Le 1er Régiment d'infanterie de ligne du Royaume d'Italie
Avertissement et remerciements : Article de G. Centanni, que nous remercions vivement
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Carte des Etats italiens en 1797
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L'histoire du 1er Régiment d'infanterie de ligne du Royaume italien commence bien avant la date officielle de sa naissance ; m;ais pour mieux comprendre ce qu'il s'est passé, une très brève référence aux faits antérieurs est nécessaire.
Avec le soutien des partisans italiens de la Révolution (appelés localement «Jacobins») le 10 avril 1796, les troupes françaises envahirent les territoires autrichiens du nord de l'Italie, occupant le Duché de Milan, celui de Mantoue et celui de Modène et Reggio, ainsi que les Légations de l'État papal de Ferrare et de Bologne.
Suite à ces événements militaires, de nouveaux États républicains autonomes sur le modèle français voient le jour dans la péninsule à partir de 1797. Dans les territoires du nord, à la suite des nombreux affrontements et des unifications ultérieures, la République Cispadane et la République Transpadane sont proclamées en 1796, et le 29 juin 1797, par la volonté de Napoléon lui-même, s'unissent en une République Cisalpine qui comprend l'actuelle Lombardie, l'Émilie et la Romagne, et a pour capitale Milan.
C'est dans ce contexte qu'est né le drapeau tricolore italien, qui a pris comme exemple le drapeau tricolore révolutionnaire français en adoptant les couleurs verte, blanche et rouge des insignes des Volontaires Lombards qui avaient rejoint l'armée française. La date du 29 juin 1797 a également été adoptée comme base de calcul de l'ancienneté des soldats de la République Cisalpine, qui devint plus tard la République italienne et plus tard le Royaume d'Italie.
Le 28 janvier 1799, la 1re Demi-brigade de Cisalpine est formée à partir des 1re et 3e Demi-brigades d'infanterie de Cispadane nouvellement nées, dont le commandement est confié au Général Severoli.
Portrait de Filippo Severoli
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Le 27 Ventôse an 12 (18 mars 1804), Murat écrit au Ministre des Relations Extérieures de la République Italienne Marescalchi : "Plusieurs militaires, récemment élevés au grade d'officier dans le 1er régiment de ligne de la République Italienne, n'ont pas encore reçu, citoyen ministre, les gratifications que la loi leur accorde. Je ne puis m'empêcher de réclamer en leur faveur votre sollicitude. Les frais de leur équipement et les dépenses extraordinaires que leur occasionne le séjour du régiment en France, leur rendent ce secours doublement nécessaire. J'ai pensé, citoyen ministre, qu'il suffisait de vous faire connaître leur droit et leurs besoins pour leur faire rendre justice.
C'est avec plaisir que je suis leur interprète auprès de vous, et je saisis l'occasion de vous renouveler l'expression de mes sentiments d'estime et d'attachement" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 80, lettre 1320).
Le 28 janvier 1805, la 1ère Demi-brigade d'infanterie cisalpine est transformée en 1er Régiment d'infanterie de ligne italien.
D'après un "Etat sommaire des hommes qui ont fait la guerre dans les différents corps composant l'armée des côtes (Exécution de l'ordre du 12 thermidor an XIII.)", au Corps de Réserve, Division Teulié (Italiens), le 1er de Ligne italien, sur un effectif de 1621 hommes, en a 598 qui ont déjà fait la guerre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 145).
En août 1805, le 1er de Ligne italien est attaché à la Réserve de l'Armée des Côtes, sous le commandement du Prince Louis, 3e Division de la Réserve, troupes italiennes, commandée par le Général de Division Teullié. Son effectif au complet doit être de 1860 hommes pour 2 Bataillons, mais il n'a que 1562 hommes présents et 59 hommes aux hôpitaux (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 97).
Le 1er Régiment affronte en Italie, sous le commandement du Général Masséna, les Autrichiens de l'Archiduc Charles avant d'être envoyé en France, encadré dans la Division Teulié située à Bordeaux.
Boutons du 1er de Ligne italien
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Drapeau du 1er de Ligne italien
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Après la paix de Presbourg, le 26 décembre 1805, le 1er Régiment est envoyé en Allemagne, faisant toujours partie de la Division Teulié; et dans les premiers jours de février 1806, il arriveà Berlin où sa direction est confiée au commandant Fontana. Tout au long de l'hiver, il participe à diverses batailles sur la côte contre les Britanniques et les Suédois à Cassel, Hambourg et Lübeck.
En février 1807, le Chef de Bataillon corse Olivier Antoine Costantin Peraldi est envoyé au siège de Colberg avec d'autres éléments italiens, où il peut se distinguer par ses actions. En avril de la même année, le Régiment est détaché à Szczecin.
Le 13 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Julhien : "Conformément à la demande que vous m’en faites par votre lettre de ce jour, je vous autorise, monsieur le général, à faire partir les sous-officiers et caporaux destinés à aller recevoir les conscrits pour la garnison aux époques que vous avez déterminé ; veuillez leur faire délivrer des feuilles de route en conséquence" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 149 page 315).
Le même 13 février 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général de Division Mainoni, commandant d’armes : "Le gouverneur me charge de vous prévenir qu’il a autorisé le général Julhien à faire partir aux époques déterminées par la loi les détachements désignés ci-dessous et destinés à aller recevoir les conscrits pour la garnison.
