir, le Général de Division Grenier établit, depuis Sacile, l’ordre de bataille : "La division se mettra en mouvement demain à la pointe du jour pour marcher à l’ennemi, avant le jour, le général Teste réunira sa brigade en avant du défilé de San Giovanni del Tempio et la portera en trois colonnes en arrière du ruisseau de Fontana Fredda ; sa brigade du bataillon du 11e de ligne, d’un bataillon du 1er régiment de ligne et du 52e d’infanterie avec l’escadron napoléon. Le général Teste enverra après avoir organisé sa brigade, le bataillon du 8e d’infanterie légère à Sacile où il sera employé à la disposition du colonel d’artillerie Faure.
La brigade aux ordres du général Abbé qui se compose de deux bataillons du 18e d’infanterie légère et du 102e régiment avec les quatre pièces de l’artillerie à pied seulement se formera en avant du village de San Giovanni del Tempio aussitôt que celle du général Teste lui aura fait de la place, elle formera la deuxième ligne et suivra tous les mouvements de la première. Un détachement de 40 sapeurs avec 4 officiers marchera avec cette brigade. Les deux pièces de 12 de cette brigade seront envoyées à Sacile pour être déplacées, elles seront la disposition du colonel d’artillerie Faure.
Les trois autres bataillons du 1er de ligne formeront demain la réserve de la division ; ils seront employés par le général de division où il les croira nécessaires ; ils resteront provisoirement dans leur emplacement actuel. MM. les généraux de brigade Abbé et Teste donneront tous les ordres nécessaires pour l’exécution de celui-ci. Le général de division leur recommande encore que leurs brigades soient formées et prêtes à donner à la pointe du jour, attendu que l’ennemi n’est pas loin. Les ordres subséquents seront donnés par le général de division sur le terrain. Il conviendra que MM. les généraux de brigade se pourvoient de guides qui connaissent bien tous les débouchés qui de Talmasson et Fontana Fredda conduisent à la plaine de Roveredo.
L’ambulance sera placée à Sacile, le commissaire des guerres se pourvoira de tous les moyens de transport qui seront nécessaires.
La réserve d’artillerie et des voitures utiles partiront à la pointe du jour pour se porter en arrière de Sacile et fournira de là les munitions dont on aura besoin ; le restant de la compagnie de sapeurs viendra à Sacile et sera aux ordres de M. le colonel Faure
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 29 page 71).

- Bataille de Sacile (16 avril 1809)

Le prince Eugène, placé aux endroits les plus dangereux, surveille avec soin les diverses phases du combat. Voyant l’acharnement, bien naturel du reste, des Autrichiens à réoccuper Porcia, il prescrit à la Division Grenier de passer en avant du village de Fontana-Fredda, pour soutenir sur la gauche de son aile droite les attaques du Général Séras. Le 1er de ligne, sous les ordres du brave Général Teste, débouche sur Porcia par Roncha en traversant la grande route, et refoule de nouveau l'ennemi. Colloredo lui opposant trois Bataillons et une batterie, le combat se rétablit, et le village est pris et repris plusieurs fois. De part et d'autre on combat avec un rare acharnement. Le 1er de ligne, un Escadron des Dragons-Napoléon italiens, montrent une brillante valeur. Les Dragons exécutent deux charges dans le village même, et ramenèrent 150 prisonniers. Le Général Teste, blessé, est remplacé dans son commandement par le Colonel Gifflenga Chef d'Etat-major de la Division Grenier. Toutefois, les troupes franco-italiennes ne peuvent dépasser Porcia (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 22).

Le "Rapport du général de division Grenier, commandant la 3e division de l’armée d’Italie sur la bataille de Sacile" raconte : "La division aux ordres du général Grenier se composait le 15 avril des 1er, 52e et 102e régiment d’infanterie de ligne, des 3e et 4e bataillons du 18e d’infanterie légère et du 4e bataillon du 11e, du 4e escadron des Dragons Napoléon, de la 5e compagnie du 4e régiment d’artillerie à cheval, d’une compagnie d’artillerie à pied (13e du 2e) et d’une compagnie de sapeurs (2e compagnie du 1er bataillon). Les deux compagnies d’artillerie servirent 12 bouches à feu.
Cette division occupait le 15 les points ci-après :
Le 1er régiment d’infanterie de ligne, détaché momentanément sous les ordres du général Pagès, était à Fontanafredda en avant et en arrière de ce village, pour soutenir au besoin l’avant-garde qui était à Pordenone, et faciliter les communications par se droite entre la division Seras qui était à Tamai et par sa gauche avec la division Broussier qui était à Vigonovo.
La brigade du général Teste, qui à cause de l’absence du 1er régiment, se trouvait composée du 4e bataillon du 11e et des 4 bataillons du 52e avec l’escadron Napoléon et la compagnie d’artillerie légère, était placée en avant de Sacile, appuyant sa gauche à la grande route et couvrant par sa droite la route qui de Fontanafredda arrivait à Sacile par le pont de vois, ayant en avant de San Giovanni del Tempio le bataillon 11e, l’escadron Napoléon et 2 pièces d’artillerie.
La brigade aux ordres du général Abbé se composait des 3e et 4e bataillons du 18e d’infanterie légère, du 102e régiment et de la compagnie d’artillerie à pied, appuyait sa droite à la grande route et prolongeant sa gauche vers les montagnes, se trouvant par cette position même en 2e ligne de la division Broussier qui était à Vigonovo ; le général Abbé avait aussi porté en avant de San Giovanni del Tempio un bataillon du 18e d’infanterie légère à la gauche du bataillon du 11e, la compagnie d’artillerie à pied était à la gauche de sa brigade.
Dans cette position, la division reçut l’ordre le 15 au soir de se réunir et de se porter sur les hauteurs entre Fontanafredda et Vigonovo, et de se préparer à combattre ; le général Grenier fut prévenu que la droite commandée par le général Séras soutenu par la division italienne commandée par le général Severoli, devait se porter de Tomai sur Porcia en même temps que la division Barbou viendrait s’établir à Fontanafredda pour servir de 2e ligne. Il fut encore recommandé au général Grenier de ne faire hors de la position indiquée ci-dessus aucun mouvement offensif avant que la division Séras ne se soit emparée de Porcia et ne se trouvât prête à déboucher dans la plaine de Roveredo ou de marcher sur Pordenone.
Les troupes de la division se mirent en mouvement de leurs positions respectives à 3 heures du matin, et à 5 heures au lever du soleil, occupèrent celles indiquées par S. A. I. Les dispositions d’attaques furent faites mais subordonnées aux mouvements de la division Séras, elles ne commencèrent à avoir d’exécution que vers les 11 heures du matin, où la fusillade commença à se faire entendre ; encore durent elles être changées puisqu’au lieu d’attendre comme l’ordre le portait que cette division déboucha de Porcia, la division Grenier reçut l’ordre d’attaquer Porcia par la gauche, cet ordre fut exécuté à l’instant : la tête de la colonne composée du 1er de ligne se porta en échelons par bataillons sur Porcia et soutenues par la brigade du général Teste chassa 3 fois l’ennemi de ses positions et fit un très grand nombre de prisonniers. L’ennemi multipliant ses efforts pour rester maitre de sa position présenta bientôt huit bouches à feu et plusieurs escadrons de cavalerie et la majeure partie de l’infanterie qui jusqu’alors avait combattu la division du général Séras, cette division ayant commencé un mouvement rétrograde ; il fallût donc renforcer la 1ère ligne de toute la brigade du général Teste, ayant en 3e ligne les 2 bataillons du 18e d’infanterie légère et 2 bataillons du 102e sous les ordres du général Abbé. Alors commença un combat extrêmement vif et malgré la supériorité des forces ennemies, malgré sa cavalerie nombreuse, harcelée de tous les points la division ne fit pas un pas rétrograde. C’est dans cette circonstance que le général Teste fut blessé. Notre infanterie fit des prodiges de valeur puisque non seulement elle reçut plusieurs charges de cavalerie sans s’ébranler, mais la chargea elle-même à plusieurs reprises avec le plus grand succès ; les efforts de l’ennemi se dirigeaient presque entièrement sur le 1er de ligne, et ce régiment, malgré sa bravoure exemplaire, la bonne conduite et les talents qu’a déployé le colonel Saint-Martin, le courage de tous les officiers, sous-officiers et soldats, eût fini par succomber au grand nombre s’il n’eût été soutenu par le 52e de ligne qui, formé en carré par le chef de bataillon Grosbon commandant ce régiment, fit un tel mal à l’ennemi que plus de 80 chevaux furent comptés sur le champ de bataille ; cette manœuvre donna le temps au 1er de ligne et au bataillon du 11e qui aussi était fortement engagé de se reformer pour faire face.
Pendant toute cette action, la seule compagnie d’artillerie légère donne ; son feu eût un succès prodigieux et fit à l’ennemi beaucoup de mal ; le capitaine se conduisit avec sa valeur ordinaire et fut parfaitement secondé par le lieutenant Baudin. Cette compagnie usa presque toutes ses munitions et singulièrement protégée par notre infanterie, elle ne fit aucune perte, évènement d’autant plus extraordinaire qu’elle avait à combattre une artillerie au moins double en nombre.
Les efforts de l’ennemi constamment répétés par des troupes fraîches avaient été jusqu’alors impuissants et quoique la division se trouva pour ainsi dire débordée de toute part et que l’ennemi inquiétait déjà la 3e ligne sur ses flancs, elle n’en combattait pas moins avec beaucoup de valeurs, lorsque le général de division reçut l’ordre réitéré de faire sa retraite ; déjà il avait observé qu’elle deviendrait extrêmement difficile, si ce mouvement était trop précipitée, et il ordonna qu’il se ferait par échelons, la deuxième et troisième ligne faisant face et combattant constamment l’ennemi ; le mouvement de l’artillerie suivit celui de l’infanterie soutenu par le quatrième escadron des dragons napoléon qui pendant tout le combat avait montré autant d'audace que de valeur et chargé l’ennemi à plusieurs reprises.
La retraite s’exécuta ainsi jusqu’à Fontanafredda dans le meilleur ordre et se fut probablement continué de même, si notre cavalerie ramenée par celle de l’ennemi ne se fut jetée sur Fontanafredda et obstruée tous les passages ; jusque-là, la division n’avait éprouvé de perte que celle occasionnée par le feu de l’ennemi ; elle avait à regretter près de 300 morts et environ 800 blessés ; le colonel Saint-Martin, quatre officiers et environ quatre-vingt sous-officiers et soldats des différents corps étaient seuls au pouvoir de l’ennemi. Cette faute ( ?) fit commettre mais ce mouvement de cavalerie précipitée sur Fontanafredda coupa toutes les colonnes, et y mit le désordre, la brigade Abbé séparée du restant de la division, même quelques détachements de la 1ère ligne furent obligés de gagner la droite de Fontanafredda, partie vint sur Sacile par le pont de bois, l’autre se dirigea sur Brugnera en suivant la division Barbou et celle de Séras. La 1ère brigade dirigée par le colonel Gifflengua depuis le moment où le général Teste avait été blessé vint reprendre position en avant de Sacile et San Giovanni del Tempio ; le général de division espérait se maintenir la nuit dans cette position, lorsque l’ennemi qui poursuivait une partie de la division Broussier par Vigonovo déboucha en même temps qu’elle sur Sacile. Ces troupes ne pouvant plus faire face entraînèrent la 1ère brigade de la division ; la confusion se mit dans les rangs, une terreur panique s’empara des esprits et dès ce moment il ne fut pas plus possible d’arrêter ce mouvement désordonné qu’il serait possible d’arrêter un torrent dans son cours. Les troupes traversèrent Sacile pêle-mêle, et arrivèrent dans cette confusion jusqu’à San Cassano, elle se reposèrent quelques heures en arrière de ce village et débouchèrent le lendemain vers les 8 heures du matin sur la Piave ; là les divisions furent reformées, et celle du général Grenier eut l’ordre de se porter sur la ville en arrière de Trévise. C’est dans ce mouvement rétrograde dans Sacile et sur Brugnera qu’environ 600 hommes de la division sont tombés au pouvoir de l’ennemi, seul fruit de sa victoire puisque de son aveu il a perdu devant la division plus de 3000 hommes.
Cette bataille quoique perdue a donné à l’ennemi une nouvelle preuve de la valeur des soldats français, les actions d’éclat se sont multipliées et méritent d’être citées. Le général de division a à se louer particulièrement de Mrs les généraux de brigade Reste et Abbé, du colonel chef d’état-major Gifflengua, qui par leurs bonnes dispositions, leur calme et leur talent ont souvent déjoué les manœuvres de l’ennemi ; du capitaine du génie Tournadre, de MM. Delcambre et Descrujirch ses aides de camp. Le général de division croit aussi devoir rendre justice au zèle et à l’activité de M. le commissaire des guerres Astruc qui pendant toute la journée a donné ses soins aux blessés. Les officiers de santé de la division n’ont rien laissé à désirer, tous les blessés ont été pensés et sont restés avec ceux tombés au pouvoir de l’ennemi faute de transports
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 141. Page 294).

"1er régiment d’infanterie de ligne
Rapport de l’affaire du 16 avril 1809
Le 1er bataillon reçut l’ordre de quitter sa position de Fontanafredda et de se porter à la brigade de Mr Le général Teste, où avec un bataillon du 11e de ligne, il resta sous les ordres de Mr le Major Aubré du 11e, formant la tête de la colonne. La brigade, ainsi que l’armée, manœuvra dans la plaine, se dirigeant sur le village de Ronche, situé sur la droite, où la colonne fit halte pour se mettre en bataille en appuyant sa droite au village. Vers onze heures ou midi, un officier d’ordonnances apporta l’ordre à Mr Le général Teste, de faire marcher un bataillon en toute diligence vers le village de Rore. Le 1er bataillon se détacha de la colonne, descendit dans le chemin creux de Ronche, se dirigeant vers une forte fusillade qu’on entendait en avant à droite vers Porcia. Mr Le général Teste me donna l’ordre, après avoir fait marcher un demi-mille, de battre la charge ; le bataillon était en colonne par section. Il fondit comme un éclair sur l’ennemi qu’il culbuta, malgré le feu bien nourri de l’infanterie et de l’artillerie, qui ne cessait de tirer à mitraille. J’avais envoyé la compagnie de voltigeurs en tirailleurs sur la droite dans le village, elle s’empara des premières maisons et de la chapelle, le bataillon ne s’arrêta qu’à demi-mille du village, après l’avoir dépassé.
J’ordonnai à Mr le sous-lieutenant Décostars, qui commandait les voltigeurs, de tenir dans le village et d’envoyer des tirailleurs en avant sur la route de Porcia, ce qu’il fit.
Des colonnes ennemies dont je ne puis juger la force, ayant un escadron de hussards et quatre pièces d’artillerie, débordèrent ma gauche. Les hussards étaient parvenus sur le derrière dans le champ à gauche ; nous étions très loin de la brigade. Je fis faire demi-tour à la 4e compagnie commandée par le lieutenant Bonnet ; elle se porta derrière un fossé, fit feu sur les hussards dont 15 furent renversés, les chevaux dégagés des cavaliers se sauvèrent au galop sur nos troupes vers Ronche. Le restant des hussards tourna bride, se renversa sur l’infanterie et y porta le désordre. La 4e compagnie les poursuivit dans les champs ; les grenadiers commandés par le capitaine Moudou profitèrent du moment, chargèrent à la baïonnette, gagnèrent encore du terrain, repoussèrent l’ennemi et leur firent des prisonniers. La 1re, 2e et 3e compagnie déployèrent, chargèrent aussi en couvrant toujours le village. L’artillerie, avant de faire sa retraite, tira sur nous six coups de canon à mitraille, qui ne produisirent aucun effet. Il se passa quelques instants de tranquillité. L’ennemi envoya de nouvelles forces, les hussards escarmouchèrent sur les deux flancs, ils étaient nombreux, obligés de leur faire face à droite et à gauche, l’infanterie ennemie soutenue par l’artillerie, nous força à nous retirer jusqu’au village. Encore une fois profitant des positions où nous étions, le bataillon fit des feux de file qui renversèrent et tuèrent beaucoup de hussards. Il était impossible au bataillon de se soutenir plus longtemps, les voltigeurs se replièrent sur la chapelle des colonnes où se trouve une grande maison à droite de la grande route. Mr Le général Teste envoya pour nous soutenir le bataillon du 11e et sept compagnies du 52e. Ce renfort encouragea mon bataillon qui s’était mis en tirailleurs, fit de nouveaux efforts, bâtit la charge et gagna encore du terrain. Les voltigeurs revinrent jusqu’auprès du village. La cavalerie ennemie épouvantait nos jeunes soldats, néanmoins, le bataillon chargea huit fois. A environ quatre heures, il ne fut plus possible de le rallier pour le reconduire, il se replia jusqu’à la position que défendait les 2e, 3e et 4e bataillons commandés par le colonel Saint-Martin.
Ces trois bataillons ayant manœuvré le matin d’après les ordres du général de division Grenier, conduits par Mr le colonel Gifflenga, chef de l’état-major de la 3e division, marchèrent par bataillon en masse, sur la gauche de Porcia, battirent en cet état la charge, culbutèrent l’ennemi, qui fut acculé sur le village. L’ennemi était sur ce point en très grande force, la cavalerie et la mitraille obligèrent ces bataillons à rétrograder. Pendant quatre fois, le colonel Saint-Martin les reconduisit avec avantage à l’ennemi, se soutint en position jusqu’au moment que la retraite fut ordonnée, malheureusement, le colonel qui ne voulut se retirer que des derniers fut fait prisonnier, vers la fin du jour après avoir donné les plus grands exemples de bravoure et de talents militaires ; à mon bataillon je réunis l’aigle du 2e et environ deux ou trois cent hommes des trois bataillons et quelques officiers que je conduisis à l’entrée de la nuit à la gauche de la batterie qui défendait la porte de Sacile, je m’y soutins jusqu’à ce que, manquant de munitions, je fis ma retraite avec une des pièces.
Deux cent cinquante hommes de tout le régiment, avec l’aigle du 4e bataillon, commandés par le capitaine Gérard faisaient leur retraite du côté des marais à gauche de la route de Sacile, marchant en ordre ; Mr le général Sorbier, aide de camp de S. A. I. le prince vice-roi, donna l’ordre à ce détachement quatre fois de suite de marcher contre l’ennemi, ce qu’il fit avec avantage, et toutes les fois le repoussa. L’officier supérieur qui commandait les hussards ennemis, mit un mouchoir blanc à son sabre, vint sommer ces deux cent cinquante hommes de se rendre, leur proposant une capitulation. Cette proposition fut courageusement refusée, le détachement quoique entouré par les hussards, se fit jour et joignit un bataillon du 5e de ligne français et un du 1er de ligne italien, combattit encore avec ces bataillons, et à sept heures du soir, fit sa retraite. Il ne put entrer dans Sacile, vu que l’ennemi y était, alors il se dirigea sur la gauche vers St-Cassian et rejoignit le régiment à la Piave, le lendemain.
Des officiers du 1er bataillon, le capitaine Moudou membre de la légion d’honneur commandant les grenadiers donna de grandes preuves de bravoure. Il fut bien secondé par son lieutenant Lablandinière et son sous-lieutenant l’habitant, qui fut blessé dans l’année dernière charge, ces deux officiers furent toujours des premiers au feu.
Le capitaine Baron, commandant la 1ère compagnie, voyant que les hussards ennemis tournaient la compagnie de grenadiers par la gauche, marcha à son secours, fit croiser la baïonnette et les chargea.
Le capitaine Bellanger, légionnaire, fit dix fois plus qu’on ne pouvait attendre de son âge, il reçut deux contusions.
Le capitaine Bonnet, commandant la 4e compagnie, se distingua en chargeant et poursuivant les premiers hussards qui voulaient nous couper ; il reçut une contusion.
Le sous-lieutenant Décostars commandant les voltigeurs fut blessé à mort en se soutenant dans le village.
L’adjudant major Lacroix, officier de la légion d’honneur, mérite des éloges ; c’est à ce bon officier que le bataillon doit une partie de la gloire qu’il s’est acquise le 15 et le 16.
Le capitaine Voisin, commandant le 2e bataillon, fut blessé près de Porcia, à la tête du bataillon. Se sont distingués MM. le capitaine Beaulieu, commandant les voltigeurs, il a été fait prisonnier avec son sous-lieutenant, officier d’une bravoure rare.
L’adjudant major Revel se mit souvent à la tête des tirailleurs, pour débusquer l’ennemi du village de Porcia.
Le capitaine des grenadiers du 3e bataillon, Mr Fournier, légionnaire, blessé à la tête de sa compagnie, qui faisait des efforts pour pénétrer dans Porcia, resta au pouvoir de la cavalerie ennemie.
Le capitaine des grenadiers Lesterpt, légionnaire commandant la 4e compagnie, avec son lieutenant aussi légionnaire, nommé Letang, furent blessés, le premier d’une balle qui lui traversa le corps, le deuxième d’une balle qui lui traversa la jambe, étant à la tête de la compagnie, en chargeant l’ennemi sur le plateau à gauche de Porcia.
Ont fait des prodiges de valeur, les officiers qui se sont trouvés avec les 250 hommes que Mr Le général Sorbier fit charger quatre fois dans la plaine. Ce sont MM. Gérard, capitaine, qui les commandait, Rouiller, Rertif, Dubois et Gourreau, capitaines, ce dernier fut blessé, Grivet, Garin, Lépine, lieutenants, Delabarre, sous-lieutenant. Les adjudants sous-officiers Wiart et Belligand ont mérité les plus grands éloges du commandant du détachement Gérard.
L’adjudant sous-officier Nanot, s’est conduit avec distinction.
L’officier de santé sous aide major Frison, en allant donner des secours aux blessés aux postes avancés, a reçu de fortes contusions.
Les caporaux des grenadiers de la 1ère compagnie Augier, Lancée et Arene, sur le champ à gauche de Rore ont marché sur la cavalerie, ont fait trois ou quatre prisonniers ; ils sont d’un courage rare. Lebrun, sergent de la 3e compagnie du 1er bataillon, ayant 22 ans de service, a toujours été un des premiers au feu, aux affaires des 15 et 16.
Roux, fusilier de la même compagnie, a fait lui seul trois prisonniers.
Gellé, sergent major de la 2e compagnie de grenadiers, ayant été pris par des hussards, est parvenu à en tuer deux, fut attaqué par trois autres, en tua un et s’échappa, il fut légèrement blessé.
Le sergent Mallot, des grenadiers, en avant de Fontanafredda, a franchi une haie derrière laquelle étaient embusqués trois autrichiens, en a tué un et fait fuir les deux autres, il a tué un hussard qui allait sabrer le colonel Saint-Martin et blessé un autre qui sabrait aussi l’adjudant Major.
Marnas, sergent des grenadiers, se trouvant entre des hussards autrichiens, parvint à se sauver en en tuant deux et rejoignit sa compagnie qui eut de suite à soutenir une forte charge ; par son sang-froid, il donna l’exemple et la compagnie la soutint.
Roussel, caporal des grenadiers, a combattu contre deux hussards, en a tué un et fit rendre les armes à trois fantassins.
Canivet, grenadier se trouvant entre des ennemis, en tua plusieurs et se dégagea des mains des autres, le même jour il en tua deux qui tombaient sur lui.
Coquillard, grenadier, se trouva pris par quatre autrichiens et fut légèrement blessés, il en tua deux et mis les deux autres en fuite ; dans la même journée, il fut pris par deux hussards et se défendit jusqu’à ce que ses camarades viennent le délivrer.
Imbert, grenadier, se trouvant entouré par trois autrichiens, en tua un d’un coup de baïonnette et mis les deux autres en fuite.
Bouffier, grenadier, s’étant porté en avant contre la cavalerie, tua deus hussards autrichiens d’un seul coup de fusil.
Herault, grenadier, suivit l’exemple de Bouffier et tua deux hussards.
Baudesson, sergent, se trouvant dans la mêlée, fut sommé de se rendre, tua celui qui le sommait et se sauva.
Herbui, premier sergent, se trouvant dans la mêlée, se défendit avec son sabre et sauva le drapeau.
Le chef de bataillon commandant le régiment.
Pigny
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 43. Page 95).

