Le 90e Régiment d'Infanterie de Ligne
1796-1805
Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et soldats du 90e de Ligne
Avertissement et remerciements : Le Prétexte à l'étude de ce Régiment est l'ouvrage de Belhomme, Victor-Louis-Jean-François (Lieutenant-colonel) : "Histoire du 90e régiment d'infanterie de ligne, ex-15e léger", 1875).
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/ Les origines du 90e Régiment d'infanterie de Ligne
/ Organisation de la 90e Demi-brigade de deuxième formation
L'Historique du 90e Régiment d'Infanterie de ligne (15e Léger) indique : Formée à Lille le 21 décembre 1798. Chef de brigade : GRILLOT. Incorporée le 24 septembre 1803 dans le 93e de ligne.
Bernard Coppens indique : La 90e Demi-brigade de deuxième formation : à former 90. "Provenant d'un noyau de la 89e et (d'un noyau) de la 96e demi-brigade de ligne." (Etat militaire an VIII).
Si l'on en croit l'Historique régimentaire, le 21 septembre 1798 (1er Nivôse an 7), on réunit à Lille des détachements des 13e, 89e, 96e Demi-brigades, et l'on en forme la 90e Demi-brigade, que l'on complète avec des Réquisitionnaires et des Conscrits. Elle est commandée par le Chef de Brigade Grillot.
Au mois d'août 1799, la Demi-brigade est dirigée sur la Hollande, menacée par une armée anglo-russe.
Vandamme arrive le 4 septembre 1799 à Alkmaar et prend aussitôt le commandement de la 1ère Division française, formant l'aile gauche de l'Armée gallo-batave sous les ordres de Brune.
1ère Division Vandamme ; Rostollant, Adjudant général, Chef d'Etat -major ; Généraux de brigade, Gouvion, Barbou, Fuzier, Simon David. Dix mille hommes d'infanterie des 22e, 42e, 48e, 49e, 51e, 60e, 72e, 90e Demi-brigades de ligne ; 700 chevaux des 10e de Dragons et 5e de Chasseurs ; 4 bouches à feu. Quartier général à Alkmaar (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 2, p. 7).
La 90e prend part le 10 septembre au combat de Petten, et le 19 à la bataille de Bergen. Le Chef de Bataillon Valence, à la suite de la 90e, est nommé titulaire sur le champ de bataille, en récompense de sa bravoure.
Pendant la bataille de Bergen, l’Adjudant général d’Ardenne, Chef d’Etat major général du Général Brune, reçoit à Alkmaar un Bataillon de la 90e qu'il envoie à Vandamme avec cette lettre : "Bravo, mon général, grâces vous soient rendues et à vos braves. Le deuxième bataillon de la 90e arrive en ville à trois heures et un quart. Il en partira pour Bergen armé, ayant soixante cartouches par homme. Ils témoignent la meilleure volonté. Le chef a l’air d’un bon bougre, et je me trompe fort si ce bataillon ne vaut pas plus que le troisième" (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 2, p. 23).
Le Corps se distingue le 2 octobre à la bataille d'Alkmaer. Le Fusilier Chenet a fait quelques Russes prisonniers et les ramène, quand il est sabré par des cavaliers anglais. Le Sergent Lecler (François) s'empare d'un canon attelé qu'il ramène au Quartier général. Le Premier Consul lui donnera en récompense un fusil d'honneur le 10 Prairial an 11 (30 mai 1803).
Le 4 octobre 1799, Brune écrit au Ministre de la Guerre : "La bataille d'avant-hier a duré depuis cinq heures du matin jusqu'à huit heures du soir. A dix heures, il se tirait encore des coups de fusil … Nous avons à regretter beaucoup d'officiers Morts … Le brave chef de brigade Mercier a eu les deux cuisses percées d'une balle ..." (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 2, p. 23).
Le 6 octobre, à la bataille de Castricum, le Fusilier Champrade va faire un Officier russe prisonnier au milieu de ses soldats : ce brave est tué à la fin de la journée, n'ayant cessé de donner l'exemple de la bravoure à ses camarades. Cette bataille est suivie du rembarquement des alliés.
La 90e resta en Hollande pendant l'an 8. Un Arrêté du Premier Consul, du 1er Germinal an 8 (8 avril 1800), accorde un fusil d'honneur au Sergent Morin (Jean-Baptiste), de la 90e, pour la conduite distinguée qu'il a tenue lorsque, l'hôpital d'Anvers manquant de fonds et ne pouvant se procurer les objets nécessaires, il donna le fruit de ses économies pour être employé au soulagement de ses compagnons d'armes, blessés comme lui dans la campagne de Hollande. (Le Sergent Morin passa plus tard aux Chasseurs à pied de la Garde et fut compris dans la première liste des Chevaliers de la Légion d'honneur).
