Le 75e Régiment d'Infanterie de ligne
1796-1815
Avertissement et remerciements :
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/ Les origines de la 75e Demi-brigade
La 75e Demi-brigade de ligne, future 75e Régiment d'infanterie de ligne, est formée selon Bernard Coppens par Arrêté du 8 janvier 1796 (18 nivôse an IV); l'Historique régimentaire date sa formation du Décret du 16 mars 1796 (26 Ventôse an IV). F. Bouvier ("Bonaparte en Italie") dit qu'elle a été formée le 10 mars 1796. Entrent dans sa composition :
- 70e Demi-brigade de première formation
Elle avait été formée des unités suivantes :
- 2e Bataillon du 35e Régiment d'infanterie (ci-devant Aquitaine)
- 1er Bataillon des Landes
Formé le 17 novembre 1791.
- 1er Bataillon de l'Ardèche.
Formé le 1er juillet 1792; Chef Massol.
La 70e s'est distinguée dans les opérations de l'Armée des Alpes sous Kellermann, notamment à l'attaque de la redoute de Mélogno, que les Piémontais de Colli venaient de nous enlever (27 juin 1795).
L'Historique régimentaire du 75e de Ligne, donne une liste d'Officiers et soldats tués et blessés à la bataille de Melogno, le 27 juin 1795. Sont-ils de la 70e Demi-brigade de bataille ? Cela n'est pas précisé. Voici toutefois la liste de ces hommes, sous réserve de confirmation : Chef de Bataillon Laimé, Chef de Bataillon Piton Bressant(Raimond), Lieutenant Antoine Heil, Sous-lieutenant Antoine Cros soldat Pierre Bouffon, tués; Chef de Bataillon Julien Toubin, blessé à la tête et au bras, Capitaine François Petit de Voncourt, blessé, Capitaine Pierre François Garilhe, blessé à la jambe; Capitaine François Lejeune, Sous-lieutenants Jacques Salaha, Joseph-Marie Moret et Charles Clémency, blessés.
A la réorganisation du 8 Janvier 1796 (18 nivôse an IV), elle doit entrer dans la composition de la 75e demi-brigade de seconde formation.
C'est toutefois une Demi-brigade où la discipline se ressent fortement des conditions extrêmes dans lesquelles les troupes ont à combattre en Italie. Peu de temps avant le départ du Général Schérer, la Division Sérurier toute entière s'insurge à Ormea. La 70e Demi-brigade lance une dénonciation contre le Général La Harpe qui a puni d'arrêts le Chef de ce corps. Il semble d'ailleurs que cette Demi-brigade fasse preuve d'un singulier esprit ; on l'accuse d'avoir, le 21 janvier, à l'anniversaire de la mort du Roi, voilé de crêpe ses drapeaux. Schérer la défend, rejetant le fait sur une simple "inadvertance" et concluant à son maintien sous les ordres de La Harpe ; mais l'indice est assurément fâcheux. Il n'est pas unique et Bonaparte, dès son arrivée, doit constater l'état d'insubordination perpétuel et le mécontentement de l'armée (F. Bouvier : "Bonaparte en Italie, 1796" - Ministre de la Guerre au Général Schérer, 21 mars 1796 - Arch. G.; Général Schérer au Directoire, 22 mars 1796 - Arch. G.).
- 117e Demi-brigade de première formation
Elle avait été formée des unités suivantes :
- 1er Bataillon du 59e Régiment d’infanterie (ci-devant Bourgogne)
- 2e Bataillon de la Côte-d'Or
Formé les 1er/3 septembre 1791; Chef Delaborde
- 1er Bataillon de la Haute-Loire.
Formé le 22 juin 1792; Chef Chambarlhac (J.-V.)
Chef de Brigade Daurier le 5 Avril 1794 (16 Germinal an II); à l'amalgame de la 117e avec la 70e, il est placé à la suite. Mort à Fort-Hercule le 18 Mai 1796 (29 Floréal an IV).
A la réorganisation du 8 janvier 1796 (18 nivôse an IV), elle doit entrer dans la composition de la 75e Demi-brigade de seconde formation.
Jean Jacques-Antoine Vital François de Chambarlhac (baron de) est Chef de brigade de la 117e le 16 Mars 1796 (26 ventôse an IV).
- 152e demi-brigade de première formation
Elle avait été formée des unités suivantes :
- 2e bataillon du 82e régiment d’infanterie (ci-devant Saintonge)
- 7e bataillon de la Marne
Formé le 7 juillet 1793.
- 6e bataillon du Bas-Rhin.
Formé le 16 août 1792; Chef Offenstein
A la réorganisation du 8 janvier 1796 (18 nivôse an IV), elle doit entrer dans la composition de la 75e Demi-brigade de seconde formation.
- 1re Compagnie de Grenadiers de la 26e Demi-brigade de première formation.
Mentionnée par Bernard Coppens. A confirmer.
L'Historique régimentaire mentionne un certain DANDIGNÉ (Pierre-Agalhée), Chef de Brigade le 18 Mars 1794 (28 ventôse an II). Tué à Finale le 26 Janvier 1796 (6 Pluviôse an IV), comme Chef de Brigade. A préciser.
/ Organisation officielle de la 75e Demi-brigade - Armée d'Italie
Cachets à sec de la 75e Demi-brigade (communication de G. Centanni) |
Le 16 mars 1796, la future 75e Demi-brigade occupe la ville de Savone.
Fin mars 1796, le Commissaire des Guerres Salicetti prescrit le mouvement de la Brigade Pijon, consenti par Schérer.
Pijon part de Savone le 24 mars 1796. Le 25 et le 26, sa Brigade (70e, future 75e Demi-brigade; et 2e et 3e Bataillons de la 99e, future 51e), occupe Voltri et les positions environnantes, où déjà 700 hommes gardent les moulins de l'armée; le 30, le Général Pijon, tombé malade, cède le commandement à Cervoni. Les troupes ont poussé leurs avant-postes, sur leur droite jusqu'à Pegli, sur leur gauche jusqu'à la Cima dell'Inferno; leur ligne s'étend ainsi, couvrant les abords de Voltri, depuis Castelluccio jusqu'à Borgo-Germasso, en passant par Mele ; la réserve se tient à Arenzano, sur le rivage de la mer. Saliceti, en annonçant l'approche de Bonaparte, donne ordre de surseoir au mouvement sur San-Pier d'Arena.
Le Général autrichien Beaulieu, apprenant le 30 mars l'occupation de Voltri par la 70e Demi-brigade (future 75e) y voit le prélude d'un coup de main contre Gênes. Il se prépare alors à devancer l'attaque française ,ou du moins à la repousser. Il se dirige alors avec la majeure partie de ses troupes contre la petite avant-garde postée à Voltri qui ne pourra lui opposer qu'une faible et courte résistance, livrant ainsi aux Autrichiens le flanc droit de Bonaparte, et le secret de sa marche par Cadibona (F. Bouvier : "Bonaparte en Italie, 1796").
Toutefois, Beaulieu se trompe sur les objectifs des Français qui n'est pas Gênes. D'autant plus que Bonaparte décide de maintenir la Brigade Pijon à Voltri, bien que celle ci soit particulièrement exposée, pour faire diversion et préserver ses véritables buts.
Un arrêté du 30 Mars 1796 (10 Germinal An IV) change les numéros des Demi-brigades de toutes les armées de la République. L'amalgame proprement dit, on l'a vu, a commencé en mars; il se poursuit dans les premiers jours d'avril, s'effectuant peu à peu sous l'impulsion énergique de Bonaparte. En attendant, pendant toutes les premières affaires de la campagne, même après Lodi, les Demi-brigades formées de la veille, improvisées en quelque sorte sous le feu de l'ennemi par la fusion de plusieurs Demi-brigades issues du premier amalgame, conservent provisoirement le numéro de celle de ces Demi-brigades qui porte le chiffre le moins élevé. La future 75e, rappelons le, s'appelle donc temporairement la 70e.
La situation fin mars début avril 1796 (avant l'achèvement de l'amalgame), est la suivante :
Avant garde : Masséna
1ère Division : Général La Harpe; 1ère brigade à Voltri, Gal Pijon; 70e Demi-brigade, 2613 hommes, 90 Officiers; 2e Brigade à Quiliano, Général Ménard : Compagnie auxiliaire de la 70e, 247 hommes.
Pour remarque, les 117e et 152e, portées en mars sur les situations, n'y figurent plus en avril, ayant été amalgamées dans la 70e. A noter également qu'en mars, le Lieutenant Martel, de la 70e, se trouve au sein de la Division des Côtes, en tant qu'Adjoint de l'Adjudant général Partounneaux; il n'apparait plus sur la situation de début avril.
On trouve aussi au sein du Corps de Bataille, 3e Brigade, les canonniers de la 117e.
Bonaparte quitte Nice le 2 avril; le 3, il est à Menton, pressant une fois de plus ses Généraux de terminer le nouvel amalgame des Demi-brigades. Le 4, il est à Oneille; le 5 à Albenga. La campagne doit commencer le 10 avril.
- Voltri, 8, 9 et 10 avril 1796 (19, 20, 21 Germinal an 4)
La 75e formée avec l'ancienne 70e, les 117e et 152e, compte 2763 hommes le 4 avril ; 2691 le 6 et 2711 le 9. Les Etats de situation du 9 avril 1796 (20 Germinal an 4) donnent 3181 hommes ; mais la Demi-brigade aurait laissé une Compagnie auxiliaire de 250 hommes à Vado; 300 hommes en outre étaient répartis entre Albissola et Varazze pour le transport des farines; et 700 hommes étaient déjà à Voltri pour la garde des moulins. D'après le Commandant Costa, il y avait 2,600 hommes, 400 étant restés malades (F. Bouvier, "Bonaparte en Italie" - Arch. G.).
Boutons de la 75e Demi-brigade (communication de G. Centanni) |
Le 8 avril 1796 (et non le 7 comme dit dans l'Historique), le Chef de la 75e Demi-brigade, Chambarlhac, qui s'est imprudemment avancé jusqu'à San-Pier d'Arena, après avoir lutté six heures, doit se replier sur les positions en avant de Voltri, mais dans la soirée il tente avec succès un retour offensif qui lui permet de reprendre ses positions du matin. Il y résiste toute la journée du 9.
La Brigade Pijon, passée sous le commandement de Cervoni, comprend la 75e Demi-brigade et 2 des Bataillons de la 51e accompagnés des 3 Compagnies de Grenadiers. Soit 6,000 combattants environ, qui vont être assaillis par 7,590 à 8,000 Autrichiens (F. Bouvier, "Bonaparte en Italie").
Le matin du 10 (et non le 9 comme dit dans l'Historique régimentaire), le Général-major Pittony, descend de La Bocchetta par Campo-Marone, Pontedecimo et la vallée de la Polcevera sur Pegli, avec 5 Bataillons et 4 Escadrons, pendant qu'une deuxième colonne de 5 Bataillons, avec le Général-major Sebottendorff, celle dont Beaulieu s'est réservé la direction supérieure, s'avance d'Ovada par Campo-Freddo et Masone, en suivant une des vallées transversales de l'Orba.
L'affaire s'engage avec vivacité, vers 3 heures de l'après-midi. Le Général Cervoni n'est pas cependant pas homme à se laisser forcer sans faire bonne contenance, malgré l'infériorité numérique de ses troupes. Les avant-postes vont jusqu'à Pegli, s'appuyant à droite à Castellucio, à gauche à Germasso ou Ghigermazzo, leur centre à Pian del Mele, lançant jusqu'aux cabanes de l'Inferno, au-dessus de Campo-Freddo, quelques tirailleurs, tandis qu'une faible réserve se tient sur les bords de la mer à Arenzano.
Les Autrichiens refoulent sans peine de Cornegliano les sentinelles avancées, Grenadiers de la 75e et de la 51e; les postes français de San-Carlo delle Cese et de San-Alberlto sont aussi repoussés, de même que ceux placés à l'Acqua-Santa et à Monte del Dente, en les rejetant au bas des pentes de l'Apennin. Cervoni prescrit alors la retraite (F. Bouvier).
Cependant, Beaulieu ne profite pas de son avantage. Il ne fait que forcer la 75e dans sa position de la Prata di Cassine, et suivre lentement la retraite des Français sans les harceler, sans entraver leur marche, sans tenter de les couper (Historique et F. Bouvier).
Le 1er Bataillon de la 51e, commandant Menzweig, forme l'arrière-garde ; la 75e, bien que restée exposée à un feu violent pendant quatre heures, se retire en bon ordre pour couvrir Voltri. Quatre de ses Compagnies cernées par l'ennemi au "Champ des Prêtres", se font jour à la baïonnette et battent en retraite par le Mont des Capucins. Le Capitaine Gruardet, avec 45 hommes, tient tête, dans un retranchement improvisé durant la nuit, à plus de 200 Autrichiens. La 3e Compagnie de Grenadiers de la 75e forme l'extrême arrière-garde. Postée aux Capucins, elle y est encore attaquée à 10 heures du soir, par l'ennemi qui s'avise enfin, mais trop tard, de couper la route à la Brigade Cervoni. La 75e a fait des pertes sérieuses, surtout en prisonniers, les postes avancés n'ayant pas eu le temps de se replier. Au total les Français ont perdu environ 250 hommes, les Autrichiens 50 seulement. Pour la 75e, on note 1 Officier tué, le Sous-lieutenant Dissandié, et 7 blessés ou prisonniers, dont le Capitaine Arnaud ; 16 soldats tués, 45 blessés et 148 prisonniers, dont plusieurs s'échappent pondant la nuit (Historique et F. Bouvier).
Plusieurs soldats qui se trouvaient séparés, se jettent dans les montagnes pour suivre la Demi-brigade, plutôt que de se laisser faire prisonniers.
Cervoni, avec sa petite troupe, se retire jusqu'à la maison Spinola. A la nuit close, il fait allumer de grands feux pour faire croire à sa présence et aussitôt presse sa retraite d'abord sur Mele, petit village perché entre deux pentes élevées et de difficile accès, entouré qu'il est de divers ruisseaux et adossé au mont San-Martino qui fait face au Levant, puis sur Voltri. La flottille anglaise du Contre-amiral Jerwis ayant, le 11, "au crépuscule »" du matin, lancé quelques boulets sur Mele, Cervoni, craignant pour ses flancs, et ayant rempli le but qui lui était assigné, quitte la route très exposée qui borde de trop près la mer et recule jusqu'à Savone en suivant probablement les bauteurs du Mont des Fourches et de Stella, d'où il redescend à la fois par Albissola sur Savone et par Ellera sur la Madonna. Il arrive à Savone en fort bon ordre, ce même jour, 11 avril, vers 4 heures de l'après-midi, sous la protection des 1,500 hommes de la 51e Demi-brigade que Bonaparte a envoyés pour le recueillir, sur les bauteurs de Stella et de Varazze, derrière le torrent de Teiro.
La 75e entre à Savone vers 5 heures du soir. Elle est passée en revue par le Général Bonaparte, arrivé à Savone l'avant-veille, le 9 avril, qui lui témoigne sa satisfaction pour sa bravoure et son énergie pendant les combats autour de Voltri. Elle bivouaque jusqu'à minuit dans les rues de la ville.
- Montenotte, 12 avril 1796 (23 Germinal an 4)
La 75e quitte Savone dans la nuit du 11 au 12, à 1 heures du matin, pour voler au secours des défenseurs de la redoute de Monte-Legino attaquée le 11.
Quelques Dépôts et Compagnies auxiliaires, dont celle de la 75e, sont laissés autour de Savone, de Calice et de Vado, suffisants contre un coup de main, mais non pour garder la ville et la côte; le reste de l'armée, rappelé en toute hâte, se concentre et s'apprête.
La Harpe, avec la Brigade Causse, 51e et l'ancienne 14e (environ 6,000 hommes), part à 2 heures du matin de Savone; il recueille en route les 4,500 soldats de la 75e de Cervoni "terrassés de fatigue" (l'effectif est sans aucun doute exagéré), reploie un bataillon de la 51e, jeté trop à droite à Stella, et vole par le chemin qui longe la rive droite de l'Ellero et grimpe sur Montenotte au secours de la redoute de Monte-Legino, où déjà l'ont précédé quatre pièces de canon. Les hommes ont chacun 80 cartouches, 40 dans la giberne, 40 dans le sac, et s'avancent pleins d'entrain, heureux d'en venir enfin aux mains avec l'ennemi. L'espoir rayonne partout. "Tout nous annonce que cette journée et celle de demain marqueront dans l'histoire", écrit Berthier, de Carcare, à Masséna, le 12 avril (F. Bouvier, "Bonaparte en italie").
Le temps est nébuleux ; il a plu toute la nuit. L'ordre est donné à La Harpe d'attaquer une heure avant le jour (Bonaparte à La Harpe, 11 avril). Cependant, il est près de 7 heures du matin, quand La Harpe débouche en face du Monte-Pra; les défenseurs de Monte-Legino, qui n'attendaient que son arrivée, font irruption hors de la redoute. Les Autrichiens, de leur côté, sortent de leurs abris. Déjà les tirailleurs sont aux prises. La Harpe ne forme qu'une masse de 4,500 hommes environ, avec le bataillon de la 32e, les 51e et 75e Demi-brigades, la 17e légère entière et la 14e, et il se précipite sur l'ennemi avec une telle furie que celui-ci est chassé de San-Giustina et de Ca di Ferro, et rejeté d'un seul coup au bas des pentes du Monte-Pra et du San-Giorgio, dans le vallon de Montenotte.
Argenteau, qui se croit sûr de la victoire, s'apprête à revenir à la charge. Mais à ce moment, vers 8 heures, le ciel s'éclaircit, dissipant la brume matinale, et Argenteau consterné discerne la ligne française renforcée se déployant, avec de l'artillerie, en longue file jusqu'au petit torrent de Lambruschi qui va baigner Ellera et s'y jeter dans la Sansobbia. La brusque et vigoureuse attaque de La Harpe culbute les Autrichiens. L'arrivée de Masséna précipite le sort des Autrichiens.
Un Bataillon de l'Archiduc-Antoine qui s'attarde à Naso di Gatto est enveloppé et contraint de mettre bas les armes. Le Grenadier Antoine Boiron, de la 75e, s'empare du drapeau; le Capitaine Lejeune de la 75e, blessé à Melogno l'année précédénte, disperse un Corps de Croates embusqué sur son chemin, harcèle sans trêve l'ennemi, lui faisant une centaine de prisonniers. Le Sergent Huot, de la 75e également, se bat au sabre contre six ennemis; il en prend quatre, quoique frappé de trois graves blessures. Le Colonel Nesslinger, qui commande le Régiment, ne parvient qu'à grand peine à s'échapper avec quelques hommes.
Bonaparte, une fois l'action terminée, donne ses ordres pour presser l'ennemi en retraite. Il félicite Laharpe sur la bonne conduite de ses troupes, sa bravoure et ses talents, et lui prescrit de menacer l'ennemi à Sassello, d'y envoyer même une patrouille, avant la nuit, pour en hâter l'évacuation et s'y emparer des magasins.
Ce jour là, 12 avril 1796 (23 Germinal an 4), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, à Carcare, au Général Masséna : "… Si l'ennemi menaçait encore la division du général Laharpe, il serait indispensable que vous prissiez des positions pour appuyer sa gauche.
Ce général est parti à une heure après minuit, pour monter à la redoute de Monte-Legino avec la 70e et la 99e demi-brigade ; ainsi, vous voyez qu'il est en force …" (Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 138 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 481 - note : 70e ancienne, ou 75e nouvelle ; 99e ancienne ou 51e nouvelle).
Toujours le 12 avril 1796 (23 Germinal an 4), Bonaparte écrit au Directoire exécutif : "La campagne d'Italie a commencé. J'ai à vous rendre compte de la bataille de Montenotte.
Après trois jours de mouvement pour nous donner le change, le général Beaulieu a fait attaquer, par une division de dix mille hommes, la droite de l'armée appuyée sur Voltri.
Le général Cervoni, qui y commandait, ayant sous ses ordres la 70e et la 99e demi-brigade, soutint le feu avec l'intrépidité qui caractérise les soldats de la liberté. Je ne pris pas le change sur les véritables intentions des ennemies. Dès l'instant que je fus instruit des circonstances de l'attaque de la droite, j'ordonnai au général Cervoni d'attendre la nuit, et de se replier par une marche forcée, et en cachant son mouvement à l'ennemi, sur mon centre, qui était appuyé sur les hauteurs de la Madone de Savone ..." (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 10 qui indique en note : "L'éditeur des Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Paris, 1821, T. 2, p. 9, dit que « cette lettre, où Bonaparte rendait compte de la bataille de Montenotte, ne s'est pas retrouvée » ; nous l'avons cependant retrouvée dans le Moniteur du 25 avril 1796, et nous la communiquons telle à nos lecteurs" ; la Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 148 et la Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 49170 donne cette lettre à la date du 14 avril 1796 (25 Germinal an 4). Pour rappel, 70e ancienne, ou 75e nouvelle et 99e ancienne ou 51e nouvelle).
Le 12 au soir, La Harpe, depuis Sassello, gagne par un à-gauche les hauteurs où un torrent prend sa source et vient, par la route de Cianlasso, se porter sur le massif de montagnes entre la Rochetta et Cairo, vers Pra Ellera. Il descend ensuite de ces hauteurs par trois chemins qui l'amènent par la Madonna del Rosco, sur la grande route d'Acqui et sous les murs de Cairo. Dans la soirée, La Harpe reçoit à Carcare de Bonaparte lui-même, les instructions pour le lendemain. La division La Harpe bivouaque autour de la cassine de Rocca-Pertusa; La Harpe se rend à La Fabbrica, sur une petite éminence près de Cairo. Cervoni, qui tient la droite, se met à l'abri dans la chapelle San-Francesco.
La 75e a eu le 12 avril 8 tués, 13 blessés et 6 prisonniers.
- Dego, 14 et 15 avril 1796 (25 et 26 Germinal an 4)
Le 13 avril 1796, Cervoni, avec la 75e, tente inutilement de passer à gué la Bormida, près de Vermenano, sous le canon ennemi, et ne peut qu'envoyer des patrouilles par le Pianale, vers Sopravia. Deux pièces de canon enfin, postées au Colette, sur une éminence, tirent quelques coups sur Dego, pour obliger les Autrichiens à répondre et à démasquer ainsi le nombre et l'emplacement de leurs batteries. L'ennemi riposte en effet par un feu violent d'artillerie et de mousqueterie, dévoilant naïvement l'étendue et la force de ses lignes, sans grand dommage pour les Français qui n'ont que 4 à 5 soldats touchés et un cheval tué. Ce feu dure deux heures. A 4 heures, Masséna, suffisamment renseigné, rappela ses éclaireurs, convaincu que Dego ne peut être enlevé par une simple attaque brusquée. A la nuit tombante, alors que ses troupes rentrent dans leurs bivouacs de la nuit précédente, il rencontre La Harpe à Cairo, accouru au bruit du canon, pour le soutenir.
Bonaparte est convaincu de la capitulation prochaine de Provera. Il donne alors ses ordres à Masséna et à La Harpe le 13 au soir, pour en finir le lendemain avec les retranchements de Dego, défendus par environ 4000 hommes, le village de Dego lui-même étant la clé du champ de bataille. La Harpe doit se porter sur la droite de Dego.
Le lendemain 14, à 9 heures du matin, La Harpe débouche sur Cairo, mais sa progression jusqu'à Dego est ralentie; en effet, le chemin sur la rive gauche de la Bomida est mauvais, resserré entre la rivière et des montagnes à pic. Les troupes ne peuvent le suivre qu'en colonnes serrées sans pouvoir se déployer offrant ainsi une proie facile à la mitraille autrichienne. Tandis que Masséna attends l'arrivée de La Harpe, avant de lancer son attaque, Bonaparte, qui de Carcare surveille le mouvement, s'aperçoit de la lenteur de ce dernier; il se rend compte des dilficultés et des dangers de cette marche. Il accourt en avant de Cairo pour presser Masséna d'avancer et d'appuyer à droite afin de laisser la route libre à La Harpe qu'il rappelle de la rive gauche. Protégée par un coude de la rivière, une Brigade de La Harpe traverse la Bormida en dessous de Vignarolo, sur le pont jeté au nord du ruisseau de Vadermo, pour agir sur la rive droite, à la gauche de la Division Meynier.
Une Demi-brigade, demeurée sur la rive gauche, doit concourir à Santa-Giulia, avec une Demi-brigade détachée par Augereau, à couper la retraite à la garnison de Dego.
Ces à-coups ont fortement ralenti l'attaque et il est près de 1 heure de l'après-midi, quand les colonnes s'apprêtent à marcher. C'est à ce moment que l'on annonce à l'armée la capitulation de Cosseria, ce qui provoque l'entousiasme général au sein des troupes qui se lancent alors à l'attaque.
La Harpe exécute un long mouvement tournant. Sa Division repasse sur la rive gauche de la Bormida par le pont de Rochetta et se porte en gravissant les collines, soit par le bric Botta, soit par le Pianale, d'où elle contourne la butte de Sopra Via et redescend sur les bords de la rivière en face des rampes de Villa del Piano.
La Harpe place trois pièces de 8 en batterie au hameau de Bormida, sous la garde d'un Bataillon de la 51e, en met trois autres sur la hauteur de Sopra Via, et continue sa marche. Arrivée dans les prairies qui bordent le torrent Bormiola à son confluent dans la Bormida, la division La Harpe se fractionne en trois minces colonnes. Plaçant en réserve le 1er Bataillon de la 75e, l'Adjudant général Boyer prend le commandement de la colonne de gauche formée du 3e Bataillon de cette Demi-brigade. A droite, le Général Causse, qu'accompagne Marmont, Aide de camp du Général en chef, conduit deux Bataillons de la 51e forts de 1,500 à 1,600 hommes, tandis qu'au centre Cervoni avec 900 hommes du 2e Bataillon de la 75e relie à la colonne Boyer. A l'extrême gauche encore sont les cavaliers de Stengel, 400 Chasseurs ou Dragons.
Ces colonnes franchissent à gué la Bormida, près de Pra Marenco, avec de l'eau jusqu'à la ceinture, et une fois sur l'autre rive se forment en Bataillon carré entre le Pré de la Rivière et la chapelle Saint-Roch. Du castello une pièce tire sur elles, mais les trois pièces postées à bonne portée, à Bormida, lui répondent et facilitent l'attaque de Masséna et de La Harpe. Pleine d'entrain, la colonne de Gausse se jette au pas de charge, sans tirer, sur Villa del Piano et l'emporte; celle de Cervoni gravit, alerte et rapide, les sentiers escarpés des coteaux et couronne le sommet du bric Rosso, puis toutes deux abordent de concert la redoute principale au bric Casan et l'enlèvent avec vigueur, sans hésiter. Les Austro-Sardes débordés, chassés de partout, lâchent pied et se précipitent sur la route de Spigno. La victoire des Français est complète.
Après le combat, les troupes, harassées de fatigues, et désorganisées, commettent, pour un certain nombre d'entre elles des excés. De son côté, Bonaparte, convaincu que l'affaire autour de Dego est terminée, prescrit, à 10 heures du soir, à la Division La Harpe de revenir sur Cairo et Saliceto, d'où elle doit appuyer, le lendemain, aux premières heures, à gauhce, vers l'ouest, afin d'opérar sa jonction avec Augerau pour ensuite tomber sur les Piémontais de Colli. La Harpe, précédé de troupes légères, doit partir avant 9 heures du matin.
Le 15 à 7 heures du matin, par un temps froid et pluvieux, et dans un épais brouillard, arrive par suprise sur Dego l'avant-garde de Wukassovich. Les Français, pris de court, doivent vers 10 heures, reculer en désordre. A 11 heures du matin, Wukassovich est presque entièrement maître de la position, et retourne les pièces françaises qu'il a conquise contre les fuyards.
Vers 11 heures, arrive à la Rochetta Masséna; il fait rassembler les troupes qui reculent dans une plaine à 3 kilomètres de Dego, sur le mamelon du Coletto, afin de les remettre en ordre. A 2 heures de l'après-midi, 4000 hommes sont regroupés. La pluie a cessé et le temps s'est remis au beau.
De son côté, Bonaparte prescrit à la Division La Harpe, cheminant déjà vers Montezemolo, de suspendre ce mouvement et de rétrograder en toute hâte sur Dego. On ignore en effet la force réelle et la position de l'ennemi et, à ne juger que par le résultat de son irruption soudaine et par sa contenance résolue, on peut supposer son nombre beaucoup plus considérable; on peut croire très étendu le terrain qu'il occupe autour de Dego.
Masséna, en attendant l'arrivée de La Harpe, reprend le combat, se concentrant sur Dego même; ses éclaireurs s'emparent du village de Bormida. C'est à ce moment que débouchent les premiers échelons de la Division La Harpe, qui immédiatement, se lancent sans succès à l'attaque. La situation devient critique. C'est à ce moment là qu'entre en ligne la Brigade Cervoni.
Vers 4 heures de l'après-midi, arrive le Général Ménard, et la 4e Légère. Ménard se rabat aussitôt à gauche sur Magliani. C'est le moment où Cervoni, ayant groupé la 75e, sortant du chemin creux qui l'abritait, surgit à l'arme blanche sur le parapet de la redoute du bric Casan. L'ultime effort des Français leur permet enfin de l'emporter !
En deux jours de combats, la 75e a perdu 76 hommes tués, 47 blessés, 8 prisonniers. Parmis les blessés, l'Historique régimentaire donne le Capitaine Pierre Emery, le Lieutenant Buisser, et les Sous-lieutenants Claude-Sébastien Debanne et Charles Clémency.
Les scènes de pillage dans Dego et les villages environnants reprennent alors de plus belle. L'église de Dego est entièrement dévastée. Masséna parvient tout de même, non sans difficultés, à rétablir l'ordre.
Le 15 au soir, La Harpe reçoit l'ordre de se porter à Saliceto pour appuyer avant 9 heures du matin, le lendemain, le mouvement d'Augereau. Bonaparte conserve quand même quelques inquiétudes pour sa droite que forme seul Masséna resté à Dego. Aussi, bien qu'il se décide à faire opérer par La Harpe une conversion à gauche, ne le lance-t-il pas à fond sur Montezemolo.
Le 16 avril 1796, Bonaparte rappelle La Harpe vers Sassello. Celle-ci évolue sur les rives de l'Erro, fouille avec soin le village de Sassello, lève des contributions en vin, bétail et grains.
Le 17, Bonaparte ramène La Harpe de Mioglio, mais pas plus loin que sur Dego où, avec l'appui de la 51e (alors 99e), il doit garder ce poste et ne pousser que des reconnaissances sur sa future direction vers Mombarcaro, comme vers Acqui et vers Montenotte.
Selon l'Historique régimentaire, le 17, la Demi-brigade passe sous les ordres du Général Robert.
Le 18, la Division La Harpe, s'acheminant par Santa-Giulietta et Mombarcaro, s'installe sur l'excellente position de San-Benedetto di Belbo, d'où elle commande la longue crête montueuse entre le Tanaro et la Bormida orientale, et empêche la jonction éventuelle de Beaulieu et de Colli.
- San-Michelle, 19 avril 1796 (30 Germinal an 4)
Dans la nuit du 18 au 19 avril, Bonaparte donne l'ordre de forcer la position de San-Michele. la Division La Harpe évolue sur les hauteurs de la vallée du Belbo, guettant l'arrivée toujours à prévoir de forces autrichiennes.
Les forces françaises échouent à San-Michele. Le soir même, dans une réunion de Généraux tenue à Céva, on décide de réprimer avec la dernière rigueur, le pillage, cause unique, aux yeux des chefs, du revers humiliant de San-Michele. Il est décidé que tous les pillards, Officiers ou soldats, seront fusillés immédiatement, devant les troupes, afin de mettre à l'indiscipline qui s'est développée dans l'armée.
Toutefois, pour mettre un terme au pillage, il aurait été plus judicieux de pourvoir aux besoins de l'armée. "Si l'on ne veut pas que nous pillions, disent hautement les soldats, qu'on nous nourrisse, qu'on nous paye, qu'on nous habille". Plaintes qui, loin d'excuser l'explosion d'excès, ne sont cependant pas sans fondements.
Ramener l'ordre, la discipline dans l'armée, pourvoir à tous ses besoins, l'alimenter, la payer, la vêtir, de façon à enlever tout prétexte au désordre, est malheureusement une oeuvre au-dessus des forces des Généraux, en raison des difficultés pratiques que l'on rencontre. La pluie tombe depuis plusieurs jours avec persistance, ravinant les sentiers montagneux; grossissant inopinément les rivières, faisant des torrents jusqu'aux plus humbles ruisseaux; dispersant les hommes en quête d'abris. Même sur le grand chemin de Savone, les dégâts sont tels, la route si abîmée que la marche des convois s'en trouve ralentie et que l'approvisionnement, tant en vivres qu'en munitions, est devenu presque impossible. Tout semble conjuré, hommes et éléments, pour entraver les plans de Bonaparte et paralyser ses efforts. L'offensive en direction des plaines fertiles du Piémont est donc une absolue nécessité.
Le 20 avril 1796 (1er Floréal au 4), le Chef de Brigade Chambarlac écrit, depuis le camp de Dego, au Général en chef : "L'indiscipline est à son comble ; j'emploie tous les moyens pour maintenir l'ordre ; tous sont vains. Il n'est point d'excès auxquels les soldats ne se portent, et tout ce que je puis faire est inutile. Je vous prie donc, général, de vouloir bien accepter ma démission, ne pouvant plus servir avec des soldats qui ne connaissent ni subordination, ni obéissance, ni loi, et qui menacent à chaque instant leurs officiers et leurs chefs" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 1 Italie ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.1, p. 41).
Le même jour, 20 avril 1796 (1er Floréal an 4), Maugras, qui est dans la 117e depuis le 15 avril 1794 (il sera ensuite Chef de la 75e Demi-brigade), écrit également, écoeuré par les scènes auxquelles il assiste, depuis Dego, au Général en chef : "L'indiscipline et l'insubordination sont à leur comble ; les excès auxquels se livrent les soldats, ne peuvent plus être arrêtés. Depuis plusieurs jours, j'emploie tous les moyens qui sont en mon pouvoir pour les ramener à l'obéissance, à la subordination ; tous mes efforts devenant inutiles, et ne me sentant nullement dans le cas de les faire revenir à l'ordre, je vous prie, général, de vouloir bien accepter ma démission.
Je vous observe, général, que deux chefs de bataillon sans emploi, sont à la suite de la demi-brigade, et que l'un de ces citoyens peut facilement me remplacer, attendu que leurs talents militaires sont plus étendus que les miens" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 1 Italie ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.1, p. 42).
Bonaparte doit donc renoncer à agir dans la journée du 20 avril et reporter au 21 la marche offensive qu'il comptait exécuter dès le 20. Ce retard, cependant, va lui permettre de donner plus d'ampleur à son mouvement. En effet, dans l'après-midi du 20, à l'issue du conseil de Gandolfo, il renonce à ses projets du matin et transmetta de nouvelles instructions pour le lendemain.
La Harpe, arrivé le jour même de Dego à Mombarcaro, doit accourir le 21 vers Ceva avec deux de ses Demi-brigades, la troisième seulement, avec le Général Victor, restant à Cairo, plutôt pour observer, qu'afin d'assurer la base d'opérations sur Savone. En cas d'attaque de Beaulieu sur Dego, cette dernière a ordre de se rabattre sur les hauteurs de Santa-Giulietta, et de là sur Montezemolo.
Sont à Mombarcaro, le 21 avril 1796, les 51e et 75e avec La Salcete et Robert.
Le 23 avril, la Division La Harpe est toujours à Monbarcaro. Le 24 avril, La Harpe se porte de Mombarcaro sur Niella di Belbo, suivi de loin par la Brigade Victor qui se transporte de Cairo sur Scaletta-Uzzone où elle se rapproche enfin de sa Division.
Avant de poursuivre son offensive, le Général en chef s'est attaché à poursuivre le rétablissement de la discipline au sein de l'armée d'Italie. Le 26 avril 1796, il écrit à La Harpe, qui se trouve à Belbo : "Je t'embrasse, mon cher général, en te félicitant sur les exemples que tu as faits. Je te préviens qu'on fusille aujourd'hui un caporal et que l'on destitue quatre officiers ...". La Harpe reçoit ce jour là l'ordre de marcher sur Acqui.
Le lendemain, il lui répète qu'il faut arrêter les séditieux, nourrir un "respect religieux pour les propriétés" et lui dit qu'il a bien fait de sévir (Bonaparte à La Harpe, 27 avril - Registre G. 16-33; Arch. G.; cité par F. Bouvier). Les soldaits de La Harpe ont en effet une trop bonne excuse; la veille, toute la Division a absolument manqué de pain et les habitants, très pauvres eux-mêmes, n'ont guère pu satisfaire aux réquisitions.
Le 28 avril 1796, Bonaparte prescrit de former, dans chaque Division, des Bataillons de Grenadiers et Carabiniers, à l'aide des Compagnies d'élite prélevées dans toutes les Demi-brigades. Chacun de ces Bataillons doit être fort de six Compagnies à l'efTectif de 100 hommes. Cette troupe, formée de soldats éprouvés, encadrée, enlevée par des Officiers d'élite, va constituer une avant-garde d'une solidité et d'une vigueur incomparables, dont l'exemple devait échauffer les plus timides.
Le 29 avril 1796 (10 Floréal an 4), la situation de la 75e Demi-brigade est la suivante : Armée d'Italie, 1ère Division La Harpe, 75e Demi-brigade : 2313 hommes.
Ce 29 avril, La Harpe se porte droit de San-Stefano sur Acqui, à la poursuite des Autrichiens. Ce même 29 avril 1796 (10 floréal), Laharpe écrit, depuis Crevenzano, au Général en chef : "Dans cet instant, m'arrivent des nouvelles de l'ennemi; il n'y en a plus à Santo-Stephano de Belbo ni à Canelli : tout s'est retiré du côté de Valence, à l’exception de 6 à 7,000 hommes épouvantés, s'informant toujours si les Français arrivent; tous sont disséminés par les positions qu'ils occupent pour se couvrir ; il n'y a de rassemblés que 2,000 hommes à Tezzo avec six pièces de canon et deux obusiers, et 6 à 7,000 hommes de cavalerie autrichienne et napolitaine entre Tezzo et Acqui, avec quatre ou six pièces de canon. Il n'y a dans Acqui que quelques milices qui évacuent à force les magasins : il faut donc tâcher d'en tirer parti.
La division nettoie ses armes : si les cartouches arrivent aujourd'hui, quoique sans pain, je marche sans balancer. Le soldat ne demande pas mieux que de sortir de l'état de misère où il est.
Je partagerai la division en deux colonnes. La 69e et la 70e, à la tête desquelles je serai, passeront par Santo-Stephano et par Canelli pour prendre l'ennemi par derrière ; la 89e passera par Corteniglia, Bure et Monastero, pour attaquer de front ; cette attaque ne sera que simulée jusqu'à ce que j'attaque sérieusement : alors elle en fera de même. La colonne de Canelli aura des pièces de 3 et celle de Corteniglia de 4, les chemins étant meilleure.
Je regarde la prise d'Acqui et la retraite ou défaite des Autrichiens comme bien essentielles à notre campagne ; car alors les Piémontais amis prendraient de l'audace, se voyant débarrassés des Autrichiens, et les Piémontais ennemis seraient altérés, se voyant abandonnés par eux.
Adieu, général : des cartouches, s'il est possible, des souliers et du pain, et ma première lettre vous annoncera que la première division fait aussi bien que les autres ; je vous préviens cependant que, si les cartouches n'arrivent pas aujourd'hui, je serai forcé de retarder de vingt-quatre heures : ce qui serait un grand mal et nous ferait perdre considérablement" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 1 Italie; 69e ancienne ou 18e nouvelle; 70e ancienne ou 75e nouvelle; 89e ancienne ou 79e nouvelle).
Le 30 avril, La Harpe se dispose à prêter son appui à Meynier pour la prise de possession de Tortone.
Le 1er mai, la Division La Harpe ,qui gardait à Acqui la ligne de la Bormida, tient la tête du mouvement et s'avance à Rivalta, sur la Bormida, après s'être approvisionnée de cartouches.
Le 2 mai, La Harpe, forçant la marche, parvient à Rivalta di Scrivia, à 2 milles de Tortone.
Le 3 mai, Bonaparte donne ses ordres pour que les Bataillons de Grenadiers et Carabiniers soient aussitôt formés. Ce même jour, La Harpe, passant la Scrivia près de Rivalta, entre dans Tortone qui ouvre ses portes, et y plaça, en garnison, sous les ordres du Général Meynier, la moitié de la 39e. L'autre portion de cette Demi-brigade se dirige avec le général Pelletier sur Serravalle, pour en occuper le château et prélever dans les fiefs impériaux de fortes réquisitions, notamment sur le seigneur d'Arquata, "oligarque furibond, ennemi de la France et de l'armée" qui doit, pour sa seule part, payer 50,000 livres, sous peine de voir raser sa maison et dévaster ses biens.
Le 5 mai, les Bataillon des Grenadiers et Carabiniers sont réunis en un Corps d'avant-garde, sous les ordres d'un valeureux Officier, le Général Dallemagne, qui vient de rejoindre l'armée. Le 4e Bataillon est formés des Compagnies des 51e et 75e Demi-brigades (Etat de situation du 8 mai, 19 floréal ; Arch. G.). Il est commandé par Hullin. Mis en marche depuis 5 heures du matin, ils arrivent au bourg de Casteggio, où les y attendent le Général Dallemagne, ainsi que Lanusse, Lannes, et un commissaire des guerres. Tandis que Dallemagne les passe en revue et distribue cartouches et chaussures, la Division La Harpe s'ébranle de Tortone et s'avance à Vogliera, tout à portée de l'avant-garde.
Le 6 mai, le Général Dallemagne, entraînant l'avant-garde, à 6 heures du matin, arrive le soir à Castel San-Giovanni, après une étape d'environ 28 kilomètres, s'emparant en route de bateaux chargés de sel. Emboîtant le pas derrière lui, la Division La Harpe, et Kilmaine avec la cavalerie, se portent de Voghera sur Stradella, dépassant Casteggio, d'où l'avant-garde est partie le matin.
Le 7 mai, 18 floréal, à 4 heures du matin, Dallemagne part de Castel San-Giovanni avec toutes les troupes de l'avant-garde; Bonaparte et Kilmaine marchent avec lui. La Harpe cette fois ne s'intercale pas entre l'avant-garde et la cavalerie ; il suit d'ahord la route derrière la cavalerie, puis à San-Nicolo, incline plus à gauche, plus proche du Pô, ce qui déblaie la grande route, et lui permet d'observer le cours du fleuve, tout en couvrant le flanc de l'avant-garde. Il marche alors vers Calendasco, sur la rive gauche de la Trebbia. Sa Division, bien qu'exténuée et pieds nus, "est pleine de bonne volonté et d'espérance" ; le général aussi et il écrit : "Je battrai l'ennemi ... ou ma tête sautera".
Il est 9 heures du matin quand l'avant-garde, faisant marche forcée, parvient sous les murs de Plaisance. Cette vigoureuse troupe a parcouru 16 lieues en trente-six heures. Sans la laisser respirer, Bonaparte ordonne le passage immédiat du Pô. Lannes se précipite dans une barque; ses Grenadiers et les Carabiniers l'imitent, et 900 hommes traversent ainsi le fleuve, parfois entraînés au large, coupant avec peine le fil de l'eau. Abordé sur la rive gauche, Lannes saute le premier à terre et la fusillade éclate. Après quelques coups de fusil, les cavaliers autrichiens présents se retirent. Il est 2 heures de l'après-midi.
Le commandant Andréossy lance aussitôt un pont volant sur lequel passe le reste de l'avant-garde. La Division La Harpe, qui est arrivée à Calendasco à midi, s'est massée sur la berge, à l'abri de roseaux et de buissons, franchit le fleuve à son tour sur le pont, dans les barques et bateaux, et s'écoule toute l'après-midi et dans la soirée. Il est présumable que la Division La Harpe, étant à Calendasco, emprunta aussi le bac tout proche qui circule de Co-Trebbia à Ca-Passera; une partie de la Division seulement dut venir à San-Antonio pour y effectuer le passage.
La Harpe établit dans la nuit son Quartier général à Cascina-Demetri, entre le Pô et Fombio.
Le 8 mai 1796 (19 Floréal an 4), la situation de la 75e Demi-brigade est la suivante : Armée d'Italie, Avant Garde (Dallemagne) : 4e Bataillon de Grenadiers (51e et 75e), 600 hommes; 1ère Division, La Harpe : 75e Demi-brigade : 2445 hommes.
Le 8 mai 1796 (19 Floréal an 4), l'avant-garde s'avance en trois colonnes, chacune de deux Bataillons, guidées, celle de gauche par Lannes; celle du centre, sur la chaussée, par Lanusse; celle de droite par Dallemagne; la Division La Harpe suit en réserve. Ces troupes débusquent l'ennemi de Guardamiglio, "sans éprouver de résistance". Mais lorsqu'elles débouchent sur Fombio, elles sont saluées par le feu de trois ou quatre canons. Dallemagne s'avance vivemen tpour envelopper le village, et en une heure, refoule Lipthay sur la route de Pizzighettone. Lannes pénètre à la baïonnette dans Fombio, avec sa fougue inconsidérée, en est chassé deux fois, puis y rentre, et finalement s'en rend maître, non sans pertes sérieuses. La cavalerie napolitaine est repoussée. Lipthay est rejeté sur Codogno.
Les Grenadiers de l'avant-garde poursuivent les débris de Liptbay jusqu'à la nuit close; ils s'arrêtent à Maleo, à une demi-portée de canon de Pizzighettone. La Harpe, qui s'est laissé entraîner à leur suite, rétrograde sur Codogno, afin d'y couvrir les routes de Lodi et de Pavie. Vers 9 heures, Bonparte recommande à La Harpe la plus grande vigilance à Codogno, et ordonne de veiller attentivement à la route de Casalpusterlengo.
Les Grenadiers de la 75e ont eu le Lieutenant Buisset, blessé et estropié ; et quelques hommes également blessés.
Vers 10 heures du soir, les Autrichiens, sous le Général de Cavalerie Schürbirz, attaquent Codogno. Le Général La Harpe, à peine de retour de la poursuite sur Pizzighettone, est en train de souper avec le Comte Lamberti, dans la maison duquel il loge, lorsque éclatent les premiers coups de feu. Il se lève de table et saute à cheval, ainsi que ses convives du dîner ; il s'avance vers la grande place afin de s'enquérir des causes de la fusillade.
La Harpe resté calme, obstiné à ne pas croire que l'ennemi occupe Codogno, se porte en avant. La 51e débouche en même temps sur la place, du côté faisant face à La Harpe. Les Autrichiens entendant la marche cadencée d'une troupe en armes font feu à tout hasard, tuant 3 hommes, en blessant 10, dans les rangs de la 51e; celle-ci riposte à toute volée. Autour de La Harpe, on crie : France ! ce qui fait cesser le feu de la 51e. La surprise est d'ailleurs égale des deux côtés. La panique se met chez les Français qui s'agitent confusément dans des rues inconnues, au milieu de l'obscurité ; des chevaux se jettent dans les rangs et augmentent le désordre. En vain le Tambour-major Idrac, de la 51e, se saisit d'une chandelle et la brandit avec audace au premier rang afin d'éclairer la route. Un chef fait allumer des paillasses et à la lueur des flammes, les combattants aperçoivent une place immense, où, sur la gauche, 300 Autrichiens, des Pontonniers, sont collés contre l'église ; où, sur la droite, la 51e est rangée, pelotonnée par tas, contre les boutiques. A la lumière, les Autrichiens, surpris de leur petit nombre, se rendent après une courte résistance.
La Harpe n'est plus là ; on le cherche, on l'appelle. On le trouve enfin, mais mort, gisant à terre, frappé d'une balle au coeur. Personne des siens ne l'a vu tomber. La balle qui l'a tué est sans doute partie des rangs de la 51e qui venait d'une direction opposée à la sienne et tiraillait éperdument dans la nuit. Ainsi périt ce Suisse intrépide, atteint par l'arme d'un de ces Français pour lesquels il avait quitté sa patrie et qu'il rêvait de conduire à la victoire contre l'éternel oppresseur de son pays. Destin tragique qui fit exécuter inconsciemment par des Français la sentence de mort prononcée contre La Harpe par les despotes ! (F. Bouvier, "Bonaparte en Italie").
Ce fatal événement n'est pas fait, on le conçoit, pour faire cesser la panique qui s'est emparée d'une partie des troupes. "La nuit, qui grossit les objets, avait augmenté le désordre". La mort d'un chef estimé et aimé, dans une bagarre dont peut-être il pouvait, dans une certaine mesure, être rendu responsable, consterne et désole les soldats. D'autre part, les Autrichiens, qui ont pénétré sur d'autres points dans Codogno, loin d'être impressionnés par la capture des 300 Pontonniers, reprennent courage à l'appel de Schübirz, et bientôt, au milieu des épaisses ténèbres de cette nuit de mai, le feu recommence avec vivacité.
Berthier, informé de la mort de La Harpe et de l'alarme qui règne dans Codogno, accourt de Guardamiglio, et rallie les troupes désunies, épouvantées, les groupant, les exhortant pour les reporter au combat. La 75e, avec le Général Ménard, arrive de Fombio. Bien qu'il ne soit parvenu qu'à demi à rétablir l'ordre dans cette cohue nocturne, Bertbier ne veut pas interrompre la lutte si inopinément et mystérieusement engagée. Le feu de mousquelerie s'éternise ainsi pendant plusieurs heures, jusqu'au jour, chacun tirant à l'aveugle, sans trop savoir sur qui, ni pourquoi. A la fin, Schubirz, étourdi par les détonations et les cris, jugeant à l'intensité de cette folle fusillade, qu'il est entouré de forces bien supérieures, certain au surplus que Lipthay qu'il venait renforcer a disparu, prend le parti d'ordonner la retraite.
Une fois Schübirz replié, Berthier s'efforce de rétablir l'ordre parmi les troupes; l'avant-garde seule de la Division La Harpe, 75e en tête, poursuti, faiblement, la colonne autrichienne et pénètre sur ses traces, vers 10 heures, dans Casalpusterlengo, que Beaulieu vient seulement d'abandonner.
Le Général Ménard prend le commandement de la Division.
Le 9 mai 1796 (20 Floréal an 4), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, à Plaisance, au Directoire exécutif : "… Le général Berthier se rendit sur-le-champ à Codogno, poursuivit l'ennemi, lui prit Casal et une grande quantité de bagages. La 70e demi-brigade et le général Menard se sont parfaitement conduits …" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 36 ; Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 365; note : 70e ancienne ou 75e nouvelle).
La Division Ménard (ancienne La Harpe) revient le 9 mai de Casalpusterlengo sur Maleo où elle forme la droite de l'armée et d'où elle observe Pizzighettone et le cours de l'Adda. L'avant-garde de Dallemagne, par une sorte de chasse-croisé, va, dans la soirée du 9, de Maleo à Zorlesco, à 4 kilomètres en avant de Casalpusterlengo, où la rejoignent dans la nuit les deux bataillons laissés à Maleo pour y attendre l'arrivée du général Ménard. A Zorlesco, les Grenadiers et Carabiniers sont en bonne place, en extrême pointe d'avant-garde, prêts à se porter sur Lodi ou sur Pavie suivant les visées du Général en chef. Ils sont d'ailleurs appuyés à courte distance par la Division Masséna.
Masséna justement, écrit, depuis Codogno, le 9 mai 1796 (20 Floréal an 4) au Général en chef : "J'arrive à l'instant de visiter les positions de l'avant-garde ; j'y ai fait quelques changements. J'ai placé les 70e et 99e demi-brigades entre le village de Malco, occupé par l'avant-garde, et celui de Codogno, où j'ai établi mon quartier-général.
L'artillerie à cheval est en avant de ces deux brigades, pour marcher à l'avant-garde, s'il était nécessaire. Votre frère a donné ordre, de votre part, au général Dallemagne de faire tirer sur la ville de Pizzighettone ; c'est ce qu'on s'est mis en devoir d'exécuter. Il n'y a ici que deux bouches à feu et un obusier. J'ai ordonné qu'on coulât à fond trois grandes barques que l'ennemi a tout près de la ville et qu'il garde assurément pour évacuer par l'Adda, s'il y était forcé.
Les deux pièces de quatre ne sont approvisionnées qu'à quarante coups chacune, et l'obusier qu'à trente. Veuillez bien donner des ordres pour qu'on nous fasse passer de suite des munitions pour ces pièces, ainsi que des cartouches d'infanterie.
D'après le rapport de quelques paysans, l'ennemi a six pièces d'artillerie de différents calibres, et il est dans la place au nombre de 6,000.
J'espère, général, qu'en me confiant le commandement de la droite de votre armée, vous me laisserez la division que j’avais déjà ; les généraux et les troupes qui la composent me sont connus, et c'est un grand avantage pour moi" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 1 Italie ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.1, p. 84. Note : 99e ancienne ou 51e nouvelle; 70e ancienne ou 51e nouvelle).
A la suite de cet évènement, Carnot écrira, depuis Paris, le 26 mai 1796 (7 Prairial an 4), à Bonaparte : "Le Directoire exécutif au Général Bonaparte, commandant en chef l'armée d'Italie.
Le Directoire vous charge, citoyen général, de témoigner à la brave 70e demi-brigade la satisfaction qu'il éprouve en lisant le compte que vous rendez, dans votre dépêche du 20 floréal, sur la conduite qu'elle a tenue après le passage du Pô et avant la bataille de Lodi" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 1 Italie).
- Lodi, 10 mai 1796 (21 Floréal an 4)
Le 10 mai 1796, Bonaparte se met à la tête de l'avant-garde de Dallemagne, qui a couché à Zorlesco. Il s'avance sur Lodi, couvert par des patrouilles de Grenadiers qui ont ordre de s'approcher de fort près des postes ennemis. Vers 9 heures, l'avant-garde tombe sur une troupe de Grenadiers autrichiens. Dallemagne se jette avec ardeur sur les Autrichiens; les Grenadiers rompent les rangs ennemis, prennent un canon et poursuivent, l'épée dans les reins, les Autrichiens en désordre jusqu'à Lodi; la place cède assez rapidement.
Chassés de la ville, les Autrichiens descendent en désordre la longue voie en pente, pavée de petits cailloux, qui conduit au pont sur l'Adda et courent s'abriter auprès des troupes de Sebottendorff qui vient d'arriver. Il est environ midi quand toutes les forces autrichiennes ont passé la rivière. Les Grenadiers de Dallemagne, lancés au pas de charge à la poursuite des soldats autrichiens, débouchent derrière eux vers l'entrée du pont. Ils y sont salués d'un feu d'artillerie et de mousqueterie des plus vifs qui les contraint à chercher un abri derrière les murs de la ville, auprès de l'église San-Francesco.
Sebottendorff tente alors de bloquer les Français et de leur interdire le franchissement du pont de Lodi sur l'Adda. A 6 heures du soir, les Grenadiers et Carabiniers de Dallemagne, formés en colonne serrée, se lance à l'assaut du pont. Celui-ci, sous le feu de l'ennemi, est franchi. Le combat se poursuit sur l'autre rive. Sebottendorff doit cèder, non sans efforts. Les Français sont victorieux.
A noter que l'Historique régimentaire indique que trois Compagnies de Grenadiers ont pris part à la prise du pont de Lodi.
Le 11, à 7 heures du matin, Ménard, reçoit l'ordre qui lui a été adressé le 10 à 8 heures du soir, d'attaquer Pizzighettone; la veille, il a déjà tenté une fausse attaque sur cette place, aussi ne s'aventure t'il pas avec ses seules forces à troubler la retraite des Autrichiens, qu'il aperçoit distinctement, dans la crainte de s'attirer quelque coup de boutoir d'un ennemi qui lui est très évidemment supérieur.
Le 11 toujours, ordre est donné au Général Dallemagne de se diriger avec toute l'avant-garde sur Crema.
- Attaque de Pizzighettone, 12 mai (23 Floréal)
Le 12 mai, la Division Ménard, postée depuis trois jours en observation sur l'autre rive de l'Adda, à Maleo, et qui la veille et l'avant-veille a, comme on l'a vu, poussé des reconnaissances sur la place de Pizzighettone, va pouvoir intervenir efficacement. Dès la pointe du jour, Ménard se porte sur la ville ; la Division Sérurier, massée autour de Plaisance, dirige, en soutien de Ménard, celle de ses Brigades stationnée à Godogno, et s'apprête à passer le Pô avec toute son artillerie, en cas de nécessité. L'avant-garde Dallemagne et la Division Masséna de leur côté marchent droit sur Pizzighettone qu'inquiétent depuis le matin les démonstrations de la Division Ménard, appuyées par Sérurier.
Pizzighettone "n'est autre chose qu'une rue parallèle à la rivière" qui y coule, "belle et large". "Les maisons y sont peu considérables et n'ont rien d'extraordinaire". "La ville est divisée par l'Adda en deux parties que réunit un pont de bois en pilotis à arches très serrées". Ses fortifications, en briques, fort élevées et casematées, sont bien négligées, mais bonnes, et susceptibles d'être promplement remises en état ; les fossés toujours pleins d'eau (F. Bouvier, d'après des notes du Général Desaix). La place compte pour garnison un Bataillon d'environ 300 hommes et quatre pièces de canon. L'apparition des colonnes de Masséna vers Regona jette l'émoi dans cette troupe qui soutient pourtant, pendant quatre ou cinq heures, la canonnade engagée par Joubert.
Lorsque l'attaque est décidée, le 1er Bataillon est disposé sur la rive droite de l'Adda; le 2e est placé sur la route à l'entrée de Pizzighettone et attaque vigoureusement de ce côté.
Le 3e Bataillon de la 75e, de la Division Ménard, s'empare alors du faubourg de Gerola; sont grièvement blessés le Capitaine François Sauvy, les Lieutenants Louis Nouvellier (au bras) et Jean-Pierre Granghon (au front), le Sous-lieutenant Kunter (ou Gunther - 2 blessures). L'Historique régimentaire donne également le soldat Etienne Fraisse, tué.
La place se voit cernée et à peine investie, elle capitule aussitôt, à la première sommation.
Le 13 mai 1796, on laisse dans cette place le Général Dallemagne avec toute son avant-garde de Grenadiers et Carabiniers, quatre pièces légères et 1,500 cavaliers du Général Beaumont. La Division Ménard retourna à Maleo et Codogno, prête à secourir Dallemagne. Le rôle de couverture ainsi dévolu aux troupes de l'avant-garde, aux 1er et 4e Divisions (Ménard et Sérurier), leur incombe exclusivement pendant plusieurs jours.
Le 20 mai 1796 (1er Prairial an 4), Bonaparte fait écrire, depuis son Quartier général, à Milan, au Général Kilmaine : "Il est ordonné au général divisionnaire Kilmaine de prendre le commandement de l'avant-garde de l'armée, composée de 1,600 chevaux, cinq bataillons de grenadiers et trois de carabiniers. Il aura sous ses ordres les généraux de brigade Dallemagne, Cervoni et Gardanne. Le citoyen Bougon, chef de brigade, commandant le 1er régiment de hussards, commandera toute la cavalerie de l'avant-garde ; le général Cervoni commandera trois bataillons de grenadiers, du nombre desquels est celui où se trouvent les grenadiers de la 70e demi-brigade, c'est-à-dire le bataillon n°4. Le général Gardanne commandera deux autres bataillons de grenadiers, et le général Dallemagne les trois bataillons de carabiniers.
Le général Kilmaine aura avec lui l'officier de cavalerie qui remplit en ce moment dans cette arme les fonctions d'adjudant général, et qui continuera à les remplir près les troupes à cheval de l'avant-garde, l'adjudant général Lorcet et l'adjoint aux adjudants généraux Labbé, attaché à l'état-major.
Il est prévenu que le général de brigade Beaumont commandera la troupe à cheval au corps d'armée. Le général Kilmaine, quoique commandant l'avant-garde, reste toujours chargé du commandement de l'arme de la cavalerie" (Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 457).
L'amalgame des Demi-brigades d'infanterie touche à sa fin. Le 26 mai 1796 (7 Prairial an 4), à Soncino, les Demi-brigades dites de deuxième formation prennent, par le tirage au sort leur numéro définitif (Ordres du jour de Berthier, du 23 et du 26 mai - Arch. G.). Le tirage a lieu en présence de Berthier et de l'Etat-major par des Officiers de chaque Demi-brigade. Un Procès-verbal de l'adujdant général Vignolle atteste que la 70e devient la 75e ; procès-verbal signé par le Capitaine Méresse, de la 70e et par les Adjoints Ballet, Bertrand et Baurot (pièce classée au 29 mai, Arch. G.). Le Général en chef ordonne qu'à compter du lendemain 8 prairial (27 mai), les Demi-brigades ne porteroent plus que leurs nouvelles dénominations (F. Bouvier, Bonaparte en Italie, page 632. Voir également cette pièce dans les Mémoires de Masséna, t. II, pièces justificatives).
Cinq jours plus tard, les "Dispositions du général en chef pour les divisions de l'armée", prises en son Quartier général à Peschiera, le 1er juin 1796 (13 Prairial an IV), confirment qu'effectivement, l'ancienne 70e Demi-brigade devient la 75e; son effectif, au sein de la Division Vaubois est de 2300 hommes. A dater du 13 Prairial, le Général Bonaparte désigne donc les Demi-brigades par leur nouveau numéro.
- Passage du Mincio
Le 30 mai (11 Prairial), la Demi-brigade et le Corps de la Division Masséna, après une marche forcée, passent le Mincio. Les trois Compagnies de Grenadiers qui protègeent le passage se distinguèrent d'une manière particulière.
Le Capitaine Lejeune, à la tête de 25 ou 30 braves Grenadiers, passe cette rivière ayant de l'eau jusqu'au cou.
Environ 200 Grenadiers commandés par le Capitaine Ragois se portent sur le pont du Mincio, qui est défendu par 500 ou 600 Autrichiens et 1 pièce d'artillerie, passent le pont en escaladant les poutres,et marchent au pas de charge, sans tirer, sur la redoute qui est placée à gauche du village de Borghetto; ils parviennent à s'en emparer de vive force et font 500 prisonniers. Le Capitaine Ragois est dangereusement blessé et le Lieutenant Muller est tué.
Le Fourrier Fugier, le Sergent-major Chantemesse, les Grenadiers Latreille, Bullier, Fugier, Fays et Sylvestre, qui ont passé le Mincio à la nage, sont les premiers qui se jettent dans la redoute à travers la mitraille et les balles.
Le 31 mai (12 Prairial), la Demi-brigade et le Corps de la Division Masséna se portent à Castelnuovo et le 1er juin à Vérone.
Ce même 1er juin 1796 (13 Prairial an IV), le Général en chef fait écrire, depuis le Quartier général, à Peschiera, au Général Augereau : "Il est ordonné au général Augereau de partir demain matin de Piovezzano pour se rendre à Castiglione-Mantovano, où il sera suivi de la 4e demi-brigade d'infanterie de ligne, qui doit y arriver de bonne heure. Il est prévenu que la 75e demi-brigade, faisant partie de la division du général Masséna, a également reçu des ordres pour se rendre à Castiglione-Mantovano. Il ordonnera à la 18e demi-brigade de rester dans la position qu'elle occupe, et il préviendra le général Victor qu'elle fait partie de la division du général Masséna, duquel il prendra les ordres. Le général Beyrand doit suivre la 4e demi-brigade.
Le général Augereau est prévenu que le général Rusca retourne à Salo, où il sera aux ordres du général Masséna, qui est à Vérone. L'adjudant général Verdier restera avec la 18e demi-brigade, et correspondra avec l'adjudant général chargé du détail de la division du général Masséna" (Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 541).
Le même 1er juin 1796 (13 Prairial an IV), Bonaparte fait écrire, depuis son Quartier général, à Peschiera, au Général Masséna : "Je vous préviens, Général, que ... Le général Robert doit suivre la 75e demi-brigade ..." (Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 544).
Toujours le 1er juin 1796 (13 Prairial an IV), le Général en chef fait écrire, depuis le Quartier général, à Peschiera, au Citoyen Lambert : "Je vous préviens, Citoyen Ordonnateur, que, d’après les nouvelles dispositions prises ... le général Augereau doit partir ... demain de Piovezzano avec les troupes qu'il commande, pour se rendre à Castiglione-Mantovano, et qu'il sera suivi dans ce dernier lieu par la 75e demi-brigade, qui est de la division du général Masséna ..." (Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 550).
Le 2 juin 1796 (14 prairial an IV), Bonaparte fait ordonner, depuis son Quartier général, à Peschiera, à l'Adjudant général Boyer : "L'adjudant général Boyer partira à l'instant pour se rendre à Castiglione-Mantovano, où il trouvera le général Augereau avec les 39e et 70e demi-brigades …" (Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 557).
- Blocus de Mantoue.
Pendant une partie du mois de juin, la 75e Demi-brigade est occupée au blocus de Mantoue. Le 13 juin, elle passe sous les ordres du général Vaubois.
- Expédition sur Livourne.
La 75e fait partie de l'expédition sur Livourne. Quoiqu'elle n'ait pas à combattre pendant cette expédition, ses fatigues sont considérables, à cause des chaleurs excessives qu'elle a à supporter et des marches très pénibles qu'elle a à faire.
Le 25 juin 1796 (7 Messidor an IV), à 6 heures du soir, le Général en chef fait écrire, depuis le Quartier général, à Pistoja, au Général Vaubois : "Le général Vaubois partira demain 8, à deux heures précises du matin, de Pistoja, avec trois escadrons du 1er régiment de hussards, un escadron du 20e régiment de dragons, six pièces d'artillerie légère avec lesquelles marchera le général de brigade Dommartin, et le bataillon de grenadiers n° 5, le tout formant son avant-garde aux ordres du général de brigade Murat, et la 75e demi-brigade, qui marchera à une demi-heure de son avant-garde. Toute la colonne se rendra à Fucecchio, où elle recevra de nouveaux ordres. Il fera distribuer le pain ce soir, pour deux jours, et la viande pour un ; elle suivra pour un jour.
La ville de Pistoja doit avoir fourni quatre cents paires de souliers ; il en fera distribuer deux tiers au bataillon de grenadiers n° 5, et un tiers à la 75e demi-brigade ..." (Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 684).
Le 27 juin 1796 (9 Messidor an 4), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier-général à Livourne, au Général Berthier, Chef de l’Etat-major général de l’Armée d’Italie : "Le général chef de l'état-major donnera sur-le-champ les ordres les plus précis au chef de bataillon Hulin, commandant la place de Livourne, de faire arrêter le gouverneur de la ville aussitôt qu'il sera informé que la 75e demi-brigade arrivera : que ce gouverneur soit mis sous bonne garde dans une maison près de ce camp, pour le faire partir de là pour Florence dans une voiture qui sera escortée, lorsque le général en chef aura déterminé l'heure du départ de cet officier, pour lequel on aura d'ailleurs tous les égards convenables" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 1 Italie ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 69 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 102 ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.1, p. 170 ; Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 698 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 730).
Sur les journées des 26 au 28 juin 1796, Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Bologne, au Directoire exécutif, le 2 juillet 1796 (14 Messidor an IV) : "… Le 8, la division du général Vaubois arriva à Pistoja ; le lendemain le général Murat, à la tête de l'avant-garde, suivi du général de division Vaubois avec la 75e demi-brigade, passa l'Arno à Fucecchio, et le lendemain changea brusquement de route et marcha à grands pas sur Livourne ; le reste de la division resta à Pistoja …" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 107 ; Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 707 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 743).
Le 29 juin 1796 (11 Messidor an 4), Bonaparte écrit, depuis son Quartier-général à Livourne, au Général Vaubois : "Le général Vaubois tiendra garnison à Livourne avec la 75e demi-brigade, une compagnie d'artillerie et un escadron du 1er régiment de hussards ; il fera mettre les batteries qui défendent l'entrée du port dans un bon état de défense, les fera arranger de manière qu'il n'y ait que des pièces d'un, ou de plus deux calibres à chaque batterie; il fera monter des grils à boulets rouges, et aura soin que les pièces soient approvisionnées à cent coups ; il choisira un fort de la ville, celui le plus dans le cas de se défendre, et qui a des communications avec l'intérieur ; il fera mettre ce fort en état de défense ; fera à cet effet les déplacements d'artillerie qu'il jugera nécessaires ; établira un magasin où il y ait de quoi nourrir 2,000 hommes pendant quarante jours avec tous les accessoires pour soutenir le siège.
Il n'épargnera aucun moyen pour maintenir Livourne dans une parfaite tranquillité ; il fera en sorte de s'attacher les troupes du grand-duc de Toscane, sur lesquelles il aura toujours l'œil ; il se maintiendra en bonne harmonie avec le gouverneur ; il lui renverra toutes les affaires de détail, lui montrera de grands égards, surtout en particulier, mais conservera sur lui, surtout en public, une grande supériorité.
S'il y avait à Livourne des complots ou toute autre chose qui intéresse l'existence des troupes françaises, il prendra alors toutes les mesures nécessaires pour rétablir le calme et punir les malintentionnés. Il n'épargnera ni les personnes, ni les propriétés, ni les maisons.
Dans toutes les affaires difficiles qui pourraient lui survenir, il consultera le citoyen Miot, ministre de la république française à Florence, qui sera à même de lui donner de bons renseignements.
Il protégera le consul dans l'opération intéressante dont il est chargé ; se trouvant le premier agent de la république à Livourne, il surveillera tous les intérêts de la république, et me rendra compte de tous les abus qu'il ne dépendrait pas de lui de réprimer.
Il vivra d'une manière convenable ; il aura souvent à sa table les officiers du grand-duc et les consuls des puissances étrangères : il lui sera accordé à cet effet des dépenses extraordinaires.
Il nommera un officier pour surveiller le port ; il nommera un commandant de chaque fort ; il maintiendra les corsaires dans une sévère discipline, et veillera à ce qu'ils respectent le pavillon neutre, et spécialement le pavillon espagnol. Il se fera tous les jours rendre compte des rapports des vigies ; il me tiendra informé de tout ce qui se passe dans le pays où il se trouve, et m'enverra le rapport de toutes les nouvelles de Corse qui lui arriveront. Il écrira aux fiefs impériaux qui environnent la ville, afin qu'ils reconnaissent la république, et il me fera part du nombre de ces fiefs, et de leur population, de leur richesse et de l'esprit qui les anime. Il maintiendra une sévère discipline vis-à-vis ses troupes : il tiendra la main à ce que tous les soldats soient casernés, et que personne, depuis le général jusqu'au dernier employé, ne soit logé chez l'habitant.
Il aura avec lui un adjudant-général, un commissaire des guerres, un employé de chaque partie de l'administration" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 1 Italie ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 69 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p.103 ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.1, p. 170 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 26 ; Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 702 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 736).
Le même 29 juin 1796 (11 Messidor an IV), Bonaparte fait écrire, depuis le Quartier général, à Livourne, au Chef de Brigade Lannes : "Il est ordonné au chef de brigade Lannes de partir demain 12, avec 300 hommes de la 75e demi-brigade et 25 hussards du 1er régiment, et de se rendre à Massa-Carrara pour faire prêter serment d'obéissance à la République française par les autorités constituées de cette ville, enlever toutes les armes, mettre les scellés sur les caisses, s'emparer des propriétés appartenant au gouvernement de Carrara, et du mont-de-piété, excepté les objets au-dessous de 200 livres, qu'il fera donner gratis au peuple. Il fera tout transporter à Livourne. Il fera rentrer immédiatement après son détachement à Livourne et rejoindra de suite, en poste, le général en chef au quartier général. Il fera en sorte que l'opération dont il est chargé soit terminée au plus tard le 18. Il ramènera deux députés intelligents du pays, qui viendront avec lui trouver le général en chef au quartier général" (Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 704).
Le 20 juillet 1796 (2 thermidor an 4), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Castiglione, au Général Vaubois : "… Pressez l'armement et l'équipement de la 75e demi-brigade, parce dès l'instant que ces braves gens seront reposés, mon intention est de les rappeler à l'armée …" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 1 Italie ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p.132 ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.1, p. 229 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 29 ; Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 772 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 799).
L'Historique régimentaire dit que la 75e a tenu garnison à Livourne en août, septembre et octobre.
Le 20 août 1796 (3 Fructidor an 4), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, à Brescia, au Général Lespinasse, commandant l'Artillerie de l'Armée d'Italie : "… Envoyer à Livourne deux pièces de 3 escortées par le 1er bataillon allant au dit lieu.
Avoir à Crémone 1800 fusils neufs avec baïonnettes pour armer la 75e demi-brigade venant de Livourne.
Laisser à Peschiera 1000 fusils allemands, ôter les baïonnettes aux autres" (Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 866).
Le 25 août 1796 (8 Fructidor an 4), Bonaparte écrit, depuis son Quartier-général de Milan, au Général chef de l’Etat-major : "... Je vous laisse le maître de faire un règlement pour déterminer tout ce que je n'aurais pas prévu, afin que tous les Corses réfugiés, faisant partie desdites compagnies, puissent toucher les rations dues à leurs grades sans confusion, et qu'ils puissent, en cas d'événement, remplacer à Livourne le bataillon de la 75e demi-brigade que j'en ai retiré ..." (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 1 Italie ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 123 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p.165 ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.1, p. 317 ; Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 924 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 869).
Le 26 août 1796 (9 Fructidor an 4), Bonaparte écrit, depuis son Quartier-général à Milan, au citoyen Miot, Ministre de la République à Florence : "J'ai reçu toutes vos lettres. Il y a à Livourne deux mille deux cents hommes de la 75e demi-brigade, et six cents Corses réfugiés que j'organise en compagnies. J'y envoie les 14e et 51e demi-brigades : soyez tranquille.
Dissimulez avec le grand-duc ; s'il se conduit mal, il paiera tout à la fois : ces gens-ci sont peu à craindre" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 2 Italie ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 129 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p.170 ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.1, p. 330 ; Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 932 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 878).
Le 2 septembre 1796 au matin (16 Fructidor an 4), Bonparte écrit, depuis son Quartier général, à Vérone, au Général Berthier, Chef de l’Etat-major général de l’Armée d’Italie : "... Prévenir le général de brigade Serviez qu'il aura sous ses ordres un bataillon de la 75e demi-brigade, la 19e et la 45e. Lui ordonner de faire arranger les casernes, afin de pouvoir cantonner cette troupe ..." (Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 955 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 892).
Le 24 septembre 1796 (3 Vendémiaire an 5), Bonaparte fait écrire, depuis le Quartier général, à Milan, au Général Kilmaine : "... vous aurez soin de renvoyer à Marcaria la partie du bataillon de la 75e demi-brigade que le général Dallemagne pourrait avoir dans sa division au moment de l'attaque ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1022).
Le 30 septembre 1796 (9 Vendémiaire an 5), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, à Milan, au Général Kilmaine : "Vous donnerez des ordres, Général, à la demi-brigade la plus faible des 19e, 45e ou 69e, pour qu'elle parte de l'endroit où elle se trouve pour se rendre le 12 à Marcaria, et le 13 à Crémone, où elle recevra de nouveaux ordres. Le général Kilmaine m'enverra l'état de situation de la demi-brigade qu'il aura fait partir. Elle relèvera tous les détachements de la 75e qui sont dans les forts de Pontevico, Bozzolo et Soncino, à raison de 50 hommes par fort. Le bataillon de la 75e demi-brigade, qui sera réuni à Marcaria, en partira le 13 pour se rendre à Ferrare, en suivant la route ci-jointe que lui fera passer le général Kilmaine" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1054 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 949).
Le 1er octobre 1796 (10 Vendémiaire an 5), Masséna écrit, depuis son Quartier-général de Bassano, au Général Bonaparte : "Je désirerais que vous me fissiez passer de suite la 75e demi-brigade, qui doit se rendre à Montebello ; avec ce renfort, je tiendrai sans contredit huit jours à Bassano, comme vous le désirez, et encore bien mieux quand une fois j'aurai reçu toutes les troupes que vous m'annoncez. Je ferai, comme à mon ordinaire, tout ce qui dépendra de moi pour seconder en tout vos intentions ; je tiendrai continuellement l'ennemi en échec par mes fréquentes reconnaissances ...
Le nombre des malades diminue à l'ambulance de Bassano ; j'enverrai demain visiter les hôpitaux de Vicenza et de Montebello" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 2 Italie ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.1, p. 376).
Le 8 octobre 1796 (17 Vendémiaire an 5), le Général en chef écrit, depuis son Quartier général, à Milan, au citoyent Garrau :"… Il doit y avoir à Modène, dans ce moment-ci, un bataillon de la 75e et 200 hommes de cavalerie" (Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 1080 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 981).
Le 14 octobre 1796 (23 Vendémiaire an 5), Bonaparte fait écrire, depuis son Quartier général, à Modène, au Général Lespinasse "… Les ordres viennent d'être donnés pour que l'on fasse partir d'ici 2,000 fusils en bon état, savoir : 1,000 pour Crémone et 1,000 pour Peschiera. Il en est parti de Livourne, il y a déjà plusieurs jours, 1,200, qui tous sont dirigés sur cette première place. Ce sont des fusils espagnols semblables à ceux dont la 75e demi-brigade est armée …
Je vous avais précédemment ordonné de tenir à Crémone 1,500 fusils pour la 75e demi-brigade, mais je lui en ai depuis procuré à Livourne …" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1091).
Le 17 octobre 1796 (26 Vendémiaire an 5), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Modène, au Général Berthier : "... Le bataillon de la 75e, qui est à Bologne, en partira demain pour se rendre à Ferrare …
Le bataillon de la 75e, qui est à Livourne, partira le 29, au matin, pour se rendre à Ferrare par le chemin le plus court ; il amènera avec lui les deux pièces d'artillerie légère" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1098 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1000).
Le 21 octobre 1796 (1er Brumaire an 5), le Général Serrurier écrit, depuis le Quartier-général de Livourne, au Général Bonaparte : "… Les huit mille fusils pour Milan sont partis, ainsi que les vieux de la 75e demi-brigade …" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 2 Italie ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.2, p. 66).
Le 29 octobre 1796 (8 Brumaire an 5), le Général Bonaparte fait adresser, depuis le Quartier général à Vérone, ses instructions au Général Joubert : "… Le général Joubert s'informera si les deux pièces d'artillerie légère qui devaient venir avec le dernier des trois bataillons de la 75e demi-brigade sont arrivées à Porto-Legnago" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1125).
Le 1er novembre 1796 (11 Brumaire an 5), le Général en chef écrit, depuis le Quartier général, à Vérone, au Général Lespinasse : "… Je joins ici, Général, l'état des besoins en armement de la 75e demi-brigade, certifié par le général Robert. Vous voudrez bien donner vos ordres pour que les fusils, cartouches et pierres à feu, que ce corps demande, lui soient délivrés le plus tôt possible à Porto-Legnago" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1131 ; Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 1038).
- Passage de la Brenta
La 75e Demi-brigade quitte Livourne et est attachée à la Division Masséna.
Le 2 novembre 1796 (12 Brumaire an 5), le Général en chef fait écrire, depuis le Quartier général, à Vérone, au Général Masséna : "… Vous savez que la 75e demi-brigade, forte de 3,000 hommes, a des ordres pour être demain à Montebello. L'intention du général en chef est qu'elle s'y repose au moins deux jours ; il désire même qu'elle ne soit employée que dans le cas d'urgence. Le commandement en reste au chef de brigade, en attendant qu'on puisse faire passer des généraux …" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1144).
