Le 60e Régiment d'Infanterie de Ligne
1796-1815
Avertissement et remerciements : L'étude de ce Régiment, peu connu, nous a été suggérée par Mme Louisette Ford, qui s'est attachée à l'étude des soldats originaires de la commune de Vendeuvre-du-Poitou (86); parmi ces derniers figure François Pouvrasseau, Fusilier au 60e de ligne, qui a adressé à son oncle, habitant cette commune, trois lettres, expédiées depuis Raguse en Dalmatie (source : AD86 sous série 27 J famille Bacquet). Mme Ford a eu la gentillesse de partager avec nous le fruit de ses recherches; nous l'en remercions ici très chaleureusement !
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/ Origines
Dans la "Monographie des régiments de l'armée française. 60e régiment d'infanterie" (Léoni P. (de), Illustration militaire, 6e année, numéros des 16 et 21 juillet 1866 - Note pour la partie Empire, cet article est à lire avec beaucoup de prudence, car mentionnant des actions auxquelles le Régiment n'a apparemment pas pris part; un anecdote mentionnée en 1805, est en fait à rattacher au 76e de Ligne), nous pouvons lire : Le moment et le motif de la création du 60e de ligne sont indiqués par cet entrefilet de la Gazette de France du 11 janvier 1670 :
"Le roy, pour la sureté de ses vaisseaux, ayant résolu la levée de deux régiments, chacun de deux mille hommes, nommez le régiment Royal de la marine et de l'Amirauté, a fait le choix pour les commander de MM. de Lavardin et de Gacé".
Royal de la marine fut en effet créé pour le service de mer par ordonnance du 24 décembre 1669, et formé, au commencement de 1670, en Bretagne, par le Marquis de Lavardin, avec des Compagnies tirées des vieux corps et d'autres nouvelles.
Les circonstances le firent passer presque aussitôt après sa levée, au service de terre, où il est toujours resté depuis, malgré son nom.
Le Régiment servit tour à tour sous les ordres de Duquesne, du Comte de Tessé et du Roi après la prise d'Orsay et de Reinberg, le passage du Rhin et la soumission d'Utrecht et de Duisbourg, il fut placé sous les ordres de Turenne, et il participa, en 1673, à une partie de la conquète de l'Eléctorat de Brandebourg.
Royal de la marine fut ensuite envoyé dans le Milanais, puis en Allemagne où il concourut au siège de Kehl. Il fit la guerre de la succession d'Autriche, puis fut envoyé sur le Rhin après les désastres de l'armée de Bohême et de Bavière.
En 1754, nous le retrouvons au camp de Gray. Il s'embarqua avec le Duc de Richelieu, en 1756, pour l'expédition de Minorque, et se signala à la prise de Mahon.
En 1791, le 1er Bataillon passa à l'ile de Ré. Les cinq dernières Compagnies du 2e Bataillon se rendirent aux Sables d'Olonne au mois d'août de la même année. Ce Bataillon fut réuni à la Rochelle en avril 1792, et s'embarqua, le 14 juillet, pour aller à Saint-Domingue, d'où il n'est revenu qu'en 1794.
Le 1er Bataillon, qui avait occupé La Rochelle, les Sables d'Olonne et Niort pendant les premiers mois de 1792, quitta cette dernière ville le 13 juillet pour se rendre à la frontière de Champagne, menacée par les Prussiens. Les premiers troubles de la Vendée le firent rétrograder, et il revint occuper les Sables-d'Olonne.
En 1793, les Vendéens se présentèrent en force aux environs de cette dernière ville. Le Colonel Boulard marcha contre eux et leur livra combat, le 18 mars, auprès de Saint-Fulgent; mais il fut lâchement abandonné par les gardes nationales, et il fallut toute l'intrépidité de son Bataillon pour sauver l'artillerie.
Les débris du Corps se retirèrent à Marans. BOulard reprit bientôt l'offensive, et, le 7 avril, il força le poste de la Mothe-Achard, près des Sables.
Les deux Bataillons de Royal-Marine sont restés dans le Bas-Poitou jusqu'à l'entière pacificalion des provinces de l'Ouest, en 1795. Ils n'ont pas subi l'organisation de 1793. Ainsi, les 119e et 120e Demi-brigades n'ont pas été formées.
Le 1er batailon est entré, le 22 octobre 1796, dans la 20e de Ligne nouvelle, et le 2e a été versé, le 12 février 1796, dans la 23e.
/ Organisation de la 60e Demi-brigade de 2e formation en 1796
La 60e Demi-brigade de deuxième formation a été formée le 1er Germinal an 4 (21 mars 1796) en vertu de l'Arrêté du 18 Nivôse an 4 (8 janvier 1796), à partir des unités suivantes :
- Demi-brigade des Côtes-du-Nord
La Demi-brigade des Côtes-du-Nord a été formée des unités suivantes
- 1er Bataillon des Côtes-du-Nord
Formé le 22 septembre 1791, Chef Geslin. A combattu à l'Armée du Nord, l'Armée de Belgique, à la Bataille de Jemappes. Amalgamé lors de la première réorganisation dans la Demi-brigade des Côtes-du-Nord.
- 6e Bataillon des Fédérés nationaux
Formé le 29 juillet 1792; combat à l'Armée du Nord, en garnison à Dunkerque, Siège de Lille. Amalgamé lors de la première réorganisation dans la Demi-brigade des Côtes-du-Nord.
- 9e Bataillon de la Meurthe
Formé le 16 août 1792; Chef Thiery. Y figure Georges Mouton, alors Volontaire, Lieutenant puis Capitaine. Le Bataillon combat à l'Armée de Moselle. Amalgamé lors de la première réorganisation dans la Demi-brigade des Côtes-du-Nord.
- 4e Bataillon des Réserves (appelé également 4e Bataillon de Volontaires de Soissons, ainsi que 11e Bataillon de la Charente)
Formé le 6 septembre 1792, commandé par Jean-Baptiste Huché, alors Lieutenant-colonel en chef du Bataillon. Y figure également Henri Simon, Lieutenant-colonel en second du Bataillon, Pierre Dereix alors Capitaine.
Combat à l'Armée du Nord, en garnison à Douai, Armée de Hollande. Non amalgamé lors de la première réorganisation. Amalgamé lors de la deuxième réorganisation dans la 60e Demi-brigade de deuxième formation.
- Partie du 4e bataillon du Pas-de-Calais
Formé le 28 janvier 1792. A combattu à l'Armée de Belgique.
Non amalgamé lors de la première réorganisation. Toutefois certaines sources donnent le 4e Bataillon de vVolontaires du Pas-de-Calais comme étant amalgamé dans la 169e Demi-brigade de première formation, mais cet amalgame ne correspond pas à la composition de la 169e Demi-brigade.
Lors de la deuxième réorganisation, une partie du 4e Bataillon de Volontaires du Pas-de-Calais est incorporé dans la 60e Demi-brigade de deuxième formation (l'autre partie étant passée à la 21e Demi-brigade de deuxième formation).
/ Opérations de la 60e Demi-brigade, 1796-1803
- 1796, Armée du Nord, Général Beurnonville
En 1796, lors de la réorganisation de l'infanterie en Demi-brigades, la 60e entre dans la composition de l'Armée du Nord, où elle se signale à la bataille de Wurtzbourg.
Le 8 décembre 1796 (18 Frimaire an 5), Bonaparte écrit au Général Berthier, chef de l'État-major général de l'Armée d'Italie : "... La demi-brigade de la Sarthe sera incorporée avec la 60e demi-brigade de ligne" (Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1113).
- 1797, Armée de Sambre-et-Meuse, Général Hoche
En 1797, à l’Armée de Sambre-et-Meuse, elle contribue à la prise de Herborn, où le Chef de Bataillon Roussel, commandant provisoirement la demi-brigade, est nommé Chef de Brigade sur le champ de bataille par le Général Hoche.
L’Armée de Sambre-et-Meuse, destinée à conserver, jusqu'à la signature du traité de paix, l'immobilité la plus complète, tout en se tenant prête à marcher si des difficultés surgissent, est réorganisée par Hoche, le 20 mai, de la manière suivante :
Corps devant Castel. (Général BARBOU, commandant.)
60e Demi-brigade de ligne. Légion des Francs. 2e Régiment de hussards. Tous les villages au tour de Castel, jusqu'à la rive droite du ruisseau d'Eppstein (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 27).
Le 31 décembre 1797 (11 Nivôse an 6), le Général de Division Paul Grenier écrit, depuis Mülheim, à la Régie nationale chargée de l’administration des pays conquis entre Meuse et Rhin : "J’ai reçu vos lettres du 4 Nivôse, relatives à des exactions commises, d’une part par un sous-officier de la 60e demi-brigade, de l’autre par un capitaine de la 108e ; aucun de ces corps ne faisant partie des troupes que je commande, je ne peux que renvoyer vos plaintes aux généraux qui ont droit d’en connaitre" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 186).
Le même jour, le Général Grenier écrit, depuis Mülheim, au Général Olivier : "Ci-joint, tu trouveras, mon cher Olivier, une plainte de la régie nationale pour faits passés dans l’étendue de ton commandement" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 187).
- Armée du Rhin, Général Moreau
En 1798, elle est à l’Armée du Rhin, à la prise d'Urloffen et au siège de Philipsbourg.
- Armés de Batavie, 1799, Général Brune
Vandamme arrive le 4 septembre 1799 à Alkmaar et prend aussitôt le commandement de la 1ère Division française, formant l'aile gauche de l'Armée gallo-batave sous les ordres de Brune.
1ère Division Vandamme ; Rostollant, Adjudant général, Chef d'Etat-major ; Généraux de brigade, Gouvion, Barbou, Fuzier, Simon David. Dix mille hommes d'infanterie des 22e, 42e, 48e, 49e, 51e, 60e, 72e, 90e Demi-brigades de ligne ; 700 chevaux des 10e de Dragons et 5e de Chasseurs ; 4 bouches à feu. Quartier général à Alkmaar (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 2, p. 7).
En 1799, selon l'Historique régimentaire, à l’Armée de Batavie, le Général en chef Brune la cite comme s'étant brillamment distinguée. Le Capitaine des Grenadiers Weller est mis à l’ordre à la bataille de Bergen le 19 septembre (la 60e est à la Réserve). la 60e prend part au combat de Zyp le 20 septembre. Le 3e Bataillon prend part aux batailles d'Alkmaar (2 octobre 1799) et de Castricum (6 octobre 1799).
Armée du Rhin, 1799
Le 27 Fructidor an 7 (13 septembre 1799), "… L'infanterie fut camper à la lisière du bois en arriére de Mutterstadt, la droite vers le chemin de ce village à Spire, et la gauche vers le chemin de Mutterstadt à Neustadt ; l'artillerie, au village de Kronau ; le 20e, à Schauernheim ; le 10e, à Rödersheim ; le 23e de cavalerie, qui remplaça le 16e, à Alsheim ; et la 60e de ligne, une belle demi-brigade, qui fit partie de la division en remplacement de la 11e légère, campa à la gauche de la 27e ..." (Journal du général Decaen, commandant une brigade de la division Colaud, à l'armée du Rhin commandée par le général en chef Léonard Muller ; ensuite, de celui pendant son commandement à Kehl en vendémiaire et brumaire an VIII ; de celui pendant le commandement d'une division de cette armée, commandée par le général Lecourbe, et durant un autre commandement à Kehl pendant frimaire jusque en germinal que je passai au commandement d'une brigade de la division Souham ; enfin le journal pendant que j'ai commandé cette brigade depuis Fructidor an VII jusqu’au 14 Prairial en VIII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 347).
Concernant la journée du 28 Fructidor an 7 (14 septembre 1799), le Général Decaen écrit : "La division fut mise en marche à 6 heures du matin pour venir à Spire, où je reçus l'ordre de prendre le commandement des troupes qui devaient garder la ligne du Rhin, depuis Rheinzabern, inclusivement, jusqu'à Lingenfeld, exclusivement.
Ces troupes, qui furent cantonnées entre Spire et Germersheim, étaient le 27e de ligne, la 4e compagnie du 3e d'artillerie légère, le 20e de chasseurs, le 10e de cavalerie.
Je devais faire toutes les dispositions que .je jugerais convenables pour la sûreté des postes et celle de la ligne que je devais occuper. Je devais aussi faire relever les postes sur la rive du Rhin, tenus par la 1ère légère, et diriger cette demi-brigade sur Strasbourg, et envoyer à Landau les postes de cavalerie du 13e que je devais aussi trouver sur cette ligne.
La brigade de gauche, commandée par le chef de la 60e, devait garder le Rhin depuis Lingenfeld jusqu'à Berghausen ; et le quartier général de la division devait s'établir à Bellheim.
D'après cet ordre, je déterminai les divers endroits que les troupes de ma brigade devaient occuper, et je leur ordonnai de partir le lendemain matin pour s'y rendre" (Journal du général Decaen, commandant une brigade de la division Colaud, à l'armée du Rhin commandée par le général en chef Léonard Muller ; ensuite, de celui pendant son commandement à Kehl en vendémiaire et brumaire an VIII ; de celui pendant le commandement d'une division de cette armée, commandée par le général Lecourbe, et durant un autre commandement à Kehl pendant frimaire jusque en germinal que je passai au commandement d'une brigade de la division Souham ; enfin le journal pendant que j'ai commandé cette brigade depuis Fructidor an VII jusqu’au 14 Prairial en VIII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 347).
Le 5 décembre 1799 (14 Frimaire an 8), Bonaparte écrit, depuis Paris, à Berthier pour lui annoncer que : "L’armée du Rhin sera renforcée sans délai : 1° par les 4e, 15e, 42e, 51e, 54e, et 60e demi-brigades et par deux autres demi-brigades extraites de l’armée française qui est en Batavie ; 2° par deux demi-brigades bataves ; 3° par le 21e régiment de cbasseurs qui est à Paris et par trois régiments de cavalerie extraits de l'armée française qui est en Batavie ; 4° par tous les bataillons de conscrits qu'il sera possible dy envoyer ; ces bataillons seront incorporés dans des demi-brigades au moment de leur arrivée ; 5° par tous les régiments de cavalerie qui se trouvent dans l’intérieur de la République et qu'il sera possible d'envoyer à l’armée du Rhin ; 6° par le 11e régiment de hussards qui sera équipé à cet effet le plus promptement possible" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3010).
Selon les Etats Militaires de l'an VIII (1799-1800), la 60e Demi-brigade est à l'Armée de l'Ouest. Elle est commandée par X (pas mentionné). Chefs du 1er Bataillon, Gonault; du 2e Bataillon, Lasalle, du 3e Bataillon, Benard.
Adjudants-majors, du 1er Bataillon X; du 2e Bataillon , du 3e Bataillon X.
Quartiers-maîtres-trésoriers, Azemar, Loisel.
Chirurgiens-majors : Roussel, Lavergne, Delcourt.
1er Bataillon : Capitaines CC. Larue, Grenadiers, Duval, Gendin, Desormeaux, Cauet, Dubois, Haura, Lecoq.
Micard. Lieutenants Rousseau, Chapelain, Guignard, Chardot, Plessys, Lemenager, Achard, Banier, Baron. Sous-lieutenants Weller, Percevault, Recouvreur, Tribout, Lecocq l'aîné, Taupin, Pollet, Cabocel, Faisnel.
2e Bataillon : Capitaines Paty, Grenadiers, Legouazion, Boppe, Corbin, Chantepie, Couart, Dirmaud, Villaume, Desoblin. Lieutenants Vallon, Lecocq jeune, Hesse, Lorneste, Renaud, Hidrion, Melisse, Tierce. Sous-lieutenants Delalande, Bellanger, Pichot, René, Chabaud, Vautrin, Corsin, Remond, Dubier.
3e Bataillon : Capitaines Brionval, Grenadiers, Clouet, Bibat, Gondon, Rochard, Lamandée, Carrouge, Fromont, Ferey. Lieutenants Ducloux, Chabrolles, Vallé, Guillon, Vassort, Ravenet, Beault, Loidin, X. Sous-lieutenants Valette, Lejeune, Hallain, Biez, Legal, Aubier, Corbin, Bombardier.
Le 14 janvier 1800 (24 Nivôse an 8), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Brune, commandant en chef l'Armée de l'Ouest : "… Je calcule que le 27 au soir vous serez arrivé à Angers ; n'y restez que les heures nécessaires pour mettre la 60e demi-brigade et les troupes que vous pourrez ôter de ce département, en marche pour le Morbihan, et portez-vous à Nantes. De là marchez dans le Morbihan, où vous trouverez la 22e et la 72e. Dissipez les rassemblements de Georges. Emparez-vous de ses canons, de ses magasins de blé (il en a une grande quantité sur le rivage, qu'il vend aux Anglais). Enfin commencez à faire sentir tout le poids et les horreurs de la guerre aux révoltés du Morbihan …" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4523 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 4872).
Le 11 février 1800 (22 Pluviôse an 8), Etienne Bernard Cossard est nommé Chef de Brigade à la tête de la 60e par le Premier Consul.
Le 16 février 1800 (27 Pluviôse an 8), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre … au détachement de la 60e, qui se trouve à Dunkerque, de rejoindre sa demi-brigade à Rennes ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 4995).
- Armée d'Italie, Général Bonaparte
Alors que Georges Cadoudal a fait sa soumission, le 1er Consul Bonaparte décide de mobiliser une partie des forces dans l’Ouest pour sa nouvelle Armée de Réserve destinée à pénétrer en Italie où la situation militaire est préoccupante. Il écrit, depuis Paris, le 2 mars 1800 (11 Ventôse an 8), au Général Brune, commandant en chef l'Armée de l'Ouest : "J'ai reçu, Citoyen Général, votre lettre du 7. Ni votre aide de camp ni Georges ne sont encore arrivés. Vous avez 7,000 fusils; j'espère qu'en cet instant vous aurez complété le nombre que je vous ai demandé.
Les Russes sont, au moment actuel, en Pologne. Il sera décidé dans quinze jours si la campagne s'ouvrira ou non; et, en cas que nous devions la faire, j'ai de très-vastes projets. Une armée de réserve, que je vais former et dont je me réserverai le commandement et dans laquelle vous serez employé, doit être composée des 40e, 58e, 6e légère, 60e, 22e demi-brigades. Ces cinq demi-brigades sont à votre armée. Si les événements le permettent, faites-les partir dans la décade prochaine, en en formant deux divisions. Fournissez à chaque division six pièces d'artillerie. A l'une vous attacherez le 22e de chasseurs, et à l'autre le 2e de chasseurs. Dirigez-les sur Dijon. Faites-les marcher par division ; c'est le meilleur moyen pour qu'il n'y ait pas de désertion. Passez-en la revue et faîtes-moi connaître l'état de leurs besoins et leur nombre. Mettez leur solde à jour. Nantes doit pouvoir vous offrir quelques ressources en capotes, souliers, etc.
Faites commander les divisions ci-dessus par un très-bon général de brigade et un bon adjudant général.
Je fais partir de la 17e ou 14e division militaire la 24e légère, la 43e et la 96e, ainsi qu'une douzaine d'escadrons. Cette division part également primidi pour former l'armée de réserve.
Envoyez au ministre de la guerre l'ordre de route que vous donnerez à vos divisions, afin de savoir où les prendre pour les diriger sur les points précis qu’elles devront occuper" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4631 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5037; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.71; cité par M. Brevet).
Ces dispositions sont portées à la connaissance du Ministre, qui est avisé, en outre, que la 6e Légère, la 22e et la 40e formeront la 2e Division de l'Armée de Réserve; les 60e et 58e, la 3e Division (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.71).
Le 3 mars 1800 (12 Ventôse an 8), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, inistre de la Guerre : "Vous voudrez bien donner l'ordre au général en chef Brune, citoyen ministre, de faire partir le plus tôt qu'il le pourra pour Dijon la 6e demi-brigade d'infanterie légère, la 22e et la 40e demi-brigade de ligne ainsi que la 60e et la 50e demi-brigade de ligne ; le 2e et le 21e de chasseurs. Il formera de ces corps deux divisions. Il attachera à chacune 6 pièces de canon avec l'artillerie nécessaire pour servir ces deux corps. Il fera commander chcun de ces corps par un général de brigade distingué et un adjudant général. Les 3 premères demi-brigades formeront la 2e division de l'armée de Réserve et les deux secondes la 3e division de cette armée. Il attachera à chacune de ces divisions un commissaire des guerres et un adjoint au commissaire des guerres" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1161 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5039).
Le 8 mars 1800 (17 Ventôse an 8), le Premier Consul écrit, depuis depuis Paris, au Général Brune, commandant en chef l'Armée de l'Ouest : "... Les 6e et 60e doivent, comme vous l'avez vu, faire partie de l'armée de Réserve. Faites en sorte de mettre leur solde et leur habillement dans le meilleur état qu'il vous sera possible. Il faut qu’elles soient rendues à Dijon au 10 germinal ; ainsi vous voyez qu'il n’y a pas un instant à perdre" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5069).
Le 8 mars 1800 (17 ventôse an 8), depuis Paris, les consuls arrêtent : "Art. I. L'armée de réserve est composée de six divisions ...
... Troisième division : 19e légère, 58e et 60e de ligne ...
Art. II. Le ministre de la guerre donnera des ordres pour que ces corps soient mis de préférence dans les lieux où ils se trouvent, en état de faire la campagne.
Art. III. Le ministre de la guerre me remettra l'ordre de route que doit suivre, chacun de ces corps pour se rendre à Dijon et la ville où sera placé le quartier-général de chaque division" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 159).
Le même 17 ventôse an 8 (8 mars 1800), le Ministre de la guerre écrit au Général Dupont depuis Paris :
"L'armée de réserve est composée de six divisions :
(...) 3e Division.
19e légère, 58e, 60e de ligne.
(...) Il sera donné des ordres pour que ces corps soient mis, de préférence dans les lieux où ils se trouvent, en état de faire la campagne (a).
Faire un tableau pour le Premier Consul de la route que doit suivre chacun de ces corps pour se rendre à Dijon, et la ville où sera placé le quartier général de chaque division.
Alex. BERTHIER.
Note de la main de Berthier :
(a) C'est-à-dire qu'il sera donné des ordres pour donner à ces corps tous les objets dont ils auraient besoin pour faire la guerre, de préférence en épuisant toutes les ressources des lieux où ils se trouvent" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 39-40).
Le 12 Mars 1800 (21 Ventôse an 8), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Moreau, qui commande l’Armée du Rhin. Moreau est directement intéressé car les Armée du Rhin et de Réserve doivent coordonner leurs actions : "Le ministre de la Guerre vous aura envoyé, citoyen général la proclamation et la création de l’Armée de Réserve ...
La 3e division part également de Nantes dans la décade ; elle est composée des 19e légère, 58e et 60e de ligne et six pièces d'artillerie ...
Toutes ces demi-brigades sont à 2500 hommes et seront, arrivées à Dijon, à 3,000 ..." (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4661 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5095).
D'après le "Relevé des mouvements de troupes par décade", la colonne de Rennes ccomprend la 22e de Ligne, 2,600 hommes; 60e 2,200 hommes; 21e de Chasseurs, 820 hommes montés; 6 pièces et 3 caissons, 60 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.72).
La 60e doit partir de Rennes le 15 mars pour être à Chaumont le 10 avril (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 605 - Résumé de la concentration des troupes venant de l'Ouest).
La situation du 15 mars 1800 donne :
3e Division à Langres : 19e Légère, 1620 hommes; 58e de Bataille (sic), 2354 hommes; 60e de Bataille, 2309hommes. Lieu de départ : Tours (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 608).
Le 20 mars 1800 (29 Ventôse an 8), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Brune, commandant en chef l'Armée de l'Ouest : "… Je ne conçois pas comment vous n'avez pas encore reçu du ministre de la guerre d'ordre pour la 19e légère. Si vous ne l'avez pas encore reçu, faites partir pour l'armée de réserve les deux bataillons de la 9e, et alors vous appliquerez à cette demi-brigade l'ordre que vous recevriez du ministre de la guerre pour la 19e. Cette demi-brigade, avec les 22e et 60e, formerait la 3e division ..." (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4687 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5128).
Le 22 mars 1800 (1er germinal an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Le général Brune aura fourni de l'armée de l'ouest, pour l'armée de Réserve ... La 60e [de ligne] ...
Vous donnerez l'ordre au général Lefebvre de faire partir pour Dijon ... les dépôts ou détachements appartenant à ces différents corps qui pourraient se trouver dans les 14e, 15e, 17e divisions ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 5141; ; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.74).
La situation du 24 mars 1800 donne :
Armée de réserve, par divisions
3e Division à Langres : 19e Légère, 1620 hommes, 3 Bataillons; 58e de Bataille (sic), 3 Bataillons, 2345 hommes; 60e de Bataille, 3 Bataillon, 1844 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 612).
Le 8 Germinal an 8 (29 mars 1800), l'Adjudant général Mériage écrit, depuis Orléans, au Ministre de la guerre : "... Ainsi, la 6e légère et la 60e, faisant la même marche, seraient parties demain pour Chàteauneuf, sans un ordre du général Santerre, commandant à Orléans, qui a donné séjour le 9 à la 60e demi-brigade, afin d'éviter l'encombrement des deux corps partant le même jour pour les mêmes logements ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.73).
Le 15 Germinal an 8 (5 avril 1800), l'Adjudant général Mériage écrit, depuis Sens, au Ministre de la Guerre : "Citoyen Ministre,
Dans la marche que j'ai faite depuis Rennes avec la 60e demi-brigade, formant l'avant-garde de la 3e division de l'armée de réserve, j'ai reconnu la grande nécessité de nommer un chef de brigade à ce corps, pour y rétablir l'ordre et la discipline et arrêter les progrès de la désertion.
Ce n'a été qu'à force de soins que les chefs de bataillon ont mis un terme au désordre de la marche. Ces officiers avaient senti qu'il était imprudent de donner, en un seul payement, un mois et demi d'arriéré de fructidor, touché par le soldat. Ils désiraient le donner par prêts successifs, ou à la destination. Mais à La Flèche, une espèce d'insurrection s'est manifestée; en vain les chefs ont emporté les drapeaux, le corps ne voulait point partir et les ramena. Je fus prévenu par le commandant; je fis venir les grenadiers qui montraient le plus de résistance et je leur en imposai de manière que la troupe partit. Je fis distribuer à Vendôme l'arriéré de solde.
D'un autre côté, j'ai l'honneur de vous rendre compte que près de cent hommes sont partis, sans permission, pendant la marche, pour aller dans leur pays, à mesure qu'ils en passaient à proximité; c'est surtout à côté de la Mayenne et de Chartres. Si l'on ne donne pas des ordres précis aux préfets pour les faire arrêter, cet exemple sera funeste pour les corps.
Je vous invite donc, citoyen Ministre, à prendre en considération l'état de ce corps, composé d'ailleurs de vieux soldats ayant fait la guerre et sur lesquels on peut compter, et commandé par de bons officiers, mais auquel le défaut de chef est très désavantageux. Le chef de bataillon Gouault, qui commande la demi-brigade depuis sept mois, officier supérieur depuis 1793, mérite à tous égards cet avancement, dans le cas où vous n'auriez pas jeté les yeux sur un autre officier.
Salut et respect.
MÉRIAGE
Annotation mise en marge : Renvoyé au général Dupont" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.73-74).
La 60e s'installe à Chaumont vers le 10 avril (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.73).
Une situation en date du 10 avril donne à la 60e de Ligne, forte de 3 Bataillons, un effectif de 1844 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 615 - Note : Cette situation, existant seulement à l'état de minute, ne peut inspirer une confiance absolue).
D'après un "État de la force et de l'emplacement des corps arrivés dans leurs cantonnements au 26 germinal an 8 (16 avril 1800)" signé par le Général Vignolle, Général chef provisoire de l'Etat-major général, la 60e Demi-brigade est à Chaumont, et a 1800 hommes présents sous les armes; son effectif total n'est pas connu (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 619).
L'Ordre du jour, daté de Dijon, le 30 Germinal an 8 (20 avril 1800), et signé par le Général Dupont, indique : "L'armée est formée dans l'ordre suivant:
Le général en chef Alexandre Berthier;
Le général de division Dupont, chef de l'état-major général;
Le général de brigade Vignolle, employé à l'état-major.
Adjudants généraux employés à l'état-major: Léopold Stabeurath, Lacroix, Pannetier.
Les généraux de division Duhesme, Victor et Murat seront employés, provisoirement, comme lieutenants du général en chef.
Les 19e demi-brigade d'infanterie légère,
58e – de bataille,
60e – –
15e régiment de chasseurs à cheval,
formeront une division, qui sera commandée par le général divisionnaire Loison, et ayant sous ses ordres les généraux de brigade Gobert et Broussier, et l'adjudant général Mériage ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 146).
Selon la "Force des corps de l'armée de réserve d'après la situation établie à Paris; le 1er floréal an 8 (21 avril 1800)", la 60e de Ligne a un effectif de 1800 hommes présents sous les armes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 621 - Archives nationales AF. IV; reg. 1132).
La situation de l'Armée de Réserve (1ère partie) datée du 5 Floréal an 8 (25 avril 1800) indique :
Armée de Réserve : Berthier, Général en chef.
Victor, Lieutenant général du Général en Chef.
Général de Division Loison; Généraux de Brigade Gobert et Broussier.
19e Légère à Langres, 1062 hommes (elle doit arriver à Dijon les 22, 24 et 26 Floréal); 58e de Bataille à Langres, 2000 hommes; 60e de Bataille à Chaumont, 2000 hommes, 15e Chasseurs à Verdun-sur-Saône, 220 hommes; total 5640 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 622 - Note : Une autre situation a été établie la veille, 24 avril, sous une autre forme présentant les effectifs par armes et subdivisions d'armes au lieu de les donner par division. – Elle ne diffère de celle-ci que par quelques détails (Archives nationales AF. IV, registre, 1159.)). A noter qu'une situation établie le même jour à Paris, donc un peu moins fiable, donne la 60e avec un effectif de 1800 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 627)
Le 26 avril 1800 (6 floréal an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Commandant en chef l'Armée de réserve, à Dijon : "... voici comment je vois votre armée : La division Loison, composée des 13e légère, 58e, 60e de ligne : 6 à 7,000 hommes ... Ces quatre divisions disponibles et prêtes à marcher au 10 floréal ... Ainsi, il me semble que, le 15 floréal, vous pourrez avoir à Genève, prêts à se porter où il sera nécessaire : ... les quatre premières divisions ..." (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 114 ; Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4732; Correspondance générale, t.3, lettre 5202; donnée dans "Extraits des mémoires inédits de Victor" ; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 202).
Le 6 Floréal an 8 (26 avril 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Dijon, au Chef de l'Etat-major : "Vous donnerez les ordres ci-après :
... Ordre à la 60e demi-brigade de partir le 9 de Langres pour se rendre également à Pontarlier; cette demi-brigade trouvera à son arrivée à Pontarlier 4 pièces d'artillerie et 3 caissons de cartouches de la division Chambarlhac ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 187).L'itinéraire prévu est Champtitte le 30 avril, Gray le 1er mai, Marnay le 2, Besançon le 3, Ornans le 4, Potarlier le 5 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 642).
Le 7 Floréal an 8 (27 avril 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Dijon, au Premier Consul : "L'ordre impératif contenu dans la lettre du Ministre du 4 floréal, de porter l'armée de réserve en Suisse, d'appuyer les mouvements du général Moreau et de garder le débouché par les Grisons pour me jeter ensuite en Italie m'avait porté à vous écrire que je dirigeais trois divisions sur Lausanne [sic. Lisez: Lucerne].
J’ai senti par les nouvelles du général Masséna que sa position exigeait que je fisse tout pour lui; j'ai donc dirigé toute l'infanterie de l'armée sur Genève, Lausanne et Vevey, à l'exception de la 58e et de la 60e, qui venaient de Langres attendre des ordres à Pontarlier, dans le cas où les circonstances eussent exigé que je portasse des renforts sur Lucerne ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 189).
Les ordres suivants, donnés par Berthier depuis Dijon, à son Chef d'état-major, le 27 avril, permettent de se faire une idée du dénuement dans lequel étaient les troupes qui se mettaient en marche vers Genève : "... Si la 58e et la 60e demi-brigades, citoyen Général, ont des conscrits qui ne soient ni armés ni habillés, il faut qu'avec le dépôt du corps, ils viennent à Dijon, où, après avoir reçu ce qui leur est nécessaire, ils rejoindront leur demi-brigade ...
Écrivez à l'ordonnateur pour qu'il nous fasse faire le plus de souliers qu'il pourra, soit à Genève, soit à Lausanne et autres pays environnants. Vous sentez combien cet objet est important, car nos troupes, en arrivant à Genève, auront besoin d'un grand nombre de souliers" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 189 - Les 400 conscrits de la 58e rejoignent leur Demi-brigade, avec un jour seulement de retard, et arrivent à Nyon le 8 mai avec la 60e).
Le 8 Floréal an 8 (28 avril 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Dijon, au Chef d'Etat-major : "Je vous prie de donner des ordres pour faire arrêter et séjourner à Gray les 58e et 60e demi-brigades. Vous changerez leur route et les dirigerez sur Nyon, passant par Dôle ; on leur distribuera les objets dont ils pourraient avoir besoin et qu'ils auront soin d'envoyer chercher à Dijon" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 206).
Ces deux Demi-brigades, composant la Division Loison, devaient aller à Pontarlier. Leur destination est modifiée au reçu de la lettre du Premier Consul du 26 avril, laquelle prescrit d'avoir le 15 Floréal à Genève les quatre premières Divisions (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 206).
"Ordre à la 60e demi-brigade.
Il est ordonné à la 60e demi-brigade de bataille qui doit arriver le 11 floréal à Gray, de partir de cette commune le 12 pour se rendre le même jour à Pesme; le 13, à Dôle; le 14, à Scellières; le 15, à Lons-le-Saulnier; le 16, à Clairvaux; le 17, à Saint-Lupicin; le 18, à Nyon, où elle demeurera jusqu'à nouvel ordre.
DUPONT" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 206).
Encore le 8 Floréal an 8 (28 avril 1800). Berthier, Général en Chef de l'Armée de réserve, écrit, depuis Dijon, au Chef d'Etat-major : "Vous donnerez les ordres, citoyen Général, pour former les divisions de l'armée ainsi qu'il suit :
La division Loison, composée des 13e légère, 58e et 60e de ligne ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 207).
Puis, le même 8 Floréal an 8 (28 avril 1800), Alexandre Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Dijon, au Chef de l'Etat-major : "Le général Victor me rend compte que la 58e a 1200 recrues sans armes et sans habits. Il en manque également beaucoup à la 60e. Prenez tontes les mesures possibles pour que ces conscrits soient armés et habillés avant d'arriver à Genève.
Sachez de Marmont s'il a des nouvelles de l'arrivée des fusils à Auxonne ; on pourrait faire laisser des détachements pour les prendre" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 210).
La "Composition de l'armée au 10 floréal an 8 (30 avril 1800)" indique que la 60e de Ligne, forte de 2101 hommes, est en marche pour Nyon où elle doit arriver le 18 Floréal (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 644). Une autre situation donne les mêmes informations en précisant que la 60e de Ligne, forte de 3 Bataillons, fait partie de la 1ère Division commandée par le Général Loison (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 648).
Le 18 Floréal an 8 (8 mai 1800), l'Adjudant général Mériage, Chef d'Etat-major de la Division Loison, écrit, depuis Nyon, au Général de Division Dupont, Chef de l'Etat-major général de l'armée, à Genève : "J'ai l'honneur de vous rendre compte de mon arrivée, hier, à Nyon, avec le général Gobert. Nous avons trouvé le général Loison ici ...
Aujourd'hui arrive la 60e, le 2e bataillon de la 13e et environ 400 conscrits de la 58e. Ces derniers ont été habillés à Dijon, mais non armés ; il leur faut des armes.
J'ignore la marche des conscrits de la 60e et des deux autres bataillons de la 13e, qui doivent suivre (22).
Je demande à ces corps sur-le-champ des états de situation, ceux de l'armement, des munitions de guerre, et des bidons, gamelles et marmites nécessaires. Je vous enverrai, Général, ces divers états au fur et à mesure qu'ils vont m'être remis, afin qu'il soit pourvu de suite aux besoins des troupes, pour les mettre en état d'entrer en campagne.
La force de la 58e est d'environ 1800 hommes présents, non compris les conscrits attendus aujourd'hui.
Celle de la 60e est de 1800 hommes aussi, non compris les conscrits attendus de Dijon.
J'ignore celle de la 13e.
Demain, vous aurez une situation exacte.
P. S. – Nous n'avons point ici de payeur; je vous prie, Général, de me dire si la division recevra la solde.
Le général Broussier arrivera aujourd'hui avec la 60e" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 305).
La "Situation de l'armée de réserve au 19 floréal an 8 (9 mai 1800)" indique :
Berthier, Général en chef
Division Loison, Généraux de Brigade Gobert et Broussier; 60e de Ligne, 2101 hommes, le 19 à Nyon, arrive le 20 à Genève (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 654 - Archives nationales, AF. IV, registre, 1159).
Selon la "Composition et l'ordre de bataille de l'armée" en date du 20 Floréal an 8 (10 mai 1800), la 60e de Ligne, forte de 2101 hommes, est à Lausanne ; elle est sous les ordres du Général de Division Loison, lui même sous les ordres du Général Duhesme (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 665; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 73 donne partiellement cette situation).
Le même 20 Floréal an 8 (10 mai 1800), Berthier, Général en Chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Genève, au Général Dupont : "L'armée, citoyen Général, sera organisée ainsi qu'il suit :
... Le général Duhesme commandera les divisions Loison et Boudet, savoir :
La division Loison :
13e demi-brigade légère;
58e de ligne;
60e de ligne;
1 escadron du 15e de chasseurs ...
Donnez également tous les autres ordres nécessaires à l'organisation ci-dessus ..
Faites faire un état de l'organisation de l'armée que vous remettrez au Premier Consul à 11 heures. Vous ajouterez à cet état en observation toutes les troupes annoncées et qui ne sont point encore arrivées. Vous mettrez sur cet état la force des corps ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 315).
Le 11 mai 1800, les Divisions Loison et Boudet doivent passer la revue du Général en Chef, mais cette dernière est reportée au 12 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 311 et 319).
"Lausanne, 12 mai. – Dès le matin, les gardes des Consuls et toutes les autres troupes françaises qui se trouvent à Lausanne, ont été appelées sous les armes pour se préparer à subir l'inspection qui doit se faire à Saint-Sulpice.
