Le 24e Régiment d'Infanterie de Ligne
1789-1815
Avertissement et remerciements : Ce travail a d'abord pour base l'Historique du 24e Régiment d'infanterie par le Commandant Amiot, paru aux éditions Baudoin à Paris, en 1893; et l'Historique du 24e Régiment d'infanterie, Ephéméride et Anecdotes, du même auteur, paru chez le même éditeur en 1894. Par ailleurs, nous avons eu la chance de découvrir le Régistre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, qui couvre la période de l'an 5 à l'an 8, conservé aux Archives départementales de la Viennes, qui ont bien accepté de le numériser pour nous (ce dont nous les remercions vivement !), ce qui nous a permis d'intégrer la Correspondance de ce Chef de bataillon, mentionné à de multiples reprises dans la Correspondance du Général Grenier. Cet Historique, nous le complèterons par ailleurs à l'aide des informations tirées de nos propres recherches et lectures.
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/ Origine et filiation du 24e
- Régiment Royal (1656-1775)
Le 20 janvier 1656, un gentilhomme, le Duc d'Arpajon, reçoit une commission du Roi, par laquelle il crée un Régiment dont il est le Colonel et qui prend le nom de Royal. Le nouveau Régiment, recruté dans les provinces du Languedoc, de Guyenne et de Provence, est organisé rapidement et passé en revue, au camp de La Fère, le 12 juillet de la même année, par le Roi Louis XIV.
Royal est un Corps privilégié comme le Régiment du Roi et, comme ce dernier, ne marche pas à son rang d'ancienneté. Avant de quitter la Fère, Louis XIV fait la distribution des drapeaux ; Royal en reçoit trois comme les autres Corps ; le drapeau colonel, blanc avec une croix fleurdelisée ct les deux drapeaux d'ordonnance, écnrtelé en croix violet et feuille morte; les croix sont semées de fleurs de lis d'or.
Le Régiment ne tarde pas à s'illustrer sur les champs de bataille. En effet, le jeune Régiment, à peine constitué, entre en campagne. Au mois de mai 1657, il rejoint l'Armée de Flandre que commande le Vicomte de Turenne et assiste à la prise des villes de Montmédy, Saint-Venant, Gravelines.
- Siège de Montmédy (1657).
Le Régiment est aussitôt détaché de l'armée pour faire le siège de Montmédy sous les ordres du Comte de Grandpré. Turenne couvre cette opération avec le reste de l'arméo. L'investissement a lieu le 12 juin et, dès le 14, la ville basse est emportée : Royal met en fuite 400 chevaux espagnols qui veulent se jeter dans la place et, le 22, il ouvre la tranchée. La ville se rend le 6 août.
- Prise de Saint-Venant, Wate et Mardyck (1657).
Le lendemain de la capitulation, le Régiment rallie l'armée de Turenne. Il assiste aux sièges de Saint-Venant, de Wate et de Mardyck, et, avant de prendre ses quartiers d'hiver, est chargé de relever les fortifications de Bourbourg dont vient de s'emparer le Régiment de Piémont.
L'année suivante (1658) le trouve en Lorraine où il ne fait que passer; il est bientôt dirigé sur l'armée de Flandre et prend part à l'investissement de Gravelines sous les ordres du Maréchal de la Ferté.
- Prise de Gravelines (1658).
200 hommes du Régiment se logent, pendant la nuit du 20 au 21 août, dans le chemin couvert de la place, malgré le feu le plus vif et déconcertent l'ennemi par cet acte d'audace.
La ville capitule le 30 août, entrainant, par sa chute, la reddition de beaucoup d'autres places.
Cette série d'échecs qui achèvent le désastre de la bataille des Dune , où Turenne a vaincu le héros de Rocroy, détermine Philippe IV à accepter les ouvertures de paix que lui fait Louis XIV.
Le glorieux traité des Pyrénées est signé le 7 novembre 1659 et met fin à cette guerre de près de 25 ans.
Le 13 février 1660, un Edit réunit, en un seul, le Régiment de l'Altesse, qui a été levé par Gaston, Duc d'Orléans, le 20 décembre 1644, et le Régiment Royal du Duc d'Arpajon. L'Altesse doit former le 1er Bataillon du nouveau Corps et Royal le second. Le Régiment ainsi composé a deux Colonels, et par conséquent, deux Compagnies colonelles jusqu'à la mort du Duc d'Arpajon. A cette époque, le Marquis de Pierrefitte, son collègue et ancien Colonel de l'Altesse, prend le commandement de Royal.
Royal entre temps va tenir garnison à Menin pendant les négociations et remit, le 13 février 1660, la ville aux Espagnols auxquels le traité des Pyrénées la restitue. A ce moment il rentre en France et opère, ainsi que nous l'avons vu, sa fusion avec le Régiment de l'Altesse; le nombre de ses Compagnies fut porté à 40 comme dans les Vieux Corps. Il prend momentanément le nom de Régiment du Roi.
En 1663, le Régiment reprend son nom de Royal.
Après l'évacuation de Menin et sa fusion avec l'Altesse, le Régiment rentre en Lorraine où il tient garnison jusqu'à l'exécution complète du traité des Pyrénées par Charles VI, à qui son Duché doit être rendu.
La période de paix qui succède à la longue guerre de Trente ans n'est pas perdue par Louis XIV qui vient de prendre les rênes du gouvernement après la mort de Mazarin, en 1661. Le grand Roi profite de l'état de guerre général dans lequel se trouve le reste de l'Europe pour réorganiser ses troupes, les tenir en haleine par l'exéeution de grands travaux militaires et les faire concourir à d'aventureuses expéditions.
-Expédition de Djidjelli (1664).
Pendant la période de calme qui suit le traité des Pyrénées, Royal est désigner pour prendre part à une déscente sur les côtes d'Afrique; il est dirigé sur Toulon et fait partie de l'armée du Duc de Beaufort avec les Régiments de Picardie, Navarre, Normandie et Royal Vaisseau (juin 1664). On met à la voile le 2 juillet 1664 et après une relâche à Port-Mahon, on débarque le 23 près de Djidjelli.
Royal reçoit pour mission d'occuper le fort du Marabout et de le défendre en cas de besoin jusqu'à la dernière extrémité, pour assurer la retraite et le rembarquement de l'armée.
Le début de l'expédition est heureux, mais bientôt les maladies font des ravages parmi les troupes et il faut rentrer en France. L'embarquement se fait sans difficulté et sous la protection des feux du fort. Royal quitta le dernier la terre d'Afrique (5 octobre 1664).
Rentré en France, il reste dans les environs de Toulon jusqu'en mars 1666 où il est appelé au camp de Compiègne.
- Guerre de dévolution (1667-1668).
Avec le caractère altier et belliqueux de Louis XIV, la paix ne peut durer longtemps. L'occasion de reprendre les hostilités se présente bientôt, à la mort de Philippe IV (1665) dont une partie de l'héritage est convoitée par le Roi de France.
Avant de s'engager dans cette nouvelle guerre, le Roi cherche à s'assurer l'alliance ou la neutralité de l'Empire; il y réussit et il est convenu qu'à la mort du nouveau Roi d'Espagne, Charles II, l'Empereur Léopold s'emparera de l'Espagne et Louis XIV de la Flandre.
Des troupes sont immédiatement rassemblées dans les environs de Compiègne et partagées en quatre Brigades. Royal est de la 4e Brigade avec Auvergne.
La guerre éclate en 1667 et l'armée française commandée par le Roi en personne, ayant Turenne, sous ses ordres, n'a qu'à se présenter pour voir tomber toutes les places fortes ennemies : Charleroi, Tournai, Douai, Lille et quantité d'autres villes fortifiées se défendent mollement et ouvrent leurs portes aux Français. Royal, qui a fait tous ces sièges, prend ses quartiers d'hiver en Flandre jusqu'à la paix d'Aix-la-Chapelle (2 mai 1668) et y reste pendant que Louis XIV fait la conquête de la Franche-Comté.
- Conquête de la Hollande (1672).
Cette paix n'est qu'une trève. L'ambition de Louis XIV, ses armements, considérables pour l'époque, et surtout ses succès, inquiétent les puissances voisines. A l'instigation de l'Empereur Léopold, une coalition se forme contre la France.
Louis XIV réussit à isoler momentanément la Hollande, et l'envahit avec une armée de 112,000 hommes, commandée par Condé, Turenne, Luxembourg, Créqui et Vauban.
Cette campagne, qui débute par le fameux passage du Rhin à Tolhuis (16 juin 1672), n'est guère qu'une promenade militaire; les places ne font qu'un simulacre de résistance et l'on voit bientôt des provinces entières faire leur soumission à la première sommation.
Royal contribue à la prise d'Orsoi et de Doësburg : quelques-unes de ses Compagnies sont mises en garnison à Doësburg, Zutphen et Wesel et le reste du Régiment passe sous les ordres de Turenne en Westphalie.
L'année suivante, en 1673, le Régiment prend une part des plus glorieuses au siège de Maëstricht, dirigé par le Roi en personne; il ouvre la tranchée dans la nuit du 17 au 18 juin, et est assez heureux pour avancer les travaux de telle sorte, qu'à la grande surprise de l'ennemi notre artillerie entre en action dès le point du jour; à ce même moment un piquet du Régiment reçoit l'ordre de s'emparer d'une maison située près de la contrescarpe et dont le feu gêne nos travailleurs; il y marche à découvert sans se soucier du tir de l'ennemi et tue une partie des défenseurs et fait le reste prisonnier. Cette glorieuse action ne coûte que quelques hommes, mais le brave Capitaine Sancourt y est tué, le Capitaine Saint-Maurice blessé à mort et un Lieutenant blessé.
La ville capitule le 1er juillet.
Le Roi, après avoir remis en état les fortifications de Maëstricht, dirige son armée sur la Lorraine, qu'il s'agit de mettre en état de défense. Royal est occupé pendant trois semaines à relever les fortifications de Nancy.
Sur ces entrefaites, la coalition s'est étendue; l'Empire et l'Espagne y sot entrés et toutes nos frontières sont attaquées.
- Conquête définitve de la Franche-Comté (1674).
Louis XIV fait face partout : aux Impériaux, il oppose Turenne; au Prince d'Orange, le Grand Condé; aux Espagnols, une troisième armée et une flotte considérable. Enfin, lui-même marche sur la Franche-Comté qu'il a dû rendre après le traité d'Aix-la-Chapelle et qu'il va conquérir définitivement.
Royal fait partie de la 4e Brigade de l'Armée de Franche-Comté. Pendant l'investissement de Besançon, il est détaché avec Picardie, sous les ordres du Maréchal de Luxembourg, pour arrêter à Pontarlier, la marche des Espagnols qui accourent au secours de la ville assiégée.
L'ennemi est refoulé, et perd Ornans, Pontarlier, Sée, et Châteauvieux. Royal, qui a contribué puissamment à ces succès, revient devant Besançon le 16 mai. Dès le lendemain, un de ses Bataillons prend la garde de tranchée devant la citadelle.
Besançon se rend le 18 mai.
Dix jours après, le Régiment relève les Gardes françaises au siège de Dôle et emporte de haute lutte le chemin couvert. L'ennemi fait dans la matinée une sortie furieuse, qui est repoussée par le premier Bataillon de Royal, sous les yeux de Louis XIV. Quelques Officiers sont tués à cette affaire ; un plus grand nombre est blessé; le Capitaine Lamotte y trouve la mort.
La capitulation de Dôle, qui survient deux jours après, est attribuée au courage de Royal.
Le Régiment assiste encore au siège de Salins, qui se rend le 22 juin, et va rejoindre en Alsace l'armée de Turenne.
- 1675
Royal assiste aux batailles d'Ensheim, de Mulhausen et à d'autres combats (octobre et novembre), puis il passe à l'armée de Créqui, à Charleville (1675).
Royal continue à se distinguer entre tous au siège de Dinant, où il subit des pertes sérieuses; à la prise du château d'Huy, dont il amène la chute en quelques jours, et surtout au siège de Limbourg, où il est admirable. Chargé le 17 juin de l'attaque d'une demi-lune, il s'en empare avec la plus grande valeur, et s'y maintient contre les retours offensifs de l'ennemi. Les Capitaines Grenville et de Lomont, des Grenadiers, sont blessés à cette affaire.
Le lendemain, la mine ayant fait brèche au bastion, Royal est chargé de s'y loger. La lutte est acharnée, deux assauts sont repoussés. Sans se laisser décourager par ces insuccès, le Régiment se précipite de nouveau sur la brèche, tandis que le Capitaine d'Aboville tourne le bastion par une coupure qu'il a reconnue. Ce troisième assaut est repoussé, mais d'Aboville a réussi : tombant avec ses 25 hommes sur un détachement ennemi de 50 hommes il lui fait mettre bas les armes et fait prisonnier le commandant et le Major de la place. Pendant ce temps, un quatrième assaut est donné, qui détermine l'ennemi à cesser la résistance et à remettre Limhourg aux Français.
Le Gouverneur de la place veut se rendre sous les drapeaux de Royal.
- 1676.
Au mois de juillet 1675, le Régiment est à l'armée du Roi, à Saint-Trond, dont il démolit les fortifications ; il ouvre la campagne de 1676 par la prise de Condé, de Bouchain et d'Aire, où il enlève le fort Saint-François, et fait ensuite partie du Corps du Maréchal de Schomberg, qui force le Prince d'Orange à lever le siège de Maëstricht.
- 1677.
En 1677 le Régiment, après avoir pris une brillante part aux sièges de Valenciennes et de Cambrai, est envoyé au secours de l'armée de Monsieur, qui assiège Saint-Omer et qui se trouve menacé par le Prince d'Orange. Royal arrive fort à propos au moment où s'engage la bataille du mont Cassel (11 avril). Il y tient la gauche de la première ligne.
- Bataille du Mont-Cassel (11 avril 1677).
Les débuts de la bataille sont mauvais pour nous; les Hollandais réussissent à s'emparer de l'abbaye de Piennes, position des plus importantes qui couvre notre gauche et les travaux du siège. Luxembourg lance la Brigade de Royal et une Brigade suisse sur l'abbaye; le Régiment est en tête, il marche résolument en avant, et après une lutte longue et acharnée, pied à pied emporte la position. La droite ennemie est ensuite chargée et sa déroute commence.
Cette brillante victoire est chèrement achetée par le Régiment, qui y perd plusieurs Officiers. Parmi les blessés se trouvent M. de Villechauve, son Lieutenant-colonel; les Capitaines de Villesablon et de Bizieux, et les Lieutenants ou Sous-lieutenants de La Barthe, de Barbanson, du Motel, d'Avalot, de Laune, de Gastinières, de Buseau, et de Salnave.
Les pertes du Régiment sont telles qu'un repos de quatre mois lui est donné après lequel il rejoint l'armée du Maréchal de Luxembourg, qui fait lever le siège de Charleroi par les Hollandais. Au siège de Saint-Ghislain, la 1re Compagnie de Grenadiers emporte une redoute, ce qui décide le Gouverneur à capituler.
Enfin, en 1678, il assiste aux sièges de Gand et d'Ypres, et ne prend qu'une faible part à la bataille de Saint-Denis.
Au mois de juin il est envoyé à l'armée d'Allemagne et se trouve à la bataille de Rhinfeld (6 juillet).
Le traité de Nimègue (10 août 1678) fait cesser les hostilités.
- Blocus de Strasbourg (1678).
Royal assiste au blocus de Strasbourg, assiégé par Louis XIV en pleine paix ; tient successivement garnison à Fribourg et à Strasbourg jusqu'en 1683, et fait partie du camp de Molsheim.
- 1684.
Il vient ensuite tenir gnrnison à Verdun, où il reste jusqu'en 1684.
- Prise de Luxembourg (1684).
La paix de Nimègue n'est pas sincère et ne provient que de l'épuisement des coalisés. Au mépris des clauses du traité, Louis XIV s'empare de places nombreuses et de toute l'Alsace. La ville de Luxembourg est investie et emportée le 4 juin. Royal se distingue à l'assaut du i7 mai, puis travaille en 1687 et 1688 aux fortifications de Mont-Royal, près de Coblentz.
Pendant cette trêve de huit années, Louis XIV fait bombarder Alger (1682) et Génes (1684} par Duquesne. Tripoli a le même sort, et nos flottes exigeent le salut de celles d'Espagne; enfin Avignon est pris au Pape et le Roi menace l'Empereur de marcher sur Vienne.
A l'intérieur une grande faute est commise en même temps : la révocation de l'Édit de Nantes nous aliène les puissances protestantes.
Ces entreprises et ces conquêtes portent à son comble l'irritation des ennemis de la France ; une sourde colère gronde autour d'elle, et une nouvelle coalition se forme en 1686, sous le nom de Ligue d'Augsbourg.
Louis XIV commence la guerre en 16888.
- Siège de Coblentz (1688).
Le 1er Bataillon de Royal Infanterie quitte Mont-Royal pour faire partie d'un Corps formé par le Marquis de Boufflers pour le siège de Coblentz; le 2e Bataillon va rejoindre l'armée du Dauphin et se trouve aux sièges de Philippsbourg ct de Manheim.
- Guerre de la ligue d'Augbourg (1688-1697).
Ces deux Bataillons prennent leurs quartiers d'hiver à Trèves dont les fortifications sont démolies; ils en sortent en 1689 : le 1er Bataillon pour aller occupet Mont-Royal menacé d'un siège; le 2e pour servir à l'armée d'Allemagne, sous les ordres du Maréchal de Lorges. Cette armée se tient sur la défensive.
Une fois de plus le 1er Bataillon porte très haut le renom du Régiment : Créqui projette d'enlever le château de Cocheim dont l'occupation par l'ennemi le gêne beaucoup; Royal est de l'expédition et se porte si vivement à l'attaque qu'il entre d'emblée dans la ville; les pertes sont grandes ce jour-là : le Capitaine Chauvet est tué; les Capitaines de Caissac, de Gueiras et de Fiennes, les Enseignes Dupré et Chourilles sont blessés.
- 1690
L'année suivante, l'armée du Dauphin où se trouve Royal couvre nos frontières d'Allemngne.
- 1691
Le Régiment passe, en 1691, à l'armée de Piémont commandée par Catinat et fait avec elle les sièges de Villefranche et de montalbano, de Saint-Ospizio, de Nice et de Carmagnole.
L'armée française ayant repassé le Pô, dans le courant du mois d'août, le Prince Eugène essaie de surprendre son arrière-garde Catinat, prévenu de ce mouvement, plaça Royal en embuscade dans un pli de terrain bien masqué aux vues de l'ennemi. Celui-ci vient y donner sans défiance et perd 500 hommes; le Régiment a une quarantaine de tués et de blessés.
Vers le mois de novembre, les Compagnies de Grenadiers de Royal prennent part à un brillant combat contre l'arrière-garde de l'ennemi en retraite ; trois Bataillons sont enfoncés et se retirent avec de grosses pertes. Le Capitaine de Gueiras reçoit à ce combat une nouvelle blessure très grave. Le Lieutenant-colonel de Vittac est cité pour sa belle conduite.
La campagne se termine par la prise de Montmélian, qui reste occupé par six Compagnies du Régiment.
L'ennemi découragé par tant de revers ne tente plus aucune action sérieuse et une partie de l'armée française peut ainsi être détachée en Flandre où vont se passer de graves événements.
- Bataille de Steinkerque (3 août 1692).
Royal, porté à trois Bataillons, arrive assez à temps pour assister à la prise de Namur et prendre une glorieuse part à la bataille de Steinkerque.
Surprise dans ses cantonnements, l'armée francaise subit un premier échec à son aile gauche au début de l'action; mais le Maréchal de Luxembourg rétablit promptement l'affaire en attaquant vigoureusement le centre ennemi engagé dans un terrain des plus difficiles.
Au même moment, Royal, qui, placé à l'extrême gauche, n'a pas encore donné, reçoit l'ordre de se porter en avant, au moment où les Anglais, fort mal reçus au centre, commencent à hésiter. Le feu du Régiment éteint bientôt celui des Hollandais, qui lui font face; ils cèdent du terrain et sont chassés successivement par Royal qui, marchant à la baïonnette, enfonce tout ce qui se trouve devant lui.
Boufflers, qui est à quelques lieues du champ de bataille, accourt au canon et change en déroute la retraite de l'ennemi, par une charge des plus vigoureuses.
Le Capitaine de Blois, trois autres Capitaines et un Lieutenant sont tués à cette bataille.
La déroute des Anglo-Hollandais est complète. A cette bataille, ceux des soldats français qui sont encore armés de piques ou de baîonnettes enfoncées dans le canon, sans virole, jettent leurs armes à terre pour ramasser les fusils abandonnés par les Hollandais, munis de baïonnettes solidement fixées au canon.
- 1693
En 1693, Le Régiment se trouve à l'armée du Maréchal de Lorge, sur le Rhin et assiste, à assiste à la prise de Heidelberg d'Awingenberg.
Quelques temps après, il est au siège de Charleroi où l'explosion d'un fourneau de mine tue quinze soldats. L'ennemi, qui veut profiter du désarroi occasionné par cet évènement, tente une sortie et se voit refouler en désordre par les Grenadiers de Royal; ceux-ci pénètrent dans le chemin couvert en même temps que les fuyards et se logent dans l'ouvrage à cornes. La ville se rend le 11 octobre.
- 1694
Une armée s'étant rassemblée à Neustadt, Royal y est appelé; il passe le Rhin le 8 juin 1694, puis vient camper à Bruchsal. Il ne se passe toutefois rien d'important pendant cette campagne.
Le 12 août 1694, la Compagnie du Capitaine de Saint-Maurice est détachée dans la nuit village de Derbach; les 100 Grenadiers de Royal aux ordres du Capitaine de Saint-Maurice, renforcés par 150 Dragons, sont chargés d'une reconnaissance, à 4 ou 5 lieues de l'armée, vers Derbach; surpris, pendant la nuit, par un orage, le détachement s'arrête et se couvre par des petits postes. Malgré cette précaution, un parti de 500 Hussards ennemis tombe, à l'improviste, sur les avant-postes, qui reculent. Saint-Maurice a le temps de faire prendre les armes à ses Grenadiers. On tient tête à l'ennemi; mais, accablés par le nombre, les nôtres doivent se replier en combattant et luttent vaillamment jusqu'au moment où ils peuvent rejoindre les Dragons. Sur 100 Grenadiers, 20 sont tués, 33 sont blessés et 11 tombent au pouvoir de l'ennemi.
Royal est aussi à presque tous les sièges qui signalent cette guerre.
- 1695
L'année suivante, en 1695, Royal revient en Italie, à l'armée de Catinat. Les campagnes de 1695 et 1696 ne sont marquées par aucun fait digne d'intérêt. Au mois de septemhre de cette dernière année, le Régiment fait le siège de Valenza lorsque la paix est signée avec le Duc de Savoie. Il quitte l'armée pour venir passer l'hiver en Dauphiné.
- 1697
La campagne de 1697 est la dernière de eette guerre. Royal fait partie de l'armée de la Meuse sous le commandement de Boufflers pour couvrir le siège d'Ath. Cette ville ouvre ees portes le 5 juin. Quelques mois après, 20 septembre, la paix est signée à Ryswick.
- Guerre de la succession d'Espagne (1702-1714).
Les guerres sont longues à cette époque ; il est vrai que dès les mauvais temps venus, les armées se dispersent dans les lieux habités et s'y reposent en attendant le retour des beaux jours. Elles prennent leurs quartiers d'hiver. La guerre d'Augsbourg a duré près de neuf ans, celle de la succession d'Espagne qui commence en 1702 ne prend fin qu'en 1714; guerre malheureuse dans laquelle Royal sait encore se faire remarquer entre tous par sa discipline et son indomptable énergie.
La guerre recommence à la mort de Charles II, Roi d'Espagne. Le Prince a, par testament, appelé à lui succêder le Duc d'Anjou, petit-fils de Louis XlV et de Philippe IV. C'est la reconstitution de la monarchie de Charles Quint en faveur de la France. Les puissances ne peuvent accepter de devenir les vassales du vaste empire des Bourbons; aussi une coalition générale est-elle immédiatement formée contre la puissance formidable de Louis XIV.
Épuisée par les guerres précédentes, la France voie ses finances dans une situation déplorable; elle est mal préparée pour une nouvelle guerre que tous prévoient comme devant être terrible, et cependant c'est Louis XIV qui commence les hostilités par l'occupation des Pays-Bas.
La guerre n'est officiellement déclarée par l'Empire que le 15 mai 1702.
Royal, qui se trouvait à l'armée des Pays-Bas, occupe successivement Gand et Namur, puis vient au camp de Ruremonde, commandé par le Comte de Coigny et prend ses quartiers d'hiver à Vanloo, où il ne fait que passer. Dès le mois de décembre il reçoit l'ordre de se rendre dans l'Electorat de Cologne à Bonn, sur le Rhin.
Au mois de juin 1702, les deux premiers Bataillons restent à l'armée du Rhin, sous le commandement du Duc de Bourgogne.
- Siège de Vanloo (1702).
Le 1er Juin 1702, au siège de Venloo, le 3e Bataillon de Royal fait partie de la garnison, forte de 4 Bataillons. 400 hommes de ce Bataillon, sous les ordres du Capitaine de Saint-Ouen, sont chargés de la garde du fort Saint-Michel, premier objectif de l'ennemi. Pendant douze jours, le fort est assiégé par une armée entière; le douzième jour, sommé de se rendre, Saint-Ouen répond que lui et ses hommes se feront tuer sur la brèche, mais qu'à aucune condition il ne rendra le fort. Il tient parole ; le treizième jour, l'ennemi donne l'assaut et enlève la citadelle de vive force. On trouve Saint-Ouen parmi les blessés; quant aux 400 héros du Régiment, ils se sont fait hacher sur place plutôt que de mettre bas les armes.
Après la prise du fort Saint-Michel, à Vanloo, la place est serrée de près par l'ennemi et canonnée avec la dernière vigueur. Le 10 septembre 1702, l'assiégeant est arrivé à portée de mousquet de l'ouvrage avancé et occupe le chemin de la porte de Cologne. Le Gouverneur, M. de la Badie, charge M. de Saint-Maurice, commandant le Bataillon de Royal, de chasser l'ennemi de ses positions, avec trois Compagnies de son Bataillon. L'ennemi, ayant vu le mouvement, de Saint-Maurice envoie deux Bataillons de renfort vers le point menacé; mais le commandant, s'en étant aperçu, double le pas, force les retranchements, bouleverse tous les travaux et peut se retirer tranquillement avant l'arrivée des renforts. Il ne perd que quelques hommes à cette affaire.
Sont blessés à ce coup de main : de Montmélian, Capitaine de Grenadiers; de La Fitte et de Montaigu, Capitaines, et de Ladrange, Aide-major.
Grâce à sa belle défense, La Badie obtient de sortir par la brèche avec les honneurs militaires. Ce qui reste du 3e Bataillon rejoint le Régiment à Bonn, où il prend ses quartiers.
Le 3 octobre 1703, le Marquis d'Alègre, qui commande à Bonn, ayant eu avis que l'ennemi a quelque cavalerie et des Dragons à Guiminick, près de Bonn, forme le projet d'enlever le poste et oonfie ce coup de main au Marquis de Calvo, Colonel de Royal, en remplacement du Marquis de Créqui, blessé à mort, le 15 août 1702, à la bataille de Luzzara, d'enlever la garnison ennemie. M. de Calvo se met en route avec un détachement du Corps, surprend l'ennemi, lui prend Guiminick et lui tue 100 dragons. 300 Dragons impériaux, un grand nombre de chevaux et des étendards sont pris. M. de Canval, Capitaine de Royal, y est tué.
- Siège de Bonn (1703).
A l'ouverture de la campagne de 1703, le 3e Bataillon est détaché à l'armée de Flandre. Le 1er octobre 1703, la ville de Bonn est défendue par les deux premiers Bataillons de Royal. La ville est assiégée par le Général Ohdam. La supériorité de l'artillerie assiégeante est telle que tous les ouvrages de la place sont rasés après quelques jours de bombardement; l'assaut à bref délai devient inévitable.
Le Marquis d'Alègre, désespérant de résister longtemps, veut du moins, par un coup de main hardi, enlever une capitulation honorable. Il fait tout préparer pour une attaque d'autant plus inattendue qu'il se promet de la faire en plein jour. En effet, vers midi, il se met à la tête d'une grande partie de la garnison et sort de Bonn. Royal débouche du chemin couvert, s'avance au pas de course par les boyaux de tranchée, rencontre l'ennemi, l'écrase et parvient jusqu'aux batteries. Là, tout ce qui résiste est tué; on encloue 10 pièces de canon, 6 mortiers et l'on se met en retraite. L'ennemi, revenu de sa stupeur, veut couper la retraite au Marquis d'Alègre; mais celui-ci a si bien pris ses précautions que l'ennemi en est pour ses frais. Les Français rentrent dans Bonn, emmenant 1 Colonel, 7 ou 8 Officiers et 60 soldats. Royal a perdu 30 hommes tués, parmi lesquels M. de Novion, un de ses Capitaines, qui a donné dans cette journée des marques de la plus grande valeur.
Une capitulation honorable est accordée au Marquis d'Alègre, qui sort par la brêche avec toute sa garnison.
Royal a horriblement souffert à ce siège; on lui donne cependant à peine le temps de se refaire à Luxembourg, un mois après il est devant Neuf-Brisach, à l'armée du Duc de Bourgogne.
Après la capitulation de cette place, le Maréchal de Tallard, qui succède au Duc de Bourgogne, fait investir Landau.
- Siège de Landau
Le 8 novembre 1703, lors du siège de Landau, deux Bataillons de Royal montent leur seconde garde ; au moment d'être relevés, ils reçoivent l'ordre d'attaquer les contre-gardes. Au signal donné, les Grenadiers, suivis par le reste du Régiment, s'avancent sans tirer; au moment où ils vont toucher au but, ils sont foudroyés, à bout portant, par les feux d'un retranchement dont ils ne connaissent pas l'existence. Ces braves ne veulent cependant pas se déshonorer en reculant; en cinq minutes, ils sont anéantis, 15 Officiers et la moitié des Grenadiers sont couchés à terre, tués ou blessés. La retraite s'impose et Royal l'exécute sans préeipitation et avec un calme qui enlève à l'ennemi toute idée de poursuite.
Le Capitaine Lafitte, des Grenadiers, est tué; de Bretagne, de Beleau, de Saint-Louis, de Bouhe, de Sorte, de Cadau, de Souyn, de Saint-Priva et quelques autres Officiers sont blessés.
L'attaque manquée du 8 novembre est renouvelée le 13. Royal est désigné pour prendre la tête de l'attaque; on lui doit ce dédommagement. Les assiégés défendent la contre-garde avec la même opiniâtreté; mais, cette fois, le Régiment est prévenu et, sans s'épouvanter d'un feu terrible, il marche droit au retranchement, l'esoalade et s'empare de la contre-garde. Bretagne périt à cette seconde affaire; deux autres Officiers sont blessés.
Une armée autrichienne, commandée par le Prince de Hesse-Cassel, s'étant portée au seoours de Landau, assiégé par les Français, le Général Tallard se porte à leur rencontre pendant la soirée du l3 novembre. Royal, tout sanglant encore, était de l'expédition; une marche de 10 lieues est le seul repos qu'il peut avoir après le combat du matin.
- Bataille de Spire, 14 novembre 1703.
Le 14 novembre 1703, à Spire (Speyerbach), Le régiment, placé au centre de la première ligne, se couvre de gloire. Profitant d'un faux mouvement, de Calvo, son Colonel, lançe successivement ses deux Bataillons en colonnes serrées et entraine toute la ligne par son exemple. On se porte en avant à la baïonnette, et tout ce que l'on rencontre devant soi est culbuté. L'ennemi est mis en déroute par cette charge. Le Lieutenant de Bonnac est blessé à ce combat dans les circonstances suivantes, particulièrement douloureuses : il vient de s'emparer d'un drapeau, dont les plis l'enveloppent subitement, par suite du vent. Pris pour un Allemand, il est criblé de vingt-deux coups de baïonnette par ses propres hommes; mais ce brave soldat ne lâche point son drapeau. Les soldats ayant reconnu leur méprise, rapportent leur Lieutenant couché sur le drapeau qui lui a coûté si cher. Il guérit de ses blessures et est tué, l'année suivante, à la bataille de Hochstedt.
Royal a décidé de la journée, mais il a subi des pertes importantes ; l'intrépide Colonel de Calvo est frappé à mort, au moment où il entraine le 2e Bataillon à la charge; les Capitaines de Montbrenu, Morel et Fiermes, Boudet, Saint-Marc, les Lieutennnts de Bornay, Le Couray, de Sorte, Artignole et Labarthe, sont blessés.
Le prix de cette victoire est l'occupation de Landau, qui se rend immédiatement.
Le 3e Bataillon attaché au Corps de Pracomtal, qui surveille le Prince de Hesse-Cassel, ne peut arriver à temps pour combattre à Spire.
Le Régiment, de nouveau réuni, passe l'hiver à Trèves et dans les places de la Sarre; il a bien mérité le peu de repos dont il va jouir.
- 1704
La campagne de 1704 inaugure une série de revers qui vont conduirent la France près de sa perte.
Cette année 1704 va être néfaste en particu1ier pour Royal. Le Régiment dont l'énergie ne s'ést pas démentie un seul instant au milieu de tant d'événements va succomber, malgré sa vaillance et son dévouement, dans un affreux désastre immérité. Dans l'adversité comme dans la meilleure fortune, il sait maintenir intact l'honneur de son drapeau, le relevant même par une fermeté inébranlable au milieu des circonstances les plus difficiles.
L'Armée d'Allemagne est passée sous les ordres du vaniteux et incapable Tallard. Celui-ci étant entré en Bavière traverse le Danube et se trouve en présence de l'armée combinée du Prince Eugène et de Marlborough (13 août) près d'Hochstedt.
- Bataille d'Hochstedt, 13 août 1704.
Royal occupe, à la gauche de la ligne française, le village de Blenheim avec quatre Régiments de dragons. La position est bonne, le village étant entouré de vergers clos par des palissades; il y a de plus un château et le cimetière qui constituent de bons réduits.
L'aile opposée de Tallard tient le village de Bolstadt; l'ennemi commence à attaquer notre gauche et est reçu avec une vigueur telle que sa marche est arrêtée net, nos troupes se portent en avant et la droite ennemie fléchit; mais au même moment, notre centre est enfoncé et l'armée coupée en deux; enfin pour comble de malheur, Marsin qui commande les Bavarois, nos alliés, ordonne la retraite.
Tout l'effort de l'ennemi se porte alors sur Blenheim. Royal, qui a reçu l'ordre de se retirer sur ce village, prend position à la gauche; il ne tarde pas à reprendre l'offensive et accueille par uu feu nourri et bien dirigé deux Escadrons de Dragons anglais trop audacieux, qui sont contraints de s'éloigner rapidement.
Tant de bravoure reste inutile et le Régiment, malgré les protestations du Colonel d'Enouville, reçoit l'injonction de rétrogader et de réoccuper Blenheim. Il prend autour du village de bonnes dispositions, mais le flot ennemi grossit toujours et il est facile de voir que le village sera bientôt débordé et cerné. D'Enouville demande l'autorisation de commencer la retraite, mais il est impossible de trouver le Général : il ne reste d'autre alternative que de défendre la position le plus longtemps possible.
Une batterie anglaise ayant pris position à portée de fusil et faisant de cruels ravages dans les rangs du 3e Bataillon, le Capitaine de Beaumont, des Grenadiers du 2e, se jette brusquement sur cette artillerie et cloua sur place une douzaine de ses servants.
Bientôt le Régiment de Zurlauben qui couvre la droite de Blenheim se retire à son tour; Royal se trouve entre deux feux et tous les bommes rentrent en désordre dans le village.
D'Enouville, qui vient de recevoir un coup de baïonnette à la cuisse et qui a eu un cheval tué sous lui, se précipite dans le cimetière avec les hommes qu'il peut recueillir et s'y défend hérorquement.
Pendant ce temps, le Lieutenant-colonel de Saint-Maurice charge l'ennemi à la tête du reste du Régiment, avec tant d'impétuosité qu'il regagne tout le terrain perdu et vient ensuite s'établir au poste abandonné par le Régiment de Zurlauben.
A peine y est-il arrivé qu'il apprend la capitulation du Colonel d'Enouville; celui-ci avait été trompé par une ruse indigne. Les Anglais lui ont fait savoir que Navarre et Zurlauben avaient rendu les armes et que toute résistance était inutile.
De Saint-Maurice n'accepte pas cette nouvelle sans la contrôler: lorsqu'il connait la triste vérité, il fait brûler les drapeaux avant de déposer les armes.
La conduite du Régiment a été admirable : 40 Officiers et 400 soldats sont couchés sur le champ de bataille, parmi eux on cite le Colonel d'Enouville, le Major de Fiermes et le Capitaine Moncla. L'honneur reste intact, mais Royal n'est plus. De nombreux actes de valeur et de dévouement ont signalé cette néfaste journée; citons celui dont le Sergent de Grenadiers La Bussière fut le héros : au moment où Royal rentre dans Blenheim, poursuivi par un ouragan de mitraille, La Bussière aperçoit un drapeau du Régiment entre les mnins de trois Anglais; le Porte-drapeau vient d'être tué. Le vaillant Sergent n'écoutant que son courage s'élance avec trois camarades, tue l'Anglais qui tient l'emblème sacré, l'arrache de ses mains et rejoint le Régiment avec un des trois braves qui l'ont suivi. Les deux autres sont morts.
Le Régiment demande pour La Bussière une Sous-lieutenance de Grenadiers et lui fait une pension de 100 livres.
Les débris du Régiment se rassemblent à Thionville et deux Bataillons peuvent se reformer ensuite à Sedan.
- 1705
La campagne de 1705 n'est signalée en Flandre, où commande Villeroi, que par la prise d'Hay. Le Régiment prend ses quartiers d'hiver à Valenciennes où il rcconstitue son 3e Bataillon.
- 1706
L'année suivante après avoir assisté, sur le Rhin, avec le Comte de Marsin, au combat de Drusenheim et à la levée du blocus de Fort Louis, il est rappelé en Flandre où le Maréchal de Villeroi vient de perdre la bataille de Ramillies. Dès son arrivée il est réparti entre les places menacées; mais l'ennemi ne tente rien contre elles.
- 1707
Pendant la campagne de 1707, Royal ne se trouve à aucune affaire importante.
- 1708
Toujours commandé par le Lieutenant-colonel de Saint-Maurice, il passe l'hiver à Dunkerque et est envoyé au mois d'octobre A Aire; au mois d'avril 1708, il rejoint, à Mons, l'armée du Duc de Bourgogne.
Le 11 juillet 1708, Royal assiste, sans y prendre part, à la malheureuse affaire d'Oudenarde, qui amène la retraite de l'armée derrière l'Escaut.
Détaché sous les ordres de La Mothe-Houdancourt, il contribue à la prise de Leffinghen. Le 1er décembre 1708, Royal prend part à la défense de Gand. Pendant le siège de cette place, neuf Compagnies de Grenadiers, dont trois appartiennent à Royal, font une belle sortie et culbutent quatre bataillons anglais. La ville doit capituler le 30 décembre.
- 1709
Le Régiment se reforme dans les villes d'Ardres, de Boulogne et de Montreuil, et ne quitte ces places que vers le mois de mai 1709.
Villars rassemble des troupes près de La Bassée pour essayer d'arrêter les progrès du Prince Eugène et de Marlborough, qui commandent l'armée combinée, et se disposent à faire le siège de Mons.
A peine réunie, cette armée marche à l'ennemi qu'elle trouve à la sortie du défilé de Malplaquet. Villars croyant le Prince Eugène très supérieur en forces, n'ose pas l'attaquer, se contente de creuser des retranchements et perdit du temps.
Le Général ennemi en profite pour appeler à lui toutes les troupes qui battent la campagne aux environs, et prend l'offensive le 11 mai.
- Bataille de Malplaquet (11 mai 1709).
La bataille de Malplaquet est terrible, la plus terrible de toute la guerre.
L'armée française manque de pain depuis deux jours, et on fait une distribution de vivres quand le canon ennemi se fait entendre. Aussitôt nos jeunes soldats, arrachés la veille à leur charrue, jettent leur pain avec des cris de joie et courent au combat.
L'armée de Villars est formée sur deux lignes appuyées à droite et à gauche à deux bois, l'intervalle entre les bois couverts par les retranchements élevés pendant la journée précédente. Royal occupe la droite de la seconde ligne, vers le bois de Sars. Le premier choc est violent; notre gauche supporte d'abord tout le poids de la lutte; peu après, notre centre, assailli par des forces considérables, évacue en désordre ses retranchements. La situation devenant critique, Royal reçoit l'ordre de charger; il le fait avec sa vaillance habituelle.
L'ennemi, abordé à la baïonnette, abandonne à son tour les retranchements et s'enfuit, perdant en quelques instants tout le fruit de ses premiers succès. Grâce à la belle conduite de Royal, notre centre peut se reformer, et le combat se trouve ainsi rétabli.
Cependant, le Prince Eugène parvient bientôt à rallier ses troupes et les lance de nouveau en avant ; cette fois encore, nos retranchements sont enlevés, et les Gardes françaises, postées près du bois de Sars, sont enfoncées.
A cette vue, Royal marche droit à l'ennemi, baïonnette en avant, l'aborde avec furie et met en déroute tout ce qu'il rencontre.
Il tombe sur une batterie de 12 pièces, dont il s'empare, mais qu'il ne peut ramener faute d'attelages; puis revient sur la ligne de bataille rapportant onze drapeaux anglais et hollandais.
Le succès semble certain lorsqu'une malheureuse nouvelle court dans les rangs : le Maréchal Villars vient d'être blessé grièvement à notre gauche, au bois de Blangies. L'ennemi a de nouveau envahi ce bois avec des forces considérables, et Villars s'est vu obligé d'y porter une partie de son centre; il y est allé de sa personne et c'est là qn'il a reçu sa blessure.
Cet événement détermine la retraite de l'aile gauche : Boufflers, qui doit prendre le commandement à ce grave moment, comprend que la bataille est perdue; il fait commencer la retraite, qui a lieu dans l'ordre le plus imposant, sur le Quesnoy et Valenciennes. La Brigade d'arrière-garde, composée de Royal et Navarre, n'est pas inquiétée.
L'ennemi, terrifié d'un tel succès, n'ose pas bouger; ses pertes sont de 17,000 tués ou blessés; celles dea Français s'élèvent à 8,000.
Royal a été comme d'habitude cruellement éprouvé; il compte 34 Officiers hors de combat.
Au nombre des morts se trouvent de Saint-Ouen, Lieutenant-colonel; de Montbrac, commandant de Bataillon; de Mons, de Chavigny et six autres Capitaines. Parmi les blessés, le Comte d'Aubigné, Colonel; de Palmer, Descaves et huit autres Capitaines.
Les drapeaux enlevés par le Régiment sont envoyés à Versailles. Les deux armées prennent quelque temps après leurs quartiers d'hiver.
- 1710-1714
Le Régiment continue de servir en Flandre les deux années suivantes pendant lesquelles il n'y eut aucune affaire sérieuse.
La France est à bout d'hommes et d'argent; les revers des années précédentes ont jeté le découragement partout; la misère est affreuse. Louis XIV si fier, si orgueilleux, implore la paix et offre de se soumettre aux condilions les plus dures qui détruisent l'oeuvre de Richelieu et font descendre la France au second rang. Les Hollandais repoussent ses propositions au nom de la coalition, et mettent comme condition à la paix que le Roi se chargera seul de chasser son petit-fils d'Espagne.
Le vieux Roi relève la tête et rappelle ses Ambassadeurs. Il prescrit à Villars de temporiser, de harceler l'ennemi et d'éviter toute bataille générale. Il compte ainsi avoir le temps de détacher quelques puissances de la coalition.
Mais les progrès des armées ennemies qui doivent les amener à bref délai sur l'Oise, obligent le Roi à tenter une action décisive.
- Bataille de Denain (24 Juillet 1712).
Villars reçoit l'ordre de livrer bataille. Eugène assiège Landrecies et commet la faute de n'assurer ses communications avec Marchiennes, sa base d'opérations, que par un camp retranché situé à Denain, et gardé par 17 Bataillons et 14 Escadrons commandés par le Comte d'Albermale.
Il est convenu que l'on tentera un coup de main sur ce point pour couper la ligne d'opérations des Hollandais.
Le Maréchal de Villars feint de se diriger sur Landrecies pour tromper son adversaire, puis faisant tout à coup demi-tour, il repasse l'Escaut et se jette sur le camp retranché. L'armée marche, l'arme au bras et, malgré un feu terrible, franchit les retranchements; les Hollandais s'enfuient, trouvent les ponts de l'Escaut rompus et sont tous tués ou pris.
Le Prince Eugène n'arrive que pour prendre sa part du désastre général. La victoire de Denain est décisive; elle accélère les négociations du Congrès rassemblé à Utrecht.
La. paix se fait alors successivement avec les diverses puissances, paix désavantageuse, mais honorable; les traités qui la consacrent sont signés à Utrecht (11 avril 1713}.
Royal, qui a combattu à Denain, contribue, après la victoire, à la prise de Douai où le Capitaine Morel est tué avec 40 Grenadiers à l'attaque du chemin couvert.
Il investit le Quesnoy, y perd 105 hommes dans un combat de nuit, puis fait partie de l'armée d'observation qui couvre le siège de Bouchain, pris le 19 octobre.
Il faut continuer la guerre avec l'Empire, qui refuse d'adhérer au traité d'Utrecht; Villars rassemble 150.000 hommes sur le Rhin et reprend les hostilités au printemps de 1713.
Royal, pendant cette campagne, protège le siège de Landau et se trouve à l'attaque des lignes de Fribourg, et à la prise de cette place (16 novembre).
Le Prince Eugène échoue dans toutes ses entreprises contre l'armée française et la paix se fait aussi de ce côté à Bade et à Rastadt (6 mars et 7 septembre 1714}. Louis XIV meurt l'année suivante.
Au licenciement de l'armée qui a lieu après la guerre de la succession d'Espagne, Royal est réduit à deux Bataillons, bien qu'il ait reçu à la fln de 1713 des contingents de divers Corps déjà supprimés (Régiments de Désangles, de Vassan, de la Rivière, de Laubanie et de Bombelles).
- 1714-1733
Il tient garnison successivement dans diverses places de 1714 à 1733, époque à laquelle il est appelé à l'Armée du Rhin.
- Guerre pour la succession de Pologne (1733 à 1735).
Le 1er février 1733, la mort de Frédéric-Auguste, Roi de Pologne, rallume la guerre entre la France et l'Empire. Depuis longtemps les puissances voisines de la Pologne convoitent le partage de ce malheureux pays et la mort du Roi leur parait être une occasion favorable pour l'exécution de leurs projets.
Louis XV, pressé par l'opinion publique, prend le parti des Polonais et déclare la guerre à l'Autriche.
Berwick est envoyé sur le Rhin avec 80,000 hommes; Royal, qui a rejoint l'armée à Strasbourg, assiste à la prise de Kehl; c'est tout, l'armée prend ses quartiers. Royal a les siens à Sedan; il y reçoit l'ordre de rétablir son 3e Bataillon.
- 1734
Aussitôt formé, ce Bataillon est chargé de l'occupation de Montmédy, tandis que les deux autres vont faire la campagne de 1734 avec le Chevalier de Belle-Isle.
Trèves est pris le 8 avril et le Corps du Chevalier marche sur Traërbach sans attendre l'artillerie qui n'est pas encore arrivée; la ville est prise par une attaque brusquée. Reste le château dans lequel la garnison s'est réfugiée; après quelques jours de tranchée ouverte, le Capitaine Verduisant, à la tête de deux Compagnies et de deux piquets du Corps, s'empare d'un ouvrage et met fin, par ce succès, à la résistance du château. Royal perd environ 100 soldats et 3 Officiers.
Le Maréchal de Berwick fait le siège de Philipsbourg. Royal rallie l'armée de Berwick. Le siège de la ville est très difficile.
Dans la matinée du 5 juin 1737, au moment où Royal va descendre sa garde, une discussion s'élève entre deux Ingénieurs au sujet de la construction d'un ouvrage ordonné par Berwick; celui-ci, en ayant été informé, monte aussitôt à cheval, accompagné de ses Aides de camp et de son fils, Milord Édouard, et accourt au galop. Les travaux n'ayant pas encore été faits, le groupe se trouve très en vue des remparts et l'ennemi fait feu de son artillerie. En voyant les boulets sillonner le sol sous les pieds des chevaux du Maréehal et de son fils, les Officiers les supplient de se retirer ou du moins de cheroher quelque accident du terrain derrière lequel ils puissent se meltre à l'abri; mais le Maréchal n'en fait rien et continue de donner des ordres. Il indique, du bout de sa canne, le tracé da la tranchée, quand un boulet vient le frapper au front et lui emporte la moitié de la téte ; Milord est couvert du sang de son père et le Duc de Duras, commandant la Brigade de Royal, est blessé du même coup par le piquet d'un gabion. Cette mort fait une profonde sensation dans l'armée.
Le Régiment est très éprouvé à ce siège par les fièvres, les soldats étant restés fort longtemps sor un terrain couvert d'eau par suite d'un débordement du Rhin.
Il y a jusqu'à 15 pieds d'eau dans les fossés. La ville n'en est pas moins réduite à capituler le 18 juillet.
Après la reddition de Philippsbourg, Royal, toujours aux ordres de M. de Belle-Isle, surveille tous les mouvements du Prince Eugène et occupe Appenheim.
- Royal en Italie.
Passé sous le commandement du Maréchal de Noailles, il le suit dans sa pointe sur le Wurtemberg et se trouve au camp de Vaufen quand il reçoit l'ordre de partir pour l'Italie.
Six semaines après, il arrive à Plaisance avec ses trois Bataillons, le 3e l'ayant rejoint en Franche-Comté. Il s'y repose quelque temps et va passee l'hiver de l'année 1734 en Italie, à Reggio et à Pavie. Ce séjour est marqué par quelques glorieux faits d'armes.
Le Lieutenant Froment est envoyé en fourrages, dans les environs de Reggio, avec 10 hommes, le 5 octobre 1734. Il est surpris par un parti de 50 Hussards ennemis et vivement assailll par eux. Froment rallie son monde et tient les cavaliers à distanoe par un feu nourri, tout en se retirant lentement. Mais un pont se trouve sur sa route et il est occupé par l'ennemi, qui a pris les devants et mis pied à terre pour combattre avec plus d'avantage. Le commandant des Hussards somme le Lieutenant de se rendre; Froment n'hésite pas; il fond, à la baïonnette, sur les Hussards, épouvantés par un tel acte d'audace, tue l'Officier et 10 de ses hommes, passe à travers les autres et ramène le fourrage, n'ayant perdu, lui-même, qu'un homme.
Citons encore la conduite héroïque du Lieutenant de Champfeu. Cet Officier, chargé avec 12 hommes de reconnaitre les abords d'un poste que l'on se propose d'attaquer, tombe sans s'en douter sur une troupe ennemie embusquée dans un bois. Deux décharges jettent à terre ses 12 Grenadiers; voyant l'Officier seul, quelques soldats sortent du bois et l'un d'eux somme de Champfeu de se rendre; pour toute réponse cet intrépide Officier passe son épée au travers du corps de celui qui lui fait cette proposition et tombe lui-même frappé de cinq coups de feu.
- 1735.
En 1735, le Régiment contribue à la prise de Gonzague, de Reggiolo et de Revère. Les préliminaires de paix ayant été signés vers la fin de cette année, l'armée évacue les Etats vénitiens et prend ses quartiers d'hiver. Royal s'installe à Modène.
La paix est signée à Vienne et donne sept années de repos à la France (3 octobre 1735).
- 1736-1742.
Rentré en France en 1736, le Régiment est envoyé dans diverses provinces; il est à Metz au mois de mars 1742 lorsque éclate la guerre contre l'Autriche.
- Guerre contre l'Autriche (1742-1748).
La succession d'Autriche en est le prétexte. L'Empereur Charles VI étant mort en 1740, diverses puissances convoitent tout ou partie de son Empire mais n'osent pas entreprendre une lutte ouverte contre Marie-Thérèse, qui a pris possession du trône. Le Roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II, plus hardi, prend les armes pour annexer à ses Etats la basse Silésie, s'empare de cette province et bat l'armée autrichienne à Molwilz (1741); c'est le signal de la coalition.
Charles-Albert, Electeur de Bavière, revendique la succession entière et la couronne impériale.
Se souvenant des services rendus à la France par le père de l'Electeur qui a perdu son Duché après Hochstedt; désirant d'ailleurs ruiner à jamais la maison d'Autriche, Louis XV s'allie à la Prusse, à l'Espagne, à la Bavière, à la Pologne et à la Sardaigne. Le Duc d'Harcourt assemble en conséquence une armée à Strasbourg pour entrer en Bavière et marcher sur le Danube. Royal est de la 3e Division commandée par le Marquis de Rieux.
L'armée fait sa jonction avec l'armée bavaroise le 28 mai à Nieder-Altach et s'empare d'abord de Lintz et de Passau, mais est bientôt dans la nécessité de se retirer par suite des fautes commises et du manque de direction. Maurice de Saxe, fils naturel d'Auguste II, Roi de Pologne, vient prendre le commandement de l'armée dans ces tristes circonstances et ordonne la retraite.
Royal s'arrête à Donawert dans la marche en avant; pendant les mois de juin et de juillet, les deux premiers Bataillons font partie du camp de Nieder-Altach et le 3e occupe Lawingen.
Le Régiment se trouve plus tard à l'attaque du château d'Ebersberg et est plaeé ensuite au camp de Deckendorf. En octobre, il ést à la prise d'Elnbogen.
Le 2 août 1742, la Brigade de Royal tient les avant-postes sur une position importante ; un Capitaine en grand'garde voit venir à lui un groupe de quelques Officiers ennemis à cheval. Il se met aussitôt en embuscade avec une douzaine de Grenadiers et est très surpris, lorsque la petite troupe arrive à quelques pas, de reconnaitre l'Archiduc Charles, en reconnaissance avec une partie de son Etat-major. Le Capitaine fait lever ses hommes et rend les honneurs au Général ennemi, qui doit s'estimer fort heureux de se tirer ainsi de ce mauvais pas. Ce trait montre à quel point les sentiments généreux et chevaleresques sont développés dans l'armée française. Nos ennemis n'imitent guère cette courtoisie exagérée; quelques jours avant, un Pandour a tué le Maréchal de camp de Saint-Vallier, dans des circonstances identiques.
Le Maréchal de Broglie remplace de Saxe à la tête de l'armée, au mois de novembre, et fait lever le siège de Braunau, assiégé par l'Archiduc. Royal se trouve bien réduit par les péripéties de cette guerre de chicane: toujours au premier rang, il a perdu le tiers de son effectif. Il est achevé par une violente épidémie qui vient s'abattre sur lui dans ses cantonnements d'Egginfeld et de Kankoff, où il s'est installé pour se refaire. Au printemps de 1743, il se trouve réduit de plus de moitié.
- Affaire de Dünkelfingen, 1743.
Royal ne se remet pas moins en campagne et montre bientôt de quelle énergie il est capable à Dünkelflngen, qu'il défend avee Navarre. Il faut se retirer, car la ville est en feu ; on lutte pied à pied dans les rues, et tout en combattant on arrive à l'Iser, qui est traversé rapidement sur deux ponts : l'un de bois, l'autre de radeaux; mais l'ennemi, supérieur en nombre, talonne la brigade et va passer aussi. Il faut l'arrêter à tout prix; Royal brûle facilement le premier pont; ne pouvant incendier l'autre, il essaye de le laisser aller à la dérive en coupant les cordes, tandis qu'un détachement se porte au-devant des aasaillants et retarde leur marche par un feu des plus vifs.
Malheureusement les radeaux s'appuyant les uns contre les autres ne se disloquent pas, et le pont est toujours là, ouvert à l'ennemi. Celui-ci a rapidement élevé des retranchements sur la rive qu'il borde et, de là, fusille tranquillement les travailleurs.
On parvient, après deux heures d'une lutte opiniâtre, à couper à la hache une partie du pont qui permet enfin aux radeaux de se séparer.
Le Régiment perd à cette affaire le commandant de Verduisant, 26 Officiers et 134 hommes tués ou blessés.
Le lendemain, 18 mai, le Prince de Conti marche avec Royal, Provence et Angoumois sur Landau, menacé par les Autrichiens; mais ceux-ci ayant passé le Danube, le Régiment se retire sur le camp de Ratisbonne. Épuisé par tant de combats meurtriers, il rentre en France et sert de Garde d'honneur au Roi Stanislas, à Nancy.
- 1744.
L'année 1744 le retrouve rajeuni aux sièges de Menin et d'Ypres à l'Armée de Flandre, commandée par le Roi et le Maréchal de Saxe.
Pendant le siège de cette dernière ville, le Lieutenant Dessauz, des Grenadiers, s'empare d'une demi-lune. Il s'y est glissé avec quatre hommes et cherche à se reconnaitre lorsqu'il est aperçu par l'ennemi. Au bruit de la fusillade qui s'engage, trois Compagnies de Royal accourent el s'installent dans la demi-lune; bientôt du canon y est amené, et l'on commence à tirer sur la ville.
Le lendemain le gouverneur se rend et Dessaux est nommé Aide-major de la place (25 juin).
Le Régiment fait encore le siège de Furnes, qui capitule le 6 juillet et achève la campagne au oamp de Courtrai. L'hiver venu, il prend ses quartiers au Quesnoy.
- Bataille de Fontenoy (11 mai 1745).
L'Angleterre, cédant aux sollicitations de Marie-Thérèse, se tourne contre la France, dont elle veut ruiner la marine et dont elle désire arrêter l'expansion coloniale; d'un autre côté, les puissances belligérantes ont traité avec l'Autriche; tout le poids de la guerre va donc retomber sur la France.
Do nombreuses forces ennemies se rassemblent dans les Pays-Bas et menacent la Flandre. Maurice de Saxe, dont l'armée vient de recevoir des renforts considérables, prend l'offensive et met le siège devant Tournai. Le Duc de Cumberland avec 60,000 Anglais, Hollandais et Hanovriens, marche au secours de cette place.
Le Maréchal, laissant 20,000 bommes devant Tournai, prend position à Fontenoy dans une plaine triangulaire, sa droite appuyée à l'Escaut, au villuge d'Antoing, sa gauche au bois de Barry.
L'armée est disposée sur trois lignes; tout le front est retranché, sauf l'espace entre Fontenoy et le bois; encore cette partie est-elle battue par l'artillerie.
Les Hollandais attaquent Antoing, les Anglais Fontenoy ; ces deux attaques échouent, mais les Anglais se jetant sur leur droite forment une colonne compacte de 20,000 hommes, et réussissent à pénétrer entre Fontenoy et le bois de Barry.
Royal, placé en deuxième ligne au début de la bataille, prend pris dans la suite diverses positions, suivant les phases du combat. Au moment de la grande charge des Anglais, il vient se ranger en bataille au centre, derrière les Gardes françaises.
A la première décharge faite à cinquante pas, le Régiment des Gardes est presque détruit, et la colonne ennemie reprend sa marche. Royal la reçoit avec intrépidité.