Dans son rapport daté de Neustadt le 3 juin 1809, et adressé au Général Grenier, le Colonel du 102e, Pierre Espert de Sibra (frère de Jean-Baptiste Espert de Latour, rappelons le) raconte : "... Notre première brigade se trouvait déjà fort engagée, le 102e régiment était à la gauche, et dut soutenir tout l’effort de l’infanterie et de la cavalerie ennemies pour protéger la retraite des 1er et 52e régiments, qui se battaient depuis le matin ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 120. Page 249).

Le 22 avril 1809, depuis Caldiero, le Général de Division Grenier ordonne : "La division se mettra en mouvement demain à 6h00 du matin et sera dirigée sur Vérone, marchand par sa gauche dans l’ordre suivant.
52e
L’artillerie à pied
1er de ligne trois bataillons
Artillerie légère quatre pièces
Sapeurs
Un bataillon du 1er de ligne
102e
11e
Artillerie légère deux pièces
Dragons
8e léger.
La division sera formée sur la grande route et marchera après dans le plus grand ordre (et toujours par section) ; l’artillerie (se tiendra prête à Saint-Martin et prendra ainsi que) et les sapeurs se tiendront prêts à Saint-Martin et prendront le rang qui leur est indiqué, lorsque la division passera.
Le général de division a remarqué aujourd’hui dans plusieurs corps qu’il n’avait pas été porté un égal soin des armes, plusieurs sont couvertes de rouille et n’ont même pas été essuyées, les baïonnettes sont enduites de sang et de graisse parce qu’au lieu de servir à combattre l’ennemi, on s’en sert pour porter la viande, les baguettes de fusils reçoivent la même destination ou servent à porter le pain ; ainsi se dégradent les armes et ceux qui les portent pour cet usage.
Le soldat n’a rien fait pour sa propreté et il s’en trouve qui ne se sont pas lavés depuis 8 jours. Il est temps de rétablir l’ordre dans toutes les parties et il en rend les chefs personnellement responsables
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 55. Page 119 ; Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 83).

Le même 22 avril 1809, au Quartier général à Vicence est établi l'ordre de l’Armée : "A compter de ce jour, l’armée d’Italie divisée en trois corps d’armée organisés de la manière suivante par S. A. I. le prince Eugène, général en chef ...
Centre :
... Le corps du centre aux ordres du général Grenier, se compose des :
1ère division Grenier, 8e régiment d’infanterie légère, 1er régiment de ligne ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 125 page 265).

Le 23 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Vérone, à S. A. I. : "Je viens de recevoir l’ordre de l’armée N° en date de ce jour, il est particulièrement relatif au commissaire de la guerre employé dans la division que j’ai l’honneur de commander, et j’ai vu avec peine que ce fonctionnaire y était mal traité sans l’avoir mérité. Si j’avais été interpelé avant la rédaction de cet ordre du jour, il m’eut été facile de prouver que le commissaire des guerres n’a fait que son devoir en demandant à la municipalité de Vicence douze mille rations de pain pour les troupes sous mes ordres puisque cette demande n’a été faite que sous mes observations sur le nombre de troupes à nourrir à Vicence et qui alors faisaient partie de mon commandement. V. A. I. me permettra seulement de les nombrer et alors seulement je la prie de payer des torts du commissaire des guerres.
3e division ...
4 bataillons du 1er de ligne ...
La division faisait alors partie de mon commandement, son commissaire des guerres était absent, j’ai crû devoir charger mon commissaire des guerres de s’en occuper.
Je crois par cette explication disculper mon commissaire des guerres des torts que l’on lui reproche, et si quelqu’un en a, c’est à moi sans contredit. J’ajouterai à présent que dans le cas où il aurait commandé 12000 rations pour le service de ma division seulement, il eut été bien loin d’être répréhensible puisque la municipalité distribuait sur des bons visés de lui peut prouver les consommations et que s’il a été demandé des rations en plus, bien loin de laisser le service en souffrance, les rations qui restaient se trouvaient déjà en avance pour les autres divisions, ce qui est bien différent et le serait davantage encore si les 12000 rations demandées avaient été versées dans les mains des préposés de ma division et qu’ils en eussent faits eux-mêmes la distribution
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 36 page 85).

Le 26 avril 1809, le Général de Division Grenier ordonne, depuis Caldiero : "… La division aux ordres du général Abbé conservera sa position actuelle, observant fortement la gorge qui conduit à Soave et le chemin qui conduit de cet endroit à Illasi ; le général Abbé est prévenu que deux bataillons du 1er de ligne italien reçoivent l’ordre d’aller occuper ce point et de le défendre ; le général Bonfanti commandant cette troupe, aura un bataillon à Cognola et deux autres au revers de la position occupée par le 1er de ligne français ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 38 page 89).

Le 28 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Caldiero, au Général Abbé : "S. A. I. ayant ordonné, mon cher général, au général Bonfanti de se porter à San Cassiano et Illasi pour couvrir le débouché, il est essentiel que vous portiez un bataillon du 1er de ligne à Colognola, pour y garder les routes qui conduisent à San Cassiano et Vittore, il est essentiel que la route qui conduit de l’un à l’autre de ces endroits soit constamment vue afin que les trois compagnies de San Vittore ne soient pas tournées. Faite pousser de ceux en deux heures des reconnaissances sur Soave afin de connaitre tous les mouvements qui se font dans la gorge. En votre absence, j’ai envoyé sur la hauteur vis-à-vis votre infanterie légère un poste de dragons qui est chargé d’observer tout ce qui se passe dans la plaine en avant de lui entre Soave et Villanova ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 38 page 90).

Le 28 avril, toutes les forces dont le Prince Vice-Roi a le commandement en chef se trouvent concentrées sur l'Adige; le Général Macdonald est arrivé la veille. Eugène met alors à exécution le projet d'organisation en trois Corps et une réserve, projet adopté déjà en principe depuis le 23 avril et que nous donnons ci-dessous :
2° - Centre, général Grenier commandant. Division Abbée, les Bataillons des 1er, 52e, 102e de Ligne et 8e Léger ; Division Séras, 10 Bataillons des 35e, 53e, 106e, 79e de Ligne, 4 Escadrons du 6e de Hussards (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 45).

Le 11 mai 1809, le général Dessaix franchit le Tagliamento à gué, un peu au-dessus du pont, et se dirige avec l'avant-garde sur Saint-Daniel ; les deux Divisions du Corps du centre, et le 25e de Chasseurs, suivent le mouvement de l'avant-garde ... Dès que le Général Grenier parait sur le champ de bataille avec la Division Abbé, le 25e de Chasseurs et 1 Escadron des Dragons Napoléon, le Prince Eugène donne l'ordre de porter à l'avant-garde 4 Bataillons des 1er et 52e de ligne et la cavalerie, et de faire soutenir ces troupes par le reste de la Division Abbé. Aussitôt ces dispositions faites, l'attaque commence contre toute la ligne ennemie. Le combat s'engage avec ardeur. Pendant que le Général Dessaix force lui-même au pas de charge l'entrée de la ville, le reste de l'infanterie, suivant son exemple, enfonce sur tous les points l'ennemi. Diverses charges faites avec habileté et audace par les 9e et 25e de Chasseurs et l'Escadron des Dragons Napoléon ne permettent pas aux Autrichiens de se rallier. Tout ce qui peut échapper se retire au camp de Majano ; mais le Général Dessaix y suit ces fuyards l'épée dans les reins, les empêche de l'incendier, et s'y établit. 2,000 prisonniers, dont 1 Colonel, 1 Major, 2 Lieutenants-colonels, tous les Officiers du Régiment de Rieski, et 2 drapeaux pris par le 25e Régiment de Chasseurs et le 1er Régiment de ligne, sont les trophées de cette brillante journée, qui ne coûte que peu de monde à l'armée du Vice-Roi (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 83).

Le 16 mai 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Malborghetto : "Les dispositions ordonnées aujourd’hui pour l’attaque du fort de Malborghetto seront maintenues dans la division Durutte pour l’attaque qui doit avoir lieu demain.
Le général Pacthod laissera en réserve en arrière de la division Durutte 2 bataillons du 52e régiment commandés par le chef de bataillon Grosbon, on ajoutera à ces 2 bataillons 2 compagnies de grenadiers du 1er régiment de ligne ; le chef de bataillon Grosbon aura demain à 5 heures du matin chez M. le général Grenier commandant le centre, une ordonnance pour lui porter les ordres que le général aura à lui donner ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 51 page 116).

Le Général Pacthod a reçu l'ordre de se mettre en mouvement à quatre heures du matin avec le 1er Régiment de Ligne et deux Bataillons du 52e, de tourner le fort, et de gravir les cimes qui le dominent, de manière à pouvoir l'attaquer du côté de Tarvis, en même temps qu'on 1'attaquera du côté même du village de Malborghetto. Pendant ce temps, le Général Durutte rassemble sa Division dans le village et fait ses dispositions d'attaque ; mais la marche du Général Pacthod, que la nature du terrain rend des plus difficiles, ayant été retardée, le Prince ne donne le signal de l'assaut qu'à neuf heures du matin, à l'instant où ce général arrive à sa destination.

L'ennemi défend toujours avec la dernière opiniâtreté ses ouvrages au-delà de Tarvis ; en vain les Généraux Baraguey-d'Hilliers et Dessaix renouvellent-ils leurs attaques dans la matinée du 17, elles n'obtiennent d'autre résultat que la perte de quelques hommes (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 107).

Le 17 mai 1809, Eugène écrit, depuis Malborghetto, à Napoléon : "… le général Grenier, commandant des deux divisions, qui a tout dirigé sous mes ordres, a montré un sang-froid et un zèle qui ont dû contribuer beaucoup au succès de cette entreprise. Voyant dans un endroit un moment d'indécision, il s'y lança avec deux compagnies de grenadiers, et tout fut entraîné. Les compagnies de grenadiers et de voltigeurs du 62e, du 52e, du 102e et du 1er de ligne se sont particulièrement distingués. Parmi les officiers qui ont montré le plus d'intrépidité, je dois citer le chef de bataillon Colas, du 102e, le lieutenant Bourgeois, du 102e, le capitaine des grenadiers du 102e, et plusieurs autres dont je ferai connaître successivement les noms …" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 207).

Dans son rapport adressé au Général Grenier, et daté de son quartier général à Arnoldstein le 18 mai 1809, le Général Pacthod, commandant la 2e Division du Corps du centre, écrit au sujet des journées précédentes : "J’ai l’honneur de vous rendre compte de la manière dont a pris par la division que je commande, dans votre corps d’armée, à l’assaut et à la prise du fort de Malborghetto.
Votre ordre du 16 portait que je devais partir le 17 suivant de Malborghetto à 3 heures du matin avec la 2e brigade de ma division pour tourner le fort par sa gauche et reconnaître promptement les points par ou je pouvais me promettre le succès d’une attaque.
Les difficultés de la marche ont été telles que je n’ai pu former ma colonne sur le derrière du fort qu’à huit heures du matin, vous avez, vous-même, mon général, prévu ces difficultés en me faisant parvenir un second ordre par lequel vous m’ordonnez de n’attaquer qu’à neuf heures et demie, l’heure convenue pour l’attaque générale.
Déjà par le moyen d’une reconnaissance de 3 compagnies du 1er régiment de ligne, je m’étais assuré de l’effort que m’opposerait l’ennemi et j’avais pris ma résolution pour l’attaque.
Le blockhaus de droite étant adossé à une montagne qui le domine, dont l’accès très pénible était praticable, je déterminai ma principale attaque sur ce point, un bataillon d’élite, et 30 sapeurs sous les ordres du chef de bataillon Colas furent désignés pour l’attaque de cet ouvrage, un autre bataillon devait la soutenir.
Le blockhaus de gauche situé sur un roc escarpé était inaccessible. Je décidai de jeter sur ce point une forte partie des tirailleurs, attirer par ce moyen l’attention de l’ennemi et diviser ses forces. La batterie basse devait aussi être le sujet d’une sérieuse entreprise. Je confiai l’attaque de ce point important au colonel Pastol avec huit compagnies du 1er régiment, et 10 autres compagnies du même régiment mises en réserve.
Ces dispositions faites, je me rendis à l’attaque principale. L’audace avait saisi tous les esprits, la nécessité de réussir avait commandé la plus grande résolution. A l’heure indiquée, l’attaque commence sur tous les points et en moins d’une demi-heure le fort est en notre pouvoir ; le chef de bataillon Colas franchit les palissades du blockhaus de droite, celui de gauche tombe sous la même main.
Le colonel Pastol par l’intrépidité qui le caractérise, malgré la grande difficulté du terrain pénètre dans la batterie basse et concourt glorieusement avec le bataillon du 62e régiment de la division Durutte à la prise de ce point si formidable.
Tous les efforts ont été couronnés du plus grand succès, et la troupe de votre corps d’armée, mon général, et particulièrement la division que je commande, considère comme très heureux pour elles ce moment qui les a mises à même de donner un témoignage de leur dévouement et de la célérité à exécuter des dispositions que vous avez ordonnées et auxquelles appartient une si brillante affaire.
Un soldat tué, huit officiers, 16 sous-officiers et soldats blessés ont été la seule perte que j’ai éprouvée.
Parmi les officiers que je dois désigner à votre attention, je citerai le colonel Pastol et le chef de bataillon Colas ; le colonel Rambour ( ?) aide de camp de S. A. I., et le chef de bataillon Amoretti qui a été blessé se sont aussi distingués par leur bravoure.
Je demande le grade de capitaine pour M. Dubourget lieutenant l’un de mes aides de camp, et la décoration pour Mrs. Les capitaines Desparsac, Lehérissé et Lebrun lieutenant du 52e, Roustand lieutenant au 102e et Lablandinière lieutenant au 1er régiment de ligne, officiers qui se sont distingués dans cette journée
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 88. Page 185).

Le 28 mai 1809, dix-heures du matin, Napoléon écrit depuis Ebersdorf, à Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Bruck : "Mon Fils, je vous renvoie votre aide de camp. Je désirerais avoir l'état de situation de votre corps d'armée.
Je suppose que la division Durutte est composée de deux bataillons du 22e, de quatre bataillons du 23e, et de quatre bataillons du 62e. Je suppose que ces dix bataillons forment au moins 6,000 hommes présents sous les armes. Je suppose que la division Seras est composée d'un bataillon du 35e, de trois bataillons du 53e, de quatre bataillons du 106e et de deux bataillons du 79e; je la suppose également de 6,000 hommes. Je ne sais ce que c'est que la 3e division; je suppose que c'est une division italienne qui est avec le 112e, et qu'elle est également de 6,000 hommes. Je suppose que la division Pacthod vous a rejoint avec la division Grouchy. La division Pacthod doit être composée de deux bataillons du 8e léger, de quatre bataillons du 52e, de quatre bataillons du 102e et de quatre bataillons du 1er de ligne, que je suppose former 6,000 hommes. Sans comprendre le corps détaché du général Macdonald, vous devriez avoir aujourd'hui à Bruck 24,000 hommes d'infanterie, 4,000 hommes de cavalerie et 2,000 hommes de la garde; ce qui ferait 80,000 hommes et soixante pièces de canon. Le général Macdonald, que je suppose sur le point d'arriver à Graz, vous renforcera de 15,000 hommes. Ainsi votre arrivée me renforce de 45,000 hommes, non compris le corps du général Marmont
" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 240 ; Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15266 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21083).

Le 29 mai 1809, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vois dans l'état de situation de la 1re division militaire ... 500 hommes dont on pourrait augmenter la 3e demi-brigade provisoire ; ce qui la porterait à 1500 bommes.
... Dans la 8e division militaire, je vois :
que le 1er de ligne a 400 hommes, le 16e 300, le 62e 200.
Faites donc partir tout cela.
Dans presque tous les états des divisions militaires, je vois beaucoup d'hommes prêts à partir. Il me semble que tous les hommes qui sont disponibles aux dépôts doivent se rendre ou aux demi-brigades provisoires ou à l'armée, pour compléter ce qu'ils doivent encore
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3195 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21091).

Le 20 juin 1809, Eugène écrit, depuis Gonyo, à Napoléon : "Sire, Votre Majesté aura sans doute remarqué dans le dernier état de situation de son armée d'ltalie, la faiblesse de quelques régiments. Je lui demanderais de réduire à 2 bataillons le 23e léger, le 1er de ligne, 53e, 106e et 42e, et de réduire les 3e et 4e bataillons du 60e de ligne en un seul bataillon. Je demande la même autorisation pour les 1er et 3e italiens, et, si Votre Majesté l'approuvait, j'enverrais à Klagenfurth par Capuvar, OEdenburg et le Simmering, tous les cadres des bataillons fondus pour y attendre et recevoir tous les détachements, et tous les sortis d'hôpitaux venant d'Italie …" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 421).

Le 14 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, à Alexandre, Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Allemagne, à Schönbrunn: "Mon Cousin, l'armée d'Italie sera organisée de la manière suivante :
1re division, commandée par le général Broussier, les 9e, 84e et 92e.
2e division, commandée par le général Lamarque, les 13e, 29e, 32e et 53e.
3e division, commandée par le général Durutte, les 23e léger, 62e et 102e.
4e division, commandée par le général Pacthod, les 1er de ligne, 52e, 106e et 112e ;
Division Severoli, tous les Italiens.
Les 4es bataillons du 1er léger et du 42e, avec le parc, au quartier général.
Deux brigades de cavalerie légère, composées chacune de deux régiments ; un des cinq régiments continuera à rester avec la brigade Thiry.
Enfin, les deux divisions de dragons des généraux Grouchy et Pully.
Les 3es et 4es bataillons des régiments de l'armée de Dalmatie rejoindront le maréchal Marmont.
Vous donnerez ordre que le maréchal Macdonald, avec deux divisions et une brigade de cavalerie légère, se porte sur Graetz ; que la division Severoli se porte sur Klagenfurt. Vous donnerez ordre que les deux autres divisions, une brigade de cavalerie légère et les deux divisions de dragons restent jusqu'à nouvel ordre sur la March
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15522 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21494).

Le 16 juillet 1809, au Quartier général à Presbourg, "Son Altesse Impériale le prince vice-roi d’Italie, général en chef, donne l’ordre du jour de l’organisation de l’armée d’Italie, arrêtée par S. M. l’Empereur le 15 courant, savoir.
... 4e division, général Pacthod, 1er, 52e, 106e, 112e de ligne ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 137 page 290).

Le 14 septembre 1809, à Schönbrunn, on informe l'Empereur que "Le prince Eugène sollicite de l'Empereur un secours extraordinaire de 30.000 francs, pour les régiments de l'armée d'Italie"; Napoléon répond : "Il sera accordé aux 52e, 29e, 1er de ligne, 102e, 62e, qui viennent de l'armée de Naples, 30000 francs à compte sur leurs masses de ce que leur doit le roi de Naples, Cette somme sera employée à mettre dans le meilleur état l'administration de ces corps" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3569).