A 9 heures, l'état-major, composé du général Berthier, Murat, Marmont, s'est mis en marche dans cette direction. Il a été suivi aussitôt de la 60e demi-brigade, puis de la 58e et de la 59e, qui venaient de leurs cantonnements des districts de Lavaux et des environs. Il a défilé ensuite un régiment de hussards venant d'Orbe et de Romainmotier. On a conduit aussi à Saint-Sulpice quelques-unes des pièces d'artillerie qui étaient sur Montbenon. Les troupes parties de Lausanne pour Saint-Sulpice se sont trouvées au nombre d'environ 7,000 hommes.
Il en était venu du district de Morges et des environs 10 à 12,000.
Avant de les passer en revue, Bonaparte, qui était venu en voiture de Genève dans la matinée, est venu descendre de carrosse à Vidy. Il y est resté pendant une heure, faisant la conversation avec le jeune Piccard.
Il est ensuite monté à cheval et est allé faire l'inspection des troupes, qui étaient rangées en deux divisions sur les plaines de Saint-Sulpice. Il a harangué, toute la troupe dans un cercle formé par les officiers et les bas officiers ..." (Journal du professeur Pichard sur la révolution helvétique - De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 335).
Le 22 Floréal an 8 (12 mai 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Lausanne, au Général Dupont : "Témoignez, par un ordre du jour à l'armée, ma satisfaction de la bonne conduite et de la discipline qu'elle tient soit dans la marche, soit dans les cantonnements. Partout, il m'est revenu des éloges.
Prenez les mesures nécessaires pour faire cantonner dans les villages, à une lieue aux environs, 4 bataillons qui surchargent trop la ville de Lausanne, où l'on a besoin de beaucoup de logements, tant pour le Premier Consul que pour le quartier général. On peut changer tout de suite les deux bataillons de la 60e. Au reste, la municipalité doit vous voir; comme elle fait tout pour nous, il faut tâcher de la soulager autant qu'il sera possible" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 335).
"État des sommes payées aux différents corps de troupes qui se trouvaient à Lausanne ou dans les environs le 23 du courant, savoir :
A la 60e demi-brigade de bataille 48702,00 ...
Certifié le présent état véritable, à Villeneuve, le 25 floréal an 8.
LE BLOND, caissier" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 579).
Le 24 Floréal an 8 (14 mai 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Lausanne, au Général Dupont : "La 60e demi-brigade est partie, citoyen Général, et il y a encore pour ma garde des grenadiers de ce corps. Donnez sur-le-champ des ordres pour qu'ils rejoignent leur demi-brigade.
Je n'ai plus besoin de garde; je vais partir dans quelques heures. Il ne doit rester nulle part aucune garde faisant partie des corps allés en avant" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 375).
Le 24 Floréal an 8 (14 mai 1800), Dejean établit, à Genève, un "État de tous les corps d'infanterie et de cavalerie arrivés â Genève ou dans les environs et de ceux partis pour l'armée du 22 au 24 floréal ...
Un détachement de 650 conscrits pour la 60e demi-brigade de bataille, arrivé le 23 à Genève, parti le 24 pour Lausanne ...
Pour copie conforme aux états qui m'ont été remis par l'adjudant général Grillon" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 375).
Le 15 mai 1800, le Premier Consul écrit, depuis Lausanne, au Général Berthier, commandant en chef l’Armée d’Italie : "Six cent hommes de la 60e, Citoyen Général, viennent d’arriver. La moitié de leurs armes est en mauvais état; j’estime qu’i1 leur en manque trois cents. Je désirerais que vous me fissiez connaître s’il n’y en a pas à Villeneuve; dans ce cas, il faudra leur accorder demain séjour à Villeneuve, pour avoir le temps d’en faire venir, de Genève, où je vais écrire pour qu’on en envoie de suite ..." (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 129 ; Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4802 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5309; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 381).
Le même 15 mai 1800 (25 Floréal an 8), le Premier Consul écrit, depuis Lausanne, au Général Guériot, Directeur du Parc d'artillerie : "Un détachement de 600 hommes, de la 60e demi-brigade, a besoin de 300 fusils ; faites-les partir en toute diligence sur un bateau pour Villeneuve, où il serait nécessaire qu’ils fussent arrivés demain dans la nuit.
Je crains que nous ne nous trouvions dans un grand embarras de cartouches : dès que vous en aurez 100 000 de faites, expédiez-les, cela ne comporte point de retard" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5313).
Le 27 Floréal an 8 (17 mai 1800), le Chef de Brigade Guériot, commandant l'artillerie, écrit, depuis Genève, au Premier Consul de la République française : "Mon Général,
Je viens de recevoir la lettre du 25 courant, par laquelle vous me faites l'honneur de me mander que les besoins d'un détachement de 600 hommes de la 60e demi-brigade nécessitent que je fasse partir en toute diligence pour Villeneuve la quantité de 300 fusils.
Ce détachement peut se présenter et faire sa demande à Villeneuve, où j'ai expédié depuis plusieurs jours plus de 1600 fusils encaissés tels que je les ai reçus.
Quant aux cartouches d'infanterie, le dépôt de Villeneuve se trouve approvisionné de plus d'un million et ayant aujourd'hui reçu l'ordre de faire partir par Nyon et Lausanne, la quantité de 1600 fusils et 195,000 cartouches pour être délivrées à la division du général Monnier, j'expédie sur-le-champ un brigantin chargé de ces quantités avec un officier muni d'ordres. Cet envoi fait, il ne nous reste plus une seule cartouche. La fabrication va toujours son train, mais pas aussi vite que je le désirerais, parce que n'ayant point ici de garnison, les canonniers sont continuellement distraits de ce travail pour les déchargements des convois arrivant et le chargement des barques" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 383).
Selon un état de la "Force de l'Armée de réserve en Italie au 1er prairial an 8 (21 mai 1800", la 60e de Ligne compte 1900 hommes pour un effectif total de 2101 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 679).
Le 5 Prairial an 8 (25 mai 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Verrès, au Général Dupont : "J'ai ordonné hier au général Marescot et au général Loison de reconnaître la manière d'attaquer de vive force le château de Bard.
J'ordonne que toutes les dispositions soient faites pour l'escalade de cette place.
Le général Loison est chargé de cette attaque.
Les carabiniers et 300 hommes de la 13e légère, qui auront à leur tête un officier brave et intelligent et un officier du génie avec 15 sapeurs munis de haches, se tiendront réunis à Donnas et prêts à partir au premier ordre pour escalader les murs de la première enceinte du fort, du côté de Donnas. Du moment qu'ils auront escaladé ces murs, une partie cherchera à gagner la porte du fort par la droite et l'autre tournera les rochers par la gauche. Le commandant de cette colonne et l'officier du génie rassembleront sur-le-champ toutes les échelles qu'ils pourront trouver à Donnas, et il y en a beaucoup.
Le chef de brigade Dufour avec trois compagnies de grenadiers de la 58e et les trois compagnies de la 60e se tiendra prêt, pour, au premier ordre, se jeter sur la porte du fort, briser les barrières, escalader le premier mur, gravir le rocher qui domine la porte, en même temps abattre le pont-levis, enfoncer les portes, et de là se jeter dans la batterie basse, dans laquelle on se trouvera pouvoir entrer par derrière, et la batterie haute dans laquelle on peut entrer et par les embrasures et en la tournant par la gauche.
Le général Loison ordonnera aux trois compagnies qui sont à la droite de la Dora de se tenir prêtes à faire une fausse attaque sur la rive droite de la Dora, menaçant de la passer pour attirer de ce côté l'attention de l'ennemi.
Le général Marescot désignera un officier du génie et 15 hommes armés de haches, de pinces, etc., pour marcher à la tête des grenadiers qui sont aux ordres du chef de brigade Dufour.
Le général Loison chargera le général Gobert de la direction de l'attaque de toute la partie de la haute et basse ville; il ordonnera les diversions qu'il jugera nécessaires pour détourner l'attention de l'ennemi du véritable point d'attaque qui est la porte du fort.
Prévenez le général Loison qu'il ne perde pas un instant pour faire tout préparer. J'attends l'arrivée du Consul pour lui faire connaître l'heure de l'attaque" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 524 - Archives de Gros-Bois, IX, A, XXX, registre d'ordres de Berthier).
Le 6 Prairial an 8 (26 mai 1800), Alexandre Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Verrès, au Chef de l'Etat-major : "… Ordonnez à la 60e demi-brigade de partir sur-le-champ pour se rendre à Ivrée ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 530).
Situation de la Réserve, 1re ligne, au 20 Prairial an 8 (9 juin 1800) :
60e de Bataille, 3 Bataillons, 1800 hommes; 32 hommes sont au Dépôt à Chambéry (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 535; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 543).
Autre Situation de la Première ligne de l'armée de réserve au 20 prairial an 8 (9 juin 1800).
Force de l'infanterie de la première ligne de l'armée de réserve
60e de Bataille, 1900 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 539 - Archives nationales, A. F. IV, registre, 1159).
Le 21 Prairial an 8 (10 juin 1800), le Lieutenant général Duhesme écrit, depuis Plaisance, au Général en chef : "Conformément aux différents ordres et instructions que j'ai reçus de vous, je suis arrivé hier à Plaisance, après avoir passé le Pô vers Crémone ...
Le général Loison investit le fort, garde le pont de Plaisance avec deux bataillons et demi de la 58e, sous les ordres du général Gobert, à qui on laisse un escadron du 2e de chasseurs à cheval pour s'éclairer sur Modène et Bobbio.
Le général Loison, avec le reste de ses troupes, composé de deux bataillons de la 60e, six compagnies de grenadiers et trois escadrons du 2e de chasseurs à cheval, se portera sur Stradella.
Je n'ai pas encore pu obtenir des états de situation. Aussitôt que j'en aurai, je vous les enverrai ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 29 - Archives de M. le général comte Duhesme. Berthier a noté sur cette lettre : "Les dispositions ci-dessus me paraissent très bonnes et sont celles que le général Duhesme et le général Loison doivent exécuter dans ce moment. Elles remplissent tous les objets, couvrent Crémone, Pizzighettone, Plaisance, et nous envoient un renfort dont nous avons besoin").
L'arrivée à l'armée du Général Desaix, les emplacements des différentes Divisions et les missions qu'elles ont à remplir, nécessitent un nouveau groupement des unités sous les ordres des Lieutenants du Général en chef. Le 22 Prairial an 8 (11 juin 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, dresse au Chef de l'Etat-major général, depuis Stradella, une "Organisation de l'armée au 22 prairial ...
Réserve :
13e légère, 58e de bataille, 60e id., division du général Loison ...
Donnez, je vous prie, les ordres pour l'exécution de cette nouvelle disposition. Prévenez le général Marmont, le général Marescot et l'ordonnateur en chef, mes lieutenants et chacun des généraux de division.
Je voudrais avoir, le plus tôt possible, un état de l'emplacement de toutes les troupes composant l'armée et du présent sous les armes.
Faites distribuer dans les différentes divisions les papiers publics ci-joints.
Envoyez le Moniteur à chaque division" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 306).
Une situtation intitulée "Composition et force de l'armée à l'époque du 22 prairial an 8 (11 juin 1800)" indique :
Réserve;
Loison, Général divisionnaire, 13e Légère, 1127 hommes;
Généraux de Brigade Grobert, Broussier, 58e Bataille, 2079 hommes;
Adjudant général Mériage, 60e Bataille, 2098 hommes;
5304 hommes
Général commandant Lorge, 12e Légère, 900 hommes; 1ère bataille, 1800 hommes; 67e Bataille, 1800 hommes;
4500 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 309 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 85).
La Division Loison garde les points de passage du Pô, contre une offensive qui viendrait du sud, sert de réserve sur la rive droite et est prête à se porter au besoin sur la rive gauche. Loison a envoyé le Général Broussier à Crémone avec les 3 Bataillons de la 58e. Une fraction de la 13e Légère bloque Pizzighettone. Le général Gobert assiège le château de Plaisance. Loison ne doit donc avoir avec lui, le 13 juin 1800, qu'une partie des 13e Légère et 60e de Bataille.
- Combat de Melagnano, 14 juin 1800
La "Situation de l'armée de réserve, le 25 prairial, avant la bataille de Marengo" indique :
Division Loison, 13e Légère, 1127 hommes; 58e de Ligne, 2079 hommes; 60e de Ligne, 2098 hommes; total 5304 hommes à Plaisance (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 372 - Cette situation existe aux Archives de la Guerre; elle n'est pas signée. Elle est reproduite dans le Journal de Brossier (exemplaire de la Bibliothèque du Ministère de la guerre, A. II, d. 147). Une autre situation parut dans la Relation de la bataille de Marengo, rédigée au Dépôt de la guerre et publiée en 1805. Elle ne diffère de celle-ci que par la forme et quelques détails pour certains effectifs. On l'a reproduite dans les Mémoires de Napoléon In Corresp. de Napoléon, t. XXX, p. 386).
La Situation de l'Armée de Réserve, le 25 Prairial an 8, indique :
Bonaparte, Premier Consul, commandant en personne.
Alexandre Berthier, Général en Chef.
Devant les places et en position sur les deux rives du Pô
Lieutenant général Duhems, Division Loison, Général de Brigade Gobert, 60e de Ligne, 3 Bataillons, 2098 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 548 - situation extraite de la Relation de la Bataille de Marengo, rédigée en 1805 au Ministère de la Guerre).
La 60e n'a que des détachements sur le champ de bataille de Marengo (14 juin 1800), mais elle contribue puissamment au succès de la journée en tenant en échec, avec la Division Loison dont elle fait partie, les garnisons ennemies de Plaisance et de San-Giovano.
D'après un État de situation de l'armée de réserve à l'époque du 1er messidor an 8 (20 juin 1800), la 60e de Ligne, forte de 3 Bataillons et de 2098 hommes (Division Loison), est en arrière de la Trébia, entre Plaisance et San-Giovani (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 531).
Le 4 Messidor an 8 (23 juin 1800), à Milan, Bonaparte, Premier Consul de la République, arrête : "ART. 1er. – L'armée d'Italie sera composée des demi-brigades et régiments ci-après, savoir :
... Infanterie de ligne. – 1re, 2e, 3e, 10e, 11e, 22e, 24e, 26e, 28e, 29e, 30e, 34e, 40e, 41e, 43e, 44e, 58e, 59e, 60e, 67e, 68e, 70e, 71e, 72e, 74e, 78e, 91e, 96e, 97e, 99e, 101e, 105e, 106e, 107e, 102e ...
ART. 3. – Les dépôts des demi-brigades d'infanterie légère et de ligne, ainsi que des régiments des troupes à cheval et autres troupes qui restent à l'armée d'Italie, auront ordre de rejoindre l'armée.
ART. 4. – L'ordonnateur en chef et tous les agents des administrations qui ne seront pas jugés nécessaires pour le service de l'armée d'Italie retourneront à l'armée de réserve à Dijon.
ART. 5. – Le Ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 521).
La 60e assiste ensuite au passage du Mincio et à la bataille de Valeggio ou le Capitaine Bannier, avec 5 Compagnies de Grenadiers, attaque un fort détachement ennemi, l'enfonce, lui prend quatre canons et le poursuit à travers la ville en lui faisant 600 prisonniers.
Au 10 Frimaire an 9 (1er décembre 1800), l'Armée d'Italie sous le commandement de Brune, a la composition suivante :
- Aile gauche, Lieutenant général Moncey, commandant.
Division Boudet : 2 Compagnies d'artillerie à pied — 2 Compagnies de Sapeurs — 102e de Ligne — 101e de Ligne — 91e de Ligne — 60e de Ligne — 1ère Légère — 16 hommes Gendarmerie — 12e Hussards — 9e Chasseurs — 21e Chasseurs (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 138).
Le 2 janvier 1801, la 60e Demi-brigade (Division Boudet) fait 780 prisonniers. Le surlendemain, à Serravale, le Chef de Bataillon Larue, avec le 3e Bataillonn poursuit l’ennemi dans une région montagneuse des plus difficiles, s'empart des hauteurs et fait 175 prisonniers. Suivi de deux soldats seulement, le Fourier Marminia ramène 60 prisonniers et reçoit un fusil d’honneur. Le mois suivant en Toscane, le Tambour Brismoutier mérite des baguettes d’honneur par l’intrépidité avec laquelle il a entraîné ses camarades en battant la charge en avant d'eux.
Le 13 février 1801 (24 Pluviôse an 9), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, d'expédier aux armées par des courriers extraordinaires le Moniteur de ce jour qui contient le traité de paix.
Donnez l'ordre au général Brune de renforcer le général Murat de 10 000 hommes d’infanterie, parmi lesquels les 60e et 86e demi-brigades et toutes les demi-brigades formées des dépôts de l'armée d'Orient, et de 2000 hommes de cavalerie ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6008).
Le 21 Germinal an 9 (11 avril 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Léopold Berthier, Chef de l'Etat-major général : "... Vous enverrez la cavalerie cisalpine à Modène ou à Reggio, vous répartirez l'infanterie de cette légion à Lucques, Massa et Pistoia. Vous préviendrez le général Tharreau de ces dernières dispositions, et vous lui ordonnerez de réunir la 60e à Sienne" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 269, lettre 332).
- Expédion de l'Île d'Elbe, Général Tharreau puis Général Wattrin
La même année, la 60e Demi-brigade doit prendre part à une expédition envoyée à l'île d'Elbe pour en chasser les Anglais.
Le 23 Germinal an 9 (13 avril 1801), Murat écrit, de Florence, au Général Léopold Berthier, Chef de l’État-major général : "Vous enverrez la 60e à Livourne et vous donnerez l'ordre Polonais aux d'en partir, le jour où elle y arrivera, pour se rendre à Milan. Vous concerterez ces mouvements de manière à ce que les différents débouchés de la Toscane ne se trouvent pas encombrés de troupes par le départ de la Cisalpine et des Polonais.
Faites connaître l’itinéraire de la marche de ces troupes au général Oudinot, afin que la Légion polonaise retenue momentanément à Turin, puisse continuer sa marche pour se rendre en Toscane.
Ordonnez au général Tharreau de réunir à Piombino assez de barques pour transporter 800 hommes dans l'île d'Elbe ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 276, lettre 339).
Le 25 Germinal an 9 (15 avril 1801), Murat écrit, de Florence, au Ministre de la Guerre : "Je me suis hâté, citoyen ministre, de faire exécuter tous les ordres contenus dans votre lettre du 15 courant ... j'ai donné aussi des ordres à Livourne pour l'embarquement à Piombino d'un bataillon de la 60e ; en même temps que j'ai chargé le général Tharreau de se procurer les barques nécessaires pour le transport de 800 hommes, j'ai invité le citoyen Alquier à faire en sorte qu'il nous en soit fourni par les Napolitains ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 283, lettre 349).
Le 2 Floréal an 9 (22 avril 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Tharreau : "Je vous envoie, mon cher général, une lettre sous cachet volant, que je vous prie de faire parvenir, après en avoir pris connaissance, au gouverneur de Longone.
Le conseiller d'État Miot, par sa lettre du 28 germinal, me prévient que 600 hommes seront embarqués, du 6 au 7, et partiront de Bastia, le 8, pour Marciano ou Longone. Faites partir sur le champ de votre côté 250 à 300 hommes de la 60e pour Caprara. Réunis au détachement qui s'y trouve déjà, ils devront mettre à la voile, le 8, pour la même destination. Vous préviendrez le commandant de ce détachement du départ de l'expédition de Bastia. Préparez-vous même en même temps environ 800 hommes de la même demi-brigade à être embarqués sans délai à Livourne ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 308, lettre 382).
Le 7 Floréal an 9 (27 avril 1801), Murat écrit, de Livourne, au Citoyen Miot, Administrateur général de la Corse : "J'ai à vous faire connaître, mon cher Miot, un événement dont les suites peuvent être bien funestes.
J'avais destiné la 60e à l'expédition de l'ile d'Elbe. Le général Tharreau avait reçu l'ordre de la faire partir hier matin et de la diriger, partie sur Capraja et partie sur Piombino, afin d'agir de concert sur cette île avec vos troupes de Bastia. Cette demi-brigade a refusé de s'embarquer. Le général Tharreau a en vain tout essayé pour les ramener à l'obéissance. Je suis moi-même arrivé deux heures après cet événement et persuadé que la présence du général en chef en imposerait davantage aux chefs de la révolte, j'ai ordonné que cette demi-brigade prit les armes, j'en ai passé la revue, et après avoir fait assembler les officiers et leur avoir mis sous les yeux tout le déshonneur dont ils allaient se couvrir, j'ai fait former les différents détachements qui devaient s'embarquer. Cet ordre a été exécuté sans résistance, ni réclamation. J'ai renvoyé le reste de la demi-brigade aux casernes. Je me suis mis à la tête du premier détachement pour le conduire au port. Ce mouvement s'est exécuté jusque sur le pont du premier canal. C'est là que ce détachement s'est arrêté en criant : « Nous ne marcherons pas, nous ne voulons pas nous embarquer ». J'ai sur le champ, ainsi que tous mes aides de camp et officiers d'état-major, mis le sabre à la main et couru sur les plus mutins.
Cet acte de fermeté a produit l'effet que j'en avais attendu, cette troupe a continué sa marche et j'étais parvenu à en avoir fait embarquer les deux tiers, lorsque le second détachement, appelé par mes ordres, est arrivé au même pont de ce premier canal, s'est arrêté et a refusé de marcher. Ce détachement était plus nombreux que le premier, je n'y étais pas, il s'est dissous, la plupart d'entre eux sont venus sur les remparts crier à leurs camarades du premier détachement : « N'embarquez pas, chargez vos armes, nous allons charger nos armes, chargez les vôtres. » Le reste de la demi-brigade était consigné au quartier. J'ai fait marcher des patrouilles de Polonais, ces mutins leur ont crié de se retirer ou qu'ils allaient faire feu sur eux.
Dans cet état de choses, je me suis cru devoir retirer chez moi pour prendre les mesures nécessaires pour arrêter et punir les auteurs de ce désordre. Il était six heures du soir. J'avais à cœur de remplir les vues du Gouvernement et d'exécuter l'expédition projetée. J'ai ordonné en conséquence de faire embarquer à dix heures du soir trois cents Polonais. Ce détachement était embarqué, à vingt hommes près, quand des soldats de la 60e sont venus de nouveau, du haut des remparts, leur crier : « Polonais, n'embarquez pas ; la 60e ne s'est pas embarquée. » Ce qui a été suivi de coups de pierres et de coups de fusils. A ces mots, les Polonais se sont précipités des barques dans les chaloupes, en culbutant leurs officiers qui voulaient les arrêter.
J'ai ce matin fait partir pour Florence les deux compagnies de grenadiers de la 60e, elles y seront désarmées, licenciées et renvoyées en France ; dans ce moment vont partir les deux bataillons qui subiront le même sort. Tous ceux d'entre eux qui ont été arrêtés hier dans l'émeute seront jugés et fusillés.
Quelque soit le châtiment ultérieur que réserve à ce corps le Gouvernement, il n'égalera jamais les fautes qu'il vient de commettre en donnant à l'Europe entière un exemple d'insubordination jusqu'à ce jour inconnu dans l'histoire militaire.
Je n'ai pas d'autres troupes ici, je suis donc obligé de suspendre l'expédition. Vous suspendrez la vôtre, si vous, qui devez connaître mieux que moi l'esprit des habitants de l'île d'Elbe, ne croyez pas pouvoir réussir avec l'expédition de Bastia à vous emparer de cette île. Le gouverneur de Longone doit avoir reçu de son Gouvernement l'ordre de nous céder cette place, ainsi que me l'a appris le ministre Alquier. Pour moi, je suis d'avis qu'il n'y a pas un instant à perdre et que vos six cents hommes sont plus que suffisants pour occuper Longone qui leur ouvrira ses portes. Je vous prie de me faire connaître par le retour de l'officier que je vous envoie, le parti que vous aurez pris, ainsi que les renseignements que vous pouvez avoir sur l'ile d'Elbe ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 319, lettre 399).
Le même 7 Floréal an 9 (27 avril 1801), Murat écrit, de Livourne, au Chef de Brigade Mariotti, chef de la 60e Demi-brigade : "La 60e demi-brigade que vous commandez vient de refuser de s'embarquer. J'ai déclaré les deux bataillons qui se trouvent à Livourne indignes de servir la République. Ils vont être désarmés et renvoyés en France. Vous allez recevoir l'ordre d'envoyer le bataillon qui est à Sienne à Piombino, pour y être embarqué pour l'île d'Elbe. Si ce bataillon se refusait à exécuter cet ordre, il subirait le même sort que les deux autres. Ainsi la 60e demi-brigade qui s'est distinguée en tant d'occasions, va être à jamais déshonorée, et ses officiers vont perdre en un instant le fruit de dix ans de gloire et de guerre.
Je vais faire connaître à l'armée et à l'Europe entière la conduite infâme qu’ont tenue deux bataillons de la 60e à Livourne. Le châtiment qui les attend doit faire trembler le bataillon que vous avez à Sienne, il en est encore temps, vous pouvez le sauver" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 322, lettre 402 - Note : Mariotti, né près de Bastia en 1758, avait d'abord été Lieutenant au Régiment provincial Corse. Emigré en 1790, il avait pris du service à Gênes avec le grade de Capitaine, en novembre 1793, et était rentré dans l'armée française comme Chef de Brigade en 1799. Mariotti fut fait par l'Empereur Napoléon Chevalier, puis Officier de la Légion d'honneur, mais, peut-être à cause de la révolte de la 60e Demi-brigade à Livourne, il ne dépassa pas le grade de Chef de Brigade. Il était Colonel d'Etat-major au moment de la première Restauration. En juillet 1814, quand Talleyrand, pour surveiller l'Empereur installé dans l'île d'Elbe, rétablit le consulat français de Livourne, il nomma à ce poste l'Adjudant-général Mariotti. Suivant M. Marcellin PELLET (Napoléon à l'île d'Elbe, p. 49), « sa connaissance approfondie de la langue et des mœurs italiennes, peut-être aussi son dépit contre Napoléon le désignèrent au choix de Talleyrand qui lui donna du même coup la croix de Saint-Louis et celle du Lys ». Mariotti, installé à Livourne, organisa autour de l'île d'Elbe et dans l'entourage même de Napoléon, un vaste réseau d'espionnage ; à cet effet les relations qu'il avait établies à Livourne, à Piombino, et dans l'île d'Elbe en 1801 lui servirent beaucoup, et parmi ses agents, nous retrouvons des personnages tels que Benassi, Lombardy, dont il est question dans la correspondance de Murat, à cette époque).
Le 8 Floréal an 9 (28 avril 1801), Murat écrit, depuis Florence, à Bonaparte : "… Un mot sur le général Monier. Ce général a commis des horreurs à Ancône, qui lui a donné toute sa réputation militaire ; il n'a cessé de dire et de répéter, depuis le jour qu'il est arrivé à cette armée, qu'il ne s'embarqueroit pas, il a été asés imprudent pour le dire devant ses officiers, devant les trouppes, et le chef de bataillon de la 60e m'a dit hier au soir, les larmes aux yeux : « Voilà le résultat des propos tenus par le général Monier devant nos officiers, ils ont appris que le général Monier revenait et que vous l'aviés très mal reçu et qu'il vous avoit écrit qu'il ne voulait pas s'embarquer ». La copie de sa lettre vous prouvera qu'il m'a effectivement demandé à rentrer en France, parce que sa santé ne lui permettait pas de s'embarquer. Il a souvent dit à sa table : « Le corps des grenadiers sont les favoris du général Murat, c'est la garde du second consul, voyés comme ils sont beaux, votre pauvre 60e n'est pas comme ça, etc., etc. »
Le rapport de police de Livourne vous fera connoitre ce que Belleville pense, vous n'avés pas d'enemi plus contraire au sistème actuel.
Brune est ici le soutien de tous ces coquins ; dans tous les rapports de police il est dit [que] tous les réfugiés l'attendent avec impatience : « il nous vengera, disent-ils, c'est notre ami, c'est notre frère », tous les gens qui ont cent francs à perdre cachent leur bourse et tremblent, le St Père en est lui-même allarmé, et Naples tremble jusques dans le fond de sa botte. Lisés la lettre ci-jointe du général Paulet, lisés celle de mon secrétaire Agard qui a désiré aller voir Rome, vous verrés les manœuvres qu'on employe pour porter mes soldats à la révolte. J'espère que l'exemple de la 60e en imposera à ceux qui voudroient l'imiter. Tous les jours, on répand ici le bruit de votre mort, d'une insurrection à Paris, je fais surveiller et je ne prendrai qu'à propos des mesures de répression ! …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 324, lettre 404).
Le même 8 Floréal an 9 (28 avril 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Ministre de la Guerre : "Je vous ai déjà informé, citoyen ministre, que les bruits d'une expédition maritime, malicieusement répandus parmi les troupes qui sont passées de l'Armée d'Italie dans la mienne, avaient déjà porté plusieurs soldats à la désertion ; aujourd'hui ils ont produit la révolte. Il m'est bien pénible d'avoir à vous rendre compte d'un évènement dont les suites peuvent être bien funestes, si je ne m'empresse de les arrêter par un châtiment terrible. (Le même rapport qu'au commissaire Miot).
J'ai sur le champ fait connaître cet évènement au citoyen Miot qui devait faire partir pour l'île d'Elbe un détachement de 600 hommes. Je lui ai écrit que n'ayant pas d'autres troupes disponibles à Livourne, j'étais obligé de suspendre mon expédition, et que je croyais que la sienne était suffisante pour occuper Longone, que le gouverneur avait ordre de nous céder. J'attends avec impatience le retour de l'officier que je lui ai expédié, afin de connaître le parti qu'il aura pris. J'avais en attendant envoyé à Piombino le bataillon de grenadiers réunis, où je le ferai embarquer pour Longone ou Porto-Ferrajo. Comptez dans tous les cas que vous apprendrez bientôt que l'île d'Elbe est occupée.
Je vais renvoyer à l'Armée d'Italie les deux bataillons polonais qui se trouvent à Livourne, je les ferai remplacer par ceux qui viennent de l'Armée du Rhin.
Salut et respect. J. MURAT.
P. S. — Vous verrez par la lettre ci-jointe écrite au commandant de la 60e, que le bataillon qui se trouve à Sienne a reçu l'ordre de s'embarquer à Piombino et que, sur son refus, il subira le même sort que les deux autres bataillons.
Je dois des éloges au chef de bataillon qui commandait les deux bataillons à Livourne. Je vous ferai connaître ceux des officiers qui méritent d'être conservés" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 327, lettre 405).
Encore le 8 Floréal an 9 (28 avril 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Paulet : "J'ai reçu, mon cher général, la lettre que vous m'avez écrite hier, je vous prie de continuer de prendre des renseignements sur ceux qui tiennent des propos tendant à exciter l'insubordination militaire. Le chef de brigade de la 60e, ainsi que le chef de bataillon, retournent à Sienne. Ils ont ordre de faire partir demain matin le bataillon de cette demi-brigade qui se trouve à Sienne, pour Piombino où il devra être embarqué sur le champ pour l'île d'Elbe. Je compte sur la fermeté de ces deux officiers et sur la vôtre pour être persuadé que ce bataillon, en s'embarquant, ne se rendra pas complice de la mauvaise conduite qu'ont tenue les deux autres bataillons à Livourne" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 328, lettre 407).
Toujours le 8 Floréal an 9 (28 avril 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Soult et à Alquier : "Par le traité de paix avec la Cour de Naples, l'île d'Elbe doit nous être cédée, la 60e demi-brigade avait été désignée pour en aller prendre possession, elle a refusé de s'embarquer. Ces deux bataillons vont être désarmés et renvoyés en France. Voilà le résultat de la malveillance. Les mêmes armes vont être dirigées contre nous, j'espère qu'elles n'obtiendront pas le même succès. Le châtiment imposé à cette demi-brigade doit faire trembler celles qui seraient tentées de l'imiter ; et vous prévenir du piège qu'on va vous tendre, c'est vous assurer les moyens de l'éviter ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 329, lettre 408).
Le 9 Floréal an 9 (29 avril 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Tharreau : "Je m'empresse de vous faire passer, mon cher général, la réponse du gouverneur de Longone, vous verrez qu'il nous permettra le débarquement dans l'île et le passage par mes troupes sur Porto Ferrajo. Faites connaître sur le champ ces dispositions au chef de brigade Mariotti, ainsi que mes instructions ultérieures.
Je pense que les frégates anglaises croisent toujours devant Piombino, vous devez opérer votre embarquement dans l'endroit le plus sûr entre Livourne et Piombino et vous diriger de là sur Marciano.
Je suis très étonné de ne pas recevoir de notre ministre Alquier l'ordre pour la reddition de Longone. Je suis sûr que je ne tarderai pas à le recevoir, croyez qu'immédiatement après, je m'empresserai de vous le faire passer. Il me tarde bien d'apprendre le parti qu’aura pris le chef de brigade Mariotti. Faites-vous fournir sur les deux mille sacs de blé que doit la commune de Livourne, cinquante sacs de farine que vous enverrez à Piombino, cette ville étant dans la plus grande pénurie" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 330, lettre 409).
Le 10 Floréal an 9 (30 avril 1801), depuis Florence, Murat fait l'adresse suivante "aux Sous-officiers, caporaux et soldats de la 60e Demi-brigade :
Soldats !
Votre patrie, l'Europe entière ont souvent retenti du bruit des exploits guerriers de la 60e demi-brigade, sa gloire est imprimée sur ses drapeaux, son nom doit passer à la postérité.
Cependant la France va aussi être remplie du bruit de sa révolte à Livourne, elle va crier vengeance ! mais à cet arrêt fatal porté d'abord contre sa gloire succèderont bientôt ces cris : La 60e demi-brigade s'est repentie, le général en chef a vu ses larmes et lui a pardonné.
Que les Anglais qui vous avaient séduits par leurs agents stipendiés apprennent par la voix de votre général que lorsque vous avez connu le piège qui vous était tendu, que lorsque vous avez su que c'était contre eux qu'il fallait marcher, vous n'avez pas hésité à redemander des armes et des ordres pour vous embarquer.
Allez donc ! Portez de ma part à vos camarades l'oubli et le pardon de cet égarement funeste" (Lumbroso A. : « Correspondance de Joachim Murat (juillet 1791-juillet 1808) », Roux, Turin, 1899, lettre LXXX (elle est donnée en italien); Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 330, lettre 410).
Le 12 Floréal au 9 à 1 heure du matin (2 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Ministre de la Guerre : "Par mon dernier courrier je vous ai fait connaître la révolte qui avait éclaté dans la 60e demi-brigade à Livourne. Je vous ai parlé du châtiment qui attendait les grenadiers du 1er et 3e bataillon, ils ont subi leur sort ; jamais appareil de punition ne fut plus imposant. La division de grenadiers de la réserve était sous les armes à l'arrivée de ces rebelles, et c'est en présence de ces grenadiers que ceux qui venaient de perdre ce beau titre ont été dégradés, désarmés et renvoyés dans un des forts de la ville. Leurs larmes annonçaient leur repentir, leurs bouches demandaient grâce, mais l'autorité méconnue faisait taire la pitié et demandait vengeance.
Les deux bataillons allaient subir le même sort, toute la garnison était sous les armes, lorsque des gémissements universels m'ont annoncé leur repentir. Ils m'ont demandé grâce, m'ont livré les coupables, en criant : « Punissez-les, punissez la ville de Livourne et pardonnez à des soldats trompés, couverts de blessures ». Ils m'ont aussi prié de les faire embarquer pour leur destination.
J'ai vu à leurs larmes se mêler celles des grenadiers de la réserve et celles des spectateurs. J'ai cédé, j'ai pardonné en votre nom.
Cependant le 2e bataillon qui était à Sienne, d'abord indécis sur le parti à prendre, s'est déterminé à partir pour Piombino, au reçu de la lettre que j'avais écrite à son chef. Il doit y être arrivé aujourd'hui et il sera embarqué cette nuit, ou demain dans la journée, pour l'île d'Elbe. Ainsi les ennemis des Français, ces vils agents de l'Angleterre, n'auront joui qu'un instant de leurs intrigues criminelles, ils ont vu ces mêmes bataillons redemander des armes et des Anglais à combattre : « C'est, disaient ces soldats trompés, dans leur sang que nous laverons la tache dont la 6e. vient de se couvrir ».
Citoyen ministre, ces deux compagnies de grenadiers sont en marche pour se rendre dans la citadelle de Turin, c'est là que vous devez leur faire connaître et subir le dernier châtiment qui les attend. Je leur eusse pardonné, j'eusse cédé à leurs larmes, s'ils n'eussent été des grenadiers. Je dois vous dire que les officiers et les sous-officiers ayant montré la plus grande fermeté, je n'ai pas cru devoir leur ôter leurs armes, je vous demande que vous les rendiez à leur demi-brigade, lorsqu'ils auront conduit leurs grenadiers à Turin. Cette demi-brigade n'aura rien perdu, chacun de ses soldats vaut un grenadier, il lui sera donc facile d'en former de nouvelles compagnies.
Je dois des éloges particuliers aux deux chefs de bataillon de cette demi-brigade. Tous les officiers ou sous-officiers en général se sont parfaitement bien conduits. L'histoire ne nous a pas encore offert l'exemple d'une telle insubordination, mais le châtiment a été proportionné à la faute, il doit effrayer celles de mes troupes qui seraient tentées d'imiter ces rebelles.
La Commission militaire de la division de réserve en a déjà condamné deux du 1er bataillon à être fusillés et dix-huit à 10 ans de fers. On procède au jugement de ceux du 2e bataillon. Je charge mon chef d'état-major de vous envoyer leur jugement.
Ces deux bataillons vont se rendre dans le littoral toscan d'où ils seront embarqués pour l'île d'Elbe ou envoyés à Orbitello.
Je n'exécuterai pas le premier ordre que vous me donnerez concernant le châtiment de la 60e demi-brigade, j'en attendrai un second. Ne rejetez pas tant de braves soldats qui ont vaincu tant de fois sous vos ordres et sous ceux de Bonaparte. Je leur ai pardonné en son nom.
Salut et respect. J. MURAT.
P.-S. — Je vous envoye des copies des lettres qui m'ont été adressées par les deux bataillons de la 60e, vous verrés la perfidie de Livourne, je vais la punir, je vais lui faire habiller mon armée" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 330, lettre 410).
Une anecdote racontée par Joseph Méry ("Nuits italiennes", Paris, Michel Lévy, 1853), d'après un récit que lui aurait fait la Comtesse de Lipona, en 1835, revient sur cet évènement : "... La comtesse de Lipona nous racontait quelquefois des histoires charmantes, avec cette grâce italienne-française qui ne l'abandonnait jamais. L'illustre héroïne avait assisté à tant de drames, à tant de fètes, à tant de malheurs ! elle n'était jamais au dépourvu, lorsqu'elle daignait fournir son commerce d'anecdotes.