Désignation du corps | Grades | Chef-lieu de département | Epoque de leur départ | Nombre de conscrits qu’ils conduiront |
1er régiment de ligne |
1 officier, 2 sergents, 4 caporaux | Ferrare | 14 février | 300 |
1 officier, 1 sergents, 2 caporaux | Reggio | 16 février | 150 |
(Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 149 page 315).
Le 1er mai 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Julhien : "J’ai l’honneur de vous adresser, monsieur le général, un ordre du général de division chef de l’état-major général de l’armée d’Italie en vertu duquel il doit être fourni un détachement pour être envoyé à la Grande Armée, composé ainsi qu’il suit.
1er régiment d’infanterie légère, 2 officiers, 4 sergents, 8 caporaux, 2 tambours, 200 fusiliers.
2e régiment d’infanterie légère, 2 officiers, 4 sergents, 8 caporaux, 2 tambours, 250 fusiliers.
1er régiment de ligne, 2 officiers, 4 sergents, 8 caporaux, 2 tambours, 200 fusiliers.
Totaux : 6 officiers, 12 sergents, 24 caporaux, 6 tambours, 650 fusiliers.
Ces détachements se réuniront à un autre du 4e de ligne qui arrivera à Mantoue le 13 de ce mois pour partir ensemble le 15 ; ces détachements seront conduits par un officier supérieur que Son Excellence le Ministre de la Guerre désignera.
Ces détachements devront être fournis sans toucher aux compagnies de grenadiers et voltigeurs qui doivent rester complètes. Les sous-officiers et soldats devront être parfaitement habillés, armés et équipés, et chaque homme devra être muni de trois paires de souliers. Veuillez, je vous prie, monsieur le général, tenir la main à l’organisation de ces détachements et veiller à ce que les intentions de S. A. I. soient ponctuellement remplies. J’en passerai la revue le 14 à 11 heures du matin sur la place Virgile et m’assurerai sont fournis de tout ce qu’ils doivent avoir. Vous remarquerez, monsieur le général, que par ma lettre, je porte deux tambours par détachement en plus que par l’ordre du chef de l’état-major, mais parce que je crains qu’ils n’aient été oubliés. Il est bon de les désigner à l’avance, sauf à les diminuer ensuite du nombre de soldats, si le chef de l’état-major général, à qui j’en écris, a l’intention de les … Vous conserverez l’ordre que je vous adresse jusqu’à l’arrivé de l’officier supérieur qui doit commander ces détachements, étant en vertu de cet ordre que l’inspecteur aux revues, que vous pourrez prévenir à l’avance, devra passer la revue du départ et préparer la feuille de route. S’il se présentait quelque difficulté dans l’organisation de ces détachements, veuillez m’en faire part afin que je puisse les lever" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 110 page 234).
Le même 1er mai 1807, le Général de Division Grenier écrit encore au Général Julhien : "J’ai l’honneur de vous adresser, monsieur le général, des ordres de départ pour les dépôts des 1er et 2e d’infanterie et 1er de ligne. Veuillez je vous prie les transmettre aux chefs de corps" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 110 page 234).
Puis, toujours le 1er mai 1807, le Général de Division Grenier écrit également au Général Charpentier : "J’ai remarqué, mon cher général, que dans l’ordre que vous m’avez adressé pour les détachements des dépôts italiens qui doivent se rendre à la Grande Armée, vous n’avez pas fait mention des tambours ; votre intention est-elle qu’ils soient compris dans le nombre des hommes demandés, ou en plus ? J’ai provisoirement ordonné qu’on en désigne deux pour chaque détachement et qu’ils seraient pris en dehors du nombre ; si au contraire ils doivent y compter chaque détachement aurait deux fusiliers de moins. En attendant votre réponse, j’ai pensé qu’il serait bon de les désigner à l’avance" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 110 page 234).
Le 7 mai 1807, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre du Royaume d’Italie : "En exécution des ordres de Son Altesse Impériale, que m’a transmis le chef de l’état-major général de l’armée d’Italie, les dépôts des 1er, 2e d’infanterie légère, 1er et 3e de ligne, doivent quitter du 15 au 22 de ce mois cette place pour se rendre à d’autres destinations. Je dois vous prévenir, Votre Excellence, que la comptabilité de ces dépôts n’est pas arrêtée par le sous-inspecteur aux revues ; je pense que pour la régularité et les intérêts du gouvernement et de ces corps, le sous-inspecteur aux revues qui est ici et qui connait toutes leurs mutations doit mettre ces corps en règle et arrêter leurs registres pour le 1er trimestre de 1807. Votre Excellence jugera si cette mesure est nécessaire" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 112 page 238).
Le 7 mai 1807, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre du Royaume d’Italie : "Le chef de l’état-major général de l’armée m’a transmis des ordres de Son Altesse Impériale pour faire partir le 15 de ce mois un détachement composé des régiments ci-après :
1er régiment d’infanterie légère 200
2e idem 250
1er de ligne 200.
Non compris 2 officiers, 4 sergents, 12 caporaux par chacun de ces corps.
Ce détachement devant se rendre à la Grande Armée doit être parfaitement habillé, équipé et armé ; par les soins que Votre Excellence a donné à cette troupe, il ne manquera rien à l’habillement et à l’équipement mais il serait indispensable de faire changer les fusils de ces détachements et de procurer des sabres à tous les hommes qui les composent, ces derniers sont également nécessaires à 300 hommes des chasseurs brescians qui doivent se rendre à Civitavecchia. Si les arsenaux ne peuvent fournir les fusils aux détachements qui partent pour la Grande Armée, on pourrait y suppléer en leurs donnant les meilleurs de leurs corps, mais cette mesure aurait l’inconvénient de priver de bonnes armes les compagnies de grenadiers et de voltigeurs qui reçoivent également l’ordre de se rendre le 16 de ce mois à la division du général Duhesme" (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 112 page 238).
