Le 6ème Régiment d'Infanterie Légère

1800-1815

Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et soldats du 6e Régiment d'infanterie légère

Avertissement et remerciements : Cet article, que nous compléterons au fur et à mesure de nos découvertes ultérieures, nous a été adressé par notre collègue du Bivouac, Didier Davin, que nous remercions tout particulièrement pour sa disponibilité et son érudition.

C'est avec une multitude de petites unités devenues squelettiques qu’est formée la 6e Demi-brigade légère de seconde formation le 1er nivôse an 5 (21 décembre 1796), soit :
- 19e Demi-brigade légère de première formation ;
- Bataillon de Chasseurs de la Charente ;
- Bataillon de Chasseurs de Paris ;
- Compagnie de Chasseurs d'Évreux, également appelés Chasseurs volontaires du district d'Evreux ;
- 11e Bataillon de Volontaires de Paris, également appelé 11e Bataillon de Volontaires de la République ;
- 2e Bataillon de Chasseurs réunis ;
- 2e Bataillon de Volontaires du Morbihan ;
- Bataillon de Chasseurs de Saône-et-Loire.

La 6e Légère prend part au passage du Rhin en avril 1797. Le Rapport du Général Vandamme sur le passage du Rhin, en date du 20 avril 1797, adressé au Général Moreau, raconte, pour la 1ère journée : "... La 6e demi-brigade d'infanterie légère ne pouvait arriver plus à propos pour défendre les entrées du village, quand l'ennemi l'attaquait de toutes parts à différentes reprises, avec l'opiniâtreté du désespoir et de la rage. La droite du village, le long du faux bras du Rhin, fut en même temps attaquée, un demi-bataillon de la 16e s'y porta à grands pas, chargea, et, par un feu bien soutenu, emporta le terrain couvert de morts et de blessés. Ce petit avantage fortifia encore notre position, d'autant mieux que le passage se faisait avec plus d'activité ; vers dix heures l'ennemi dirige une attaque générale sur toute la ligne, depuis Bischofsheim, jusqu'à la droite d'Honeau ; il réussit à force de sacrifice, et par la supériorité que lui donnait son artillerie, contre nous qui n'en avions encore que deux petites pièces. Presque partout nos troupes sont forcées à se retirer ; mais les réserves en position rassuraient nos soldats, et me laissaient sans inquiétude ; un bataillon de la 31e et un de la 100e secoururent la gauche, et les succès répondirent à leur courage. Au centre, l'ennemi est également forcé par un bataillon de la 17e, appuyé par trois compagnies de grenadiers de la même demi- brigade, qui reprennent le terrain perdu . La droite seule nous occupant alors, un bataillon de la 31e, avec quelques compagnies de la 16e légère, secourent les nôtres qui, encouragés par ce renfort, battent la charge et forcent aussi l'ennemi à la retraite ; une heure se passe, tandis que l'ennemi rallie ses corps, renouvelle ses tirailleurs, presse l'arrivée de ses renforts et répare ses passages. Il fait connaître son terrain et étudie nos mouvements ; nous avons le même soin. Vers les onze heures, l'ennemi réunit toutes ses forces sur le centre, en ne montrant que peu de monde sur les ailes. Le général Desaix étant alors arrivé tâche, en parcourant le front, de reconnaître les forces et les projets des ennemis qui, à l'instant même, forment leurs lignes, sous la protection de leur artillerie qui fait un feu très-vif sur le village de Diersheim qu'il incendie en partie par ses obus. Je donne l'ordre aux troupes du centre de se retirer jusque dans le village, et à deux bataillons de la 17e qui étaient en réserve, et un de la 76e, de se rendre au village, où ils se tiendraient en colonne serrée, prêts à déboucher au besoin. L'ennemi marchait en colonne d'attaque jusqu'à cinquante toises du village, il le pouvait d'autant mieux que j'avais ordonné la retraite et que peu de monde lui résistait. Étant arrivé bien à portée, ses tirailleurs déjà aux jardins, nos grenadiers embusqués se montrent et font un feu terrible ; les deux bataillons de la 17e et celui de la 76e débouchent en colonne, marchent sur l'ennemi en battant la charge, se déploient et font un feu si bien soutenu, que l'ennemi est de nouveau contraint à la retraite. Cependant je ne pouvais lui faire autant de mal que je le désirais, n'ayant encore qu'une petite pièce de quatre, l'autre ayant été démontée et la cavalerie n'ayant pas encore passé le Rhin ...
La nuit arrivant, je vois que l'ennemi ne veut plus attaquer ; je reconnais les positions de repos, je les indique aux troupes et je répartis le commandement. Il fait nuit ; tout est tranquille ; on travaille à grande force au pont de bateaux ...
" (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 1, p. 355).

LA SECONDE CAMPAGNE D’ITALIE, 1800

Après avoir combattu à l’Armée d’Italie en 1796-1797, la 6e Demi-brigade légère fait partie, en 1800, de l’Armée de l’Ouest, destinée à mâter les dernières bandes de chouans qui luttent encore contre la République. L’Armée de l’Ouest est alors aux ordres du Général Brune, qui a sauvé la République en 1799 en Hollande.

En janvier 1800, l’encadrement et la position de la Demi-brigade sont les suivants (janvier 1800, côte SHDT : C2597_1800) :
Chef de Corps : MACON, Chef de Brigade; ROGER, Quartier-maître trésorier; CREMAUX-LAMAUVE-DUFAUX, Chirurgien-major ;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Sarret, à Laval - 4e Division active Chabot - 22e Division militaire ;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Guyardet à Laval - 4e Division active Chabot - 22e Division militaire ;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Lechevalier à Laval - 4e Division active Chabot - 22e Division militaire ;
Observations : janvier 1800, effectif sous les armes, 3 Bataillons, 2234 Officiers et hommes.

Alors que Georges Cadoudal a fait sa soumission, le 1er Consul Bonaparte décide de mobiliser une partie des forces dans l’Ouest pour sa nouvelle Armée de Réserve destinée à pénétrer en Italie où la situation militaire est préoccupante. Il écrit :
"Paris, 2 mars 1800
Au général Brune, commandant en chef l'armée de l'Ouest
J'ai reçu, Citoyen Général, votre lettre du 7. Ni votre aide de camp ni Georges ne sont encore arrivés. Vous avez 7,000 fusils; j'espère qu'en cet instant vous aurez complété le nombre que je vous ai demandé.
Les Russes sont, au moment actuel, en Pologne. Il sera décidé dans quinze jours si la campagne s'ouvrira ou non; et, en cas que nous devions la faire, j'ai de très-vastes projets. Une armée de réserve, que je vais former et dont je me réserverai le commandement et dans laquelle vous serez employé, doit être composée des 40e, 58e, 6e légère, 60e, 22e demi-brigades. Ces cinq demi-brigades sont à votre armée. Si les événements le permettent, faites-les partir dans la décade prochaine, en en formant deux divisions. Fournissez à chaque division six pièces d'artillerie. A l'une vous attacherez le 22e de chasseurs, et à l'autre le 2e de chasseurs. Dirigez-les sur Dijon. Faites-les marcher par division ; c'est le meilleur moyen pour qu'il n'y ait pas de désertion. Passez-en la revue et faîtes-moi connaître l'état de leurs besoins et leur nombre. Mettez leur solde à jour. Nantes doit pouvoir vous offrir quelques ressources en capotes, souliers, etc.
Faites commander les divisions ci-dessus par un très-bon général de brigade et un bon adjudant général.
Je fais partir de la 17e ou 14e division militaire la 24e légère, la 43e et la 96e, ainsi qu'une douzaine d'escadrons. Cette division part également primidi pour former l'armée de réserve.
Envoyez au ministre de la guerre l'ordre de route que vous donnerez à vos divisions, afin de savoir où les prendre pour les diriger sur les points précis qu’elles devront occuper
" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4631 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5037; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.71; cité par M. Brevet).

Ces dispositions sont portées à la connaissance du Ministre, qui est avisé, en outre, que la 6e Légère, la 22e et la 40e formeront la 2e Division de l'Armée de Réserve; les 60e et 58e, la 3e Division (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.71).

3 mars 1800 (12 ventôse an 8, Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Vous voudrez bien donner l'ordre au général en chef Brune, citoyen ministre, de faire partir le plus tôt qu'il le pourra pour Dijon la 6e demi-brigade d'infanterie légère, la 22e et la 40e demi-brigade de ligne ainsi que la 60e et la 50e demi-brigade de ligne ; le 2e et le 21e de chasseurs. Il formera de ces corps deux divisions. Il attachera à chacune 6 pièces de canon avec l'artillerie nécessaire pour servir ces deux corps. Il fera commander chcun de ces corps par un général de brigade distingué et un adjudant général. Les 3 premères demi-brigades formeront la 2e division de l'armée de Réserve et les deux secondes la 3e division de cette armée. Il attachera à chacune de ces divisions un commissaire des guerres et un adjoint au commissaire des guerres" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1161 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5039).

Le 8 mars 1800 (17 ventôse an 8), depuis Paris, les consuls arrêtent : "Art. I. L'armée de réserve est composée de six divisions ...
Seconde division : 6e légère, 22e et 40e de ligne ...
Art. II. Le ministre de la guerre donnera des ordres pour que ces corps soient mis de préférence dans les lieux où ils se trouvent, en état de faire la campagne.
Art. III. Le ministre de la guerre me remettra l'ordre de route que doit suivre, chacun de ces corps pour se rendre à Dijon et la ville où sera placé le quartier-général de chaque division
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 39 ; Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 159).

Le même 17 ventôse an 8 (8 mars 1800), le Ministre de la guerre écrit au Général Dupont depuis Paris :
"L'armée de réserve est composée de six divisions :
(...) 2e Division.
6e légère, 22e, 40e de ligne.
(...) Il sera donné des ordres pour que ces corps soient mis, de préférence dans les lieux où ils se trouvent, en état de faire la campagne (a).
Faire un tableau pour le Premier Consul de la route que doit suivre chacun de ces corps pour se rendre à Dijon, et la ville où sera placé le quartier général de chaque division.
Alex. BERTHIER.
Note de la main de Berthier :
(a) C'est-à-dire qu'il sera donné des ordres pour donner à ces corps tous les objets dont ils auraient besoin pour faire la guerre, de préférence en épuisant toutes les ressources des lieux où ils se trouvent
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 39-40).

Le 12 Mars, Bonaparte écrit au Général Moreau, qui commande l’Armée du Rhin. Moreau est directement intéressé car les Armée du Rhin et de Réserve doivent coordonner leurs actions : "Le ministre de la Guerre vous aura envoyé, citoyen général la proclamation et la création de l’Armée de Réserve ...
A l’heure qu’il est la 2e division, composée des 6e Légère, 22e et 40e de Ligne, et de 6 pièces de canons doit être partie de Nantes ... Toutes ces demi-brigades sont à 2500 hommes et seront, arrivées à Dijon, à 3,000 ...
" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4661 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5095).

La situation du 15 mars 1800 donne :
2e Division à Semur : 6e Légère, 2483 hommes; 22e de Bataille (sic), 2165 hommes; 40e de Bataille, 1879 hommes. Lieu de départ : Tours (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 608).

D'après le "Relevé des mouvements de troupes par décade", la colonne venant de Tours comprend la 6e Légère, 2,400 hommes; la 40e de Ligne, 2,100 hommes; la 58e 2,900 hommes; le 2e de Chasseurs, 593 hommes montés (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.72).

En mars, les positions de la Demi-brigade sont donc les suivantes (mars 1800, côte SHDT : C2597_180003) :
Chef de Corps : MACON, Chef de Brigade; ROGER, Quartier-maître trésorier; CREMAUX-LAMAUVE-DUFAUX, Chirurgien-major ;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Sarret - Armée de Réserve ;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Guyardet - Armée de Réserve ;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Lechevalier - Armée de Réserve ;
Observations : mars 1800, effectif en marche sous les armes 3 Bataillons, 2093 Officiers et hommes.

Le 22 mars 1800 (1er germinal an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Le général Brune aura fourni de l'armée de l'ouest, pour l'armée de Réserve ... La 6e d'infanterie légère ...
Vous donnerez l'ordre au général Lefebvre de faire partir pour Dijon ... les dépôts ou détachements appartenant à ces différents corps qui pourraient se trouver dans les 14e, 15e, 17e divisions ...
" (Correspondance générale, t.3, lettre 5141; ; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.74).

La situation du 24 mars 1800 donne :
Armée de réserve, par divisions.
2e Division à Semur et Saulieu : 6e Légère, 3 Bataillons, 2093 hommes; 22e de Bataille (sic), 3 Bataillons, 2120 hommes; 40e de Bataille, 3 Bataillon, 1899 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 612).

La 6e Légère doit partir de Tours le 26 mars pour être à Saulieu le 8 avril (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 605 - Résumé de la concentration des troupes venant de l'Ouest).

Le 8 Germinal an 8 (29 mars 1800), l'Adjudant général Mériage écrit, depuis Orléans, au Ministre de la guerre : "... Ainsi, la 6e légère et la 60e, faisant la même marche, seraient parties demain pour Chàteauneuf, sans un ordre du général Santerre, commandant à Orléans, qui a donné séjour le 9 à la 60e demi-brigade, afin d'éviter l'encombrement des deux corps partant le même jour pour les mêmes logements ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.73).

Au début avril, Berthier prend le commandement de l’Armée de Réserve, remplacé au Ministère de la Guerre par Carnot. Des renforts ne cessent d’arriver sur Dijon en provenance des autres armées de la République, tandis que l’Armée d’Italie, avec Masséna, résiste dans le pays gênois.

D'après une lettre du Ministre du 2 avril, la 6e Légère comprend 58 Officiers et 1746 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 615).

La 6e légère arrive à Saulieu vers le 8 avril (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.73).

Une situation en date du 10 avril donne à la 6e légère, forte de 3 Bataillons, un effectif de 2093 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 615 - Note : Cette situation, existant seulement à l'état de minute, ne peut inspirer une confiance absolue).

Le 11 avril 1800 (21 Germinal an 8), le Général Victor, commandant l’Armée de Réserve par intérim, écrit, de Dijon, au Ministre de la Guerre : "Le département du Mont-Blanc et celui de l'Isère sont menacés par les ennemis, comme vous pouvez le voir par les lettres dont j'ai l'honneur de vous adresser copie.
J’ai cru devoir prévenir les intentions du Gouvernement en faisant partir sur-le-champ un corps de l'armée de réserve, pour aller au secours de cette partie de nos frontières; la 6e demi-brigade légère se mettra en marche demain pour se rendre à Chambéry, où elle recevra les ordres du général Turreau, commandant la gauche de l'armée d'Italie
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 136 - Les étapes fixées à la 6e Légère, partant de Saulieu, sont : 12 avril, Arnay-sur-Arroux; 13, Chagny; 14, Tournus; 15, Mâcon; 16, Villefranche; 17, Lyon; 18, Bourgoin; 19, Pont-de-Beauvoisin; 20, Les Échelles; 21, Chambéry).

La 6e Légère, en quittant Saulieu, le 12 avril, reçoit l'ordre "d'amener avec elle tous les conscrits armés et de laisser tous ceux qui ne le sont pas". Le Dépôt reste à Saulieu.

Le 23 Germinal an 8 (13 avril 1800), le Ministre de la Guerre écrit, depuis Paris, au Général Berthier, commandant en chef l'Armée de Réserve : "Suivant une dépêche que je reçois à l'instant, il parait que l'ennemi est parvenu à s'emparer du Mont-Cenis, et même qu'il est descendu en force à Lanslebourg et menace Chambéry. Au premier avis de cette incursion, le général commandant à Lyon a envoyé 400 hommes de troupes de renfort à celles qui s'étaient repliées sur Chambéry.
Le général Vignolle a, de son côté, dirigé sur-le-champ vers le même point la 6e demi-brigade légère, forte d'environ 2,000 hommes; elle arrivera à Chambéry le 1er floréal.
J'ai donné ordre au général Chabran de se tenir prêt à se porter de sa personne à Chambéry, par Genève, avec 1500 hommes, pris parmi les hommes disponibles de la demi-brigade composée des 61e, 69e et 88e; et si cela ne suffit pas pour compléter ce nombre, je l'ai autorisé à prendre un des bataillons d'infanterie légère faisant également partie de sa division.
Je l'ai chargé, en outre, de former un détachement de 100 hommes de cavalerie, pris parmi les escadrons de l'armée d'Orient, et, dans le cas où il ne serait pas possible d'extraire ce nombre d'hommes complètement armés et équipés, il doit prendre ce détachement dans le 7e régiment de chasseurs, qui est à Bourg.
Cependant, je lui ai recommandé de ne se mettre en mouvement que dans le cas où ce nouveau renfort deviendrait indispensable, et de se concerter à cet égard avec le général Turreau, commandant l'aile gauche de l'armée d'Italie.
L'intention du Premier Consul est que vous dirigiez les opérations dans la partie des Alpes qui avoisine le département du Mont-Blanc.
Je préviens en même temps le général Masséna de ces dispositions.
Salut et fraternité.
CARNOT
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 138).

Le 14 avril 1800, le Ministre donne l'ordre au Général Chabran de se "mettre en marche au reçu de la présente, avec le détachement de 1500 hommes d'infanterie et 100 hommes de troupes à cheval ... pour vous diriger avec rapidité sur Genève et, de là, sur les différents points du département du Mont-Blanc où votre présence sera nécessaire ...", et à la 6e Légère, "de suspendre sa marche et de s'arrêter là où elle sera jointe par le courrier" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 138).

Cette Demi-brigade reçoit sans doute cet ordre le 17 avril à Lyon, en même temps qu'une lettre du Chef d'Etat-major de l'armée, lui prescrivant de "s'arrêter et rester à Lyon jusqu'à de nouvelles dispositions" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 139).

D'après un "État de la force et de l'emplacement des corps arrivés dans leurs cantonnements au 26 germinal an 8 (16 avril 1800)" signé par le Général Vignolle, Général chef provisoire de l'Etat-major général, la 6e Demi-brigade légère est détachée à Lyon, et a 2093 hommes présents sous les armes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 619).

"Alex. Berthier, général en chef de l'armée de réserve, au chef d'état-major.
Dijon, le 8 floréal an 8 (18 avril 1800).
Vous donnerez les ordres, citoyen Général, pour former les divisions de l'armée ainsi qu'il suit :
La division Loison, composée des 13e légère, 58e et 60e de ligne;
La division Chambarlhac, composée des 24e légère, 43e et 96e de ligne;
La division Boudet, composée des 9e légère, 30e et 59e de ligne;
La division Watrin, composée des 6e légère, 22e et 40e de ligne.
Ces quatre divisions seront les quatre premières prêtes à marcher
".

Le 19 avril 1800, Berthier déjà fait mettre en route la 6e Légère, par l'ordre suivant, adressé à Dupont :"... Vous enverrez, par un courrier extraordinaire, l'ordre aux 1er et 2e bataillons de la 6e demi-brigade d'infanterie légère qui est à Lyon, d'en partir pour se rendre à Genève, où ils resteront jusqu'à nouvel ordre.
Le 3e bataillon se tiendra prêt à quitter Lyon au premier ordre qu'il recevra" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 148).

L'Ordre du jour, daté de Dijon, le 30 Germinal an 8 (20 avril 1800), et signé par le Général Dupont, indique : "L'armée est formée dans l'ordre suivant:
Le général en chef Alexandre Berthier;
Le général de division Dupont, chef de l'état-major général;
Le général de brigade Vignolle, employé à l'état-major.
Adjudants généraux employés à l'état-major: Léopold Stabeurath, Lacroix, Pannetier.
Les généraux de division Duhesme, Victor et Murat seront employés, provisoirement, comme lieutenants du général en chef ...
Les 6e demi-brigade d'infanterie légère,
22e – de bataille,
40e – –
11e régiment de hussards,
formeront une division, commandée par le général divisionnaire Watrin, qui aura sous ses ordres les généraux de brigade Gency, Malher, et l'adjudant général Hulin ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 146).

Le même 30 Germinal an 8 (20 avril 1800), Alexandre Berthier, Général en chef de l'Armée de Eéserve, écrit, depuis Dijon, au Chef de l'Etat-major : "Vous expédierez les ordres ci-après :
Au 1er bataillon de la 6e demi-brigade d'infanterie légère, de se rendre à Saint-Maurice pour y occuper le camp de cette position.
Au 2e bataillon, de se rendre à Vevey.
Et au 3e, de partir de Lyon pour se rendre à Lausanne.
Au 3e bataillon de la 59e demi-brigade
(note : Cette indication est un lapsus. C'est du 3e Bataillon de la 9e Légère qu’il s'agit; aucun Bataillon de la 59e n'est à Lausanne), de partir de Lausanne aussitôt l'arrivée du 3e bataillon de la 6e demi-brigade, pour se rendre à Poligny, où il rejoindra sa demi-brigade ...
Vous ordonnerez au général Watrin de se rendre à Genève. Vous lui donnerez une instruction qui portera que l'objet de la position est de soutenir les troupes aux ordres du général Moncey, qui tiennent les débouchés du Valais. Vous lui ferez connaître la position du camp de Saint-Maurice. Il préviendra de son arrivée le général Moncey, et vous lui recommanderez d'avoir soin de me prévenir de tout ce qu'il apprendrait, soit du côté du Mont-Blanc, soit de l'Helvétie.
Vous donnerez tous les ordres nécessaires pour que la division Watrin soit entièrement organisée: officiers du génie, officiers d'artillerie, Commissaires des guerres et agents des différentes administrations ...
Ordonnez que les réquisitionnaires et conscrits soient journellement exercés. Prévenez que je me propose de voir successivement toutes les divisions et de les faire manœuvrer.
Donnez des ordres pour que tous les officiers ou agents d'administration destinés à chaque division se rendent au quartier général de la division, et qu'ils ne puissent venir au quartier général de Dijon sans un ordre supérieur
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 148-149).

Suivent le même jour les ordres du Général Dupont :
"Ordre aux 1er et 2e bataillons de la 6e légère.
30 germinal (20 avril).
En conséquence des dispositions du général en chef, il est ordonné aux 1er et 2e bataillons de la 6e demi-brigade d'infanterie légère qui ont eu ordre de se rendre à Genève, d'en partir le lendemain de leur arrivée pour se rendre, le 1er bataillon à Saint-Maurice et le 2e à Vevey, où ils cantonneront jusqu'à nouvel ordre
". Cet ordre est adressé à Genève au Général Sauret, chargé de le transmettre et d'en assurer l'exécution (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 148).

"Ordre au 3e bataillon de la 6e légère.
30 germinal (20 avril).
En conséquence des dispositions du général en chef, il est ordonné au 3e bataillon de la 6e demi-brigade d'infanterie légère, maintenant à Lyon, d'en partir avec armes et bagages, le 4 floréal prochain, pour se rendre à Lausanne, en suivant la route ci-jointe :
Le 4 floréal à Trévoux, le 5 à Châtillon, le 6 à Bourg, le 7 à Thoirette, le 8 à Saint-Claude, le 9 à Nyon et le 10 à Lausanne
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 149 et page 642).

"Ordre et instruction de l'armée pour la division Watrin.
Dijon, le 30 germinal an 8 (20 avril 1800).
Je vous ai fait connaître, citoyen Général, les intentions du général en chef sur les mouvements des 22e et 40e demi-brigades et sur les emplacements des trois bataillons de la 6e légère ...
Il est essentiel que vous vous rendiez à Genève. Votre premier soin sera de reconnaître le camp de Saint-Maurice et d'y établir avec avantage les troupes destinées à le garder. Votre objet est de soutenir les troupes aux ordres du général Moncey, qui occupent les débouchés du Valais. Vous préviendrez ce général de votre arrivée; vous entretiendrez avec lui des communications fréquentes pour remplir le but important de votre mission, et vous aurez soin de prévenir, avec la plus grande exactitude, le général en chef de tout ce qui pourrait survenir du côté du Mont-Blanc et de l'Helvétie ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 151).

Les 1er et 2e Bataillons sont mis en mouvement le 21 avril (Gilly au Ministre, 29 avril) et reçoivent à Genève l'avis de leurs destinations, le 1er à Saint-Maurice et le 2e à Vevey (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 148 et page 642).

Selon la "Force des corps de l'armée de réserve d'après la situation établie à Paris; le 1er floréal an 8 (21 avril 1800)", la 6e Légère a un effectif de 2093 hommes présents sous les armes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 621 - Archives nationales AF. IV; reg. 1132).

Le 2 Floréal an 8 (22 avril 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Dijon, au Chef de l'Etat-major : "... Écrivez à l'ordonnateur en chef, afin qu'il prenne les mesures nécessaires pour faire payer à Genève la solde de la 6e demi-brigade légère, dont le chef mande n'avoir rien touché à Lyon ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 156).

Le 3 Floréal an 8 (23 avril 1800), Berthier, Général en Chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Dijon, au Premier Consul : "… J'ai remis en marche sur Genève la division Watrin, composée de la 6e demi-brigade légère, de la 22e et de la 40e de bataille ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 159).

Le 4 Floréal au soir, l'an 8 (24 avril 1800), Lauriston, Aide de camp du Premier Consul, lui écrit, depuis Dijon : "Citoyen Consul,
Le général Berthier a passé aujourd'hui la revue de la 40e demi-brigade, faisant partie de la division Watrin; c'est un très beau corps, manoeuvrant fort bien et avec précision.
Cette division est composée, jusqu'à présent, de la 6e légère, des 22e et 40e de ligne, d'un escadron du 11e hussards et d'une division d'artillerie, composée de six bouches à feu avec leurs caissons nécessaires et trois caissons d'infanterie. Cette artillerie est commandée par le capitaine d'Anthouard. Lorsque le reste de l'infanterie, celui du 11e hussards et les bouches à feu seront arrivés, on complétera cette division. et on donnera un chef de bataillon pour en commander l'artillerie ...
Les contributions se payent assez bien. L'esprit de ce département est bon; les habitants de Dijon sont un peu fatigués par le séjour et le passage continuel des troupes; mais l'espoir de vous voir, qui est très grand parmi eux, les encourage et les soutient.
Il n'est arrivé aujourd'hui que 97 conscrits, dont 83 de deux départements et le reste est composé de déserteurs de plusieurs départements
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 165).

La situation de l'Armée de Réserve (1ère partie) datée du 5 Floréal an 8 (25 avril 1800) indique :
Armée de Réserve : Berthier, Général en chef.
Duhesme, Lieutenant général du Général en Chef.
Général de Division Watrin; Généraux de Brigade Malher et Hulin.
6e Légère à Saint-Maurice, Vevey et Lausanne, 2093 hommes ; 22e de Bataille à Genève, 1835 hommes; 40e de Bataille à Genève, 1843 hommes, 11e Hussards à Dôle, 209 hommes; total 5980 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 622 - Note : Une autre situation a été établie la veille, 24 avril, sous une autre forme présentant les effectifs par armes et subdivisions d'armes au lieu de les donner par division. – Elle ne diffère de celle-ci que par quelques détails (Archives nationales AF. IV, registre, 1159.)). A noter qu'une situation établie le même jour à Paris, donc un peu moins fiable, donne la 6e Légère détachée à Lyon (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 627).

Les conscrits armés de la 6e Légère quittent le Dépôt de Saulieu le 25 avril et sont dirigés sur Genève, où ils arrivent le 2 mai, suivant l'itinéraire Arnay-sur-Arroux, Chagny, Chalon, Romenay, Bourg, Nantua, Châtillon.

Le 26 avril 1800 (6 floréal an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Commandant en chef l'Armée de réserve, à Dijon, pour confirmer ces dispositions : "... Voici comment je vois votre armée … La division Watrin composée des 6e Légère, 22e et 40e de Ligne soit 6 à 7000 hommes ..." (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 114 ; Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4732; Correspondance générale, t.3, lettre 5202; donnée dans "Extraits des mémoires inédits de Victor" ; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 202).

L'ordre du Général Dupont, concernant le 3e Bataillon de la 6e Légère, adressé au Général Gilly, commandant à Lyon, n'arrive dans cette ville que le 27 avril, soit sept jours pour aller de Dijon à Lyon, tandis que l'ordre envoyé le 19, par courrier extraordinaire, et lui arrivé dans la journée du 20. Aussi, le 3e Bataillon ne peut se mettre en marche que le 28. Il n'a ni solde ni équipement, et on ne peut "même lui faire distribuer des souliers, dont il avait le plus extrême besoin ..." (Gilly au Ministre, 29 avril). Ce Bataillon n'arrive donc à Lausanne que le 4 mai (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 149).

Le 8 Floréal an 8 (28 avril 1800). Berthier, Général en Chef de l'Armée de réserve, écrit, depuis Dijon, au Chef d'Etat-major : "Vous donnerez les ordres, citoyen Général, pour former les divisions de l'armée ainsi qu'il suit :
... La division Watrin, composée des 6e légère, 22e et 40e de ligne ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 207).

La frontière suisse est franchie pour gagner le Nord de l’Italie, et la Division Watrin est à l’avant-garde. Le Général envoie ses comptes rendus d’opérations :

Le 9 floréal an 8 (29 avril 1800), le Général de Division Watrin écrit, depuis Genève, au Général Dupont, Chef de l'Etat-major de l'armée : "D'après votre lettre du 6 floréal que je viens de recevoir, mon cher Général, j'occuperai avec ma division Vevey, Villeneuve, Saint-Maurice, etc., et Lausanne, où je vais m'établir.
Nous aurons beaucoup de difficultés pour nos vivres. Nous aurons bien de la peine à avoir, ici, quelque chose sans argent. Priez, je vous prie, l'ordonnateur en chef Dubreton de pourvoir sans délai à nos subsistances. Je n'ai pas encore vu paraître le commissaire des guerres Trousset, qu'il m'a annoncé.
Afin de ne pas me répéter, et pressé par le temps, je vous adresse, mon cher Général, copie des deux lettres que j'écris au général en chef. Elles vous donneront connaissance de ma position et de tout ce que j'ai pu faire et apprendre.
Faites surtout rejoindre, je vous prie, le reste de la 6e légère. Je n'ai ici que 800 hommes de ce corps
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 223).

A ce moment, deux Bataillons de la 6e Légère, partis de Lyon le 21 avril, avaient dû arriver en six étapes à Genève, soit le 26, et, sur un ordre du 20 avril, en étaient repartis le 27 pour Vevey et Saint-Maurice. Le 3e Bataillon de la 6e Légère quittait Lyon le 28 avril seulement et rejoignait plus tard sa Division.

Le même 9 Floréal an 8 (29 avril 1800), le Général de Division Watrin écrit également, depuis Genève, au Général en Chef Berthier : "… La 6e légère, dont je n'ai pour le moment que deux bataillons, qui forment en tout 800 hommes, est en route pour Vevey et Saint-Maurice. 32 des coupables de l'insurrection, qui a eu lieu à Lyon, sont dans les prisons de cette ville et seront jugés par un conseil de guerre. J'espère que le général Dupont aura déjà dirigé vers Genève le 3e bataillon et le dépôt de ce corps, qui peuvent, dit-on, monter à 1200 hommes …" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 223).

Encore le 9 Floréal an 8 (29 avril 1800), le Général de Division Watrin écrit une seconde fois, depuis Genève, au Général en Chef Berthier : "Je m'empresse de vous faire passer copie de la lettre que le général Chabran reçoit à l'instant du général Turreau. Il va faire partir pour la Maurienne son corps de 1500 hommes.
La 6e légère et la 22e de ligne continueront leur marche sur Lausanne, Vevey et Saint-Maurice; j'espère que, lorsque la 40e arrivera à Genève, elle ne tardera pas à être suivie par un autre corps de votre armée. Alors je la dirigerai sur Lausanne et j'instruirai le général qui viendra ici du mouvement à droite que fait le général Turreau, afin qu'il observe la Savoie.
Dans le cas où le courrier que le général Turreau expédie à la 6e légère, rencontrerait son 3e bataillon et son dépôt, qui se dirigeraient sur Briançon, je vous prie, mon Général, de faire contremander ce mouvement. Que deviendrons-nous, si les généraux des autres armées disposent ainsi de vos troupes ? Soyez tranquille, mon Général, en gardant le Valais, je vais bien observer le Mont-Blanc, jusqu'à ce que les autres troupes de l'armée arrivent à Genève
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 225).

La "Composition de l'armée au 10 floréal an 8 (30 avril 1800)" indique que la 6e légère, forte de 2093 hommes, est en marche pour Lausanne, Saint-Maurice et Vevey, le 3e Bataillon doit arriver le 10 Floréal à Lausanne; le 1er file sur Saint-Mauriche; le 2e sur Vevey (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 644). Une autre situation donne les mêmes informations en précisant que la6 Légère, forte de 3 Bataillons, fait partie de la 4e Division commandée par le Général Watrin (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 648).

Le 10 Floréal an 8 (30 avril 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Dijon, au Chef de l'Etat-major : "Je vous demande, citoyen Général, un état de situation correct de tout le personnel de l'armée, arrivé ou annoncé, avec une colonne des emplacements ou des destinations.
Dans le dernier état de situation que vous m'avez remis, il y a des erreurs. On y a omis les généraux de brigade et les adjudants généraux. La 6e demi-brigade légère est portée dans la division Boudet tandis qu'elle est dans la division Watrin.
Je tiens à avoir des états de situation bien faits et chaque jour la note du mouvement ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 230).

Le 11 Floréal an 8 (1er mai 1800), Lauriston écrit, depuis Lyon, au Général Berthier, Commandant en chef de l'Armée de Réserve : "… La 6e demi-brigade légère est partie pour Lausanne et Genève; un reste de 378 hommes passe ici aujourd'hui. Ces hommes sont nu-pieds ainsi que les bataillons de ce corps déjà partis. Je crois, général, absolument nécessaire que vous donniez des ordres pour leur faire trouver à Genève des souliers et des chemises, d'autant plus que ce corps a manifesté à Lyon un esprit de mécontentement ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 212).

Le Premier Consul, au Général Berthier, commandant en chef l'Armée de réserve : "Paris, le 11 floréal an 8 (1er mai 1800).
Vous trouverez ci-joint copie de la lettre que je reçois à l'instant de Suchet ,vous y verrez, citoyen Général, notre véritable situation en Italie.
Donnez l'ordre à la division Loison de se diriger par le plus court chemin sur Lausanne ou Genève.
La division Watrin doit être, à l'heure qu'il est, arrivée à Genève; faites-la filer de suite sur Villeneuve et Saint-Maurice.
La division Boudet doit être arrivée à Genève et Nyon; faites-la également filer sur Villeneuve
".

Partis de Lyon le 21 avril, les deux premiers Bataillons de la 6e légère arrivent le 1er mai à Vevey, n'atteignant ensemble que l'effectif de 800 hommes (Manuscrit Couvreu, Vevey; ce faible effectif fait croire à l'auteur de ce manuscrit qu'il n'y a qu'un bataillon).

Le 12 Floréal an 8 (2 mai 1800), le Général de Division Watrin écrit, depuis Lausanne, au Général Dupont, Chef de l'Etat-major général : "J'ai reçu hier soir, mon cher Général, votre lettre du 9 ...
Je vais aller reconnaître le Saint-Bernard, avec le général Marescot, et j'ai donné rendez-vous au général Mainoni, à Martigny. Comme il est dans cette partie depuis très longtemps, il nous donnera des renseignements très précieux.
Ne craignez pas que je me dissémine trop. Voici la ligne des postes que je vais occuper :
La 6e légère, 1er et 2e bataillons Bex, Saint-Maurice et Martigny, pour observer le col Ferret.
La 22e : Aigle, Villeneuve, Vevey, etc.
La 40e Lausanne et Saint-Saphorin.
Il me manque le 3e bataillon et beaucoup de monde de la 6e légère. Je vous priais, par ma lettre du 9, de leur contre mander le mouvement vers Briançon, que leur avait prescrit le général Turreau. Sans doute que vous leur avez donné contre-ordre.
Mes fusils sont arrivés et nous avons pris notre complet de cartouches à Genève, où l'on en fabrique avec beaucoup d'activité.
Tous les souliers sont usés. Faites-en venir le plus que vous pourrez, car la troupe est nu-pieds ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 248).

Les deux premiers Bataillons de la 6e Légère repartent le 2 pour le Valais, à l'exception de 2 Compagnies, qui restent à Vevey (Manuscrit Couvreu). Une de ces Compagnies quitte Vevey le 3 mai; mais elle y est remplacée par trois nouvelles Compagnies, qui doivent y "faire séjour jusqu'à nouvel ordre". Ces Compagnies, qui sont sans doute de la 6e Légère, sont casernées à Vevey et y sont fort bien traitées; car, "en considération de la représentation du chef de ces trois compagnies, qu'elles n'ont pas reçu de solde depuis longtemps, la municipalité leur accorde demi-batz (0 fr. 07 c. 5) par jour pour chaque homme" (Registre de la municipalité de Vevey, 3 mai).

Les deux bataillons de la 6e Légère sont le 4 mai au-delà de Vevey, vers Villeneuve, occupé depuis le 2 mai, et Saint-Maurice.

Le 6 mai, Bonaparte part rejoindre l’Armée de Réserve.

Le 16 Floréal an 8 (6 mai 1800), le Général de Division Watrin écrit, depuis Lausanne, au Général Dupont, Chef de l'Etat-major général de l'armée : "Je viens, mon cher Général, de visiter ma ligne et le Mont-Saint-Bernard.
Il était temps que j'arrivasse à Martigny, car le général Mainoni avait déjà deux fois donné l'ordre à la 6e légère d'occuper le haut Valais, et il voulait la mêler dans son corps de troupes. Après quelques légers débats, je suis convenu avec lui qu'il vous renverrait de suite le bataillon de la 9e légère, qui aura rejoint son corps à Morges sous deux jours.
Les deux bataillons de la 6e légère formant, comme je vous l'ai déjà mandé, environ 800 hommes, vont occuper Saint-Maurice et Bex .Je n'ai pas encore de nouvelles du restant de ce corps, qui, comme vous voyez, est très faible.
Les 22e et 40e de bataille sont cantonneés le long du lac, depuis Bex jusqu'à Lausanne inclus. On les instruit à force; mais, comme je vous l'ai mandé dans mes précédentes lettres, mon cher Général, nous avons tous le plus grand besoin de souliers. Je vous prie de nous en envoyer par eau à Lausanne
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 286).

Le même 6 mai 1800, Hulin écrit au Général de Brigade Malher : "Je vous préviens, citoyen Général, qu'en conséquence des dispositions arrêtées par le général de division Watrin, il établira son quartier général demain à Vevey, et qu'une partie de la brigade commandée par le général Gency, occupera demain Vevey,et ses environs.
En conséquence, le général divisionnaire ordonne que toute la 6e demi-brigade légère soit cantonnée à Saint-Maurice et environs.
Le général se repose entièrement sur vous pour asseoir ses cantonnements de manière à ce que les troupes soient resserrées le plus possible et partagées dans les divers villages proportionnellement à leurs grandeurs.
Il convient que vous établissiez votre quartier général le plus possible au centre de ces cantonnements
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 290).

Encore le 6 mai 1800, la Municipalité de Nyon écrit au citoyen Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve : "Citoyen Général,
Nous nous sommes fait jusqu'ici, et nous nous ferons toujours un devoir sacré, de ne regretter, pour nos bons alliés, les braves défenseurs de notre liberté, aucun sacrifice qui est en notre pouvoir. Nous sommes persuadés, citoyen Général, que l'intention de la nation française et la vôtre n'est pas de nous ruiner totalement pour prix de ces sacrifices. Nous ne saurions manquer de l'être, si vous ne prenez en considération les justes réclamations que nous sommes obligés de vous faire.
Le général de division Boudet a établi ici son quartier général. Le commissaire des guerres, attaché à cette division, nous a fait des réquisitions multipliées, auxquelles nous avons satisfait tant que nous en avons eu les moyens. Actuellement, toutes nos ressources sont épuisées et ledit commissaire déclare, dans sa lettre au commissaire helvétique ci-incluse, qu'il ne fournira les subsistances que pour la division Boudet, tandis qu'il passe des corps considérables de celles des généraux Watrin, Chambarlhac, Loison et autres.
On nous requiert d'y pourvoir, et nous n'avons ni blé, ni bétail, ni aucun moyen de nous en procurer; d'autant plus que notre pays ne produit de grains que pour quatre mois, et qu'on n'en laisse point sortir de la France, dont nous tirions autrefois cette denrée de première nécessité.
Dans l'angoisse où nous nous trouvons, nous nous jetons avec confiance entre vos bras, vous priant de donner les ordres nécessaires pour que les vivres soient fournis par les commissaires français à toutes les troupes qui passeront ici.
Salut et considération.
BONNARD, Président
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 271 - Le 3e Bataillon de la 6e Légère qui est encore sur la route de Lyon à Lausanne, passe le 6 mai à Nyon).

Le 3e Bataillon de la 6e Demi-brigade arrive à Lausanne le 7 mai. La 6e Légère fait transporter des bagages à Martigny (Archives de Martigny, 7 mai).

Le 17 Floréal an 8 (7 mai 1800), le Général de Division Watrin écrit, justement, depuis Lausanne, au Général Dupont, Chef de l'Etat-major de l'armée : "D'après les dispositions contenues dans votre lettre du 16, que j'ai reçue hier au soir, mon cher Général, j'ai fait partir la 40e de Lausanne, et je vais m'établir avec elle à Vevey. Je pousserai la 6e légère jusqu'à Martigny.
Le 3e bataillon de cette demi-brigade arrive à l'instant à Lausanne. Il n'est fort que d'environ 400 hommes, ce qui donne 1200 hommes présents sous les armes à ce corps, ce qui est bien différent du nombre de 2,400 où vous le portiez.
Il est dû à ce bataillon environ 6,000 francs, pour aligner sa solde. Je vous prie, mon cher Général, de prier l'ordonnateur en chef de les envoyer de suite, avec un payeur divisionnaire.
Il n'y a pas un instant à perdre, comme vous dites fort bien, pour secourir le général Masséna. Qu'on se dépêche d'approvisionner Saint-Pierre et le Mont-Saint-Bernard, afin que nous passions sur-le-champ. Je fais préparer à Martigny le plus de traîneaux possibles, afin de passer l'artillerie et des subsistances. 5 à 600 mulets, avec des chars à bancs, devraient déjà être à Villeneuve.
Je fais raccommoder quelques ponts au Pissevache et sur la Dranse. Les paysans, femmes et enfants, peuvent vous aider aussi aux transports, en cas de besoin. Ils sont accoutumés à cela dans le pays.
Il faut, dans des cas aussi pressés, que nos administrateurs passent pardessus les formes et emploient des moyens extraordinaires. Je les aiderai de mon mieux.
Je vous envoie copie d'une lettre que je reçois à l'instant du préfet de ce canton. Cette bonne nouvelle est confirmée par les lettres particulières. Que je brûle qu'on parle de suite de l'armée de réserve
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 290).

De plus, le mouvement de la 6e sur Saint-Maurice et Bex n'a pas lieu de suite, car le 8 mai la 6e Légère est encore en aval de Bex et reçoit l'ordre d'occuper ce point le 9.

Le 18 Floréal an 8 (8 mai 1800), à 5 heures du matin, le Général de Division Watrin écrit, depuis Lausanne, au Général en chef Alexandre Berthier, à Genève : "Mon Général,
Je viens de recevoir presque en même temps vos deux lettres du 17. J'ai fait passer de suite celles pour le général Mainoni.
La 6e légère va occuper le Saint-Bernard, le col Ferret et le val de Bagne, qu'occupait le bataillon de la 44e. Le reste de ce corps restera à Martigny, la 22e à Saint-Maurice et la 40e à Bex, Aigle et Villeneuve, où je vais m'établir. Votre dessein étant que nous nous resserrions, je laisse Vevey et environs pour la division Boudet.
Je serai d'ailleurs à même à Villeneuve de vous instruire de la prompte arrivée de nos subsistances et de presser leur départ pour Saint-Pierre. J'attends les souliers avec bien de l'impatience. Vous savez mieux que moi, mon Général, qu'il n'y a pas un instant à perdre pour attaquer, afin de délivrer le général Masséna. Nos administrateurs doivent tout nous faire filer nuit et jour. Je fais faire des traîneaux à Martigny pour passer mon artillerie
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 305).

Le même 18 Floréal an 8 (8 mai 1800), l'Adjudant général Hulin, Chef de l'Etat-major de la Division Watrin, ordonne, depuis Vevey : "... Le 3e bataillon de la 6e demi-brigade légère se trouvant aujourd'hui à Vevey, il a reçu directement l'ordre d'aller coucher demain 19 courant à Bex et le 20 à Martigny, où il se joindra aux deux autres bataillons du même corps" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 305).

La "Situation de l'armée de réserve au 19 floréal an 8 (9 mai 1800)" indique :
Berthier, Général en chef
Division Watrin, Généraux de Brigade Gency et Malher; 6e Légère, 1500 hommes, à Villeneuve et Vevey (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 654 - Archives nationales, AF. IV, registre, 1159).

La 6e Légère cantonne à Bex le 9 mai 1800.

Dupont transmet le 9 mai au Ministre la réclamation du Général Watrin sur le faible effectif de la 6e Légère : "Citoyen Ministre,
Je vous rappelle que la 6e demi-brigade légère a laissé un détachement de 500 hommes à Brest. Vous avez donné des ordres pour qu'il rejoigne son corps, mais ils ne sont point exécutés; je vous prie de les réitérer d'une manière positive.
Les carabiniers de cette demi-brigade, qui étaient employés auprès du quartier général de l'armée de l'Ouest, ne sont point encore rentrés à leurs corps. L'absence de ces détachements altère singulièrement la composition de cette demi-brigade
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 291).

Selon la "Composition et l'ordre de bataille de l'armée" en date du 20 Floréal an 8 (10 mai 1800), la 6e Légère, forte de 1500 hommes, est à Villeneuve et Vevey; elle est sous les ordres du Général de Division Watrin et fait partie de l'Avant-garde commandée par le Général Lannes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 665; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 73 donne partiellement cette situation).

Le même 20 Floréal an 8 (10 mai 1800), Berthier, Général en Chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Genève, au Général Dupont : "L'armée, citoyen Général, sera organisée ainsi qu'il suit :
Le général Lannes, commandant l'avant-garde, aura à ses ordres, savoir :
2° Le général de division Watrin;
6e demi-brigade légère;
22e de bataille;
40e de bataille ...
Donnez des ordres au général Lannes pour qu'il se rende de suite à son avant-garde.
Donnez également tous les autres ordres nécessaires à l'organisation ci-dessus ..
Faites faire un état de l'organisation de l'armée que vous remettrez au Premier Consul à 11 heures. Vous ajouterez à cet état en observation toutes les troupes annoncées et qui ne sont point encore arrivées. Vous mettrez sur cet état la force des corps ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 315).

Le 21 Floréal an 8 (11 mai 1800), Hulin écrit, depuis Aigle, au Général de Brigade Malher : "Je vous préviens, citoyen Général, que 325 hommes de la 6e demi-brigade d'infanterie légère, allant joindre ce corps, arriveront demain à Martigny.
J'ai donné ordre au commissaire des guerres Trousset de se transporter de suite à Martigny et Saint-Bernard, pour reconnaître les magasins et assurer la subsistance des troupes.
Les 6e et 22e demi-brigades ne m'ont pas encore envoyé les états de situation que je vous ai demandés le 19 du courant; je vous prie de réitérer vos ordres et leur recommander plus d'exactitude pour l'avenir; faites en sorte, je vous prie, qu'ils me parviennent aujourd'hui
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 331).

La 6e légère est à Martigny le 12; le Quartier général de la Division, les 22e et 40e sont à Saint-Maurice (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 346).

Lannes, qui est le 12 mai à Villeneuve, vient directement à Saint-Pierre, en tête de son avant-garde. La 28e étant encore dans le Valais, une partie de la 6e Légère la remplace pour escorter l'artillerie. Une Compagnie de cette Demi-brigade, devançant la colonne, est depuis le 10 mai à l'hospice du Grand-Saint-Bernard; du 10 au 14, elle y reçoit de 30 à 43 bouteilles de vin par jour (Archives du Grand-Saint-Bernard). Des fractions importantes du même corps occupent Saint-Pierre, Liddes, et surtout Sembrancher (Archives de Martigny, transport d'approvisionnements). Le reste de la division Watrin est à Martigny (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 346).

Entre le 12 et le 14 mai, la 6e Légère a toujours une Compagnie de Carabiniers à Saulieu (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 714).

Le 24 Floréal an 8 (14 mai 1800), Dejean établit, à Genève, un "État de tous les corps d'infanterie et de cavalerie arrivés â Genève ou dans les environs et de ceux partis pour l'armée du 22 au 24 floréal ...
Un détachement de 150 hommes de la 6e demi-brigade d'infanterie légère, arrivé le 23 à Genève, parti le 24 pour Villeneuve ...
Pour copie conforme aux états qui m'ont été remis par l'adjudant général Grillon
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 375).

Un "État des munitions délivrées du 23 au 24 floréal an 8, ainsi que des objets dirigés sur Villeneuve, tant par terre que par eau, lesquels existaient à Genève ou sont arrivés dans la journée du 23 dudit" indique : "… Distributions faites à différents corps en fusils, munitions, etc.
Fusils 44 à la 6e demi-brigade d'infanterie.
Cartouches d'infanterie 4,500 à la 6e demi-brigade d'infanterie.
Pierres à fusils 314 à la 6e demi-brigade d'infanterie ...
CERTIFIÉ VÉRITABLE à Genève, le 24 floréal an 8 républicain (14 mai 1800).
Le Chef de brigade commandant l'artillerie, GUÉRIOT
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 672).

Le 25 Floréal an 8 (15 mai 1800), Dejean, Conseiller d'État, détaché près le Premier Consul, écrit, depuis Genève, au Premier Consul : "J'ai pris ce matin à l'arsenal, avec le citoyen Le Brun, tous les renseignements relatifs aux remises ou envois de cartouches et de fusils expédiés de Genève pour Villeneuve. Le citoyen Le Brun vous remettra le résultat de ces renseignements ...
… Fusils. – Aperçu des distributions. 6e demi-brigade 44 ...
Le 25 au matin, il reste à Genève environ 3,500 fusils
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 582).

La Brigade Malher bivouaque au delà d'Aoste, dans la direction de Châtillon. Elle se prépare à une revue administrative : "Ordre du jour du 26 floréal.
Le citoyen Garraux, inspecteur aux revues, passera la revue des 6e demi-brigade légère et 22e demi-brigade de ligne, le 28 du courant; l'heure en sera indiquée.
Les chefs des corps feront apporter à cette revue :
1° Les contrôles nominatifs des compagnies avec les notes des mutations qui ont eu lieu depuis la 1er germinal an 8;
2° La situation de la caisse du 1er germinal ;
3° Celle de l'habillement;
4° Celle de l'armement.
Ils se conformeront enfin à tout ce que leur a prescrit l'inspecteur Garraux par sa lettre du 15 floréal.
HULIN
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 394).

Les troupes qui ont livré le combat d'Aoste le 16, c'est-à-dire la 6e Légère et deux Bataillons de la 22e, séjournent le 17 dans leur camp, près de cette ville. La Division Watrin s'y concentre, à l'exception d'un Bataillon laissé à Étroubles (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 407).

"… Le 16 mai, le général Lannes, avec les 6e demi-brigade légère, 28e et 44e de ligne, 11e, 12e régiments de hussards, et 21e de chasseurs, arriva à Aoste, ville qui fut pour l'armée, d'une grande resource. Le 17, cette avant-garde arriva à Châtillon, où un corps autrichien de 4 à 5,000 hommes, que l'on avait cru suffisant pour défendre la vallée, était en position ; il fut aussitôt attaqué et culbuté : on lui prit trois pièces et quelques centaines de prisonniers ..." (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 44).

Le 29 Floréal an 8 (19 mai 1800), à 3 heures du matin, Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Aoste, au Premier Consul : "Je vous rends compte, citoyen Consul, de l'affaire qui a eu lieu hier à 6 heures du soir à Châtillon.
Le général Lannes est arrivé une heure avant la nuit devant Châtillon et a trouvé l'ennemi sur toutes les hauteurs qui l'environnent. Il a cherché à l'attirer dans la persuasion que le général Malher arriverait assez à temps pour le tourner; mais les obstacles que ce général avait trouvés avaient retardé sa marche.
Le général Lannes s'est décidé à une vive attaque. Les grenadiers de la 22e out enlevé le village à la baïonnette. Cent hommes du 12e régiment de hussards ont reçu l'ordre de charger; ils avaient à leur tête le chef de brigade Fournier, dont la rare intrépidité mérite les plus grands éloges.
Les généraux Watrin, Mainoni et tous les officiers de l'état-major ont aussi chargé l'ennemi dans le même temps.
Nous avons fait 300 prisonniers, tué ou blessé 100 hommes, pris deux pièces de 4 et quatre caissons chargés de munitions. Parmi les prisonniers que nous avons faits, se trouvent cinq officiers, dont deux blessés. Nous avons pris en outre 12 chevaux.
Nous n'avons eu que cinq hommes légèrement blessés, parmi lesquels est l'adjudant général Noguès qui a sabré, à lui tout seul, trois ou quatre Autrichiens. L'adjudant général Hulin s'est aussi particulièrement distingué. Un de ses adjoints a été blessé et a eu un cheval tué sous lui.
Le général Marescot ainsi que tous les officiers du génie brûlaient de charger avec les braves qui attaquaient l'ennemi. Le sous-inspecteur Garrau était aussi dans la mêlée et combattait avec les hussards. Les grenadiers de la 40e les ont suivis à la course à plus de deux lieues.
Le général Watrin est avec une partie de l'avant-garde à plus de la moitié du chemin de Châtillon au fort de Bard.
Le général Lannes est parti aujourd'hui au point du jour, avec ce qui lui reste de troupes, pour enlever les hauteurs de ce château.
J'y serai moi-même avec l'artillerie, que j'ai fait partir cette nuit, et j'espère que les premières nouvelles que vous recevrez de moi vous apprendront la prise du fort Bard
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 415). C'est avec la 6e Légère seulement que le Général Malher a fait le mouvement tournant, puisque la 22e était à l'attaque de front.

Le Ministre (Lacuée, par intérim) répond, le 19 mai, à la lettre de Dupont du 9 mai : "Je vous préviens, citoyen Général, en réponse à votre lettre du 19 floréal, que le détachement de 400 hommes de la 6e demi-brigade d'infanterie légère, dont vous réclamez le retour à son corps, se trouve à la disposition de la marine, à l'exception de 160 hommes qui doivent arriver incessamment à l'armée de réserve, s'ils n'y sont déjà rendus.
Le général en chef de l'armée de l'Ouest n'a pu obtenir de substituer d'autres troupes au surplus de ce détachement qui est embarqué depuis longtemps, par la considération que les hommes qui le composent sont familiarisés avec les manoeuvres de mer et qu'il serait impossible de les remplacer convenablement.
A l'égard des carabiniers de ce corps, qui étaient restés auprès du quartier général de l'armée de l'Ouest, je viens de recommander expressément au général Bernadotte de les faire diriger avec rapidité et sans séjour sur Dijon, où ils attendront de nouveaux ordres pour leur marche ultérieure
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 292).

Le même 19 mai 1800, le deuxième échelon de l'avant-garde, Général Lannes et Brigade Malher, quitte Châtillon et ne tarde pas à arriver devant Bard (22 kilomètres). Lannes monte sur les hauteurs d'Albard avec la 6e Légère (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 435).

Le 30 Floréal an 8 (20 mai 1800), à 9 heures du soir, le Général de Division Watrin écrit, depuis Carema, au Général en chef Berthier : "Mon Général,
La 22e ne vient que d'arriver avec le général Malher. Elle a fait la route la plus affreuse qu'on puisse imaginer. Elle n'a pas rencontré l'ennemi.
La 40e, avec une partie de la 6e légère, a débusqué de Donnas et Saint-Martin le général autrichien de Briey, qui y était avec le régiment de Kinsky, un régiment de Savoie, des Croates, deux pièces de canon et deux escadrons de hussards. Le général Gency est toujours de l'autre côté de la rivière avec la 6e légère, poursuivant l'ennemi qu'il a battu. J'envoie savoir de ses nouvelles et lui prescris de ne pas aller plus avant.
J'occupe, avec les 22e et 40e, une fort belle position en avant de Carema, la droite à la rivière et la gauche aux montagnes.
Tout ce pays n'offre absolument aucuns moyens de subsistances. La plupart des habitants sont en fuite.
J'envoie des espions. Si je reçois des renseignements, je me hâterai de vous les faire passer cette nuit.
Si le fort est rendu, comme je n'en doute pas, vous ferez bien, mon Général, de nous envoyer de suite de l'artillerie et surtout de la cavalerie, ainsi que des cartouches dont la troupe manque
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 438).

Selon un état de la "Force de l'Armée de réserve en Italie au 1er prairial an 8 (21 mai 1800", la 6e Légère compte 1800 hommes pour un effectif total de 2093 De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 679).

L'Ordre du jour de l'avant-garde, signé à Ivrée, le 3 Prairial an 8 (23 mai 1800) déclare : "… La distribution de la viande se fera aujourd'hui à 4 heures après-midi, à la 6e demi-brigade légère, aux 22e, 28e, 40e de ligne, au 12e de hussards, au 21e de chasseurs (76), à l'artillerie, aux sapeurs et à la gendarmerie.
L'Adjudant général, chef de l'état-major de l'avant-garde,
HULIN
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 475).

La marche de la Division Watrin a été rapide depuis Aoste, ce qui n'empêche pas les formalités judiciaires d'être scrupuleusement remplies. En effet, le 16 mai, un Conseil de guerre est convoqué à Aoste par le Général Watrin, "pour juger aujourd'hui, à 3 ou 4 heures après-midi, un chasseur de la 6e demi-brigade légère, prévenu d'avoir tué aujourd'hui, dans une des rues de cette ville, un officier de son corps et un habitant du pays". Le Chasseur Mathurin Marsault est jugé le 17 mai et condamné à mort; il fait appel du jugement. Le jour même, le Général Watrin convoque le Conseil de revision pour le lendemain 18, à 10 heures précises, dans la maison du Chef d'état-major Hulin, pour "reviser le jugement rendu aujourd'hui par le 1er conseil de guerre contre le nommé Mathurin Marsault ...". Ce Conseil de revision est composé du Général Gency, du Chef de la 22e Demi-brigade Schreiber, du Chef de Bataillon Dumont, de deux Capitaines et du Commissaire des Guerres Trousset. Mais la Division Watrin doit partir le 18 de bonne heure, sur un ordre reçu la nuit. Le Conseil de revision ne peut donc pas avoir lieu et le condamné est conduit "lié à la suite de la division", par "un brigadier et quatre gendarmes, qui en seront personnellement responsables". Le 18, la Division livre le combat de Châtillon; le 19, elle se porte sur Bard et est en présence de l'ennemi toute la journée; le 20, elle tourne le fort de Bard et a des engagements à Donnas et à Saint-Martin; le 21, elle livre un combat à Montestrutto; le 22, elle s'empare d'Ivrée. Le condamné suit donc la Division pendant cinq jours de marche, dont quatre terminés par des combats. Le 23 mai seulement, premier jour d'arrêt depuis le 17, le Général Watrin ordonne au Général Gency de "convoquer pour aujourd'hui, à midi, le conseil de revision" dont il est le Président. Il l'avise en même temps que "le condamné se trouve dans la prison de la ville, où il est surveillé par un gendarme". La sentence du Conseil de revision n'est pas favorable à Mathurin Marsault, et, le surlendemain 25 mai, le Général Watrin prescrit "que le jugement rendu par le 1er conseil de guerre le 27 floréal dernier soit mis à exécution ce soir, à 4 heures" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 472).

Puis la Division Watrin continue sa progression.

- 6 Prairial an 8 (26 mai 1800), la Chiusella

Le 6 Prairial an 8 (26 mai 1800), le Général Watrin écrit, depuis Romano, au Général Berthier : "D'après les ordres du général Lannes, la division que je commande s'est mise en marche aujourd'hui à la pointe du jour pour aller attaquer l'ennemi retranché derrière la Chiusella. Le pont était gardé par 4 pièces de canon, et tout le front du camp ennemi était hérissé de redoutes et bouches à feu. La 6e légère, bien éclairée par ses flancs, attaqua l'arme au bras le pont que l'ennemi défendait avec la plus grande vigueur. Elle s'en était déjà emparée lorsque les régiments de Kinsky et de Bannats se précipitèrent avec fureur sur nos troupes qu'ils forcèrent d'abandonner le pont pour un moment; alors le chef de brigade Macon se jeta avec la 6e légère dans l'eau jusqu'au cou, malgré la mitraille et la mousqueterie qui pleuvaient de toutes parts; tandis que la 22e, conduite par le général Gency, se précipite en colonne serrée sur le pont que l'ennemi a enfin été obligé d'évacuer.
La déroute était complète, et nous aurions pris leur artillerie et fait beaucoup de prisonniers, si sa retraite n'eût été soutenue par une cavalerie quatre fois supérieure à la nôtre. La troupe le poursuivait avec acharnement jusqu'à Romano, dont il défendait encore les hauteurs, lorsque plus de 4,000 hommes de cavalerie nous chargèrent avec vigueur dans la plaine qui se trouve au pied de Romano; la 40e, que commandait le général Malher, et la 22e, bravement dirigée par le chef de brigade Schreiber, soutinrent à la baïonnette ces charges avec le plus grand sang-froid, en attendant l'arrivée du 12e hussards et du 21e chasseurs à cheval qui ont enfin terminé le combat.
La cavalerie ennemie a été culbutée et mise dans la déroute la plus complète ; plus de 200 chevaux des dragons de la Tour sont restés sur le champ de bataille, 5 officiers ont été tués, plus de 200 cavaliers et fantassins ennemis ont été tués, pris ou blessés. Cette affaire a été des plus chaudes; nous avons de notre côté à peu près 300 braves blessés ou tués; il a fallu toute la vigueur et la bravoure des troupes pour résister à des attaques et à des charges aussi multipliées.
Aussitôt que j'aurai recueilli le nombre des hommes tués ou blessés et de ceux qui se sont plus particulièrement distingués, j'aurai l'honneur de vous en adresser l'état et de vous demander quelque avancement pour les braves. La force de l'ennemi était d'environ 6,000 hommes d'infanterie et 4,000 de cavalerie
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 9).

Dans le "Journal de la campagne de l'armée de réserve par l'adjudant commandant Brossier", on lit : "… 6 prairial. – Combat de la Chiusella. – Division Lannes. – L'avant-garde, aux ordres du lieutenant général Lannes, et appuyée par la division Boudet et les 21e de chasseurs et 12e de hussards, marchait par la grande route de Turin à l'ennemi, qui s'était retranché au pont de la Chiusella en forces considérables. Son infanterie était d'environ 6,000 hommes, composée des régiments Kinsky, Bannats, Toscane, Wallis et les gardes du roi de Sardaigne et Savoye; et sa cavalerie, forte de 4,000 hommes, était composée des dragons de {p.15} la Tour, de plusieurs régiments de hussards et de quelques corps de grosse cavalerie.
La 6e légère, bien éclairée sur ses flancs et l'arme au bras, tente le passage du pont de la Chiusella, qui était défendu par 4 pièces d'artillerie en batterie ; les régiments Kinsky et Bannats se précipitent avec fureur sur elle et la forcent à battre un moment en retraite; mais le chef de brigade Macon qui la commandait se jette à l'eau jusqu'au col, sur la gauche du pont et sous un feu terrible de mitraille. L'ennemi prêt à être tourné sur le pont prend position à la crête de la montagne ; il est poursuivi par la 6e légère et la 28e commandée par le général Gency; on le repousse encore et il se reforme un peu au delà; le combat se continue avec acharnement. Nos intrépides troupes étaient sur le point de manquer de cartouches et auraient peut-être ployé lorsque la division Boudet qui formait l'arrière-garde s'ébranle, passe le pont, s'empare du combat et poursuit l'ennemi jusque dans la plaine, au pied de Romano. Déjà la déroute de ce dernier était complète et son artillerie allait lui être enlevée, lorsque sa cavalerie forte de 4,000 hommes se déploie et charge avec vigueur.
La 40e commandée par le général de brigade Malher, et la 22e dirigée par le chef de brigade Schreiber arrivent dans ce moment sur le champ de bataille, après avoir effectué le passage de la Chiusella, à la droite et au-dessus du pont; elles se réunissent à leurs braves frères d'armes et soutiennent toutes ensemble, la bayonnette en avant, avec ce sang-froid qui n'appartient qu'à l'infanterie française, les charges multipliées de la cavalerie. Le 21e de chasseurs et le 12e d'hussards arrivent à leur tour, fondent sur l'ennemi, déjà ébranlé par la résistance qu'il éprouve, ils complètent sa déroute et le poursuivent jusqu'à Chivasso.
Plus de 200 chevaux du seul régiment de la Tour sont restés sur le champ de bataille. L'ennemi a eu 5 officiers tués et 500 hommes environ blessés. Le général Palfi, commandant la cavalerie, est du nombre des premiers; 60 prisonniers ont été faits. La perte des Français est d'à peu près 400 hommes tués ou blessés
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 14).

Bonaparte envoie aux deux autres Consuls ses rapports : "Quartier général, Chivasso, 28 mai 1800
RAPPORT SUR LES PREMIÈRES OPÉRATIONS DE L’ARMÉE DE RÉSERVE
L’armée de réserve n‘est entrée que depuis quelques jours en campagne, et déjà elle s’est signalée par des traits de courage et de dévouement que l’histoire s’empressera de recueillir.
Combat de la Chiusella, 6 prairial, 26 mai)
Le général Lannes, auquel j’avais donné l’ordre de chasser l’ennemi de cette position, arrive bientôt sur les bords de la Chiusella, en suivant la route de Turin.
La 6e légère commence l’attaque sur trois points; le centre s’élance au pas de charge sur le pont; deux bataillons se jettent dans la rivière, au milieu d’une grêle de balles et de mitraille. L’ennemi ne peut résister à tant d’ardeur et d’impétuosité; déjà sa première ligne d’infanterie est mise dans une déroute complète; sa seconde ligne, formée des régiments de Kinski et du Banat, veut charger la 6e légère, qu’elle parvient à arrêter un moment; mais la 22e de bataille, formée en colonne serrée par le général Gency, se précipite sur l’ennemi, le culbute et le force à chercher son salut dans la fuite. Il est vigoureusement poursuivi par la 6e légère la 22e de bataille, le 12e régiment de hussards et le 2le de chasseurs. La ligne de cavalerie ennemie, composée de 4,000 hommes, attaque à son tour. Les 40e et 22e demi-brigades soutiennent sa charge avec fermeté, les baïonnettes en avant. Jamais infanterie ne montra plus de sang-froid et de courage. Trois charges successives sont repoussées. Le général Palffy, commandant la cavalerie ennemie, est tué avec six autres officiers autrichiens.
L’ennemi a perdu plus de 500 hommes et 300 chevaux. Le régiment de la Tour a été presque entièrement détruit; nous avons fait 60 prisonniers.
Nous avons eu 250 hommes tués ou blessés; on compte, parmi ces derniers, le citoyen Sarret, chef de bataillon de la 6e légère, et le citoyen Dumont, chef de bataillon de la 22e de ligne
... " (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 74 ; Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4852; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 12 - le Rapport a été rédigé par Berthier et corrigé par Bonaparte).

Le Général Soult raconte : "Le 26 mai, l'impétueux Lannes marche à eux. Le pont était commandé par une batterie ; la 6e demi-brigade d'infanterie légère, conduite par le colonel Macon, le tourne en passant au-dessus; d'autres colonnes débouchent de même. Pour se rallier, les Autrichiens engagent toute leur cavalerie, mais elle vient se briser sur la jeune infanterie française, et elle perd son général, le comte Palfi, blessé mortellement. Le général Hadick se retire alors sur la route de Turin où le général Lannes le poursuit, le force à repasser l'Orco, prend les magasins de Chivasso, s'empare des barques qu'il trouve sur le Pô, et menace Turin" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 202).

"... Haddick fit avancer une batterie et, par une vive canonnade et fusillade essaya d'empêcher le passage de vive force de la rivière. La 6e demi-brigade légère, sous les ordres du général Macon, parvint cependant jusqu'au pont. A ce moment, le major Weiss, du régiment de Franz-Kinsky, fit passer au pas de course le pont à son bataillon. L'ennemi s'enfuit, mais une fusillade meurtrière obligea le major à aller reprendre son ancienne position de l'autre côté de la Chiusella. Le combat durait déjà depuis trois heures et toutes les tentatives renouvelées des Français pour s'emparer du pont étaient restées vaines. Le général Macon prit alors la résolution de le tourner. Il se précipita le premier dans la Chiusella. Ses troupes le suivirent et il atteignit l'autre rive. Lannes fit soutenir ce mouvement tournant par une attaque de front, et les {p.17} Autrichiens furent ainsi obligés d'abandonner le pont à l'ennemi ..." (Extrait de la Revue militaire autrichienne OEstreichische militärische Zeitschrift, t. 26, p. 187 à 19, in De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 16).

Un "Ordre du jour de la division Watrin", daté de Romano, le 7 Prairial an 8 (27 mai 1800), déclare : "Le général de division Watrin témoigne aux corps composant la division sa satisfaction sur la bravoure qu'ils ont montrée hier aux affaires de Chiusella et de Romano.
La 6e légère a passé la rivière sous le leu de l'ennemi avec beaucoup d'audace, tandis que la 22e attaquait de front le pont de la Chiusella, ce qui a forcé l'ennemi à la retraite. Ces deux corps et la 40e ont soutenu, avec beaucoup d'intrépidité et de sang-froid, diverses charges de cavalerie, ce qui prouve à l'infanterie que, lorsqu'elle veut se tenir unie et serrée, elle sera toujours victorieuse de la cavalerie aussi; le général recommande-t-il bien aux chefs des corps et aux officiers de ne détacher des tirailleurs que le moins possible et d'avoir toujours une petite réserve sur laquelle ils puissent se replier en cas d'événement.
Le Général de division,
WATRIN.
Pour copie conforme :
L'Adjudant général, chef de l'état-major,
HULIN
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 10).

Le Chef d'Etat-major de la Division Watrin, Hulin, écrit, depuis Romano, le 7 Prairial an 8 (27 mai 1800), au Général de Brigade Gency : "... Je vous préviens qu'il sera distribué de suite à la 6e demi-brigade la ration entière de pain ... Je vous invite à donner des ordres en conséquence" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 22).

Le Chef d'Etat-major de la Division Watrin, Hulin, écrit encore, depuis Romano, le 7 Prairial an 8 (27 mai 1800), à l'Officier supérieur de jour de la 6e Légère : "Vous fournirez, Citoyen, à la commune de Scarmagne, un détachement de 25 hommes commandés par un officier, qui feront respecter les personnes et les propriétés dans cette commune, qui a rendu des services signalés à votre demi-brigade hier pendant le combat. Ce détachement sera nourri par la commune.
Vous donnerez avis de cet ordre au général Gency
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 22).

