95e Régiment d’Infanterie de Ligne
1796-1815
Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et soldats du 95e de Ligne
Avertissement et remerciements :
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En 1798, le 95ème de Ligne est attaché à l’Armée d’Observation sur le Rhin ; en 1799, il se rend à Mayence et fait campagne en Allemagne et dans les Grisons jusqu’en 1801. De là, il va en Batavie, tient garnison à Berg op Zoom, Middelbourg et Terwer pour assurer la garde du pays. Selon Rigo, la 95ème Demi-brigade d’infanterie de ligne a été formée à Metz le 30 janvier 1799, grâce au regroupement de différents corps.
Le 28 Floréal an 8 (18 mai 1800), Moncey, Lieutenant du Général en chef, commandant l'Helvétie, écrit, depuis Berne, au Général Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve : "... Deux bataillons de la 12e demi-brigade légère, arrivés déjà à Bâle, partent aujourd'hui pour se rendre au pied du Gothard par Lucerne; le 3e bataillon, qui est au vieux Brisach, n'arrivera qu'après qu'il aura été relevé par la 95e ...
En supposant que le général Freÿtag exécute de suite, que la 95e mette de la célérité à remplacer au vieux Brisach le bataillon de la 12e; en supposant qu'ils arrivent le 3 ou le 4 à Bâle, ces 4 bataillons ne pourront être au pied du Gothard avant le 8 ou le 9 ...
Sur ce rapport, je vous prie de me donner des ordres, qui ne pourront nécessairement être que conditionnels, et dont l'exécution sera subordonnée à l'arrivée des troupes ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 365).
Le 4 juillet 1800, l'aile droite reçoit une nouvelle organisation. La 1ère Division est composée des troupes que commandait le Général Molitor et qui occupent déjà depuis longtemps les défilés du Voralberg et Kempten (trois Bataillons de la 83e de Ligne, trois de la 95e, deux de la 1ère Légère, 7e Régiment de Hussards). La 2e Division est celle de Gudin, à laquelle on ajoute la Brigade de réserve de Nansouty ; elle se trouve dès lors formée des Brigades d'infanterie Puthod et Laval (deux Bataillons de Grenadiers réunis, trois Bataillons de la 36e de ligne, trois de la 38e, trois de la 94e, deux de la 10e Légère), et de la Brigade de cavalerie de Nansouty (6e et 8e Hussards, 11e Dragons, 23e de Cavalerie). Enfin la 3e Division est celle de Montrichard, qui comprend les Brigades Schiner et Espagne (trois Bataillons de la 37e, trois de la 84e, trois de la 109e, un bataillon de la 10e Légère , 9e Régiment de hussards) (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 128).
Le Rapport du 19 au 28 Messidor an 8 (8-17 juillet 1800) indique, au sujet des combats menés le 11 juillet 1800 (22 Messidor an 8) : "… Le général Molitor, chargé d'attaquer avec six bataillons le poste important de Feldkirch, et de s'emparer des Grisons, avait à remplir une opération extrêmement délicate ; le général Lecourbe s'y rendit le 24, et ne put qu'approuver les sages dispositions qu'il avait faites. Son corps de troupes avait été divisé en trois colonnes : celle de droite, composée de douze compagnies de la 95e, que commandait l'adjudant-général Dormenans, se dirigea par le Rheinthal, sur Reichenau ; elle y rencontra un bataillon ennemi de Kalemberg, qui, après une vigoureuse résistance, fut forcé à la retraite en laissant quelques centaines d'hommes tués, blessés ou prisonniers. Nous avons eu de notre côté environ 50 blessés, parmi lesquels l'adjudant-général Dormenans, qui a eu le bras cassé. Cette colonne entra le même jour à Coire, et occupa en partie les Grisons ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 51 page 114).
La 95e de ligne figure dans la "Correspondance relative à l’inspection d’infanterie dans le 9e arrondissement, commencée le 24 Frimaire an 10 par le général de division Grenier inspecteur général d’infanterie pour l’an 10
Fini le 4 Fructidor an 11
Corps faisant partie de l’inspection dans le 9e arrondissement
95e id 3 bataillons à Middelbourg ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 61 page 134).
Le 15 décembre 1801 (24 Frimaire an 10), le Général de Division Grenier expédie, depuis Sarrelibre, une "Circulaire aux Conseils d’administration et aux chefs de la 7e, 8e, 17e, 54e, 95e, 5e, 76e, 84e, 89e, 108e demi-brigades de ligne et du dépôt de la 27e demi-brigade d’infanterie légère.
Le Ministre de la guerre vous a sans doute donné avis, citoyens, que la demi-brigade que vous administrez fait partie du 9e arrondissement dont l’inspection m’est confiée. Je vous adresse en conséquence deux livrets de revues avec les y annexés, ainsi que 2 états du n°2 pour être préparés avant mon arrivée. Vous y trouverez joint un modèle qui vous indiquera le mode de remplir l’état nominatif des officiers ; la colonne des observations, ainsi que dans tous les états, devant être remplie par moi, restera en blanc ; cependant, vous ferez préparer à l’avance un double de chacun des états faisant partie de la revue, et dans l’état n°2, sur papier libre ; chacun des chefs de bataillon avec le chef de brigade donnera son avis sur la moralité et talents des officiers.
Je vous recommande, citoyens, de donner les plus grands soins à la confection des livrets de revue et des états y annexés, afin qu’il ne me reste qu’à en verifier l’exactitude.
Vous aurez attention encore de faire mettre en règle les pièces qui devront être à l’appui des demandes d’admission à la solde de retraite aux invalides ou vétérans nationaux. Je vous préviens que je ne les recevrai qu’autant qu’elles seront littéralement conformes aux dispositions de la loi du 28 Fructidor an 7.
Je vous préviens aussi que je ne recevrai aucune demande, à l’exception des plaintes ou des réclamations d’une nature particulière, si elle ne m’est pas présentée suivant les formes de la hiérarchie militaire et je vous recommande expressément d’en agir de même à l’égard de celles qui me seront adressées.
L’inspection qui m’est confiée ayant pour but de faire connaitre au gouvernement les abus qui peuvent exister, les améliorations à faire dans les différentes parties du service, de lui rendre compte de l’instruction, de la discipline, de la tenue, de l’habillement, armement, équipement, comptabilité etc., je vous engage à me mettre à même de lui faire un rapport satisfaisant de votre administration et gestion.
J’arriverai à Bruxelles le 11 ou le 12 du mois prochain, d’où je vous annoncerai l’époque à laquelle je passerai votre demi-brigade en revue.
Avant mon arrivée, le chef de la demi-brigade en passera la revue préliminaire ; il recevra de chaque capitaine l’état de sa compagnie et en vérifiera les détails. D’après cette vérification, il fera remplir le livret préliminaire. Ce livret indiquera :
1° la force effective de la compagnie.
2° le nombre des présents.
3° le détail des absents.
4° le nombre de recrues admis pendant l’an 9 et jusqu’au moment de la revue.
6° la balance du gain et de la perte en hommes depuis le 1er Vendémiaire an 9.
Le chef du corps me remettra à mon arrivée ce livret préliminaire par chaque compagnie afin que je puisse en prendre connaissance avant de voir le corps.
Il est entendu qu’on ne se servira pas pour cette opération première, des livrets de revue que je vous adresse, ces derniers étant absolument destinés pour la revue générale, l’un des deux devant servir de base à mon rapport au Ministre de la Guerre" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 63 page 139).
Le 25 février 1802 (6 Ventôse an 10), le Général Grenier écrit, depuis La Haye, au Général Victor : "Je vous informe, mon cher général, que j’ai déjà fort avancé le travail de mon inspection près des troupes sous vos ordres ... Aussitôt que j’aurai vu la 95e demi-brigade, je vous ferai connaître le résultat du travail qui lui sera relatif ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82 page 176).
Le 13 mars 1802 (22 Ventôse an 10), le Général Grenier écrit, depuis Gand, "Aux Conseils d’administrations des 17e, 54e, 76e, 84e, 89e, 95e, 108e demi-brigades, 27e légère, 2e bataillon 5e de ligne, et dépôt de la 7e demi-brigade de ligne.
Vous avez dû recevoir, citoyens, une lettre du Ministre de la Guerre en date du 16 Pluviôse dernier relative à la visite de vos demi-brigades, en exécution de l’article 8 du règlement du 7 Thermidor an 9 sur les demandes d’armes.
J’écris en conséquence aux commandants d’artillerie de la 24e division militaire, et celle en Batavie afin qu’il désigne des officiers d’artillerie pour assister à cette visite, de laquelle il sera dressé un procès-verbal qui devra faire mention de tous les objets, et détails voulus par la lettre du Ministre de la Guerre. Vous m’adresserez ce procès-verbal et les états qui en résulteront en triple expédition ; après que je l’aurai visée, l’une vous sera renvoyée, l’autre destinée au Ministre de la Guerre et la 3e me restera.
Il est nécessaire que la situation de l’armement portée au procès-verbal soit conforme à celle annexée au livret de revue d’inspection.
L’article 38 du Règlement du 7 Thermidor an 9 précise que toutes les pièces de rechange seront tirées des seules manufactures nationales. Veuillez suivre strictement cette disposition de laquelle vous êtes responsable" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 85 page 183).
Le 21 mars 1802 (30 Ventôse an 10), le Général Grenier écrit, depuis Bruges, au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous adresser les pièces relatives au travail de la revue d’inspection de la 95e demi-brigade, la note ci-jointe vous les indiquera. Vous remarquerez que j’ai réformé 47 qui étaient à charge à ce corps, proposé 8 pour la solde de retraite non compris trois officiers, 1 pour l’admission aux invalides et 1 pour les vétérans. Il résulte de mon travail que l’effectif est resté à 2081, nombre desquels il faut défalquer les 10 proposés pour la pension, et il reste encore un excédent de 110 hommes qui ont droit à l’obtention des congés absolus.
Les enfants de troupe au nombre de treize sont encore compris dans l’effectif, comme je vous l’ai annoncé pour toutes les demi-brigades dont le travail était achevé avant la réception de votre lettre du 12 Ventôse.
Par l’ordre que j’ai laissé à la demi-brigade, vous verrez, citoyen Ministre, que je n’ai pas trouvé dans ce corps le même degré d’instruction pratique que dans les autres ; j’en ai motivé les causes qui ont réellement existé et je ne doute pas qu’à l’inspection de l’an 11, cette demi-brigade ne soit aussi avancée que les autres. Tous les éléments nécessaires existent et le chef, et beaucoup d’officiers, sont animés du désir de bien faire ; c’est ensuite de cette considération que j’ai autorisé le placement provisoire du citoyen Griolet 4e chef de bataillon, au commandement du 3e ; je vous invite à le confirmer, attendu que cet officier est bien plus propre au commandement d’un bataillon qu’aux fonctions de 4e chef. La tenue et la discipline du corps sont aussi bonnes qu’elles peuvent l’être ; l’administration dans la comptabilité et dans toutes les parties est soignée, comme dans toutes les demi-brigades stationnées en Hollande.
Je vous prie, citoyen Ministre, de prendre en considération la demande du conseil d’administration relativement à une retenue exercée sur la demi-brigade pour des souliers qui lui ont été donnés en gratification à l’armée du Rhin, d’autant plus que la majeure partie de cette retenue ne pouvait se faire que sur la masse d’entretien puisque beaucoup d’hommes qui y ont part n’existent plus dans le corps.
Note des états relatifs au travail d’inspection de la 95e demi-brigade.
1 livret de revue.
2 états nominatifs des officiers.
Le double de l’état des hommes proposés pour la solde de retraite avec pièces à l’appui.
Le double de l’état des militaires susceptibles d’être admis aux vétérans nationaux avec les mémoires de proposition.
Le double de l’état des militaires qui ont droit à l’admission aux invalides avec les pièces voulues.
4 états n° 11, 12, 13 et 14.
Etats des officiers susceptibles d’avancement.
1 état double des quatre sous-officiers susceptibles d’être promus au grade de sous-lieutenant au choix du gouvernement.
2 demandes du conseil d’administration" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 87 page 187).
Le 26 mars 1802 (5 Germinal an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Bruges, au "Bureau de l’Inspection des Troupes, Infanterie
Le Général de Division Grenier, Inspecteur général d’infanterie, au Ministre de la Guerre
Citoyen Ministre, je vous ai adressé le travail de mon inspection par chaque corps fur et à mesure qu’il était tenu ; les opérations qui en font partie sont détaillées par les livrets de revue, les résumés et les ordres laissés aux demi-brigades vous ont fait connaitre mon opinion sur les différentes parties du service, de l’administration et de l’instruction. Je vous soumets ci-après quelques idées générales sur l’ensemble, les abus que j’ai cru apercevoir et les améliorations qui me paraissent nécessaires. Si par mon travail, j’ai rempli les intentions du gouvernement, je serais parvenu au but que je me suis proposé.
Résumé des opérations du général de division Grenier, inspecteur général d’infanterie dans le 9e arrondissement, avec les observations sur les différentes parties soumises à son examen présentées au Ministre de la Guerre le 14 Germinal ...
Pour la 95e de ligne, il y a eu 47 réformés à la revue ; l’effectif du Corps à la revue, après diminution des réformés, est de 2081. 8 soldats ont été proposés pour la pension, 1 pour les Invalides et 1 pour les Vétérans. L’effectif pour le complet du pied de paix est de 1961. L’excédent du complet comprend 110 désignés pour congés absolus. 1 Capitaine, 1 Lieutenant et 1 Sous-lieutenant sont proposés pour la pension. Le Général Grenier note en observations : « a 13 enfants non compris dans son complet » ...".
Suivent ensuite les observations du Général de Division Grenier : "Esprit des corps : généralement bon, tous les corps sont attachés au gouvernement, officiers et soldats sont animés du désir de bien faire ; tous méritent la considération due à l’état militaire.
Instruction théorique : a besoin d’être perfectionnée, depuis la rentrée des armes, les corps ont fait de fréquentes marches et les officiers et sous-officiers n’ont pu se livrer à leur étude avec tous les soins qu’elle exige ; il est hors de doute que l’inspection de l’an 11 offrira sous ce rapport des résultats plus satisfaisants.
Instruction pratique : est déjà fort avancée ; sera dans l’an 11 un degré de perfection nécessaire ; celle des soldats offre de l’ensemble, de la précision ; on remarque dans les rangs de l’immobilité et du silence ; la position des soldats et le port d’armes ont besoin d’être rectifiés.
Discipline : elle est observée dans tous les corps et leur fait honneur ; tous les renseignements pris à cet égard sont très avantageux.
Tenue : offre un bel ensemble ; ont de l’exactitude et de l’uniformité mais doit être surveillée dans les détails pour obtenir un plus haut degré de perfection.
Habillement : Mérite toute l’attention du gouvernement : l’habillement, quoique bon, présente des défectuosités ; en ce que les envois de draps et étoffes ne se font plus aux époques déterminées, que les draps et doublures ne sont pas conformes aux échantillons envoyés aux corps par le ministre de la guerre et que si les corps les rejettent, ils sont obligés d’attendre six mois avant de les voir remplacés et quelques fois n’obtiennent pas encore les remplacement auxquels les fournisseurs se refusent sous différents prétextes.
Les règlements sur l’habillement indiquent dans celui du soldat veste ou gilets ; plusieurs corps ont adopté les gilets ; il en résulte que les soldats devront porter les habits en été et que ceux-ci n’obtiendront pas la durée prescrite. La veste n’offre pas cet inconvénient, habille mieux le soldat, et peut être au moins cinq mois de l’été sans habit, excepté les jours de parade et de service ; il est d’ailleurs nécessaire d’établir l’uniformité dans l’armée ; il faut donc supprimer ou la veste, ou le gilet.
Equipement : l’équipement présente des bigarrures qu’il faut faire cesser. Il existe encore de la buffleterie noire dans les corps, outre qu’elle ne peut durer le temps prescrit par sa qualité beaucoup inférieure à la blanche, elle est sale et malpropre, ne parle pas à l’œil et répugne aux soldats qui ne lui donnent pas les mêmes soins. Cette buffleterie doit être remplacée. Presque tous les corps manquent de bretelles de fusil, les habits en souffrent et se déchirent facilement au port d’arme.
Armement : l’armement est généralement bon et bien entretenu ; les corps y donnent les plus grands soins.
Casernes : les casernes dans la 24e division militaire sont en général de vieux bâtiments, malsains et mal distribués, manquant de râtelier d’armes et de planches à pain ; les fournitures sont de mauvaise qualité et vieilles, presque toutes sont les anciennes des Autrichiens.
Hôpitaux : les hôpitaux militaires de Bruxelles et d’Anvers pourraient être tenus plus proprement ; on en attribue la cause à la houille qui sert de chauffage ; les aliments y sont de bonne qualité. L’hôpital civil de Gand, dans lequel on traite des militaires, est extrêmement mal soigné ; les malades y souffrent de la malpropreté qui y règne, et les pansements des hommes blessés se font en partie avec des étoupes au leur de charpie. Cet hospice contraste étonnamment avec celui de Bruges où les malades sont tenus proprement et traités avec soin.
Les infirmiers des corps reçoivent les galleux et l’on y traite les maladies vénériennes simples ; maos les corps obtiennent difficilement les médicaments nécessaires des hôpitaux militaires et sont souvent obligés d’y pourvoir.
Prisons : les prisons sont tenues assez proprement. On remarque que les prisonniers sont trop confondus et que les mêmes locaux servent aux malfaiteurs condamnés et aux militaires non encore jugés.
Salles de discipline : les salles de discipline des corps sont tenues conformément aux règlements.
Manutention des vivres : cette partie de l’administration militaire parait être assez soignée et les qualités bonnes. Les établissements sont bien tenus.
Recrues : l’espèce d’hommes est plutôt mauvaise que médiocre. Le recrutement de l’an 9 s’est composé de déserteurs, de vagabonds arrêtés, de conscrits de la classe du peuple la plus pauvre et de remplacements dont le mode parait avoir trop d’extension. Il en sera parlé plus bas.
Administration : les registres de comptabilité sont bien tenus et conformes aux règlements. Les corps commencent par sentier la nécessité d’apporter de l’ordre et la plus sévère économie dans cette partie de l’administration ; les recettes et dépenses paraissent précises et clairement énoncées ; cependant les arriérés considérables dus à presque tous les corps et pour lesquels l’inspecteur général a adressé au Ministre de la Guerre avec le travail de chaque revue, les réclamations les plus vives, laissent des lacunes qui rendre la comptabilité nécessairement confuse et qui exigent les plus grands soins de la part de l’inspecteur aux revues ; ils doivent surtout fixer leur attention sur les revirements de fonds qui auront lieu d’une masse à l’autre lors de la liquidation. L’inspecteur a été frappé de la situation de la médiocrité des masses d’entretien et de linge, chaussure, comparée avec les dépenses à leur charge. Il entrera à ce sujet dans quelques détails dans les observations suivantes.