Ouvrant ses rangs pour laisser passer les débris de la première ligne, il accueille, presque à bout portant, par un feu terrible, la redoutable colonne, s'élance sur elle, baïonnette en avant, et la force à reculer de quelques pas.
Deux Bataillons anglais déboitent de la mnsse et prennent le Régiment entre deux feux. La position n'est plus tenable; il faut reculer. Royal va se reformer un peu en arrière, laissant 300 hommes sur le champ de bataille. Mais la colonne ennemie s'avance toujours calme, comme à l'exercice; le Régiment d'Aubeterre, qui cherche à lui barrer le passage, est écrasé à son tour.
Une nouvelle charge à la baïonnette de la Brigade de Royal subit le même sort que les autres et les Régiments viennent successivement se briser contre cette masse formidable, qui ne cesse de gagner du terrain. Le Régiment des Vaisseaux, Hainaut, Normandie, les Irlandais, tous sont repoussés et presque anéantis.
Royal a chargé cinq fois avec un courage héroïque.
La bataille semble perdue lorsque, sur l'avis du Duc de Richelieu, un dernier effort est tenté; une batterie s'établit en face de la colonne ennemie et ouvre le feu à 100 pas; l'effet en est terrible, les premiers rangs sont détruits; au même moment, l'artillerie des redoutes concentre tous ses efforts sur cette masse vivante; la cavalerie se précipite dans la trouée ouverte par les boulets et 20,000 hommes d'infanterie, ralliés en quelques instants, fondent sur la colonne qui hésite, s'arrête, s'ouvre devant un nouvel effort de Royal, et, coupée en trois tronçons, recule enfin, vaincue par tant d'héroïsme.
Bientôt la retraite se change en déroute, et le Régiment a l'insigne honneur de poursuivre l'ennemi jusqu'au delà du défilé.
Les Anglais, dans leurs relations, témoignent de la part que Royal a prise à leur défaite en lui décernant le titre de "régiment de Lions".
Il paye cher les lauriers qu'il cueille ce jour-là; ses pertes sont de 50 Officiers et d'environ 500 hommes tués ou blessés.
Le résultat de la victoire est la prise de Tournai, d'Oudenarde et de toute la Belgique.
Le Régiment prend ses quartiers d'hiver à Dunkerque et n'en sort qu'un instant pour occuper Gand pendant le siège de Bruxelles.
- Bataille de Raucoux (11 octobre 1746).
Royal soutient sa vieille réputation à Raucoux le 11 octobre 1746. La Brigade de Royal, commandée par le Marquis de Fénelon, est en seconde ligne, sur la route de Liège. Son chef, la voyant très éprouvée par le feu d'une batterie, se jette sur celle-ci avec 3 Compagnies de Grenadiers du Régiment, l'enlève et complète son succès en se portant en avant avec toute sa Brigade. L'angle gauche de Raucoux est enlevé à l'arme blanche, ainsi qu'un retranchement établi un peu en arrière du village, et l'ennemi, battu sur tous les points, se retire. Comme à Fontenoy, le Régiment est fort éprouvé; il perd une vingtaine d'Officiera et 400 hommes.
Royal passe l'hiver à Louvain; il y forme un 4e Bataillon.
- 1747
L'année suivante, Royal occupe le camp de Malines et assiste, avec le Comte de Saint-Germain, à la prise de plusieurs villes.
Après la bataille de Lawfeld, à laquelle il ne prend pas part, Royal est dirigé sur le camp de Berg-op-Zoom.
La place de Berg-op-Zoom est réputée imprenable; M. de Lowendal, qui commande l'armée française, s'en empare par un coup de main audacieux. Tout à coup et sans que personne en soit prévenu, il fait réveiller silencieusement les troupes, le 16 septembre 1747, à onze heures du soir. Les soldats, comprenant l'importance du secret, conservent le plus grand silence et descendent jusque dans le fossé, sans qu'une seule sentinelle ennemie ait donné l'éveil. A un signal donné, tous se précipitent à l'assaut du ravelin d'Edem et des bastions Cohorn et de la Pucelle, dont les brèches ne sont pas praticables. Le 1er Bataillon de Royal a la tête de l'attaque de gauche, derrière les Grenadiers. MM. de la Grationnaye, de Ferville et de Souyn arrivent les premiers sur la brèche. M. de la Grationnaye pénètre le troisième dans le fort de Kikindo-poh, où il trouve 1500 hommes qui, le croyant suivi de beaucoup de monde, mettent bas les armes à la première sommation. Presque en même temps, 12 hommes prennent t'ouvrage d'Edem, et le second bastion de droite est emporté avac le même bonheur et le même courage. Ce premier succès obtenu, tous courent aux remparts, pénètrent dans la ville, la baïonnette en avant. La porte de la forteresse du port est prise et les autres forts se rendent successivement. Deux Régiments suisse et écossais, commandés par le Prince de Hesse-Philipstadt, veulent résister; ils sont écrasés et succombent sans faire un pas en arrière. Le commandant de la place, le vieux Baron de Costromm, essaye un moment de rallier la garnison, mais, voyant que c'est impossible, il se jette avec elle dans les lignes. A 6 heures du matin, ville, provisions, artillerie, bagages, tout est à nous, y compris 17 barques chargées de munitions de toute espèce, envoyées par la Hollande, sur lesquelles on a écrit en gros caractère : A l'invincible garnison de Berg-op-Zoom.
A la fin du même mois, le Régiment se rend au camp de Kappelen.
- 1748
Royal termine la campagne par la prise de Maëstricht.
Les 4 Compagnies de Grenadiers, conduites par le Lieutenant-colonel, occupent, le 9 avril, le château de Op-Harem, qui assure la construction et la conservation des ponts sur la Meuse.
Maëstricht capitule le 10 mai; la paix est conclue à Aix-la-Chapelle le 18 octobre et Royal vient à Saint-Quentin, où ses 3e et 4e Bataillons sont supprimés en 1749.
- Guerre de Sept ans (1756-1763).
La baine aveugle de l'Angleterre pour la Franee, avivée par le relèvement de notre marine et la prospérité de nos colonies, amène la rupture du traité de paix.
Au mépris des principes sacrés du droit des gens, les flottes anglaises s'emparent, en moins d'un mois, de plus de 300 bâtiments de commerce français; malgré son ardent désir de maintenir la paix, la France doit recommeneer les hostilités.
La guerre maritime, dont les débuts nous ont été favorables, dégénère bientôt en une guerre continentale et tourne à notre désavantage. Royal a la bonne fortune de ne pas être compris dans les désastres de cette lutte funeste, qui porte le nom de guerre de Sept ans.
- Expédition de Minorque, 1756
Le rôle de Royal pendant la guerre de Sept ans se borne à la prise de l'Ile de Minorque où il reste jusqu'à la conclusion de la paix.
Désigné pour faire partie d'une expédition organisée par le Duc de Richelieu contre l'Ile de Minorque, le Régiment s'embarque, le 9 avril 1756, à Toulon. Le 18, il descend le premier sur la plage de Ciudadella, petite ville qui se rend sans résistance. Richelieu porte ensuite ses forces sur le fort Saint-Philippe, citadelle de Port-Mahon; il en fait le siège (8 mai). Le terrain offre de grandes difficultés aux cheminements, le roc étant presque partout à fleur de terre; l'attaque ne marche donc que fort lentement. Richelieu, se souvenant de Berg-op-Zoom, décide qu'une attaque brusquée sera faite contre le fort. L'assaut est donné, le 27 mai, à 10 heures du soir.
Trois attaques sont préparées : contre la redoute de la Reine et les ouvrages voisins, à gauche ; contre la redoute Caroline, au centre; et contre le fort Marlborough, à droite. Cette dernière est confiée à la Brigade de Royal.
A 10 heures précises, les colonnes s'élancent sous le feu de 60 pièces ; les soldats escaladent les rochers en faisant la courte échelle, franchissent les remparts et engagent avec l'Anglais un combat corps à corps épouvantable. A 4 heures du matin, après six heures de lutte, toute résistance est brisée et le fort Saint-Philippe est à nous.
La belle conduite du Capitaine de Grenadiers de la Grationnaye fait l'admiration de tous. Blessé en escaladant le rempart, ce vaillant Officier retombe tout meurtri dans le fossé, où il ne cesse d'encourager l'ardeur de ses hommes. Il reste jusqu'à la fin de l'action à cette place et ne consent à laisser panser sa blessure que quand ses Grenadiers blessés ont été pansés eux-mêmes.
- Rentrée en France, 1763
Royal reste dans l'île de Minorque jusqu'au mois de janvier 1763, époque à laquelle il rentre en France et tient garnison à Toulon. A son arrivée dans cette ville, le Régiment de Cambis lui est incorporé et le nombre de ses Bataillons est porté à 4.
- Royal se dédouble, 1775
L'ordonnance du 26 avril 1775 dédouble le Régiment Royal et le partage en deux Régiments, de deux Bataillons chacun, dont l'un doit continuer à porter le nom de Royal et dont l'autre doit prendre celui de Brie.
Royal est en garnison à Strasbourf au moment où parait cette ordonnance. Il est en conséquence partagé en deux Régiments à deux Bataillons. Les 1er et 3e Bataillons "formeront à l'avenir le régiment Royal". Les 2e et 4e Bataillons forment un nouveau Régiment qui porte le nom de Brie.
Ces deux Régiments conservent leur nom jusqu'à la promulgation de la loi du 1er février 1791, qui attribue à chaque Régiment d'infanterie le numéro du rang d'ancienneté qu'il occupait dans l'organisation de 1775. A ce moment, Royal portait le numéro 23 et Brie, le numéro 24; ces deux Régiments deviennent donc respectivement le 23e et le 24e de Ligne.
On voit donc par là que l'origine du 24e remonte à l'année 1656, date de la création de Royal.
- Régiment de Brie (1775-1791)
- Formation du Régiment, 1775
Le Régiment de Brie, qui doit avoir l'honneur de porter le premier le nom de 24e Régiment d'infanterie, est formé à Strasbourg le 7 juin 1775, en exécution de l'Ordonnance du 26 avril de la même année, avec les 2e et 4e Bataillons de Royal
De Strasbourg, Brie va à Phalsbourg en juin 1775, puis se rend à La Rochelle, où il arrive le 18 mai l776, après avoir fait usage, pendant cette route, du service des étapes, qui a été réorganisé en 1727. C'est à La Rochelle que le Régiment reçoit une arme nouvelle : le fusil modèle 1777, qui constitua le premier armement régulier de l'infanterie.
- Guerre d'Amérique (1778-1783).
La France prend parti pour les colonies anglaises de l'Amérique du Nord, dans leur révolte contre l'Angleterre.
Brie n'a pas le bonheur de prendre part à de grandes guerres; les hostilités contre l'Angleterre ont lieu sur mer et dans les colonies, et le Régiment de Brie n'est appelé qu'à fournir quelques détachements aux escadres françaises commandées par le Comte de Grasse et le Comte d'Estaing.
Brie fournit un détachement de 400 hommes au Corps de débarquement du Comte d'Estaing. Cette fraction du Régiment prend une part honorable au combat du 29 avril 1781 devant la Martinique.
Un second détachement de 400 hommes s'embarque à Brest en 1780, à bord du vaisseau l'Auguste, et fait partie de la Division que Rochambeau conduit en Amérique, sous l'escorte du Comte de Grasse.
- 1781
Une fraction du Régiment, sous les ordres du Marquis de Bouillé, assiste à la conquête de Tabago.
A cette époque, les troupes d'infanterie constituent ce que l'on appelle la garnison des vaisseaux avec mission d'opérer les débarquements sur les côtes ennemies, ou de prendre une part très active aux combats navals au moyen de leurs feux de mousqueterie.
Les détachements de Brie sont donc presque constamment embarqués sur les vaisseaux français, et contribuent à la conquête de plusieurs iles anglaises.
Le vaisseau l'Auguste est dans la rade de Chesapeake avec l'escadre du Comte de Grasse.
- Capitulation de Yorktown.
La flotte française doit concourir au plan que Washington et Rochambeau ont conçu pour couper l'armée de Cornwallis. Cette combinaison réussit complètement ; les ouvrages avancés de Yorktown sont enlevés d'assaut, et le Général anglais capitule avec 7,000 hommes (19 octobre).
C'est le fait d'armes le plus important de toute la guerre américaine, qui semble terminée du consentement des deux partis. Les Anglais ne possédent plus que New-York, Charlestown et Savannah.
Pendant le blocus de la baie de Chesapeake, un accident dû à l'explosion d'une gargousse, à bord de 1'Auguste, cause la mort de plusieurs soldats du Régiment.
- 1782
En 1782, Brie se trouve à la conquête de l'ile Saint-Christophe, qui tombe en notre pouvoir au mois de janvier. Des détachements du Régiment assistent aux sièges de Mahon et Gibraltar.
- 1783.
La paix est signée à Versailles le 3 septembre 1783.
Pendant cette guerre d'Amérique, à laquelle une de ses fractions a pris une glorieuse part, le Régiment a tenu diverses garnisons. Au mois de juin 1783, il est à Lille.
- 1788
Une Ordonnance de 1788 divise l'armée en commnndements permanents dès le temps de paix. Dans cette organisation, le Régiment de Brie forme la 25e Brigade avec Bretagne, et va occuper Thionville.
Au mois de septembre de la même année, du 1er au 24, le Régiment se trouve au camp de Montigny-sous-Metz, où les troupes sont établies sous la tente et les chevaux au piquet.
La réunion de nombreux Régiments dans ce camp (17 de cavalerie et 11 d'infanterie) a pour but le rapprochement des différentes armes, l'étude des évolutions, du règlement sur le service en campagne et l'expérimentation des objets de campement nouveaux.
A la suite des expériences qui y sont faites, les Corps sont pourvus, dès le lemps de paix, des effets et ustensiles qui leur sont nécesaaires pendant la guerre. L'année 1788 est donc une époque mémorable par les réformes profondes qu'elle introduit dana notre système militaire.
Au mois de septembre 1789, Brie va tenir gaanison à Condé. Pour ce déplacement il ne fait pas usage du service des étapes qui vient d'être réduit et réorganisé. Il reçoit un supplément de solde qui doit permettre au Corps d'assurer les vivres et le transport des bagages.
- 1789-1790.
La Révolution de 1789 n'apporte d'abord pas de changements à l'organisation de l'armée et des Régiments en particulier; mais lorsque éclatent les premiers orages intérieurs, une grande fermentation se produit dans les Corps ; des désordres même ont lieu sur certains points. Pour cette raison, Brie vient occuper, le 21 avril 1790, la citadelle de Lille, dont la garnison s'est mutinée et a dû être relevée.
Le Règlement du 1er janvier 1791 change complètement l'organisation de l'armée.
Pour effacer tout souvenir de l'ancienne armée, les Régiments perdent leurs vieux noms illustrés par tant d'années de gloire, par tant d'actions d'éclat, et prennent pour titre le numéro du rang qu'ils occupent.
- 1791.
Le 1er avril 1791, Brie, qui porte le n° 24, prend le nom de 24e Régiment d'infanterie.
- 24e Régiment d'infanterie, 1791-1795
Le 24e Régiment d'infanterie est composé d'un Etat-major et de deux Bataillons, dénommés premier et second Bataillon. Chacun d'eux, à l'effectif de 500 hommes, comprend une Compagnie de Grenadiers et huit de Fusiliers.
Le Bataillon sur le pied de guerre compte 750 hommes dans le rang et 29 Officiers dont le Chef du Bataillon et son Adjudant-major.
Le 1er avril 1791, le Régiment est mis sur le pied de guerre; son 2e Bataillon est désigné pour faire partie de la garnison de Lille et chargé d'entretenir le 1er au complet de guerre. La Compagnie de Grenadiers de ce Bataillon renforce le 1er, destiné à la Brigade du Général Dillon.
Depuis 1789, les puissances étrangères, émues de notre Révolution, et voyant avec horreur le mouvement gagner les pays voisins, s'apprêtent à profiter de nos désordres intérieurs pour agrandir leurs États. Elles sont encouragées dans cette voie par l'émigration qui a privé l'armée d'une foule d'Officiers, et par l'idée que la France, impuissante, n'opposera qu'une faible résistance; elles vont être cruellement désabusées.
Bientôt, nos Ambassadeurs sont traités avec un dédain méprisant; nous recevons en même temps un sanglant affront dans les Pays-Bas : les Hollandais ont chassé le Stathouder et demandé l'appui de la France; 20,000 Prussiens envahissent leur territoire et rétablissent le Stathouder.
L'armée prussienne conçoit de cette expédition facile un orgueil qui va la conduire à Valmy et à Iéna.
Un insolent ultimatum envoyé par François II, Empereur d'Allemagne, vient mettre le comble à toutes nos humiliations; l'Assemblée législative y répond fièrement, le 20 avril 1792, en déclarant la guerre à l'Autriche.
- Première coalition et déclaration de guerre à l'Autriche (20 avril 1792).
Quatre armées sont formées : Armée du Nord, du Centre, du Rhin et du Midi; le 1er Bataillon du 24e est à l'Armée du Nord, commandée par le Maréchal de Rochambeau, entre Dunkerque et Philippeville. Le 2e Bataillon reste à Lille.
Pour plus de clarté, nous suivrons le 1er Bataillon dans toutes ses opérations jusqu'au 17 juillet 1795, jour où il est fondu dans la 47e Demi-brigade de bataille, et nous verrons ensuite ln part que prit le 2e Bataillon à la guerre mémorable qui va commencer.
- Historique du 1er Bataillon du 24e, du 25 avril 1792 au 17 juillet 1795
Le 25 avril, sur l'instigation du Ministre de la Guerre, le Général Dumouriez, un mouvement offensif sur la Belgique est décidé; les efforts que viennent de faire récemment les Belges pour secouer le joug de l'Autriche, font concevoir l'espérance que les Français seront reçus en libérateurs. A cet effet, une colonne dont fait partie le 1er Bataillon du 24e, sort de Lille le 28 avril, à 10 heures du soir, et prend le chemin de Tournai, tandis que le Général Biron se porte sur Quiévrain et Mons.
Le 24e marche en tête du gros de la colonne, derrière un Bataillon formé des six Compagnies de Grenadiers des 24e, 90e et 56e de Ligne. En queue vient une Compagnie de Volontaires et une batterie de 4. Huit Escadrons de cavalerie constituent l'avant-garde et l'arrière-garde.
La colonne Dillon atteint la frontière vers 2 heures du matin (29 avril), et y fait une halte de 2 heures. La cavalerie d'avant-garde s'étant remise en marche à 4 h. 1/2 du matin, tombe vigoureusement sur un parti de Dragons autrichiens et le culbute en lui faisant quelques prisonniers; les détachements ennemis qui occupent Marquin évacuent le village. Dans la soirée, au moment où les Français s'apprêtent à bivouaquer, 3,000 cavaliers autrichiens apparaissent subitement et jettent l'éponvante dans nos jeunes troupes encore inexpérimentées. Dillon, qui a reçu l'ordre d'éviter tout combat sérieux, ordonne la retraite.
On bride les chevaux à la hâte ; quelques Escadrons se portent en avant pour masquer et couvrir le mouvement de retraite et le reste du Corps se retire tranquillement l'arme sur l'épaule vers la frontière; tout à coup, et sans que rien n'ait pu faire prévoir un tel événement, la cavalerie est saisie d'une terreur panique indescriptible et se jette affolée sur l'infanterie. Les cris : Sauve qui peut ! nous sommes trahis ! se font entendre sur tous les points. La panique gagne l'infanterie et, en un instant, la déroute devient générale.
On se jette dans Baisieux et ensuite dans Lille, où les premiers fuyards ont apporté l'épouvante.
Le malheureux Dillon, déjà blessé d'un coup de pistolet au front, au commencement de la déroute, par un de ses cavaliers, vient se faire massacrer par la populace surexcil6e de Lille, qui crie à la trahison !
La même chose se passe à quelques lieues de là, à Quaraignon, où la colonne de Biron est rejetée sur Valenciennes dans le plus affreux désordre.
On se reforme dans la place et, dans les premiers jours de mai, le 1er Bataillon quitte Lille pour se rendre au camp de Famars, près de Valenciennes.
- Combat de Jalin (17 mai 1792).
Le 17 du même mois, 3,000 Autrichiens débouchent du bois de Sarthe sur 3 colonnes, par les routes de Maubeuge et de Valenciennes, tandis que la troisième colonne marche sur Bavay entre les deux routes.
La ville est enlevée par l'ennemi; à cette nouvelle, Noailles sort du camp de Famars avec une avant-garde dont fait partie le 24e ; le gros des forces du Maréchal de Rochambeau prend position en avant de Jalin; Bavay est repris et le 24e se distingue particulièrement à cette affaire, après laquelle il rentre au camp.
Rochambeau ayant été remplacé dans le commandement de l'Armée du Nord par le Maréchal de Luckner, celui-ci réorganise 1es troupes au camp de Famars; le 1er Bataillon du 24e entre dans la composition de la 1re Brigade de la 1re Division d'infanterie, Maréchal de camp Linch, Lieutenant général Biron.
La Division du Lieutenant général Biron est composé d'une 1re Brigade, à la droite : (Maréchal de camp Linch, 1 Bataillon des 1er, 24e, 81e et 22e Régiments d'infanterie; 2e Brigade : 1 Bataillon des 5e, 74e, 89e et 49e Régiments d'infanterie. TOtal 8 Bataillons.
Les premiers insuccès donnent confiance aux armées prussiennes et allemandes, qui s'avancent vers la frontière; la supériorité numérique contraint l'armée française à la défensive.
Luckner s'empare cependant de Menin et de Courtrai et s'établit au camp sous Menin. Les troupes françaises doivent se replier devant l'armée autrichienne. Le 30 juin, elles arrivent à Lille, le 1er juillet à Orchies, le 2 à Saint-Amand, et le 3 réoccupent le camp de Famars.
C'est à cette époque qu'a lieu ce mouvement singulier qui a été nommé, depuis, le chassé-croisé des armées du Centre et du Nord, à la suite duquel Lafayette, quittant Metz. avec son armée, vient défendre la frontière do Dunkerque à Montmédy, tandis que Luckner, avec la sienne, s'en va observer la frontière entre Montmédy et Besançon, en prenant position sur la Moselle.
Le 1er Bataillon du 24e quitte, en conséquence, le camp de Famars avec la Brigade Linch et arrive, après une marche de quatorze jours, au camp de Longeville-les-Metz, où il reste jusqu'au 4 août. Il passe ensuite au camp de Fontoy, le reste de l'armée étant à Richemont, et enfin occupe, avec toutes les forces de Luckner, le camp de Frascati.
Le 2 septembre, le Général Kellermann remplace Luckner et reçoit l'ordre d'opérer, vers Sainte-Menehould, sa jonction avec l'Armée du Nord, commandée par Dumouriez. Le camp de Frascati est donc levé le 4 septembre et l'Armée du Centre vient camper à Pont-à-Mousson. Elle se porte ensuite par Toul, Ligny, Bar, Saint-Dizier, Vitry et Dampierre-1e-Château sur Dommartin-la-Planchette, où se fait la jonction des deux armées, le 19 septembre.
L'ordre de bataille du centre de Kellermann est le suivant : 1ère ligne de bataille : Maréchal de camp Linch; 1ère Brigade, 1 Bataillon des 1er, 24e, 81e et 22e Régiments d'infanterie; 2e Brigade : 1 Bataillon des 5e, 90e, 102e et 44e Régiments d'infanterie. Total 8 Bataillons. 2 Régiments de cavalerie (Pully) et 2 Régiments de Dragons (Duc de Chartres).
- Bataille de Valmy (20 septembre 1792).
Pendant cette marche rétrograde, l'armée prussienne a gagné du terrain, pris Verdun le 2 septembre, forcé les défilés de l'Argonne défendus par Dumouriez et tourné l'armée française, qui fait face à Paris, alors que le Duc de Brunswick, placé entre la capitale et Dumouriez, fait face à l'Est.
L'armée française semble perdue ; mais, dans ce grand danger, Dumouriez sait conserver tout son sang-froid et conçoit un plan presque téméraire; il décide d'accepter la bataille, sur la route de Châlons, appuyant sn droite à l'Aisne, sa gauche à des étangs, adossée à la ville de Sainte-Menehould et au défilé des Islettes, où Dillon doit tenir jusqu'à la dernière extrémité.
C'est au moment où Dumouriez prend ces dispositions qu'arrivent l'armée de Kellermann et le Corps de Beurnonville.
L'armée prussienne est à Somme-Bionne le 19 septembre, comptant faire mettre bas les armes aux Français.
Une violente canonnade s'engage, dans la matinée du 20, contre les colonnes prussiennes qui s'avancent, au milieu d'un épais brouillard, vers le Corps de Kellermann, posté au moulin de Valmy. Le 24e s'y trouve placé, à la droite de la seconde ligne, entre le 1er Régiment d'infanterie et le 81e.
Cette canonnade n'a aucun résultat appréciable ; mais, lorsque vers midi le brouillard s'élève, l'armée prussienne voit, pour la première fois depuis le commencement de la campagne, l'armée française rangée en bon ordre et prête à combattre.
L'attaque se fait en trois colonnes par échelons et au son des tambours. Nos jeunes soldats regardent ces vieilles troupes avec indécision. Kellermann, avec un calme imperturbable, forme rapidement ses troupes en colonne, par Bataillon, le 24e à droite, se met à leur tête et, levant son chapeau surmonté du panache tricolore au bout de son épée, s'écrie d'une voix éclatante : "Vive la nation !"
Toute l'armée s'ébranle en répétant ce cri avec enthousiasme et marche droit à l'ennemi sana tirer. Les Prussiens s'arrêtent étonnés par cette audace inattendue et reculent en bon ordre.
La canonnade reprend plus vive que jamais et ne cesse qu'à la nuit.
Ainsi se termine cette bataille de Valmy, qui sauve la France de l'invasion. Kellermann ne reste pas inactif; pénétrant le but secret de Brunswick, qui veut gagner la route de Châlons et les hauteurs de Guizancourt et de la Lune pour nous forcer à abandonner la forte position que nous occupons, il fait allumer des feux sur les emplacements de l'armée et se met en marche à 9 heures du soir. Il passe l'Auve sur le pont de Dommartin-la-Planchette et prend position entre Dampierre et Villemont, ayant son front couvert par l'Auve, sa gauche par le ruisseau de Levers, et sa droite liée avec l'armée de Dumouriez.
L'étonnement des Prussiens est grand lorsque, le 21 à 7 heures du matin, alors qu'ils croyaient l'armée française tournée, ils voient Kellermann sur les hauteurs de Dampierre, menaçant leur droite sur la route de Châlons.
La situation de l'armée ennemie n'est plus tenable; ses communications sont difficiles et sérieusement menacées ; la dysenterie fait dans ses rangs d'affreux ravages. La retraite est décidée; elle se fait du 1er au 22 octobre.
L'Armée du Centre s'attache aux pas des Prussiens et se porte le 1er octobre à Suippes; mais des ordres de Dumouriez ayant prescrit de ne rien tenter contre l'ennemi, qui ne demande qu'à négocier, on se contente de le suivre à distance jusqu'à sa sortie de France, qui a lieu le 23 octobre près de Longwy, à Aubange. L'armée s'établit en position à Villiers-la-Montagne.
Le 28 de ce mois, le 24e prend ses quartiers d'hiver à Bruville, Vionville, Hannouville et Tronville. Le centre des distributions de la Division est à Mars-la-Tour.
Le 5 novembre, le Général Beurnonville remplace Kellermann à la tête de l'armée, qui prend le nom d'Armée de la Moselle, par Décret du 1er octobre de la Convention nationale.
Dans la composition de l'Armée de la Moselle (Général Beurnonville), nous trouvons en 1ère ligne (Lieutenant général Ligneville ; Général Linch), les 3e, 4e et 5e Bataillons de Grenadiers; les 1er, 17e et 24e (ce dernier fort de 758 hommes) Régiments d'infanterie.
Dès son arrivée à Metz, le Général Beurnonville fait lever le camp et marche sur Trèves (14 novembre). L'armée autrichienne occupe la Montagne-Verte, les hauteurs de Pellingen et Com-Sarrebrück ; le Général français fait attaquer ces trois positions. Cette attaque donne lieu à une série de combats menés avec beaucoup d'intrépidité, mais dont l'issue définitive ne nous est pas favorable et auxquels le 24e ne prend qu'une faible part.
Beumonville repasse la Sarre à Mertzig et prend ses quartiers d'hiver entre Thionville et Sarrelouis, avec avant-postes à Sierck et Freundorff.
Le 1er Bataillon du 24e, placé à la 2e Brigade de la 1re Division, est cantonné à Saint-Avold et envoie un petit Dépôt à Verdun.
- 1793
Le 23 janvier 1793, le Général Beurnonville cède le commandement de l'armée de la Moselle au Général de Ligneville, qui le passe bientôt lui-même au Général Custine, à la suite de son arrestation.
Les cantonnements d'hiver sont levés et l'armée se concentre vers Sarrebruck ; le 24e quitte Saint-Avold le 15 mars et vient au camp de Sarrebrück et, de là, à celui de Forbach, dans le courant d'avril.
C'est vers cette époque que le Général Custine prend le commandement en chef des Armées du Rhin et de la Moselle, et Houchard le commandement particulier de l'Armée de la Moselle.
Armée de la Moselle, le 17 avril 1793 (Généraux de Ligneville et Custine).
Corps de bataille - 2e Division (à la gauche) : Général Tolozan.
3e Brigade : 24e Régiment d'infanterie (758 hommes); Bataillon de Fédérés des 83 départements; 44e Régiment d'infanterie; 4e Bataillon de la Meurthe; 2e de la haute-Marne; 4e de la Seine-Inférieure.
4e Brigade : 55e Régiment d'infanterie; 2e Bataillon de la Moselle; 71e Régiment d'infanterie; 8e Bataillon de la Meurthe; 1er de la Haute-Marne; 103e Régiment d'infanterie et trois Régiments de cavalerie.
Le 15 mai, un Corps prussien s'étant emparé du poste de Neukirchen, Houchard le fait reprendre avec le concours de la Brigade Linch, tandis que l'on réoccupe le camp de Limbach. Ces deux succès engagent le Général à essayer de déloger l'ennemi des hauteurs d'Alstadt, qui commandent le cours de la Blies. Le 17 mai, la Division Schauemburg, chargée de l'opération, passe la rivière à Neukirchen et marcha sur les retranchements d'Alstadt, qui sont immédiatement évacués par l'ennemi.
Dans les premiers jours du mois d'août, le Général Houchard quitte l'Armée de la Moselle pour prendre le commandement de celles du Nord et des Ardennes ; il emmène avec lui 4,000 hommes. Ainsi affaiblie de plus du sixième de son effectif, l'Armée de la Moselle doit rétrograder et vient camper sur les hauteurs de Sarrebrück.
Au moment où commence ce mouvement (4 août), le 24e, qui est à l'avant-garde, occupe les hauteurs d'Alstadt; voyant ces troupes s'ébranler, l'ennemi tente de leur couper la retraite; mais la bonne contenance du 24e lui en impose et le contraint à renoncer à ses attaques et à se replier. Le commandement passe momentanément aux mains du Général Schauemburg.
- Armée des Vosges, combat de Rohrbach, 17 août 1793.
Après la prise de Mayence par les coalisés (22 juillet), Brunswick et Würmser se disposent à bloquer Landau et prennent position, le premier sur le versant occidental des Vosges, le second entre les Vosges et le Rhin ; débouchant tout à coup par la route de Rohrbach, ils attaquent vivement notre avant-garde. Le 2e Bataillon du 44e, établi dans le village, se replie mais, comprenant l'importance de son poste, il revient sur ses pas et, soutenu par le 1er Bataillon du 24e, il reprend la position.
Les efforts que font les Prussiens pour se rendre maitres du village se brisent contre l'énergique résistance de ces deux bataillons. L'ennemi bat en retraite avec une perte d'une cinquantaine d'hommes.
Les coalisés n'en poursuivent pas moins l'exécution de leurs projets et contraignent l'Armée des Vosges à lever le camp de Saint-Hubert (26 août}. Le 24e rallie alors au camp d'Hornbach la Division du Général Pully, qui est presque aussitôt après remplacé par le Général Moreau.
- Combat de Pirmassens, 14 septembre 1793.
Les Généraux français des Armées des Vosges et du Rhin ayant résolu de reprendre à l'ennemi la forte position de Pirmassens, sur laquelle il s'est établi, attaquent, avec trois colonnes, les avant-postes qui sont repoussés. L'ennemi cède sur toute la ligne lorsque, vers 11 heures du matin, les Français viennent se heurter de front contre les escarpements de Pirmassens, tandis que notre colonne de gauche, lancée au pas de charge, essuie, au moment où elle s'y attend le moins, le feu de plus de 40 pièces. Celle-ci est rejetée sur les troupes voisines, dans le profond ravin de Steingrund.
Cependant, les deux autres colonnes avancent toujours avec un superbe élan et le camp prussien court risque d'être enlevé lorsque notre gauche est débordée par l'infanterie ennemie du Général Kalkstein; en même temps, notre droite est criblée de mitraille par deux fortes batteries qui la prennent d'écharpe.
Rien n'a été prévu par Moreau pour parer à ces deux attaques foudroyantes sur nos flancs; le Général ne peut qu'ordonner la retraite; mais il n'est pas possible de reculer en ordre sous un pareil feu et, en quelques instants, le désordre se met dans nos rangs.
La déroute est complète et l'artillerie est abandonnée. En dépit de son éclatante valeur, le Régiment perd dans cette malheureuse affaire ses 2 canons, 3 caissons de munitions et 180 hommes tués, blessés ou disparus.
L'armée reprend sa position primitive après ce combat; mais, le 16 septembre, l'ennemi ayant occupé Bliecastel, il faut évacuer le camp de Hornbach, qui n'est plus tenable. Quelques jours après, l'armée se retire derrière la Sarre et le 1er Bataillon du 24e vient cantonner à Sarreguemines et à Grossblittersdorf (28 septembre). L'effectif est de 776 hommes.
De son côté, l'Armée du Rhin a évacué les lignes de Wissembourg et s'est repliée jusque sous le canon de Strasbourg.
La Division Burcy, dont fait partie le 24e, est détachée de l'Armée de la Moselle et s'achemine vers Saverne pour renforcer l'Armée du Rhin; elle trouve celle-ci sur la rive droite de la Zorn, ayant son aile droite commandée par Desaix, à Vantzenau, et son aile gauche sous les ordres du Général Sauter, à Saverne. L'ennemi, fort de 50,000 hommes commandés par Würmser, occupe la rive gauche de la Zorn, entre Bouxwiller et les marais de Wogersheim.
- Combat de Saverne, 22 et 23 octobre 1793.
Le Général autrichien, voulant ooouper le col de Saverne pour isoler l'armée française et la rejeter dans Strasbourg, fait attaquer le 22 octobre, par 4,000 hommes commandés par Hotze, la Division Sauter, qui occupe les hauteurs de Saverne. Cette première attaque ayant été couronnée de succès, la fin de l'opération est remise au lendemain. Le 23, Hotze renouvelle en effet ses tentatives et déjà ses troupes pénétrent dana le parc de Saverne, refoulant les Français devant elles, lorsque parait la Division Burcy, qui opère sa jonction avec l'Armée du Rhin.
Burcy, d'un coup d'oeil rapide, juge la situation des deux partis; il ne perd pas une minute et forme sa Brigade en colonne serrée par Bataillons, ses pièces, chargées à mitraille, masquées par l'infanterie et marche droit à l'ennemi.
A cette vue, Hotze lance sa cavalerie. La Brigade l'attend de pied ferme, ouvre subitement ses rangs lorsque la charge n'est plus qu'à quelques pas et permet ainsi à l'artillerie d'écraser l'assaillant par sa mitraille; tout ce qui n'est pas tué tourne bride et Burcy, profitant du désordre, aborde résolument les Autrichiens à la baïennette. Ceux-ci sont culbutés et perdent, en moins d'une heure, tout le terrain qu'ils avaient mis deux jours à conquérir.
Burcy est blessé à cette affaire, qui ne nous coûte qu'une centaine d'hommes hors de combat; les pertes de l'ennemi, au contraire, sont considérables.
Le 24e s'est vaillamment comporté à ce combat, où il a été un des premiers à charger à la baïonnette.
Cependant, la situation générale de nos armées n'est pas favorable et le territoire de la République est envahi. Le Comité da Salut public envoie Hoche à l'Armée de la Moselle et Pichegru à celle du Rhin. Une attaque générale est résolue. Par suite de la mésintelligence qui règne entre les Généraux ennemis et après une tentative infructueuse sur Bitche, Brunswick se retire vers Kayserslautern, laissant les Autrichiens découverts sur leur gauche.
Il est décidé que Pichegru attaquera les Impériaux de front, pendant que Hoche, se jetant avec 12,000 hommes à travers les Vosges, les menacera sur leur flanc droit.
Le 19 novembre, la Division Burcy se porte en avant, sur deux colonnes; le 24e fait partie de celle de droite. On marche ainsi sur Neuviller et l'on s'empare de Bouxwiller.
Les Autrichiens, repoussés, se retirent derrière la Moder, défendue par 28 redoutes.
- Attaque infructueuse de la redoute de Gundershofen, 28 novembre 1793.
Les avant-postes ennemis sont délogés les 24 et 25 novembre de Zutzendorf et de Kintweiler; mais, le 26, on échoue devant la redoute de Gundershofen. Burcy, chargé de l'attaque, fractionne sa Division en deux colonnes, qui s'avancent bravement mais sont accueillies par un feu terrible de mousqueterie et de mitraille. L'infanterie, ébranlée par cet ouragan de fer, fléchit et recule en désordre; à ce moment surviennent les Cuirassiers de Mack. Nous n'avons à leur opposer que deux faibles Régiments de cavalerie légère. Le 11e Hussards n'hésite pas cependant et va se heurter à la grosse cavalerie des Autrichiens. Ce brave Régiment est rejeté sur l'infanterie, dont il augmente le désordre. Burcy se met alors à la tête du 2e Chasseurs et s'y fait tuer sans avoir pu rétablir le combat.
Nos troupes ne peuvent se rallier que sur les hauteurs de Utonhofen.
- Combat de Mitzheim, 1er décembre 1793.
Le successeur du malheureux Burcy, le Lieutenant général Hatry, fait attaquer, les 28 et 29 novembre, le bois de Mitzheim. Ces combats, trés meurtriers pour nous, n'amènent aucun résultat.
Le 24e relève, à la Brigade de gauche, Général Aubugeois, le 2e de Ligne très éprouvé dans les dernières affaires, et va bivouaquer à l'entrée du bois.
L'attaque est reprise le 1er décembre, à 9 heures du matin, et le bois enlevé avec la plus brillante valeur; mais nos jeunes troupes inexpérimentées, marchant sur les talons de l'ennemi, sortent imprudemment du bois et viennent s'exposer au feu de deux pièces cachées dans un ravin; une charge de cavalerie achève la déroute, et le fruit de tant d'efforts est perdu. La Brigade tente un dernier effort qui ne réussit pas.
Les jours suivants ont lieu divers combats peu importants, pendant que quatre ponts sont jetés sur la Zintzel, près d'Utenhofen. La garde en est confiée au 2e et au 24e de Ligne.
Les mouvements de nos armées et une attaque de la Division Taponnier de l'Armée de la Moselle sur Froeschwiller et Woerth contraint les Autrichiens à se retirer sur Wissembourg; Hatry en profite immédiatement pour occuper Gundenshofen et passer la Zintzel.
L'Armée du Rhin suit l'ennemi et, le 24 décembre, fait sa jonction avec celle de la Moselle. Hoche prend le commandement des deux armées.
- Bataille du Geisberg (25 décembre 1793).
Les adversaires sont en présence, l'ennemi dans les lignes de Wissembourg, la droite sur les hauteurs de Roth ; la gauche à Ober-Lauterbach; les Français en face, prêts à l'attaque.
A 11 heures du matin, l'armée française s'ébranle : Desaix marche sur Lauterbourg, à droite; Hatry et Taponnier sur le Geisberg, et Wissembourg au centre; enfin Michaud à gauche, sur Schleitahl, tandis que Ferino cherche à déborder les Prussiens sur leur droite par les gorges des Vosges.
Pendant que Desaix emporte Lauterbourg, la Division Hatry s'empare du Geisberg, malgré une résistance opiniâtre. La prise de ces deux points, qui sont les clefs de la position, décide la retraite de l'ennemi. Cette bataille, qui n'a duré que quatre heures, a de grands résultats, non seulement par suite des pertes matérielles des Autrichiens, mais encore par les événements ultérieurs dont elle est le prélude.
Dans son compte rendu du combat, le Général Hoche cite particulièrement l'infanterie pour sa belle attitude : le 24e peut revendiquer une bonne part de ces éloges ; il a l'honneur de bivouaquer sur la position conquise, grâce à ses généreux efforts, et passe la nuit sur le Geisberg. Dans cette affaire, il a eu 15 hommes tués et plusieurs blessés.
- Le territoire français est évacué, 30 décembre 1793.
Le 27 décembre, l'armée française passe la Lauter, débloque Landau dès 9 heures du matin, et manoeuvre pour rejeter les Autrichiens au delà du Rhin. Le fleuve est repassé par eux le 30 décembre, à Philippsbourg.
- 1794
Enfin la Division Hatry se porte devant le fort Vauban pour en faire le siège et défendre le passage du Rhin à ce point (2 janvier 1794).
Le 24e prend ses cantonnements à Roppenheim.
Quelques jours après, la Division Hatry reçoit l'ordre de rejoindre l'Armée de la Moselle, près de Spire. Elle se met en route le 15 janvier, et arriva le 16 devant cette ville, où elle est placée en seconde ligne et cantonnée aux environs.
Le petit Dépôt du 24e est resté à Verdun pendant toute l'année.
- Armée de la Moselle.
Les deux armées du Rhin et de la Moselle vont donc continuer la guerre chacune de leur côté : la première, sous les ordres du Général Michaud, la seconde sous le commandement du Général Hoche.
Le Général Ambert remplace le Général Hatry à la tête de sa Division, près de Kayserslautern, et le 24e est placé à la jonction des routes de Landshull et de Ramstein; 650 hommes sont présents, sur un effectif de 1040 hommes. Après avoir été détaché pendant un mois à la Division Desbureaux, à Sarrebrück, le 1er Bataillon du 24e revient à Kayserslautem, où il assiste au combat du 24 mai.
- Combat de Kayserslautern, 24 mai 1794.
Le Maréchal prussien Mollendorf, connaissant la situation de la Division Ambert, forte de 5,000 hommes, et un peu en l'air, se dirige sur Kayserslautern pour la surprendre et l'écraser. La surprise est heureusement évitée par le Général Ambert, prévenu à temps; mais divers postes sont pourtant enlevés, entre autres ceux de Hochspeyer et de Fischbach, et Kayserslautern est attaqué par toutes les forces ennemies.
Après quatre heures d'un combat acharné contre un adversaire trois fois supérieur en nombre, nos troupes se retirent en bon ordre. Les deux colonnes du Général Ambert atteignent, sans être entamées, les routes de Schopp et de Trippstadt, lorsque l'approche de 50 cavaliers ennemis met la panique dans le 11e Régiment de cavalerie, qui protége la retraite; ce Régiment se jette sur l'infanterie et la met dans le plus grand désordre.
Le 24e, placé sur la route de Ramstein à Landshull, fait la plus belle résistance et se replie sur Ratelbein par la route de Schopp, après avoir sauvé 23 caissons et bon nombre de Volontaires déjà au pouvoir de l'ennemi ; cette belle affaire ne lui coûte que deux hommes tués.
Voici comment s'exprime, à ce sujet, le Bulletin de l'Armée : "Le 1er bataillon du 24e, qui occupait la route de Landshull et de Ramstein, a fait la plus belle résistance ; il s'est retiré sur la route de Sohopp, a arraché des mains de l'ennemi beaucoup de volontaires et beaucoup de caissons ; mais, abandonné à lui-même et ayant affaire à des forces trop supérieures, il a'est retiré sur Ratelbein".
A la suite de cet échec, l'Armée de la Moselle se replie sur la Sarre ; mais, ayant reçu un renfort de 6,000 hommes envoyés du Rhin par Michaud, elle se reconstitue à 4 Divisions et reprend l'offensive sous le commandement du Général Moreau.
Le 2 juillet, une attaque de la Division Taponnier sur Trippstadt ne réussit pas et les Divisions reprennent leurs anciennes positions.
Les chefs des deux armées s'entendent pour organiser un mouvement d'ensemble sur Kayserslaurern. Le 12 juillet, le Général Taponnier s'installe de vive force en avant de Trippstadt, d'où l'ennemi ne peut le déloger, malgré plusieurs retours offensifs.
- Combat de Trippstadt, 13 juillet 1794.
Le lendemain, dès la pointe du jour, la grande attaque de Trippstadt a lieu. Sous le couvert d'une épaisse ligne de Tirailleurs, les colonnes, le 24e en tête, s'élancent à la baïonnette sur la position ennemie, fortement retranchée et défendue par 30 pièces d'artillerie. Rien n'arrête l'élan de nos braves soldats; une batterie de 8 pièces est enlevée; l'ennemi, en partie tourné et culbuté, se met en retraite sur Kayserslautern, après avoir essuyé des pertes sérieuses. Mollendorf ne peut rallier ses troupes qu'à la faveur de la nuit.
- Combat de Mertenzée.
Une partie de l'armée, sous les ordres du Général Renauld, marche sur Deux-Ponts et Mertenzée; l'ennemi cède partout devant nous, mais s'arrête à Mertenzée, où il nous oppose une résistance acharnée; le 24e est en réserve pendant ce combat sanglant qui ne prend fin qu'à la nuit.
Le 17 juillet, les Prussiens évacuent Kayserslautern, qui est occupé par les Français.
Aussitôt après la prise de Kayserslautern, le Comité de Salut public ordonne à l'armée de se porter sur Trèves, supposant que les Autrichiens, battus sur la Sambre, s'y retirent.
Quelques renforts arrivent à l'Armée de la Moselle, qui est formée en trois Corps commandés par les Généraux Renauld, Desbureaux et Ambert. Le 24e est de la Division Taponnier, du 3e Corps, sous les ordres du Général Ambert; son effectif est de 878 hommes.
La marche sur Trèves donne lieu aux combats de Pellingen et de Com-Sarrebrück, auxquels le 24e ne prend aucune part. La colonne avec laqnelle il marche enlève de vive force le pont de Wasserbillig.
Le 9 août, Trèves évacué pendant la nuit, est occupé par nos troupes, et le Quartier général y est placé. L'armée prend position en avant de la ville et reste en observation pendant tout le mois d'août. La Division Taponnier, dont le 24e fait partie, reste à Wasserbillig.
- Affaire de Cochem, 8 septembre 1794
Plusieurs reconnaissances faites dans les environs amènent des combats dans lesquels les divers Corps font preuve d'énergie et de courage.
Le 8 septembre 1794, le Commandant Nérin, à la tête du 1er Bataillon du 24e, enlève à la baïonnette le village de Cochem, défendu par un fort parti d'Autrichies avec 2 canons. Il lui prend une pièce de canons, deux caissons ainsi que tous ses bagages, et lui fait bon nombre de prisonniers.
Au mois d'octobre, l'Armée de la Moselle est chargée d'appuyer la droite de l'Armée de Sambre-et-Meuse pour chasser définitivement les forces des coalisés du pays de Luxembourg et de l'Electorat de Trèves. On marche ainsi d'abord sur Kreutznnch et Ringen; la Division Taponnier prend enfin position sur les hauteurs de Metternich, en face de Coblentz (23 octobre).
Dans la journée du 24, au moment où la Division Marceau, de l'Armée de Sambre-et-Meuse, entre en ligne devant Coblentz, le Général Mélas consent à évacuer cette place avec les honneurs de la guerre.
- Blocus de Luxembourg.
Trois Divisions, au nombre desquelles se trouve la Division Taponnier, sont détachées pour le blocus de Luxembourg ; la nature du terrain ne permet pas d'installer les troupes hors de la portée du canon des ouvrages de la place, de sorte que quelques camps en sont souvent incommodés; i1s sont encore inquiétés par des rassemblements de paysans armés. Tout rentre bientôt dans l'ordre, et le siège est poussé vigoureusement.
1795.
La garnison fait plusieurs sorties : celles du 7 janvier et du 9 mars 1795 sont les plus importantes, mais le 24e ne prend qu'une part indirecte aux combats dont elles sont l'occasion. Le 24e ne perd que 2 hommes, mis hors de comhat pendant tout ce blocus.
Le petit Dépôt du 1er Bataillon du 24e ayant quitté Verdun le 4 décembre 1793, a été établi à Strasbourg au commencement de 1794. Il est transféré à Toul le 8 avril, et reste dans cette place jusqu'en juillet 1795, époque de l'emhrigadement du Régiment.
- Armée de Rhin et Moselle, Arrêté du 3 mars 1795.
Par Arrêté de la Convention nationale, du 3 mars, les Armées du Rhin et de la Moselle sont réunies sous le nom d'Armée de Rhin-et-Moselle. En conséquence, les trois Divisions qui sont devant Luxembourg sont relevées par des troupes de l'Armée de Sambre-et-Meuse, et se dirigent vers les points qui leur sont indiqués; la Division Taponnier est envoyée à Spire, où elle arrive au commencement de juin. Pendant cette marche, le Régiment a près de Kayserslautern, le 23 mai, une petite affaire dans laquelle un homme est tué.
- Le 1er Bataillon du 24e entre dans la composition de la 47e Demi-brigade de bataille.
Le 17 juillet 1795, le 1er Bataillon du 24e Régiment d'infanterie (ancien Régiment de Brie) concourt, par application des Lois et Décrets des 21 et 25 février 1793, et du 8 janvier 1794, à la formation de la 47e Demi-brigade de bataille. Cette opération n'avait pu se faire auparavant, du fait de l'engagement du Bataillon dans les opérations militaires. A la réorganisation de 1796 (18 nivôse an IV), cette 47e Demi-brigade de Bataille entre dans la composition de la 97e Demi-brigade de seconde formation.
- Historique du 2e Bataillon du 24e
- 1792.
Au moment où le 1er Bataillon du Régiment entre en campagne en Belgique avec l'Armée de Rochambeau, le 2e Bataillon est à Lille. Nous avons vu que ce Bataillon a envoyé sa Compagnie de Grenadiers au 1er, et se trouve réduit à huit Compagnies de Fusiliers (soit un effectif de 660 hommes), sous les ordres du Lieutenant-colonel Pierre de Viautaix.
Le reste de la garnison de Lille, commandée par le Lieutenant général La Bourdonnaye, est composé de 2es Bataillons des 15e, 56e et 90e de Ligne.
- Prise du château d'Ennechin, 28 juin 1792.
Le 2e Bataillon du 24e se fait remarquer, pendant toute cette campagne, par des expéditions continuelles et toujours heureuses autour de Lille. Le 22 juin, conduit par le Lieutenant-colonel Lamarche, il attaque un châleau appartenant à l'Evêque de Tournai, situé prés d'Ennechin, entre Tournai et Courtray, et y prend 10 canons.
- Blocus de Lille, 23 septembre 1792.
Vers la fin de septembre, le Général autrichien, Duc de Saxe-Teschen, arrive devant Lille; les postes avancés, établis au faubourg de Fives, sont refoulés dans la place pendant que les Autrichiens ouvrent la tranchée sur la route de Tournai, entre le village d'Helemmes et les dernières maisons de Fives.
- Sortie du 24 septembre 1792.
Une sortie, commandée par le Lieutenant-colonel de Viautaix, du 24e, et par le Lieutenant-colonel Valubert, des Gardes nationaux, est dirigée le 24 septembre 1792, sur Fives. Comme dans toutes les expéditions de cette nature, les travailleurs ennemis sont tout d'abord chassés, mais, des renforts leur étant arrivés, on doit rentrer dans la place.
Le bombardement commence le 29 septembre, et ne réussit pas à déconcerter la défense, malgré les nombreux incendies allumés sur divers points; les secours sont partout organisés : citoyens et soldats rivalisent de courage et de dévouement et parviennent à tenir en échec l'ennemi surpris par cette belle résistance.
- Levée du siège, 8 octobre 1792.
L'ennemi, à la nouvelle de l'approche de Dumouriez, qui arrive avec 30,000 hommes au secours de la place, lève le blocus de Lille le 8 octobre 1792.
- Armée du Nord
Le 2e Bataillon du 24e passe à l'Armée du Nord. commandée par le Général Labourdonnaye (14 novembre 1792). La 1re Division, Lieutenant général Duval, du Corps de bataille, est composée de la manière suivante. A la 1ère Brigade : 1er Bataillon de la 1re Division de la Manche, 1er Bataillon du 12e de Ligne, 1er de la Gironde; à la 3e brigade : 2e Bataillon du 22e de Ligne, 3e de la Somme, 2e du 24e de Ligne, 4e de la Somme; à la 5e Brigade : 2e Bataillon du 78e de Ligne, 1er de l'Eure, 2e du 81e de Ligne, 2e du X ; Cavalerie : 3e et 13e Régiments.
Dans sn retraite, le Général autrichien se propose de tenter un coup de main sur Valenciennes; il en est empêché par une belle manoeuvre des Généraux La Bourdonnaye et Beurnonville.
Ceux-ci, sortant de la place, se portent sur la ligne de retraite de l'ennemi, qui n'a que le temps de repasser précipitamment la frontière.
- Affaire de Mouveaux, 16 octobre 1792.
Pendant cette poursuite, le 2e Bataillon trouve l'occasion de se distinguer : le 16 octobre, il enlève à la baïonnette le village de Mouveaux; 3,000 Allemands reviennent presque aussitôt sur le village et l'attaquent. Le 24e exécute alors une belle retraite sur Pont-à-Marcq, ne perd que deux hommes et tue un grand nombre d'Autrichiens.
Le 8 novembre, le Corps d'armée du Nord, dont fait partie le 24e, prend l'offensive sur Anvers, par Terminde, Furnes et Bruges, et entre dans Tournai. Le 21 novembre, on arrive devant Anvers, dont la citadelle est assiégée et capitule le 28, après cinq jours de tranchée ouverte. Le 2e Bataillon, qui a fait partie jusqu'alors de la 2e Brigade de la 1re Division, Général Duval, passe dans celle du Maréchal de camp Chancel, cantonnée à Munster-Bilsen, et le Lieutenant général Miranda remplace La Bourdonnaye à l'Armée du Nord.
- 1793.
Au commencement de 1793, le 2e Bataillon cantonne successivement à Munster, Aix-la-Chapelle et Vanloo, où il se trouve le 1er mars réduit à 460 combattants.
A la reprise des hostilités, Miranda fait le siège de Maëstricht, tandis que le Général Valence occupe Liège et Namur, et que le Général en chef se jette, avec le reste de l'armée, dans le Brabant hollandais.
- Bataille de Neerwinden, 18 mars 1793.
Le Prince de Saxe-Cobourg avec 70,000 hommes, dans une marche rapide, ramène nos Divisions sur la Meuse et force Miranda à lever le siège de Maëstricht; celui-ci se retire si rapidement, qu'il laisse une partie de ses bagages à l'ennemi. Dumouriez accourt en toute hâte de Hollande, prend le commandement de toutes les troupes et se porte en avant avec l'intention d'arrêter Cobourg par une grande bataille. Ce dernier est sur la petite Geête, retranché dans les villages de Neerwinden et d'Oberwinden, le centre sur le monticule nommé la Tombe-de-Mittelwinden, clef de la position.
Dumouriez attaque le centre, tandis que Valence a ordre de déboucher sur la gauche ennemie, et que Miranda doit se borner à occuper les débouchés de Léau et d'Oisnaël, à la gauche de l'armée française. Le 2e Bataillon du 24e est sur ce point.
Notre centre et notre droite échouent complètement devant Neerwinden et les retranchements du centre; le village est pris trois fois, et trois fois il est repris par l'ennemi. Le Général se prépare à une quatrième attaque lorsqu'il apprend la retraite de Miranda, qui s'est retiré sans le prévenir, et l'expose aux plus graves dangers.
Dumouriez recule en bon ordre et rallie le reste de l'armée vers Tirlemont, et ensuite près d'Ath. Il doit continuer la retraite jusqu'à la frontière, pendant que l'Armée de Hollande rejoint à marches forcées.
Le Général en chef, après avoir vainement cherché à entrainer son armée dans la défection et le coup d'état qu'il méditait, passe à l'ennemi le 4 avril, laissant son armée complètement démoralisée et répartie dans divers camps. Le 24e est au camp de Cassel, sous les ordres du Général de Division 0'Moran.
Les Généraux Dampierre et Lamarche prennent successivement le commandement de l'Armée du Nord, jusqu'à l'arrivée de Custine (27 mai), qui établit son Quartier général à Cambrai. Houchard lui succède le 10 août, après un intérim de quelques jours fait par le Général Kilmaine.
Le Duc d'York, à la tête de l'armée anglaise, s'étant séparé de Cobourg, par ordre de son gouvernement, et mis en marche pour assiéger Dunkerque, tous les camps français son levés et les troupes dirigées sur Dunkerque et Bergues. Le 24e vient à Bergues, où il reste bloqué jusqu'au 7 septembre, de sorte qu'il ne prend aucune part aux deux premières journées d'Hondschoote.
- Bataille d'Hondschoote, 6, 7 et 8 septembre 1793.
L'armée anglaise, réduite à 20,000 hommes, par suite de deux détachements de 15,000 hommes chacun à Menin et à Rousbrugge, est campée devant Dunkerque, entre les marais et la mer, sur une langue de terre qui ne lui laisse d'autre retraite que la route de Furnes.
Houchard n'exécute pas complètement le plan du Comité de Salut public; au lieu de tomber sur les Anglais avec ses 50,000 hommes, il en laisse 30,000 dans les camps, et c'est avec 25,000 hommes seulement qu'il attaque de front l'armée d'observation.
Les 6 et 7 septembre sont employés à la préparation de la bataille; le 6, Poperingue, Ost-Capelle et Proven tombent en notre pouvoir après de violents combats; le village de Herzell est emporté à la baïonnette par le Général en chef. Le 7, on s'approche d'Hondschoote, et les deux armées se trouvent en présence le 8 au matin.
A 8 heures, nos colonnes s'ébranlent : à droite, Hédouville et Collaud; au centre, Jourdan, et à gauche, vers le canal de Furnes, le Corps franc de Vandamme. Les principaux efforts sont dirigés sur le centre ennemi, parce que le terrain, en avant de sa gauche, est fort difficile et coupé de haies et de fossés; quant à sa droite, elle est couverte par les inondations de la Moëre et presque inabordable.
Notre marche est gênée, surtout par le tir d'une batterie de 12 pièces, placées sur une butte de moulin, et auprès de laquelle est une maison que l'ennemi a négligé de détruire. A notre droite, Collaud met beaucoup de temps pour entrer en ligne, et perd 2 heures. A cause de toutes ces difficultés, nous n'avançons pas, lorsque Jourdan fait mettre en batterie 10 bouches à feu au centre de la ligne, près de la route de Hondschoote. Ces pièces produisent un grand effet ; les éclats de pierre que nos boulets font jaillir de la maison du moulin, blessent bon nombre de canonniers anglais, et le feu de leur grande batterie s'en trouve très ralenti.