Le 15 mai 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier : "Conformément au désir que vous m’en avez témoigné, mon cher général, j’ai vu hier les détachements des 1er de ligne, 1er d’infanterie légère et 2e de même arme (italiens) destinés pour la Grande Armée ; je vous annonce avec plaisir que ces détachements étaient parfaitement armés (à l’exception des sabres), bien habillés et équipés de tous points, chaque homme ayant ses trois paires de souliers. Ce détachement est parti ce matin ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 113 page 241).
Le même 15 mai 1807, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre du Royaume d’Italie : "J’ai l’honneur de vous rendre compte, que les détachements des 1er de ligne, 1er et 2e d’infanterie légère destinés pour la Grande Armée sont partis ce matin. J’ai vu hier ces détachements, ils étaient bien habillés, équipés de tout point, chaque homme ayant trois paires de souliers ; au moyen des fusils qu’ont reçus les carabiniers et voltigeurs, l’armement de ces détachements a également été mis en bon état ; il ne leur manque rien que des sabres ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 114 page 242).
Composition du 8e Corps du Maréchal Mortier au 1er juin 1807 :
1ère Division, Général Dupas : 4e Léger, 15e et 58e de Ligne, Garde de Paris, et Régiment de Würzburg, 8 Bataillons, 6857 hommes.
2e Division, Général Loison : 1er et 2e Légers italiens, 1er de Ligne italien, 1er d’infanterie polonaise, infanterie saxonne et wurtembergeoise, 10 Bataillons, 7279 hommes.
2e Division polonaise, Général Dombrowski : 2e, 3e et 4e Régiment d’infanterie polonaise, 8 Bataillons, 4063 hommes ; 2 Régiments de cavalerie polonaise et cavalerie de Sokolnicki, 702 hommes ; Artillerie et Génie polonais, 390 hommes.
3e Division polonaise, Général Zajonczek : 2 Régiments d’infanterie polonaise et artillerie, 5125 hommes.
Artillerie et Génie : 40 pièces, 813 hommes.
Brigade de cavalerie hollandaise, Général Dury : 2e Hussards et 2e Cuirassiers, 6 Escadrons, 856 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).
Le 17 juillet 1807, le Général Grenier ordonne : "En exécution des ordres de Son Altesse Impériale le prince vice-roi, il est ordonné au 3e bataillon du 1er régiment d’infanterie de ligne italien, de partir le 24 courant avec armes et bagages de Legnago pour venir tenir garnison à Mantoue. Ce bataillon logera le 24 à Sanguinetto et arrivera le 25 à Mantoue, destination" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 9 page 30).
Le même 17 juillet 1807, le Général de Division Grenier écrit ensuite au Général Julhien : "... Je vous préviens aussi, M. le général, que le dépôt du 1er de ligne italien partira de Legnago le 24 et arrivera le 25 à Mantoue pour y tenir garnison" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 9 page 30).
Puis, toujours le 17 juillet 1807, le Général de Division Grenier écrit également au Commandant d’Armes de Legnago : "Je vous prie, M., de remettre l’ordre de départ ci-joint au commandant du dépôt du 1er de ligne italien, en vous prévenant que ce dépôt sera remplacé par un détachement du 5e de ligne italien ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 10 page 31).
Le 6 août 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier : "... la garnison de Mantoue se trouvera donc réduite ... au dépôt du 1er de ligne italien fort d’environ 400 hommes ... ; il est bon que vous connaissiez ces détails" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 13 page 37).
Du 15 au 20 août, le 1er de Ligne italien participe au siège de Stralsund sous le commandement du Major corse Angelo Pietro Moroni.
Le 20 octobre 1807, le Général de Division Grenier écrit, depuis Mantoue, au Major du 1er Régiment de ligne italien : "Le lieutenant Cacuozzi, commandant le détachement à San Benedetto lors de la rixe qui a eu lieu entre les chirurgiens français et quelques jeunes gens du pays et à laquelle il a pris part, peut me donner quelques éclaircissements sur cette affaire ; je vous prie, monsieur le major, de le faire conduite chez moi aujourd’hui à midi, par un adjudant major de votre régiment, cet officier devant être aux arrêts de rigueur conformément à l’ordre que j’ai donné le 18" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 19 page 50).
Le 28 octobre 1807, le Général de Division Grenier écrit, depuis Mantoue, au Major du 1er de ligne italien : "Vous pouvez, monsieur le major, lever aujourd’hui les arrêts de rigueur infligés au sous-lieutenant Cammoni, en lui recommandant de s’occuper davantage de ses devoirs lorsqu’il se trouvera commander un détachement, et de ne jamais fréquenter des sociétés qui peuvent déshonorer un officier" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 21 page 54).
Le 3 novembre 1807, le Prince Eugène écrit, depuis Monza, à Napoléon : "Sire, Votre Majesté, par sa lettre du 30 octobre, dernier, demande un état de situation détaillé de son armée italienne, et des renseignements sur chacun des corps qui la composent. Je fais faire l'état que désire Votre Majesté, et j'aurai l'honneur de le lui adresser très-incessamment ; en attendant, j'ai cru devoir lui présenter la position de chaque régiment.
