Le 79e Régiment d'Infanterie de ligne

1796-1815

Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et soldats du 9e de Ligne

Avertissement et remerciements : Cet article nous a été inspiré par les recherches de notre ami Laurent Delenne, sur les Conscrits des Deux-Sèvres, dont beaucoup ont servi au sein du 79e Régiment d'infanterie de ligne. Ce Régiment a fait l'objet d'un Historique régimentaire, "HISTORIQUE DU 79e RÉGIMENT D'INFANTERIE", par le Capitaine CLERC, paru chez BERGER-LEVRAU en 1896. Nous le complèteront ici grâce à nos propres recherches.

/ Régiment de Boulonnais, futur 79e Régiment d'infanterie

Le N°79 des Régiments d'infanterie a initialement été porté par le Régiment de Boulonnois (Boulonnais), 81e régiment en 1789, 79e régiment en 1791.

Le Régiment de Boulonnais a été créé le 5 septembre 1684. Un manuscrit contenant l'état des services des Officiers de Boulonnais en novembre 1705 nous donne un renseignement précis sur l'origine du Régiment; nous y trouvons en effet : "Castagnet, major, âgé de 57 ans, natif de Condom, sert depuis 41 ans. Sous-lieutenant au mois d'octobre 1671 dans le régiment d'Anjou, capitaine dans le régiment de Champagne au mois d'octobre 1677, et à la prise de Nimègue, le bataillon fut dispersé et de Castagniet a passé dans celui de Villeneuve du régiment de Champagne, du même régiment duquel bataillon on a fait le régiment de Boulonnais". C'est donc le Bataillon de Villeneuve, du Régiment de Champagne, qui a servi de noyau au Régiment de Boulonnais.

- Le Régiment de Boulonnais de 1684 à 1715.

Le Régiment de Boulonnais n'a qu'un Bataillon de 1684 à 1701, époque à laquelle il est complété par l'incorporation des hommes du Régiment de Villefort, ce qui permet de le porter à deux Bataillons.

L'Etat-major se compose d'un Colonel, un Lieutenant-colonel, un Major, un Aide-major, un Maréchal des logis, un Aumônier; un Tambour-major, un Prévôt, un Lieutenant de Prévôt; un Greffier, un Chirurgien, un Commissaire à la conduite, de plusieurs Archers et d'un Exécuteur. L'effectif du Corps est alors de 55 Officiers et 800 hommes.

L'uniforme du Corps. - Habit et culotte gris blancs; doublure, parements, veste et bas bleus de Roy ; boutons unis de cuivre à coquille ; pattes des poches en rond avec huit boutons à chacune; chapeau bordé d'argent faux sur fil.

Drapeau. - Croix blanche, quatre cantons verts à la bande en diagonale moitié violet, moitié isabelle.

Voici les états de service du Colonel du Régiment de Boulonnais, empruntés au Manuscrit de 1705, dont nous avons déjà parlé : "Monsieur le marquis de Crécy, colonel,âgé de 2l ans, natif de Paris, sert depuis six ans dont un an aux mousquetaires, deux ans de capitaine et trois de colonel. Il est entré au service en 1699 en qualité de mousquetaire et a esté fait capitaine de cavalerie dans le régiment du Châtelet et colonel en 1702. Il s'est trouvé à la bataille de Hoschtet où il a esté fait prisonnier".

Le Colonel porte l'épée et est armé d'un esponton long de 7 pieds et demi à 8 pieds.

Les emplois de Lieutenant-colonel et de Major ne s'achêtent pas; le Roi se les est réservés et les donne en récompense aux officiers pauvres appartenant à la petite noblesse de province qui s'est distingués à la guerre. Le Lieutenant-colonel est un homme âgé, ayant trente à quarante ans de service ; il commande le Régiment pendant les absences du Colonel, c'est-à-dire qu'il en est le véritable chef. Cet Officier, à la guerre, commande spécialement le 1er Bataillon ; la 2e Compagnie de ce Bataillon lui appartient. Elle a un drapeau d'ordonnance porté, comme le drapeau du Colonel, par un jeune gentilhomme appelé le deuxième Enseigne.

Voici les états de service du Lieutenant-colonel en 1705 : "Monsieur Demilleraye, lieutenant-colonel, aagé de 57 ans. Entré au service en 1667 en qualité de cadet dans le régiment Royal-Roussillon ; lieutenant en 1669 ; capitaine-major du régiment de Boulonnais à sa création en 1684.
Il a esté fait lieutenant-colonel en 1692.
Il s'est trouvé à la prise d'Epinal et Châtel-sur-Moselle, a été assiégé dans Dinan, estait aux sièges de Condé, Valencienne, Cambray, Saint-Omer, Saint-Guillain, Bouillon, Hitenberg, Gand, Thinfeld, le fort de Kehl, d'Ath, d'Hidelberg et à la bataille de Hoschtedt, où il a esté fait prisonnier
".

Le Bataillon se compose de 13 Compagnies, dont une de Grenadiers. Il est commandé par le plus ancien Capitaine, qui garde néanmoins sa Compagnie et n'est pas le supérieur en grade des autres Capitaines. A la guerre, le commandement du 1er Bataillon appartient au Lieutenant-colonel, qui est le plus ancien Capitaine du Régiment.

La 1ère Compagnie du 1er Bataillon porte le nom de Compagnie colonelle; la 2e Compagnie du même Bataillon est la Compagnie Lieutenant-colonelle.

Dans chaque Bataillon il y a trois drapeaux. Au 1er Bataillon le drapeau colonel est porté par un gentilhomme ayant rang de Capitaine. "Latour, capitaine, enseigne-colonelle, âgé de 20 ans, natif de Condom, sert depuis quatre ans dont un en qualité de cadet, quinze mois de sous-lieutenant et neuf mois de capitaine".

Le drapeau colonel marche avec la 1ère Compagnie. Le 2e drapeau est également porté par un gentilhomme ; il marche avec la 2e Compagnie du 1er Bataillon; c'est un drapeau d'ordonnance. "Des Isleu, capitaine, 38 ans, enseigne de la lieutenant-colonelle".

Le troisième drapeau est d'ordonnance et porté par un Sous-lieutenant, ancien Sergent ayant conquis son titre d'Officier sur le champ de bataille.

Le 2e Bataillon de Boulonnais a trois drapeaux d'ordonnance égaiement portés par d'anciens Sergents devenus Officiers à la suite d'une action d'éclat.

La Compagnie se compose de : un bas Officier, deux Sergents, trois Caporaux, un Tambour, un Fifre et 38 homnes dont 4 Anspessades. Quatre hommes par Compagnie ont des fusils à pierre, 12 sont armés de piques, le reste de mousquets. La Compagnie est commandée par un Capitaine ayant sous ses ordres un Lieutenant et un Sous-lieutenant.

Le Capitaine achète sa Compagnie 12,000 à 15,000 livres; il doit recruter, habiller, nourrir, armer, instruire, exercer ses hommes et les conduire au combat. Un homme tué à la guerre, un déaerteur, un prisonnier, c'est une perte d'argent pour le Capitaine. Aussi, après une campagne, n'y a-t'il aucune exagération dans les plaintes de ceux d'entre eux qui se déclarent ruinés au service du Roi.

L'âge des Capitaines varie avec leur origine ; le gentilhomme pauvre qui ne peut acheter un Régiment reste longtemps dans ce grade; le riche protégé ne fait qu'y passer. En 1705, nous trouvons sur 26 Capitaines du Régiment de Boulonnais : 1 Capitaine-major âgé de 57 ans ; 1 Capitaine de Grenadiers de 47 ans ; 4 autres Capitaines de 40 à 50 ans ; 6 âgés de 30 à 40 ans ; 13 de 20à 30 ans ; 1 de 19 ans. "Le chevalier de Saint-André, âgé de 19 ans, natif de Florac en Gévaudan, sert depuis 4 ans dont un an de cadet, un an de sous-lieutenant, un an trois mois de lieutenant et neuf mois de capitaine". Le Capitaine touche 75 livres par mois.

On trouve aussi parmi les Capitaines quelques aventuriers comme le Capitaine Dumenil, âgé de 43 ans, qui a été fait capitaine par le roi d'Angleterre, pour lequel il a servi en Irlande en qualité de volontaire. Les notes de l'Inspecteur général nous donnent les renseignements suivants sur ce personnage : "C'est un aventurier dangereux; qui a discontinué le service pendant 4 ans, son père étant mort".

La majeure partie des Lieutenants et Sous-lieutenants est composée de jeunes gentilshommes qui n'ont pas les moyens d'acheter une Compagnie. Quelques autres proviennent des Sergents : ils ont été nommés par le Roi à la suite de quelque action d'éclat. Tel est le lieutenant Grèce, qui a comme notes particulières : "Soldat de fortune, bon officier, brave, fait officier par distinction". L'âge des Lieutenants est tres variable; on y trouve de vieux Officiers qui ne peuvent aspirer qu'à une Lieutenance de Grenadiers et de tout jeunes gentilshommes comme le lieutenant Lamorrie, âgé de 14 ans, qui sert depuis quatre ans, dont trois ans trois mois de Cadet et neuf mois de Sous-lieutenant. Le Lieutenant touche 30 livres par mois, l'Enseigne 22 livres 10 sols. Tous les Officien ont l'épée et sont armés de l'esponton. On peut arriver Officier en sortant d'une école de Cadets, des Pages du Roi ou d'un grand seigneur, enfin de la cllasse des Sergents.

Louvois crée, en 1682, 9 Compagnies spéciales de Cadets qui sont inatruites dans les places fortes. Les élèves connaissent fort peu de choses ; plusieurs ne savent ni lire ni écrire. A l'école "On n'était sévère que pour l'exercice du mousquet; on enseignait aussi le maniement de la pique et le tir à blanc ; on apprenait à saluer de bonne grâce de l'esponton soit de pied ferme, soit en marchant. Pour les autres exercices, on était libre de les prendre ou de les laisser".

En sortant des Pages dn Roi, on peut obtenir une Compagnie. Les pages se soucient encore moins de l'orthographe que les cadets; l'un d'eux écrit au commencement du règne de Louis XV : "Vous mavais sovais mon oneur qui mes cher".

Les places dévolues aux Sous-officiers sont très peu nombreuses ; une action d'éclat extraordinaire et faite sous les yeux d'un chef influent est néceasaire pour obtenir une telle faveur.

Les Sous-officiers, sous l'ancien Régime, sont le véritable nerf de l'armée. Ces modestes Sergents qui, à de très rares exceptions près, ne peuvent aspirer à l'épaulette, suppléent, dans le service journalier, les Officiers presque toujours absents ou à la recherche du plaisir. Les Sous-officiers appartiennent tous à la classe des artisans ou des laboureurs; ils sont heureux de leur position qui les relève aux yeux du peuple. Habillés avec élégance, ne manquant pas de fierté, ils ressemblent aux gentilshommes et mènent plus joyeuse vie que s'ils étaient restés chez eux. Enfin leur bonne mine leur donne un certain prestige auprès du beau sexe. La nomination des Sous-officiers est faite par les Capitaines ; il n'y a aucun contrôle, leur choix est livré à l'arbitraire le plus complet.

Les manches de leurs habits sont en bottes, garnies sur les parements de trois agréments ou d'un large bordé d'argent fin; le chapeau est galonné d'argent. Les Officiers et les Sous-officiers portent sur l'épaule gauche une touffe de rubans (l'origine des épaulettes) aux couleurs de la cocarde. Le Sous-officier est armé d'une hallebarde longue de 6 pieds et demi y compris le fer; il porte l'épée; la solde est fixée à 10 sols par jour.

Les Caporaux se distinguent par les parements des manches qui portent trois agréments en laine. Les Anspesaades sont les quatre plus anciens soldats de la Compagnie; ils portent un galon de laine qui borde le parement de la manche. Les Caporaux touchent 7 sols; les Anspessades 6 sols par jour.

Lorsqu'un Officier part en congé de semestre, il doit ramener au Corps deux recrues qu'il fait dans son pays. Les Régiments ont aussi des Officiers et des Sergents dont la seule occupation est de leur chercher des hommes. Ils vont de village en village, les uns avec des violons, les autres avec des tambours. "Dans les jours de fête, dans les foire, un vieux sergent de quelque régiment arrivait, avec sa moustache bien relevée, son uniforme brillant, sa tenue toute martiale. Il s'installait dans un cabaret, racontait aux jeunes gens du village les merveilles de la vie des camps, vie pleine d'aventures joyeuses, de belles jeunes filles enlevées, de villes conquises, de batailles gagnées, de bruit, de fanfares, de coups de canon ... Puis, après force libation, après force chansons de guerre et quand l'auditoire était séduit par cette brillante perspective, enivré par les douces illusions de plaisir et de gloire, l'habile sergent profitait de cet enthousiasme pour enrôler des soldats à Sa Majesté le roi de France".

Voilà comment les choses se passent quand le racoleur est honnête; mais combien d'autres n'hésitent pas à se servir de la violence. "En 1635, il y avait plusieurs soldats et même deux gardes du corps qui, dans Paris et sur les chemins voisins, prenaient par force des gens qu'ils croyaient être en état de servir et les menaient dans des maisons qu'ils avaient pour cela dans Paris, où ils les enfermaient et ensuite les vendaient malgré eux aux officiers qui faisaient des recrues ; ces maisons a'appelaient des fours. On prétend qu'il y avait vingt-huit de ces fours-là dans Paris"

Quelques racoleurs se servent d'affiches où ils font savoir à la belle jeunesse que le régiment où elle s'engage est dans un pays où le sexe est très beau. Un bas Officier qui racolle pour le Régiment d'artillerie de La Fère affirme même que dans son Régiment, "L'on y danse trois fois la semaine, on y joue aux battoirs deux fois et le reste du temps est employé à faire dea armes. Les plaisirs y règnent et tous les soldats ont la haute paye". Il n'y a donc rien d'étonnant qu'avec un pareil mode de recrutement, les déserteurs soient si nombreux sous l'ancienne monarchie.

Le minimum de taille est 5 pieds 3 pouces (1m70) en temps de paix, et 5 pieds 2 pouces (1,674) en temps de guerre. Il n'y a pas de limite d'âge; l'engagement ne doit pas être inférieur à quatre ans. Une fois son engagement signé, l'homme de recrue est conduit par étapes jusqu'au lieu de garnison du Régiment, souvent fort éloigné de son pays natal.

En arrivant à sa Compagnie, l'homme de recrue reçoit un nom de guerre ; ce surnom prend une grande importance, car l'homme n'est jamais appelé par son nom de famille. Sur les registres matricules du Régiment de Boulonnais, on trouve : "Robinet, dit Vadeboncoeur; Nolot, dit La Tulipe ; Liguat, dit Beausoleil ; Lepage, dit Sansfaçon; Potier, dit Fleurdamour ; Boeule, dit Jolicoeur".

Le soldat porte un grand habit de drap gris blanc, une veste à deux rangs de boutons, qui croise sur la poitrine; une culotte blanche, des bas bleus; un chapeau en feutre noir appelé lampion, à bords retroussés, galonné de blanc et orné de la cocarde noire; des souliers à boucle. Le Tambour porte un babit de la couleur de livrée du Colonel ; ses ceinturons et colliers sont en buffle et couverts de galons de livrée, la caisse est en bois peint portant les armes du Colonel. Le Tambour n'a d'autre arme que l'épée.

Les Grenadiers sont armés du fusil, d'un sabre d'abatis de 31 pouces de lame; ils portent une poche en cuir de vache souple appelée grenadière où ils mettent douze à qninze grenades qu'ils lancent à la main. Ils sont munis de haches légères pour couper les palissades et s'en servir à l'attaque du chemin couvert.

Les Mousquetaires et les Fusiliers sont armés du mousquet ou du fusil à pierre et d'une épée à deux tranchants; ils portent un ceinturon en buffle, avec un fourreau de baïonnette et un porte-épée placé obliquement. A un baudrier de cuir de vache pendent des tubes en bois contenant chacun une chargu de poudre. Tous portent la giberne et une poire à poudre d'amorce dont la charge est de calibre à tirer 30 coups d'une livre de poudre. Cette poire est portée par un cordon en bandoulière de gauche à droite. Le mousquet porte à 150 toises (292 mètres); le fusil est de même longueur et de même calibre que le mousquet : 5 pieds de long (1,62).

Les piquiers sont armés d'une pique de 15 pieds de long (4m86); ils portent l'épée et la giberne.

Chaque soldat a 5 sols de solde par jour. "En 1727, uno chambrée de 7 personnes, y compris le caporal qui avait 7 sous par jour et l'anspessade qui en recevait 6, devait toucber 2 livres 1 sou de solde; 17 sous 6 deniers en étaient retranchés pour le pain, le 1inge et les chaussures ; 24 sous étaient disponibles pour la cuisine : le compte en était établi de la sorte :
Une demi-livre de viande par homme ... 10. s. 6 d.
Une demi-livre de pain de soupe outre le pain de munition ... 3 6
Légumes et sel ... 3
Total ... 17 sols.
Il restait sept sous pour la boisson et le tabac de sept hommes pendant 5 jours. Si le soldat recevait une lettre, où trouvait-il l'argent nécessaire pour en payer le port qui s'élevait parfois à 20 sous sans compter le supplément d'un sou pour le facteur du régiment
" (Barbeau : La vie militaire sous l'ancien régime).

Les soldats mangent avec des cuillères en fer dans une gamelle de terre ou de bois qui sert pour sept ou cinq d'entre eux. Dana les chambrées, ils couchent par trois dana un lit.

On apprend aux Piquiers à croiser leurs armes et à en présenter la pointe à la cavalerie; au premier rang ils ont la pique dans la main gauche, le pied droit en arrière, l'extrémité du bois de la pique contre le pied; de la main droite ils tiennent l'épée.

Les Mousquetaires et Fusiliers apprennent à charger leurs armes de pied ferme et en marchant. Tout le monde marche l'arme sur l'épaule gauche.

Chaque Compagnie forme un carré plein de 8 à 10 hommes de côté; les Compagnies conservent entre elles un intervalle égal à leur front. En ligne la Compagnie se forme sur quatre rangs, les Piquiers réunis au centre de la Compagnie et détachant quelques hommes pour former chaque aile.

Créé en 1684, le Régiment de Boulonnais reste dans les garnisons jusqu'en 1690, époque à laquelle il est appelé en Allemagne.

- Bataille de la Marsaille. - En 1693, il passe à l'armée de Catinat, en Piémont, et combat bravement à la Marsaille; son Colonel, le Marquis de Vibraye, est fait Brigadier le 28 avril 1694, pour sa brillante conduite dana cette affaire. En 1695, Boulonnais revient sur le Rhin ; en 1696 il sert à l'armée de la Meuse eL l'année suivante il prend part au siège d'Ath.

Porté à deux bataillons le 1er février 1701, le Régiment occupe la ville de Bruges pour le nouveau Roi d'Espagne.

- Bataille de Nimégue. - En 1702, il contribue à la défaite des Hollandais à la balaille de Nimègue, après laquelle son Colonel eat nommé Maréchal de camp en récompense de ses brillants services. Le 2e Bataillon de Boulonnais est alors destiné à l'armée du Rhin et se rend en Alsace; le 10 mars, dix Compagnies de ce Bataillon sont à Belfort, trois Compagnies à Landskrone. A la même époque, M. le Marquis de Bedmar rejoint M. de Lamothe à Heede, près d'Ardenbourg, avec des troupes dont fait partie le 1er Bataillon de Boulonnais embrigadé avec Charolais et Sillery ; il es campé à Heede le 13 juin 1702. En juillet, le 1er Bataillon est au camp sous Bruges, il le quitte en août pour prendre part au siège d'Hulst sous les ordres de M. de Bedmar qui échoue et se retire le 2 septembre ; le 30 novembre, le 1er Bataillon prend ses quartiers d'hiver à Charlemont et Givet.

- Combat d'Eeckeren. - En 1703 il combat à Eeckeren et le 10 septembre fait partie des troupes qui sont détachées de l'armée de Flandre pour aller sur la Moselle avec M. de Pracontal, qui est cbargé d'observer le Corps du Prince de Hesse-Cassel. Au mois d'octobre M. de Pracontal est dans le Luxembourg; vers le 1er novembre il reçoit l'ordre de rejoindre l'armée du Rhin placée sous lea ordres du Maréchal de Tallard. Parti de ses cantonnements entre Arlon et Luxemhourg, le 6 novembre, il passe la Moselle le 6, arrive le 10 à Sarrelouis et, le 15, ahandonnant son infanterie, M. de Pracental rejoint Tallard avec sa sa cavalerie seulement; il arrive trop tard pour particper efficacement à la bataille de Spire et à la capitulation de Landau.

C'est alors que le 1er Bataillon de Boulonnais retrouve son second bataillon, qui faisait partie depuis le 6 juin des troupes du Maréchal de Tallard.

Le 14 août, le 2e Bataillon de Boulonnais sort de Strasbourg pour se rendre devant Brisach, escortant 2,000 chariots de munitions. Il a servi au siège de cette place et, après la capiLulalion, le 6 septembre, y a été mis en garnison.

- Bataille de Hochstedt (13 août 1704). - En 1704 le Régiment de Boulonnais fait la campagne de Bavière sous les ordres du Maréchal de Tallard; il fait Brigade avec Royal. Le 13 août, il prend part à la bataille d'Hochstedt, qui est un véritahle désastre pour l'armée française.

"La cavalerie de M. le maréchal de Tallard ayant été repoussée et jetée dans Hochstedt, l'infanterie n'étant plus soutenue, vingt-sept bataillons et quatre régiments de dragons que le maréchal avait établit dans le village retranché de Blindheim, se trouvant coupés et investis par les ennemis, prirent le parti de capituler et de se rendre prisonniers de guerre. Le maréchal de Tallard ayant été fait prisonnier dans le temps qu'il allait au village pour les en retirer, le reste de l'infanterie de son armée qui joignait le dit village, se trouvant abandonné de sa cavalerie, fut entièrement accablé" (lettre de M. le maréchal de Marchain à M. de Chevillard, Du camp, près d'Ulm, 15 août 1704).

Le 1er Bataillon de Boulonnais, le Colonel, 10 Capitaines, 9 Lieutenants, 10 Sous-lieutenants et 308 soldats sont faits prisonniers.

Le 2e Bataillon parvient à s'échapper; à son retour en France il est cantonné dans la Lorrraine et, en 1705, fait la campagne sur la Moselle.

En 1706, Boulonnais est reformé à deux Bataillon; il débute sur le Rhin et, au mois de mai, passe en Flandre avec le maréchal de Marchain; il y arrive quelques jours aprèa la bataille de Ramillies.

En 1708, il fait partie des troupes destinées à s'embarquer sur la flotte du chevalier de Forbin, pour aller, avec le prétendant d'Angleterre, tenter la fortune en Ecosse. Le Régiment est même embarqué à Dunkerque, mais cette expédition ayant reçu contre-ordre, il rallia l'armée de Flandre.

Le 11 juillet, Boulonnais prend part au combat d'Oudenarde contre Marlborough ; après l'action, il bat en retraite sur Lille. Le 3 août l708, la Brigade de Picardie dont fait partie le Régiment de Boulonnais était ainsi composée :
Général Montbazon
Picardie ... 3 Bataillons
Boulonnnais ... 2
O'Brien ... 1
Total ... 6 Bataillons.

Le 17 septembre, Boulonnais entre dans la composition du Corps particulier placé sous le commandement du Comte de La Mothe, qui est chargé de faire une diversion dans la Flandre maritime; il combat le 30 à Wynendale, où l'infanterie se comporte assez mal : "Au lieu de charger avee la baionnette, suivant l'ordre qu'elle en avait, elle tira ; elle le fit même trop tôt, et à peine eut-elle fait une décharge, pour ainsi dire en l'air, qu'elle se jeta de droite et de gauche dans les bois. On ne put en rallier qu'une partie pour seconder la cavalerie et les dragons qui soutinrent le combat pendant deux heures" (lettre manuscrite de l'époque).

Aux attaques de Leffinghe le 20 octobre, Boulonnais fait partie dyu Cops de réserve; il prend ses quartiers d'hiver le 12 novembre à Saint-Jooris.

- Bataille de Malplaquet (11 septembre 1709) - Le 14 juin 1709, le Régiment se trouve à Saint-Pol d'où il part. Le 21 juillet, le Maréchal de Villars s'étant déterminé à marcher à l'ennemi avec une partie de ses troupes, Boulonnais fait Brigade avec Royal et Royal-Italien.

Le 7 août, 45 Bataillons sont réunis au camp de Denain; le 9, M. d'Albergotti va se placer le long de la Scarpe avec ces Bataillons et une partie de la cavalerie.

La situation matérielle est assez mauvaise à cette époque; M. Dartaignant écrit au Maréchal de Villars le 27 août : "Les officiers meurent de faim, la plupart sont obligés de vivre de mauvais pain; cependant rien n'est plus louable que les officiers et les troupes du peu de murmures qu'il m'en revient". C'est dans ces conditions que le Maréchal de Villars livre le 11 septembre la bataille de Malplaquet, lutte acharnée, où l'armée française laisse sur le champ de bataille 250 Officiers tués et 604 blessés.

Boulonnais prend une part honorable à cette glorieuse action et fait des pertes sensibles. A la suite de l'envoi des états des tués et blessés, le Maréchal de Boufflers écrit au Roi : "Je ne vous réponds pas qu'ils soient bien justes, vuus sçavez que les majors, quoyque braves et honnêtes gens, et fort estimables d'ailleurs, ont toujours coutume de grossir les pertes et de mettre dans le nombre des tués, tout le non complet, c'est-à-dire tout ce qui manque de cavalerie, de sohldats ou dragons aux régiments pour estre complets, ce qui voua fait voir, Monsieur, combien lee officiers aiment grossir leurs pertes pour en retirer quelques émoluments".

Le 22 septembre, Boulonnais est au camp de Ruesnos; il se compose de deux Bataillons comprenant 13 Capitaines, 17 Lieutenants, 12 Sous-lieutenants et 700 hommes. La nourriture maque et l'état de l'armée laisse fort à désirer. "Noua sommes dans une si grande disette et détresse pour notre pain, écrit le Maréchal de Boufflers le 27 septemhre, qu'il ne serait quasy pas possible de faire le moindre mouvement en avant sans risquer d'en manquer absolument". Boulonnais prend ses quartiers d'hiver en Flandre.

En avril 1710, il est en garnison à Aire; en mai, au camp de Cambrai en seconde ligne entrant dans la composition d'une Brigade comprenant en outre Royal-Roussillon (2 Bataillons) et Lafond (1 Bataillon). Cette Brigade est commandée par M. de Crécy, Colonel de Boulonnnais, nommé Brigadier le 29 mars précédent.

Le Régiment reste dans les camps jusqu'en octobre où il est mis en garnison à Saint-Omer; cette période de calme permet de renforcer sensiblement les deux Bataillons de Boulonnais et, le 20 mai 1711, noua les trouvons en garnison Ypres, à l'effectif de 1,100 hommes. A cette époque, les recrues ne sont pas arrivées; 150 hommes sont attendus du jour au lendemain. L'effectif total au ler juin 1711 est donc de 1,250 hommes.

Le 26 mai 1712, le Régiment figure en seconde ligne dans l'ordre do bataille de l'armée du Roi; la Brigade dont il fait partie est commmandée par le Colonel de Crécy et composée de Limousin (2 Bataillons), Solre (2 Bataillons). C'est avec ces deux Régiments que Boulonnais se trouve à l'attaque des retranchements de Denain le 25 juillet et au siège de Douai le 11 août suivant.

Le 17 octobre, les deux Bataillons du Régiment se trouvent au camp près Marquette, entrant dans la composition des troupes destinées an siège de Bouchain.

Après la paix d'Utrecht, Boulonnais est envoyé en Allemagne ; il sert à la prise de Landau, à l'attaque des lignes du Général Vaubonne et au siège de Fribourg, où le Lieutenant de Lavergne est grièvement blessé. Pendant toute cette campagne, il fait Brigade avec le Régiment de la Reine, fort de trois Bataillons.

Ramené en France après la paix de Rastadt, Boulonnais est mis en garnison à Toul et réduit à un Bataillon en 1715. M. de Crécy, son Colonel, est nommé Maréchal de camp le 1er février 1719.

- Règne de Louis XV

Le Régiment reste en France dans les garnisons jusqu'au mois de décembre 1733. L'entrée des Autrichiens, des Russes et des Saxons en Pologne, pour écarter du trône Stanislas Leczinski, décide les Ministres de Louis XV à envoyer deux armées françaises sur le Rhin et dans les Alpes en août 1733. Mais l'armée du Rhin, commandée par le Maréchal de Berwick, étant insuffisante pour faire face aux nombreuses troupes autrichiennes qui se trouvent sur la rive droite, le gouvernement français décide d'envoyer des Évêchés et de Franche-Comté des renforts considérables; 60 Escadrons et 69 Bataillons, dont fait partie le Bataillon de Boulonnais, arrivent en Alsace au milieu du mois de décembre l733.

- Attaque des lignes d'Ettingen. - Les hostilités ne commencent qu'au mois de mars 1734. Le 2 mai, l'armée passe le Rhin au fort Louis et s'établit sur la rive droite; le Duc de Noailles, avec l'avant-garde, se porte à Rastadt, où il doit attaquer le lendemain les fameuses lignes d'Ettingen qui ont leur gauche au Keppfenberg et leur droite au Rhin, près du village de Daxlanden. Le 4 au matin de très bonne heure, uno colonne composée de deux Brigades d'infanterie, où se trouve le Regiment de Boulonnai» (11 Compagnies de Grenadiers), gravit la montagne et arrive au sommet par un orage épouvantable. Après deux heures d'attente, les troupes se forment en colonne d'usant, essuient trois décharges à bout portant et forcent les retranchementa. Le Régiment de Boulonnais combat avec valeur et le Lieutenant-colonel Dubois est dangereusement blessé en le conduisant à la victoire.

Après cette glorieuse action, le Maréchal de Berwick se dirige aur Philipsbourg qu'il investit auuitôt. Le 10 mai Boulonnais se trouve au camp de Brückaal où les troupes, qui se sont rouillées après vingt années de paix, reprennent l'habitude de la mnnoeuvre par des exercices journaliers; il participe ensuite au siège proprement dit. Les Officiers et les soldats y sont admirables de patience et de bravoure jusqu'à la capitulation de la place qui n'a lieu que le 18 juillet suivant. Le reste de la campagne s'achève en marches et contre-marches sur les deux rives du Rhin.

Le 1er août, M. d'Autigny, qui a commandé le Régiment de Boulonnais pendant toute la campagne, est fait Brigadier. A la fin de septembre, les troupes eont baraquées dans les deux camps d'Offenburg et de Renchen, en attendant l'ordre de prendre les quartiers d'hiver en Alsace. L'état sanitaire est déplorable, les hôpitaux regorgent de malades; les fatigues et les privations ont réduit l'effectif des Corps, il manque en moyenne 15 homnes par Compagnie de 40 hommes et les Capitaines ne peuvent combler les vides, les enrôlements étant devenus plus difficiles et plus chers.

Les premiers mois de l'année 1735 sont employés à réorganiser les troupes ; aucune attaque sérieuse de la part des lmpériaux n'est à craindre, car ils ont encore plus souffert qne nous.

Ce n'est que le 30 mars que parait l'ordre de bataille des troupes de l'armée du Rhin qui est alors commandée par le Maréchal de Coigny, le Maréchal de Berwick ayant été tué par un boulet au siège de Philipsbourg; les Régiments ont ou vont recevoir leur effectif normal.

Jusqu'en octobre, la campagne sur le Rhin se passe tout entière en marches et en fourrages, aussi M. de Coigny se prépare-t-il à prendre ses quartiers d'hiver lorsque les Impériaux prennent l'offensive. Le 18 octobre, Boulonnais fait partie des troupes que le Maréchal de Coigny conduit au secours de l'armée de la Moselle commandée par M. de Belle-Isle; le 20, il assiste au combat indécis de Clausen.

Les troupes françaises restent sur le territoire ennemi jusqu'en mai 1736 en vivant sur le pays. Le Marquis d'Autigny étant mort dans le courant de l'année 1736 est remplacé à la tête du Régiment de Boulonnais par son frère, le Marquis de Ruffey, qui est entré au Corps comme Lieutenant en 1724; la paix étant définitivement signée, Boulonnais rentre en France où il reste en garnison jusqu'en mars 1742.

- Campagne de Bavière. - Au commencement de l'année 1742, Louis XV prend la résolution de confier une armée au Maréchal de Broglie pour défendre la Bavière et opérer une diversion favorable aux troupes françaises qui se trouvent en Bohême. Cette armée quitte les bords du Rhin dans les premiers jours de mars 1742; elle est forte de 40 Bataillons, dont le Bataillon de Boulonnais, 30 Escadrons et 4 Compagnies franches.

Le 7 mai, toutes les troupes sont à Donauwerth ; le ll, Boulonnais est envoyé relever un détachement bavarois qui occupe le château de Wintzer et chasser les ennemis des postes d'Hofkirchen et de Grafenau qu'ils occupent. Il passe les mois de juin et juillet au camp de NiederAltach et la situation est si précaire que l'armée de Westphalie est envoyée au secours des troupes françaises en Bavière.

Le 10 août, Boulonnais fait partie des deux Divisions chargées de débloquer le châtenu d'Hauss, assiégé par l'ennemi; le Capitaine de Grenadiers de Richecourt est blessé dans cette opération.

Lee derniers mois de l'année se passent en marches et, le 28 décembre, le Régiment prend ses quartiers d'hiver à Bassing.

En 1743, le Maréchal de Broglie, d'accord avec le Général bavarois de Seckendorf, reste sur la défensive. Le 20 mai, Boulonnais est à Worth avec quatre autres Bataillons. A cette époque le Prince Charles prend contre nous une vigoureuse offensive et surprend le passage du Danube. Le Maréchal de Broglie, abandonnant la Bavière, se retire alors sur le Rhin et rentre en France du 27 au 30 juin; le Régiment de Boulonnais est mis en garnison à Longwy où il passe l'hiver.

Il reprend la campagne en Alsace au printemps de 1744, contribue à la défaite du Général Nadasty sur les hauteurs de Saverne et à la prise de Fribourg le 6 novembre, où le Capitaine Bonot est blessé à la tête de sa Compagnie. Le Régiment continue de faire partie de l'armée du Bas-Rhin sans prendre part à aucune action mémorable; son Colonel, le Marquis de Ruffey, est nomné Brigadier le 1er mai 1745.

En 1746, Boulonnais est envoyé en Flandre, où il sert aux sièges de Mons et de Saint-Ghislain; le Capitaine de Richecourt et le Lieutenant de Lavergne y sont blessés.

- Bataille de Raucoux (11 octobre 1746) - Le 8 octobre, le Maréchal de Saxe réunit son armée au camp sur le Jaar; le 9 il franchit cette rivière et campe sur la rive droite. Le 10 se passe en préparatifs; le Maréchal de Saxe donne ses ordres pour attaquer l'ennemi le 11 au matin. Mais Uun violent orage éclate dans la nuit et retarde la mise en marche jusqu'à 8 heures, de sorte que les deux armées ne sont en présence qu'à midi aeulement. Boulounais fait Brigade avec le Régiment d'Auvergne; placé sous les ordres de M. d'Hérouville, qui comnande les Brigades de Montmorin, Navarre et Royal, il marche à l'attaque du village de Raucoux, centre de la ligne ennemie et défendu par 12 Bataillons anglais, hanovriens et hessois. A 3 heures et demie, les différentes colonnes abordent les clôtures extérieures et les haies qui entourent le village ; la présence du Maréchal anime le courage des soldats qui font des prodiges de valeur et, à 4 heures, les villages de Voroux et de Raucoux sont chargés avec impétuosité ; deux redoutes sont successivement enlevées à la baionnette. Malgré une résistance opiniâtre, les Anglais sont culbutés et le village est pris en une demi-heure.

Le succès de cette attaque détermine la retraite des ennemis dont l'armée se trouve coupée en deux tronçons; la nuit arrête les vainqueurs. Cette victoire nous coûte 3,618 hommes tant tués qne blessés ; les pertes de Boulonnais sont des plus sensibles.

Après la bataille, les alliés se retirent derrière la Meuse; l'armée française repasse le Jaar et reprend son ancien camp entre Preeren et Tongres. Peu de temps après, les deux armées prennent leurs quartiers d'hiver, maie le Régiment de Boulonnais est envoyé au secours de la Provence et, chemin faisant, il organise son 2e Bataillon, rétabli par ordre du 11 novembre.

Le 1er janvier 1747, l'armée française en Provence est sous les ordres de M. de Belle-Isle ; 29 Bataillons et 10 Escadrons sont au camp du Puget ; 35 Bataillons occupent différentes places, Boulonnais se trouve à Beausset. Los opérations commencent le 21 janvier et, à cette date, les troupes sont raasemblées au camp du Puget.

En mars, Boulonnais est placé au camp de Guillestre, où il fait partie des troupes chargées d'une diversion dans les Alpes, du côté d'Exiles. L'armée du Var doit attendre dans le Comté de Nice l'effet de cette attaque. M. le Chevalier de Belle-Isle, frère du Maréchal de Belle-Isle, désigné par le Roi, prend la direction de cette opération difficile; il s'agit en effet de forcer les retranchements du col de l'Assiette.

- Attaque des retranchements du col de l'Assiette. -- Sur une longueur de près de 2 kilomètres, la crête est garnie sur ses deux bords d'une enceinte palissadée continue, reliatn entre elles de nombreuses redoutes. Tout cet ensemble constitue au sommet des rochers une énorme masse de pierres et de bois. Les parapets ont 13 pieds d'épaisseur, ils sont armés de canons qui montrent leurs bouches aux embrasures et derrière les palissades se trouvent 5 Régiment piémontais et 3 Autrichiens.

L'attaque se fait sur trois colonnes; Boulonnais a un Bataillon à la colonne du centre avec son Colonel; le 2e Bataillon est à la colonne de droite, commandée par le Marquis de Villement. Ce dernier Bataillon ne donne presque pas, l'effort principal étant fait au centre et à la gauche.

Un témoin occulaire, Aide de camp du Chevalier de Belle-Isle, qui a comhattu avec la colonne du centre et le ler Bataillon de Boulonnais, raconte : "Lettre de M. d'Azaincourt, aide de camp de M. le chevalier de Belle-Ille, à son père.
Champ de bataille d'Exiles, 19 Juillet 1747.
... La colonne du centre qui est devenue le poste le plus important parce qu'il s'est trouvé une redoute vis-à-vis d'elle qui communiquait à toute l'étendue des retranchements dont elle pouvait être rafraîchie à tous moments comme elle l'a été en effet.
A midy, M. le chevalier de Belle-Isle fit attaquer des postes de volontaires et des gardes avancées qui occupaient une hauteur à une demi-portée de fusil des premiers ouvrages. Quatre compagnies de grenadiers s'en rendirent maîtres avec beaucoup de facilité; nous y montâmes tout de suite sept petites pièces de canon de montagne qu'un seul mulet porta avec leur affût; jugez par là de sa grosseur.
Cette première opération faite, nous fimes un fort bon déjeuner, après quoi toutes les colonnes se mirent en mouvement pour attaquer ; vous connoissez les montagnes de ce pays-cy, il faut au moias deux heures pour parvenir du pied au sommet. L'attaque générale commença à 3 heures; jamais les colonnes de droite et de gauche ne purent avancer plus près du retranchnment qu'à 30 ou 40 pas; la nôtre, c'est-à-dire celle de la redoute, après beaucoup de "Vive le roy !", partit avec une rapidité incroyable et fut dans l'instant au pied du parapet. Mais,voicy le commancement de nos malheurs. M. d'Arnaud, chef de la colonne du centre, à la première décharge fut tué et, après des efforts surprenants mais inutiles, nous vimnes plier toute cette colonne ; le cheevalier de Belle-Isle, qui était à cheval, sauta à terre et, mettant l'épée à la main, rallia sous le feu des ennemis nos soldats qui revinrent à la charge avec la même vivacité mais avec aussi peu de succès. Enfin, voyant que nous perdions un monde infini et que le chevalier de Belle-Isle qui venait de recevoir un coup de fusil dans le bras était colé contre le retranchement et travaillait avec quelques grenadiers à faire tomber le gazon, les pierres et les branches d'arbres qui le composaient et qu'il tirait même avec ses dents, j'essayai de ranimer nos soldats; j'arrachai des mains d'un jeune enseigne un drapeau et allay le porter droit aux retranchements. La colonne suivit effectivement et je restay une heure dans cette situalion sans que personne pût y monter. Les grenadiers qui défendaient cette maudite redoute nous assommaient avec des quartiers de rochers qu'ils jetaient sas discontinuer et nous tuaient un monde effroyable: enfin que vous dirai-je de plus touchant, le pauvre chevalier de Belle-lsle, ou pour mieux dire le héros, a été tué et j'ay vu tomber à mes côtés plus de 1,500 hommes. J'en ay été quitte pour un trou à tête qu'une grosse pierre m'a fait et qui cependant n'est d'aucune conséquence, un coup de fuail dans mon habit que mon mouchoir et mes gants m'ont paré; je suis tombé d'un coup de pierre qui était le second, mais je me auis relevé dana l'instant; mon drapeau a été cassé en mille pièces de coups de fusil et lorsque je l'ay rednu à son bataillon, après la mort du chevalier, le plus grand morceau n'avait pas deux pieds de long; je me suis tiré de cet affreux endroit tout plein de sang des misérables qui me tombaient à tous momens sur le corps. Les ennemis ne doivent pas avoir perdu 500 hommes car ils étaient bien couvorts et en vérité nous tirons assez mal
".

Un Officier piémontais rend justice au courage des troupes françaises, contre lesquelles il vient de combattre, et dit dans une lettre : "Les généraux même étaient à la tête des troupes; des rangs entiers d'officiers les suivaient et montraient aux soldats les sentiers de la victoire ou de la mort; malgré le feu qui partait du front et des flancs de la tenaille et celui de nos volontaires placés sur une crête de montagne paraèle à la redoute, malgré la chute d'un nombre infini de morts et de blessés, les généraux, officiers et soldats ennemis ne ralentissaient pas leur ardeur".

Si l'armée royale ne brille pas par sa discipline, nous lui voyons déjà ce courage sans égal que noua retrouverons aoixante ans plue tard dans l'armée de la Révolution. Boulonnais fait des pertes cruelles pendant ce terrible combat; son Colonel, le Marquis de Ruffey, est grièvement blessé aux côtés du Chevalier de Belle-Isle; son Lieutenant-colonel, M. de Morel, est tué ; le Lieutenant de Grés est tué. Il y a en outre neuf Officiera blessés, les Capitaines de Lagrave, de Beaurepaire, de Coublin ; les Lieutenants de Lauzel, de la Fortune, de Pradel, de Saint-Julien, de Champagne, de Paquet. 159 soldata tués ou blessés restent aur le champ de bataille.

Dans le rapport qui est adressé au Roi à la auite de l'action, M. de Ruffey, Colonel, et M. de la Motte, Major du Régiment de Boulonnais, sont cités pour leur bravoure. Le 1er janvier 1748, M. de Ruffey est nommé Maréchal de camp et remplacê à la tête du Rêgiment de Boulonnais par le Comte de Choiseul. Après la sanglante et malheureuse affaire du col de l'Assiette, le Régiment se retire au camp de Castellane et il va flnir la campagne et la guerre en garnison à la Seyne. Une ordonnance du 15 novembre l748 le réduit de nouveau à un Bataillon.

- Débarqaemeat des Anglaia sur les côtes de Bretagne. - A l'époque où commence la guerre de Sept ana, Boulonnais est en Bretagne. Il est attaché à la défense des côtes et tient garnison à Saint-Malo lorsque, le 3 juin 1758, la flotte anglaise vient mouiller dana la baie de Cancale, attendant la marée pour effectuer sa descente. A 5 heures et demie du soir, les troupes de débarquement, ayant à leur tête le duc de Marlborough, se préparent à aborder. Trois Compagnies de Dragons de Marbeuf, le Régiment de Boulonnais et les gardes-côtes, formant 2,000 hommes sous le commandement de M. de La Châtres, cherchent à s'opposer à la descente des Anglais; mais, trop peu nombreux, ils sont obligés de se replier. Marlborough s'empare alors de Cancale et de Saint-Servan, où il brûle les vaisseaux qui sont dans le port, puis se retire an camp de Paramé, tout près de Saint-Malo. Après avoir essayé en vain de prendre cette ville de vive force, il se retire devant le duc d'Aiguillon arrivant avec des renforts et se rembarque le 12 en brûlant trois frégates, vingt-quatre corsaires et une soixantaine de bâtiments de commerce dans le port de Saint-Servan.

Les Anglais font une tentative analogue sur Cherbourg le 28 juin, mais, étant revenus le 7 juillet, ils s'emparent de la ville qu'ils dévaatent de fond en comble, et ne l'abandonnent que le 16 août après avoir comblé le port et démoli les fortifications.

- Bataille de Saint-Cast (11 septembre 1758). - La flotte anglaise se dirige alors vers les côtes de Bretagne et le Général Bllgh, qui commande les troupes, tente un nouveau débarquement à l'anse de Saint-Briac, en avant de Saint-Cast. Renonçant au projet d'attaquer Saint-Malo, prolégé par la large embouchure de la Rance et par ses nombreuses batteries, le Général anglais pénètre dans le pays pendant que la flotte, qui ne se trouve pas en sûreté dana la baie de Saint-Lunaire, va jeter l'ancre dans la baie de Saint-Cast.

La Bretagne entière prend les armes et le Duc d'Aiguillon, son Gouverneur, rassemble à la hâte les troupes cantonnées aux environs ; le Général Bligh, effrayé, se retire et va camper dant une plaine à 3 milles de la baie de Saint-Cast avec l'intention de se rembarquer. Le 11 septembre, les troupes du Duc d'Aiguillon, réunies à Lamballe, se mettent en marche à 3 heures du matin ; mais lea haltes sont ai fréquentes et la chaleur si forte qu'elles n'arrivent qu'à 9 heures sur le rivage de Saint-Cast. Cependant l'enthouaiaame est général : "la bonne volonté des troupes a surpris tout le monde, écrit-on à la cour, car il est rare de voir le soldat faire quatre heures à jeun, combattre, battre et revenir encore à jeun sans se plaindre".