Le 9 Prairial an 8 (29 mai 1800), Hulin, Chef d'Etat-major de la Division Watrin écrit, depuis Chivasso, au Commissaire des Guerres Dufresne : "Je vous préviens, citoyen Commissaire, que le quartier général de la division se mettra en marche cette nuit à 2 heures. Veuillez en donner avis aux employés sous votre police, afin que comme vous ils en suivent le mouvement.
Conformément aux ordres du général Lannes, vous voudrez bien prendre des mesures pour qu'à l'arrivée de la 6e demi-brigade légère qui aura lieu demain, ce corps puisse recevoir ici les vivres comme les autres corps de la division et, dans le cas où il s'en serait pourvu ailleurs, assurer des moyens de transport pour emporter ce que vous aurez fait préparer à cet effet
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 48).

Le Général Gency commande la 6e Légère, d'après un ordre de l'Adjudant général Hulin, daté de Chivasso le 29 mai; cet officier réclame au Général Gency la situation de la 6e Légère. D'après un autre ordre d'Hulin, le Général Gency commande la 6e Légère et la 22e de Bataille (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 9).

Le Général de Division Watrin écrit, depuis Pavie, le 14 Prairial an 8 (3 juin 1800), au Général Dupont, Chef de l'Etat-major général : "D'après les ordres du général Lannes, la division que je commande, mon cher Général, vient d'entrer dans Pavie, où elle s'est emparée de plus de 200 bouches à feu en bronze, d'une quantité immense de poudre, fusils et munitions de bouche et de guerre de toute espèce. Le général Lannes, fait dresser l'état détaillé et vous le fera sûrement passer.
L'on doit cette prise importante aux marches forcées de la troupe, qui, après avoir longé et balayé le Pô, à Chivasso, Crescentino, Trino, et près de Casale, s'est rendue à grandes journées à Verceil et Mortara, et ne s'est arrêtée ni jour ni {p.97} nuit depuis cinq jours, que le temps nécessaire pour faire la soupe.
La 6e légère et un escadron du 12e d'hussards, aux ordres du général Gency, qui était resté pour garder le pont de la Dora-Baltea à Rondisson, nous rejoindront demain matin.
Depuis quatre jours l'ennemi fait filer ses gros bagages par Plaisance et du côté de Mantoue. Il continue toujours à bombarder Gênes.
Le chef d'état-major de la division vous a fait passer l'état de situation et des mouvements journaliers des troupes qui la composent ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 96).

Le 15 prairial an 8 (4 juin 1800), le Ministre de la Guerre écrit, depuis Paris, au citoyen Bonaparte, Premier Consul de la République : "Citoyen Consul,
Je m'empresse de vous rendre compte, en réponse à la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser d'Ivrée le 9 de ce mois, des ordres que j'ai donnés conformément à vos intentions.
Le 3e bataillon de la 19e demi-brigade d'infanterie légère, composé d'environ 700 hommes, qui était stationné dans les îles de Ré et d'Oleron; deux compagnies de carabiniers et un bataillon de la 13e d'infanterie légère, formant ensemble environ 900 hommes, et une compagnie de carabiniers de la 6e légère, venant de l'armée de l'Ouest, seront rendus dans les environs de Dijon le 20 de ce mois.
Un détachement de la 70e demi-brigade, composé d'environ 350 hommes, est également en marche pour se rendre à Dijon vers le 25.
J'ai chargé le général Brune de former une colonne de ces troupes sous la conduite d'un officier ferme et intelligent et de les faire diriger avec rapidité par la direction la plus courte sur Villeneuve avec les 9e régiment de dragons, 11e de hussards et 15e de chasseurs pour se rendre de là, par le mont Saint-Bernard, en Italie.
J'ai invité en même temps le général Bernadotte, commandant en chef l'armée de l'Ouest, à renvoyer tous les autres détachements appartenant aux corps employés à l'armée de réserve et de s'entendre avec le commandant de la marine à Brest pour faire retirer ceux qui se trouvent embarqués sur l'escadre en armement dans ce port.
J'ai chargé en outre le général Canclaux, qui se rend à Dijon, du soin d'extraire des. dépôts de troupes à cheval, dont je joins ici le tableau, tous les hommes et les chevaux en état de faire la guerre et de les faire filer par détachements de 300 hommes vers l'armée de réserve, en Italie.
Enfin, j'ai chargé le général Brune d'envoyer à Chambéry, conformément à vos intentions, tous les dépôts d'infanterie, dont je joins également ici le tableau.
Je m'occupe, au surplus, citoyen Consul, des moyens de faire passer à l'armée de réserve des chevaux d'artillerie, et je viens de renouveler les ordres pour faire arriver, avec rapidité également, en Italie, 3 compagnies de pontonniers, 2 compagnies de canonniers et une compagnie d'ouvriers d'artillerie.
Je me réserve de donner tous mes soins à la ponctuelle exécution de toutes ces dispositions
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 44 - Archives nationales, AFIV, 1161).

Concernant la journée du 6 juin 1800, on lit, dans le journal de Brossier, que c'est "la crue considérable des eaux du fleuve qui contrariait la manoeuvre de deux ponts volants qu'on avait établis". On lit aussi dans ce journal : "... Le général Gency, avec le premier bataillon de la 6e légère, qui venait de débarquer aussi, se porte aussitôt sur le point d'attaque et alors le combat devient extrêmement vif ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 180).

On peut suivre la suite des opérations dans le journal de la campagne de l'Armée de Réserve, par l'Adjudant-commandant Brossier : "19 prairial. – Occupation de Stradella et de Broni. – Le 19, le général Lannes donne ordre au général Watrin de s'emparer de Stradella. Il y marche aussitôt avec la 28e et la 1re compagnie de carabiniers de la 6e légère, mais il ne rencontre que l'arrière-garde des Autrichiens, qui avaient filé pendant la nuit sur Voghera et Tortone avec les 60 pièces de canon qui étaient parties le 18 de Plaisance.
Un bataillon de la 28e les poursuit jusque par delà Broni et leur fait 200 prisonniers. La division Watrin suit ce bataillon et prend position: sa droite appuyée au torrent nommé Scuropasso, son centre à Vescovera et sa gauche à Cigognola.
Alex. BERTHIER
".

- Bataille de Montebello (20 Prairial an 8 - 9 juin 1800)

Puis c’est la Bataille de Montebello, le 9 juin 1800, où le Chef de Brigade Macon et 400 hommes de sa Demi-brigade se couvrent de gloire.

Situation de la Réserve, 1re ligne, au 20 Prairial an 8 (9 juin 1800) :
6e Légère, 3 Bataillons, 1700 hommes; 102 hommes sont au Dépôt à Chambéry (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 535; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 543).

Autre Situation de la Première ligne de l'armée de réserve au 20 prairial an 8 (9 juin 1800).
Force de l'infanterie de la première ligne de l'armée de réserve
6e Légère, 1800 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 539 - Archives nationales, A. F. IV, registre, 1159).

Le Général Watrin écrit : "Le général Watrin, au général Dupont.
Montebello, le 21 prairial an 8 (10 juin 1800).
D'après les ordres du lieutenant général Lannes, la division que je commande est partie hier, à 6 heures du matin, de la position qu'elle occupait à Broni, pour venir attaquer l'ennemi, placé à Casteggio et sur les hauteurs en avant de ce bourg.
La 6e légère, conduite par le général Gency, a trouvé les avant-postes autrichiens à la villa de San-Giuletta, et les a repoussés jusqu'à Rivetta Gandolfi. L'ennemi, déployant alors des forces considérables et nous faisant un feu bien vif d'artillerie et de mousqueterie, je mis en bataille deux bataillons de la 6e légère sur la droite de la route, avec ordre de tourner les pièces de l'ennemi, tandis que l'autre bataillon et la 40e, conduite par le général Malher, s'empareraient des hauteurs de Casteggio pour tourner ce bourg. Le mouvement de la 40e étant trop long, et, m'apercevant que les Autrichiens étaient en force sur les hauteurs, je détachai de suite un bataillon de la 22e pour s'en emparer, tandis que le reste de ce corps restait en bataille des deux côtés de la route avec l'artillerie consulaire, celle de ma division et un escadron du 12e de hussards.
Le bataillon de la 22e marchait au pas de charge sur l'ennemi qui tenait ferme dans les montagnes, lorsque, accablé par un nombre bien supérieur de troupes, il fut obligé de se retirer. Notre gauche était déjà tournée. Mais la 40e de bataille qui arrivait en ce moment, est tombée sur l'ennemi avec vigueur, et l'a forcé d'abandonner les hauteurs dont il s'était rendu maître. Ces positions furent vivement attaquées par nos troupes et défendues avec opiniâtreté par l'ennemi. La 28e de bataille arrive alors, et, la réunissant avec les 22e et 40e, je parviens à entrer dans Casteggio par les derrières, et à chasser entièrement, de ce bourg et des hauteurs, les Autrichiens qui les ont abandonnés dans le plus grand désordre, laissant le champ de bataille couvert de leurs morts et de leurs blessés.
Pendant ce temps-là, le lieutenant général Lannes s'emparait du bourg par la grande route et le général Gency repoussait, avec la 6e légère, l'ennemi qui tenait encore sur sa droite.
Il y avait déjà cinq heures que nous étions aux prises avec l'ennemi, lorsque la division Chambarlhac arriva; alors, toutes les troupes réunies sont tombées sur l'ennemi avec fureur et l'ont poursuivi jusqu'à Voghera.
Cinq pièces de canon, trois caissons, environ 5,000 prisonniers, parmi lesquels plusieurs colonels et officiers de marque, sont tombés en notre pouvoir.
Cette journée a détruit à l'ennemi près de 10,000 hommes du corps des généraux autrichiens Ott et Vogelsang; il a eu une quantité considérable de morts et de blessés. Notre perte peut être de 3 ou 400 tués ou blessés.
Les 6e légère, 22e, 40e et 28e de bataille et l'artillerie se sont couverts de gloire. Il a fallu disputer le terrain pas à pas; l'ennemi est revenu plusieurs fois à la charge. Les généraux de brigade Malher, Gency et l'adjudant général Noguès se sont particulièrement distingués. Une infinité de traits de bravoure ont illustré ce combat, qui a duré depuis 11 heures du matin jusqu'à 8 heures du soir.
Le citoyen Schreiber, chef de la 22e de bataille, a été blessé; il s'est conduit avec beaucoup d'intrépidité et de sang-froid, de même que les chefs de brigade Maçon et Legendre, les chefs de bataillon Dauture, Michel et Fertel.
Je vous demande, mon Général, de l'avancement pour les citoyens Dupuy, capitaine à la 22e; Millet, lieutenant des grenadiers de la 40e; Chamorin, capitaine, et mon aide de camp Laborde, capitaine adjoint aux adjudants généraux; Cocher, capitaine aide de camp du général Malher, et Eichman, lieutenant adjoint aux adjudants généraux. Ces officiers, ainsi que les citoyens Saint-Omer et Sainte-Claire, capitaines à la 6e légère, sont restés constamment à la tête des troupes, ont eu leurs habits percés de balles et ont chargé avec vigueur l'ennemi à qui ils ont fait une grande quantité de prisonniers. Il est encore bien des traits de bravoure que je recueille et que je me ferai un devoir de vous faire connaître : officiers et soldats, tous se sont surpassés à l'envi.
Les lieutenants généraux Lannes et Victor vous rendront sans doute un compte plus détaillé des troupes sous leurs ordres
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 248).

Extrait du Journal de la campagne de l'Armée de réserve, par l'Adjudant-commandant Brossier : "20 prairial. – Bataille de Montebello. – Lieutenants généraux Lannes et Victor. – Divisions Watrin et Chambarlhac.
Une intrépidité peu commune se fit remarquer sur ce dernier point (Casteggio), où l'ennemi, voulant réparer sa défaite, fit des efforts extraordinaires, se ralliant derrière son artillerie à mesure qu'il était poussé. Celle des Consuls la suivait constamment à 30 pas de distance et faisait ou recevait un feu épouvantable.
La cavalerie autrichienne, bien supérieure en nombre et couverte par une haie épaisse, où elle s'était ménagé des issues, fondit avec impétuosité sur la cavalerie française qui la chargea à son tour avec un acharnement sans exemple et parvint à la repousser. A l'entrée du bourg, un choc de même nature s'engagea, et il ne fut ni moins violent ni moins heureux que le premier.
Enfin, cette colonne chassa l'ennemi de Casteggio par la grande route, tandis que les quatre bataillons, secourus par le général Rivaud, s'étant réunis aux corps dont ils faisaient partie, le poursuivirent par la gauche, le forçant à rentrer dans le bourg et l'en débusquèrent aussi.
L'ennemi, chassé de Casteggio, veut y rentrer et prend position sur la grande route, auprès du moulin qui se trouve à demi portée de fusil du second pont; trois pièces d'artillerie lançaient un feu perpétuel de mitraille. Les troupes françaises, que l'ardeur de vaincre élevait au-dessus d'elles-même s, s'élancent trois fois sur l'ennemi et trois fois sont repoussées.
Enfin, il y avait cinq heures que les deux armées étaient aux prises, lorsque la division Chambarlhac acheva de décider le succès de la bataille.
Par ordre du général en chef, la 24e légère et la 96e de bataille s'avancent sous le commandement du général Victor.
L'avant-garde de la 24e légère s'était déjà portée en avant pour soutenir les deux bataillons de la 6e, aux ordres du général Gency; alors, la 6e légère et le 3e bataillon de la 96e passent le Coppo, au-dessous du bourg, à l'effet de tourner les pièces et d'envelopper l'ennemi, et les 1er et 2e bataillons de la 96e se réunissent à l'attaque centrale.
L'ennemi, justement effrayé de ce mouvement, veut battre en retraite, pour éviter d'être pris en flanc sur sa gauche par la 6e légère, réunie à la 24e. Attaqué en même temps de front par le général Lannes et les deux bataillons de la 96e, chargé, en outre, par les troupes à cheval, il se débande et fuit en déroute.
Cependant, le général Rivaud continuait à combattre autour et dans le village de Montebello les corps autrichiens qui faisaient une vigoureuse résistance. Enfin, il parvient à leur faire abandonner le village, leur livre un dernier combat, sur la gauche de la grande route, et leur fait éprouver une perte considérable.
A ce moment, les troupes françaises, qui venaient de forcer le passage si difficile du moulin, près Casteggio, se réunissent à celles commandées par le général Rivaud, et, toutes ensemble, poursuivent l'ennemi sur le chemin de Voghera, jusqu'à 8 heures du soir. Elles ne s'arrêtent qu'à 3 milles en avant de Casteggio et lorsque la nuit dérobe l'armée autrichienne à leur vue
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 256).

La "relation des mouvements et des combats des différents corps composant l'armée de réserve" raconte : "... Ses avant-postes (de l'ennemi) étaient à San-Giuletta; ils furent repoussés jusqu'à Rivetta par la 6e légère, qui les y rencontra à 10 heures du matin.
L'artillerie des Consuls et celle de la division Watrin marchaient après cette demi-brigade, ayant en tête celle des Autrichiens. Le lieutenant général Lannes se mit en bataille sur la droite de la route; la 6e formait l'avant-garde, la 40e et la 22e formaient le corps de bataille, dont la droite était soutenue par un escadron du 12e de hussards; la 28e était en réserve.
Le lieutenant général Lannes envoya le général Gency avec deux bataillons de la 6e légère pour tourner l'artillerie de l'ennemi, tandis que le troisième bataillon et la 22e attaquaient en front le village de Casteggio.
La 40e fut placée à gauche, sur les hauteurs en face de celles de Casteggio. pour observer et contenir l'ennemi; elle devint le pivot de l'attaque déterminée par le lieutenant général Lannes.
La 6e légère attaqua avec une vivacité qui l'emporta un peu loin; elle fut ramenée par l'ennemi et vint se rallier sur l'alignement de la 22e, dont un bataillon fut détaché pour arrêter les Autrichiens.
Le lieutenant général Lannes fit alors avancer sur le centre, par les deux côtés de la grande route, les deux autres bataillons de la 22e qui chassèrent l'ennemi jusque au delà du premier pont de Casteggio.
L'escadron du 12e de hussards suivit ce mouvement par la grande route.
Cependant le bataillon de la 22e, qui avait été envoyé contre l'ennemi lorsqu'il poursuivait la 6e légère, était pressé à son tour et obligé à la retraite. La 28e ayant reçu l'ordre de se mettre en ligne à droite de la 22e, rejette l'ennemi une deuxième fois en arrière.
La division Chambarlhac, aux ordres du lieutenant général Victor, était en marche et commençait à déboucher. Le lieutenant général Lannes alors se détermine à faire usage de toutes ses forces et à poursuivre l'ennemi; mais il avait aussi reçu des renforts, et prenant position partie sur les hauteurs en arrière de Casteggio, partie autour du village, il oppose encore une vive résistance.
(NOTA. – Le lieutenant général Victor donna à ce moment une grande preuve de générosité. Il laissa au lieutenant général Lannes, qui avait engagé l'affaire depuis le matin, la libre disposition de ses troupes)
Une colonne d'environ 3,000 hommes et soutenue par une batterie de deux pièces de canon et un obusier, menaçait de couper la retraite de la gauche, en gagnant du terrain sur la route de Casteggio vers Rivetta.
Le lieutenant général Victor envoya la 24e légère au centre, pour renforcer sur ce point important, car une fois maître du défilé et des ponts de Casteggio, la ligne de l'ennemi était coupée. Elle s'avance en colonnes jusqu'au deuxième pont, mais elle trouve là trois escadrons ennemis qui l'attaquent en front et par les flancs, et l'obligent à la retraite. Ce fut en ce moment qu'eut lieu une belle charge de l'escadron du 12e de hussards, qui se précipite avec une grande bravoure sur les escadrons ennemis et les force à repasser au delà du deuxième pont.
L'infanterie profite à l'instant de cet avantage. La 22e force le passage et s'établit de l'autre côté du pont. La 6e légère passe le Coppo plus bas, tourne le flanc de l'ennemi, le met en désordre et lui fait 1800 prisonniers.
La 96e, du corps du lieutenant général Victor, vint aussi prendre position à côté de la 22e, malgré un feu de mitraille et de mousqueterie extrêmement vif. L'escadron du 12e de hussards par son audace et sa contenance en impose à 1500 hommes de cavalerie et oblige l'ennemi à se retirer en arrière d'un cimetière où il avait placé de l'artillerie, et qui était son point d'appui.
La gauche de l'ennemi était forcée et prise. La 6e et la 96e continuèrent leur marche sur Montebello.
En même temps la 40e força la gauche de Casteggio, et la 43e, du corps du lieutenant général Victor, tournant de plus loin encore la position de la droite de l'ennemi, se dirige de même par Montebello; en sorte que l'infanterie autrichienne, qui n'avait plus la grande route pour sa retraite, fut en un instant dispersée. Presque tout ce qui se trouvait entre Casteggio et Montebello fut pris; la cavalerie eut de la peine à se frayer un passage.
Les troupes réunies des deux divisions poursuivirent les fuyards jusqu'à Voghera et ne s'arrêtèrent que lorsque la nuit leur déroba leurs ennemis. Le résultat de cette journée fut de près de 6,000 prisonniers, environ 1500 tués ou blessés, du côté des Autrichiens; le général O'Reilly est au nombre de ces derniers.
Du côté des Français la perte a été de 60 hommes tués et 400 blessés; le chef de la 22e brigade Schreiber est au nombre des derniers ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 263 - Cette relation n'est pas signée, Elle est, en beaucoup de passages, presque identique au journal de Brossier, dont elle paraît une première rédaction. Les pages qui concernent la bataille de Montebello contenant des détails qui ne sont pas dans les autres rapports, il a paru intéressant de les publier).

Le 20 Prairial an 8 (9 juin 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Broni, au Premier Consul : "J'ai l'honneur de vous rendre compte qu'ayant appris que M. le Général Ott était parti de Gênes avec trente bataillons et qu'il était arrivé hier à Voghera, j'ai ordonné au général Lannes de quitter sa position de Broni pour attaquer l'ennemi au point où il le rencontrerait et au général Victor de le soutenir avec son corps.
Le général Watrin a rencontré les premiers postes ennemis à San-Giuletta; les forces principales de l'ennemi occupaient Casteggio et les hauteurs qui étaient à sa droite ayant beaucoup d'artillerie en position. Il présentait une force d'environ 18,000 hommes. La 28e demi-brigade, la 6e, la 22e et la 40e, après avoir enlevé l'avant-garde ennemie, attaquent la ligne de front en cherchant à tourner sa droite. L'ennemi s'est montré opiniâtre à tenir ses positions. Jamais on n'a fait un feu plus vif; les corps se sont réciproquement chargés à plusieurs reprises.
Un bataillon de la 40e, qui s'abandonna à un mouvement rétrograde, donna quelque avantage à l'ennemi. Alors le général Victor fit avancer la division Chambarlhac. La 24e attaqua la gauche de l'ennemi, la 43e, où était le général Victor, tournait les hauteurs de sa gauche, tandis que la 96e perça le centre de l'ennemi qu'elle culbuta et décida la victoire.
Le village de Casteggio a été pris et repris plusieurs fois, ainsi que plusieurs positions, Le brave 12e régiment d'hussards, qui luttait seul contre la cavalerie ennemie, a fait des prodiges. L'ennemi a été poursuivi jusques auprès de Voghera.
Le résultat de cette journée nous donne 6,000 prisonniers et 5 pièces de canon avec leurs caissons. L'ennemi a eu plus de 2,000 hommes tués ou blessés; nous en avons eu environ 500, parmi lesquels se trouvent le chef de la 22e demi-brigade et mon aide de camp Laborde, blessé légèrement à la tête.
Je vous ferai connaître les noms des braves qui se sont particulièrement distingués.
Tous les corps méritent des éloges
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 247).

L'arrivée à l'armée du Général Desaix, les emplacements des différentes Divisions et les missions qu'elles ont à remplir, nécessitent un nouveau groupement des unités sous les ordres des Lieutenants du Général en chef. Le 22 Prairial an 8 (11 juin 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, dresse au Chef de l'Etat-major général, depuis Stradella, une "Organisation de l'armée au 22 prairial.
Le général Lannes commande : La 28e demi-brigade aux ordres du général Mainoni. La 6e légère, la 22e de bataille et 40e id. aux ordres du général Watrin ...
Donnez, je vous prie, les ordres pour l'exécution de cette nouvelle disposition. Prévenez le général Marmont, le général Marescot et l'ordonnateur en chef, mes lieutenants et chacun des généraux de division.
Je voudrais avoir, le plus tôt possible, un état de l'emplacement de toutes les troupes composant l'armée et du présent sous les armes.
Faites distribuer dans les différentes divisions les papiers publics ci-joints.
Envoyez le Moniteur à chaque division
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 306).

Une situtation intitulée "Composition et force de l'armée à l'époque du 22 prairial an 8 (11 juin 1800)" indique :
Avant-garde commandée par le Général Lannes, Lieutenant du Général en chef.
Général de Brigade Mainoni, 28e Bataille, 1577 hommes;
Général divisionnaire Watrin, 6e Légère, 1408 hommes;
Généraux de Brigade Gency, Malher, 22e Bataille, 1527 hommes;
Adjudant général Isard, 40e Bataille, 2136 hommes;
6648 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 309 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 85).

Le 23 Prairial an 8 (12 juin 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Casteggio, au Premier Consul : "Bataille de Casteggio, le 20 prairial. – Je m'empresse, citoyen Consul, de vous rendre un compte plus détaillé de la bataille de Casteggio.
J'avais appris que le général autrichien Ott avait passé la Scrivia avec les troupes qui formaient le blocus de Gênes et s'était rendu à Voghera. J'ordonnai au général Lannes de partir de Broni dans la matinée du 20 et d'attaquer l'ennemi partout où il le rencontrerait; au général Chambarlhac de suivre ce mouvement et aux généraux Monnier et Gardanne d'effectuer promptement le passage du Pô avec leurs divisions. Nous n'avions encore au delà de ce fleuve que les corps des généraux Lannes et Victor, 300 chevaux et quelques pièces d'artillerie; mais je sentais l'importance de remplir vos intentions en attaquant sans délai l'ennemi fatigué d'une marche pénible.
L'avant-garde du corps commandé par le général Lannes a rencontré les avant-postes autrichiens à San-Giuletta et les a repoussés jusqu'à Rivetta que l'ennemi occupait en force avec beaucoup d'artillerie. Deux bataillons de la 6e légère se portent sur la droite pour tourner l'artillerie ennemie, tandis que le 3e bataillon et la 40e demi-brigade s'emparent des hauteurs de Casteggio, afin de tourner ce bourg. La droite de l'ennemi cherche à déborder ces corps; le général Watrin s'en aperçoit et détache sur-le-champ un bataillon de la 22e avec ordre de gagner les hauteurs; des forces supérieures pressent ce bataillon de tous côtés et l'obligent à un mouvement rétrograde. Mais la 40e de ligne, en marchant par sa gauche, enlève bientôt à l'ennemi tous les avantages qu'il avait obtenus. Au même instant la 28e arrive, le général Watrin la réunit aux 22e et 40e, tourne Casteggio et parvient à en chasser l'ennemi. Tandis que ce mouvement s'exécutait, le général Lannes s'emparait du bourg par la grande route et le général Gency était aux prises avec l'ennemi qui tenait avec opiniâtreté dans la position qu'occupait la gauche.
L'avant-garde se battait depuis quatre heures, le terrain était disputé pied à pied, les positions importantes étaient tour à tour prises et reprises; jamais combat ne fut plus opiniâtre.
La réserve, commandée par le général Victor, reçoit l'ordre d'appuyer l'avant-garde. La 24e et un bataillon de 500 hommes commandé par le citoyen Delpuech se portent sur la droite, tandis que le général Herbin, avec trois compagnies de carabiniers, charge avec vigueur la gauche de l'ennemi. Les 43e et 96e, commandées par le général Rivaud, s'ébranlent à leur tour et marchent au pas de charge. La 24e tourne l'ennemi par la gauche, gagne les hauteurs, enlève deux pièces de canon et fait un grand nombre de prisonniers. La 96e charge avec impétuosité le centre sur la grande route et parvient à le percer au milieu d'une grêle de mitraille. Bientôt plusieurs parties de la ligne ennemie commencent à plier; les généraux Victor et Lannes profitent de ce moment, l'ordre est donné à tous les corps de charger à la fois. L'ennemi cède sur tous les points, le désordre et l'épouvante sont dans ses rangs, sa déroute est complète; il est poursuivi dans sa fuite jusqu'à Voghera.
Cette bataille a duré depuis 11 heures du matin jusqu'à 8 heures du soir. Les conscrits y ont rivalisé d'ardeur avec les vieux soldats; le 12e régiment de hussards, le seul qui ait donné, a fait des prodiges de valeur, il a chargé tour à tour l'infanterie et la cavalerie ennemie. L'artillerie des Consuls a rendu les plus grands services; toujours en avant de l'infanterie, elle a tiré avec cette précision et cette justesse qui caractérisent le sang-froid uni à la valeur.
Nous avons fait dans cette journée plus de 5,000 prisonniers, tué ou blessé plus de 2,000 hommes et pris 6 pièces de canon avec leurs caissons. Le général autrichien O'Reilly a été blessé.
L'ennemi avait 15,000 hommes d'infanterie et 2,000 de cavalerie.
Nous avons à regretter 60 hommes tués et 400 blessés. Au nombre de ces derniers est le citoyen Schreiber, chef de la 22e de ligne.
Parmi les braves qui se sont particulièrement distingués on nomme l'adjudant général Noguès qui avait déjà été blessé dans la vallée d'Aoste; mon aide camp Laborde qui a chargé avec la 96e; le sous-lieutenant Montbrun, aide de camp du général Lannes, les chefs de brigade Macon et Legendre, les chefs de bataillon Dauture et Michel; les citoyens Puisségur, Colin, Pisiere, Dupuis, capitaines; Chamorin, aide de camp du général Watrin; Cocher, aide de camp du général Malher; le citoyen Vincent, lieutenant; le citoyen Charbonier, sous-lieutenant; les citoyens Paulot, Cardinal, Baillet, Berthe, Philipot, Ponce, sergents; les citoyens Saint-Pis, caporal et Lieu, chasseur
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 260).

Le 21 Prairial an 8 (10 juin 1800), le Général de Division F. Watrin écrit, depuis Montebello, au Général en chef Alexandre Berthier : "... Je vous prie, mon Général, de nommer capitaine au 14e régiment de chasseurs à cheval le citoyen Eichman, lieutenant au même corps et adjoint aux adjudants généraux. Cet excellent officier est d'une rare bravoure et d'un mérite distingue. Il a été blesse de trois coups de mitraille à l'affaire de la Chiusella, en s'emparant du pont à la tête des carabiniers de la 6e légère. Hier, avec une compagnie de carabiniers du même corps, il a tourné l'ennemi et a fait 600 prisonniers ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 252).

La "Situation de l'armée de réserve, le 25 prairial, avant la bataille de Marengo" indique :
Division Watrin, 6e Légère, 1114 hommes; 22e de Ligne, 1255 hommes; 28e de Ligne, 998 hommes; 40e de Ligne, 1716 hommes; total 5683 hommes.
Corps annoncés par le Ministre : 6e Légère, une Compagnie de Carabiniers, 80 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 372 - Cette situation existe aux Archives de la Guerre; elle n'est pas signée. Elle est reproduite dans le Journal de Brossier (exemplaire de la Bibliothèque du Ministère de la guerre, A. II, d. 147). Une autre situation parut dans la Relation de la bataille de Marengo, rédigée au Dépôt de la guerre et publiée en 1805. Elle ne diffère de celle-ci que par la forme et quelques détails pour certains effectifs. On l'a reproduite dans les Mémoires de Napoléon In Corresp. de Napoléon, t. XXX, p. 386).

La Situation de l'Armée de Réserve, le 25 Prairial an 8, indique :
Bonaparte, Premier Consul, commandant en personne.
Alexandre Berthier, Général en Chef.
Lieutenant général Lannes, Division Watrin, Général de Brigade Malher, 6e Légère (Macon), 3 Bataillons, 1114 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 548 - situation extraite de la Relation de la Bataille de Marengo, rédigée en 1805 au Ministère de la Guerre).

Les opérations vont se conclure avec la bataille de Marengo où la 6e Légère est encore de la partie : "Le général Watrin, au général Berthier.
Spinetta, 26 prairial an 8 (15 juin 1800).
L'ennemi ayant attaqué le corps de troupes aux ordres du général Victor, sur les 8 heures du matin, j'ai reçu ordre du lieutenant général Lannes de quitter la position que j'occupais en avant de San-Giuliano pour me porter sur le point d'attaque, près de la Bormida. J'ai formé ma division en bataille, entre Spinetta et Marengo, la droite vers Castel-Ceriolo et la gauche, un peu sur la gauche de la route d'Alexandrie à Tortone. La 28e et la 40e sont restées en réserve à la hauteur et sur la gauche de Spinetta.
La 6e légère et la 22e de bataille, en se déployant entre Marengo et Castel-Ceriolo, ont repoussé avec impétuosité un corps nombreux d'infanterie et de cavalerie ennemi qui avait déjà fait de rapides progrès dans cette partie, et l'ont forcé de repasser le ruisseau entre Marengo et la Bormida. Quoique accablées par un feu terrible de mousqueterie et d'artillerie, elles ont longtemps maintenu, dans cette position, l'ennemi, à qui elles ont tué et blessé beaucoup de monde. M'apercevant que l'ennemi se présentait en force à Castel-Ceriolo et lui voyant déployer une forte colonne sur ma droite, j'ai fait porter un bataillon de la 22e vers Castel-Ceriolo pour soutenir la 6e légère qui allait être tournée par le corps ennemi qui débordait en entier notre droite. Le général Lannes fit seconder ce mouvement par la 28e, qu'il porta de suite sur ce point, tandis que la 40e soutenait avec vigueur plusieurs charges de cavalerie que l'ennemi lui faisait sur la grande route de Marengo.
Les troupes ont pris et repris ces positions et se sont longtemps maintenues, quoique criblées par l'artillerie ennemie. Alors, le général Lannes m'envoya l'ordre de me replier en ordre et toujours à la même hauteur de la gauche de l'armée qui opérait le même mouvement de retraite. Vous avez été vous-même, mon Général, témoin de la bravoure avec laquelle les troupes ont soutenu et repoussé les diverses charges que l'ennemi a souvent tentées contre elles jusqu'à San-Giuliano, où elles se sont réunies au corps de troupes du général Desaix.
Vous-même, mon Général, avez conduit à l'ennemi les troupes à qui vous avez de suite fait reprendre l'offensive, et vous connaissez les succès éclatants qu'elles ont obtenus. Je ne pourrais vous dire le nombre de prisonniers qui a été fait par la division; les troupes les laissaient en arrière et ne s'occupaient que de repousser l'ennemi avec impétuosité. Trois pièces de canon et plusieurs caissons d'artillerie sont tombés en notre pouvoir, ainsi que deux drapeaux, dont l'un, enlevé par le citoyen Lignère, hussard au 12e régiment, d'ordonnance auprès de moi, vous a été remis, et l'autre vous a été porté par un officier de l'état-major du général Lannes. La déroute de l'ennemi a été on ne peut plus complète, et la nuit nous a empêchés de le poursuivre plus avant.
Les 6e légère, 22e, 40e et 28e de bataille ont soutenu leur réputation bien connue d'audace et de sang-froid. Les généraux de brigade Malher et Mainoni, se battant avec intrépidité à la tête de leurs troupes, ainsi que l'adjudant général Isard, ont été blessés. Leurs blessures ne sont pas dangereuses ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 386).

"Rapport du général en chef Alex. Berthier. sur la bataille de Marengo, le 25 prairial an 8.
... Le chef de brigade Valhubert de la 28e et le chef de bataillon Taupin, le général de brigade Gency, le citoyen Macon, chef de brigade de la 6e légère, le citoyen Alix, chef d'escadron au 2e régiment de cavalerie, se sont particulièrement distingués ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 425).

De son côté, le Général Lannes écrit, depuis Spinetta, le 26 Prairial an 8 (15 juin 1800), au Général Berthier : "... Le général de brigade Gency et le citoyen Macon, chef de la 6e demi-brigade légère, se sont également parfaitement bien conduits ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 389).

"Extrait du Journal de la campagne de l'armée de réserve, par l'adjudant-commandant Brossier ...
Les rapports des généraux désignent plus particulièrement :
Les citoyens : Maçon, de la 6e légère ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 430).

La lettre suivante (Archives Dupont), du Général Valhubert au Général Dupont, malgré quelques erreurs évidentes, contient des détails intéressants sur les faits dont l'ancien commandant de la 28e de Bataille a été le témoin dans la journée du 14 juin :
"CAMP DE St-OMER
4e division
Au Quartier Général à Billeauville, le 2 germinal an XII.
Roger-Valhubert, Général de Brigade,
Au Général Dupont.
Mon Général,
On me remet à l'instant votre lettre d'avant-hier : j'y réponds à la hâte, en vous prévenant, toutefois, que je ne sais pas grand'chose de l'ordre de bataille que les corps de l'armée de réserve observèrent à la journée de Marengo. Les noms des généraux qui y commandèrent les brigades me sont aussi, pour la plupart, inconnus; voilà seulement ce que je puis en dire.
L’avant-garde, commandée par le Lieutt Gal Lannes, qui, ce jour-là, figura comme Division du corps d'armée, était composée :
Des 12e de hussards et 21e de chasseurs, sous les ordres du général de brigade Rivaud.
Des 6e légère, 22e et 40e de ligne, sous les ordres du général divisionnaire Watrin. La 40e était commandée par le Gal Malher, et le Gal Musnier ou Gency commandait, je crois, les deux autres.
Et enfin de la 28e de ligne qui, pour figurer sans doute une Lieutenance au Gal Lannes, figura elle-même dans le tableau une Division, à laquelle en conséquence on adjoignit un Etat-Major Divisionnaire tout complet, sous les ordres du général de brigade Mainoni.
Le 12e de hussards et, le 21e de chasseurs ne furent point, ce jour, aperçus de moi; ainsi je ne sais rien de leur ordre de bataille.
Les 6e légère, 22e et 40e de ligne se portèrent à 8 heures 1/2 du matin vers les bords de la Bormida. La 28e de ligne exécuta le même mouvement, et son général Mainoni la plaça en réserve parallèlement à cette rivière.
A dix heures, les corps de la Division Watrin, réunissant tous leurs efforts pour arrêter les progrès de l'ennemi qui se trouvait avoir déjà passé la Bormida, furent contraints de changer leur ordre primitif de bataille.
A onze heures, le Gal Mainoni avant été blessé, le Gal Watrin réunit la 28e sous son commandement, et lui, ainsi que le Lieutt Gal Lannes, la placèrent successivement sur le même point ...
Vous voyez, mon général, que mes renseignements sont peu étendus ; mais au moins ils sont exacts.
Je vous salue respectueusement
Signé : Roger-Valhubert
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 101).

Le 15 juin, les Autrichiens demandent un armistice et, alors que Bonaparte est à Milan, l'Armée de Moreau remporte aussi une victoire à Hoschtädt le 19.

D'après un État de situation de l'armée de réserve à l'époque du 1er messidor an 8 (20 juin 1800), la 6e Légère, forte de 3 Bataillons et de 814 hommes (Division Watrin), est à Plaisance; 1 Compagnie de Carabiniers de 80 hommes est annoncée par le Ministre de la Guerre (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 531).

Le 4 Messidor an 8 (23 juin 1800), à Milan, Bonaparte, Premier Consul de la République, arrête : "ART. 1er. – L'armée d'Italie sera composée des demi-brigades et régiments ci-après, savoir :
Infanterie légère. – 1re, 3e, 6e, 7e, 8e, 9e, 12e, 13e, 19e, 20e, 24e, 25e, 28e ...
ART. 3. – Les dépôts des demi-brigades d'infanterie légère et de ligne, ainsi que des régiments des troupes à cheval et autres troupes qui restent à l'armée d'Italie, auront ordre de rejoindre l'armée.
ART. 4. – L'ordonnateur en chef et tous les agents des administrations qui ne seront pas jugés nécessaires pour le service de l'armée d'Italie retourneront à l'armée de réserve à Dijon.
ART. 5. – Le Ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 521).

Le 12 Juillet, Moreau signe lui aussi un armistice.

Le Général Dupont prend, le 11 Fructidor (29 août), le commandement de l'Aile droite de l'Armée de l'Italie, avec le titre de Lieutenant général. Cette aile droite comprend, à la 2e Division Watrin, la 6e Demi-brigade légère, forte de 1064 hommes (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 127).

L'armée d'Italie ou de Ligurie, que commandait Masséna et qui s'était illustrée au siège de Gênes, fusionne avec celle de Réserve. Masséna est bientôt remplacé par Brune. L'Armée d’Italie compte 125.000 hommes dont 80.000 sur le Mincio. La 6e Demi-brigade fait partie de cette nouvelle Armée d’Italie qui n'attend que de reprendre ses succès, mais cela n’arrivera pas avant la fin de l’année. En attendant place aux récompenses pour les braves. Bonaparte écrit : "Paris, 18 juillet 1800
Au citoyen Carnot, ministre de la guerre
Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire connaître aux 6e et 24e demi-brigades légères, aux 22e, 28e, 40e, 43e et 96e de ligne, que le Gouvernement leur accorde à chacune quinze fusils d’honneur, pour la bonne conduite qu’elles out tenue à Marengo;
A la 9e légère, 44e et 59e de ligne, dix
Aux bataillon de la 10le et à la 30e, cinq.
Les chefs de corps enverrons les noms des individus qui se sont le plus distingués.
Il sera accordé vingt carabines d’honneur pour les différents escadrons de cavalerie qui ont donné à la bataille de Marengo. Les généraux de cavalerie et les chefs de corps se réuniront pour désigner les individus qui se sont le plus distingués
" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4998 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5538 ; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 520).

En Octobre 1800, les positions de la Demi-brigade sont les suivantes (octobre 1800 côte SHDT : 4C95) :
Chef de Corps MACON, Chef de Brigade; ROGER, Quartier-maître trésorier; CREMAUX-LAMAUVE-DUFAUX, Chirurgien-major ;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Sarret, Armée d'Italie - aile droite - Monnier - Division Watrin ;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Guyardet, Armée d'Italie - aile droite - Monnier - Division Watrin ;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Lechevalier, Armée d'Italie - aile droite - Monnier - Division Watrin ;
Observations : octobre 1800 - effectif du Régiment sous les armes, 1207 Officiers et hommes.

La situation de l'Aile droite de l'Armée d'Italie, en date du 2 Frimaire (23 novembre 1800), indique que la 6e Demi-brigade légère, forte de 1200 hommes en route, fait partie de la Division Watrin, Brigade Musnier (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 137).

L’Armée d’Italie, sous le Général Brune, reprend l’offensive début décembre, en association avec l’Armée des Grisons de MacDonald.

Au 10 Frimaire an 9 (1er décembre 1800), l'Armée d'Italie sous le commandement de Brune, a la composition suivante :
- Aile droite, Lieutenant général Dupont, commandant.
Djvision Watrin : Artillerie légère — 1 Compagnie d'artillerie à pied — 4e Chasseurs — 40e de ligne — 28e de Ligne — 22e de Ligne — 6e Légère — du 11e Hussards (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 138).

Au 16 décembre (26 Frimaire), la situation de l'aile droite, sur la ligne, c'est-à-dire non compris les troupes en Toscane et sur la rive droite du Pô, est la suivante :
Division Watrin :
Musnier : 6e Légère, à Azola, 1200 hommes ; 22e de Ligne, à Azola 1200 hommes (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 140).

Brune franchit le Mincio à Pozzolo et Mozzembano.

Le 25 décembre, en l'absence de son chef, le Général Watrin prend connaissance de l'ordre de mouvement, et fait immédiatement toutes les dispositions nécessaires. Il dirige sa Division sur le Mincio, et, à la pointe du jour, son artillerie est mise en batterie pour protéger la construction du pont : le Chef de Brigade d'artillerie Bardenet met rapidement à l'eau quelques barques qui transportent sur la rive gauche des Tirailleurs des 28e et 40e de ligne et de la 6e Légère, pendant que la 22e de Ligne s'avance à deux milles sur la gauche pour observer Borghetto. Malgré le feu très vif que l'ennemi dirige sur nos Tirailleurs et sur les Pontonniers, le pont est jeté en moins de deux heures. Le Général Watrin se hâte de faire passer toute la 6e Légère avec le Général Musnier, et il donne l'ordre à la 28e et à la 40e de Ligne, de la Brigade Petitot, de se préparer à traverser la rivière immédiatement après la 6e Légère. Il est alors dix heures. Le Général Dupont, revenant de la Division Monnier, se trouve sur la rive droite, surveillant les détails du passage, avec le Général Watrin, et se félicitant de l'heureuse réussite de l'opération, lorsque se présente tout à coup le Général Suchet, venant de Monzambano. Il lui apporte, de la part du Général en chef, l'ordre de faire replier ses troupes : l'équipage de pont destiné au passage de gauche étant arrivé beaucoup trop tard sur le terrain, le Général Brune a décidé, malgré les inconvénients évidents d'une telle détermination, que l'opération n'aura lieu que le lendemain, à l'aile droite comme à l'aile gauche (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 144).

Bientôt, l'armée ennemie se montre dans la grande plaine qui s'étend entre Valeggio et Pozzolo, et que parcourt la route de Villafranca. Elle s'avance sur plusieurs colonnes et comprend quarante-cinq Bataillons, douze Régiments de cavalerie et une nombreuse artillerie, soit 45 000 hommes qui vont se ruer sur les 8500 soldats de Dupont.
Nos troupes sont ainsi disposées : à gauche, la Division Watrin, appuyée au Mincio, à la hauteur du moulin de Volta, et protégée par la digue (la 22e de Ligne a été détachée sur la rive droite vers Borghetto). A droite, la Division Monnier, occupant fortement le village de Pozzolo; et, au centre, reliant les deux Divisions, le 11e de Hussards et le 4e de Chasseurs à cheval, envoyé par le Général Jablonowski. Le front total de la ligne française ne dépassait pas 1500 mètres, et, à moins de 200 mètres en arrière, coule le Mincio, non guéable.
La Division Watrin, formée sur deux lignes, reçoit le premier choc; il est très rude, l'ennemi se croyant sur du succès, à cause de sa grande supériorité numérique ; mais les braves 6e Légère, 28e et 40e de Ligne restent inébranlables. Au bout de deux heures d'une lutte acharnée, M. de Bellegarde, voyant que son infanterie et son artillerie sont impuissantes à faire reculer d'une ligne les troupes du Général Watrin, fait charger sur le flanc droit de cette Division une partie de sa nombreuse cavalerie ; accueillie par un feu terrible, mitraillée par nos batteries de la rive droite, elle est repoussée et s'enfuit en désordre. Deux Escadrons du 11e de Hussards s'élancent sur la cavalerie ennemie, et, donnant l'exemple du plus admirable dévouement, sabrent sans relâche au milieu des rangs autrichiens. Le Chef d'escadron Martigues combat avec une intrépidité sans égale, et il n'y a pas d'Officier de sa troupe qui ne soit blessé ou démonté; le Maréchal des logis chef Pierron enlève un drapeau à l'ennemi, et il va en conquérir un second lorsqu'une blessure le met hors de combat; le Maréchal des logis Moreau, également du 11e de Hussards, à la tête d'un petit peloton, s'empare de deux pièces de canon et fait quatre cents prisonniers.
Pendant plusieurs heures, les Autrichiens s'acharnent contre la Division Watrin, renouvelant constamment leurs attaques avec des troupes fraîches ; la plaine est au loin couverte de leurs blessés et de leurs morts. Sous ces chocs répétés et sous la pression de masses écrasantes, la première ligne de la Division plie un instant ; ses Bataillons reculent, sans désordre, et, passant par les intervalles voisins, vont se reformer derrière la seconde ligne, protégée par des retranchements naturels que forme le terrain. L'ennemi se trouvant démasqué, la seconde ligne l'accueille par un feu si violent, qu'ébranlé déjà par des pertes énormes, il s'arrête net et tourbillonne dans une confusion inexprimable. Les deux lignes françaises, saisissant ce moment avec beaucoup d'à-propos, s'élancent à la baïonnette, et renversant les Bataillons autrichiens les uns sur les autres, les rejettent dans la plaine, pendant que le 11e de Hussards et le 4e de Chasseurs, réitérant leurs charges, sabrent les fuyards et font de nombreux prisonniers.
Devant l'étonnante ténacité de la Division Watrin, le Général Bellegarde renonce à forcer notre gauche, et il se décide à porter ses principales forces sur le village de Pozzolo, de façon à rejeter la Division Monnier sur la Division Watrin et à arriver jusqu'au pont. Voyant les colonnes autrichiennes se former dans la plaine et s'avancer sur sa droite, le Général Dupont quitte sa gauche victorieuse et court à Pozzolo, que l'artillerie ennemie couvre de boulets. Le village ne tarde pas à être le théâtre du plus furieux combat ; les maisons, les jardins sont disputés avec acharnement, perdus et repris plusieurs fois. Nos Hussards et nos Chasseurs, montrant un dévouement au-dessus de tout éloge, chargent sans relâche et sabrent l'infanterie ennemie partout où ils peuvent lancer leurs chevaux, pendant que, de leur position dominante, nos batteries de la rive droite criblent de projectiles les rangs pressés des assaillants. Il est maintenant trois heures; nos soldats, épuisés par une longue marche sur un sol détrempé et par une lutte disproportionnée contre des forces cinq fois supérieures, sont obligés d'abandonner à l'ennemi une partie du village de Pozzolo.
La situation devient très critique; si les Autrichiens restent maîtres de Pozzolo, nos deux Divisions vont être jetées dans le Mincio; il faut à tout prix reprendre le village ; et, fait inouï, le fracas de ce combat qui dure depuis le point du jour, les détonations répétées de l'artillerie qui font trembler le sol, ne troublent pas un instant la quiétude du Général Brune; les deux Divisions de Dupont semblent abandonnées du Général en chef et vouées à une ruine complète. "A la gravité de ma situation, écrit le Général Dupont, se joignait mon étonnement de l'immobilité de l'armée. Je réitérais mes rapports au général en chef, et toujours vainement. Le danger de l'aile droite menaçait pourtant l'armée entière, et l'appelait pour la soutenir. Le général en chef comte de Bellegarde, agissant contre nous avec toutes ses forces, devait trouver les nôtres sur le même terrain. Ma résolution de tenir, en gardant le pont de la Volta, avait été fondée sur les principes de la guerre, et des considérations inexplicables les faisaient abandonner dans la plus violente crise. L'ennemi, profitant de sa supériorité, presse ses attaques, nous présente sans cesse des troupes fraîches, déborde nos ailes, et nous luttons au milieu des chances les plus redoutables. Tout à coup je vois le pont près d'être emporté; un corps ennemi allait l'atteindre et le désordre était irréparable; mais j'ai le temps de placer devant lui, pour le couvrir, quelques compagnies de braves, sous un chef intrépide, et tout se rallie. Les blessés eux-mêmes s'arrêtent pour combattre, et l'énormité du danger, ranimant tous les courages, nous en fait triompher" (Mémoires inédits du général Dupont).
Cependant les troupes du Lieutenant général Suchet commencent à arriver sur le terrain où elles sont attendues avec une si grande anxiété. Ce Général, malgré tout son bon vouloir, a été retardé par suite des mouvements exécutés le matin même par ses Demi-brigades, sur Monzambano et sur Borghetto. Voyant le péril de l'aile droite, il ordonne à la Brigade Clausel, de la Division Gazan, de traverser immédiatement la rivière, et ses batteries, prolongeant celles de Dupont sur la rive droite du Mincio, couvrent de mitraille les bataillons ennemis. Le combat recommence aussitôt avec rage; tout s'ébranle pour ce nouveau choc; le Général Dupont, magnifique d'élan, entraîne les troupes sur Pozzolo, et le village, abordé avec une irrésistible furie, est repris aux Autrichiens, dont les cadavres emplissent les rues et les maisons. Notre gauche conserve sa position; la Brigade Lesuire, complétant la Division Gazan, passe sur la rive gauche, et la Division Monnier, appuyée par la brave 72e, réoccupe fortement Pozzolo et enlève du canon à l'ennemi. Des drapeaux pris aux Autrichiens sont portés devant nos Bataillons, et des acclamations prolongées retentissent sur toute la ligne.
Le jour baisse ; il est cinq heures et le sort de la bataille n'est pas encore décidé. Le Général Bellegarde, malgré ses échecs successifs et ses pertes, conserve une supériorité numérique écrasante, et il n'oublie pas qu'il commande à ces braves soldats qui ont vaincu à la Trebbia et à Novi et si intrépidement disputé la victoire à Montebello et à Marengo. Sentant tout le prix delà possession de Pozzolo, il veut tenter un dernier et suprême effort pour en chasser les Français. Dans un élan désespéré, ses colonnes, renforcées de troupes fraîches, se ruent sur le village, et, après une lutte terrible, s'en emparent, rejetant les Divisions françaises dans l'étroit espace qui règne jusqu'au pont.
Le danger devenant extrême, le Général Dupont fait appel aux corps restés sur la rive droite ; Généraux, Officiers et soldats brûlent de prendre part à l'action et s'étonnent de la coupable inertie du commandant en chef de l'armée. Le Général Suchet fait passer sur la rive gauche la Brigade Colli, de la Division Loison, ne conservant ainsi qu'une seule Brigade pour surveiller le débouché de Borghetto. Le Général Davout arrive avec quelques Régiments de cavalerie qu'il laisse sur le plateau en face de Pozzolo, et il se rend, de sa personne, sur le théâtre de l’action, avec quelques Officiers et une quarantaine de Dragons de son escorte. L'artillerie légère attachée à la cavalerie se joint aux batteries de l'aile droite et du centre, et bientôt un feu terrible tonne des hauteurs de la rive droite et balaye la plaine où se pressent les colonnes autrichiennes. Deux Bataillons placés par le Général Suchet au moulin de Volta, prennent de flanc les Bataillons ennemis qui menacent la Division Watrin et leur font subir de grandes pertes.
La nuit est venue, le moment est décisif. Le Général Dupont parcourt les rangs et fait former les colonnes d'attaque ; il est plein de confiance et les troupes acclament le chef audacieux et intrépide qu'elles n'ont cessé de voir au plus fort du danger. Bientôt la charge bat sur toute la ligne; les soldats de Monnier, de Gazan et de Colli, rivalisant de courage, se précipitent à la baïonnette sur l'ennemi, et, après une mêlée furieuse, le culbutent et s'emparent de Pozzolo. Pendant que la 24e Légère, de la Division Monnier, lutte héroïquement dans ce village, le Général Davout charge bravement, à la gauche, à la tête des Dragons de son escorte. En même temps le Général Watrin, quittant sa position, aborde résolument la ligne autrichienne et la rompt. L'ennemi fuit partout et précipite sa retraite ; Pozzolo est pour la troisième fois entre nos mains, et nous restons les maîtres du champ de bataille. "Je puis assurer avec vérité, écrit le Général Watrin dans son rapport, que si, à ce moment, nous eussions eu plus de cavalerie sur ce point, la déroute de l'ennemi était telle, que nous lui enlevions une partie de son armée".
L'obscurité empêchant de continuer la poursuite, les troupes victorieuses rentrent dans leurs positions. A peine la Division Watrin est-elle revenue derrière la digue, qu'une colonne de douze Bataillons de Grenadiers hongrois, arrivant de Valeggio, se montre à la clarté de la lune, marchant avec intrépidité sur la ligne française ; son artillerie fait pleuvoir une grêle de boulets et d'obus sur nos retranchements. La lutte est longue et sanglante ; la 6e Légère et la 28e de Ligne soutiennent le choc avec un sang-froid et une ténacité extraordinaires. Repoussés de ce côté, les Grenadiers marchent à l'assaut de Pozzolo; à neuf heures, on se bat encore avec acharnement dans les maisons et dans les rues, au milieu d'une obscurité profonde. Enfin, culbuté sur tous les points, l'ennemi bat définitivement en retraite.
La défaite des Autrichiens est complète ; ils laissent sur le champ de bataille quatre mille hommes tués ou blessés, et trois mille prisonniers ; le Général Kaim est grièvement blessé. Notre perte, pour les Divisions de l'aile droite et du centre, s'élève à environ quinze cents hommes tués ou blessés. "Lorsque le repos eut enfin reparu sur ce champ de bataille si agité pendant dix-huit heures, écrit le général Dupont, je crus devoir me rendre auprès du général en chef pour lui faire mon rapport de vive voix, lui faire connaître les avantages de la journée, et l'engager à en profiter. Le général Suchet, animé de la même pensée, s'était rendu avec moi chez le général Brune. Cette entrevue était délicate. Je me présentais, favorisé par la fortune de la manière la plus signalée. Je pouvais, je devais peut-être, sans blesser de justes égards, faire sentir la faute inouïe d'un chef qui refuse pendant un jour entier de mettre à profit l'avantage obtenu par un de ses corps, et qui le laisse sans secours, exposé à une perte certaine qui devait retomber sur lui-même ; mais je me bornai à signaler la valeur de mon corps d'armée, à montrer l'influence nécessaire de cette journée où toute l'armée autrichienne a combattu ; à presser le général en chef de ne point chercher à s'ouvrir un autre passage sur le Mincio en sacrifiant inutilement des braves, et à faire passer toute l'armée sur le pont de la Volta pour profiter immédiatement de la victoire. L'évidence des avantages que j'exposais me semblait irrésistible. La raison militaire la plus impérieuse appuyait mes observations ; elles restèrent toutefois sans effet, et le passage projeté à Monzambano fut exécuté, bien que le Mincio eût déjà été franchi à la Volta" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 148).

Le Chef de Brigade Macon passe le premier le fleuve à la tête de sa Demi-brigade, et soutient victorieusement trois charges d’infanterie et une du Corps des Grenadiers hongrois.

Dans son Rapport, daté du Quartier de La Volta, le 5 Nivôse an 9, le Général de Division Watrin écrit au Général en chef Brune, Conseiller d'Etat : "D'après les ordres qui m'ont été donnés par le général Dupont, j'ai quitté, le 3 à six heures du soir, la position que j'occupais sous Goito, et suis arrivé à dix heures du soir à La Volta où j'ai bivouaqué ma division à la droite du corps du général Suchet.
Le 4, à deux heures et demie, du matin, un officier de votre état-major est venu m'apporter une lettre du général Oudinot, à l'adresse du général Dupont resté à Solarolo pour suivre le mouvement de la division Monnier. Présumant que c'était un ordre de marche ou d'attaque, je l'ai décachetée, et voyant que votre ordre portait de faire de vive force le passage du Mincio, et de jeter un pont sur cette rivière à l'angle rentrant entre les moulins de La Volta et le village de Pozzolo, j'ai sur-le-champ envoyé votre lettre au général Dupont et j'ai mis de suite ma division en mouvement pour exécuter vos instructions.
Nous sommes arrivés à la petite pointe du jour sur le beau plateau vis-à-vis Pozzolo, sur les bords mêmes du Mincio, et j'ai placé en batterie mes huit pièces d'artillerie, afin de protéger la construction du pont. Le général d'artillerie Bardenet, sous la protection de notre canon et de notre mousqueterie, jeta à la rivière quelques-unes des barques destinées au pont. Le général de brigade Musnier y fit embarquer les tirailleurs de la 6e légère, et des 28e et 40e de ligne. Conduits par l'excellent chef de brigade Macon, ils débusquèrent promptement les postes ennemis sur la rive gauche du Mincio, firent quelques prisonniers et prirent position le long de la digue et derrière quelques retranchements formés par la nature, afin de pouvoir protéger les pontonniers. Malgré les obus et les boulets que l'ennemi faisait pleuvoir sur nos tirailleurs et nos pontonniers, le général Bardenet parvint à construire son pont en moins de deux heures. J'y fis de suite passer toute la 6e légère avec le général Musnier, tandis que la 22e de ligne observait à deux milles sur notre gauche Borghetto, et que les 28e et 40e de ligne, aux ordres du général Petitot, étaient rangées en bataille en arrière de nos batteries, prètes à passer le Mincio immédiatement après la 6e légère.
Il était dix heures lorsque nous reçûmes votre ordre de suspendre notre passage jusqu'au lendemain matin. Comme nous voyions que vous n'aviez donné cet ordre que dans la crainte que nous n'eussions éprouvé trop de difficulté dans la construction de notre pont, nous nous sommes décidés, les généraux Dupont, Suchet et moi, à ne pas le lever sans avoir de nouveaux ordres de votre part. Les troupes d'ailleurs demandaient à grands cris de ne pas repasser la rivière. Voyant que l'ennemi se renforçait, j'ai de suite passé le Mincio avec toute ma division et deux pièces d'artillerie légère. La 40e, soutenue par le feu de notre artillerie, est parvenue à s'emparer du village de Pozzolo, et j'ai placé mes troupes le long de la digue depuis Pozzolo jusqu'aux moulins de la Volta. Dans cette position, je me tenais sur la défensive, et formais une tête de pont difficile à entamer. L'ennemi nous harcelait sans cesse, et je voyais arriver ses renforts, lorsque la division Monnier nous rejoignit vers midi.
Sur les deux beures, nous découvrîmes dans la plaine toute l'armée ennemie venant du côte de Valeggio, et faisant ses dispositions pour nous attaquer. Je cédai au général Monnier le village de Pozzolo, d'après les ordres du général Dupont, afin de resserrer davantage ma ligne sur la gauche où nous voyions se diriger tous les efforts de l'ennemi. Pendant que j'opérais ce mouvement, les Autrichiens, soutenus par leur nombreuse artillerie, tombèrent avec fureur sur les 6e légère, 28e et 40e de ligne. Rien ne peut exprimer la bravoure et le sang-froid avec lesquels ces demi-brigades ont soutenu seules ce choc terrible pendant près de deux heures. Voyant que son infanterie et son artillerie ne pouvaient ébranler nos troupes ni leur faire abandonner leurs retranchements naturels, le général en chef Bellegarde détacha de son centre une nombreuse cavalerie qui vint charger ma division par son flanc droit. Je n'avais à leur opposer que deux escadrons du 11e de hussards qui, conduits par le chef d'escadron Martigues, se sont sacrifiés pour soutenir, à l'aide de notre infanterie et de notre artillerie, une charge aussi vigoureuse qu'elle était nombreuse. Il n'y a pas un officier de cet intrépide régiment qui n'ait été atteint de quelques coups de feu, lui ou son cheval. L'ennemi, voyant qu'il ne pouvait point nous entamer, porta ses forces sur la droite de la ligne où il essaya en vain plusieurs charges d'infanterie et de cavalerie.
Sur les trois heures, arriva enfin la division Gazan et tout le corps du général Suchet, qui nous secondèrent beaucoup et prirent une part bien active au combat. Le général Bellegarde, dont les forces arrivaient successivement, tenta un dernier effort sur ma division et sur toute la ligne. Il fut reçu par nos troupes avec la même intrépidité. Voulant enfin en finir, j'ordonnai aux braves 6e, 28e et 40e de sauter de leurs retranchements et de charger elles-mêmes l'ennemi avec vigueur. Le général Dupont fit exécuter la même charge sur toute la ligne, et toujours vivement soutenus par notre artillerie aux ordres du chef d'escadron Sezille, par le 11e de hussards et une partie du 4e de chasseurs à cheval, nous mîmes l'ennemi dans une déroule complète. La division lui fit environ mille prisonniers, lui arracha un drapeau et cinq pièces d'artillerie avec leurs caissons. Je puis assurer avec vérité, que si, à ce moment nous eussions eu plus de cavalerie sur ce point, la déroute de l'ennemi était telle que nous lui enlevions une partie, de son armée. Le champ de bataille était jonché de cadavres et d'une infinité de blessés qu'il nous a abandonnés dans sa fuite.
J'étais avec mes troupes a plus de trois milles dans la plaine, à la poursuite de l'ennemi, lorsque, voyant que la droite n'était point aussi heureuse, et qu'elle commençait même à perdre du terrain, je pris le parti de revenir en très bon ordre me mettre sous la protection de nos batteries, afin de ne pas être tourné moi-même. Pendant ce temps, notre droite, qui avait reçu des renforts, revint du moment de désordre qu'elle éprouva, attaqua l'ennemi avec vigueur, et reprit le village de Pozzolo qu'elle avait perdu. La nuit commençait à paraître, lorsque je fis rentrer mes troupes derrière les retranchements naturels des moulins de la Volta, afin d'éviter toute surprise pendant la nuit. Elles étaient à peine entrées dans celle ligne où j'avais défendu d'allumer des feux, que l'ennemi furieux revint à la charge, au milieu de la plus grande obscurité, avec sa réserve de grenadiers qui venait de lui arriver. Au moment où l'on s'y attendait le moins, une grêle de boulets, d'obus et de balles fut dirigée sur nous, et l'on apercevait au clair de la lune des masses de grenadiers qui marchaient avec intrépidité sur nos retranchements, dont ils n'étaient pas éloignés de vingt-cinq pas. Les troupes sentirent, dans une occasion aussi difficile, qu'il fallait ou vaincre, ou être toutes culbutées dans la rivière. Les généraux Musnier et Petitot, l'adjudant commandant Sacqueleu, les intrépides chefs de brigade Macon, Valhubert et Legendre, les braves chefs de bataillon Taupin, Michel, Boys et Guyardet, font exécuter des feux de bataillon tellement nourris et si bien dirigés qu'ils tuèrent ou blessèrent une quantité immense de grenadiers hongrois, qui furent obligés de se retirer en désordre. L'obscurité était si grande, qu'il n'était pas prudent de les poursuivre. C'est par ce dernier effort que les troupes de ma division couronnèrent le succès qu'elles avaient obtenu pendant toute la journée sur un ennemi dix fois supérieur en nombre, commandé par M. de Bellegarde en personne.
Les 6e légère, 28e et 40e de ligne ont soutenu leur réputation bien connue de bravoure et de sang-froid. Officiers et soldats, tous se sont couverts de gloire. J'attends les rapports des corps pour vous faire connaître, mon général, les militaires qui méritent de l'avancement et des récompenses nationales. Le général Petitot a eu son cheval tué sous lui ; l'adjudant commandant Sacqueleu, chef de l'état-major, mérite les plus grands éloges ; le général de brigade Musnier m'a parfaitement secondé; il mérite de l'avancement, ainsi que les excellents chefs de brigade Macon, de la 6e légère, et Valhubert de la 28e de ligne, qui a été légèrement blessé. Le trop brave chef de bataillon Sarret a été tué ; la division fait une grande perte en lui. Le chef de bataillon Vivenot a été blessé. Mes aides de camp Chamorin et Laborde ont été blessés de balles et de coups de sabre : je vous demande pour eux le grade de chef d'escadron. Je vous demande aussi le grade de chef de bataillon pour le capitaine du génie Bernard qui a rendu les plus grands services et comme officier du génie et comme officier d'état-major. Je vous prie aussi d'accorder le grade de lieutenant au citoyen Populus, sous-lieutenant au 11e de hussards et blessé d'une balle à la main. C'est un officier du premier mérite. Je vous demande, mon général, le grade de sous-lieutenant pour le citoyen Nicod, maréchal des logis au 16e de dragons, qui a eu son cheval hors de combat en ralliant les troupes dans le moment où, trop pressées par la cavalerie, elles éprouvaient un peu de désordre. Je vous prie aussi, mon général, de faire accorder deux sabres d'honneur, dont un, au citoyen Joseph Pierron. maréchal des logis chef au 11e de hussards, qui, quoique blessé, a enlevé un drapeau à l'ennemi, et l'autre au citoyen Moreau, maréchal des logis au même régiment, qui, à la tête d'un petit peloton, a pris deux pièces de canon et fait quatre cents prisonniers.
Je n'ai point encore le rapport particulier des corps ; mais j'ai la certitude que ma division n'a pas quatre cents hommes hors de combat, tandis qu'elle a fait perdre à l'ennemi plus de trois mille hommes. C'est à son ensemble et à son sang-froid dans ses manœuvres qu'elle doit d'avoir perdu si peu de monde, malgré la longueur et l'acharnement du combat. J'ose me flatter, mon général, que cette journée lui aura acquis de nouveaux droits à votre estime et à votre confiance. J'ai remis au général Dupont mille prisonniers faits par elle. Les cinq pièces de canon prises sont entre les mains du général d'artillerie Salva, et je remets au général Dupont le drapeau enlevé que je le prie de vous faire passer
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 159 - Note : le même rapport est envoyé par le Général Watrin au Général Dupont).