Observations générales :
Masses d’entretien : On s’étonnera peut-être en voyant que la plupart des corps ayant des fonds assez considérables présentés par la situation de la caisse, appartenant à la masse d’entretien, l’on s’occupe d’en faire augmenter le produit ; mais on se convaincra aisément par l’aperçu ci-après, qu’elle sera bientôt absorbée si on ne vient à son secours. Il faut observer que cette masse qui s’est accrue jusqu’au 1er Vendémiaire an 10, parce que les corps ayant reçu jusque-là tous leurs effets confectionnés, point ou peu de conscrits à équiper, n’a été tenue qu’à très peu de dépenses ; à présent qu’elle aura à fournir à toutes celles qui lui sont imposées, elle sera hors d’état de les continuer.
Recette de la masse d’entretien : la recette fixe de cette masse est de 9 francs par homme par an, au complet de 1961 hommes cy 17649 francs. Elle devrait s’accroitre du versement de cette masse de ce qu’on a fait de bon à celle de linge et chaussure, les hommes morts désertés et congédiés étant absent. Mais vu l’insuffisance de la retenue faite à chaque homme pour pourvoir au remplacement et à la réparation de ses effets de linge et chaussure, ainsi qu’il sera démontré plus bas, il résulte que la masse de linge et chaussure ne possède que peu de chose et que chaque homme est plus souvent son débiteur que son créancier et que l’on ne peut fonder aucun espoir de recette à la masse d’entretien résultant du décompte des morts ou désertés ; il est d’ailleurs prouvé que ces derniers surtout laissent des dettes à leur départ, étant pour la plupart des hommes dérangés ; on ne peut donc compter que sur la recette fixée d’autre part 17649 francs.
Confection de l’habillement par an 9301 fr. 71
Façon et achat d’étoffes pour la réparation de l’habillement vieux 2802,15
Façon et achat de matières premières pour la réparation de l’équipement et armement 1908.
Achats d’effets de linge et chaussures à fournir aux hommes de nouvelle levée dont le nombre n’est évalué qu’à 250 par an quoiqu’il doit être porté à 500 puisque chaque conscrit n’est tenu qu’à servir quatre an 8342,43.
Frais d’administration 3600
Balance 25654,29
Les dépense fixes étant de 25654,29
Et les recettes de 17649
Il y aura chaque année un déficit de 8005, 29.
On remarque qu’il n’existe aucune supposition dans les dépenses, que s’il en existait elle serait en moins … que le nombre des conscrits, en suivant le mode de recrutement pour l’armée sera nécessaire de plus du 8e.
Dépenses à la charge de la masse d’entretien : cette masse étant fixée par la loi du 1er février 179. pour les corps d’infanterie à 39 fr. par homme par an, elle se composait savoir :
Pour l’habillement et équipement 20#10
Pour le recrutement : 16
Pour réparations et dépenses communes : 2 10
Total : 39#
En comparant les charges de la masse générale à cette époque avec celle de la masse d’entretien actuelle, les mêmes dépenses quoique changées de nature existent ; on en trouvera à n’en diminuer que ce qui était accordé pour le recrutement qui n’existe plus cy 16#
Resterait 23.
Proposer de rétablir la masse d’entretien à ce taux dans un moment surtout où la plus sévère économie doit être observée dans l’administration des finances, serait un abus et le travail d’un fou. Cependant, d’après le calcul fait de ses dépenses fixées par année comparée à ses recettes, on conviendra que cette masse sera absorbée dans trois ans, et qu’il en coûtera alors des sommes énormes au gouvernement pour la rétablir. On pense donc qu’en diminuant des dépenses de la masse d’entretien, les effets à fournir aux hommes de nouvelles levées, celles restant à faire se rapprocheraient des recettes mais alors, il faut qu’il soit tenu compte aux corps et par trimestre, des effets fournis aux conscrits sur des états visés par les inspecteurs aux revues. Ce moyen qui parait le plus économique, évitera encire toutes les dépenses supposées, en ce que le gouvernement ne payera les effets de linge et de chaussure que pour les conscrits arrivés aux corps.
Masse de linge et de chaussure : Pour former cette masse, on retient par jour sur la solde du sous-officier 8 cents et sur celle du soldat 5 cents ; cette retenue monte pour un an pour les sous-officiers à 24 frs et 48 cts.
Et pour les soldats à 18 frs.
Sur cette retenue, on doit former une masse de 27 frs à chaque sous-officier et de 18 frs à chaque soldat avec ce qu’ils n’auront pas dépensé pour les remplacements et réparations de leurs effets de linge et chaussure.
Ces remplacements consistant :
En 2 chemises à 4 frs 13 cts 8 frs 26 cts
1 col noir à 35 cts 35 cts
1 paire de bas de laine 2 frs 2 frs
1 id de fil 1 fr. 50 1 fr. 50
2 paires de souliers à 4 fr. 50 9 frs
1 paire de guêtres noires 4 frs 34 4 frs 34
1 id grise 1 fr. 90 1 fr. 60
Total : 27 frs 35 cts
(Note en marge : les souliers coutent aux corps de 4,75 à 5 frs ; presque tous, ils vont au-delà de 4,75 frs).
Il est bien démontré que ni les sous-officiers les soldats ne pourront avec la retenue qu’on leur fait, suffire aux dépenses qui sont indispensables, si l’on ne vient à leur secours, ou par une fourniture d’une partie d’effets en nature ou par une augmentation du décompte de linge des chaussures.
L’insuffisance de la retenue est devenue sensible depuis l’an 10, et la masse diminue considérablement chaque mois ; elle s’était accrue avant cette époque parce que les corps avaient été avantagés dans les pays conquis et qu’ils avaient ménagé plusieurs mois de leur solde, avec laquelle on a complété les masses et fourni les sacs d’effets de linge et chaussures. A présent qu’il faut les renouveler et les réparer sur leur seule retenue, elle sera insuffisante et le restant en caisse, à chacun d’eux sera absorbé avant la fin de l’année.
On demandera peut-être comment cette masse de linge et chaussures qui est plus forte que celle qui existait en 1788, doit ne pas suffire, tandis que la dernière est suffisante cette époque.
On n’en trouvera la cause dans l’augmentation du prêt de premier d’un tiers des différents effets de linge et chaussures, et dans les moyens que les corps avaient de doubler cette masse par les services des ouvriers et ceux des petits congés avec solde entière. Il est prouvé qu’à cette époque, on avait plus de 30 travailleurs par compagnie et pendant sept mois de l’année 12 et 15 petits congés, qui payaient leurs services ; aujourd’hui les moyens n’existent plus et ne sont plus autorisés.
Conscription
En conservant le mode de recrutement de l’armée par le moyen de la conscription, on continuera sans doute d’accorder la faculté des remplacements. Cependant le mode présente bien des inconvénients, en ce que la seule classe aisée peut se faire remplacer ; que les remplaçants ne sont que des mercenaires, la plupart sans asile, et qu’alors l’ensemble du recrutement de l’armée n’est composé que de la classe la plus pauvre de la France ; il en résulte que les corps ne trouvent plus de sujets pour former des sous-officiers, et que l’esprit national qui a caractérisé nos armées dans cette dernière guerre se détruit. Dans quelque temps, on en demandera la cause et on sera étonné de la trouver en partie dans la facilité des remplacements. Pour obvier autant que possible à cet inconvénient, on indiquera ci-après les moyens de faire tourner la faculté des remplacements à l’avantage du gouvernement, à celui de l’armée, et à la satisfaction des conscrits, que des circonstances particulières forceraient d’exempter du service personnel.
Ces moyens tendent à faire former une masse de remplacement qui ne serait pas à la charge du gouvernement, et à ne plus laisser à l’arbitraire des remplaçants le prix qu’ils exigent de ceux qui désirent s’en faire remplacer.
Mode de remplacement proposé
On ne peut se dissimuler l’avantage qu’il résulte pour l’armée de pouvoir conserver dans les corps le plus possible d’anciens soldats et sous-officiers propres par leur expérience à diriger en peu de temps l’instruction des hommes dont chaque corps se recrute, quel que soit le nombre dont les circonstances obligeraient le gouvernement à en augmenter le complet.
On peut se procurer ce précieux avantage en accordant à chaque sous-officier et soldat qui, ayant complété les années de service auxquelles il était tenu, déclarerait encore vouloir servir pendant 4 ans, une prime de 60 frs, cette prime serait déterminée à raison des engagements successifs que pourrait contracter le même homme à l’échéance du précédent et serait payée par la masse des remplaçants.
Composition de cette masse
Chaque année, après le travail des revues des inspecteurs généraux, le gouvernement peut connaître le nombre d’hommes nécessaires au complètement de l’armée ; il peut connaître aussi le nombre de chaque corps qui, ayant droit aux congés absolus, désirent continuer leur service et déterminé d’après cette connaissance, le nombre d’hommes qu’on pourra exempter dans chaque département du service personnel ; ces hommes seront tenus de payer à la masse de remplacement un prix que le gouvernement déterminera et qui pourrait avoir pour base le montant de toutes les contributions directes réunies que payent annuellement ou le conscrit à remplacer où les pères et mères, somme qui ne devra pas être moins de 200 frs. On peut évaluer chaque année à un 4e le nombre d’hommes de chaque corps qui, n’ayant plus chez eux l’appât du remplacement, ou qui ayant du goût pour l’état militaire, se décideraient à continuer leurs services ; il est entendu que les inspecteurs n’admettraient à cette faculté que les hommes de bonne conduite. On portera également le nombre des hommes à exempter de service personnel à un 4e et le déficit au complet sera rempli par ceux mêmes qui l’auraient opéré en partant par congé absolu. On peut présumer que plus d’un quart des conscrits appelés aux armées se présenteront pour être exemptés du service personnel ; afin de ne point commettre d’injustice et ne pas favoriser les uns plus que les autres, on admettra sans doute d’en réduire le nombre au quart voulu par la voie du sort.
Cette masse fera partie des attributions du département de la guerre en la faisant valoir, les fonds qui la composeraient en augmenteraient aussi le produit, parce qu’il est probable que vu la différence des dépenses qui seront à la charge de cette masse, à ses recettes elle aura toujours un bénéfice considérable que l’on peut évaluer à 1200000 frs par an ; le gouvernement pourrait sur ces fonds accorder des suppléments à la masse de linge et chaussure et trouver encore de quoi payer à la masse d’entretien une partie des effets de linge et chaussure à fournir aux hommes de nouvelle levée ; ces avantages inappréciables ne sont balancés par aucun inconvénient ; au contraire le conscrit n’aura plus l’embarras de chercher un remplaçant ou de le recevoir à des conditions arbitraires.
L’armée ne sera plus appauvrie de sujets puisque dans le nombre des recrues à recevoir chaque année, le quart seulement sera remplacé ou exempté de service personnel, et dans les trois autres quarts qui devront marcher, il se trouvera un bon nombre propre à former des sous-officiers.
Les exemptions de services ne sont pas, à la vérité, aussi nombreuses que par le mode de remplacement actuel, mais le bien du service et la gloire de l’armée exigent cette réduction, et les corps seront composés de citoyens français qui s’enorgueilliront de l’état militaire.
Le ministre de la guerre observera que je n’ai établi que le principe de ce mode, qui peut être développé à l’infini et que sous tous ces points de vue, il offre de très grands avantages.
Avancement par élection.
Tous les militaires conviennent que le mode d’avancement par élection établi dans l’armée par la loi du 14 germinal est défectueux sous beaucoup de rapports.
Celui au grade de caporal à un vice essentiel qui s’étend ensuite à tous les grades et nuit singulièrement au bien du service en ce que, donnant aux volontaires le choix de leurs caporaux, c’est porter atteinte à la discipline et à l’émulation ; l’expérience a suffisamment prouvé le vice et souvent forcé d’enfreindre la loi à cet égard. On ne peut se dissimuler que des soldats qui ont à choisir un caporal dans leurs compagnies ne recherchent pas plus dans ceux qu’ils proposent les talents et la capacité nécessaires au grade qu’ils auront à nommer, que la fermeté pour en soutenir l’autorité. Ils ont bien soin au contraire de ne proposer que ceux de leurs camarades qu’ils appellent de bons enfants dont ils espèrent beaucoup d’indulgence et qui, leur devant leur avancement, ne pourront user envers eux de toute l’étendue du pouvoir que leur donne le grade.
Le grade de caporal étant celui qui conduit à tous les autres, puisque celui qui en est une fois pourvu ne peut plus être arrêté dans son avancement à ceux supérieurs ou son ancienneté le conduira infailliblement ; on ne saurait donc trop empêcher que ce grade, dont l’importance n’a pas été assez sentie, ne soit plus donné si légèrement ; pour assurer un meilleur choix de caporaux et autres grades supérieur, on pourra en changeant le mode prescrit par la loi du 14 germinal, admettre celui qu’on va indiquer pour chaque grade ; on ne devra plus alors dans les corps des officiers qui ne figurent pas convenablement dans leurs grades, mais qu’un premier choix y a conduit sans que l’on puisse l’empêcher.
Caporaux.
Il sera formé dans chaque corps une liste des soldats ayant la meilleure conduite, au moins 6 mois de service, la pénurie de sujets nécessitant en ce moment cette disposition, on pourra par la suite exiger un an de service, et sachant bien lire et écrire. Cette liste sera établie de la manière suivante : tous les caporaux d’un bataillon d’une demi-brigade, selon que l’on voudra étendre ou restreindre le choix, présenteront chacun à leur capitaine un soldat de leur compagnie, qu’ils croiront le plus propre à être caporal ; dans le cas où un soldat serait proposé par plusieurs caporaux de la compagnie, il serait censé choisi par le plus ancien, et le choix des autres recommencerait jusqu’à ce que chaque caporal présente un sujet différent à son capitaine.
Le capitaine choisira trois de ceux qui lui auront été présentés par les caporaux de sa compagnie ; il remettra les noms de ceux qu’il aura choisis au commandant du corps qui fera former la liste des sujets choisis par tous les capitaines du bataillon ou de la demi-brigade ; cette liste arrêtée par le commandant du corps sera déposée entre les mains du 4e chef de bataillon qui le fera mettre à l’ordre de la demi-brigade.
Lorsqu’il vaquera une place de caporal dans une compagnie, le commandant de cette compagnie choisira sur la liste trois sujets qu’il proposera au commandant du corps et ce dernier en nommera un pour occuper la place vacante ; il est à observer que le capitaine qui devra proposer trois sujets de la liste ne pourra dans aucun cas, y comprendre des hommes de sa compagnie.
Si l’on tenait à faire participer les soldats à ce choix, on le pourrait sans s’éloigner du mode proposé, en leur laissant le choix de deux des sujets pris sur la liste à proposer comme candidat à la place vacante. Le capitaine alors désignerait le 3e et les présenterait ensemble au choix du chef du corps. Il est cependant à préférer que les soldats n’aient aucune influence dans ce choix.
Les compagnies de grenadiers devant être composées d’hommes expérimentés et ayant fait preuve de bonne conduite, les capitaines de ces compagnies devront être autorisés à choisir, lorsqu’il leur manquera un caporal, dans tous les caporaux des compagnies de fusiliers de la demi-brigade, ces trois candidats qu’ils voudront présenter au chef du corps, s’ils n’avaient pas trouvé dans la liste les sujets propres aux grenadiers.
La liste réduite au-dessous de moitié, on en formera une autre de la même manière.
Caporal Fourier.
Le caporal Fourier étant, par ses fonctions, chargé de la partie administrative de la compagnie sous les ordres de l’officier qui la commande, son choix doit être l’effet de la confiance et laisse aux capitaines, en leur donnant la faculté de la porter non seulement sur tous les caporaux de la demi-brigade, mais encore sur les volontaires qu’ils croiront propres à remplir les fonctions de ce grade, sauf la confirmation du commandant du corps.
Les caporaux Fourier étant dans la classe des caporaux, ils seront comme eux susceptibles de passer au grade de sergent par ancienneté ou par choix, mais rouleront avec les sergents pour parvenir au grade de sergent-major.
Sergent
On suivra l’avancement au grade de sergent par élection le même mode que pour les caporaux ; les sergents du bataillon ou de la demi-brigade choisiront chacun dans leur compagnie le caporal qui leur paraîtra le plus susceptible d’avancement, ayant six mois de grade, et le présenteront au commandant de la compagnie qui choisira un des caporaux présentés ; il sera formé de tous ceux choisis une liste dans laquelle le commandant de la compagnie où il y aura un emploi de sergent vacant, prendra trois candidats qu’il proposera au commandant du corps, pour qu’il désigne celui qui devra occuper la place. Le capitaine ne devra jamais présenter pour candidat le caporal de cette compagnie porté sur la liste, afin d’éviter qu’un caporal devienne sergent dans la même compagnie.
La liste réduite au-dessous de la moitié sera renouvelée d’après les mêmes principes que ceux de sa formation.
Sergent-major
Vu la rareté des vacances dans ce grade, on ne formera la liste des candidats à proposer aux places vacantes au tour du choix, que lorsque ces vacances auront lieu ; pour former cette liste, le chef du corps fera prévenir les sergents-majors de toutes les compagnies de la demi-brigade ou du bataillon dont fait partie celle où la place est vacante, de remettre à l’adjudant de décade le nom du sergent ou caporal fourrier de leur compagnie, qu’ils auront choisi pour être proposé à cette place ; l’adjudant suppléera au sergent-major qui a fait la vacance, et à tous ceux qui seraient absents par congé ou autrement. Il formera la liste de tous les sergents ainsi choisis, il la remettra au chef du corps qui, après l’avoir approuvée, la communiquera au capitaine de la compagnie où la place sera vacante, afin qu’il lui propose trois des sergents portés sur la liste, desquels le chef désignera celui qui devra occuper la place vacante.
Adjudant sous-officiers
Les fonctions de l’adjudant sous-officier étant purement militaires, et tenant plus de l’instruction, police et discipline qu’à l’administration, on ne doit pas laisser le choix aux conseils d’administration mais le donner aux officiers supérieurs qui, réunis, nommeront à la pluralité des voix celui de tous les sergents-majors et sergents du corps qu’ils jugeront le plus propre à ces fonctions, les officiers supérieurs absents lors de la vacance d’une place de ce grade, ne pourront être suppléés pour le choix du remplaçant ; ils devront être consultés et envoyer leurs suffrages par écrit, et lorsqu’il y aura partage dans les voix des officiers supérieurs, celle du chef du corps aura la prépondérance.
Comme les fonctions d’adjudant sont fatigantes et exigent autant d’activité que d’instruction de ceux qui les exercent, et qu’il est difficile de remplacer ceux qui se sont formés par la pratique, il faudrait, pour éviter des remplacements trop fréquent dans ce grade, et dédommager ceux que le bien du service exigerait d’y conserver, et ne pas les rendre victimes de l’utilité dont ils sont, leur accorder d’être considérés pour l’avancement seulement par ancienneté aux grade de lieutenant, comme sous-lieutenant du jour de leur nomination d’adjudant, et leur en accorder le traitement lorsqu’un sous-officier leur cadet parviendrait à la sous-lieutenance par ancienneté.
Comme en leur qualité d’adjudant, ils ne doivent pas cesser d’être éligibles aux places de sous-lieutenant au choix ; dans le cas où ils seraient choisis à une de ces places, ils devront jouir du traitement y attaché à compter de ce jour et continuer leur fonction d’adjudant s’ils y sont jugés nécessaires par les officiers supérieurs, jusqu’à ce que par ancienneté ou par un nouveau choix ils parviennent à la lieutenance.