Il y a six régiments d'infanterie de ligne. Le 1er, composé de trois bataillons, a ses deux bataillons de guerre à la grande armée ; ils sont fort de 2,060 hommes, tout compris. Le 3e bataillon est en Italie, à Mantoue, fort de 600 hommes. Il a continuellement fourni aux bataillons de guerre ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 442).
Le même 3 novembre 1807, le Général de Division Grenier écrit de son côté, depuis Mantoue, au Général Mainoni : "Nous, général de division gouverneur de Mantoue, chargé par Son Excellence le Ministre de la Guerre du royaume d’Italie, ensuite de sa lettre du 15 octobre dernier, d’organiser pour les troupes italiennes stationnées à Mantoue un conseil de guerre et un autre de révision dans les formes voulues par, le premier par la loi du 13 Brumaire an 5, et pour le second par celle du 18 Vendémiaire an 6 ; nommons par le présent membres du dit conseil de guerre MM. :
Cappi, colonel du 5e régiment de ligne italien ; Dubois, chef de bataillon au 1er régiment de ligne, capitaine, capitaine, lieutenant, sous-lieutenant, sergent.
Choisissons en qualité de rapporteur de ce conseil M. Tardieu capitaine au 1er régiment de ligne et en qualité de commissaire royal près le même conseil M. Capitaine.
Nommons ensuite membres du conseil de révision MM. Julhien, général de brigade ; Moroni, major au 1er de ligne en remplacement du colonel ; Vellet, chef de bataillon au 5e régiment, capitaine, capitaine.
Et choisissons en qualité de commissaire royal près ledit conseil de révision M. le commissaire des guerres Dalloglio, chargeons M. le général de division Mainoni commandant d’armes de Mantoue de faire connaître les présentes nominations tant pour le conseil de guerre que pour celui de révision par lettres particulières à chacun des membres désignés et l’ensemble aux troupes italiennes de la garnison par la voie de l’ordre de la place" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 25 page 62).
Le 20 novembre 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Julhien : "Dans la supposition que Sa majesté l’Empereur et Roi puisse venir à Mantoue, mon cher général, j’ai chargé le général Mainoni de prévenir toutes les troupes de la garnison de se tenir prêtes et de leur assigner les postes qu’elles doivent occuper le jour de l’entrée de Sa Majesté ; il résulte de cette disposition que le 1er de ligne italien, comme le plus ancien régiment, sera placé sur la place Saint-Pierre à la porte du palais royal ... ces troupes étant sous vos ordres, vous devez vous placer à la tête de l’un de ces corps ; vous choisirez l’emplacement qui vous conviendra le mieux, ayant seulement le soin de m’en avertir.
J’ai également fait prévenir les corps que je prendrai les ordres de Sa Majesté pour la présentation des officiers afin qu’il ne soit point fait de demande irrégulière. Si des chefs de corps, des officiers ou des sous-officiers et soldats ont quelques demandes à présenter à Sa Majesté, il faut que vous les receviez des chefs, que vous donniez à chaque demande votre avis et les remettiez ensuite ainsi apostillées" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 29 page 70).
Le 26 novembre 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Mainoni : "... Je vous préviens en même temps que le dépôt du 1er de ligne italien partira le 28 de ce mois de cette place pour se rendre à Milan ; j’adresse son ordre de départ au général Julhien ; veuillez faire prévenir les autorités compétentes du passage de cette troupe.
Les officiers nommés membres du conseil de guerre ne peuvent partir qu’après la dissolution de ce conseil ; vous pourrez remplacer le major Moroni au conseil de révision par le major Belloti" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 30 page 71).
Le même 26 novembre 1807, le Général de Division Grenier écrit également au Général Julhien : "J’ai l’honneur de vous adresser, mon cher général, l’ordre de départ pour le dépôt du 1er régiment de ligne italien ; veuillez je vous prie, veillez à son exécution.
Les officiers nommés pour le conseil de guerre ne pourront partir qu’après sa dissolution mais je fais remplacer monsieur Moroni au conseil de révision par le major Belloti" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 30 page 71).
Le 2 décembre 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Mainoni : "Je vous prie, mon cher général, de donner ordre au colonel du 2e régiment de chasseurs à cheval napolitain de faire partir demain matin pour Roverbello tous les hommes montés de son régiment pour former l’escorte de Sa Majesté le Roi de Naples jusqu’à Mantoue ... Le 1er de ligne et le 2e seront prêts à marcher dans leurs quartiers et se rendront sur la place Saint-Pierre si Sa Majesté loge chez monsieur Guerrieri ; si au contraire elle loge à la grande auberge, ces troupes se réuniront sur la place Virgile ; les canonniers seront à leurs batteries, mais ne tireront que sur le reçu de nouveaux ordres ...
MM. les officiers de tous les corps se tiendront également prêts à faire des visites de corps en grande tenue.
Veuillez faire en sorte d’être prévenu à temps de l’arrivée du 1er courrier et m’en donner de suite avis" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 30 page 72).
Dans les premiers jours de décembre 1807, les troupes italiennes partent pour l'Italie, divisées en quatre colonnes, le long de la route Berlin-Leipzig-Innsbruk.
Officiers, Grenadiers et Voltigeurs du 1er de Ligne italien, d'après le Manuscrit Otto, 1807-1808
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Le Régiment arrive sur le territoire du Royaume à la fin de janvier 1808 et le 28 février est accueilli à Milan avec des arcs de triomphe et des foules enthousiastes.