Dans son rapport, daté que Quartier Général de Volta, le 5 Nivôse an 9, Dupont, Lieutenant Général Commandant l'aile droite, écrit au Général en chef Brune : "Le passage du Mincio, citoyen général, a donné lieu à la bataille de Pozzolo dont j'ai à vous rendre compte. D'après vos ordres on a jeté hier matin sur cette rivière un pont de bateaux entre le village de Pozzolo et le moulin de Volta. Le chef de brigade Bardenet a mis dans cette opération une activité bien précieuse pour l'armée. Aussitôt que ce pont a été construit, le général de brigade Musnier s'est emparé de l'autre rive du Mincio et y a établi la 6e légère et une partie de la 28e de ligne. Un corps ennemi d'environ douze cents bommes, qui est accouru pour s'y opposer, n'a pu parvenir à conserver la possession du rivage et il s'est replié dans le village de Pozzolo, disputant pied à pied le terrain qui se trouve en cet endroit très propre à une longue défensive.
Le général de division Watrin poursuivait ce premier avantage, qui est entièrement dû à sa division, et continuait à faire filer ses troupes, lorsque j'ai reçu l'ordre de différer mon passage de 24 heures, attendu que celui qui devait s'opérer en même temps à Monzambano, n'avait pu s'effectuer. Le succès de l'opération, qui était déjà assuré, cl la difficulté de retirer d'une rive à l'autre les troupes, au milieu du combat qu'elles soutenaient depuis longtemps, m'ont fait penser que je devais poursuivre l'exécution de cette entreprise, au lieu de l'interrompre. J'ai considéré que les premiers succès de ma tentative ne vous étant pas connus lorsque votre second ordre a été donné, je devais prendre le parti que vous auriez pris vous-même étant sur le terrain, et votre approbation l'a justifié.
Les troupes, qui avaient déjà été prévenues du contre-ordre, ont poussé des cris de joie lorsqu'elles ont appris ma détermination. Le lieutenant général Suchet, qui arrivait de Monzambano, a été frappé, comme moi. des avantages que la fortune offrait à l'armée et de la nécessité de conserver un pont déjà établi sur une rivière dont le passage de vive force est regardé comme l'opération la plus délicate de la guerre d'Italie. Il a senti en même temps que le secours de son corps d'armée m'était indispensable afin que l'aile droite sortit glorieusement de son entreprise. J'éprouve une douce satisfaction à reconnaître le service signalé qu'il a rendu à la République dans cette occasion non moins importante qu'imprévue ; la 28e de ligne avait achevé de passer ; la 40e faisant également partie de la division Watrin, passe lestement et marche sur le village de Pozzolo dont elle s'empare avec rapidité.
La 24e légère et la 58e formant la division Monnier, parties du camp de Santa Maria, arrivent au pont après une marche pénible et prennent leur rang de bataille.
L'ennemi averti du passage et des progrès de notre établissement, lève le camp de Marengo et de Villafranca, et toute l'armée autrichienne se trouve réunie devant nous à une heure. Elle était forte de quarante-cinq bataillons et de douze régiments de cavalerie, et commandée par le général en chef Bellegarde en personne, avec le général Zach, son chef d'état-major. Ses premières attaques se sont portées sur la gauche de notre position, occupée par la division Watrin : la violence du feu a été égale de part et d'autre, et il a duré deux heures dans le même état. L'ennemi, étonné de l'impuissance de ses meilleures troupes contre une seule de nos divisions, a dirigé alors sur elle par son flanc droit une charge impétueuse de cavalerie ; ce choc terrible a été lui-même sans effet. Deux escadrons du 11e de hussards, commandés par le chef d'escadron Martigue, ont fait des prodiges d'audace dans cette occasion. — L'artillerie placée sur la hauteur qui règne circulairement sur la rive droite de la rivière, soutenait la division Watrin par des feux qui portaient le ravage dans les rangs ennemis. L'effet meurtrier de ces batteries, joint à la fermeté inébranlable des 6e légère, 28e et 40e de ligne, et l'habileté des manœuvres du général Watrin, a obligé M. de Bellegarde à changer son plan de bataille. Il s'est en conséquence porté avec ses principales forces sur notre droite, à l'attaque de Pozzolo, occupé par la division Monnier. Ce général, qui se maintenait avec avantage dans cette position, a eu tout à coup à combattre une si grande supériorité de nombre que, malgré la bravoure renommée de la 24e légère et la vigueur de la 58e, il n'a pu conserver son établissement à Pozzolo sur lequel toute la colonne des grenadiers hongrois était, dirigée. Ce village était destiné à subir toutes les vicissitudes du sort des armes. Il a été perdu et repris trois fois.
Au moment où l'ennemi, fort de près de quarante mille hommes, redoublait d'efforts pour profiter de sa supériorité sur l'aile droite de l'armée qui n'avait alors que sept mille hommes présents au combat, le lieutenant général Suchet m'a fait passer ses premiers renforts. Le général de division Gazan est entré en ligne avec les brigades des généraux Lesuire et Clausel. La 72e a marché sur Pozzolo pour appuyer la droite, et dans un instant cette redoutable demi-brigade a pénétré dans le village et a enlevé du canon à l'ennemi. La 8e légère et la 96e, placées au centre, ont à leur tour influé puissamment sur le combat et ramené plusieurs fois la fortune incertaine.
Cependant M. de Bellegarde qui frémissait de voir l'honneur de son armée compromis par la résistance inattendue d'un corps aussi intérieur en nombre, renouvelle ses efforts et parvient encore à se saisir du village dont l'occupation devait décider du sort de la bataille. Mais une brigade de la division Loison franchit le pont et se précipite vers les points les plus en danger. Les 43e et 106e s'avancent au pas de charge et toute la ligne fait un mouvement qui achève de culbuter l'ennemi. Le 11e régiment de hussards, attaché à l'aile droite, a, pendant cette glorieuse journée, fait de fréquentes et audacieuses charges et pris des pièces de canon. Le 4e de chasseurs s'est aussi bien montré, ainsi que le 3e qui fait partie du corps du général Suchet. Le général de division Davout, commandant la cavalerie, est arrivé à cinq heures, amenant avec lui plusieurs régiments de cette arme, et il s'est porté avec l'adjudant commandant Lavallette et avec 40 sapeurs du 6e régiment de dragons, sur le village dont le général Monnier, soutenu par les troupes du centre, s'emparait pour la troisième fois. La nuit ne met pas elle-même de terme à cette longue et sanglante lutte. Nous étions maîtres du champ de bataille, l'ennemi était en pleine retraite et la victoire était entièrement décidée en notre faveur, lorsqu'un corps de grenadiers de douze bataillons parti du camp de réserve de Valeggio, et qui n'avait pu arriver plus tôt, attaque la division Watrin. Il était alors six heures du soir. L'intrépide 6e légère soutient avec la 28e cette attaque que l'obscurité rendait plus terrible. On se battait à vingt pas de distance. Le brave chef de brigade Macon s'est conduit avec la plus haute distinction. L'ennemi, repoussé sur la gauche, a tourné ses efforts contre le village et y a dirigé un feu d'artillerie très vif. Notre ligne était trop avancée pour que le canon de nos batteries du Mincio pût répondre à celui de l'ennemi. Le feu cesse enfin à neuf heures et nos troupes ramassent encore quelques prisonniers. Il est vraisemblable que cette attaque n'a eu lieu que pour couvrir la retraite de M. de Bellegarde, et elle rend notre victoire plus brillante. Ce général a fait marcher toutes ses troupes, jusqu'à sa garde, pour s'opposer à mon passage.
Le général Watrin m'apprend que dans le mouvement qu'il a fait aujourd'hui pour remonter le Mincio par la rive gauche et opérer s'il était possible la jonction de l'aile droite avec l'armée, il a trouvé à deux milles du pont le champ de bataille encore couvert de blessés et d'armes abandonnés par les Autrichiens. Il a fait transporter les blessés aux ambulances françaises.
Nous avons fait environ deux mille prisonniers dont plusieurs officiers supérieurs, enlevé un drapeau et plusieurs pièces de canon avec leurs caissons. Le lieutenant général autrichien Kaim a été grièvement blessé. La perte des ennemis est en outre d'environ quatre mille hommes tués ou blessés. Nous avons eu huit ou neuf cents hommes tués ou blessés ; le général de brigade Calvin est au nombre de ces derniers. Les généraux Monnier, Saint-Cyr et Petitot ont eu leur cheval tué sous eux. Le chef de brigade Valhubert, commandant la 28e officier très distingué, a été blessé, ainsi que le citoyen Lusignan, commandant la 58e, qui a eu deux chevaux tués sous lui. Le chef de bataillon Sarret a été tué ; sa perte est très sensible à la 6e légère. Le chef de bataillon Vivenot de la 28e a été blessé. Le chef de brigade Legendre, commandant la 40e, s'est trouvé, quoique malade, à la bataille ; il y a été très utile. Presque tous les officiers du 11e de hussards ont été blessés ou ont eu des chevaux tués sous eux, ainsi que plusieurs aides de camp et officiers d'état-major.
Les généraux de division Watrin et Monnier, les généraux de brigade Musnier, Petitot, Calvin et Gobert, chef de l'état-major de l'aile droite, ont rivalisé d'amour pour la gloire et ont déployé des talents précieux. Les adjudants commandants Sacqueleu et Girard se sont fait remarquer par leur bravoure et leur activité.
Les généraux de division Gazan et Loison, les généraux de brigade Lesuire, Colli et Clausel, employés dans le corps du centre, méritent les plus grands éloges.
L'artillerie du centre et l'artillerie légère attachée à la cavalerie ont parfaitement secondé l'artillerie de l'aile droite. Tous les corps de toutes les armes, fiers de se secourir mutuellement, se sont surpassés eux-mêmes dans cette circonstance décisive. Le général Salva, commandant l'artillerie de l'aile droite, m'a rendu un compte avantageux de tous les officiers employés sous ses ordres.
Je dois citer le citoyen Pierron, maréchal des logis en chef au 11e régiment de hussards, qui a enlevé un drapeau et qui a été blessé au moment d'en prendre un second. Le citoyen Godefroy, caporal de la 6e légère, est passé à la nage pour attacher la 1re barque. Le maréchal des logis Moreau, le brigadier Lagrenade du 11e de hussards, ont enlevé chacun une pièce de canon.
Il est peu de batailles dont le gain ait été disputé avec autant d'acharnement et une aussi grande inégalité de forces. Quatorze mille hommes ont triomphé de quarante mille, dans la position la plus délicate et n'ayant qu'un pont pour retraite. L'héroïque valeur des troupes de la République, ne s'est jamais manifestée avec plus d'éclat
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 152).

Le 6 Nivôse an 9, à 1 heure du matin, le Général en chef Brune, Conseiller d'État, écrit, depuis le Quartier Général de Monzambano, au Premier Consul Bonaparte : "... Le 4, après avoir pris une parfaite connaissance de la ligne ennemie à la gauche du Mincio, je résolus le passage de cette rivière par les deux seuls points favorables, Monzambano et Molino en avant de la Volta. Le Lt Gal Dupont dut jeter son pont à la Volta, en fesant d'Azola une marche forcée à votre manière. Cette fausse attaque devait attirer L'attention de M. de Bellegarde, et diviser ses forces. La position de Molino permettait d'écraser par le feu de l'artillerie, l'ennemi qui aurait voulu attaquer le pont. M. de Bellegarde imagina, en effet, que l'armée passait à Molino de la Volta, et il y porta la sienne. Les soldats impatients s'élancèrent contre des forces supérieures. La 6e reçut de la manière la plus brillante la charge des hussards de Toscane : ce régiment y a péri presque entièrement ..." (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 168).

Le Moniteur des 12 et 13 Nivôse donne, relativement au passage du Mincio, le rapport suivant, attribué à Brune : "Valeggio, le 6 nivôse an IX, à 1 heure du matin.
BRUNE, Général en chef de l'Armée d'Italie, au Ministre de la Guerre ...
Les deux points les plus favorables pour le passage du Mincio parurent être ceux de Monzambano et de Molino, vis-à-vis La Volta.
Le général Dupont partit d'Azola, jeta un pont à Molino. Le général Bellegarde s'y porta avec les principales forces de l'armée. On se battit avec acharnement. La 6e légère s'est distinguée : chargée par les hussards de Toscane, elle les reçut à bout portant. Une grande partie de ce régiment resta sur le champ de bataille ...
Signé : Brune.
Le Ministre de la guerre,
Signé : Alex. Berthier
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 168).

Le Rapport du Général de Division Oudinot, Chef de l'État-Major Général, adressé au Ministre de la Guerre, et daté du Quartier Général de Villafranca, le 9 Nivôse an 9, est ainsi conçu : "Citoyen Ministre, "Dans mon rapport sommaire daté de Monzambano le 5 de ce mois, à 5 heures du matin, j'ai eu l'honneur de vous donner un précis de la journée du 4. Je vous ai annoncé le compte détaillé que vous trouverez ci-bas.
Bulletin de la journée du 4 nivôse.
Le général en chef ayant décidé de passer le Mincio, ordonna qu'il serait jeté deux ponts devant Monzambano et un troisième entre les moulins de la Volta et le village de Pozzolo. L'aile droite de l'armée, aux ordres du lieutenant général Dupont, devait passer sur ce dernier point pour attirer et fixer l'attention de l'ennemi et faciliter par cette forte diversion le passage du reste de l'armée dans le même temps devant Monzambano. Le pont de la Volta fut jeté le 4. La lieutenance Dupont devait y attirer l'ennemi pour faire une diversion favorable à l'attaque par Monzambano qui était la véritable. Pour soutenir l'établissement du pont protégé par l'artillerie disposée avec beaucoup de talent par le chef de brigade Bardenet, le général de brigade Musnier se porta sur la rive gauche et y établit la 6e légère et une partie de la 28e de ligne. Un corps ennemi, fort d'environ 2200 hommes, était en vain accouru pour culbuter nos troupes ; il avait été lui-même contraint de se replier sur Pozzolo, disputant pied à pied le terrain. Le général de division Watrin poursuivait ses avantages et continuait de faire filer ses troupes.
Tel était l'état des choses lorsque le lieutenant général Dupont reçut les ordres du général en chef de ne plus agir : le succès de l'opération, la difficulté de ramener sur l'autre rive des troupes engagées dans un combat qu'elles soutenaient depuis plusieurs heures avec avantage, déterminèrent le lieutenant général Dupont à poursuivre ses avantages en rendant compte de sa position.
Le général en chef persista dans le projet qu'il avait adopté d'une forte diversion, laissant à sa prudence de ne pas compromettre ses troupes ; cette nouvelle fut accueillie par des cris de joie.
La 40e, faisant également partie de la division Watrin, suivit la 28e et s'empara du village de Pozzolo.
La 24e légère et la 58e, formant la division Monnier, arrivèrent au pont après une marche pénible et prirent leur rang de bataille sur la rive gauche du Mincio.
L'ennemi, averti du passage et des progrès de nos troupes, rassembla bientôt les siennes, et à une heure après midi, suivant les rapports, le lieutenant général Dupont avait en tête 45 bataillons et 12 régiments de cavalerie commandés par le général en chef Bellegarde en personne, accompagné de son chef d'état-major le général Zach.
Le général Watrin, qui tenait la gauche de notre ligne, eut à soutenir les premières attaques ; après deux heures d'efforts inutiles contre cette division, il dirigea sur elle, par son flanc droit, une charge impétueuse de cavalerie qui devint elle-même sans effet. Deux escadrons du 11e d'hussards, commandés par le chef d'escadron Martigues, en soutinrent le choc et firent des prodiges d'audace.
M. de Bellegarde voyant ses troupes foudroyées par l'artillerie placée sur la rive droite, vaincu d'ailleurs par l'inébranlable fermeté des 6e légère, 28e et 40e de ligne, habilement conduites par le général Watrin, abandonna cette partie et dirigea ses forces sur Pozzolo, occupé par la division Monnier.
Une forte colonne vint mettre un terme à l'avantage qu'avait conservé jusqu'alors la division Monnier : elle fut contrainte de céder momentanément au grand nombre.
Ce fut à cette heure que le lieutenant général Suchet rentrant avec son corps d'armée dans ses anciennes positions pour attendre le passage de Monzambano, remis au lendemain, apercevant des hauteurs de la rive droite la lutte aussi disproportionnée de 20000 hommes contre 7000, témoin des succès qu'allait obtenir l'ennemi, n'hésita point à détacher contre lui une de ses divisions.
Le général de division Gazan passa le Mincio avec les brigades Lesuire et Clausel. La 72e, envoyée pour appuyer l'aile droite, rétablit en un instant le combat, pénétra dans Pozzolo et enleva du canon à l'ennemi. La 8e légère et la 96e produisirent le même effet au centre.
Cependant l'ennemi trouve un nouvel avantage dans son grand nombre. Pozzolo est encore une fois emporté.
Le lieutenant général Suchet détacha aussitôt une des brigades de la division Loison, composée des 43e et 106e commandées par le général Colli. Ces deux corps s'avancent au pas de charge, toute la ligne suit l'impulsion et l'ennemi est partout culbuté.
Le 11e régiment de hussards se couvrit de gloire dans cette journée par ses charges fréquentes et audacieuses. On doit des éloges au 4e de chasseurs ainsi qu'au 3e.
A cinq heures, arme le général de division Davout, commandant la cavalerie, qui, s'apercevant que l'ennemi, dans sa 3e charge, s'emparait du village de Pozzolo, passa le Mincio à la tête des sapeurs et d'une quarantaine de dragons du 6e régiment, et accompagné du général de cavalerie Rivaud, de l'adjudant commandant Lavalette et des chefs de brigade Baron, Rigaud et Becker ; sans consulter l'inégalité de ses forces, le général Davout s'élance sur la colonne ennemie, culbutant tout ce qui se trouvait devant lui, traversa Pozzolo et poursuivit l'ennemi une demi-lieue au delà.
Il ne fallut rien moins qu'un pareil concours de bravoure, de générosité et de dévouement de la part des troupes et de leurs chefs, pour arracher la victoire si longtemps disputée.
Le général Monnier rentra dans Pozzolo: nos troupes, maîtresses du champ de bataille, avaient lieu de penser que la nuit avait mis un terme à cette lutte sanglante.
Il était six heures du soir lorsqu'un corps de grenadiers, arrivant du camp de réserve de Valeggio, vint fondre sur la division Watrin. L'intrépide 6e légère, ayant à sa tête son brave chef, le citoyen Macon, soutint seule cette attaque et la repoussa. L'ennemi tourna aussi infructueusement ses efforts sur Pozzolo: le feu cessa enfin entre neuf et dix heures du soir. Il fut fait à l'ennemi environ 2000 prisonniers dont plusieurs officiers supérieurs, enlevé un drapeau et plusieurs pièces de canon.
Le lieutenant général autrichien Kaim a été grièvement blessé ; la perte de l'ennemi en tués et blessés est au moins de 3 à 4 mille hommes. La nôtre s'élève à environ 900 hommes tant tués que blessés. Le général de brigade Calvin est du nombre des derniers, ainsi que le citoyen Valhubert, chef de la 28e de ligne, officier distingué; et le citoyen Lusignan, chef de la 58e, qui a eu deux chevaux tués sous lui ; presque tous les officiers du 11e de hussards ont été atteints, eux ou leurs chevaux : le chef de bataillon Sarret, de la 6e légère, est du nombre des morts ; ce brave et estimable officier est vivement regretté par son corps.
Le général Dupont se plait à payer un juste tribut d'éloges aux généraux Watrin, Monnier, Carra-Saint-Cyr, Musnier, Gobert, chef de l'état-major de l'aile droite, ainsi qu'aux adjudants commandants Saqueleu et Girard. Il rend le même hommage aux généraux Gazan, Lesuire et Colli, qui, employés dans le corps du général Suchet, ont si puissamment contribué aux succès de cette brillante journée. L'artillerie, placée sur la rive droite, a rendu les plus importants services ; dirigée par le chef de brigade Bardenet, plus d'une fois elle garantit nos braves d'une perte inévitable.
Le général Dupont se loue encore beaucoup de l'activité et du talent qu'ont montrés le chef de bataillon du génie Morio et les officiers de cette arme employés sous lui à la construction d'un second pont. Les braves sapeurs occupés au travail se servaient alternativement de leurs outils et de leurs armes.
Le citoyen Pierron, maréchal des logis au 11e de hussards, enleva un drapeau et fut blessé au moment où il allait en saisir un second.
Le capitaine Godefroi, de la 6e légère, passa le Mincio à la nage pour attacher la première barque.
Le maréchal des logis Moreau et le brigadier Lagrenade, du 11e de hussards, prirent chacun une pièce de canon.
Tels sont, citoyen Ministre, les principaux événements de la journée du 4 nivôse ; pour rendre à chacun la justice qui lui est due, il faudrait dénommer tous ceux qui ont combattu : dans l'impossibilité de satisfaire à ce devoir, je me propose néanmoins de recueillir les actions d'éclat qui ont eu lieu dans les corps et de vous les présenter
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 175).

Dans une lettre datée de Milan, le 10 Ventôse an 9, Roger-Valhubert, Chef de la 28e Demi-brigade de Ligne, écrit au Général en chef de l'Armée d'Italie, à Milan : "Général,
Puisque votre ordre du 2 le prescrit, je vais vous faire connaître les marches et les actions auxquelles ma demi-brigade a pris part depuis le renouvellement des hostilités. Si plus tôt vous vous fussiez adressé aux chefs de corps pour connaître la vérité dans les détails, vous n'auriez pas été si affreusement trompé, et, par suite, vos rapports ne présenteraient pas, comme des faits positifs, des fictions et des erreurs qui, déjà sans retour, ont fait leur impression. Oui, mon général, je ne vous le cacherai point ; vos rapports et ceux des généraux vos subordonnés ont désespéré de braves soldats. En donnant leurs actions à d'autres, vous leur avez ôté le véhicule de la gloire, qui peut seul, cependant, rendre leur métier supportable. Quand vous aurez lu les détails ci-dessous, que je vous garantis sur mon honneur, vous serez étonné de l'audace qu'on a mise à vous en imposer. Les voici :
Après la fausse attaque du 30 frimaire, sur Goïto, les 40e et 28e de ligne rétrogradèrent de deux milles, pour bivouaquer en avant de Gosoldo ; le 2 nivôse, elles serrèrent sur la gauche jusqu'à Saint-Lorenzo, et dans la nuit du 3 jusqu'à La Volta. Le lendemain, à 4 heures du matin, ces deux demi-brigades, sous les ordres du général Petitot, se mirent en marche. A la pointe du jour, nous débouchâmes sur ce superbe plateau de forme circulaire, aux pieds duquel se trouvent les moulins de La Volta, situés sur le Mincio. Les bords de ce plateau, élevés de vingt toises au-dessus du fleuve, forment un talus si avantageux que les troupes, l'artillerie et les pontons y arrivèrent et y restèrent masqués à l'ennemi.
La 6e légère, sous les ordres de son général de brigade Musnier, se réunit à nous. C'était à ce corps à passer le premier ; mais son général, le citoyen Musnier, qui se trouvait commander la division, voulut que ce fussent deux compagnies de grenadiers des 28e et 40e. Notre général, Petitot, lui représenta que la 6e légère n'avait pas besoin qu'on lui frayât le chemin. L'ordre ne fut pas rétracté, et nos grenadiers du 2e bataillon, sans s'embarrasser si c'était à eux d'ouvrir le passage, prennent un bateau de dessus son baquet, le descendent, le jettent à l'eau et s'embarquent (Note de Valhubert : Quel est donc le général qui a fait mettre dans le Rapport du général Dupont que c'était la 6e légère qui avait passé la première ? Pourquoi donc le général Watrin fait-il partager cet honneur aux autres corps de la division ? Il me semble cependant qu'il a été payé assez cher par la 28e, pour qu'elle puisse le conserver tout entier). Les quatre premiers qui mettent pied à terre sont tues ou blessés ; les autres marchent sur un ennemi qui ne bouge point. Déjà presque la moitié de cette intrépide compagnie était renversée, lorsque son capitaine le citoyen Dambly, prenant le fusil d'un mort, ajuste, et tire sur le commandant autrichien. Celui-ci est manqué, mais l'homme qui est à côté de lui tombe, et ce petit succès fut pour nos grenadiers un signal ; ils foncent à la baïonnette, et chassent l'ennemi de ses positions. On en était là lorsque les tirailleurs de la 40e se réunirent à nos grenadiers. Ce renfort assura le passage de la 6e légère, qui ne fut point du tout inquiétée.
Le chef de cette demi-brigade en reforma successivement les compagnies à leur débarquement : il étendit le cordon des tirailleurs et maintint l'ennemi à une si grande distance que les pontonniers ne furent jamais troublés dans la construction du pont qu'ils établissaient entre les moulins de La Volta et le village de Pozzolo. Pendant tout ce temps, l'artillerie de la division, qui avait choisi les meilleures positions du contour du plateau, essayait la portée de son canon sur un peloton de cavalerie autrichienne que l'on voyait dans la plaine unie et cailloutée de Pozzolo ; elle tirait aussi avec beaucoup d'avantage sur le village de ce nom.
Dès que le pont fut construit, le général Petitot y porta la tête de sa brigade; elle allait passer lorsqu'un officier d'état-major apporta l'ordre de faire revenir les troupes. Le général Musnier qui n'avait pas suivi la 6e légère, parce qu'il commandait la division, ordonne aussitôt la retraite. La 28e était déjà remontée sur le plateau, et la 40e à un mille de là, lorsque le lieutenant général Dupont parut avec le général Watrin ; il pouvait être dix heures. Ils arrêtent le mouvement rétrograde et ordonnent de continuer le passage. La 28e passa de suite. L'ordre que je reçus du général Watrin fut de me placer en seconde ligne derrière la 6e ; mais le terrain exigeant qu'on étendît la ligne, je priai le chef de la 6e, qui est mon aîné, d'appuyer à droite ou à gauche. Il appuya à gauche et voilà pourquoi la division fut toute la journée dans un ordre inverse. Notre mouvement n'était pas fini, que la 40e nous rejoignit avec le 11e de hussards et le 4e de chasseurs. Nos généraux de brigade se mettent à la tête de leurs troupes ; le général Dupont et le général Watrin parcourent la ligne. Le général Watrin ordonne au général Petitot de se porter avec une partie de la 40e sur Pozzolo, et ce village est enlevé. Une brigade de la division Monnier arrive, on le lui cède, et la 40e se resserre sur nous. Jusqu'à ce moment, on n'avait eu à combattre que des tirailleurs ; sur le midi, on vit déboucher l'armée autrichienne. Elle se déploya dans la plaine. Son aspect était formidable ; elle présentait cinq fois plus de forces que nous n'en avions. Malgré cette grande disproportion, la troupe montra beaucoup de confiance. Elle borda la plaine depuis Pozzolo jusqu'au Mincio, au-dessus des moulins de La Volta. Cette ligne nécessairement laissait des intervalles, mais trente bouches à feu placées au-dessus de nos têtes, sur le contour du plateau, paraissent suffire pour défendre l'entrée. L'ennemi perd une heure en dispositions ; il étend sa droite, marche en avant, et puis rétrograde, et ensuite détache des corps sur sa gauche. Ceux-ci se portent sur Pozzolo ; au moment où ils l'attaquent, leur aile droite, qui s'était rapprochée jusqu'à portée de fusil, nous fit un feu très vif. Il y avait une demi-heure qu'il durait, lorsqu'un parti de leurs dragons fonça sur un bataillon de la 40e. Ce bataillon, qui n'était pas encore remis du désordre que venaient d'y jeter quelques maladroits de nos cavaliers, se bat en désespéré, mais à la fin il est haché, perd son drapeau et se trouve traversé à cent pas derrière lui. Ce moment fut critique ; on voyait, derrière les assaillants, Bussy et un autre régiment de cavalerie. Il ne leur fallait pas sept minutes pour gagner le pont ; mais la 28e, qui sait par expérience que la cavalerie n'est jamais à craindre pour une infanterie ferme et bien ordonnée, ne s'ébranle point. Elle fit des feux à bout portant, et tels que les dragons ennemis furent totalement terrassés ; le peu qui s'en sauva jeta l'épouvante dans les deux régiments autrichiens que l'on voyait prêts à fondre sur nous, et ils ne bougèrent pas (Note de Valhubert : Voilà la seule charge de cavalerie que l'ennemi ait faite sur les trois demi-brigades de la division Watrin ; ainsi le général, d'après l'écrit duquel vous avez mis dans votre rapport : « La 6e légère s'est distinguée ; chargée par les hussards de Toscane, elle les reçut à bout portant », se tenait absolument trop éloigné pour distinguer l'uniforme, ou tout bonnement a voulu arranger un conte. Se permettre d'écrire qu'une demi-brigade à côté de nous s'est distinguée, c'est bien nous faire une insulte, et lorsque pour appuyer cette fourberie, on va jusqu'à nous voler nos propres actions pour les approprier au corps que l'on commande, peut-être c'est se rendre deux fois criminel. Où était donc le général Musnier ? très sûrement, il n'était pas avec la 6e, ou il n'a pas vu ce qui s'y est passé. J'en dis autant du général Watrin lorsqu'il parle du passage du Mincio. Si l'on réplique, je confondrai les hommes qui s'y exposeront, ou je consens à être déshonoré et chassé). Ceux des bataillons de la 40e, qui n'avaient pas essuyé cette charge, remplirent bientôt le vide de celui qui venait de disparaître, et, par des feux bien soutenus, vengèrent sa perte. La 6e légère, qui tenait la gauche, entretint aussi tellement ses feux que nulle cavalerie ne parut devant elle; la 28e, placée à un angle, était celle qui perdait le plus de monde. La compagnie qui tenait la sommité de cet angle fut presque détruite. Nous nous battions au milieu des tués, des mourants et des blessés. La douleur arrachait des cris, mais le combattant était sourd et ne portait personne à l'ambulance. Tant pis pour celui qui ne pouvait pas y marcher ! Un officier supérieur, dangereusement blessé, s'y traînait lorsqu'un autre tombe de dessus son cheval. On croit ce dernier mort, quelques signes de vie portent cependant des soldats à le relever ; on voit que ce n'est que l'effet d'un boulet passé très près de lui ; la connaissance lui revient, il renvoie les soldats dans leurs rangs, cesse un instant de commander, et, sans s'éloigner, s'appuie sur un serre-file. L'ordre jadis, dans la 28e, portait peine de mort contre quiconque dans les combats donnait des secours aux blessés, et certes, ce n'était pas à un officier supérieur de laisser enfreindre pour lui un ordre qui partout devrait être suivi avec la dernière rigueur. Une demi-heure après, cet officier se fait replacer sur son cheval et continue son service. Sa présence cependant était inutile dans mon corps ; il pouvait bonnement se retirer à l'ambulance, et être parfaitement remplacé ; mais il voulut faire dans cette occasion ce que tant d'officiers lui avaient montré dans les moments les plus critiques de Montebello et de Marengo.
On n'a pas parlé de ces traits qui caractérisent la 28e, et moi, je n'en parle que pour faire voir ce contraste : Les généraux dans leurs rapports taisent des vérités honorables aux autres pour y suppléer des fables qu'ils arrangent suivant leurs désirs. Ils préfèrent citer des ordres qu'ils n'ont pas donnés, se faire trouver où ils n'ont pas paru, etc., etc., etc. Oui, mon général, d'après les preuves que j'ai, je puis dire des rapports de quelques généraux ce que Mirabeau disait des lois : Ils sont comme la cuisine, il ne faut pas les voir faire. — Ce sera cependant sur les pièces, mon général, qu'on bâtira l'histoire de la guerre !
Après cette digression, je reviens aux actions de ma demi-brigade. L'ennemi, qui n'osait plus hasarder de charge avec sa cavalerie, voulut en essayer avec son infanterie. Toute sa première ligne marche sur nous : ses rangs sont éclaircis ; ils imitent les Russes, nul ne s'arrête, et ils forcent Pozzolo. La retraite de nos troupes, sur ce point, se fait sentir de proche en proche ; ma demi-brigade et les autres de la division Watrin se reploient aussi ; elles le font lentement ; elles attendent des secours ; une division arrive, et tous les corps, à l'envi les uns des autres, reprennent l'offensive. Les Autrichiens, à leur tour, sont enfoncés, perdent beaucoup de monde et se retirent en désordre.
Malheureusement nous n'étions pas assez forts pour les poursuivre. La cavalerie surtout nous manquait ; aussi, quand ils se furent mis hors de portée de canon, ils s'arrêtent, reforment une ligne et marchent de nouveau sur nous. Notre artillerie ravage encore leurs rangs ; notre mousqueterie les atteint bientôt aussi mais ils n'en arrivent pas moins, et vont nous toucher ...; Il fallut donc pour la deuxième fois céder des positions que nous ne pouvions plus défendre.
Jamais le lieutenant général Dupont ne s'est trouvé dans une position plus critique ; il avait bien demandé, et il lui arrivait des demi-brigades de la lieutenance Suchet, mais elles étaient encore à un quart d'heure de marche, et il ne fallait pas deux minutes pour nous culbuter dans le Mincio. Heureusement, l'ennemi tâtonne ; notre artillerie l'épouvante ; sa cavalerie ne charge point ; son infanterie même, au milieu de nos rangs, se trouve déconcertée. Les demi-brigades de renfort ont le temps d'arriver : on les voit, elles foncent sur l'ennemi ; toutes les divisions en font autant ; notre cavalerie s'élance aussi dans la plaine, et les Autrichiens sont exterminés et mis dans une déroute complète.
Nous les poursuivons; la 40e et la 28e s'avancent à plus d'une lieue dans la plaine. Le 11e de hussards, sous les ordres de son chef de brigade, et un autre régiment sous les ordres d'un adjudant commandant, s'y trouvent aussi. Nous nous tenons assez près les uns des autres pour, au besoin, nous donner des secours, et quand la nuit est tombée, nous nous concertons, et nous nous retirons dans nos premières positions.
Ne sachant où les troupes s'étaient réparties, je détachai le chef de bataillon Taupin avec la moitié de mon corps, pour flanquer la gauche, et empêcher que l'ennemi se glissât entre nous et le Mincio. Pour moi je me reportai à ce terrible angle où nous avions perdu tant de monde, mais qu'il était toujours essentiel d'occuper. La 40e suivit la même route que Taupin ; quant à la cavalerie, je la perdis de vue et je fis observer la plaine par de l'infanterie.
Je tenais encore ma troupe sous les armes, lorsque, vers les sept heures, on entendit un feu très vif et très soutenu, venant du côté où j'avais envoyé la moitié de mon corps ; je m'y rendis : il finissait comme j'arrivais, et je sus que c'était une colonne ennemie qui venait encore de tenter une charge. Son mouvement paraissait concerté avec une autre colonne qui attaquait en même temps le village de Pozzolo. La perte de l'ennemi fut extrêmement grande de notre côté, et l'honneur de ce nouveau succès fut partagé par la 40e, la moitié de la 28e, un bataillon de la 96e et toute la 6e. Tel était le rang que ces troupes tenaient alors en bataille. Le feu commença par la 28e et se continua jusqu'aux ailes. La 96e, par sa position, fit le plus de mal à l'ennemi et la 6e le moins. Celle-ci, formant le côté de l'angle qui appuyait vers le Mincio, ne pouvait pas fournir des feux bien meurtriers. Je rencontrai là le général Musnier : ainsi, il doit savoir cela comme moi.
Je ne m'étends sur cet ordre de bataille qu'à cause de l'inexactitude des rapports. Le général Dupont a mis à l'ordre de sa lieutenance : « Il était six heures du soir, lorsqu'un corps de grenadiers, arrivant du camp de réserve de Valeggio, vint fondre sur la division Watrin. L'intrépide 6e légère, ayant à sa tête son chef, le citoyen Maçon, soutint seule cette attaque et la repoussa.
J'espère et je désire que le général Dupont, à qui j'ai écrit, fasse punir celui qui l'a trompé.
Après cette nouvelle digression, qui devenait nécessaire pour citer des faits qui prouvent ce que j'ai avancé, je reprends la suite de mon rapport.
Cette attaque nocturne fut la dernière qu'essuya la division Watrin. Comme le point où elle venait d'avoir lieu était plus garni qu'il n'avait besoin de l'être, je retirai ce que j'y avais de troupes, pour les rapprocher de la droite où le feu continuait. Les soldats tinrent leurs fusils en mains et allumèrent des feux sur tout le front.
Le lendemain, à la pointe du jour, la division Watrin quitta ses positions pour repasser sur la rive droite. Elle campa sur le plateau en face des moulins de La Volta ; elle y resta jusqu'au 6 au soir, qu'elle se rendit à Valeggio ; le 7, elle fut à Sainte-Lucie: quelques jours après, à Bussolengo ; ensuite à Vérone, où elle passa l'Adige pour marcher sur Vicence, en longeant le pied des collines qui sont à droite. Les Autrichiens se retirèrent devant elle jusqu'à Brendola ; ils s'y réunirent à deux petits camps. La 28e fut chargée de les attaquer ; la résistance fut grande ; mais dès que le général Petitot eut ordonné la charge à la baïonnette, le village fut enlevé et l'ennemi se sauva sur les hauteurs qu'il évacua pendant la nuit. La division fut alors sans obstacles jusqu'en avant de Trévise où l'armistice fut conclu.
Salut et respect,
Signé : Roger-Valhubert
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 182 - Archives Dupont).

Pendant ce temps, Moreau a remporté la victoire de Hohenlinden et s'avance sur Vienne, et Mac Donald s'est enfoncé en Haute Adige. Les Autrichiens signent un nouvel armistice à Steyer. La Paix va suivre à Luneville en février 1801.

Au début 1801, l’encadrement de la Demi-brigade est le suivant à l’Armée d'Italie (janvier 1801, côte SHDT : us180101) :
Chef de Corps : MACON, Chef de Brigade; ROGER, Quartier-maître trésorier ;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Sarret ;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Guyardet ;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Lechevalier.

LE RETOUR EN FRANCE, 1801-1804

Carabinier du 6e Léger vers 1802
Fig. 1 Carabinier du 6e Léger vers 1802

A partir de mars 1801, la Demi-brigade est cantonnée dans les Alpes (mars 1801, côte SHDT : us180103) :
Chef de Corps : MACON, Chef de Brigade; ROGER, Quartier-maître trésorier ;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Sarret à Grenoble (7e Division militaire) ;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Guyardet à Grenoble (7e Division militaire) ;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Lechevalier à Grenoble (7e Division militaire).

En avril 1801, la situation est la suivante (avril 1801, côte SHDT : us180104) :
Chef de corps : MACON, Chef de Brigade; ROGER, Quartier-maître trésorier ;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Sarret à Grenoble (7e Division militaire) ;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Guyardet à Grenoble (7e Division militaire) ;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Lechevalier à Grenoble (7e Division militaire).

Le 8 Prairial an 9 (28 mai 1801), le Premier Consul écrit, depuis La Malmaison, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Vous devez déjà avoir donné l'ordre, citoyen ministre, au bataillon de la 26e demi-brigade qui faisait partie du corps d'observation du Midi de rentrer en France. Donnez le même ordre aux grenadiers de la 6e légère et aux carabiniers de la 47e de ligne" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6306).

En octobre 1801, la situation est la suivante (octobre 1801, côte SHDT : us180110) :
Chef de Corps : MACON, Chef de Brigade; ROGER, Quartier-maître trésorier ;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Sarret à Grenoble (7e Division militaire) ;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Guyardet à Grenoble (7e Division militaire) ;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Lechevalier à Briancon, Gap, Mont Lyon, Fort Queyras, Fort Barreau.

En novembre 1801, la situation est la suivante (novembre 1801, côte SHDT : us180111) :
Chef de Corps : MACON, Chef de Brigade; ROGER, Quartier-maître trésorier ;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Sarret à Grenoble (7e Division militaire) ;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Guyardet à Grenoble (7e Division militaire) ;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Lechevalier à Grenoble (7e Division militaire).
Observations : Détachement à Mont-Lyon, Fort Queyras, Gap et Embrun.

1802

Au début 1802, la Demi-brigade est toujours dans les Alpes, alors que Bonaparte vient à Lyon pour la Consulte qui doit le désigner comme Président de la République Italienne. Il se compose une escorte d’honneur avec des détachements de Carabiniers ou de Grenadiers de divers Régiments, dont les Carabiniers de la 6e Légère. Ils en profiteront pour se reéquiper à neuf et se coiffer de bonnets d’oursin ...

Le 20 janvier 1802 (30 nivôse an 10), Bonaparte écrit, depuis Lyon, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre ...
Garder à Grenoble la 6e Légère et la 88e …
de ne plus garder pour garnison à Lyon aucun corps d'infanterie.
Cette garnison ne sera composée désormais que de 18 compagnies de grenadiers qui seront formées :
De 3 compagnies de carabiniers de la 21e légère,
De 3 de la 4e,
De 3 de grenadiers de la 59e,
De 3 de carabiniers de la 2e légère,
De 3 de carabiniers de la 22e légère,
De 3 de carabiniers de la 6e légère.
Ces compagnies qui seront tirées des corps qui sont dans la 7e division correspondront avec eux pour leur comptabilité, comme s'ils étaient dans la même division.
Au 1er vendémiaire de chaque année, on changera ces grenadiers. Le ministre de la Guerre désignera, soit dans la 7e, soit dans la 18e ou dans la 19e division militaire même, les grenadiers qui devront former la garnison de Lyon.
Il sera sévèrement défendu à ces compagnies de grenadiers de recruter aucun homme ; toutes les recrues qui se présenteraient seront envoyées aux corps.
Le général commandant à Lyon classera ces 18 compagnies en 3 bataillons commandés chacun par un chef de bataillon que désignera le ministre de la Guerre. Les chefs de bataillon suivront leurs grenadiers. Toutes les fois qu'un corps partirait de Lyon, ou d'une division voisine, les grenadiers suivront le corps auquel ils appartiennent, et d'autres compagnies les remplaceront.
Cet ordre de choses peut commencer à avoir lieu dès le 20 pluviôse. Il faut recommander au général commandant la place de Lyon de ne faire faire à ces grenadiers qu'un service d'honneur et de haute police, et d'avoir soin que les compagnies soient complétées par leur corps et bien tenues. Il doit y avoir à Lyon, comme à Bordeaux et à Paris, une garde nationale soldée pour faire le service de la basse police
" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6728).

En janvier 1802, la 6e Demi-brigade légère se répartit ainsi (janvier 1802, côte SHDT : us180201) :
Chef de Corps : MACON, Chef de Brigade; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Carabiniers à Lyon - Chef de Bataillon Nion;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Guyardet à Grenoble (7e Division militaire);
2e Bataillon : Chef de Bataillon Lechevalier à Grenoble (7e Division militaire);
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Grenoble (7e Division militaire).

En mars, la situation n’a guère évolué (mars 1802, côte SHDT : us180203) :
Chef de Corps : MACON, Chef de Brigade; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Carabiniers à Lyon - Chef de Bataillon Nion;
1e Bataillon : Chef de Bataillon Guyardet à Grenoble (7e Division militaire);
2e Bataillon : Chef de Bataillon Lechevalier à Grenoble (7e Division militaire);
3e Bataillon : Chef de bataillon Meunier à Grenoble (7e Division militaire); Mars 1802 : détachement à Embrun et à Gap.

Le 10 mai 1802 (20 floréal an 10), à Paris, à la question : "Molitor, commandant la 7e division militaire, expose que les bâtiments militaires de Grenoble sont entièrement occupés : plus de place pour le 5e bataillon du train d'artillerie ; il y a à Grenoble la 88e, la 6e légère, le 4e d'artillerie à pied et deux compagnies d'ouvriers ; on pourrait envoyer l'une des deux demi-brigades à Gap et à Embrun", le Premier Consul réponds : "Laisser le 4e régiment à Grenoble, mais changer la destination du bataillon du train ; l'on pourrait le mettre à Valence" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 428).

Le 14 juillet 1802, la Demi-brigade reçoit de nouveaux drapeaux, comme toute l’Infanterie légère. Au moment de la remise de ces drapeaux, le 1er Consul a adressé une allocution aux détachements représentant l'Infanterie légère : "Soldats de l'infanterie légère de l'armée française, voilà vos drapeaux ; ils vous serviront toujours de ralliement. Ils seront partout où le Peuple français aura des ennemis à combattre ; ils imprimeront la terreur aux ennemis du Gouvernement, quels qu'ils soient.
Soldats, vous défendrez vos drapeaux ; non, jamais ils ne tomberont au pouvoir des ennemis. Vous jurez d'être prêts à les défendre aux dépens de votre vie !
" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6182).

Dans le même temps, suite au traité d’Amiens et la paix avec l’Angleterre, un petit détachement de la Demi-brigade va être envoyé dans l’Océan Indien avec le Général Decaen pour récupérer nos comptoirs et renforcer la Réunion et l’Ile de France, où il finira amalgamé dans les troupes coloniales. L’expédition ne partira finalement que le 6 mars 1803.

Le 18 juillet 1802 (29 messidor an 10), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre ... d'écrire également au général Decaen, pour qu'il donne l'ordre de former un bataillon d'infanterie légère à cinq compagnies, et fort seulement de 3oo hommes. Le chef de bataillon et les capitaines seront pris parmi les officiers des 3es bataillons d'infanterie légère qui ont été réformés en l'an VIII. Les 1re, 6e, 8e, 9e, 10e, 13e, 14e, 16e, 17e, 18e, 20e, 26e, 27e, 29e, 30e et 31e légères fourniront chacune 20 hommes de bonne volonté. Ce bataillon comptera dans l'armée comme 3e bataillon de la 18e légère. Par ce moyen, cette demi-brigade aura deux bataillons en France et un aux Indes ..." (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6189; Correspondance générale, t.3, lettre 7026).

En septembre 1802, les positions du Régiment sont les suivantes (septembre 1802, côte SHDT : us180209) :
Chef de Corps : MACON, Chef de Brigade; ROGER, Quartier-maître trésorier;
1er Bataillon : Chef de bataillon Guyardet à Grenoble (7e Division militaire);
2e Bataillon : Chef de Bataillon Lechevalier à Grenoble (7e Division militaire);
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Grenoble (7e Division militaire); Observations : septembre 1802 : Carabiniers à Lyon - Chef de Bataillon Nion.

Le 2 octobre 1802 (10 vendémiaire an 11), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "… Envoyez l'ordre au général commandant la 7e division militaire de faire partir pour Genève un bataillon de la 6e légère, complété à 600 hommes …" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 389 ; Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6359 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7193).

Le 29 octobre 1802, le Général Séras s'empare de Zurich, sans coup férir; le Général Ney, l'apprenant, écrit, le 31 octobre 1802, au Ministre de la Guerre Berthier : "... Les bataillons de la 6e légère et de la 78e de ligne, ainsi que l'escadron du 20e de cavalerie, qui étaient déjà à Payerne et Avanches retournent à Genève ; ils partiront ensuite de cette ville pour Grenoble, Chambéry et Lyon, leurs anciennes garnisons. Il ne restera donc à Genève que la 2e légère ..." (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 1, p. 376).

1803-1804, LES CAMPS ET L’EMPIRE

En mars 1803, la Demi-brigade est toujours à Grenoble (mars 1803, côte SHDT : us180303) :
Chef de corps : MACON, Chef de Brigade; Quartier-maître trésorier ROGER;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Guyardet à Grenoble (7e Division militaire);
2e Bataillon : Chef de Bataillon Lechevalier à Grenoble (7e Division militaire);
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Grenoble (7e Division militaire);
Observations : mars 1803 : détachement au fort Barreau - Chef de Bataillon Nion.

Le 2 Germinal an 11 (23 mars 1803), à Paris, "Le ministre de la guerre rend compte des rixes qui ont eu lieu, pendant le carnaval, entre des militaires de la 6e demi-brigade et des habitants de Grenoble. L'animosité restée dans les esprits pourrait produire de nouveaux désordres"; le Premier Consul répond : "Renvoyé au ministre de la guerre, pour faire connaître au général et au préfet que mon intention n'est pas de changer la demi-brigade ; que les soldats et les habitants qui se comporteraient mal doivent être punis ; que je regarde comme un mauvais système de changer des troupes pour des rixes ; que la justice doit être ferme et personnelle, mais ne jamais atteindre directement ni indirectement un corps entier" (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6643).

Le 20 mai, la Paix d’Amiens avec l’Angleterre est rompue. Les armées française vont tout d’abord envahir le Hanovre puis se positionner les long des côtes en vue d’une invasion de la Grande Bretagne.

Le 14 juin 1803, Bonaparte écrit à Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie citoyen ministre de donner l’ordre que ... la 6e Légère qui est à Grenoble se rende à Givet, partir le 15 messidor" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7721). Puis le même jour au même : "Je vous renvoie, Citoyen Ministre, les projets que vous aviez rédigés pour le camp de Saint-Omer. Voici définitivement les bases auxquelles je me suis arrêté :
Six camps seront formés, lesquels, destinés à ne composer qu'une seule armée, seront commandés par six lieutenants généraux commandant en chef. Ils auront chacun un parc d'artillerie commandé par un général d'artillerie et par un colonel directeur du parc. Les six parcs seront tous soumis à un général commandant en chef l'artillerie et à un général de brigade directeur général des parcs des six camps. Chacun de ces camps aura un ordonnateur, lequel correspondra avec un ordonnateur en chef des six camps.
Ces six camps seront : un en Hollande, un à Gand, un à Saint-Omer, un à Compiègne, un à Saint-Malo, un à Bayonne ...
Pour le camp de Gand, les 6e et 13e légères; les 12e, 33e, 51e, 108e, 14e, 36e, 61e et 85e de ligne ... Chacune des demi-brigades ci-dessus ne fournira que ses 1er et 2e bataillons, lesquels seront complétés à 1,000 hommes. Il est donc nécessaire que ces corps soient prévenus sur-le-champ que leurs deux premiers bataillons doivent marcher vers la fin de l'été, afin qu'ils activent l'instruction, l'habillement, etc ...
" (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6814; Correspondance générale, t.4, lettre 7722).

En juillet 1803, Bonaparte visite les départements belges annexés.

Une revue du 6e Léger par le Général Schauenbourg, le 11 messidor an 11 (1er juillet 1803)

L’effectif théorique qui devait être de 2318 hommes et Oficiers n’est que de 1485. Les Chasseurs ont des shakos et les Carabiniers des bonnets d'oursin; le magasin contient du drap bleu, blanc et écarlate. Les uniformes sont usés et les banderoles noires sont retournées pour pouvoir être blanchies. Le Régiment est globalement bien instruit sur le plan des manœuvres et des ordres ; il y a un bon esprit de corps.

Le 10 août 1803 (22 thermidor an 11), Bonaparte écrit depuis Reims au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... J'ai accordé ... aux 6e, 25e et 26e légères ... quinze jours de gratification ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 7001; Correspondance générale, t.4, lettre 7924).

Le 14 août 1803 (26 thermidor an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Les deux bataillons des 12e de ligne et 6e légères partiront de Givet et de Mézières le 20 fructidor pour se rendre à Bruges; les 3e bataillons et le dépôt resteront à Givet et à Mézières. Les deux premiers bataillons seront complétés à 700 hommes chacun ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 7932).

Finalement la 6e Légère est envoyée au camp de Compiègne.

Le 28 août 1803 (10 fructidor an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous envoie, citoyen ministre, les dispositions que j'ai arrêtées pour l'organisation de quatre camps faisant partie des six qui vont être formés sur les côtes de l'Océan.
... Camp de Compiègne
Le général Ney est nommé commandant en chef du camp de Compiègne
... Le camp de Compiègne formera trois divisions
La 2e division sera commandée par le général Loison qui aura à ses ordres les généraux de brigade Roguet, Villatte :
La 2e division sera composée des :
6e légère,
44e de ligne,
63e id,
39e id ...
Jusqu'à nouvel ordre les troupes des demi-brigades resteront dans leurs garnisons respectives où elles occuperont des moyens de se mettre en campagne
" (Correspondance générale, t.4, lettre 7972).

Le 12 septembre 1803 (25 fructidor an 11), Bonaparte écrit depuis La Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Dans la deuxième division militaire, citoyen ministre, ... les 6e, 25e et 26e légères ... doivent seuls jouir de la gratification ...
Cette gratification n'est accordée qu'aux seuls individus de ces corps qui ont passé la revue du Premier Consul ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 589 ; Correspondance générale, t.4, lettre 8020).

En Septembre, un Arrêté des consuls du 1er vendémiaire an XII (21 septembre 1803), supprime la dénomination de "Demi-brigade" pour établir celle de "Régiment".

Le 24 septembre, un Colonel (nouveau titre du Chef de Brigade) a pris la tête du Régiment : Jean Grégoire Barthelemy Laplane.

En Octobre 1803, les deux premiers Bataillons gagnent leurs nouveaux cantonnements au camp des Moulins en arrière d’Etaples, tandis que le 3ème Bataillon reste à Givet. Les Chasseurs partent de Givet les 9 et 10 octobre et arrivent dix jours plus tard.

Situation du 6e Léger en cotobre 1803 (octobre 1803, côte SHDT : us180310) :
Chef de Corps : LAPLANE, Colonel; NION, Chef de Bataillon; ROGER, Quartier-maître trésorier;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Guyardet à Montreuil, camp d'Etaples;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain à Montreuil, camp d'Etaples;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Givet (2e Division militaire).

Le 19 décembre 1803 (27 frimaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Soult, Commandant du Camp de Saint-Omer : "Citoyen général Soult, les détachements du 39e qui vous sont arrivés doivent être à Etaples et camper à côté du 6e léger, le 69e à côté du 25e léger, les 9e léger et 18e, 32e et 96e de ligne doivent faire partie de la division Dupont qui campe à Boulogne; mais qui cependant doit faire partie du corps d'armée du général Ney.
Le 25e léger, les 27e, 59e et 69e doivent être campés à Etaples et former une division. Le 6e léger, les 39e, 44e et 63e doivent former une autre division également campée à Etaples (faisant partie du corps du maréchal Ney NDLR). La 1re division qui part du Havre va se rendre à Etaples. Faites fournir la garnison par les troupes du camp d'Etaples
" (Correspondance générale, t.4, lettre 8478).

Les hommes sont logés dans des baraques : 4 baraques par Compagnies sur deux rangs avec en arrière les baraques des Sous-officiers et des Officiers. Par rapport à d'autres camps, il semble que l'instruction n'ait pas été très poussée et que l'ennui ait été la principale activité (Souvenirs du Duc de Fesenzac).

L’EMPIRE (1804) ET LA CAMPAGNE DE 1805

- 1804

Les positions du Régiment en janvier 1804 sont les suivantes (janvier 1804, côte SHDT : us180401) :
Chef de Corps : LAPLANE, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône des ans XI et XII;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion au camp de Montreuil;
2e Bataillon au camp de Montreuil;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Givet (2e Division militaire).

L’année 1804 va se passer en manœuvres et exercices pour les deux premiers Bataillons, afin de s’embarquer et débarquer de la flottille qui doit les emmener en Angleterre.

Les positions du Régiment en mars 1804 sont les suivantes (côte SHDT : us180403) :
Chef de Corps : LAPLANE, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône des ans XI et XII;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion à camp de Montreuil;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain à camp de Montreuil;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Givet (2e Division militaire).

L’Empire est proclamé le 18 Mai. Le nouvel Empereur écrit à Berthier le 21 :
"Saint-Cloud, 21 mai 1804
Au maréchal Berthier
Mon cousin, je vois que, dans l’état de situation de l’armée des côtes ... Le 64e n’est porté qu’à 1,200 hommes ; son dépôt, qui est à Rocroy, peut lui fournir 400 hommes. Le 39e n’est qu’à 1,400 hommes ; son dépôt peut lui fournir des hommes pour le compléter à 1,600 hommes. Le 6e d’infanterie légère n’est qu’à 1,400 hommes; son dépôt, qui est à Givet, peut le compléter à 1,600 hommes. Le 25e régiment d’infanterie légère est à 1,400 hommes ; il peut être porté à 1,600 hommes. Le 69e est à 1,300 hommes ; son dépôt peut lui fournir 300 hommes ...
".

Le 11 Juillet est créée la Légion d’Honneur. Elle récompensera de droit les soldats titulaires d’une arme d’honneur, dont certains du 6e Léger.

Les mois d'octobre et de novembre 1804 sont employés par les troupes du camp de Montreuil à réfectionner en maçonnerie leurs baraques, et ce, non gratuitement, ainsi que l'avait cru le Maréchal Ney, car l'on trouve pour cet objet, dans le registre du Maréchal, une dépense de 598 francs au 6e Léger (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 32).

Les Régiments vont devoir recevoir de nouveaux emblèmes surmontés de l’Aigle Impériale, ce qui sera fait au Champs de Mars le 5 Décembre, trois jours après la cérémonie du sacre à Notre Dame.

Les positions du Régiment n’ont pas changé à la fin de l’année (décembre 1804, côte SHDT : us180412) :
Chef de Corps : LAPLANE Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône des ans XI et XII;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion aux Moulins, camp de Montreuil;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain aux Moulins, camp de Montreuil;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Givet (2e Division militaire).

- 1805

Sous-officier de Chasseurs du 6e Léger vu au Tyrol en 1805
Fig. 2 Sous-officier de Chasseurs du 6e Léger vu au Tyrol en 1805

En mars 1805, la situation du Régiment est la suivante (côte SHDT : us180503) :
Chef de Corps : LAPLANE, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône des ans XI et XII;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion aux Moulins, camp de Montreuil;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain aux Moulins, camp de Montreuil;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Givet (2e Division militaire).

En juin 1805, la situation du Régiment est la suivante (côte SHDT : us180506) :
Chef de Corps : LAPLANE, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône de l'an XIII;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion aux Moulins - Grande armée - Corps de Gauche - 2e Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain aux Moulins - Grande armée - Corps de Gauche - 2e Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Givet (2e Division militaire) - Grande armée - Corps de Gauche - 2e Division.

Le 4 juillet 1805, Napoléon apprend que Russes et Autrichiens ont signé une "convention de guerre" aux termes de laquelle 140000 soldats russes se préparent à marcher sur l'Allemagne pour se joindre aux forces autrichiennes.

La désertion est considérable dans les troupes de l'Armée de l'Océan. Ainsi, pendant les dix mois compris entre le 1er octobre 1804 et le ler août 1805, le 6e Léger compte 331 déserteurs sur 1289 hommes incorporés (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", tome 2, p. 64).

Désertion en l'an XIII

Régiments

Recrues

Déserteurs

6e Léger

1289

331

Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 148

Il faut dire que les jeunes conscrits des ans 10, 11 et 12 sont jetés aux milieu d’hommes accoutumées à la guerre de réquisitions, endurcis et impitoyables, dont l'accueil est brutal au point de multiplier les désertions. Les recommandations incessantes des inspecteurs généraux font assez ressortir à quel point le mal est visible : "Le général rappelle que les conscrits doivent être traités avec douceur et modération (11e de Ligne); on peut compter comme une des causes de la désertion la dureté qu'affectent à l'égard des recrues quelques-uns des anciens soldats (6e Léger)". Bien des causes contribuent à produire la désertion, qui est énorme. Depuis trois ans, il déserte environ 50 hommes par bataillon chaque année. Une grande partie de ces désertions proviennent du peu d'esprit national des recrues, levées en Belgique, dans le pays de Trèves, le Palatinat ou l'Italie, ou dans nos départements de l'Ouest; mais il faut avouer que toutes les parties de la France sont atteintes plus ou moins du même mal; l'Isère, le Rhône, Saône-et-Loire, etc., qui comptaient cependant parmi les départements les plus patriotes et les plus militaires depuis 1791, donnent lieu à des plaintes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 170-171-172-173).

Pour remplacer les déserteurs ou les conscrits qui, par corruption de fonctionnaires, se sont fait réformer, les conseils de recrutement en désignent d'autres, moins bons pour le service. On accepte des remplaçants sourds, aveugles, boiteux ou poitrinaires, qu'il faut réformer au corps, et d'autres qu'on accepte à la rigueur, mais qui sont encore d'assez mauvaise complexion. Les plaintes sont générales : "Le peu de soin que l'on apporte dans les départements lors des désignations fait qu'il arrive au corps des conscrits infirmes et impropres au service, même des remplaçants qui n'en peuvent faire aucun et qu'il faut réformer (6e Léger). Plusieurs hommes, même des remplaçants, ont été envoyés cette année avec des infirmités ou dans un état de langueur qui les mettent hors d'état de servir et qui eussent dû les faire rejeter (3e de Ligne).
J'ai remarqué qu'une grande partie des conscrits qui ont été envoyés à ce corps sont peu ou point propres au service militaire; j'en ai réformé plusieurs qui y sont arrivés récemment; j'ai recommandé au major de ne point vous laisser ignorer l'insouciance du conseil de recrutement du département du Pas-de-Calais, qui admet des conscrits et des remplaçants absolument impropres à aucun service militaire. Je vous prie, Monseigneur, d'en parler particulièrement à l'Empereur; il y a sans doute des abus à punir, et les autorités premières de ce département sont peut-être les plus coupables (34e de Ligne). L'inspecteur a remarqué, parmi les remplaçants, plusieurs sujets qui, par leur défaut de taille ou de conformation, ou par leur mauvaise conduite, n'étaient pas susceptibles d'être admis en remplacement des conscrits qu'ils représentent. Le conseil d'administration a dû et devra faire de suite les démarches nécessaires pour faire connaitre au ministre cet abus de confiance commis par les officiers de recrutement, et obtenir d'autres hommes (2e Hussards)
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 174 - Source non citée).

L'Empereur ayant prévu une revue du Corps de gauche, dans les premiers jours du mois d'août, le Général Loison écrit : "Sous les armes, les sous-officiers et soldats doivent porter l'habillement prescrit par les règlements, c'est-à-dire l'habit, veste et culotte d'uniforme. Si les sous-officiers portent des vestes en drap fin, elles doivent être façonnées suivant le voeu de l'ordonnance. La coupe de la veste de MM. les officiers doit être de même. Les officiers seuls doivent porter des bottes. Les cheveux des sous-officiers et soldats, musiciens, tambours et sapeurs, doivent être coupés à la manière dite "avant-garde", et les queues à hauteur de six pouces (45 centimètres), ainsi que le prescrit l'ordonnance" (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", t.2).

D'après un "Etat sommaire des hommes qui ont fait la guerre dans les différents corps composant l'armée des côtes (Exécution de l'ordre du 12 thermidor an XIII.)", au Corps de Gauche, Division Loison, le 6e Léger, sur un effectif de 1918 hommes, en a 735 qui ont déjà fait la guerre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 145).

Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 6e Léger a ses 1er et 2e Bataillons à l'Armée des Côtes, 1ère aile. 1400 hommes sont présents; et au Corps de gauche, 434 hommes présents, 84 aux hôpitaux, total 518 hommes; le 3e Bataillon est à Givet, 2e Division militaire, pour 533 hommes présents, 45 détachés ou en recrutement, 47 aux hôpitaux, total 625 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).

Le 8 août 1805 (20 thermidor an 13), l'Empereur, depuis le camp de Boulogne, donne ses Ordres : "Les compagnies devant être considérées au complet de cent hommes, le major général fera connaître le nombre de places que chaque chaloupe-canonnière pourra procurer au delà.
Chaque bateau-canonnier ne pouvant contenir plus de quatre-vingt-quatorze hommes, il sera attaché à chaque division de bateaux-canonmers un dix-neuvième bâtiment qui formera un accroissement de places d'environ cent hommes.
Il sera formé cinq ailes de débarquement, composées chacune de soixante-douze péniches, sur lesquelles il sera embarqué six bataillons formant trois régiments, dont deux d'infanterie légère et un de ligne.
Les bataillons qui s'embarqueront sur les péniches seront réduits à 700 hommes, officiers compris.
Il y aura de plus une escouade d’ouvriers avec ce qui sera nécessaire pour enclouer les pièces, une compagnie d'artillerie munie de de refouloirs, leviers et autres objets propres à rétablir les batteries et à les réarmer sur-le-champ.
Il y aura aussi une Compagnie de sapeurs avec ses outils.
L'aile de débarquement que fournira le corps de gauche, prendra le n° 1er, elle sera composée des 6e et 9e légères et 50e de ligne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 149).

Vers la mi-août, Napoléon sait que les troupes autrichiennes se concentrent en Bohême et au Tyrol. Le 18 août, Villeneuve renonce à remonter vers la Manche et s'enferme dans Cadix. C'en est fini du débarquement prévu en Angleterre.

L'Armée des Côtes de l'Océan à l'époque du 1er Fructidor au 13 (19 août 1805) comprend, à la 1re aile de débarquement, commandée par le Général de Brigade Marchand, le 6e Léger, 2 Bataillons, de la 2e Division du Corps de gauche, 1400 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 44).

D'après la "Situation de l'avant-garde de l'Armée des côtes de l'Océan, à l'époque du 1er Fructidor an 13" (19 août 1805), il y a, dans les Troupes de la 2e Division du Corps de gauche (Loison) le 6e Légère, Colonel Laplane, Chefs de Bataillon Nion et Groslain ; 2 Bataillons, 1860 hommes au complet ; 434 hommes présents à Etaples ; 578 hommes au Dépôt de Givet (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 48 et suivantes).

23 août : Napoléon prend la décision de lever le camp de Boulogne et de porter 7 Corps de la Grande Armée en Allemagne. Au 6e Corps de Ney, les deux premiers Bataillons du 6e Léger sont à la 2e Division Loison avec les 39e, 69e et 76e de Ligne. Ils forment la Brigade Vilatte avec le 39e de Ligne.

Le 27 août, le Maréchal Ney expédie à ses Généraux leur ordre de marche : "... La 2e division, aux ordres du général Loison, partira d'Etaples, le 13 fructidor (31 août), à 6 heures du matin, marchant la gauche en tête :
Le 76e régiment d'infanterie de ligne ;
Le 69e;
Le 39e;
Le 6e régiment d'infanterie légère ira, ce même jour, cantonner à Hesdin, en repartira, le 14 (1er septembre), pour suivre sa destination ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 356; H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", t.2).

Un "État des présents sous les armes des bataillons de guerre de tous les corps de l'Armée des côtes de l'Océan en marche vers le Rhin, pour servir à établir la distribution des fonds accordés par l'Empereur pour fournir une paire de souliers par homme et le tiers de l'effectif en capotes", daté du 11 fructidor an 13 (29 août 1805) indique que le Corps de Gauche comprend à sa 2e Division les :
6e Régiment d’infanterie légère, 1770 hommes.
39e Régiment d’infanterie de ligne, 1627 hommes.
69e Régiment d’infanterie de ligne, 1687 hommes.
76e Régiment d’infanterie de ligne, 1784 hommes.
Total : 6868 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 384).

Le 30 août, un Ordre du jour annonce à l'armée sa dénomination nouvelle : l'Armée des Côes de l'Océan s'appellera désormais la "Grande Armée".

Les trois Divisions du Maréchal Ney partent pour Strasbourg le 1er septembre 1805.

L'ordre de marche pour la traversée du Rhin sur le pont de bateaux construit près de Lauterbourg, ordre distribué le 26 septembre, est ainsi rédigé : "La troupe marchera, la droite en tête et sur front de section s'il est possible. Dans le cas contraire, elle marchera par le flanc jusqu'à son arrivée sur la rive droite du Rhin, où les sections se formeront aussitôt ...
2e division, sous les ordres du général Loison.
1re brigade (général Villate)
1er bataillon du 6e léger.
2 pièces d'artillerie (1 de 4, 1 obusier).
2e et 3e bataillons du 6e léger.
39e de ligne (2 bataillons).
2e brigade (général Roguet).
69e de ligne (2 bataillons).
6 pièces d'artillerie (1 de 4, 4 de 8, 1 de 12).
76e de ligne (3 bataillons).
Détachement de 12 hussards.
Détachement de 10 gendarmes ...
Les vivres, les subsistances et le personnel de l'administration. Les bagages, en commençant par l'état-major général et suivant l'ordre des divisions et des régiments comme ci-dessus. Les quatre dernières compagnies du 59e fermeront la marche, et serviront d'escorte aux bagages.
Les régiments ne laisseront que 12 hommes et 1 sergent pour escorter les voitures.
L'escadron de gendarmerie fermera la marche.
Un détachement de 20 hommes de la compagnie d'élite du 1er hussards, suivra partout le maréchal commandant en chef. Ce détachement sera relevé tous les cinq jours
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 464 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 231 ; Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 81).

Composition de la Grande Armée au moment où elle a passé le Rhin pour la campagne d'Autriche.
6e corps d'armée au passage du Rhin dans les premiers jours de vendémiaire an XIV.
2e division.
6e Léger, 2 Bataillons, 1742 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 158).

"6e Corps. Emplacements du 4 vendémiaire an 14 (26 septembre 1805).
Quartier général à Lauterbourg ...
2e division (Lauterbourg) aux ordres du général Loison.
6e léger. Büchelherg ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 463).

"Journée du 5 vendémiaire (27 septembre).
Quartier général : Carlsruhe.
L'armée a passé le Rhin près Lauterbourg. Le passage a commencé à 6 heures du matin pour les troupes et a été terminé à midi ...
2e division (Durlach).
6e léger (1er bataillon). Grünwettersbach.
6e id (2e id.). Stupferich, Söllingen ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 469).

"Journée du 5 vendémiaire (27 septembre).
La division, composée des 6e régiment d'infanterie légère, 39e, 69e, et 76e régiments de ligne, et armée de 8 bouches à feu, est partie à 8 heures du matin pour ses cantonnements, près Lauterbourg, et marchant, la droite en tête, elle s'est dirigée vers le pont établi sur le Rhin, vis-à-vis du village d'Au, territoire de Bade, où elle a passé le fleuve. Elle s'est portée de suite sur Durmersheim, par une chaussée étroite, au milieu d'un bois, a continué sur un terrain cultivé et coupé de plusieurs ruisseaux.
Arrivés à Durmersheim, les 6e et 39e régiments, commandés par M. Le général de brigade Vilatte, et 2 pièces d'artillerie, ont pris la route d'Ettlingen, et se sont rendus dans les villages de Grünwettersbach, Stupferich, Wolfartsweier et Grotzingen, où ils ont été cantonnés. Les 69e et 76e, et le reste de l'artillerie, sous les ordres de M. le général de brigade Boguet, ont suivi la route de Carlsruhe, et ont traversé cette résidence pour se rendre à Durlach, où ces troupes ont été logées.
Le quartier général de la division a été établi dans cette dernière ville
" (Extrait du journal des marches, positions et opérations militaires de la division Loison in Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 469).

Le 6 Vendémiaire, le Général Loison écrit : "J'ai l'honneur de vous rendre compte que j'ai donné l'ordre, à ma division, de partir aujourd'hui de ses cantonnements, savoir : le 6e d'infanterie légère, à 10 heures du soir, et les autres régiments, à 11 heures, et de se réunir à Wilferdingen, sur la route de Pforzheim; la réunion devra se faire à 1 heure du matin.
Votre intention étant d'approcher le plus près possible de Stuttgart, dans la marche de demain, je crois pouvoir vous assurer que je puis prendre position à Vaihingen, qui n'en est éloigné que de 5 lieues 1/2 ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 478).

"La division est partie de ses cantonnements le 6, à 10 heures du soir, et elle s'est réunie, à minuit, au village de Wilferdingen, sur la chaussée de Durlach à Pforzheim.
Les troupes ont continué leur route et, arrivées à Pforzheim, elles ont marché sur la rive gauche de l'Enz jusqu'à Enzweihingen, où le 6e régiment a été placé pour couvrir le pont. Les trois autres corps ont couché à Vaihingen ... (Journal de la division.)
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 478).

Le 8 Vendémiaire, "La division est partie à 6 heures du matin; elle a passé l'Enz à Enzweihingen, en laissant à droite la chaussée de Stuttgard; elle s'est dirigée sur Ludwigsburg, en passant par Markgröningen.
Le chemin qui conduit de Enzweihingen à Markgröningen est étroit, mal entretenu, et il pourrait être difficile d'y faire passer de l'artillerie, après de très grandes pluies.
Les troupes ont laissé Ludwigsburg à gauche, et ont été gagner la chaussée d'Heilbronn à Stuttgart. Elles se sont dirigées sur cette dernière ville jusqu'à l'embranchement des routes, dont l'une conduit à Cannstatt.
La division a pris position sur le Neckar, de la manière suivante :
Le 6e régiment et 1 bataillon du 39e, à Esslingen.
Le 2e bataillon du 39e, à Unter-Türkheim.
Le 69e, à Felbach et le 76e, à Cannstatt.
2 pièces d'artillerie, à Esslingen, et le reste, en arrière de Cannstatt.
Le grand quartier de la division, dans cette dernière ville.
Les grand'gardes ont été placées sur les routes de Heilbronn, Vaihingen, Schorndorf, Göppingen et Tübingen
" (Rapport du général Loison, in : Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 489).

Fin septembre 1805, les Divisions du 6e Corps commandé par le Maréchal Ney, sont organisées de la façon suivante :
1re Division (Général Dupont), avec les Généraux de Brigade Marchant et Rouyère, ayant sous leurs ordres, le premier, le 9e Léger, le second, les 32e et 96e de ligne; en tout 6 Bataillons à 9 Compagnies. Effectif de l'infanterie de la 1re Division : 5,140 hommes.
2e Division (Général Loison), avec les Généraux de Brigade Roguet et Villatte, ayant sous leurs ordres, le premier, le 6e Léger et le 39e de Ligne, le second, les 69e et 76e de Ligne; en tout, 8 Bataillons à 9 Compagnies. Effectif de l'infanterie de la 2e Division : 6,899 hommes.
3e Division (Général Malher), avec les Généraux de Brigade Marcognet et Labassée, ayant sous leurs ordres, le premier, le 25e Léger et le 27e de Ligne, le second, les 50e et 59e de ligne; en tout, 8 Bataillons à 9 Compagnies. Effectif de l'infanterie de la 3e Division : 7,069 hommes.
Brigade de cavalerie (Général de Division Tilly) composée du 10e Chasseurs, du 1er et du 3e Hussards, chacun à 3 Escadrons. Effectif: 1,071 hommes.
Artillerie composée de 13 Compagnies avec un effectif de 1,065 hommes.
Effectif du 6e Corps : 21,250 hommes (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 56).

L'Ordre du Maréchal Ney pour le 9 Vendémiaire (1er octobre), daté de Stuttgart, le 9 Vendémiaire an 14 (1er octobre 1805) indique : "Le général du Taillis donnera les ordres nécessaires au général Tilly pour que toute la cavalerie sous ses ordres se rende à Esslingen, où il établira son quartier général; il poussera des reconnaissances sur Göppingen et Schomdorf.
Deux compagnies de voltigeurs et deux de carabiniers du 6e léger se rendront également aujourd'hui à Esslingen, où ils seront sous les ordres du général Tilly pour garder tous les débouchés en avant de cette ville ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 493).

Conformément à ces ordres, le même jour, la cavalerie du 6e Corps, à l'exception des 3 Escadrons divisionnaires, est portée à Esslingen, route de Donauwörth, avec, pour garder les débouchés à l'Est, 2 Compagnies de Carabiniers et 2 Compagnies de Voltigeurs du 6e Léger. Les 9 Escadrons disponibles se logent à Esslingen et dans les villages au delà, jusqu'à Plöchingen. La deuxième bouteille de vin n'est pas distribuée (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 99).

"Dispositions de marche pour le 6e corps de la Grande Armée.
Les 12, 13 et 14 vendémiaire an 14 (2, 3 et 4 octobre 1805).
… Mouvement du 12.- La 2e division prendra les armes à 5 heures du matin, et se rassemblera à Esslingen, à 6 heures, pour marcher de là à Göppingen; elle fera halte pendant une heure à Ebersbach, et bivouaquera à son arrivée, en arrière de Göppingen; un bataillon du 76e régiment sera établi dans la ville avec le quartier général des deux divisions; un bataillon du 6e régiment d'infanterie légère, bivouaquera au delà du bois, à Bartenbach et Hohenreuth; un autre bataillon bivouaquera au delà de la Fils, à Klein-Esslingen et Holzheim, poussant des postes à droite sur les bois en avant, et le long de la Fils, pour communiquer avec les postes de la cavalerie qui sont à Siessen …
Mouvement du 14. -
... La 2e division partira à 5 heures, et se dirigera aussi sur Heidenheim; elle liera ses bivouacs à la gauche de la 1re division et les prolongera de là, sur les hauteurs, jusqu'à la croisée de la route qui conduit à Neresheim; quatre compagnies du 3e bataillon du 76e, à Nattheim; le reste du bataillon, à Schnaitten, avec un poste sur Aufhausen …
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 668).