"Armée d’Italie
Division Pacthod
1er régiment d’infanterie de ligne
Rapport sur ledit régiment, à l’époque du 25 septembre 1809
Personnel
Etat-major : 30 présents sous les armes, officiers et soldats, 1 détaché à Osopo, 1 à Vienne, 1 employé dans la division, 1 aux hôpitaux du lieu, 1 aux hôpitaux extérieurs, total 35
1er bataillon : 418 présents sous les armes, officiers et soldats ; 42 détachés à Osopo, 2 à Presbourg, 2 à Vienne, 2 employés dans la division, 4 à Petronel, 21 à Saint-Ander, 1 à Brudendorf, 8 avec l’artillerie, 5 à Seidendorf, 7 à Monedorf ; 19 manquent à l’appel ; 83 aux hôpitaux du lieu, 101 aux hôpitaux extérieurs ; 9 prisonniers de guerre ; total 724
2e bataillon : 402 présents sous les armes, officiers et soldats ; 27 détachés à Osopo, 4 à Vienne, 2 employés dans la division, 2 à Petronel, 16 à Saint-Ander, 4 à Brudendorf, 8 avec l’artillerie, 3 à Seidendorf, 5 à Monedorf ; 32 manquent à l’appel ; 72 aux hôpitaux du lieu, 130 aux hôpitaux extérieurs ; 68 prisonniers de guerre ; total 775
3e bataillon : 378 présents sous les armes, officiers et soldats ; 30 détachés à Osopo, 2 à Vienne, 2 employés dans la division, 6 à Petronel, 18 à Saint-Ander, 5 à Brudendorf, 8 avec l’artillerie, 4 à Seidendorf, 3 à Monedorf ; 27 manquent à l’appel ; 99 aux hôpitaux du lieu, 111 aux hôpitaux extérieurs ; 125 prisonniers de guerre ; total 818
Totaux : 1228 présents sous les armes, officiers et soldats ; 100 détachés à Osopo, 2 à Pressbourg, 9 à Vienne, 7 employés dans la division, 12 à Petronel, 55 à Saint-Ander, 10 à Brudendorf, 24 avec l’artillerie, 12 à Seidendorf, 15 à Monedorf ; 78 manquent à l’appel ; 255 aux hôpitaux du lieu, 343 aux hôpitaux extérieurs ; 202 prisonniers de guerre ; total 2352
Espèce d’hommes en général : Les hommes sont assez forts et l’espèce en est belle. Le département de la Charente et celui de la Corrèze ont fourni des hommes un peu faibles qui auraient besoin de repos, pour profiter de leur jeunesse.
Mouvements d’hommes : Le 15 août, il est arrivé un détachement fort de 39 hommes venant de l’Italie, escortant les équipages du régiment.
Le 2 septembre un autre venu également d’Italie et composé d’hommes sortant des hôpitaux était fort de 129 hommes.
Le 11 septembre, 29 hommes sont partis pour le 5e bataillon pour y être réformés, ou avoir une autre destination.
Combien d’hommes y a-t-il au dépôt du régiment ? 200
Quand et combien attend t’on d’hommes du dépôt ? Aucun
Combien d’hommes présent hors d’état d’entrer en campagne avant deux mois : Aucun
Combien y a-t-il d’emplois vacants ? Aucun
Combien de détachés : 246
Combien de désertés : 78
Combien en congé : aucun
Nombre d’homme à 1 chevron : 162 ; à 2 chevrons 71 ; à 3 chevrons 4 ; total : 271
Hôpitaux du lieu 255 ; externes 343 ; total 598 hommes
Instruction aux classes 93 hommes, au détail 76 hommes.
Discipline bonne
Habillement, grand et petit équipement : Les habits sont réparés autant qu’ils peuvent l’être. Beaucoup auraient besoin d’être renouvelés, principalement pour les hommes qui faisaient partie des deux premiers bataillons de guerre qui, par les longues marches qu’ils ont faites, ont considérablement détérioré leur habillement ; mille vestes seraient nécessaires pour dans ce moment compléter le régiment et remplacer celles que la plupart des jeunes soldats ont jetées lors des affaires qui ont eu lieu. Le régiment est entièrement dépourvu de culottes. Celles que les anciens soldats ont reçus ont duré le temps fixé par le règlement. Les jeunes soldats en ont agi de même que pour les vestes. Le grand équipement est généralement bon, sauf quelques menues réparations desquelles on s’occupe dans ce moment. Chaque soldat est pourvu de trois paires de souliers et la majeure partie a trois chemises et d’une partie des effets qu’exige le règlement. On s’occupe dans le moment de la confection des guêtres noires et grises.
Tenue bonne autant que possible.
Armement : est dans un état assez bon, sauf quelques réparations desquelles on s’occupe dans relâche ; elles seront terminées très incessamment.
Effets de campement : il n’en existe aucun.
Sommes dues :
Par le royaume de Naples : Pour solde, 91268, 66 ; masse d’habillement, 10758, 76 ; indemnités de 2e classe 787,06 ; indemnités de transport 470,20 ; total : 103279,68
Par les états romains pour frais de transport : 2768,60
Par la France : Pour indemnités de logement du 1er octobre au 1er avril 1809, 5330 ; pour indemnités de vivres aux officiers et sous-officiers, 4860 ; pour indemnités de chauffage pendant le mois de mars 4288,70 ; pour indemnités de fourrage du 4e trimestre 1808 au 1er 1809, 955,80 ; Solde des officiers pour août 1809, 9070,81 ; solde de la troupe pour la 1ère quinzaine d’août 7269 ; idem de la 2e quinzaine, 7763,50 ; idem de la 1ère quinzaine de septembre, 7078,15 ; idem de la 2e quinzaine, 7383,10. Total : 53999,06
Total des sommes dues : 160047, 34
Combien l’Etat doit-il d’habillement au régiment ? Combien de vestes ? Combien de culottes ? Combien de capotes ? Les bataillons de guerre ne peuvent répondre à ces articles, attendu qu’ils ignorent les gains et pertes qu’a fait le 5e bataillon.
Combien doit durer encore la majeure partie des habits : 6 mois
Combien les vestes : 6 mois
Combien les culottes : le temps est expiré
Combien les capotes : 6 mois
Combien le corps doit-il d’habit aux soldats : 900
Combien de vestes : 900
Combien de culottes : 2080
Combien de capotes : 550
Attend t’on incessamment des effets du dépôt ; quels sont ces effets : 905 habit, 905 vestes, 905 bonnets de police, 1800 culottes, 1300 capotes.
Quel est l’état des schakos : généralement bons
Depuis combien de temps sont-ils en service ? 17 mois
Combien doivent-t-ils encore durer ? 2 ans 7 mois.
Combien ont-ils coûté ? 17 francs 14 c, y compris leur transport de Lyon à Naples.
Les agréments de schakos sont-ils compris dans le prix de la 1ère acquisition : oui, et leur transport de Lyon à Naples.
Combien a-t-on reçu de souliers des magasins de l’Etat depuis l’entrée en campagne ? 2644 paires.
De quelle qualité étaient les souliers ? Mauvaise.
Quels autres effets a-t-on reçu en nature depuis l’ouverture de la campagne : On a reçu 1000 chemises, 115 capotes et 8 paires de bottes.
Combien manque-t-il de vestes : 1900 pour l’effectif.
Combien a-t-on accordé d’étoffes de réquisition : Point.
Combien en manquerait-t-il encore pour compléter les vestes : 2850 aunes du pays.
Combien manque-t-il de culottes : 2080
Combien a-t-on accordé d’étoffes de réquisition pour la culotte : point
Combien en faudrait-il encore pour compléter les culottes : 2600 aunes du pays
Combien manque-t-il de pantalons de drap : 2080
Combien a-t-on accordé d’étoffes de réquisition pour pantalon : point
Combien en faudrait-il encore pour les compléter : 3120 aunes de pays.
Combien manque-t-il de capotes : 550
Combien a-t-on accordé d’étoffes de réquisition pour capote : point
Combien en faudrait-il encore pour compléter les capotes : 2200 aunes de pays.
Combien a-t-on au total accordé d’étoffes au corps pour vestes, culottes, pantalons, et capotes : point
Combien en faudrait-il encore pour compléter les quatre objets :
Vestes 2850 aunes de pays.
Culottes 2600 idem
Pantalons 3120 idem
Capotes 2200 idem
Combien le corps a-t-il reçu de drap de réquisition bleu pour habits : point
Combien lui en faudrait-il encore : 1350 aunes de pays.
Combien de sous-officiers et soldats ont perdu leur sac à l’ennemi : 39
Combien manque-t-il de souliers pour que chaque homme ait ses trois paires : point
Combien manque-t-il de chemises pour que chaque soldat ait ses trois : 913
Qu’elle emploi a-t-on fait des 40000 frs de secours extraordinaire : à la réparation de l’habillement, de l’armement, du grand équipement, à l’achat de quatre fourgons, de 31 chevaux et au payement de la 1ère aide de 550 frs à 17 sous-officiers promus au grade de sous-lieutenant ce qui a mis la caisse beaucoup à découvert.
Le corps a-t-il reçu, où lui annonce-t-on d’autres secours extraordinaires : on lui a annoncé qu’il pouvait se présenter chez le payeur du corps d’armée pour y recevoir 30000 frs à compter sur ce qui est du par le royaume de Naples sur ses masses.
Quelles ressources a le corps pour couvrir le gouvernement des avances qu’il serait dans le cas de lui faire : 103279,68 frs dus par le royaume de Naples plus celle de 2768 frs 60 dus par les états romains.
En quelle somme en numéraire le corps désirerait-il que le trésor lui avançât encore, indépendamment des étoffes en nature : le corps demande la somme de 90000 frs.
Combien le corps doit-il à la solde de ses hommes : 12054,51 frs pour le mois de juillet 1809.
Combien doit-il à leur masse de linge et chaussures : 20241,50 frs
Quel est le total de ces deux débits : 32296,01 frs
Quels sont les ressources pour couvrir à la fin ce débit : les dépenses qui seront portées au compte de la masse générale et qui n’ont pu être remboursées par le 5e bataillon attendu qu’il n’a pas reçu de masse d’habillement depuis le 1er janvier de cette année.
A combien se porte le total de la masse de linge et des chaussures : 63977,53 frs.
Représenter la ? Savoir par 725 masses complètes et en sus, 38. 637, 53 ; 813 masses aux 3/4, 16463, 25 ; 447 masses à moitié au complet, 6034,50 ; 421 masses au 1/4, 2841,65. Total 68977,53.
Combien il y a-t-il d’hommes qui reçoivent à la masse de linge et chaussures ? 489 y compris ceux du 4e bataillon et les prisonniers de guerre.
Combien le corps a-t-il de pièces d’artillerie : 2 de 3
Combien a-t-il de caissons pour le service des dites pièces ? 2
Combien-t-il de caissons à cartouches d’infanterie : point
Le corps a-t-il sa forge de campagne : non, il la demande avec instance.
Combien a-t-il de chevaux pour la section de ce service : 32
Combien sur cette quantité en a-t-il acheté ? 24
Combien sûr cette quantité en a-t-il eu de réquisition : 8.
Combien le corps a-t-il de fourgons de vivre ? 3
A-t-il son caisson d’administration ? oui
A-t-il son caisson d’ambulance ? Oui
Le corps a-t-il quelques-uns de ses moyens de transport hors la division ? Oui, le fourgon d’ambulance est resté à Vérone, n’ayant pu être conduit faute de chevaux. Le manque de fonds lors de sa confection a empêché d’en faire l’acquisition.
Combien il y a-t-il de chevaux pour le service de la section ci-dessus ? 7
Combien sur cette quantité en a-t-il acheté ? 7
Combien sur cette quantité en est-il de réquisition ? point
Sur l’artillerie et les transports, combien le corps a-t-il acheté de chevaux ? 31
Combien en a-t-il eu de réquisition ? 8.
Total 39
Combien lui manque-t-il de chevaux pour la 1ère section de ce service : point
Pour la 2e section de ce service : 17
Quels moyens le corps emploie-t-il pour se procurer les chevaux qui lui manquent ? Aucun, faute de fonds.
Certifié le présent rapport par moi, colonel dudit régiment, à Bruck le 25 septembre 1809
Saint-Martin
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 186. Page 381).

Le 27 septembre 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Oedembourg, au Général Vignolle à Eisenstadt : "Au reçu de votre lettre du 26, mon cher général, relative aux boulangeries existant dans les corps des divisions Durutte et Pacthod, j’en ai demandé l’état aux généraux de division ; je m’empresserai de vous le transmettre aussitôt qu’il me sera parvenu. J’ai reçu l’avis de votre circulaire aux colonels, relativement au mauvais état dans lequel se trouve l’habillement des corps ; malheureusement, les 1er, 52e, 106e, 102e régiments et le 4e bataillon du 1er d’infanterie légère sont dans le nombre de ceux qui n’ont que des pantalons de toiles et ils n’auront de culottes ou pantalons de drap que sur les fournitures que leur fera faire S. A. I., attendu que l’éloignement des dépôts renvoie ce qu’ils en attendent à des termes très éloignés" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 67 page 148).

Le 30 septembre 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Oedembourg, à S. A. I. le Prince Vice-Roi, Général en chef à Vienne : "Monseigneur, j’ai l’honneur d’adresser à V. A. I. les lettres cachetées de MM. les colonels et officier supérieurs des divisions sous mes ordres, pour la présentation des militaires jugés dignes d’obtenir les décorations de la Toison d’or, comme commandants et chevaliers des régiments.
Ces lettres sont au nombre de
Division Pacthod : 4 pour le 1er de ligne ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 70 page 154).

Le 12 octobre 1809, le Général de Division Grenier écrit à S. A. I. le Prince Vice-Roi, à Vienne : "Monseigneur, le 1er régiment d’infanterie de ligne a des effets d’habillement à Udine qui lui ont été expédiés de son dépôt, un officier parti de Bruck a été envoyé pour chercher ces effets, il mande d’Udine au colonel du régiment qu’il ne peut le faire partir attendu qu’on lui refuse partout des escortes qui lui seraient nécessaires : il en résulte un retard bien funeste pour le régiment qui a cependant 500 hommes en Italie dispersés dans le royaume sans officiers, ayant été envoyés de Marseille sous la conduite d’un officier de vétérans. Le colonel demande que ce détachement lui soit envoyé et qu’il serve d’escorte pour les effets d’habillement. Je prie V. A. I. de prendre cette démarche en considération et d’ordonner que si les circonstances ne permettent pas de fait marcher tout le détachement, il soit mis au moins une centaine d’hommes à la disposition de l’officier chargé de faire partir d’Udine les effets d’habillement afin de pouvoir les faires escorter et ne pas les exposer à être pillés en route" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 75 page 163).

Le 16 octobre 1809, le Général de Division Grenier écrit au Général Pacthod, à Bruck : "En réponse à ma lettre du 12 de ce mois, portant demande que les effets du 1er de ligne soient escortés par un détachement pris sur les hommes de ce régiment actuellement dans le royaume d’Italie, S. A. I. a donné la décision ci-après : « les effets peuvent attendre à Udine jusqu’à nouvel ordre ». Veuillez je vous prie, mon cher général, en faire donner communication au colonel de ce régiment" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 76 page 166).

Suite à une réquisition de draps ordonnée le 17 septembre 1809 par le Prince Eugène, Vice-Roi d’Italie, Général en chef, l’Adjudant commandant chef de l’état-major, le Baron Forestier, en adresse le 21 octobre 1809, depuis Adembourg, au Général de Division Comte Grenier le procès verbal suivant : "Moi soussigné adjudant commandant, baron de l’empire, chef de l’état-major du corps d’armée commandé par M. le général de division comte Grenier, certifie que le comitat d’Adembourg a fait verser entre les mains de M. Frank capitaine du 62e régiment d’infanterie, chargé par le général Grenier de la surveillance du magasin, à compte de la réquisition de 7160 aunes de drap, faite par le général comte Vignolle, chef de l’état-major général de l’armée d’Italie, en vertu des ordres de son altesse impériale le prince vice-roi général en chef, la quantité de 5191 aunes de drap de diverses couleurs, pour laquelle quantité le présent servira de décharge, et annule par suite tous les récépissés provisoires du capitaine Frank qui devront m’être remis.
Le comitat demeurant néanmoins chargé de remplir la réquisition entière des 7160 aunes, il fera verser de suite dans les magasins de l’intendance générale à Oedenbourg le complément de cette réquisition, montant à 1969 aunes ; laquelle quantité servira de remplacement d’une autre pareille quantité prise en vertu des ordres du général comte Vignolle, chef de l’état-major général de l’armée d’Italie, dans les magasins de l’intendant général, savoir : 1431 aunes de drap de capotes pour le 102e régiment et 538 de drap blanc pour le 52e régiment
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 198. Page 405).

Quatre jours plus tard, le 25 octobre 1809, l’Adjudant commandant Baron Forestier, chef d’état-major du Corps du Général Grenier, adresse depuis Oedembourg un "Etat pour servir à constater la recette des draps de réquisition du 17 septembre 1809, faite par Son Altesse Impériale le prince Eugène Napoléon de France, Vice-Roi d’Italie, général en chef, et l’emploi des dits draps.
Recettes.
Du comitat d’Oedembourg 5191 aunes
De Wisselbourg 3710
De Günz 1600
Total 10501
La copie du récépissé de 5191 aunes que j’ai faite au comitat d’Oedembourg et que j’ai envoyée au chef de l’état-major général indique que ce comitat reste chargé de verser 1969 aunes dans le magasin de l’intendance générale.
Distributions
... Au 1er régiment d’infanterie de ligne 1100, 3 pièces justificatives ... Total égal 10501 aunes, 22 pièces justificatives
Certifié le présent état de distribution des draps conforme aux pièces justificatives qui m’ont été remises par M. Frank officier au 62e et M. Bernard chef de l’état-major de la division Pacthod, lesquelles pièces justificatives au nombre de 22 ont été envoyées à M. le général comte Vignolle chef de l’état-major général
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 199. Page 407).

Le 21 novembre, l'avant-garde est dissoute ; d'après un ordre du prince Eugène, le général de division Vial doit partir de Bolzano pour se rendre à Trente, où il a à prendre le commandement du Tyrol italien. En conséquence de ses dispositions, la division Vial part composée ainsi qu'il suit : Général de brigade Digonet, 101e régiment d'infanterie de ligne français, 2 bataillons ; général de brigade italien Peyri, 5e régiment de ligne italien, 2 bataillon ; 7e idem ; 1 bataillon, 15e demi-brigade provisoire, 1 bataillon (à Trente) ; 1er de ligne français, 1 bataillon ; 4e de ligne italien, 1 bataillon (à Roveredo) ; chasseurs du Prince-Royal, détachement (à Trente) ; artillerie 6 bouches à feu (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 222).

Le 23 novembre 1809, le Général de Division Grenier écrit au Maréchal Duc de Tarente, à Gratz : "Dès le lendemain de l’arrivée des divisions Durutte et Pacthod à Gratz, j’ordonnai que les voitures, bœufs et chevaux de la Hongrie qui avaient servi aux transports des équipages de ces divisions fussent renvoyés de suite ; cet ordre n’ayant pas été entièrement exécuté, et le chef de bataillon Bellenger ayant été désigné à V. E. comme ayant encore une voiture et 4 chevaux à la suite, je l’ai condamné aux arrêts jusqu’à nouvel ordre et fait connaitre sa position par un ordre du jour ; j’ai également condamné aux arrêts et pour 10 jour le chef de l’état-major de la division Durutte que j’avais moi-même fait prévenir à son passage de la réclamation que faisaient les propriétaires de la calèche et des chevaux qu’ils s’est permis d’emmener ; là où les remontrances n’ont plus d’effet, il faut des punitions ; tant pis pour ceux qui se mettent dans le cas de les subir" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 83 page 179). Bellenger appartient au 1er de Ligne.

Le 23 novembre 1809, le Général de Division Grenier, à Gratz, diffuse l’ordre du jour suivant : "Des plaintes ont été apportées à M. le maréchal duc de Tarente que des voitures, bœufs, chevaux qui ont servi à transporter les équipages des divisions formant le corps d’armée du centre n’ont pas été renvoyés de suite en Hongrie ; il est en conséquence ordonné à tous les chefs de corps de faire remettre de suite aux capitaines des cercles de Bruck, Gratz, Marbourg et Cilly les voitures, chevaux, bœufs qui pourraient encore être à leur suite, ayant attention de se faire donner des reçus. Le chef de bataillon Bellanger, du 1er de ligne, qui est accusé d’avoir fait chasser les propriétaires d’une voiture et de 4 chevaux à coups de bâton, d’avoir fait suivre cette voiture et ces chevaux à Brenstetten, et de Brenstetten dans un nouveau cantonnement, gardera les arrêts jusqu’à nouvel ordre, et la remise de la voiture et des chevaux devra avoir lieu aujourd’hui à Gratz, conformément à l’ordre de M. le maréchal" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 83 page 180).

Le 28 novembre 1809, le Général de Division Grenier écrit au Maréchal Duc de Tarente, à Gratz : "J’ai l’honneur de mettre sous les yeux de V. E. une lettre du général Pacthod et le rapport du capitaine rapporteur de la division relativement à un assassinat commis sur un soldat du 1er régiment de ligne dans les environs de Strasgang ; il résulte de ce rapport que les coupables n’ont pas été reconnus mais qu’ils sont présumés appartenir à ce village, qui dans cette supposition, devrait, conformément à nos lois, payer l’armement et l’équipement volés à ce malheureux soldat. Je prie V. E. de me faire connaitre ses intentions à cet égard" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 182).