L'armée anglaise est en pleine retraite et va se rembarquer; les troupes du Duc d'Aiguillon ne sont pas encore en bataille et le feu de cinq frégates gêne considérablement leurs mouvements. "M. d"Aubigny, qui servait sous le duc d'Aiguillon, las de demander et impatient de recevoir l'ordre d'attaquer, engage l'action en faisant marcher le régiment de Boulonnais ; les gentilshommes bretons, qui formaient un corps de volontaires, se joignirent au premier rang des grenadiers. Le chevalier de la Tour d'Auvergne, colonel de Boulonnais, voyant la manoeuvre des gentilshommes, quitta son poste du centre et vint leur demander la permission de se mettre à leur tête".

Entrainés par leur Colonel, suivis par les Régiments de Brie et de Marbeuf, les Grenadiers pénètrent dans les retranchements anglais malgré la mousqueterie et le canon de la flotte embossée à bonne portée. L'ennemi, culbuté, abandonne sa position et se précipite vers le rivage; mais les soldats de Boulonnais le poursuivent la baïonnette dans les reins, le poussent dans la mer, y entrent jusqu'à la ceinture à sa suite et pendant toute la durée du rembarquement, le criblent de coups de fusil.

Le carnage est affreux; 2,000 Anglais sont tués ou noyés, deux barques chargées d'bommes sont coulées à fond; de nombreux ennemis qui ne peuvent regagner les vaisseaux et qui cherchent leur salut eu grimpant à travers les rochers sont pris après le combat. M. de Reboul, Major du Régiment, qui marche à la tête des volontaires, fait de sa main quatre Officiers anglais prisonniers. Boulonnais, qui a toujours combattu sous les boulets de la flotte, éprouve de grandes pertes, mais il a les honneurs de la journée comme en témoignent les deux lettres suivantes de M. de la Châtre au Maréchal de Luxembourg.

"Saint-Servan, le 11 septembre, 8 heures du soir.
Monseigneur,
Noua venons de remporter une victoire complète aur l'arrière-garde des ennemis composée d'au moins 3,000 hommes retranchés sur le bord de la grève de leur rembarquement. Six vaisseaux ou frégatos avec deux bombardes, embossés pour soutenir le rembarquement des Anglais, ont fait un feu impossible à décrire. 11 n'a point rallenti un moment l'ardeur de nos troupes qui ont franchi les retranchements avec la plus grande vigueur. Il ne s'est pas rembarqué cent Anglais et c'était l'élite de leur troupes qui faisait l'arrière-garde. Les régiments de Brie et de Boulonnais y ont beaucoup perdu, surtout le dernier, qui y a fait des prodiges de valeur, etc ...
".

"Saint-Servant, 12 septembre.
Monseigneur,
Les prodiges de valeur qu'a fait le régiment de Boulonnais hyer, et qui se sont passés sous mes yeux, me font espérer que vous voudrez bien luy accorder quelque grâce. M. le chevalier de la Tour d'Auvergne, que ses blessures empêchent d'avoir l'honneur de vous écrire, me prie de vous recommander ce régiment ; ils ont onze officiers blessés et un de tué, sans compter les contusionnés.
J'espère que la conduite que nous avons fait à l'élite des troupes anglaises les dégoûtera de leur visite aux environs de Saint-Malo
".

Le Chevalier de la Tour d'Auvergne est fait Brigadier le 15 octobre auivant.

En 1761 le Régiment est embarqué pour Saint-Domingue et c'est à cette circonstance qu'il doit d'échapper aux réformes de 1762, qui font disparaitre la plupart de se contemporains. Une Ordonnance du 30 avril le porte à deux Bataillons en y incorporant divers détachements d'autres corps qui sont alors aux colonies. Une autre Ordonnance du 21 décembre de la même année le destine au service de la marine et des colonies et à la garde des porta dans le Royaume.

Rentré en France le 4 août 1764, Boulonnais fait successivement différentes garnisons jusqu'en 1790, où il occupe la citadelle de Strasbourg. C'est là qu'il perd son nom de Régiment de Boulonnais pour prendre le numéro 79 en exécution de la loi du 1er janvier 1791.

/ 79e Régiment d'infanterie, ci-devant Boulonnais

Le 79e, ex Boulonnais, est commandé en 1791 par le Colonel Du Bourg de Vacherolles (Francois-Joseph Thorillon).

Le 79e, fort de 2 Bataillons, quitte la garnison de Strasbourg en mai 1791 et se met en route pour Besançon. Peu de temps après son arrivée dans cette ville, il est dirigé sur le Midi pour l'occupation et la pacification du Comtat-Venaissin. Le 3 novembre, il se trouve à la prise de possession de Carpentras et le 11 à celle d'Avignon. A cette époque, il a un effectif de 1,019 hommes ; il manque 496 hommes pour avoir le complet de guerre. Après cette expédition, il s'établit à Montélimar et, en 1792, il fait partie de l'Armée des Alpes.

- Formation de l'Armée des Alpes. - Le 1er mars l792, le 79e, fort de 1,135 hommes, est à Béziers, dans l'Armée du Midi, sous les ordres du Lieutenant-général Montesquiou. Au mois de mai suivant, le 1er Bataillon est au camp de Lyon, le 2e à Marvejols. Le 16, le Général Montesquiou, ayant 25,000 hommes disponibles, reçoit l'ordre de disposer ses troupes de la manière suivante: 12,000 hommes pour couvrir Lyon, 6,000 dans la position du fort Barraux et 6,000 dans le département du Var. Elles sont cantonnées aux environs des camps à occuper, ces derniers ne pouvant être formés faute d'objets nécessaires à leur établissement.

Le 1er juillet, l'armée du Midi est rassemblée le long de la frontière des Alpes; le 1er Bataillon du 79e est au camp de Cellieux, faisant parUe de la Division de gauche commandée par le Lieutenant-général Dalbignac ; le 2e Bataillon fait partie de la réserve aux ordres du Maréchal de camp Dornac. A cette époque difficile où les soupçons pèsent sur les plus honnêtes, le Régiment mérite qu'on fasse de lui cet éloge : "L'esprit de ce corps est excellent, il joint à un patriotisme sûr l'amour de l'ordre et l'habitude de la discipline".

Le 79e quitte le camp de Cellieux et entre en Savoie avec la Division de gauche le 24 septembre ; le 1er Bataillon est cantonné à Carrouge, le 2e Bataillon à Chambéry.

Un décret de la Convention nationale du 1er octobre ayant divisé les forces de la République en huit armées, savoir : du Nord, des Ardennes, de la Moselle, du Rhin, des Vosges, des Alpes, des Pyrénées et de l'intérieur, l'armée en Savoie prend le nom d'Armée des Alpes.

Au mois de novembre, les deux Bataillons du 79e réunis à Chambéry entrent dans la Division du Lieutenant-général Antonio Rossi comprise dans la première ligne. C'est alors qu'un Décret d'accusation émané de la Convention nationale oblige le Général Montesquiou à se réfugier en Suisse et, le 21 décembre, Kellermann prend le commandement en chef de l'Armée des Alpes.

"Le 27 décembre, trouve-t-on dans un journal du temps, la musique du 79e a joué, à l'issue de la messe militaire, l'ouverture de Richard Coeur de Lion". Grave accusation, car les Commissaires de la Convention se croient obligés de mettre le Colonel aux arréts et les Musiciens en prison.

Pendant les premiers mois de l'année 1793, le 79e perfectionne son instruction militaire dans les camps organisés par le Général Kellermann. En mai, le 2e Bataillon est au camp de Chambéry et le 1er Bataillon au camp de Carrouge lorsque ce dernier reçoit l'ordre, le 31, de se mettre on route pour Toulon avec 4 bataillons de la Garde nationale. Arrivé à Bourg-Saint-Maurice le 15 juin, il reçoit un nouvel ordre le dirigeant sur Perpignan. Les deux Bataillons du 79e séparés l'un de l'autre vont combattre avec la même gloire l'un à l'Armée des Alpes, l'autre à l'Armée des Pyrénées-Orientales.

/ Armée des Alpes, 2e Bataillon

Le 1er août 1793, le 2 Bataillon du 79e, fort de 706 hommes, fait partie, avec le 8e Bataillon de Chasseurs, de la Brigade du Général Bagdelane. Poussé par 7,000 Piémontais, ce dernier se retire dans la haute vallée de l'Isère jusqu'à Villette, couvrant Moutiers qu'il défend avec une grande énergie. Le 79e y comhat avec vigueur jusqu'à ce que son général, débordé par des forces supérieures, vienne rejoindre le Général de Division à Conflans le 10 août. Le 1er septembre, Kellermann s'étant mis lui-même à la tête de ses troupes prend une vigoureuse offensive.

- Attaque du camp du mont Cormet.- Il attaque l'ennemi le 28 à Beaufort et l'en chasse avec perte; les Français victorieux marchent sur le mont Cormet qu'ils attaquent avec une grande bravoure ; battus et repoussés, les Piémontais se retirent sur Moutiers où les troupes républicaines rentrent le 2 octobre.

Le 2e Bataillon du 79e se distingue dans ces différents combats où les Piémontais perdent 8 pièces de canon, leurs équipages, beaucoup de tués et un grand nombre de blessés. Le Capitaine Verdelin, commamdant un détachement du Régiment, enlève à l'ennemi la redoute Saint-Martin armée de 6 canons, établie près de Sallanches.

Le 2e Bataillon, avec les troupes de la Tarentaise, poursuit l'ennemi jusqu'au pied du petit Saint-Bernard et s'empare de ses magasins à Aime, à mi-chemin de Moutiers et de Bourg-Saint-Maurice. Serrés de trop près, les Piémontais se mettent eu bataille sur le plateau du village de Saint-Germain et veulent arrêter les troupes républicaines, mais abordés à la baïonnette, ils sont culbutés et mis en fuite. Le 2e Bataillon est ensuite cantonné à Moutiers où il reste jusqu'au 16 décembre, époque à laquelle il est dirigé sur Grenoble.

L'Armée des Alpes est alors dans le plus grand dénuement; le Général Carteaux, qui la commande depuis peu de temps, est arrêté et conduit à Paris; le Général de Division Alexandre Dumas, nommé Général en chef, se rend au Quartier général à Grenoble le 21 janvier 1794. Le Bataillon du 79e fait alors partie de la 3e Division de l'Armée des Alpes et ne compte que 456 hommes présents sous les armes. Les neiges tombées avec abondance obstruent depuis quelques jours tous les passages des montagnes qui séparent les Français de l'armée piémontaise et suspendent momentanément les hostilités; les troupes sont descendues dans le fond des vallées où on leur a assigné des cantonnements.

- Attaque du petit Saint-Bernard. - Le Général Alexandre Dumas, arrivé à Grenoble dans la nuit du 20 au 21 janvier, reçoit par un Arrêté en date du 25 l'ordre de prendre les mesures nécessaires pour s'emparer le plus promptement possible du petit Saint-Bernard et du mont Cenis, principaux débouchés de la Tarentaise et de la Maurienne. Ces expéditions, confiées par un Arrêté des représentants Gartou et Dumont aux Généraux Bagdelane et Forret, quoique jugées impossibles pour le moment à cause du peu de fermeté des neiges, donnent lieu cependant à quelques mouvements de troupes préparatoires, et le 2e Bataillon du 79e, complété dès la fin de janvier avec des hommes de la réquisition, part le 2 mars pour Saint-Pierre-d'Albigny, destiné à coopérer à l'attaque du petit Saint-Bernard; il y arrive le 7 fort de 967 bommes.

Pendant tout le mois de mars, le mauvais tempe coutinue à s'opposer à l'exécution de l'attaque projetée et les troupes restent inactives dans leurs cantonnements.

Dans la nuit du 5 au 6 avril, le Général Forret, impatient de profiter du peu de fermeté que les neiges viennent d'acquérir, gravit le mont Cenis, mais il est tué dès le commencement de l'action et l'attaque échoue. Cet échec ne décourage pas le Général Bagdelane chargé de l'attaque du petit Saint-Bernard où le 2e Bataillon se distingue particulièrement, le 9 Floréal an II (28 avril 1794). A la tête des troupes de nouvelle levée, du 19e Bataillon de l'Isère et du 2e Bataillon du 79e, le Général Bagdelane s'avance à travers les précipices, au milieu des neiges éternelles, gravit les rochers et aborde les retranchements ennemis. Il faut les emporter de vive force ou se voir jeté dans les abîmes ! Les cinq Bataillons, à la tête desquels se trouve le Bataillon du 79e, croisent la baïonnette et s'élancent au cri de : "Vive la République !" ; les Piémontais sont chassés de leurs redoutes, et nos braves soldats ayant tourné aussitôt les pièces dont ils viennent de s'emparer contre la redoute de la chapelle Saint-Bernard, la font évacuer promptement ainsi que lesouvrages en arrière. Nos troupes poursuivent les Piémontais pendant troie lieues jusqu'à la Tuillé dont elles s'emparent également; 20 pièces d'artillerie, 200 fusils, autant de prisonniers sont le fruit de cette victoire. Notre perte ne s'élève qu'à 7 hommes tués et une vingtaine de blessés. Le Général Bagdelane fait dans son rappport l'éloge des troupes et cite particulièrement le 2e Bataillon du 79e comme s'étant comporté avec la plus grande valeur.

- 2e attaque du mont Cenis. - Le Général Bagdelane, promu au grade de Général de Division, est aussitôt chargé de réparer l'échec essuyé au mont Cenis ; il part avec 2,000 hommes d'élite dont un détachement du 79e. La nouvelle expédition a un plein succès; les troupes enlèvent à la baïonnette les redoutes du mont Cenis et prennent aux Piémontais leur superbe et nombreuse artillerie, leurs équipages et des magasins considérables. Les jours suivants sont occupés à détruire les ouvrages de l'ennemi et à en construire d'autres pour défendre ce poste important.

Pendant les mois de juillet et d'août, le 2e Bataillon participe à la construction de quelques batteries élevées en face du fort d'Exiles que le Général en chef se propose d'assiéger. Le 1er septembre, le Bataillon campe au poste des Quatre-Dents et ses Grenadiers sont détachés au camp de l'Assiette, mais l'abondance des neiges l'oblige à abandonner ces postes et il descend à Houle, où il reste jusqu'au 5 novembre. L'armée prend alors ses quartiers d'hiver et le 2e Bataillon va tenir garnison à Annecy, attaché à l'aile gauche de la 2e Division aux ordres du Général Bagdelane.

Les représentants du peuple ayant, par différents arrêts, enlevé 11 Bataillons à l'Armée des Alpes pour les envoyer à celle d'Italie, les Bataillons de réserve sont portés en première ligne et, le 6 décembre, le 2e Bataillon du 79e, passant de la 2e Division dans la 3e, part d'Annecy pour se rendre à Carrouge où il passe l'hiver.

- Attaque du mont Genèvre (31 juillet). - Les hostilités reprennent au printemps 1795; le Bataillon prend part à toutes les opérations préliminaires, et, le 31 juillet, il se couvre de gloire à l'attaque du mont Genèvre. Au début de l'action, une colonne de 600 Grenadiers autrichiens se porte sur Clavières; le Capitaine Abaffour, aux avant-postes, avec 10 Grenadiers, leur barre le passage dans un chemin de montague, bordé de précipices. Entrainé par son ardeur, il tombe deux fois au pouvoir de l'ennemi; deux fois délivré par le soldat Ploye, de sa Compagnie, il Parvient après dea efforts surhumains à refouler l'ennemi. Cette énergique résistance donne le temps aux cantonnements voisins de prendre les armes et de secourir le brave Capilaine Abaffour, que le représantant Réal nomme Chef de Bataillon sur le champ de bataille.

Le 2e Bataillon du 79e continue la campagne jusqu'au 6 septembre de cette même année 1795, où il entre dana la formation de la 146e Demi-brigade (le 1er amalgame a théoriquement commencé en 1794; la 146e Demi-brigade de première formation, à la réorganisation de 1796 (18 Nivôse an IV) est entrée dans la composition de la 5e Demi-brigade de seconde formation).

/ Armée des Pyrénées-Orientales, 1er Bataillon

Le 1er Bataillon du 79e, qui a quitté l'Armée dea Alpes au mois de mai 1793, rejoint l'Armée des Pyrénées-Orientales le 6 juillet suivant. Cette armée, alors aux ordres du Genéral Flers, obligée de céder à dea forces supérieures, se retire sur les hauteurs proches de Perpignan et y occupe un camp retranché dit de l'Union. Le ler Bataillon est, à son arrivée, envoyé à ce camp et attaché à la 1ère Division commandée par le Général Puget-Barbantanne.

Le 17 juillet, les Espagnols, au nombre d'environ 24,000 hommes, dont 6,000 de cavalerie, ayant attaqué le camp de l'Union, le 1er Bataillon du 79e contribue à sa défense et à la défaite de l'armée ennemie qui, après 15 heures d'efforts inutiles, est obligée de se retirer avec une perte de 600 hommes tués. Pendant l'action, le soldat Muller, voyant ses Sous-officiers hors de combat, se met à la tête de la 2e section de sa Compagnie qui n'a pas plié sous le choc de l'ennemi et, secondé par un mouvement de cavalerie, parvient avec ce petit nombre de braves à arrêter les progrès de l'ennemi. Cette action hardie permet au Bataillon du 79e de se reformer en arrière et de reprendre vigoureusement le combat.

L'armée continue à garder la défensive et à occuper les camps ; quelques escarmouches ont cependant lieu entre les avant-postes, mais sans résultats importants.

Au commencement d'août, plusieurs détachements quittent le camp de l'Union pour camper sur les bords de la Tét et s'opposer au passage de cette rivière, que l'armée ennemie parait vouloir tenter. Quatre Compagnies du 79e en font partie et sont cantonnées, deux à Corneille-la-Rivière, la 3e à Montalba et la 4e à Mosset.

Le Général Ricardos, décidé à faire passer une partie de son armée sur la rive gauche de la Têt, fait attaquer le 29 août les petits camps que nous avions à Force-Réal et à Corneille-la-Rivière. Nos troupes, après une légère résistance, cédent au nombre et se retirent en ordre sur Rivesaltes et Salces. Les détachements des 61e et 79e se distinguent dans cette retraite par leur bonne contenance, ils se battent à chaque pas et ralentissent la poursuite de l'ennemi. Le Général Puget-Barbantanne arrive avec des secours, mais ne tente rien pour rétablir l'affaire et, craignant de voir intercepter ses communications avec Narbonne, il transporte le Quartier général à Salces. Les troupes le suivit et campent sur les hauteurs de cette localité, leur gauche appuyée au château. Le 1er Bataillon du 79e, réduit à 325 hommes, en fait partie.

- Bataille de Peyrestortes. - Le 12 septembre, les troupes du camp de Salces sont renforcées par des Bataillons venus de l'intérieur et le Général Goguet prend le commandement à la place du Général Puget-Barbantanne, démissionnaire. Les Espagnols s'étant emparés le 17 du village de Vernet, situé à peine à trois quarts de lieue de Perpignan, le Général Daoust commandant les troupes françaises du camp de l'Union, les attaque avec succès et l'ennemi battu sur tous les points rentre dana son camp de Peyrestortes. Ne voulant pas laisser refroidir l'enthousiame des troupes, le Général Daoust décide de s'emparer du camp ennemi le soir même et, à cet effet, il fait prévenir le Général Goguet, qui commande à Salces, pour qu'il fasse une attaque sur Peyrestortes à la même heure qne lui. L'opération reussit pleinement ; après quatre beures de combat, nos troupes chargent à la baïonnette et les deux Divisions pénètrent en même temps dans le camp ennemi par les côtés opposés; à 10 heures du soir, les Espagnols fuient en pleine déroute.

Cette bataille, une des plus importantes de la campagne, délivre Perpignan d'un siège et les départements du Midi d'une invasion.

Les Espagnols perdent 800 hommes tués, 1,500 blessés et 1,200 prisonniers. On leur prend 6 obusiers, 40 pièces de canon, tous les caissons et les mulets; nos troupes trouvent dans le camp ennemi des armes, des meubles de luxe, beaucoup d'argent monnayé et des vivres en abondance.

Le 1er Bataillon du 79e, qui a combattu à la tête de la colonne du Général Goguet, couche dans le camp ennemi.

- Attaque du camp de Truillas. - Le 18 septembre, le Général Dagohert prend le commandement en chef et décide d'attaquer les Espagnols qui se sont retirés dans leurs camps de Nils et de Truillas. Le 1er Bataillon du 79e destiné, dans l'attaque projetée pour le 22, à faire partie de la colonne du centre, vient pendant ce temps du camp de Peyrestortes dans celui de l'Union.

Le 22, l'armée se met en mouvement snr trois colonnes; celle de droite est arrêtée devant Thuir, celle de gauche échoue devant les hauteurs du Réart; celle du centre, où se trouve le 79e, commandée par le Général Dagobert en personne, enlève d'abord avec beaucoup d'élan une redoute défendue par les Gardes espagnoles et pénètre dans le camp ennemi ; mais l'inaction des deux autres colonnes permettant au Général Ricardos de porter toutes ses forces sur ce point, elle est bientôt écrasée par le nombre et une partie entourée par la cavalerie ennemie.

Le 1er Bataillon du 79e fait de grandes pertes dans cette malheureuse affaire et le lendemain il ne compte plua que 277 baïonnettes au camp de l'Union où il s'est retiré après le combat.

Malgré sa victoire, le Général Ricardos craignant pour ses communications bat en retraite le 30 septembre 1793 sur le camp du Boulou.

L'armée des Pyrenées-Orientales le suit le lendemain et vient camper près de Banyuls-des-Aspres; le 1er Bataillon du 79e fait partie du camp dit de la République placé sur lea hauteurs du Pla del Rey. Il prend pendant les premiers jours d'octobre une part active à presque tous les combats que l'armée a à soutenir.

Le 25, il est désigné pour renforcer la Division de Collioure, chargée d'une incursion dans le Lampourdan; après quatre jours d'une marche pénible à travers les montagnes, par une pluie continuelle, les troupes rentrent en France le 30, harassées et mourant de faim, le Bataillon du 79e reste à la Division de Collioure et campe près de Villelongue.

Des pluies abondantes suspendent les hostilités jusqu'à la fin de novembre mais le 7 décemlbre, à la pointe du jour, les Espagnols surprennent le camp de Villelongue et s'en emparent.

- Reprise du camp de Villelongue. - D'autres succès de l'ennemi décident le Général en chef à battre en retraite sur le camp de l'Union, mais, afin de cacher ce dessein aux Espagnols, il est décidé que l'on attaquera le camp de Villelongue en cherchant à ressaisir notre artillerie dont l'ennemi s'est emparé le 7 décembre.

En conséquence le 19, à 5 heures du matin, le Général Dagobert à la tête de 2,000 hommes passe le Tech et, sous la protection de nos batteries, forme ses troupes en deux colonnes qui s'avancent en même temps sur les retranchements ennemis. La colonne de gauche, où se trouve le 79e, force les trois premiers postes espagnols et contient ensuite l'ennemi pendant que la colonne de droite pénètre dans son camp.

Le Général Daoust, maitre de la position, fait enlever l'artillerie, les tentes et les munitions et repasse le Tech en bon ordres.

Le 21 décembre, l'Armée des Pyrénées-Orientales se retire sur Perpignan en soutenant plusieurs combats où nos troupes infligent à l'ennemi des pertes sérieuses ; elle prend alors ses quartiers d'hiver sur les deux rives de la Têt.

Le 1er Bataillon du 79e est cantonné à Sainte-Marie-la-Mer, sur la rive gauche, faisant partie de la Division des Côtes confiée au Général Marbot.

Le 16 janvier 1794, le Général Dugommier, qui vient de faire rentrer Toulon au pouvoir de la République, prend le commandement en chef de l'Armée des Pyrénées-Orientales. Le 25, le Bataillon du 75e passe de la Division des Côtes à celle dite de gauche commandée par le Général Doppet.

- Bataille du Boulou (1er mai 1794). - Pendant le mois d'avril, les avant-postes ont des escarmouches continuelles avec l'ennemi et, le 29, le Général Dugommier prenant l'offensive passe le Tech et attaque les Espagnols. Pendant la bataille, la Division de gauche, où se trouve le 1er Bataillon, reste en observation sur les abords du Tech, faisant face à la Division ennemie du Général Navarro, qui est en position à Argolla.

- Siège de Collioure (mai 1794). - L'armée espagnole ayant été battue au Boulou par la Division du centre, la Division de gauche, renforcée par deux Brigades, marche sur Collioure, l'investit complètement dans la nuit du 2 au 3 mai, et en fait le siège. Après avoir supporté pendant 24 jours avec un courage et une résignation admirables les pluies abondantes et un froid des plus vifs sans aucun abri, le 1er Bataillon du 79e a la satisfaction d'assister à la reddition de la place qui a lieu le 26 mai. La Division ayant été envoyée prendre quelques jours de repos aux environs de Perpignan, le 1er Bataillon occupe Alésia.

- Blocus et reddition de Bellegarde (18 juin - 17 septembre). - Quittant ses cantonnements le 18 juin, la Division de gauche vient s'établir en avant de Casteloup, couvrant la gauche du blous de Bellegarde. Elle contribue à repousser les tentatives du ravitaillement de la place faites le 13 août par le comte de la la Union, et Bellegarde ayant capitulé le 17 septembre, le 1er Bataillon du 79e reste au camp de Canceret d'où il ne sort que le 17 novembre pour prendre part à l'attaque de l'armée espagnole.

- Bataille de la Montagne-Noire ( 17-20 novembre). - Pour se conformer au nouveau règlement sur le service en campagne, les DIvision de l'armée ont été numérotées et la Divisiun de gauche est devenue 3e Division.

La bataille de 1a Montagne-Noire commence le 17 novembre par une fausse attaque de la 3e Division dans le but de favoriser le succès de l'effort principal.

La Brigade du Général Causse, dont le 1er Bataillon du 79e fait partie, s'est avancée avec intrépidité jusqu'aux palissades de la grande redoute, lorsqu'un feu très vif partant des ouvrages environnants, ayant mis un peu de désordre dans ses rangs trop peu nombreux pour tourner ces ouvrages, l'oblige à se retirer. Elle est chargée alors par la cavalerie ennemie, sortie des retranchements; le 1er Bataillon donne une grande preuve de courage et de sang-froid en se ralliant sous le feu des redoutes et en obligeant cette cavalerie à la retraite.

La mort du Général Dugommier, tué sur la Montagne-Noire d'un éclat d'obus, suspend les opérations offensives qui ne reprennent que le 30 sous la direction du Général Pérignon.

Au début de cette journée, la 3e Division est chargée d'une fausse attaque dans laquelle elle a à lutter encore une fois contre la cavalerie ennemie qu'elle met en pleine déroute.

- Siège de Roses (29 novembre). - Après la défaite de l'armée espagnole, la 3e Division investit la place de Roses le 26 novembre et en fait le siège au commencement de décembre. La place résiste pendant 68 jours, dont 27 sont employés par l'armée française aux constructions de routes ou de travaux de tranchées.

La pluie tombe par torrents pendant six jours, la neige pendant 15 jours; les inondations envahissent les travaux pendant 10 jours. La constance, le dévouement et le courage des soldats du 79e sont au-dessus de tout éloge, leur gaité ne les abandonne pas un instant.

Enfin, dans la nuit du 2 au 3 février 1796, une partie de la garnison s'enfuit à bord de ses vaisseaux ; l'autre partie se rend à discrétion.

Le siège terminé, le 1er Bataillon du 79e, réduit par les fatigues et par le feu de l'ennemi à 186 hommes, quitte le camp de Roses pour s'établir à Castello de Ampurias. Il y reste jusqu'au 9 juin et passe de la 3e Division à la lre, où il est placé au camp dit de l'Egalité près Palol.

Le 11 juin 1794, avec le 1er amalgame, le 1er Bataillon entre, avec le 3e Bataillon de la Haute-Vienne et le 2e Bataillon des Hautes-Pyrénées, dans la composition de la 145e Demi-brigade de première formation qui, à la réorganisation de 1796 (18 Nivôse an 4) est elle même entrée dans la composition de la 4e Demi-brigade de seconde formation.

/ La 79e Demi-brigade de Ligne, 1796-1803

/ Introduction

Le 11 juillet 1792, en présence de l'ennemi qui de tous les côtés envahit la France, l'Assemblée nationale déclare la Patrie en danger. Mais les enrôlements volontaires étant insuffisants, la Convention est amenée à voter, le 24 février 1793, la première réquisition de 300,000 hommes. Six mois plus tard, elle est obligée de décrêter la levée en masse permanente de tous les hommes validea de 20 à 40 ana. Ces troupes forment de nombreux Bataillons, portant le nom des départerments qui les ont fournis et qui sont à tort Bataillons de Volontaires.

La plupart des hommes qui les composent et sont, en effet, réquisitionnés et enrôlés de force conformément à la loi du 23 août 1793. Les cadres sont nommés à l'élection; c'est assez dire ce qu'est leur valeur et si, parmi les Officiers d'un Bataillon, il s'en trouve un capable et énergique ayant servi comme sous Officier dans un ancien Régiment, il est l'objet de la jalousie de ses collègues, de la mauvaise volonté de ses aoldats. Aussi l'indiscipline est elle grande dana ces troupes de nouvelle levée, et l'arrivée des nouveaux Bataillons de sans-culottes met le comble au désordre qui règne déjà dans nos armées.

Nous avons vu, précédemment, que les deux Bataillons du Régiment de Boulonnais ont été séparés et, tandis que le 1er Bataillon se bat dans lea Pyrénées, le 2e Bataillon contribue vaillamment à la défense des Alpes. Cette mesure n'est pas particulière au 79e; tous les vieux Régiments ont été disséminés le long de nos frontières. Ils sont les seules troupes sur lesquelles nos Généraux peuvent compter et, par leur exemple, par leur bravoure sans égale, par leur discipline, ils entrainent au feu les troupes de nouvelle levée qui n'ont pour elles que le courage et le désir de bien faire. Sous le prétexte de déroyaliser les Régiments et en réalité pour masquer l'indiscipline et le défaut d'instruction des Bataillons de Volontaires, l'amalgame est décrété le 28 janvier 1794. "Ainsi finirent ces vieux corps, dit l'historien Susanne; calmes, résignés, toujours les yeux tournés du côté de l'ennemi du dehors. Ils se sont dispersés sans bruit, fournissant dea cadres parfaits aux héroïques demi-brigades du Directoire et du Consulat, aux immortels régiments de l'empire".

L'embrigadement des volontaires avec les troupes de ligne s'effectue péniblement de la fin de 1793 au commencement de 1795.

/ Organisation de la 79e Demi-brigade de ligne, second amalgame

La 79e Demi-brigade de deuxième formation a été formée en 1796 (Arrêté du 18 Nivôse an 4 - 8 Janvier 1796) des unités suivantes :

- 79e Demi-brigade de première formation ;

Le mode d'amalgame, rédigé en conformité de la Loi du 21 février 1793 et approuvé par la Convention le 12 août suivant, règle ainsi qu'il suit la formation de la 79e Demi-brigade :
- 1er Bataillon du 40e régiment d'infanterie (ci-devant Soissonnais; 41e régiment en 1789; 40e régiment en 1791). Campagnes : Le 1er bataillon combat en 1792; en 1793, om est appelé à l'Armée des Alpes puis est appelé à l'Armée du Rhin. Le 12 septembre, il est bloqué dana le fort Vauban et fait prisonnier de guerre. Certaines sources le donnent pour 1794 à 1796 à l'Armée de Rhin-et-Moselle ;
- 3e Bataillon de Saône-et-Loire (formé le 7 août 1792). Il fait lui aussi partie de la garnison du fort Vauban et y est fait prisonnier comme le 1er Bataillon du 40e Régiment le 13 novembre (Historique du 79e);
- 3e Bataillon du Gard (formé le 9 octobre 1792); son chef est Pichegru (J.-C.). . Il fait lui aussi partie de la garnison du fort Vauban et y est fait prisonnier comme le 1er Bataillon du 40e Régiment le 13 novembre (Historique du 79e).

L'embrigadement de ces trois Corps ne peut avoir lieu qu'à leur rentrée de captivité ; la 79e Demi-brigade de Bataille n'est donc formée que le 14 février 1796 (Historique du 79e).

Au mois de mars, elle est à Diebolsheim faisant partie de la 2e Division de l'armée du Rhin-et-Moselle, à l'effectif de 3,435 hommes. Mais l'embrigadement a blessé les Volontaires dans leur amour-propre et dans leurs pretentions, aussi le nombre des déserteurs est-il considérable. En peu de temps il ne reste sous les drapeaux que les vieux soldats et ceux des volontaires qui ont le sentiment du devoir. L'effectif des Demi-brigades présente de grandes différences d'un Corps à l'autre et, en février 1796, uu Décret de la Covention ordonne de reprendre les 238 Demi-brigades existantes et de les refondre en 140 Demi-brigades nouvelles, dont 110 de Ligne et 30 Légères.

Les nouveaux numéros sont désignés par le sort et, par un singulier hasard, la 79e Demi-brigade de première formation tire le même numéro 79, au commencement de mai 1796 (Historique régimentaire).

- 89e Demi-brigade de première formation ;

- 1er Bataillon du 45e Régiment d'infanterie (ci-devant La Couronne; 46e Régiment en 1789; 45e Régiment en 1791) ; Campagnes : 1792 et 1793 à l'armée du Nord ; 1794 à l'armée de Sambre-et-Meuse.
- 1er Bataillon de la Vendée ;
- 1er Bataillon de la Meurthe (formé le 19 août 1791, son Chef est Collency).

Selon l'Historique régimentaire, elle est embrigadée dans la 79e de Ligne le 25 janvier 1797.

- 198e Demi-brigade de première formation (ou Demi-brigade du Pas-de-Calais)

Elle est commandée depuis le 29 avril 1795 par Roch Godart. Selon l'Historique régimentaire (qui lui donne le numéro 198 Bis), elle est embrigadée dans la 79e de Ligne dans les premiers jours de juin.

- 10e bataillon de Paris, dit des Amis de la Patrie (formé le 23 septembre 1792, son Chef est Maillet, tué en Vendée).
- 6e bataillon du Pas-de-Calais (formé le 21 octobre 1792, son Chef est Godart);
- 8e bataillon du Pas-de-Calais (formé le 4 novembre 1792, son Chef est Trébout).

- 7e Bataillon de la Charente-inférieure.

Formé le 15 mars 1793

Selon l'Historique régimentaire, elle est embrigadée dans la 79e de Ligne le 21 novembre 1796.

/ 1796

Un mois après le tirage au sort, le Général de Division Schauenbourg, Inspecteur général chargé de l'organisation de la Demi-brigade, fait réunir et manoeuvrer devant la caserne Finkmatt, à Strasbourg, les Bataillons destinés à en faire partie ; il y a d'abord l'ancienne 79e et ensuite les Bataillons de la Demi-brigade du Pas-de-Calais sous les ordres de leur chef Godart, qui, ce jour là, prend officiellemen le commandement de ces différentes troupes réunies le 13 juin 1796.

Roche Godard, né le 29 mars 1761, est l'ancien Chef-de-Brigade de la 198e; le 22 janvier 1796, il est désigné pour être le Chef de la 79e Demi-Brigade d'Infanterie. Colonel en 1803, il est fait Baron de l'Empire le 15 août 1809, Général de Brigade le 11 septembre 1809, Commandeur de la Légion d'Honneur le 23 août 1814. Il décède le 8 mai 1834.

La 79e Demi-brigade de deuxième formation, forte de 2315 hommes, fait partie de l'aile droite de l'Armée du Rhin (ou Rhin-et-Moselle), commandée par le Général Ferino. La 2e Division de ce Corps s'étend de Brisach à Strasbourg. Elle a la composition suivante : 74e, 79e, 89e Demi-brigades de Ligne, 9e et 12e Demi-brigades de Cavalerie.

Les hommes de la 79e Demi-brigade sont employés à réparer les digues du Rhin et, le 13 juin, les habitants de la commune de Rhinan envoient au Chef de Demi-brigade Godart une adresse chaleureuse de remerciements.

Le passage du Rhin étant décidé, l'attaque du pont de Kehl est confiée au Général Ferino, ayant sous ses ordres les 56e, 79e, 89e Demi-brigades de ligne, le 4e Dragons et le 8e Chasseurs. Le 23 juin, la 79e est arrêtée près du pont de Graffenstad, sur l'Ill; elle ne passe le Rhin que le 25 et prend position au village de Sant. Le lendemain, après une vive fusillade, elle se porte sur le village de Moelein, y rencontre l'ennemi, l'attaque et le chasse de ses positions; la marche est ensuite dirigée sur Offenbourg; le 27, les troupes s'établissent au bivouac à Ruschoff après s'être emparées des villages de Rohrburg, Altenheim et Schutterwald. La 79e, faisant partie de la Brigade de droite, se trouve le 28 à Altenheim et le 30, elle rencontre les émigrés. Les trois Compagnies de Grenadiers qui gardent la position de Malheim parviennent, après plusieurs essais et quelques combats, à débusquer l'ennemi d'un bois près Wittenwihr et Altwihr. La marche en avant continue jusqu'à l'Eltz, dont les ponts ont été détruits par l'ennemi.

Le 5 juillet, l'aile droite de l'armée de Moreau entre à Fribourg.

Cette partie de la campagne n'a été faite que par les deux premiers Bataillons de la 79e; le 3e, qui est resté à Rhinau, rejoint la Demi-brigade à Kippenwihr où elle prend les avant-postes le 9 juillet.

Après une reconnaissance vers Gravenhausen, la 79e séjourne à Ettenheim, où elle arrive le 14.

La discipline qui, à cette époque, laisse tant à désirer parmi les troupes de l'Armée du Rhin, est restée intacte dans la 79e Demi-brigade; les écrivains de l'époque, qui citent de nombreux actes d'indiscipline, n'en mentionnent pas dans le Corps de Ferino.

Le 24 juillet, la 1ère Division, commandée par le Général de Laborde, est à Landschutt et se compose de trois Brigades; la 1ère est commandée par le Général Tharreau (38e et 79e), les 2e et 3e Brigades se trouvent sous les ordres des Généraux Paillard et Tolmé.

Le 29, cette Division se met en marche et se dirige vers le lac de Constance, où elle arrive le 1er août, et s'établit en arrière d'Engen. L'ennemi, qui a pris position à Uberdringen est repoussé sur Ravensburg; un Bataillon français y force 300 Autrichiens à s'embarquer pour Bregenz et occupe Constance.

Le 3 août, la Division de Laborde passe l'Aach et longe le lac; la Brigade Tharreau livre un petit combat près de Friesenbach; passant la Schussen, les 38e et 79e Demi-brigades s'étendent depuis le lac jusqu'à Brachenzel. A ce moment, le Général autrichien Frölich, cherchant à se rapprocher de l'Archiduc, abandonne au Général Wolf la défense du Tyrol. Vivement pressé par la 1ère Division, attaqué avec succès à Eriskirch par la Brigade Paillard, l'ennemi bat en retraite et, le 7 août, nos troupes sont en position derrière l'Argen.

La lutte dure trois heures et, l'ennemi étant enfin rejeté dans les montagnes, la Division Laborde occupe Lindau ; les avant-postes sont établis derrière la Libach.

- Combat de Bregenz. - Le 9 août, le Général autrichien fait un dernier effort pour sauver Bregenz, mais le courage de nos soldats a bientôt raison de sa résistance ; Wolf, culbuté, se retire précipitamment dans la nuit du 9 au 10 août, ayant perdu 500 hommes dont un Colonel et laissant un drapeau entre nos mains.

La 1ère Division entre aussitôt dans Bregenz et la 79e Demi-brigade contribue à la prise de 30 bouches à feu, de 40,000 sacs d'avoine et d'orge, de 1,100 tonneaux de farine et de 30 à 40 grands bateaux. Ne faisant que traverser la ville, le Général de Laborde poursuit l'ennemi l'épée dans les reins, s'empare encore d'une pièce de canon et force l'ennemi à se retirer sur Feldkirch.

Occupant Bregenz et Kempten, la Division française garde la défensive et surveille les gorges du Tyrol. Tout le pays est soulevé contre nous, les paysans tyroliens ont pris les armes.

- Combat d'Immerstadt. - Le 18 août, nos avant-postes sont à Kempten ; aur les rapports des nombreuses reconnaissances envoyées par la Division dans les montagnes environnantes, le Général de Laborde se décide à attaquer Immerstadt, où l'ennemi s'est retranché. Afin de mieux cacher ses projets, le Général fait partir ses troupes dans la nuit du 19 au 20 août ; la 79e marche en tête de colonne et attaque au petit jour; elle pénètre au pas de charge dans la ville que les Autrichiens évacuent en toute hâte pour se retirer dans le Tyrol, à Mittenwald, considéré comme la clef du pays.

Wolf, ayant alors été renforcé par 7 Bataillons et 14 Escadrons venus d'Italie, parait en force devant Kempten le 21 août, mais il n'ose attaquer, se retire pendant la nuit et se retranche à Overben, près de Bregenz.

Inquiet, le Général Tharreau part pour Kempten avec 300 Hussards, un Bataillon et les Grenadiers de la 79e, pendant que le reste de la Demi-brigade tient dans Immerstadt sous les ordres de son chef Godart. Le lendemain, 22 août, Wolf se décide à attaquer ; avec des forces considérables il se rue snr Kempten et Immerstadt, mais la 79e Demi-brigade résiste avee un courage sans pareil ; débordée de toute part, elle charge à la baïonnette sur les Autrichiens, les culbute et parvient à se retirer sur Vangen, oit la 1ère Division arrête les progrès de l'ennemi.

Le 24 août, cette Division occupe les hauteura entre Küssing, Ottonarnig et Rheinthal; la Brigade Paillard est en avant de Bregenz. La Brigade Tharreau réoccupe Kempten; le Quartier général de la Division est à Vangen.

Godart, qui occupe toujours Immerstadt avec la 79e, soutient chaque jours de nouveaux combats. Le 27 au soir, il part avec ses trois Bataillons pour surprendre les avant-postes ennemis, enlève une grang'garde, lui tue 50 hommes et au petit jour se jette sur le village, où il surprend les Autrichiens endormis. Un combat des plus vifs a lieu sur la place centrale, un Capitaine de la 79e y est tué; l'emnemi se retire en Désordre et la Demi-brigade ne se replie sur Immerstadt que devant les nombreuses troupes autrichiennes qui accourent de tous côtés.

Croyant à une attaque générale, Wolf appelle à son aide le Général Frölich qui, ayant reçu des renforts, quitte les sources de l'Isère le 27 et, pour dégager Wolf, se dirige sur Kempten le 31; un comhat acharné de tirailleurs s'engage aussitôt. Au plus fort de l'action, uue pièce d'artillerie légère qui aoutient la chaine est sur le point de tomher au pouvoir de l'ennemi. Ce dernier, qui a établi une embuscade dans un bois, sort en forces pour s'emparer de cette pièce et pousse déjà des cris de triomphe, lorsque le Lieutenant Duquene, à la tête de 80 hommes de la 79e, se précipite au-devant des Autrichiens, soutient le choc avec impétuosité et, prenant ensuite l'offensive, les rejette dana le bois où il les maintient jusqu'à l'arrivée du 1er Bataillon de la Demi-brigade qui accoure à son secours. La Division autrichienne ne se sentant pas en sûreté se retire le jour même sur Memmingen. La Division de Laborde occupe à cette époque Bregenz, Ianich, Immerstadt et Nesselwang; la 2e Division, avec le Général Ferino, est à 30 lieues de là.

Le 3 septembre, le Général Paillard, quoique inférieur en nombre, réoccupe Kempten; la Brigade Tharreau est campée à Durpach et Immerstadt.

Les Autrichiens gardent les débouchés du Tyrol à Holzkirchen et Fuessen. Le 6, le Général de Laborde ayant reçu l'ordre de pousser jusqu'à Fuessen, la Brigade Tharreau lance de nombreuses reconnassances sur les camps de Wils et de Tannhun.

Le 7, Wolf se porte en avant et vient cerner la Brigade Paillard auprès de Nesselwang; elle est rejetée sur Durach, mais Tharreau, prenant l'ennemi en flanc, dégage la Brigade compromise et rejette Wolf dans les gorges du Tyrol.

La Division reste sur le qui-vive pendant quelques jours et, voulant connaitre la force de l'ennemi, le Général de Laborde charge la 79e, toujours en première ligne, d'une reconnaissance offensive ; voici le récit de cette opération tel que l'a écrit le Chef de Demi-brigade Godart : "Le 26 fructidor, le général Tharreau me donna ordre de marcher sur Isnich avec 1,100 hommes, 200 hussards et une demi-compagnie d'artillerie. A minuit la cavalerie rencontre les Autrichiens; nous prenons position au delà d'un baie d'où j'aperçus des forces considérables à Isnich et au delà (au moins 200 feux). Je fis informer le général Tharreau qui me donna l'ordre formel d'attaquer ; je repousse les petits postes ennemis, mais la cavalerie (2 escadrons) me charge avec vigueur pendant que deux bataillons me tournent par ma gauche. Mon centre est forcé et se replie avec quelque désordre ; j'ordonne alors la retraite aur le bois.
Le général Tharreau arrive et m'ordonne de revenir; mais l'infanterie ne put en entier gagner le bois et fut chargée par deux régiments de cavalerie; plusieurs pelotons furent sabrés.
J'étais suivi de si près par un officier de cavalerie que je l'entendais me crier :
- Rendez-vous, colonel !
Je perdit là environ 600 hommes
".

Au début de l'action, le Grenadier Nourrissare surprend et attaque un poste autrichien ; il met hors de combat plusieurs ennemis, mais, cerné de tous côté, il préfère mourir que de se rendre.

La Demi-brigade, qui vient d'être si maltraitée dans cette affaire glorieuse, est en partie sauvée par le sang-froid du Lieutenant Duquene; pendant la retraite, les tirailleurs se trouvent engagés dans des marais et sont coupés par de larges ruisseaux. Le Lieutenant Duquene, connaissant un petit pont sur la rivière, réunit 50 homme, s'empare du passage et, se plaçant sur une éminence, arrête l'ennemi par ses feux bien dirigés; il permet ainsi aux nombreux tirailleurs de la 79e de ae joindre à lui et se replie ensuite sur la Demi-brigade, environnée de toute part par les Autrichiens qui n'osent l'attaquer à l'arme blanche.