Le Général en chef, Houchard, profite de cette circonstance pour former ses troupes en colonne, à droite et à gauche de la route, et se porter en avant, contre les forces anglaises qui sortent du village. La fusillade éclate alors avec la plus grande vivacité. Tout à coup, Jourdan aperçoit des troupes qui débouchent sur le champ de bataille, vers le canal de Furnes; c'est Leclerc qui, marchant au canon, arrive avec 3,000 hommes, parmi lesquels se trouve le 2e Bataillon du 24e.
Il se met aussitôt à la tête de trois Bataillons de réserve, marche sur le centre ennemi et pénètre dans les retranchements qui couvrent Hondschoote.
A ce même moment, Leclerc, manoeuvre avec autant d'habileté que d'audace, aborde la droite de la position et enlève la redoute qui la défend. De son côté Collaud s'est emparé, après deux assauts meurtriers, des retranchements ennemis.
A 3 heures, toutes les positions sont à nous; la déroute de l'ennemi est complète, et ses débris se retirent sur Furnes, où il a fait filer ses bagages dès la veille. Le 2e Bataillon du 24e, qui a pris une large part à cette belle victoire, ne subit que des pertes insignillantes.
Cette victoire de Hondschoote, due à l'héroïsme de nos soldats, fait oub1ier les défaillances de 1792; l'enthousiasme de nos jeunes troupes est grand, et l'ennemi, ayant levé le siège de Dunkerque, nos Généraux regrettent presque cet heureux événement : "Si ce siège n'était pas levé, écrivent-ils, les Anglais le payeraient cher. Ils seraient obligés de mettre bas les armes, sans quoi ils seraient hachés ou mourraient d'eau salée".
Cependant Houchard est cruellement puni pour n'avoir pas exécuté les ordres du Comité de Salut public. Le malheureux Général paye de sa tête sa désobéissance aux ordres de la Convention, et est remplacé dans son commandement par le Général Jourdan.
Une Division de 12,000 hommes, sous le commandement de Vandamme, est laissée le 12 septembre dans la place de Dunkerque. Le 2e Bataillon du 24e, sous les ordres du commandant Péraud, en fait partie. Vandamme ne reste pas inactif dans la place : le 22 octobre, il s'empare de la ville de Furnes, défendue par une garnison de 8,000 hommes. Parti de Dunkerque à une heure du matin, il est maitre de Furnes quatre heures après.
Le 20 novembre, le Bataillon vient occuper le camp de Rosendaël, sous Dunkerque, où il fait partie de la 2e Division, Général Macdonald.
- 1794.
Pendant tout le mois de décembre, il reste dans ce camp, aux ordres du Général Gougelots. En janvier 1794, le 24e retourne au camp de Cassel pour y rester jusqu'au 24 février et passer ensuite au camp de Hezzècle ; du 5 au 29 mars, au camp de Wormhout, puis à Dunkerque, et enfin à Cassel, le 9 avril, à la Division Moreau.
Pendant ce temps, le petit Dépôt du 2e Bataillon a occupé Lille jusqu'au 15 mai 1793, puis Arras jusqu'au 10 avril 1794, date de son embrigadement.
- Le 2e Batalllon du 24e entre dans la oomposition de la 48e de Bataille.
Le 10 avril 1794, le 2e Bataillon du 24e de Ligne entre dans la composition de la 48e Demi-brigade de Bataille, en exécution de la loi du 25 février 1793. A la réorganisation de 1796 (18 Nivôse an IV) elle entre dans la composition de la 48e Demi-brigade de seconde formation.
Les contrôles du Corps, entre 1787 et le mois de mai 1794, indiquent que 5517 hommes y ont été incorporés. Sur ce nombre et pendant ces huit années, 536 hommes ont déserté, soit un dixième.
- 24e Demi-brigade de bataille, 1793-1796
- Formation de la 24e Demi-brigade de bataille le 5 nivôse an II - 25 décembre 1793).
En vertu du Décret du 21 février 1794, portant organisation de l'armée, l'infanterie de ligne est constituée en Demi-brigades, composées chacune d'un Bataillon des anciens Régiments et de deux ou de plusieurs Bataillons de Volontaires.
La 1re Demi-brigade de bataille est formée du 1er Bataillon du 1er de Ligne, et deux Bataillons de Volontaires les plus à proximité; la 2e Demi-brigade s'organise avec le 2e Bataillon du 1er de ligne et deux Bataillons de Volontaires, et ainsi de suite.
Le nouveau Corps qui est nommé 24e Demi-brigade de bataille est donc formé pendant l'hiver de 1793; il se compose des éléments suivants : le 2e Bataillon du 12e de Ligne (ancien Auxerrois); le 3e Bataillon des Réquisitions de la Somme; les 2e et 4e Bataillons des Réquisilions d'Amiens.
- 1794
La 24e Demi-brigade passe l'hiver de 1793 à s'organiser dans ses cantonnements, autour et de Lille. Dès le mois de mars 1794, elle rejoint l'armée de Pichegru, au camp de Flers, et entre dans la 2e colonne (Macdonald) de la 1re Division (Souham).
La 1ère Division du Général Souham (Armée du Nord, Général Pichegru), est composée, au 16 avril 1794 : 1ère colonne (Général Jardon) : 1er Tirailleurs, 6e Régiment de Chasseurs ; 2e colonne (Général Macdonald) : 3e Demi-brigade, 24e et 68e Demi-brigades, 5 Compagnies du 2e Bataillon d'infanterie légère, 5e Régiment de Chasseurs, 2e Régiment de Carabiniers, 1 pièce de 12, 1 de 8 et 1 obusier, artillerie légère (2 pièces de 8 et 1 obusier) ; 3e colonne : Général de Déhay ; 4e colonne : Général Daendel ; Brigade Batin, Brigade Thiéry.
Cette armée fait plusieurs tentatives infructueuses pour dégager la place de Landrecies, assiégée par les armées coalisées du Prince d'Orange et du Duc d'York; elle se partage ensuite en deux tractions dont l'une, composée de l'Armée des Ardennes et de la droite de celle du Nord, est opposée à Kaunitz, sur la Sambre, tandis que l'autre doit entrer en Flandre.
Pendant que le gros de l'armée combat avec des chances diverses, l'aile gauche, formée des Divisions Moreau et Souham, se met en marche : la 2e Division (Moreau) vers Menin, qu'elle investit; la 1re (Souham), sur quatre colonnes, vers Courtrai. Le départ de cette dernière a lieu le 26 avril, à 2 heures du matin.
La 2e colonne, où se trouve la 24e, dirigée par Macdonald, vient prendre position entre Billighem et Courtrai, puis, le 28 avril, sur les hauteurs de Drouquart, en face de Cassel; le reste de la Division à sa gauche.
- Bataille de Mont-Cassel, 29 avril 1794.
L'ennemi est en bataille sur les positions entre Mouscron et le mont Cassel, et a garni de nombreux Tirailleurs les bois et les haies qui entourent les fermes de la Blanquerie, des Fontaines et le château de Mouscron; les sommets de la position sont couronnés par de fortes batteries retranchées.
Souham fait attaquer Mont-Cassel par la Brigade Macdonald, précédée du Général Jardon, pendant que la Brigade Daendel se porte sur Mouscron. Dewinter est en réserve avec la 3e colonne forte de quatre Demi-brigades.
La fusillade éclate très serrée dès l'apparition des Tirailleurs de Jardon ; l'infanterie de Macdonald se déploie aussitôt à cheval sur la route d'Aelbecke au mont Cassel, se trayant avec peine un passage à travers les haies et les fossés. Les abatis qui couvrent les approches du front autrichien sont dispersés par le feu de l'artillerie.
On se bat ainsi pendant quatre heures consécutives, en gagnant peu à peu du terrain, mais sans avantage marqué. Cependant, l'ennemi menacé par des attaques convergentes, se dispose à la retraite; une charge de la cavalerie française détermine la déroute des Hanovriens.
Du côté des Autrichiens, qui s'efforcent de tenir à Mouscron, la bataille prend également une mauvaise tournure; toute leur artillerie est capturée dans une brillante charge à la baïonnette; enfin la Brigade Macdonald enlève d'assaut le mont Cassel.
La déroute de l'armée combinée est complète; la poursuite a lieu avec la dernière énergie et donna à l'armée française de nombreux trophées, pnrmi lesquels le parc d'artillerie du Général Clairfayt. La 24e Demi-brigade, qui a combattu toute la journée au premier rang, laissa 71 braves sur le champ d'honneur et 3 hommes grièvement blessés.
Le Général Souham fait bivouaquer sa Division sur le champ de bataille; Bertin, autour de Mouscron ; Macdonald, entre le mont Cassel, où il a si vaillamment combattu, et le moulin Cornalis; Daendel, à sa gauche, vers Aelbecke.
Menin se rend le lendemain au Général Moreau (30 avril).
Dans les premiers jours de mai, les deux Divisions passent la Lys, vers la Chapelle-de-ln-Madeleine, et prennent des positions aux environs de Courtrai. En apprenant ces mouvements, Clairfayt revient sur Mouscron, avec l'espoir d'inquiéter l'aile gauche de l'Armée du Nord, et de la forcer ainsi à la retraite. Souham sort aussitôt de Courtrai, le 11 mai, et tombe à l'improviste sur l'ennemi, qu'il attaque à la baïonnette. Après un combat de quelques heures, les Autrichiens se voyant menacés d'être tournés par la Brigade Macdonald, où est le 24e, doivent céder le terrain. Cette Brigade n'arrive qu'après le combat à Heule et Gulleghem, où elle bivouaque le 12 mai.
Inquiets de ces insuccès, les Anglais et les Autrichiens, réunis au nombre de 45,000, près de Tournai, marchent sur Courtrai et s'emparent, chemin faisant, de Lannoy, Roubaix et Mouveaux, pendant que Clairfayt, parti de Thielt avec 30,000 hommes, passe la Lys à Commines et s'arrête sur les hauteurs de Blaton et de Luiselles, à environ une lieue des Anglais (17 mai).
Avertis de ces mouvements, les Généraux français, qui se sont retirés vers Lille, reprennent l'offensive le 18 mai.
- Bataille de Tourcoing, 18 mai 1794.
Tandis que Moreau contient Clairfayt vers le Blaton, Bonnaud et Souham débouchent simultanément, l'un de Lille, l'autre de Menin; ils attaquent l'ennemi avec une telle impétuosité qu'il est mis dans le plus grand désordre et ne parvient pas à se reformer.
Souham tombe sur le Général autrichien Ott, à Tourcoing, et le culbute. Bonnaud éprouve plus de résistance de la part des Anglais, mais la gauche des Impériaux, trompée par les manoeuvres d'un détachement sorti de Flers, ne fait aucun mouvement pour les soutenir. Ils sont débordés par les deux ailes; menacés sur leurs derrières par une Brigade française, ils abandonnent précipitamment le champ de bataille. Le Duc d'York ne doit son salut qu'à la vitesse de son cheval. La défaite des Anglais entraine celle de toute l'armée, qui ne peut se rallier que derrière les retranchements de Tournai. Elle perd à cette bataille 2 drapeaux, 60 canons et 1500 prisonniers ; la 24e Demi-brigade a 18 hommes tués ou blessés.
Dès le lendemain, Pichegru arrive sur les lieux et prescrit aux Divisions Souham, Moreau et Bonnaud de se porter sur Tournai, par Templeuve, Blandin et Pont-à-Chin.
- Combat de Pont-à-Chin, 22 mai 1794.
Le 22 mai, une action sanglante s'engage à Pont-à-Chin; les deux partis y subissent des pertes égales, mais Pichegru est forcé de reprendre ses premières positions. Alors il va assiéger Ypres pour attirer Clairfayt et le battre isolément; ce qu'il a prévu ne manque pas d'arriver : le Général autrichien accourt avec 30,000 hommes, et tombe à Rousselaere et Hooglède, sur la droite de notre Corps de blocus. Le 7 juin, Souham, qui s'y trouve avec la 24e Demi-brigade et le reste de sa Division, fait échouer cette attaque.
- Combats à Hooglède, 7 et 10 juin 1794.
Une seconde tentative de Clairfayt pour secourir Ypres échoue, le 1O juin, devant la ferme résistance de la Brigade de Macdonald à Hooglède; la Brigade placée à Rousselaere a d'abord plié, mais Souham vient rétablir le combat, et l'ennemi recule pour la deuxième fois.
- Bataille de Hooglède, 13 juin 1794.
L'attaque générale a lieu le 13 juin ; dès le début de l'affaire, notre droite postée à Roulers est culbutée; mais la partie de la ligne où est le 24e, quoique prise de front et de flanc, encouragée par la défense de Macdonald, ne se laisse pas entamer. Cette ferme résistance donne le temps au reste de la Division Souham d'entrer en ligne.
Les choses changent immédiatement de face et, malgré les efforts inouïs et les charges réitérées de leur cavalerie, les Impériaux doivent cesser le combat. Cette fois, Clairfayt, convaincu de son impuissance, reprend le chemin du camp de Thielt.
La 24e a 18 hommes hors de combat ce jour là.
Une Relation attribue à la 24e Demi-brigade ou à la 62e le fait suivant : "A la bataille de Hooglède, une demi-brigade était postée à coté du chemin qui conduit de Rousselaëre à Hooglède. Le régiment de La Tour (dragons), le plus brave de tous ceux de l'ennemi, arriva par cette route, couvert de ses manteaux. Le chef de cette demi-brigade, ne voyant pas leur uniforme, crut que c'était une partie de notre cavalerie. Il s'écria : "Attendez, je crois qu'ils sont des nôtres !" Le chef des dragons répondit : "Oui, nous sommes des vôtres; mais vous êtes là dans une vilaine position, voua allez avoir sur le corps toute l'armée ennemie; si vous m'en croyez, vous changerez de place". Comme il disait ces mots, il laissa entrevoir son uniforme. Notre chef de brigade fit faire feu dessus, et un escadron de ce régiment demeura tout entier sur la place. Le chemin fut encombré par les cadavres des hommes et des chevaux de ce régiment; c'était une pitié de voir cet horrible carnage.
Dans toute cette campagne, notre infanterie a tenu ferme contre la cavalerie et ne s'est jamnis laissé rompre ni mettre en déroute. C'est la fermeté étonnante de nos fantassins qui nous a rendus invincibles, et elle fera époque dans l'histoire. Quand l'infanterie se laisse rompre par la cavalerie, elle est perdue. Mais quand elle lui résiste, elle ne manque presque jamais l'avantage. On a souvent vu la cavalerie ennemie charger au galop notre infanterie ; mais le premier rang de celle-ci faisait sa décharge et présentait sa baïonnette. Le second et le troisième faisaient un feu bien soutenu, et la cavalerie décampait aussi vite qu'elle était venue. Si nos bataillons s'étaient laissé rompre, il s'en serait fait un carnage horrible".
Prise d'Ypres, 17 juin 1794.
Quatre jours après, la place d'Ypres se rend; Bruges, Gand, Malines et Anvers capitulent pendant les mois suivants.
- Combat d'avant-garde à Boxtel, 14 septembre 1794.
En sepembre, nos armées reprennent l'offensive, et celle du Nors est dirigée sur la Meuse pour attaquer les Anglais. L'avant-garde ennemie, atteinte par la 24e Demi-brigade, à Boxtel, sur la Dommel, est culbutée et perd 1500 prisonniers, 6 pièces de canons et ses bagages.
- Combat de Boxtel, 15 septembre 1795.
Le lendemain, le Duc d'York fait avancer ses réserves pour reprendre Boxtel. Les reconnaissances françaises renforcées par toute l'avant-garde arrêtent les Anglais, les forcent à la retraite et les poursuivent jusqu'à l'Aa. L'armée du Duc d'York rejetée au delà de la Meuse, abandonne à leurs propres forces Berg-op-Zoom, Breda et Bois-le-Duc.
- Prise de Bois-le-Duc, 12 octobre 1794.
La Division Souham s'avance sur Bois-le-Duc et commence l'investissement de la place le 22 septembre. La Brigade Macdonald, où compte toujours la 24e Demi-brigade, est placée en observation du côté de Bommel, par où peuvent déboucher les Hollandais.
On manque de canons de gros calibre, mais pendant la nuit du 27 au 28 septembre, le fort de Crèvecoeur ayant capitulé, fournit aux Français l'artillerie qui leur manque. Le siège est poussé activement, et Bois-le-Duc ouvre ses portes le 12 octobre.
Dès le lendemain, la Division Souham, prenant la droite de l'armée, s'établit devant Grauf et change de numéro avec la Division Moreau, qui prend à dater de ce jour le n°1. La 24e Demi-brigade continue à faire partie de la Division Souham (2e Division).
Armée du Nord (commandée par Pichegru, jusqu'au 18 octobre; par Moreau, du 18 octobre au 4 décembre 1794; par Pichegru, du 4 décembre au !0 mars 1795, et par Moreau, jusqu'au 19 juin 1796).
1re Division, dite de droite : Moreau et Vandamme; 2e Division (aile droite) : Souhnm et Macdonald.
1re Brigade, commnndée successivement pnr Macdonald, Régnier et d'Azémnr : 3e, 24e et 68e Demi-brigades de bataille; 2e Brigade, commandée par Devinter, puis Thiéry : 23e Demi-brigade de bataille, Demi-brigade de l'Yonne, 30e Division de gendarmerie, Grenadiers du Bataillon de la
Moselle.
3e, 4e, 5e et 6e Divisions.
Par suite de nos derniers succès, la position du Duc d'York est devenue intenable derrière la Meuse ; il suit donc le mouvement général et se replie sous la place de Nimègue, à la conservation de laquelle les alliés tiennent beaucoup ; ils espèrent, en effet, pouvoir déboucher de cette forteresse pour opérer sur la gauche de l'Armée de Sambre-et-Meuse, afln de se ménager l'espace entre Wahal et Meuse. Les alliés font les plus grands efforts, mais leurs tentatives restent vaines, grâce à l'activité des Généraux français. D'ailleurs, l'armée ennemie est devenue timide et ces belles troupes ne savent plus que chercher un refuge derrière un obstacle, rivières ou places fortes sans rien défendre.
Combat d'Oude-Wattering, 19 octobre 1794.
L'armée française passe la Meuse sous les ordres de Moreau, investi du commandement en chef, en l'absence de Pichegru, malade, et se porta sur Nimègue, où elle arrive le 18 octobre. Le 19, à la pointe dn jour, la Division Souham attaque les Anglais retranchés entre Appelten et Dreuten, dans un pays des plus difficiles, marécageux et coupé de canaux, de digues et de fossés pleins d'eau. Rien n'arrête l'ardeur des troupes : les Tirailleurs et les Grenadiers des 3e et 24e Demi-brigades se jettent les premiers dans l'Oude-Wattering, le traversent ayant de l'eau jusqu'aux épaules, fondent sur les Anglais et les culbutent.
Un Corps entier est pris : l drapeau, 4 canons et 429 hommes tombèrent au pouvoir des vainqueurs. L'ennemi terrifié s'enfuit en désordre vers la place qui est définitivement investie le 27 octobre, sur la rive gauche du Wahal, par les Divisions Souham, Bonnau (2e et 5e), et une partie de la Division Delmas.
- Siège de Nlmègue (du 27 octobre au 9 novembre).
Le Prince d'Orange, étant venu reconnaitre lui-même la situation, décide de tenter une sortie en masse. Elle a lieu le 4 novembre, avec 9 Bataillons et 15 Escadrons. Les Français, surpris par cette attaque imprévue, fléchissent au premier choc; mais, revenus bientôt de leur étonnement, ils rejettent l'ennemi en désordre dans la place, sous les yeux du Prince d'Orange, avec une ardeur doublée par le succès. On presse le siège, et de puissantes batteries sont construites; l'une d'elles, par sa situation, menace directement la retraite des troupes de la défense ; le 7 novembre, en effet, elle coule quelques pontons qui assurent la communication entre la place et les Anglais.
Fort inquiet à la suite de cet événement, le Gouverneur de la place, le Général Burgh, profite de la nuit pour rétablir un pont volant et s'esquiver avec ses troupes, ne laissant dans Nimègue que 3,000 Hollandais et quelques Anglais avec le Général Haack. Ce malheureux Général, effrayé par l'intensité du bombardement et les incendies qui éclatent sur plusieurs points, cherche à fuir dans la nuit du 8 novembre; la panique se met dans ses troupes, elles s'entassent sur l'étroit passage où elles défilent, et se croient poursuivies; le pont est brûlé avant que les troupes aient passé; on essaye de construire une autre passerelle, mais le câble se rompt et le pont entrainé par le courant se met à la dérive; le Régiment de Benteeck, qui s'y trouve engagé, se réfugie sur un banc de sable. Au même instant, Souham pénètre dans la ville, fait prisonnier tout ce qui s'y trouve et s'empare de 100 canons et de magasins considérables.
A ce moment, nos quatre armées du Nord, de Sambre-et-Meuse, de la Moselle et du Rhin, se donnant la main sur le grand fleuve, sont échelonnées depuis Bâle jusqu'à la mer.
Nos soldats, qui ne reçoivent plus ni solde, ni pain, ni habits, qui sont couverts de haillons et de vermmine, peuvent enfin goûter un peu de repos. L'Armée du Nord est cantonnée entre Meuse et Wahal, la droite à Wesel, le centre à Nimègue et la gauche à Herverden (15 novembre).
Le brave Général Souham, brisé lui-même par tant de fatigues et malade, cède le commandement de la 2e Division à Macdonald, qui est remplacé à la tête de sa Brigade par le Général Régnier.
La 24e Demi-brigade prend ses cantonnements à Villers-Beck et aux environs.
- 1795.
L'inaction de l'armée n'est pas de longue durée : Pichegru ayant repris son commandement, recommence les hostilités; nos troupes passent le Wahal et la Meuse sur la glace et s'emparent de l'ile de Bommel, du fort Saint-André et des lignes de Bréda.
Le 10 janvier 1795, au passage du Wahal par Macdonald, sous le feu des batteries ennemies, l'Armée du Nord, où est la 24e Demi-brigade, s'empare du fort de Knosembourg malgré la plus vive résistance, et prend 30 canons, des munitions et du matériel. La 24e perd deux hommes tués à cette attaque.
Continuant sa marche vitorieurs, la 2e Division fait capituler, le 14 janvier 1795, la ville de Heurden; la 24e Demi-brigade perd encore 3 hommes tués lors de l'attaque.
Ces nombreux revers amènent la dislocation des armées alliées; les Anglais se retirent derrière l'Yssel, les Autrichiens à Weésel et les Hollandais vers le Hanovre, poursuivis dans toutes les directions par nos troupes enthousiasmées.
La Division Macdonald s'établit le 18 janvier derrière la ligne de Grebbe, puis s'empare, le 21 Janvier 1795, de Naarden. Cette ville est bâtie sur le Zuiderzée, dans les glaces duquel la flotte hollandaise se trouve bloquée. Le Général la fait capturer près du Texel par la cavalerie.
Malgré un froid terrible, l'infatigable Macdonald continue sa marche et atteint, le 4 février, Deventer, Zwolle et Campen, donnant la main à la Division Moreau déployée depuis Deventer jusqu'à Zutphen..
Le 11 du même mois, une reconnaissance de la Brigade Régnier chasse les Anglais de Coewarden et s'empare de la place sans coup férir. Cependant le dégel est survenu et a rendu les chemins impraticables, et les Grenadiers de la 24e Demi-brigade ont fait, pour atteindre la place, deux lieues dans l'eau jusqu'à la ceinture..
Les provinces de Frise et de Groningue sont occupées par la Division; la 24e Demi-brigade entre à Groningue le 19 février. Au cours de cette opération, la Brigade Régnier, avant-garde de Macdonald, attaque les Anglais à l'écluse de Berterzyl, les bat, et, marchant sur leurs talons, entre successivement à Nieuwe-Schauss et à Aude-Schauss et s'empare du fort de Bourkange. Cette marche hardie vaut à la Brigade 300 prisonniers, 3 pièces de canon, sans compter les bagages et l'artillerie prise dans le fort. On doit s'arrêter sur l'Ems, le dégel rendant tout mouvement nouveau impossible (mars).
La 24e est donc cantonnée : le 1er Bataillon au fort Bourtaux, le 2e à Belingrolde et le 3e à Nieuwe-Schauss.
Les effectifs sont les suivants : État-major et 1er Bataillon, 33 Officiers, 1012 hommes, 2 canons et 7 caissons ou fourgons; 2e Bataillon, 20 Officiers, 950 hommes, 2 canons, 7 caissons ou fourgons; 3e Bataillon, 25 Officiers, 980 hommes, 2 canons, 7 caissons ou fourgons.
Le Quartier général de la Division est à Groningue.
Pichegru ayant été nommé au commandement de l'Armée de Rhin-et-Moselle, l'Armée du Nord passe sous les ordres de Moreau (21 mars). Celui-ci appelle Régnier aux fonctions de Chef d'Etat-major gén6ral.
- Traité de Bâle, 25 avril 1795.
La paix est signée le 25 avril 1795, à Bâle, avec le Roi de Prusse. Le 16 mai, un traité de paix et d'alliance est conclu entre la République française et les Provinces-Unies; enfin, les Anglais, abandonnés par leurs alliés, ayant perdu le pied-à-terre qu'ils avaient trouvé en Hollande, se retirent aussi, de telle sorte que les hostilités cessent entièrement sur cette partie du théâtre de la guerre.
L'Armée du Nord est disloquée : le 26 mai, 10,000 hommes passent à l'armée des côtes de Cherbourg et 20,000 à celle de Sambre-et-Meuse. Avec les 50,000 bommes qui lui restent, Moreau est chargé de l'occupation de la Hollande.
- Armée de Sambre-et-Meuse.
La 24e Demi-brigade est désignée pour suivre les troupes qui doivent rejoindre l'Armée de Sambre-et-Meuse; elle se porte de Groningue à Ammens, ensuite sur Clèves, point de concentration du Corps destiné à renforcer Jourdan (15 juin). Elle rallie cette armée à la fin de juin et est incorporée dans la Brigade Hardy, Division Marceau, à Neuwied.
Les troupes de Jourdan tiennent la rive gauche du Rhin, depuis Neuwied (Marceau) jusqu'à Undingen (Kléber), par Cologne où est le Général en chef.
En face de nous, Clairfayt, s'étend de la Ruhr au Necker et Würmser du Necker à la Suisse.
L'armée passe le Rhin dans la nuit du 6 au 7 septembre, moitié par surprise, moitié de vive force, et les Autrichiens, menés tambour battant, reculent jusque derrière la Sieg.
- Siège d'Ehrenbreitstein.
La Division Marceau est chargée du siège d'Ehrenbreitstein; l'investissement, commencé le 18 septembre à la faveur du brouillard, est complet le 19, malgré une sortie de la garnison qui est repoussée; la 24e y perd un homme tué.
Dans la nuit du 19 nu 20 septembre, les grand'gardes, les petits postes et les sentinelles travaillent à s'enterrer avec l'aide de paysans réquisitionnés; la Demi-brigade a deux hommes tués pendant ce travail.
Les jours suivants, les travaux sont pouaaéa aussi vite que possible : chaque Demi-brigade fournit tous les deux jours le service de garde ou les travailleurs.
Tout à coup, il faut se retirer : la trahison de Pichegru qui a volontairement fait écraser deux de ses Divisions pour favoriser la jonction des armées ennemies, et la retraite de l'Armée de Rhin-et-Moselle, déterminent celle de l'Armée de Sambre-et-Meuse qui se trouve très exposée. Le Rhin est repassé à Neuwied et à Dusseldorf, sous la protection de la 9e Légère et de la 24e de Bataille qui forment ensuite l'arrière-garde et se replient dans un ordre parfait (18 octobre).
La 24e est établie à la Chartreuse, près de Coblentz d'où elle passe, quelques jours après, au camp de Metternich.
- Combat de Stromberg, 11 novembre 1795.
Ayant appris que Clairfayt, après avoir forcé les lignes de Mayence, a mis le siège devant cette place, Jourdan ordonne à Marceau de couvrir Trèves et la Moselle. Ce Général, sans perdre de temps, marche sur le Hündsrück avec le 2e Bataillon de la 9e Légère, la 24e Demi-brigade de Bataille et le 3e Bataillon de la 26e; il couche le 1er novembre en avant de Waldèche, le 2, en arrière de Lamscheid et le 3, à Simeren. Le 4 novembre, la 24e de Bataille a ses deux Bataillons en avant d'Argenthal, et le 3e au-dessous du village, face à la route de Kreutznach. Sur ces entrefaites, l'ennemi ayant pénétré dans les gorges de Stromberg, Marceau tombe sur la tête de colonne des Autrichiens et les chasse des défilés (1O novembre).
Le lendemain, le Prince de Hohenlohe revient en forces et cherche à reconquérir le terrain perdu; mais le Général français lui oppose une vigoureuse résistance, lui tue 400 hommes, fait 100 prisonniers et refoule les Impériaux jusqu'à Kreutznach, où la Division entre et où elle s'établit. La Demi-brigade n'a que cinq tués dans cette affaire.
Le brillant combat de Stromberg a sauvé l'Armée de Rhin-et-Moselle d'une entière destruction et arrêté la marche de Clairfayt, qui croie voir déboucher l'Armée de Sambre-et-Meuse.
Il s'empresse de renforcer Hohenlohe avec 10,000 hommes et lui donne ainsi les moyens de contraindre Marceau à la retraite.
Après la reddition de Manheim qui a lieu le 22 novembre, Clairfayt reprend ses opérations contre l'Armée de Sambre-et-Meuse. Jourdan du côté de Kreutznach et Hatry vers le Rhin n'ont pas cessé de harceler les Autrichiens; leurs attaques deviennent plus vives lorsqu'ils connaissent les mouvements du Général ennemi.
Le 1er décembre 1795, la 5e Division, dite d'avant-garde, sous le Général Marceau (Armée de Sambre-et-Meuse, Général Jourdan), est composée de la manière suivante : 1re Brigade (Général Ralèche et ensuite Legrand), 1re Compagnie de Grenadiers du 19e Régiment, 31e Division de Gendarmerie national, 3e Bataillon de la 21e Légère, 24e Demi-brigade de Bataille; 2e Brigade (Général Damas), 26e, 94e Demi-brigades de Bataille, 9e Demi-brigade.
- Combat de Kreutznach, 4 décembre 1796.
La Division Marceau se porte jusqu'à Lauterchen et Mossenheim, ayant son avant-garde à Kirn, et est assaillie, le 4 décembre, par des forees considérables, mais elle réussit à les rejeter sur Bingen. Kreutznach, pris et repris trois fois, reste finalement au pouvoir des nôtres.
- Combat de Mossenheim.
Clairfayt ne se tient pas pour battu et tombe brusquement, le 8 décembre, sur la Division Marceau avec l'intention de l'acculer au confluent de la Moselle et du Rhin. Le Général français, pressé par des forees très supérieures et débordé par sa droite, se retire dans le plus grand ordre sur Handernheim, puis repasse la Nahe après avoir défendu le terrain pied à pied.
La 24e de Bataille est citée tout particulièrement pour sa belle conduite par le Général Marceau. Elle arrête d'abord, par un feu fait à propos, la cavalerie ennemie qui s'avance très rapidement dans la plaine de Mossenheim et menace le flanc gauche de la Division; opérant ensuite sa retraite, elle est engagée dans une plaine assez vasto que séparent deux éminences, lorsqu'elle est assaillie et débordée par une nuée de cavaliers autrichiens; le Chef de Bataillon Chaussal, commandant la Demi-brigade, forme aussitôt le carré, et, avec une présence d'esprit et une hardiesse au-dessus de tout éloge, s'ouvre un chemin au milieu de cette cavalerie et se retire dans le meilleur ordre jusque sous le feu de la 9e Demi-brigade, qui l'attend sur les hauteurs voisines.
Pendant ce temps, le 3e Bataillon du Régiment et la 31e Division de Gendarmerie chassent l'ennemi d'Odernheim.
L'Armée de Sambre-et-Meuse, placée entre la Nahe et les montagnes que la saison rend d'un accès fort difficile, ne peut, sans danger, rester dans cette situation; Jourdan retire ses troupes derrière le Sohnenwald. Mais, s'apercevant que l'ennemi manoeuvre sur sa gauche, il envoie ses réserves au delà de la Moselle et renforce Marceau.
Ce Général prend position, le 13 décembre, en arrière et à droite de Guemingen et ordonne à la 24e de Bataille de se porter sur Morbach pour couvrir les ponts. Le lendemain, elle est attaquée pur l'avant-garde autrichienne et teint bon pendant cette journée et celle du 15 décembre. Mais le 16, attaquée par des forces trop supérieures, elle cède au nombre et se retire sur Montzelwel après avoir opposé une résistance qui fait honneur au Corps et au Chef de Bataillon Chaussal.
- Combat de Saltzbach, 17 décembre 1795.
Marceau n'est pas homme à rester sous le coup d'un échec, quelque minime qu'il soit; aussi, dès le 17, prend t-il sa revanche en chassant l'ennemi de Stiphausen et de Saltzbach et en lui enlevant 3 canons et 300 prisonniers sans avoir subi lui-même de pertes sérieuses. La 24e, en particulier, n'a qu'un homme tué.
Le 21 décembre, le Général Kray se présente au Quartier général, chargé par Clairfayt de proposer un armistice. Marceau est désigné pour en régler les conditions, et les hostilités prennent fin le 31 décembre.
L'armée ayant pris ses cantonnements, la Division Marceau a les siens sur le terrain qu'elle a conquis. La 24e de Bataille occupe Coblentz et passe en même temps à la Division Championnet.
La 24e Demi-brigade de Bataille, conserVée par l'Arrêté du 8 janvier 1796, subit une nouvelle organisation en s'incorporant la 138e au mois de mars. Mais le 5 mai suivant, les Demi-brigades de Sambre-et-Meuse tirent au sort, chez le Chef d'Etat-major Ernouf, conformément à l'Arrêté du 30 mars, les numéros qu'elles doivent porter à l'avenir. A la suite de ce tirage au sort, le n° 61 échoit à la 24e de Bataille qui devient, à partir de ce moment, la 61e Demi-brigade de Ligne.
Depuis le 25 décembre 1793 jusqu'en novembre 1795, 3,816 hommes ont été inscrits sur les matricules du Corps. Sur ce nombre, 728 ont déserté.
/ Formation de la 24e Demi-brigade de Ligne (1796)
La 24e Demi-brigade d'infanterie de ligne (devenue 24e Régiment d'infanterie de ligne en septembre 1803) a été formée lors du second amalgame (loi du 18 Nivôse an 4 - 7 janvier 1796) par la 5e Demi-brigade et la 206e Demi-brigade (de premier amalgame). L'amalgame aurait eu lieu le 17 février 1796 (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 8).
- 5e demi-brigade de première formation ;
La 5e Demi-brigade de première formation a été formée (le 25 juin 1794) des unités suivantes :
- 1er Bataillon du 3e Régiment d'infanterie (ci-devant Piémont)
B. Coppens indique : Piémont (3e), créé en 1558; 3e Régiment en 1791. Lors du premier amalgame, son 1er Bataillon entre dans la composition de la 5e Demi-brigade de première formation ; son second Bataillon entre dans la composition de la 6e Demi-brigade de première formation. Piémont a fait les campagnes de 1792 à 1793 à l'Armée du Rhin.
Le 15 mai 1792, le 3e Régiment d'infanterie, avec le 4e Bataillon de la Haute-Saône, est à Gross-Bliederstroff, 1ère Brigade du Camp de Neukirchen, sous les ordres de Kellermann. Ce camp de Neukirchen, établi entre la Sarre et la Blies, a pour but de couvrir cette partie de la frontière, d'entretenir la communication entre la gauche de l'Armée du Rhin et la droite de l'Armée du Centre, d'assurer les flancs de ces deux armées, de pourvoir, au besoin, à la défense de la Sarre et de lier la défense du Rhin avec celle de la Moselle et de la Meuse (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 20).
Le 28 septembre 1792, le 3e Régiment d'infanterie fait partie de l'Armée de Custine, 1ère Brigade Musnier (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 27).
Forces de l'Armée du bas Rhin, commandée par Custine (13 octobre 1792) : 1ère Brigade (Musnier), 3e Régiment d'infanterie (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 29).
Le 1er janvier 1793, le 1er Bataillon du 3e est cantonné à Castel (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 51).
- 1er Bataillon du Doubs
Créé par Décret de l'Assemblée nationale le 21 août 1791; son Chef est Fébure-Courcelle, Chef de Bataillon, nommé Commandant du 1er Bataillon des Volontaires du Doubs le 21 août 1791.
Pajol, le futur Général, se fait inscrire comme Volontaire au 1er Bataillon du Doubs, le 21 août 1791, ainsi qu'il résulte des listes de Volontaires du district de Besançon qui mentionne Claude-Pierre Pajol, âgé de vingt ans, demeurant rue Sainte-Aune, n° 183. Il est immédiatement nommé Sous-officier pour remplir les fonctions de Sergent-major dans la Compagnie de Grenadiers du Capitaine Tournier (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 8).
Le 1er Bataillon des Volontaires du Doubs, qui, à la fin du mois d'août, neuf jours après sa formation, compte déjà un effectif respectable, n'est cependant complet, en cadres et en soldats habillés et équipés, que vers le 1er décembre. Sa situation à cette date présente : 1 Compagnie de Grenadiers, où Pajol est Sergent-major, forte, Officiers compris, de 63 hommes; 8 Compagnies de Fusiliers, à 63 hommes chacune, y compris les Officiers, soit 504 hommes; et 7 Officiers de l'Etat-major; soit une force de 574 hommes (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 10).
Ce Bataillon, commandé par Fébure-Courcelle, est porté, dans les premiers jours de décembre, à Ammerschwihr, près de Colmar, où il se trouve sous les ordres du Général Toulongeon, qui commande les troupes du Haut-Rhin, comprises dans l'Armée de Luckner (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 10).
Pajol est nommé, le 12 janvier 1792, Sous-lieutenant à la Compagnie Fauste, du 82e Régiment d'infanterie, ancien Régiment de Saintonge, en remplacement du Sous-lieutenant Doyen, promu à une Lieutenance. Le Brevet de Pajol, signé par les membres du comité, lui est immédiatement expédié à Ammerschwihr, où il est en garnison avec le 1er Bataillon des Volontaires du Doubs. Son nouveau corps se trouvant alors à Lauterburg et à Fort-Louis, il obtient la permission de se rendre d'abord à Besançon, pour s'équiper et voir sa famille (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 15).
Pajol reçoit son congé absolu du 1er Bataillon des Volontaires du Doubs. Cette pièce, datée du 20 mars, et signée par le Général Toulongeon, commandant les troupes du Haut-Rhin, par le Chef de Bataillon Fébure-Courcelle et par le Capitaine Tournier, le libère définitivement du service des volontaires, pour aller occuper l'emploi de Sous-lieutenant qui lui a été conféré dans le 82e de Ligne. Elle spécifie en outre qu'il a "servi avec honneur et distinction, en qualité de sergent-major de la compagnie de grenadiers" (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 17).
"Qui sert bien son pays n'a pas besoin d'aïeux.
DEPARTEMENT DU DOUBS.
BATAILLON DE VOLONTAIRES DE GARDES NATIONALES
Congé absolu.
Nous soussignés certifions, à tous ceux qu'il appartiendra, avoir donné congé absolu au sieur Claude-Pierre Pajol, qui a servi avec honneur et distinction en qualité de sergent-major de la compagnie de grenadiers, commandée par M. Tournier, capitaine au 1er bataillon de volontaires du département du Doubs, natif de Besançon, district et canton de Besançon; âgé de vingt et un ans, de la taille de cinq pieds huit pouces, pour aller remplir une place de sous-lieutenant dans le 82e régiment d'infanterie, à laquelle il a été nommé.
Fait à Ammerschwihr le 20 du mois de mars 1792.
Vu par nous commandant du bataillon, et confirmons avec empressement qu'il a servi avec honneur et distinction au bataillon,
FEBURE~COURCELLE.
TOURNIER, Capitaine,
Approuvé par nous lieutenant général commandant les troupes du Haut-Rhin
TOULONGEON" (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 428).
Courcelle est tué le 18 janvier 1793, en avant de Lauterburg, où il reçoit un coup de feu (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 10)
- 4e Bataillon de la Seine-Inférieure.
Créé le 18 septembre 1791.
A la réorganisation de 1796 (18 Nivôse an 4), la 5e Demi-brigade, au Quartier général à Haguenau, tire, le 4 mai 1796, en présence de l'Adjudant général Fririon, du Citoyen Sol, du Commissaire des Guerres et des officiers envoyés par les Conseils d'administration des Corps, le numéro 24 et entre dans la composition de la 24e Demi-brigade de seconde formation en mai, selon l'Historique régimentaire.
- 206e Demi-brigade de première formation
La 206e Demi-brigade de première formation avait été formée des unités suivantes :
- 1er Bataillon de la Meuse
Créé le 1er août 1791; son Chef est Guyot.
- 9e Bataillon des Vosges
- 3e Bataillon de la Vienne.
Bataillon dit le Vengeur, créé le 3 mai 1793.
Castillard, était à la 206e. Il sauve le drapeau de son Bataillon qui va tomber au pouvoir de l'ennemi.
A la réorganisation de 1796 (18 nivôse an IV), la 206e entre dans la composition de la 24e Demi-brigade de seconde formation.
/ 1796-1797
Le Général Moreau qui a pris, le 20 avril 1796, le commandement de l'Armée de Rhin-et-Moselle, profite de l'armistice conclu avec les Autrichiens, pour réorganiser ses troupes.
Le 9 mai, la 24e Demi-brigade de Ligne, complètement constituée à l'effectir de 2,968 hommes, compte à la 1re Brigade, Général Joba, de la 6e Division d'avant-garde, commandée par le Général Beaupuy. Elle est cantonnée à Niederhornbach, Wissembourg et Rodt.
Arméee de la Moselle au 9 mai 1796 : commandant en Chef, Général Moreau; Corps du centre, Général Desaix (3 Divisions).
6e Division : Général Beaupuy.
1ère Brigade : Général Joba : 3e Demi-brigade légère (ex 7e), 24e Demi-brigade de Ligne (ex 5e).
2e Brigade : Général Suzanne : 10e Demi-brigade légère (ex 11e); 103e Demi-brigade de Ligne (ex 86e).
5e Compagnie du 4e Bataillon de Sapeurs.
5 Régiments de Hussards, Chasseurs et Dragons.
L'aile droite de l'armée, commandée par le Général Férino, et forte de trois Divisions, s'étend sur le haut Rhin de Hordt, Strasbourg à Huningue.
Le centre, avec trois Divisions sous les ordres de Desaix, est au pied des Vosges, vers Germersheim, Burnweiler et Impflingen. La Division Beaupuy appartient à ce Corps. Le Général Saint-Cyr, enfin, occupe le pays entre Albertsweiler et Hombourg avec l'aile gauche, composée de deux Divisions.
Le 21 mai, quelques modifications ayant été apportées à cette organisation, la 24e de Ligne passe à la 7e Division, Général Duhesme, Brigade Vandamme, à l'aile gauche. A la date du 7 juin, le 1er Bataillon occupe Hombach et Oberweidenthal; le 2e, Neust et Munichweiler, et le 3e, Lemberg et Rupertschweiler. Ce Bataillon est baraqué plus tard à Rodalben.
Aile gauche : Général Saint-Cyr (21 mai).
7e Division : Général Duhesme.
Généraux de brigade: Lambert et Vandamme.
24e Demi-brigade de Ligne (2,302 hommes). 3e Régiment de cavalerie.
44e -- 20e - de chasseurs.
100e -- 10e - de hussards.
L'armée autrichienne, sous le commandement de l'Archiduc Charles, s'étend de Manheim à Bâle.
Les opérations ne reprennent sur le Rhin qu'au mois de juin, à cause du manque de vivres et de munitions. D'après le plan de Carnot, les Généraux Moreau et Jourdan doivent passer le Rhin, s'avancer isolément par le Mein et le Wéser et, en débordant ses ailes, faire tomber le centre du Prince Charles; le premier rejettera l'ennemi dans la Bohême; le second, en le forçant à rétrograder derrière le Danube, inquiétera les derrières de l'Armée d'Italie et occupera, par sa droite, la ligne d'Ingolstadt à Insprück.
Jourdan, avec l'Armée de Sambre-et-Meuse, commence le mouvement et passe le Rhin le 31 mai 1796.
Pour donner le change à l'ennemi, Moreau, qui n'a pas de ponts à sa disposition et ne peut que chercher à franchir le fleuve par surprise, manoeuvre dans la direction du Palatinat. Desaix vient occuper la position de Spire avec trois Divisions, et Saint-Cyr, avec deux autres, celle de Kayserslautern. La Brigade Vandamme, avec la 24e de Ligne, se place en avant-garde à Grunstadt et Rosenthal.
- Combat de Frankenthal (18 Juin 1796).
Toute l'armée se porte en avant les jours suivants, et se trouve, le 13 juin, en face de Frankenthal. Le centre est chargé de l'attaque principale, et la 7e Division, de deux fausses attaques : l'une par la route de Durckheim à Manheim; l'autre, où est la 24e, sur Frankenthal. ll n'y a de ce côté que quelques escarmouches, et l'ennemi n'attend d'ailleurs pas l'attaque principale, il s'esquive et prend position dans le camp retranché de Manheim.
L'armée ne fait plus aucun mouvement jusqu'au 19 juin; la veille, Wurmser est parti pour l'Italie laissant l'Archiduc Charles seul eu face des armées françaises.
De fortes reconnaissances sont envoyées le 20 juin devant les lignes de Manheim, pour occuper l'attention des Autrichiens; pendant ce temps, Moreau, laissant les Divisions Duhesme et Taponnier en face du Prince Charles, fait rapidement filer le reste de l'armée vers Strasbourg, où le Rhin est passé le 23. La 24e Demi-brigade ne prend aucune part à cette opération et reste sur la rive gauche pour former les garnisons des places fortes.
Le 2 juillet 1796, le Sergent Biller, de la 24e, au passage du Rhin, saute le premier dans une redoute ennemie, tue plusieurs Autrichiens, en désarme 66 et s'empare de 2 canons, avec l'aide de quelques Grenadiers (à vérifier).
Dans la première quinzaine de juillet, le 3e Bataillon a sept Compagnies à Strasbourg et deux Compagnies de Fusiliers à Bitche; les deux autres Bataillons sont à Kehl.
Ces deux Bataillons ayant passé le Rhin, occupent Offenburg, sont mis quelque temps à la disposition du Général Férino, commandant l'aile droite de l'Armée de Rhin-et-Moselle, et placés enfin dans la 2e Division, Brigade Jordy, avec la 3e de Ligne et la 3e Légère.
A ce moment, 17 juillet, la 2e Division se trouve disposée dans le val d'Enfer et la vallée de Saint-Pierre, ayant à sa gauche la Division Laborde (lre Division), à Rheinfelden.
Nous n'entrerons pas dans le détail des positions prises successivement par ces Divisions; qu'il nous suffise de dire qu'elles atteignent le Danube, le 3l juillet, vers Thengen et Tuttlingen; elles sont le 9 août sur l'Iller, refoulant toujours devant elles les arrière-gardes ennemies. Le Corps de Férino ne prend aucune part aux combats de Dunstel et de Kingen, ni à la bataille de Neresheim, où Moreau bat les Autrichiens les 10 et 11 août. Pendant ces affaires, les 1re et 2e Divisions se bornent à surveiller les débouchés des montagnes du Tyrol.
Dans la journée du 12 août, la 2e Division a un petit engagement avec les émigrés de Condé, qu'elle repousse sur les hauteurs de Mindelheim.
Le lendemain, Condé fait un retour offensif sur les troupes de la 2e Division établie en arrière d'Erckheim. Nos avant-postes sont d'abord refoulés vers le bois de Kambach, occupé par l'infanterie d'avant-garde. Un combat violent y est soutenu par l'infanterie légère, appuyée par la 89e de Ligne. L'ennemi est repoussé avec des pertes sérieuses et laisse sur le champ de bataille plus de 300 morts.
La 24e Demi-brigade, qui est au Corps de bataille, n'est pas engagée ce jour-là.
Aile droite de l'Armée du Rhin : Général Férino, 18 août 1796.
2e Division, sous les ordres du Général Férino.
1re Brigade : général Jordy. 3e Demi-brigade légère, 3e de Ligne, 24e Demi-brigade, 2 Bataillons (1633 hommes)
2e Brigade : Général Thomée : 56e Demi-brigade de ligne, 74e (1 Bataillon), 89e Demi-brigade de Ligne.
4 Régiments de cavalerie.
- Passage du Lech, 24 août 1796
Le Général Moreau ayant décidé de faire une pointe sur Munich, s'éloigne de l'Armée de Sambre-et-Meuse et passe le Lech; la Division Férino se rabattant sur sa gauche, vient passer la rivière à Amstetten. Cette opération présente les plus grandes difficultés à cause de la rapidité du courant; les soldats, qui ont de l'eau jusqu'aux aisselles, sont obligés de porter sur leurs têtes leurs gibernes et leurs fusils. La 24e s'illustre lors du passage du Lech.
De faibles détachements autrichiens, successivement renforcés par des troupes fraiches, cherchent à s'opposer au passage, mais sont impuissants à retarder ce mouvement, et la marche en avant est reprise par l'aile droite, qui se porte vivement sur Friedberg et culbuta partout l'ennemi.
Le 30 août, l'avant-garde de l'aile droite est devant Munich. Afin de se garder du côté du Tyrol et pour empêcher l'ennemi de déboucher par le pont d'Ingolstadt, où le Prince Charles a laissé une garnison, Moreau se décide à attaquer le Général Latour.
Celui-ci, renforcé par une Division venue d'Amberg, prévient le Général français et prend l'offensive le 1er septembre.
Dans cette journée, la Division Férino fait quelques tentatives sur le pont de Munich, barricadé et occupé par les Bavarois, mais ne réussit pas à s'en emparer. Une nouvelle attaque, exécutée le 5 septembre, n'a pas plus de succès que la première, et la Division s'établit sur la Nauter, derrière Freissing, occupant le pont sur l'Isser, la gauche appuyée au canal.
- Combat de Freissing, 7 et 8 septembre 1796.
Elle reçoit, dans cette position, deux attaques de l'ennemi, qu'elle repousse les 7 et 8 septembre. La 24e combat vaillamment. En même temps, de sérieuses démonstrations sont exécutées sur tout notre front par les masses autrichiennes. Un malheureux accident se produit sur nos derrières : le parc d'artillerie et les équipages du Quartier général sont enlevés par un parti de 6 à 700 cavaliers.
- Retraite de l'armée.
C'est à ce moment que Moreau apprend la retraite de Jourdan, sur lequel l'Archiduc s'est jeté avec la plus grande partie de ses forces et qui, vaincu à Wurtzbourg, a dû repasser le Rhin (2 septembre).
Moreau se sentant alors trop isolé en pleine Bavière, se met en retraite par la vallée du Danube, suivi par 36,000 hommes qui le harcèlent, et craignant d'en trouver 40,000 dans les gorges de la forêt Noire.
Le 11 septembre, Férino quitte les bords de l'Iser; le 12, il est devant Friedberg pour couvrir les ponts de la Lahn, toujours suivi par l'ennemi, et le 17, il a un léger engagement d'avant-postes à Aidrach, sur le Lech, près de Landsberg.
- Affaire de Kehl, 18 septembre 1796.
Tandis que cela se passe sur le Danube, l'Archiduc, toujours préoccupé par l'idée de couper la retraite de l'Armée de Rhin-et-Moselle, porte sur Kehl deux de ses Divisions.
Kehl est faiblement occupé par le 3e Bataillon de la 24e Demi-brigade de Ligne et quelques détachements de la 104e. Le Général Pékasch le sait, aussi fait-il attaquer la tête de pont par des forces imposantes : le 18 septembre, 3 Bataillons et 2 Escadrons sortent de Bischoffsheim, passent le Kintzig et la Schutter, et se présentent devant la ville, du côté de Marien et de Sundheim.
Quatre Bataillons et deux Escadrons, venus par la route de Rastadt, doivent surveiller les trois Bataillons français que le Général Scherb ramène de Philippsbourg, après la capitulation de cette place.
L'attaque de Kehl est si violente, que l'ennemi parvient jusqu'à la tête de pont sur le Rhin. La journée est fort compromise pour nous lorsque survient tout à coup la 68e Demi-brigade, conduite par Scherb en personne, qui rétablit le combat. Le Général français, à la nouvelle de ce qui se passait, s'est jeté à gauche de la Kintzig, dont les eaux sont très basses, et est venu tourner le fort au-dessus du Rhin pour entrer dans Kehl. Après six heures d'une lutte acharnée, l'ennemi se retire et s'en va occuper sur la route de Stuttgard les défllés par lesquels Moreau doit bientôt se retirer.
Au cours de ces combats, Brultez, commandant la 8e Compagnie du 3e Bataillon de la 24e, se trouve en avant de Kehl, lorsque, vers 3 heures du matin, il croit entendre des mouvements en avant de lui; il fait mettre sa Compagnie sur ses gardes ; une demi-heure après, il voit distinctement une troupe autrichienne défiler devant lui, se dirigeant vers le village et s'avançant, en colonne serrée, en avant de lui et sur sa gauche. Il fait alors faire une contremarche, afin de faire face à l'ennemi et pour pouvoir tirer. Une pièce de canon, appartenant au Bataillon, commandée par le Lieutenant Perrot, se trouve en avant et va être prise, mais il fait rompre le peloton, afin de la placer entre les deux sections. Cette opération terminée, il fait charger l'ennemi, culbute la colonne qui est devant lui, mais se trouve alors en face d'une autre colonne qu'il ne peut enfoncer. Il n'en continue pas moins à combattre jusqu'à ce que tous ses hommes soient tués, blessés ou pris. Se trouvant alors seul, au milieu des Autrichiens, il reçoit deux coups de baïonnette, dont un à la poitrine et l'autre au côté gauche. Il saisit, de la main gauche, la baïonnette qu'un Grenadier hongrois lui enfonce dans la poitrine, la retire et lui passe en même temps, de la main droite, son sabre au travers du corps; il évite de même, en portant le corps en avant, un coup de baïonnette qu'un autre Grenadier lui porte dans le dos et l'étend à terre d'un coup de sabre sur la tête. Mais, épuisé par la fatigue et la perte de son sang, il tombe lui-même et peut être transporté à l'hôpital, après le combat.
Le 3e Bataillon a 5 hommes hors de combnt à cette affaire.
Revenons maintenant au gros de la 24e demi-brigade : nous le trouvons le 19 septembre, sur la Sieg, marchant vers Memmingen, pendant que la Brigade Montrichard, de la même division, se diriget à marches forcées vers Ulm pour gagner les ponts du Danube.
- Combat de Memmingen, 22 septembre 1796.
La Division, à peine entrée dans la ville, est attaquée. Les Autrichiens se présentent sur deux colonnes dont l'une fait replier les avant-postes français, tandis que l'autre cherche à tourner la Division par la gauche.
Celle-ci prend très rapidement ses dispositions et parvient même à tourner la gauche ennemie qu'elle culbute et rejette sur la route de Kempen. Nos troupes sont trop harassées par les fatigues de cette pénible retraite, pour profiter de leurs succès; elles restent donc sur place.
L'ennemi renouvelle son attaque vers midi, mais il est reçu avec une vigueur à laquelle il est loin de s'attendre. Jordy fait former en masse les Bataillons de sa Brigade et la lance sur les bois de Herbischoffen.
Cette marche, que ni le feu de l'artillerie, ni les charges de la cavalerie ne peuvent retarder un instant, arrête net les assaillants et les rejette en désordre sur le village de Herbischoffen.
La 24e Demi-brigade est citée par le Général Férino pour sa belle conduite pendant le combat de Memmingen.
La retraite est reprise sans offrir d'incidents jusqu'au 29 septembre; la 24e Demi-brigade passe ce jour-là de la Brigade Jordy (2e Division) à la Brigade Tharreau (1re Division, Général Dufour), toujours sous les ordres de Férino.
Aile droite de l'Armée de Rhin-et-Moselle : Général Férino, 29 septembre 1796.
1re Division : Général Dufour.
1re Brigade, Général Tharreau : 24e Demi-brigade de ligne, 2 Bataillons, 1313 hommes; 38e Demi-brigade de Ligne, 1er Bataillon; artillerie.
2e Brigade, Général Paillard : 74e Demi-brigade de Ligne, 2 Bataillons; 79e, 1 Bataillon; 8e Hussards.
2e Division : Général Férino.
Le 30 septembre, il y a à Schussenried un combat assez vif, qui coûte à l'ennemi 800 prisonniers. Pendant cette affaire, les avant-postes de la Division sont à peine inquiétés.
- Bataille de Biberach, 2 octobre 1796.
Moreau, arrivé à Biberach, veut avoir sa marche libre avant de s'engager dans la montagne. Il fait tout à coup demi-tour et tombe sur le Général autrichien Latour, qu'il accule à la Kiss et bat complètement.
L'ennemi perd 4,000 hommes faits prisonniers, 18 canons et 2 drapeaux.
Pendant que se livre ce combat, les 24e et 79e Demi-brigades se trouvent à Thaldorf, à 45 kilomètres du champ de bataille. L'Officier qui a été chargé de porter les ordres de mouvement au Général Férino, s'est égaré en route, et son retard est cause que la 24e ne prend aucune part à la belle victoire de Biberach.
De son côté, l'Archiduc Charles a rassemblé ses forces et remonté le Rhin pour couper la route à l'armée française. A cette nouvelle, Moreau change ses dispositions et abandonne la route de Strasbourg par la Kintzig pour revenir sur le Rhin vers Huningue; à cet effet, il se jette dans le val d'Enfer, ne laissant devant Latour qu'une forte arrière-garde.
Dans cette marche rétrograde, la 1re Division atteint le lac de Constance le 6 octobre, à Seefelden ; la 24e occupe Markdorf; le 7, elle est à Wesselmangen, près de Stockach; le 8, à Spittels; le 9, à Radolfzell; le 10, à Ebringen.
A partir du 11 octobre, la 1re Division, sous les ordres du Général Tharreau, est chargée de couvrir la marche de la colonne des équipages qui se dirige sur Huningue par les villes forestières. La Division prend une bonne position derrière la Wultach, la 24e de Ligne à Tengen. Elle a à y soutenir plusieurs combats d'avant-postes avec les troupes de Froêlich.
-L'armée repasse le Rhin, 28 octobre 1796.
Le 16, elle atteint Waldshutt, et le 20 elle s'établit près de Rheifelden, sur les deux rives du Rhin. Tharreau n'ayant aucun intérêt à entamer une affaire, la colonne des équipages étant en sûreté à Huningue, repasse le Rhin dont il brûle le pont et vient occuper Saint-Apollinaire.
Moreau, après avoir battu les avant-gardes de l'Archiduc, qui arrivent pour lui barrer le passage, franchit le Rhin sur les ponts de Brisach et de Huningue (26 octobre), après une retraite mémorable de ving-six jours, exécutée sans aucune perte et dans un ordre parfait.