Lorsque l’adjudant nommé sous-lieutenant au choix sera jugé devoir continuer ses fonctions d’adjudant, le tour du choix sera censé passer et l’on donnera à l’ancienneté la sous-lieutenance qu’il laissera vacante.
Sous-lieutenant, lieutenant et capitaine
L’avancement par élection au grade de sous-lieutenant, de lieutenant et de capitaine se continuera d’après le mode voulu par la loi du 14 Germinal, en donnant cependant plus d’extension au choix ; il faut pour cela ne pas le borner au bataillon où se trouve la vacance, mais bien y faire participer tous les bataillons ; il peut arriver que le même bataillon ait seul l’avancement pendant longtemps ; il est possible que le bataillon qui a la vacance ne possède pas aux yeux des électeurs le sujet le plus propre à y être nommé.
Adjudant major
Les fonctions des adjudants majors les mettent en relation immédiate avec les officiers supérieur pour tout ce qui est relatif à l’instruction, police et discipline. On ne voit pourquoi on a laissé leur nomination au choix du conseil d’administration avec lequel ils n’ont aucune relation ; il est plus naturel qu’ils soient nommés par les officiers supérieurs. On pourra suivre à leur égard le mode proposé pour les adjudants sous-officiers.
Chef de bataillon
On demande en faveur des capitaines qui depuis longtemps ont été privés d’avancement, le rétablissement du mode voulu par la loi du 14 Germinal pour l’avancement au grade de chef de bataillon.
Les fonctions du 4e chef de bataillon étant d’une nature particulière, la nomination à cet emploi appartiendra de droit au gouvernement sans préjudicier à la moitié des autres places qui lui sont réservées par la loi du 14 Germinal.
Fonctions du 4e chef de bataillon
Le gouvernement, en créant dans chaque corps, un 4e chef de bataillon, a sans doute eu en vue de les utiliser par leur surveillance pour l’administration, la police, la discipline et l’instruction ; mas comme on a prononcé que vaguement sur leurs fonctions, il en résulte que les chefs de corps les interprètent différemment les uns des autres et les emploient comme ils l’entendent. Il serait nécessaire que le gouvernement fît cesser cet arbitraire en précisant par une instruction les fonctions qu’il entend devoir être remplis par les 4es chefs. Il semble qu’ils doivent être chargés de tous les détails de l’instruction, de la police, de la discipline et de l’administration ; mais il faut établir les rapports qui doivent exister entre les chefs de corps, les commandants de bataillon, eux, les adjudants majors et le conseil d’administration.
Le 4e chef de bataillon doit transmettre les ordres du chef de la demi-brigade au corps ; il réunira à cet effet et à une heure indiquée les adjudants majors et adjudants sous-officiers des trois bataillons, prescrira ce qui doit être fait dans la journée, recevra les rapports des capitaines de police, surveillera la discipline, la tenue et la propreté des casernes, et sera chargé de l’instruction de la demi-brigade au détail, depuis l’école du soldat jusqu’à celle du bataillon inclusivement ; il pourra être utilisé avantageusement si on le rend le rapporteur du conseil d’administration ; il sera à même de faire connaître les abus que sa surveillance aurait pu lui faire remarquer, et qui peuvent échapper à un conseil qui n’est pas toujours composé de membres ayant des connaissances dans cette partie et dont les séances sont toujours trop courtes pour examiner suffisamment tous les objets qui lui sont soumis.
Chef de brigade
Ces emplois pour l’infanterie devraient se donner pour moitié par le choix du gouvernement et moitié par ancienneté de grade de chef de bataillon sur toute l’armée.
Avancement par ancienneté de grade
Par un décret du 27 Pluviôse an 2, il a été décidé qu’aucun citoyen ne pourra être promu aux empois qui vaqueront depuis le grade de caporal jusqu’à celui de général en chef s’il ne sait lire et écrire.
Avant la promulgation de cette loi, beaucoup d’officiers avaient été promus quoique ne sachant ni lire ni écrire ; plusieurs existent encore dans les corps ; doivent ils parvenir à leur tour d’ancienneté à un grade supérieur à celui qu’ils ont ? Ne serait-il pas à propos de déterminer que toutes les fois qu’une place sera vacante et appartiendra au tour de l’ancienneté, celui qui y aura droit sera examiné par cinq militaires qui lui sont supérieurs en grade et qui devront toujours avoir pour président un chef de bataillon. Cet examen pour le sous-officier sera basé sur l’instruction théorique de l’école du soldat et celle de peloton sur les comptes à rendre de la discipline et de la tenue et sur les rapports par écrit qu’un sous-officier est dans le cas de faire lorsqu’il est détaché le conseil d’examen prononcera sur la capacité ou l’incapacité du sujet et déclarera s’il y a lieu ou non à lui accorder l’avancement auquel son ancienneté lui donne des droits.
On suivra la même marche pour les sous-lieutenants et lieutenants qui auront droit à l’avancement par ancienneté et l’examen sera basé sur l’instruction théorique de l’école du soldat, du peloton, et du bataillon sur les comptes à rendre de la tenue et de la discipline sur la manière de gérer l’administration d’une compagnie en matière de comptabilité, sur les devoirs de l’officier en campagne pour les différentes parties du service et sur la manière d’énoncer clairement et avec précision les rapports qu’il aura à faire sur des reconnaissances et détachement armés que l’officier est dans le cas de faire.
Le sous-lieutenant et lieutenant jugé capable de remplir la place supérieure qui lui est dévolue par ancienneté ayant alors les connaissances qui lui sont nécessaire est dispensé d’un nouvel examen pour parvenir au grade de capitaine.
Décisions demandées
Beaucoup d’officiers destitués, démissionnaires ou retirés chez eux avec pension ont repris de l’activité dans l’infanterie, soit comme conducteurs de conscrits, soit comme ayant coopéré à la formation des bataillons auxiliaires ; ces officiers élèvent tous les jours des difficultés par la prétention qu’ils ont de prendre leur rang d’ancienneté dans la colonne des officiers de leur grade, du jour qu’ils y ont été nommés, nonobstant l’interruption qu’ils ont eu dans leur service. Ces difficultés sont journellement soumises au Ministre de la Guerre et nécessitent de sa part des décisions partielles qui, n’étant connues que des corps qui les ont provoquées, n’empêchent pas le cours des réclamations dans les autres ; on pourra les faire cesser par une décision officiellement adressée à tous et qui classât d’une manière claire et précise tous les cas où un officier rentrant au service actif, pourrait se prévaloir de sa nomination au grade qu’il occuper pour prendre son ancienneté dans la colonne des officiers du même grade ; il me semble que tous ceux désignés ci-dessus aucun ne pourrait prétendre à cette faculté et que les officiers devenus surnuméraires par suite des évènements qu’il n’a pas dépendu d’eux d’empêcher pourraient seuls y avoir droit ; quant aux autres, ils ne devraient faire valoir leurs services antérieurs à leur rentrée en activité que pour établir leurs droits à la pension de retraite" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 93 page 199).
Le 9 Germinal an 11 (30 mars 1803), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Citoyen Lacuée, son Aide de Camp : "… Vous devez trouver la 95e réunie à Flessingue ; vous observerez son esprit, l'état de son armement et de son équipement …" (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6658 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7545).
Le 10 Germinal an 11 (31 mars 1803), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre au général de brigade Monnet de se rendre à Flessingue, pour y prendre le commandement de cette ville et de l'île de Walcheren. Il aura sous ses ordres toute la 95e, deux compagnies d'artillerie que vous lui enverrez, et trois escadrons du 19e dragons, ainsi que les deux premiers bataillons, au complet de paix, de la 8e demi-brigade de ligne ...
Donnez ordre au général Belliard de faire armer la batterie vis-à-vis de Flessingue et qui défend l'entrée de l'Escaut, et d'y placer un détachement d'infanterie ...
Le général Monnet partira dans la journée pour Flessingue ..." (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 447 (donne la 50e à la place de la 95e) ; Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6659 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7546).
Le 26 avril 1803 (6 floréal an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner ordre aux deux bataillons de la 76e et de la 95e de se rendre à Bréda.
Donnez ordre que les 3es bataillons des 76e, 48e, 100e, 95e et 27e légère complètent les deux premiers bataillons à 1600 hommes et y fassent entrer les conscrits qui seraient habillés et à l'école de peloton ..." (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 450 ; Correspondance générale, t.4, lettre 7608).
En 1803, le Régiment gagne le Hanovre.
Le 27 juin 1803 (8 Messidors an 11), Bonaparte écrit depuis Amiens au Général Lacuée, Président de la Section de la Guerre du Conseil d'Etat : "Citoyen Lacuée etc., j'ai lu avec attention votre dernière lettre. J'ai remarqué que ... par l'arrêté du 1er floréal, vous avez donné sur la réserve … à la 50e qui est en Hanovre 528 ...
à la 95e id. 401 ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 7771).
Le 23 mars 1805, l’effectif des trois Bataillons, stationnés à Lunebourg et Stade, est de 2526 hommes, dont 2386 présents. Le 95ème est sous le commandement du Maréchal Bernadotte, au sein de la 1ère Division Drouet, dont le Quartier général est à Lunebourg.
D'après la Situation de l' "Armée du Hanovre au 15 Thermidor an XIII" (3 août 1805), commandé par Bernadotte, le 95e de Ligne est à la 1ère Division (Drouet - Quartier général à Lunebourg), fort de 3 Bataillons, à Harbourg, Lunebourg, et Stade, 2386 hommes présents, 48 détachés, 92 aux hôpitaux, 2526 hommes au total (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 105 et suivantes).
Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 95e de Ligne a ses 1er, 2e et 3e Bataillons à Hanovre, 3e Division, pour 2386 hommes présents, 48 détachés ou en recrutement, 92 aux hôpitaux, total 2526 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).
Le 95e quitte le Hanovre avec le 1er Corps de Bernadotte, passe le Rhin et arrive à Würzbourg le 30 septembre ; ses trois Bataillons alignent 2161 hommes, qui vont prendre part à la bataille d’Ulm. Le 26 octobre, le 95ème aligne 73 officiers et 2075 hommes. Il combat à Austerlitz, fort de 2094 hommes et officiers, au sein de la Brigade Frère, 2ème Division Drouet.
Le 5 Fructidor an 13 (23 août 1805), le Maréchal Berthier écrit, depuis Boulogne, au Maréchal Bernadotte : "L'Empereur, Monsieur le Maréchal, me charge de vous faire connaître qu'il ne sait point ce que veut l'Autriche par tous les mouvements et armements qu'elle fait; mais Sa Majesté, pour se mettre en mesure, trouve convenable que vous réunissiez à Göttingen le 27e régiment d'infanterie légère, les 8e, 94e et 95e régiments de ligne, quatre. régiments de chasseurs et de hussards et 24 pièces d'artillerie de campagne, avec double approvisionnement, attelées.
Faites venir à Osnabrück toutes les troupes qu'il y a; il suffit que vous y laissiez 25 hommes de cavalerie.
Ces troupes réunies formeront un corps de 10,000 hommes, qui, réuni à Göttingen, pourra se porter partout où il sera nécessaire. Vous mettrez ce corps sous les ordres d'un général de division et de deux généraux de brigade, et vous ferez confectionner à Göttingen 100,000 rations de biscuit; mais vous ne devez pas encore démasquer votre mouvement : gagnez quatre jours de manière qu'au premier courrier que vous recevrez, vous puissiez en trois jours avoir ce corps réuni à Göttingen.
Je vous expédierai un autre courrier dans deux jours.
Envoyez, par le retour de celui-ci, la situation de votre armée, de votre artillerie, de vos approvisionnements et munitions" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 152 - Note : D'après le registre du maréchal Berthier, n° 9).
L'Ordre de marche du 30 Fructidor du 1er Corps d'Armée, daté de Cassel, le 29 Fructidor an 13 (16 septembre 1805) indique : "L'armée, composée ainsi qu'il est dit ci-devant, est partie le 30 de Münden et environs, pour se diriger sur Wabern, en suivant la grande route, et en traversant la ville de Cassel pour se rendre :
2e Division
Quartier général et administrations, à Werkel
27e régiment d'infanterie légère : à Besse, Metze et Gleichen.
94e régiment de ligne : à Dorla et Haddamar.
95e régiment de ligne : à Büdigger, Wolfershausen et Brunslar.
Artillerie de la division, à Werkel.
Grand parc d 'artillerie : Personnel a Kirchbauna et Altenbauna; pièces et caissons, à Hertingshausen ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 117).
Selon la Composition de l'Armée au 30 fructidor an 13 (17 septembre 1805), il y a, au 1er Corps d'Amée (Bernadotte), 2e Division :
Drouet, général de division; Luthier, adjudant commandant, chef du l'état-major.
Brigade du général Verlé : 27e régiment d'infanterie légère, à Osterode.
Brigade du général Frère : 94e et 95e (le 1er a Göttingen, le 2e à Uslar), etc.
Cavalerie attachée à la division : 1er escadron du 4e hussards.
Artillerie : 12 pièces, dont 6 d'artillerie 1égère et 6 d'artillerie à pied.
Le sous-inspecteur Gaspard et le commissaire des guerres Fourcade (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 116).
L'Ordre de marche du 1er jour complémentaire indique : "La 2e division, commandée par le général Drouet, partira de Werkel et environs, pour venir :
Le quartier général et les administrations, à Nieder-Urff.
27e régiment d'infanterie légère : à Densberg, Schönau et Hundshausen.
94e régiment de ligne : à Reptich, Bischhausen et Gilsa.
95e régiment de ligne : à Ob. et Nied.-Urff et Schiffelborn.
L'escadron du 4e de hussards, à Nieder-Urff.
Le grand pare d'artillerie sera à Zwesten.
Le grand quartier général sera à Jesberg" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 118).
L'Ordre de marche du 1er Corps d’Armée, du 2e jour complémentaire, indique : "... La 2e division , commandée par le général Drouet, partira de Niedern-Urff et environs, pour se rendre :
Le quartier général et administrations, à Betziesdorf.
27e d'infanterie légère : à Sindersfeld, Betziesdorf et Anzefahr.
94e régiment de ligne : à Erxdorff, Emsdorff et Burgholz.
95e régiment de ligne : à Wolferode, Hatzbach et Speckswinkel.
L'escadron du 4e de hussards, à Bernsdorf.
Artillerie, à Bernsdorf.
Le grand parc d'artillerie ira à Holzdorf.
Le grand quartier général, à Marbourg" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 120).
L'Ordre de marche et cantonnements du 1er Corps d'Armée, des 3e et 4e jours complémentaires indique : "... La 2e division viendra s'établir :
Le quartier général, à Giessen.
27e régiment d'infanterie légère, à Rodheim.
96e régiment de ligne : à Cros-Dorf et Launsbach.
95e régiment de ligne, à Wissmar.
L'escadron du 4e hussards, à Bamsdorff ( ?)
Artillerie, à Wissmar.
Le grand parc d'artillerie sera à Marbourg.
Le quartier général de M. le maréchal Bernadotte sera, les 3e et 4e jours complémentaires, à Giessen" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 122).
Composition de la Grande Armée au moment où elle a passé le Rhin pour la campagne d'Autriche.
1er corps d'armée venant de Hanovre, arrivé à Würtzbourg le 8 vendémiaire an XIV (30 septembre 1805).
1re division.
95e de ligne, 3 Bataillons, 2161 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 158).
Un état de situation du 1er Corps d'Armée, intitulé "Composition des divisions de l'armée au 15 vendémiaire an XIV", et daté de Günzenhausen, le 14 Vendémiaire an 14 (6 octobre 1805), indique que le 95e Régiment d'infanterie de ligne est à la 2e Division commandée par le Général de Division Drouet (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 279).
La "Situation des troupes qui composent le premier corps de la Grande Armée (sous Munich), commandé par Son Excellence le maréchal Bernadotte" indique que le 95e Régiment d'infanterie de ligne est à la 2e Division commandée par le Général Drouet, fort de 73 Officiers et 2075 hommes présents sous les armes, et prêts à combattre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 602).
Selon la "Force des troupes du 1er corps de la Grande Armée en présents sous les armes, prêts à combattre, commandée par S.E. le maréchal Bernadotte. 4 brumaire (26 octobre)", le 95e de Ligne comprend 73Officiers et 2075 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 762).
Grande Armée à l'époque du 6 brumaire an XIV (28 octobre 1805). Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 711 |
Le 6 Brumaire an XIV (28 octobre 1805), l'Adjudant-commandant Requin écrit, depuis Würzburg, au Maréchal Berthier : "J'ai l'honneur de vous adresser, ci-joint, l'état de situation du détachement d'infanterie et de cavalerie des différents corps que je commande …
État sommaire des détachements d'infanterie et de cavalerie qui sont sous les ordres de l'adjudant-commandant Requin.
95e - - 1 Officier, 40 soldats, total 41 ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 255 - (1) Deux Officiers ont rejoint le détachement à Münden).
Après la paix, il se rend à Nuremberg, qui vient d’être annexée au Royaume de Bavière. Le Régiment est alors commandé par le Colonel Marc Pécheux ; il aligne trois Bataillons soit 2161 hommes. Une gravure qui représente le 95ème de Ligne en 1806, porte la notice écrite en allemand : “Le 95e régiment d’infanterie de ligne française. Ces militaires, venus le 7 mars 1806 à Nuremberg, remplaçant le 27e régiment d’infanterie légère, y sont restés cantonnés chez les bourgeois jusqu’au 29 septembre de la même année”. Les dates de l’arrivée et du départ du 95ème de Ligne, données dans le texte, sont rigoureusement exactes. Les ordres de marche officiels conservés aux Archives de la Guerre les confirment.
La gazette du district de Nuremberg (N°67) relate et confirme la date et les conditions de l’arrivée du 95ème de Ligne : “Nuremberg le 7 mars, un détachement de troupes françaises est entré à l’improviste la nuit dernière dans cette ville. Il a été suivi dans la matinée d’aujourd’hui par le 95e régiment d’infanterie, sous le commandement du général Frère, faisant partie du corps d’armée du général Bernadotte. Les troupes ont d’abord fait un seul front depuis l’hôtel de ville jusqu’à la place Marlet, après quoi, un petit détachement de ces troupes, accompagné de la musique turque, a été remettre l’aig1e chez le colonel qui loge à 1’hôtel de la Roue du Puits dorée. Les troupes ont ensuite été logées chez les habitants”.
Le 11 avril 1806 (note : la minute (Archives nationales, AF IV 869, avril 1806, n° 67) est datée du 12 avril), l'Empereur écrit, depuis la Malmaison, au Général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, les dépôts qui viennent du Hanovre recevront la destination suivante. Le dépôt du 27e d'infanterie légère sera dirigé sur Aix-la-Chapelle ; celui du 8e de ligne sur Venlo ; celui du 45e sur Liège ; celui du 54e sur Montrichet ; celui du 94e sur Juliers ; celui du 95e sur Cologne ; celui du 2e régiment de hussards sur Maastricht ; celui du 5e de hussards sur Namur ; celui du 4e de hussards sur Malines et celui du 5e de chasseurs sur Clèves et Ruremonde ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 381 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11872).
Le 22 juin 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie un travail sur l'emplacement que doit occuper la Grande Armée au moment de sa rentrée en France. Vous me proposerez une meilleure répartition, à peu près dans les mêmes divisions, si vous y entrevoyez quelque économie pour le service, soit pour les lits, soit pour le fourrage, soit pour le casernement.