Une nuit, le cercle se resserra plus étroitement autour de son fauteuil; la noble femme nous annonça quelque chose d'inédit, et sa parole était voilée par l'émotion; sa belle et calme figure se contractait visiblement sous une impression de triste souvenir. Notre silence l'interrogeait avec respect; elle nous dit :
"Au temps que l'Italie était française, une sédition éclata dans un de nos régiments en garnison à Livourne; c'était une affaire fort grave; c'était beaucoup plus qu'une mutinerie de soldats. L'Empereur parut extrêmement irrité lorsqu'il apprit cette nouvelle; il promit un exemple sévère, et ce fut Joachim qui fut chargé de punir le régiment indiscipliné. Les ordres de l'Empereur étaient précis et terribles; il ne fallait pas de conseil de guerre, mais d'immédiates exécutions.
Joachim arrive à Livourne, et fait rassembler le régiment sur la place d'armes; il annonce aux soldats qu'il a reçu de l'Empereur la mission de punir, et qu'il punira. L'énergie de sa parole, son geste impétueux et menaçant, et surtout l'autorité de son nom avaient déjà soumis la troupe rebelle; les soldats se jetaient à genoux; ils étaient humbles et suppliants. Joachim fut ému, lui si bon ! mais il avait des ordres ; il fit violence à son émotion; il garda la colère sur sa figure, et d'une voix formidable, il s'écria :
"- Je vais faire fusiller un homme sur dix".
La consternation fut grande, vous le pensez bien; le régiment, prisonnier dans la caserne, envoya plusieurs députations à Murat pour implorer le pardon. Officiers et soldats jurèrent de se faire tuer à la première bataille, sous les yeux de l'Empereur. Murat fut longtemps inflexible, du moins en apparence : enfin, il parut touché de tant de soumission, mais la faute était si grande, et l'ordre si formel, qu'il exigea que trois soldats, choisis entre les plus mutins, payassent de leur vie le crime du régiment. Les trois victimes furent bientôt désignées; on les mit au cachot; on annonça leur exécution pour le lendemain. Le régiment demeura consigné.
Au milieu de la nuit, Joachim fit venir secrètement auprès de lui les trois soldats; un geôlier, dont la discrétion n'était pas douteuse, les avait conduits.
"- Vous serez fusillés demain, leur dit Murat (les soldats fondaient en larmes); préparez-vous à la mort, et tombez en braves, pour faire oublier votre crime. Je me charge de transmettre vos derniers adieux et vos regrets à vos pères et mères ; vos familles ne méritaient pas des enfants tels que vous : avez-vous songé à vos mères ? dites ... (les sanglots étouffaient leurs voix.) Ces pauvres femmes auraient été glorieuses et fières, si vous étiez tombés devant l'Autrichien; mais ici ! malheureux ! allez, je vais vous envoyer un prêtre pour vous donner le secours de la religion, pensez à la France et à Dieu; dès à présent vous n'êtes plus de ce monde".
Les soldats se jetèrent aùx pieds de Joachim, non plus pour demandcr leur grâce, mais le pardon avant la mort; et, comme ils s'éloignaient, Joachim les rappela :
- "Ecoutez, leur dit-il, si je vous accordais la vie, seriez-vous d'honnêtes gens ?
- "Non, nous voulons mourir, répondit un des soldats ; nous avons mérité la mort, qu'on nous fusille, o'est juste.
- "Eh ! si je ne veux pas vous faire fusiller, moi ! s'écria Joachim; pourquoi voulez-vous mourir, lorsque je veux que vous viviez ? je n'ai jamais commandé le feu que sur les ennemis; je ne veux pas le commander contre vous, qui êtes mes frères, qui êtes Français, quoique bien coupables".
Et Joachim pleurait aussi, comme une femme, lui, le plus brave des hommes ! n'est-ce pas, Messieurs ?
Et nous pleurions aussi, nous, autour du fauteuil de la comtesse de Lipona, qui nous parlait si bien de son héroïque mari !
Après une pause, elle continua son histoire :
- "Ecoutez-moi, dit Joachim, avec une voix radoucie, vous êtes de grands coupables, mais j'aime à vous reconnaître beaucoup d'énergie et de caractère; vous me seconderez bien; je vous accorde la vie, il faut que vous soyez morts pour tout le monde, surtout pour votre régiment. Demain, à l'entrée de la nuit, vous serez conduits hors de la porte de Pise, sur les glacis; vous recevrez un feu de peloton, à vingt pas, et vous tomberez roides morts; en ce moment, la dernière file de votre régiment, qui change de garnison, passera sur la grande route, l'obscurité du soir nous favorisera. Un homme, dont j'achèterai la discrétion, vous placera sur un tombereau, et vous conduira au cimetière. Là, vous trouverez des habits de matelots, et il sera compté mille francs à chacun de vous, vous resterez cachés deux ou trois jours dans une auberge qu'on vous désignera; dans deux ou trois jours, un bâtiment américain part pour la Nouvelle-Orléans; c'est là que vous irez vivre, et vivre en honnêtes gens, entendez-vous ? vous serez conduits à bord, dès que le vent sera bon. Soyez prudents, et faites docilement tout ee que je vous dis. Allez, j'aurai soin de vos familles.
Les soldats arrosèrent de larmes les pieds de Joachim, et ils lui répétèrent, à plusieurs reprises, qu'il serait content d'eux.
Tout se passa comme Joachim l'avait combiné; l'exemple sévère fut donné au régiment; il n'y eut point de sang répandu, et l'Empereur, heureusement trompé, remercia Joachim de n'avoir sacrifié que la vie de trois hommes aux exigences de sa discipline. L'Empereur a toujours ignoré la ruse généreuse qu'a imaginée mon mari, dans cette circonstance; ce fut longtemps un secret connu de moi seule et de quelques-uns de nos affidés, qui ne l'ont jamais trahi : aujourd'hui, il n'y a plus d'inconvénient à le divulguer, et c'est ce que je fais pour vous".
Après cette confidence, la veuve de Murat, trop émue pour prolonger la veillée, se retira dans ses appartements.
Nous étions attendris comme elle; nous gardions le silence ; tous les regards étaient fixés sur le magnifique portrait, peint par Gros ; il représente le roi Murat, dans une attitude héroïque, courant à cheval sur le rivage du golfe napolitain; le ciel et la mer sont orageux ; le Vésuve se détache, tout enflammé, sur le fond du tableau : Murat et le Vésuve ! face à face deux volcans !
La suite de cette histoire me fut contée, quelques mois après, à Rome, par une personne qui vit dans l'intimité de la famille impériale. C'est comme le dénouement romanesque d'un drame, qui me semble moins appartenir à la vie réelle qu'à l'imagination d'un écrivain.
Sur la lisière d'une forêt voisine de la Nouvelle-Orléans, un chasseur frappait à la porte d'une jolie ferme, pour s'abriter d'un violent orage ; c'était dans l'automne de 1830. La porte hospitalière s'ouvrit, et l'étranger fut introduit, par une femme âgée, dans une salle fort propre, meublée simplement, et presque toute tapissée de lithographies parisiennes, représentant nos principaux faits d'armes.
- Il paraît, dit l'étranger en langue française, que ma bonne étoile m'a conduit chez mes compatriotes.
- Monsieur est sans doute Français ? dit la vieille femme.
- Oui, Madame, et bon Français : j'ai même des parents ici, dans cette salle.
- Mon fils est au jardin : je vais l'appeler; il sera bien content de Yous voir.
- Votre fils est Français aussi ?
-·Oui, Monsieur.
Cette réponse fut faite avec un peu d'hésitation; elle ajouta avec plus d'assurance :
- Il est établi dans ce pays depuis longtemps, et, grâces à Dieu, il ne s'en repent pas ; cette ferme lui appartient ; nous vivons à l'honneur du monde ; nous sommes heureux.
En ce moment le maître de la maison entra dans la salle.
- Monsieur, dit la mère, nous a fait l'honneur de se reposer un instant chez nous, en attendant la fin de l'orage ; c'est un des nôtres, c'est un Français.
Le maître de la ferme fit un salut militaire, et balbutia quelques mots de civilité. La figure de l'étranger le frappait singulièrement, et il était si ému, qu'il ne répondait pas à ses questions. Enfin, il se hasarda péniblement à lui adresser la parole.
- Monsieur, dit-il, vous allez trouver ma demande inconvenante, peut-être, mais je suis obligé de vous demander votre nom ... Excusez-moi ... Votre figure ...
- Mon ami, répondit le chasseur, c'est la seule question à laquelle je ne puis répondre; il me serait facile de vous tromper, en me donnant un nom supposé ; j'aime mieux me taire. Un homme qui porte mon nom ne sait pas et ne peut pas mentir. Maintenant que je vous ai refusé de vous dire mon nom, je n'ose vous demander le vôtre ...
Le maître de la ferme ne répondit pas.
- Il paraît que vous êtes obligé aussi de taire votre nom ? ajouta le chasseur.
- Oui, Monsieur, celui que je porte dans le pays n'est pas le mien; à quoi vous servirait de le savoir ? Je suis connu ici sous le nom de Claude Gérard.
- Au moins, dit la mère, il ne faut pas que monsieur s'imagine que mon fils ait à rougir de son nom de France ... il y a des raisons ... qui ...
- C'est tout comme moi, dit le chasseur ; je ne dis mon nom qu'à ceux qui méritent de l'entendre, et, dès ce moment, je vous crois dignes de cette faveur : je suis Achille Murat, je suis le fils du roi de Naples.
Claude Gérard et sa mère tombèrent, la face contre terre, comme foudroyés par ce grand nom.
Le prince, aujourd'hui citoyen des Etats-Unis, les voyant pleurer, ne comprenait pas bien cet excès d'attendrissement qui se prolongeait toujours. Dès que Claude Gérard put parler, il montra, sur le mur de la salle, le portrait du roi de Naples, encadré par des rameaux de laurier vert, et il dit à son fils :
- Voilà votre glorieux père ; c'est le maître et le saint de cette ferme ; c'est à lui que je dois tout : un jour que j'allais mourir, votre père m'a sauvé la vie.
- Sur le champ d'honneur ? dit Achille Murat.
-Non, sur le champ du déshonneur. Je m'étais oublié, moi. Ma tête était brûlée ; j'avais mérité la mort ; on m'a conduit à la porte de Livourne, avec deux de mes camarades, aussi coupables sue moi. On a fait feu sur nous : nous sommes tombés. C'était Murat qui avait combiné tout cela. Avec son argent, je suis venu en Amérique. Mes deux camarades sont morts, depuis deux ans, à New-York. Moi, je vis encore, de cette vie que je dois à votre père. J'ai travaillé, je suis dans l'aisance ; ma mère, qui avait reçu mon acte de décès, a reçu quelques années après, une lettre de son fils vivant qui l'appelait en Amérique. La pauvre femme, qui avait tant pleuré, a failli mourir de joie en me revoyant. Maintenant, si le fils de mon royal bienfaiteur veut ma vie, mon bien, mon bras, tout est à lui.
- Je le reconnais bien là, le généreux Joachim ! dit Achille Murat, les larmes aux yeux.
- Il a fait grâce à bien d'autres encore, dit Gérard.
- On ne lui a pas fait grâce à lui, répondit une voix" (Extrait des "Nuits italiennes").
Il est bien entendu difficile de vérifier si tout cela est véridique ou non; Méry était une journaliste et romancier connu au 19e siècle; et tout cela n'est peut être que le fruit de son imagination.
Toujours le 12 Floréal an 9 (2 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Contre-Amiral Ganteaume : "J'ai reçu hier soir, mon cher général, votre dépêche du 10. Le général Tharreau doit vous avoir vu, il vous aura sans doute fait connaître mes dispositions pour l'occupation de l'île d'Elbe. La croisière anglaise dans le canal de Piombino en rendait le succès incertain ; la présence de votre escadre en assure l'entière exécution. Un bataillon de la 60e devait être hier matin à Piombino, j'espère que le général Tharreau l'aura fait embarquer hier au soir et qu'à l'heure qu'il est, nous sommes maîtres de l'île d'Elbe, le Premier Consul y attache le plus grand prix. Je vais envoyer un second bataillon à Piombino d'où il passera à Porto-Ferrajo, alors je renverrai en Corse le détachement de la 23e légère. Le gouverneur de Longone a ordre de nous céder cette place, celui de Porto Ferrajo se refuse à nous rendre la sienne, mais quelques obus ou quelques bombes lancées par votre escadre dans cette place suffiront pour le déterminer à l 'obéissance; ainsi, mon cher général, il me sera bien doux d’avoir à annoncer au Gouvernement que c'est aux braves marins que vous commandez que je dois la prise de ce port si intéressant pour nos escadres …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 336, lettre 418).
Murat écrit encore, le 12 Floréal an 9 (2 mai 1801), depuis Florence, au Général Mayer : "J'ai reçu hier soir, mon cher général, votre dépêche du 10. Je suis extrêmement sensible aux offres obligeantes que vous me faites, je laisse à votre prudence, à celle du contre-amiral Ganteaume et du général Tharreau le choix des moyens à prendre pour l'occupation de l'île d'Elbe.
Je dois présumer que l'expédition de Bastia qui devait en partir du 7 au 8, a effectué son débarquement dans cette île, elle devait être puissamment secondée par celles que je faisais partir de Livourne et de Piombino, mais un évènement, qu'il me serait pénible de vous raconter, a paralysé tous les efforts que j'avais lieu d'attendre de cette triple expédition. Mais la présence de notre escadre en détruisant les croisières du canal de Piombino vient d'assurer la possession de l'île d'Elbe.
La révolte qui a éclaté dans la 60e demi-brigade vient d'offrir un exemple d'insubordination jusqu'à ce jour inconnu dans l'histoire militaire, mais le châtiment qui lui a été imposé a été terrible, il doit faire trembler toutes les troupes qui seraient tentées de l'imiter. Je regrette infiniment de ne pas avoir pour le moment des troupes disponibles à vous offrir, elles sont toutes dispersées ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 339, lettre 419).
Le même 12 Floréal an 9 (2 mai 1801), Murat écrit ensuite, depuis Florence, au Général Tharreau : "J'espère que dans ce moment, mon cher général, vous êtes maître de l'ile d'Elbe ; la présence de notre escadre doit vous en avoir donné tous les moyens. Le 1er bataillon de la 60e est parti ce matin pour Sienne, d 'où il se rendra à Piombino. Vous l’embarquerez pour l'île d'Elbe et vous renverrez en Corse tout le détachement de la 23e légère. J'enverrai peut-être le 3e bataillon à Orbitello, mais je ferai, avant, reconnaître les ressources de ce pays. Je vous envoie des officiers du génie, je vous enverrai aussi des canonniers à pied.
Vous recevrez la ville de Longone avec toute son artillerie, ses munitions et ses magasins, vous en agirez de même avec Porto Ferrajo. Faites-vous rendre compte des ressources de l'île en tout genre, faites mettre sous scellés toutes les marchandises appartenant aux ennemis de la République, faites-en constater l'état par un procès-verbal que vous m'adresserez. Vous donnerez les ordres les plus sévères pour que rien ne soit enlevé de ces magasins et vendu. Vous devez empêcher, mon cher général, toute espèce de vexations, vous devez comprimer tous les partis, la République veut être également chérie de tous, s'il est possible, je connais votre sensibilité, votre bon cœur, cette tâche ne vous sera pas difficile à remplir ...
Adieu, mon cher général, il me tarde beaucoup d'apprendre que nous sommes maîtres de l'île d'Elbe. Le Premier Consul y attache la plus grande importance; écrivez-moi sur le champ. J'impose la ville de Livourne à un million de contributions. L'ordre de ce jour que le général Berthier doit vous faire passer, vous fera connaître la conduite qui a été tenue envers les deux bataillons de la 60e demi-brigade. La Gazette de Florence contient les lettres qui m'ont été écrites par les soldats de ces deux bataillons ...
Tout le monde dit beaucoup de bien du chef de brigade Mariotti, vous lui donnerez le commandement de l'île ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 339, lettre 419).
Encore le 12 Floréal an 9 (2 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Lieutenant-général Soult : "Ma dernière lettre, mon cher général, vous annonçait la révolte qui avait éclaté dans la 60e demi-brigade et le châtiment qu'elle devait subir. L'ordre du jour d'hier, ainsi que mon rapport au Gouvernement, vous feront connaître le repentir de ces bataillons, le châtiment des plus coupables et le pardon qui leur a été accordé au nom du Gouvernement. Malheur aux troupes de l'armée qui seraient assez lâches pour les imiter ! Le même châtiment les frapperait, elles ne devraient plus compter sur la même indulgence …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 341, lettre 421).
Puis, toujours le 12 Floréal an 9 (2 mai 1801), Murat écrit encore, depuis Florence, au Général Mathieu : "Par le traité de paix, mon cher général, que nous avons fait avec la Cour de Naples, l’île d'Elbe devait nous être cédée, j'avais désigné la 60e demi-brigade pour aller l'occuper, elle a refusé formellement de s'embarquer, le châtiment que je lui réservais était égal à cette faute d'insubordination militaire, dont l'histoire n'offre pas d'exemple, mais ainsi que vous le verrez par l'ordre du jour d'hier et par les différentes lettres que m'ont écrites les deux bataillons rebelles, leur repentir le plus sincère et le châtiment des coupables m'ont fait leur pardonner au nom du Gouvernement. Malheur aux troupes de mon armée qui seraient assez lâches pour les imiter, le même châtiment les frapperait, elles ne devraient plus compter sur la même indulgence ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 341, lettre 423).
Le 14 Floréal an 9 (4 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, à Bonaparte : "… Deux bataillons de la 60e sont destinés à former la garnison de l'île d'Elbe, le troisième passera à Orbitello ...
La plus grande tranquillité règne dans tout le midi de l'Italie. Le châtiment terrible qu'a subi la 60e demi-brigade en a imposé aux malveillants, en leur ôtant l'espoir de pouvoir compter sur les soldats français, qui peuvent se laisser égarer un instant, mais que la voix de l'honneur ramène bientôt à l'ordre et à l'obéissance" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 345, lettre 426).
Le même 14 Floréal an 9 (4 mai 1801), Murat prend à Florence un Arrêté contre la commune de Livourne : "Le général en chef.
Vu l'insubordination manifestée le 7 floréal par la 60e demi-brigade lors de son embarquement à Livourne.
Vu que ce corps qui n'a cessé de donner des preuves de bravoure et de patriotisme, n'a pu être poussé à cet excès de désobéissance que par les manœuvres des amis de l'Angleterre.
Vu les rapports officiels qui lui ont été faits, que les grenadiers et autres soldats ont été enivrés, gagnés même par l'argent répandu dans la ville de Livourne par ses habitants et les étrangers qu'elle renferme.
Considérant qu'il est constant que les habitants de la ville de Livourne qui ne cessent de servir les Anglais, malgré la conduite sage et modérée des autorités françaises, sont l'unique cause de l'insubordination de la 60e, et qu'ils ont employé toute sorte de moyens pour déterminer cette révolte, en la qualifiant hautement du titre spécieux d'action juste et trop longtemps retardée,
Arrête :
ARTICLE PREMIER. — Il sera frappé sur la ville de Livourne une contribution d'un million de francs.
ART. 2. — Cette contribution sera acquittée en quatre jours, date de la ratification de la présente.
ART. 3. — L'ordonnateur en chef de l'armée et le receveur des contributions sont chargés chacun en ce qui le concerne de l'exécution du présent, dont copie sera envoyée au ministre de la Guerre" (Lumbroso A. : « Correspondance de Joachim Murat (juillet 1791-juillet 1808) », Roux, Turin, 1899, lettre CCCLXV ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 349, lettre 428).
Le 17 Floréal an 9 (7 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Conseiller d'État Miot : "Je vous remercie, mon cher Miot, des détails que vous m'avez transmis par vos lettres des 11 et 12 courant, ils m'étaient connus avant l'arrivée de votre dépêche. Le chef de brigade Mariotti m'avait adressé déjà le mème rapport dont vous m'envoyez une copie. Nous sommes en ce moment maîtres de toute l'ile d'Elbe, excepté Porto Ferrajo. Le commandant de cette place a refusé de la remettre. Le général Tharreau, après une seconde sommation, aura dû l'attaquer de concert avec l'escadre du contre-amiral Ganteaume qui bloque le port. J'attends à chaque instant la nouvelle de la reddition de cette place.
L'exemple d'insubordination donné à Livourne par la 60e a été rigoureusement réprimé et tout est rentré dans l'ordre. Deux compagnies de grenadiers ont été désarmées, dégradées et envoyées dans la citadelle de Turin où elles attendront les ordres du Gouvernement. Ce premier acte de rigueur a ramené tout le reste de la troupe, elle a demandé à s'embarquer après avoir fait connaitre et livré les coupables. Deux de ceux-ci ont été fusillés, les autres condamnés aux fers. Une telle mesure sévère, sans doute mais nécessaire, assure dans toute mon armée la discipline que je suis bien résolu d'y maintenir. J'espère que désormais toutes les manœuvres de nos ennemis ne sauraient produire un écart semblable à celui de Livourne, des relations sûres m'ont fait connaître que la résistance momentanée de la 60e était l'ouvrage de plusieurs agents anglais, secondés par les habitants de Livourne. On avait distribué de l'argent, on avait enivré les soldats, on les avait animés par les moyens les plus perfides. Pour punir les habitants d’une ville constamment dévouée à nos ennemis, j'ai imposé sur eux une contribution d'un million, qui devra être payée quatre jours après la notification de mon arrâté. Je me servirai des moyens que va me fournir cette contribution pour vous envoyer les secours que vous me demandez. Je me ferai livrer à compte du million, six mille quintaux de grains, et je vous en ferai l'envoi aussi promptement qu'il sera possible. Je trouverai le plus grand plaisir à donner un témoignage de l'intérêt que je porte aux habitants de l'île de Corse et aux troupes que je sais être animées du meilleur esprit. Je vous prie d'être aussi persuadé, mon cher Miot, que je serai particulièrement charmé de faire quelque chose qui vous soit agréable. Je ferai connaître par l'ordre du jour la conduite du détachement de Bastia" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 355, lettre 434).
Le même 17 Floréal an 9 (7 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Watrin : "... Le général Soult est entièrement établi dans la presqu'île d'Otrante. La division maritime l'est aussi dans la province de Pescara. Nous sommes maîtres de l'île d'Elbe. Porto Ferrajo seul nous résiste, mais je pense qu'il ne faut qu'envoyer quelques bombes dans cette place pour forcer le gouverneur à nous la rendre. Deux bataillons de la 60e cernent la ville par terre et l'escadre de Ganteaume bloque le port ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 356, lettre 435).
Toujours le 17 Floréal an 9 (7 mai 1801), Murat écrit aussi, depuis Florence, au Général Tharreau : "… Renvoyez en Corse tout ce que vous avez de la 23e légère, ainsi que les trois compagnies de carabiniers de ce corps, aussitôt que vous aurez réuni dans l'île d'Elbe deux bataillons de la 60e ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 357, lettre 436).
Murat écrit également au Ministre de la Guerre, depuis Florence, le 17 Floréal an 9 (7 mai 1801) : "Je m'empresse de vous rendre compte, citoyen ministre, que le chef de brigade Mariotti a effectué son débarquement dans l'île d'Elbe, dans la nuit du 10 au 11, et pris possession de Longone le 12. A l'approche de nos troupes, les habitants de l'île soudoyés par les Anglais prirent les armes et formèrent des rassemblements sous le drapeau britannique, ils étaient commandés par des émigrés corses, il n'a fallu que marcher contre eux pour les battre et les disperser. Je dois des éloges à la conduite vraiment loyale du gouverneur de Longone qui, sommé par les Anglais de leur rendre la place, a répondu qu'il avait ordre de la remettre aux troupes françaises et qu'il s'ensevelirait sous les ruines de cette place, plutôt que de ne pas exécuter les ordres du roi, son maître. Ce vieux et respectable militaire a fait plus encore, il a dispersé lui-même les premiers rassemblements de paysans qui se sont présentés devant la ville, il n'a pas hésité à faire faire une sortie malgré la faiblesse de la garnison.
Le général Tharreau est arrivé le 14 dans l'île d'Elbe. Le même Jour, le contre-amiral Ganteaume a bloqué le port de Porto-Ferrajo. Le gouverneur de cette place s'obstine à refuser de nous la remettre, mais je pense que quelques bombes que j'ai ordonné d'y jeter, suffiront pour en déterminer la reddition. Je m'empresserai de vous en transmettre la nouvelle aussitôt qu'elle me sera parvenue.
Nous avons perdu quelques hommes dans les différentes affaires qui ont eu lieu, l'ennemi a perdu beaucoup de monde. Nous avons pris un drapeau anglais. On a transporté dans Porto Longone toutes les ressources de l'ile ; j'ai pris le parti d'y faire envoyer de Livourne 2,000 sacs de blé.
Je n'ai encore aucune nouvelle de l'Armée d'Égypte. Je charge mon chef d'état-major de vous faire connaître les détails, de ce qui s'est passé dans l'île d'Elbe" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 358, lettre 436).
Toutefois, Porto-Ferrajo ((Portoferraio) résiste et il faut en faire le siège.
Le 25 Floréal an 9 (15 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Tharreau : "Je vous prie, citoyen général, de me faire connaitre si vous avez renvoyé à Livourne les Polonais que vous aviez à Piombino et dans l'île d 'Elbe, et si vous avez fait partir pour la Corse le détachement de la 23e légère. Dans le cas contraire, pour vous mettre à même de vous passer de ces troupes, je vous autorise à faire venir dans 1’ile d’Elbe le 3e bataillon de la 60e qui se trouve à Sienne. J'ordonne de nouveau à l'ordonnateur Michaux de pourvoir à tous vos besoins, il s'adressera à vous pour les connaître …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 381, lettre 472).
Le même 25 Floréal an 9 (15 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Ministre de la Guerre : "Je vous annonçais, citoyen ministre, par ma dernière lettre que mon premier courrier vous apprendrait la reddition de Porto Ferrajo, je me trompais, cette place nous fait éprouver une résistance à laquelle nous ne devions pas nous attendre.
Le 19, elle a soutenu du côté de la terre le feu de trois mortiers, de trois obusiers, de quatre pièces de 20 ou 24, et du côté de la mer, celui de l'escadre du contre-amiral Ganteaume, elle a dû souffrir beaucoup et persiste néanmoins à se défendre.
Il paraît que les Anglais y ont la plus grande influence.
Le 22, le général Tharreau devait tenter un assaut en transportant ses troupes au moyen des chaloupes de l'escadre de Ganteaume, sur le seul point, au bord de la mer, où l'escalade soit praticable. Tout était disposé, mais les vents ayant empêché d'arriver de Livourne des bâtiments qui portaient les échelles nécessaires, l'expédition ne put avoir lieu. Prévoyant que ce siège pourrait traîner en longueur et ne voulant pas exposer le contre-amiral Ganteaume à manquer le but de son expédition, je lui écrivis avant-hier pour l'engager à poursuivre sa route. Lui-même avait senti le besoin de partir et avait déjà quitté la croisière devant Ferrajo. Je vous envoie la copie de la lettre qu'il avait adressée, le 22, au général Tharreau. On a vu ce matin devant Livourne plusieurs voiles de son escadre, les vents l'auront peut-être contrarié.
Le général Tharreau va se borner à cerner la, place de manière à lui ôter toute communication du côté de l'ile ; il doit aussi faire en sorte de rendre le port inaccessible en établissant des batteries sur des pointes qui le battent et qui en commandent l'entrée, il se servira aussi de quelques balancelles armées. Un très grand nombre d'habitants de l'île s'étant réfugiés dans Ferrajo s'y trouvent encombrés, ils savent que toutes leurs propriétés sont à la merci des soldats français, on m'assure qu'ils sont à la veille de manquer de vivres, je ne doute pas que, dans une telle position, ils ne soient forcés sous peu de jours de nous livrer la ville. S'ils ne se rendaient pas, faudrait-il faire un siège en règle ? Cela serait long et dispendieux, l'argent nous manque. Toute ces difficultés seraient levées, si par le moyen de M. de Cobentzel, le Gouvernement faisait donner au commandant de Ferrajo un ordre de nous recevoir. Environ 250 hommes de la 4e légère venant de Corse dans l'ile d'Elbe ont été embarqués sur l'escadre de Ganteaume. La 60e demi-brigade toute entière formera la garnison de l'ile d'Elbe et la 23e légère va être renvoyée en Corse …
La sévérité dont j'ai usé à l'égard des grenadiers de la 60e a produit le meilleur effet dans toute l'armée, je compte que désormais nous trouverons obéissance partout .." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 381, lettre 476).
Le 2 Prairial an 9 (22 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Gouvernement toscan : "Le gouverneur de Porto Ferrajo n'ayant pas obéi, Messieurs, à l'ordre que vous lui aviez donné formellement de remettre la place qu'il commande, ne peut rester au poste où il méconnaît votre autorité. Vous voudrez bien en conséquence le destituer de ses fonctions et le faire remplacer par le général La Villette qui se rendra sur le champ pour prendre ce commandement. Vous donnerez l'ordre à ce dernier de remettre la place au chef de brigade Mariotti que je nomme commandant de l'île d'Elbe. Si le général La Villette se refusait à exécuter vos ordres, il serait destitué aussi et privé de tous les émoluments qui lui sont attribués" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 409, lettre 498).
Le même 2 Prairial an 9 (22 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Tharreau : "J'ai chargé mon chef d'état-major, citoyen général, de vous transmettre un arrêté des Consuls qui ordonne que l'officier commandant dans l'île d'Elbe correspondra avec le général commandant en Corse. J'ai pensé que d'après cette disposition, le commandement cesserait de vous être agréable ; vous voudrez bien, en conséquence, le laisser au chef de brigade Mariotti avec les instructions que vous jugerez convenables pour sa conduite politique et militaire dans l'île. Vous lui ordonnerez de renvoyer en Corse tout ce qu'il y a de troupes de la 23e légère ; le 3e bataillon de la 60e est parti de Sienne hier matin pour Piombino où il doit être embarqué pour Longone, ainsi la 60e toute entière fera la garnison de l'île ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 411, lettre 502).
Le même 2 prairial an 9 (22 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Chef de Brigade Marrioti : "J'ai reçu, citoyen commandant, votre rapport sur votre entrée et vos opérations dans l'ile d'Elbe. L'ordre du jour vous aura fait connaître ma satisfaction sur votre conduite et sur celle des troupes sous vos ordres. J'en ai instruit le Gouvernement qui y applaudira comme moi.
Le général Tharreau reçoit l'ordre de rentrer à Livourne. Les bons témoignages qu'on m'a rendu sur votre compte m'ont déterminé à vous confier le commandement de l'ile d'Elbe. Le général Tharreau vous laissera les instructions qu'il jugera convenables ; il vous fera connaître un arrêté des Consuls d'après lequel vous devez correspondre avec le général commandant en Corse. Vous ne cesserez pas néanmoins de correspondre avec moi et vous me donnerez tous les détails que vous pourrez recueillir sur les ressources de l'ile et l'esprit des habitants.
On vous a déjà envoyé 2,000 sacs de grains et 60 ou 80 bœufs, on va vous expédier 100,000 rations de vin et de biscuit avec quelque viande salée. Vous devez vous trouver par là approvisionné pour quelque temps.
Ne pouvant faire en ce moment un siège en règle de Porto Ferrajo, vous vous contenterez de serrer d'aussi près que vous le pourrez la place et d'empêcher que rien n'y puisse pénétrer. L'ile d'Elbe devant recevoir bientôt une organisation civile, en exécution de l'arrêté des Consuls qui vous sera communiqué par le général Tharreau, vous ne changerez rien à ce qui existe dans ce moment.
Montrez aux habitants la plus grande modération, traitez-les bien, nous voulons qu'ils deviennent nos amis. Je suis persuadé que cette tâche vous sera aussi agréable que facile à remplir. Donnez-moi le plus souvent que vous pourrez de vos nouvelles, faites-moi parvenir surtout avec promptitude celles que vous pourriez apprendre des Anglais en Égypte. Écrivez-moi ce que vous aurez recueilli sur l'importance des mines de l'ile et la facilité de leur exploitation. Leur revenu doit servir à la solde de la garnison" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 412, lettre 503).
Encore le 2 Prairial an 9 (22 mai 1801), Murat écrit une seconde fois, depuis Florence, au Chef de Brigade Marrioti, Officier commandant l'ile d'Elbe : "Je vous préviens, citoyen commandant, que le Gouvernement toscan vient de destituer le commandant de Porto Ferrajo et de donner le commandement de cette place à M. le général La Villette. Je vous prie d'avoir pour ce respectable militaire tous les égards que lui méritent son âge et son attachement pour la France. Il devra se présenter en parlementaire à Porto Ferrajo et y exhiber, en y arrivant, les ordres dont il est porteur. Vous me ferez connaître sur le champ le succès de cette nouvelle tentative. Le général La Villette aussitôt qu'il aura pris le commandement de la place vous en fera la remise" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 413, lettre 504).
Le 3 Prairial an 9 (23 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Ministre de la Guerre : "… J 'ai rappelé à Livourne le général Tharreau et j'ai donné le commandement de l'ile d'Elbe au chef de brigade Mariotti qui commandait auparavant à Capraja et que sa probité et l'affabilité de ses manières a rendu très agréable aux habitants. Je n'ai pu approvisionner cette île qu'au moyen de réquisitions de toute espèce. J'y ai envoyé 2,000 sacs de grains, du vin et 100,000 rations de biscuit. J 'ai fait des dispositions pour faire armer le port de Longone …"(Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 420, lettre 509).
Le 7 Prairial an 9 (27 mai 1801), Murat écrit au Général Casalta : "J'avais déjà connaissance, citoyen général, de l'arrêté des Consuls qui place l'île d'Elbe dans la dépendance de la 23e division militaire et j'avais en conséquence rappelé à Livourne le général Tharreau qui y commandait. Les rapports avantageux qui m'avaient été faits sur la conduite et la moralité du chef de brigade Mariotti m'avaient déterminé aussi à lui donner le commandement de l'île. Je suis charmé que mes dispositions se trouvent d'accord avec ce que vous avez désiré et j'ai vu avec plaisir l'occasion de donner au chef de brigade Mariotti un témoignage de la confiance qu'il mérite.
L’ile d'Elbe ne faisant plus partie de mon commandement, je n 'ai plus aucune disposition à faire relativement à ce pays. Je ne puis que vous engager vous-même à prendre toutes les mesures que vous jugerez convenables, soit pour la défense de la partie que nous occupons, soit pour la reddition de Porto-Ferrajo.
L'île doit être approvisionnée pour quelques temps, et j'y ai fait passer deux mille sacs de grains, 100,000 rations de biscuit et 100,000 rations de vin, de la viande salée et une assez grande quantité de bœufs. Je sais de plus que le commissaire des guerres de Longone a acheté 200 sacs de fèves dont, sans doute, on réclamera en Corse le payement.
Je laisse pour former la garnison de l'île d'Elbe la 60e demi-brigade toute entière. On aura dû vous renvoyer les troupes de la 23e légère. Si mes secours peuvent vous devenir utiles, soit pour la défense de Longone, soit pour le siège de Porto Ferrajo, je me ferai un vrai plaisir de contribuer au bien du service dont vous êtes chargé.
J'ai épuisé toutes les voies de négociation avec le commandant de Ferrajo, je ne crois pas qu'il doive nous rester aucune espérance de devenir maîtres de la place autrement que par le canon ou par un ordre du ci-devant duc Ferdinand III. J'ai déjà écrit depuis longtemps au Gouvernement pour l'engager à réclamer cet ordre de l’ambassadeur de Vienne ; si on me le faisait passer, je m 'empresserais de vous le transmettre en l'adressant au commandant de l'ile d'Elbe.
Le chef de brigade Mariotti a ordre, jusqu'à ce que vous ayez donné d'autres instructions, de se borner à serrer la place d'aussi près qu'il lui sera possible et à empêcher que rien n'y pénètre, soit par terre, soit par mer. Il sera secondé du côté de la mer par la corvette la Badine, que le contre-amiral Ganteaume a laissée, en reprenant sa route pour l'Égypte" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 427, lettre 516).
Le même 7 Prairial an 9 (27 mai 1801), Murat écrit à Miot : "… D'après un arrêté des Consuls en date du 9 floréal, l'ile d'Elbe se trouve comprise dans votre arrondissement ; j'en ai donné le commandement au chef de brigade Mariotti et j'écris au général Casalta pour l'engager à prendre pour la défense de Longone et la reddition de Porto Ferrajo toutes les mesures qu'il jugera convenables. Je lui fournirai avec plaisir tous les secours qui dépendront de moi.
Le commissaire des guerres de Longone ayant acheté pour l'approvisionnement de l'île d'Elbe deux cents sacs de fèves pour une somme de trois mille et quelques cents livres, on devra s'adresser à vous pour en obtenir le payement, je vous engage à y pourvoir.
J'ai envoyé la 60e demi-brigade toute entière pour former la garnison de l'île d'Elbe, et j'ai donné ordre de faire repasser en Corse les détachements qui en étaient venus" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 429, lettre 518).
Le 8 Prairial an 9 (28 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, à Bonaparte : "… Il est fort étonnant que le ministre garde le silence sur mes rapports sur la 60e, c’est me faire croire que ma conduite n'a pas obtenu votre approbation …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 434, lettre 524).
Le 18 Prairial an 9 (7 juin 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Chef de Brigade Mariotti : "Porto Ferrajo tient plus longtemps que nous ne l'aurions dû penser, sa résistance nécessite pour la sûreté de nos troupes des précautions et une surveillance qui les mettent à l'abri de toute atteinte de la part des Anglais. Porto Longone est le seul point qui puisse nous offrir un asile du côté de la terre et de la mer. Il s'agit donc d'employer tous les moyens qui sont en votre pouvoir pour mettre cette place en état de soutenir un siège. Il faut y faire rétablir les batteries qui sont en mauvais état, y en établir de nouvelles, s'il est nécessaire ; enfin il faut l'armer et l'approvisionner. Le Gouvernement attache la plus grande importance à la conservation de cette ile. Vous me rendrez compte des mesures que vous aurez prises pour assurer l'exécution de ses intentions. J'ai la plus grande confiance à votre zèle et à votre activité.
Le général Tharreau me prévient qu'il avait fait mettre à votre disposition les étamines pour faire des cartouches. Comme ces marchandises ne sont point propriétés anglaises, vous me ferez connaître si véritablement elles sont vendues et si vous y avez été autorisé.
Je reçois rarement de vos nouvelles, je vous prie de m'en donner le plus souvent qu'il vous sera possible et extraordinairement si vous en receviez d'Egypte.
Si les 100,000 rations de biscuit et de vin ne vous sont pas encore parvenues, je vais donner les ordres pour qu'elles soient promptement expédiées" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 451, lettre 537).