Le 3 octobre, le Corps est à Stuttgard. L'Empereur marche sur Ulm pour l'investir et bloquer l'armée du Général Mack.

L'Ordre de marche du 6e Corps d'armée pour le 12 Vendémiaire an 14, daté de Esslingen, le 11 Vendémiaire an 14 (3 octobre 1805), à 11 heures du soir, indique : "La cavalerie légère, aux ordres du général Tilly, les deux compagnies de voltigeurs et les deux de carabiniers du 6e régiment d'infanterie légère et les trois obusiers se mettront en marche demain, 12 vendémiaire, à 10 heures précises du matin, pour se diriger sur Weissenstein, par Esslingen et Klein-Siessen, où il passera sur la rive droite de la Fils, il laissera, en arrière de ce village, un obusier, un escadron de cavalerie légère et deux compagnies de carabiniers qui établiront des postes sur la route de Geislingen, rive gauche de la Fils ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 671).

Les "Dispositions de marche du 6e corps d'armée pour le 15 vendémiaire an 14 (7 octobre 1806)" établies par le Maréchal Ney, indiquent : "Le corps d'armée devant prendre position, face au Danube, la droite vers Lauingen, la gauche vers Steinheim, il devra marcher la gauche en tête ...
La 2e division partira de Giengen à 7 heures et prendra la même route que la 3e, depuis Hermaringen.
Lorsque cette division sera arrivée à Dillingen, elle bivouaquera sur les hauteurs qui sont à gauche de la ville, de manière que l'aile droite y sera appuyée; le 1er bataillon du 6e régiment d'infanterie légère fournira des postes à Mörslingen, Attheim, et au moulin à gauche ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 263).

Le 6e Corps fait face à Ulm, dès le 8 octobre.

Pendant ce temps, les Autrichiens se font battre par Murat à Wertingen.

Ce même jour, la 2e Division reprend la route de Dillingen, Gundelfingen, Brentz et Hermaringen, puis tournant à l'ouest, va camper sur les hauteurs de Burberg.

Un Bataillon du 6e Léger (Division Loison) occupe Stetten (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 21).

Le lendemain, la 3e Division s'empare des ponts de Gunzbourg et de Leipheim. La 2e Division s'établit à Languenau, et la 1ère à Albeck.

Le Général Loison part, le 9 octobre, de son bivouac de Barbery, pour s'établir près de Langenau, y met en position la Brigade Roguet et conduit la Brigade Villatte vers le pont d'Elchingen, dans le but de s'en emparer (ordre du Maréchal Ney, expédié de Medlingen, le 9 octobre à 8 heures du matin).

La Division Loison se rend de Burgberg à Langenau par un chemin étroit et encaissé, et prend position derrière le ruisseau de Langenau. Dans la nuit du 9 au 10, la 1re Brigade (Villate) de cette Division est dirigée sur Über-Elchingen, avec deux pièces de 8 et un Escadron du 3e Hussards. En arrivant à Unter-Elchingen, le Général Loison ordonne au 39e de rester en réserve sur les hauteurs de Saint-Wolfgang. Le 6e Léger a marché en colonne sur Über-Elchingen, flanqué sur sa gauche par les quatre Compagnies de Carabiniers et de Voltigeurs, qui côtoient les bois et les marais du Danube. D'Über-Elchingen, la colonne se dirige sur le pont. L'Escadron de Hussards enlève un poste avancé et quelques hommes aventurés sur la rive gauche; le Bataillon autrichien (de Sporck), qui devait défendre le pont avec une pièce de canon, a retiré quelques madriers, de sorte que les Hussards ne peuvent passer; mais les Compagnies d'élite du 6e léger courent rapidement sur les poutrelles, et l'ennemi se retire, nous abandonnant 57 prisonniers et son canon. Nous avons, de notre côté, une douzaine d'hommes tués ou blessés (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 33).

Le "Journal des opérations de l'artillerie depuis le 5 vendémiaire, jour du passage du Rhin, jusqu'au 30 inclus (27 septembre au 22 octobre 1805)" indique : "... Le 17 vendémiaire an XIV … La 2e division vint à Langenau et prit position sur les hauteurs en arrière de ce bourg.
Une pièce de 4 et un obusier de cette division furent détachés avec le 6e d'infanterie légère et 2 pièces de 8 avec le 39e de ligne pour enlever le pont que l'ennemi avait sur le Danube à Über-Elchingen. Le pont fut enlevé le soir même. L'artillerie ne prit point part à cette attaque ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 383).

Le Général Loison rend compte, le lendemain, du succès de son opération, dans un rapport au Maréchal Ney : "Les postes avancés ennemis furent enlevés par les hussards du 3e régiment (3e escadron) détachés à ma division, et le pont, par les voltigeurs (2 compagnies) et carabiniers (2 compagnies) du 6e (léger). Le pont était défendu par 600 hommes du régiment de Sporck et une pièce de canon. Cette pièce fut prise par les nommés Puissant sergent, Thiebault caporal, et Gauclair voltigeur, tous les trois du 6e léger ...".

Le Général Loison écrit le lendemain 18 Vendémiaire an 14 (10 octobre 1805) au Maréchal Ney : "Monsieur le Maréchal,
Je suis parti de mon bivouac de Burberg pour me rendre à Langenau où j'ai pris position, la droite appuyée à ce bourg et la gauche se prolongeant vers Albeck. Je n'ai placé que la brigade Roguet dans cette position et pour exécuter vos ordres je me suis porté avec la brigade Villatte à Elchingen, afin de me rendre maître du pont de ce nom, ce qui a eu lieu.
Les postes avancés ennemis furent enlevés par les hussards du 3e régiment détachés à ma division et le pont par les éclaireurs et carabiniers du 6e régiment ; une pièce de canon fut prise par le sergent-major de la compagnie Oudin et par le sieur Puissant, sergent de la même compagnie ; le sergent-major est grièvement blessé. Je ne peux que me louer de la conduite des capitaines Oudin, Preux, des deux capitaines des carabiniers, et du capitaine commandant le 3e escadron de hussards, officier de la Légion d'honneur. Je vous prie, Monsieur le Maréchal, d'obtenir une récompense pour le sieur Puissant et l'aigle de la Légion d'honneur pour M. Oudin et son sergent-major grièvement blessé. Je ne puis encore vous donner le nombre des prisonniers; parmi eux se trouvent un officier et l'épée d'un autre qui s'est échappé. Le pont était défendu par 600 hommes du régiment de Sporck et une pièce de canon. J'ai fait prendre position à la brigade Villatte sur les hauteurs de Moffen à Elchingen, faisant face au pont et se liant avec les postes de la division Dupont et ceux de la brigade Roguet. Un bataillon et une pièce de canon gardent le pont et les routes qui conduisent à Thalfingen et à Leipheim.
J'attendrai vos ordres à Elchingen.
J'ai l'honneur de vous saluer avec la considération la plus distinguée.
LOISON,
à l'Institut anglais, n° 140
(près la porte du Danube).
En faire le rapport au Ministre de la guerre, dire que c'est la suite de l'opération que j'avais combinée pour faire replier tous les postes autrichiens qui se trouvaient sur la rive gauche du Danube. Quant à la demande de la récompense, écrire au général Loison de m'envoyer un état nominatif de tous les militaires, officiers, sous-officiers et soldats qui ont mérité de fixer son attention dans l'attaque du pont d'Elchingen pour le joindre à celui de la 3e division que j'adresserai à Sa Majesté.
(Note du maréchal Ney)
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 368).

Et, dans une lettre rédigée au Quartier général devant Ulm, le 30 Vendémiaire an 14 (22 octobre 1805), le Général Loison écrit encore au Maréchal Ney : "Monsieur le Maréchal,
J'ai l'honneur de vous envoyer ci-joint l'extrait de mon rapport du 18 vendémiaire sur la prise du pont d'Elchingen, ainsi que l'état nominatif des braves qui se sont distingués et qui méritent la décoration de la Légion d'honneur ou de l'avancement.
J'ai omis, dans mon rapport de l'affaire du 22, la prise d'un général-major et d'une pièce de canon, ce qui en porte le nombre à cinq ; je vous ai rendu compte verbalement de la conduite des officiers de mon état-major dans cette journée; je ne puis trop vous rappeler combien a été brillante celle de M. Hamelinaye, adjudant-commandant, mon chef d'état-major; vous avez été à même de le juger, ayant été constamment à vos côtés. Je vous prie de solliciter pour cet estimable officier l'avancement qu'il mérite à si juste titre.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur le Maréchal, votre très humble et très obéissant serviteur.
LOISON.
Extrait du rapport de la prise du pont d'Elchingen dans la nuit du 17 au 18 vendémiaire, fait à M. le Maréchal le 18 vendémiaire.
Les 6e et 69e régiments et le 3e escadron du 3e régiment de hussards ont été dirigés sur Ober-Elchingen pour enlever le pont que l'ennemi gardait sur ce point et qui se trouvait défendu par un bataillon du régiment de Sporck et une pièce de canon.
L'escadron de hussards, commandé par le brave capitaine Schoeny, est arrivé le premier sur les avant-postes autrichiens, les a enlevés et a fait 54 prisonniers, dont un officier.
Cette cavalerie, n'écoutant que sa valeur, s'est portée sur le pont, avec la plus grande audace, mais quelques planches enlevées l'ont empêchée de franchir le pont et l'ont forcée d'attendre l'infanterie. Alors les carabiniers et voltigeurs du 6e régiment d'infanterie légère sont arrivés, ont passé le pont à la baïonnette, ont enlevé la pièce de canon, tué plusieurs canonniers et mit l'ennemi en fuite. Le sieur Stener, sergent-major des voltigeurs, blessé d'un coup de feu au bras droit, n'a pas voulu se retirer et a persisté à donner à sa compagnie l'exemple du courage et du dévouement.
Les nommés Thiébault, caporal, et Gauclair, voltigeur, et Puissant, sergent, se sont portés sur la pièce avec intrépidité et ce sont ces trois braves qui ont pris la pièce de canon.
Les officiers de ces quatre compagnies les ont dirigées avec le plus grand courage et la plus grande intrépidité.
Le général de division, gouverneur,
LOISON
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 370).

L'Adjudant-commandant Destabenrath écrit, de son côté, au Général M. Dumas, depuis Ulm, le 2 Brumaire an 14 (24 octobre 1805) : "Mon Général,
J'ai eu l'honneur de vous remettre moi-même, devant cette place, les détails de l'affaire de Günzburg. Je vous transmets aujourd'hui ceux de la première prise du pont d'Elchingen par la 2e division, qui s'est si vaillamment montrée sous les ordres de M. le maréchal Ney dans la journée où ce pont fut enlevé aux Autrichiens pour la deuxième fois. Vous recevrez incessamment, mon Général, les détails de cette bataille d'Elchingen qui ne peut être confondue avec la petite affaire dont je vous rends compte.
Le 16 vendémiaire, la 2e division avait quitté sa position en arrière de Höchstädt; elle s'était portée sur Burberg et y avait pris position, ayant le Lonthal sur son front.
Le 17, cette division partit de Burberg pour se diriger vers Ulm; elle a pris position sur les hauteurs, en arrière de Langenau. (On doit remarquer ici que le chemin qui conduit de Burberg à Stetten est très étroit et très encaissé; il ne serait pas praticable pour les voitures dans la mauvaise saison).
La 1re brigade, commandée par le général Villatte, s'est portée sur Über-Elchingen pour enlever le pont que l'ennemi gardait sur ce point; elle était précédée de deux pièces de 8 et de l'escadron du 3e de hussards qui éclairait la marche.
La colonne étant arrivée au village d'Unter-Elchingen, le général Loison a pris les dispositions suivantes :
Le 39e régiment a été placé en réserve sur les hauteurs à gauche de Kloster-Elchingen.
Le 6e régiment a marché en colonne sur le village d'Über-Elchingen pour gagner la chaussée qui conduit au pont du Danube. Les deux compagnies de voltigeurs et celles de carabiniers ont flanqué la gauche du régiment et ont côtoyé les bois et les marais qui bordent le fleuve.
L'escadron de hussards s'est dirigé sur un poste avancé qu'il a enlevé sans résistance, et se portant ensuite droit au pont, il a pris de même un officier et quelques hommes qui se trouvaient sur la rive gauche. Le pont était défendu par un bataillon du régiment de Sporck, fort de 600 hommes, et par une pièce de canon.
Cette troupe a été effrayée de l'attaque impétueuse des hussards, conduits par le capitaine Schonier; mais quelques planches du pont ayant été retirées, ce brave officier a été obligé de rétrograder pour attendre l'infanterie et il a essuyé alors un feu très vif de mousqueterie et de mitraille qui, heureusement, n'a blessé personne.
Les voltigeurs et les carabiniers sont arrivés et ont marché au pas de charge sur le pont, dont ils se sont emparés, malgré le feu de l'ennemi qui s'est vu obligé de prendre la fuite et d'abandonner son canon.
Le résultat de cette affaire est la prise du pont d'Elchingen, ordonnée par M. le maréchal Ney, et celle de 57 Autrichiens, dont un officier et d'une pièce de canon.
L'ennemi a eu 10 à 12 hommes tués; notre perte a été de 2 hommes tués et 2 blessés, dont l'un est le sous-lieutenant Chartier ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 371).

"6e CORPS D'ARMEE.
Journée du 18 vendémiaire (10 octobre).
… 2e division : Langenau.
... La nuit du 17 au 18, la 1re brigade, commandée par le général Villate, marcha sur Über-Elchingen pour enlever le pont que l'ennemi gardait sur ce point. La brigade était précédée de deux pièces de 8 et d'un escadron du 3e régiment de hussards qui éclairait sa marche.
La colonne étant arrivée au village d'Unter-Elchingen, le général Loison prit les dispositions suivantes :
Le 39e régiment a été placé en réserve sur les hauteurs de Saint-Wolfgang.
Le 6e léger a marché en colonne sur Über-Elchingen pour gagner la chaussée qui conduit au pont sur le Danube; les deux compagnies de voltigeurs et celles des carabiniers ont flanqué la gauche du régiment et ont côtoyé les bois et les marais qui bordent le fleuve.
L'escadron de hussards s'est dirigé sur un poste avancé qu'il a enlevé sans résistance, et se portant ensuite droit au pont, il a pris de même un officier et quelques hommes qui se trouvaient sur la rive gauche.
Le pont était défendu par un bataillon de Sporck, fort de 600 hommes et par une pièce de canon. Cette troupe a été effrayée de l'attaque impétueuse des hussards, conduits par le capitaine Schasnier, mais quelques planches ayant été retirées du pont, les hussards furent obligés de se retirer pour attendre l'infanterie; alors ils essuyèrent un feu de mousqueterie et de mitraille.
Les voltigeurs et les carabiniers du 6e régiment d'infanterie sont arrivés et ont marché sur le pont au pas de charge. Ils s'en sont emparés malgré le feu très vif de l'ennemi, qui a été obligé de prendre la fuite et d'abandonner son canon.
Le 6e régiment est arrivé pour soutenir ces braves compagnies et il a été témoin de leur triomphe.
Le résultat de cette affaire est la prise du pont d'Elchingen, celle de 57 Autrichiens, dont un officier et d'une pièce de canon, 10 à 12 tués ou blessés ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 457).

Après le combat, la Brigade Villatte prend position sur les hauteurs de la rive gauche, qui font face au pont d'Elchingen, après avoir laissé un Bataillon et une pièce à la garde de ce pont. La prise du pont d'Elchingen a eu lieu le 10 octobre, vers 2 heures du matin, "à la suite d'une marche pénible exécutée par des chemins affreux", comme l'écrit le Général Loison, dans la matinée du 10, au Maréchal Ney, en ajoutant : "Les rapports des prisonniers sont qu'ils arrivent du Tyrol à marches forcées, et qu'on attend sous peu de jours une colonne de 60,000 Russes, commandés par l'ex-général Moreau (?), que l'un des prisonniers dit avoir vu et parfaitement connaître ..." (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 123).

Le 10, la lère Division de Dupont reste seule sur la rive gauche du Danube et la 2e rejoint la 3e vers Gunzbourg. L'Empereur n'est plus là. Il a momentanément confié à Murat le soin de diriger les opérations autour d'Ulm, et Murat, en laissant la 1ère Division du 6e Corps seule sur la rive gauche, manque tout compromettre. La Division qui stationne autour d'Albeck a reçu l'ordre de s'emparer d'Ulm dont on pense que les Autrichiens se retirent, tandis que les autres Divisions feront de même, mais sur l'autre rive. Dupont doit être soutenu par les Dragons à pied de Barraguey d'Hilliers, mais ceux-ci n'ont reçu l'ordre de rallier que trop tardivement.

Alors que Dupont marche vers Ulm avec 6000 hommes, il se retrouve en face de 23.000 Autrichiens qui voulaient effectuer une percée vers le Nord-Ouest. Dupont décide de les affronter devant Haslach, submergé par le nombre, et se replie en combattant toujours. Mais ce combat avait retardé les Autrichiens dans leur volonté de s'échapper d'Ulm.

Mack n'ose plus essayer de se frayer un passage par la rive gauche; mais veut, au moins, tenir une bonne position défensive. Il fait occuper par le Général Riese les hauteurs et le couvent d'Elchingen. Le pont pour traverser le Danube en face des positions autrichiennes est à moitié détruit.

Ney établit les "Cantonnements que le 6e corps d'armée pourra prendre dans le cas seulement où l’ennemi ne serait pas en force sur le front de l'Iller; dans le cas où il serait en force, il occupera la position déterminée dans l'ordre du mouvement du 20.
Au quartier général, à Günzburg, le 20 vendémiaire an XIV (12 octobre 1805) ...
2e division.
6e léger, 39e de ligne à Holzeim
69e id. à Kadeltshofen
76e id à Reinpolzhofen
Rassemblement en arrière de Kadeltshofen ...
Rassemblement général des trois divisions : Falheim ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 625).

Napoléon arrive d'Augsbourg le 13 au matin. Il ordonne aussitôt de rétablir le pont, de chasser l'ennemi d'Elchingen pour resserrer le blocus de la place d'Ulm et de faire passer une deuxième Division sur la rive gauche, afin de donner la main à la Division Dupont, qui se trouve en l'air à Albeck. Cette lourde tâche est confiée à la Division Loison.

Le 14 octobre 1805, la Brigade Villate est composée du 6e Léger (Colonel Laplane), 1740 hommes et du 39e de Ligne (Colonel Maucune), 1640 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 75).

Le Maréchal Ney rétablit le pont d'Elchingen sous le feu le plus violent, puis se mettant à la tête du 6e Léger, de la Brigade Villatte, il emporte successivement, avec la plus grande intrépidité, le village et le couvent d'Elchingen qui domine tout le cours du Danube, pendant que le 39e, de la même Brigade, nettoie la plaine qui longe le pied des hauteurs (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 267).

Devant l'impétuosité de l'élan français, les troupes autrichiennes cèdent le terrain, mais elles le défendent pied à pied, soutenues tour à tour par des tirs à mitraille, par le feu des Bataillons ou par les charges de leur cavalerie.

Le brillant combat d'Elchingen, qui valut au Maréchal Ney, en 1809, le titre de Duc, est conduit par la Division Loison (2e), que soutient la Brigade du Colonel Colbert (3e Hussards et 10e Chasseurs), la Brigade Laplanche (18e et 19e Dragons), et l'autre Brigade (Général Sahuc) de la Division de Dragons Bourcier, enfin la Division Malher (3e).

Voici le récit de la bataille, raconté par Alombert et Colin. "Le 14 octobre 1805, le pont d'Elchingen était gardé, sur la rive gauche, par 300 Autrichiens avec deux pièces de canon. Onze bouches à feu (sept canons de 8, sept de 4, deux obusiers) leur furent opposées tout d'abord par le maréchal Ney et en eurent facilement raison; mais il n'y avait pas de temps à perdre : sans attendre le succès de la canonnade, le maréchal ordonne au capitaine Coisel, aide de camp du général Loison, de donner l'exemple et de replacer le premier madrier avec l'aide d'un sapeur du 6e léger. Celui-ci a aussitôt la jambe. emportée par un boulet ; mais les compagnies d'élite de son régiment et du 39e se précipitent : pendant que les uns ramassent des planches, que le Danube a amenées à la dérive des ponts rompus en amont, les autres passent en courant sur les poutres et vont se déployer en tirailleurs au-delà du fleuve. Il y a là, bientôt, les grenadiers du 39e, les carabiniers et voltigeurs du 6e léger et quatre compagnies de ce régiment. Ils chassent devant eux les 300 tirailleurs ennemis, qui essaient en vain de tenir dans les deux maisons du péage.
Sur ces entrefaites, quelques compagnies autrichiennes se montrent sur notre gauche et nous prennent en flanc avec un canon. Le général Villate détache de ce côté une poignée de tirailleurs et quatre compagnies qui refoulent peu à peu l'ennemi dans la direction de Thalfingen.
Le débouché du pont est entièrement dégagé, sans qu'il ait été fait d'effort sérieux pour en empêcher le passage. Le 1er bataillon du 39e, suivant ses grenadiers, file vers la droite en longeant la lisière du bois, tandis que les deux bataillons du 6e léger se portent en avant vers le village et l'abbaye.
Le tablier du pont est réparé, et la cavalerie légère (3e hussards et 10e chasseurs) s'y précipite pour aller se déployer dans la plaine entre les bois et le village.
Le maréchal Ney ignore encore quelles forces l'ennemi va lui opposer, et les positions qu'elles occuperont. Les trois bataillons s'écartent en éventail, prenant pour points de direction : celui du 39e, la chapelle de Saint-Wolfgang ; le 1er du 6e léger, l'abbaye ; le 2e du 6e, la lisière Sud d'Über-Elchingen.
Les deux bataillons du 6e léger, en colonnes précédées de tirailleurs, progressent assez facilement, et il ne semble pas que l'ennemi leur ait disputé sérieusement l'immense lisière du village. Le 2e bataillon y pénètre et, luttant pied à pied, finit par gagner la lisière opposée; puis il chasse les Autrichiens d'une briqueterie située sur le plateau. Le 1er bataillon entre dans l'abbaye, les quatre compagnies de gauche par la grande porte (au bout de la principale rue du village) et celles de droite, avec les grenadiers, par une petite porte située à l'angle Sud de l'enceinte. Le bataillon de Sporck, qui défendait l'abbaye, est fait prisonnier.
Le 1er bataillon du 39e, en approchant de Saint-Wolfgang, au lieu de trouver par le vallon un plus facile accès vers le plateau, se heurte à des forces supérieurs. Accueilli par le feu de trois bataillons autrichiens, chargé par plusieurs escadrons, et il se hâte de se replier sur le bois; mais poursuivi et chargé encore, il est mis en peine déroute et se reforme à grand'peine sur la lisière.
Il n'y a pas encore d'artillerie pour appuyer l'attaque de notre infanterie; deux pièces seulement (un canon de 4 et un obusier) ont passé avec le 6e Léger, et elles sont opposées à une batterie ennemie qui, postée au Sud d'Elchingen, prend nos lignes en écharpe.
Le 2e bataillon du 39e, puis la brigade Roguet (69e et 76e) traversent le pont à leur tour et se portent en avant. Les 18e, 19e et 23e dragons passeront successivement.
Une nouvelle phase du combat va commencer. Quels renseignements a le maréchal Ney sur les positions de l'ennemi ? Quelles instructions a-t-il reçues de l'Empereur ? On l'ignore ; mais il manœuvre d’abord, semble-t-il, de manière à attaquer la gauche de l'ennemi et à le rejeter sur Ulm. Laissant le 6e Léger occuper seul le village et l'abbaye d'Ober-Elchingen, et en déboucher vers l'Ouest, il porte tout le reste de ses troupes dans l'espace découvert, large de 1100 mètres, qui sépare les deux Elchingen.
Le 2e bataillon du 39e s’est glissé le long du bois, a rallié les débris du 1er bataillon et s'est porté en avant avec lui sur Saint-Wolfgang et l'angle Sud-Ouest d’Unter-Elchingen. Cette fois, ils ne rencontrent plus de forces supérieures, et prennent pied sur le plateau, la cavalerie légère à leur gauche, au centre de la division.
Le 69e et le 76e ont débouché du pont, chacun d'eux formant alors une seule colonne de régiment, et ils se dirigent sur l'intervalle entre l’abbaye et Saint-Wolfgang. Arrivés là, ils se déploient en éventail à portée de fusil de l'ennemi.
Le Maréchal Ney, d'après le rédacteur de ses Mémoires, « feignit de vouloir opérer par sa droite, attira par ses déploiements les réserves de l'ennemi sur ce point, et ne le vit pas plutôt dégarnir son centre que, se jetant à la tête d’une partie de ses forces, il manœuvra pour le couper par la gauche, lui enlever ses communications ». Le rapport du général Loison au Maréchal dit en effet : "Arrivés sur le plateau, vous ordonnâtes de s'emparer du bois qui est à gauche, et de diriger constamment les mouvements sur la droite de l'ennemi". Les Mémoires du maréchal Ney continuent ainsi : "Roguet rompt par pelotons à gauche avec le 69e, longe intrépidement le front de la ligne ennemie, et reçoit son feu à bout portant".
Le 76e seul pousse droit devant lui, soutenu successivement par 1a cavalerie légère et le 18e dragons. Le 39e et la cavalerie légère, qui ont repoussé quelques compagnies ennemies sur Unter-Elchingen, en abandonnent la poursuite au 19e dragons (Note : Le 19e dragons fait 250 prisonniers au débouché d'Unter-Elchingen, attaque et poursuit quatre escadrons de cuirassiers autrichiens jusqu'à Nerenstetten. Là, il se heurte à un détachement des trois armes, que la division Dupont a reconnu dans la matinée, et il est forcé à son tour de reculer. Il échappe à grand-peine à la cavalerie ennemie et revient bivouaquer le soir près de Göttingen, À trois kilomètres à l'Ouest d'Elchingen), qui arrive à ce moment, et vont rejoindre le 6e léger à la gauche de la division.
"Les mouvements furent exécutés avec intrépidité, dit le général Loison au Maréchal Ney, et personne ne peut mieux que vous, Monsieur le Maréchal, rendre justice aux différents chefs qui commandaient ces colonnes, puisque vous fûtes constamment au milieu du feu le plus vif".
Les Autrichiens saisissent le sens de la manœuvre ordonnée par le Maréchal. Ils voient qu'il cherche à leur couper la retraite sur Haslach. Ils serrent, eux aussi, de ce côté, groupent leurs colonnes, les forment en carrés pour les faire appuyer à droite.
"L'ennemi qui, à notre arrivée sur le plateau, était en bataille sur deux lignes, voyant les mouvements qui s'exécutaient sur sa droite par notre infanterie, et ceux que M. le Maréchal avait ordonnés à la cavalerie d'exécuter sur la gauche, forma plusieurs carrés, dont trois forts de 4.,000 hommes chacun (Note : Chiffre exagéré et très éloigné de la vérité), et chercha constamment à gauche la route d'Albeck à Ulm en s'appuyant aux bois, soutenu par sa cavalerie et son artillerie. Ces différents carrés furent attaqués par les 69e et 76e régiments, et forcés d'abandonner à ce dernier 4 officiers supérieurs, 7 officiers et 111 sous-officiers, canonniers et soldats, 4. pièces de canon et plusieurs caissons. Une colonne de 700 hommes (de 1600 à 1800 avec drapeau, selon le colonel Colbert) mise en fuite par le 1er bataillon du 76e, fut entièrement ramassée par le 10e de chasseurs à cheval (Note : Rapport du général Loison) ...".
Un carré autrichien, formé entre l'abbaye et le bois, essuie le feu du 76e, résiste à deux charges du 3e hussards, puis du 10e chasseurs, et cède enfin au 18e dragons, au moment où ce régiment débouche sur le plateau.
Le Maréchal ordonne de poursuivre l'attaque vers l'Ouest.
"Le général Villate, dit le rapport de la division Loison, reçut alors l'ordre d'obliquer fortement à gauche avec les troupes des 6e et 39e régiments qu'il avait pu réunir, de s'emparer des deux bois qui sont en face de Kesselbronn, entre lesquels passe le chemin de traverse qui, d'Elchingen, rejoint la route d'Albeck à Ulm, d'y prendre position, et de jeter des tirailleurs sur sa gauche afin d'observer les mouvements que l'ennemi aurait pu faire par la route de Thalfingen".
Tandis que la brigade Villate se porte directement vers Kesselbronn, la cavalerie et la brigade Roguet poursuivent l'ennemi dans la plaine, au Nord du bois d'Elchingen (Note : Grosser-Forst sur la carte de l'état-major allemand). Le 69e et le 76e se portent vers la grand'route de part et d'autre du petit bois (Note : Entre le Grosser-Forst et le Käfer-Loch) qui borde le chemin de Göttingen à Haslach. (Le 69e et le 2e bataillon du 76e au Sud, le 2e bataillon du 76e au Nord).
Les rapports ne mentionnent aucun incident pendant cette marche de trois kilomètres, qui nous conduit au bord du ravin de Thalfingen, nos troupes formant une ligne un peu concave, et l'ennemi se déployant en arc convexe sur la crête opposée, de Kesselbronn vers Thalfingen. Si tant est que le maréchal Ney eût projeté de couper aux Autrichiens la retraite sur Ulm, cette manœuvre avait échoué, et il ne s'agissait plus que de les repousser le plus près possible de la place. La division Malher, tenue d'abord sur la rive droite en face de Thalfingen, avait débouché à son tour du pont d'Elchingen ; placée en réserve dans la plaine au Sud d'Über-Elchingen, elle avait traversé ensuite ce village et s'était déployée sur le plateau au Nord de Thalfingen, couvrant la communication de la division Loison (Note : Contrairement à ce qu'ont écrit certains historiens, elle ne fut donc pas engagée et surtout ne combattit pas du côté d'Unter-Elchingen. Le 25e léger put seul tirer quelques coups de fusil). Le 25e léger laisse son 1er bataillon sur la route qui borde le Danube, dans la direction de Thalfingen, et les deux autres vont couvrir le déploiement de leur division.
A ce moment, les généraux Villate et Roguet reçurent l'ordre, le premier de passer le ravin de Kesselbronn, de s'emparer des hauteurs et du bois qui sont en face de Unter-Haslach, et le second de se saisir de la route d'Albeck à Ulm et des bois situés vis-à-vis d'Ober-Haslach (Note : ), en délogeant l'ennemi, qui y avait réuni plusieurs colonnes soutenues par un corps de cavalerie (Note : Rapport de la division Loison).
La brigade Villate enlève Kesselbronn et rejette ses adversaires en terrain découvert au Sud d'Haslach. La brigade Roguet soutient un combat des plus acharnés, et à peine a-t-elle débouché en plaine, que la cavalerie tente un dernier effort pour faire gagner du temps à son infanterie. Cuirassiers et uhlans chargent ensemble les 69e et 76e, qui se forment en carrés pour les repousser.
Sur ces entrefaites, les dragons reparaissent, et notre artillerie arrive : deux pièces de 8, une de 4 et un obusier ouvrent le feu. Le général Loison profite de ce renfort pour poursuivre l'ennemi jusqu'en face de Jungingen, et la nuit approchant, le maréchal Ney ordonne de cesser le combat.
Les troupes de la division Loison, harasées par cette lutte de dix heures contre un ennemi supérieur, vont bivouaquer près d'Albeck; la division Malher vient se déployer en première ligne, et fournir les avant-postes derrière le ravin de Thalfingen
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 76).

Le Général Loison fait son rapport au Maréchal Ney le 22 Vendémiaire an 14 (14 octobre 1805); il écrit : "La division, partie de la position de Reinpolzhofen le 21 vendémiaire (13 octobre), à 8 heures du soir, se dirigea sur Nersingen et Leiben, où elle arriva dans la matinée du 22. Là, je reçus de vous l'ordre de me porter au pont d'Elchingen et de m'en emparer ainsi que des hauteurs de l'abbaye du même nom. Les têtes de colonnes et l'artillerie arrivèrent à 8 heures aux débouchés du bois qui conduisent au pont ; quelques grenadiers et sapeurs se portèrent en avant pour le reconnaitre ainsi que ses environs. Deux pièces de 8 et un obusier furent placés sur la gauche afin de protéger le rétablissement du pont et de répondre à l'artillerie placée sur la rive opposée. Ces dispositions prises, vous ordonnâtes à M. Coisel, mon aide de camp, capitaine, de poser la première planche, ce qu'il fit, accompagné d'un sapeur du 6e régiment qui eut la jambe emportée d'un coup de mitraille.
Les grenadiers se saisirent alors des planches que M. le général Villatte avait fait apporter de Leiben et de celles que les ennemis avaient jetées dans le fleuve et qui s'étaient arrêtées aux pilotis, et les portèrent sur le pont, mais une compagnie de carabiniers, les voltigeurs du 6e régiment et les grenadiers du 39e, n'écoutant que leur courage, se précipitèrent sur les poutrelles sans attendre qu'elles fussent revêtues de planches et traversèrent le pont de cette manière. Ensuite tombant sur l'ennemi et ses pièces qui battaient le pont, ils le forcèrent, après en avoir tué un grand nombre, d'abandonner les premières maisons derrière lesquelles ils étaient retranchés.
Le pont devenu plus praticable, j'exécutai l'ordre que vous m'aviez donné de faire appuyer à droite et d'adosser au bois les troupes de ma division; j'ordonnai en conséquence à M. le général Villatte de se porter avec le 6e et le 39e dans cette position, d'y mettre ses troupes en bataille jusqu'il ce que les têtes de colonnes des 69e et 76e régiments eussent débouché et fussent en mesure pour le soutenir, ce qui fut exécuté, à l'exception du retard qu'éprouva le 2e bataillon du 39e régiment. coupé par la cavalerie qui défila sur le pont.
Quelques troupes de l'ennemi s'étant retirées avec une pièce de canon sur la route de Thalfingen, j'ordonnai au général Villatte de détacher quelques tirailleurs et quatre compagnies sur sa gauche, afin de les repousser pour n'en être plus inquiété dans son mouvement.
Le 1er bataillon du 39e régiment, commandé par M. Clavel, à l'exception des grenadiers et de la 2e compagnie qui avaient été laissés en avant du pont, se forma en colonne serrée et fut dirigé vers la chapelle de Saint-Wolfgang, avec ordre de s'en emparer et de se porter ensuite sur le plateau de l'abbaye, tandis que le 6e régiment, marchant également en colonne et soutenant les tirailleurs, s'emparait d'Elchingen et de l'abbaye.
Le 1er bataillon du 39e trouva l'ennemi en force et repoussa deux charges de cavalerie ainsi que l'attaque de trois bataillons de grenadiers. Enfin, accablé par le nombre et son second bataillon n'étant point en réserve pour le soutenir, il fut forcé de se retirer à la première position du bois et fut vivement chargé pendant sa retraite par la cavalerie et l'infanterie ennemies. Le bataillon a donné des preuves du plus grand courage et son commandant, M. Clavel, s'est particulièrement distingué.
L'attaque du 6e régiment réussit parfaitement : il s'empara du village et de l'abbaye où il fit environ 800 prisonniers.
Pendant ces différentes attaques, la cavalerie aux ordres de M. le colonel Colbert, ayant passé le pont, fut suivie par le 2e bataillon du 39e régiment, qui vint prendre position à la gauche de son 1er bataillon; elle fut mise elle-même en bataille dans la prairie qui est en face du plateau d'Elchingen.
Les 69e et 76e régiments, commandés par M. le général Roguet, reçurent l'ordre de se former en colonne par régiment et de marcher droit au plateau d'Elchingen, où l'ennemi paraissait vouloir faire plus de résistance ; je donnai également à la cavalerie celui de soutenir ces colonnes en obliquant à droite. Le 2e bataillon du 39e et le restant du 1er reçurent de M. le général Villatte l'ordre de se former en colonne et de regagner les hauteurs de Saint-Wolfgang en marchant de front avec la 2e brigade. Les mouvements furent exécutés avec intrépidité et personne ne peut mieux que vous, Monsieur le Maréchal, rendre justice aux différents chefs qui commandaient ces colonnes, puisque vous fûtes constamment au milieu du feu le plus vif.
Arrivés sur le plateau, vous ordonnâtes de s’emparer du bois qui est à gauche et de diriger constamment les mouvements sur la droite de l'ennemi, ce qui fut exécuté par M. le général de brigade Roguet et MM. les colonels Brun et La Jonquière. Le 1er et le 2e eurent leurs chevaux blessés et le 3e eut le sien tué.
Dans le moment où ces deux régiments firent leur attaque sur un carré ennemi, le 18e régiment de dragons fit une charge tellement vigoureuse que l'ennemi mit bas les armes; le colonel Lefebvre s'est particulièrement distingué.
L'ennemi, qui à notre arrivée sur le plateau était en bataille sur deux lignes, voyant le mouvement qui s'exécutait sur sa droite par notre infanterie, et ceux que vous aviez ordonné à la cavalerie d'exécuter sur sa gauche, forma plusieurs carrés dont trois que je jugeai être forts de chacun 4,000 hommes et chercha constamment à gagner la route d'Albeck à Ulm en s'appuyant aux bois, soutenu par la cavalerie et son artillerie.
Ces différents carrés furent attaqués par les 69e et 76e et forcés d'abandonner à ce dernier régiment 4 officiers supérieurs, 7 officiers. 111 sous-officiers, canonniers et soldats, 4 pièces de canon et plusieurs caissons. Une colonne de 700 hommes mise en fuite par le 1er bataillon du 76e fut entièrement ramassée par les tirailleurs du 10e régiment de chasseurs à cheval.
J'ordonnai ensuite à M. le général Villatte d'obliquer fortement à gauche, avec les troupes des 6e et 39e régiments qu'il avait pu réunir et de s'emparer des deux bois qui sont en face de Kesselbronn, entre lesquels passe le chemin de traverse qui d'Elchingen rejoint la route d'Albeck à Ulm, d'y prendre position et de jeter des tirailleurs sur sa gauche afin d'observer les mouvements que l'ennemi aurait pu faire par la route de Thalfingen. M. le général Roguet avait en même temps reçu l'ordre de se porter avec le 69e et le 2e bataillon du 76e à la hauteur de Kesselbronn, en passant à la gauche du bois qui est en face de la route d'Albeck, tandis que le 1er bataillon du 76e également en colonne, devait passer entre la route d'Albeck et ce même bois et venir prendre position en arrière des 69e et 76e. Ce mouvement exécuté, les colonnes furent rejointes par la cavalerie aux ordres de M. le colonel Colbert et après m'être assuré que la division Malher était en position pour me soutenir en cas de retraite et empêcher que l'ennemi ne vînt m'inquiéter sur ma gauche, j'ordonnai aux généraux Villatte et Roguet de passer, le premier le ravin de Kesselbronn et de s'emparer des hauteurs et du bois qui sont en face de Unter-Haslach, et le second, de s'emparer de la route d'Albeck à Ulm et des bois qui sont en face de Ober-Haslach et d'en chasser l'ennemi qui y avait réuni plusieurs colonnes soutenues par un corps de cavalerie. Les deux brigades attaquèrent vigoureusement l'ennemi, qui fut complètement mis en déroute. Leur cavalerie chercha par une charge à arrêter le mouvement de mon infanterie, elle fut reçue par les 69e et 76e qui avaient formé le carré, et chargée et culbutée par la cavalerie aux ordres de M. le colonel Colbert, qui de sa main tua un uhlan; mon aide de camp, chef de bataillon, M. Michaud, qui prit part à cette charge, tua également un uhlan. Arrivèrent dans ces entrefaites les dragons aux ordres de M. le général Bourcier, deux pièces de 8, une de 4 et un obusier. Je profitai de ce renfort pour poursuivre l'ennemi jusqu'en face du village de Jungingen où sa cavalerie fut vigoureusement canonnée. Ensuite, d'après vos ordres, j'ordonnai la retraite sur Albeck, laquelle se fit en échiquier, soutenue par la cavalerie. La division prit position, la droite appuyant à la ville, et la gauche se prolongeant vers Göttingen qu'occupèrent les dragons aux ordres de M. le général Bourcier.
Les résultats de cette journée sont : la colonne ennemie coupée, dont partie fut obligée de se retirer sur Ulm et l'autre sur Langenau et Nerenstetten, environ 4,500 prisonniers, 4 pièces de canon, 12 caissons, plusieurs drapeaux et un grand nombre de tués et blessés. De notre côté, nous avons à regretter 106 hommes tués dont 6 officiers, et 623 blessés dont 31 officiers.
Vous avez été témoin, Monsieur le Maréchal, de la conduite valeureuse de MM. les généraux de brigade Villatte et Roguet, de MM. les colonels Brun, La Plane, Maucune, Colbert et La Jonquière, des talents qu'ils ont déployés, de la précision des manœuvres de leurs régiments, qui se sont faites comme sur un champ d'exercice. Je vous prie de vouloir bien les recommander à la bienveillante protection de Sa Majesté Impériale et Royale, ainsi que ceux des militaires dont les noms sont portés sur l'état ci-joint et pour lesquels MM. les généraux et chefs de corps réclament de l'avancement ou la décoration de la Légion d'honneur
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 727 - Un rapport semblable a été adressé an prince Murat; la division faisait partie de l'aile droite de l'armée que le prince commandait. Dans ce rapport, en post-scriptum, le général Loison signale la conduite brillante et distinguée de M. Hamelinaye, adjudant-commandant, son chef d'état-major, ct demande pour lui le grade de général de brigade).

Le Rapport du Maréchal Ney sur ce combat est en grande partie inspiré par celui du Général Loison, mais il est plus complet et donne une vue d'ensemble fort nette sur les engagements du 14 octobre 1805 : "2e division. — Dès la pointe du jour, la 2e division étant arrivée dans la position de Leiben, la tête de la colonne et l'artillerie arrivèrent à 8 heures au débouché du bois qui conduit au pont. Quelques grenadiers et sapeurs se portèrent en avant pour le reconnaître, ainsi que ses environs. Deux pièces de 8 et un obusier furent placés sur la gauche, afin de protéger le rétablissement du pont et de répondre à l'artillerie de la rive opposée. On fit placer également, sur la gauche de la tête du pont d'Elchingen, pour débusquer l'ennemi de ses positions au pied du village et favoriser le passage des troupes, 5 pièces de 8, 2 pièces de 4 et 1 obusier de 6 pouces.
Ces dispositions à peine terminées, M. le maréchal Ney ordonna à M. Coisel, aide de camp (capitaine) du général Loison, de placer la première planche (madrier), ce qu'il fit accompagné d'un sapeur du 6e régiment (d'infanterie légère), qui eut la jambe emportée.
Les grenadiers (du 39e de ligne) se saisirent alors des planches (madriers) que le général Villatte avait fait apporter de Leiben et de celles que l'ennemi avait jetées dans le fleuve et qui s'étaient arrêtées aux pilotis, et les portèrent sur le pont. Mais une compagnie de carabiniers du 6e (léger), les voltigeurs du même régiment et les grenadiers du 39e (de ligne), n'écoutant que leur courage, se précipitèrent sur les poutrelles, sans attendre qu'elles fussent revêtues de planches (madriers), et traversèrent le pont de cette manière ; ensuite, tombant sur l'ennemi et les pièces qui battaient le pont, ils le forcèrent, après en avoir tué un grand nombre, d'abandonner les premières maisons derrière lesquelles il s'était retranché.
Le pont devenu plus praticable, le général Loison donna l'ordre d'appuyer à droite, et d'adosser aux bois les troupes de la division. Il ordonna en conséquence, au général Villatte, de se porter avec le 6e (léger) et le 39e (de ligne) dans cette position, d'y mettre les troupes en bataille jusqu'à ce que les têtes des colonnes des 69e et 76e régiments (de ligne) eussent débouché et fussent en mesure pour le soutenir, ce qui fut exécuté, à l'exception du retard qu'éprouva le 2e bataillon du 39e, coupé par la cavalerie qui défilait sur le pont.
Une pièce de 4 et un obusier passèrent le pont avec la 1re batterie, et firent feu sur la gauche contre une batterie ennemie qui prenait les troupes françaises en écharpe.
Quelques troupes de l'ennemi s'étant avancées, avec une pièce de canon, sur la route de Thalfingen, le général Loison ordonna au général Villatte de détacher quelques tirailleurs et 4 compagnies sur la gauche, afin de les repousser et de n'être pins inquiété dans son mouvement.
Le 1er bataillon du 39e, commandé par M. Clavel, à l'exception des grenadiers et de la 2e compagnie laissés en avant du pont, se forma en colonne serrée et fut dirigé sur la chapelle de Saint-Wolfgang, avec ordre de s'en emparer et de se porter ensuite sur le plateau de l'abbaye, tandis que le 6e (léger), marchant également en colonne et soutenant les tirailleurs, s'emparait d' (Ober) Elchingen et de l'abbaye.
Le 1er bataillon du 39e trouva l'ennemi en force et repoussa deux charges de cavalerie, ainsi que l'attaque de trois bataillons de grenadiers. Enfin, accablé par le nombre et le 2e bataillon (du 39e) n'étant point en réserve pour le soutenir, il fut forcé de se retirer à sa première position du bois et fut vivement chargé, pendant sa retraite, par la cavalerie et l'infanterie ennemies.
L'attaque du 6e (léger) réussit parfaitement; il s'empara du village et de l'abbaye, faisant 800 prisonniers.
Pendant ces différentes attaques, la cavalerie (légère) aux ordres de M. le colonel Colbert ayant passé le pont, suivie du 2e bataillon du 39e qui vint prendre position à la gauche de son 1er bataillon, fut mise en bataille dans la prairie en face du plateau d'Elchingen.
Les 69e et 76e, commandés par le général Roguet, reçurent l'ordre de se former en colonne par régiment et de marcher droit au plateau d'Elchingen, où l'ennemi paraissait vouloir faire plus de résistance. La cavalerie (légère) reçut l'ordre de soutenir ces colonnes en obliquant à droite. Le 2e bataillon du 39e et le restant du 1er eurent l'ordre du général Villatte de se former en colonne et de gagner les hauteurs de Saint-Wolfgang, en marchant de front avec la 2e brigade (et sur sa droite).
Ces mouvements furent exécutés avec intrépidité; M. le maréchal Ney fut constamment au milieu du feu le plus vif.
Arrivé sur le plateau, M. le maréchal ordonna de s'emparer du bois qui est à gauche (le 69e y marcha) et de diriger constamment les mouvements sur la droite de l'ennemi, ce qui fut exécuté par le général Roguet, les colonels Brun et La Jonquière; les deux premiers eurent leurs chevaux blessés et le troisième eut le sien tué.
Dans le moment où ces deux régiments firent leur attaque sur un carré ennemi, le 18e dragons fit une charge tellement vigoureuse que l'ennemi mit bas les armes. (Le 3e hussards et le 10e chasseurs avaient déjà chargé le même carré.)
L'ennemi, qui, à notre arrivée sur le plateau, était en bataille sur deux lignes, voyant les mouvements qui s'exécutaient sur sa droite par notre infanterie et ceux que M. le maréchal avait ordonnés à la cavalerie d'exécuter sur la gauche, forma plusieurs carrés, dont trois forts de 4,000 hommes chacun, et chercha constamment, à gauche, la route d'Albeck à Ulm, en s'appuyant aux bois et soutenu par sa cavalerie et son artillerie.
Ces différents carrés furent attaqués par les 69e et 76e (de ligne) et forcés d'abandonner à ce dernier (régiment) 4 officiers supérieurs, 7 officiers et 111 sous-officiers canonniers et soldats, 4 pièces de canon et plusieurs caissons. Une colonne de 700 hommes, mise en fuite par le 1er bataillon du 76e, fut entièrement ramassée par le 10e chasseurs à cheval.
Le général Villatte reçut alors l'ordre d'obliquer fortement à gauche avec les troupes des 6e (léger) et 39e (de ligne) qu'il avait pu réunir, de s'emparer des deux bois qui sont en face de Kesselbronn, entre lesquels passe le chemin de traverse qui d'Elchingen rejoint la route d'Albeck à Ulm, d'y prendre position et de jeter des tirailleurs sur sa gauche, afin d'observer les mouvements que l'ennemi aurait pu faire par la route de Thalfingen.
Le général Roguet reçut en même temps l'ordre de se porter avec le 69e et le 2e bataillon du 76e à hauteur de Kesselbronn, en passant à gauche du bois qui est en face de la route d'Albeck, tandis que le 1er bataillon du 76e, également en colonne, devait passer entre la route d'Albeck et ce même bois et venir prendre position en arrière des 69e et 76e.
Ce mouvement exécuté, les colonnes furent rejointes par la cavalerie (légère) aux ordres du colonel Colbert, et, après s'être assuré que la division aux ordres du général Malher était en position, pour soutenir en cas de retraite et empêcher que l'ennemi n'inquiétât la gauche de la division, les généraux Villatte et Roguet reçurent l'ordre, le premier, de passer le ravin de Kesselbronn, de s'emparer des hauteurs et du bois qui sont en face de Unter-Haslach, et le second, de s'emparer de la route d'Albeck à Ulm et des bois qui sont en face d'Ober-Haslach, d'en chasser l'ennemi qui y avait réuni plusieurs colonnes soutenues par un corps de cavalerie.
Ces deux brigades attaquèrent vigoureusement l'ennemi qui fut complètement mis en déroute. Sa cavalerie (de l'ennemi) chercha par une charge à arrêter le mouvement de notre infanterie. Elle fut reçue par les 69e et 76e qui avaient formé le carré, et chargée par la cavalerie aux ordres du colonel Colbert, qui de sa main tua un uhlan.
Arrivèrent, sur ces entrefaites, les dragons aux ordres du général Bourcier, deux pièces de 8, une de 4 et un obusier. Le général Loison profita de ce renfort pour poursuivre l'ennemi jusqu'en face du village de Jungingen, où sa cavalerie fut vivement canonnée; ensuite, le maréchal Ney ayant ordonné de prendre position à Albeck, ce mouvement se fit en échiquier, soutenu par la cavalerie.
La division prit position, la droite appuyée à Albeck et la gauche se prolongeant vers Göttingen.
Les résultats de cette journée sont : la colonne ennemie coupée, dont partie fut obligée de se retirer sur Ulm, et l'autre sur Langenau et Nerenstetten ; environ 4,500 prisonniers, 4 pièces de canon, 12 caissons, plusieurs drapeaux et un grand nombre de tués et blessés.
De notre côté, nous avons perdu 106 hommes tués, dont 6 officiers, et 623 blessés, dont 31 officiers
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 735; Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 164).

"Journal des opérations de l'artillerie du 6e corps.
Le 22, bataille d'Elchingen
… Une brigade de la 2e division se forma en colonne d'attaque par bataillon pour enlever la position.
Pendant ce temps, 1 pièce de 4 et 1 obusier, qui avaient passé le pont avec le 6e régiment d'infanterie légère, furent dirigés sur la gauche contre 2 pièces ennemies qui prenaient d'écharpe le terrain que nous occupions au débouché du pont …
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 734).

Un "État des militaires qui se sont distingués à Elchingen le 22 vendémiaire an XIV" mentionne pour le 6e Léger : "PUISSANT, sergent de voltigeurs, a eu un bras emporté, mérite de l'avancement et la décoration.
LAFOND, adjudant sous-officier, a été blessé
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 745).

Puis Ney, le 15 Octobre, enlève les hauteurs de Michelsberg dominant Ulm à l'Ouest, avec sa 3ème Division Mahler, pour boucler l'investissement de la place.

La Division Malher se porte sur le Michelsberg ... la Brigade Villatte est portée en avant en même temps que la Division Malher. Elle attaque le Geisberg et s'en empare : le 6e Léger poursuit les Autrichiens jusqu'aux portes d'Ulm, mais, repoussé comme le 50e, il est obligé de se replier précipitamment sur le 39e, posté dans une fabrique de papier (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 88).

"6e CORPS D'ARMEE.
Journée du 23 vendémiaire (15 octobre 1805).
Quartier général : Thalfingen.
... 2e division. - La division est partie à 7 heures du matin de sa position en avant d'Albeck. Elle s'est dirigée sur la chaussée d'Ulm jusqu'à la hauteur de Jungingen; marchant alors sur sa droite, elle s'est portée sur la grande route qui conduit deStuttgard à Ulm.
Arrivée à la hauteur où la 3e division faisait son attaque, la brigade du général Roguet resta en réserve avec toute l'artillerie de la division. La brigade aux ordres du général Villatte marcha sur le Spitzberg et s'en empara.
Le 6e léger poursuivit les Autrichiens jusqu'aux portes d'Ulm, mais il fut obligé de se replier sur la hauteur en arrière de la papeterie où le 39e était en bataille.
Cette brigade y prit position, la droite à la chaussée d'Aibeck à Ulm, la gauche sur le Danube ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 788).

La garnison d'Ulm et le Général Mack finissent par capituler le 20 Octobre.

Le 6e Léger, fort de 2 Bataillons, fait partie des troupes présentes à la reddition de cette place et à la sortie de la garnison autrichienne, prisonnière de guerre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 977 In : Bugeaud à Mlle de la Piconnerie. Linz, le 16 brumaire. - D'Ideville, Le Maréchal Bugeaud, t. 1, p. 73).

"6e CORPS D'ARMEE,
Journée du 28 vendémiaire (20 octobre 1805).
Quartier général: Söflingen.
En exécution des nouveaux arrangements pris avec le général Mack, la garnison d'Ulm sortit de la place par la Porte-des-Dames, vers les 2 heures de l'après-midi, défila devant Sa Majesté l'empereur Napoléon et rentra dans la place par la Porte-Neuve.
A 5 heures du soir, la brigade aux ordres du général Villatte (6e léger et 39e de ligne) destinée à conduire les prisonniers en France, entra dans la place.
A 6 heures, toutes les divisions reprirent leurs positions.
Le général Baraguey-d'Hilliers partit avec la 1re brigade de dragons à pied pour Ingolstadt.
La 2e brigade de dragons à pied reçut les chevaux que les prisonniers autrichiens laissèrent à l'armée française.
On trouva dans Ulm : 67 bouches à feu, dont 4 obusiers; 47 caissons; 16,000 fusils, etc., etc.
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 978).

Le même 28 Vendémiaire an 14 (20 octobre 1805), le Général Loison écrit, depuis le bivouac devant Ulm, au Maréchal Ney : "Votre ordre de ce jour vient d'être changé par votre chef d'état-major, et au lieu des 6e et 39e régiments, il ordonne qu'un bataillon de chaque brigade devra escorter les prisonniers.
M. le général Villatte me prie de vous engager d'ordonner qu'il soit payé aux officiers et soldats, ainsi qu'à lui-même, ce qui peut leur revenir sur le mois de vendémiaire, afin de leur procurer les moyens d'exister en route
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 979).

Les positions du Régiment sont les suivantes (octobre 1805, côte SHDT : us180510) :
Chef de corps : LAPLANE, Colonel; CHARRAS, major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône de l'an XIII;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion - 6e Corps Ney - 2e Division Loison - Brigade Roguet ; Observation : est détaché pour la conduite des prisonniers de guerre d'Ulm;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain - 6e Corps Ney - 2e Division Loison - Brigade Roguet ; Observation : est détaché pour la conduite des prisonniers de guerre d'Ulm;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Landau - 2e Corps de Réserve Lefebvre - 2e Division Thouvenot.

Après la chute d'Ulm, la Divisions Mahler et la Division Loison (réduite à sa Brigade Roguet ) du 6e Corps, et celui d'Augereau, sont envoyés contre les troupes autrichiennes dans le Tyrol, tandis que Napoléon marche sur Vienne.

Un "Etat des présents sous les armes au 6e corps d'armée le 4 brumaire" indique que le 6e Régiment d'infanterie légère est à la 2e Division, et qu'il est détaché, avec le 39e de Ligne, pour conduire des prisonniers (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 769).

Grande Armée à l'époque du 6 Brumaire an XIV (28 octobre 1805).
5e Corps d'Armée.
Commandant en chef. Maréchal LANNES.
2e Division du 6e Corps.
Général de Division. Loison.
6e Légère;
39e de Ligne;
69e de Ligne;
76e de Ligne.

Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 711

La Brigade Vilatte (6e Léger et 39e de Ligne) escorte les prisonniers autrichiens en France.

Positions et encadrement du Régiment en novembre 1805 (côte SHDT : us180511) :
Chef de Corps : LAPLANE, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône de l'an XIII;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain - 6e Corps Ney - 2e Division Loison - Brigade Villatte;
Observations : novembre 1805 effectif des 2 Bataillons sous les armes 49 Officiers 1775 hommes dont hopitaux 233 hommes chevaux 13;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Landau - 2e Corps de Réserve Lefebvre - 2e Division Thouvenot;
Observations : novembre 1805 effectif sous les armes 17 Officiers 369 hommes – hopitaux : 71 hommes.

Et en Décembre 1805 :
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion 2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain - 6e Corps Ney - 2e Division Loison - Brigade Villatte;
Effectifs des deux premiers Bataillons sous les armes 50 Officiers 1789 hommes dont hopitaux 241 hommes chevaux 13;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Landau - 2e Corps de Réserve Lefebvre - 2e Division Thouvenot;
Observations : effectif du 3e Bataillon sous les armes 16 Officiers 254 hommes - hopitaux 34 hommes.

Le 6e Léger ne participera pas à Austerlitz.

CAMPAGNE DE 1806-1807

Colonel Laplane 6e Léger, vers 1806
Colonel Laplane du 6e Léger, vers 1806

En janvier 1806, le 6e Corps occupe la Principauté de Salzbourg puis va cantonner en Souabe. L’Armée française reste en Allemagne, la Russie n’ayant pas signé de traité de paix, et il faut surveiller la Prusse. La Division Dupont est autonomisée du 6e Corps.

Les positions du Régiment sont les suivantes en janvier 1806 (côte SHDT : us180601) :
Chef de Corps : LAPLANE, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône de l'an XIII;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion - 6e Corps - 2e Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain - 6e Corps - 2e Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Landau - 2e Corps de réserve.

En mars 1806, la situation du Régiment est la suivante (côte SHDT : us180603) :
Chef de Corps : LAPLANE, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône de l'an XIII;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion - 6e Corps - 2e Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain - 6e Corps - 2e Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Landau - 2e Corps de Réserve.

Et en mai 1806 (côte SHDT : us180605) : Chef de Corps : LAPLANE, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône de l'an XIV
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion à Mattsies - 6e Corps - 2e Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain à Erkheim - 6e Corps - 2e Division
3e Bataillon : Chef de Bataillon Meunier à Landau - 5e Division militaire.

Vers la mi-juin, les forces françaises doivent rentrer en France. Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, le 22 juin 1806, au Général Dejean : "Monsieur Dejean, je vous envoie un travail sur l’emplacement que doit occuper la Grande Armée au moment de sa rentrée en France. Vous me proposerez une meilleure répartition, à peu près dans les mêmes divisions, si vous y entrevoyez quelque économie pour le service, soit pour les lits, soit pour le fourrage, soit pour le casernement. Le premier corps qui passera le Rhin sera celui du maréchal Davout : il le passera à Mayence. Le second corps sera celui du maréchal Mortier : il passera également le Rhin à Mayence. Le troisième sera celui du maréchal Bernadotte : il passera le Rhin aussi à Mayence. Le quatrième corps sera celui du maréchal Ney : il passera le Rhin à Huningue, le même jour que le corps du maréchal Davout passera le Rhin à Mayence. Le corps du maréchal Ney sera suivi par celui du maréchal Soult, qui passera le Rhin à Strasbourg".

Le 11 juillet 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon Cousin … La division du général Broussier est composée de 9,000 hommes qui se composent de détachements des 6e, 9e, 15e et 25e d'infanterie légère (la CGN parle elle des 9e, 15e et 25e de Ligne), 76e, 21e, 27e, 30e, 33e, 39e, 51e, 59e, 61e, 69e, 12e, 85e et 111e de ligne : ordonnez que cette division soit dissoute et que ces détachements se dirigent à l'heure même, du lieu où ils se trouvent, par la route la plus courte, pour se rendre à leurs bataillons de guerre de l'armée ..." (Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10478 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12461).

Le même jour, l'Empereur adresse, toujours depuis Saint-Cloud, une deuxième lettre à Berthier, dans laquelle il écrit : "Mon intention étant de compléter les compagnies des bataillons de la Grande Armée à 140 hommes par compagnie, officiers compris, je vous ai ordonné par une lettre de ce jour de dissoudre le corps de réserve de Lefebvre en faisant rejoindre chaque détachement de son corps d'armée.
Mon intention est également que vous donniez l'ordre aux différents dépôts d'envoyer à leur corps le nombre d'hommes porté dans l'état ci-joint. Tous ces détachements qui partiront du camp de Boulogne seront passés en revue par le maréchal Brune qui s'assurera s'ils sont munis de tout le nécessaire. Ils seront commandés par un adjudant commandant nommé par le maréchal ...
ANNEXE
état des hommes que les dépôts des régiments désignés ci-après feront partir pour rejoindre les bataillons de guerre à la Grande Armée
Le dépôt ... 6e d'infanterie légère fera partir un détachement de … 100 [hommes] …
" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12462).

En septembre 1806, la Prusse et la Saxe reprennent les hostilités. Un ultimatum arrive chez les Français. Napoléon a déjà mobilisé son armée depuis plusieurs semaines en prévoyance. Depuis Saint-Cloud, il écrit, le 19 septembre 1806 au Général Dutaillis : "Monsieur le Commandant par intérim de notre 6e corps de Grande Armée en l’absence du maréchal d’empire Ney, au reçu de la présente, vous voudrez bien faire toutes les dispositions nécessaires pour réunir notre dit 6e Corps d’armée à Ulm, où il est indispensable qu’il soit rendu, au plus tard, le 28 septembre, prêt à marcher, avec quatre jours de vivres, et prêt à recevoir les ordres de notre major général, étant nécessaire que notre dit 6eme Corps de la Grande Armée soit rendu, dès le 2 ou 3 octobre, sur la ligne d’opérations. Vous voudrez bien également faire connaître au corps du général Beker qu’il doit suivre le même mouvement".

Le 28 septembre, Napoléon est à Mayence et réquisitionne les 3èmes et 4èmes Bataillon de ses Régiments restés en arrière.

Le 8 Octobre, les hostilités doivent commencer. Mais les Prussiens n'ont pas eu la sagesse d'attendre l'arrivée de leur allié russe, qui n'a toujours pas ratifié de traité de paix avec la France. Le 6e Corps est alors est assez mal vêtu, s'équipant avec l'argent des habitants, mais le moral est excellent.

Le 6e Corps (Ney) ne peut encore disposer que de deux Divisions : la 2e (Marchand, comprenant les Brigades Maucune et Roguet) et la 3e (Bisson, comprenant les Brigades Marcognet et Labassée). Sa 1ère Division (Dupont) est détachée sous les ordres de Bernadotte. Le 6e Corps a, en outre, la Brigade de Cavalerie Colbert (3e Hussards et 10e Chasseurs). Les deux premiers Bataillons du 6e Léger sont à la 2e Division Marchand.

La situation du Régiment est la suivante en octobre 1806 (côte SHDT : us180610) :
Chef de Corps : LAPLANE, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône de 1806;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Pierre - 6e Corps - 2e Division (Marchand);
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain - 6e Corps - 2e Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Nion à Landau - 5e Division militaire.

Napoléon, après avoir fait croire à son adversaire qu'il menace Erfurth, a donné l'ordre de franchir le Frankenwall. L'aile droite doit déboucher par le chemin de Bayreuth à Hoff.

Le 6ème Corps, précédé de sa cavalerie, exécute sa marche de concentration en trois colonnes marchant sur la même route à un jour de distance. Ney, qui marche en avant-garde de son infanterie, se place derrière le 4e Corps à la droite de la Grande Armée et arrive sans obstacles à Plauen et Hoff.

Après la bataille de Saalfeld, le 10 Octobre, gagnée par le Corps de Lannes sur les forces prussiennes et saxonnes, les Français marchent sur Iéna où les deux adversaires vont s'affronter le 14. Seule une fraction du 6e Corps, sa cavalerie et son avant-garde, va y participer, associée à deux Bataillons d'élite (formés de Carabiniers et Voltigeurs). Le Capitaine Planchet du 6eme Léger y sera blessé.

Après la bataille d'Iéna et celle d'Auerstedt, livrée le même jour par Davout, la Prusse a son armée en miettes et les Saxons se soumettent à Napoléon.

Dans le même temps, par un Décret du 21 octobre 1806, Napoléon commence à regroupes les Compagnies d’Elite (Carabiniers, Voltigeurs et Grenadiers) des Bataillons non encore en ligne des Régiments à la Grande Armée, dont ceux du 3e Bataillon du 6e Léger.

Les débris de l’armée prussienne sont poursuivies l’épée dans les reins, et on commence le siège des principales places fortes prussiennes ... en attendant les Russes.

Les Carabiniers et Voltigeurs du 3e Bataillon du 6e Léger sont versés dans un nouveau Corps de Grenadiers et Voltigeurs de la Réserve, confié à Oudinot. Ils sont dans un 1er Régiment.

Le 11 novembre 1806, le Maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et Valengin, Major général de la Grande Armée, écrit depuis Berlin, au Général Dejean : "J'ai l'honneur de prévenir Votre Excellence qu'indépendamment des détachements que j'ai ordonné à M, le maréchal Kellermann de faire partir dans la première quinzaine de novembre, ainsi que je vous en ai informé par ma lettre du 2, je viens de lui adresser l’ordre de former huit bataillons provisoires conformément à l'état de composition que je joins ici.
Chaque bataillon sera composé de compagnies fournies par les troisièmes bataillons des corps de la Grande Armée, à raison d'une par bataillon, et chaque compagnie sera complétée à 140 hommes.
Le maréchal Kellermann nommera un chef de bataillon et un adjudant-major pour chaque bataillon et un major pour commander deux bataillons. Il aura soin de ne pas prendre les majors dans les mêmes corps où il prendra les chefs de bataillon ou adjudants-majors.
Je donne l'ordre aux généraux commandant les 25e et 2e divisions militaires de faire diriger de suite sur Mayence les compagnies que doivent fournir les bataillons qui ne sont pas stationnés dans les 5e et 26e divisions.
Pour accélérer la formation et le départ de ces bataillons il ne sera pas nécessaire que les conscrits soient dressés ; il suffira qu'ils aient huit ou dix jours d'instruction, qu'ils soient armés, qu'ils aient la veste, la culotte., les guêtres, le chapeau d'uniforme et une capote. Il ne faudra pas attendre qu'ils aient l'habit.
Sa Majesté espère que ces troupes seront réunies à Mayence le 25 et en partiront le même jour pour se rendre le plus promptement possible, conformément aux ordres que je donne à M. le maréchal Kellermann : savoir les 5e et 6e bataillons à Cassel pour maintenir la tranquillité de cet électorat et les six autres à Magdeburg où ils achèveront leur instruction.
Je préviens le maréchal Kellermann qu'il ne doit pas perdre un moment pour former ces bataillons que, pourvu qu'ils soient armés, tout est bon ; qu'ils seront fournis à Magdeburg de tout ce qui leur sera nécessaire ; que Sa Majesté doit en tirer deux avantages, puisqu'ils ne coûteront rien en France et qu'ils garderont Magdeburg, ce qui rendra d’autres troupes disponibles ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 793). Le 4e Bataillon doit comprendre 1 compagnie du 39e de ligne, 1 du 76e, 1 du 96e, 1 du 6e d'infanterie légère, 1 du 9e; total : 720 hommes.

Pendant ce temps, les deux autres Bataillons du 6e Léger continuent leur campagne avec Ney. L’Empereur écrit au Maréchal Ney, depuis Berlin, le 12 novembre 1806 : "Je reçois votre lettre du 11 novembre. Je vous fais mon compliment sur l’heureuse reddition de Magdeburg.
Témoignez-en ma satisfaction à votre corps d’armée. Votre première division, qui reçoit ordre de venir directement à Berlin, pourra apporter les drapeaux, qu’elle présentera à son arrivée
".

Pendant la nuit du 12 au 13 novembre, avant le départ de la seconde colonne appartenant à la Division Marchand, le 6e Léger se livre dans Magdebourg aux pires excès, ainsi qu'en témoigne l'ordre général du 6e Corps, que le Maréchal Ney rédige le 13, dans la matinée : "Soldats !
D'affreux désordres ont eu lieu, la nuit dernière, dans la ville de Magdebourg ; ils ont été commis par le 6e régiment (d'infanterie légère).
Ma première pensée a été de les faire connaître à l'Empereur, à la France entière ; mais, au moment d'imprimer sur chacun de vous une honte ineffaçable, j'ai été arrêté par le souvenir de vos services ..., je vous laisse le temps du repentir.
Soldats ! c'est à vous de choisir votre rôle.
Voulez-vous être cités en Europe comme de féroces conquérants, et ne seriez-vous plus fiers du titre si beau de défenseurs généreux d'un grand peuple ?
Officiers ! vous aimez le bon ordre, vous le commandez, pourquoi n'êtes-vous pas obéis ? S'il est dans vos compagnies des hommes pervers qui prêchent le pillage, votre devoir est de les signaler; ils ne sont plus dignes d'y rester.
Quelques-uns des coupables ont été arrêtés ; ils seront punis. Ce premier exemple peut être suivi d'exemples terribles.
Soldats ! auprès des Français, l'honneur doit être plus puissant que la sévérité; offrez donc désormais le modèle du respect pour les chefs et pour la discipline. Chacun de vous a sa propre gloire à défendre des attentats que quelques mauvais sujets pourraient y porter
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 311).

Les trois colonnes composant la Division Marchand font séjour à Berlin et continuent ensuite sur Francfort-sur-l'Oder et Posen. Seul, le 6e Léger, arrivé le 17 dans la capitale prussienne, doit y rester jusqu'au 20, afin d'être passé en revue, le 19, par l'Empereur, à la parade journalière sur la place du château. On voit, par cette mesure exceptionnelle, le soin qu'a Napoléon de remonter, personnellement, le moral d'une troupe, comme le 6e Léger qui s'est signalé, quelques jours auparavant, par son indiscipline (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 312).

Le Maréchal Ney reste à Magdebourg jusqu'au 17 novembre.

Le 18 novembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Berlin, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "… Je verrai demain le 6e d'infanterie légère ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 807 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13607).

Les Russes s'approchent de Varsovie et l'Empereur a résolu d'aller au-devant d'eux en se portant sur la Basse Vistule où les Prussiens ont encore quelques détachements, notamment à Thorn.

Le 6e Corps, qui avec le 1er et le 3e corps, la Garde et la Réserve de cavalerie, forme l'Armée de Réserve, se met en marche en plusieurs colonnes par la route de Posen. La 3e Division suit la 2e en ayant sa tête de colonne à trois journées de marche en arrière de la tête de la 2e Division. Tout le pays jusqu'à la Vistule a été traversé au commencement de novembre par Davout, Augereau et Lannes, sous le commandement en chef de Murat.