Le soir même, Bregené et Lindau sont évacués par la 38e, 2e Régiment de la Brigade. La 79e se retire à Ravensburg; elle vient de lutter contre 10,000 hommes.

Le 14 septembre, les Autrichiens sont sur la Wertach ; Wolf est à Nesselwang. Le 17, Frölich attaque la 1ère Division à Kempten et Immerstadt avec 3,000 hommes d'infanterie, 2 Escadrons de cavalerie et 5 bouches à feu. Le Lieutenant Duquene, qui est en grand'garde au pont en avant de Durach, reçoit le premier choc. L'ennemi, brusquant l'attaque, se porte en force sur le poste que cet Officier commande, mais malgré son inrériorité numérique, le lieutenant Duquene resiste avec une énergie sans pareille et donne le temps aux trois Compagnies de Grenadiers commandées par le Capitaine Maffrand de venir le rejoindre et de mainLenir les Autrichiens à distance des cantonnements ; le capitaine Maffrand fait 11 prisonnien à lui tout seul. Un désastre est évité, car la 79e a été surprise par l'attaque au moment où elle nettoyait ses armes, complètement démontées. Cette vigoureuse défense que le Lieutenant Duquene fait deux fois au même poste et dans les mêmes circonstances fait donner son nom à ce poste.

Un combat des plus sérieux a lieu le 19 au même endroit; la cavalerie enmemie enveloppe complètement un Bataillon de la 79e, qui est pris. Le Capitaine Maroulat, commandant un Escadron du 2e Régiment de Hussards, se trouvant engagé et sur le point d'être cerné, le Capitaine Maffrand vole à son secours avec sa compagnie de Grenadiers. Dans la mêlée, il est entouré par 16 Hussards ennemis; l'un d'eux saisit la bride de son cheval pour l'emmener prisonnier, mais le Capitaine Maffrand, conservant son sang-froid, lui coupe le poignet d'un vigoureux coup de sabre et, pointant de droite et de gauche, s'ouvre un passage au travers des cavaliers autrichiens. A peine dégagé, voyant son Sous-lieutenant sur le point d'être sabré par l'ennemi, il s'élance à son aide et lui sauve la vie.

Cependant, le Général Tharreau, à la tête des débris de la Demi-brigade, pressé de tous côtés, se précipite sur l'ennemi à la baionnette et, traversant deux colonnes autrichiennes, parvient à se retirer sur Weswihr et Lalmas. Harcelé toute la nuit, il arrive à Isny au petit jour. Pendant la retraite, le Lieutenant Duquene, voyant la droite de son Bataillon culbutée par l'ennemi, ne consultant que son courage, rassemble 200 hommes et prend à leur tête la défense des pièces de canon dont lea Autrichiens vont s'emparer. Il les arrête sous son feu, les attaque à la baionnette et donne le temps à son Bataillon de se rallier derrière lui et d'accourir ensuite pour le délivrer. Il esyt temps, le Lieutenant Duquene et ses vaillants soldats, entourés par l'ennemi, vont succomber. Le Grenadier Gilles, se voyant près de tomber entre les mains des Autrichiens, se précipite sur eux, en tue deux et continue la lutte jusqu'au moment où, couvert de blessures, ils reçoit un cou p mortel. "A l'époque où je passais le Rhin, dit Goulart, j'avais 2,350 hommes présents sous les armes; il me manque à présent 700 tués ou blessés, 700 prisonnniers et 300 malades".

Le 19 septembre, la retraite générale de l'armée du Rhin esy décidée par Moreau et la 1a Division se retire derrière l'Argen.

Le 22, la Division résiste encore sur la ligne de la Schussen, la droite au lac, la gauche à Hemlingen ; mais l'insurrection a gagné toute la Souabe derrière nous et les convois sont difficiles.

Le 24, la 1re division sous les ordres du Général Tharreau abandonne les hauteurs derrière la Schussen ; la 79e est à Eriskirch.

La 2e Division, commandée par le Général Ferino, s'est rapprochée et ses flanqueurs se montrent à Ravensburg.

Le 30 septembre, 4,000 Autrichiens cherchent à s'emparer de ce point important, mais Ferino s'en étant approché les voit se retirer sans combattre; enfin, à 5 heures du soir, l'ennemi attaque les avant-postes du Général Tharreau, mais il est repoussé avec pertes.

La 79e Demi-brigade, dont l'effectif est considérablement réduit, est alors chargée de conduire un fort convoi à Huningue. Pendant le trajet, dans la traversée d'un bois, elle trouve la route encombrée d 'abatis ; le convoi qui a une lieue de long est attaqué par une centaine de cavaliers et les paysans révoltés. La 79e leur fait tête, les met en fuite et, après avoir enlevé les abatis, continue sa roule sur Möskirch où elle est attaquée de nouveau sans aucun succès ; de là, elle dirige le convoi sur Huningue où il arrive sans rencontrer de nouvel obstacle.

La 79e revient prendre garnison à Strasbourg. Dans son Rapport adressé au Chef d'Etat-major général de l'Armée d'Italie, daté de Corfou le 7 Fructidor an 5 (24 août 1797), le Chef de Brigade Godart raconte : "... Le 16 nivôse dernier (14 décembre), la 79e demi-brigade êtait entre Neuf-Brisach et Strasbourg sur les bords du Rhin; la campagne qu'elle venait de faire et où elle avait honorablement combattu l'avait réduite au tiers de ce qu'elle était au début. Presque entièrement démembrée, elle avait le plus grand besoin d'être renforcée lorsque, le 25, elle reçoit l'ordre de se rendre à Besançon et là, on incorpore avec elle toute la 89e qui avait été faite prisonnière de guerre à Mannheim ..." (Historique régimentaire).

/ Armée d'Italie (1797) puis occupation de Corfou (28 juin 1797-3 mars 1799)

- Passage en Italie

Dans son Rapport adressé au Chef d'Etat-major général de l'Armée d'Italie, daté de Corfou le 7 Fructidor an 5 (24 août 1797), le Chef de Brigade Godart raconte : "... La 79e laisse là sa compagnie auxiliaire, forte de plus de 700 hommes qui, presque tous, sortaient des prisons d'Autriche et n'étaient pas alors échangés ; elle partit ensuile pour Chambéry où se trouve maintenant cette compagnie auxilillire et y arrvia le ler ventôse (19 février 1797). Le lendemain, son 1er Bataillon fut détaché et envoyé ) Avignon, où il doit être encore actuellement; elle partit le même jour, 2 ventôse, et se rendit à Milan le 16. Elle n'y obtint pas de séjour et fut de suite dirigée sur Vérone.
Là, la 79e demi-brigade commença bientôt à faire éclater son impatience ; il lui tardait dèjà d'arriver à l'armée et de retrouver ses vieux adversaires d'autrefois !
Mais, hélas ! cette espérance était vaine ; arrivée à Vérone le 22, elle en partit le 26 et se rendit à Bassano pour garder les gorges de la Brenta. Elle y resta 15 jours, voyant à chaque instant arriver des prisonniers ennemis, s'indignant du repos forcé auquel elle était condamnée, brûlant d'impatience de courir à la poursuite des Autrichiens.
Les éloges qu'elle entend donner à ses frère de l'armée d'Italie sont presque un reproche à aa tranquilité involontaire, car elle oompte pour rien le aervice pénible qu'elle est obligée de faire pour garder un eapace de plue de 7 1ieues de terrain, tandis que l'armée va chaque jour en avant et remporte toujours de nouvelles victoires.
Le 13 germinal, elle part enfin pour rejoindre l'armée et arrive le 22 à Leoben après une marche forcée et sans aucun séjour. Elle trouve là les braves qu'elle désirait depuis si longtemps rencontrer et qui se reposaient après les glorieuses fatigues qu'ils venaient d'essuyer. La 79e put espérer un moment qu'elle allait partager leurs triomphes et leurs travaux, qu'elle n'aurait pas auasi longtemps marché sant obtenir l'honneur d'être envoyée à l'ennemi, mais hélas ! les préliminaires de la paix étaient signés le lendemain de son arrivée à Leoben ...
" (Historique régimentaire).

Le 11 avril 1797 (22 germinal an V), une lettre est expédiée par ordre du Général en Chef depuis le Quartier général de Gratz, au Général Joubert : "Je vous envoie ci-joint, Général, trois ordres : l'un pour vous, l'autre pour le général Baraguey-d'Hilliers, le troisième pour le général Delmas. Vous ferez toutes les dispositions et donnerez tous les ordres nécessaires à l'égard des troupes qui doivent composer les nouvelles divisions de ces généraux, en ce qui peut vous concerner.
... Celle du général Baraguey-d'Hilliers (doit être composée) de la 5e d'infanterie de bataille, du bataillon de la 58e demi-brigade qui était dans le Tyrol, d'un bataillon de la 63e, du 8e régiment de dragons, des deux bataillons de la 63e et des deux de la 79e, qui ne font pas partie des troupes qui étaient dans le Tyrol, mais que le général Baraguey-d'Hilliers rencontrera en route ...
" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1719).

Le même jour, Berthier écrit depuis Gratz, par ordre de Bonaparte au Général Baraguey-d'Hilliers : "Il est ordonné au général Baraguey-d'Hilliers de se rendre en Italie avec une division qui sera composée ainsi qu'il suit ... de la 63e demi-brigade de bataille, dont deux bataillons doivent être en route entre Klagenfurt et Pordenone, et auxquels il enverra sur-le-champ un aide de camp avec ordre de les arrêter partout où il les rencontrera; le 3e bataillon est ou avec le général Joubert, et alors il le prendra, ou de Trente est retourné en Italie, où il en disposera également;
De deux bataillons de la 79e demi-brigade, qui sont également en route, venant de l'Italie, et desquels il disposera ; ils doivent suivre les bataillons de la 63e ...
" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1720). En annexe de cette lettre, il est indiqué : "... La 63e et la 79e doivent être entre Pordenone et Villach. Partez avec le 8e dragons et réunissez ces demi-brigades à Osoppo et San Daniele, gardant le pont du Tagliamento ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1720).

Dans son Rapport adressé au Chef d'Etat-major général de l'Armée d'Italie, daté de Corfou le 7 Fructidor an 5 (24 août 1797), le Chef de Brigade Godart raconte : "... La demi-brigade se rend alors à la division du général Serrurier qui reçut l'ordre le 1er floréal d'aller à Gratz, où il reste jusqu'au 7 ; il partit avec elle et revint à Portdenone le 18 germinal. La 79e reste sans faire de mouvements jusqu'au 27, époque à laquelle elle est détachée de cette division et envoyée à Mestre dans celle du général Baraguey d'Hilliers. Le 2 prairial elle passa à Venise pour y tenir garnison et y demeura jusqu'au 20 du même mois où elle s'est embarquée pour Corfou.
Ainsi, la 79e demi-brigade n'a eu d'autre part aux succès de l'armée d'ltalie que les fatigues d'une marche pénible et presque continuelle pendant cinq mois; elle n'a eu de ses victoires que le désir de les partager et de prouver qu'elle était digne de combattre et de vaincre.
Tel est, citoyen général, le récit fidèle de toutes les marches qu'a faites la demi-brigade depuis son départ du Rhin jusqu'au jour de son embarquement.
J'ai l'honneur d'être avec respect, citoyen général, le chef de la 79e demi-brigade de bataille.
Godart
" (Historique régimentaire).

- Passage à Corfou

Quoique le traité de Campo-Formio ne soit pas encore signé, aussitôt que l'armée d'ltalie se soit emparé de tout le paya vénitien situé sur la rive droite de l'Isonzo, le Général Bonaparte fat venir à Malacomo, près de Venise, l'escadre de Toulon, oommandée par le Vice-amiral Brueys. Le Général en chef donne ensuite l'ordre au Général de Division Gentili et au Général de Brigade la Salcette de se rendre à Corfou pour prendre possession des iles et arrondissements continentaux de la mer Ionienne. La Division du Levant, formée à cette occasion, a la composition suivante :
Les 2e et 3e Bataillons de la 79 Demi-brigade ;
La 3e Demi-brigades de ligne cisalpine ;
Les Compagnies d'artillerie des 14e et 79e Demi-brigades ;
La 7e Compagnie d'artillerie sédentaire ;
Une Escouade du 4e Régiment d'artillerie à pied ;
Une Escouade du 2e Bataillon de Sapeurs.

Ces différentes troupes s'embarquent à Malacomo le 8 juin 1797 sur l'escadre de l'Amiral Brueys et sur des bâtiments marchands qui mettent à la voile le 13 et viennent mouiller dans le port de Corfou le 28 au matin. Les iles et possessions de la mer ionienne ont été organisées provisoinement par le Général Bonaparte en trois départements :
1° Département de Corcyre;
2° Département d'Ithaque;
3° Département de la mer Egée.

Le 14 juin 1797 (26 Prairial an 5), le Général Bonaparte écrit, depuis Mombello, au Général Berthier : "... Vous ordonnerez que l'on forme les brigades de la manière suivante :
... 8e DIVISION. Victor
... La 79e, détachée aux îles du Levant Gentili ...
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1919 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1674).

Le même 14 juin 1797 (26 Prairial an 5), le Général Bonaparte écrit encore, depuis Mombello, au Général Berthier : "Vous voudrez bien ordonner et prendre les mesures pour l'organisation prompte du personnel de l'artillerie de l'armée, ainsi qu'il suit :
Il y a dans ce moment-ci 76 compagnies d'artillerie de demi-brigade, desquelles vous ne devez former seulement que 30 compagnies d'artillerie de brigade, chaque demi-brigade de ligne devant avoir sa compagnie de canonniers ...
79e demi-brigade. - Sera composée de la compagnie de la 79e, capitaine Delau, et de la 4e division d'artillerie, capitaine Laurent ...
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1921 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1677).

Les deux premiers mois de l'occupation de Corfou par la 79e Demi-brigade se passent sans incidents graves. Le Chef de Brigade Godart sait se concilier l'amilié de tous en débarrassant le pays d'une bande de brigands qui le ravagent depuis longtemps. Il les attire dans une embuscade et s'empare de 45 d'entre eux dont une partie, composée de forçats, est reconduite au bagne, et l'autre partie, composée de déserteurs vénitiens, est remise entre les mains de la gendarmerie.

En novembre, le Général Gentili, relevé de ses fonctions pour raison de santé, est remplacé par le Général Chabot qui amène avec lui des troupes de renfort, dont le 1er Bataillon de la 79e qui, détaché à Avignon au mois de février 1796, s'est ensuite rendu à Ancône en passant par Nice. Après avoir été employé dans le Duché d'Urbin, ce Bataillon est désigné pour aller à Corfou avec la 6e Demi-brigade de ligne, trois Compagnies d'artillerie et une Compagnie de Sapeurs.

Le 9 novembre 1797 (19 brumaire an 6), par ordre du Général en chef Bonaparte, une lettre est expédiée depuis le Quartier général de Milan, au Général Vignolle : "... Lorsque tous ces mouvements seront effectués, l'armée se trouvera donc placée de la manière suivante :
... A Corfou
6e de ligne.
79e idem ...
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2332 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1, p.46).

L'Etat des Demi-brigades, établi le même jour, précise que la 79e est à Corfou (Correspondance de Napoléon, t. 3, lettre 2335).

Le 1er Bataillon de la 79e et la 6e de Ligne s'embarquent à Malacomo au commencement de décembre sur des bâtiments marchands qui mettent à la voile le 9, escortés par le Jason, brick de guerre français; ils arrivent à Corfou le 22 du même mois.

Le 17 Nivôse an 6 (6 janvier 1798), le Général Bonaparte expédie, depuis Paris, une note pour le Directoire : "Le général Gentili commande la division militaire dans la mer Ionienne.
Il a sous ses ordres les généraux Chabot et Lasalcette.
Il y a en garnison la 6e demi-brigade de ligne, forte de 1,700 hommes
Et la 79e forte de 2,200
Cinq ou six compagnies d'artillerie faisant en tout 400
Total. 4,300 ...
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2397).

Le 20 février 1798, 550 hommes de la 6e Demi-brigade sont embarqués sur l'escadre du Vice-amiral Brueys afin de compléter les garnisons des vaisseaux ; quelques jours après, la 3e Demi-brigade cisalpine part pour Ancône et le reste de la 6e Demi-brigade est réparti dans les autres îles et les quatre forts du continent.

Il ne reste plus à Corfou que la 79e Demi-brigade, l'artillerie et les Sapeurs. La 79e Demi-brigade est commandée par le Chef de Bataillon Dufour; le Chef de Brigade Godart, malade, est parti en congé à Arras dans sa famille.

- Fête patriotique à Corfou. - Le l5 juin, la frégate l'Artémis jette l'ancre devant la ville, ayant à son bord le Chef de Bataillon La Valette, Aide de camp du Général Bonaparte. Il apporte au Général Chabot des dépêches annonçant la prise de Malte et de ses forts par l'armée expéditionnaire d'Égypte, à laquelle la Division du Levant vient d'être attachée.

"Ces nouvelles produisirent un enthousiasme général dans toutes les iles et sur le continent ; les autorités civiles et les habitante de Corfou, voulant manifester publiquement leur joie, se concertèrent avec le général à l'effet de célébrer une fête patriotique et militaire le 10 messidor, jour anniversaire de l'arrivée des troupes et de l'escadre française.
On construisit sur l'esplanade une espèce d'autel consacré à la paix; comme il fallait apporter une grande quantité de terre pour former un petit tertre autour de l'autel de la paic, les autorités civiles et autres invitèrent les citoyens de tous les états et de toutes les sectes à venir y travailler alternativement le jour et la nuit, afin que cet autel fut prêt pour le 10.
Les Corsiotes de tout âge, tant de la ville que de la campagne, les prêtres latin et grecs, les juifs et les Italiens, réunis à la garnison, travaillèrent avec la plus grande activité pendant deux jours et trois nuits, étant animés par la musique de la 79e demi-brigade et par des musiciens bourgeois.
Le jour tant désiré arrive enfin ; la garnison ayant été disposée en bataillons triangulaires autour de l'autel de la paix qui était très artistiquement décoré de verdure, de fleurs et de rubans tricolores, les généraux, les autorités civiles, l'état-major de la 79e demi-brigade et les députés grecs se placèrent sur cet autel. On prononça alors plusieurs discours analogues aux circonstances et rédigés dans les langues française, grecque et italienne.
A midi, les troupes furent formées en colonne et défilèrent devant les autorités pour se rendre sur l'autre partie de l'esplanade, où elles exécutèrent différentes évolutions ; elles firent la petite guerre entre elles, secondées par des pièces de canon de bataille. Ces exercices et manoeuvres durèrent jusqu'à 2 heures : alors les troupes rentrèrent dans leurs quartiers où elles trouvèrent des vivres supplémentaires que la ville leur avait fait distribuer
".

- Commencement des hostilités (septembre 1798). - L'Ile de Prévezza étant en butte aux projets hostiles d'Ali, Pacha de Janina, le Général Chabot y fait construire des redoutes et ordonne le départ de Corfou de quatre Compagnies de la 79e, qui sont réparties entre les postes de Nicopolis, de Prévezza, les iles de Sainte-Maure et de Céphalonie.

Ali menace de plus en plus; un jour il écrit à l'Adjudant-général Roze, qui commande à Corfou en l'absence du Général Chabot, en tournée dans les iles, pour l'inviter à se rendre au bourg de Filiatès où il désire conférer avec lui. Plein de confiance dans l'amitié qu'Ali lui a toujours témoignée, Roze s'y rend, mais, saisi et garrotté, il est jeté dans un cachot infect et obscur.

N'ayant pu obtenir de cet Officier les renseignements qu'il désire avoir sur nos positions à Butrinto et Nicopolis, Ali invite le 13 octobre le commandant du fort de Butrinto à se rendre an bourg de Calispolis pour y traiter d'affaires intéressant la Division. Sans méfiance, le commandant du fort ordonne à M. Steil, Sous-lieutenant à la 79e, de se rendre au lieu indiqué ; en arrivant à Calispolis, l'Officier français est retenu prisonnier et conduit à Janina comme esclave. Après avoir été jeté dans un cachot et fort maltraité parce qu'il ne veut pas donner au Pacha les renseignements que ce dernier désire connaitre, le Sous-lieutenant Steil est ramené à Corfou et échangé le 20 décembre suivant.

Le 17 octobre, les Turco-Albanais s'emparent pendant la nuit de toutes les hauteurs qui environnent le fort de Butrinto; aussitôt informé de ce qui se passe, le Général Chabot envoie M. Petit, Chef de Bataillon à la 79e, avec deux Compagnies de Grenadiers et un détachement de Sapeurs.

- Combat de Butrinto (18 octobre 1798). - Le lendemain matin, le commandant de ces troupes de renfort attaque l'ennemi et réussit à le débusquer de ses positions ; mais une centaine de Turcs s'étant retranchés dans la vieille tour de Jacco, située sur la rive gauche de la rivière de Paola, il est impossible de les en chasser. Le Chef de Bataillon Petit demande aussitôt un renfort de 300 hommes avec du canon que le Général Chalbot lui accorde et, désirant juger par lui-même de l'importance du combat, part pour Butrinto en même temps que les troupes; mais dans l'intervalle, l'ennemi s'est considérablement renforcé et, se rendant compte du petit nombre de nos soldats, il attaque notre ligne avec furie dans la journée du 19. Obligés de céder au nombre et pour ne pas se laisser envelopper, les Grenadiers de la 79e Demi-brigade reculent lentement lorsque, tout à coup, on aperçoit le Général Chabot qui, entouré par les Turcs, va être pris et mnassacré; un peloton se précipite sur l'ennemi et ramène le Général sain et sauf. Le 20 au matin, Chabot recommence l'attaque et lance les Grenadiers sur la tour de Jacco ; ces braves gens font des prodiges de valeur, mais l'ennemi, trop nombreux, se défend avec un courage presque égal à celui que montrent les nôtres. Pleins de rage, nos Grenadiers conduisent l'obusier qui accompagne la colonne jusque sous les murs de la tour, mais, accueillis par un feu épouvantable, les plus braves sont tuéa avant de pouvoir y arriver. Le Sergent-major de Grenadiers Richard, qui, quoique dangereusement blessé, donne l'exemple en tête de la colonne d'attaque, est tué au pied même de la tour de Jacco, où il est parvenu avec quelques-uns de ses hommes.

Depuis plusieurs heures on se bat sans aucun succès apparent ni d'un côté ni de l'autre ; nous avons déjà fait des pertes nombreuses, lorsque, en conduisant ses troupes à une dernière attaque à la baïonnette, le Chef de Bataillon Petit est blessé au pied. Les Turcs, huit fois plus nombreux que nous, repoussent encore une fois ce glorieux effort; grâce à l'obusier qu'on a placé au centre avec une partie des Grenadiers amenés par le Général Verrières, la colonne peut se rallier et repousser les Turcs que leur facile succès rend trop entreprenants.

Enfin, le Général Chabot ordonne la retraite sur le fort et part le jour même pour Corfou, laissant le commandement au commandant Dufour, qui s'est distingué dans les combats des jours précédents.

La 79e a fait des pertes sensibles ; les Lieutenants Buiron et Pays ainsi qu'une cinquantaine de soldats sont morts au champ d'honneur.

A noter que l'Historique indique pour les Officiers morts au champ d'Honneur, le 5 juillet et le 18 octobre 1798, lors de la défense de Corfou, le Capitaine Buchet, les Leutenants Buiron et Pays, les Sous-lieutenants Guigny, Marchal, Le Bègue et Moure.

Le 25 octobre, la place de Corfou est déclarée en état de siège ; le fort de Butrinto doit être évacué et, qnelques jours après, le Capitaine Millet, de la 79e, arrive à Corfou avec la garnison de l'ile d'Ithaque.

- Combat du Manduchio. - Le 2 novemhre, 1,200 rebelles prennent les armes contre nous, couduits par quelques nobles corsiotes partisans de la Russie. Aussitôt, le Général Chabot sort de la place avec 800 hommes et une pièce de canon pour les chasser des hauteurs environnantes, mais ils résistent ; les Grenadiers de la 79e les bousculent pourtant et brûlent les maisons dans lesquelles ils se sont retranchés.

Le même jour, un détachement de l5 hommes stationné au village de Lébénize pour y surveiller la mouture des grains est entouré par plus de lOO Grecs qui veulent lui faire rendre les armes, mais ni le nombre, ni les menaces n'effraient les quinze braves de la 79e. Le Sergent Besson, qui les commande, se fait remarquer par son sang-froid et son éloquence martiale. Il engage le feu et en impose si bien aux Grecs par son attitude et sa résolution, qu'ils n'osent fondre sur lui et lui ouvrent un passage. Le Sergent Besson a la gloire de rentrer à Corfou sans avoir perdu un seul homme.

- Blocus de Corfou (4 novembre 1798). - Le 4 novembre dans l'après-midi, on signale six gros bâtiments de guerre; le lendemain, quatre d'entre eux, dont un vaisseau russe, une frégate russe et deux caravelles turques, viennent se placer en avant de l'Ile de la Paix où ils mouillent, lea deux autres bâtiments se placent vis-à-vis du village de Lébénize. A 3 heures de l'après-midi, le Vice-amiral russe Ouchakow fait sommer le Général Chabot de rendre Corfou. "Le général répondit au colonel russe qu'une place aussi importante que celle de Corrou ne pouvait se rendre sans avoir été méritée, et qu'il espérait que l'escadre russo-turque, quelque nombreuse qu'elle fût, ne ferait jamait capituler la garnison qui avait de grands moyens de défense".

Après quelques moments de conversation le Général invite les trois parlementaires à diner ainsi que tous les Officiers présents à cette audience. On rit beaucoup pendant le repas, qui est égayé par la musique de la 79e Demi-brigade. Au dessert on chante des chansons françaises et on porte un toast aux braves de toutes les nations. Le général ayant invité le Capitaine de haut bord et ses Officiers à rester dans la place jutqu'à minuit pour voir le spectacle, il les fait conduire à la nuit dans une voiture dont les persiennes sont levées. La salle a été illuminée et se trouve assez brillante pour le pays parce que les loges sont remplies de dames. On joue ce jour-là un opéra italien et l'on donne le ballet de l'Entrée des Français au Caire, de sorte que les parlementaires ont le plaisir de voir la destruction des beys et l'enlèvement de leurs femmes par l'armée d'Orient, ce qui les fait beaucoup rire ; il y a ensuite un grand souper chez le Général Chabot.

Lorsque le Colonel russe prend congé des Généraux, il les remercie de l'accueil obligeant qu'il a reçu; on lui répond que, s'il en est satisfait, on l'engage à revenir souvent, que l'on espère pouvoir encore pendant longtemps le regaler de la musique française et du spectacle de Corfou.

- Composition de la garnison de Corfou au commencement du siège (6 novembre 1798). - La garnison de Corfou comprend alors 1,800 combattants : la 79e Demi-brgade (23 compagnies), 1450 hommes; 210 hommes d'Artillerie, la 5e Compagnie du 2e Bataillon de Sapeurs (90 hommes), les Gendarmes corcyriens (50 hommes). Le Général Chabot organise deux Corps, l'un de volontaires canonniers, l'autre de volontaires chasseurs à cheval ; il forme en outre une Compagnie de partisans pour harceler sans cesse l'ennemi. Ce Corps franc est composé de Grenadiers de la 79e commandé par le Capitaine Maffrand, connu par ses nombreux exploits dans la campagne du Rhin ; il a sous ses ordres MM. Wattillaux et Richalet, Sous-lieuteuants à la 79e. Les partisans s'établissent dans la redoute Saint-Roch, où l'on place quelques boucbes à feu de bataille.

Les forces maritimes se composent : du vaisseau le Généreux, de 84 ca nons; bu vaisseau le Leader, navire anglais de 74 canons, pris à Candie; de la corvette la Brune, de 33 canons; de la bombarde la Frimaire; du brick l'Expédition, et de quatre mauvaisses demi-galères. De tous ces bâtiments, le vaisseau le Généreux est seul en état de combattre.

Le 26 novembre au matin, les Russes se postent sur le mont Olivette, soutenus par de l'artillerie et par une forte troupe d'lnsulaires ; ils font feu pendant une partie de la journée sur plusieurs de nos bâtiments mouillés au bas du fort Neuf.

- Sortie du 26 novembre. - Le lendemain, avant le jour, le Général Chabot fait sortir 300 hommes d'intanterie et une pièce de canon de bataille, pour chasser l'ennemi du mont Olivette ; cette sortie est commandée par le Capitaine Grouvel, son Aide de camp. Cet Officier divise sa troupe en trois colonnes; l'une, de 120 hommes, est dirigée par le faubourg de Manduchio et commandée pnr le Capitaine Maffrand; la seconde, de même force, doit tourner le fort Abraham et se porter sur le mont Olivette en suivant la crête des montagnes qui dominent le Manduchio; la troisième est un corps d'observation composé d'une soixantaine d'hommes.

Malgré ces habiles dispositions, l'entreprise échoue; la colonne du Capitaine Maffrand, accablée par les Russes et non soutenue par la colonne de gauche, est obligée de battre en retraite après avoir essuyé le feu de l'ennemi pendant plus d'une heure. Dans la nuit suivante, les Russes établissent sur le mont Olivette une batterie de gros canons et obusiers et y construisent des retranchements pour se mettre à l'abri d'une nouvelle attaque. Le 27 novembre au matin, ils ouvrent un feu très vif et bombardent les forts Neuf et Abraham, ainsi que la ville de Corfou; le lendemain, une autre batterie russe est établie près du couvent de Saint-Pantaléon sur les hauteurs des Castrati.

- La batterie de Saint-Pantaléon est enlevée. - Prise d'un drapeau russe. - Le 1er décembre, 600 hommes de la 79e et 2 bouches à feu reçoivent l'ordre d'attaquer cette batterie. Le succès est complet, et après une courte fusillade le Sous-lieutenant Nazal, les Sergents Besson et Ancelet, le Caporal La Masse, sautent tous quatre ensemble dans la batterie et s'emparent d'un drapeau, de 17 Russes dont un Officier et de 3 bouches à feu. On prend également quelques boeufs ou chevaux et 200 moutons qui sont d'une grande utilité pour nos malades. Aussitôt prise, la batterie de Saint-Pantaléon est détruite et ses fossés comblés.

Le Général Chabot voulant profiter do l'ardeur des troupes que la victoire a porté au plus haut degré, ordonne au Chef de Bataillon Tréboute d'en prendre le commandement et de s'emparer de la batterie du mont Olivette.

- Attaque du mont Olivette. - Une attaque prématurée de l'avant-garde compromet tout et nous enlève le bénéfice de la surprise; cependant l'ennemi bat en retraite sur le plateau où se trouve sa batterie. L'attaque devient meurtrière ; les batteries russes tirant à mitraille nous tuent plusieurs braves dont la mort glorieuse ne fait qu'exalter le courage des autres soldats de la 79e. Ceux-ci franchissent bientôt la cime du mont et grimpent par les embrasures de la batterie d'où les ennemis font voler sur eux une grêle de balles. Déjà les Russes enclouent leurs bouches à feu et se disposent à évacuer le plateau, lorsque des renforts leur arrivent et le Chef de Bataillon Tréboute doit ordonner la retraite. Ce mouvement se fait lentement et avec beaucoup d'ordre; l'ennemi, quoique fort de plus de 1,000 hommes, a été tellement étonné de la valeur de nos soldats qu'il n'ose les poursuivre. Au moment où la 79e commence sa retraite, le Capitaine Maffrand, voyant son frère, Sergent de partisans, entouré par les Russes, se précipite à son secours, tue cinq de ses adversaires et, dispersant les autres, parvient à sauver le Sous-officier au moment où il vient d'être blessé à l'épaule d'un coup de baionnette.

Les troupes rentrent à Corfou à 4 heures de l'après-midi ; cette affaire glorieuse coûte 60 hommes à la 79e demi-brigade; les Sous-lieutenants Moure et Le Bègue ont été tués sur le champ de bataille; l'ennemi a perdu 150 hommes.

- Prise de deux drapeaux turcs. Le 14 décembre, la Compagnie de partisans du Capitaine Maffrand fait une sortie dans laquelle elle s'empare d'un drapeau albanais.

Le 3 janvier 1799, nouvelle sortie de 500 hommes et 2 bouches à feu, dans laquelle la 79e prend encore un drapeau aux Turco-Albanais. Ceux-ci se sont retranchés dans une chapelle d'où ils font un feu meurtrier; le Sous-lieutenant Wattilliaux se détache avec une poignée de braves pour les en déloger. A peine a t-il fait quelques pas qu'il se trouve entouré par l'ennemi; un chef ture s'avance pour lui porter un coup de sabre, mais Watilliaux l'étend mort à ses pieds et les Albanais effrayés prennent aussitôt la fuite.

Dans le courant de février, la Compagnie du Capitaine Maffrand fait plusieurs incursions heureuses dans les ouvrages de l'ennemi.

- Sortie du 10 février 1799. - Le 10 au matin, 600 hommes de la 79e et 3 bouches à feu repoussent les Turco-Albanais jusque sur les hauteurs de Saint-Pantaléon. Le Sous-lieutenant Lefebvre ayant rallié un certain nombre de soldats qui combattent isolément les commande avec tant de bravoure et d'intelligence qu'il contribue singulièrement à la fuite des ennemis et il arrive le premier sur leurs retranchements; mais nos troupes, trop peu nombreuses, ne peuvent aller plus loin ; il faut battre en retraite. A ce moment, une pièce d'artillerie est arrêtée, une roue de l'affût se trouvant engagée dans un fossé assez profond; le Général Verrières s'aperçoit du danger; il fait porter en avant la pièce des canonniers auxiliaires qui tire quelques coups à mitraille sur un peloton de Turcs en train d'emmener la pièce abandonnée ; plusieurs ennemis sont tués, mais les autres s'embusquent dans les fossés tout autour de leur proie qn'ils ne veulent pas lâcher. Ne consultant que son courage, le Général Verrières se porte seul, à cheval, vers la pièce et reste là, assailli par une grêle de balles, jusqu'à ce qu'une vingtaine de braves de la 79e viennent le délivrer. Parmi eux se trouve le Sergent de partisans Maffrand, les Sergents Goubert, Georgin, le Fourrier Boitel, le Caporal Gambiez et le Grenadier Calmin, qui ont la gloire de tuer le Bouyouk-bachi ou Capitaine commandant les Turcs.

Les Turco-Albanaia repoussent nos troupes jusque sur les glacis du fort Saint-Sauveur ; la 79e a perdu dans cette action le CapiLaine Mathieu, le lLeutenant Boulvert, 15 hommes tués et 50 blessés. Les Chefs de bataillon Treboute et Julietti, le Capitaine Maffrand s'y sont fait remarquer par leur valeur et leur dévouement.

- Massacre des Compagnies détachées dans l'ile de la Paix. - Le 2 mars à 8 heures du matin, les Russes et les Turcs attaquent de toute part l'ile de la Paix et s'en emparent après une canonnade épouvantable; le Capitaine Lacroix est massacré dès le début de l'action ; un certain nombre de soldats français ayant vu les Albanais couper la tête à des prisonniers et voulant échapper à ce triste sort se jettent à la mer où plusieurs périssent. Les Russes, également révoltés par les actes barbares que leurs alliée commettent devant eux, se forment en bataillon carré au milieu de l'ile et tous les Français qui peuvent s'y réfugier sont sauvés ; la plupart sont impitoyablement massacrés par les Turco- Albanais et leurs têtes portées à Cadir-Bey, Vice-amiral turc. Des Officiers, des soldats et des matelots russes sauvent la vie à plusieurs soldats de la 79e en les rachetant aux Turcs.

Dans ce désastre qui nous enlève près de 600 hommes, les actes de courage sont nombreux : le Sergent de Grenadiers Boitel se trouve sur le rivage au moment où les Turcs se présentent pour y descendre. Il assomme à coups de crosse les premiers qui débarquent et resiste longtemps avec le plus grand courage mais ayant succombé sous le nombre de ses ennemis, il a la tête tranchée.

Le Fusilier Gabriel a pendant le combat les deux cuisses emportées par un boulet; malgré une blessure aussi épouvatable, il continue à frapper de son sabre les Turcs qui l'approchent jusqu'à ce qu'enfin, épuisé par la perte de son sang, il soit décapité par ses barbares ennemis. De toute la garnison, 50 hommes seulement peuvent s'échapper dans des barques.

- Défense du fort Saint-Sauveur. - Pendant que les cinq Compagnies du 2e Bataillon qui occupent l'ile de la Paix succombent sous l'attaque irresistible des Russes et des Turcs réunis, le fort Saint-Sauveur subit un terrible assaut. Elevé sur une hauteur très voisine de Corfou, commandant la ville entière et sa rade, ce point important est considéré comme la clef de la position; c'est en vain que 300 Russes et 6,000 Albanais donnent plusieurs assauts, ils sont repoussés chaque fois avec une incomparable énergie, laissant en battant en retraite les fossés du fort remplis de leurs morts et de leurs blessés.

La garnison, peu nombreuse (250 hommes sous le commandement du Chef de Bataillon Dufour, de la 79e), les tient en échec jusqu'à la nuit; mais, pour ne pas compromettre la sécurité d'une centaine de combattants qui occupent les ruines du fort Saint-Sauveur, le Chef de brigade Dufour reçoit ordre du Général Chabot de l'évacuer pendant la nuit. Après avoir mis l'artillerie hors d'état de servir, les soldats de la 79e quittent à 9 heures du soir ce posye qu'ils ont si vaillamment défendu.

Wattillliaux, Sous-lieutenant de la Compagnie de partisans, est toujours armé d'uu fusil à deux coups qui est souvent funeste aux ennemis. Cet Officier s'est placé vis-à-vis d'un escalier par lequel les Turco-Albanais, que conduit un noble grec, sont obligés d'effectuer leur retraite ; c'est de là que, secondé par quelques partisans et Grenadiers de la 79e, il fait un grand carnage de ces barbares.

Han, Adjudant sous-officier, se fait remarquer par son sang-froid et par le soin qu'il met à porter les ordres du Chef de brigade Dufour dana les postes les plus périlleux. Pour remplir les missions dont il est cbargé, il fait le coup de feu et lance même des grenades sur l'ennemi. Blessé deux fois, il refuse de quitter les remparts malgré les instances de ses camarades et de ses chefs.

Lemoine, Sergent de Grenadiers, commande un poste qui est vivement attaqué par l'ennemi. Il fait une si belle défense qu'à l'aide de ses camarades, il tue tous les Turco-Albanais qui se présentent à bonne portée de ses armes ; à la fin de l'action, il est blessé d'une balle qui lui fracasse la machoire.

Ligné, Grenadier, exaspéré de voir que les ennemis se maintiennent dans les fossés et persistent à tenter l'assaut, s'élance sur eux du haut du rempart suivi du brave Dubois, son Caporal. Il entraine une trentaine de ses camarades en leur criant de suivre son mouvement pour prendre l'ennemi en flanc. Les Russes et les Turcs, surpris par cette attaque inopinée, sont forcés de se sauver en désordre et d'essuyer dans leur retraite le feu de toute la garnison. En rentrant dans le fort, le brave Ligné reçoit une balle qui lui traverse une joue. Informé par le commandant Dufour de la belle conduite de ce Grenadier, le Général Chabot le nomme Sergent.

Bertinot, Grenadier, soutenu par quelques-uns de ses camarades, repousse toutes les attaques que l'ennemi dirige contre le poste qu'on lui a confié; c'est une embrasure basse, d'un accès facile, par conséquent dangereuse à occuper et difficile à défendre.

Chevalier, Grenadier au 2e Bataillon, s'est battu pendant plus de deux heures dans l'Ile de la Paix ; obligé de reculer devant le nombre des ennemis, il se jette à la mer, traversa à la nage le canal qui sépare cette Ile de Corfou et se rend aussitôt au fort Saint-Sauveur, où il continue de se battre avec la plus grande valeur jusqu'à 5 heures de l'après-midi. Ce brave est alors grièvement blessé, mais ses chefs ne peuvent qu'avec beaucoup de peine lui faire quitter le combat pour soigner sa blessure.

Terminons par un acte sublime de dévouement et d'énergie accompli sur un autre point dans l'Ile de Corfou : "Le général La Salcette avait envoyé Bouchard, fusilier à la 79e, et Givaque, tambour, pour faire avancer la bombarde la Frimaire, qui devait être mouillée devant Prevenza. Ces deux soldats se mirent à la nage; Givaque, épuisé, se noya bientôt; Bouchard, qui avait fait son possible pour sauver son camarade, n'ayant pas trouvé la bombarde et sachant que tout était désespéré à Nicopolis, poussa en nageant jusqu'à la forteresse de Sainte-Maure et fit de cette manière plus d'un myriamètre à l'aide de quelques récifs sur lesquels il se reposait de temps en temps".

Combien d'autres braves se se sont encore distingués ? Le commandant Dufour signale au Général Chabot : Le Capitaine Maffrand, le Capitaine Quartier-maître trésorier Landraguin, le Sous-lieutenant Choquet, le Sergent-major Palanchon, les Sergents Fayolle et Goudeman, les Caporaux Delacoudre et Rassepail, le Grenadier Calmin.

Les approvisionnements en munitions de guerre sont épuisés et il n'y a aucune espérance d'en recevoir. La prise de l'ile de la Paix, l'occupation du fort Saint-Salvador permettent à l'ennemi de donner un assaut général et l'enceinte du front de mer, qui peut être battue en brèche par tous les vaisseaux de l'escadre ennemie, n'est fermée que par un mur de trois pieds d'épaisseur, incapable de soutenir une pareille lutte.

A noter que l'Historique indique pour les Officiers morts au champ d'Honneur, les 10, 20 et 28 févrer 1799, les Capitaines Mathieu et Lacroix; le Lieutenant Boulvert et le Sous-lieutenant Giroux.

- Capitulation de Corfou (3 mars 1799). - Le 2 mars au matin, le Général Chabot envoie son Aide de camp Grouvel auprès du Vice-amiral Oucbakow pour proposer une suspension d'armes de 48 heures qui est acceptée. La capitulation de Corfou est ensuite rédigée dana les trois langues française, russe et grecque. En voici un extrait :
"Article ler. - La garnison sortira, avec tous les honneurs militaires, de tous les forts et postes qu'elle occupe, un jour après la signature de la présente capitulation ; elle se rangera en bataille sur l'Esplanade où elle déposera ses armes et ses drapeaux à l'exception des généraux, des officiers de l'état-major et autres officiers, qui garderont leurs armes, après quoi les troupes alliées prendront possession des postes; les Français rentreront de suite dans la citadelle où ils conserveront leur logement jusqu'au moment de leur embarquement qui s'effectuera au port de Mandrachio ; le commissaire général et l'état-major conserveront une garde d'honneur russe jusqu'au moment de l'embarquement.
Article 3. - La garnison sera transportée à Toulon par des bâtiments fournis par l'escadre combinée, aux frais de ladite escadre, après avoir donné sa parole d'honneur de ne point prendre les armes pendant 18 mois contre Sa Majesté l'empereur de toutes les Russies, Sa Majesté le Grand Seigneur, ainsi que contre leurs alliés le roi d'Angleterre, le roi des Deux-Sicilos et les alliés actuels des deux Empereurs
".

- Reddition de la place. - A midi, le 5 mars, la garnison défile tambours battants, drapeaux déployês, devant les troupes russes et dépose les armes. "Messieurs les officiers russes nous donnèrent des preuves de la plus grande considération, écrit le Capitaine Bellaire. Il ne me parait pas inutile de rapporter les honneurs qu'ils rendirent à M. Tissot, lieutenant au 3e régiment d'artillerie, que noua eûmes le malheur de perdre aur la fin de ventôse.
Aussitôt que le général Cbabot eut prévenu M. le lieutenant-oolonel Skipor, commandant la citadelle, qu'il désirait faire rendre les honneurs funèbres à M. Tiasot, cet officier supérieur fit demander un détachement d'honneur russe composé d'un lieutenant, 30 sous-officiers et grenadiers, 2 tambours et un fifre. Le cortège, formé par la 15e compagnie du 3e régiment d'artillerie, par tous les officiers de la garnison et par les grenadiers russes, traversa la ville au bruit de la musique de la 79e demi-brigade, qui marchait en tête. Au moment où l'on mit le corps en terre, le détachement d'honneur fit trois salves en l'air.
La musique française reconduisit les grenadiers russes jusqu'à leur quartier; c'était une chose assez singulière que de voir nos ennemls marcher au bruit de nos airs patriotiques
" (Lettre du Capitaine Bellaire, détaché à l'Etat-major du Général Chabot.

La place de Corfou a résisté héroiquement pendant six mois aux efforts comhinés des Russes et des Turco-Albanais; l'effectif des troupes valides, tant dans la place que dans les forts, ne s'élève pas à plus de 800 hommes épuisé de fatigue. "Pendant toute la durée du blocus et du siège, dit le Général Chabot, ces troupes n'étaient pas entrées un seul jour dans leurs quartiers".

/ Retour en France (1799-1803)

- Rentrée de la 79e Demi-brigade en France.

Conformément à la capitulation signée le 3 mars 1799, la garnison est transportée par la flotte ennemie sur les côtes de France. Le 16 avril, deux bâtiments russes débarquent 600 hommes à Saint-Troppez; à la fin du même mois, une corvette et un brick amenent d'autres hommes de la 79e à Livourne et à Ancône avec le Général Chabot.

A peine débarquées, 3 Compagnies, sous les ordres du Général Roguet, sont envoyées dans la rivière du Ponent pour combattre les Barbets (brigands); elles y restent trois mois et rejoignent le 9 juillet le reste de la 79e que son Chef Godart est en train de réorganiser à Lyon.

La Demi-brigade quitte bientôt cette ville pour aller à Paris où elle arrive le 7 août.

Dans les longues étapes que nos braves soldats sont obligés de faire pour se rendre dans la capitale, ils font l'objet des manifestations sympathiques de ceux qui se pressent sur leur passage. La renommée de leurs hauts faits les a déjà précédés et, malgré leur dénuement et leurs figures épuisées par les fatigues et les privations, chacun admire ces héros qui viennent de rehausser encore la gloire du drapeau français.