... 1er corps du maréchal Bernadotte
25e division militaire
... Coblentz le 95e de ligne à Cologne ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11352).
Le 95ème fait ensuite partie des troupes participant à la campagne de Prusse, en 1806 ; il y reste jusqu’en septembre 1808. Le 22 septembre 1806, les effectifs du corps sont les suivants : 1er Bataillon 34 officiers, 922 hommes, 60 hommes aux hôpitaux ; 2ème Bataillon 26 officiers, 923 hommes, 65 hommes aux hôpitaux; 3ème Bataillon, Grenadiers et Voltigeurs 6 officiers et 180 hommes.
Le Précis historique des Campagnes du 1er Corps décrit ainsi l'affaire du 17 octobre : "… Pendant que le prince de Wurtemberg était battu dans la ville et en arrière, une colonne ennemie composée en partie du régiment de Treskow et de quelques autres détachements, se montra sur nos derrières et prit position sur le Weinberg pour déboucher par la gauche du bois de Heide dans l'intention de rentrer à Halle. Cette colonne donna un moment de vives inquiétudes au Prince de Ponte-Corvo, qui craignit que ce ne fût un grand corps qui venait au secours du prince de Wurtemberg.
La division Drouet n'était point encore arrivée de Unter-Teutschenthal ; l'ennemi eût pu entrer dans la ville et embarrasser beaucoup les troupes qui combattaient en avant. Le général Maison fut chargé de mener contre lui une compagnie de voltigeurs du 8e régiment d'infanterie et quelques hussards du 4e régiment qui étaient en réserve près du pont. L'ennemi s'arrêta et se déploya.
Le général Drouet, qui déjà avait reçu l'ordre de rejoindre les autres divisions sous Halle, avant entendu une vive canonnade, avait tellement pressé sa marche, qu'il arriva plus vite qu'on ne pouvait l'espérer.
Le prince de Ponte-Corvo fit former en bataille dans la plaine, sur la rive gauche de la Saale, les 27e d'infanterie légère et 95e de la division Drouet, ayant leur droite vers la Saale et leur gauche au bois, faisant face au Weinberg sur lequel le régiment de Treskow et les autres troupes ennemies avaient pris position.
Le 94e et Le 5e de chasseurs furent envoyés en avant de la ville, où le combat semblait se ranimer, renforcer les divisions Dupont et Rivaud.
Le 27e d'infanterie légère, ayant à sa tête le général de brigade Werlé, marcha au Weinberg avec deux pièces d'artillerie ; après un engagement vif et meurtrier, l'ennemi voulut manœuvrer pour se retirer sur le village de Nietleben et gagner la route d'Eisleben, mais le général Drouet y avait envoyé quelques compagnies de voltigeurs. Cerné de toutes parts et attaqué avec vigueur, il fut mis en déroute. Tout le régiment de Treskow, qui voulait soutenir la retraite, fut pris en entier avec ses drapeaux; le reste delà colonne se sauva dispersé dans les bois. Cette opération terminée, S. A. retourna en avant de la ville.
La nuit approchait; toutes les troupes étaient harassées par la marche de la nuit précédente et par le combat qui durait depuis 9 heures du matin; l'ennemi fuyant à toutes jambes, en abandonnant tout, le prince de Ponte-Corvo ordonna de prendre position ...
Les résultats de cette journée brillante ont été environ 6000 prisonniers, 4 drapeaux, 32 pièces de canon et une quantité considérable de bagages. L'ennemi a eu plus de 1000 hommes tués.
La victoire n'a jamais été incertaine, mais il fallut pourtant faire les plus grands efforts pour l'obtenir ...
Le 1er corps a eu environ 800 hommes hors de combat" (Précis historique des campagnes du 1er corps de la Grande Armée (1806-1807). Archives guerre – In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 395 et suivantes).
Le Régiment combat à Lübeck le 6 novembre 1806.
Le Journal des marches et cantonnements de la Division Dupont raconte : "6 novembre. — ... la division du général Drouet se forma en trois colonnes d'attaque. Le 27e régiment d'infanterie légère avait la droite, le 94e le centre et fila le long de la route par section, le 95e tint la gauche. Le 27e et le 95e se dispersèrent en tirailleurs et se glissèrent, tant dans les vergers que dans les maisons voisines de la porte de la ville, et firent feu sur l'artillerie. Le 27e d'infanterie légère, avant que d'arriver au feu, traversa une prairie très marécageuse : le canon, la fusillade de l'ennemi lui occasionnèrent un petit moment d'hésitation qui cessa bientôt ; le 94e suivit sa pointe et pénétra en ville ; la Rotonde fut tournée et l'ennemi poursuivi l'épée dans les reins ..." (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 427).
Le 14, ses effectifs sont les suivants : 1er Bataillon 31 officiers, 866 hommes, 231 hommes détachés, 159 hommes aux hôpitaux, dont 4 officiers; 2ème Bataillon 27 officiers, 752 hommes ; 2 officiers et 43 hommes détachés ; 93 hommes aux hôpitaux, dont 2 officiers.
Le 28 novembre 1806, le 95e de Ligne est à Berlin avec le Général Frère (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 437).
Un détachement de 2 officiers et de 154 hommes, venus du dépôt de Cologne, a entre temps passé le Rhin à Mayence, le 8 novembre, et rejoint le Régiment à son passage à Berlin ; 50 hommes à Stettin le 30 novembre.
A la date du 15 décembre 1806, le 95e de Ligne compte 1738 hommes à la 3e Division du 1er Corps (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 442).
Le 25 décembre, les deux Bataillons du Régiment alignent 54 officiers et 1658 hommes, plus 115 hommes aux hôpitaux.
Les troupes du 1er Corps d'armée restent pendant douze jours dans leurs cantonnements provisoires : la 1re Division ayant son Quartier général à Szumsk (9e Léger à Krinowloga, 32e de ligne à Dzierzowo, 96e de Ligne à Kilki et environs); la 2e Division détachée à Thorn ; la 3e Division, Quartier général à Szrensk (27e Léger à Mlawa et environs, le 94e de Ligne à Soldau et environs, le 95e de Ligne à Szrensk et environs); le Grand Parc (Colonel Navelet) à Podgorz, rive gauche de la Vistule (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 464).
En janvier 1807, le Régiment est aux avants postes. Le 9, les deux Bataillons du Régiment alignent 1583 hommes et officiers. Le 20, les deux Bataillons, qui font maintenant partie de la Brigade Werlé, comptent 54 officiers et 1632 hommes, plus 3 officiers et 2 hommes détachés, et 387 hommes aux hôpitaux.
- Combat de Mohrüngen
L'ennemi, massé, n'a pas trois lieues à faire pour se trouver devant Mohrungen, qui n'est alors défendue que par le 8e de Ligne ; fort heureusement ses mouvements sont très lents et laissent aux Français le temps de barrer la route de Liebstadt à Osterode. Le Maréchal Bernadotte a bien compris l'urgence d'arriver à Mohrungen avant les Russes, et il a donné à ses troupes l'ordre de se mettre en marche longtemps avant le jour.
Les Russes établissent leur infanterie en bataille sur une position excellente, hérissée d'artillerie, leur gauche appuyée à une forêt et à des lacs, leur droite flanquée par des marais et des lacs gelés ; en avant de leur front, ils occupent fortement le village de Pfarrersfeldchen, couvert par une nombreuse cavalerie; des nuées de Cosaques ont envahi toutes les plaines environnantes.
Le maréchal Bernadotte fait immédiatement ses dispositions d'attaque. Il a alors sous la main le Bataillon du 9e Léger du Commandant Bouge, le 8e de ligne de la Division Rivaud, les 27e Léger et 94e de Ligne de la Division Drouet, les Dragons du Général Laplanche, et le 4e de Hussards, fort maltraité la veille à Liebstadt et commandé par le Chef d'Escadron Boudinhon, en l'absence du Colonel Burthe, blessé. Le 95e Régiment, de la Division Drouet, est resté à la hauteur de Eckersdorf, par ordre du Prince (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 482).
Le 27 janvier, à 11 heures du matin, le Maréchal Ney rend compte au Major général que ses positions sont parfaitement liées avec celles du 1er et du 4e Corps. Dans la prévision d'une attaque possible de l'ennemi, le Maréchal Bernadotte prescrit au Général Dupont de faire bivouaquer sa division à Bârting, et de tenir, par des postes, Sonnenborn, Gross-Gottswald, Venedien, Reussen et Perschken. Il le prévient qu'il envoie un bataillon du 95e pour l'appuyer à Perschken (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 494).
Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Daru, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
1er corps
... 95e de ligne ...
Dépôts à à Schwetz ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).
Le 31 mars, depuis Osterode, Napoléon décide d'accorder 18 aigles d'honneur, dont neuf aux Officiers, et neuf aux Sous officiers et soldats, aux Régiments qui se sont distingués à Eylau. Il écrit au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre. 1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite, depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition : … 95e ... d'infanterie de ligne ...
Du moment que les maréchaux auront reçu ma décision, ils ordonneront à chaque général de division de réunir chez lui les colonels et chefs de bataillon de chaque régiment, ainsi que les généraux, de brigade, et de dresser un procès-verbal qui constate les individus qui méritent le mieux la décoration. Ce procès-verbal sera envoyé au maréchal commandant le corps d'armée, qui le transmettra, avec ses observations, au major général. Tous ces procès-verbaux devront être arrivés avant le 6 avril. Le 7, le major général me les soumettra …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 145013).
Le 1er avril, la Division est commandée par le Général Villatte. Le Régiment aligne 1773 hommes et officiers.
Le 21 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, dans l'état de situation de votre armée de réserve au 15 avril, je trouve ...
Que le 44e avait 462 hommes ; pourquoi n'en enverriez-vous pas 300 hommes ...
Je suppose que si vous ne les avez pas fait partir, c'est qu'ils n'étaient pas habillés. Mais moyennant l'autorisation que je vous ai donnée de les envoyer non habillés dans les régiments provisoires et de garnison, je pense que vous les avez mis en route ...
Je vois que de Wesel vous pourriez faire partir :
du 95e 300 ...
Je suppose donc que tout cela sera parti ; si ce ne l'était pas, faites-le parti sans délai ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15379).
Aux approches de la belle saison, Napoléon s'occupe de faire sortir ses troupes de leurs cantonnements, pour les camper, système qui, en les installant plus sainement, permet de les tenir rassemblées et de les exercer plus facilement, au grand avantage de l'instruction et de la discipline. Il devient aussi plus aisé de les nourrir. En outre, une armée campée n'a pas besoin de s'éclairer aussi loin que si elle était disséminée dans des cantonnements, et l'on peut ainsi éviter la guerre de postes avec les troupes légères de l'ennemi. Mais ne voulant point placer son armée en cordon, l'Empereur arrête qu'elle campera par Division. Il fait reconnaître le pays et désigne les emplacements des différents camps. Le 10 mai, le Prince de Ponte-Corvo reçoit l'ordre d'établir son Corps d'armée par Division, ainsi qu'il suit :
Division Villatte.
Les 94e et 95e de Ligne campés en avant de Carwinden (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 546).
Le 16 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez l'ordre que le 8e régiment provisoire soit dissous. Le détachement du 22e de ligne se rendra au corps du maréchal Soult, celui du 65e et celui du 21e de ligne au corps du maréchal Davout. Les détachements des 8e de ligne, 27e légère, 45e, 54e, 94e et 95e de ligne formeront un bataillon qui restera sous les ordres du meilleur chef de bataillon sous le titre de bataillon provisoire du 8e, et partira demain pour se rendre à Elbing où il restera jusqu'à nouvel ordre. Vous ferez connaître au général Moulin que je lui envoie ce bataillon composé de détachements appartenant au 1er corps, et composé de près de 700 hommes pour ne point laisser Elbing sans infanterie" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1121 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15634).
Le 19 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez ordre à Elbing que le bataillon du 8e régiment provisoire qui est composé de détachements des 8e, 45e, 54e, 94e, 95e de ligne et 27e légère, soit dissous, et que les détachements rejoignent leurs corps respectifs qui font partie du 1er corps"(Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1132 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15656).
Composition du 1er Corps du Maréchal Bernadotte (puis Victor) au 30 mai 1807 :
1ère Division Général Dupont, 9e léger, 24e (3 Bataillons), 32e et 96e de ligne, 9 Bataillons, 6845 hommes
2e Division Lapisse : 16e Léger, 45e, 8e et 54e de Ligne, 8 Bataillons, 5971 hommes.
3e division Vilatte : 27e Léger, 63e, 94e et 95e de ligne, 8 Bataillons, 5489 hommes.
Artillerie, Génie et Gendarmerie : 36 pièces, 1678 hommes
Cavalerie légère, Général Beaumont : 2e et 4e Hussards, 5e Chasseurs, 9 Escadrons, 1236 hommes
4e Division de Dragons, Général Lahoussaye (puis Sahuc) : 17e, 27e, 18e, et 19e Régiments, 12 Escadrons, 1840 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).
Au 5 juin 1807, la situation du 1er Corps de la Grande Armée est la suivante :
... 3e Division : Général Villatte. Quartier général à Garwinden.
27e Régiment d'infanterie légère. 1600 hommes.
63e Régiment d'infanterie de Ligne. 1420 »
94e Régiment d’infanterie de Ligne. 1612 »
95e Régiment d'infanterie de Ligne. 1740 »
Total 6372 ... (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 548).
Les Russes tentent une diversion à gauche de Spanden. En se portant sur ce point, vers onze heures, le Maréchal Bernadotte est blessé d'une balle au cou, mais il ne veut pas s'éloigner, et malgré la douleur qu'il éprouve, il conserve le commandement des troupes jusqu'à la fin de l'action. L'ennemi est repoussé par un détachement du 95e aidé de quelques pièces d'artillerie, sous les ordres du Général Gérard. Le 17e de Dragons passe la rivière et poursuit l'ennemi jusqu'à Wusen (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 550).
Lorsque l'engagement est tout à fait terminé, le Prince de Ponte-Corvo en rend compte au Major Général par le rapport suivant : "Au Quartier Général à Schlobitten, le 5 juin 1807, 6 heures du soir.
A S. A. S. le Prince de Neufchâtel et Valangin Major Général.
Prince, le succès que j'ai eu l'honneur de vous annoncer par ma lettre de ce jour écrite à midy, a été complet, et les Russes qui ont cherché à escalader la tête de pont de Spanden, ont été mis dans une déroute parfaite, après avoir laissé 300 morts au pied de nos retranchements, et une centaine de blessés qu'il n'a pas eu le temps d'emporter.
Cinq régiments d'infanterie russe, sous les ordres du Général Warneck, se sont présentés pour monter à l'assaut. Le Général Frère a fait alors cesser le feu de l'artillerie de la tête de pont, et il a ordonné au 27e régiment d'infanterie légère de se cacher derrière les parapets. L'ennemi a cru que nous nous retirions et que le peu de monde qui restait dans les retranchements n'était pas disposé à faire une grande résistance. Dans cette idée, il s'est précipité sur les abatis et déjà il commençait à les franchir, lorsque des décharges de mitraille et de mousqueterie à quinze pas de distance, lui ont fait voir que cette conquête n'était pas facile. Les Russes ont soutenu un moment leur premier effort, mais, à la fin, déconcertés par le grand nombre des leurs qui tombait sans cesse, ils ont fait demi-tour à droite et pris la fuite en grande hâte. Leur cavalerie, forte de plus de 3000 chevaux, et les nouvelles colonnes qui arrivaient à son secours, se sont avancées pour protéger la retraite des cinq régiments et celle de l'artillerie ; cela nous a empêchés de les suivre loin de nos retranchements.
J'avais ordonné au général Lahoussaye de faire passer la Passarge au 17e régiment de Dragons, aussitôt qu'il verrait l'ennemi se retirer. Ce régiment a très bien exécuté ce mouvement et malgré son infériorité en nombre, il a suivi l'ennemi jusqu'au delà de Wubsen, sur la route de Meblsack. Ce village a été trouvé rempli de deux cents blessés abandonnés.
Les troupes russes et prussiennes qui nous ont attaqués, étaient sous les ordres du général prussien Diercke. Le régiment russe Soleski est le premier qui s'est présenté pour monter à l'assaut ; son colonel, nommé Gernir, est du nombre des blessés restés en notre pouvoir.
Je ne saurais trop, M. le Duc, vous faire l'éloge des troupes qui ont agi dans cette glorieuse affaire. Le 27e régiment d'infanterie légère, les grenadiers et voltigeurs du 63e se sont particulièrement distingués.
Le général Frère et le colonel Lacoste ont puissamment contribué au succès par leur énergie et leur bonne contenance dans la redoute.
Le général Villatte a déployé beaucoup de talent et d'activité dans la manière de disposer les troupes et d'en imposer à l'ennemi, en lui montrant des forces partout où il se présentait pour passer la rivière. C'est particulièrement à gauche de Spanden et au bois près duquel j'ai été blessé, que l'ennemi a essayé cette diversion, mais quatre à cinq cents hommes du 95e régiment et quelque artillerie, conduite par le général Gérard, ont rendu sa tentative inutile.
Je recommande particulièrement à Votre Altesse et aux bontés de Sa Majesté le Général Maison, Chef de l’Etat-Major ; il s'est toujours trouvé, pendant l'action, sur les points les plus périlleux, et lorsque j'ai été obligé momentanément d'entrer dans une maison pour faire panser ma blessure, je lui ai fait connaître mes dispositions, qu'il a fait exécuter avec une intelligence et un zèle au-dessus de tout éloge. Il est de mon devoir de vous faire connaître la brillante conduite de cet estimable officier, mais je vous avoue, M. le Duc, que je paye un tribut bien doux à l'amitié, en lui rendant ici justice.
Je ne connais pas encore le nombre de nos blessés, mais je sais qu'heureusement il n'est pas considérable.
Le général Dupont n'a pas été attaqué.
Les médecins m'ayant déclaré ce soir, après la levée du premier appareil, qu'il y a à craindre une inflammation et qu'il est nécessaire que je prenne quelque repos pour éviter les accidents, j'ai écrit au général Dupont de venir prendre le commandement du Corps d'armée, et j'envoie à Braunsberg le général de division Lapisse pour le remplacer momentanément" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 552).
Le 95e combat à Deppen le 5 juin, à Friedland le 14 (au sein de la Brigade Girard).
/ 1807, Formation du Corps d'Observation des Côtes de l'Océan
L’autre grande affaire pour l’Empereur après Tilsitt, c’est le Portugal et l’Espagne où il envoie des troupes, en général des Régiments provisoires, dans des Corps d’Observation formés de divers détachements, pour contrôler discrètement les places fortes du Royaume bourbonien, alors notre allié, et lancer la conquête du Portugal.
Le Corps d’Observation des Côtes de l’Océan est placé sous les ordres de Moncey. En octobre 1807, le 95e est destiné à rejoindre l’Armée des Côtes de l’Océan, puis l’Espagne. Le Corps doit comprendre le 6e Régiment provisoire d’infanterie formé de détachements des 27e, 70e, 95e, 111e de Ligne.
Le 11 novembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke Clarke, le corps d'observation des côtes de l'Océan ne sera réuni à Metz, Nancy et Sedan, tout entier, que vers le 25 novembre ; cela ne peut point cadrer avec mes projets. Voici donc les mesures que mon intention est que vous preniez sans délai.