Les troupes françaises s'échelonnent le long du Rhin, de Manheim à Huningue, l'aile droite aux environs de cette dernière ville. Le 14 novembre, les 1er et 2e Bataillons de la 24e Demi-brigade soent à Dottmarsheim et Neisen ; le 3e occupe toujours la ville de Kehl.
- Défense de Huningue, du 27 novembre 1796 au 1er février 1797.
La tête de pont de Huningue et celle de Kehl sont les deux dernières positions occupées par les Français sur la rive droite du Rhin ; le Prince Charles en fait faire le siège. Celui de Huningue, détendu par le Général Abhatucci, commence immédiatement.
Le 27 novembre, les batteries du Prince de Furstemberg commencent le bombardement à 3 heures de l'après-midi, et dès le 30, une attaque de vive force est tentée sans succès contre la tête de pont. Les deux Bataillons de la 24e Demi- brigade ne prennent pas part à cette affaire, car, ayant fourni les travailleurs du 21 au 29, ils sont allés se reposer à Neuf-Brisach, où ils sont maintenus jusqu'au 5 décembre.
La Division Dufour reprend le service du 5 au 15, mais pendant cette période l'ennemi ne fait aucune entreprise contre la place et se borne à la canonner.
Le 1er Nivôse an 5 (21 décembre 1796), le Chef de Bataillon Gond écrit au Général Schauenburg : "Vous trouverez ci-joint, général, l’état nominatif des officiers de la demi-brigade par ancienneté des services respectifs, ainsi qu’un état sommaire par grade de la dite demi-brigade au trente frimaire dernier, l’un et l’autre conformes aux modèles que vous m’avez fait passer par votre lettre du dix-neuf brumaire dernier" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 3 Nivôse an 5 (23 décembre 1796), le Chef de Bataillon Gond écrit au Général Schauenburg : "J’ai seulement reçu le 1er du courant, général, votre lettre du dix neuf frimaire dernier, par laquelle vous me demandez une copie triple de l’état des hommes proposés pour la récompense militaire. Je vous les fais passer ci-joint conforme au modèle joint à votre lettre.
Si je ne vous les ai pas fait passer comme vous me l’avez déjà demandé par votre lettre du treize brumaire dernier, c’est que le citoyen Rougerd capitaine commandant la compagnie auxiliaire à qui les états avaient été remis, m’avait assuré qu’il vous les avait envoyés, ce qui m’a dispensé de vous les faire passer, vu qu’aucunes pièces relatives à la revue que vous avez passée à la demi-brigade le dix neuf messidor, n’étaient restées ay bureau, le tout a resté au dépôt lors du départ pour l’armée des 2 premiers bataillons" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 3 Nivôse an 5 (23 décembre 1796), le Chef de Bataillon Gond écrit également au Général Schauenburg : "Je vous renvoie ci-joint, général, les certificats doubles des cinq hommes qui doivent être réformés de la demi-brigade que je commande, que vous m’avez renvoyés par votre lettre du vingt-cinq du mois dernier, que j’ai reçu le 1er du courant. Je joins aussi l’état triple conforme au modèle que vous m’avez fait passer, ainsi que les deux congés des citoyens Noradot et Therminé que j’ai fait recommencer. Comme n’ayant pas l’adresse, général, du citoyen Ardonin reçu à l’Ecole Polytechnique pour lui faire passer le congé que le conseil d’administration lui a expédié, par vous approuvé, je vous prie d’avoir la complaisance de me donner son adresse ou de me renvoyer la lettre du secrétaire de l’état-major d’artillerie que je vous ai fait passer en même temps que les six autres congés le 15 frimaire dernier" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 3 Nivôse an 5 (23 décembre 1796), le Chef de Bataillon Gond écrit aussi au Général Schauenburg : "Ci-inclus, général, l’état sommaire des officiers de la demi-brigade que je commande, et conforme au modèle que vous m’avez fait passer par votre lettre datée du vingt-trois du mois dernier, que j’ai reçu hier deux du courant" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 6 Nivôse an 5 (26 décembre 1796), le Chef de Bataillon Gond écrit, du fort, au Général Rhinvale (sic), Chef de l’Etat-major de la Division : "Vous trouverez ci-joint, citoyen général, un état nominatif et signalé des hommes désertés de la demi-brigade, conformément à votre ordre du 26 frimaire dernier. J’aurais désiré vous l’envoyer plus tôt mais l’éloignement et la position où nous trouvions (sic) en a suspendu l’envoi jusqu’à ce jour. Vous devez avoir reçu hier l’état de situation de la demi-brigade où vous avez vu qu’il manquait trente sept hommes à l’appel, qui sont partis comme déserteurs qui ne sont point compris dans l’état ci-inclus. Je vous enverrai demain ledit état, étant obligé de l’envoyer au bureau pour que le signalement y soit joint. Je vous invite, général, à faire juger par contumace tous ces hommes qui se sont rendus coupables d’un pareil délit" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 7 Nivôse an 5 (27 décembre 1796), le Chef de Bataillon Gond écrit au Général Schauenburg : "D’après les renseignements que j’ai sur le compte du citoyen Joseph Bretou, ci-devant caporal fourrier, il est constant que ce citoyen a été promu au grade de fourrier de la ci-devant compagnie de grenadiers du 9e bataillon des Vosges en remplacement du nommé Grandjean congédié pour cause d’infirmité, que le citoyen Buchette sous-lieutenant de cette compagnie actuellement démissionnaire, le fit rétrograder à l’entrée des prisonniers de guerre qui avaient été remplacés définitivement dans ce corps. Ce jeune homme privé d’avoir perdu son grade, partit pour l’hôpital où il a resté assez longtemps et où il ne fut faire sa réclamation qu’à son retour. Sa conduite est irréprochable et sachant bien lire et écrire. Vous trouverez ci-joint, citoyen général, la réclamation et le certificat de la compagnie de grenadiers où il a été fourrier" « Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 8 Nivôse an 5 (28 décembre 1796), le Chef de Bataillon Gond écrit, depuis le fort, à l’Adjudant général Rhinvald (sic) : "Ci-inclus, général, les états de situation et de perte éprouvées à la demi-brigade pendant le mois de frimaire. Vous y verrez la diminution causée par le nombre de déserteurs que vous voudrez bien juger par un conseil militaire.
Nous avons reçu les capotes que vous m’aviez promises par votre lettre du trois nivôse. Comme nous n’en avons pas reçu cette année, et que la demi-brigade est très mal vêtue, je vous demande s’il serait possible de conserver celles que nous avons reçues sans que cela ne prive nos frères d’armes, car il serait possible que la demi-brigade qui viendra nous relever ne fusse munie" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 9 Nivôse an 5 (29 décembre 1796), le Chef de Bataillon Gond écrit au Général Schauenburg : "Ci-inclus, général, l’état (par duplicata) sommaire des officiers de la demi-brigade que je commande. Je suis persuadé que celui que je vous ai envoyé le 3 du courant vous est parvenu à présent, mais il était impossible qu’il le fut pour le quatre, vu que je n’ai reçu votre lettre du 23 dernier que le deux nivôse" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 10 Nivôse an 5 (30 décembre 1796), le Chef de Bataillon Gond écrit, de fort Huningue, au Citoyen Schielé, Commissaire ordonnateur de l’Armée de Rhin et Moselle, à Strasbourg : "Je viens de recevoir votre lettre, citoyen commissaire, en date du trente dernier par laquelle vous demandez des renseignements du citoyen François Maure capitaine à la demi-brigade que je commande. Ce citoyen est présentement au dépôt de la demi-brigade à Schelestat" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 10 Nivôse an 5 (30 décembre 1796), le Chef de Bataillon Gond écrit au Citoyen Alin, Fourbrisseur (sic) rue du Boulois, n°46, à Paris : "Je suis étonné, citoyen, que vous dites ne pas avoir reçu de nouvelles du bureau de la demi-brigade, pour savoir ce qui est devenu le citoyen Pierre Louis Allain, soldat au 3e Bataillon de la Vienne.
Conformément à votre dernière datée du 20 frimaire, je viens encore une fois de faire tenter les recherches possibles pour savoir ce qui est devenu ce citoyen. Il est parti pour l’hôpital du neuf …al (Floréal ?) an trois (la demi-brigade était alors bivouaquée près du Rhin entre Seltz et Wissembourg). Depuis cette époque, le corps n’en a reçu aucune nouvelle. Il se trouve rayé sur le contrôle de la demi-brigade du 1er vendémiaire an 4.
Il y a fort à croire que ce citoyen est décédé dans un des hôpitaux des environs de Strasbourg, ce que le conseil d’administration ne peut attester vu qu’il n’en a pas reçu l’extrait de mort" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 10 Nivôse an 5 (30 décembre 1796), le Chef de Bataillon Gond écrit au Citoyen Raimond, commandant la force publique au Quartier-général : "Je vous envoie ci-joint, citoyen, conformément à l’ordre de l’armée du dix-neuf frimaire dernier, les différentes permissions des vivandiers et blanchisseuses qui restent attachés à la demi-brigade que je commande, dont trois pour être vivandiers ou vivandières et six de blanchisseuses dont deux pour chaque bataillon, conformément à la loi, dont vous voudrez bien les approuver" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 12 Nivôse an 5 (1er janvier 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit au Général Dufour, à Bourglibre : "Je vous envoie ci-joint, citoyen, général, deux certificats des citoyens Prost quartier maitre trésorier de la demi-brigade, et Audoucet lieutenant surnuméraire, la démission de ces citoyens vient d’être acceptée, dont ci-inclus la lettre du général chef de l’état-major général de l’armé, qui nous annonce que celle du quartier maitre trésorier est acceptée par le général en chef.
Quant à celle du citoyen Audoucet, lieutenant, il l’a donnée en vertu de l’article X de l’arrêté du Directoire exécutif du 27 prairial dernier. Ce citoyen a voulu profiter de cet arrêté se trouvant surnuméraire dans ses foyers. Elle m’a été adressée par le commissaire du pouvoir exécutif près le canton de Metz, et je l’ai de suite envoyée au ministre de la guerre, conformément à l’instruction joint à l’arrêté du 27 prairial, afin que ce dernier raye ce citoyen de l’état des officiers surnuméraires.
Je vous prie, général, de vouloir bien approuver ces deux certificats afin que je les envoie de suite à ces deux démissionnaires qui me persécutent pour ce sujet" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 12 Nivôse an 5 (1er janvier 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit à l’Adjudant général Rhinvald (sic) : "Je vous envoie ci-joint général une dénonciation du citoyen Deroche capitaine à la 8e compagnie du 2e bataillon de la 24e demi-brigade contre le citoyen Léonard Meury ( ?) volontaire à la même compagnie, accusé de vol. Je vous prie de remettre cette pièce entre les mains du capitaine rapporteur près le conseil militaire de la division, afin que l’accusé soit jugé conformément à la loi" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 12 Nivôse an 5 (1er janvier 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit au Général Schauenburg, Inspecteur général de l’Infanterie : "Je vous rend compte général, du motif de l’absence du citoyen Jacquet, capitaine à la ci-devant 206e demi-brigade, pour sa réintégration.
Il est parti du corps pour cause de maladie et a resté très longtemps sans donner de ses nouvelles, ce qui obligea l’adjudant général Bouland à le rayer des contrôles au doublement, pour n’avoir pas donné de ses nouvelles depuis plus de trois mois, ce qui fut approuvé par le général de division Michaud, qui était alors chargé de la nouvelle organisation.
Ledit citoyen Jacquet dit que cependant, il a des pièces qui justifieront les motifs d’une aussi longue absence, mais le peut les faire voir dans ce moment, disant les avoir remis à un capitaine qui n’est pas présent au corps ; quant à sa conduite, elle n’est pas trop régulière, j’ai même à me plaindre qu’il ne la tient pas comme doit faire un officier français, par son peu de délicatesse en fréquentant souvent les cabarets, à même été obligé d’y contracter des dettes ce qui est connu de plusieurs officiers de la demi-brigade et même par le chef de brigade Delpierre et Castillard son chef de bataillon.
Si j’ai tardé si longtemps, général, à vous rendre compte de cet officier, c’est à lui à qui on peut attribuer la faute, je lui ai demandé un certificat de bonne vie et mœurs signé des officiers de la demi-brigade. Il n’a fait aucune réponse. Voilà général, tous les renseignements que je peux vous donner de ce citoyen" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Toujours le 12 Nivôse an 5 (1er janvier 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit au Citoyen Brian, Capitaine, à Strasbourg : "J’ai reçu, citoyen, votre lettre du 29 frimaire dernier avec l’état d’habillement qui y était joint. Je ne sais, citoyen, par quel motif vous restez si longtemps à Strasbourg, il me semble que vos affaires devraient être terminées, nous ne devez pas ignorer, qu’il manque beaucoup d’officiers à la demi-brigade. Je vous invite en conséquence de rejoindre au reçu de la présente votre compagnie, ou je serai forcé d’en rendre compte au général Schauenburg, mais j’aime à croire que vous m’épargnerez ce désagrément.
Comme vous m’annoncez que vous avez reçu la solde des officiers pour le mois de brumaire, je vous prie de dire au citoyen Monier, quartier maitre trésorier, d’accélérer son retour, attendu qu’il serait possible de toucher des fonds à Huningue où à Allkirk, quant aux grenadiers qui réclament leur solde, qui sont désignés pour la garde près la Représentation Nationale, il était bien impossible que l’état que vous demandiez vous soit parvenu en si peu de temps, vu qu’il n’avait à rester à Strasbourg qu’une demie décade, et que la lettre ne m’est parvenue que le neuf courant ; dans le cas où il se trouverait encore à Strasbourg, vous leur direz que l’on leur enverra à leur nouveau corps, moyennant qu’il indique à leur arrivée leur compagnie et bataillon respective" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5- Note Allkirk, sans doute Altkirch).
Le 13 Nivôse an 5 (2 janvier 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit au Citoyen Brusboc ( ?), Capitaine, à Bitche : "Depuis plusieurs mois, le Ministre de la Guerre nous a envoyé, citoyen, de nouveaux livres de matricules à remplir pour la demi-brigade ; l’on y travaille sans cesse, et sous peu, ils seront achevés, mais pour les finir exactement, il faut que vous me fassiez parvenir de suite savoir toutes les mutations survenues dans les deux compagnies que vous commandez et ce depuis l’époque où elles ont été détachées ; les mutations seront seulement comme 1° recrues, 2° hommes rayés des contrôles rentrés avec leur signalement exact et le jour de leur entrée au service. En outre, les pertes si vous en avez eu, comme déserté, tué, morts ou prisonniers de guerre, le jour et la date. Expliquer exactement le genre de mort et la date, si c’est au combat ou à l’hôpital, etc. Les sergents majors vous feront cet état nominatif, j’espère citoyen, que vous ne négligerez rien pour satisfaire à ma demande" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 13 Nivôse an 5 (2 janvier 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit au Citoyen Vacgnedroye ( ?), Commissaire des Guerres : "Je répond seulement à votre lettre, citoyen commissaire, du 9 frimaire dernier, par laquelle vous demandez que le conseil d’administration de la demi-brigade vous envoie un certificat [mot illisible]le citoyen Claude Froissard, fusilier au 1er bataillon du 3e bataillon d’infanterie, compagnie n°7, a été blessé dans une affaire par la suite des évènements de la guerre, que ce certificat soit signé d’un officier de santé en chef employé à l’armée, visé par nous, etc.
J’ai pris les renseignements qui étaient en mon pouvoir pour savoir où ce citoyen a été blessé, quel jour et à quelle affaire. Il ne se trouve personne à la demi-brigade qui se rappelle que ce citoyen ait été congédié pour cause de blessure, pas même l’adjudant major du 1er bataillon qui était alors son sergent major, ainsi que plusieurs autres soldats de cette compagnie.
S’il existait au bureau de la demi-brigade des registres du 3e régiment d’infanterie, je pourrais y avoir recours, mais il n’y en pas et pour que ce citoyen obtienne le certificat que vous me demandez, il faut qu’il s’adresse à quelques-uns de ses anciens camarades, s’il en connait.
En outre, le double du congé que vous avez joint à votre lettre n’est pas signé d’aucun membre du conseil d’administration du corps que ledit citoyen Froissard faisait partie, pas même d’un officier de la compagnie où il était attaché ni d’un seul sujet du corps.
Je désirerais, citoyen commissaire, pouvoir satisfaire à ce malheureux militaire, s’il est vrai qu’il ait reçu un coup de feu, comme il est marqué par son congé" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 14 Nivôse an 5 (3 janvier 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit au Commissaire du Pouvoir Exécutif près le canton de Thionville : "Je vous fait passe ci-joint, un certificat des services et de retraite du citoyen Louis Audoucet, ci-devant lieutenant surnuméraire à la demi-brigade que je commande, d’après la démission de ce citoyen que vous avez adressée au conseil d’administration de la demi-brigade joint à votre lettre du mois de brumaire dernier. Je vous prie d’avoir la complaisance de faire passer cette pièce audit citoyen Audoucet et de m’en accuser la réception.
Ps. Si j’avais connu l’adresse de ce citoyen, je lui aurais fait passer directement" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 16 Nivôse an 5 (5 janvier 1797), le Conseil d’administration du 3e Bataillon de la 24e Demi-brigade écrit au Ministre de la Guerre, à Paris : "Nous vous envoyons ci-joint, citoyen ministre, un état des pertes que le citoyen Olivier, capitaine au troisième bataillon de la demi-brigade que nous administrons a éprouvé à l’affaire de Kehl le 2e jour complémentaire de l’an dernier, afin que vous fassiez de suite rembourser à ce citoyen par le payeur de l’armée, les sommes portées au présent état, conformément à la loi. Nous attendons citoyen ministre, tout de votre justice pour satisfaire aux pertes de ce citoyen.
Signé Gond, Chef, et Ligier, Secrétaire" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 16 Nivôse an 5 (5 janvier 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit au Citoyen Touly, à la Neuville, canton de Stenay, département de la Meuse : "Je vous envoie ci-joint, citoyen, le congé de réforme du citoyen Pierre Touly, volontaire à la demi-brigade que je commande, 2e bataillon, 1ère compagnie, âgé de vingt-deux ans, taille de cinq pieds un pouce, lequel a servi depuis le 1er nivôse an deux jusqu’au 1er frimaire, présente année, où il a obtenu son congé d’après les certificats des officiers de santé, etc. signé des membres, Jolly fusilier, Duval sergent major, Vandevelle sous-lieutenant, Prottain lieutenant, Castillard chef de bataillon, Gond président et Ligier secrétaire.
Approuvé par le général Schauenburg inspecteur général de l’infanterie de l’armée de Rhin et Moselle. Visé du commissaire des guerres" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 16 Nivôse an 5 (5 janvier 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit au Général de Division Dufour, à Hégenheim : "Je vous fais passer ci-joint, citoyen général, la démission des citoyens Martin, lieutenant dans la 5e compagnie du 1er bataillon, et Lejeune sous-lieutenant à la 6e du même bataillon, afin qu’elle soit acceptée, s’il y a lieu. Je vous prie, général, de m’en accuser la réception" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 17 Nivôse an 5 (6 janvier 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit au Général Rhinvald, Chef de l’Etat-major : "Je vous rend compte, général, de la réception de deux lettres que j’ai reçu hier, dont une relative à trois grenadiers du 3e bataillon de la demi-brigade pour se rendre près le jury d’accusation de la police correctionnelle à Strasbourg, ainsi que votre circulaire relative à la désertion. Je ferai ce qui dépendra de moi pour punir les mauvais sujets" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 19 Nivôse an 5 (8 janvier 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit au Général de Division Dufour : "Je vous envoie ci-joint, général, la démission du citoyen Piault sous-lieutenant dans la 7e compagnie du 3e bataillon de la demi-brigade que je commande, à l’effet de la faire passer au général en chef afin qu’elle soit acceptée ce citoyen se trouvant hors d’état de continuer ses services par la faiblesse de son tempérament" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Après la capitulation de Kehl, survenue le 9 janvier 1797, l'ennemi concentre toute son artillerie de siège devant Huningue, dont l'attaque est activée. Le 3e Bataillon, qui a contribué à la défense de Kehl, est acheminé vers Strasbourg.
Pendant ce temps, la garnison d'Huningue perfectionne les travaux avancés et les blindages des abris, tandis que l'artillerie ennemie concentre son feu sur le pont de bateaux.
Cinq Bataillons sont employés à la garde de l'ouvrage et fournis alternativement par la 3e Légère et les 24e, 38e, 74e et 89e de Ligne.
Dans la nuit du 28 au 29 janvier, Dufour, qui a remplacé Abbatucci dans le commandement de la tête de pont, ordonne une sortie pour bouleverser les travaux de l'assiégeant au moment où celui-ci construit sa deuxième parallèle.
Deux colonnes débouchent de la place vers 3 heures et demie du matin, et atteignent le but qu'on s'est proposé : les travaux sont en partie détruits, et nos troupes ne se replient qu'à l'arrivée des réserves autrichiennes. La 24e Demi-brigade coopère pour une bonne part à cet heureux résultat.
Une seconde sortie est exécutée dans la nuit du 30 pour détruire les travaux de sape, dirigés sur la capitale de la demi-lune. Elle a un plein succès pour les deux colonnes de droite et du centre; la colonne de gauche arrive trop tard et ne peut mettre hors de service les travaux d'approche.
Le Caporal Theureau (devenu ensuite Capitaine) est nommé Sergent pour àvoir pénétré dans les retranchements ennemis en avant de sa Compagnie. Ce brave tue, de sa main, quatre Autrichiens, et, sa baïonnette étant restée dnns le corps du quatrième, en met un cinquième hors de combat à coups de crosse.
Par ordre du Directoire, qui a prescrit de ne pas pousser la défense jusqu'au point de compromettre le salut des troupes, une capitulation honorable est signée le 1er février, à la suite de laquelle la garnison se retire avec armes et bagages.
La 24e Demi-brigade, qui a eu 39 hommes mis hors de combat pendant le siège, prend ses quartiers d'hiver à Dalschweld et Kambs, et y est ralliée par le 3e Bataillon.
/ Campagne sur le Rhin, 1797.
Les trois mois d'inaction de l'Armée du Rhin, qui sont dus surtout au manque d'argent, sont mis à profit pour la préparation d'un nouveau passage du Rhin en avant de Killstedt. Par suite des prodigieux succès de Bonaparte en Italie, l'armée autrichienne du Rhin a reçu l'ordre de rester sur la défensive; il s'agit donc, pour les armées de Hoche et de Marceau, de coopérer à la marche générale sur Vienne.
Passage du Rhin, 19 avril.
Le 22 Ventôse an 5 (12 mars 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit, depuis Délémont, aux Membres composant l’administration centrale du département du Mont-Terrible : "Citoyens,
D’après le réquisitoire du commissaire des guerres de cette place, j’ai après avoir fait prévenir les agents de chaque commune des redevables, envoyé en contrainte chez ces dernières, deux militaires, lesquels doivent être logés et nourris par les dites redevables jusqu’à parfait versement de leur redevance dans les magasins de la République, pour leur donner plus de facilité de s’acquitter sans frais, mon ordre d’envoi en contrainte porte que les volontaires seront seulement nourris le premier jour, que le second ils seraient payés à dix sols et sur lendemain vingt, et ainsi de dix sols en dix sols chaque jour de plus.
Je vous représenterais, citoyens, que personne ne m’a donné connaissance de votre arrêté, et que toutes les fois que le commandant de la force armée de ce département change, que c’est à vous de le faire.
De plus, citoyens, les soldats que j’ai fait envoyer en contrainte n’étant point payés le premier jour et le troisième l’étant à vingt sols, c’est n’est pour lorsque trente sols pour trois jours. Il faut que dans cet espace de temps, un particulier soit fortement et mal intentionné, pour ne pas prendre des moyens raisonnables, afin de lever la contrainte décernée contre eux" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 14 mars 1797, le Capitaine Louis Lefebvre, de la 24e, étant en avant-garde, tombe sur l'ennemi à l'improviste et lui fait 5 prisonniers.
Le même 24 Ventôse an 5 (14 mars 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit, depuis Délémont, aux Citoyens Membres du département du Mont-Terrible : "Citoyens,
Les formes établies sur les frontières, n’étant point observées dans ce département, exposent les habitants qui voyagent à des arrestations qui contrarient leur commerce et la liberté dont il doivent jouir, étant républicains français ; pour leur éviter ce désagrément, le département doit délivrer des passeports, et les agents des comités établis pour la surveillance, les viser. Il y en a un d’établi à Reinach pour le Mont-Terrible.
Les habitants du Mont-Terrible quittent leur territoire sans avoir revêtu leur passeport du visa nécessaire et s’exposent à être arrêtés dans leur marche, c’est sans doute faute de s’entendre et par le manque d’instruction à ce sujet.
Voici ce que je vous prie de faire connaitre aux habitants du Mont-Terrible qui ont des relations commerciales avec le pays neutre qui les avoisine.
1° Le département doit délivrer un passeport à celui qui le réclame justement. 2° L’agent du comité de surveillance le vise (alors l’objet civil est rempli).
Maintenant il reste à satisfaire à la partie militaire qui répond seule de l’invasion de l’ennemi sur la frontière, par cette raison impérieuse, les partis établis sur la ligne ne doivent connaitre que la signature de ceux qui les commandent, et c’est pour remplir cet objet qu’on exige la signature du commandant militaire, après celle de l’agent du comité de surveillance.
Ces formes remplies, toutes les difficultés sont aplanies, et l’habitant voyage sans éprouver la moindre contradiction.
Pour donner plus de facilités aux habitants de ce département, les citoyens Girardot, commandant la forteresse de Blamont, Maillard commandant le 3e bataillon de la 74e demi-brigade établi à Saignelégier, le commandant des troupes du Mont-Terrible à Delémont, et le chef de bataillon commandant à Reinach, seront seuls autorisés à apposer leur vu pour passer aux postes au bas des passeports qui seront délivrés par le département.
Hors ces formalités remplies, les postes ont ordre de ne laisser passer qui que ce soit, ce but tendant à la fois, à procurer à l’habitant sa sûreté personnelle et à pouvoir arrêter tout ce qui est suspect" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 26 Ventôse an 5 (16 mars 1797), le Chef de Bataillon Gond, Armée du Rhin, 1ère Division, écrit au Citoyen Pierre Chatellin père : "Je réponds aux dernière intentions de votre fils, citoyen, en vous donnant avis que la suite d’une longue maladie, nous avons eu le malheur de le perdre.
Ce brave officier, capitaine dans le bataillon que je commande, a avant son décès dicté en général tout ce qu’il avait déposé dans différents endroits, et il est très certain que rien n’est échappé à sa mémoire, l’ayant conservée jusqu’au dernier moment ; veuillez bien, citoyen, me faire si je dois vendre les effets qu’il a laissés au corps. Conformément au règlement de campagne du 5 avril, et vous faire passer le produit qu’aura produit la vente, ou si je dois vous faire passer directement les effets, dans tous cas, vous pouvez être persuadé que je mettrai toute l’attention et soin possible que le tout vous parvienne sans aucune perte.
Je dois de plus vous assurer que votre fils a emporté les regrets de tous les officiers du corps.
Répondez moi de suite, et marquez moi en même temps, si vous avez reçu une malle que le citoyen Penot, ancien boulanger, demeurant rue Saint-Paul à Besançon, avait chez lui, qu’il doit avoir fait passer par la diligence à votre adresse, le trois du mois de pluviôse dernier. Votre fils est décédéà l’hôpital d’Alkrich département du Haut-Rhin, le 1er pluviôse dernier.
Je vous salue très fraternellement, le chef du 2e bataillon de la 24e demi-brigade d’infanterie Gond" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 28 Ventôse an 5 (18 mars 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit, depuis Délémont, au Commandant du 3e Bataillon de la 74e Demi-brigade : "D’après ma lettre de l’ambassadeur français en Suisse, qui dit que le canton de Soleure lui a dressé une plainte que environ soixante soldats en arme, ayant leur chef à leur tête, ont passé le 17 février (vieux style) 29 pluviôse, sur le territoire suisse, au petit Lucelle bailliage de Thierstein, près Liespem, entre ce dernier lieu et Lauffen, un peu sur la droite en allant d’ici à Lauffen #
# obligé de rendre compte de suite au général de brigade, commandant l’aile droite de la première division de Rhin et Moselle, afin que ce dernier en fasse autant envers l’ambassadeur Barthélémy en Suisse.
Il se trouvait que cet officier ne fut pas de votre bataillon, et que vous le connaissiez, vous me le ferez savoir de suite et s’il ne se trouve point être de votre bataillon, et que vous le ne connaissiez pas, vous ferez passer cette lettre à votre chef de brigade et vous m’en préviendrez.
Je vous observe que quelques soldats restèrent en arrière dans les différents cabarets au petit Lucelle, et y ont bu, mais n’ont fait aucun bruit, et ont bien payé.
Envoyez moi de suite le nom, grade et compagnie de l’officier qui a commis cette infraction" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 28 Ventôse an 5 (18 mars 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit, depuis Délémont, au Bailli et Commandant de Thierstein : "Attaché à la ferme résolution de maintenir de tout mon pouvoir la constante union, qui régna toujours entre la République suisse et la République française, par le maintien du respect du à la neutralité, je viens d’apprendre avec une vive peine, que quelques soldats français ayant un chef à leur tête, se sont oubliés au point de passer en armes au Petit Lucelle dépendant de votre baillage, et y ont même commis des excès. Je vous invite, monsieur le Bailli, à vouloir bien m’honorer d’une réponse, et de me donner quelques lumières sur ce qui a été commis, et si vous savez de quel corps était cette troupe, afin que je puisse découvrir quel est celui qui s’est rendu coupable de l’infraction faite envers la République suisse, vous promettant de faire tout ce qui dépendra de moi pour que de pareils abus n’arrivent jamais.
Je vous prie de me croire avec toute la considération possible …" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 4 Germinal an 5 (24 mars 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit aux Administrateurs du département : "Les mesures que je vous ai proposées par ma lettre du 24 ventôse dernier, ne sont absolument que des moyens de sûreté pour empêcher les incursions des émigrés et prêtres réfractaires sur le territoire de la République française.
La troupe étant seule chargée de la garde de la frontière, et moi personnellement responsable de la surveillance et exactitude qu’elle y apporte, j’ai cru devoir donner en consigne à tous les postes de la ligne frontière de ne laisser passer aucun individu sans être porteur d’un passeport en bonne forme, délivré par les autorités constituées, visé par des chefs militaires, c’est-à-dire des quatre dont il est question dans ma première lettre.
Mon intention étant fondée sur ce que plusieurs chefs ne sachant pas souvent lire très correctement, ils laisseraient indifféremment passer et repasser ceux qui auraient de faux passeports, comme ceux qui en auraient de bon (sachant sous tous les rapports qu’il en existe). Je n’ai donc que le dessein, citoyens, de faire respecter vos signatures en vous demandant que les habitants du Mont-Terrible qui pour leur besoin veulent aller en Suisse, aient à faire viser leur passeport par un des chefs militaires dont il est question, parce que alors ces habitants pourraient voyager sans crainte d’éprouver aucun empêchement, au lieu que les scélérats ennemis de la République française, et de sa tranquillité, n’oseront se présenter chez les chefs pour obtenir leur vu nécessaire pour passer au poste, ou au poste de la frontière étant surs d’y être arrêtés ; ces formalités, citoyens, ont toujours été suivies à la première division militaire et connues de l’ambassadeur de la République française en Suisse. De plus il existe une lettre du ministre de la police générale du douze ventôse dernier qui dit que le commissaire du pouvoir exécutif se concertera avec les chefs militaires pour prendre toutes les mesures qu’ils croiront nécessaires pour maintenir l’ordre et la tranquillité publique sur les frontières. Je suis trop ami de l’ordre pour jamais m’écarter des lois républicaines que j’ai juré et jure de défendre jusqu’à la dernière goutte de mon sang, et si ce que je vous propose ne tendait pas au bien général, je n’y eue même jamais songé.
Je ne puis cependant vous dissimuler que vous avez mal interprété le sens de ma première lettre concernant le comité de surveillance, je n’ai entendu par là que ceux qui sont fondés de pouvoir, tel qu’il en existe à Bourglibre près Huningue, chargés de toute la surveillance de la frontière du Haut-Rhin communiquant avec celle de Suisse et nul individu, soit en allant à l’étranger, soit en rentrant en France, ne peut passer s’il n’a rempli les formalités exigées et surtout s’il n’a le vu du chef militaire chargé de cette partie.
Veuillez bien m’accuser la réception de la présente" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 4 Germinal an 5 (24 mars 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit au Général de Brigade Gérard dit Vieux : "Général.
D’après votre première lette, je me suis rendu moi-même au Petit Lucelle, à dessein de tâcher de connaitre le nom que l’officier qui, à la tête de la troupe, a enfreint la neutralité suisse en passant en arme sur son territoire.
Je n’ai pu rien découvrir. Le maire m’a signé une déclaration, dont vous trouverez ci-joint copie ainsi que le cabaretier du Petit Lucelle une attestation qui ne sont qu’une répétition de ce qui est dit dans le procès-verbal et interrogatoire en allemand que vous m’avez fait passer et que je vous renvoie, l’ayant fait transcrire en français.
J’ai écrit au chef du 3e bataillon de la 74e demi-brigade, mais toutes mes démarches n’ont abouti à rien.
J’écris dans ce moment au chef de cette demi-brigade en lui relatant les circonstances, et lui spécifiant que l’officier qui a commis cette transgression ne peut être que celui qui, par le changement de sa demi-brigade (le 29 pluviôse correspondant au 17 février) est venu s’établir le 29 pluviôse à Délémont. Aussitôt que j’aurai reçu la réponse du chef de brigade, je vous la ferai passer, ne doutant nullement qu’elle ne nous fasse connaitre le coupable. Vous voyez, général, que ce ne peut être le 2e bataillon de la 24e demi-brigade, puisqu’à cette époque, sa droite était à Archweiller.
Ps : Je vous renvoie toutes les pièces que vous m’avez fait passer, vous trouverez au dos de l’attestation du maire du Petit Lucelle copie de la lettre du Grand bailli en réponse à celle que je lui ai écrite" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 5 Germinal an 5 (25 mars 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit, depuis Délémont, aux Administrateurs du département du Mont-Terrible : "Citoyens.
Si j’ai mis de suite en exécution les mesures de sûreté que je vous ai proposées par ma lettre du 24 ventôse dernier, c’est qu’attaché à tout ce qui peut être utile au bien général, je savais que par de faux passeports, des émigrés, des prêtres réfractaires ennemis jurés de notre tranquillité et de notre gloire, entraient et sortaient facilement de la République française ; j’ai trouvé cela d’autant plus croyable que nos postes multipliés à l’infini sur la frontière, les chefs des cantonnements sont obligés d’en faire commandant la majeure partie par des volontaires, qui pour peu qu’on leur présente un passeport, peu instruits des formalités, laissent indifféremment passer tous ceux qui se présentent, ce n’a donc été que pour remédier à cet abus et veiller à la sûreté générale que je vous ai proposé que les passeports pour l’étranger furent visés par un chef militaire.
1° parce que le chef s’attachant à la formalité des signatures des passeports reconnaitrait d’un coup d’œil s’ils sont vrais ou faux.
2° que le soldat habitué à connaitre la signature de son chef et n’aurait besoin de s’attacher qu’à celle-là, voilà citoyens, le motif qui m’a porté à vous présenter ces moyens de sûreté, et l’urgence qui me les a fait mettre de suite en exécution. Je souhaite que l’avenir ne nous prouve pas de quelle nécessité elles sont, d’ailleurs elles tendent à assure à l’honnête homme le moyen de voyager tranquillement, et ôte au scélérat l’espoir de venir semer la discorde chez nous et à ceux qui sont déjà, celui de s’en retourner, tant qu’à l’égard de la défense que vous me dites que j’ai faite, de renvoyer des postes tous ceux qui se présentaient avec des passeports revêtus de votre visa, ou l’on vous a induit en erreur, ou les chefs ont mal interprété mes ordres. Car au contraire, j’ordonnais de ne reconnaitre que les passeports délivrés par vous, et j’écris de nouveau à tous les chefs militaires pour leur rappeler l’intention de cet ordre.
Tant qu’à l’égard des autorisations dont vous me demandez copie, je n’ai reçu qu’une lettre du général commandant l’aile droite de la première division militaire de l’armée de Rhin et Moselle, qui m’invite à mettre en exécution les moyens de sûreté exercés dans le Haut-Rhin, et c’est d’après les renseignements que j’ai pris que j’ai cru pour le bien de la chose qu’il était absolument urgent de suivre les moyens de sûreté que je vous ai proposé pour ôter au malveillant les moyens de venir ici prêcher la discorde et l’assassinat.
Tant qu’aux agriculteurs, ne peuvent ils pas faire viser leur passeport par un des chefs militaires dont je vous ai parlé dans ma lettre du 24 ventôse dernier le plus à portée, il faudrait n’être pas ami de la bonne cause, pour se refuser à une formalité que les circonstances exigent et que votre intention comme pour l’intérêt de la République française approuvera sans aucun doute d’après les fortes raisons que j’ai l’honneur de vous observer ci-dessus.
Daignez, citoyens, m’accuser la réception de la présente et me dire définitivement ou si vous approuvez ces moyens" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 5 Germinal an 5 (25 mars 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit, depuis Délémont, au Chef de la 74e Demi-brigade : "Citoyen.
J’ai déjà écrit au chef du troisième bataillon de votre demi-brigade, à Liftes ( ?) de pouvoir connaitre l’officier qui le 29 pluviôse dernier a commis une infraction à la neutralité entre la République suisse et la République française, en passant en arme à la tête de 60 volontaires au Petit Lucelle baillage de Thierstein canton et Soleure.
Une lettre de l’ambassadeur français en Suisse m’ordonne de faire toutes les recherches nécessaires pour reconnaitre le nom de cet officier ; d’après celles que j’ai faites et le procès-verbal du grand bailli de Thierstein, il est constant que cette infraction a été commise le 29 pluviôse dernier par l’officier qui par l’effet du mouvement de votre demi-brigade est venu cantonner le susdit jour à Délémont.
Vous voudrez bien en conséquence me mander de suite son nom et son grade et prendre par les moyens qui sont à votre pouvoir tous les éclaircissements nécessaires à ce sujet" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 9 Germinal an 5 (29 mars 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit, depuis Délémont, au Commissaire du Pouvoir Exécutif à Porrentruy : "Ami de l’ordre de la tranquillité publique et tout ce qui tend au bien de la République française, j’ai fait partir un détachement de Délémont pour se rendre au village de Plaigne, lieu que vous me désignez pour y avoir une cloche, canon, fusils, etc. de caché. Si j’eus cru que cette marche n’eut pas souffert d’un retard, et n’eut pas mis d’entraves à cette expédition, j’aurais exigé que votre réquisition eut été faite en meilleur forme, vu que vous n’avez pas suivi les formalités prescrites, vous eussiez du prévenir le commissaire du canton dont dépend le dit Plaigne, ce dernier devant être instruit d’une pareille expédition qui n’aurait du être dirigée que par lui (ce qu’il a fait) d’après que je l’en ai prévenu.
Je vous invite donc une autre fois lorsque vous aurez besoin de troupes de faire une demande au chef, de la quantité nécessaire pour être mise à votre disposition pour lui dicter ce qu’il doit faire, et sans lui donner des ordres, chacun devant s’occuper de sa partie en qui le concerne.
Veuillez bien une autre fois prendre toutes les précautions nécessaires pour que votre secrétaire ne parle pas si impérieusement à un chef militaire, une pareille conduite pouvant devenir préjudiciable au bien de la chose, vous trouverez ci-joint procès-verbal de la marche de la troupe et de ce qui s’est passé dans le village de Plaigne, toutes les recherches ont été infructueuses" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 17 Germinal an 5 (6 avril 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit, depuis Délémont, au Chef de la 74e Demi-brigade : "L’ambassadeur de la République française en Suisse me pressant, citoyen, à lui envoyer le nom et le corps de l’officier qui, le 29 pluviôse dernier, a passé en arme au Petit Luce en Suisse, Baillage de Thierstein, canton de Soleure, je vous préviens que si vous ne voulez pas me faire le plaisir de me répondre et me faire connaitre le nom de l’officier que le 29 pluviôse est pour effet du mouvement de votre demi-brigade venue cantonner à Délémont, je serai contraint de lui envoyer les deux lettre que je vous ai écrites, afin de ne pas m’attirer des reproches que certainement je ne mériterai pas, vu tous les mouvements que je me suis fait donner.
Je vous prie de me croire avec toute la considération et respect possible.
Votre frère d’arme et concitoyen.
Ps. Vous adresserez votre réponse au général Sibent, commandant les troupes du Mont-Terrible, qui me remplace dans le commandement à Délémont" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
"Armée de Sambre et Meuse
Ordre secret du 26 germinal an 5 (15 avril 1797)
... Le lendemain (30 germinal), la garnison de Manheim, ainsi que la Légion des Francs, formant la 1ère brigade, se porteront sur Nassau et les 24e et 29e demi-brigades sur Dietz. Le général Watrin suivra de sa personne le cors qui se portera sur Dietz …
Le général en chef L. Hoche" (Papiers du général Paul Grenier. NAF 24304. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 79 page 169).
Le passage du Rhin a lieu en bateaux, dans la nuit du 19 au 20 avril, pendant qu'une violente canonnade éclate sur toute la ligne, depuis Brisach jusqu'au fort Vauban, et que de fausses attaques sont poussées sur Kehl. Malgré le feu très vif des batteries de l'ennemi, la flottille débarque la Division Duhesme sur la rive droite; cette Division s'empare de Diersheim, y fait 300 prisonniers et couvre le passage du reste de l'armée. Les Autrichiens essaient de rejeter les Français dans le Rhin; mais tandis que Jordy les maintient de front, Desaix et Davout les prennent en flanc, les poussent dans Honau et pénétrent dans cette localité.
Combats autour de Diersheim, du 19 au 21 avril 1797.
Le défilé de nos troupes a lieu sur un pont volant établi par les pontonniers, à Gumbsheim, et se fait très lentement, car on n'y peut faire passer que 25 chevaux ou une pièce avec son caisson, par heure. Ces retards proviennent de fréquentes avaries que subit la passerelle; aussi la situation de l'armée est-elle très précaire lorsque l'ennemi renforcé prononce une quatrième attaque. Le peu de pièces qui a pu passer, sont écrasées par l'artillerie autrichienne; une fusillade des plus meurtrières s'engage dans le village de Diersheim, où a pénétré l'ennemi à la faveur de l'incendie, mais ce dernier est repoussé. Pendant le combat, le pont volant a été détruit; on le remplace par un pont de bateaux qui est achevé en moins de six heures. Deux batteries légères, une Brigade de cavalerie et la Division Dufour, où se trouve la 24e, passent sur la rive droite à 2 heures du matin. Il est temps que la communication soit définitivement établie, car une cinquième attaque sur Diersbeim et Honau est tentée dans la matinée du 21 avril ; elle est d'abord couronnée de succès du côté de Honau, abandonné un instant par les Français; mais les 24e et 89e Demi-brigades de Ligne se précipitent dans Honau, et engagent avec les Croates un combat acharné. Une véritable mêlée se produit, dans laquelle la valeur française triomphe des masses ennemies et les force à la retraite. Vers 2 heures, la Brigade Lecourbe entre en ligne à son tour et permet à Moreau de prendre l'offensive.
L'armée s'ébranle et se porte en avant, ayant Vandamme au centre, Lecourbe et Dufour sur les flancs, laissant une réserve de quatre Bataillons pour la garde du pont. Le 9e Régiment autrichien est taillé en pièces par notre cavalerie et détermine une déroute complète, à la faveur de laquelle le Général Dufour peut entrer dans Kehl. Des Dragons du 17e, qui éclairent la marche de la 24e de ligne, tournent le pont de la Kintzig, défendu par l'infanterie, passent la rivière à gué et vont sommer Kehl dont la faible garnison se rend.
La position de l'Armée de Rhin-et-Moselle, sur la rive droite, se trouve assurée par l'occupation de ce passage important.
La 24e Demi-brigade ne perd que huit soldats tués ou blessés dans cette bataille.
Moreau se jette résolument à la poursuite des colonnes du Général Harry et pénètre à sa suite dans la forêt Noire. La Division Dufour, aile droite de l'armée, marche sur Ettenheim en remontant la vallée du Rhin. De son côté, Hoche a battu les Autrichiens à Heddersdorf, et passé la Sieg et la Lahn ; ces deux Généraux vont faire leur jonction sur le Mein, quand ils sont arrêtés par les courriers annonçant qu'un armistice vient d'être conclu à Léoben par Bonaparte, le 17 avril. Les armées restent sur leurs positions, et la 24e Demi-brigade est cantonnée à Rheinau.
A cette époque, quelques modifications sont apportées à l'organisation de l'infanterie. La principale des réformes adoptées est la suppression des Compagnies de Canonniers attachées aux Demi-brigades.
Le 21 Prairial an 5 (9 juin 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit, depuis Obernai, au Citoyen Chatellin père : "C’est pour la troisième fois, citoyen, que je vous écris pour vous faire part des dernières intentions de votre fils, capitaine au bataillon que je commande ; il a dicté avant son décès tous les objets qu’il pouvait avoir laissé dans différents endroits, donc le citoyen Penot, ancien boulanger demeurant rue Saint-Paul à Besançon était dépositaire d’une malle qu’il doit vous avoir fait passer, il a de plus donné avis des différentes sommes que plusieurs officiers lui étaient redevables, tant en assignats qu’en numéraire, mais je crains que plusieurs de ces sommes seront difficiles à avoir, attendu que les personnes redevables ne sont plus au corps. Je vais cependant faire mon possible pour savoir leur résidence, afin de recueillir les différentes sommes, pour vous les faire parvenir, ou je vous enverrai les billets que les redevables ont fait de ce que votre fils leur avait prêté. Il me reste aussi différents effets renfermés dans un porte manteau et dans une malle appartenant au ci-devant régiment de Piémont, donc il s’était toujours servi, veuillez bien me dire ce que vous voudrez faire de cela pour que j’agisse en conséquence ; comme il se trouve plusieurs effets, je crois que vous pourrez les faire vendre au corps au plus offrant et dernier enchérisseur, comme cela se pratique ordinairement, conformément aux lois militaires, ou je vous les ferez passer par la diligence si vous le jugez à propos, dans le cas que vous consentiez à la vente, vous pouvez compter que je mettrai toute la surveillance possible pour que l’on vous rende compte exactement, de ce que la vente pourra vous produire, et je vous ferai passer le montant de la somme. Veuillez, je vous prie, me faire une prompte réponse sur vos intentions" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 27 Messidor an 5 (15 juillet 1797), le Chef de Bataillon Gond écrit, depuis Strasbourg : "Je vous rend compte, citoyen, de la somme que la vente des effets du défunt Adline officier de la demi-brigade a pu produire ; elle se monte à cent sept livres dix sept S sur lequel on a prélevé celle que quatre vint quinze livres pour satisfaire à plusieurs créanciers à qui le défunt était redevable, donc j’ai retiré quittance de chaque individu, il me reste entre les mains la somme de douze livres que je vous ferai passer par la poste avec les procès-verbaux et l’inventaire de la dite vente, je vous prie de me faire un mot de réponse pour que je sois plus sûr de votre adresse. Je vous aurais plus tôt rendu compte si je ne me fus trouvé tant éloigné de ma malle dans laquelle étaient renfermés tous mes papiers" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
/ Armée dItalie, 1797-1799.
Le 10 Fructidor an 5 (27 août 1797), le Chef de Bataillon Gond, chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade de Bataille (sic) écrit, depuis Lyon, Armée d’Italie, au citoyen Chatelain père : "Je suis on ne peut pas plus étonné, citoyen, que par votre lettre du 18 thermidor, vous vous permettiez de m’écrire d’une pareille manière, c’est à peu près comme on pourrait écrire à un profiteur, de le traiter de la sorte. Le seul regret qui me reste, c’est d’avoir pris tant de soin de vos effets, et être payé d’ingratitude, voilà à peu près cent cinquante lieues que je fais avec vos équipages, vous pouvez juger de cet embarra dans une route et la dépense que cela coûte. Vous auriez pu vous en exempter si vous eussiez consenti à la proposition de ma première lettre, certainement l’argent de la vente n’aurait pas tant coûté de port, que les effets vous vont coûter de port. Et bien entendu, que tous les déplacements seront payés à votre compte. Je ne l’aurais pas exigé si vous vous y étiez pris avec plus d’honnêteté, mais voilà comme on doit punir l’insolence ; toutes les démarchez et les attentions que j’ai pris, jusqu’à ce jour, pour ce qui vous appartient, ne sont qu’un témoignage d’estime et d’amitié pour votre fils, qu’il avait toujours mérité à juste titre par son honnêteté ; s’il existait encore, il verrait avec bien de la peine un semblable procédé de votre part. Il en rougirais pour vous, connaissant mes sentiments et ma délicatesse. Vous avez sans doute cru que lorsque je vous proposait de faire faire une vente de tout ce qui pourrait vous appartenir, que c’était par intérêt que je vous proposait cette mesure, je puis vous assurer que c’était bien loin de ma façon de penser. Ce n’était absolument que l’économie que je cherchais pour vous épargner des frais de transport que certainement, vous couteront plus cher que la valeur des effets ; mais, puisque vous avez paru avoir des doutes, je vous envoie la malle, telle qu’elle m’a été remise ; vous verrez à la suite ce que je vous dit est la vérité. Comme vous le verrez par le procès-verbal que je fis dresser de suite par le rapporteur du conseil d’administration, lors de la réception de la malle en présence de plusieurs témoins ; j’aurais pu vous la faire remettre attendu qu’elle appartenait au régiment de Piémont, qui fait partie de la 24e demi-brigade actuellement, enfin je vous l’ai fait partir aujourd’hui par la messagerie, telle que je l’ai reçue du dépôt, vous y trouverez tout ce qui y était renfermé. D’ailleurs le procès-verbal ci-joint en fera mention de tous les détails avec les pièces justificatives de l’emploi des différentes sommes qui ont resté entre les mains du citoyen Comelin officier du corps, vous y verrez que d’après le mémoire qu’a fait la femme de cet officier pour dépense faite avant d’entrer à l’hôpital, feu votre fils, il ne reste que trente et une livre, celle de cent vingt et une, que ledit officier avait entre les mains, vous y trouverez également joint un petit mémoire de différentes sommes que j’ai fait prélever sur les trente et une livres qui vous reste, il a été payé sur ladite somme celle de 27# 19 sols pour roulage chargement et déchargement pendant la route de Huningue à Strasbourg et de Strasbourg à Lyon. Il ne vous reste plus que trois livres un sol sur les trente une livres. Il vous revient en outre 5 # pour une paire d’épaulettes usée, qui ont été vendues à un officier. Je compte que les 8 livres qui vous reviennent pourront servir à payer les chargements de la lettre au bureau des postes, avec les clés de la malle, que je joins à ladite lettre. S’il se trouve du surplus, je vous ferai passer le montant. Il faut cependant, que je fasse encore une fois le bien pour le mal, en vous prévenant que lors de votre passage à Besançon, j’avais chargé plusieurs officiers de s’informer où restait le citoyen Pernot, boulanger. On m’a prié qu’effectivement ce dernier avait une malle appartenant à votre fils mais qu’il n’avait pas encore reçu de vos nouvelles pour vous la faire passer.
Je vais maintenant vous répondre à la demande que vous me faites d’une montre et d’une boucle d’argent ; vous ne devriez nullement douter que si cela se fut trouvé parmi les autres effets renfermés dans la malle, qu’elle n’aurait pas été plus égarées que ce qui y était lorsque l’on en a fait l’inventaire. Je puis vous assurer que rien n’a été soustrait à ma vue, mais ces sortes de meubles ne se mettent ni dans un porte manteau, ni dans une malle. Il est très possible qu’il les eut emportés avec lui à l’hôpital ; vous n’ignorez pas que tout ce qui entre dans ces sortes de maisons, n’en sort plus. Il se trouve des infirmiers qui savent fort bien dévaliser les malades ; je n’ai nulle connaissance d’avoir vu à votre fils ni montre ni boucle d’argent. Voilà tout ce que je puis vous assurer. Votre malle passe par Paris et va ensuite à Bapaume. Je l’ai fait enregistrée ici, le dix du mois courant. Vous m’accuserez la réception de ma lettre et de votre malle, lorsque vous l’aurez reçue" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 3e jour complémentaire an 5 (19 septembre 1797), Bonaparte écrit, depuis le Quartier général à Passariano, au Général Berthier : "... Vous donnerez également l'ordre au général commandant la 7e division de faire partir sur-le-champ deux bataillons de la 23e d'infanterie légère pour se rendre à Milan. Vous ferez connaître au général commandant cette 7e division que mon intention est de ne laisser aucune troupe à Chambéry et de très-petits détachements à Mont-Lyon et à Briançon.
Il lui reste, d'ailleurs, un bataillon de la 23e, un de la 50e, un de la 24e, ce qui est plus que suffisant ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2225 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2042).
Le 9 Vendémiaire an 6 (30 septembre 1797), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, à Passariano, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Italie : "... Vous voudrez bien donner l'ordre à la 45e demi-brigade de se rendre à Lyon, à la 24e demi-brigade de partir sur-le-champ de Lyon immédiatement après l'arrivée de la 45e pour se rendre à Milan ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2109).
Le 10 Vendémiaire an 6 (1er octobre 1797), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, à Passariano, au Directoire exécutif : "La 45e demi-brigade sera rendue à Lyon lorsque vous recevrez cette lettre. Je retire pour la remplacer à l'armée la 24e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2115).
Le 15 Vendémiaire an 6 (6 octobre 1797), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, Passariano, au Général Berthier : "Vous vous assurerez, Citoyen Général, si vous avez donné les ordres pour le départ de la 24e demi-brigade ; observez qu'il n'y a que deux bataillons à Lyon et que le troisième est dans la 7e division ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2281 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2135).
La 24e Demi-brigade arrive à Milan le 30 octobre 1797.
Le 9 novembre 1797 (19 brumaire an 6), par ordre du Général en chef Bonaparte, une lettre est expédiée depuis le Quartier général de Milan, au Général Vignolle : "... A Milan. 24e de ligne.
Vous voudrez bien, Général, me remettre, avant de donner ces ordres, un tableau du jour où ces différents corps feront leurs mouvements" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2332 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1, p.46).
L'"État des Demi-brigades de ligne et légères distraites de l'Armée d'Italie pour l'expédition d'Angleterre", daté du même jour (9 novembre 1797 - 19 brumaire an 6) indique que la 24e de Ligne est forte de 1800 hommes présents sous les armes, à la solde de la République Cisalpine (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2335; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 47-48).
Vers le 8 mars 1798 (18 ventôse an 6), le Général Bonaparte adresse au Général Berthier les instructions du Directoire exécutif : "... Le général fera changer les troupes de cantonnement ; il fera occuper Mantoue par les 5e et 24e de ligne, et par les troupes les plus sages et les mieux disciplinées ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2437; correspondance générale, t.2, lettre 2326; La Jonquière C. de : «L’expédition d’Egypte, 1798-1801», t. 1. P. 218-219).
D'après l'état d'emplacement publié dans le Journal militaire du 10 Vendémiaire an 7, la 24e Demi-brigade de ligne est, au 1er Vendémiaire an 7 (22 septembre 1798), en Italie.
C'est en effet à l'Armée d'Italie que nous retrouvons la 24e Demi-brigade, vers la fin du mois de septembre 1798, au moment où toutes les puissances européennes, coalisées pour la seconde fois, vont s'efforcer de ravir nos conquêtes. Seuls, le Roi de Prusse et les Princes de l'Empire restent neutres dans ce grand conflit.
Le théâtre des opérations doit s'étendre depuis la Hollande jusqu'à l'Adige.
- 1798.
Le 20 janvier 1798, la 24e entre dans la Division Fiorella, où elle reste jusqu'au 19 juillet, puis passe au Corps d'occupation du Piémont.
Le 27 Vendémiaire an 7 (18 octobre 1798), le Général de Division Grenier écrit au Commissaire des Guerres Malardot : "Afin de faire cesser la disette et la pénurie de subsistance que nous sommes au moment d’éprouver, le général en chef m’a autorisé à prendre tous les moyens pour faire former sur-le-champ un approvisionnement de 15 jours sur les points principaux de la division que je commande ; ces points sont Peschiera, Desenzano, Salo, la Rocca d’Anfo, Vestone et Brescia. Comptant entièrement sur vos soins et votre zèle, citoyen commissaire, je me borne à vous faire connaître les instructions du général en chef et les miennes sur cette partie intéressante du service, vous vous occuperez en conséquence de faire former sans délai cet approvisionnement qui devra toujours être de 15 jours d’avance afin que les troupes des distributions de quatre jours ; cette approvisionnement se fera pour le compte des entrepreneurs et par eux ou à leur défaut par les municipalités.
J’ai chargé l’adjudant général Flavigny de vous prévenir de l’arrivée du premier bataillon de la 24e demi-brigade afin que vous puissiez asseoir son logement à Brescia et assurer sa subsistance" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 88).
L'Historique régimentaire indique que la 24e revient enfin le 22 octobre à l'Armée d'Italie.
Ce jour là, 1er Brumaire an 7 (22 octobre 1798), le Général de Division Grenier écrit à l’Adjudant-général Flavigny : "Les 2e et 3e bataillons de la 24e de bataille devant arriver, citoyen général, du 4 au 5 courant à Brescia, je dois changer l’établissement actuel de la division ; vous donnerez en conséquence les ordres suivants :
... un bataillon de la 24e tiendra garnison au château, les deux autres à Brescia. Mon intention étant que les bataillons qui sont aux avant-postes soient relevés à des époques que je fixerai, vous laisserez aux chefs des corps la facilité d’y envoyer des bataillons par tour, ayant invité le général Guillaume de faire alterner les cantonnements en avant de Peschiera avec la garnison de cette dernière.
Il est inutile de lui faire connaître ce mouvement puisque la 29e n’éprouve aucun changement. Vous préviendrez le commissaire des guerres Malardot de toutes ces dispositions afin qu’il puisse assurer le logement et les subsistances dans les lieux de passage" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 37 page 93).
Le 5 Brumaire an 7 (26 octobre 1798), le Général de Division Grenier écrit au Capitaine rapporteur de la Division : "Je vous préviens, citoyen, qu’en exécution de l’art. 4 de la loi du 13 brumaire an 5, j’ai nommé président du 1er conseil de guerre le citoyen Kister, chef de la 24e demi-brigade, seulement pour l’affaire des grenadiers de la 63e prévenus d’insubordination, en remplacement du chef de la 63e" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 39 page 96).
Placée à la 6e Division, Général Ménard, qui occupe Brescia, la Demi-brigade organise deux Bataillons de guerre, à l'effectif de 1804 hommes de troupes.