Le 24 Prairial an 9 (13 juin 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Chef de Brigade Mariotti : "Je reçois, citoyen commandant, votre lettre du 17 courant. J'ai des raisons pour croire que Porto Ferrajo est dans ce moment-ci en notre pouvoir. Cette première démarche annonce l'état de détresse de la place, en conséquence, ne consentez à aucun arrangement avec eux, si le commandant de cette place ne consent préalablement à vous livrer le fort principal de la ville, et s'il ne met l'embargo sur tous les bâtiments et propriétés des puissances ennemies et si le port ne leur est fermé. Je ne vois aucune nécessité d'envoyer un officier toscan au ci-devant duc de Toscane ; cette démarche compromettrait la dignité de notre Gouvernement. Le commandant de Porto Ferrajo doit regarder comme officielle la déclaration que lui a faite le Gouvernement provisoire de la Toscane de la renonciation de Ferdinand III en faveur de l'Infant Duc de Parme.
Une partie des 100,000 rations de biscuit que je vous avais annoncées est déjà partie de Livourne ; le restant vous sera envoyé incessamment. Je fais aussi donner des ordres à la commune de Livourne de faire compléter les 2,000 sacs de blé qu'elle devait vous faire parvenir à Longone, mais je dois vous demander auparavant, si cet inventaire a été fait à l'époque du versement du blé dans le magasin de Longone, ou bien lorsque vous avez pris le commandement de l'ile d'Elbe.
Si cependant le gouverneur de Porto Ferrajo voulait consentir à nous livrer la place, je vous autorise à regarder comme non avenu l'article de cette lettre qui porte embargo sur les marchandises et bâtiments. Votre but le plus urgent doit être d'avoir la place, faites tout pour l'atteindre.
Écrivez-moi le plus souvent, mon cher commandant, en m'instruisant de tous les mouvements des Anglais dans vos parages et du progrès des fortifications dans Longone" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 471, lettre 564).
Le 3 Messidor an 9 (22 juin 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Ministre de la Guerre : "Je suis informé, citoyen ministre, que le Gouvernement n'a pas applaudi entièrement à la conduite que j'ai tenue envers la 60e demi-brigade, j'en suis fâché, l'exemple de la révolte arrivée il y a trois ans à Rome, a dicté les mesures que j'ai prises et je les prendrais encore aujourd'hui, si une pareille scène venait à se renouveler. Recevant néanmoins tous les jours des lettres de ces deux compagnies de grenadiers que j'ai envoyées dans la citadelle de Turin, et le châtiment qu’elles ont subi devenu la caution de leur sincère repentir, je ne puis m'empâcher de vous demander l'autorisation de les rappeler et de les rendre à leur corps qui les demande" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 483, lettre 579).
Le 23 juin 1801 (4 Messidor an 9), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre, citoyen ministre, que tous les grenadiers de la 60e demi-brigade qui sont dans la citadelle de Turin soient distribués trois à trois dans tous les corps de la République, hormis les cinq plus mauvais sujets reconnus pour auteurs de la rébellion qui seront retenus jusqu'à nouvel ordre dans la citadelle de Turin. Leurs noms vous seront envoyés pour être statué définitivement sur le sort de ces individus" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 308 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6342).
Le 8 Messidor an 9 (27 juin 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Citoyen Miot, en Corse : "Vous avez très certainement connaissance, citoyen administrateur, de l'arrêté des Consuls qui porte que l'ile d'Elbe fait partie de la 23e division militaire. D'après ce même arrêté, le commandant de cette ile doit correspondre avec le général commandant la 23e division, il se trouve ainsi que ces troupes sont sous ses ordres immédiats ; de là point de doute que la garnison de l'île d'Elbe doive être soldée par votre caisse ; il serait absurde de vouloir prétendre qu'elle dût l'être par celle de l'armée que je commande, car vous ne devez pas regarder les secours que j'ai fait passer en Corse et que je fais passer journellement dans l'ile d'Elbe obligation, comme une mais bien comme une preuve du désir que j'ai de vous obliger. Ainsi je vous déclare que je ne payerai nullement aucune des troupes stationnées dans l'ile d'Elbe. J'y enverrai néanmoins le biscuit, le vinaigre et le vin que j'y ai promis. J'envoie également 1,200 habits complets à la 60e demi-brigade.
Je vous préviens que j'ai fait connaître depuis longtemps au Gouvernement cette détermination qu'il a approuvée" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 497, lettre 599).
Le même 8 Messidor an 9 (27 juin 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Chef de Brigade Mariotti : "J'ai reçu, citoyen commandant, votre dernière lettre du 4 messidor, je vous réitère que vous devez vous borner au simple blocus de Porto Ferrajo et employer tous vos moyens pour mettre Porto Longone en état de soutenir un siège. Le biscuit, le vin et le vinaigre que je vous ai promis vous seront certainement envoyés, ainsi que 1,200 habits pour la 60e.
Vous voudrez bien à l'avenir, en vous conformant à l'arrêté des Consuls qui porte que l'ile d'Elbe fera partie de la 23e division militaire, correspondre directement avec le général qui la commande et exécuter tous les ordres qu'il vous donnera.
Je recevrai néanmoins avec plaisir tous les rapports que vous voudrez bien me faire parvenir sur votre situation dans l'ile d'Elbe" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 498, lettre 600).
Le 13 Messidor an 9 (2 juillet 1801) à 11 heures du soir, Murat écrit, depuis Castello, au Citoyen Bretel, commandant la Division mouillée sur la rade de Livourne : "Je reçois à l'instant, citoyen commandant, la lettre du préfet maritime du 6e arrondissement qui m'annonce votre départ de Toulon et votre destination pour Livourne, « où vous devez, dit-il, recevoir de moi de nouveaux ordres que je dois avoir reçus du ministre de la Marine. » Je reçois en même temps la vôtre de ce jour qui m'annonce votre arrivée devant Livourne.
Les ordres du ministre de la Marine pour votre destination ultérieure ne me sont point encore parvenus. J'en suis d'autant plus étonné que j'ai reçu un courrier de Paris, parti du 4. Ayant mille raisons pour croire que votre destination doit être pour l'île d'Elbe, je vous prie, citoyen commandant, de mettre sur-le-champ sous voile et d'aller établir votre croisière dans les eaux du canal de Piombino, où vous rallierez la corvette la Badine que le général Ganteaume a laissée pour bloquer Porto Ferrajo. Arrivé dans le canal, vous vous aboucherez avec le chef de brigade Mariotti, commandant de l'île d’Elbe et le seconderez de tous vos moyens pour forcer Porto Ferrajo à se rendre. Depuis quelques jours, des corsaires anglais interceptent toutes nos communications avec cette île, portent des vivres et des munitions à Porto Ferrajo et entretiennent dans l'esprit des habitants de cette ville l'espoir que les Anglais leur apporteront bientôt des secours ; votre présence seule suffira pour purger ces parages de ces pirates et, si vous étiez attaqué par des forces supérieures, Porto Longone vous offre un asile assuré. Vous tiendrez cette croisière jusqu'à de nouveaux ordres. Le but principal de votre opération doit être d'empêcher que Porto Ferrajo ne reçoive par mer aucune espèce de secours et qu'il n'entre dans ce port aucun bâtiment.
Vous me tiendrez soigneusement informé de toutes vos opérations ; vous aurez sous vos ordres -la Badine qui vous servira pour communiquer avec moi par Livourne.
Je m'empresserai de vous faire parvenir des ordres ultérieurs, aussitôt que j'aurai reçu ceux qui me sont annoncés du ministre de la Marine. Il est instant que vous partiez de Livourne, si vous voulez surprendre les corsaires qui croisent devant Porto Ferrajo. Faites-moi connaitre le moment de votre départ par le retour de mon courrier" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 2, lettre 612).
Le même 13 Messidor an 9 (2 juillet 1801) à 11 heures du soir, Murat écrit, depuis Castello, au Chef de Brigade Mariotti : "Je reçois à l'instant, citoyen commandant, votre lettre du 9, vous devez plus que jamais serrer Porto Ferrajo et vous tenir en garde contre toute espèce de surprise de la part des assiégés.
Je vous préviens que trois frégates ont ordre de partir de Livourne pour venir établir leur croisière dans vos parages. Le capitaine commandant cette division a pour principale instruction d'empêcher que Porto Ferrajo reçoive des vivres, des munitions et des troupes de débarquement. Ainsi j'espère, mon cher commandant, que Porto Ferrajo, privé à l'avenir de tout secours, ne tardera pas à se rendre. Vous trouverez ci-joint un de mes arrêtés que je vous prie de communiquer sur-le-champ à M. le gouverneur de Porto Ferrajo.
Tenez-moi au courant de vos opérations ; vous allez recevoir le restant des 100,000 rations de biscuit, vin, etc., qui vous sont destinées, maintenant que la communication sera rétablie. Je ne puis pas vous envoyer de Livourne la poudre que vous me demandez" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 4, lettre 613).
Le 24 Messidor an 9 (13 juillet 1801), Murat écrit, depuis Castello, au Général Watrin : "Porto Ferrajo résiste toujours, mon cher général ; nous nous étions bornés jusqu'à ce jour à un simple blocus, aujourd'hui le Gouvernement m'ordonne d'employer tous les moyens qui sont en mon pouvoir pour m'emparer de cette place, en conséquence, je vous charge d'en diriger le siège qui devra être fait dans toutes les formes. Plusieurs pièces sont déjà en batterie, mais je les crois insuffisantes pour remplir le but que je me propose. Je vous autorise à tirer des Présides de la Toscane toute l'artillerie et les munitions dont vous aurez besoin pour ce siège. Les frégates qui croisent devant cette place et qui sont à ma disposition, pourront faciliter le transport de toute cette artillerie. J'écris au commandant de ces frégates de recevoir vos ordres. Je vous fais envoyer un chef de bataillon d’artillerie et si le chef de brigade Maubert est encore à Florence, il va recevoir l'ordre de se rendre dans le moindre délai auprès de vous ; je vous enverrai également quelques sapeurs. Je ne doute nullement que cette ville ne se rende, lorsque son gouverneur verra qu'elle est attaquée sérieusement.
Vous trouverez dans l'île la 60e demi-brigade et 400 hommes de la 23e légère ; si ces troupes étaient insuffisantes, ce que je ne crois pas, vous pourriez appeler auprès de vous le bataillon polonais qui est à Florence. Je pense que vous ne pourrez remplir mes instructions et celles du Gouvernement qu'en vous transportant de votre personne dans l'île d'Elbe, d'où vous pourrez revenir quand vous vous serez rendu maître de Porto Ferrajo ; il est instant et nécessaire que vous vous rendiez le plus tôt possible à cette nouvelle destination. Il est bon de vous observer que l'or des Anglais a tout corrompu dans cette ville, qui ne refuse de se rendre que parce qu'elle ne veut pas laisser en notre pouvoir une infinité de marchandises anglaises que vous aurez soin de faire séquestrer du moment qu'elle se rendra.
Si néanmoins le gouverneur de cette place voulait capituler et vous demandait pour condition la liberté de tout exporter, vous lui accorderiez tout ; l'unique but du Gouvernement étant d'avoir la ville et surtout le port, pour donner asile à une escadre française, si elle venait à paraître dans la Méditerranée et si elle était poursuivie par des forces supérieures.
Je vous prie de me faire connaître votre arrivée dans l’ile d'Elbe, sa situation et les mesures que vous aurez prises pour le siège de Porto Ferrajo.
Comme l'ile d'Elbe fait partie de la 23e division militaire et que, voulant me débarrasser de ce siège, j'avais ordonné au chef de brigade Mariotti de correspondre à l'avenir avec le général Muller, commandant en Corse, je vous prie d'envoyer à ce dernier la copie de la lettre que je reçois du ministre qui me charge du siège de Porto Ferrajo.
Vous pourrez faire connaître an commissaire-ordonnateur pour vos besoins, il a ordre de satisfaire à tous autant qu'il lui sera possible. Les mortiers qui sont à Orbitello vous seront surtout de la plus grande utilité.
Adieu, mon cher général, donnez-moi souvent de vos nouvelles, apprenez-moi surtout bien vite que vous êtes maître de Porto Ferrajo" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 19, lettre 628).
Le 26 Messidor an 9 (15 juillet 1801), Murat écrit, depuis Castello, au Général Watrin : " … Il a été envoyé 60,000 rations de vin à l'île d'Elbe, ainsi que 10,000 pintes de vinaigre et 62,000 rations de biscuits ; 38,000 vont encore y être envoyées. Le chirurgien en chef et l'agent des hôpitaux sont également partis avec des officiers de santé et les employés nécessaires pour y organiser une ambulance pour environ 400 malades. Des effets d'hôpitaux, des médicaments, du linge à pansement, de la charpie, une caisse à amputation et à trépan sont aussi envoyés, ainsi qu'un baril d'eau-de-vie destiné aux pansements, 600 habits ont déjà été expédiés pour la 60e, 600 autres vont l'être. Comme il existe beaucoup de vinaigre à Orbitello, vous pouvez en demander au moins 1,000 pintes …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 24, lettre 633).
Le 30 Messidor an 9 (19 juillet 1801), Murat écrit, au Général Watrin : "… Vous ne devez point payer la 60e, qui fait partie de la 23e division militaire …
Je ne puis vous envoyer les grenadiers que vous demandez, ils vont recevoir une autre destination …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 27, lettre 636).
Le 24 juillet 1801 (5 Thermidor an 9), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de m'envoyer l'état de situation exact de la garnison de Turin et de me faire connaître pourquoi l'ordre donné il y a quatre décades de répartir entre tous les corps de la République les deux compagnies de la 60e demi-brigade n’a pas été exécuté : envoyez-moi aussi toutes les pièces relatives à l'insurrection de Turin" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6375).
Le 18 Thermidor an 9 (6 août 1801), Murat écrit, depuis Florence, à l’Adjudant-commandant Gauthier : "... Si Porto Ferrajo se rendait avant mon retour, vous y enverriez pour garnison, ainsi que pour celle de Longone, deux bataillons polonais et vous donneriez la garnison de Livourne à la 60e demi-brigade ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 60, lettre 676).
Le 22 Fructidor an 9 (9 septembre 1801), Murat écrit au Général Watrin : "Je reçois en même temps, citoyen général, vos lettres des 5 et 12 fructidor, avec l'extrait des lettres du général Muller et du citoyen Hamelin.
Le général Muller est dans l'erreur, lorsqu'il prétend que la caisse de la 23e division militaire ne doit pas solder la garnison de l'île d'Elbe, c'est-à-dire la 60e demi-brigade et les troupes de la 25e légère (23e ?). Je conçois aisément l'impossibilité où il se trouve de ne pouvoir fournir les vivres que vous lui demandez, mais je ne pense pas de même sur les secours pécuniaires qu'il s'obstine à n'e pas vous donner. Vous êtes d'autant plus en droit de les exiger, que ces troupes ont déjà été payées du premier mois qu'elles ont passé dans cette île. J'ai prévenu de cette mesure le ministre de la guerre qui n'aura certainement pas manqué de faire les fonds pour ces troupes.
Le tableau que vous me faites depuis quelque temps de votre position, citoyen général, n'est point du tout tranquillisant. Je suis véritablement peiné de ce que mes ordres sur l'approvisionnement de l'île d'Elbe n'ont pas été exécutés ; je vais les réitérer et je me plais à croire que le Gouvernement toscan vous a déjà fait passer une partie des secours que je lui avais demandés.
La perte de nos frégates va rendre plus que jamais difficiles nos communications avec l'île d'Elbe. Porto Ferrajo résistera plus longtemps et je ne sais pas s'il sera possible de s'en emparer, tant que les Anglais resteront maîtres de la mer. Croyez, citoyen général, que je vois d'ici toutes les difficultés que vous devez surmonter, que je partage la douleur de votre position et que je ne néglige aucun des moyens qui peuvent l'adoucir. Il me tarde bien d'apprendre que vous avez commencé votre feu ; le résultat de vos premières attaques me déterminera à proposer au Gouvernement de prendre un parti définitif sur cette place …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 115, lettre 746).
Le 14 septembre, les soldats Gaudrin, Monnet et Leclerc, entraînés par le Sergent-major Marminia, se jettent à la mer, le sabre aux dents, et s'emparent d'une chaloupe armée d'un canon, et montée par 20 hommes d'équipage. Ils ramènent la chaloupe avec 12 prisonniers qu'ils présentent au Général Watrin. Ces 4 braves reçoivent chacun un fusil d'honneur; c'est le 2e que Marminia reçoit dans la même année.
Le 2e jour complémentaire an 9 (19 septembre 1801), Murat écrit, depuis Milan, au Ministre de la Guerre : "J'ai l'honneur de vous rendre compte, citoyen ministre, que l'amiral Warren n'a pas été plus heureux dans l'île d'Elbe que Nelson devant Boulogne. 3,000 hommes ont été jetés dans l'île, 1,200 Français les ont culbutés dans la mer, après leur avoir fait éprouver une perte d'environ 1,200 hommes. Le général Watrin se loue beaucoup de ses troupes, qui, quoique inférieures en nombre et affaiblies par les maladies, se sont battues avec autant de courage que d'acharnement. Il fait aussi l'éloge de l'adjudant commandant Saqueleu, du chef de brigade du génie Maubert, du chef de bataillon de la 60e demi-brigade, de son aide de camp Chamorin et de mon aide de camp Pieton, qui sont entrés les premiers à la tête des troupes dans les redoutes qui ont été reprises à la baïonnette. Tous les habitants de l'île et principalement ceux de Marciana se sont parfaitement bien conduits, ils ont tous pris les armes contre les Anglais.
L'escadre de Warren forte de 10 vaisseaux de ligne et trois frégates, était réunie le 29 fructidor sous Porto Ferrajo, une frégate croisait dans le canal de Piombino, afin d'intercepter les communications de la terre ferme avec l'île.
La frégate qui a été démâtée dans le combat a été remorquée par un brick et conduite à Mahon. Le projet de l'ennemi était de détruire toutes nos batteries, de s'emparer de l'artillerie et d'enfermer dans Longone toutes nos troupes.
Comme l'ennemi a reçu des renforts et qu'il pourrait encore faire quelques nouvelles tentatives (ce que je ne crois pas), je vais faire passer dans cette île un bataillon. Toutes nos batteries sont achevées et le général Watrin n'attend pour faire commencer le feu, que le départ de l'escadre ennemie, qui soutient par sa présence l'espoir des assiégés.
Le général Watrin m'annonce qu'il est approvisionné pour longtemps, ainsi vous pouvez être sans inquiétude sur le sort de nos troupes qui, du reste, souffrent beaucoup par les fièvres.
Comme l'escadre de Ganteaume pourrait recevoir l'ordre de sortir et peut-être celui de se porter sur les parages de la Toscane, je fais connaître au préfet maritime de Toulon l'existence de cette escadre devant Porto Ferrajo.
Je vous demande, citoyen ministre, la confirmation du grade de lieutenant pour mon aide de camp Pieton, promu sur le champ de bataille par le général Watrin.
Je dois des éloges à ce général" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 137, lettre 772).
Dans une deuxième lettre au Ministre de la Guerre, Murat écrit, le même jour, 2e complémentaire (19 septembre 1801), depuis Milan : "Porto-Ferrajo, citoyen Ministre, est bombardé depuis plusieurs jours. Les batteries empêchent l'entrée du port à l'escadre de l'amiral Waren [sic] qui croise dans ces parages avec sept vaisseaux et trois frégates.
Le 26 fructidor, une partie de l'escadre anglaise se dirigea sur la plage de Marciana. Le 27, à 4 heures du matin, un grand nombre de chaloupes canonnières et de bâtimens de transport s'approchèrent de la plage de Bayance, et débarquèrent 2500 hommes du régiment de Wadeville, des troupes de la marine, des détachemens de matelots, et quelques piquets de troupes étrangères. Au même instant les assiégés firent une sortie, et s'emparèrent de notre batterie de droite qui empêchait les vaisseaux ennemis d'entrer dans le port.
Le général Martin laissa l'ennemi s'éloigner une demi-lieue du rivage, et lorsqu'il vit le moment favorable il l'attaqua à son tour à la bayonnette. L'adjudant commandant Sackeln attaqua en même tems du côté de la ville. En un instant l'ennemi fut mis dans une déroute complète. Nos troupes lui coupèrent le chemin, tout ce qui ne fut pas fait prisonnier se jeta dans les rochers pour gagner les chaloupes.
Les frégates qui avaient profité du moment où l'ennemi s'était emparé d'une de nos batteries pour entrer dans le port, ne purent sortir à tems. Une de ces frégates fut entièrement démâtée, des relations assurent qu'elle a coulé bas.
Le résultat de cette journée est dix chaloupes canonnières prises, 200 prisonniers, tous anglais, plus de mille hommes tués.
Le cit. Morrier, capitaine de sapeurs, et le cit. Desormeaux, capitaine de la 60e, ont été blessés assez grièvement. Le capitaine Richemann, aide-de-camp du général Watrin, Pieton et le chef de bataillon de la 60e, La Rue, se sont spécialement distingués.
Deux bataillons de la 60e, qui forment la garnison de l'isle, ont soutenu le vieille réputation de cette demi-brigade; les habitans de l'isle, et particulièrement ceux du village de Marciana, se sont parfaitement conduits, et ont pris les armes pour nous" (Lumbroso A. : « Correspondance de Joachim Murat (juillet 1791-juillet 1808) », Roux, Turin, 1899, lettre LCV).
Le même 2e jour complémentaire an 9 (19 septembre 1801), Murat écrit aussi, depuis Milan, au Général Watrin : "Votre affaire du 27 fructidor, citoyen général, vous couvre de gloire ainsi que vos troupes. Vos sages combinaisons et la bravoure de vos soldats vous ont fait triompher du nombre, et Warren a éprouvé dans l'ile d'Elbe, ainsi que Nelson devant Boulogne, leur impuissance contre nos baïonnettes. Je me suis empressé de faire connaître au Gouvernement les détails de cette glorieuse journée. J'ai ordonné au général Rivaud de vous envoyer 1,000 Polonais, au général Seroux 25 à 30 milliers de poudre d'Orbitello, et au payeur une traite de 15,000 francs sur Livourne. J'espère qu'avec ces secours et ceux en vivres que vous vous êtes procuré par les bâtiments grecs, vous serez à même de réduire cette place rebelle.
Je ne pense pas que les Anglais aient été tentés de faire contre vous une nouvelle attaque, leur première défaite doit entraîner nécessairement celle des assiégés ...
Dix ou douze mineurs sont partis il y a dix jours, pour se rendre dans l'ile d'Elbe, c'était les seuls qui existaient ici. Faites évacuer tous vos malades sur la Toscane. Il me tarde bien d'apprendre que vos batteries ont commencé le feu" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 139, lettre 773).
Le 12 Brumaire an 10 (3 novembre 1801), Murat écrit, depuis Milan, au Général Charpentier : "Je vous prie, citoyen général, de donner ordre à la 60e demi-brigade, qui est dans l'île d'Elbe, de venir prendre son quartier d'hiver à Livourne. Les Polonais et les troupes appartenant à la 23e division militaire doivent être suffisants pour faire le service de l'île ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 190, lettre 848).
Le 18 Brumaire an 10 (9 novembre 1801), Murat écrit au Général Charpentier : "Je vous prie, citoyen général, d'écrire à l'ordonnateur en chef Michaux qu'il doit regarder comme non avenu l'ordre que vous lui avez donné de faire vendre les canons hors d'état de service et quelques grains avariés dans l'île d'Elbe, pour payer la solde arriérée de la 60e. Il sera fait des fonds de Paris pour ces payements. L'ordonnateur devra prendre des mesures pour utiliser, sans le vendre, mais en l'employant, le grain qui menacerait de se perdre. Vous donnerez communication de cet ordre à l'adjudant-commandant Reille" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 202, lettre 862).
En 1802, la 60e Demi-brigade continue à occuper l'ile d'Elbe.
Le 14 Nivôse an 10 (4 janvier 1802), Murat écrit, de Lyon, au Général Charpentier, Chef de l’Etat-major général : "... Je viens d'autoriser la vente des canons de l'île d'Elbe hors de service et le payement en sera affecté à la solde de la 60e demi-brigade. Surveillez cette opération. Je n'ai pu obtenir les 260,000 francs du Piémont. Le Premier Consul est absolument décidé à ne pas faire passer un sol en Italie, ni à retirer des troupes avant le printemps ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 226, lettre 892).
Le 20 janvier 1802 (30 Nivôse an 10), le Général de Division Grenier, qui vient de passer la révue de la 8e Demi-brigade, écrit, depuis Bruxelles, au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, les états relatifs à la revue d’inspection de la 89e demi-brigade, consistant : ... 15° un état double pour le nommé L’Escrit caporal à la 60e demi-brigade en subsistance dans la 89e avec pièces à l’appui ; ce malheureux ne sachant à qui se réclamer, végète à l’hôpital de Bruxelles en attendant que son sort soit fixé ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 71 page 154).
Le 21 mai 1802 (1er Prairial an 10), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... La 60e, qui est en Toscane, doit y rester jusqu'à nouvel ordre ... Donnez tous ces ordres de manière que les demi-brigades aient dix jours avant de partir, pour faire leurs préparatifs" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6896).
Le 27 mai 1802 (7 Prairial an 10), Bonaparte écrit, depuis La Malmaison, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vois, citoyen ministre, que sur l'état de l'emplacement des troupes du 5 prairial, les chefs de brigade de la 9e de ligne, ... 60e ... ne sont pas nommés. Cependant ces places ne sont pas vacantes …" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 439 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6917).
Le 31 décembre 1802 (10 Nivôse an 11), Murat écrit au Général Olivier, à Livourne : "J'ai reçu, mon cher général, votre lettre du 1er nivôse ... le chef de brigade vous aura sans doute communiqué les promotions que j'ai faites, et de vos observations, qu'elles ne doivent être valables qu'autant que l'embarquement aura lieu. Vous sentirez sans doute que cette précaution était nécessaire et vous en surveillerez l'exécution.
Ayez soin de faire rentrer à la caisse les fonds qui nous sont dus par la compagnie Hamelin, nous en avons le plus grand besoin" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 318, lettre 987).
En 1803, la 60e est répartie entre les garnisons de Livourne et de Pise.
Le 5 janvier 1803, le Sergent-major Marminia est nommé Sous-lieutenant.
- La 60e à Saint-Domingue, 1801-1803
Le 7 octobre 1801 (15 vendémiaire an 10, date présumée), Bonaparte établit à Paris une "Note pour l'organisation des troupes coloniales : "Il sera formé deux demi-brigades légères et cinq demi-brigades de ligne pour le service des îles d'Amérique, sous les numéros 5e et 11e légères, et 7e, 86e, 89e, 82e et 66e de ligne. Les 5e et 11e légères, et les 7e, 86e, 89e, seront destinées pour le service de Saint-Domingue; la 82e, pour le service de la Martinique; la 66e, pour le service de la Guadeloupe ... La 89e sera composée de
La 89e actuelle 1,300 hommes.
La 77e 150
La 83e 164
La 60e 620
La 74e 360
2,594" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5785).
Le 23 novembre 1802 (2 Frimaire an 11), l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Contre-amiral Decrès, Ministre de la Marine et des Colonies :"Les cinq vaisseaux partis de Brest, Citoyen Ministre, savoir : l'Argonaute, l'Aigle, etc. se rendront, trois à Gênes, un en Corse, à Ajaccio, et l'autre dans la rade de Livourne ...
Le bâtiment de Livourne embarquera un bataillon de 600 hommes de la 60e de ligne ...
Mais il est nécessaire, pour n'éprouver aucun retard et pour empêcher la désertion, que ces vaisseaux partent de Brest munis des vivres nécessaires, de manière qu'arrivés à leur destination ils n'aient qu'à faire leur embarquement et à disparaître.
Je désirerais que ces trois convois pussent se réunir, car le général Leclerc attache une grande importance à ce qu'une certaine masse de forces lui arrive à la fois. J'imagine qu'il sera convenable de les faire réunir tous au détroit ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6445 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7303).
Le 23 novembre 1802 (2 Frimaire an 11), le Premier Consul écrit encore, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre au général Murat de faire connaître aux officiers de la légion polonaise qu'ils seront au service de la République ...
Donnez ordre également à ce général de compléter un bataillon de la 60e à 600 hommes, et de le tenir à Livourne prêt à s'embarquer sur un vaisseau de guerre qui viendra le prendre ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6447 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7296).
Le 3 décembre 1802 (12 Frimaire an 11), Murat écrit au Ministre de la Guerre : "... J'ai également ordonné au général Olivier de faire compléter à six cents un bataillon de la 60e et de le tenir prêt à partir sur le premier bâtiment qui se présentera pour le recevoir. J'aurai soin de vous faire connaître le jour de l'embarquement de ces troupes" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 309, lettre 977).
Le 31 décembre 1802 (10 Nivôse an 11), Murat écrit au Général Olivier, à Livourne : "J'ai reçu, mon cher général, votre lettre du 1er nivôse dans laquelle vous m'annoncez les dispositions que vous avez prises relativement à l'organisation du bataillon de la 60e qui doit s'embarquer. Je ne puis que les approuver, les chefs de bataillon doivent surtout rester attachés à celui qu'ils ont commandé jusqu'à ce moment ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 318, lettre 987).
Le 13 janvier 1803 (23 Nivôse an 11), Salicetti, Ministre de la République française près la République ligurienne, écrit au Général en chef Murat : "Trois vaisseaux venant de Brest sous les ordres du contre-amiral Bedon sont arrivés ici pour embarquer la demi-brigade Polonaise …
L'embarquement des troupes éprouve ici quelques difficultés à cause de la fourniture des chemises, pantalons et saraux pour le trajet. L'ordonnateur Eyssautier n'a fait aucun fond pour cet objet, quoique le directeur de l'Administration de la Guerre lui en ait donné l'ordre le plus formel. Il est hors de doute que cette division va à St Domingue. Un vaisseau a été en Corse pour embarquer un bataillon de soldats suisses et l'autre à Livourne pour prendre celui de la 60e demi-brigade ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 322, lettre 994).
Le (sans date), Murat écrit, depuis Milan, à Bonaparte : "... Le bataillon de la 60e a dû être embarqué, ainsi que les Suisses" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 325, lettre 999).
Le 28 janvier 1803 (8 pluviôse an 11), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "J'ai reçu, citoyen ministre, les deux états que vous m'avez envoyés, le 23 Nivôse, pour la répartition de l'excédent de la conscription ... Quant à l'artillerie, il faudrait lui fournir sur chaque excédent, à raison d'un 20e de l'excédent. C'est le seul moyen de lui donner les hommes qui aient les qualités requises.
Enfin, les corps qui ont été envoyés en Amérique depuis le 1er vendémiaire, tels que un bataillon de la 20e, un de la 25e de ligne, un de la 14e légère, un de la 60e de ligne, deux de la 110e, deux de la 89e ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 7447).
Par l'Arrêté du 12 Floréal an 11 (2 mai 1803) "relatif à l’organisation de plusieurs demi-brigades dans les colonies", le 3e Bataillon de la 60e Demi-brigade de Bataille doit entrer dans la formation de la nouvelle 89e Demi-brigade.
Le 8 Frimaire an 13 (29 novembre 1804), Murat écrit, depuis Paris, au Ministre de la Guerre : "J'ai l'honneur de réclamer votre bienveillance, monsieur le maréchal ministre, en faveur de monsieur Humbert, lieutenant au 86e régiment d'infanterie, il était sergent à la compagnie des grenadiers du 3e bataillon de la 60e demi-brigade de ligne alors en Italie, je le nommai provisoirement au grade de sous-lieutenant. Il partit pour Saint-Domingue avec son bataillon et ne put recevoir la confirmation de son grade. Son ancienneté l'ayant porté à la place de lieutenant, il y fut promu le 18 thermidor an XI. De retour en France, il me prie de lui obtenir la confirmation du grade que je lui ai accordé, afin de pouvoir occuper légalement celui de lieutenant. Je vous demande d'autant plus instamment cette faveur que l'on me donna dans le temps les meilleurs renseignements sur son compte et que le colonel du 86e m'atteste encore aujourd'hui sa belle tenue, sa bonne éducation et ses talents militaires. J'ai l'honneur de vous envoyer l'état de services et les nominations de monsieur Humbert ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 2587, lettre 1643).
/ 60e Régiment d'infanterie de ligne
- Armée d'Italie, 1803-1805, Maréchal Jourdan, Maréchal Masséna
Boutons du 60e de Ligne |
Le 24 septembre 1803, la 60e Demi-brigade est portée à 4 Bataillon par l'incorporation de la 97e et redevient le 60e Régiment d'Infanterie par l'Arrêté du 1er Vendémiaire an 12 (24 septembre 1803).
Entre 1803 et 1804, le Corps va occuper successivement Parme, Alexandrie et Brescia. Eu 1804, le 60e de Ligne tient garnison à Parme et à Alexandrie.
Le 24 Ventôse an 12 (15 mars 1804), Murat écrit au Colonel Cossard, commandant le 60e Régiment d'Infanterie de ligne : "Je suis infiniment sensible, citoyen colonel, aux regrets que vous m'avez exprimés dans votre lettre du 26 pluviôse. Les braves qui ont servi sous mes ordres en Italie ne me seront jamais étrangers. Ils doivent compter dans tous les temps sur mon affection et j'aime à conserver l'espérance de les revoir près de moi. Croyez, citoyen colonel, que je me souviendrai toujours avec un vif intérêt du 60e régiment, ainsi que du dévouement et des services de son chef" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 78, lettre 1316).
Le 24 avril 1804 (4 Floréal an 12), le Premier Consul écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des Camps : "Donnez ordre, citoyen ministre … au 53e, qui est à Alexandrie, de remplacer à Parme le 60e qui se rendra à Alexandrie ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8828).
Le 6 Vendémiaire an 13 (28 septembre 1804), le Général Travot écrit au Chef de l’Etat-major général de la 27e Division Militaire : "Je vous préviens, monsieur, que j’ai reçu une lettre de Mr l’adjudant commandant Advignié, par laquelle il m’annonce l’arrivée en cette ville de trois compagnies du 60e régiment pour le 7, et me transmet l’ordre de faire partir le détachement du 5e régiment de ligne, le même jour 7. Sans attendre l’arrivée des premières, malgré qu’il n’ait pas indiqué la destination des compagnies du 5e, je n’ai pas cru devoir retarder le mouvement, et sachant que le régiment est à Turin, elles partiront demain et y arriveront le 10" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 6 Vendémiaire an 13 (28 septembre 1804), le Général Travot écrit au Commissaire des Guerres Lefevre : "Je vous préviens Mr que demain 7, les compagnies du 5e régiment en garnison en cette ville, partiront pour Turin, je vous invite à leur délivrer une feuille de route ; le même jour arriveront ici sept compagnies du 60e régiment de ligne, dont trois y tiendront garnison. Veuillez bien prendre les mesures nécessaires pour que le logement et les effets de casernement soient préparés" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 22 Brumaire an 13 (13 novembre 1804), le Général Travot écrit au Commandant du 60e Régiment d’Infanterie à Verceil : "Vous voudrez bien en conformité des dispositions ordonnées par le général commandant la subdivision donner à une de vos compagnies l’ordre de partir aujourd’hui avec armes et bagages pour se rendre à Turin où elle restera jusqu’à nouvel ordre" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 28 janvier 1805 (8 Pluviôse an 13), l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Faites connaître au maréchal Jourdan que les mouvements des troupes autrichiennes sont trop exagérés ; que je n'ai aucune raison de supposer que la cour de Vienne ait fait aucune disposition générale tendant à prouver qu'elle veuille renouveler les hostilités ; que cependant j'ai cru devoir prendre des mesures pour l'approvisionnement des places ... que le 60e se rende également à Brescia ...
Ainsi le maréchal Jourdan aurait 3 divisions ... Recommandez au maréchal Jourdan que ce mouvement se fasse sans ostentation, sans provocation, sans proclamation et sous le titre de contre-cordon. Il donnera au général Gardanne le commandement de la rive droite de l'Adige et le titre de commandant de l'avant-garde du contre-cordon. Le général Gardanne dira aux généraux autrichiens que l'ordre a été donné de faire un contre-cordon, que si cependant on veut casser un cordon sans but, puisqu'il n'y a pas de peste en Italie, on n'établira pas de contre-cordon sur la rive droite de l'Adige. Vous ferez donner ordre que les mesures de police qui seront prises sur la rive droite par rapport à la rive gauche soient les mêmes que celles de la rive gauche par rapport à la rive droite ; leur commerce sera par là plus gêné que celui d'Italie" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9527).
Le 17 février 1805 (28 Pluviôse an 13), l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier : "... Les quatre compagnies de grenadiers du 60e seront destinées à former la garde de l'Empereur à Alexandrie ... Il faut que ces compagnies aient leurs bonnets et soient en bon état ; elles auront double paye pendant le temps qu'elles feront le service près de l'Empereur ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8332 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9567).
Le 10 Ventôse an 13 (1er mars 1805), le Général Travot écrit à M. Loisel, Capitaine au 60e Régiment à Verceil : "J’ai reçu la plainte que vous m’avez adressée aujourd’hui contre le nommé Pierre Constant, fusilier du détachement que vous commandez déserté le 8 du courant" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 10 Ventôse an 13 (1er mars 1805), le Général Travot écrit au Général commandant la Subdivision : "J’ai l’honneur de vous adresser une plainte que m’a remis ce matin le capitaine commandant le détachement du 60e régiment stationné en cette ville, contre le nommé Pierre Constant, fusilier dudit détachement, déserté le 8 du courant ..." (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 18 Ventôse an 13 (9 mars 1805), le Général Travot écrit : "Reçu de M. Loisel, capitaine commandant le détachement du 60e régiment d’infanterie stationné en cette ville, sa plaine en date de ce jour, contre le nommé Mathurin Godivel, fusilier à la 6e compagnie du 4e bataillon dudit corps, déserté le 15 du courant. A cette plainte se trouvent joint un billet d’entrée à l’hôpital de Verceil, délivrée audit Godivel le 7 ventôse an 13, et une lettre datée d’hier du directeur dudit hôpital qui donne avis de la disparition de ce militaire" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 18 Ventôse an 13 (9 mars 1805), le Général Travot écrit au Général commandant la Subdivision : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-incluse une plainte en date de ce jour, formée par le capitaine commandant le détachement du 60e régiment d’infanterie stationné en cette ville, contre le nommé Mathurin Godivel, fusilier à la 6e compagnie du 4e bataillon dudit corps, déserté le 15 du courant.