Le 28 novembre 1809, le Général de Division Grenier écrit au Général Pacthod, à Gratz : "Je vous prie, mon cher général, de vous faire rendre compte de l’exécution de l’ordre du jour du 23 de ce mois par lequel le chef de bataillon Bellanger a été condamné aux arrêts et à la restitution de 4 chevaux qu’il retenait arbitrairement dans ses cantonnements. Si comme je le présume, les chevaux ont été rendus, je vous prie de lever les arrêts de cet officier" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 182; cet Officier est du 1er de Ligne).

Le 29 novembre 1809, le Général de Division Grenier écrit au Général Pacthod, à Gratz : "Ci-joint, vous trouverez mon cher général, copie de la réponse à M. le maréchal que je lui ai adressé hier, relativement au bois de chauffage de la troupe et à l’indemnité réclamée pour l’équipement et armement du soldat du 1er de ligne qui a été attaqué et désarmé dans les environs de Strasgang ; vous verrez par le premier paragraphe de sa lettre, qu’il a donné des ordres pour que le bois soit distribué et par le 2nd qu’il a écrit au capitaine du cercle pour l’indemnité que j’ai réclamée. En conséquence de la décision de M. le maréchal, vous pourrez, mon cher général, faire prévenir vos troupes cantonnées à Gratz et faubourgs, que la distribution du bois aura lieu demain" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 182).

Le 30 novembre 1809, le Général de Division Grenier écrit au Général Pacthod, à Gratz : "Je vous envoie ci-joint, mon cher général, la réponse du capitaine du cercle de Gratz sur la réclamation de M. le maréchal Macdonald pour l’indemnité à accorder au soldat du 1er de ligne attaqué et désarmé dans les environs de Strasgang ; faites, en conséquence, l’état de ce qu’il est dû, tant pour l’armement qu’équipement et chargez votre chef d’état-major d’en réclamer le montant près le capitaine du cercle en s’entendant avec lui pour cet objet" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 85 page 183).

Le 8 décembre 1809, le Général de Division Grenier ordonne, depuis Gratz, à M. Revel, du 1er Régiment : "En suite des ordres de S. A. S. le Prince de Neuchâtel, transmis par M. le maréchal Duc de Tarente, il est enjoint à M. le chef de bataillon à la suite du … de partir le 8 courant en poste pour se rendre à Paris où étant, il se présentera chez M. le général Hullin qui lui fera connaître sa destination" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 86 page 185).

Le même 8 décembre 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Gratz, au Maréchal Duc de Tarente, à Gratz : "Conformément à la lettre de V. E. du 7 courant, je viens de donner l’ordre aux trois chefs de bataillon désignés dans l’état ci-joint de partir en poste pour se rendre à Paris. J’en donne avis à S. A. I. le Prince Vice-Roi et à S. E. le Ministre de la Guerre ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 86 page 185).

Encore le 8 décembre 1809, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre, Duc de Feltre, à Paris : "J’ai l’honneur de rendre compte à V. E. qu’en suite des ordres de S. A. S. le Prince de Neuchâtel, transmis par M. le maréchal Macdonald, Duc de Tarente, je viens d’enjoindre M. Revel chef de bataillon à la suite du 1er de ligne, Lenormand et Rayez, chefs de bataillon à la suite du 62e, de partir en poste pour se rendre à Paris, le 1er au reçu de l’ordre, étant en ce moment employé avec un détachement du 1er régiment en Italie ; et les 2 autres le 12 courant, j’écris auquel l’ordre doit leur parvenir étant cantonnés dans les environs de Marbourg ; ces officier ont l’ordre de s’adresser lors de leur arrivée à Paris au général Hullin" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 86 page 186).

Toujours le 8 décembre 1809, le Général de Division Grenier écrit au Prince Vice-Roi, Général en chef, à Milan : "J’ai l’honneur de rendre compte à V. A. I. qu’en suite des ordres de S. A. S. le Prince de Neuchâtel, transmis par M. le maréchal Duc de Tarente, je viens de faire partir de suite et en poste pour Paris MM. Revel, Lenormand et Rayez, chefs de bataillon à la suite le 1er du 1er de ligne et les 2 autres du 62e ; arrivés à Paris, ces officier s’adresseront au général Hullin qui leur fera connaitre leur destination" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 86 page 186).

1809 : Armée d'Italie;

Le 14 janvier 1810, le Général Comte Vignolle écrit, depuis Milan, au Général Grenier : "J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’amitié de m’écrire le 7 de ce mois, en m’adressant l’état d’emplacement que vous avez arrêté pour la division Pacthod, et je l’avais déjà transmis au prince vice-roi lorsque j’ai reçu de Son Altesse une disposition générale du placement des troupes qui rentrent dans l’intérieur du royaume d’Italie, et d’après laquelle le 1er régiment de ligne et le 106e régiment doivent se rendre l’un à Padoue et l’autre à Vicence ; quant au 52e et au 112e régiments, leur destination est pour Bologne, Forli et Faenza. Le 62e régiment doit se rendre à Udine et les deux autres régiments de la division Durutte sont destinés à rester dans le cercle de Villach jusqu’à ce que le cercle et la frontière du Tyrol qu’il contrôle, soient tranquilles ; alors on n’y laissera qu’un régiment réparti en cantonnement par bataillon, un à Villach, un à Lientz et un à Sachsenbourg, avec un général de brigade qui commandera le tout ...
Je transmets à M. le maréchal Macdonald les dispositions prescrites à cet égard par Son Altesse Impériale en exécution des ordres de l’Empereur. Car c’est un travail que le prince a fait avec Sa Majesté et d’après tous les mouvements, j’invite de la part de Son Altesse Impériale, M. le maréchal à se rendre à Milan où Son Altesse compte elle-même être de retour vers la fin de ce mois.
De vous à moi, je crois aussi que le maréchal Macdonald aura obtenu la destination qu’il a demandée, celle d’être employé à l’armée d’Espagne, je n’en ai cependant pas de certitudes et Son Altesse ne m’en a pas écrit un mot. Quant à ce qui vous concerne particulièrement, général, le prince dit dans la dépêche qu’il m’adressée et qui contient tous ses ordres : « le général Grenier irait prendre le commandement de la division militaire d’Ancône et je vous charge de lui écrire une lettre particulière pour le prévenir que j’y affecterais un traitement particulier ».
Quel que soit votre détermination à cet égard, mon cher général, j’espère que nous aurons l’avantage de vous posséder quelques jours à Milan et en m’en félicitant d’avance particulièrement, je vous prie d’agréer l’expression réitérée de mes sentiments de haute considération et de mon entier dévouement
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 222. Page 453).

Le 16 janvier 1810, le Général de Division Grenier écrit, depuis Udine, au Général Vignolle, à Milan : "Par une lettre du 7 de ce mois, j’eus l’honneur de vous annoncer mon arrivée à Udine et de vous envoyer la répartition des cantonnements que j’avais arrêté pour la division Pacthod, cette division y est arrivée aux jours indiqués et a été établie conformément à cette répartition ; tous les régiments sont passablement bien, à l’exception du 1er de ligne qui occupe quelques pauvres villages où les soldats n’ont pas même de la paille ; je compte y remédier en envoyant un bataillon de ce régiment à Palma, aussitôt que le commandant de cette place m’aura fait connaitre que le casernement et les fournitures nécessaires sont en bon état. J’ai fait rentrer à leurs corps respectifs tous les hommes qui se trouvaient au dépôt d’Udine et appartenant à la division Pacthod ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 88 page 189).

Le 18 janvier 1810, le Maréchal Duc de Tarente Macdonald établit, depuis Goritz, la "Marche de la division d’infanterie du général baron Pacthod ...
1er de ligne : Le 1er de ligne le 29 entre Gradisca et Romans. 29 Gradica, 30 Udine, 31 Codroipo, 1er février Pordenone, 2 séjour, 3 Conegliano, 4 Trévise, 5 Castelfranco, 6 Vicence ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 224. Page 457).

Le même 18 janvier 1810, le Maréchal Macdonald écrit, depuis Goritz, au Général Grenier : "Mon cher général, d’après les ordres de S. A. I. que me transmet le général Vignolle, vous ferez exécuter le mouvement suivant à une partie de votre corps, savoir :
Division Pacthod
La 1ère brigade composée du 1er et du 106e de ligne l’un Padoue l’autre Vicence, la 2e brigade 52e de ligne et 112e à Bologne, Forli et Faenza, le quartier général du général Pacthod a Padou, le personnel d’artillerie (légère ou de position) à Vérone et le matériel à Palmanova s’ils n’y sont déjà rendus ...
Pour vous personnellement, mon cher général, vous devez vous rendre à Ancône pour y prendre le commandement de la division militaire, je désire que cette destination vous convienne, autrement passant par Milan où S. A. I. doit être rendue du 25 au 30 de ce mois, vous y arrangerez vos affaires. J’y suis appelé sans savoir si c’est à poste fixe. Je dirige mes équipages jusqu’à Brescia, j’espère toujours recevoir l’ordre que j’ai sollicité de passer en Espagne.
Je joins ici les itinéraires de chaque corps, le mouvement ne pouvant commencer qu’après le passage de la cavalerie à Codroipo, autrement les troupes s’encombreraient. D’un autre côté, il faut prévenir à tous les gîtes d’étape et envoyer de suite à Milan copie des itinéraires. Voilà mon cher général, le motif qui me fait empiéter sur vos droits, j’aurais voulu pouvoir m’en dispenser, étant très surchargé d’écritures. Ne voulant pas quitter ces parages sans voir Trieste, je m’y rends demain. Je serai de retour à Palmanova le 21, où je coucherai, et j’espère y trouver votre réponse, et la détermination que vous aurez prise. Je me flatte de vous voir à Milan.
Mille amitiés, mon cher général, je présente mes hommages respectueux à madame Grenier
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 225. Page 459).

Le 12 février 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Je reçois voire lettre du 11. Je désire que les trois premiers bataillons du 1er régiment de ligne se rendent à Naples pour renforcer l’armée de Naples ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 4019 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4016).

Le 11 mars 1810, Murat écrit, depuis Naples, au Général Cavaignac, à Monteleone : "… Le 1er régiment de ligne, le 62e, le 101e et le l0e sont en marche pour les Calabres et pour Castro Villari ; mes équipages et ma garde sont aussi en route pour Cosenza et Monteleone, de manière que je serai au milieu de vous, au moment même où toutes mes troupes pourront y être réunies ; cependant tous les préparatifs de l'expédition se feront …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 8, p. 216, lettre 4800).

"... Le 10 [juin] au matin un nouveau convoi ayant été signalé au cap Vatirano, faisant aussi route sur Bagnara, l’ennemi sortit de nouveau du phare avec toute sa flottille composée de 45 à 50 bâtiments armés, parvint à joindre les dernières voiles du convoi, au moment même où elles allaient arriver sous la protection des batteries de terre et les attaqua avec fureur.
La marine napolitaine n’avait dans ce moment à lui opposer que 7 chaloupes canonnières et, malgré cette inégalité de forces, elle soutint cet engagement avec un courage et un acharnement, dignes des plus grands éloges. Son feu fut même si bien dirigé que trois des canonnières ennemies furent coulées dans l’action ; elle y perdit, il est vrai, 5 bâtiments de transport et 2 chaloupes canonnières ; mais cette perte de la marine napolitaine lui laissait encore tout l’avantage du combat, vu l’extrême infériorité de ses forces. Cet avantage s’accrut encore lorsqu’au moment où l’ennemi se retirait au phare, avec ses prises, S. M. fit enlever, à l’abordage, presque au milieu de sa flottille, une chaloupe canonnière, la 4e qu’il perdit dans cet engagement. Ce fut en vain que toutes ces voiles revirant de bord cherchèrent à reprendre la canonnière six honteusement enlevée ; elle entra sous leurs yeux au mouillage de Scilla.
D’après tous les rapports, la perte de l’ennemi dans cet engagement dut être considérable, ainsi que les avaries de ses bâtiments ; celle éprouvée de notre côté consista en 12 hommes, dont un tué et 11 blessés, savoir : 8 de la marine et de l’artillerie napolitaines, 1 du 1er régiment de ligne, et 3 du 62e ...
" (Résumé Historique - Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82. Page 172 et suivantes).

Le 12 juin 1810, à Scilla, le Général Grenier écrit : "… Les troupes de terre ont perdu quatre hommes dans le combat du 10, dont un tué et trois blessés ; trois de ces hommes appartiennent au 62e et un au 1er de ligne" (Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 123. Page 254 - Du Général Grenier au Ministre de la Guerre).

Naples, évènements du 29 juin 1810 : "Je dois faire connaître à votre excellence la conduite des braves, qui ont mérité d’être distingués dans cette journée.
Les nommés Leroux sergent, Ingembert, Agnelli, Imbert et Louis Cavallier, tous les cinq grenadiers du 1er régiment d’infanterie de ligne, s’étant aperçus au milieu de l’action que l’une de nos chaloupes canonnières, ne continuait plus son feu, parce que le nombre de ses canonniers se trouvait trop affaibli, demandèrent la permission d’aller à bord de cette chaloupe pour remplacer ces canonniers, et servirent la pièce jusqu’à la fin avec la plus grande activité.
M. L’habitant sous-lieutenant au 1er régiment d’infanterie de ligne placé avec un détachement à la batterie de gauche, qui n’était encore armée que d’un obusier, a supporté avec le plus grand sang-froid la bordée d’un brick dont il n’était qu’à demie portée, ainsi que plusieurs coups de canon de deux ou trois canonnières, et les a forcées par une fusillade soutenue à s’éloigner de terre et à renoncer au projet de prendre la plage en écharpe.
M. Murgeai capitaine au 1er régiment de ligne, commandant un détachement à la tour dite de Roccio, sur la droite de Bagnara, a eu la même conduite. Sous les yeux de MM. les colonels généraux de la garde, a supporté avec eux un nombre infini de décharges à boulets et à mitraille, et a fini aussi par réussir à forcer l’ennemi de reprendre le large.
Le nommé Haccard, fusilier au 1er régiment de ligne, ayant vu tomber une bombe à Bagnara, courut dessus, et l’éteignit en la couvrant de fumier.
M. Le général de division Partouneaux se loue beaucoup des preuves de zèle et de dévouement qu’ont donné la troupe tant d’infanterie que d’artillerie et qui se composaient du 1er et 62e régiment de ligne, du 1er régiment suisse et de quelques détachements du 101e.
Il cite particulièrement M. de Bourmont, adjudant commandant son chef d’état-major, M. Rigny chef de bataillon au 1er de ligne, commandant la place de Bagnara, M. Cramaille chef de bataillon au même corps …
MM. les colonels généraux de la garde Dery et Lavauguyon chargés par S. M. de diriger les scorridors, et autres bâtiments légers qui formaient l’avant-garde de la flottille et commandant en même temps quatre cent cinquante hommes d’infanterie pris dans les voltigeurs de la garde, et dans le 62e régiment de ligne, ont longé la ligne ennemie avec beaucoup de courage et de résolution, de la droite à la gauche, et ont supporté pendant toute l’action, dans une des anses derrière la tour dite du Roccio, un nombre infini de décharges à boulet et à mitraille, sans que l’ennemi ait pu parvenir à prendre une seule de leurs barques, défendues seulement par quelques hommes d’infanterie …
" (Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 126. Page 260 - Du Général Grenier au Ministre).

Le 4 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le 4e bataillon du 1er régiment de ligne tiendra garnison à Toulon, de sorte qu'il y aura à Toulon le 1er bataillon du 1er de ligne qui sera complété à 600 hommes présents, le bataillon du 62e complété à 600 hommes, le 2e bataillon du 2e régiment suisse complété à 800 hommes, le 5e bataillon du 16e de ligne, complété à 400 hommes et le bataillon du 32e 1éger complété à 300 hommes, ce qui fera 2700 hommes de garnison.
Vous donnerez ordre qu'on place au moins 600 hommes dans les iles d'Hyères et que les batteries qui sont dans ces îles soient mises dans le meilleur état de défense, de sorte que mon escadre de Toulon venant à s'y réfugier, elle soit à l'abri de toute attaque de l'ennemi.
Envoyez un général de brigade intelligent pour commander le département du Var
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4471 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24231).

Le 30 août 1810, le Roi de Naples, Joachim Napoléon, écrit, depuis le camp de Piale, au Général chef de l’état-major général : "Monsieur le général, j’ordonne que toute la division Lamarque soit embarquée demain ; le 20e devra être rendu à 5 heures du matin sous Villa S. Giovanni pour y être embarqué à bord des bâtiments de la gauche de la ligne d’embossage ; le 10e sera rendu à 8 heures sous Villa S. Giovanni pour être embarqué sur les barques qui suivront immédiatement après celles du 20e. Le 22e se trouvera à 10 heures sur la plage pour être embarqué de même sur les barques qui suivront immédiatement après celles du 10e. Les barques légères continueront à être destinées à l’embarquement des compagnies d’élite ; les barques destinées à ma garde continueront à être à sa disposition. Le bataillon de la Tour d’Auvergne, le 1er et 62e de ligne se tiendront prêts à descendre aux Canatelli pour y être embarqués. Tous les hommes disponibles devront être embarqués ; il n’y aura que les gardes de batteries qui pourront en être exemptés. Cet embarquement une fois exécuté, il ne sera plus permis, sous quelque prétexte que ce soit, de faire aucun changement ; les colonels des différents régiments en seront responsables ; ils devront à cet effet laisser des garnisons à bord de chaque barque et exiger l’appel des marins des barques destinées à l’embarquement de leur régiment ; j’assisterai moi-même à cet embarquement.
Toutes les cartouches qui se trouvent en magasin ainsi que le biscuit seront embarqués sur les barques qui arriveront demain de Nicotera ; on ne débarquera point les quatre pièces de siège qui arriveront cette nuit ou demain de Tropea le 101e et de faire relever par des Suisses tous les détachements qui se trouvent à Palmi, à Pietre Nere, etc., toute la division de ce général, aux Suisses près, doit être réunie à Scilla et au camp de la Malia. Le régiment suisse doit occuper Palmi et Bagnara.
Envoyez de suite l’ordre à l’adjudant commandant Montigny d’arriver à Reggio avec le régiment corse, toujours battant la campagne. Je donnerai demain des ordres ultérieurs ; donnez sur le champ les vôtres en conséquence des dispositions ci-dessus.
Ecrivez aux deux ordonnateurs de terre et de mer de faire partir, s’il est possible, les distributions de bonne heure
" (Papiers du général Paul Grenier. VI Pièces relatives à l'armée de Naples. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 41. Page 93).

Le 6 octobre 1810, l'Empereur adresse, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, une Note sur l'organisation des armées; concernant l'Armée d'Italie, il écrit : "… Cette armée se composerait de 10 divisions, dont 7 françaises et 3 italiennes, et composées, savoir :
... 4e division française, 14e léger ayant deux bataillons ; 1er de ligne, quatre ; 10e, quatre ; 101e, quatre : 14 bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17000 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24816).

1810 : Armée d'Italie et de Naples;

1811 : à l'Armée de Naples, en route pour Plaisance et Toulon, au Corps d'observation de Réserve de l'Armée d'Espagne

Le 3 février 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Quant aux détails de la répartition je la trouve en généra] trop morcelée. Je désirerais qu'un département ne fournisse qu'à un corps, au lieu que sans raison, on fasse servir un département au recrutement de 3 ou 4 corps, ainsi par exemple : le 1er régiment de ligne reçoit 200 hommes de la Loire, 100 hommes de la Haute-Loire, 162 hommes du Lot, 150 hommes du Puy-de-Dôme, 56 hommes du Rhône.
Si l'on veut donner à ce régiment le département de la Loire, qui empêche d'affecter à son recrutement ce département entier hormis les hommes d'élite ? ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25833).

Le 7 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que les dépôts des 23e, 21e, 18e, 17e, 13e, 12e, 11e, 9e, 5e, 4e, 3e et 1er de ligne versent ce qu'ils ont de disponible dans le 4e bataillon ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26122).

Le 9 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez l'ordre au 3e bataillon du 1er régiment de ligne, qui est à l'armée de Naples, de revenir à son dépôt à Marseille, avec la compagnie d'artillerie du régiment, l'artillerie et les caissons. Il complètera les 1er et 2e bataillons à 840 hommes, en laissant : 1° les 75 hommes qui sont aux hôpitaux, lesquels seront rayés des matricules du 3e bataillon ; 2° 200 hommes pris sur les 550 qui forment le présent du bataillon, de sorte que ce bataillon viendra en France fort de 280 hommes. Le colonel reviendra avec ce bataillon, et les deux bataillons qui resteront à Naples seront commandés par un major en second.
Vous recommanderez au colonel de ramener les compagnies de grenadiers et de voltigeurs entières et tous les anciens soldats, mon intention étant que les 200 hommes qui resteront soient pris parmi les conscrits et les hommes ayant moins d'un an de service
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5157).

Le 13 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'avais donné l'ordre que le 3e bataillon du 1er de ligne se rendît à Marseille ; mais de nouvelles dispositions me font désirer que le 1er de ligne tout entier, c'est-à-dire les trois bataillons qui sont à l'armée de Naples, se rende à Rome, où i1 attendra de nouveaux ordres ...
Écrivez au général Grenier, chef de l'État-Major général de l'armée de Naples, pour qu'aucun détachement des 10e, 20e, 101e, 62e et 1er de ligne et du 4e de chasseurs ne soit retenu, et pour que ces régiments soient dirigés en entier sur Rome
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5172 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26214).