Le 10 novembre 1798 (20 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Joubert, Général en chef de l’Armée d’Italie : "Par votre lettre du 15 de ce mois, vous me demandez, mon général, des renseignements sur la position militaire de la division que je commande, sur les ressources locales du pays qu’elle occupe, sur le bon ou mauvais esprits des corps qui la composent, sur la capacité ou l’ignorance des chefs, sur les dispositions du peuple, sur le bon ou mauvais état des places soit en fortifications ou approvisionnements, enfin sur tout ce qui peut concerner le système de défense ou d’attaque tant de l’ennemi que de la part des peuples voisins, et même des habitants du territoire que j’occupe.
Je vais tâcher de répondre avec exactitude à ces différentes questions. La division que je commande est en ce moment composée de quatre demi-brigades d’infanterie, un régiment de cavalerie et une compagnie d’artillerie à pied ; ces corps sont : la 17e légère d’environ 1200 hommes, la 29e idem d’environ 1200 hommes, la 24e de bataille d’environ 2000 hommes, la 63e idem d’environ 2100 hommes, le 18e régiment de cavalerie de 150 hommes, la compagnie d’artillerie 70 hommes. Total 6820 hommes.
Si l’on comprend dans cette division la première légion cisalpine en garnison à Peschiera et Brescia, forte d’environ 850 hommes, la force sera de 7670 hommes. L’esprit de ces corps est bon, l’instruction passable, mais la discipline a besoin de surveillance, l’habillement et mauvais, il faudrait près de 400 habits, autant de vestes et de culottes pour le mettre un peu en état, l’armement bon si on en excepte les sabres manquants. Les chefs des corps sont instruits et les officiers généralement bons.
Cette division occupe en majeure partie le département de la Mella est une partie de celui du Mincio. Sa position militaire est bornée au nord par le torrent de Gardola et ou de Saint-Michel, la Rocca d’Anfo, et le Val Camonica jusqu’à la naissance du Mont Tonale ; à l’est par Castelnuovo, Lazise, Peschiera, Desenzano, Salo, Gargnano, Rocca d’Anfo, la vallée de Sabbia et Brescia ; le lac de Garda et Salo au midi par Peschiera, et Montichiari, à l’ouest par Ozzi Nuovi, l’Oglio rivière, le lac d’Iseo et les montagnes qui séparent le Val Camonica de la Valteline ; cette division occupe Castelnuovo, Lazise.
Les places de son arrondissement sont Peschiera, place de première ligne importante par sa position sur le lac de Garde et au débouché du Mincio, ses fortifications extérieures ne sont pas achevées faute de fonds, son approvisionnement de siège et presque complet.
La Rocca d’Anfo, poste assez important par sa position sur le lac d’Iseo, fermant à l’ennemi les communications de transport avec la vallée de Sabbia et Brescia ; les travaux se continuent avec activités. Ozzi Nuovi place de seconde ligne, bonne par sa position sur l’Oglio, susceptible de quelques réparations ; il serait bon d’armer et d’approvisionner cette place.
Le château de Pontevico propre à arrêter momentanément la marche d’un ennemi peu entreprenant.
Le château de Brescia de peu de conséquence a cependant un approvisionnement déterminé pour 15 jours et non encore achevé. En cas de système offensif, cette division doit entièrement abandonner les montagnes et ne laisser que 400 hommes à la Rocca d’Anfo qui n’est pas encore armé ; la garnison du château de Brescia pourra être du même nombre ; un bataillon suffira pour la garde du lac depuis Gardola jusqu’à Sirmione, mais ces postes et cette surveillance ne seront nécessaires que jusqu’au moment où l’armée française passera l’Adige. Le restant de la division formant environ huit bataillons et 200 chevaux, après avoir laissé garnison à Peschiera, peut et doit se réunir en peu de temps sur le Mincio entre Peschiera et Mantoue pour marcher ensuite sur la direction qui lui sera donnée. Le système défensif pour cette division doit être regardé sous les mêmes rapports. La réunion de la division est encore sur le Mincio et une demi-brigade doit suffire pour la surveillance du lac et des postes indiqués ci-dessus. En supposant néanmoins que la Valteline restera occupée par les troupes françaises, et que les communications qu’elle a avec le comté de Bormio et le Val Camonica seront gardées.
Les habitants des territoires occupés par cette division sont généralement animés d’un bon esprit, mais fatigués des fournitures continuelles qu’ils sont obligés de faire aux troupes à défaut des fournitures desquelles ils ne sont jamais payées ; la confiance sur ce rapport est entièrement détruite ; cependant la garde nationale, surtout celle des vallées, serait assez disposée à défendre son territoire conjointement avec les français, mais son amour-propre a besoin de stimulation et non d’exaspération.
Nous ne pouvons pas compter sur l’esprit des peuples voisin dont le territoire est occupé par les Autrichiens. Ils n’aiment pas ces derniers, encore moins les Français. Le seul moyen d’en tirer quelque avantage en cas de guerre et de leur promettre l’indépendance. Les Vénitiens et les véronnais, s’ils peuvent compter sur ces promesses, secourront sans doute le joug autrichien.
Tels sont, mon général, les renseignements que j’ai à vous donner. Je désire avoir rempli les dispositions de votre lettre.
Je joins ici l’état des forces de l’ennemi actuellement en première ligne sur le front de l’armée ; j’espère sous peu de jours vous faire connaître exactement ses mouvements dans les Grisons et l’état des renforts qui arrive du Frioul sur Vérone et d’Innsbruck sur Trente" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 46 page 110).
Le 22 Brumaire an 7 (12 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Brescia, au Général de Division Grenier : "Je vous rends compte, citoyen général, du jugement rendu par la commission militaire que vous avez nommée pour juger le nommé Fortunet, prêtre français accusé d’émigration. Je vous envoie ci-joint les pièces contre ledit prêtre au nombre de 39, y compris 3 pièces que le citoyen Jourdan, capitaine de la 63e demi-brigade de bataille, m’a remis ce matin. Je vous aurais fait passer le tout hier, mais la séance ne fut levée qu’à 7 heures du soir, le secrétaire n’a pu faire de copie que ce matin" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 24 Brumaire an 7 (14 novembre 1798), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 24e Demi-brigade de bataille : "Aucune loi n’ayant arrêté, citoyen commandant, l’avancement des sous-officiers et caporaux, vous êtes autorisé à faire remplacer sans délai ceux manquants, en vous conformant aux dispositions prescrites par les lois relatives à l’avancement. Si les emplois de lieutenants et sous-lieutenants vacants dans votre corps n’appartiennent pas au choix, et à la nomination du gouvernement, et que ces emplois reviennent au choix ou à l’ancienneté dans le corps, le conseil d’administration est en droit d’en disposer en faveur de ceux que la loi y appelle, soit à l’ancienneté, soit au choix. Telle est, citoyen, la décision que je peux donner à votre demande.
Si vous connaissez quelque ordre contraire à la décision d’autre part pour l’avancement des officiers, ordre qui peut avoir été donné avant mon arrivée à cette armée, vous regarderez cette décision comme non avenue, et vous m’en ferez part" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 49 page 116).
Le 29 Brumaire an 7 (19 novembre 1798), le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major général : "Le général de division Grenier, vu la lettre du commandant de la place de Pontevico adressée à l’adjudant général Compans par laquelle il lui est rendu compte de l’arrestation du nommé Fortunet, prêtre français, vu les lettres du dit Fortunet saisies dans son appartement, paraphées par le juge de paix de Pontevico et adressées sous enveloppe à mon adresse, vu encore le procès-verbal dressé par ledit juge de paix de Pontevico et envoyé par le commandant de la place à l’adjudant général Compans, desquelles pièces il résulte que le dit Fortunet est prévenu d’émigration et dans le cas de la loi du 19 Fructidor an 5 de la République, ordonne en exécution de cette même loi la convocation d’une commission militaire pour juger le dit Fortunet et nomme pour la formation de cette commission les citoyens Louis Gond, chef de bataillon employé dans la 24e demi-brigade, Vaillant capitaine au 18e régiment de cavalerie, Jolivet capitaine à la 24e demi-brigade, Crinchon lieutenant au 18e régiment de cavalerie, Blesiée lieutenant au dit corps, et Philippe maréchal de logis au 18e régiment de cavalerie.
Est chargé l’adjudant général Compans d’adresser la présente au président de cette commission et d’en donner avis aux membres qui la composent" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 45 page 109).
Le 1er Frimaire an 7 (21 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Brescia, au Ministre de la Guerre : "Je vous envoie, citoyen ministre, conformément à l’article 40 du bulletin des lois n°88, l’extrait de la minute et jugement rendu par la commission militaire convoquée par le général de division Grenier, résidant à Brescia, rendu contre le nommé Joseph Dominique Henry Fortunet, prêtre français prévenu d’émigration. J’ai cru devoir vous l’envoyer, n’ayant point de capitaine rapporteur, la commission n’étant formée que par intérim" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 2 Frimaire an 7 (22 novembre 1798), le Général de Division Grenier écrit à l’Adjudant général Partoneaux (sic) : "Je vous préviens, citoyen général, que je fais annoncer par l’ordre de ce jour aux troupes de la division que je vous ai chargé du commandement provisoire de la brigade composée des 17e légère et 24e de bataille. Les chefs de ces corps correspondront en conséquence avec vous sur tous les objets qui seront relatifs à l’instruction, la tenue, la police et la discipline de ces demi-brigades" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 53 page 124).
Le 3 Frimaire an 7 (23 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Commandant la place de Vestone, écrit depuis Vestone, au Citoyen Jeandel, Capitaine de la 24e, commandant à Bagolino : "Vous voudrez bien, citoyen, au reçu du présent, donner ordre à deux boulangers de votre cantonnement ou de celui de pont Caffaro de partir sur le champ avec arme et bagage pour se rendre à Vestone pour travailler à la manutention ; vu que les boulangers de la 17e légère sont partis, ne mettez aucun retard, attendu que le service d’après-demain en souffrirait faute de pain. Vous aurez soin de faire enregistrer vos bons en tout genre, pour m’en donner note quand je vous la demanderai. Vous me rendrez compte si votre détachement et celui du pont Caffaro sont complets en cartouches à raison d’un paquet de dix par homme ; si il ne l’étaient pas, vous pourrez les faire compléter à ce nombre, devant y avoir des cartouches à votre cantonnement. Je pense que celui que vous avez relevé vous aura rendu compte ; vous me direz la quantité de ce qui existe en munition qui est en magasin" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 3 Frimaire an 7 (23 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Commandant la place de Vestone, écrit, depuis Vestone, à la municipalité de Vestone : "La municipalité de Vestone est invitée à faire fournir au Girard, garde magasin des vivres pains, le bois nécessaire pour la cuisson du pain des troupes de la vallée de la Sabbia, sur le bon qui sera fourni par le garde magasin, lequel s’engage à payer le bois au prix courant ; ce moindre retard mettrait des entraves dans le service" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 3 Frimaire an 7 (23 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Commandant la place de Vestone, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade d’Infanterie, commandant les troupes dans la vallée de la Sabbia, écrit, depuis Vestone, écrit au Commissaire des Guerres Fournier, à Salo : "J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen, que l’employé aux liquides vient de me prévenir que d’après des ordres qu’il a reçu, sont service a fini à compter du 1er frimaire ; qu’en conséquence, il allait partir pour une nouvelle destination, attendu que l’entreprise venait de changer ; comme je n’ai reçu aucun avis à ce sujet, j’ai obligé le fournisseur à rester jusqu’à son remplacement, pour que le service ne souffre point. Le fournisseur de viande vient aussi de me prévenir que ses moyens ne lui permettaient plus de provisionner les troupes, n’ayant de foin en suffisance" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5 - Note : en marge, il est écrit : "Lettre au Citoyen Loro, commissaire à Brescia, datée du même jour, plus le Ps ci-contre : Je viens d’écrire au citoyen Fournier commissaire des guerres à Salo pour qu’il prenne les mesure nécessaires pour assurer le service. Je me suis faire rendre compte de ce qu’il restait en magasin ; il existe seulement 120 quintaux de grains, sans légumes, sel ni riz, voilà les détails que je peux vous donner en ce moment").
Le 4 Frimaire an 7 (24 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, commandant les troupes de la vallée de la Sabbia, écrit, depuis Vestone, au Citoyen Kister, Chef du même Corps, à Brescia : "Je vous rends compte, citoyen, de l’arrivée de la troupe dans les différents cantonnements, et vous envoie l’état ci-joint. J’ai écrit au citoyen Bensboc relativement à ce que vous m’aviez dit pour engager le détachement de rester ; il parait que cela leur convient, puisqu’il ne m’a pas fait de réponse ; je me serais moi-même transporté sur les lieux, mais diverses occupations m’en ont empêché.
Les détachements on ne peut plus mal ; celui que j’ai avec moi est le mieux, attendu qu’il est caserné et a des demies fournitures pour le couchage ; je vous prie de m’envoyer deux ou trois tailleurs ainsi que quelques [mot illisible] ; on a eu la maladresse de n’en amener aucun dans les détachements. Je m’étais approvisionné d’une douzaine de vieux habits et je n’ai personne pour travailler. Si je peu avoir les deux tailleurs que je vous demande, je les enverrai de cantonnement en cantonnement faire la réparation. Ils auront soin de s’approvisionner de fil car ils en trouveraient difficilement ici.
S’il vous était aussi possible de m’envoyer un secrétaire vous m’obligeriez infiniment, car ne peut suffire à la besogne ; il faut faire le service de commandant de place et de commissaire, non seulement pour les détachements de corps mais encore de toutes les troupes de la vallée ; il m’est impossible de m’en procurer dans les détachements, n’ayant ni fourrier, ni sergent major" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 5 Frimaire an 7 (25 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, commandant les troupes stationnées dans la vallée de la Sabbia, écrit, depuis Vestone, au Commandant de la place de Barghe : "Je suis fâché, citoyen, de n’avoir pu signer le bon de 12 livres de chandelles que vous m’avez envoyé ce matin, n’ayant aucune instruction concernant la lumière à fournir hors du cantonnement que j’occupe. Je vais écrire au commissaire des guerres à ce sujet et je vous rendrai compte de sa réponse" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 5 Frimaire an 7 (25 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, commandant les troupes stationnées dans la vallée de la Sabbia, écrit, depuis Vestone, au Commissaire des Guerres Fournier, à Salo : "On me fait la demande, citoyen, dans plusieurs cantonnements de mon arrondissement, des chandelles nécessaires pour les corps de garde et services de place. N’ayant aucune instruction sur cet article, veuillez me dire quels sont les endroits où l’on doit faire ces différentes fournitures. Je me suis refusé à viser les bons qui m’ont été présentés, jusqu’à ce que je sache positivement ce que dois faire à cet égard. J’attends sur ce votre réponse.
Ps. Je vous préviens que le détachement de Bagolino se plaint à juste titre de ce qu’on ne lui fournit pas le bois ; c’est le fournisseur de Salo qui est chargé de ces fournitures ; écrivez lui pour ces réclamations ; le magasin de Vestone est dépourvu [illisible] et d’avoine. Faites je vous prie votre possible pour assurer ce service. J’attends votre réponse concernant les préposés aux liquides qui ont eu ordre pour partir" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
"Invitation à la municipalité de Vestone pour fournir le 6 frimaire 2 voitures fascinées pour le transport de bois pour la manutention de Vestone.
Le 6 frimaire 10 mulets pour le transport de grains et farines de Salo à Vestone.
A l’avenir 2 voitures pour le transport du bois seront fournies une fois par semaine.
L’invitation en a été faite à la municipalité le 5 frimaire" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 5 Frimaire an 7 (25 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, commandant la vallée de la Sabbia, écrit au Citoyen Crouzet, Commandant à Rocca d’Anfo : "Je viens de recevoir, citoyen, votre lettre par laquelle vous me demandez le citoyen Tribolly, officier municipal de ladite commune de Vestone. J’en ai fait faire de suite demande ; on m’a prévenu que ledit officier était parti ce matin pour se rendre à Rocca d’Anfo" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 5 Frimaire an 7 (25 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, commandant la vallée de la Sabbia, écrit au Citoyen Gérard, Préposé des vivres pain à Vestone : "Je vous préviens citoyen, que d’après votre demande, je vous fais mettre à votre disposition deux voitures pour demain 6 du courant, ainsi que 10 montures que la municipalité de Vestone sera chargée de vous fournir pour le même jour. Elle vous fournira en outre toutes les semaines deux voitures pour le transport de bois qui vous est nécessaire. Je pense que par ce moyen, le service ne souffrira pas" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 5 Frimaire an 7 (25 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, commandant de la vallée de la Sabbia, écrit au Citoyen Pitois, Commandant le détachement de la 24e à Haro ( ?) : "Je n’ai pas encore reçu, citoyen, l’état des sous-officiers, caporaux, soldats et tambours composant votre détachement. Vous me le ferez passer le plus tôt possible en désignant sur cet état de quelle compagnie chaque individu fait partie. Je vous ai aussi demandé si vous êtes complet en cartouches à raison d’un paquet de 10 par homme ; dans le cas où il vous en manquerait pour compléter ce nombre, vous m’enverrez l’état de ce qui vous manque pour que je vous fasse compléter.
Je ferai mon possible pour vous faire délivrer les vivres pour 4 jours, à moins que des circonstances s’y oppose, vous prendrez les mesures nécessaires pour le transport à la prochaine distribution" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5 - Note : à la suite de cette lettre, il est écrit : "Au Citoyen Dorléans à Landega… ( ?) : Ecrit pour le précédent objet").
Le 6 Frimaire an 7 (26 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, commandant la vallée de la Sabbia, écrit au Commandant de Barghe : "Ayant reçu, citoyen, l’ordre de faire partir demain 7 du courant, les cavaliers du 18e régiment de cavalerie, chargés de la correspondance, le citoyen [illisible] adjudant général de la 2e division me prévient qu’il vous a donné des ordres pour l’établissement de la correspondance à Pie della Nave, Caino et Odolo. Faites moi savoir si vous avez reçu sa lettre. Je vous invite à faire tout ce qui dépend de vous pour cet établissement et pour le bien du service" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 7 Frimaire an 7 (27 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, commandant la vallée de la Sabbia, écrit, depuis Vestone, au Commandant temporaire de la place de de la Rocca d’Anfo : "Comme le commandant qui était ici avant moi ne m’a pas laissé d’ordre concernant les distributions de vin qui doivent être faites aux troupes dans cet arrondissement, je vous prie si par hasard il se trouvait dans vos archives des renseignements, de me les faires connaitre ; jusqu’à ce jour, je n’ai rien vu de positif. Je sais seulement que le vin se doit délivrer sept jours par décade, mais le préposé vient de me dire qu’il devait en outre de ces sept jours donner deux jours doubles.
Je désirerais savoir à quoi m’en tenir à ce sujet. Je vous envoie ci-joint les titres que vous m’avez fait passer avec l’état de situations qui était joint, je n’ai pu rien voir son contenu, attendu que le jour que vous me les envoyâtes, la pluie perça la poche de l’ordonnance qui en était porteur ce qui a déchiré le papier" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 8 Frimaire an 7 (28 novembre 1798) à deux heures du matin, le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, commandant les troupes françaises dans la vallée de la Sabbia, écrit, depuis Vestone, au Commandant Jeandel, de la 24e, à Bagolino : "Je viens de recevoir, citoyen, votre lettre par laquelle vous m’annoncez qu’un détachement de chasseurs de la montagne cisalpine sont venus, à ce qu’il parait par la lettre que vous avez reçue du commissaire de ces derniers, d’après les ordres du général de division Grenier, ce qui serait très possible, mais comme je n’ai aucune connaissance de cet ordre, vous voudrez bien rester avec votre détachement tel qu’il est placé, ainsi que celui de Pont Caffaro ; si pour cas les chasseurs ont ordre de venir, vous pourrez faire le service d’intelligence avec eux sans que néanmoins vous faisiez faire le service ordinaire. Je pense que le général de division me préviendra de ce mouvement ; en attendant, je vais faire passer la lettre à l’adresse du citoyen Gambara, commissaire cisalpin, je vous renvoie la votre que vous avez reçue de lui ; je vais garder celle de la municipalité, vu que dans ce moment, je n’ai point d’interprète pour en savoir le contenu ; lorsque j’en aurai pris connaissance, je vous la renverrai.
Je joins à ma lettre l’ordre du bataillon pour que vous m’envoyiez dans le plus bref délai l’état de vos postes ainsi que celui du Pont Caffaro.
Je vous recommande de continuer à m’instruire de tout ce qui pourra y avoir de nouveau à vos postes et la plus grande surveillance" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 8 Frimaire an 7 (28 novembre 1798), le Général de Division Grenier écrit au Chef de Bataillon de la 24e Demi-brigade : "Je suis informé, citoyen, que plusieurs des soldats sous vos ordres s’éloignent de leur quartier et se répandent dans des fermes et maisons isolées ou ils forcent les habitants à leur fournir des comestibles. Je vous invite à prendre les mesures nécessaires pour arrêter ce désordre. Je vous engage aussi à maintenir la bonne harmonie entre les soldats que vous commandez et les chasseurs de montagne organisés dans la vallée de Sabbio. La bonne volonté de ces hommes invite au contraire les encouragements et nous devient très utile en cas de guerre. Il est nécessaire aussi que vous surveillez la consommation des cartouches et que vous assuriez que chaque soldat en ait au moins 20. Vous m’informerez exactement des mouvements de l’ennemi aux avant-postes, et recommanderez aux postes de la Rocca d’Anfo et de Bagolino la plus exacte surveillance" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 56 page 131).
Le 29 novembre 1798 (9 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier établit la "Composition des Conseils de Guerre, nouvelles nominations
Premier conseil
Le général de division Grenier autorisé par la loi du 13 Brumaire an 5 art. 4, nomme pour la composition du premier conseil de la division sous ses ordres, les citoyens :
Fornesi, chef de brigade la 17e légère, président
Duclos, chef de bataillon à la 24e de ligne, membre
Peyroulouse, capitaine à la 17e légère, idem,
Challut, capitale à la 29e légère, idem
Martin, lieutenant à la 63e de ligne, idem
Gavary, sous-lieutenant à la 29e légère, idem
Bellin, sergent à la 17e légère, idem
Champmas, capitaine à la 17e légère, rapporteur
Bernard, capitaine la 63e demi-brigade de ligne, commissaire du pouvoir exécutif.
Leurs fonctions commenceront le 12 du courant, époque à laquelle le nouveau conseil se rassemblera pour dresser l’état et procès-verbal des nouvelles nominations autorisées par l’art. 5 de la loi ci-dessus citée.
Deuxième conseil
Le général de division Grenier, autorisé par la loi 13 du Brumaire an 5 art. 4 et en vertu de l’art. 19 de la loi du 18 Vendémiaire an 6, nomme pour la composition du second conseil de guerre de la division sous ses ordres, les citoyens :
Kister, chef de la 24e demi-brigade de ligne, président
Lévêque, chef de bataillon à la 17e légère, membre
Dunet, capitaine à la 24e de ligne, idem
Vaillant, capitaine au 18e régiment de cavalerie, idem
Vincent, lieutenant à la 17e légère, idem
Boulade, sous-lieutenant à la 63e demi-brigade de ligne, idem
Faivre, sergent-major à la 63e de ligne, idem
Blanc, capitaine à la 63e de ligne, rapporteur
Paté, capitaine à la 17e légère, commissaire du pouvoir exécutif.
Leurs fonctions commenceront le 12 du courant, époque à laquelle le nouveau conseil se rassemblera pour dresser l’état et procès-verbal des nouvelles nominations autorisées par les lois citées ci-dessus.
Révision
Le général de division Grenier autorisé par la loi du 18 Vendémiaire an 6 art. 4, nomme pour la composition du conseil de révision de la division sous ses ordres, les citoyens :
Guillaume, général de brigade, président
Cerreyre ( ?) chef du 18e régiment de cavalerie, membre
Castillard, chef de bataillon à la 24e de ligne, idem
Mignot, capitaine la 24e de ligne, idem
Preuriot, capitaine à la 63e de ligne, idem
Lesquels ont l’ordre de dresser l’état et procès-verbal de leur nomination à leur premier rassemblement" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 59 page 136).
Le même 9 Frimaire an 7 (29 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant Jeandel, de la 24e, à Bagolino : "J’ai reçu, citoyen, votre situation nominative des détachements de Bagolino et de Pont Caffaro. Il me semble que vous vous êtes trompé dans la force de vos hommes, n’en devant avoir que cinquante de le 1ère et il s’en trouverait 51 vu que vous mettez un homme qui n’en fait point partie, par ce que moyen il vous marquerait toujours deux hommes de la 13e compagnie, que celui que vous portez dans la 1ère n’en fasse partie ce qui resterait un pour avoir tout votre monde ; il serait possible que cet homme eut resté en route, il faut faire votre possible pour savoir ce qu’il peut être devenu. Cela ne doit pas vous empêcher de donner deux hommes au citoyen Gabriel pour faire ses vingt-neuf fusiliers ; je vous envoie ci-joint votre lettre de la municipalité, elle ne contient que des félicitations sur votre commandement et plus un ordre que vous voudrez bien faire mettre en exécution. Vous verrez qu’il faut compléter vos deux détachements à vingt cartouches chaque, d’après l’ordre du général de division Grenier. Je vous envoie aussi une invitation à votre municipalité pour qu’elle m’envoie ici le nombre de mulets qu’elle pourra pour que je les envoie à Brescia chercher du grain. Il vous faudra avoir soin de ne pas les laisser venir seuls, car ils pourraient s’évader en route. Vous les ferez accompagner par quelques fusiliers jusqu’au premier cantonnement. Ces derniers me les conduiront jusqu’ici car sans ces mesures, on ne pourrait en venir à bout. Je vous invite en outre lorsque vous n’aurez par un urgent besoin, de faire partir des ordonnances, de ne les envoyer que de jour, car les deux derniers me sont arrivés de nuit par un temps affreux ; dans le cas que le besoin soit urgent, vous prêterez service militaire pressé, alors on partira à quel heure que ce soit. Je vais donner l’ordre en conséquence, sur cette mesure ; elles ne partiront que le matin. Vous m’enverrez tous les quatre jours votre situation avec les mutations qui pourraient arriver pendant les quatre jours et à l’avenir, vous me ferez parvenir tous les nonidi de chaque décade votre état de situation et distribution en tout genre, devant être chargé de faire celui des troupes de la vallée, qui part pour Brescia tous les décadi" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 11 Frimaire an 7 (1er décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, Commandant dans la vallée de la Sabbia, écrit, depuis Vestone, au Commissaire des Guerres Fournier, à Salo : "Je vous envoie ci-joint, citoyen, les états que vous me demandez par votre lettre du 9 que j’ai reçue hier. La situation des troupes de la vallée et celles de ce qui reste en magasins au 10 frimaire ; vous verrez que par la négligence de la municipalité de Vestone à fournir des moyens de transport, on va se trouver dépourvu de grains ; il ne nous reste à peu près que pour la distribution des 13 et 14 courant, malgré les menaces que j’ai faites à l’agent pour empêcher d’en venir à ce point, mais rien n’a pu réussir vu que malgré que c’est ici le chef-lieu de canton, la plupart du temps, les officiers municipaux sont toujours en campagne, soit par insouciance, ou par mauvaise intention, il ne laisse qu’un valet de ville qui n’a aucun pouvoir. Il faudrait pour en venir à bout, les traiter en esclaves, ce qui répugnerait au républicain, étant contre nos principes. Cependant, je crois que lorsque l’on se sent indigne de porter ce nom, on se met dans le cas d’être hors la loi. Je vais rendre compte de leur conduite au citoyen Gambara, commissaire du gouvernement cisalpin, qui fait, à ce que je crois, sa résidence à Brescia ; il pourra donner des ordres en conséquence. Je vous prie de vouloir bien appuyer ma plainte. Je compte vous envoyer aujourd’hui une quinzaine de mulets qui m’ont été promis moyennant que j’emploie la force armée pour les avoir. J’ai fait la demande d’un autre convoi que j’attends pareillement à Bagolino, que j’enverrai au citoyen Lorat, commissaire de la division à Brescia, mais en attendant, je vous prie de m’envoyer du grain le plus tôt que vous pourrez, étant à la veille de manquer. Des demandes me sont réitérées pour le riz ainsi que pour l’avoine ou du son. Je vous prie de prendre en considération mes justes demandes, attendu que le pays est très pauvre, vous le savez. La troupe ne peut se rien procurer pour faire la soupe" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 11 Frimaire an 7 (1er décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Général de Division Grenier, à Brescia : "J’ai l’honneur de vous rendre compte, citoyen, que conformément à votre lettre du huit courant, je viens de faire compléter la troupe à 20 cartouches par hommes pour les principaux postes seulement, Bagolino, Caffaro et la Rocca d’Anfo, vu que précédemment à votre ordre, j’avais fait distribuer un paquet de dix par homme. Les magasins de Vestone et de Bagolino n’étant pas beaucoup approvisionnés, j’avais cru que ce nombre pouvait suffire. D’après les distributions que je viens de faire, il me reste à Bagolino quatre-vingt pierres à faux, sans autres munitions. Si vous jugez à propos que je complète tout le monde à vingt, je vous prie de me le faire savoir, ou si je dois garder le peu qu’il me reste en cas de besoin ; si je complète ces détachements, il me restera en magasin, tant à Vestone qu’à Bagolino, 570 pierres à feu et 8980 cartouches. Telle est, citoyen générale, la situation de mes magasins.
Le commandant de Bagolino vient de me rendre compte que des chasseurs de la montagne sont arrivés à son cantonnement avec ordre d’occuper le pont Caffaro ; je ne m’y suis pas opposé, mais ne connaissant pas vos intentions, j’ai ordonné à ma troupe de rester aux avant-postes jusqu’à des ordres ultérieurs ; je lui recommande la meilleures harmonie avec les chasseurs.
Je me suis fait rendre compte par les chefs des différents cantonnements sur les plaintes qui vous ont été portées que les militaires s’étaient permis de l’éloigner de leur poste pour aller à des fermes et maisons éloignées et disséminées dans le pays. On m’a répondu que c’étaient quelques travailleurs de plusieurs corps de la Rocca d’Anfo que l’on avait vu boire dans divers endroits qui se permirent de pareils désordres. Je viens de donner des ordres en conséquence. J’espère que dorénavant, pareille chose n’arrivera plus" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 11 Frimaire an 7 (1er décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commissaire du Gouvernement cisalpin Gambara : "Je me suis fais un devoir, citoyen, de vous prévenir comme résident dans la commune de Vestone que les officiers municipaux mettent la plus grande négligence à remplir les fonctions que la loi leur a commise ; ils ne sont plupart du temps jamais à leur poste et se permettent de s’absenter pendant quatre ou cinq jours, sans savoir ce qu’ils sont devenus. Jugez combien le service doit souffrir par leur absence ; en outre, ils ne laissent personne pour les remplacer qu’un secrétaire qui n’est revêtu d’aucun pouvoir ; enfin, par leur insouciance, les passants qui sont pour se loger dans cette commune sont obligés très souvent à rester sur le pavé. Ils ont montré dernièrement le plus grand incivisme, me laissant pendant plusieurs jours faire des demandes pour fournir à la troupe les moyens de transport pour l’approvisionnement de la manutention qui fournit à la majeure partie des troupes de la vallée. Je suis à la veille de manquer de toutes subsistances pour avoir négligé une partie aussi essentielle que celle-ci. Je vous prie de recommander à ces citoyens un peu plus d’activité car s’ils continuent comme ils l’ont fait jusqu’alors, il serait difficile de répondre des actions du soldat, si on le privait de ce qu’il lui revient. Je compte sur votre patriotisme et votre zèle pour empêcher les malheurs où la circonstance pourrait nous entrainer" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 12 Frimaire an 7 (2 décembre 1798), le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Compans, Adjudant-général, Chef de l’Etat-major de la Division : "Ci-joint, vous trouverez, citoyen général, l’ordre du départ pour la 1ère légion cisalpine. Veuillez le faire mettre à exécution en donnant les ordres nécessaires pour faire relever les détachements de cette légion à Peschiera, Ponte Vico, et Orzinuovi.
Vous ferez relever le bataillon qui est à Peschiera par cinq compagnies de la 63e 1er bataillon le restant de ce bataillon qui est à Lonato se rendra à Desenzano ; vous enverrez une compagnie de la 24e à Orzinuovi, et une autre de la même demi-brigade à Pontevico. Vous conviendrez avec l’Adjudant-général Ottavy des points sur lesquels seront dirigés les détachements cisalpins de Peschiera, Orzinuovi, et Pontevico, afin que ces troupes ne fassent point de marches inutiles ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 62 page 142).
Le même 12 Frimaire an 7 (2 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commissaire des Guerres Léoras, de la 2e Division, à Brescia : "Je vous préviens, citoyen, que je viens de rassemble dans les différentes communes, le plus de mulets qu’il m’ été possible, il en est parti aujourd’hui vingt-deux à vingt-quatre pour Brescia, et demain, il doit m’en partir vingt-cinq de Bagolino, que je vous enverrai après-demain. Si vous croyez qu’il soit utile de vous les faire retourner dès qu’ils auront fait le premier voyage, veuillez bien m’en prévenir pour que je ne les laisse pas partir, car il est bien difficile de pouvoir s’en procurer, ne pouvant rien faire sans l’assistance de la force armée, vu la mauvaise volonté de la municipalité de ce canton. J’ai rendu compte de sa conduite au citoyen Bambara, commissaire du gouvernement cisalpin, résidant à Brescia. Je vous prie d’appuyer ma porte plainte, par la négligence que les agents de ce canton ont mise à fournir les moyens de transports. Je me trouve à la veille de manquer de tout. Il ne reste plus dans le magasin d’ici que pour la distribution à faire aux troupes pour les 13 et 14. Quinze mulets sont parties hier pour Salo. Je compte qu’ils apporteront du grain aujourd’hui.
Je reçois toujours des plaintes en ce que la troupe ne reçoit point de riz. Je vous prie de faire votre possible pour qu’il en soit versé au magasin, car les militaires ne peuvent se procurer aucun légume dans ce malheureux pays. Il n’y a non plus de son ni d’avoine au magasin de fourrages, il serait nécessaire d’y en faire aussi verser pour les chevaux d’artillerie, on m’en fait journellement la demande" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 13 Frimaire an 7 (3 décembre 1798), le Capitaine Dubois, écrit, pour le Chef de Bataillon Gond, depuis Vestone, au Sous-lieutenant Devieze, au cantonnement de Barghe : "Citoyen, le commandant Gond me charge à son départ, de vous prévenir qu’il vous a choisi pour aller rechercher la solde des soldats du détachement de la vallée de Sabbia. Par ce moyen, vous partirez demain 14 du présent pour Brescia. En ce cas, vous vous munirez d’un mulet ou de deux s’il le faut, vous emporterez avec vous une malle et un porte manteau, comme le mande le citoyen Kister, chef de brigade, et vous vous ferez cnduire de poste en poste par les soldats de la correspondance" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 14 Frimaire an 7 (4 décembre 1798), le Capitaine Dubois, écrit, pour le Chef de Bataillon Gond, depuis Vestone, au Citoyen Sedoux, commandant à Barghe : "Citoyen, je vous fait passer un déserteur autrichien venant de Pont Caffaro, vous voudrez bien lui donner le logement pour ce soir. Ayant reçu aujourd’hui ses vivres, vous le ferez conduire demain le plus matin possible à Brescia pour être conduit à l’état-major avec la lettre du général" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 16 Frimaire an 7 (6 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant du détachement du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, dans les cantonnements de Bagolino, Rocca d’Anfo, Idro, Hanno ( ?), Trevissi ( ?) et Sandegano ( ?) : "Je vous préviens, citoyen que vous pouvez envoyer ici quelqu’un de confiance, pour recevoir la solde des soldats, trois décades de brumaire pour les sous-officiers et soldats qui composent votre détachement ; envoyez le plus tôt possible et faire manière que celui qui sera obligé de le recevoir ne marche pas de nuit.
Ps. Vous enverrez un sergent ou un caporal" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 17 Frimaire an 7 (7 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Capitaine Jeandel, de la 24e Demi-brigade, Commandant le détachement de Bagolino : "Je suis surpris, citoyen, que vous n’ayez pas encore reçu de fromentà Bagolino, mais je suis encore plus surpris que vous doutez que ce soit moi qui en soit la cause. Je vous prie d’apprendre à me connaitre mieux, et croyez que je m’intéresse trop au bien de la chose pour donner des ordres contraires ; voilà le motif de ce retard. Les muletiers de votre commune, au lieu de faire deux tours à Brescia n’en ont fait qu’un et se sont soustraits à la surveillance de la garde, ont traversé la rivière de Vestone pour s’en retourner chez eux sans avoir rempli les conventions que j’avais fait avec le citoyen Pellissard, officier municipal de votre commune, à qui je vous prie de témoigner mon mécontentement. Vous pouvez l’inviter de ma part à ce que pareille chose n’arrive plus car il en serait personnellement responsable d’un pareil retard. Je suis prévenu que le poste de correspondance est établi à moitié du chemin de la Rocca d’Anfo à Bagolino, vous pouvez renvoyer directement vos ordonnances. Je vous envoie les trois mulets que vous envoyez ici, chargés de grain, indépendamment de 8 que l’on a fait partir hier soir ; vous devez avoir reçu deux vieux habits que vous voudrez bien m’en donner connaissance" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 17 Frimaire an 7 (7 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, à l’Adjudant général Garnier (ou Garrau ?) : "Je vous envoie ci-joint, général, l’instruction du général Grenier, que vous avez oublié sur le bureau, lors de votre passage à Vestone. Il parait que vous ne serez pas à Ludegano ( ?) pour le 18 du courant, comme vous me l’aviez dit en partant ; dans le cas où ce serait vos intentions de vous y trouver ce jour, veuillez bien me le faire savoir pour vous y rejoindre" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 18 Frimaire an 7 (8 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant de la Rocca d’Anfo : "J’ai appris, citoyen, par le capitaine commandant le détachement des travailleurs de la 24e demi-brigade, que vous aviez fait arrêter trois fusiliers de son détachement pour vous avoir tenu de mauvais propos, et que votre intention était de les traduire au conseil de guerre ; j’en ai rendu compte au chef de brigade. Il m’a chargé de vous dire, ayant pris des renseignements, que ce sont de bon sujets et que toutefois, le délit ne soit pas trop grave, l’on pourrait se contenter d’une discipline de corps. Vous voudrez bien me marquer quelles sont vos intention à ce sujet, marquez moi s’il est nécessaire de vous renvoyer les ordres du jour que vous m’avez fait passer hier ; si vous aviez le double de celles imprimées, je ferais afficher l’autre ici" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 18 Frimaire an 7 (8 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commissaire des Guerres Léoras, à Brescia : "Je viens de recevoir, citoyen, votre lettre en date du 16 du courant, par laquelle vous me dites que l’adjudant général vous a rendu compte que les mulets que je vous envoyais se rendaient à Brescia sans être conduits par quelque escorte ; il a sans doute été mal instruit, car toutes les invitations que j’ai faites à différentes municipalités ont été portées par des soldats spécialement chargés de ne point partir des villages, sans que le nombre énoncé à l’invitation soit rempli, et ensuite conduit les mulets de poste en poste par la correspondance, jusqu’à leur destination. Mais je ne les ai jamais chargés de les ramener à Vestone, espérant qu’à leur retour, on prendrait les mêmes précautions. D’ailleurs la marche que vous me tracez serait impossible ; comment voulez vous que je prenne le nom des muletiers ; dans plusieurs communes, les habitants se trouvent isolés ; il faudrait dans ces montagnes un bataillon pour venir à bout d’obtenir de ce qu’on demande, et surtout dans les lieux où la municipalité est mal intentionnée ; l’on ne devrait pas être obligé d’en venir à cette extrémité si chacun faisait son devoir. Vous avouerez avec moi que ce n’est point aux militaires à remplir les fonctions civiles, quoique jusqu’à ce jour j’ai été forcé de le faire sur cette mesure, je me voyais à la veille d’être à la famine, manquant de moyens de transport. Quand je demande des mulets, ils se trouvent toujours ou en campagne, ou malades, et le plus souvent, il n’y a que de la mauvaise volonté. Si j’attendais que l’on m’envoie les noms de chaque muletier, je me verrais dans une bien cruelle position par le retard qu’une telle mesure occasionnerait" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 18 Frimaire an 7 (8 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Capitaine Jeandel, commandant à Bagolino : "Votre municipalité, citoyen, n’ayant pas rempli la réquisition qui lui fut faite dernièrement, devant m’envoyer 25 mulets, elle ne m’en a envoyé que 20. Il était aussi convenu que les 25 mulets feraient deux voyages de suite pour Brescia, plusieurs se sont soustraits même à ce premier voyage. En conséquence, vous voudrez bien inviter cette même municipalité à me fournir pour demain 19 frimaire la quantité de 25 mulets qui se rendront ici pour être ensuite conduits à Brescia, pour y charger du grain pour la troupe. Vous donnerez ordre à un volontaire qui sera porteur de la liste des noms des muletiers qui doivent compléter la réquisition avec le nombre de mulets demandé. Ce même volontaire transmettra la liste qu’il lui sera délivrée par vous de poste en poste. Vous préviendrez votre municipalité que je la rend personnellement responsable du retard que pourrait éprouver le service.
Ps. Le caporal que vous avez envoyé pour chercher la solde des volontaires a eu le malheur de tomber, ce qui retardera son arrivée ; en cas qu’il ne puisse y aller demain, le citoyen Vessier se charge d’aller vous porter la solde" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Toujours le 18 Frimaire an 7 (8 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Capitaine Sedoux (Hedoux ?), commandant à Barghe : "Je viens d’apprendre, citoyen, que l’invitation que je vous avais remis pour envoyer à la municipalité de Preseglie, n’a pas été exécutée pour la demande de 25 mulets, que devait fournir le citoyen Passinis habitant le village d’Odolo. Vous voudrez bien en conséquence récidiver la même demande pour pareil nombre de mulets que l’on fournira pour demain 19 du courant pour se rendre à Brescia auprès du commissaire de guerre de la division pour y recevoir du grain pour la subsistance des troupes de la vallée, qu’ils apporteront à Vestone. Vous aurez soin d’envoyer un homme intelligent pour la réquisition à la municipalité ; il ne partira de ce lieu que lorsqu’il aura vu partir la quantité de mulets portés sur la réquisition ; vous lui donnerez un ordre pour enjoindre aux poste de correspondance de conduire les mulets jusqu’à leur destination, afin qu’aucun d’eux ne puisse se soustraire en route. Il se fera remettre par la commune le nombre de mulets dit sur un état ainsi que des muletiers destinés pour en faire la conduite, et vous préviendrez la municipalité qu’elle devient personnellement responsable du moindre retard qu’elle pourrait faire éprouver dans ce service. Je vous envoie ci-joint la réquisition pour fournir les mulets ; envoyez y de suite, afin qu’il n’y eut aucun retard et vous m’en rendrez compte" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 9 décembre 1798 (19 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général en chef : "Le général Guillaume m’a adressé cette nuit, citoyen général, copie d’une lettre qu’il a reçu le général Dalesme en date du 18, par laquelle ce général lui annonce que d’après les nouvelles dispositions du général Delmas, les troupes qu’il commande sur la ligne se retirent en arrière du fossé de Pozzalo ; qu’il résulte de ce mouvement que les avant-postes en avant de Peschiera sont entièrement découverts et dans le cas d’être surpris. J’ai cherché à parer cet inconvénient en ordonnant au général Guillaume de concentrer ses cantonnements et en faisant partir de Brescia deux pièces d’artillerie et un escadron de cavalerie pour les renforcer. Mais ces mesures sont peu rassurantes et peu propres a conservé la position de Castel Nuovo, ma division étant disséminée sur le lac de Garda dans la vallée de Sabbio et dans les garnisons de Brescia et Peschiera, surtout ignorant sur quel point vous déciderez que les troupes que je commande devront agir et en ayant un trop petit nombre pour combattre sur plusieurs points ; lorsque je connaitrai vos dispositions les circonstances m’indiqueront celles que je serai dans le cas de prendre soit pour les montagnes ou dans les environs de Peschiera. Dans l’un ou l’autres cas, il est nécessaire que je puisse réunir au moins huit bataillons ; la place de Peschiera et ses avant-postes en occupe en ce moment trois bataillons et demi, où environ 1800, la garde du lac de Garda à peu près le même nombre, un bataillon dans la vallée de Sabbio et cinq bataillons à Brescia. Il ne reste donc de réellement disponible qu’une demi-brigade, comme je l’ai mandé le 7 de ce mois au chef de l’état-major de l’armée ; le 18e régiment de cavalerie est entièrement disséminés et n’aura après le départir l’escadron que j’envoie à Peschiera au plus que 100 hommes réunis. Il est vrai aussi que si je dois porter la guerre dans les montagnes, Brescia, la Rocca d’Anfo et la vallée de Sabbio restant derrière moi n’ont besoin que de très faibles garnisons et qu’alors six bataillons deviennent disponibles, force que l’on peut encore augmenter en faisant relever la garnison de Peschiera et ses cantonnements par une autre division et ne laissant que les bataillons de la 29e sur le lac ; cette supposition n’est plus la même dans le second cas et je ne puis sans risque de dégarnir la vallée de Sabbio, je suis obligé au contraire si on reste dans cette partie sur la défensive de porter les troupes chargées de sa défense aux nombres de 12 à 1500, et de laisser garnison à Brescia, ce qui absorbe quatre bataillons non compris la garde du lac. Telle est la situation de la 2e division ; ci-joint vous trouverez l’état des forces autrichiennes dans le Tyrol italien ; d’après les plus récents rapports tout annonce la guerre et par une seconde lettre du général Guillaume que je reçois à l’instant j’apprends qu’il arrive beaucoup de troupes à Vérone ; si ce rapport se confirme je me porterai avec la 24e demi-brigade et mon artillerie légère sur les hauteurs en arrière de Peschiera et même à Castel Nuovo si j’en ai le temps.
Ci-joint, vous trouverez un placard qui a été affiché cette nuit dans la commune de Brescia ; je fais faire des perquisitions les plus exactes afin de découvrir les auteurs" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 66 page 150).
Le même 19 Frimaire an 7 (9 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Lieutenant Ponpenet (?), commandant à Idro : "Je croyais, citoyen, d’après l’ordre que je vous ai donné il y a quelques jours, pour renvoyer la femme de mauvaise vie que vous gardez avec vous, vous auriez mis de suite l’ordre en exécution, Mis je vois avec peine vous préférez vos plaisirs à l’honneur que doit avoir un officier français ; en conséquence, vous garderez les arrêts de rigueur jusqu’à nouvel ordre. Vous remettrez pendant ce temps le commandement de votre cantonnement au citoyen Bauvelle, sous-lieutenant, et vous préviens en outre que si j’apprend la moindre provocation de votre part, envers la personne de ce citoyen, je vous ferai relever sur le champ pour vous envoyer à Brescia" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5 - note : Bauvelle, ou Boëlle, Sous-lieutenant, dans l'Etat militaire de l'an 10 ?).
Encore le 19 Frimaire an 7 (9 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Citoyen Jeandelle (sic), commandant : "Je viens, citoyen, de recevoir votre état de différentes distributions qui ont eu lieu dans votre cantonnement pendant la 2e décade de frimaire, avec celui des passeports que vous avez délivrés aux habitants du pays pour passer en Tyrol, que je ferai passer au commandant de la Rocca d’Anfo, lorsqu’il m’en fera la demande. Il me parait cependant que ce citoyen se flatte d’être le seul qui commande dans la vallée de Sabbia. Cependant, lorsqu’il m’écrit, jamais n’oublie de me reconnaitre en cette qualité, attendu que son commandement ne s’étend que dans la place et forteresse de Rocca d’Anfo, mais cependant, il peut vous transmettre les ordres se trouvant au point intermédiaire, ce que je crois qu’il fait, comme le mot d’ordre et les ordres du jour. Vous me les ferez savoir. Vous me dites que le tailleur du Pont Caffaro vous a répondu qu’il n’était point celui des compagnies, qu’il ne devait rien faire pour le détachement ; vous voudrez bien lui dire de ma part de choisir de faire les réparations que vous pouvez avoir besoin ou s’il préfère de passer le reste du temps dans les prisons de la Rocca d’Anfo, à moins que vous ne soyez assuré de son immoralité, et dans ce cas, il doit aller à l’hôpital.
La demande que l’on a fait à votre municipalité pour des draps de lit est inutile et doit fournir aux postes de correspondance les ustensiles comme à un corps de garde, attendu que la troupe est relevée tous les quatre jours. Je suis très étonné que la municipalité de Bagolino n’a pas rempli l’invitation que je lui ai envoyée sur 25 mulets que je lui demande ; elle ne m’en envoie que dix ; vous voudrez bien lui dire qu’elle ait à remplir sans délai la demande que j’ai fait pour les 25 mulets que je demande, ayant des ordres très précis pour cela, et vous pouvez lui dire tant qu’elle ne fera pas exécuter les demandes qu’il lui seront faites, elle deviendra responsable des évènements qui peuvent survenir, les menaces d’écrire au département ne me feront point cesser de faire la demande de ce qui est nécessaire pour le bien du service. Elle peut en porter plainte, ce qui de droit si elle croit l’avoir ; en attendant, il me faut encore de suite les 15 mulets que j’ai demandés par l’invitation précédente. Dans ce moment, on trouve étrange de fournir quantité de mulets ; cela ne doit vous le surprendre, vu que la manutention de Vestone se trouve toute dépourvue de grain, toutes les communes de la vallée sont obligées de fournir les transports nécessaires proportionnellement à ce quels ont de monture. Je ne crois pas que l’on agisse avec partialité, non plus que pour faire rester le blé de préférence pour Vestone, que pour Bagolino ; au contraire, je donne toujours la préférence au plus éloigné. Je vous envoie un vieux habit de plus pour perfectionner votre réparation. Le citoyen Vaissière vous le fera conduire demain, n’ayant pu partir aujourd’hui, vu le mauvais temps. Il vous porte de l’argent pour votre détachement, comme je vous l’avais annoncé par ma précédente, je crois que le pauvre Gremillard qui est ici chez moi depuis sa chute, sera obligé de partir pour l’hôpital. Recommandez à vos soldats de conserver de l’argent pour leur besoin, lorsque nous retournerons à Brescia" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 20 Frimaire an 7 (10 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commissaire des Guerres à Fournier, à Salo : "Je viens de recevoir, citoyen, votre lettre en date du 17 par laquelle vous me dites que conformément à la vie que vient de vous donner le citoyen Lioras, commissaire des guerres à Brescia, la division que j’ai à envoyer le plus que je pourrais de mulets à Brescia, je n’ai pas attendu qu’il m’en fasse la demande, depuis que je suis arrivé à Vestone, je n’ai cessé de les faire marcher, soit à Salo ou à Brescia, aussi va-t-on en porter plainte au département de Melle vu que je l’ai trop tourmenté. J’ai à me plaindre de ce que le citoyen Perrain employé aux vivres résidant à Salo, laisse un de ses agents à Bagolino depuis environ 6mois sans lui donner aucun moyen pour assurer le service. Il est seul pour confectionner le pain de 114 hommes, obligé de se fournir le bois depuis ce temps pour la manutention, ayant un journalier pour travailler avec lui qu’il paie 10 sols par jour. Jugez combien ce citoyen se trouve endetté avec la commune que de ce moment ne veut plus rien fournir. De plus, ce même citoyen nommé Villeneuve était aussi chargé de fournir le vin par ordre du citoyen Cassini, employé aux liquides, ce dernier a fait comme le 1er, n’a donné aucun fond de sorte que la troupe a resté 3 ou 4 jours sans en recevoir. Je me suis transporté sur le lieu, j’ai fait une invitation à cette municipalité pour qu’elle fournisse le vin à la troupe, elle a de suite accédé à mon invitation sauf à elle de se faire rembourser par les entrepreneurs. Il était temps que je prenne ces mesures car cela avait excité beaucoup de [mot illisible] parmi la troupe. Veuillez bien recommander à ce citoyen de veiller avec plus d’exactitude avec ce qui concerne cette partie essentielle du service.
Je vous envoie ci-joint les situations de troupe cantonnée dans la vallée de Sabbia, excepté celle de la Rocca d’Anfo, avec celle de qui reste dans le magasin de Vestone" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5 - Note : le département mentionné est celui de Mella).
Le même 20 Frimaire an 7 (10 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant de la Rocca d’Anfo : "Je viens d’apprendre, citoyen, que le poste établi à Saint-Antoine pour la correspondance de Bagolino exige de cette municipalité des draps de lit pour se coucher. Comme se poste doit être relevé tous les 4 jours, je vous invite à ce que l’on ne fasse fournir que ce qui est du dans un corps de garde, attendu que si l’on fait donner des draps, cela pourrait devenir trop préjudiciable pour toute sorte de malpropreté, surtout la gale ; on pourrait, s’il est possible, faire la demande d’une couverte.
J’ai reçu les deux ordres du jour ; elles m’ont fait beaucoup de plaisir, surtout celle du 12 qui m’apprend que l’armée napolitaine a reçu une bonne frottée par celle du général Championnet. Je vous envoie ci-joint un état du fert cru ( ?) délivré aux paysans depuis le 14 frimaire que le commandant de Bagolino m’a envoyé pour vous remettre.
Je vous envoie ci-joint l’état des subsistances délivrées aux troupes depuis le 11 frimaire au 20 inclus, vous y verrez qu’il a été porté 40 rations d’avoine sans qu’il en ait été fournie, quoique le bon ait été délivré, vu qu’il n’y en existe point au magasin de Vestone" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 20 Frimaire an 7 (10 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, à l’Agent municipal de la commune de Fernoono ( ?) : "Je suis chargé, citoyen, d’après la demande que vient de me faire le commissaire des guerres de la division résident à Brescia, de vous inviter à fournir 25 mulets pour se rendre demain 21 frimaire à Brescia pour transporter du grain à la manutention de Vestone ; les conducteurs s’adresseront au citoyen Leoras, commissaire des guerres à Brescia. Je vous préviens que vous êtes responsable du retard que vous ferez éprouver à l’inexécution de la présente" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5 - Note : "La même écrite à l’agent municipal de la commune de Posico en date du 20 frimaire an 7").
Toujours le 20 Frimaire an 7 (10 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Chef de Brigade Kister, commandant la 24e Demi-brigade : "Je vous rends compte, citoyen, que j’ai fait part de vos intentions au commandant de la Rocca d’Anfo relativement aux trois volontaires qu’il avait fait arrêter par mauvais propos et gestes envers sa personne. Il m’a répondu qu’il suivrait le rapport que les officiers lui ont fait que c’étaient de bons sujets, il a consenti à ce qu’ils soient mis en liberté après quelques jours de prison. Je vous préviens en même temps que je viens de mettre aux arrêts de rigueur le citoyen Popenet, lieutenant, jusqu’à la fin de ce mois, époque à laquelle je crois être relevé, pour avoir gardé avec lui une femme au mépris de l’ordre plusieurs fois réitéré, cette même femme fut chassée de Turin d’avec un sergent major de la 13e compagnie d’après l’ordre que vous en donnâtes. Je ne me suis aperçu que le citoyen Paupenet l’avait avec lui que depuis quelques jours. J’ai même été instruit qu’elle se flattait d’être la femme d’un commandant du cantonnement ; comme c’est le citoyen Paupenet qui commande à Idro, j’ai fait remettre le commandement au citoyen Bauvel, qui a premier accusé de dénonciation. J’ai donné des ordres pour empêcher toute provocation.
Je n’enverrai pas prendre les capotes que vous m’aviez annoncées ; j’attendrai jusqu’à mon retour pour les recevoir ; j’en aurais fait de même pour la solde, mais la misère où se trouvaient les soldats en fait de chaussure m’a déterminé à l’envoyer toucher ; j’ai déjà vu avec satisfaction que plusieurs ont fait raccommoder leurs souliers ou en ont acheté des neufs. Malheureusement, cela n’est pas général.
Je vous envoie ci-joint la situation du détachement de mon bataillon" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 11 décembre 1798 (21 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Moreau : "Le chef de l’état-major général de l’armée m’ayant prévenu, général, que les divisions de Brescia et de la Valteline étaient sous vos ordres par suite des nouvelles dispositions du général en chef, je vous adresse ci-joint l’état de situation de cette division avec quelques notes sur sa position militaire.
Armée d’Italie : position de la 2e division dite de Brescia.
Cette division, forte de 6000 hommes présents sous les armes, est établie en première ligne sur les frontières de la République cisalpine et tient une étendue de plus de 20 lieues de terrain ; sa droite à Peschiera, son centre sur le lac de Garde, et sa gauche en arrière du lac d’Iseo, à hauteur du Mont Crus Domini.
Aux points principaux sont :
Peschiera, place de première ligne, le général Guillaume commandant, ayant ses avant-postes à Castelnuovo, Sandra et Lazise, composée de deux bataillons de la 29e légère formant environ 800 hommes, un escadron du 18e régiment de cavalerie et de deux pièces d’artillerie, leur communication avec la division du Mantouan est établie par Valeggio, la garnison de Peschiera est composée d’un bataillon de la 29e légères et de cinq compagnies de la 63e demi-brigade.
Desenzano, Salo et Gardola, le chef de la 63e commandant : postes sur le lac de Garde occupés par deux bataillons et quatre compagnies de la 63e et chargés de la surveillance du lac de Garde et de la défense de la frontière située entre les lacs de Garde et d’Idro.
Rocca d’Anfo et la vallée de Sabbia : poste sur le lac d’Idro et à la tête du débouché qui conduit de la vallée de Sabbia dans le Tyrol italien, seul chemin pour arriver avec de l’artillerie dans le territoire de brescian ; occupé par 600 hommes relevés tous les mois par la garnison de Brescia.
Brescia, place de seconde ligne ayant un mauvais château : un bataillon de la 24e en garnison au château ; la 17e légère, deux bataillons de la 24e, deux escadrons du 18e régiment de cavalerie et une compagnie d’artillerie légère en garnison dans la place.
Dispositions générales : en cas d’attaque, la garnison de Brescia sert de réserve pour renforcer les points menacés, comme il est probable que l’ennemi attaquera sur toute la ligne, si on ne la prévient ; un bataillon de la 24e restera en garnison au château et dans la ville. Un bataillon de la 17e se portera dans la vallée Sabbia et le restant de ces deux demi-brigades avec l’artillerie légère se portera sur les hauteurs en arrière de Peschiera" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 68 page 155).
Le même 21 Frimaire an 7 (11 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commissaire des Guerres Leoras, de la 2e Division, à Brescia : "Je vous envoie, citoyen, les muletiers de la commune d’Odolo pour les faire recharger de grain, vu la difficulté de se procurer le transport, vous enverrez demain un convoi d’une quarantaine de mulets pour le même objet, vous deviez en avoir reçu hier 10 venant de Bagolino qui ont passé ici. Vous aurez certes entendu dire que cette dernière commune doit porter plainte au département de Melle, en ce que je le chagrine trop pour la demande journalier que je leur fais pour le transport, mais en attendant, cela n’empêchera pas que je ferai la demande lorsque le besoin l’exigera" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 12 décembre 1798 (22 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 24e Demi-brigade de ligne : "Le général en chef m’a renvoyé, citoyen commandant, votre lettre du 29 Brumaire par laquelle vous demandiez le remplacement des deux emplois de lieutenants vacants et il vous autorise à faire nommer à ces deux emplois conformément à la loi, ainsi qu’aux emplois de sous-lieutenant qui appartiennent à la nomination du corps.