Le 25 Novembre, Napoléon quitte Berlin, pour se mettre à la tête de ses troupes. Murat est entré dans Varsovie sous l'enthousiasme des Polonais.

Ney est envoyé sur Thorn.

Le 6, le Maréchal Ney, en vue de reconnaître les abords de Thorn, fait monter dans des barques 400 hommes du 14e et les Grenadiers et Voltigeurs du 69e et du 6e Léger. Cette troupe, placée sous le commandement du Colonel Savary, traverse la Vistule, qui charrie d'énormes glaçons, et s'engage contre l'ennemi, maître de l'autre rive. Avec l'aide de bateliers polonais qui la dégagent des glaces et précipitent dans le fleuve les Prussiens s'opposant au débarquement, elle les repousse et s'empare de la ville.

Ney écrit à Berthier, le 7 décembre 1806 : "Le 6 décembre, la tête de mes troupes arrive à Podgorze, vis-à-vis Thorn. Le colonel Savary à l’aide de quelques bateliers polonais avait déjà pris sur la rive droite, au-dessus de Thorn, quelques bateaux dont l’ennemi plusieurs jours avait s’était emparé … avec 400 hommes se son régiment et les voltigeurs et grenadiers du 69e et du 6e léger, il passe sur la rive droite de la Vistule. L’ennemi fit une forte résistance … Il y a eu dans cette affaire une vingtaine de Prussiens tués ou blessés et autant de pris ; de notre côté nous avons eu 5 blessés. La principale colonne ennemie qu'on évalue à 4.000 hommes, aux ordres du général L'Estocq, s'est retirée dans ta direction de Königsberg ; l'autre sous Graudenz ..." (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 83).

"Nous sommes maîtres de Thorn depuis hier (6 décembre). Le 6e léger, les voltigeurs et grenadiers du 69e et un détachement du 14e de ligne commandé par son colonel, M. Savary, ont attaqué, tourné l'ennemi et emporté le poste ... On s'occupe de la réparation des deux parties du pont que l'ennemi a brûlé ; le dégât est considérable, mais j'espère rendre le pont praticable à l'artillerie avant quatre jours; en attendant, les bateaux servent au passage de la Vistule ... Le colonel Savary (du 7e corps d'armée) mérite les plus grands éloges pour son intelligence, son zèle et sa valeur; c'est à lui particulièrement qu'on doit la prise de Thorn" (Rapport du Maréchal Ney au Major général en date du 7 décembre, cité par H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", t.2).

Le 40e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE, daté de Posen, le 9 décembre 1806, raconte : "Le maréchal Ney a passé la Vistule et est entré le 6 à Thorn. Il se loue particulièrement du colonel Savary, qui, à la tête du 14e régiment d'infanterie et des grenadiers et voltigeurs du 69e et du 6e d'infanterie légère, passa le premier la Vistule. Il eut à Thorn un engagement avec les Prussiens, qu'il força, après un léger combat, d'évacuer la ville. Il leur tua quelques hommes et leur fit 20 prisonniers.
Cette affaire offre un trait remarquable. La rivière, large de 400 toises, charriait des glaçons ; le bateau qui portait notre avant-garde, retenu par les glaces, ne pouvait avancer ; de l'autre rive, des bateliers polonais s'élancèrent au milieu d'une grêle de balles pour le dégager. Les bateliers prussiens voulurent s'y opposer : une lutte à coups de poing s'engagea entre eux. Les bateliers polonais jetèrent les prussiens à l'eau, et guidèrent nos bateaux jusqu'à la rive droite. L'Empereur a demandé le nom de ces braves gens pour les récompenser …
" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 124 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettres 11423).

Le 41e Bulletin de la Grande Armée, daté de Posen, le 14 décembre 1806, raconte : "Le général de brigade Belair, du corps du maréchal Ney, partit de Thorn le 9 de ce mois et se porta sur Gollub. Le 1er bataillon du 6e d'infanterie légère et le chef d'escadron Schoeny, avec 60 hommes du 3e de hussards, rencontrèrent un parti de 400 chevaux ennemis. Ces deux avant-postes en vinrent aux mains. Les Prussiens perdirent un officier et 5 dragons faits prisonniers, et eurent 30 hommes tués dont les chevaux restèrent en notre pouvoir. Le maréchal Ney se loue beaucoup du chef d'escadron Schoeny. Nos avant-postes de ce côté arrivent jusqu'à Strasburg ..." (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 125 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettres 11468).

Le maréchal Ney fait connaître le 22 décembre que le 6e Corps prendra poste, le 25, sur Mlawa avec sa 1re Brigade, tandis que les autres éléments occuperont les points indiqués dans le dispositif ci-dessous : "... La 1re brigade de la 2e division (général Marchand), composée du 6e léger et du 39e de ligne, partant de Rypin, s'emparera de Mlawa ;
La 2e brigade ira à Rypin, le même jour (69e et 76e);
Le 59e, à Strasbourg ;
Le 50e, à Lautenburg ;
Le 27e, à Gurzno ;
Le quartier général de la 3e division (général Marcognet, en attendant l'arrivée du général Gardanne) et les grenadiers, à Rypin;
Le 25e léger arrive demain à Bromberg ; il aura rejoint l'armée (le corps d'armée) avant le 26 du courant ;
Le 3e hussards et le 10e chasseurs, avec deux pièces d'artillerie légère, aux ordres du général Colbert, sont en observation sur Graudenz, dans les environs de Radzyn et de Wambrisna
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 336).

Dans son "Rapport du combat de Karnichen, le 23 décembre 1806", adressé au Maréchal Bessières, le Général Grocuhy écrit : "Monsieur le maréchal, la division que je commande se trouvait en position en arrière de Biezun, le 23 décembre à la pointe du-jour ; ayant reçu l'ordre de passer l'Ucker, elle s'est portée rapidement sur la rive gauche de cette rivière et s'y est réunie au premier escadron d'un de ses régiments, le 3e de dragons, qui y avait été envoyé pour soutenir nos avant-postes attaqués par l'ennemi.
Le terrain où ma première brigade, aux ordres du général Roget, dut se déployer en débouchant du pont sur l'Ucker, forme une sorte d'entonnoir, dominé par le plateau où était placée la cavalerie prussienne. L'artillerie ennemie s'avançait en hâte pour foudroyer ma première brigade, qui n'était soutenue d'aucun autre corps de troupes à cheval ; ma seconde brigade, en mouvement pour me joindre, n'avait pu encore arriver à raison de l'éloignement du point où elle se trouvait. Dans cette position délicate, un mouvement hardi et décisif pouvait seul rompre la ligne ennemie et nous rendre maîtres du village de Karnichen, que quelques dragons à pied et une centaine d'hommes du 6e régiment d'infanterie légère, seules troupes à pied que nous eussions, ne suffisaient pas pour emporter. Votre Excellence ayant prescrit d'exécuter ce mouvement, je chargeai le 6e régiment d'enlever le village en y pénétrant de front, par son avenue principale, et en le tournant par sa droite, tandis que le 3e régiment, abordant la ligne ennemie, devait l'enfoncer. Ce double mouvement, exécuté avec vigueur et précision, a obtenu le plus brillant résultat ...
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 2, p. 276).

Composition du 6e Corps du Maréchal Ney au 25 décembre :
1ère Division, Général Marchand : 6e Léger, 39e, 69e et 76e de Ligne, 8 Bataillons, 12 pièces, 6393 hommes.
2e Division Vandamme : 25e Léger (3 Bataillons ; fort d’environ 1800 hommes, il est porté en route pour rejoindre l’armée), 27e, 50e et 59e de Ligne, 9 Bataillons, 12 pièces, 4546 hommes.
Artillerie et Génie, 1121 hommes.
Cavalerie légère, Général Colbert : 3e Hussards et 10e Chasseurs : 6 Escadrons, 706 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 296).

A Soldau, il bat un reliquat de l'armée prussienne, tandis que Davout et Augereau ont culbuté les Russes à Golymin, le 26 Décembre. L'Armée française va donc pouvoir prendre ses quartiers d'hiver.

Le Maréchal Ney, écrit, de Neidenburg, le 31 décembre 1806, au Major général : "Demain, 1er janvier 1807, la brigade du général Marcognet (69e et 76e) quittera, à Ortelsburg, la grande route de Koenisberg pour se diriger sur Passenheim et appuyer à la droite de celle du général Labassée (27e et 59e) qui occupera, ce même jour, l'intervalle de terrain de Hohenstein à Passenheim.
Le général Colbert ira s'établir à Guttstadt, en passant par Passenheim et Wartenburg, tenant ainsi la tête du corps d'armée ; il sera appuyé par la 25e légère et le 50e qui prendront position demain à Altenstein et en avant de ce point.
D'après de nouvelles dispositions, la 6e légère occupera, le 2 janvier, avec son 1er bataillon, Osterode, le 2e sera placé intermédiairement jusqu'à Hohenstein, où s'établit demain le général Marchand avec le 1er bataillon du 39e, le 2e bataillon restant à mon quartier général, à Neidenburg ...
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 347).

Le siège des forteresses prussiennes du Nord de l'Allemagne se poursuit.

LA CAMPAGNE DE POLOGNE, 1807

En janvier 1807, les positions et l’encadrement du Régiment sont les suivants (côte SHDT : us180701) :
Chef de Corps : LAPLANE, colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône de 1806;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Braun - Grande Armée - 6e Corps - 2e Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain - Grande Armée - 6e Corps - 2e Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Nion à Landau - 5e Division militaire;
Carabiniers et Voltigeurs du 3e Bataillon aux Grenadiers et Voltigeurs réunis.

Selon le Général Bennigsen, le 11 janvier 1807, le Général L'Estock fait partir le Général Prittwitz avec un gros détachement en reconnnaissance sur Schippenbeil. Ce Général rencontre à Löwenstein un détachement du 6e Régiment d'Infanterie légère qu'il défait; 50 hommes sont faits prisonniers. Le lendemain, à Allenstein, le Maréchal Ney rédige l'ordre du jour suivant, diffusé le 13 janvier 1807 à l'Armée :
"C'est avec le plus vif regret que j'annonce à l'armée que le 6e régiment d'infanterie légère s'est laissé enlever par l'ennemi la moitié d'une compagnie, officiers et sous-officiers, le 11 courant, une heure avant le jour, dans un village en avant de Schippenbeil.
Les officiers sont coupables lorsque, oubliant leurs devoirs, ils négligent de se garder avec précaution et de faire prendre les armes à la diane, ainsi que l'ordre le porte depuis le commencement de la campagne. Les généraux sont repréhensibles lorsqu'ils s'écartent des dispositions qui leur sont prescrites. Or l'ordre du 6 sur l'établissement des troupes portait que le 1er bataillon du 6e régiment occuperait Schippenbeil et non pas les villages environnants, et certes un bataillon réuni n'aurait jamais éprouvé le sort de cette demi-compagnie. Les braves gens qui ont été pris sont donc victimes de cette double faute.
Les vivres ne manquent nulle part; ainsi, rien ne s'oppose â ce que les troupes soient resserrées lorsqu'elles sont prés de l'ennemi.
Les patrouilles de cavalerie commettent partout des exactions, elles exigent de fortes sommes ; j'en ai en mains des preuves irrécusables.
L'effet naturel de ces abus est d'indisposer les habitants et de les porter à favoriser de tout leur pouvoir los desseins de l'ennemi. Je déclare qu'à la première plainte je ferai arréter et juger par une commission militaire quiconque aura exigé des contributions en argent. Je recommande de nouveau l'exécution de l'ordre du 6, relatif aux précautions à prendre pour mettre mes cantonnements à l'abri des surprises.
Maréchal NEY
" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 120 - Note : La copie conservée aux A. M. porte "... le 10 ... en avant de Liebstadt ...". On ne s'explique pas très bien pourquoi Bennigsen a modifié la date et deux fois l'emplacement de l'incident qui fait l'objet de cet ordre; cité par Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 352 qui donne bien la date du 10 et le lieu de Liebstadt).

Vers la mi-janvier 1807, le 6e Corps a la composition suivante :
Avant-garde, sous le Général Colbert, avec le 3e Hussards, le 10e Chasseurs, 6 Bataillons d'élite et 1 Compagnie d'artillerie légère.
2e Division (Général Marchand) : Brigade Bélair (6e Léger, 39e de Ligne) ; Brigade Marcognet (69e et 76e de Ligne).
3e Division (Général Gardanne) : Brigade Roguet (25e Léger et 27e de Ligne) ; Brigade Labassée (50e et 59e de Ligne).
Les six Bataillons d'élite du 6e Corps sont commandés par des chefs choisis et ont pour les diriger le Colonel Lamartinière (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 353).

Le 14 janvier 1807, le Maréchal Ney fait partir de Bartenstein pour Varsovie le Colonel Jomini, son premier Aide de camp, porteur d'un rapport qu'il doit remettre au Major général. Jomini atteint le Grand Quartier-général de Varsovie, le 18 janvier (distance de 250 kilomètres parcourue à raison de 60 kilomètres par jour) : "J'ai reçu hier (le 13), à 4 heures du matin, à Heilsberg, la lettre de Votre Altesse, datée de Varsovie, le 4 de ce mois.
Par mes dispositions du 9, je voulais diriger une forte reconnaissance sur Koenigsberg, pour m'assurer si l'ennemi avait définitivement évacué cette ville; mais de nouveaux renseignements m'y ont fait renoncer; ainsi, les deux premiers bataillons de voltigeurs occupent, depuis hier, la rive gauche de la Zain depuis Langheim et Leunenburg. Le 3e hussards est à Kaltwangen, le 1er bataillon de grenadiers, à Schippenbeil; ces troupes sont aux ordres du colonel Lamartinière établi à Kaltwangen.
Le 10e chasseurs à cheval, à Bartenstein et sur la route de-Preussisch-Eylau.
La 25e légère sera demain à Bischofstein, et le 27e de ligne à Seeburg, commandés par le général Roguet.
Le général Marcognet continuera d'occuper Passenheim et Bischoffsburg avec les 69e et 76e de ligne.
Le 3e bataillon de voltigeurs est placé à Buckgarben jusqu'à Bartenstein, occupant tous les débouchés sur la rive gauche de l'Alle, qui communiquent avec Domnau et Preussisch-Eylau.
Le 1er bataillon de grenadiers est à Bartenstein, le 3e à Heilsberg.
Le 50e régiment est à Guttstadt, et le 59e, en seconde ligne, entre Allenstein, Klingerswald et Nosberg.
Le 6e d'infanterie légère occupe Liebstadt et Mohrungen.
Le 39e de ligne, Liebemühl et Osterode ...
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 354).

Le Général Bennigsen, qui vient d'être nommé généralissime de l'Armée russe, a résolu de tourner l'Armée française par sa gauche et de débloquer Danzig. Il menace notre droite et arrive à Heilsberg sur l'Alle, menaçant directement les 1er et 6e Corps. Le 21 janvier, il se heurte aux troupes du Maréchal Ney, qui forment une pointe en avant de la ligne de cantonnements français; l'avant-garde de Ney, qui se trouve à Bartenstein, manque d'être enlevée.

Le 22 janvier 1807, à 6 heures du soir, le Maréchal Ney écrit, depuis Allenstein, au Ministre de la Guerre : "J'ai l'honneur de vous rendre compte que le mouvement rétrograde de mon corps d'armée a commencé le 20. Les voltigeurs et grenadiers qui étaient sur le développement de l'Alle, couverts par deux escadrons du 10e chasseurs, se sont repliés par échelons depuis Schippenbeil, Bartenstein et Heilsberg ; ils arriveront ce soir à Guttstadt. Ce même jour, le 3e bataillon de voltigeurs, qui était à Langheim, s'est retiré avec le 3e de hussards sur Bischofstein, où se trouvait le 25e léger.
Le 25e léger et le 27e de ligne se sont retirés, le 21, le premier sur Seeburg et le dernier sur Allenstein, où se trouvait déjà le 59e.
Le 69e et le 76e et les quatre régiments de dragons du général Grouchy se replièrent, les 20 et 21, de Bischofsburg sur Passenheim ; cette colonne arrivera aujourd'hui à Neidenburg, où est aussi le 39e ; le 6e d'infanterie légère sera, le 22, à Hohenstein.
Les dragons couvrent la communication de Wittenberg et se lient par leur gauche au général Colbert, établi à Wartenburg depuis ce matin avec un bataillon de voltigeurs, un de grenadiers, deux pièces de canon et le 25e régiment d'infanterie légère.
Demain, à quatre heures du matin, le surplus des voltigeurs et grenadiers, le 10e de chasseurs, une compagnie d'artillerie légère et le 50e régiment partiront de Guttstadt pour venir prendre position â Allenstein ; à huit heures du matin, les 27e et 59e partiront d'Allenstein pour se rendre à Hohenstein. Au moyen de ces dispositions j'aurai, le 24, toutes mes troupes réunies depuis Hohenstein jusqu'à Neidenburg : là j'attendrai un jour pour connaître les desseins de l'ennemi ; mais je ne le crois pas assez en force pour qu'il ose m'attaquer sérieusement, car il n'a montré jusqu'à ce moment que beaucoup de cavalerie, peu d'infanterie et point d’artillerie ...
Le 20, mes colonnes ont été suivies par de la cavalerie russe et prussienne et aussi par quelque peu d'infanterie qui était portée sur des traîneaux. Le soir et pendant la nuit, cette cavalerie est venue insulter presque en même temps toutes les différentes positions occupées par nos troupes ; mais elle n'a approché de mes régiments d'infanterie qu'avec une grande circonspection. Elle a laissé quelques hommes et quelques chevaux blessés. Un escadron du 3e régiment de hussards, s'étant abandonné à trop d'impétuosité dans une charge, a été vivement ramené jusque sur l'infanterie et, a perdu quelques hommes ...
" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 138; Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 373).

"Nouvelles dispositions pour l’emplacement du 6e Corps, en conséquence du mouvement prononcé de l'ennemi sur le Corps d'armée du prince de Ponte-Corvo, et dans le but de couvrir la droite du 1er Corps et de lui laisser le temps de reprendre l'offensive.
Hohenstein, le 23 janvier 1807, à onze heures du soir.
L'ennemi paraissant diriger ses forces sur le Corps d'armée du prince de Ponte-Corvo, il est essentiel de couvrir sa droite et de lui laisser le temps de reprendre l'offensive.
En conséquence, les dispositions suivantes seront exécutées les 24 et 25 du courant ...
Le 6e d'infanterie légère à Gilgenburg ...
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 475).

Ney se met alors en retraite en direction de Gilgenbourg. Napoléon, quand il a acquis la certitude que le gros de l'armée russe est sur l'Alle, lève aussitôt ses cantonnements pour marcher à l'ennemi, que Bernadotte a reçu l'ordre d'attirer à sa poursuite sur la basse Vistule. Bernadotte se bat à Mohrungen le 24.

Ney arrive à Gilgenbourg le 27, et se joint au 1er Corps de Bernadotte qui se dirige sur Osterode.

Le 28 janvier 1807, à 4 heures du matin, le Maréchal Ney écrit, depuis Hohenstein, au Ministre de la Guerre : "… Le 6e d'infanterie légère, que j'avais momentanément rapproché de Mühlen, retourne à Gilgenburg ..." (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 164).

Ney prend position avec Bernadotte sur le plateau en arrière d'Osterode et soutient le choc avec son audace et sa vigueur accoutumées, jusqu'à ce que Benningsen, qui a espéré tomber à l'improviste sur ses cantonnements, se mette en retraite en apprenant l'arrivée du gros de l'Armée française qui se dirigeait vers Allenstein sur l'Alle. Le 30 Janvier, Napoléon a quitté secrètement Varsovie.

Le 2 février 1807, à 6 heures du soir, le Maréchal Ney écrit au Ministre de la Guerre : "… Hier, à minuit, un parti de 300 chevaux, cosaques et hussards, sont venus pour vouloir enlever les troupes qui étaient à Taunenberg. Le 6e d’infanterie légère venait de s'y réunir en totalité. L'ennemi ayant été extrêmement trompé sur le nombre d'hommes a attaqué néanmoins avec beaucoup d'audace, mais il a été repoussé de manière à s'en rappeler. Au moins le tiers de ce détachement a été tué sans compter un grand nombre de blessés. A la pointe du jour, les reconnaissances ont suivi les traces de sang jusqu’à Frogenau et Mertendorf ..." (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 185).

Le 2 février au matin, le 6e Corps part de Gilgenbourg, et arrive le 3 au matin à Allenstein.

A Liebstadt, le 5 février 1807, il se heurte au Corps prussien de Lestocq, dont il détruit l'arrière-garde. Les Prussiens refluent et sont poursuivis.

Le 8 Février 1807 débute la sanglante bataille d'Eylau. Sur la fin de la bataille, les Prussiens de Lestocq, qui ont pu échapper à Ney, font leur apparition, ce qui peut changer le sort des combats. Heureusement, à la fin de la journée, le Corps de Ney rallie à son tour, prenant les Russes sur leur flanc droit, ce qui pousse les Russo-prussiens à se retirer.

"Une colonne de grenadiers russes, qui n'avait pas combattu de la journée, voulut pour dégager leur droite reprendre le village de Schmoditten, où l'avant-garde du 6e corps était déjà établie. Les 6e d'infanterie légère et 39e de ligne la laissèrent approcher à bout touchant ; alors, par une décharge générale et ensuite à la baïonnette, ils la mirent dans la déroute la plus complète et lui firent laisser sur place la plus grande partie de son monde" (Journal des opérations du 4e Corps - In Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 223).

Le 8 février 1807, à 6 heures du soir, le Maréchal Ney adresse, depuis Althof, un rapport écrit au crayon, au Major général : "J'ai poussé, cet après-midi, le corps du général prussien Lestocq jusqu'à Schloditten, où il a pris position et paraît avoir fait sa jonction avec la droite des Russes.
La 1re brigade de la division Marchand (6e léger, 39e, général Belair) occupe Schloditten, mais n'y demeurera que jusqu'à 2 heures du matin, si l'ennemi reste en présence;
La 2e brigade de cette division (69e et 76e, général Marcognet) reste en avant d'Althof.
La 2e brigade de la division Gardanne (50e et 59e, général Labassée) est placée en arrière de ce village.
La 1re brigade (25e léger, 27e de ligne, général Roguet) est restée à Pompicken, où l'ennemi avait laissé un corps de flanqueurs assez considérable comprenant de l'infanterie, de la cavalerie et du canon. Cette brigade rejoindra, cette nuit, et s'établira à Drangsitten.
La cavalerie légère du général Lassalle ainsi que la brigade de dragons (20e et 26e régiments), en arrière d'Althof, où je resterai également.
Nous avons pris deux pièces de canon à l'ennemi et fait quelques prisonniers.
J'attends les ordres de Votre Altesse sur la position que je devrai prendre demain, en cas de bataille contre les Russes.
P.-S. La brigade Roguet rentre à l'instant
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 398).

Un 2e rapport, rédigé le 9, mais daté du 8, sans doute écrit par le Chef d'Etat-major de Ney, le Général Dutaillis, raconte : "Le 6e corps, aux ordres du maréchal Ney, se dirigeait sur Kreuzburg lorsqu'il rencontra, en avant de Pompicken, un corps prussien qui parut vouloir faire résistance.
Les dispositions de Monsieur le Maréchal lui firent abandonner ce projet. Il effectua sa retraite, par Leissen, Graventien, cherchant à brûler le pont sur le ruisseau qui passe près de Drangsitten, traversa Althof, y laissant quelques fantassins qui se cachèrent dans les maisons, de sorte que le maréchal, se portant sur ce village avec son état-major et n'étant précédé que de quelques tirailleurs (éclaireurs) de son escorte, fut assailli d'une grêle de balles qui interrompirent quelques instants sa marche. A l'arrivée d'une pièce de canon, l'ennemi évacua de suite (le village) et fit sa retraite sur Schloditten.
Le 6e léger et le 39e de ligne (1re brigade de la 1re division) traversant rapidement le village (d'Althof) purent prendre position en avant de Schloditten, entre ce village et la route de Koenigsberg, le 6e à la droite du 39e, le 1er bataillon du 6e et le 2e du 39e formant des crochets (défensifs), l'un face à Eylau, l'autre, à Schloditten.
Les autres troupes furent disposées de la manière suivante :
La 2e brigade (69e et 76e) de la 1re division, en arrière de Schloditten, en partie couverte par la cavalerie du général Lasalle, placée à la gauche du village et à quelque distance.
Les 50e et 59e (2e brigade de la 2e division) en arrière de la 2e brigade de la 1re division, le premier ayant la gauche appuyée à un bois, et ses deux bataillons étant de part et d'autre du chemin de Hoff à Schloditten. Les 25e léger et 27e de ligne (1re brigade de la 2e division) ainsi que les dragons, en réserve derrière Althof avec quelques piquets de cavalerie en observation à Graventien et Drangsitten.
Cette position fut prise à la tombée de la nuit. On tira plusieurs coups de canon dans la direction d'Eylau, ignorant si l'ennemi l'occupait encore, et dans celle de Anklappen et de Kuschitten.
Trois colonnes russes, profitant de la nuit, vinrent attaquer le 39e et le 6e léger; celle de gauche, principalement, réitéra plusieurs fois ses attaques, sans succès, sur le 6e léger, qui ne répondit à la dernière qu'à bout portant. La contenance ferme de ces régiments fit abandonner à l'ennemi le projet d'une nouvelle attaque. Les Russes se retirèrent en désordre, laissant un grand nombre de tués et de blessés sur le champ de bataille
" (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", t.2).

"Relation du maréchal Ney sur les mouvements des 7 et 8 février
Mes dispositions étaient faites. L'ennemi fut attaqué avec la plus grande vigueur et en force partout. Le 6e et le 39e se distinguant particulièrement ont pris à l'ennemi deux pièces de canon et quelques centaines de prisonniers parmi lesquels il y avait des officiers russes et des grenadiers. Il y avait, d'après le rapport des prisonniers et des déserteurs, 10.000 Prussiens et 10 compagnies de grenadiers russes …
Il était 8 heures du soir … Le corps prussien qui avait pris position à Schmoditten pendant mon attaque sur les Russes se borna à canonner fortement mon flanc gauche sans me tuer beaucoup de monde. La nuit était close et le feu vers Auklappen cessa presque aussitôt après mon attaque. L'ennemi étant près d'être coupé par sa droite, point de sa retraite, rassembla toutes ses forces sur Schloditten pour écraser les troupes que j'y avais postées. Le 6e et le 39e repoussèrent une charge de cavalerie de plus de 1.200 chevaux russes. Enfin, à 10 heures du soir, cette brigade (6e léger et 39e) s'est repliée sur Althof sans d'autre perte que 6 blessés et 4 morts de coups de baïonnette ...
" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 228; Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 403).

L'hécatombe a été terrible pour les deux adversaires. Les Capitaines Pradal et Pilnet y sont blessés.

Le 58e Bulletin de la Grande Armée, daté de Preussich-Eylau, le 9 février 1807 relate : "… La victoire, longtemps incertaine, fut décidée et gagnée lorsque le maréchal Davout déboucha sur le plateau et déborda l'ennemi, qui, après avoir fait de vains efforts pour le reprendre, battit en retraite. Au même moment, le corps du maréchal Ney débouchait par Althof sur la gauche, et poussait devant lui le reste de la colonne prussienne échappée au combat de Deppen. Il vint se placer le soir au village de Schmoditten ; et par là l'ennemi se trouva tellement serré entre les corps des maréchaux Ney et Davout, que, craignant de voir son arrière-garde compromise, il résolut, à huit heures du soir, de reprendre le village de Schmoditten. Plusieurs bataillons de grenadiers russes, les seuls qui n'eussent pas donné, se présentèrent à ce village ; mais le 6e régiment d'infanterie légère les laissa approcher à bout portant et les mit dans une entière déroute. Le lendemain, l'ennemi a été poursuivi jusqu'à la rivière de Frisching. Il se retire au delà de la Pregel ..." (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 170 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 124 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11790).

Le 8 février, tard dans la soirée, mais avant minuit, le Maréchal Ney écrit, au crayon, l'ordre de mouvement du 6e Corps pour la journée du lendemain, ordre ainsi rédigé : "Ordre de mouvement du 9 février :
Le général Colbert, avec le 3e de hussards, le 10e de chasseurs et le 2e bataillon du 6e (léger), en position à Pompicken et Schlautienen, route de Landsberg à Kreuzburg.
Le 1er bataillon du 6e et le 39e, à Schloditten;
Les 69e et 76e, a Althof ;
Le 25e léger, à Lampasch, route de Donmau ; le 27e, à Kuschitten ;
Le 50e et le 59e, à Eylau;
Les dragons (20e et 26e régiments), à Kuschitten, envoyant des reconnaissances sur Donmau et sur Königsberg ;
Quartier général, à Eylau;
P.-S. La troupe se tiendra prête à marcher demain, à 6 heures du matin
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 401).

Informé, vers minuit, que le 6e Corps va opérer en liaison avec le 4e Corps, près d'Eylau, le Maréchal Ney fait écrire par son Chef d'état-major (Général Dutaillis) au Maréchal Soult : "A Monsieur le maréchal Soult
Althof, le 9 février 1807, 2 heures du matin.
J'ai l'honneur de vous prévenir que la brigade du général Belair (6e léger, 39e de ligne) a occupé Schloditten ce soir à 7 heures, ainsi que j’ai eu l'honneur de vous le dire.
Vers 10 heures (du soir), elle a été attaquée par les Russes ; l'ennemi a été culbuté et a perdu 500 ou 600 hommes tués; il s'est retiré.
Le maréchal Ney, qui voulait faire évacuer ce village vers 2 heures du matin, a jugé à propos de l'évacuer dès ce soir; l'ennemi n'y est pas entré jusqu'à ce moment.
Respect,
Du Taillis
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 402).

Le 10 février 1807, à 6 heures du soir, le maréchal Ney écrit, depuis Romitten, au Ministre de la guerre : "J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que les troupes du 6e corps d'armée sont réparties dans les positions suivantes :
Le général Colbert, avec sa brigade de cavalerie, le 2e bataillon du 6e et deux pièces d'artillerie, occupe Porschkam et Pompicken, route de Landsberg à Kreuzburg. Il aura un poste d'observation à Kreuzburg même, si l'ennemi ne s'y trouve pas en trop grandes forces. Ce général viendra prendre la tête du corps d'armée à la hauteur de Schrombehnen, aussitôt que les troupes du prince de Ponte-Corvo déboucheront sur la route de Kreuzburg, ou lorsque l'armée marchera sur Wittenberg ...
" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 235).

Le Maréchal Ney dicte ses intentions, le 16 février, pour la marche rétrograde du lendemain, à effectuer en partant à 5 heures du matin. La Division Gardanne, formant le gros doit partir la première et aller prendre position sur les hauteurs à l'ouest d'Eylau, près de la route de Landsberg ; elle doit être suivie de la Division de cavalerie Klein, marchant sur ses flancs. La 1re Brigade de la Division Marchand, escortée par les Brigades de cavalerie légère Colbert et Guyot, constitue le premier échelon d'arrière-garde et doit être suivie à distance par la 2e Brigade de la même Division, formant le 2e échelon et ayant derrière elle les trois Brigades de la Division de cavalerie légère Lasalle. A l'issue de la marche, les deux échelons doivent occuper les plateaux situés au nord d'Eylau et de part et d'autre de la route de Königsberg, ayant devant eux les voltigeurs de la Division, en extrême arrière-garde, à Schloditten et à Schmoditten, sous le commandement du Chef de Bataillon Groslain, du 6e Léger (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 413).

Le 17 Février, l'Empereur prescrit un mouvement rétrograde. Ney est positionné en avant-garde à Guttstadt. Les Russes harcèlent les avant-postes français à défaut de tenter une nouvelle offensive.

Le 26 février 1807, 9 heures du matin, le Maréchal Ney écrit, depuis Guttstadt, au Ministre de la guerres : "Ce matin, avant la pointe du jour, le 6e d'infanterie a attaqué le village de Peterswalde ; l'ennemi y avait beaucoup plus de troupes qu'on croyait ; néanmoins le village a été emporté. Les Russes qui l'occupaient avec trois bataillons en ont été chassés avec grande perte Nous avons fait prisonniers le général-major baron de Korff, son aide de camp, plusieurs autres officiers et quelques centaines de soldats …" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 282).

Le même 26 février 1807, Ney écrit également à Berthier : "… L’ennemi a laissé environ 200 hommes sur le champ de bataille de Peterswalde et il a dû avoir le triple de blessés … Les Russes ayant reçu un renfort de 1.200 hommes se sont avancés pour reprendre Peterswalde ; le 6e régiment, qui avait ordre de ne pas se compromettre, s'est retiré jusqu'à la forêt qui couvre Schmolainen et s'y est maintenu malgré plusieurs attaques ; le feu a duré sans relâche depuis 4 heures du matin jusqu'à 6 heures du soir.
Les Prussiens ont attaqué vers 6 heures du matin tous mes avant-postes sur la rive droite de l'Alle ; ils ont été repoussés partout par les généraux Colbert et Lasalle.
Le 6e régiment eut dans l'affaire d'aujourd'hui de 100 à 150 hommes au plus hors de combat
" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 282).

A 8 heures du soir, Ney écrit, depuis Guttstadt, au Major général : "... Le 6e d'infanterie légère s'est couvert de gloire à l'attaque de Peterswald ..." (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 423).

Le 27 février 1807, à 1 heure de l'après-midi, le Maréchal Ney écrit, depuis Allenstein, au Ministre de la guerre : "Je reçois à l'instant la lettre de Votre Altesse datée d'hier à minuit. Guttstadt a été évacué ce matin à 4 heures précises, ainsi que je l'ai annoncé par ma lettre d'hier. L'ennemi est resté en forces dans la forêt de Schmolainen, devant le 6e d'infanterie légère, jusqu'à 2 heures du matin ; après quoi ce régiment s'est replié sur Guttstadt, en fermant la marche de la colonne qui se dirigeait sur Allenstein ..." (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 284).

Le 1er mars 1807, le Maréchal Ney établit, à Schlitt, un "Ordre du mouvement pour les 1er et 2 mars.
Division du général Marchand. - La brigade du général Bélair avec les 6e d'infanterie légère et 3e hussards, occupera aujourd'hui par le 1er bataillon Allenstein et par le 2e bataillon tous les postes sur la rive gauche de l'Alle, depuis Allenstein jusqu'à Schwuben. Il enverra des fréquentes patrouilles pour éclairer la rive opposée dans la direction de Guttstadt, ainsi que sur Wartenburg, Passenheim et Hohenstein. Si le général Bélair était forcé d'abandonner sa position, il se rallierait à Deppen ...
La brigade du général Labassée se rassemblera à Deppen ; elle laissera cependant des postes aux ponts de Redikainen, Bergfried et celui entre Schwuben et Münsterberg sur l'Alle, jusqu'à ce que le 2e bataillon du 6e les ait relevés ...
Toutes les troupes du 6e corps d'armée, à l'exception de la brigade du général Bélair, qui restera en observation à Allenstein et sur le développement de la rive gauche de l'Alle, prendront les armes demain à trois heures du matin et se dirigeront sur Quetz, lieu de rassemblement général, passant par Deppen ...
Les généraux donneront les ordres nécessaires pour que les troupes soient pourvues pour deux jours de vivres et qu'elles soient complétées à 50 cartouches par homme.
Les généraux Lasalle et Roguet prendront toutes les mesures possibles pour que l'ennemi ne puisse s'apercevoir du rassemblement des troupes qui s'opère sur Quetz ; ils redoubleront de surveillance dans le service et communiqueront avec les troupes du maréchal Soult ...
Les généraux recevront de nouveaux ordres sur les mouvements ultérieurs de demain ...
Le quartier du général en chef sera demain à Deppen
" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 289).

Le 3 mars 1807, le Maréchal Ney adresse, depuis Guttstadt, son Rapport au Ministre de la Guerre : "Conformément aux dispositions que j'avais arrêtées hier pour la marche de mon corps d'armée sur Guttstadt, le général Roguet s’est mis en mouvement à 5 heures précises du matin, parlant d’Heilingenthal et d'Ankenau pour se diriger sur Queetz, qui n'a été que faiblement défendu par les cosaques. Le 25e d'infanterie légère a changé de direction à gauche pour s'emparer de Lingnau et de Neuendorf, tandis que le 27e de ligne continuait rapidement sa marche sur Glottau et Guttstadt au travers d'une nuée de cosaques. Le 25e, après avoir exécuté son mouvement et pris position, a été entièrement cerné par les cosaques. Ce régiment a essayé plusieurs charges sans s'ébranler et sans éprouver aucune perte ; bientôt l'ennemi s'est borné à le tenir bloqué Pendant ce temps-là, les régiments commençaient à se déployer sur la hauteur en arrière de Guttstadt, tandis que le 27e se dirigeait sur Schmolainen qu'aurait dû occuper le 6e légère qui, par un malentendu, n'est arrivé qu'à trois heures de l'après-midi ..." (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 260).

Le 5 mars 1807, le Maréchal Ney écrit, depuis Guttstadt, au Ministre de la Guerre : "J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que l'ennemi continue d'occuper avec environ 40.000 hommes d'infanterie et cavalerie la position de Launau ; mais je ne puis distinguer ce qu'il y a vers Heilsberg, quoique les fumées des bivouacs annoncent la présence d'une réserve. Les avant-postes bordent la forêt, de la route de Launau à Freymarkt, jusque vis-à-vis de Peterswalde et de Zechern. Les sentinelles de part et d'autre et les vedettes à cheval sont à demi-portée de pistolet. Je puis écraser toute cette troupe à coups de mitraille ; mais j'ai défendu de tirer un coup de canon ni de fusil, parce que si le maréchal Soult appuyait mon attaque sur Launau, je ne crois pas que l'ennemi puisse sauver ni infanterie ni canons ...
Voici les dispositions que j'ai prises ce matin pour me concentrer davantage et être en mesure de repousser toute agression de la part de l'ennemi.
Le 59e est venu remplacer le 50e, que j'ai placé en seconde ligne derrière Zechern et Peterswalde ;
Le 6e d'infanterie légère est venu prendre position à la tête du bois pour remplir l'intervalle de Zechern à Peterswalde.Le 76e a remplacé ce régiment à Schmolainen ;
Le 27e de ligne à Peterswalde ;
Le 25e d'infanterie légère à Mawern, Rosenbeck et Gronau, soutenu par le 39e à Altkirch ;
Le 69e, à Guttstadt ;
La cavalerie légère du général Lasalle à Zechern et Peterswalde ; il y a aussi deux régiments de dragons dans ce dernier endroit ; les deux autres sont en réserve à Schmolainen ;
Les 3e hussards et 10e chasseurs à Mawern, Rosenbeck et Gronau, communiquant avec les troupes du maréchal Soult à Benern.
J'attends les ordres de Sa Majesté et la troupe est prête à marcher à l'ennemi
" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 298; Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 434).

Le 6 mars 1807, le Maréchal Ney écrit, depuis Schmotainen, au Ministre de la guerre : "J'ai déjà eu l'honneur d'écrire à Votre Altesse que le général Gardanne était incapable de remplir ses devoirs de général de division. Hier, il a failli compromettre les troupes par les dispositions extravagantes qu'il a prises, un instant après mon départ de Zechern.
J'avais placé le 6e d'infanterie légère en réserve ; aux premiers coups de fusil que l'ennemi tira sur les troupes à Peterswalde, il appela ce régiment pour le jeter dans la forêt et agir contre l'ennemi. Heureusement que le colonel Laplane lui a observé qu'il était d'une autre division et qu'il avait reçu de moi des ordres précis de ne bouger que pour appuyer le poste de Zechern. Le 27e régiment a été aussi jeté sans motif dans la forêt à la poursuite d'un ennemi infiniment supérieur. Ce n'est que par la bonne conduite du colonel Bardet et les dispositions du général Roguet qu'on s'est retiré avec honneur d'une échauffourée semblable, qui pouvait ruiner ce régiment.
Aujourd'hui, j'ai donné ordre au général Gardanne de se rendre à Thorn. Il a demandé à aller au quartier général impérial pour se plaindre de mes procédés. Je déclarerai à Votre Altesse qu'il m'est impossible de servir avec un général de cette trempe. Les chances de la guerre m'ont été favorables jusqu'alors ; je puis cependant être blessé ou tué dans une affaire ; alors ce serait le général Gardanne, comme le plus ancien général divisionnaire, qui me remplacerait, en attendant que Sa Majesté ait prononcé sur le commandement en chef des troupes.
Je ne me plains point de la bravoure du général Gardanne ; j'ai été satisfait de lui sous ce rapport. Mais c'est selon moi la dernière qualité d'un général
" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 300).

Le même 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Daru, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
6e corps
... 6e léger ...
Dépôts à Fordon ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).

A la date du 9 mars, le Maréchal adresse une requête à l'Empereur. Il s'agit de faire Général de Brigade le Colonel Maucune du 6e Léger. Ce Colonel reçoit les étoiles deux jours après (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 439).

Le 15 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Je réponds à votre lettre du 7 février. J'y vois que vous avez encore 7342 hommes. Vous me demandez comment vous devez les employer. Il ne faut point donner les 7300 hommes que demande la marine et il faut employer cette réserve à réparer les pertes de la bataill d'Eylau. Voici les corps auxquels j'en voudrais donner : … Pour la Grande Armée … 6e léger 100 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14661).

Napoléon récompense les braves. Il écrit, depuis Osterode, le 31 mars 1807, au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre.
1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition :
4e, 8e, 12e, 14e, 17e, 18e, 21e, 24e, 27e, 28e, 30e, 32e, 34e, 39e, 40e, 43e, 44e, 45e, 46e, 50e, 51e, 54e, 55e, 57e, 59e, 61e, 63e, 64e, 69e, 75e, 76e, 85e, 88e, 94e, 95e, 96e, 100e, 103e, 105e, 108e, 111e d'infanterie de ligne; 6e, 7e, 9e, 10e, 13e, 15e, 16e, 17e, 24e, 25e, 26e, 27e et 28e d'infanterie légère
".

L'encadrement du Régiment, en avril 1807, est le suivant (côte SHDT : us180704) :
Chef de Corps : LAPLANE, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône de 1807;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Braun - 6e Corps - 2e Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain - 6e Corps - 2e Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Nion à Landau - 5e Division militaire.

A la mi avril, le 6e Léger (les deux premiers Bataillons) passe désormais à la 1ère Division du Corps de Ney, Brigade Maucune, avec le 69e de Ligne.

Le 21 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, dans l'état de situation de votre armée de réserve au 15 avril, je trouve ...
Que le 44e avait 462 hommes ; pourquoi n'en enverriez-vous pas 300 hommes ...
Je suppose que si vous ne les avez pas fait partir, c'est qu'ils n'étaient pas habillés. Mais moyennant l'autorisation que je vous ai donnée de les envoyer non habillés dans les régiments provisoires et de garnison, je pense que vous les avez mis en route ...
Je vois, par le même état, que vous pourriez faire partir également de Strasbourg :
du 3e régiment de ligne 500 hommes
... du 6e légère 500
Je suppose donc que tout cela sera parti ; si ce ne l'était pas, faites-le parti sans délai ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15379).

Selon un "Etat sommaire des Hommes du 6e Corps d’Armée prêts à combattre", daté de Guttstadt, le 25 avril 1807, le 6e d’infanterie légère, à la 1ère Division, compte 1400 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 155).

Le 8 mai 1807, le Maréchal Ney écrit, depuis Guttstadt, au Ministre de la Guerre : "… Je fais tracer aujourd’hui les positions que les régiments occuperont d’ici à quelques jours.
Les corps baraqueront séparément, mais assez rapprochés pour présenter des masses en cas d'attaque. Cette disposition est plus convenable au terrain que j'ai à défendre. Les divisions forment des échelons entre elles, couvrent les principales communications de Liebstadt et Deppen et peuvent se réunir très promptement dans les positions défensives indiquées pour chacune d'elles.
Voici l'emplacement des campements par régiment :
1ère division
1ère brigade, le général Maucune, à Amt-Guttstadt : 6e d'infanterie légère, sur les hauteurs en arrière d'Amt-Guttstadt ;
69e de ligne, dans la position de Kosten.
Cette brigade couvrira alternativement les postes avancés vers Zechern et jusqu’à Peterswalde inclusivement ...
" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 69).

Le 8 mai, la Brigade Maucune se rend donc à Amt-Guttstadt, le 6e Léger, avec l'artillerie, sur les hauteurs en arrière de cette ville, le 69e dans la position de Kossen, où il établit ses baraquements.

Dans la nuit du 22 au 23 mai 1807, le Général de Division Marchand adresse, depuis Guttstadt, au Maréchal Ney, le rapport suivant : "A Amt-Guttstadt, quatre chasseurs du 6e régiment, dont deux étaient de garde, ont déserté hier à l'ennemi ; deux d'entre eux étaient très anciens de service, ce qui a beaucoup surpris le colonel de ce régiment. Dans le 31e régiment, il manque également 4 hommes à l’appel depuis hier" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 73).

Composition du 6e Corps du Maréchal Ney au 31 mai 1807 :
1ère Division, Général Marchand : 6e Léger, 69e, 39e et 76e de Ligne, 10 Bataillons, 6673 hommes.
2e Division Bisson : 25e Léger (3 Bataillons), 27e, 50e et 59e de Ligne, 9 Bataillons, 6448 hommes.
3e Division, Général N. : En formation ; 1510 hommes.
Artillerie, Génie et Gendarmerie, 24 pièces, 1331 hommes.
Cavalerie légère, Général Colbert : 3e Hussards, 10e et 15e Chasseurs : 9 Escadrons, 935 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).

Le Général russe décide de profiter de la position du Maréchal Ney en avant de l'armée pour détruire son Corps. Le 5 juin, les Russes se présentent, à la pointe du jour, à la gauche du bois d'Amt-Guttstadt. Le 6e Corps, 15.000 hommes, a devant lui une armée de 60.000 hommes; presque tous les postes sont enlevés, tant l'attaque est soudaine.

Bennigsen, dans ses Mémoires, raconte : "… Le prince Bagration marcha avec rapidité sur Altkirch. Quand il l'eut atteint, il y trouva le général Marcognet avec la 2e brigade de la division, composée des 39e et 76e en position, qui fut bientôt renforcée par la brigade, composée des 6e et 69e de ligne, qui accoururent le premier d'Amt-Guttstadt et le second de Kossen. Le prince Bagration, pour ne pas donner le temps à l'ennemi de faire arriver encore plus de troupes, l'attaqua sur deux points dans cette position avantageuse …" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 141).

Les Cosaques, passant en même temps l'Alle entre Guttstadt et Allenstein, viennent brûler les villages en arrière et s'emparent de Guttstadt, où se trouve une partie des bagages. Après une fusillade d'une heure devant le camp, le 6e Corps commence sa retraite, par échelons et très lentement, pour venir prendre position à Ankendorf, où il passe la nuit.

Le 5 juin 1807 au soir, Ney adresse à Berthier, depuis Ankendorf, son Rapport : "Dès 5 heures du matin, j'ai été prévenu, par mes avant-postes, que l'ennemi marchait sur Altkirch avec des forces considérables en infanterie, cavalerie et artillerie ; je me suis aussitôt rendu sur le terrain, après avoir donné ordre aux troupes de se tenir prêtes à marcher.
La première colonne ennemie, forte d'environ 10,000 hommes, ne s'est emparée d'Altkirch qu'après les plus grands efforts. Le 39e, commandé par le colonel Loyer arrivé la veille, s'est couvert de gloire en repoussant cinq charges de cavalerie et toutes les attaques de l'infanterie russe. La bravoure de ce régiment m'a permis (donné le temps) de faire mes dispositions défensives.
L'ennemi avait formé quatre attaques principales : la première sur Altkirch , la seconde sur Amt-Guttstadt, la troisième sur Wolffsdorf et Lingnau, et la quatrième sur Bergfried, point où il a passé sur la rive gauche de l'Alle.
Les (mes) troupes placées sur ces divers points l'ont contenu (l'ennemi) en lui faisant un mal affreux en tués et blessés; enfin ce n'est que vers 11 heures du matin qu'il (l'ennemi) a déployé sur le front de Lingnau et d'Altkirch, environ 15,000 hommes d'infanterie, une artillerie nombreuse et au moins autant de cavalerie que j'ai d'infanterie à mon corps d'armée.
Je ne puis détailler aujourd'hui toutes les manœuvres que j'ai fait exécuter aux (à mes) troupes ; j'attendrai (pour cela) les rapports particuliers des corps ; mais je puis assurer à Votre Altesse qu'il est impossible de se battre avec plus de valeur que ne l'ont fait toutes mes troupes, indistinctement, contre des forces infiniment supérieures.
Les 6e, 25e et 31e d'infanterie légère ont repoussé des charges de cavalerie considérables ; enfin, vers les 1 heure, l'affaire est devenue tellement vive que toutes les brigades de l'armée (du corps d'armée), l'une après l'autre, et les divisions souvent réunies n'ont cessé de faire un feu continuel de deux rangs et de bataillon.
L'ennemi a manœuvré lentement. Dès 8 heures du matin, j'étais enveloppé partout et mes communications avec les maréchaux Davout et Soult étaient coupées. Malgré cette situation critique, l'ennemi n'a pu parvenir à rompre un seul peloton de mon infanterie, et la retraite s'est faite, à 2 heures de l'après-midi, dans le plus grand ordre et avec un ensemble qu'on obtient rarement dans une affaire aussi chaude.
J'ai eu beaucoup de tués et de blessés par la mitraille et la mousqueterie ; mais, certes, la perte de l'ennemi est quadruple ; la raison de cette différence est qu'il voulait tout culbuter avec sa nombreuse cavalerie et que, malgré l'opiniâtreté qu'il a mise dans les charges qu'il n'a cessé de faire jusqu'à 4 heures du soir, il n'a obtenu aucun succès.
A 4 heures, j'ai pris position à Ankendorf et l'ennemi s'est établi devant moi, en avant (au sud) de Queetz.
Je n'ai perdu ni canons, ni drapeaux. Je regrette le brave général Roguet que je crois tué (blessé et fait prisonnier) ; il a été renversé à côté de moi par un coup de mitraille.
Le 3e de hussards, les 10e et 15e de chasseurs ont fait des prodiges de valeur malgré leur infériorité ; ils ont profité de toutes les charges que l'ennemi faisait sur l'infanterie pour tomber ensuite sur lui.
Le colonel Mouriez, du 15e chasseurs et le chef d'escadron Valmabelle, du même corps, ont été tués ; il y a aussi plusieurs officiers du 3e de hussards et du 10e de chasseurs blessés.
Je n'ai point perdu d'officiers supérieurs d'infanterie. J'estime ma perte en tués et blessés à 1,800 hommes ; nous avons fait, je le répète, beaucoup plus de mal à l'ennemi ; nous avons fait aussi quelques prisonniers.
Je ne dois point vous laisser ignorer que le colonel Laplane (du 6e léger) s'est conduit avec la plus rare distinction à la tête de son régiment.
J'attends les ordres de Votre Altesse ; je lui ai fait écrire plusieurs fois ce matin, mais la communication a été longtemps interceptée avec Deppen, où cependant l'ennemi n'a point pénétré.
P. -S.— Je viens de reconnaître la position de l'ennemi; il est établi en avant (au sud) de Queetz ; il montre deux grandes lignes d'infanterie et une de cavalerie; j'ai estimé, de même que les généraux qui m'accompagnaient, les deux lignes d'infanterie à 35,000 ou 40,000 hommes
" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 142; Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 453).

Elle pousse des postes avancés vers Zechern jusqu'à Peterswald.

Le lendemain, le mouvement se continue, les masses russes venant constamment se briser contre nos carrés sans parvenir à les entamer; après avoir franchi le pont de Deppen, le 6e Corps se trouve enfin en ligne avec l'armée. L'ennemi tente de franchir ce pont, mais ses assauts sont repoussés.

Le 6e Léger a de nombreux blessés dans ces combats comme les Capitaines Limonier, Roussille, Renvoyé, Thomas.

Mais à l'arrière, Napoléon a concentré 150.000 hommes, tandis que Ney recule pied à pied. Les Russes décident alors de se replier sur Heilsberg. L'avant-garde de Murat entre au contact et celui-ci, comme à son habitude, lance sa cavalerie à l'attaque. Les Russes finissent par reculer avec l'arrivée des renforts français et vont se coincer eux même dans la nasse de Friedland, le 14 Juin. Le 6e Corps de Ney s'enfonce héroïquement au milieu des lignes russes pour parachever une victoire sans appel. Le 6 Léger aura de nombreuses pertes.

A Tilsit, le 7 juillet, c’est la grande réconciliation entre Français et Russes, sur le dos des Prussiens.

Début juillet 1807, l’encadrement du Régiment est le suivant (côte SHDT : us180707) :
Chef de Corps : LAPLANE, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Conscrits des départements du Rhône - de la Doire de 1808;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Braun - Grande armée - 6e Corps - 1ère Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Groslain - Grande armée - 6e Corps - 1ère Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Nion à Landau - 5e Division militaire.

Un nouveau Colonel, Amy, prend la tête de l’unité, tandis que le 6e Corps stationne en Allemagne.

En octobre 1807, la situation du Régiment est la suivante (côte SHDT : us180710) :
Chef de Corps : AMY, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier
Conscrits des départements du Rhône - de la Doire de 1808;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Braun - Grande armée - 6e Corps - 1ère Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Duvergier - Grande armée - 6e Corps - 1ère Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Nion à Landau - 5e Division militaire.

JANVIER A JUILLET 1808 : FORMATION D'UN 4EME BATAILLON DE GUERRE ET DEPART POUR L'ESPAGNE DU 6e CORPS

Pendant ce temps, en Espagne, dès la fin 1807, sous prétexte de la campagne au Portugal, les troupes françaises, organisées en divers Corps d'observation, avaient largement pénétré chez leur allié et s'étaient emparés des points stratégiques, tandis que la monarchie espagnole se déchirait dans des querelles familiales. Le peuple espagnol et l'armée subissaient cela en rongeant leur frein.

On retrouve un petit détachement du 6ème Léger au 7e Régiment provisoire d'Infanterie (Légère; Major Deslon) dans le Corps d’Observation des côtes de l’Océan, commandé par le Maréchal Moncey et formé en novembre 1807.

En janvier 1808, les positions du Régiment sont les suivantes (SHDT : us180801) :
Chef de Corps : AMY, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier
Conscrits des départements du Rhône - de la Doire de 1808;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Braun - Grande armée - 6e Corps - 1ère Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Duvergier - Grande armée - 6e Corps - 1ère Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Nion à Landau - 5e Division militaire;
Observations : janvier 1808 : 4 Compagnies au 7e Régiment provisoire d'Infanterie - Corps d'Observation des Côtes de l'Océan.

Le 12 janvier 1808, l'ordre suivant est promulgué : "L'Empereur a ordonné la formation d'une division de réserve d'infanterie qui sera réunie à Orléans le 1er février 1808.
Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires et chaque régiment de trois bataillons. La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires ...
Les trois bataillons du 13e régiment provisoire doivent être composés de quatre compagnies chacun, tirées des 6e, 7e, 9e, 10e, 13e, 16e, 17e, 21e, 24e, 26e, 27e et 28e régiments d'infanterie légère ...
Le général de division Verdier commandera cette division de réserve, le général Schramm y sera employé
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1511).

Toujours le 12 janvier 1808, un deuxième ordre est promulgué, portant sur la composition de la Division de Réserve d'infanterie qui se réunit à Orléans : "Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires, chaque régiment de trois bataillons, chaque bataillon de quatre compagnies, chaque compagnie de 150 hommes, total 10.800 hommes.
La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires, la 2e, des 15e et 16e, la 3e des 17e et 18e.
Le 13e régiment provisoire sera ainsi composé :
1er bataillon ; une compagnie de 150 hommes du 6e régiment d'infanterie légère, une du 7e, une du 9e et une du 10e ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1514).

Le même 12 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous donnerez les ordres pour la formation d'une division qui portera le titre de division de réserve, et qui se réunira à Orléans. Cette division sera composée conformément au tableau ci-joint ... Vous donnerez l'ordre qu'avant de faire partir les compagnies qui doivent former la division de réserve d'Orléans on complète tout ce que les corps doivent fournir aux douze régiments provisoires du corps d'observation des côtes de l'Océan. Le général de division Verdier commandera cette division de réserve. Le général Schramm y sera employé
P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et elle se mettra en marche au 1er février. Vous aurez soin de lui faire fournir des capotes et de veiller à ce que les hommes soient bien habillés.
COMPOSITION DE LA RÉSERVE D'INFANTERIE QUI SE RÉUNIT À ORLÉANS
Cette division sera composée de trois brigades ; chaque brigade de deux régiments provisoires ; chaque régiment de trois bataillons ; chaque bataillon de quatre compagnies ; chaque compagnie de 150 hommes : total 10 800 hommes.
La 1re brigade sera composée du 13e et 14e régiment provisoire ...
Le 13e régiment provisoire sera ainsi composé :
1er bataillon
une compagnie de 150 hommes du 6e régiment d'infanterie légère
une du 7e
une du 9e
et une du 10e ...
" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 16987).

Le 20 Février, Murat vient prendre le commandement des forces françaises en Espagne.

Le 1er mars 1808, "Le grand-duc de Berg demande que les sieurs Ant. Montgaillard, sergent au 6e régiment d'infanterie légère, et son frère Henry-Léonard, âgé de 17 ans et non encore militaire, reçoivent l'autorisation de passer à son service" ; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1662 - Note. Non signées ; extraites du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l’Empereur et Roi, du 24 février 1808 »).

De mars à mai 1808, le Régiment (deux premiers Bataillons) stationne en Allemagne, bientôt rejoint par le 3e Bataillon au 6e Corps.

Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ... ANNEXE :
... 6e corps
... 6e légère 100 000 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).

Napoléon, croyant le pays mur pour un changement dynastique, force les souverains espagnols à l'abdication à Bayonne, et décide de mettre son frère Joseph sur le trône, le 10 Mai. Dès que cela est connu, des révoltes éclatent simultanément sur tout le territoire (en préambule, il y eut les fameux 2 et 3 Mai à Madrid) et l'armée espagnole prend les armes contre les occupants français. Napoléon pensait que la prise de possession du trône espagnol serait une promenade militaire !

Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts. Je conçois que les conscrits ont été dirigés sur les nouveaux dépôts ... Je pense qu'il serait convenable d’en faire de même, et qu'ainsi de suite il faudrait diriger les magasins ... du 6e légère de Landau sur Phalsbourg ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).

Un 4ème Bataillon de guerre est formé au 6e Léger en Juin. Les Carabiniers et Voltigeurs du Bataillon sont envoyés cantonner à Dantzig dans la Division du Général Oudinot. Le Dépôt devient 5ème Bataillon. Les positions et l’encadrement du Régiment sont les suivants au début juillet (côte SHDT : us180807) :
Chef de Corps : AMY, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Garnison - Dépôt à Phalsbourg - 4e Division militaire;
Conscrits des départements de la Manche - des Deux-Sèvres de 1809;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Braun - Grande armée - 6e Corps - 1ère Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Duvergier - Grande armée - 6e Corps - 1ère Division;
3e Bataillon - Grande armée - 6e Corps - 1ère Division
4e Bataillon : chef de bataillon Nion;
Observations : juillet 1808 : Carabiniers et Voltigeurs du 4e Bataillon à Dantzick à la Grande armée – Chasseurs (4 Compagnies) au 7e Régiment provisoire à l'Armée d'Espagne (seront capturés à Bailen);
5e Bataillon au Dépôt à Phalsbourg.

Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; il écrit :"3° NOTE ...
5e régiment de marche :
1er bataillon, à Nancy, six compagnies. 840
2e bataillon, à Mayence, neuf compagnies. 1.260 2100 ...
Réunir cette division à Magdeburg.
4° GRANDE ARMÉE.
PROJET DE FORMATION DE RÉGMENT DE MARCHE.
Infanterie.
1er régiment de marche. 1.860 ...
5e Id. 2.520 ...
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Il sera formé six régiments de marche de la Grande Armée ; ils seront organisés conformément au tableau ci-annexé.
Art. 2. Toutes les troupes qui doivent composer ces régiments seront bien habillées, bien armées, enfm mises en bon état et prêtes à partir de leur garnison le 1er août prochain.
Art. 3. Le 1er régiment de marche se réunira à Hanau ...
Le 5e – à "
Art. 4. Nos ministres de la guerre, de l'administration de la guerre et du Trésor public, sont chargés de l'exécution du présent décret ...
9° 5e RÉGIMENT DE MARCHE OU RÉGIMENT DE MARCHE DU 6e CORPS ...
3e bataillon de 6 compagnies.
Deux compagnies, Luxembourg, à 140 hommes chacune, du 69e de ligne. 280
Deux compagnies, Phalsbourg, à 140 hommes chacune, du 6e d'infanterie légère. 280
Une compagnie, Verdun, à 140 hommes, du 25e d'infanterie légère 140
Une compagnie, Bayonne, à 140 hommes, du 31e d'infanterie légère. 140 840
Total 2.520 ...
6e légère 2
25e - 1
27e de ligne 3
39e – 3
9e corps, Mayence ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée, en raison de la lettre adressée le même jour à Clarke).

Le Général Gobert reçoit, le 2 juillet 1808, l'ordre de partir le lendemain avec sa 2e Brigade. Le 3 juillet 1808, la Division Gobert présente l'organisation suivante :
Division Gobert; Brigade Dufour :
7e Régiment provisoire, 1547 hommes; Major D'Eslon, du 9e Léger : 1er Bataillon, 4es Compagnies du 6e Léger ; 2e Bataillon, 4es Compagnies du 9e Léger ; 3e Bataillon, 4es compagnies du 24e Léger ; 4e Bataillon, 4e compagnies du 28e Léger. Il n'y a que 2 Chefs de Bataillon, Hoffmann (puis Lanusse) et Berthet 8e Régiment provisoire, 1573 hommes ; Major Peschery, du 26e Léger : 1er Bataillon, 4es Compagnies du 26e Léger ; 2e Bataillon, 4es Compagnies du 21e Léger ; 3e Bataillon, 4es Compagnies du 27e Léger ; 4e Bataillon, 4es Compagnies du 25e Léger. Il n'y a que 2 Chefs de Bataillon, Leblanc et Gleize (Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 329).

Le 6 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il sera formé trois brigades composées de régiments de marche, sous les ordres du maréchal Kellermann. La 1re brigade se réunira à Wesel, la 2e à Mayence et la 3e à Strasbourg ...
La 2e brigade qui se réunira à Mayence sera composée des 3e et 6e régiments de marche, composés chacun de détachements des 3e et 6e corps de la Grande Armée qui ont besoin d'être renforcés pour être portés au complet.
Le 6e régiment de marche sera composé de 2 bataillons :
... 2e bataillon : 2 compagnies du 6e léger
2 compagnies du 25e
Et 3 compagnies du 27e de ligne ...
Cette brigade se réunira à Mayence ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2077 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18486).

Napoléon n’est guère satisfait des rapports de son Administration de la Guerre puisqu’il écrit au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris , le 7 juillet 1808, depuis Bayonne : "Je reçois les états de situation du 1er au 15 juin. J'ai parcouru l'état rouge intitulé : Situation des corps. J'espérais y trouver bien détaillée la situation de chaque corps. J'ai trouvé, à l'ouverture du livre ... Au 6e léger, les 1er et 2e bataillons sont portés à la Grande Armée : mais le 3e bataillon doit s'y trouver aussi porté. Ensuite il est dit que les grenadiers et voltigeurs du 3e bataillon sont à la division du général Oudinot, et quatre compagnies au corps des côtes de l'Océan ; cela est faux ; ce sont les grenadiers et voltigeurs du 4e qui sont à la division Oudinot, et les quatre compagnies de fusiliers qui sont en Espagne. Même observation pour le 9e léger ...
En général, cet état est plein de fautes. Faites-m'en faire un autre où tous les bataillons de guerre et bataillons de dépôt soient bien spécifiés, en mettant en marge les conscrits reçus et à recevoir encore cette année, afin que je connaisse bien la situation de l'armée. Il est bien important que je puisse savoir, non-seulement où sont les bataillons de dépôt, mais encore où sont les compagnies. Toutes les fois qu'il n'y a pas les neuf compagnies, s'il est question de l'ancienne organisation, ou les six, s'il est question de la nouvelle, il faut mettre où sont les autres compagnies ...
Ne perdez pas de temps à me faire envoyer un de ces états
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14160 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18494).

Le 20 juillet, Joseph Bonaparte entre à Madrid comme nouveau Roi, mais le 22, le Corps d’Armée du Général Dupont doit capituler à Bailen devant l’armée espagnole insurgée. Les forces française se retirent dans le Nord de la Péninsule en attendant des renforts. Bref, la situation militaire n'était guère favorable quand Napoléon décide d'y envoyer ses vieilles troupes d'Allemagne pour renforcer ses armées déjà présentes et de s'en occuper en personne. Il décrète de Saint-Cloud, le 7 septembre 1808 : "L'armée d'Espagne sera composée de six corps d'armée". (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14300). Le 6e Corps de Ney devient 6e Corps de l’Armée d’Espagne.

Le 9 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint deux états de situation relatifs à l'armée d'Espagne. Vous verrez que les 24 régiments qui composent la division Sébastiani, et les 1er et 6e corps qui se rendent en Espagne, ont besoin de 27 000 conscrits, pour être portés au grand complet. Ces 24 régiments, qui forment aujourd'hui un effectif de 68 000 hommes, formeront alors un effectif de 94 000 hommes.
6e Corps 1er division ; Le 6e d’infanterie légère recevra 150 hommes de son dépôt, 400 conscrits à Bayonne et 600 à son dépôt ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2274 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18865).

LA CAMPAGNE D’ESPAGNE, OCTOBRE 1808, DECEMBRE 1810

- 1808

Le 23 Septembre, Napoléon part pour Erfurt rechercher les alliances qui le laisseront libre d'agir en personne dans la péninsule ibérique.

Joseph avait réparti les 65.000 hommes à sa disposition en trois masses : Bessières à l'aile droite, Moncey à l'aile gauche. Ney est placé à la tête du Corps du Centre à Vitoria, en attendant l'arrivée de son "vieux" 6e Corps d'Armée. Les premiers combats tournent à l'avantage des Français.

Le Maréchal Ney part pour Pampelune récupérer son 6e Corps venu d'Allemagne, que l’on renforce d’une 4e Division. Napoléon arrivait à Bayonne le 3 novembre pour superviser lui-même la reprise en main de l'Espagne.

L'Empereur donne à l'Armée d'Espagne une nouvelle organisation d'après laquelle le 2e Corps, sous le commandement du Maréchal Soult, et le 6e commandé par Ney, forment la masse centrale sous sa supervision. Les forces de Junot, rapatriées du Portugal après la convention de Cintra, redevenaient un 8e Corps de l’Armée d’Espagne.

En octobre 1808, les positions du Régiment sont les suivantes (SHDT : us180810) :
Chef de Corps : AMY, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Garnison - Conscrits des départements de la Manche - des Deux-Sèvres de 1809;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Braun - Armée d'Espagne - 6e Corps - 1ère Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Duvergier - Armée d'Espagne - 6e Corps - 1ère Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Delom - Armée d'Espagne - 6e Corps - 1ère Division;
4e Bataillon : Chef de Bataillon Nion.
Observations : Carabiniers et Voltigeurs du 4e Bataillon à la Division Oudinot, Grande armée - Chasseurs à Phalsbourg;
5e Bataillon Dépôt à Phalsbourg - 4e Division militaire.

L'Armée espagnole se disposait, quant à elle, en 4 grandes masses, espérant le soutien des Anglais qui étaient toujours présents au Portugal.

La Division Marchand (1re) se compose alors des 31e et 6e Légers et du 69e de Ligne (1re Brigade), des 39e et 76e de Ligne (2e Brigade). La 1re Brigade de la Division Marchand quitte Miranda le 10 au matin, atteint Bibriesa le même jour et campe le lendemain au nord de Burgos, où le Maréchal Ney établit son Quartier-général. La 2e Brigade de la 1re Division rejoint le gros du 6e Corps, le 12 novembre, près de Burgos (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 57).

Burgos était bientôt aux mains des Français. La ville est pillée. Napoléon vient s'y établir.

Par ordre impérial du 13, à 3 heures du matin, les cinq Régiments sont passés en revue par Napoléon à 5 heures du matin, dans la plaine au nord de Burgos, et, après la revue, le 6e Léger va prendre position à Villariezo, route de Madrid, et le 31e Léger à Arroyal, route de Santander (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 58).

Dans la soirée du 14, le Maréchal Ney reçoit l'ordre du Major général d'amener son Corps d'armée, le lendemain 15 novembre, au nord et près de Lerma, où le 6e Léger doit prendre position. La Division Dessolles doit être passée en revue par l'Empereur à son débouché de Burgos (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 58).

L'armée espagnole de Blake a été repoussée vers le Sud. Napoléon fait encore face à deux armées : celle de Castanos, au centre, qui borde le cours de l'Ebre, et celle de Palafox, au sud. Il décide de se porter sur le centre. Et demande à Lannes, le 18 novembre, de prendre le commandement des forces qui vont affronter l'Armée de Castanos à Tudela, le 23. L'affaire est rondement menée par Lannes.

Mais le reste du Corps de Ney, qui devait couper la route de l'armée espagnole en repli pour parachever la victoire, n'est pas sur les positions prévues. Ney et Moncey, qui avancent lentement, n'arrivent à Saragosse sur les talons de Castanos que le 30 novembre. Ney est rappelé par Napoléon pour une offensive dans le Léon et est remplacé sous les murailles de la ville par Mortier.

Après la bataille de Tudela, Napoléon continuait sa marche sur Madrid. La fameuse prise du col de Somosierra ouvrait le chemin. L'Empereur entrait dans la capitale espagnole le 4 décembre.

Le 6e Corps d'armée présenta, à la date du 8 décembre 1808, la composition suivante :
... 1re Division, Général Marchand (6.480 hommes).
1re Brigade, Général Maucune : 6e d'Infanterie légère (Colonel Lami), à 3 Bataillons de 6 Compagnies; 69e de Ligne (Colonel Fririon), à 3 Bataillons de 6 Compagnies.
2e Brigade, Général Marcognet : 39e de Ligne (Colonel Soyer), à 3 Bataillons de 6 Compagnies; 76e de Ligne (Colonel Chemineau), à 3 Bataillons de 6 Compagnies ... (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 74).

Le 6e Corps demeure au repos à Guadalajara jusqu'au 12 décembre, et son chef en profite pour reconstituer les approvisionnements et assurer les réparations de l'habillement, de l'équipement, etc ...

Le 6e Corps entre à Madrid qui tombe le 14 décembre 1808, et est passé en revue par l'Empereur le 17 décembre. Le 6e Léger (3 Bataillons) est alors à la 1ère Brigade Maucune (avec le 69e de Ligne) de la 1ère Division Marchand.

Dès le 19, les troupes se remettent en marche pour couper de ses bases le Corps expeditionnaire anglais débarqué au Portugal. Jusqu'alors, Napoléon, ne s'était pas occupé de l'armée anglaise du Général Moore, mais lorsqu'il apprit qu'elle s'était avancée du Portugal en Espagne, autour de Salamanque (entre les 13 et 23 Novembre), il prescrivit au Maréchal Soult de redescendre dans le Royaume de Léon. Un autre petit Corps anglais sous le Général Baird venait de débarquer à la Corogne.