- Journée du 18 Brumaire (9 novembre 1799)

La 79e Demi-brigade arrive à Paris le 5 août 1799 et fait partie de la 17e Division militaire. Ses trois Bataillons, dont l'effectif total est de 1,659 hommes dont 99 Officiers, sont logés : le 1er Bataillon rue Verte, le 2e à la caserne de la Pépinière, le 3e à la caserne de la Nouvelle-France.

A peine arrivée, la Demi-brigade doit fournir une foule de détachements dont la force varie de 70 à 80 hommes ; les plus importants sont envoyés à Orléans, Rambouillet, Meaux, Melun, Versailles et dans toutes les localités autour de Paris. Les troupes disponibles sont eu effet sur les frontières et ces petits postes détachés jouent le rôle de nos brigades de Gendarmerie actuelles. La 79e, sous la direction de son Chef Godart, vient d'achever sa réorganisation; habillée à neuf, complètement armée et équipée, elle est de nouveau prête à entrer en campagne, lorsque, le 16 octobre, on apprend l'arrivée du Général Bonaparte qui revient d'Egypte.

Ce retour inattendu excite dans la capitale un enthousiasme universel ; à peine arrivé, le Général passe en revue les troupes qui forment la garnison: c'est pour la 79e Demi-brigade l'occasion de se faire remarquer et de recevoir les félicitations de Bonaparte pour sa belle tenue et sa discipline.

Le 18 Brumaire, Godart reçoit l'ordre d'envoyer un Bataillon à Saint-Cloud ; ce Bataillon arrive au Conseil des Cinq-Cents au moment où Arena veut poignarder Bonaparte. Il entre dans la salle du Conseil ses tambours battant la charge (Mémoires du Général Godart).

Le 12 décembre, la 79e reçoit par incorporation le ler Bataillon auxiliaire d'Eure-et-Loir et, le 29 du même mois, arrive l'ordre d'envoyer la Demi-brigade dans l'Ouest.

- Armée de l'Ouest (Janvier 1800 - septembre 1802)

La 79e Demi-brigade ayant quitté Paris le 1er janvier 1800 est d'abord destinée à garder la prequ'ile du Cotentin, mais pendant la route, elle reçoit ordre de se rendre à Renncs, où elle arrive le 11. A partir de cette époque, la Demi-brigade est complètement dispersée, fournissant des détachements pour les nombreuses colonnes mobiles qui parcourent le pays en tous sens. Les Bataillons occupent successivement Rennes, Questembert, Saint-Servant, Dol, Port-Liberté, Port-Malo, Brest, Saint-Malo, Dinan, Morlaix, Pontivy et Vannes. La 79e enchaine les marches et les contre-marches.

Dans son Rapport des 4 et 5 Floréal, le Général Travot écrit au Général Dufresse : "Le 1er floréal ... Le même jour, treize soldats de la 79e de ligne sont passés par Fontenay allant de Marseille à Pontivy, Morbihan" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

- Acte de brigandage (27 avril 1800). - Le Chef de Bataillon Vernier, de la 79e, commande la place de Fougères. Le célèbre brigand Bobon, chef d'une bande de révoltés, opère dans les environs de la ville depuis plus d'un mois et s'y livre à toutes sortes d'atrocités. En vain lui tend-t-on de nombreuses embuscades; toujours prévenu à temps il échappe aux troupes envoyées à sa poursuite. Le 27 avril, le commandant Vernier reçoit une lettre de Bohon l'invitant à venir dans un bois des environs de Fougères conférer avec lui au sujet de sa reddition. Sans méfiance, le Chef de Bataillon se rend à cet appel, accompagné du Sergent-major Chapuis et d'un civil de Fougères nommé Georges.

Lorsque, après la conférence, le commandant veut se retirer avec ses compagnons les brigands sautent sur leurs armes et les ajustent. Le Sergent-major veut faire quelques observations, il est fusillé sur-le-champ ; le Chef de Bataillon est gardé en otage et Georges renvoyé à Fougères pour demander 10,000 fr. comme rançon du commandant Vernier. Ce dernier aurait été fusillé sans l'intervention de prêtres et de nombreux habitants de Fougères; élargi par Bobon, le Chef de Bataillon rejoint la 79e à Port-Malo. "Très estimé de ses chefs et de ses camarades, dit Godart, le sergent-major Chapuis avait combattu 8 ans pour la liberté de son pays ; la demi-brigade demande à le venger".

- Combat singulier entre un chef de bandits et un capitaine de la 79e. - Cette vengeance ne se fait pas attendre longtemps. Le 25 mai, le Capitaine Chitry, de la 6e Compagnie du 1er Bataillon, commandant la place d'Antrain, adresse la lettre suivante au citoyen Palierne, commandant les arrondissements des côtes de l'Océan :
"Citoyen, D'après les renseignements que j'ai pris, je fis partir dans la nuit du 4 au 5 du présent (prairial an VIII) un détachement de 40 bommes en deux oolonnes distinctes. La première, que je commandais, est passée par Goyle et la Soelle; la 2e s'est dirigée du côté du Haut-de-Tramblay passant par les villages de Mizandré, le bourg de Saint-Brice et Haut-Brousse, lieu fixé pour la jonction des deux détachements.
La colonne de gauche était arrivée au bourg Saint-Etienne ; comme elle était trés fatiguée, je la fis rafraichir. En conséquence, J'étais donc entré dans une auberge avec le brigadier de la gendarmerie et un gendarme. Mais quelle fut ma satisfaction en voyant arriver un des brigands Bobon qui demanda à boire ; ayant mis les pieds sur la porte, il reconnut l'uniforme des gendarmes, fit aussitôt volte-face et se sauva. Je m'élançai à sa poursuite et je l'eus bientôt atteint. Nous nous mimes en joue réciproquement et nous restâmes l'un sur l'autre. Je pris aussitôt mon parti : je me jetai sur lui, le saisis corps à corps et m'écriai : "A moi soldats !" Un conscrit de ma compagnie vint à mon secours et tua ce brigand entre mes bras.
Dans la lutte que je soutins contre Bobon, son frère ainé me manqua à dix pas, d'un coup de feu.
Aussitôt dégagé, mon premier devoir fut de poursuivre ce dernier que je ne pus atteindre qu'à deux ou trois cents toises de l'endroit où son frère avait été tué. Je lui tirai mon coup de feu, mais malheureusement je le manquai. Il m'abandonna seulement ses souliers
".

Ce brigand est pris quelque temps après par la Gendarmerie et fusillé sur place.

- Mauvaise foi du maire et des habitants de Mont-Dol (16 juillet 1800). - Le 16 juillet, des patrouilles sont envoyées de nuit dans la commune de Mont-Dol à la poursuite de plusieurs bandits. Une d'elles, commandée par un Lieutenant de la 79e, se rend chez le, maire de la commune à 10 heures du soir, pour demander des renseignements et prendre, de concert avec les habitants les mesures nécessaires à l'arrestation de la bande si redoutée. Le maire ne se trouve pas chez lui, mais ayant été prévenu que des hommes armés demandent à lui parler, il feint de croire quo ce sont une troupe de voleurs qui ont envahi sa maison. Rassemblant à la hâte ses voisins, qui s'arment de fusils, pistolets, fourches, faux et couteaux de pressoir, il marche à leur tête et ordonne de faire feu. C'est en vain que le détachement de la 79e veut se faire reconnaitre, il est en partie massacré; un Gendarme et un Caporal sont tués, trois volontaires dangereusement blessés, deux soldats, liés et garottés, sont conduits à Dol par les paysans exaltés.

Quelques jours après, les habitants de la commune de Mont-Dol se rendent coupables d'un nouvel assassinat qui fait l'objet du rapport suivant, fait par le Capitaine Ledard, de la 3e Compagnie du 1er Bataillon : "Le 25 juillet, un détachement de ma compagnie se rendit chez le maire de Mont-Uol pour son raffraichissement ; le maire n'étant pas présent, les habitants firent entrer les hommes chez eux pour leur donner des aubsistances. Au moment où ils étaient chez leurs hôtes, une trentaine de paysans de la garde nationale du Mont-Dol sont arrivés armés les uns de fusils, les autres de faulx et de fourches ; ils ont assailli mes hommes qui, n'étant pas armés, leur criaient: "Ne faites pas feu, nous sommes de la 79e en garnison à Dol". Les paysans n'ont rien écouté et ont fait feu ; un soldat a été tué raide, trois sont blessés à mort dont un gendarme; un caporal a la cuisse coupée d'un coup du faulx et plusieurs hommes sont blessés sur la tête. Le lieutenant qui commandait le détachement a réussi à s'échapper, mais on ne sait ce qu'il est devenu.
Les paysans ont attaché deux blessés devant une cheminée et ont allumé un grand feu. Tout ceci s'est passé entre 9 et 10 heures du soir
".

- Acte de générosité des soldats de la 79e. - Est-ce là le fait d'une méprise, ou les habitants du pays sont-ils d'accord avec les bandes de brigands qui sont dans la campagne ?

Quoi qu'il en soit, quelque temps après les assassinats qui ont eu lieu dans la commune de Mont-Dol, un détachement de la 79e Demi-brigade, commandé par le Sergent Lignier, réusit à cerner de nuit dans un village une troupe de Vendéens. Ceux-ci, complètement surpris par l'attaque de nos soldata, s'enfuient en désordre; le Caporal Dugarin fait à lui seul 3 prisonniers et met une vingtaine d'hommes en fuite. Après l'action, les Vendéens qui ont déposé les armes sont enfermés dans une église; quelques hommes surexcités veulent les fusiller sur place, lorsque le Sergent Lignier et le Caporal Vergeau réussissent à leur sauver la vie en les couvrant de leur corps. Cet acte d'humaunité, digne vengeance de la 79e Demi-brigade, est récompensé à sa juste valeur, car un Décret du 10 Prairial an XI confère un fusil d'honneur au Sergent Lignier et aux caporaux Vergeau et Dugarin.

La guerre d'escarmouches continuelles, les marches et contre-marches, les maladies épuisent les braves soldats de la 79e. Arrivés à Rennes au mois de janvier au nombre de 2,554, ils sont réduits à 1,883 le 2 octobre de la même année. A cette époque, le Général de Division Ernouf écrit au Ministre de la Guerre à la suite d'une inspection qu'il vient de passer : "J'ai été satisfait de la 79e; bonne tenue, instruction suffisante et susceptible de devenir meilleure d'après la certitude que j'ai du zèle, de l'activité du citoyen Godart, chef de ce corps, et des officiers qui sont disposés à le seconder parfaitement".

- Sauvetage de plusieurs marins par une Compagnie du 2e Bataillon (17 novembre 1800). - Une Compagnie du 2e Bataillon occupe la presqu'ile de Rhins quand, le 17 novembre, une corvette attaquée par les Anglais vient s'échouer à la côte. Une partie de l'équipage se sauve, mais le Capitaine et 8 hommes sont restés à bord, essayant de sauver le navire sous la protection des batteries du Petit-Mont et de Port-Navalo. Bientôt, les chaloupes anglaises étant sur le point de les envelopper, les défenseurs de la corvette l'évacuent après avoir mis le feu aux poudres. Ils essaient de gagner la terre, entourés de tous côtés par les Anglais, et n'y seraient jamais parvenus sans le secours qui leur apportent 20 hommes de la 79e qui, embusqués dans les rochers, forcent par leur feu les chaloupes ennemies à regagner le large. Ces hommes, dit le rapport officiel, se sont supérieurement comportés.

- Combat naval soutenu par un Caporal et 2 hommes de la 79e. - Un fort détachement de la Demi-brigade occupe Quiberon; le 20 février 1801, le commandant de ce poste donne 12 hommes de renfort à un sloop chargé de blé, destiné à l'approvisionnement de Belle-lsle-en-Mer, et escorté par le cutter l'Arc. Pendant la route, les deux petits navires se sont réfugiés non loin de Port-Halignes, ainsi que deux chasse-marée portant 20 hommes de la 79e. Se croyant en sûreté, 11 hommes du cutter descendent à terre, lorsque 14 chaloupes anglaises viennent entourer l'Arc et s'en emparent. L'ennemi dirige alors contre le sloop un violent feu de mouqueterie qui renverse l5 hommes et se lance à l'abordage, il ne reste à bord que le Caporal Coquet et les soldats Ablanc et Chevet; ces trois braves font face à l'ennemi et l'repoussent l'assaut à coups de crosse et de baionnette. En fuyant, les Anglais font une décharge qui tue le soldat Chevet, atteint de trois balles dans la poitrine.

Le 7 Ventôse an 9 (26 février 1801), le Général Travot écrit au Chef de la 79e Demi-brigade : "A l’expiration de sa permission, le citoyen Gabriel Delange, sergent au corps que vous commandez vint m’observer qu’à peine les partages de la succession de son père étaient ouverts et que s’il était obligé de rejoindre de suite sa demi-brigade, il serait forcé de confier ses intérêts à des mains étrangères, ce qui non seulement contrarierait sa famille, mais encore pourrait lui devenir préjudiciable. Je me déterminai alors à lui prolonger sa permission jusqu’au 12 de ce mois, époque à laquelle il s’empressera sans doute de rejoindre. Je crois que cette condescendance de ma part était due à ce militaire qui depuis 9 ans était absent de son pays et qu’un évènement malheureux avait rappelé au sein de sa famille" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

- Sauvetage du brick "Marie-Marguerite" (15 avril 1801). - Le 15 avril, le brick Marie-Marguerite, de Bordeaux, ayant échoué la nuit précédente et son équipage s'étant sauvé, le commandant de la presqu'ile engage en vain les pêcheurs du pays à aller le secourir. Il fait alors monter sur un canot un détachement de soldats de la 79e, trois chaloupes des environs s'y joignent et le brick est dégagé ; mais, fortement endommagé par les lames, il coule presque aussitôt et les barriques de vin de Bordeaux doni il est chargé se mettent â flotter de tous côtés. Les soldats en sauvent 126 dont 1/5 leur est distribué; inutile de dire si ce petit cadeau leur a fait plaisir !

- Malheureuse situation de la Demi-brigade. - Telle est la vie d'aventures que mènent les hommes de la 79e Demi-brigade. Mais, répartis par petits groupes, éloignés les uns des autres, ne touchant ni solde ni vêtements, ils tombent peu à peu dans une misère profonde. Godart réclame en vain, on ne l'écoute pas : "Godart, chef de la 79e demi-brigade d'infanterie de bataille, au citoyen Delaborde, général de division, commandant par intérim l'armée, à son quartier général, à Rennes.
Mon Général,
J'ai cru vous avoir fait déjà un détail bien circonstancié de la misère qu'éprouvait la demi-brigade, mais, à mon retour ici, j'ai eu la triste aatisfaction de me convaincre qu'elle était encore plus grande. En mon absence on a achevé de disperser les compagnies de fusiliers; elles sont réparties par 15 ou 20 hommes dans de méchants hameaux et cbaque cantonnement est obligé de faire des patrouilles à 2 ou 3 lieues.
Bientôt la demi-brigade sera couverte de haillons et tous nos braves soldats seront exténués de fatigue
".

Quelques mois après, Godart écrit à nouveau : "Permettez, mon Général, que je saisisse cette accasion, pour vous mettre sous les yeux la pénible situation de mes grenadiers.
Depuis quatre mois, ils sont en couses après les brigands, marchant nuit et jour et par des temps affreux dans les landes du Morbihan ; ils sont entièrement délabrés, leur habillement est dans le plus mauvais état, ils me demandent des souliers que je suis dans l'impossibilité de leur faire fournir. Il est dû à la troupe la solde de nivôse et pluviôse et l'indemnité de viande de la 3e décade ; les officiers n'ont pas touché de solde depuis trois mois, leur indemnité leur est due depuis quatre mois
".

- Démembrement de la 79e Demi-brigade. - A cette époque, la Demi-brigade est obligée de fournir de nombreux détachements à bord des vaisseaux.

Le 4 mai 1801 (14 Floréal an 9), le 1er Consul ordonne, depuis Paris, par un Arrêté : "ARTICLE 1er. Le ministre de la guerre donnera les ordres pour réunir à Brest :
Un bataillon de la 30e légère ;
Un bataillon de la 31e, un de la 71e, un de la 77e, un de la 79e et un de la 82e de ligne, complétés chacun à 600 hommes
" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5558 ; cité par M. Brevet in "Les expéditions coloniales vers Saint-Domingue et les Antilles, 1802-1810".

Le 2e Bataillon est désigné pour faire partie de l'expédition de l'Amiral Villaret-Joyeuse à Saint-Domingue. Parti d'Hennebont le 17 juin 1801, le Bataillon reste à Brest jusqu'au 24 décembre, époque de son départ pour les colonies. Son effectif est alors de 600 hommes ; nous donnerons plus loin le détail de cette expédition. "Après le départ du 2e bataillon, écrit Godart, mon régiment fut réduit à 600 hommes; j'en avais fourni depuis quelque temps 1,450 aux îles de Saint-Domingue et de la Guadeloupe ainsi que 3 chefs de bataillon".

Bernadotte, alors commandant de l'Armée de l'Ouest, propose de fournir la totalité de la 31e de ligne et un bataillon de la 5e légère plutôt que des bataillons épars tels celui de la 79e, ceci afin d'éviter une « dissémination (…) nuisible au commandement », mesure approuvée par le premier Consul (Bernadotte à Berthier, 8 mai 1801, S.H.A.T. B7 1 - cité par M. Brevet).

Quoiqu'il en soit, les autres demi-brigades, un instant épargnées, n'en seront pas moins mises plus tard à contribution pour grossir les rangs de l'expédition.

Début juillet, 4132 hommes sont réunis à Brest. Ils proviennent entre autres du 2e Bataillon de la 79e de ligne qui devait pourtant être épargnée par la décision du 8 mai de Bernadotte. Il n'en est rien.

Le 1er Fructidor an 9 (19 août 1801), le Général Travot écrit au Général divisionnaire : "J’ai l’honneur de vous adresser une pétition que le citoyen Michel, caporal à la 79e actuellement en convalescence dans sa famille, m’a prié de vous faire parvenir, tendant à obtenir son congé définitif, moyennant 300 francs qu’il a versés entre les mains du receveur de cet arrondissement. Il se trouve absolument dans le même cas que le citoyen Allaire, sergent à la 7e légère, à qui d’après votre demande, le Ministre a fait expédier un congé, moyennant une même somme de 300 francs qu’il a payée au trésor public.
Le citoyen Michel a de plus en sa faveur le certificat des officiers de santé qui atteste la nécessité où il est de choisir un état plus paisible que celui des armes. Je vous prie de vouloir bien faire pour le citoyen Michel la demande d’un congé définitif aux même conditions que celles qu’imposa le Ministre au citoyen Allaire
" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 15 Vendémiaire an 10 (7 octobre 1801 – date présumée), à Paris, le Premier Consul, dans une "Note pour l'organisation des troupes coloniales" prévoit d'intégrer 349 hommes de la 79e de Ligne dans la nouvelle 7e Demi-brigade de Ligne (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5785).

Le 21 Vendémiaire an 10 (13 octobre 1801), le Général Travot écrit au Chef de la 79e de Ligne à Rennes : "J’ai l’honneur de vous informer que le général Travot, certain que le citoyen Michel, caporal d’une de vos compagnies de grenadiers, en convalescence à Fontenay, a payé entre les mains du receveur général une somme de trois cent francs, condition à laquelle a du se soumettre un autre militaire de ce département, exactement dans le même cas que lui, pour obtenir du Ministre un congé définitif, et que sa demande a été envoyée par le général divisionnaire, ainsi que vous le verrez par l’extrait ci-joint d’une de ses lettres, l’a autorisé de prolonger son séjour chez ses parents jusqu’au 1er nivôse époque à laquelle il sera tenu de rejoindre sa demi-brigade s’il n’a reçu une réponse favorable" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 2 nivôse an 10 (23 décembre 1801), le Général Travot écrit au Capitaine de la Gendarmerie de la Vendée : "Le citoyen Michel, caporal à la 79e actuellement en congé à Fontenay, a dû vous remettre une invitation que vous a faite en mon absence le citoyen Ménager, de suspendre jusqu’au 5 du courant la poursuite que vous pourriez vous être proposé d’exercer contre ce militaire pour l’obliger de rejoindre à l’expiration de sa permission. Non seulement j’approuve cette démarche de mon aide de camp, je viens moi-même vous inviter à ne l’inquiéter aucunement jusqu’à ce que le ministre ait prononcé sur l’objet de la demande qu’il lui a faite. Je suis assuré qu’il s’est conformé, pour l’obtention de son congé définitif, à tout ce que le ministre exigea peu de temps auparavant d’un jeune homme de Chaillé-sous-les-Ormeaux qui se trouvait absolument dans le même cas que lui. Je suis de plus certain que le général Chabot a fait l’envoi de ses pièces au ministre. Il ne serait pas juste qu’on l’obligeât en ce moment de rejoindre son corps après avoir rempli toutes les conditions qu’on a exigé de lui pour se dispenser de service militaire. On va écrire de nouveau au ministre de la guerre en lui envoyant par duplicata toutes les pièces du citoyen Michel. Il faut espérer qu’on obtiendra enfin pour lui ce que je le crois en droit d’attendre" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 3 nivôse an 10 (24 décembre 1801), le Général Travot écrit au Ministre de la Guerre : "Dans le courant de fructidor dernier, il vous a été adressé par le général Chabot, commandant alors la 12e division militaire ainsi que vous le verrez par la copie ci-jointe de sa lettre, une pétition que vous présentait le citoyen Michel, caporal de grenadiers à la 79e, actuellement en convalescence chez ses parents à Fontenay, tendant à son congé définitif, moyennant les 300 frs qu’il verserait au trésor public, condition sous laquelle vous l’aviez accordé peu de temps auparavant à un sergent de la 7e légère qui se trouvait aussi en convalescence dans sa famille en ce département.
Le citoyen Michel avait joint à sa pétition le récépissé des 300 frs qu’il a compté entre les mains du receveur de l’arrondissement des Sables, et un certificat d’officier de santé, qui constatait la débilité de sa santé. N’ayant reçu aucune décision sur l’objet de sa demande, il vient de me prier de la renouveler et de vous mettre sous les yeux un duplicata du récépissé de ses 300 frs ; il espère d’autant plus au succès complet de cette nouvelle démarche, qu’il se trouve dans le cas d’obtenir son congé aux termes de l’arrêté des consuls qui en accorde un nombre déterminé aux 1er nivôse et ventôse
" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).

Le 17 Nivôse an 10 (7 janvier 1802), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier : "Il va partir de Brest, Citoyen Ministre, trois vaisseaux de guerre armés en flûte, pour porter les hommes qui n'ont pu s'embarquer appartenant à l'expédition de Saint-Domingue, ainsi que les différents objets d'habillement, de vivres et d'artillerie nécessaires à l'expédition. Vous donnerez l'ordre que, lorsque l'on aura fait embarquer tous les hommes qui étaient au dépôt des bataillons qui sont embarqués, l'on y joigne jusqu'à la concurrence de 1,500 hommes, en faisant marcher un détachement de 100 ou 200 hommes de chacune des 31e, 38e, 71e et 79e demi-brigades, et d'y joindre tout ce qui appartient à la légion expéditionnaire ou à la légion de la Loire" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5913 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6709).

Le 6 pluviôse an 10 (26 janvier 1802), le Premier Consul écrit, de Lyon, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Il y a au dépôt de Metz 854 hommes ; il faudrait les incorporer dans les 18e, 32e et 79e de ligne. Je vous prie de me faire un rapport sur les lits militaires. Il ne me paraît pas raisonnable que la République paye tant de lits qu'elle n'emploie pas. Je désire que vous me présentiez un projet d'arrêté portant qu'à dater du 1er ventôse les lits seulement des militaires employés seront soldés ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6741).

Au mois de mars 1802, 400 hommes d'infanterie, dont 160 de la 79e, en garnison à Vannes, sont encore mis sous les ordres du Contre-Amiral Lacrosse, à Lorient, pour tenir garnison à bord des frégates la Cornélie et la Cocarde, qui partent le 20 avril pour la Guadeloupe.

Heureusement qu'alors la Demi-brigade incorpore 480 hommes de la 40e et reçpit 180 soldats de la 79e qui rentrent des prisons de Constantinople. Ces malheureux, survivants du massacre de Prevezza, ont été détenus dans la plus dure captivité; employés aux travaux les plus pénibles, beaucoup d'entre eus ont succombé au sevice de leurs barbares ennemis.

Le chef de la 79e s'efforce alors de reconstituer sa Demi-brigade, si éprouvée depuis quelque temps; il y réussit complètement, car il écrit au mois de mars 1802 : "J'étais à Saint-Servan, lorsque l'inspecteur général Dumas y arriva au commencement de germinal et passa la revue de ce que j'avais pu réunir de mon régiment. Je ne reçus que des éloges de sa part pour l'instruction, la discipline et l'administration".

- Départ pour le midi de la France. - Le 16 juillet 1802 (27 Messidor an 10), le Premier Consul écrit, depuis La Malmaison, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez ordre à la 79e [ligne] de se rendre dans le département de l'Aude ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7018).

Vers le mois d'août, la demi-brigade reçoit ordre de partir pour le midi de la Frace ; au mois d'octobre suivant, le 1er Bataillon, à l'effectif de 700 hommes, est à Carcassonne; le 3e Bataillon (631 hommes) est à Narbonne, il n'y a plus de 2e Bataillon, ce dernier étant à Saint-Domingue.

/ Le 2e Bataillon à Saint-Domingue (1802-1803)

Le 2e Bataillon, commandé par le Chef de Bataillon Tréboutte, débarque, le 4 février 1802, à l'anse du Limbé. Désigné pour former l'avant-garde, il fournit plusieurs détachements chargés d'éloigner les partis ennemis qui cherchent à s'opposer au débarquement. Une petite reconnaissance de 12 hommes, commandée par le Lieutenant Simoneau, s'empare de 3 pièces de canon dont une de huit et deux de trois. Cette glorieuse action, qui marque si heureusement le début des hostilités, est portée à la connaissance de tous par le Sous-chef d'Etat-major Daoust qui en a été témoin.

Le lendemain, 5 février, le 2e Bataillon de la 79e Demi-brigade est incorporé dans la Division du général Desfourneaux; arrivé au Morne-Rouge, il y reste jusqu'au 8 et en part pour se rendre au Haut-du-Cap. Jusqu'au 18 février, il longe la Grande-Rivière, dans un pays inconnu et tellement accidenté qu'il faut renvoyer au Cap les voitures et les conducteurs qui ne peuvent plus suivre. La Division s'étant rasemblée à l'Eglise-Blanche, on vide les voitures de munitions; chaque soldat est alors muni de 100 cartouches.

La Division ayant repris sa marche en avant, la Compagnie de Grenadiers de la 79e, celle de la 71e et une Compagnie de canonniers forment l'arrière-garde avec le 2e Bataillon, sous le commandement de l'Adjudant-commandant Andrieux.

- Terrible combat d'arrière-garde. Le drapeau du 2e Bataillon en danger (18 février 1802). - Par suite de l'ignorance ou de la malveillance du guide, l'arrière-garde prend un chemin différent de celui que suit le gros de la colonne et elle est obligée de traverser une rivière profonde pour retrouver son chemin. Mais, entourées d'ennemis, attaquées par des postes cachés sous bois, les deux Compagnies de Grenadiers repoussent vigoureusement les hommes de Toussaint jusqu'au pied du fort dit des Cardinaux, à proximité de leur camp.

Ne soupçonnant pas la supériorité numérique de l'ennemi qu'il a devant lui (1800 hommes), le Général Andrieux donne l'ordre au commandant Treboutte de monter à l'aasaut du fort avec les deux Compagnies de Grenadiers et la Compagnie de canonniers. Cette attaque téméraire manque de tranformer en désastre; une forte colonne ennemie barre la route à nos 500 braves qui ne doivent leur salut qu'à leur bonne contenance et leur fermeté. A force d'audace, ils obligent même l'ennemi à rebrousser chemin jusqu'au fort et à se placer sous la protection de son canon. Les Grenadiers entrainés par leur ardeur, arrivent au pied d'un rocher escarpé et couvert d'épines qui en empêcbent l'accès. Egarés, ils restent là sous la mitraille lorsque tout à coup une bande nombreuse de noirs, précédés de tambours battant la charge, vient couper leur ligne de retraite.

Ils vont être massacrés, lorsque le commandant noir et un de ses Officiers, étant avancés pour s'emparer du commandant Tréboutte, sont tués par lui de deux coups de feu à bout portant ; effrayés par la mort de leur chef, les noirs s'enfuient aussitôt.

La petite colonne française commence sa retraite lorsque, 200 pas plus loin, elle rencontre une nouvelle trope ennemie qu'il faut traverser à la baionnette. Dans cette lutte corps à corps, le drapeau du 2e Bataillon, gardé seulement par 25 hommes, est entouré par une foule de d'ennemis hurlant et se croyant déjà vainqueurs; le commandant Treboutte fait sonner le ralliement et, se portant au secours du drapeau avec quelques hommes, parvient à le sauver.

Les Grenadiers subissent des pertes nombreuses, car ils sont obligés de traverser deux fois une rivière sous le feu de l'ennemi embusqué dans les bois. De nombreux officiers sont tués ou blessés, parmi eux le Capitaine adjudant-major Didier, qui a les deux cuisses traversées par une balle au moment où il rassemble quelques hommes pour soutenir la retraite dans un passage difficile.

La situation est alors des plus critiques ; le nombre des blessés est si considérable qu'on ne peut ni les charger sur les quelques mulets dont dispose le Bataillon, ni les abandonner à l'ennemi, car c'est les vouer à une mort terrible. On voit alors les Officiers supérieurs et le Général lui-même mettre pied à terre et donner leurs chevaux ; les hommes se mettent à deux pour emporter un camarade, mais la colonne ne marche plus que lentement. Le commandant Tréboutte, à la tête des Grenadiers et de la Compagnie de Canonniers, fait alors face à l'ennemi et parvient à l'éloigner par des feux habilement dirigés. "Le feu de chaussée fut le plus efficace, dit le rapport offciel, l'ordre et l'ensemble avec lesquels il fut exécuté nous permit d'atteindre assez heureusement l'Eglise-Blanche".

On ne s'arrête que pour reprendre haleine et la retraite se continue dans le même ordre jusqu'à la rivière au delà du chemin du Dondon, sur la route de la Tannerie, où se trouve le Général en chef avec l'Artillerie et des Chasseurs.

Le 79e n'est pas de récente formation; il n'est pas pour autant une unité expérimentée, et s'attire de nombreuses critiques ; ainsi Andrieux se plaint du bataillon de la 79e et déclare : "... Ce corps a le malheur de n'être pas aimé ..." ; le 19 février 1802, Leclerc écrit à Bonaparte et compare les troupes de la 79e à la Légion expéditionnaire ; il écrit même : "... Je suis très mécontent de la Légion Expéditionnaire et de la 79e. Ce sont de mauvaises troupes ...(Lettres du général Leclerc n°34 - cités par M. Brevet).

Justement, après avoir occupé le Dondon le 19 février, le 2e Bataillon de la 79e repart le lendemain, à 3 heures du matin, pour Saint-Miguel, où il doit rejoindre la Division. "Après avoir marché environ une lieue et demie, dit le commandant Treboutte dans son rapport, nous aperçûmes un poste ennemi sur la crête d'un morne au nord-ouest. Malgré le qui-vive de la sentinelle, auquel nous ne daignâmes pas répondre, nous passâmes sans essuyer le feu.
Une autre sentinelle était placée sur la crête du morne Laroque qui, jadis, séparait la partie espagnole de la région française; elle cria qui vive à notre arrivée et tira un coup de fusil ; aussitôt 300 hommes parurent et se placèrent en travers de notre chemin. Ceci leur était d'autant plus facile que le sentier sur lequel nous nous trouvions gravissait une montagne escarpée; le soldat était hors d'haleine, ce qui lui ôtait son aptitude ordinaire à foncer sur l'ennemi à la baionnette pour ne pas lui laisser le temps de recharger après son premier coup de feu
".

Malgré toutes ces difficultés, le 2e Bataillon reçoit l'ordre de marcher directement à l'ennemi et enlève la position avec sa bravoure habituelle Quelques hommes sont blessés; parmi eux se trouve le Lieutenant Courtal.

Cependant la situation est toujours critique, il faut à tout prix rejoindre la Division et le chemin à suivre ne permet que le passage sur un rang pendant 7 lieues. La colonne doit, dans cette formation, traverser un bois et passer trente-trois fois la même rivière ; elle réussit enfin en suivant les traces d’une troupe ennemie, à retrouver la Division à Saint-Miguel le 23 février.

"Nous en suivîmes la marche pour le morne la Croix ; les différentes forêts, les chemins difficiles et un abatis à l'entrée du chemin des Couleuvres nous retardèrent beaucoup et nous obligèrent à prendre position à une lieue du morne.
Le 24 février, à 5 heures du matin, la division vint s'établir près les Gonaïves, en face de l'habitation Grandmont, après avoir battu les grenadiers de Toussaint. Le 26, elle était au bac de l'Ester, d'où elle partit le 2 mars, à 3 heures du matin, pour la Savane-Brûlée en passant par la route qui conduit à la Petite-Rivière. Un parti ennemi, au delà d'un pont qui était en feu, fut repoussé par l'avant-garde. Le lendemain, nous couchâmes au Petit-Carreau et en repartimes le 4 pour le Grand-Cahos.
La division fut attaquée au Petit-Cahos par les troupes du général Dessalines. L'affaire ne dura pas plus d'une demi-heure; le terrain ne permettant pas le déploiement, l'avant-garde et la 5e légère suffirent seules pour vaincre l'ennemi.
A notre arrivée au Grand-Cahos, quelques troupes firent la fusillade en fuyant. Le 6 mars, la division partit pour Plassac et arriva le 9 à Le Mirebatais.
Là, le bataillon reçut l'ordre de partir pour le Port-Républicain, escortant l'ambulance. Sa mission accomplie, il rejoignit la division le 16 aux Vérettes et en partit le 21 pour assister à la prise du fort de la crète à Pierrot.
Dans l'évacuation du fort par les troupes nègres,le bataillon était placé par compagnies aux points où l'ennemi pouvait s'échapper ; tous ceux qui se présentèrent furent repoussés à coups de fusil
" (Rapport du Commandant Treboutte).

Le 8 Germinal an 10 (29 mars 1802), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Vous mettrez à la disposition du ministre de la Marine pour être embarqué :
... 2° Vous ferez former dans chaque demi-brigade qui a un bataillon à Saint-Domingue un piquet de 120 hommes envoyé pour le rejoindre. Ce piquet sera commandé par un capitaine, un lieutenant ou un sous-lieutenant.
Les compagnies de dépôt des 71e, 79e, 31e et 38e légères (il faut lire de Ligne) seront embarquées à Brest.
Celles des 21e, 56e, 68e, 90e de ligne et 15e légère seront embarquées à Rochefort ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6835).

Le même 8 Germinal an 10 (29 mars 1802), le Premier Consul écrit, de Paris, au Contre-Amiral Decrès, Ministre de la Marine et des Colonies : "Nous avons, Citoyen Ministre, sur les différents points d'Italie, des troupes que je destine pour Saint-Domingue ...
Il est également convenable de faire partir des renforts des ports de l'Océan ...
Indépendamment de ces troupes, les 71e, 79e, 31e et 38e de ligne, la 30e légère, fourniront chacune un détachement de 120 hommes, qui sera commandé par un capitaine, un lieutenant et un sous-lieutenant. Ces détachements s'embarqueront à Brest ...
Les hommes revenant des hôpitaux ou de semestre, appartenant à des bataillons qui se trouvent à Saint-Domingue, s'embarqueront dans les ports d'où sont partis leurs bataillons
" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6017 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6836).

- Incorporation du 2e Bataillon dans le 7e Régiment de ligne. - Cette campagne pénible continue ainsi jusqu'à la fin de l'année 1802; par suite des pertes nombreuses subies par les différents Corps, une fusion complète s'opère bientôt entre eux. Cette situation est régularisée par un Arrêté 12 floréal an 11 (2 mai 1803) "relatif à l’organisation de plusieurs demi-brigades dans les colonies" qui décide que le 2e Bataillon de la 79e Demi-brigade entre désormais dans la composition de la 7e Demi-brigade à Saint-Domingue.

Selon ce même Arrêté, un autre détachement (non spécifié) doit entrer dans la formation de la 66e nouvelle Demi-brigade.

Le 28 Ventôse an 13 (19 mars 1805), Napoléon écrit, depuis La Malmaison, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des Camps : "Le 66e régiment, en conséquence de l'article 6 de l'arrêté du 10 floréal an XI, doit être organisé à la Guadeloupe et composé des 2e et 3e bataillons de la 66e de bataille, du 3e bataillon de la 15e de bataille et d'un détachement de la 79e de bataille.
Le 82e, en conséquence de l'article 7 du même arrêté (note : arrêté du 10 floréal an XI), doit être organisé à la Martinique et composé du 3e bataillon du 82e de bataille, du 3e bataillon du 37e, du 3e bataillon du 84e, du 2e bataillon du 107e et d'un détachement du 90e.
C’est donc à tort que le ministre de la Guerre, par sa lettre du 25 thermidor an XII, a ordonné que le 66e se réunirait à la Rochelle et que le 82e aux Sables...
Le 7e régiment de ligne doit être aussi conformément à l'article 5 composé des 1er et 2e bataillons de la 7e, du 2e bataillon de la 20e, du 3e bataillon de la 23e, du 1er bataillon de la 31e, du 3e bataillon de la 68e et 2e bataillon de la 79e ...
Ainsi donc, le ministre de la Guerre doit faire une lettre au ministre de la Marine, pour qu'il donne sur-le-champ l'ordre d'organiser le 66e à la Guadeloupe, et le 82e à la Martinique ; il fera connaître que ces deux régiments seront composés comme il est dit ci-dessus ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 59 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9702).

/ La 79e Demi-brigade devient 79e Régiment d'Infanterie de ligne

Arrivée dans le midi de la France en octobre 1802, la 79e Demi-brigade a tout le temps nécessaire pour se réorganiser en entier. Elle a perdu les deux tiers de son effectif en fournissant de nombreux détachements pour l'Amérique et s'est trouvée réduite à 600 hommes lorsqu'elle a envoyé son 2e Bataillon à Saint-Domingue. Par un arrêté du 2 mai 1803, ce Bataillon est incorporé dans le 7e Régiment de ligne ; la 79e ne compte donc plus à cette époque que deux Bataillons dont l'un tient garnison à Carcassonne et l'autre à Narbonne.

Par l'arrêté du 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803), la 79e Demi-brigade prend le nom de 79e Régiment d'infanterie de ligne. Et, par suite de l'incorporation de la 77e, le Corps est porté à 4 Bataillons.

Le 24 octobre 1803, les 1er et 2e Bataillons du 79e sont à Saintes, les 3e et 4e à Bordeaux et le Dépôt à Bayonne.

Le 28 novembre 1803 (6 frimaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre, de me présenter un rapport sur la dissolution du camp de Bayonne et sur la formation de trois cantonnements ...
Le second cantonnement se réunira à Saintes, et sera composé des 3e et 12e régiments d'infanterie légère, des 26e, 70e et 79e de ligne (chacun de ces régiments fournira deux bataillons de 800 hommes chaque), de deux compagnies d'artillerie de 80 hommes chacune, de trois escadrons du 24e de chasseurs et de trois escadrons du 4e, commandés par un général de brigade de cavalerie.
Ce cantonnement sera commandé par un général de division, deux généraux de brigade, un adjudant commandant, un ordonnateur, deux commissaires des guerres, un chef de bataillon d'artillerie, un capitaine et deux lieutenants du génie ...
Faites-moi un projet sur ces bases avant de rien exécuter
" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7330; Correspondance générale, t.4, lettre 8336).

Le 26 Frimaire an 12 (18 décembre 1803), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre au colonel du 79e régiment se recrutant dans le département des Deux-Sèvres de placer son dépôt à Bayonne et d'envoyer là tous les conscrits qui lui arriveraient, afin qu'ils se trouvent trop loin pour pouvoir facilement déserter" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8455).

Le Régiment reste dans le midi jusqu'au mois de janvier 1805, tenant successivement garnison au camp de Bayonne, à Saintes, à Bordeaux, à Rochefort et à la Rochelle.

Le 8 mars 1804, le Colonel Godart reçoit l'ordre d'envoyer 5 Compagnies prises dans les 3e et 4e Bataillons (en tout 750 hommes) au Ferrol (Espagne).

Le 4 Prairial an 12 (24 mai 1804), Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des Camps : "Une frégate doit partir de Bordeaux : je désire que vous mettiez à la disposition de la marine dans cette place 1500 fusils et 220 hommes de troupes, pris dans les 3e et 4e bataillons du 79e et commandés par un capitaine, un lieutenant et deux Sous-lieutenants, pour être embarqués sur la frégate qui est au bas de la rivière de Bordeaux.
Une autre frégate doit partir de Lorient. Vous ferez mettre également à la disposition de la marine de cette place 1 500 fusils et 220 hommes qui seront fournis par deux compagnies du bataillon colonial qui est à Belle-Île et commandés par un capitaine, un lieutenant et deux sous-lieutenants.
… Ecrivez au ministre de la Marine et faites en sorte qu'il ne soit apporté par votre ministère aucun retard à ces trois expéditions qui sont très importantes
" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8894).

Le vide produit par ces forts détachements est bientôt comblé par les recrues qu'on envoie au Régiment et, lorsqu'il reçoit l'ordre de partir pour l'Italie, au commencement de février 1805, le Colonel Godart a ses 4 Bataillons au complet. Le 20 février, le Régiment est à Lyon.

Le 18 Ventôse an 13 [9 mars 1805 - Note : La minute (Archives nationales, AF IV 866, ventôse an XIII, n° 23) est datée du 8 mars), Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin ... Le 79e régiment se rendra à Lyon. Les 4 bataillons du régiment se mettront en marche pour cet effet le 15 germinal ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9647).

De mars à juin, le ler Bataillon est à Casal, le 2e à Valence, les 3e et 4e à Lyon.

Le 4 Floréal an 13 (24 avril 1805 - note : La minute (Archives nationales, AF IV 866, Floréal an 13, n°18) est datée du 23 avril 1805), Napoléon écrit, depuis Stupinigi, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des Camps :"Mon cousin, vous donnerez l'ordre au 79e régiment qui doit être arrivé à Lyon de faire partir les deux bataillons qu'il a de complets pour Turin ainsi que les deux compagnies de grenadiers des deux autres bataillons. Vous me ferez connaître l'état de situation des deux autres bataillons qui resteront à Lyon jusqu'à nouvel ordre ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9893).

Les 4 Bataillons se réunissent en juin à Casal, où ils restent jusqu'au 3 septembre, époque à laquelle ils vont faire partie de la Division de réserve de l'Armée d'Italie.

Un "État des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre de la guerre du 10 Thermidor an 13 au 1er fructidor (du 4 au 19 août 1805)" signé par Berthier, indique au 18 Thermidor que le 3e Bataillon et le Dépôt du 79e Régiment (200 hommes) doivent quitter Lyon le 27 Thermidor pour se rendre à Casal entre le 15 et le 17 Fructidor. Il est noté en observation : "Vers le 15 fructidor pour rejoindre les trois autres bataillons" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 440).

Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 79e de Ligne a ses 1er, 2e, 3e et 4e Bataillons à Casal. 1859 hommes sont présents, 145 aux hôpitaux, total 2004 hommes; 5 Compagnies de ces 4 Bataillons sont au Ferreol, pour 647 hommes embarqués (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).

Le "Bulletin des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre le 5 Fructidor an XIII (Du 27 au 31 août 1805)" indique à la date du 8 Fructidor que le 79e de Ligne quitte Casal et Valence de suite pour arriver à Brescia le 26 Fructidor (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 443).

Avant son départ pour l'Armée d'ltalie, le 79e est inspecté par le Général de Division Cbabot, inspecteur général, qui écrit le 1er septembre au Ministre de la guerre : "Conformément à vos ordres, je viens de faire une tournée dans les différentes garnisons occupées par les troupes dont Votre Excellence m'a confié le commandement. Je n'ai que le rapport le plus satisfaisant à vous faire sur le 79e régiment qui est à Casal. L'esprit et la discipline de ce corps ne laissent rien à désirer; l'administration en est bonne et conforme aux règlements et la tenue des plus belles ; il a fait de grands progrès dans son instruction qui est maintenant à sa perfection".

- Armée d'Italie et de Naples (1805)

Le 3 septembre, le 79e part de Casal dans les meilleures oonditions et se rend à Brescia par Verceil et Milan, à l'effectif de 108 Officiers et 1,644 hommes. Le 18 du même mois, il est placé dans la Division de réserve commandée par le Général Molitor. "Composée de corps que M. le maréchal Maaséna a particulièrement distingués, elle est destinée à se porter partout où des opérations importantes pourront l'exiger".

Le 79e fait Brigade avec le 60e sous les ordres du Général Valory; le 23 septembre, la situation détaillée du Régiment est la suivante : : 79e Régiment d'infanterie : Colonel Godart, à Monzambano, les Grenadiers à Isola-Alta. Effectif : 86 Officiers et 1171 hommes. Au Dépôt à Novare : 27 Officiers et 142 hommes. En recrutement, 7 Officiers et 11 hommes. Aux hôpitaux, 2 Officiers et 201 hommes.

Le Régiment a 15 Officiers et 614 hommes embarqués au Ferrol ; il a aussi 4 officiers et 72 hommes au fort de Vérone. Notons, en passant, l'ordre du Maréchal Masséna daté du 5 octobre 1805 et adressé par le Général Charpentier, Chef de l'Etat-major général, à M. le Général Molitor : "Je vous préviens, mon cher général, que l'intention de M. le maréchal général en chef est qu'il soit formé des compagnies éclaireurs par régiment d'infanterie. On choisira 23 hommes par bataillon parmi les anciens soldats les plus ingambes et les plus braves".

Cependant les hostilités ne sont pas encore commencées; le maréchal Maaaéna écrit en effet au Général Molitor, le 13 octobre, que, d'après les instructions qu'il a reçues, il a conclu entre l'armée française et l'arméee autrichienne une convention particulière portant qu'il ne pourra être exercé aucun acte hostile qu'après qu'on se sera prévenu six jours à l'avance. Or, cette convention expire le 14 à midi. "Nous devons dès lors nous considérer comme en état de guerre et nous tenir prêts à agir en conséquence".