Faites préparer à Metz et sur toute la route de Metz à Bordeaux, des voitures en nombre suffisant pour porter mille hommes par convoi ; et vous ferez ainsi aller en poste, par un mouvement continu, les troupes qui seront arrivées à Metz le 15 et le 16 novembre.
Le 15 novembre, à cinq heures du matin, les premiers 1,000 hommes ... partiront sur ces voitures et continueront leur mouvement sur Bordeaux, de manière à y être rendus, si c'est possible, le 25 ou le 26 novembre.
Six heures après, le second convoi, compose des deux compagnies du 24e, de deux du 44e et des deux du 63e, suivra et prendra les mêmes relais ...
Une autre route sera tracée de Nancy à Bordeaux, une troisième sera tracée de Sedan ; mais de manière que les trois routes ne se rencontrent pas.
De Nancy, de Sedan comme de Metz, le premier convoi partira le 15, en sorte que 10,000 hommes de ce corps soient arrivés à Bordeaux avant la fin de novembre ; les secondes compagnies de tous ces régiments, qui n'arriveront que du 20 au 25 novembre, partiront de même pour aller rejoindre les premières et de manière à arriver du 5 au 10 décembre.
Quant aux quatre compagnies du 17e d'infanterie légère, qui arrivent toutes ensemble, à celles du 34e de ligne, à celles du 51e de ligne, à celles du 61e, à celles du 94e, à celles du 95e, à celles du 28e d'infanterie légère, à celles du 25e d'infanterie légère, à celles du 105e de ligne, à celles du 14e de ligne, à celles du 85e, à celles du 3e, à celles du 21e, à celles du 33e, formant quatorze bataillons, chacun de 600 hommes, c'est-à-dire de 7 à 8,000 hommes, ils continueront leur route sans s'arrêter jusqu'à Orléans, en marche ordinaire, et ils seront formés à Orléans ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13344 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16760).
Le 24 février 1808, le Major Degromety, du 95e de Ligne, est à la tête du 6e Régiment provisoire (4 Bataillons de 4 Compagnies, 1819 hommes dont 406 à l'hôpital), Brigade Lefranc, 2e Division Gobert Corps d'Observation des côtes de l'Océan (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 75).
Le 3 juillet 1808, la Division Gobert présente l'organisation suivante :
Division Gobert; Brigade Lefranc, 5e Régiment provisoire, à Cuenca 1741 hommes; 6e Régiment provisoire, en route, 1492 hommes, commandés par le Major Degromety, du 95e de Ligne : 1er Bataillon, 4es compagnies du 76e ; 2e Bataillon, 4es Compagnies du 27e ; 3e Bataillon, 4es Compagnies du 111e ; 4e Bataillon, 4es compagnies du 95e. Il n'y a que 2 Chefs de Bataillon, Blondel et Nied (Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 329).
Le 1er Bataillon demeure dans la péninsule jusqu’à la bataille de Vittoria à laquelle il prend part ; les 2ème et 3ème Bataillons vont rejoindre en 1813 la Grande Armée à Cologne et terminent leur carrière au siège de Danzig. Donc, en principe, le 95ème de ligne n’a jamais séjourné en France, il n’a fait que traverser rapidement le pays pour se rendre en Espagne.
/ 1808, formation de la Division de Réserve à Orléans
Le 12 janvier 1808, l'ordre suivant est promulgué : "L'Empereur a ordonné la formation d'une division de réserve d'infanterie qui sera réunie à Orléans le 1er février 1808.
Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires et chaque régiment de trois bataillons. La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires, la 2e brigade sera composée des 15e et 16e régiments provisoires, la 3e brigade sera composée des 17e et 18e régiments provisoires ...
... Les trois bataillons du 15e régiment provisoire doivent être composés de quatre compagnies chacun, tirées des 39e 40e, 45e, 54e, 57e, 61e, 63e, 76e, 85e, 88e, 94e et 95e régiments de ligne ...
Le général de division Verdier commandera cette division de réserve, le général Schramm y sera employé" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1511).
Toujours le 12 janvier 1808, un deuxième ordre est promulgué, portant sur la composition de la Division de Réserve d'infanterie qui se réunit à Orléans : "Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires, chaque régiment de trois bataillons, chaque bataillon de quatre compagnies, chaque compagnie de 150 hommes, total 10.800 hommes.
La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires, la 2e, des 15e et 16e, la 3e des 17e et 18e.
... Le 15e régiment provisoire sera composé, savoir :
... 3e bataillon : d'une compagnie de 150 hommes du 85e régiment de ligne, d'une du 88e, d'une du 94e et d'une du 95e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1514).
Le même 12 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous donnerez les ordres pour la formation d'une division qui portera le titre de division de réserve, et qui se réunira à Orléans. Cette division sera composée conformément au tableau ci-joint ... Vous donnerez l'ordre qu'avant de faire partir les compagnies qui doivent former la division de réserve d'Orléans on complète tout ce que les corps doivent fournir aux douze régiments provisoires du corps d'observation des côtes de l'Océan. Le général de division Verdier commandera cette division de réserve. Le général Schramm y sera employé
P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et elle se mettra en marche au 1er février. Vous aurez soin de lui faire fournir des capotes et de veiller à ce que les hommes soient bien habillés.
COMPOSITION DE LA RÉSERVE D'INFANTERIE QUI SE RÉUNIT À ORLÉANS
Cette division sera composée de trois brigades ; chaque brigade de deux régiments provisoires ; chaque régiment de trois bataillons ; chaque bataillon de quatre compagnies ; chaque compagnie de 150 hommes : total 10 800 hommes.
... la 2e brigade 15e et 16e ...
Le 15e régiment provisoire sera composé : ... 3e bataillon
une compagnie de 150 hommes du 85e régiment de ligne
une du 88e régiment de ligne
une du 94e régiment de ligne
et une du 95e régiment de ligne ...
Le 16e régiment provisoire sera composé :
... 3e bataillon
4 compagnies de 150 hommes du 85e régiment de ligne
une du 88e régiment de ligne
une du 94e régiment de ligne
une du 95e régiment de ligne
Nota : le 3e bataillon de ce régiment qui est à Boulogne fera sur-le-champ partie de ces 4 compagnies ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 16987).
/ 1808, en France
Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts. Je conçois que les conscrits ont été dirigés sur les nouveaux dépôts ... Le 17e a son nouveau dépôt à Lille et l'ancien à Boulogne. Je pense qu'il serait convenable d’en faire de même, et qu'ainsi de suite il faudrait diriger les magasins ... du 95e de Sedan sur Thionville ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’administration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin.
Il serait possible que le reflux d'un si grand nombre de dépôts dans l'intérieur diminuât beaucoup l'armée de Boulogne. Mon intention est donc que tous les soldats disponibles y restent et que les officiers se rendent aux dépôts avec les cadres des compagnies de sorte que s'il y a à Boulogne 150 soldats dans le cas de se battre qui en conséquence de ces arrangements quitteraient Boulogne, le général Saint-Cyr gardera un des cadres des 4 compagnies avec ces hommes" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).
/ 1808, Grande Armée
Le 22 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous devez avoir reçu mon décret pour la nouvelle organisation de l'armée. Je me suis hâté de vous l'envoyer, ainsi que les différents tableaux, afin que vous puissiez donner tous les ordres préparatoires. Mon intention est cependant qu'aucun dépôt ne se mette en marche pour sa nouvelle destination, et qu'aucun embrigadement ne soit fait qu'en conséquence d'une instruction que vous donnerez aux généraux chargés de ce travail, et qui, avant d'être expédiée, sera mise sous mes yeux. Voici quelles sont mes vues ; je vous les fais connaître afin que cela vous serve pour la rédaction de cette instruction.
1er Corps de la Grande Armée. — Quant au 1er corps, les 8e et 32e de ligne, les 45e, 54e, 63e, 94e, 95e et 96e ... garderont tout leur monde ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 171260).
Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ... ANNEXE :
... 1er corps
... 95e id. 100 000 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).
A Saint-Cloud, le 1er avril 1808, "Le maréchal Berthier rend compte : 1° d'une demande du major du 19e régiment de chasseurs tendant à renvoyer au dépôt, à Plaisance, les officiers et sous-officiers du 4e escadron qui se trouvent aux escadrons de guerre ; 2° d'une demande du colonel du 95e régiment, à l'effet d'être autorisé à r'envoyer au dépôt, en France, trois officiers appartenant au 3e bataillon. Ces deux demandes sont motivées par la nécessité d'avoir aux dépôts suffisamment d'officiers et de sous-officiers pour l'instruction des recrues"; "Approuvé", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1778).
Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; il écrit :"3° NOTE
1er régiment de marche : deux bataillons à Wesel (deux bataillons) 1860 ...
Réunir cette division à Magdeburg.
4° GRANDE ARMÉE.
PROJET DE FORMATION DE RÉGMENT DE MARCHE.
Infanterie.
1er régiment de marche. 1.860 ...
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Il sera formé six régiments de marche de la Grande Armée ; ils seront organisés conformément au tableau ci-annexé.
Art. 2. Toutes les troupes qui doivent composer ces régiments seront bien habillées, bien armées, enfm mises en bon état et prêtes à partir de leur garnison le 1er août prochain.
Art. 3. Le 1er régiment de marche se réunira à Hanau ...
Art. 4. Nos ministres de la guerre, de l'administration de la guerre et du Trésor public, sont chargés de l'exécution du présent décret.
5° 1er RÉGIMENT DE MARCHE OU RÉGIMENT DE MARCHE DU 1er CORPS ...
2e bataillon (6 compagnies).
Trois compagnies, chacune de 140 hommes, Wesel, du 94e de ligne. 420
Deux compagnies, chacune de 140 hommes, Cologne, du 95e de ligne. 280
Une compagnie de 180 hommes, Thionville, du 96e de ligne. 180
Une compagnie de 140 hommes, Longwy, du 9e d'infanterie légère. 140
Total 1020.
Réunir ce régiment à Wesel ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée, en raison de la lettre adressée le même jour à Clarke).
/ 1808, Espagne
Le 1er janvier 1808, le Régiment a, au sein de cette Armée, 395 hommes, affectés au 6ème Régiment provisoire (commandé par le Major Degromety) de la 3ème Brigade Lefranc, 2ème Division Gobert. Ces hommes sont à Bayonne le 30 janvier. Ils ont participé à la Bataille de Baylen le 12 juillet 1808.
Le 6 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il sera formé trois brigades composées de régiments de marche, sous les ordres du maréchal Kellermann. La 1re brigade se réunira à Wesel, la 2e à Mayence et la 3e à Strasbourg. La 1re brigade sera composée du 1er et du 5e régiment de marche. Le 1er régiment de marche sera composé de détachements d'hommes nécessaires pour compléter les régiments d'infanterie du 1er corps de la Grande Armée : le 5e régiment de marche, des détachements nécessaires pour compléter le 5e corps de la Grande Armée.
Le 1er régiment de marche sera composé de deux bataillons :
2e bataillon : 2 compagnies de 140 hommes chacune du 94e de ligne
2 compagnies de « « du 95e
1 compagnie du 96e
et 1 compagnie du 9e léger ...
Chacun de ces régiments sera commandé par un major, et chaque bataillon par un chef de bataillon. Cette brigade forte de 3 à 3 500 hommes sera formée sans délai, et sera composée d'hommes bien habillés et bien équipés. Le maréchal Kellermann proposera un général de brigade pour la commander, et la tiendra prête à se porter partout où elle serait nécessaire ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2077 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18486).
Par la suite, le Régiment est intégré au sein du 1er Corps de l’Armée d’Espagne, commandé par le Maréchal Victor, Division Villatte, Brigade Puthod. Le 95ème est donné comme ayant participé au combat de Durango le 31 octobre 1808, puis à la bataille d’Espinossa le 10 novembre. Au 15 novembre, il aligne 47 officiers et 1428 hommes, mais il y a aussi 12 officiers et 198 hommes détachés, et 5 officiers et 841 hommes aux hôpitaux.
Le 17 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Burgos, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin ... Les détachements de 36 hommes du 24e, de 28 hommes du 63e rejoindront le corps du maréchal Lefebvre à son passage, ainsi que le détachement de 38 hommes du 95e. Les 45 hommes du 111e seront incorporés dans le 95e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2465 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19288).
Au 1er décembre 1808, la situation est la suivante : Etat major 10 officiers et 16 hommes; 1er Bataillon (Bonnet) 15 officiers, 522 hommes ; 2ème Bataillon (Larché) 14 officiers, 591 hommes ; 3ème Bataillon (Henry) 12 officiers, 491 hommes.
Le 2 décembre 1808, le 95ème est aux avants postes devant Madrid.
Le 11 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Chamartin, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, demain à 7 heures du matin, un général attaché à l'état-major passera la revue des compagnies de marche du 1er corps qui sont au Retiro, appartenant aux divisions Villatte et Ruffin, c'est-à-dire aux 94e, 95e, 27e léger, 96e, 9e léger et 24e de ligne. Il s’assurera que ces hommes ont une paire de souliers dans le sac, une aux pieds, du pain pour deux jours, qu'ils ont tous leur baïonnette et leurs cinquante cartouches. A cet effet, donnez ordre au commandant que demain avant 8 heures, il leur fasse prendre le pain pour deux jours ; et s'il ne leur manque rien, ils seront dirigés sur Tolède. Ils prendront l'ordre du général Beaumont qui est sur la route de Tolède, pour couvrir et protéger au besoin le mouvement de cette colonne qui ne sera guère que de 800 hommes.
S’il est des individus qui n'aient pas une paire de souliers dans le sac, on leur en fera donner jusqu’à concurrence de 400 paires" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2551; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19484).
Le 15, le 95e aligne 51 Officiers et 1363 hommes ; 8 Officiers et 353 hommes sont détachés, et 10 Officiers et 843 hommes sont aux hôpitaux.
/ Formation d'une Réserve puis en Mars 1809, mobilisation des Compagnies de Chasseurs des 5es Bataillons des Régiments d’infanterie légère; Corps d'Oudinot (1808-1809)
Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "... 2° Le corps du général Oudinot sera composé de trente-six bataillons des régiments ci-après, savoir des 4e, 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e et 28e d'infanterie légère ; des 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e, 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e et 94e de ligne, et des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e de ligne.
Les bataillons des tirailleurs corses et des tirailleurs du Pô y seront joints, ce qui en portera le nombre à 36.
Chaque bataillon sera réuni, enfin, à six compagnies et à 840 hommes.
Tous les hommes sortant des hôpitaux et appartenant aux régiments de marche formés en France resteront à la suite des compagnies de grenadiers et voltigeurs du corps d'Oudinot, et, lorsque les quatre compagnies de fusiliers seront arrivées, elles seront incorporées dans ces compagnies.
3° Aussitôt que deux compagnies de ces 4es bataillons seront complétées au dépôt à 140 hommes chacune, le ministre de la guerre nous en rendra compte, pour que nous donnions l'ordre de les faire rejoindre avec les chefs des bataillons et adjudants-majors.
Au 10 janvier, le ministre de la guerre nous fera connaître ceux de ces 4es bataillons qui peuvent fournir deux compagnies de 140. Les deux autres compagnies auront joint avant le 20 février, de manière qu'à cette époque chaque régiment de l'armée du Rhin ait ses quatre bataillons de six compagnies chacun et d'un effectif de 3.360 hommes, et que le corps présentera trente-six bataillons ou 30.000 hommes.
4° Ce corps sera partagé en trois divisions de douze bataillons chacune.
Les bataillons seront embrigadés sous le nom de demi-brigades d'infanterie, dont quatre d'infanterie légère et huit d'infanterie de ligne, commandées par les majors ...
La 1re demi-brigade d'infanterie de ligne sera composée des 4es bataillons des 8e, 24e et 25e ...
La 2e des bataillons des 94e, 95e et 96e ...
La 2e division sera composée de la 2e demi-brigade d’infanterie légère et des 4e, 5e et 6e d'infanterie de ligne ...
5° Aucun mouvement ne se fait par le ministre de la guerre, qu'il ne m'en ait présenté le projet et qu'il n'ait eu mon approbation" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).
Le 5 décembre 1808 encore, l'Empereur écrit, depuis Chamartin, au Général Lacuée, Directeur des Revues et de la Conscription militaire, à Paris : "Mon intention est de renvoyer les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 4es bataillons des régiments qui font partie de l'armée du Rhin à leurs régiments, pour former le cadre des 4es bataillons, et d'augmenter insensiblement ces 4es bataillons des quatre autres compagnies, de manière que l'armée du Rhin, qui est composée de vingt et un régiments, le soit de quatre-vingt-quatre bataillons ; ce qui, avec les huit bataillons qui forment le corps des villes hanséatiques, fera quatre vingt-douze bataillons, ou un effectif de près de 78,000 hommes, et, avec la cavalerie et l'artillerie, près de 110,000 hommes. Le corps d'Oudinot ne serait plus alors composé que des compagnies de grenadiers et voltigeurs des régiments ci-après, savoir : 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e, 28e d'infanterie légère ; 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e. 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e, 94e d'infanterie de ligne. Mon intention serait que les compagnies restant des 4es bataillons de ces corps y fussent réunies ; ce qui compléterait vingt-huit bataillons. J'y joindrais les 4es bataillons des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e ; ce qui porterait ce corps à trente-quatre bataillons, qui, à 840 hommes chacun, feraient près de 30,000 hommes. Pour compléter le nombre de 30,000 hommes, j'y réunirais les bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses ; j'en formerais trois divisions de douze bataillons chacune ; ce qui ferait un beau corps qui pourrait, si cela était nécessaire, renforcer l'armée du Rhin et la porter à 140,000 hommes, laissant les 4e, 46e, 18e de ligne, 24e et 26e légers, ce qui fait cinq régiments, pour la défense du port de Boulogne et de la Bretagne, et me laissant ainsi la faculté de diriger sur l'Allemagne les 4es bataillons des 48e, 13e, 108e, etc ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14535 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19446).
Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, le corps du général Oudinot, au lieu d’être partagé en trois divisions, ne le sera qu’en deux. À cet effet, la 3e demi-brigade légère et la 4e demi-brigade de ligne feront partie de la 1re division ; la 5e et la 6e demi-brigade de ligne feront partie de la 2e division. Le général Claparède commandera une de ces deux divisions. Comme il paraît que chaque corps ne pourra fournir que deux compagnies de fusiliers au grand complet, jusqu’à ce que la conscription de 1810 ait complété les cadres, chaque bataillon ne sera que de 560 hommes, chaque demi-brigade de 1 680 hommes, chaque division de 10 000 hommes, et le corps entier de 20 000 hommes. Lorsque les 5e et 6e compagnies de fusiliers pourront être envoyées, je verrai si je dois former une 3e division, ou laisser seulement le corps à deux divisions.
... Le 3e bataillon de marche sera composé des 1re et 2e compagnies de fusiliers du 94e qui est à Wesel, des 1re et 2e compagnies du 95e qui est Cologne, et des 1re et 2e compagnies du 96e qui est à Thionville ...
Ces douze bataillons de marche seront réunis du 1er au 15 mars à Strasbourg.