Il faut passer la sierra de Guadarrama dans des conditions météo impossibles : "Le temps était horrible; il tombait de la neige, qui, mêlée, par un vent des plus impétueux, à un sable fin, coupait la figure et empêchait d'ouvrir les yeux pour se diriger ... C'était une tempête, mais des plus violentes ... La tourmente continuait avec une telle furie que les compagnies de la queue du régiment s'égaraient, et qu'il fallait des haltes continuelles pour les réunir ... On racontait des choses effrayantes sur ce passage et sur les pertes qu'avaient éprouvées les troupes qui nous précédaient ... Cette journée doit être regardée comme une des plus rudes que jamais troupe en marche ait pu éprouver : hommes et chevaux ne pouvaient plus aller".

A l'issue de la marche du 22 décembre, le Maréchal Ney écrit d'Arevalo au Major général : "... Emplacement des troupes pour le 23 décembre.
Le Général Marchand, à Médina del Campo.
6e légère, 69e, 39e et 76e de ligne, à Médina del Campo ...
" (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", tome 3).

La poursuite des Anglais est un calvaire. Les 2e Corps (Soult) et 6e Corps arrivent à Astorga le 1er janvier 1809.

- 1809

Le Maréchal Soult poursuit l'armée anglaise de Moore dans sa retraite précipitée à travers la Galice. Le 6e Corps est désigné pour lui servir de réserve et contenir la Galice où le Marquis de la Romana s'est mis à la tête des rebelles espagnols.

Le Duc d'Elchingen écrit, le 7 janvier, vers 7 heures du soir, d'Astorga, au Duc de Dalmatie : "J'ai reçu, mon cher Maréchal, votre lettre du 5 de ce mois.
La division du général Marchand est partie ce matin pour Villafranca, où elle arrivera demain; je donne ordre à ce général de détacher le 6e léger, avec le 3e hussards et deux pièces de canon, pour prendre poste à Doncos et occuper Nogales et Poyo, afin que la communication sur vos derrières et celles de Vigo par Orense soient gardées ...
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 126).

Le 13 janvier, Ney se porte sur Lugo et pousse la Division Marchand vers Orense, sur les talons des Espagnols de la Romana, qui ont échappé au 2e Corps.

L'Empereur, le 16 janvier, quitte Valladolid, et, le 23, rentre aux Tuileries, en vue de la préparation d'une campagne contre l'Autriche. Il a chargé Soult de diriger une expédition en Portugal, pendant que le 6e corps contiendra la Galice et les Asturies.

Après la bataille de la Corogne (18 janvier), et l’embarquement des troupes anglaises, le 6e Corps ne cesse de combattre des forces espagnoles qui se reconstituent continuellement. "Le général Marchand est arrivé à Orense le 21, rapporte le Maréchal à Berthier; l'état affreux des chemins qu'il a eus à traverser a retardé sa marche de deux jours et ne lui a pas permis de se faire suivre de son artillerie. Ce général a trouvé, à une lieue en avant de Puebla de Tribes, 1.000 à 1.200 hommes d'infanterie espagnole qui, placés dans une position inattaquable, voulaient lui disputer le passage d'un pont.
La route, en cet endroit, est tellement resserrée qu'il fallait défiler par un pour aller à l'ennemi, ce qui n'a pas empêché les voltigeurs du 69e de traverser le pont à la course et de gravir les rochers pour en débusquer l'ennemi, qui, épouvanté de cette attaque audacieuse, s'est sauvé à vau-de-route, laissant une trentaine d'hommes sur le terrain. Nous avons fait 40 prisonniers; quatre de nos voltigeurs ont été blessés
".

Le 6e Corps reste en Galice pendant que Soult s'enfonce dans le Nord du Portugal.

Dans une lettre datée du 4 mars 1809, le Général de Division Darmagnac, qui a été désigné par l’Empereur comme Gouverneur de la Galice, écrit, depuis La Corogne, au Maréchal Ney : "Parti le 19 février de Villafranca pour me rendre à la Corogne, escorté d'un détachement du 3e hussards fort de 30 chevaux et de 100 hommes d'infanterie, je rencontrai à une lieue de cette ville deux compagnies du 6e d'infanterie légère qui avaient évacué, le 18 au soir, le poste de Dancos. Le commandant de ce détachement m'ayant assuré que le parti qu'il avait pris avait été le plus prudent, attendu qu'un corps de paysans insurgés fort de 1.500 à 1.800 hommes s'était emparé des hauteurs qui dominent le village et leur avait coupé la retraite de Lugo, ce qui les avait forcés à évacuer (Dancos) la veille au soir, je crus prudent, d'après ce rapport, de rentrer à Villafranca, d'autant plus que je craignais de perdre une partie d'un convoi de 120 mulets qui me suivait, se dirigeant sur le 6e et le 2e corps ..." (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 134).

Le 2 mars 1809, le Sous-lieutenant Guingret du 6e Léger enlève avec 50 Tirailleurs sur la route de La Corogne, une pièce de canon que lui disputent 200 Espagnols.

Le 14 mars 1809, le Maréchal Ney adresse, depuis La Corogne, un Rapport au Prince de Neuchâtel, à Paris : "... Un parti venu des Asturies, composé de troupes régulières, bien habillées et armées par les Anglais et agissant de concert avec les insurgés du val d'Orez, a cherché à couper nos communications en s'emparant de Villafranca, défendu par un bataillon du 6e (léger). La ville fut entourée par une immense multitude et les insurgés faisaient, depuis six heures, une fusillade inutile, lorsque le commandant, fatigué de la longueur du combat, se détermina à sortir avec le tiers de sa troupe et à se porter sur l'ennemi, qui se débanda aussitôt, laissant trois à quatre cents morts ou blessés sur le terrain du combat ..." (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 168).

Le Maréchal Ney écrit, le 29 mars 1809, au Général Marchand : "Le général Fournier (Sarlovèze) m'écrit hier de Lugo qu'il n'a encore aucune nouvelle de Villafranca, ce qui m'alarme beaucoup sur le sort du bataillon du 6e léger. Le capitaine Oudin, qui le commande, malgré l'ordre qu'il avait de se retirer dans le château, s'est obstiné à éparpiller sa troupe en la logeant dans les maisons, et on assure que tous les soldats ont été pris dans leur lit. Quelle conduite misérable de la part de nos officiers ! Si cet événement se confirme, j'en serai inconsolable ..." (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 176).

Le 7 avril, le Maréchal Ney apprend la surprise certaine de Villafranca et adresse au Général Marchand une lettre dans laquelle il écrit : "... Le général Fournier (Sarlovèze), mon cher Général, est de retour à Lugo de son expédition sur Villafranca.
La Romana, qui a échappé au maréchal Soult, est venu investir cette ville le 18 mars dernier, et, après un combat de deux ou trois heures, le bataillon du 6e léger a lâchement capitulé. Le capitaine Oudin, ainsi que je vous l'ai mandé, était logé en ville; la troupe se défendait dans le château et elle aurait pu, en faisant une sortie, se retirer sur Astorga ou sur Lugo; mais le capitaine Oudin, blessé au commencement du combat, a laissé les officiers dans la consternation et a eu la faiblesse d'accepter une capitulation.
A peine le bataillon était-il à une lieue de la ville que les paysans et les troupiers espagnols ont déshabillé nos malheureux soldats; la plupart, en voulant s'y opposer, se sont fait massacrer.
Voilà le sort réservé aux soldats français qui ne savent pas mourir d'une manière glorieuse. Quelle honte pour le 6e léger et pour l'armée ! J'en ai le coeur navré
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 176).

Le 13 avril, le Maréchal Ney écrit, depuis Lugo, au Roi d’Espagne : "… L'armée du marquis de la Romana, repoussée des environs de Lerin par le 2e corps, s'est jetée sur mes communications entre Astorga et Villafranca. Un bataillon du 6e régiment (d'infanterie légère) qui était dans cette dernière ville n'a su ni défendre le château, où il pouvait tenir, ni se retirer, ce qui était également possible; il a été détruit. Les officiers, s'ils reparaissent, devront être tenus de se justifier …" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 179).

Le 13 avril 1809, justement, Guingret franchit le premier le pont de San-Payo barricadé et défendu par huit bouches à feu, tue un canonnier au moment où il va mettre le feu à sa pièce, et détermine par sa brillante audace l'enlèvement du pont, la prise de la batterie et la déroute de l'ennemi.

Le 18 avril, le Maréchal Ney écrit, depuis Lugo, au Roi d’Espagne : "… la situation générale de la Galice ne s'est pas améliorée et la sédition, bien loin de se calmer, acquiert, chaque jour, un nouveau degré de force et de consistance. La clémence et la persuasion, la rigueur et les exemples n'ont malheureusement produit jusqu'à ce jour aucun effet sensible.
Plusieurs causes concourent à ce fâcheux état de choses : les intrigues des prêtres, les distributions d'argent et d'armes prodiguées par l'Angleterre, et surtout, l'arrivée du marquis de la Romana, qui après avoir été culbuté, à Chavez, par le duc de Dalmatie, s'est jeté sur mes communications entre Astorga et Villafranca et a même enlevé dans cette dernière ville un bataillon (le 2e du 6e léger) dont les officiers ont tellement perdu la tête qu'ils n'ont pas défendu le château dans lequel ils étaient enfermés ni profité de la possibilité de se retirer …" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 181).

En Galice, les soldats vivent de réquisitions et sont mal nourris : "Il ne reste pas de quoi alimenter quinze jours les troupes ... écrit déjà Jomini, dans son rapport du 30 avril; ... le peu qu'on pourrait exiger achèverait d'insurger le pays ... Il n'a pas été envoyé de fonds pour les troupes françaises".

Le Général Kellermann arrive à Villa-Franca le 29 avril. Là, il apprend que le Bataillon du 6e Régiment d'infanterie légère du 6e Corps, qui y tenait garnison, s'est rendu prisonnier, après une défense de quatre heures; on sait également qu'après le départ de l'armée espagnole, des paysans ont voulu assassiner les malades français laissés dans cette ville, et qu'ils n'ont du la vie et le peu de secours qu'on leur a donné qu'aux soins de don Joachin Gracia, second dignitaire du chapitre (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 100).

Le 5 mai, en arrivant à La Corogne, Ney adresse une lettre au Général Kellermann, disant qu'il appuiera ses opérations dans les Asturies, et sans doute, sur Oviedo, avec douze Bataillons du 6e corps. Tandis que Ney monte une expédition dans les Asturies, le 6e Léger reste en Galice à Santiago (Saint-Jacques de Compostelle). Le 23 mai, le Général Maucune est défait par les insurgés espagnols et doit évacuer la ville. Le 6e Léger a des pertes. Le Chef de Bataillon Thomas y est blessé.

Ney doit récupérer les troupes de Soult (2e Corps) en très mauvais état après leur retraite du Portugal en mai 1809, chassées par Wellington. Les deux Maréchaux ne s'entendant pas, Soult part avec ses troupes pour Zamora. Ney se décide cependant, le 16 juin, à se rapprocher de ce dernier en allant dans la province de Léon. Les difficultés qu'il éprouve à faire vivre ses troupes et à évacuer les malades rendent cette résolution nécessaire. La Galice est évacuée fin juin.

Le 25 juillet, le 6e Corps se concentre à Benavente car Wellington, est revenu sur le Tage à Abrantes. De là, il se dirige sur Madrid par Alopéza et Talavera, de concert avec les armées d'Estramadure et de la Manche, commandées par la Cuesta et Vanegas qui marchent sur Tolède. Le Roi Joseph va lui-même à la rencontre de Wellington à partir de Madrid et ordonne à Soult de se réunir avec les Corps de Ney et de Mortier pour couper la retraite au Général anglais. Les soldats de Victor doivent tenir Talavera en attendant les renforts de Joseph.

Le 6e Corps arrive trop tard, le 4 août, à Plasencia; car le Roi vient de subir un échec, le 28 juillet, à Talavera; mais l’arrivée des troupes de Ney oblige Wellington à se replier au Sud du Tage. Ney reçoit alors l'ordre de rétrograder vers Salamanque. "Dans cette marche nos hommes n'ayant ni pain ni viande vivaient de froment récolté qu'ils écrasaient entre des pierres pour en faire de la farine, ou le faisaient griller" (Notice biographique sur M. le Général Baron Fririon).

Isolé de nouveau, le 6e Corps est chargé de combattre les insurgés de la Vieille Castille, commandés par le Duc del Parque. Sur son chemin vers Salamanque, il rencontre, le 12 août, quelques troupes anglaises à Banos, le bat et continue sa route. Ney prend Salamanque comme base et essaye de s’implanter aux alentours.

Mémoires du Capitaine Marcel : "En arrivant à Salamanque après tant de fatigues, chacun crut entrer dans la terre promise; on distribua du pain, du vin, et, comme les soldats avaient quelques sous en poche, ils se mirent à visiter les tavernes de préférence aux belles églises : deux jours après notre retour, vous n'eussiez pu croire que c'étaient les mêmes hommes qui venaient de faire 200 lieues par une chaleur cuisante et, la plupart du temps, sans pain et sans eau. Notre séjour à Salamanque ne fut d'ailleurs pas de longue durée; six jours après, le régiment alla s'installer à Zamora, à 14 lieues de Salamanque, au sein d'un pays fertile et près des célèbres mines de turquoises. Le bataillon fut logé dans un couvent qu'avaient occupé avant nous des soldats espagnols : on commença un nettoyage complet du bâtiment, mais ce fut en vain, on ne peut rendre propre ce que des Espagnols ont habité; lorsque nous quittâmes Zamora à la fin du mois d'août, on pouvait toujours ramasser les puces à la pelle dans notre couvent. Nous cédâmes la place au 6e léger et allâmes occuper Ledesma avec le 3e hussards".

Tout le mois de septembre se passe en petits combats.

Le 25 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez l’ordre en Espagne de faire partir pour Bayonne les cadres des quatre compagnies de fusiliers du 3e bataillon du 9e léger. Tous les soldats de ces quatre compagnies seront incorporés dans les deux premiers bataillons ; la compagnie de grenadiers du 3e bataillon sera provisoirement attachée au premier bataillon ; et la compagnie de voltigeurs sera provisoirement attachée au 2e bataillon. Le chef de bataillon et l’adjudant-major partiront avec les cadres des quatre compagnies qui sont destinées à venir chercher des conscrits à Bayonne. Donnez le même ordre pour les 4es bataillons des 16e léger, 45, 54, 8e, 24e et 96e.
Ces 7 cadres doivent former 3 à 400 hommes ; il se réuniront ensemble afin de marcher avec précaution et en sûreté. S’il est nécessaire on donnera aux officiers des carabines pour se défendre en août.
Vous ferez la même opération pour les 28e, 32e, 58e et 75e. Ces quatre cadres marcheront également ensemble et en ordre.
Vous ordonnerez également que :
le 4e bataillon du 4e d’infanterie légère
celui du 2e
le 3e bataillon du 86e
le 4e bataillon du 31e léger
le 4e bataillon du 26e de ligne
et le 5e bataillon du 66e
et 1 des deux du 82e qui sont en Espagne envoient de même leurs cadres à Bayonne
Ce qui fera 7 cadres du 2e corps.
Ils formeront aussi une colonne qui marchera en ordre, ayant leurs cartouches et tout ce qui est nécessaire pour se défendre en route.
Enfin vous donnerez ordre au 6e corps commandé par le duc d’Elchingen d’envoyer de même à Bayonne les cadres du 2e bataillon du 6e léger.
Ces 19 cadres recevront 12 000 hommes à Bayonne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3602 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22175).

Le 25 septembre 1809 encore, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint l'idée d'un rapport pour justifier la levée des 36 000 conscrits que je viens d'ordonner. Vous trouverez également la répartition de ces 36 000 conscrits. Ajoutez à votre rapport une considération sur la grande quantité de conscrits qui restent sur les années passées, écrivez-en même le nombre s'il en reste effectivement 500 000, dites qu'il y en a 800 000. Il est nécessaire que cette phrase soit bien frappée, parce qu'elle fera une grande influence sur l'étranger.
Napoléon
Décret « de distribution » répartissant les 36 000 conscrits par place forte ou régions militaires
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1er
La distribution des 36 000 conscrits levés en vertu du sénatus-consulte du […] octobre, sera fait ainsi qu’il suit :
... 7200 sur Bayonne, pour remplir les cadres des 12 bataillons qui ont ordre de rentrer en France
600 pour le 9e d’infanterie légère ...
600 pour le 6e id. ...
Relevé de la distribution des 36 000 conscrits suivant l’ordre numérique des régiments employés à l’armée d’Espagne :
... Infanterie légère
... 6e à Bayonne 600 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22176).

Au mois d’Octobre le 6ème Corps est provisoirement sous les ordres du Général Marchand : Ney étant rentré en France.

Le 18 octobre, le Général Marchand se trouve devant la ville de Tamanes défendu par les Espagnols. Les assauts français sont repoussés. Voici le rapport du Général Marchand sur les journées des 17 et 18 octobre :
"Le 17 de ce mois, je me suis mis en marche avec 9,000 hommes d'infanterie, 800 chevaux et l6 pièces de canon pour me porter sur Tamamès, où l'on prétendait que l'armée du duc Del-Parque était campée. Le même jour, nous avons couché à Matella. Le lendemain, nous nous sommes mis en marche à la pointe du jour en poussant devant nous les différents postes que nous rencontrions.
A Sauchon, nous avons trouvé un camp de 5 à 6,000 hommes qui avait été levé la veille. Arrivés à Tamamès, nous avons trouvé la ville occupée par 2,000 hommes d'infanterie embusqués derrière les murs. En arrière de Tamamès, à une petite portée de canon, règne un rideau extrêmement escarpé qui forme la position où l'ennemi avait établi toute son armée, qu'il masquait facilement derrière la position et dans des bois qui l'appuyaient à sa droite. Il ne nous avait encore montré que 3 ou 4,000 hommes. J'ai ordonné d'attaquer la position en négligeant le village. Le 25e léger a commencé l'attaque de gauche et le 39e et le 76e ont pris par le centre. Le 6e et le 69e attaquèrent à la droite avec la cavalerie légère; deux régiments formaient la réserve. L'ennemi nous a alors montré au moins 25,000 hommes d'infanterie, 3,000 cavaliers et 25 à 30 pièces de canon. L'attaque du centre et de la gauche a trouvé un terrain qui présentait des difficultés à peu près insurmontables, et en outre un ennemi quatre fois nombreux comme nos troupes. Aussi nos soldats, après de vains efforts, ont été obligés de se replier. Pendant ce temps, l'attaque de droite, dirigée par les généraux Maucune et Lorcet, avait paru obtenir des succès; la cavalerie légère venait de s'emparer de 7 pièces de canon dans une charge; mais, sur ce point comme sur les deux autres, nous nous sommes encore vus accabler par le nombre, et il a fallu renoncer à continuer une attaque extrêmement désavantageuse pour nous. Nous sommes revenus prendre position au point d'où étaient parties nos colonnes d'attaque, et nous y sommes restés deux heures avant de commencer notre retraite qui devait s'opérer à travers un pays de chicane, des forêts continuelles et de très mauvais défilés. Malgré tous ces obstacles, notre retraite s'est faite avec cet aplomb qui caractérise les vieux soldats. L'ennemi n'a jamais pu nous entamer, quoique obligés de faire une retraite par le flanc. Nous avons environ 700 hommes hors de combat et malheureusement beaucoup d'officiers
".

Voici le rapport que le Général Marchanf adressa au Maréchal Jourdan, pour être mis sous les yeux du roi : "L'ennemi occupait une crête très-escarpée, à une petite portée de canon de Tamès : cette crête s'élevait par la droite de l'ennemi, et se liait à des montagnes impraticables. Vers sa gauche, elle arrivait par une pente douce jusqu'à un très-beau plateau, derrière lequel toute la cavalerie ennemie était en bataille. C'est de ce côté que l'attaque principale a été dirigée. Le général Maucune en était chargé avec le 6e d'infanterie légère, le 69e de ligne, un bataillon de voltigeurs et 5 pièces de canon. Le général Lorcet soutenait cette attaque avec le 3e de hussards et le 15e de chasseurs ; le 15e de dragons était en arrière, en réserve.
Le général Marcognet était chargé de l'attaque du centre avec les 39e et 76e, qui formaient deux colonnes. L'attaque de gauche était dirigée par le général Labasset, ayant sous ses ordres le 25e régiment d'infanterie légère ; les 27e et 59e de ligne et le 25e de dragons étaient placés en réserve.
Ces trois colonnes se sont mises en marche en même temps. Dès que l'attaque a été commencée, l'ennemi, qui jusque-là avait masqué toutes ses forces, les déploya devant nous. Une masse de 15 mille hommes était opposée au général Maucune, qui s'est avancé l'arme au bras ; l'ennemi avait de ce côté, sur son front, 7 pièces qui n'ont commencé leur feu qu'à la petite portée de mitraille ; elles n'ont eu le temps que de tirer chacune le premier coup : le 3e de hussards et le 15e de chasseurs sont arrivés ventre à terre sur elles, ont sabré les canonniers et se sont emparés des pièces, au milieu d'une grêle de balles. La cavalerie ennemie, que cette colonne laissait sur sa droite, chargeait dans ce moment, et la prenait en flanc et en queue ; le 3e bataillon du 69e a fait demi-tour à droite, et a reçu cette cavalerie par une fusillade si vive, qu'elle a bien vite rebroussé chemin. Le général Maucune avançait toujours ; il n'était plus qu'à trente pas de l'ennemi qui était en bataille, retranché derrière les rochers ; sa troupe souffrait, sans pouvoir faire beaucoup de mal à l'ennemi. C'est là que le mouvement rétrograde s'est prononcé, et il était impossible d'emporter ce point devant des forces si supérieures en nombre ; le 2e s'est alors avancé pour soutenir la retraite de cette colonne, qui est venue se rallier derrière lui. La cavalerie ennemie, pendant ce moment, inquiétait la nôtre qui était beaucoup trop faible. Le 15e de dragons, qui était en réserve, s'est avancé, a fait une très-belle charge, et a repoussé cette cavalerie, après lui avoir sabré une centaine d'hommes.
Des 7 pièces prises, nous n'en avons ramené qu'une ; les traits des autres avaient été coupés ; nous avons été obligés d'abandonner une des nôtres, qui avait été démontée.
Pendant que cela se passait sur la droite, les colonnes du centre et de la gauche étaient aux prises de leur côté ; elles gravissaient avec peine le coteau, hérissé de difficultés ; la pente était parsemée de rochers derrière chacun desquels étaient embusqués des soldats ennemis, qui tiraient à coup sûr. La crête était couronnée de troupes qui nous faisaient également beaucoup de mal. Le 25e léger, qui formait la gauche, avait rencontré des forces beaucoup trop supérieures, et en appuyant à droite il s'était joint à la colonne du centre ; l'ennemi avait à sa droite 4 pièces qui prenaient ces deux colonnes en écharpe : toutes ces difficultés n'arrêtaient point nos soldats ; ils étaient au moment d'arriver au sommet, lorsque le mouvement rétrograde de la gauche a engagé les chefs à ordonner la retraite Une plus longue obstination de leur part n'aurait pu avoir qu'un effet extrêmement nuisible ; jamais nous n'eussions pu nous maintenir dans cette position avec le peu de monde qui y serait arrivé. Toutes nos troupes sont alors revenues se placer à la position qu'elles occupaient avant l'attaque. Nous sommes restés deux heures en présence de l'ennemi, pour panser nos blessés et les mettre en route. Nous avons eu la satisfaction de les emporter tous.
A trois heures après midi, nous avons commencé notre retraite ; les 27e et 59e de ligne étaient chargés de la soutenir. Nous avions des défilés et des bois à traverser pendant deux lieues. L'ennemi est alors descendu des rochers, et a montré assez d'acharnement à nous poursuivre ; mais il a été contenu avec un sang-froid admirable : nos bataillons semblaient être à l'exercice. C'est dans la retraite surtout que nous avons fait beaucoup de mal à l'ennemi. Notre perte a été de 1,300 hommes tués ou blessés
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 7, p. 8).

L'armée rentre à Salamanque très éprouvée. Elle en repart le 24 octobre se dirigeant sur Villabuena. Les Espagnols pénètrent dans la ville et massacrent atrocement les blessés français en les brulant. Salamanque est reoccupée puis de nouveau évacuée.

Le 6e Corps, renforcé de 30000 hommes, passe provisoirement sous les ordres du Général Kellermann.

En octobre 1809, les positions et l’encadrement du Régiment sont les suivants (côte SHDT : us180910) :
Chef de Corps : AMY, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Dépôt à Phalsbourg - 4e Division militaire;
Conscrits des départements du Rhône - des Appenins - du Taro de 1810;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion à Salamanque- Armée d'Espagne - 6e Corps - 1ère Division - 1ère Brigade;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Thomas à Salamanque - Armée d'Espagne - 6e Corps - 1ère Division - 1ère Brigade;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Delom;
Observations : octobre 1809 : cadres en route pour Phalsbourg pour se réorganiser;
4e Bataillon : Chef de Bataillon Vanberchem au camp devant Karagan - Armée d'Allemagne - 2e Corps - Oudinot - 1ère Division - Tharreau
Observations : octobre 1809 : effectif sous les armes 766 Officiers et hommes - hopitaux 337;
5e Bataillon au Dépôt à Phalsbourg.

Kellermann repart au nord pour lutter contre des guérillas. Le 6e Corps de Marchand doit alors faire face à nouveau aux armées du Duc del Parque qui, profitant de l'absence de Kellermann, réoccupe Salamanque. Toutefois, informé de la victoire française d'Ocana (le 19 novembre), les Espagnols jugent plus prudent de se retirer dans les montagnes.

Entre-temps, Kellermann reparaît et se lance à la poursuite de Del Parque aux côtés de Marchand. La cavalerie française rattrape ses adversaires le 28 novembre à Alba de Tormes et leur inflige une sévère défaite. Les troupes de Marchand arrivent sur les lieux vers la fin de la bataille, mais réussissent à s'emparer du pont et de la ville d'Alba de Tormes. "Notre infanterie qui avait fait neuf lieues, dit de la Chasse-Vérigny (Rapport du 1er décembre 1809), arriva à 8 heure du soir et, à la nuit, entra dans Alba, baïonnette en avant ...".

Les Français mettent hors de combat 2 000 soldats espagnols, font un millier de prisonniers et récupèrent 15 canons, 10 000 fusils, 10 drapeaux, ainsi que la plupart des caissons de l'armée vaincue.

Le 6e Corps rentre à Salamanque. Mais il envoie des détachements tenir les positions alentour, vivre sur le pays et protéger les lignes de communication des guérillas.

Fin décembre, Ney vient reprendre le commandement du 6e Corps.

1810, ESPAGNE ET PORTUGAL

Voltigeur du 6e Léger en 1810
Fig. 3 Voltigeur du 6e Léger en 1810

Le 11 janvier 1810, Napoléon écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon Cousin, vous donnerez sans délai les ordres suivants, que vous enverrez par un officier d'état-major :
... Donnez l'ordre au général Reynier de faire les changements suivants dans sa division. Tout ce qui fait partie des 118e, 119e, 120e, 6e léger, 32e léger, 76e, formera une brigade qui se réunira à Bilbao, maintiendra la communication avec Burgos, Santander, Ossuna, et battra les gorges de Frias, pour nettoyer ces provinces. Cette brigade sera sous les ordres du général Valentin ; elle achèvera de se former à Bilbao ...
" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16131 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22847).

Le Commandant Giraud écrit : "Salamanque, le 29 janvier 1810.
Les renforts nous arrivent : 68,000 hommes ont franchi les Pyrénées avec le maréchal Masséna qui, réunissant sous ses ordres, trois corps d'armée (le 2e, le 6e et le 8e) a pour mission de pénétrer en Portugal, par la rive droite du Tage, pendant que le maréchal Soult y entrera par la rive gauche
".

Le 31 janvier 1810, la situation du 6e Corps est la suivante : à Vitigudino, le Général Maucune avec le 6e Léger et 100 Chasseurs à cheval du 15e Régiment (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 288).

Le Capitaine Marcel écrit : "Le 2 février, je fus nommé sous-lieutenant et, à ma grande joie, dans ma compagnie même : Je pris de suite le service mais ne devais avoir confirmation de mon grade que le 27 décembre, après la funeste campagne de Portugal.
Quand la brigade arriva à Salamanque, le maréchal Ney était de retour de Paris; on m'a même assuré qu'il se trouvait chez l'Empereur lorsque le rapport sur le combat de Tamamès arriva, et que Sa Majesté lui avait dit : "Si vous étiez resté à votre poste, votre corps d'armée n'eût pas éprouvé cet échec". Tous les officiers allèrent lui faire une visite de corps et il félicita le 69e et le 6e léger de leur brillante conduite devant l'ennemi : à la grande satisfaction des officiers du 3e bataillon, il remercia notre commandant, M. Duthoya, d'une façon particulière et lui dit : "Commandant, c'est à votre habileté et à la bravoure de votre bataillon que je dois la conservation de plusieurs centaines de mes soldats et de mon artillerie". Le lendemain on toucha douze jours de biscuit ...
" ("Campagnes du Capitaine Marcel").

Masséna a, en effet, reçu l’ordre de faire campagne au Portugal et d'en chasser les forces anglaises. On a mis sous son commandement les 2e (Reynier), 6e (Ney) et 8e Corps (Junot). Drouet d'Erlon (9e Corps) doit le rejoindre avec 20000 hommes. Il doit passer par la rive droite du Tage, pendant que Soult, venu d'Andalousie, y entrera par la rive gauche. Les mouvements commencent le 10 février. Pendant ce temps,Soult avait entrepris la conquête de l'Andalousie.

Avant d’entrer au Portugal, Masséna doit s'emparer de deux forteresses : Ciudad Rodrigo, aux mains des Espagnols, et Almeida, aux mains des Anglo-Portugais. Ney fait mouvement sur Ciudad Rodrigo dès la mi-février à partir de Salamanque.

Le Capitaine Marcel écrit : "... le 10, nous nous mîmes en route pour Ciudad-Rodrigo où, d'après ce qu'avaient assuré certains Espagnols au maréchal Ney, nous devions entrer sans coup férir. Le 13 février, les Français commencèrent à jeter quelques obus dans la place et sommèrent le gouverneur de se rendre. Celui-ci ayant déclaré qu'il n'ouvrirait les portes de la ville que lorsqu'il se verrait réduit à la dernière extrémité, le duc d'Elchingen replia ses troupes et se cantonna entre Ciudad-Rodrigo et Salamanque jusqu'à ce qu'il eût réuni les moyens d'agir plus efficacement - Victoires et Conquêtes des Français, t. XX, p. 9) ..." ("Campagnes du Capitaine Marcel").

De son côté, l'Empereur écrit, le 10 février 1810, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon Cousin, donnez ordre que la brigade Valentin soit dissoute aussitôt qu'elle aura été remplacée à Bilbao ; que tous les détachements de cette brigade qui appartiennent aux 32e léger, 6e léger et 76e de ligne, aillent rejoindre le 6e corps, pour être incorporés dans leurs régiments respectifs, et que tout ce qui appartient aux 118e, 119e et 120e, se rende à Santander. Le général Valentin lui-même suivra ces trois régiments et sera sous les ordres du général Bonet ...
6e Corps. — Vous écrirez au duc d'Elchingen que, moyennant l'arrivée du duc d'Abrantès à Valladolid et l'occupation par ce corps d'armée du royaume de Léon et de la frontière de Galice, il doit attirer à lui la division Loison ; que, avec les augmentations de cavalerie qu'a reçues son corps en dernier lieu par la réunion de la division Kellermann, il aura plus de 6 à 7,000 hommes de cavalerie ; que l'arrivée de la division Loison portera son corps à plus de 36,000 hommes ; que, d'ailleurs, le duc d'Abrantès est, avec un autre corps de 3o,ooo hommes, sur ses derrières pour l'appuyer; qu'il n'y a pas un moment à perdre pour inonder les débouchés du Portugal, autant que possible, par de fortes patrouilles de cavalerie, afin de savoir ce qui se passe, donner de l'inquiétude aux Anglais et les empêcher de se porter sur le midi ; qu'il peut répandre en Portugal l'annonce de l'arrivée de l'Empereur avec 80,000 hommes ; qu'il doit occuper le haut du col qui sépare Ciudad-Rodrigo de Salamanque ; qu'il faut mème, avant d'investir Ciudad-Hodrigo, qu'il ait de forts partis autour de cette ville. Ayez une conférence avec le général la Riboisiere, pour savoir si l'on ne pourrait pas faire partir de Burgos un millier de chevaux chargés de munitions de siège pour Valladolid, et les diriger de là sur Salamanque. Faites-moi rédiger un état du 6e corps, comprenant les augmentations qu'il doit recevoir d'après mes différents ordres ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 7, p. 253 ; Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16245 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 23092).

Le 18 février 1810, le Maréchal Ney écrit au Prince de Neuchâtel, au Duc de Feltre, et au Général beliard, Gouverneur de Madrid : "J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse Sérénissime que les reconnaissances du général Marchand en remontant la (rive) gauche du Duero, depuis Hinojosa jusqu'à Saucelle et Vilvestre, ont remarqué que la rive opposée était garnie de troupes anglaises. Les Espagnols ayant voulu tenir poste à Barba de Puerco, sur l'Agueda, près de Sanfelices, ont été vigoureusement repoussés par quelques compagnies de voltigeurs du 6e léger ..." (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 294).

A la date du 20 mars 1810, le 6e Corps présente la situation suivante :
- 1ère Division d'Infanterie : Général Marchand - 1ère Brigade : Général Maucune
6e Léger (2 Bataillons) : 1500 hommes et 69e de Ligne (3 Bataillons) : 1828 hommes (La vie militaire du Maréchal Ney, t.3).

Le 25 avril 1810, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne, à Compiègne : "Mon Cousin ... Donnez ordre que le 6e régiment de marche d'infanterie, qui fait partie également de la division Seras, soit dissous, et que les détachements appartenant au 6e corps, savoir, ceux des 6e léger, 39e 76e, 59e, 50e, 69e, 82e, etc. se réunissent en une compagnie à Vitoria, et se rendent de là à Salamanque ..." (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16420 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23488).

A la date du 1er mai, la répartition du 6e Corps est la suivante :
- Quartier général du Corps d'armée à Salamanque;
- La Division Marchand (1ère) à Tamames, avec le 3e Hussards, et à Tenebron, devant Ciudad Rodrigo (69e de Ligne, et 15e Chasseurs, sous les ordres du Général Maucune) (La vie militaire du Maréchal Ney, t.3).

Le 10 Mai, Masséna arrivait à Valladolid et le 15 rencontre Ney à Salamanque.

Le 28 mai, Ney informe, depuis Salamanque, le Prince d'Essling des mouvements du 6e Corps dont les troupes se dirigent sur Ciudad-Rodrigo pour occuper les camps et cantonnements suivants :
- 1ère Division : Général Marchand; - 1ère Brigade : Général Maucune ;
6e Léger, 69e de Ligne, 3e de Hussards sont campés, la droite à Pedro de Toro, la gauche sur la direction de la Caridad (La vie militaire du Maréchal Ney, t.3).

Ciudad-Rodrigo, assaut
L'assaut sur la brêche de Ciudad-Rodrigo

Enfin, dans les premiers jours de juin, la place est investie. Le siège est long et terrible, la garnison, de 7000 à 8000 hommes, est bien approvisionnée, et les approches présentent d'autant plus de difficultés que le terrain, déjà difficile et accidenté, est défendu par une nombreuse artillerie. Les assaillants ne cessent de tirer toute la journée sur les canonniers. Le feu n'arrête qu'à la tombée de la nuit pour reprendre le lendemain, dès l'aube, avec une activité toujours plus grande.

Le 10 juillet, Ney informe le Prince d'Essling, des dispositions prises pour donner l'assaut, le jour même, entre 4 heures et 6 heures du soir,une breche ayant été faite dans les fortifications ennemies.

Dans le courant de l'après-midi, toutes les troupes du 6e corps prennent les armes. Trois unités d'attaque sont mobilisées : les Chasseurs de siège (unité speciale de tireurs d élite) sous les ordres du commandant Sprüngling, un Bataillon de Grenadiers du 69e de Ligne et un Bataillon de Voltigeurs du 6e Léger.

"Un peu avant 5 heures, Ney fait demander au Capitaine Sprünglin des hommes de bonne volonté (3 volontaires) afin de reconnaître le passage pour mieux s'assurer de l'état de la brèche devant les commandants de l'artillerie et du génie, en autorisant le capitaine à leur promettre la croix. A l'instant même plus de cent braves sortirent de leurs rangs. Le Capitaine Sprünglin en désigne trois : le Caporal Thirion, du 50e, le carabinier Bourbois et le Chasseur Bellezé, tous les deux du 6e Léger. En quelques secondes, ils gravissent les deux brèches, arrivent à la crête du second rempart et déchargent leurs armes sur l'ennemi; ils brandissent leurs shakos aux cris de "Vive l'Empereur", puis redescendent aux acclamations de toute l'armée que ce brillant trait de courage avait électrisée.
Les colonnes acclament ces braves et, exaltées par leur exemple, s'avancent au pas de charge; arrivent au pied de la brèche qu'elles se disposent à gravir ; c'est alors que le gouverneur arbore un drapeau blanc et se rend à discrétion
".

Le 25 Juillet, un combat à lieu sur la Coa entre le 6e Corps et les troupes anglaises du Général Crawfurd.

Les positions et l’encadrement du Régiment sont en juillet 1810 les suivantes (côte SHDT : us181007) :
Chef de Corps : AMY, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier
Garnison - Dépôt à Phalsbourg - 4e Division militaire;
Conscrits des départements du Rhône - des Appenins - du Taro de 1810;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion - Armée du Portugal - 6e Corps - 1ère Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Delom - Armée du Portugal - 6e Corps - 1ère Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Tascher;
4e Bataillon : Chef de Bataillon Frossard à Nantes - 12e Division militaire;
5e Bataillon au Dépôt.

Le 31 juillet 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, je vous renvoie les propositions du prince d'Essling pour les récompenses à accorder pour la prise de Ciudad Rodrigo. Faites-moi connaître le nom des individus cités soit dans les relations, soit dans les détails du siège, et proposez-moi pour eux des récompenses. Faites-moi connaître également quels étaient les régiments qui faisaient partie du siège ; ceux-là seuls ont droit à des récompenses.
Nap
ANNEXE
Armée de Portugal. 6e corps d'armée. État des demandes d'avancement ou d'admission dans la Légion d'honneur, en faveur des militaires qui se sont le plus distingués au siège de Ciudad Rodrigo

Désignation des corps

Décorations demandées

Observations
On propose aujourd'hui à Sa Majesté d'accorder par le décret ci- joint, à déduire sur cet état, les décorations suivantes :

De commandant

D'officiers

De légionnaires

6e régiment d'infanterie légère

 

3

12

2 id.

6

" (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24175).

Le 10 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin ... Mandez également que le cadre du 3e bataillon du 6e régiment d'infanterie légère ayant été fait prisonnier de guerre, il serait bon de renvoyer en France tous les officiers et sous-officiers en gardant ce qui reste de soldats pour renforcer les autres bataillons ; qu'au surplus le duc d'Elchingen peut faire à cet égard ce qu'il jugera le plus convenable ; seulement qu'il doit me faire connaître les motifs du parti qu'il prendra" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4486 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24289).

Le 19 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Je désire actuellement que vous me fassiez un rapport sur la manière de compléter à 1000 hommes les 4es bataillons du 51e, du 55e, et les 3es bataillons du 44e et du 6e léger, afin de pouvoir également disposer de ces bataillons pour renforcer leurs cadres ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24356).

La place forte d'Almeida, dans la région de Beira, ne se trouve qu'à 35 km de Ciudad Rodrigo. C'est encore le 6e Corps de Ney qui est chargé de la besogne, dans des conditions aussi difficiles que le premier siège. La place tombe le 26 août.

A la date du 9 septembre, c'est-à-dire à la veille d'ouvrir les opérations en Portugal, le 6e Corps présente la composition suivante :
Cavalerie légère : Général Delamotte.
3e de Hussards, 4 escadrons; 15e de Chasseurs, 4 Escadrons; 4 pièces d'artillerie légère.
1re Division : Général Marchand.
1re Brigade, Général Mermet. — 6e Léger, 2 Bataillons; 69e de Ligne, 3 Bataillons; 3 pièces.
2e Brigade, Général Marcognet. — 39e de Ligne, 3 Bataillons; 76e de Ligne, 3 Bataillons; 4 pièces.
2e Division : Général Mermet.
1re Brigade, Général Labassée. — 25e Léger, 2 Bataillons; 27e de Ligne, 3 Bataillons; 3 pièces.
2e Brigade, Général Bordet. — 50e de Ligne, 3 Bataillons; 59e de Ligne, 3 Bataillons; 4 pièces.
3e Division : général Loison.
1re Brigade, Général Simon. — 26e de Ligne, 3 Bataillons; 82e de Ligne, 3 Bataillons; 3 pièces.
2e Brigade, Général Ferey. — Légion hanovrienne, 2 Bataillons; 66e de Ligne, 3 Bataillons; 3 pièces.
Récapitulation. — 8 Escadrons, 3 Divisions à 11 Bataillons (33 Bataillons) et 24 pièces (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 370).

Puis c'est l’entrée au Portugal. Le Capitaine Marcel raconte : "L'armée, forte de 60000 fantassins et de 12000 cavaliers, se mit en route le 15 septembre, les 6e et 8e corps par Colorico et Viseu, le 2e corps par Guarda. Nous traversâmes d'abord de superbes vallées, des villages magnifiques, mais il nous fut impossible d'apercevoir un habitant; nous en eûmes l'explication en trouvant sur les murs des proclamations du roi de Portugal enjoignant à tous les bourgeois et paysans d'évacuer les villes et villages, sous peine de mort" ("Campagnes du Capitaine Marcel").

Pendant que se déroulait l’entrée au Portugal des deux premiers Bataillons (le 3e étant reparti s’organiser), se montait un nouveau Corps de renforts pour l’Armée d’Espagne : le 9e Corps, mis sous les ordres du Général Drouet d’Erlon qui s’organisait autour de Valladolid. Parmi les effectifs, le 4e Bataillon du 6e Léger venu d'Allemagne (et de l'ex Corps d'Oudinot , voir le chapitre suivant) dans la 2e Division de cette armée et qui était en route pour Bayonne dans une demi brigade provisoire.

Masséna ne reprend sa marche vers Lisbonne que le 15 Septembre 1810. Ses ordres sont d'attendre la fin des grosses chaleurs et surtout des récoltes. Il en profite pour se procurer de quoi approvisionner son armée. D'autant que les Anglais ont décidé de pratiquer la "terre brulée" en se retirant progressivement vers leur base de Torres Vedras.

Masséna prend la direction de Coimbra en passant par Viseu où il s'arrête plusieurs jours pour rallier ses effectifs et réparer ses caissons. La route suivie, au nord du Mondego, passe par Bussaco, une excellente position défensive en hauteur où Wellington a décidé d'attendre les Français avec ses Anglo-portugais.

Ciudad-Rodrigo, assaut
L'assaut sur Bussaco, septembre 1810

Au matin du 26, le 2e Corps entre en contact avec les défenses anglaises. Masséna tombe dans le piège d'une attaque frontale au lieu de contourner les positions anglo-portugaises.

"Le 27 septembre le 2e corps commença l'attaque et vint se briser contre ces rochers défendus par soixante mille Anglo-Portugais, quatre-vingts canons et à l'abri de nos feux. Le 6e corps le remplaça et la 1re division eut ordre de gravir la montagne. Elle commença son mouvement en colonne par section, mais arrivée à mi-côte elle fut assaillie par un feu convergent d'artillerie et de mousqueterie" (Notice biographique sur M. le Général Baron Fririon).

Le Capitaine Marcel raconte : "La brigade avait à escalader des rochers escarpés et à traverser des genêts piquants et presque impénétrables qui couvraient la montagne, sous le feu des Anglais tranquillement installés au sommet : les deux régiments marchaient à la même hauteur et une lutte s'établit bientô entre les soldats du 69e et ceux du 6e léger pour arriver les premiers. Nous parvînmes promptement au pied des masses ennemies et fîmes halte sous un feu roulant qui était assez gênant : malgré les pertes, mes voltigeurs, échauffés, criaient aux Anglais : "Hé ! les Goddem, attendez-nous un instant pour le déjeuner à la fourchette ! " Mais, chose inconcevable, nous nous aperçûmes à ce moment que la brigade n'était pas soutenue; je vis de suite que l'affaire était manquée : à notre droite la division Simon du 8e corps, déjà parvenue au sommet de la montagne et également non soutenue, redescendait les pentes sous un feu terrible d'artillerie et devant l'attaque d'une colonne anglaise quatre fois supérieure" ("Campagnes du Capitaine Marcel").

Le 6e Léger, qui se trouve en tête de la Division, écrasé par le feu terrible de l'ennemi, est obligé d'arrêter sa marche et de se reformer dans un bois situé sur sa droite. Plusieurs assauts sont repoussés aux prix de très lourdes pertes. Le Colonel joseph Amy, du 6ème Léger, ainsi que de nombreux Officiers et soldats du Régiment sont tués.

Masséna se rend compte que la position est imprenable et, le lendemain, décide de la tourner.

Le 1er octobre, l'avant-garde de l'armée de Masséna arrive devant Coïmbra.

Les positions du Régiment sont les suivantes en octobre 1810 (côte SHDT : us181010) :
Chef de corps : en cours de remplacement; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Garnison - Dépôt à Phalsbourg - 4e Division militaire;
Conscrits des départements du Rhône - des Appenins - du Taro de 1810;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion - Armée du Portugal - 6e Corps - 1ère Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Delom - Armée du Portugal - 6e Corps - 1ère Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Tascher à Phalsbourg;
4e Bataillon : Chef de Bataillon Frossard - Armée d'Espagne - 9e Corps - 2e Division;
5e Bataillon au Dépôt.

A Coimbra, le 1er Octobre, les Français trouvent un peu de vivres. Entre Coimbra et les Lignes de Torres Vedras, quelques affrontements éclatent entre les troupes françaises les plus avancées et l'arrière de l'armée de Wellington. Les combats les plus significatifs ont lieu près de Pombal et d'Alenquer. Le 11 octobre, l'avant-garde française aperçoit les Lignes de Torres Vedras.

Le 6 octobre 1810, l'Empereur adresse, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, une Note sur l'organisation des armées; concernant l'Armée d'Allemagne, il écrit : "… 1er corps : le 7e d'infanterie légère formerait quatre bataillons ; le 13e, quatre ; le 15e, quatre (le 4e bataillon de ce régiment, étant en Espagne, serait remplacé par le 3e bataillon du 6e léger) ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17000 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24816).

Le Capitaine Marcel raconte : "Le 18 octobre, le 69e et le 6e léger allèrent occuper le village de Villanueva où l'on resta un mois à végéter; le vin était en abondance mais le pain si rare que, comme bien d'autres, je fus dix-sept jours sans en voir. On fit un peu de mauvais pain avec du maïs, mais ces ressources furent bientô épuisées. Il y avait en même temps impossibilité d'attaquer l'ennemi, qui avait couvert de redoutes et de forts retranchements les deux lieues qui nous séparaient de la capitale du Portugal; la montagne à pic qu'occupaient les Anglais, s'appuyait d'un côé à la mer et de l'autre au Tage, qui, grossi par les pluies, avait près de trois lieues de largeur : il était inutile d'essayer de tourner la position" ("Campagnes du Capitaine Marcel").

Constatant, au bout de plusieurs semaines, que sa situation d'assiégeant des lignes anglo-portugaises est sans issue favorable, Masséna envoie le Général Foy en France discuter de la situation militaire avec l'Empereur, et recule ses positions sur Santarem et Punhete pour mieux hiverner à la mi-Novembre, suivi mollement par les Anglais.

Le 6e Léger est à Santarern, détachant trois Compagnies à Azambuja (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 414).

Le 2e Corps de Reynier s'établit à Santarem et entreprend des travaux pour s'y retrancher. Les deux autres Corps de l'Armée font de même, regroupés autour de Thomar pour celui de Ney et de Torres Novas pour celui de Junot.

Le 8 décembre 1810, le Général Montbrun écrit, depuis Ourem, au Maréchal Ney : "Je m'empresse d'adresser à Votre Excellence le rapport du colonel Dejean, que j'ai reçu cette nuit, sur le résultat de sa reconnaissance sur Coïmbre.
L'ennemi n'ayant fait aucune résistance (tentative) pour arrêter la marche de notre reconnaissance qu'il a laissée arriver jusque dans les fonds, auprès du pont (de Coïmbre), je ne présume pas que Wilson se trouve avec 3. 000 hommes à Espinhal (comme le dit le colonel), à moins que l'ennemi n'ait un pont sur le Mondego à la hauteur de Murcella, ou bien, plus bas, chose que j'ignore, car, sans cela, en admettant que nous poussions des troupes sur Coïmbre, se corps serait obligé de manœuvrer loin de celles qui se trouvent sur la rive gauche …
Le colonel Dejean couchera ce soir avec sa troupe à Pombal où je lui adresse des ordres pour que demain, avec le détachement de son régiment (dragons) et celui du 69e (2 compagnies d'élite), il se porte sur la route d'Anciano pour se rabattre ensuite sur Chao de Marçans, afin d'éclairer cette route et nous amener quelques bestiaux et un peu de grain, s'il peut en trouver.
Le détachement de cavalerie fourni par les 15e et 25e de dragons restera demain, toute la journée, à Pombal, faisant des reconnaissances sur Coïmbre pour savoir si l'ennemi a suivi la reconnaissance. Le détachement du 6e léger (2 compagnies d'élite) sera placé en échelon, en arrière de Pombal, jusqu'à Leiria. Après demain, toutes ces troupes rentreront dans leur position. Une fois qu'elles y seront arrivées, je ferai pousser une forte reconnaissance sur Rio Maior...
J'ai demandé au colonel Dejean de m'envoyer le fournisseur portugais venant d'Espinhal. Je m'empresserai de l'adresser à Votre Excellence dès qu'il sera rendu chez moi
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 430).

L'arrivée d'une Division du 9e Corps, menée par le Général Drouet en personne, fin Décembre, est saluée par des cris de joie. Ces renforts et ceux amenés par le Général Foy à son retour, portent l'Armée du Portugal à 55.000 hommes, mais c'est trop peu encore pour tenter une action décisive et Masséna espère l'arrivée du 5e Corps, alors sous les ordres de Soult.

LA CAMPAGNE DE 1809 DU 4EME BATAILLON A LA DIVISION OUDINOT

Pendant que le gros du Régiment était en Espagne, le 4e bataillon avait été peu à peu mobilisé pour entrer dans la nouvelle Division Oudinot.

Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "... 2° Le corps du général Oudinot sera composé de trente-six bataillons des régiments ci-après, savoir des 4e, 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e et 28e d'infanterie légère ; des 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e, 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e et 94e de ligne, et des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e de ligne.
Les bataillons des tirailleurs corses et des tirailleurs du Pô y seront joints, ce qui en portera le nombre à 36.
Chaque bataillon sera réuni, enfin, à six compagnies et à 840 hommes.
Tous les hommes sortant des hôpitaux et appartenant aux régiments de marche formés en France resteront à la suite des compagnies de grenadiers et voltigeurs du corps d'Oudinot, et, lorsque les quatre compagnies de fusiliers seront arrivées, elles seront incorporées dans ces compagnies.
3° Aussitôt que deux compagnies de ces 4es bataillons seront complétées au dépôt à 140 hommes chacune, le ministre de la guerre nous en rendra compte, pour que nous donnions l'ordre de les faire rejoindre avec les chefs des bataillons et adjudants-majors.
Au 10 janvier, le ministre de la guerre nous fera connaître ceux de ces 4es bataillons qui peuvent fournir deux compagnies de 140. Les deux autres compagnies auront joint avant le 20 février, de manière qu'à cette époque chaque régiment de l'armée du Rhin ait ses quatre bataillons de six compagnies chacun et d'un effectif de 3.360 hommes, et que le corps présentera trente-six bataillons ou 30.000 hommes.
4° Ce corps sera partagé en trois divisions de douze bataillons chacune.
Les bataillons seront embrigadés sous le nom de demi-brigades d'infanterie, dont quatre d'infanterie légère et huit d'infanterie de ligne, commandées par les majors.
La 1re demi-brigade provisoire d'infanterie légère sera composée des 4es bataillons des 6e, 24e et 25e ...
La 1re division sera composée de la 1re demi-brigade d'infanterie légère et des 1re, 3e et 3e d'infanterie de ligne ...
5° Aucun mouvement ne se fait par le ministre de la guerre, qu'il ne m'en ait présenté le projet et qu'il n'ait eu mon approbation
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).

Le 5 décembre 1808 encore, l'Empereur écrit, depuis Chamartin, au Général Lacuée, Directeur des Revues et de la Conscription militaire, à Paris : "Mon intention est de renvoyer les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 4es bataillons des régiments qui font partie de l'armée du Rhin à leurs régiments, pour former le cadre des 4es bataillons, et d'augmenter insensiblement ces 4es bataillons des quatre autres compagnies, de manière que l'armée du Rhin, qui est composée de vingt et un régiments, le soit de quatre-vingt-quatre bataillons ; ce qui, avec les huit bataillons qui forment le corps des villes hanséatiques, fera quatre vingt-douze bataillons, ou un effectif de près de 78,000 hommes, et, avec la cavalerie et l'artillerie, près de 110,000 hommes. Le corps d'Oudinot ne serait plus alors composé que des compagnies de grenadiers et voltigeurs des régiments ci-après, savoir : 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e, 28e d'infanterie légère ; 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e. 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e, 94e d'infanterie de ligne. Mon intention serait que les compagnies restant des 4es bataillons de ces corps y fussent réunies ; ce qui compléterait vingt-huit bataillons. J'y joindrais les 4es bataillons des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e ; ce qui porterait ce corps à trente-quatre bataillons, qui, à 840 hommes chacun, feraient près de 30,000 hommes. Pour compléter le nombre de 30,000 hommes, j'y réunirais les bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses ; j'en formerais trois divisions de douze bataillons chacune ; ce qui ferait un beau corps qui pourrait, si cela était nécessaire, renforcer l'armée du Rhin et la porter à 140,000 hommes, laissant les 4e, 46e, 18e de ligne, 24e et 26e légers, ce qui fait cinq régiments, pour la défense du port de Boulogne et de la Bretagne, et me laissant ainsi la faculté de diriger sur l'Allemagne les 4es bataillons des 48e, 13e, 108e, etc ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14535 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19446).

En janvier 1809, sous les ordres du Chef de Bataillon Nion, les Carabiniers et Voltigeurs étaient à Hanau dans la Division Oudinot, à la Réserve de l’Armée du Rhin, tandis que les Fusiliers étaient au Dépôt à Phalsbourg.

L’Autriche se réarmait, profitant des ennuis de Napoléon en Espagne, mais celui-ci pouvait combattre sur deux fronts ; aussi il préparait ses troupes en Allemagne avec minutie.

En Février 1809, les Carabiniers et Voltigeurs du 4e Bataillon du 6e Léger sont à la Division Oudinot : 1ère Division Claparède, 1ère Brigade, 1ère Demi-brigade Légère avec des détachements du 24e et du 25e Léger. Ils vont être renforcés par des Bataillons de marche (le 6e Léger au 1er Bataillon de marche).

Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, le corps du général Oudinot, au lieu d’être partagé en trois divisions, ne le sera qu’en deux. À cet effet, la 3e demi-brigade légère et la 4e demi-brigade de ligne feront partie de la 1re division ; la 5e et la 6e demi-brigade de ligne feront partie de la 2e division. Le général Claparède commandera une de ces deux divisions. Comme il paraît que chaque corps ne pourra fournir que deux compagnies de fusiliers au grand complet, jusqu’à ce que la conscription de 1810 ait complété les cadres, chaque bataillon ne sera que de 560 hommes, chaque demi-brigade de 1 680 hommes, chaque division de 10 000 hommes, et le corps entier de 20 000 hommes. Lorsque les 5e et 6e compagnies de fusiliers pourront être envoyées, je verrai si je dois former une 3e division, ou laisser seulement le corps à deux divisions.
Donnez, en conséquence, l’ordre que la 1re et la 2e compagnie de fusiliers du dépôt du 6e d’infanterie légère qui est à Phalsbourg en partent pour se rendre à Strasbourg ; ordre que la 1re et la 2e compagnie de fusiliers du dépôt du 24e d’infanterie légère qui est à Metz, et la 1re et la 2e compagnie de fusiliers du dépôt du 25e légère qui est à Verdun, se rendent également à Strasbourg. Ces 6 compagnies de fusiliers complétées à 140 hommes par compagnie formeront le 1er bataillon de marche du corps du général Oudinot ... Ces douze bataillons de marche seront réunis du 1er au 15 mars à Strasbourg. Vous donnerez ordre que chacune de ces compagnies soient complétées à 140 hommes.
Donnez ordre que les dépôts fournissent à chaque homme une capote et 3 paires de souliers, dont deux dans le sac et une aux pieds ... J’ai donné ordre au corps du général Oudinot de se réunir à Augsbourg
" (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2766 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20016).

Le 8 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 6 avec l'état qui y est joint. Je vois que la force des 12 bataillons de marche du corps du général Oudinot est de 6 300 hommes et qu'il manque 3 000 hommes pour les compléter. Ces 3 000 hommes seront fournis par ma Garde. J'ai déjà donné une destination aux premiers 600 hommes qui se sont trouvés prêts. Donnez ordre que les 1600 hommes qui vont être disponibles après ceux-là soient habillés de l'uniforme des régiments ci-après, dans lesquels ils seront incorporés, savoir :
pour la 2e compagnie de fusiliers du 6e légère 50 hommes ...
Les détachements de ma Garde partiront habillés. Vous enverrez à cet effet au conseil d'administration les numéros de régiments où ils doivent être incorporés, afin qu'on fasse faire leur uniforme, et qu'on y mette les boutons de ces régiments. Par ce moyen, le corps du général Oudinot recevra un renfort de 8300 hommes, et il manquera peu de choses à son complet, en présents sous les armes. Quand le corps du général d'Oudinot aura reçu ces 8000 hommes, vous me ferez connaître ce qui pourrait manquer au complet des compagnies, et s'il y a moyen de le tirer de quelques dépôts, où se trouveraient des conscrits des 4 années antérieures à 1810
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2899; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20291).

Situation de la Division Oudinot au 9 mars 1809 (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20309) :

Divisions

Brigades

1/2 Brigades

Bataillons

Présents
Situation des grenadiers et voltigeurs réunis

Détachements tirés des conscrits de la Garde

Compagnies de fusiliers formant les 12 premières compagnies de marche

Détachement formant le 13e bataillon de marche

Totaux

Manque au complet de 560 par brigade

Excédent sur le complet

Par bataillon

Par 1/2 brigade

1ère division général Claparède

1re brigade le général

1re 1/2 brigade d'inf. légère Major Boidot

6e d'inf. légère

24e d'inf. légère

25e d'inf. légère

244

161

230

40
50


60
40

90

125

100

212

264

200

546

550

530



1626

14

10

30

Le 13 mars 1809 à minuit, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je reçois votre travail du 12 mars sur la formation d'un corps de réserve, composé des 5es bataillons de l'armée. Je vous le renvoie pour que vous y fassiez faire quelques changements que je vais vous indiquer ...
Il y a déjà à Metz le 12e régiment, qui devient le 13e, par suite des changements faits pour la formation de la brigade de Pontivy. Le nouveau régiment sera alors le 14e ; ces deux régiments formeront une brigade. Il me semble que ce 14e régiment pourra être composé de la manière suivante : 1er bataillon, deux compagnies du 25e léger, deux compagnies du 6e léger, deux compagnies du 24e léger ; 2e bataillon, deux compagnies du 26e léger, deux du 16e léger, deux du 32e léger ; 3e bataillon, deux compagnies du 96e de ligne, deux du 22e de ligne, deux du 54e, deux du 15e de ligne. Il manque deux compagnies pour le 2e bataillon ; on prendra les deux compagnies du 32e léger qui sont à Toulon ...
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14891 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20343).

Le 23 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Quant au corps d'Oudinot, il sera également formé de 12 bataillons de marche. Le 1er sera composé des 5es et 6es compagnies du 6e léger, du 24e et du 25e et ainsi de suite, en suivant l'organisation des demi-brigades. Toutes se mettront en marche pour Strasbourg, où l'on organisera ainsi successivement les 12 bataillons de marche, et comme, à l'époque du départ de ces bataillons, les 12 premiers seront incorporés, il n'y aura pas de confusion dans la répétition de cette dénomination ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2992 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20514).

En avril 1809, on retrouve les 4 Compagnies du 6e Léger à la 1ère Division Tharreau, Brigade Conroux, 1ère (6e, 24e, 25e Légers) et 3e Division légère (9e, 16e, 27e Légers). La brigade Conroux est affectée au 2e Corps d’Armée aux ordres de Lannes.

La grande partie du Corps d'Oudinot combat à Bied et Ebesberg le 3 mai 1809.

Au moment de la bataille d'Essling (20-22 Mai 1809), les soldats d'Oudinot se couvrent de gloire en défendant le village du même nom. Lannes, mortellement blessé, est alors remplacé directement par Oudinot. Les Français repassent le Danube et se fortifient dans l'ile Lobau.

Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 6e Léger, l'Empereur ordonne : "... Les 1500 hommes des conscrits des 4 années destinés pour la cavalerie, et les 1500 hommes des mêmes années destinés pour l'artillerie formant 3000 hommes seront employés à renforcer le corps d'Oudinot ..."; la répartition qui suit indique que 200 hommes seront dirigés sur le Dépôt du 6e Léger, tandis que le Dépôt devra envoyer 200 "hommes au 4e bataillon desdits régiments au corps d'Oudinot". Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la de la 13e Demi-brigade provisoire : 59e de ligne; 69e id.; 76e id.; 100e id.; 103e id.; 105e id. complété à la Division St-Hilaire; 6e léger qui doit recevoir 25 hommes; 24e id.; 25e id.; 26e id.; 16e id.; 96e de ligne; au total elle doit recevoir 25 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 24 compagnies à 3360 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).

Les hommes du 6e Léger participent aussi à la bataille de Wagram en tenant avec acharnement la droite de Deutsch-Wagram contre les Autrichiens, permettant à Davout d'effectuer un mouvement tournant. Le 4ème Bataillon aura de nombreux blessés entre les deux batailles d'Essling et Wagram.

Le 17 juillet 1810, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au dépôt du 6e d'infanterie légère qui est à Phalsbourg de faire partir un détachement de 150 hommes pour se rendre à Lorient et être incorporé dans le 4e bataillon de ce régiment ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4404 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24040).

Le 4 janvier 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je désire lever la conscription. Proposez-moi un état de situation de l'armée au 1er janvier, qui puisse me servir de base pour le recrutement. Mon intention est d'employer 30 000 hommes de la conscription de l'année à recruter, les 16 régiments du corps du prince d'Eckmühl et tous les régiments qui ont leurs bataillons de guerre en France, en y joignant les 2 bataillons du 5e d'infanterie légère, les 3e et 5e du 6e léger, et les 4e et 5e du 1er léger ; en formant un 6e bataillon au 15e léger, 25e de ligne, 19e, 2e, 37e, 46e, 56e et 93e de ligne, ce qui ferait 8 nouveaux bataillons. On joindrait également les 4e et 5e bataillons du 51e, les 3e et 4e du 44e, les 3e et 4e du 113e et les 3e et 4e du 55e. Tout cela ferait un total de 154 bataillons que mon intention est d'avoir au complet de 140 hommes par compagnie. J'emploierai 20000 hommes à porter l'armée d'Italie au grand complet ; et enfin 35000 hommes à porter au complet les 131 cinquièmes bataillons, ce qui fera l'emploi de 85000 hommes ...
Par ce moyen, j'aurais 9 armées que je composerais selon les circonstances et qui m'offriraient 154 bataillons pour l'armée d'Allemagne, 100 bataillons pour l'armée d'Italie, et enfin une armée de réserve de 131 5es bataillons. J'emploierais la conscription de 1812, que j'évalue à 120000 hommes, à recruter 150 bataillons des cadres de l'armée d'Espagne que je ferais venir en France, ce qui me ferait une 4e armée. En supposant donc qu'il dut y avoir guerre en 1812 j'aurais disponibles pour le continent près de 550 bataillons complétés.
Je désire que les états que vous me présenterez soient faits dans l'ordre suivant :
1° le corps du prince d'Eckmühl
2° les régiments qui sont en France
3° tous les corps qui sont au-delà des Alpes soit de l'armée d'Italie, soit de l'armée de Naples, soit des divisions militaires, sans parler de composition d'armées sur lesquelles il est impossible de rien arrêter actuellement
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 4952 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25633).

Le 17 janvier 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai lu avec attention votre travail du 16 janvier sur les bases du recrutement ; voici les changements que je désire :
... Etat n° 2. Il faut ôter aux 1er et 6e d'infanterie légère et au 51e de ligne le 5e bataillon du nombre des bataillons de guerre et le mettre comme bataillon de dépôt, ce qui réduira le nombre des bataillons de 92 à 89. Je préfère que les 5es bataillons restent partout bataillons de dépôt, et que, dans les bataillons où l'on crée plus de cinq bataillons, le 6e bataillon soit considéré comme bataillon de guerre ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 4987).

ESPAGNE, 1811-1812

- 1811

En janvier 1811, les positions du Régiment sont les suivantes ; les 1er, 2e et 4e Bataillons sont en ligne au Portugal dans les 6e et 9e Corps (côte SHDT : us181101) :
Chef de corps : MOLARD, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Qquartier-maître trésorier;
Garnison - Dépôt à Phalsbourg - 4e Division militaire;
Conscrits des départements du Rhône - des Appenins - du Taro de 1810;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion - Armée du Portugal - 6e Corps - 1ère Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Delom - Armée du Portugal - 6e Corps - 1ère Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Tascher à Phalsbourg;
4e Bataillon : Chef de Bataillon Frossard - Armée d'Espagne - 9e Corps (Drouet d’Erlon) - 2e Division Conroux, 1ère Brigade Gérard;
5e Bataillon au Dépôt.

Les soldats sont en loques, ayant été obligés de subsister dans des conditions très difficiles, en réparant les tenues avec toutes sortes de draps, et utilisant des espadrilles en guise de chaussures. Lemonnier pourra écrire : "C'était des troupes d'arlequins, tant la diversité de couleurs de capotes et de pantalons sautait aux yeux".

Le 30 janvier 1811, le Maréchal Ney écrit au Général Loison, après avoir visité la 3e Division : "Hier, à mon retour de Punhète, j'ai réuni les chefs de corps pour leur signifier de venir au secours de votre division en vivres de toute espèce; ils ont manifesté la meilleure volonté à remplir mes intentions. En conséquence, demain 31, vous pouvez faire prendre à Aljustrel 14 grands sacs de maïs, que délivrera le 59e de ligne, ainsi que 6 sacs de farine à prendre à Thomar et 4.000 rations fournies par le 50e, que vous ferez également prendre à Thomar.
J'ai invité en outre les 6e léger, 69e et 76e de ligne à fournir chacun deux rations par homme au profit de votre division. Je ne doute pas que ces régiments ne me fassent bientôt connaître les jours que vous pourrez faire enlever ces rations et les points où elles seront rassemblées.
Je vous prie, mon cher Général, de répartir les rations que vous recevrez demain entre ceux, de vos régiments qui éprouvent les plus grands besoins.
Quant à la viande sur pied, les régiments prétendent ne pouvoir faire actuellement aucun sacrifice, mais d'ici à quelques jours on vous cédera aussi sur ce point.
J'espère, d'un autre côté, que les deux colonnes qui sont en mouvement sur les deux rives du Zezère pour se diriger sur Certa et Pedrogaogrande ramasseront beaucoup de bestiaux, dont vous pouvez compter de recevoir la moitié de ce qui sera conduit ici
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 446).

Masséna a reçu l'ordre d'essayer de s'emparer d'Abrantes ; s’il commence bien ses préparatifs fin Janvier 1811, la disette qui sévit dans son armée lui fait évoquer une retraite. Las, le Général Foy, de retour, rapporte des instructions de l'Empereur d'offensive qui serait soutenue par Soult (Armée d'Andalousie) et Mortier (5e Corps) ou, au minimum, de maintenir ses lignes pour "épuiser" l'ennemi. Mais de fait, c'était l'armée de Masséna qui s'étiolait et l'armée anglo-portugaise qui se renforçait et consolidait ses positions.

En Janvier, Soult, s'il a bien quitté son Andalousie, pousse une pointe en Estrémadure, enlève Olivenza et fait le siège de Badajoz dont il s'emparera seulement le 10 Mars.

Le 16 février 1811, Ney écrit à Masséna pour lui indiquer le nombre de quintaux de grains envoyés par le 6e Corps au 2e Corps à Porto de Moz, et les quintaux de maïs ou de blé déposés au Magasin de Thomar; ainsi, on note, pour le 6e Léger, 24 quintaux envoyés au 2e Corps (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 461).

Masséna, vu l'état de ses troupes, décide finalement de retraiter, sa situation devenant intenable et sans résultats. Dans la journée du 1er mars, le prince d'Essling envoie de Torres Novas, aux commandants de Corps d'armée ainsi qu'aux chefs des grands services, l'ordre de marche sur Pombal, Anciao et Espinhal, dans une région où il espère pouvoir nourrir l'armée au moyen des ressources locales. Ce changement de position comporte cinq jours de marche, savoir : la nuit du 5 au 6 et les journées du 7, du 8, du 9 et du 10 mars. Le 6e Corps, auquel sont adjointes la Division Conroux, du 9e Corps, et la Division de cavalerie Montbrun, doit faire l'arrière-garde générale.
Première marche (nuit du 5 au 6 mars). - ... Le 6e Corps, de Pombal et de Thomar à Leiria.
Deuxième marche (7 mars). - ... Le 6e Corps reste en position, sauf que sa 3e Division et sa Brigade de cavalerie légère se rendent de Punhète en avant de Chaos de Maçans.
Troisième marche (8 mars). - ... Le 6e Corps, à Casal des Ovos, après avoir détruit les ponts. Sa 3e Division à Arneiro.
Quatrième marche (9 mars). - ... Le 6e Corps en avant de Pombal et sa 3e Division à Anciano.
Cinquième marche (10 mars). - ... Le 6e corps reste sur les positions de la veille.
Sixième marche (11 mars). - ... Les 8e et 6e Corps recevront de nouveaux ordres.

Aussitôt, Ney informe le Général Drouet d'Erlon de ces dispositions. Les Divisions Mermet, Marchand et Conroux doivent s'échelonner en avant et en arrière de Leiria, savoir :
... 6e léger, 69e, 76e de ligne, artillerie, 6e et 11e dragons, en arrière de Leiria (division Marchand).

Le départ du 6e Corps est fixé au 8 mars, pour aller prendre position, le même jour, à Casal dos Ovos et, le lendemain 9 mars, près de Pombal (La vie militaire du Maréchal Ney, t.3).