Du 14 au 29 octobre, l'armée française est sur le qui-vive et s'éclaire avec soin en avant d'elle et vers l'Adige. Les troupes sont sous les armes une heure avant la pointe du jour jusqu'à la rentrée des découvertes; elles se tiennent en tout temps prêtes à marcher au premier signal.

- Bataille de Caldiero (30 octobre 1805).

Enfin, le 30 octobre, le Maréchal Masséna se décide à attaquer et envoie au Général Molilor l'ordre suivant : "Le général Molitor se portera avec sa division sur les hauteurs de Codognola. Il longera la crète en se dirigeant sur sa droite pour prendre en flanc les redoutes de l'ennemi. Le général Molitor aura soin aussi de se faire éclairer sur sa gauche et de tenir ses troupes le plus réunies qu'il sera possible. Le général Molitor aura soin de me donner souvent de ses nouvelles à Vago et me fera prévenir du moment où il pourra commencer son attaque".

Le Général Molitor part aussitôt; voici un extrait du rapport qu'il fait au Maréchal Masséna après l'action : "J'envoyai l'ordre de me suivre au général de brigade Valory qui se trouvait, avec le 79e régiment, à l'extrême-droite de ma division et, sans attendre que les généraux de Launay et Valory aient effectué leur mouvement, je me portait avec les trois premiers bataillons du 60e régiment au-devant de la colonne autrichienne que ce mouvement exécuté avec résolution fit reculer dans les retranchements, lorsque je m'aperçus qu'au lieu d'être suivi et soutenu par le général Valory avec le 79e, mes derrières étaient harcelés et attaqués par la cavalerie emnemie.
Cependant le 79e régiment qui, au commencement de l'action, se trouvait à la gauche de la division Gardanne et s'était laissé entrainer à prendre part à la lulle que soutenait cette division, profita avec ardeur et bonheur de sa position de flanc pour charger à revers les assaillants de la divsion Gardanne ; il fit mettre bas les armes à un bataillon ennemi et contribua à faire un plus grand nombre de prisonniers
".

Récit de la bataille de Caldiero extrait de la correspondance du Colonel Godart, du 79e : "Le lendemain, 8 brumaire, le maréchal qui nous commandait fit placer trois divisions en ordre do bataille, en attendant les rapports de nos deux autres divisions qui manoeuvraient sur nos flancs et sur ceux de l'ennemi.
Le prince Charles nous fit aussitôt attaquer de front ; nos divisions du centre furent repoussées. Celle dont je faisais partie (division Molitor) tenant la gauche, reçut l'ordre de se porter en avant. Je commençais mon mouvement avec mes quatorze compagnies de fusiliers, faisant face au flanc droit d'une colonne de 4,000 à 5,000 hommes qui marchait sur la grande route pour soutenir ses tirailleurs; arrivé à 150 pas de cette colonne, je fis faire une décharge de mousqueterie et fis ensuite foncer dessus à la baionnette et au pas de charge.
Jamais déroute ne fut plus complète; je fis près de 1,200 prisonniers dont une quarantaine d'officiers. On apercevait un régiment de hussards ennemis qui venait au secours de cette colonne, cachant sa marche à la faveur d'un village où nous avions, heureusement, six de nos cumpagnies postées ; à peine ce régiment fut il arrivé à demi-portée de balle du village que ces compagnies firent une décharge qui le fit promptement rétrograder et nous sauva d'un assez mauvaise pas, puisque cette cavalerie maneouvrait de manière à nous couper par ns derrières.
La retraite de cette colonne, dont j'avais réusi à prendre tant de prisonniers, celle du régiment de hussards qui venait à son secours, changèrent entièrement la face des choses. Nos divisions, qui déjà étaient elles-mêmes en retraite, revinrent à la charge et nous repoussâmes l'ennemi jusque dans ses retrachements de Caldiero; nous l'y maintinmes et nous restâmes maitres du champ de bataille.
Je perdis dans cette journée 127 sous-officiers et soldats tués ou blessés, plusieurs officiers blessés grièvement et presque tous généralement furent ou touchés légèrement ou eurent leurs habits criblés de balles. Pour ma part, j'eus mon chapeau perçé d'un biscaïen et trois balles percèrent mes habits, très heureux d'en être quitte à si bon marché
".

A noter que l'Historique indique pour les Officiers morts au champ d'Honneur, le Lieutenant Grenot.

Le nom de Caldiero sera par la suite inscrit sur le drapeau du 79e.

A la suite de la bataille de Caldiero, le Prince Charles, craignant d'être tourné, évacue précipitamment ses positions le 1er novembre.

Le 79e, faisant toujours partie de la division Molitor, se trouve le 11 novembre sur la route de Valvasone à Torre; le 1er décembre, il est à Gorizia (Goertz).

Le 11 du même mois, l'armée d'Italie, par ordre de l'Empereur, devient le 8e Corps de la Grande Armée.

La Division Molitor reste alors aux environs de Laybach jusqu'à la signature du traité de paix de Presbourg, le 26 décembre 1805.

Le 79e est ensuite rattaché à l'Armée de Dalmatie

- Devenir du détachement du 79e envoyé au Ferrol (1804-1805)

Le 8 mars 1804, le Colonel Godart, nous l'avons vu, a envoyé au Ferrol en Espagne 5 Compagnies de son Régiment.

Le détachement fourni par lo 79e est composé des 1ère, 2e, 3e et 4e Compagnies du 3e Bataillon, plus une Compagnie founie par le 4e Bataillon. Arrivées au Ferrol, ces Compagnies sont embarquées sur les navires de l'Amiral Villeneuve comme Compagnies de garnison; les 1ère et 2e à bord du Redoutable, le vaisseau amiral, les autres sur le Fougueux et sur l'Argonaute.

Tandis que le 79e se couvre de gloire à Caldiero, les 600 hommes détachés du 3e Bataillon et de la Compagnie du 4e Bataillon, contribuent vaillament à la bataille de Trafalgar.

Moins heureux que leurs frères, ces braves perdent 11 Officiers tués dont le Sous-lieutenant Mudrau, ou blessés; 180 Sous-officiers et soldats tués ou noyés, 237 disparus.

A la suite de cette sanglante bataille, 204 hommes, seuls survivants des cinq Compagnies du 79e, peuvent échapper aux Anglais. Ayant réussi à débarquer sur les côtes d'Espagne, ils sont réunis en détachement et rejoignent le Régiment au mois de juillet 1806, au début de la campagne de Dalmatie.

- Armée de Dalmatie, Janvier 1806 - 1809 (Les 4 Bataillons puis les 1er et 2e Bataillons à partir d'août 1806)

Le traité de Presbourg cède la Dalmatie au Royaume d'Italie, qui doit y installer une administration civile relevant du gouvernement royal de Milan; la France fournit les troupes d'occupation. La remise des provinces cédées à l'Italie doit s'effectuer du 30 janvier au 28 février.

Molitor, parti du Frioul au milieu de janvier avec les 5e, 23e et 79e de ligne, arrive à Trieste le 31 du même mois et y attend Lauriston qui, étant allé prendre possession de Venise, doit l'y rejoindre.

Molitor traverse ensuite la Croatie sans trop de difficulté et arrive le 20 février à Zara, mais là il apprend que lea Russes ont pris possession de tous les forts des bouches du Cattaro. Ne se croyant pas en état de les attaquer immédiatement, il décide d'attendre des secours et disperse ses troupes au cantonnement pour qu'elles puissent trouver les logements et les vivres.

Le 21 février 1806, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince Eugène : "... Les 5e, 23e et 79e, qui sont en Dalmatie, doivent être au grand complet de guerre et portés à 3,000 hommes. Les conscrits qui n'auraient point de destination doivent être spécialement affectés à ce corps ...
le général Molitor aura le 8e d'infanterie légère, les 5e, 23e, 79e et 81e de ligne, quatre compagnies d'artillerie française, deux de sapeurs, une demi-compagnie d'ouvriers, douze pièces d'artillerie, deux compagnies d'artillerie italienne, un régiment de chasseurs ; ce qui, avec les conscrits que vous lui enverrez le plus tôt possible, ayant soin de les habiller et de les armer auparavant, portera son corps à 15,000 hommes …
" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 78 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 9865 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11517).

La situation du 79e, au 1er mars 1806, est la suivante : l'Etat-major cantonne à Sébénico et à Zara; le 1er Bataillon à Zara, le 2e à Sébénico, le 3e à Scardona, le 4e ou Dépôt, à Sébénico. Les Grenadiers à Srébénico et à Mortagliano. L'effectif est très élevé : 89 Officiers et 2220 hommes présents sous les armes. Depuis le mois d'octobre 1805, le 79e a reçu en effet 15 engagés volontaires et 796 recrues.

Molitor a alors sous la main les 5e, 23e, 79e et 81e de ligne, mais son artillerie et ses munitions sont restées en arrière, n'avançant que très lentement à travers la Croatie. A la fin du mois de mars, la situation des troupes françaises n'est pas bonne; comme nous venons de le voir, elles manquent de matériel et de munitions ; elles vivent sur le pays et logent chez l'habitant. De graves épidémies les déciment journellement et on compte alors jusqu'à 35 malades par Compagnie.

Les Russes, auxquels le Gouverneur autrichien Ghisliéri a livré la province qu'il est chargé de remettre aux Français, encouragés par l'inaction du Général Molitor, attaquent à plusieurs reprises les ilss dalmates.

Enfin, les ordres de l'Empereur arrivent; l'ancien 8e Corps de la Grande-Armée devient Armée de Dalmatie à la date du 16 avril 1806. Molitor va prendre l'offensive.

Au 1er mai 1806, d'après les états de situation envoyés par le Prince Éugène, commandant en chef, la composition et la force des divers corps composant l'Armée dite d'Italie, dont le quartier général est à Milan, est la suivante :
Division de Dalmatie. Quartier général à Zara : Général de Division Molitor
Généraux de Brigade Delgorgue, Guillet. Infanterie de ligne :5e, colonel Teste, 3175 hommes, 28 chevaux (4 bataillons à Marasca) ; 23e, colonel Deriot, 2896 hommes, 20 chevaux (4 bataillons à Spalatro) ; 79e, colonel Godart, 2789 hommes, 24 chevaux (4 bataillons à Sébénico) ; 81e colonel Bonté, homines, 22 chevaux (4 bataillons Traw) ; 5e escadron du 19e de chasseurs (84 hommes, 88 chevaux à Zara) - Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 268.

- Siège de Raguse par les Russes et les Monténégrins.

Lauriston part aussitôt avec les 5e et 23e de ligne, deux Compagnies d'artillerie, dont une italienne, pour prendre possession des bouches du Cattaro en traversant l'Etat de Raguse.

Le 28 mai, Raguse est occupée, mais il faut alors atteindre Castel-Nuovo et Cattaro, refouler les Monténégrins dans leurs montagnes et forcer les Russes à se rembarquer. C'est trop pour Lauriston, qui se voit arêté dans son offensive et rejeté dans Raguse où il n'a que le temps de se renfermer. C'est alos que, bloqné par 3,000 Russes et une masse de paysans monténégrins, il doit soutenir un siège de 20 jours avec 1,800 hommes à peine.

La situation de Lauriston est déjà désespérée lorsque, le 17 juin, ayant tenté une sortie à Bergatto, il subit un nouvel échec et ses troupes, mises en déroute, sont rejetées dans Raguse. On a heureusement eu le temps d'envoyer à Molitor, pendant la retraite, un courrier porteur d'une dépêche représentant la situation comme extrêmement critique.

Ne perdant pas un instant, Molitor prend ses disposilions pour se porter au secours de Lauriston ; mais l'état sanitaire est déplorable et les secours envoyés à l'Armée de Dalmatie ne sont pas encore arrivés. Obligé de laisser le 60e, fatigué par une longue marche, ne pouvant compter sur le 8e Léger, encore en route, Molitor n'a à disposer que du 79e et des Compagnies d'élite du 81e, car ce Régiment est décimé par les maladies. Le Général en chef a écrit le 5 juin précédent : "Je dois ménager le 79e qui est le seul corps de résistance de ma division; ce régiment forme en ce moment l'unique réserve du corps de Dalmatie".

Le 28 juin 1806, depuis Saint-Cloud, Napoléon écrit à Eugène, Vice-Roi d'Italie : " Mon Fils, voici mes dispositions générales pour Raguse et les bouches de Cattaro. Le général Molitor, ayant sous ses ordres le 8e d'infanterie légère, les 79e et 81e, occupera toute la Dalmatie. Il tiendra à Stagno deux bataillons du 8e, forts de 1,500 hommes, un bataillon du 79e complété à 800 hommes, et une compagnie d'artillerie complétée à 100 hommes. Cette colonne, forte de 2,400 hommes, avec un officier du génie pour faire tous les plans, croquis et reconnaissances, sera sous les ordres du général Guillet. C'est une réserve qui, suivant les événements, pourra ou retourner en Dalmatie ou se porter sur Raguse, et venir ainsi au secours des points attaqués. Une seconde colonne, composée d'un bataillon du 81e et d'un bataillon du 79e, tous deux complétés à 700 hommes chacun, se tiendra du côté de Macarsca, toujours prête à partir et à marcher au secours, soit de Raguse, soit de tout autre point attaqué …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 468 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10423 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12390).

- Délivrance de Raguse par le 79e (6 juillet 1806)

"Outre mon régiment, qui était composé de 1,432 hommes, écrit le Colonel Godart, il y avait encore 300 hommes du 81e régiment avec leur colonel, 25 hommes du 23e avec le colonel de ce régiment qui voulait le rejoindre à Raguse, 78 hommes des chasseurs d'Orient ainsi que 300 Dalmates du canton de la Nareta ; en tout 2,123 hommes.
Nous avions A combattre à peu près 3,000 Monténégrins, près de 3,000 Russes avec leur escadre, composée de 8 à 9 vaisseaux de ligne, et 300 révoltés du Canali
".

Les troupes de secours partent le 4 juillet après midi; tous les soldats du 79e, pour être plus lestes à grimper les montagnes, ont laissé leurs gros effets à Stagno et ne sont chargé que d'une paire de souliers et des munitions de guerre et de bouche. Molitor commence par payer généreusement un paysan qu'il envoie au Général Lauriston, à Raguse, porteur d'une lettre dans laquelle il annonce son arrivée avec 12,000 à l3,000 hommes pour débloquer la place. Son avant-garde, dit-il, est composée du 79e et de quelues autres détachements. Le paysan, comme on le pense bien, est arrêté, fouillé, et sa dépêche remise à l'amiral russe. Ce dernier, rempli d'inquiétude à la suite de la lettre de Molitor, commence à craindre de ne pouvoir résister plus longtemps; il n'hésite plus lorsqu'il tombe dans le nouveau piège que lui tend le Général français.

L'avant-garde commence l'action vers 2 heures; il y a au delà de la rivière d'Ombla une partie découverte qu'on voie très distinctement des positions russes et le chemin suit le pied d'une muraille de rochers derrière laquelle on peut passer sans être vu. Molitor donne l'ordre à 2 Compagnies de défiler en colonne dans ce passage, puis, dès que les soldats seront hors de la vue de l'ennemi, ils rebrousseront chemin, reviendront au point de départ en se dissimulant derrière le mur de rochers et repasseront de nouveau. Ce manège dure plusieurs heures et les Officiers russes, qui observent les mouvements des Français, peuvent constater le passage de plusieurs Régiments. L'Etat-major averti n'attend pas plus longtemps et donne l'ordre d'évacuer immédiatement les batteries de Saint-Serge.

Pendant ce temps, les Voltigeurs enlèvent à la baionnette les hauteurs de trois montagnes qu'occupent les Monténégrins. Le ler Bataillon, à la tête duquel se trouve le Général Delzons, s'empare d'un petit fort occupé par les Russes. Le Colonel du 79e et le 2e Bataillon sont en réserve sur les hauteurs de Bergatto.

Les Russes battent alors en retraite sur Posanka, mals nos soldats, exaspérés par le souvenir des cruautés exercées sur le cadavre du Général Delegorgue (tué le 17 juin), s'élancent sans tirer jusqu'à Malini où le 1er Corps russe les arrête un instant. Craignant d'être coupé, ce dernier ahandonne Bergatto et se retire sur Posanka. Le 79e s'empare, pendant la retraite des Russes, de 4 canons, 3 mortiers et de leurs hagages; il est 7 à 8 heures du soir.

Culbuté, l'ennemi se replie sur Gravosa, où il s'embarque à bord de ses navires. Vers 6 heures du soir, le Général Molitor, voyant que les Russes cèdent du terrain, fait venir à lui le Sous-lieutenant Calmain (Jean), du 79e, et le charge de traverser les lignes ennemies pour aller avertir le Général Lauriston de l'arrivée de l'armée de secours. Cet Officier réussit dans sa mission et est cité à l'ordre du jour. "En arrivant à la chapelle des Morlaques, dit le Colonel Godart, le 79e apercevait Raquse au pied des montagnes, mais la ville semblait déserte et chacun croyait que la garnison et la population s'étaient sauvées.
Pour indiquer l'arrivée des troupes de secours, je réunis tous mes tambours sur le point le plus découvert et je leur fis battre la marche française pendant que les officiers et les soldats mettaient leurs chapeau en l'air sur le pommeau de leurs épées.
Ce signal est promptement aperçu de la garnison et des Ragusais, les portes sont aussitôt ouvertes et la joie succède à l'effroi. La foule se porte au-devant de nous et fait conduire sur la montagne tous les rafraichissement dont les habitants se doutaient que nous avions le plus pressant besoin
".

La marche sur Raguse et la délivrance de la place constituent l'opération la plus pénible et la plus remarquable de la campagne de Dalmatie. Plusieurs soldats du 79e sont mouts de soif pendant la route, d'autres ont été obligés de boire leur urine pour se désaltérer.

L'Empereur, pour montrer sa satisfaction au 79e, lui accorde six décorations sur douze ; il en ajouta dix peu de temps après et fait proposer les Chefs de Bataillon Lecousturier ct Delayant pour le grade supérieur. Voici la lottro élogieuse que le Général Molitor adresse au Colonel Godart, quelques jours après l'action : "Général Molitor au colonel Godart, commandant le 79e régiment d'infanterie de ligne.
Je vois avec bien du plaisir, Colonel, que d'après le compte que j'ai rendu au vice-roi de la conduite distinguée de votre brave régiment à la journée de Raguse et d'après le rapport avantaqeux que S. A. R. a fait à l'Empereur, S. M. a bien voulu nommer membres de la Légion d'honneur les militaires dont les noms suivent, savoir :
MM. Basin capitaine de voltigeurs;
Fittes, sous-lieutenant de grenadiers;
Guguères, sous-lieutenant de grenadiers;
Porcheron, sergent de voltigeurs;
Chasland, sergent de voltigeurs;
Huset, sergent.
Vous trouverez ci-joints les brevets de ces légionnaires. J'aurais bien désiré le leur remettre moi-même, mais puisque l'éloignement me prive d'une si douce satisfaction, je ne puis mieux les confier qu'au chef de ces braves et je les remets entre vos mains. Dites-leur, je vous prie, combien je m'estime heureux d'avoir contribué à faire récompenser leur valeur et leur dévouement.
Sa Majesté a voulu qu'outre ces récompense, dix autres légionnaires fussent nommés dans le 79e régiment et vous ne tarderez sans doute pas à recevoir la demande de ces propositions. Si cette demande m'est adressée, je profiterai avcc empressement de cette circonstance pour vous proposer au grade de commandeur.
Dans le cas contraire, je ne doute pas que M. le général Lauristion ne vous rende la même justice.
Rappelez-moi, Colonel, au souvenir de tous vos officiers, dites-leur combien je leur suis attaché, ainsi qu'à tous vos braves soldats, et recevez l'aasurance de mon estime.
Signé : MOLITOR
".

Après la délivrance de Raguse, le 79e voit ses Bataillons ainsi répartis : le 1er bataillon à Clissa, le 2e à Dernis, le 3e à Trau, le 4e à Zara; le 3e Bataillon vient de recevoir 204 hommes de renfort, derniers débris du détachement qui s'est si vaillamment distingué à Trafalgar. Molitor vient de remettre la Dalmatie à Marmont, son successeur, qui, dès son arrivée, dans les premiers jours de juillet, s'occupe d'organiser son armée qu'il trouve dans un état sanitaire déplorable ; les décès atteignent le chiffre de 200 par mois. Il s'en plaint à l'Empereur : "Je dois cependant, dit-il, distinguer le 79e, qui mérite une exception".

La situation du Régiment est en effet excellente, car, le 24 juillet, il compte présents sous les armes 105 officiers et 2,270 hommes. Le 8 août, un Décret de l'Empereur, en date du 11 juillet, prescrit de renvoyer dans l'intérieur du Royaume d'Italie, à Padoue, tous les 3es et 4es Bataillons des Régiments de Dalmatie, pour y être formés en Brigades de Dépôt. Le 15, on extrait des 3e et 4e Bataillons les Officiers, Sous-officiers et Caporaux nécessaires pour porter au complet tous les grades des deux Bataillons de guerre, et on prend au Dépôt tous les hommes instruits ou non instruits en état de faire un service actif.

Le 2 août 1806, le Prince Eugène écrit, depuis Monza, au Général Marmont : "Je reçois, monsieur le général en chef Marmont, plusieurs lettres de Sa Majesté. Je transcris littéralement tout ce qui vous concerne :
« Mon intention n'est pas qu'on évacue Raguse. Écrivez au général Marmont qu'il en fasse fortifier les hauteurs ; qu'il organise son gouvernement et laisse son commerce libre ; c'est dans ce sens que j'entends reconnaître son indépendance. Qu'il fasse arborer à Stagno un drapeau italien ; c'est un point qui dépend aujourd'hui de la Dalmatie. Donnez-lui l'ordre de faire construire sur les tours de Raguse les batteries nécessaires et de faire construire au fort de Santa-Croce une redoute en maçonnerie fermée. Il faut également construire dans l'ile de Calamata un fort ou redoute. Les Anglais peuvent s'y présenter : il faut être dans le cas de les y recevoir. Le général Marmont fera les dispositions qu'il croira nécessaires ; mais recommandez- lui de laisser les troisième et quatrième bataillons des 5e et 23e à Raguse ; car il est inutile de trainer loin de la France des corps sans soldats. Aussitôt qu'il le pourra, il renverra en Italie les cadres des troisième et quatrième bataillons. Si cela pouvait se faire avant l'arrivée des Anglais, ce serait un grand bien. Écrivez au général Marmont qu'il doit faire occuper les bouches de Cattaro par le général Lauriston, le général Delzons et deux autres généraux de brigade, par les troupes italiennes que j'ai envoyées et par des troupes françaises, de manière qu'il y ait aux bouches de Cattaro six ou sept mille hommes sous les armes. Ne réunissez à Cattaro que le moins possible des 5e et 23e régiments ; mais placez-y les 8e et 18e d'infanterie légère et le 11e de ligne, ce qui formera six bataillons qui doivent faire cinq mille hommes ; et, pour compléter six mille hommes, ajoutez-y le 60e régiment. Laissez les bataillons des 5e et 23e à Stagno et à Raguse, d'où ils pourront se porter sur Cattaro au premier événement. Après que les grandes chaleurs seront passées et que le général Marmont aura rassemblé tous ses moyens et organisé ses forces, avec douze mille hommes, il tombera sur les Monténégrins pour leur rendre les barbaries qu'ils ont faites. Il tâchera de prendre l'évêque, et, en attendant, il dissimulera autant qu'il pourra. Tant que ces brigands n'auront pas reçu une bonne leçon, ils seront toujours prêts à se déclarer contre nous. Le général Marmont peut employer le général Molitor, le général Guillet et ses autres généraux à cette opération. Il peut laisser pour la garde de la Dalmatie le 81e. Ainsi le général Marmont a sous ses ordres, en troupes italiennes, deux bataillons de la garde, un bataillon brescian et un autre bataillon qui y sera envoyé, ce qui, avec les canonniers italiens, ne fait pas loin de deux mille quatre cents hommes. Il a, en troupes françaises, les 5e, 23e et 79e, qui sont à Raguse, et qui forment, à ce qu'il parait, quatre mille cinq cents hommes ; le 81e et les hôpitaux et détachements de ces régiments, qui doivent former un bon nombre de troupes. Il a enfin les 8e et 18e d'infanterie légère, et les 11e et 60e de ligne. Je pense qu'il faut que le général Marmont, après avoir bien vu Zara, doit établir son quartier général à Spalatro, faire occuper la presqu'île de Sabioncello, et se mettre en possession de tous les forts des bouches de Cattaro. Il doit dissimuler avec l'évêque de Monténégro ; et, vers le 15 ou le 20 septembre, lorsque la saison aura fraîchi, qu'il aura bien pris ses précautions et endormi ses ennemis, il réunira douze à quinze mille hommes propres à la guerre des montagnes, avec quelques pièces sur affûts de traineaux, et écrasera les Monténégrins.
L'article du traité relatif à Raguse dit que j'en reconnais l’indépendance, mais non que je dois l'évacuer. Des quatre généraux de division qu'a le général Marmont, il placera Lauriston à Cattaro et Molitor à Raguse, et leur formera à (chacun une belle division. Il tiendra une réserve à Stagno, fera travailler aux retranchements de la presqu'île et au fort qui doit défendre Santa-Croce, ainsi qu'à la fortification du Vieux Raguse et à des redoutes sur les hauteurs de Raguse. Demandez les plans des ports et des pays de Raguse ».
Sa Majesté s'étant expliquée dans le plus grand détail, je me borne à vous recommander l'exécution de tous ses ordres, ci–dessus transcrits
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 73).

Le 8 septembre, les deux Bataillons de guerre, forts de 62 Officiers et 1,787 hommes, sont : 1e 1er à Mikilichi, le 2e à Pioliczi; les 3e et 4e Bataillons sont en route pour Padoue, comprenant 12 Officiers et 300 hommes. Un Dépôt vient d'être formé à Castel-Vecchio pour y reunir les hommes sortant des hôpitaux.

Le 24 septembre 1806, le Prince Eugène écrit, depuis Monza, au Général Marmont : "… L'intention de Sa Majesté est que le général Lauriston reste à Raguse. Vous pouvez y laisser le 79e, le 23e, les chasseurs brescians, les chasseurs d'Orient et deux généraux de brigade, avec le nombre de compagnies d'artillerie nécessaire, de manière à lui faire un corps d'environ trois mille hommes …" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 82).

- Combat de Debelibrieg (30 septembre 1806)

Marmont, qui est arrivé à Raguse le 30 juillet, apprend le 29 septembre que les Russes, ayant reçu des renforts de Corfou, se trouvent en forces à Castel-Nuovo. ll laisse à Raguse les éclopés et part avec 5,000 hommes. Après une marche de nuit retardée par la pluie, les troupes françaises se trouvent au lever du jour à Gruda, à peu de distance de Debelibrieg, où l'on sait trouver les Russes. Là, Marmont, poursuivant des bandes de paysans qui ont commencé le feu dès l'aube, suit le flanc des coteaux et tourne les positions fortifiées des Russes. "Le général en chef, écrit le général Vignole, s'aperçut que les Russes avaient détaché quelques troupes dans la montagne pour couvrir leur droite, conjointement avcc les Monténégrins. Au moment où la fusillade s'engageait de ce côté, il ordonna l'attaque de la ligne ennemie qui était en face de lui.
Le 79e régiment, forrmé en colonne serrée, fut porté en avant, mais son déploiement fut géné par de nombreux obstacles et, en un instant, le régiment entier ne forma plus qu'une ligne de tirailleurs. Le général en chef s'en étant aperçu, s'y porta de sa personne, fit rallier le régiment et avancer en colonne le 23e d'infanterie et le 18e d'infanterie légère. Le 79e fut porté et mis en bataille sur la hauteur la plus rapprochée ; le 23e, en colonne serrée, reçut l'ordre de déboucher par la plaine, et le 79e, celui de protéger, par un feu de deux rangs bien suutenu, le mouvement offensif du 23e.
L'ennemi ayant envoyé en avant de sa droite bcaucoup de tirailleurs qui inquiétaient la gauche du 79e, le général en chef ordonna de détacher 2 compagnies du 2e bataillon du 18e régiment pour les repousser, ce qui fut fait aussitôt.
Les Russes eurent au moins, dans cette affaire, 500 hommes blessés et 250 tués ; nous leur fîmes 200 prisonniers. Nous eûmes 25 tués et 130 blessés; la faiblesse de cette perte fut due à la vigueur de nos soldats et à la célérité de nos mouvements
".

Dans ses Mémoires, Marmont raconte : "... Deux heures après avoir reçu la nouvelle de la sortie des Russes, je me mis en marche. Je laissai au camp, devant Raguse-Vieux, les hommes malingres ou mal chaussés, et avec eux des officiers et sous-officiers, de manière à en faire une espèce de réserve. Les soldats déposèrent leurs effets, se chargèrent de vivres et de cartouches, et je me mis en route, dans la nuit du 29 au 30, avec cinq mille neuf cents baïonnettes. J'espérais avoir mon avant-garde au jour, en arrière d'un rassemblement de douze à quinze cents montagnards placés en deçà du pont de la Liouta. Une pluie survenue et la difficulté des chemins retardèrent mes colonnes, et le jour nous trouva encore à une lieue de l'ennemi. Lorsque nous fûmes en présence, je le fis attaquer par un bataillon de voltigeurs, commandé par le colonel Plauzonne, et composé des compagnies des troisième et quatrième bataillons, des 5e, 23e et 79e régiments, et soutenu par un bataillon de grenadiers des mêmes régiments, conduit par le général Lauriston. Le 79e resta en réserve. L'ennemi ne tint pas, et se retira sur de plus grandes hauteurs. Nous l'y joignîmes, et nous découvrîmes distinctement la ligne russe, établie sur le col de Débilibrick.
Je réunis les deux bataillons d'élite sous les ordres du général Lauriston, et lui ordonnai de suivre le plateau situé au dehors des grandes crêtes, de chasser deux ou trois mille paysans qui y occupaient une position assez forte, et de tourner ainsi celle des Russes. Je le fis soutenir par le 11e régiment, sous les ordres du général Aubrée. J'ordonnai au 79e d'attaquer de front, et je gardai en réserve le 23e, sous les ordres du général Delzons, et deux bataillons de la garde royale italienne, sous les ordres du général Lecchi. Le 18e régiment d’infanterie légère, lancé d'abord sur les montagnes, fut rappelé pour suivre le mouvement, devenir réserve et prendre part au combat du lendemain.
Les troupes se mettaient en mouvement lorsque les Russes disparurent. Les paysans, forcés dans leur position, laissèrent soixante hommes sur la place, et se retirèrent sur une dernière position, plus forte et plus élevée, que nous ne pûmes attaquer faute de jour. Un de mes aides de camp, le capitaine Gayet, qui servait depuis longtemps avec moi, périt malheureusement ce jour-là, en se rendant à une colonne pour y porter des ordres ; il tomba entre les mains des Monténégrins, qui lui coupèrent la tête. Je le regrettai beaucoup ...
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 13).

- Bataille de Castel-Nuovo. - Prise d'un drapeau russe (1er octobre 1806).

Le lendemain, Marmont se dirige sur Prjevor, Mojdez et Mokrine, vers le plateau de Kameno, qui domine Castel-Nuovo du côté du nord.

"Les hauteurs étant enlecées par les troupes d'élite et le 11e régiment, la colonne qui agissait par la vallée débouche et arrive sur une ligne de 4.000 Russes rangées en bataille ; le 79e formé en colonne se précipite aussitôt sur cette ligne et l'ébranle. Le 23e arrive, le général Delzons à sa tête; le général Marmont lui fait prendre la droite, fait déployer le 79e en l'appuyant aux hauteurs de la gauche et, pendant que ce dernier régiment entretient un feu de mousqueterie très vif avec l'ennemi, il ordonne au 23e de charger en colonne".

"A Castel-Nuovo, dit le Colonel Godart, on se battit à la baïonnette avec un acharnement incroyable ; les officiers et soldat se tenaient au collet avec les Russes. L'ennemi, bien supérieur en nombre, allait finir par écharper ou prendre mes deux bataillons, qui s'étaient lancés avec trop d'ardeur, lorsque le colonel Mimal, du 23e, accourt à leur secours et, conjointement avec eux, culbute les Russes. Bientôt nous nous emparâmes d'un second mamelon et chassâmes de position en position l'ennemi, qui n'eut que le temps de s'embarquer".

"Le général en chef adressa au colonel des compliments sur le courage et la vigueur des admirables tirailleurs du 79e" (Bulletin de la Grande Armée du 4 octobre 1806).

Dans ses Mémoires, Marmont raconte : "... Le lendemain, 1er octobre, l'ennemi avait disparu de la position où il s'était retiré la veille au soir ; le 11e l'occupa. Le régiment d'élite suivit la dernière crête et arriva au sommet de la montagne, sur la croupe de laquelle Castelnuovo est bâti, tandis que le 79e régiment, soutenu par le 23e, celui-ci par le 18e léger, et ce dernier par la garde italienne, débouchait dans la vallée. Le régiment d'élite avait á combattre une nuée de paysans précédant un bataillon russe. L'attaque des voltigeurs n'ayant pas réussi, le bataillon de grenadiers marcha, ayant à sa tête le général Launay, et enleva la position. Le 11e, marchant dans un étage inférieur, eut à combattre deux bataillons russes et une grosse troupe de paysans. Il les aborda franchement ; un combat à la baïonnette s'engagea, et plus de cent Russes et cent cinquante paysans y périrent. Les Russes se retirèrent avec précipitation sur le gros de leurs troupes, qui se trouvaient dans la plaine.
Pendant les événements de la gauche, la tête du 79e régiment était arrivée à l'entrée du bassin de Castelnuovo. La vallée, d'abord étroite, s'élargit tout à coup. C'est là que plus de quatre mille Russes nous attendaient en bataille. Il était impossible de prendre une formation régulière sans combattre : il fallait gagner un peu d'espace. Le 79e, après s'être réuni, autant que le terrain pouvait le permettre, se précipita sur la ligne russe et la fit rétrograder en partie. Ce régiment entier se trouva en tirailleurs, mais le courage des soldats suppléait à l'empire de la discipline et d'une bonne formation ; il tenait ferme contre un nombre très-supérieur, tandis que le 23e, à la tête duquel marchait le général Delzons, approchait. Quand la tête eut débouché, je chargeai le général Lauriston de rallier le 79e, et de le porter sur les hauteurs à gauche, pour couvrir le flanc du 23e, et empêcher les deux bataillons russes, qui descendaient la montagne et n'avaient pu être suivis à cause de la difficulté du terrain, de les occuper. Un feu très-vif de ce régiment prépara la charge ordonnée au 23e, et exécutée aussitôt qu'il eut été formé en colonnes par sections. Les bataillons prenant leur distance en marchant, cette charge, conduite avec vigueur par le général Delzons, avait pour but de couper la droite de l'ennemi et de tourner son centre. La première position emportée, la droite des Russes se retira, homme par homme, dans les montagnes en arrière. Le centre se replia d'abord sur une hauteur, immédiatement après attaquée et enlevée, et enfin sur une troisième, où il tint ferme. La gauche et une réserve s'y rallièrent. Pendant ce combat, le 18e d'infanterie légère, sous les ordres du général Soyez, avait débouché et s'était formé en colonnes. Je lui ordonnai de passer à la gauche du 23e et de marcher droit sur Castelnuovo pour tourner l'ennemi, tandis que le 23e ferait une nouvelle attaque, et je gardai en réserve le 79e et la garde. Ces mouvements s'exécutèrent aussitôt ; mais, soit que l'ennemi sentit son danger imminent, soit que l'attaque du 23e eût été trop vive, il se replia en toute hâte, et le 18e ne put atteindre que la queue de sa colonne, au lieu de tomber sur son flanc, comme je l'avais espéré, et de le couper en grande partie. Quinze cents hommes seraient tombés en notre pouvoir, si un défilé à passer n'eût retardé la marche du 18e de dix minutes environ. Il arriva cependant encore à temps pour écraser par son feu la colonne russe, mise en fuite et cherchant son refuge, partie dans la mer et sur les canots de l'escadre envoyés pour la recueillir, et partie dans la plaine protégée par le feu du fort espagnol. Un quart d'heure après, il ne restait pas un seul Russe hors de l'enceinte de Castelnuovo, et les paysans armés avaient disparu. Le feu des vaisseaux et du fort soutint l'embarquement des troupes russes, mais sans nous faire souffrir.
Depuis six mois, les Bocquais, excités par les Russes, n'avaient pas cessé de nous insulter. Pendant la suspension des hostilités, ils avaient attaqué nos avant-postes. J'avais fait tous mes efforts pour les rappeler à leur devoir et leur faire sentir leur véritable intérêt. Ils n'en avaient tenu compte ; ils croyaient mes démarches inspirées par la crainte. Les Grecs, sujets turcs du voisinage, s'étaient joints à eux. J'avais porté mes plaintes au pacha de Trebigne ; il m'avait répondu qu'il abandonnait les belles à ma vengeance. Je me décidai à faire un exemple sévère.
Je donnai l'ordre de brûler plusieurs villages et tous les faubourgs de Castelnuovo : c'était punir la rébellion dans son foyer même, et, le lendemain, cet ordre fut exécuté. Je fis épargner la maison d'un habitant qui avait, quelques mois auparavant, sauvé la vie à un Français. On y plaça un écriteau pour faire connaître le motif de cette exception. Le 2 octobre, au moment où je faisais incendier les beaux faubourgs de Castelnuovo, malgré le feu de la flotte ennemie, mille à douze cents paysans et quelques Russes vinrent attaquer les postes de ma gauche, les surprirent et les obligèrent à se replier. Le nombre des ennemis augmentant, je dus y faire marcher des troupes. J'employai dans cette circonstance la garde italienne, désespérée de n'avoir pas combattu la veille. Soutenue par un bataillon du 79e et quelques autres détachements, l’ennemi fut chassé de toutes parts, laissant deux cents morts sur la place, et tout rentra dans le silence. Ainsi l'ennemi, qui comptait mettre à feu et à sang Raguse et la Dalmatie, n'avait pas pu défendre son territoire et ses propres foyers.
On peut évaluer la perte de l'ennemi, dans ces trois affaires, pour les Russes, à trois cent cinquante hommes tués et six à sept cents blessés ; nous leur fîmes, en outre, deux cent onze prisonniers. Les paysans perdirent quatre cents hommes tués et plus de huit cents blessés. Nous eûmes vingt-cinq hommes tués et cent trente blessés. La faiblesse de cette perte fut due à la vigueur de nos attaques et à la célérité de nos mouvements.
J'avais atteint mon but et montré à ces peuples barbares ma supériorité sur les Russes. Je me retirai le 3, en plein jour, à la vue de l'ennemi. Rentré à Raguse-Vieux, mes troupes reprirent le camp qu'elles avaient quitté cinq jours auparavant. La terreur des ennemis était telle, que pas un paysan n'osa me suivre. Les troupes revinrent plus tard à Raguse et à Stagno, afin d'accélérer les travaux de défense. Une brigade resta á Raguse-Vieux pour y protéger la flottille …
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 14)

Au plus fort de la lutte corps à corps, le Sous-lieutenant Courtot du 79e, est blessé en s'emparant d'un drapeau russe.

- Années 1807 et 1808

Après la bataille, le 79e bivouaque à Vitagliona, sur les hauteurs de Castel-Nuovo. Il part de là vers le 10 octobre pour aller prendre ses quartiers d'hiver à Vieux-Raguse; son effectif est alors de 63 Officirs et 1,708 hommes; il fait partie de la Division Lauriston.

Dans ses Mémoire, le Maréchal Marmont raconte : "... Je donnai des instructions détaillées au général Lauriston pour tous les cas qu'il me fut possible de prévoir ; je fixai les limites de son arrondissement jusques et y compris Stagno, Curzola et Sabioncello, et je lui laissai trois beaux régiments formant quatre mille cinq cents hommes, les 23e, 60e et 79e. Je me mis en route le 1er novembre, après m'être fait devancer par les autres troupes, composées des 5e et 11e de ligne, 18e léger, et de la garde italienne. J’inspectai en passant les travaux de Stagno, ainsi que ceux de Curzola, et je me rendis à Spalatro, point central où j'établis mon quartier général ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 22).

Depuis cette époque jusqu'à la fin de 1808, le 79e tient garnison à Raguse, fournissant des détachement de forces variables à Posenka, Bergatto, Stagno, Alana et Castel-Nuovo.

Le 21 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J’ai reçu les états de situation que je vous avais demandés. Les 20000 hommes de la réserve doivent être distribués de la manière suivante :
12000 hommes à l'infanterie de ligne et légère conformément au tableau ci-joint.
… Répartition de 12 000 hommes de la réserve de 1808 entre les corps ci-après de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère.
... INFANTERIE DE LIGNE
CORPS NOMBRE DES CONSCRITS
... 79e 100 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15681).

Le 20 juillet 1807, Marmont est informé que la paix est signé depuis le 8, à Tilsit, entre la France et la Russie, et que les bouches du Cattaro vont être livrées aux troupes françaises.

Lauriston y fait son entrée le 16 août, à la tête de deux Bataillons du 23e, d'un Bataillon du 79e, d'une Compagnie et demie d'artillerie et d'un détachement du Génie.

Le 1er octobre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, je reçois votre lettre du 22, par laquelle vous me faites connaître que la division Clausel est de plus de 5,500 hommes.
... Vous ferez partir quatre compagnies pour le 11e; trois pour le 23e; quatre pour le 60e; trois pour le 79e; et deux pour le 81e; de manière que chaque compagnie sera de 200 à 450 hommes. Mon intention est que ces compagnies, arrivées à Zara, soient incorporées dans les deux premiers bataillons, et que les cadres reviennent à l’armée. Le général de division, les deux généraux de brigade, marcheront avec cette division, pour inspecter son passage ; mais, quand elle sera arrivée en Dalmatie et incorporée, tout cela rentrera en Italie. Cette division doit être considérée comme une division de renfort
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 420 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16450).

Le 4 mars 1808, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "… Le 28 février, deux trabocoli italiens sont arrivés à Barletta, après une tempête horrible ; ils avaient à leur bord 250 hommes du 79e qui, partis de Cattaro, étaient destinés pour Raguse …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 4, p. 194).

Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
Le 5e de ligne de cette armée a son dépôt actuel près de Venise, son nouveau dépôt à Grenoble ... Le 79e de Venise va se rendre à Chambéry ... Ces distances sont très considérables.
Mais tous ces régiments ont leurs bataillons de guerre en Dalmatie et leurs 4es bataillons sont tous réunis près de Venise où sont les emplacements de leurs dépôts.
Vous donnerez des ordres aux majors d'envoyer des nouveaux dépôts où se rendus des conscrits autant de conscrits non habillés que le régiment a d'effets d’habillement à l'ancien dépôt près de Venise. Ces hommes seront habillés là à leur arrivée et seront encadrés dans le 4e bataillon ...
Ainsi le 5e de ligne reçoit 440 hommes ... le 79e, 300 ... Il est clair que ces contingents ne sont juste que le nécessaire pour compléter les dépôts. Cependant si ces régiments ont des effets d'habillement à leurs anciens dépôts près de Venise, autorisez le major à faire partir 150 hommes des nouveaux dépôts pour les anciens à Venise où ils seront habillés et incorporés ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).

Dans ses Mémoires, Marmont raconte une épisode se situant en août 1808 : "... J'eus dans le même temps à me mêler d'une petite affaire de la frontière. Un Turc, nommé Hadgi Bey, possesseur de trente-deux villages, fort dévoué aux intérêts de la France, fut en discussion, les armes à la main, avec ses frères. Pendant une absence, ils se révoltèrent. A son retour, il se mit à la tête de ceux qui lui étaient restés fidèles, et il les combattit. Après diverses chances favorables et contraires, la fortune l'abandonna, et il fut forcé de se réfugier dans son fort d'Uttovo. Il s'y défendait depuis six mois, et il était au moment de se rendre faute de vivres : sa reddition, c'était sa mort ; il invoqua mon secours. Je crus de mon devoir de le sauver. Je ne voulais pas décider entre lui et ses frères, mais lui donner les moyens d'attendre la décision du pacha dont il dépendait. Je lui envoyai le général de Launay avec un bataillon du 79e régiment et un grand convoi de vivres. Le général avait défense de commettre des hostilités contre les ennemis de Hadgi-Bey, s'ils ne s'opposaient pas à sa marche. Tout se passa pacifiquement ; ils se retirèrent à notre approche. Hadgi-Bey fut sauvé et bien approvisionné ; et le pacha de Bosnie, informé de mes motifs, me remercia ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, pages 127-128).

Le 8 septembre 1808, Eugène écrit, depuis Monza, à Napoléon : "... J'ose également proposer à Votre Majesté une mesure que je croirais excellente. L'armée d'Italie a une division à Trévise, composée de tous les 4es bataillons de l'armée de Dalmatie. Pour être bien en mesure au printemps prochain, on pourrait faire rentrer deux régiments de la Dalmatie à Trévise, comme par exemple le 18e léger et le 79e de ligne, et on enverrait de Trévise en Dalmatie tous les 4es bataillons des autres corps. Ce mouvement pourrait se faire pendant cet automne, et sans bruit. L'armée de Dalmatie trouverait son compte dans cette mesure, puisqu'elle y gagnerait ; l'armée d'Italie acquerrait deux bons régiments qui, réunis au 13e de ligne, feraient une superbe division ...
Je prie Votre Majesté de me pardonner ces diverses demandes. Elles ont toutes pour but le service de Votre Majesté, et lui prouvent combien je désire d'être bien en mesure de la servir activement
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 217).

De son côté, l'Historique régimentaire explique que le 21 septembre 1808, un Bataillon du 79e, à 1a tête duquel se trouve le Général Deviau, est chargé de protéger l'entrée dans Ottowo de vivres et d'auxiliaires; il y a un combat contre les paysans et Omer-Bey, un des frères d'Hadji-Bey, Sultan du pays, y est tué. A la suite de cette action, le Lieutenant Espérandieu est cité à l'ordre pour avoir été blessé d'un coup de feu à l'épaule, en défendant deux pièces de canon qui étaient environnées d'ennemis.