A cette plainte se trouvent joint un billet d’entrée à l’hôpital de Verceil, délivrée le 7 de ce mois audit Godivel, et une lettre datée d’hier, par laquelle le directeur dudit hôpital donne avis de la disparition de ce militaire" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 19 mars 1805 (28 Ventôse an 13), l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "... la 86e doit être composée, conformément à l'article 8, des 1er et 2e bataillons de la 86e, du 3e bataillon de la 71e, de la portion du 90e qui a été à Saint-Domingue, du 2e et du 3e de la 110e, et de ce qui compose le 89e, c'est-à-dire 2e et 3e bataillons de la 89e, du 3e bataillon de la 60e, 2e bataillon de la 74e, un détachement de la 70e, 3e bataillon de la 83e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 59 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9702).
27 mars 1805 (6 germinal an XIII), l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, vous ferez réunir, du 1er au 10 floréal, dans la plaine de Marengo, les corps dont l'état est ci-joint :
Les quatre bataillons du 23e de ligne, les quatre du 56e, les quatre du 60e ; trois bataillons du 14e léger, quatre du 5e de ligne, trois du 102e (note : la CGN donne 2 Bataillons).
Ils seront partagés en deux divisions ; une tiendra garnison à Alexandrie, l'autre à Tortone et environs ...
Mon intention n'est point que ces troupes soient campées ; elles seront baraquées dans les villages.
Comme les troupes du Piémont ont un traitement particulier, vous me ferez un rapport sur les gratifications qu'il faudra leur donner également ...
Vous recommanderez bien au maréchal Jourdan que ces mouvements n'aient point l'air de mouvements de guerre ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8491 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9739).
Le 10 Germinal an 13 (31 mars 1805), le Général Travot écrit : "Conformément aux ordres du général commandant la subdivision en date de ce jour, ordonne aux trois compagnies du 60e régiment d’infanterie commandée par le capitaine Loisel et détachées à Verceil, d’en partir avec armes et bagages le 12 du courant, pour se rendre à Alexandrie où elles rejoindront le régiment.
Elles iront le 12 à Casal, le 13 à Alexandrie, destination.
Les postes que fournissent ces compagnies seront relevés demain onze par la garde nationale" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 10 Germinal an 13 (31 mars 1805), le Général Travot écrit au Commissaire des Guerres à Verceil : "J’ai l’honneur de vous prévenir que conformément aux ordres du général commandant la subdivision, les 3 compagnies du 60e régiment d’infanterie détachées à Verceil, en partiront le 12 du courant avec armes et bagages pour se rendre à Alexandrie et qu’elles seront remplacées par deux compagnies du 5e régiment qui arriveront ici le jour de leur départ" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 13 Germinal an 13 (3 avril 1805), le Général Travot écrit au Chef du 4e Bataillon du 60e Régiment en marche pour Alexandrie : "Comme vous le dira le chef de l’escorte des effets de votre bataillon, je viens d’être obligé de compter à l’entrepreneur des convois militaires une somme de trente francs pour le faire consentir à effectuer le transport de 3500 et quelques livres excédant le chargement auquel il est tenu. C’est le seul moyen qui me restait pour empêcher que vos effets restent en arrière, encore l’entrepreneur voulait avoir 45 #. Le sous-officier d’escorte a mis tout en œuvre pour remplir ses devoirs, mais les administrations n’ont jamais voulu le seconder" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le même 13 Germinal an 13 (3 avril 1805), le Général Travot écrit au Maire de Verceil : "Les troupes qui me sont arrivées ce matin en remplacement de celles du 60e régiment étant insuffisantes pour le service auquel étaient affectées ces dernières, je vous prie de vouloir bien ordonner au commandant de la garde nationale de faire occuper le poste de la préfecture dont vous règlerez la force, en observant qu’il ne fournira plus désormais le factionnaire du général Robin" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 6 mai 1805 (16 Floréal an 13), l'Empereur écrit, depuis Alexandrie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin, vous donnerez des ordres pour ... que le 23e et 60e de ligne restent à Alexandrie ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9979).
Le 14 juillet 1805 (25 Messidor an 13), l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin ... Le général Chabot continuera à rester à Alexandrie chargé du commandement des 56e, 79e, 23e et 60e de ligne. Il se transportera fréquemment d'un point à l'autre pour veiller à leur instruction et à leur bonne tenue" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 130 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10395).
Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 60e de Ligne a ses 1er, 2e, 3e et 4e Bataillons à Alexandrie, 27e Division militaire, pour 2714 hommes présents, 44 détachés ou en recrutement, 116 aux hôpitaux, total 2874 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).
Le "Bulletin des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre le 5 Fructidor an XIII (Du 27 au 31 août 1805)" indique à la date du 8 Fructidor que le 60e de Ligne quitte Alexandrie de suite pour arriver à Brescia le 26 Fructidor (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 443).
A l'ouverture des hostilités, vers le milieu du mois d'octobre, l'Armée d'Italie a été portée à 65000 hommes, sous le commandement du Maréchal Massena, commandant en chef. Le centre de cette armée comprend la Division d'infanterie Molitor, Brigades Launay, Herbin et Valori, treize Bataillons des 23e, 19e, 5e et 60e de ligne, 7000 combattants et douze bouches à feu (Mémoires du Prince Eugène, t.1, page 277).
- Bataille de Caldiero
Cachet à sec du 60e de Ligne |
Le 30 octobre, le Maréchal Masséna se décide à attaquer et envoie au Général Molilor l'ordre suivant : "Le général Molitor se portera avec sa division sur les hauteurs de Codognola. Il longera la crète en se dirigeant sur sa droite pour prendre en flanc les redoutes de l'ennemi. Le général Molitor aura soin aussi de se faire éclairer sur sa gauche et de tenir ses troupes le plus réunies qu'il sera possible. Le général Molitor aura soin de me donner souvent de ses nouvelles à Vago et me fera prévenir du moment où il pourra commencer son attaque".
Le Général Molitor part aussitôt. Le 60e combat à Vago et à la bataille de Caldiéro (30 octobre 1805) où, conduit par Molitor lui même, il se couvre de gloire et prénètre par une embrasure dans la plus forte redoute des hauteurs de Colognola. Voici un extrait du rapport du Général Molitor fait au Maréchal Masséna après l'action : "J'envoyai l'ordre de me suivre au général de brigade Valory qui se trouvait, avec le 79e régiment, à l'extrême-droite de ma division et, sans attendre que les généraux de Launay et Valory aient effectué leur mouvement, je me portait avec les trois premiers bataillons du 60e régiment au-devant de la colonne autrichienne que ce mouvement exécuté avec résolution fit reculer dans les retranchements ...".
Dans cette bataille, le Régiment subit de grandes pertes et a 3 Officiers tués, et 7 blessés; les 3 Chefs de Bataillon sont mis hors de combat.
Le 60e se distingue encore pendant tout le reste de la campagne, et notamment près de Vicence, au Bacchiglione, au passage de la Brenta et vient occuper Laybach.
Le 11 décembre 1805 (20 Frimaire an 14), à Brünn, on informe l'Empereur que "Le général de division Clarke, gouverneur général de l’Autriche, désire avoir près de lui, en qualité d'aide-de-camp, M. Zaepffel, sous-lieutenant au 60e régiment"; "Il faut être lieutenant", répond Napoléon (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1409 - Note : il s'agit de François-Louis Zaepffel qui devint Officier d’ordonnance de l’Empereur, puis Chef de Bataillon au 23e de Ligne, Colonel du 6e Léger, Baron de l'Empire le 26 octobre 1808 et Maréchal de camp le 3 juin 1825).
A la fin de décembre, et après sa formation, le 8e corps, ayant pour Général en chef Masséna comprend la Division Molitor (7000 hommes des 5e, 73e, 60e et 29e de ligne) dans le cercle de Marburg (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 2).
- Armée d’Italie, Prince Eugène, et de Dalmatie, Maréchal Marmont.
De 1806 à 1808, le 60e fait partie de l’Armée d’Italie (Prince Eugène) et détache en 1806 à l’Armée de Dalmatie (Maréchal Marmont) deux Bataillons qui prennent part à la défense de Raguse contre les Russes et les Monténégrins.
- Italie, 1806-1807
Le 21 février 1806, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince Eugène : "... Je vois que le 60e est à Venise, et son dépôt à Palmanova ; cela ne vaut rien ...
Faites-lui passer [au Général Molitor] le 8e d'infanterie légère, et remplacez ce régiment dans l'Istrie par le 60e de ligne ...
Le général Seras aura dans l'Istrie le 13e et le 60e ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 78 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 9865 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11517).
Le 14 mars 1806, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "... J'ai appris ce matin, par le courrier de Venise, que, le 60e n'avait pu encore aller en·Istrie, à cause des vents contraires. Comme le 8e d'infànterie légère a été obligé de rentrer en Istrie, j'envoie l'ordre au 60e de débarquer à Venise et d'attendre de nouveau ; trois régiments, dont un à quatre bataillons, eussent été trop nombreux pour la province de l'Istrie …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 165).
Le 15 mars 1806, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j'ai l'honneur d'envoyer à Votre Majesté le seul renseignement qui me soit encore parvenu sur la marche du général Molitor ; je n'ai point reçu de nouvelles de lui depuis le départ de sa division de Zara. Ainsi que j'ai déjà eu l'honneur d'en rendre compte à Votre Majesté, le 8e d'infanterie légère n'a pu se rendre de l'Istrie en Dalmatie ; cependant, d'après les nouveaux renseignements qui me parviennent, on pourra, je crois, tenter d'embarquer ce régiment à Fianona, et le conduire à·Zara, toujours en dedans des îles ; dans ce cas, j'enverrai le 60e en Istrie. Je n'ai pas voulu tenter ce moyen avant l’approbation de Votre Majesté …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 167).
Le 21 mars 1806, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince Eugène : "Mon fils … J'approuve … que le 60e se rende de Monfalcone à Muggia ou à Capo d'Istria …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 177; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10002 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11741).
Le 21 mars 1806, Napoléon écrit encore, depuis Paris au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... Vous n'êtes pas assez instruit de ce qui se fait dans votre armée. Vous m'aviez dit que le 8e d'infanterie légère était parti, et depuis vous m'avez écrit qu'il ne l'était pas; le 60e de même ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 181; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10003 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11742).
Le 23 mars 1806, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince Eugène : "Mon Fils … Je vois, par votre lettre du 16 mars, que le 60e est parti pour l'Istrie. Je vous ai envoyé un décret sur l'organisation militaire des provinces de l'Istrie. Je désire bien que les troupes ne soient pas mises dans des endroits malsains" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 183; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10011 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11760).
Le 24 mars 1806, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince Eugène : "Mon Fils … Envoyez l'ordre au général Seras de tenir toutes ses forces bien réunies ; il ne faut pas qu'il les disperse dans ces îles ; ces détachements pourraient être pris isolément. Il suffit d'envoyer en Dalmatie quelques officiers pour y commander, et qui lèveront quelques compagnies pour y maintenir l'ordre. Ainsi la division du général Seras, composée des 13 et 60e de ligne … doit, sans faire de trop grands mouvements, se tenir en mesure de marcher sur Trieste, si les circonstances s'aggravent ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 185 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10014 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11765).
Au 1er mai 1806, d'après les états de situation envoyés par le Prince Éugène, commandant en chef, la composition et la force des divers corps composant l'Armée dite d'Italie, dont le quartier général est à Milan, est la suivante :
Division d'Istrie. Quartier général à Capo-d'lstria.
Général de division Séras ; généraux de brigade Castella et Schilt ; 60e de Ligne, Colonel Cossard (4 Bataillons, 3 à Capo-d'Istria, le 4e à Isola, 3,791 hommes et 15 chevaux) - Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 268.
Le 14 mai 1806, Eugène écrit, depuis Milan, au Major général : "… Les nouvelles de l'Istrie sont bien moins satisfaisantes : la dyssenterie fait de grands ravages dans la division du général Séras ; les 13e et 60e avaient, par les dernières lettres, jusqu'à 1,400 malades, soit à l'hopital, soit dans les casernes. J'espère cependant que ce fléau va cesser, car j'ai pris toutes les mesures en mon pouvoir : 1° la division va baraquer dans une belle situation, près Capo-d'Istria ; 2e j'ai fait distribuer tous les jours vin et vinaigre ; 3° j'ai envoyé le médecin en chef de l'armée, avec les officiers de santé nécessaires ; 4° j'ai envoyé en duplicata, par mer et par terre, un bon approvisionnement de pharmacie ; 5° et enfin, la paille étant fort rare (et même manquant) en Istrie, j'en ai fait partir de Legnago et de Mantoue 8,000 bottes …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 392).
Le 27 mai 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène : "Mon Fils, j'ai lu avec attention vos états de revues. Se peut-il qu'il y ait encore dans les 53e, 106e, 13e et 60e, des hommes qui ne soient pas habillés ? J'imagine que les conscrits, s'ils n'ont pas des habits, ont au moins des culottes et des vestes d'ordonnance. Je vois que, dans l'armement, il manque beaucoup de fusils. Est-ce que les régiments qui sont en Istrie auraient des hommes sans fusils ? Si cela était, j'imagine que vous ne dormiriez pas que mes troupes d'Istrie ne soient parfaitement armées. Vous dites qu'il est dû aux 53e, 13e, 106e et 60e, pour la solde ; mais vous ne dites pas quels mois il est dû, non plus que pour la masse d'habillement. Du reste, les états me paraissent faits avec soin ; je les parcourrai avec plaisir. Mais il faut que dans l'état de juin on me donne des explications sur le nombre d'hommes qui sont, à chaque dépôt, à l'école de bataillon, sur le nombre d'hommes qui sont en habits de paysans, et sur le nombre d'hommes qui ne sont pas armés. Je me persuade que vous ne dormiriez pas si vous aviez en Istrie, en Dalmatie, même en Italie, des hommes qui ne fussent pas armés ou qui fussent encore en sarraux de toile. Il est de votre honneur que, vingt-quatre heures après leur arrivée, les conscrits aient la veste, la culotte, le chapeau. Il n'y a point d'excuse, les corps doivent y pourvoir ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 408 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10284 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12184).
Le même 27 mai 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Joseph, Roi de Naples : "Mon frère, vous avez à Naples des détachements du 60e régiment de ligne. Renvoyez-les à leur corps. Cette manière de disséminer l'armée est funeste à la discipline et à l’ordre" (CDu Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 254; orrespondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12187).
Le 6 juin 1806, Joseph écrit, depuis Naples, à Napoléon : "Sire, je reçois les lettres de Votre Majesté du 27. Je n'ai, ni à Naples ni dans l'armée, aucun détachement du 60e régiment ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 2, p. 284).
Dans la première quinzaine de juin, l'armée du Vice-roi comprend la Division d'lstrie, Général Séras (Quartier général à Capo-d'Istria) ; Généraux de Brigade Castella, et Schilt, 4,500 hommes présents des 13e et 60e de ligne, détachements du 23e de Chasseurs à cheval, d'Artillerie française et italienne, Génie, Train, Ouvriers (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 285).
Le 26 juin 1806, depuis Saint-Cloud, l'Empereur écrit à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... Je vois avec peine que le 8e d'infanterie légère occupe toujours l'île de Cherso. Donnez donc l'ordre qu'il soit envoyé à Zara, et faites occuper l'île de Cherso par 400 hommes du 60e de ligne, qui est en Istrie ; mettez la plus grande rapidité dans ces mouvements …" (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 468 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10418 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12378).
Le 29 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "... Je vous ai déjà envoyé l'ordre de réunir les 3e et 4e bataillons du 11e et du 60e et le 3e bataillon du 8e d’infanterie légère dans des places au-delà de la Piave ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 98 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12599).
Le 1er août 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... Donnez ordre au 3e bataillon du 8e d'infanterie légère, aux 3es et 4es bataillons des 11e, 35e et 60e de ligne de se rendre à Trévise, Padoue et Vicence, comme je l'ai déjà ordonné. Mon intention est qu'il n'y ait aucun dépôt ni embarras entre la Piave et l'Isonzo ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 105 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10580 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12629).
Le 9 août 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène : "Mon Fils ... Je vois avec peine, dans vos réponses à mes questions, l'ordre que vous avez donné au 3e bataillon du 6oe régiment de revenir ; comment pourra-t-il revenir par terre dans cette saison ? Vous êtes trop vif. Quand on fait partir des troupes, il faut les organiser ; vous devez sentir que le bataillon du 60e était mal placé là. Réunissez les deux bataillons et faites-les partir.
Prévenez le général Lemarois que, selon toutes les apparences, cette réserve de 6,000 hommes restera longtemps là" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 112 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10628 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12686).
Le 8 décembre 1806 également, Napoléon écrit aussi, depuis Posen, à Eugène : "... Mon intention est que des 3es bataillons des régiments de l’Armée de Dalmatie qui sont à 4 bataillons, il soit formé une division qui sera réunie à Bassano. Le 3e bataillon du 11e de Ligne et du 79e formeront un régiment provisoire ; les 3e bataillons des 5e et 23e formeront un deuxième régiment, les 3e bataillons des 20e, 60e ou 62e formeront le 3e. Ces trois régiments, devant faire une force de 6,000 hommes, formeront ainsi une 6e division. Vous ne réunirez cette division qu'autant que chaque bataillon pourra partir de son dépôt, fort de 800 hommes, pour se rendre aux cantonnements de Bassano. Dans tous les cas, je ne souhaite pas que ce soit avant le 20 janvier. Vous préparerez l'artillerie pour cette nouvelle division ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 222; Correspondance de Napoléon, t.14, lettres 11418 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13785).
Le 12 mars 1807, l'Empereur écrit depuis Osterode, au Prince Eugène : "Mon Fils ... L’armée de Dalmatie ne paraît avoir besoin d'aucun renfort ; il y a aujourd'hui suffisamment de monde ; il faut donc s'étudier à donner à ses dépôts la plus grande consistance ; il faut que les 3es et 4es bataillons du 5e de ligne, du 79e, du 23e et du 60e puissent, moyennant la conscription de 1807, entrer, tous les huit bataillons, en ligne et former une division ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 273 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12013 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14581).
Le 25 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Prince Eugène : "Mon Fils ... … La division Clauzel doit être augmentée de 300 hommes du 5e de ligne, de 300 hommes du 23e, autant du 11e, autant du 79e. Je pense que vous devez appeler le 4e bataillon du 60e, qui, ayant 900 hommes, peut figurer en ligne ; mais vous laisserez au dépôt une 3e ou une 4e compagnie ; cela augmentera cette division de 1,500 hommes. Vous pourrez aussi augmenter la division Clauzel du 3e bataillon du 62e et du 3e bataillon du 20e, ce qui porterait cette division à dix bataillons. Avec les conscrits qui vous arrivent, cela devrait être possible ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 285 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12174 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14892).
Le 27 mars 1807, Eugène écrit à Napoléon : "Sire, j’ai reçu ce matin les dépêches de Votre Majesté, du 12 mars, j'ai de suite donné les ordres pour le départ de ces 1,700 hommes pour l'armée de Naples. Comme, dans dix à douze jours, je compte passer en revue la division Clausel et celle des grenadiers, je verrai en même temps les dépôts de la Dalmatie, afin de pouvoir rendre compte à Votre Majesté de l'époque à laquelle les 4es bataillons des 5e, 23e, 60e et 79e régiments pourraient rejoindre leur 3e bataillon. Quand cela se pourra, je prendrai les ordres de Votre Majesté, mais je lui demanderai l'autorisation de laisser en dépot les cadres de 2 compagnies sur chacun des 3e et 4e bataillons ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 290).
Le 18 avril 1807, Eugène écrit, depuis Padoue, à Napoléon : "… La division Clausel, qui a beaucoup gagné depuis sa réunion, va être augmentée par un bataillon de 800 hommes du 8e d'infanterie légère et par un autre de même force du 18e d'infanterie légère ; les 4 bataillons des 5e, 11e, 60e et 79e ne peuvent absolument entrer en ligne ; presque aucun des officiers des dépôts ne sont susceptibles de faire campagne ; mais, comme ils ont de magnifiques compagnies de grenadiers, je les fais rejoindre la division Duhesme, pour que cette division de grenadiers puisse avoir 8 bataillons de 8 compagnies. Il faudrait que Votre Majesté eût la bonté de la renforcer des compagnies d'élite des dépôts existant en Piémont ; j'y joindrai également un fort bataillon de grenadiers et voltigeurs italiens ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 298).
Le 30 mars 1807, l'Empereur écrit depuis Osterode, au Maréchal Berthier : "… En faisant part de ces dispositions au conseiller d'état Lacuée, pour lui seul, vous lui ferez connaître qu'il faut qu'il envoie assez de conscrits en Italie pour que les régiments qui y restent, savoir : les 13e, 35e, 53e, 106e, 9e, 84e et 92e de ligne, soient à leur effectif du grand complet de 140 hommes par compagnie, de sorte que ces régiments fassent 23 bataillons et aient à l'effectif 27 à 28,000 hommes et plus de 25,000 présents sous les armes ; pour que le 18e léger et les 5e, 11e, 23e, 60e, 79e, et 81e de ligne, formant 13 bataillons, aient leur grand complet de 140 hommes par compagnie, de sorte que, indépendamment de ce qui est en Dalmatie et en Allemagne, ces 13 bataillons puissent former une division à l'effectif de 20,000 hommes; qu'enfin les quatorze dépôts de l'armée de Naples qui sont en Italie puissent former une division à l'effectif de 17 à 18,000 hommes, c'est-à-dire 140 hommes par compagnie ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12232 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14992).
Le 6 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils … Je remarque dans votre état de situation au 1er avril que la division Clauzel n'a que cinq bataillons. Je pense que vous devez y mettre le 4e bataillon du 60e, le 4e du 23e, le 4e du 79e, le 4e du 11e, le 4e du 5e ; ce qui ferait dix bataillons. Vous pourriez les composer de sept compagnies chacun, et alors il resterait quatre compagnies aux dépôts. Avec ce qui existe aux dépôts et avec la conscription qui va vous arriver, ces dix bataillons vous formeront bientôt une division de 7 à 8,000 hommes …" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 307 ; Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12543 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15550).
De son côté, le 6 mai 1807, le Prince Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j'ai exécuté les ordres de Votre Majesté, en écrivant au général Marmont de renvoyer le restant du cadre du 2e bataillon du 81e en Italie, et de compléter avant le 1er bataillon à l'effectif de 1,000 à 1,100 hommes.
Ce régiment a été longtemps éparpillé ; j'aurais besoin de quelques semaines de réunion avec son dépôt ; il pourrait aussi, deux mois après son arrivée, avoir deux beaux bataillons de guerre, ce qui compléterait la division qui se forme à Vérone à quatre beaux régiments, savoir : le 1er d'infanterie légère, les 112e, 81e et 42e de ligne. Je remplacerai de suite ce déficjt à l'armée de Dalmatie par l'envoi de 800 hommes du 60e régiment et 500 hommes aux chasseurs brescians, ou bien une colonne de 1,500 à 1,600 hommes, composée des détachements de tous les corps qui sont en Dalmatie.
Si Votre Majesté approuvait cette idée, l'armée d'Italie y gagnerait, et l'armée de Dalmatie, en ne perdant que le cadre et la force d'un bataillon, renforcerait tous les autres. J'attends vos ordres" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 306).
Le 26 juin 1807, le Général de Division Grenier écrit au Préfet du Bas-Pô : "Le détachement commandé par M. le major Bellotti ayant été remplacé le 25 de ce mois, M. le préfet, par un autre détachement de 160 hommes du 60e régiment venant de Chioggia et sous les ordres du gouverneur Miollis ; S. A. I. a jugé à propos de faire rentrer celui commandé par M. Bellotti, je ne peux rien changer à cette disposition suprême et je dois maintenir les ordres que j’ai donné à cet officier supérieur ; je pense d’ailleurs, M. le préfet, que le détachement qui le remplace étant même plus nombreux remplira le même but et rassurera vos administrés contre les tentatives de l’ennemi. Si, contre toute attente, ces forces ne suffisaient pas, veuillez au moindre de ses mouvements, m’en donner connaissance, je ferai tout ce qui dépendra de moi pour assurer la tranquillité dans cette partie de votre département" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 4 page 19).
Le 28 juin 1807, le Général de Division Grenier écrit au Général Charpentier : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, mon cher général, une lettre que le préfet du Bas-Pô m’adressé hier ; vous verrez qu’il a des craintes sur la conduite ultérieure des Anglais à l’embouchure du Pô où ils ont tenté de nouveaux débarquements ; je lui ai répondu qu’il devait être arrivé le 25 de ce mois un détachement de 160 hommes du 60e régiment à Rovigo et que ce détachement devait être suffisant pour s’opposer aux tentatives de l’ennemi" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 4 page 19).
Le 5 septembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, je reçois la lettre par laquelle vous m'instruisez que vous allez passer la revue de la division Clauzel, afin de la porter à 5 000 hommes. Mon intention serait que cette division fût portée à 9 ou 10 000 hommes. En effet, les huit régiments français qui sont en Dalmatie ont un présent sous les armes de [ ... ] 000 hommes et forment seize bataillons. La division Clauzel a, selon le dernier état du 15 août, 4540 hommes et le dépôt des huit régiments se compose de 5 000 hommes. La division Duhesme a 1 000 hommes, appartenant à cinq de ces régiments. Je pense donc qu'il faut ainsi organiser la division Clauzel, savoir :
60e 1400 ...
... La division serait donc composée de deux bataillons de six compagnies chacune, formant 2 400 hommes ; de cinq bataillons de sept compagnies chacune, 7 000 ; et d'un bataillon de trois compagnies, 600 hommes. Total, 10 000 hommes.
Vous enverrez aussi 300 Brescians et 300 hommes de la garde royale, pour marcher avec la division Clauzel, de manière que cette division marcherait forte de 10 à 11 000 hommes, ce qui, joint à l'armée française de Dalmatie, formerait plus de 25 000 hommes ; mais, il faut que ces hommes soient bien armés, bien équipés, et qu'ils aient déjà la meilleure instruction.
Si donc les 6 000 hommes qui sont aux dépôts ne vous paraissent pas suffisamment instruits et ne sont pas entièrement habillés au 1er octobre, selon l'ordre que j'en donnerai, pour aller renforcer le corps du général Marmont, vous ferez partir la division Clauzel dans la situation où elle se trouve actuellement, c'est-à-dire formant 5 000 hommes, mais organisée de manière qu'il n'y ait que trois compagnies par régiment à 200 hommes chaque compagnie. Vous en sentez l'importance ; il faut que ces compagnies, arrivant à leurs Corps en Dalmatie, puissent verser dans ces corps ce qu'ils ont au-dessus de 100 hommes. Dans ce cas, vous préparerez sur-le-champ trois autres compagnies que vous ferez partir un mois ou six semaines après, de sorte que jusqu'au 1er janvier vous ayez envoyé en Dalmatie les 10 000 hommes qui m'y paraissent nécessaires" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 398 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16293).
Le 16 septembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, à Eugène Napoléon, Vice-roi d'Italie : "Mon Fils, je reçois votre lettre du 11 à minuit. Je vois que la division Clauzel est composée de 5,482 hommes ; mais je ne vois pas de combien de compagnies chaque bataillon est composé. C'est à cela que vous devez porter votre principal soin. Je consens qu'il ne parte du 8e léger que 517 hommes ; mais je ne voudrais pas que ces 517 hommes formassent six compagnies, je voudrais qu'ils n'en formassent que trois. Même observation pour ... le 60e ... Au total, mon intention est que la division Clauzel soit toute composée de compagnies de 200 hommes, afin qu'elle puisse les incorporer en Dalmatie" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 409 ; Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13165 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16389).
Le 1er octobre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, je reçois votre lettre du 22, par laquelle vous me faites connaître que la division Clausel est de plus de 5,500 hommes.
... Vous ferez partir quatre compagnies pour le 11e; trois pour le 23e; quatre pour le 60e; trois pour le 79e; et deux pour le 81e; de manière que chaque compagnie sera de 200 à 450 hommes. Mon intention est que ces compagnies, arrivées à Zara, soient incorporées dans les deux premiers bataillons, et que les cadres reviennent à l’armée. Le général de division, les deux généraux de brigade, marcheront avec cette division, pour inspecter son passage ; mais, quand elle sera arrivée en Dalmatie et incorporée, tout cela rentrera en Italie. Cette division doit être considérée comme une division de renfort" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 420 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16450).
- Dalmatie, 1806-1807
Dans le courant du mois de juin, l'armée du Vice-roi est réorganisée; concernant l'Armée de Dalmatie, commandée par le Général Marmont (Quartier général à Zara), la 1ère Division, Général Molitor (Quartier général à Zara) ; Généraux de brigade Jalcas, Guillet, Gily (à Spalatro) et Launay, est forte de 14 Bataillons des 8e Léger, 60e, 79e et 81e de ligne, 1er Escadron du 19e de Chasseurs, 2 Compagnies de Sapeurs, deux d'Artillerie à pied du 2e Régiment français, 2 du 1er Régiment italien, détachements d'Artillerie et du Train (9,000 présents, cent chevaux). Les 3e et 4e Bataillons du 60e doivent se réunir à Trévise pour former la 1ère Brigade de la Division de réserve de l'Armée de Dalmatie (Mémoires du Prince Eugène, t.2, page 283).
Le 2 juillet 1806, Eugène écrit, depuis Varèze, à Marmont : "Vous aurez sans doute été prévenu que le général Lauriston, attaqué par des forces supérieures, a cru devoir se renfermer dans Raguse. Le général Molitor marche pour tourner l'ennemi, et j'envoie de l’Istrie par mer le 60e régiment. En conséquence, vous voudrez bien envoyer en Istrie le 18e régiment d'infanterie légère, en gardant son dépôt et les hommes qui ne sont point à l'école de bataillon à Pardenone, où se trouve en ce moment le régiment. Aussitôt que les événements deviendront plus tranquilles de ce côté, ce régiment vous rentrera probablement.
Je rends compte du présent ordre à Sa Majesté" (Mémoires de Marmont, tome 2, page 405).
Le 3 juillet 1806, Eugène écrit, depuis Monza, à Napoléon : "... Votre Majesté ne trouvera pas mauvais, j'espère, l'envoi du 60e régiment et d'une compagnie d'artillerie. Les besoins du général Molitor étaient pressants et ne demandaient surtout aucun retard ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 53).
Le 6 juillet 1806, Eugène écrit, depuis Monza, à Napoléon : "Sire, je n'ai pas encore reçu d'autres nouvelles de la Dalmatie que celles que j’ai eu l’honneur de vous adresser. Le peu de monde que Molitor a emmené me laisse quelques doutes de réussite dans son expédition. Il a laissé les places et les îles gardées, et je ne conçois pas comment il n'a pu emmener 4 à 5, 000 hommes. J'espère que le 60e arrivera assez à temps pour lui former une bonne réserve conjointement avec le bataillon brescian ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 59).
Le 7 juillet 1806, depuis Saint-Cloud, l'Empereur écrit au Prince Eugène : "Mon Fils, donnez ordre au général Marmont de se rendre en Dalmatie. Il prendra le titre de commandant en chef de mon armée de Dalmatie. ... J'ai vu avec peine que le général Molitor n'a fait aucune des choses que j'avais ordonnées. Faites-moi connaître pourquoi, au lieu de réunir 4,000 hommes sur la Narenta pour soutenir le général Lauriston, il a laissé ses troupes disséminées. Quel que soit le nombre des malades dans mes troupes qui sont en Dalmatie, je ne puis concevoir que le 8e d'infanterie légère, les 5e, 23e, 79e et 81e régiments d'infanterie de ligne, ayant ensemble un effectif de plus de 15,000 hommes en Dalmatie, ne puissent pas offrir 8 à 9,000 hommes en ligne. Indépendamment de ces forces, le général Marmont aura avec lui les deux bataillons du 18e régiment d'infanterie légère, le bataillon brescian, celui de ma Garde italienne et le 60e régiment de ligne. Il suffit de tenir en Istrie le 13e régiment. Cependant il est important de ne pas envoyer en Dalmatie les quatre bataillons du 60e, mais seulement ses deux premiers, complétés à raison de 1,000 hommes par bataillon ; les cadres des 3e et 4e bataillons pourront rester où ils sont, afin de rassembler tout ce qui sortira de l'hôpital et les conscrits. Laissez le général Marmonl maître d'emmener quatre autres bataillons de sa division, en ayant soin qu'ils soient pris parmi les premiers bataillons des corps et complétés à raison de : 1,000 hommes chacun. Cependant mon intention est que, si, au moment où ces corps seront arrivés à mi-chemin de leur destination, on était instruit que Raguse a été dégagée, le général Marmont renvoie ce qui serait inutile, pour ne pas avoir trop de troupes en Dalmatie" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 60 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10461 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12443).
Le 9 juillet 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils, j'ai nommé le général Marmont commandant de mon armée de Dalmatie. Il sera sans doute parti pour Zara. Il est bien nécessaire que les 3e et 4e bataillons du 60e, le 3e du 18e d'infanterie légère, et les 3es et 4es bataillons des régiments que le général Marmont aura emmenés, soient formés en une division de réserve, qui portera le nom de division de réserve de Dalmatie. Vous y réunirez les dépôts du 8e d'infanterie légère, des 5e, 23e, 79e et 81e de ligne. Tous ces détachements seront divisés en trois brigades à Padoue, Vicence et Trévise, sous les ordres des majors et sous l'inspection d'un général de brigade, qui s'occupera sans relâche de former et d'organiser ces dépôts, et de tout préparer pour l'arrivée des conscrits. Par ce moyen, vous pourrez exercer une grande surveillance sur l'administration et l'instruction de ces dépôts. Faites-y diriger tous les malades et tout ce qu'il y aurait en arrière appartenant à ces corps. Lorsque les circonstances le permettront, faites venir les cadres des 3es et 4es bataillons des 5e et 23e de ligne, et ceux du 8e léger et des 79e et 81e de ligne. Je n'ai pas besoin de vous faire sentir l'importance de ces mesures, car il faut tout préparer pour que ces huit ou neuf corps aient des moyens de se refaire des pertes qu'ils éprouveront par les maladies et par l'ennemi" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 65 ; Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10474 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12458).
Le 12 juillet 1806, le Prince Eugène écrit, depuis Monza, au Général Marmont : "Je m'empresse de vous adresser, monsieur le général Marmont, avec une lettre de Sa Majesté, la copie d’un décret qui vous nomme général en chef de l'armée de Dalmatie. L'intention de Sa Majesté est que vous partiez vingt-quatre heures après la réception de sa lettre. Votre premier soin sera de dégager le général Lauriston. Vous vous ferez suivre par deux bons bataillons de guerre du 18e régiment d'infanterie légère, et, si vous le jugez convenable, par deux bataillons d'un autre régiment. Je dis si vous le jugez convenable, car vous allez avoir à Zara le 60e régiment, qui est porté à trois bataillons, mais qui, d'après les ordres de Sa Majesté, doit être réduit à deux bataillons de guerre, et les troisième et quatrième bataillons doivent être renvoyés en Istrie. Le troisième bataillon de dépôt du 18e régiment d'infanterie légère reviendra dans le Frioul. Vous emmènerez avec vous votre chef d'état-major, votre général d'artillerie, votre commissaire ordonnateur en chef. Il y a en Dalmatie un général du génie, mais vous ferez bien d'emmener le colonel qui commande en ce moment le génie du deuxième corps sous vos ordres, et deux officiers du génie. Vous pourrez emmener, si vous le jugez nécessaire, deux officiers supérieurs d'artillerie et quatre capitaines en second ; vous pouvez emmener une compagnie de canonniers au grand complet et six ou huit pièces de campagne. Je vous engage à les prendre des calibres de six, et obus de cinq pouces six lignes. Ce sont les calibres que vous trouverez en Dalmatie. Vous emmènerez vos différents chefs de service, et surtout ce qui concerne les hôpitaux et beaucoup d'infirmiers. Il faut que les troupes que vous emmènerez aient, s'il est possible, trois paires de souliers par homme ; le cuir et la toile manquent en Dalmatie. Sa Majesté désire que vous pressiez le plus possible ce mouvement. Vous allez donc avoir, en sus de ce que le général Molitor avait en Dalmatie, deux bons bataillons de guerre du 60e régiment, deux bataillons de guerre du 18e léger, un des chasseurs brescians, deux bataillons de la garde italienne, qui sont en marche, et enfin , si vous le jugez convenable, deux autres bataillons. Cependant l'intention bien formelle de Sa Majesté est que, lors de votre arrivée à Zara, si vous apprenez que Raguse a été dégagé par le général Molitor, alors vous devez renvoyer ces deux derniers bataillons. Vous verrez, d'après la copie des instructions que vous enverra l'état-major général, et que j'avais donnée par ordre de l'Empereur, que les deux bataillons de la garde et les chasseurs brescians sont destinés pour le corps d'armée du général Lauriston. Sa Majesté ne me dit pas que vous devez emmener des généraux, parce qu'elle sait qu'il y en a beaucoup en Dalmatie ; cependant vous pouvez emmener avec vous un général de division ou un général de brigade, suivant que vous le jugerez convenable. Sa Majesté ayant nommé le général Lauriston gouverneur de l'Albanie et de Raguse, et ne m'en parlant pas dans sa dernière lettre, il continue à ne pas faire partie de l'armée de Dalmatie. Cependant, pour le bien du service, il est indispensable que vous correspondiez ensemble.
Vous voudrez bien me faire envoyer, avant votre départ, par votre chef d'état-major, l'état de situation bien détaillé du corps d'armée que vous laissez dans le Frioul.
Le chef d'état-major général vous adressera la situation des troupes en Dalmatie" (Mémoires de Marmont, tome 2, page 406).
Le 13 juillet 1806, Eugène écrit, depuis Monza, à Napoléon : "Sire, j'ai reçu il y a deux heures un courrier du général Molitor ; sa lettre est de Stagno, du 3 juillet. Je me hâte de la faire copier et de la mettre sous les yeux de Votre Majésté, ainsi que la correspondance de ce général avec le général Bellegarde. Il paraît, d'après cette lettre, que le général Molitor n'avait pas encore connaissance des mouvements du général Gilly avec le 60e régiment, ni de la réunion du 3e léger à Zara. Dans le cas où il ne réussirait pas dans son expédition, ces deux corps et les chasseurs brescians, qui ont dù arriver aujourd'hui à Sébénico, lui formeront un puissant renfort avant l'arrivée de six forts bataillons du corps du général Marmont et des deux bataillons de la garde. J'ai engagé Je général Marmont, à faire presser les mouvements des troupes qui le suivent, et j'espère qu'elles arriveront à temps. J'attends que le général Marmont m'ait envoyé l'état des troupes et du personnel qu'il laissera dans le Frioul, pour que j'en ordonne le placement en une division d'infanterie et de cavalerie ; dans tous les cas, comme le général Marmont emmènera le général Vignolle et le général Boudet, il ne restera pas de généraux de division, et je n'ai sous mes ordres aucun général à y envoyer. J'ai fait connaître au général Marmont, par courrier extraordinaire, la situation du général Molitor" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 74).