Vous donnerez ordre que chacune de ces compagnies soient complétées à 140 hommes.
Donnez ordre que les dépôts fournissent à chaque homme une capote et 3 paires de souliers, dont deux dans le sac et une aux pieds.
Si les dépôts ne pouvaient compléter ces compagnies, ils en enverront toujours les cadres, avec tout ce qu’ils ont de disponible, et vous ferez connaître ce qui manquerait, afin que je le fasse tirer des conscrits de ma Garde.
Vous donnerez ordre que tous les détachements de ma Garde qui doivent partir de Paris, pour porter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs au grand complet, soient prêts à partir le 15 pour se rendre à Strasbourg. Ils seront formés en bataillons de marche. Vous prescrirez aux différents commandants de ma Garde d’en passer la revue, de n’envoyer que des hommes qui sachent faire l’exercice à feu, et de les faire habiller de l’uniforme d’infanterie légère, avec les boutons des régiments où ils doivent entrer ; on me les présentera à la parade du 16, et ils partiront le 17.
J’ai donné ordre au corps du général Oudinot de se réunir à Augsbourg.
Si le général Claparède est encore à Paris, donnez-lui l’ordre de se rendre à Strasbourg186 pour y attendre ces détachements, et exécuter les ordres qui lui seront donnés. Il sera chargé de mener cette colonne.
Par ce moyen, il y aura entre Strasbourg et Augsbourg de quoi compléter les 12 brigades du corps du général Oudinot, à 12 compagnies chacune, c’est-à-dire à 20 000 hommes. Comme il y aura 12 demi-brigades, il faudra 36 chefs de bataillon et adjudants-majors. Présentez-moi la nomination de ceux qui manquent, et vous les dirigerez sur Strasbourg, pour de là rejoindre le corps. Il faudra 12 majors, le corps en a huit ; c’est quatre à envoyer. Il faut 6 généraux de brigade ; faites-moi connaître ceux qu’il faudrait envoyer.
Il faut à chaque division 18 pièces de canon, c’est-à-dire 36 pour les 2 divisions. Le corps en a 18 ; faites-moi connaître la situation du parc de l’armée du Rhin, et s’il peut fournir les 18 autres pièces.
Ainsi, à la fin de mars, j’aurai au corps du général Oudinot 20 000 hommes, 36 pièces de canon avec caissons et double approvisionnement, un général de brigade d’artillerie, deux compagnies de sapeurs, une compagnie de pontonniers, un colonel du génie, trois officiers du génie, 6 000 outils attelés, 40 caissons d’infanterie, 20 par division, la division de cuirassiers Espagne, et la brigade de cavalerie légère composée de 3 régiments que j’ai attachés à ce corps. Ce qui fera un corps de près de 30 000 hommes.
Il faut qu’il y ait un commissaire des guerres par division, et deux adjoints, et les chefs de service nécessaires. L’armée du Rhin a en personnel de quoi organiser tout cela ..." (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2767 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20016).
Le 27 février 1809, 280 hommes du 95ème de Ligne (en fait, deux compagnies tirées du 4ème Bataillon, en dépôt à Cologne) ont été désignés pour faire partie du Corps du Général Oudinot, et doivent être rendus à Strasbourg le 14 mars. Ils sont intégrés au sein du 3ème Bataillon de marche du Corps d’Oudinot.
Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
1
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2
... 8e régiment provisoire :
Le 8e régiment provisoire sera composé de 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 8e de ligne, 21e, 94e, 95e, 39e, 85e. Il se réunira à Wesel ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).
Le 8 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 6 avec l'état qui y est joint. Je vois que la force des 12 bataillons de marche du corps du général Oudinot est de 6 300 hommes et qu'il manque 3 000 hommes pour les compléter. Ces 3 000 hommes seront fournis par ma Garde. J'ai déjà donné une destination aux premiers 600 hommes qui se sont trouvés prêts. Donnez ordre que les 1600 hommes qui vont être disponibles après ceux-là soient habillés de l'uniforme des régiments ci-après, dans lesquels ils seront incorporés, savoir :
... pour les 2 compagnies du 95e de ligne 100 hommes ...
Les détachements de ma Garde partiront habillés. Vous enverrez à cet effet au conseil d'administration les numéros de régiments où ils doivent être incorporés, afin qu'on fasse faire leur uniforme, et qu'on y mette les boutons de ces régiments. Par ce moyen, le corps du général Oudinot recevra un renfort de 8300 hommes, et il manquera peu de choses à son complet, en présents sous les armes. Quand le corps du général d'Oudinot aura reçu ces 8000 hommes, vous me ferez connaître ce qui pourrait manquer au complet des compagnies, et s'il y a moyen de le tirer de quelques dépôts, où se trouveraient des conscrits des 4 années antérieures à 1810" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2899; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20291).
Situation de la Division Oudinot au 9 mars 1809 (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20309) :
Divisions |
Brigades |
1/2 Brigades |
Bataillons |
Présents |
Détachements tirés des conscrits de la Garde |
Compagnies de fusiliers formant les 12 premières compagnies de marche |
Détachement formant le 13e bataillon de marche |
Totaux
|
Manque au complet de 560 par brigade |
Excédent sur le complet |
||
Par bataillon
|
Par 1/2 brigade
|
|||||||||||
1ère division général Claparède |
2e brigade le général |
2e ½ brigade d’infanterie de ligne Major Coquereau | 94e de ligne |
281 |
4 |
64 |
154 104 60 |
499 511 441 |
1451 |
61 |
|
Le 31 mars 1809, l'Empereur adresse, depuis Paris, une nouvelle lettre au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le Général Clarke, je réponds à votre lettre du 30 mars sur la formation des demi-brigades de réserve ...
Pour la 9e demi-brigade, vous chargerez le général Mathieu-Dumas de donner lui-même les ordres pour sa formation. Aussitôt que les 8e, 21e, 94e, 95e, 39e et 85e auront fourni ce qui leur a été demandé pour compléter leurs bataillons à l'armée du Rhin, ces régiments formeront cette 9e demi-brigade en réunissant à Wesel deux compagnies chacun, et, aussitôt qu'ils le pourront, ils fourniront la 3e. Le colonel en second qui s'y rendra aura l'autorisation d'aller lui-même dans les dépôts, et il ne fera partir les hommes que bien habillés, bien armés, ayant leurs livrets en règle, etc. ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14979 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20647).
Le 15 avril 1809, tous les hommes du 4ème Bataillon du 95ème sont intégrés au sein de la 1ère Division du Corps d’Oudinot, sous le commandement du Général Tharreau, Brigade Albert, 2ème Demi-Brigade de Ligne. L’effectif du Bataillon est de 11 officiers et 420 hommes.
Le 22 mai 1809, le 95ème est de ce fait présent à la bataille d’Essling, où il a le Chef de Bataillon Meylier blessé.
Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 95e de Ligne, l'Empereur ordonne : "... Les 1500 hommes des conscrits des 4 années destinés pour la cavalerie, et les 1500 hommes des mêmes années destinés pour l'artillerie formant 3000 hommes seront employés à renforcer le corps d'Oudinot. Les trois régiments des côtes de La Rochelle fourniront trois autres mille hommes qui auront la même destination ; ce qui renforcera de 6000 hommes le corps d'Oudinot conformément à l'état A ..."; la répartition qui suit indique que 1500 hommes seront dirigés sur le Dépôt du 82e de Ligne, tandis que le Dépôt de ce Régiment devra envoyer 200 hommes au 95e de ligne. Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 9e Demi-brigade provisoire : 8e de ligne 150; 21e id. 160; 94e id. 110; 95e id. 120; 39e id 70; 85e id. 200; au total elle doit recevoir 790 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).
Il combat également à Wagram le 6 juillet. Le Chef de Bataillon Meylier y est blessé pour la seconde fois.
A Schönbrunn, le 15 juillet 1809, "On propose à Sa Majesté d'accorder aux 33e, 40e, 63e et 95e régiments de ligne, comme acompte sur les secours que nécessite l'insuffisance des revues d'habillement, une décharge des débets respectifs de ces corps envers le Trésor public pour trop-perçu sur la solde des années VIII et IX. Ces débets s'élèvent à 95.654 fr. 65"; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3310 - Extraite du « Travail du ministre directeur de l'administration de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 21 juin 1809 »).
Le 25 septembre 1809 encore, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint l'idée d'un rapport pour justifier la levée des 36 000 conscrits que je viens d'ordonner. Vous trouverez également la répartition de ces 36 000 conscrits. Ajoutez à votre rapport une considération sur la grande quantité de conscrits qui restent sur les années passées, écrivez-en même le nombre s'il en reste effectivement 500 000, dites qu'il y en a 800 000. Il est nécessaire que cette phrase soit bien frappée, parce qu'elle fera une grande influence sur l'étranger.
Napoléon
Décret « de distribution » répartissant les 36 000 conscrits par place forte ou régions militaires
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1er
La distribution des 36 000 conscrits levés en vertu du sénatus-consulte du […] octobre, sera fait ainsi qu’il suit :
... Seront dirigés sur différents dépôts, savoir :
200 au 95e id. ...
Relevé de la distribution des 36 000 conscrits suivant l’ordre numérique des régiments employés à l’armée d’Espagne :
... Infanterie de ligne
... 95e à son dépôt 200 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22176).
/ 1809, en Espagne
Le Maréchal Victor n'a aucune nouvelle de l'armée espagnole ; son intention est de diriger ses troupes partie sur Huete et partie sur Carascosa, lorsque, le 13 au matin, la Division Villate se trouve inopinément en présence des troupes de Vénégas. Quoiqu'il n'ait avec lui qu'une partie de son Corps, le Maréchal ne veut pas différer l'attaque. Le 27e Régiment d'infanterie légère se porte en avant, enlève en un instant une colline escarpée, clef de la position de l’ennemi, et jette le désordre et la terreur parmi les Espagnols, tandis que le 63e prend d'assaut la ville et le couvent, faisant main-basse sur tout ce qui s'y est renfermé, sans épargner les moines, qui ont pris les armes et s'y défendent avec une grande obstination. Les 94e et 95e, manœuvrant sur la gauche de l'ennemi, en rejettent une partie sur la Division Ruffin qui erre depuis quelque temps, et se trouve par hasard alors en arrière d'Uclès. La cavalerie espagnole et les débris de l'infanterie prennent en désordre la direction de Cuenca, les cinq bouches à feu restent au pouvoir du 1er Corps, qui s'empare aussi de vingt drapeaux et tue 4 à 5 mille hommes. Les bulletins portent à 10 mille le nombre des prisonniers. Toutefois, voici ce que le Maréchal Jourdan écrit au Major général quelques jours après (le 20 janvier) :
"J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que la colonne des prisonniers faits à Uclès est arrivée aujourd'hui à Madrid. Elle se compose de 4 généraux, 17 colonels, 16 lieutenants-colonels, 290 officiers, et 5,460 sous-officiers et soldats. J'ai demandé l'état nominatif des officiers et l'état des sous-officiers et soldats par régiment : lorsqu'ils me seront parvenus, j'aurai l'honneur de les adresser à Votre Altesse" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 5, p. 230).
Le 15 mars 1809, le Régiment en Espagne aligne les effectifs suivants : Etat major 12 officiers et 15 hommes; 1er Bataillon (Dubois) 15 officiers, 469 hommes ; 2ème Bataillon (Larché) 16 officiers, 470 hommes ; 3ème Bataillon (Henry) 15 officiers, 462 hommes.
Le 95ème participe au combat de San Benito, près de Médellin, le 29 mars 1809.
/ 1810, en France
Le 17 juillet 1810, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Les dépôts du 94e, du 95e et du 96e qui sont à Wesel, à Cologne et à Thionville enverront à Brest à leurs 4es bataillons de pareils détachements, ce qui portera les 11 bataillons qui composaient la division Tharreau à 9 000 hommes effectifs et à 8 000 hommes présents. Par ce moyen la Bretagne sera suffisamment gardée ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4404 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24040).
/ 1810, en Espagne
En 1810, le 95ème participe au combat de Ximenia (Andalousie) le 1er mars ; il est encore des combats devant Cadix en février et le 16 mars. Ce jour là, au sein de la Brigade Lefol, il aligne les effectifs suivants : Etat major 12 officiers et 12 hommes; 1er Bataillon (Dubois) 14 officiers, 489 hommes; 2ème Bataillon (Larché) 15 officiers, 503 hommes; 3ème Bataillon (Henry) 14 officiers, 496 hommes.
Il combat aussi contre les guérilleros en mai 1810.
Le Régiment assiège ensuite la ville en juillet et août. Le 15 août 1810, le 4ème Bataillon du Régiment (Chef de Bataillon Meylier) est intégré au sein du IXème Corps d’Espagne, Division Conroux, 2ème Brigade, 2ème Demie Brigade de Ligne. Il aligne 21 officiers et 536 hommes.
Le 19 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je désire que vous formiez plusieurs bataillons de marche pour 1'Espagne et le Portugal.
... Le 7e bataillon de marche (ou bataillon de l'armée du Midi) se composera de 100 hommes du 16e de ligne ; 100 du 21e ; 100 du 27e ; 100 du 54e ; 100 du 63e ; 100 du 95e ; 400 du 24e ; 1000 hommes. Ce bataillon se réunira à Limoges ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24356).
Le 16 octobre, les Bataillons de la Brigade Lefol alignent les effectifs suivants : Etat major 10 officiers et 17 hommes; 1er Bataillon 15 officiers, 510 hommes; 2ème Bataillon 15 officiers, 509 hommes; 3ème Bataillon 17 officiers, 498 hommes.
/ 1811, en Allemagne
Le 23 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous recevrez le décret par lequel j'ai réglé la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne. J'ai changé les éléments de cette formation. Vous verrez par l'état joint au décret que ces bataillons sont composés de trois manières :
1° Avec des conscrits fournis par les dépôts de leurs régiments.
2° Avec ce qu'on peut tirer d'anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne.
3° Avec des conscrits tirés des dépôts de l'armée d'Espagne.
J'y ai ajouté, pour chaque 6e bataillon, un détachement de 150 conscrits tirés du régiment de Walcheren.
Donnez ordre que les détachements d'anciens soldats qui se trouvent dans les dépôts des régiments se mettent en marche du 1er au 10 mai. Les cadres doivent être formés en Allemagne dans le même délai, de sorte que dès leur arrivée, ces hommes formeront de petits bataillons de 3 à 400 hommes. Ces bataillons seront ensuite complétés par la conscription, tant pour les conscrits arrivant du dépôt du régiment, que pour ceux venant des autres dépôts qui fournissent à cette incorporation.
Quant aux détachements à prendre dans l'île de Walcheren, vous donnerez les ordres suivants : la 2e compagnie de chaque 5e bataillon composée d'un capitaine, de 2 lieutenants, 2 sous-lieutenants, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal fourrier, 8 caporaux et 2 tambours, doit se mettre en marche du 1er au 10 mai pour l'île de Walcheren. À son arrivée, le général commandant dans l'île y incorporera 150 hommes choisis parmi les conscrits les plus sûrs et de la meilleure volonté. Vous aurez soin de faire envoyer d'avance au régiment de Walcheren des boutons de ces 2 régiments, afin que le changement d'uniforme des conscrits puisse être préparé sans frais.
Aussitôt que ces détachements bien habillés, bien équipés et bien armés se trouveront formés, le général commandant l'île de Walcheren les passera lui-même en revue avant leur départ. Un inspecteur aux revues en dressera les contrôles et aura soin d'y inscrire les noms, prénom et signalement, afin que si ces hommes désertent, on puisse les faire poursuivre dans leurs familles par des garnisaires. Il ne partira de l'île de Walcheren que deux détachements par semaine. Ces détachements remonteront par eau jusqu'à Willemstad et Berg-op-Zoom, d'où ils rejoindront les bataillons de guerre en traversant la Hollande. Il y aura quelques brigades de gendarmerie pour observer leur passage ...
ANNEXE
Etat indiquant les éléments de la formation des 6es bataillons des régiments de l’Armée d’Allemagne
Régiments qui forment les 6e bataillons |
Conscrits du régiment |
Supplément de 150 conscrits à tirer du régiment de Walcheren (ce supplément ne compte que pour 50 |
Suppléments à tirer d'autres régiments |
Total de ce que 6e bataillons aura |
||||||
Conscrits que le régiment reçoit et hommes disponibles |
Conscrits pour compléter les bataillons suisses |
Conscrits du 4e bataillon A |
Reste pour le 6e bat. B |
Numéros du régiment d'où on les tire |
Anciens soldats C |
Conscrits D |
Total |
|||
57e de ligne |
1400 | 400 |
800 |
200 |
50
|
Le 76e |
75 |
75 |
150 |
726 |
Le 88e |
75 |
75 |
150 |
|||||||
Le 95e |
88 |
88 |
176 |
A : Ces conscrits partiront le 1er juillet 1811 de leur dépôt pour les 6es bataillons en Allemagne.
B : Ces 1500 conscrits partiront de Walcheren par compagnie, dirigés sur le dépôt en France pour le 5e bataillon. Elles commenceront à partir le 15 mai.
C : Ces conscrits partiront dès le 10 mai pour l'Allemagne.
D : Ces conscrits partiront le 1er juin de leur dépôt" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26814".
Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, j'ai lu avec attention le projet d'organisation du corps d'observation de l'Elbe à mettre en exécution au mois d'août.
… La 5e division sera commandée par le général Compans. Cette division aura besoin de quatre généraux de brigade.
Le 15e léger n'est porté dans vos états que pour quatre bataillons, le 4e bataillon n'y étant pas porté. Même observation pour le 95e de ligne. Or, comme ces deux 4es bataillons sont arrivés d'Espagne, il faut aviser à les compléter, et alors les seize régiments formeront soixante et dix-neuf bataillons, qui, à 840 hommes chacun, feront 66,000 hommes. Il manquera pour les compléter : à la 1re division, 1,400 hommes ; à la 2e, 8oo ; à la 3e, 500 ; à la 4e, 800 ; à la 5e, 1,400 ; et enfin les deux bataillons des 15e et 25e, 1,400 ; total, 6,3oo hommes. Il faudrait que dans le courant de l'été le régiment de Walcheren fournît ces 6,300 hommes. Le bataillon de Goeree a déjà 900 hommes, celui de Schouwen 900 hommes. Mon intention est de ne rien négliger pour avoir 840 hommes présents sous les armes dans les soixante et dix-neuf bataillons du corps d'observation de l'Elbe, dans le courant de septembre prochain.
Aussitôt qu'on aura pu juger du succès de l'envoi des conscrits réfractaires dans des régiments du Nord, on continuera ces envois jusqu'à parfait complément.
Il faut que les 127e, 128e et 129e puissent fournir neuf bataillons au 1er septembre et douze au 1er janvier. Il faudra pourvoir au complétement de ces régiments par l'appel de la conscription de 1810 et par celle de 1811, l'année prochaine. Faites-moi connaître un projet pour la levée de cette conscription, de sorte que le corps d'observation de l'Elbe présente, au mois de septembre prochain, 72,000 hommes d'infanterie présents sous les armes" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17820 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27346).
/ 1811, en Espagne
Le 7 avril 1811, le Régiment donne à nouveau dans une affaire devant Cadix, puis participe encore au siège de la ville en mars et jusqu’au mois de mai.