Le 18 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, voici les dispositions que je juge convenable de prendre pour les colonnes mobiles :
RÉGIMENT DE LA MÉDITERRANÉE.
... La 2e colonne mobile sera commandée par le général de gendarmerie Lagrange, et comprendra les 9e et 10e divisions militaires ; il aura sous ses ordres :
1 compagnie de voltigeurs du 1er de ligne ;
2 compagnies de voltigeurs du 62e ;
3 compagnies de voltigeurs du régiment suisse qui est à Sète et à Marseille ;
60 gendarmes d'élite ;
120 Portugais à cheval de la légion portugaise qui est à Aurillac.
Total : 240 hommes de cavalerie et 600 hommes d'infanterie.
Il divisera ce nombre d'hommes en quatre ou cinq colonnes qu'il distribuera entre les différents départements, selon l'esprit récalcitrant du département et les difficultés qu'il éprouvera. Vous mettrez sous ses ordres le colonel Rolland, qui est disponible, et trois ou quatre chefs d'escadron pour commander les colonnes, lesquels correspondront avec lui, et lui seul avec le ministre de la guerre. Vous lui donnerez les mêmes instructions qu'au général Durosnel ...
Voilà pour le régiment de la Méditerranée.
Le général Durosnel aura l'inspection du dépôt du fort Lamalgue, veillera au prompt départ des conscrits pour la Corse et correspondra avec qui de droit pour faire arrêter ceux qui déserteraient en route.
Le général Lagrange, qui est chargé de faire rejoindre les hommes qui doivent alimenter le dépôt du fort Lamalgue, lui enverra l'état de ceux qu'il fera partir. Faites-leur à tous une instruction bien détaillée ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5206 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26290)

Le 2 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois enfin la 1re lettre du général Decouz, datée d'Otrante, que vous m'envoyez avec votre rapport du 31 de ce mois. Mandez-lui de renvoyer à leurs compagnies les ouvriers des 1er de ligne et 22e légère. Il peut faire passer ceux du 62e et du 101e.
Il doit faire passer tous les hommes du 14e et du 6e
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5261 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26484).

Le 5 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, mon intention est de réunir à Strasbourg une division de quatre bataillons du 10e, de quatre bataillons du 20e, de quatre bataillons du 101e et de quatre bataillons du 1er de ligne. Je viens de vous écrire pour que les huit premiers bataillons aient à se rendre d'Italie à Besançon. Je désire qu'à leur arrivée dans cette ville ils trouvent ordre de se rendre à Strasbourg. Donnez ordre aux colonels de ces quatre régiments de former leurs compagnies de canonniers, si elles ne le sont déjà, conformément à l'organisation sur le pied de deux pièces par régiment. Je vous ai envoyé ordre que le 101e et le 1er de ligne, qui se sont rendus de Naples à Rome, aient à continuer leur route sur Plaisance. Il est nécessaire que leurs quatre bataillons puissent les joindre dans cette dernière ville ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17573 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26544).

Le 5 avril 1811, l'Empereur écrit de nouveau, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre au 62e, au 1er, au 101e qui de Naples seront rendus à Rome de continuer leur route et de se rendre à Plaisance.
Vous me ferez connaître le jour de leur arrivée ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4528 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5277 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26548).

Napoléon évolue dans les dispositions pour défendre les côtes de Provence. Le 11 Avril 1811, il écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "... Monsieur le duc de Feltre ... Je désirerais placer 500 autres conscrits au château d'If, ou dans l'île de Pomègue. Je crois qu'il y a à Pomègue un grand lazaret qui ne sert point dans ces circonstances. J'ordonne que le 5e bataillon du 1er de ligne, qui est à Marseille, se rende à Pomègue et au château d'If, où il recevra 500 conscrits ; par ce moyen, le dépôt du fort Lamalgue serait dégagé de 2 800 conscrits et on éviterait des transports très dangereux pendant l'été …
Ces mesures sont urgentes …
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5313 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26620).

Le 13 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, je reçois votre lettre. Il faut que vous fournissiez des effets d'habillement aux hommes du 6e bataillon du 22e léger et du 5e bataillon du 1er de ligne. Il faut également que vous en fournissiez aux hommes que le 5e bataillon du 102e doit recevoir. Je n'ai ôté aucun conscrit, ni au 102e, ni au 1er de ligne, parce que les cadres de ces régiments ont besoin de conscrits pour se compléter et se mettre en état d'entrer en campagne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5326; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26661).

Le 14 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Le 3e bataillon du 1er régiment de ligne restera à Plaisance et y attendra les 1er et 2e bataillons. Le 3e bataillon sera reformé comme il était avant, et reprendra les hommes qu'il avait fournis aux 1er et 2e bataillons. Ces trois bataillons recevront de nouveaux ordres à Plaisance.
Vous ferez passer la revue du 4e bataillon du même régiment et lorsqu'il sera muni de tout ce qui lui est nécessaire, vous donnerez ordre qu'il se tienne prêt à partir, s'il y a lieu, le 20 mai, pour rejoindre les trois 1ers bataillons ...
Vous donnerez des ordres, sans délai, pour que les compagnies d'artillerie avec les caissons soient formées pour les 10e, 20e, 84e et 92e régiments, ainsi que pour les 1er de ligne, 62e et 101e. Les compagnies seront organisées de manière qu'elles aient leurs caissons, voitures et leurs pièces, à raison de deux pièces par régiment
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26667).

Le 15 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Duc de Feltre ... Le 1er régiment se mettra en marche le 20. Ils ne feront aucun séjour jusqu'à Narbonne où ils seront arrivés du 5 au 7 mai, une des 2 compagnies du 4e régiment d'artillerie qui est à Toulon marchera avec cette division. Il est nécessaire que tous les hommes appartenant à ces régiments qui sont embarqués ou détachés dans les îles la rejoignent sans délai.
Avant que cette belle division de 8 bataillons soit arrivée à Narbonne, je me déciderai à l'envoyer en Catalogne ou à la diriger sur Bayonne. Ces bataillons mèneront avec eux leurs compagnies d'artillerie, leurs pièces et leurs caissons.
Le 4e bataillon du 1er de ligne se rendra à Toulon pour renforcer la garnison qui sera composée de 2 bataillons du 60e, d'un bataillon du 62e, d'un du 1er de ligne, d'un bataillon du 32e léger et du dépôt du 16e ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5336 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26678).

Le 17 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Paris : "Mon Fils, vous donnerez des ordres pour réunir sans délai, et sans attendre les ordres de mon ministre de la guerre, un corps d'armée entre Vérone, Trente et Bolzano ; ce corps sera composé de quatre divisions ...
La 3e division sera composée de quatre bataillons du 1er de ligne, de trois bataillons du 62e, de quatre bataillons du 101e et des deux bataillons espagnols qui sont à Palmanova et à Alexandrie ; total, treize bataillons et près de 9,000 hommes. Le 1er, le 62e et le 101e auront chacun leurs pièces de régiment qu'ils formeront à Plaisance ...
Chaque division formera trois brigades, à l'exception de la première qui n'en formera que deux ...
Donnez sans délai des ordres pour que tous ces régiments se tiennent prêts et que les compagnies d'élite soient complétées ... Présentez-moi l'organisation après que vous aurez donné les ordres préparatoires pour ce qui vous regarde, afin de ne pas perdre un moment et qu'au 1er mai tout cela se puisse mettre en marche pour Vérone ; étudiez cette organisation ; présentez-moi les généraux de division, les généraux de brigade, les états-majors, les administrations, les commissaires de guerre, les officiers du génie et d'artillerie, et tout ce qui est nécessaire pour compléter cette organisation en détail et telle que je puisse ainsi l'envoyer toute faite au ministre de la guerre. Je désire l'avoir demain soir. Faites transporter 200,000 rations de biscuit à Vérone afin de pouvoir remplir les caissons ; ces biscuits serviront à l'armée. Donnez tous les ordres pour que l'artillerie puisse également se diriger sur Vérone et être prête au 1er mai, de sorte qu'au 15 mai le corps d'armée puisse déboucher sur Trente ...
Quant aux troupes qui composent la division des trois régiments qui viennent de Naples, elles doivent être parties de Rome. Vous pouvez prendre des renseignements sur leur marche dans les bureaux de la guerre et en faire mention dans le travail que vous me présenterez. J'ai à suivre tant de détails, que je désire que vous vous occupiez de ce qui est relatif à ce corps d'armée ...
Ainsi le corps d'armée sera donc composé de 34,000 hommes d'infanterie, de 6,000 hommes de cavalerie et de près de quatre-vingts pièces de canon, indépendamment de la garde royale ; ce qui le portera de 40 à 50,000 ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 145 ; Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17623 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26719).

Le 18 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre ...
Cela étant ... À Ratonneau, le 5e bataillon du 1er de ligne 500 hommes ...
Voilà donc l'emploi de 6 400 hommes. Il faudra une partie de l'été pour avoir ce nombre d'hommes. Les conseils d'administration et l'habillement se tiendraient à Toulon ...
Vous donnerez l'ordre ... que les 400 qui viendront après soient donnés au bataillon du 1er de ligne, qui est à Marseille ... que les 400 qui viendront après soient donnés au bataillon du 1er de ligne, qui est à Marseille ;
que les 500 conscrits qui arriveront après soient donnés à l'un des bataillons du 2e régiment de la Méditerranée qui seront au cap Cépet ; et les 500 venant après, à l'autre bataillon de la Méditerranée, au dépôt du cap Cépet ...
Vous aurez soin que le dépôt soit tenu en règle à Toulon ; que les conscrits y soient toisés, classés, habillés et équipés, et que les différents mouvements se fassent avec ordre, par mer, sur les îles d'Hyères, au cap Cépet et autres points. Si le nombre des conscrits réfractaires est de plus de 6000 hommes, on pourra en être embarrassé. On en rendra compte alors, et je donnerai des ordres ultérieurs.
Le passage en Corse n'est pas tout à fait interdit ; il pourra se présenter des moments dans l'été où le passage pourra avoir lieu. Après l'équinoxe d'automne, tous les transports se feront par mer ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5351 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26730).

Dans la foulée, l'Empereur écrit, le même jour, 18 avril 1811, depuis Paris, au Vice-Amiral Decrès, Ministre de la Marine : "Je reçois votre rapport du 17. Le décret relatif au 4e bataillon du 22e régiment à placer à l'île de Porquerolles ; au 6e bataillon du même régiment à placer à Port-Cros, au 5e bataillon du 102e à placer à l'île Sainte-Marguerite, enfin au 5e bataillon du 1er de ligne à placer au château d'If et à l'île de Pomègue, doit être exécuté sans délai ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26742).

Le 19 avril 1811, Napoléon décide que l'Armée d'Allemagne sera composée de trois Corps; le 3e est le Corps d'observation d'Italie. L'Empereur écrit en effet ce jour à au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, l'armée d'Allemagne sera composée de trois corps :
1° Le corps d'observation de l'Elbe ;
2° Le corps d'observation du Rhin ;
3° Le corps d'observation d'Italie.
CORPS D'OBSERVATION D'ITALIE
Ce corps se réunira à Bolzano, Vérone, Mantoue et Brescia. Il sera composé de la manière suivante :
Infanterie ...
3e division
1er régiment de ligne 4
62e régiment de ligne 5
101e régiment de ligne 4
bataillons espagnols qui sont en Italie 2
Total 13
Cette division se réunira à Mantoue et aura 6 pièces d'artillerie de régiment ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17630 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26753; Comprendre 33e Léger; le Général Dessaix est à la tête de cette Division).

Le même jour, 19 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Paris : "Mon Fils, je n’approuve pas l'organisation que vous m’avez présentée, je vous en envoie une nouvelle ...
Je pense aussi qu'il faut emmener tout ce qu'on pourra de Dalmatie ; ce ne sont pas des troupes assez sûres pour les laisser sur les derrières. En envoyant les huit bataillons de deux régiments, vous devez compléter ces bataillons en prenant dans les autres, s'il est nécessaire ; rien que ces huit bataillons doivent vous faire 6,000 hommes.
Par cette nouvelle organisation vous verrez que votre corps d’armée se trouvera composé de plus de 40,000 hommes d'infanterie, y compris la garde, de 8,000 hommes de cavalerie et de plus de 140 pièces de canon. Je vous ai déjà mandé de faire faire du biscuit à Mantoue, afin de remplir tous les caissons, qu'on n'ouvrira plus que devant l'ennemi.
Il est important que chaque homme ait deux paires de souliers neuves dans le sac et une aux pieds, et qu'on puisse délivrer à Vérone, Trente et Bolzano, au moment du départ, trente cartouches par homme, Ces cartouches doivent être réunies dans les dépôts d’artillerie de ces places et n'être données qu'au départ.
Annexe
Corps d'Observation de l'Italie ...
Troisième division
La troisième division se réunira à Mantoue, elle sera composée de :
3 bataillons du 1er de ligne
2 bataillons du 62e
3 bataillons du 101e
2 bataillons espagnols
Cette division sera commandée par le général Partouneaux. Elle sera composée de 3 brigades.
Les généraux de brigade Pastol, Pouget, Dufour et Heyligers ...
Le 4e bataillon du 1er régiment de ligne, le 3e du 62e et le 4e du 101e de ligne qui sont en France iront joindre leurs régiments par un autre chemin de sorte que cette 3e division qui d'abord ne sera forte que de 10 bataillons y compris les Espagnols le sera de 13 après l'arrivée de ces renforts.
Le ministre de la Guerre me fera connaître où sont les trois bataillons qui devront rejoindre quand ils pourront marcher, et par où on devra les diriger pour les réunir ...
En conséquence, le ministre de la Guerre détournera la marche des 1er, 62e et 101e régiments, qui viennent de Rome, et au lieu de les laisser continuer leur route sur Plaisance les dirigera de Bologne sur Mantoue ...
Le vice-roi commandera ...
Le corps d'armée doit se réunir sur l'Adige, l'Oglio et le Mincio
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 152 (ne donne pas l’annexe) ; Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17633 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26764).

Le 20 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je vous envoie le plan d'organisation du corps d'observation de l'Italie. Rédigez cette organisation convenablement. Mon intention est de ne rien envoyer de France. La 1re division sera fournie par l'Illyrie, la 2e et la 3e par les régiments français qui sont en Italie ... Mon intention est de le diriger en cas d'événement par Inspruck sur Dresde, pour se réunir avec le corps d'observation du Rhin, qui, par Wesel et Mayence, se dirigerait sur Magdeburg. Je suppose que je n'ai rien oublié. Vous me ferez connaître après cela ce qui restera en Italie aux régiments.
CORPS D'OBSERVATION DE L'ITALIE ...
3e DIVISION. —La 3e division se réunira à Mantoue ; elle sera composée de trois bataillons du 1er de ligne, deux bataillons du 62e, trois bataillons du 101e, deux bataillons espagnols.
Cette division sera commandée par le général Partouneaux ; elle sera composée de trois brigades. Les généraux de brigade seront les généraux Pastol, Poujet, Dufour et Heyligers. L'adjudant commandant Mariotti sera chef d'état-major.
Le 4e bataillon du 1er régiment de ligne, le 3e du 62e et le 4e du 101e de ligne, qui sont en France, iront rejoindre leurs régiments par un autre chemin ; de sorte que cette 3e division, qui d’abord ne sera forte que de dix bataillons, y compris les Espagnols, le sera de treize après l'arrivée de ces renforts.
Le ministre de la guerre me fera connaître où sont les trois bataillons qui devront rejoindre, quand ils pourront marcher et par où on devra les diriger pour les réunir.
On aura soin de placer les Espagnols hors de Mantoue en les cantonnant à Villafranca, Borghetto, Roverbella, etc. En conséquence, le ministre de la guerre détournera la marche des 1er, 62e et 101e régiments, qui viennent de Rome, et, au lieu de les laisser continuer leur route sur Plaisance, les dirigera de Bologne sur Mantoue.
Cette division aura une biterie à cheval de six pièces et une à pied de huit pièces ; ce qui, joint aux six pièces de régiment, fera vingt pièces de canon.
Les commissaires des guerres, l'artillerie, les officiers du génie, les sapeurs, les attelages de pièces, tout sera fourni par ce qui est en Italie ...
ETAT-MAJOR GÉNÉRAL ET DISPOSITIONS DIVERSES. — Le vice-roi commandera ...
Le corps d'armée doit se réunir sur l'Adige, l'Oglio et le Mincio
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17635 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26776; à noter que la Correspondance générale redonne cette situation à la date du 24 mai - lettre 27150).

Le 4 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à son Chambelland, M. de Montaigu, à Paris : "... Le 6e bataillon du 1er de ligne est dans l'île de Pomègue, près de Marseille ; il doit être complété par des conscrits réfractaires. Les cadres de quatre autres bataillons sont à Toulon, répartis dans la presqu'île formée par le cap Sepet et dans les îles d'Hyères, et doivent également être complétés par des conscrits réfractaires. Vous irez voir ces bataillons dans les îles d'Hyères et dans la presqu'île de Sepet ...
Quand vous aurez tout visité, vous attendrez de nouveaux ordres à Toulon. Vous aurez soin d’écrire tous les jours
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17697 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26980).

Le 15 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre au 1er régiment de ligne, au 62e et au 101e qui arrivent à Bologne et qui avaient ordre de se rendre à Mantoue de continuer leur route sur Turin ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4579 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5480 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27065).

Le 24 mai 1811, l'Empereur écrit encore, depuis Caen, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je vous envoie cinq états pour vous servir de direction dans un rapport que vous me ferez au 15 juin, pour donner une nouvelle organisation, au 1er juillet, aux différents corps d'observation ...
CORPS D'OBSERVATION DE RÉSERVE. — Ce corps sera créé conformément au n° 4 ...
Je n'ai pas besoin de vous dire que vous ne devez donner aucun ordre, faire aucun mouvement en conséquence de ces états, mais que vous devez vous borner à me faire un rapport général au 15 juin, époque à laquelle vous me demanderez en même temps mes ordres ...
CORPS D'OBSERVATION DE RÉSERVE.
Il sera créé un corps d'observation de réserve. Ce corps d'observation sera composé de la manière suivante :
... 3e Division, composée de seize bataillons, savoir : quatre bataillons du 10e léger, qui sont en Bretagne ; quatre du 1er de ligne, quatre du 62e, quatre du 101e. Le 10e léger se réunira à Rennes ; les 1er, 62e et 101e se réuniront à Lyon ...
Le corps d'observation de réserve est destiné à se réunir à Bayonne et à passer en Espagne. Il se mettra, à cet effet, en mouvement au 1er juillet. L'organisation définitive des divisions se fera à Bayonne. Cependant rien ne devra se mettre en mouvement que le ministre n'ait pris mes derniers ordres ; il me les demandera au 1er juin ...
3e Division. — Le 1er de ligne, qui a un bataillon à Marseille et trois bataillons qui vont à Lyon, se réunira à Bayonne. Mais les uns et les autres ne partiront qu'à la fois et lorsque la direction sera décidée.
Le 62e, qui a deux bataillons à Toulon et deux à Lyon, se réunira avec les quatre bataillons du 1er de ligne ...
FRANCE. - COTES DE LA MÉDITERRANÉE.
Toulon est le point important des côtes de la Méditerranée. Les six 4es bataillons qui ont été désignés dans les notes sur le corps d'observation de réserve pour se rendre à Toulon y formeront une garnison de 4,800 hommes. Le 5e bataillon du 22e léger, le 5e du 1er de ligne, le 5e du 16e avec les huit 5es bataillons de l'armée de Dalmatie qui sont dans la 27e division militaire, et le 3e du 32e léger (en le considérant comme un 5e bataillon), font douze bataillons qui seront formés en trois demi-brigades, chacune de quatre 5es bataillons ou 2,000 hommes ; ce qui, joint aux six 4es bataillons ci-dessus, serait une force de 11 à 12,000 hommes, beaucoup plus que suffisante pour défendre Toulon, Marseille, Nice, Cette et contenir tout l'intérieur ...
CORPS D'OBSERVATION D'ITALIE ...
3e DIVISION
La 3e division se réunira à Mantoue. Elle sera composée de 3 bataillons du 1er de ligne, de 2 bataillons du 62e, 3 bataillons du 101e, 2 bataillons espagnols.
Cette division sera commandée par le général Partouneaux. Elle sera composée de 2 brigades, les généraux de brigade [. . .], les généraux Pastol, Pouget et Dufour.
L'adjudant commandant Mariotti sera chef d'état-major. Le 4e bataillon du 1er régiment de ligne, le 3e du 62e et le 4e du 1er de ligne qui sont en France vont joindre leur régiment par un autre chemin, de sorte que cette 3e division [. . .] qui d'abord ne sera forte que de 10 bataillons y compris les Espagnols, le sera de 13 après l'arrivée de ces renforts. Le ministre de la Guerre me fera connaître où sont ces 3 bataillons qui devront rejoindre, quand ils pourront marcher et par où on devra les diriger pour les réunir ...
En conséquence, le ministre de la Guerre détournera la marche des 1er, 62e et 101e régiments qui viennent de Rome et au lieu de les laisser continuer leur route sur Plaisance, les dirigera de Bologne sur Mantoue. Cette division aura une batterie à cheval de 6 pièces et une à pied de 8 pièces, ce qui joint au 6 pièces de régiment fera 20 pièces de canon.
Les commissaires des guerres, l'artillerie, les officiers du génie, les sapeurs, les attelages de pièces, tout sera fourni par ce qui est en Italie ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17747 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27150 (la 2e partie CORPS D'OBSERVATION D'Italie figure dans une lettre datant du 20 avril 1811 - Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17635 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26776).

Le même 24 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Caen, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, je désirerais que vous me remissiez pour les mouvements que j'ordonne, surtout pour les mouvements un peu considérables, des états pareils à ceux que me remet le major général, sur lesquels sont marqués le départ de chaque corps et le lieu où ils se trouvent chaque jour jusqu'au jour de leur arrivée. Ainsi, par exemple, sur un tableau pareil, je verrai quand les 10e, 20e, 1er et 62e arriveront à Lyon ou à Turin. Il y a eu des séjours qu'il était contre mon intention de laisser aux troupes dans certains lieux, et qui n'auraient pas eu lieu, si j'avais eu ces tableaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5518).