Le commandement est alors confié au Colonel Carlo Zucchi, et subordonné au Major Francesco Teodoro Arese Lucini.
Portrait de Carlo Zucchi (à gauche) et de Teodoro Arese Lucini (à droite)
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Le 1er Régiment participe à la deuxième campagne contre l'Autriche, au sein de la Division Severoli. Après une première défaite à Sacile le 16 avril 1809, l'offensive reprend et les Autrichiens sont battus sur la Piave le 8 mai 1809.
Le 14 juin 1809, le Régiment participe à la bataille de Raab dans laquelle l'Archiduc Jean est vaincu ; et par la suite le Régiment est envoyé pour garder la place de Presburgo.
Le 8 août 1809, les insurgés se portent avec des forces considérables sur le village de Leisach. Ils attaquent les avant-postes des Dalmates. Le colonel Moroni, prenant la direction de son Régiment, auquel se sont jointes quatre Compagnies du 1er de ligne italien, repousse les paysans et les chasse jusqu'à Asling (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 145).
Le 8 novembre 1809, le Prince Eugène écrit, depuis Villach, à Napoléon : "… plusieurs de nos colonnes ont rencontré des bandes·armées, qui, au lieu de vouloir rendre les armes, ont répondu par des coups de fusil. On est parvenu à en prendre quelques-uns, et tous étaient ivres, et la plupart étaient d'autres vallées éloignées. Presque généralement les habitants qui ont quelque chose rentrent ou sont rentrés chez eux ; mais nous aurons pendant longtemps quelques bandes de brigands, qui, ayant pris, pendant la rébellion, ce genre de vie, le quitteront difficilement. Dans les différentes· escarmouches dont je viens de parler à Votre Majesté, nous avons eu un homme tué et 14 blessés du 1er de ligne italien, 3 blessés des Dalmates, et 7 du 53e régiment ..." Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 110).
1er de Ligne italien, d'après Darbou et Boisselier, 1811-1813 (Collection C. Achard, avec son aimable autorisation)
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Le 19 mars 1810, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j'ai l'honneur de rendre compte à votre Majesté que le colonel R ..., commandant le 1er régiment d'infanterie de ligne italien, a été dénoncé au ministre de la guerre, par l'inspection aux revues, pour mauvaise administration. J'ai fait venir ce colonel à Milan. Le ministre de la guerre l'a entendu et a examiné, dans le plus grand détail, tous les faits à sa charge. Il en résulte que cet officier ne peut diriger l'administration d'un corps, et, de plus, qu'il a malversé en ordonnant des retenues sur ce qui revient au soldat, pour en former une masse d'économie, en faisant fournir· aux soldats des chemises et autres objets de mauvaise qualité, en les taxant au-delà de la valeur au profit de l'économie ; que cette même masse d'économie a été encore augmentée au détriment de la masse générale, et, en résultat, que les comptes de cette masse d'économie n'ont pu être rendus.
Ce colonel n'a pu tenir cette conduite sans aller contre toutes les lois et les règlements, ce qui ne permet pas de lui confier plus longtemps la direction en chef d'un régiment. Je dois observer à Votre Majesté que c'est un bon soldat, et qu'il a bien fait les deux campagnes de Dalmatie et d'Allemagne. C'est en considération de ses services que je me permets de proposer à Votre Majesté de lui ôter le commandement du 1er régiment, mais de le placer comme colonel en second dans un des régiments qui sont en Espagne, par exemple dans le 4e de ligne, sous le colonel Renard, bon chef sous tous les rapports.
J'ai l'honneur de proposer à Sa Majesté, pour commander le 1er de ligne, le major Arèse, de sa garde royale. C'est un officier distingué" (Mémoires du Prince Eugène, t.6, page 323).
Le 5 novembre 1810, est décrétée la création d'une Compagnie régimentaire d'Artillerie.
Le 15 novembre 1810, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, en réponse à la lettre de Votre Majesté, que je viens de recevoir, j'ai l'honneur de lui rendre compte que le général Fontanelli est entré le 1er novembre à Lugano, le 2 à Bellinzona, et que les 3, 4 et 5 ont été employés à placer des postes aux différents débouchés de ces cantons avec la Suisse, afin d'empêcher que les marchandises qu'on devait confisquer ne puissent s'esquiver, et que de nouvelles marchandises prohibées par les décrets de Votre Majesté ne puissent entrer.
Le général Fontanelli avait avec lui ... 2 bataillons du 1er de ligne forts de 1,500 hommes ... ; chaque soldat était pourvu de 50 cartouches sur lui, et 60,000 cartouches dans un caisson d'infanterie suivaient en réserve ; les 3e et 4e bataillons du 1er de ligne sont en réserve à Como ...
les 2 bataillons du 1er de ligne sont à Lugano ..." (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 37).
De retour en Lombardie, le Régiment est envoyé pour renforcer la Division Fontana en Espagne dont le commandement est confié au Général Peyri.