Le 30 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les 6es bataillons de l'armée d'Allemagne ne seront pas formés avant les 4es.
Je prends donc le parti de contremander l'ordre que contient mon décret du 23 avril de tirer 1800 anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne pour servir à la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne ...
Le bataillon de marche de l'armée du Midi sera composé de :
80 hommes du 8e, 70 hommes du 88e. 170 du 28e. 90 du 95e. 60 du 34e. 70 du 96e. 60 du 40e. 70 du 100e. 80 du 43e. 60 du 63e. 60 du 45e. 60 du 64e. 60 du 54e. 100 du 32e. 80 du 75e. 80 du 58e. Total du bataillon de marche de l'armée du Midi 1250 hommes ...
Envoyez dans la journée des ordres à tous ces régiments pour que la destination de ces détachements soit changée et qu'on les dirige sur Orléans. Vous ferez connaître aux corps que ces détachements devant désormais former des régiments de marche et servir à recruter des bataillons de guerre, on ne doit plus rayer des contrôles les hommes qui les composent.
Ces 1800 hommes seront remplacés pour la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne par une augmentation équivalente dans le nombre de conscrits que ces dépôts de l'armée d'Espagne devaient fournir. Ainsi, ces dépôts au lieu de fournir seulement 1430 conscrits ainsi qu'il est indiqué dans l 'état joint à mon décret du 23 avril compléteront en conscrits le nombre total de 3300 conscrits qu'ils doivent fournir conformément audit état. Ceci aura le double avantage de fournir de bonnes recrues à l'armée d'Espagne, et de ne faire aucun changement dans les contrôles des corps, en même temps qu'on laisse à l'armée d'Allemagne le même nombre d'hommes qu'elle doit recevoir" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5419 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26900).
Le 16 mai, il participe à la bataille de La Albuera.
Le 1er juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Alençon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites former à Orléans le bataillon de marche d'infanterie de l'armée du Midi afin qu'il soit en état de partir au 10 juin. Vous formerez ce bataillon de la manière suivante ; savoir :
... 2e compagnie, 63e régiment 37 hommes; 95e régiment 90 hommes total 127
... Il est indispensable qu'il y ait 3 officiers par compagnie. Vous désignerez soit de l'école de Saint-Cyr, soit des vélites, soit de la garde nationale, soit de tout autre corps, les officiers destinés à se rendre à l'armée du Midi ...
Le bataillon de marche de l'armée de Portugal sera organisé à Orléans et formé de 4 compagnies. J'ai nommé colonel en second le major du 75e qui est à Cherbourg. Vous lui donnerez le commandement de ces deux bataillons. Donnez ordre que les détachements qui ne seraient pas partis au 5 juin de ces dépôts pour former ce bataillon n'en partent plus. Rendez-moi compte du progrès de la formation de ces deux bataillons, afin que je sache quand ils seront prêts à partir" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5533Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27191).
Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai ordonné que les détachements du 2e léger, du 4e et du 12e qui sont arrivés à Bayonne le 7 juin fussent formés en bataillon de marche pour escorter un trésor. Ce trésor devait partir le 15 juin ; mais depuis, en ayant retardé le départ, je pense convenable que vous écriviez au major général de donner l'ordre au général Monthyon de tenir au 1er juillet prêt à partir un régiment de marche et fort de 3 bataillons, composé de la manière suivante :
... 2e bataillon (infanterie de ligne)
Du 8e de ligne 60 hommes, 32e 105, 40e 15, 45e 63, 54e 66, 58e 88, 63e 38, 64e 41, 88e 48, 95e 76, 96e 73, 100e 67
Total 740 ...
Le général Monthyon passera la revue de ces 3 bataillons au 1er juillet. Le général Avy en prendra le commandement, les fera camper, les exercera et les tiendra en haleine et prêts à marcher du 1er au 10 juillet, selon les ordres que j'en donnerai, pour escorter un trésor" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5624 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27338).
Le 18 juin 1811 encore, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation ...
RÉGIMENTS DE MARCHE D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL.
Enfin deux régiments de marche seront formés : le premier, qui sera le régiment de marche des armées d'Espagne, sera composé de la manière suivante, savoir :
... 5e bataillon : deux compagnies du 63e de ligne, deux du 94e, deux du 95e, deux du 96e. Ce bataillon se formera à Metz ...
Un colonel en second sera chargé de la formation de ce régiment ; il aura sous ses ordres deux majors en second : le premier sera à Compiègne et commandera les 1er, 2e et 3e bataillons ; l'autre sera à Metz et commandera les 4e, 5e et 6e bataillons. Le 7e bataillon se joindra au régiment à son passage pour Bordeaux.
Chaque compagnie sera fournie par le 5e bataillon, qui la complétera à 150 hommes. Elle sera habillée et mise en bon état. Il y aura trois officiers par compagnie et le nombre des sergents et caporaux sera complet.
Au 10 juillet, ces compagnies se mettront en marche. A la même époque, les majors en second seront rendus l'un à Compiègne et l'autre à Metz. Le colonel en second restera à Paris et recevra la correspondance des majors en second. Un chef de bataillon sera chargé de passer la revue du 7e bataillon à Bordeaux et correspondra avec le colonel en second.
Ainsi ce premier régiment de marche aura sept bataillons et sera fort d'environ 7,000 hommes.
Au 15 juillet, vous me rendrez compte de sa situation pour que je puisse donner l'ordre définitif du mouvement ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).
Le 29 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le 3e bataillon de marche de l'armée du Midi parte le 5 août pour se rendre à Orléans. Donnez ordre que le 4e bataillon parte le 6, et le 5e bataillon le 7. Ce régiment sera ainsi réuni à Orléans ...
Le 88e, le 63e et le 95e fourniront chacun une compagnie indépendamment de ce que pourront fournir les autres régiments. Il faudrait que ce bataillon pût partir de Metz, fort de 6 à 700 hommes dans les premiers jours de septembre.
Je suppose que tous les hommes sont bien équipés et bien armés, et que les colonels en second et les majors qui doivent commander ces régiments s'y trouvent. Je désire : 1° que vous me fassiez connaître le numéro de la compagnie que chaque régiment a fournie et de quel bataillon elle est tirée ; 2° que vous me proposiez d'attacher à chacune un ou deux sous-lieutenants tirés de Saint-Cyr ou des vélites.
Donnez ordre qu'on passe la revue des sous-officiers à Metz afin que s'il s'en trouvait qui eussent moins de deux ans de service, on envoyât de Fontainebleau des sous-officiers pour les remplacer. Faites-m'en remettre l'état grade par grade.
Si l'on pouvait tirer quelques centaines d'hommes sûrs de l'île de Ré appartenant à des provinces éloignées de la 11e division militaire, on pourrait s'en servir pour compléter le régiment à son passage à Bordeaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5866 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27863).
Le 28 décembre 1811, le 95e est du siège de Tarifa.
/ 1811, en Belgique
Le 22 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "... Les sept vaisseaux, qui sont au Helder, auront des garnisons irrégulières, prises dans les 123e, 124e, 125e et 126e, jusqu'à ce qu'ils soient réunis à Anvers, où ils auront pour garnisons définitives des compagnies tirées des 75e, 76e, 54e, 88e, 94e et 95e. A cet effet, ces six régiments fourniront six compagnies qu'ils enverront à Anvers et de là, à Metz. Ces six compagnies jointes à trois compagnies des 96e, 100e et 103e, se formeront à Metz, ce qui fera neuf compagnies disponibles ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6042 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28292).
/ 1812
Le 8 mars 1812, à Paris, l'Empereur ordonne : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que 30 hommes du 27e de ligne s'embarquent à Mayence pour Wesel, ainsi qu'aux 150 hommes du 8e de ligne, à 70 hommes du 22e id., à 40 hommes du 45e, à 50 hommes du 54e, à 70 hommes du 94e, à 40 hommes du 95e, à 20 hommes du 21e léger et à 40 hommes du 28e léger. Le général Loison formera de ces détachements un bataillon de marche de 500 hommes, qui portera le nom de 1er bataillon de marche du 2e corps. Il n'y mettra que les officiers nécessaires pour la conduite de ces hommes et il les dirigera sur Magdeburg, où les 60 hommes d'infanterie légère seront incorporés dans le 26e léger, et les 440 hommes d'infanterie de ligne seront incorporés dans le 37e de ligne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6899 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30153).
Le 2 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Berthier : "... 8e DEMI-BRIGADE. Le 4e bataillon du 95e, le 4e du 54e, le 3e du 128e et le 3e du 129e partiront à la même époque de Cologne, de Maëstricht et de Philippeville et se rendront à Wesel, où ils formeront la 8e demi-brigade ...
Par ces dispositions, toutes les côtes de l'Empire seront suffisamment pourvues, en attendant la formation des cohortes de gardes nationales. Il devient pressant que les cadres de ces bataillons soient complets en officiers ; qu'ils aient leurs chefs de bataillon, et que vous nommiez les 15 majors en second qui devront commander ces demi-brigades. Vous ferez partir le 15 avril ces majors en 2nd pour visiter les dépôts qui fournissent aux demi-brigades.
Vous aurez soin de prévenir le ministre de l'Administration de la guerre afin qu'il donne des ordres, et prenne des mesures pour que l'habillement ne manque pas.
Vous autoriserez les majors en 2nd à faire partir le 30 avril les 4es bataillons à 600 hommes. Les 200 autres hommes viendront un mois après.
Ces demi-brigades ne doivent rien déranger à la comptabilité. Les bataillons qui les composent doivent correspondre avec leurs dépôts pour l'administration.
Annexe
Formation des demi-brigades provisoires, de l'Intérieur et des côtes
... 8e demi-brigade à Wesel (2e division de réserve de la Grande Armée)
1er bataillon : 4e bataillon du 95e de ligne (dépôt à Cologne) : 125 conscrits du Cher et 785 de la Sarthe ; total 910 ; 210 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon : 4e bataillon du 54e de ligne (dépôt à Maëstricht) : 546 conscrits de la Creuse et 379 du Mont-Tonnerre ; total 925 ; 225 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
3e bataillon : 3e bataillon du 128e de ligne (dépôt à Philippeville) : 864 conscrits de l’Ems-Supérieur ; total 864 ; 164 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
4e bataillon : 3e bataillon du 129e de ligne (dépôt à Maëstricht) : 860 conscrits des Bouches-de-l’Elbe ; total 860 ; 160 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7057 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30370 (intégrale)).
Le 3 mars 1812, il participe à la prise du pont de Santi Petri, puis le 15 avril, il est aux avants postes devant Cadix.
Le 3 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai approuvé l'organisation des 4 demi-brigades de marche qui forment la 1re division de réserve.
J'ai approuvé l'organisation des 16 demi-brigades provisoires.
Je vous ai fait connaître par ma lettre d'hier ce qu'il fallait faire des conscrits des 5es bataillons dont les régiments sont à la Grande Armée, en en complétant d'anciens cadres de réfractaires ; ce travail règle la formation des dix bataillons de marche que vous avez proposée.
Il me reste à vous faire connaître mes intentions sur la formation des 20 bataillons de marche qui ont leurs bataillons en Espagne. Je les distingue en deux classes :
1° Bataillons de marche qui se formeront sur-le-champ, parce qu'ils ne doivent rien fournir aux demi-brigades de marche et provisoires de la conscription de 1813 ;
2° Bataillons qui ne seront formés que lorsque les 4es bataillons qui fournissent aux demi-brigades provisoires seront complètement organisés ;
Enfin cadres des bataillons qui avaient passé par Bayonne au 1er mai, et qui de ce moment doivent être considérés comme destinés à être complétés par la conscription de 1812.
Faites-moi faire un travail détaillé sur cet objet. Je n'ai point compris dans ce travail ce qui se trouve en Italie, aux Pyrénées, non plus que ce qui est en Bretagne et dans la 12e division militaire ...
ETAT N° 2.
Bataillons formés par les 5es bataillons, mais seulement lorsque les 4es bataillons qui font partie des demi-brigades seront complètement organisés, ce qui ne pourra avoir lieu qu’à la fin de mai.
Les 4es bataillons doivent être complétés avant tout ...
8e bataillon. 1 compagnie du 8e, 2 compagnies du 45e, 1 compagnie du 94e, 1 compagnie du 54e, 1 compagnie du 95e : 900 hommes ...
Nota. – Les 5e, 6e, 7e, 8e et 9e bataillons ne seront que projetés. On prendra de nouveaux ordres, avant de les former, et sur le lieu de leur réunion. Ils seront destinés ou à recruter l'armée d'Espagne, ou à remplacer les demi-brigades provisoires dans l'intérieur, ou enfin à compléter des cadres ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7200 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30566).
Le 95e prend part à un combat près de Miranda le 10 décembre.
Le 27 décembre 1812, le 95ème est donné comme ayant combattu sur le Niemen.
/ 1813, en Allemagne
Le 10 janvier 1813, l'Empereur, à Paris, adresse au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, ses observations sur le "Corps d'Observation du Rhin.
Notes
... Les 3es bataillons du 95e et du 51e peuvent ensemble former un régiment provisoire qui sera réuni aux 2 bataillons du 113e pour former une brigade. J'adopte l'organisation des 10 régiments provisoires, pourvu toutefois que l'on me fasse connaître quand les cadres des 4es bataillons doivent remplacer les 5es bataillons.
Je voudrais aussi que l'on m'assurât qu'ils existent ou qu'ils sont en marche pour rentrer en France ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32251).
Puis, le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
FRONTIÈRES DU RHIN ET DE L'OCÉAN.
La défense de la France, depuis les 31e et 17e divisions militaires jusqu’à Besançon et jusqu’à Bordeaux, aura lieu de deux manières : par la formation de bataillons de garnison, composés de compagnies tirées des 5e bataillons et qui tiendront garnison dans nos places fortes, et par la formation de demi-brigades provisoires.
Les demi-brigades seront d’abord au nombre de vingt-quatre pour cette partie de la frontière qui s’étend depuis la 31e division jusqu’à la 11e.
Chaque demi-brigade sera composée de trois bataillons entiers, sans qu’il puisse y entrer, sous quelque prétexte que ce soit, une fraction de 5e bataillon. Ces vingt-quatre demi-brigades seront formées ainsi qu’il suit :
... la 21e demi-brigade, des bataillons des 94e, 95e et 21e ...
Ces vingt-quatre demi-brigades formeront six divisions ; chaque division, quatre demi-brigades ou douze bataillons, savoir :
... La 3e division, à Anvers, composée des 2e, 8e, 17e et 21e demi-brigades ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).
Le 6 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j’ai examiné le travail que vous m’avez présenté le 28 févier dernier relativement à la formation des 34 demi-brigades provisoires ...
J’approuve que le 3e bataillon du 24e de ligne qui est à Lyon, avec le 94e et le 95e, forment la 21e demi-brigade ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33036).
Le 1er août 1813, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : " Mon cousin, vous trouverez ci-joint 1'état du 4e bataillon de marche des divisions réunies détachées dans le grand-duché de Berg. Vous y verrez que ce bataillon a une compagnie du 24e de ligne. Vous donnerez ordre qu'elle soit incorporée dans les bataillons du 24e de ligne qui sont au corps de Bavière. Ce bataillon a aussi une compagnie du 54e. Donnez ordre qu'elle soit incorporée dans les 2 bataillons du 54e qui font également partie du corps de Bavière. Il y a une compagnie du 63e : même ordre ; une compagnie du 95e : même ordre ; une compagnie du 94e : même ordre ; de sorte que ces 5 compagnies seront chacune incorporées dans les bataillons que ces régiments ont au corps de Bavière. Le 14e de ligne seul n'a pas de bataillon au corps de Bavière. Donnez ordre que la compagnie de ce régiment se rende à Dresde où elle sera incorporée dans les bataillons du 14e qui sont à l'armée. Par ce moyen, ce bataillon de marche sera dissous. Expédiez ces ordres par estafette ; que le bataillon se dirige sur Wurtzbourg où s'opèrera la dislocation" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 3 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35703).
Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
... 44e division
1er léger, 2e bataillon.
2e léger, 2e bataillon.
34e demi-brigade provisoire. 16e léger, 2e bataillon. 18e léger, 1er bataillon.
64e de ligne 3e bataillon. 4e bataillon.
Commandé par un major 54e de ligne, 3e bataillon. 95e de ligne, 3e bataillon.
19e demi-brigade provisoire. 50e de ligne, 2e bataillon, 75e de ligne, 2e bataillon.
Commandé par un major. 24e de ligne, 3e bataillon. 39e de ligne, 3e bataillon.
12 bataillons ...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
TITRE II. — Corps d'observation de Bavière.
Art. 12. — Le corps d'observation sera composé des 51e, 52e, 53e et 54e divisions.
Art. 13. — Les quatre divisions du corps d'observation de Bavière seront composées de la manière suivante :
... 52e division
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 24e de ligne, le 2e bataillon du 39e de ligne.
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 17e léger, le 2e bataillon du 29e léger.
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 54e de ligne, le 2e bataillon du 95e de ligne.
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 8e de ligne, le 2e bataillon du 88e de ligne.
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 28e de ligne, le 6e bataillon du 70e de ligne, le 6e bataillon du 15e de ligne ...
Art 14. — Le major général enverra tous les majors nécessaires pour les 51e et 52e divisions.
Art. 15. - Les 51e et 52e divisions se réuniront à Würzbourg ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).
Le 6 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, décrète : "Napoléon, Empereur des Français.
Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:
TITRE PREMIER. — Corps d'observation de Bavière.
Article premier. — Le corps d'observation de Bavière sera composé, comme nous l'avons ordonné par notre ordre du 4 dernier, de quatre divisions, savoir: la 51e, la 52e, la 53e et la 54e.
Art. 2. - Ces quatre divisions seront composées de la manière suivante :
52e division
Commande par un major : 24e de ligne, 2e bataillon, 39e de ligne, 2e bataillon.
Commandé par un major : 17e léger, 2e bataillon ; 29e léger, 4e bataillon.
Commandé par un major : 54e de ligne, 2e bataillon ; 95e de ligne, 2e bataillon.
Commandé par un major : 8e de ligne, 2e bataillon ; 88e de ligne, 2e bataillon.
28e de ligne, 4e bataillon.
Commandé par un major : 15e de ligne, 6e bataillon ; 70e de ligne, 6e bataillon.
Total : 11 bataillons ..." (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 20).
En Allemagne, le 95ème est présent à la bataille de Dresde le 26 août, puis prend part à la défense de Danzig les 4 septembre et 2 novembre ; à celle de Dresde le 14 septembre.
L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique : "ARTICLE PREMIER.
L'armée sera organisée de la manière suivante :
Le onzième corps, commandé par le duc de Tarente, sera composé de la trente et unième et de la trente-cinquième division …
ART. 2.
Tous ces corps seront successivement portés à quatre divisions ...
QUATRIÈME CORPS D'ARMÉE ...
Art. 11. La treizième division sera composée ainsi qu'il suit :
Un bataillon du 1er léger ...
Un id. du 95e ..." (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105 et page 415).
Le 21 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : Monsieur le duc de Feltre, je vous envoie un état de situation que je reçois du 4e corps ... il résulte de cet état que ce corps est de près de 20000 hommes.