Vu la demande du chef du 18e régiment de cavalerie à l’effet de placer comme armurier et éperonnier à la suite de ce régiment le citoyen Petit, caporal des grenadiers du 1er bataillon de la 24e, le général de division Grenier autorise le conseil d’administration de cette demi-brigade à faire passer le dit Petit dans le 18e régiment de cavalerie pour y continuer ses services en qualité d’armurier" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 69 page 157).
Le 23 Frimaire an 7 (13 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Capitaine Jeandelle, commandant les troupes à Bagolino : "Les circonstances actuelles exigent, citoyen, la plus grande surveillance. Je vous invite à l’y mettre toute pour que vous soyer informé de tous les mouvements que pourrait faire l’ennemi, dusse t’il même vous en côuter quelque chose pour les personnes qui pourraient vous être utiles. Je ferai mon possible pour que vous soyez remboursé. Et en ce cas d’attaque, ce que je ne crois pas, vous pourrez vous retirer à la Rocca d’Anfo, votre détachement et celui de Caffaro, pour attendre des ordres ultérieurs et pour y servir en cas de besoin, vu qiue dans ce moment, vous ne pouvez avoir d’autre retraite que celle-ci, rapport à la grande quantité de neige qui dedans ce moment, couvre le Mont Zouffe et le rend impraticable. Veuillez au moindre mouvement me faire savoir ce qui se passe aux avant-postes, même quelque temps d’avance en cela que vous auriez connaissance de la moindre chose, pour que je prenne mes dispositions en conséquence. Vous m’accuserez la réception de la présente" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 23 Frimaire an 7 (13 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant de l’Artillerie, à Barghe : "Je vous préviens, citoyen, que d’après les ordres du général de division Grenier, que en cas de la moindre attaque par l’ennemi, ce que je ne crois pas, vous auriez à vous porter avec votre artillerie, au village de la Nozza, point de retraite, en cas que Barghe serait attaqué de vive force, ce qui obligerait à faire retirer les troupes par la vallée de Trombiat. Faites vos dispositions en conséquence, pour que tout soit prêt en cas de besoin. Vous m’accuserez la réception de la présente" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Toujours le 23 Frimaire an 7 (13 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant de Rocca d’Anfo : "Je viens d’être instruit, citoyen, par le général de division Grenier, que des circonstances actuelles exigent que la plus grande surveillance ; en conséquence, dans le cas que vous ne fussiez pas informé de ces dispositions, je vous invite à faire recommander à la troupe qui est de votre arrondissement, d’être toujours prêt à prendre les armes au cas de besoin, et que les postes mettent la plus grande surveillance. Faites votre possible pour découvrir ce que pourrait faire l’ennemi, dusse t’il vous en couter quelque chose pour les personnes qui vous serviraient dans cette occasion ; cela vous sera remboursé ; au moindre mouvement de l’ennemi, faites le moi savoir pour que je prenne mes dispositions ; en conséquence, et au cas de retraite, ce que je ne crois pas, les cantonnements de Bagolino et de Caffaro se réuniront à vous pour renforcer votre poste. Si vous savez quelque chose sur cet article, vous me le ferez savoir de suite" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 23 Frimaire an 7 (13 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant de Hano ( ?) : "Je vous recommande de nouveau, citoyen, de mettre la plus grande surveillance à tout ce qui pourrait se passer dans votre cantonnement et aux environs. Recommandez à vos postes d’être exacts dans leur service, faite votre possible pour savoir ce qui se passe chez l’ennemi et me rendez compte de tout ce que vous pourrez savoir à ce sujet ; dans le cas que vous seriez attaqué de vive force par l’ennemi, ce que je suppose, vous vous retirerez sur le cantonnement d’Idro et dans le meilleur ordre possible, cette précaution est pour prévenir les mouvements qui pourraient survenir par les circonstances" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Et pour finir, toujours le 23 Frimaire an 7 (13 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant de Idro : "Je vous recommande de nouveau, citoyen, de mettre la plus grande surveillance à tout ce qui pourrait se passer dans votre cantonnement et aux environs. Recommandez à vos postes d’être exacts dans le service, faite votre possible pour savoir ce qui se passe chez l’ennemi et me rendez compte de tout ce que vous pourrez savoir à ce sujet ; mettez toute précaution pour prévenir ce qui pourrait arriver par les circonstances" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 24 Frimaire an 7 (14 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant de Landegone ( ?) : "Je vous recommande de nouveau, citoyen, de mettre la plus grande surveillance à tout ce qui pourrait se passer dans votre cantonnement et aux environs. Recommandez à vos postes d’être exacts dans le service, faite votre possible pour savoir ce qui se passe chez l’ennemi, et me rendez compte de tout ce que vous pourriez savoir à ce sujet ; dans le cas que vous seriez attaqué de vive force par l’ennemi, ce que je suppose, vous vous retireriez sur le cantonnement de Trévise ou Salo s’il était plus facile que sur le premier. Dans ce cas, vous en donneriez avis au commandant de Trévise pour que je le prévienne pour ce dernier, et le tout dans le plus grand ordre. Cette mesure n’est que pour prévenir en cas d’événements qui pourraient arriver par les circonstances" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5. - "Ecrit la même que celle d’Idro au commandant de Trévise en date du 24 Frimaire en 7". Il s'agit ici de Treviso Bresciano).
Le 24 Frimaire an 7 (14 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Capitaine Ledoux, Commandant le détachement de Barghe : "Je vous recommande de nouveau, citoyen, de mettre la plus grande surveillance à tout ce qui pourrait se passer dans votre cantonnement et aux environs. Recommandez à vos postes d’être exacts dans le service, faites votre possible pour savoir ce qui se passe chez l’ennemi, et ne rendrez compte de tout ce que vous pourrez savoir à ce sujet. Mettez toute précaution pour prévenir ce qui pourrait arriver par les circonstances, en cas d’attaque par l’ennemi, ce que je suppose. Vous ferez une vigoureuse résistance de l’autre côté de la rive droite de la Chiese pour défendre le passage du pont qui est très important. Vous me préviendrez par avance si vous aviez la moindre idée d’une attaque. Je vous envoie ci-joint l’ordre du jour" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 25 Frimaire an 7 (15 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant de la place de Rocca d’Anfo : "J’ai reçu, citoyen, votre lettre par laquelle vous me dites que la compagnie de sapeurs sont dépourvus de cartouche, en conséquence il est de toute nécessité que les citoyens en soient pourvu d’une vingtaine par homme, conformément à l’ordre du général de division Grenier ; vous pourrez en envoyer chercher à Vestone 2 ou 3 mille ; je vous les ferai donner de suite. Vous m’enverrez le reçu de la quantité que vous demandez ; quant aux armes qui vous manquent, je ne puis vous en procurer, je vais en instruire le général, du moment que vous aurez entendu votre espion, je vous prie de me demander avis et si vous croyez que celui d’Idro vous rendre un fidèle compte. Faite le partir jusqu’à Trente si le cas l’exige pour avoir des renseignements bien positifs. Le général Grenier se charge de rembourser ce que cela pourrait couter, je lui vais rendre compte des hommes que vous employez pour cela ; je vous invite à recommander aux officiers la plus grande surveillance, cela conservera des cartouches, ils doivent être personnellement responsables de celles qui sont délivrées à leur troupe, ne devant s’en servir que dans le plus urgent besoin" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 26 Frimaire an 7 (16 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant de la place de Rocca d’Anfo : "Je vous envoie ci-joint, citoyen, 3000 cartouches à balle, pour compléter les troupes sous votre commandement, lesdites cartouches sont dans deux tonnelets, et 133 paquets, chaque 133 paquets de plus à 10 cartouches l’un, ce qui fait la totalité de vos 3000. Je vous envoie aussi 200 pierres à feu, vous m’enverrez le bon par la première occasion, je n’ai pu vous en envoyer davantage du que je n’en avais que 400" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 26 Frimaire an 7 (16 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Général de Division Grenier, à Brescia : "Au reçu de votre ordre, citoyen général, je me suis empressé de renouveler à chaque chef de cantonnement de redoubler de surveillance pour faire tout leur possible pour découvrir ce qui peut se passer aux environs de leurs postes et chez l’ennemi même. J’ai invité le commandant de la Rocca d’Anfo d’employer auprès de lui quelques individus de confiance pour aller dans les villages occupés par les autrichiens, comme ce citoyen est plus anciens que moi dans ce pays, il est plus à même de trouver des personnes qui peuvent servir dans cette occasion ; il vient de me rendre compte qu’un homme sur lequel on peut compter vient de partir pour le Tyrol, moyennant 12 tournois qu’il lui a donné pour son voyage, il passera par Lodrone, Darzo, Storo, Condino, Pradibondo, Roncone, Breguzzo, Tione et Stenico. Ce même individu a promis d’être de retour sous deux jours ou trois jours plus tard ; il s’est chargé de rendre compte fidèle de tout ce qu’il pourra avoir appris et vu dans les différents endroits où il aura passé. Ce même commandant va encore faire partir aujourd’hui un autre individu d’Idro, pour un côté différent. Il doit aller jusqu’à Trente, c’est un homme parfaitement versé dans cette partie, ayant anciennement servi au général Joubert ; il ne demande qu’à se rendre utile. Lorsque par leur retour, j’aurai appris ce qui se passe, je vous en rendrai compte.
Il se trouve dans le détachement de la Rocca d’Anfo beaucoup de sapeurs qui ne sont pas armés, la plupart des armes qu’ils ont sont presque toute en mauvais état. Veuillez, je vous prie, les faire compléter au citoyen Devenneral. Il était aussi sans munitions, ainsi que plusieurs des travailleurs. Je viens d’envoyer 3000 cartouches au commandant de la place, vu qu’il a fait distribuer aux troupes les 6 cents cartouches qui lui restaient en magasin et particulièrement au détachement qui est aller travailler à Saint-Antoine entre Bagolino et Caffaro. J’ai donné ordre au commandant d’artillerie à Barghe qu’en cas de quelque affaire, il ait à se porter de suite à la Nozza, lieu de retraite pour la vallée de Trombia, dans le cas où la Rocca d’Anfo serait forcé. C’est le lieu par où les Autrichiens ont passé avec leur artillerie lors de leur retraite, d’après les renseignements que j’ai pu en avoir. Comme vous ne m’avez point parlé des détachements de Hano et Landegano, j’ai donné ordre au commandant de ce premier que dans le cas où il serait attaqué de vive force, il ait à se retirer sur Idro et au dernier de faire sa retraite sur Treviso ou Salo, se trouvant isolé sans pouvoir prétendre aucun secours.
C’était par erreur que je vous avais rendu compte qu’à Bagolino, il ne restait plus de cartouches ; il en existe 60 paquets à 10 cartouches l’un, après les 3 milles cartouches que j’ai fait passer au commandant de la Rocca d’Anfo ; il ne m’en reste plus en magasin que 6503. Je lui ai aussi donné 200 pierres à feu sur les 490 qui me restaient. Veuillez me dire, citoyen général, si lorsque je serai relevé, je dois faire remettre par les différents cantonnements aux troupes qu’il les relèvera, les cartouches qu’il pourrait avoir. Cette mesure me parait nécessaire, vu la difficulté des transports. J’attends vos ordres à ce sujet" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 26 Frimaire an 7 (16 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Citoyen Crouzet, Commandant de la place de la Rocca d’Anfo : "Je vous invite, citoyen, à m’envoyer de suite la situation des troupes de votre arrondissement. Il m’est indispensable, pour la confection de la situation qui m’est demandée par le commissaire des guerres de la division ; vous y joindrez les chevaux d’officiers et de troupe" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 27 Frimaire an 7 (17 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commissaire des Guerres de la Division Liorat, à Brescia : Je vous envoie ci-joint, citoyen, les états de situation des troupes de cette vallée, et celui de ce qui reste au magasin au 27 frimaire. J’aurais désiré pouvoir vous les envoyer plus tôt, mais il m’a fallu attendre les états de situation des troupes de la Rocca d’Anfo, et de Barghe, qui ne me sont parvenues que ce soir. Il m’aurait été difficile de vous les envoyer plus promptement, vu que votre lettre du 24 ne m’est parvenue que le 26 au soir. Puisque dans ce moment, vous avez des mulets disponibles pour le service des subsistances, je n’en ferai plus fournir par les communes, mais comme j’avais fait la demande d’un petit convoi de 14 mulets pour Salo, avant la réception de votre lettre, il est parti ce matin pour chercher du grain.
Je vous réitère la demande du riz car celui qu’on a envoyé n’a pu suffire pour les troupes pour la 1ère quinzaine de frimaire" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 29 Frimaire an 7 (19 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, aux Officiers municipaux de la commune de Preseglie : "Je vous préviens, citoyens, qu’une compagnie de troupes française composée de 82 hommes et 2 officiers partant aujourd’hui de la Rocca d’Anfo ira le même jour lofer à Preseglie pour en partir demain 30 du courant ; prenez vos précautions en conséquence pour le logement soit prêt à leur arrivée. Je vous réitère la demande de l’état des mulets que vous avez fournis pendant le courant de frimaire. J’en ai un besoin indispensable. Veuillez me l’envoyer de suite" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 1er Nivôse an 7 (21 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant de Barghe : "Je vous préviens, citoyen, qu’il est arrivé à Vestone un convoi de mulets destiné au transport de subsistance militaire ; en conséquence, vous ne prendrez plus aucun mulet dans votre commune, pour transporter les vivres de votre détachement, il suffira d’envoyer le fourrier la veille ou le jour que les subsistances seront dues avec un homme de corvée, qui se munira de sacs et de seaux pour pouvoir transporter le pain et le vin ; dans le cas que vous seriez relevé, ce que j’ignore encore, vous aurez soin de donner avec exactitude tous les renseignements nécessaires à l’officier qui viendra vous relever ; si son détachement n’est pas complet en cartouches au nombre de 20 par homme, conformément à l’ordre du général de division, vous retirerez ceux de votre détachement et vous les remettrez entre les mains du chef qui viendra vous remplacer, bien entendu que vous prendrez un reçu de la quantité que vous lui aurez délivrée. Vous pouvez lui donner aussi le présent pour servir d’instruction, c’est-à-dire copie de ce qui peut concerner le détachement. Comme vous pouvez être relevé avant que j’en ai reçu l’ordre, vous m’enverrez de suite un ordonnance pour me le faire savoir, et vous partirez avec votre détachement ainsi que celui de Sabbia, pour coucher le même soir à Preseglie ; dans ce cas, vous pourrez réserver dans ce lieu de quoi à loger un autre détachement composé d’une quarantaine d’hommes qui si rendront le même jour et vous attendrez là des ordres ultérieurs pour la réunion du bataillon" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 1er Nivôse an 7 (21 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Lieutenant Verdot, à Treviso : "Je vous préviens, citoyen, qu’il est arrivé à Vestone un convoi de mulets destiné au transport et subsistance militaire ; en conséquence, vous ne prendre plus aucun mulet dans votre commune pour transporter le vivre de votre détachement ; il suffira d’envoyer le fourrier la veille ou le jour que les subsistances seront dues avec un homme de corvée qui se munira de sacs et de seaux pour pouvoir transporter le pain et le vin ; dans le cas que vous seriez relevé, ce que j’ignore encore, vous aurez soin de donner avec exactitude tous les renseignements nécessaires à l’officier qui viendra vous relever ; si son détachement n’est pas complet en cartouches, au nombre de 20 par homme, conformément à l’ordre du général de division, vous retirerez ceux de votre détachement et vous les remettrez entre les mains du chef qui viendra à votre place ; bien entendu, que vous prendrez un reçu de la quantité que vous lui aurez délivrée, au moment que vous serez relevé. Vous m’enverrez de suite prévenir pour que je puisse vous indiquer le lieu où devra loger votre troupe" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5 - "Ecrit la même au citoyen Pitois sous-lieutenant, Paupenet lieutenant, Dorléan lieutenant, Maure capitaine et Jandel capitaine le 1er nivôse an 7).
Encore le 1er Nivôse an 7 (21 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commandant de la Rocca d’Anfo : "Je vous préviens, citoyen, qu’il est arrivé 60 mulet destinés aux train ou de subsistance militaire de troupe cantonnée dans la vallée du Sabbia. Je vous invite à conséquence à prévenir les troupes qui sont sous vos ordres de ne plus prendre de mulets dans les communes vu qu’ils en trouvent ici destinés à cet effet. L’on se munira seulement de sacs et de seaux pour le transport du pain et du vin.
Je viens de recevoir un volontaire de la 24e demi-brigade accusé de vol ; veuillez bien me faire faire une autre plainte que celle que vous m’avez envoyée qui contient le nom, bataillon et compagnie dont fait partie le délinquant, et que ceux qui seraient dans le cas de servir de témoin ne figurent pas la plainte attendu qu’il ne pourrait être juge et parie dans le cas qu’il ferait partie des juges. Faites demander que le plainte me parvienne demain dans la journée, attendu que je suis relevé par la 17e demi-brigade d’infanterie légère. J’ai reçu le rapport de votre dernier espion. Je vais en faire part au général. J’ai aussi reçu 6 rasoirs que je crois appartiennent au militaire que vous m’avez envoyé" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 2 Nivôse an 7 (22 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Citoyen Compans, Adjudant général de la 2e Division : "J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen, que le détachement de mon bataillon ne pouvant être relevé qu’aujourd’hui, par ce moyen ne pourra être rassemblé ici que ce soir. En conséquence, je me mettrai en marche le plus matin possible pour arriver à Brescia" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 2 Nivôse an 7 (22 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Commissaire des Guerres Fournier : "Je vous envoie l’état de situation dans lequel vous verrez à l’observation le nombre d’hommes qu’il y a dans chaque cantonnement ; je vous observe que ce n’est pas un bataillon que j’ai avec moi, mais seulement un détachement de tout le bataillon ; c’est pourquoi j’ai cru qu’il était inutile de distinguer les compagnies et les lieux où elles étaient ; cette formalité demandant un travail trop compliqué. Je me suis empressé de faire passer la lettre dont vous me parlez à son adresse, le même jour qu’elle m’a été remise" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 2 Nivôse an 7 (22 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Vestone, au Général de Division Grenier : "J’ai l’honneur de vous rendre compte, citoyen général, du rapport que j’ai reçu par 3 espions différents, et vous l’envoi ci-joint. Voilà le contenu de ce que le 1er rapporte au 27 Frimaire et dit être assuré de la force des autrichiens dans les cantonnements ci-après, savoir à Lodrone 16 hommes, à Darzo 10, à Storo 200, à Condino 100, à Pradibondo 100, à Roncone à Breguzzo à Tione il n’y a pas ; à Stenico 25. Il n’a reconnu aucun préparatif et tout est en ce pays comme à la coutume, il y a dans plusieurs villages des chasseurs de montagnes sous le nom de Bachellier, sans être en troupe. Voilà citoyen, tous les détails que puis vous faire pour ce moment" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 7 Nivôse an 7 (27 décembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Brescia, au Commandant de la Rocca d’Anfo : "Des plaintes citoyen, ont été portées par des sous-officiers et soldats du bataillon que je commande, qui était cantonné à Idro en ce que vous avez fait la répartition de l’amende aux officiers seulement, que vous avez imposée au pécheur pris en contravention sur le lace de Garda après les heures défendues tandis que ladite amende devait être distribuée, ainsi que la prise aux sous-officiers et soldats qui faisaient partie de la patrouille, un tiers à ceux qui ont fait la capture, et les deux autres à la division, ce qui m’a forcé pour lever toute difficulté, d’aller trouver le général Grenier qui m’a répondu que c’était bien là l’intention que le même ordre devait être pour les barques prises après les heures défendues comme pour la contrebande. J’ose espérer que cela rentrera à qui de droit, d’ailleurs le général de division vous écrira pour ce sujet, en attendant il a mis aux arrêts le lieutenant qui vous avait remis 5 ducats pour sa quotepart et pour n’avoir pas eu la délicatesse de les laisser au profit de la troupe" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 30 décembre 1798 (10 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major général : "J’ai reçu, mon cher général, vos lettres du 6 et du 7 de ce mois, par lesquels vous me faites connaître les nouvelles dispositions du général en chef.
Les dépôts des 17e et 29e sont rentrés et sur les 840 conscrits que vous m’annoncez, 600 à peu près sont arrivés dans le désordre le plus grand, ces malheureux n’avaient pour ainsi dire pas mangé depuis leur départ de Milan. On pourrait même croire que les conducteurs ont touché une partie de leur étape en argent, d’autres abus non moins grands se glissent encore dans la répartition de ces jeunes gens, les corps plus rapprochés de Milan ont su choisir ce qu’il y avait de meilleur de sorte que les corps éloignés finissent par avoir le rebut. Je vous donne ma parole d’honneur que sur les 600 arrivés à cette division, il ne s’en trouve pas 20 qui aient cinq pieds quatre pouces et sur la totalité, nous en avons un tiers à réformer.
Il sera bien difficile d’organiser le bataillon de paix dans les 29e et 17e légères tant que ces demi-brigades ne seront pas augmentées, la 1ère compris les conscrits, n’est fortes que de 1500 hommes, la 2e de 1900. Il serait bien essentiel encore de laisser leurs bataillons de paix rapprochés le plus possible des bataillons de guerre afin que l’instruction ne souffre pas. Nous en avons en cas de mouvements très besoin puisque les bataillons de paix de la 63e et 24e ne suffiraient pas pour les garnisons de Peschiera et de Brescia, et qu’aucun de ces bataillons de garnison ne passera dans ce moment 250 hommes, officiers et sous-officiers compris. Je vous propose donc de laisser à Peschiera les bataillons de garnison de la 29e et 63e et ceux de la 17e et de la 24e à Brescia. Par ce moyen, les bataillons de guerre deviendront plus disponibles et je n’aurai pas besoin de m’occuper des garnisons. Le service de cette division devient tous les jours plus dur, mon cher général, et les troupes sont cruellement fatiguées. J’ai 6500 hommes d’infanterie ; il y en a 400 aux avant-postes. Je n’ai pas les moyens de les faire relever. Veuillez, lorsque l’occasion s’en présentera, augmenter cette division d’une demi-brigade, et en attendant, ordonnez qu’il soit mis 3000 houppes 6000 paires de souliers et 6000 paires de bas à ma disposition. J’écris aussi au général en chef et le prie de faire fournir un escadron de troupes légères par celles aux ordres du général Richepanse en avant de Peschiera, afin que je puisse faire envelopper de coton mes pauvres cavaliers qui font depuis six semaines un service de hussards auquel les hommes et les chevaux ne sont pas accoutumés.
Où sera le quartier général du général moreau ; où sera celui du général Richepanse.
L’état-major de Dallons et les administrations suivront-t-elle à Reggio" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 79 page 177).
- 1799, 2e coalition
Le 3e Bataillon de garnison, fort de 444 hommes, se rend à Alexandrie. Jusqu'au printemps de 1799, nos troupes restent éparpillées dans la Lombardie et les Légations, et il n'y a dans cette partie de l'Italie aucun fait de guerre qni mérite d'être signalé. La 24e est toujours à Brescia, mais elle a changé de Division, et appartient alors à la Brigade Quesnel, de la 2e Division, Général Grenier.
Armée d'Italie, janvier 1799.
1re Division : Général Delmas : 24e Demi-brigade de Ligne, 63e, 17e légère, 29e Demi-brigade légère, 2 Régiments de cavalerie, détachement de Sapeurs.
Le 1er janvier 1799 (12 Nivôse an 7), le Général Grenier écrit au commandant de la Rocca d’Anfo : "Votre rapport du 9 de ce mois, citoyen, étant contradictoire à celui de l’officier de la 24e, vous voudrez bien vous rendre à Brescia et apporter le reçu que vous a fait cet officier ; vous remettrez le commandement de la place pendant votre absence au plus ancien officier de la 17e en garnison à la Rocca d’Anfo" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 81 page 181).
Le 5 janvier 1799 (16 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Joubert : "Par suite du travail sur l’organisation des bataillons de garnison, il reste, mon cher général, deux chefs de bataillons dans la 24e demi-brigade de bataille pour être placés dans le bataillon de garnison, l’un le citoyen Duclos est en activité et commande le 3e bataillon, l’autre le citoyen Thebaut est à la suite. Il résulte qu’en suivant le placement ordinaire, le citoyen Duclos doit commander le bataillon de garnison. Je n’ai pas cru devoir l’y placer sans vous faire connaître combien cet homme peut nuire à la discipline, à l’instruction et à la tenue de ce bataillon lorsqu’il sera abandonné à lui-même, ivrogne, immoral, malpropre, se plaignant de tout, criant à l’arbitraire, flattant ses subordonnés aux dépens de ses chefs, et prônant hautement dans les cafés la vertu de Robespierre et compagnons. Tel est le citoyen Duclos.
Il serait donc avantageux mon général d’éloigner de la 24e cette officier, lui donnant le commandement de quelque place insignifiante. Veuillez sur cet objet me faire connaître vos intentions" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 83 page 185).
Le 20 janvier 1799 (1er pluviôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 24e Demi-brigade : "J’ai reçu, citoyen, votre lettre du 26 Nivôse dernier et l’était qui y était joint ; en conséquence de l’ordre du jour en date du 17 de ce mois, vous préviendrez le citoyen Morel, capitaine à la 6e demi-brigade et attaché à la suite de celle que vous commandez, qu’il ait à se rendre à Tortone, pour être compris dans la réorganisation de la 6e demi-brigade ; vous préviendrez de cette disposition le général inspecteur" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 87 page 192).
Le même 20 janvier 1799 (1er pluviôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 24e Demi-brigade : "En conséquence de votre lettre du 30 nivôse dernier par laquelle vous me faites connaitre la mauvaise conduite du nommé Simon, maitre armurier, je vous autorise, citoyen, à lui faire délivrer un congé de réforme" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 87 page 192).
Le 24 janvier 1799 (5 pluviôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Chef de l’Etat-major de l’armée : "Ci-joint, vous trouverez, général, l’état approximatif des sommes qui reviennent par mois aux troupes de la division que je commande, je vous observe que les régiments de cavalerie légère aux ordres du général Richepanse ne sont pas compris dans cet état.
L’ordre de départ que vous m’avez adressé pour le bataillon de garnison de la 24e ne m’étant parvenu que par le courrier du 4, ce bataillon ne pouvait partir le 3 ; de sorte qu’il n’arrivera à Novare que le 10 du courant" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 87 page 192).
Le 30 janvier 1799 (11 Pluviôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général en Chef de l’Armée : "J’ai reçu, mon général, votre lettre du 8 de ce mois, il ne me reste plus qu’un bataillon de paix fort d’environ 200 hommes, celui de la 24e étant parti le 6 de ce mois pour se rendre à Novare, et celui de la 106e ayant été dirigé sur Pavie ; à moins d’abandonner entièrement la rivière de Salo, les vallées et le château de Brescia, il m’est impossible de réunir plus de six bataillons, mais vous pouvez compter sur cette réunion dans le temps présent et sur un point quelconque de la division que je commande. En cas d’attaque imprévue de la part de l’ennemi et avant d’avoir reçu un ordre je porterai tout ce que j’ai de disponible sur les hauteurs entre Lonato et Castiglione ; si au contraire nous sommes prévenus par une déclaration de guerre, ou seulement 24 heures à l’avance je porterai ces six bataillons dans le camp de Castelnuovo où je compte bien pouvoir tenir jusqu’au moment où vous me ferez connaître vos ordres et la direction que vous voudrez donner à cette division ; dans le cas où cette marche n’entrerait pas dans vos dispositions veuillez me faire connaître vous intention afin que je puisse m’y conformer. Rien de nouveau dans cette partie ; toutes les dispositions des ennemis sont encore très défensives" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 90 page 199).
Le 11 février 1799 (23 pluviôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade :"Je vous préviens, citoyen, que j’ai donné des ordres pour que la demi brigade que vous commandez soit relevée le 1er et le 2 ventôse dans les cantonnements qu’elle occupe. Votre bataillon de garnison viendra occuper le château de Brescia, et ma promesse sera remplie.
Je vous invite à donner au chef de la 24e tous les renseignements qui lui sont nécessaires pour être au courant de la surveillance de la rivière de Salo. Vous remplirez ce but en lui donnant un précis sommaire de l’ordre établi, tant pour la défense que pour la police du lac, des points à occuper en cas d’attaque, de ses relations avec les personnes qui nous serons qui nous servent tous les rapports secrets et avec le commandant de la marine au besoin, vous pourrez aussi lui donner connaissance des différentes lettres de service que je vous ai adressées" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 92 page 203).
Le 25 février 1799 (7 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 24e Demi-brigade : "Je donne ordre, citoyen commandant, qu’il vous soit envoyé une nouvelle caisse de cartouches à votre disposition ; vous pourrez faire, pour le bien du service, tous les changements que vous croirez convenables dans la rivière de Salo ; vous êtes donc à même de diminuer ou d’augmenter tel ou tel corps suivant les circonstances" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 96 page 211).
Le même 7 Ventôse an 7 (25 février 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, l’Adjudant commandant Compans : "Je vous envoie, citoyen général, deux déserteurs autrichiens arrivés ce matin ; ci-joint l’état de l’armement et équipement dont ils sont porteurs" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 8 Ventôse an 7 (26 février 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, au Garde magasin des bois et lumières de la place de Salo : "Je vous préviens, citoyen, que je viens de changer les cartes destinées à faire fournir le bois et la chandelle pour les différents postes de cette place ; en conséquence, je vous invite à ne délivrer sur aucune autre carte que celles signées par moi" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 10 Ventôse an 7 (28 Février 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, au Citoyen Leblanc, fournisseur des subsistances militaires : "Je vous invite, citoyen, à m’envoyer de suite la note des cantonnements qui prennent les vivres et autres subsistances ici, avec le nombre de rations qu’ils reçoivent en tout genre ; cet état m’est utile pour envoyer au général ; vous me donnerez une note de ce qu’ont reçu le commissaire des guerres et le commandant de la place. Vous me donnerez aussi le nombre des bois et lumière fournis aux différents postes de la place, ainsi que le vin" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 10 Ventôse an 7 (28 Février 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, à l’Adjudant général Compans : "Je vous fais conduire, citoyen général, 5 déserteurs autrichiens, qui m’ont été amenés ici par des chasseurs de montagne et se sont très mal conduits envers eux. Il leur ont ôté non seulement leurs armes mais encore tout ce qu’ils avaient sur eux, à l’exception de leurs havresacs qui sont encore porteurs ; d’après la plainte que je portais, le citoyen Gambarra m’a envoyé dire par une de ses ordonnances qu’il me ferait remettre leurs armes et fourniment du moment que je les aurais reçus. Je vous en rendrai compte" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 10 Ventôse an 7 (28 Février 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, à l’Adjudant général Compans : "Je vous envoie, citoyen général, l’état de distribution des vivres délivrés aux troupes qui composent l’arrondissement de la place de Salo, pour la 1ère décade de ventôse" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 11 Ventôse an 7 (1er mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, aux Officiers municipaux de Salo : "Je vous préviens, citoyens, que hier 10 du courant, à 8 heures du soir, j’ai entendu du bruit cher le citoyen Bonnera aubergiste sur la place d’armes. Je m’y suis transporté pour voir ce que c’était. Je trouvais chez le dénommé plusieurs militaires à boire, malgré toutes les défenses et ordres qui ont été donnés plusieurs fois. A cet effet, je vous invite donc en conséquence, de punir de quelques jours de prison ce citoyen, et lui imposer l’amende que vous jugerez convenable, au profit de l’hôpital, pour lui apprendre à contrevenir aux ordres. Vous voudrez bien me faire part de la décision que vous aurez prise sur cet article. A l’avenir, le 1er aubergiste qui se trouverait en contravention, je vous prie de suivre cette même marche sans cela il serait impossible de répondre de la tranquillité publique ni de la discipline militaire. Veuillez bien renouveler ces défenses afin que personne ne l’ignore.
Je vous préviens en outre que vos muletiers conduisant de la farine aux Autrichiens ont été arrêtés. Je les ai remis entre les mains de la garde civique. Je vous prie de pourvoir à leur subsistance jusqu’à la décision du général" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 2 mars 1799 (12 Ventôse an 7), le Général de Division Grenie écrit au Chef de la 24e : "J’ai donné des ordres, citoyen commandant, pour qu’il vous soit envoyé une caisse de cartouches. Comme ces caisses n’en contiennent qu’environ 5000, je vais encore vous en faire expédier une seconde. Je vais aussi demander au chef de la 63e qu’il se fasse rendre compte du dépôt qui existait à Piovere ; veuillez m’envoyer sans délai les rapports qui vous parviendront afin que nous puissions nous assurer si celui qui a été annoncé hier se confirme.
La prise de deux mulets chargés de farines reconnue légale doit d’être vendue et distribuée ; j’envoie un tiers aux preneurs et les deux autres tiers aux troupes de l’arrondissement ; tel est l'objet de l’ordre du général en chef" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 98 page 215).
Le même 2 mars 1799 (12 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit donc également au Chef de la 63e : "Le chef de la 24e me rend compte, citoyen commandant, qu’au lieu de mille cartouches qui devaient exister au dépôt à Gardola, il ne s’en est trouvé que 350 à Gardola et aucune à Piovere où cependant il devait s’en trouver mille ; l’officier de ce dernier poste doit avoir dit à celui qui l’a relevé qu’elles avaient été consommées. Veuillez-vous faire rendre compte de celles consommées et m’en faire part" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 98 page 215).
Le 13 Ventôse an 7 (3 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, à l’Adjudant général Compans : "J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen général, que le sergent de chasseurs de la montagne m’a remis les 5 fusils et baïonnettes des cinq derniers déserteurs que je vous ai envoyés, mais il ne m’a remis que quatre sabres et 4 gibernes sans autres effets. Je viens de faire la demande du reste. Ils soutiennent qu’ils n’ont point pris autre chose. Je crois bien que nous serons obligés d’en passer par là ; comme nous avons encore quantité de sous-officiers fourriers et caporaux sans être armés de sabres, je vous prie de m’autoriser à garder les quatre sabres et gibernes, vu qu’elles conviennent parfaitement aux sapeurs, étant petites, mais pouvant s’attacher au ceinturon. J’attends vos ordres à cet effet. Si vous souhaitez avoir les fusils, je vous les enverrai par la 1ère occasion" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 13 Ventôse an 7 (3 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Commissaire des Guerres Fournier : "Je vous rends compte, citoyen commissaire, que le fourrage que l’on fournit dans la place est on ne peut plus mauvais. Veuillez, je vous prie, donner des ordres en conséquence afin qu’il en soit donné de meilleurs. Les chevaux ne peuvent le manger vu qu’il est moisi. Si on continue à le donner, du moins on sera obligé de le refuser. Il est aussi de toute nécessité de procurer de l’avoine vu les fréquentes ordonnances qui sont obligées de marcher tous les jours" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 13 Ventôse an 7 (3 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit aux Chefs des postes du château et des portes des Carmes : "Il est ordonné aux commandants du poste du château, ou de la porte des Carmes de faire conduire à Salo le citoyen Olivier, capitaine du moment qu’il se présentera à la porte, dans le logement que ledit citoyen a occupé depuis quelques jours, et on aura soin d’y mettre un planton jusqu’à nouvel ordre et on m’en rendra compte aussitôt" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 14 Ventôse an 7 (4 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Chef de Bataillon Castillard : "Vous voudrez bien, citoyen, mettre aux arrêts de rigueur avec un planton, le citoyen Olivier, capitaine de votre bataillon, pendant 15 jours pour n’avoir pas sorti de la place lorsque l’ordre lui en fut donné, et y avoir provoqué un officier" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 14 Ventôse an 7 (4 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, au Chef de Bataillon Pedevraty : "Le chef de la demi-brigade me charge avant son départ, de vous dire qu’à votre considération, il vous a faire remettre les mules qui ont été prises en allant porter de la farine aux Autrichiens, mais ladite farine restera au profit de la troupe, c’est-à-dire le produit de la valeur, et à l’avenir, je vous prie de leur dire que si cela leur arrive derechef, ils n’en seront pas quitte à si bon compte. Je suis enchanté que cela me procure le plaisir de correspondre avec vous" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 14 Ventôse an 7 (4 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, au Capitaine Olivier : "Je vous préviens, citoyen, que vous êtes aux arrêts de rigueur pendant quinze jours avec un planton à vos dépends, cependant, il vous sera permis de vous rendre sur votre parole, à votre cantonnement ; bien entendu que vous reprendrez vos arrêts aussitôt votre arrivée.
Votre chef de bataillon pourra vous en dire le motif ; vous partirez demain quinze du courant" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 15 Ventôse an 7 (5 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Capitaine Bernard, Rapporteur du 1er Conseil de Guerre : "Je vous envoie ci-joint, citoyen capitaine, le signalement du nommé Morel, fusilier de la 2e compagnie compe (complémentaire ?) du 2e bataillon de la susdite, déserté le 3 du mois de ventôse, et a emporté les effets joints au signalement.
Ps. Je donnais ordre, citoyen, pour que l’aubergiste et sa femme, habitants de Gardone, de se rendre demain 16 au greffe du 1er conseil, mais le citoyen Battara, lieutenant de la garde nationale, n’est point connu" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 15 Ventôse an 7 (5 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Capitaine Roy : "Je viens, citoyen, de prendre connaissance de votre lettre que vous avez écrite au chef de brigade avant son départ, par laquelle vous le priez de renvoyer un autre capitaine à votre place audit conseil, mais comme il ne s’assemble pas tous les jours, il vous sera possible de continuer votre traitement et vous y rendre lorsque les séances devront avoir lieu, attendu que cela me ferait un dérangement dans mes chefs de cantonnement. Je vous invite à faire tout votre possible pour cela. Vous m’en donnerez connaissance aussitôt" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 6 mars 1799 (16 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de Bataillon Gond, commandant la 24e de Bataille (sic) : "D’un moment à l’autre, citoyen commandant, les hostilités peuvent commencer. Veuillez en conséquence recommander la plus grande surveillance à vos postes, surtout à ceux de Gardola, Piovere, etc. ; recommandez aux officiers qui commandent dans cette partie d’observer avec soin les mouvements de l’ennemi et de vous en rendre un compte exact que vous me ferez passer sans retard.
Sans témoigner d’inquiétude il faut que l’officier de Gardola soit toujours en mesure, et qu’il devine pour ainsi dire les intentions des Autrichiens établis dans le même village. A votre première demande je vous rembourserai les sommes que vous ou l’officier de Gardola pourraient dépenser pour espionnage, je vous engage à bien surveiller cette partie" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 100 page 218).
Le même 16 Ventôse an 7 (6 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit à l’Adjudant général Compans : "Je vous envoie, citoyen général, par un caporal et 4 fusiliers, le nommé Nicolas Chausse, fusilier de la 7e compagnie du 2e bataillon de la demi-brigade, accusé d’avoir donné un coup de couteau à un habitant de la commune de Toscolano et vous joins les plaintes portées contre lui, pour le traduire au conseil de guerre.
Ps. Je vous enverrai demain ou après les armes des déserteurs par la 1ère occasion d’une voiture ; ci-joint la situation des deux bataillons de campagne de ladite" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 16 Ventôse an 7 (6 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Général de Division Grenier : "J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen général, qu’étant chargé provisoirement du commandement de la demi-brigade, je remis le commandement de la place de Salo au citoyen Cottin, capitaine dudit corps, en attendant l’arrivée du citoyen qui doit la commander définitivement.
Je vous préviens à même temps que je mis aux arrêts de rigueur pendant 15 jours, le citoyen Olivier, capitaine de la demi-brigade, pour avoir méjugé de la permission que le citoyen Kister, notre chef, lui avait accordée ; il lui avait demandé cette permission pour aller à Peschiera, il s’est amusé à rouler de cantonnement en cantonnement pour pouvoir exhiber un certificat de ses camarades afin de nuire au citoyen Kister. Voilà quels étaient ses intentions. Aussitôt que le chef sut que ce citoyen l’avait trompé, il me donna ordre de le faire sortie de la place, de lui ait écrit de suite pour le rendre à son cantonnement. Le lendemain, il était encore ici, faisant son possible pour obtenir ce qu’il demandait, mais sa demande fut infructueuse. Cela fut cause qu’il s’est porté à en provoquer quelques-uns. Du moment que j’ai appris que le cartel devait avoir lieu le lendemain, je donna ordre que lorsqu’il se présenterait à la porte, de la conduire à sa chambre avec une sentinelle, pour n’avoir point obéi aux ordres qui lui avaient été donnés ; depuis ce temps, il m’a écrit une lettre assez malhonnête en disant que je l’avais puni injustement ; il doit vous en porter plainte, s’il ne l’a déjà fait. Je crois que sa conduite vous sera connue. Le citoyen chef vous en aura sans doute parlé" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Toujours le 16 Ventôse an 7 (6 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit aux Officiers municipaux de Salo : "Je vous préviens, citoyen, que je viens de remettre le commandement de la place au citoyen Cottin dudit corps. Vous vous adresserez désormais à ce citoyen pour tout ce qui concerne le service de la place" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Puis, le même 16 Ventôse an 7 (6 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, au Chef de Bataillon Castillard, Chef du 2e Bataillon : "Il serait possible, mon cher camarade, que d’un moment à l’autre, les hostilités peuvent recommencer. Recommandez en conséquence la plus grande surveillance à vos postes, surtout à ceux à de Gardola, Piovere. Prévenez les officiers qui commandent dans cette partie d’observer avec soin les mouvements de l’ennemi et vous en ferez rendre un compte très exact, pour que je puisse, d’après votre rapport, en instruire le général de division ; il ne faut cependant pas paraitre en témoigner la moindre inquiétude ni même en faire mention ; il faut que le citoyen Lorme soit toujours en mesure et qu’il approfondisse les intentions des Autrichiens, cantonné avec lui, dusse t’il en coûter quelque chose. Le général se charge du remboursement ; marquez le lieu que vous avez des dépôts de cartouches dans la partie que vous occupez, afin que je vous complète à un certain nombre" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5 - "La même écrite aux cantonnements de San Felice, [illisible] et Desenzano".
Le 17 Ventôse an 7 (7 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Citoyen Crouzet, commandant la place de la Roca d’Anfo : "Par votre lettre du 3 Ventôse, citoyen, vous aviez promis au citoyen Castillard de lui envoyer le procès-verbal qui constatait le vol de quatre manteaux, dont 4 volontaires de mon bataillon étaient accusés par un habitant de la commune de Bagolino ; veuillez mettre de la célérité à ma demande pour que ces hommes soient mis en jugement s’ils sont coupables, étant détenus depuis cette époque" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 17 Ventôse an 7 (7 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Général de Division : "J’ai reçu, citoyen général, votre lettre d’hier. J’ai écrit à tous mes chefs de cantonnement, pour leur renouveler de mettre la plus grande surveillance sans cependant leur en dire le motif. Le capitaine commandant à Piovere a envoyé un espion depuis deux ou trois jours ; il n’est point encore de retour. Je vous rendrai compte de ce qu’il aura rapporté ; celui de Gardola doit aussi en savoir quelque chose, ainsi que le commandant cisalpin résidant à Gargnano. Je ferai de manière à employer tous les moyens possibles pour découvrir ce qui se passe chez les Autrichiens. Il n’y a rien de nouveau pour le moment" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 17 Ventôse an 7 (7 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, au Chef de Bataillon Duclos : "J’ai reçu, mon cher camarade, votre lettre du 1er courant avec l’état de situation du bataillon que vous commandez. Je vous envoie le tableau des effets d’habillement et petit équipement qui resteraient au magasin lors de la séparation du 3e bataillon. Vous verrez, d’après ce tableau qu’il n’existe pas une différence telle que vous vous l’étiez persuadé.
Vous avez du recevoir l’état de consommation du mois de pluviôse en vivres et argent. Je vous envoie de plus celui de l’habillement et petit équipement dudit mois. Vous trouverez ci-joint une lettre qui m’a été remise par notre chef de brigade venant du général inspecteur de l’infanterie, par laquelle il demande l’état des effets d’habillement et petit équipement en tout genre que nous avons reçus jusqu’à son époque, il vous sera facile d’y répondre pour ce qui concerne le bataillon de campagne car ils n’ont rien reçu depuis votre séparation, excepté 800 paires de souliers reçus à Brescia le 23 pluviôse, et depuis se trouve postérieure à sa demande. Ensuite des ordres du chef de brigade, le citoyen Commetin partira le 19 du courant pour se rendre au bataillon de garnison. Vous voudrez bien m’envoyer le citoyen Gatey, lieutenant pour le remplacer, ainsi que le citoyen Piou sergent major, pour remplacer le citoyen Cloutot nommé vaguemestre par le conseil d’administration en remplacement du citoyen Travaillot qui a été promu au grade de sous-lieutenant.
Je vous envoie de plus copie de la lettre du ministre de la guerre du 16 pluviôse dernier, avec sa circulaire du 15 dudit.
Je vous prie, mon camarade, de m’envoyer dorénavant avec la même exactitude les rapports et situations du bataillon que vous commandez et qui de même feront partie de toute la partie administrative, afin qu’à l’arrivée du nouveau chef de brigade, je puisse lui rendre un compte exact" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 18 Ventôse an 7 (8 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit à ses frères d’armes dudit Corps : "Le destin a voulu, citoyens, que les talents connus de notre chef, aient décidés le Directoire exécutif à le nommer général de brigade ; si la demi-brigade a eu le malheur de le perdre, elle ne perdra jamais les ordres qu’il aura émané ; j’ose espérer que tout les braves militaires qui la composent seront infiniment flattés de les suivre dans tous les temps ; pour moi, je vous préviens que je suis dans la ferme résolution qu’ils soient ponctuellement suivis, et s’il s’en trouve quelques-uns qui s’avisassent d’y contrevenir, je les préviens que j’emploierai tous les moyens qui sont à mon pouvoir pour qu’ils soient punis sévèrement" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 18 Ventôse an 7 (8 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, au Général Compans, Chef de l’Etat-major de la 2e Division : "Je vous envoie, citoyen général, cinq fusils armés de deux baïonnettes, 5 sabres avec deux ceinturons et 5 gibernes. Le tout provenant des 5 derniers déserteurs que je vous ai fait conduire, à force de sollicitations j’ai obtenu le sabre que des chasseurs de la montagne avaient gardé, ainsi que la giberne" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 18 Ventôse an 7 (8 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, au Commissaire des Guerres Fournier : "D’après votre lettre d’aujourd’hui, citoyen, commissaire, j’ai fait la demande des six boulangers que vous avez besoin pour travailler à la manutention. Il serait possible que je ne puisse pas vous fournir ce nombre, attendu que plusieurs sont restés pour travailler à Brescia et à la Rocca d’Anfo ; en attendant la réponse des chefs de cantonnement, ceux qui se trouvent dans les compagnies qui sont ici ont ordre de se rendre à la manutention.
Comme je dois me rendre demain à Gargnano pour visiter les différents postes sur la ligne et pour y faire conduire des munitions, veuillez, je vous prie, faire commander une barque avec six rameurs pour six heures et demie du matin. Ladite barque sera près le magasin à poudre hors la porte ditouran ( ?)" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 20 Ventôse an 7 (10 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Général de Brigade Kister : "C’est avec plaisir, citoyen général, que j’apprends que la 24e aura l’avantage d’être sous vos ordres ; si le destin a voulu qu’elle soit assez malheureuse de perdre son digne chef, elle n’oubliera jamais les ordres dictés par sa sagesse ; j’ose être persuadé que les braves militaires qui la composent seront toujours flattés de les exécuter dans tous les temps ; pour moi, je puis vous le persuader et en être le sûr garant.
J’ai de suite fait parvenir la lettre au citoyen Menil, il ne tardera pas de se rendre près de vous. Le citoyen Latour qui vous remettra ma lettre, m’a demandé une permission pour accompagner son épouse jusqu’à Turin, mais comme cela n’est point en mon pouvoir, je vous prie de vous intéresser pour qu’il obtienne auprès du général de division, connaissant son exactitude.
Le citoyen Castillard me charge de vous renouveler le témoignage d’estime et d’amitié, ainsi que tous les officiers" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 11 mars 1799 (21 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de Bataillon Gond, commandant la 24e Demi-brigade : "Le bruit se répand que les hostilités sont commencées dans les Grisons, et qu’on en a chassé les Autrichiens. Cette nouvelle peut déterminer bientôt les hostilités dans cette partie. Soyez donc en mesure et faites surveiller surtout Piovere et Gardola afin d’éviter toute surprise. Empêchez aussi que cette nouvelle ne se communique aux Autrichiens que le plus tard possible, afin de ne pas leur donner de méfiance" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 102 page 222).
Le même 21 Ventôse an 7 (11 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Général de Brigade Kister : "Je ne point encore rendu compte, citoyen général, au général de division, conformément à son ordre du 17 de ce mois, relativement aux femmes qui se trouvent à la suite du corps sans y être employées, attendu que j’attends les rapports de mes chefs de cantonnement pour en savoir l’exécution ; du moment que je l’aurai reçu, je m’empresserai de lui en rendre compte. Je me trouve incertain de savoir le nombre que le règlement fixe, tant en vivandières que blanchisseuses. Veuillez, je vous en prie, me le faire savoir. Comme le nombre dans le 2e bataillon ne se trouvant pas suffisant, pourrait-on faire délivrer des patentes en quantité de vivandières au femmes Giminont et Prage. Je crois que pour la 1ère cela ne peut faire de difficulté, étant femme d’un sous-officier. Je vous serais obligé de me dire quels sont les formalités que doivent remplir celles qui se disent enceinte, la femme du citoyen Lefebvre, capitaine, se trouvant dans ce cas ; le conseil a délivré une patente à la citoyenne Ponge, que je vous envoie ci-joint, mais elle ne lui sera remise que d’après votre agrément. Je reçois une lettre du citoyen Vaast, commandant à Desenzano ; il me marque que la femme du citoyen Tiphanie se déclare domiciliée de cette ville ; cela est constaté par la municipalité de ce lieu ; dites moi si cela est possible" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 21 Ventôse an 7 (11 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, au Chef de Bataillon Castillard, commandant le 2e Bataillon : "D’après la décision du conseil, mon camarade, vous ne pourrez garder à votre bataillon que les femmes accordées d’après les règlements ; en conséquence, voilà sur lesquelles le choix a tombé, savoir la citoyenne Thiery et Martin pour blanchisseuses et les vivandières ne pourront la patente que d’après la position que j’ai demandée au général Kister, celles que vous donc demandez ne sont que provisoires. Vous ferez partir dans les 24 heures toutes celles que l’arrêté du 17 pluviôse n’accepte pas, sous les peines portées par ledit arrêté, mis à l’ordre du 25 pluviôse. Je vous ferai passer deux mille cinq cents cartouches pour votre bataillon, déposées entre les mains du citoyen Roger, qu’il gardera en dépôt au besoin" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Toujours le 21 Ventôse an 7 (11 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Citoyen Vaast, commandant à Desenzano : "Le citoyen Cottin vient de me communiquer votre lettre, citoyen, par laquelle vous le prévenez que la municipalité reconnait la femme légitime pour domicilier de votre commune. Vous ne pouvez consentir à cet accord, vu qu’elle reste sur lieu et que vous êtes chef de la troupe ; lisez l’arrêté du Directoire exécutif mis à l’ordre du 25 pluviôse, vous y verrez que celui qui cherche à éluder il encourt la destitution ; en conséquence, je vous invite à vous y conformer dans les 24 heures, et me rendrez compte de l’exécution.
Je viens de recevoir le procès-verbal qui constate le vol des manteaux à Bagolino par quatre soldats de votre compagnie ; je vais les faire en français pour savoir son contenu et donnerez des ordres en conséquence" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 22 Ventôse an 7 (12 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Capitaine Bernard, Rapporteur du 1er Conseil de guerre : "Je vous envoie ci-joint, citoyen, une plainte portée contre les citoyens Antoine Joye, Jean Repier, François Poraux et Jean Charonnois, tous les quatre militaires de la 5e compagnie du 1er bataillon dudit corps, accusés d’avoir volé quatre manteaux dans la commune de Bagolino ; comme la plainte est écrite en italien, je n’en sait pas le contenu, du moment que vous aurez fait traduire la plainte en français, je vous enverrai les hommes s’ils sont connus coupables. Je les tout en prison, en attendant votre réponse, veuillez, je vous prie, accélérer leur affaire le plus tôt possible" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 22 Ventôse an 7 (12 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Chef de Bataillon Castillard : "Le bruit se répand, mon cher camarade, que les hostilités sont commencées dans les Grisons et qu’on en a chassé les Autrichiens ; cette nouvelle peut déterminer bientôt les hostilités dans cette partie recommande de nouveau que l’on soit toujours en mesure et faites surveiller surtout les cantonnements de Gardola et Piovere afin d’éviter toute surprise ; faites attention que cette nouvelle ne se propage afin que les Autrichiens n’ait aucune méfiance, j’ai fait partir ce matin deux petits tonnelets de cartouches contenant 1250 chacun, pour rester en dépôt à Toscolano et Moderno ; recommandez la conservation des tonneaux, dans le cas que l’on s’en serve, ne devant s’en servir qu’au pressant besoin, vu la difficulté d’en avoir" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5 - "La même est écrite au Citoyen Vaissier").
Le 13 mars 1799 (23 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Gambara : "Je reçois à l’instant votre lettre ainsi que vos rapports. Si on peut calculer, mon cher Gambara, le mouvement que viennent de faire les Autrichiens en quittant Gardola sur les bases ordinaires des mouvements militaires, on doit croire que les Autrichiens ont craint que les hostilités ne commencent et que ce poste ne leur soit enlevé. Mais il est très possible aussi, que ces MM. aient quelques desseins hostiles, j’en écris un mot au chef de la 24e demi-brigade afin qu’il redouble de surveillance et augmente les postes de Costa et de la rivière de Toscolano. Voyez-le et donnez-lui sur ces point les renseignements que vous avez ; aucune hostilité étant commencée la municipalité de Gargnano doit laisser Gardola et les pays abandonnés in statu quo ; seulement il faut que la municipalité de Gardola observe tous les habitants et empêche qu’aucun ne sortent du village. Faites-moi parvenir au même moment tout ce qui vous parviendra d’intéressant" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 103 page 224).
Le même 13 mars 1799 (23 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de Bataillon Gond, commandant la 24e Demi-brigade : "Je viens de recevoir avis, citoyen commandant, que Gardola a été abandonné cette nuit par les Autrichiens. Ce mouvement doit vous faire redoubler de surveillance parce qu’il est possible que l’ennemi se concentre pour tomber à l’improviste sur quelques-uns de vos postes et l’enlever. Il sera donc essentiel de doubler vos postes de Piovere, Costa et la Madone de Garde, d’y faire observer le plus grand ordre, surtout de nuit, et exiger qu’au moins un tiers des hommes soient de service, la rivière de Toscolano mérite encore votre attention afin que l’ennemi partant de la Tremosine ne puisse y pénétrer. J’invite le citoyen Gambara qui est à Salo de vous donner tous les renseignements qu’il pourra sur les chemins et routes qui conduisent de l’ennemi à vos différents postes.
Vous recommanderez à vos détachements détachés sur la frontière de n’entrer sous aucun prétexte sur le territoire Autrichien, mais faites suivre les mouvements de l’ennemi par des hommes de confiance et tenez-moi exactement informé de tout ce que vous apprendrez" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 103 page 224).
De son côté, le même 23 Ventôse an 7 (13 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Chef de Bataillon Castillard : "Je te prie, mon cher camarade, de renouveler aux citoyens Dunet et Loriné de faire marcher leurs espions. J’ai vu dans la dernière lettre que le citoyen Dunet a envoyée au citoyen Kister, il lui marquait que le sien était en route, qu’il arriverait sous deux jours ; depuis ce temps, il n’a pas parlé de rien. Tu peux les prévenir que le général me charge également de faire surveiller cette partie ; il promet de rembourser les frais que cela pourra coûter ; le citoyen Pederzaty, ton hôte, avait aussi coutume de faire savoir quelque chose au citoyen Kister, mais il ne dit plus rien. Je crois qu’il est fâché, rapport à ce que la farine de polente soit restée au profit des soldats. Je t’invite donc qu’à lui rappeler de nouveau les bons services qu’il a bien voulu rendre à la République dans cette partie. Je le prie en particulier à vouloir bien les continuer. Je me réserve de lui en témoigner ma sincère reconnaissance ; fais tout ton possible pour me faire savoir quelque chose. Le général me le demande promptement" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 23 Ventôse an 7 (13 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Général de Division Grenier : "J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen général qu’aujourd’hui, à 4 heures du matin, les Autrichiens ont évacué le poste de Gardola et avant cette évacuation, ils ont renforcé ; ils ont leurs avant-postes environ d’un tiers de plus que ceux de coutume ; le même rapport du commandant de Gardola m’annonce que toutes les barques des Autrichiens sont arrêtées à Riva. Croyant que cette mesure n’était que pour empêcher la contrebande provenant d’une jalousie en ce que 80 paires de bœufs ont passé venant de ce côté ; j’attends d’autres détails là-dessus. Je vous en rendrai compte aussitôt.
Au reçu de votre lettre du 21 courant, j’ai recommandé la surveillance la plus exacte et ait complété les cantonnements en cartouches, savoir 1500 à Piovere et Gardola, 3750 à Gargnano devant en fournir à Bogliaco.
J’ai depuis envoyé à Toscolano et Maderno deux tonnelets contenant chacun 1200 cartouches, ce qui fait le total de 7650 cartouches ; il ne me reste d’après cette répartition que quatre petits tonneaux, quoi que l’étiquette porte 1250, il s’en trouve 50 de moins par barils, y compris celles qui restaient en magasin.
Je vous prie en conséquence de donner vos ordres pour qu’il m’en soit envoyé, vu que mes cantonnements de droite n’en sont munis que trois ou quatre par homme" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Toujours le 23 Ventôse an 7 (13 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Capitaine Lormi, de la 24e : "Je viens de recevoir, citoyen, votre rapport par votre lettre de ce jour, par laquelle vous m’annoncez que les Autrichiens ont évacué le poste que vous occupiez ; il serait très possible, d’après cela, que les hostilités recommencent bientôt. Je vous invite donc en conséquence à prendre tous les moyens que votre sagesse peut vous dicter, afin d’éviter toute surprise ; dans le cas que vous seriez attaqué, le meilleur parti que vous avez à prendre sera de vous enfermer dans l’ermitage de la Madonna di Mont-Castillo, ou ci cela ne vous était pas possible, vous feriez votre retraite par Piovere, où vous appuierez au citoyen Dunet qui vous protègerait au besoin ; mais je ne crois point que ces mesures vous servent pour cette occasion.