- 1809

Le 10 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Je désirerais que les 8 dépôts de l'armée de Dalmatie qui sont dans la 7e division militaire réunissent à Chambéry 16 compagnies formant trois bataillons de marche. Le 1er sera composé d'une compagnie du 5e de ligne, d'une du 11e, d'une du 23e, d’une du 60e, d’une du 79e, d'une du 81e, d'une du 8e légère, et d'une du 18e légère. Ces huit compagnies se réuniront à Chambéry bien armées et bien habillées et seront prêtes à partir le 20 janvier de cette ville. Le 2e bataillon composé de la même manière sera prêt à partir le 10 frévrier et le 3e bataillon composé de la même manière le 20 février. Ce régiment de marche de l'armée de Dalmatie fera un renfort de [4 700] hommes pour les dépôts de de cette armée ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2652 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19766).

Le 14 janvier 1809, Napoléon écrit de Valladolid au Vice-Roi d'Italie pour lui donner ses instructions en vue d'une guerre contre l'Autriche. Marmont doit pouvoir se porter en avant avec toutes ses troupes disponibles, ne laissant en Dalmatie que les hommes absolument indispensables, et attaquer par son flanc gauche l'armée autrichienne qui chercherait à défendre la ligne de l'Isonzo.

Le 27 janvier 1809, le Prince Eugène écrit, depuis Milan, au Général Marmont : "Je m'empresse de vous annoncer, monsieur le général Marmont, que les affaires d'Espagne sont terminées. Sa Majesté va se rendre bientôt à Paris, et sa garde ainsi qu'une partie de ses troupes rétrogradent déjà en ce moment. Je vous envoie les derniers journaux et les bulletins.
L'Empereur m'écrit de son quartier général de Valladolid, en date du 14 janvier, et me charge de vous envoyer les instructions suivantes : « La maison d'Autriche fait des mouvements. Le parti de l'impératrice paraît vouloir la guerre ; nous sommes toujours au mieux avec la Russie, qui, probablement, ferait cause commune avec nous.
Si les Autrichiens portaient des forces considérables entre l'Isonzo et la Dalmatie, l'intention de Sa Majesté est que son armée de Dalmatie soit disposée de la manière suivante :
Le quartier général à Zara avec toute l'artillerie de campagne. Les 8e et 18e d'infanterie légère, les 5e et 11e de ligne pour la première division ; les 23e, 60e, 79e, 81e pour la deuxième division, formant, avec les escadrons de cavalerie, l'artillerie et les sapeurs, un total de dix-sept mille hommes.
Les dispositions pour le reste de la Dalmatie et de l'Albanie seront les suivantes :
Tous les hôpitaux, que l'armée peut avoir, concentrés à Zara. On laisserait à Cattaro deux officiers du génie, une escouade de quinze sapeurs, une compagnie d'artillerie italienne, une compagnie d'artillerie française, le premier bataillon du 3e léger italien, qui va être porté à huit cent quarante hommes par les renforts qu'on va lui envoyer par mer, et les chasseurs d'Orient, ce qui fait environ douze cents hommes. Un général de brigade commandera à Cattaro. Il devra former un bataillon de Bocquais des plus fidèles pour aider à la défense du pays.
On laisserait à Raguse un général de brigade, une compagnie d'artillerie française, une compagnie d'artillerie italienne, un bataillon français, le quatrième bataillon du régiment dalmate, deux officiers du génie, et une escouade de quinze sapeurs, ce qui fera à Raguse un total de quatorze à quinze cents hommes.
Il suffira de laisser à Castelnuovo deux cents hommes pour la défense du fort. Il faut s'occuper avec soin d'approvisionner ce fort, Cattaro et Raguse pour six ou huit mois de vivres. Il faudra y réunir également les poudres, boulets et munitions en quantité suffisante pour la défense de ces places pendant le même temps.
Avec le reste de votre armée, c'est-à-dire avec plus de seize mille hommes, vous prendrez position sur la frontière pour obliger les Autrichiens à vous opposer d'égales forces, et vous manœuvrerez de manière à opérer votre jonction avec l'armée d'Italie.
En cas d'échec, vous vous retirerez sur le camp retranché de Zara, derrière lequel vous devez pouvoir tenir un an. Il faut donc, à cet effet, réunir dans cette place une quantité considérable de biscuit, farines, bois, etc., et la munir de poudres, boulets, et tout ce qui sera nécessaire à sa défense.
Dans le cas contraire, c'est-à-dire dans celui de l'offensive, vous devriez laisser à Zara une compagnie de chacun de vos régiments, composée des hommes malingres et éclopés, mais commandés par de bons officiers ; vous laisseriez en outre un régiment pour la garnison de Zara, et, avec le reste, vous prendriez part aux opérations de la campagne. Bien entendu que ce régiment assisterait aux batailles qui seraient données avant la jonction, laquelle une fois opérée, ce régiment rétrograderait pour venir assurer la défense de Zara et de la province.
Vous laisseriez dès le commencement, à Zara, trois compagnies d'artillerie, un officier supérieur avec quatre officiers du génie, et une compagnie de sapeurs. L'officier général qui resterait en Dalmatie doit organiser, de son côté, un bataillon composé de gens du pays les plus fidèles. L'instruction à donner aux commandants de Zara, Cattaro et de Raguse doit être de défendre le pays autant que possible, mais de se restreindre à la défense des places du moment qu'il y aurait un débarquement et que l'ennemi se présenterait trop en forces. Si les bouches de Cattaro, Raguse et Zara étaient bloquées, ils devraient correspondre avec Ancône et Venise par mer, et ils pourraient être assurés qu'avant huit mois ils seraient dégagés. Il est donc indispensable de munir ces places de poudres, boulets, biscuits, farines et autres approvisionnements. L'intention de Sa Majesté est que les troupes ne soient pas disséminées : elles ne doivent occuper que la pointe de Cattaro, Castelnuovo, Raguse et Zara. Dans le cas où l'armée de Dalmatie se porterait en Allemagne, il faut préparer des mines pour faire sauter les châteaux fermés qu'il peut y avoir dans le pays, et qui donneraient de la peine à reprendre quand l'armée rentrera. Les gardes nationales seront suffisantes pour garder la côte pendant tout le temps que l'armée marchera contre l'ennemi, dont les forces, occupées ailleurs, ne pourront d'ailleurs rien tenter de ce côté.
Ceci est une instruction générale qui doit servir dans tous les temps, quand vous ne recevriez point d'ordre toutes les fois que les courriers seraient interceptés, et que vous verriez les Autrichiens se mettre en hostilité, chose cependant qu'on a peine à croire. Sa Majesté a vu, par vos derniers états, qu'il y a à Raguse et Cattaro quatorze mille quintaux de blé, ce qui fait des vivres pour quatre mille hommes pendant plus d'un an. Cet approvisionnement est suffisant. Celui de Spalatro et de Sebenico serait porté sur Zara, ce qui ferait cinq mille quintaux à Zara, c'est-à-dire pour cinq mille hommes pendant cent jours, plus le biscuit, qui rendrait cet approvisionnement suffisant ; mais il faut avoir soin que ce blé soit converti en farine, afin de n'éprouver aucun embarras ni obstacle dans les derniers moments. A tout événement, ce serait une bonne opération de réunir à Zara dix mille quintaux de blé, en faisant en sorte cependant que les fournisseurs soient chargés de la conservation, et que cela ne se garde pas
" Mémoires de Marmont, tome 3, page 189).

Laissant en Dalmatie le 60e, un Bataillon d'infanterie italienne, un Bataillon dalmate et tous ses invalides, Marmont se trouve à la fin de mars à la tête de 9,500 hommes formés en deux Divisions : la 1ère Division commandée par le Général Montrichard, la 2e, dont fait partie le 79e, comnandée par le Général Clausel.

Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "… à la fin de mars, je réunis, dans les environs de Zara, de Benkovatz et d'Obrovatz, l'armée prête à entrer en campagne. Sa force était de neuf mille cinq cents hommes d'infanterie, formés en deux divisions : première division commandée par le général Montrichard ; deuxième division, par le général Clausel, et composées des régiments suivants : 8e et 18e d'infanterie légère, 5e, 11e, 23e, 79e, 81e d'infanterie de ligne, quatre cents chevaux, douze pièces de canon ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 133).

Le Corps d'armée est réuni entre Zara et Knin, sur les frontières de la Croatie autrichienne ; il y reste cantonné environ un mois. Marmont commence les hostilités à la fin d'avril; après avoir franchi la Zrmanja et livré plusieurs combats à notre avantage, le Corps d'armée se trouve le 21 mai en vue de Gospic, où se sont rassemblées les forces autrichiennes.

- Bataille de Gospic (21 et 22 mai 1809). - Prise de 2 pièces de canon par le 79e. - Gospic est situé à la réunion de quatre rivières; de quelque côté qu'on se présente, il est nécessaire d'en passer deux. Ne voulant pas attaquer de front, Marmont se prépare à tourner la position pour menacer la retraite de l'ennemi. Il faut à cet effet passer une des rivières à la portée de son artillerie, située de l'autre côté de la Lika. Pour rétablir le pont coupé la veille, deux compagnies de voltigeurs, ayant passé à gué, occupent deux pitons situés près de la rivière. Mais à peine la Division Clausel se prepare-t-elle à franchir la Lika, que l'ennemi débouche derrière elle par le pont de Bilai et se porte sur la Division Montrichard.

Les Autrichiens marchent avec lenteur en trois colonnes. Marmont fait attaquer la colonne du centre par le 18e et la colonne de droite par le 79e. Cette colonne s'étant repliée, le 79e la suit et se reunit au centre de la ligne française, après s'être emparé d'un mamelon isolé qui coupe notre front. A ce moment, l'ennemi fait un grand effort sur la droite; le 79e le reçoit avec sang-froid et vigueur et le 81e, l'ayant cbargé immédiatement après, le precipite dans la Lika où plus de 2,000 hommes se noient; 1,200 tombent entre nos mains.

"Je culbutai avec mon 1er bataillon, dit Godart, les Autrichiens qui avaient repris les trois mamelons ; lorsque mon 2e bataillon fut arrivé et déployé, près de 300 hommes furent jetés dans la rivière, 500 autres furent pris et 2 pièces de canon enlevées".

Dans son Rapport à l'Empereur, daté de Fiume le 29 mai 1809, le Général Marmont écrit : "Sire, j'ai eu l'honneur de rendre compte à Votre Majesté de l'entrée en campagne de votre armée de Dalmatie, de la défaite de l'armée ennemie au mont Kitta, de la prise du général Stoisevich, commandant en chef, et du combat de Grachaz. Je dois maintenant à votre Majesté le rapport des opérations qui ont suivi. L'artillerie et les vivres que j'attendais de Dalmatie m'ayant joint le 19, je me mis en marche le 20 pour Gospich. Le 21, de bonne heure, j'arrivai à la vue de Gospich. L'ennemi y était renforcé des colonnes d'Obrovatz et d'Évernich, qui étaient fortes de trois à quatre mille hommes, et qui ne s'étaient pas encore battues Il avait reçu de plus deux régiments du Banat, et avait fait réunir toute la population en armes. Ses forces étaient doubles des nôtres. La position de l'ennemi était belle. Gospich est situé à la réunion de quatre rivières, de manière que, de quelque côté que l'on se présente, il est nécessaire d'en passer deux. Ces rivières sont très encaissées ; on ne peut les passer que vis-à-vis les chaussées, et, dans cette saison, une seule d'elles est guéable. Je me décidai à ne pas attaquer de front Gospich, mais à tourner sa position, de manière à menacer la retraite de l'ennemi. Pour atteindre ce but, il fallait passer une des rivières à la portée du canon des batteries ennemies, établies de l'autre côté de la Licca, ou traverser des montagnes de pierres extrêmement âpres et difficiles, où les Croates auraient pu résister avec avantage. L'ennemi occupant la rive opposée de cette rivière, il fallait l'en chasser, afin de pouvoir rétablir le pont qu'il avait coupé. Deux compagnies de voltigeurs du 8e régiment, commandées par le capitaine Bourillon, ayant passé ce gué, remplirent cet objet, attendu que l'ennemi, comptant sur sa position, était peu en force. Elles occupèrent deux pitons qui touchaient la rivière.
A peine ce mouvement fut-il exécuté, que l'ennemi déboucha par le pont de Bilai et marcha sur la division Montrichard, qui suivait la division Clausel. Je donnai l'ordre immédiatement au général Clausel de faire passer au général Delzons, avec le 8e régiment d'infanterie légère, la petite rivière qui était devant nous, afin d'occuper les mamelons dont s'étaient emparés les voltigeurs, et de les défendre avec le plus d'opiniâtreté possible s'il y était attaqué. Je lui donnai également l'ordre de rapprocher un peu les autres régiments de la division, de manière à soutenir la division Montrichard, avec laquelle j'allais combattre l'ennemi, qui débouchait.
L'ennemi marcha à nous sur trois colonnes. J'eus bientôt disposé toute la division Montrichard, et, après être resté en position pour bien juger du projet de l'ennemi, je me décidai à faire attaquer la colonne du centre par le 18e régiment d'infanterie légère, à la tête duquel marchait le général Soyez, tandis que le 79e régiment, que commandait le colonel Godart, et avec lequel se trouvait le général Montrichard, contenait la droite de l'ennemi.
La charge du 18e régiment fut extrêmement brillante ; il est impossible d'aborder l'ennemi avec plus de confiance et d'audace que ne le fit ce brave régiment. L'ennemi fut culbuté, perdit cinq pièces de canon. Dans cette glorieuse charge, le général Soyez fut blessé d'une manière très-grave. Je fis soutenir immédiatement le 18e régiment par le 5e régiment, sous les ordres du colonel Plauzonne, qui marcha sur la colonne de gauche de l'ennemi et la fit replier.
L'ennemi, s'opiniâtrant, envoya de puissants renforts, qui exigèrent de notre côté de nouveaux efforts. Le 79e régiment, qui avait suivi la droite de l'ennemi, s'était réuni à notre centre en faisant le tour d'un monticule qui la séparait. Je plaçai en deuxième ligne le 81e régiment, sous les ordres du général Launay et du colonel Bonté, et en réserve un bataillon du 11e régiment, que je détachai de la division Clausel.
L'ennemi ayant fait un nouvel effort, le 79e régiment le reçut avec sa bravoure ordinaire, et un bataillon le chargea, tandis que le 81e régiment en faisait autant.
Cette charge fut si vive, que l'ennemi se précipita dans la rivière et s'y noya en grand nombre. Tout ce qui avait passé devait être détruit si douze pièces de canon de l'ennemi, placées sur l'autre rive de la Licca, n'avaient mis obstacle à ce qu'on le poursuivit davantage.
Cet effort termina la journée à notre gauche. Le général Launay, qui marchait à la tête du 79e et du 81e, y fut grièvement blessé.
Pendant que ces affaires se passaient, l'ennemi détacha six bataillons pour attaquer les positions qu'occupait le 8e régiment. Ce corps, un des plus braves de l'armée française, que commande le colonel Bertrand, et que le général Delzons avait très bien posté, résista avec beaucoup de vigueur et de persévérance. Après plusieurs tentatives inutiles pour enlever la position de vive force, l'ennemi s'occupa à le tourner. Il allait être en péril lorsque j'ordonnai au général Clausel d'envoyer au général Delzons les trois bataillons du 11e régiment, sous les ordres du colonel Bachelu, pour, non seulement soutenir et assurer le 8e régiment, mais encore pour prendre l'offensive et menacer la retraite de tout ce corps ennemi qu'il avait tourné.
Le général Delzons fit le meilleur emploi de ces forces, et le 11e régiment soutint, dans cette circonstance, son ancienne réputation, et, en moins de trois quarts d'heure, l'ennemi perdit de vive force ou évacua toutes ses positions.
Ce succès mit fin au combat ...
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 203).

Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "... Je donnai l'ordre au général Clausel de faire passer au général Delzons, avec le 8e régiment, la petite rivière placée devant nous, afin d'occuper les mamelons dont les voltigeurs s'étaient emparés, et de les défendre avec la plus grande opiniâtreté. Je fis prendre lestement les distances, par la queue de la colonne, à la division Montrichard, avec laquelle j'allais combattre. Le général Montrichard, sans manquer de bravoure personnelle, perdait toute son intelligence dans le danger ; et, vu les circonstances, je commandai moi-même ce jour-là sa division. L'ennemi marcha à nous avec lenteur, ce qui nous donna le temps de nous former et de nous mettre en position. Après y être resté quelques moments pour juger des intentions de l'ennemi, je reconnus qu'il était formé en trois colonnes. Celle du centre devançant un peu les autres, je la fis attaquer sur-le-champ par le 18e régiment. A sa tête était le général Soyez. J'ordonnai ensuite l'attaque de la colonne de droite de l'ennemi par le 79e, à la tête duquel marchait Montrichard.
Les charges du 18e furent brillantes. Tout céda devant ce brave régiment ; tout fut culbuté, et l'ennemi perdit cinq pièces de canon sur six qui avaient débouché. Le général Soyez y fut gravement blessé. Le 5e régiment marcha sur la colonne de gauche de l'ennemi et la fit replier. Pendant ce temps, le 79e, ayant suivi la droite de l'ennemi, s'était réuni à notre centre, après avoir dépassé un mamelon isolé, comme on en trouve beaucoup dans ce pays, mamelon auquel l'ennemi s'était appuyé, et qui coupait notre ligne. L'ennemi présentant de nouvelles troupes, je plaçai en réserve le 81e et un bataillon du 11e, que je détachai de la division Clausel. L'ennemi fit alors un grand effort sur la droite ; le 79e le reçut avec sang-froid et vigueur, et le 81e, l'ayant chargé immédiatement après, le précipita dans la Licca, où plus de deux mille hommes se noyèrent, et douze cents tombèrent entre nos mains. Le feu de douze pièces de canon, placées de l'autre côté de la Licca, protégea la retraite du reste des troupes qui avaient passé la rivière pour nous attaquer. Le général Launay fut gravement blessé dans cette circonstance.
Pendant que cette action se passait à ma gauche, l'ennemi avait détaché six bataillons pour attaquer le régiment d'infanterie légère, mis en position pour protéger la reconstruction du pont et faciliter à l'armée les moyens de déboucher. Ce régiment, à la tête duquel se trouvait le général Delzons, était si bien posté et avait mis une telle énergie dans sa défense, que l'ennemi fut constamment repoussé dans toutes ses attaques directes. Il voulut tourner la position ; mais le 11e régiment était à portée : je l'envoyai au secours du 8e, avec ordre de prendre l'offensive et de menacer la retraite des forces ennemies en les tournant comme elles tournaient le 8e. Le succès le plus complet couronna cette manœuvre. L'ennemi fut repoussé, mis en déroute, et laissa entre nos mains cinq cents prisonniers ...
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 148).

Le Régiment a 120 blessés dans cette vigoureuse action. Le Général de Brigade Launay ayant reçu une grave blessure, le Colonel Godart prend le commandement à sa place. Les Capitaines Denest et Buire ont été tués.

Pendant la nuit du 21 au 22, le pont sur la Lika est rétabli, mais l'ennemi fait le lendemain une démonstration offensive en remontant la rivière avec 4000 ou 5000 hommes. Cependant la 1ère Division ayant franchi la Lika, les Autrichiens battent en retraite après un simulacre de résistance et leur cavalerie seule tente, sans succès, à deux reprises différentes de nous rejeter dans la rivière.

Le Corps de Marmont entre le 23 à Gospic et continue son mouvement sur Ottocac le 24 au matin. Après un combat aux abords de cette ville, il se dirige sur Fiume et Laybach; aucun ennemi ne se présente plus pour lui barrer la route.

Dans son Rapport à l'Empereur, daté de Fiume le 29 mai 1809, le Général Marmont écrit : "... Le 26, nous sommes entrés à Segna, et, le 28, à Fiume, où l'armée se rassemble le 29, et d'où elle partira, le 31, pour se joindre à l'armée d'Italie.
L'ennemi, dans cette courte campagne, a eu environ six mille hommes hors de combat et un très-grand nombre de déserteurs. Nous avons combattu ou marché tous les jours pendant douze heures ; et les soldats, au milieu des privations, des fatigues et des dangers, se sont toujours montrés dignes des bontés de Votre Majesté. Je devrais faire l'éloge de tous les colonels, officiers et soldats, car ils sont tous mus du meilleur esprit ; mais je ne puis dire trop de bien des colonels Bertrand, Plauzonne et Bachelu, qui sont des officiers de la plus grande capacité.
L'armée a fait une grande perte dans les généraux Launay et Soyez, blessés grièvement ; et le jour où ils lui seront rendus sera pour elle un jour de fête. Je dois aussi beaucoup d'éloges au général Clausel, et je dois me louer du général Tirlet, commandant l'artillerie, du colonel Delort et du chef des ambulances.
Nous avons eu, dans ces trois dernières affaires, huit cents hommes tués ou blessés
" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 203).

- Marche sur Wagram. - Arrivé à Laybach le 3 juin, Marmont y trouve des détachements appartenant aux différents Régiments de son Corps d'armée; il les incorpore et répare ainsi les pertes qu'il vient de faire en Croatie. Il reçoit l'ordre de chasser le Général Giulay établi à Marbourg et de se rapprocher de la Grande-Armée; Marmont se met en marche le 20 juin.

Il trompe Giulay et passe la Drave à Völkermarkt où l'ennemi n'a personne, puis, lui faisant croire qu'il marche sur Marbourg, il lui échappe une secounde fois et réussit à rejoindre le 26 juin la Division Broussier, de l'Armée d'Italie, qui, après avoir évacué Grätz, a pris position au pont de Gösling. Décidé le 27 à attaque l'emnemi, Mannont ne trouve plus personne devant lui ; les Autrichiens ont évacué leurs positions et se sont retirés en Hongrie.

Le 28 il se met à la poursuite de Giulay, mais ayant reçu l'ordre de se rapprocher de Vienne, et d'être rendu le 4 juillet au soir sur le Danube, il part aussitôt de Grätz avec la Division Montrichard pendant que la Division Clausel se rend à Neustadt par Friedberg.

En quatre jours, l'armée de Dalmatie a fait 30 lieues pour ararriver sur la rive droite du Danube ; elle y prend position le 5, à 7 heures du soir, et prend la dénomination de 11e Corps de la Grande-Armée.

- Rôle du 11e Corps à la bataille de Wagram (Journée du 6 juillet 1809). - L'armée est dans l'ordre suivant : à la droite, Davout, ensuite Oudinot, l'armée de Dalmatie, l'armée d'Italie, les Saxons et le Corps de Masséna.

Le 11e Corps entre en ligne vers les dix heures du matin pour appuyer le mouvement d'Oudinot, mais presque aussitôt, l'Empereur lui prescrit de rester en position. A une heure, la bataille est gagnée. Le Lieutenant Cortot a été tué.

"L'Empereur vint se reposer dans la position du centre, que j'occupais, et y fit élever sa tente. Mes troupes étaient formées en colonnes et les armes en faisceaux. Tout à coup la plaine entière se trouve couverte de fuyards : plus de 10,000 bommes, chacun marchant pour son compte, se précipitent dans la direction du Danube ; des bussards, des cuirassiers, des soldats du train avec leurs attelages, etc., présentant ainsi le plus horrible spectacle. Mon corps d'armée court aux armes; nous atteondons ce qui va arriver de cette bagarre et nous nous disposons à bien recevoir l'ennemi. J'eus lieu d'être content de l'attitude de mes troupes et je jouis de leur indignation au spectacle qu'elles avaient sous les yeux" (Mémoires du Maréchal Marmont).

Des coureurs de l'Archiduc Jean ont jeté une terreur panique parmi des soldats en maraude et d'autres occupés à abreuver des chevaux. "L'Empereur me donna ordre de déployer mes troupes et de les faire camper en carré autour de sa tente. Ainsi gardé, il pouvait reposer avec sécurité".

Le 11e Corps a encore une autre alerte; les cris de : "Aux armes !" s'étant fait entendre au milieu de la nuit, le Corps tout entier prend les armes. C'est, dit-on, une cantinière qui, mise au pillage, a jeté ces cris.

Le 7, Marmont établit son camp à Wolkersdorf où est le Quartier général; c'est là qu'il reçoit l'ordre de partir pour faire l'avant-garde de l'armée dans la direction de Nikolsbourg.

- Bataille de Znaïm (10 juillet 1809). - Marmont se met aussitôt à la poursuite de l'armée autrichienne; chacun sait par suite de quelles circonstances il l'atteint à Znaïm après avoir franchi la Thaya le 10 juillet.

La Division Clauzel attaque dès le début de l'action, mais la Division Claparède, dont le 79e fait partie, reste en réserve et ne se déploie qu'à la fin de la journée.

Le lendemain 11, l'armistice de Znaïm arrête les opérations; il est signé dans la soirée par le Prince de Neufchâtel et le Prince de Lichtenstein. Le 11e Corps est alors dirigé sur Krems et on lui assigne, pour le faire vivre, le cercle de Korneubourg.

- Au camp devant Krems (juillet à octobre 1809). - Un magnifique camp est dressé à quelque dlstance de Krems; la troupe y construit des baraques régulières en paille ayant la forme de tentes. Les soldats y sont dans l'abondance et y jouissent du plus grand bien-être.

Le 79e est renforcé le 20 juillet par ses 3e et 4e Bataillons qui, ayant fait partie de l'Armée d'Italie, partent de Trieste le 16 juillet pour rejoindre à Krems.

L'Empereur passe quelque temps après une revue de l'armée de Dalmatie dont il n'a pas vu les Régiments depuis plusieurs années ; il leur témoigne sa grande satisfaction et leur accorde de nombreuses récompenses.

Le Colonel Godart, du 79e, est fait Baron d'Empire avec une dotation annuelle de 4,000 fr. sur le Hanovre; le 11 septembre suivant, il est nommné Général de Brigade et remplacé le 24 septembre 1809 à la tête du 79e par le Colonel Louis Gay. Né en le 23 août 1772, il sera fait Chevalier de l'Empire le 1er Janvier 1813, Officier de la Légion d'Honneur le 10 Février 1813, Général de Brigade le 26 Février 1814. Il décède le 7 mars 1838.

- Les 3e et 4e Bataillons à l'Armée d'Italie (Août 1806-1809)

Le 9 juillet 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils, j'ai nommé le général Marmont commandant de mon armée de Dalmatie. Il sera sans doute parti pour Zara. Il est bien nécessaire que les 3e et 4e bataillons du 60e, le 3e du 18e d'infanterie légère, et les 3es et 4es bataillons des régiments que le général Marmont aura emmenés, soient formés en une division de réserve, qui portera le nom de division de réserve de Dalmatie. Vous y réunirez les dépôts du 8e d'infanterie légère, des 5e, 23e, 79e et 81e de ligne. Tous ces détachements seront divisés en trois brigades à Padoue, Vicence et Trévise, sous les ordres des majors et sous l'inspection d'un général de brigade, qui s'occupera sans relâche de former et d'organiser ces dépôts, et de tout préparer pour l'arrivée des conscrits. Par ce moyen, vous pourrez exercer une grande surveillance sur l'administration et l'instruction de ces dépôts. Faites-y diriger tous les malades et tout ce qu'il y aurait en arrière appartenant à ces corps. Lorsque les circonstances le permettront, faites venir les cadres des 3es et 4es bataillons des 5e et 23e de ligne, et ceux du 8e léger et des 79e et 81e de ligne. Je n'ai pas besoin de vous faire sentir l'importance de ces mesures, car il faut tout préparer pour que ces huit ou neuf corps aient des moyens de se refaire des pertes qu'ils éprouveront par les maladies et par l'ennemi" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 65 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10474 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12458).

Le 1er août 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... Tous les individus sortant des hôpitaux en deçà de l'Isonzo doivent se rendre à leurs dépôts, et, en attendant que vous en ayez un pour les 5e, 23e, 79e et 81e régiments, vous en formerez un provisoire. Je donnerai ensuite des ordres pour que ces individus se rendent en Dalmatie, si cela entre dans nos projets ; mais aucun mouvement d'hommes isolés ne doit avoir lieu d'Italie sur l'Istrie sans un ordre positif. Veillez à ce que cela soit ainsi, car j'apprends avec peine qu'un grand nombre d'hommes isolés traversent tous les jours la Croatie pour se rendre en Dalmatie …
Le général Marmont a emmené trop de troupes. Je n'avais pas compté sur le 35e ; je vous ai déjà mandé de le faire revenir par mer, s'il y avait moyen, et au moins les 3es bataillons des 5e, 23e et 79e ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 105 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10580 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12629).

Nous avons vu que les 3e et 4e Bataillons ont quitté le 79e à la fin d'août 1806 pour rentrer en Italie. En septembre 1806, ces deux Bataillons et le Dépôt sont à Padoue; en octobre à Vienne; le 1er décembre, nous les trouvons à Venise; au commencement de 1807, ils reviennent à Padoue et coutinuent à alterner entre ces différentes garnisons jusqu'au mois d'avril 1809.

Le 23 février 1807, depuis Milan, "S. A. I. le prince vice-roi, général en chef de l’armée d’Italie, informé de l’extrême dévouement qu’ont montré les troupes à l’occasion de l’incendie qui, dans la nuit du 1er au 2 du courant, menaçait d’embraser le séminaire de Padoue, exprime sa satisfaction aux officiers, sous-officiers et soldats du 4e bataillon du 79e régiment de ligne, qui par leurs efforts, guidés par le commandant de la place, parvinrent en arrêtant les progrès des flammes, à conserver intacte la première bibliothèque qui orne ce bel établissement, et prévinrent par leur sage vigilance, le désordre presque toujours inévitable dans ces sortes d’événements ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 26 page 65).

Le 12 mars 1807, l'Empereur écrit depuis Osterode, au Prince Eugène : "Mon Fils ... L’armée de Dalmatie ne paraît avoir besoin d'aucun renfort ; il y a aujourd'hui suffisamment de monde ; il faut donc s'étudier à donner à ses dépôts la plus grande consistance ; il faut que les 3es et 4es bataillons du 5e de ligne, du 79e, du 23e et du 60e puissent, moyennant la conscription de 1807, entrer, tous les huit bataillons, en ligne et former une division ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 273 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12013 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14581).

Le 25 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J'écris fort en détail au vice-roi pour lui faire connaître mes intentions sur mon armée d'Italie. Correspondez avec lui et occupez-vous de compléter les corps à quatre bataillons. J'ai là le 11e, le 35e, le 92e, le 79e, le 23e, le 56e, le 93e, le 5e, le 62e, le 20e, qui sont à quatre batailIons, et qui sont susceptibles de recevoir encore un grand nombre de conscrits. Depuis six mois j'augmente progressivement mon armée d'Italie, et je veux l'augmenter encore, afin d'avoir en campagne autant de troupes que les cadres peuvent en contenir. Vous sentez que c'est là ma plus grande sauvegarde contre l'Autriche, qui aurait besoin d'une grande armée contre mon armée d'Italie et Dalmatie, et qui s'attirerait sur les bras une guerre sérieuse que la pénurie de ses finances et le vide de ses arsenaux ne lui permettent pas d'entreprendre. Mes armées d'Italie et de Dalmatie réunies forment déjà une très-belle armée, mais je continue à y porter une attention suivie. Quoique j'aie sous la main les éléments de ce travail, pour ne point me fatiguer d'un travail inutile, j'attendrai les états que je vous ai demandés pour savoir si nous devons encore envoyer des conscrits à cette armée. Le complet, tel que je l'entends, est à 140 hommes par compagnie ; c'est là le maximum de ce qui peut entrer raisonnablement dans un cadre, ce qui forme 1,260 hommes pour l'effectif et ne fait guère que 1,050 hommes présents sous les armes, qui, en quelques mois de campagne, se réduisent à 900, ce qui est encore une force raisonnable" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12165 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14899).

Le même 25 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Prince Eugène : "Mon Fils ... La division Clauzel doit être augmentée de 300 hommes du 5e de ligne, de 300 hommes du 23e, autant du 11e, autant du 79e. Je pense que vous devez appeler le 4e bataillon du 60e, qui, ayant 900 hommes, peut figurer en ligne ; mais vous laisserez au dépôt une 3e ou une 4e compagnie ; cela augmentera cette division de 1,500 hommes. Vous pourrez aussi augmenter la division Clauzel du 3e bataillon du 62e et du 3e bataillon du 20e, ce qui porterait cette division à dix bataillons. Avec les conscrits qui vous arrivent, cela devrait être possible ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 285 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12174 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14892).

Le 27 mars 1807, Eugène écrit à Napoléon : "Sire, j’ai reçu ce matin les dépêches de Votre Majesté, du 12 mars, j'ai de suite donné les ordres pour le départ de ces 1,700 hommes pour l'armée de Naples. Comme, dans dix à douze jours, je compte passer en revue la division Clausel et celle des grenadiers, je verrai en même temps les dépôts de la Dalmatie, afin de pouvoir rendre compte à Votre Majesté de l'époque à laquelle les 4es bataillons des 5e, 23e, 60e et 79e régiments pourraient rejoindre leur 3e bataillon. Quand cela se pourra, je prendrai les ordres de Votre Majesté, mais je lui demanderai l'autorisation de laisser en dépot les cadres de 2 compagnies sur chacun des 3e et 4e bataillons ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 290).

Le 30 mars 1807, l'Empereur écrit depuis Osterode, au Maréchal Berthier : "… En faisant part de ces dispositions au conseiller d'état Lacuée, pour lui seul, vous lui ferez connaître qu'il faut qu'il envoie assez de conscrits en Italie pour que les régiments qui y restent, savoir : les 13e, 35e, 53e, 106e, 9e, 84e et 92e de ligne, soient à leur effectif du grand complet de 140 hommes par compagnie, de sorte que ces régiments fassent 23 bataillons et aient à l'effectif 27 à 28,000 hommes et plus de 25,000 présents sous les armes ; pour que le 18e léger et les 5e, 11e, 23e, 60e, 79e, et 81e de ligne, formant 13 bataillons, aient leur grand complet de 140 hommes par compagnie, de sorte que, indépendamment de ce qui est en Dalmatie et en Allemagne, ces 13 bataillons puissent former une division à l'effectif de 20,000 hommes; qu'enfin les quatorze dépôts de l'armée de Naples qui sont en Italie puissent former une division à l'effectif de 17 à 18,000 hommes, c'est-à-dire 140 hommes par compagnie ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12232 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14992).

Le 6 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils … Je remarque dans votre état de situation au 1er avril que la division Clauzel n'a que cinq bataillons. Je pense que vous devez y mettre le 4e bataillon du 60e, le 4e du 23e, le 4e du 79e, le 4e du 11e, le 4e du 5e ; ce qui ferait dix bataillons. Vous pourriez les composer de sept compagnies chacun, et alors il resterait quatre compagnies aux dépôts. Avec ce qui existe aux dépôts et avec la conscription qui va vous arriver, ces dix bataillons vous formeront bientôt une division de 7 à 8,000 hommes …" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 307 ; Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12543 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15550).

Le 5 septembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, je reçois la lettre par laquelle vous m'instruisez que vous allez passer la revue de la division Clauzel, afin de la porter à 5 000 hommes. Mon intention serait que cette division fût portée à 9 ou 10 000 hommes. En effet, les huit régiments français qui sont en Dalmatie ont un présent sous les armes de [ ... ] 000 hommes et forment seize bataillons. La division Clauzel a, selon le dernier état du 15 août, 4540 hommes et le dépôt des huit régiments se compose de 5 000 hommes. La division Duhesme a 1 000 hommes, appartenant à cinq de ces régiments. Je pense donc qu'il faut ainsi organiser la division Clauzel, savoir :
79e de ligne 1400 ...
... La division serait donc composée de deux bataillons de six compagnies chacune, formant 2 400 hommes ; de cinq bataillons de sept compagnies chacune, 7 000 ; et d'un bataillon de trois compagnies, 600 hommes. Total, 10 000 hommes.
Vous enverrez aussi 300 Brescians et 300 hommes de la garde royale, pour marcher avec la division Clauzel, de manière que cette division marcherait forte de 10 à 11 000 hommes, ce qui, joint à l'armée française de Dalmatie, formerait plus de 25 000 hommes ; mais, il faut que ces hommes soient bien armés, bien équipés, et qu'ils aient déjà la meilleure instruction.
Si donc les 6 000 hommes qui sont aux dépôts ne vous paraissent pas suffisamment instruits et ne sont pas entièrement habillés au 1er octobre, selon l'ordre que j'en donnerai, pour aller renforcer le corps du général Marmont, vous ferez partir la division Clauzel dans la situation où elle se trouve actuellement, c'est-à-dire formant 5 000 hommes, mais organisée de manière qu'il n'y ait que trois compagnies par régiment à 200 hommes chaque compagnie. Vous en sentez l'importance ; il faut que ces compagnies, arrivant à leurs Corps en Dalmatie, puissent verser dans ces corps ce qu'ils ont au-dessus de 100 hommes. Dans ce cas, vous préparerez sur-le-champ trois autres compagnies que vous ferez partir un mois ou six semaines après, de sorte que jusqu'au 1er janvier vous ayez envoyé en Dalmatie les 10 000 hommes qui m'y paraissent nécessaires
" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 398 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16293).

Le Vice-Roi ayant reçut de l’Empereur le 29 mars 1808 l’ordre de présenter un projet complet d'organisation de ses troupes par Divisions, lui adresse le 6 avril 1808 un mémoire qui est approuvé dans toutes ses parties. D'après ce projet, suivi presque de point en point, l'armée du Vice-Roi en Italie se trouve composée de 9 Divisions d'infanterie et de 4 de Cavalerie.
Infanterie : 1re division (Clausel), généraux de brigade Delzons et Launay, 12 bataillons des 8e léger, 25e, 60e et 79e de ligne, à Raguse et à Cattaro ...
7e division (Lauriston), général de brigade D'Azémar, 8 bataillons des 8e et 18e léger, 5e, 11e, 23e, 60e, 79e et 81e de ligne (dépôts), à Trévise et Padoue ...
Total pour l'infanterie : 100 bataillons à 800 hommes, dont 92 français et 8 italiens ; environ 80,000 hommes ... (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 8).

Le 25 juin 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Vous devez avoir reçu les instructions du ministre de la Guerre pour la nouvelle organisation de l’armée.
... Quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie :
Les huit quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie ont déjà leurs compagnies de grenadiers et de voltigeurs réunies à Trévise. Il faut compléter sans délai les 4es bataillons.
Ils ont au dépôt en Italie 3 800 hommes ; ils ont 2 900 présents à la division Souham, ce qui fait 6 700 hommes, qu'ils ont en Italie, mais ils ont beaucoup d'hommes dans la 72e division militaire. Les huit bataillons à 840 hommes forment 6 700 hommes.
Il est donc très urgent que vous défassiez ces 1er, 2e et 3e régiments d'élite qui sont sous les ordres de Souham, en laissant subsister les corps qui les composent, mais en en formant trois régiments provisoires à 4 bataillons ... Le 3e régiment sera composé d’un bataillon de chacun des 60e, 79e et 81e, ce qui fera également 2 520 hommes ...
Formez-les sans délai ; vous le pouvez ; afin de défaire le chapitre intitulé : dépôts de Dalmatie, qui est inutile.
Tout cela doit être réuni ; vous renverrez en France l'inutile au complet des 4es bataillons. Cette division sera très belle. Il me tarde de la voir formée afin que Souham ait le temps de la réunir et de la connaître ...
Ainsi, il faut mettre de l'ensemble dans l'armée d'Italie ...
La 4e division serait composée des 8 quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie, de 4 bataillons du 13e de ligne, formant 8 000 hommes présents sous les armes, 500 aux hôpitaux ; total 8500 hommes, effectif ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 162 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18406).

Le 13 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, ... Donnez ordre au dépôt du 1er régiment de ligne qui est à Marseille, ... au dépôt du 79e idem qui est à Chambéry ... de faire partir tout ce qu’ils ont de disponible pour renforcer leurs 4es bataillons en Italie. Ces détachements se mettront également en marche au 1er octobre. Vous me ferez connaître l'augmentation qu’éprouvera l'armée d'Italie par ce renfort" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2288 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18898).

C'est à cette époque que l'armée d'Italie est prête à entrer en campagne sous le commandement de S. A. I. le Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie. Le 22 avril, elle est organisée en trois Corps et une reserve ; les deux Bataillons du 79e font partie de la Division Barbou.

Le 21 octobre 1808, l'Empereur, depuis Saint-Cloud, écrit à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, vous ne m'envoyez jamais les états de mon armée italienne. Je vous ai dit bien des fois qu'il me faut ces états tous les dix jours. Envoyez-m'en un sans délai. Mon armée d’Italie doit être prête à entrer en campagne au mois de mars. Sa composition sera la suivante : ... 9 quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie
1er bataillon du 8e légère
1er bataillon du 18e idem
8e 2 bataillons
5e 1 bataillon
23e 1 bataillon
11e 1 bataillon
79e 1 bataillon
60e 1 bataillon
9 bataillons ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 163 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19097).

Le 26 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Aranda, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je désire que vous ordonniez les dispositions suivantes : ... Donnez l'ordre que les cadres des 3es bataillons du 8e et du 18e léger rejoignent leurs 4es bataillons à l'armée d'Italie. Donnez le même ordre pour les 3es bataillons des 5e, 23e, 79e et 60e ; de sorte qu'il restera en Dalmatie quatorze bataillons de ces régiments et du 81e, et trois bataillons du 11e, ce qui fera dix-sept bataillons, et que, des huit régiments de l'armée de Dalmatie, il y aura en Italie quinze bataillons, savoir les 3es et 4es des 8e et 18e légers, des 5e, 23e, 79e, 81e et 60e, et le 4e bataillon du 11e. Vous donnerez l'ordre que ces six cadres, formant ensemble près de 1,000 hommes, marchent ensemble sous les ordres d'un officier supérieur de l'armée de Dalmatie, et avec le plus grand ordre. Le reste des 3es bataillons sera incorporé dans les deux premiers pour porter les compagnies à 140 hommes effectifs. On emploiera une partie des compagnies de grenadiers et voltigeurs des 3es bataillons pour compléter les compagnies de grenadiers et voltigeurs des deux premiers bataillons à l'effectif de 140 hommes par compagnie ; mais le surplus restera avec ces compagnies en Italie. Vous donnerez l'ordre au vice-roi, comme commandant de mon armée, qu'aussitôt que les cadres de ces six nouveaux bataillons seront arrivés, il les fasse compléter. J'ai mis un soin particulier à avantager dans la conscription ces régiments. Il n'y en aura aucun qui ne reçoive au moins 800 conscrits ; et, comme les 3es bataillons sont généralement complets, il s'ensuit que ces quinze bataillons seront au grand complet et auront un effectif de 12,000 hommes. S'il manquait quelque chose pour former ce nombre, on le prendrait sur la conscription de 1810. A cette occasion, je ne puis trop vous recommander de réitérer l'ordre que tout ce qu'il y a de disponible aux dépôts, en France, des régiments qui appartiennent à l'armée d'Italie, sur les anciennes conscriptions, en parte au 1er janvier pour rejoindre ces corps. Cette saison est favorable parce qu'elle permet aux soldats de s'acclimater, et l'on ne saurait croire quelle influence le passage en Italie, au mois de janvier ou au mois de juin, a sur la santé du soldat. Il faut que les dépôts de la 7e division militaire et du Piémont soient épuisés pour compléter les bataillons de guerre à l'armée d'Italie ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14513 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19392).

Le 9 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Général Dejean, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le général Dejean, les habillements ne sont pas arrivés à Gênes, à Grenoble, ni à Chambéry, de sorte que les huit dépôts qui sont dans ces trois places qui offraient au 1er décembre 4 300 hommes et qui aujourd'hui doivent en contenir plus de 6000 n’offraient cependant que 500 hommes habillés et disponibles. Donnez des ordres aux majors et aux commandants de ces dépôts, et faites-leur connaître que je les rends responsables, si avant février tout ce qu'ils ont aux dépôts n'est point en état de partir. Le dépôt du 18e d'infanterie légère qui est à Grenoble a la bêtise d'alléguer qu'il manque d’ouvriers. Le 11e de ligne manque de draps, de même que les 23e, 60e, 79e et 81e. Prenez des mesures pour que ces 6000 hommes soient à l'armée dans le courant de janvier" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2643 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19746).

Le 14 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, vous enverrez de ma part l'ordre suivant au général Marmont … Si les Autrichiens portaient des forces considérables sur l'Isonzo et la Dalmatie, l'intention de l'Empereur est que son armée de la Dalmatie soit disposée de la manière suivante : Le quartier général à Zara avec toute l'artillerie de campagne, le 8e, le 18e d'infanterie légère, le 5e, le 11e et le 81e de ligne, les cavaliers et les vélites royaux, s'ils ne sont pas déjà passés en Italie, le 23e, le 60e et le 79e, formant, avec le peu de cavalerie qu'il y a, l'artillerie et les sapeurs, en tout 17,000 hommes ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 311 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14706 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19833).

Le 15 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "… Donnez ordre au général Mathieu Dumas de partir dans trois jours pour se rendre dans toute diligence [sic] dans la 8e division militaire ...
Le général Dumas ira ensuite dans la 7e division militaire, où il passera demain en revue le 5e, le 11e, le 23e, le 60e, le 79e, le 10e de ligne, le 8e et le 18e d'infanterie légère. Il y a là 5 à 600 conscrits qui sont nécessaires à l'armée d'Italie et pour compléter les 3es bataillons de Dalmatie qui se trouvent réunis aux environs de Venise. Il vérifiera ce qui peut empêcher que ces conscrits ne soient habillés et en état de partir. Je désire que le général Dumas les mette en route avant le 15 février et qu'ils puissent être réunis à leurs bataillons avant le 1er mars ; il lèvera toutes les difficultés.
... Le général Dumas, lorsque sa mission sera finie, viendra me présenter l'ensemble de ses opérations dans l'endroit où je serai. Mais il est nécessaire que lorsqu'il passera en revue un régiment, il en adresse sur-le-champ un rapport particulier au ministre de la Guerre et lui fasse connaître ce qu'il y a à faire pour activer l'armement et l'habillement. Il devra faire de son côté tout ce qu'il pourra auprès du major et des préfets pour donner à ces opérations toute l'activité convenable
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2677 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19840).