En l'an 9, la 90e quitte la Hollande et vient à Paris. Au mois de mars 1801, son 1er Bataillon est envoyé à Bayonne faire partie du Corps d'observation de la Gironde, commandé par le Général Leclerc.
Le 19 mars 1801 (28 ventôse an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre au général Leclerc, Citoyen Ministre, de faire partir ... un bataillon de la 90e de ligne ... " (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5474; Correspondance générale, t.3, lettre 6141).
Le 28 Germinal an 9 (18 avril 1801), Bonaparte écrit, depuis la Malmaison, au Chef de Brigade Savari, son Aide de camp : "Pour les quinze cents hommes de l'amiral Bruix,
Cent canonniers avec leurs 6 pièces ;
Cent cinquante hommes du 9e de dragons ;
Un bataillon de la 90e, à six cents hommes ;
Un de la 68e ;
Et aux canonniers du général Leclerc, aussi à la disposition de l'amiral Bruix, joint aux ouvriers de la marine.
Envoyer un état très exact de tout ce qui sera embarqué, pour que je sache toujours à quoi m’en en tenir" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6226).
Au mois d'avril, les deux autres Bataillons quittent Paris pour rejoindre ce Corps, qui doit envahir le Portugal.
Le 13 Floréal an 9 (3 mai 1801), Bonaparte écrit, depuis la Malmaison, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez l'ordre au général Thiébault de compléter à 500 hommes le bataillon de la 90e qui est aux ordres de l'amiral Bruix" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6249).
Le même 3 mai 1801, le Ministre de la Guerre ordonne à l'Amiral Bruix de rassembler à Rochefort des éléments du 1er Bataillon de la Légion de la Loire, du 3e Bataillon de la 68e et du 3e Bataillon de la 90e Demi-brigades de ligne, qu'il portera à un total de mille six cents hommes (Berthier à Bruix, 3 mai 1801, S.H.A.T. B7 1 - cité par M. Brevet).
Le 11 Prairial an 9 [31 mai 1801), le Premier Consul écrit, depuis la Malmaison, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Le 3e bataillon de la 90e est à Poitiers. Donnez l'ordre au général commandant la 21e division militaire de compléter le bataillon à 600 hommes ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6307).
Le 29 juillet 1801 (10 thermidor an 9), le Premier consul écrit, depuis La Malmaison, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre, citoyen ministre, aux 3e bataillon de la 24e légère et de la 44e de ligne qui se trouvent dans la 10e division militaire de rejoindre leurs corps à Salamanque et aux seconds bataillons de la 92e et 93e qui sont dans la 20e division militaire de rejoindre leurs corps à Salamanque, même ordre au bataillon de la 90e qui est à La Rochelle. Je suppose tous ces bataillons complétés au-delà de 600 hommes chacun ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6386).
Le Corps reçoit le 29 juillet l'ordre de rentrer en France.
Le 7 octobre 1801 (15 vendémiaire an 10, date présumée), Bonaparte établit à Paris une "Note pour l'organisation des troupes coloniales : "Il sera formé deux demi-brigades légères et cinq demi-brigades de ligne pour le service des îles d'Amérique, sous les numéros 5e et 11e légères, et 7e, 86e, 89e, 82e et 66e de ligne.
Les 5e et 11e légères, et les 7e, 86e, 89e, seront destinées pour le service de Saint-Domingue; la 82e, pour le service de la Martinique; la 66e, pour le service de la Guadeloupe ...
La 86e sera composée de
La 86e actuelle 1,100 hommes.
La 110e. 1,100
La 90e 450
2,650 ..." (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5785).
Le 24 novembre 1801 (3 frimaire an 10), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... La 90e se rendra à La Rochelle ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 6654).
Au mois de décembre 1801, le 2e Bataillon est embarqué à Rochefort, sur l'escadre de l'Amiral Latouche-Tréville. Il fait partie de la Division Boudet, et débarque au Port-au-Prince (île de Saint-Domingue) le 6 avril 1802. Il passe au mois de septembre dans la Division Rochambeau, et a sa part de toutes les fatigues de cette expédition.
Le 8 Germinal an 10 (29 mars 1802), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Vous mettrez à la disposition du ministre de la Marine pour être embarqué :
... 2° Vous ferez former dans chaque demi-brigade qui a un bataillon à Saint-Domingue un piquet de 120 hommes envoyé pour le rejoindre. Ce piquet sera commandé par un capitaine, un lieutenant ou un sous-lieutenant.
Les compagnies de dépôt des 71e, 79e, 31e et 38e légères (il faut lire de Ligne) seront embarquées à Brest.
Celles des 21e, 56e, 68e, 90e de ligne et 15e légère seront embarquées à Rochefort ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6835).