Le 28 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon Fils ... Ne réunissez à Cattaro que le moins possible des 5e et 23e ; mais placez-y les 8e et 18e d'infanterie légère et le 11e de ligne, ce qui formera six bataillons qui doivent faire 5,000 hommes ; et, pour compléter 6,000 hommes, ajoutez-y le 60e ...
Après que les grandes chaleurs seront passées et que le général Marmont aura rassemblé tous ses moyens et organisé ses forces, avec 12,000 hommes il tombera sur les Monténégrins pour leur rendre les barbaries qu'ils ont faites ; il tâchera de prendre l'évêque ; et, en attendant, il dissimulera autant qu'il pourra. Tant que ces brigands n'auront pas reçu une bonne leçon, ils seront toujours prêts à se déclarer contre nous. Le général Marmont peut employer le général Molitor, le général Guillet et les autres généraux à ces opérations. Il peut laisser pour la garde de la Dalmatie le 81e.
Ainsi le général Marmont a sous ses ordres, en troupes italiennes, un bataillon de la Garde, un bataillon brescian et un autre bataillon ; ce qui, avec les canonniers italiens, ne fait pas loin de 2,400 hommes. Il a, en troupes françaises, les 5e, 23e et 79e, qui sont à Raguse et qui forment, à ce qu'il paraît, 4,500 hommes, le 81e, et les hôpitaux et détachements de ces régiments, qui doivent former un bon nombre de troupes. Il a enfin les 8e et 18e d'infanterie légère et les 11e et 60e de ligne ...
Faites-moi connaître où se trouvent les 3es bataillons du 11e et du 60e, les 3e bataillons des 8e et 18e légers, et si les ordres que j'ai donnés pour la formation des réserves en Dalmatie sont déjà exécutés ... " (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 93 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10557 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12585).
Le 29 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince Eugène : "Mon Fils, je reçois votre lettre du 22 juillet. Mon intention est que le général Marmont garde les deux bataillons du 18e, les deux bataillons du 11e et du 60e ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 99 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10563 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12598).
Le 2 août 1806, le Prince Eugène écrit, depuis Monza, au Général Marmont : "Je reçois, monsieur le général en chef Marmont, plusieurs lettres de Sa Majesté. Je transcris littéralement tout ce qui vous concerne :
« Mon intention n'est pas qu'on évacue Raguse. Écrivez au général Marmont qu'il en fasse fortifier les hauteurs ; qu'il organise son gouvernement et laisse son commerce libre ; c'est dans ce sens que j'entends reconnaître son indépendance. Qu'il fasse arborer à Stagno un drapeau italien ; c'est un point qui dépend aujourd'hui de la Dalmatie. Donnez-lui l'ordre de faire construire sur les tours de Raguse les batteries nécessaires et de faire construire au fort de Santa-Croce une redoute en maçonnerie fermée. Il faut également construire dans l'ile de Calamata un fort ou redoute. Les Anglais peuvent s'y présenter : il faut être dans le cas de les y recevoir. Le général Marmont fera les dispositions qu'il croira nécessaires ; mais recommandez- lui de laisser les troisième et quatrième bataillons des 5e et 23e à Raguse ; car il est inutile de trainer loin de la France des corps sans soldats. Aussitôt qu'il le pourra, il renverra en Italie les cadres des troisième et quatrième bataillons. Si cela pouvait se faire avant l'arrivée des Anglais, ce serait un grand bien. Écrivez au général Marmont qu'il doit faire occuper les bouches de Cattaro par le général Lauriston, le général Delzons et deux autres généraux de brigade, par les troupes italiennes que j'ai envoyées et par des troupes françaises, de manière qu'il y ait aux bouches de Cattaro six ou sept mille hommes sous les armes. Ne réunissez à Cattaro que le moins possible des 5e et 23e régiments ; mais placez-y les 8e et 18e d'infanterie légère et le 11e de ligne, ce qui formera six bataillons qui doivent faire cinq mille hommes ; et, pour compléter six mille hommes, ajoutez-y le 60e régiment. Laissez les bataillons des 5e et 23e à Stagno et à Raguse, d'où ils pourront se porter sur Cattaro au premier événement. Après que les grandes chaleurs seront passées et que le général Marmont aura rassemblé tous ses moyens et organisé ses forces, avec douze mille hommes, il tombera sur les Monténégrins pour leur rendre les barbaries qu'ils ont faites. Il tâchera de prendre l'évêque, et, en attendant, il dissimulera autant qu'il pourra. Tant que ces brigands n'auront pas reçu une bonne leçon, ils seront toujours prêts à se déclarer contre nous. Le général Marmont peut employer le général Molitor, le général Guillet et ses autres généraux à cette opération. Il peut laisser pour la garde de la Dalmatie le 81e. Ainsi le général Marmont a sous ses ordres, en troupes italiennes, deux bataillons de la garde, un bataillon brescian et un autre bataillon qui y sera envoyé, ce qui, avec les canonniers italiens, ne fait pas loin de deux mille quatre cents hommes. Il a, en troupes françaises, les 5e, 23e et 79e, qui sont à Raguse, et qui forment, à ce qu'il parait, quatre mille cinq cents hommes ; le 81e et les hôpitaux et détachements de ces régiments, qui doivent former un bon nombre de troupes. Il a enfin les 8e et 18e d'infanterie légère, et les 11e et 60e de ligne. Je pense qu'il faut que le général Marmont, après avoir bien vu Zara, doit établir son quartier général à Spalatro, faire occuper la presqu'île de Sabioncello, et se mettre en possession de tous les forts des bouches de Cattaro. Il doit dissimuler avec l'évêque de Monténégro ; et, vers le 15 ou le 20 septembre, lorsque la saison aura fraîchi, qu'il aura bien pris ses précautions et endormi ses ennemis, il réunira douze à quinze mille hommes propres à la guerre des montagnes, avec quelques pièces sur affûts de traineaux, et écrasera les Monténégrins.
L'article du traité relatif à Raguse dit que j'en reconnais l’indépendance, mais non que je dois l'évacuer. Des quatre généraux de division qu'a le général Marmont, il placera Lauriston à Cattaro et Molitor à Raguse, et leur formera à (chacun une belle division. Il tiendra une réserve à Stagno, fera travailler aux retranchements de la presqu'île et au fort qui doit défendre Santa-Croce, ainsi qu'à la fortification du Vieux Raguse et à des redoutes sur les hauteurs de Raguse. Demandez les plans des ports et des pays de Raguse ».
Sa Majesté s'étant expliquée dans le plus grand détail, je me borne à vous recommander l'exécution de tous ses ordres, ci–dessus transcrits" (Mémoires de Marmont, tome 3, page 73).
Le 10 août 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, vous trouverez ci-joint le décret sur la conscription de l’armée qui rejoindra en octobre. Vous ferez le relevé des conscrits destinés aux corps de l’armée de Naples et vous chargerez le général Charpentier de s'assurer que tout est prêt pour que du moment que les conscrits arriveront ils soient habillés.
Vous ferez faire également le dépouillement de ce que j'envoie pour les corps de Dalmatie et les autres corps de l'armée d'Italie. Vous verrez par les états que ces corps reçoivent beaucoup de monde, que le 23e de ligne reçoit 960 hommes, le 35e, 500, le 53e, 700, le 60e, 1100, le 79e, 1100. Veuillez vous assurer que les major et chefs de bataillons, les cadres des 3es et 4es bataillons de ces régiments sont aux dépôst en Italie et prêts à recevoir ce grand nombre de conscrits" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12693).
Le 30 août 1806, Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, à Eugène : "… Il faut faire faire dans les hôpitaux un dépouillement des malades appartenant aux corps qui sont en Dalmatie. Les 5e, 23e, 60e, 79e, 81e, etc. sont portés comme ayant 500 malades ; ils en ont, je crois, dans le pays, plus de 15 ou 1,800, sans compter ce qu'ils ont en Dalmatie.
Je ne vois que les 3es et bataillons des 5e, 23e, 60e et 79e. Ceux des 8e, 18e et 81e ne vont pas tarder d'arriver à Vicence. Mais il est très-nécessaire que vous écriviez au général Marmont que tous les malades appartenant aux 3es et 4es bataillons des 5e et 23e, qui sont en Dalmatie, ne doivent pas rejoindre les dépôts de leurs régiments en Italie (ce que je déteste le plus, c'est cette navette de troupes), mais rejoindre les bataillons de guerre à Raguse, par eau et jamais par terre. A cet effet, le général Marmont doit établir, comme je l'avais fait à l'armée d'Italie, et il doit s'en souvenir, des petits dépôts de convalescence, aérés et sains, où il dirigera tout ce qui sortira des hôpitaux de Dalmatie, pour, de là, les envoyer par détachements d'une centaine d'hommes à Cattaro et à Raguse, par eau. Si je déteste ces mouvements d'hommes isolés dans l'intérieur, à plus forte raison lorsqu'il faut passer sur le territoire autrichien. Ce n'est qu'en s'occupant sans cesse de ces petits soins qu'on empêche la destruction d'une armée …" (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 129 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10709 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12817).
Dans ses Mémoire, le Maréchal Marmont raconte : "... Je donnai des instructions détaillées au général Lauriston pour tous les cas qu'il me fut possible de prévoir ; je fixai les limites de son arrondissement jusques et y compris Stagno, Curzola et Sabioncello, et je lui laissai trois beaux régiments formant quatre mille cinq cents hommes, les 23e, 60e et 79e. Je me mis en route le 1er novembre, après m'être fait devancer par les autres troupes, composées des 5e et 11e de ligne, 18e léger, et de la garde italienne. J’inspectai en passant les travaux de Stagno, ainsi que ceux de Curzola, et je me rendis à Spalatro, point central où j'établis mon quartier général ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 22).
Le 8 décembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Posen, au Général Dejean : "Monsieur Dejean ... Le colonel du 60e est malade ; faites-le rester au bataillon de dépôt, et remplacez-le par le major dans le commandement des deux bataillons de guerre ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettres 11414 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13780; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 8).
Le 25 décembre 1806, Eugène écrit, depuis Vérone, à Napoléon : "Sire, je reçois la lettre que Votre Majesté m'a fait l’honneur de m’écrire le 11 décembre relativement à l'avis à faire donner au général Marmont des dispositions que j'ai faites, et pour que, de son côté, il puisse, quinze jours après qu'il en aura été prévenu, avoir son corps réuni aux environs de Zara, mais pas plus tôt. Lorsque Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'adresser ses instructions, elle m'a chargé d'instruire le général Marmont de ce qu'il aurait à faire en cas d'événement, et d'avoir un chiffre pour la correspondance avec ce général et le général Lauriston. C'est de cette manière que j'ai prévenu le général Marmont de ce qu'il doit faire. Il m'a écrit dernièrement en chiffres pour me faire connaître ses dispositions, et j'en ai rendu compte à Votre Majesté en date d'Udine. Le général Marmont a 7 à 8,000 hommes disponibles et qui, dans ce moment, sont cantonnés dans les meilleurs endroits de la Dalmatie, à 2, 3 et 4 journées de Zara. Les corps disponibles sont les 8e et 18e d'infanterie légère, les 11e et 60e d'infanterie de ligne, 2 escadrons de chasseurs, 1 compagnie d'artflleric et la garde royale. Il laisse dans l'État de Raguse, sous les ordres du général Lauriston, les 23e et 79e de ligne ; le 81e est placé à Spalatro et les îles, et le 5e est à Zara. Je n'ai pas fait part au général Marmont de mes dispositions ; il sait seulement que, si Votre Majesté l'ordonne, l'armée d'Italie passera l'Isonzo, et qu'alors il prendra part à ce mouvement en se portant sur la Croatie, suivant les ordres et instructions que Votre Majeslé lui fera parvenir quinze jours d'avance. J'aurai l'honneur d'observer à Votre Majesté que si le général Marmont fait un mouvement hors de la Dalmatie, il sera nécessaire de désigner le général qui devra le remplacer ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.3, page 231).
Le 13 mai 1807, François Pouvrasseau (écrit aussi Pauvrasseau et Prauvrasseau sur les documents militaires), soldat à la 7e Compagnie du 2e Bataillon du 60e Régiment d'infanterie de ligne (Armée de Dalmatie), écrit, depuis Raguse, à M. Maille, Notaire restant à Vandeuvre, département de la Vienne, pour remettre à son oncle, Pierre Bacquet : "Mon cher oncle, c’est pour faire réponse à la votre en date du 18 Novembre par laquelle que j’apprends que vous jouissez d’une parfaite santé.
Quant à moi, Dieu merci, je me porte bien. Je souhaite de tout mon cœur que la présente vous trouve de même. Mais quant à l’argent que vous m’avez envoyé que je n’ai reçu que les 12 francs que vous m’avez envoyé le 28 vendémiaire an 14. Je les ai reçus voilà aux environs de 10 jours, mais quant aux autres 12 francs, il fait point mention. Voilà que nous sommes séparés, deux bataillons d’un côté et deux bataillons de l’autre, voilà ce qui occasionne beaucoup que l’on ne peut point toucher l’argent facilement. Nous sommes au moins toujours au moins deux cent lieues l’un de l’autre.
Mon cher oncle pour des nouvelles de la paix l’on n’entend rien dire du tout mais nous croyons qu’au premier jours que nous allons recommencer avec les Monténégrins cette nation qui sont pire que des sauvages, mais voilà une chose pas belle mais les turcs sont avec nous ils se rassemblent tous les jours pour leur si faire la guerre nous avons même déjà des troupes françaises qui sont dans la Turquie et même les voltigeurs de notre bataillon ils y sont déjà mais les turcs se rassemblent tous les jours pour faire la guerre aussi avec nous contre les Russes. Mais je vous dirai que dans le pays là où nous sommes je vous dirai que la livre de pain se vend au moins 9# de franc la livre de viande se vend 10# franc le vin trois verres ordinaires 8# de franc. Tout est hors de prix en ce pays. Nous ne sommes jamais payés mais c’est un pays bien malheureux. Mais ça bien surpris quand l’on m’a dit que mon cousin ... vous voudrez bien avoir la bonté de me dire dans quel régiment qu’il rentrait (?) cela me ferait bien plaisir. Quant à mon cousin Rousseau, il se porte bien, il est détaché à environ 6 lieues de moi, il se porte bien.
Mais j’espère que vous me marquez ce qui a de nouveau au pays voir si tous les denrées sont si chers qu’au pays s’ils sont aussi chers que dans le pays que nous occupons bien autre chose à vous marquer que pour le présent sinon que vous ferez bien mes compliments à mes oncles, tantes, cousins, cousines et à tous ceux qui vous parleront de moi. Je suis pour la vie votre neveu François Pauvrassaux. Vous ferez bien mes compliments à Renaux Roy et à mon cousin Rosiniol et à toute la famille.
Bien mes compliments à ma grand-mère et je l’embrasse de tout mon cœur" (Communication de Mme L. Ford, source AD86 sous série 27 J famille Bacquet - lettre transcrite en respectant l'expression de son auteur, l'orthographe toutefois corrigée).
- Italie, 1808
Le 20 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils ... La division de grenadiers de Toscane est toute composée de grenadiers et de voltigeurs de l'armée de Naples ; mais celle de l'Adriatique a des compagnies d'élite du 5e de ligne, du 23e, du 81e, du 60e, du 11e. Ces régiments appartiennent à l'armée de Dalmatie ; il faut donner l'ordre que cela revienne dans les Etats de Venise. Les armées de Naples et d'Italie doivent seules composer la division de Rome ; mon intention étant de former une division de sept bataillons, de quatre compagnies chacun, et chaque compagnie de 140 à 150 hommes, savoir : ... 5e bataillon, quatre compagnies de grenadiers et voltigeurs du 60e ... Ces 7 bataillons de grenadiers et de voltigeurs formeront un effectif de 3 400 hommes. Le général Souham prendra le commandement de cette division qui se réunira à Trévise. Chacun des sept bataillons sera commandé par un chef de bataillon ; deux majors commanderont l'un 3 bataillons, l'autre quatre, sous les ordres du général de division. Il faut que cette division soit formée et prête à partir pour l'armée de Dalmatie du 1er au 10 mars. Vous m'en ferez faire l'état corps par corps, après avoir retiré des dépôts tout ce qui est dans le cas de servir ; ... donnez les ordres nécessaires pour que ... on réunisse les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des dépôts de l'armée de Dalmatie. Elles seront réunies sous les ordres du général Souham, au 1er février ; elles se formeront insensiblement, de manière du 1er au 5 mars [sic], elles soient prêtes à partir. Vous me ferez connaître ce qu'il restera aux dépôts après la formation de ces détachements ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 41 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17048).
Le Vice-Roi ayant reçut de l’Empereur le 29 mars 1808 l’ordre de présenter un projet complet d'organisation de ses troupes par Divisions, lui adresse le 6 avril 1808 un mémoire qui est approuvé dans toutes ses parties. D'après ce projet, suivi presque de point en point, l'armée du Vice-Roi en Italie se trouve composée de 9 Divisions d'infanterie et de 4 de Cavalerie.
Infanterie : 1re division (Clausel), généraux de brigade Delzons et Launay, 12 bataillons des 8e léger, 25e, 60e et 79e de ligne, à Raguse et à Cattaro ...
7e division (Lauriston), général de brigade D'Azémar, 8 bataillons des 8e et 18e léger, 5e, 11e, 23e, 60e, 79e et 81e de ligne (dépôts), à Trévise et Padoue ...
Total pour l'infanterie : 100 bataillons à 800 hommes, dont 92 français et 8 italiens ; environ 80,000 hommes ... (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 8).
Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
Le 5e de ligne de cette armée a son dépôt actuel près de Venise, son nouveau dépôt à Grenoble ... le 60e à Chioggia et va se rendre à Genève ... Ces distances sont très considérables.
Mais tous ces régiments ont leurs bataillons de guerre en Dalmatie et leurs 4es bataillons sont tous réunis près de Venise où sont les emplacements de leurs dépôts.
Vous donnerez des ordres aux majors d'envoyer des nouveaux dépôts où se rendus des conscrits autant de conscrits non habillés que le régiment a d'effets d’habillement à l'ancien dépôt près de Venise.
Ces hommes seront habillés là à leur arrivée et seront encadrés dans le 4e bataillon ...
Ainsi le 5e de ligne reçoit 440 hommes ... le 60e, 100 ... Il est clair que ces contingents ne sont juste que le nécessaire pour compléter les dépôts. Cependant si ces régiments ont des effets d'habillement à leurs anciens dépôts près de Venise, autorisez le major à faire partir 150 hommes des nouveaux dépôts pour les anciens à Venise où ils seront habillés et incorporés ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).
Le 10 juillet 1808 (ou le 19 ?), Eugène écrit, depuis Forli, à Napoléon : "… Quant à moi, je m'occupe sans relâche de l'exécution des ordres de Votre Majesté. Les camps se forment ... La division Souham (4e division) s'organise bien. Ses conscrits sont en marche de toutes parts, et, sauf le 8e léger, le 23e de ligne et le 60e, presque tous les bataillons de cette division seront, au 1er septembre, de 700 et plus. Avant ce temps sûrement les conscrits des trois régiments ci-dessus seront arrivés ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 197).
Le 15 août 1808, "On propose à Sa Majesté d'autoriser le sieur Lachese, sergent-major au 60e régiment, à passer dans le 5e régiment de ligne italien pour y occuper l'emploi de sous-lieutenant auquel il a été nommé le 22 juin 1808 par décret de S. A. I. le prince vice-roi d'Italie" ; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2170 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, du 27 juillet 1808 »).
Le 13 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, ... Donnez ordre au dépôt du 1er régiment de ligne qui est à Marseille, ... au dépôt du 60e idem qui est à Genève ... de faire partir tout ce qu’ils ont de disponible pour renforcer leurs 4es bataillons en Italie. Ces détachements se mettront également en marche au 1er octobre. Vous me ferez connaître l'augmentation qu’éprouvera l'armée d'Italie par ce renfort" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2288 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18898).
Le 21 octobre 1808, l'Empereur, depuis Saint-Cloud, écrit à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, vous ne m'envoyez jamais les états de mon armée italienne. Je vous ai dit bien des fois qu'il me faut ces états tous les dix jours. Envoyez-m'en un sans délai. Mon armée d’Italie doit être prête à entrer en campagne au mois de mars. Sa composition sera la suivante :
... 9 quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie
1er bataillon du 8e légère
1er bataillon du 18e idem
8e 2 bataillons
5e 1 bataillon
23e 1 bataillon
11e 1 bataillon
79e 1 bataillon
60e 1 bataillon
9 bataillons ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 163 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19097).
Le 26 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Aranda, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je désire que vous ordonniez les dispositions suivantes : ... Donnez l'ordre que les cadres des 3es bataillons du 8e et du 18e léger rejoignent leurs 4es bataillons à l'armée d'Italie. Donnez le même ordre pour les 3es bataillons des 5e, 23e, 79e et 60e ; de sorte qu'il restera en Dalmatie quatorze bataillons de ces régiments et du 81e, et trois bataillons du 11e, ce qui fera dix-sept bataillons, et que, des huit régiments de l'armée de Dalmatie, il y aura en Italie quinze bataillons, savoir les 3es et 4es des 8e et 18e légers, des 5e, 23e, 79e, 81e et 60e, et le 4e bataillon du 11e. Vous donnerez l'ordre que ces six cadres, formant ensemble près de 1,000 hommes, marchent ensemble sous les ordres d'un officier supérieur de l'armée de Dalmatie, et avec le plus grand ordre. Le reste des 3es bataillons sera incorporé dans les deux premiers pour porter les compagnies à 140 hommes effectifs. On emploiera une partie des compagnies de grenadiers et voltigeurs des 3es bataillons pour compléter les compagnies de grenadiers et voltigeurs des deux premiers bataillons à l'effectif de 140 hommes par compagnie ; mais le surplus restera avec ces compagnies en Italie. Vous donnerez l'ordre au vice-roi, comme commandant de mon armée, qu'aussitôt que les cadres de ces six nouveaux bataillons seront arrivés, il les fasse compléter. J'ai mis un soin particulier à avantager dans la conscription ces régiments. Il n'y en aura aucun qui ne reçoive au moins 800 conscrits ; et, comme les 3es bataillons sont généralement complets, il s'ensuit que ces quinze bataillons seront au grand complet et auront un effectif de 12,000 hommes. S'il manquait quelque chose pour former ce nombre, on le prendrait sur la conscription de 1810. A cette occasion, je ne puis trop vous recommander de réitérer l'ordre que tout ce qu'il y a de disponible aux dépôts, en France, des régiments qui appartiennent à l'armée d'Italie, sur les anciennes conscriptions, en parte au 1er janvier pour rejoindre ces corps. Cette saison est favorable parce qu'elle permet aux soldats de s'acclimater, et l'on ne saurait croire quelle influence le passage en Italie, au mois de janvier ou au mois de juin, a sur la santé du soldat. Il faut que les dépôts de la 7e division militaire et du Piémont soient épuisés pour compléter les bataillons de guerre à l'armée d'Italie ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14513 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19392).
- Dalmatie, 1808
Le Vice-Roi ayant reçut de l’Empereur le 29 mars 1808 l’ordre de présenter un projet complet d'organisation de ses troupes par Divisions, lui adresse le 6 avril 1808 un mémoire qui est approuvé dans toutes ses parties. D'après ce projet, suivi presque de point en point, l'armée du Vice-Roi en Italie se trouve composée de 9 Divisions d'infanterie et de 4 de Cavalerie.
Infanterie : 1re division (Clausel), généraux de brigade Delzons et Launay, 12 bataillons des 8e léger, 25e, 60e et 79e de ligne, à Raguse et à Cattaro ...
7e division (Lauriston), général de brigade D'Azémar, 8 bataillons des 8e et 18e léger, 5e, 11e, 23e, 60e, 79e et 81e de ligne (dépôts), à Trévise et Padoue ...
Total pour l'infanterie : 100 bataillons à 800 hommes, dont 92 français et 8 italiens ; environ 80,000 hommes ... (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 8).
Le 25 juin 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Vous devez avoir reçu les instructions du ministre de la Guerre pour la nouvelle organisation de l’armée.
... Quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie :
Les huit quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie ont déjà leurs compagnies de grenadiers et de voltigeurs réunies à Trévise. Il faut compléter sans délai les 4es bataillons.
Ils ont au dépôt en Italie 3 800 hommes ; ils ont 2 900 présents à la division Souham, ce qui fait 6 700 hommes, qu'ils ont en Italie, mais ils ont beaucoup d'hommes dans la 72e division militaire. Les huit bataillons à 840 hommes forment 6 700 hommes.
Il est donc très urgent que vous défassiez ces 1er, 2e et 3e régiments d'élite qui sont sous les ordres de Souham, en laissant subsister les corps qui les composent, mais en en formant trois régiments provisoires à 4 bataillons ... Le 3e régiment sera composé d’un bataillon de chacun des 60e, 79e et 81e, ce qui fera également 2 520 hommes ...
Formez-les sans délai ; vous le pouvez ; afin de défaire le chapitre intitulé : dépôts de Dalmatie, qui est inutile.
Tout cela doit être réuni ; vous renverrez en France l'inutile au complet des 4es bataillons.
Cette division sera très belle. Il me tarde de la voir formée afin que Souham ait le temps de la réunir et de la connaître ...
Ainsi, il faut mettre de l'ensemble dans l'armée d'Italie ...
La 4e division serait composée des 8 quatrièmes bataillons de l'armée de Dalmatie, de 4 bataillons du 13e de ligne, formant 8 000 hommes présents sous les armes, 500 aux hôpitaux ; total 8500 hommes, effectif ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 162 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18406).
Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "... La première chose à faire était d'assurer l'approvisionnement des places destinées à être gardées et défendues : en Albanie : Cattaro, Castelnuovo et Raguse ; en Dalmatie : Zara, Klissa, Knin, et le fort San Nicolo de Sebenico. Tout étant disposé pour évacuer les autres postes, on ouvrit les remparts qui les défendaient. Les pièces de gros calibre, retirées d'avance des batteries de mer ouvertes, furent mises en sûreté.
Le 60e régiment tout entier, un bataillon d'infanterie légère italienne, le quatrième bataillon de la légion dalmate, et tout ce qui n'était pas valide dans l'armée, renforcés d’un nombre convenable de canonniers et de sapeurs, furent destinés à former toutes ces garnisons. La modicité des garnisons, dont la force suffisait cependant à l'indispensable, rendit les approvisionnements suffisants pour six ou huit mois, ce qui, en présence des événements probables, me donnait beaucoup de sécurité. J'avais prévu, de longue main, l'époque où j'irais chercher la guerre, si la guerre ne venait pas me chercher ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 131).
- 1808, Espagne
Le 2 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée, à Bayonne : "... Vous donnerez l'ordre au commandant de la 7e division militaire de faire partir une compagnie de 140 hommes de chacun des 8e et 18e légers, et des 23e, 60e, 79e et 81e de ligne. Ces détachements se dirigeront sur Perpignan, et formeront un bataillon de six compagnies de 840 hommes. Ces troupes profiteront du Rhône pour arriver promptement à leur destination.
Vous appellerez le ... bataillon, ... 2e bataillon provisoire de Perpignan ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14150 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18462).
Le 8 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Reille, son Aide de camp, à Bellegarde : "... Le 1er bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 1er, 62e, 5e et 24e de ligne, et des 16e et 22e légers, formant 840 hommes, le 2e bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 8e et 18e légers et des 23e, 60e, 79e et 81e de ligne, ces deux bataillons formant 1,600 hommes, doivent se trouver réunis du 20 au 22 à Perpignan. Ces deux bataillons arrivent de différents points. Chargez le commandant de la place de les former. Le major général a dû nommer les chefs de bataillon et adjudants-majors pour les commander ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14168 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18509).
- 1809, Dalmatie
En 1809, les deux premiers Bataillons combattent sur les frontières de la Dalmatie.
Le 14 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, vous enverrez de ma part l'ordre suivant au général Marmont … Si les Autrichiens portaient des forces considérables sur l'Isonzo et la Dalmatie, l'intention de l'Empereur est que son armée de la Dalmatie soit disposée de la manière suivante : Le quartier général à Zara avec toute l'artillerie de campagne, le 8e, le 18e d'infanterie légère, le 5e, le 11e et le 81e de ligne, les cavaliers et les vélites royaux, s'ils ne sont pas déjà passés en Italie, le 23e, le 60e et le 79e, formant, avec le peu de cavalerie qu'il y a, l'artillerie et les sapeurs, en tout 17,000 hommes ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 311 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14706 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19833).
Le 27 janvier 1809, le Prince Eugène écrit, depuis Milan, au Général Marmont : "Je m'empresse de vous annoncer, monsieur le général Marmont, que les affaires d'Espagne sont terminées. Sa Majesté va se rendre bientôt à Paris, et sa garde ainsi qu'une partie de ses troupes rétrogradent déjà en ce moment. Je vous envoie les derniers journaux et les bulletins.
L'Empereur m'écrit de son quartier général de Valladolid, en date du 14 janvier, et me charge de vous envoyer les instructions suivantes : « La maison d'Autriche fait des mouvements. Le parti de l'impératrice paraît vouloir la guerre ; nous sommes toujours au mieux avec la Russie, qui, probablement, ferait cause commune avec nous.
Si les Autrichiens portaient des forces considérables entre l'Isonzo et la Dalmatie, l'intention de Sa Majesté est que son armée de Dalmatie soit disposée de la manière suivante :
Le quartier général à Zara avec toute l'artillerie de campagne. Les 8e et 18e d'infanterie légère, les 5e et 11e de ligne pour la première division ; les 23e, 60e, 79e, 81e pour la deuxième division, formant, avec les escadrons de cavalerie, l'artillerie et les sapeurs, un total de dix-sept mille hommes.
Les dispositions pour le reste de la Dalmatie et de l'Albanie seront les suivantes :
Tous les hôpitaux, que l'armée peut avoir, concentrés à Zara. On laisserait à Cattaro deux officiers du génie, une escouade de quinze sapeurs, une compagnie d'artillerie italienne, une compagnie d'artillerie française, le premier bataillon du 3e léger italien, qui va être porté à huit cent quarante hommes par les renforts qu'on va lui envoyer par mer, et les chasseurs d'Orient, ce qui fait environ douze cents hommes. Un général de brigade commandera à Cattaro. Il devra former un bataillon de Bocquais des plus fidèles pour aider à la défense du pays.
On laisserait à Raguse un général de brigade, une compagnie d'artillerie française, une compagnie d'artillerie italienne, un bataillon français, le quatrième bataillon du régiment dalmate, deux officiers du génie, et une escouade de quinze sapeurs, ce qui fera à Raguse un total de quatorze à quinze cents hommes.
Il suffira de laisser à Castelnuovo deux cents hommes pour la défense du fort. Il faut s'occuper avec soin d'approvisionner ce fort, Cattaro et Raguse pour six ou huit mois de vivres. Il faudra y réunir également les poudres, boulets et munitions en quantité suffisante pour la défense de ces places pendant le même temps.
Avec le reste de votre armée, c'est-à-dire avec plus de seize mille hommes, vous prendrez position sur la frontière pour obliger les Autrichiens à vous opposer d'égales forces, et vous manœuvrerez de manière à opérer votre jonction avec l'armée d'Italie.
En cas d'échec, vous vous retirerez sur le camp retranché de Zara, derrière lequel vous devez pouvoir tenir un an. Il faut donc, à cet effet, réunir dans cette place une quantité considérable de biscuit, farines, bois, etc., et la munir de poudres, boulets, et tout ce qui sera nécessaire à sa défense.
Dans le cas contraire, c'est-à-dire dans celui de l'offensive, vous devriez laisser à Zara une compagnie de chacun de vos régiments, composée des hommes malingres et éclopés, mais commandés par de bons officiers ; vous laisseriez en outre un régiment pour la garnison de Zara, et, avec le reste, vous prendriez part aux opérations de la campagne. Bien entendu que ce régiment assisterait aux batailles qui seraient données avant la jonction, laquelle une fois opérée, ce régiment rétrograderait pour venir assurer la défense de Zara et de la province.
Vous laisseriez dès le commencement, à Zara, trois compagnies d'artillerie, un officier supérieur avec quatre officiers du génie, et une compagnie de sapeurs. L'officier général qui resterait en Dalmatie doit organiser, de son côté, un bataillon composé de gens du pays les plus fidèles. L'instruction à donner aux commandants de Zara, Cattaro et de Raguse doit être de défendre le pays autant que possible, mais de se restreindre à la défense des places du moment qu'il y aurait un débarquement et que l'ennemi se présenterait trop en forces. Si les bouches de Cattaro, Raguse et Zara étaient bloquées, ils devraient correspondre avec Ancône et Venise par mer, et ils pourraient être assurés qu'avant huit mois ils seraient dégagés. Il est donc indispensable de munir ces places de poudres, boulets, biscuits, farines et autres approvisionnements. L'intention de Sa Majesté est que les troupes ne soient pas disséminées : elles ne doivent occuper que la pointe de Cattaro, Castelnuovo, Raguse et Zara. Dans le cas où l'armée de Dalmatie se porterait en Allemagne, il faut préparer des mines pour faire sauter les châteaux fermés qu'il peut y avoir dans le pays, et qui donneraient de la peine à reprendre quand l'armée rentrera. Les gardes nationales seront suffisantes pour garder la côte pendant tout le temps que l'armée marchera contre l'ennemi, dont les forces, occupées ailleurs, ne pourront d'ailleurs rien tenter de ce côté.
Ceci est une instruction générale qui doit servir dans tous les temps, quand vous ne recevriez point d'ordre toutes les fois que les courriers seraient interceptés, et que vous verriez les Autrichiens se mettre en hostilité, chose cependant qu'on a peine à croire. Sa Majesté a vu, par vos derniers états, qu'il y a à Raguse et Cattaro quatorze mille quintaux de blé, ce qui fait des vivres pour quatre mille hommes pendant plus d'un an. Cet approvisionnement est suffisant. Celui de Spalatro et de Sebenico serait porté sur Zara, ce qui ferait cinq mille quintaux à Zara, c'est-à-dire pour cinq mille hommes pendant cent jours, plus le biscuit, qui rendrait cet approvisionnement suffisant ; mais il faut avoir soin que ce blé soit converti en farine, afin de n'éprouver aucun embarras ni obstacle dans les derniers moments. A tout événement, ce serait une bonne opération de réunir à Zara dix mille quintaux de blé, en faisant en sorte cependant que les fournisseurs soient chargés de la conservation, et que cela ne se garde pas" Mémoires de Marmont, tome 3, page 189).
Le 31 mars 1809, François Pouvrasseau écrit, depuis Raguse, à son oncle, Pierre Bacquet : "Mon cher oncle, je réponds à votre lettre en date du 26 février dans laquelle m’a fait un grand plaisir d’apprendre que vous jouissiez d’une parfaite santé. Tant qu’à moi je me porte bien pour le présent, grâce à Dieu. Je vous souhaite que la présente vous trouve de même ainsi que toute la famille. Au sujet de la reconnaissance que je vous ai envoyée vous ne m’en parlez pas. Si vous l’avez retiré je vous prie de me le marquer dans la prochaine lettre que vous m’enverrez et de faire passer un peu d’argent et faites faire ma reconnaissance de blessure parce que on le touche de suite. A présent que nous revenons en Piémont faire la guerre aux Autrichiens, voilà deux mois que nous la faisons au Monténégro mais nous sommes obligés de rétrograder. Mais je n’ai pas rien attrapé aucun mal si ce n’est que mon cousin Rousseau qui a été blessé à une jambe d’un coup de balle. Mais il va mieux à présent. Il a été en voiture tout le long de la route. Voilà 2 jours qu’il est rentré au bataillon, mais il a été encore bien plus touché de se voir abandonné de son père vu qu’il a (écrit ?) ma lettre de lui-même ne pas lui marquer s’il se porte bien ou non il est déjà à l’hospice. Ceci le fera pas sortir plus vite. Il m’a fort rien dit quand j’ai été le voir à l’hôpital que son père le reconnaissait plus que ceux qui sont à la maison, pour avoir sauvé son frère. Voilà la récompense qu’on lui fait.
Cependant il aurait bien besoin d’un peu d’argent pour le soulager, il vous prie d’en parler à son père car il prend peine de lui en parler lui-même. Il vous fait bien des compliments en vous embrassant de tout son cœur. Il vous prie de donner la lecture de la présente à son père, Louis Rousseau. Il est (...) qui est bien reconnaissant de sa (sœur ?). Il se porte bien. Il vous fait mil compliments et à sa sœur.
Réponse de suite la présente reçue.
Mon adresse est à François Pauvrassat
Du 60e régiment d’infanterie de ligne en Garnison à Raguse, 2e bataillon, 1ère Compagnie à Raguse.
Je vous prie de faire faire mes lettres aux mains parce que je peux les lire moi-même.
Signé : Pauvrassau, fusilier" (Communication de Mme L. Ford, source AD86 sous série 27 J famille Bacquet - lettre transcrite en respectant l'expression de son auteur, l'orthographe toutefois corrigée).
Dans ses Mémoires, le Maréchal Marmont raconte : "... Le 18 (mai), au matin, l'ennemi avait évacué Grachaz. Il opérait sa retraite sur Gospich, où tout annonçait qu'il avait l'intention de résister. Je passai le 18 et le 19 à Grachaz. Pendant ces deux journées, un convoi de vivres et de munitions, escorté par une partie de la garnison de Zara, me rejoignit, ainsi que tout ce qui était resté en arrière. Je renvoyai les hommes du 60e avec des prisonniers, en faisant mes adieux à la Dalmatie ..." (Mémoires de Marmont, tome 3, page 146).
Le 12 août, le Sergent Treille avec 10 Voltigeurs passe la Salonnne à la nage, enlève deux canons qu’il retourne aussitôt contre l’ennemi qu'il met en déroute.
- 1809, Armée d'Italie et Campagne d'Autriche
Le 9 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Général Dejean, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le général Dejean, les habillements ne sont pas arrivés à Gênes, à Grenoble, ni à Chambéry, de sorte que les huit dépôts qui sont dans ces trois places qui offraient au 1er décembre 4 300 hommes et qui aujourd'hui doivent en contenir plus de 6000 n’offraient cependant que 500 hommes habillés et disponibles. Donnez des ordres aux majors et aux commandants de ces dépôts, et faites-leur connaître que je les rends responsables, si avant février tout ce qu'ils ont aux dépôts n'est point en état de partir. Le dépôt du 18e d'infanterie légère qui est à Grenoble a la bêtise d'alléguer qu'il manque d’ouvriers. Le 11e de ligne manque de draps, de même que les 23e, 60e, 79e et 81e. Prenez des mesures pour que ces 6000 hommes soient à l'armée dans le courant de janvier" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2643 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19746).
Portrait d'Officier du 60e de Ligne |
Les deux autres Bataillons reviennent à l’Armée d’Italie.