Le 15 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, donnez l'ordre que trois bataillons du 1er de ligne italien, 3 bataillons du 7e de ligne, 3 bataillons du 3e de ligne et 3 bataillons du 3e léger, en tout 12 bataillons italiens, se réunissent à Milan, Pavie ou Novare, avec leur artillerie, s'ils ont de l'artillerie de régiment. Les compagnies seront au complet de 150 hommes, ce qui fera 900 hommes par bataillon, sans compter les malades. Vous partagerez cette division, qui sera ainsi forte de 10800 hommes en deux brigades ; vous y attacherez les généraux et inspecteurs aux revues que vous jugerez convenables. Vous y joindrez un régiment de cavalerie de 600 hommes, deux batteries d'artillerie, une compagnie de sapeurs et des outils du génie. Je suppose que chaque corps aura ses caissons d'infanterie et ses caissons pour le transport des vivres. Vous me ferez connaître quand cette division sera réunie. Il est nécessaire de préparer un régiment de marche de 12 à 1500 hommes pour recruter les corps italiens de l'armée de Catalogne. Occupez-vous sans délai de la formation de ce régiment de marche, qu'il faudrait faire partir le plus tôt possible, et avant les grandes chaleurs" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 144 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26691).
Le 17 avril 1811, Eugène écrit, depuis Paris, à Napoléon : "Sire, j'ai reçu la lettre de Votre Majesté du 15 courant, qui ordonnait, 1° l'envoi d'un régiment de marche à la division italienne en Catalogne; 2° la· formation d'une division italienne qui doit se tenir prête à marcher. Sur le premier point, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Majesté que les ordres sont donnés pour réunir à Novare deux bataillons de marche formant ensemble 1,400 hommes, et qui partiront de Novare les 10 et 14 mai bien équipés et bien habillés. Quant au deuxième point, Votre Majesté m'ayant fait hier quelques observations verbales sur l'exécution de cet ordre, je m'empresse de lui faire savoir que les quatre régiments d'infanterie compris dans la formation de la division, sont : le 7e de ligne, dans le Tyrol ; le 3e léger à Padoue ; le 1er de ligne, dans les cantons suisses, et le 8e de ligne à Ancône. Je me suis donc borné pour le moment à dire à ces corps de se tenir prêts à marcher, à faire pourtant leurs achats de chevaux, caissons, etc.; et j'ai cru devoir faire venir le 8e de ligne à Mantoue, parce qu'il était trop éloigné pour l'exécution des ordres de Votre Majesté. Ce régiment arrivera à Mantoue le 10 mai ; et huit à dix jours après Votre Majesté pourrait avoir sa division italienne réunie à Vérone ou à Trente, suivant qu'elle le jugerait convenable. J'attendrai donc les nouveaux ordres qu'il plaira à Votre Majesté de me donner" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 150).
Le 13 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Itali : "Mon fils, je reçois votre lettre sur la formation de la division italienne de réserve. Vous composez les dix bataillons de 3 bataillons du 1er régiment de ligne, de 3 bataillons du 7e, de 3 bataillons dalmates ...
Je pense qu'il faudrait composer une brigade de bataillons des régiments qui sont en Catalogne, savoir :
Du 3e bataillon du 2e léger
Du 3e bataillon du 4e de ligne
Du 3e bataillon du 1er léger
Du 3e bataillon du 5e de ligne
Et du 3e bataillon du 6e de ligne
Ce qui ferait 5 bataillons. On y joindrait 200 chevaux des régiments de chasseurs royaux et 200 chevaux des dragons Napoléon pour recruter les deux régiments, ce qui ferait 400 chevaux. La division étant destinée pour l'Espagne, on finirait par joindre ces bataillons et ces 2 escadrons aux régiments italiens qui sont en Aragon. Une autre brigade serait composée de 3 bataillons du 1er régiment de ligne et de 3 bataillons du 7e régiment de ligne.
Ce qui ferait 11 bataillons ...
On peut joindre à ces bataillons le régiment des conscrits de la Garde, s'ils sont à l'école de bataillon et s'ils sont sous les armes depuis six mois ; cela ferait alors 13 bataillons, ce qui, en campagne, donnerait une bonne division de 8 000 hommes.
Il est nécessaire que les régiments aient chacun leurs compagnies d'artillerie avec leurs deux pièces. Les conscrits de la Garde auraient également leurs compagnies d'artillerie, leurs deux pièces et leurs caissons. Il y aurait en outre une batterie de six pièces de canon qui suivrait cette division, une compagnie de sapeurs avec leurs outils, un officier supérieur d'artillerie et deux officiers du génie. Cette division qui devra se réunir à Grenoble fera partie du corps d'observation de réserve. Elle est indépendante de la division italienne qui fait partie du corps d'observation d'Italie et qui restera composée comme elle l'a été précédemment. Apportez-moi tout cela ce soir, afin que je vous donne des ordres définitifs et qu'il n'y ait plus un moment à perdre" (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 158 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27300 - La minute ajoute : « Ces régiments auront leurs deux compagnies régimentaires »).
Le 1er de Ligne italien restera en Espagne jusqu'au milieu de 1813, avec plusieurs Bataillons, puis sera rapatrié.
Dans cette guerre d'Espagne, les Italiens se sont distingués par leur bravoure et l'accomplissement généreux de leur devoir, dans une guerre rendue encore plus difficile et plus lourde par les guérilleros déchaînés dans tout le pays. Les troupes italiennes ont payé de lourdes pertes pour leur abnégation, mais ont acquis une réputation de générosité et d'équité envers les prisonniers et la population, parmi les Espagnols et les Anglais.
À la fin de janvier 1811, une frégate anglaise s'empare d'un navire sur lequel se trouvent des Officiers et des soldats italiens rentrant dans leur patrie, ainsi que l'assistant du Général Domencio Pino avec les bagages du Général. Les Britanniques libèrent le navire avec ceux à bord, en reconnaissance du courage, de l'honneur et de l'humanité qu'ils ont toujours montré.