Le 17 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre que le dépôt du 1er régiment de ligne fasse partir avant la fin de mars, 60 hommes ; celui du 62e, 60 hommes ; celui du 22e légère, 300 hommes ; celui du 5e de ligne, 60 hommes ; celui du 18e légère, 60 hommes ; celui du 79e, 60 hommes ; celui du 81e, 200 hommes ; celui du 60e, 200 hommes ; celui du 8e légère, 200 hommes et celui du 23e de ligne, 200 hommes. Vous ordonnerez que ces détachements se réunissent ; ceux qui passent par le Mont-Cenis, à Chambéry, et s'y forment en bataillon de marche ; ceux aui vont par la corniche, à Gênes, et de là, marchent en ordre pour renforcer l'armée" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2960 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20419).

Le 25 mars 1809, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j’ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté l'état de situation de son armée d'Italie au 15 mars 1809. Ce ne sera que dans celle du 1er avril que Votre Majesté verra la formation des deux divisions italiennes, ainsi que les changements qu'elle avait ordonnés des emplacements des diverses divisions. Je dois rendre compte à Votre Majesté que je ne ferai former la division Barbou qu'à 3 brigades, puisque le 3e bataillon du 11e de ligne n'est jamais revenu de Dalmatie. Ainsi la 1re brigade sera composée de 4 bataillons de 8e et 18e léger ; la seconde, de 5 bataillons, dont 2 du 5e, 1 du 11e et 2 du 23e ; la 3e demi-brigade, de 6 bataillons, savoir : 2 du 60e, 2 du 79e, et 2 du 87e …" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 407).

Le 26 mars 1809, le Général de Division Charpentier, Chef de l’Etat-major général, écrit, depuis Milan, au Général de Division Grenier à Sacile : "Voici, mon cher général, la composition et l’emplacement de l’armée au 1er avril prochain :
... 5e division : Général Barbou, à Trévise ; Généraux de brigade Moreau, Pouget, Roize, adjudant commandant Ducomet, capitaine du génie Marion.
3e et 4e bataillons du 8e léger, 3e et 4e idem du 18e idem, 3e et 4e bataillons du 5e de ligne, 4e idem du 11e de ligne, 3e et 4e idem du 23e idem, 3e et 4e idem du 60e idem, 3e et 4e idem du 79e idem, 3e et 4e idem du 81e idem, 2e régiment d’artillerie à pied détaché de la 5e compagnie, 4e idem idem 14e idem, 4e idem à cheval 2e idem ; ces corps viennent s’établir à Bassano, Cittadella et Feltre ; le 79e à Trévise (et les suivants aussi ?) ...
" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34. Page 78).

Le 27 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Il y a en congé onze officiers des 35e, 53e et 66e ; il y en a onze des 9e de ligne, 84e et 92e ; deux du 1er léger et des 52e et 102e ; et sept des 8e et 18e légers et des 5e, 11e et 23e de ligne et des 60e, 79e et 81e. Donnez ordre que tous ces officiers en congé rejoignent leur corps sans délai. Cela peut se mettre à l'ordre de la gendarmerie sans en faire un article de journaux" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20563).

- Bataille de Sacile (16 avril 1809)

Après avoir livré le combat de Pordenone, la Division Barbou est entrée le 15 au soir à Sacile et a pris position sur la Livenza, couvrant les deux flancs de la ville. Le lendemain, cette Division est en réserve à la bataille de Sacile. L'ennemi, supérieur en nombre, ayant forcé l'armée du Prince Eugène à battre en retaite, la Division Barhou fait une vigoreuse contre-attaque qui arrête l'ennemi dans son offonsive.

Le Général Barbou engage d'abord les bataillons dea 5e et 23e de ligne; puis sa réserve, composée de 4 Bataillons (dont 2 du 79e) serrés en masse ayant l'artillerie dans leurs intervalles, se porte sur la ligne, charge courageusement l'ennemi et fait rentrer à sa Division ses trois Bataillons ainsi que ceux du 106e, de la Division Seras, et du 1er de Ligne italien. La Division se retire avec autant d'ordre qu'elle s'est portée en avant, marchant à la hauteur des Divisions Grenier et Seras.

Après avoir détruit le pont sur la Livenza, la Division suit le 17, à 9 heures du matin, l'armée qui bat en retraite sur la Piave. Le 18 avril, le Général Barbou reçoit l'ordre de se rendre à Venise avec une partie de sa Division.

Le 22 avril 1809, au Quartier général à Vicence est établi l'ordre de l’Armée : "A compter de ce jour, l’armée d’Italie divisée en trois corps d’armée organisés de la manière suivante par S. A. I. le prince Eugène, général en chef ...
Centre :
... Le corps du centre aux ordres du général Grenier, se compose des :
2e division Seras : 52e régiment de ligne, 102e idem.
35e, 53e, 106e, 79e idem ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 125 page 265).

Le 23 avril 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Vérone, à S. A. I. : "Je viens de recevoir l’ordre de l’armée N° en date de ce jour, il est particulièrement relatif au commissaire de la guerre employé dans la division que j’ai l’honneur de commander, et j’ai vu avec peine que ce fonctionnaire y était mal traité sans l’avoir mérité. Si j’avais été interpelé avant la rédaction de cet ordre du jour, il m’eut été facile de prouver que le commissaire des guerres n’a fait que son devoir en demandant à la municipalité de Vicence douze mille rations de pain pour les troupes sous mes ordres puisque cette demande n’a été faite que sous mes observations sur le nombre de troupes à nourrir à Vicence et qui alors faisaient partie de mon commandement. V. A. I. me permettra seulement de les nombrer et alors seulement je la prie de payer des torts du commissaire des guerres.
3e division ...
2 bataillons du 79e de ligne ...
La division faisait alors partie de mon commandement, son commissaire des guerres était absent, j’ai crû devoir charger mon commissaire des guerres de s’en occuper.
Je crois par cette explication disculper mon commissaire des guerres des torts que l’on lui reproche, et si quelqu’un en a, c’est à moi sans contredit. J’ajouterai à présent que dans le cas où il aurait commandé 12000 rations pour le service de ma division seulement, il eut été bien loin d’être répréhensible puisque la municipalité distribuait sur des bons visés de lui peut prouver les consommations et que s’il a été demandé des rations en plus, bien loin de laisser le service en souffrance, les rations qui restaient se trouvaient déjà en avance pour les autres divisions, ce qui est bien différent et le serait davantage encore si les 12000 rations demandées avaient été versées dans les mains des préposés de ma division et qu’ils en eussent faits eux-mêmes la distribution
" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 36 page 85).

L'armée du Prince Eugène reprend l'offensive le 26 avril.

Le 28 avril, toutes les forces dont le Prince Vice-Roi a le commandement en chef se trouvent concentrées sur l'Adige; le Général Macdonald est arrivé la veille. Eugène met alors à exécution le projet d'organisation en trois Corps et une réserve, projet adopté déjà en principe depuis le 23 avril et que nous donnons ci-dessous :
2° - Centre, général Grenier commandant. Division Abbée, les Bataillons des 1er, 52e, 102e de Ligne et 8e Léger ; Division Séras, 10 Bataillons des 35e, 53e, 106e, 79e de Ligne, 4 Escadrons du 6e de Hussards (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 45).

Les Autrichiens ayant évacué la ligne de l' Alpon se retirent sur Vicence le 30 du même mois.

Le 3 mai, la Division Seras, avec 10 pièces de canon et le 6e Régiment de Hussards, se porte sur Bassano, culbute les avant-postes ennemis, chasse les Autrichiens de toutes leurs positions et leur fait 600 prisonniers. Ayant fait la poursuite avec beaucoup de vivacité, le Général Seras s'empare du faubourg de Bassano et y établit sa Division. Après un combat très vif, le 4 mai, nos troupes pénètrent dans Bassano le 5, à 8 heures et demie du matin; l'ennemi est en pleine déroute et laisse 1150 prisonniers entre nos mains.

A partir du 6 mai, la Division Seras forma la réserve de l'armée avec la Garde royale et ne prend plus une part active aux différents combats que l'armée du Prince Eugène est obligée de livrer aur la Piave, sur le Tagliamento et sur l'lsonzo.

- Les deux Bataillons du 79e, sous les ordres du Général Schilt, s'emparent de Trieste le 18 mai.

Après le pasaage de l'Isonzo et avant de se mettre en marche, le Général Macdonald détache le Général Schilt avec deux Bataillons du 79e, l00 Hussards et 2 pièces de canon, pour se porter sur Trieste par Monfalcone, Duino et Opaina.

Le même jour, le 79e bivouaque en avant de Moufalcone et le Général Schilt apprend que l'ennemi s'est porté sur les hauteurs de Saint-Giovanni et occupe le fort de Duino avec du canon et un effectif de 2,000 hommes. La reconnaissance de l'ouvrage ayant été faite, le Général Schilt prend le 16, à 4 heures du matin, ses dispositions pour l'enlever; mais l'ennemi l'a évacué pendant la nuit et s'est retiré sur Trieste en jetant à la mer une partie de son artillerie.

Pendant que le 79e prend position à Prosecco, les hussards se mettent à la poursuite de l'enemi et lui font une vingtaine de prisonniers.

Le 17 mai, le Général Schilt envoie une reconnaissance sur la roule de Prawald à Trieste ; une forte canonnade qu'il entend dana cette direction lui fait supposer que le Général Macdonald est arrivé à Prawald. Un parti qu'il a envoyé aur la route de Fiume lui ayant rapporté que l'ennemi est en pleine retraire sur cette ville et qu'il a ahandonné Trieste, le Général Schilt se met immédiatement en marche pour prendre possession de la ville. Il arrête le 79e sur les hauteurs d'Opsina, d'où il envoie son Aide de camp à Trieste avec les Hussards pour annoncer aux habitants la prise de leur ville au nom de l'Empereur Napoléon.

Le 18, le 79e fait son entrée à Trieste et le Général met l'embargo sur plus de 200 bâtiments de commerce. On ne trouve dans la place que peu de munitions, mais on y prend 22,000 fusils et un magasin d'équipement.

Une escadre anglaise composée de 8 gros bâtiments de guerre parait le 24 devant Trieste, et manoeuvre de manière à faire craindre une attaque soudaine. Les préparatifs que fait la garnison et la fumée que l'ennemi voit s'élever de quatre fourneaux à réverbères qui chauffent les boulets dana les batteries, lui en imposent suffisamment; il se borne à bloquer étroitement le port jusqu'au 5 juillet.

Le 28 mai 1809, dix-heures du matin, Napoléon écrit depuis Ebersdorf, à Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Bruck : "Mon Fils, je vous renvoie votre aide de camp. Je désirerais avoir l'état de situation de votre corps d'armée.
Je suppose que la division Durutte est composée de deux bataillons du 22e, de quatre bataillons du 23e, et de quatre bataillons du 62e. Je suppose que ces dix bataillons forment au moins 6,000 hommes présents sous les armes. Je suppose que la division Seras est composée d'un bataillon du 35e, de trois bataillons du 53e, de quatre bataillons du 106e et de deux bataillons du 79e; je la suppose également de 6,000 hommes. Je ne sais ce que c'est que la 3e division; je suppose que c'est une division italienne qui est avec le 112e, et qu'elle est également de 6,000 hommes. Je suppose que la division Pacthod vous a rejoint avec la division Grouchy. La division Pacthod doit être composée de deux bataillons du 8e léger, de quatre bataillons du 52e, de quatre bataillons du 102e et de quatre bataillons du 1er de ligne, que je suppose former 6,000 hommes. Sans comprendre le corps détaché du général Macdonald, vous devriez avoir aujourd'hui à Bruck 24,000 hommes d'infanterie, 4,000 hommes de cavalerie et 2,000 hommes de la garde; ce qui ferait 80,000 hommes et soixante pièces de canon. Le général Macdonald, que je suppose sur le point d'arriver à Graz, vous renforcera de 15,000 hommes. Ainsi votre arrivée me renforce de 45,000 hommes, non compris le corps du général Marmont
" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 240 ; Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15266 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21083).

- lnvestissement du fort de Laybach (28 juin)

Un Corps de troupes autrichiennes investit dans la nuit du 27 au 28 juin le fort de Laybach, et tente de s'en rendre maitre par surprise. Des détachements des 35e, 53e et 79e de ligne qui ont escorté la veille un convoi de munitions sur la ville, se trouvant coupés dans le faubourg de Laybach, dit de Trieste, se frayent un passage à la baïonnette et se réunissent à la garnison. L'ennemi se porte rapidement sur le fort dans l'espoir de l'enlever d'un coup de main, mais les troupes qui le défendent précipitent les Autrichiens au bas des remparts et les obligent à renoncer à leurs desseins.

- Attaque de Trieste par la flotte anglaise et par les Autricbiens du 5 au 8 juillet.

Le 5 juillet, un Corps de troupes autrichiennes commandé par le Généralmajor l'Epine part de Fiume et marche sur Trieste. Cette colonne forte de 2,000 hommes est soutenue par 6 pièces de canon; l'ennenmi fait plusieurs tentatives le 8 pour pénétrer dans la ville; l'escadre anglaise fait des signaux qui indiquent de l'intelligence dans la combinaison dess mouvements, mais le Général Schilt repousse toutes les attaques. Un détachement de 310 hommes venu d'Udine au secours de Trieste rétablit les commuuications. Un calme plat contrarie la flotte anglaise ; une frégate qui s'est avancéee très près des batteries est prise par une flotille de pirogues italiennes.

La garnison de Trieste a dans ces 3 journées 2 hommes tués et 7 blessés.

Les 2 Bataillons du 79e restent à Trieste jusqu'à l'armistice de Znaïm, et rejoignent le Régiment au camp de Krems le 20 juillet.

- 1808 : Eléments en Espagne

Le 2 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée, à Bayonne : "... Vous donnerez l'ordre au commandant de la 7e division militaire de faire partir une compagnie de 140 hommes de chacun des 8e et 18e légers, et des 23e, 60e, 79e et 81e de ligne. Ces détachements se dirigeront sur Perpignan, et formeront un bataillon de six compagnies de 840 hommes. Ces troupes profiteront du Rhône pour arriver promptement à leur destination.
Vous appellerez le ... bataillon, ... 2e bataillon provisoire de Perpignan ...
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14150 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18462).

Le 8 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Reille, son Aide de camp, à Bellegarde : "... Le 1er bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 1er, 62e, 5e et 24e de ligne, et des 16e et 22e légers, formant 840 hommes, le 2e bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 8e et 18e légers et des 23e, 60e, 79e et 81e de ligne, ces deux bataillons formant 1,600 hommes, doivent se trouver réunis du 20 au 22 à Perpignan. Ces deux bataillons arrivent de différents points. Chargez le commandant de la place de les former. Le major général a dû nommer les chefs de bataillon et adjudants-majors pour les commander ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14168 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18509).

- Fin 1809, début 1810 : Armée d'Illyrie et retour en France

En quittant le camp de Krems, le 79e se dirige sur Trieste où il est placé dans la 2e Division du 11e Corps d'armée.

Le 10 octobre 1809, le Prince Eugène écrit, depuis Vienne, au Prince de Neuchâtel : "Je m'empresse d'annoncer à Votre Altesse que, sur les dernières nouvelles qui me sont parvenues, du débarquement en Istrie, par les Anglais, d'une cinquantaine de brigands, et de nouvelles fermentations ayant éclaté dans ce département, j'ai écrit sur-le-champ au général Baraguey-d'Hilliers pour lui ordonner d'y envoyer une colonne mobile de 5 à 600 hommes, à la tête de laquelle il mettra un officier intelligent. La garnison de Trieste pourra facilement fournir cette colonne, puisqu'elle est composée, en ce moment, du 3e bataillon du 22e léger et des 3e et 4e bataillons du 79e de ligne. Je prie votre Altesse de vouloir bien en rendre compte·à Sa Majesté et d'agréer, etc." (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 81).

Le 15 octobre 1809, le Prince Eugène écrit, depuis Vienne, au Prince de Neuchâtel : "Sire, j'ai l'honneur de soumettre à Votre Majesté un état de proposition pour la Légion d'honneur et pour la Couronne de fer. J'avais eu l'espoir que Votre Majesté passerait en revue mon corps d'armée et qu'elle daignerait alors accorder ces faveurs, d'autant que la plus grande partie des décorations accordées n'existent plus dans les corps, beaucoup de militaires étant morts par suite de leurs blessures. J'aurai l'honneur de faire observer de plus à Votre Majesté que les demandes se bornent à deux par bataillon et par régiments de cavalerie, et quelques-unes pour l'état-major, ce qui, en totalité, n'équivaudra pas encore à ce que Votre Majesté a bien voulu accorder dans d'autres corps d'armée. Le 22e léger et le 79e de ligne, qui sont les seuls qui, par leur éloignement, n'aient pas eu part dans les faveurs de Votre Majesté, sont présentés pour cinq décorations par bataillon" (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 83).

Au mois de décembre 1809, le 11e Corps prend la dénomination d'Armée d'Illyrie.

Dans le courant de février 1810, les 3e et 4e Bataillons reçoievnt l'ordre de rentrer en France, et partent pour Chambéry où se trouve le Dépôt du Régiment; les deux premiers Bataillons restent alors à l'Armée d'Illyrie, sans aucun incident, jusqu'au mois d'octobre 1810, époque à laquelle ils partent pour l'Espagne.

Le 8 juin 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le 4e bataillon du 8e régiment d'infanterie légère, le 4e bataillon du 60e régiment d'infanterie de ligne et le 4e bataillon du 79e régiment d'infanterie de ligne complétés à 600 hommes chacun avec tout ce que leurs régiments peuvent offrir de disponibles soient dirigés de Genève sur Toulouse. Vous me ferez connaître le jour où ils arriveront et il leur sera donné une destination.
Ces bataillons partant de Genève forts de 600 hommes ne le seront bientôt plus que de 500 hommes. Il sera donc nécessaire de faire fournir des régiments qui sont à Paris 200 hommes à chacun de ces bataillons, lesquels seraient dirigés sur ces bataillons afin de les maintenir toujours à 600 hommes.
Les hommes sortant des hôpitaux appartenant à ces régiments rejoindront les 3e et 5e bataillons
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4281 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23725).

Quant au 4e Bataillon, il est envoyé à Toulouse aussitôt sa rentrée en France et placé dans la colonne d'observation du Général Gareau à la fin d'août 1810.

Le 6 octobre 1810, l'Empereur adresse, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, une Note sur l'organisation des armées; concernant l'Armée d'Italie, il écrit : "… Cette armée se composerait de 10 divisions, dont 7 françaises et 3 italiennes, et composées, savoir :
... 2e division française, 18e d'infanterie légère ayant quatre bataillons ; 60e de ligne, quatre ; 79e, quatre ; 81e, quatre : 16 bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17000 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24816).

Le 28 novembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que tout ce qu'il peut y avoir de disponible aux dépôts de Genève et de Grenoble, appartenant aux 8e et 18e légers et aux 5e, 11e, 23e, 60e, 81e et 79e de ligne, soit formé en bataillon de marche et mis en mouvement pour se rendre d'abord à Foix, et servir à renforcer les bataillons de ces huit régiments" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4861).

Selon l'Historique régimentaire, le 3e Bataillon est maintenu au Dépôt à Chambéry jusqu'au mois de septembre 1811.

Le 2 janvier 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre aux deux escadrons du 25e régiment de chasseurs qui sont dans le Frioul de rejoindre leurs corps, et aux deux bataillons du 11e, du 60e et du 79e de se rendre à Toulon ; de sorte qu'il y aura à Toulon les 2 bataillons du 5e, les 2 du 81e, ceux du 11e, 60e, et 79e ; en tout 10 bataillons" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4415 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 4944 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25614).

Le 7 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que tout ce qui est disponible au dépôt du 79e soit versé dans le 3e bataillon ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26122).

- 1811, formation d'un Corps d'Observation de réserve

Le 24 mai 1811, l'Empereur écrit encore, depuis Caen, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je vous envoie cinq états pour vous servir de direction dans un rapport que vous me ferez au 15 juin, pour donner une nouvelle organisation, au 1er juillet, aux différents corps d'observation ...
CORPS D'OBSERVATION DE RÉSERVE. — Ce corps sera créé conformément au n° 4 ...
Je n'ai pas besoin de vous dire que vous ne devez donner aucun ordre, faire aucun mouvement en conséquence de ces états, mais que vous devez vous borner à me faire un rapport général au 15 juin, époque à laquelle vous me demanderez en même temps mes ordres ...
CORPS D'OBSERVATION DE RÉSERVE.
Il sera créé un corps d'observation de réserve ...
Le corps d'observation de réserve est destiné à se réunir à Bayonne et à passer en Espagne. Il se mettra, à cet effet, en mouvement au 1er juillet. L'organisation définitive des divisions se fera à Bayonne. Cependant rien ne devra se mettre en mouvement que le ministre n'ait pris mes derniers ordres ; il me les demandera au 1er juin ...
3e Division. — Le 1er de ligne, qui a un bataillon à Marseille et trois bataillons qui vont à Lyon, se réunira à Bayonne. Mais les uns et les autres ne partiront qu'à la fois et lorsque la direction sera décidée.
Le 62e, qui a deux bataillons à Toulon et deux à Lyon, se réunira avec les quatre bataillons du 1er de ligne.
Le 4e bataillon du 101e, de la Spezia, se dirigera sur Lyon pour rejoindre ses deux premiers bataillons.
Pour remplir ce but, comme on l'a dit plus haut, il faut pourvoir à la garnison de Toulon. A cet effet, le 3e bataillon du 8e léger, qui est à Genève, se dirigera sur Toulon vers le 1er juillet, après avoir reçu tous les conscrits. Le 4e bataillon du 18e, le 4e du 5e, le 4e du 11e, le 4e du 93e et le 3e du 79e de ligne, se dirigeront également sur Toulon au 1er juillet.
Ces six bataillons, qui auront reçu leurs conscrits et seront ainsi complétés, formeront une force suffisante pour la garnison de Toulon, de Marseille, de Cette et de toute la côte de la Méditerranée. Le 3e bataillon du 79e, au lieu d'aller à Toulon, ira à Cette ; et, comme les conscrits qu'il reçoit sont du département du Var, on prendra une direction qui l'éloigne de ce département, en lui faisant traverser le Vivarais ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17247 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27150).

Le 7 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... Faites-moi connaître quand les bataillons des 8e et 18e légers, des 23e, 81e, 79e, 5e, 60e et 11e de ligne, qui sont à Genève et à Chambéry, et qui doivent être complétés par des conscrits, pourront partir pour se rendre à Toulon, où je voudrais réunir ces huit bataillons pour tenir garnison sur les côtes ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17779 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27234).

Le 10 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au général commandant la 7e division militaire de faire passer la revue des 8e et 18e légers et 23e de ligne, de faire compléter le 3e bataillon du 8e léger par tout ce qu'il y a dans le 5e, de faire également compléter les 4es bataillons du 18e léger et du 23e de ligne, et de vous faire connaître si ces trois bataillons seront habillés, équipés et en état de partir au 1er juillet.
Donnez le même ordre aux bataillons des 11e, 5e, 79e, 60e et 81e et demandez l'état des officiers et sous-officiers qui manquent à ces bataillons pour les remplacer sans délai, ainsi que leur situation au 1er juillet
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5577 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27261).

Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation. Je réponds d'abord à ce qui concerne le corps d'observation de la réserve.
CORPS D'OBSERVATION DE LA RÉSERVE.
... 3e Division ...
Donnez ordre au 4e bataillon du 1er de ligne, qui est à Marseille, et aux 3e et 4e bataillons du 62e, qui sont à Toulon, d'en partir pour se rendre à Nîmes. Ainsi les quatre bataillons des régiments de cette division seront réunis. Mais Toulon ne sera pas suffisamment gardé. Vous donnerez ordre que le bataillon du 8e léger, celui du 18e léger et celui du 23e de ligne, qui sont dans la 7e division militaire, soient complétés avec tout ce que le 5e bataillon a de disponible et se mettent en marche au 1er juillet pour Toulon. Donnez le même ordre pour les 5e, 11e et 79e. Nommez deux majors en second, l'un pour commander les trois premiers bataillons, l'autre pour commander ces trois derniers.
Par ce moyen, Toulon aura six bataillons, indépendamment des deux bataillons suisses ; ce qui sera suffisant ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).

Le 17 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Les 2es compagnies des 5es bataillons des 5e, 11e, 23e, 60e, 81e, 79e, 1er de ligne, 62e, 102e, 10e, 20e, 101e, 29e, 9e, 35e, 53e, 13e, 106e, 16e et 67e formant 20 compagnies se réuniront à Toulon et seront destinées à monter les 16 vaisseaux qui sont en rade de Toulon et les premiers qui seront mis à l'eau ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5796 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27681).

Le 9 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez des ordres pour qu'il soit formé un bataillon de marche de tout ce qu'il y a de disponible à Genève des 5e, 11e et 23e de ligne, des 18e et 8e légers et du 79e. Ce bataillon sera envoyé à Toulon pour renforcer d'autant les bataillons de ces régiments qui sont à Toulon.
Il partira le 1er septembre de Genève ou de Grenoble, et il se réunira à Valence où il s'embarquera sur le Rhône jusqu'à Avignon
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5951 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28064).

Le 22 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "... ESCADRE DE TOULON
... Les 2es compagnies du 5e bataillon de chacun des 1er, 5e et 11e de ligne, 62e, 81e et 79e, seront complétées à Genève et à Grenoble, et seront dirigées sur Toulon ...
Toutes ces compagnies seront placées, savoir
... celle du 79e sur le Suffren ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6042 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28292).

Le 13 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Il faut nommer, sans délai, à toutes les places vacantes aux bataillons des 5e de ligne, 11e de ligne, 23e idem, et 79e. Faites demander des vélites de la garde qui aient quatre ans de service, et envoyez-les remplir les sous-lieutenances vacantes ...
Il faut que les trois bataillons des 8e, 18e et 23e, qui sont sous les ordres d'un major en second, soient placés ensemble ; que, de même, le 5e, le 11e et le 79e soient également ensemble sous les ordres d'un major en second, et que vous correspondiez avec ces majors, tant pour remplir les emplois vacants que pour mettre au complet ces six bataillons. C'est une réserve qui me deviendra peut-être nécessaire pour la Catalogne...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6169 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28639).

- 1810-1814 : Armée de Catalogne

En décembre 1810, le 4e Bataillon du 79e se trouve à Mont-Louis; il est commandé par le Chef de Bataillon Foullain et comprend 20 Officiers et 668 hommes. La Brigade du Général Gareau se compose alors des 4e Bataillons des 8e Léger, 60e et 79e de Ligne et de quelques pièces de canon. En mars 1811, son effectif est doublé, et le 1er avril, le Corps d'observation prend le nom de Division de Cerdagne; le 4e Bataillon du 79e forme un Régiment provisoire avec les Bataillons du 8e Léger et du 60e de Ligne.

Le 14 février 1811, à Paris, "Le général Clarke propose de constituer un détachement à l'aide des officiers et soldats disponibles dans les dépôts des 8e légère, 60e et 79e de ligne, et de diriger ce détachement sur Perpignan"; "Approuvé, en les dirigeant en droite ligne sur Foix", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5066).

Le 15 février 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Il faut faire remplacer le sieur Winter au 79e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25938).

Napoléon écrit, le 10 avril 1811, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, remettez moi demain un projet de mouvement pour diriger le 5e, 81e, 79e, le 11e et en général les troupes de la division du général Plauzonne qui sont à Toulon sur Bayonne avec leurs pièces d’artillerie et leurs caissons. Il sera nécessaire de retirer à cet effet ce qui est embarqué sur l'escadre. Faites-moi connaître les régiments qui pourraient remplacer les garnisons à bord de 1'escadre" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5306 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26608).

Et quelques jours plus tard, le 15 avril 1811 : "Monsieur le Duc de Feltre, Donnez ordres aux deux bataillons du 5e de Ligne, aux deux bataillons du 11e de Ligne, aux deux bataillons du 79e qui sont à Toulon, formant 6 bataillons de se mettre en marche aux ordres du général Plauzonne pour se rendre à Beziers et Narbonne ... Les 5e, 11e et 79e marcheront par régiment à un jour de distance l'un de l'autre ... Avant que cette belle division ne soit arrivée à Narbonne, je me déciderai à l’envoyer en Catalogne ou de la diriger sur Bayonne ... ; Ces bataillons amèneront avec eux leurs compagnies d’artillerie, leurs pièces et leurs caissons …" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5336 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26678).

Au commencement du mois de mai, les deux premiers Bataillons du Régiment qui ont quitté l'Illyrie en octobre 1810 arrivent en Catalogne. Le 79e comprend alors 3 Bataillons sous le commandement du Colonel Gay ; il a un effectif de 62 Officiers et 1,893 hommes.

Le 19 mai 1811, à Rambouillet, "Sa Majesté est priée de faire connaître si l'on doit admettre dans les compagnies de grenadiers du 79e régiment des hommes qui ne réunissent pas les conditions exigées par le décret du 18 février 1808, et si les compagnies d'élite des 3e et 4e bataillons de ce régiment doivent être complétées" ; "Non, ces bataillons n'auront point de grenadiers jusqu'à ce qu'ils aient rejoint leur régiment et qu'ils aient tiercé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5498 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 15 mai 1811 »).

Le 12 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre au général commandant cette armée de réunir les bataillons des 5e, 11e et 79e de ligne ensemble sous les ordres du général Plauzonne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5588 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27282).

Aussitôt reformé, le Régiment prend part au blocus de Figuières et reste campé devant la place jusqu'à la fin de juin, époque à laquelle il fait partie de la Division du Général Baron Quenel. Le 79e eampe à Tres Casas et supporte vaillamment de dures épreuves; c'est à peine si alors un soldat possède de bonnes chaussures, et les marches et contremarches dans les montagnes usent rapidement l'unique paire de souliers qu'il a aux pieds. De formidables orages abattent les tentes ou détruisent les baraqnes occupées par le 79e; le 22 juin, à 4 heures de l'après-midi, dans le camp du 2e Bataillon, un coup de tonnerre traverse une des baraques des Grenadiers de ce Bataillon, tue un Caporal et cinq hommes, et en blesse grièvement 7 autres qu'on doit transporter à l'hôpital.

- Guerre d'embuscades avec les Miquelets espagnols.

Le 7 juillet, 200 hommes du 79e partent pour se rendre à la maison Falgas dans la montagne de Notre-Dame del Monte; 150 Miquelets espagnols qui s'y trouvent sont attaqués avec succès, chassés de leurs positions et laissent entre nos mains quelques moutons qui sont partagés entre les vainqueurs.

Le 19 août, le 79e commence la redoute n°21.

Le 9 septembre, un détachement du Régiment met en fuite une bande de brigands qui veut lever des contributions vers Liado.

Le 3 novembre, l'Adjudant commandant Vigier part de Bascara pour Girone avec 700 hommes du 79e et 50 Chasseurs à cheval ; il fait fouiller les bois à droite et à gauche de la route sans pouvoir trouver de traces de l'ennemi qui, dans la nuit précédente, a tiré sur des Chasseurs d'ordonnance et en a tué un qu'on trouve mort sur la route.

Le 15 novembre la situation du 79e est la suivante : 28 Officiers et 815 hommes à Vissafun; 24 Officiera et 353 hommes au fort de Figuières qui est tombé entre nos mains ; 14 Officiers et 1,137 hommes aux hôpitaux. Le Lieutenant Catrin a été tué pendant le blocus de la place.

Le 1er janvier 1812, la situation du Régiment s'est améliorée; il se trouve toujours à Figuières, et le 15, après avoir reçu sou 3e Bataillon arrivé de Perpignan, son effectif est de 62 Officiers et 1,869 hommes.

- Expédition sur Olot, Vich et Caldas (21 janvier 1812).

Le 21 janvier, le Général Beurmann part de Figuières avec 2 Bataillons du 79e de Ligne et 50 Dragons pour venir prendre position à Élozona en passant par Étado. Le lendemain matin, la colonne se met eu route à la pointe du jour pour Olot en passant par Tortella, Montagal et Castelfollit où elle trouve 400 Espagnols qui essaient de disputer le passage. Ils font un feu très vif et ne se retirent sur la position de Carader-el-Viver qu'après avoir blessé 4 hommes. Cet engagement a lieu à 5 heures du soir; l'ennemi, en se retirant, emporte quelques blessés.

Le Général Beurmann quitte la position de Castelfollit à 10 heures du soir et arrive à minuit à Olot; il en part le lendemain 23 pour se rendre à San Estève et Las Presas.

Quittant cette localité le 24 à 4 heures du matin, la colonne du Général Beurmann se réunit à 6 heures à celle du Général Clément en avant de San Eatève. Réunies en Division, ces deux troupes continuent leur marche sur la route de Vich, dans les montagnes appelées le Grau d'Olot; l'ennemi y avait fait des travaux de défense et rendu presque impralicable un passage déjà très difficile par lui-même. Un zigzag de la route permet à l'ennemi de donner par les parapets qui la bordent six étages de feu balayant une montée rapide, découverte et en ligne droite pendant une centaine de mètres ; à gauche des roches à pic, à droite un ravin profond et escarpé ne présentant aucun passage.

Heureusement qu'li n'y a dans ces ouvrages que quelques Miquelets espagnols qui s'enfuient à notre approche, et après 9 heures d'une marche pénible et fatigante, les troupes atteignent l'Esquirol, gros village de 300 maisons.

Après s'être reposé quelques heures, le 79e repat à onze heures du soir et arrive à 2 heures du matin à Roda. La marche de cette journée est considérée comme une des plus fatigantes de la campagne.

La Division arrive tout entière à Vich le 24 et s'y repose.

Le 26, à 7 heures du matin, la colonne Beurmann part pour Caldas et prend position le même jour à Sabadell.

Le 26 janvier 1812, l'Empereur, à Paris, dicte des notes sur les divisions de troupes de ligne, adressées au Maréchal Berthier, Major général : "... L'armée de Catalogne se compose des 8e léger, 18e léger, 5e de ligne, 11e de ligne, 81e id., 60e id., 79e id., 23e id., 3e léger, 67e de ligne, 102e de ligne.
Tous ces corps sont à trois ou à deux bataillons. Je crois qu'il n'y en a plus à quatre bataillons, puisque le 3e léger, les 67e et 16e de ligne ont envoyé leurs 4es bataillons à leurs dépôts.
C'est ce qu'il est instant de vérifier, et l'on ne manquera pas de comprendre dans le compte à me rendre les six bataillons qui formaient à Toulon des demi-brigades provisoires, lesquels sont entrés en Catalogne.
Je pense qu'il sera facile de se procurer et de réunir à Perpignan quatre ou six cadres, et de diriger sur eux les conscrits des Landes et des Basses-Pyrénées et autres départements voisins ; et, dans le même temps, les cadres certainement existants au 1er mars parmi les huit bataillons portés au projet recevraient les conscrits de Perpignan et autres, de sorte que, supposant huit bataillons, on en mettra quatre à Perpignan et quatre dans les Basses-Pyrénées.
Ceux qui seraient à leurs propres dépôts s'habilleraient, s'équiperaient par les moyens qui leur appartiennent.
Mais les quatre ou six bataillons réunis à Perpignan ayant leur dépôt en Italie ou ailleurs, l'administration de la guerre sera chargée de les faire habiller et équiper à Perpignan. Ces neuf bataillons, portés sur l'état comme étant aux Pyrénées, doivent être placés en trois lignes, savoir :
1° Ceux dont les 3es bataillons ont reçu l'ordre de rentrer. Il faut rechercher quand ils ont dû partir, d'après les ordres qu'ils ont reçus, soit du major général, soit du ministre de la guerre, pour bien calculer si l'on peut y compter ;
2° Ceux qui ont quatre compagnies de leur 5e bataillon à leur dépôt ceux-là ont des ressources en officiers et sous-officiers ;
3° Enfin, ceux qui n'ont que deux compagnies à leur dépôt et sont sans ressources.
Ainsi, voulant avoir neuf à dix bataillons pour les Pyrénées, je ne pense pas qu'on puisse en avoir plus de quatre.
Ces quatre bataillons pourront, en l'absence des cadres des 3es bataillons, s'ils tardent à rentrer, être formés par les compagnies des 5es. Quant aux quatre ou cinq autres, on peut y pourvoir en faisant venir quatre ou cinq cadres de Catalogne, c'est-à-dire de Girone à Perpignan ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6693 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29851).

Le 29, le 23e Léger et le 79e sont versés dans la Division du Général Baron Lamarque qui marche sur Mataro.

- Occupation de Mataro (30 janvier 1812)

Le 30, la Division occupe Mataro; à son passage près de la marine, ainsi qu'à son entrée en ville, elle essuie le feu d'un bâtiment de ligne, d'une corvette et de plusieurs chaloupes canonnières anglaise qui tirent sans discontinuer de 2 heures de l'après-midi à 7 heures du soir.

Napoléon écrit, le 5 février 1812, au Général Mathieu Dumas, Conseiller d’Etat, Directeur général des Revues et de la Conscription : "... Diviser la défense des Pyrénées en deux brigades 1re brigade, Perpignan ; 2e brigade, 11e division militaire.
Celle de Perpignan va bien.
Seulement trois compagnies des 5e, 11e, 79e de ligne recevront leurs conscrits à Genève, mais fussent (sic) portés pour Perpignan au lieu de Toulon. Point de régiments séparés. Les porter comme restant au dépôt, garnison de Genève et Grenoble.
Même chose pour toutes les compagnies des 5es bataillons déjà employées dans une demi-brigade, parce que cette mesure ne peut être justifiée que par la nécessité ; et, étant à leurs dépôts, si on en a besoin, on les portera où on voudra.
Ainsi, s'il le faut, on formera un bataillon de neuf compagnies des 5e, 11e, 79e de ligne, et l'envoyer à Perpignan, où chacun joignant son régiment accroîtra la brigade. D'ailleurs, il est bon d'avoir des forces à Genève pour le Simplon, si les circonstances l'exigeaient ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6741 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29913).

Quittant le 9 février à minuit la position d'Arenys de Munt, le Général Lamarque fait rentrer ses troupes à Nataro par Saint-Vincent, en évitant le chemin de la marine trop exposé au feu de l'ennemi, et à 8 heures du matin ses troupes occupent 1es hauteurs qui environnent la ville et la dominent. Elles y restent en position jusqu'au 16 et sont alors employées à organiser défensivement le couvent des Capucins à Mataro, et à construire des batteries sur la marine.

Le 16 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... Vous avez sans doute donné l’ordre que les cadres des 4es bataillons des 3e léger, 5e, 11e et 79e de ligne rentrassent en France ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1867 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29982).

Le 17, 2 Compagnies d'élite du 79e débarrassent 1a route de Mataro à Barcelone où corsaire interceptent les communications.

Le 25 et le 26, le 3e Bataillon protége le passage d'un convoi venant de Barcelone.

- Le 4e Bataillon rentre en France

Quelques jours après le Régiment retourne à Figuières où il reste sans incidents jusqu'au 1er avril. A cette époque, le 4e Bataillon est renvoyé en France; l'effectif du Régiment à 3 Bataillons est alors de 61 Officiers et 1,761 hommes.

- Le 79e réprime le brigandage et escorte le convois.

Le 16 mai, une Brigade active est constituée sous le commandement du Général Baron Expet de la Tour; elle comprenad 3 Bataillons du 3e léger, 2 Bataillons du 79e et un Escadron de chasseurs. Le 3e Bataillon du 79e est placé dans le 3e arrondissement territorial à Girone. Les deux Bataillons de la Brigade active occupent Saint-Félix et Saria, et sont employés à reprimer le brigandage : le 20 mai, ils escortent un fort convoi de vivres et de munitions vers Mataro.

Quelques jours plus tard, Napoléon renforce ses Divisions de réserve; il écrit, le 18 mai 1812, depuis Dresde, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois le travail qui était joint à votre lettre du 11 mai. Voici quelles sont mes intentions définitives, donnez des ordres pour leur prompte exécution ...
Brigades d’Espagne, d’Alexandrie et de Toulon ...
La 1re demi-brigade doit déjà être organisée à Versailles ; la 2e doit être en mouvement sur Cherbourg ; la 3e doit être en mouvement pour se former à Saint-Lô et à Valognes ; la 4e doit être organisée à Pontivy, et la 5e à la Rochelle. Je n'approuve pas non plus que le 47e, le 70e et le 79e fournissent des conscrits au 26e de ligne et au 82e, parce que ces 5es bataillons, qui sont en Bretagne, auront besoin d'avoir toujours du monde pour faire le service de la côte. Ainsi le bataillon du 26e ne sera que de 300 hommes, celui du 82e que de 300 hommes. Ces deux bataillons, comme celui du 69e, seront complétés plus tard ...
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18701 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30633).

Le 79e continue ce service jusqu'au 15 décembre 1812; il est alors envoyé à Barcelone et fait partie de la garnison de cette place conmandée par le Général de Division Comte Mathieu.

A la même époque, le Médecin aide-major Pugens, du 79e, conduit un convoi de blessés et de malades entre Valladolid et Burgos. Arrivé au village de Pampliéga, le convoi est attaqué par les bandes réunies du Capucin et du curé Tapia; il est sauvé grâce à l'énergie et à la présence d'esprit de l'Aide-major Pugens, qui est, pour ce fait, proposé pour la décoration.

- En garnison à Barcelone (1er janvier 1813, 20 janvier 1814).

Le 79e assiste pendant les premiers mois de l'année 1813 à différentes expéditions ayant pour but de soutenir les détachements qui vont relever la garnison de Molins del Rey, Sainte-Marie-le-Martyre, Mouscad et Nougad; il est aussi employé à arrêter les contribuables en retard.

Le 1er avril, 109 hommes et les cadres du 3e Bataillon rentrent en France, laissant le Régiment à l'effectif de 1,675 hommes.

De fréquentes sorties ont lieu dans le courant du mois de mai, contre les Anglais qui essaient de débarquer.

En août et septembre, le 79e fait partie de la 1ère Brigade active commandée par le Général Beurmann.

Le 16 octobre, le regiment est détaché à San-Celoni, sous les ordres du Général de Division Don Severoli, commandant de la Division italienne, qui est chargé de protéger la marche des convois et des courriers de Girone à Barcelone.

Le l5 janvier 1814, le 79e ayant un effectif de 74 Officiers et 2,129 hommes est encore à Barcelone, faisant partie de la 3e Division de l'Armée d'Aragon et Catalogne commandée par S. E. le Maréchal Duc d'Albufera.

Le 1er février, la 3e Division (Général Robert) est en marche de Barcelone à Girone ; le 15, le 79e est à Banclas où il reste jusqu'au 8 mars, époque de son départ pour l'Armée de Lyon.

- 1812, projet de formation d'une Division des Alpes

Napoléon précise son idée. Le 6 février 1812, l'Empereur, à Paris, dicte au Général Mathieu Dumas, Conseiller d’Etat, Directeur général des Revues et de la Conscription, sur les Divisions de défense et la répartition : "... Division de Toulon.
... Les 5e, 11e, 79e, 81e de ligne doivent rester à Chambéry et Grenoble.
Je désire donc une division de plus, formée « division des Alpes », composée des 8e, 18e légers ; 5e, 11e, 23e, 60e, 79e, 81e de ligne.
Tout cela à trois compagnies, ce qui fait vingt-quatre compagnies, quatre bataillons, bonne réserve pour l'Italie, le Simplon et partout où besoin serait ...
"(Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6747 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29917).

Le 2 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Berthier : "... 13e DEMI-BRIGADE. Les 4es bataillons du 5e, du 11e et du 79e se réuniront à la même époque à Chambéry, où ils formeront la 13e demi-brigade ...
Par ces dispositions, toutes les côtes de l'Empire seront suffisamment pourvues, en attendant la formation des cohortes de gardes nationales. Il devient pressant que les cadres de ces bataillons soient complets en officiers ; qu'ils aient leurs chefs de bataillon, et que vous nommiez les 15 majors en second qui devront commander ces demi-brigades. Vous ferez partir le 15 avril ces majors en 2nd pour visiter les dépôts qui fournissent aux demi-brigades.
Vous aurez soin de prévenir le ministre de l'Administration de la guerre afin qu'il donne des ordres, et prenne des mesures pour que l'habillement ne manque pas.
Vous autoriserez les majors en 2nd à faire partir le 30 avril les 4es bataillons à 600 hommes. Les 200 autres hommes viendront un mois après ...
Ces demi-brigades ne doivent rien déranger à la comptabilité. Les bataillons qui les composent doivent correspondre avec leurs dépôts pour l'administration ...
Annexe
Formation des demi-brigades provisoires, de l'Intérieur et des côtes
13e demi-brigade à Versailles (3e division de réserve de la Grande Armée)
1er bataillon : 4e bataillon du 5e de ligne (dépôt à Grenoble) : 200 conscrits du Cantal, 100 de la Haute-Saône, 400 de Rome et 190 de la Stura ; total 890 ; 190 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon : 4e bataillon du 11e de ligne (dépôt à Grenoble) : 200 conscrits du Cantal, 260 des Apennins, 200 de la Doire, 100 de la Saône-et-Loire et 100 du Cher ; total 860 ; 160 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
3e bataillon : 4e bataillon du 79e de ligne (dépôt à Chambéry) : 293 conscrits du Cantal, 422 du Taro, 100 du Vaucluse et 100 du Var ; total 915 ; 215 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7057 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30370 (intégrale)).

- Juin 1812 (Allemagne), novembre 1813, les 3e et 4e Bataillons à la Grande Armée

11e Corps d'Armée

Le 4e Bataillon du 79e a quitté l'Armée de Catalogne à la fin du mois de mars 1812; dès sa rentrée en France, il est dirigé sur le Dépôt du Régiment à Chambéry, où il entre avec les 4es Bataillons des 5e et 11e de Ligne dans la composition de la 13e Demi-brigade provisoire commandée par le Major Tripe. Cette Demi-brigade se met en route pour l'Allemagne dans les premiers jours de mai, et est destinée à renforcer la 31e Division ccmmandée par le Général Lagrange dont le Quartier général est à Stettin.

Cette Division est la seule qui reste à Augereau, de celles qui ont composé le 11e Corps chargé sous ses ordres, pendant la campagne de Russie, de maintenir Berlin et la Prusse dans l'obéissance.