Le 10 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Je désirerais que les 8 dépôts de l'armée de Dalmatie qui sont dans la 7e division militaire réunissent à Chambéry 16 compagnies formant trois bataillons de marche. Le 1er sera composé d'une compagnie du 5e de ligne, d'une du 11e, d'une du 23e, d’une du 60e, d’une du 79e, d'une du 81e, d'une du 8e légère, et d'une du 18e légère. Ces huit compagnies se réuniront à Chambéry bien armées et bien habillées et seront prêtes à partir le 20 janvier de cette ville. Le 2e bataillon composé de la même manière sera prêt à partir le 10 frévrier et le 3e bataillon composé de la même manière le 20 février. Ce régiment de marche de l'armée de Dalmatie fera un renfort de [4 700] hommes pour les dépôts de de cette armée ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2652 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19766).
Le 15 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "… Donnez ordre au général Mathieu Dumas de partir dans trois jours pour se rendre dans toute diligence [sic] dans la 8e division militaire ...
Le général Dumas ira ensuite dans la 7e division militaire, où il passera demain en revue le 5e, le 11e, le 23e, le 60e, le 79e, le 10e de ligne, le 8e et le 18e d'infanterie légère. Il y a là 5 à 600 conscrits qui sont nécessaires à l'armée d'Italie et pour compléter les 3es bataillons de Dalmatie qui se trouvent réunis aux environs de Venise. Il vérifiera ce qui peut empêcher que ces conscrits ne soient habillés et en état de partir. Je désire que le général Dumas les mette en route avant le 15 février et qu'ils puissent être réunis à leurs bataillons avant le 1er mars ; il lèvera toutes les difficultés.
... Le général Dumas, lorsque sa mission sera finie, viendra me présenter l'ensemble de ses opérations dans l'endroit où je serai. Mais il est nécessaire que lorsqu'il passera en revue un régiment, il en adresse sur-le-champ un rapport particulier au ministre de la Guerre et lui fasse connaître ce qu'il y a à faire pour activer l'armement et l'habillement. Il devra faire de son côté tout ce qu'il pourra auprès du major et des préfets pour donner à ces opérations toute l'activité convenable" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2677 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19840).
Le 2 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Dejean, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le général Dejean, le dépôt du 8e d'infanterie légère a 200 hommes habillés en paysans ; ... le dépôt du 60e en a 200 ..." (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 1, lettre 877 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20183).
Le 9 mars 1809, le Général de Division Grenier écrit au Major du 1er de Ligne napolitain, à Mantoue : "Vous voudrez M. le major faire conduire au bureau de la place le nommé Louis Artiset Chopire (Chopin ?) soldat au 60e régiment que vous avez engagé à entrer dans votre corps à l’époque où il sortit de l’hôpital de Mantoue pour rejoindre le 60e régiment ; vous lui ferez donner l’habillement et les effets dont il était porteur lorsque vous le reçûtes dans le 1er de ligne napolitain et le ferez rayer des contrôles ; je regrette d’avoir trop souvent à vous reprochez des infractions aux lois et règlements militaires, infractions qui ne peuvent que vous compromettre. Je donne avis de cette disposition à M. l’intendant militaire ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 13 page 39).
Le même 9 mars 1809, le Général de Division Grenier écrit ensuite à l’Intendant militaire napolitain Olivier, à Mantoue : "Je vous préviens M. l’intendant militaire que je viens de donner ordre au major du 1er de ligne napolitain de faire rayer des contrôles de son régiment le nommé Louis Artifet Chopir ; veuillez bien surveiller cette disposition et veiller à l’avenir que des français ou autres appartenant à des corps ne soient point admis dans ceux napolitains dont la police de l’administration vous est confiée" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 13 page 40).
Et enfin, toujours le 9 mars 1809, le Général de Division Grenier écrit au Commandant d’armes, à Mantoue : "Je vous préviens M. le commandant d’armes, que je viens de donner ordre au commandant du 1er de ligne napolitain de faire conduire au bureau de la place le nommé Artifet Chopir (Louis). Vous lui ferez délivrer par le commissaire des guerres une feuille de route pour rejoindre son corps à Venise" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 13 page 40).
Le 17 mars 1809, Napoléon écrit depuis Paris à Eugène Napoléon, Vice-roi d'Italie, à Milan : "Mon Fils, dans le premier état de situation que vous m'enverrez, faîtes mettre à la division Barbou le nom des majors qui commandent les régiments. Il manque là un général de brigade. Cette division doit avoir vingt-quatre pièces de canon, six par brigade; vous en savez la raison, c'est pour que, si elle se réunissait à l'armée de Dalmatie, elle pût lui en fournir. La 1re brigade, composée des 8e et 18e légers, doit avoir plus de 3,200 hommes sous les armes; il faut avoir soin que les régiments aient leur major, commandant deux bataillons. La 2e brigade ne sera que de 2,700 hommes. La 3e, composée des 23e et 60e, doit être de 3,000 hommes; la 4e, de 3,000 hommes; ce qui fera, pour la division, 12,000 hommes" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 384 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14917 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20431).
Le 25 mars 1809, Eugène écrit, depuis Milan, à Napoléon : "Sire, j’ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté l'état de situation de son armée d'Italie au 15 mars 1809. Ce ne sera que dans celle du 1er avril que Votre Majesté verra la formation des deux divisions italiennes, ainsi que les changements qu'elle avait ordonnés des emplacements des diverses divisions. Je dois rendre compte à Votre Majesté que je ne ferai former la division Rarbou qu'à 3 brigades, puisque le 3e bataillon du 11e de ligne n'est jamais revenu de Dalmatie. Ainsi la 1re brigade sera composée de 4 bataillons de 8e et 18e léger ; la seconde, de 5 bataillons, dont 2 du 5e, 1 du 11e et 2 du 23e ; la 3e demi-brigade, de 6 bataillons, savoir : 2 du 60e, 2 du 79e, et 2 du 87e …" (Mémoires du Prince Eugène, t.4, page 407).
Le 26 mars 1809, le Général de Division Charpentier, Chef de l’Etat-major général, écrit, depuis Milan, au Général de Division Grenier à Sacile : "Voici, mon cher général, la composition et l’emplacement de l’armée au 1er avril prochain :
... 5e division : Général Barbou, à Trévise ; Généraux de brigade Moreau, Pouget, Roize, adjudant commandant Ducomet, capitaine du génie Marion.
3e et 4e bataillons du 8e léger, 3e et 4e idem du 18e idem, 3e et 4e bataillons du 5e de ligne, 4e idem du 11e de ligne, 3e et 4e idem du 23e idem, 3e et 4e idem du 60e idem, 3e et 4e idem du 79e idem, 3e et 4e idem du 81e idem, 2e régiment d’artillerie à pied détaché de la 5e compagnie, 4e idem idem 14e idem, 4e idem à cheval 2e idem ; ces corps viennent s’établir à Bassano, Cittadella et Feltre ; le 79e à Trévise (et les suivants aussi ?) ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34. Page 78).
Le 27 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Il y a en congé onze officiers des 35e, 53e et 66e ; il y en a onze des 9e de ligne, 84e et 92e ; deux du 1er léger et des 52e et 102e ; et sept des 8e et 18e légers et des 5e, 11e et 23e de ligne et des 60e, 79e et 81e. Donnez ordre que tous ces officiers en congé rejoignent leur corps sans délai. Cela peut se mettre à l'ordre de la gendarmerie sans en faire un article de journaux" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20563).
Le 18 avril 1809 au soir, Eugène donne ses ordres pour prolonger la retraite jusqu'à l'Adige, en abandonpant la Piave ; mais avant, il pourvoit à la garnison de Venise, où, dès le 14, a été envoyé le Général Caffarelli avec mission de visiter les travaux et prendre les mesures convenables en cas de siége. Le Général Barbou se met en marche avec sa Division pour se rendre dans cette place avec les 3e et 4e bataillons des 5e, 23e, 60e et 81e régiments de ligne français, le 7e de ligne italien et le 4e escadron des chasseurs royaux, troupes qui doivent en former la garnison et mettre la place en état de défense (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 34).
Le 28 avril, toutes les forces dont le Prince Vice-Roi a le commandement en chef se trouvent concentrées sur l'Adige; le Général Macdonald est arrivé la veille. Eugène met alors à exécution le projet d'organisation en trois Corps et une réserve, projet adopté déjà en principe depuis le 23 avril et que nous donnons ci-dessous :
Les garnisons occupent : Venise, 15 Bataillons des 23e, 60e, 81e de Ligne français, 3e léger, 5e et 7e de Ligne italiens et les Dalmates, plus 4 Dépôts (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 45).
Pour faciliter le passage de la Brenta et seconder les opérations, le Général Durutte reçoit l'ordre le 3 mai de se porter sur Mestre, de débloquer Venise, et de prendre à la garnison de cette place deux Bataillons des 23e et 60e régiments de ligne français, du 7e de Ligne italien et du Régiment Dalmate, complétés chacun à 600 hommes, de réunir ces troupes à sa Division et de s'avancer rapidement sur Trévise (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 63).
Les deux Bataillons se trouvent au passage du Tagliamento et au combat de Saint-Daniel.
Le Prince Eugène ordonne au Général Grenier d'envoyer les 2 Bataillons du 60e Régiment de Ligne (Division Durutte) pour établir la communication par la vallée de Predel avec la Division Séras, et pour suivre un Corps perdu autrichien, qui, à travers les gorges, cherche à se réfugier dans le fort de Predel.
Le 13 mai 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Resiutta, au Major Grenier : "Il est ordonné au major du 60e régiment de ligne de partir demain de Roco Caro avec les deux bataillons de son régiment et un bataillon de voltigeurs de la division Seras qui a l’ordre de le rejoindre de très bonne heure, pour se rendre au lac de Raiblio ou Raibel. Sa destination a principalement pour objet de couper l’ennemi s’il voulait faire résistance à Chusa di Plet ou au mont Predel contre la division Seras qui doit l’attaquer par la vallée de l’Isonzo.
Le major Grenier est prévenu que le général Seras arrivera dans les environs de Pletz le 15 de ce mois, il tâchera de se lier par des postes aux troupes du général Seras en même temps qu’il jettera d’autres postes sur la gauche vers Maria Leschote où des troupes du corps du centre devront également arriver. Demain le major Grenier se portera au revers du Mont Neva afin de n’avoir que quelques milles à faire pour la journée du 15 ; il marchera militairement et attaquera l’ennemi avec vigueur partout où il le rencontrera le jour où le général Seras marchera sur Tarvis (ce sera probablement le 16) le major Grenier marchera à sa hauteur, arrivé à Tarvis il laissera le bataillon de voltigeurs à la division Seras et rentrera avec le bataillon de son régiment à sa division qui sera le même jour à Tarvis. Le major Grenier s’assurera si les chemins qui conduisent au point indiqué sont propres à l’artillerie ; il m’en préviendra sur le champ et s’il convenait aux voitures, je lui enverrai 2 pièces de 3 et 15 dragons ; les rapports pourront m’être adressés à Resiutta demain jusqu’à 9 heures et après à Pontebba, Pustrima ou sur la route" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 48 page 109 - vérifier les noms de lieux).
Ces deux bataillons font dans leur marche plus de 100 prisonniers, dont 3 Officiers, rejettent plusieurs postes sur la route de Tarvis, et s'emparent du village et des mines de Predel (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 98).
Le 16 mai 1809, à Flitschel, les deux Bataillons du 60e, qui ont suivi le mouvement de la Brigade Bonfanti, reçoivent l'ordre d'aborder le front de l'ennemi, tandis que les voltigeurs et les Dalmates le déborderont par la droite. Ces dispositions étant faites, le Général Bonfanti commande la charge ; l'ennemi, pressé de toutes parts, se détermine alors à évacuer ses ouvrages en avant de Flitschel ; ils sont à l'instant occupés, et la Brigade opère ainsi sa jonction avec le Général Fontanelli, qui établit aussitôt sa Division sur les hauteurs, en avant et en arrière, se liant par sa gauche aux troupes du Général Dessaix (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 103).
Le 17 mai 1809, le Major Grenier du 60e Régiment, écrit, depuis Tarvisio, au Général de Division Grenier, commandant le centre de l’Armée d'Italie : "J’ai l’honneur de vous rendre compte que j’ai exécuté les ordres que j’avais reçus de monsieur le général Baraguey d’Hilliers, et que je viens de rentrer ici de ma personne et mes deux bataillons bivouaqués à la droite de Tarvisio. Je ne sais de qui je dois recevoir des ordres maintenant, voulez-vous avoir la bonté de me dire si je continue à faire partie de la division Durutte ?
J’ai rencontré le bataillon de voltigeurs qui avait été sous mes ordres, j’ai pensé qu’il convenait de le faire rentrer à sa division ; je crois qu’il l’a jointe maintenant" (Papiers du général PaulGrenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 85. Page 179).
Les deux Bataillons se distinguent au combat de Tarvis le 17 mai. Le Général Daraguey-d'Hilliers ordonne au Général Fontanelli de pénétrer avec 4 Bataillons par la rive droite du Gailtizbach dans le bois de Flitschel, de le longer avec 3 Bataillons, d'attaquer les communications des lignes ennemies avec Veissenfels, de s'emparer des hauteurs qui dominent ce bourg et de s'y établir. Ce mouvement tourne les lignes de Tarvis et oblige l'ennemi à les évacuer ; mais l'Archiduc, ayant pénétré ce dessein, tire de sa droite cinq Bataillons qu'il oppose au Général Fontanelli et le force à concentrer sa Division. Déjà le Général repasse le Gailtizbach pour reprendre ses anciennes positions, lorsque le Vice-Roi arrive sur le champ de bataille. Après avoir reconnu les ouvrages de l'ennemi, jugeant qu'une attaque sur le front de la ligne serait incertaine, le Prince décide de les tourner. Il prescrit à cet effet au Général Fontanelli de porter sa Division sur le flanc gauche des Autrichiens, et de se jeter rapidement sur les derrières, afin de leur couper la retraite de Veissenfels ; au Général Dessaix de menacer leur front avec l'avant-garde et de seconder les mouvements du Général Fontanelli. Ce dernier, ayant terminé ses dispositions, fait battre la charge ; le 1er Régiment de Ligne italien se précipite dans la plaine et s'empare de l'ouvrage élevé sur le front de la principale redoute de l’ennemi. Suivi par le 3e de Ligne italien, il s'élance ensuite sur cette redoute, et en moins de 10 minutes s'en rend maître ainsi que d'une pièce de 6 et d'un obusier qui la défendent ; les deux Bataillons du 60e, passant par le premier redan, viennent se placer à la gauche du 1er de Ligne. L'ennemi, qui s'est aperçu du mouvement du Général Fontanelli, veut se renforcer vers ce point, et pour cela il fait opérer un à gauche à une partie de sa ligne ; mais les troupes qui ont été culbutées par la Division Fontanelli, se rejetant en désordre sur les Corps qui s'avancent pour les soutenir, les rompent et les entraînent dans leur déroute. Pendant que ceci a lieu, les Divisions Durutte et Paclhod, qui, à mesure qu'elles arrivent de Malborghetto, se forment malgré le feu vif de l'artillerie ennemie, se dirigent sur la grande route de Villach et inquiètent les Autrichiens sur leur droite. Bientôt le feu de 6 pièces, qui ont servi à l'attaque de Malborghetto, leur annonce la prise de ce fort et achève de les ébranler. En ce moment, le général Dessaix, après avoir franchi tous les obstacles tombe sur le centre de leur ligne, y jette le désordre, et rend leur déroute complète. Cependant le Prince Eugène s'est aperçu que l'ennemi tient encore quelques Bataillons sur les hauteurs de Veissenfels ; l'ordre est donné au Général Fontanelli de se porter sur sa droite avec les Dalmates, les Voltigeurs et le 112e Régiment de Ligne sur ce point et de déloger ces bataillons. Ce Général les attaque, les culbute dans la vallée, et les oblige à se jeter sur la route de Laybach. La poursuite dure jusqu'à la nuit. L'ennemi perd dans ce combat 18 pièces avec leurs caissons, plus de 400 morts, et 2,000 prisonniers, dont un Colonel, un Major, et 26 Officiers de différents grades. La perte de 1'armée franco-italienne ne s'élève pas au delà de 80 morts et 250 à 500 blessés (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 107). Les deux Bataillons du 60e ont eux-même fait plus de 100 prisonniers, dont trois Officiers.
Après le beau combat de Tarvis, les deux Bataillons du 60e reçoivent l'ordre de se porter à marche forcée sur le fort de Predel pour y seconder les opérations de la Division Séras, arrêtée depuis trois jours devant ce fort. Le Général Séras l'a fait canonner toute la journée du 17, la sommation faite au commandant a été rejetée ; le Prince lui donne l'ordre de l'enlever d'assaut. Le Général Séras part à cet effet d'Ober-Pret le 18, à trois heures du matin, s'établit sur la route de Predel, appuyant sa gauche au mamelon qui domine le village. En débouchant sur le fort, quatre Compagnies de Voltigeurs et le 4e Bataillon du 1er Léger français doivent se porter à l'angle rentrant de la route, et gravir la colline qui domine la gauche, pendant que les Grenadiers réunis de sa Dvision se logeront sur la hauteur qui flanque sa droite en longeant le ravin aboutissant au blockhaus élevé sur la grande route. Ce mouvement s'exécute sous le canon dans le plus grand ordre et avec le plus heureux ensemble. Une pièce de 6, placée à l'angle de la route, protége les troupes et tire sur le fort jusqu'à 9 heures du matin. Les approches étant faites et le fort se trouvant entièrement cerné, le Général Séras, pour éviter les suites d'un assaut, fait encore offrir au commandant une capitulation honorable ; mais elle n’est point acceptée. A 10 heures, il donna l'ordre à un Bataillon du 53e Régiment de gravir la montagne qui couvrait la gauche, et à un·Bataillon du 35e de déboucher par l'angle de la route aussitôt que celui du 53e sera descendu sur les ouvrages de l'ennemi. A 5 heures, le signal de l'assaut est donné, les troupes s'avancent sur la grande route en colonnes serrées par division. La charge est battue, les Sapeurs, qui ont été répartis dans les différentes colonnes d'attaque, coupent les palissades. En moins de vingt minutes, tous les ouvrages de l'ennemi sont enlevés. Les deux Bataillons du 60e, placés sur la route de Tarvis, se sont en même temps précipités sur le fort. Toute la garnison est passée au fil de l'épée, et un seul Officier et 8 hommes sont épargnés. Les troupes qui défendaient le blockhaus, loin d'être intimidées par la scène de carnage qui vient de se passer sous leurs yeux, continuent à opposer à celles du Général Séras la plus vive résistance. En vain les Grenadiers leur offrent ils la vie, ils répondent à leur sommation par un feu roulant, qui ôte tout espoir de les voir venir à composition. Ne pouvant parvenir à s'y loger, les Grenadiers de la Division Seras y mettent le feu, et tout ce qui s'y trouve est brûlé sans qu'un seul homme puisse échapper. On trouve dans le fort 8 canons. Après ce coup de main, la division Séras marcha sur Tarvis (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 112).
Le 17 mai 1809, Eugène écrit, depuis Tarvis, à Napoléon : "… Les généraux Fontanelli et Bonfanti se sont distingués ; le major Grenier, du 60e de ligne, et le colonel Zucchi, du 1er de ligne italien, méritent des éloges …" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 209).
Le 18 mai 1809, le Général de Division Charpentier, Chef de l’Etat-major général de l’Armée d’Italie, expédie un "Ordre de mouvement pour le 19 mai
… Le major Grenier renverra à leurs divisions les 2 pièces de 3 qui avaient été mises aujourd’hui sous ses ordres ; et avec ses deux bataillons du 60e et des dragons que le général Séras doit mettre à sa disposition, il se mettra en marche pour Kremburg. Il devra ramasser le plus possible de fuyards ennemis de la journée du 17, il suivra l’ennemi aussi près que possible. Arrivé à Kremburg, il prendra position, et y attendra les troupes du général Macdonald qui doivent y arriver de Laibach. Dans le cas peu probable où l’ennemi l’obligerait à la retraite, elle serait toujours assurée sur Afling et Villach …" (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 91. Page 191).
Le 19 mai, Eugène écrit, depuis Villach, à Napoléon : "Sire, j’avais ordonné ainsi que j’ai eu l’honneur de rendre compte à Votre Majesté, que le fort de Predel fût attaqué hier. Cet ordre a été exécuté hier dans l'après-midi. Voici les dispositions que j'avais faites pour cette affaire. J'avais envoyé le major Grenier du 60e régiment avec deux bataillons de ce régiment, un bataillon de voltigeurs, et deux pièces de canon, sur la route de Predel, avec l'ordre d'attaquer le fort par derrière aussitôt son arrivée, tandis que le général Séras, que j'avais fait prévenir de la marche de ces troupes, attaquerait de front, au moment même où il entendrait commencer l'attaque de l'autre coté. Ces ordres ont été exécutés avec un ensemble parfait et une grande rapidité. En moins d'un quart d'heure, les troupes de Sa Majésté étaient maîtresses du fort : aucun de ses défenseurs n'a pu éviter la mort. Les hommes qu'on a trouvés dans les palissades y ont été égorgés ; ceux qui s'étaient rétirés dans les blockhaus qui servaient de réduit au fort ont été la proie des flammes, ou chassés par le feu de leur dernier asile, sont venus tomber sous les baïonnettes. Nous y avons trouvé 10 pièces de canon, desquelles deux seulement avaient pu tirer sur nous, tant notre marche avait été rapide. Cette prise ne coûte pas à Votre Majesté plus de 150 hommes hors de combat. L'ennemi, qui s'était retiré dans le blockhaus, formé de très-grosses pièces de bois, où nos coups de fusil ne pouvaient pas atteindre, et d'où il tirait sur nous, nous a forcés à y mettre le feu. L'incendie, qui en est résulté, n'a été fatal à aucun des nôtres, mais il a fait sauter les magasins ennemis, et, le fort étant situé absolument sur la route, l'explosion a longtemps suspendu la marche de la division Séras, qui n'a pu venir coucher qu'à 5 milles en arrière de Tarvis, et éprouvera encore probablement quelques retards au passage de l’artillerie, des équipages et des dragons, qui étaient restés dans les vallées du Natisone et de l'Isonzo …" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 214).
Dans l'Ordre de l’Armée, daté du Quartier général à Villach le 20 mai 1809, on lit : "… Le 18 s’est également signalé par la prise du fort de mont Predel, la division Seras et les bataillons du 60e aux ordre du major Grenier le remportèrent avec non moins de vigueur que les troupes du centre …" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 131 page 279).
Ce même 20 mai 1809, les deux Bataillons du 60e sont chargés d'ouvrir, par la vallée de Krainburg, les communications avec l'aile droite, et de manœuvrer sur le flanc droit du Corps du Général Grenier. Ils se rendent le même jour à Asling (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 121).
Le 21 mai 1809, les deux Bataillons du 60e se rendent à Krainburg, où ils communiquent avec un piquet de Dragons de la Division Lamarque (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 123).
Les deux Bataillons du 60e reçoivent l'ordre, le 22 mai 1809, de rétrograder sur Klagenfurth; ils bivouaquent le même jour à Neumark, et sont portés sur Saint-Veit, pour y attendre le grand parc d'artillerie et la caisse de l'armée (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 124).
Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 17e Demi-brigade provisoire : 8e léger qui reçoit 100 hommes; 18e id. qui en reçoit 30; 5e de ligne; 7 id.; 11e id. qui reçoit 295 hommes; 23e id.; 60e id. qui reçoit 220 hommes; 79e id. qui en reçoit 50; 81e id.; au total donc, 425 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).
Le 60e prend part à la bataille de Raab, le 14 juin 1809.
Le Général de Brigade Valentin attaquae, avec le 23e Léger (Division Durutte), le village de Kismegyer, et le Général Durutte se porte avec 3 Bataillons (2 du 60e et 1 du 62e) entre ce village et celui de Szahadhegy, sur lequel marche la Division Sévéroli. En débouchant sur ce dernier village, le Général Baraguey-d’Hilliers fait former ses troupes en colonnes d'attaque et marche droit à l'ennemi. Les Autrichiens, embusqués en arrière des retranchements naturels qui couvrent Szabadhegy, et soutenus par leur artillerie, arrêtent alors par leur feu la marche de la 1re brigade de la Division Sévéroli. Fiers de cet avantage, ils se jettent sur les 3 Bataillons de la Division Durutte parvenus à se loger sur la droite du village, et les contraignent à se replier ; ce que voyant le Général Grenier fait avancer 2 Bataillons du 62e, qui sont à sa réserve ; la 2e Brigade de la Division Sévéroli se porte aussitôt en avant avec la plus grande intrépidité. La charge est battue, les 2 Divisions se rallient, suivent l'impulsion de leur gauche ; l'ennemi déconcerté regagne le village avec précipitation (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 274).
Le 60e a 14 Officiers et plus de 100 hommes tués ou blessés.
Dans son rapport daté de Sabatheds (sic) le 15 juin 1809, et adressé au Général de Division Grenier, commandant le centre de l’armée d’Italie, le Général de Division Durutte raconte au sujet de la bataille du 14 juin : "Je vous parlerai peu des dispositions qui ont été faites hier au commencement de la bataille de Raab ; je vous rappellerai seulement que ma division marchait sur deux colonnes et sur deux lignes vers l’ennemi qui occupait une position à gauche de Kesmagar ainsi que ce village et celui de Sabathiye.
Aussitôt que nous fûmes arrivés à portée de fusil de l’ennemi, j’ordonnai conformément à vos ordres aux généraux Valentin et Dessaix, d’attaquer l’ennemi avec la première ligne et de conserver l’autre en en réserve. La première ligne du général Valentin était le 23e régiment d’infanterie légère, celle du général Dessaix était composée de deux bataillons du 60e régiment et le premier bataillon du 62e ; quatre pièces d’artillerie faisant faisaient feu devant elles. Ces deux attaques furent dirigées avec vigueur, mais l’ennemi envoyant sans cesse des bataillons frais on eut beaucoup à souffrir ; cependant il fut repoussé jusqu’à Sabathegs, ce village défendu par un ruisseau et des bocages fut pris et repris trois fois. La seconde ligne du général Dessaix composée seulement du 2e et 3e bataillon du 62e régiment et de la compagnie de grenadiers et des voltigeurs du 4e marche au secours de la première ligne. Malgré ce renfort l’ennemi repoussait nos troupes lorsque je marchai avec le 2e et 3e bataillon du 102e régiment sur ce village ; nous le reprîmes une quatrième fois et l’ennemi fut en déroute. J’ose vous assurer que si dans ce moment j’avais eu un régiment de cavalerie à mes ordres la division aurait indubitablement pris 3 à 4000 prisonniers ; ce défaut de cavalerie ne nous a pas permis de tirer tous les avantages que nous aurions dû avoir de cette victoire.
Le village de Kesmagar a tenu pendant toute la journée ; les ennemis étaient fortifiés dans l’abbaye qui s’y trouve ; je l’ai fait attaquer par un bataillon du 23e régiment que j’avais rallié à la fin du combat ; on n’a pu s’en rendre entièrement maitre que quand j’ai envoyé la 7e compagnie du 3e bataillon de sapeurs qui abattit une muraille, et entrant dans cette abbaye força l’ennemi à se rendre. On a fait dans ce village beaucoup de prisonniers, mais comme la division Séras y avait aussi beaucoup de monde, je ne m’occupais pas de ce point, et j’en retirai même de suite les troupes pour les porter sur Sabathegs où le combat paraissait encore douteux ; je sais cependant que mes troupes y ont pris 4 à 500 prisonniers, et dans la mêlée M. le sous-lieutenant Bertrand du 62e régiment a pris un drapeau. Le caporal Déramé du 102e régiment dit avoir tué celui qui portait ce drapeau ; il paraît qu’il se trompe puisque M. Bertrand a encore le sabre d’un officier qui cherchait à défendre ce drapeau et qu’il a blessé et désarmé. Je crois que le drapeau dont parle le brave caporal Déramé est un drapeau qui a été pris et repris dans la mêlée de Sabathegs.
Le Fourier Mougin du 4e bataillon du 62e régiment a pris aussi une pièce de trois. Je ne puis dire la quantité de prisonniers qu’on a pu faire, on était trop occupé pour y faire grande attention ; on les dirigeait sur les derrières sans y faire grande attention.
Je n’ai généralement qu’à me louer de tous les officiers de ma division, on peut dire qu’ils se sont prodigués pour soutenir le courage des troupes. Les pertes que j’ai faites le prouveront plus que tout ce que je pourrais dire.
Le général Valentin a été touché d’une balle morte et son cheval a été tué. Ce général se loue beaucoup de son aide de camp M. Francoul ; j’avais demandé pour lui la décoration après l’affaire de Saint-Michel, et j’ai l’honneur de vous prier de faire de nouveau la même demande. Dans le cours de cette journée, le général Valentin a montré beaucoup de bravoure et de sang-froid.
Le général Dessaix a eu un cheval tué ainsi que son aide de camp, on demande pour lui le grade de chef de bataillon. Deux officiers de mon état-major ont eu leurs chevaux tués à mes côtés, M. Bertrand et M. Franc.
J’ai été extrêmement satisfait du zèle de tous les officiers de mon état-major : je vous prie de demander la décoration pour M. l’adjudant commandant contamines. Cet officier a reçu un coup de biscayen au genou qui ne lui a fait qu’une contusion. Je vous prie aussi de demander le grade de capitaine pour monsieur Gauglet, mon aide de camp.
M. Franck pour qui j’ai déjà demandé le grade de capitaine après l’affaire de Malborghette et de Saint-Michel, a reçu à la vérité la croix ; mais il y a 12 années qu’il est officier et il me semble qu’il est temps de le faire capitaine ; vous avez pu juger plusieurs fois de ses moyens.
Voici la note des pertes que ma division à faites et des officiers et soldats qui se sont distingués ...
60e régiment de ligne
Les 3e et 4e bataillons du 60e régiment dont la force n’est que de 600 hommes formaient la première ligne de la brigade du général Dessaix avec le 1er bataillon du 62e régiment. Ce corps fut lancé sur l’ennemi au commencement de la bataille, il repoussa et s’empara de la partie du village de Sabathegs qu’il avait sur son front ; mais il fut repoussé plusieurs fois. Dans une de ces charges, le capitaine Blanchard à la tête de quelques grenadiers pris une pièce de trois qu’il fit renverser après avoir fait couper les traits des chevaux. L’ennemi reprit cette position mais il ne put relever la pièce qui resta sur le terrain, et qui s’y trouve encore dans ce moment. Ce corps se battit toute la journée et se rallia plusieurs fois pour venir à la charge, soutenu par le 62e régiment ; il eut un officier de tué, M. Rochette sous-lieutenant des voltigeurs et 12 officiers blessés, savoir messieurs :
Guencé chef de bataillon, Déadé idem, Taravant capitaine, Vallet idem, Lefevre idem, Crozet lieutenant, Lemoine idem, Bruguière lieutenant, Robin idem, Dausse sous-lieutenant, Waldemann idem, Moulinet idem.
16 soldats tués et 154 sous-officiers et soldats blessés.
Voyez la note n°5
62e régiment de ligne
Le 1er bataillon du 62e formait avec le 60e régiment la première ligne de la brigade du général Dessaix ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 138. Page 287).
Après la capitulation de Raab, l’Armée d’Italie sous les ordres de Macdonald rejoint la Grande Armée.
Le 20 juin 1809, Eugène écrit, depuis Gonyo, à Napoléon : "Sire, Votre Majesté aura sans doute remarqué dans le dernier état de situation de son armée d'ltalie, la faiblesse de quelques régiments. Je lui demanderais de réduire à 2 bataillons le 23e léger, le 1er de ligne, 53e, 106e et 42e, et de réduire les 3e et 4e bataillons du 60e de ligne en un seul bataillon. Je demande·la même autorisation pour les 1er et 3e italiens, et, si Votre Majesté l'approuvait, j'enverrais à Klagenfurth par Capuvar, OEdenburg et le Simmering, tous les cadres des bataillons fondus pour y attendre et recevoir tous les détachements, et tous les sortis d'hôpitaux venant d'Italie …" (Mémoires du Prince Eugène, t.5, page 421).
Le même 20 juin 1809, le Général de Division Grenier écrit, depuis Gonyo : "Ci-joint, vous trouverez monsieur l’intendant général, une réclamation du major du 60e régiment de ligne, tendant à obtenir en espèces de la paiement de la solde de MM. les officiers des bataillons qu’il commande, pour le mois d’avril, puisque cette somme devait leur être payée avant de partir de l’Italie ; comme il ne m’appartient pas de prononcer sur de pareilles questions, je vous prie de vouloir bien de répondre et me faire connaitre à quoi MM. les officiers doivent s’attendre" (Papiers du Général Paul Grenier. XVIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 65 page 143).
La "Situation des troupes composant le corps du centre au 1er juillet 1809" indique : "... 2e division M. le général Durutte ...
2e brigade M. le général Dessaix
60e de ligne à Zamohy : 33 officiers et 459 hommes présents, 8 chevaux d’officiers ; 2 officiers et 52 hommes détachés à Klagenfurt ; 9 officiers et 234 hommes aux hôpitaux ; 76 hommes prisonniers de guerre, 24 hommes en jugement ou égarés ; total : 889 hommes et 8 chevaux ..." (Papiers du général Paul Grenier. V Papiers relatifs à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 177. Page 364).
Le 60e prend une part glorieuse à la bataille de Wagram.
Dans cette mémorable campagne, l’Armée d’Italie a forcé plusieurs passages de rivières en présence de l’ennemi, livré deux batailles rangées et de nombreux combats, fait 3700 prisonniers dont trois Généraux, prit 12 drapeaux, 200 bouches à feu et des approvisionnements considérables. Le 60e peut être fier d’avoir compté dans cette armée.
Le 15 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, vous recevrez un décret relatif au recrutement de l'armée, dans lequel vous verrez les mesures que j'ai prescrites pour dissoudre les 5e, 9e, 10e, 11e, 12e, 13e, 14e, 16e et 17e demi-brigades provisoires. La 15e demi-brigade provisoire sera reformée à trois bataillons. Le 1er bataillon sera composé de trois compagnies de chacun des 101e, 60e et 7e de ligne. Le 2e bataillon sera composé de trois compagnies de chacun des 14e léger et 6e de ligne ; le 3e bataillon, de trois compagnies de chacun des 10e et 20e de ligne.
Ainsi les trois compagnies du 60e et les trois compagnies du 7e de ligne ne suivront pas la destination des 16e et 17e demi-brigades provisoires, dont elles faisaient partie. Ces corps provisoires ne font qu'embrouiller les choses, et tous les corps ont besoin aujourd'hui d'être complétés ...
Titre 1er
Des demi-brigades de réserve
Art. 1.
Les 1re, 2e, 3e, 4e, 6e, 7e, 8e et 15e demi-brigades provisoires seront conservées et complétées dans le plus court délai, conformément à notre décret de formation.
Art. 2.
La 15e demi-brigade provisoire sera reformée à 3 bataillons. Le 1er sera composé de trois compagnies de chacun des 101e, 60e et 7e de ligne ; le 2nd de 3 compagnies de chacun des 14e léger et 6e de ligne ; et le 3e de 3 compagnies de chacune des 10e et 20e de ligne.
Art. 3.
Les 5e, 9e, 10e,11e, 12e, 13e, 14e, 16e et 17e demi-brigades provisoires sont dissoutes.
Ces 9 demi-brigades, des lieux où elles se trouvent, seront dirigées sur Vienne par le plus court chemin, pour être incorporées dans les bataillons de guerre, hormis les compagnies des 60e et 7e de ligne qui passent dans la 15e demi-brigade provisoire ..." (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15529 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21514).
Le même 15 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, à Borghèse, Gouverneur général des départe ments au-delà des Alpes : "Mon cousin, la quinzième demi-brigade provisoire continuera à exister, mais elle sera composée de 3 bataillons :
dont le 1er sera formé de 3 compagnies du 101e, de 3 compagnies du 60e et de 3 compagnies du 7e de ligne.
le 2e bataillon sera formé de 3 compagnies du 14e léger et de 3 compagnies du 6e de ligne
le 3e bataillon sera formé de 3 compagnies du 10e de ligne et de 3 compagnies du 20e de ligne
Les 16e et 17e demi-brigades provisoires se mettront en marche pour Vienne où elles seront dissoutes et incorporées dans les bataillons de guerre hormis les trois compagnies du 7e de ligne et les trois compagnies du 60e qui passeront dans la 15e demi-brigade" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21508 - notes : Les 15e, 16e et 17e avaient été formées à Alexandrie, voir ci-dessus, n° 20514).
Le 16 juillet 1809, au Quartier général à Presbourg, "Son Altesse Impériale le prince vice-roi d’Italie, général en chef, donne l’ordre du jour de l’organisation de l’armée d’Italie, arrêtée par S. M. l’Empereur le 15 courant, savoir.
... Les 8e et 18e légers, 23e et 60e de ligne ne font plus partie de l’armée d’Italie car ces régiments sont partis hier pour se diriger sur le corps de S. E. le duc de Raguse dont le quartier-général est à Kamenburg" (Papiers du Général Paul Grenier. XVII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 137 page 290).
Le 3 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... Vous donnerez l’ordre au maréchal Marmont de renvoyer d’abord à Milan, pour, de là, être renvoyé en France s’il y a lieu, les cadres des 4es bataillons du 18e léger, du 11e de ligne et du 60e de ligne, en versant tous les hommes disponibles dans les autres bataillons de ces régiments ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3524 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21962).
Le 20 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "... Je suppose que les cadres du 26e, 60e et 82e sont pleins. Si les cadres de ceux des 47e, 70e, 15e et 86e n’étaient pas pleins, il faudrait les compléter ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3586 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22127).
/ 1809, Espagne
Sans doute le 25 janvier 1810, François Pouvrasseau écrit "à Monsieur Maille, maire demeurant à Vendeuvre, Département de la Vienne pour faire tenir à Monsieur Pierre Bacquet, résidant aux Segault, poste restante à Poitiers.
Raguse ce 25 janvier
Mon cher oncle, je vous écris ces deux mots pour m’informer de l’état de votre santé, tant qu’à moi, je me porte bien, grâce à Dieu. Je souhaite que la présente vous trouve de même en bonne santé.
Cher oncle, je suis bien surpris de ne pas avoir de réponse de la dernière lettre que je vous ai écrit depuis tant de temps. Je ne sais pas si ce mot que je vous ai demandé de l’argent, rapport que j’en aurais grand besoin car il y a longtemps que nous avons été payés. Voilà six mois qui nous sont dus sans savoir quand nous seront payés. Nous avons été bloqués pendant des mois dans Raguse par les brigands vu que nous avions la guerre avec les autrichiens, mais à présent que les brigands se sont retirés dans les villages ( ?), nous marchons nuit et jour après les brigands pour les prendre. Nous sommes bien fatigués de marcher dans ce mauvais pays car il y fait fort cher à vivre. Le pain y vaut six sous l’once et le vin y vaut douze sous la bouteille. Les autres denrées sont à proportion.