Le 3 novembre 1796 (13 Brumaire an 5), Masséna écrit, depuis Bassano, au Général en chef : "Les troupes qui sont sous mon commandement ont resté toute la nuit sous les armes …
Je vous répète encore, mon général, que ma position n'est pas rassurante : je suis sur le qui-vive nuit et jour ; si j'avais du moins des forces à pouvoir arrêter quelque temps l'ennemi, je serais moins inquiet. L'arrivée de la 75e, à Montebello, ne change rien à ma position, puisque votre intention est que je l'y laisse reposer, et que je n'en dispose qu'à la dernière urgence. Nous sommes bien loin de Montebello, et je crains que le secours n'arrive trop tard …
Je donnerai ordre, après demain, à la 75e demi-brigade de partir de Montebello, pour se porter à Vicenza, à moins que vous n'en ordonniez autrement" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 2 Italie ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.2, p. 101).
Dans la nuit du 3 au 4 novembre 1796 ; dans la nuit du (13 au 14 Brumaire an 5), le Général Bonaparte fait écrire, depuis son Quartier général, à Vérone, au Général Lespinasse : "… Le général en chef ordonne au général Lespinasse de faire passer le plus promptement possible à Vicence 100,000 cartouches, dont 50,000 pour la 75e demi-brigade, qui en manque absolument, et le restant à la division du général Masséna, en remplacement de celles qu'elle peut avoir consommées ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1152).
Le même 4 novembre 1796 (14 Bumaire an 5), Masséna écrit, depuis Bassano, au Général en chef : "… Je viens de donner les ordres en conséquence des vôtres et de ceux que vous m'avez fait transmettre par le chef de l'état-major, de faire ma retraite sur Vicenza, ne devant pas hasarder un combat à Bassano ; il en coûte assez à mon amour-propre de fuir devant l'ennemi sans le combattre : tels sont vos ordres, il faut s'y soumettre.
Le mouvement rétrograde se fera dans le plus grand ordre : l'infanterie commencera à filer a trois heures du matin ; je ferai l'arrière-garde avec la cavalerie et les grenadiers ; arrivé à Vicenza, je prendrai des positions militaires autant que les localités le permettront.
J'envoie ordre à la 75e de se porter à Vicenza dès que j'y serai arrivé. J'ai ordonné de couper le pont de Carpetto" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 2 Italie ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.2, p. 109).
Le 4 novembre 1796 donc, la 75e arrive à Vicence.
Bonaparte écrit alors, depuis Vérone, toujours le 4 novembre 1796 (4 novembre 1796), à Berthier, Chef de l'Etat-major : "Le général Masséna a évacué aujourd'hui Bassano, cinq heures du matin, l'ennemi se trouvant en force à Castel-Franco. La 75e doit être arrivée, à cette heure, à Vicence. Le général Augereau est déjà à Montebello …" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 2 Italie ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 207 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 252 ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.2, p. 100 ; Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1161 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1045).
Le 6, la 75e attaque l'ennemi qui vient de passer la Brenta. Le 2e Bataillon combat à la droite, le 3e à la gauche; ces deux Bataillons conservent pendant toute la journée ces deux positions importantes, dont la défense leur a été confiée; le 1er Bataillon, qui est en réserve et à découvert, reste en bataille et dans un ordre parfait, malgré le feu violent de l'artillerie ennemie.
Le Capitaine Vincent, les Lieutenants Lavoignet et François Bras, et le Sous-lieutenant Guillaume Hédon (ou Eidon) sont tués; sont blessés le Chef de bataillon Camus, les Capitaines Bureau (grièvement au bras gauche), Théodore Mauguin (idem), Pierre Emery (au bras droit), Etienne Pomade (à la cuisse gauche), Claude Chibert, Joseph Rouvaire (à la jambe gauche), Jean Argant (à la main droite), le Lieutenant Henri Ritter (grièvement), les Sous-lieutenants Jean-Antoine Chevray (à la cuisse droite), George Vatier (à la jambe gauche), Louis-François Mariage, Claude-Sébastien Debanne (à la tête), Claude Chibert (à l'épaule).
Parmis les hommes, ont été tués les Sergents-majors Charles Guye et Antoine Martin, les Sergents Jean Chenet, Joseph Vincent, Mazane Salomon, le Fourrier Pierre Deffilies, les Caporaux Pierre Gravier, Jean-Baptiste Lhuillier, François Chausson, les soldats François-Ravière Belhumeur, Antoine Calamet, Pierre Mailhac, Pierre Dauvergne, Jean-Pierre Giraud, Antoine Soulier, Antoine Manevis, Georges Dorat, André Berger, Régis Anjolras, Antoine Coulon, Jean-Baptiste Marey, Nicolas Chazot, Nicolas Naviou, Jacques Goetz, Adam Tauzer, Henry Engel, Henry Four, Louis Humbert, Alexandre Baumeille, Julien Langlois, Jean-Baptiste Michon, Joseph Loriol, Michel Mabillon, Jacques Bureau, Bernard Lécuyer, Michel Douchet, Médard Nageotte, Pierre Rivet, Jean Bourguignon, Jean-Baptiste Ferrand, Etienne MArteau, Etienne Villard, Louis Moutte, Joseph Béranger, Joseph Soulier, Jean Morin, Pierre Bottier, Pierre Pinet, Joseph Allemand, Jean-Baptiste Ferroul, Philibert Prevôt, Jean Develle, Pierre Merlin, Antoine Pluchot, Joseph-Jacques Chatillon, Léger Rignot, Jacques rossac, Pierre Olivier, Jean Bardet, Jacques Laborde. 79 soldats ont également été blessés.
Le Grenadier Castagnet, de la 2e Compagnie, reçoit un coup de feu dangereux et ne quitte le combat qu'après avoir été blessé une seconde fois à l'épaule.
Dans la nuit du 6 au 7 novembre, la Demi-brigade rétrograde avec la Division sur Montebello. Le 8 novembre (18 Brumaire an 5), la 75e est au bivouac en avant de Vérone. Ce même 8 novembre 1796, Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, à Vérone, au Général Meynier, commandant de la place de Vérone : "Le général Meynier s'occupera de la défense de Vérone ; il est en conséquence autorisé à demander au général Menard un bataillon de la 75e, qu'il placera au dehors de la porte qui conduit au fort de la Chiusa ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1174 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1053).
Le 9 novembre (19 Brumaire an 5), la 75e est toujours au bivouac en avant de Vérone.
Le 10 novembre, la Division se porte sur Castelnuovo; enfin le 11, elle revient au bivouac à Saint-Antonio.
- Bataille de Caldiero
Le 12 novembre 1796, les Autrichiens, sous le commandement d'Alvinzi, s'étendent du mont Olivello à Caldiéro. Les Divisions Masséna et Augereau se mettent en mouvement pour l'attaquer. La Division Masséna, à laquelle appartient la 75e, a pour objectif la droite ennemie, établie sur le mont Olivetto; la Division Augereau doit se porter sur la gauche, à Caldiero.
Masséna, après avoir gagné le flanc des Autrichiens, est près de s'emparer d'une hauteur qui commande leur ligne, quand Alvinzi, faisant marcher les réserves autrichiennes, lance cinq bataillons, sous les ordres de Schürbitz, sur la gauche de Masséna, tandis que Provera marche avec quatre Bataillons contre la Division Augereau.
Le temps est affreux, le grésil tombe depuis le matin, poussé par un violent vent du nord-est qui le chasse contre la figure de nos soldats et les aveugle. Le Général Masséna, pris à revers par Schürbitz, est contraint d'abandonner le terrain qu'il a gagné et doit battre en retraite.
Il est 3 heures de l'après-midi; Bonaparte fait alors avancer la 75e restée en réserve jusqu'à ce moment. Le 3e Bataillon est chargé d'arrêter l'ennemi victorieux, qui déjà s'est avancé jusque dans la plaine; il le contient jusqu'à la nuit, malgré l'énorme disproportion des forces et une vive canonnade.
Grâce à cette vigoureuse résistance, l'armée française, reconstituée, peut se retirer sur Vérone. La 75e Demi-brigade entière soutient avec vigueur la retraite par échelons, arrête les colonnes ennemies qui cherchent à couper l'armée et les force à rétrograder.
En récompense de la conduite de la 75e Demi-brigade, qui, seule, par son héroïsme, a arrêté les Autrichiens dans leur succès, le Général Bonaparte décide que sur son drapeau sera inscrite cette noble devise : "LA 75e ARRIVE ET BAT L'ENNEMI".
C'est en souvenir de cette journée mémorable du 12 novembre 1796, dit l'Historique régimentaire, que le drapeau du Régiment porte encore, inscrit en lettres d'or, le nom de CALDIÉRO.
La Demi-brigade a perdu 29 hommes tués, 134 blessés et 33 prisonniers.
Parmi les tués, on note le Capitaine Lefèvre, les Caporaux Jacques Lacousteblaye et René Dubois, les Soldats Etienne Berger, Jacob Fritel, François Ignace, Jean Bonnafon, Jean Coutelier, Claude Balet, Benoit Gidon, Jean Gachet, Claude Bonnefoux, Mathieu Villard, François Carle, René Grimauc, Respect, René Barbe, Louis Godry, François Grossetête, Jean Konin, Jean-Antoine Bouchet, Mathieu Rouvard, Louis Sain, Jacques Pouchon, François Thévenart, Joseph Rieux, Pierre Robin, François Doriat, Constantin Despierre, Jean Archinard, Pierre Dirdé. Les Capitaines Lacombe, Hontarède, Buisson, et le Lieutenant Rey sont blessés, l'Adjudant-major Buisson est fait prisonnier.
Le Fusilier Marmet se précipite sur l'ennemi, tue deux hommes et en fait quatre prisonniers. Il est, pour ce fait d'armes, nommé Caporal par le Général Bonaparte lui-même.
Le Sergent Hauffmann, le Caporal Humblot, les Grenadiers Latreille, Bullier, Fugier ett Fays, se distinguent à Caldiero en s'élançant sur un fort détachement autrichien qui emmenait 150 prisonniers; leur énergique intervention oblige les ennemis à les abandonner.
Le lendemain 13 novembre 1796 (23 Brumaire an 5), Bonaparte écrit, depuis son Quartier-général à Vérone, au Directoire exécutif : "... Le 22 ... J'envoie la 75e demi-brigade, qui était restée en réserve, et tout se maintint jusqu'à la nuit ; mais l'ennemi reste maître de la position. Nous avons eu six cents blessés, deux cents morts et cent cinquante prisonniers, parmi lesquels le général de brigade Lannoy, le chef de brigade Dupuis, qui a été blessé pour la seconde fois. L'ennemi doit avoir perdu davantage …" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 2 Italie ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 210 (la lettre est datée du 24 brumaire an 5 – 14 novembre 1796) ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 255 (même datation) ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.2, p. 129 (idem) ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 62 (idem) ; Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1182 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1059).
- Bataille d'Arcole
Dans la nuit du 14 au 15 novembre, la Division Augereau passe l'Adige sur un pont jeté à hauteur de Ronco et se dirige ensuite sur Arcole.
La Division Masséna suit de près la Division Augereau; la 75e est placée d'abord dans le bois qui se trouve à droite du pont, pour servir de réserve, puis dirigée avec le reslte de la Division sur Porcil. Il en résulte que, pendant la journée du 15 (1ère journée d'Arcole), la Demi-brigade reste en réserve jusqu'au soir; les Grenadiers seuls prennent part au combat. A l'entrée de la nuit, elle se trouve en bataille sur la chaussée, où elle bivouaque.
Le 16 novembre, au point du jour, la 75e est chargée d'aller pousser une reconnaissance sur Arcole; elle trouve l'ennemi embusqué dans le bois et derrière la digue du canal.
Les Autrichiens ouvrent un feu très vif sur le 1er Bataillon, qui a déjà dépassé les premières positions ennemies et engagé le combat. Mais le Général Robert, qui commande celtte reconnaissance, craignant de perdre trop de monde, fait porter le Bataillon engagé en arrière pour le rapprocher des deux autres, qui sont en réserve.
L'ennemi, croyant à une retraite, sort de ses embuscades pour le poursuivre, mais le Bataillon, qui se retire dans un ordre parfait, faisant alors volte-face, se précipite sur lui à la baïonnette et couvre le terrain de morts et de blessés, sans compter les nombreux prisonniers qu'il fait dans cette contre-attaque.
La Demi-brigade se bat toute la journée et conserve les positions prises à l'ennemi dans la matinée, malgré le feu de l'artillerie et celui de la mousqueterie autrichienne. Les 1er et 2e Bataillons bivouaquent sur le champ de bataille. Pendant la nuit, le 3e Bataillon se porte au pont du canal, à l'embouchure de l'Adige. L'effectif de la 75e est, à ce moment, de 1,530 hommes.
Le 17 novembre (27 Brumaire, troisième journée de la lutte), les Divisions passent le ruisseau d'Arcole. Le Général Masséna prend à gauche avec la 18e Demi-brigade et se dirige sur Porcil. La 32e Demi-brigade est embusquée dans le bois à droite de la digue; la 18e légère se met en bataille près du pont, que la 12e Demi-brigade doit garder. Le Général Robert avec la 75e est placé au centre devant Arcole.
Le 3e Bataillon de la 75e, qui occupe le pont, passe le canal dès le point du jour et se porte en avant pour prendre l'ennemi en flanc. Dans cette attaque énergique, le Bataillon s'empare d'un canon et de son caisson, et fait éprouver à l'ennemi de très grandes pertes.
Le général Robert, à la tête des deux autres Bataillons de la 75e, a refoulé l'ennemi jusqu'au pont d'Arcole. Mais, poussé à son tour par des troupes fraîches et nombreuses, il doit battre en retraite et venir se reformer derrière la Division Augereau. Les Autrichiens croyant que toute l'armée va suivre ce mouvement rétrograde, s'avancent vers l'Adige.
Le Général en chef Bonaparte porte alors en avant la 18e Demi·brigade légère, qui les attaque de front par la digue, pendant que le Général Gardanne avec la 32e Demi-brigade, sortant du bois dans lequel il est masqué, les prend en flanc.
De son côté, le Général Masséna, revenant à la course de Porcil, tombe sur la queue de la colonne ennemie; cette dernière attaque est décisive. Pressés de trois côtés â la fois, les Autrichiens sont jetés en grande partie dans les marais, où la fusillade en fait périr un grand nombre. Plus de 3,000 d'entre eux restent prisonniers.
Pendant cette journée mémorable, la 75e Demi-brigade n'a pas cessé de comhattre et a contribue puissamment à la victoire. LElle a cependant perdu 104 hommes tués, 307 blessés, 202 prisonniers.
Sont tués dans ces trois journées : les Chefs de Bataillon Raimond Caunègre et Taisan; les Capitaines Claude Valotte, Antoine-Félix-Xavier Jouanny et Laurin; les Lieutenants François Loison et François Perbos; les Sous-lieutenants Blanchard et Augustin Robert. Parmis les SOus officiers et soldats tués, on note : les Sergents Nicolas Buissier, Augustin Ponthieux, Pierre Bernet, Pierre Vigneau, Pierre Delong, François Bonnet, Pierre Malval; les Caporaux François Warry, Jean-Paul Massudier, Jean Guenan, Antoine Guénot, Antoine Gebry, Jean Guérin, Jean-Baptiste Cavard, Etienne Petit; les soldats Thomas Maréchal, Pierre Loupe, Pierre Pignol, François Lhuillier, Denis Collot, Etienne Tortochot, Nicolas Bertrand, Charles Pathiot, Raimond Laizieu, Joseph Prévôt, Gabriel Baissière, Guillaume Claval, Simon Baudot, Jean-Pierre Aimard, Pierre Fort, Pierre Pélissier, Armand Giraud, Jacques Lhoste, François Piron, Antoine Rosier, Pierre Coulet, Louis Bauthias, François Reverchon, Martin truffet, François Baussery, Valentin Hofmann, Jean Galdy, Joseph Devouanot, François Pajot, Pierre Chaudet, Michel Bandieuse, Léonard Chastaing, Jean-Jacques Labart, Jacques Pernait, Pierre Cheurot, Benot Brest, Laurent Personne, Jacques Pelissier, François Pasbin, Jean Pascal, Nicolas Aubert, Pierre Gabriel, Louis Moulin, Pierre Grandidier, Nicolas Jeannin, François Chopin, Benoit André, Jean Leroy, Jean Boudot, Claude Mourier, Joseph Jeansel, Jacques Sabin, François Serre, Jean-Pierre Barthelon, Joseph Bel, Jean Roche, Louis Rony, Nicolas Brunet, Joseph Plivart, Jean-Baptiste Laillet, Jean Levêque, Alexandre Blajon, Antoine-Nicolas Fabry, Claude Guignier, Germain Perrin, Jean-Baptiste Spiner, Jean Joly, Jean Bland, Jean Dubois, François Bernerot.
Parmis les blessés, figurent les Capitaines François Lejeune, Julien Taubin (à la jambe gauche), Pierre Emery (5e blessure reçue), François-Régis Mouton (à la cuisse droite), Ragois, Nicolas Gruardet à la tête), Pierre Buzenet (au genou); les Lieutenants Jean Dinger (au bras droit), Sébastien Broquise (à la jambe), Baptiste Parisot (à la jambe), Paul Paquet (c'est sa troisième blessure), Baptiste Fourneaux (au pied), Jean-Pierre Granghon (à la jambe), Joseph Fourlon (à la tête), François Kaire (au cou); les Sous-lieutenants Benoit-François Bourdin (à l'épaule), Louis Blanchard, Pierre Lanté, Antoine Duchier (au ventre), Guillaume Dubourdieu (au ventre), Jean-Pierre Massot, Paul Paquet (au bas ventre). Sept Officiers dont quatre Capitaines ont été faits prisonniers.
Le sergent Toutel, qui a déjà donné des preuves de sa valeur pendant cette campagne, a porté des cartouches à ses camarades à travers le feu le plus violent et s'est chargé de transmettre des ordres pour faire agir la colonne de droite; il a traversé l'ennemi avec beaucoup de sang-froid; sa démarche a produit un très grand effet.
Le Sergent Hauffmann, le Caporal Humblot, les Grenadiers Latreille, Bullier, Frégier et Fays, après avoir rallié quelques camarades, sont parvenus, en se battant dans une circonstance très critique, à dégager 150 hommes qui avaient été faits prisonniers.
Le Général en chef écrit, le 19 novembre 1796 (29 Brumaire an 5), depuis son Quartier général, à Vérone, au Directoire exécutif : "… Le général Robert, qui était sur la chaussée du centre avec la 75e, culbuta l'ennemi à la baïonnette et couvrit le champ de bataille de cadavres …
Je vous demande le grade ... de général de brigade ... pour Chambarlhac, chef de la 75e ..." (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 217 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 262 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 65 ; Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1196 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1062).
Le 18 novembre, la Demi-brigade bivouaque avec la Division à Caldiéro; le 19 elle est à Vérone.
Le 9 décembre 1796 (19 Frimaire an 5), Bonaparte écrit, depuis Milan, au Général Berthier : "... la 18e et la 75e resteront dans Vérone, occupant en force la citadelle et le fort Saint-Pierre, comme il a été dit ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1254 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1121).
Le 11 décembre 1796 (21 Frimaire an 5), Bonaparte écrit, depuis Milan, au Général Vaubois : "… Le commissaire ordonnateur a dû donner les ordres pour la vente de tous les objets que vous demandez. Quant aux habillements pour les demi-brigades que vous avez sous vos ordres à Livourne, l'essai qu'on en a fait sur la 75e a si mal réussi, qu'il est impossible de penser à leur en faire fournir dans cette ville ; mais on en fera faire à Milan." (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 2 Italie ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 236 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 282 ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.2, p. 161 ; Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1262 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1144).
Le 12 décembre 1796 (22 Frimaire an 5), le Général Bonaparte écrit, depuis Milan, au Général Berthier : "... Vous incorporerez une compagnie de grenadiers de la 26e, qui fait partie du 1er bataillon de grenadiers des Alpes, dans la 75e …" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1274 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1145).
Le 20 décembre 1796 (30 Frimaire an 5), Bonaparte écrit, depuis Vérone, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major de l'Armée d'Italie : "Je porte le citoyen Gruardet chef de la 75e et qui est porté comme chef de bataillon de la 4e d’infanterie légère" (Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1176).
Le lendemain 21 décembre 1796 (1er Nivôse an 5), Bonaparte écrit, depuis Vérone, au Général Berthier : "Vous voudrez bien donner l’ordre au général Joubert de faire reconnaître les officiers suivants aux différentes demi-brigades de sa division, et prévenir chacun de ces officiers en particulier que j'ai demandé pour eux des brevets au Directoire exécutif.
4e DEMI-BRIGADE D'INFANTERIE LEGERE.
... Brives, Lacroix, Gruardet chefs des trois bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1304 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1185). Gruardet refuse le grade de Chef de Bataillon à la 4e Légère pour rester à la tête de sa Compagnie de Grenadiers de la 75e, dans laquelle il a néanmoins le rang de Chef de Bataillon. Bonaparte le proposera de nouveau à ce grade le 7 août 1798, nouveau refus de l'intéressé, qui finira tout de même par accepter quelques jours plus tard.
Toujours le 21 décembre 1796 (1er Nivôse an 5), Bonaparte écrit, depuis Vérone, au Général Berthier : "Vous voudrez bien donner l'ordre au général Masséna de faire reconnaitre les officiers suivants aux différentes demi-brigades de sa division, et prévenir chacun de ces officiers en particulier que j'ai demandé leurs brevets au Directoire exécutif, et qu'en attendant ils jouiront des appointements attachés à leur grade ...
75e DEMI-BRIGADE DE BATAILLE.
Maugras, chef de brigade, commandant.
Grandot.
Camut, chef de bataillon, commandant le 1er.
Barbacane, chef de bataillon, commandant le 2e.
Baraire, chef de bataillon, commandant le 3e.
Taubin, capitaine des grenadiers, promu chef de bataillon chargé de l'administration.
Lagardère, chef de bataillon, commandant en second le 1er.
Loustaunau, capitaine, promu chef de bataillon, le 2e.
Gruardet, capitaine des grenadiers, promu chef de bataillon, le 3e.
Les citoyens Gardera et Damaye, chefs de bataillon, se retireront dans leurs foyers. Les prévenir que j'ai demandé leur retraite et qu'ils envoient leurs états de services au ministre.
... Vous ferez donner un cheval sellé et bridé au citoyen-Ragois, capitaine de grenadiers dans la 75e.
Mamet, fusilier au 3e bataillon de la 75e, fait caporal" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1305 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1186).
Antoine Maugras devient donc Chef de Brigade de la 75e Demi-brigade le 21 décembre 1796 (1er Nivôse an V).
Jean Jacques-Antoine Vital François de Chambarlhac (baron de), Chef de brigade de la 75e, est promu Général le 22 décembre 1796 (2 Nivôse an V).
- Affaire de Saint-Michel
Le 12 janvier 1797 (23 Nivôse an V), l'ennemi ayant repoussé les avant-postes établis à Saint-Michel en avant de Vérone, la 75e Demi-brigade marche à sa rencontre, sous les ordres du Général Brune.
Les trois Compagnies qui sont envoyées en éclaireurs se portent avec la 2e Compagnie de Grenadiers sur une batterie que l'ennemi a établie sur la gauche de Saint-Michel et enlèvent de vive force une pièce de canon et son caisson sans tirer un coup de fusil.
Le Capitaine Laurin, le Sous-lieutenant Castès et le Caporal Verguet s'y précipitent les premiers. Le Capitaine Laurin est blessé, le Capitaine Chauchefoin et le Sous-lieutenant Castès sont tués.
Cinq Compagnies du 2e Bataillon, commnandées par le Chef de Bataillon Loustonneau et à la tête desquelles se porte le Général Brune, sont chargées de cerner un Corps ennemi qui s'est retranché dans un château entouré de murailles très hautes et permettant de tourner le champ de bataille. Il est très important de débusquor de ce point les Autrichiens, qui de là font un feu terrible. Les Compagnies se portent avec impétuosité jusque sous les murs.
Le Général Brune, qui dirige l'attaque, reçoit une décharge de sept coups de feu et le commandant Loustonneau a le bras cassé par une balle. Ce Chef de Bataillon ayant été mis hors de combat, le Capitaine Garilhe prend le commandement, se fait élever par quelques hommes sur le mur et se jette à corps perdu dans la cour, à travers la fusillade. Le Grenadier Latreille le suit aussitôt en employant le même moyen. Le Tambour Geollère ne cesse point de battre la charge. Ils font à eux trois mettre bas les armes à tous les hommes qui s'y trouvent réunis. Ce trait de courage donne aux autres troupes le moyen d'entrer et de s'emparer du château, où l'on fait 500 prisonniers.
Le 1er Bataillon, qui est resté en réserve, ayant reçu l'ordre de marcher sur la droite autrichienne, charge l'ennemi avec une telle impétuosité qu'il le met dans une déroute complète, le poursuit au delà de Saint-Martin et lui fait un grand nombre de prisonniers.
Le 3e Bataillon est chargé de le tourner par la gauche vers Saint-Michel. Devant sa marche, les Autrichiens battent précipitamment en retraite dans le plus grand désordre.
Les Sergents Hauffmann et Salis,dans l'ardeur du combat, s'élancent seuls dans les rangs ennemis et emmenent plusieurs hommes prisonniers, malgré un feu des plus violents. Hauffmann est blessé.
Il y a, dans cette journée, 13 hommes tués et 36 blessés. Parmi les tués, on note le Capitaine François Cauchefoin, les Sous-lieutenants Castès et Stanislas Daubat, le Sergent Léger Poupon, les Caporaux Jacques Meziva, Louis Mazol, Jean-Pierre Dubois, Pierre Solignard, le Tambour François Buttez, les soldats Jacques Conturon, François Etienne, Bernard Bernot, Christophe Berton, Pierre Ménetrier, Antoine Pralon, Pierre Milleris, Pierre Tutriet, Louis Maltrait, Claude Maïs, François Margot, Jean Barré, Frédéric Dangler, Jacques Escher, Lazare Boisseau, Joseph Lecointre, Jacques Riffet, Etienne Chastaignier, Urbain Péan, Jean Teston, Joseph Chatelain, François Gras, Jean Blache, Etienne Kieffer. Parmi les blessés figurent le Chef de Bataillon Loustonneau (au bras), les Capitaines Pierre-Xavier Garilhe, Antoine Laurin (à la machoire), le Lieutenant Antoine Rey, les Sous-lieutenants Jean-Marie Sagnol (au bras droit), Jacques Suberville (à la cuisse), Noël-Revil Bandard (3 blessures), Louis-Michel Poirier.
Dans son Rapport adressé au Directoire exécutif, et daté du Quartier général à Vérone, le 18 janvier 1797 (29 Nivôse an 5), le Général Bonaparte écrit : "… Le 23, à six heures du matin, les ennemis se présentèrent devant Vérone, et attaquèrent l'avant-garde du général Masséna, placée au village de Saint-Michel. Ce général sortit de Vérone, rangea sa division en bataille, et marcha droit à l'ennemi, qu'il mit en déroute, lui enleva trois pièces de canon et lui fit 600 prisonniers. Les grenadiers de la 75e enlevèrent les pièces à la baïonnette ; ils avaient à leur tête le général de brigade Brune, qui a eu ses habits percés de sept balles ...
… la colonne ennemie, qui était déjà depuis longtemps en marche pour nous tourner et nous couper toute retraite, se rangea en bataille sur des pitons derrière nous. J'avais laissé la 75e en réserve, qui non seulement tint cette colonne en respect, mais encore en attaqua la gauche qui s'était avancée, et la mit sur-le-champ en déroute" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 272 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 316 ; Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1399 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1300).
Dans la nuit du 12 au 13 janvier (23 et 24 Nivôse), l'ennemi ayant poussé ses patrouilles près du fort de Vérone et une vive fusillade s'étant engagée, la Demi-brigade se porte sur Saint-Michel et ne rentre qu'au jour.
Le 13 janvier 1797 (24 Nivôse an 5), Bonaparte fait écrire, depuis le Quartier général, à Vérone, à 5 heures du soir, au Général Masséna : "Le général Masséna partira, avec les 18e, 32e et 75e demi-brigades, pour prendre la gauche du général de division Joubert ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1381).
- Rivoli
Dans la nuit du 13 au 14 janvier, la 75e Demi-brigade se porte sur Rivoli.
Le 14 janvier 1797, à 10 heures du matiun, les Autrichiens ont déjà gagné le revers du mont Magnone au delà de San-Marco.
Le moment est critique : Bonaparte pousse en avant le Général Joubert à la tête de la 39e Demi-brigade, qui a dù céder les retranchements d'Osteris; puis, pour faire fuace à la colonne autrichienne de Lusignan et couvrir le flanc gauche de l'armée française, il ordonne au Général Brune de gagner, avec la 75e Demi-brigade, les hauteurs de Tiffaro.
Le Général Brune, à la tête du 2e Bataillon, se porte sur le village de Tiffaro et l'enlève de vive force.
Le 3e Bataillon est chargé d'attaquer sur la gauche et de prendre l'ennemi en flanc. Il porte ses coups si à propos, concurremment avec le 2e Bataillon, que l'ennemi est chassé de toutes ses positions. Les Autrichiens perdent beaucoup d'hommes dans cette attaque et les deux bataillons de la 75e leur font un grand nombre de prisonniers. Mais à ce moment apparait la colonne de Lusignan, qui vient des environs d'Alti et s'avance sur les hauteurs de Tiffaro.
Malgré son infériorité, la brave 75e, à laquelle la 18e est jointe, charge de nouveau les Autrichiens et ne se retire qu'après avoir réussi à leur faire quelques prisonniers. Lusignan, alors, n'éprouvant plus de résistance s'empare du mont Brunisi et s'avance par les crêtes du mont Pipolo sur les derrières de l'armée française.
Bonaparte pensant que le Général Rey va bientôt déboucher d'Orza, sur les derrières de celle colonne, reporte en avant la 18e Demi-brigade légère et le 1er Bataillon de la 75e, avec une batterie de 12. Trois petites colonnes d'attaque se dirigent par Montidone sur la grande route et le chemin de Cosata.
Le 1er Bataillon de la 75e, opérant de concert avec la 18e, est chargé d'attaquer la droite de la colonne ennemie. Il gravit la montagne avec une grande impétuosité et, sans tirer un coup de feu, il parvient à culbuter la droite de la colonne Lusignan et à la chasser successivement des hauteurs dont elle s'est rendue maitresse. Lusignan, dépourvu de canon, se voit en outre décimé par l'artillerie et doit se retirer du mont Brunisi. Un de ses corps voulant tenir à la Croix de Pipolo, est écrasé par Rey, qui débouche d'Orza avec la 58e.
Dès lors, Lusignan, assailli de front par Mounier et Brune, avec la 18e légère elt la 75e, chargé à revers par Rey, avec la 58e, est complètement défait, et son corps ne trouve de salut que dans une retraite précipitée.
Beaucoup d'Officiers, Sous-officiers et soldats se sont distingués d'une manière particulière dans cette journée.
Le Capitaine Labat s'est battu corps à corps avec un Officier autrichien, qu'il a fait prisonnier.
Le Sergent Grangeon, du 3e Bataillon, ne consultant que son ardeur, s'est précipité seul au milieu d'un groupe ennemi et lui a fait mettre bas les armes.
Le Sergent Moulins et le Caporal Armand ont fait, à eux seuls, 28 prisonniers pendant le combat.
Le Sergent-major Refrognet, de la 3e Compagnie du 3e Bataillon, a donné, dans cette journée, des preuves de sa valeur habituelle : "A la tête de quelques soldats de sa compagnie, dont il s'était fait le partisan, il a grimpé la montagne le premier, au milieu du feu ennemi, et s'est élancé sur les Autrichiens, comme il l'a fait dans plusieurs occasions, avec un sang-froid et une intrépidité dignes d'éloges".
Il y a 9 hommes tués et 29 blessés. Parmis les tués figurent le Lieutenant Haim, les Sous-lieutenants Jean Kein, Nicolas Maussart, le Sergent Joseph Moulseaux, les Caporaux Ambroise Chamberlan, Benoit Murailhac, François Champion, Claude Garnaud, les soldats Louis Col:in, Claude Dubois, Claude Masson, Jean Guenot, Pierre Dubois, Gaspard Riboud. Sont blessés, les Capitaines de Grenadiers Gruardet et André Labat (à la cuisse), le Capitaine Etienne Pomade (à la cuisse), le Lieutenant Violard (à la cuisse), et le Sous-lieutenant Dargentol.
Dans la nuit du 14 au 15 janvier 1797, la Demi-brigade reçoit l'ordre de se porter, à marches forcées, sur Roverbella.
15 janvier 1797 (26 Nivôse an 5), Bonaparte écrit, depuis Villafranca, au Général Joubert : "Je vous apprends avec plaisir, mon cher général, que le général Augereau a attaqué hier l'ennemi, lui a pris quelques hommes, douze pièces de canon, lui a brûlé ses ponts, etc.
Vous avez bien fait de garder la 75e ; la victoire ne sera pas douteuse, et le succès de ce matin est d'un bon augure ..." (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 2 Italie ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 267 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 311 ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.2, p. 224 ; Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1389 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1289).
- Bataille de la Favorite
Pendant que ces divers évènements s'accomplissent à Rivoli, le Général autrichien Provéra est aux prises avec le Général Augereau. La colonne ennemie s'est avancée le 10 vers l'Adige pour passer celle rivière, mais le passage n'a pu être tenté que le 13 janvier vers Anghiari. Provéra force le Général Guyeux à la retraite et, le 14, se dirige sur Nogara, où il bivouaque.
Augereau essaie de le joindre, mais il ne peut atteindre que son arrière-garde; il doit se contenter de brûler le seul pont par où Provéra, qui se dirige sur Mantoue, peut effectuer sa retraite.
Dès lors, Bonaparte essaie d'entourer Provéra. Victor, à la tête de deux Bataillons de la 57e Demi-brigade, et Masséna, avec les 18e, 32e et 75e, se dirigent sur Villafranca. Provéra arrive le 15 devant cette ville et se prépare à attaquer la citadelle, lorsqu'il est entouré par les troupes de Victor, Serrurier et Rampon.
Le 16 janvier, la 75e part de Roverbella pour se porter sur la Favorite.
Ce même jour, Wurmser essaie de sortir de Mantoue, où il est bloqué, en se dirigeant vers la Favorite et Saint-Antoine.
Victor. Dugua et Guyeux tiennent en échec la colonne Provéra et empêchent ce dernier de se lier avec Wurmser. Provéra, menacé de toutes parts, semble n'avoir aucune chance de salut, quand Miollis, commandant de la place de Saint-Georges, tente une sortie sur son flanc gauche. En même temps que Victor l'arrête en tête, les 32e et 75e Demi-brigades l'attaquent vigoureusement du côté de Castelleto, et Lannes le presse en queue. Provéra doit capituler.
Pendant le combat, qui a lieu sous les murs de Mantoue, le Général Bonaparte envoie un Adjudant général pour faire délivrer des cartouches à la 75e Demi-brigade, qui est en réserve, et qu'il veut porter en avant pour compléter le succès. Mais les soldats, impatients d'aborder l'ennemi, s'écrient ensemble : "Nous n'avons pas besoin de cartouches avec ces gens-là : nos baïonnettes nous suffisent !".
L'Historique régimentaire donne le Caporal Jean Anglard, et le soldat François Amiot, tués à Mantoue, sans autres précisions.
Le 17 janvier 1797 (28 Nivôse an 5), le Général Bonaparte écrit, depuis Vérone, au Général Berthier : "... Ordre à la 75e de partir aujourd'hui pour Vérone ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1396 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1291).
Le même 17 janvier 1797 (28 Nivôse an 5), le Général Bonaparte écrit encore, depuis Vérone, au Général Berthier : "La division du général Masséna sera composée des 20e demi-brigade d'infanterie légère, 18e demi-brigade d'infanterie de ligne, 25e idem, 32e idem, 75e idem, 3e régiment de dragons, 6 pièces d'artillerie légère, 6 pièces d'artillerie à pied.
Elle se réunira toute à Vérone et doit se tenir prête à marcher le 1er du mois ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1397 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1292).
Le 20 janvier 1797 (1er Pluviôse an 5), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Vérone, au Général Masséna : "Le général Masséna partira demain, 2 du courant, avec la 20e demi-brigade d'infanterie légère, les 18e et 25e de ligne, le 3e régiment de dragons, quatre pièces d'artillerie à cheval et quatre pièces d'artillerie à pied, pour se rendre à Vicence, où il restera jusqu'à nouvel ordre. Il laissera à Vérone les 39e et 75e demi-brigades, avec tout le reste de son artillerie" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1404 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1308).
Le 24 janvier 1797 [(4 Pluviôse an 5), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, à Vérone, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Italie : "Il vient d'arriver 3300 paires de souliers. J'en ai fait la répartition de la manière suivante. 1800 paires au général Joubert, 150 à la 75e à Vérone, 150 à la 20e demi-brigade d’infanterie légère à Montebello, il faut que ceux-ci soient rendus avant cinq heures du matin à Montebello la 20e demi-brigade devant en partir à cette heure, 600 au général 600 au général Augereau" (Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1322).
Le 1er février 1797 (13 Pluviôse an 5), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, à Bologne, au Général Miollis : "Les services que vous avez rendus, citoyen général, tant à la première sortie de Wurmser qu’au combat de Saint-Georges et à la bataille de La Favorite vous donnent un titre précieux à la reconnaissance de l'armée.
Le combat de Saint-Georges que vous avez soutenu avec 500 hommes contre la division du général Provera sera mémorable dans l'histoire.
Vous m'avez parlé d'un sergent et d'un officier de la brave brigade qui depuis la bataille de Mondovi n'ont cessé de nous rendre des services importants. Je vous prie de vouloir bien proposer au général Sérurier un avancement pour ces deux braves militaires.
Je vous prie de faire connaître à la brigade que je la place pour le cas que je fais de sa discipline et de sa bravoure à côté de la 4e, de la 32e, de la 75e et de la 14e et de toutes les vieilles troupes auxquelles nous devons le succès de la campagne que Mantoue va couronner" (Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1345).
Le 26 février 1797 (8 Ventôse an 5), le Général Bonaparte écrit, depuis Bologne, au Général Berthier : "Vous voudrez bien, Citoyen, donner ordre au détachement de la 75e qui se trouve à Brignoles, département du Var, de partir sur-le-champ pour rejoindre sa demi-brigade à l'armée d'Italie, et d'employer, s'il est nécessaire, la force contre toute autorité civile ou militaire qui le retiendrait à Brignoles malgré le présent ordre, aucune autorité ne devant, d'après les ordres du ministre de la guerre, l'empêcher de rejoindre son corps" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1528 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1410).
Le 6 mars 1797, le Général en chef ordonne que l'on accorde une gratification de 10000 livres au Capitaine Ragois, de 5000 au Capitaine Gruardet (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1548).
- Passages de la Piave et du Tagliamento.
Après des marches forcées, la 75e, faisant toujours partie de la Division Masséna, vient prendre part aux affaires qui ont lieu sur la Piave et le Tagliamento. Le 19 mars, sous les ordres du Général Brune, elle forme l'avant-garde de la Division Masséna et marche sur Pontaire, où l'ennemi est retraché.
Les éclaireurs et les Grenadiers s'emparent de la partie montagneuse et se précipitent, par là, sur les derrières de l'ennemi, qu'ils détruisent presque en entier.
- Combat de Tarvis.
Dans la nuit du 23 au 24 mars (3 au 4 Germinal), la Demi-brigade, qui forme l'avant-garde commandée par le Général Brune, marche sur Klein-Tarvis, où l'ennemi est en position.
Le combat commemce au point dn jour. Les éclaireurs forcent les premiers postes et les poursuivent sur la ligne de bataille. A 9 heures du matin, l'affaire s'engage avec vigueur. L'ennemi cherche à tourner l'avant-garde, qui combat seule contre le Corps d'armée commandé en personne par le Prince Charles.
Le 3e Bataillon est chargé de s'emparer des montagnes de gauche où les éclaireurs de l'ennemi sont déjà parvenus. Ce Bataillon fait une marche si rapide dans la montagne et charge l'ennemi avec une telle vigueur qu'en un instant il lui fait abandonner ses positions en lui faisant un grand nombre de prisonniers.
Quatre Compagnies du 2e Bataillon sont engagées contre une troupe ennemie qui s'est établie sur la montagne et parviennent à la chasser de ses positions.
Le 1er Bataillon attaque le centre de la ligne autrichienne avec une grande vigueur et le met en déroute.
Le lieutenant Trémisot est blessé grièvement. "Cet officier, à la tête de quelques éclaireurs, a justifié d'une manière particulière la bravoure qu'il a montrée dans toutes les affaires, et a été blessé en donnant ses soins à un officier autrichien".
La Demi-brigade a perdu 8 hommes tués, 17 blessés et 21 prisonniers. Parmis les tués, on note : l'Adjudant Pierre Troussel, le Sergent François Bréon, le Caporal Jean-Pierre Combe, les soldats Pierre Barthélémy, François Dudon, Pierre Auger, Benoit Gerbier, Louis Valat, Jean Fuzain, François Méligne, Pierre Ladré. Sont blessés les Lieutenants Trémizot (grièvement) et Simon Deleuze, et le Sous-lieutenant Fransurot.
Le 29 mars 1797 (9 Germinal an 5),
le Général en chef fait écrire, depuis son Quartier général à Villach, au Général Masséna : "Le général en chef ayant jugé à propos, Général, de déterminer la manière dont serait formée et commandée l'avant-garde de chaque division, ordonne ce qui suit :
La division du général Masséna sera composée de trois brigades ...
3e BRIGADE.
25e demi-brigade de ligne ; 75e idem } commandée par le général de brigade Menard ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1647).
Le 14 juin 1797 (26 Prairial an 5), le Général Bonaparte écrit, depuis Mombello, au Général Berthier : "... Vous ordonnerez que l'on forme les brigades de la manière suivante :
PREMIERE DIVISION. Masséna (en l’absence de Masséna, Brune assure le commandement intérimaire de la 1ère Division).
La 18e de ligne et la 25e, 1re brigade : Menard.
La 32e de ligne et la 75e, 2e brigade : Rampon ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1919 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1674).
Le même 14 juin 1797 (26 Prairial an 5), le Général Bonaparte écrit encore, depuis Mombello, au Général Berthier : "Vous voudrez bien ordonner et prendre les mesures pour l'organisation prompte du personnel de l'artillerie de l'armée, ainsi qu'il suit :
Il y a dans ce moment-ci 76 compagnies d'artillerie de demi-brigade, desquelles vous ne devez former seulement que 30 compagnies d'artillerie de brigade, chaque demi-brigade de ligne devant avoir sa compagnie de canonniers ...
… 75e demi-brigade. - La 75e, capitaine Boyer, et la 75e capitaine Pertuse ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1921 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1677).
Le 9 novembre 1797 (19 Brumaire an 6), le Général en chef fait écrire, depuis le Quartier général à Milan, au Général Vignolle : "... Vous donnerez l'ordre au reste de la division du général Masséna de partir pour se rendre à Plaisance, lorsque le général Guieu sera arrivé à Padoue avec la 29e et la 23e d'infanterie légère. Le général Masséna laissera à Padoue le 24e régiment de chasseurs et la 11e d'infanterie légère, et il emmènera avec lui la 2e d'infanterie légère, la 32e, la 75e, son artillerie, son état-major et ses administrations ...
… Lorsque tous ces mouvements seront effectués, l'armée se trouvera donc placée de la manière suivante :
Ire division, Masséna à Plaisance.
... 75e idem ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2332 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1, p.46.).
Le même 9 novembre 1797 (19 Brumaire an 6), le Général en chef écrit également, depuis le Quartier général à Milan, au Général Vignolle : "Vous préviendrez les 18e, 25e, 82e et 75e de bataille qu'elles sont destinées à être les premières pour partir pour l'armée d'Angleterre …" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2334 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2202).
L'état des Demi-brigades de ligne et légère distraites de l'armée d'Italie pour l'expédition d'Angleterre, indique pour la 75e Demi-brigade 2400 hommes, sous les armes (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2335; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 47-48).
Le 10 novembre 1797 (20 Brumaire an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, à Milan, au Général Vignolle, Chef de l'État-major génral par intérim : "Vous voudrez bien, citoyen général, faire faire un nouveau drapeau pour le 1er bataillon de la 51e demi-brigade, vu que celui qui lui était destiné a été donné à la 75e demi-brigade et que celui de celle-ci a perdu le sien [sic].
Vous donnerez ordre au détachement qui est venu jusqu'à Trévise de venir chercher à Milan celui qui lui est destiné" (Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2211).
Le 11 novembre 1797 (21 Brumaire an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Milan, au Général Vignolle : "Vous trouverez ci-joint, Général, l'état des hommes auxquels j'accorde des sabres ; vous voudrez bien faire écrire la légende qui est à côté, sur ces sabres, et les leur envoyer. Vous pourrez provisoirement écrire à chaque chef de brigade, et leur donner la liste des hommes qui ont été nommés. Je vous prie aussi de m'adresser une copie de cette liste, telle qu'elle est ci-jointe.
ANNEXE
ÉTAT NOMINATIF DES HOMMES AUXQUELS LE GÉNÉRAL EN CHEF BONAPARTE ACCORDEDES SABRES POUR LEUR CONDUITE DISTINGUÉE.
... 75e RAGOIS (Thomas), capitaine des grenadiers, n°16 Pour être entré le premier dans le château de Valeggio, à l'affaire de Borghetto, etc. etc.
Idem TOURTEL (Antoine-Saint-Ange), Sergent, N° 17. Pour être entré un des premiers dans le château en avant de Saint-Michel, où s'était retranché l'ennemi, le 23 Nivôse.
Idem COMBES (Claude), sergent, n° 18. Pour avoir pris une pièce de canon à l'ennemi, à l'affaire de Lavis.
Idem FRANSUROL, sergent, n° 19. Pour avoir pris un officier général, à l'affaire de Tarvis, après avoir reçu deux coups d'épée et deux coups de sabre.
Idem GRANGEON (Pierre), sergent, n° 20. Pour être arrivé le premier, à la bataille de Rivoli, sur un peloton autrichien, et lui avoir fait mettre bas les armes.
Idem VERNET (Pierre), caporal, n° 21. Pour avoir fait plusieurs prisonniers à l'affaire de Saint-Michel, et reçu huit coups de feu.
Idem MAMET (Étienne), caporal, n° 22. Pour avoir fait cinq prisonniers, à la bataille de Caldiero.
Idem Armand (François), caporal, n°23. Pour être entré un des premiers dans la redoute anglaise, au siège de Toulon.
Idem 2e bataillon Grenadiers BUILLIER(Antoine), grenadier, n°24. Pour avoir passé un des premiers le pont de Lodi.
Idem Idem Idem LATREILLE (François), grenadier, n°25. Pour avoir passé un des premiers le pont de Lodi
Idem POUTOT(Jean-Antoine), fusilier, n°26. Pour avoir refusé de quitter le champ de bataille, à l'affaire de la Brenta, après avoir reçu deux coups de feu ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2347 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2220).
L'ARRÊTÉ DU DIRECTOIRE EXÉCUTIF en date de Paris, le 12 janvier 1798 (23 Nivôse an 6), fixe l'état des troupes qui doivent faire partie de l'Armée d'Angleterre : "Considérant qu'il est instant de réunir sur les côtes toutes les forces qui doivent être employées à l'armée d'Angleterre,
ARRÊTE ce qui suit :
ARTICLE PREMIER
Les divers corps de troupe ci-après désignés seront mis en mouvement pour se rendre sans délai sur les côtes qui bordent la Manche, ou autres lieux de rassemblement désignés par le ministre de la guerre, savoir :
INFANTERIE DE LIGNE
Les ... 75e ... demi-brigades ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 95).
Le 16 janvier 1798 (27 Nivôse an 6), le Ministre de la Guerre au Directoire exécutif écrit, depuis Paris : "Citoyens Directeurs,
J’ai l’honneur de vous rendre compte que la division commandée par le général Masséna venant de l’armée d’Italie sera rendue dans les environs de Versoix, département de l’Ain du 30 de ce mois [19 janvier 1798] au 4 du mois prochain [23 janvier 1798], pour y demeurer jusqu’à nouvel ordre.
Cette division est composée des 2e et 18e demi-brigades d’infanterie légère, et des 25e, 32e et 75e d’infanterie de ligne, formant ensemble environ 10000 hommes présents sous les armes.
J’attendrai vos ordres, Citoyens Directeurs, pour la marche ultérieure de cette colonne vers les côtes de la Manche ..." (L’invasion de 1798 : Documents d’archives françaises concernant la liquidation de l’Ancien Régime en Suisse par la France – Archives Nationales, Paris, AFIII 148b 698 129).
Un rapport du Ministre de la Guerre, adressé au Directoire exécutif, en date du 30 septembre 1798 (9 vendémiaire an 7), sur la situation des forces de la République et sur les mouvements et les divers changements qui ont eu lieu dans les armées depuis le 1er thermidor an 5 [19.7.97] jusqu'au premier vendémiaire an 7 [22.9.98], document manuscrit de 78 pages contenant le résumé des opérations de la période énoncée, indique :
"[P. 12, sous nivôse an 6 :]
Les colonnes venant de l'armée d'Italie avaient déjà dépassé les Alpes lorsque les habitants du Pays de Vaud et des divers cantons helvétiques réclamèrent leur assistance contre l'oppression qu'exercaient sur eux les oligarques de Berne.
L'une de ces colonnes, composée de la 2e demi-brigade d'infanterie légère, des 18e, 25e, 32e et 75e de ligne et les 3e et 15e régiments de dragons suspendit sa marche à son passage à Versoix.
Le général Ménard, qui commandait alors cette division, en attendant l'arrivée du général Brune, envoya un de ses aides de camp au commandant des troupes suisses rassemblées dans le Pays de Vaud, pour offrir sa médiation, mais il répondit à coup de fusil et en faisant massacrer l'escorte de l'officier chargé des dépêches du général Ménard.
Cet outrage ne pouvait rester impuni. Il était constant d'ailleurs que les oligarques agissaient depuis longtemps de concert avec le cabinet de St. James, soit en donnant asile aux émigrés et autres ennemis de la République, soit en protégeant sous main les contrebandiers, pour introduire de vive force et à main armée des marchandises anglaises sur le territoire de la République.
Mais enclin de justifier leur conduite et d'offrir au gouvernement les réparations qu'il avait droit d'exiger, les oligarques osèrent se mettre en état de guerre contre la République ..." (L’invasion de 1798 : Documents d’archives françaises concernant la liquidation de l’Ancien Régime en Suisse par la France – ANP, AFIII 149/702/20ter).
Le 20 janvier 1798 (1er Pluviôse an 6), le Ministre de la Guerre Schérer écrit, depuis Paris, au Général en chef Bonaparte : "Vous avez pensé, Citoyen Général, dans la conférence que nous avons eue ensemble le 27 du mois dernier, qu'il suffirait de retirer seulement, quant à présent, onze demi-brigades de l'armée d'Italie pour être employées à l'armée d'Angleterre, indépendamment des régiments de troupes à cheval qui sont en ce moment en marche pour se rendre à cette destination, afin de conserver, par ce moyen, vingt-sept demi-brigades en Italie, non compris les deux demi-brigades stationnées à Corlfou, ni celles qui se trouvent employées en Corse.
Vous avez désigné, à cet effet, les 4e, 18e, 25e, 32e, 40e, 51e, 57e, 58e, 69e, 75e et 85e demi-brigades de ligne.
Tous ces corps sont en ce moment en marche, dans l'ordre indiqué par le tableau ci-joint ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 101).
/ Expédition d'Egypte, de mai 1798 au 1er septembre 1801
Le 5 mars 1798 (15 ventôse an 6), depuis Paris, le Général Bonaparte remet au Directoire exécutif une note dans laquelle il écrit : "Pour s'emparer de Malte et de l'Egypte, il faudrait de 20 à 26,000 mille hommes d'infanterie, et de 2 à 3,000 hommes de cavalerie sans chevaux.
L'on pourrait prendre et embarquer ces troupes de la manière suivante, en Italie et en France :
... A Toulon, sur les vaisseaux de guerre, la 18e de ligne, 2,000 ; 25e, id., 2,000 ; 32e, id., 2,000 ; 75e, id., 2,000 ; 3e dragons, 400 ; 15e, id., 400 ; en tout 8,800 hommes, commandés par les généraux Brune, Rampon, Pigeon et (note : pour la cavalerie) Leclerc ...
Les demi-brigades, avec leurs compagnies de canonniers ...
Il faudrait que ces troupes fussent embarquées dans ces différents ports et prêtes à partir au commencement de floréal, pour se rendre dans le golfe d'Ajaccio, et réunies et prêtes à partir de ce golfe avant la fin de floréal ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 114 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 249 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2426 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2322 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 197-198).
L'expédition d'Egypte ayant été décidée, une partie de l'Armée d'Italie est désignée pour participer à cette expédition. Les troupes et les convois doivent se réunir en quatre points différents : Toulon, Gènes, Ajaccio et Civitta-Vecchia.
Le 14 mars 1798 (24 Ventôse an 6), Bonaparte adresse, depuis Paris, une note au Directoire exécutif : "... Le général commandant l'armée d'Helvétie (note : Brune) incorporera dans la 2e d'infanterie légère les éclaireurs de la 23e d'infanterie légère ; après quoi, il donnera l'ordre au général Pijon de partir avec la 2e demi-brigade d’infanterie légère, les 18e et 25e de ligne, pour se rendre à Lyon, où ces corps s'embarqueront sur le Rhône jusqu'à Avignon, d'où ils se rendront par terre à Toulon.
Deux jours après, il donnera l'ordre au général Rampon de partir, avec la 32e et la 75e, pour se rendre également à Lyon, s'y embarquer sur le Rhône jusqu'à Avignon, et se rendre, de là, par terre à Toulon.
Le ministre de la guerre donnera l'ordre au général Lannes de partir sur-le-champ, en poste, de Paris, pour se rendre à Lyon avec l'adjudant général Lagrange, et prendre toutes les mesures, en se concertant avec le commandant de cette place, le commissaire ordonnateur et celui du Directoire exécutif, pour qu'il y ait dans cette ville la quantité de bateaux et tout ce qui est nécessaire pour embarquer les troupes ci-dessus, et surveiller ledit embarquement; après quoi, le général Lannes et le citoyen Lagrange se rendront à Toulon.
Le ministre de la guerre donnera également les ordres pour qu'il y ait à Lyon 12,000 paires de souliers, 6,000 paires de culottes, 6,000 chapeaux, 4,000 vestes, 10,000 paires de bas, 10,000 chemises, 3,000 sacs de peau, 3,000 habits, 400 paires de bottes, pour pouvoir être distribués auxdites troupes à leur passage.
Le général Lannes aura soin de veiller aux distributions, pour qu'elles se fassent conformément aux besoins de chaque corps.
Le général commandant l'armée d'Helvétie fera mettre à l'ordre des demi-brigades ci-dessus désignées qu'elles vont se rendre à Toulon, d'où elles partiront pour une opération extrêmement essentielle, et qu'elles trouveront à Toulon le général Bonaparte, sous les ordres duquel elles continueront d'être" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2440).
Le même jour est expédiée une "INSTRUCTION POUR LE GÉNÉRAL EN CHEF DE L'ARMÉE FRANÇAISE EN SUISSE.
Le général commandant l'armée française en Suisse fera faire le prêt des 2e demi-brigade d'infanterie légère ; 18e, 25e, 32e, 75e de ligne ; des 3e et 15e régiments de dragons, ainsi que des canonniers attachés à cette division, jusqu'au 10 germinal.
Il fera compléter leur armement, leur buffleterie et, autant qu'il sera possible, leur habillement ...
Le ministre de la guerre ... donnera l'ordre au général Pijon de partir avec la 2e demi-brigade d'infanterie légère, la 18e et la 25e de ligne, le 28 ventôse, pour se rendre à Lyon, où ces corps s'embarqueront sur le Rhône jusqu'à Avignon ; d'où ils se rendront par terre à Toulon.
Deux jours après, il donnera l'ordre au général Rampon de partir, avec la 32e et la 75e de ligne, le 30 ventôse, pour se rendre également à Lyon, s'y embarquer sur le Rhône jusqu'à Avignon, et, de là, se rendre par terre à Toulon.
Le ministre de la guerre donnera l'ordre au général Lannes de partir sur-le-champ, en poste, de Paris, pour se rendre à Lyon avec l'adjudant général Lagrange, et de prendre toutes les mesures, en se concertant avec le commandant de cette place, le commissaire ordonnateur, le commissaire du Directoire exécutif, pour qu'il y ait dans cette ville la quantité de bateaux et tout ce qui est nécessaire pour l'embarquement des troupes ci-dessus désignées, et surveiller ledit embarquement ; après quoi, le général Lannes et l'adjudant général Lagrange se rendront à Toulon.
Le ministre de la guerre donnera également les ordres pour qu'il y ait à Lyon : 12.000 paires de souliers, 6.000 chapeaux, 6.000 paires de culottes, 4,000 vestes, 10.000 paires de bas, 10.000 chemises, 3.000 sacs de peau, 3.000 habits, 400 paires de bottes, pour pouvoir être distribués aux troupes susmentionnées à leur passage à Lyon.
Le général Lannes aura soin de veiller à cette distribulion pour qu'elle se fasse conformément aux besoins de chaque corps.
Le général en chef de l'armée française en Suisse fera meltre à l'ordre des demi-brigades ci-dessus nommées qu'elles vont se rendre à Toulon, d'où elles partiront pour une opération extrêmement essentielle, et qu'elles trouveront dans cette ville le général Bonaparte, sous les ordres duquel elles continueront d'être" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 223-224 - Note : Les archives administratives de la guerre possèdent l'expédition originale de cette pièce, qui est signée par Merlin et contresignée par Lagarde).
Conformément à ses instructions, le Ministre de la Guerre donne avis du mouvement aux diverses autorités militaires intéressées et aux Commissaires de la Trésorerie nationale (15 et 16 mars). Les effectifs à faire marcher sont ainsi évalués par une note du Secrétaire général de la Guerre : Troupes partant le Ventôse, 32e et 75e de ligne, 4.400 hommes. L'intention du Ministre est qu'elles subsistent en route au moyen des vivres de campagne, depuis leur point de départ jusqu'à leur arrivée à Toulon (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 224).
Le 16 mars 1798 (26 Ventôse an 6), le Ministre de la Guerre Schérer écrit, depuis Paris, au Directoire exécutif : "J'ai l'honneur de vous rendre compte que, pour mettre à exécution les dispositions prescrites par l'instruction que vous avez adressée le 24 de ce mois au général en chef de l'armée française en Suisse, et dont vous m'avez fait passer une expédition, j'ai adressé de suite l'ordre au général de cavalerie Leclerc, qui se trouvait à Paris, de se rendre sur-le-champ à Lyon ...
J'ai chargé en même temps le général Lannes et l'adjudant général Lagrange, qui se trouvaient tous deux à Paris, de se rendre en poste à Lyon, où le général Lannes doit prendre toutes les mesures, en se concertant avec le commandant de cette place, le commissaire ordonnateur que j'avais déjà prévenu de cette disposition et le commissaire du Directoire exécutif, pour qu'il y ait dans cette ville la quantité de bateaux et tout ce qui est nécessaire ponr l'embarquement sur le Rhône des 2e demi-brigade d'infanterie légère, 18e, 25e, 32e et 75e de ligne, venant des environs de Berne, qui doivent arriver dans cette grande commune dans le courant de la 1re décade de germinal, ainsi que de la 85e demi-brigade qui se trouve actuellement à Lyon, en remplacement de la 45e, et du 2e bataillon du 4e régiment d'artillerie à pied.
J'ai donné d'ailleurs tous les ordres nécessaires pour que, conformément à vos intentions, les effets d'habillement et de petit équipement se trouvent préparés à Lyon, pour pouvoir être distribués à ces troupes à leur passage dans cette commune, et j'ai chargé le général Lannes du soin de veiller à cette distribution, pour qu'elle se lasse conformément aux besoins de chaque corps, en l'invitant à se mettre en route avec l'adjudant général Lagrange, immédiatement après l'embarquement des divers corps de troupe, pour se rendre de suite à Toulon ...
J'ai donné, au surplus, tous les ordres nécessaires pour assurer la susbistance de ces troupes pendant leur marche.
Tel est, Citoyens Directeurs, le résultat des ordres que j'ai donnés pour assurer l'exécution des dispositions prescrites par votre arrêté du 15 de ce mois et votre instruction du 24.
J'aurai le plus grand soin de vous rendre compte de l'arrivée de ces divers corps de troupe tant à Marseille qu'à Toulon, et des mesures ultérieures qui auront été prises pour leur embarquement, aussitôt que j'en aurai connaissance" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 230-231).
Le 17 mars 1798 (27 Ventôse an 6), le Général Bonaparte adresse, depuis Paris, une Nnote au Directoire exécutif : "... Le général commandant l'armée d'Helvétie incorporera dans la 2e d'infanterie légère les éclaireurs de la 23e d'infanterie légère ; après quoi, il donnera l'ordre au général Pigeon de partir avec la 2e demi-brigade d'infanterie légère, les 18e et 25e de ligne, pour se rendre à Lyon, où ces corps s'embarqueront sur le Rhône jusqu'à Avignon, d'où ils se rendront par terre à Toulon.
Deux jours après, il donnera l'ordre au général Rampon de partir avec la 32e et la 75e pour se rendre également à Lyon, s'y embarquer sur le Rhône jusqu'à Avignon, et se rendre de là par terre à Toulon …
Le général commandant l'armée d'Helvétie fera mettre à l'ordre des demi-brigades ci-dessus désignées, qu'elles vont se rendre à Toulon, d'où elles partiront pour une opération extrêmement essentielle, et qu'elles trouveront à Toulon le général Bonaparte, sous les Ordres duquel elles continueront d'être" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 126 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 261).
Dans le rapport du Ministre de la Guerre, adressé au Directoire exécutif, en date du 30 septembre 1798 (9 vendémiaire an 7), sur la situation des forces de la République et sur les mouvements et les divers changements qui ont eu lieu dans les armées depuis le 1er thermidor an 5 [19.7.97] jusqu'au premier vendémiaire an 7 [22.9.98], document manuscrit de 78 pages contenant le résumé des opérations de la période énoncée, on lit :
"D'après ces dispositions, la 2e demi-brigade d'infanterie légère, les 18e, 25e, 32e et 75e de ligne les 3e et 15e régiments de dragons et environ 300 hommes d'artillerie tant à pied qu'à cheval se mirent en marche du 27 au 30 ventôse [17-20.3.1798] pour se diriger sur Toulon ..." (L’invasion de 1798 : Documents d’archives françaises concernant la liquidation de l’Ancien Régime en Suisse par la France – ANP, AFIII 149/702/20ter).
Un rapport adressé, le 20 mars, au Directoire par le Ministre de la Guerre, détaille, ainsi qu'il suit, l’effectif (hommes présents sous les armes) des troupes destinées à l'expédition : à l'Embarquement de Toulon, 75e Demi-brigade, 2400 hommes (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 197).
Ce jour là (20 mars 1798 - 30 Ventôse an 6), le Ministre de la guerre adresse, depuis Paris, un Rapport au Directoire exécutif : "… Corps d'armée employé en Suisse.
L'armée française employée sous les ordres du général Schauenburg est composée en ce moment, indépendamment de la 2e demi-brigade d'infanterie légère, des 18e, 25e, 32e, 75e de ligne, des 3e et 15e régiments de dragons et de l'artillerie attachée à cette division, qui est destinée à se rendre à Toulon, de 17259 hommes présents sous les armes, non compris les 2 bataillons de la 89e demi-brigade qui se trouvaient également employés à cette armée et qui doivent se réunir au 3e bataillon qui est à Besançon pour se rendre à l'armée d'Angleterre ..." (L’invasion de 1798 : Documents d’archives françaises concernant la liquidation de l’Ancien Régime en Suisse par la France – ANP, AFIII 149/699/52).
Le 30 mars 1798 (10 Germinal an 6), le Général Bonaparte écrit, depuis Paris, à la Commission chargée de l'inspection des côtes de la Méditerranée : "... Les 25e et 75e, commandées par le général Gardanne, seront cantonnées à Olioules, au Beausset, la Seine, Saint-Nazaire et autres villages environnants.
… Le général Gardanne commandera la 25e et la 75e ...
Je vous recommande de veiller à ce que les troupes aient tous les jours du vin ou de l'eau-de-vie, et à ce que les subsistances leur soient assurées …" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte et Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 134 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 268 (qui tous trois datent le doc du 6 germinal an 6 - 26 mars 1798) ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2460 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2349 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 248).
Le même jour 30 mars 1798 (10 Germinal an 6), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Dugua, commandant la 8e Division Militaire : "... La 2e d'infanterie légère, les 18e, 25e, 32e et 75e arriveront également sous peu de jours à Avignon par le Rhône. Elles ont ordre de se rendre à Toulon.
Vous enverrez l'ordre au général Rampon avec les 18e et 32e, de tenir garnison au fort Lamalgue, Solliès, La Valette et Hyères, à la 25e et 75e de tenir garnison à Ollioules, Saint-Nazaire, La Seyne et autres villages environnants. Cette brigade sera commandée par le général Gardanne ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 139 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 272 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2463 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2351 ; 2349 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 248).
Des lettres de Lannes et de Lagrange, en date du 4 avril 1798 (15 Germinal an 6), font connaître les dates du passage à venir des troupes : la 75e est attendue pour le 18. Elle doit être embarquée après vingt-quatre heures de séjour. En effet, il s'est produit un certain retard dans le départ des troupes d'Helvétie (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 286).
Le 7 avril 1798 (18 Germinal an 6), le Ministre de la Guerre rend compte au Directoire des mouvements de troupes exécutés vers les côtes de Provence. La 2e légère, venant de Suisse, a été embarquée, le 12, pour Avignon ; elle sera suivie des 25e, 18e, 32e et 75e de ligne (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 285-286-287).
Le 9 avril 1798 (20 Germinal an 6), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Brune : "... Je vous prie ... de faire partir pour Gênes tous les hommes qui resteraient des demi-brigades suivantes : … 75e … de ligne ...
Ces hommes s'embarqueront à la suite des divisions qui s’embarquent à Gênes et à Cività-Vecchia, et quand même ces divisions seraient parties, leurs dépôts resteront à Gênes et à Cività-Vecchia, de manière que lorsqu'il y aura 100 hommes réunis, on pourra les faire partir pour rejoindre au lieu où se rend ledit embarquement ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 158 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 290 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2485 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2375 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 313).
Le même 9 avril 1798 (20 Germinal an 6), Bonaparte écrit également, depuis Paris, au Général Lannes, à Lyon : "J'ai reçu, Citoyen Général, la lettre que vous m'envoyez, par laquelle vous me rendez compte du passage des 32e, 18e et 75e demi-brigades ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2486 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2377 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 288).
Le 10 avril 1798 (21 Germinal an 6), Lannes annonce au Ministre que la 75e de ligne, fermant la marche de la Division venue de Suisse, s'est embarquée, le matin même, pour Toulon (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 288).
Le Tableau des Corps de troupes rassemblés à Toulon, Marseille, Gênes et Cività-Vecchia, daté du 14 avril 1798 (25 Germinal an 6), et certifié conforme par le Ministre de la Guerre, Schérer, indique que la 75e Demi-brigade fait partie de la Division Kléber, Brigade Gardanne; elle comprend 2415 hommes et doit être arrivé le 25 Germinal (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2508 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 355).
Le 18 avril 1798 (29 Germinal an 6), le Général Bonaparte écrit, depuis Paris, au Citoyen Redon de Belleville, Consul de la République à Gênes : "… Il sera formé à Gênes un dépôt des … 13e, 18e, 25e, 32e, 75e, 69e, 85e de bataille, 3e, 14e, 15e, et 18e régiments de dragons.
Toutes les fois qu'il y aura 150 hommes de ces différents corps à Gênes, vous les ferez partir pour une destination qui vous sera désignée" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 182 (Panckoucke date cette lettre du 19 avril) ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 314 (lettre datée du 19 avril 1798 – 30 germinal an 6) ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2526 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2402 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 422).
Le 20 avril 1798 (1er Floréal an 6), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Chef de l'État-major général de l'Armée d’Orient : "Vous voudrez bien, citoyen général, envoyer en poste un officier de l'état-major à Marseille et à Toulon, pour prévenir les 2e demi-brigade d'infanterie légère ; 9e, 18e, 25e, 32e, 75e, 85e de ligne ; 3e, 15e, 18e régiments de dragons ; 22e de chasseurs et l'artillerie, qui sont à Toulon et à Marseille, de se tenir prêts à s'embarquer le 8 floréal ...
Vous donnerez l'ordre au général de division Kléber de prendre le commandement de la division de l'armée, composée des 2e d'infanterie légère, 25e et 75e de ligne.
Il aura sous ses ordres les généraux de brigade Gardanne et Pijon ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2417 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 364).
Le même 20 avril 1798 (1er Floréal an 6), Bonaparte fait également écrire, depuis Paris, au Général Kléber : "En conséquence des dispositions du général en chef, il est ordonné au général de division Kleber de prendre le commandement de la division de l'armée composée de la 2e demi-brigade d'infanterie légère et des 25e et 75e demi-brigades de ligne.
Le général divisionnaire Kleber aura sous ses ordres les généraux de brigade Gardanne et Pijon.
L'ordonnateur en chef attachera deux commissaires des guerres à cette division" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2531).
Toujours le 20 avril 1798 (1er Floréal an 6), Bonaparte écrit aussi, depuis Paris, au Général Caffarelli Du Falga : "Le général Caffarelli Dufalga, commandant le génie de l'expédition de la Méditerranée, nommera deux officiers ou adjoints du génie par chacune des divisions suivantes :
... 2° De la division Kléber, qui est à la droite de Toulon, à la Seyne et villages voisins, et qui est composée de la 2e d'infanterie légère et des 25e et 75e de ligne ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 188 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 318 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2534 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 366).
Le 5 mai 1798 (16 Floréal an 6) à Toulon, le Général Caffarelli publie un ordre du jour à l'armée : "D'après les ordres du général en chef Bonaparte, le général Kléber prend le commandement par intérim des troupes de terre, composant les divisions des généraux Reynier, Menard et celle qu'il commande particulièrement, formée des 2e demi-brigade d'infanterie légère, de la 25e et 75e demi-brigade d'infanterie de bataille ...
La 75e demi-brigade d'infanterie de bataille sera considérée comme étant la seconde brigade de cette division, et le chef de ce corps correspondra directement avec le chef d'état-major de la division.
Les chefs de corps enverront demain à l'état-major général, à Toulon, l'état exact de situation, où le nombre strict des officiers et soldats présents sous les armes sera désigné, en attendant la revue du commissaire des guerres, qui sera incessamment passée pour vérifier ces situations ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 411).
L'ordre de l'armée du 8 mai 1798 (19 Floréal an 6 ), porte : "Demain 20 du courant, la 75e demi-brigade sera réunie, à 4 heures du matin, sur la place d'Armes, avec armes et bagages, pour de là être embarquée de suite sur les points que lui désignera l'adjudant-général Escale, qui aura des instructions à ce sujet ...
Les généraux s'embarqueront immédiatement après les troupes, chacun sur les bâtiments qui leur seront désignés.
Chaque officier général ou supérieur en grade, ou en ancienneté, commandera de droit les troupes de terre à bord du vaisseau qu'il montera, sans que pour cela il soit rien changé à l'organisation actuelle des divisions ; de manière que les corps continueront à correspondre avec les généraux de brigade, et ceux-ci avec leurs généraux de division respectifs.
Les officiers et soldats se conformeront, au reste, aux règlements de la marine, dont il leur sera donné connaissance, à bord, pour tout ce qui les concerne.
In fine, il est dit que les troupes en garnison sur les vaisseaux recevront, dans ce jour, leur arriéré de solde, et les officiers leurs appointements de floréal" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 416).
Bonaparte arrive à Toulon de très bonne heure le 9 mai 1798. Il passe immédiatement la revue des trois Demi-brigades rassemblées pour s'embarquer conformément à l'ordre de la veille. Cette revue fait l'objet d’un compte rendu, dans le Moniteur du 2 Prairial (21 mai) : "Toulon, le 21 Floréal. - Le général en chef Bonaparte, arrivé ici hier à 7 heures du matin, a passé sur-le-champ en revue les phalanges républicaines de l'armée invincible ; ensuite, il leur a parlé …". Le Journal de Damas porte que les 18e, 32e et 75e se sont embarquées le 20, après avoir été passés en revue par Bonaparte, arrivé à 6 heures (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 461).
Le 10 mai 1798 (21 Floréal an 6), Bonaparte ordonne, depuis son Quartier général, à Toulon :"1° Il est ordonné aux officiers et aux soldats des 2e et 4e d'infanterie légère, 9e, 18e, 25e, 32e, 75e, 85e de ligne, 3e, 15e et 18e de dragons, et 22e de chasseurs, qui sont en permission, congé, convalescence, ou absents de leurs corps pour quelque raison que ce soit, de se rendre le plus tôt possible à Toulon, où ils trouveront des bâtiments et des ordres pour rejoindre leurs corps.
2° Je prie les commissaires du Directoire exécutif près les administrations centrales des départements et administrations municipales de faire publier et signifier le présent ordre à ceux qu'il concerne, afin que, s'ils ne participent pas aux dangers et à la gloire qu'acquerront leurs camarades, l'ignominie qui leur en reviendra soit sans excuse.
3° Ceux desdits officiers et soldats qui, après la notification du présent ordre, ne rejoindraient pas, n'ont pas contribué à nos victoires, ne peuvent pas être considérés comme faisant partie de ces braves auxquels l'Italie doit sa liberté, la France la paix, et la République sa gloire" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 333 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2574 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 469).
Le 13 mai 1798 (24 Floréal an 6), le Général Caffarelli, Chef de l'Etat-major général de l'Armée, ordonne, à Toulon : "… Le général Gardanne ayant reçu l'ordre de s'embarquer à Gênes pour rejoindre l'armée navale, dès que cet officier général sera de retour, il prendra le commandement de la brigade composée de la 2e d'infanterie légère et de la 75e de bataille, qui fait partie de la division Kleber …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 484).
- Embarquement.
Les transports réunis pour l'expédition sont au nombre de 400. L'escadre de l'Amiral Brueys sc compose de 13 vaisseaux de ligne, dont un de 120 canons, l'Orient, que doivent monter l'Amiral et le Général en chef.
La 75e est placée dans la Division du Général Kléber. Le 16 mai 1798 (27 Floréal an 6), l'Etat d'embarquement sur l'Aquilon mentionne le 2e bataillon de la 75e de ligne (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 508).
Le 18 mai 1798 (29 Floréal an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Toulon, au CHef de l'Éatta-major : "… Vous donnerez l'ordre ... Au citoyen Taupin, chef de brigade de la 75e, de prendre le commandement de la place de Toulon ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2599 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2490).
L'effectif de la 75e, au moment du départ, est de 1,785 hommes présents, qui sont embarqués sur le Francklin, le Spartiate, le Guerrier et l'Aquilon. Le Chef de Brigade est sur le Francklin.
État de situation des troupes composant la Division et détails de leur embarquement :
Corps |
Bâtiments | Nombre de compagnies embarquées sur chaque bâtiment |
Officiers | Sous-Officiers | Soldats | Blanchisseuses | Total Demi-Brigade | Observations |
75e demi-brigade d’infanterie de Ligne | Le Franklin Le Spartiate Le Guerrier L'Aquilon |
3 8 8 8 |
8 25 26 25 |
22 57 46 52 |
207 417 428 470 |
2 |
1785 |
Etat-major : 46 hommes (sur le Franklin, avec le chef de Brigade). |
Les malades de la 75e ont été laissés à l’hôspice ou au Dépôt lors de la revue (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 526 - Cet état, non daté ni signé, a été établi entre l'embarquement et le départ de Toulon).
- Départ de Toulon.
Le corps d'expédition part de Toulon, le 19 mai, au bruit du canon et aux acclamations de toute l'armée.
La flotte porte environ 40,000 hommes et 10,000 marins. Elle a de l'eau pour un mois, des vivres pour deux.
Le 26 mai 1798 (7 Prairial an 6), Bonaparte écrit, à bord de l'Orient, au Général Kléber : "… Je vous salue, ainsi que Blanquet du Chayla, le général Damas et la colonie de savants que vous avez à bord, et les grenadiers de la 75e" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2610 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2502).
Elle est dirigée d'abord sur Gènes pour rallier le convoi réuni dans ce port sous les ordres du Général Baraguey-d'Hilliers; elle cingle ensuite vers la Corse, rallie le convoi d'Ajaccio, qui est sous les ordres du Général Vaubois, et s'avance dans la mer de Sicile pour se réunir au convoi de Civitta-Vecchia, sous les ordres du Général Desaix.
L'État par aperçu des fonds nécessaires pour un mois de solde à l'armée de terre, établi par le payeur Estève, à bord du vaisseau l'Orient, le 6 juin 1798 (18 prairial an VI) indique que la 75e Demi-brigade est forte de 1700 Hommes, Officiers non compris (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 508).
- Prise de Malte.
Le Grand Maitre de l'Ile de Malte ayant refusé à Bonaparte la faculté de faire de l'eau au passage, Malte est attaqué par l'Armée d'Egyple et tombe en notre pouvoir le 12 juin. Vaubois est laissé comme Gouverneur de l'ile avec 3,000 hommes.
Après la prise de Malte, l'escadre transportant l'Armée d'Egypte poursuit sa route. Le 23 juin 1798 (5 Messidor an 6), Bonaparte, depuis son Quartier général, à bord de l'Orient, adresse à l'Armée un Oordre général : "Le général en chef a déterminé le commandement des brigades, dans les divisions, ainsi qu'il suit :
DIVISION KLEBER.
Le général Damas commande la 2e légère.
Le général Verdier commande la 25e et la 75e de ligne.
L'adjudant général Escale est chargé du détail de la division ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2706 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 15).
Par ailleurs, les troupes laissées à Malte ayant été, en grande partie, prélevées sur les garnisons des bâtiments de l'escadre, Bonaparte décide de reconstituer cet élément de défense et prescrit à cet effet les dispositions suivantes (Ordre de Berthier en date du 23 juin 1798 – 5 messidor an 6) : "... VAISSEAUX. - ... Guillaume-Tell, 100 hommes de la 75e ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 13).
- Débarquement en Egypte, prise d'Alexandrie
Le 27 juin 1798 (9 messidor an 6), Bonaparte, à bord de l'Orient, ordonne : "… le général de brigade Damas continuera d'être chargé du détail de la division du général Kleber. Le général Verdier commandera la 2e demi-brigade légère. Le général Lannes commandera la 25e et la 75e de bataille" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2708 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 15).
Lannes prend donc ce jour là le commandement des 25e et 75e Demi-brigades.
Le 28 juin 1798 (10 messidor an 6), le Général Damas, à bord du Franklin, écrit au Général Berthier : "Les mesures sont prises pour faire exécuter sans confusion, au moment du débarquement, l'ordre que vous avez donné pour la répartition des détachements des 2e demi-brigade légère, 25e et 75e de bataille sur les différents bâtiments de l'armée, où ils doivent rester en garnison. La marche rapide de l'armée, la distance où se trouvent les divers bâtiments … et conséquemment l'extrême difficulté de communiquer, empêchent que le changement se fasse à bord …
Il se trouvera parmi ces détachements peu d'hommes infirmes ou blessés ; ceux que de semblables causes empêchaient de supporter les fatigues d'une campagne active ont été laissés au dépôt ...
Je vous préviens encore que le vaisseau le Tonnant, portant neuf compagnies de la 2e demi-brigade légère, et la frégate la Diane, qui en a aussi trois du même corps à son bord, ne sont également pas de l'escadre où se trouve le général Kleber.