Le 7 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... faites-moi connaître quand les 1er, 62e et 101e de ligne arriveront à Turin" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17779 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27234).

Le 8 juin 1811, Napoléon écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, pour former un Corps d'Observation de Réserve pour l’Espagne : "Monsieur le Duc de Feltre, le corps d’observation de réserve sera composé de la manière suivante :
... 3e Division. La 3e division se réunira à Pont-Saint-Esprit ; elle sera composée de la manière suivante :
1er de ligne : quatre bataillons. Les trois premiers bataillons arrivent à Turin. Le 4e bataillon partira de Marseille aussitôt qu’il aura reçu ses conscrits ...
Cette division sera ainsi composée de seize bataillons. Un général de division, deux généraux de brigade, un adjudant commandant, quatre adjoints, des officiers du génie et d'artillerie, des administrations, des commissaires des guerres, seront nommés pour se rendre à Pont-Saint-Esprit et être employés dans cette division.
Vous ayant ainsi fait connaître mes intentions, vous préparerez les ordres de mouvement, mais vous ne les exécuterez que sur mon approbation ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17784 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27246).

Le 10 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre par l'estafette de ce soir aux 1er, 101e et 62e régiments, qui sont à Turin, de continuer leur marche le 15 par le plus court chemin, pour se diriger sur Grenoble ; ... aux 2 bataillons du 62e et du 1er de ligne qui sont à Marseille de se tenir prêts pour rejoindre leur régiment" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5576 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27262).

Le 12 juin 1811, Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre lettre du 11 ...
Je vois que vous faites fournir les pièces de régiment des 10e, 20e et 60e par la France. Ces 3 régiments et le 81e se rendent à Pampelune. Il y a là beaucoup d'artillerie et de pièces de 4 espagnoles. Il serait préférable de prendre ce matériel dans cette place. Pour le 3e de Ligne et le 105e, ne pourrait-on pas prendre leur artillerie à Burgos où il y a beaucoup de pièces de 4, pour ne pas affaiblir le matériel qui est en France ?
Même observation pour les 10e Léger, 52e, 1er, 62e, 101e de Ligne et le 23e Léger.
Ainsi donc, je désire qu'il ne soit point donné d’artillerie de France à aucun de ces régiments et que cette artillerie soit prise à Pampelune et à Burgos ...; que les compagnies du 23e Léger, 52e, 1er de Ligne, 62e et 101e se réunissent à Nîmes y acheter leurs chevaux, harnais et caissons et partent ensuite pour rejoindre en Espagne leurs divisions ...
Donnez des ordres en conséquence. Les régiments peuvent aller en avant, sans attendre leur compagnie d'artillerie. Mon intention étant de faire séjourner une quinzaine de jours ces régiments dans la Biscaye et dans la Navarre, leurs compagnies d'artillerie auront le temps de les rejoindre.
Donnez ordre que l'on mette en réserve à Burgos et à Pampelune le nombre de pièces de 4 nécessaire ; cela ménagera le matériel de France. J'ai déjà d'ailleurs trop d'artillerie en Espagne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5589 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27280).

Le 12 juin 1811 encore, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Recommandez au général qui commande l'armée de Catalogne de renvoyer à l'armée d'Aragon tous les détachements des 1er, 7e, 42e, 16e de ligne et autres qu'il aurait dans son armée ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5588 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27282).

Le même 12 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac ... Les 1er, 62e et 101e de ligne et 23e léger qui font partie du même corps de réserve doivent avoir également leurs compagnies d'artillerie. Ces compagnies séjourneront à Nîmes jusqu'à ce que leur chevaux, harnais et caissons soient complets et en état.
Prévenir le commandant du 23e léger qui est à Auxonne et qui n'a pas encore reçu l'ordre d'en partir, et les commandants des 1er, 62e et 101e qui sont en marche de Turin pour Grenoble qu'ils doivent réunir à Nîmes les chevaux, harnais et caissons de leur compagnie d'artillerie. C'est vous qui devez faire fournir aux compagnies d'artillerie régimentaires les harnais, caissons et chevaux. Faites-moi un rapport sur cela. Je désire que les compagnies d'artillerie ne séjournent qu'une quinzaine de jours au plus dans la ville où elles se formeront, après Je passage des régiments
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5595 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27286).

Le 15 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au général commandant la 8e division militaire d'aller passer au château d'If la revue du 5e bataillon du 1er de ligne et de vous rendre compte si les hommes sont habillés, s'ils s'exercent, quelle volonté ils montrent, et si l'on pourrait en tirer des compagnies de marche pour des régiments de l'année d'Italie, sans qu'il y ait de désertion parmi elles ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5613 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27320).

Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation. Je réponds d'abord à ce qui concerne le corps d'observation de la réserve.
CORPS D'OBSERVATION DE LA RÉSERVE.
... 3e Division. — Donnez ordre au 1er de ligne de partir de Grenoble le 25, au 62e de partir le 26 et au 101e de partir le 27.
Ces régiments se rendront à Valence, où ils s'embarqueront pour Pont-Saint-Esprit, et de là se rendront à Nîmes ...
Donnez ordre au 4e bataillon du 1er de ligne, qui est à Marseille, et aux 3e et 4e bataillons du 62e, qui sont à Toulon, d'en partir pour se rendre à Nîmes. Ainsi les quatre bataillons des régiments de cette division seront réunis ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).

Le même 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre "Monsieur le comte de Cessac, le ministre de la Guerre a dû vous envoyer l'organisation d'un corps de réserve en trois divisions, indépendamment d'une division italienne ...
La 3e division se compose du 1er, du 62e, du 101e et du 23e d'infanterie légère ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5630 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27347).

Le 24 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dumas, Directeur des Revues et de la Conscription : "Monsieur le comte Dumas, j'ai lu avec intérêt le compte que vous m'avez rendu des déserteurs réfractaires au 1er juin ... Je relève ici par aperçu le nombre d'hommes dont j'ai disposé :
... 2e régiment de la Méditerranée (à Toulon)
... Le 5e bataillon du 1er de ligne, qui est au château d'If, reçoit 500 hommes. 500
... Vérifiez cet aperçu et remettez-moi un travail complet à cet égard
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5677 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27431).

Le 27 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois votre rapport du 26 sur la marche des 1er, 62e et 101e régiments de ligne et 23e régiment d’infanterie légère. Je désire que ces régiments séjournent au moins 3 jours à Nîmes" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5692 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27468).

Le 28 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître si les 10e, 20e, 62e, 1er et 101e régiments qui viennent de Naples sont alignés de leur solde. S'ils ne l'étaient pas, il serait urgent de les aligner sur-le-champ, afin d'éviter à cette troupe toute espèce de mécontentement et de rendre au soldat la justice qui lui est due ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27481).

Le 1er juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, au lieu de donner des fonds aux 60e et 81e régiments pour monter leur compagnie d'artillerie, je pense que vous devez faire fournir des caissons du dépôt de Pau. Vous pouvez donc retenir les fonds que vous destiniez à cet objet et faire connaître aux commandants de ces régiments à Nîmes qu'ils trouveront leurs caissons de transports militaires et leurs caissons d'ambulance préparés à Pau.
Donnez les mêmes ordres pour les 3e, 52e et 105e, 23e léger, 1er, 62e et 101e, cela épargnerait beaucoup d'argent et l’on emploierait les caissons de Pau que désormais je veux remplacer par des charrettes
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4645; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5716 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27507).

Le 3 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au général Souham de se rendre à Pau pour y prendre le commandement de la 3e division du corps d'observation de réserve. Il est nécessaire qu'il soit rendu à Pau le 20 juillet. Il y réunira le 23e léger, le 1er de ligne, le 62e et le 101e.
Vous consulterez ce général sur l'adjudant commandant et les deux généraux de brigade qu'il désire.
Vous lui donnerez ordre de passer à Nîmes où il inspectera toutes les compagnies d'artillerie du corps d'observation. Il vous rendra compte de leur situation. Vous lui donnerez des détails sur le jour où les chevaux doivent être arrivés, sur le lieu où ces compagnies doivent prendre leurs pièces et les caissons, etc.
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4647 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27516).

Le 12 juillet 1811, le Général de Division Grenier écrit au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de rendre compte à V. E. que les détachements d’officiers et sous-officiers des 1er et 62e régiments restés à Naples pour arrêter leurs comptabilités en sont partis le 1er de ce mois après avoir terminé leurs opérations. Ces corps ont été payés de leur solde, mais le colonel du 1er d’infanterie de ligne m’a rendu compte pour la date du 8 de ce mois, qu’il reste du au régiment qu’il commande, par le gouvernement napolitain pour les exercices 1810 et 1811 une somme de cinquante-deux mille deux cents quatre-vingt-dix-sept francs dont les causes suivent.
Exercice 1810.
Pour indemnité de transports directs 2e Trim. 432 frs
Pour masse d’habillement 4e T. 23157,13 frs
Exercice 1811 :
Pour idem 1er T. 21610,73 frs
Pour idem 26 jours d’avril 5516,65 frs
Pour idem 2e T à un détachement 395,70 frs
Pour idem transports directs 2e 3sm 1185,64 frs
Total 52297,85 frs.
Ce colonel réclame cette somme dont les différentes masses de son régiment sont à découvert ; il ajoute qu’il a inutilement employé deux mis à Naples pour obtenir ce payement ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 9 page 32).

Le 17 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les compagnies d'artillerie des 3e et 105e régiments qui sont à Rennes, en partent pour se rendre à Bayonne ...
Donnez ordre que les compagnies du 1er et du 60e partent du 1er au 10 août
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5793 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27678).

Le même 17 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Les 2es compagnies des 5es bataillons des 5e, 11e, 23e, 60e, 81e, 79e, 1er de ligne, 62e, 102e, 10e, 20e, 101e, 29e, 9e, 35e, 53e, 13e, 106e, 16e et 67e formant 20 compagnies se réuniront à Toulon et seront destinées à monter les 16 vaisseaux qui sont en rade de Toulon et les premiers qui seront mis à l'eau ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5796 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27681).

Le 21 juillet 1811, le Général de Division Grenier ordonne : "Il est ordonné aux militaires ci-après dénommés, savoir :
François Pelissier, voltigeur au 1er régiment de ligne ; Gabriel Castre, fusilier au 20e régiment ; Elie Labogue, Fusilier au 62e régiment, Pierre Gabonette, idem ; Louis Bayane, idem au 101e ; Charles Nicolas Monge, Chasseur du 4e à cheval et au nommé Auguste Bonté, homme isolé qui ne connait pas son corps, de partir de Naples le 23 juillet présent mois pour se rendre à Rome, d’où ils seront dirigés sur leurs corps respectifs.
François Pelissier sera porteur de l’ordre de route de ce détachement et le commandera jusqu’à Rome. Il sera également chargé de surveiller le nommé Bonté qu’il consignera au commandant de la place de cette ville. Le détachement suivra l’itinéraire ci-après :
Le 23 à Capoue, le 24 à Sessa, le 25 à Mola di Gaète, le 26 à Fondi, le 27 à Terracine séjour, le 29 à Priverno, le 30 à Sermoneta, le 31 à Velletri, le 1er août Albano, le 2 à Rome, destination
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 21 page 55).

Le 27 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, donnez ordre au général Souham qu'aussitôt que le 4e bataillon du 1er de ligne sera arrivé à Pau, où il doit être rendu le 30 juillet, il fasse le tiercement de ce bataillon avec les trois premiers ... Faites-moi connaître quels sont les 2 généraux de brigade et l'adjudant commandant qui sont employés dans la division du général Souham" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5848 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27813).

Le 28 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Donnez l'ordre aux 4 bataillons du 1er régiment de ligne et aux 4 bataillons du 62e formant la 1re brigade de la division Souham de se mettre en marche le 1er août pour se rendre à Pampelune.
La 2e brigade composée du 23e léger et du 101e se mettra en marche le 7 août pour se rendre à Pampelune.
Vous donnerez ordre qu'avant son départ, la solde arriérée et celle du mois d'août soient payées à cette division.
Vous me ferez connaître le jour où cette division arrivera à Pampelune, afin que je puisse lui donner des ordres ultérieurs.
Je suppose que le général Souham, dès son arrivée à Pau, vous enverra l'état de situation de sa division et vous fera connaître les officiers et sous-officiers présents.
Faites-moi connaître quels sont les 2 généraux de brigade et l'adjudant commandant qui sont attachés à cette division.
Tous ces corps séjourneront 3 ou 4 jours à Pampelune. Si après 3 jours de séjour à Pampelune, le général Reille tardait à recevoir mes ordres, il leur donnerait celui de se réunir à Logroño
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5855 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27840).

Le 30 juillet 1811, à Saint-Cloud, "Le général Clarke rend compte des dispositions qui ont été prises en vue de compléter les compagnies d'artillerie régimentaires des 1er, 62e, 101e de ligne et 23e léger" ; "Renvoyé au prince de Neuchâtel pour vérifier", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5872).

Le 1er août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Faites passer la revue du 5e bataillon du 1er de ligne qui est au château d'If. Faites-moi connaître l'état de l'habillement, de l'armement et de l'instruction du bataillon et de quels départements sont les hommes. Demandez au major si l'on pourrait former une compagnie de 250 hommes qui ne seraient ni languedociens ni provençaux et que l'on pourrait envoyer dans la Navarre pour recruter ce régiment ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5890 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27915).

Le 2 août 1811, le Général de Division Grenier ordonne : "Il est ordonné aux militaires ci-après désignés de partir de cette ville demain 3 du courant pour se rendre à Rome d’où ils seront dirigés sur leurs corps respectifs, savoir ... Martel Esprit, fusilier au 1er régiment de ligne ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 31 page 76).

Le 4 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, il est nécessaire que vous donniez l'ordre que tous les conscrits réfractaires que l'on mettra dans le 6e bataillon du 10e et du 20e, ainsi que dans le 5e bataillon du 1er de ligne ne soient pas des départements des Bouches-du-Rhône ni de Vaucluse, mais plutôt de la 7e et de la 19e division militaire. La raison en est simple : je compte diriger ces 3 bataillons sur l'Espagne pour y recruter leur régiment. Il faut donc qu'ils ne passent pas chez eux ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5922 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27990).

Le 11 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Mathieu Dumas, Directeur des Revues et de la Conscription : "Monsieur le comte Dumas ... Faites-moi connaître combien il y a eu de déserteurs aux 10e, 20e, 1er de ligne, 81e, 60e, 101e et 62e pendant leur marche" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5968 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28117).

Le 15 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Lacuée : "Monsieur le comte de Cessac, faites-moi un rapport qui me fasse connaître s'il a été pourvu et par qui à l'habillement de tous les cadres qui ont été à Toulon, à l'île de Ré et à Belle-Ile pour y prendre des conscrits réfractaires ?
Il y a à Toulon le 2e régiment de la Méditerranée qui peut lui-même fournir à cet habillement. Il y a le 22e d'infanterie légère et le 102e qui peuvent également y fournir eux-mêmes; le 1er de ligne peut également fournir l'habillement ...
En me rendant compte des mesures que vous avez prises, faites-moi connaître quand vous êtes fondé à penser que tous ces cadres seront habillés et équipés
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5996 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28178).

Le 22 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "... ESCADRE DE TOULON
Les 2es compagnies du 5e bataillon de chacun des 1er, 5e et 11e de ligne, 62e, 81e et 79e, seront complétées à Genève et à Grenoble, et seront dirigées sur Toulon ...
Toutes ces compagnies seront placées, savoir
... celle du 1er sur L’Ajax ...
Il y a des détails qui peuvent faciliter la formation des compagnies. Par exemple ... Le 1er de ligne a 90 hommes sur le Danube ; le 62e, 92 hommes sur L’Ulm, etc., etc. Le bureau des mouvements du ministère pourra facilement faire une bonne et utile instruction là-dessus ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6042 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28292).

Le 23 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, je réponds à votre rapport du 21, relatif à l'habillement des conscrits réfractaires. Je vois dans les états qui y sont joints que ... Le 1er de ligne, qui a son dépôt à Marseille, le 102e, qui a son 5e bataillon à l'île Sainte-Marguerite, sont portés comme habillés par l'administration de la guerre. Ce sont les dépôts de ces régiments qui les ont habillés. J'entends par habiller avoir fait confectionner les effets et pourvu à tous les détails. Je vous renvoie votre travail pour que vous mettiez ces états en règle" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4718; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6059 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28335).

Le 30 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au général du Muy, commandant la 8e division militaire, de passer la revue du 5e bataillon du 1er de ligne, qui est dans l'île de Pomègue, et de vous rendre compte de l'habillement de ce bataillon ainsi que de l'esprit des conscrits qui y sont incorporés ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6095 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28433).

Le 13 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre de former une compagnie de marche de tous les hommes du 5e bataillon du 1er de ligne, autres que les 500 conscrits réfractaires fournis par le fort Lamalgue. On m'assure qu'on peut en former une compagnie de 200 à 300 hommes.
Vous ordonnerez que cette compagnie soit dirigée sur Pau, mais les 500 conscrits réfractaires continueront à rester au château d'If et à Pomègue
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6164 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28637).

Le même 13 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Je viens de vous écrire de faire partir pour Pau une compagnie de marche composée de 200 à 300 hommes, et formée de tout ce qu'il y a de conscrits non réfractaires au 1er de ligne. Ainsi, il n'y restera plus que les conscrits réfractaires, Ordonnez au major de passer souvent la revue de ces conscrits réfractaires, qui sont au château d'If et dans l'île de Pomègue, de faire connaître de quel pays ils sont et quand il croit qu'on pourra compter sur eux ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6169 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28639).

Le 18 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les 575 hommes du 5e bataillon du 1er de ligne, composé de conscrits réfractaires, qui sont au Ratoneau et au château d'If, soient embarqués pour Gênes, où ils débarqueront, et d'où ils seront dirigés, par la Bocchetta, sur le 84e régiment de ligne. Ils seront incorporés dans les quatre bataillons de ce régiment, et le cadre reviendra à Marseille. Tenez ces dispositions secrètes. Ordonnez seulement que ces hommes aillent à Gênes, et que, de Gênes, ils se dirigent sur Milan. Vous préviendrez seulement le vice-roi de la destination qu'ils auront à Milan ...
Le 5e bataillon du 62e remplacera, au château d'If et au Ratoneau, le 5e bataillon du 1er de ligne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6197 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28693).

Le 20 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis Amsterdam, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, donnez ordre ... à la compagnie de marche du 1er régiment d'infanterie de ligne de se rendre à Salamanque pour y être incorporée ...
Vous donnerez l'ordre au général Monthion de grouper l'escadron de marche de l'armée d'Aragon, qui arrive le 28 à Pau, avec les hommes isolés et tout ce qui est destiné à cette armée, afin d'en former un corps de 600 à 700 hommes, infanterie et cavalerie, qu'il dirigera sur Saragosse
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6277 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28867).

Le 12 novembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de l aGuerre : "Monsieur le duc de Feltre, je réponds à votre lettre du 9 novembre. Je vois que le 5e bataillon du 1er de ligne, fort de 700 hommes, se rend à Milan ; et que le 6e bataillon du 20e de ligne, ayant 900 hommes, se rend à Alexandrie ... Ainsi c'est 1500 hommes de renfort que l'armée d'Italie va recevoir. Il est inutile que ces 2 bataillons aillent jusqu'à Milan, ils peuvent s'embarquer à Alexandrie, ou à Sale, sur le Pô, et gagner ainsi Mantoue" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29042).

Le même 12 novembre 1811, l'Empereur écrit également, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, le 5e bataillon du 1er de ligne avec 700 hommes est parti de Marseille le 26 octobre, ainsi que le 6e bataillon du 20e de ligne fort de 900 hommes. Ils doivent débarquer à Gênes. Mon intention est que de là, ils se rendent à Alexandrie ou à Sale pour y être embarqués sur le Pô et gagner ainsi Mantoue. Le 5e bataillon du 1er de ligne versera ses hommes dans le 84e et le 6e bataillon du 20e versera les siens dans le 92e et dans les autres régiments que vous désignerez. Vous aurez soin que le tiercement soit fait sans délai. Mêlés avec d'anciens soldats, ces hommes s'accoutumeront plus facilement à l'état militaire, mais il faut exercer sur eux une grande surveillance. Ecrivez à Borghèse pour qu'il y ait sur leur route des détachements de gendarmerie qui les observent et qui arrêtent les déserteurs ...
Vous aurez soin de compléter en sous-officiers les cadres de ces deux bataillons et si parmi les sous-officiers actuels, il y en avait qui eussent moins de deux ans de service, vous les incorporeriez et les remplaceriez par des hommes ayant plus de 4 ans de service que vous tireriez de vos régiments, de sorte que vous renverrez de très bons cadres. Faites en sorte que ces dispositions soient ponctuellement exécutées
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 217 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29051).