Le 6e Corps, auquel sont adjointes la Division Conroux, du 9e Corps, et la Division de cavalerie Montbrun, doit faire l'arrière-garde générale.

Le 7 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que les dépôts des 8e et 6e légers versent leur disponible dans le 3e bataillon, et celui du 5e léger dans les 1er et 2e bataillons ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26122).

Le départ du 6e Corps est fixé au 8 mars, pour aller prendre position, le même jour, à Casal dos Ovos et, le lendemain 9 mars, près de Pombal (La vie militaire du Maréchal Ney, t.3).

Ney couvre avec brio l'arrière garde et doit livrer des combats à Pombal.

Le 11 mars 1811, le Maréchal Ney rend compte à Masséna de l’attaque dont le 6e Corps a été l’objet : "J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence que ce matin, vers 8 heures, l'ennemi s'est présenté devant les positions en avant de Pombal, où j'avais laissé, pour fermer la marche, le 6e léger, une pièce de canon et le 6e de dragons.
Cette troupe a été attaquée brusquement par environ 20.000 hommes d'infanterie et quatre pièces de canon, soutenus par deux colonnes de cavalerie. De notre côté, on s'est vigoureusement défendu et la retraite s'est faite en bon ordre.
L'ennemi a forcé Pombal, mais le 6e léger a repris au pas de charge cette ville, où il a fait quelques prisonniers et tué du monde aux Anglais. Notre perte a été peu considérable.
L'ennemi augmentant sans cesse ses forces, j'ai fait mettre le feu à la ville, ce qui l'a contraint à se placer en arrière du château et sur les hauteurs à droite de Pombal.
J'ai fait avancer la 1re brigade de la 2e division pour relever celle qui a été au feu toute la matinée et que je renvoie à Venda do Cruz.
Je tâcherai de tenir cette position le plus longtemps que je pourrai, mais je crois bien que demain l'ennemi recevra de nouveaux renforts et m'obligera de faire ma retraite sur Redinha; toutefois, nous irons très lentement et nous disputerons le terrain pied à pied
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 485).

Le futur Général Guingret, alors Capitaine au 6e Léger raconte : "On quitta Pombal le 11 mars.
Le 6e léger, dont je faisais partie, formait l'extrême arrière-garde.
L'ennemi nous poussa vigoureusement; nous fûmes pris, en queue et en flanc, pendant près d'une heure, sous le feu de son artillerie légère. Je me rappelle qu'un boulet creux enleva une section entière de ma compagnie.
Nous avions déjà perdu assez de monde avant d'arriver à Pombal. L'ennemi nous serrant de près, le 6e léger traversa cette petite ville, sans pouvoir s'y rallier dans le but de retarder l'ennemi et de protéger la retraite des corps qui nous précédaient. Les troupes anglaises occupèrent un instant Pombal ainsi que le vieux château maure qui la domine.
A ce moment, le maréchal Ney, à qui nulle faute n'échappait, accourut à nous au galop en criant :
Chasseurs, vous perdez votre belle réputation et vous vous déshonorez à jamais si vous ne repoussez pas, à l'instant, l'ennemi hors de Pombal ! Allons, que les braves me suivent ! et il pousse vivement son cheval blanc vers la ville. Excités par cet exemple, nous nous élançons, à la course, et chassons l'ennemi de Pombal, après lui avoir fait beaucoup de mal ...
La ville fut abandonnée, par le 6e léger, à la nuit tombante.
L'impulsion courageuse donnée aux troupes, à Pombal, par le maréchal Ney, assura la conduite de l'armée pendant la retraite. Si, dès cette première attaque, le maréchal eût laissé l'ennemi prendre un ascendant marqué, notre marche rétrograde se serait bientôt changée en fuite. En principe, il est bon de veiller à ce que les troupes en retraite conservent le sentiment de leur force ...
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 486).

Le 6e Corps combat à Rehinda.

Le 12 mars 1811, à minuit, le Maréchal Ney écrit, depuis Refança, à Masséna : "D'après les instructions que j'ai données hier soir, les troupes avaient ordre de s'échelonner dans le défilé de la Soure, depuis Vanda da Cruz jusqu'à Redinha, afin d'éviter tout désordre dans la marche rétrograde et de contenir avantageusement l'ennemi.
Celui-ci, dès 5 h. 1/2 du matin, déboucha de Pombal en trois colonnes, celle de droite suivant les hauteurs, celle du centre, la grande route, et celle de gauche remontant la rive droite de la Soure. Les intervalles entre les colonnes étaient remplis par des pelotons d'infanterie et de cavalerie, et des tirailleurs couvraient tout le front. La lenteur de sa marche et sa circonspection me firent croire qu'il craignait quelque embuscade; en effet, chaque fois que mes échelons s'arrêtaient et que mon artillerie faisait feu, la colonne du centre prenait position, tandis que les colonnes des ailes continuaient à marcher dans le but de me déborder.
Le terrain étant accidenté et d'une défense facile, j'ai pu contenir l'ennemi depuis 6 heures du matin jusqu'à midi, heure à laquelle il a commencé à se déployer à portée de canon de Redinha. Mon artillerie était si avantageusement placée que chaque coup de canon emportait des rangs entiers; il fut contraint de se cacher derrière la montagne couverte de bois, auprès de laquelle s'étend une plaine commandée par ma position de Redinha. L'ennemi, ayant alors arrêté sa colonne du centre, s'est borné à faire manœuvrer quelques bataillons et escadrons sur ma droite, sans doute afin de donner à sa colonne de gauche le temps de passer la Soure, et à la colonne de droite, d'appuyer celle du centre pour attaquer ma gauche. Tous ces mouvements qui se sont faits sous mes yeux avec une lenteur inimaginable, n'ont cessé d'être contrariés par le feu de mes tirailleurs et de mon artillerie, et même, d'offrir, pendant leur exécution, plus de désordre et de confusion qu'on ne saurait croire; enfin, c'est seulement vers 3 heures de l'après-midi, que l'ennemi s'est trouvé en mesure de m'attaquer sur tous les points à la fois.
Ma deuxième division (général Mermet) était entièrement réunie sur les hauteurs en avant de Redinha avec 14 bouches à feu d'artillerie légère, le 3e de hussards, les 6e et 11e de dragons; ma première division (général Marchand) était échelonnée sur les hauteurs en arrière de Redinha, dominant la ville, couvrant le passage de défilé et observant mes deux flancs. J'avais reconnu les communications (chemins ou routes) pour la retraite de l'artillerie et de l'infanterie à effectuer par la gauche, de la cavalerie par la droite et le long du ruisseau qui coule au-dessous de Redinha. C'était un spectacle imposant que celui d'une armée de 25.000 Anglais et d'un plus grand nombre de Portugais, repoussés à chaque instant par un corps de 6.000 hommes avec lequel je manœuvrais sans avoir recours à ma réserve qui occupait ma position de retraite.
Cependant, ainsi que je l'ai déjà dit, l'ennemi montra, vers 3 heures du soir, le dessein de culbuter mes troupes. Le général anglais Coll, qui commandait la colonne de droite, la porta, en formation serrée, sur les hauteurs où ma gauche était appuyée. Arrivé à portée de fusil, il voulut se former (déployer) mais je ne lui en laissai pas le temps : 6 pièces d'artillerie tirèrent sur lui à mitraille, en même temps que j'ordonnais à mes tirailleurs et à 2 bataillons, l'un du 27e, l'autre du 59e de ligne, de le charger à la baïonnette et de le rejeter en bas des hauteurs, ce qui réussit au-delà de toute espérance, l'ennemi ayant été mis dans une affreuse déroute.
Sur ces entrefaites, le général anglais Spencer, à la tête de l'avant-garde, avait vainement essayé de déboucher dans la plaine pour protéger les trois divisions d'infanterie aux ordres du général Pincton. De ce côté, le 25e léger ayant en soutien le 50e de ligne, les 3e de hussards et 6e de dragons, tous protégés par l'artillerie, tirent éprouver à l'ennemi le même sort que, précédemment, à notre aile gauche, et le 3e de hussards, dans une belle charge exécutée avec beaucoup de bonheur, sabra un grand nombre d'hommes.
Malgré ces efforts et la valeur extraordinaire que n'avaient cessé de montrer mes troupes depuis le matin, il fallut songer à la retraite, parce que l'ennemi qui déployait des masses immenses aurait fini par entamer des troupes qui, jusqu'alors, avaient défendu le terrain, pied à pied, et ne l’avaient cédé que par ordre, sans qu'aucune de mes positions eût été forcée.
Vers 4 heures, l'ennemi ayant formé quatre lignes d'infanterie dans la plaine, à portée de canon, se dirigea sur moi dans cet ordre de bataille, tandis que le corps de droite du général Coll reprenait de son côté l'offensive en colonne serrée et que la colonne de gauche cherchait à déborder ma droite. Tous mes échelons étaient placés de manière à faire beaucoup de mal à l'ennemi, sans qu'aucun d'eux pût être compromis. L'adversaire, auquel je me plais à rendre justice, marcha contre mes troupes avec fermeté, mais aussi, avec une lenteur extrême. Les régiments de ma 2e division l'ayant successivement reçu par des feux de bataillon et de deux rangs, se replièrent, en contournant la gauche de la ville, et allèrent se placer en seconde ligne derrière ma 1re division. Alors l'ennemi, s'étant formé sur les hauteurs de Redinha, jeta sur cette ville une nuée de tirailleurs et voulut passer outre; mais, on avait fait tous les préparatifs pour incendier les maisons, et le feu y fut mis aussitôt que mon artillerie eut passé; en un instant, les flammes s'étendirent tellement que l'ennemi n'eut pas le temps d'arriver assez tôt pour l'éteindre et fut arrêté avec son artillerie. La division Coll, seule, passa le ruisseau à gué en colonne serrée, et, elle fut obligée de gravir promptement les hauteurs à gauche pour ne pas être écrasée par le tir des batteries de la division Marchand, dont tous les coups portaient, et par le feu d'un bataillon du 59e, ainsi que de mes tirailleurs, qui lui tuèrent beaucoup de monde durant son passage (de rivière).
Ayant enfin été débordé par ma gauche et par ma droite, j'ordonnai un mouvement général de retraite de mes deux divisions, par échelons. L'ennemi, dès lors, fît halte avec ses forces principales et laissa son avant-garde continuer le coup de fusil.
La division Mermet a pris position en avant de Refanes et celle du général Marchand est restée à Prisea, située à une petite lieue de Redinha. A la nuit close, l'ennemi est venu se placer en face de la division Marchand, laquelle a passé toute la nuit, l'arme au bras.
La perte que j'ai éprouvée dans la brillante journée de Redinha ne s'élève pas à plus de 1.500 hommes tués ou blessés, ceux-ci tous emportés. L'artillerie s'est couverte de gloire; elle n'a pas cessé de tirer à mitraille; les capitaines (d'artillerie) Graillat, Coquart et Binner méritent les plus grands éloges et les récompenses de Sa Majesté; c'est avec la plus grande peine que j'ai pu arracher ces braves officiers du milieu des tirailleurs et ils se sont retirés, au pas, sous la protection de l'infanterie.
Quant aux quatre régiments d'infanterie de la division Mermet, savoir : les 25e léger, 27e, 50e et 59e de ligne, il est impossible de se battre avec plus de vigueur et de manœuvrer avec plus de sang-froid et de précision devant l'ennemi.
Les 6e léger, 39e, 69e et 76e de ligne, composant la division Marchand, qui ont couvert la retraite, se sont montrés tels que je les ai toujours connus, intrépides et consommés dans l'art de la guerre. Le 3e de hussards a donné dans cette circonstance de nouvelles preuves de sa valeur ordinaire. Les 6e et 11e de dragons se sont également bien conduits.
La perte de l'ennemi doit être, sans exagération, de 4 à 5.000 hommes au moins. Je pense que lord Wellington en conviendra et qu'il rendra justice à la valeureuse conduite des troupes de Sa Majesté impériale et royale
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 488).

Le futur général Guingret, alors Capitaine au 6e Léger, écrit : "Le combat de Redinha est de ceux où les chefs se montrent plus grands que leur réputation et où les troupes font des prodiges de valeur, sans que la renommée publie au loin la gloire des combattants.
Ce combat tire son nom de la ville située au pied d'un rideau de hauteurs, dans une vallée riante et fertile qu'arrose l'Audanços, qui paraît se multiplier grâce à ses nombreux méandres. En descendant du plateau, on traverse Redinha pour aller franchir l'Adanços sur un vieux pont en pierre qui se trouve au nord de la ville.
Avant l'action, la 2e division (général Mermet) du 6e corps occupait seule le rideau élevé que forment les hauteurs en avant de la ville. La position était peu militaire, puisque les troupes avaient un défilé (le pont de pierre très étroit) à dos et qu'il traverse Redinha avant d'arriver au pont, mais le duc d'Elchingen avait été obligé de faire occuper cette position pour donner le temps de s'éloigner aux autres corps (le 8e corps d'armée), à l'artillerie et aux bagages innombrables qui nous encombraient. Il était d'ailleurs très urgent d'arrêter assez l'ennemi pour que Masséna, qui nous devançait avec le reste de l'armée, pût enlever de vive force la ville de Coïmbre, qu'occupait une forte garnison portugaise barrant la route royale de Lisbonne à Salamanque, par laquelle on sort du Portugal pour entrer en Espagne.
Le maréchal Ney, contraint de combattre ce jour-là, remédia à la défectuosité de la position par la manière savante dont il sut disposer les régiments de la 2e division; il les fît soutenir par le brave 3e de hussards et quelques escadrons de dragons (6e et 11e).
Bientôt l'ennemi parut et, après nous avoir tâtés à diverses reprises pour savoir si nos troupes étaient déterminées à combattre, il commença une véritable attaque.
Nos corps luttèrent, une grande partie de la journée, sans céder un pouce de terrain, mais leur valeur ayant contraint l'ennemi à déployer une force d'au moins 25.000 hommes, il fallut songer à la retraite.
Le duc d'Elchingen donna ordre à chaque bataillon d'envoyer son drapeau, avec un adjudant et des guides généraux, de l'autre côté du ravin, où des officiers d'état-major étaient chargés de leur indiquer les places que leurs régiments respectifs devaient occuper après avoir franchi le défilé. Les chefs de troupes furent prévenus d'effectuer leur retraite rapide à un signal donné, les uns par le pont, les autres sur les gués reconnus à l'avance en amont et en aval de Redinha.
Chaque corps devait ensuite se reformer, au pas de course, sur l'emplacement qui lui avait été assigné sur l'autre penchant de la vallée, à l'endroit même où se trouvaient déjà son drapeau (et ses guides généraux). Cette vallée, assez étroite, était dominée, de l'autre côté, par des hauteurs formant position, sur lesquelles était placée la division Marchand (1re), avec son artillerie, pour protéger les troupes de la division Mermet (2e) quand elles abandonneraient le rideau (de hauteurs) opposé.
Dans la soirée (vers 5 heures), le maréchal Ney donna lui-même le signal de la retraite; le mouvement rétrograde fut rapide et parfaitement exécuté. L'ennemi, voyant tout à coup disparaître nos troupes, qui descendaient vers la ville pour passer le défilé, courut en avant afin de gagner le sommet du rideau (de hauteurs), d'où il croyait pouvoir tirer des coups plongeants sur nos soldats entassés auprès du pont; mais le maréchal Ney avait fait embusquer à l'avance un bataillon du 27e et un bataillon du 50e de ligne, avec ordre de bien recevoir l'ennemi quand il approcherait de l'arête du plateau (formant rideau). En effet, ces deux bataillons reçurent les Anglais à brûle-pourpoint par un des plus beaux feux de deux rangs (feux à volonté) qui aient été faits depuis l'invention de la poudre. Ce feu meurtrier fit reculer l'ennemi et lu tua beaucoup de monde. Les deux bataillons d'embuscade se retirèrent ensuite avec autant d'ordre que s'ils fussent revenus d'un champ de manœuvres.
Les troupes de la 2e division, après avoir traversé la vallée, se reformèrent rapidement au-dessous de celles de la division Marchand (c'est-à-dire à mi-coteau).
Une canonnade vive et soutenue arrêta court les masses ennemies qui voulaient descendre sur Redinha, et nous pûmes continuer notre retraite tranquillement.
Le but du maréchal Ney était rempli, en ce sens que l'artillerie et les bagages de notre armée gagnèrent un jour, alors que la marche de l'armée anglo-portugaise subit un retard d'une journée
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 492).

Puis à Foz d'Arounce contre les Anglais qui se sont lancés à notre poursuite.

Concernant ce combat, le Maréchal Ney écrit, le 17 mars 1811, à Masséna : "Prince, j'ai fait prendre des renseignements plus particuliers (complets) pour remonter à la source des causes de la terreur panique qui s'est manifestée, le 15 mars, vers les 5 heures du soir.
Il paraît que le général Lamothe, commandant la cavalerie légère de la division Ferey, n'a pas fait son devoir, d'abord parce qu'il a négligé de placer des piquets sur la direction de Miranda do Corvo et qu'au lieu de défendre la plaine qui sépare la position qu'occupait mon avant-garde (arrière-garde) de celle de l'ennemi, il s'est placé dans un village à gauche dans le vallon de Foz de Aronze, de manière que l'ennemi a eu toute facilité pour former ses colonnes d'attaque au pied de la montagne (colline) où se trouvait le 25e de ligne, et que, lorsqu'il devait prévenir le général Ferey et concourir à la défense de ce poste important, il s'est replié assez rapidement sur la Ceira pour laisser croire que l'ennemi le poursuivait. Cette cavalerie légère a passé le gué au- dessus (en amont) du pont, mais, par une ignorance inconcevable, elle est venue fermer le (débouché du) pont sur la rive droite, à l'instant même où les 50e et 59e de ligne se présentaient pour le passer, ce qui a causé la perte de beaucoup de soldats qui se sont noyés en cherchant à traverser la rivière à gué, tout près du pont.
Si le général Lamothe, au lieu de prendre la fuite, eût conservé la plaine en se tenant toujours à hauteur de l'infanterie, combattant avec avantage, et tenté plusieurs charges pour donner aux réserves le temps d'arriver, il est présumable que l'ennemi ne serait jamais parvenu à repousser le 25e léger (déployé en tirailleurs).
Cette conduite singulière du général Lamothe m'a déterminé à le renvoyer à l'état-major général de Votre Excellence et j'ai donné au colonel Mouriez, du 15e de chasseurs à cheval, le commandement de la cavalerie légère de l'avant- (arrière) garde.
Le 39e de ligne, qui formait la réserve du 25e léger, était sur le point de marcher pour l'appuyer lorsque le colonel Lamour (du 39e), qui allait à la position du 25e léger pour connaître la véritable situation des choses, fut malheureusement tué. La perte de cet estimable officier supérieur, aussi distingué par ses talents militaires que par une bravoure peu commune, jeta la consternation dans le 39e, qui fît sa retraite en désordre. Dans ce même moment, l'artillerie légère (compagnie Binner) effectua son mouvement rétrograde avec trop de précipitation, ce qui occasionna la terreur chimérique qui a failli devenir fatale à l'armée. Un bataillon du 27e de ligne et un du 69e (celui-ci venant de la rive droite avec trois compagnies du 6e léger; ont suffi à chasser l'ennemi, remettre de l'ordre et conserver la position (de la rive gauche) jusqu'à minuit.
Le porte-aigle du 39e, ayant été entraîné par les soldats qui se précipitaient vers le gué pour passer la Ceira, s'est noyé et l'aigle du régiment est perdue; on a employé les meilleurs plongeurs pour le chercher pendant la nuit du 15 au 16, mais inutilement.
On présume que celte aigle se trouve sous les décombres que l'explosion du pont a occasionnés. Le cadavre du porte-aigle a été retrouvé, ce qui est constaté par un procès-verbal; il a été constaté aussi que l'aigle a été vue entre ses mains, au milieu de la rivière
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 511).

Guingret raconte : "... Masséna, désirant connaître la vérité, envoya (le 16, dans la matinée) un de ses aides de camp, le colonel Pelet, sur les bords de la Ceira. Celui-ci vint visiter le poste où j'étais de garde et parut vouloir me questionner avec adresse. Je racontai franchement ce qui s'était passé et l'on sut bientôt, à l'état-major général, que le mal était loin d'être aussi grand qu'on l'avait d'abord rapporté ..." (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 514).

Reynier rejoint Masséna à Miranda do Corvo, puis ils poursuivent leur marche vers Celorico qui est atteint le 21.

Masséna décide de gagner l'Espagne par Coria et Plasencia. Ney refuse et veut passer plus au Nord. Masséna le démet de son commandement du 6e Corps qui est remis au Général Loison. On doit signaler aussi des désobéissances de la part de d'Erlon et de Reynier qui désorganisent le plan de Masséna.

Guingret raconte : "... Le 23 mars 1811, l'armée perdit le maréchal Ney, qui se rendit subitement en Espagne, par ordre du Prince ... Cette circonstance produisit chez l'ennemi la sensation d'une victoire.
Le comte Loison prit alors le commandement du 6e corps d'armée, mais ce corps, qui s'était toujours conduit d'une manière glorieuse sous le maréchal, ne se sentit plus capable, sous un autre, de faire les mêmes choses. L'éloignement inattendu du duc d'Elchingen avait démoralisé ses trois divisions ...
Un jour de bataille, il n'y avait point de plus beau ni de plus intrépide guerrier que le maréchal Ney; il était partout et remédiait à tout; s'il poursuivait l'ennemi, nul n'avait plus d'activité; il le pressait sans relâche et se tenait souvent parmi nos tirailleurs pour observer de plus près et mieux profiter des fautes de l'ennemi. Etait-il chargé d'une retraite, sa vigilance n'avait point d'égale; il indiquait toutes les positions, plaçait tous les postes et, la nuit, pendant notre sommeil, il allait visiter les gardes avancées. Si nous nous trouvions serrés de près, il ne se retirait qu'après s'être assuré que nos dernières troupes étaient hors d'embarras ...
Après le départ du maréchal Ney pour l'Espagne, on remarqua beaucoup moins d'activité dans l'armée et ses mouvements n'eurent plus la même précision. Les régiments d'arrière-garde, abandonnés à eux-mêmes, n'étaient plus visités par les principaux chefs. Et, ce qu'il y avait de pire, c'est que les troupes croyaient s'apercevoir qu'elles étaient mal conduites ...
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 543).

Wellington, qui talonne les Français, pense pouvoir détruire le 2e Corps à Sabugal le 3 Avril, mais les Français résistent bien sous une pluie battante et du brouillard. La retraite peut se poursuivre. L'Armée du Portugal se regroupe finalement autour de Salamanque et se remplume. Elle compte encore 39.000 combattants.

Le 4 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne, à Paris : "Mon Cousin, l'armée du Portugal sera partagée en six divisions, savoir :
1re division : le 6e léger, les 39e, 76e et 69e de ligne ...
Vous ferez connaître au maréchal prince d'Essling qu'il doit faire tous ces mouvements en temps opportun ; lui seul doit en avoir connaissance. Il peut même y faire les changements qu'il jugera indispensables. Vous lui ferez connaître que mes principaux motifs pour mettre tels ou tels régiments ensemble, c'est qu'ils ont leurs dépôts dans la même division ; ce qui doit faciliter la formation des régiments de marche à envoyer pour les recruter
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17562 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26505).

Les Anglo-portugais ont suivi les Français dans leur repli et désormais le seul point encore entre leurs mains au Portugal est la forteresse d'Almeida, rapidement entourée par la Division Campbell depuis le 7 Avril. Masséna, dont les subordonnés sont de plus en plus désobéissants, demande l'aide de Bessières pour refaire ses forces, délivrer la garnison et y établir une tête de pont.

Au milieu d'Avril, il pleut, et les Bataillons français ont énormément de mal à se fournir en vivres. Cependant, Masséna concentre ses meilleurs éléments des 2e, 6e, 8e, et 9e Corps et la cavalerie de Montbrun autour de Ciudad Rodrigo en vue de l'offensive future.

En avril 1811, la situation du Régiment est la suivante (côte SHDT : us181104) :
Chef de Corps : MOLARD, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Garnison - Dépôt à Phalsbourg - 4e Division militaire;
Conscrits des départements du Puy de Dôme - des Forêts de 1811;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion - Armée du Portugal - 6e Corps - 1ère Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Delom - Armée du Portugal - 6e Corps - 1ère Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Tascher à Phalsbourg;
4e Bataillon : Chef de Bataillon Frossard - Armée d'Espagne - 9e Corps - 2e Division;
5e Bataillon au Dépôt.

Le 23 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous recevrez le décret par lequel j'ai réglé la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne. J'ai changé les éléments de cette formation ...
Quant à l'infanterie légère, j'ai d'abord ôté de la liste le 23e qui a ses 3e et 4e bataillons en France et qui doit les fournir à l'armée.
J'ai également ôté le 6e d'infanterie légère qui a son 4e bataillon en France ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5383 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26814).

Bessières arrive enfin le 1er Mai, entouré seulement d'une poignée d'hommes de la cavalerie de la Garde, qu'il refusera d'ailleurs de faire intervenir. Wellington, anticipant les intentions de Masséna, décide de l'attendre à Fuentes de Onoro.

La bataille fera rage entre le 3 et le 5 Mai 1811 et restera indécise, bien que Wellington ne soit pas passé loin de la rupture et qu'un effort supplémentaire eut emporté la victoire pour les Français. Fatigué et moralement atteint, Masséna se replie une nouvelle fois sur Salamanque où il apprend par Bessières sa disgrâce et son remplacement par Marmont.

Le 6e Léger s’est fait étriller pendant la bataille, mais c’est aussi un Chasseur du Régiment (Thillet) qui a pu traverser les lignes ennemies et prévenir la garnison d’Almeida d’avoir à evacuer la place après l'avoir détruite et de rallier les forces de Masséna. Ce qui fut fait avec succès.

Le 24 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Caen, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je vous envoie cinq états pour vous servir de direction dans un rapport que vous me ferez au 15 juin, pour donner une nouvelle organisation, au 1er juillet, aux différents corps d'observation ...
CORPS D'OBSERVATION DE RÉSERVE. — Ce corps sera créé conformément au n° 4 ...
Je n'ai pas besoin de vous dire que vous ne devez donner aucun ordre, faire aucun mouvement en conséquence de ces états, mais que vous devez vous borner à me faire un rapport général au 15 juin, époque à laquelle vous me demanderez en même temps mes ordres ...
CORPS D'OBSERVATION DE RÉSERVE.
Il sera créé un corps d'observation de réserve ...
Il y aura à la suite du corps de réserve six brigades de marche, composées de la manière suivante :
... La 6e brigade sera composée de deux compagnies des 6e et 3e légers, 42e et 7e de ligne, et de quatre compagnies de marche italiennes, fournies par chacun des régiments italiens. Cette brigade, formant deux bataillons ou 1,600 hommes, se réunira à Turin et sera commandée par un major en second ...
Au 15 juin, le ministre me proposera d'ordonner les mouvements pour la formation de ces brigades, en me faisant connaître ce que chaque dépôt pourra fournir en officiers, sous-officiers et soldats ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17247 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27150).

Marmont vient prendre son poste fin mai.

"Le maréchal Marmont avait ramené l'armée à Salamanque et profitant de la latitude que lui avait donnée l'Empereur, l'avait réorganisée en six divisions. Le général Foy eut le commandement de la 1re division comprenant les 39e, 69e et 76e régiments de ligne et le 6e d'infanterie légère (Note : Il n'y avait pas au début de généraux de brigade à la 1re division. Les généraux Boyer et Chemineau furent appelés dans la suite à prendre le commandement des deux brigades)" (Girod de l'Ain, Vie militaire du Général Foy, page 145.

Le 6 juin 1811, à Saint-Cloud, "Sa Majesté est suppliée d'accorder grâce de la peine des travaux publics à un déserteur du 6e régiment d'infanterie légère tombé en démence" ; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5562 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 4 juin 1811 »).

Marmont, d'après les instructions de l'Empereur, doit se réunit à Soult, qui opère au Sud de la Guadiana en vue de débloquer Badajoz, assiégé par Beresford. On quitta Samalanque pour se porter sur Plasencia et Almaraz.

Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation. Je réponds d'abord à ce qui concerne le corps d'observation de la réserve.
CAMP DE BAYONNE.
... Donnez ordre au bataillon du 6e d'infanterie légère, qui est à Phalsbourg, d'en partir au 1er juillet, s'il est au complet de plus de 600 hommes ; autorisez le général qui commande la division à en retarder le départ, si ce bataillon n'est pas encore en état. A son arrivée à Rayonne, le bataillon du 6e se joindra à la brigade du Portugal ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).

Le 17 juin 1811 justement, les Maréchaux Marmont et Soult (Armées de Portugal et du Midi) effectuent leur concentration à Truxillo, entre le Tage et la Guadiana; de là, les deux armées marchent sur Campomajor, menaçant ainsi de couper à Beresford sa ligne de retraite en Portugal. Wellington, qui a renforcé Beresford et pris le commandement, n'attend pas l'attaque des Français; il se retire vers les bouches du Tage.

Au Sud, en Andalousie, les affaire de Soult n'étaient pas si florissantes (siège interminable de Cadix, bataille de la Albuera); une fois la garnison de Badajoz délivrée chacun retourne dans son périmètre, Soult en Andalousie et Marmont dans la vallée du Tage, entre Talavera et Alcantara, pour pouvoir surveiller à la fois Badajoz et Ciudad Rodrigo.

"Bientôt les vivres recommencèrent à manquer et il fallut chaque jour envoyer un détachement chercher des grains : encore n'en distribuait-on que le quart, ce qui fit que les soldats appelèrent le général Foy "le général au quart". Soit résultat des fatigues, soit par le fait de l'eau détestable que l'on était obligé de boire, une épidémie terrible de fièvre s'abattit sur l'armée. Peu de monde mourait, fort heureusement, mais nous étions fort mal, couchés sur de mauvais grabats, n'ayant d'autre nourriture que des fèves sèches, du pain détestable, et dans l'impossibilité de nous procurer du vin ou une nourriture réconfortante – (GIROD DE L'AIN, Vie militaire du général Foy, p. 148)" ("Campagnes du Capitaine Marcel").

Le 2 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin ... Faites-moi connaître quand les 4es bataillons du 6e léger, des 120e, 121e et 122e doivent arriver à Bayonne. Tout cela doit être en marche. Cherchez donc pour escorter le 7e convoi d'autres troupes que celles-là" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5892; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27930).

Le 9 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon Cousin ... Le 4e bataillon du 6e léger, avec quatre compagnies du 17e léger, complétées à 560 hommes, et deux compagnies du 31e léger, fortes de 280 hommes au plus et de 240 hommes au moins, qui formeront le 5e bataillon de marche de la réserve de Bayonne, seront réunis en un régiment qui sera le 2e régiment de marche de l'armée de Portugal. Ce régiment partira du 20 au 30 pour se rendre à Vitoria.
Il y aura ainsi dans la Biscaye ... 3° le 2e régiment de marche de l'armée de Portugal, fort de 1.600 hommes ... ce qui fera plus de 7.000 hommes. Mandez au général Monthion de s'assurer que ces bataillons partent en bon état, qu'ils sont complets en officiers et en sous-officiers, qu'ils ont 50 cartouches par homme, leurs pierres à fusil, leur solde au courant jusqu'au 1er septembre, leur livret en règle où le payement de leur solde soit constaté ... Vous ferez comprendre au général Monthion que mon intention est que ces huit bataillons restent en Biscaye jusqu'à ce que les conscrits des dépôts puissent les rejoindre, et qu'on puisse reformer là les vingt-trois bataillons
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5944 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28051).

Wellington, enhardi, s'avance jusqu'à Ciudad-Rodrigo, qu'il investit de nouveau dans les premiers jours de septembre.

Le 22 septembre 1811, l'armée du Nord, sous les ordres du Général Dorsenne, qui a opéré jusque-là dans les Asturies, vient renforcer Marmont à Tamamès. Celui-ci se porte contre Wellington qui lève le siège de Ciudad-Rodrigo, et se replie sur Sabugal, dans des positions si fortes qu'on n'ose l'y attaquer. Marmont revient dans les environs de Salamanque, où il prend ses quartiers d'hiver. Le 3e Bataillon du 6e Leger revient en Espagne et le 4e Bataillon vient se joindre aux trois premiers.

En octobre 1811, la situation du Régiment est la suivante (côte SHDT : us181107) :
Chef de Corps : MOLARD, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier
Garnison - Dépôt à Phalsbourg - 4e Division militaire;
Conscrits des départements du Puy de Dôme - des Forêts de 1811;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion - Armée du Portugal - 1ère Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Jaune - Armée du Portugal - 1ère Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Tascher;
Observations : octobre 1811 : en route pour Vitoria;
4e Bataillon : Chef de Bataillon Frossard - Armée du Portugal - 1ère Division.

Le 27 novembre 1811, "On propose à Sa Majesté de nommer colonel du 6e régiment d'infanterie légère, en remplacement de M. Devilliers, promu au grade de général de brigade, M. Barré, colonel en second du régiment d'Isembourg" ; "L'Empereur désire avoir un état de services plus détaillé, qui lui indique dans quel régiment cet officier a servi depuis le grade de capitaine, dans quel régiment il a été nommé chef de bataillon en l'an V, où il a fait la guerre, où il a été blessé, et si on cite en sa faveur des actions de guerre" répond le Comte de Lobau (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6422 - Sans date, renvoyée aux bureaux le- 27 novembre ; extraite du « Travail de de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 12 novembre 1811 »).

Le 24 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, donnez ordre que les 6e et 17e régiments d'infanterie légère et les 39e, 69e, 76e, 27e et 59e de ligne qui ont trois bataillons en Espagne fassent rentrer en France les cadres des six compagnies de leur 4e bataillon ; que ces cadres soient bien complets, qu’il y ait même 6 sergents et 12 caporaux par compagnie, au lieu de 4 sergents et 8 caporaux.
Donnez le même ordre pour les 25e léger, 50e, 15e et 22e de ligne ; pour les 31e léger et 86e de ligne ; pour les 26e, 66e et 82e ; et pour les 7e, 16e, 114e, 116e et 117e de ligne, ce qui fera rentrer en France les cadres de 21 bataillons. Recommandez expressément qu'il y ait le nombre de sergents et de caporaux ayant plus de deux ans de service, que j'ai déterminé ci-dessus. Instruisez de cet ordre le ministre de la guerre
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6521 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29445).

Le 25 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... Les quatre bataillons du 24e léger seront à 800 hommes présents sous les armes au 1er février, à Osnabrück. Il lui manque, je crois, peut-être à ce complet 600 hommes. Présentez-moi un projet pour détacher des 5es bataillons d'infanterie légère dont les régiments sont en Espagne les hommes disponibles pour former les 600 hommes nécessaires pour recruter ce régiment ; les 21e, 28e, 27e, 17e, 25e, 6e, 2e, 4e, 12e, 16e, 23e, etc. pourront fournir ces 600 hommes. Choisissez dans chaque dépôt ce qu'on peut en tirer ..." (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18367 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29460)

- 1812

Le 8 janvier 1812 encore, Napoléon écrit, depuis Paris, au Général Clarke :
"Monsieur le duc de Feltre ... Vous donnerez l'ordre que 800 hommes pris dans les dépôts des 21e, 27e, 28e, 25e, 17e 10e et 6e d'infanterie légère et autres régiments qui sont en Espagne se dirigent sur Osnabrück, où ils seront incorporés dans le 26e léger qui, par ce moyen, sera au grand complet de 2300 hommes" (Correspondance de Napoléon).

Le 20 janvier 1812, l'Empereur adressé, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général expédiant les ordres de Sa Majesté, des notes de travail dictées au Général Mathieu Dumas, relatives au recrutement et à l'organisation de l'armée : "Les quatre premières demi-brigades sont de droit. Point d'observation à faire.
... On porte le 27e, qui est à Bruges, à Brest ; cela est absurde. Il faut le placer avec le 6e d'infanterie légère à la 8e division ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6664 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29799).

Dans un "TRAVAIL DE M. LE DIRECTEUR GENERAL AVEC SA MAJESTE (de la main du Général Mathieu Dumas)", adressé au Général Lacuée, Ministre directeur de l’Administration de la Guerre, le 24 janvier 1812, l'Empereur déclare : "... la 2e division, composée de la 5e demi-brigade, savoir un bataillon du 6e léger, id. du 27e léger, id. du 25e léger, id, du 17e léger, ce qui ferait quatre bataillons formant 3.800 hommes ...
Les formations de ces demi-brigades et des divisions ne doivent avoir lieu qu'en avril ; je ne les décréterai qu'alors. J'ai voulu pourtant les former sur le papier de suite, parce qu'il est avantageux que l'on connaisse la position que doivent occuper les troupes pour être éclairé sur les pays d'où on doit tirer les conscrits pour les divers corps ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6683 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29825).

Le 26 janvier 1812, l'Empereur, à Paris, dicte des notes sur les divisions de troupes de ligne, adressées au Maréchal Berthier, Major général : "... Le 6e d'infanterie légère n'a point de bataillon en France, mais son 5e a 400 hommes ; il peut recevoir des conscrits ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6693 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29851).

En janvier 1812, l'Armée du Portugal cantonne sur le Douro aux environs de Salamanque. Ce mouvement de retraite amène la perte de deux places importantes : Ciudad Rodrigo (en Janvier) et Badajoz (en Avril) qui tombent aux mains de Wellington.

Napoléon écrit, le 5 février 1812, au Général Mathieu Dumas, Conseiller d’Etat, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Les 4es bataillons du 6e léger et du 17e id. font partie des trois régiments provenant de l'armée du Portugal. Actuellement ils sont en Navarre. Il est donc impossible que ces cadres rentrent en France ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6741 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29913).

Le commandement général de toutes les forces françaises a été hélas confié au Roi Joseph en Mars. L'Armée du Portugal de Marmont, environ 55.000 hommes, est organisée en 8 Divisions. Les 1er, 2e et 4e Bataillons du 6e Léger font partie de la 1ère Division Foy. Tandis que le 3e Bataillon est dans le Nord de l’Espagne dans le 4e Gouvernement (QG à Vitoria).

Napoléon, qui a d’autres projets vers la Russie, commence à évacuer des troupes d’Espagne pour renforcer ses arrières. Le 4e Bataillon doit repartir en avril pour la Francepour former en Allemagne une 17e Demi-brigade provisoire avec le 4e Bataillon du 25e Léger et le 4e Bataillon du 29e Léger. Cette Demi-brigade va être incoporée au 11e Corps d'Augereau, 2e Division de Réserve (puis 30e Division) Heudelet, au milieu de l’année.

Les positions du Régiment sont donc les suivante en avril 1812 (côte SHDT : us181204) :
Chef de Corps : MOLARD, Colonel; CHARRAS, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier
Garnison - Dépôt à Phalsbourg - 4e Division militaire;
Conscrits des départements de l'Aube de 1812;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Nion - Armée du Portugal - 1ère Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Jaune - Armée du Portugal - 1ère Division;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Elambert - Armée d'Espagne - 4e Gouvernement;
4e Bataillon : Chef de Bataillon Frossard, le cadre en route pour entrer en France;
5e Bataillon au Dépôt.

L’Armée française (et la population civile) crève littéralement de faim durant tout ce début de l’année 1812, allant jusqu’à manger des chardons …

Le 22 avril 1812, "On prend les ordres de Sa Majesté sur la demande d'un congé absolu faite par le sieur Tillet, chasseur au 6e régiment d'infanterie légère, en vertu d'une promesse du maréchal prince d'Essling, pour avoir porté des dépêches importantes au gouverneur d’Almeida"; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7149 - Sans signature ni date ; extraite du « Travail du Ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, du 22 avril 1812 »).

Le 3 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai approuvé l'organisation des 4 demi-brigades de marche qui forment la 1re division de réserve.
J'ai approuvé l'organisation des 16 demi-brigades provisoires.
Je vous ai fait connaître par ma lettre d'hier ce qu'il fallait faire des conscrits des 5es bataillons dont les régiments sont à la Grande Armée, en en complétant d'anciens cadres de réfractaires ; ce travail règle la formation des dix bataillons de marche que vous avez proposée.
Il me reste à vous faire connaître mes intentions sur la formation des 20 bataillons de marche qui ont leurs bataillons en Espagne. Je les distingue en deux classes :
1° Bataillons de marche qui se formeront sur-le-champ, parce qu'ils ne doivent rien fournir aux demi-brigades de marche et provisoires de la conscription de 1813 ;
2° Bataillons qui ne seront formés que lorsque les 4es bataillons qui fournissent aux demi-brigades provisoires seront complètement organisés ;
Enfin cadres des bataillons qui avaient passé par Bayonne au 1er mai, et qui de ce moment doivent être considérés comme destinés à être complétés par la conscription de 1812.
Faites-moi faire un travail détaillé sur cet objet. Je n'ai point compris dans ce travail ce qui se trouve en Italie, aux Pyrénées, non plus que ce qui est en Bretagne et dans la 12e division militaire.
ETAT N° 1.
Bataillons à former dans le courant de mai, lesquels ne doivent rien fournir aux demi-brigades de marche ni provisoires ...
2e bataillon. 3 compagnies du 12e léger, à Paris, 300 hommes ; 3 compagnies du 9e, à Longwy, 300 hommes ; 3 compagnies du 6e à Phalsbourg, 300 hommes ; 2 compagnies du 25e, à Verdun, 300 hommes ; 3 compagnies du 27e, à Bruges, 300 hommes 1.500 hommes.
Ce bataillon se formera à Mayence ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7200 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30566).

Des combats d’avant-postes ont lieu avec les Britanniques sur de petits points fortifiés. Le Capitaine Marcel raconte : "... à Truxillo, l'ennemi était parti le matin, nous dit-on, et avait pris la route de Medelina. On le poursuivit encore une journée et, reconnaissant l'inutilité de ce mouvement, on s'arrêta et on fit séjour le 25 mai : nous faisions sécher du seigle qui n'était pas encore mûr et nous le dévorions pour calmer la faim qui nous déchirait.
Un capitaine du 6e léger obtint l'autorisation d'aller porter de l'argent à un de ses camarades qui avait été fait prisonnier de guerre dans un des forts de Lugar-Nuevo. A son retour, cet officier nous donna des détails sur la manière dont l'attaque avait eu lieu. La garnison du fort qui se trouvait sur la rive gauche du Tage, se composait de deux compagnies du 6 e léger et de deux compagnies du 39e, soit, en tout, 350 hommes : c'était suffisant pour garder l'enceinte. Vers le soir, l'ennemi parut sur les mamelons environnants : tout le monde prit les armes et repoussa vigoureusement ceux qui s'approchaient de trop près. A une heure du matin, deux régiments anglais vinrent en masse jusqu'aux bords du fossé de la première enceinte. Les soldats du 6e léger se battirent comme des lions : les officiers faisaient le coup de feu et maniaient la baïonnette comme les simples fusiliers : à peine les Anglais étaient-ils repoussés sur un point qu'ils couraient à un autre endroit, toujours encourageant leurs hommes avec ce sang-froid et ce calme qui caractérisent l'officier français. Une telle réception avait commencé à rebuter fortement messieurs les Anglais, lorsqu'une panique se déclara parmi les grenadiers du 39e qui abandonnèrent lâchement leur poste, coupèrent les cordes du pont-levis et allèrent se jeter avec tant de confusion dans un bateau amarré au bord du Tage que le bateau chavira et presque tous périrent; l'ennemi revint alors à la charge et, trouvant le fort ouvert, y entra facilement. Les braves officiers du 6e léger furent tous blessés. Le major Aubert du 24e léger, qui commandait en chef, reçut quatre coups de baïonnette et trois coups de feu; il s'était placé sur le pont-levis baissé par les lâches du 39e et traversait de son épée tous les Anglais qui se présentaient. Deux vieux sergents du 6e léger, après s'être battus aussi vaillamment que leurs officiers, se firent sauter la cervelle plutô que de se rendre. Ces braves compagnies du 6e léger qui, depuis dix ans, étaient de brigade avec nous, réclamaient, au moment de l'assaut, les officiers et les soldats du 69e ...
".

Le 13 Juin, Wellington passe l'Agueda et 3 jours plus tard se retrouve devant Salamanque. Marmont évacue la ville, laissant de petits contingents dans des forts dont les Anglais vont mettre dix jours à s'emparer.

Français et Anglo-portugais vont alors stationner chacun sur une des rives du Douro.

Le 8 juillet 1812, l'Empereur écrit, depuis Vilna, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Le 39e a son 4e bataillon à Landau ; le 40e a le cadre de son bataillon disponible ; le 6e léger a son 4e bataillon à Phalsbourg ; les 69e et 76e ont le cadre de leur 4e bataillon disponible ; le 70e a le cadre de son 3e bataillon également disponible ; le 86e a le cadre de son 4e bataillon ; le 22e a le cadre de son 4e bataillon à Maastricht. Ce qui fait donc huit bataillons qu'il faut compléter. Peut-être y en a-t-il encore d'autres. Les bataillons des 70e, 86e, 40e et 6e léger formeraient une demi-brigade qui serait destinée pour l'Espagne ... L'une se réunirait à Pontivy et l'autre à Wesel ou à Mayence ; faites-moi un projet là-dessus.
Ainsi il faudrait des conscrits pour recruter tant ces huit bataillons, et peut-être d'autres cadres, qui existent déjà en France, que les demi-brigades qui ne sont pas encore complètes. Je crois qu'aussitôt que vous aurez tiré des cohortes les 3.000 hommes de la garde, ce qui se fera facilement, vous pourrez continuer de recourir à la même ressource pour la ligne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7419 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31155). Le Bureau de la Guerre a noté en marcge de cette lettre, concernant le 6e Léger : "A Magdeburg, 17e demi-brigade".

Marmont décide de repasser le fleuve Douro et d'affronter les Anglais avec ses 8 Divisions d'infanterie et ses deux de cavalerie. Le premier engagement a lieu le 18 Juillet, à l'aile nord de l'Armée du Portugal commandée par Clauzel à Castrillo. Les Français sont repoussés par les Britanniques. Les dégâts sont lourds de deux cotés.

Puis les deux armées marchent parallèlement pour se mettre en place sur le champ de bataille choisi. Les adversaires vont combattre face à face aux Arapiles, le 22 Juillet, au Sud Est de Salamanque, et le combat se terminera par une défaite française. Les forces de Marmont se font saigner à blanc par l'opiniâtreté des Britanniques et Portugais.

Marmont, blessé également, le Général Clauzel a pris le commandement et va sauver les restes de l'armée en menant une retraite efficace. Les Divisions Ferrey et Foy sont les dernières réserves non entamées par la bataille : elles vont couvrir le repli en manœuvrant. Le Colonel Molard du 6e Léger est mortellement atteint; il succombera, prisonnier des Anglais, quelques jours plus tard. Sont blessés les Capitaines Guillaumet, Philippe, Poulain, Ried, Rouhault.

"Le 23 juillet 1812, l'armée, repassant la Tormès au pont d'Alba, se retira sur Penaranda. Avant d'arriver à une position qu'elle allait atteindre, l'arrière-garde fut chargée par 18 escadrons anglais, qui entrèrent dans deux masses que formaient deux bataillons du 6e léger et du 76e de ligne. Le 2e bataillon du 69e, formé en carré par le colonel Guimand, les arrêta par un feu nourri et bien dirigé : il causa de grandes pertes à l'ennemi, qui eut plus de 200 chevaux tués à la baïonnette.
Dans cette occasion, le 69e sauva, par sa fermeté, l'artillerie de la division qui allait tomber entre les mains de l'ennemi
" (Extrait des documents officiels).

Le Capitaine Marcel précise : "Nous pensions d'abord que cette cavalerie ne voulait qu'attaquer les dragons et ramasser les traîneurs, mais nos cavaliers firent demi-tour et les Anglais chargèrent le bataillon du 76e dont les soldats s'étaient éparpillés pour boire dans le ruisseau : presque tous furent faits prisonniers. Ils se jetèrent ensuite sur le 6e léger qu'ils mirent dans le plus grand désordre : la plupart des officiers de ce régiment avaient été envoyés dans les hameaux environnants pour faire rentrer les soldats qui y étaient allés en grand nombre chercher des vivres, de sorte qu'aucun mouvement ne put être exécuté. Notre bataillon n'avait pas eu le temps de former le carré, mais s'était tellement serré en masse que les cavaliers ne purent l'enfoncer et se contentèrent de sabrer quelques soldats. Je me trouvais presque à l'extérieur et je reçus encore un coup de sabre sur le bras droit. Les Anglais espéraient sans doute traverser ainsi toute notre armée; ils continuèrent leur course mais, arrivés sur le plateau, se trouvèrent en présence de notre 2e bataillon tout disposé pour les recevoir : le calme et le silence étaient tellement bien observés que le feu de deux rangs sur toutes les faces du carré ne fut commandé qu'au moment où les cavaliers étaient sur les baïonnettes et il fut exécuté avec la même précision qu'à l'exercice. Des dix escadrons dont se composait cette cavalerie, il ne resta pas 80 hommes qui ne savaient où se réfugier, car les prisonniers qu'ils avaient laissés derrière eux avaient repris leurs armes et les fusillaient de tous côtés ...".

Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "... L'armée fit sa retraite sur le Duero, et, le 23, partit d'Alba-Tormés, en prenant la route de Peñaranda. L'ennemi suivit et attaqua l'arrière-garde, composée de la première division. La cavalerie qui la soutenait l'ayant abandonnée, cette division forma ses carrés et résista aux différentes charges qui furent faites, à l'exception du carré du 6e léger, qui fut enfoncé et éprouva d'assez grandes pertes. L'ennemi ramassa aussi quelques soldats éparpillés, occupés à chercher des vivres ..." (Mémoires de Marmont, tome 4, page 141).

L'armée se retire une nouvelle fois derrière le Douro, mourant toujours de faim.

Wellington pousse une partie de son armée sur Madrid où il entre le 12 août.

L’Armée du Portugal passe sous le commandement provisoire du Général Souham.

Quelques temps après, derrière l'Ebre, mais ayant reçu des renforts, l’Armée Impériale revient sur le Douro. Le 30 octobre 1812, le Capitaine Guingret, du 6ème Léger, propose, dirige, commande, et effectue le passage du Douro devant Tordésillas, en face d'une colonne anglaise et sous un feu meurtrier. Le vaillant Capitaine passe le fleuve, le sabre aux dents, à la tête des troupes électrisées par son exemple, et fait déposer les armes à la garnison de la tour, dont la fusillade empêchait le rétablissement du pont.

Octobre 1812 les soldats du capitaine Guingret passent le Douro à la nage
Octobre 1812, les soldats du Capitaine Guingret passent le Douro à la nage

Puis l’Armée reprend Salamanque évacuée par les Anglais. Le Général Clausel cède le commandement au Général Reille à la tête de l‘Armée du Portugal, qui dispose alors ses cantonnements dans la province de Burgos.

Le 2e Bataillon du 6ème Léger est rappelé en France, tandis que le 3e Bataillon passe du 4e Gouvernement du Nord de l’Espagne à l’Armée du Portugal.

En Octobre 1812, les positions du Régiment sont donc les suivantes (côte SHDT : us181210) :
Chef de Corps : ZAEPFFEL, Colonel; LAROUSSE, Major; ROGER, Quartier-maître trésorier;
Garnison - Dépôt à Phalsbourg - 4e Division militaire;
Conscrits des départements de l'Aube de 1812;
1er Bataillon : Chef de Bataillon Frossard - Armée du Portugal - 1ère Division;
2e Bataillon : Chef de Bataillon Jaume;
Observations : octobre 1812 : en route pour entrer en France;
3e Bataillon : Chef de Bataillon Nion - Armée du Portugal - 1ère Division;
4e Bataillon : Chef de Bataillon Elambert - Grande armée - 11e Corps - 30e Division - 17e Demi-brigade provisoire;
5e Bataillon au Dépôt.

1812 Russie

Le 5 octobre 1812, l'Empereur écrit, depuis Moscou, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Dans la 17e demi-brigade provisoire je ne compte pas le 1er bataillon formé de trois compagnies du 5e bataillon du 8e léger et de deux compagnies du 5e bataillon du 18e léger, lesquelles sont déjà parties de Danzig et doivent être incorporées dans leur régiment ; mais les autres bataillons du 6e léger, du 35e léger et du 39e de ligne manquent de 800 hommes et de 12 officiers ...
Ainsi, la division Heudelet, qui est composée de cinq demi-brigades (chaque demi-brigade de trois bataillons, hormis la 6e qui en a quatre, et que je ne compte que pour trois), ne forme que 10.500 hommes et devrait former 12.900 hommes.
Je désire donc que vous fassiez partir des dépôts de ces régiments tout ce qui est disponible afin de compléter les bataillons de cette division ...
Nommez sans délai à toutes les places d'officiers vacantes. Attachez- vous à bien organiser cette division, que je compte faire venir à la Grande Armée, pour entrer en ligne dans le courant de l'hiver, et au plus tard au printemps. Veillez à ce qu'elle ait son armement et son habillement en bon état ; seize pièces d'artillerie attelées, une compagnie de sapeurs, 3 chirurgiens par demi-brigade, avec un caisson, et, en outre, une ambulance avec des chirurgiens pour la division., 3 généraux de brigade doivent être attachés à cette division.
Je vous prie de prendre toutes les mesures nécessaires pour que, lorsque cette division marchera, elle ne manque de rien.
Il faut aussi qu'elle ait 12 moulins portatifs par demi-brigade, et 10 à la réserve de la division, ce qui fera 70 moulins portatifs.
Envoyez-les-lui, ou seulement envoyez les modèles, pour qu'elle les fasse faire à Hamburg, ou dans le lieu où elle se trouvera. Ces moulins seront distribués à raison de 4 par bataillon. Il est nécessaire aussi que cette division ait ses effets de campement
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7585 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31819).

1813, SUR DEUX FRONTS

C'est au début Janvier 1813, que parvient à Madrid l'annonce du désastre de la campagne de Russie et les nouvelles instructions de l'Empereur. D'abord resserrer les lignes en se repliant sur le Nord de l'Espagne. Les 4 armées aux ordres de Joseph vont adopter de nouvelles positions : en mars, on évacue la Manche, l'Armée du Centre se place autour de Ségovie, celle du Midi vers la vallée du Douro, celle du Portugal en Vieille Castille.

Au début 1813, le Régiment est donc réparti sur deux fronts : 1er Bataillon Armée du Portugal; 2e Bataillon dans le 6ème Régiment provisoire léger; 3e Bataillon Armée du Portugal; 4e Bataillon dans la 17e Demi-brigade provisoire; 5e Bataillon au Dépôt à Phalsbourg; 6e Bataillon en formation.

A/ LA CAMPAGNE D’ALLEMAGNE DU 6EME LEGER EN 1813

Officier de Voltigeurs du 6e Léger en 1813 d'après un uniforme d'époque
Plaque de shako de Carabiniers du 6e Léger, 1813-1814
Fig. 5 Officier de Voltigeurs du 6e Léger en 1813 d'après un uniforme d'époque
Plaque de shako de Carabiniers du 6e Léger, 1813-1814

A son retour à Paris, sa Grande Armée anéantie par le froid, les débris en occupant la Prusse Orientale, l'Empereur en organise une nouvelle pour s'opposer aux Russes. Il lève de nouveaux conscrits, réquisitionne les Cohortes de Gardes Nationales et rameute progressivement de vieilles troupes d'Espagne. Il forme 34 Régiments provisoires.

le 6 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Vous verrez par la lettre que je vous ai écrite la formation de quatre corps : un corps d'observation de l'Elbe, un corps d'observation d'Italie et deux corps d'observation du Rhin. Les 34 régiments provisoires seront formés de la manière suivante : 2e régiment provisoire : 3e bataillon du 2e d'infanterie légère, 3e du 4e; 3e régiment provisoire : 3e bataillon du 3e d'infanterie légère, 3e du 8e; 4e régiment provisoire : 4e bataillon du 12e d'infanterie légère, 1e du 29e; 5e régiment provisoire : 4 bataillon du l4e d'infanterie légère, 4e du 18e ; 6e régiment provisoire : 2e bataillon du 6e d'infanterie légère, 3e du 25e ; 8e régiment provisoire : 4e bataillon du 5e d'infanterie légère, 4e du 23e; 10e régiment provisoire : 3e bataillon du 16e d'infanterie légère, 1er du 28e ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19425 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32215).

Le 7 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, le 1er corps d'observation du Rhin se réunira à Mayence ; il sera composé :
1re division. — ... 2e brigade : du 6e provisoire, deux bataillons ; du 19e provisoire, deux ; du 18e provisoire, deux ; total, six bataillons ...
Présentez-moi le développement de la formation de cette armée
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19433 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32225).

Est déjà en ligne le 4e Bataillon dans la 17e Demi-brigade provisoire dans l’ex 11e Corps.

L’Empereur écrit de nouveau, depuis Paris, le 14 janvier 1813, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le duc de Feltre, donnez des ordres pour réunir à Mayence, aussitôt que possible, deux bataillons du 22e de ligne, le 10e régiment provisoire, qui se compose des bataillons du 16e et du 28e léger; le 6e provisoire, formé des bataillons du 6e et du 25e léger; le 14e provisoire, formé du 40e et du 34e de ligne; le 24e provisoire, formé du 88e et du 103e; le 21e provisoire, formé du 59e et du 69e; ce qui fera douze bataillons ou une division.
Vous donnerez ordre au général Souham d'aller en prendre le commandement. Le duc de Valmy sera chargé de bien armer et bien organiser ces régiments, dont chaque compagnie doit sortir de Mayence forte de 140 hommes. Vous nommerez sur-le-champ les majors qui doivent commander ces régiments. Vous ferez organiser, aussitôt que faire se pourra, deux batteries pour être attachées à cette division. Vous me ferez connaître quand elle pourra être réunie à Mayence et se porter en bon état sur Francfort, où elle complétera son organisation. Le duc de Valmy pourra même, aussitôt que la 1re brigade, forte de trois régiments, sera formée, l'envoyer à Francfort. Il est important que cette 1re brigade ait d'abord son artillerie ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32289).

Cette Division Souham devient la 8e Division d’infanterie de la Grande Armée et va compter au 1er Corps d’Observation du Rhin devenant en mars 3e Corps, sous les ordres du Maréchal Ney.

Le 21 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre ... Formez également le cadre du 6e bataillon du 6e d'infanterie légère que je désire voir en même temps ainsi que les 2 bataillons du 113e qui sont à Orléans, et qui doivent être bien complétés ...
Je compte avoir cette parade le 1er dimanche de février
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32364).

Le 26 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, au sujet de l'organisation du 1er Corps d'Observation du Rhin ; suit un état qui indique la composition de la 1ère Division : 6e, 10e, 14e, 21e, 24e Régiments provisoires, 22e de Ligne ; Cette Division doit être réunie à Francfort avant le 7 février (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32484).

Le 8 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, je vous envoie un état que me fait passer le duc de Valmy des différents bataillons qui avaient passé le Rhin au 4 février.
Vous y verrez,
1° qu'il y manque bien des officiers ;
2° qu'il est urgent de pourvoir au commandement des régiments provisoires. Donnez ordre au major du 6e léger, ou à celui du 25e léger (à votre disposition), de se rendre en poste à Francfort, pour prendre le commandement du régiment provisoire n° 6 ...
Enfin envoyez des majors prendre le commandement de tous ces régiments, en ayant soin de désigner un des deux majors des régiments qui concourent à la formation du régiment provisoire.
Vous n'y comprendrez pas les régiments qui sont à Paris, auxquels j'ai nommé hier des majors en second.
Le capitaine d'habillement, et le quartier-maître commanderont le dépôt jusqu'à ce que vous ayez pu nommer un major en second
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32660).

Le 13 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je vous envoie la formation que je crois devoir donner au 1er et au 2e corps d’observation du Rhin. Faites dresser les états de ces corps en conséquence.
Vous me ferez connaître l’époque précise où chaque régiment sera réuni à Mayence, et quand ces corps auront leur artillerie, leurs sapeurs et leurs officiers du génie. Vous y mettrez tous les généraux de division et de brigade et les adjudants commandants.
FORMATION DU 1er CORPS D’OBSERVATION DU RHIN.
1e division. — Général Souham : 2 bataillons du 6e régiment provisoire, 2 du 10e, 2 du 14e, 2 du 17e, 2 du 21e, 2 du 24e, 4 du 22e de ligne; total, 16 bataillons.
2e division. — Général Girard ou général Ricard (le premier arrivé) : 2 bataillons du 2e régiment provisoire, 2 du 29e léger, 4 du 145e de ligue, 4 du 136e 4 du 138e ; total, 16 bataillons.
3e division. — Général Brenier : 2 bataillons du 4e régiment provisoire, 4 du 139e de ligne, 4 du 140e, 4 du 141e; total, 14 bataillons.
4e division. — Général Dubreton, général Ricard ou général Girard : 2 bataillons du 26e léger, 4 du 142e de ligne, 4 du 144e, 2 du 18e régiment provisoire, 2 du 19e; total, 14 bataillons.
Récapitulation : 1e division, 16 bataillons; 2e division, 16 ; 3e division, 14; 4e division, 14; total, 60 bataillons ...
".

Le 17 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, faites connaître au prince de la Moskova qu’il commande le 1er corps d’observation du Rhin; qu’il ait, en conséquence, à réunir son état-major à Francfort-sur-le-Main, sans cependant faire revenir rien de ce qu’il aurait laissé à la Grande Armée. Faites-lui connaître l’organisation de son corps d’armée, et travaillez avec lui pour former son état-major; qu’il choisisse un bon chef d’état-major. Il sera nécessaire que le prince soit de sa personne rendu à Francfort vers le 10 mars".

Pendant ce temps, le 4e Bataillon du 6e Léger (17e Demi-brigade provisoire) est à la 30e Division Heudelet. D’abord dépendante du 11e Corps d’Augereau fin décembre 1812, elle est en avant-garde fin janvier 1813 autour de Dantzig. Dès le début janvier, des combats ont lieu devant la place forte et des Officiers du 6e Léger y sont blessés, comme le Lieutenant Jacminot ou le Capitaine Vestu.

En Février, les troupes françaises évacuent la Pologne et se replient sur l'Oder, tandis que les Prussiens, à la fin du mois, s'alliaient officiellement aux Russes contre la France. Début mars, les Français quittent Berlin et Dresde, tandis que Davout se maintient autour des villes hanséatiques, mais les Russes étaient entrés dans Hambourg.

Le 15 Avril, Napoléon quitte les Tuileries pour se mettre à la tête de ses forces. Il en compose deux groupes : l'Armée de l'Elbe sous Eugène, et l'Armée du Main, officiellement sous Soult, mais en réalité sous sa main. La visée stratégique consistait à expulser l'ennemi de Saxe.

Le 2e Bataillon du 6ème Léger est au 6ème Régiment provisoire, 8ème Division Souham, 3e Corps du Maréchal Ney, dans l‘Armée du Main.

Les troupes françaises repartaient en avant. Davout est en marche sur Hambourg. L'armée du Main marchait par Iena et Weissenfeld faire sa jonction au Nord Est avec les forces d'Eugène. Le 1er Mai, la marche de l'Armée du Main reprenait vers Leipzig, tandis que l'Armée de l'Elbe convergeait aussi vers cette ville. Les 25 et 26 Avril, la 8e Division Souham cantonne à Auerstaedt et à Naumbourg, en soutien de l'armée du Prince vice-roi vers Leipzig.

Le 30 Avril, Souham, à l'avant-garde du Corps de Ney, se heurte en avant de Weissenfels aux 7.000 Russes du Général Lanskoï. La Division les culbute et les jeunes soldats entrent dans Weissenfels au cri de : "Vive l'Empereur !".

Les coalisés s'étaient regroupés près de Lützen, au Sud-Est de Leizig. Le 2 mai 1813, bataille de Lützen. Souham, ayant reconnu l'arrivée de nombreuses colonnes prussiennes, ordonne au Général Chemineau de tenir fortement Gros-Goerschen avec la 1ère Brigade, tandis que la 2e occupera le terrain en avant de Kaya, en repli de la 1ère. Celle-ci, essuyant le feu de 45 pièces et attaquée par plusieurs Divisions ennemies, se retire près de la 2e, après avoir subi de nombreuses pertes. Pendant plus d'une heure, cette poignée de braves résiste aux attaques de front des Prussiens et aux essais d'enveloppement tentés par deux colonnes russes. La 8e Division est épuisée; mais, par sa ténacité, elle donne au Prince de la Moskowa le temps d'arriver. La Division Gérard et les débris de la 8e reprennent Gros-Goerschen, enlevé par l'ennemi à nouveau, deux heures plus tard.

Le soir, presque tous les Officiers supérieurs ont été tués ou blessés. Par sa résistance en avant de la ligne française, la Division a tenu tête aux attaques combinées des alliés et facilité leur enveloppement par les deux ailes. Les Coalisés sont battus et repoussés. Le Bataillon du 6e Léger a de nombreux Officiers blessés.

A la revue passée par le Maréchal Ney, le 5 mai, la 8e Division ne compte plus que 241 Officiers et 7112 hommes.

Le 3 mai, les Français entrent dans Leipzig, mais Napoléon, quasi dépourvu de cavalerie, a perdu le contact avec ses adversaires.

La Grande Armée est divisée en 2 colonnes : Napoléon marche sur Dresde avec la colonne principale (Bertrand, Marmont, Oudinot et Macdonald). Ney marche sur Berlin en recueillant à Torgau les Saxons de Reynier. A Luckau, il fait sa jonction avec Victor venant de Wittenberg. Entre les deux colonnes Lauriston reste en position intermédiaire.

Les Prusso-Russes sont restés groupés et préparent une bataille. Leur choix se porte sur Bautzen, à l'endroit où la Sprée coupe la route de Dresde à Breslau. Ils peuvent y couvrir la Silésie et y être au voisinage de l'Autriche dont on peut espérer l'entrée en guerre. Le 8 mai, Napoléon arrive à Dresde où le pont sur l'Elbe a été détruit. Le 10, la Grande Armée peut franchir le fleuve.

Napoléon retrouve ses adversaires le 20 Mai. Le Corps de Ney ayant rejoint à son aile gauche. Le Bataillon aura encore quelques pertes à Würschen, le 21, mais les Coalisés seront encore battus. Les Prussiens et les Russes reculent rapidement.

Le 27 mai, l'Oder est atteinte et la forteresse de Glogau est débloquée. Oudinot, détaché du gros de l'armée, marche sur Berlin. Pendant ce temps, plus au Nord, Hambourg est reprise. Chez les Alliés, c'est le découragement. Certains jugent la situation si désespérée qu'ils pensent se retirer derrière la Vistule. C'est alors l'Autriche qui va sauver les vaincus et s'interposer pour proposer un armistice (dit de Pleiwitz). Napoléon va le ratifier le 7 Juin pour avoir le temps de se renforcer. Mais ses adversaires vont pouvoir faire de même.

Pendant la suspension des hostilités, la 8e Division construit des baraquements dans une plaine à 20 kilomètres de Liegnitz. Elle ne compte plus que 197 Officiers et 4871 hommes. Elle a perdu, depuis le 25 avril, 100 Officiers et les deux tiers de son effectif.

Le 10 juin, Napoléon entre à Dresde; il y restera jusqu'au 15 août.

Le 6eme Léger est toujours réparti en deux entités. Son 2e Bataillon au 3ème Corps, 8ème Division Souham, au 6ème Régiment provisoire léger (Major Crepy, Chef de Bataillon Salme); son 4e Bataillon à la Division Heudelet à Dantzig, dans la 17e Demi-brigade provisoire, au 10e Corps Général Rapp, bloqué dans la ville depuis février. Le 3e Bataillon va bientôt rejoindre le second.

Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
... 45e division
6e léger, 3e bataillon.
26e demi-brigade provisoire : 5e de ligne, 3e bataillon; 11e de ligne, 3e bataillon.
Commandé par un major : 8e de ligne, 3e bataillon; 28e de ligne, 4e bataillon.
Commandé par un major : 32e de ligne, 4e bataillon ; 58e de ligne, 4e bataillon.
27e demi-brigade : 81e de ligne, 6e bataillon; 79e de 1igne, 3e bataillon.
18e demi-brigade : 34e de ligne, 3e bataillon; 69e de ligne, 3e bataillon.
60e de ligne, 4e bataillon.
12 bataillons ...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).

Le 11 août, l'Autriche se joint aux Coalisés et déclare la guerre. La Suède de Bernadotte est aussi à leurs côtés. Et les états allemands faiblissent. Le 18 août, les hostilités reprennent.

Pendant l'armistice, l'Armée française a été réorganisée. Mais le rapport des forces est désormais défavorable à Napoléon. Il répartit ses Corps d'armée. Face à l'Armée de Silésie, Ney et Sébastiani, Macdonald, Marmont, Lauriston. Face à l'Armée de Bohême, Poniatowski avec Victor derrière lui. Face à l'Armée du Nord, une masse de 120.000 hommes, associant Davout (à Hambourg), Girard (à Magdebourg) et Oudinot (à Wittenberg) qui a pour premier objectif de prendre Berlin.

L’idée de Napoléon était de s'interposer entre les Armées de Blücher et de Schwarzenberg. Le 20 août, le 3e Corps de Ney passe la Bober puis attaque les ponts de Naumbourg, qui sont enlevés avec beaucoup d'élan. Quand Souham a tout son monde en main, il donne l'ordre de l'attaque, escalade au pas de charge la colline occupée par l'ennemi et le met en fuite. Il le poursuit jusqu'à onze heures du soir dans la direction de Gross-Hartmannsdorf, où il bivouaque.

Le lendemain, le Corps continue sa marche sur Liegnitz sans aucune résistance de la part de l'ennemi, et la Division s'arrête, le 23 au soir, en arrière de Pahlwitz, sur deux lignes, par Brigade, à distance de cent pas.

Le 24, le 3e Corps passe aux ordres de Souham, dont le commandement est exercé à la tête de la 8e Division par le Général Brayer, et fait désormais partie de l'"Armée de la Bober" sous les ordres de Mac Donald (3e, 11e et 5e Corps).

Tandis que Schwartzenberg marche sur Dresde, Blücher, qui a un premier temps reculé, relance l'offensive contre Macdonald, dont les forces sont très dispersées, sur la Katzbach.

Le 26 août, une attaque mal combinée des Français sous une pluie battante est repoussée par les Prussiens et se termine en débandade. La 8e Division a 641 tués, beaucoup de blessés et un grand nombre de disparus. Macdonald retraite jusque derrière la Queiss. Le 27 août, la marche reprend extrêmement pénible, les hommes ont à subir de grandes privations, par un temps affreux. La Division, presque toujours à l'arrière-garde, poursuivie et talonnée par la cavalerie, se retire sur Hainau. Le 28, elle traverse les ponts de la Bober.

Pendant ce temps, des combats ont lieu autour de Dantzig, le Chef de Bataillon Elambert du 4e Bataillon du 6e Léger est blessé le 29.

La retraite continue ainsi jusqu'au 4 septembre, dans la soirée. A cette date, un ordre de Napoléon prescrit au 3e Corps de reprendre le mouvement en avant. Mais cette marche à l'ennemi est de courte durée, le 3e Corps reprend bientôt sa marche rétrograde.

La jonction de Schwartzenberg et des Russo-Prussiens devenant inévitable, Napoléon songe-t-il lui aussi à concentrer sur l'Elbe son armée en un bloc.