En 1812, le commandement du Régiment est attribué au Colonel promu Francesco Teodoro Arese Lucini, et à l'alternative Major Cirot qui vient du 3e Régiment d'infanterie de ligne. Les commandements des 4 bataillons ont ensuite été répartis comme suit : 1er Bataillon à Sercognani, 2e Batailon à Stanzani, 3e Bataillon à Reynaud, 4e Bataillon à Saccopetti.
Le 29 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils ... Je vais vous entretenir de la situation des forces qui doivent rester en Italie pour sa défense et le maintien de la tranquillité. Il reste huit 4es bataillons italiens, quatre bataillons français du 13e régiment, ce qui fait douze bataillons ; il reste dix 5es bataillons italiens et sept 5es bataillons français, ce qui fait dix-sept bataillons, indépendamment de deux bataillons de vétérans italiens pour Mantoue, de deux bataillons du régiment sédentaire de Venise, du 4e bataillon du 4e léger italien qui est à Venise, des 3e et 4e bataillons du 5e régiment de ligne italien qui sont à Venise, et du 4e bataillon du régiment dalmate qui est à Venise, et du 4e bataillon du 2e léger italien, et du 4e bataillon du 1er de ligne italien, qui sont dans les cantons du Tésin ; ce qui forme six 4es bataillons qui, joints aux quatre bataillons du 13e de ligne français, font dix bataillons. Il faut tous les compléter en hommes, ce qui formera une division d'une dizaine de mille hommes d'infanterie, qu'on partagera en trois brigades, dont l'une sera à Udine, une à Vérone et l'autre à Padoue, avec huit ou dix pièces de régiment ..." (Mémoires du Prince Eugène, t. 7, p. 308 ; Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18534 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30090).
Le 7 mars 1812, le Prince Eugène adresse à l'Empereur d'un état de situation exacte des troupes qui restent en Italie. Voici le résumé de la force destinée à protéger le Royaume :
Deuxième division d'observation, entre Udine et Venise. Général de Division Bonfanti ; Généraux de Brigade Schilt, Martel (Italien), Forestier, Adjudant commandant ; quatre Bataillons du 13e de Ligne (2,250 hommes) ; un du 1er Léger italien (800) ; 2e Léger, 1er de Ligne, 4e, 6e, 7e de Ligne italiens à 750 et 800 hommes. Total : 10 Bataillons, 6,600 hommes, et 10 pièces régimentaires (Mémoires du Prince Eugène, t. 8, p. 120).
Le 31 octobre 1812, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre du Royaume d’Italie, à Milan : "S. E. le Ministre de la Guerre de l’Empire m’informe que d’après les intentions de S. M. l’Empereur et Roi, une brigade italienne d’un bataillon du 1er de ligne, d’un du 2e léger, de 4 du 5e de ligne doit faire partie de la 35e division de la Grande armée et que le commandement de cette division m’est confié. Il m’informe aussi qu’indépendamment de cette brigade, il doit encore être réuni à cette division un régiment de cavalerie italienne complété à 1000 chevaux, 2 batteries d’artillerie, l’une à pied, l’autre à cheval, une compagnie de sapeurs avec les outils et une compagnie de la marine de Venise.
S. E. m’a adressé en même temps les ordres de départ pour ces différents corps, j’ai l’honneur de vous les transcrire ici, en vous priant de me faire connaitre en quels lieux sont les corps afin que je puisse les leur adresser.
Les 4 bataillon du 5e régiment de ligne doivent partir de Vérone avec leur artillerie régimentaire le 25 novembre pour se rendre à Augsbourg.
Les bataillons du 1er de ligne et 2e léger avec les 2 pièces qui leur seront attachées partiront de Vérone le 26 novembre pour la même destination.
Le 4e régiment de chasseurs italien avec la batterie d’artillerie à cheval partira aussi de Vérone le 27 novembre suivant la même route.
La compagnie de sapeurs avec son caisson d’outils et la compagnie de la marine de Venise suivront la même destination et doivent partir le même jour de Vérone avec le 4e de chasseurs.
Enfin, la batterie d’artillerie à pied italienne doit marcher avec les 2 bataillons du 6e régiment de ligne français et partir de Vérone le 24 novembre pour se rendre à Nuremberg.
S. E. me mande encore que l’intention de S. M. l’Empereur et Roi est que chaque bataillon italien soit complété à 1000 hommes présents sous les armes, que les soldats soient complètement armés et habillés, fournis d’une bonne capote, et ayant deux paires de souliers dans le sac, et une au pied et leurs outils et effets de campement. Je prie V. E. de me faire connaitre si les intentions de S. M. seront entièrement remplies, afin que je puisse en rendre compte.
Je la prie aussi de me faire connaitre l’officier général qui doit commander cette brigade et qui devra marcher avec la première colonne. Je serai bien aise de connaitre la composition de son administration militaire, le nombre de voitures qu’elle aura pour les différents services, comme celles dites à la Comtoise, pour lesquelles il doit être organisé une compagnie dans les dépôts de transports italiens" (Papiers du Général Paul Grenier. XX. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 5 page 22).
Musicien et Fusilier du 1er de Ligne italien, d'après H. Knötel, 1812
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Plaque de shako du 1er de Ligne italien, modèle 1812, Musée de Saragosse
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Le 23 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Fontanelli, Ministre de la Guere et de la Marine du Royaume d'Italie : "Je reçois votre rapport sur la formation de la division italienne.