Comme 11500 conscrits ont été dirigés directement sur Mayence pour le recruter, et que les dépôts font partir les hommes nécessaires pour porter au grand complet les bataillons de leurs régiments respectifs, ce corps sera bientôt porté à 50000 hommes. Comme je destine spécialement ce corps à la Garde de Mayence et de Kastel, et à manœuvrer autour de Mayence, j'attache une grande importance à ce qu'il soit porté à cette force, tant par les conscrits envoyés directement que par ceux envoyés des dépôts, afin que, le cas arrivant, on pût ne placer dans Mayence que 2 divisions, ce qui ferait 20000 hommes, suffisant pour la garnison de cette ville ; tandis que, dans la position actuelle, il faudrait que tous les cadres de ce corps se renfermassent dans Mayence.
Je crois que le 5e 1éger, dont le dépôt est à Cherbourg, le 8e, dont le dépôt est à Genève, le 96e, dont le dépôt est dans le Nord, le 18e léger, dont le dépôt est à Genève, le 54e, dont le dépôt est à Maastricht, le 95e, le 36e, le 66e, le 103e dont le dépôt est à Metz, le 10e léger, dont le dépôt est dans la 5e division, le 32e de ligne, dont le dépôt est à Paris, etc., doivent tous envoyer à leurs bataillons, au 4e corps, des détachements de 250 à 300 hommes. Je ne parle pas des régiments dont les dépôts sont en Italie, puisqu'il doit être pourvu à leur recrutement au moyen des 11500 conscrits envoyés à Mayence.
Tous ces détachements ci-dessus feront un renfort de 7 à 8000 hommes. J'en attends 1'état.
Comme ces bataillons doivent être portés au grand complet de 840 hommes, ils auront tous besoin de plus de 300 hommes ; mais ce surplus sera l'objet de l'envoi de seconds détachements" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37216).
Le même 21 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Daru, Ministre directeur de l’Administration de la Guerre : "Monsieur le comte Daru, je vous envoie un rapport que j 'avais demandé au comte de Cessac. Je n'ai pas besoin de justification, mais de faits. J’ai dans la 16e, la 24e et la 25e divisions militaires plus de 20 000 conscrits qui arriveront avant le 15 décembre. Le ministre de la Guerre a approuvé leur armement. J'ai donc besoin qu'ils soient habillés. Une partie du nombre est destinée à former le 1er corps bis de la Grande Armée commandée par le duc de Plaisance et qui se compose du 9e et 4e bataillon des régiments du 1er corps commandé par le comte de Lobau. Si l'habillement n'arrête pas le duc de Plaisance, ce corps sera bientôt disponible. Faites-moi connaître le nombre d'habillement que chaque bataillon a dans ce moment. Il est de la plus haute importance que le duc de Plaisance puisse réunir sur-le-champ tous les bataillons ou du moins une partie pour marcher sur Amsterdam.
Np
Tableau faisant connaître le nombre des conscrits assignés aux corps des 16e, 24e et 25e divisions, les fournitures accordées à chacune et le restant à ordonner.
Numéro des divisions | Dénomination des corps | Contingent positif | Moitié que l'on présume être fournie sur le déficit | Excédant | Total | Nombre de fournitures accordées | Reste à ordonner |
... 25e division | 95e | 500 |
75 |
575 |
500 |
75 |
..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37221).
Le 28 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, le 4e bataillon du 10e léger, le 3e du 21e idem, le 3e du 25e idem, le 1er du 29e idem, le 4e du 32e de ligne, le 3e du 39e, le 3e du 54e, le 3e du 63e, le 3e du 95e, le 3e du 96e et le 3e du 103e, ce qui fait onze bataillons, se rendront, aussitôt après leur arrivée, à Mayence, et rejoindront les bataillons de leurs régiments qui se trouvent au 4e Corps; ce qui augmentera ce corps de onze bataillons ...
Le 4e corps sera composé des cinquante-huit bataillons qui y existent; des onze qu'il reçoit du 14e corps, et de douze qui peuvent être envoyés des dépôts pour le rejoindre ; total, quatre-vingt-un bataillons. (Je crois que le 133e doit recevoir un bataillon qu'il avait à Meissen, et qui a dû revenir avec le 14e corps.) Ces quatre-vingt-un bataillons seraient un nombre trop considérable pour un seul corps; il faudra, par la suite, en former deux ; mais on peut toujours laisser provisoirement les choses dans cet état, en attendant que j'aie l'état en cent colonnes.
Au reste, sur les cinquante-huit bataillons existant au corps, beaucoup ne pourront pas être complétés par leurs dépôts ; et sur les douze qui sont dans les dépôts, il y en a qui sont en Italie, tels que celui du 67e, et plusieurs qui ne pourront pas être complétés. Cela fera donc une diminution, et je ne pense pas qu'il y ait en tout plus de soixante et seize bataillons du 4e corps qui puissent être complétés cet hiver, au moyen de la conscription ...
RÉCAPITULATION.— ... 4e corps, soixante et seize ou quatre-vingt-un ...
Tous ces bataillons doivent se trouver complétés moyennant l'appel de la moitié des 300,000 hommes, ou si cela ne suffisait pas, moyennant un supplément sur la conscription de 1815.
II faudra me renvoyer cet état quand vous l'aurez corrigé, et comme la répartition des 160,000 hommes est déjà faite, la répartition des 140,000 hommes, que j’appelle sur la levée des 300,000 pour l'armée du Rhin, doit servir à compléter tous ses bataillons. Il n'y a, d'ailleurs, que l'état en cent colonnes qui puisse bien déterminer cela. Les cadres qui ne pourraient pas être remplis le seront sur la conscription de 1815.
NAPOLÉON.
P. S. On égalisera par la suite tous les corps, chacun à trois divisions de quatorze bataillons, ou quarante-deux bataillons par corps, ce qui, multiplié par huit, fait trois cent trente-six bataillons ou vingt-quatre divisions ; mais c'est une opération de détail qui se fera plus tard" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20943 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37291).
Le même 28 novembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Quant aux 500 hommes destinés au 10e léger, au 21e léger, au 63e, au 96e et au 103e, ainsi qu'au 54e, au 95e et au 32e de ligne et qui sont dirigés sur Mayence, au lieu d'être donnés au 14e corps, ils le seront au 4e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37317).
Le 15 décembre 1813, à Paris, l'Empereur décrète : "... 4e corps. Il sera formé un 6e bataillon aux 10e et 21e d'infanterie légère, aux 96e, 39e, 54e, 63e, 95e et 32e de ligne ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1242).
Le 21 décembre 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris, à propos des troupes qui vont former la garnison de Mayence.
"ORDRES.
Le 4e corps d’armée, commandé par le général Morand, restera composé de quatre divisions, ainsi qu’il suit :
... 3e division, général Guilleminot : 54e de ligne, deux bataillons ; 82e, deux ; 95e, deux ; 104e, quatre ; 156e, deux ; total, douze bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).
Toujours le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je viens d'examiner le tableau de l'infanterie qui est joint à votre travail du 19 décembre ...
... Le 11e corps sera composé de 3 divisions :
... 3e division, de : 2 bataillons du 21e léger ; 4 bataillons du 22e de ligne ; 2 bataillons du 28e ; 2 bataillons du 54e ; 2 bataillons du 59e ; 2 bataillons du 69e ; 2 bataillons du 95e ; 16 bataillons
La 2e division se formera à Wesel, et la 3e à Maëstricht, toutes deux sous les ordres du duc de Tarente. Il est nécessaire que vous donniez ordre aux bataillons : du 107e, du 22e de ligne, du 8e de ligne, du 28e de ligne, du 45e, du 54e, du 21e de ligne, du 59e, du 94e, du 69e, du 21e léger et du 95e de se rendre sur la Meuse pour y être à la disposition du duc de Tarente ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37628).
Le 28 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Berthier : "J'approuve que vous donniez l'ordre sans délai au 4e corps de faire partir le 21e, le 51e et le 95e pour le 11e corps ...
Donnez les ordres sans délai" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6335 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37690).
/ 1813, en Espagne
Le 4 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ...
ARMÉE DU MIDI.
Donnez ordre que l'on fasse rentrer sans délai et que l'on mette en route pour France, vingt-quatre heures après la réception de vos ordres, les cadres ci-après, au grand complet, savoir : les cadres des 3es bataillons des 24e, 96e, 8e, 51e, 54e de ligne ; du 3e bataillon du 27e léger ; des 3es bataillons des 63e, 94e, 95e de ligne ; du 4e bataillon du 32e de ligne ; des 3es bataillons du 43e et du 55e de ligne ; du 4e bataillon du 58e de ligne ; du 3e bataillon du 12e léger ; du 3e bataillon du 45e de ligne ; des 3es bataillons du 28e et du 21e léger ; des 3es bataillons des 100e et 64e de ligne ; du 4e bataillon du 103e de ligne : ce qui fait vingt cadres de bataillons à tirer de l'armée du Midi. Ces cadres, à 120 hommes par bataillon, feront plus de 2,000 hommes, qui partiront en deux colonnes ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19416 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32199).
Le 21 juin 1813, le 95ème participe à la bataille de Vittoria, puis combat le 25 juillet au col de Maya, et au col d’Aran le 31 juillet. Le Régiment est en avant de Bayonne dès le mois de novembre 1813 ; il en assure la défense en avril 1814.
De janvier à avril 1814, le 95ème assure la défense de Mayence ; il a également des éléments devant Lyon en mars.
Le 18 juin 1815, le 95ème de Ligne participe enfin à la bataille de Waterloo.
Sources :
- Beaufort L. de : “Le 95ème Régiment d’Infanterie de Ligne pendant le 1er Empire” ; Le Briquet N°4, 1970.
- Margerand J. : “Le 95ème Régiment d’Infanterie de Ligne à Nuremberg en 1806” ; Carnet de la Sabretache, 1903, page 275.
- Martinien A. : “Tableaux par corps et par batailles des officiers tués et blessés pendant les guerres de l’Empire (1805-1815)”.
- Notes personnelles de l’auteur.
- Rigo : “Le 95e de Ligne ; nos ancêtres en uniforme”, Tradition N°37, février 1990. Tradition N°39, avril 1990.
Uniformes :
L’Historique du 95ème Régiment d’infanterie (“Historique du 95e régiment de ligne, 1724-1888” ; Bourges, Tardy Pigelet, 1888) décrit, ainsi qu’il suit, les tenues que devait porter ce Régiment :
“En décembre 1804, l’infanterie de ligne porte l’habit bleu à revers blancs, passepoils rouges. Collet et parements rouges, pattes de parements blanches pour les grenadiers et fusiliers, collet et épaulettes jaunes pour les voltigeurs qui portent le shako, culotte blanche. Chapeau pour les fusiliers. Bonnet à poils pour les grenadiers.
Par décision du 26 mars 1806, le shako est donné à toute l’infanterie, les compagnies de grenadiers conservent le bonnet à poil à plaque. Les habits sont raccourcis pour la troupe. Le collet est rouge pour les grenadiers et fusiliers et jonquille pour les voltigeurs ; les parements rouges à pattes blanches pour tout le monde. Les officiers conservent l’habit long”.
Il suffit de jeter les yeux sur la planche en couleurs publiée dans le Carnet de la Sabretache, et dans la revue Tradition, pour voir qu’il y a loin de la coupe aux règles théoriques.
La planche du Carnet de la Sabretache avait été reproduite d’après la gravure en couleurs du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale (Collection Hennin, vol. 149, 1806. Cette estampe se trouvait également dans la très riche collection de M. Glasser), dont une copie à l’aquarelle, provenant de la collection du général Vanson, se trouve au Musée de l’Armée. Celle publiée dans la revue Tradition vient de la Collection Brunon, à Salon de Provence.
Ce documents nous est très précieux car, malgré un dessin souvent maladroit et d’aspect assez primitif, il nous présente quasiment tous les types du Régiment, depuis la tête de colonne jusqu’aux compagnies de voltigeurs, avec parfois quelques surprises. Cette gravure a été tracée et coloriée par un témoin oculaire consciencieux, à l’esprit réfléchi et observateur. On peut donc attribuer à cette gravure une scrupuleuse exactitude, et son importance est d’autant plus grande qu’il n’existe apparemment pas d’autres sources concernant ce Régiment, mis à part le Canonnier Hahlo, et la Suite de Otto de Bade.
Le dessinateur a même ajouté, pour ne rien omettre, le Gendarme classique et un Chasseur à cheval du 5ème régiment, qui faisait partie de la même division que le 95ème. Dans l’estampe de la collection de Glasser, le sommet du plumet du chasseur est jaune au lieu d’être blanc, ce qui est plus conforme à la tradition.
Le 95ème porte vraisemblablement, dans cette estampe, les tenues qu’il avait pendant la campagne de 1805, et certainement portées jusqu’en 1807-1808, sans véritables modifications. La tête de colonne est brillante : Sapeur (figure 7), Tambour major au plumet tricolore (figure 1), Tambours (figures 5 et 6 ; 39 et 40) au cercle de caisse peint encore aux trois couleurs et, surtout, le Chef de musique (figure 8) et les Musiciens (figures 3 et 4) dont le Musicien nègre (figure 2).
Mais ce qui donne un intérêt tout particulier à cette gravure, c’est qu’elle nous renseigne sur la première tenue portée par les Voltigeurs de ce Régiment (figures 35 à 38 ; figures ).
Les Voltigeurs ont été créés dans les Régiments d’infanterie de ligne par un Décret du 2ème jour complémentaire de l’an XIII (19 septembre 1805), qui n’avait fait, d’ailleurs, que consacrer officiellement un état de choses existant déjà dans la plupart des corps.
Il n’était pas question d’épaulettes dans le Décret, mais beaucoup de Voltigeurs s'empressèrent d’adopter des épaulettes à franges, le plus souvent de couleur verte (le choix de la couleur verte vient sans doute du souvenir des épaulettes vertes que portaient autrefois les compagnies de chasseurs d’infanterie de ligne, supprimées en 1791), mais qui furent aussi différentes, selon les régiments, et varièrent du vert au jaune avec toutes les ressources des tournantes de diverses couleurs.
Les mémoires, les estampes, les collections nous ont conservé des traces nombreuses de cette fantaisie. Une circulaire du Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre, “rappelant que la dépense des épaulettes vertes ne doit pas être admise pour les compagnies de voltigeurs, attendu que le décret qui a ordonné la formation de ces compagnies ne leur affecte pour marque distinctive que le collet chamois et qu’ainsi ils ne doivent avoir d’autres épaulettes que celles des fusiliers”, ne parvint certainement pas à faire disparaître ces ornements qui subsistèrent jusqu’à la fin de l'Empire.
Les voltigeurs du 95ème (Les trois compagnies de voltigeurs avaient été formées au 95ème, le 26 Vendémiaire an XIV (18 octobre 1805), et les deuxièmes compagnies de chaque bataillon correspondant, dissoutes à la même date) devraient selon le Carnet de la Sabretache, arborer l’épaulette verte unie, qui n’est pas représentée sur la planche allemande. Détail essentiel, car il répond à une erreur très répandue, ils sont coiffés du chapeau, qu’ils ont d’ailleurs porté pendant un temps assez court et qu’ils devaient échanger en 1807 contre le shako. Ils sont encore soigneusement rasés et n’ont pas laissé pousser les moustaches que, dans certains régiments, les voltigeurs ne tarderont pas à revendiquer en qualité de compagnie d’élite.
Pour l’ensemble des uniformes représentés, il est intéressant de se reporter aux règles de tenues laissées au régiment l’année précédente par le général Schauenbourg, lors de l’inspection qu’il avait passée du 95e, le 25 Thermidor an XIII (13 août 1805), à la veille de la campagne (Archives de la Guerre) : “Tenue. - La tenue de MM. les officiers a été trouvée très belle, régulière et décente. Celle des sous officiers est également bonne et fort propre. Cependant les chapeaux devront être, autant que possible, coupés à égale grandeur et plus régulièrement tenus dans la forme prescrite par le règlement de police (Le régiment ne pouvait depuis longtemps se fournir qu’à l’étranger et se plaignait de la mauvaise qualité des feutres et des draps. Rien d’étonnant que l’inspecteur général ait trouvé mauvaise la forme étrangère des chapeaux. - Ajoutons ce détail soigneusement relevé par le dessinateur de l’estampe et qui vient attester son exactitude : la forme spéciale des revers de bottes portées par les officiers se rencontre souvent dans les planches de costumes des officiers anglais et saxons de cette époque. Or, on sait que les officiers du 95e ont du se fournir en Hanovre et la forme anglo-saxonne de ces revers s’explique tout naturellement).
Habillement. - Les habits, vestes, culottes, guêtres et souliers devront à l’avenir être façonnés de la manière suivante.
Habits. - La mesure se prendra l’homme ayant la position sous les armes, on lui fera mettre genou en terre pour régler la longueur, la taille aura quatre pouces d’un bouton à l’autre de largeur et sera prise à hauteur des hanches, le collet sera à deux pouces quatre lignes de hauteur pour le premier rang et d’une ligne de moins pour chacun des deux derniers. Les revers (Le revers du grenadier en bonnet à poil, qui sur la planche de la collection Hennin semble être en pointe, est nettement carré dans la gravure de la collection Glasser) auront trois pouces onze lignes de largeur sur la poitrine à la hauteur du troisième bouton, deux pouces six lignes à la patte d’oie et trois pouces dans le bas. Ils seront diminués de deux lignes de largeur sur ceux des hommes des derniers rangs, les parements auront trois pouces de hauteur.
Vestes. - Elles devront avoir trois pouces six lignes de basques en hauteur sur cinq pouces d’échancrure, les poches seront cousues, les collets de quinze lignes de hauteur.
Culottes. - Elles devront bien emboîter les hanches, être bien fendues et assez aisées pour que l’homme puisse librement mettre le genou en terre.
Guêtres. - Elles devront monter jusqu’à la rotule, leurs goussets ne pas excéder quatre pouces ni être au-dessous de trois pouces et demi, leurs talons rester à deux lignes de distance de ceux des pieds et l’on continuera à les maintenir sans jarretières, par une boutonnière qui prendra le bouton de la culotte.
Souliers. - Ils devront être façonnés de manière à ce que les empeignes approchent les chevilles des pieds sans les gêner. Il ne devra jamais être souffert sous les armes que des souliers uniformes.
Equipement. - Les gibernes seront mises à la même hauteur, on fera approcher le coude droit près de la hanche et relever l’avant-bras horizontalement, le poignet sera la mesure du couvercle du coffret au coude. Les havresacs seront attachés de manière à ce qu’il reste l’intervalle d’un poignet entre leurs parties inférieures et le dessus des gibernes.
La buffleterie et les gibernes sont bien tenues”.
Concernant les autres types de ces planches, les Officiers supérieurs sont des reconstitutions (figures 11 à 13). Les Officiers (figures 9, 10, 14, 43) sont tirés de la planche de la Collection Hennin. Tous les autre types le sont également, à l’exception du Porte drapeau (figure 20) qui est une reconstitution d’après l’article de Rigo. Le Sapeur du 2ème Bataillon (figure 41), l’Officier représenté en figure 42 et le Grenadier représenté en figure 44 sont tirés de la Suite de Otto de Bade ; ils ne diffèrent que fort peu de la planche de la Collection Hennin. Le Grenadier représenté en figure 47 est tiré du Manuscrit du Canonnier Hahlo.