Le 20 novembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d’Italie : "Mon fils, le 10 novembre, le 1er, le 2e et le 3e bataillon du 2e régiment de la Méditerranée sont partis de Toulon pour aller débarquer à Gênes, et de là se rendre à Plaisance. Ces trois bataillons sont forts de 2,700 hommes. Envoyez à leur rencontre à Gênes, et écrivez au prince Borghèse pour que la gendarmerie soit sur pied et arrête les déserteurs.
Les deux premiers bataillons seront placés à Palmanova, où ils tiendront garnison ; le 3e bataillon sera incorporé dans les régiments de l'armée d'Italie qui en ont le plus besoin. Il est convenable qu'à cet effet vous dirigiez ce troisième bataillon sur Mantoue. Ce ne sera qu'à Mantoue que s'en fera la dislocation ; vous en passerez ou ferez passer la revue, et tous les sergents et caporaux qui n'auraient pas deux ans de service, vous les ferez rentrer comme soldats dans les régiments, en les remplaçant par de vieux sergents et caporaux ; vous renverrez le cadre de ce troisième bataillon à Toulon ; vous compterez le 1er et le 2e bataillon du 2e régiment de la Méditerranée comme faisant partie du corps d'observation d'Italie. Le 3e bataillon, avec le 4e et le 5e, seront à Toulon, où les deux premiers bataillons seront constamment tenus au grand complet. Par ce moyen, voilà déjà quatre bataillons, savoir, le 5e du 1er de ligne, les 6e du 10e et du 20e de ligne, et le 5e bataillon du 2e régiment de la Méditerranée, ce qui fait près de 5,000 hommes que vous aurez incorporés dans vos différents régiments ; ayez soin que les deux premiers bataillons de la Méditerranée soient bien tenus et bien soignés à Palmanova et y prennent un bon esprit
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 219 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29138).

Le 26 novembre 1811, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j'ai reçu la lettre de Votre Majesté du 20 novembre, dans laquelle elle me donne ses ordres relativement au 2e régiment de la Méditerranée. J'ai déjà écrit au prince Borghèse de faire surveiller la marche de ces trois bataillons, suivant les ordres de Votre Majesté. Je dirigerai les deux premiers bataillons de ce corps sur Palmanova, pour y tenir garnison, et j'incorporerai le 3e bataillon dans les régiments qui en ont le plus besoin. Le 6e bataillon du 20e, dont on m'a annoncé l'incorporation, se fera exactement suivant les ordres de Votre Majesté. Une première opération semblable vient déjà d'avoir lieu dans le 84e pour le 5e bataillon du 1er de ligne. Le rapport ci-joint fera connaître à Votre Majesté tout le détail de cette opération. Je la prie d'observer que ce bataillon, qui nous était annoncé fort de 4 compagnies d'environ 700 hommes, n'est arrivé fort que de 2 compagnies et n'ayant que 297 hommes à incorporer. J'espère que le 6e bataillon du 20e et le 3e bataillon du régiment de la Méditerranée nous fourniront plus de monde et surtout une plus belle espèce d'hommes, car ceux arrivés du 1er de ligne étaient fort chétifs. Votre Majesté, dans sa même lettre, m'annonce un 6e bataillon du 10e de ligne. Dès qu'il arrivera, on ajoutera à son égard ce que Votre Majesté a commandé pour ces opérations" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 224).

Le 2 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Il paraît que deux seules compagnies du 5e bataillon du 1er régiment de ligne ont débarqué à Gênes. Les deux autres compagnies resteraient encore au château d'If. Faites-moi connaître la situation de ces deux compagnies" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4824 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6438 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29239).

Le 5 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Je reçois votre lettre du 4 décembre sur le 5e bataillon du 1er de ligne. Ce compte-rendu me paraît entièrement satisfaisant. Je vois avec plaisir qu'il n'y a pas eu de désertion dans les conscrits réfractaires qui ont été à l'armée d'Italie" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4831 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6454 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29262).

Le 15 décembre 1811, l'Empereur écrit au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au duc de Plaisance, commandant le dépôt de Strasbourg, de faire partir le plus tôt possible les hommes qu'il a disponibles pour les cuirassiers. On prendra pour conduire ces hommes des détachements des 1er et 105e ou des escortes détachées d'Erfurt à cet effet.
Donnez ordre que les 1.000 premiers graciés ou déserteurs amnistiés qui arriveront au dépôt de Strasbourg, qui sont destinés au corps du prince d'Eckmühl, soient dirigés, savoir 300 hommes sur le 2e de ligne et 700 hommes sur le 37e.
On les habillera et on les équipera en règle, et on les fera partir sous l'escorte des détachements du 1er de ligne ou du 105e, qui les conduiront à ces deux régiments. Les cadres retourneront à Strasbourg ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6487 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29349).

Le même 15 décembre 1811, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire ... J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Majesté que les 1er et 3e bataillons du 2e régiment de la Méditerranée sont déjà arrivés à Mantoue. On procède en ce moment à l'incorporation du 3e bataillon ; le 1er bataillon se rendra à Palmanova ; et le deuxième, quand il sera arrivé, rejoindra le premier. Les premiers rapports que j'ai de ce corps assurent que l'espèce d'hommes est généralement très-belle, les soldats paraissent même témoigner maintenant de la bonne volonté. Ils ont déjà quelques principes d'instruction, et je réponds à Votre Majesté que, trois mois après leur incorporation, ils seront à 1'école de bataillon. Il est fâcheux que Votre Majesté n'ait pas destiné 5 à 6,000 hommes de cette nature au recrutement de son armée. Nous n'avons reçu que 1,400 à 1,500 hommes, et ce qui nous vient du 1er de ligne est bien inférieur en tout à ceux du 20e et du régiment de la Méditerranée" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 231).

1812 au Corps d'observation de réserve (à l'Armée de Portugal selon Le Spectateur Militaire, 15 avril 1839 - 15 septembre 1839, p. 219)

Le 15 janvier 1812, le Général de Division Grenier écrit au Duc de Feltre, à Paris : "La garnison napolitaine de Gaète vient d’être changée. Le 1er régiment de ligne est arrivé ici le 13 et en est reparti le 14 pour se rendre dans cette place pour y relever le 6e qui doit en partir aujourd’hui et se rendre à Capoue ou à Naples. Différents corps napolitains ont également changé de garnison, tant à Capoue qu’à Naples et Capri" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 212 page 443).

Le 2 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Duc de Feltre : "... vous réunirez une 16e demi-brigade à Marseille. Elle se composera :
1er bataillon
2 compagnies du 5e bataillon du 60e de ligne
2 id. du 81e
2 id. du 25e
2e bataillon
2 id. du 1er de ligne
2 id. du 62e
2 id. du 16e de ligne
Par ces dispositions, toutes les côtes de l'Empire seront suffisamment pourvues, en attendant la formation des cohortes de gardes nationales. Il devient pressant que les cadres de ces bataillons soient complets en officiers ; qu'ils aient leurs chefs de bataillon, et que vous nommiez les 15 majors en second qui devront commander ces demi-brigades. Vous ferez partir le 15 avril ces majors en 2nd pour visiter les dépôts qui fournissent aux demi-brigades.
Vous aurez soin de prévenir le ministre de l'Administration de la guerre afin qu'il donne des ordres, et prenne des mesures pour que l'habillement ne manque pas.
Vous autoriserez les majors en 2nd à faire partir le 30 avril les 4es bataillons à 600 hommes. Les 200 autres hommes viendront un mois après ...
Ces demi-brigades ne doivent rien déranger à la comptabilité. Les bataillons qui les composent doivent correspondre avec leurs dépôts pour l'administration
Annexe
Formation des demi-brigades provisoires, de l'Intérieur et des côtes
16e demi-brigade à Marseille
1er bataillon : 2 compagnies du 5e bataillon du 60e de ligne (dépôt à Genève) : 100 conscrits du Taro, 371 de la Haute-Garonne ; total 471 ; 171 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 81e de ligne (dépôt à Chambéry) ; 335 conscrits de Haute-Garonne ; total 335 ; 35 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 23e de ligne (dépôt à Genève) ; 184 conscrits du Taro, 100 du Gers, 200 des Landes ; total 484 ; 184 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon : 2 compagnies du 5e bataillon du 1er de ligne (dépôt à Marseille) : 280 conscrits du Tarn ; total 280 ; manque 20.
2 compagnies du 5e bataillon du 62e de ligne (dépôt à Marseille) : 420 conscrits du Tarn ; total 420 ; 120 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 16e de ligne (dépôt à Toulon) : 180 conscrits de l’Hérault, 241 du Tarn ; total 421 ; 121 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7057 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30370 (intégrale)).

A Vitebsk, le 1er août 1812, "On propose à Sa Majesté d'accorder un congé de 3 mois avec solde à M. Saint-Martin, colonel du 1er régiment d'infanterie de ligne, employé à l'armée de Portugal, pour se rendre à Bayonne et y prendre les eaux"; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7488 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec Sa Majesté l'Empereur et Roi daté du 24 juin 1812 »).

/ 1813

1813 à l'Armée de Portugal, du Nord de l'Espagne, et d'Espagne, et à la Grande Armée.

- Création du 11e provisoire

Beaucoup de nouveaux Régiments sont créés; ils sont appelés "Régiments provisoires". Nous avons dit que les cadres du deuxième Bataillon ont été renvoyés au Dépôt, à Marseille, le 26 août 1812.

Le 6 Janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Vous verrez par la lettre que je vous ai écrite la formation de quatre corps : un corps d’observation de l'Elbe, un corps d'observation d'Italie et deux corps d'observation du Rhin ...
Il me faut, pour le corps d'observation d'Italie, sans y comprendre les bataillons italiens, 28 bataillons, et 40 bataillons pour chacun des corps d'observation du Rhin, 80 bataillons ; total des bataillons nécessaires, 108.
Il sera formé, à cet effet, 34 régiments provisoires, chaque régiment composé de 2 bataillons ; ce qui fera 68 bataillons ...
Les 34 régiments provisoires seront formés de la manière suivante :
... 11e régiment provisoire : 1er bataillon du 1er de ligne, 2e du 62e ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19425 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32215).

Le 12 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, comme j'ai trouvé beaucoup de fautes dans ce que votre chef de division a recueilli sous ma dictée, je prends le parti de vous faire connaître de nouveau mes intentions ...
Le 2e corps d'observation du Rhin sera composé de dix nouveaux régiments provisoires et des huit régiments qui restent sur les vingt-trois créés avec les cohortes. Il y sera joint en outre tous les régiments qui ont deux ou trois bataillons en France, et qui ne font pas partie des corps d'observation, tels que le 9e léger, le 1er de ligne, etc. ...
J'adopte pour les dix régiments provisoires que l'on fasse marcher trois compagnies des 5es bataillons, mais après s'être assuré que les cadres des 3es et 4es bataillons sont en marche venant d'Espagne, et que dans le courant de mars ces 5es bataillons seront remplacés par les cadres définitifs.
Il ne faut comprendre dans les régiments provisoires aucun détachement qui appartiendrait aux régiments qui sont à la Grande Armée ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19445 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32276).

Le 30 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... les compagnies des 1er de ligne, 14e, 16e, 47e, 62e, 66e, 69e, 70e, 86e, 121e et 122e (total 10 compagnies) formeront un bataillon de marche des régiments provisoires des corps d'observation du Rhin ; et à fur et mesure que les régiments provisoires dont elles font partie passeront à Mayence, ces compagnies seront incorporées et les cadres rentreront en France ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 734).

- Formation de la 25e Demi-brigade provisoire

Le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
TOULON.
Il sera formé, pour la défense de Toulon, trois demi-brigades provisoires, sous les numéros 25, 26 et 27 ; elles seront composées ainsi qu'il suit : 25e demi-brigade, les bataillons des 1er, 16e et 62e de ligne ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).

Le 26 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "… Quant aux 2500 hommes à retenir sur l'infanterie, il est nécessaire que vous consultiez votre bureau d'infanterie, pour savoir si le détail de la répartition est conforme à mes demandes pour la formation des demi-brigades provisoires qui doivent servir à la défense des côtes. Je suppose que vous avez reçu mes ordres pour cette formation, et que vous allez m'en présenter le travail. Il me semble que c'est trop de 1200 hommes :
... au 102e retirez-en 600 ...
... au 1er 100...
Assurez-vous bien que cette répartition est conforme à mes ordres, fournira ce qui est nécessaire pour former les demi-brigades provisoires et complètera tous les cadres dont vous avez ordonné le retour d'Espagne
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32871).

Le 12 mars, pendant que les troupes sont en marche, on reçoit de nouvelles dépêches du Ministre, contenant des instructions plus détaillées, et des renseignements plus circonstanciés sur la situation des affaires au-delà de l'Èbre. Ces instructions portent que l'Empereur veut le transport du Quartier général du Roi à Valladolid ; le passage des Armées du Centre et du Midi dans la Vieille-Castille ; l'occupation de Madrid à l'extrémité de la ligne ; l'envoi par le Général en chef de l'Armée du Portugal à celui de l'Armée du nord, de toutes les troupes qui seront demandées au premier par le second. Le Ministre annonce en même temps que, pour plus de célérité, il a ordonné au Général en chef Reille de diriger de suite sur l'Èbre une Division pour être à la disposition du Général Caffarelli. Il ordonne aussi d'envoyer à l'Armée du nord, pour en faire partie définitivement, les 1er, 22e et 101e Régiments, qui sont à celle du Portugal, et le 64e, qui est à celle du midi (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 9, p. 132).

Le 2 avril 1813, le Maréchal Marmont écrit, depuis Hanau, au Major général : "… Le chef de bataillon Millaud, du 23e léger, ayant obtenu sa retraite, il manque à ce régiment deux chefs de bataillon. Je sollicite ces deux emplois, l'un pour M. Voisin, capitaine de grenadiers au 1er régiment, qui a vingt ans de grade et qui jouit de la meilleure réputation dans son corps, et l'autre pour M. Fonvielle, capitaine de grenadiers au 82e régiment, qui a quatre ans de grade, et que je connais pour un officier très-distingué" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 5, page 42).

Le 8 avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre :"Monsieur le Duc de Feltre, si le 4e bataillon du 32e est utile à Port-Cros et se trouve composé de réfractaires, je consens à ce qu’il reste aux iles d’Hyères. Je ne vois pas d’inconvénient à ce que vous fassiez partir 40 hommes du 1er de ligne, 120 du 16e, 200 du 62e, 150 du 145e. Ils formeront un bataillon de marche qui se rendra à Mayence et iront compléter les bataillons qu’ils ont à la Grande Armée. Le 32e peut aussi faire partir les 200 hommes nécessaires pour recruter le bataillon qu’il a à l’armée. Faites également partir 6 à 700 hommes du 2e régiment d’artillerie de marine" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33728).

Le 27 mai 1813, le Général de Division Grenier écrit, depuis Francfort sur le Mein, au Ministre Directeur général de la Conscription militaire, à Paris : "J’ai l’honneur de vous prévenir que je viens de donner l’ordre au nommé Agarat, soldat au 1er régiment, qui se trouvait à la suite de mon état-major par circonstance, de partir aujourd’hui de Francfort pour aller rejoindre le dépôt de son régiment.
J’ai informé le conseil d’administration du départ de ce militaire
" (Papiers du Général Paul Grenier. XX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 179 - Correspondance relative au 1er corps de l’Adige, ou 1ère lieutenance du corps de l’Italie).

Le même 27 mai 1813, le Général de Division Grenier écrit, depuis Francfort sur le Mein, au Conseil d’administration du 1er Régiment d’infanterie de ligne, à Marseille : "Pour le prévenir de l’ordre de départ donné au nommé Agarat" (Papiers du Général Paul Grenier. XX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 179 - Correspondance relative au 1er corps de l’Adige, ou 1ère lieutenance du corps de l’Italie).

Le 18 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai reçu votre lettre du 13 juin. J'approuve que le bataillon du 62e et celui du 1er de ligne qui arrivent d'Espagne, soient employés pour renforcer le corps d'observation d'Italie ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34820).

Dans son "Rapport sur les opérations du 21 au 28 juin 1813", le Général Foy raconte : "... Nous avons rallié à Tolosa le 64e régiment, un bataillon du 22e, et de forts détachements du 1er et du 34e. Le général Conchy, qui se trouvait à Tolosa porteur d'un congé pour aller en France, n'a pas voulu en profiter ; il a demandé des troupes. Je lui ai donné le commandement de celles qui arrivaient de Tolosa ...
Le 28, j'ai visité Saint-Sébastien, que j'ai trouvé en état de défense. La place n'avait presque pas de garnison; j'y ai mis le 22e et le 62e, les détachements du 1er et du 34e et tous les canonniers et officiers d'artillerie qui étaient avec moi. J'ai laissé au général Rey, gouverneur, une garnison de 2,600 bons soldats; c'est ce qu'il faut pour défendre une place contre laquelle une seule attaque est possible ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 9, p. 440).

Le 27 juillet 1813, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois l'état d'organisation de l'armée d'Espagne au 18 juillet ...
Dans l'état de situation prochain, faites-moi connaître le n° des bataillons qu'a chaque régiment. Je n'ai pas trouvé dans le dernier état le 3e de ligne, les 105e, 40e, 52e, 1er de ligne, 10e, 20e et 62e de ligne ; mais je vous dis cela de mémoire. Faites faire un travail là-dessus pour voir tout ce qui se trouve à Pampelune et à Saint-Sébastien.
Récapitulez la situation de l'armée et les corps qui seraient oubliés. Cet état devra faire connaître les compagnies et les bataillons qui sont aux régiments. Assurez le duc de Dalmatie que toutes les mesures sont prises pour compléter ses régiments
" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 2, lettre 2093 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35598).

- Corps d'Observation de la Bavière

Le 6 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, décrète : "Napoléon, Empereur des Français. Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:
TITRE PREMIER. — Corps d'observation de Bavière. Article premier. — Le corps d'observation de Bavière sera composé, comme nous l'avons ordonné par notre ordre du 4 dernier, de quatre divisions, savoir: la 51e, la 52e, la 53e et la 54e.
Art. 2. - Ces quatre divisions seront composées de la manière suivante :
54e division
Commandé par un major : 51e de ligne, 2e bataillon ; 55e de ligne, 2e bataillon.
Commandé par un major : 62e de ligne, 3e bataillon ; 1er de ligne, 3e bataillon.
Commandé par un major : 23e de ligne, 3e bataillon ; 26e de ligne, 5e bataillon.
Commandé par un major : 32e léger, 1er bataillon ; 17e léger, 3e bataillon.
Commande par un major : 1er de marine, 7e bataillon ; 2e de marine, 9e bataillon.
Total: 10 bataillons ...
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 20).

L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique, dans son article 5 consacré au 6e Corps d'Armée : "La vingtième division sera composée ainsi qu'il suit :
... Premier bataillon du 1er de ligne.
Il sera incorporé cent conscrits hollandais dans ce bataillon …
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105). La 20e Division doit être commandée par le Général Lagrange. Les Conscrit Hollandais doivent être pris sur 4 Bataillons hollandais, à raison de 150 Conscrits par Bataillon.

Le 18 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Borghèse, Gouverneur général des départements au-delà des Alpes : "Mon cousin, vous trouverez ci-joint un ordre que je viens de signer ; tenez la main à son exécution, et correspondez avec moi là-dessus.
7 600 hommes ont été dirigés également sur Alexandrie et Turin pour les 1er, 7e, 10e, 20e, 42e, 67e, 101e, 102e, 25e léger et 3e léger. Les dépôts sont dans les 27e et 28e divisions militaires ; ils doivent équiper ces hommes. Sont-ils arrivés ? Les armes sont-elles arrivées, ainsi que les habits ?
Tenez ces 7 600 hommes à la disposition du vice-roi ...
L'armée d'Italie recevra donc un renfort de 4 200 hommes affectés aux 6 régiments, 7 600 hommes affectés aux autres régiments, et 3 000 pris sur les 4 000 du 156e. Total 16 000 hommes ...
Vous verrez les divers développements de ces dispositions dans les articles 4 et 5 de mon décret.
Ainsi, la 1re division de l'armée de réserve comprendra les 12 bataillons des régiments qui sont à l'armée d'Italie ; ce qui avec le 6e bataillon du 13e de ligne, fera 13 bataillons : vous réunirez cette division à Alexandrie, Plaisance ou Turin.
La 2e division sera composée comme le porte l'article 5.
Il faut reformer les bataillons qui doivent revenir de la Grande Armée et donc il n'arrivera que peu de chose : ce sont des cadres à refaire. Le 112e se reformera à Florence, ainsi que le 6e du 35e léger. Écrivez au vice-roi pour que le dépôt du 137e revienne à Alexandrie, s'il n'y est pas déjà.
Ces bataillons formeront la 2e division.
Enfin, les 5e bataillons, comme il est dit en l'article 6, formeront la 3e division.
Sur la conscription des 300 000 hommes, j'ordonne qu'on lève en Dauphiné, en Provence et dans le Lyonnais les 30 000 conscrits nécessaires pour compléter ces trois divisions. La levée se fera dans le cours de ce mois-ci ; et il est probable que tout sera arrivé dans le courant de décembre. Ainsi en janvier, vous aurez une armée de réserve de 30 000 hommes à Turin, Alexandrie et Plaisance. Exagérez tous les nombres ; dites qu'on aura 100 000 hommes.
Correspondez avec le vice-roi et avec la grande-duchesse, et occupez-vous avec activité de ces formations ...
Je n'ai compris l'Italie française pour aucune levée ni dans les 300 000 hommes, ni dans la conscription de 1815. Dites cela aux préfets ; écrivez-le à la grande-duchesse et au général Miollis : tous les hommes qui arriveront sont des Français
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37116).