Si ces bâtiments sont destinés à faire des débarquements éloignés l'un de l'autre, je vous prie de me dire comment ces douze compagnies rejoindront leur demi-brigade" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 20).
Le 30 juin, on est en vue d'Alexandrie et le débarquement s'opère le 1er juillet. La Division Kléber, à laquelle appartient la 75e, débarque derrière les carrières qui avoisinent le marabout.
Le Général de Division Bethier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée, dans sa "relation de la prise de la ville d'Alexandrie en Égypte, par l'armée française, le 14 messidor an VI", adressée au Ministre de la Guerre le 6 juillet 1798 (18 Messidor an 6), écrit : "… Nous nous embarquâmes sur des canots ; et, à une heure du matin, le vainqueur de l'Italie était en Afrique, à la plage du Marabout, dans le désert, à quatre lieues d'Alexandrie. L'armée n'avait aperçu aucun individu du pays.
Le général en chef passa sa revue ; la division Kleber, composée de la 2e demi-brigade d'infanterie légère, des 25e et 75e de bataille, avait environ mille hommes..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 42-49).
La Division Kléber est désignée pour former la colonne du centre, qui doit venir le jour même attaquer Alexandrie.
La 75e doit enlever d'assaut une des portes de la ville (porte de la Colonne). Un trou de brèche, fait à 15 pieds au-dessus du fossé, est élargi à la pioche et peut ensuite donner passage à un homme. Un Grenadier y pénètre le premier pendant que du bord du fossé on écarte les Turcs à coups de fusil. Quelques Officiers le suivent, se rassemblent et se retranchent sur le rempart; une écharpe, auprès de laquelle on se rallie, sert de drapeau; enfin une Compagnie entière pénètre par la brèche. Les Turcs se sauvent à travers les jardins et la 75e vient se rassembler sur un petit monticule à l'est de la ville des Arabes.
Alexandrie fait sa soumission vers 3 heures du soir; cette affaire coûte à la Demi-brigade une trentaine d'hommes, la plupart, il est vrai, blessés à mort.
Parmi les tués, on note les Sous-lieutenants Pierre Potard, Antoine Chaussenot, François Soulès, Charles-Sigismond Morand, les Sergents Jean Favre, Jean-François Prieur, Antoine Etienne, les Fourriers Jean Meunier, Jean-Louis Giraud, Jean Boiron, Florentin Gayard, les Caporaux Jean-Claude Guyotte, Rémy Fiatn Jean Laffitte, Nicolas Moine, Jacques Fontane, Joseph Mirabel, Denis Bérachon, Joseph Blondel, Antoine Desgranges, le Tambour Jean-Baptiste Aubert, les soldats Philémon Joachim, Etienne Michel, Charles Lagrange, Claude Parisse, Simphorien Gigot, Pierre Mondeins, Pierre Menar, Charles Renaud, Pierre Guenard, Pierre Vachon, Jean-Pierre Breton, Joseph Sauvery, François Chancel, Pierre Allary, Jean Emery, François Rodes, Nicolas Ruffier, Etienne Merneisse, Pierre Rocher, Pierre Farget, Pierre Rioux, Jean-Baptiste Pascal, Louis Rieux, Jean Picon, Michel Chanon, Joseph Pion, Jacques Fex, Pierre Peyron, Nicolas Pignerol, Louis Valter, Jean Guichard, Louis Berger, Joseph Eckenfeld, Louis Fallé, Pierre Goujon, Julien Aury, Louis Lerals, Michel Pequot, Joseph Heurtebise, François Mersaine, Joseph Joly, René Gagner, Joseph Simonnot, Etienne Roussel, Joseph Chabalat, René Bouvet, François Derne, Louis-Pierre Frogier, Pierre Gondeau, Gabriel Monat, Gilbert Voyon, Jean Collot, François Geoffroy, Joseph Depieds, Jean-Baptiste Catin, François Papain, Jacques Poirier, Jean-Baptiste Boussard, Louis Ferrant, Jean-Antoine Sousterre, Louis Chanbon, Joseph Durand, Joseph Mariton, André Vivet, Guillaume Pras, Charles Collet, Joseph Favier, Jean Guillon, François-Louis Desmont, Michel-Pierre Fort, Pierre Pomerin, Pierre Pernet, François Rouillet, Jacques France, Joseph Laforest, Antoine Alibert, Jean-Louis Bacon, Guillaume Carreau. Sont blessé le Lieutenant Gabriel Robert (à la cuisse droite), les Sous-lieutenants Nicolas Cousin (au bras gauche), Antoine Rey (à la tête), Jean-Claude Danaux, Modeste Simard (à la hanche), Jean-Pierre Massot.
Le rapport du Chef de Bataillon du Génie Souhait (daté de Messidor sans autre précision) raconte, au sujet de la prise d’Alexandrie : "… La division du général Kleber était au centre sur deux lignes ; la 75e demi-brigade, en avant, courut la première à l'assaut, partie vers la porte A, placée dans un angle mort d'une tour et qu'on se mit à rompre à coups de hache. Cette porte était double, mais la seconde n'était pas fermée, sans quoi on attaquait le taureau par les cornes.
L'autre partie courut aux ébrèchements qu'on aperçoit en B, mais qui furent trouvés impraticables ; on fila le long du fossé, et dedans pour être moins en butte aux coups de fusils. On trouva un trou à 15 pieds du fond du fossé, si petit qu'à peine on pouvait y passer la tête. La pioche l'élargit un peu ; un grenadier y pénètre, pendant que, du bord du fossé, on écartait les Turcs par des décharges réitérées. Quelques officiers supérieurs le suivent, on se rassemble, on se retranche sur le vieux rempart. Les Turcs se sauvent en criant à travers les jardins ; on fait un drapeau d'une écharpe, on s'anime, on se presse à la brèche ; une compagnie y est pénétrée ; le général Damas se porte vers la hauteur D pour rallier les troupes qui étaient pénétrées par la porte A; on chasse l'ennemi des jardins …
Les troupes victorieuses pénètrent sans difficulté dans la ville ; mais on faisait feu de toutes parts, sur elles. Les Barbares massacraient impitoyablement, des fenêtres, des soldats dont la générosité et la discipline enchaînaient le ressentiment. On sortit de la ville pour se soustraire à l'effusion inutile de ce sang. L'ordre vint d'en reprendre possession et les troupes, se répandant dans toutes les rues, eurent bien de la peine à faire cesser le feu. On perdit à l'attaque du centre une trentaine de soldats, la plupart blessés à mort ; le général Kleber, son adjudant général Escale furent atteints de coups de feu, l'un au front, l'autre au bras, en se livrant trop vivement à l'impétuosité de leur courage ; le général de division Menou reçut une forte contusion d'une pierre. Cette perte pour l'armée doit être une leçon pour ses chefs, et il est à désirer qu'au lieu de s'exposer à de nouveaux risques qui lui enlèveraient des chefs et des soldats également précieux que difficiles à remplacer, on se livre, dans la suite, moins à la fougue du courage ; mais qu'on emploie contre des milices si mal organisées, mais individuellement braves, les armes les plus efficaces ; le canon fera brèche à leurs murailles et ébranlera en même temps leur moral ; l'obus sèmera la terreur, les coups de hache ou de pioche ne seront que pour élargir les passages. Je propose d'avoir toujours disponibles des bombes ou obus bien chargés, qui enfonceront les portes, et même les murailles peu épaisses, avec toute la promptitude possible ; il faudra avoir soin de les appliquer tout à fait contre l'obstacle par des cordes ou clous ; ce sont, d'après l'expérience que j'en ai, d'excellents pétards …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 52).
Le 2 juillet 1798 (14 Messidor an 6), le Général Reynier écrit du Marabout, au Général en chef : "... j'ai réuni des détachements des différentes divisions, que j'ai empêchés depuis ce matin de partir isolément, parce que la communication d'ici à Alexandrie est inquiétée par les détachements d'Arabes, qui ont tué quelques hommes écartés. Ces détachements sont des 25e, 75e, 18e et 19e demi-brigades, ainsi que des hommes non montés des 3e et 14e de dragons ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 58; Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte - la lettre est datée du 3 juillet 1798).
Le 3 juillet, le Général Dugua prend le commandement de la Division Kléber, qui est ainsi composée : 2e Demi-brigade légère, 25e et 75e Demi-brigades avec les généraux Verdier et Lannes et les 14e et 15e Dragons sous les ordres du Général Murat.
- Bataille de Chébreiss.
Le 5 juillet 1798 (17 Messidor an 6), Bonaparte fait écrire, depuis son Quartier général à Alexandrie, au Général Dugua : "Le général en chef donne au général de division Dugua le commandement provisoire de la division du général Kleber, composée des 2e demi-brigade d'infanterie légère, 25e et 75e demi-brigades de bataille, commandées par les généraux de brigade Verdier et Lannes. Il aura, pour remplir les fonctions d'adjudant général, le général Damas, qui remplit ces fonctions depuis que le général Kleber commande.
Le général Dugua est prévenu que la division qu'il commande part ce soir, à cinq heures, pour Rosette, passant par Aboukir. Le général Dugua aura soin de se pourvoir de guides du pays et d'interprètes. Il viendra prendre les ordres du général en chef de bonne heure.
Il s'assurera si son artillerie est prête. Il aura soin de prendre des vivres pour deux jours.
P. S. Le général Dugua aura avec lui la brigade du général Murat, composée du 14e et du 15e régiment de dragons" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2756 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 121). Conformément à ses ordres, la Division Dugua se met en route à 5 heures du soir pour se rendre à Rosette, par Aboukir.
Dans son Journal de marche de la Division Dugua", Laugier raconte : "Me voilà chef de brigade employé à la suite de l'état-major d'une division. En cette qualité, je reçois, le 18, à 2 heures du matin, l'ordre d'aller former la division commandée par le général Dugua, suivant l'ordre de marche ordonné, savoir : les dragons montés du 14e régiment, les dragons non montés des 14e et 15e, formant avant-garde commandée par le général Murat ; une pièce de 3 ; la 2e demi-brigade légère, commandée par le général Verdier, par division ; un obusier de 6 pouces ; les deux premiers bataillons de la 25e et de la 75e, marchant par section et parallèlement à assez grande distance pour mettre entre les bagages ; une pièce de 3 ; le 3e bataillon de la 25e, le 3e bataillon de la 75e par division ; les dragons montés du 15e formant arrière-garde. La 25e et la 75e commandées par le général Lannes. Cet ordre s'établit à mesure que chaque corps se mettait en marche, et, à 7 heures, nous étions hors d'Alexandrie. Cet ordre de marche ne put être observé longtemps ; à une demi-lieue d'Alexandrie, nous entrâmes dans le désert, et, à 10 heures du matin, la chaleur devint si accablante, la soif si ardente au milieu des sables, et sans eau, que les hommes tombaient à tous les pas, se relevaient et rejoignaient quand ils pouvaient. On nous a assuré qu'il en était mort trois de soif ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 123-126).
Le 7 juillet 1798 (19 Messidor an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartiergénéral à Alexandrie, au Général Dugua : "… Deux cents hommes de la 75e sont également partis pour vous rejoindre …" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2780 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2599 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 129).
Dès son arrivée à Roselle, le 8 juillet, la 75e Demi-brigade envoie quatre compagnies dans l'intérieur de la ville pour y faire la police et rétablir le bon ordre; le reste de la Division campe aux portes de Rosette, mais dans la nuit du 8 au 9 juillet elle s'embarque pour remonter le Nil.
Le 10 juillet 1798 (22 Messidor an 6), le Génréal Dugua écrit, depuis son Quartier-général de Deyrouth, au Général Bonaparte : "Les deux exprès que vous m'avez envoyés hier et votre lettre du 20, ne me sont parvenus que hier à quatre heures et demie après midi, à Rosette, où le générai Menou et le général Andréossi n'étaient point arrivés. J'ai donné ordre sur-le-champ au général Lannes de partir à minuit avec la 25e et la 75e demi-brigade, pour se rendre à Deyrouth. J'ai laissé la moitié des dragons à pied, pour tenir la garnison à Rosette. A sept heures du soir, le général Andréossi est arrivé avec sa colonne …" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte).
Le 12 juillet 1798 (24 Messidor an 6), le Général Berthier écrit, depuis El-Rahmânieh, au Général Andréossy : "… Vous ferez débarquer tout ce qui tient à la 75e demi-brigade, et ils rejoindront la division ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 147-148).
Mourad-Bey, à la tête de 40,000 Mameluks, est établi à Chébreiss, sa droite appuyée à ce village, sa gauche vers la plaine. Il a une flottille de canonnières et de djermes armées.
La flottille française a ordre d'attaquer celle de l'ennemi, en même temps que l'armée d'Egypte qui vient de traverser le désert de Damanhour attaquera le village de Chébreiss.
Bonaparte, entendant le canon vers le Nil, dispose son armée en carrés. Chaque Division en forme un, ayant six hommes de profondeur sur chaque face; les Compagnies de Grenadiers forment des pelotons flanquant ces carrés.
Tout à coup les Mameluks s'ébranlent sans ordre et caracolent de tous côtés; des masses fondent avec impétuosité sur le front et les flancs de l'armée. On les laisse approcher à bonne portée de mitraille : l'artillerie se démasque alors, les foudroie et les disperse. Quelques pelotons des plus braves viennent expirer sur les baïonnettes de nos Grenadiers.
La cavalerie ennemie mise en déroute, l'armée s'élance sur le village de Chébreiss, qu'elle enlève au pas de charge.
Pendant ce combat, la 75e est embarquée sur la flottille, subissant le feu sans pouvoir y répondre.
Le village de Chébreiss enlevé, la flottille turque remonte vivement le Nil.
La 75e a eu en tués : les Sergents Jean Gilbert, Louis Laffond, Pierre Pegheyre, le Fourrier Denis Lemaur, le Tambour Antoine Comte, les soldats Claude Royer, Antoine Pourrat, Joseph Delargue, François Leissensac, Sicaire Darvic, Charles Laloze, Joseph Verrière, Louis Giraud, Joseph Wilhelme, Joseph Langonnier, Blaise Giroud, François Jourdan, Martin Doyen, Nicolas Chanblanc, Jean-Nicolas Labée, Pierre Colas, Joseph François, François Chastel, Joseph Marcelain, André Thomas, Joseph Merrier, Pierre Favel, Pierre Ormencey, François Hugues, Joseph Bathier, Joseph Ribourdonjean, Jean Olivier, Jacques Gaussard, Joseph James. Ont également été blessés, les Capitaines Nicolas Philippe (au bras) et Jean Tessier (au bras), le Sous-lieutenant Gilles Gavard (au bras).
L'armée entière couche à Chébreiss et dès le lendemain, 14, reprend sa marche sur le Caire.
- Bataille des Pyramides
L'armée, harcelée sans cesse pendant sa route par les Arabes, part le 20, à 2 heures du matin, d'Om-Dinar et arrive vers 2 heures du soir au douar d'Ak el Arab et à Bechtyl, à 3 kilomètres d'Embabeh, village situé sur la rive gauche du Nil, à hauteur du Caire et vis-ù-vis de Boulak.
De là, on aperçoit les hauts minarets de la grande capitale de l'Egypte et, à leur droite, les gigantesques pyramides dorées par le soleil. A cette vue, l'armée s'arrête comme saisie d'admiration ; le visage de Bonaparte est rayonnant d'enthousiasme; il se met à galoper devant les rangs, et, montrant aux soldats les pyramides, il leur dit : « Songez que, du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! ».
Le même jour (20 juillet), Bonaparte livre la célèbre bataille des Pyramides. La cavalerie des Mameluks vient échouer devant les Divisions Desaix et Reynier. Les Divisions Bon et Menou, soutenues par la Division Dugua, s'emparent d'Embabeh, qn'elles enlèvent au pas de charge. 1,500 Mameluks, 40 canons et 1,500 chameaux tombent en notre pouvoir.
Le 26 juillet 1798 (8 Thermidor an 6), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "Vous voudrez bien donner l'ordre au général de brigade Lannes de prendre le commandement de la division du général Menou ...
Vous donnerez l'ordre … au général Verdier de prendre le commandement des 25e et 75e demi-brigades" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2849 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2636). Conformément à ces ordres, le Général Lannes prend le jour même, le commandement de la Division Menou; le Général Verdier prend la tête des 25e et 75e Demi-brigades.
Jusqu'à la fin du mois de juillet, la Division Dugua occupe Boulak.
Le 27 juillet 1798 (9 Thermidor an 6) cependant, Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier, Chef de l'État-major général de l'Armée d'Orient : "Vous donnerez l'ordre au général Murat de partir avec 25 hommes de cavalerie, une pièce de canon de 3, et le 3e bataillon de la 75e pour se rendre dans la province de Kelioub et l'organiser.
Il nommera le divan, l'aga, la compagnie de soixante hommes qui doit être auprès de l'aga et maintiendra la tranquillité parmi les habitants.
L'intendant et le commissaire français s'y rendront incessamment ; vous lui remettrez la copie de l'ordre général pour l'organisation du pays.
Il fera mettre les scellés sur les biens, meubles et immeubles des mamelouks.
Il fera dans cette province la levée de tous les chevaux pour la remonte de la cavalerie" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2649 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 286).
Le détachement (un peloton de Dragons et le 3e Bataillon de la 75e), sous les ordres du Général Murat, se rend donc dans la province de Kélioub, pour l'organiser et y maintenir la tranquillité, conformément à ses ordres.
Le même 27 juillet 1798 (9 Thermidor an 6), un ordre du jour de l'Armée, publié au Caire, signé par Alexandre Berthier annonce que "… Le général de brigade Verdier commande la brigade composée des 25e et 75e demi-brigades de ligne ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 298).
Il faut aussi entretenir l'armée. Le 2 août 1798 (15 Thermidor an 6), Bonaparte écrit à Berthier de donner l'ordre au magasin central d'habillement de distribuer de quoi façonner 900 habits et 1800 pantalons à la 75e de Ligne (et à d'autres Demi-brigades). "Les habits seront confectionnés par les corps" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2723 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 335).
Le 5 août 1798 (18 Thermidor an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Dugua : "Le général Murat me mande de Madié (note : probablement El-Menâyl) qu'il a entendu quelque canonnade à une lieue en avant de lui, et qu'il est parti avec le bataillon qu'il commande pour connaître ce que c'était.
Je désire que vous me fassiez partir, à deux heures après minuit, un bataillon de la 75e, qui se rendra avec une pièce de canon jusqu'à Qelyoub, où est le général Murat. Si, en route, il apprenait que le général Murat est rentré à son poste, et qu'il n'y a rien de nouveau, il rentrera au camp ; s'il n'apprend rien en route, il se rendra à Qelyoub, où il restera pendant la journée, et reviendra le lendemain matin, à moins que le général Murat ne croie avoir des raisons pour le retenir.
Si le bataillon apprenait en route que le général Murat est aux mains avec l'ennemi, il me renverrait l'officier des guides porteur de la présente, pour me faire part des renseignements qu'il aurait recueillis.
Faites commander cette reconnaissance par un homme intelligent. En partant exactement à deux heures après minuit, elle arrivera à cinq heures à Qelyoub" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 305 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 438 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2974 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2778 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 356 qui indique en Nnote : "l'original de cet ordre, conservé aux archives de la guerre, porte très lisiblement « midy ». Il s'agit évidemment de l'heure à laquelle le Général Murat a envoyé son compte rendu. Les éditeurs de la Correspondance de Napoléon ont cru devoir substituer à cette indication d'heure une indication de lieu d'origine").
Dans son Journal, Laugier raconte : "... Le 18, dans la nuit, le général en chef écrit au général Dugua que le général Murat lui mande qu'il monte à cheval et qu'il marche avec le bataillon qu'il a sous ses ordres pour se porter du côté où est le général Leclerc, vers lequel il étend une canonnade. En conséquence, le général en chef ordonne d'envoyer sur-le-champ au général Murat un officier de confiance avec le 2e bataillon de la 75e et une pièce de canon. Le général Dugua me confie cette mission ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 357).
Laugier écrit le 6 août 1798 (19 Thermidor an 6), depuis Kelioub, à Dugua pour lui rendre compte de son arrivée et des nouvelles que Murat lui a données sur le combat de la veille ; attaqué par grand nombre d'Arabes, de paysans et de Mameluks, il les a repoussés sans perdre un seul homme et a pris position dans un bois à 4 lieues d'ici. "... En ce moment, 9 heures, le général Murat reçoit une lettre par laquelle le général en chef l'avertit de l'affaire du général Leclerc, le prévient que ce général doit être joint aujourd'hui par le général Reynier et lui ordonne, s'il entend le canon, de se porter à El-Khanqah, où doivent être ces diverses troupes, avec les 2 bataillons de la 75e. Le général en chef autorise le général Murat à garder le 2e bataillon que je lui ai conduit ; ainsi je resterai avec lui toute la journée et la nuit ; et, si aucun mouvement de l'ennemi ne paraît rendre le renfort de ce bataillon indispensable, je vous le ramènerai demain de bonne heure.
A midi nous irons faire une reconnaissance.
Des villages où l'on avait envoyé quelques dragons pour faire des réquisitions de chevaux se sont révoltés contre ces dragons, qui sont venus apporter la nouvelle. Tout prouve que la présence d'une force imposante est nécessaire dans ces contrées" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 357).
Dans son Journal, Laugier raconte : "... Je pars à 2 heures du matin, le 19 ; et j'arrive à Kelioub à 5 heures, aussi du matin. Le général Murat, d'après les avis qu'il avait reçus de ses espions, n'était pas parti, attendu que le combat du général Leclerc était terminé à son avantage. Néanmoins, le général Murat voulant profiter du renfort d'un second bataillon, nous partons tous ensemble, à midi, pour faire une grande reconnaissance. Nous marchons vers Abou-Zaabel, vers El-Khanqah, le 19, le 20 et le 21, sans rencontrer l'ennemi ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 357).
Le 6 août 1798 (19 Thermidor an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Génral Berthier : "… Vous donnerez l'ordre au général Dugua de partir, une heure avant le point du jour, avec la 25e, le restant de son artillerie, sa compagnie des grenadiers du bataillon de la 75e qu'il laisse à Boulâq, pour se rendre à El-Mataryeh, où il trouvera son infanterie légère.
Il aura soin d'ordonner au commandant de Boulâq de faire filer, dans la journée de demain, tout le pain qu'il pourra cuire dans sa journée, à El-Mataryeh, afin de pouvoir assurer la subsistance de sa division …
J'ai donné ordre au général Murat de se rendre, avec les deux bataillons de la 75e et l'artillerie, près d'El-Khânqah …" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2986 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2783 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 360 - Note : Sur le registre de Berthier, à la suite des ordres donnés par lui, en exécution de celui de Bonaparte, on lit : "Ordre au C. Mac Sheehy de partir, avec cinq guides, pour se rendre à Boulak, auprès du général Dugua, pour lui remettre l'ordre ci-dessus ... "
Le Jounal de Damas porte que la Division Dugua reçut, vers 8 heures du matin, l'ordre de se tenir prête à partir et de préparer du pain pour un jour ; puis, à 10 heures du soir, l'ordre de se mettre en marche à 3 heures du matin. D'après ces indications, on voit que les ordres préparatoires au mouvement du 7 août furent donnés le 6, vers 6 heures du matin, et les ordres définitifs, vers 7 ou 8 heures du soir (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 361).
Le 7 août 1798 (20 Thermidor an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "Vous voudrez bien, Citoyen Général, prévenir le citoyen Ragois, capitaine des grenadiers de la 75e, et les citoyens Bullier (et non Buillier comme l’écrit la Correspondance) et Latreille, sergents de la même demi-brigade, que je leur ai accordé, en Italie, un sabre : en conséquence, ils toucheront leur double paye pour floréal et messidor, et, quant à leur rappel, il sera soldé sur l'ordonnance de l'ordonnateur en chef, conformément à mon ordre sur les suppléments de solde" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3001 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2798).
La division Dugua (1er et 2e Bataillons de la 25e de ligne, Grenadiers du 1er Bataillon de la 75e, et 1 obusier), part le 7 août à 4 heures du matin, arrive à 10 heures à El-Matarieh où elle rejoint le Général Destaing. Elle se remet en marche le 8 pour El-Khanqah, où elle effectue, vers midi, sa réunion avec les Divisions Reynier et Lannes. Elle en repart à 5 heures du soir pour Abou-Zaabel, où se sont rendus de leur côté les deux Bataillons aux ordres de Murat (Voir Journal de Damas. Voir supra le Journal de Laugier).
La marche de Bonaparte et du Quartier général, est ainsi relatée dans le Journal du Chef de Brigade Detroye : "A 4 heures du matin, le général en chef s'est mis en marche pour Salheyeh, à la tête d'une colonne composée des guides à cheval, des hussards, des chasseurs et des dragons montés, des guides à pied, de 200 hommes de troupes du génie et de 200 hommes de troupes d'artillerie ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 368).
Dans son Journal, Laugier raconte : "... Enfin, étant retournés le 21 à Abou-Zaabel, nous y trouvâmes la division qui vint y coucher. J'y rentrai avec les deux bataillons de la 75e demi-brigade" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 357).
- Combat de Salihieh.
Le 9 août, la Division Dugua, qui jusqu'alors est restée à Boulak, reçoit l'ordre d'aller occuper Salihieh. Pendant sa route, elle passe à Mansourah; pour venger le meurtre de 60 hommes de la 13e Demi-brigade et 60 du 18e Dragons, le Général se fait livrer deux Turcs de marque, qu'il fait exécuter sur le champ.
Arrivé devant Salihieh, Bonaparte, qui a avec lui les trois Divisions Dugua, Bon et Reynier, rencontre les troupes turques.
Ibrahim-Bey, surpris par nos tirailleurs, n'a que le temps de prendre la fuite avec précipitation (11 août).
Le 13 août 1798 (26 Thermidor an 6), Berthier donne l'ordre à Murat de partir au soir, avec le 3e Bataillon de la 75e de ligne pour se rendre à Kelioub (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 379).
A la date du 15 août 1798 (28 Thermidor an 6), le Journal de Damas indique : "… Le soir de ce même jour, à 6 heures, le 2e bataillon de la 75e demi-brigade, qui était passée la première, partit avec le chef de brigade Laugier et le chef de bataillon du génie Cazals, pour se porter sur la rive du deuxième canal, appelé d'Hanout, que nous avions à passer encore, pour le reconnaître et disposer les moyens de passage qui nous inquiétaient fort, à cause de la crue rapide des eaux.
Ils nous apprirent, deux heures après leur départ, qu'ils étaient arrivés près de ce canal, qui était à moins d'une lieue du premier et qu’il était aussi large et aussi profond" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 386-387).
A la date du 16 août 1798 (29 Thermidor an 6), le Journal de Damas raconte : "… A midi, toute la division se trouva passée de l'autre côté du premier canal et en état de se mettre en marche pour continuer la route, ce que nous fîmes.
A force de questionner les paysans de toute manière, nous apprîmes qu'en remontant le premier canal à quelques lieues, il y en avait un de communication qui rendait dans le second.
Nous envoyâmes, en conséquence, un détachement avec la barque pour lui faire prendre cette route et venir nous joindre sur la rive du second·canal, pour nous le faire passer. Nous arrivâmes sur le bord du canal d'Hanout avec la troupe, à 2 ou 3 heures après midi, et nous prîmes position. Déjà presque tout le bataillon de la 75e était passé. Laugier et Cazals s'étaient fort adroitement servis du peu de ressources que leur avait offert le pays. Les habitants d'un village qui se trouvait sur la rive opposée, appelé Hanout, leur avaient fabriqué des petits radeaux avec des portes et quelques bouts de bois, qui ne portaient chacun que 2 ou 3 hommes, et qu'ils conduisaient en les traînant et les poussant à la nage. On continua à passer de cette manière jusqu'à la nuit, où les hommes se trouvèrent assez fatigués pour ne pouvoir pas continuer.
Nous avions en arrivant envoyé un détachement au-devant de la barque ; elle arriva à 11 heures du soir ; on la disposa aussitôt de la même manière qu'au premier canal et on commença à passer aussitôt. L'artillerie donna cette soirée l'exemple de ce que peut la volonté ardente de faire ; elle tira ses pièces et son obusier de l'autre côté du canal à la prolonge, toutes montées sur leurs affûts qui leur servaient de radeaux et les faisaient flotter assez pour les porter" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 387).
A la date du 17 août 1798 (30 Thermidor an 6), le Journal de Damas raconte : "… La 2e demi-brigade d'infanterie légère, qui avait passé la nuit, aussitôt l'arrivée de la barque, et 10 dragons montés, partirent avec le général Destaing et moi de Hanout sur la rive gauche du 2e canal pour nous rendre à Mansourah. Nous nous mîmes en chemin à 6 heures du matin. Vers midi, nous arrivâmes sur le bord d'un troisième canal que nous n'avions pas cru trouver, et qui était tout aussi large que les deux premiers, mais heureusement pas aussi profond ; nous le passâmes au gué, les hommes de taille ordinaire avaient de l'eau jusqu'à la ceinture. Je prévins aussitôt par un exprès le général Dugua de ce qui nous arrivait et l'engageai à hâter sa marche, crainte d'augmentation d'eau, et qu'il ne pût pas passer à gué. Nous arrivâmes ce même jour, après douze heures de marche, à Mansourah, à 6 heures du soir ; la troupe campa au-dessous de cette ville sur le bord droit. Le reste de la division, composé du 2e bataillon de la 75e et de la 25e demi-brigade, de deux pièces de 3, d'un obusier et 25 dragons à cheval, partit ce même jour du second canal à midi et vint coucher sur l'autre rive du troisième, qu'elle passa au gué avant la nuit. Les canonniers donnèrent des nouvelles preuves de zèle en se tenant pendant trois heures dans l'eau pour passer leurs pièces et leurs munitions …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 387-388).
Le 19 août 1798 (2 fructidor an 6), le Général Dugua écrit, depuis Mansourah, au Général Bonaparte : "Je vous ai rendu compte, le 28 thermidor, de ma position et de l'embarras où je me trouvais au bord du canal de Saffra. Le peu d'espoir que j'avais d'exécuter mon passage avec le radeau dont je vous ai parlé, m'avait déterminé à ordonner au citoyen Laugier de remonter ce canal jusqu'à Schaffour, gros village à quatre lieues de là, où l'on m'avait assuré que je trouverais des barques : j'ai été assez heureux pour que cet officier, à force de constance et de fermeté, parvînt à découvrir une barque capable de passer 3o hommes à la fois à deux lieues du point où j'étais, et à me la ramener malgré les efforts des paysans, qui rompaient derrière lui les digues des canaux latéraux, et malgré les inquiétudes de sa troupe, qui craignait que l'introduction des eaux dans ces canaux ne lui coupât le retour; enfin, cette barque m'étant parvenue le 28 à midi, toute la division a été de l'autre côté du canal, le 29 à la même heure.
J'avais fait passer le 3e bataillon de la 75e demi-brigade dans l'après-dîner du 28. Aussitôt qu'il fut sur l'autre rive, je donnai ordre au citoyen Laugier, et au citoyen Casai commandant du génie de la division, de partir avec ce bataillon et de se rendre au bord du canal d'Arnout, pour préparer tous les moyens possibles de passage. Ils n'y trouvèrent d'autre ressource que six ou sept radeaux qu'ils firent construire par les paysans, et qui pouvaient passer chacun deux ou trois hommes à la fois. Cependant, avec si peu de moyens, ces officiers firent passer le bataillon en sept heures de temps.
Il m’aurait fallu plus de soixante heures pour le passage entier de la division, si le hasard ne m'avait pas fait découvrir une communication d'un canal à l'autre, par laquelle j'ai fait venir ma barque en huit heures. Le 30 à midi, toute ma division était sur la rive droite. Le citoyen Toulouse, commandant l'artillerie de la division, a accéléré le passage de l'artillerie par un moyen que vous croirez peut-être utile de faire connaître à l’armée ; il a fait passer l'obusier et les pièces à la prolonge, sur leurs affûts leur servant de radeau. Je me croyais délivré des canaux et n'avoir plus qu'à arriver à Mansoura : manquant de subsistances, j'ai ordonné le 30 au général Damas, au général Destaing, au citoyen Laugier, de partir avec la 2e demi-brigade d'infanterie légère pour se rendre à Mansoura, et prendre tous les moyens de pourvoir aux besoins de la troupe, qui étaient sans nombre. A peine était-elle en marche, que le général Damas m'annonça de nouveaux canaux à passer, qui se remplissaient avec une promptitude effrayante, et que, si je perdais un instant, il me serait peut-être impossible d'arriver à Mansoura. La division était entièrement passée lorsque je reçus cet avis. Je partis sur-le-champ ; j'évitai, en prenant sur la gauche, le premier canal, qu'avait passé la deuxième demi-brigade ; j'arrivai au second, trois quarts d'heure avant le soleil levé. Il avait, ainsi que ceux de Saffra et d'Arnout, de dix-huit à vingt toises de largeur, et je le passai sur-le-champ à la tête des grenadiers, ayant de l'eau jusqu'à la poitrine ; à neuf heures du soir, tous les équipages étaient sur l'autre rive.
La 3e compagnie de canonniers du 1er régiment d'artillerie légère, composée de 64 hommes, à laquelle, ainsi qu'à toute la division, je n'ai pu faire aucune distribution ce jour-la, a non seulement passé ses pièces à bras, mais, dans la crainte que les chameaux chargés des provisions ne s'abattissent dans la vase et dans l'eau, a formé la chaîne, ouvert les caisses, et passé les munitions de main en main, de manière que rien n'a été avarié. Cette opération a duré trois heures. J'ai donné à cette preuve de zèle les éloges que j'ai cru qu'elle méritait, et j'ai distribué sept louis aux canonniers.
Le 1er, a cinq heures du matin, je me suis mis en marche pour Mansoura, où je suis arrivé à neuf heures, ayant constamment passé entre des champs et des canaux, où je voyais à tout instant croître l 'eau.
Il est impossible, général, d'éprouver des inquiétudes plus cruelles que celles que m'ont causées le débordement et le manque de subsistances. Vingt-quatre heures plus tard il m'aurait été impossible d'emmener du pays que j'ai traversé, ni artillerie, ni chevaux, ni chameaux, ni munitions d'aucune espèce : trop heureux si j 'en avais retiré les hommes !
Je m'occupe des moyens de faire partir une barque pour le Caire : avant son départ je vous donnerai des détails sur Mansoura et ses environs" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte).
Le 20 août 1798 (3 Fructidor an 6), le Génréal Dugua écrit, depuis Mansoura, au Général Bonaparte :"… Vous ignorez peut-être, général, que les troupes du général Vial n'y étaient plus lorsque vous m'avez fait donner l'ordre de m'y rendre : je vous propose d'y laisser le 2e bataillon de la 75e demi-brigade, qui, dans tous les cas, pourrait me joindre à Mehal-el-Kebir en six heures de temps …" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte).
Le 23 août 1798 (6 Fructidor an 6), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier, Chef de l'État-major général de l'Armée d’Orient : "Vous avez écrit au citoyen Latreille grenadier dans la 75e demi-brigade qu'il aurait la paye comme sergent, ayant obtenu un sabre : c'est une erreur ; il doit avoir la double comme grenadier" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2907).
Le 25 août 1798 (8 Fructidor an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier, Chef de l'État-major génréal de l'Armée d'Orient : "Vous ferez reconnaître comme chef de bataillon commandant le 2e bataillon de la 75e demi-brigade le citoyen Gruardet.
Le citoyen Simon Moreau comme chef de bataillon chargé du détail de l'administration.
Le citoyen Gardera chef du 3e bataillon se rendra à Alexandrie où il recevra de nouveaux ordres" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2928).
Le 15 septembre 1798 (29 Fructidor an 6), le Général Verdier adresse au Général Dugua, depuis Mansourah, son Rapport : "D'après vos ordres, mon Général, je suis parti le 26 au soir, à environ 10 heures, avec un très petit vent, pour me rendre devant le campement des Arabes Bédouins, dits de Sonbat, avec la 25e demi-brigade et deux compagnies des grenadiers de la 75e demi-brigade. Le vent nous ayant manqué dans la nuit, nous avons relâché à environ deux lieues de Mansourah, dont nous sommes partis à la pointe du jour, naviguant à la traine, le vent nous ayant manqué presque toute la journée du 27 ; ce qui a fait que nous ne sommes arrivés que le soir devant le village d'Hanoud, lequel j'ai dépassé de plus de deux lieues pour donner le change aux Arabes qui nous suivaient, dont j'ai reconnu le camp entre les villages d'Hanoud et Sonbat, lesquels nous ont suivis de loin jusqu'à ce que la nuit et la continuité de notre marche leur a fait croire que cette troupe était destinée pour toute autre chose que pour eux.
Pendant la nuit du 27, étant arrêté, j'ai envoyé chercher le cheik du village d'Hanoud, pour prendre de lui les renseignements que j'avais besoin pour connaître les localités et me servir de guide pour éviter de tomber dans les parties inondées, qui sont très multipliées dans cette partie du Delta ; instruit de tout ee que j'avais besoin de savoir, j'ai fait descendre les barques jusqu'au-dessous du hameau dit Kafr Hanoud, répondant à peu près au centre du campement des Arabes, éloignés de nous dans les terres de deux portées de canon de 4. Arrivés à ce point, j'ordonnai au chef de brigade Laugier, que vous m'aviez donné, de marcher promptement avec les deux premières compagnies des grenadiers de la 25e demi-brigade sur l'ennemi, afin de mettre le désordre dans le campement, et nous donner par là le temps de faire descendre tout notre monde, ce qui a réussi parfaitement, malgré que nous ayons trouvé environ 300 bommes réunis, qui ont cherché à arrêter cette avant-garde, tandis qu'un pareil nombre de leurs camarades s'occupaient à faire filer leurs bagages, leurs troupeaux et leurs femmes.
Les grenadiers, sous les ordres du chef de brigade Laugier, ayant attaqué avec leur impétuosité ordinaire, repoussèrent les 300 Arabes et obligèrent les autres à tout abandonner pour venir au secours de leurs camarades, et tâcher de défendre ensemble leur campement dans lequel le chef de brigade Laugier était entré en le forçant par sa droite.
Pendant ce temps, j'ai fait les petites dispositions que peuvent permettre 500 à 600 hommes que j'avais avec moi, et avons marché droit au camp par différents points, mouvement qui a déconcerté l'ennemi et l'a forcé à la déroute et à tout nous abandonner.
Rien de plus difficile à prendre que ces gens-là, qui courent comme des lièvres et surmontent tous les obstacles par la facilité avec laquelle ils passent à la nage toute espèce de rivière.
Après leur première fuite, ils se sont ralliés au village de Sonbat, se sont placés sur les hauteurs qui entourent ce village et ont cherché à nous combattre encore, ce qui leur a aussi peu réussi que la première fois, et les a contraints de casser les armes qu'ils avaient pour se jeter avec plus de facilité à travers les inondations, dans lesquelles nos soldats les ont suivis jusqu'à ce que, noyés ou disparus, nous n'ayons plus vu personne. Cette journée ne coûte à la République qu'un grenadier de la 25e demi-brigade qui a été légèrement blessé au genou, et lui a donné une grande quantité de moutons et 59 chameaux, grands ou petits, que je vous amène.
Tout le monde a fait son devoir, notamment le chef de brigade Laugier qui a commandé cette petite avant-garde avec autant de bravoure que de connaissance.
Il y aurait eu beaucoup plus d'ennemis de tués si les cartouches que les volontaires ont reçues avant de partir de Mansourah n'eussent toutes été mauvaises ; tous ceux qui s'en sont servis m'ont fait le rapport qu'elles ne faisaient que fuser et ne portaient pas les balles à vingt pas de là.
Vous m'aviez ordonné de détruire ce repaire ; eh bien, il n'existe plus ; le peu qui s'en est sauvé ne l'a fait que nu comme la main. Nous avons trouvé leurs armes dans la boue, brisées de manière à ne pouvoir jamais être d'aucune utilité ni d'aucun service.
Les villages d'Hanoud, Sonbat et Chobra ont fermé leurs portes aux Arabes. On doit ce service au cheik d'Hanoud, qui a constamment marché à notre tête, nous montrant avec plaisir les chemins qui nous conduisaient le plus promptement à l'ennemi" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 134-137).
Laugier, promu Adjudant général à la suite de cette affaire, consigne, dans son Journal, quelques détails complémentaires : "Les grenadiers que j'avais avec moi, uniquement occupés de poursuivre l'ennemi, foulaient aux pieds les ballots sans s'arrêter pour les examiner ; la troupe qui vint ensuite, et lorsqu'il n'y avait pas un coup de fusil à tirer, ramassa le butin consistant en habillements turcs, dont quelques-uns magnifiques, en très beaux châles, en pièces de mousseline et en argent et or monnayé et ouvré. Le général Verdier avait laissé l'artillerie qui n'aurait pu nous suivre et 4 hommes par barque pour les garder. Ces hommes, pendant l'expédition, s'étaient portés au village d'Anout (sic) et avaient pillé plusieurs maisons, et notamment celle du cheik qui marchait avec nous. Un officier, beau-frère du général Verdier, prit un cheval qu'un domestique de ce cheik lui amenait. Le général Verdier fit rendre à ce cheik quatre autres chevaux qu'on lui avait pris et promit une indemnité pour celui-ci. En général, il fut fort mal récompensé de son zèle. C'est à lui que l'on dut aussi la découverte de trois chevaux fort beaux laissés à Sonbat par quatre domestiques de Mameluks, qui étaient cachés dans ce village, et qui en avaient fui à l'approche des Français ; le quatrième cheval, qui fut amené avec les trois autres, fut reconnu par les grenadiers pour celui que montait le chef des Arabes pendant l'affaire. Il avait pris la tâche de m'ajuster à chaque coup de fusil qu'il tirait, et il fut tué. Son cheval m'appartient. Le général Verdier a garde les trois autres … Quelques-uns de ceux qui furent tués avaient à leurs pieds des souliers français, ce qui ajoutait aux preuves qu'on avait déjà que ces scélérats étaient les principaux auteurs de l'assassinat de la garnison de Mansourah …".
- Combat de Gemileh.
Le 16 septembre 1798, la Division Dugua est encore à Mansourah. Le Général Damas, Chef d'Etat-major de la Division, reçoit l'ordre de pénétrer jusqu'au lac de Menzaleh, de soumettre les villages révoltés de la province et de disperser de nombreux rassemblements de gens armés, soulevés par Assan-Thoubar, Cheikhel bled de Menzaleh.
Dugua fait partir, le 16 septembre au soir, deux petites colonnes, commandées par les généraux Damas et Destaing, avec mission de s'avancer dans la direction d'El-Menzaleh et de punir certains villages rebelles de la province de Mansourah. Le Général Damas s'embarque à Mansourah sur des bateaux plats, avec le 2e Bataillon et deux Compagnies de Grenadiers de la 75e Demi-brigade, un détachement de Sapeurs et un canon de 4, et entre à minuit dans le canal de Sehmomun.
Laugier écrit, dans son journal : "Ce même jour, à 7 heures du soir, est parti le général Damas avec le 2e bataillon de la 75e demi-brigade, une pièce de 3 et le citoyen Cazals, chef de bataillon du génie. Il est parti en même temps, et sous les ordres du général Destaing, les deux premiers bataillons de la 2e légère, avec une autre pièce de 3. Le premier de ces généraux va faire une reconnaissance du lac Menzaleh, à l'est de Mansourah ... Pour conserver le souvenir de la manière dont on est obligé de gouverner dans ce moment l'Égypte et pour avoir une idée exacte de la mission de ces généraux, je vais transcrire les instructions que leur a données le général Dugua, instructions qui ont été le fruit de recherches très difficiles, et qui, dans les circontances présentes, me paraissent être parfaitement combinées et avoir le caractère d'énergie convenable :
Instruction sur l'expédition à faire contre El-Meniet-Mahallet-Dimnah, El-Kebab-el-Koubra, etc., le long du canal d'Achmoun ; pour le général Damas et le général Destaing. - Ces deux villages sont influencés par deux hommes qu'il serait bien intéressant d'avoir. L'un est Ali-Edessé, d'El-Meniet ; le second est Emir-Mustapha, d'El-Kebab. D'après la lettre que j'ai reçue hier du général Vial, je les soupçonne d'être d'intelligence avec Hassan Toubar, cheik-el-beled de Menzaleh, et d'espérer qu'il viendra à leur secours ; il ne faut pas lui en laisser le temps. Pour cela, il faut attaquer Meniet et El-Kebab avec impétuosité et prendre entre ce dernier et Demon-Sehbak (Demoueh ?) une position propre à leur ôter tout secours. Si les habitants se défendent, il faut les détruire, eux et leurs villages ; ce sont les assassins de notre détachement. S'ils se soumettent sans faire feu, il faut qu'ils fournissent sur-le-champ vingt otages, qu'ils livrent Mustapha et Edessé, qu'ils donnent vingt chevaux, trente boeufs ou buffles, toutes leurs armes, et qu'ils payent le triple de leurs contributions …
Si quelque village prend les armes pour venir au secours de Meniet et d'El-Kebab, les habitants en seront poursuivis et traités comme ennemis des Français.
L'expédition contre El-Meniet et El-Kebab terminée, si le pays est tranquille, le général Destaing reviendra à Mansourah avec la troupe qu'il commande ; si les rapports annonçaient que l'insurrection eût d'autres foyers, il continuerait sa marche de concert avec le général Damas, duquel il prendra les ordres pendant toute l'expédition …
Les cartouches venues de Gizeh sont moins mauvaises que l'on ne l'a dit· ; mais il faut peu tirer et de près.
Instruction pour le général Damas. - L'expédition dont est chargé le général Damas a deux objets ; le premier, de secourir le général Destaing dans la punition des villages d'El-Meniet-Mahallet-Dimnah et d'El-Kehab-el-Koubra, sur le canal d'Achmoun ; l'instruction précèdente leur est commune ; le second, de reconnaître ce canal jusqu'au lac Menzaleh, de le faire sonder dans toute sa longueur et de s'assurer de l'obéissance des différents villages qui le bordent, et dont la liste est ci-jointe. II prendra, à son retour, des otages de tous ceux qui ne lui justifieront pas d'avoir acquitté leur contribution en argent et en chevaux …
Il parait que le général Vial a des inquiétudes sur les intentions d'Hassan Toubar, cheik-el-beled de Menzaleh, village situé sur le lac et à l'extrémité du canal, et sur un rassemblement prodigieux de bateaux qu'on lui a assuré réunis à Matarieh. Si cela est, le général Damas fera tout ce qui dépendra de lui pour ramener Hassan Toubar à l'obéissance et détruire sa flottille. Peut-être qu'Hassan Toubar ne se croit pas de la province de Damiette ; si la dispute ne venait que de là, elle serait bientôt terminée : El-Menzaleh est de Damiette depuis la nouvelle démarcation.
Le général Damas prendra tous les renseignements qu'il pourra se procurer sur la profondeur du lac Menzaleh, sur les différents canaux qui s'y versent aprés avoir traversé les provinces de Mansourah ou de Kelioub ; sur les villages placés près de leurs embouchures ; sur les différentes communications du lac Menzaleh avec la mer, leur largeur, leur profondeur, la nature des îles répandues sur le lac ; sur les habitants, etc. ; et il reviendra à Mansourah par le canal d'Achmoun, s'il ne peut pas trouver un autre débouché pour rentrer dans le Nil, soit au-dessus, ou au-dessous de Mansourah.
Il prendra de nouveaux renseignements sur la route de Salheyeh, et sur les moyens de rassembler à EI-Menzaleh les bateaux nécessaires pour transporter une division à San" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 137-139).
Les Généraux Damas et Destaing arrivent dans la nuit non loin d'El-Meniet. Dès le point du jour, ils débarquent leurs troupes et s'approchèrent de ce village, qu'ils trouvent évacué. Damas écrit dans son Journal : "Nous nous y arrêtâmes, pour faire dire aux habitants, par ceux d'un village voisin, qu'ils eussent à rentrer et à payer leur contribution et que l'on ne leur ferait aucun mal ; et nous nous portâmes ensuite à celui d'El-Kebab-el-Koubra, que nous trouvâmes dans le même état, et pour lequel nous primes le même parti.
Nous restâmes, avec le général Destaing, jusqu'à 3 heures à El-Kebab·el-Koubra. J'en partis à cette beure pour descendre le canal jusqu'au lac Menzaleh, et lui pour revenir à Mansourah avec la 2e légère. Je ne gardai que le 2e bataillon de la 75e, avec les grenadiers du 1er, ce qui faisait trois cents et quelques hommes. Une heure après notre séparation, je reçus une lettre du général Dugua qui me disait que le général Vial avait été attaqué par les Arabes à Damiette, et que, malgré qu'il les eût battus, il croyait qu'ils reviendraient encore ; que je n'avais, en conséquence, qu'à renforcer mon détachement d'une compagnie de carabiniers. Je m'arrêtai près du village d'El-Mersi (?), où j'attendis cette compagnie qui m'arriva dans la nuit ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 137-139).
Le 17 septembre 1798 (1er jour complémentaire an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier, Chef de l'État-major général de l'Armée d'Orient : "Vous voudrez bien, citoyen général, donner l'ordre au général Dugua de faire partir un bataillon de la 75e [de ligne] pour Damiette" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3231).
Le même jour, 17 septembre 1798 (1er jour complémentaire an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Dugua, à Mansourah : "… Faites partir, immédiatement l'ordre reçu, le bataillon que vous avez de la 75e pour Damiette et tous les hommes de cavalerie du 18e de dragons, qui, je crois, vous sont inutiles …" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3336 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3238 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 148).
Et enfin, toujours le 17 septembre 1798 (1er jour complémentaire an 6), Bonaparte écrit également, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Vial : "… Je donne ordre à un bataillon de la 75e de partir sur-le-champ pour Damiette" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3335 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3249 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 148).
Le 18 septembre 1798 (2e jour complémentaire an 6), Damas écrit : "Je partis de cet endroit pour continuer ma route. Je m'arrêtai plusieurs heures près de Mit-el Soudan et de Darakseh pour faire donner des vivres à ma troupe, et j'allai coucher le soir à Berinbal-el-Guedid (Berinbal-el-Kebireh ?) …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 137-139).
Arrivés à hauteur de Gemileh, grand et puissant village bâti sur le bord du canal, les barques qui portent les troupes sont tout à coup assaillies par une grêle de balles et de pierres lancées des remparts des maisons du village. A l'instant même, on voit accourir de tous les points une nuée de Mameluks, d'Arabes et de paysans armés de fusils, de sabres et de batons, les uns à cheval, le plus grand nombre à pied. L'ennemi se jette sur notre ligne. Le Général Damas prend l'offensive. Une Demi-compagnie est placée à 200 toises à l'aval du canal, puis la moitié de la troupe s'avance sur le village de Mechrid, où est le gros des ennemis.
Les deux Compagnies de Grenadiers sont chargées de l'attaquer et de le tourner par la droite, tandis que le reste des troupes marche pour exécuter le même mouvement par la gauche. On bat la charge, et, dans peu de minutes, cette multitude disparait, laissant le terrain couvert de morts. Cet échec réduit le nombre des ennemis sans diminuer leur ardeur à renouveler l'attaque. Ils se jettent dans le village de Gemileh, entouré de murailles flanquées de tours et couvert au sud par le canal d'irrigation et au nord-est par une inondation qui le relie au lac Menzaleh.
Le Général Damas, attiré sur la rive gauche par de nouveaux rassemblements, dispose un pont à la hâte et y fait passer les mêmes troupes qui viennent de combattre sur la rive droite. Gemileh fait sa soumission; mais, devant le nombre toujours croissant des ennemis, le Général Damas ordonne la retraite sur la rive gauche du canal; et continue le combat le reste de la journée.
Les barques qui portent les blessés suivent les mouvements de la troupe.
Damas écrit dans son journal, sur la journée du 19 septembre 1798 (3e jour complémentaire an 6) : "Je partis de l'endroit où je m'étais arrêté près de Berinbal-el-Guedid (Kebireh ?), à la pointe du jour. J'arrivai, entre 10 et 11 heures, près du village de Gemalieh, où mes barques s'engravèrent faute d'eau dans tout le canal, qui se réduit beaucoup ; et je fus, au même moment, attaqué par les Arabes, les habitants du pays qui me suivaient et ceux de Gemalieh qui tiraient sur mes barques, et les accablaient de pierres jetées du haut de leurs murailles. Je fis mettre sur-le-champ pied à terre à ma troupe, et repoussai tous les ennemis dont j'étais entouré. Après quatre ou cinq heures de combat, je quittai ma position pour me retirer à Mansourah, ne pouvant aller plus loin avec mes barques que je ne voulais pas abandonner, non plus que mes blessés : j'en avais 8 ou 10, et j'eus 2 hommes tués. En revenant, je fis suivre à pied tout mon monde sur le bord du canal, à la rive gauche. Je vis à une lieue au-dessus de Gernalieb, au village de Miniet-Selsit (Selseleh ?), la barque qui avait porté les Coptes abandonnée, et les bateliers venant au-devant de nous. J'appris bientôt que les Coptes avaient été assassinés à cet endroit par les Arabes et les gens du pays. Je m'y arrêtai pour en tirer vengeance et je fis attaquer et brûler ce village, dont les habitants s'étaient sauvés loin, derrière des inondations où je ne pouvais les atteindre.
Après cette expédition, je continuai ma route et je vins coucher ce même soir au-dessous du village d'El-Kordi" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 137-139).
Le 17 octobre 1798 (26 Vendémiaire an 7 de la République), Bonaparte, général en chef, adresse, depuis so Quartier-général du Caire, un rapport au Directoire exécutif, dans lequel il écrit : "... Combat de Gemyleh (Djémyléh).
Le général Dugua envoya, le premier complémentaire, le général Damas, avec un bataillon de la 75e, reconnaître le canal d'Achmoùn, et soumettre les villages qui refusaient obéissance. Arrivé au village de Djémyléh, un parti d'Arabes réuni aux fellâhhs ou habitans attaqua nos troupes. Les dispositions furent bientôt faites, et les ennemis repoussés. Le chef de bataillon du génie, Cazalès, s’est spécialement distingué ..." (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 390 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 11 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 254 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3488 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3476).
Le 20 septembre 1798 (4e jour complémentaire an 6), Damas écrit dans son journal : "4e jour complémentaire. - Je partis de ma position à la pointe du jour, continuant de faire suivre à pied à la hauteur de mes barques, et je vins coucher près d'El-Meniet-Maballet-Dimnah. Je trouvai sur ma route tous les villages par où je passais, ou désertés par les habitants qui nous craignaient, ou venant au-devant de moi me dire qu'ils n'avaient pris aucune part au rassemblement …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 137-139).
De son côté, le même 20 septembre 1798 (4e jour complémentaire an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Génréal Berthier : "Le bataillon qui est à El-Qobbeh en partira avant le jour, pour rejoindre sa division et assister à la fête du 1er vendémiaire ...
Les troupes formeront un carré en dehors du cercle, le visage tourné vers la pyramide. Le côté de la droite faisant face à la pyramide, entrant par l'arc de triomphe, sera occupé par la division du général Bon et commandé par lui ; celui de la gauche, par la division du général Lannes, et commandé par lui.
Toute la cavalerie occupera le côté opposé à l'arc de triomphe, les hommes à cheval divisés sur les deux flancs, et les hommes à pied au milieu, et sera commandée par le général Dumas. Le 2e bataillon de la 2e d'infanterie légère, ceux des 88e, 25e et 75e, les différents détachements des dépôts, les détachements d'artillerie, les grenadiers de la 19e et les guides à pied, occuperont le côté de l'arc de triomphe et seront commandés par le général Murat …" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3344 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3258 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 21).
Et enfin, toujours le 20 septembre 1798 (4e jour complémentaire an 6), Bonaparte écrit une seconde, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier: "Vous voudrez bien, Citoyen Général, donner l'ordre au général Lanusse (note : commandant la province de Menouf) de faire évacuer sur-le-champ tous ses malades et blessés sur le Caire, ainsi que tous les hommes du 18e de dragons, et de partir avec tout le bataillon de la 75e, et de se rendre à Mansourah, où il recevra des ordres du général Dugua ...
Vous le préviendrez qu'il est nécessaire que ses troupes soient embarquées et parties douze heures après la réception du présent ordre, et que cela tient à des opérations extrêmement importantes.
Vous donnerez l'ordre au général Fugière de se rendre à Mansourah avec son bataillon, où il prendra les ordres du général Dugua ; vous lui donnerez la même instruction qu'au général Lanusse.
Vous enverrez ces deux ordres par deux officiers d'état-major, qui, dans le reçu qu'ils se feront donner, constateront l'heure à laquelle ils auront été remis" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3356 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3260; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 149-150 donne également cette lettre, mais la date du 21 septembre 1798 - 5e jour complémentaire).
Le 21 septembre 1798 (5e jour complémentaire an 6), la colonne est de retour à Mansourah. Damas écrit ce jour là dans son journal : "5e jour complémentaire. - Je partis à la pointe du jour, pour revenir à Mansourah, où j'arrivai vers midi".
Le même 21 septembre 1798 (5e jour complémentaire an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier, Chef de l'État-major général de l'Armée d'Orient : "Donnez l'ordre au 3e bataillon de la 2e légère de partir de la citadelle à 4 heures pour se rendre à Boulak, où il s'embarquera à 5 heures pour se rendre à Mansourah.
L'adjudant général Alméras partira avec. Il [le 3e bataillon de la 2e légère] sera remplacé à la citadelle par le 3e bataillon de la 75e [de ligne].
Vous préviendrez le commandant de ce bataillon qu'il faut qu'il consigne tous les effets qu’il a reçus du magasin au commandant du bataillon de la 75e sans quoi il en serait responsable ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3285).
Le même jour (21 septembre 1798 - 5e jour complémentaire an 6), Bonaparte écrit également, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Dugua, à Mansourah : "Je reçois, Citoyen Général, vos lettres des 1er et 2e complémentaires.
Vous devez avoir reçu l'ordre de faire partir pour Damiette un bataillon de la 75e et de veiller sur votre reconnaissance d'El-Menzaleh : si elle n'est composée que de 300 hommes, elle est beaucoup trop faible.
J'ai donné ordre au général Lanusse de partir de Menouf avec un bataillon de la 75e, et au général Fugière avec un bataillon de la 18e.
Laissez à Mansourah le général Fugière avec son bataillon, et rendez vous avec toute votre division à Damiette.
Je fais partir, le 2 vendémiaire, à la pointe du jour, le général Murat, avec l'autre bataillon de la 75e …" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3357 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3290 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 150).
Enfin, toujours le 21 septembre 1798 (5e jour complémentaire), Bonaparte prescrit que le magasin central d'habillement distribuera aux troupes, en sus des quantités allouées le 2 août, les matières nécessaires pour confectionner 10100 habits, 21300 capotes, 8900 pantalons pour l'infanterie, l'artillerie et le génie ; 2400 gilets et 2400 pantalons d'écurie pour les troupes à cheval. Ces quantités sont ainsi réparties : 75e Demi-brigade de ligne, 800 habits, 1700 capotes et 300 pantalons (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 34-35).
Le 22 septembre 1798 a lieu la Fête du 1er Vendémiaire an 7; le Moniteur du 23 décembre 1798 (3 Nivôse an 7) donne les détails suivants sur la fête célébrée au Caire le 1er Vendémiaire an 7 (22 septembre 1798) à l'occasion de l'anniversaire de la fondation de la république : "Le 5e jour complémentaire, au soleil couchant, la fête fut annoncée par trois salves d'artillerie.
Le lendemain … A quatre heures, les courses commencèrent. Le premier prix de celle à pied, fut gagné par le citoyen Pathon, caporal dans le premier bataillon dans la 75e demi-brigade ; le second, par le citoyen Mariton, aussi caporal dans le troisième bataillon de la même demi-brigade ..." (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 512).
La fête du 1er Vendémiaire a toutefois retardé l'exécution de certains mouvements, Bonaparte ayant tenu à l'entourer d'un déploiement de troupes qui fasse impression sur la population du Caire. Dès le lendemain, nous le voyons prescrire à Berthier de faire embarquer à Boulak, avant minuit, le 1er Bataillon de la 75e, pour se rendre à Mansourah et à Damiette. Avec ce convoi doivent partir tous les éléments de la Division Dugua qui se trouvent au Caire. En annonçant cet envoi de troupes au Général Dugua (lettre du 23 septembre (2 Vendémiaire) que Dugua recevra dans la nuit du 28 au 29 septembre, étant déjà à Damiette depuis deux jours et demi), Bonaparte ajoute : "... Mon aide de camp Duroc, sur l'aviso le Pluvier, et le 3e bataillon de la 2e d'infanterie légère, qui sont partis avant-hier, doivent être arrivés ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte ; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 383 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3366 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3300; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 151-152).
Le convoi de bateaux sur lesquels est embarqué le 1er Bataillon de la 75e part de Boulak le 23 septembre, à 8 heures du soir. Il est escorté par la djerme armée la Carniole (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 152-153).
Le même 23 septembre 1798 (2 Vendémiaire an 7), Bonaparte écrit, depuis Le Caire, au Général Dugua : "Je fais partir, citoyen général, le 1er bataillon de la 75e avec une chaloupe canonnière …" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 383 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 1 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3366 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3300).
Dans la journée du lendemain, la djerme d'escorte demeure en arrière ; elle est, à hauteur de Behout, attaquée par les Arabes qui massacrent équipage et passagers (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 152-153). Voir le Rapport au Général Dugua de Camut, Chef de Bataillon de la 75e, daté du (Damiette, 8 Vendémiaire - 29 septembre) ; voir aussi Journal de Laugier. La djerme portait 2 canons et 18 hommes d'équipage ; elle avait reçu une escorte d'une vingtaine d'hommes de la 75e ; en outre, quatre Officiers y avaient pris place au lieu de s'embarquer avec leurs Compagnies.
Le 29 septembre (8 Vendémiaire), le Général Bonaparte qui a appris cet incident, écrit depuis le Quartier général au Caire, au Général Dugua : "Je suis extrêmement mécontent, Citoyen Général, du commandant du 1er bataillon de la 75e, qui a laissé en arrière une djerme avec 30 hommes qui, à ce qu'on m'assure, ont été assassinés par les Arabes.
C'est un degré de négligence bien grand et bien coupable de la part d'un chef de corps et d'un commandant de convoi. Au reste, je n'ai pas encore le rapport officiel de cet événement.
Je vous ai écrit, par un officier de mes guides, pour vous faire connaître l'absolue nécessité de s'emparer du lac Menzaleh et de favoriser la reconnaissance sur Peluse …" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3400 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3347).
Quelques jours plus tard, on lit à l'Ordre du jour de l'Armée (du Quartier général, au Caire, 14 Vendémiaire an 7 - 5 octobre 1798) : "Le général en chef est mécontent de la conduite du chef de bataillon Camut, de la 75e demi-brigade, qui est parti le 2 vendémiaire de Boulak avec son bataillon, embarqué sur dix djermes, pour se rendre à Damiette. Il en a laissé une en route sur laquelle étaient dix hommes de son bataillon. Cette djerme, seule en arrière, a été attaquée, et les dix hommes égorgés par les Arabes.
Le général en chef prévient les officiers qui commanderaient des détachements, qu'il fera traduire au conseil de guerre ceux dont la sollicitude ne se porterai pas sur tous les hommes qui sont sous leurs ordres. On doit attendre les traîneurs, et le soin d'un chef est de marcher avec tout son monde réuni" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3424).
Entre temps, le 24 septembre 1798 (3 Vendémiaire an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "Vous donnerez l'ordre au général Lanusse de partir aujourd'hui avec le 3e bataillon de la 25e demi-brigade ; de se rendre à Menouf ; de faire évacuer ses malades sur le Caire, en gardant seulement à Menouf une ambulance et ceux qui seraient peu indisposés ; de faire évacuer sur Damiette tous les hommes de la 75e qui se trouvent dans la province de Menouf, sur le Caire tous les chevaux de cavalerie qu'il a, avec les hommes du 18e qui ont des chevaux. A mesure qu'il aura 10 hommes montés, il devra les faire passer au Caire" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3377 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3306).
Le Journal du Général Damas indique, à la date du 25 septembre 1798 (4 Vendémiaire an 7) : "à 5 heures après-midi, départ pour Damiette avec le général Dugua et les 1er et 2e bataillons de la 75e demi-brigade" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 154).
Le Journal du Général Damas indique, à la date du 26 septembre 1798 (5 Vendémiaire an 7) : "arrivée à Damette à 11 heures du matin …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 154).
Le Rapport de Murat à Bonaparte, daté de Mit-Gamar, le 1er octobre 1798 (10 Vendémiaire an 7) relate : "Le 7, à 4 heures du soir, le général Lanusse me joignit à Benha-el-Acel, amenant avec lui le 3e bataillon de la 25e demi-brigade et un détachement de 120 hommes de la 75e ; nous partîmes sur-le-champ ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 171-174).
Le 29 septembre 1798 (8 Vendémiaire an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Dugua "Lorsque vos troupes, Citoyen Général, seront arrivées à EI-Menzaleh, vous m'enverrez l'état de situation exact des forces que vous aurez à Mansourah, à Damiette et à El-Menzaleh, et alors je vous enverrai des ordres ultérieurs sur la position que doit prendre votre division.
Votre division est composée dans ce moment-ci et doit rester composée de trois bataillons de la 2e d'infanterie légère, de deux bataillons de la 25e et de deux bataillons de la 75e. Les 120 hommes du 1er bataillon de la 75e sont, dans ce moment-ci, à Myt-Ghamar, avec le général Lanusse ; ils vont rejoindre leur bataillon à Damiette" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3401 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3348 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 159).
Le Rapport de Murat à Bonaparte, daté de Mit-Gamar, le 1er octobre 1798 (10 Vendémiaire an 7) relate : "... Le lendemain à la pointe du jour, nous étions débarqués sur une prairie qui se trouve à un demi-quart de lieue de Mit-Gamar. Ici nous apprîmes que les Arabes étaient la veille aux environs de Dondeyt ; nous nous mîmes de suite en mouvement pour marcher sur ce village. Le général Lanusse, à la tête de sa colonne, passa sur la gauche ; je me portai sur la droite ; ayant reconnu qu'il était impossible de faire suivre la pièce de canon à cause des canaux que nous avions à traverser, nous la laissâmes à l'embouchure du canal de Dondeyt avec la djerme qui porte les 4 petites pièces. Dans cet ordre, nous cernâmes le pays ; mais les Arabes, nous ayant aperçus, se retirèrent sur Mit-el-Faroun, où, à la faveur de deux pièces de canon de calibre de 4, ils comptaient nous combattre avec avantage : leur espoir fut déçu. Nous marchâmes dans l'ordre précité sur ce village et, malgré une assez vive résistance, nous nous emparâmes de cette position et les pièces d'artillerie restèrent en notre pouvoir.
Après ce combat, l'ennemi se retira en assez bon ordre sur une élévation que les gens du pays appellent la montagne de Tell, dont le pied est inondé par le débordement du Nil. Malgré cet obstacle, nos soldats bravèrent l'élément liquide et, dans un clin d'oeil, la montagne vit flotter sur son sommet les drapeaux de la grande nation.
Les Arabes avaient leurs troupeaux et leurs bagages dans une plaine qui se trouve à une demi-lieue en avant de la montagne de Tell ; ils gagnèrent cette partie, les uns à la nage, les autres dans l'eau jusqu'aux aisselles ; nous hésitâmes un moment à les suivre ; la troupe était fatiguée et les fuyards nous avaient fait connaître le danger qu'il y avait dans ce nouveau passage ; mais l'ardeur républicaine, qui ne calcule point les périls, triompha de ce nouvel obstacle ; nous les poursuivîmes. Le général Lanusse sur la gauche et moi sur la droite, nous marchâmes pendant une demi-lieue dans l'eau et dans la boue. Ces féroces ennemis de l’humanité, étonnés d'une marche aussi rapide dans des endroits impraticables, et affaiblis par le nombre d'hommes que nous leur avions déjù tués, prirent la fuite, laissant leur camp, leurs bagages et d'immenses troupeaux à notre disposition.
La troupe ne s'amusa point à ramasser la dépouille de l'ennemi. Nous continuâmes à le poursuivre ; des obstacles se prèsentèrent encore, ils furent franchis comme les premiers. Les Arabes entièrement en déroute se retirèrent sur le village nommé El·Hawaber, dans la province de Mansourah ; nous étions décidés à ne point leur donner de relâche, lorsqu'une digue rompue et la chute du jour arrêtèrent notre marche.
Nous passâmes la nuit dans cette position ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 171-174).
Le Journal du Général Damas indique : "Le 9, reconnaissance, avec le général Andréossy et Vial, sur le canal qui prend sa source dans le Nil, près d'El-Choarab, et va se rendre près le lac Menzaleh. Ce même jour, départ de Damiette avec le 2e bataillon de la 75e, pour revenir à Mansourah …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 154).
Dans le courant d'octobre 1798, les 1er et 2e Bataillons de la 75e Demi-brigade ont un effectif de 55 Officiers et 820 hommes (à Damiette dit l'historique du Corps qui ajoute aussi que le le 3e Bataillon, à l'effectif de 15 Officiers et 282 hommes, s'est également rendu dans cette ville et est chargé de l'occupation de la place).
Le Rapport de Murat à Bonaparte, daté de Mit-Gamar, le 1er octobre 1798 (10 Vendémiaire an 7) relate : "... Le 9, après avoir reconnu qu'il nous était impossible de les poursuivre à cause de la crue des eaux, nous nous retirâmes, ramassant les moutons et autres bestiaux que nous avions pris la veille ; nous n'avons pu en ramener qu'environ 5.000, tant chameaux que moutons ou ânes ; nous avons été obligés d'en faire tuer au moins autant, ne pouvant pas les faire suivre. Environ 100 Arabes sont restés sur le champ de bataille, une quantité prodigieuse s'est noyée ou enfouie dans les marais, dans laquelle beaucoup de femmes. De ce rassemblement il ne s'est sauvé qu'environ 50 hommes avec quelques chameaux.
Nous sommes rentrés à Mit-Gamar à 8 heures du soir, fatigués comme nous ne l'avons jamais été. Les soldats sont sans souliers et sans culottes, ils les ont laissés dans les marais ; jamais marche ne fut aussi pénible ni aussi hardie. Faites-nous expédier de ces deux objets autant qu'il vous sera possible, au moins pour la colonne du général Lanusse.
Nous n'avons eu que 4 hommes de blessés, dont 3 se rendent aux hôpitaux du Caire.
La bravoure de nos troupes vous est connue, il n'y a pas d'éloge à faire ; celle de l'adjoint chef d'escadron Netherwood a été remarquée de toute la colonne ; c'est pourquoi nous vous parlons plus particulièrement de lui et que je vous le désigne comme un des braves officiers que vous ayez.
Vous avez sans doute été informé des nouvelles atrocités qu'ont commises plusieurs villages des environs de Mit-Gamar sur une trentaine de Français qui descendaient à Damiette ; ils ont été massacrés.
Nous prenons des informations précises et nous punirons les coupables.
Il nous a été rapporté qu'aux environs de Mit-Demsis un autre rassemblement d'Arabes et quelques Mameluks aux ordres de Mohammed·Aga, envoyé par Ibrahim-Bey, existait ; des espions sont en course pour savoir la vérité. D'après leur rapport, nous nous déciderons à prendre un parti ; dans tous les cas, nous attendrons vos ordres ultérieurs.
P.-S. J'oubliais de vous dire que nous avons pris un drapeau ; l'adjoint Netherwood vous en porte les débris.
Le citoyen Crespin, officier du génie, qui devait se rendre à Belbois par Mit-Gamar, se retire au Caire après s'être assuré qu'il n'existait pas de communication dans cette partie" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 171-174).
Le Journal du Général Damas indique : "... Le 11 … arrivée le soir, à 8 heures, à Mansourah …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 154).
Dans une lettre d'Andréossy à Bonaparte, datée de Damiette le 5 octobre 1798 (14 Vendémiaire an 7), on lit : "Je suis parti de Damiette, le 11 à 2 heures du matin, comme je vous l'avais annoncé. A 7 heures, la flottille composée de 16 djermes, dont trois armées, a passé le Boghaz et je me suis mis en marche le long de la plage avec un détachement de 100 hommes de la 75e et de la 25e ; le reste du détachement, composé de 100 hommes, était sur les djermes. A 3 heures et demie, les troupes et la flottille étaient rendues à la bouche de Dibeh. Le Boghaz avait été passé sans difficulté. Pendant cette marche de huit heures et demie sur une langue de terre aride, où l'on ne trouve pas une goutte d'eau douce ni le moindre abri, les soldats n'ont pas fait entendre le plus léger murmure …
Je ne dois pas oublier un trait qui, je crois, mérite d"être cité. Après avoir pris position, j'avais fait reconnaître le terrain attenant au mouillage ; on trouva un canal d'eau douce ; je fis aussitôt prévenir, le long de la ligne, qu'on pouvait boire à discrétion l'eau qui était dans les djermes : « Nous n'avons plus faim ni soif, répondirent les braves soldats de la 75e et de la 25e, nous n'avons qu'envie de nous battre ». Ces paroles furent recueillies par le citoyen Delonge, chef de bataillon de la 25e, homme ferme, hon militaire, qui trouve tous les jours dans la bonne conduite de ses soldats la récompense de ses leçons et de l'exemple qu'il leur a donné tant de fois. Grâce à ce brave homme et au bon esprit des troupes, tout s'est passé sans confusion, dans le plus grand ordre et sans le moindre accident. J'ai été aussi très bien secondé par les officiers qui m'accompagnent" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 169).
Le 4 octobre 1798 (13 Vendémiaire an 7), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "... Vous donnerez l'ordre au général Murat d'employer tous ses moyens et toutes ses forces ; de tâcher d'atteindre encore une fois les Arabes de Derne et de les détruire ; et si, comme je le pense, la présence du général Lanusse, avec le bataillon de la 25e, n'est plus nécessaire à Myt-Ghamar, vous lui donnerez l'ordre de s'en retourner à Menouf, en laissant sous les ordres du général Murat les 120 hommes de la 75e. Vous l'autoriserez cependant à rester encore quelques jours à Myt-Ghamar, si, pendant ce peu de jours, le général Murat pense pouvoir entreprendre une nouvelle expédition contre les Arabes" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3419 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3378 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 174).
Le même 4 octobre 1798 (13 Vendémiaire an 7), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Murat : "… L'état-major donne l'ordre au général Lanusse de rejoindre la province et de vous laisser les 120 hommes de la 75e. Si cependant vous aviez en vue quelque expédition et que vous ayez besoin de lui, il peut encore rester quelques jours. Je vous envoie 600 paires de souliers" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3420 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3386 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 174).
Dans le Journal de Laugier, on peut lire : "13 vendémiaire. - Le général Damas partit à 6 heures du matin, de Mansourah, avec la 2e demi-brigade légère et le 2e bataillon de la 75e pour aller à Menzaleh occuper ce poste regardé comme important et protéger la reconnaissance que doit faire, dans le temps, du lac de ce nom le général Andréossy. Il y a lieu de croire que cette force n'arrivera pas jusqu'à Menzaleh, résidence d'Hassan Toubar, sans avoir à soutenir quelque choc ; car on assure que les Mameluks et leurs beys avaient renoncé à l'espoir de soumettre ce pays extrêmement peuplé et toujours soulevé contre eux. Le général Dugua me fit partir avec le général Damas pour commander au besoin son avant-garde. Partie de la troupe s'embarqua sur le Nil sur 18 djermes, dont 9 trés petites ; le reste de la troupe marcha à pied à côté des bateaux ; nous allions alternativement à cheval ou en bateau …
Après avoir successivement fait relever dans les barques ceux qui y étaient par ceux qui avaient marché, et vice-versa, nous arrivâmes à 6h.1/2 du soir, nuit close, au-dessus d'Achmoun, où nous passâmes la nuit" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 163).
Le 5 octobre 1798 (14 Vendémiaire an 7), Murat écrit, depuis Mit-Gamat, à Bonaparte : "... Les Arabes m'ont envoyé hier matin un homme de la loi, pour me faire des propositions : ils offrent de renvoyer les 3 capitaines de la 75e demi-brigade qu'ils ont pris dernièrement, ainsi que mon interprète. Ils promettent de ne plus rien tenter contre aucun Français ; ils demandent pardon pour le passé et protection pour l'avenir ; ils insistent surtout sur ce que je ne marche pas contre eux, lorsque les eaux se seront retirées. J'ai cru devoir acquiescer préalablement à toutes ces propositions, afin de délivrer de leurs mains ces misérables officiers, ne pouvant pas d'ailleurs, pour le moment, leur laire d'autre mal. J'ai demandé en outre quelques-uns de leurs chefs, afin de pouvoir traiter directement avec eux et leur imposer, s'il est possible, les conditions qui sont dans mes instructions ...
Le général Lanusse va partir ce soir pour Menouf. Il me laisse le détachement de la 75e. J’allais moi-même me mettre en route pour me raprorocher de vous, mais j'attendrai de nouveaux ordres ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 175-176).
L'occupation d'El-Menzaleh par la colonne de Mansourah permet à Andréossy d'effectuer la traversée du lac sans rencontrer de résistance. Ayant rejoint le Général Damas le 7 octobre, à 5 heures du soir, il convient de remettre à la voile dès le lendemain matin pour se rendre devant Matarieh, que le Chef de Bataillon du Génie Cazals doit atteindre par terre, avec le 2e Bataillon de la 75e.
Après quatre heures de marche, Cazals arrive à Matarieh, précédant la flottille, que les vents contraires ont retardée : "Le village et un autre contigu, situé dans une ile, avaient été évacués la nuit et 200 barques en sont parties. On va tâcher de faire rentrer les habitants et de faire ramener au moins quelques barques pour pouvoir continuer mon opération.
… Matarieh est peu habitable pour des troupes, mais c'est une position nautique extrêmement intéressante. II y faut, sur le lac, des flottilles bien armées et bien commandées. L'attaque de la nuit du 14 prouve combien une pareille défensive est avantageuse, puisque 15 djermes et une pièce de 8 ont déconcerté une attaque directe et par débarquement, sans que les postes de Damiette s'en soient seulement doutés, quoiqu'ils n'en fussent pas à 800 toises.
Pendant qu'Hassan Toubar négociait avec le général Damas, il faisait une tentative sur Damiette ; cet homme rusé et le cheik de Matarieh Abder-Ackman, étaient sur les djermes qui m'ont attaqué et en dirigeaient les mouvements …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 168-169).
Le 11 octobre 1798 (20 Vendémiaire an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Murat : "… Si vous croyez ne plus avoir besoin des 120 hommes de la 75e, envoyez- les à Mansourah" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3453 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3425 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 176). Bonaparte réitère aussi l'ordre de ne conclure aucun arrangement si les Arabes ne donnent pas des otages : "Sans quoi, ces brigands égorgeront, à la première occasion, les barques sur le Nil. D'ailleurs, il peut se faire que nous ne laissions point de troupes dans cefte province, étant employées ailleurs".
Le 12 octobre 1798 (21 Vendémiaire an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, à Sucy, Commissaire ordonnateur en chef de l'Armée d'Orient : "Je vous prie, citoyen ordonnateur, de faire distribuer des bonnets pour l'infanterie, aux différents corps en proportion des habits qui leur ont été distribués. Je vous prie de faire donner les 5000 qui existent actuellement dans les magasins, soit 800 par : ... 75e [de ligne] ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3441 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 35).