Je vous recommande de me prévenir à la moindre affaire que vous aurez connaissance" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 24 Ventôse an 7 (14 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Chef de Bataillon Castillard : "La fuite imprévue des Autrichiens, mon cher camarade, en abandonnant le poste de Gardola, mérite de redoubler de surveillance parce qu’il est possible que l’ennemi se concerte pour tomber à l’improviste sur quelques-uns de vos postes et les enlever. En conséquence, il est donc essentiel de doubler vos postes de Gardola, surtout la Madonna Costa et Piovere, et y faire observer le plus grand ordre, surtout de nuit. Vous exigerez que au moins un tiers des hommes soit de service ; pour cela, vous êtes autorisé à retirer des troupes des cantonnements que vous jugerez les moins utiles sans que cela fasse le moindre bruit, afin que les Autrichiens n’en aient aucune connaissance, et vous m’en donnerez avis aussitôt. La rive de Toscolano mérite toute votre attention afin que l’ennemi, partant de la Tremosine, ne puisse y pénétrer ; en cas d’attaque par Toscolano, il faudrait en garder la rive gauche par ce que c’est là que les compagnies devraient se porter par le plus court chemin du côté de la vallée de Vestine, toujours en suivant la rive gauche de Toscolano, car c’est surement là que l’ennemi dirigerait ses forces. Vous recommanderez à vos détachements sur la frontière que les Autrichiens ont abandonnée, de ne point entrer sous aucun prétexte sur le territoire autrichien, mais faire suivre les mouvements de l’ennemi par des hommes de confiance et me tiendrez exactement informé de tout ce que vous apprendrez. Le général me marque qu’il vient d’écrire au citoyen Gambarra qui est ici, pour me donner tous les renseignements par où pourrait venir l’ennemi. Je vais parler à ce citoyen pour cela. Je vais ce matin donner ordre à la 4e compagnie de votre bataillon pour se rendre près de vous, pour la placer à Piovere et Gardola. Je vais vous envoyer par la même occasion des fusées de signaux, que vous ferez tirer en cas d’attaque, une ou deux selon que le croirez utile. Recommandez surtout que rien ne fasse sans être attaqué.
Ps. Informez vous de la position de Nervan, on la dit utile à reconnaitre et me le ferez savoir ; donnez au chef du poste du signal de Muslone de recommander à la sentinelle de bien examiner du côté de la rive droite de Salo, pour voir si on ne fait point aucun signaux de ce côté, parce que les mêmes devront être répétés à la droite comme à la gauche ; de quelque côté que cela commencera, il ne faut point en mettre à Gardola, il pourrait être vu des Autrichiens" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 24 Ventôse an 7 (14 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Citoyen Lormi, Capitaine : "J’ai donné à peu près au citoyen Castillard, chef de bataillon, toutes les mesures que vous deviez prendre en cas d’attaque. Il faut prendre toutes les précautions pour que l’ennemi n’ait de méfiance ; faites défense que personne ne passe sur le territoire autrichien. Le général le recommande expressément. Tenez-vous sur vos gardes ; il faut que le tiers de votre troupe soit toujours de service et toujours dans le plus grand silence. Gardes-vous bien sur tous les points où peut venir l’ennemi. Je vous enverrez du monde de plus pour faire le service. Marquez moi si dans l’état des postes que vous m’avez envoyé, il s’en trouve quelques-uns qui étaient occupés précédemment par les Autrichiens, car on doit prendre toutes les précautions pour qu’ils n’aient aucun doute ; si toutefois leur intention n’était pas de vous attaquer, il faut encore bien défendre que personne ne leur tienne le moindre propos sur cet article, dans le cas que les Autrichiens reviendraient pour rentrer à Gardola ; vous pouvez leur dire qu’ils ne peuvent y rentrer sans que je ne vous en envoie l’ordre. Prévenez moi au moindre mouvement que vous apercevrez" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 24 Ventôse an 7 (14 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Citoyen Buthiaux : "Vous voudrez bien, citoyen, recommander la plus grande surveillance au poste de la Rocca du Manerba que l’on examine avec toute l’attention ce qui peut se passer du côté où sont les Autrichiens. J’ai donné ordre dans le cas qu’il se passerait quelque chose de nouveau tant du côté du citoyen Castillard à Gargnano qu’il [illisible] le 1er à votre gauche et le [illisible] à votre droite ; dans donner de suite avis par les signaux qui y sont établis en y mettant le feu, ce que vous ordonnerez de répéter du moment que l’on s’apercevrait soit par la droite ou par la gauche dans cas que je suppose une attaque, le signal en sera donné par le feu à la botte de paille et par des fusées. Marquez moi si vous en avez à votre cantonnement ou je vous en enverrai d’ici, afin que ce soit parti la même répétition" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5. - "La même écrite aux citoyens Vaissier et Larmande").
Toujours le 24 Ventôse an 7 (14 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Général de Division Grenier : "Je vous préviens, citoyen général, que d’après vos ordres, j’ai fait doubler les avant-postes d’un tiers ; pour cela, il m’a fallu faire partir d’ici une compagnie pour renforcer Gardola et Piovere ; tout le monde sont dans la surveillance la plus exacte. J’apprends par le commandant de Gardola que les Autrichiens sont retirés sur la rive gauche qui passe entre les villages de Cadignano et Sermerio ; il s’en est aperçu en faisant sa reconnaissance pour connaitre les débouchés des environs ; apercevant la sentinelle, il fait demander le commandant autrichien qui s’est de suite présenté en avant de sa sentinelle et a refuser de conférer avec lui, le motif de cette conférence était pour faire voir un poste qu’il plaça de ce côté. Par le même rapport, il me dit qu’un espion arrivé de Vesio assure que 1500 hommes et 5 pièces de canon sont arrivées à Limone ; on en attend un autre pour savoir si cela se confirme. Je vous en informerai aussitôt, lorsque j’en aurai des détails plus certains. Je vous réitère la demande de cartouches car il ne m’en reste plus que trois mille trois cents en magasin, et point de pierre à feu. J’ai fait compléter mes compagnies de gauche à 20 cartouches par homme. Si je faisais compléter celle de droite à ce nombre, celles qui me restent ne seraient pas suffisantes. J’ai fait déférer au capitaine commandant à Gardola, dans le cas que les Autrichiens se présentent à son cantonnement pour venir l’occuper, de ne les y laisser entrer sans vos ordres" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 15 mars 1799 (25 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de Bataillon Gond, commandant la 24e Demi-brigade de ligne : "Votre lettre de ce jour, citoyen commandant, me parvient à l’instant. Vous devez avoir reçu 10000 cartouches et 1200 pierres à feu, vous voilà donc en mesure.
Le citoyen Gambara ayant chargé le citoyen Rubi à Desenzano, d’une opération qui demande la force militaire pour l’exécution, vous donnerez en conséquence ordre à l’officier de votre demi-brigade commandant le détachement à Desenzano de différer à ses réquisitions ; si le citoyen Gambara avait encore d’autres mesures de sûreté à prendre pour d’autres communes de votre arrondissement, vous vous concerterez avec lui pour l’exécution autant cependant que ces dispositions n’éloigneraient pas vos troupes de leur rassemblement dans le cas où vous en auriez besoin" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 104 page 226).
Le même 15 mars 1799 (25 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Gambara : "J’ai reçu vos deux dernières du 23, celle relative aux bœufs et par laquelle vous désirez que le propriétaire soit remboursé de sa perte sur les biens de l’émigré qui l’a dénoncé regarde particulièrement le gouvernement cisalpin ; si je pouvais faire quelque chose pour lui, il en serait remboursé sur le champ ; mais je ne doute pas que si vous en faites la demande, elle ne vous soit accordée.
Celle du 24 viens de me parvenir. MM. les autrichiens méritent d’être surveillés ; vous devez avoir reçu des nouvelles de la Val Camonica, veuillez me les faire connaître ; je donne l’ordre au chef de la 24e demi-brigade de prescrire au commandant de Desenzano de prêter main-forte au citoyen Rubi dans les opérations qu’il aura à faire.
Ps. Dans le cas où vous auriez quelques mesures de sûreté à prendre, pour les autres communes dont vous m’avez parlé, vous pourrez vous adresser au chef de la 24e demi-brigade que j’autorise à déférer à vos demandes" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 104 page 227).
Encore le même 25 Ventôse an 7 (15 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Citoyen Fournier : "Les 4 boulangers que vous me demandez, citoyens, me sont utiles dans les cantonnements, pour pouvoir les éloigner de leurs compagnies, vu qu’il y en a parmi le nombre qui sont tambours.
S’il s’agit cependant d’en fournir pour la manutention de la place, je vous en enverrai ; vous pourrez faire venir à Vestone 2 boulangers qui se trouvent de mon bataillon à la Rocca d’Anfo" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 16 mars 1799 (26 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major général de l’Armée d’Italie : "Par votre courrier du 24, vous m’adressez, citoyen général, la nouvelle organisation de la division que je dois commander, et vous me faites connaître les mutations qu’a ordonné le général en chef. Il en résulte que cette division sera formée de : deux bataillons de guerre de la 17e Demi-brigade légère, deux bataillons de la 24e de bataille, deux bataillons de la 106e, 2e légion helvétique, et du 2e bataillon de polonais, du 24e régiment de chasseurs, de deux compagnies d’artillerie légère, et d’une réserve de 6 bouches à feu ...
Je vous avoue que ces changements me peinent, et qu’il m’est désagréable de voir dissoudre cette division au moment d’entrer en campagne, d’autant plus que je crois avoir contribué à son organisation et à sa discipline ...
J’ai donné ordre à une compagnie de grenadiers de la 24e de se rendre à Mantoue, conformément à l’ordre que vous m’avait transmis ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 104 page 227).
Le même 26 Ventôse an 7 (16 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Chef de Bataillon Castillard : "Vous me demandez, citoyen, où doit être placé le citoyen Brian et le nombre d’homme de sa compagnie qui doit y avoir dans les villages de Gardola et Piovere. Je ne puis vous dire sur cet article, dans l’un des deux où il en faudrait le plus. Cela reste à votre volonté, connaissant celui que vous croirez le plus utile ; pour le citoyen Brian, vous pouvez le laisser à Piovere ou le placerez dans un des villages que vous croyez nécessaire près Gardola ; en conséquence, vous pouvez laisser le citoyen Loriné commander à Gardola, vu qu’il connait tous les environs de ce poste et a reçu tous les renseignements du citoyen Kister. D’ailleurs, il est plus à même par sa jeunesse de mettre de l’activité que ne pourrait le faire le citoyen Brian, attendu qu’il sort d’une forte maladie. Puisque les Autrichiens sont éloignés de la Gardola, vous pouvez mettre un signal à la Madona lorsque votre troupe sera établie dans chaque cantonnement. Vous me ferez passer de suite l’état de situation, le nombre d’hommes que vous aurez à dans chaque ; sur la description du petit plan que m’a envoyé le citoyen Loriné, je ne point vu que les deux ponts situés à sa gauche sur la rivière de Campione étaient gardés, l’un étant à Corono et l’autre à Raspega dit Saint-Michel. Je les crois cependant très utiles. Veuillez vous en informer et dites moi le nombre de fusées que vous avez dans cette partie, et combien toutes les compagnies que vous avez par là sont munies de cartouches, dans le cas que vous eussiez besoin de quelques pierres à feu je vous en ferai passer. On m’annonce que plusieurs places fortes sur la rive droite du Rhin sont déjà à notre pouvoir, ainsi que tous les Grisons. Cela nous annonce de nous tenir sur nos gardes" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 26 Ventôse an 7 (16 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Citoyen Lornie : "Sur le petit plan, citoyen, que vous m’avez envoyé, je n’ai point vu que les postes des ponts situés sur la rivière de Campione étaient gardés, l’un conduisant à Corona et l’autre à Raspega dit Saint-Michel ; ces deux pont situés à votre gauche me paraissant cependant bien essentiels, veuillez-vous en assurer afin de vous garder sur ce point. J’en préviens le citoyen Castillard. Je lui ai dit aussi comme vous connaissez les environs de Gardola, de vous y laisser vu que le citoyen Brian ne pourrait mettre la même activité en sortant de maladie ; d’ailleurs, il faut considérer son âge. J’ai prévenu pareillement le citoyen Castillard. Puisque les Autrichiens ont abandonné votre cantonnement, vous pouvez mettre un signal à la Madona, si vous le croyez utile. Je viens d’apprendre que nos troupes ont passé le Rhin et se sont emparées de plusieurs places fortes sur la rive droite ; cela nous annonce d’être sur nos gardes. Le général Masséna est aussi maître des Grisons" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Toujours le 26 Ventôse an 7 (16 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Citoyen Montmasson : "J’ai reçu, citoyen, les 6000 bretelles de fusils que vous m’annoncez par votre lettre du 20 courant. Je vous invite à mettre toujours la même exactitude à correspondre avec moi comme avec le citoyen Kister ; faites votre possible pour avoir le fourgon et les 4 chevaux que l’on vous a promis. Je ne peux envoyer les 2 plus mauvais chevaux de ceux qui sont existant au corps, craint que les agents de les gardent et ne nous les remplacent pas. Vous voyez par les circonstances qu’il n’y a point de temps à perdre. Je vous prie, citoyen, d’avoir la complaisance de me faire imprimer 100 lettres comme le modèle ci-joint, et en mon nom et grade ; faites les faire le plus tôt possible et vous me les enverrez par la 1ère occasion, et vous en témoignerez ma reconnaissance et vous en remettrez le montant" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Puis, le même 26 Ventôse an 7 (16 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Général Compans : "Je vous envoie, citoyen général, l’état de situation des 2 bataillons de campagne dudit corps à l’époque du 25 courant et leur odre par cantonnement. Je vous prie de me faire savoir si vous avez reçu les fusils des déserteurs, vu que le caporal qui les a conduit ne m’a point rapporté de reçu" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Encore le 26 Ventôse an 7 (16 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Général Chef de l’Etat-major général : "J’ai l’honneur de vous envoyer, citoyen général, l’état de situation des 2 bataillons de la demi-brigade que je commande. Je ne vous envoie pas celui bataillon de garnison, qui est détaché à Alexandrie, attendu que le commandant de ce bataillon ne me l’a pas fait passer" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Et,toujours le 26 Ventôse an 7 (16 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Général de Division Grenier : "J’ai reçu, citoyen général, les 10000 cartouches et les douze cents pierres à feu que vous m’avez annoncé ; comme il se trouve que mes compagnies de droite n’en avaient que deux ou trois par hommes, je vais les compléter à dix chaque, attendu que la position où ces compagnies se trouvent n’est pas la plus susceptible d’être attaquée comme celles de la gauche. D’ailleurs, il me serait impossible de pouvoir les mettre au même nombre, vu que je n’en aurait pas après que j’aurai donné dix par homme ; il ne m’en restera que 2400. D’après cela, citoyen général, je vous prie de donner vos ordres pour qu’il m’en soit fait l’envoi d’un pareil nombre au dernier, ainsi que des pierres à feu. Je me suis concerté avec le citoyen Gambarra, sur plusieurs points où l’ennemi pourrait venir de Salo ; il m’a donné hier un de ses adjoints, pour aller reconnaitre une gorge que l’on nomme la gorge de l’épine, passant par Serniga ; cette gorge est très utile à garder, on pourrait venir par deux points venant de la vallée de Vestino, on pourrait défendre ce passage avec très peu de monde ; c’est à distance de 3 lieues de Salo. Il faudrait pour ce pays un détachement de chasseurs de montagne, attendu que pour transporter les vivres, on ne trouverai aucun moyen, n’y ayant pas d’habitants.
Le commandant de Gardola me fait le rapport que l’ennemi le 24 fit voir un de ses postes, qui n’avait coutume d’être composé que de douze hommes et le lendemain était de vingt. Le même citoyen me dit aujourd’hui qu’il vient d’apprendre que les Autrichiens avaient devant sa position diminué leur force ; le nombre n’excède pas 800 ; que le fort de leur troupe avait passé le lac et se porte sur le véronais.
Je ne vous parle point du rapport que me communique le citoyen Gambarra ; il m’a dit vous l’avoir fait passer.
Ps. Je vous rends compte, citoyen général, que les femmes excédant le nombre de blanchisseuses et vivandières sont parties excepté trois ou quatre qui sont malades ou prêtes d’accoucher. Cela a été constaté par les officiers de santé" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Pour finir, le 26 Ventôse an 7 (16 mars 1799) également, le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Salo, au Citoyen Guichard, Capitaine commandant la 3e Compagnie de Grenadiers : "Conformément aux ordres du général de division, citoyen, il vous est ordonner de partir demain 27 du courant avec votre compagnie pour vous rendre le même jour à Castiglione et le lendemain à Mantoue, où vous recevrez de nouveaux ordres. La discipline la plus exacte sera suivie dans la marche, conformément à l’ordre précédemment donné. Vous correspondrez directement avec moi pour tout ce qui concerne le service. Et m’enverrez tous les dix jours le rapport et situation de votre compagnie. Les sapeurs qui y sont attachés n’en suivront pas le mouvement. Ils resteront aux deux premières compagnies jusqu’au retour de la leur respective" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 18 mars 1799 (28 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de Bataillon Gond, commandant la 24e Demi-brigade : "Conformément à votre demande du 26 de ce mois, j’ai donné les ordres pour qu’il vous soit fait un nouvel envoi de 10000 cartouches et 600 pierres à feu ; vous devez les avoir reçues en ce moment.
Le poste de Spino étant intéressant à observer, vous établirez une compagnie à Serniga qui détachera les postes d’observation nécessaires ; si une compagnie ne suffisait pas, vous en mettrez deux, ce que vous pourrez faire d’autant plus facilement que le 30, les compagnies que vous avez à Sirmione et à Desenzano resteront à Salo ; je ferai tout mon possible pour faire rentrer aussi les autres postes que vous avez entre Desenzano et Manerbe, si je n’y réussis pas vous serez obligés de laisser un fort cantonnement à Manerbe pour secourir vos petits postes au besoins" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 106 page 231).
Le 29 Ventôse an 7 (19 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Général de Division Grenier : "J’ai reçu, citoyen général, les 10000 cartouches et les 600 pierres à feu que vous m’annoncez par votre dernière. J’ai appris qu’un renfort de troupes était arrivé à l’ennemi ; ils ont été répartis dans les villages suivants : Pregasio, Cadinio et Tremosine. Les quatre village avaient été dégarnis de troupes pour renvoyer un renfort au pont. A ce que on m’a promis, sous peu on me donnerait des nouvelles de la vallée de Vestine, demain je ferai partir un compagnie pour se rendre à Serniga, qui fournira le poste à Spino. Rien autre de nouveau" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 1er Germinal an 7 (21 mars 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Général de Division Grenier : "Je vous rends compte, citoyen général, d’un rapport qui vient de m’être fait disant que les Autrichiens ont douze pièces de canon à Condino, à Storo 5 officiers du génie avec 300 paysans pour y faire des retranchements ; on y attend un régiment de hussards, et au pont de Tignale il y a sur la rive gauche de Campione les Autrichiens y font six petits épaulements à droite et à gauche de la route. Rien autre chose de nouveau pour le moment" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
L'avis de la déclaration de guerre de l'Empereur d'Autriche ne parvient au commandant en chef, Général Schérer, que le 22 mars. Cet avis est accompagné de l'ordre de passer l'Adige et de rejeter les Autrichiens sur Brenta.
Schérer rassemble son armée sur le Mincio et se met en mouvement sur Vérone, où se concentrent les troupes impériales de Kray.
La Division Grenier, gauche de l'armée, occupe San Georgio; le centre avec Victor, Villafranca, et la droite, sous les ordres de Montrichard, les environs de Castellard.
Armée d'Italie, 2e Division : Général Grenier, 26 mars 1799.
1re Brigade, Général Quesnel : 17e Légère, 2 Bataillons; 24e Demi-brigade de ligne, 2 Bataillons, 1800 hommes.
2e Brigade : 106e Demi-brigade de Ligne; 2e Légère polonaise, 1 Bataillon; 2e Légion helvétique, 1 Bataillon, 24e chasseurs à cheval; 2 Compagnies d'artillerie légère.
- Combat de Pastrengo ou de Vérone, 26 mars 1799.
Sur un faux avis, le Général français croyant l'ennemi entre Vérone et le lac de Garde, fait faire un à-gauche à son armée, et se porte dans la direction de Vérone. Pendant ce temps, Kray cherche à gagner le flanc droit de Schérer. Dans cette marche en avant, la Division Sérurier force, le 26 mars, le camp de Pastrengo et s'établit à Rivoli. Pendant ce temps, Delmas attaque les troupes qui couvrent le camp. En dépit de la plus brillante valeur, il ne parvient pas à les entamer lorsque la Division Grenier, débouchant à son tour de Palazzuolo, vient donner une nouvelle impulsion à l'attaque.
La 1re Brigade (17e Légère et 24e de Ligne), couverte par la 3e Compagnie de Grenadiers de la 24e Demi-brigade, s'empare de Bussolengo, défendu par 2,000 hommes et du canon, et s'établit sur l'Adige. Les deux Divisions redoublent d'efforts. Assaillis de toutes parts, les Autrichiens, culbutés et poursuivis l'épée dans les reins sur les ponts de Polo, ne peuvent se rallier qu'à Baroua, à moitié chemin de Vérone.
Le Capitaine Rollin, à la tête de quelques hommes fait 260 prisonniers dans une redoute. Il prend, le même jour, une pièce de canon, avec l'aide d'un Grenadier de la 93e Demi-brigade.
Les pertes de la 24e s'élèvent à 18 hommes hors de combat.
La Division Grenier campe à Pastrengo sur les positions conquises.
Concernant le combat du 26 mars 1799, le Général de Division Grenier adresse le 27 mars 1799 (7 Germinal an 7) au Général en chef de l’Armée un premier rapport : "Vous voulez, Citoyen général, un rapport circonstancié des événements qui ont eu lieu dans la journée d’hier et des résultats des opérations de la division que je commande sur les différents points où la division a été portée ; il m’est difficile de remplir aux intentions, la première demande n’ayant pu recueillir encore tous les faits qui mériteraient d’être commis ; je me bornerais donc à vous faire connaître le résultat de la marche de la division et le détail des actions qui me sont connus.
Conformément aux ordres que vous m’avez donné, la division à mes ordres est partie de Saint-Georges le 6 germinal à deux heures du matin, afin d’arriver à Bussolengo de meilleure heure, et pour faciliter avec avantage l’attaque de ce point, je divisai ma division en deux colonnes, la première formant l’avant-garde aux ordres du général Kister ...
La 2e brigade composée d’un escadron du 24e régiment de chasseurs, de la 24e demi brigade bataille, de la 2e légion helvétique, du bataillon de la 106e demi brigade, de la 6e compagnie du 4e régiment d’artillerie légère, et de l’artillerie de position.
Cette seconde brigade était aux ordres de l’adjudant général Partouneaux.
Je dirigeai la 1ère brigade aux ordres du général Kister de Saint-Georges sur Zona pour se porter par la route de Vérone sur la gauche de Bussolengo, les avant-postes ennemis furent enveloppés à Zona et faits prisonniers ; le premier poste fut passé à la baïonnette par les éclaireurs commandés par le citoyen Rochefort, sous-lieutenant de la 3e compagnie de carabiniers, cet officier égorgea lui-même la première sentinelle afin d’empêcher qu’elle n’avertit de la marche.
Je dirigeai moi-même la 2e brigade aux ordres de l’adjudant général Partouneaux de Saint-Georges sur Palazzolo, évitant autant que possible les postes avancés des Autrichiens afin de leur dérober notre marche ; arrivé à Palazzolo la colonne du général Kister se joignit à nous, n’ayant pu, faute de chemin, continuer la route qu’il lui était indiquée ; la division réunie marcha donc sur une seule colonne et déboucha sur Bussolengo, une heure avant le jour ; là nous rencontrâmes l’ennemi ; six bataillons de Varadins avec 10 pièces de canon défendaient ce bourg ; malgré l’obscurité et avant l’arrivée de la 2e brigade, j’ordonnais au général Kister d’attaquer. Le 1er bataillon de la 17e légère commandé par le Citoyen Croisier entra à la course par la droite et le 2e bataillon aux ordres du citoyen Lévêque par la gauche ; je dirigeai en même temps le 2e bataillon de la légion polonaise sur la grande route entre Pastrengo et Bussolengo afin de couper toute retraite à l’ennemi pendant que ma seconde ligne avançait pour protéger l’attaque, mais l’ennemi ne nous attendit pas et fut forcé de nous abandonner environ 300 prisonniers en se repliant en désordre sur l’Adige qu’il remonta. Ces dispositions arrêtèrent environ une heure les troupes de cette division et en continuant à poursuivre l’ennemi arrivèrent à 7 heures à Pastrengo ; déjà la division aux ordres du général Delmas avait attaqué la droite de l’ennemi, qui par sa gauche débordait aussi la droite de la division Delmas ; j’ordonnai en conséquence au général Kister de diriger la 17e légère sur les bords de l’Adige afin de tourner la gauche de l’ennemi pendant que le 2e bataillon de la légion polonaise, la 2e légion helvétique et le bataillon de grenadiers de la 2e ligne soutenus de la 1ère et de la 6e compagnie du 4e régiment d’artillerie légère et du 24e régiment de chasseurs attaquaient l’ennemi en front sur son centre ; ce mouvement facilita l’attaque du général Delmas qui força avec tant d’impétuosité la droite de l’ennemi qu’il se décida à la retraite et nous abandonna plusieurs pièces de canon ; résistance opiniâtre de l’ennemi nous a fait perdre un nombre assez considérable de braves gens et d’excellents officiers ...
Je vous ferai connaître les détails et les faits héroïques qui sont en grand nombre aussitôt que je les aurai recueillis. La division a fait au-delà de 1200 prisonniers" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 108 page 234).
Le 27 mars 1799 (7 Germinal an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Kister : "Je reçois à l’instant, mon cher général, l’ordre de prendre le commandement de l’avant-garde pendant l’absence du général Delmas. Veuillez en conséquence prendre le commandement de la division et correspondre avec moi pour tout ce qui la concerne sous les différents rapports, l’intention du général en chef étant que je conserve le commandement des deux divisions jusqu’au rétablissement du général Delmas.
Je partirai demain à la pointe du jour pour me rendre au quartier général de l’avant-garde. Donnez-moi souvent de vos nouvelles et, dans le cas où l’avant-garde serait attaquée et que vous en soyez averti avant que je n’aie le temps de vous en prévenir, mettez de suite cette division en mouvement par la gauche. Dirigez-la sur Polo en toute diligence, là vous recevriez des ordres ultérieurs, donnez pendant mon absence l’avant-garde à l’adjudant général Partouneaux et afin de ne pas blesser la délicatesse du général Weilhostrosky, donnez à ce dernier le commandement de la brigade de gauche qui restera toujours sous vos yeux, en observant de mettre à la 1ère brigade la 24e demi-brigade au lieu de la légion polonaise qui doit suivre son général. Il est possible que nous nous réunissions demain pour combattre. Je le désire puisqu’alors l’avant-garde et ma division frapperaient ensemble et que cette réunion me rapprocherait de vous plus tôt.
Je place la 24e momentanément à la 1ère brigade pour donner à Gond l’occasion de se distinguer et le faire nommer chef de brigade" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 109 page 236).
Les jours suivants se passent en marches et contremarches.
Le 4 avril 1799 (15 Germinal an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général de Brigade Kister : "Aussitôt votre brigade sous les armes, vous la dirigerez, mon cher général, sur Asparetto, pour appuyer la gauche de l’avant-garde aux ordres du général Delmas ; j’ordonne au général Weilhonsky de mettre sa brigade en mouvement immédiatement après la vôtre, et comme elle a plus de chemin à parcourir que vous, vous laisserez un bataillon de la 24e sur la route de Asparetto avec 25 chasseurs jusqu’à l’arrivée de la 2e brigade. Aussitôt qu’elle sera en mouvement, j’irai vous joindre à Asparetto ; j’ordonnerai les disposition que les circonstances exigeront" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 111 page 241).
Le même 4 avril 1799 (15 Germinal an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général de Weilhonsky : "Je viens d’ordonner, citoyen général, que la générale soit battue, les troupes mises sous les armes et aussitôt en mouvement ; le général Kister se porte immédiatement sur Asparetto et laissera un bataillon avec 25 chasseurs sur la route qui conduit de Malvesine à ce village, jusqu’à l’arrivée de votre brigade à la même hauteur. Vous observerez de faire rentrer alors ce bataillon à son corps et de couvrir vous-mêmes ce point par des troupes de votre brigade jusqu’à ce que toute la colonne ait défilé, alors elle suivra la colonne et en formera l’arrière garde, vous aurez attention de vous munir de guide pour vous diriger sur Asparetto où vous rejoindrez la 1ère brigade avec laquelle je marcherai" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 111 page 241).
Les armées opposées se trouvent tout à coup en présence l'une de l'autre près de Magnano.
- Bataille de Magnano, 5 avril 1799
Schérer est mis, par ce fait inattendu, dans l'obligation d'accepter la bataille sur un mauvais terrain. Dans la matinée, nos colones s'ébranlent. Le Général Sérurier se rend maitre de Villafranca, tandis que Moreau, avec ses deux Divisions, marche droit sur Vérone, et que les Divisions Victor et Grenier, longeant l'Adige, gagnent du terrain dans la même direction.
Les Français ont un avantage marqué sur les Autrichiens, lorsque de nouvelles forces ennemies débouchent de Vérone, tombent sur la Division Victor, et forcent ce Général à abandonner les hauteurs de San-Giaccomo, sur lesquelles il s'est maintenu pendant quatre heures.
A 11 heures, la Division Grenier dont dont fait partie la 24e Demi-brigade, entre en ligne entre Baldon et San-Giaccomo; deux Régiment autrichiens sont aussitôt détruits et la cavalerie qui les accompagne culbutée dans le plus grand désordre. Vers une heure, la Division s'empare de San-Giaccomo et prend position devant Comba; elle est bientôt assaillie par des troupes fraîches, qui la débordent et la forcent à la retraite sur Isola-della-Scala.
La retraite de la Division Victor, écrasée par 12,000 Autrichiens, entraine celle de la Division Grenier. La marche en arrière se fait en ordre et avec calme; cette Division, prenant position derrière un canal, arrête les progrès de l'ennemi.
Au centre et à gauche, les Français sont restés maîtres du terrain; quoique la situation soit loin d'être compromise, Schérer ordonne la retraite vers 6 heures du soir et porte l'armée vers Mantoue, derrière la Molinelle.
Dans cette sanglante bataille, les Autrichiens perdent 1200 hommes tués ou blessés, 2000 prisonniers et 8 canons.
Les pertes de l'Armée française sont à peu près les mêmes; celles de la 24e s'élèvent à 204 hommes hommes de combat.
Schérer, perdant complètement la tête, repasse le Mincio sans chercher à le défendre, puis l'Oglio, et vient enfin s'établir derrière l'Adda, entre Lecco et Lodi; la Division Grenier, au pont de Cassano.
Kray ne profite pas de cette retraite inconcevable; il veut attendre Souvarow, qui arrive avec 30000 Russes, et reste derrière le Mincio.
Le 19 Germinal an 7 (8 avril 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Mantoue, au Ministre de la Guerre : "J’ai reçu, citoyen Ministre, votre lettre du 28 ventôse dernier, par laquelle vous me prescrivez de recevoir le citoyen Sémélé ; il parait que ce citoyen s’est trompé en disant qu’il faisait partie du 3e bataillon de la Vienne dit le Vengeur, qui est dans ce moment dans la 24e demi-brigade, car il n’est connu d’aucun individu dudit bataillon, pas même de moi qui en était le chef depuis sa formation ; il pourrait se faire qu’il appartient à un autre bataillon de ce nom, vu qu’il en existait plusieurs sous les n° 1er, 2e et 3e qui est de la Vienne. Je vous prie, citoyen Ministre, à réviser ce reclassement pour vérifier l’erreur qui s’est faite dans les n° de bataillon, en attendant votre solution, je ne ferai pas mention de ce citoyen sur les contrôles du corps" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 19 Germinal an 7 (8 avril 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit au Citoyen Jandel : "Je viens d’apprendre avec peine, citoyen, que vous demeuriez à Brescia après la suppression du conseil de guerre auquel vous étiez attaché ; vous voudrez bien, au reçu de la présente, vous rendre à la demi-brigade où vous serez plus utile à partager les peines et les dangers de vos camarades qui sont, ainsi que moi, peinés de voir que vous n’êtes pas encore à votre poste où l’honneur vous appelle" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
La jonction des armées russe et autrichienne s'effectue le 24 avril et Souvarow, prenant le commandement en chef, marche aussitôt vers l'Adda avec 60000 hommes contre les 28000 de Schérer.
L'Armée française a été réorganisée à 4 Divisions. La Division Grenier, en avril 1799, comprend à sa 1ère Brigade (Général Quesnel), la 17e Demi-brigade légère et la 24e Demi-brigade de Ligne (2 Bataillons); et à sa 2e Brigade (Général Kister), les 23e (2 bataillons), 63e et 106e Demi-brigades de Ligne, et 12 Escadrons des 6e Hussards, 13e et 24e Chasseurs.
- Bataille de Cassano, 27 avril 1799
Schérer a, nous venons de le voir, dispersé ses forces sur une étendue de 15 lieues et Moreau vient de le remplacer dans son commandement lorsque l'attaque de l'armée austro-russe se produit.
A ce moment, Sérurier tient les positions depuis Lecco jusqu'à hauteur de Saprio; Grenier prolonge la ligne jusqu'à Cassano et Victor est à Lodi. Un Corps russe passe l'Adda, près de Brivio, le 26 au soir, et, ayant profité de la nuit du 26 au 27 pour jeter un pont sous Trezzo, un nouveau Corps file sur la rive droite, de sorte que le centre de l'armée française se trouve isolé de ses ailes et que Sérurier se mit en retraite avant que la bataille soit commencée.
Tel est le résultat des malheureuses dispositions de Schérer, que Moreau n'a pas eu le temps de modifier. Tout l'effort des Autrichiens se porte fatalement sur la Division Grenier, dont les troupes font des prodiges, mais qui ne peut lutter avec 9 Bataillons contre tout le Corps du Général Ott, constamment renforcé.
Moreau, qui a bien jugé la situation désespérée de son armée, ordonne à Grenier de se mettre en retraite ; celui-ci recule lentement; mais une nouvelle Division ennemie entrant en ligne, la brave Division s'arrête, anéantit les premiers rangs impériaux sous un feu terrible et n'évacue Naprio qu'après une lutte corps à corps avec le Régiment de Natardy. La Brigade Quesnel, à laquelle appartient la 24e, se retire en ordre.
Pendant ce temps, un combat acharné se livre à Cassano, où de nouvelles colonnes ennemies passent l'Adda.
Nos vaillantes Divisions prolongent cette résistance disproportionnée pendant plus de trois heures encore avec l'énergie du désespoir ; mais elles doivent céder au nombre. La retraite est ordonnée et s'opère en combattant toujours. Malgré les prodiges de courage de cette journée dans laquelle la 24e a joué un rôle glorieux, la ligue de l'Adda est forcée où nous laissions lorsque toute notre artillerie sur le champ de bataille.
La Division Grenier perd à elle seule 2400 hommes dont beaucoup appartiennent à la 24e Demi-brigade. La 24e Demi-brigade eut une centaine d'hommes tués ou blessés à Cassano.
C'est encore cette valeureuse Division qui est chargée de protéger l'évacuation de Milan, puis elle vient passer le Tessin à Buffalora. Cette opération n'est terminée que le 29 dans la matinée, à cause de la grande quantité de voitures qui encombrent la route.
Moreau espère tenir derrière le Tessin après avoir rallié Sérurier; mais ayant appris que ce Général, accablé par le nombre, a dû mettre bas les armes, il se résigne à continuer la retraite. Le 1er mai on arrive sur la rive gauche de la Sésia, sur laquelle les Divisions Grenier et Victor prennent position à droite et à gauche de la route de Novare.
Le 2 mai 1799, la Division Grenier passe la Sesia; son passage est interrompu et retardé par la rupture du pont de bateaux, en partie détruit par une crue subite des eaux. Un gué au-dessus du pont est reconnu, et l'infanterie y passe avec beaucoup de difficulté, les hommes ayant do l'eau jusqu'aux épaules.
Ce passage difficile se fait sans accident, gràce au zèle et au dévouement infatigable de plusieurs militaires, qui restent constamment dans l'eau pour sauver à la nage ceux de leurs oamarades qui sont entrainés par le courant. Parmi ces braves gens, on cite le Caporal Vèze, les Grenadiers Médrot et Duchal, et le Fusilier Midul, de la 24e Demi-brigade.
Le soir, la Division Grenier s'établit à Livorno; à partir de ce moment, les deux Divisions se séparent : celle de Grenier filant sur Turin et protégeant la colonne des équipages que l'on fait passer en France, et celle de Victor rétrogradant sur Alexandrie pour chercher à donner la main à l'Armée de Naples.
Moreau marche avec Grenier; il s'arrête, le 3 mai, à Chivasso et fait cantonner les troupes dans la ville à cause du mauvais temps; le 5, la Division se fractionne en deux colonnes : la première marche sur Verrua et la seconde, dont fait partie la 24e Demi-brigade, se dirige sur Villanova.
Colonne de l'Armée d'Italie, sous les ordres directes du Général Moreau, en retraite sur Turin.
Division du Général Grenier, Brigade Parthouneau : 1er Bataillon de la 18e Légère; 2 Bataillons de la 24e de Ligne (1600 hommes); 4 Escadrons du 13e Chasseurs; 4 du 24e; 4 bouches à feu.
Corps de Bataille : 2 Bataillons de la 63e de Ligne; 2 du 14e; 1 Compagnie du 107e; 4 Escadrons du 12e Dragons; 3 du 18e de Cavalerie; 4 bouches à feu.
Arrière-garde, Général Gardanne : 1 Bataillon de la 18e Légère; 1 de la 68e de Ligne; 4 Escadrons du 1er Hussards; 4 Escadrons du 9e Chasseurs; 3 du 3e de Cavalerie; 4 bouches à feu.
Le 6, la colonne de Verrua descend à Casale et celle de Villanova à Asti, sur le Tanaro, se rapprochant ainsi du point où l'on espère voir déboucher l'Armée de Naples.
La marche est continuée le 7 et, le même jour, le Corps d'Asti est parvenu à Solério et celui de Casale à Alexandrie, où l'on retrouve le 3e Bataillon de la 24e Demi-brigade, en garnison dans cette place.
L'armée française, sans communication avec la France, perdue au milieu d'un pays insurgé, réduite à 20,000 hommes par les événements de la guerre et les maladies, conserve toute son énergie et se prépare de nouveau au combat pour la défense du Pô et du Tanaro.
Le 21 Floréal an 7 (10 mai 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Alexandrie, au Citoyen Duclos, Chef du Bataillon de Garnison du Corps : "D’après l’ordre du général chef de l’état-major général, vous donnerez le votre de suite, citoyen, pour que six cents hommes de votre bataillon en soient extraits, habillés, armés et équipés, pour passer aux deux bataillon de campagne, pour y faire force ; on aura soin de prendre de préférence tous les anciens soldats dans le cas de faire la guerre, et le reste sera pris dans le nombre des conscrits les plus instruits et les plus robustes. Vous ordonnerez aux citoyens Montmatront, Pensboc, Frémont, tous les trois capitaines, Commelin, Binet, Dorlean, lieutenants, Mignot et Henry sous-lieutenants de rejoindre de suite les bataillons de guerre pour y rester jusqu’à nouvel ordre. Vous m’enverrez, en même temps, le citoyen Rosier, tambour-maitre, pour remplacer provisoirement le tambour-major qui est malade. Tous les sous-officiers et caporaux qui sont maintenant au bataillon de garnison faisant partie des bataillon de guerre, rejoindront de suite leur bataillon et compagnie respective, à moins de quelque maladie ou infirmité bien constatée" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 22 Floréal an 7 (11 mai 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Alexandrie, au Citoyen Duclos, Chef du Bataillon de Garnison du Corps : "Je vous préviens, citoyen, d’après la décision du général commandant la division que vous faites maintenant partie des bataillons de guerre ; en conséquence, vous les rejoindrez de suite, prendre provisoirement le commandement de l’un des deux ; avant votre départ, vous remettrez le commandement de celui du 3e au citoyen Thebaut, chef de bataillon, et vous lui donnerez tous les renseignements nécessaires sur toutes les parties administratives ; lorsque vous aurez rejoint, je vous indiquerai le bataillon que vous devrez prendre le commandement" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 22 Floréal an 7 (11 mai 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Alexandrie, au Citoyen Thebaut, Chef du Bataillon du Corps : "Je vous préviens, citoyen, que vous êtes maintenant chargé du commandement du bataillon de garnison de la demi-brigade, le citoyen Duclos ayant ordre de rejoindre les bataillons de guerre. En conséquence, il vous donnera les renseignements sur toutes les parties administratives qui vous concernent, vous suivrez en tout point les instructions que vous avez reçues du citoyen Kister, et correspondrez avec moi comme vous correspondiez avec lui, conformément à son ordre" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Combat de Bassignano, 12 mai 1799.
Les Russes ayant franchi le Pô dans la nuit du 11 au 12 mai, Moreau prescrit à Victor d'arriver à marches forcées d'Alexandrie et de tomber sur le flanc ennemi pendant qu'il va l'attaquer de front avec la Division Grenier.
La Brigade Quesnel marche à l'ennemi par la plaine et le combat s'engage près du village de Pezetti, que les Russes enlèvent malgré une énergique résistance. Moreau, arrivant sur le champ de bataille avec le 9e Chasseurs à cheval, ordonne à Gardannne de reprendre le village, qui domine toute la position ; le Général, se précipitant tête baissée sur l'ennemi, parvient à reprendre Pezetti pendant que le centre, où se trouve la 24e Demi-brigade, s'empare d'une cassine retranchée et occupée par les Russes. Ceux-ci sont culbutés par une vigoureuse energie à la baïonnette.
Tout à coup, le canon se fait entendre; c'est la Division Victor qui débouche vivement et prend l'ennemi en flanc; les Russes, à moitié cernés, se forment en carrés et cherchent vainement à arrêter les charges furieuses de la cavalerie et les attaques à la baïonnette des fantassins français.
Une dernière résistance opposée dans le village de Bassignano par Rosenberg et le Grand-Duc Constantin est brisée par nos soldats, et le Prince russe ne doit son salut qu'à une fuite précipitée dans une ile où il reste bloqué toute la nuit, exposé à la mitraille de plusieurs pièces de cnnon.
Les Russes laissent sur le terrain 1500 tués, blessés ou prisonniers, 4 canons et leurs bagages; quant aux Français, leur perte fut de 600 bommes, dont 31 de la 24e Demi-brigade.
Le Général Quesnel, blessé à la tête de sa Brigade, est remplacé par le Général piémontais Colli.
Le 25 Floréal an 7 (14 mai 1799), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Final, au Général de Brigade Partouneaux : "Je vous rends compte, citoyen général, que deux officiers du corps que je commande sont partis pour la France sans avoir de permission ni billets d’hôpitaux, un disant qu’il se trouvait fatigué et l’autre faute d’appétit, ce qui me prouva la lâcheté de ces deux officiers ne pouvant se munir de certificats des officiers de santé qui constataient leur maladie. Je fis défense au quartier maître de les au registre puisque la maladie n’était pas constatée ; malgré ma défense, ils sont partis sans aucun ordre. Je vous expose que le nommé Bartelemi partit de cette manière, étant à l’armée du Rhin, à la retraite de Mayence, la veille d’une affaire ; le deuxième ne m’est point connu mais pour avoir parti au mépris des défenses à lui faites, je vous prie de prononcer sur leurs sorts pour que l’on procède à leur remplacement de suite" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
- Combat de San-Giuliano, 18 mai 1799.
Moreau, sentant sa position s'aggraver de jour en jour par la concentration de toutes les forces ennemies, veut se rendre compte des dispositions prises par Souvarow, et dirige une forte reconnaissance sur Tortone. Au même moment, le Général russe passe le Pô à Casa-Tinca. Victor, en marche dans la matinée du 16 mai, se heurte tout à coup aux Russes et les chasse de Marengo, où il leur enlève 300 hommes, et les refoule jusque dans San-Guiliano ; mais des renforts considérables arrivent à l'ennemi, qui nous oppose 12,000 hommes avec 30 canons, bientôt augmentés par de nouvelles troupes.
Victor, malgré son énorme infériorité numérique, engage l'action. A gauche, Colli avec la 24e s'avançant hardiment, fait plier les Russes, mais il devient impossible de prolonger plus longtemps le combat. Moreau ordonne la retraite ; elle s'exécute dans un ordre parfait, en échiquier, longeant les marais de Castel-Ceriolo. Cette journée nous coûte 4 à 500 hommes hors de combat, dont 23 pour la 24e Demi-brigade, qui est particulièrement citée pour sa belle conduite.
Moreau ne se sent plus en sûreté dans sa position d'Alexandrie ; il décide de se rapprocher de Turin pour attirer à lui les forces alliées et favoriser par cette manoeuvre la retraite de l'Armée de Naples.
Laissant quelques détachements pour donner la main à cette armée, il prend la route d'Asti avec 8,000 hommes, parmi lesquels est la Division Grenier (17 mai). Arrivé là, il apprend la reddition de Ceva, qui vient d'être livrée aux insurgés. Il est urgent de reprendre au plus tôt ce poste important, unique communication qui nous reste pour nous retirer sur Gênes. Garreau en reçoit l'ordre et s'avance à toute vitesse avec quatre Bataillons dont un de la 24e Demi-brigade; mais, arrêté par une crue subite du Tanaro, il doit remonter le cours de cette rivière. Pour comble de malheur, Mondovi nous est enlevé par un Corps de partisans qui s'y maintient ensuite, malgré les efforts tentés par le Général Delaunay pour reprendre cette ville.
Moreau, qui tient à rentrer dans Ceva, envoie son chef d'Etat-major général Grouchy prendre la direction du Corps de Garreau. Ce Général, sans artillerie et inquiet pour ses communications, s'est rabattu sur Coni.
Grouchy reprend Mondovi le 24 mai, et vient échouer le 30 contre les remparts de Ceva, dont on n'osae pas tenter l'escalade.
Moreau ayant rallié son Chef d'Etat-major, fait bloquer Ceva par la Brigade dont fait partie la 24e, et charge Chasseloup d'établir un passage dans la montagne, au col de San-Bernardo, avec les travailleurs fournis par le reste de la Division. On travaille nuit et jour pendant soixante-douze heures, par un temps affreux, et l'on peut enfin passer avec l'artillerie.
Le 6 juin, l'armée française est en position sur l'Apennin, Grenier au noeud des contreforts qui tombent dans la mer, couvrant les débouchés de Luano, le reste des troupes entre cette position et Gènes; l'énergie de son chef et de ses vaillants soldats l'ont sauvée d'un désastre certain (t).
L'armée est réorganisée, sous le commandement de Moreau, en deux Divisions : 1ère Division (Général Grouchy) : 20e et 26e Légères, 3e, 14e et 68e de Ligne, 1 Brigade de cavalerie.
2e Division (Général Grenier) : 17e et 18e Légères; 24e, 33e, 63e et 106e de Ligne; Légère polonaise; 6 Régiments de cavalerie.
Cependant Macdonald approche avec l'Armée de Naples et entre en communication avec l'Armée d'Italie. Il est entendu entre les Généraux en chef que les deux armées se réuniront à Plaisance, Moreau essayant de retenir de son côté le Général Souvarow.
- Combat de Cassina-Grossa, 22 mai 1799.
L'Armée d'Italie se met donc en mouvement vers Tortone; la Brigade Quesnel passe sur la rive droite de la Torina et se porte au secours de Grouchy, engagé vers San-Giuliano; pendant ce temps, la 24e de Ligne et le 13e Chasseurs, sous les ordres de Parthouneau, marchent sur Sales, point important entre Alexandrie et Voghéra. Le combat y est très vif et, grâce à l'entrée en ligne de la Brigade Garreau, la position est enlevée et nous reste définitivement.
La lutte ne tarde pas à recommencer plus violente que jamais, et Bellegarde, qui a reçu de nombreux renforts, est sur le point d'enlever Cassina-Grossa. La Brigade Quesnel placée sur la gauche, en arrière du village, fait les plus grands efforts pour contenir l'ennemi : un instant très compromise, elle est dégagée par la 106e. Les Autrichiens ne peuvent pas tenir et se replient par la grande rue de Cassina-Grossa, au moment même où Parthouneau arrive avec la 24e. Ce Général forme la Demi-brigad en colonnes serrées par Bataillon, et la lance au pas de charge.
Ce beau mouvement est décisif : la droite de Bellegarde, enfoncée puis coupée, se rend non sans avoir jonché le sol de ses morts et de ses blessés. En outre, deux canons tombent au pouvoir de la 24e.
Dans ce combat sanglant, l'armée alliée perd 4,000 hommes hors de combat ou prisonniers et 5 canons. Les pertes françaises ne dépassent pas 1,000 bommes, dont 10 de la 24e Demi-brigade.
Au moment où Moreau va recueillir les fruits de sa victoire, deux nouvelles foudroyantes parviennent au Général en chef : le désastre de Macdonald sur la Trébie (17 juin), et la prise de Turin par les Russes. Tant de valeureux efforts sont donc inutiles; il faut se retirer devant les masses do Souvarow, qui accourent pour se jeter sur l'Armée d'Italie; celle-ci évite le combat et reprit ses positions près de Gênes, où elle attend l'arrivée des débris de Macdonald.
- Siège d'Alexandrie, du 26 mai au 22 juillet 1799
Il ne nous reste plus en Italie que la rivière de Gênes et quelques places ou citadelles qui doivent tomber à bref délai au pouvoir des alliés.
La citadelle d'Alexandrie est le premier objectif de l'ennemi et Bellegarde reprend le siège abandonné un instant pendant les derniers événements. La citadelle est bloquée, en eftet, depuis le 26 mai, après la retraite de Moreau sur Gênes; la défense, aux ordres du Général Gardanne, y compte 3,000 hommes parmi lesquels le 3e Bataillon de la 24e Demi-brigade.
Le blocus dure un mois, pendant lequel la garnison ne cesse pas de harceler l'assaillant par de fréquentes sorties. Le 25 juin, les Autrichiens ouvrent la première parallèle derrière un ravin qui les met à l'abri des surprises; cette tranchée est appuyée à des redoutes carrées.
Le 28, les travaux sont bouleversés par une heureuse sortie à laquelle prend part le 3e Bataillon, qui y perd deux hommes tués ; le ravin plein d'eau est franchi et les batteries de l'attaque détruites. Après cette action, la garnison rentre dans la place avec 50 prisonniers.
Le bombardement ayant commencé le 16 juillet, pendant que l'ennemi ouvre la deuxième parallèle, la garnison fait une seconde sortie qui a pour résultat un ralentissement appréciable dans la marche des travaux; le 3e Bataillon a encore deux hommes tués à cette affaire.
Mais la supériorité du feu de l'ennemi s'accentue de plus en plus; dès le !0, notre artillerie est à peu près réduite au silence ; ce même jour, les alliés s'établissent de vive force dans le chemin couvert. La position n'étant plus tenable, et en présene d'un assaut imminent, Gardanne se résigne à capituler.
La garnison, prisonnière de guerre, est emmenée en Allemagne. Le 3e Bataillon est envoyé dans les Etats héréditaires de l'Empereur d'Allemagne. Il est supprimé par Arrêté du 27 août 1799, et la 24e Demi-brigade ne compte plus que deux Bataillons de guerre et une Compagnie de Dépôt.
C'est pendant le siège de la citadelle d'Alexandrie, le 27 juin, que les armées de Moreau et de Macdonald font leur jonction près de Gênes. Celui-ci amène des troupes harassées et diminuées de moitié; il est destitué par le Directoire, et Moreau, qui pourtant s'est montré dans cette campagne aussi grand citoyen que grand capitaine, est destiné au commandement d'une armée du Rhin, qui n'existe pas.
- Armée d'Italie, 28 Juillet 1799.
L'Armée d'Italie est renforcée par le Général Lemoine, venu de France avec douze Bataillons, et réorganisée par le Général Joubert, son nouveau chef. Elle a montré dans ses désastres une fermeté inébranlable, et maintenant encore elle brûle du désir de se mesurer avec l'ennemi.
Joubert donne le commandement de l'aile droite à Saint-Cyr, de Pontrémoli jusqu'à Torriglia; celui du centre, où est la 24e Demi-brigade, à Pérignon, entre la Bochetta et Campo-Freddo, et celui de la gauche à Lemoine, vers les sources du Tanaro. L'armée compte 45,000 hommes.
Centre de l'Armée (Général Perrignon) :
Division Laboissière
1re Brigade (Général Quesnel) : 14e, 24e, 63e, 68e Demi-brigades de Ligne; 6e Hussards.
2e Brigade (Général Gardanne) : 17e et 18e Légères; 21e Demi-brigade de Ligne.
Le Général Moreau, que Joubert a prié de rester auprès de lui jusqu'à la bataille qu'il se promet de livrer, marche avec la colonne Saint-Cyr. Le 9 août, l'armée se concentre vers la Bochetta pour entrer en Lombardie et marcher au secours d'Alexandrie, dont on ne connait pas la reddition. Cette marche en avant se fait dans l'ordre le plus imposant et ne donne lieu qu'à des escarmouches sans importance, dans lesquelles la 24e n'est pas engagée.
Le 13, les avant-postes ennemis sont attaqués et refoulés; le 14, nous occupons les positions suivantes : Saint-Cyr à San-Bartholoméo, s'étendant à gauche vers Novi; le centre sur les hauteurs, en arrière de cette ville, qui est fortement occupée; notre gauche, en avant de Serravalle.
- Bataille de Novi, 15 août 1799.
Pendant l'exécution de ces mouvements, Souvarow, instruit de ce qui se passe, a concentré toutes ses forces et attend Joubert avec une armée de 70,000 hommes, espérant l'attirer en plaine pour l'écraser plus facilement; mais, voyant que son adversaire ne quitte pas les fortes positions sur lesquelles il s'est établi, il décide d'attaquer lui-même.
Joubert, de son côté, est fort indécis; en présence de l'énorme supériorité numérique des alliés, il se décide cependant à ne pas accepter la bataille, mais au lieu de décamper pendant la nuit du 14 au 15, il perd du temps, assemble un Conseil de guerre et finalement se trouve attaqué le 15, à la pointe du jour, dans des conditions les plus défavorables pour lui.
Dès 5 heures du matin, le Général Kray engage l'action contre la Division Grouchy et le Général Ost aborde la Division Lemoine avec 13 Bataillons.
Nos troupes, malgré l'ardeur dont elles sont animées, cèdent du terrain et l'ennemi prend pied sur le plateau. Joubert, à cette vue, se jetant l'épée à la main au milieu des Tirailleurs, reporte toute la ligne en avant au cri de : "En avant, mes amis, en avant !" A ce moment une balle l'étend raide mort.
Moreau prend immédiatement le commandement et réussit à rétablir le combat : la Division Lemoine reprend ses positions, rejetant les Autrichiens sur leur seconde ligne pendant que Grouchy à gauche, culbute les troupes qui lui sont opposées.
A 8 heures, nous avons l'avantage; l'ennemi redouble ses efforts. Bagration, avec 15,000 Russes, se porte sur Novi et l'attaque est reprise sur toute la ligne. La Boissière attend les Russes jusqu'à bonne portée et les reçoit par un feu épouvantable tandis que l'artillerie les crible de mitraille. Au même moment, 4 Bataillons ennemis qui ont cherché à tourner Novi par le mont Valdo sont bousculés par le Général Watrin. Une nouvelle attaque de Novi exécutée par Derfelden et Métas vient encore échouer contre nos baïonnettes; à 3 heures du soir, Souvarow se met à la tête de toutes les Divisions et les conduit à l'assaut du plateau de Novi; l'attaque est terrible, le carnage affreux; mais tout se brise contre le courage froid et opiniâtre de nos soldats.
Les Brigades françaises, qui ont si bien défendu la position, s'élancent à leur tour et détruisent presque en entier le centre des Russes; là combat au premier rang la 24e, brave au milieu de tant de braves.
"Dans une armée de héros, écrit Debrel à la Convention, après Hondschoote, quand tout le monde se bat bien, il est difficile de se faire remarquer". La 24e pour sa part se fait remarquer quand même dans cette terrible journée.
Ne pouvant vaincre de front, le Général russe décide de tourner les Français; il a assez de troupe pour cela. A 5 heure du soir, Melas nous tourne par la route de Gavi. Ce mouvement décide la victoire.
Moreau fait commencer la retraite à 6 heures, sous la protection des 68e et 24e Demi-brigades de ligne et de la 17e Légère restées inébranlables à Novi.
Cette poignée de braves oppose une résistance énergique et ne se retire que lentement et en bon ordre; un instant, elle essaie de protéger la retraite de notre artillerie, mais le nombre l'emporte partout.
La Division Lemoine est rejetée en arrière de Pasturana pendant que le convoi s'entasse dans un ravin étroit dont il ne peut pas sortir et que le désordre se met dans les troupes en retraite.
Il ne reste plus en ligne que la faible Brigade Colli, 24e de ligne et 17e Légère, qui combattent toujours et qui tiennent jusqu'à 9 heures du soir.
Une attaque inopinée qui prend la Brigade à dos met fin à la résistance; les troupes de Colli, laisées par 18 heures de combat, se dispersent à leur tour.
La bataille de Novi a été la plus terrible de la campagne; les Français y perdent plus de 8,000 hommes tués, blessés ou pris et les alliés près de 20,000. La 24e n'a que 67 hommes tués.
L'armée française peut se rallier vers 11 heures du soir sous Gavi et continue la retraite pendant cette nuit et la journée du 16; elle vient occuper des positions sur l'Apennin, la Division Lemoine ayant pour mission de couvrir le col de Savone et sans que Souvarow ose la poursuivre. Par suite de cette inaction, l'armée reste sur les cimes de l'Apennin pendant la fin du mois d'août et le commencement de septembre. La 24e n'a, pendant cette période, que des affaires d'avant-postes insignifiantes, dans la vallée de la Bormida, près de la Bochetta.
Le 18 août 1799, Rollin, est nommé Capitaine au 24e sur le champ de bataille par le Général commandant l'Armée d'Italie pour sa brillante valeur.
Fin août 1799, la Division Laboissière se compose de la Brigade Quesnel (14e et 68e Demi- brigades de Ligne, à Montenotte ; 24e Demi-brigade de Ligne, à Pian del Merla ; 63e Demi-brigade de ligne, à Santo-Bernardo ; 6e Hussards, à Arbizola) et de la Brigade Gardane (17e et 18e Demi-brigades légères, à Sassello ; 21e Demi-brigade de ligne, à Stella) (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 97).
L'accalmie dans les opérations provient de l'exécution d'un plan nouveau des alliés d'après lequel l'armée de Souvarow devoit passer en Suisse, tandis que les forces autrichiennes se grouperont en Italie. Sur ces entrefaites, le Général Championnet est appelé à succéder à Moreau et prend possession de son poste le 21 septembre.
Le 22 septembre 1799, Championnet arrive au Quartier général de Gênes pour prendre le commandement en chef. A cette date, la 24e de Ligne et la 68e occupent Dego (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 99).
Le nouveau Général en chef a l'ordre de prendre l'offensive avec ses 45,000 hommes.