Cher oncle, je vous prie de me marquer si vous avez reçu des nouvelles de votre enfant et si mes cousins sont tranquilles et de me marquer si y fait cher à vivre au pays. Rien autre chose à vous marquer pour le présent, je finis ma lettre en vous embrassant de tout mon cœur et je suis pour la vie votre neveux François.
Signé : Pauvrassaux, fusilier
Je vous prie de faire bien mes compliments à mes oncles et tantes, cousins et cousines et à tous ceux qui s’informeront de moi et vous n’oublierez pas de faire mes compliments à Renaud ROI aussi qu’à sa famille, aussi Charles Rociniol et à sa famille.
Mon adresse est à François Pauvrassaux, soldat au 60e régiment, 2e bataillon 1ère compagnie en garnison à Raguse, armée de Dalmatie.
Mon cousin Rousseau fait bien des compliments à son père et à sa mère et aussi que sa famille qu’il les embrasse de tout son cœur" (Communication de Mme L. Ford, source AD86 sous série 27 J famille Bacquet - lettre transcrite en respectant l'expression de son auteur, l'orthographe toutefois corrigée. Pierre Bacquet habite au lieu dit les Chézeault qui existe encore de nos jours; François parle du fils de Pierre Bacquet et Jeanne Forest, Denis Bacquet, né le 9 octobre 1789 et décédé le 10 mai 1807 à l'hôpital de Marinburg, décès dont François n'était pas au courant; lorsqu'il parle de la "tranquillité" de ses cousins, il fait sans doute allusion à leur absence d'incorporation).
/ 1810, Espagne
Le 8 juin 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le 4e bataillon du 8e régiment d'infanterie légère, le 4e bataillon du 60e régiment d'infanterie de ligne et le 4e bataillon du 79e régiment d'infanterie de ligne complétés à 600 hommes chacun avec tout ce que leurs régiments peuvent offrir de disponibles soient dirigés de Genève sur Toulouse. Vous me ferez connaître le jour où ils arriveront et il leur sera donné une destination.
Ces bataillons partant de Genève forts de 600 hommes ne le seront bientôt plus que de 500 hommes. Il sera donc nécessaire de faire fournir des régiments qui sont à Paris 200 hommes à chacun de ces bataillons, lesquels seraient dirigés sur ces bataillons afin de les maintenir toujours à 600 hommes.
Les hommes sortant des hôpitaux appartenant à ces régiments rejoindront les 3e et 5e bataillons" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4281 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23725).
/ 1810-1812, Armée d'Italie et France
Le 6 octobre 1810, l'Empereur adresse, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, une Note sur l'organisation des armées; concernant l'Armée d'Italie, il écrit : "… Cette armée se composerait de 10 divisions, dont 7 françaises et 3 italiennes, et composées, savoir :
... 2e division française, 18e d'infanterie légère ayant quatre bataillons ; 60e de ligne, quatre ; 79e, quatre ; 81e, quatre : 16 bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17000 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24816).
Le 28 novembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que tout ce qu'il peut y avoir de disponible aux dépôts de Genève et de Grenoble, appartenant aux 8e et 18e légers et aux 5e, 11e, 23e, 60e, 81e et 79e de ligne, soit formé en bataillon de marche et mis en mouvement pour se rendre d'abord à Foix, et servir à renforcer les bataillons de ces huit régiments" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4861).
A la fin de 1810, les Bataillons du 60e sont à Toulon et à Genève, sauf le 4e qui est en Espagne.
Le 2 janvier 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre aux deux escadrons du 25e régiment de chasseurs qui sont dans le Frioul de rejoindre leurs corps, et aux deux bataillons du 11e, du 60e et du 79e de se rendre à Toulon ; de sorte qu'il y aura à Toulon les 2 bataillons du 5e, les 2 du 81e, ceux du 11e, 60e, et 79e ; en tout 10 bataillons" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4415 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 4944 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25614).
Le 7 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Faites verser dans le 3e bataillon du 60e tout ce que le dépôt de ce régiment a de disponible ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26122).
Le 15 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Duc de Feltre ... Les 2 bataillons du 81e sont destinés à se rendre également à Narbonne, mais ils resteront à Toulon jusqu'à ce que les 2 bataillons du 60e qui doivent y arriver le 4 mai soient arrivés. Les 2 bataillons du 81e partiront immédiatement après …
Vous donnez l'ordre au général Durosnel de renvoyer les compagnies de voltigeurs dont il n'a pas besoin : il peut encore garder celle du 81e, mais envoyez celles des 3 autres régiments. Les dispositions de mon décret relatives aux compagnies de grenadiers à embarquer sur les vaisseaux à 3 ponts ne doivent avoir lieu qu'à l'arrivée des conscrits et ne concernent pas les hommes de l'ancienne France ; elles ont été mal exécutées mais il n'en faut pas moins près de 7 à 800 hommes qui peuvent être fournis par les 62e, 60e et 52e ...
Le 4e bataillon du 1er de ligne se rendra à Toulon pour renforcer la garnison qui sera composée de 2 bataillons du 60e, d'un bataillon du 62e, d'un du 1er de ligne, d'un bataillon du 32e léger et du dépôt du 16e " (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5336 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26678).
Le 1er juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Alençon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, remettez-moi un projet de route pour faire partir le 10e et le 20e de ligne qui sont à Lyon, ainsi que le 60e qui est à Toulon et les diriger sur Pau par le plus court chemin ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5534 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27188).
Le 7 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... Donnez ordre que, le 12, les deux bataillons du 60e qui sont à Toulon partent pour Pau.
Faites-moi connaître si les compagnies d'artillerie des 60e, 10e et 20e sont avec ces régiments, et si elles ont leurs pièces, leurs caissons et attelages ; car il est important qu'elles aient tout ce qui est nécessaire pour entrer en campagne. Ayez soin qu'il y ait à Pau les cartouches nécessaires à ces régiments, pour leur entrée en Espagne. Ils n'entreront, au reste, en Espagne que d'après les ordres que je donnerai. Vous préviendrez le prince de Neuchâtel, qui prendra mes ordres pour leur destination ultérieure ...
Faites-moi connaître quand les bataillons des 8e et 18e légers, des 23e, 81e, 79e, 5e, 60e et 11e de ligne, qui sont à Genève et à Chambéry, et qui doivent être complétés par des conscrits, pourront partir pour se rendre à Toulon, où je voudrais réunir ces huit bataillons pour tenir garnison sur les côtes ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17779 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27234).
Le 10 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au général commandant la 7e division militaire de faire passer la revue des 8e et 18e légers et 23e de ligne, de faire compléter le 3e bataillon du 8e léger par tout ce qu'il y a dans le 5e, de faire également compléter les 4es bataillons du 18e léger et du 23e de ligne, et de vous faire connaître si ces trois bataillons seront habillés, équipés et en état de partir au 1er juillet.
Donnez le même ordre aux bataillons des 11e, 5e, 79e, 60e et 81e et demandez l'état des officiers et sous-officiers qui manquent à ces bataillons pour les remplacer sans délai, ainsi que leur situation au 1er juillet" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5577 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27261).
Le 17 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Les 2es compagnies des 5es bataillons des 5e, 11e, 23e, 60e, 81e, 79e, 1er de ligne, 62e, 102e, 10e, 20e, 101e, 29e, 9e, 35e, 53e, 13e, 106e, 16e et 67e formant 20 compagnies se réuniront à Toulon et seront destinées à monter les 16 vaisseaux qui sont en rade de Toulon et les premiers qui seront mis à l'eau ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5796 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27681).
- 1812, projet de formation d'une Division des Alpes
Shako d'Officier du 60e de Ligne, extrait d'un article de Dimitry Gorchkoff |
Napoléon précise son idée. Le 6 février 1812, l'Empereur, à Paris, dicte au Général Mathieu Dumas, Conseiller d’Etat, Directeur général des Revues et de la Conscription, sur les Divisions de défense et la répartition : "... Division de Toulon.
... Les 5e, 11e, 79e, 81e de ligne doivent rester à Chambéry et Grenoble.
Je désire donc une division de plus, formée « division des Alpes », composée des 8e, 18e légers ; 5e, 11e, 23e, 60e, 79e, 81e de ligne.
Tout cela à trois compagnies, ce qui fait vingt-quatre compagnies, quatre bataillons, bonne réserve pour l'Italie, le Simplon et partout où besoin serait ..."(Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6747 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29917).
Le 2 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Berthier : "... vous réunirez une 16e demi-brigade à Marseille. Elle se composera :
1er bataillon
2 compagnies du 5e bataillon du 60e de ligne
2 id. du 81e
2 id. du 25e
2e bataillon
2 id. du 1er de ligne
2 id. du 62e
2 id. du 16e de ligne
Par ces dispositions, toutes les côtes de l'Empire seront suffisamment pourvues, en attendant la formation des cohortes de gardes nationales. Il devient pressant que les cadres de ces bataillons soient complets en officiers ; qu'ils aient leurs chefs de bataillon, et que vous nommiez les 15 majors en second qui devront commander ces demi-brigades. Vous ferez partir le 15 avril ces majors en 2nd pour visiter les dépôts qui fournissent aux demi-brigades.
Vous aurez soin de prévenir le ministre de l'Administration de la guerre afin qu'il donne des ordres, et prenne des mesures pour que l'habillement ne manque pas.
Vous autoriserez les majors en 2nd à faire partir le 30 avril les 4es bataillons à 600 hommes. Les 200 autres hommes viendront un mois après ...
Ces demi-brigades ne doivent rien déranger à la comptabilité. Les bataillons qui les composent doivent correspondre avec leurs dépôts pour l'administration
Annexe
Formation des demi-brigades provisoires, de l'Intérieur et des côtes
16e demi-brigade à Marseille
1er bataillon : 2 compagnies du 5e bataillon du 60e de ligne (dépôt à Genève) : 100 conscrits du Taro, 371 de la Haute-Garonne ; total 471 ; 171 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 81e de ligne (dépôt à Chambéry) ; 335 conscrits de Haute-Garonne ; total 335 ; 35 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 23e de ligne (dépôt à Genève) ; 184 conscrits du Taro, 100 du Gers, 200 des Landes ; total 484 ; 184 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon : 2 compagnies du 5e bataillon du 1er de ligne (dépôt à Marseille) : 280 conscrits du Tarn ; total 280 ; manque 20.
2 compagnies du 5e bataillon du 62e de ligne (dépôt à Marseille) : 420 conscrits du Tarn ; total 420 ; 120 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 16e de ligne (dépôt à Toulon) : 180 conscrits de l’Hérault, 241 du Tarn ; total 421 ; 121 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7057 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30370 (intégrale)).
Le 8 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, les états des divisions militaires qui me sont remis aux 1er et 15 de chaque mois, en conformité des instructions données dans la dernière campagne, sont négligés dans leur rédaction. Recommandez aux généraux des divisions, 1° de faire connaître non seulement les numéros des bataillons, mais encore les numéros de chaque compagnie ; 2° de faire connaître en observation le nombre d'hommes que la loi accorde en ouvriers et aux dépôts, et pourquoi ce nombre est dépassé.
Dans la 7e division militaire, le 4e de chasseurs a 140 chevaux prêts à partir, le 60e a 700 hommes, etc. ...
... Donnez une instruction pour que ces états soient faits exactement au 15 et qu'ils m'arrivent le plus promptement possible" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18690 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30606).
Quelques jours plus tard, Napoléon renforce ses Divisions de réserve; il écrit, le 18 mai 1812, depuis Dresde, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois le travail qui était joint à votre lettre du 11 mai. Voici quelles sont mes intentions définitives, donnez des ordres pour leur prompte exécution ...
Brigades d’Espagne, d’Alexandrie et de Toulon
... Je n'approuve pas davantage que le 23e de ligne et le 60e versent leurs conscrits dans le 62e et le 16e de ligne, puisque d'un moment à l'autre le bataillon du 60e et celui du 23e, qui sont en Espagne, peuvent revenir au dépôt, et qu'en attendant ces conscrits, conservés à leur 5e bataillon, feront parfaitement le service sur la côte ..." (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18701 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30633).
Le 8 juillet 1812, l'Empereur écrit, depuis Vilna, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, la 16e demi-brigade provisoire a deux compagnies du 5e bataillon du 16e de ligne. Mon intention est que ces deux compagnies versent tout ce qu'elles ont de disponible dans le 3e bataillon de leur régiment, que le 5e bataillon verse également dans le 3e bataillon tout ce qu'il a de disponible, et, par ce moyen, ce 3e bataillon du 16e de ligne se trouvera au complet de 700 hommes. Le 62e a deux compagnies du 5e bataillon à la 16e demi-brigade. Mon intention est que ces deux compagnies donnent tout ce qu'elles ont de disponible au 4e bataillon ; que le 5e bataillon fournisse également au 4e bataillon ce qu’il a de disponible, et, par ce moyen, le 4e bataillon du 62e sera composé de 700 ou 800 hommes. La 16e demi-brigade provisoire se trouvera composée de la manière suivante :
1er bataillon : le 3e du 16e de ligne ;
2e bataillon : le 4e du 62e de ligne ;
3e bataillon : deux compagnies du 60e de ligne, deux compagnies du 81e de ligne, deux compagnies du 1er de ligne.
Vous ordonnerez que cette demi-brigade se forme sans délai à Marseille. A cet effet, les deux compagnies du 16e et du 62e, qui font partie du 2e bataillon actuel de la 16e demi-brigade, seront incorporées dans leur 3e et 4e bataillon avec tout ce qui est disponible au dépôt. Les 2es compagnies du 32e de ligne se rendront en Illyrie pour recruter les deux bataillons de ce régiment qui s'y trouvent ; elles seront remplacées dans la nouvelle formation de la 16e demi-brigade par deux compagnies du 1er de ligne, ce qui complète cette demi-brigade à trois bataillons, comme il a été dit ci-dessus. Quand ces trois bataillons seront bien formés en septembre, le ministre de la guerre pourra les diriger sur Bayonne pour de là aller renforcer la réserve de Bayonne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7416 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31158).
/ 1810-1812, en Espagne (Armée de Catalogne, 1810)
En décembre 1810, la Brigade du Général Gareau, qui a été organisée fin août en tant que colonne d'observation, se compose des 4e Bataillons des 8e Léger, 60e et 79e de Ligne et de quelques pièces de canon. En mars 1811, son effectif est doublé, et le 1er avril, le Corps d'observation prend le nom de Division de Cerdagne; le 4e Bataillon du 60e forme un Régiment provisoire avec les Bataillons du 8e Léger et du 79e de Ligne.
Le 14 février 1811, à Paris, "Le général Clarke propose de constituer un détachement à l'aide des officiers et soldats disponibles dans les dépôts des 8e légère, 60e et 79e de ligne, et de diriger ce détachement sur Perpignan"; "Approuvé, en les dirigeant en droite ligne sur Foix", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5066).
- 1811, formation d'un Corps d'Observation de réserve
Le 24 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Caen, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je vous envoie cinq états pour vous servir de direction dans un rapport que vous me ferez au 15 juin, pour donner une nouvelle organisation, au 1er juillet, aux différents corps d'observation ...
CORPS D'OBSERVATION DE RÉSERVE. — Ce corps sera créé conformément au n° 4 ...
Je n'ai pas besoin de vous dire que vous ne devez donner aucun ordre, faire aucun mouvement en conséquence de ces états, mais que vous devez vous borner à me faire un rapport général au 15 juin, époque à laquelle vous me demanderez en même temps mes ordres ...
CORPS D'OBSERVATION DE RÉSERVE.
Il sera créé un corps d'observation de réserve. Ce corps d'observation sera composé de la manière suivante :
1re Division, composée de douze bataillons, formant 8,000 hommes ; deux bataillons du 5e léger, qui sont à Cherbourg ; deux bataillons d'élite du 3e de ligne, qui se rendent à Rennes ; deux bataillons du 105e, qui se rendent à Rennes (cette brigade, qui sera la 1re, se réunira à Rennes) ; trois bataillons du 81e, dont un est dans la 7e division militaire et les deux autres à Pampelune ; trois bataillons du 60e, dont deux sont à Toulon et le troisième dans la 7e division militaire ; lesquels se réuniront à Rennes, en route, à un point d'intersection, et rejoindront le 81e à Pampelune, où se formera la 2e brigade.
Le corps d'observation de réserve est destiné à se réunir à Bayonne et à passer en Espagne. Il se mettra, à cet effet, en mouvement au 1er juillet. L'organisation définitive des divisions se fera à Bayonne. Cependant rien ne devra se mettre en mouvement que le ministre n'ait pris mes derniers ordres ; il me les demandera au 1er juin.
1re Division. — Les deux bataillons du 5e léger partiront de Cherbourg pour Reims. Le 3e bataillon du 81e partira de son dépôt pour Pau. Les deux bataillons du 60e qui sont à Toulon en partiront pour Bayonne ; le 3e bataillon partira de son dépôt pour se rencontrer en route avec les deux premiers, faire le tiercement, et il se rendra à Pampelune. Mais, pour faire ces mouvements, il faut que Cherbourg et Toulon soient gardés ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17247 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27150).
Le 8 juin 1811, Napoléon écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, au sujet de la formation du Corps d’Observation de Réserve pour l’Espagne : "Monsieur le Duc de Feltre, le corps d’observation de réserve sera composé de la manière suivante :
1re Division ...
60e de ligne : quatre bataillons. Les deux bataillons qui sont à Toulon se rendront à Pampelune. Le 3e bataillon, qui est dans la 7e division militaire, en partira, lorsqu’il aura ses conscrits, avec le 3e bataillon du 81e, sur le rapport qui en sera fait. Le 4e bataillon rejoindra aussitôt que faire se pourra.
Le total de la première division sera ainsi de seize bataillons.
Cette division se réunira à Pampelune. Le général Reille la commandera ; les généraux de brigade Pannetier et Bourke y seront employés. Un adjudant commandant, des adjoints, un officier du génie, un d'artillerie, les administrations, seront pris dans la Navarre. Chaque régiment aura ses deux pièces de canon ; ce qui fera huit pièces pour la division ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17784 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27246).
Le 12 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que le 3e bataillon du 60e qui est à Genève soit complété par tout ce qu'il y a de disponible au dépôt et porté au complet de 850 hommes. Ce bataillon se mettra en marche aussitôt que possible et au plus tard du 20 au 25 juin pour se rendre à Nîmes. Vous donnerez le même ordre au 4e bataillon du 81e. Ces deux bataillons marcheront ensemble. Le général commandant à Genève en passera la revue, afin de vous faire connaître leur situation et les officiers et sous-officiers manquants ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5587 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27279).
Le même 12 juin 1811, Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre lettre du 11 ; j'y remarque une inexactitude.
Le 5e Léger a sa compagnie d’Artillerie. Je pense que le 60e l'a également, puisqu'il faisait partie de l'armée d'Allemagne, et qu'il se trouvait à la bataille de Wagram.
Je vois que vous faites fournir les pièces de régiment des 10e, 20e et 60e par la France. Ces 3 régiments et le 81e se rendent à Pampelune. Il y a là beaucoup d'artillerie et de pièces de 4 espagnoles. Il serait préférable de prendre ce matériel dans cette place ...
Ainsi donc, je désire qu'il ne soit point donné d’artillerie de France à aucun de ces régiments et que cette artillerie soit prise à Pampelune et à Burgos ...; que les compagnies des 10e, 20e et 60e se réunissent à Nîmes, qu'elles attendent là leurs chevaux et caissons, et lorsqu'elles seront complétées, rejoignent leur division ...
Donnez des ordres en conséquence. Les régiments peuvent aller en avant, sans attendre leur compagnie d'artillerie. Mon intention étant de faire séjourner une quinzaine de jours ces régiments dans la Biscaye et dans la Navarre, leurs compagnies d'artillerie auront le temps de les rejoindre.
Donnez ordre que l'on mette en réserve à Burgos et à Pampelune le nombre de pièces de 4 nécessaire ; cela ménagera le matériel de France. J'ai déjà d'ailleurs trop d'artillerie en Espagne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5589 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27280).
Le 12 juin 1811 encore, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, les 81e, 60e, 20e et 10e de ligne qui font partie du corps d'observation de réserve, ayant quatre bataillons, doivent avoir une compagnie d'artillerie et deux pièces de canon, 3 caissons, un caisson d'infanterie par bataillon et un caisson de transports militaires. J'ai donné l'ordre que les compagnies d'artillerie des 60e, 20e et 10e de ligne séjournassent à Nîmes pour réunir leurs chevaux, harnais et caissons et se mettre en état de se porter sur Pampelune qui est la destination de ces régiments ...
C'est vous qui devez faire fournir aux compagnies d'artillerie régimentaires les harnais, caissons et chevaux. Faites-moi un rapport sur cela. Je désire que les compagnies d'artillerie ne séjournent qu'une quinzaine de jours au plus dans la ville où elles se formeront, après le passage des régiments" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5595 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27286).
Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation. Je réponds d'abord à ce qui concerne le corps d'observation de la réserve.
CORPS D'OBSERVATION DE LA RÉSERVE.
1re Division. — Donnez ordre qu'au 1er juillet le 4e bataillon du 81e, complété à 700 hommes bien armés et bien équipés, soit dirigé sur Lyon, où il s'embarquera sur le Rhône, débarquera à Pont-Saint-Esprit et de là se rendra à Pau.
Le bataillon du 60e qui est à Genève partira également pour Lyon et suivra la même route.
Si le général qui commande la division ne trouvait pas que ces bataillons fussent encore en état de partir, il pourra suspendre leur départ jusqu'au 10 juillet.
Moyennant ces dispositions, la première division de réserve sera complétée ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).
Le même 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre Monsieur le comte de Cessac, le ministre de la Guerre a dû vous envoyer l'organisation d'un corps de réserve en trois divisions, indépendamment d'une division italienne. La 1re division se compose du 60e, du 81e, du 10e et du 20e de ligne. Elle doit avoir 16 bataillons, ses compagnies d'artillerie et ses caissons tant pour l'artillerie que pour les transports militaires. J'ai ordonné que les compagnies d'artillerie s'arrêtassent à Nîmes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5630 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27347).
Le 20 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne, à Paris "Mon Cousin, je trouve votre lettre au général Reille entortillée et mal rédigée. Mandez à ce général qu'au 20 juillet les trois compagnies du 5e bataillon du 25e de ligne et les trois compagnies du 5e bataillon du 46e seront incorporées, les unes dans le 81e et les autres dans le 60e, et que les cadres, officiers et sous-officiers, rentreront à leurs dépôts en France ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17830 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27358).
Le 1er juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre au commandant de la 7e division militaire de faire partir le 3e bataillon du 81e et le 4e bataillon du 60e, en les faisant embarquer sur le Rhône pour Nîmes, aussitôt que les conscrits seront habillés, équipés, et en état de marcher ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5710 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27505).
Le même 1er juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, au lieu de donner des fonds aux 60e et 81e régiments pour monter leur compagnie d'artillerie, je pense que vous devez faire fournir des caissons du dépôt de Pau. Vous pouvez donc retenir les fonds que vous destiniez à cet objet et faire connaître aux commandants de ces régiments à Nîmes qu'ils trouveront leurs caissons de transports militaires et leurs caissons d'ambulance préparés à Pau ... cela épargnerait beaucoup d'argent et l’on emploierait les caissons de Pau que désormais je veux remplacer par des charrettes" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4645; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5716 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27507).
Le 17 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les compagnies d'artillerie des 3e et 105e régiments qui sont à Rennes, en partent pour se rendre à Bayonne ...
Donnez ordre que les compagnies du 1er et du 60e partent du 1er au 10 août" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5793 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27678).
Le 20 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Je vous renvoie votre rapport sur l'affaire du 60e. Autorisez le major qui commande le régiment à faire grâce aux chefs de l'émeute, en leur déclarant que, à la récidive, je ferai décimer le régiment. Suspendez le colonel de ses fonctions, et traduisez-le à un comité d'enquête. Ce colonel aurait dû vous écrire et faire tout ce qui était convenable pour ne pas exposer son drapeau à un pareil affront" (L. Lecestre : « Lettres inédites de Napoléon 1er », Paris, 1897, t. 2, lettre 836 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27725 - Note : Le Colonel Castellan sera blanchi, mais ne commandera plus le 60e).
Le 27 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, le 4e bataillon du 81e et le 3e bataillon du 60e arrivent le 7 août à Pau. Donnez ordre que ces deux bataillons y séjournent le 8, le 9 et le 10. On en passera la revue et le rapport en détail vous en sera envoyé. Le 11, ces deux bataillons, après avoir reçu 40 cartouches par homme, partiront pour Pampelune où ils rejoindront leurs régiments. Vous ordonnerez qu'à leur arrivée le tiercement ait lieu, afin que les régiments soient composés également d'anciens et de nouveaux soldats ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5844 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27815).
Le 28 juillet 1811, l'Empereur écrit encore, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Donnez des ordres pour que les hommes appartenant aux 10e et 20e de ligne, 81e, 60e, 62e, 101e et 2e de ligne et 23e léger sortant des hôpitaux ou des dépôts qui viendront rejoindre leurs régiments soient formés en un petit bataillon d'environ 500 hommes, en ayant soin de leur donner 40 cartouches par homme, et ainsi organisés, dirigés sur Pampelune" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5856 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27841).
Le 11 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Mathieu Dumas, Directeur des Revues et de la Conscription : "Monsieur le comte Dumas ... Faites-moi connaître combien il y a eu de déserteurs aux 10e, 20e, 1er de ligne, 81e, 60e, 101e et 62e pendant leur marche" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5968 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28117).
Vers la fin de 1811, les trois premiers Bataillons rejoignent le 4e en Catalogne.
A Paris, le 16 janvier 1812, on adresse à l'Empereur un "Rapport de la Commission d'enquête (Dumas, Bourcier, Andréossy) chargée d'examiner la conduite du colonel Castellan, du 60e régiment d'infanterie, accusé de malversations. Le rapport conclut à rendre au colonel son activité dans son grade, sans le rappeler au 60e régiment, et à le nommer adjudant commandant" ; "Approuvé", répond Napoléon (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 5721 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6644).
Le 26 janvier 1812, l'Empereur, à Paris, dicte des notes sur les divisions de troupes de ligne, adressées au Maréchal Berthier, Major général : "... L'armée de Catalogne se compose des 8e léger, 18e léger, 5e de ligne, 11e de ligne, 81e id., 60e id., 79e id., 23e id., 3e léger, 67e de ligne, 102e de ligne.
Tous ces corps sont à trois ou à deux bataillons. Je crois qu'il n'y en a plus à quatre bataillons, puisque le 3e léger, les 67e et 16e de ligne ont envoyé leurs 4es bataillons à leurs dépôts.
C'est ce qu'il est instant de vérifier, et l'on ne manquera pas de comprendre dans le compte à me rendre les six bataillons qui formaient à Toulon des demi-brigades provisoires, lesquels sont entrés en Catalogne.
Je pense qu'il sera facile de se procurer et de réunir à Perpignan quatre ou six cadres, et de diriger sur eux les conscrits des Landes et des Basses-Pyrénées et autres départements voisins ; et, dans le même temps, les cadres certainement existants au 1er mars parmi les huit bataillons portés au projet recevraient les conscrits de Perpignan et autres, de sorte que, supposant huit bataillons, on en mettra quatre à Perpignan et quatre dans les Basses-Pyrénées.
Ceux qui seraient à leurs propres dépôts s'habilleraient, s'équiperaient par les moyens qui leur appartiennent.
Mais les quatre ou six bataillons réunis à Perpignan ayant leur dépôt en Italie ou ailleurs, l'administration de la guerre sera chargée de les faire habiller et équiper à Perpignan.
Ces neuf bataillons, portés sur l'état comme étant aux Pyrénées, doivent être placés en trois lignes, savoir :
1° Ceux dont les 3es bataillons ont reçu l'ordre de rentrer. Il faut rechercher quand ils ont dû partir, d'après les ordres qu'ils ont reçus, soit du major général, soit du ministre de la guerre, pour bien calculer si l'on peut y compter ;
2° Ceux qui ont quatre compagnies de leur 5e bataillon à leur dépôt ceux-là ont des ressources en officiers et sous-officiers ;
3° Enfin, ceux qui n'ont que deux compagnies à leur dépôt et sont sans ressources.
Ainsi, voulant avoir neuf à dix bataillons pour les Pyrénées, je ne pense pas qu'on puisse en avoir plus de quatre.
Ces quatre bataillons pourront, en l'absence des cadres des 3es bataillons, s'ils tardent à rentrer, être formés par les compagnies des 5es.
Quant aux quatre ou cinq autres, on peut y pourvoir en faisant venir quatre ou cinq cadres de Catalogne, c'est-à-dire de Girone à Perpignan ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6693 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29851).
Pendant l’année 1812, le 60e prend part au blocus de Figuières ; à la prise de Tarragone.
Au siège de Valence, il se distingue avec le 20e, son camarade de Brigade.
Au passage du Douero, le Lieutenant Rose franchit à la nage la rivière très large et très profonde en face de Tordesillas et, suivi de quelques hommes, aborde la rive opposée et met en fuite l’ennemi.
Le 60e prend part aux combats de Tordesillas et de Garrigna.
Le 2 novembre 1812, le Capitaine Bombardier à la tête de 4 Compagnies de Grenadiers, escalade une hauteur presque inaccessible d'où l'ennemi commande l’entrée d’un défilé qu'une des colonnes doit franchir.
- 1813, sur deux fronts
En 1813, les trois premiers Bataillons restent à l’Armée de Catalogne, tandis que le 4e Bataillon est dirigé sur l’Allemagne.
- 1813 en Allemagne
- Création de la 26e Demi-brigade provisoire
Le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
TOULON.
Il sera formé, pour la défense de Toulon, trois demi-brigades provisoires, sous les numéros 25, 26 et 27 ; elles seront composées ainsi qu'il suit : ... 26e demi-brigade, les bataillons des 5e, 11e et 60e de ligne ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).
Le 28 juillet 1813, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "... Le 18e léger et le 60e ne fourniront plus de bataillons, l'un à la 19e demi-brigade et l'autre à la 26e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35638).
Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
... 45e division
6e léger, 3e bataillon.
26e demi-brigade provisoire : 5e de ligne, 3e bataillon; 11e de ligne, 3e bataillon.
Commandé par un major : 8e de ligne, 3e bataillon; 28e de ligne, 4e bataillon.
Commandé par un major : 32e de ligne, 4e bataillon ; 58e de ligne, 4e bataillon.
27e demi-brigade : 81e de ligne, 6e bataillon; 79e de 1igne, 3e bataillon.
18e demi-brigade : 34e de ligne, 3e bataillon; 69e de ligne, 3e bataillon.
60e de ligne, 4e bataillon.
12 bataillons ...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).
Le 4e Bataillon fait la campagne de Saxe. Il s’y distingue à la défense de Dresde et partage, à la reddition de cette place, le sort de la garnison décimée par la disette et le typhus. Les Officiers sont conduits en captivité en Hongrie et les soldats en Bohême.
Le 28 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ...Il sera formé un nouveau corps d'armée qui prendra le n° 7, et qui sera composé de trente-six bataillons ou de trois divisions, formées ainsi qu'il suit : 1re division : 12e léger, 3e et 4e bataillons ; 8e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 24e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 27e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 28e de ligne, 2e et 4e bataillons ; 34e de ligne, 3e et bataillons ; total, 12 bataillons ; 2e division : 27e léger, 2e, 3e et 4e bataillons ; 45e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 58e de ligne, 2e, 3e et 4e bataillons ; 64e de ligne, 3e et 4e bataillons ; 81e de ligne, 6e bataillon ; 60e de ligne, 4e bataillon ; total, 12 bataillons ; 3e division : 75e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 76e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 79e de ligne, 3e et 4e bataillons ; 88e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 94e de ligne, 3e bataillon ; 100e de ligne, 2e, 3e et 4e bataillons ; total, 12 bataillons. En tout pour le 7e corps, 36 bataillons.
Les administrations, l'artillerie et le génie qui étaient attachés au 14e corps le seront au 7e corps.
Les dépôts enverront à leurs bataillons respectifs les détachements nécessaires pour les porter au complet ; et ceux des bataillons dénommés ci-dessus, qui se trouvent dans les dépôts, se rendront sans délai à Strasbourg, où ce corps se formera ...
Le 7e corps, formé comme il a été dit ci-dessus, sera de trente-six bataillons ...
RÉCAPITULATION.— ... 7e corps, trente-six ...
Tous ces bataillons doivent se trouver complétés moyennant l'appel de la moitié des 300,000 hommes, ou si cela ne suffisait pas, moyennant un supplément sur la conscription de 1815.
II faudra me renvoyer cet état quand vous l'aurez corrigé, et comme la répartition des 160,000 hommes est déjà faite, la répartition des 140,000 hommes, que j’appelle sur la levée des 300,000 pour l'armée du Rhin, doit servir à compléter tous ses bataillons. Il n'y a, d'ailleurs, que l'état en cent colonnes qui puisse bien déterminer cela. Les cadres qui ne pourraient pas être remplis le seront sur la conscription de 1815.
NAPOLÉON.
P. S. On égalisera par la suite tous les corps, chacun à trois divisions de quatorze bataillons, ou quarante-deux bataillons par corps, ce qui, multiplié par huit, fait trois cent trente-six bataillons ou vingt-quatre divisions ; mais c'est une opération de détail qui se fera plus tard" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20943 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37291).
Le 14 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les 2 500 hommes du Piémont que j'ai destinés, à Orléans, au 113e régiment, partent de Grenoble, de Toulon, de Genève, de Marseille et de Chambéry, savoir :
Par ce moyen, le 113e aura de quoi compléter ses trois bataillons.
... Le 60e de ligne enverra les 150 hommes du Pô ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37548).
Le 15 décembre 1813, à Paris, l'Empereur décrète : "... 7e corps. Il sera formé un 6e bataillon aux 12e et 27e régiments d'infanterie légère, aux 8e, 24e, 27e, 28e, 34e, 45e, 58e, 60e, 64e, 81e, 75e, 76e, 79e, 88e, 94e et 100e de ligne ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1242).
Le 16 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les 88e, 75e, 79e, 45e, 60e, 81e et le 27e léger ont dirigé en tout 1800 hommes sur Strasbourg, lesquels arriveront depuis le 21 jusqu'au 30 décembre. Cette opération avait été faite dans l'espérance de l'arrivée du 14e corps, et pour en compléter les bataillons. Depuis, le 14e corps n'arrivant point, j'ai ordonné, il est vrai, la formation de 5es bataillons dans ces régiments ; mais ces 5es bataillons doivent se former au dépôt.
Mon intention est donc que le détachement du 27e léger, dirigé sur Strasbourg, soit incorporé dans le 1er bataillon du 11e léger ; que celui du 60e soit incorporé dans le 4e de ligne ...
Successivement, les autres détachements qui étaient destinés pour le 14e corps seront incorporés dans les 12 premiers bataillons du 2e corps qui, par ce moyen, se trouveront sur-le-champ au complet de 8 à 900 hommes.
Faites-moi connaître les autres détachements que les régiments qui étaient destinés pour le 14e corps ont dirigés sur Strasbourg, et proposez-moi leur incorporation dans ces 12 bataillons.
Tout cela sera d'autant plus à propos que les régiments du 2e corps n'ont pas reçu autant de conscrits qu'il faudrait pour avoir leurs troisièmes bataillons bien complets à l'armée, indépendamment de leurs 5es.
Donnez ordre que les cadres retournent sans délai à leurs dépôts" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37571).
Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ...
La division de réserve de Genève sera composée du : 18e léger, 1 bataillon ; 8e léger, 2 bataillons ; 5e de ligne, 1 bataillon ; 60e de ligne, 2 bataillons ; 79e de ligne, 2 bataillons ; 81e de ligne, 2 bataillons ; 11e de ligne, 1 bataillon ; 23e de ligne, 1 bataillon
Total 12 bataillons ...
Je me dépêche de vous envoyer ces décisions parce que l'expédition des ordres qu'elles exigent est urgente.
ANNEXE
... ÉTAT B
Formation de la brigade de réserve de Genève
2 bataillons du 8e léger ; 1 bataillon du 18e léger ; 1 bataillon du 32e léger ; 1 bataillon du 5e de ligne ; 1 bataillon du 11e de ligne ; 1 bataillon du 23e de ligne ; 2 bataillons du 60e de ligne ; 2 bataillons du 79e de ligne ; 2 bataillons du 81e de ligne ; 1 bataillon du 16e de ligne ; 1 bataillon du 145e de ligne
15 bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).
Le 21 décembre 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris : "ORDRES.
... La brigade dite de réserve, qui se réunit à Genève, sera composée ainsi qu'il suit, savoir : 8e léger, deux bataillons ; 18e, un ; 32e, un ; 5e de ligne, un ; 11e, un ; 23e, un ; 60e, deux ; 79e, deux ; 81e, deux ; 16e, un ; 145e, un ; total, quinze bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).
- 1813 en Espagne
- 1814
En 1814, les trois Bataillons restés en Espagne rentrent en France et prennent part aux opérations du Maréchal Soult sur la Garonne contre les forces coalisées des Anglais, des Espagnols et des Portugais sous les ordres de Wellington.
Armée de Lyon
Le 5 janvier 1814, l'Empereur depuis Paris, ordonne : "Le maréchal duc de Castiglione est nommé commandant en chef de l'armée de Lyon. Il aura le commandement de la ville, de la garde nationale de la ville ainsi que des 19e et 7e divisions militaires.
L'armée de Lyon sera composée : 1° d'une division de troupes de ligne, formée des bataillons ci-après :
... 4e bataillon du 5e infanterie de ligne ...
7e bataillon du 60e id ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6360).
Le 20 janvier, le Général Marchand prend le commandement des troupes qu'il trouve en position, partie à Chapareillan, sur la rive droite de l'Isère, partie à Pont-Charra, en arrière de Montmeillan, sur la rive gauche. Le fort Barraux est armé, en bon état, et sa garnison comprend 1 Officier, 1 Sous-officier, 2 Caporaux, 1 Tambour et 55 soldats, de chacun des 5e, 11e, 23e, 60e, 79e, 81e de ligne, 8e et 18e Léger, ainsi qu'un Bataillon du 60e.
Après la déchéance de l’Empereur, les Régiments d’infanterie sont réduits à 80 et le 60e devient le 56e jusqu’au retour de l’île d’Elbe.
- 1815
En 1815, le Régiment reprend son numéro pendant les cent-jours.