Le 15 octobre 1798, Berthier donne l'ordre suivant : "Il est ordonné à l'adjoint aux adjudants généraux Arrighi de porter au commandant de la place les ordres ci-joints pour les commandants des dépôts des 2e, 25e et 75e demi-brigades. Il se rendra à ces dépôts pour s'assurer combien il y a d'hommes et d'effets à partir, et ensuite à Boulac pour voir si tout peut tenir sur la diligence qui part demain, et, dans le cas contraire, demander au commandant des armes le nombre de barques qu'il faut ajouter à la diligence" (Du Casse A. : "Le Général Arrighi de Casanova, Duc de Padoue", 1866, t. 1, p. 56).
Murat répond à Bonaparte, de Mit-Gamar, le 16 octobre (25 Vendémiaire) qu'il attend le retour des officiers prisonniers : "A leur arrivée, je m'empresserai de manifester aux Arabes de Derne que, s'ils veulent vivre en bonne intelligence, il faut qu'ils m'envoient des otages".
Le 19 octobre 1798 (28 Vendémiaire an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "Vous voudrez bien, Citoyen Général, donner l'ordre … Au citoyen Moreau, chef de bataillon de la 75e, de prendre le commandement du 3e bataillon, vacant par la retraite du citoyen Barrère, et vous me présenterez les états de service de trois personnes que le chef de brigade croit les plus propres à être promues au grade de chef de bataillon, chargé de l'administration de la demi-brigade.
Je vous prie de me présenter les états de service de tous les chefs de brigade qui sont à la suite dans les demi-brigades de l'armée, afin de pouvoir nommer un chef de brigade à la 85e demi-brigade" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3498 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3491).
Le 28 octobre 1798 (7 Brumaire an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier, Chef de l'État-major génral de l'Armée d'Orient : "Vous voudrez bien, citoyen général, donner l'ordre au 3e bataillon de la 75e, au 3e bataillon de la 88e, aux grenadiers de la 19e [tous de ligne] et au général Murat de se tenir prêts à partir au premier ordre. Vous donnerez l'ordre au général Dommartin de tenir un obusier et deux pièces de 8 avec les attelages, les canonniers nécessaires et l'approvisionnement complet, prêts à partir au premier ordre. Vous donnerez l'ordre au commandant des armes à Boulak de tenir prêts à partir La Styrie, les deux petites djermes et les deux canges, ainsi que les bateaux nécessaires pour embarquer 1000 hommes ; à l'ordonnateur de tenir les biscuits prêts à Boulak pour 8 jours pour 1200 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3561).
Le 30 octobre 1798 (9 Brumaire an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Murat : "Vous partirez, Citoyen Général, avec les trois compagnies de la 19e, le bataillon de la 75e et deux pièces d'artillerie.
Vous vous rendrez à El - Rahmânyeh, où vous trouverez l'adjudant général Leturcq …" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3559 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3598 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 330).
Le 30 octobre 1798 (9 Brumaire an 7) encore, Bonaparte écrit, depuis Le Caire, au Général Manscourt du Rozoy, commandant à Alexandrie : "… Dans la nuit, le général Murat partira avec une partie de la 75e ; il se rendra à Rahmanieh, de là à Rosette, et de là à Aboukir ou à Alexandrie. Je juge cet accroissement de forces nécessaire pour vous mettre à même de vous opposer à toutes les entreprises que pourraient former les ennemis. Je fais disposer d'autres bâtimens pour vous envoyer d'autres troupes et m'y transporter moi-même, si les nouvelles que je recevrai demain me le font penser nécessaire" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 21 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3562 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3596 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 333).
Le même 30 octobre 1798, Berthier ordonne à Arrighi : "Vous vous rendrez sur-le-champ à Boulac, pour y remettre l'ordre ci-inclus au commandant des armes.
Vous veillerez à faire embarquer à Boulac, à dix heures du soir, les trois compagnies de grenadiers de la 19e demi-brigade, le 3e bataillon de la 75e, qui ont ordre de s'y rendre pour en partir avant minuit aux ordres du général Murat.
Vous surveillerez particulièrement l'exécution de l'ordre que j'ai donné à l'ordonnateur en chef, pour qu'il soit embarqué à Boulac, avec le général Murat, du biscuit pour douze cents hommes pendant douze jours. Ce biscuit a dû être préparé à Boulac, depuis plusieurs jours.
Il doit venir de Gizeh à Boulac sur des barques, un obusier et une pièce de huit destinés à marcher avec le général Murat ; les ordres sont donnés en conséquence.
Vous reviendrez au Caire lorsque le général Murat sera parti avec le convoi" (Du Casse A. : "Le Général Arrighi de Casanova, Duc de Padoue", 1866, t. 1, p. 57).
Le 4 novembre 1798 (14 Brumaire an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier, Chef de l'État-major général de l'Armée d'Orient : "La garnison d'Alexandrie, citoyen général, sera composée de 3e bataillon de la 61e, 75e, 85e demi-brigades [toutes de ligne] ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3612).
Le 5 novembre 1798 (15 Brumaire an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier-général, au Caire, au Général Menou à Rosette : "… Je vous ai envoyé le général de brigade Murat avec un fort bataillon de la 75e et trois bonnes et belles compagnies de grenadiers de la 19e. Il est nécessaire que vous profitiez du retour des djermes pour envoyer ici les détachements qui se trouvent à Alexandrie et à Rosette ; vous en avez, entre autres, un très-fort de la 32e et de la 25e.
Voyez, je vous prie, de donner les ordres les plus positifs pour que tous les détachements rejoignent enfin : rien n'est plus préjudiciable au service et à la comptabilité que le morcellement où se trouve aujourd'hui l'armée.
Mon intention est que le fond de la garnison d'Alexandrie soit formé des 3es bataillons des 61e, 75e et 85e ...
Vous enverrez ces deux colonnes partout où vous le jugerez utile" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3576 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3623 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 331).
Le 8 novembre 1798 (18 Brumaire an 7), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "… Le général Menou donnera sur-le-champ les ordres pour faire réunir à Alexandrie tous les détachements des 61e, 75e et 85e demi-brigades ..." (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3587 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3634 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 435).
Le 8 novembre donc, le 3e Bataillon est détaché à Alexandrie; les deux autres restent à Damiette.
L'Ordre du jour du 15 novembre 1798 (25 Brumaire an 7) mentionne les arrêts infligés par Bonaparte à un Commissaire des Guerres pour avoir pris pour domestique un soldat de la 75e de ligne (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 375).
Le 18 novembre 1798 (28 Brumaire an 7), Berthier écrit au Chef de Brigade de la 75e : le Tambour-major Dervieu, de cette Demi-brigade, a établi une salle d'armes au Caire ; Bonaparte lui permet provisoirement d'y rester, jusqu'à ce que le Chef de Corps ait fait connaître s'il croit pouvoir se passer de ce Tambour-major et le remplacer (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 383).
La nouvelle tenue de coton n'avait pas duré longtemps. Le 21 novembre 1798 (1er frimaire an 7), Bonaparte se préoccupe de la fabrication de capotes pour son armée; il écrit, depuis son Quartier général, au Caire, à Daure, Commissaire ordonnateur en Chef de l'Armée d'Orient : "Je vous prie, citoyen ordonnateur, d'employer tous les moyens qui sont en votre pouvoir pour pousser la confection des capotes dont l'armée a le plus grand besoin dans un moment où les nuits sont si fraîches.
Je désire que ... Les 2e d'infanterie légère, 25e et 75e de Ligne qui sont à Damiette, recevront de quoi confectionner leurs capotes, des achats que l'agent en chef de l'habillement fera faire à Damiette" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3754).
Dans son Journal, Laugier écrit, à la date du 23 novembre 1798 (3 Frimaire an 7) : "J'allai avec le général Dugua et des officiers d'état-major au bord de la mer. Nous descendîmes dans une djerme jusqu'à l'embouchure du Nil. Le général visita l'emplacement de la batterie, destinée à défendre l'entrée du fleuve, dont il confia la construction au chef de bataillon du génie Cazals.
Nous vînmes par terre au village de Lesbé, en côtoyant le Nil. Nous trouvâmes les ouvrages très peu avancés, à cause du petit nombre d'ouvriers qui y étaient employés. Il n'y avait qu'une trentaine de Turcs et à peu près le double de Français. Le bataillon de la 75e venait d'y arriver ; on espéra en tirer quelques secours. Nous continuâmes la route par terre et rentrâmes le soir à Damiette" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 458).
Le 9 Nivôse an 7 (29 décembre 1798), Marmont écrit à Bonaparte : "... Les accidents de peste, mon cher Général, ont toujours lieu et d'une manière plus lâcheuse. Deux soldats de la 75e, attaqués avant-hier, sont morts hier. J'ai fait séparer tous ceux qui étaient supposés avoir eu quelques communications avec eux. Je fais sortir le bataillon du Phare et je le fais camper comme les autres dans des jardins. Cette manière de vivre convient à nos soldats, et tout le monde s'en trouve bien. C'est le seul moyen d'éloigner les maladies.
On me rend compte à l'instant qu'un soldat de la 4e est attaqué. Nous avons perdu, depuis le commencement de cette maladie, 25 à 26 hommes ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 29).
A Damiette, la garnison est éprouvée par une épidémie beaucoup moins grave que celle d'Alexandrie, mais dont le principe doit être considéré comme le même, malgré les incertitudes et les contradictions des premiers diagnostics. Les avis des médecins ayant donné à penser qu'un changement d'air serait avantageux pour la santé des troupes atteintes, Dugua demande à Bonaparte d'envoyer la 2e Légère à Mansourah, pour y remplacer le 2e Bataillon de la 75e, détaché dans cette ville, lequel se rendra à Damiette. Cette mesure est prescrite par Bonaparte le 18 Nivôse - 7 janvier (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 42).
Le Bataillon de la 75e quitte Mansourah le 17 Nivôse et, transporté sur des barques, atteint Damiette le soir même. Ce changement de garnison a semble t'il déterminé une légère amélioration de l'état sanitaire. Les déclarations optimistes des médecins ont pour conséquence d'éviter l'établissement de toute quarantaine à Damiette. Le Général Dugua peut ainsi exécuter, sans entraves, les ordres que Bonaparte lui a donnés pour le ravitaillement des troupes envoyées à Katieh et la préparation du mouvement projeté vers la Syrie (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 42).
Fusilier de la 75e Demi-brigade en Egypte, 1799, d'après H. Knötel (communication de G. Centanni) |
Le 9 janvier 1799 (20 nivôse an 7), le Général Bonaparte, depuis son Quartier général au Caire, ordonne la création d'un Régiment de Dromadaires (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3820 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 74 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 75); la 75e doit fournir 15 hommes, choisis parmi les plus hardis et les plus intrépides, pour former le noyau du Régiment des Dromadaires destiné à enrayer le brigandage des Arabes. "Ces hommes devront avoir moins de vingt-quatre ans, plus de quatre ans de service, au moins cinq pieds quatre pouces, et être d'une bravoure reconnue. Ils seront envoyés sur-le-champ au Caire. Le commandant de la place établira leur caserne sur la place Ezbekyeh", écrit le Général en chef.
Le 11 janvier (22 Nivôse), Berthier transmet au Général Dugua l'ordre de faire partir la 75e de Ligne, le 20 janvier (1er Pluviôse), pour Katieh. Elle doit s'embarquer jusqu'à Peluse, sur le lac Menzaleh, et escorter un convoi de 50.000 rations de biscuit, 500 quintaux de riz et 1.000 boisseaux d'orge (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 43).
Le 12 janvier 1799 (25 Nivôse an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, à Daure, Commissaire ordonnateur en chef de l'Armée d'Orient : "Indépendamment, citoyen ordonnateur, des approvisionnements de siège que j'ai ordonnés par mon ordre du 5 Nivôse, de former à Katieh, vous voudrez bien faire partir demain du Caire 50 000 rations de biscuit pour Damiette, vous ordonnerez qu'elles soient envoyées à Katieh et qu'on y joigne : 500 quintaux de riz; 1 000 boisseaux d'orge ;
La 75e [de ligne] continuera à être nourrie par des convois qui seront envoyés de Damiette ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4039).
Le 14 janvier 1799 (25 Nivôse an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Lagrange, à Qatyeh : "J'ai reçu, Citoyen Général, votre lettre qui m'annonça votre arrivée à Qatyeh ; j'ai été fâché de vous voir avec si peu de monde ; la 75e demi-brigade a ordre de s'y rendre …" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3848 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4065; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 53).
Le Journal de Laugier raconte : "25 nivôse (14 janvier). Le courrier du 23 arriva à Damiette le 25, et remit au général Dugua un ordre du chef de l'état-major général de l'armée, pour faire partie, le 1er pluviôse, la 75e demi-brigade pour Katieh, avec un convoi de 500 quintaux de riz, 50.000 rations de biscuit et 1.000 boisseaux d'orge.
Deux exprès de Matarieh apportèrent une lettre du général Lagrange, datée de Katieh, le 22. Ce général écrivait qu'il était arrivé à ce poste le 18, qu'il avait fait une reconnaissance d'une partie de la côte, où il avait trouvé un point abordable, Amadia [Anb-Diab], distant de 3 lieues de Katieh; il invitait le général à y adresser les convois. Son projet était de pousser sa reconnaissance jusqu'à Tineh; mais, ayant eu avis que les Mameluks avaient fait un mouvement et s'étaient portés sur El-Arich, entre Gaza et Katieh, il était retourné à ce dernier endroit, où il s'attendait à être attaqué, les Mameluks devant, d'après le rapport d'un espion, recevoir des renforts qui les mettaient à même de le faire.
Le général Dugua ayant fait demander aux pêcheurs de Matarieh si leurs barques pouvaient aller aborder au point indiqué par le général Lagrange, et ayant acquis la certitude qu'elles ne pouvaient aller jusque-là, mais seulement à Moukara (?) à 5 lieues de Katieh, il lui répondit qu'il donnerait l'ordre au chef de brigade Maugras, commandant la 75e, de conduire le convoi au point qu'il jugerait le plus convenable, mais qu'il croyait que le plus prudent était de le faire débarquer à Tineh, où il pourrait être mis à l'abri dans le fort, et transporté successivement par des caravanes de chameaux à Katieh ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 44).
A la suite de son expédition, Leclerc écrit, depuis Mit-Gamar, le 26 Nivôse (15 janvier) à Dugua : "Il y a bien longtemps, mon brave et cher Général, que je n'ai eu le plaisir de vous voir et de jouir de la satisfaction de m'entretenir avec vous, et que je n'ai pu que profiter de toutes les occasions que j'ai eues, et que j'ai saisies avec empressement pour avoir de vos nouvelles. J'en ai eu dernièrement une bien agréable, en me joignant au général Verdier, dans l'objet de poursuivre les Arabes de Derne, depuis le 14 jusqu'au 20 de ce mois-ci. Ce général m'a dit de vous tout le bien possible, ce qui m'a autorisé (soit dit entre vous et moi) à lui rappeler les torts qu'avaient eus, vis-à-vis de vous, les généraux de brigade de votre division dans la marche d'Alexandrie au Caire. Il m'a répondu ; « Nous avions tant d'humeur contre ce pays-ci que nous avions assez perdu la tête pour avoir de mauvaises façons envers le digne général Dugua, qui, malgré tous mes torts, m'a obligé quand il l'a pu. Je me suis demandé plusieurs fois, m'a-t-il ajouté, qu'avions-nous à reprocher au général Dugua ? - Rien. Quels sujets de plainte nous donnait-il ? - Aucun. Nous étions donc de grands scélérats. Mais, mon cher Leclerc, nous sommes bien revenus de notre erreur et nous rendons au général Dugua toute la justice qu'il mérite. Je sais même que toute sa division le regrettera vivement quand il exécutera son projet de départ pour la France ; pour moi, je me suis séparé de lui avec la plus grande peine, quoique ce fût pour aller commander une province ».
Il me serait impossible, mon cher Général, de vous exprimer tout le plaisir que j'ai eu à entendre vous rendre justice; aussi, ai-je fait chorus de bien bon cœur, et les sentiments distingués que vous m'avez inspirés pour la vie m'ont mis à même de n'être pas en reste. Nous avons terminé notre dialogue en buvant une tasse de café à votre santé.
Un officier de la 2e légère, ou de la 75e de ligne, qui dinait avec nous et était de notre avis, dit qu'il avait appris, depuis peu et avec peine, que votre division avait refusé de recevoir la solde d'une décade. A quoi le général Verdier répartit vivement : « Il faut être injuste et ingrat pour donner du désagrément au général Dugua sans cesse occupé du bien-être de sa troupe. Si j'eusse été à Damiette, cela ne serait pas arrivé, j'en réponds, surtout de ma brigade ».
Connaissant la bonté de votre cœur, j'ai cru ne pas abuser de votre complaisance en vous entretenant de l'épanchement réciproque du cœur de Verdier et du mien ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 54).
Le 17 janvier 1799 (28 Nivôse), Berthier transmet à Kléber ordre "de se rendre à Damiette, pour prendre le commandement de son ancienne division et celui de la province" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 100).
Le 18 janvier 1799 (29 Nivôse an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Lagrange, à Qatyeh : "… La 75e a reçu l'ordre de se rendre à Qatyeh : j'imagine qu'elle sera prête à y être rendue lorsque vous recevrez cette lettre …
Vous recevrez, par le convoi qui part aujourd'hui, 1,000 pieux et 1,000 porte-pieux pour la 85e. Par le prochain convoi, vous recevrez 1,000 bidons et 1,000 pieux pour la 75e. Faites connaître à Maugras que les capotes et les bonnets pour sa demi-brigade partent aujourd'hui pour Damiette ; qu'il les envoie prendre" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3876 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4106; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 111).
Le 19 janvier 1799 (30 Nivôse an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, à Daure, Commissaire ordonnateur en chef de l'Armée d'Orient : "Vous voudrez bien, citoyen ordonnateur, faire délivrer de préférence à tout autre corps les bonnets de laine qui reviennent à la 75e demi-brigade [de ligne] parce qu'elle est aux avant-postes" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4115).
Le même 19 janvier 1799 (30 Nivôse an 7), Bonaparte écrit également, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Dommartin, commandant l'artillerie de l'Armée d'Orient : "Je vous prie, citoyen général, de faire délivrer 200 pieux aux guides à pied, et d’en envoyer 1000 à la 75e [de ligne] qui est à Katieh par le convoi qui partira le 6 pluviôse" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4118; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 84).
Le Journal de Laugier raconte : "1er pluviôse (20 janvier). Les deux bataillons de la 75e demi-brigade et le convoi ne purent partir le 1er pluviôse pour Katieh, le mauvais temps ayant empêché de réunir un nombre de barques suffisant" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 45).
Le 21 janvier 1799 (2 Pluviôse an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général au Caire, au Général Kléber, commandant la province de Damiette : "… la 75e arrivera le 5 à Qatyeh …
Le général de brigade Lagrange est à Qatyeh, avec la 75e et la 85e ; vous en agirez avec lui comme avec votre avant-garde, en lui portant tous les secours que les événements pourraient nécessiter. En cas de retraite forcée, je lui ai laissé la liberté de l'effectuer sur Peluse ou Sâlheyeh, selon qu'il le jugerait à propos ; dans l'un et l'autre cas, vous chercheriez à le joindre pour pouvoir secourir Sâlheyeh, si l'ennemi n'était pas nombreux, ou vous trouver en mesure de vous réunir aux autres divisions de l'armée" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3884 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4138).
Le Journal de Laugier raconte : "2 pluviôse (21 janvier). Le 2, les barques du premier convoi étaient de retour, le général Dugua se décida à faire partir avvec les approvisionnements un bataillon de la 75e, avec ordre au chef de brigade de renvoyer les bateaux aussitôt qu'il aurait mis sa troupe à terre pour transporter le 2e Bataillon" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 45).
Lagrange écrit à Reynier, le 3 Pluviôse (22 janvier) : "... Les convois sont heureusement arrivés avec l'obusier et la pièce de 4 ...
J'attends d'un moment à l'autre l'arrivée du convoi de Damiette, avec lequel vient la 75e. Comme il sera très considérable en subsistances, je garde pour deux ou trois jours tous les chameaux en état de bien servir ... Je me propose, demain au matin, de partir avec une compagnie de grenadiers pour avoir quelques chameaux des Arabes. Nous en avons eu hier, 4, d'une reconnaissance que j'ai poussée un peu en avant sur la route de Katieh à El-Arich" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 123).
Lagrange écrit à Reynier, le 5 Pluviôse (24 janvier) : "... Le convoi de Damiette est arrivé ce matin au mouillage de Peluse. J'attends ce soir les chameaux que j'y ai envoyés. Il n'y a que le 1er bataillon de la 75e qui soit arrivé ; le 2e n'a pu partir faute de barques. Si le convoi que m'a annoncé le général en chef par sa lettre d'hier arrive, tout va bientôt être porté ici" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 123).
Le 26 janvier (7 pluviôse), Kleber signale à Bonaparte toutes les lacunes qu'il a constatées dans l'organisation des troupes et des services : "… Le 1er bataillon de la 75e est parti le 2 au soir; les embarcations qui l'ont transporté à Om Fareg ne sont pas encore de retour. Le 2e bataillon se trouve, par cette raison, encore ici. J'ai envoyé hier des agents avec escorte pour ramasser le reste des barques qui se trouvent sur le lac, et la célérité du mouvement que j'ai à faire dépend entièrement du plus ou moins de moyens que cette mesure me procurera; mais, vous entrevoyez déjà sans doute, Citoyen Général, qu'il ne pourra être achevé le 12. Je laisserai un des généraux de brigade et je partirai ce jour de ma personne conformément à vos intentions …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 118).
Pour se prémunir de la peste, Bonaparte écrit, le 28 janvier 1799 (9 Pluviôse an 7), depuis Le Caire, au Général Marmont : "… Mettez le bataillon de la 75e sous ces arbres où vous avez été longtemps avec la 4e d'infanterie légère. Qu'il se baraque là en s'interdisant toute communication avec la ville et l'Egypte ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 459 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 78 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3909 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4178).
Le même 28 janvier (9 pluviôse), Kleber écrit à Bonaparte : "Je reçois à l'instant, Citoyen Général, votre lettre du 7 de ce mois ... Le 2e bataillon de la 75e va s'embarquer et prendre le large dès que le vent le permettra. Le temps est affreux en ce moment; on fait filer aussi le plus de subsistances que faire se peut; tout le monde est dans la plus grande activité" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 120).
Ce jour là, 9 Pluviôse (28 janvier), Lagrange écrit à Reynier : "... Nous avons eu hier un convoi de 50 chameaux intercepté par les Mameluks. Il venait de la mer, apportant le restant des provisions venues de Damiette. Cent hommes l'escortaient. L'ennemi avait 60 chevaux, une trentaine de dromadaires et 150 hommes à pied, armés de sabres et pistolets. Malheureusement le capitaine de la 75e, qui commandait l'escorte, a été blessé à la première décharge ; les Mameluks ont montré beaucoup d'acharnement; dans le temps que leur cavalerie chargeait nos gens à la tête et à la queue, leurs hommes à pied se sont précipités sur le convoi.
Mes avant-postes ayant, Général, entendu des coups de fusil, je me suis porté de suite avec trois compagnies de grenadiers; bientôt nous avons eu délivré nos gens et nous sommes mis à la poursuite des Mameluks. Je les ai poursuivis trois heures sur la route de Syrie; je leur ai repris 7 à 8 chameaux ; ils en ont tué 10 à 12 et ont abandonné la majeure partie de nos provisions pour s'en aller plus vite. Nos soldats se sont chargés de galettes et riz ; et j'ai ce matin fait partir un bataillon pour tâcher de ramasser 1e reste, si les Arabes ne l'ont pas enlevé.
Deux volontaires et un conducteur ont été tués sur le champ de bataille ; nous avons 11 blessés. Il y a 6 Maneluks ou Turcs de tués …
Une partie des dromadaires des Mameluks étaient chargés d'eau. Nous avons été forcés d'en fusiller un que nous n'avons pas pu prendre ; et on lui a trouvé des petites outres pleines d'eau. Il n'est aucun doute qu'ils ne fussent venus d'El-Arich avec le projet d'enlever le convoi. Ils avaient choisi une élite d'hommes à cheval et à pied pour faire ce coup de main.
P. S. - Je n'ai rien de nouveau de Syrie …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 123).
Le 29 janvier 1799 (10 Pluviôse an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "... Vous donnerez l'ordre au général Marmont de faire partir 300 hommes du bataillon de la 75e, avec deux pièces d'artillerie, pour se rendre à Damanhour. Dès l'instant qu'ils y seront arrivés, le quartier général de la province y retournera, et les 50 hommes de la 4e qui seraient restés dans la redoute d'El - Rahmânyeh se mettront en marche pour Damiette.
Le général Marmont aura soin d'écarter du bataillon de la 75e tous les hommes qui seraient malades ou qui auraient un indice quelconque qui pourrait les faire soupçonner d'avoir la peste ..." (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3915 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4180; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 115).
Le même jour, 29 janvier 1799 (10 Pluviôse an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Payeur général :"Vous passerez, citoyen, les douze actions de la compagnie d'Egypte qui appartiennent à la république, à la disposition des citoyens : ... Maugras, chef de brigade de la 75e ... à titre de gratification extraordinaire ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 462 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 80; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 98).
Ce même 29 janvier, le 2e Bataillon de la 75e peut enfin partir, avec un détachement d'artillerie et des vivres (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 121).
Lagrange écrit à Reynier, ce même 10 Pluviôse (29 janvier) : "... Le 2e bataillon de la 75e n'est pas encore arrivé. Je l'attends avec le prochain convoi …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 123).
- Expédition de Syrie
Après la conquête de l'Egypte par l'armée française, Ahmed-Djezzar, Pacha d'Acre, pour être agréable à son souverain, l'Empereur ottoman, décide de chasser les nouveaux. occupants. Il inonde d'abord l'Egypte de firmans et envahit les provinces de Jaffa, Hamleh et Gaza avec un Corps d'armée considérable.
L'avant-garde de Djezzar, placée sous les ordres d'Abdallah, Pacha de Damas, s'arrête au fort d'El-Arich, situé dans le désert, à quinze lieues sur le territoire égyptien.
Bonaparte décide alors de se rendre en Syrie pour anéantir l'armée de Djezzar, prévenir les rassemblements de troupes en Arabie et éviter la réunion des bâtiments turcs dans les ports de Syrie.
Le 31 janvier 1799 (12 Pluviôse an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "Vous voudrez bien, Citoyen Général, envoyer, par un adjoint, à Qatyeh, l'ordre au général Reynier de partir le 17, avec les 85e, 75e et 9e demi-brigades, le quartier général de sa division et son artillerie, pour se rendre à El-A'rych.
Le général Lagrange fera l'avant-garde avec au moins 1,500 hommes et trois pièces d'artillerie. Il se tiendra toujours à quatre heures en avant du reste de la division, afin de ne pas épuiser les puits.
Cependant, le général Reynier réglera ses mouvements de manière qu'il arrive en même temps à El-A'rych.
Arrivé à El-A'rych, le général Reynier fera sur-le-champ travailler à construire un fort, soit dans le genre de celui de Qatyeh, soit en rétablissant celui qu'on dit y être. Il aura à cet effet avec lui un officier supérieur du génie, 300 sapeurs, des maçons et tous les ouvriers nécessaires.
Le général Reynier se trouvera sous les ordres du général Kleber ..." (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3927 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4191; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 129).
"Extrait du Journal de Damas.
13 pluviôse (1er février) ... Retour de l'escorte qui ramena les barques qui étaient parties le 10 avec le 2e bataillon de la 75e et qui arrivaient de Tineh ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 122).
"Extrait du Journal de Damas
18 pluviôse (6 février). Kleber partit du mouillage de Tineh, de bonne heure, avec 250 hommes tant de la 25e que de la 75e et les sapeurs.
Il me laissa l'ordre de faire charger les effets des officiers, les munitions et les fourrages sur les chameaux venus avec nous, et de faire partir le tout avec le reste du bataillon de la 25e, commandé par Venoux, son chef de brigade, ce qui fut exécuté, et le convoi se mit en route pour Katieh vers midi, avec tous les équipages. En conséquence des mêmes ordres, je fis partir pour Damiette 100 barques vides, avec un soldat sur chacune, le tout escorté des deux canges la Marseillaise et la Corcyre, l'infanterie commandée par le capitaine Robert de la 25e. Ce convoi se mit en route vers midi également. Ces barques vides, réunies à 50 parties la veille, allaient chercher le général Verdier, le reste de l'artillerie et le reste de la 2e légère resté à Damiette et à Menzaleh, où un détachement chargé de lever le miri devait se rendre pour partir de là" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 123).
Kleber écrit à Bonaparte, du camp de Katieh, le 19 Pluviôse (7 février) : "Je suis arrivé hier à 11 heures du matin à Katieh, Citoyen Général, après avoir été contrarié par les vents et le défaut d'eau du lac. Le général Reynier était parti d'ici depuis deux heures, avec les 9e, 75e et 85e demi··brigades emportant pour dix: jours de vivres. Si l'officier des guides m'avait envoyé vos dépêches au mouillage de Tineh, il eût été très facile que je visse encore Reynier et que je me concertasse avec lui, mais cet officier a craint de contrevenir à vos intentions.
Le convoi extraordinaire destiné pour El-Arich et qui devait être au mouillage de Tineh le 17, d'après un ordre de l'ordonnateur en chef, n'aurait pu se former qu'aux dépens du mouvement des troupes et de l'artillerie de ma division, et j'ai cru pouvoir d'autant moins le permettre que ce mouvement., faute d'embarquations, est encore loin d'être effectué; j'ai donc fait marcher les deux opérations de front et, sans être en ce moment fort à l'aise, j'ose espérer pourtant que nous nous en tirerons, surtout si le convoi qui est attendu de Salheyeh arrive. Voici l'état des choses; mais avant de juger, Citoyen Général, je vous prie de prendre en considération que, lorsque je suis arrivé à Damiette, il n'était encore parti qu'un bataillon de la 75e et un seul convoi de vivres, le tout porté par 70 barques dont il ne m'en est revenu que 34, les autres ayant déserté parce qu'on avait négligé de mettre un soldat sur chacune d'elle.
Le général Reynier, comme je vous l'ai dit plus haut, a pour dix jours de vivres; dès qu'il sera arrivé à E1-Arich, il renverra ses chameaux ici; je les ferai charger et les ferai repartir de suite sous bonne escorte; en attendant, 30 barques, escortées par une cange et chargées de riz, de biscuit et d'orge, partiront demain du mouillage de Tineh et chercheront un abri à la hauteur d'El-Arich. Le commandant de la cange a ordre de prévenir le général Reynier de son arrivée par un exprès arabe; d'ici à ce temps il arrivera, je présume, des chameaux de Salheyeh qui seront également expédiés sur le champ; enfin, dans six jours au plus tard, arrivera le restant du convoi de vivres de Damiette qui, sans s'arrêter, filera au mouillage qui aura été reconnu à la hauteur d'El-Arich.
J'ai ici le 1er bataillon de la 25e; un bataillon de la 2e est au mouillage de Tineh. Le général Verdier est resté à Damiette avec le restant de la 2e. L'adjudant général Alméras gardera les six compagnies du 2e bataillon de la 25e jusqu'à ce que les magasins soient évacués et que le restant du miri soit rentré, à moins que vous ne lui donniez de nouveaux ordres. J'ai également encore à Damiette la moitié des 6quipages d'artillerie, mais tout cela pourra être rendu à Katieh le 24. Voilà, au sommaire, l'état des choses. Si les divisions Bon et Lannes ainsi que la cavalerie n'amènent pas avec elles leurs subsistances, nous serons bien mal; car quelque activité, quelque zèle que l'on ait mis à Damiette pour s'en procurer, je doute que l'on soit arrivé à la moitié de ce qui a été demandé. Le lac porte en ce moment 240 barques à notre service; ce n'est pas sans peine et ce n'est quo très tard qu'un les a obtenues.
J'ai avec moi 36 chameaux appartenant aux différents corps qui les ont achetés. Je les emploie pour faire venir ici les vivres du mouillage de Tineh et faire porter de l'eau d'ici à ce mouillage. J'espère qu'il m'en arrivera un pareil nombre de Damiette par le dernier convoi. Comme je compte laisser tous les équipages à Katieh, ces chameaux nous serviront uniquement au transport de l'eau et des vivres, en cas que je doive me rendre, avec les troupes qui me restent, à El-Arich; mais le général Reynier pense avoir assez de forces pour s'emparer de ce poste, lors même que les 10.000 hommes de Gaza s'y seraient rendus pour le défendre. Je partage son opinion ...
J'ai l'espoir, Citoyen Général, de vous voir arriver ici le 23; mais, à moins que vous ne soyez suivi d'un convoi de fourrage, j'ose vous engager de venir avec le moins de chevaux possible. Il n'y a pas un fétu de paille ici et presque point d'orge. On n'a point ou très peu trouvé de ces denrées à Damiette ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 151).
"Le général de division Reynier arriva de Salheyeh à Katieh le 14 au soir de pluviôse et en partit le 16 pour El-Arich, prenant sur lui d'emmener la 75e demi-brigade faisant partie de la 1re division. Le général Kleber arriva, le 16 ou le 17, à Katieh; il fut très mécontent que le général Reynier eût emmené avec lui sa 75e demi-brigade. Le 20, le général Kleber reçut une dépêche du général en chef. Après qu'il en eut fait la lecture, on ne douta point de l'impression désagréable qu'il en ressentait. Il garda longtemps le silence, lorsque, tout à coup le rompant, il éclata en indignation contre les mauvaises dispositions du général en chef. Point d'approvisionnements pour 10.000 hommes qui devaient passer le désert. Il sentait vivement cette position, il blâmait hautement la confiance que le général en chef paraissait mettre dans la fortune. Pendant son séjour à Katieh, il y fit exécuter un espion. Il se mit en route, le 21, pour El-Arich" (Notes sur les opérations du général Kleber. Ces Notes, conservées aux Archives de la Guerre (Mémoires Historiques, n° 10), ont dû être écrites par un Officier de l'Etat-major de Kleber; elles se sont trouvées ensuite dans les papiers du Général Morand. Cette circonstance explique comment la copie communiquée aux Archives porte le nom de cet Officiel général, lequel ne les a certainement pas rédigées, puisqu'il servait alors dans la haute Égypte; l'auteur des Notes a fait toute la campagne de Syrie et est revenu au Caire avec la petite avant-garde commandée par l'Adjudant général Boyer. Ces Notes renferment quelques détails assez curieux, mais présentent plusieurs erreurs de date, imputables peut-être aux copistes successifs - In La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 152).
Le 9 février 1799 (21 Pluviôse an 7), le Général Bonaparte écrit, depuis Le Caire, au Général Marmont : "… Ordonnez que le 3e bataillon de la 75e se réunisse, avec deux bonnes pièces d'artillerie, à Damanhour ; que cette colonne puisse se porter dans toute cette province, et même dans celle de Rosette, pour lever les impositions et punir ceux qui se comporteraient mal. Cette mesure aura l'avantage de tirer tout le parti possible de ces deux provinces, de tenir une bonne réserve éloignée de l'épidémie d'Alexandrie; et, selon les événemens, vous la feriez revenir à Alexandrie, où sa présence relèverait le moral de toute la garnison ; car il est d'axiome que, dans l'esprit de la multitude, lorsque l'ennemi reçoit des renforts, elle doit en recevoir pour se croire égalité de force; et, enfin, s'il arrivait quelque événement dans le Delta, ce bataillon pourrait s'y porter, et être d'un grand secours ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 468 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 87 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3949 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4231 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 147).
Le 10 février 1799, le Général en chef part du Caire pour l'expédition de la Syrie. Quatre petites Divisions d'infanterie, et un détachement de neuf cents chevaux, sous les ordres des Généraux Reynier, Kléber, Bon, Lannes et Murat, forment cette armée d'expédition. Le général Kléber, dont les Généraux de brigade sont Verdier et Junot, a sous son commandement les deux premiers Bataillons des 2e Légère, 25e et 75e de ligne. Toutes les forces réunies forment un total d'à peu près 13000 hommes, répartis, dont 2549 à la Division Kléber (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 100).
Au moment où s'achève la concentration de l'armée vers l'isthme de Suez, la composition de l'Armée de Syrie, basée sur des notes, non datées, mais qui semblent avoir été écrites à l'Etat-major de Berthier, est la suivante :
DIVISION KLEBER.
Généraux de brigade: Verdier et Damas (remplacé par Junot, le 10 mars).
2e demi-brigade d'infanterie légère; 1er et 2e bataillons de la 25e de ligne; 1er et 2e bataillons de la 75e de ligne.
DIVISION REYNIER.
Général de brigade: Lagrange.
9e demi-brigade de ligne; 1er et 2e bataillons de la 85e de ligne.
DIVISION BON.
Généraux de brigade : Rampon et Vial.
1er bataillon de la 4e légère; 1er et 2e bataillons de la 18e de ligne; 1er et 2e bataillons de la 32e de ligne.
DIVISION LANNES.
Généraux de brigade : Veaux et Robin.
1er bataillon de la 22e légère; 1er et 2e bataillons de la 13e de ligne; 1er et 2e bataillons de la 69e de ligne.
CAVALERIE, commandée par le général de brigade Murat.
1 escadron du 7e de hussards; 1 escadron du 22e de chasseurs; 3e, 14e et 18e régiments do dragons; 1 escadron du 20e de dragons (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 148).
Ces troupes partent du Caire, de Damiette et de Salihieh pour se réunir à Kalieh et marcher sur El-Arich.
Kleber donne l'ordre à Sanson, le 22 Pluviôse (10 février), de partir à 4 heures du soir, avec un détachement composé d'Officiers du Génie, de Sapeurs, Mineurs et Ouvriers, 104 hommes; d'un détachement de la 9e, 45 hommes; d'un détachement de la 75e, 45 hommes; de la 2e Compagnie de Grenadiers de la 25e, 100 hommes; et de 8 Canonniers, soit 302 hommes. A ce détachement sont affectés 19 chameaux portant 5 jours de vivres et de l'eau (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 155).
Kleber écrit à Bonaparte, du camp de Katieh, le même 22 Pluviôse (10 février) : "La 32e demi-brigade est arrivée le 20 au camp de Katieh, Citoyen Général. Le citoyen Sanson est arrivé hier avec le citoyen Grobert. Ils partent ce soir pour El-Arich, escortés de 45 hommes de la 9e, 45 de la 75e, une compagnie de grenadiers de la 25e, quelques sapeurs et une pièce de 3.
Je partirai demain avec le 1er bataillon de la 25e et tous les chameaux qui seront chargés de vivres et d'eau. Il y en aura environ 45 pour les deux colonnes; le peu de nourriture que l'on donne à ces animaux les rend faibles et hors d'état de porter de grandes charges. J'emmènerai également avec moi une partie de l'artillerie de ma division qui se trouve ici, consistant en un obusier, une pièce de 8, une pièce de 3, suivies chacune d'un caisson. Je laisse l'ordre au général Verdier, qui doit arriver le 24, de me suivre avec la 2e légère, et d'escorter le convoi de chameaux du général Reynier, qui doit arriver le 24, ici, et qui pourra partir le 26.
J'écris à l'adjudant-général Alméras d'envoyer à Katieh, par le lac, les six compagnies du 2e bataillon de la 25e, que je lui ai laissées provisoirement pour faire rentrer des denrées et le miri et pour protéger l'évacuation des magasins sur Lesbé ...
Je laisse au mouillage de Tineh un chef de bataillon de la 2e, pour surveiller le convoi des 36 barques que je vous ai annoncé y être resté dans ma précédente, et que le citoyen Monnier, commandant la cange l'Albanie, demeure chargé de faire filer par mer sur El-Arich, dès qu'il sera revenu de sa reconnaissance. Le général Damas vient avec moi. J'écris au commissaire ordonnateur Sartelon de faire filer pareillement par mer le restant du convoi, si la chose a été jugée praticable, à la réserve toutefois de la moitié de l'approvisionnement en orge, qu'il fera filer sur Katieh, où, après mon départ, il n'en restera plus.
On m'annonce l'arrivée du général Bon avec la 18e demi-brigade : s'il n'amène pas des subsistances avec lui pour quelques jours, il éprouvera la plus grande disette, surtout pour les chevaux; mais, s'il amène des chameaux, il pourra faire prendre à Tineh ce qui lui est indispensablement nécessaire. Ce qui me détermine à partir sur le champ, c'est l'assurance que l'on me donne que les chevaux trouveront de l'herbe à El-Arich.
Avant-hier nous avons arrêté un espion des Mameluks, qui, monté sur une jument et armé d'une longue pique, est venu sans façon se faire puiser de l'eau par un volontaire, faisant entendre qu'il venait pour parler au sultan du camp; il allait remonter à cheval et probablement piquer des deux, lorsqu'un de nos officiers l'aperçut et fit courir après. Il nous fit d'abord un grand amphigouri; mais, après une forte volée de coups de bâton, il fit la déclaration ci-jointe. Ce qu'il me dit d'El-Arich concernant les fourrages me rassura beaucoup; et, hier soir, je le fis marcher bien lié à la tête d'un détachement de la 32e, commandé par un de mes aides de camp, pour aller surprendre l'un des camps arabes qu'il a pareillement déclaré avoir rencontrés. Si cette promenade nous procure seulement une vingtaine de chameaux, cela nous fera le plus grand bien. Je pourrai, Citoyen Général, vous en instruire demain.
Le citoyen Sanson m'assure n'avoir trouvé aucune espèce d'approvisionnement en fourrage à Belbeis ni à Salheyeh, ce qui me fait concevoir les plus grandes inquiétudes sur le sort de la cavalerie destinée à vous suivre.
On a voulu expédier de Salheyeh un convoi de bourriques chargées de biscuit, mais on les a tellement surchargées, qu'au bout de quelques lieues elle ne purent marcher, et on fut obligé de les faire rétrograder en jetant une partie des vivres; on n'avait nullement songé à la subsistance de ces bêtes. Je comptais cependant beaucoup sur ce convoi pour les faire filer sur El-Arich. Qu'elle est grande, Citoyen Général, la différence entre les résultats et ce que les administrations vous ont et m'ont pareillement annoncé !" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 155).
Deux heures après avoir écrit cette dernière lettre, Kleber reçoit des nouvelles de Reynier ; celui-ci a rencontré à El-Arich une résistance énergique; il n'a enlevé le village qu'au prix de pertes assez considérables et ne dispose pas de forces suffisantes pour attaquer le fort où l'ennemi s'est réfugié. Aussitôt après avoir reçu la lettre de Reynier, Kleber met en route le petit détachement commandé par Sanson et décide d'avancer d'une demi-journée son propre départ. Kleber écrit à Bonaparte (22 Pluviôse - 10 février), transmettant la lettre de Reynier. Il annonce que Sanson va partir, qu'il le suivra avec un Bataillon de la 25e et deux Compagnies de grenadiers de la 32e; Damas marchera ensuite avec le 1er Bataillon de la 32e. "Je fais prendre à tout le monde des vivres pour quatre à cinq jours et j'ai prévenu la troupe qu'il serait possible qu'elle ne reçût d'autre distribution d'ici à dix jours" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 156).
- Prise d'El-Arich (20 février 1799).
Dans son Rapport à Bonaparte, daté d'El-Arich, le 29 Pluviôse (17 février), Reynier écrit : "… Le 21, aussitôt qu'il fit jour, je me remis en marche pour attaquer El-Arich. Le général de brigade Lagrange, avec le 1er bataillon de la 75e, 2 bataillons de la 85e et un détachement de sapeurs, marcha vers la gauche d'El-Arich sur les hauteurs sablonneuses qui dominent le château, tandis qu'avec la 9e demi-brigade et le 2e de la 75e je marchai directement sur El-Arich. Le village d'El-Arich est bâti en maçonnerie, en avant des faces septentrionale et orientale du fort. Le rempart domine toutes les maisons et protège très avantageusement la défense du village. Les ennemis avaient fermé de murailles toutes les issues du village et crénelé les maisons. Les Barbaresques et Albanais avaient planté leurs drapeaux sur les murs du village, y paraissaient en nombre et garnissaient l'enceinte du château. Espérant qu'il serait peut-être possible de profiter de la confusion qu'une attaque vive mettrait dans les troupes qui défendaient le village pour entrer avec elles dans le château, el sentant la nécessité d'être maître du village pour attaquer le fort, j'en ordonnai l'attaque de vive force, après y avoir fait tirer quelques coups de canon.
Le général Lagrange fil attaquer le village en tournant le fort, tandis que le capitaine Lami, mon aide de camp, conduisit les grenadiers de la 9e demi-brigade et la 2e compagnie de grenadiers de la 75e, directement sur le village.
On eut très promptement sauté et fait des brèches aux premiers murs du village; mais les troupes se trouvèrent dans des cours et des culs-de-sac, où elles étaient exposées à tout le feu des ennemis, qui s'étaient retirés dans des maisons crénelées et s'y défendaient avec acharnement.
Les troupes françaises seules étaient capables de ne point se laisser rebuter par ces nouveaux obstacles; elles en prirent au contraire plus d'ardeur, parvinrent à faire des trous dans les murs, entrèrent dans les maisons et massacrèrent ceux qui les défendaient. 40 Maugrabins s'étaient réfugiés dans une cave; on ne put les engager à se rendre que lorsqu'ils virent qu'ils allaient être étouffés. Tout ce qui défendait le village fut pris ou massacré, et rien ne put se sauver dans le fort, parce qu'on ferma la porte dès le commencement de l'attaque. Le fort, ayant pour enceinte un bon mur de maçonnerie très élevé et flanqué de quatre tours, était à l'abri de toute attaque de vive force; j'essayai d'y faire une brèche avec des boulets de 8, mais mes munitions furent bientôt épuisées, ce qui mc détermina à attendre d'avoir reçu d'autres moyens de l'attaquer et à faire établir des postes pour garder le village et bloquer le fort.
Cette attaque a donné lieu à beaucoup de traits de bravoure, et je ne peux nommer qu'un petit nombre de ceux qui se sont particulièrement distingués" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 159 - Reynier cite notamment le chef de la 75e, qui a très bien conduit sa troupe).
Kléber, ayant appris que le fort d'El-Arich oppose une résistance sérieuse, fait partir aussitôt son avant-garde comprenant les Grenadiers de la 75e, avec ordre de rejoindre au plus vite la Division Reynier. Elle arrive à destination le 12, à 10 heures du soir, après avoir eu à combattre un corps d'infanterie et de cavalerie ennemies qui voulait lui disputer l'eau.
Kleber quant à lui se met en route le 11 février à 3 heures du matin ; il éprouve dans sa marche d'assez graves difficultés, dont témoigne cette lettre adressée à Bonaparte, du bivouac de Bir-el-Abd, le 23 Pluviôse (11 février), à 10 heures du soir : "Vous trouverez ci-joint, Citoyen Général, une lettre du général Reynier dont j'ai pris communication; je ne puis rien y ajouter, sinon que le chef de brigade Sanson, avec un renfort de mineurs, de sapeurs et d'outils, arrivera demain vers midi au camp d'El-Arich, et que je le suivrai de vingt-quatre heures avec un bataillon de la 25e et la 32e demi-brigade. Sans la grande difficulté que j'éprouve dans ma marche, par rapport aux trains d'artillerie mal attelés, j'y arriverais douze heures plus tôt; il faut successivement atteler seize chevaux à une pièce ou à un caisson.
J'écris au commandant du mouillage de Tineh de faire filer sur El-Arich tout ce qui s'y trouvera de vivres, dès que la cange de reconnaissance sera de retour et que le vent le permettra". Kleber arrive dans la nuit du 13 au 14 à El-Arich (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 157).
Le 13, le Général Reynier fait ouvrir la tranchée, et, le 14, arrive, avec sa Division, le Général Kléber, qui prend le commandement des opérations.
Dans la nuit du 14 au 15 février, a lieu à El-Arich l’attaque du camp des Mameluks. L'ennemi compte environ 600 cavaliers (Mameluks, Turcs et Arabes) et 1.200 hommes d'infanterie (Albanais el Maugrabins). Les troupes d'attaque se composent de deux Bataillons de la 9e Demi-brigade et deux de la 85e sous les ordres de Reynier et de Lagrange; elles sont mises en mouvement à minuit. Dans son Rapport du 29 Pluviôse (17 février), Reynier raconte : "Je dirigeai ma marche de manière à tourner la gauche de leur camp sans en être aperçu; je la dépassai et marchai à 200 pas sur le derrière du camp. J'étais presque arrivé derrière le centre du camp lorsqu'un chien aboya. J'ordonnai de suite à deux compagnies de grenadiers d'avant-garde de courir dans le camp à la baïonnette et les suivis avec la troupe marchant en colonne serrée. Les Mameluks ont leurs chevaux sellés et bridés pendant toute la nuit; une partie de ceux qui étaient dans la partie du camp où l'on entra furent surpris et égorgés; les autres, ne pouvant se retirer par la plaine, du côté de Gaza, parce que nous arrivions par là, cherchèrent à se sauver en descendant le ravin qui était devant leur camp; ils s'y culbutèrent avec leurs chevaux et beaucoup restèrent sur la place. Une partie des chevaux s'échappa pendant ce désordre et se sauva du côté de notre camp, ou ils causèrent une alerte et furent pris. Je parcourus tout le camp et on égorgea tout ce qu'on rencontra. Après avoir dispersé et éloigné tous les ennemis, je fis rassembler tous les chameaux, chevaux, denrées et équipages qui se trouvaient sur le champ de bataille, et former la troupe. Au point. du jour, ceux des ennemis qui s'étaient échappés, étaient dispersés autour du champ de bataille et cherchèrent à se réunir; le général Damas, qui s'était avancé à moitié chemin du camp avec deux bataillons de la 75e, marcha pour me rejoindre. Le capitaine Loyer, aide de camp du général Kleber, le précédait un peu à cheval et manqua d'être tué par les volontaires, qui, dans l'obscurité, le prenaient pour un Mameluk. La cavalerie des ennemis, après s'être réunie, s'approcha de mon infanterie, espérant prendre sa revanche; mais, voyant sa contenance, elle se détermina à la retraite et disparut bientôt.
Entre les Mameluks de marque qui ont été tués, on a distingué Kassim·bey-emir-el-bahr, Mohammed, kachef d'Ibrahim-bey le petit et plusieurs autres, tant kachefs que Mameluks à barbe. Ali kachef de Kassim-bey a été pris avec plusieurs Mameluks et Maugrabins. On a pris neuf drapeaux dont deux de beys, l'armure et le nargil d'un bey, beaucoup de fusils, une centaine de chameaux et dromadaires, cinquante chevaux, du biscuit, de l'orge, des tentes et tous les effets des Mameluks.
Les troupes ont très bien exécuté cette attaque de nuit. Je n'ai pu distinguer dans l'obscurité ceux qui se sont distingués particulièrement, excepté le capitaine Lami, mon aide de camp; il sert depuis longtemps comme capitaine à l'état-major, et a montré dans une foule d'occasions, beaucoup d'intelligence et de bravoure; je demande pour lui le grade de chef d'escadron.
Nous avons malheureusement perdu, dans cette affaire, l'adjoint aux adjudants généraux Olivier, qui a été tué par quelques coups de fusil partis des rangs, malgré la défense que j'avais faite de tirer" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 166).
Les Grenadiers de la 75e enlèvent le camp ennemi dit l'Historique Régimentaire.
Le 16 février 1799 (28 Pluviôse an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, à Katieh, à Estève, Payeur général de l'Armée d'Orient : "Vous passerez, citoyen, les 12 actions de la Compagnie d'Égypte qui appartiennent à la République à la disposition des citoyens : ... Maugras chef de la 75e [de ligne] .... À titre de gratification extraordinaire.
Dix actions existent dans votre caisse. Je donne ordre à l'administration des finances de s'arranger avec la Compagnie pour avoir les 2 autres" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4248).
Le Général Bonaparte arrive le 17 et décide que l'attaque principale aura lieu sur la tour sud-est du fort. Le 18, les Grenadiers de la 75e s'emparent de diverses maisons pour resserrer la position de l'assiégé.
"Journal de Damas :
1er ventôse (19 février). On commença le matin à faire jouer l'artillerie placée dans les batteries de la gauche du fort et derrière. Celle près de la mosquée couverte, qui était la plus près de la tour que l'on battait en brèche, eut aussi le plus de canonniers tués ou blessés.
A 10 heures du matin, toutes les troupes eurent ordre de se ranger en bataille autour du fort, pendant qu'on faisait jouer l'artillerie. Elle tira si mal que beaucoup de boulets et d'obus vinrent tomber tant dans les rangs que dans les carrés el tuèrent ou blessèrent cinq ou six hommes dans chacune des trois divisions opposées à leur feu. La 75e eut deux hommes emportés dans le rang, un sergent-major tué au camp et un capitaine, appelé Luserre, blessé à la cuisse d'un boulet ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 196).
Le 20, le fort est sommé de se rendre; il capitule, le jour même, à 4 heures de l'après-midi. Les Français font, à El-Arich, 1,300 prisonniers et ils trouvent dans le fort des magasins considérables.
Du 14 au 20 février, la 75e a perdu en tués, le Capitaine Michel Gaulin, les Lieutenants François Leroy et Adrien Beck, le Sous-lieutenant Georges Gérard, les Sergents-majors Philippe Barthélémy et Charles Guillaume, les Sergents François Roide et Etienne Vincent, le Caporal Louis Geret, les soldats Jean-Claude Aulagnier, François Bardeau, Germain Pied, André Rose, Antoine Dufourt, François Morance, Humbert Noblot, Joseph Giraudon, Joseph Gros, Pierre Durand, Martin Tiesbeau, Joseph Dussapt, Joseph Charaix, Pierre Bocquin, Claude Baudignon, Claude Robin, Joseph Bondon, André Rattelade, Joseph Malisange, Joseph Robinet, Jean-François Bocon, Jean Morin, Pierre Millot, Jacques Feresclat, Jacques Schnepp, André Contave, Joseph Jaunon, Joseph Honoré, Antoine Bruyère. Parmi les blessés, on note les Sous-lieutenants Antoine Moniot (à la tête) et Antoine Bullier.
Dans une lettre datée du Vieux-Caire, le 21 Fructidor an 7 (7 septembre 1799) et adressée au Général en Chef Kleber, l'Adjudant général Devaux écrit : "Par l'ordre du jour du 20 fructidor vous demandez, Citoyen Général, l'état de ceux qui se sont distingués dans la campagne de Syrie, et à la bataille d'Aboukir.
Je n'aurais jamais parlé de moi; mais l'obéissance, comme le désir bien constant de bien servir, seront toujours la base de ma conduite militaire.
Au fort d'El-Arich, avec les grenadiers de la 75e, j'ai chassé l'ennemi du village, et l'ai forcé à rentrer dans le fort après leur avoir tué 80 hommes, j'en ai tué moi-même cinq ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 652).
- Affaire de Gazza.
Les Divisions Kléber, Bon, Lannes et la cavalerie de Murat quittent El-Arich le 22 février pour se diriger vers la Syrie. Elles arrivent le 24 à Kan-Jounas, après une marche très pénible à travers le désert.
Le Général Kleber écrit, le 6 Ventôse an 7 (24 février 17998), au Général en chef Bonaparte : "Je n'ai, Citoyen Général, aucun compte à vous rendre de la journée d'hier, puisque vous vites et dirigeâtes tout Mais je dois vous prévenir que j'ai eu lieu de me plaindre du chef de bataillon Deslonges, de la 25e demi-brigade, comme provocateur de murmures et de mauvais propos. Je l’ai fait sortir hier du carré et je vous prie de vouloir bien ordonner des dispositions pour qu'il n'y rentre plus. Il serait, suivant l'avis des généraux et chefs, plus propre à commander un détachement dans un poste quelconque que de suivre la troupe. Il s'est fait, hier, une halte sans l'ordre du général Verdier, sur un seul cri qu'il est accusé d'avoir poussé, sans que pourtant j'ai pu m'en procurer des prouves suffisantes pour le mettre en jugement.
J'ai beaucoup à me louer, Citoyen Général, de la bonne conduite des 1re et 2e compagnies de grenadiers de la 19e, des 1re et 2e compagnies de la 25e et de la 1re de la 75e, ainsi que de la compagnie d'artillerie légère qui, pendant trois quarts d'heure, a suivi à la course la marche de la cavalerie. Je pense que ces braves canonniers mériteraient bien d'être montés, au moins en partie. J'ose, sous ce rapport, les recommander à votre sollicitude" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 219).
Le 25, les Divisions quittent Kan-Jounas et se dirigent sur Gaza.
Le Général Kleber écrit le 7 Ventôse an 7 (25 février 1799) au Général en chef Bonaparte : "Il se trouvait, dans ma division, ce matin, Citoyen Général, 2.197 individus, et les 1.500 rations de biscuit que vous nous avez fait envoyer en ont fourni à chacun environ douze onces. Il est rentré depuis un détachement de la 75e de 90 hommes, qui n'ont pu participer à cette distribution". Kleber ajoute qu'il n'a perdu personne dans la marche depuis Katieh; mais il vient d'apprendre que les moyens d'embarcation réunis sur le lac Menzaleh sont, faute de surveillance, absolument désorganisés (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 221).
Les Divisions rencontrent, à deux lieues de Gazza, un corps de cavalerie ennemie qui occupe les hauteurs et qui est dispersé sans grande résistance.
La 75e a en tués les Sergents François Couture et Louis Laloze, les Caporaux Jean Béranger et Louis Langrot, le Tambour Pierre Daburon, les soldats Jean Lavigne, Nicolas Lépan, Jacques Lafasse, Nicolas Petit, Jacques Gauthier, Mathieu Riderot, Pierre Robert, Jean Geusset, Jean Justasse, François Masse, Jacques Genicle, Thomas Costé, Jean Domain.
- Siège de Jaffa.
De Gaza, l'armée se met en route le 28 pour Jaffa. Le 3 mars, l'avant-garde, formée par la Division Kléber, arrive devant cette ville.
A son approche, l'ennemi se rertire dans la place et canonne les éclaireurs. L'assaut est donné le 7 mars et Bonaparte, pour punir la place de l'assassinat du parlementaire envoyé pour sommer Jaffa, livre la ville au pillage pendant trente heures.
- Siège de Saint-Jean-d'Acre.
Après la prise de Jaffa, Bonaparte s'avance sur Saint-Jean-d'Acre et décide de s'emparer de cette place, où s'est retiré Djezzar-Pacha avec une forte garnison, et où il doit bientôt être secouru par l'armée turque réunie en Syrie.
Il investit Saint-Jean-d'Acre le 19 mars; le blocus est établi et dès le 25 les travaux commencent.
Les troupes réclament tous les jours l'assaut, et, emportés par leur ardeur, les Grenadiers s'élancent vers une brèche qui a été faite, lorsqu'ils sont arrêtés par un large fossé, qui ne peut être comblé par les matériaux dont on dispose; il faut donc se résigner à attendre l'équipage de siège. Mais l'Amiral anglais s'est emparé de la flotte qui portait ce matériel; l'armée se trouve réduite à quelques pièces, dépourvue de munitions. Pour s'en procurer, les soldats imaginent le stratagème suivant : ils se présentent sur la plage à découvert; à leur vue, l'Amiral Sidney-Smith fait un feu roulant de toutes ses batteries, et les soldats vont rechercher et rapporter les boulets qui nous servent ensuite à bombarder Saint-Jean-d'Acre. Chaque boulet leur est payé cinq sous.
Le 7 avril, l'ennemi tente une sortie générale, mais il est repoussé de tous côtés et doit rentrer avec précipitation dans la place.
- Affaire de Ledjarra.
Pendant le siège de Saint-Jean-d'Acre, on annonce à Bonaparte l'arrivée de l'armée turque venant pour délivrer la place. Bonaparte laisse devant Saint-Jean-d'Acre les Divisions Reynier et Lannes et se porte à la rencontre de l'ennemi avec la Division Kléber. L'avant-garde de cette Division, sous le commandement de Junot, rencontre le 8 avril l'ennemi à Ledjarra, et, quoique forte à peine de 500 hommes, elle n'hésite pas à l'attaquer, couvre le champ de bataille de morts et de blessés et lui prend cinq drapeaux. Mais, obligée de céder sous le nombre, elle doit se replier sur sa Division.
Le 21 Germinal an 7 (10 avri1 1799), le Général Berthier écrit, devant Acre, au Général Murat : "Je vous envoie, Citoyen Général, pour être à vos ordres, 181 hommes, officiers compris, de la 25e.
Le général en chef ordonne en conséquence que vous fassiez relever les 25 hommes de la 75e qui sont au moulin de Denou et qui rejoindront le général Kleber à Nazareth, passant par Chafa-Amr.
Vous ferez relever également tous les hommes de la 22e qui sont au moulin de Cherdam et vous les ferez partir demain pour rejoindre leur demi-brigade à Haïfa. Le général en chef vous recommande de mettre au moulin de Cherdam 60 hommes de la 4e ou de la 25e. Vous m'informerez de l'exécution du présent ordre, et des 60 hommes au moulin de Cherdam.
Ci-joint deux ordres pour les détachements do la 22e et de la 75e, que vous voudrez bien faire exécuter" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 386).
Kleber écrit de son côté, de Nazareth, le même 21 Germinal (10 avril) à Bonaparte : "Une partie des troupes sous mes ordres, Citoyen Général, sont arrivées la nuit dernière à Nazareth, et je suis resté avec les deux pièces de canon dans la position entre le village ruiné de Bedawi et [celui ?] de Safoureh. Ce qui m'y a déterminé, ce sont les rapports, reçus chemin faisant, que les troupes de Djezzar s'étaient réunies à Cana de Galilée, pour se rendre à Acre par la vallée d'Obellin : or cette position, découvrant sur une très grande plaine, défend parfaitement l'entrée de cette vallée. Cependant, ce matin, une heure après le jour, rien n'ayant confirmé cette nouvelle, je me suis contenté de laisser le général Verdier avec les deux bataillons de la 75e et les deux pièces de canon sur une hauteur en deçà de Safoureh, d'où, pouvant pareillement découvrir tout ce qui voudrait de Tabarieh entrer dans cette vallée ou dans celle de Chafa-Amr, il pourrait se porter rapidement sur le flanc de l'ennemi …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 393).
Presque aussitôt après son arrivée à Nazareth, Kleber écrit également, le même 21 Germinal (10 avril) à Verdier : "Je n'étais pas encore arrivé à Nazareth que les habitants de différents villages sont venus m'annocer que l'ennemi, c'est à dire les soldats de Djezzar venus de Damas, et que le général Junot a combattus le 18, étaient réunis à Cana. Ce bourg est à une lieue et demie de la position que vous occupez, mon cher Général, et de laquelle vous pouvez les observer et les attaquer par le flanc, au cas qu'ils voulussent filer sur Acre, par le chemin·que vous avez pris hier. Il est donc essentiel que vous vous gardiez parfaitement, non seulement sur votre front, mais encore sur vos flancs et vos derrières. Je vous envoie le 2e bataillon de la 75e et tout ce que j'ai pu rassembler de vivres. Safoureh, qui se trouve près de vous, pourra aussi vous procurer quelques ressources; le cheik, en passant, m'a promis qu'il vous enverrait ce qu'il y aurait au village, en payant, s'entend, et vous ne sauriez trop faire entendre raison au soldat sur la nécessité de vivre en bonne intelligence avec les habitants du pays. J'envoie aux nouvelles et j'attends les cartouches et la confection de quelques vivres-pain; dès que je serai un peu en mesure, nous nous mettrons tous en mouvement pour nous réunir à Cana et nous porter de là à Tabarieh. Vous recevrez de mes nouvelles demain matin. J'envoie chercher tous nos équipages au camp. Madame Verdier est chagrine de n'être pas près de vous; je lui conseille de rester ici jusqu'après l'affaire. P. S. -Je vous envoie 25 hommes de cavalerie" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 393).
Le 12 avril 1799 (23 Germinal an 7), Kleber écrit de Nazareth, au Général en chef Bonaparte : "Je me suis porté hier, avec environ 1.500 hommes, sur la route de Tabarieh, en suivant la plaine. L'ennemi occupait une montagne qui semble la terminer, mais qui ne fait que masquer pour un instant une autre plaine qui se prolonge à droite et qu'il faut traverser pour se rendre d'un côté à Tabarieh et de l'autre à Biçan. Cette montagne commande fortement le pays, et les Turcs purent nous découvrir à plus d'une lieue : nous les aperçûmes à pareille distance. Indépendamment de cette hauteur, ils occupaient encore toutes les crêtes des montagnes à notre droite et nous débordèrent considérablement sur notre gauche. La distance où nous les rencontrâmes est à environ 7 lieues d'Acre, en ligne directe, et à 3 lieues de Nazareth, par le chemin que nous avons pris. En tirant une ligne droite de Safed au mont Tabor, on traverse le champ de bataille d'où ce mont et ce fort se découvrent parfaitement. Ce champ de bataille est le même où combattit, dans la journée du 19, avec tant de valeur et de sang-froid, le général Junot.
Ma troupe était partagée en deux carrés : le premier, composé de la 75e demi-brigade, était commandé par le général Verdier; il tenait la gauche et avait pour flanqueurs les trois compagnies de la 25e; le second était formé par la 2e légère et les trois compagnies de la 19e de bataille; il était flanqué par les trois compagnies de carabiniers. Les 100 hommes de cavalerie étaient au centre, c'est-à-dire marchaient entre les deux carrés qui leur servaient d'appui.
A peine étions nous à portée de canon, qu'avec la rapidité de l'éclair, environ 4.000 hommes à cheval et 500 fantassins fondirent sur nous et parvinrent à nous envelopper complètement en moins de la minute.
Nous espérions alors qu'ils engageraient une mêlée et nous comptions bien en tirer avantage. Mais, soit qu'ils ne crurent pas d'abord avoir affaire à si forte partie, soit que celle qu'ils engagèrent l'autre jour leur eût coûté trop cher, aucun mouvement de notre part ne put les déterminer à s'approcher plus prêt qu'à la portée de fusil ou de pistolet. Cependant le feu de la mousqueterie était vif et le carré du général Junot, surtout les flanqueur, en furent très incommodés. Nous en étions déjà aux prises depuis une heure, lorsque, voulant finir, j'ordonnai au carré du général Junot de gagner successivement les hauteurs à notre droite, pour tourner l'ennemi par sa gauche et se mettre entre lui et Tabarieh. Le général Verdier devait couvrir les derrières du général Junot et la cavalerie amuser l'ennemi par des tirailleurs. Mais ce mouvement, à peine aperçu, décida les musulmans à se retirer et à nous abandonner d'abord le champ de bataille; puis à continuer leur retraite les uns vers Genin, les autres sur Kafr el-Sett, d'où, probablement, ils se dirigeront sur Tabarieh. L'ennemi avait quatre petites pièces de canon portées à dos de chameaux très uniformément harnachés.
La valeur et le sang-froid des généraux sous mes ordres vous sont trop connus, Citoyen Général, pour qu'il m'appartienne de vous en parler. Le général Junot a eu son chapeau percé d'une balle et une forte contusion à la tête, la manche de son habit également percée et une forte contusion au bras : le tout, pourtant, sans effusion de sang, il continue son service. Il a eu, indépendamment de cela, deux chevaux blessés et son dromadaire tué dans le carré.
Je ne saurais faire un trop grand éloge de la conduite des officiers et des soldats. L'œil constamment sur l'ennemi et l'oreille au commandement, tout marchait avec un ensemble peut-être trop imposant pour pouvoir espérer quelques trophées de notre victoire.
Nous avons eu 47 blessés et 6 hommes tués. L'ennemi peul avoir perdu trois fois autant; il a eu surtout beaucoup de tués.
Les troupes sont rentrées dans leur position de Safoureh et de Nazareth vers le (sic) minuit ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 396).
Une fois sa Division réinstallée dans les positions de Nazareth et de Safoureh, Kleber règle, par l'instruction suivante (du 23 Germinal - 12 avril), les mesures de surveillance et de défense que les Généraux Verdier et Junot sont chargés d'exécuter : "La brigade du général Verdier occupera la position de Safoureh, qui lui a été indiquée par le général Klébert, avec les deux bataillons de la 75e demi-brigade et les deux pièces d'artillerie; il s'y gardera militairement. Son objet est de surveiller et défendre l'entrée des vallons de Chafa-Amr et d'Obellin, ainsi que la vallée de Kaledieh. A cet effet, il établira les trois compagnies de grenadiers de la 25e demi-brigade et une de la 75e sur la hauteur de Bedawi, de manière à découvrir parfaitement les deux revers de cette montagne. Ce camp détaché communiquera par la pointe du bois avec le camp en avant de Safoureh.
Le général Verdier étalira un poste en haut de la tour de Safoureh ...
Le général Junot demeurera avec sa brigade à Nazareth jusqu'à nouvel ordre ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 397).
Berthier écrit à Murat, ce même 23 Germinal - 12 avril : "Je vous préviens, Citoyen Général, que le général Kleber a laissé le général Verdier avec les 2 bataillons de la 75e et 2 pièces de canon sur une hauteur en deça de Safoureh, d'où il peut découvrir tout ce qui voudrait, de Tabarieh, entrer dans cette vallée ou dans celle de Chafa-Amr. On croit avoir entendu ce matin tirer quelques coups de canon dans cette partie, en sorte que l'ennemi pourrait étre venu par la vallée d'Obellin attaquer le général Verdier. Le général en chef vous ordonne d'envoyer sur-le-champ une patrouille de cavalerie pour avoir des renseignements précis sur les mouvements de l'ennemi et la position du général Verdier, et éclairer les débouchés de ces deux vallées" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 399).
- Bataille du Mont-Thabor
Pour arrêter l'armée turque s'avançant toujours, Bonaparte se décide à lui livrer bataille. Il laisse les Divisions Reynier et Lannes devant Saint-Jean-d'Acre et se porte avec la Division Bon et la cavalerie de Murat au secours de Kléber. Le 16, vers 9 heures du matin, il arrive sur les hauteurs, d'où il découvre Fouleh et Mont-Thabor, et de là il aperçoit, à trois lieues de distance, les 2,000 hommes de Kléber aux prises avec 25,000 cavaliers; il découvre, en outre, le camp des Mameluks, établi aux pieds des monts Naplouze, à deux lieues en arrière du champ de bataille.
Les troupes de Kléber forment deux carrés sur lesquels toute la cavalerie ennemie fond avec impétuosité. Notre infanterie conserve son sang-froid accoutumé; elle repousse les charges par un feu terrible à bout portant. Bientôt les carrés forment autour d'eux un rempart d'hommes et de chevaux derrière lequel ils peuvent résister pendant six heures de suite à la furie des Turcs. Toutes les charges viennent expirer sous la mousqueterie et la mitraille des trois Demi-brigades : 2e, 25e et 75e.
Au bruit du canon, Bonaparte s'est dirigé vers le lieu du combat en formant trois carrés : deux d'infanterie, formés par la Division Bon et un de cavalerie. Son intention est de séparer l'ennemi de son camp en le tournant à grande distance. Arrivé à une demi-lieue du Général Kléber, il fait aussitôt marcher le Général Rampon avec la 32e Demi-brigade pour soutenir et dégager Kléber, et ordonne au Général Vial de se diriger avec la 18e vers la montagne de Noures pour forcer l'ennemi à se jeter dans le Jourdain, tandis que les Guides à pied se portent au pas de course vers Jenin pour lui couper la retraite.
Pendant que ces mouvements s'exécutent, Bonaparte fait tirer un coup de canon. Le Général Kléber, comprenant à ce signal qu'on vient à son secours, attaque et enlève à la baïonnette le village de Fouleh et continue sa marche pour prendre à revers la cavalerie opposée à Rampon.
Le désordre est dans tous les rangs de l'ennemi, qui se voit coupé de son camp, séparé de ses magasins, entouré de tous côtés. Il se décide à chercher un refuge derrière le Mont-Thabor; il gagne, pendant la nuit et dans le plus grand désordre, le pont d'El-Mékanié. Un grand nombre d'hommes se noient dans le Jourdain en essayant de le passer à gué.
La 75e a eu en tués le Capitaine Pierre-Xavier Garilhe, le Lieutenant Nicolas Trémisot, le Sergent Pierre Hontarrède, le Caporal Jean Agean, les soldats Joseph Nébuisse, Simon Jacoyot, Jean Hilaire, Jean Maury, Simon Combe, Jean-Baptiste Mongin, Hubert Guignet, Pierre Demonel. Parmi les blessés, figurent le Capitaine Hugues Lhomme (au cou) et le Sous-lieutenant Pierre Perrier.
Le 1er Floréal an 7 (20 avril 1799), le Général Kleber écrit, depuis le camp du Bazar sous le mont Tahor, au Général en chef Bonaparte : "Je suis parti, Citoyen Général, le 29 au matin pour Tabarieh, où j'ai trouvé le général Murat, qui, le lendemain, s'est mis on marche pour se rendre devant Acre. Il vous aura donné un état approximatif des magasins de subsistances que nous avons trouvés dans la première de ces places.
Ayant acquis partout la confirmation de la retraite précipitée de nos ennemis au delà du Jourdain, j'ai pris, provisoirement et jusqu'à ce que vous en ayez autrement ordonné, les dispositions ci-après.
Le général Junot, avec le gros de sa brigade, demeure campé sous Tabarieh : il fournit 100 hommes à Safed, et 100 autres au pont d'Yakoub; 100 hommes d'infanterie, 25 chevaux et une pièce de 3 au pont de Gesr-el-Magama. Il a ordre de correspondre fréquemment avec ces différents postes, et je lui ai laissé à cet effet la cavalerie nécessaire. Il a, indépendamment de la pièce de 3 ci-dessus, une pièce de 5 à Tabarieh. Toutes les troupes de sa brigade tireront leurs vivres des magasins de cette ville. Je lui ai recommandé d'envoyer des émissaires sur Damas pour en avoir des nouvelles.
Le chef de brigade Venoux, avec les trois compagnies de grenadiers de la 25e, se rend ce matin à Nazareth pour y prendre poste et éclairer la plaine de Genin. Je lui ai donné un piquet de 20 dragons pour la correspondance et la découverte: il y sera renforcé par le détachement de la demi-brigade qui se trouvé actuellement à Safed et par tout ce que vous nous enverrez encore de ce corps.
Les deux bataillons de la 75e et environ 50 chevaux occupent le camp du Bazar, sous le mont Tabor, et forment la réserve du corps intermédiaire; j'y ai établi mon quartier général. On trouve dans ce camp de l'eau et du bois, mais toute la campagne depuis Nazareth jusqu'au Jourdain est déserte, les habitants ayant partout abandonné les villages ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 426).
Le 9 Floréal an 7 (28 avril 1799), Kleber écrit, du camp du Bazar, à Bonaparte : "… J'ai fait remplacer à Tabarieh les troupes du général Junot par les six compagnies du 1er bataillon de la 25e demi-brigade formant 202 hommes. Je ferai éclairer le pont de Magama par des partis. Les trois compagnies de grenadiers de la 25e restent à Nazareth; les deux bataillons de la 75e au mont Tabor" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 486).
Le 8 mai 1799 (19 Floréal an 7), Bonaparte fait écrire, depuis son Quartier général, devant Acre, au Général Kléber : "Le général en chef ordonne, Citoyen Général, que vous fassiez partir, le plus tôt possible, la brigade du général Verdier, c'est-à-dire la 25e et la 75e, pour se rendre au camp devant Acre, où il est nécessaire qu'elle arrive sans perdre un instant, l'intention du général en chef étant de la faire participer à la gloire de la prise d'Acre. Nous sommes depuis hier, à dix heures du soir, maîtres de la tour de brèche ..." (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4120; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 479).
Kleber reçoit, dans la soirée de ce même 8 mai, l'ordre de Berthier qui le rappelle d'urgence devant Acre avec une partie de sa Division ; "Je vous adresse ci-joint, écrit-il alors à Verdier, copie d'un ordre que je viens de recevoir de l'état-major concernant votre brigade, qui doit se rendre devant Acre. Mandez-moi, par le retour de l'exprès que je vous prie de renvoyer sur-le-champ, si vous comptez la suivre. Les deux bataillons de la 75e se mettront en marche, demain matin, à la pointe du jour.
La garnison de Nazareth restera ainsi qu'elle est composée en ce moment" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 489).
- Combat de Cana
Le 9 mai, le Général Kléber part de son camp de Saint-Jean-d'Acre pour se porter au-devant de l'ennemi qui s'avance vers cette ville. Il le rencontre près du village de Cana; sa Division est formée en deux carrés, la 75e Demi-brigade formant celui de gauche.
Après une canonnade et une fusillade qui durent toute la journée sans résultat, les deux troupes regagnent leurs camps.
- Assaut de Saint-Jean-d'Acre.
Après un feu violent des batteries de brèche pendant toute la journée du 9 mai, Bonaparte ordonne de donner assaut dans la journée du lendemain. Les Grenadiers de la 75e et ceux de la 19e se précipitent les premiers sur la brèche ; ils surprennent les postes ennemis et les massacrent, mais leur mouvement en avant est arrêté par de nouveaux retranchements intérieurs qu'ils ne peuvent franchir.
"Les éclaireurs des différentes divisions, écrit Berthier, les grenadiers de la 75e, ceux de la 19e, les carabiniers de la 2e légère montent à la brèche. Ils surprennent les postes de l'ennemi, les égorgent; mais ils sont arrêtés par de nouveaux retranchements intérieurs, qu'il leur est impossible de franchir; ils sont contraints de se retirer.
Le feu des batteries continue toute la journée. A 4 heures du soir, les grenadiers de la 25e demi-brigade arrivent de l'avant-garde : ils sollicitent et obtiennent l'honneur de monter à l'assaut. Ces braves s'élancent; mais l'ennemi avait établi une deuxième et une troisième ligne de défense, qu'on ne pouvait forcer sans de nouvelles dispositions : la retraite est ordonnée. Ces trois assauts coûtent à l'armée environ 200 tués et 500 blessés" (Relation des campagnes, etc., p. 95 - In La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 494).
Dans une lettre à sa mère, en date du 23 Floréal (12 mai), André Peyrusse raconte, concernant l'assaut du 10 mai 1799 : "La division Kleber devait commencer l'attaque; l'adjudant général Fouler avait le commandement de l'avant-garde, il fut tué sur le sommet de la brèche. Ce malheureux événement n'intimida point la 75e; elle se précipita dans la ville au même moment que les divisions Reynier et Bon attaquaient les ennemis qui se trouvaient dehors; mais le manque d'ensemble, peut-être les efforts des ennemis, parvinrent à intimider ceux qui étaient entrés. Ceux qui ne furent point tués furent faits prisonniers ou assassinés, car ils ne sont plus revenus.
Surpris d'un pareil désordre, on fit cesser le feu. Les troupes se reposèrent quelque temps; on fit réunir toutes celles qui étaient disponibles; les grenadiers de la 25e et les carabiniers de la 2e arrivèrent dans cette circonstance et eurent l'ordre de se rendre à la tranchée. L'ardeur et le courage de ces nouvelles troupes firent croire au général en chef qu'il pouvait ordonner un nouvel assaut. Son intention était de monter le premier à la brèche, on a eu beaucoup de peine à le retenir. Les grenadiers n'avaient pas besoin qu'on leur donnât l'exemple, ils se précipitèrent comme des forcenés; mais l'ennemi avait eu le temps de se défendre intérieurement, et nos troupes furent reçues par un feu bien nourri et croisé, qui ne leur permit plus d'avancer. Le chef de brigade de la 25e, Venoux, y périt au milieu de ses plus intrépides grenadiers.
Les chefs des 9e et 75e demi-brigades y furent blessés, et le général de division Bon reçut une balle dans le bas ventre qui fait craindre pour sa vie. Le général Kleber a eu presque tous ses aides de camp blessés et a eu lui-même quelques meurtrissures. Croisier, aide de camp du général en chef, a eu la jambe cassée, et Arrighi, aide de camp du général Berthier, a eu la tête traversée d'une balle.