Le 4e Bataillon, à son arrivée à l'armée, est sous les ordres du commandant Faulain et compte à l'effectif 18 Officiers et 694 soldats. Il est dirigé le 1er août sur Spandau par ordre du Général gouverneur et ne rejoint la Division que le 25 du même mois à Stettin d'où il part le 25 novembre pour Berlin. Le Bataillon du 79e ne reste que quelques jours dans cette capitale et est envoyé à Magdebourg où il tient garnison jusqu'en mars 1813.

Le 30 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... Donnez des ordres pour que les compagnies des 3e, 5e, 11e, 24e, 59e, 79e, 81e, 105e et 112e (total 9 compagnies) forment un bataillon de marche sous le titre de bataillon de marche de la 31e division et se rendent à Spandau, où chaque compagnie rejoindra son bataillon, soit à la 30e, soit à la 31e, soit à la 35e division. ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 734 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32545).

A cette époque, les 31e, 35e et 36e Divisions sont réunies pour former le 11e Corps d'armée sous les ordres du Maréchal Gouvion Saint-Cyr; l'armée entière du Prince Eugène a évacué Berlin et prend position sur la rive gauche de l'Elbe, lorsque Napoléon parait en Allemagne à la tête de ses réserves et des renforts tirés de France. Le 10 avril, 18 Maréchal Macdonald remplace Gouvion Saint-Cyr à la tête du 11e Corps.

Le 13 avril 1813, le Général de Division Grenier écrit Halberstadt, depuis, au Général Grundler, Chef d’Etat-major du 11e Corps : "… Un certain Winter, capitaine à la suite du 79e régiment de ligne, suit le quartier général du 11e corps depuis notre départ de Magdebourg. Donnez-lui l’ordre de rejoindre sa division en le prévenant que je ne peux pas en conscience demander qu’il soit employé comme capitaine adjoint …" (Papiers du Général Paul Grenier. XX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 76 page 164).

- Bataille de Lutzen (2 mai 1813)

Pendant que Napoléon débouche de Weissenfels, sur la Saale, le Prince Eugène débouche de Mersebourg. Le 11e Corps attaque cette ville et l'enlève après une vive résistance, puis marche sur Lutzen et Leipzig. Mais à ce moment l'Armée des alliés se concentre à Pegau et attaque le Maréchal Ney. Le 11e Corps est d'abord chargé d'appuyer le Corps de Lauriston vers Leipzig, puis l'ennemi fait de grands progrès et le Maréchal Ney ayant perdu beaucoup de terrain, le Corps de Macdonald reçoit l'ordre de marcher au feu du canon.

Il prend le pas de course, mitraille la cavalerie alliée qui s'est glissé entre lui et les troupes du Maréchal Ney, puis avançant toujours sur le flanc droit, le 11e Corps vient couronner les hauteurs en débordant l'ennemi.

"Le feu, écrit Macdonald, s'éteignit tout à coup sur le front de l'armée et se dirigea sur nous ; l'ennemi lança ses réserves de cavalerie composées des gardes des deux souverains de Russie et de Prusse; trois fois il tenta de rompre nos carrés, mais inutillement ; il fut chaque fois repoussé avec grande perte, et la dernière dans une confusion qui eût donné beaucoup d'avantage à la nôtre, si nous en avions eu".

Le 4e Bataillon du 79e prend une large part à cette action, car son effectif qui, avant la bataille, est de 19 Officiers et 733 hommes, n'est plus le lendemain que de 12 Officiers et 357 hommes. Il y a dans les hôpitaux 9 Officiers et 492 Sous-officiers ou soldats. Le lendemain le 11e Corps franchit l'Elster et, prenant l'avant-garde de l'armée, se dirige sur Dresde; l'ennemi, qui a fait sauter les ponts, défend le passage de l'Elbe, mais l'infanterie de Macdonald passe la rivière sur des échelles qu'on a jetées en travers des brèches faites dana le tablier des ponts.

Le 11e Corps, poursuivant l'ennemi, s'arrête en sa présence pendant plusieurs jours en face de Bautzen qu'il n'ose attaquer avant l'arrivée de l'armée.

Le Capitaine Vitry est tué au passage de l'Elbe le 9 mai 1813.

Le 12 mai, le Bataillon du 79e prend part au combat de Bischofsverda, affaire des plus honorables pour le 11e Corps, puis le 21 à la bataille de Wurschen qui nous conduit en Silésie.

Le 11e Corps continue à poursuivre l'ennemi; il est appuyé dans ce mouvement par la cavalerie du Général Latour-Maubourg. Après avoir chassé les alliés des hauteurs de Silgrainsdorf le 27 mai, Macdonald livre le combat de Goldberg.

- Bataille de la Katzbach (26 août 1813)

L'Empereur confie le 23 aôut au Maréchal Macdonald le commandement général des troupes de Silésie et le Général Gérard prend le commandement du 11e Corps qui passe la Katzbach le 26 à Goldberg . Le 3e Corps et le 2e de cavalerie n'ayant pu arriver à temps, le 11e subit le choc de l'armée de Blucher; le temps est si affreux et si humide que sur 500 fusils chargés il ne part pas 10 coup de feu par Bataillon. Le maréchal Macdonald est obligé d'ordonner la retraite sur Goldberg, et le 29 août il est rentré à Bunzlau. La 31e Division à laquelle appartient le Bataillon du 79e a peu donné pendant cette bataille ; le 2 septembre, le Maréchal écrit au Major général : "Le onzième corps est encore assez fort, à cause de la 31e division qui ne s'est pas trouvée en avant ...".

Le 11e Corps s'établit alors sur la rive gauche de la Queiss et se réorganise petit à petit lorsque, par ordre de l'Empereur, le 14e Corps doit passer 14 de ses Bataillons à 300 hommes aux 3e, 7e et 11e Corps en échange d'un pareil nombre d'autres dont l'effectif ne s'élève pas à 200 hommes.

Le 2 octobre 1813 en effet (et non le 20 septembre, comme le dit l'Historique régimentaire), l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, le 14e corps fournira 13 bataillons ...
Ces 13 bataillons se mettront sans délai en marche pour Dresde, d'où l'état-major les enverra rejoindre leurs corps respectifs. Le 14e corps recevra en échange :
9 bataillons du 3e corps
1 bataillon du 5e corps
2 bataillons du 11e corps
Et 2 bataillons qui sont à Leipzig.
14 ...
Les 2 bataillons qu'il recevra du 11e corps seront : le 4e bataillon du 27e léger ; le 4e bataillon du 79e ...
Par ce moyen, il n'y aura plus de régiments provisoires au 3e corps, et tous les bataillons d'un même régiment qui sont à l'armée se trouveront réunis.
Faites-moi connaître quelle sera la situation des 8e, 9e, 10e, 13e, 31e, 42e, 43e, 44e et 45e divisions, quand le mouvement de ces bataillons aura été fait. Donnez des ordres pour que ce mouvement s’opère demain. Tous les bataillons passeront à Dresde où vous en ferez la revue pour constater leur situation
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 219 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 36606).

Le 2 octobre, le 4e Bataillon du 79e, en exécution de cet ordre, passe à la 45e Division du 14e Corps où il est réuni au 3e Bataillon du Régiment qui faisait partie de cette Division depuis le mois d'août précédent.

/ 1813, 14e Corps d'armée.

- Création de la 27e Demi-brigade provisoire

Le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
TOULON.
Il sera formé, pour la défense de Toulon, trois demi-brigades provisoires, sous les numéros 25, 26 et 27 ; elles seront composées ainsi qu'il suit : ... 27e demi-brigade, les bataillons des 79e, 81e de ligne et le bataillon du 32e léger ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).

Le 26 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre ... Quant aux compagnies des 5e, 11e, 79e et 96e régiments, cela morcellerait trop mes troupes. Il n'y aurait plus moyen de s'y reconnaître. Il faut conserver ces hommes pour compléter les bataillons que ces régiments ont à l'armée" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33438).

Le 3e Bataillon du 79e a quitté la Catalogne en avril 1813; en vertu du Décret du 28 juillet de la même année, il est incorporé avec le 6e Bataillon du 81e dans la 27e Demi-brigade provisoire, commandée par le Major Lustringer.

Le Bataillon du 79e à la tête duquel se trouve le Major Preux, comprend 19 Officiers et 553 hommes; en juillet il fait partie du corps d'observation de Bavière.

Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
... 45e division
6e léger, 3e bataillon.
26e demi-brigade provisoire : 5e de ligne, 3e bataillon; 11e de ligne, 3e bataillon.
Commandé par un major : 8e de ligne, 3e bataillon; 28e de ligne, 4e bataillon.
Commandé par un major : 32e de ligne, 4e bataillon ; 58e de ligne, 4e bataillon.
27e demi-brigade : 81e de ligne, 6e bataillon; 79e de 1igne, 3e bataillon.
18e demi-brigade : 34e de ligne, 3e bataillon; 69e de ligne, 3e bataillon.
60e de ligne, 4e bataillon.
12 bataillons ...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).

Le 6 août, le Bataillon entre dans la composition du 14e Corps d'armée que va commander le Maréchal Gouvion Saint-Cyr.

Une partie de ce Corps d'armée est organisée à Freyberg et le reste est armé et équipé en marchant, car l'ennemi devant commencer les hostilités le 18, on veut que les jeunes soldats qui composent le Corps de Gouvion Saint-Cyr soient en position le 17 au matin.

Le 14e Corps est chargé d'observer les débouchés de la Bohême ; la 45e division, commandée par le Général Razout, dans laquelle se trouve le 3e Bataillon du 79e, est placée près de Dippoldiswald pour observer le débouché d'Altenberg.

Attaqué par l'Armée de Bohême tout entière, Gouvion Saint-Cyr retarde la marche de l'ennemi, six ou sept fois plus nombreux, mais il se trouve bientôt acculé, le 23 août, sous les murs de Dresde.

- Bataille de Dresde (26-27 août 1813).

En attendant l'arrivée de l'Empereur avec des troupes de secours, Gouvion Saint-Cyr prend ses dispositions pour défendre les abords de la ville que protégent cinq redoutes et de nombreux murs de clôture. La 45e Division est chargée de garder le front de la Friedrichsstadt, depuis cette route jusqu'à l'Elbe, au-dessus de Dresde. Dans la journée du 26, le 14e Corps résiste seul avec ses 15,000 conscrits aux 200,000 hommes de l'Armée de Bohême ; Napoléon, qui est entré à Dresde de sa personne à 9 heures du matin, fait soutenir Gouvion Saint-Cyr par la Jeune Garde vers 6 heures du soir. Pendant toute la journée, c'est le front de la 45e Division qui est le moins pressé.

Dans la nuit du 26 au 27, les 6e et 2e corps entrent à Dresde ; la force de l'infanterie est quadruplée, mais, dès la matinée du 27, une pluie torrentielle rend dans lee deux armées la fusillade impossible. La cavalerie seule décide du sort de la bataille en faisant mettre bas les armes à plusieurs carrés autrichiens, et en s'emparant d'une nombreuse artillerie ainsi que de 12 drapeaux.

Dans la nuit, le Prince de Schwartzenberg commence sa retraite dans les défilés de la Bohême.

Après avoir participé à la poursuite de l'ennemi avec le 14e Corps, la 45e Division se rapproche de Dresde, et, le 4 septembre, les 2e et 14e Corps, la Garde impériale se trouvent groupés autour de la capitale de la Saxe.

Ayant appris coup sur coup le désastre du 1er Corps à Kulm, la défaite du 11e Corps à la Katzbach, les alliés se reportent en avant. Les Autrichiens marchent sur le flanc de l'armée française avec 5,000 hommes conduits par Schwartzenberg, et le reste par la rive gauche sur Dresde, sous les ordres de Barclay de Tolly.

Le 6, à 6 heures du soir, ce dernier attaque le 14e Corps; la 45e Division se retire de Borna en arrière de Zuschendorf dans la journée du 6, et dans la nuit, ayant eu des inquiétudes sur sa droite, elle vient de grand matin, le 7, se placer plus près de Dohna. Le 8, l'ennemi continue ses attaques et le 3e Bataillon du 79e prend part à une brillante contre-attaque que Gouvion Saint-Cyr exécute pour conserver la rive droite de la Müglitz à Napoléon qui arrive à son secours. Le lendemain l'armée prend l'offensive et le 14e Corps, fomant l'avant-garde, marche jusqu'au village d'Ebersdorf et de là sur le Geyenberg où il arrive le 10 vers 10 heures du matin.

Napoléon, n'ayant pas voulu attaquer l'ennemi au pied des montagnes dites Erzgebirge et Mittelgebirge, laisse le Corps de Gouvion Saint-Cyr en observation pour le tromper et se retire sur Dresde. Le 14e Corps reste sur la position du Geyersberg jusqu'au 13 au matin, et il exécute sa retraite sans être fortement inquiété par les alliés. La 45e Division reste à Borna ou aux environs jusqu'au 6 octobre, jour où le Maréchal Gouviou Saint-Cyr reçoit l'ordre de se rendre à Dresde avec deux Divisions pour y relever le soir même les troupes du 11e Corps et la Vieille Garde. C'est alors que le 4e Bataillon du 79e, quittant le 11e Corps, est versé dans la 45e Division où, réuni au 3e Bataillon qui s'y trouve déjà, ils forment tous deux un Corps dont l'effectif est de 36 Officiers et 875 hommes.

Le 13 octobre 1813, le Capitaine Coste est tué en défendant Dresde.

Défense de Dresde (3e et 4e Bataillons).

Le 14 octobre, Napoléon laisse à Dresde les 1er et 14e Corps sous le commandement de Gouvion Saint-Cyr et marche sur Leipzig. "Ce que nous redoutions le plus était un blocus un peu prolongé, écrit Gouvion Saint-Cyr. Napoléon, en quittant Dresde, n'avait laissé que pour sept jours de vivres, et des fourrages que pour trois; de sorte que si le blocus s'effectuait, comme toutes les apparences l'annonçaient, nous avions la perspective de nous trouver, le quatrième jour sans cavalerie, et le huitième sans pain. Notre seule espérance était donc qu'avant ce temps Napoléon aurait trouvé l'occasion de livrer la bataille qu'il paraissait désirer, et que, dans tous les cas, quel qu'en fût le résulltat, il aurait pris un parti pour les corps laissés à Dresde : nous avions reçu la promesse, à peu près formelle, qu'il viendrait nous dégager sous peu de jours".

Dans la matinée du 13, la 45e Division attaque l'ennemi et le débusque des maisons nommées Hamburg, Attonas, etc., dont le Général Piaskewitz s'est emparé dans l'après-midi de la veille. Cette attaque nous conduit à une affaire importante dans laquelle le 79e donne presque toute la journée et subit des pertes sérieuses. Les Russes mettent une grande obstination à vouloir reprendre les postes d'où nos troupes viennent de les chasser, mais, malgré le déploiement de forces considérables et l'appui d'une nombreuse artillerie, leurs efforts sont inutiles. "Ils y perdirent beaucoup de monde, dit Gouvion Saint-Cyr, parce que l'ou y combattit des deux côtés avec vaillance et opiniâtreté, mais avec plus d'adresse du nôtre".

On se borne alors à des reconnaissances aux environs de Dresde, mais, dans la matinée du 16, une violente canonnade annonce que la Grande Armée est sérieusement aux prises avec l'ennemi. Gouvion Saint-Cyr fait alors exécuter une sortie par le Géuéral Bonet avec 8 Bataillons du 14e Corps et par la 45e Division, commandée par le Général Razout. Les Russes sont culbutés et notre cavalerie s'empare de plusieurs pièces de canon ; mais à la fin de l'action, la canonnade qu'on a entendue le matin cesse. "Nous nous trouvions, par l'effet de notre victoire du 17, dans la position la plus favorable pour faciliter à Napoléon les moyens de tirer 1e plus d'avantages possible de ces succès".

Malheureusement la Grande Armée vient d'être écrasée à Leipzig.

Le 25 octobre, le Général Tolstoy, renforcé d'un Corps autrichien, se rapproche de Dresde et fait le lendemain sa jonction avec le Corps autrichien de Klenau, qui a quitté le champ de bataille de Leipzig aussitôt après le succès de cette journée; le 27 le blocus de Dresde est complet.

La situation de Gouvion Saint-Cyr devient de jour en jour plus pénible par le manque de vivrea et l'impossibilité de s'en procurer. Le 6 novembre, il essaie de faire filer 14,000 hommes sur Torgau par la rive droite de l'Elbe, mais le soir même ces troupes épuisées rentrent dans Dresde, n'ayant pu traverser les Corps ennemis.

Le découragement devient général, et le 7, Gouvion Saint-Cyr ayant réuni le conseil de défense, prévient le Comte de Klenau qu'il enverra le lendemain à son Quartier général des Officiers supérieurs pour traiter de l'évacuation de Dresde.

Après quelques jours de discussion, la capitulation est signée. L'article premier est ainsi conçu : "La garnison de Dresde sortira avec ses armes et bagages hors de la ville, et déposera ses armes en avant des redoutes. Messieurs les officiers conserveront leur épéé, à l'exemple de la capitulation de Mantoue, accordée à M. le général comte de Wurmser, un bataillon de 600 hommes conservera ses armes, deux pièoes de canon avec leurs caissons et attelages, 25 gendarmes de la garde impériale oonserveront leurs chevaux et leurs armes, 25 gendarmes attachés aux divisions conserveront également leurs chevaux et leurs armes".

Dans l'article 3, on lit que la garnison de Dresde est prisonnière de guerre et sera conduite en France, puis échangée.

On forme six colonnes, qui partent de Dresde du 12 au 17 novembre; elles arrivent à huit jours de marche de la Capitale de la Saxe, lorsque le Prince de Schwartzenberg, violant la capitulation, fait conduire les débris des 1er et 14e Corps en Bohême, où ils restent prisonniers de guerre.

Le 28 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ...Il sera formé un nouveau corps d'armée qui prendra le n° 7, et qui sera composé de trente-six bataillons ou de trois divisions, formées ainsi qu'il suit : 1re division : 12e léger, 3e et 4e bataillons ; 8e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 24e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 27e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 28e de ligne, 2e et 4e bataillons ; 34e de ligne, 3e et bataillons ; total, 12 bataillons ; 2e division : 27e léger, 2e, 3e et 4e bataillons ; 45e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 58e de ligne, 2e, 3e et 4e bataillons ; 64e de ligne, 3e et 4e bataillons ; 81e de ligne, 6e bataillon ; 60e de ligne, 4e bataillon ; total, 12 bataillons ; 3e division : 75e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 76e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 79e de ligne, 3e et 4e bataillons ; 88e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 94e de ligne, 3e bataillon ; 100e de ligne, 2e, 3e et 4e bataillons ; total, 12 bataillons. En tout pour le 7e corps, 36 bataillons. Les administrations, l'artillerie et le génie qui étaient attachés au 14e corps le seront au 7e corps.
Les dépôts enverront à leurs bataillons respectifs les détachements nécessaires pour les porter au complet ; et ceux des bataillons dénommés ci-dessus, qui se trouvent dans les dépôts, se rendront sans délai à Strasbourg, où ce corps se formera ...
Le 7e corps, formé comme il a été dit ci-dessus, sera de trente-six bataillons ...
RÉCAPITULATION.— ... 7e corps, trente-six ...
Tous ces bataillons doivent se trouver complétés moyennant l'appel de la moitié des 300,000 hommes, ou si cela ne suffisait pas, moyennant un supplément sur la conscription de 1815.
II faudra me renvoyer cet état quand vous l'aurez corrigé, et comme la répartition des 160,000 hommes est déjà faite, la répartition des 140,000 hommes, que j’appelle sur la levée des 300,000 pour l'armée du Rhin, doit servir à compléter tous ses bataillons. Il n'y a, d'ailleurs, que l'état en cent colonnes qui puisse bien déterminer cela. Les cadres qui ne pourraient pas être remplis le seront sur la conscription de 1815.
NAPOLÉON.
P. S. On égalisera par la suite tous les corps, chacun à trois divisions de quatorze bataillons, ou quarante-deux bataillons par corps, ce qui, multiplié par huit, fait trois cent trente-six bataillons ou vingt-quatre divisions ; mais c'est une opération de détail qui se fera plus tard
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20943 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37291).

Le 14 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les 2 500 hommes du Piémont que j'ai destinés, à Orléans, au 113e régiment, partent de Grenoble, de Toulon, de Genève, de Marseille et de Chambéry, savoir :
Par ce moyen, le 113e aura de quoi compléter ses trois bataillons.
... Le 79e de ligne enverra les 400 hommes de la Sesia et du Taro ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37548).

Le 15 décembre 1813, à Paris, l'Empereur décrète : "... 7e corps. Il sera formé un 6e bataillon aux 12e et 27e régiments d'infanterie légère, aux 8e, 24e, 27e, 28e, 34e, 45e, 58e, 60e, 64e, 81e, 75e, 76e, 79e, 88e, 94e et 100e de ligne ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1242).

Le 16 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les 88e, 75e, 79e, 45e, 60e, 81e et le 27e léger ont dirigé en tout 1800 hommes sur Strasbourg, lesquels arriveront depuis le 21 jusqu'au 30 décembre. Cette opération avait été faite dans l'espérance de l'arrivée du 14e corps, et pour en compléter les bataillons. Depuis, le 14e corps n'arrivant point, j'ai ordonné, il est vrai, la formation de 5es bataillons dans ces régiments ; mais ces 5es bataillons doivent se former au dépôt.
Mon intention est donc que le détachement du 27e léger, dirigé sur Strasbourg, soit incorporé dans le 1er bataillon du 11e léger ; ... celui du 79e dans le 72e ...
Successivement, les autres détachements qui étaient destinés pour le 14e corps seront incorporés dans les 12 premiers bataillons du 2e corps qui, par ce moyen, se trouveront sur-le-champ au complet de 8 à 900 hommes.
Faites-moi connaître les autres détachements que les régiments qui étaient destinés pour le 14e corps ont dirigés sur Strasbourg, et proposez-moi leur incorporation dans ces 12 bataillons.
Tout cela sera d'autant plus à propos que les régiments du 2e corps n'ont pas reçu autant de conscrits qu'il faudrait pour avoir leurs troisièmes bataillons bien complets à l'armée, indépendamment de leurs 5es.
Donnez ordre que les cadres retournent sans délai à leurs dépôts
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37571).

Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ...
La division de réserve de Genève sera composée du : 18e léger, 1 bataillon ; 8e léger, 2 bataillons ; 5e de ligne, 1 bataillon ; 60e de ligne, 2 bataillons ; 79e de ligne, 2 bataillons ; 81e de ligne, 2 bataillons ; 11e de ligne, 1 bataillon ; 23e de ligne, 1 bataillon
Total 12 bataillons ...
Je me dépêche de vous envoyer ces décisions parce que l'expédition des ordres qu'elles exigent est urgente.
ANNEXE
... ÉTAT B
Formation de la brigade de réserve de Genève
2 bataillons du 8e léger ; 1 bataillon du 18e léger ; 1 bataillon du 32e léger ; 1 bataillon du 5e de ligne ; 1 bataillon du 11e de ligne ; 1 bataillon du 23e de ligne ; 2 bataillons du 60e de ligne ; 2 bataillons du 79e de ligne ; 2 bataillons du 81e de ligne ; 1 bataillon du 16e de ligne ; 1 bataillon du 145e de ligne
15 bataillons ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).

Le 21 décembre 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris : "ORDRES.
... La brigade dite de réserve, qui se réunit à Genève, sera composée ainsi qu'il suit, savoir : 8e léger, deux bataillons ; 18e, un ; 32e, un ; 5e de ligne, un ; 11e, un ; 23e, un ; 60e, deux ; 79e, deux ; 81e, deux ; 16e, un ; 145e, un ; total, quinze bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).

Le même 21 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Il résulte du travail que vous m'avez remis le 19 décembre, sur la formation de la Grande Armée, qu'il manquerait 11,100 hommes pour compléter tout ce que j'ai demandé, savoir : ... 300 au 79e ...
Il faudra se procurer ces 11,100 hommes sur l'appel des 300,00 hommes à faire dans les départements du Mont-Tonnerre et de la Sarre et dans les départements de l'Ouest où cet appel n'a pas encore eu lieu.
Faites-moi connaître les levées que l'on pourrait faire dans ces départements sur les 300,000 hommes. Il faudra employer les premiers hommes qu'on lèvera à combler ce déficit
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21025 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37624).

- 1814, Armée de Lyon

Création des 6e et 7e Bataillons du 79e

Napoléon voulant produire une forte diversion dans le aud-est de la France, décide de créer à Lyon une force imposante qu'il place sous les ordres du Duc de Castiglione.

Le 5 janvier 1814, l'Empereur depuis Paris, ordonne : "Le maréchal duc de Castiglione est nommé commandant en chef de l'armée de Lyon. Il aura le commandement de la ville, de la garde nationale de la ville ainsi que des 19e et 7e divisions militaires.
L'armée de Lyon sera composée : 1° d'une division de troupes de ligne, formée des bataillons ci-après :
... 4e bataillon du 5e infanterie de ligne ...
7e bataillon du 79e id ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6360).

Ce dernier arrive à Lyon le 14 janvier à 11 heures du soir; il se trouve obligé d'organiser lui-même son armée, d'en rassembler les différents Corps sous les yeux de l'ennemi, et de combattre avec des troupes dont la majeure partie est composée de conscrits n'ayant aucune instruction militaire.

Dans les premiers jours de 1814, le Général Baron de la Roche est en position avec 1,780 jeunes soldats en avant de Chambéry, ayant ses avant-postes en face de ceux des Autrichiens à Annecy et à Aix. C'est là que se trouve le 7e Bataillon du 79e qui vient d'être formé au Dépôt de Chamhéry.

Le Général autrichien Bubna se met en marche sur Lyon le 15 janvier, et le Général Zeischmeister, qui se trouve en face des troupes françaises, pousse nos avant-postes dans la matinée du 18. Un combat a lieu à Rumilly, et le Général de la Roche bat en retraite sur Fort-Barraux, où il se concentre; les Autrichiens occupent Chambéry et la Savoie.

Le 20 janvier, le Général Marchand prend le commandement des troupes qu'il trouve en position, partie à Chapareillan, sur la rive droite de l'Isère, partie à Pont-Charra, en arrière de Montmeillan, sur la rive gauche. Le fort Barraux est armé, en bon état, et sa garnison comprend 1 Officier, 1 Sous-officier, 2 Caporaux, 1 Tambour et 55 soldats, de chacun des 5e, 11e, 23e, 60e, 79e, 81e de ligne, 8e et 18e Léger, ainsi qu'un bataillon du 60e.

Les Autrichiens n'osent pas s'aventurer sous le canon du fort et restent sur la défensive à Montmeillan.

Le 24 janvier, le Comte Marchand reçoit un renfort assez sérieux, dana lequels se trouvent 400 hommes du 79e qu'il envoie à Pontcharra.

A la suite d'un combat assez vif livré à notre gauche, le Général Zeischmeister s'empare du passage des Échelles.

Jusqu'au 6 février, l'ennemi ne bouge pas, mais dans la matinée il livre un combat d'avant-postes sans résultat.

A ce moment l'Armée de Lyon va recevoir de sérieux renforts.

La 4e Division de réserve des Pyrénées

La 4e Division de réserve des Pyrénées, dite de réserve de Nismes, sous les ordres du Général de Brigade Ménard, est destinée à renforcer l'Armée de Lyon. Elle commence à recevoir, dès la fin de 1813, une partie des jeunes soldats qui doivent compléter ses cadres.

Le 30 janvier, sur les instances du Duc de Castiglione, les Bataillons se mettent en marche sans être complètement équipés. "Tous ces bataillons partaient sans habits ni schakos, la moitié seulement avec des gibernes et des sacs ; leur instruction était aussi incomplète que leur équipement. Leurs armes leur furent distribuées la veille seulement de leur départ de Nismes, enfin il ne leur fut donné en partant ni cartouches, ni pierres à fusil; ce fut à Valence que les commandants des bataillons purent se procurer ces objets pour leurs hommes. Les jeunes soldats étaient tous porteurs de capotes, de vestes, de pantalons, de souliers, de chemises et de bonnets de police".

Six Bataillons ont été formés et mis en route; ce sont les 6es Bataillons des 67e, 79e, 20e, 115e, 4e de Ligne et du 23e Léger. Le 6e Bataillon du 79e, comprenant 19 Officiers, 90 Sous-officiers et caporaux, 664 Conscrits, part le 31 janvier et arrive à Lyon le 7 février. Informe de l'état pitoyable de ces Bataillons, le Duc de Castiglione donne l'ordre de les arrêter à Vienne et les confie au Général Bardet qui parvient à les amener tous à Lyon, assez mal organisés, pour le 18 février.

Renforts venus de Catalogne

Le 22 janvier, à 11 heures du soir, le Duc d'Albufera, commandant l'armée de Catalogne et d'Aragon, reçoit l'ordre de diriger sur Lyon, par Perpignan, 8,000 à 10,000 hommes. En conséquence, 6 colonnes se mettent en marche ; elles comprennent une Division de cavalerie et une Division d'infanterie forte de 6 Régiments, plus 80 bouches à feu.

Vers la fin de février, Napoléon décide d'augmenter le Corps d'Augereau et fait écrire au Duc d'Albufera de détacher de son armée une nouvelle Division de 10,000 hommes et de l'envoyer en poste à Lyon.

Cette Division marche en 3 colonnes; la 3e, commandée par le Colonel Gay du 79e, comprend le 32e Léger, les deux premiers Bataillons du 79e (40 Officiers, 1760 hommes), des 102e, 115e et 116e de Ligne.

Le mouvement commence le 8 mars; les troupes arrivent à Perpignan les 11, 12 et 13 mars, et à Lyon les 18, 19 et 20.

Augereau prend l'offensive (25 février)

Le Général Marchand, qui a reçu un Bataillon de renfort, reprend le poste important des Échelles; les Gardes nationaux des départements du centre et de l'Est se sont rassemblés à Lyon. Sans attendre l'arrivée des derniers secours envoyés de Catalogne, Augereau prend l'offensive.

Les Divisions Musnier et Parmentier doivent se trouver à Nion le 3 mars, en passant par Lons-le-Saulnier, Chiette et Morey. La Division Bardet, dans laquelle se trouve le 6e Bataillon du 79e, doit franchir le Rhône à Seyssel ou à Bellegarde, s'emparer en passant du fort de l'Écluse et se joindre aux troupes du Général Marchand pour investir Genève par l'est et le sud, tandis que le Général Musnier l'investira par le nord.

6e Bataillon du 79e. - La Division Bardet franchit le Rhône à Bellegarde le 1er mars, s'empare le jour même du fort l'Ecluse, dont la garnison de 200 hommes est faite prisonnière ; on trouve dans la place 4 pièces de canon et beaucoup de munitions. La Division cherche alors à rallier le Général Marchand.

Division Marchand (7e Bataillon du 79e de Ligne). - Le 23 février, ayant repris Chambéry, le Général Marchand est à la poursuite des Autrichiens. Il les pousse sur la route d'Aix, mais comme l'ennemi s'est fractionné en 2 colonnes, Marchand en fait autant, et le Général Dessaix prend, avec 2,300 hommes et 6 pièces de canon, la poursuite de la colonne de gauche par Rumilly; le 7e Bataillon du 79e se trouve sous ses ordres. Le 24, les Autrichiens essaient de résister sur la rive droite du Fier, mais ils sont délogés presque sans combat.

Combat de Saint-Julien, 1er mars 1814

Le 1er mars, le Général-lieutenant Kleberlsberg ayant rallié la colonne qui bat en retraite devant Dessaix, veut tenir en avant de Genève le plus longtemps possible. Il occupe, avec 5000 hommes, les belles positions qui s'étendent du Cluiset à Saint-Julien. A 10 heures du matin, les troupes du Général Dessaix sont formées en 3 colonnes d'attaque. Celle de droite a ordre de se porter sur le flanc de l'ennemi, derrière le château d'Ogny et de le déborder. La 2e, composée d'un Bataillon du 1er de Ligne, de quelques Compagnies du 79e et de la Brigade Pouchelon, doit se porter sur le centre par la grande route et aborder de front le village de la Coli. La 3e colonne est dirigée par la gauche sur les villages de Viry et de Songy.

L'ennemi ayant une forte artillerie au centre, Dessaix renforce ses ailes et déborda l'ennemi qui se replie sur les hauteurs de Saint-Julien.

La droite ayant été un instant bousculée par une colonne ennemie qui l'a prise en flanc, Dessaix voie cette aile faiblir au moment même où la cavalerie ennemie a'apprête à charger sur son artillerie; le moment est critique. Il ordonne alors à ses canonniers de ralentir leur feu et d'attendre la cavalerie à demi-portée de mitraille. Puis, à l'instant où la décharge vient de culbuter les premiers assaillants, il donne l'ordre aux Compagnies du 79e de franchir les batteries et de s'élancer au pas de charge sur les Autrichiens. Cette manoeuvre a le plus heureux résultat; le feu de l'ennemi se ralentit aussitôt sur toute la ligne et le Général Kleberlsberg se retire à Saint-Julien.

Le manque de munitions nous force à cesser toute poursuite, mais le soir même les Autrichiens abandonnent leur position et repassent l'Arve après avoir rompu les ponts. Le 3 mars, la place de Genève est sommée par le Général Dessaix, mais le Duc de Castiglione a brusquement changé son plan. Il est maintenant résolu à marcher sur la Franche-Comté pour faire lever le blocus de Besançon; en conséquence, il rappelle les troupes qui sont devant Genève.

Opération d'Augereau autour de Lyon

A la nouvelle de la création d'une armée française à Lyon, les alliés ont formé une armée du Sud qui se réunit sur les deux rives de la Saône. Apprenant qu'il a sur les bras 60,000 fantassins et 10,000 cavaliers, Augereau abandonne, le 4 mars, ses projets sur la Franche-Comté; il n'y a plus un instant à perdre pour couvrir Lyon.

Le 18 a lieu l'affaire de Saint-Georges, le 79e n'y assiste pas ; c'est seulement le 19 que la 2e colonne de la Division de Catalogne entre à Lyon.

La journée du 19 mars se passe de part et d'autre en préparatifs; après l'affaire de Saint-Georges, l'armée de Lyon a été formée en avant de Limonest, et les mouvements des alliés indiquent l'intention d'agir sur notre extrême gauche par la route de Moulins en tournant ainsi notre position.

Combat de Caluire, 20 mars 1814, brillant fait d'armes du 79e

Le 20, Augereau dispose ses troupes dès la pointe du jour. Le Général Bardet reste en position entre la Saône et le Rhône ; le 6e Bataillon du 115e de Ligne prend position à Caluire sur le plateau qui commande la rive gauche de la Saône et la rive droite du Rhône, en avant de la Croix-Rousse et à peu de distance de l'embranchement des routes de Genève par Bourg et de Pont-d'Ain.

Le Duc de Castiglione renforce cette troupe par les deux premiers Bataillons du 79e (1200 hommes), arrivé à Lyon dans la nuit du 19 au 20 mars, sous le commandement du Colonel Gay.

Tandis que l'affaire principale a lieu sur la rive droite de la Saône, le Général Bardet et le Colonel Gay sur la rive gauche sont aux prises avec les Généraux Hardeck et de Cobourg.

Le Général Hardeck, plus fort en cavalerie qu'en infanterie, cherche à effrayer le Général Bardet par ses mnnoeuvres, mais sans essayer contre lui rien de bien sérieux. Il attend, pour agir, le résultat de l'attaque plus importante du Prince de Cobourg sur la route de Tréjoux près Caluire. En effet, si cette diversion réussit, Bardet, pris à revers, et entre deux feux, se trouvera dans une position très critique.

Vers le milieu de la journée, le Prince de Hesse-Cobourg se porte franchement sur le plateau de Caluire, mais il est arrêté court par une défense à laquelle il s'attendait d'autant moins qu'il supposait la position occupée par une partie des jeunes troupes de la Division Bardet, et nullement par les vieux soldats de Catalogne. "Ordonnant alors à quelques escadrons de hussards de se former en colonne, il les lance sur le 79e de ligne. Le régiment français attend la charge avec calme et sang-froid, la reçoit à coups de fusil, culbute la cavalerie autrichienne, marche au pas de charge sur l'ennemi, le ramène jusqu'au delà de l'embranchement des deux routes, en sorte que cette diversion essayée par les troupes de la rive gauche n'a aucun résultat pour le prince de Hesse".

La nuit met fin à la bataille où l'ennemi perd plus de 3,000 hommes ; les deux armées bivouaquent en présence, en avant du faubourg de Vaise. Vera minuit, les bagages, les ambulances et le parc d'artillerie s'acheminent en silence par le faubourg de la Guillotière, sur la route de Vienne ; l'armée suit entre une heure et deux heures du matin. Augereau se replie sur Vienne, qu'il traverse le 21 mars, et atteint Saint-Vallier sur le Rhône le 22. Là, le Maréchal reçoit une dépêche qui lui annonce l'occupation de Bordeaux par les Anglais, et lui prescrit de faire partir immédiatement et en poste pour Libourne, par Clermont, 6,000 des l0,000 hommes de la 2e Division d'Espagne. En conséquence, le Général Beurmann passe le Rhône et se met en marche pour Bordeaux avec les 79e, 102e et 115e de Ligne.

Opérations du Général Marchand du 9 mars au 10 avril 1814

Le 9 mars, le Général Marchand, qui est devant Genève, apprend d'une manière cartaine la retraite d'Augereau sur Lyon. Après avoir couvert son flanc gauche avec deux Bataillons, il conserve sa ligne sur 1'Arve, espérant un retour offensif du Duc de Castiglione et comptant sur l'arrivée des renforts d'Italie. Au milieu du mois, le Général Wimpffen ayant fait occuper Saint-Claude, le comte de Bubna décide de profiter de cette circonstance pour enlever le fort l'Ecluse, où la Division Bardet n'a pu laisser que 100 hommes de garnison. Le Général Kleberlsberg reçoit ordre de se porter sur le fort avec 2,500 fantassins, quelques Escadrons et une batterie de 4 pièces et 3 obusiers.

Le 7e Bataillon du 79e à la défense du fort l'Ecluse

Le 19 mars, à 9 heures du matin, Kleberlsberg, débouchant du côté du fort l'Ecluse, commence à gravir un des versants de la montagne escarpée qui le domine, tandis que sa batterie brise le pont-levis et lance des obus jusqu'au centre des bâtiments.

Par ordre du Général Marchand, 200 hommes du 79e, placés à Bellegarde sous le commandement du Chef de Bataillon Jomard, doivent, au premier coup de canon, se porter surr l'Ecluse, tandis que les maires des communes voisines feront sonner le tocsin et réuniront les hommes de bonne volonté pour soutenir le détachement.

La résistance énergique du Capitaine Bonnet du 23e de Ligne, qui commande le fort, donne le temps aux 2 Compagnies du 79e et aux intrépides paysans de Collonge d'arriver. Le Général Kleberlsberg, qui croit n'avoir affaire qu'aux 100 hommes renfermés dans le fort, se trouve tout à coup entouré par le commandant Jomard, soutenu par près de 3,000 volontaires qui escaladent la montagne.

La fusillade s'engage avec vivacité de part et d'autre, et le combat se soutient pendant plus de quatre heures ; enfin l'ennemi, ne pouvant se rendre maitre des hauteurs, se borne à une canonnade qui ne cesse que vers six heures du soir.

- Retraite sur Voiron

Dans la nuit du 21 au 22 mars, un Officier, envoyé en reconnaissance jusqu'à Nantua, annonce l'évacuation de Lyon par Augereau.

Le Colonel de Cubières, qui a le commandement, Dessaix étant entré à Genève avec un sauf-conduit, décide de battre en retraite sans attendre un instant. Nos troupes marchent 30 heures sans autre repos que des haltes de quelques instants ; elles sont suivies d'un assez grand nombre de paysans qui aident les soldats, soutiennent les blessés et portent les sacs des éclopés.

Les détachemenents de Seyssel, l'Ecluse et Bellegarde rétrogradent et occupent Moirans.

Le 25, la Division du Colonel de Cubières atteint Frangy, et elle entre le 28 dans Voiron qu'elle se prépare à défendre contre la Division Hardeck, avant-garde de la partie de l'armée alliée destinée à agir contre le Dauphiné.

- Combat de Voiron, 29 mars

Le lendemain, 29, malgré la supériorité numérique des alliés, le Colonel de Cubières prend l'offensive et marche audacieusement à la rencontre de l'avant-garde de la Division Hardeck. Il l'atteint près de Chirens et engage un combat qu'il soutient jusqu'à la nuit, puis, menacé par des forces considérables qui marchent sur Moirans, il se replie sur Voreppe.

L'Historique régimentaire donne le Lieutenant Filiol et le Sous-lieutenant Pech tué au combat de Voiron le 24 mars (erreur de date ou erreur de lieu ?).

- Combat de Voreppe, 9 avril

Jusqu'au 9 avril, les Autrichiens ne tentent rien contre nous; ce n'est qu'à cette date qu'ils se décident enfin à attaquer notre ligne de Voreppe et à nous rejeter sur Grenoble.

En conséquence d'épaisses colonnes s'avancent vers nos positions ; à midi, le combat est engagé de toutes parts. Tandis qu'une partie de l'armée alliée marche par la route, d'autres troupes se glissent avec précaution à travers les saules qui couvrent les prairies de l'Isère. Le feu des Bataillons français embusqués dans des boyaux de tranchées arrêtent quelque temps l'ennemi, mais il revient bientôt à la charge et cherche à culbuter notre gauche en se plaçant entre la rivière et nous.

Le Colonel de Cubières attend ce moment pour prendre en flanc les Autrichiens; le 7e Bataillon du 79e se tient dans ce but massé et caché aux abords de la maison de poste. Il va s'avancer, quand une Compagnie du 18e, se croyant tournée, quitta précipitamment son poste; cet exemple fatal devient contagieux, et l'ennemi se trouve maitre de la route de Grenoble. "Le 79e ne fut pas ébranlé, et ce brave régiment s'élança avec résolution sur les bataillons autrichienS qui déjà interceptaient la route de Grenoble. Le 11e de ligne suivit le mouvement et la retraite de la division pur commencer en bon ordre, car la colonne ennemie qui interceptait les communications était prise entre deux feux et n'eut que le temps de regagner précipitamment les rives de l'Isère.
Nous n'avions plus d'adversaire entre nous et Grenoble
".

Pendant le combat, le Capitaine Mignot reçoit l'ordre de se porter avec sa Compagnie à gauche du village de Voreppe pour arrêter l'ennemi qui cherche à y pénétrer. Avant d'arriver au poste qui lui est assigné, il rencontre un Bataillon en désordre que l'ennemi pousse devant lui; c'est en vain que le Capitaine Mignot cherche à rallier les fuyards ! Alors, n'écoutant que son honneur et son devoir, il marche droit aux Autrichiens, les chasse du poste qu'on lui a ordonné d'occuper et dont l'ennemi s'est déjà emparé; il y soutient pendant près d'une heure un combat inégal contre une colonne de 1,200 hommes, et ayant reçu l'ordre de se replier, il en impose aux Autrichiens par la contenance et le bon ordre de sa Compagnie, pendant la retraite. A dix heures du soir, la Division de Cubières prend position à la Briqueterie.

Le 10 avril, on s'attend à une nouvelle affaire, lorsqu'un parlementaire vient annoncer au Général Marchand les événements qui ont eu lieu à Paris. Les hostilités sont aussitôt suspendues et la Division occupe Grenoble.

L'Armée de Lyon est dissoute le 10 juin suivant.

- La Restauration, 1814-1815

Après l'abdication de Napoléon, le 11 avril 1814, Louis XVIII réorganise l'armée. Par une Ordonnance en date du 12 mai, le nombre des Régiments d'infanterie de ligne est réduit à 90. Le 79e de Ligne prend alors le n°69 et reçoit dans ses rangs les 5e et 7e Bataillons du 117e de Ligne.

- 1815

Le 79e est en garnison à Toulouse; il y reste pendant les Cent-Jours, bien qu'il fasse partie du 8e Corps d'armée. Le Régiment est alors composé en grande partie de soldats italiens qui désertent presque tous; le reste du 79e, officiers et soldats, donne une preuve de son patriotisme, en abandonnant deux jours de solde par mois pour le trésor de l'armée, pendant la durée de la campagne. Le 79e ne prend part à aucune action de guerre en 1815. Il est dissous.

1806 : Campagne de Prusse et de Pologne 14 octobre : Bataille d'Iéna

1807 14 juin : Bataille de Friedland

1808 : Armée de Portugal - Guerre d'indépendance espagnole

Revenu en France, il part combattre en Espagne

1813 : Campagne d'Allemagne 16-19 octobre : Bataille de Leipzig

1814 : Guerre d'indépendance espagnole 27 février 1814 : bataille d'Orthez

Officers killed and wounded while serving with the 79e Regiment d'Infanterie during the period 1804-1815 Officers killed: Five Officers died of wounds: Six Officers wounded: Fifty-eight

Regimental war record (Battles and Combats) 1793: Villelonge 1795: Mont-Genevre 1796: Immenstadt 1798: Saint-Pantaleon and Les Pyramides 1801: Port-Haliguen 1807: Friedland 1808: Ottovo 1811: Figuieres 1813: Sainte-Cristine

Battle Honours Les Pyramides 1798, Caldiero 1805, and Friedland 1807

- Drapeaux

La 79e, nous l'avons vu, s'est rendue en Italie en 1797. Elle est donc concernée par l'attribution de nouveaux drapeaux décidée par Bonaparte (voir l'étude du 4e de Ligne). Une lettre de Berthier adressée sur ordre du Général en chef Bonaparte, depuis Milan au citoyen Boudet, et datée du 22 Floréal an V (11 mai 1797) indique que 8 Demi-brigades doivent se voir attribuer de nouveaux drapeaux; parmi elles figure la 79e. Berthier indique également que sur ces drapeaux, il faudra écrire "PASSAGE DU TAGLIAMENTO"; "... Le citoyen Boudet est tenu d'apporter tous les drapeaux le 1er prairial à l'état-major général, casa Serbelloni, pour y être reçus par un commissaire des guerres, qui en dressera l'acte afin que le payement en soit fait", précise la lettre (Correspondance de Napoléon, t. 3, lettre 1789).

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