J'approuve qu'elle soit formée du 1er bataillon de la garde de Milan, du 2e bataillon du 1er régiment de ligne, du 2e du 6e de ligne, et du 4e du 4e de ligne. On ne peut pas employer le 4e d'infanterie légère, parce que ce sont des réfractaires. J'approuve également ce que vous proposez pour la cavalerie.
Il faut actuellement que vous me fassiez connaître ce qui reste en Italie en troupes italiennes pour la garde de Palmanova, de Venise, d'Ancône et pour la police du pays. Quant aux troupes françaises, il y en aura toujours à peu près la même quantité en conséquence de la levée que je viens de faire" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32426).
En février 1813, le Régiment, encadré dans la Division Peyri, est affecté à un Corps d'observation sur l'Adige sous le commandement du Maréchal français Bertrand.
Le 13 mars, le Corps d'observation se met en route pour l'Allemagne; il n'est pas arrivé à temps pour participer à la bataille de Lutzen, mais entre en action dans l'avancée ultérieure de la «Grande Armée» au-delà de l'Elbe.
Le 19 mai, le 1er Régiment, toujours encadré dans la Division Peyri, combat à Königswartha contre le Corps russe de Barclay de Tolly et le Corps prussien de Yorck, trois fois plus nombreux.
Le 21 mai, à la bataille de Bautzen, le 1er Régiment reste en réserve.
Après l'armistice conclu à Plesswitz (4 juin 1813), des troupes fraîches quittent l'Italie pour reconstituer la Division, désormais commandée par le Général Achille Fontanelli, décimée par des affrontements violents et répétés.
Le 21 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Écrivez au général Fontanelli que les 1er, 4e, 6e et 7e régiments de ligne sont bien faibles ; que cela provient sans doute des prisonniers qu'ils ont perdus ; que sa division va être augmentée par quatre bataillons de marche qui arrivent ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34883).
Avec le rétablissement des malades et des blessés, les personnes présentes à l'été 1813 sont de 7 832 hommes.
Portrait de Achille Fontanelli
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Le 15 juillet, Eugène n'a encore que 72 Bataillons incomplets, en Italie ou en route pour s'y rendre, et 12 Escadrons de cavalerie. II répartit ce cadre en trois Lieutenances et une Réserve. Voici le tableau complet de cette formation, tette qu'elle résulte de la situation établie par l'Etat-major général :
ÉTAT-MAJOR GÉNÉRAL. S. A. I. LE PRINCE VICE-ROI D'ITALIE, général en chef ...
TROISIÈME LIEUTENANCE. - Le Général de Division Comte PINO, commandant, ayant pour Chef d'Etat-major le Colonel PAOLUCCI.
CINQUIÈME DIVISISON. - Le Général Comte PALOMBINI, ayant pour Chef d'Etat-major le Colonel CASELLA. Position : Padoue et Mestre, 2e léger italien, 1 Bataillon ; 1er de ligne italien, 1 bataillon ; 2e de ligne italien, 4 Bataillons ; 3e de ligne italien, 4 Bataillons ; Régiment dalmate, 2 Bataillons. Force, 9,562 hommes, et 16 bouches à feu, dont 2·régimentaires (Mémoires du Prince Eugène, t.9, page 114).
Le 16 septembre, le 1er Régiment est victorieux à Denneviwitz; pendant la bataille de Leipzig, il combat très honorablement, se distinguant surtout par sa loyauté envers l'Empereur, tandis que les troupes françaises et alliées font défection. L'Empereur apprécie beaucoup le comportement des Italiens et, recevant le Général Fontanelli, à l'occasion du départ des survivants pour l'Italie, il lui dit : «Les services rapportés reçus par les Italiens dans cette campagne m'ont rempli de joie. Leur fidélité intempestive, au milieu des nombreuses séductions utilisées par nos ennemis et les exemples perfides, leur conduite intrépide, la persévérance manifestée au milieu des revers, m'émeut sensiblement !».
Un peu plus tard, le 1er Régiment est envoyé à la Drava et par la suite à la Sava afin de se réunir avec le reste des troupes italiennes pour constituer une barrière aux troupes ennemies qui menacent la patrie, depuis la Bavière à travers le Tyrol; le Régiment se retire alors vers l'Adige pour éviter d'être pris par derrière par les Autrichiens.
Au début de 1814, la 1ère ligne est confiée à la Division Severoli pour bloquer le passage des forces de Joachim Murat, qui, suite à sa trahison, se trouve désormais aux côtés des ennemis de l'Empire.
Le 8 février 1814, la bataille de Roverbella se déroule sur le Mincio où 45 000 Autrichiens sont rejetés mais avec un prix très élevé en vies perdues.
Le 17 avril, les combats continuent à Reggio où le contingent italien repousse les troupes napolitaines et anglaises qui ont débarqué en Toscane et à l'embouchure du Pô.
L'espoir de préserver l'indépendance du Royaume désormais déchu d'Italie s'éteint finalement le 28 avril 1814, lorsque l'avant-garde autrichienne, commandée par le Général Neipperg, entreà Milan.
Le régiment est dissous et Officiers et soldats expriment leur douleur, leur attachement au Régiment et leur fierté d'avoir appartenu à ce dernier, en faisant fondre les aigles, brûler les drapeaux et en avalant les cendres dissoutes dans la soupe !
Ainsi disparaît le 1er Régiment d'infanterie de ligne, le premier à porter le nom d '«italien», le premier à avoir porté le drapeau tricolore blanc, rouge et vert comme emblême.