Ces différentes affaires nous coûtent d'intrépides soldats et d'excellents officiers, presque tous les officiers généraux ont été blessés ou assommés à coups de pierre. Le général de cavalerie Murat a demandé de servir à la tranchée, parce qu'il n'y avait plus d'officiers généraux en état de faire ce service. Son aide de camp Colbert a eu la cuisse traversée d'une balle. Doguereau, aide de camp du général Dommartin, a eu les deux épaules traversées, Le général Verdier a eu son aide de camp tué sur la brèche. Deux adjoints à l'état-major ont été blessés, un a été tué, presque tous les corps d'armée ont perdu un de leurs chefs, presque tous les capitaines ont perdu la moitié de leur compagnie, et les régiments la moitié de leurs officiers; je n'exagère point, et il est constant que la moitié de l'armée a péri" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 496).
Pendant la journée du 13, l'ennemi tente sur plusieurs points des sorties, mais il trouve partout une énergique résistance et se fait ramener dans la place à la baïonnette; il laisse un grand nombre de morts sur le terrain, tandis que les Français ne perdent que 20 tués et 50 blessés. Le 20, l'ennemi tente encore de nouvelles sorties, mais partout il est repoussé.
L'armée turque étant battue et dispersée, et la peste qui a fait tant de ravages à Jaffa sévissant déjà dans Saint-Jean-d'Acre, Bonaparte ordonne la levée du siège de cette place. La tranchée a été ouverte pendant 60 jours.
Desgenettes raconte : "Ce fut pour rassurer les imaginations et le courage ébranlé de l'armée qu'au milieu de l'hôpital, je trempai une lancette dans le pus d'un bubon, appartenant. à un convalescent de la maladie au premier degré et que je me fis une légère piqûre dans l'aine et au voisinage de l'aisselle, sans prendre d'autres précautions que celles de me laver avec de l'eau et du savon qui me furent offerts. J'eus pendant plus de trois semaines deux petits points d'inflammation correspondant aux deux piqûres, et ils étaient encore très sensibles lorsqu'au retour d'Acre je me baignai en présence d'une partie de l'armée dans la baie de Césarée.
Cette expérience incomplète, et sur laquelle je me suis vu obligé de donner quelques détails à cause du bruit qu'elle avait, prouve peu de chose pour l'art; elle n'infirme point la transmission de la contagion démontrée par mille exemples; elle fait seulement voir que les conditions nécessaires pour qu'elle ait lieu ne sont pas bien déterminées. Je crois avoir couru plus de danger avec un but d'utilité moins grand, lorsque, invité par le quartier-maître de la 75e demi-brigade, une heure avant sa mort, à boire dans son verre une portion de son breuvage, je· n'hésitai pas à lui donner cet encouragement. Ce fait, qui se passa devant un grand nombre de témoins, fit notamment reculer d'horreur le citoyen Durand, payeur de la cavalerie, qui se trouvait dans la tente du malade ..." (Histoire médicale, etc., t. I, p. 88 - In La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 505).
Au cours du siège, du 19 mars au 21 mai, la 75e a eu en tués les Sous-lieutenants André Boyer, Christophe Michaud, Armand Hontarède, Jean Dupouy, le Sergent-major Claude Chantemesse, les Sergents André Collot et Joseph Formuler, les Caporaux Léonard Duchène, Jacques Delbès, Louis Coste, Claude Nicolet, Joseph Anatoile, Jean Petit, Grand Druoton, Vincent Tartret, Jean-Baptiste Vigreux, Joseph Gagnier, les soldats François Bourgeois, François Cézard, Claude Charton, Henri Renard, Simon Grosmon, Laurent Gramin, Joseph Dupourquet, Pierre Cassaud, Rémi Benchon, Pierre Roche, Pierre Paquet, Louis Favre, Claude Archer, Joseph Lecoeur, Joseph Filliot, Barthélémy Robert, Joseph Deligozin, Nicolas Albertier, Jean Blain, Claude Blandin, Etienne Félix, Jean-Pierre Ferré, Jean-Louis Olivier, François Bornat, Léonard Bourdary, Blaise Petteleret, François Garin, Edme Verdin, Vincent Arnoult, Jean Prévaut, Louis-Félix Henry, Etienne Foron, François Camut, Joseph Vernet, François Misery, Joseph Portier, Louis Jeansel, Joseph Grangeon, André Faure, Pierre Grosset, Antoine Format, Pierre Chalenton, Jean-Baptiste Deloye, Louis Verrier, Pierre Garnier, Pierre Piollat, Jean Trapus, Jean Guillon, François Romillac, Julien Ronillier, Guillaume Maigron. Ont également été blessés : le Capitaine Portalès (à la machoire), les Lieutenants Antoine Rey (à la cuisse), Antoine Tridon (à la tête), Jean Tessier (à la main), les Sous-lieutenants François Lagache (à l'épaule), Antoine Guinet (à la main gauche), Pierre Nolland (à la main gauche), Claude-Célestin Débanne (à la jambe), Jean Lapeyre, Antoine Bullier, Jacques Regnier (à la tête ), Joseph Monteyremard (à la poitrine), Jean-Baptiste Fransurot (au pied), Charles Clémency (à l'avant-bras).
Dans la nuit du 20 au 21 mai, les Divisions Lannes et Reynier se mettent en marche pour l'Egypte et la Division Kléber, dont fait partie la 75e, forme l'arrière-garde.
Le 18 Prairial an 7 (7 juin 1799), le Général en chef Bonaparte écrit, depuis Katieh, au Général Berthier : "Vous donnerez l'ordre, Citoyen Général, qu'il soit distribué des souliers :
A la 13e demi-brigade 250 paires ...
75e 250 ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 604)
En juin 1799, à son retour de Syrie, la Division Kléber est chargée d'occuper le delta du Nil. Les 1er et 2e Bataillons de la 75e Demi-brigade (Chef de Brigade Maugras) sont envoyés à Damiette, le 3e Bataillon à Alexandrie.
Le 21 juin 1799 (3 Messidor an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Berthier, Chef de l'État-major général de l'Armée d'Orient : "Vous ferez réunir, citoyen général, les hommes de la 4e infanterie légère des bataillons qui sont à Alexandrie et El-Rahmânieh, de la 61e et de la 75e [de ligne], et de les tenir prêts à partir demain avec le contre-amiral Ganteaume" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4416).
Le 26 juin 1799 (8 Messidor an 7), Bonaparteécrit, depuis son Quartier général, au Caire,au Général Songis, commandant par intérim l'artillerie de l'Armée d'Orient : "Il va partir incessamment, citoyen général, 2 pièces de 12 et 2 de 20 en fer pour l'armement des avisos Le Sans-Quartier et L'Étoile. J'ai également donné ordre au directeur du parc de vous envoyer un affût d'obusier de 6 pouces ; vous pourrez vous en servir pour monter l'obusier qui était arrivé à Om-Fareg lorsque j'y suis passé. Le général Dommartin qui doit être arrivé d'Alexandrie va vous faire passer, sans doute, les objets que vous avez demandés. Vous verrez, par mon ordre du jour, que chaque bataillon doit avoir une pièce de 3. J'ai envoyé dans le temps 6 pièces de 3 Vénitiennes 2 pour mettre sur les différentes barques du lac Menzaleh ; faites-les retirer; faites faire des affûts légers. Elles serviront aux trois bataillons des 75e et 25e demi-brigade (de ligne]" (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4473).
Le 9 juillet 1799 (21 Messidor an 7), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Marmont, à Alexandrie : "… je donne des ordres pour qu'on relève le bataillon de la 85e; ainsi je désire que vous l'envoyiez à EI-Rahmânyeh, et celui de la 61e à Rosette; celui de la 75e se rendra incessamment, en droite ligne, à Damiette, lorsqu'il sera relevé" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4262 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4573).
Le 15 juillet 1799 (27 Messidor an 7) Kléber écrit, depuis Damiette, au Général Bonaparte : "J'envoie de suite au chef de brigade Maugras l'ordre de se porter à Rosette avec le 2e bataillon de la 75e ; il se trouve dans les environs de la Mansoura ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.7).
Le 18 juillet 1799 (30 Messidor an 7), Kléber écrit, depuis Damiette, au Général Bonaparte : "… Le chef de brigade Maugras vient d'arriver avec le deuxième bataillon de la 75e ; il est d'environ 350 hommes …" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.7).
Le même jour (18 juillet 1799 - 30 Messidor an 7), Jullien écrit, depuis Rosette, au Général Bonaparte : "… Le général Kléber m'annonce le deuxième bataillon de la 75e …" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.7).
Le 20 juillet 1799 (2 Thermidor an 7), Jullien écrit, depuit Rosette, au Général Bonaparte : "… Le bataillon de la 75e, qui devait arriver aujourd'hui ici, a reçu contrordre en route, et retourne à Damiette ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.7).
- Bataille d'Aboukir
Une armée turque de 18,000 janissaires a débarqué dans la rade d'Aboukir. Son artillerie est nombreuse et bien servie et placée sous la direction d'Officiers anglais.
Dès que Bonaparte apprend le débarquement de cette armée, il quitte le Caire et dirige sur Alexandrie les Divisions Lannes, Bon et Murat. Ces troupes doivent y être concentrées le 24 juillet.
Il donne en même temps l'ordre à la Division Kléber de venir le rejoindre.
Le 24 juillet 1799 (6 Thermidor an 7), Bonaparte fait écrire, depuis son Quartier général, à Alexandrie, au Général Marmont : "Le général en chef ordonne au général Marmont de faire partir aujourd'hui à midi le bataillon de la 61e demi-brigade et un de la 75e, avec des vivres pour cinq jours et 60 cartouches par homme, pour se rendre au puits entre Aboukir et Alexandrie, où ils seront aux ordres du général Destaing …" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4308).
Le même 24 juillet 1799 (6 Thermidor an 7), Kléber écrit, depuis Birket Ghaitas, au Général Bonaparte : "Je vous ai mandé hier dans l'après-midi que je réunissais ma division à Rahmanieh dans la nuit, pour vous joindre à Birket, où je suis arrivé ce soir à huit heures avec un bataillon de la 2e et un de la 75e, tous deux très-fatigués. La 25e, qui était à Foua, n'a passé le Nil devant Rahmanieh que ce matin à six heures, lorsque de ma personne j'en partais. Ce bataillon ne pourra être ici que demain matin. Je partirai dès que la lune sera levée avec les deux premiers, et je ferai la plus grande diligence pour arriver au point que vous m'indiquez, mais que je ne connais pas ; je profiterai de la personne que vous m'enverrez à Beda pour m'y guider. Ce qui a retardé mon départ de Rahmanieh, est un timon cassé à ma pièce de 8 ; et ce qui a rendu ma marche lourde et fatigante, est un convoi de 50 chameaux chargés de vivres ; je le laisse ici pour être escorté par le bataillon de la 25e. Le détachemement que j'ai envoyé au général Menou, avant d'avoir reçu l'ordre du général Berthier, peut être de 240 hommes du deuxième bataillon de la 25e …" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.7).
Le 25, les troupes déjà réunies se mettent en mouvement; le 3e Bataillon de la 75e, que nous avons laissé à Alexandrie, fait partie de l'avant-garde, placée sous les ordres du Général Murat.
Mustapha-Pacha, qui commande l'armée turque, a établi deux fortes lignes de retranchements pour couvrir son camp ; ces retranchements s'appuient d'un côté à la mer, de l'autre au lac Madieh. La 1re ligne est défendue par 7.000 hommes ; la 2e ligne, non moins forte, passe au village même d'Aboukir, défendu par une forte redoute.
Lorsque l'avant-garde vient se heurter contre ces retranchements, le 3e bataillon de la 75e, soutenu par des Hussards et des Chasseurs à cheval, est dirigé le long de la mer pour déborder les postes avancés de la droite ennemie et leur couper la retraite.
Pendant ce temps, la 1re ligne de retranchements est enlevée et l'attaque sur la 2e ligne est poussée par la 18e et la 32e Demi-brigades, sous les ordres du Général Leturcq; mais, l'ennemi portant de ce côté des forces considérables, le Général Kléber, qui arrive à ce moment sur le champ de bataille, envoie le 1er Bataillon de la 75e au secours de la 18e, qui est parvenue au fossé des retranchements. Le Général Leturcq est tué ; nos troupes vont être alors dans la nécessité de reculer devant le nombre lorsque le Général Lannes, à la tête d'un Bataillon des 22e et 69e, attaque l'ennemi par sa gauche, pendant que le 2e Bataillon de la 75e, qui a été dirigé du même côté, saute dans le fossé de la redoute et en gravit le parapet.
La déroute des Turcs devient alors générale : ils fuient de toutes parts, et ceux qui ne sont pas frappés par nos baïonnettes sont jetés à la mer. Mustapha-Pacha est fait prisonnier par le Général Murat en personne.
Plus de 12,000 cadavres turcs couvrent la mer d'Aboukir. Pour la première fois dans l'histoire de la guerre, dit Thiers, l'armée ennemie est détruite tout entière.
Les Français ont eu 150 hommes tués et 750 blessés.
La 75e Demi-brigade a eu une part glorieuse dans cette victoire. Elle a en tués les Sous-lieutenants Baptiste Leblond et Simonin Gosset, le Sergent Qurin Claudon, le Fourrier Louis-Pierre Piche, le Caporal Claude Gautrait, les soldats Joseph-Louis Bloux, Etienne Miconnet, Louis Fayette, Jean Chapoin, Jean Renaud, Joseph Ferney, Nicolas Vienney, Jean-Baptiste Guiton-Surel, Claude Rémy, Etienne Coldellet, Claude Banjet, François Pontus, Laurent Auboeufx. Sont blessés le Lieutenant Gabriel Robert (au genou), les Sous-lieutenants Claude Chatelain, Claude-Pierre Caussin (au pied), Charles-Joseph Roubier (à l'épaule), Jean-Baptiste Granghon (au bras), Edme Maurice (à la cuisse droite), le Porte-drapeau Joseph Guichard.
Le 1er août 1799 (14 Thermidor an 7), le Général Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Alexandrie, au Général Berthier, Chef de l'État-major général de l'Armée d'Orient : "... Le bataillon de la 75e, celui de la 85e et de la 25e [toutes de ligne], rejoindrons leurs divisions ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4662).
Le 10 août 1799 (24 Thermidor an 7), le Général Dugua écrit, depuis Le Caire, au Général Bonaparte : "... Le général Kléber a demandé quatre cents fusils pour sa division : il y a eu un officier de la 75e envoyé pour chercher ceux nécessaires à ce corps. Je vous propose, général, de faire passer à cette division le nombre de fusils que pourra lui fournir l’arsenal de Girgeh, qui ne s'élève pas à coup sûr à la quantité demandée par le général Kléber ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.7).
Le 17 août 1799 (30 Thermidor an 7), au Caire, est diffusé un Ordre du jour à l'Armée, qui établit un "État nominatif des officiers généraux et officiers supérieurs des différens corps, morts à l'armée d'Egypte.
… Officiers supérieurs de l'infanterie.
… Moreau, chef de bataillon de la 75e demi-brigade, tué à la bataille d'Aboukir le 7 thermidor an 7 ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte).
La situation de l'Armée d'Egypte étant devenue tout à fait rassurante, Bonaparte rentre secrètement en France, laissant le commandement des troupes au Général Kléber (22 août 1799).
- Commandement de Kléber
Dès le départ de Bonaparte, Kléber prend le commandement en chef de l'Armée d'Egypte et s'installe au Caire. Sa Sivision l'a suivi et le Général Friant en a pris le commandement.
En novembre 1799, Kléber signe, avec les commandants des armées turque et anglaise, la convention d'El-Arich, qui stipule l'évacuation de l'Egypte par les forces françaises. Le cabinet anglais, croyant notre armée perdue, ne veut pas ratifier cette convention et exige qu'elle se déclare prisonnière de guerre.
Tambour de Grenadiers de la 75e Demi-brigade en Egypte, 1800 (communication de G. Centanni) |
L'Ordre du jour du 8 mars 1800 (17 ventôse an 8), signé par le Général de Division, Chef de l'Etat-major général, Damas, annonce : "Le général en chef ayant exigé justice de l'assassinat de deux grenadiers de la 75e demi-brigade, tués par des soldats échappés de l'armée du grand-vizir, dans la journée du 12 ventôse, en faisant patrouille dans le Caire, cinq des osmanlis coupables de ce crime, qui ont été arrêtés, viennent d'être étranglés aujourd'hui par ordre du pâchâ, et leurs corps exposés sur la place Ezbékyéh ; cinq autres ont eu la tête tranchée" (Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient).
Kléber, indigné par le non respect de la Convention d'El-Arich, met à l'ordre de l'armée les conditions stipulées par le cabinet anglais, en y ajoutant ces seuls mots : "Soldats, on ne répond à de telles insolences que par des victoires : préparez-vous à combattre !".
La campagne est reprise, mais la convention d'El-Arich, qui a reçu en partie son exécution, nous a dépossédés de presque tous les points fortifiés de l'Egypte. Kléber rassemble ses troupes et vient établir son camp devant le Caire.
- Bataille d'Héliopolis.
Le Grand Vizir s'avance sur le Caire avec une armée de 80,000 hommes. Kléber se porte au-devant de lui et le rencontre, le 20 mars, à Héliopolis. La Division Friant, composée des 21e Demi-brigade légère, 61e, 75e et 88e Demi-brigades, forme deux carrés, la 75e et la 61e composant celui de gauche.
La Division Reynier, se plaçant à gauche de Friant, se forme également en carrés. Aux angles de chaque carré se trouvent les Grenadiers prêts à se former en colonne d'attaque; la cavalerie est placée au centre des Divisions, l'artillerie dans les angles morts.
A 3 heures du matin, la Division Reynier s'ébranle, vient attaquer El-Matarieh et continua sa marche sur Héliopolis.
Pendant ce temps, le gros de l'armée turque vient assaillir la Division Friant; les troupes laissent approcher les assaillants à une demi-portée de mitraille et le seul tir de l'artillerie force les Turcs à prendre la fuite.
La Division Friant a reçu l'ordre de ne tirer qu'à bout portant; aussi elle voit arriver avec calme et sang-froid l'attaque ennemie et n'a pas à brûler une seule amorce.
L'armée française continue à s'avancer, et devant ce mouvement offensif, la cavalerie turque s'enfuit précipitamment.
Les troupes françaises viennent camper à El-Kangah et passent la nuit sous les tentes de l'ennemi.
"… Au milieu de la nuit suivante je me rendis, accompagné des guides de l’armée, et de mon état-major, dans la plaine de la Coubé, où se trouvait déjà une partie des troupes ; les autres arrivèrent successivement et se rangèrent en bataille.
… La ligne de bataille était composée de quatre carrés ; ceux de droite obéissaient au général Friant, ceux de gauche au général Régnier. L'artillerie légère occupait les intervalles d'un carré à l'autre, et la cavalerie en colonne, dans l'intervalle du centre, était commandée par le général Leclerc : ses pièces marchaient sur ses flancs, et étaient soutenues par deux divisions du régiment des dromadaires.
Derrière la gauche, en seconde ligne, était un petit carré de deux bataillons : l'artillerie de réserve, placée au centre, était couverte par quelques compagnies de grenadiers, et les sapeurs armés de fusils ; d'autres pièces marchaient sur les deux côtés du rectangle, soutenues et flanquées par des tirailleurs ; enfin des compagnies de grenadiers doublaient les angles de chaque carré, et pouvaient être employées pour l'attaque des postes. La première brigade de la division Friant était commandée par le général Belliart, et formée de la 21e légère et de la 88e de bataille ; les 61e et 75e de bataille formaient la deuxième brigade aux ordres du général Donzelot ...
… Vers les trois heures du matin, j'ordonnai que l'armée se mit en marche. L'aile droite arriva au point du jour près la mosquée Sibelli Hallem … les deux carrés de gauche arrivèrent devant le village de Matariéh, s'y arrêtèrent hors de portée de canon et donnèrent le temps à la division de la droite de venir se placer entre Héliopolis, et le village d'el-Marek, afin de s'opposer à la retraite des troupes ennemies et à l'arrivée des renforts que l'ennemi pouvoir envoyer.
Tandis que ce mouvement s'exécutait, je distinguais un corps de cavalerie et d'infanterie turque, uni à une forte troupe de Mamloùks, qui, après avoir fait un grand détour dans les terres cultivées, se dirigeaient vers le Caire : les guides eurent ordre de les charger; ceux-ci acceptèrent la charge·; et, renforcés successivement par de nouvelles troupes, ils enveloppèrent les nôtres : l'issue de cette mêlée nous eût été funeste, si le 22e régiment de chasseurs, et le 14e régiment de dragons ne se fussent portés aussitôt pour soutenir 1'action : après un combat long et opiniâtre, l'ennemi prit la fuite …
Le général Régnier commença l’attaque de Matariéh ; des compagnies de grenadiers, mises en réserve pour cet objet, reçurent l'ordre d'emporter les retranchements, et l'exécutèrent avec une bravoure digne des plus grands éloges. Tandis qu'ils s'avançaient au pas-de-charge, malgré le feu de l'artillerie ennemie, on vit les janissaires sortir de leurs retranchements, et courir, l'arme blanche à la main, sur la colonne de gauche; mais ils n'y rentrèrent plus : arrêtés de front par le feu vif et soutenu de cette colonne, une grande partie tombe sur la place ; le reste, pris en flanc par la colonne de droite, et bientôt attaqué de toute part, périt sous la baïonnette : les fossés, comblés de morts et de blessés, n’empêchent plus de franchir les retranchements; drapeaux, pièces d'artillerie, queues de pâchâs, effets de campement, tout reste en notre pouvoir; une partie de leur infanterie se jette dans les maisons à dessein de s'y défendre ; on ne leur laisse pas le temps de s'y établir, ils y sont tous égorgés, livrés aux flammes ; d’autres, essayant de sortir du village de Matariéh, tombent sous le feu de la division Friant ; le reste est tué ou dispersé par une charge de cavalerie.
… L'armée avait éprouvé de grandes fatigues dans cette journée ; elle prit quelque repos …" (RAPPORT fait au Gouvernement français par le général Kléber sur les événements qui se sont passés en Egypte depuis la conclusion d'êl-A'rych jusqu’à la fin de prairial an 8 (note : 19 juin 1800) - Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient.)
En souvenir de la journée du 20 mars 1800, le drapeau remis au 75e Régiment d'infanterie, sous le second empire, portait inscrit dans ses plis le nom d'Héliopolis.
Le 21, les Divisions continuent la poursuite de l'ennemi sur Belbeys; la Division Reynier forme l'avant-garde. Pendant cette marche, Kléber ayant appris que les Turcs ont le projet de faire insurger les grandes villes de l'Egypte, le Caire en particulier, détache immédiatement cinq Bataillons de la Division Friant, dont deux de la 75e Demi-brigade, sous les ordres du Général Douzelot, pour appuyer les quatre Bataillons déjà partis la veille pour le Caire.
Le 23, la Division Reynier marche sur Karaïm ; le reste de la Division Friant (la Brigade Belliard, le 3e Bataillon de la 75e et les Grenadiers) accourt au bruit du canon. L'entrée en ligne de cette Division décide de la retraite de l'ennemi.
"… L'armée avait éprouvé de grandes fatigues dans cette journée ; elle prit quelque repos … aussitôt après que j’eus donné les ordres pour le départ du lendemain, le silence de la nuit me permit d’entendre le canon qui se tirait au Caire. J’avais laissé dans cette ville la 32e de bataille et des détachements de différents corps, ce qui formait deux mille hommes environ ; prévoyant qu'une émeute générale menaçait ces troupes, j'avais ordonné qu'elles se retirassent dans les forts ; et le général Verdier, à qui j'en avais laissé le commandement, avait pris pour instruction de se borner à maintenir les communications entre la ferme d'Ibrâhim-bey, la citadelle, et le fort Camin … je crus nécessaire d’envoyer du renfort, et le général Lagrange reçut ordre à êl-Hanka de s’y porter avec quatre bataillons, deux de la 25e, un de la 64e, et un de la 75e. Il partit vers minuit …
Pendant que cela se passait, la cavalerie du général Leclerc battait l'estrade sur la route de Salêhié, et dans l'intérieur des terres, afin de reconnaitre s'il ne s'y était point jeté quelques partis. Le 17e régiment de hussards ramena, le premier au matin, quarante-cinq chameaux avec leurs conducteurs … Jugeant donc que l'armée ottomane était considérablement diminuée, tant par la perte essuyée dans la bataille que par la séparation des troupes qui occupaient le Caire, j'ordonnai au général Friant de marcher sur cette ville avec le général Donzelot, et cinq bataillons, dont deux de la 61e, deux de la 75e, un de la 25e, quelques pièces de l'artillerie légère, et un détachement de cavalerie ..." (RAPPORT fait au Gouvernement français par le général Kléber sur les événements qui se sont passés en Egypte depuis la conclusion d'êl-A'rych jusqu’à la fin de prairial an 8 (note : 19 juin 1800) - Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient.)
Le 24, les Divisions se dirigent sur Salihieh, quand elles apprennent la fuite du Grand Vizir; mais les nouvelles du Caire étant peu rassurantes, le Général en chef part avec la cavalerie, l'artillerie, le 3e Bataillon et les Grenadiers de la 75e et la 88e Demi-brigade et arrive au Caire le 26 mars.
- Siège du Caire.
Pendant la bataille d'Héliopolis, la révolte a éclaté à Boulak et a gagné le Caire. Nassif-Pacha, qui vietn d'occuper cette dernière ville, croyant à une fausse nouvelle de la défaite des Français, fait massacrer le quartier européen.
Le 24 mars, les insurgés s'avancent vers le quartier cophte et cherchent a couper les communications des troupes du Général Lagrange, mais arrive, à ce moment, le Général Friant avec ses cinq Bataillons : il repousse les Osmanlis de tous les points dont ils viennent de s'emparer. Le Chef de Brigade Maugras, chef de la 75e, est blessé dans cette journée.
"… Le principal but de Nasif pâchâ était d'emporter le quartier général, mais il ne put réussir; 200 Français soutinrent pendant deux jours ce siège extraordinaire … lorsqu'on aperçut la colonne du général Lagrange qui arrivait d'Elhanka … Le général Friant arriva sur ces entrefaites avec cinq bataillons … Les chefs de brigade Maugras, de la 75e, et Conroux, de la 61e, furent blessés dans une des premières attaques de ces retranchements : ce dernier officier, qui mourut de sa blessure, était de la plus grande espérance ..." (RAPPORT fait au Gouvernement français par le général Kléber sur les événements qui se sont passés en Egypte depuis la conclusion d'êl-A'rych jusqu’à la fin de prairial an 8 (note : 19 juin 1800) - Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient).
Kléber doit faire le siège du Caire; la défense est énergique : toutes les rues sont barricadées et vigoreusement défendues.
"… le siège du caire se continuait avec activité. La nuit du 13 au 14 (Germinal - 3 au 4 avril), un détachement de la division du général Friant, formé d'une compagnie de carabiniers de la 4e légère, d'une compagnie de la 6e, d'une compagnie de grenadiers, et d'une de fusiliers de la 75e, commandée par l'adjudant-général Almeras, attaqua le quartier cophte, situé au nord de la ville …" (RAPPORT fait au Gouvernement français par le général Kléber sur les événements qui se sont passés en Egypte depuis la conclusion d'êl-A'rych jusqu’à la fin de prairial an 8 (note : 19 juin 1800) - Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient).
Le 4 avril, deux Bataillons de la 75e sont chargés d'une première attaque, ayant pour but de dégager la place Esbekieh. Ces troupes pénètrent dans les rues et font sauter quelques maisons pendant que la citadelle jette des projectiles dans la ville. Cette attaque réussit et nous rend maîtres des têtes des rues qui aboutissent sur la place Esbekieh; elle coûte, à la Demi-brigade, 2 Officiers et 15 hommes blessés.
Le 6 avril, Kléber dirige la Division Friant sur Boulak, qui est cerné; la 75e Demi-brigade est placée à droite et à gauche du pont; le lendemain, elle se retire sur le camp du centre, où elle reste jusqu'au 10, jour où elle prend la garde de tranchée; deux de nos hommes y sont blessés,
Le 15 avril, la Division Friant attaque le faubourg de Boulak. Favorisés par le feu des pièces, les soldats s'élancent à l'assaut, mais trouvent une vive résistance de la part des habitants et des Turcs. Chaque rue, chaque maison devient le théâtre d'un combat acharné; le feu se propage de maison en maison. Enfin, Kléber, cédant aux instances des chefs de la population, fait cesser le combat, qui s'est transformé en un épouvantable carnage.
Profitant de son avantage, Kléber décide que l'attaque générale aura lieu le 18. A la tombée de la nuit, l'explosion d'une maison donne le signal du commencement du combat.
La Division Reynier marche sur les portes nord-est, tandis que Verdier continue le bombardement. La Division Friant forme quatre attaques; la 75e Demi-brigade, sous les ordres de Donzelot, se jette sur le quartier des tanneries et arrive par la rue des fours à chaux, trouve cette rue coupée d'un fossé large et profond et les maisons de chaque côté de la coupure occupées par l'ennemi, qui le reçoit par une vive fusillade. Ne pouvant forcer cet obstacle, le Général Donzelot prend position dans la rue, qu'il fait barricader et sur les dunes derrière les fours à chaux. Partout le combat est acharné; la nuit sépare les combattants.
"... Une fois maître de Boulac, et voulant presser continuellement l'ennemi, le général en chef fit préparer pour le lendemain l'attaque générale du Caire ; elle ne put cependant avoir lieu que le vingt-huit ...
… la division du général Friant formait la droite et le centre ; le général Donzelot dirigeait l'attaque de droite où Se tenait le général Friant ; elle était composée de détachements des 61e, 75e, et 88e demi-brigades ..."
Le lendemain 19, la Division Friant essaie vainement de s'emparer de la mosquée. Le 20, les attaques de la 75e sur les tanneries continuent. Le 22, la ville capitule. Les Turcs se retirent en Syrie, et la 75e Demi-brigade entre dans la place.
Entre le 26 mars et le 22 avril 1800, la 75e a eu en tué le Lieutenant Jean Robert, les Sous-lieutenants François Leclerc, Sébastien Rocher, Vincent Ozième, Guillaume Chapon, les Sergents Claude Ador, Théodore Bernard, les Caporaux Claude Vincent, Raimond Laporte, André Dumoulin, les soldats Pierre Genon, Joseph Chapotot, Edme Michel, Joseph Deschamp, Michel Chanqueminal, Robert Auttemer, Jean Dubois, Joseph Arel, Pierre Denoux, Joseph Laudy, Louis Lacamesure, Blaise Lafontaine, Martial Jarrige, Joseph Perrin, Nicolas Lainé, Pierre Laye, Joseph Mandard, Louis Franquet, Claude Lacossois, Pierre Tessonnière, Pierre Martin, Pierre Griffon, Antoine Vincent, Urbain Michelet, Joseph Segny, Claude Benoit, Mathurin Lefèvre, Pierre Lanny, Louis Laborde, François Mollière, Nicolas Burot, Thomas Bertrand, Joseph Roger, Nicolas-André, Louis Barbier, Joseph Gathelot, Jacques Pantain, Laurent Diars, Joseph Vidal, André Cartillier, François Bonnaire, François Chevrot, Pierre Forgeau, Joseph Geoffroy, Georges Sprit, François Lagagne, Pierre Charau, François Cora, Pierre Denouel, Joseph Bloie, Pierre Roux. Parmi les blessés, figurent le Chef de Brigade Antoine Maugras, et le Sous-lieutenant Margerit (à la cuisse).
Pendant l'été 1800, les troupes de l'armée d'Egypte sont employées à des fravaux de fortification.
Le Général Kléber est assassiné le 14 juin par un Musulman fanatique, du nom de Suleïman, et remplacé dans son commandement par le Général Menou.
- Commandement du Général Menou
Maugras devient Général de Brigade le 23 Septembre 1800 (1er Vendémiaire an IX). Il a été remplacé la veille, selon l'Historique régimentaire, par le Chef de Brigade Lhuillier.
Dès le mois de février 1801, les Anglais et les Turcs, renforcés de 6,000 Albanais et de 6,000 Cipayes, et présentant un total de 60,000 hommes, se disposent à attaquer l'armée française, qui n'a à leur opposer qu'un effectif de 18,000 hommes.
Le Général Friant, qui commande à Alexandrie, envoie un Bataillon de la 75e à Edkou, et se porte avec tout le reste de ses forces, parmi lesquelles se trouvent les deux autres Bataillons de la 75e, à Aboukir, point probable du débarquement des troupes que porte la flotte anglaise.
- Débarquement des Anglais dans la rade d'Aboukir (8 mars 1801)
Le 8 mars au matin, 320 chaloupes, emportant 5,000 hommes d'élite de l'armée anglaise, gagnent les côtes sous la protection des canonnières.
La garnison d'Aboukir, forte de 1,500 hommes, doit s'opposer au débarquement. Les Grenadiers de la 75e et deux pièces d'artillerie occupent la hauteur de Madieh. Les deux Bataillons de la Demi-brigade sont formés en colonne, à gauche de cette même hauteur. A 8 heures du matin, les Anglais débarquent sous le feu de notre artillerie; ils gravissent déjà à droite les hauteurs s'appuyant à la mer, lorsque la 61e les charge baïonnette baissée, les pousse avec vigueur, les accule à leurs chaloupes et y entre avec eux. Les Grenadiers de cette Demi-brigade s'emparent même de douze embarcations.
En même temps, les Anglais se sont rendus maîtres des escarpements, où ils s'établissent solidement et en nombre; les deux Bataillons de la 75e essaient de les reprendre, mais dans leur mouvement ils sont exposés aux feux des canonnières, qui leur tuent 32 hommes et en blessent 20.
La 75e, pour pomsuivre l'attaque, se déploie sous le feu de l'infanterie anglaise en position. Au même moment, une troupe de 1,200 hommes d'élite, composée de Suisses et d'Irlandais, déborde sa gauche. Devant le nombre et la force des positions, la 75e est dans la nécessité de se retirer.
Dans ce combat, les Anglais ont 1,100 morts ou blessés, et, de notre côté, nos pertes s'élèvent à 400 hommes. A la 72e, sont tués les Capitaines Simon Moreau et Alexandre-Durand Lacoste, le Caporal Jacques Rieux, les soldats Nicolas Vienney, Pierre Cardelet, Nicolas Collassot, François Foulot, Jacques Brouttier, Jacques Guignard, Antoine Ferlet, Joseph Minot, Joseph Pouvreaux, Philippe Gibaux, Pierre Gauthier, Louis Diot, Louis Gaillard, Jacques Rogeant, Jacques Garnier, Honoré Colle, François Michollet, Jean-Baptiste Biget, Etienne-François Richard, Jacques Sauvion, Joseph Genry, Louis Beuroy, François Mars, Nicolas Baillon, Joseph Escofier, Joseph Gaudran, Pierre Jacquelot, Clément Contave, Joseph Roby, François Corriger, Joseph Delose, Joseph Larson, Etienne Jourdan. Ont été blessés les Capitaines Pierre Emery (à la cuisse), Augustin Darrigau, Charles-Joseph Rouhier, les Lieutenants Pierre Cassand, Antoine Rey (à la tête), le Sous-lieutenant Pierre Péant (au bras gauche), les Sous-lieutenants Jean-Claude Mallard (au bras gauche), Joseph Monteyremard (à la jambe gauche), Thomas Potel.
Le Général Friant se retire alors sous les murs d'Alexandrie et rappelle le Bataillon de la 75e qui est à Edkou.
Le débarquement des Anglais n'ayant pas été empêché, ceux-ci s'avancent jusque devant Alexandrie, où les Généraux Friant et Lanusse leur livrent bataille. La 75e Demi-brigade prend part au combat (13 mars 1801). Elle assiste aussi à la bataille de Canope (21 mars), où elle subit héroïquement, pendant plusieurs heures, un feu meurtrier auquel elle ne peut répondre.
Les Anglais investissent Alexandrie; l'armée française, décimée par la peste et le scorbut, ne peut tenir bien longtemps, et le 1er septembre 1801, la capitulation est signée : l'armée française doit se rendre en France avec armes et bagages.
La garnison française d'Alexandrie s'embarque le 20 septembre 1801.
Pendant la campagne d'Egypte, nous trouvons cités à l'ordre de l'armée : Emery, Capitaine; Pathon, Sergent; Richard, Sergent; Latreille, Sergent; Bouvier dit Bellerose, Sergent; Castagnet, Grenadier; Dumoulin, soldat, qui tous reçoivent des sabres ou fusils d'honneur pour leur intrépidité et leur courage.
/ Campagne de 1800
- Formation du Bataillon supplémentaire de la 75e Demi-brigade
Un Arrêté du 19 décembre 1799 prescrit de former dans chacun des Dépôts de l'Armée d'Egypte un Bataillon supplémentaire de 12 Compagnies qui, en fin janvier, doit être porté à 1.000 hommes, au moyen de conscrits appelés à Lyon.
Le 14 février 1800 (25 pluviôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Vous donnerez au général de division Chabran l'ordre de se rendre sur-le-champ à Chalon-sur-Saône,pour prendre le commandement des quatorze bataillons de dépôt de l'armée d'Orient. Le général Chabran les passera en revue et veillera à leur équipement, armement, habillement et recrutement. Ces bataillons resteront cantonnés à Mâcon, Châlon, Seurre et Saint-Jean-de-Losne. Ils seront exercés deux fois par jour à la manoeuvre. La division commandée par le général Chabran portera le nom de 1re division de l'armée de réserve. Il sera attaché à cette division trois pièces de 8 et un obusier de 6 pouces, servis par l'artillerie légère, deux pièces de 12, quatre de 8 et deux obusiers, servis par l'artillerie à pied. Le général Chabran aura sous ses ordres deux généraux de brigade et un adjudant général. Son quartier général sera à Chalon-sur-Saône. Il ne recevra directement des ordres que du ministre de la guerre. … Le chef de brigade Taupin, qui est à Toulon, recevra de vous l'ordre de se rendre à Chalon-sur-Saône, pour y prendre le commandement des bataillons des 18e, 32e et 75e demi-brigades ..." (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4594; Correspondance générale, t.3, lettre 4983De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 50).
ARMÉE DE RÉSERVE. – 1re Division. Tableau de la force et de l'emplacement de ladite Division
au 30 Ventôse an 8 de la République française une et indivisible.
Général commandant la Division : CHABRAN, Général divisionnaire.
Aides de camp : TESTE et BERGER, Chefs de Bataillon.
Quartier général :
Adjudant général, Chef de l'Etat-major provisoire : PRÉVOST, Général de Brigade.
Adjoints aux Adjudants généraux : QUESNEL et COLIN, Lieutenants.
DÉNOMINATION DES CORPS |
OFFICIERS | PRÉSENTS sous les armes: sous-officiers et soldats. | COMBATTANTS. | COMPRIS dans l’effectif. | TOTAL DE L’EFFECTIF, officiers compris. | CHEVAUX d’officiers. | EMPLACEMENT des corps. | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
présents. | absents. | aux hôpitaux. | en congé ou détachés. | |||||||
Bataillon complé- mentaire |
de la 9e de ligne | 38 | 4 | 466 | 436 | 25 | » | 533 | 9 | à Givry. |
de la 13e de ligne | 60 | 6 | 634 | 610 | 24 | 63 | 787 | 15 | à Mâcon. | |
de la 69e de ligne | 45 | 6 | 528 | 579 | 110 | 29 | 719 | 7 | à Chalon. | |
de la 75e de ligne. | 42 | 4 | 724 | 669 | 25 | 30 | 770 | » | à Sennecv. | |
de la 21e légère. | » | » | » | 600 (1) | » | » | » | » | à Cluny. | |
12e compagnie du 5e d'artillerie à pied | 2 | 2 | 41 | 40 | 9 | 21 | 85 | 4 | à Bourg-Neuf. | |
Détachement d'artillerie, Ecole de Grenoble | » | » | 16 | 16 | » | » | 16 | » | à Bourg-Neuf. | |
TOTAUX. | 187 | 22 | 2,409 | 2,950 | 193 | 143 | 2,910 | 35 | ||
(1) Malgré les demandes réitérées faites au commandant de la 21e légère, il n'a pas été possible d'obtenir la situation du corps qu'il commande. |
Les Généraux de Brigade, Adjudants généraux et Chefs de Brigade qui sont annoncés n'ont point encore paru. Les armes manquent, surtout depuis l'incorporation des Bataillons auxiliaires, qui n'en ont point reçu.
Le "Tableau des progrès de l'organisation des dépôts d'infanterie de l'armée d'Orient en bataillons, conformément à l'arrêté des Consuls de la République du 28 frimaire an 8 (19 décembre 1799), depuis le 3 pluviôse (23 janvier 1800) jusqu'au 1er germinal suivant (22 mars 1800)" indique pour la 75e de Ligne : 767 hommes à l'effectif, dont 712 présents; 233 hommes manquent au complet ; "Réorganisé; on y a incorporé le 1er bataillon du département de l'Indre; ce bataillon est à Châlon" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 602 - Note : Ce tableau a été envoyé au Ministre, de Mâcon, le 24 mars 1800, par l'Inspecteur aux Revues Gaultier).
La situation du 24 mars 1800 donne :
Armée de réserve.
BATAILLONS (bis) DE L'ARMÉE D'ORIENT EMBRIGADÉS.
Infanterie de bataille
18e, 32e et 75e, 1,459 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 612).
Une situation en date du 10 avril donne au Bataillon supplémentaire (de l'Armée d'Orient) de la 75e de Ligne un effectif de 712 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 615 - Note : Cette situation, existant seulement à l'état de minute, ne peut inspirer une confiance absolue).
Le 14 avril 1800, le Ministre donne l'ordre au Général Chabran de se "mettre en marche au reçu de la présente, avec le détachement de 1500 hommes d'infanterie et 100 hommes de troupes à cheval ... pour vous diriger avec rapidité sur Genève et, de là, sur les différents points du département du Mont-Blanc où votre présence sera nécessaire ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 138).
Pour atteindre l'effectif de 1500 hommes, Chabran doit prendre 4 Bataillons, ceux des 9e, 69e, 75e et 88e, et "vu la mauvaise organisation du service des étapes", il est "obligé de faire filer successivement les bataillons" (Chabran au Ministre, 17 avril - De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 138).
D'après un "État de la force et de l'emplacement des corps arrivés dans leurs cantonnements au 26 germinal an 8 (16 avril 1800)" signé par le Général Vignolle, Général chef provisoire de l'Etat-major général, "l'embrigadement formé des dépôts de l'armée d'Orient" comprend un Batailllon de la 75e Demi-brigade qui est à Chalon, et a 621 hommes présents sous les armes; son effectif total est de 677 hommes ; dans les observations, il est noté que "Il a été détaché une force de 1500 hommes de ces bataillons pour marcher sur le département du Mont-Blanc d'après l'ordre du Ministre" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 619).
Selon la "Force des corps de l'armée de réserve d'après la situation établie à Paris; le 1er floréal an 8 (21 avril 1800)", la75 de Ligne a un effectif de 621 hommes présents sous les armes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 621 - Archives nationales AF. IV; reg. 1132).
La tête de colonne doit arriver à Genève le 22 avril et le dernier Bataillon le 25. Laissant 11 Bataillons dans la Saône, Chabran arrive de sa personne à Genève dans la soirée du 22 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 138).
La situation de l'Armée de Réserve (1ère partie) datée du 5 Floréal an 8 (25 avril 1800) indique :
Armée de Réserve : Berthier, Général en chef.
Bataillons formés des Dépôts d'infanterie de l'Armée d'Orient.
75e de Bataille, à Chalon, 675 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 622 - Note : Une autre situation a été établie la veille, 24 avril, sous une autre forme présentant les effectifs par armes et subdivisions d'armes au lieu de les donner par division. – Elle ne diffère de celle-ci que par quelques détails (Archives nationales AF. IV, registre, 1159.)).
Le 8 Floréal an 8 (28 avril 1800), le Général de Division Chabran écrit, depuis Genève, au Ministre de la Guerre : "Citoyen Ministre,
Mon premier soin ayant été de vous instruire de mon arrivée ici et de la tranquillité qui régnait dans le département du Mont-Blanc, je m'attends à recevoir des ordres qui donnent à ma division et à moi une destination définitive. Je n'ai cessé, d'après vos instructions, de correspondre avec le général en chef de l'armée de réserve, quoique l'ordre du jour du 30 germinal sur la formation de cette armée ne fasse mention, ni des corps qui sont sous mes ordres, ni du commandement que le Premier Consul m'avait conféré.
Malgré toutes les précautions que j'ai pu prendre, malgré le zèle infatigable des officiers, la désertion en route s'est portée à environ 300 hommes Elle peut être, en partie, attribuée au défaut absolu de solde et de souliers. Par toutes mes lettres, j'ai exposé la pénurie de la division sur ces deux objets. Je vous la rappellerai, citoyen Ministre, jusqu'à ce qu'on y aura porté remède ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 140).
Selon un état de la "Force de l'Armée de réserve en Italie au 1er prairial an 8 (21 mai 1800", le Bataillon complémentaire (de l'Armée d'Orient) de la 75e de Ligne compte 500 hommes pour un effectif total de 621 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 679).
Le 11 Prairial an 8 (31 mai 1800), le Général de Division Chabran écrit, depuis Verrès, au Premier Consul de la République française : "L'attaque du fort de Bard, retardée par le défaut de munitions et le départ des canonniers nécessaires pour servir les différentes pièces, est fixée à demain, d'après l'arrivée d'un caisson de 12 qui vient fort à propos. Tout est ordonné. Je joins ici les diverses instructions que j'ai cru devoir donner. Je compte sur l'intelligence et le zèle de ceux que j'ai chargé de diriger les différentes attaques que je surveillerai de très près. Je compte aussi sur la bravoure des troupes. Tous les efforts seront réunis pour la réussite.
Je vous rendrai, sur-le-champ, compte du résultat.
Je crois devoir, citoyen Consul, vous mettre sous les yeux l'état de situation et de l'emplacement des corps qui composent la division que je commande et je réclame votre attention.
Le général Carra-Saint-Cyr me demande une demi-brigade forte de 1500 hommes. Je me trouve dans l'impossibilité de pouvoir la lui envoyer.
Salut et respect.
CHABRAN
Je suis sûr d'avance, citoyen Consul, que si vous jetez un coup d'oeil sur le triste état ci-joint, vous serez peiné d'y voir 3,000 conscrits pour 4 officiers généraux.
Armée de réserve. – Division du général Chabran.
DENOMINATION des CORPS | OFFICIERS | SOUS-OFFICIERS, SOLDATS présents sous les armes. | EMPLACEMENTS | |||||
présents | absents | Infanterie | Cavalerie | Artillerie. | ||||
3e demi-brigade provisoire | Bataillon complémentaire | de la 88e de ligne | 34 | 375 | à Donnas, en avant de Bard. | |||
de la 75e de ligne | 29 | 283 | Sur les hauteurs de gauche de Bard, batterie d'Albard. | |||||
de la 69e de ligne | 35 | 329 | A Ivrée. |
Certifié très véritable.
Le général CHABRAN" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 533).
Le même 11 Prairial an 8 (31 mai 1800), le Général Chabran expédie, depuis Verrès, ses instructions pour l'attaque du fort de Bard (12 Prairial) : "… AU COMMANDANT DE LA 75e, AU CAMP D'ALBARD.
Vous commencerez le feu, citoyen Commandant, avec le bataillon que vous commandez, demain matin, à 8 heures, et le continuerez jusqu'à 6 heures du soir, où l'on enverra un parlementaire. Si le feu recommence des autres batteries, vous le reprendrez de même pendant environ trois quarts d'heure; après quoi, il se fera un silence d'environ dix minutes, et l'on tirera de toutes les pièces 5 coups à poudre pour le signal de l'attaque; ce sera environ 9 heures du soir. Vous aurez soin d'arrêter alors exactement votre feu partout, afin de ne pas risquer d'atteindre nos colonnes en mouvement.
Vous enverrez chercher ce soir des cartouches au parc d'artillerie et l'eau-de-vie chez le général Seriziat.
Vous correspondrez cette nuit et demain directement avec moi. Je serai établi demain matin au camp, sous le fort.
Vous ferez descendre ce soir, de 9 à 10 heures, au camp, sous le fort, la compagnie des grenadiers de votre bataillon avec un détachement de 50 hommes choisis, pour y relever les carabiniers des 4e et 22e légère, qui doivent entrer dans la ville avec le général Seriziat ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 534).
Le 15 Prairial an 8 (4 juin 1800), le Général de Division Chabran écrit, depuis Bard, au Général de Division Dupont, Chef de l'Etat-major général de l'armée : "… En partant pour l'armée, je laisserai dans la citadelle d'Ivrée le bataillon de la 69e, fort d'environ 300 hommes; dans celui de Bard, celui de la 75e, fort de 300 environ, avec un détachement de celui de la 88e; le restant de ce dernier sera employé à la garde des magasins et parcs d'artillerie établis dans la vallée; le tout commandé par le chef de brigade Miquel. J'ai cru devoir prendre ces mesures; je désire que vous et le général en chef les approuviez …" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 542).
Situation de la Réserve, 1re ligne, au 20 Prairial an 8 (9 juin 1800) :
75e de Bataille, 1 Bataillon, 450 hommes; 65 hommes sont au Dépôt à Chambéry (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 535; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 543).
Autre Situation de la Première ligne de l'armée de réserve au 20 prairial an 8 (9 juin 1800).
Force de l'infanterie de la première ligne de l'armée de réserve
Bataillon complémentaire de l'Armée d'Orient, 75e de Ligne, 500 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 539 - Archives nationales, A. F. IV, registre, 1159).
Le 18 octobre 1800 (26 Vendémiaire an 9), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Ministre de la Guerre par intérim ; "Je vous prie, citoyen ministre, de donner la destination suivante aux troupes de la garnison de Malte.
... Le détachement de la 25e de ligne rejoindra son corps en Italie.
Même ordre au détachement de la 75e ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1197 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5697).
/ La période de paix
Le 20 mai 1801 (30 Floréal an 9), à Paris, on informe le Premier Consul que "Robinet, ex-fusilier à la 75e demi-brigade, retiré pour cause de blessures, demande le payement de sa pension de retraite"; celui-ci répond : "Renvoyé au ministre de la guerre auquel je recommande de faire expédier promptement l'affaire de ce brave soldat" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 303).
La 75e Demi-brigade de retour d'Egypte vient tenir garnison à Marseille et Toulon jusqu'en janvier 1802, dit l'Historique régimentaire.
Le 24 novembre 1801 (3 Frimaire an 10), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... ARMÉE D'ORIENT
... La 18e demi-brigade de ligne se rendra à Lyon, ... La 75e demi-brigade de ligne idem ...
Ces demi-brigades de l'armée d'Orient resteront dans la 8e division militaire jusqu'à ce qu’elles soient embarquées, au nombre des deux tiers de la force de la demi-brigade.
Elles laisseront un chef de bataillon et plusieurs officiers à Marseille et à Toulon pour rejoindre les détachements qui arriveraient plus tard.
Vous donnerez des ordres pour envoyer, le plus promptement possible, dans tous les endroits où ces demi-brigades doivent tenir garnison, tout ce qui leur est nécessaire" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6654).
Le 20 janvier 1802 (30 Nivôse an 10), Bonaparte écrit, depuis Lyon, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre au commandant de la 18e division militaire de réunir tous les détachements de la 23e demi-brigade dans la Côte-d'Or ; à la 18e demi-brigade de ligne de se rendre à Mâcon pour y tenir garnison ; à la 32e de ligne de tenir garnison à Châlons-sur-Saône ; à la 75e de tenir garnison à Autun (ces trois demi-brigades pourront partir dans la ... décade de pluviôse) ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6728).
Le 25 janvier 1802, Bonaparte passe, à Lyon, la revue des troupes de l'Armée d'Egypte.
Pendant l'année 1802, la 75e Demi-brigade tient garnison à Autun; son Bataillon complémentaire fait partie de l'Armée d'observation du Midi et est stationné à Brindisi.
Le 27 mai 1802 (7 Prairial an 10), Bonaparte écrit, depuis La Malmaison, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vois, citoyen ministre, que sur l'état de l'emplacement des troupes du 5 prairial, les chefs de brigade de la 9e de ligne, ... 75e ne sont pas nommés. Cependant ces places ne sont pas vacantes …" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 439 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6917).
Le 28 juin 1802 (9 Messidor an 10), Bonaparte écrit, depuis La Malmaison, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre : ... à la 32e de ligne de se rendre à Saint-Denis près Paris, à la 75e id. de se rendre à Orléans ...
Ces troupes ne se mettront en marche que du 10 au 20 thermidor. Vous aurez soin de les faire marcher à petites journées, et de leur donner de fréquents repos pour qu'ils n'éprouvent point de fatigue. Il est aussi convenable qu'avant leur départ, leur organisation soit complétée de 5 compagnies à 9 ; ce qui doit avoir lieu par l'incorporation des bataillons complémentaires ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1257 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6965).
Au commencement de l'année 1803, les quatre Bataillons de la 75e Demi-brigade sont réunis à Orléans.
Le 14 juin 1803 (25 Prairial an 11), le Premier Consul écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous renvoie, Citoyen Ministre, les projets que vous aviez rédigés pour le camp de Saint-Omer. Voici définitivement les bases auxquelles je me suis arrêté :
Six camps seront formés, lesquels, destinés à ne composer qu'une seule armée, seront commandés par six lieutenants généraux commandant en chef …
Ces six camps seront : un en Hollande, un à Gand, un à Saint-Omer, un à Compiègne, un à Saint-Malo, un à Bayonne ...
Pour le camp de Saint-Omer, la 10e légère, 25e, 28e, 55e, 57e de ligne ; 26e légère, 22e, 43e, 46e et 75e de ligne ; 8e et 11e régiment de chasseurs ; 2e, 5e, 10e et 21e de dragons ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6814 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7722).
Le 4 août 1803 (16 Thermidor an 11), Bonaparte écrit, depuis Namur, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "La 75e demi-brigade, Citoyen Ministre, ne doit pas être détachée. Elle ne peut pas surtout envoyer des hommes à la Fère, puisqu'elle se recrute dans le département de l'Oise, ce qui mettrait les conscrits beaucoup trop près de chez eux …" (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6980 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7904).
Le 14 août 1803 (26 Thermidor an 11), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner ordre … à la 75e de se rendre à Valenciennes, elle partira le 15 fructidor …" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7932).
Le 21 août 1803 (3 Fructidor an 11), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Ordre à la 75e demi-brigade de ligne de se rendre à Valenciennes ; elle partira le 12 fructidor ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 7022 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7945).
Le 28 août 1803 (10 Fructidor an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous envoie, citoyen ministre, les dispositions que j'ai arrêtées pour l'organisation de quatre camps faisant partie des six qui vont être formés sur les côtes de l'Océan.
... Camp de Saint-Omer
Le général Soult commandant en chef le camp de Saint-Omer. Il pourra correspondre immédiatement avec le Premier Consul.
... Le camp de Saint-Omer sera composé de trois divisions
... La 2e division sera commandée par le général de division Vandamme qui aura à ses ordres les généraux de brigade :
Roger-Valhubert,
Féry.
... La 3e division sera commandée par le général Legrand qui aura à ses ordres les généraux de brigade :
Miquel,
Moreau (Note : Jean-Claude Moreau)
... Cette division sera composée de :
26e légère,
22e de ligne (qui restera en garnison à Calais jusqu'à nouvel ordre),
72e de ligne,
75e idem,
88e de ligne,
64e de ligne.
La 3e division sera cantonnée le plus tôt possible à Saint-Omer et dans les villages voisins ...
Le général Soult partira de Paris le 16 fructidor et établira son quartier général entre Saint-Omer et Boulogne ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 7972).
Le 26 septembre 1803 (5 Vendémiaire an 12), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez ordre, citoyen ministre, à la 75e de compléter ses deux premiers bataillons à 700 hommes chacun, officiers non compris et de les faire partir pour se rendre à Saint-Omer ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8076).
Le 6 octobre 1803 (13 Vendémiaire an 12), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Soult, commandant le camp de Saint-Omer : "… Faites-moi connaître le nombre de malades que vous avez eu, corps par corps, depuis le 1er fructidor jusqu'au 1er vendémiaire. Si la 43e a des malades, faites-la remplacer par la 22e de ligne, qui est à Calais, et faites remplacer la 22e de ligne par la 75e, qui est à Saint-Omer. La 43e se rendrait alors à Boulogne pour camper dans sa division …
Il faut exercer les soldats à nager. Il faut donc que tous les jours, en se relevant toutes les trois heures, les soldats s'exercent sur les péniches et les bateaux canonniers, lorsqu'ils peuvent aller en rade, et, lorsqu'ils ne peuvent y aller, dans le port. Dès après-demain je commence à faire nager la Garde sur six péniches. Chaque détachement y restera deux heures, de manière qu'on exercera toute la Garde à pied chaque jour …
Un petit sloop français a été pris par une chaloupe anglaise entre Nieuport et Dunkerque. Il n'y avait que trois gendarmes et deux hommes de la 108e sur le rivage, qui n'ont pu faire un feu suffisant pour le défendre. J'avais cependant ordonné qu'il y eût toujours sur la côte des piquets de cavalerie et des pièces mobiles ; mais il paraît qu'ils restent en ville …" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7171 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8118).
Le 8 octobre 1803 (15 Vendémiaire an 12), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Soult, commandant le camp de Saint-Omer : "… Faites rentrer la 43e, et faites faire le service d'Ambleteuse par la 22e de ligne. La 75e, qui est à Saint-Omer, peut remplacer la 22e de ligne à Calais ..." (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7180 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8131).
Le 22 octobre 1803 (29 Vendémiaire an 12), le Premier Consul écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Soult, commandant le camp de Saint-Omer : "Citoyen général Soult, faites camper à Ambleteuse la 3e division de votre corps d'armée, celle du général Legrand. Elle sera composée de la 26e légère, 22e de ligne, 75e et 72e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8175).
Fin octobre, le camp de la rive gauche est celui de la 2e Division (Vandamme, arrivé à Outreau depuis le 1er octobre), établi en, avant du moulin d'Outreau, entre le village de ce nom et la mer. Il se compose des 24e Léger, Tirailleurs du Pô, 4e, 57e, 28e, 46e, 22e, 70e, 75e de Ligne (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 2, p. 107).
Le 25 juillet 1804 (6 Thermidor an 12), à Pont-de-Briques, Napoléon est informé que : "Le capitaine Pierre d'Argence prie l'Empereur de prendre en considération ses vingt deux années de grade d'officier et de lui accorder de l'avancement"; celui-ci répond : "Renvoyé au ministre de la guerre pour faire un rapport" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 107). Pierre Dubousquet-Dargence sert au 75e depuis l’an 8.
En septembre 1804, les Demi-brigades quittent ce nom pour prendre celui de Régiment. Le 75e Régiment d'infanterie est composé des trois Bataillons de la 75e Demi-brigade et vient s'organiser au camp d'Ambleteuse.
Le 5 mars 1805 (14 ventôse an XIII), Napoléon écrit depuis Paris au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, tous les régiments qui font partie des trois camps ne peuvent tous fournir 1,800 hommes sous les armes, surtout ceux qui ont des malades.
... Le 75 id [de ligne] : 100 hommes ...
Faites-moi un rapport, corps par corps, sur les régiments composant les trois camps; de leur situation au 1er ventôse, présents sous les armes et aux hôpitaux; de la situation des 3mes bataillons; du nombre d'hommes de la conscription de l'an XIII qu'ils doivent recevoir ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8393 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9635).
Le 19 Floréal au 12 (9 mai 1804), Murat écrit au Premier Consul : "Le citoyen Cardailhan, chef du 2e bataillon du 75e régiment d'infanterie, vous demande une place au lycée de Bordeaux en faveur de son neveu Jean-Baptiste Bonnecare, âgé de 12 ans, né à Dax, département des Landes. Je ne puis qu'appuyer avec beaucoup d'intérêt la sollicitation de ce brave officier" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 124, lettre 1364).
Le 5 Vendémiaire an 13 (27 septembre 1804), Murat établit un certificat en faveur du Sous-lieutenant Gavard dans lequel il déclare : "Le maréchal de l'Empire, gouverneur de Paris, certifie que monsieur Gavard, actuellement sous-lieutenant dans le 75e régiment de ligne, a servi sous ses ordres en Egypte et a montré beaucoup de courage en diverses occasions. Au passage d'un défilé près de Mikamar, les Arabes ayant chargé un bataillon dans lequel il était sergent, il s'élança contre eux, avec cinq hommes seulement de la compagnie, en avant de toute la troupe, et contribua beaucoup à les forcer à la retraite. A l'affaire d'Aboukir, ayant été blessé au pied droit, il n'en continua pas moins de se battre avec intrépidité et de poursuivre l'ennemi en déroute jusqu'au moment où, voyant ses forces s'affaiblir, je lui ordonnai de se retirer. En foi de quoi, je lui ai délivré le présent" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 207, lettre 1530).
"75e Régiment d’infanterie de ligne, composé de 3 bataillons
Le 1er et le 2e bataillon au camp d’Ambleteuse, le 3e bataillon au Quesnoy.
Revue passée le 4 brumaire XIII.
L’état n°1. Situation sommaire du corps à l’époque de la revue, se trouve au tableau placé à la fin de toutes les revues.
Résumé des opérations de l’inspecteur général.
Esprit du corps : Bon pour l’union des officiers entre eux. Les sous-officiers ainsi que les soldats sont très dociles et ce corps est attaché et voué au gouvernement.
Instruction théorique des officiers. Vient d’être commencée par le major Texier, j’ai recommandé ce que j’ai trouvé nécessaire à cet égard. Des Sous-officiers, même observation.
Instruction pratique des officiers : Laisse beaucoup à désirer, a besoin d’être établie d’une manière plus utile, et cultivée avec plus de soins. J’ai recommandé à cet égard ce qui pourra lui être nécessaire. Des sous-officiers, même observation. Du soldat, a besoin d’être établie et pour y parvenir, j’ai ordonné que les officiers d’abord et ensuite les sous-officiers passent à l’école du soldat et ensuite ces derniers pourront seulement être utilement commencés.
Exécution des ordres donnés par l’inspecteur à la précédente revue : N’ont pu être suivis à ce bataillon d’après les motifs ci-dessus.
Manœuvres : J’ai fait exécuter avec une division composée de 20 files, les maniements d’armes, les feux, ainsi que les mouvements de l’école du peloton et du bataillon. Il n’y avait dans les rangs que des ouvriers et des derniers conscrits. Le major n’est au corps que depuis 2 mois, a été malade six semaines, est encore convalescent. Le chef de bataillon est aussi un nouvel arrivé. Une partie des officiers a été malade, beaucoup de sous-officiers absents. Ce sont des motifs auxquels l’on doit avoir égard et je crois que cet hiver, il sera utilement travaillé à l’instruction.
Discipline : Bonne pour la police du corps, pourrait être meilleure pour la régularité mais j’ai lieu de croire qu’elle s’établira maintenant correctement.
Espèce d’hommes en général : Du département de Seine-et-Oise. L’espèce d’homme en est très belle, mais il a été envoyé avec le contingent de l’an 12 passé 34 conscrits susceptibles de la réforme, ces recrues sont d’un caractère docile et peu inclinées à la désertion.
Tenue : Belle et passablement uniforme parmi les officiers. Celle du soldat a besoin d’être plus correctement établie pour la propreté, conservation des effets et manière de placer l’équipement.
Finances : Les recettes pendant l’an XI sont clairement établies et justifiées, ainsi que les dépenses. Ces dernières ont été considérables sur la 2e portion de la masse générale mais le directeur ministre lui-même les a reconnues légitimes et nécessaires puisqu’il a accordé une somme de 26688 frs 88 cts pour subvenir aux dépenses extraordinaires du régiment.
Quant aux détails de la comptabilité, ils n’ont pas été en tous points suivis conformément à l’arrêté du 8 floréal 8, mais il faut en attribuer la cause à ce que le conseil d’administration, ainsi que le quartier maitre depuis le retour d’Egypte en nivôse X, n’avaient pas reçu toutes les instructions nécessaires. A présent qu’ils sont au courant de la manière dont ils doivent gérer, l’administration depuis le 1er vendémiaire XII a paru meilleure à l’inspecteur général. Les officiers chargés de l’habillement, équipement, et armement, pourraient être plus actifs et avoir plus de connaissances.
Le conseil devrait exercer une plus grande surveillance sous tous les rapports.
Habillement : Sur les 443 hommes présents sous les armes, il y avait en habits neufs 30. En vestes neuves 60. En culottes neuves 100. Le restant avait des habits et des vestes de 18 à 24 mois. Le drap des habits neufs de Lodève est de bonne qualité. On verra sur l’ordre donné au corps ce que j’ai trouvé nécessaire pour les formes et façons de l’habillement.
Equipement : Il n’y avait qu’une trentaine d’hommes équipés à neuf sous les armes, le reste avait de la buffleterie ancienne et en passable état, l’on verra à l’art. magasin ce que j’ai trouvé.
Armement : Ainsi que le désigne le procès-verbal, il y avait à ma revue 286 fusils en bon état et assez bien entretenus et j’ai trouvé dans le magasin 26 à réparer, 58 tout neufs de différents modèle et 64 hors de service.
Casernes quant aux bâtiments et effets attenants : Désignées le Pavillon très salubrement situé pourrait contenir un bataillon. Les chambrées ont été construites pour les officiers, les petites contiennent 2 et les grandes 4 lits. L’eau est mauvaise.
Il existe une seconde caserne nommée quartier salé, les chambres peuvent contenir 12 à 14 lit, en tout 200. Ce quartier est très humide et a aussi de mauvaise eau. Il existe encore une caserne nommé quartier Valenciennes, pouvant loge run bataillon ayant des chambres à 6 lits et de la bonne eau.
Chambrées quant à l’ordinaire. Sont de bonne qualité et fournies par le gouvernement depuis environ huit jours ; auparavant, elles étaient fournies par les habitants.
Le soldat met 20 cts à l’ordinaire, il paye son blanchissage, les denrées sont à un prix raisonnable notamment les légumes, la livre de viande coûte au soldat entre 30 et 35 cts, bien entendu de la vache.
Magasins quant au logement : Très convenables pour l’emplacement qui est au quartier et les effets sont très bien classés.
Magasins quant aux fournitures qui s’y trouvent : Il existe en objets confectionnés 253 habits, 241 vestes, 326 culottes, 311 chapeaux, 65 chemises à 3 frs 70 cts, 785 cols noirs, 3 paires de bas de fil, 65 paires de souliers à 3 frs 90 cts, 117 paires de guêtres noires, 98 havresacs à 7 frs. En objets non confectionnés, 12 ballots de drap bleu de Lodève de bonne qualité, 27 pièce de drap blanc et 2 d’écarlate de bonne qualité. 20 pièces de tricot et 50 de cadis de bonne qualité, 10 pièce de toile écrue, 218 gibernes neuves avec leurs banderoles et 7 bretelles de fusil.
Hôpitaux : Le corps a une salle de galeux et envoie ses malades à l’hôpital de Valenciennes.
Prisons. Est établie au vieux gouvernement ruiné par le dernier siège.
Salle de discipline. Au quartier, bien entretenue.
Manutention des vivres. Le corps est maintenant content, ayant fait plusieurs réclamations à cet égard.
Pain de soupe. Est bon depuis environ 8 jours qu’il a été fait un nouvel accord avec un autre boulanger.
Fin du résumé des opérations de l’inspecteur.
Ordres donnés par l’Inspecteur général dans le cours de ses opérations et après la revue.
Comptabilité. Le général de division inspecteur général d’infanterie, après avoir examiné les registres relatifs en deniers et les ayant trouvés passablement tenus, les a arrêtés définitivement pour l’an XI.
Quant à ceux d’habillement équipement et armement, il ne les a pas arrêtés attendu qu’ils ne l’avaient pas été par l’inspecteur aux revues Malraison qui faisait ses opération au camp et que les officiers chargés de cette partie se trouvaient alors au dépôt. Il ordonne en conséquence au conseil d’administration de les soumettre à M. Buhot inspecteur aux revues de la 16e division militaire à sa prochaine revue et de les faire vérifier et arrêter non seulement pour l’an XI, mais aussi pour l’an XII. Le conseil aura soin de faire transcrire régulièrement sur les registres des délibérations les arrêtés de la comptabilité en deniers et effets qui ont lieu tous les trois mois, afin qu’ils réunissent tous les résultats de la comptabilité.
Quant aux registres prescrits par l’art. 53 de l’instruction du ministre de la guerre pour l’inspection des troupes en l’an XII, ne nous ayant été représenté que ceux des recettes et dépenses de la 2e portion de la masse générale et de la masse de linge et chaussure, le conseil fera établir encore ceux suivants pour constater, etc. Voyez l’ordre du 28e régiment.
Tenue : L’inspecteur général a trouvé la tenue de MM. les officiers bien pour la propreté, mais pas encore assez régulière ; celle des sous-officiers a été trouvée très négligée pour la propreté et pas assez régulière pour les vêtements ; les caporaux qui n’avaient pas de galons de caporaux sur les manches devront de suite en être fournis. Les chapeaux ont été trouvés généralement mal placé, M. le major fera suivre strictement ce que prescrivent les règlements à cet égard. La tenue du soldat a également été trouvée négligée pour la propreté et la régularité.
Habillement. L’étoffe des habits a été trouvée de bonne qualité, mais irrégulièrement façonnée. Les habits étant étranglés sur la poitrine, étroits dans les manches, les collets mal placés, les basques trop longues et mesquinement échancrées. L’officier chargé de l’habillement sera tenu de faire observer les dimensions suivantes et il en sera donné connaissance aux commandants des compagnies.
Voyez l’ordre du 28e régiment pour les façons et la confection des habits, etc.
Souliers. Ceux que l’on distribue aux conscrits et qui sont fixés au prix de 3 frs 75 cts sont de mauvaise qualité et forme. Ceux que les capitaines fournissent pour le prix de 5 frs aux anciens soldats sont également au-dessous de ce prix par leur mesquinerie en tout genre. Leur cuir est si mince que les empeignes ne peuvent se soutenir que par la doublure en dedans de la bordure.
L’inspecteur général désapprouve que les capitaines fassent fournir directement les effets de petit équipement au soldat, et il n’a été satisfait ni de leur forme ni de leur prix. Il ordonne au conseil d’administration à dater de cette revue de choisir un officier pour faire les emplettes de première fourniture, il devra lui être fait un fond de mille francs. Tout devra être façonné au corps à l’exception bien entendu des chemises, bas, boites à graisse et autres petits objets. L’officier chargé de ces fournitures ne pourra se permettre aucune emplette sans l’approbation du conseil qui règlera le prix en raison des circonstances. Il s’en fera façonner des modèles, caque commandant de compagnie en aura connaissance, afin de ne rien accepter que lorsque les qualités et les façons y seront conformes.
Le conseil d’administration fera sortir de suite du magasin les 65 paires de mauvais souliers ainsi que les autres objets de petite fournitures trouvés au-dessous de leur prix, pour en faire une vente d’après l’estimation faite et il ne souffrira plus que de pareille drogue ne figure dans le magasin du corps.
Instruction. La position de l’homme dans le rang a été trouvée absolument nulle et mauvaise, ainsi que le port d’armes.
M. le major Texier réunira MM. les officiers pour commencer à tenir avec eux la marche que l’inspecteur général lui a indiquée, il alternera avec les sous-officiers aussitôt que l’école du soldat aura été repassée de manière à être exécutée correctement. Il fera tenir la même école par l’adjudant major aux soldats, ces trois objets devront être terminés sous un mois. Il réunira ensuite une division avec laquelle il répètera les maniements d’armes ; enfin, il fera placer les armes en faisceaux et exécutera sans armes les mouvements prescrits à l’école de peloton ; il passera ensuite à celle du bataillon. Il réunira par cette manière la théorie à la pratique, pour apprendre les devoirs du soldat dans les différents mouvements et particulièrement celui des officiers pour les familiariser avec les places qu’ils doivent occuper et leur donner le temps du commandement qu’ils ne peuvent acquérir complètement sans une pratique réitérée.
Travailleurs. Voyez l’ordre du 51e régiment.
Soins à donner à la nourriture du soldat. Id.
Pain de soupe. Id.
Discipline. Id.
Visites des hommes à réformer. Id.
Hommes proposés pour la récompense. Id du 28e régiment.
Effets à donner aux hommes congédiés par ancienneté et pour blessures reçues à la guerre. Id du 39e régiment.
Désertion et congés refusés aux hommes atteints du mal vénérien. Id du 28e régiment.
Retenues. Id.
Réformés, enrôlés volontaires passant d’un corps à l’autre et remplaçants. Id.
Fonds entre les mains du quartier maitre. Id.
Entretien des armes. Id.
Transcription et exécution du présent ordre. Id.
Fin de l’ordre de l’inspecteur général.
Etat n°2. Notes des Officiers.
Armand Texier, major, 36 ans. Le colonel. Le peu de temps depuis lequel cet officier est au corps ne me permet pas d’avoir des données certaines sur son compte ; il a passé 8 jours au camp avec moi, je n’ai eu qu’à m’en louer. Il m’a paru avoir beaucoup d’instruction. Les renseignements que j’ai pris dans le corps d’où il sort lui sont infiniment favorables et dans la correspondance active qui existe entre nous, j’ai eu lieu de me convaincre de son exactitude et l’exécution a toujours suivi les ordres qui lui ont été intimés.
L’inspecteur général. Cet officier qui n’est au corps que depuis deux mois a été gravement malade pendant six semaines et convalescent ; je n’ai pas été à même de juger son instruction ni ses qualités administratives.
Pour moi seul concernant le major Texier.
Cet officier est déjà atteint de surdité, je ne l’ai pas trouvé instruit pour la partie des manœuvres, ni pour la partie administrative. La place de major ne lui convient pas.
Alexis Martin Duras, chef de bataillon, 41 ans. Le colonel. Bon officier ferme et doué d’intelligence, il avait été réformé à la précédente revue d’inspection générale par erreur, ne l’ayant vu que pendant 48 heures, ce n’est que sur renseignements que je forme cette note.
L’inspecteur général. M’a paru ne pouvoir être rangé que dans la classe des chefs de bataillon médiocres pour son instruction. Le reste m’est tout à fait inconnu.
Jean Antoine Chevray, capitaine quartier maitre, 32 ans. Le colonel. Excellent officier. Superbe tenue. Il a toutes les qualités d’un bon militaire et celles du meilleur administrateur, sa moralité et sa probité sont à toute épreuve.
L’inspecteur général. Cet officier était malade à ma revue, je ne puis rien dire ni pour ni contre.
Pierre Mangé, adjudant major capitaine, 50 ans. Le colonel. Bon officier servant bien.
L’inspecteur général. Ne peut tout au plus être rangé que dans la classe des adjudants majors médiocres pour leur instruction.
François Douche, aide chirurgien major, 37 ans. Le colonel. Instruit et remplissant parfaitement ses devoirs, s’il est un reproche à lui faire c’est de n’être pas assez facile pour accorder des certificats d’infirmités et par là de conserver au corps des individus qui y sont à charge, ce reproche ne peut lui être qu’infiniment favorable.
L’inspecteur général. C’est l’officier de santé duquel j’ai eu le plus à me louer pour son travail.
Gabriel Robert, capitaine de grenadiers, 38 ans. Le colonel. Bon et brave officier, auquel il ne manquerait rien s’il eut eu son éducation un peu plus soignée, mais il a de bien belles qualités.
L’inspecteur général. Confirmé pour son instruction. Cet officier est absolument à sa place.
Jean Baptiste Philippe, capitaine 1ère compagnie, 35 ans. Le colonel. Bon officier. Superbe tenue, il est chargé du recrutement dont il s’acquitte avec satisfaction.
L’inspecteur général. En recrutement.
Louis Texier, capitaine 2e compagnie, 39 ans. Le colonel. Cet officier s’est presque toujours trouvé malade lorsqu’il a fallu entrer en campagne, il est plus que médiocre, ses infirmités le rendent susceptible de prendre sa retraite, ce qui serait un avantage pour le régiment. Sa moralité n’est pas ce qu’elle devrait être.
Je demande pour lui sa retraite, ses infirmités ne pouvant manquer d’être la suite de la guerre qu’il aurait cependant pu mieux faire.
L’inspecteur général. Proposé à la retraite.
Jean baptiste Lacère, capitaine 3e compagnie, 43 ans. Le colonel. Bon officier. Il désire prendre sa retraite motivée sur une blessure grave qui le met hors d’état de servir activement, ce qui a nécessité son remplacement aux bataillon de guerre. Je désire qu’il lui soit accordé une retraire honorable.
L’inspecteur général. Proposé à la retraite.
Michel Curtet, capitaine 4e compagnie, 32 ans. Le colonel. Cet officier sert bien, il a de l’intelligence et de l’instruction, il a beaucoup gagné depuis la dernière revue.
L’inspecteur général. Confirmé pour son instruction.
Pierre Etienne François Gomeret, capitaine 5e compagnie, 36 ans. Le colonel.
L’inspecteur général. Il n’était pas à ma revue.
Joseph Marie Moiret, capitaine 6e compagnie, 35 ans. Le colonel. Excellent officier. Le corps fera une perte en le quittant, mais une blessure grave, son état continuel de maladie, le forcent à quitter le service. Je demande pour lui une retraite honorable.
L’inspecteur général. Est proposé à la retraite.
André Galembrun, capitaine 7e compagnie, 45 ans. Le colonel. Cet officier qui a bien servi par son ancienneté de service par ses blessure et plus encore par les infirmités résultant des fatigues de la guerre, n’a pu entrer en campagne, ce qui a nécessité son remplacement aux bataillons de guerre. Je demande pour lui une retraite honorable.
L’inspecteur général. Cet officier quoique proposé à la retraite par le colonel, n’a que 12 ans de service, il est venu me demander en grâce de les continuer et je pense qu’il peut le faite utilement encore plusieurs années en garnison. D’ailleurs, la santé de cet officier m’a paru rétablie.
Archambault Lagache, capitaine 8e compagnie, 44 ans 1/2. Le colonel. Même note qu’au précédent. Je demande pour lui une retraite honorable.
L’inspecteur général. Cet officier n’a que 27 ans de service, il est certes bien en état d’en atteindre 30 et de servir utilement dans une garnison, et il m’a demandé également comme une grâce de ne pas avoir sa retraite.
François Descudé, lieutenant de grenadiers, 29 ans. Le colonel. Bon officier, instruit, belle tenue.
L’inspecteur général. A beaucoup de bonne volonté.
Antoine Duchen, lieutenant 1ère compagnie, 28 ans 1/2. Le colonel. Officier médiocre, je désirerais qu’il fut remplacé au recrutement, soit pour son instruction, soit pour la surveillance à opérer à son égard.
L’inspecteur général. J’ai donné l’ordre qu’il soit remplacé au recrutement.
René Chaunière, lieutenant 2e compagnie, 44 ans 1/2. Officier médiocre, ayant toujours bien servi.
L’inspecteur général. En recrutement.
Claude Sébastien Debanne, lieutenant 3e compagnie, 35 ans. Le colonel. La conduite de cet officier est crapuleuse, il est noyé de dettes et ne cesse d’en faire partout où il peut, il déshonore le régiment. Cependant, je ne puis m’empêcher de demander pour lui une retraite, il a servi et était bon soldat. J’avais essayé de payer antérieurement ses dettes l’année dernière, je lui avais fait accorder une gratification pour cause d’instruction, mais il est incorrigible. Sa retraite c’est ce que je demande.