Le même 8 Germinal an 10 (29 mars 1802), le Premier Consul écrit, de Paris, au Contre-Amiral Decrès, Ministre de la Marine et des Colonies : "Nous avons, Citoyen Ministre, sur les différents points d'Italie, des troupes que je destine pour Saint-Domingue ...
Il est également convenable de faire partir des renforts des ports de l'Océan ...
La 15e légère, la 21e de ligne, la 56e, la 68e, la 90e fourniront chacune 120 hommes, qui s'embarqueront à Nantes ou à Rochefort ...
Les hommes revenant des hôpitaux ou de semestre, appartenant à des bataillons qui se trouvent à Saint-Domingue, s'embarqueront dans les ports d'où sont partis leurs bataillons" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6017 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6836).
Le même 1er Prairial an 10 (21 mai 1802), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Contre-Amiral Decrès, Ministre de la Guerre et des Colonies : "... A Rochefort, vous avez à embarquer 480 hommes des 21e, 56e, 68e et 90e, plus 800 hommes de canonniers gardes-côtes ; ce qui fait 1,280, conformément aux dispositions qui ont déjà été prises ..." (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6089 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6899).
Un détachement de 120 hommes, embarqué à Nantes en avril 1802, est débarqué à Saint-Domingue, où il rejoint le 2e Bataillon.
Les 1er et 3e Bataillons sont désignés pour faire partie du secours dont on prépare l'embarquement pour Saint-Domingue. La reprise des hostilités avec l'Angleterre empêche leur départ.
Un détachement de 600 hommes du 3e Bataillon est embarqué à Rochefort en mars 1803 et est débarqué à la Martinique.
Par l'Arrêté du 12 Floréal an 11 (2 mai 1803) "relatif à l’organisation de plusieurs demi-brigades dans les colonies", un détachement de la 90e Demi-brigade de bataille, qui est à la Martinique, doit entrer dans la formation de la nouvelle 82e Demi-brigade, et la portion qui se trouve à Saint-Domingue doit entrer dans la formation de la nouvelle 86e Demi-brigade.
Le 2 Prairial an 11 (22 mai 1803), le Premier Consul écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Les deux bataillons de la 90e se rendront à Rochefort où ils seront mis à la disposition de la marine, tant pour la garde de l'arsenal que pour fournir les garnisons aux bâtiments qui en auraient besoin ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 572 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7662).
Décimé par la fièvre jaune, le 2e Bataillon est versé dans la 86e Demi-brigade, formée en 1803 à Saint-Domingue.
Le détachement de 600 hommes du 3e Bataillon est dans la même année versé dans la 82e en formation à la Martinique.
Par l'Arrêté du 1er Vendémiaire an 12 (24 septembre 1803), la 90e Demi-brigade prend le nom de 90e Régiment d'Infanterie de ligne. Toutefois, l'Historique régimentaire indique que le Régiment est supprimé, et que les restes des 1er et 3e Bataillons sont versés dans le 93e, qui occupe Rochefort et l'île de Ré.
Le 28 Ventôse an 13 (19 mars 1805), Napoléon écrit, depuis La Malmaison, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des Camps : "Le 66e régiment, en conséquence de l'article 6 de l'arrêté du 10 floréal an XI, doit être organisé à la Guadeloupe et composé des 2e et 3e bataillons de la 66e de bataille, du 3e bataillon de la 15e de bataille et d'un détachement de la 79e de bataille.
Le 82e, en conséquence de l'article 7 du même arrêté (note : arrêté du 10 floréal an XI), doit être organisé à la Martinique et composé du 3e bataillon du 82e de bataille, du 3e bataillon du 37e, du 3e bataillon du 84e, du 2e bataillon du 107e et d'un détachement du 90e.
C’est donc à tort que le ministre de la Guerre, par sa lettre du 25 thermidor an XII, a ordonné que le 66e se réunirait à la Rochelle et que le 82e aux Sables...
Enfin la 86e doit être composée, conformément à l'article 8, des 1er et 2e bataillons de la 86e, du 3e bataillon de la 71e, de la portion du 90e qui a été à Saint-Domingue, du 2e et du 3e de la 110e, et de ce qui compose le 89e, c'est-à-dire 2e et 3e bataillons de la 89e, du 3e bataillon de la 60e, 2e bataillon de la 74e, un détachement de la 70e, 3e bataillon de la 83e ...
Ainsi donc, le ministre de la Guerre doit faire une lettre au ministre de la Marine, pour qu'il donne sur-le-champ l'ordre d'organiser le 66e à la Guadeloupe, et le 82e à la Martinique ; il fera connaître que ces deux régiments seront composés comme il est dit ci-dessus ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 59 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9702).
Le n°90 reste vacant pendant l'Empire; il fut porté temporairement par le 111e de Ligne pendant la 1ère Restauration.