Le 2 octobre 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, le 14e corps fournira 13 bataillons, savoir :
10 bataillons au 3e corps ...
Les 10 bataillons que le 14e corps fournira au 3e sont : le 3e bataillon du 6e léger ; le 2e bataillon du 16e léger ; le 3e bataillon du 28e léger ; le 4e bataillon du 40e de ligne ; le 2e bataillon du 59e ; le 3e bataillon du 69e ; le 6e bataillon du 9e léger ; le 3e bataillon du 50e de ligne ; le 4e bataillon du 65e ; le 3e bataillon du 43e ...
Ces 13 bataillons se mettront sans délai en marche pour Dresde, d'où l'état-major les enverra rejoindre leurs corps respectifs ...
Par ce moyen, il n'y aura plus de régiments provisoires au 3e corps, et tous les bataillons d'un même régiment qui sont à l'armée se trouveront réunis.
Faites-moi connaître quelle sera la situation des 8e, 9e, 10e, 13e, 31e, 42e, 43e, 44e et 45e divisions, quand le mouvement de ces bataillons aura été fait. Donnez des ordres pour que ce mouvement s’opère demain. Tous les bataillons passeront à Dresde où vous en ferez la revue pour constater leur situation
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 219 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 36606).

Schwarzenberg se présentant aux abords de Leipzig, l’Empereur décide alors de lui livrer bataille, sans avoir réussi à refouler l'Armée du Nord. Le 12 octobre, il replie toutes ses forces sur Leipzig. La bataille des Nations va avoir lieu dans et autour de la ville entre les forces réunies de tous les Coalisés contre l'armée de l'Empereur entre le 16 et le 19 Octobre. Bataille gigantesque qui scelle la défaite de Napoléon en Allemagne, submergé par le nombre. Au 3e Corps de Souham, 8e Division Brayer, Brigade Fournier, les 2e et 3e Bataillons du 6eme Léger comptent 856 hommes et Officiers.

A la sanglante bataille, les deux Chefs de Bataillon du 6e Léger Gemeau et Larrieu sont blessés.

Après Leipzig, Napoléon fait retraiter son armée jusqu'à Erfurt et doit forcer le passage à Kösen le 21 Octobre. Alors qu'il arrive à Erfurt, il apprend la défection de la Bavière qui retourne ses troupes contre les Français. Il faut gagner les places fortes sur le Rhin. Pour cela, il faudra passer sur le corps des Bavarois qui bloquent le passage à Hanau.

Pendant ce temps, Rapp tient toujours Dantzig avec, parmi ses troupes, le 4e Bataillon du 6e Léger.

B/ LA CAMPAGNE D’ESPAGNE DU 6E LEGER EN 1813

L'Armée du Nord du Général Clauzel en Navarre doit garder coûte que coûte les communications avec la France, tandis que de véritables armées de partisans battent la campagne au Pays Basque espagnol et en Navarre. On dépouille donc l'Armée du Portugal de 4 Divisions d'infanterie pour renforcer celle du Nord. Cette réorganisation s'accompagne aussi de ponctions en cadres et en hommes expérimentés pour reconstituer la Garde et l'Armée d'Allemagne. Un nouveau Colonel, François Louis Zaepffel, étant passé par la Garde puis le 56e de Ligne, est venu prendre le commandement du Régiment au début de l’année.

En Avril, la Division Foy, avec les 1er et 3e Bataillon du 6e Léger se trouve donc à l’Armée du Nord du Général Clauzel. Elle sert à reprendre le petit port de Castro Urdiales du 4 au 12 mai 1813. Le 6e Léger s'y distingue avec le Major Larousse et les Voltigeurs du Capitaine Guingret : il aborde avec intrépidité la brèche, pénètre le premier dans le fort, au moyen d'une échelle, par une embrasure, et suivi de ses Voltigeurs aussi braves que leur chef, fond à l'arme blanche sur la garnison.

Joseph, quant à lui, évacue sa capitale et replie son gouvernement à Valladolid, laissant à Madrid une garnison avec le Général Hugo. Pendant ce temps, au Portugal, Wellington devenu généralissime de toutes les armées espagnoles et alliées, réorganise lui aussi ses troupes. C'est le 22 Mai que Wellington reprend l'offensive, réoccupe Salamanque, et continue sa progression.

Dans son rapport daté de Pampelune, le 13 juin 1813, le Général Clausel raconte : "… Dans la nuit du 27 au 28, le général Foy dirigea le général Bonté, avec le bataillon du 6e léger et 2 bataillons du 69e sur Ceanuri, à l'effet de couper au 1er bataillon de Biscaye la retraite sur Ubidea et sur Ochandiano ; lui-même se porta avec 3 autres bataillons par Ceberio sur Villaro, Aranza et Dia, afin d'attaquer l'ennemi de front. Il rencontra les avant-postes espagnols à Ceberio : le 1er bataillon de Biscaye, averti par la fusillade, prit les armes et se retira sur Ochandiano, comme le général Foy l’avait prévu. Le général Bonté ayant été retardé par les grandes difficultés du chemin, ne put arriver à Ceanuri qu'au moment même où la queue de la colonne ennemie traversait le village. Les soldats se débarrassèrent alors de leurs sacs, et se jetèrent avec furie sur les Espagnols : ils les culbutèrent, et la moitié du bataillon s'enfuit dans les montagnes; on leur prit huit charrettes chargées de bagages et une partie de la musique. On détruisit le matériel de l'hôpital de Villaro, dont les malades avaient été évacués par leurs parents. Cette dispersion du 1er bataillon de Biscaye lui causa une perte de 300 hommes, qui profitèrent de cette occasion pour retourner dans leurs foyers ...
Dans la nuit du 29 au 30, le général Foy marcha avec la 2e brigade à Guernica, pour attaquer de front le 2e bataillon de Biscaye …
La 2e brigade rencontra les avant-postes ennemis à Maniqueta, en même temps que la première brigade à Marquina. Ortola partit en toute hâte de Guernica, pour se porter à Lequeytio et à Ondarroa. La deuxième brigade le poussait toujours devant elle vers la mer. Le général Bonté ayant parfaitement exécuté le mouvement qui lui avait été tracé, arriva devant Lequeytio avec le 6e léger, et sur les hauteurs d'Yzpater avec le 1er bataillon du 69e, au moment même où le 2e bataillon de Biscaye marchait par le flanc dans un sentier, le long de la mer. Six des compagnies ennemies sortaient de Lequeytio pour aller à Ondarroa, et 2 autres étaient en arrière près d'Yzpater. Aussitôt que les voltigeurs et les carabiniers du 6e léger eurent aperçu les Espagnols, ils se précipitèrent sur eux du haut de la montagne, et les massacrèrent à coups de baïonnette. L'ennemi, adossé à la mer, pêle-mêle avec nos troupes, pensa peu à se défendre. 360 hommes, dont 27 officiers, ont été faits prisonniers ; 200 hommes, parmi lesquels 5 officiers, ont été tués ou noyés : le commandant Ortola s'échappa, et il ne lui resta qu'un officier. Les 2 compagnies qui étaient en arrière, près du village d'Yzpater, se sauvèrent dans les montagnes. Plusieurs soldats se jetèrent dans les chaloupes qui se trouvaient sur la côte ; un brick anglais les recueillit.
Le général Foy n'eut aucun homme tué ou blessé dans cette affaire.
Il se loue beaucoup du courage et de l'infatigabilité de ses troupes. Il renouvelle la demande du grade de chef de bataillon, déjà faite, pour le capitaine Gingret, commandant les voltigeurs et les carabiniers du 6e léger, auquel une partie des succès de cette journée a été due. Il donne des éloges particuliers au zèle et à l'intrépidité qu'ont montrés MM. Bochot et Viret, officiers de voltigeurs; Neumayer et Lardière, officiers de carabiniers; et don Augustin Balaguer, lieutenant de la compagnie des chasseurs à cheval de Zamora, au service de Sa Majesté Catholique …
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 9, p. 448).

Surpris par le mouvement offensif des Anglais, les Français, se concentrent difficilement. La réunion des troupes ne put s'effectuer en effet qu'à Vitoria, le 19 juin. La bataille s'engagea le 21.

L'Armée du Nord du Général Clauzel ne peut rejoindre le théâtre de la bataille qu'après son issue désastreuse, car il devait combattre Mina autour de Pampelune.

Dans son "Rapport sur les opérations du 21 au 28 juin 1813", le Général Foy raconte : "Le 22, à cinq heures du matin, au moment où la queue du convoi n'était pas encore arrivée à Bergara, un bruit d'alarme s'est répandu ; plusieurs individus, arrivant par la route de Vittoria, ont dit que notre armée avait été battue la veille ; qu'elle avait perdu sou artillerie et ses bagages ; qu'elle s'était retirée sur Salvatierra en désordre, après avoir fait des pertes énormes. Cette nouvelle, propagée par la peur, a déterminé les commandants des forts d'Arlaban, de Salinas et de Mondragone, à abandonner leurs places sans combattre et sans avoir vu l'ennemi. La présence des garnisons fugitives à la queue du convoi y a semé l'épouvante.
Le général Maucune a pris sur-le-champ des dispositions pour accélérer la marche du convoi et y maintenir l'ordre. Je n'avais qu'un bataillon de ma division (le 6e léger) sous la main ; je me suis mis à la tête de ce bataillon ; j'ai réuni les trois garnisons qui s'étaient retirées, et avec cette troupe, dont la force montait à 1,500 hommes environ, j'ai couru à Mondragone. 40 hommes de la bande de Pastor, qui rôdaient sur les montagnes voisines, y étaient déjà descendus; nous avons pris deux officiers et sept soldats ...
Maître de Mondragone, j'ai voulu reprendre Salinas et même occuper les hauteurs d'Arlaban. Mon objet était : 1° d'avoir des nouvelles certaines de ce qui s'était passé à Vittoria; 2° de faire porter par des détachements, aux troupes réunies à Durango, l'ordre de se replier sur Bergara sans perdre une minute. Mon avant-garde avait à peine dépassé le village d'Arechevalette, quand elle a rencontré les tirailleurs d'une colonne ennemie qui descendait de Salinas, et dont la profondeur indiquait un corps de 10 à 12 mille hommes ; c'étaient la division Longa, le bataillon Finto et la division Giron. Le combat s'est engagé ; malgré l'extrême inégalité du nombre, nos troupes l'ont soutenu pendant quelque temps avec avantage. L'objet que je m'étais proposé, d'avoir des nouvelles de l'ennemi et d'envoyer un détachement à Durango étant rempli, j'ai dû replier les troupes ; j'ai été même forcé d'abandonner Mondragone. Alors sont arrivés trois bataillons que j'avais appelés à moi en partant de Bergara ; nous avons arrêté l'ennemi à une demi-lieue en arrière de Mondragone.
Ce combat nous a coûté 250 hommes, tués, blessés ou prisonniers; nous avons pris quelques hommes à l'ennemi ; nous lui avons fait beaucoup plus de mal que nous n'en avons reçu de lui. Le chef de bataillon Burel, qui était employé à la construction des blockhaus sur la route, s'est mis par zèle à la tête de nos troupes qui marchaient sur Salinas ; il a rendu des services essentiels. Mon aide de camp Demonant s'est distingué ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 9, p. 440).

Le Régiment a des pertes, le 25 juin à Tolosa.

Dans son "Rapport sur les opérations du 21 au 28 juin 1813", le Général Foy raconte : "Le 25, il la pointe du jour, les reconnaissances que le général Maucune envoyait sur la route de Villafranca ont été repoussées ; bientôt il a été obligé lui-même, par une forte colonne qui marchait en même temps par la grande route et par les crêtes des montagnes, d'évacuer Alegrio. Sa division est venue se former en réserve derrière Tolosa. J'attachais une grande importance à la conservation de Tolosa. ...
A dix heures du matin, l'ennemi, partant d'Alegrio, s'est dirigé par sa droite dans les montagnes d'Alzo, pour arriver sur la route de Tolosa à Pampelune ; il marchait en trois colonnes parallèles et concentriques. La première, formée de 10 bataillons portugais, a emporté la hauteur d'Ollaon, où il n'y avait qu'un poste, et où il y aurait eu un bataillon si les ordres que j'avais donnés eussent été exécutés. J'ai fait marcher à la rencontre de l'ennemi le 6e d'infanterie légère et le 69e, et je les ai fait soutenir par la brigade italienne. Un combat très-vif s'est engagé; il a duré tout le jour. Nos coupes n'ont pu reprendre la montagne d'Ollaon, mais elles ont empêché l'ennemi de suivre les crêtes qui descendent de cette montagne à Tolosa, et l'ont forcé de faire un long détour : c'était le principal objet que je me proposais …
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 9, p. 440).

Le 12 Juillet, rappelé d'Allemagne, Soult vient reprendre le commandement en chef des toutes les forces sur la frontière. Joseph et Jourdan sont destitués.

Le 6e combat le 26 juillet devant Pampelune. Le 3e Bataillon a été rappelé en France et ne reste plus que le 1er avec le Colonel.

Apprenant la défaite de Joseph, Clauzel se replie sur la France en passant par Jaca.

Soult continue la réorganisation de ses forces en 10 Divisions et 3 ailes. Le 1er Bataillon du 6e Léger est toujours à la Division Foy sous les ordres du Général Reille. Les hommes sont assez déprimés, face désormais à des Alliés en supériorité numérique. Soult se met à fortifier la frontière, construisant tout un système de redoutes.

Des tentatives pour délivrer la garnison de Pampelune, le 24 Juillet avec le combat de Sauroren, échouent. Le Capitaine Marcel raconte : "Il fallut, pendant plus de deux heures, traverser des forêts épaisses qui n'avaient sûrement jamais été parcourues depuis l'époque du fameux Roland, puis nous débouchâmes dans la vallée de Roncevaux, où les différents corps de l'armée arrivaient de tous côtés pour se rassembler. La division appuya fortement à gauche, traversa pendant deux jours des montagnes élevées et désertes, mais facilement praticables, et découvrit enfin devant elle une sorte de plaine assez grande et assez fertile où était la ville de Pampelune; nous pûmes distinguer une citadelle très forte.
Depuis une quinzaine de jours, la division était commandée par le général Maucune et notre brigade par le général Fririon, dont la venue avait été saluée avec joie par les soldats aussi bien du 6e léger que du 69e
(Note : La 1re Division avait la composition suivante : 1re Brigade, Général Fririon : 6e Léger, 69e de Ligne, 76e de Ligne; 2e Brigade, Général Berlier : 36e de Ligne, 39e de Ligne, 65e de Ligne. Les effectifs étaient bien réduits, car ces Régiments ne comptaient en tout que 4654 hommes).
Nous étions tout disposés à agir vigoureusement, mais n'en eûmes pas l'occasion. Le gros de notre armée avait suivi la grande route, mais cette route, avant de déboucher dans la plaine dont j'ai parlé, passe au pied d'une position très forte(Sauroren) que les Anglais avaient fortifiée; malgré des attaques réitérées, nos troupes ne purent jamais l'enlever et, pendant ce temps, c'est-à-dire pendant quatre jours, nous restâmes, par une chaleur très forte, à contempler la plaine et la ville" (Campagnes du Capitaine Marcel).

Les Français retournent sur leurs bases de départ derrière la Bidassoa.

Le 30 août, la Division reçoit l'ordre de venir à Saint-Jean-de-Luz pour se placer en réserve du Corps de Reille. Puis Soult essaie de secourir Saint-Sébastien. La bataille de San Marcial, le 30 Août, est aussi infructueuse. Saint-Sébastien succombera le 8 Septembre. Désormais on va se battre sur le sol français. Les hommes sont complètement démoralisés, la solde n'a plus été versée depuis des mois.

Le Capitaine Marcel raconte : "Quand nous traversâmes Saint-Jean-de-Luz, la canonnade roulait déjà depuis la petite pointe du jour; on nous fit presser le pas. Le régiment reçut l'ordre de se former à la gauche du 6e léger sur les hauteurs bordant la Bidassoa ... Le maréchal Soult vint sur notre front et donna l'ordre au général Maucune d'aller bivouaquer sur la route de Pau. De là les régiments allèrent cantonner dans de pauvres villages autour de Saint-Jean-Pied-de-Port et les soldats furent employés à construire beaucoup de petites redoutes qui ne servirent d'ailleurs jamais" (Campagnes du Capitaine Marcel).

Quand Wellington reprend son offensive, le 7 Octobre, la Division Foy, Brigade Maucune, est à l’aile gauche du front français autour de Saint-Jean-Pied-de-Port et s'y est retranchée. Le 6 novembre, Foy sait que la Division Hill est dirigée dans la vallée de Bastan. Le 7, il pousse une reconnaissance jusqu'au retranchement d'Altobiscar. On y trouve 300 Anglais, renforcés bientôt par une Brigade de la Division Hill, venue de Roncevaux.

Pendant que Wellington lançait au même moment 20000 hommes contre la Rhune et 24000 hommes pour forcer la ligne de la Bidassoa.

Foy se replie sur Bidarray, sur la Nive, le 8 novembre au soir. De ce point, il est en mesure de manoeuvrer sur le flanc droit de l'ennemi. Il étudie les moyens d'aborder le mont Gorospile, sur lequel campe la 6e Division anglaise, remplacée à la nuit par la Division espagnole de Morillo et deux Bataillons de Mina.

"Notre division reçut l'ordre de gagner, par Bidarey, les derrières de l'ennemi et de tomber sur les bagages qui étaient restés dans une vallée à deux lieues en arrière : les sacs furent déposés et l'on marcha rapidement" ("Campagnes du Capitaine Marcel").

Foy lance sa diversion le 10, mais ailleurs, le front français est enfoncé. Dans la soirée du 10, l'armée anglo-espagnole établit son Quartier-général à Saint-Jean-de-Luz et l'armée française prend position derrière la Nive.

Foy écrit au maréchal Soult : "Trois compagnies du 39e ont suffi pour déloger le bataillon ennemi ; le reste des troupes ennemies, c'est-à-dire les six bataillons de la division Morillo et le 3e et le 4e de Mina, formant ensemble une force de près de 5.000 hommes, occupait la forte position du Gorospile. J'ai lancé sur eux en tirailleurs trois compagnies du 39e. La 1re brigade, commandée par le général Fririon, les suivait immédiatement. Les Espagnols ont défendu la position avec autant de bravoure qu'auraient pu le faire les meilleures troupes. Ils ont été abordés à la baïonnette, enfoncés et poussés avec une telle vigueur qu'ils n'ont pas eu le temps de faire halte et de se rallier ni au rocher d'Ausastegui, ni dans les ouvrages défensifs qui sont entre le Gorospile et le col de Maya. On les a culbutés dans la vallée de Bastan, où ils se sont enfuis au-delà d'Errazu. Les équipages de plusieurs régiments d'infanterie et de cavalerie anglaises étaient à Maya, sous la garde d'un détachement de la 6e division anglaise et d'une centaine de chevaux des 13e et 14e dragons. Ces équipages ont été pris ; mon avant-garde allait s'emparer de tous les bagages du corps du général Hill, réunis à Erazzu, quand j'ai appris ce qui se passait au centre de l'armée. Alors j'ai rappelé mes troupes.
Nous avons tué et blessé beaucoup de monde à l'ennemi. Nous avons fait une centaine de prisonniers, parmi lesquels se trouvent un officier et 20 soldats anglais. Les soldats ont pris 150 chevaux ou mules chargés d'effets. Notre perte ne va pas à 180 hommes tués ou blessés; je regrette vivement M. le colonel Guinaud du 69e régiment. Je prie V. E. de donner ce régiment à M. le chef de bataillon Duplan du 39e, officier rempli de capacités et de vigueur. Je dois des éloges particuliers à M. le colonel Thévenet du 39e, à M. le chef de bataillon Guingret du 6e léger, aux capitaines Bazas du 76e et Rose du 69e, au lieutenant Arthur Foy, mon aide de camp, ces trois derniers officiers ont été blessés en enlevant la position du Gorospile
" (Girod de l'Ain, Vie Militaire du Général Foy, pages 406-407).

Foy se replie alors sur Cambo où il est attaqué le 12 à la tête du pont. La Brigade Fririon combat à Halson jusqu'à la nuit. La pluie qui tombe à torrents met fin à l'action. Foy fait sauter le pont et se retranche un peu en arrière. Il y est toujours le 1er décembre.

Le 9 Décembre, les Anglo-portugais franchissent la Nive sur 5 points différents. Foy, avec la Brigade Fririon, débouche d'Iatzou, retarde la marche de l'ennemi, mais est obligé de se replier vers le Petit-Mougerre. La Division va alors stationner sur la rive droite de l’Adour et de petites iles du fleuve dans des conditions matérielles déplorables au milieu des inondations.

"Nous espérions respirer un peu dans ces postes, mais nous fûmes bien trompés, et jamais nos soldats n'eurent plus de peine que pendant les deux mois que nous occupâmes ces landes. L'ennemi bordait l'autre côté du fleuve; pour lui enlever l'envie de jeter un pont, on avait rompu les digues, ce qui, joint aux pluies continuelles et au reflux de la mer qui est très fort, avait donné à la rivière une largeur de plus d'un quart de lieue du côé que nous occupions. Chaque compagnie du régiment avait une maison, mais, en raison de l'inondation, on n'en pouvait occuper que le premier étage; les convois n'arrivaient pas, les boues étant si profondes que chevaux et mulets y disparaissaient ; les soldats devaient aller eux-mêmes chercher les vivres à plus de deux lieues et souvent revenaient sans rien apporter; il fallait alors se contenter de faire griller un épi de blé de Turquie, avec l'espoir d'être plus heureux le lendemain. C'est alors que j'ai appris à apprécier vraiment la patience et le dévouement du soldat français : il était sans paye, sans vivres, sans souliers, presque nu, réduit à la plus affreuse misère, et pourtant pas un n'avait l'idée de déserter; l'honneur seul était quelque chose pour eux et ils oubliaient toutes leurs peines dès qu'ils avaient l'espoir de vaincre l'ennemi" ("Campagnes du Capitaine Marcel").

Le temps exécrable fait que les 2 armées vont s'arrêter provisoirement de combattre jusqu'au début Février.

CAMPAGNE DE FRANCE, 1814

L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique, dans son article 7 : "La huitième division, qui faisait partie du troisième corps, et qui en ce moment fait partie du sixième, sera composée ainsi qu'il suit :
Deuxième bataillon du 6e léger.
Tout ce qui existe du troisième bataillon sera incorporé dans le deuxième, et le cadre renvoyé au dépôt …
Art. 9
Cette huitième division sera commandée par le général Ricard …
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105).

Le 21 décembre 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris : "ORDRES.
... Le 6e corps d'armée, commandé par le maréchal duc de Raguse, sera formé en quatre divisions, savoir :
... 2e division, général : 6e léger, deux bataillons ; 9e, deux ; 59e de ligne, deux ; 65e, deux ; 69e, deux ; 136e, deux ; 138e, deux ; 142e, deux ; total, seize bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).

Le même 21 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître :
... Si le 5e bataillon du 6e léger a fait partir 500 hommes pour compléter son 2e bataillon qui est au 6e corps ? S'il ne l'a pas fait, il est nécessaire que ces 500 hommes partent sur-le-champ ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37627).

Toujours le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je viens d'examiner le tableau de l'infanterie qui est joint à votre travail du 19 décembre ...
... Le 6e corps sera formé en 3 divisions :
1re division, de : 1 bataillon du 2e léger ; 2 bataillons du 4e ; 2 bataillons du 6e ; 2 bataillons du 40e de ligne ; 2 bataillons du 43e de ligne ; 3 bataillons du 50e ; 2 bataillons du 65e ; 14 bataillons ; 2 bataillons du 136e ; 2 bataillons du 138e ; 2 bataillons du 142e ; 2 bataillons du 144e ; 2 bataillons du 145e ; 24 bataillons (Quand tous auront rejoints) ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37628).

Le 23 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je lis avec attention l'état par ordre numérique de la Grande Armée que vous m'avez envoyé le 21 décembre.
Je vois ... Que le 6e d'infanterie légère n'a pas fait partir 500 hommes pour le 2e bataillon qui est au 6e corps d'armée ...
Je désire que vous me fassiez un rapport pour faire connaître tous les détachements de 500 hommes qui sont partis pour renforcer les bataillons qui sont aux 4e, 5e, 6e et 11e corps ; et, pour ceux qui n'ont pas pu partir, quand ils pourront le faire.
Il faut avoir grand soin qu'on n'envoie aucun Hollandais ni aucun Belge à l'armée du Nord
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37648).

Le 25 décembre 1813, le Major général écrit, depuis Paris, au Maréchal Marmont : "L'Empereur vient d'arrêter, monsieur le duc, une nouvelle organisation pour le sixième corps d'armée. L'intention de Sa Majesté est que vous le fassiez former de suite en trois divisions au lieu de deux, conformément à l'état ci-joint. Faites procéder à cette opération ..." (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 100).

L'Etat qui suit indique : 6e Corps d'Armée, M. le Maréchal Duc de Raguse, commandant; 1ère Division : 6e Régiment d'infanterie légère, 2e Bataillon présent au 6e Corps; le 3e se forme à son Dépôt à Phalsbourg (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 102).

Au début de 1814, le Régiment a ses Bataillons totalement dispersés. Le 1er Bataillon est à l’Armée des Pyrénées. Le second au Corps de Marmont, Division Ricard ; il n’a plus que 197 hommes ! Les 3e et 5e (Dépôt) à Phalsbourg. Le 4e à Dantzig.

Le 21 janvier 1814, l'Empereur, depuis Paris, décrète : "1. Les régiments des dépôts ci-après désignés et ceux de leurs cadres qui n'ont pas de conscrits se rendront, savoir :
... Ceux de la 4e division : 4e et 139e de ligne, et 6e léger à Evreux ...
II. Le ministre de la guerre désignera un officier général ou supérieur ou un commissaire des guerres de ceux employés dans le département pour être spécialement chargé de ces dépôts qui seront placés dans les villes ci- dessus désignées ou aux environs ...
" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2736).

Le 1er Bataillon va combattre à Orthez le 27 février, puis Vic en Bigore le 19, pour finir par la bataille de Toulouse le 10 avril.

- Campagne de France

Le second Bataillon s'illustrera à La Rothière.

Le même 3 février 1814, l'Empereur écrit, depuis Troyes, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Donnez ordre que les 215 hommes du 5e léger qui sont à Troyes, soient répartis entre les bataillons des 6e, 9e, et 16e léger qui font partie de la division Ricard ...
La division Ricard ne sera plus composée alors que du :
2e léger formant 2 bataillons 700 h ; 4e id. 2 bataillons 700 h ; 6e id. 1 bataillon 300 h ; 9e id. 1 bataillon 500 h ; 16e id bataillon 300 h ; 40e de ligne 1 bataillon 170 h ; 50e id. 1 bataillon 400 h ; 136e id. 1 bataillon 400 h ; 138e id. 2 bataillons 500 h ; 142e id 2 bataillons 800 h ; 144e id 1 bataillon 300 h ; Total 15 bataillons formant 5000 hommes ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37977).

Le second bataillon s'illustre à Vauchamps le 14 février où le Chef de Bataillon Philippe sera blessé, puis à Valjouan.

Les 3e et 4e Bataillons livreront combat à Phalsbourg pour défendre la place.

Le 15 mars 1814, l'Empereur écrit, depuis Reims, au Prince de Neuchâtel, Major général, à Reims : "Mon Cousin, donnez ordre au général Broussier, à Strasbourg, de laisser le commandement de la place au général Bonnard, et de réunir le 3e bataillon du 39e et le 3e du 133e, qui sont à Landau, complétés ensemble à 900 hommes ; le 2e bataillon du 15e, le 4e du 57e, le 1er et le 4e du 128e, un bataillon composé de deux compagnies du 18e, de deux du 152e, de deux du 17e léger, et complété à 900 hommes, ce qui fera 3,800 hommes de la garnison de Strasbourg ; le 4e bataillon du 48e, trois compagnies du 5e bataillon du 10e léger, ce qui fera 1,400 hommes de la garnison de Schlestadt ; enfin le 3e bataillon du 6e léger qui est à Phalsbourg ; total, 6,700 hommes d'infanterie.
Donnez-lui ordre d'employer dans ces divisions les généraux Schramm et Dermoncourt ; d'organiser à Strasbourg une batterie à pied de huit pièces et une à cheval de six pièces, ce qui fera quatorze pièces pour sa division. Il se servira des 3oo chevaux de trait qui se trouvent à Strasbourg et fera servir ses pièces par l'artillerie et les pontonniers qu'il y a dans cette place.
Il réunira les 200 hommes du 19e de dragons, du 7e de chasseurs et du 8e de hussards, ainsi que les 200 hommes du 16e de chasseurs qui est à Neuf-Brisach.
Il aura donc sous ses ordres 6,700 hommes d'infanterie, quatorze bouches à feu et près de 500 hommes de cavalerie.
Donnez-lui pour instruction de tâcher avec cette division de venir nous joindre, en se jetant de Phalsbourg sur Metz, Verdun ou toute autre direction, mais en évitant les gros corps ennemis
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21492 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 38544).

PREMIERE RETAURATION ET CENT-JOURS, 1814-1815

Ciudad-Rodrigo, assaut
Congé illimité du Régiment du Berry, ex 6e Léger, en date du 13 septembre 1814

En mai 1814, le Régiment reçoit les restes du 24e Léger dissout. Toujours sous les ordres du Colonel Zaepffel, il est rebaptisé Régiment de Berry, 6ème d’Infanterie légère, et stationne à Phalsbourg. Ses effectifs sont à trois Bataillons, deux de guerre et un de Dépôt.

Le 12 mars 1815, l'Empereur écrit, depuis Lyon, au Général Bertrand, Grand Maréchal du Palais : "Monsieur le comte Bertrand ... Donnez également l'ordre que le 6e et le 14e léger forment une division. Indiquez-leur un point de diagonale sur Paris, entre Langres et ... Le 41e de ligne qui vient de Limoges fera aussi partie de cette division qui portera le n°4 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39026).

Fin mars 1815, un "Projet de répartition des militaires l'appelés aux drapeaux en sept dépôts généraux où ils seraient armés, habillés et instruits. Fin mars 1815". Le 6e Léger à Phalsbourg fait partie de la 4e Division militaire; il doit être fourni par le Département des Vosges, et son Dépôt doit être établi à Soissons (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2972).

Le 30 mars, le Général Desaix, commandant à Lyon pour l'Empereur, envoie au Ministre de la Guerre la dépêche suivante : "Les insurgés au nombre de cinq mille, commandés par les généraux Ernouf, Gardanne et Loverdo, sont entrés à Gap le 28, avec les 58e et 83e de ligne, et se dirigent sur Grenoble.
Ils sont aussi entrés à Montélimar et menacent Valence.
Je demande à être autorisé à faire venir, de Lons-le-Saulnier le 6e d'infanterie légère pour remplacer les troupes que je dois envoyer contre les insurgés du Midi
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 239).

L'aile gauche de l'armée royale, en effet, sous le Général Ernouf, est entrée à Gap; le Corps du centre entre le 3 avril à Valence.

Le 3 avril 1815, à 1 heure, le Général Grouchy écrit, depuis Lyon, au Ministre de la Guerre : "Monseigneur, je suis arrivé à Lyon à onze heures du soir le 2 avril. Le général Dessaix n'avait que des nouvelles satisfaisantes, ses proclamations les annonçaient. Aujourd'hui elles ont un autre caractère : les insurgés ont battu le général Debelle entre Valence et Montélimar, lui ont enlevé son artillerie, et sont entrés hier à six heures du soir à Valence. Je fais partir à l'instant le général Piré pour aller prendre le commandement des troupes du général Debelle, rallier les fuyards et prendre position sur l'Isère, que je ne puis croire que le général Debelle n'ait pas gardée. Le 6e régiment léger part aussi à l'instant pour le même point, je l'ai passé en revue, ses dispositions sont bonnes ; le général Debelle n'avait que cinq ou six cents hommes avec lui, et le 6e régiment léger est tout ce qu'il y a de disponible ici. Les insurgés ont huit ou dix bouches à feu, plusieurs régiments de ligne et des bataillons de volontaires organisés dans le pays occupé par eux. Nul doute qu'enhardis par ce premier succès, ils ne se portent sur Lyon, s'ils forcent le passage de l'Isère (je ne suis pas encore sûr que le général Debelle l'ait gardé). Il n'y a donc pas un instant à perdre pour envoyer en poste les troupes de ces côtés, d'autant que les Piémontais ont trois mille hommes en Maurienne et pourraient se réunir d'un instant à l'autre aux insurgés. La dépêche télégraphique porte la demande des troupes en toute hâte, mais le temps nébuleux permettra difficilement sa transmission. Je vous expédie donc cette lettre par un courrier.
J'ai requis des chevaux pour neuf bouches à feu qui sont ici. J'en envoie trois avec le général Piré ; c'est la seule artillerie disponible que j'aie.
Si le mouvement du général Morand n'occupe pas les insurgés, ils feront des progrès malgré le zèle et la bonne volonté des gardes nationales, qui sont insuffisantes pour arrêter un corps d'armée organisée.
Le général Loverdo est retourné avec son régiment en Provence, le général Gardanne avec le sien et du côté de Grenoble ; je le fais venir ici pour être sûr qu'il n'échappe pas aussi.
J'ai donné, quant à Grenoble, les ordres nécessaires, mais, je le répète, il me faut des moyens et que le général Morand hâte son mouvement
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 257).

Ce jour là, 3 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, Ministre de la Guerre, à Paris : "Mon Cousin ... Le 6e léger se rendra en Alsace et fera partie de la 17e division ..." ( Correspondance de Napoléon, t. 27, 21765 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39200).

Le même 3 avril 1815, le Maréchal Davout écrit au Général Morand : "… Le général Grouchy, dès son arrivée à Lyon, me fait savoir par une dépêche télégraphique de ce jour que les insurgés sont entrés hier à Valence ; il a envoyé le général Piré avec le 6e d'infanterie au pont de l'Isère ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 393, lettre 1533).

Encore le 3 avril 1815, à 4 heures du soir, le Général Grouchy écrit, depuis Lyon, au Général Morand, commandant de la 6e Division Militaire : "Mon cher général, je suis arrivé ici cette nuit et m'empresse de vous faire part de ce qui s'y passe. Les royalistes du Midi, qui comptent dans leurs rangs quelques-uns de nos régiments, se portent sur Lyon. Ils ont attaqué et battu le général Debelle, qui était à Loriol entre Montélimar et Valence et qui n'avait que six ou sept cents hommes. Ils sont entrés hier soir à Valence. Il n'y a à leur opposer de ces côtés qu'un régiment d'infanterie de mille hommes et quelques dépôts, j'envoie ce régiment avec le général Piré sur l'Isère pour en défendre le passage et arrêter les insurgés.
Hâtez, je vous prie, le plus possible votre mouvement, car soit que vous tombiez sur les derrières de l'ennemi vers Nîmes, soit que vous marchiez sur le Pont Saint-Esprit, tant il y a que vous le mettrez dans le plus grand embarras et le paralyserez dans ses projets.
Je ferai tout ce qui dépendra de moi pour défendre Lyon, mais je suis sans moyens, ce qu'il y avait de troupes de ces côtés s'étant porté à Paris avec l'Empereur.
Votre division, si elle n'est pas tardive, sauvera tout ; je le répète, mon cher général, accélérez votre mouvement le plus possible et indiquez-moi par le retour de l'estafette la marche que, d'après ces nouvelles, vous allez suivre
"(Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 258).

Toujours le 3 avril 1815, à 11 heures du soir, le Maréchal Davout écrit également au Général Grouchy : "Monsieur le général, à l'instant l'Empereur me transmet votre dépêche télégraphique de ce jour, qui dit que « le 2 au matin les insurgés ont attaqué nos troupes qui se sont repliées sur Valence. A cinq heures du soir, les insurgés se sont emparés de cette place. Ils ont des troupes de ligne, notamment le 10e et 8 canons. Le 6e régiment d'infanterie légère et le général Piré doivent prendre position au pont sur l'Isère. Ce général doit rallier ce qui s'est retiré de Valence. Le général Loverdo et le 83e sont repassés aux insurgés. Envoyez, en poste, des troupes à Lyon ; les moyens de défense y sont insuffisants. »
Si vous n'avanciez pas ces faits aussi positivement, on ne pourrait y croire, surtout en lisant les rapports du général La Salcette du 31 mars, transmis par une lettre du général Dessaix du 1er avril, et en outre l'imagination ne peut se représenter des généraux français allumant la guerre civile dans notre patrie et marchant sous les étendards d'un Bourbon dont la famille, depuis vingt-cinq ans, n'a fait que provoquer des guerres étrangères et civiles en France. Quoi qu'il en soit, il est important de faire échouer ces tentatives dès leur principe. En conséquence la division Girard part, demain à la pointe du jour, en poste, pour Lyon, où elle arrivera en quatre jours. Le général Girard vous préviendra de la marche de ses colonnes pour que vous puissiez envoyer au-devant. Je donne l'ordre également à un bataillon d'artillerie du 4e régiment et à un bataillon de sapeurs, qui sont partis ce matin pour Lyon, de prendre la poste pour rejoindre plus vite. J'ai donné également l'ordre au général Morand de presser sa marche sur Nîmes, par sa colonne de gauche ...
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 394, lettre 1534; Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 260).

Le 4 avril 1815, à 1 heure et demie du matin, le Maréchal Davout écrit à l’Empereur : "... Votre Majesté me demande s'il y a en Franche-Comté dans la 18e division militaire, ou ailleurs, des troupes plus voisines de Lyon que celles qui partent de Paris, afin de les diriger sur Lyon. Il n'y avait que le 6e léger et le dépôt" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 402, lettre 1541).

Le 4 avril, à 2 heures du matin, Grouchy écrit, depuis Lyon, au Général Piré : "Je fais partir à l'instant en poste deux caissons de cartouches, des fusils. Dès hier, mon cher général, il était déjà parti un caisson de cartouches et le 6e régiment en avait emporté quarante par homme dans la giberne.
Je serais bien peiné que vous ne fussiez pas arrivé à temps pour disputer le passage de l'Isère, car quelque célérité que l'on mette à exécuter mes ordres, les troupes de Grenoble et de Chambéry ne peuvent pas m'arriver ici avant plusieurs jours, faites donc tout au monde pour retarder la marche de l'ennemi ; il ne faut pas sans doute vous engager avec des forces par trop disproportionnées ; mais cependant vous devez prendre position là où le terrain vous en offre les moyens : il me semble qu'à Saint-Vallier vous pouvez tenir derrière la Galaure pendant quelque temps ; enfin, je vous le répète, il faut retarder le plus possible l'ennemi pour que je puisse réunir des moyens.
Voici deux cartes départementales. J'ai envoyé l'adjudant commandant Fabre à Vienne ; le général Dessaix m'assure que c'est un bon officier. Vous pourrez faire sonner le tocsin, si vous croyez que cette mesure ait quelque utilité.
J'ai écrit hier à l'Empereur de la manière la plus pressante. Je vais lui envoyer votre lettre. Donnez-moi fréquemment de vos nouvelles. Aussitôt qu'il va m'être arrivé quelque peu de monde, je vous échelonnerai à Vienne
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 263).

Le 4 avril 1815, à 9 heures et demie du matin, Grouchy écrit, depuis Lyon, au Ministre de la Guerre : "Monsieur le maréchal, quoique je n'aie pas encore la certitude que l'ennemi ait franchi l'Isère, le rapport du général Piré que j'ai reçu dans la nuit me fait craindre qu'il n'ait pu arriver à temps, avec le 6e léger, pour défendre le passage de cette rivière. Tout le corps du général Debelle est, à ce qu'il paraît, détruit ou pris ; on n'a aucune nouvelle de cet officier général ; le bataillon du 39e qui faisait sa principale force a été fait prisonnier ; les insurgés, forts de six mille hommes et huit ou dix bouches à feu, ont avec eux le 10e de ligne et le 1er étranger. Le 10e est arrivé sur les troupes du général Debelle en criant Vive l'Empereur ! les ont cernées et écrasées ensuite. Les insurgés sont commandés par le comte Descars ; ils se grossissent chaque jour par des levées qu'ils font dans le Midi.
Il n'y avait rien de préparé ici pour parer aux événements qui se passent. On y était à mon arrivée dans une fatale sécurité ; je n'ai aucun moyen réel de défense. Les dépôts me fournissent à peine cinq cents hommes en état de faire le coup de fusil.
Les neuf bouches à feu qui me restent ne sont pas encore attelées aujourd'hui, malgré mes réquisitions et ordres au préfet et au maire : ni l'un ni l'autre ne sont les hommes qu'il faudrait, et je n'ose les remplacer, ayant été nommés tous deux ou confirmés par Sa Majesté. Il eût fallu que j'eusse été envoyé ici huit jours plus tôt ; aujourd'hui les mesures que je peux prendre sont trop tardives.
J'ai appelé ici un bataillon du régiment qui est à Chambéry et le 58e régiment qui est à Grenoble. J'ai écrit au commandant de la 6e division de Besançon de m'envoyer tout ce qu'il aurait de disponible.
J'ai également prévenu le général Morand ; mais rien n'arrivera à temps ; je le répète, les insurgés profitent de ces premiers succès que je ne suis point en mesure de paralyser. L'esprit des campagnes est bon et les gardes nationales bien disposées. Je les fais lever partout ; mais il ne faut pas se faire illusion sur ce qu'elles peuvent valoir contre un corps organisé et considérable.
Il n'y a donc pas un moment à perdre pour que l'Empereur envoie une armée de ces côtés. Je ferai tout pour sauver Lyon ; la garde nationale n'avait point été réorganisée, elle est mal commandée. J'en change le commandant, et la réorganise aujourd'hui. Malheureusement elle est plutôt propre à maintenir l'ordre qu'à se battre. Veuillez donc, Monsieur le maréchal, ne point taire à Sa Majesté l'état vrai des choses et les difficultés de ma position. Ma bonne volonté, mon dévouement et mon zèle ne peuvent me donner des moyens.
Je rouvre cette lettre pour vous prévenir que je reçois l'annonce de la marche de l'ennemi sur Lyon ; il a passé l'Isère à Saint-Romans, abandonné par le général Debelle, et est déjà à Tain. Une autre colonne remonte la rive droite du Rhône se portant également sur Lyon.
Le général Piré est à Saint-Rambert, disputant le terrain
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 267).

Le 4 avril, à 10 heures du matin, Grouchy écrit, depuis Lyon, au Général Piré : "J'ai reçu avec une nouvelle satisfaction vos divers rapports, mon cher général ; le dernier est sous le n° 3, à quatre heures du soir. Il me tarde bien de savoir la direction dans laquelle se sont portés les insurgés ; j'attends donc avec une vive impatience votre première dépêche. Il est d'autant plus important que vous éclairiez soigneusement la marche de l'ennemi qu'il peut arriver directement sur Vienne et s'y trouver avant vous, ce qui vous couperait de Lyon ; cependant, comme j'ai donné ordre au général Lasalcette d'occuper Saint-Marcellin et d'inquiéter le flanc de l'ennemi, je doute qu'il s'avance par la route directe de Romans à Vienne, avant d'avoir reployé ce qu'il a sur son flanc droit. Tâchez, au moyen de paysans, de vous mettre en communication avec Saint-Marcellin et, je vous le répète, soyez en constante surveillance sur un mouvement direct des insurgés sur Vienne. J'ai envoyé passablement de gendarmerie à Vienne ; appelez-la à vous, et donnez des ordres au général Sénécal qui commande dans cette ville. J'organise ici avec succès des moyens de défense ; il m'y arrive aujourd'hui deux bataillons du 58e régiment, et l'Empereur m'annonce sous deux jours l'arrivée de la division Girard, venant en poste de Paris ; j'espère donc que bientôt nous serons à même de reprendre l'offensive. Si la manœuvre du général Morand sur Nîmes est rapide, j'espère que nous verrons bientôt la fin de tout ceci. Répandez la nouvelle de l'arrivée du corps du général Girard et des proclamations que je vous envoie.
P. S. On me dit que le colonel du 6e est cousin du duc de Feltre et qu'un de ses chefs de bataillon est un vrai chouan ; s'il en est ainsi, surveillez le premier et renvoyez le second ici
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 266).

De son côté, ce même 4 avril 1815, le Prince d'Angoulême apprend que les villes de Nîmes et de Montpellier, entraînées par leurs garnisons, ont reconnu le gouvernement impérial ; mais aussi la défection de nombreux Corps, dont certains ont arrêté leurs propres Généraux, tandis que de nombreux départements arborent le drapeau tricolore; que, du côté de Lyon, tout est en armes, que le Général Piré, envoyé par le Général de Grouchy, descend le Rhône avec le 6e Léger, prêt à être rejoint par le commandant supérieur des 7e, 8e, 19e Divisions, sur le point d'être rallié lui-même par une Division tout entière dont le Chef, le Général Girard, est connu pour ses opinions impérialistes, et pour son indomptable énergie. Le Duc d'Angoulême prend alors la résolution de rétrograder. Le lendemain 5 avril, il fait en personne dans la matinée une reconnaissance sur la rive gauche du Rhône et sur celle de l'Isère, puis donne l'ordre d'évacuer Romans occupé par le Vicomte d'Escars, à la tête de mille cinq cents gardes nationaux, du 10e de ligne et de six bouches à feu. Le pont sur l'Isère est brûlé et le Major Montferré laissé avec un Bataillon pour former l'arrière-garde et tenir un instant dans la partie de la ville située sur la rive gauche (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 271).

"EXTRAIT DU MONITEUR. Du vendredi 7 avril 1815. Lyon, le 4 avril.
La garde nationale de la ville de Grenoble et celle de tout le département, a couru aux armes. Un décret de Lyon lui avait confié la défense de son territoire, s'il venait à être menacé. Les Dauphinois ont répondu à cet appel. Des troupes de volontaires marseillais étaient en marche. La ville de Grenoble avait écrit à celle de Marseille, pour lui représenter la folie d'une telle démarche, et lui faire connaître que la garde nationale ne souffrirait pas que le Dauphiné devînt le théâtre de la guerre civile.
Cependant le général Ernouf s'était avancé sur Sisteron avec quinze cents Marseillais, accompagnés de deux régiments de ligne sous les ordres immédiats du général Gardanne.
Le général Chabert est parti avec les gardes nationales de Grenoble, de Vizille, de Mure et de Corps. Arrivé en présence du 58e régiment, il s'aboucha avec le général Gardanne. Les gardes nationales communiquèrent avec les troupes de ligne qui passèrent aussitôt sous les aigles et déchirèrent la cocarde blanche. Le 83e régiment suivit, deux jours après, l'exemple du 58e, et les Marseillais s'enfuirent dans toutes les directions. Les généraux, les régiments et les gardes nationales s'embrassèrent au cri de vive l’Empereur !
Pendant que ce mouvement était ainsi arrêté sans coup férir, une autre colonne d'égale force, où se trouvait le 10e régiment d'infanterie, se dirigeait sur Montélimar avec le duc d'Angoulême. Les habitants de la Drôme, qui n'avaient pas prévu cette attaque, n'étaient pas prêts pour la repousser. On sonna le tocsin. Le général Debelle réunit 600 hommes de garde nationale et fut au-devant des rebelles. Un engagement eut lieu avec eux. Ils avaient été repoussés et avaient eu 30 hommes tués ou blessés, lorsqu'un bataillon du 10e, commandé, à ce que l'on croit, par le major d'Ambrugeac, et dans lequel on avait incorporé des volontaires revêtus de l'uniforme des troupes de ligne, passa le pont et arbora le drapeau tricolore. Les gardes nationales s'avancèrent pour fraterniser avec les soldats, mais les traîtres reprirent aussitôt le drapeau blanc et firent une décharge ; un petit nombre d'hommes ont été blessés, mais le pont était passé, et cette perfidie donna un avantage momentané aux rebelles qui entrèrent à Valence.
Le général Grouchy, informé de cet événement, fit partir de Lyon des gardes nationales avec le 6e régiment d'infanterie légère, le tout sous le commandement du lieutenant-général Piré. Le général Lasalcette dirigea de Grenoble sur Saint-Marcellin une colonne de gardes nationales pour prendre les rebelles en flanc. D'autres détachements de gardes nationales marchaient de tous les points. Effrayé de l'énergie de l'esprit public qui régnait dans le Dauphiné, et des préparatifs qui se faisaient à Lyon, le duc d'Angoulême prit le parti de la retraite, abandonna Valence, et se dirigea sur Montélimar, où il était vivement poursuivi. Le général Grouchy vient de partir pour prendre lui-même le commandement des troupes, et pousser jusqu'à Marseille, afin d'étouffer cette rébellion
" (Pièces et actes officiels extraits du Moniteur, première partie 1815, p. 245).

Le 8 avril 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, Ministre de la Guerre, à Paris : "Mon Cousin ... Au lieu des deux bataillons du 6e léger qui devaient se rendre en Alsace pour faire partie de la 17e division au 5e corps, vous prendrez deux bataillons des régiments qui étaient en Provence ..." (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21778 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39238).

Le 8 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je vous envoie le tableau que j'ai rédigé pour la répartition des militaires rappelés. Vous y verrez que j'appelle dans la 1re division tous les hommes de 31 départements. Il y a aujourd'hui à Paris 8 régiments. Je fais venir 4 dépôts de la 8e et 4 de la seconde et de la 5e.
Il y aura donc 16 dépôts à Paris, auxquels 31 départements fourniront, ce qui fera près de 2 départements par dépôt ; mais la Jeune Garde ayant 12 régiments à compléter, tous ces hommes seront nécessaires. Pour tout le reste, j'envoie les hommes en droite ligne à un dépôt voisin. J'ai même pour principe de faire passer les hommes d'un département, dans un autre de la même division. Vous pourrez placer dans des villes voisines de Paris, les 8 dépôts qui doivent arriver. Il faut que ces régiments, avec leur dépôt, fassent partir les 3e, 4e, et 5e bataillons. On peut donc avoir de quoi compléter ici 2 bataillons par régiment ou 32 bataillons, ce qui fera une réserve.
Je fais venir ici tous les hommes de la Provence. Quelque inconvénient qu'il puisse y avoir, je pense que ce déplacement est nécessaire. Si nous venons à nous apercevoir qu'un département ne puisse pas fournir à 2 ou 3 régiments, comme il est porté au tableau, nous verrons à faire venir à Paris un de ces régiments.
II faut mettre un inspecteur à la tête des 16 dépôts de Paris. Donnez à chacun de ces régiments ce qui est nécessaire pour habiller 1 000 hommes et en outre, faire un marché pour avoir à Paris un magasin de 20 000 habillements complets ...
Annexe
Répartition des militaires rappelées aux drapeaux
Dépôt garnison ...
2e dépôt à Soissons ...
4e division militaire :
Vosges : 4e de ligne à Nancy ; 6e léger à Phalsbourg ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39235).

"Rapport du lieutenant-général comte Grouchy, sur ses opérations dans le Midi.
Au quartier-général du Pont-Saint-Esprit, le 11 avril 1815.
... Il n'y avait pour toute garnison à Lyon que des dépôts de régiments, qui ne fournissaient que trois cents baïonnettes, et quelques dragons à pied du 13e ; en artillerie, douze pièces, sans chevaux pour les conduire et sans canonniers pour les servir.
Le 6e régiment d'infanterie légère, fort de 840 hommes, venant de Lons-le-Saulnier d'où le général Dessaix l'avait appelé, y arrivait ; j’avais devancé les généraux que S. M. envoyait dans le midi : le général Dessaix était hors d'état d'agir et le commandant de la place, le général Schwister mutilé, ne pouvant avoir l'activité nécessaire ... Je courus passer la revue du 6e régiment, je l'électrisai par des paroles analogues aux circonstances, je l'embarquai sur le Rhône et lui ordonnai d'aller prendre position à l'embranchement des routes de Valence à Lyon par Romans et d'occuper les bords de l'Isère par les avant-postes ; trois bouches -à-feu partirent avec cette petite colonne.
... Je me déterminai à prendre l'offensive. J'ordonnai au général Piré de faire la démonstration d'un passage au port Saint-Jacques, et par une marche de nuit de passer à Romans et de se porter sur Valence, réunissant les troupes qui étaient à Saint-Marcellin, et agissant rapidement.
La fausse attaque a eu lieu le ... avril, le général Piré a canonné vivement et a engagé une fusillade avec les insurgés, et se portant sur la rive, l'aigle du 6e léger à la main, a fait retentir de toutes parts les cris de vive l'Empereur ! Une grêle de balles dont il a été assailli n'ont atteint que ses habits, et le duc d'Angoulême a été à même d'apprécier l'enthousiasme de l'armée pour son auguste chef. Un bateau propre à effectuer le passage, amené malgré le feu de l'ennemi, ne lui permit pas de douter qu'on ne passât la rivière de vive force sur ce point. Cependant le pont de Romans était réparé, les troupes venant de Marcellin passaient en toute hâte. Dès qu'elles furent sur la rive gauche, et réunies à celles du général Piré qui, par une marche rapide, pendant la nuit les rejoignit, ne laissant au port Saint-Jacques que quelques hommes pour entretenir des feux et faire du bruit, on se porta sur Valence ; prévenu sans doute du passage à Romans, M. le duc d'Angoulême s'était retiré en toute hâte de Valence, où l'on n'a trouvé que ses blessés ...
" (EXTRAIT DU MONITEUR. Du mercredi 19 avril 1815. Pièces et actes officiels extraits du Moniteur, première partie 1815, p. 540; Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 335 (donne la date du 12 avril 1815).

Le 10 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Davout : "... Le corps d'observation des Alpes sera composé du 6e léger, des 39e et 49e, des 16e et 87e de ligne, du 14e léger, des 9e et 34e de ligne, des 7e, 20e, 24e et 14e, ce qui formera douze régiments.
Vous ne laisserez point dans la Provence, dont l'esprit a été si mauvais, le 87e, le 39e, le 49e et le 6e léger ; vous les réunirez à Chambéry ...
" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1463 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39259).

Le 10 avril 1815, le Général Grouchy écrit au Maréchal Suchet : "Mon cher maréchal, je dirige sur Lyon le régiment étranger, qui précédemment faisait partie de l'armée royaliste. J'ai envoyé à Grenoble le 10e régiment, qui a fait sa soumission dans une adresse que j'ai fait parvenir à l'Empereur de concert avec Corbineau ; et j'ai nommé de nouveaux chefs à l'un et à l'autre de ces régiments. M. Roussel, chef de bataillon au 6e léger, commande le 10e, et M. Lafond, ancien aide de camp de Moreau, commande le régiment étranger.
J'attends aujourd'hui les directions, quant à ma conduite ultérieure relativement au duc d'Angoulême, que je garde soigneusement.
Des lettres interceptées de Masséna, que Corbineau a envoyées à l'Empereur, prouvent l'état de rébellion de l'une et l'autre de ces villes.
Je me suis hâté d'écrire à Masséna et de le prévenir des événements qui viennent de se passer, événements qui doivent rendre la tranquillité au Midi.
Une colonne de Marseillais menaçait hier Tarascon ; une autre colonne, avec deux canons, a attaqué Château-Renard près Avignon. Je n'ai point encore de détails, mais les événements qui ont lieu ralentiront, je pense, les mouvements des Marseillais, et nous irons à eux dès que nous aurons fini avec le duc
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 318).

Dans son rapport en date du 4 mai 1815, le Colonel du 10e de Ligne, d'Ambrugeac, écrit : "... Le 9 avril au matin, le prince fit donner communication au régiment de la capitulation. Le colonel assembla chez lui MM. les officiers, et on rédigea une adresse à S. M. l'Empereur, qui fut portée au Saint-Esprit par M. le chef de bataillon Bernard. Le prince partit à neuf heures du soir. Pendant la nuit, le colonel d'Hautefeuille porta au colonel du 10e l'ordre de partir le 10 avril à quatre heures du matin pour se rendre à 2 lieues de la Palud. En conséquence des ordres de M. le maréchal comte de Grouchy, M. Roussel, chef de bataillon au 6e léger, prit le commandement du régiment, et le colonel se rendit au Saint-Esprit ..." (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 413).

Le 11 avril 1815, le Ministre de la Guerre écrit, depuis Paris, à Grouchy : "Monsieur le comte, l'Empereur vous donne le commandement en chef du 7e corps ou corps d'observation des Alpes.
Ce corps doit être composé des deux premiers bataillons des régiments ci-après désignés, complétés chacun, autant que possible, à cinq cents hommes armés, habillés, équipés et en état, savoir : des 6e léger, 39e et 49e régiments qui doivent être actuellement sous vos ordres ; des 16e et 87e qui doivent être à Toulon et Antibes ; des 14e léger, 9e et 34e de ligne, venant de l'île de Corse à Toulon, et des 7e, 14e, 20e et 24e de ligne, venant en poste avec le général Girard de Paris à Lyon.
Cela fait douze régiments ou vingt-quatre bataillons, que vous organiserez en quatre divisions et huit brigades. Ces quatre divisions d'infanterie prendront les numéros 22, 23, 24 et 25.
La 22e division d'infanterie est la division actuelle du général Girard, venue en poste de Paris à Lyon.
Je joins ici les ordres que je donne aux généraux commandant les 7e, 8e et 9e divisions militaires pour qu'ils tiennent à votre disposition et fassent diriger suivant les indications que vous leur donnerez, les deux premiers bataillons et les trois premiers escadrons des douze régiments d'infanterie et des trois régiments de cavalerie désignés ci-dessus.
L'intention de l'Empereur est que vous réunissiez vos divisions sur les points les plus convenables, tels que Grenoble, Chambéry et dans la Provence, tant pour la sûreté de la frontière des Alpes que pour le maintien de la tranquillité dans les 7e et 8e divisions militaires. Sa Majesté vous recommande de ne point laisser dans la Provence, dont l'esprit a été si mauvais, le 87e, le 39e, le 49e régiment de ligne et le 6e léger, mais de les réunir à Chambéry.
Concertez-vous sur-le-champ avec les généraux commandant les 7e, 8e et 9e divisions militaires, pour qu'ils fassent procéder sans délai à la formation des bataillons et escadrons mis en activité, et entendez-vous avec eux sur la direction qu'ils doivent leur donner. Faites-moi connaître le plus tôt possible, afin que je puisse en rendre compte à l'Empereur, les premières dispositions que vous aurez faites pour l'organisation de votre corps, la force et la marche des troupes, les points que vous aurez désignés pour l'emplacement de vos divisions.
Je réitère mes ordres pour accélérer l'arrivée à Toulon des trois régiments venant de l'île de Corse. Je pense qu'ils ne peuvent tarder d'y être rendus, et leur arrivée rendra parfaitement disponibles les régiments tirés de Toulon, Marseille et Antibes.
Ayez soin, pour les mouvements de troupes, que les commissaires de guerre donnent les avis de passage et prennent toutes les mesures nécessaires pour assurer leur subsistance en route.
Vous êtes instruit ainsi, Monsieur le comte, de l'ensemble des mouvements militaires que l'Empereur ordonne pour le Midi ; ne perdez pas un instant pour procéder à leur exécution ; combinez-le avec les généraux divisionnaires de manière à l'accélérer autant que possible, sans cependant rien compromettre, et adressez-moi journellement des rapports très-détaillés sur vos dispositions.
Je vous écris particulièrement, pour vous faire connaître les généraux désignés pour commander vos divisions et brigades, les officiers d'état-major et d'administration qui seront attachés à votre corps, et les mesures prises pour donner à chaque division une batterie d'artillerie, des sapeurs et des officiers d'artillerie et du génie.
J'ai fait connaître au ministre de l'intérieur la nécessité de mettre de bons bataillons de gardes nationales dans les places, pour rendre disponibles les bataillons de troupes de ligne mis en activité. Vous aurez à vous concerter avec les préfets, pour en accélérer la formation, car il est bien important que les divisions actives du 7e corps d'observation soient organisées, réunies et en état d'agir le plus promptement possible.
Un deuxième corps d'observation va se former sur la frontière des Pyrénées, sous les ordres du général Clausel ; s'il y avait encore dans les 7e et 8e divisions militaires quelques corps ou détachements appartenant aux 9e, 10e et 11e divisions militaires, tels que les 13e, 63e et 69e régiments de ligne, les 5e, 14e et 15e régiments de chasseurs, faites-les rentrer à Nîmes, afin que la formation du 8e corps d'observation, dont ils doivent faire partie, n'éprouve aucun retard
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 375).

Le 12 avril 1815, le Général Grouchy écrit au Maréchal Suchet : "J'ai reçu en même temps et hier, mon cher maréchal, tes dépêches des 9 et 10 avril, dont l'une était portée par ton aide de camp. Je ne t'ai point écrit dans le premier instant de mon mouvement, parce que je n'avais pas un moment à perdre et qu'il valait mieux faire que dire.
Je n'avais pas attendu ta lettre pour commencer à porter mes troupes sur Marseille : un bataillon et deux pièces de canon arrivent aujourd'hui sur la Durance ; le 6e léger et un bataillon du 39e partent pour Avignon.
Dès que je saurai les intentions de Sa Majesté quant au duc d'Angoulême, je me porterai avec le reste de ma petite armée sur Marseille ...
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 330).

Le 16 avril 1815, le Ministre de la Guerre écrit, depuis Paris, à Grouchy : "Monsieur le comte, je vous ai prévenu, le 11 de ce mois, que l'intention de l'Empereur était que vous réunissiez les divisions du 7e corps d'observation que vous commandez, sur les points que vous jugeriez les plus convenables, pour la sûreté de la frontière des Alpes et pour le maintien de la tranquillité dans les 7e et 8e divisions militaires ...
L'Empereur ordonne :
... 2° Que la 23e division d'infanterie, composée des 6e léger, 39e et 49e régiments de ligne, se réunisse à Chambéry, et que le général Dessaix se rende à Chambéry pour prendre le commandement de cette division. Donnez les ordres nécessaires pour que ceux de ces régiments qui doivent sortir de Provence pour cette division, se mettent en grande marche ...
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 393).

Le 18 avril 1815, le Duc d’Albufera écrit, depuis Lyon, au Prince d’Eckmühl, Ministre de la Guerre : "... Le général Corbineau avait donné l'ordre au chef de bataillon Roussel, du 6e léger, officier plein de valeur et d'expérience, de prendre le commandement du 10e de ligne. J'apprends que ce régiment est donné à un autre colonel, ce qui me met dans l'embarras. Je prie Votre Excellence de récompenser les bons services du commandant Roussel, en le confirmant dans le grade de colonel dont le commandement lui a été donné" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 403).

Le 7 mai 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Davout : "... Le 6e léger qui se trouve à Phalsbourg, devra se réunir à Metz ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1546; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39550).

Le 8 mai 1815, le Colonel Pochet se voit retirer son commandement. Il est remplacé par le Colonel Jean Jacques Villars.

Le 13 mai 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Davout "... je ne trouve pas utile que le dépôt du 11e qui est à Orléans, se rende à Roanne ; je le trouve aussi bien à Orléans qu'à Roanne. Je n’approuve pas non plus que celui du 6e léger qui est à Phalsbourg, se rende à Mâcon parce que d'un moment à l’autre, il sera possible de retirer le 6e léger de l'armée des Alpes" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2954; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39613).

Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations :
... 23e division : donnez ordre que le 6e d’infanterie légère qui est à Phalsbourg et qui se recrute dans les Vosges, complète son 3e et son 4e bataillon, chacun à 500 hommes, et que ces 3e et 4e bataillons fassent partie du 4e corps et soient attachés à la 12e division. Chargez le général Gérard de faire presser l’organisation de ces 3e et 4e bataillons.
Le 42e qui se recrute dans la Drôme et le 53e qui s’y recrute également, doivent avoir bientôt leur 3e et 4e bataillon à l’armée ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21909 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39639).

Le même 16 mai 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, Ministre de la Guerre, à Paris : "Qu'est-ce que le colonel du 6e d'infanterie légère ? On m'assure qu'il est bien mauvais" (Brotonne (L. de) : « Lettres inédites de Napoléon 1er », Paris, 1898, lettre 1470 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39654).

Le 17 mai 1815, le Maréchal Davout écrit à l’Empereur : "Sire, Votre Majesté m'a demandé hier des renseignements sur le colonel du 6e léger, qu'elle suppose bien mauvais. Ce régiment était commandé jusqu'à ce jour par M. Zoppfel, parent et protégé du duc de Feltre. La commission proposa dans le temps de le faire remplacer, et le 8 de ce mois Votre Majesté a nommé elle-même, pour commander ce régiment, M. Villars, ancien colonel à la suite du 100e de ligne, couvert de 52 blessures, et que Votre Majesté a remarqué en Espagne où il était major. Ce colonel n'a pas encore rejoint, parce qu'il sollicite de Votre Majesté le grade de maréchal de camp, auquel son ancienneté, ses bons services et son dévouement lui donnent des droits. Je lui ai réitéré l'ordre de rejoindre son régiment, mais je prie Votre Majesté de m'autoriser à lui présenter le projet de décret pour sa nomination ; il n'en commandera pas moins le 6e léger, comme le maréchal de camp Clary commande le 1er hussards" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 541, lettre 1724).

Le 3 juin 1815, l'Empereur à Paris, décrète : "... Le colonel Zaepffel est nommé maréchal de camp ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6842); Napoléon nomme le Colonel du 6e léger, bien qu'on lui ait "assuré qu'il était bien mauvais".

DRAPEAUX

En 1802, la Demi-brigade reçoit trois drapeaux modèle Consulat.

En 1804, le Régiment reçoit trois Aigles accompagnés de trois drapeaux modèles Picot. Deux Aigles sont décorées le 28 septembre 1808 de couronnes d’or, offertes par la ville de Paris pour la campagne de 1806-1807.

Le 26 mars 1807, à Osterode, est établi par l'Empereur l'ordre suivant : "Sa Majesté ordonne que les régiments d'infanterie légère n'auront pas d'aigles à l'armée, et que les aigles de ces régiments seront envoyées aux dépôts, cette arme ne devant pas avoir d'aigle devant l'ennemi" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12183).

Le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon. Quant au corps du général Oudinot, il faut que chaque bataillon fasse faire un petit drapeau d'un simple morceau de serge tricolore, portant d'un côté le numéro de la demi-brigade et de l'autre le numéro du bataillon, comme, par exemple, 4e bataillon du 6e d'infanterie légère d'un coté, et de l'autre 1re demi-brigade légère, etc. Il faut faire pour cela très-peu de dépense. J'en ferai faire de très-belles, que je donnerai moi-même aussitôt que possible" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).

Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).

Drapeau du 6e Léger, modèle 1812
Drapeau du 6e Léger, modèle 1812

En 1812, il n y a plus qu’une Aigle en service. Un nouveau drapeau modèle 1812 portant ULM JENA EYLAU FRIEDLAND ESSLING WAGRAM. Ce drapeau reste au Dépôt. Il est aujourd’ hui au Musée de l’Armée.

Le 24 mars 1812, à Paris, à la question : "Les régiments d'infanterie légère doivent-ils faire revenir leur aigle qui, par une disposition spéciale de l'Empereur, se trouve à leur dépôt ?", ce dernier répond encore une fois : "Puisque les aigles de ces régiments sont aux dépôts, il faut que les régiments les y laissent" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 5028).

En 1814, le Régiment, devenu Régiment de Berry, recoit un drapeau royal.

Aux Cent Jours, un nouveau drapeau modèle 1815 et une nouvelle Aigle sont donnés

UNIFORMES

- Figure 1 : Carabinier du 6e Léger vers 1801-1802. La tenue est celle du début du Consulat. Petit shako noir, la cocarde et le plumet écarlates sont portés à gauche, aucune plaque. Cordons portés détressés et raquettes pendantes à gauche. En 1802, les Carabiniers détachés à Lyon seront dotés d’un bonnet d’oursin. Tenue classique de l’Infanterie légère. Les boutons sont encore en laiton. Les épaulettes écarlates, de même que la dragonne du sabre briquet, et les soutaches des demi-guêtres, sont caractéristiques des Carabiniers, avec le port de la moustache. Les cheveux sont noués en queue sur la nuque. Les buffleries sont encore noires. On les retournera bientôt pour être blanchies en attendant des buffleteries blanches.

- Figure 2 : Sous-officier de Chasseurs du 6e Léger vu au Tyrol en 1805, d’après un dessin du temps. Shako encore sans jugulaires. Le plumet vert et la cocarde tricolore sont portées sur l’avant. Ils l’étaient sur le côté gauche auparavant. Plaque de métal blanc losangique ornée d’un cor de chasse. Les deux cordons verts sont portés non tressés et les raquettes pendent longuement sur le côté droit. Deux épaulettes entièrement vertes ornent les épaules. Habit bleu à revers en pointe passepoilés de blanc. On notera les parements en pointe entièrement écarlates et le collet écarlate passepoilés de blanc. Les boutons sont désormais en étain. Ils étaient en cuivre jusqu’en 1804 environ. On a retrouvé des boutons du 6e Léger à la fois en cuivre et en étain dans des fouilles réalisées à Etaples où le Régiment a stationné plusieurs mois. Galons de grade blancs ou argent (selon le grade) et chevron d’ancienneté écarlate. Les retroussis doivent être ornés de cor de chasse blancs et les poches en long doivent être passepoilées de blanc. On notera les soutaches sur le devant de la culotte qu’on s’attendrait à retrouver sur une tenue de sortie "fantaisie". Demi-guêtres blanches portées en Eté. Equipement classique de fantassin avec sabre briquet. On remarquera aussi l’absence de capote sur le sac.

Figure 3 : Voltigeur du 6e Léger, tenue de campagne, vers 1810 : Le pantalon de route et la capote gris blanc sur laquelle notre Voltigeur fait apparaitre les distinctives de sa spécialité (collet et épaulettes jonquille) sont assez classiques. Ce qui l’est moins, c’est ce colback à visière. En fait, rafistolage d’un shako recouvert de peau de mouton noir, coiffure au départ liée aux carences de l’équipement, adoptée par les soldats de Soult, et qui fut finalement prise par nombre de Compagnies d’élite en Espagne comme signe distinctif.

Figure 4 : Chasseur du 4e Bataillon du 6e Léger à la Division Oudinot en Autriche en 1809. Loin de l’Espagne et venant du Dépôt, la tenue de notre Chasseur est réglementaire.

Figure 5 : Officier de Voltigeurs du 6e Léger en 1813-1814, d'après une tenue d’époque conservée au Musée militaire de Morges (Suisse). La tenue a pris la coupe du règlement de 1812 (et nous savons qu’elle ne furent portées en général que vers 1813). On notera que les revers entièrement fermés ne sont pas tout à fait à angle droit sur le bas mais gardent une petite échancrure. Le collet est chamois. Les parements sont en pointe entièrement bleu foncés. Les retroussis sont ornés sur l’extérieur de cors de chasse argent sur fond chamois et sur l’intérieur de grenades argent sur fond chamois. Les poches sont en long et en accolade bordées d’un passepoil blanc. La plaque du shako est du modèle 1812 avec Aigle et soubassement (voir photo de la plaque de shako de Carabiniers, à la différence que des cors de chasse ornent les extrémités du soubassement et pas des grenades). Elle est argentée pour l’Officier, de même que les boutons et les épaulettes. Le reste de la tenue est réglementaire, avec le plumet chamois.

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