L’inspecteur général. Je ne pense pas que cet officier soit susceptible d’une retraite, attendu que ce serait faire tort au gouvernement de demander la récompense d’un hommes qui ne remplit pas vis-à-vis de lui les devoirs qui lui sont imposés, et qu’il ne résulterait aucun exemple à cet égard, cet officier devant être renvoyé s’il l’a mérité.
Charles Jean Rouhier, lieutenant 4e compagnie, 35 ans. Le colonel. Assez bon officier, sa faible santé m’a mis dans le cas de l’attacher aux détails de l’habillement dont il remplit bien les fonctions.
L’inspecteur général. Cet officier se conduit très bien et se rend utile pour son zèle.
Louis Boyer, lieutenant 5e compagnie, 37 ans. Le colonel. Bon officier d’une faible santé, ce qui m’a engagé à l’envoyer en recrutement.
L’inspecteur général. En recrutement.
Jean Antoine Robert, lieutenant 6e compagnie, 36 ans. Le colonel. (noté du major être un bon officier).
L’inspecteur général. Cet officier était convalescent à la revue, et n’a pas pu y paraitre.
Claude Suau, lieutenant 7e compagnie, 33 ans. Le colonel. Officier médiocre, son instruction exigerait son rappel du recrutement.
L’inspecteur général. En recrutement.
Pierre Sauté, lieutenant 8e compagnie, 52 ans. Le colonel. Officier médiocre, mais ayant toujours bien servi, il a plus de 30 années de service. Je viens de le renvoyer des bataillons de guerre ou son âge et sa santé ne permettaient pas qu’il put rester, je demande pour lui une retraite honorable.
L’inspecteur général. Est proposé à la retraite.
Joseph Hoffmann, sous-lieutenant de grenadiers, 34 ans. Le colonel. Cet officier est muet depuis plus d’une année par suite d’une paralysie provenant des fatigues de la guerre, je demande pour lui une retraite honorable.
L’inspecteur général. Est proposé à la retraite.
Sébastien Baulé, sous-lieutenant 1ère compagnie, 50 ans 1/2. Le colonel. Cet officier ayant bien servi a été promu au grade de sous-lieutenant par ancienneté ; il est peu instruit et bien cassé, ayant plus de 30 années de service ; je demande pour lui une retraite honorable.
L’inspecteur général. Cet officier ne pourra être proposé que l’année prochaine n’ayant que 29 années de service et 18 mois de grade.
Pierre Buzenet, sous-lieutenant 2e compagnie, 34 ans. Le colonel. Officier médiocre, son instruction et la surveillance à exercer me font un devoir de désirer qu’il soit remplacé au recrutement.
L’inspecteur général. En recrutement.
Jean-Marie Sagnot, sous-lieutenant 3e compagnie, 31 ans 1/2. Le colonel. Cet officier est instruit et sert bien.
L’inspecteur général. Est à sa place.
René Labourneau, sous-lieutenant 4e compagnie, 31 ans 1/2. Le colonel. Officier médiocre mais travaillant beaucoup et cherchant à s’instruire. Il a beaucoup de zèle dans l’instruction des recrues.
L’inspecteur général. Est à sa place, fait ce qui dépend de lui.
François Vincent, sous-lieutenant 5e compagnie, 32 ans 1/2. Le colonel. Cet officier est instruit, sa tenue n’est pas des meilleures et il ne s’occupe pas autant qu’il serait convenable de son état.
L’inspecteur général. Cet officier a été rappelé à ses devoirs.
Louis Fermin, sous-lieutenant 6e compagnie, 28 ans 1/2. Le colonel. Excellent officier, belle tenue, en recrutement depuis deux années, je désirerais qu’on le relève, sa présence au bataillon de dépôt serait plus nécessaire pour l’instruction des recrues.
L’inspecteur général. En recrutement.
Louis Biller, sous-lieutenant 7e compagnie, 32 ans. Le colonel. Officier médiocre, il a beaucoup concouru à l’instruction des recrues, sa conduite est régulière.
L’inspecteur général. Est en détachement pour le camp d’Ambleteuse.
François Georges, sous-lieutenant 8e compagnie, 32 ans. Le colonel. Excellent officier, belle tenue bonne conduite, beaucoup d’instruction.
L’inspecteur général. Très joli officier, très à sa place.
Fin de l’état n°2.
Etat n°3 des emplois d’officiers vacants dans le corps.
Néant.
Etat n°4 des militaires admis à la haute paye.
1 chef guêtrier.
10 sergents.
2 caporaux.
2 fusiliers.
15
Etat n°5 des militaires admis dans la légion d’honneur.
1 colonel, 1 major, 3 chefs de bataillon, 2 adjudants majors, 7 capitaines, 2 lieutenants, 4 sous-lieutenants, 2 sergents-majors, 4 sergents, 2 caporaux, 1 maître armurier.
29
Etat n°6 des militaires désignés pour le recrutement de la garde de l’Empereur.
Néant.
Etat n°7 des enfants de troupe admis à la demi-solde. Etat n°8 des hommes réformés. Voyez le tableau du personnel.
Etat n°9 des militaires proposés pour une autre arme ou pour être réformés pour défaut de taille.
Néant.
Etat n°10 des officiers, sous-officiers et soldats dont la présence au corps peut être inutile ou nuisible.
Joseph Spiry, tambour, 2e bataillon, 2e compagnie, 26 ans. Renaud Majeau, tambour 2e bataillon, 3e compagnie, 31 ans. Incorrigibles par les punitions, dangereux au corps par leur esprit d’insubordination, d’intrigues et de cabale.
Louis Desvannes, fusilier, 3e bataillon 4e compagnie, 24 ans. On ne peut plus dangereux, surtout étant pris de vin, ayant levé la main sur son adjudant, faisant le boiteux et n’ayant point d’infirmités apparentes, continuellement au cachot.
Jean Louis Colas, fusilier, 3e bataillon 4e compagnie. Faisant le boiteux et n’ayant point d’infirmités reconnues, il est d’un mauvais exemple et très souvent puni.
Jus. V. Picard, tambour, 3e bataillon, 8e compagnie, 13. Enrôlé volontaire n’ayant ni l’âge ni la taille, extrême petit mauvais sujet, malpropre, incorrigible, toujours au cachot ou à la salle de discipline.
Etat n°11 des militaires proposés à la solde de retraite. Etat n°12 id. aux invalides. Etat n°13 id. aux ½ bataillons de vétérans.
Voyez le tableau du personnel.
Les Etats n°14, 15 et 16 regardent la cavalerie et ne font point partie des livrets pour l’infanterie.
Etat n°17 situation des finances du corps.
Voyez le tableau ci-après.
Etat n°18 des effets d’habillement et équipement en service. Etat n°19 id en magasin et des mouvements survenus pendant l’année.
Voyez le tableau de l’habillement.
Etat n°20 de l’habillement et équipement revenant pour les remplacements.
Voyez le tableau ci-après.
Etat n°21 situation de l’armement.
Voyez le tableau ci-après" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues d'inspection des bataillons de dépôt d'infanterie stationnés dans la 16e division militaire … passées pendant le courant de Fructidor XII et Vendémiaire an XIII » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.495 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
Cette revue d'inspection est suivie d'un premier tableau intitulé "Situation générale des finances de tous les corps compris dans l’inspection du général Schauenburg pour l’an 12", qui indique pour le 75e Régiment :
Masse générale. En caisse au 1er Vendémiaire an 12 : - ; recette de l’année : 67515 ; total : 67515 ; dépense de l’année : 67220 ; en caisse au 1er Vendémiaire an 13 : 294.
Masse de linge et chaussure. En caisse au 1er Vendémiaire an 12 : 17997 ; recette de l’année : 104636 ; total : 122634 ; dépense de l’année : 58679 ; en caisse au 1er Vendémiaire an 13 : 63954.
Masse de chauffage. En caisse au 1er Vendémiaire an 12 : - ; recette de l’année : 7367 ; total : 7367 ; dépense de l’année : 6959 ; en caisse au 1er Vendémiaire an 13 : 407.
Masse de pain et soupe. En caisse au 1er Vendémiaire an 12 : 1740 ; recette de l’année : 21378 ; dépense de l’année : 23118 ; dépense de l’année : 20346 ; en caisse au 1er Vendémiaire an 13 : 2772.
Masse de médicaments. En caisse au 1er Vendémiaire an 12 : - ; recette de l’année : - ; total : - ; dépense de l’année : - ; en caisse au 1er Vendémiaire an 13 : -.
Masse des amendes. En caisse au 1er Vendémiaire an 12 : - ; recette de l’année : - ; total : - ; dépense de l’année : 418 ; en caisse au 1er Vendémiaire an 13 : -.
Total général des fonds en caisse au 1er Vendémiaire an 13 : 67005.
L'Inspecteur général Schauenburg note : "Voyez au verso de ce feuillet la notice sur les masses portées au présent tableau.
Masse générale. Elle est établie par l’arrêté du 17 frimaire an 11 et divisée en 2 parties. 1° La 1ère partie de 18 francs par an et par homme reste à la disposition du gouvernement ; elle sert à payer les draps et autres objets que le ministre fait fournir aux corps ; il fait venir dans ses bureaux un compte ouvert avec chaque corps ; les corps qui se trouvent avoir un excédent de recette par le résultat de ce compte sont les maitres de l’employer l’année suivante à tel genre de fournitures que bon leur semble, en les demandant au ministre directeur. Si les corps redevaient, on leur ferait une retenue sur les fournitures de l’année suivante.
2° La 2e partie qui est composée de 17 francs par an et par homme ; cette partie est payée aux corps tous les mois, sur un décompte particulier ; elle est chargée de tous les achats et de tous les genres de dépenses déterminés par l’arrêté susdit du 17 frimaire an 11. Les corps en tiennent un registre conforme au modèle annexé audit arrêté. Tous les achats qu’ils font doivent être approuvés par le directeur ministre ; et les inspecteurs généraux vérifient les dépenses de toutes les espèces, suivant qu’elles sont déterminées par les arrêtés.
Le produit de cette masse se compose encore des morts, désertés, rayés des contrôles et congédiés étant chez eux ; de même que de ce qui pourrait revenir auxdits hommes pour une solde arriérée qui n’aurait été payée qu’après leur départ.
Masse de linge et chaussure. Elle est établie par le règlement de comptabilité du 8 floréal an 8 ; elle se compose d’une retenue d’un sol par jour qu’on fait sur la solde de chaque soldat ; cette retenue est de huit centimes par jour pour les sergents majors, sergents et caporaux fourriers ; le complet de cette masse est de 27 francs pour les sous-officiers et de 18 francs pour les caporaux et soldats.
Elle est chargée de fournir aux uns et aux autres, par le produit ci-dessus déterminé, tous les effets de petit équipement ; la quantité et l’espèce de ces effets sont déterminées par le même règlement.
Cette masse reçoit encore la portion de solde que les semestriers laissent pendant leur absence, et le partage en est fait après la rentrée des semestriers, entre tous ceux qui ont fait le service pendant leur absence.
Si ces produits sont insuffisants pour les soldats, on n’a d’autres ressources que de leur faire faire le service des travailleurs au prix réglé pour tout le régiment ; ce qui forme encore une autre branche de recette qu’on doit également enregistrer au compte des hommes qui ont fait les services.
Indépendamment du registre que le conseil d’administration fait tenir par le quartier maitre, pour tout le régiment, conformément au tableau indiqué par l’arrêté du 8 floréal an 8, et suivant encore ce qui est prescrit par l’autre arrêté du 17 frimaire an 11, chaque sous-officier ou soldat a son compte ouvert sur le grand registre du capitaine. Ce compte doit être signé par le sous-officier ou soldat ; ou sa marque faite en présence de témoins, afin que quand un homme meurt à l’hôpital, on ne puisse pas lui écrire des effets qu’il n’a pas reçu ;cette formalité est d’autant plus nécessaire que c’est par relevé du registre du capitaine qu’on forme le grand tableau dont on vient de parler, lequel sert de base au registre du conseil d’administration.
Indépendamment encore de toutes ces pièces, le compte de chaque homme doit être écrit sur son livret, ainsi que tous les objets de petit équipement qu’on lui délivre, au fur et à mesure des livraisons.
Masse de chauffage. Etablie par arrêté du gouvernement du 23 fructidor an 8 ; voyez encore la circulaire interprétative du 23 vendémiaire an 9.
Une portion de cette masse est mises à la disposition des corps et payée tous les mois sur un décompte particulier ; cette portion est déterminée tous les ans par le ministre, pour chaque division territoriale, en raison de la cherté des combustibles ; elle paye 1° le chauffage de la troupe dans les casernes ; un nombre d’officiers et de sous-officiers doivent en être chargés ; 2° le chauffage et la lumière des corps de garde, suivant la revue desdits corps de garde établie par le commissaire des guerres.
L’autre portion de cette masse qui est à beaucoup près la plus forte , reste à la disposition du ministre pour faire face aux fournitures de campagne ci-après 1° marmites, 2° gamelles, 3° grands et petits bidons, 4° barils à eau, 5° sacs à marmites, 6° outils, 7° sacs à outils, 8° couvertes.
Le ministre n’envoie pas de compte aux régiments pour cette portion.
Masse de pain de soupe. Etablie par arrêté du gouvernement du an 10 ; la troupe a commence à en jouir au 1er germinal an 11 ; le produit est d’un sol par jour et par homme présent ; le gouvernement viendrait au secours des divisions où ce produit ne suffirait pas, attendu qu’il doit être distribué 4 onces de pain de soupe à chaque homme par jour, sans qu’on puisse en donner moins. Le régiment reçoit ce produit tous les mois ; il en tient un registre très exact. On passe un marché avec un boulanger, et su par ce marché, il y a des économies, aucun soldat ne peut réclamer le partage de la masse qui en résulte.
Masse des médicaments. Etablie par arrêté du 9 frimaire an 12 ; elle est déterminée tous les ans par le ministre ; elle ne peut excéder 1000 frs par régiment ; elle sert à l’achat des médicaments et autres objets nécessaires au traitement des maladies indiquées par ledit arrêté. Le régiment en tient un registre particulier.
Masse des amendes. Etablie par arrêté du gouvernement du 19 vendémiaire an 12 concernant la désertion ; tous les condamnés doivent payer une amende de 1500 frs et les corps doivent en faire recette ; elle sert à payer les frais de procédure des conseils de guerre spéciaux, suivant qu’ils sont déterminés par le règlement ; le surplus doit être employé par le corps au remplacement des déserteurs condamnés, par des enrôlements volontaires ; on tient registre de cette masse" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues d'inspection des bataillons de dépôt d'infanterie stationnés dans la 16e division militaire … passées pendant le courant de Fructidor XII et Vendémiaire an XIII » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.495 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
Dans un second tableau, intitulé "Situation générale de l’habillement et du petit équipement de tous les corps dont le général Schauenburg a fait l’inspection en l’an 12", nous lisons, pour le 75e Régiment :
Etoffes.
Existantes en magasin à la dernière revue. Draps 669 mètres ; tricot 277 mètres ; doublure 6160 mètres ; toile 911 mètres.
Reçues depuis la dernière revue. Draps 4721 mètres ; tricot 5469 mètres ; doublure 8280 mètres ; toile 4057 mètres.
Emploi des étoffes.
Etoffes en magasin lors de la revue. Draps 451 mètres ; tricot 940 mètres ; doublure 3835 mètres ; toile 1109 mètres.
Effet en service au moment de la revue. Habits 2237 ; vestes 2105 ; culottes 2261 ; bonnets -.
Effet de petit équipement.
En magasin lors de la dernière revue. Chemises 4 ; bas - ; souliers 474 ; guêtres 33 ; sacs de peau 5.
Acheté ou reçu depuis la dernière revue. Chemises 994 ; bas 3 ; souliers 1327 ; guêtres 1591 ; sacs de peau 996.
Reste en magasin au moment de cette revue. Chemises 65 ; bas 3 ; souliers 65 ; guêtres 151 ; sacs de peau 58 (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues d'inspection des bataillons de dépôt d'infanterie stationnés dans la 16e division militaire … passées pendant le courant de Fructidor XII et Vendémiaire an XIII » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.495 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
Le troisième tableau s'intitule "Situation générale de l’armement et de l’équipement au moment de la revue d’inspection du général Schauenburg". Il indique pour le 75e Régiment :
Armement.
En magasin à la dernière revue. Fusils 600 ; baïonnettes 600 ; sabres 20.
Reçu depuis la dernière revue. Fusils 1730 ; baïonnettes 1730 ; sabres 645.
Pertes depuis la dernière revue. Fusils 204 ; baïonnettes 204 ; sabres 48.
Reste au magasin au moment de la revue ou au régiment. Fusils 2126 ; baïonnettes 2126 ; sabres 617.
A fournir pour les remplacements. Fusils 269 ; baïonnettes 269 ; sabres.
Equipement.
Existant en magasin lors de la dernière revue ou au régiment. Gibernes 958 ; porte giberne 930 ; bretelle de fusils 561 ; baudriers 282 ; colliers de tambours 54 ; caisse de tambours 54.
Reçu depuis la dernière revue. Gibernes 1314 ; porte giberne 1039 ; bretelle de fusils 1629 ; baudriers 233 ; colliers de tambours - ; caisse de tambours -.
Reste en magasin au moment de la revue ou au régiment. Gibernes 2272 ; porte giberne 2239 ; bretelle de fusils 2190 ; baudriers 515 ; colliers de tambours 54 ; caisse de tambours 54 (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues d'inspection des bataillons de dépôt d'infanterie stationnés dans la 16e division militaire … passées pendant le courant de Fructidor XII et Vendémiaire an XIII » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.495 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
Dans un quatrième tableau, intitulé "Etat des effets d’habillement et d’équipement qui reviennent aux régiments inspectés par le général Schauenburg, pour leur remplacement", le Général Schauenburg note, pour le 75e Régiment :
Habillement. Habits 1233 ; vestes 1233 ; culottes 2466 ; chapeaux 1233.
Equipement. Gibernes 120 ; baudriers 31 ; bretelles de fusils 120 ; caisses de tambours 3 ; colliers de tambour 3 (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues d'inspection des bataillons de dépôt d'infanterie stationnés dans la 16e division militaire … passées pendant le courant de Fructidor XII et Vendémiaire an XIII » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.495 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
Un cinquième tableau intitulé "Tableau numérique des conscrits des années 11 et 12 reçus par les régiments désignés ci-dessous pendant le courant de l’an 12, et observations sur la désertion et la réforme d’un grand nombre de ces hommes et les résultats pour les corps" indique pour le 75e Régiment :
Noms des départements qui les ont fournis Seine-et-Oise.
Nombre de conscrits incorporés 664.
Désertion en route avant l’incorporation 27.
Désertion après l’incorporation : Au 3e bataillon ou aux bataillons de guerre et allant les joindre 30 ; dépenses du corps pour l’habillement des déserteurs 8396,24 ; frais de jugements et d’habillement pour les condamnés 1355,70 ; dépenses pour les amnistiés des travaux rentrés 1752 ; total de la dépense occasionnée par la désertion 11483,94 ; produit des amendes imposées aux condamnés.
Réforme. Nombre de conscrits réformés 34. De remplaçants réformés -. Dépenses du corps pour leur habillement 1020. Du gouvernement pour solde et pain 3142,30. Total des dépenses occasionnées par les réformés 4162,30.
Indication des dépenses. Au compte du corps 12503,94 ; au compte du gouvernement 3142,30.
Total général des dépenses faites pour les réformés et les déserteurs 15646,24.
Et le Général Schauenburg ajoute en note : "Observations qui doivent être en marge du tableau d’autre part ...
75e régiment. Seine-et-Oise. Les hommes du département de Seine-et-Oise que reçoit le régiment sont d’une assez belle taille, d’une bonne constitution et soumis à la discipline ; il s’est trouvé parmi les incorporés plusieurs hommes dont les infirmités les rendent nuls au service" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues d'inspection des bataillons de dépôt d'infanterie stationnés dans la 16e division militaire … passées pendant le courant de Fructidor XII et Vendémiaire an XIII » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.495 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
Un sixième tableau, intitulé "Inspection général d’infanterie faite par le Général Schauenburg. Situation général du personnel des Régiments d’infanterie stationnés dans la 16e division militaire, avec les mutations survenues depuis la dernière revue, le détail des hommes présents, des réformés et de ceux congédiés avec récompense" donne la composition de l’effectif du 57e Régiment au 4 Brumaire an 13 :
Officiers : 1 Colonel, 1 Major, 3 Chefs de Bataillons, 1 Quartier maitre, 3 Adjudants majors, 27 Capitaines, 27 Lieutenants, 27 Sous-lieutenants, 6 Chirurgiens ; total 96, dont 23 présents, 63 aux Bataillons de guerre, 10 détachés, aucun à l’hôpital du lieu, aucun à l’hôpital extérieur, aucun en congé, aucun embarqué.
Sous-officiers et soldat : 17 petit état-major, 26 Sergents majors, 101 Sergents, 26 Caporaux fourriers ; 190 Caporaux, 177 Grenadiers, 1442 Fusiliers, 49 Tambours, 17 enfants de troupe ; total 2045 dont 204 présents, 1749 aux Bataillons de guerre, 49 détachés, 10 à l’hôpital du lieu, 33 à l’hôpital extérieur, aucun en congé, aucun déserteur, aucun embarqué.
Mutations :
L’effectif était à la dernière revue de 1783.
Recettes : 848 recrues, 2 venus d’autres Corps, 87 rayés rentrés, total 937. L’effectif devrait donc être de 2720.
Pertes : 76 morts, 247 désertés, 1 réformé avant la revue, aucun partis avec congé absolu, 14 rayés par jugement, 64 rayés par longue absence, 112 passés dans d’autres corps, 14 faits officiers, 147 réformés par l’Inspecteur général ; total 675. L’effectif reste donc à 2045.
Si l’on déduit encore les : 14 proposé pour la réforme ; 95 proposés pour les Vétérans ; aucun proposé pour les Invalides ; total 109. L’effectif ne sera que de 1936.
Or comme le complet de paix étant de 2261, il y aura un manque au complet de 325 (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues d'inspection des bataillons de dépôt d'infanterie stationnés dans la 16e division militaire … passées pendant le courant de Fructidor XII et Vendémiaire an XIII » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.495 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
Enfin, dans un dernier tableau, nous avons le "Détail des présents au Bataillon de dépôt et de ceux réformés, de ceux congédiés avec récompense, ainsi que de ceux susceptibles d’avoir la haute paye sur tout le régiment; il indique pour le 75e Régiment :
Présents :
Officiers : 1 Major, 1 Chef de Bataillon, 1 Quartier maitre, 1 Adjudant major, 8 Capitaines, 5 Lieutenants, 5 Sous-lieutenants, 1 Chirurgien ; total 23.
Petit Etat-major : 1 Adjudant sous-officier, 1 Tailleur, 1 Guêtrier, 1 Cordonnier, aucun armurier, aucun Tambour-major, aucun Caporal tambour, aucun Musicien, total 4.
Sous-officiers et soldat : 8 Sergents majors, 12 Sergents, 8 Caporaux fourriers ; 32 Caporaux, 8 Grenadier, 106 Fusiliers, 9 Tambours, 17 enfants de troupe ; total 200.
Total général : 204.
Réformés : aucun Sergent-major, 5 Sergents, 1 Caporal fourrier, 16 Caporaux, 124 grenadier, Fusiliers et Tambours. Total 147.
Congédiés. Officiers : Aucun Chef de Bataillon, 3 Capitaines, 3 Lieutenants, 1 Sous-lieutenant ; total 7. Sous-officiers et soldats : aucun Sergent-major, 5 Sergents, 1 Caporal fourrier, 20 Caporaux, 83 Grenadiers, Fusiliers et Tambours ; total 109. Total général 256.
Haute paye. 10 ans de service, aucun Sergents et Caporaux, aucun soldats ; total 0. 15 ans de service, aucun Sergents et caporaux, aucun soldat ; total 0. 20 ans de service : 11 Sergents et Caporaux, 4 soldats ; total 15. Total général : 15.
Enfants. D’Officiers : 10 ; de Sous-officiers et soldats 7 ; total 17 (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues d'inspection des bataillons de dépôt d'infanterie stationnés dans la 16e division militaire … passées pendant le courant de Fructidor XII et Vendémiaire an XIII » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.495 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
En 1805, dit l'Historique régimentaire, a lieu la distribution des aigles au camp de Boulogne; le 75e reçoit l'emblème avec lequel il ajoute de nouveaux lauriers à ceux que lui a légués la 75e Demi-brigade.
D'après un "Etat sommaire des hommes qui ont fait la guerre dans les différents corps composant l'armée des côtes (Exécution de l'ordre du 12 thermidor an XIII.)", au Corps du Centre, Division Legrand, le 75e de Ligne, sur un effectif de 1999 hommes, en a 370 qui ont déjà fait la guerre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 145).
Le 3 août 1805, Napoléon arrive à Boulogne et passe en revue les 100,000 hommes qui forment l'Armée des Côtes. L'armée est rassemblée sur une seule ligne présentant une étendue de plus de trois lieues.
L'Armée des Côtes est distribuée en six Corps d'armée répartis dans les quatre ports d'Ambleteuse, Wimereux, Boulogne et Etaples, et doit, d'après les intentions de l'Empereur, être jetée en Angleterre. Dans les quatre ports, on fait plusieurs fois prendre les armes aux troupes; on les a amenées sur les quais, et même fait occuper leurs places sur chaque bâtiment.
Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 75e de Ligne a ses 1er et 2e Bataillons à l'Armée des Côtes, Corps du centre. 1857 hommes sont présents, 142 aux hôpitaux, total 1999 hommes; le 3e Bataillon est au Quesnoy, 16e Division militaire, pour 355 hommes présents, 52 détachés ou en recrutement, 22 aux hôpitaux, total 429 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).
D'après la "Situation de l'avant-garde de l'Armée des côtes de l'Océan, à l'époque du 1er Fructidor an 13" (19 août 1805), il y a, dans les troupes Troupes de la 3e Division du Corps du centre (Legrand), le 75e de Ligne, Colonel Lhuillier ; Chefs de Bataillon Pardhaillon et Emery ; 2 Bataillons, 1860 hommes au complet ; 1857 hommes présents à Outreau et Boulogne ; 407 hommes présents au Dépôt du Quesnoy (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 48 et suivantes).
Le "Bulletin des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre le 5 Fructidor an XIII (Du 27 au 31 août 1805)" indique à la date du 8 Fructidor que le 3e Bataillon du 75e de Ligne (429 hommes) quitte Le Quesnoy le 15 Fructidor pour arriver à Boulogne le 20 Fructidor (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 443).
Un "État des présents sous les armes des bataillons de guerre de tous les corps de l'Armée des côtes de l'Océan en marche vers le Rhin, pour servir à établir la distribution des fonds accordés par l'Empereur pour fournir une paire de souliers par homme et le tiers de l'effectif en capotes", daté du 11 fructidor an 13 (29 août 1805) indique que le Corps du centre comprend à sa 3e Division les :
26e Régiment d’Infanterie légère, 1550 hommes.
Chasseurs corses, 775 hommes.
3e Régiment d’infanterie de ligne, 1701 hommes.
75e Régiment d’infanterie de ligne, 1698 hommes.
Total : 5724 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 384).
Le 31 août 1805 (13 Fructidor an 13), Napoléon écrit depuis Pont-de-Briques, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "En conséquence des différents mouvements que j'ai faits avant-hier, ... manque d'un chef de bataillon à la 22e, 26e, 28e, 34e, 55e et 57e de ligne ... Mon intention est que vous me présentiez ... [pour] être chef de bataillon ... au 26e de ligne un capitaine du 75e ... Présentez-moi le plus tôt possible [ces nominations].
[Je vous] recommande de me présenter des capitaines ayant six [ans] de grade [et fait la] guerre avec distinction, instruits. Vous sentez que dans le moment où se trouve l'armée [il faut que] ces nominations me soient présentées de suite. Prenez donc les renseignements nécessaires" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10713).
Le même 13 Fructidor an 13 (31 août 1805), Berthier écrit, depuis Boulogne : "Le bureau du Mouvement est prévenu que l'Armée des côtes a pris le nom de la Grande Armée.
La Grande Armée est commandée par l'Empereur en personne …
Les corps qui occupent les camps de la Grande Armée, sur les côtes, s'appelleront Armée des Côtes.
Elle sera commandée par un Maréchal de l'Empire qui aura à ses ordres un général de division et 4 généraux de brigade.
Et les troupes ci-après :
... Le 3e bataillon du 46e régiment.
Le 3e du 28e
Le 3e du 75e
qui occuperont le camp de gauche à Boulogne ...
Maréchal BERTHIER.
Annotation de la main du Maréchal :
Cela ne doit pas être divulgué ; en prévenir ceux auxquels cette disposition sera adressée" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 418).
Le "Bulletin des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre pour la garde des camps (Du 1er au 20 septembre 1805)" indique :
Boulogne, camp de gauche
3e Bataillon du 75e de Ligne, 429 hommes, y compris 22 aux hôpitaux, départ de le Quesnoy le 15 Fructidor, arrivée à Boulogne le 20 Fructidor (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 447).
Tout est donc prêt pour l'embarquement, lorsque les insuccès de la flotte et les armements préparés par l'Autriche obligent l'Empereur à prendre une nouvelle résolution.
/ Campagne de 1805
En effet, pendant que l'Empereur réunit ses forces pour opérer sa descente en Angleterre, la coalition prépare diverses attaques contre l'Empire; la première est dirigée par la Poméranie sur le Hanovre et la Hollande, la deuxième suit la vallée du Danube et la troisième doit venir par l'Italie.
Napoléon décide alors de porter ses forces dans la vallé du Danube pour battre les Autrichiens encore très éloignés des Russes. Il organise la Grande Armée.
Deux Bataillons du 75e font partie de la 3e Division (Legrand) du 4e Corps (Maréchal Soult) et sont envoyés du camp d'Ambleteuse sur le Rhin, tandis que le 3e Bataillon reste à Boulogne pour la défense des côtes.
Le 1er complémentaire (21 septembre 1805), le Maréchal Soult fixe la répartition des cantonnements pour les Divisions du 4e Corps de la Grande Armée. 3e Division. Le 75e Regiment de 1igne a son 1er Bataillon à Pleisweiler et Niderhorbach; son 2e Bataillon à Bergzabern (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 100).
Composition de la Grande Armée au moment où elle a passé le Rhin pour la campagne d'Autriche.
4e corps d'armée au passage du Rhin dans les premiers jours de vendémiaire an XIV.
3e division.
75e de Ligne. 2 Bataillons, 1895 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 158).
Le Corps du maréchal Soult est dirigé sur Ulm, par Augsbourg et Memmingen, pour resserrer l'investissement de cette place et forcer le Général autrichien Mack à capituler. Cette capitulation livre à la France 30,000 Autrichiens et d'immenses approvisionnements. Le 4e Corps, sans combattre, fait, à Memmingen, 4,000 prisonniers.
Un "Etat de situation des différents détachements envoyés par les bataillons de dépôt et qui doivent être arrivés à Spire le 18 brumaire et en partir le 19", signé par l'Adjudant commandant Petiet, indique, pour la 3e Division du 4e Corps d'Armée, qu'un détachement du 75e Régiment d'Infanterie de ligne doit arriver le 12 Brumaire à Spire. Mouvement ordonné par deux lettres du Ministre, du 8 Vendémiaire. La colonne de l'ensemble des détachements doit arriver le 8 Frimaire à Braunau (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1170).
Grande Armée à l'époque du 6 Brumaire an XIV (28 octobre 1805).
4e corps d'armée. Commandant en chef. Maréchal Soult. 3e Division du 4e Corps. Général de Division. LEGRAND. Tirailleurs corses (1 Bataillon) ; 3e de Ligne (3 Bataillons) ; 75e de Ligne (2 Bataillons) ; 18e de Ligne (2 Bataillons) ; Tirailleurs du Pô (1 bataillon) ; 26e Légère (2 Bataillons). Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 711 |
L'armée est alors dirigée sur Vienne; le Corps du Maréchal Soult effectue son mouvement sans éprouver de résistance sérieuse.
- Combat de Hollabrünn, 16 novembre 1805.
Après s'être emparé de Vienne, le Maréchal Soult rencontre le Prince Bagration, occupant Hollabrünn, et reçoit de l'Empereur l'ordre de l'attaquer. La Division Legrand se porte sur le village de Gründ, dans le défilé de ce nom. Le Général Legrand laisse la Brigade Levasseur en réserve et pénètre dans le village de son côté, avec le 3e de Ligne. Le combat s'engage, la mêlée devient générale, on combat corps à corps; les Russes sont entièrement défaits malgré une résistance opiniâtre. Quatre compagnies du 18e et une partie du 75e prennent part à ce combat.
"Les Russes avaient garni toutes les maisons de Grund d’une partie de leur infanterie, et à mesure que la colonne avançait, le général Legrand devait faire emporter ces espèces de retranchements avant de s’engager jusqu’à l’extrémité du village, sans quoi il eût perdu beaucoup de monde. Parvenu aux deux tiers de ce défilé, le 3e régiment se trouve attaqué par toute la colonne russe, que la division de grenadier poussait de front, et dont elle avait déjà débordé la droite. Dans un instant, la mêlée devint générale, et tous les militaires du 3e régiment combattirent corps à corps ; 4 compagnies du 18e et la gauche du 75e purent y prendre part.
Pressés de tous côtés, les Russes firent une résistance opiniâtre, mais enfin ils furent entièrement défaits. Les rues du village de Grund, les cours des maisons, les écuries, les jardins, tout cet espace resta jonché de cadavres. Un très grand nombre fut blessé, et le restant étant entièrement pris, quand l’ennemi, profitant de l’obscurité de la nuit, mit en tête d’une colonne qu’il était parvenu à former plusieurs des siens qui parlaient le français, et une vingtaine de prisonniers qu’il nous a faits. Marchant ainsi à portée de la colonne commandée par le général Levasseur, il cria : « Cessez le feu ! c’est sur vos propres gens que vous tirez ! » Cette ruse lui réussit et il parvint à sauver 700 à 800 hommes. Le Général Legrand ne conserva que 500 prisonniers, et 300 blessés étaient confondus avec les morts " (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 36 - Note : D’après le récit du Voltigeur Asserré, il semble qu’il n’y ait eu aucune ruse, et que la Brigade Levasseur ait réellement tiré sur le 2eRégiment du Major Brayer (Division Oudinot), massé à la sortie de Grund, tandis que les Russes s’échappaient).
La 75e a perdu les soldats Paul Guermann, et Claude Thibout, tués. Le Capitaine Joseph-André Delvade est blessé à l'oeil droit.
La Division Legrand bivouaque sur le champ de bataille (16 novembre).
Après Hollabrünn, on continue la marche qui doit conduire nos troupes à la bataille d'Austerlitz.
- Bataille d'Austerlitz (2 décembre 1805).
Le 1er décembre, au soir, l'armée austro-russe vient s'établir sur le plateau de Pratzen, que Napoléon, simulant un mouvement de retraite, a évacué le 29 novembre.
L'armée française, forte de 80,000 hommes, est établie sur le Goldbach, s'étendant du mamelon que nos soldats d'Egypte ont nommé Santon aux étangs de Satschan et de Menitz.
Duns la soirée du 1er décembre, l'Empereur réunit les Maréchaux pour leur donner ses instructions.
Les Divisions Vandamme et Legrand, du 4e Corps, qui tiennent la droite, sont établies sur deux lignes, couvrant les débouchés de Girchikowitz et de Puntowitz. La Division Legrand prend position en arrière de Kobelnitz, couvrant également ce débouché, et occupant, par de l'infanterie, les villages de Sokolnitz et de Telnitz.
Napoléon modifie ses dispositions. La Division Saint-Hilaire, au lieu de déboucher par Jirzikowitz derrière celle de Vandamme, franchit le ruisseau à Puntowitz. La Division Legrand, qui a détaché le 3e de Ligne à Telnitz, doit porter la Brigade Levasseur (18e et 75e) avec les Tirailleurs corses, en avant de Kobelnitz, au lieu d'appuyer derrière Puntowitz (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 133).
En exécution des instructions de l'Empereur, le Maréchal Soult envoie au Général Legrand les ordres suivants : "Demain, à 7 heures du matin, votre division sera réunie en avant du village de Puntowitz, et vous la formerez : l'infanterie légère en bataille et les deux brigades de ligne en colonnes sur les côtés; vous placerez votre artillerie de manière à faire feu si l'ennemi se portait sur vous. Votre division se tiendra prête en cette position pour se porter en avant au premier ordre".
Le 2 décembre, au matin, Soult envoie au Général Legrand l'ordre suivant : "Votre division débouchera de Kobelnitz, où est le bataillon corse, et vous vous formerez en avant, ainsi qu'il est dit par l'ordre d'hier. Vous ne découvrirez les villages de Telnitz et de Sokolnitz que lorsque les troupes du maréchal Davout y seront arrivées et seront en mesure de seconder votre mouvement par la droite".
Vers 8 heures, le maréchal Soult reçoit l'ordre d'attaquer, car les têtes de colonne de Davout commencent à arriver à hauteur de Telnitz.
Le 3e de Ligne est aux prises avec les Autrichiens et les Russes à Telnitz.
Au bruit de la fusillade, le Général Legrand se porte sur Telnitz avec le Général de brigade Merle et le 26e Léger. Il laisse les Tirailleurs corses, le 18e et le 75e en avant de Kobelnitz sous les ordres du Général Levasseur (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 159-161).
La Division Saint-Hilaire se porte en toute hâte vers le mamelon de Pratzen. Le 10e Léger, sous le commandement du Général Morand, s'empresse d'atteindre ce point essentiel, dont le Maréchal Soult a signalé l'importance. C'est une course au clocher dans laquelle il faut à tout prix arriver les premiers, sans se laisser retarder par des opérations secondaires : "Il fut expressément recommandé au général Saint-Hilaire, dit Soult dans son Rapport, de ne diriger aucune troupe sur Pratzen, quoique ce village fût fortement occupé par l’ennemi".
Les Régiments de ligne, avec l'artillerie, suivent à distance, et en échelons.
La Division passe sans difficulté le petit ravin qui descend de Pratzen vers Kobelnitz, s'avance dans la plaine, et bientôt commence à gravir la colline. Il est probable qu'elle a émergé du brouillard en arrivant à la cote 240 ou 250 ; c'est le moment où la pente devient sensible. Le 10e Léger n'est plus alors qu'à 700 ou 800 mètres du sommet. La Brigade Thiébault (14e et 36e) suit à 300 mètres de distance environ ; celle du Général Varé (43e et 55e) est plus loin encore, et tenue en réserve.
La Brigade Levasseur, de la Division Legrand (Chasseurs corses, 18e et 75e), est à un kilomètre sur la droite, en position devant Kobelnitz, pour couvrir le flanc droit de Saint-Hilaire, lui servir de réserve et empêcher toute tentative de l'ennemi sur les derrières de la Brigade de droite de la Division Legrand.
La Division Vandamme, partie de Jirzikowitz en même temps que Saint-Hilaire part de Puntowitz, se trouve fort en retrait sur la gauche. Les 46e et 57e de Ligne (Brigade Ferey) marchent en première ligne et, semble- t-il, à la même hauteur, à distance de déploiement ; le 28e suit, tenu en réserve. Le 24e Léger avec le 4e de Ligne sont portés plus à gauche, pour assurer la liaison avec le 5e Corps et la Réserve de cavalerie vers Blaziowitz.
"Les deux bataillons du 4e régiment furent placées à l’extrême gauche, et le 2e bataillon fut détaché encore plus à gauche, sans doute pour concourir à la prise du village de Balsiowitz. Le 24e était donc à droite, et appuyé à la brigade du général Ferey".
Au moment où les ennemis aperçoivent le 10e Léger, il n’a plus que 700 à 800 mètres à parcourir pour atteindre le plateau.
La Brigade Morand (10e Léger) progresse lentement dans la direction du sommet, repoussant d’abord un premier Bataillon, mais est arrêté près de la crête par un Régiment entier (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 175-177).
La Division Saint-Hilaire a bientôt à lutter contre des forces supérieures; la Brigade Levasseur (18e, 75e et Bataillon corse) est alors lancée sur les colonnes ennemies, qu'elle culbute ; elle exécute ensuite un changement de direction à droite et s'établit à la droite du Général Saint-Hilaire.
Ce dernier, avec le concours de la Brigade Levasseur, est chargé de gagner le plateau qui domine Sokolnitz el de s'emparer de ce village, vigoureusement défendu. Nous parvenons à nous en rendre maîtres en faisant éprouver de grandes pertes à l'ennemi : 8,000 hommes sonLt tués ou pris; en outre, une colonne de 1,200 hommes, qui, pour échapper au massacre, essaie de gagner Kobelnitz, doit se jeter, en grande partie, dans le marais de Sokolnitz pour échapper aux troupes, savamment conduites, du Général Legrand.
Le combat de Sokolnitz a tourné décidément en notre faveur, et le Maréchal Soult appelle à la chapelle Saint-Antoine le 46e, le 57e, le 75e, et les Tirailleurs corses. L’Artillerie de la Garde a rejoint et ouvre le feu avec celle du 4e Corps. L’infanterie de Vandamme descend sur Aujezd pour couper la retraite à Buxhoewden qui s’y porte en toute hâte (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 212).
Pour s'opposer à ce mouvement, l'ennemi rassemble ce qui lui reste d'artillerie et ce qu'il peut rallier d'infanterie, et ouvre un feu très violent contre nos troupes, qui avancent irrésistibles. Assaillis de tous côtés, sur le point d'être cernés, les Austro-Russes se jettent sur les marais pour échapper au cercle de fer et de feu qui les enserre. Mais la glace, dont la solidité est diminuée par le soleil, se rompt sous le poids de cette énorme masse d'hommes et de chevaux, et un grand nombre d'entre eux se noient.
Le 4e Corps a mis hors de combat 8,000 ennemis, fait 10,000 prisonniers et enlevé à la baïonnette 120 pièces de canon et 40 drapeaux.
"Dans cette journée, dit le Maréchal Soult, il n'est pas de régiment qui n'ait fourni au moins trois charges, pas de bataillon qui n'ait pris des drapeaux ou des batteries, et il n'est pas de soldat qui ait hésité un seul instant; les blessés restaient sur place ou allaient au-devant de l'ambulance; cela ne s'était jamais vu".
Le 75e a eu en tués le Sous-lieutenant Jaymédon, les Caporaux Jacques Gronon et François-Nicolas Barny, le Grenadier Jean Sauget, les Voltigeurs Joseph-Olivier Ancé, Jean-Paul Giroires et Louis Renard, les soldats François-Victor Rivet, Mathurin Bouché, François-Victor Alliez, François-Vincent Hennocque, Pierre-Elie Meunier, Charles Laruelle, Pierre-Nicolas Leroy, Charles Lainé, Joseph-Victor Cotterets, Louis-Hubert Dumetz. Parmis les blessés, on trouve le Colonel Lhuiller, les Capitaines Louis Biller (au pied droit), Jean Argaut (à la main), Louis Couvry (au bras et à la cuisse, les Sous-lieutenants Bernard Barbaud (à l'épaule), Pierre Rivet (à l'épaule) et Henry Gabriel (au bras). Le commandant Emery est cité à l'ordre de l'armée.
En souvenir de cette mémorable journée, le drapeau du Régiment porte dans ses plis, inscrit en lettres d'or, le mot "AUSTERLITZ".
Le lendemain, au matin, la poursuite continue; le 4e Corps se dirige sur Gaya, tournant ainsi le défilé d'Uhzitz, que l'arrière-garde peut défendre dans les collines de Mars.
Le 7, le mouvement sur Vienne est repris. Nous y arrivons le 10, au matin.
Le 13 décembre 1805 (22 Frimaire an 14), Napoléon écrit, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée, de donner l'ordre au Major du 75e de rejoindre son Corps (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 230 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 11167).
Le 26 décembre 1805, la paix est signée à Presbourg avec l'Autriche. La France reste en guerre avec l'Angleterre, la Russie, la Suède et le Royaume de Naples.
/ Campagne de 1806-1807
- 1806
Dès le 15 janvier 1806, le 4e Corps quitte les environs de Vienne pour se diriger sur Saint-Poelten, où s'établit le Quartier général ainsi que le quartier de la 3e Division.
La 3e Brigade a son emplacement à Mittereau; le 75e cantonne dans cette ville avec 60 Officiers et 1,647 hommes de troupe.
Le 22 juin 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie un travail sur l'emplacement que doit occuper la Grande Armée au moment de sa rentrée en France. Vous me proposerez une meilleure répartition, à peu près dans les mêmes divisions, si vous y entrevoyez quelque économie pour le service, soit pour les lits, soit pour le fourrage, soit pour le casernement.
... 4e corps du maréchal Soult
5e division militaire
... 75e de ligne Toul ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11352).
Le 11 juillet 1806, l'Empereur adresse, toujours depuis Saint-Cloud, une deuxième lettre à Berthier, dans laquelle il écrit : "Mon intention étant de compléter les compagnies des bataillons de la Grande Armée à 140 hommes par compagnie, officiers compris, je vous ai ordonné par une lettre de ce jour de dissoudre le corps de réserve de Lefebvre en faisant rejoindre chaque détachement de son corps d'armée.
Mon intention est également que vous donniez l'ordre aux différents dépôts d'envoyer à leur corps le nombre d'hommes porté dans l'état ci-joint. Tous ces détachements qui partiront du camp de Boulogne seront passés en revue par le maréchal Brune qui s'assurera s'ils sont munis de tout le nécessaire. Ils seront commandés par un adjudant commandant nommé par le maréchal ...
ANNEXE
état des hommes que les dépôts des régiments désignés ci-après feront partir pour rejoindre les bataillons de guerre à la Grande Armée
Le dépôt ... du 75e [fera partir un détachement de] 120 [hommes] …" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 519 (ne donne pas l’annexe) ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12462).
Le régiment se trouve à Tettenweis, en Bavière, lorsque le Roi de Prusse se prépare à entrer en ligne avec son armée. Dès le 9 août 1806, Frédéric-Guillaumme réunit son armée.
Le 5 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "... Donnez ordre à un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant, un sergent-major, un caporal-fourrier, 4 sergents, 8 caporaux et à 300 hommes du 9e bataillon du 25e de ligne de partir de Boulogne pour rejoindre les deux premiers bataillons de guerre en Allemagne.
Donnez le même ordre ... à un pareil détachement du 75e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 625 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12872).
Le même 5 septembre 1806, l'Empereur écrit encore, depuis Saint-Cloud, au général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie une note des changements que je désire faire dans la répartition des 50000 conscrits de la conscription de 1806. Faites-la imprimer sans délai et envoyez-moi cette seconde édition.
Nap
ANNEXE
En lisant avec attention la répartition des 50 000 conscrits de la conscription de 1806 entre les différents corps, on est porté à désirer quelques changements ; comme la conscription n’a pas encore été mise en mouvement, il est encore temps de le faire sans produire de contre-mouvements.
... Le département de Seine-et-Oise ne fournira rien au 62e. Les 94 hommes qu'il devait lui fournir seont donnés au 75e qui ainsi aura 113 hommes ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12873).
Le 25 septembre, Frédéric-Guillaume envoie à Napoléon un ultimatum par lequel il réclame le retrait de toutes les troupes françaises de la Bavière, la suppression de toute entrave à la formation de la Confédération, enfin des négociations immédiates sur toutes les questions pendantes.
L'ultimatum parvient à Napoléon le 7 octobre, et le 9 la Prusse déclare la guerre.
L'armée française (Grande Armée) reste organisée comme en 1805, sauf que le 2e Corps (Général Marmont) est détaché en Italie.
Les deux Compagnies de Grenadiers du 75e continuent, comme en 1805, à faire partie du Corps des Grenadiers d'Oudinot.
L'ensemble des forces de la Grande Armée opérant en Allemagne s'élève à 198,000 hommes en première ligne et 80,000 en seconde.
Quant à l'effectif de l'armée prussienne, il est d'environ 162,000 hommes.
- Bataille d'Iéna (14 octobre 1806).
Le 4e Corps (Maréchal Soult), dont fait partie le 75e, forme l'extrême droite de l'armée et a pour mission spéciale d'attaquer la gauche ennemie, fortement établie au village de Klauswitz et dans le bois situé à gauche de ce village.
L'armée est formée sur deux lignes distantes de 100 toises au plus.
Avant le jour, le Maréchal Soult se met en marche, et, au moment où il arrive, vers 9 heures, à hauteur des bois de Klauswitz, le Maréchal Ney entre dans Iéna. Impatient de prendre part à l'action, Soult détache en avant de son Corps d'armée un Bataillon et de la cavalerie, lorsque l'Empereur arrête son mouvement en avant pour permettre à toutes les troupes d'entrer en ligne. Vers 10 heures, le Maréchal Soult fait attaquer le bois de Lobstedt, que l'ennemi défend avec opiniâtreté, et, après l'avoir emporté, il continue sa marche, cherchant à déborder la gauche ennemie. Il a déjà fait traverser la Saale à deux de ses Divisions, lorsque l'Empereur ordonne l'attaque générale. Soult, apprenant alors que le 6e Corps d'armée arrive en arrière de ses lignes, fait donner toute sa réserve et se jette sur l'ennemi qui, se voyant sur le point d'être enveloppé, bat précipitamment en retraite sur Kotschau.
La réserve prussienne arrivant en toute hâte ne peut ni rallier les fuyards, ni arrêter les Français.
Soult attaque avec impétuosité cette réserve, commandée par Rüchel, la culbute et la poursuit jusqu'à Wiegendorf, où il l'attaque de nouveau. Au moment où il forme ses Divisions en carrés pour résister aux charges de la cavalerie prussienne, Murat apparait avec ses deux Divisions de cavalerie; alors commence une nouvelle poursuite pendant laquelle cavalerie et infanterie prussiennes sont renversées et mises dans la plus affreuse confusion.
Dans cette journée 150,000 Français, sur les 100,000 dont se compose l'armée de Napoléon, prennent part au combat et culbutent les 60,000 Prussiens qui défendent les positions d'Iéna; tous leurs Régiments battent en retraite dans le plus affreux désordre; les hommes ne connaissent plus ni drapeaux ni Officiers et on les voit courir à la débandade sur toutes les routes de la Thuringe.
Les Prussiens et les Saxons ont eu 12,000 hommes tués; 15,000 sont prisonniers et 200 pièces de canon tombent entre nos mains. Nos pertes s'élèvent à 4,000 environ, tués ou blessés.
En souvenir de cette grande victoire, le nom d'IÉNA est inscrit sur le drapeau du 75e.
- Marche sur Berlin et Lubeck.
Le 15 octobre au matin, le 4e Corps est mis en marche sur Büttelstedt; le lendemain, la 3e Division marchant en tête, se porte sur Grüssen, d'où elle chasse l'ennemi et prend position sur les hauteurs, plaçant son avant-garde en avant de Grüssen, sur la route de Sondershausen.
Le 17, le 4e Corps marche sur Nordhausen; la 3e Division est à l'avant-garde. Lorsqu'elle arrive en vue des troupes ennemies qui se sont formées en avant de cette ville, une Brigade emporte la hauteur de Sondershausen tandis que la 3e Brigade poursuit l'ennemi dans le défilé d'Ehrich. La nuit vient à temps pour sauver les troupes ennemies d'un désastre.
"Depuis Iéna, dit le Bulletin, le 4e Corps a eu deux affaires avec l'ennemi qu'il poursuit; il a ramassé pendant les marches 1,200 prisonniers, plus de 400 déserteurs, 30 pièces, des caissons et des bagages. Dans la journée du 18, on a pris un demi-bataillon au prince de Prusse; le 19, l'autre demi-bataillon. Les Prussiens jettent leurs armes, tout est confusion et déroute dans leur retraite; les officiers se sauvent".
Le 22 octobre, la 3e Division et, par suite, le 75e sont sous les murs de Magdebourg assiégé; elle est relevée le 25 par la Division Vandamme et envoyée à la poursuite de Blücher, qui s'est réfugié dans Lübeck. On donne l'assaut à la ville, qui est emportée; les 4e et 1er corps y pénètrent en escaladant les ouvrages de défense ; un combat acharné s'engage dans les rues. Les Prussiens, enveloppés, sont obligés de s'enfuir, laissant 10,000 morts, 6,000 prisonniers et toute leur artillerie. La Divisione Legrand a fait dans cette journée 2,500 prisonniers, pris 9 drapeaux et 21 pièces de canon.
Cette brillante campagne, à une grande distance de France, fait baisser sans cesse l'effectif des Régiments; il faut combler les vides. A cet effet, des détachements partent du Dépôt et du 3e Bataillon laissés en France. Les détachements extraits des Bataillons du Dépôt sont formés en Compagnies, les Compagnies en Bataillons et enfin les Bataillons en Régiments provisoires de 12 à 1,500 hommes conduits par des Officiers provenant des Dépôts. A l'arrivée à destination, ces Régiments disparaissent par suite de l'envoi à chaque Corps des détachements qui leur appartiennent.
Le 31 octobre 1806, l'Empereur écrit au Général Hulin : "... Les 270 hommes du 55e, les 232 du 75e seront joints avec les autres détachements du maréchal Soult, designés ce matin ; ils formeront un bataillon, caserné et désigné détachement du maréchal Soult, et rejoindront ce corps d'armée quand il passera à Berlin ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 754 - Note. Minute de la main de Berthier).
Le 4e Corps arrive à Berlin le 22; il en repart le 23 pour aller prendre ses quartiers d'hiver sur la Vistule.
Le 27 novembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Meseritz, au Maréchal Soult : "Mon Cousin … J'ai trouvé hier à Landsberg un détachement du 75e, qui m'a paru très-beau : il aura sans doute rejoint son corps …" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11312 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13651).
Composition du 4e Corps du Maréchal Soult au moment de l'ouverture de la campagne d'Hiver (un renfort de 848 hommes est arrivé vers le 20 décembre) :
1ère Division, Général Saint-Hilaire : 10e Léger, 36e, 43e, 55e de Ligne, 8 Bataillons, 14 pièces, 7077 hommes.
2e Division Leval : 24e Léger, 4e, 28e, 46e, 57e de Ligne, 10 Bataillons, 14 pièces, 9149 hommes. Note : Le 1er Bataillon du 57e (923 hommes), compris dans l’effectif, a été détaché à l’escorte des prisonniers.
3e Division Legrand : 26e Léger, 18e et 75e de Ligne, 6 Bataillons, 14 pièces, 7270 hommes.
Tirailleurs corses, Tirailleurs du Pô, 2 Bataillons
Cavalerie légère, Général Guyot : 8e Hussards, 16e et 22e Chasseurs, 9 Escadrons, 1443 hommes" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 296).
- 1807
Le 27 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Il sera distribué le 30 janvier :
... 300 capotes au 75e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 903 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14174).
- Combat de Hoff.
Le 6 février 1807, les Russes, reculant devant nos troupcs, veulent s'arrêter à Landsberg; ils sont couverts par un Corps de 12 Bataillons établis à Hoff, dans une forte position. Une Division de cavalerie s'élance sur la ligne, qu'elle entame; arrive enfin la Division Legrand, qui lance le 75e Régiment sur le village; il est enlevé de vive force. Les Russes essaient en vain de le reprendre : ils doivent battre en retraite sur Eylau après avoir perdu 2,000 hommes.
"Dans cette journée, dit le Bulletin, le 26e et le 75e régiment se distinguèrent particulièrement". Le 75e a eu en tués le Sous-lieutenant Guillaume Dubourdieu, le Sergent-major Jean-Louis Marchand, les Sergents Joseph-Marcel Veixel, Joseph Baudoin, Jean-Baptiste-Antoine Rateau, les Caporaux Pierre Derive, Jean-Joseph Bréant, Louis-Pierre Ignace Lemoine, le Grenadier Pierre-François Cuquemelle, les soldats Joachim Legay, Alexandre Chauveau, Bertrand Peyrey, Jean-Pierre Ducrost, Charles Petit, Laurent Berthoise, Jacques Bazinet, Pierre Tranchon, André Cossonet, Charles-Laurent Megnier, Charles-Denis Feuilleret, Michel Lepatre, Jean-Baptiste Forterai, Louis-François Soyer, Georges-Jean Lacour, Louis-Claude Boulon, Pierre Tréon, Pierre-David Porcheron, Nicolas Hanault, Pierre Barbe, Martin Delevot, Jacques Plisson, Nicolas-Denis Chatelain, Claude Tignard, Jean-Louis Descahmp, Jacques-Pierre-Marie Rousseau, Pierre-Louis Trotin, Antoine-Nicolas Pervis, François Roche, Pierre-Charles Baillet, Victor-Jacques-François Jeannette, Jacques Lepied. Parmi les blessés, on note les Capitaines François-Alexandre de la Rochassière (à l'épaule droite), Jean Argant (à la main droite), les Lieutenants Claude-Charles Lapisse (à la machoire), Nicolas Marchand (à la jambe droite), Christophe-André Gaillot (à la jambe droite), Joseph Foulon (au bras), Pierre-Ambroise Chevallier (au pied droit), Louis-Antoine-Simon Bourdelot (au pied droit), Jean-Laurent Berneront (au bras gauche).
- Bataille d'Eylau (7 et 8 février 1807).
Preusch-Eylau est situé à dix lieues en avant de Koenigsberg, dans une vaste plaine entrecoupée de petits lacs, de marais et de ruisseaux; mais ces accidents de terrain ne sont pas visibles à cette époque de l'année, les eaux étant gelées et recouvertes d'un pied de neige.
Le 7 février, dans le milieu du jour, lorsque l'armée française arrive devant Eylau, les Russes s'y trouvent en forces et paraisent déterminés à s'y maintenir ; leur avant-garde a pris position en avant de cette ville.
Le Général Levasseur a été remplaeé à la tête de la 3e Brigade par le Général Pouzet.
A l'arrivée devant Eylau, Murat, secondé par le 4e Corps, débouche des bois et s'avance vers le plateau de Ziegelhoff. Les Brigades Shinner et de Prade, de la Division Leval, reçoivent l'ordre du Maréchal Soult d'obliger les Russes à quitter le plateau de Ziegelhof, pendant que la Brigade Levasseur de la même Division doit attaquer de front. Les Divisions Legrand et Saint-Hilaire forment la 2e et la 3e ligne.
L'ennemi résiste vigoureusement, mais est obligé de se retirer sur Eylau. Il est suivi par la cavalerie jusqu'au faubourg; quelques Dragons du 21e y entrent même avec lui. Le 24e d'infanterie légère suit les Dragons et ce Régiment est suivi à son tour par la Division Legrand tout entière.
Cette Division traverse la ville, jonchant les rues de cadavres et va s'établir de l'autre côté, en présence de l'armée ennemie. Elle s'y maintient malgré les efforts des Russes pour l'en chasser. Tel est le prélude de la bataille d'Eylau. Les troupes du 4e Corps passent la nuit dans les postes qu'elles a conquis, la Division Legrand en première ligne sur la route de Schmoditten.
Le 8, à la pointe du jour, les Russes qui disposent de 400 pièces de canon, commencent le combat par une effroyable canonnade sur la ville.
Napoléon vient s'installer au cimetière d'Eylau. L'artillerie des 4e et 7e Corps et de la Garde (environ 200 pièces) ouvre le feu. Cette canonnade se soutient pendant deux heures.
Dans l'intervalle, le Corps du Prince d'Eckmühl (3e) arrive sur le champ de bataille, culbute l'aile gauche russe, la chasse de Serpallen et la poursuit jusque dans le bois de Sansgarten.
Les Russes alors se jettent en masse sur notre droite, s'acharnent sur un moulin à vent situé à peu de distance d'Eylau et menacent la ville. Leurs efforts portent surtout sur la Division Legrand et la Brigade Ferey, mais ces braves troupes soutiennent l'attaque de l'ennemi avec leur bravoure accoutumée.
Pendant ce temps, Ney parait du côté d'Althof, s'empare de ce village, attaque ensuite l'aile droite des Russes, que le Maréchal Soult ne contient qu'avec peine, et lui permet ainsi de prendre à son tour l'offensive. Benningsen ordonne alors la retraite sur Koenigsberg.
Les pertes des Russes sont de 27,000 hommes, tandis que celles des Français ne s'élèvent qu'à 10,000. Le 75e a eu, les 7 et 8 février, en tués, le Lieutenant Pierre-Joseph Paris, le Sous-lieutenant Louis-Michel Poirier, le Fourrier Jean-Michel Pressoir, le Caporal Simon Lignard, les Voltigeurs Charles Ménard et Jacques Rouilly, les soldats Georges Maurer, Antoine-Michel-Auguste Dufour, Nicolas Flé, Ambroise Carré, Jacques Cubissol, Louis François Féré, Jean-Pierre-René Blot, François Thibout, Gabriel Cotty, François Duflot, Jean-Pierre-Toussaint Rayemond, Jacques-Antoine-Victor Pillon, Pierre-François-Simon Desrocque, Lazare-Frédéric Charpentier, Jean-Philippe Hupé, Joseph-Martin Deceroy, Marie-Jean-Baptiste Liégard, Pierre Follet, Pierre Savary, Jean-Baptiste Deschamps, François-Joseph Sellier, Pierre-François Job, Charles-Henry Dubray, Jean-Baptiste Chibert, Etienne Roux, Pierre Maître, Nicolas-Alexandre Forget, Joseph-François Horbinon, Florent Cotty, Jean-Marie Plé, Nicolas-Joseph Nibault, Jacques Lhermitte, Alexandre-Louis Lalandre, Jean-Joseph Legnay, François-Joseph-Adrien Terrier, Nicolas-François Morin. Parmi les blessés, on trouve le Chef de Bataillon Pierre Nolland, blessé au bras, les Capitaines Joseph-André Delvade (blessé au pied droit), Jean-Marie-Emmanuel Bontat (blessé à la tête) et Jean-Baptiste Brillard (blessé à la cuisse), les Lieutenants Pierre-Lazare David, Louis Dargentole (blessé au genou gauche), le Sous-lieutenant Charles-François Fréchu (blessé à la cuisse).
Les Corps victorieux, 3e, 4e, 6e, 7e, Réserve de cavalerie et la Garde passent la nuit sur le champ de bataille. Le 4e Corps s'installe en avant d'Eylau.
Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Daru, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
4e corps
... 75e de ligne ...
Dépôts à Bromberg ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).
Le 17 mars 1807, le Colonel Buquet remplace le Colonel Lhuillier.
Le 25 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Rapp : "Je reçois votre lettre du 23 mars. Comment arrive-t-il que le 75e n’a que 1,600 hommes ? C'est bien faible ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12172 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14903).
Le 31 mars, depuis Osterode, Napoléon décide d'accorder 18 aigles d'honneur, dont neuf aux Officiers, et neuf aux Sous officiers et soldats, aux Régiments qui se sont distingués à Eylau. Il écrit au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre.
1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite, depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition :
… 75e ... d'infanterie de ligne ...
Du moment que les maréchaux auront reçu ma décision, ils ordonneront à chaque général de division de réunir chez lui les colonels et chefs de bataillon de chaque régiment, ainsi que les généraux, de brigade, et de dresser un procès-verbal qui constate les individus qui méritent le mieux la décoration. Ce procès-verbal sera envoyé au maréchal commandant le corps d'armée, qui le transmettra, avec ses observations, au major général. Tous ces procès-verbaux devront être arrivés avant le 6 avril. Le 7, le major général me les soumettra …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 145013).
Le 30 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, ... les 28e, 36e, 46e, 50e, 55e, 75e doivent être aussi dans le cas d'envoyer des détachements à la Grande Armée. Mais, ayez soin que l'on envoie les conscrits les plus anciens et qui sont déjà à l’école de bataillon ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1080 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15472).
Le 21 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J’ai reçu les états de situation que je vous avais demandés. Les 20000 hommes de la réserve doivent être distribués de la manière suivante :
12000 hommes à l'infanterie de ligne et légère conformément au tableau ci-joint.
… Répartition de 12 000 hommes de la réserve de 1808 entre les corps ci-après de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère.
... INFANTERIE DE LIGNE
CORPS NOMBRE DES CONSCRITS
... 75e 200 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15681).
Composition du 4e Corps du Maréchal Soult au 1er juin 1807 :
1ère Division, Général Saint-Hilaire : 10e Léger, 14e, 22e, 36e, 43e, 55e de Ligne, 12 Bataillons, 8763 hommes.
2e Division Carra Saint-Cyr : 24e Léger, 4e, 28e, 46e, 57e de Ligne, 10 Bataillons, 8219 hommes.
3e Division Legrand : 26e Léger, 18e, 75e et 105e de Ligne, Tirailleurs corses, Tirailleurs du Pô : 10 Bataillons, 7302 hommes.
Artillerie et Génie : 55 pièces, 842 hommes.
Cavalerie légère, Général Guyot : 8e Hussards, 16e et 22e Chasseurs, 9 Escadrons, 1235 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).
- Bataille d'Heilsberg (10 juin 1807).
Au début de la campagne d'été, le 4e Corps, auquel est joint le Corps du Duc de Montebello et la cavalerie de Murat, est dirigé sur Heilsberg, où Benningsen a établi l'armée russe, qui a construit de nombreuses redoutes.
Le Prince Murat et le Maréchal Soult abordent les Russes sans attendre le reste de l'armée. Ceux-ci essaient de dérendre le défilé de Bewerniken, mais le 4e Corps l'emporte de vive force et établit, à sa sortie, 36 pièces en batterie pour faciliter le déploiement des troupes.
A 2 heures, après plusieurs charges de la cavalerie de Murat, l'infanterie du 4e Corps arrive; la Division Legrand, la première venue, prend position à gauche et en avant du village de Lawden. Elle vient de repousser les tirailleurs ennemis embusqués dans les bouquets de bois en avant de la ligne et est parvenue au pied des redoutes. Cette Division détache le 26e Léger à leur attaque, tandis que le reste de ses troupes appuie le mouvement en avant de la cavalerie. Le combat est acharné et ne se termine qu'à la nuit.
Ont été tués le Grenadier Pierre-Modeste Lechauxpied, les soldats Fernand Loeil, Jacques Leclerc, François-Bastien Loire, Ambroise Bucquet, Barthélemy Marquet, Jean-François-Simon Desbates, Nicolas-Joseph Plessis, Joseph-François Baron, Louis-Georges Corel. Sont blessés les Sous-lieutenants Claude-François Lefèvre (à la main) et Louis-Stanislas Refay (au pied).
Le 13, l'Empereur n'ayant pas de renseignements précis sur la direction prise par l'armée russe, envoie Murat avec les Corps de Soult et Davout sur Koenigsberg. Cette même journée, Soult, qui forme la colonne de gauche, rencontre l'arrière-garde du Corps prussien de Lestocq : il lui enlève un Bataillon et près de 12 à 1,500 hommes de l'arrière-garde.
Le Grenadier Louis-Nicolas Radt et le soldat Louis-Georges Rodier ont été tués; le Capitaine Jean-Baptiste Brillard est blessé au pied, le Lieutenant Jean-Pierre Granghon à la cuisse et au genou.
Le 14, la Division Legrand attaque le village de Karschau, défendu par un détachement prussien et s'en empare.
Lestocq est enfin obligé de s'enfermer dans Koenigsberg, mais non sans perdre 1,000 prisonniers et 14 canons, que lui prend le 4e Corps.
La ville, refusant de se rendre, Davout se décide à une aUaque de vive force. La Division Legrand est dirigée sur le faubourg, que l'ennemi défend energiquement; elle s'en empare et s'y maintient en faisant subir des perLes sérieuses à l'ennemi.
Après la victoire de Friedland, Koenigsberg est évacué par Lestocq, le 4e Corps y entre et y trouve des ressources considérables.
Le Régiment occupe des cantonnements sur la Vistule.
Le 11 septembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, vous trouverez ci-joint des pièces relatives à des dilapidations qui ont eu lieu dans le 75e régiment. Faites-moi un rapport sur cette affaire et sur le projet de décret que m'envoie M. Lacuée. Il me paraît convenable que vous ordonniez sur-le-champ l'arrestation du capitaine Gomeret et des autres officiers qui auraient participé à cette dilapidation. Je désire que vous me fassiez un rapport détaillé que je puisse faire imprimer et mettre à l'ordre de l'armée ; et dans ce rapport vous proposerez la retenue, aux dépens des officiers composant le conseil, de la somme dont le corps se trouve frustré. Prenez toutes les mesures nécessaires pour arrêter des dilapidations si contraires au bien du service.
NOTE SUR L'AFFAIRE DU 75e RÉGIMENT.
Rambouillet, 11 septembre 1807.
On ne peut accuser le conseil d'administration, puisque l'opération peut avoir été faite de deux manières différentes.
Le drap peut avoir été reçu par le corps ; après avoir été reçu, le garde-magasin et le capitaine d'habillement peuvent avoir vendu le drap, et le conseil n'en avoir rien su : dans ce cas, l'officier d'habillement et le garde-magasin sont coupables, et le conseil d'administration n'est pour rien dans cette dilapidation.
Le drap peut ne pas avoir été fourni, le garde-magasin et le capilaine d'habillement avoir donné le récépissé qui aura été remis au conseil d'administration, qui ne peut pas aller mesurer les pièces de drap : alors ce conseil est trompé comme le ministre ; s'en prendre à lui, c'est comme si l'on s'en prenait à M. Dejean, qui est aussi responsable. En conséquence, il ne s'agit pas d'aller chercher la métaphysique de la responsabilité, mais le coupable. Il paraît être ou le capitaine d'habillement, ou le garde-magasin, ou le tailleur ; il faut faire arrêter, retenir les appointements, prendre inscription sur les biens, s'il y en a, des auteurs du délit.
Vient une seconde enquête dont l'objet est de savoir si le marchand a été payé ou non. S'il ne l'a pas été au trésor, il faut sur-le-champ opérer la retenue et faire déposer cet argent à la caisse d'amortissement, comme objet contentieux, jusqu'à ce que l'affaire soit réglée" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13142 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16354).
Le 17 septembre 1807, à Saint-Cloud, on soumet un "Rapport à l'Empereur relativement aux ordres donnés pour l'arrestation d'un capitaine d'habillement du 75e de ligne, et aux mesures prises pour l'examen des malversations dont le conseil d'administration de ce corps est accusé"; Napoléon réponds : "Remettre, mercredi prochain, un rapport sur toutes les dilapidations des corps" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1299).
Le 7 octobre 1807, à Fontainebleau, "Le général Dejean rend compte à l'Empereur des prévarications dont s'est rendu coupable le sieur Martin Tisson, chargé des fournitures d'habillement pour le 75e régimentd'infanterie, avec la complicité d'un capitaine de ce régiment"; l'Empereur réponds : "Renvoyé à notre grand juge, ministre de la justice, pour faire poursuivre le sieur Martin Tisson, conformément aux lois de l'Etat " (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1333).
Le Décret du 9 octobre 1807 précise que sont impliqués dans l'affaire de la dilapidation au sein du 75e, le Capitaine d’habillement Gomeret, ainsi que le Maître Tailleur du 75e de ligne, accusés tous les deux d’avoir revendu des tissus à une entreprise privée.
Le 25 octobre 1807, on présente à l'Empereur un "Rapport sur l'examen de la comptabilité du 75e régiment d'infanterie. La culpabilité du major, du capitaine d'habillement et du maître-tailleur étant prouvée par les faits, le ministre demande l'autorisation de les traduire devant un conseil de guerre"; "Mettre en accusation le major, le capitaine et le maître-tailleur. Pour le surplus, laisser faire la justice", réponds Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1394 - Ni datée ni signée, extraite du « Travail du ministre de la guerre avec l’Empereur, du 25 octobre »).
Tambour-major du 75e de Ligne en 1807-1808, d'après le Manuscrit de Otto
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/1808
- Grande Armée
Le Décret du 18 février 1808 apporte une nouvelle organisation dans les Régiments d'infanterie légère et de ligne. Tous ces Corps sont composés d'un Etat-major et de cinq Bataillons. Dans la Ligne, les quatre premiers Bataillons, formés de six Compagnies, dont une de Grenadiers et une de Voltigeurs, sont désignés sous le nom de Bataillons de guerre; le cinquième, comprenant quatre Compagnies de Fusiliers, est appelé Bataillon de Dépôt.
Le 22 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous devez avoir reçu mon décret pour la nouvelle organisation de l'armée. Je me suis hâté de vous l'envoyer, ainsi que les différents tableaux, afin que vous puissiez donner tous les ordres préparatoires. Mon intention est cependant qu'aucun dépôt ne se mette en marche pour sa nouvelle destination, et qu'aucun embrigadement ne soit fait qu'en conséquence d'une instruction que vous donnerez aux généraux chargés de ce travail, et qui, avant d'être expédiée, sera mise sous mes yeux. Voici quelles sont mes vues ; je vous les fais connaître afin que cela vous serve pour la rédaction de cette instruction.
4e Corps de la Grande Armée. — Vous chargerez le maréchal Soult d'organiser le 4e corps et la division Molitor. Les 10e, 24e et 26e d'infanterie légère garderont leurs trois bataillons. Les 2e, 22e et 28e de ligne, 36e, 46e, 67e et 75e ne garderont à l'armée que deux bataillons ou douze compagnies, en prenant tous les hommes disponibles, et renverront le cadre du 3e bataillon au dépôt ... " (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 171260).
Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ...
ANNEXE :
... 4e corps
... 75e id. 100 000 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).
Le 22 avril 1808, à Bayonne, "Le ministre de la guerre rend compte qu'il a mis à la disposition du contre-amiral Missiessy, à Flessingue, 400 hommes pris, à raison de 100 hommes par régiment, dans les 3es bataillons des 25e, 36e, 46e et 75e d'infanterie, pour compléter la garnison des vaisseaux en armement dans ce port"; "Approuvé", réponds Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1814).
Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; il écrit :"3° NOTE ...
3e régiment de marche à Strasbourg : deux bataillons de dix-huit compagnies (à Mayence) 2240 ...
Réunir cette division à Magdeburg.
4° GRANDE ARMÉE.
PROJET DE FORMATION DE RÉGMENT DE MARCHE.
Infanterie.
1er régiment de marche. 1.860 ...
3e Id. 4.340 ...
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Il sera formé six régiments de marche de la Grande Armée ; ils seront organisés conformément au tableau ci-annexé.
Art. 2. Toutes les troupes qui doivent composer ces régiments seront bien habillées, bien armées, enfm mises en bon état et prêtes à partir de leur garnison le 1er août prochain.
Art. 3. Le 1er régiment de marche se réunira à Hanau ...
Le 3e – à "
Art. 4. Nos ministres de la guerre, de l'administration de la guerre et du Trésor public, sont chargés de l'exécution du présent décret ...
6° 3e RÉGIMENT DE MARCHE OU RÉGIMENT DE MARCHE DU 4e CORPS ...
3e bataillon
Trois compagnies, Anvers, de 140 hommes du 72e de ligne. 420
Trois compagnies, Lille, de 140 hommes du 75e de ligne. 420
840 ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée, en raison de la lettre adressée le même jour à Clarke).
Le 9 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Mon cousin, envoyez l'ordre à la Grande Armée, au 32e de ligne qui est à Berlin, au 58e qui est du côté de Hambourg, au 28e de ligne et au 75e de se rendre à Wesel, ce qui fera quatre régiments d'infanterie qui se rendront à Wesel ...
P.S. Vous pourrez adresser votre lettre à Lavalette par l'estafette et la faire porter par un courrier à Berlin" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées » ; Paris, 1903, t. 1, lettre 742 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18512).
Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "... 2° Le corps du général Oudinot sera composé de trente-six bataillons des régiments ci-après, savoir des 4e, 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e et 28e d'infanterie légère ; des 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e, 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e et 94e de ligne, et des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e de ligne.
Les bataillons des tirailleurs corses et des tirailleurs du Pô y seront joints, ce qui en portera le nombre à 36.
Chaque bataillon sera réuni, enfin, à six compagnies et à 840 hommes.
Tous les hommes sortant des hôpitaux et appartenant aux régiments de marche formés en France resteront à la suite des compagnies de grenadiers et voltigeurs du corps d'Oudinot, et, lorsque les quatre compagnies de fusiliers seront arrivées, elles seront incorporées dans ces compagnies.
3° Aussitôt que deux compagnies de ces 4es bataillons seront complétées au dépôt à 140 hommes chacune, le ministre de la guerre nous en rendra compte, pour que nous donnions l'ordre de les faire rejoindre avec les chefs des bataillons et adjudants-majors.
Au 10 janvier, le ministre de la guerre nous fera connaître ceux de ces 4es bataillons qui peuvent fournir deux compagnies de 140. Les deux autres compagnies auront joint avant le 20 février, de manière qu'à cette époque chaque régiment de l'armée du Rhin ait ses quatre bataillons de six compagnies chacun et d'un effectif de 3.360 hommes, et que le corps présentera trente-six bataillons ou 30.000 hommes.
4° Ce corps sera partagé en trois divisions de douze bataillons chacune.
Les bataillons seront embrigadés sous le nom de demi-brigades d'infanterie, dont quatre d'infanterie légère et huit d'infanterie de ligne, commandées par les majors.
La 1re demi-brigade provisoire d'infanterie légère sera composée des 4es bataillons des 6e, 24e et 25e ...
La 7e des bataillons des 40e, 75e et 88e. ...
La 3e division sera composée des 3e, 4e demi-brigades d'infanterie légère et des 7e et 8e d'infanterie de ligne ...
5° Aucun mouvement ne se fait par le ministre de la guerre, qu'il ne m'en ait présenté le projet et qu'il n'ait eu mon approbation" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).
Le 5 décembre 1808, l'Empereur écrit également, depuis Chamartin, au Général Lacuée, Directeur des Revues et de la Conscription militaire, à Paris : "Mon intention est de renvoyer les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 4es bataillons des régiments qui font partie de l'armée du Rhin à leurs régiments, pour former le cadre des 4es bataillons, et d'augmenter insensiblement ces 4es bataillons des quatre autres compagnies, de manière que l'armée du Rhin, qui est composée de vingt et un régiments, le soit de quatre-vingt-quatre bataillons ; ce qui, avec les huit bataillons qui forment le corps des villes hanséatiques, fera quatrevingt-douze bataillons, ou un effectif de près de 78,000 hommes, et, avec la cavalerie et l'artillerie, près de 110,000 hommes. Le corps d'Oudinot ne serait plus alors composé que des compagnies de grenadiers et voltigeurs des régiments ci-après, savoir : 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e, 28e d'infanterie légère ; 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e. 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e, 94e d'infanterie de ligne. Mon intention serait que les compagnies restant des 4es bataillons de ces corps y fussent réunies ; ce qui compléterait vingt-huit bataillons. J'y joindrais les 4es bataillons des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e ; ce qui porterait ce corps à trente-quatre bataillons, qui, à 840 hommes chacun, feraient près de 30,000 hommes. Pour compléter le nombre de 30,000 hommes, j'y réunirais les bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses ; j'en formerais trois divisions de douze bataillons chacune ; ce qui ferait un beau corps qui pourrait, si cela était nécessaire, renforcer l'armée du Rhin et la porter à 140,000 hommes, laissant les 4e, 46e, 18e de ligne, 24e et 26e légers, ce qui fait cinq régiments, pour la défense du port de Boulogne et de la Bretagne, et me laissant ainsi la faculté de diriger sur l'Allemagne les 4es bataillons des 48e, 13e, 108e, etc ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14535 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19446).
- 1808 : France
Le 12 janvier 1808, l'ordre suivant est promulgué : "L'Empereur a ordonné la formation d'une division de réserve d'infanterie qui sera réunie à Orléans le 1er février 1808.
Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires et chaque régiment de trois bataillons. La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires ...