Le 19 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, je suppose que vous avez pourvu à l'habillement de la conscription des 120 000 hommes qui se lève en exécution du sénatus-consulte du 9 octobre 1813. Le sénatus-consulte du 12 novembre met 300 000 hommes à ma disposition, mon intention est d'en lever 170 000, à l'habillement desquels il faut que vous pourvoyiez. Ils seront fournis de la manière suivante : 40 000 par les départements qui envoient à l'armée des Pyrénées. Ces 40 000 hommes formeront 4 divisions, une à Bordeaux, une à Montauban, une à Toulouse et une à Montpellier. Ils seront habillés par quatre ateliers placés les uns à Bordeaux et les autres à Toulouse. Comme par le décret qui a passé aujourd'hui au Conseil d'État ces 40 000 hommes seront rendus avant le 20 novembre à leur destination, il faut établir sur-le-champ ces quatre ateliers qui fourniront chacun 10 000 habits d'ici à cette époque. Si vous préfériez que cette réunion eût lieu à Nîmes où partout ailleurs, je le laisse à votre disposition. Ces ateliers seront formés comme ceux que j'avais établis en 1808 à Bordeaux. Les 12 régiments qui ont leur dépôt dans la 11e division militaire recevront leur contingent de la conscription de 1815 et rien de la levée des 300 000 hommes. Présentez-moi un décret pour la formation de ces quatre ateliers. Il est important que dans le courant du mois de décembre, ils fournissent le nombre d'habits, de schakos, de sacs, etc., qui sera nécessaire. Cela formera une dépense de 5 à 6 millions à peu près. Il faut prendre des moyens expéditifs pour lever les difficultés et les embarras. Il est présumable que les Anglais recommenceront la campagne en février, cette saison leur étant favorable. Il faut donc que cette armée de réserve soit en état d'agir d'ici au mois de janvier. J'ai ordonné aujourd'hui la levée de 30 000 hommes sur la conscription des 300 000 dans les 7e, 8e et 19e divisions militaires. J'y ai joint les départements de l'Ain, de l'Allier et de la Haute-Saône. Ces 30 000 hommes seront dirigés sur Turin et Alexandrie. Ils formeront trois divisions ...
La 2e division sera composée :
du 6e bataillon du 1er rég. d'infanterie de ligne ...
enfin la 3e division sera répartie entre les 27e, 28e, 29e divisions militaires. Elle sera formée :
des 5es bataillons des 1er, 7e, 20e, 42e, 156e, 137e de ligne
Ces hommes seront habillés à leurs dépôts ou ailleurs. Il faut réunir des moyens pour qu'ils le soient dans les 15 premiers jours de janvier. Ces 30 000 hommes sont indépendants des 18 000 qui sont fournis par la conscription levée dans les départements situés au-delà des Alpes, et qui sont destinés à recruter l'armée d'Italie. Le reste des 300 000 hommes ne sera pas encore levé, mais il le sera plus tard. Comme cette dernière conscription sera disséminée entre les dépôts placés en deçà des Alpes, il est nécessaire que les bataillons qui doivent recevoir des hommes soient approvisionnés. Je ne sais si je vous ai écrit relativement à une disposition particulière sur la conscription des 120 000 hommes, j'ai ordonné que 11 500 fussent envoyés sur Mayence pour être répartis entre les 13e et 23e régiments etc., et les bataillons d'autres régiments qui font partie du 4e corps, mais dont les dépôts sont en Italie. Mon intention est que ces 11 500 hommes soient habillés par nous. Je suppose que ces hommes seront rendus à leur destination avant le 15 octobre, il faut que vous pourvoyiez à leur habillement, et que vous adressiez les dispositions que vous aurez prises auprès des commandants des corps qui doivent recevoir ces hommes. J'ai ordonné encore que 5 000 hommes seraient accordés au 11e corps pour être distribués dans les bataillons dont les dépôts se trouvent au-delà des Alpes. J'ai ordonné que ces hommes seraient fournis par les dépôts placés en deçà des Alpes ; il est donc nécessaire que ces dépôts aient ce qui est nécessaire pour armer les hommes destinés à aller aux bataillons du 11e ·corps à qui ils doivent appartenir. Faites-moi connaître si je puis compter sur la prompte exécution de ces ordres
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37163 - Note : La même lettre est envoyée à Clarke : minute, Archives nationales, AF IV 904, novembre 1813, n° 261).

Le 28 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre que le dépôt du 66e fasse partir 500 hommes pour rejoindre ses bataillons au 4e Corps d'armée, et que celui du 1er de ligne, qui est à Marseille, celui du 16e, qui est à Toulon, et celui du 62e, qui est à Marseille, en fassent également partir 500 hommes chacun pour rejoindre leurs bataillons au 6e corps ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37317).

Le 1er décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Le 1er de ligne qui est à Marseille enverra à Alexandrie son second bataillon complété à 800 hommes pour l'armée de réserve ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37340).

Le même 1er décembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que le cadre du 1er bataillon du 1er régiment, qui est à Marseille, soit complété à 800 hommes, et qu'aussitôt que ce bataillon aura atteint le complet, il soit dirigé sur Alexandrie, pour y faire partie de l'armée de réserve ; ce qui portera cette armée à 32 bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37343).

Le 2 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d'Italie, commandant en chef l'Armée d'Italie : "Mon fils, je reçois votre lettre du 25 novembre. Je vois avec plaisir que vous avez déjà formé vos 6es bataillons pour les 6 régiments qui sont dans le royaume d'Italie ...
Les autres régiments qui ont deux bataillons peuvent sans difficulté recevoir 700 hommes, mais vous devez remarquer que sur ces 700 hommes, 100 seront à réformer, plus de 50 seront malades ; qu'ainsi il n'en restera guère que 500 et que vous aurez à peine ce qui est nécessaire pour compléter tous vos régiments. Mais vous êtes parfaitement le maître de verser d'un bataillon dans un autre, pourvu que ce soit par un ordre du jour qui soit envoyé au ministre, et qui contienne tous les renseignements de détail nécessaires aux bureaux. Tous les régiments qui fournissent à l'armée d'Italie ont leurs cadres au-delà des Alpes, soit en Piémont, soit à Gênes ; ils ont leurs cadres de 5es bataillons complets.
Le 1er de ligne et le 7e ont à leurs dépôts leur 4e bataillon, qui doit faire partie de l'armée de réserve ...
Je vous ai destiné en outre, sur la conscription de 1815, 30 000 hommes. Il est nécessaire d'avoir des cadres pour pouvoir renfermer ces 30 000 hommes. J'approuve donc tout à fait que vous formiez autant de cadres qu'il vous sera possible. Ainsi le 9e, le 35e, le 53e, le 84e, le 82e et le 106e devant former un 6e bataillon que vous avez déjà fourni, paraissent devoir être épuisés. Cependant, si vous croyez que ces régiments puissent former un 7e bataillon, mandez-le moi, il recevrait de la conscription de 1815. Le 1er de ligne n'a qu'un bataillon à votre armée ; mais son dépôt est à Marseille : c'est un compte à part ...
Total 18 bataillons, ce qui avec les 12 bataillons des six régiments qui sont en Italie, avec le bataillon du 13e de ligne et avec le 2e bataillon du 1er régiment qui est à Marseille, dont j'ordonne l'envoi à Alexandrie, fera 32 bataillons pour l'armée de réserve ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.9, page 470 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37347).

Le 4 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le premier bataillon du 1er de ligne, qui est à Marseille, aussitôt qu'il aura été complété à 800 hommes, se rende à Alexandrie pour faire partie de l'armée de réserve.
Donnez ordre également que le 3e bataillon du 1er de ligne, aussitôt qu'il sera complété à 800 hommes, se rende de Marseille à Alexandrie ...
Ainsi, le 1er de ligne aura son 1er et son 2e bataillons à l'armée d'Italie ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37386).

Le même 4 décembre 1813, à Paris, l'Empereur est informé que : "On ordonne d'envoyer 300 hommes du dépôt des 16e et 62e de ligne à l'armée d'Italie pour y renforcer leurs bataillons de guerre et de compléter à 800 hommes le 3e bataillon du 1er de ligne à Marseille pour l'envoyer ensuite à Alexandrie où il fera partie de l'armée de réserve"; ce dernier répond : "Approuvé ces dispositions ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6272).

Sans doute le 12 décembre 1813, Eugène Napoléon écrit : "Illasi est attaquée vigoureusement. Bonfanti paraît avec le reste de la garde et du 1er de ligne ne pas pouvoir défendre ce poste. Je lui envoie le 52e régiment. On dit que l’ennemi est fort de 4 à 5000 hommes et il a plusieurs colonnes dans la montagne. Il est urgent que vous dirigiez deux ou trois bataillons de Colognola sur Illasi en suivant la crête avec ordre de suivre le mouvement et de lier avec le 52e" (Papiers du Général Paul Grenier. X. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 26 page 63).

Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ...
Je ne parle pas du 1er de ligne ni du 62e, parce qu'ils sont destinés pour Alexandrie et le corps de réserve d'Italie ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).

Le 21 décembre 1813, l'Empereur depuis Paris ordonne : "Le 6e corps d’armée, commandé par le maréchal duc de Raguse, sera formé en quatre divisions, savoir :
... 3e division, général Lagrange : 16e léger, deux bataillons; 28e, eux; 144e de ligne, deux; 145e, un; 1er, un; 14e, un; 15e, trois; 6e, un; 62e, deux; 70e, deux; total, dix-sept bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).

Le même 21 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Il résulte du travail que vous m'avez remis le 19 décembre, sur la formation de la Grande Armée, qu'il manquerait 11,100 hommes pour compléter tout ce que j'ai demandé, savoir : 1200 au 1er ...
Il faudra se procurer ces 11,100 hommes sur l'appel des 300,00 hommes à faire dans les départements du Mont-Tonnerre et de la Sarre et dans les départements de l'Ouest où cet appel n'a pas encore eu lieu.
Faites-moi connaître les levées que l'on pourrait faire dans ces départements sur les 300,000 hommes. Il faudra employer les premiers hommes qu'on lèvera à combler ce déficit
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21025 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37624).

Toujours le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je viens d'examiner le tableau de l'infanterie qui est joint à votre travail du 19 décembre ...
... Le 6e corps sera formé en 3 divisions :
... 2e division, de : 2 bataillons du 9e léger ; 2 bataillons du 16e ; 1 bataillon du 1er de ligne ; 1 bataillon du 14e ; 3 bataillons du 15e ; 1 bataillon du 16e ; 1 bataillons du 62e ; 3 bataillons du 70e ; 5 bataillons du 121e ; 18 bataillons ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37628).

Le 25 décembre 1813, le Major général écrit, depuis Paris, au Maréchal Marmont : "L'Empereur vient d'arrêter, monsieur le duc, une nouvelle organisation pour le sixième corps d'armée. L'intention de Sa Majesté est que vous le fassiez former de suite en trois divisions au lieu de deux, conformément à l'état ci-joint. Faites procéder à cette opération.
En conséquence, vous retirerez de la division Ricard, qui est votre première division, les bataillons des 9e et 16e léger, pour les réunir à votre deuxième division, dont ils doivent désormais faire partie. Ces bataillons formeront la deuxième division avec ceux des 1er, 14e, 15e, 16e, 62e, 70e et 121e régiments de la division actuelle du général Lagrange. La troisième division se trouvera formée des bataillons restants de la division actuelle du général Lagrange, savoir des bataillons des 23e et 37e léger, 1er, 3e et 4e régiments de marine. Vous verrez, par l'état ci-joint, que, pour compléter l'organisation du sixième corps, vous avez à recevoir vingt- deux bataillons, qui sont maintenant en formation dans leurs dépôts. A mesure que ces bataillons seront en état, le ministre de la guerre les fera partir pour vous rejoindre ...
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 100).

Vers la fin du mois, les troupes italiennes qui étaient en Espagne étant rentrées et les divers corps de l'armée ayant reçu un assez grand nombre de conscrits, armés, habillés, équipés, et assez bien instruits au dépôt d'Alexandrie, le Prince Vice-Roi réorganise son armée en 6 Divisions de la manière suivante :
... DEUXIÈME LIEUTENANCE. - Le Général VERDIER.
... TROISIÈME DIVISION. - Général Fressinet. Adjudant-commandant, Montfalcon, 25e Demi-brigade provisoire, 1er de Ligne, 1 Bataillon ; 16e de Ligne, 1 Bataillon ; 62e de Ligne, 2 Bataillons ; 42e de Ligne, 2 Bataillons. Général de Brigade, Pegot, 7e de Ligne, 1 Bataillon ; 53e de ligne, 3 Bataillons. Force, 5,529 hommes, et 8 bouches à feu (Mémoires du Prince Eugène, t.9, page 441).

1814 aux Armées des Pyrénées, de Lyon, et d'Italie

/ Campagne de France (1814)

Le 18 janvier 1814, à Paris, l'Empereur dicte les notes suivantes : "1° Le 64e est à Besançon ; il ne faut donc pas y compter.
2° Les 1er et 62e de ligne ont deux bataillons dans le Midi, à Toulouse et Marseille ; ces deux bataillons sont destinés pour l'armée d'Alexandrie, mais on pourrait les destiner pour la réserve de Lyon. Si Lyon est occupé par l'ennemi, il faut désigner le point où la réserve doit se réunir. Serait-ce à Grenoble, à Chambéry ou à Vienne, flanquant ainsi Genève, couvrant Grenoble et Avignon, et menaçant Genève et Lyon ? Il faudrait alors que les généraux se tinssent à Chambéry et à Vienne, et qu'une division fût placée sur la route de Lyon à Paris ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21114 - Note : 1er et 4e Bataillons du 62e).

/ Première Restauration : le Premier Régiment d'Infanterie ou Régiment du Roi.

Devenu 1er Régiment d'Infanterie de Ligne (Régiment du Roi) par Ordonnance du 12 mai 1814.

Le 1er juin 1814, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre, à Paris : "Je n’ai reçu que le 27 mai la lettre de V. E. en date du 21 relative aux ordres qu’Elle a donnés directement aux généraux commandant à Embrun et à Valence, pour le départ des bataillons du 1er de ligne et 1er d’infanterie légère. J’ai donné les avis nécessaires pour la prompte exécution de ces ordres qui éprouveront néanmoins quelques retards, puisque la lettre de V. E. ne sera arrivée à Briançon ou Embrun que du 26 au 27, quoique le mouvement de ces troupes dût commencer le 26 ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 94 page 201).

D'après un "Bordereau des corps et détachements de l’armée d’Italie pour servir à la répartition définitive du résidu des fonds provenant de la gratification accordée par S. A. I. le Prince Eugène, calculée à raison d’environ 10 jours de solde pour chaque grade, et pour les hommes présents seulement, d’après les états adressés par les corps ; cette répartition est faite conformément aux intentions de son excellence le comte Grenier", il est prévu pour le 2e Bataillon du 1er de Ligne :

Présents sous les armes
Somme revenant à chaque corps pour
Total
Somme restant à payer
Officiers
Sous-officiers et soldats
Officiers
Sous-officiers et soldats
     
1079
1079
1079

Ce tableau a été certifié par le Chevalier de Saint-Charles, Inspecteur aux Revues de l’Armée d’Italie, à Manosque, le 20 juin 1814 (Papiers du Général Paul Grenier. X. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 133 page 278).

Le Régiment reçoit alors en incorporation les 4e et 5e Bataillons du 135e Régiment de Ligne, lequel avait été organisé le 12 janvier 1813 avec la 1ère Cohorte du 1er Ban, la 8e Cohorte du 1er Ban, la 9e Cohorte du 1er Ban et la 11e Cohorte du 1er Ban, elles mêmes formées en exécution du Décret du 13 mars 1812 d'une partie des Gardes nationales des départements de la Seine (1ère Cohorte), de l'Aisne (8e Cohorte), d'Eure-et-Loir et du Loiret (9e Cohorte) et de Seine-et-Marne (11e Cohorte).

Le 28 juillet 1814, le Général de Division Grenier écrit au Préfet maritime, à Toulon : "J’ai l’honneur de vous prévenir qu’en exécution de l’ordonnance du Roi, en date du 12 mai, sur l’organisation de l’infanterie qui « prescrit de rendre au département de la marine tous les officiers qui ont passé de ce service à l’armée de terre », j’ai donné l’ordre à MM. Roux Jacques, Semian Jacques, Dubois François, tous les trois sous-lieutenants au 16e régiment de ligne, et Birtholli (Tropez) sous-lieutenant au 1er régiment de la même arme (ce dernier se trouve en ce moment à l’hôpital à Toulon), de se rendre près de vous pour être à votre disposition et recevoir vos ordres" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 30 page 71).

Le 31 juillet 1814, le Général de Division Grenier écrit au Préfet maritime, à Toulon : "J’ai reçu la lettre que vous avez bien voulu m’écrire le 29 du courant. Les quatre sous-lieutenants Roux, Semian, Dubois et Bertholle, que je vous ai prévenu avoir mis à votre disposition comme provenant du service maritime et ne pouvant concourir à l’organisation de l’armée de terre, sont porteurs de lettres qui attestent leurs services dans la marine, et qu’ils devront vous présenter. Les trois premiers servaient dans le 16e régiment de ligne et le Sr Bertholle dans le 1er régiment de la même arme ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 30 page 72).

Vers le 1er août 1814, le Corps d'armée du Général comte Maison, Gouverneur de Paris et commandant de la 1re Division militaire, comprend deux Divisions d'infanterie, aux ordres des Généraux Ledru des Essarts et Claparède. La Division des Essarts se compose des deux Brigades Fézensac (1er et 2e Régiments de ligne) et Conchi (1er et 2e Régiments d'infanterie légère) (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 157).

Le 3 août 1814, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre, Bureau de l’Inspection : "J’ai l’honneur d’adresser à V. E. un état que j’ai dressé suivant le modèle B. de l’instruction du 25 mai, pour un officier du 1er Régiment de ligne (le Sr Tropez-Bertholle, sous-lieutenant) qui se trouvait à l’hôpital de Toulon.
Cet officier ayant autrefois appartenu au service de mer, y a été envoyé, par mes ordres, autant pour éviter à l’état les frais d’indemnités de route auxquels il avait droit pour rejoindre son corps, que pour lui épargner des fatigues inutiles puisqu’il ne pouvait plus y arriver à temps pour concourir à la nouvelle organisation
" (Papiers du Général Paul Grenier. XXII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 32 page 76).

23 août 1814. Louis - Jean- Baptiste CORNEBISE , chevalier , maréchal de camp, le 23 août 1814 (Le Spectateur Militaire).

Fin mars 1815, un "Projet de répartition des militaires l'appelés aux drapeaux en sept dépôts généraux où ils seraient armés, habillés et instruits. Fin mars 1815". Le 1er de Ligne fait partie de la 1ère Division militaire; il doit être fourni par le Département du Loiret, et son Dépôt doit être établi à Versailles (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2972).

Le 8 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je vous envoie le tableau que j'ai rédigé pour la répartition des militaires rappelés. Vous y verrez que j'appelle dans la 1re division tous les hommes de 31 départements. Il y a aujourd'hui à Paris 8 régiments. Je fais venir 4 dépôts de la 8e et 4 de la seconde et de la 5e.
Il y aura donc 16 dépôts à Paris, auxquels 31 départements fourniront, ce qui fera près de 2 départements par dépôt ; mais la Jeune Garde ayant 12 régiments à compléter, tous ces hommes seront nécessaires. Pour tout le reste, j'envoie les hommes en droite ligne à un dépôt voisin. J'ai même pour principe de faire passer les hommes d'un département, dans un autre de la même division. Vous pourrez placer dans des villes voisines de Paris, les 8 dépôts qui doivent arriver. Il faut que ces régiments, avec leur dépôt, fassent partir les 3e, 4e, et 5e bataillons. On peut donc avoir de quoi compléter ici 2 bataillons par régiment ou 32 bataillons, ce qui fera une réserve.
Je fais venir ici tous les hommes de la Provence. Quelque inconvénient qu'il puisse y avoir, je pense que ce déplacement est nécessaire. Si nous venons à nous apercevoir qu'un département ne puisse pas fournir à 2 ou 3 régiments, comme il est porté au tableau, nous verrons à faire venir à Paris un de ces régiments.
II faut mettre un inspecteur à la tête des 16 dépôts de Paris. Donnez à chacun de ces régiments ce qui est nécessaire pour habiller 1 000 hommes et en outre, faire un marché pour avoir à Paris un magasin de 20 000 habillements complets ...
Annexe
Répartition des militaires rappelées aux drapeaux
Dépôt garnison
1er dépôt général de Versailles
1ère division militaire
... Loiret : 1er de ligne à Paris ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39235).

Le 3 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Général Mouton, commandant le 6e Corps de l’Armée du Nord : "… Faites-moi connaitre quand je pourrai voir le 4e bataillon du 2e de ligne, fort de 500 hommes ; 2 compagnies du 1er régiment, fortes de 200 ; 2 compagnies du 64e, fortes de 200 hommes ; 2 compagnies du 68e, fortes de 200 hommes ; le 4e bataillon du 1er léger, fort de 300 hommes ; le 2e du 2e, fort de 300 hommes ; le 4e, fort de 3 à 400 hommes …" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39523).

Le 5 mai 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, faites donner :
Au 1er de ligne : 160 habits, 40 vestes, 80 capotes, 200 chemises, et 100 sacs de peau, afin que la moitié du 4e bataillon puisse partir ...
Enfin, faites donner tout ce qui est nécessaire pour qu’au 10 mai, il puisse partir des dépôts de la 1ère division 3000 hommes pour renforcer l’armée ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39534).

Le 21 mai 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Général Mouton, commandant le 6e Corps de l’Armée du Nord : "Faites-moi connaître combien les 1er, 2e, 3e, 14e, 29e, 33e, 40e, 69e, 70e de ligne, 1er, 2e, 4e léger, 3e étranger pourront faire partir d'hommes le 28 mai pour renforcer les bataillons de guerre ... ? ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39733).

1815 au 2e Corps d'armée. Colonel : 21 juin 1815 . JACQUEMET Michel , retraité , le 16 février 1816 .

Le 1er Régiment d'Infanterie de ligne est licencié par les Ordonnances des 23 mars et 16 juillet 1815.

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