... Les trois bataillons du 18e régiment provisoire doivent être composés de quatre compagnies chacun, tirées des 28e, 46e et 75e de ligne ...
Le général de division Verdier commandera cette division de réserve, le général Schramm y sera employé" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1511).
Toujours le 12 janvier 1808, un deuxième ordre est promulgué, portant sur la composition de la Division de Réserve d'infanterie qui se réunit à Orléans : "Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires, chaque régiment de trois bataillons, chaque bataillon de quatre compagnies, chaque compagnie de 150 hommes, total 10.800 hommes.
La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires, la 2e, des 15e et 16e, la 3e des 17e et 18e.
... Le 18e régiment provisoire sera composé, savoir : ... 3e bataillon : de quatre compagnies, de 150 hommes chacune, du 75e de ligne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1514).
Le même 12 janvier 1808, l'Empereur écrit en parallèle, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous donnerez les ordres pour la formation d'une division qui portera le titre de division de réserve, et qui se réunira à Orléans. Cette division sera composée conformément au tableau ci-joint ... Vous donnerez l'ordre qu'avant de faire partir les compagnies qui doivent former la division de réserve d'Orléans on complète tout ce que les corps doivent fournir aux douze régiments provisoires du corps d'observation des côtes de l'Océan. Le général de division Verdier commandera cette division de réserve. Le général Schramm y sera employé
P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et elle se mettra en marche au 1er février. Vous aurez soin de lui faire fournir des capotes et de veiller à ce que les hommes soient bien habillés.
COMPOSITION DE LA RÉSERVE D'INFANTERIE QUI SE RÉUNIT À ORLÉANS
Cette division sera composée de trois brigades ; chaque brigade de deux régiments provisoires ; chaque régiment de trois bataillons ; chaque bataillon de quatre compagnies ; chaque compagnie de 150 hommes : total 10 800 hommes.
La 1re brigade sera composée du 13e et 14e régiment provisoire
... la 3e brigade 17e et 18e
Le 18e régiment provisoire sera composé :
... D’un 3e bataillon de 4 compagnies de 150 hommes chacune du 75e de ligne ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13448 ; Correspondance militaire de Napoléon 1er Extraite de la correspondance générale et publiée par ordre du ministère de la guerre, t.5, lettre 971 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 16987).
Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts. Je conçois que les conscrits ont été dirigés sur les nouveaux dépôts ... Je pense qu'il serait convenable d’en faire de même, et qu'ainsi de suite il faudrait diriger les magasins du ... 75e de Boulogne sur Lille ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).
Le 1er juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Vous donnerez ordre que les 19e, 25e, 28e, 46e, 50e et 75e forment chacun un bataillon de six compagnies et de 7 à 800 hommes y compris les grenadiers et voltigeurs qui seront au camp de Boulogne et qui se réuniront à leurs bataillons, ce qui renforcera de 4 à 5 000 hommes le camp de Boulogne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2064 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18456).
En août, les dispositions suivantes sont arrêtées : Le 1er, le 5e et le 6e Corps de la Grande Armée, ainsi que les Divisions de Dragons Milhaud et Latour-Maubourg, ont ordre de se diriger sur Mayence et Wesel, pour se rendre de là à Bayonne. Les 32e, 58e, 28e et 75e de Ligne, ainsi que la 5e Division de Dragons (Lorge), doivent être acheminés sur Paris, par Wesel (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 299).
Le 5 août 1808, à Rochefort, on informe l'Empereur que "Le général Clarke rend compte que le 23e de ligne, parti de Berlin le 22 juillet, arrivera à Wesel le 13 août. Il demande quelles sont les intentions de l'Empereur au sujet de la destination ultérieure de ce régiment, ainsi que des 28e, 58e et 75e de ligne, auxquels le maréchal Berthier a envoyé l'ordre de se rendre à Wesel" ; "Diriger tous ces corps le plus promptement possible sur Paris. Me rendre compte de tout ce qu'il peut y avoir à leurs dépôts et aux 4e bataillons, afin de compléter ces corps", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2158 - De la main de Maret).
Et le 8 août 1808, à Nantes, "Le général Clarke sollicite les ordres de l'Empereur au sujet de la destination ultérieure du 5e dragons, des 28e, 32e, 58e et 75e régiments de ligne qui sont en marche pour se rendre à Wesel"; "Les diriger d'abord sur Paris" répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2159).
Le 17 août 1808, Napoléon rédige, à Saint-Cloud, une "Note pour les Ministres de la Guerre et de l'Administration de la Guerre
… quatre régiments d'infanterie et un régiment de dragons ont ordre de se diriger sur Wesel et de là sur Paris, savoir : les 32e, 58e, 28e, 75e de ligne et 5e de dragons.
On fera par avance les dispositions pour que ces troupes, arrivées à Paris, forment une division ; on préparera à l'avance ce qui lui est nécessaire ; on désignera un général de division, deux généraux de brigade, un adjudant-commandant, trois capitaines adjoints à l'état-major, un commissaire des guerres, un inspecteur aux revues, des ambulances, des administrations, et enfin tout ce qui est nécessaire pour l'entière organisation d'une division de l'armée, douze pièces d'artillerie attelées, les caissons, le personnel d'artillerie et celui du génie.
On fera des dispositions pour activer la marche des quatre régiments d'infanterie qui viennent de Wesel, de manière qu'ils arrivent à Paris à peu près le même jour ; en conséquence, la marche des derniers régiments se fera en poste, d'après les distances calculées, afin qu'ils puissent atteindre les premiers régiments et arriver à peu près en même temps qu'eux à Paris …" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14256).
- 1808 : Espagne
Les armées françaises ont déjà pénétré dans la péninsule ibérique, et l'expédition de Portugal se continue lorsque le 75e Régiment d'infanterie quitte les bords de la Vistule. Le 75e quitte alors la Grande Armée pour se rendre en Espagne.
Le 15 juin 1808, quatre Compagnies du 75e contribuent à la formation du 18e Régiment provisoire qui, réuni au 17e Régiment provisoire, formera le 120e Régiment d'infanterie qui fera partie du Corps d'armée des Pyrénées-Occidentales.
Comme on l'a vu plus haut, dans le courant de juillet 1808, cinq Régiments de la Grande Armée, les 32e, 52e, 28e et 75e d'infanterie et le 5e Dragons, ont reçu l'ordre de se diriger sur Wesel et de là sur Paris. De Paris, ils doivent ensuite se rendre dans la péninsule.
Le 22 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le ministre de la Guerre, mon intention est de lever 60 000 conscrits sur les réserves des années antérieures ; 20 000 des départements du Midi seront destinés pour l’armée d'Espagne et partagés conformément aux besoins des régiments, dont vous me présenterez les états ; ... 14e, 44e, 15e, 70e, 47e, 86e, 43e, 55e, 51e, 46e, 32e, 28e, 75e ... ; cela fera à peu près, l'un portant l'autre, 500 hommes par régiment ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18734).
L'Armée d'Espagne est formée en huit corps.
Par Décret du 7 septembre 1808, dicté depuis Saint-Cloud, l’Empereur réorganise l’Armée d'Espagne :
"Saint-Cloud, 7 septembre 1808
DÉCRET.
L'armée d'Espagne sera composée de six corps d'armée.
... ART. 4. Le 4e corps sera commandé par le duc de Danzig et composé de la manière suivante :
1re division, que commande le général Sebastiani, comprenant les 32e, 75e, 28e et 58e régiments d'infanterie de ligne ;
2e division, que commande le général Leval, comprenant un corps de Nassau, un corps de Bade, un corps de Hesse-Darmstadt et un bataillon du prince Primat ;
3e division, que commande le général Valence, sénateur, comprenant les trois nouveaux régiments qui se réunissent à Sedan ;
4e division, comprenant la brigade hollandaise qui se réunit à Gand et qui arrive à Paris, et la brigade westphalienne qui arrive sur le Rhin.
Chacune de ces divisions étant de 6,000 hommes, ce corps d'armée sera de 24,000 hommes d'infanterie et de quarante-huit pièces de canon ...
ART. 8. - Notre ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent décret" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14300).
Le même 7 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "... Vous donnerez l'ordre au maréchal Lefebvre de diriger ses équipages et ses effets sur Bayonne où ils devront être le 11 octobre.
Vous lui ferez connaître que je lui donne le commandement du 4e corps d’Espagne qui sera composé de :
La division Sebastiani qui se forme à Paris ; composée des 32e, 75e, 58e et 28e ;
De la division Leval composée du corps des Nassau, de Bade, de Hesse-Darmstadt et d'un bataillon du prince primat formant 6 000 hommes, cette division est partie de Metz. Il sera nécessaire que le maréchal aille en passer la revue à son passage à Orléans.
De la division de 3 nouveaux régiments de Polonais qui se forment à Sedan et qui sera commandée par le sénateur Valence.
D'une division formée hollandaise arrive à Paris dans 10 jours dont il passera la revue et d'une brigade de Westphaliens qui va passer le Rhin, et organiser cette division. Ces 4 divisions formeront une trentaine de mille hommes. Concertez-vous avec le ministre de la Guerre pour former l'état-major de ce corps d'armée.
Enfin, donnez l'ordre que ce maréchal ne perde pas de temps à s'occuper de l’organisation de son corps d'armée et de tous les détails" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18841). La 1ère Division est composée ainsi qu'il suit : 1ère Brigade, Roguet : 28e et 32e de ligne ; 2e Brigade, Pouzet : 58e et 75e de ligne.
Le 9 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le général Clarke ... Le 75e recevra 100 hommes de son dépôt, qui partiront de Lille en droite pour Bayonne. Son 3e bataillon sera également complété à 300 hommes par le dépôt, et le 4e bataillon se mettra en marche pour Bayonne, où il recevra 500 conscrits. Le dépôt recevra, tant pour lui que pour le bataillon qui est à Boulogne, 560 conscrits ; ce qui portera à 1 060 les conscrits destinés pour ce régiment ...
Trois bataillons qui sont à Boulogne, savoir les bataillons des 28e, 75e et 50e de ligne, devront en partir, aussitôt qu'on pourra s'en passer à Boulogne, c'est-à-dire dans le commencement de l'hiver ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2274 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18865).
Le 12 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guere : "Monsieur le général Clarke, il faudrait retarder le départ du 75e régiment, d'un jour, afin de lui donner le temps de recevoir les hommes qu'il a envoyés en permission" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2283 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18894).
Le 16 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Les 3es bataillon du 75e et du 28e qui doivent être partis de la 16e division militaire seront dirigés sur Vincennes et Versailles, vu que ces régiments, et les 32e, 58e, 2e, 4e, 12e et 15e doivent recevoir leurs conscrits à Paris : après qu'ils auront été armés et habillés à leurs dépôts, vous les dirigerez sur Bayonne pour renforcer l'armée d’Espagne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2306 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18933).
Dès le 15 octobre, la Division Sébastiani (32e, 58e, 28e et 75e Régiments d'infanterie), passe la frontière et se dirige sur Vittoria; l'armée doit en effet se rassembler entre cette ville et Bayonne.
Les forces de l'ennemi comprennent quatre Corps d'armée espagnols auxquels il convient d'ajouter l'armée anglaise de sir John Moore, qui est en Portugal.
Le 19 octobre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lebrun, son Aide de camp : "Monsieur le général Lebrun, en passant votre revue à Versailles, voyez aussi la situation des 3es bataillons des 28e et 75e de ligne (le bataillon du 75e pourrait bien être à Vincennes) en officiers, sous-officiers et soldats. Voyez combien ils doivent recevoir de conscrits, combien ils en ont déjà reçu, quels sont leurs moyens d'habillement et enfin quand ces bataillons seront en état de partir ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19076).
Le 26 octobre 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vois que le 75e de ligne a les grenadiers et voltigeurs de son 4e bataillon à Wimereux ainsi que le 36e de ligne. Faites-moi connaître où est le restant du 4e bataillon, et pourquoi les grenadiers et voltigeurs ne le rejoignent pas ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2412 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19136).
- Combat de Zomoza.
Le Corps du Maréchal Lefebvre, auquel appartient le 75e, bat le 31 octobre, à Zornoza, une armée espagnole de 21,000 hommes composée moitié de troupes de ligne, moitié de paysans et d'étudiants. L'attaque est commencée à notre gauche par le Général Villatte; elle est si vigoureuse que les Espagnols surpris tiennent à peine et se laissent culbuter de poste en poste jusqu'au fond de la vallée.
La Division Sébastiani en entendant le feu de la Division Villatte, marche à l'ennemi avec une égale vigueur ; elle aborde les Espagnols à travers un brouillard épais, et ceux-ci sont refoulés si promptement sur le revers des hauteurs qu'ils occupent qu'on a à peine le temps de les joindre. Nos soldats doivent prendre des positions successives pour fusiller les Espagnols dans leur fuite à travers des montagnes escarpées. On leur met ainsi hors de combat près de 1,800 hommes, tandis que, de notre côté, nos pertes ne s'élèvent qu'à 200 tués ou blessés.
Après ce succès, le Maréchal Lefebvre entre à Bilbao. Napoléon lui donne l'ordre de marcher sur Biscaye et de poursuivre le Général Blake avec la plus grande vigueur.
Le 4 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, passez la revue des dépôts des 32e, 58e, 75e, 28e, 2e, 12e, 15e, 4e d'infanterie légère. Assurez-vous de la situation de chacun de ces corps, de leur habillement et armement, et faites-moi connaître quand les 3es et 4es bataillons pourront partir, et de quelle force seront les détachements que les 5es bataillons doivent fournir aux bataillons de guerre. Ordonnez que les hommes partent bien habillés, avec de bonnes capotes, et déjà un peu dégrossis ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2427 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19179). Les 32e, 58e, 75e, 28e sont des Régiments d'infanterie de ligne appartenant à la Division Sébastiani du 4e Corps (Lefebvre).
Le 5 novembre 1808, à Tolosa, Napoléon est informé que "Le général Clarke demande quelles sont les intentions de l'Empereur relativement aux 4es bataillons des 28e, 36e, 50e et 75e de ligne qui se trouvent actuellement au camp de Boulogne et dont les régiments sont employés en Espagne"; il répond : "Ces quatre bataillons seront complétés par les conscrits de cette année, de manière à être portés au grand complet. Ils resteront pour la défense du camp de Bayonne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2430).
- Combat de Gijano (7 novembre 1808).
Le 7 novembre au matin, les Divisions Villatte et Sébastiani, suivies de la Division allemande Leval, et présentant une force de 18,000 hommes, presque sans artillerie et cavalerie, prennent la route de Valmacéda, qui suit le fond de la vallée. Le Maréchal Lefebvre s'avance ayant la Division Leval sur la route même, la Division Villatte à gauche et la Division Sébastiani à droite et un peu en avant des deux autres.
La Division Sébastiani force d'abord le village de Sodupe, puis, se portant au delà, rencontra, sur les hauteurs du Gijano, Blake avec 22,000 hommes et 3 pièces de canon.
Les troupes de la Division Sébastiani gravissent sur-le-champ ces hauteurs, malgré le feu inquiétant des Espagnols, qui tirent de loin. Les positions sont enlevées.
Le 11, pendant la marche des corps de Lefebvre sur Reinosa, celui-ci charge la Division Sébastiani d'attaquer un détachement de l'armée de Blake, qui vient de se faire battre à Espinosa. Le Général Sébastiani l'attaque vigoureusement et le disperse, lui mettant un grand nomhre d'hommes hors de combat et s'emparant d'une grande quantité d'armes. Le maréchal Lefebvre s'établit à Carrion le 15 novembre avec la Division Sébastiani pendant que le Maréchal Soult continue sa marche sur les Asturies.
Le 19 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Burgos, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, aussitôt que les 3 bataillons du 58e, du 75e et du 28e de ligne seront complétés à 140 hommes et 30 en sus pour compléter les autres bataillons, ce qui fait 170 hommes, ou 1020 pour la totalité, ce qui fera pour ces trois bataillons 300 hommes, vous en passerez la revue. Vous vous assurerez qu'ils ont leurs fusils, baïonnettes, gibernes, habillement, capotes, deux paires de souliers dans le sac, une aux pieds, et que les soldats ont déjà quelques leçons. Ce qui leur manquera, vous le leur ferez donner ; vous en ferez passer une deuxième revue quelques jours après, et lorsqu’on vous aura assuré qu'ils sont en état, vous en passerez encore une revue, et vous les ferez partir ensemble pour Bayonne sous les ordres d'un adjudant commandant, d’un général de brigade, ou d'un major, à petite marche ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2478 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19328).
Le 22 novembre 1808, dit l'Historique régimentaire, le 3e Bataillon du Régiment, venant de Lille, arrive à Bidart près de Bayonne, ce qui porte l'effectif du Corps à 60 Officiers et 1,900 hommes.
Le même 22 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Burgos, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Je vous ai déjà mandé comment je désirais que les détachements du 75e, du 58e et du 28e partissent de Paris ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2488 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19360).
Le 27 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Aranda, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin ... Je vois, dans l'état de la place de Burgos au 25, qu'il est arrivé un détachement de 123 hommes du 75e. Donnez l'ordre au général Mathieu-Dumas de réunir tous les hommes appartenant au corps du duc de Danzig, entre autres ce détachement, et, aussitôt qu'il aura réuni 300 hommes, qu'il les dirige sur Palencia, d'où ils rejoindront le corps de ce maréchal ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2508).
Le 29 novembre 1808 : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 22. Je suis fâché que vous n'ayez pas vu vous-même les troupes. En les faisant venir à midi précis dans votre cour ou dans la cour des Invalides, vous ne perdiez pas de temps, et cela est d’un bon effet ...
Je vois que le 3e bataillon du 28e de ligne ne peut m'offrir que 855 hommes ; cela est bien suffisant pour le bataillon ; mais comme je voudrais qu'il pût partir avec 200 hommes de plus pour incorporer dans les deux premiers bataillons, faites-moi connaître quand il sera à 1 000 ou 1100 hommes. Et si au 10 décembre, il n'est pas à ce nombre, vous pourriez y incorporer 200 hommes pris parmi les conscrits de la Garde. Je suppose qu’à cette époque vous vous serez assuré qu'ils ont leurs capotes. Je compte que le 3e bataillon du 28e, fort de 1 100 hommes bien habillés et bien armés, partira le 10 décembre de Paris pour se rendre à Bayonne.
Le 3e bataillon du 75e sera également porté à 1 100 hommes. Il lui sera donné, si cela est nécessaire, 150 conscrits de la Garde. Le 3e bataillon du 58e n’a que 800 hommes, mais son dépôt doit pouvoir lui fournir ce qui manque pour être à 1 100 hommes. Ainsi ces trois bataillons forts d'un présent sous les armes de 2 300 hommes, ayant leurs capotes et leurs souliers, partiront de Paris pour Bayonne le 10 décembre. Vous en passerez la revue pour vous assurer qu'il ne leur manque rien ; vous retarderez leur départ, s'il leur manquait quelque chose ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2518 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19432).
Le 9 décembre, le 4e Corps entre dans l'Escurial.
Le 22 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Madrid, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke ... Aussitôt que la division de 5 à 6,000 hommes, composée des bataillons des 75e, 28e et 58e de ligne et des détachements des 2e, 12e, 4e et 15e légers, sera prête et fournie de ses capotes, de ses deux paires de souliers dans le sac, etc. vous la ferez partir pour Bayonne. Chargez un général de brigade du commandement de cette colonne, et qu'elle ait un séjour au moins tous les quatre jours de marche" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14608 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19622).
Le 31 décembre 1808, à Benavente, "Le général Clarke rend compte qu'il a passé la revue des 3es bataillons des 28e, 58e et 75e régiments d'infanterie de ligne et des détachements fournis par les dépôts des 32e de légère, 24e et 12e d'infanterie légère, et destinés les uns et les autres à rejoindre l'armée d'Espagne"; l'Empereur répond : "Renvoyé au major général, pour donner ordre à Bayonne de leur faire distribuer une paire de souliers, après quoi ils seront dirigés sur Burgos. On leur donnera à Bayonne un séjour ; ils y arriveront vers le 1er février ; le major général aura soin de m'en instruire alors pour que je donne des ordres" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2614).
/ 1809
- 1809, Espagne
Le commencement de l'année 1809 trouve le 75e Régiment d'infanterie à la garde de Madrid.
Le 17 janvier 1809, Berthier adresse à Joseph, depuis Valladolid, les Instructions de l'Empereur : "Sire, l'Empereur m'ordonne d'avoir l'honneur de faire connaître à Votre Majesté que les événements politiques le décident à partir pour Paris ; qu'il compte revenir en Espagne au mois de mai, si les circonstances le permettent. Toutefois, l'Empereur confie à Votre Majesté le commandement de ses armées en Espagne. J'ai l'ordre de rester huit à dix jours après le départ de l'Empereur, c'est-à-dire jusqu'au 25, afin d'être assuré que vous aurez reçu cette dépêche, et que Votre Majesté a connaissance de la situation des choses …
Votre Majesté aura en infanterie :
... La division Sébastiani, composée des 28e, 32e, 58e et 75e d'infanterie de ligne ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 5, p. 365).
- Bataille de Ciudad-Réal (27 mars 1809).
Le 4e Corps d'armée, reconstitué sous les ordres du Général Sébastiani, gagne la Guadiana. L'Espagnol Cortojal, avec 16,000 ou 17,000 hommes, s'est avancé au delà du Tage sur Ciudad-Réal.
A l'arrivée du Corps Sébastiani sur la Guadiana, ce Général lance la cavalerie Milhaud au delà de cette rivière. Les Dragons se rendent maîtres du pont, le seul qui existe en cet endroit, et poussent les Espagnols jusque sous les murs de Ciudad-Réal; mais n'étant pas soutenus, ils doivent revenir au pont, dont le débouché est gardé par quelques Dragons qui ont mis pied à terre (26 mars 1809).
Le lendemain 27 au matin, le Général Sébastiani, avec ses 12,000 hommes, n'hésite pas à prendre l'offensive. Il forme ses troupes en colonnes par sections, la Division française en tête, dans l'ordre suivant: 32e, 18e, 58e, 75e, et défile ainsi sur le pont au grand étonnement des Espagnols.
Il assaille ensuite l'armée espagnole, qui, en peu de temps, est culbutée par ces quatre Régiments et s'enfuit en désordre sur Ciudad-Real, abandonnant son artillerie, 1,000 morts ou blessés et 4,000 prisonniers. Le reste de cette armée est atteint le lendemain matin 28, à Santa-Cruz, et la 1ère Division fait encore 1,000 prisonniers et 800 morts ou blessés.
Le 4e Corps atteint, le soir même, la Sierra-Morena.
Le 7 avril 1809, "On propose de nommer à l'emploi de 1er porte-aigle du 75e régiment le sieur Guichard, qui est particulièrement recommandé par le colonel comme méritant la préférence" ; "Accordé", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3096 - Non signées ; extraites du « Travail du ministre de la guerre avec l'Empereur du 5 avril 1809 »).
- Bataille de Talaveyra de la Reina (28 juillet 1809).
Le 28 juillet au matin, l'armée combinée ennemie, forte de 72 à 75,000 hommes, dont 40,000 Espagnols sous les ordres de Cuesta et 32,000 Anglais et Portugais sous les ordres du marquis de Wellesley, s'est formée sur plusieurs lignes, appuyant sa droite à Talaveira et sa gauche à un mamelon très escarpé garni d'une nombreuse artillerie.
A 10 heures du matin, tout le 1er Corps s'approche des lignes ennemies; la Division Lapisse a ordre de forcer la gauche pendant que les Divisions Séhastiani et Leval du 4e Corps attaqueront le centre.
Cette attaque est exécutée avec l'impétuosité et l'ardeur naturelles aux Français; les Divisions gagnent du terrain rapidement. La Division Leval fait même prisonnier un Régiment anglais.
Le succès semble assuré, lorsque l'ennemi porte de nouvelles forces contre la Division Leval. Afin d'appuyer cette Division, la 2e Brigade, à la tête de laquelle est le Général Léger-Belair, qui a remplacé le général Pouzet, formée des 75e et 58e Régiments, vient se déployer derrière elle. Ce déploiement achevé, la Division Leval est reportée en deuxième ligne.
Le mouvement du 1er Corps est arrêté; trois fois il revient à la charge, trois fois il est repoussé.
La droite anglo-espagnole se porte alors tout entière sur la Brigade Léger-Belair, qui n'hésite pas à marcher à sa rencontre. Le choc est terrible : 4,000 Français se trouvent en présence de 20,000 ennemis.
Le Général Léger-Belair, sous le feu de 25 pièces, dans un terrain difficile, conduit trois fois sa Brigade à l'attaque. Le 75e Régiment est cependant parvenu à déboucher dans la plaine en forçant la ligne anglaise, lorsqu'une charge de trois Régiments de cavalerie arrêta son élan.
Le Général Belair, à la tête du 75e et du 58e, culbute la Brigade des Gardes, et débouche dans la plaine. Une charge de cavalerie arrêta ce retour offensif nous dit Du Casse (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 236).
Le Colonel Buquet est blessé grièvement et pris ; le Chef de Bataillon Emery reçoit une balle à la tête et les deux autres Chefs de Bataillon sont également blessés.
Comme la droite de l'armée ennemie menace de déborder notre gauche, la Division Leval vient soutenir la Division Sébastiani et arrête non-seulement les efforts des alliés, mais permet à la Brigade Léger-Belair de se reformer en colonne d'attaque et de les repousser.
Malgré les difficullés du terrain, coupé par des ravins profonds, malgré les fossés et les abattis établis par l'ennemi, nous restons maîtres du champ de bataille. La nuit met fin au combat.
Le 75e a en tués le Capitaine Pierre-Etienne-François Gomeret, les Sous-lieutenants Pierre Bénezet et Louis Duzas, le Sergent Louis Lepine, les Caporaux Jean-Jacques Bastier et Joseph Noël, le Grenadie Joseph-Frédéric Rufroy, les soldats Joseph Strenault, Joseph Kingk, Pierre-Jseph Rosty, Joseph Damiot, Armand-Léon Paquet, Jean-Louis Roglin, Denis-Etienne Blanquet, Louis-Antoine Vaude, Jean-Hagenc Tellier, Nicolas Dézert, Mathieu Damonville, Denis-Alexandre Gizard, Jacques-Jean Timot-Lindet, Nicolas Buiron, Jean-Baptiste Luvet, Jean-Baptiste Bourrier, Jean-Joseph Maréchal. Sont blessé le Colonel Buquet, les Chefs de Bataillon Emery (à la tête), Jean-Baptiste Fourneaux, et Antoine Vatot (au bas ventre), l'Adjuant-major Grégoire Lafontaine, les Capitaines Jean Argaut (à la tête), Jean-Baptiste-Louis Lelorin (3 blessures), François-Antoine-Marie Chazotte (au bras), Alexandre Merleval (13 coups de sabre), Louis Couvry (laissé pour mort), les Lieutenants Jean-Pierre Granghon (à la cuisse), David Foiret (2 blessures au cou), les Sous-lieutenants Louis-Alexandre Collinet (à l'épaule), Pierre-Louis Renault (à la cuisse), Etienne Clavel (à l'épaule droite).
Le rapport de Wellington, concernant la bataille de Talaveyra ayant provoqué l'ire impériale, le Maréchal Jourdan écrit, le 15 septembre 1809, depuis Madrid, au Ministre de la Guerre : "… Le 16 du mois dernier, j'ai adressé à Votre Excellence l'état des consommations de l'artillerie. Votre Excellence y aura vu que quatre pièces de canon ont été mises hors de service ; mais elles ne sont pas restées au pouvoir de l'ennemi. La division allemande a laissé dans les vignes et les oliviers deux pièces, dont tous les chevaux avaient été tués par la fusillade : c'est la seule perte en artillerie que l'armée ait faite ; M. le général Sénarmont me l'a encore affirmé ce matin. Je ne puis empêcher le général anglais de se vanter de nous avoir pris 17 pièces ; ce général n'est pas plus vrai lorsqu'il dit qu'il a pris 11 drapeaux ou étendards. Votre Excellence aura vu dans mon rapport qu'il n'y a eu qu'une charge de cavalerie, où un régiment de dragons anglais a été détruit, et certainement il ne peut pas avoir pris d'étendards. A l'égard des drapeaux, je n'ai pas connaissance qu'il en ait été perdu, et c'est une affaire assez grave pour qu'elle fût venue à la connaissance de l'état-major général, quand même les chefs auraient voulu le cacher. Le porte-aigle du 75e régiment a été tué, l'aigle du régiment a été perdue un instant ; j'en ai été instruit presque au même moment ; mais cette aigle a été retrouvée sur le champ de bataille peu de temps après …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 419).
- Bataille d'Almonacid (11 août 1809)
L'armée espagnole, qui est, le 8 août, en posiltion devant Aranjuez, quitte ce point le 9 et marche au secours d'une Division que le 4e Corps a bousculée devant Toledo. Après avoir rallié à Almonacid cette Division, l'armée ennemie dispose de 36,000 hommes d'infanterie, 4,000 de cavalerie et 40 bouches à feu.
Le 10 au soir, le 4e Corps, comptant au plus 15,000 hommes, se porte vers l'armée espagnole de Venégas. Le 11 au matin, le Roi Joseph arrive à Toledo avec 5,000 hommes, mais, apprenant que l'ennemi parait disposé à courir la chance d'une bataille, il part de Tolède le matin même avec sa Garde, dans l'intention de l’attaquer ; mais bientôt le bruit du canon annonce que le Général Sébastiani est déjà aux prises avec l'ennemi.
Le Général Leval, chargé d'attaquer la gauche des Espagnols, fait enlever par les Polonais la colline où elle s'appuie ; le Général Vénégas, voulant reprendre ce poste important, y fait marcher une partie de sa réserve ; mais ses efforts sont inutiles ; tout est culbuté, et sa ligne prise à revers. En même temps, la Division Sébastiani, formée sur deux lignes, ses Bataillons impairs en colonne serrée, ses Bataillons pairs déployés, attaque au pas de charge les 15,000 Espagnols qui défendent le plateau et le village, s'emparant de trois pièces de canon et d'un grand nombre de caissons, et mettant beaucoup d'hommes hors de combat. L'attaque est impétueuse, mais la résistance est opiniâtre. Venégas fait avancer un Corps nombreux de cavalerie qui vient se briser devant les carrés de nos Divisions. Les Divisions de centre et de droite de Venégas sont assaillies par les 28e, 32e, 58e et 75e Régiments, conduits par les Généraux Belair et Rey, ainsi que par le 51e et le 12e d'infanterie légère, aux ordres du Général Godinot. Le Général Léger-Belair avec les trois Bataillons du 75e, un Bataillon du 58e et deux Bataillons d'infanterie légère, force la droite espagnole. Hors d'état de résister au choc impétueux de ces braves Régiments, les Espagnols se réfugient sur la haute colline où se trouve le château. Vénégas y rallie ses troupes, et parait disposé à s'y défendre ; on aurait pu manœuvrer pour tourner cette forte position, sans s'exposer à perdre bien du monde pour l'enlever de vive force ; mais cette attaque est commencée lorsque le Roi arrive sur le champ de bataille ; il n'est plus temps de changer les premières dispositions. Les troupes, fractionnées en plusieurs colonnes, gravissent la colline avec intrépidité, et chassent l'ennemi, qui, rejeté dans la plaine, est chargé et mis dans le plus grand désordre par les Dragons du Général Milhaud et par la cavalerie légère du Général Merlin. Les espagnols sont vivement poursuivis jusqu'à la nuit. Ils ont plus de 3,000 hommes tués, pedent 16 bouches à feu, 31 caissons, plusieurs drapeaux et environ 3 à 4,000 prisonniers. Nos pertes sont de 1,200 hommes dont 800 blessés; 35 canons, plusieurs drapeaux et 100 caissons sont restés entre nos mains.
L'armée française a 319 tués et 2,075 blessés. Vénégas s'enfuit jusque dans la Sierra-Morena, d'où il écrit à la junte de Séville, onze jours après la bataille, qu'il ne peut pas lui envoyer l'état de ses pertes, à cause de la dispersion de ses troupes (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 255).
Dans son "Rapport de la bataille d'Almonacid", adressé à Joseph, et daté de Madridejos, le 13 août 1809, Sébastiani écrit : "... L'ennemi, forcé dans sa première position, s'était retiré sur la montagne et le château. J'ordonnai au général Leval de le tourner par sa gauche, et je le fis canonner vivement. Votre Majesté, voyant qu'il était ébranlé, désira qu'un mouvement simultané de la droite, de la gauche et du centre portât la mort et le désordre dans tous les rangs ennemis. Les ordres de Votre Majesté furent exécutés. Le général Leval, avec les divisions polonaise et allemande, se porta derrière le flanc gauche de l'armée de Vénégas ; le général Rey, en colonne serrée, monta avec les 28e et 32e régiments sur la position de la montagne qui était à notre droite. Deux bataillons du 58e, déployés, gravirent parle centre, appuyés par un bataillon du 12e d'infanterie légère, appartenant à la réserve, que le général Godinot conduisit en colonne serrée sur le château. Le général Belair, avec le 75e régiment, un bataillon du 58e et deux du 12e d'infanterie légère, força toute la droite de l'ennemi ; et toute l'armée se trouva en même temps de l'autre côté de la montagne, en poursuivant l'ennemi avec un ordre et une précision difficiles à obtenir sur un champ de manœuvres. L'ennemi avait posté derrière cette montagne, et à portée de canon toute son artillerie. Il avait formé quelques corps pour appuyer un instant sa retraite ; mais, ébranlé par le mouvement des troupes, et chargé avec impétuosité par les divisions de cavalerie Milhaud et Merlin, auxquelles j'avais donné l'ordre de se porter sur l'armée ennemie, comme Votre Majesté me l'avait prescrit elle-même, la retraite de l'ennemi devint une déroute entière. Infanterie, artillerie, cavalerie, tout fut confondu ; et l'armée française se rendit maîtresse de 35 pièces d'artillerie, de 100 caissons, de plus de 200 voitures. 4 mille prisonniers, plusieurs drapeaux, un grand nombre d'officiers, tombèrent en notre pouvoir ; 4 mille morts restèrent sur le champ de bataille, et le nombre des blessés de l'ennemi est immense ...
M. le colonel le Grand, du 58e régiment ; MM. les chefs de bataillon Fourcade et Beslancourt, du même régiment ; MM. Beauffet, du 32e ; Schwekartz, du 28e ; et Fourneau, du 75e, qui commandèrent les régiments, se sont conduits avec la plus grande distinction ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 334).
Le 75e a en tués les Caporaux Ferdinand Roulland, François-Alexandre Joiselle, Charles-François-Simon Labbé, François Gallien , les Voltigeurs François Lauche, Nicolas-Alexandre Lebeau, les soldats François Tiolloy, Marc Amelin, Joseph-François Legrand, Alexandre-Bernard Nozette, François Bonnefoi, Pierre-François Borde, Jean-Antoine Debaye, Jean-Noël Hermand, Jean-Pierre Poquat, Raphaël-Tobie Cucu. Sont blessés les Capitaines François Georges, Pierre Nolland (à la jambe droite), Pierre-Luc Bourdier (au bras), les Sous-lieutenants Jean-Pierre Massot, Jean-Louis Dupart (au bras), Etienne-François Gautier (au genou droit), Antoine-Saturnin Dargère (à la poitrine).
Le 25 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez l’ordre en Espagne de faire partir pour Bayonne les cadres des quatre compagnies de fusiliers du 3e bataillon du 9e léger. Tous les soldats de ces quatre compagnies seront incorporés dans les deux premiers bataillons ; la compagnie de grenadiers du 3e bataillon sera provisoirement attachée au premier bataillon ; et la compagnie de voltigeurs sera provisoirement attachée au 2e bataillon. Le chef de bataillon et l’adjudant-major partiront avec les cadres des quatre compagnies qui sont destinées à venir chercher des conscrits à Bayonne. Donnez le même ordre pour les 4es bataillons des 16e léger, 45, 54, 8e, 24e et 96e.
Ces 7 cadres doivent former 3 à 400 hommes ; il se réuniront ensemble afin de marcher avec précaution et en sûreté. S’il est nécessaire on donnera aux officiers des carabines pour se défendre en août.
Vous ferez la même opération pour les 28e, 32e, 58e et 75e. Ces quatre cadres marcheront également ensemble et en ordre ...
Ces 19 cadres recevront 12 000 hommes à Bayonne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3602 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22175).
Le 25 septembre 1809 encore, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint l'idée d'un rapport pour justifier la levée des 36 000 conscrits que je viens d'ordonner. Vous trouverez également la répartition de ces 36 000 conscrits. Ajoutez à votre rapport une considération sur la grande quantité de conscrits qui restent sur les années passées, écrivez-en même le nombre s'il en reste effectivement 500 000, dites qu'il y en a 800 000. Il est nécessaire que cette phrase soit bien frappée, parce qu'elle fera une grande influence sur l'étranger.
Napoléon
Décret « de distribution » répartissant les 36 000 conscrits par place forte ou régions militaires
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1er
La distribution des 36 000 conscrits levés en vertu du sénatus-consulte du […] octobre, sera fait ainsi qu’il suit :
... 7200 sur Bayonne, pour remplir les cadres des 12 bataillons qui ont ordre de rentrer en France
... 600 pour le 75e id. ...
ARTICLE 2.
Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent décret.
Relevé de la distribution des 36 000 conscrits suivant l’ordre numérique des régiments employés à l’armée d’Espagne :
Infanterie de ligne
... 75e à Bayonne 600 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22176).
Le 4 octobre 1809, on soumet à l'Empereur un "Rapport du général Clarke, ministre de la guerre, duquel il résulte que Sa Majesté a sans doute eu l’intention de désigner ... les 3es bataillons des 28e, 32e, 58e et 75e régiments de ligne du 4e corps d'armée" "Oui", répond ce dernier (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3638 - Sans signature ni date ; le rapport du ministre est du 4 octobre 1809).
Dans son "Rapport général sur la bataille d'Ocana et sur les mouvements de l'armée impériale qui ont précédé, d'après les dispositions de Sa Majesté Catholique"., adressé le 19 novembre 1809, depuis Ocana, à Berthier, Soult écrit : "... Des partis espagnols assez nombreux se présentaient devant Arganda et Guadalaxara ; on fut même dans le cas de retirer, pendant vingt-quatre heures, les troupes qui se trouvaient dans ce dernier poste pour renforcer celles qui défendaient le premier. L'ennemi entra de suite à Guadalaxara ; mais, dans la nuit du 13 au 14, le chef de bataillon Emery, commandant le 75e régiment, partit avec 8 compagnies et un détachement du 27e de chasseurs à cheval ; il investit la ville, surprit les insurgés et les mit en déroute ; 200 restèrent morts sur la place, quelques-uns furent pris, et on leur enleva 60 à 80 chevaux, ainsi qu'une pièce de canon ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 8, p. 404).
Le 19 novembre, le 4e Corps assiste au combat d'Ocana.
Ce 19 novembre 1809 justement, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Présentez-moi un travail pour former 4 régiments de marche pour les corps d'armée d'Espagne ; lesquels se réuniront depuis Orléans jusqu'à Bordeaux. Un colonel en second ou un major sera mis à la tête de chaque régiment pour les commander ...
Le 2e régiment de marche contiendra d'abord ce qui appartient aux 17e et 5e régiments d'infanterie légère. On verra aussi dans le 2e corps ce que pourront fournir les dépôts, et ce que pourront fournir les 28e et 75e de ligne du 4e corps. On prendra ensuite les détachements appartenant au 5e corps, qui, avec les précédents, forment 12 régiments. Ces divers détachements réunis composeront le 2e régiment de marche ...
Vous me ferez connaître à quelle époque ces régiments pourront se mettre en marche ; ils peuvent être formés sur-le-champ, et mis en marche au 15 décembre au plus tard.
Lorsque ces 4 régiments seront formés, vous m'en rendrez compte, et je donnerai mes ordres pour leur destination ultérieure, à leur arrivée à Bayonne, attendu qu'ils ne doivent point entrer isolément en Espagne sans mon ordre ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3721 (avec la date du 8 novembre); Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22478).
- 1809, Allemagne
Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, voulant compléter mon armée du Rhin, mon intention est que le dépôt du 13e léger fasse partir pour Mayence 500 hommes nécessaires pour compléter les trois premiers bataillons ; le dépôt du 17e de ligne, 300 hommes ; le dépôt du 30e de ligne, 200 hommes ; le dépôt du 61e, 200 hommes ; le dépôt du 75e, 300 hommes. Ces détachements formant 1 500 hommes se réuniront le plus tôt possible à Mayence. Ils formeront ensemble un bataillon de marche sous le titre de 1er bataillon de marche de l’armée du Rhin.
Ces bataillons de marche se réuniront à Mayence le plus tôt possible. On n’y mettra que le nombre d’officiers et de sous-officiers nécessaires pour conduire les hommes. Vous me ferez connaître le jour de leur arrivée à Mayence, et je donnerai des ordres pour leur direction sur l’armée du Rhin ..." (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2766 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20015).
Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, le corps du général Oudinot, au lieu d’être partagé en trois divisions, ne le sera qu’en deux. À cet effet, la 3e demi-brigade légère et la 4e demi-brigade de ligne feront partie de la 1re division ; la 5e et la 6e demi-brigade de ligne feront partie de la 2e division. Le général Claparède commandera une de ces deux divisions. Comme il paraît que chaque corps ne pourra fournir que deux compagnies de fusiliers au grand complet, jusqu’à ce que la conscription de 1810 ait complété les cadres, chaque bataillon ne sera que de 560 hommes, chaque demi-brigade de 1 680 hommes, chaque division de 10 000 hommes, et le corps entier de 20 000 hommes. Lorsque les 5e et 6e compagnies de fusiliers pourront être envoyées, je verrai si je dois former une 3e division, ou laisser seulement le corps à deux divisions.
... Le 11e bataillon sera composé de deux compagnies du 40e, de deux du 75e et de deux du 88e ...
Ces douze bataillons de marche seront réunis du 1er au 15 mars à Strasbourg.
Vous donnerez ordre que chacune de ces compagnies soient complétées à 140 hommes.
Donnez ordre que les dépôts fournissent à chaque homme une capote et 3 paires de souliers, dont deux dans le sac et une aux pieds.
Si les dépôts ne pouvaient compléter ces compagnies, ils en enverront toujours les cadres, avec tout ce qu’ils ont de disponible, et vous ferez connaître ce qui manquerait, afin que je le fasse tirer des conscrits de ma Garde.
Vous donnerez ordre que tous les détachements de ma Garde qui doivent partir de Paris, pour porter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs au grand complet, soient prêts à partir le 15 pour se rendre à Strasbourg. Ils seront formés en bataillons de marche. Vous prescrirez aux différents commandants de ma Garde d’en passer la revue, de n’envoyer que des hommes qui sachent faire l’exercice à feu, et de les faire habiller de l’uniforme d’infanterie légère, avec les boutons des régiments où ils doivent entrer ; on me les présentera à la parade du 16, et ils partiront le 17.
J’ai donné ordre au corps du général Oudinot de se réunir à Augsbourg.
Si le général Claparède est encore à Paris, donnez-lui l’ordre de se rendre à Strasbourg pour y attendre ces détachements, et exécuter les ordres qui lui seront donnés. Il sera chargé de mener cette colonne.
Par ce moyen, il y aura entre Strasbourg et Augsbourg de quoi compléter les 12 brigades du corps du général Oudinot, à 12 compagnies chacune, c’est-à-dire à 20 000 hommes. Comme il y aura 12 demi-brigades, il faudra 36 chefs de bataillon et adjudants-majors. Présentez-moi la nomination de ceux qui manquent, et vous les dirigerez sur Strasbourg, pour de là rejoindre le corps. Il faudra 12 majors, le corps en a huit ; c’est quatre à envoyer. Il faut 6 généraux de brigade ; faites-moi connaître ceux qu’il faudrait envoyer.
Il faut à chaque division 18 pièces de canon, c’est-à-dire 36 pour les 2 divisions. Le corps en a 18 ; faites-moi connaître la situation du parc de l’armée du Rhin, et s’il peut fournir les 18 autres pièces.
Ainsi, à la fin de mars, j’aurai au corps du général Oudinot 20 000 hommes, 36 pièces de canon avec caissons et double approvisionnement, un général de brigade d’artillerie, deux compagnies de sapeurs, une compagnie de pontonniers, un colonel du génie, trois officiers du génie, 6 000 outils attelés, 40 caissons d’infanterie, 20 par division, la division de cuirassiers Espagne, et la brigade de cavalerie légère composée de 3 régiments que j’ai attachés à ce corps. Ce qui fera un corps de près de 30 000 hommes.
Il faut qu’il y ait un commissaire des guerres par division, et deux adjoints, et les chefs de service nécessaires. L’armée du Rhin a en personnel de quoi organiser tout cela ..." (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2767 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20016).
Le 9 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, je vous envoie un état que j'ai fait dresser du corps du général Oudinot. Faites-le rectifier, s'il y a des erreurs, et faites vérifier s'il manque effectivement ... 112 hommes au 26e légère ... Proposez-moi les moyens de les compléter ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2907 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20307).
Situation de la Division Oudinot au 9 mars 1809 (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20309) :
Divisions |
Brigades |
1/2 Brigades |
Bataillons |
Présents |
Détachements tirés des conscrits de la Garde |
Compagnies de fusiliers formant les 12 premières compagnies de marche |
Détachement formant le 13e bataillon de marche |
Totaux
|
Manque au complet de 560 par brigade |
Excédent sur le complet |
|
Par bataillon
|
Par 1/2 brigade
|
||||||||||
2e division général Tharreau |
3e brigade le général |
7e 1/2 brigade d’inf. de ligne Major Rebin | 40e de ligne |
270 |
18 |
266 224 |
|
546 507 |
1053 |
14 |
Le 12 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke ... Le corps d'Oudinot doit être composé de douze demi-brigades, chacune forte de trois bataillons, ce qui devrait faire trente-six bataillons ; mais il y en a quatre, savoir : le bataillon du 28e, celui du 46e, celui du 50e et celui du 75e, qui ne pourront passer le Rhin que lorsqu'il aura été pourvu à la défense des côtes. Resteraient donc trente-deux bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14887 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20337).
Le 31 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... La Garde a employé 2 800 conscrits pour former les régiments de tirailleurs, et 5 200 hommes pour tout ce qu'elle a fourni jusqu'à cette heure à la ligne. Elle a donc employé 8 000 conscrits. Elle a dû en recevoir 16 000. Il lui en reste donc encore 8 000, sur lesquels elle retiendra 5 600, pour former 4 régiments de conscrits.
Il ne lui restera donc plus que 2 400 hommes. Sur ces 2 400 hommes, elle en donnera 240 hommes aux 5es et 6es compagnies de chacun des 25e, 28e, 36e, 75e, 72e, 65e et 46e ; ce qui fait 1 680 hommes.
Elle en fournira autant aux 1res et 2es compagnies des ses bataillons des 12e, 14e, 34e et 88e, ce qui emploiera tous les conscrits de la Garde.
Ainsi, donnez l'ordre que la Garde retienne 5 600 hommes pour les 4 régiments de conscrits dernièrement ordonnés, et qu'elle prépare, pour le jour où ces 11 régiments arriveront ici, le cadre de leurs compagnies, 240 hommes, c'est-à-dire 120 par compagnie, ce qui les portera à 140 hommes, avec les officiers et leurs cadres" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 1, lettre 898 (donne le 31e au lieu du 34e) ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20643).
Le 29 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Burghausen, à Alexandre Berthier, Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Allemagne, à Burghausen : "Mon Cousin, mon intention est de former dans le comté de Hanau un corps d'observation qui sera commandé par le duc de Valmy, qui aura sous ses ordres les généraux de division Rivaud et Beaumont, le général de brigade Boyer et deux autres généraux de brigade que nommera le ministre de la guerre. Ce corps sera composé, 1° de trois régiments provisoires de dragons, les plus en état des six qui se forment à Strasbourg, au choix du général Reaumont, qui partira avec ces trois régiments ; 2° des 4es bataillons des 75e, 36e, 46e et 50e qui sont à Paris et qui reçoivent l'ordre de se porter sur Mayence ; 3° des demi-brigades provisoires de réserve qui se réunissent à Mayence, à Metz et à Sedan, formant 8,000 hommes; 40 de douze pièces d'artillerie qui seront organisées à Mayence. Tout cela formera un corps de 14,000 hommes, qui portera le nom de corps d'observation de l'Elbe. Donnez les ordres directement pour ce qui fait partie de l'armée ... Pour les troupes qui sont dans l'intérieur de la France, transmettez les ordres au ministre de ia guerre. Recommandez au duc de Valmy de porter, aussitôt que possible, son quartier général à Hanau, d'y réunir ses troupes, et surtout de les faire donner ensemble et de ne pas les éparpiller ; enfin de faire grand bruit de la formation de son corps et de répandre qu'il est de 50,000 hommes, avec lesquels il devra se porter partout où il serait nécessaire" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20921).
Le 29 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Burghausen, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je réponds à vos lettres du 18 avril et du 14 ... Faites partir les 4es bataillons des 36e, 46e, 50e et 75e pour Braunau ; qu'ils forment ensemble une seule colonne de 4 bataillons sous les ordres d'un major ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3131 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20924).
Le même 29 avril 1809, l'Empereur écrit encore, depuis Burghausen, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, mon intention est que le duc de Valmy se rende à Mayence, et qu'il soit réuni dans le comté de Hanau une division composée : ... 2° des quatre 4es bataillons des 75e, 50e, 36e et 46e que je vous ordonnais par ma lettre de ce matin d'envoyer à Strasbourg, mais que vous dirigerez sur Hanau ... Donnez-en le commandement au duc de Valmy qui aura sous ses ordres les généraux de division Rivaud et Beaumont et le général de brigade Boyer. Vous nommerez 2 autres généraux de brigade pour être employés dans ce corps qui s'appellera corps d'observation de l'Elbe. Le duc de Valmy se rendra sans délai à Hanau, fera exercer ses troupes, et se tiendra prêt à se porter sur tous les points de l'Allemagne où la présence de cette force sera nécessaire pour rétablir et maintenir la tranquillité. Faites sonner bien haut qu'on a posté dans le pays de Hanau un corps d'observation de 50 mille hommes sous les ordres du duc de Valmy" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3132 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20926).
Le 3 juin 1809, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, la conscription doit déjà commencer à rendre. Faites-moi un rapport sur l'organisation de mes réserves. Voici comment j'entends qu'elles soient organisées.
Le commandant de ma réserve en Allemagne sera le duc d'Abrantès.
La 1re division, commandée par le général de division Rivaud, sera composée de la brigade Charles Lameth (1re brigade), ayant les 4es bataillons des 19e, 25e et 28e de ligne, de la brigade Taupin (2e brigade), ayant les 4es bataillons des 36e, 50e et 75e, et de la brigade Brouard (3e brigade), ayant les 4es bataillons des 13e léger, 48e et 108e. La division Rivaud aurait donc 7,200 hommes ... Les brigades Taupin et Lameth resteraient à Hanau. La division Rivaud devrait avoir un adjudant commandant, un officier d'artillerie, un officier du génie et douze pièces de canon ...
J'aurais donc dans le mois de juillet trois divisions bien organisées, ayant 21,000 hommes d'infanterie, 5,000 hommes de cavalerie, quarante-deux pièces de canon, une ou deux compagnies de sapeurs, un commandant d'artillerie, un commandant du génie et un commissaire ordonnateur. En y joignant la division hollandaise que commande le général Gratien, on porterait ce corps à plus de 30,000 hommes.
Aussitôt que le duc d'Abrantès sera arrivé à Paris, vous lui ferez connaître mes intentions et vous lui ordonnerez de commencer la revue et l'inspection de son corps, pour assurer et accélérer par tous les moyens sa formation ...
Recommandez au duc de Valmy, qui jusqu’à ce moment commande la réserve, de bien la faire exercer ..." (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15291 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21118).
- 1809, France
Le 26 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, il faut porter une attention particulière au camp de Boulogne. Ce camp est composé de sept 4es bataillons, qu'il faut maintenir au grand complet de manière qu'ils forment 6,000 hommes ; ce qui, joint aux 4,000 marins et aux 1,000 hommes d'artillerie, portera la force de ces troupes à 11,000 hommes, force raisonnable et qui est nécessaire.
Le 4e bataillon du 19e n'a aujourd'hui que 700 hommes sous les armes ; ... celui du 75e n'a que 500 hommes : mon intention est que vous me proposiez les moyens de faire fournir par les dépôts le nombre d'hommes nécessaire pour porter ces bataillons au présent sous les armes de 840 hommes, et cela avant le 30 mars. Je remarque que ces sept régiments devraient être chacun au grand complet, lorsqu'ils auront reçu la conscription de 1810, et que cependant il manquera ... 400 hommes au 75e, etc. Proposez-moi les moyens de remédier à ce déficit. Il faut que ces sept régiments, avec les 13e léger, 108e et 48e, qui sont les dix régiments qui ont leurs 4es bataillons pour la défense du Nord, soient maintenus à leur très-grand complet, et qu'il y ait plutôt 4 ou 500 hommes de plus, comme il en est des quatre régiments qui sont en Bretagne. Après avoir ainsi pris des mesures pour compléter ces dix bataillons, il faudrait pouvoir en former une division de réserve pour la porter ailleurs, et la remplacer, dans la défense du camp de Boulogne et de l'Escaut, par dix bataillons provisoires formés de conscrits de 1810 et de compagnies des 5es bataillons qui sont dans les 24e et 25e divisions militaires. Présentez-moi la formation de ces dix bataillons de deux compagnies de chacun de ces 5es bataillons. Ainsi, à la fin de mai, ces bataillons pourraient être formés et rendre disponibles les dix 4es bataillons composés déjà d'anciens soldats" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14814 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20144).
Le 26 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J'ai lu avec attention l'état général de l'année que vous m'avez envoyé après la conscription de 1810. Je vois qu'il manquera encore beaucoup de monde au complet des corps, 300 hommes au 1er régiment, ... 300 au 75e ... Il faudra me proposer des moyens pour remédier à cette grande irrégularité, et surtout pour les 3e et 4e bataillons qui sont à portée de fournir une réserve pour la défense de la côte.
Je désire une note qui me fasse connaître combien il y a de régiments qui n'ont pas de 5e bataillon et quel accroissement de dépenses occasionnerait la formation des 5es bataillons, en calculant ce que coûteraient les officiers et sous-officiers seulement, car les soldats ne peuvent pas augmenter les dépenses, mais la création de ces 5es bataillons rendrait plus utile et plus facile l'emploi du grand nombre d'hommes que j'ai.
Cela passerait-il 2 millions ?" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20150).
Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810 ...
5e régiment provisoire ...
6e régiment provisoire :
Le 6e régiment provisoire sera composéde 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 44e, 46e, 50e, 51e, 55e, 75e. Ces deux régiments formant 5 000 hommes se réuniront à Saint-Omer ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).
Le 23 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai signé le décret sur la composition des 17 demi-brigades provisoires de réserve ...
Vous donnerez ordre que la 7e demi-brigade provisoire commence également à se réunir à Saint-Omer. À cet effet, deux compagnies du 44e, du 46e, du 50e, du 51e, du 55e et du 75e seront mises en marche au 1er avril pour Saint-Omer, où elles formeront le fonds des 3 bataillons de la 7e demi-brigade de la même manière, et ainsi qu'il vient d'être dit pour la formation de la 6e....
Le 4e bataillon du 75e enverra à Saint-Denis les cadres de sa 5e et 6e compagnie qui y recevront 300 conscrits de la Garde, et par ce moyen le dépôt sera dispensé de fournir les 289 hommes qu'il devait envoyer.
Aussitôt que la 7e demi-brigade aura 1000 hommes réunis à Saint-Omer, le général commandant la division devra faire partir pour Paris les cadres des compagnies du 75e et le 4e bataillon du 46e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2992 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20514). Le Décret sur la création des 17 Demi-brigades de 2520 hommes chacune a été signé le même jour (voir Saski, Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche, Paris, Berger-Levrault et cie, 1899, t. 1, p. 550-554).
Le même 31 mars 1809, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre au 4e bataillon du 36e et au 4e bataillon du 75e, qui sont au camp de Boulogne, de se rendre à Paris" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 3055 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20646).
Le 5 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre par le télégraphe, et réitérez-le par la poste, pour que les 4es bataillons des 38e, 75e, et 50e partent du camp de Boulogne pour Saint-Denis ; les 5e et 6e compagnies doivent déjà en être parties ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3079 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20711).
Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 75e de Ligne, l'Empereur ordonne : "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810
Aux bataillons chargés de la défense des Côtes du Nord ... 75e de ligne 100 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).
Le 3 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai renvoyé en France les cadres des 4es bataillons de l'armée. Ceux de l'armée d'Italie et de Dalmatie, je les ai fait partir également. Les cadres des 5es bataillons qui formaient des brigades provisoires sont également partis. Je les ai fait même partir en poste pour être rendus à Paris ou à leurs stations dans le Nord en 12 jours ; je leur ai fait donner l'argent nécessaire pour cela. Je désire que vous fassiez distinguer dans vos états ce qu'il y a des 4es et des 5es bataillons en France. Tous ces cadres des 4es bataillons doivent actuellement être en France, hormis les 4es bataillons du corps du maréchal Oudinot. J'ai ordonné que les 4es bataillons qui sont en Espagne revinssent également en France. Si j'en avais oublié quelques-uns, faites-en faire la vérification et donnez des ordres pour les faire rentrer. Il y a ainsi en France les cadres de plus de 60 bataillons pouvant recevoir près de 60 000 hommes, moyennant les conscriptions. Les cadres des 5es bataillons doivent tous exister en France. Je ne compte pas la 1re et la 2e demi-brigade, il ne reste donc plus que les 3e, 4e, 6e, 7e et 8e en France, et la 15e qui est en Italie ...
Les cadres du 4e bataillon des 44es, du 51e, du 55e et du 75e doivent être arrivés, ce qui peut permettre d'augmenter la force de la 7e demi-brigade ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3528 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21965).
/ 1810
- 1810, Espagne
Plaques de shako du 75e de Ligne, modèle 1810 (communication G. Centanni)
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Le 1er janvier 1810, Soult écrit, depuis Madrid, à Berthier : "... Il restera à Madrid, pour la garde de cette place, les 28e et 32e régiments de ligne, ainsi que le 75e régiment, détaché à Guadalaxara et à Buytrago, qui, au besoin, y serait appelé ; le 3e régiment de hussards hollandais, le26e de chasseurs, un fort détachement de gendarmerie, les troupes de l'artillerie et du génie, du grand parc et de la direction des travaux qui s'exécutent au Retiro ; et enfin le dépôt des militaires isolés, et surtout des hôpitaux, dont le nombre augmente tous les jours. La réunion de toutes ces troupes est plus que suffisante pour assurer la tranquillité de la capitale, d'autant plus qu'elles s'accroîtront journellement par tout ce qui arrivera des derrières ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 7, p. 198).
Le 7 janvier 1810, Soult écrit, depuis Madrid, à Berthier : "... Le roi a déterminé que la garnison de Madrid resterait provisoirement composée, indépendamment des troupes de l'artillerie, de la gendarmerie, du génie et des dépôts, que je viens d'énumérer, des 28e et 32e régiments de ligne, ainsi que du 3e régiment de hussards hollandais ; et que le général Belliard aurait en outre, à sa disposition, le 75e régiment, qui occupe Buytrago etGuadalaxara, et le 26e régiment de chasseurs à cheval ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 7, p. 209).
Le 11 janvier 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Espagne, à Paris : "Mon Cousin, vous donnerez sans délai les ordres suivants, que vous enverrez par un officier d'état-major :
... Donnez l'ordre au général Reynier de faire les changements suivants dans sa division ... Tout ce qui appartient aux 9e, 31e, 16e léger, 8e, 26e, 45e, 54e, 96e, 63e, 28e, 75e, 64e et 103e de ligne, se réunira à Saint-Sébastien, Tolosa et Vitoria, pour achever de mettre l'ordre et faire la police dans la Biscaye ; ces détachements composeront la 3e brigade. Le général Reynier aura l'œil sur la Navarre et correspondra avec les commandants de Burgos et de Pampelune. Vous lui ferez connaître que je compte le laisser dans ces positions une partie de février, pour rallier et organiser son corps ..." (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16131 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22847).
Au milieu de janvier 1810, le 4e Corps, qui occupe Madrid, est placé sous le commandement du Roi Joseph, pour aller pacifier l'Andalousie. Le 75e ne fournit à cette expédition que les trois Compagnies de Grenadiers et de Voltigeurs (Historique régimentaire).
- La 7e Demi-brigade provisoire devient 3e Régiment provisoire; passage en Espagne
Le 15 mars 1810, l'Empereur ordonne, depuis Paris : "Notre ministre de la guerre donnera les ordres ci-après :
... ARMÉES DU NORD ET DE BRABANT ...
Les états-majors, les administrations, et tout ce qui tient à l'organisation des armées du Nord et de Brabant sont dissous, à dater du 5 avril prochain, pas avant ...
... la 7e demi-brigade provisoire, composée de trois bataillons formés de détachements des 44e, 46e, 50e, 51e, 55e et 75e régiments d'infanterie de ligne, seront dirigés sur Paris ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4105).
Le 5 mai 1810, à Anvers, "Le général Clarke demande si les dépôts des 44e, 468, 50e, 51e, 55e et 75e régiments d'infanterie de ligne devront faire partir tous les hommes disponibles et en état de faire la guerre pour compléter la 7e demi-brigade provisoire stationnée à Paris"; "Prendre seulement les détachements du corps qui sont à Paris", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4210).
Le 29 mai 1810, au Havre, "Le général Clarke rend compte des ordres qu'il a donnés aux dépôts des 44e, 46e, 50e, 51e, 55e et 75e régiments d'infanterie de ligne d'envoyer de suite à Versailles tous les hommes armés, habillés et équipés qui sont disponibles, afin de compléter les trois compagnies que le 5e bataillon de chacun de ces régiments a fournies à la 7e demi-brigade provisoire" ; "Approuvé" répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4274).
Le 8 juin 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez l'ordre au colonel commandant en second la 3e demi-brigade provisoire de former sa demi-brigade à 2 bataillons ... ce qui fera 1600 hommes pour les 2 bataillons. Ce régiment provisoire se formera dans la journée de demain, [et portera le nom de 1er régiment provisoire] et partira lundi 11 pour Bordeaux par la route de Rambouillet. Les compagnies restant de cette demi-brigade rentreront au dépôt où elles recueilleront les malades sortant des hôpitaux, des galeux et autres. En conséquence les compagnies qui partent feront de nouveaux contrôles ...
Vous donnerez le même ordre pour la 4e demi-brigade provisoire. Elle formera 2 bataillons [de quatre compagnies chacun] sous le nom de 2e régiment provisoire. Elle partira également lundi pour Bordeaux. Vous lui ferez suivre la route d'Orléans. Ces 2 régiments provisoires formeront 4 bataillons ou 16 compagnies fortes de 3200 hommes.
Vous ordonnerez aux dépôts de ces régiments de préparer 2 autres régiments provisoires pour le 15 juillet en réunissant les hommes rentrant des hôpitaux des galeux ou des hôpitaux des régiments.
Vous donnerez l'ordre aux majors de rentrer à leurs régiments. Ces régiments provisoires seront commandés par des colonels en second et vous aurez soin que les officiers et sous-officiers des 16 compagnies soient complétés par ceux des compagnies restantes, que ceux qui servent hors d'état de faire la guerre par maladie ou toute autre cause soient remplacés. Il doit y avoir à chaque demi-brigade provisoire 16 capitaines, 16 lieutenants et 16 sous-lieutenants, vous mettrez de plus par compagnie un sous-lieutenant qui recevra un brevet pour ce service, et que vous prendrez dans le régiment des gardes nationaux de la Garde. Ainsi il y aura dans chaque demi-brigade 64 officiers présents indépendamment de l'état-major.
Vous donnerez le même ordre pour la 7e demi-brigade formant le 3e régiment provisoire, savoir :
1e bataillon 2 compagnies du 44e 2 compagnies du 46e
2e bataillon 2 compagnies du 50e 2 compagnies du 51e
3e bataillon 2 compagnies du 55e 2 compagnies du 75e
II restera les cadres de 6 compagnies, c'est-à-dire les 3es compagnies, lesquelles seront destinées à recevoir les galeux, malades sortant des hôpitaux ; de sorte qu'au 15 juillet prochain, ces compagnies puissent former un bataillon de marche de 800 hommes, lesquels se réuniront à Versailles.
Les 3 régiments provisoires seront complétés par les hommes disponibles des autres compagnies à 200 hommes ou au moins à 150 hommes par compagnie, ce qui fera plus de 2000 hommes.
Ce régiment partira le 12 pour Bordeaux par la route de Rambouillet ...
La 6e demi-brigade provisoire formera un 4e régiment provisoire ...
Le général Pannetier aura le commandement des 4 régiments, et le 12, jour où le 4e régiment provisoire partira, il partira pour prendre le commandement des 4 régiments. Vous les ferez marcher à très petites journées, elles se reposeront tous les trois jours, et on les fatiguera le moins possible ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4282 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23724 - Note. Les crochets dans cette lettre correspondent à des tronçons autographes considérés illisibles sur la copie d'expédition (S.H.D. Guerre. 17 C 323), mais retranscrits sur une autre copie d'expédition (S.H.D., Guerre, 17 c 103) ; sur la copie d'expédition (S.H.D. Guerre, 17 C 323) : « Expédié le 9 au matin »).
Le 19 juillet 1810, à Saint-Cloud,, on informe l'Empereur que "L'emploi de colonel du 54e régiment d'infanterie est vacant par la promotion de M. Philippon au grade de général de brigade. On propose pour cet emploi le colonel Buquet, ex commandant du 75e, qui avait été pris à Talavera et qui s'est échappé le 16 mai dernier des prisons des insurgés. C'est un bon officier, bien noté"; "Approuvé", répond Napoléon (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 402 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4421 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 18 juillet 1810 »).
Le 28 juillet 1810, on informe l'Empereur que "M. Texier, ex-major du 75e régiment, sollicite de nouveau la faveur de passer au service de S. M. C. le roi d'Espagne"; "Accordé", répond ce dernier (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4447 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M l'Empereur et Roi, daté du 25 juillet 1810 »).
Le 10 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Ne pourrait-on pas former pour les autres corps de l'armée d'Espagne trois bataillons de marche de 1 000 hommes chacun, qu'on tirerait des 5e léger, 14e de ligne, 19e léger, 19e de ligne, 28e de ligne, 34e, 65e et 75e et des autres dépôts des régiments qui ont leurs bataillons de guerre en Espagne ? ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4490 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24295).
Le 10 août 1810 encore, on soumet à l'Empereur un "Rapport du général Clarke au sujet de la formation de détachements, tirés des dépôts des régiments qui ont concouru à l'organisation des 3e et 4e régiments provisoires et réunis à Versailles pour, de là, être dirigés sur l'Espagne"; Napoléon répond : "Renvoyé au ministre de la guerre pour donner ordre que les dépôts des 44e, 56e, 75e, 50e, 51e, 55e, 25e, 28e, 36e et 43e régiments envoient à Versailles de quoi compléter à 140 hommes ce qu'ils ont dans cette ville, de sorte qu'au lieu de 400 hommes ceci fasse 1.400 hommes. Par ce moyen, ces quatre compagnies seront reformées et pourront composer un régiment de marche qui pourra partir pour l'Espagne dans le courant de septembre prochain" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4488).
Le 19 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je désire que vous formiez plusieurs bataillons de marche pour 1'Espagne et le Portugal.
Le 1er bataillon de marche (ou bataillon de marche de la division d'arrière-garde) sera celui qui s'organise à Saint-Denis et qui sera composé, savoir : 110 hommes du 44e ; 110 du 46e (à cet effet ce qui est au camp de Boulogne fournira 60 hommes, lesquels seront réunis aux 50 qui sont à Versailles) ; 140 du 50e ; 100 du 51e ; 110 du 55e ; 130 du 75e ; 77 du 25e ; 130 du 28e ; 80 du 36e ; 120 du 43e ; total 1107 hommes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24356).
Le 2 septembre 1810, à Saint-Cloud, on informe l'Empereur que "M. Buquet a été nommé colonel du 54e régiment et il vient d'arriver en France après s'être échappé des prisons des insurgés espagnols qui l'avaient pris à Talavera lorsqu'il commandait le 75e ; il sollicite un congé de convalescence de trois mois ..."; "Approuvé" répond Napoléon (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 420).
Le 18 octobre 1810, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Maréchal Berthier; Cette lettre est suivie d'un document Annexe (Note jointe à la minute - Archives nationales, AF IV 886, octobre 1810, n° 233) qui présente la situation antérieure du 2e Régiment provisoire : "Renseignements demandés par Sa Majesté sur les régiments provisoires qui sont en Navarre" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4725 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24963).
Composition des régiments provisoires qui sont en Navarre |
Situation des détachements qui composent les régiments provisoires de la Navarre |
Détachements que les mêmes régiments ont dans la division de réserve |
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Nombre de compagnies, numéros des bataillons auxquels elles appartiennent, présents sous les armes |
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3e régiment provisoire 1er bat 44e de ligne 46e id. 2e bat 50e id. 51e id. 3e bat 55e id. 75e id. |
2 id. 2 id. 2 id. 2 id. 2 id. 2 id. |
324 458 284 215 278 354 |
229 |
le 20 octobre 1810, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, donnez ordre que les 3es compagnies des 5es bataillons des 44e, 46e, 51e, 55e, 75e, 25e, 28e et 36e, qui font partie du bataillon de marche d'arrière-garde et qui arrivent le 30 à Bayonne, se dirigent sur Pampelune où ce bataillon sera dissous et où ces compagnies rejoindront les compagnies de leurs régiments aux 3e et 4e régiments provisoires ... Vous voyez par là que je n'approuve pas la proposition du ministre de la guerre de faire revenir ces cadres en France. Les cadres de ces compagnies me paraissent nécessaires aux 5es bataillons" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4729).
Dans ses Mémoires, le Général Hugo raconte qu'après avoir combattu à Brihuega le 17 octobre, il a fait un mouvement en direction de Alcolea del Pinar; parmi les troupes sous ses ordres, figurent les "28e et 75e de ligne, que M. le général comte Béliard avait placés en réserve et par échelons, tant à Alcala qu'à Guadalaxara, aux ordres des colonels Toussaint et Lamorandière, et à ma disposition" (Mémoires du Général Hugo », Paris, 1823, t. 2, p. 293).
Le 8 novembre 1810, une armée dite "Armée du Centre" est organisée sous les ordres du Roi Joseph. Par suite de cette nouvelle organisation, le 75e Régiment d'infanterie cesse de faire partie du 4e Corps; il est attaché à la 1ère Brigade de la Division française de l'Armée du Centre sous les ordres du Général Dessoles et reste à Madrid.
Le 17 novembre 1810, "On prie Sa Majesté de décider si une distribution de souliers du magasin de Madrid, faite sur l'ordre de S. M. le roi d'Espagne aux 28e et 75e régiments de ligne, sera accordée en gratification ou imputée" ; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4832 - Extraites du « Travail du ministre directeur de l'administration de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 17 novembre 1810 »).
Le 24 novembre 1810, le Colonel Rochert-Lamorandière prend le commandement du Régiment.
- 1810 : Le 4e Bataillon à l'Armée du Portugal
Le 4e Bataillon (Commandant Servant) a été dirigé du camp de Boulogne sur la péninsule ibérique (12 septembre 1810) pour faire partie de l'Armée de Portugal. Les faits d'armes auxquels a pris part ce Bataillon sont ceux de sa Division.
Le 2e Brigade (Général Taupin) de la 1ère Division (Général Clauzel) du 8e corps (Général Junot) de l'Armée de Portugal est formée des 4es Bataillons des 18e Léger, 36e, 46e et 75e Régiments d'infanterie de ligne.
La Division Clausel part de Léon le 23 mai 1810 pour Ledesma. Dans la première quinzaine de juin, elle est chargée d'observer l'ennemi sur la rive droite du Douro; elle occupe Ledesma.
Après avoir participé au siège de Ciudad-Rodrigo, qui est pris le 10 juillet, et au siège d'Almerda, qui capitule le 28 août, le 8e Corps est dirigé sur Lisbonne.
Le 11 octobre, l'Armée de Portugal arrive devant les retranchements de Torrès-Vedras, qui protègent la capitale.
La Division Clausel s'établit à Sobral, dont le 8e Corps s'est rendu maître malgré la vive résistance de l'ennemi, qui est rejeté dans ses retranchements. Les posilions sont conservées jusqu'au 14 novembre 1810.
Le 23, le Général Clausel doit manoeuvrer sur le flanc de l'ennemi pendant que les troupes de Soult (1er Corps) attaquent les Anglo-Porlugais en avant d'un ruisseau affluent du Rio-Mayor. L'attaque réussit : la Division Clausel tiraille jusqu'à la nuit et se retire sur Tremès, occupé par le Bataillon du 75e.
/ 1811
- 1811 : Espagne
Le 29 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne, à Paris : "Mon Cousin, donnez les ordres suivants pour diriger des renforts sur l'armée du Midi ...
RENFORTS A TIRER DE L'ARMÉE DU NORD ...
Navarre. — Donnez ordre de faire partir sans délai les trois compagnies du 51e qui se trouvent dans le 3e régiment provisoire, les 300 hommes du 55e et les 400 du 75e qui se trouvent dans le même régiment, où ils forment le 3e bataillon ; les 600 hommes du 32e et les 700 hommes du 58e qui forment les deux premiers bataillons du 1er régiment provisoire ; enfin les détachements du 54e, du 88e et du 34e qui se trouvent dans le 4e régiment provisoire, au 2e bataillon, et le détachement du 28e qui fait partie du 1er bataillon du même régiment. Ces différents détachements se réuniront à Logrono. Il en sera fait un 1er régiment de marche de l'armée du Midi, fort de 2,800 hommes. De Logrono, ce régiment de marche se dirigera sur l'Andalousie par Burgos, Valladolid et Madrid ...
Ainsi donc les renforts que l'armée du Nord dirigera sur l'armée du Midi se composeront : du 1er régiment de marche du Midi, fort de 2,800 hommes ; du 2e, 1,400 hommes ; du 3e, 2,000 hommes, et des trois régiments provisoires de dragons, 1,800 hommes ; total, 8,000 hommes. Ce qui, joint aux 5,000 de l'armée du Centre, formera un secours d'environ 13,200 hommes pour l'armée du Midi.
Donnez vos ordres de manière à ne pas être désobéi ... Le duc d'Istrie composera chaque colonne d'infanterie et de cavalerie, en portant chaque colonne à 2,000 hommes au moins, sans que cela soit cependant un motif de retard ... Il faut bien expliquer dans vos ordres qu'ils ne sont susceptibles ni de mais, ni de si, ni de car ; que, vingt-quatre heures après leur réception, ces régiments doivent se mettre en marche ; que les généraux Caffarelli et Beille doivent vous envoyer l'itinéraire de ce mouvement et le jour où ce régiment de marche doit arriver à Madrid ; qu'ils doivent également adresser cet itinéraire au duc de Dalmatie ; que les généraux auxquels vos ordres sont adressés sont responsables du moindre retard ...
Vos ordres seront composés, 1° d'un ordre positif et sec, à peu près en ces termes : L'Empereur ordonne, etc. 2° d'une lettre contenant vos instructions. Mettez dans l'ordre : « sous peine de désobéissance » ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17529).
Le 2 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, je réponds à votre lettre du 30 mars. Il n'y a pas de doute que les détachements des 75e et 28e régiments qui entrent dans la composition du 1er régiment de marche du Midi et dont les régiments appartiennent à l'armée du Centre doivent s'arrêter à Madrid et rejoindre le régiment Buquet" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5259 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26467).
Le même 2 avril 1811, l'Empereur écrit également, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, je reçois l'état des 14 000 hommes de renfort qui marchent sur l'armée du Midi. Il est nécessaire que vous vous concertiez avec le ministre de la Guerre afin de bien connaître les numéros des compagnies et des bataillons auxquels appartiennent les détachements qui composent ces renforts ... Dans l'état des troupes tirées de l'armée du Nord, je vois trois compagnies du 5e bataillon du 51e, trois idem du 55e, trois idem du 75e, quatre idem du 32e, quatre idem du 58e. Cela est clair ...
Il faut que le ministre de la Guerre me présente un projet de décret qui ordonne dans des désignations claires et précises que tous les détachements provenant des 5es bataillons, officiers, sous-officiers et soldats, qui rejoindront les 4 premiers bataillons, y seront incorporés aussitôt qu'ils les auront rejoints. Cela est très important parce qu'il serait fâcheux de faire revenir les cadres et que tout ce qui sera incorporé doit être effacé du contrôle du bataillon resté en France. Je n'ai pas besoin de vous faire remarquer qu'on a également besoin d'officiers et sous-officiers dans les bataillons de guerre.
Mais il est nécessaire de ne pas comprendre dans ce travail ce qui continue à rester dans la Navarre et d'éviter les doubles emplois" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5260 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26468).
Puis, toujours le 2 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, il est nécessaire que vous me fassiez un rapport sur les différentes compagnies des 5es bataillons qui sont entrés en Espagne soit dans les bataillons de marche, soit dans les régiments provisoires.
Vous me ferez connaître de quels régiments provisoires ou de marche elles faisaient partie au 1er mars, et où elles se trouvaient ; et à fur et mesure que ces compagnies des 5es bataillons recevront l'ordre de joindre les 1ers bataillons de leur régiment définitif, vous me présenterez un projet de décret pour les incorporer dans les bataillons qu'ils vont recruter et les rayer de leur ancien bataillon où le cadre sera reformé.
Par exemple, je viens d'ordonner que le 1er régiment de marche d'infanterie qui est depuis longtemps à Madrid se rende à l'armée du Midi où tous les détachements qui le composent seront incorporés dans les régiments auxquels ils appartiennent.
Je viens d'ordonner la formation du 1er régiment de marche de l'armée du Midi qui se compose de ce que les 4 régiments provisoires qui sont en Navarre ont de détachements appartenant aux régiments de l'armée du Midi ; ainsi 3 compagnies du 51e ; 3 du 55e ; 3 du 75e ; 4 du 32e ; 4 du 58e vont se trouver incorporées par cette mesure dans les bataillons de guerre de leurs régiments en Andalousie. Il serait interminable et contraire au service de faire revenir ces cadres : la distance est grande, le retour de ces officiers et sous-officiers ne serait pas sans difficulté ni même sans danger ; et ce serait un emploi d'hommes en pures pertes.
Il faut donc que vous me soumettiez un projet de décret pour que les détachements soient sur-le-champ incorporés et les cadres reformés en France. Pour cela, il faut bien spécifier à quels bataillons appartiennent les compagnies qui sont en ce moment tirées des régiments provisoires de la Navarre et de la Biscaye, pour être incorporées" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26486).
Le 4 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne, à Paris, pour demander une réorganisation de l'Armée du Portugal en 6 Divisions : "Mon Cousin, l'armée du Portugal sera partagée en six divisions ...
Le cadre du 4e bataillon du 75e rentrera en France ; tous les hommes disponibles seront placés dans le 36e ... Ce qui me porte à dissoudre ces bataillons du 34e, du 20e et du 75e, c'est qu'ils sont tous composés de conscrits qui n'ont jamais rejoint leurs régiments, et que d'ailleurs ils ont beaucoup de traîneurs et d'hommes aux hôpitaux, qu'il vaut mieux laisser à l'armée de Portugal.
Vous ferez connaître au maréchal prince d'Essling qu'il doit faire tous ces mouvements en temps opportun ; lui seul doit en avoir connaissance. Il peut même y faire les changements qu'il jugera indispensables. Vous lui ferez connaître que mes principaux motifs pour mettre tels ou tels régiments ensemble, c'est qu'ils ont leurs dépôts dans la même division ; ce qui doit faciliter la formation des régiments de marche à envoyer pour les recruter" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17562 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26505).
Le 1er mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Espagne : "Témoignez mon extrême mécontentement au général Belliard de ce que mes ordres ne sont point exécutés, et que, la première fois que cela arrivera, je le ferai arrêter et traduire à une commission militaire ; que c'est la première fois que je vois une désobéissance aussi formelle, lorsque vos ordres sont tellement positifs que vous déclarez que vous n'admettez aucune exception. Il peut remplacer à Ségovie les troupes qu'il retire de cette province, soit par un bataillon de la Confédération, soit par un bataillon espagnol, soit par des détachements du 28e et du 75e ... Dites-lui qu'il a là dix fois plus qu'il ne faut ; que je suis donc fort étonné de ce mauvais esprit qu'il a montré ; que j'espère que c'est la dernière fois qu'il donnera lieu à de semblables plaintes ..." (L. Lecestre : « Lettres inédites de Napoléon 1er », Paris, 1897, t. 2, lettre 801 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26921).
Le 1er juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Alençon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites former à Orléans le bataillon de marche d'infanterie de l'armée du Midi afin qu'il soit en état de partir au 10 juin. Vous formerez ce bataillon de la manière suivante ; savoir :
... 6e compagnie, 32e régiment, 105 hommes; 75e régiment, 67 hommes; total 172 ...
Il est indispensable qu'il y ait 3 officiers par compagnie. Vous désignerez soit de l'école de Saint-Cyr, soit des vélites, soit de la garde nationale, soit de tout autre corps, les officiers destinés à se rendre à l'armée du Midi.
Le bataillon de marche de l'armée de Portugal sera organisé à Orléans et formé de 4 compagnies. J'ai nommé colonel en second le major du 75e qui est à Cherbourg. Vous lui donnerez le commandement de ces deux bataillons. Donnez ordre que les détachements qui ne seraient pas partis au 5 juin de ces dépôts pour former ce bataillon n'en partent plus. Rendez-moi compte du progrès de la formation de ces deux bataillons, afin que je sache quand ils seront prêts à partir" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5536 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27191).
Le 11 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Les cadres des 4es bataillons des 14e, 27e, 39e, 59e, 69e, 76e de ligne et 17e d'infanterie légère, 28e, 34e, 65e, 75e et 86e de ligne ont ordre de rentrer en France. Ils arrivent à Bayonne du 15 au 20 juin ...
Restent donc douze cadres rentrant d'Espagne, qui, avec les dix qui de l'intérieur doivent se rendre à Bayonne, font vingt-deux 4es bataillons.
Mon intention est que ces vingt-deux bataillons soient tous campés dans les baraques de bois que j'ai fait établir en avant de la ville, que l'inspection en soit passée pour compléter les cadres des officiers, sous-officiers, caporaux et tambours, remplacer les officiers et sous-officiers hors de service, et compléter tous ces cadres à 800 hommes ; ce qui fera pour l'armée d'Espagne une réserve de 16 à 18,000 hommes.
Je désire que vous envoyiez à Bayonne quatre colonels en second pour se partager le détail, la surveillance et l'organisation de ces bataillons.
... Enfin le quatrième commandera le 34e, le 28e et le 75e, appartenant aux armées du Centre et du Midi.
Ces quatre colonels en second réuniront successivement sous leur commandement tous les 3es et 4es bataillons qui arriveront d'Espagne en conséquence des ordres donnés, et qui appartiendront aux armées d'Aragon, du Nord, de Portugal, du Centre et du Midi. Vous donnerez à chaque colonel en second un major en second pour aide, lorsque son commandement comprendra plus de quatre bataillons. Cela formera quatre brigades, qui s'appelleront brigades des 4es bataillons de l'armée d'Aragon, de l'armée du Nord, de l'armée de Portugal, des armées du Centre et du Midi.
Le général Monthion commandera cette réserve et en passera fréquemment la revue.
... Il faudrait sans délai faire partir des dépôts des 14e, 27e, 39e, 59e, 69e, 76e de ligne, 17e léger, 28e, 34e, 65e, 75e et, 86e de ligne tout ce qu'il y a de disponible, pour être incorporé dans lesdits 4es bataillons ...
Je remarque que, dans les bataillons de marche du Midi et de Portugal, le 28e a 137 hommes, le 34e 62, le 75e 66, le 14e 65, le 39e 67 et le 65e 156. Donnez ordre que ces deux bataillons partent le 15 juin d'Orléans, et que, arrivés à Bayonne, tous les détachements qui appartiennent aux 4es bataillons réunis dans cette ville y soient incorporés. On fera alors du reste un bataillon de marche" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17793 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27269).
Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation ...
CAMP DE BAYONNE.
... La 4e brigade sera celle de l'armée du Midi ; elle sera composée des 4es bataillons des 34e, 28e et 75e ...
Donnez ordre que tout ce qu'il y a de disponible aux dépôts des 14e, 17e, 27e, 39e, 59e, 69e, 76e, 65e, 86e, 34e, 28e et 75e se dirige sur Bayonne pour y compléter les 4es bataillons de leurs régiments. Il sera appelé 8,000 conscrits sur la réserve pour compléter ces 4es bataillons et les porter à 20,000 hommes. Recommandez que tout ce qui passera désormais à Bayonne, soit hommes isolés, soit hommes sortant des hôpitaux, qui appartiendraient à ces régiments, soit retenu et placé dans les 4es bataillons de leurs régiments.
RÉGIMENTS DE MARCHE D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL.
Enfin deux régiments de marche seront formés ...
Au 15 juillet, vous me rendrez compte de sa situation pour que je puisse donner l'ordre définitif du mouvement. Vous remarquerez que je n'y comprends pas les 34e, 28e, 75e, 51e et 55e, parce que ces régiments ont leurs 4es bataillons à compléter. Il est bien entendu que tout ce que les 34e, 28e et 75e peuvent avoir de disponible à leurs 5es bataillons doit se mettre en marche le 15 juillet pour se rendre à Bayonne et y être incorporé dans les 4es bataillons qui sont au camp sous cette ville ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).
Le 18 juin 1811, à Saint-Cloud,"Le maréchal Berthier rend compte que le décret du 11 avril dernier relatif à l'incorporation de trois compagnies du 5e bataillon du 28e de ligne et de trois compagnies du 5e bataillon du 75e de ligne dans les premiers bataillons de ces régiments étant parvenu trop tard en Espagne, le général Belliard a déjà renvoyé au dépôt en France les cadres de ces compagnies"; "Renvoyé au ministre de la guerre pour, en conséquence, ne pas faire former ces cadres", fait répondre l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5631).
Le 24 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dumas, Directeur des Revues et de la Conscription : "Monsieur le comte Dumas, proposez-moi un projet de décret pour la levée et la répartition de la réserve de la conscription. J'évalue à 25 000 hommes ce qu'il y a de disponible sur la conscription de France ...
Voici les bases de la répartition ...
2° Complétez les bataillons dont les cadres sont à Bayonne. Savoir : les 31e, 114e, 115e, 116e, 117e, 121e, 118e, 119e, 120e, 122e (pour ces 10 premiers bataillons, vous dirigerez sur leurs dépôts respectifs de quoi compléter à 800 hommes leurs 4es bataillons et à 500 leurs 5es), 14e de ligne (ce bataillon est maintenant à Sedan : c'est à Sedan qu'il faut le compléter), 17e léger, 27e léger, 39e de ligne, 59e, 69e, 76e, 65e, 34e, 28e (deux bataillons), 75e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5676 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27432).
Concernant l'affaire du 11 juillet 1811, le Courrier de Turin (N°109, 7e année, samedi 10 août 1811) raconte : "NOUVELLES OFFICIELLES DES ARMÉES EN ESPAGNE.
… Arrondissement de l'armée du centre.
Le 5 juillet, le général Hugo s'est mis en mesure de marcher à l'ennemi et de le chasser de ses positions pour le rejeter sur la gauche du Tage. Le général la Houssaye reçut ordre de se porter en avant pour couper la retraite à l'ennemi. Sayas n'a pas attendu, il a aussitôt commencé son mouvement rétrograde avec toutes ses troupes fortes de 6ooo hommes, en se portant directement sur le Tage. Le général Hugo se mit aussitôt à sa poursuite, tandis que le général la Houssaye partant de Guadalajara, le 10, se porta à marche forcée sur le pont d'Aunon où il espérait couper le passage à l'ennemi qui paraissait se retirer sur Cuenca : le général Sayas avait déjà passé le Tage et s'était réuni à Val-de-Oliva. Le 11, le général la Houssaye se hâta de faire passer ses troupes ; au débouché du défilé son avant-garde tomba sur la cavalerie du Manco, soutenue par un bataillon d'infanterie que Sayas envoyait s'emparer du pont d'Aunon ; 50 dragons et une compagnie du 75e de ligne chargèrent intrépidement l'ennemi, le culbutèrent et le poursuivirent l'épée dans les reins jusqu'à Saudon où toute notre cavalerie s'était rassemblée ; enfin l'ennemi fut atteint entre Alcocer et Val-de-Oliva. Trois bataillons et deux escadrons étaient en position et voulurent se défendre et former des carrés ; la cavalerie française les eut bientôt enfoncés, tout ce qui ne fut pas sabré sur la place fut pris. Mille prisonniers, dont beaucoup d'officiers, 600 morts, un drapeau, tous les bagages, l'ambulance, près de 200 chevaux, et un convoi considérable de bestiaux sont le résultat de cette journée ...".
Le 20 juillet 1811, Joseph écrit, depuis Madrid, à Napoléon : "… Il est impossible d'envoyer en Andalousie le peu de soldats appartenant à cette armée qui sont sur la ligne de Valladolid jusqu'à Madrid, sans recevoir les 1,500 Allemands qui ont passé la Sierra-Morena et les 2 régiments qui appartenaient au centre, et qui ont été remis au maréchal Soult. Enfin, Sire, il n'y a ici en infanterie que le 75e et le 28e, et 3 mille Allemands. N'ayant aucuns fonds disponibles, je ne puis lever des troupes du pays, et, faute de troupes, je ne puis faire rentrer les blés que les Anglais achètent, et que les insurgés enlèvent de force. Les provinces d'Avila, d'Estramadure, de Talavera, sont épuisées par l'armée de Portugal …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 8, p. 44).
Le 9 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "... Deux compagnies de chacun des 34e, 28e (4e bataillon) et du 75e, formeront le 8e bataillon de marche de la réserve de Bayonne qui partira du 15 au 20 août pour aller tenir garnison à Mondragon ...
Il y aura ainsi dans la Biscaye 1° un régiment de marche d'Aragon fort de plus de 1.500 hommes ; 2° un régiment de l'armée du Nord, fort de 1.600 hommes ; 3° le 2e régiment de marche de l'armée de Portugal, fort de 1.600 hommes ; 4° le 3e régiment de l'armée de Portugal, fort de 1.600 hommes ; 5° le 8e bataillon de marche de la réserve de Bayonne, fort de 800 hommes ; ce qui fera plus de 7.000 hommes. Mandez au général Monthion de s'assurer que ces bataillons partent en bon état, qu'ils sont complets en officiers et en sous-officiers, qu'ils ont 50 cartouches par homme, leurs pierres à fusil, leur solde au courant jusqu'au 1er septembre, leur livret en règle où le payement de leur solde soit constaté...
Vous ferez comprendre au général Monthion que mon intention est que ces huit bataillons restent en Biscaye jusqu'à ce que les conscrits des dépôts puissent les rejoindre, et qu'on puisse reformer là les vingt-trois bataillons" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5944 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28051).
Le 10 août 1811, Joseph écrit, depuis Madrid, à Soult : "… Les troupes du midi vont partir avec le trésor qui est annoncé ici dans cinq jours ; mais il faut faire en sorte, Monsieur le maréchal, que les troupes de l'armée du centre arrivent en même temps dans la Manche. Vous avez au 4e corps les compagnies des grenadiers et voltigeurs du 75e ; vous avez près de 1,200 Allemands. Si vous voulez réfléchir au peu de troupes qui composent l'armée du centre, vous sentirez qu'il est impossible qu'elle se passe de celles qui lui appartiennent, et qui sont en Andalousie ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 8, p. 58).
Le même 10 août 1811, Joseph écrit aussi, depuis Madrid, à Berthier : "J'ai reçu les lettres par lesquelles Votre Altesse presse de plus en plus pour le départ des troupes de l'armée du midi et du Portugal qui sont dans l'arrondissement du centre. Voici l'état de celles qui partiront aujourd'hui, et de celles qui partiront avec le trésor qui nous est annoncé dans cinq jours ; mais il est de toute impossibilité de ne pas garder l'équivalent des 1,800 hommes de l'armée du centre qui sont en Andalousie. Il y a 1,200 Allemands, et les compagnies de grenadiers et voltigeurs du 75e de ligne. 600 hommes du 28e de ligne, qui ont escorté de Madrid le dernier convoi jusqu'à Valladolid, ont été retenus et employés dans l'arrondissement de l'armée du nord ; de manière que l'armée du centre se trouve aujourd'hui réduite au reste du 75e, du 28e, et à 3 mille Allemands, 2 mille chevaux et 5 mille Espagnols. Comment garder tant de communications, repousser les troupes de Cuença et de Guadalaxara, faire rentrer les impôts, et surtout les blés, que les guérillas enlèvent de force et que les Anglais payent à tout prix ? ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 8, p. 59).
Le 23 août 1811, à Saint-Cloud, "Le maréchal Berthier rend compte d'une lettre du roi d'Espagne exposant le danger qu'il y aurait à dégarnir Madrid de troupes au profit de l'Andalousie"; l'Empereur répond : "Donnez ordre au général Dorsenne de faire envoyer sur-le-champ à l'armée du Centre tout ce qui appartient aux 75e et 28e et aux autres régiments de cette armée. Donnez le même ordre au duc de Dalmatie" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4720 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6057).
Le 24 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne, à Paris : "Mon Cousin, il vous sera facile de faire comprendre au roi d'Espagne que, assuré comme il l'est dans ce moment sur toute sa gauche par la présence de l'armée de Portugal à Almaraz, le nombre de troupes qu'il a lui est suffisant, et qu'il doit envoyer à l'armée du Midi tout ce qui appartient à cette armée ; que le 26e de chasseurs est de la plus grande utilité à l'armée de Portugal, dont la cavalerie a été ruinée ; que vous réitérez l'ordre au général Dorsenne de réunir tout ce qui appartient au 75e et au 28e, ainsi qu'aux dragons de l'armée du Centre ; que vous réitérez le même ordre au duc de Dalmatie, en y comprenant les Allemands, qui ne doivent pas faire partie de son corps d'armée. Donnez ordre au roi d'Espagne de renvoyer tous les hommes démontés appartenant à l'armée du Nord et qui se trouvent aux différents dépôts situés dans l'arrondissement de son armée" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 8, p. 64; Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 18081 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28320 ; donne la date du 23 août, mais indique que la minute est datée du 24).
Le 28 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis le Château de Loo, au Maréchal Berthier : "... Un autre bataillon de marche sera formé à Bayonne et se mettra en marche pour Santona où il rejoindra le 8e bataillon de marche de la réserve de Bayonne, devenu le 7e bataillon du régiment de marche de l'armée du Midi. Ce bataillon sera composé de deux compagnies du 34e, 280 hommes, et deux compagnies du 75e, 280 hommes. Total quatre compagnies et 560 hommes, ce qui portera ce 7e bataillon, de 500 hommes à 1.060 hommes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6304 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28940).
Le 30 novembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, aU Maréchal BERTHIER : "Mon Cousin, faites-moi connaître si le général Monthion pourra faire partir au 15 décembre, savoir :
... 4e Un bataillon de l'armée du Centre, composé de trois compagnies du 28e, de deux compagnies du 34e et de deux compagnies du 75e.
Ce qui ferait encore un secours ... qui compléterait tout à fait les régiments provisoires.
Faites-moi connaître si tout cela pourra partir en décembre ou, au plus tard, au 1er janvier" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6428 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29218).
- 1811 : Portugal
Le 4e Bataillon du 75e quitte Tremès le 24 février 1811. Le 5 mars, le 8e Corps est dirigé sur Coïmbre et de là sur le Douro. Enfin, le 22 avril, il est envoyé à Salamanque.
Le 12 mai 1811, le Duc de Raguse prend le commandement de l'armée qui a opéré en Portugal. Il en forme six Divisions. A la suite de cette formation, le numéro 75 disparut de cette armée; les hommes du 4e Bataillon sont versés dans d'autres corps et les cadres renvoyés en France, dit l'Historique régimentaire.
- 1811 : Allemagne
Le 23 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous recevrez le décret par lequel j'ai réglé la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne. J'ai changé les éléments de cette formation. Vous verrez par l'état joint au décret que ces bataillons sont composés de trois manières :
1° Avec des conscrits fournis par les dépôts de leurs régiments.
2° Avec ce qu'on peut tirer d'anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne.
3° Avec des conscrits tirés des dépôts de l'armée d'Espagne.
J'y ai ajouté, pour chaque 6e bataillon, un détachement de 150 conscrits tirés du régiment de Walcheren.
Donnez ordre que les détachements d'anciens soldats qui se trouvent dans les dépôts des régiments se mettent en marche du 1er au 10 mai. Les cadres doivent être formés en Allemagne dans le même délai, de sorte que dès leur arrivée, ces hommes formeront de petits bataillons de 3 à 400 hommes. Ces bataillons seront ensuite complétés par la conscription, tant pour les conscrits arrivant du dépôt du régiment, que pour ceux venant des autres dépôts qui fournissent à cette incorporation.
Quant aux détachements à prendre dans l'île de Walcheren, vous donnerez les ordres suivants : la 2e compagnie de chaque 5e bataillon composée d'un capitaine, de 2 lieutenants, 2 sous-lieutenants, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal fourrier, 8 caporaux et 2 tambours, doit se mettre en marche du 1er au 10 mai pour l'île de Walcheren. À son arrivée, le général commandant dans l'île y incorporera 150 hommes choisis parmi les conscrits les plus sûrs et de la meilleure volonté. Vous aurez soin de faire envoyer d'avance au régiment de Walcheren des boutons de ces 2 régiments, afin que le changement d'uniforme des conscrits puisse être préparé sans frais.
Aussitôt que ces détachements bien habillés, bien équipés et bien armés se trouveront formés, le général commandant l'île de Walcheren les passera lui-même en revue avant leur départ. Un inspecteur aux revues en dressera les contrôles et aura soin d'y inscrire les noms, prénom et signalement, afin que si ces hommes désertent, on puisse les faire poursuivre dans leurs familles par des garnisaires. Il ne partira de l'île de Walcheren que deux détachements par semaine. Ces détachements remonteront par eau jusqu'à Willemstad et Berg-op-Zoom, d'où ils rejoindront les bataillons de guerre en traversant la Hollande. Il y aura quelques brigades de gendarmerie pour observer leur passage ...
ANNEXE
Etat indiquant les éléments de la formation des 6es bataillons des régiments de l’Armée d’Allemagne
Régiments qui forment les 6e bataillons |
Conscrits du régiment |
Supplément de 150 conscrits à tirer du régiment de Walcheren (ce supplément ne compte que pour 50 |
Suppléments à tirer d'autres régiments |
Total de ce que 6e bataillons aura |
||||||
Conscrits que le régiment reçoit et hommes disponibles |
Conscrits pour compléter les bataillons suisses |
Conscrits du 4e bataillon A |
Reste pour le 6e bat. B |
Numéros du régiment d'où on les tire |
Anciens soldats C |
Conscrits D |
Total |
|||
30e de ligne |
1240 |
200 |
800 |
200 |
50 |
Le 50e |
70 |
70 |
140 |
726 |
Le 54e |
65 |
65 |
130 |
|||||||
Le 59e |
53 |
653 |
106 |
|||||||
Le 75e |
50 |
50 |
100 |
A : Ces conscrits partiront le 1er juillet 1811 de leur dépôt pour les 6es bataillons en Allemagne.
B : Ces 1500 conscrits partiront de Walcheren par compagnie, dirigés sur le dépôt en France pour le 5e bataillon. Elles commenceront à partir le 15 mai.
C : Ces conscrits partiront dès le 10 mai pour l'Allemagne.
D : Ces conscrits partiront le 1er juin de leur dépôt" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26814".
Le 30 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les 6es bataillons de l'armée d'Allemagne ne seront pas formés avant les 4es.
Je prends donc le parti de contremander l'ordre que contient mon décret du 23 avril de tirer 1800 anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne pour servir à la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne ...
Le bataillon de marche de l'armée du Midi sera composé de :
80 hommes du 8. 70 hommes du 88e. 170 du 28e. 90 du 95e. 60 du 34e. 70 du 96e. 60 du 40e. 70 du 100e. 80 du 43e. 60 du 63e. 60 du 45e. 60 du 64e. 60 du 54e. 100 du 32e. 80 du 75e. 80 du 58e. Total du bataillon de marche de l'armée du Midi 1250 hommes ...
Envoyez dans la journée des ordres à tous ces régiments pour que la destination de ces détachements soit changée et qu'on les dirige sur Orléans. Vous ferez connaître aux corps que ces détachements devant désormais former des régiments de marche et servir à recruter des bataillons de guerre, on ne doit plus rayer des contrôles les hommes qui les composent.
Ces 1800 hommes seront remplacés pour la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne par une augmentation équivalente dans le nombre de conscrits que ces dépôts de l'armée d'Espagne devaient fournir. Ainsi, ces dépôts au lieu de fournir seulement 1430 conscrits ainsi qu'il est indiqué dans l 'état joint à mon décret du 23 avril compléteront en conscrits le nombre total de 3300 conscrits qu'ils doivent fournir conformément audit état. Ceci aura le double avantage de fournir de bonnes recrues à l'armée d'Espagne, et de ne faire aucun changement dans les contrôles des corps, en même temps qu'on laisse à l'armée d'Allemagne le même nombre d'hommes qu'elle doit recevoir" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5419 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26900).
Le 22 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez les ordres suivants pour la répartition des compagnies destinées à former les garnisons de vaisseaux.
... ESCADRE- DE ROCHEFORT
... Les sept vaisseaux, qui sont au Helder, auront des garnisons irrégulières, prises dans les 123e, 124e, 125e et 126e, jusqu'à ce qu'ils soient réunis à Anvers, où ils auront pour garnisons définitives des compagnies tirées des 75e, 76e, 54e, 88e, 94e et 95e. A cet effet, ces six régiments fourniront six compagnies qu'ils enverront à Anvers et de là, à Metz. Ces six compagnies jointes à trois compagnies des 96e, 100e et 103e, se formeront à Metz, ce qui fera neuf compagnies disponibles ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6042 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28292).
Le 11 novembre 1811, à Compiègne, "On rend compte à Sa Majesté de l'impossibilité de compléter les compagnies de garnirons de vaisseaux des 50e et 75e régiments, et on lui demande si Elle veut qu'on les fasse partir telles qu'elles sont"; l'Empereur répond : "Les garder à leur dépôt jusqu’à ce qu'elles puissent être complétées à 80 hommes. Demandez en Espagne quelques anciens soldats pour ces compagnies" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6347).
/ 1812
- 1812 : Espagne
Plaque de shako du 75e de Ligne (communication G. Centanni)
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Shako du 75e de Ligne (communication G. Centanni) |
Pendant l'année 1812, nous trouvons encore le 75e à Madrid. L'Historique régimentaire indique que le 4e Bataillon, rentré de Portugal, se réorganise en France et le 5e a été désigné pour l'organisation du 3e Régiment provisoire et se trouve également à Madrid et Tarascon. Tout cela mérite d'être clarifié.
Le 28 mars 1812, à Paris, "On propose à Sa Majesté d'ordonner que sur la somme de 3.735 fr. 36, montant de la perte faite le 25 mai 1811 par le 5e bataillon du 75e régiment, celle de 2.826 fr. S3, qui revient aux hommes présents, sera seulement remboursée par le Trésor Impérial"; "Approuvé", répond ce dernier (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7031 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi daté du 25 mars 1812 »).
Le 3 avril 1812, Jourdan écrit, depuis Madrid, à Berthier : "… Sa Majesté a décidé que M. le général Darmagnac se porterait sur Talavera avec les 2 bataillons, des 9e et 75e régiments d'infanterie de ligne, et le 19e régiment de dragons, qui sont dans la province de Cuença, avec le bataillon de Francfort, qui est en marche pour revenir de la Manche, et avec le régiment de chevau-légers westphaliens, dont partie est près de Madrid et l'autre partie est du côté de Tarancon, et qui serait envoyé à Talavera ; 50 mille rations de biscuit, restant des 400 mille rations que le roi a données anciennement à l'armée de Portugal, qui n'ont pas pu être expédiées, à défaut de moyens de transport ; 100 autres mille rations de biscuit, prises sur les approvisionnements du Retiro. Sa Majesté a aussi décidé que M. le duc de Mahon, qui est à Tolède, se rendrait à Cuença pour y prendre le commandement de cette province en remplacement de M. le général Darmagnac ; que le 75e régiment d'infanterie serait remplacé dans cette province par un régiment d'infanterie de l'armée d'Aragon, et le 19e régiment de dragons par environ 150 chasseurs à cheval du 1er régiment espagnol, qui sont dans la province de Tolède, et par la compagnie franche de Moralez, qui est à Alcala.
Tous les ordres sont expédiés ; mais on ne peut pas dissimuler que ces secours, tout faibles qu'ils sont, arriveront vraisemblablement trop tard.
Le bataillon de Francfort n'arrivera à Madrid que vers le 10 ; à peu près à cette même époque, le régiment westphalien sera aussi réuni à Madrid. Ces deux corps escorteront tout le biscuit qu'on pourra faire partir par les moyens de transport que M. l'ordonnateur en chef s'occupe à réunir, et qui vraisemblablement seront fort au-dessous de ceux qui seraient nécessaires. Ainsi on ne doit pas espérer que ces troupes et une partie du biscuit puissent arriver à Talavera avant le 15. Quant au 75e régiment d'infanterie et au 19e de dragons, qui sont à Cuença, leur marche dépend de l'arrivée dans cette province du régiment d'infanterie de l'armée d'Aragon, qui doit les remplacer. Il est donc difficile de calculer à quelle époque ces deux régiments arriveront à Talavera ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 8, p. 342).
Le 30 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, je réponds à votre lettre du 28 avril relative à l'organisation des demi-brigades ...
A la 11e demi-brigade provisoire, vous prenez 350 hommes du 75e, et 340 hommes du 43e, pour les mettre dans le cadre du bataillon du 50e de ligne. J'approuve cette disposition ...
P.-S. Faites-moi connaître quand les 16 demi-brigades provisoires seront en mouvement" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7186 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30538).
Le 4 mai 1812, Joseph écrit, depuis Madrid, à Berthier : "… Je fais diriger sur la Caroline 15 à 1800 hommes des détachements de l'armée du midi, qui seront remplacés par le 75e d'infanterie de ligne dans les postes qu'ils occupent …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 9, p. 4).
Le 8 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Les deux compagnies du 4e bataillon du 75e se rendront également à Santona pour rejoindre les quatre compagnies du même bataillon.
Il y aura donc à Santona :
Le 3e bataillon du 28e de ligne, 4 compagnies. 500 hommes ;
Le 4e bataillon du même régiment, 6 compagnies, 800 hommes ;
Le 4e bataillon du 75e régiment, 6 compagnies, 700 hommes.
Le major Maury se rendra à Santona pour commander ces trois bataillons. En conséquence, le 7e bataillon de marche de l'armée du Midi sera dissous et remplacé par ces trois bataillons qui prendront le titre de régiment de marche de l'armée du Centre ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7232 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30611).
Selon l'Historique régimentaire, le 3e Bataillon quitte Madrid à la fin de 1812 pour rentrer en France, après avoir versé dans les 1er et 2e ses hommes valides. Il ne reste donc plus en Espagne que les 1er et 2e Bataillons.
/ 1813
- 1813 : Espagne
Le 19 janvier 1813, nous trouvons les 1er et 2e Bataillons du 75e faisant partie de l'Armée du Centre, commandée par le Général comte d'Erlon, 2e Division (Général Darmagnac); 1re Brigade (Général Chassé). Le 75e est commandé par le Colonel Rochert-Lamorandière. Ces deux Bataillons sont, à cette époque à Madrid.
Le 15 mai (mars ?) , dit l'Historique régimentaire, les deux Bataillons (?) quittent Madrid et se dirigeaient sur Ségovie. Toute la Division Darmagnac est rendue le 21 mars dans cette ville.
Dans les premiers jours d'avril, les cadres du 2e Bataillon quittent l'Espagne pour se rendre au corps d'observation de la Bavière. Les hommes de troupe sont versés au 1er Bataillon, qui seul représente le 75e à l'Armée d'Espagne jusqu'en juillet 1813.
Le 2 juin, les trois armées qui opèrent en Espagne sont réunies vers Valladolid; mais le Roi Joseph, menacé par Wellington, décide l'évacuation de cette ville. Les trois armées vont s'établir dans le bassin de Vittoria.
- Bataille de Vittoria (21 juin 1813)
Le 20 juin, pendant que nos convois sont dirigés sur Bayonne, l'armée s'établit face aux défilés de Puebla. Le 21, les Anglais de Wellington attaquent notre Armée du Midi vers 8 heures du matin. Le Comte d'Erlon, apprenant que l'effort principal de l'ennemi se porte sur notre droite, y envoie sa 1ère Division.
La Division Darmagnac soutient un combat très vif au village de Margaritha, lorsque la 2e Division vient la renforcer. Bientôt l'Armée du Centre doit suivre le mouvement rétrograde de l'Armée du Midi, qui, accablée sous le nombre, se retire sur Vittoria.
Le Général Hugo raconte, dans ses Mémoires : "… Le maréchal Jourdan, que ces obstacles avaient séparé du roi, inquiet de ce qu'il pouvait être devenu, m'envoya à sa recherche. Mes efforts, pour percer jusqu'à S. M., furent inutiles, il me fallut revenir à M. le maréchal, que je trouvai marchant à pied au milieu de l'infanterie. S. E. me dit alors de voir si je pourrais rallier quelques corps et protéger la retraite.
Empressé de remplir les instructions du maréchal, je le laissai continuer sa marche et je me portai vers les corps qui se retiraient, j'en trouvai plusieurs qui m'étaient particulièrement connus et auxquels je fis faire halte à la hauteur d'Alegria, dans la direction de Pampelune, la droite appuyée à la montagne, la gauche au ruisseau, le front vers Vittoria. De ce nombre étaient le régiment de Baden, le régiment de Francfort, un bataillon du 27e léger et un bataillon de mineurs. Leurs masses, formées en bon ordre, en imposèrent au corps, chargé de poursuivre, et l'obligèrent à s'arrêter à demi-portée de canon. Cette disposition contribua puissamment au salut de plusieurs milliers d'hommes, qui s'échappèrent par nos intervalles vers Salvatierra, où se dirigeait le gros de l'armée.
Comme les troupes étaient fatiguées du long et malheureux combat de la journée, et comme elles avaient besoin de repos, je fis former les faisceaux et déposer les havresacs, avec injonction de ne pas s'en écarter ...
Les ordres de rallier quelques troupes et d'arrêter l'ennemi, ordres que j'avais reçus de M. le maréchal Jourdan, ayant été ponctuellement exécutés, et les représentations des chefs n'étant pas sans fondement; nous rompîmes les faisceaux vers onze heures du soir, et prîmes en silence notre route dans l'obscurité, à travers les champs et dans la direction, tracée par les troupes, dont le mouvement de retraite avait précédé le nôtre.
A une lieue du point de notre première halte, nous joignîmes la garde royale, le 75e de ligne et au milieu d'eux, au même bivouac, le général de division Tirlet. Nous primes alors position sur leur alignement" (« Mémoires du Général Hugo », Paris, 1823, t. 3, p. 141 et suivantes).
Le 22, l'armée continue son mouvement sur Pampelune, suivie de près par les Anglais; le 23, elle doit livrer plusieurs combats; le 24, la Division Darmagnac est à l'arrière-garde; elle subit des pertes assez sérieuses en protégeant la retraite.
Au commencement de juillet 1813, le 4e Bataillon réorganisé vient remplacer le 2e Bataillon à l'Armée d'Espagne. Le 75e compte à nouveau deux Bataillons à l'Armée d'Espagne : le 1er et le 4e.
Le 12 juillet 1813, le Maréchal Soult prend le commandement de l'Armée d'Espagne. Les premières opérations du Maréchal sont de tenter de débloquer Pampelune et Saint-Sébastien.
D'après les instructions du Duc de Dalmatie du 23 juillet 1813, sur la reprise des opérations de l'Armée d'Espagne, le Corps du centre doit tenter d'emporter le col de Maya, afin de déboucher dans la vallée du Bastan, passer ensuite le col de Belate et venir faire sa jonction avec l'aile droite et l'aile gauche de l'armée, qui doit déboucher sur Pampelune et Roncevaux.
- Combat du col de Maya (25 juillet 1813)
La position du col de Maya peut être considérée comme inexpugnable, surtout lorsqu'elle est bien défendue. Deux Divisions anglaises occupent ce point, s'appuyant à droite à un rocher, sorte de citadelle. Cependant l'ordre d'attaquer est donné; les Divisions Darmagnac et Abbé doivent tourner la position, attaquée aussi de front par le Général Marausin. Le Général Darmagnac, qui doit tenir la tête des colonnes, réunit toutes les Compagnies de Voltigeurs de sa Division, et leur fait poser les sacs. Elles marchent sur le revers de la montagne, suivies de près par les Régiments de la Division, qui n'a pas encore été vue de l'adversaire.
Nos Voltigeurs, chassant devant eux les postes ennemis, gravissent avec la plus grande intrépidité les hauteurs, qu'un ravin très profond sépare du rocher. Il faut franchir ce ravin pour donner l'assaut. Les Voltigeurs le descendent, le traversent et montent à l'assaut du rocher. Ils sont repoussés plusieurs fois ; enfin leur intrépidité surmonte tous les obtacles, et la position est emportée de vive force. Les têtes de colonne continuent à avancer; elles attaquent la principale position, qui est également enlevée; l'ennemi, surpris par l'impétuosité de cette attaque, se retire de mamelon en mamelon; il met en batterie quatre pièces que les Voltigeurs enlèvent sans que rien puisse arrêter leur ardeur.
Cette journée a été très glorieuse pour toutes les troupes qui y ont pris part, mais surtout pour la Division Darmagnac, à laquelle appartient le 75e ; elle perd 1,400 hommes. L'ennemi a 3,500 hommes hors de combat et laisse entre nos mains cinq pièces de canon.
Les opérations du Corps du centre se continuent au milieu de difficultés, de surprises et de combats nombreux. La Division Darmagnac franchit, le 28 juillet, le col de Belate, à la poursuite de l'ennemi, qui doit abandonner beaucoup de matériel et de nombreux traînards.
- Combat de Gorronz.
Le 30 juillet, la même Division doit attaquer de front le village et la hauteur de Gorronz pour en déloger la Division anglaise qui l'occupe. Nos troupes, vigoureusement conduites, s'emparent de toutes les positions.
Les efforts tentés par le Maréchal Soult pour débloquer Pampelune ne réussissant pas, on ne continue pas les opérations offensives. Le mois de septembre est employé à l'organisation défensive de la ligne de Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port.
- Attaque des hauteurs de Losterenca
Après avoir résisté aux efforts de l'ennemi à Ascaïn le 10 novembre, et à Anglet le 9 décembre, nous attaquons à notre tour les Anglais postés sur les hauteurs de Losterenca.
Pendant que la Division Abbé se porte à l'attaque de front, la Division Darmagnac s'empare de la montagne de Port-Atchuria et se porte sur la droite ennemie.
Le combat est très vif et très bien mené. Mais bientôt notre ligne semble faiblir; aussitôt, la Division Foy et la Brigade Gruardel, à laquelle appartient le 75e, qui n'ont pas encore été engagées, se portent en ligne et l'équilibre est rétabli.
Les pertes du 75e, dans les journées des 9 et 13 décembre 1813, sont de 91 hommes hors de combat.
- 1813 : Allemagne
Le 7 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je vous ai envoyé la formation de vingt régiments provisoires. J'en désire avoir trente : il y en a donc dix encore à former ; mais je crois avoir oublié plusieurs cadres, tels que le 128e, le 124e, le 129e, le 35e léger, le 75e, le 133e, le 134e, etc. Je pense donc que vous trouverez encore dans les cadres oubliés de quoi former cinq régiments provisoires ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19431 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32229).
Le 10 janvier 1813, l'Empereur, à Parie, adresse au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, ses observations sur le "Corps d'Observation du Rhin. Notes
... J'adopte l'organisation des 10 régiments provisoires, pourvu toutefois que l'on me fasse connaître quand les cadres des 4es bataillons doivent remplacer les 5es bataillons.
Je voudrais aussi que l'on m'assurât qu'ils existent ou qu'ils sont en marche pour rentrer en France.
En supposant ces 2 cas, il faudrait me faire connaître les changements qui ont eu lieu dans les 75e et 51e régiments ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32251).
Le 12 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, comme j'ai trouvé beaucoup de fautes dans ce que votre chef de division a recueilli sous ma dictée, je prends le parti de vous faire connaître de nouveau mes intentions ...
Le 2e corps d'observation du Rhin sera composé de dix nouveaux régiments provisoires et des huit régiments qui restent sur les vingt-trois créés avec les cohortes ...
Quant à la formation des dix nouveaux régiments provisoires, il faut mettre ensemble les bataillons qui sont entiers, tels que le 75e, le 33e léger, le 51e, etc. ...
J'adopte pour les dix régiments provisoires que l'on fasse marcher trois compagnies des 5es bataillons, mais après s'être assuré que les cadres des 3es et 4es bataillons sont en marche venant d'Espagne, et que dans le courant de mars ces 5es bataillons seront remplacés par les cadres définitifs.
Il ne faut comprendre dans les régiments provisoires aucun détachement qui appartiendrait aux régiments qui sont à la Grande Armée ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19445 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32276).
Le 15 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, j'examine le travail que votre chef de division Gérard m'a apporté ...
2e CORPS D'OBSERVATION DU RHIN ...
Le 26e provisoire, composé du 4e bataillon du 51e et du 3e bataillon du 75e, sera attaché à la 3e division ...
Je n'adopte qu'un seul régiment provisoire, qui est le 26e, composé comme je viens de vous le dire ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19450 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32295).
Le 16 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, voici le relevé de quelques changements de détail qu'il faut faire dans les états que vous m'avez remis sur la composition des 4 corps d'observation.
ANNEXE
Dans le 4e régiment provisoire, il faut mettre, au lieu du 1er bataillon du 23e léger, le 4e bataillon du 5e léger (le 23e léger ne fournira plus rien).
Le 8e régiment provisoire sera supprimé ...
Le 8e régiment provisoire a été retiré de la composition du 1er corps d'observation du Rhin, parce qu'il est supprimé, et remplacé par le 26e composé d'un bataillon du 51e et d'un bataillon du 75e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32301).
Le 4 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, il sera fait les changements suivants dans les régiments provisoires :
Le 26e régiment provisoire sera supprimé.
Le 3e bataillon du 75e qui faisait partie de ce régiment provisoire sera placé au 17e régiment en place du 3e bataillon du 36e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32597).
- 2e Bataillon
Les cadres du 2e Bataillon, comme on l'a vu plus haut, sont partis d'Espagne dans les premiers jours d'avril, pour se rendre au Corps d'observation de la Bavière.
Le 28 juillet 1813, le 2e Bataillon du 75e contribue à former la 19e Demi-brigade provisoire avec le 2e Bataillon du 58e et le 1er du 18e Léger. Cette Demi-brigade fait partie de la 2e Brigade de la 44e Division de la Grande Armée, et appartient au Corps d'observation de la Bavière. Ce Corps devient bientôt le 14e Corps d'armée commandé par le Maréchal Gouvion-Saint-Cyr.
Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
... 44e division
1er léger, 2e bataillon.
2e léger, 2e bataillon.
34e demi-brigade provisoire : 16e léger, 2e bataillon; 18e léger, 1er bataillon.
64e de ligne : 3e bataillon, 4e bataillon.
Commandé par un major : 54e de ligne, 3e bataillon; 95e de ligne, 3e bataillon.
19e demi-brigade provisoire : 50e de ligne, 2e bataillon; 75e de ligne, 2e bataillon.
Commandé par un major : 24e de ligne, 3e bataillon; 39e de ligne, 3e bataillon.
12 bataillons ...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).
- Bataille de Dresde (27 août 1813).
Le 26 août, le 14e Corps est concentré à Dresde, où Napoléon attend l'attaque de l'ennemi. La 44e Division, dont fait partie le 2e Bataillon du 75e, est chargée de la défense du Gross-Garten.
Les alliés l'attaquent en tête avec les troupes russes de Wittgenstein et sur le flanc droit avec le Corps prussien de Kleist, descendu des hauteurs qui dominent la ville au sud. La 44e Division remplit pleinement la mission difficile qui lui a été confiée. Elle déploie une valeur remarquable et à laquelle on devait peu s'attendre en raison de l'extrême jeunesse des hommes qui la composent. Elle défend le terrain pied à pied, et à 4 heures de l'après-midi elle est encore maîtresse d'une grande portion du parc.
Sa belle résistance a donné aux réserves le temps d'arriver.
A 6 heures du soir, une fraction de la 44e Division défend encore une petite partie du parc, tandis que l'autre fraction reçoit l'ordre de former la réserve. Les Prussiens, repoussés, suivent le mouvement rétrograde des Autrichiens, et les Russes abandonnent leur position de Gross-Garten. Les alliés profitent de la nuit pour battre en retraite.
L'Historique régimentaire indique pour cette journée les pertes suivantes : Capitaine Henry Bouchemann, et soldat Joseph Nourry, tués. Le Capitaine David Hermann est blessé à la jambe gauche; les Lieutenants David Foiret, à l'aine droite, et Eugène Alais (à Pirna), et le Sous-lieutenant Joseph Muzard (à l'épaule droite).
- 3e Bataillon
Le 2 avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Enfin, à la 4e division il manque 200 hommes au 9e léger, 100 au 150e, 150 au 65e, 150 au 43e, 150 au 75e.
Faites-les partir des différents dépôts ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33576).
Le 3e Bataillon, qui a quitté l'Espagne à la fin de 1812, vient, le 15 avril, prendre rang dans le 3e Corps, sous les ordres du Maréchal Ney, et contribu depuis l'ordre impérial du 4 février 1813, à former le 17e Régiment provisoire, avec le 4e Bataillon du 43e, sous le commandement du Colonel Chatelain. Ce Régiment appartient à la 1ère Brigade (Général Tarayre) de la 1ère Division (Général Ricard).
Le 3e Corps part de Hanau le 26 mars 1813, pour se rendre à Wurtzbourg, où il arrive le 5 avril; le 29, il franchit la Saale un peu au-dessus de Weissenfels et s'avance dans la plaine de Lutzen.
En débouchant de Weissenfels, le 30 avril, le 3e Corps est assailli par la nombreuse cavalerie de Wintzingerode. Précédé par des tirailleurs, le Corps de Ney se forme en carrés par Brigades, qui accueillent l'ennemi par un violent feu de mousqueterie et le forcent à la retraite.
- Bataille de Lutzen (2 mai 1813)
Ney, avec cinq Divisions, a été placé par Napoléon dans un groupe de cinq villages dont le plus important est le village de Kaya. Le 3e Corps forme le pivot autour duquel va s'opérer un vaste mouvement de conversion exécuté par la moitié de l'armée. Pendant les débuts de la bataille, la Division Ricard est en réserve, mais nos troupes qui sont en ligne sont impuissantes à contenir l'ennemi trop nombreux. Napoléon ordonne alors au Comte Lobau de se mettre à la tête de la Division Ricard et lui prescrit de reprendre Rahna, que viennent de nous enlever les Allemands de Blücher. Lobau se met en marche; la Division se précipite sur la Garde prussienne, l'aborde à la baïonnette et la repousse. Rahna est occupé de nouveau.
Les coalisés font un nouvel effort sur Kaya, mais ils sont culbutés par les Divisions de Ney; enfin à 8 heures du soir, ils ordonnent la retraite.
Le Bataillon a eu en tués les soldats Louis-Simon Chateau, Nicolas-Maurin Lesage, Jean-Louis Berthon, et Pierre Saulx; sont blessés le Capitaine Louis-Ignace Brun (11 blessures), les Lieutenants Nicolas Marchand et René-Marie Duchemin, le Sous-lieutenant Louis-Alexandre Collinet.
Le 3e Corps dont fait partie le 75e a beaucoup souffert, mais il a brillamment combattu; aussi est-il autorisé à rester deux jours à Lutzen pour se reconstituer. Il a l'honneur d'entrer triomphalement dans Leipzick.
- Bataille de Bautzen (20-21 mai 1813).
Le Corps du Maréchal Ney est à Torgau, tenant l'extrême gauche, lorsqu'il reçoit de Napoléon l'ordre de rejoindre l'armée, qui se dirige sur Bautzen.
Le 20 mai, pendant la première journée de la bataille de Bautzen, le Corps entier de Ney arrive à Klix, à l'extrême gauche du champ de bataille.
Le lendemain, Napoléon dispose son armée pour enlever la seconde position prise par l'ennemi, obligé de reculer la veille. Tandis que Oudinot, Macdonald, Marmont et Bertrand font l'attaque directe, le 3e Corps doit continuer son mouvement sur la droite ennemie et déboucher sur ses derrières.
Le Bataillon perd le Chef de Bataillon Louis Burté et le Caporal Pierre-Gilles Lançon, tués, et a en blessés les Capitaines Jacques Dolder (au côté gauche) et Louis Couvry (à la tête), ainsi que le Sous-lieutenant Laurent Dargentolle (à la cuisse gauche).
Ney franchit la Sprée à Klix, repoussant devant lui les avant-postes de Barclay de Tolly, et se dirige sur le moulin de Bloeser-Wasser sous une grêle de boulets. Le moulin à vent est enlevé ainsi que le village de Preititz. On continue la marche en avant, et bientôt le canon du 3e corps se fait entendre sur les derrières de Blücher, qui se retire et peut opérer sa retraite sans être trop inquiété. Cette retraite met fin à la bataille, et l'armée française enregistre une victoire nouvelle.
Le 29 juin, le 17e Provisoire vient s'installer au camp de Steinau et y reste jusqu'au milieu d'août.
L'Historique régimentaire indique que le 26 août 1813, des hommes isolés du 75e combattent à Buntzlau. Sont-ils du 3e Bataillon ? En tout cas, le Caporal Antoine-Cyprien-Joseph Darnaud est tué, tandis que sont blessés le Capitaine Louis-Bruno Janin (de deux coups de feu) et les Sous-lieutenants Denis Renoux (à l'épaule droite) et François Gérard (à la tête).
Le 2 octobre, le 3e Bataillon du 75e quitte le 3e Corps pour passer au 14e et venir ainsi y rejoindre le 2e Bataillon, qui appartient à ce Corps depuis le 28 juillet.
- Les 2e et 3e Bataillons réunis
Dans les premiers jours d'octobre, il y a échange de Bataillons entre les différents Corps.
Le 2 octobre 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, le 14e corps fournira 13 bataillons ...
Ces 13 bataillons se mettront sans délai en marche pour Dresde, d'où l'état-major les enverra rejoindre leurs corps respectifs. Le 14e corps recevra en échange :
9 bataillons du 3e corps
1 bataillon du 5e corps
2 bataillons du 11e corps
Et 2 bataillons qui sont à Leipzig.
14
Les 9 bataillons qu'il recevra du 3e corps seront : le 3e bataillon du 25e léger ; le 6e bataillon du 32e de ligne ; le 2e bataillon du 58e ; le 3e bataillon du 88e ; le 1er et le 2e du 29e léger ; le 3e du 103e ; le 4e du 34e ; le 3e du 75e ...
Par ce moyen, il n'y aura plus de régiments provisoires au 3e corps, et tous les bataillons d'un même régiment qui sont à l'armée se trouveront réunis.
Faites-moi connaître quelle sera la situation des 8e, 9e, 10e, 13e, 31e, 42e, 43e, 44e et 45e divisions, quand le mouvement de ces bataillons aura été fait. Donnez des ordres pour que ce mouvement s’opère demain. Tous les bataillons passeront à Dresde où vous en ferez la revue pour constater leur situation" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 219 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 36606).
C'est ainsi que le 3e bataillon du 75e, qui appartient au 3e Corps, vient au 14e y rejoindre le 2e Bataillon. L'effectif de ces Bataillons est extraordinairement réduit à la suite des nombreux combats; le 2e Bataillon a 357 hommes et le 3e, 188.
Les 1er et 14e Corps reçoivent l'ordre de rester dans Dresde, tandis que le reste de l'armée se dirige à l'ouest. Le 11 octobre, une vive fusillade s'engage entre la 44e Division et l'ennemi. Le 13, on le débusque de quelques maisons des faubourgs.
Enfin, le 4 novembre, le blocus de Dresde est complet; la ville capitule le 10 novembre; nos troupes faites prisonnières de guerre sont échangées et rentrent en France.
/ 1814
- 1814 : Armée des Pyrénées
Le 75e, toujours commandé par le Colonel Rochert-Lamorandière, fait partie de l'Armée des Pyrénées (Maréchal Soult commandant en chef), Corps du Comte d'Erlon, 2e Division (Général Darmagnac), 1ère Brigade (Général Lesueur).
Dans le courant de janvier 1814, les 2e et 9e Divisions, aux ordres du Comte d'Erlon, ont pour mission de garder la rive droile de l'Adour, depuis l'embouchure de l'Arros jusqu'à Bayonne. L'organisation de la place de Bayonne se continue au milieu des alertes répétées sur la ligne des avant-postes.
Le 24 janvier 1814, le colonel François Petel prend le commandement du 75e Régiment.
- Bataille d'Orthez (27 février 1814)
Le Maréchal Soult est attaqué, le 27 février, par toute l'armée ennemie. Les Divisions Foy et Darmagnac, à cheval sur la route de Bayonne, en avant d'Orthez, se trouvent en deuxième ligne. Une colonne ennemie étant parvenue à passer le gué de Souars, le Maréchal Soult croit ne pas devoir rester plus longtemps en position et se retire sous la protection de la deuxième ligne. Les troupes font preuve d'une grande énergie pendant cette bataille. L'armée se dirige ensuite sur Toulouse.
Le 75e a en tués le Voltigeur François Chéron, le soldat Jean-François Lecon. Sont blessés le Capitaine François-Bernard Moulières (au cou), les Lieutenants Jean-Baptiste Morize (à la main droite) et Jean-Laurent Berneront (à la jambe).
- Combat de Vic-de-Bigorre.
Le 19 mars, les Divisions de d'Erlon se portent sur Vic-de-Bigorre pour couvrir la route de Tarbes et arrêter les progrès des Anglo-Espagnols. Ceux-ci sont maintenus jusqu'à 3 heures du soir par les 1ère et 2e Divisions (Darmagnac); mais, devant la supériorité toujours croissante de l'ennemi, la retraite, soutenue par la Division Darmagnac, s'opère en échelons; l'engagement dure jusqu'à la nuit.
- Bataille de Toulouse (10 avril 1814).
Dès le 6 avril, le Maréchal Soult, dont l'armée est réunie à Toulouse, a songé à organiser son champ de bataille en vue de la lutte, qui semble imminente. Les ordres ont réglé tous les détails de la défense. Il est intéressant de lire ceux qu'il donne au Comte d'Erlon : "Le comte d'Erlon sera chargé de la défense de la ligne, depuis le pont du canal en avant de la porte Matabiau, sur la route d'Albi, jusqu'à l'embouchure du canal dans la Garonne. Ainsi, demain 7 il fera occuper par des troupes de la 2e division les ouvrages qui ont été construits sur ce pont, lesquels il fera armer par l'artillerie de la 2e division, et il donnera des ordres pour que tous ces ouvrages soient sur-le-champ préparés et perfectionnés. Il fera aussi construire les ouvrages qui ont été ordonnés en avant des portes de Matabiau et Arnaud-Bernard, etc., etc.".
Le 8 avril 1814, le Maréchal Soult ordonne : "L'armée sera prête demain, au point du jour, à livrer bataille aux ennemis ... Le comte d'Erlon disposera la 1re division de façon à défendre les divers ouvrages sur le canal et les maisons crénelées en avant de la porte Matabiau, sur la route d'Albi, jusqu'à l'embouchure du canal ... Ainsi la 2e division sera en son entier disponible pour se porter sur le plateau de Calvinet; à cet effet, le comte d'Erlon lui donnera l'ordre d'être réunie demain avant le jour entre la route de Matabiau et le pont du Canal, sur la route d'Albi, où elle se tiendra prête à se porter sur le plateau de Calvinet au premier ordre. A cet effet, le général Darmagnac ira, au point du jour, reconnaître le chemin par où il devra déboucher, lequel doit conduire en avant de la grande redoute qui est sur le plateau, etc ...".
Le 9 avril, l'ordre cité est mis à exécution et le lendemain 10 avril, jour de Pâques, la bataille de Toulouse a lieu.
Au début de l'attaque, la Division Darmagnac (2e) moins le 31e Léger, qui occupe le couvent des Minimes, est en réserve. Les Espagnols parviennent à repousser notre première ligne. Trompés par le silence de l'ouvrage construit en avant du pont de Matabiau, ils s'avancent sans méfiance. Tout à coup, ils sont reçus à bout portant par les feux les plus vifs de mousqueterie et d'artillerie. Le Maréchal Soult, les voyant hésiter, porte sur eux les quatre Régiments de la Division Darmagnac qui sont en réserve dans les pépinières et derrière les haies entre les Tuileries ct la roule d'Alby, et qui n'ont pas encore été aperçus par l'ennemi.
Le Général Darmagnac se met à la tête de la Brigade Lesueur, composée des 51e et 75e Régiments, et s'élance à l'improviste sur l'ennemi. Un Bataillon du 6e Léger débouche de la tête du pont de Matabiau pour seconder ce mouvement. Ces troupes attaquent à la baïonnette la gauche des Espagnols et la culbutent. En un moment 2,000 hommes sont mis hors de combat; le reste est dans toutes les directions.
Bientôt après, les Anglais essaient de s'avancer par les routes de Lavaur et de Caraman sur Guilheméry; ils sont vigoureusement repoussés par la Brigade Lesueur.
A 4 heures, cédant sous le nombre toujours grossissant des ennemis et la lutte devenant trop inégale, nos Divisions reçoivent l'ordre de se replier; la Brigade Lesueur garde alors l'entrée du faubourg de Guilheméry.
Le 75e a en tués le 10 avril 1814 le Sergent Jean-Pierre-Etienne Beslot, les soldats Louis-Ambroise Jacquet, Pierre Moulin, le Voltigeur Jean-Baptiste Grésillon.
Le lendemain 11 avril, à 9 heures du soir, l'armée se met en marche sur Villefranche par la route de Castelnaudary.
Enfin le Maréchal Soult, d'après des ordres émanés de Paris, en date du 9 avril, propose une suspension d'armes, les deux armées gardant leurs positions respectives.
Un armistice est ensuite signé et termine cette campagne.
- Autres zones d'opération
Le 17 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lebrun, Aide de camp de l’Empereur : "Monsieur le duc de Plaisance, j’apprends par le télégraphe que la populace d’Amsterdam s’est insurgée dans la nuit du 15 au 16. Mon intention est que vous partiez cette nuit pour vous rendre à Anvers où il est nécessaire que vous voyiez l’amiral Missiessy et le commandant de la garnison, afin de garnir de matelots français les places d’Anvers et de Willemstad, les forts qui défendent l’ile de Gorée et la citadelle de Bois-le-Duc. Je suppose qu’il n’y a plus rien du côté de Breda.
J’ai donné ordre au général Rampon de se rendre à Gorcum avec 3000 hommes de gardes nationales. Je suppose qu’il y sera arrivé. Vous correspondrez avec lui pour connaitre la situation des choses de ce côté-là.
Vous connaissez déjà la situation de Grave et de Duvinter puisque vous en venez.
Vous prendrez le commandement du 1er corps bis de la Grande Armée qui se réunir à Anvers, et qui est composé :
... Total : 13 bataillons
Tous ces bataillons sont en mouvement, les conscrits nécessaires pour les compléter, mais sans doute, il n’en est encore arrivé qu’une partie. Aussitôt qu’un bataillon pourra être organisé, habillé et armé, vous le ferez venir à Anvers ou à Flessingue de manière à former le plus promptement possible un corps de troupes.
Vous recevrez du ministre de la Guerre, l'organisation définitive de ce corps, mais vous devez profiter provisoirement :
du dépôt du 65e qui est à Gand ...
du 75e qui est à Lille ...
Au surplus, vous recevrez des instructions plus détaillées du ministre de la Guerre. Le principal est la sûreté d'Anvers, d'Ostende, de Flessingue, de Willemstad, de Gorée, de la citadelle de Bois-le-Duc, et d'avoir des troupes qui surveillent le Rhin en communiquant avec Gorcum.
Vous correspondrez tous les jours avec moi par le télégraphe et les estafettes. Vous trouverez ci-joint l'état de tout ce que les 17e, 24e et 25e divisions militaires ont à recevoir de conscrits. Tout est en mouvement et arrive. Ecrivez aux généraux commandant les divisions, aux préfets, et aux directeurs d'artillerie pour accélérer l'habillement et l'armement de ces hommes. Si ces bataillons ne sont pas formés, formez-les. Nommez à tous les emplois vacants, et prenez toutes les mesures qu'exigent les circonstances, afin de vous former dans la main le plus tôt possible un corps de troupes qui soutienne Gorcum, Bois-le-Duc, Willemstad, défende le Rhin et puisse servir selon les circonstances.
Le duc de Tarente reçoit l'ordre de porter son quartier général de Cologne à Clèves pour se trouver plus à portée. Nous devons trouver de grandes ressources, dans les équipages de l'amiral Missiessy pour Flessingue, Anvers et pour les îles.
En passant à Lille, vous vous aboucherez avec le commandant de la division, et conférerez avec lui sur tout ce que la division peut fournir. Il sera nécessaire d'occuper tous les postes, tels que Crèvecoeur et autres le long du Rhin.
Prenez toutes les mesures les plus actives pour former l'approvisionnement de Gorcum et de la citadelle de Bois-le-Duc.
ÉTAT DES CONSCRITS QUE LES 16E, 24E ET 25E DIVISIONS MILITAIRES ONT À RECEVOIR
16e division
... 75e de ligne Lille 920 hommes Seine-Inférieure, Ille-et-Vilaine, Rhin-et-Moselle, Escaut, Jemmapes ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37102).
Le 21 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Daru, Ministre directeur de l’Administration de la Guerre : "Monsieur le comte Daru, je vous envoie un rapport que j 'avais demandé au comte de Cessac. Je n'ai pas besoin de justification, mais de faits. J’ai dans la 16e, la 24e et la 25e divisions militaires plus de 20 000 conscrits qui arriveront avant le 15 décembre. Le ministre de la Guerre a approuvé leur armement. J'ai donc besoin qu'ils soient habillés. Une partie du nombre est destinée à former le 1er corps bis de la Grande Armée commandée par le duc de Plaisance et qui se compose du 9e et 4e bataillon des régiments du 1er corps commandé par le comte de Lobau. Si l'habillement n'arrête pas le duc de Plaisance, ce corps sera bientôt disponible. Faites-moi connaître le nombre d'habillement que chaque bataillon a dans ce moment. Il est de la plus haute importance que le duc de Plaisance puisse réunir sur-le-champ tous les bataillons ou du moins une partie pour marcher sur Amsterdam.
Np
Tableau faisant connaître le nombre des conscrits assignés aux corps des 16e, 24e et 25e divisions, les fournitures accordées à chacune et le restant à ordonner.
Numéro des divisions | Dénomination des corps | Contingent positif | Moitié que l'on présume être fournie sur le déficit | Excédant | Total | Nombre de fournitures accordées | Reste à ordonner |
16e division | 75e de ligne | 500 |
60 |
300 |
860 |
500 |
360 |
..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37221).
Le 28 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ...Il sera formé un nouveau corps d'armée qui prendra le n° 7, et qui sera composé de trente-six bataillons ou de trois divisions, formées ainsi qu'il suit : 1re division : 12e léger, 3e et 4e bataillons ; 8e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 24e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 27e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 28e de ligne, 2e et 4e bataillons ; 34e de ligne, 3e et bataillons ; total, 12 bataillons ; 2e division : 27e léger, 2e, 3e et 4e bataillons ; 45e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 58e de ligne, 2e, 3e et 4e bataillons ; 64e de ligne, 3e et 4e bataillons ; 81e de ligne, 6e bataillon ; 60e de ligne, 4e bataillon ; total, 12 bataillons ; 3e division : 75e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 76e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 79e de ligne, 3e et 4e bataillons ; 88e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 94e de ligne, 3e bataillon ; 100e de ligne, 2e, 3e et 4e bataillons ; total, 12 bataillons. En tout pour le 7e corps, 36 bataillons.
Les administrations, l'artillerie et le génie qui étaient attachés au 14e corps le seront au 7e corps.
Les dépôts enverront à leurs bataillons respectifs les détachements nécessaires pour les porter au complet ; et ceux des bataillons dénommés ci-dessus, qui se trouvent dans les dépôts, se rendront sans délai à Strasbourg, où ce corps se formera ...
Le 7e corps, formé comme il a été dit ci-dessus, sera de trente-six bataillons ...
RÉCAPITULATION.— ... 7e corps, trente-six ...
Tous ces bataillons doivent se trouver complétés moyennant l'appel de la moitié des 300,000 hommes, ou si cela ne suffisait pas, moyennant un supplément sur la conscription de 1815.
II faudra me renvoyer cet état quand vous l'aurez corrigé, et comme la répartition des 160,000 hommes est déjà faite, la répartition des 140,000 hommes, que j’appelle sur la levée des 300,000 pour l'armée du Rhin, doit servir à compléter tous ses bataillons. Il n'y a, d'ailleurs, que l'état en cent colonnes qui puisse bien déterminer cela. Les cadres qui ne pourraient pas être remplis le seront sur la conscription de 1815.
NAPOLÉON.
P. S. On égalisera par la suite tous les corps, chacun à trois divisions de quatorze bataillons, ou quarante-deux bataillons par corps, ce qui, multiplié par huit, fait trois cent trente-six bataillons ou vingt-quatre divisions ; mais c'est une opération de détail qui se fera plus tard" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20943 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37291).
Le 15 décembre 1813, l'Empereur, depuis Paris, ordonne : "... 7e corps. Il sera formé un 6e bataillon aux 12e et 27e régiments d'infanterie légère, aux 8e, 24e, 27e, 28e, 34e, 45e, 58e, 60e, 64e, 81e, 75e, 76e, 79e, 88e, 94e et 100e de ligne" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1242).
Le 16 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les 88e, 75e, 79e, 45e, 60e, 81e et le 27e léger ont dirigé en tout 1800 hommes sur Strasbourg, lesquels arriveront depuis le 21 jusqu'au 30 décembre. Cette opération avait été faite dans l'espérance de l'arrivée du 14e corps, et pour en compléter les bataillons. Depuis, le 14e corps n'arrivant point, j'ai ordonné, il est vrai, la formation de 5es bataillons dans ces régiments ; mais ces 5es bataillons doivent se former au dépôt.
Mon intention est donc que le détachement du 27e léger, dirigé sur Strasbourg, soit incorporé dans le 1er bataillon du 11e léger ; ... celui du 75e dans le 56e ...
Successivement, les autres détachements qui étaient destinés pour le 14e corps seront incorporés dans les 12 premiers bataillons du 2e corps qui, par ce moyen, se trouveront sur-le-champ au complet de 8 à 900 hommes.
Faites-moi connaître les autres détachements que les régiments qui étaient destinés pour le 14e corps ont dirigés sur Strasbourg, et proposez-moi leur incorporation dans ces 12 bataillons.
Tout cela sera d'autant plus à propos que les régiments du 2e corps n'ont pas reçu autant de conscrits qu'il faudrait pour avoir leurs troisièmes bataillons bien complets à l'armée, indépendamment de leurs 5es.
Donnez ordre que les cadres retournent sans délai à leurs dépôts" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37571).
Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le 1er corps bis prendra le nom de 1er corps ...
Le 7e corps d'armée ne sera pas formé, et ses bataillons feront partie du 1er corps, savoir :
Le 8e de ligne, le 24e, le 27e, le 28e, le 34e, le 45e, le 58e, le 64e, le 75e, le 76e, le 88e, le 94e, le 100e, le 12e léger et le 27e léger.
Ainsi le 1er corps sera composé de la manière suivante :
13e d'infanterie légère (3e, 4e et 6e bataillons), 3 bataillons ; 12e d'infanterie légère (6e bataillon), 1 bataillon ; 27e d'infanterie légère (6e bataillon), 1 bataillon ; 17e de ligne, 3 bataillons ; 21e de ligne, 3 bataillons ; 25e de ligne, 3 bataillons ; 33e de ligne, 3 bataillons , 36e de ligne, 2 bataillons ; 51e de ligne, 3 bataillons ; 55e de ligne, 3 bataillons ; 85e de ligne, 3 bataillons ; 8e de ligne, 2 bataillons ; 24e de ligne, 2 bataillons ; 27e de ligne, 2 bataillons ; 28e de ligne, 2 bataillons ; 34e de ligne, 2 bataillons ; 45e de ligne, 1 bataillon ; 58e de ligne, 2 bataillons ; 64e de ligne, 1 bataillon ; 75e de ligne, 1 bataillon ; 76e de ligne, 1 bataillon ; 88e de ligne, 2 bataillons ; 90e de ligne, 1 bataillon ; 100e de ligne, 1 bataillon
Total 48 bataillons ...
Ces dispositions porteront le 1er corps à 52 bataillons ...
Il est indispensable que vous expédiiez dans la journée, par estafettes extraordinaires, ces nouveaux ordres aux généraux commandant les divisions militaires, afin que les 16 régiments qui devaient envoyer des détachements pour reformer le 14e corps à Strasbourg ne les fassent pas partir. Ceux qui seraient partis seront incorporés, comme je l'ai précédemment ordonné, dans le 2e corps à Strasbourg, et les cadres retourneront à leurs bataillons ...
Il n'était encore parti que 7 détachements formant 1800 hommes des bataillons qui devaient former le 7e corps à Strasbourg ; ils arrivent en ce moment à Strasbourg. Ces 1800 hommes seront incorporés, comme je l'ai ordonné dans le 2e corps. Les cadres retourneront à leurs dépôts ...
Je me dépêche de vous envoyer ces décisions parce que l'expédition des ordres qu'elles exigent est urgente.
ANNEXE
ÉTAT A
Distribution du 1er corps en 3 divisions
... 3e division
1 bataillon du 21e ; 3 bataillons du 25e ; 3 bataillons du 33e ; 3 bataillons du 55e ; 3 bataillons du 85e ; 1 bataillon du 64e ; 1 bataillon du 75e ; 1 bataillon du 76e ; 1 bataillon du 81e ; 1 bataillon du 100e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).
"ORDRES CONCERNANT LA COMPOSITION DES CORPS D’ARMÉE.
Paris, 21 décembre 1813.
Le général Maison est nommé commandant du 1er corps d’armée à Anvers ; le major général lui donnera l’ordre de partir demain pour se rendre dans cette place ; le général Roguet et le général Lefebvre-Desnoëttes seront sous ses ordres.
Le major général donnera l’ordre au général Grouchy de partir de suite pour se rendre à Strasbourg, où il prendra le commandement en chef de la cavalerie de l’armée.
… Le 1er corps d'armée, commandé par le général Maison, sera composé de trois divisions, savoir :
... 3e division : 11e de ligne, deux bataillons ; 30e, un ; 33e, trois ; 55e, deux ; 64e, un ; 75e, un ; 76e, un ; 85e. deux ; 88e, deux ; 94e, un ; 100e, un ; total, dix-sept bataillons.
Cette division pourra être commandée par le général Carra Saint-Cyr ..." (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).
Le 22 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... Donnez ordre à tous ces bataillons du 27e, du 17e, du 36e, du 28e, du 44e, du 25e, du 51e et du 75e de rejoindre le 1er corps à Anvers ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6410 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37887).
- 1814 : Première Restauration
Par une ordonnance royale du 12 mai 1814, chaque Régiment comprend 3 Bataillons de 6 Compagnies, 1 de Voltigeurs, 4 de Fusiliers et 1 de Grenadiers. Par suite de cette organisation, le 75e Régiment d'infanterie prend le n°67, tandis que le n°75 est attribué à l'ex-88e.
La même ordonnance stipule que les Régiments portant les n°s 112 à 156 sont distribués entre les Régiments conservés. Les Aigles disparaissent de l'armée et sont remplacées par les couleurs de Henri IV.
Un tiercement est prescrit entre les Capitaines, et on crée dans chaque Régiment trois Capitaines de 1ère classe, en dehors des Capitaines de Grenadiers.
Deux Compagnies de Fusiliers forment une Division, chaque Compagnie un peloton, chaque demi-compagnie une section, chaque section deux escouades.
En exécution des dispositions de cette ordonnance, les isolés du 75e qui se trouvaient à Orléans, rejoignent le Dépôt à Lille.
Le 22 mai, deux Bataillons (5e et 7e) du 75e, provenant du 1er Corps d'armée, quittent Lille pour se rendre à Vannes; ils y sont rejoints le 1er juin par les 1er et 4e Bataillons, venant de Toulouse. Le 6e Bataillon a été aussi dirigé sur le même point. Ce sont ces trois derniers Bataillons (1er, 4e et 6e) qui forment le 67e Régiment, qui s'organise à Belle-Isle.
/ 1815 : les Cent Jours
Le 20 avril 1815, Napoléon rend aux Régiments les numéros qu'ils avaient perdus en 1814. le 67e de la Restauration redevient le 75e, et le 75e de la Restauration redevient le 88e.
Dans la dernière campagne de l'Empereur, le 75e est commandé par le Colonel Mathivet. Il fait partie de la 2e Brigade (Général Penne) de la 21e Division (Général Baron Teste), du 6e Corps (Général Comte de Lobau).
Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations :
... 12e division : le 30e de ligne, le 96e et le 63e qui sont à Metz et se recrutent des militaires de la Moselle et de la Meurthe, enverront leur 3e bataillon rejoindre sur-le-champ les deux premiers.
Donnez ordre à Vannes, que le dépôt du 75e envoie 200 hommes pour compléter les deux premiers bataillons du 75e. Écrivez au général Gérard que je suis étonné qu'il n'ait pas déjà les 4 bataillons des 30e, 96e, 63e et 59e. Ces 4 régiments se recrutant dans la Meurthe et la Moselle, qui sont des départements où il y a beaucoup de militaires : qu’il fasse des colonnes mobiles et qu’il fasse rejoindre les retardataires afin d’avoir le plus tôt possible les 4 bataillons de ces régiments, ce qui lui fera 2400 hommes par régiment ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39651).
Le 18 mai 1815, Soult écrit, depuis Paris, à Davout : "Monsieur le maréchal, d'après les ordres de l'Empereur, je prescris à M. le comte de Lobau de faire partir demain 19 le 8e régiment d'infanterie légère et le 75e régiment de ligne qui sont à Paris pour se rendre à Beauvais, savoir le 8e léger en deux jours et le 75e en trois jours : ces deux régiments seront à la disposition du général Teste et feront partie de sa division.
Quant au 26e régiment d'infanterie de ligne, il ne fera plus partie de la division du général Teste où il va se trouver remplacé par le 75e. Mais l'intention de l'Empereur est que lors du passage de ce régiment à Paris, qui doit avoir lieu le 21, on demande ses ordres pour sa destination ultérieure.
Sa Majesté a aussi ordonné que les ambulances et les batteries de la 21e division d'infanterie commandée par le général Teste se rendent à Laon, quoi que la division soit à Beauvais où elle doit remplir un service particulier.
La mission que l'Empereur a confiée au général Teste ayant pour objet de faire rejoindre les anciens soldats et d'accélérer la formation des bataillons des gardes nationales, particulièrement ceux d'élite dont la destination est indiquée, je fais connaître à cc général qu'il ne doit rien négliger pour obtenir le plus promptement possible ce résultat.
Je mande aussi au général Teste que l'Empereur autorise que les régiments sous ses ordres incorporent tous les hommes qui se présenteront volontairement et qu'ils fassent des recrues ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 3252bis).
Le 22 mai 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Davout : "Donnez les ordres suivants par estafettes extraordinaires.
... Donnez ordre que tous les détachements du 15e de ligne soient réunis au 3e bataillon et partent sur-le-champ pour Nantes. Le 4e bataillon ira l'y rejoindre ensuite.
Donnez le même ordre pour les 3e et 4e bataillons du 47e, du 70e, du 75e ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1579 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39755).
Le 15 juin, le 6e Corps se trouve à Charleroi, sur la rive gauche de la Sambre; le 16, il vient prendre position entre Charleroi et Fleurus.
Le 17 juin 1815, Pajol reçoit le commandement de la Division Teste, en plus de sa cavalerie. Cette Division, qui arrive au Mazy un peu avant midi, comprend :
1re Brigade (Général LAFITTE) : 1er et 2e Bataillons du 8e Léger, 938 hommes ; 3e et 4e Bataillons du 40e de Ligne, 900 hommes.
2e Brigade (Général PENNE) : 1er Bataillon du 65e de Ligne, 503 hommes ; 1er et 2e Bataillons du 75e de Ligne, 981 hommes.
Artillerie : 3e Compagnie du 8e Régiment d'artillerie à pied, 94 hommes ; 4e Compagnie du 6e Escadron du Train, 72 hommes.
Génie : 3e Compagnie du 1er Bataillon du 3e Régiment, 101 hommes.
Force totale 3589 hommes (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 218).
La Division Teste ne prend pas part à la bataille de Waterloo, le 18 juin ; car, placée sous les ordres du Maréchal Grouchy, elle s'est portée à Lisnale avec ordre de traverser la Dyle, et, de là, se diriger sur Mont-Saint-Jean. Quand elle arrive à proximité du champ de bataille, la retraite est déjà commencée. Grouchy suspend alors sa marche sur Bruxelles et effectue un mouvement rétrograde en deux colonnes; la 21e Division se trouve avec le Corps de Vandamme, qui, atteint par la nuit à environ une lieue et demie de Namur, s'établit au bivouac.
Le 75e a en tués, à Wavres, le 18 juin 1815, les soldats Jean-Mathieu Matter, Jean-Baptiste Antoine, Etienne Paris, Joseph Portier. Le Lieutenant Louis Lemaire est blessé au poignet.
- Défense de Namur
Le 20 juin, les Prussiens attaquent les colonnes de Grouchy en portant leurs premiers efforts sur la colonne Vandamme. Celui-ci, ne pouvant arrêter l'ennemi, se retire avec la Division Teste dans Namur. Les Prussiens, au nombre de 15,000, tentent un effort sur la ville; mais ils sont reçus par un violent feu de mousqueterie qui les force à reculer; ils reviennent plusieurs fois à la charge sans succès, et perdent, dans ces attaques successives, 1,800 hommes et 40 Officiers. Le Général Teste, chargé par Grouchy de la défense de cette ville, ouverte de tous côtés, a pour mission de ne l'évacuer qu'après que tout ce qui dépend de l'aile droite de l'armée l'aura dépassé de plusieurs lieues.
Dans le compte rendu de cette brillante défense, le Général Teste signale particulièrement deux Compagnies de Grenadiers du 75e, qui repoussent une attaque vigoureuse de l'ennemi, dirigée sur la porte de Fer.
Rapport du Général Teste, adressé à Vandamme, qui le fait expédier à Grouchy : "Profondeville, 21 juin 1815.
Mon général, conformément aux ordres que vous m'avez donnés, le 19, avant de quitter Namur, de tenir avec ma division cette place, jusqu'à six heures du soir du lendemain, pour donner le temps à l'armée et à son matériel d'opérer, sans être harcelés par l'ennemi, leur retraite par la vallée de la Meuse, sur Givet, je me suis empressé de reconnaître, avant et pendant la nuit, l'état du poste important et ouvert qui m'était confié, de faire fermer et barricader, autant que possible, les brèches et ouvertures de la place, de manière à pouvoir en défendre l'accès avec les deux mille trois cents hommes qui restaient sous mes ordres.
Mes dispositions étaient à peine terminées, que, dans la matinée du 20, un corps prussien de douze à quinze mille hommes s'est présenté devant Namur pour l'enlever de vive force ; cette attaque faite avec vigueur, principalement sur la porte de Fer où j'avais deux compagnies de grenadiers du 75e, a été repoussée; l'ennemi a laissé beaucoup de morts dans les fossés. — On s'est tiraillé de loin jusqu'à midi, où une nouvelle tentative a été faite par les Prussiens, et a eu le même résultat.
A trois heures, l'ennemi a paru plus nombreux et plus acharné ; des hommes qui paraissaient pris d'eau-de-vie, des officiers mêmes, sont venus se faire tuer à la baïonnette sur nos barricades ; les assaillants s'étaient repliés à quatre heures et demie, laissant les abords de la place jonchés de leurs morts.
Au lieu de commencer mon mouvement de retraite à six heures, je l'ai retardé jusqu'à huit, et, disputant le terrain pied à pied, j'ai attendu l'ennemi de l'autre côté de la Sambre, où j'avais disposé, dans des maisons crénelées, mes deux compagnies de sapeurs, qui lui ont fait encore éprouver une grande perte par un feu de mousqueterie à bout portant.
A huit heures et demie, je tournais, avec mon arrière-garde, la porte de France, sous laquelle j'avais fait placer un monceau de fascines, auxquelles on a mis le feu pour empêcher la marche de toute voiture d'artillerie sur ce point, et retarder la poursuite de l'ennemi.
Je joins, à une heure, les bivouacs de la division Lefol à Profondeville, ayant marché très-lentement et sans avoir été suivi.
Les Prussiens doivent avoir eu, dans la journée meurtrière de hier, quatre à cinq mille hommes hors combat : nous n'avons eu que treize tués et quarante-sept blessés.
J'aurai l'honneur de vous adresser incessamment un rapport plus circonstancié" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 4, p. 340).
Le 75e a perdu le Sergent-major Joseph Boucharel, et les Grenadiers Joseph Maye et Louis Desormes, tous tués.
L'Historique régimentaire indique également que le soldat Joseph-Tousaint Carré a été tués à Tournay, et que le Sous-lieutenant Charles-Antoines Lemaire y a été blessé au bras.
La retraite des défenseurs ne commence qu'à 8 heures du soir. La Division Teste forma ainsi l'arrière-garde de l'armée, qui rentre en France sans être inquiétée.
L'ordonnance du 3 août 1815 supprime les Régiments et organise les Légions départementales. Les hommes de l'ancien 75e Régiment d'infanterie sont versés dans la 55e Légion.
Reprendre la Correspondance pour la Restauration et Cent-Jours.
/ Uniformes
Le 13 septembre 1798, Bonaparte fixe la couleur des poufs des différents corps d'infanterie; pour la 75e Demi-brigade d'infanterie de ligne, le pouf est bleu et rouge (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 34).
Un décret du 19 janvier 1812 fixe ainsi qu'il suit la tenue de l'infanterie : habit-veste, gilet à manches, pantalon de tricot, capote, shako, bonnet de police. Les revers de l'habit, coupés carrément par le bas, s'agraffent dans toute leur longueur et sont faits de manière à ce qu'on puisse à volonté les croiser et les doubler sur la poitrine.