L'attaque de Mondovi, que les Autrichiens occupent en force, présente de sérieuses difficultés. Championnet prescrit à Laboissière d'envoyer provisoirement à la Division Lemoine la Brigade Gardanne, qui est composée, le 26 septembre 1799, de la 17e Légère, de la 63e de Ligne et d'un détachement de 50 hommes du 6e Hussards. La Division Laboissière ne comprend plus que la seule Brigade Quesnel, formée de la 18e Légère, des 14e, 21e, 24e et 68e de ligne, et du 6e hussards, réduit aux 80 hommes que commande le Chef de Brigade Pajol (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 100).
Dès le 25, les Divisions Victor et Lemoine, au centre, font un mouvement sur Mondovi afin de favoriser l'arrivée de Grenier qui amène les renforts annoncés. La lenteur de nos mouvements ayant permis à Mélas d'accourir en force et de préparer la défense, on renonce aux projets en cours d'exécution.
La Division Laboissière ne participe pas à ces mouvements et reste en position à la Bochetta; les 2 Bataillons de la 24e Demi-brigade, à l'effectif de 1519 hommes continuent à occuper le camp de Cairo.
Le 10 Vendémiaire an 8 (2 octobre 1799), le Chef de Brigade Gond, Chef de Brigade de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Antibes, au citoyen Richard, Quartier maitre : "Je prends le parti, citoyen, de vous écrire une seconde lettre, non pas pour vous faire la même demande que ma première, mais vous vous faire passer un certificat d’un soldat susceptible de réforme ; veuillez lui faire expédier son congé le plus tôt possible. Vous aurez sans doute appris que le dépôt de la demi-brigade est transféré ici depuis le 5 de ce mois ; la troupe est très mal, sans argent et point de viande. Cependant on vient de payer la première décade de vendémiaire aux sous-officiers et soldats, et le mois de fructidor aux officiers ; les autres mois restent arriérés ; on ignore le motif. Nous sommes cinq qui ont touché pour ledit mois, les citoyens Castillard, chef de bataillon, Mignot, capitaine, Rousselle, idem, Maillot officier de santé, et moi, pour le mois de fructidor seulement. Si par cas le citoyen Loriné vous fait la demande de six louis qu’il m’a fait le plaisir de me prêter à Nice, je vous prie, si cela ne vous gêne pas, de les lui remettre à mon compte, je vous les rembourserai à mon retour au corps. Je me trouve très embarrassé ; il me faut acheter le fourrage à un sol la livre ; encore aller le chercher en campagne ; les fièvres m’ont quitté depuis le 20 du mois dernier ; elles m’ont laissé une maladie dont je ne sais pas qu’elle sera la suite ; je suis tout enflé du corps et des membres, jusqu’au point de ne pouvoir me servir de mes effets sans les faire élargir. Je suis comme le citoyen Castillard accablé de douleurs, ce qui me verra souffrir tout l’hiver, la malheureuse fièvre m’ayant fait manquer la saison des eaux ; je serai peut être obligé de passer une longue convalescence au dépôt. Le général inspecteur m’y a autorisé. Veuillez je vous prie, en faite part au conseil d’administration et au citoyen chef qui commande le corps, à qui je dis bien des choses honnêtes, sans avoir l’honneur de le connaitre. Faites en de même à tous mes camarades" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Sur ces entrefaites, arrive la nouvelle des éclatants succès de Masséna à Zurich; Championnet, voulant en profiter pour frapper un grand coup, prend ses dispositions dans le but de cerner le Corps de Klénau tranquillement établi dans la direction de Spezzia.
Pendant que Watrin marchera sur Pietro di Vara et Bracco sur les derrières de Klénau, la Division Laboissière s'établira à Novi ; un détachement débarqué à Monéglia doit fermer le cercle.
Bléché, Lieutenant; Devilliers, Sous-lieutenant; Dabancourt et Paquin, Sergents-majors, tous de la 24e, sont promus au grade supérieur, par le Général en chef, sur le champ de bataille du 6 octobre, en Italie.
Le 14 Vendémiaire an 8 (6 octobre 1799), le Chef de Brigade Gond, Chef de Brigade de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Antibes, au Général commandant la forteresse de Coni : "J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen général, qu’il existe dans la place que vous commandez le capitaine d’habillement du corps avec sa comptabilité et les effets des officiers, qui dans ce moment, se trouvent tous dépourvus de leur plus nécessaire en habillement ; c’est pourquoi je vous prie de prendre en considération la malheureuse position où ils se trouvent maintenant, en donnant l’ordre à ce capitaine de rejoindre à Antibes qui est le lieu du dépôt de la demi-brigade ; on pourrait profiter du retour des voitures ou mulets qui conduisent des munitions dans la place pour le transport des dits effets, ce serez vous obliger par tous le corps d’officiers" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le même 6 octobre, la 24e quitta Cairo, cantonne à Josello le 7, à Campo-Freddo le 8, à Voltaggio le 9 et à Gavi le 10.
Le 11, Watrin se met en marche, culbuta les forces qu'il rencontre, et arrive le 12 à son poste à Pietro-di-Vara. Malheureusement Klénau, informé du mouvement de nos troupes a décampé, ne laissant derrière la Lavagua qu'une forte arrière-garde.
Le coup est manqué; l'on se borne à bloquer Serravalle, près de Novi. A partir du 16 octobre, la 24e Demi-brigade, établie sur le Monte-Rotondo, couvre le blocus.
1ère Division de l'armée d'Italie (Général Laboissière), 21 octobre 1799.
Brigade Quesnel : 18e Demi-brigade légère, 14e, 21e, 24e (1497 hommes), 68e Demi-brigades de Ligne, 5 Régiments de cavalere.
Brigade Gardanne (détachée) : 17e Demi-brigade légère, 63e de Ligne, 6 Hussards (un détachement).
Le 21 octobre 1799, la Division Laboissière établit la 18e Légère, à Ovada ; la 14e de Ligne, à Ponzone, où elle est venue de Calissano ; la 21e, sous Serravalle ; la 24e, en avant de Gavi et à Monte Rotondo ; le 6e Hussards, fort de 93 hommes, à Gavi. Comme Championnet a ordonné à Saint-Cyr de se préparer à attaquer les troupes de Karaczay, placées dans la plaine de Novi, Laboissière va former l'avant-garde et sera appuyé par les Divisions Dombrowsky et Watrin. On lui a donné toute la cavalerie dont on dispose, c'est-à-dire 98 hommes du 16e Dragons, 57 du 19e, 44 du 7e Chasseurs, et 47 du 25e ; ce qui, joint aux 93 hommes du 6e Hussards, forme un total de 339 cavaliers (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 101).
- Combat de Bosco, 24 octobre 1799.
Les mouvements que nous venons de relater n'ont aucune influence sur le développement du siège de Coni, seule place qui nous reste en Italie. Championnet, dans l'intention de la secourir avant la mauvaise saison, fait converger ses troupes dans cette direction. La Division Laboissière, formée en 2 colonnes, commence le mouvement le 23 octobre. La colonne de droite, sous sa conduite et composée des 21e et 68e Demi-brigades et des 16e et 19e Dragons, se rassemble à Novi; celle de gauche, aux ordres du Général Quesnel, avec la 18e Légère, les 14e et 24e de Ligne, le 6e Hussards et 2 pièces se réunit à Pasturana où la 24e arrive dans la soirée.
A 1 heure du matin, la Division se met en route pour Bosco qu'elle atteint après 5 heures de marche sous une pluie affreuse et se trouve en contact avec l'ennemi en mouvement pour nous attaquer. La 18e Légère entamE immédiatement le combat, ayant derrière elle et un peu sur sa gauche le 1er Bataillon de la 24e et à sa droite la 14e Demi-brigade; le 2e Bataillon de la 24e en arrière, en réserve. L'ennemi nous fait face avec 6 pièces et de la cavalerie.
L'affaire s'engage violemment dès le début; pendant que la cavalerie autrichienne manoeuvre sur nos derrières, le Général Karaczay, profitant d'un terrain très couvert, cherche à envelopper notre gauche. Quatre Compagnies du 2e Bataillon, se portant à sa rencontre, le culbutent et entrainent toute notre aile gauche en avant, à l'assaut de Bosco.
Après deux heures de lutte, la Division Laboissière est ramenée, et ne recevant aucun renfort se retire successivement jusqu'à Personara où elle passe en réserve.
Le reste du Corps de Saint-Cyr arrive enfin, se précipite sur l'ennemi qu'il tourne en partie sur son aile gauche et parvient à s'emparer des retranchements en rejetant les Autrichiens sur Alexandrie, dans le plus grand désordre. Mille prisonniers et 3 pièces sont les trophées de cette victoire qui ne coûte que 99 hommes à la 24e.
A la suite de cette affaire, les troupes vivent pendant quelques jours sur le pays et se bornent à l'investissement de Serravalle, les routes étant devenues impraticables par suite des pluies torrentielles des jours derniers.
La 24e Demi-brigade, à l'effectif de 1394 hommes, occupe Bosco jusqu'au 1er novembre.
Les crues des cours d'eau rendent impossible une attaque projetée par le Géneral Kray, dont les troupes viennent d'être renforcées et qui ont une supériorité numérique très notable.
Blessé à ce combat, le Caporal Raffy, de la Demi-brigade, apprenant que son Chef de Bataillon est au pouvoir de l'ennemi, et sans s'inquiéter du nombre des adversaires, se précipite dans leurs rangs, s'ouvrit un passage et pénétra jusqu'à son chef, qu'il arrache des mains des Autrichiens. Il le dépose dans une barque, sur le canal de Milan, et le ramena à Bosco. Raffy recevra un fusil d'honneur, le 18 avril 1800, pour ses services pendant les campagnes de 1792 à 1799.
Le 2 Brumaire an 8 (24 octobre 1799), le Chef de Brigade Gond, Chef de Brigade de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Antibes, au Général en chef Championnet, commandant l’Armée d’Italie : "J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen général, que le deux messidor dernier, j’ai été promu par le général Moreau votre prédécesseur, au grade de chef de brigade à la 24e, comme vous le verrez par la copie que je vous envoie ci-joint. Aujourd’hui, j’apprends par le citoyen Guiguet qu’il est définitivement nommé titulaire de ce corps qu’il commande à mon absence. Je vous prie, citoyen général, d’avoir la bonté de me faire savoir votre décision à ce sujet. Cependant, je vous expose que j’ai toujours fait partie du corps, l’ai presque toujours commandé sous les dénominations de 206e, 5e et 24e demi-brigades, notamment aux époques des embrigadements ou doublements ; enfin, j’ai eu le commandement la majeur partie du temps des campagnes du Rhin et de celle actuelle où j’ai été forcé de m’en éloigner pour des causes très légitimes, une blessure le 16 germinal dernier et l’autre le 2 messidor même année, dont je ne suis pas encore rétabli par la maladie qui en est la suite. Voilà le seul moment que je me vois absent du corps depuis la guerre actuelle. Du moment que ma santé sera rétablie, je ne perdrai pas un instant pour rejoindre, d’après ce que vous aurez prononcé ; pour cela j’attendrai votre réponse au dépôt de la demi-brigade qui est à Antibes maintenant" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 2 Brumaire an 8 (24 octobre 1799), le Chef de Brigade Gond, Chef de Brigade de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Antibes, au Citoyen Guignet, Chef de Brigade commandant la 24e : "J’ai reçu, citoyen commandant, votre lettre du 22 du mois de vendémiaire dernier, par laquelle vous m’annoncez que vous êtes chef titulaire de le 24e ; je vous en fait mon compliment et vous remercie de la complaisance que vous avez eu de m’écrire pour me prévenir, afin de m’éviter la peine de faire le voyage, quoique je ne me serais pas exposé à me mettre en route sans être parfaitement rétabli, vu la position où je me trouve maintenant. On parle de me faire rouvrir ma plaie pour une nouvelle suppuration qui veut s’y former. Voilà la douce consolation que me donne le conseil de santé, disant que cela peut être utile à dissiper l’enflure. Donc je suis attaqué, comme vous le verrez par le certificat que je vous envoie ci-joint. J’ai cru devoir vous envoyer cette pièce pour que le conseil d’administration puisse rendre compte au général en chef du motif de mon absence. Je compte passer le temps au dépôt qui m’est fixé par les officiers de santé, à moins que le général n’en décide autrement. Je me ferai toujours un devoir de suivre ses intentions. Je partirai un de ces jours pour me rendre à Nice, pour parler au général Ernouf pour les effets que vous demandez pour les besoins urgents qu’a la demi-brigade ; je ne pourrai peut-être pas voir le commissaire Aubermon vu que je le crois au quartier général près Coni ; il a passé ici il y a quelques jours et a reparti de suite.
Vous devez dans ce moment avoir reçu un détachement de 26 hommes, commandés par le citoyen Duclos, capitaine des grenadiers, qui est parti le 16 du mois dernier avec le citoyen Commelin, capitaine. J’espère que sous quelques jours, il en partira un autre du dépôt pour rejoindre le corps. Mais il faut pour cela qu’il arrive un bataillon que le général attend depuis longtemps, qui doit servir à relever tous les dépôts qui sont en cette place. Sans cela, le général ne peut ordonner leur départ. D’ailleurs, on ne vous enverra pas des hommes sans être armés et habillés ; voilà encore ce qui pourra occasionner du retard pour faire rejoindre tous les soldats dans le cas de faire la guerre" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 11 Brumaire an 8 (2 novembre 1799), le Chef de Brigade Gond, Chef de Brigade de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Antibes, au Citoyen Guignet, Chef de Brigade commandant la 24e : "Conformément à votre lettre, citoyen chef, je me suis présenté chez les citoyens Ernouf inspecteur de l’infanterie, et Oberman, commissaire ordonnateur en chef de l’armée, pour obtenir les effets d’habillement pour la demi-brigade ; ils m’ont répondu l’un et l’autre que dans ce moment, il était impossible d’en recevoir, vu qu’il n’en existe point en magasin à Nice. Le peu qui s’y trouve a été distribué à des conscrits et à la 35e Demi-brigade qui revient de l’armée. Il ne se trouve non plus ni effets de campement, ni souliers ; on les a tous envoyés à Coni dernièrement, au nombre de six mille paires ; le commissaire Aubermon m’a dit que pour en recevoir, il fallait à Gènes pour cela ; tant qu’aux habits, il en attend la confection de vingt cinq milles qui se font à Marseille. Lorsqu’ils lui seront envoyés, il en fera la répartition à chaque corps, d’après les états qui sont envoyés à l’inspecteur général ; j’ai vu le vôtre, chez le citoyen Ernouf, qui doit être envoyé chez le citoyen Vignolle, général de division, que l’inspecteur charge de l’enregistrement, et même de la partie d’inspection qui le concerne ; j’en ai parlé à ce général afin que nous ne soyons pas oubliés. Vous avez sans doute connaissance que les malles des officiers sont à Coni avec le citoyen Tribout, capitaine d’habillement de la demi-brigade à l’époque de la retraite de la République cisalpine. Je lui ai écrit le 14 de Vendémiaire dernier pour le faire rejoindre à Antibes au dépôt avec tous ces équipages ; il doit avoir un peu de drap bleu et écarlate avec un peu de doublure pour faire confectionner quelques habits qui pourraient servir à vêtir quelques malheureux qui sont nus ; je crois qu’il serai utile d’en parler au général en chef pour donner ses ordres en conséquence. J’ai déjà écrit au général Bernier, commandant la forteresse de Coni ; il ne m’a pas fait de réponse, mais le citoyen Tribout me répond que dans ce moment, le général ne pouvait pas le faire partir. Cependant, si c’est par faute de transport, je un moyen bien facile pour cela. On peut profiter des retours des convois de munitions qui partent tous les jours de Nice pour s’y rendre. Dernièrement, la femme d’un officier nommé Ponge que son mari est mort à Mantoue de la suite d’une blessure, a parti pour chercher sa malle à Coni. Elle a profité de cette occasion qui a très bien réussi" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
- Combat de Pasturana, 6 novembre 1799.
Saint-Cyr n'en doit pas moins se replier sur les hauteurs de Novi; la position est avantageuse, le déploiement de l'ennemi ne pouvant se faire que très difficilement.
Mnlgré tout, le Général Kray fait attaquer le Corps français à Pasturana. Les colonnes antrichiennes abordent nos lignes au pas de charge; notre gauche et la Division Laboissière où est la 24e cédent du terrain pour les laisser s'engager sur le plaleau où Saint-Cyr a décidé de les attendre ; au moment où les Autrichiens achèvent leur déploiement, le feu de nos 4 pièces s'ouvre tout à coup et toute la ligne s'ébranle au pas de charge.
Bousculés sur tout leur front, les Autrichiens sont ramenés sans avoir même eu le temps de se reconnaitre. De là, ils s'enfuient en désordre entre les routes de Bosco et d'Alexandrie, laissant sur le terrain 2,000 morts ou blessés, autant de prisonsonniers et 4 canons.
La 24e perd 54 hommes mis hors de combat dans cette journée.
Après cet avantage, Saint-Cyr se retire sur les hauteurs en avant de Novi et détache, dans la vallée de la Bormida, 4,000 hommes au nombre desquels sont les 2 Bataillons de la 24e qui ont, de nouveau, chassé les Autrichiens d'Acqui.
Les pluies et la fatigue excessive de ses troupes empèchent Mélas de profiter du succès qu'il vient de remporter à Genola (4 novembre), mais le 10 novembre il recommence ses opérations. L'armée française, trop faible pour compter sur un succès, se retire sur ses anciennes positions.
Coni capitule après une belle résistance et la chute de cette place met fin aux hostilités au centre et à gauche de l'armée française; elles se prolongent encore quelques jours sur notre droite où Saint-Cyr est contraint à se replier et à revenir à Campo-Freddo et à la Bochetta.
L'armée française en est réduite à défendre les pasages des Alpes et des Apennins et ne compte plus que 38,000 combattants, oubliés sur les rochers arides où ils grelottent sous les atteintes de la pluie et du froid, sans solde, sans pain, sans bois même pour les feux de bivouac.
La maladie ne tarde pas à s'ajouter à tant de maux et frappe les soldats que les balles et la mitraille n'ont pu terrasser.
C'est par centaines que ces malheureux périssent chaque jour; Championnet lui-même qui, jusqu'à la fin, a essayé de ranimer les courages chancelants est atteint pae l'épidémie et meurt à Nice.
C'est le dernier coup pour l'armée; les désertions sont nombreuses et il faut toute l'énergie du Général Marbot pour les empêcher de se produire en masse.
A la fin de l'année 1799, un grand événement se produit en France et place Bonaparte à la tête du gouvernement.
Dans une lettre de l'Administration centrale du Var au Ministre de la guerre, datée du 16 janvier 1800, on lit que "La 24e de bataille et la 18e légère ont déserté de l'armée d'Italie où elles étaient placées du côté de Savone..... 1200 hommes sans officiers, mais en bon ordre, sont arrivés à Draguignan. Ils disent à haute voix qu'ils sont prêts à retourner si on veut les payer, les habiller et les nourrir" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1800, t.1, p. 8).
Le 11 février 1800 (22 Pluviôse an VIII) et/ou le 14 février 1800 (25 pluviôse an VIII), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Faites-moi connaître où sont les troisièmes bataillons des 7e, 8e, 16e, 17e légères, des 24e, 72e, 68e et 93e de ligne ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1156 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 4963; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 4982).
A peine au pouvoir, le Premier Consul envoie des secours à l'Armée d'Italie et lui donne pour chef le vainqueur de Zurich. Masséna, en se rendant à Gênes par Lyon et Marseille, rencontre sur toute sa route de véritables Bataillons de déserteurs demandant aux habitants des vivres et des vêtements.
Il profite du voisinage de la 23e Légère et de quelques autres troupes pour faire rentrer dans le devoir la Division Miollis et toute la Division Lemoine composée des 18e Légère, 21e et 24e de Ligne qui, rebutées par l'excès des privations qu'elles ont éprouvées, ont déserté l'armée. La 24e est désarmée à Draguignan : son drapeau lui est retiré, déposé à Antibes et ne lui est rendu qu'après le blocus de Gênes, en récompense de sa belle conduite pendant le siège.
Ces mesures rigoureuses arrêtent la désagrégation de l'armée et ramènent la confiance.
/ 1800
Enfermée bientôt dans Gênes, sous les ordres de Masséna, la 24e y supporte, sans défaillance, des privations qui défient tout récit, les horreurs d'un effroyable bombardement et les fatigues d'un service de tous les instants, de jour et de nuit.
Les approvisionnements apportés par Masséna sont bien vite consommés; on ne reçoit plus rien, car les ravitaillements par mer sont empêchés par les gros temps et le blocus des flottes ennemies, et le pays, déjà si pauvre par lui-même, est épuisé.
Pourtant, il ne se tire pas un coup de fusil autour de Gênes pendant ce long siège de six mois, sans que la 24e s'y trouve.
Au commencement de mars, Mélas commence à faire des démonstrations sur l'Apennin; le 6, la 24e a une petite affaire aux avant-postes et perd 6 hommes.
Les 17 et 18 mars 1800 (27 et 28 Ventôse : il y une incohérence dans la conversion : soit il s'agit des 18 et 19 mars, soit il s'agit des 26 et 27e Ventôse), le Général Soult écrit au Général en chef : "Du compte que m'a rendu l'adjudant général Degiovani sur la tenue des hôpitaux de Gènes et de Saint-Pierre d'Arena , il résulte, mon cher général, que les militaires qui s'y trouvent sont fort mal soignés; souvent, à trois heures après-midi, la distribution du matin n'est pas encore faite, ni à minuit, celle du soir ; les aliments y sont mal préparés; on y manque d'infirmiers, et dans l'hôpital n° 1, plus de cent cinquante malades sont couchés par terre, sur de mauvaises paillasses pourries, où ils sont entassés les uns sur les autres ! Peut-on laisser, dans un abandon aussi absolu, des malheureux pour qui l'humanité réclame !! Pour y remédier, j'ai ordonné, etc ...
A Savone, les hôpitaux sont dans un état encore plus pitoyable. Le service paraît y être abandonné, et les malades, qui s'y trouvent, y périssent en quantité, victimes malheureuses de l'insouciance et de la cupidité de ceux qui, par devoir, sont chargés d'en avoir soin ! Le général Marbot a été obligé d'employer la force, pour faire enlever quelques médicaments chez les apothicaires de la ville, car il n'en existe pas à l'hôpital; il a dû, enfin, répartir plusieurs malades chez les habitants ; il n'y a rien pour les coucher, point de poterie pour faire cuire les aliments; il n'y avait point de viande pour les malades, hier ni aujourd'hui; le bois manque toujours. Je l'ai dit plus haut, tout est dans l'abandon ... Votre armée se fond, mon cher général, j'en ai le cœur navré ; les maladies font des ravages terribles dans la 1re division. Quand donc cessera tant de misère ? ... Il n'y a pas un seul transport à la 3e division, ni de fourrage nulle part. L'énumération de nos maux serait bien grande. Vous connaissez nos moyens.
Le général Miollis me rend compte qu'une maladie terrible règne parmi ses troupes; quantité de soldats entrent journellement aux hôpitaux, et plusieurs même périssent avant d'y parvenir; on en trouve beaucoup sur les routes, qui ont succombé de faiblesse. On en a tait examiner la cause : c'est un abattement extrême, avec délire. La 24e demi-brigade est principalement attaquée de cette maladie. Que de maux, qui accablent votre pauvre armée auraient été évités, si chacun avait fait son devoir ! ..." (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 26).
Dans son Rapport au Général en Chef daté du 30 mars (10 Germinal – incohérence dans la conversion de date; il s'agit soit du 31 mars, soit du 9 Germinal), le Général Soult écrit : "Les maladies font toujours les plus grands ravages, mon cher général. La 24e demi-brigade ne peut plus soutenir le service; il ne lui reste que huit cents hommes presque tous convalescents ; le 3e de ligne et la 3e légère sont à peu près dans le même cas ; enfin, tous les corps employés à l'aile droite perdent considérablement de monde ; je reçois à cet égard et de tous côtés, les rapports les plus alarmants. Ajoutez à cela, que la désertion continue toujours. Les privations continuelles que le soldat éprouve, en sont la seule cause. Les comptes qu'on vous rend à Gênes sont inexacts. Quel tableau ! il me déchire l'âme. J'écris au général Miollis de faire relever la 24e par la 106e ; au général Gazan de faire relever la 3e de ligne par la 2e; je n'ai pas le moyen de faire relever la 78e de ligne ; pourtant elle en aurait grand besoin, ainsi que la garnison de Gavi qui, depuis onze mois, est enfermée dans le fort où l'on m'annonce que le scorbut commence à se manifester" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 28).
Il ne se fait rien d'important jusqu'en avril.
En avril 1800, l'armée est tellement réduite que Masséna est forcé de la réorganiser pour établir une proportion logique entre les cadres et les soldats.
Soult prend l'aile droite composée de 18,000 hommes; Suchet tient le centre avec 12,000 hommes et Thurreau l'aile gauche avec 6,500 hommes. Quant à la 24e, réduite à 800 hommes, elle fait partie de la Brigade Petitot, Division Miollis, du Corps Soult.
Commandant de l'Aile droite : Général Soult.
1ère Division : Général Miollis - Généraux de Brigade : Darnaud et Petitot.
8e Demi-brigade légère; 24e de Ligne (800 hommes établis à Torriglia et à Scoféra); 74e Deni-brigade de Ligne (1100 hommes); 106e de Ligne (1700 hommes).
2e Division : Général Gazan.
3e Division : Général Marbot.
La Division Miollis occupe la ligne de Roca à Torriglia; les deux autres Divisions du Corps gardent la Bochetta. Il entre dans les vues du Premier Consul que l'Armée d'Italie reste sur la défensive; elle demeure donc dans ses positions. Les forces physiques de nos troupes ne leur permettent d'ailleurs pas de mener une campagne active.
Tout à coup, le 6 avril, et sans que Masséna ait été prévenu des mouvements de l'Armée autrichienne, toute notre ligne est assaillie à l'improviste depuis Nervi jusqu'à Montenotte et San Giaccomo.
- Premier combat de MonteFaccio ou de Torriglia, 8 avril 1800.
La 1ère Brigade de Miollis abandonne le Monte-Faccio et se replie. Du côté de Scoféra et de Torriglia, l'attaque est également très vive ; le Général Petitot, qui y commande, défend de son mieux la position, mais le Monte-Faccio étant tombé au pouvoir de l'ennemi, la Brigade, compromise et accablée par le nombre, est obligée de se retirer sur Prato et Bisagno, protégée dans sa retraite par la 24e. Le Général Petitot ayant été blessé dans cette retraite, est remplacé par le Chef de brigade Gand de la 24e, mais il revient bientôt, ne voulant pas quitter la Brigade malgré sa blessure.
La 24e perd 12 Officiers et 150 soldats tués ou blessés. Le Lieutenant de Grenadiers Guimond est mis à l'ordre du jour. Il a reçu une blessure dangereuse.
A peine Masséna est-il instruit de ce qui vient de se passer, qu'il écrit au Général Miollis cette lettre laconique : "Général, il faut que demain le Monte-Faccio soit repris. Masséna".
- Deuxième combat de Monte-Faccio, 7 avri1 1800.
Le lendemain, 7 avril, le Monte-Faccio est repris.
Le Général en chef se met lui-même à la tête de la Division Miollis. La Brigade Petitot renforcée par la 92e de Ligne, tourne la position par le Bisagno pendant que Miollis attaque du côté de Parisonne avec 2 Bataillons et Darnaud, du côté de Quinto, avec 2,500 hommes.
Masséna suit avec une réserve de 800 hommes. Ces dispositions sont couronnées d'un plein succès ; la première ligne autrichienne est rejetée sur la deuxième qui se hâte de se retirer sans qu'on lui permette de se réorganiser; pendant ce temps, Petitot gagne du terrain sur le flanc droit ennemi et arrive dans la journée à Carpanadigo, ayant tout refoulé devant lui.
Nous avons ainsi reconquis le terrain perdu le 6 et nous avons fait 1500 prisonniers; la 24e a la gloire de s'emparer du Baron d'Aspres, qui a dirigé la défense du Monte-Faccio.
- Blocus de Gênes.
Masséna, sentant que Gênes ne tardera pas à être bloquée par les trop nombreux Bataillons du Général Mélas, pourvoit à la défense de la place dont il confie la garde à Miollis. Les 5e et 8e Légères et les 2e, 44e, 41e, 55e, 73e, 74e et 106e de Ligne qui doivent composer la garnison, forment deux Divisions et s'établissent sur la ligne de la Stura. Les positions des Deux-Frères, de Pontedecimo el de Sestri sont confiées à la 24e Demi-brigade. Un second Corps commandé par Suchet est destiné à tenir la campagne. Ce Corps ne cesse pas de harceler l'ennemi et de lui livrer une multitude de combats dont la plupart sont heureux.
- Combats de Torriglia, la Bochetta et St-Martin d'Albano, 8-14 avril 1800.
Dans le courant d'avril, pondant que ce dernier Corps opère dans les environs de Gênes, Miollis doit combattre presque chaque jour sous le canon de la place; les affaires se succèdent.
Celle de Torriglia d'abord. Puis celle de la Bochetta le 11 avril 1800, où la 24e prend une glorieuse; les Autrichiens sont refoulés en désordre.
Au combat de Saint-Martin d'Albano, le 14 avril 1800, livré aux Autrichiens par le Général Miollis, la 24e Demi-brigade est mise à l'ordre de l'armée pour sa bravoure, et les Sergents Dazier et Migy méritent leur mention spéciale dans le Rapport du Général.
- Combat de Monte-Croce (17 avril 1800).
Le 17, une attaque entre les forts du Diamant et Richelieu, renouvelée trois fois, est trois fois repoussée par l'Adjudant général Ottavi, qui finit par enlever la position de Monte-Croce, où il fait 50 prisonniers. La 24e a prit par à cette action.
Cependant le blocus se resserre de jour en jour, et le 19 avril, on abandonne les postes extérieurs les plus éloignés pour se retirer derrière la Sturia et se rapproche du fort l'Eperon.
- Combat du 30 avril
Le 30 avril 1800 a lieu le combat dit des Deux-Frères. A deux heures du matin, la position très importante des Deux-Frères est attaquée très vivement; la ligne du Ponant l'est aussi par les chaloupes canonnières. Il en est de même à la position du Levant. La supériorité du nombre et la soudaineté de l'attaque sont telles que plusieurs postes retranchés sont enlevés. Le fort de Quezzi est pris, celui de Richelieu bloqué et celui de Saint-Martin-d'Albano pressé très vivement. Masséna accourt, fait cesser les tirailleries, reforme les Bataillons, les ramène au combat et arrête l'ennemi. Cependant, celui-ci s'est emparé de la position des Deux-Frères et 400 Autrichiens passent la Polcevera, à la droite de Saint-Pierre, refoulent un Bataillon français et pénètrent dans le village jusqu'à la croisée des chemins; mais bientôt, chargés à la baïonnette, ils sont rejetés de l'autre côté de la rivière. La 24e Demi-brigade, chargée d'occuper le revers de la montagne où se trouve le fort de l'Éperon, est attaquée dans sa position ; mais après deux heures d'un combat très vif, l'ennemi est culbuté avec perte de 50 prisonniers. Vers deux heures de l'après-midi, les Autrichiens sont repoussés sur toute la ligne, mais ils tiennent toujours aux Deux-Frères, d'où ils menacent Madona del Monte et Albaro. Ce dernier point est le seul d'où il est possible de bombarder la place. Masséna décide de les chasser de leur position. Il lance Soult directement et charge Miollis avec la 24e Demi-brigade de tourner par un autre point La lutte recommence, plus terrible que jamais. Masséna interdit de tirer inutilement et fait aborder partout l'ennemi à la baïonnette. Auprès du fort de Quezzi, on lutte corps à corps, à la baïonnette, à coups de pierres, à coups de crosse de fusil. Enfin, les Autrichiens sont vaincus et le fort de Quezzi tombe aux mains de la 24e pendant que Soult s'empare de la position des Deux-Frères. Cette journée, une de plus glorieuses du blocus pour les armes françaises et dans laquelle les Autrichiens ont engagé 25,000 hommes, ooûte à l'ennemi 4,000 hommes, dont 1600 prisonniers.
Le soldat Ancel, de la 24e, entouré d'ennemis et sommé de se rendre, se défend avec tant de valeur et de vivacité qu'il parvient à se dégager et ramène 3 prisonniers.
La leçon que l'ennemi a reçue le 30, le dégoûte pour quelque temps d'entreprises de cette nature; aussi, n'y a t'il plus jusqu'au 11 mai, que des escarmouches aux avant-postes.
- Troisième combat du Monte-Faccio, 11 mai 1800
Le 11 mai 1800, c'est le combat de Monte-Faccio. Le Général Masséna apprend que Mélas a distrait 10,000 hommes du corps de blocus et s'est dirigé, avec ce détachement, sur le Piémont; il prend la résolution de faire une sortie pour affaiblir l'ennemi et l'obliger à rappeler, sous Gênes, les Corps qui en sont partis. Un avis qui lui fait savoir que le 11 le Général Ott doit tirer sur toute la ligne pour célébrer une victoire remportée sur le Corps de Suchet, décide complètement Masséna.
Miollis, avec les 62e, 74e et 78e Demi-brigades, est chargé d'attaquer de front le Monte-Faccio; le Général Soult, ayant sous ses ordres la 25e Légère et les 2e, 3e et 24e de Ligne, reçoit pour mission de tourner cette position et d'envelopper les troupes de la défense.
La 106e forme la réserve du Corps Miollis, tandis que les 92e et 97e, destinées à une fausse attaque, se portent en avant du Diamant, pour occuper l'ennemi dans cette partie.
L'attaque de front, dirigée par Gauthier, Reille et Miollis, réussit au premier moment; mais les Autrichiens, ayant fait avancer de fortes réserves, les colonnes d'attaque se replient sur la Sturia. Pendant ce temps, Soult manoeuvre en arrière; 1e Général Darnaud, à l'avant-garde, avec la 25e Légère et la 24e de Ligne, très affaiblies par de nombreux détachements et par les combats précédents, et réduites à 400 hommes, balaie tous les avant-postes autrichiens de Bisantino, Olmo, Prato, Ollivetto et Cassolo, et passe le Bisagno, en ce point. Il pousse ensuite jusqu'à l'embranchement des chemins de Torriglia et de Capanardigo, où il empêche l'ennemi de se rallier. Puis, toujours en combattant, il escalade les pentes del Becco et coupe le chemin de Sori. Pendant ce trajet, il fait 600 prisonniers au Régiment de Jordis et aux Chasseurs de Brentano; les difficultés de la marche sont telles que, pour franchir un ravin profond et escarpé, le Général est obligé de faire passer toute sa troupe sur une seule échelle et sous un feu meurtrier. A peine a t-il 50 hommes de l'autre côté, qu'il ordonne la charge et fait 500 prisonniers, parmi lesquels 1 Colonel, 1 Lieutenant-colonel et 2 Majors.
L'ennemi, s'apercevant avec terreur que les chemins de retraite sont coupés, cherche à se frayer un passage dans un ravin fort étroit, dont les bords sont à pic; les soldats de la 24e y font rouler d'énormes pierres, qui mettent obstacle au passage.
Cependant, Darnaud est éloigné des autres troupes; il est assailli par des forces supérieures; n'ayant, pour soutenir l'attaque, que des hommes épuisés par les privations et la fatigue. Sa position devient critique; il résiste néanmoins pendant deux heures, jusqu'au moment où il est secouru par 1 Bataillon de la 2e de Ligne, amené par le Général Poinsot.
Soult, qui vient d'arriver, donne un nouvel élan à nos soldats. La 2e de Ligne se forme en colonne serrée avec les Grenadiers et se jette de front sur les Autrichiens, que la 25e Légère attaque à gauche et la 24e à droite. Plus de 800 de ces malheureux sont précipités du haut des rochers; presque tout le reste est pris dans les retranchements du Monte-Faccio.
La 24e Demi-brigade perd, au cours de cette affaire, 4 Officiers et 52 soldats.
On profite du succès pour réquisitionner quelques provisions aux alentours; la 24e ramène de Nervi des vivres et 2 canons, et l'on rentre à Gènes avec 1500 prisonniers. Dans son Rapport, le Général Darnaud décerne les plus grands éloges à la 25e Légère et à la 24e de Ligne.
C'est dans ce combat qu'a lieu le trait suivant, raconté par Masséna : lors de la désertion d'une partie de l'armée, la 25e légère avait été appelée à désarmer la 24e; il résulta de ce fait, entre les deux Corps, une profonde inimitié, qui se traduisit par des duels et des rixes. Mais, à Monte-Faccio, les deux Corps rivalisèrent tellement de courage et de dévouement, que les soldats, pleins d'estime les uns pour les autres, s'embrassèrent spontanément sous le feu de l'ennemi. Puis, pour rendre la réconciliation plus éclatante, une partie de la 25e passa dans la 24e, et une partie de celle-ci dans la 25e, et les deux Corps reprirent le combat jusqu'au soir.
Dans ses Mémoires, Soult raconte : "… le 20 (10 mai), le général Ott, commandant le blocus, prévint le général Masséna que son armée, ainsi que l'escadre, allaient exécuter une salve générale, pour célébrer une victoire remportée sur le lieutenant général Suchet. En effet, nous entendîmes un feu roulant d'artillerie, sur terre et sur mer, accompagné de décharges de mousqueterie et de fanfares de musique.
L'importance que les ennemis parurent attacher à cette nouvelle nous fit juger qu'elle était suspecte, et que c'était une ruse pour nous intimider ...
Pleins de ces idées, nous jugeâmes, le général Masséna et moi, que la circonstance du succès, dont les ennemis se réjouissaient, pouvait leur inspirer de la sécurité et nous servir à prendre notre revanche. Nous arrêtâmes d'aller, jusque dans leur camp, chercher des approvisionnements, pour gagner encore quelques jours. La faim nous pressait d'agir, et, en différant, nous devions craindre que nos forces affaiblies ne manquassent entièrement. Nous fixâmes la première attaque au lendemain. Je proposai au général Masséna d'aller moi-même enlever le camp autrichien qui était sur le Monte Fascio, pendant qu'il ferait passer la Sturla au général Miollis, pour attaquer les ennemis au Monte Parisone. Il dirigerait ensuite cette division sur le point que j'allais attaquer, et, en même temps, une autre colonne, conduite par l'adjudant général Reille, irait prendre position en avant du Monte Ratti.
Ces dispositions ainsi réglées, le 21 floréal (11 mai) à cinq heures du matin, je réunis sur les glacis de la porte romaine deux mille cinq cents hommes des 25e légère, 2e, 3e et 4e (il faut lire 24e) de ligne, aux ordres des généraux d'Arnaud et Poinsot, ainsi que la 78e de ligne, commandée par l'adjudant général Gauthier. Après avoir forcé la ligne des postes autrichiens, nous partîmes pour remonter la vallée du Bisagno. Je dirigeai l'adjudant général Gauthier sur Bavari, où était un camp ennemi, en lui enjoignant de se mettre à sa place et d'y rester; il y réussit. Je continuai mon mouvement par Bisantino, Olmo, Prato, Olivetto et Cassolo, où je passai la rivière, ralliai ma troupe et lui fis prendre du repos, hors de la vue du camp ennemi de Monte-Creto, devant lequel un de mes détachements se présentait, seulement pour le reconnaître.
A droite, on avait attendu que je fusse en pleine marche, pour commencer le mouvement. Le général Miollis enleva d'abord les premières positions des ennemis sur le Monte-Parisone, et poussa sa pointe jusqu'au pied du Monte-Fascio; mais chargé à son tour avec beaucoup de vigueur, il fut rejeté sur la Sturla. La réserve protégea son ralliement à Saint-Martin d'Al haro, et le général Massénalui fit reprendre ses postes du matin, pour mettre sa troupe en état de me seconder, si cela devait être nécessaire.
Mon feu avait cessé, et toute communication avec Gênes m'était interceptée. Les ennemis, en repoussant le général Miollis, avaient aussi replacé leurs postes dans le Bisagno ; j'en étais peu inquiet; je voulais me faire oublier en avant du pont de Cassolo, et j'y restai tranquille, pendant quelques heures, en gardant l'embranchement des chemins qui conduisent-à Torriglia, à Campanardigo et à Savignone. Quand ma troupe fut reposée, je la remis en mouvement par Terrassa. Arrivé à hauteur de Campanardigo, un détachement autrichien vint me reconnaitre; je le fis enlever. Derrière lui, j'aperçus une colonne qui se rendait du Monte-Fascio au Monte-Cornua ; je pressai ma marche, pour la prévenir à une position intermédiaire; mais il fallait gravir un terrain hérissé de rochers et coupé par d'affreux précipices; nous les franchîmes, au moyen d'échelles que nous portions. Parvenu au-delà, je donnai ordre au général d'Arnaud d'attaquer, avec cent hommes de la 25e légère, les premiers pelotons qui se formaient déjà sur la hauteur au-dessus de lui. Il n'est pas possible de montrer plus d'intelligence, ni de bravoure, que le général d'Arnaud n'en déploya. Les Autrichiens étonnés , sont enfoncés, et nous restons maîtres de cette importante position, où nous coupions, aux troupes du Monte-Fascio, la retraite sur Torriglia et sur le camp du Monte-Cornua.
Le début était encourageant; mais le plus difficile nous restait à faire, et j'allais m'engager de plus en plus. La division autrichienne du Monte-Fascio, qui, le matin, avait repoussé le général Miollis, se voyant perdue, si elle ne m'arrêtait, se hâta de se réunir. Je me ralliai aussi, et quand je me remis en marche, les ennemis s'étaient déjà ébranlés pour m'attaquer. Les deux colonnes s'arrêtèrent à cinquante pas l'une de l'autre, également étonnées de se voir de si près, et prêtes à s'aborder. Le général de Gotterheim, qui commandait la colonne ennemie, lança sur mes flancs, dans les bois et à travers les ravins, des détachements pour m'envelopper. Il secondait mes désirs, en affaiblissant ainsi son centre. Je le laissai faire ; et, le voyant dégarni, je lui envoyai le chef de brigade Godinot en parlementaire, pour le sommer de faire mettre bas les armes à sa troupe, sinon elle serait passée au fil de l'épée; ce langage était nouveau pour lui, et il refusa avec hauteur, comme je m'y attendais. Je renouvelai alors à mes soldats la défense que je leur avais faite aux Deux-Frères, de tirer, et j'ordonnai la charge à la baïonnette. Nous eûmes bientôt franchi, au pas de charge, le court espace qui nous séparait; le choc fut si rude, que les ennemis ne purent le soutenir; un grand nombre périt sous nos coups; d'autres trouvèrent la mort, en se jetant dans les précipices. Une partie voulut regagner le camp, au somrnet du Monte-Fascio ; mais notre feu, commençant alors, les empêcha de s'y rallier; le camp fut emporté, le combat cessa, et je m'arrêtai pour recueillir les prisonniers, pendant que mes braves soldats se partageaient les vivres abandonnés par l'ennemi, dans sa fuite.
Je restai une heure sur le Monte-Fascio, où je fis briser plus de trois mille fusils, que nous ne pouvions emporter. J'y ramassai seize cents prisonniers, et je fis partir le général d'Arnaud pour Nervi, afin d'enlever ]es établissements ennemis qui s'y trouvaient, et de prendre en route les détachements autrichiens qui s'étaient égarés. J'envoyai aussi une colonne au Monte-Parisone, et je repartis pour Gênes, un peu avant la nuit. Le général d'Arnaud compléta la victoire, en prenant, à Nervi, deux pièces de canon, beaucoup de munitions, de nouveaux prisonniers et un peu de vivres. Il y fut joint par un détachement que le général en chef fit partir d'Albaro.
D'après les rapports qui nous parvinrent, la perte des ennemis, dans la journée du 21 floréal, fut de quatre mille hommes, dont deux mille prisonniers de guerre, et les autres tués, blessés ou égarés. Le général de Gotterheim se sauva presque seul quand, il vit l'entière défaite de sa troupe. De mon côté, je n'eus que quatre-vingts hommes hors de combat. Nous ne pouvions répondre avec plus d'éclat ni d'une manière plus prompte à la nouvelle que le général Ott nous avait donnée, la veille, et il dut être surpris qu'elle eût produit un effet si contraire à ses espérances ...
Ma rentrée à Gênes eut un air de triomphe. Je ne sus répondre aux félicitations qui me furent adressées, qu'en citant les braves qui m'avaient si admirablement secondé, entre autres le général d'Arnaud, l'adjudant général Gauthier, les chefs de brigade Godinot et Perrin, les chefs d'escadrons Soult, mon frère, et Lavilette, l'adjoint Brousse, le lieutenant Mamart, etc. Je rendis aussi compte au général en chef du trait d'héroïsme et d'abnégation qui s'était passé sous mes yeux, à l'attaque du Monte-Fascio, et que l'histoire doit conserver. La 25e demi-brigade légère et la 24e de ligne ne s'étaient pas trouvées à côté l'une de l'autre, depuis que la première avait été chargée de désarmer la seconde, lors de la désertion, à l'intérieur, d'une partie de l'ancienne armée d'Italie. L'impression qui était restée de ce désarmement avait paru si profonde, qu'on s'était cru obligé de tenir éloignés l'un de l'autre ces deux corps, qui rivalisaient de gloire. Mais nous dûmes nous affranchir de cette gêne, quand les pertes journalières eurent sensiblement réduit le nombre des combattants. C'était la première fois que ces demi-brigades étaient rapprochées. Arrivées sur le champ de bataille, la communauté de danger et l'enthousiasme qui les-anime, font abjurer l'inimitié passée; les soldats s'embrassent et confondent leurs rangs, par un mouvement spontané ; rivaux de courage, s'ils ne peuvent se surpasser entre eux, ils veulent combattre et vaincre réunis; j'y consens, et la victoire en est la récompense. On ne cite de pareils traits que dans les armées françaises …" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 110 et suivantes).
Actions d'éclat pendant ce combat :
Tribout, Capitaine, et Prioux, Sous-lieutenant, blessés gravement, restèrent au feu, malgré leurs blessures, et combattirent jusqu'au soir.
Roussel, Fusilier, se débattant dans les rangs ennemis, reçut deux blessures, qui le mirent hors de combat.
Sancré, soldat, fit prisonniers 3 Officiers autrichiens et reçut plus tard, du Premier Consul, un fusil d'honneur pour ce fait d'armes.
Lafolie, Caporal, se précipita sur l'ennemi à la première charge, fit prisonniers plusieurs soldats et 1 Capitaine autrichiens, et ne se désempara pas de sa capture, quoiqu'il fut blessé. A reçu du Premier Consul un brevet et un fusil d'honneur.
Angiboust, Caporal. Attaqué par 3 Offieiers autrichiens, il en tua 2 et fit le troisième prisonnier. Récompensé par le Premier Consul, par le don d'un fusil d'honneur.
Meunier, soldat. A fait plusieurs prisonniers et a été blessé. Devenu plus tard Lieutenant, a eté blessé de nouveau, à Dantzick (9 juin 1813). A reçu un fusil d'honneur.
Pérignon, Sergent. Déjà cité le 6 avril. Secondé par 6 Grenadiers, et après avoir essuyé, à six pas, le feu de 20 Autrichiens ou montagnards révoltés, se précipita sur eux, les dispersa et en tua 1 de sa main. A fait preuve d'une rare intrépidité dans neuf autres affaires. A reçu un fusil d'honneur.
Récusson, fusilier. Chargea l'ennemi vigoureusement et reçut deux blessures. Récompensé par un fusil d'honneur.
- Combat du Monte-Creto, 13 mai 1800
Masséna, voulant profiter de la démoralisation des Autrichiens, se décide à continuer ses excursions pour enlever aux campagnes voisines les dernières ressources qu'elles peuvent encore avoir. Il donne à peine un jour de repos aux troupes, et le 13 il tente un coup de main sur le Monte-Creto, position centrale de l'ennemi, qui commande toutes les autres. Cette action est une des plus énergiques de toute la campagne.
Rien n'est négligé pour assurer le succès d'une opération à laquelle Masséna attache une grande importance.
Malheureusement l'ennemi, qui a compris la haute valeur du Monte-Creto, y a rassemblé des forces considérables. Le Général français ignore cette circonstance.
L'attaque est divisée en deux colonnes : Soult commande celle de droite, où est la 24e, et doit marcher sur le camp ennemi. Celle de gauche, sous les ordres de Gazan, a pour objectif les Quatre-As, défendus par de solides redoutes.
L'avant-garde de Soult attaque à 11 heures du matin; partout l'ennemi cède et la petite colonne, ayant pris deux camps et des retranchements, se présente devant les ouvrages du Monte-Creto. Pendant ce temps la 24e enlève, malgré la plus énergique résistance, la montagne de l'Arpino, et seconde ainsi, en la flanquant, l'attaque principale.
Gazan, de son côté, s'engage à fond, lorsqu'un orage épouvantable éclate subitement et plonge les troupes dans une obscurité telle que les hommes placés à côté les uns des autres ne s'aperçoivent qu'à la lueur des éclairs. Le combat est interrompu, et après un déluge d'environ trois quarts d'heure, chacun se retrouve où l'orage l'a pris; mais tout est mouillé : le terrain est devenu extrêmement glissant; les fusils sont hors d'état de faire feu, et les mouvements rendus fort difficiles; le combat recommence quand même. Les réserves autrichiennes donnent toutes, et l'on s'aborde corps à corps. Soult, qui soutient l'ardeur des nôtres, se multiplie, et la victoire semble à nous quand ce vaillant soldat, atteint d'une balle, s'affaisse, la cuisse fracassée.
C'est le signal de la retraite.
Soult, que nos soldats ne peuvent emporter, reste aux mains de l'ennemi. C'est pour l'armée une perte cruelle, mais les Autrichiens nous laissent 120 prisonniers, parmi lesquels un Colonel, un Major et huit Officiers.
La 24e n'a que cinq hommes atteints.
Dans ses Mémoires, Soult écrit, au sujet de cette attaque du 13 mai : "C'était le dernier effort que, dans notre épuisement, nous pouvions hasarder. On fit tout ce qui était possible pour mettre les troupes en état de le soutenir. Animées de l'espoir d'une nouvelle victoire, et bien disposées, elles se mirent en marche, vers six heures du matin. La colonne dont je pris la direction fut réunie sur les glacis de la porte Romaine ; elle se composait des 3e légère, 2e, 3e, 24e et 62e de ligne, qui, ensemble, formaient à peu près deux mille quatre cents hommes. Je plaçai, à l'avant-garde, l'adjudant général Gauthier, avec la 3e légère et la 62e de ligne; le général Poinsot eut la brigade formée par les 2e et 3e de ligne; la 24e que je destinais à seconder l'attaque du général Gazan, commença par suivre mon mouvement. Je remontai la vallée du Bisagno; les postes autrichiens que nous y trouvâmes, furent aisément repoussés jusqu'au pied du Monte-Creto. L'adjudant général Gauthier gravit, après eux, la première hauteur de cette montagne escarpée, et s'y établit, à la suite de deux charges vigoureuses qui rejetèrent les ennemis dans leurs retranchements, et le rendirent maitre du plateau; mais il dut arrêter sa marche, pour attendre le général Poinsot.
Le général Gazan était parti, en même temps, des Deux-Frères, et il avait pris, à droite, au-delà du fort du Diamant, pour attaquer, sur la montagne des Quatre-As, un corps autrichien, qui y occupait de fortes redoutes, en avant de sort camp. Le général Spital commença, sur ce point, l'engagement; il fut secondé, au revers opposé, par la 24e demi-brigade, que j'avais détachée, à cet effet, en passant le Bisagno. Cette double attaque fit retirer les ennemis de leurs premières positions, et la 24e s'établit, de manière à prendre en flanc leur ligne; son feu devint très-vif. Le général Poinsot, qui en était encore assez rapproché, croyant que sa présence pouvait y être nécessaire, se détourna pour y aller, et laissa l'adjudant général Gauthier s'engager seul vers le Monte-Creto. J'étais près de ce dernier, à l'avant-garde, quand j'appris le changement de direction que s'était permis le général Poinsot. J'en fus très-mécontent, et je lui envoyai l'ordre de rentrer sur-le-champ dans la direction que je lui avais prescrite; il arriva sur le plateau du Monte-Creto, après que la dernière charge eut conduit l'adjudant général Gauthier devant les retranchements ennemis.
En ce moment, un orage des plus violents vint éclater sur nous; sur le point élevé où nous nous trouvions, une pluie torrentielle et les éclats du tonnerre nous enveloppaient de toutes parts. Le mouvement fut nécessairement suspendu ; nous le reprîmes, aux deux attaques, aussitôt que la tempête eut cessé. Sans doute, nous eussions mieux fait de nous retirer, après avoir reconnu que les ennemis s'étaient renforcés, et qu'ils se trouvaient beaucoup plus nombreux que nous ne l'avions supposé, en allant à eux; en outre, l'orage avait considérablement augmenté toutes les difficultés qui , auparavant, étaient déjà bien assez grandes. Les vêtements, les armes, le sol, tout était trempé; nous n'avions plus pied sur ces pentes rapides, nous glissions, nous ne pouvions plus avancer et à peine nous tenir sur place ; le vent était d'une violence extrême, et les soldats, grelotant de froid, n'avaient plus d'énergie. Cependant, nous étions en présence, et presque entremêlés, au point où la tempête nous avait surpris. Dans cette position, aussi imprévue qu'extraordinaire, il était impossible de faire le moindre mouvement, dans un sens ou dans l'autre,sans qu'il devint général et sans qu'il nous fût contraire.
A l'attaque du général Gazan, le général Spital avait pris, avant l'orage, les premières positions des Quatre-As. Quand la pluie ne tomba plus par torrents, il voulut ranimer ses troupes et faire effort pour les lancer. Quelques pelotons seulement le suivirent. Les ennemis venaient à lui, avec des forces très-supérieures; pressé par eux, il cherche à se rallier ; son cheval est tué, lui-même est blessé et obligé de se retirer. Vainement l'adjudant général Reille, qui le remplace, veut donner aux soldats une nouvelle impulsion. Leur enthousiasme s'est éteint, ils ne l'écoutent plus. Ne pouvant les faire avancer, il est forcé de renoncer au combat et de se rapprocher des Deux-Frères.
Rien ne pouvait être plus défavorable à l'attaque de droite, que ce qui se passait à celle de gauche. L'effet immédiat fut de faire manquer la diversion sur laquelle j'avais compté, et de laisser aux ennemis la liberté de diriger sur moi toutes les forces qu'ils avaient de ce côté. Malheureusement, je ne l' appris que quand j'en sentis les coups. Jusque-là, j'étais trop engagé pour y remédier, ou trop éloigné pour connaitre, à temps, ce revers, qui devait m'être fatal. A l'arrivée du général Poinsot sur le plateau de Monte-Creto, j'avais donné ordre à l'adjudant général Gauthier de recommencer l'attaque, et d'enlever les premières redoutes des ennemis; il les avait prises, sans la moindre hésitation, et nous y étions restés enfermés pendant l'orage. Les Autrichiens vinrent ensuite pour les reprendre ; nous les défendîmes à outrance, corps à corps, mais la supériorité du nombre l'emporta. Nous nous ralliâmes, et nous chargeâmes de nouveau. A cette reprise, les ennemis furent encore enfoncés; nous restâmes dans les redoutes, et nous fîmes tomber la seconde ligne des retranchements, où un colonel et cent cinquante prisonniers restèrent en notre pouvoir. Le camp de Monte-Creto fut également pris, brûlé et dépassé ; mais un premier malheur vint nous frapper, au milieu de ces succès, qui devaient être les derniers. Le brave, l'infiniment brave adjudant général Gauthier, officier du plus rare mérite, qui s'était surpassé dans cette journée, fut grièvement blessé par une balle, et il dut se retirer. Je fis remplacer sa brigade par celle du général Poinsot, que je portai en avant.
Nous touchions au moment où la fortune qui, jusque-là, nous avait été si favorable, allait nous devenir contraire. Le général comte de Hohenzollern, qui m'était opposé, commandait aussi les troupes autrichiennes établies aux Quatre.As, et contre lesquelles l'attaque du général Gazan venait d'échouer. Assuré qu'il n'avait plus rien à craindre de ce côté, il s'était hâté d'en retirer un fort détachement, et de le diriger sur le Monte-Creto, où je pressais vivement le restant de sa division. A l'arrivée de ce secours, les ennemis réunissent toutes leurs forces, et marchent sur la brigade du général Poinsot, passée à l'avant-garde un instant auparavant. Je venais de rallier celle de l'adjudant général Gauthier; je me mets à sa tête, et je me porte au soutien de la première brigade. Tout semblait nous promettre, après ce dernier effort, un succès décisif. J'entre en ligne au-delà du camp ennemi, le feu y était très-vif et presque à bout portant. Pour en finir, je me dispose à exécuter une charge générale, quand une balle vient fracasser ma jambe droite. Je tombe; on m'entoure; quelqu'un s'écrie que je suis mort; on le croit, en voyant mon chapeau qu'on emporte. Les uns veulent m'enlever, les autres me défendre. Je reprends connaissance, j'ordonne qu'on me laisse et qu'ou repousse les ennemis. A ma voix, la troupe se ranime et montre encore un reste de vigueur ; mais c’en est fait de nos progrès : tout change à notre désavantage.
Les Autrichiens, qui ont remarqué de l'hésitation dans nos rangs, deviennent audacieux. De notre côté, on chancelle, les rangs flottent, quelques soldats commencent à s'éloigner, ils sont suivis par d'autres, ils ne s'arrêtent même plus dans les retranchements que nous venions de prendre, et où les chefs s'efforcent, en vain, de les retenir. Le général Poinsot, l'adjudant général Gauthrin, mon chef d'état-major, et le brave chef de brigade Perrin, qui fut tué une demi-heure après, ne peuvent non plus se faire écouler; ils sont entraînés dans la déroute et forcés de redescendre dans le Bisagno, où ils sont heureusement recueillis par le 24e de ligne, qui revenait des Quatre-As.
Ma chute avait malheureusement entraîné la défaite de mes compagnons d'armes, au moment où nous espérions recueillir le fruit de tant d'efforts, et réparer le mal que l'abandon de la colonne de gauche nous avait fait. Des soldats voulurent m'emporter; mais le sol était si glissant, sur ces pentes rapides, qu'ils ne pouvaient y parvenir, et je les compromettais eux-mêmes, mêlés, comme nous l'étions, avec les ennemis. Je leur ordonnai de me laisser , et je les chargeai de remettre mon épée au général Masséna ; je ne permis qu'à mon frère et au lieutenant Hulot, tous deux mes aides de camp, de rester auprès de moi. Ils essayèrent à leur tour, mais sans plus de succès, de me retirer au moins du milieu du feu, en me portant sur un brancard fait avec des fusils ou sur leurs épaules. Ce ne fut qu'en me traînant sur le dos, et en tenant en l'air ma jambe brisée, que je parvins à gagner l'abri d'un rocher ; j'éprouvais de vives souffrances.
Le rocher nous préservait d'un premier danger, mais nous y étions exposés aux violences des soldats autrichiens, qui, pour s'arracher nos dépouilles, pouvaient nous faire un mauvais quartier; ma montre et le peu d'argent que j'avais sur moi avaient servi à contenter les premiers, et nous n'avions plus rien à offrir pour satisfaire l'avidité des autres. Nous désirions nous remettre, le plus tôt possible, entre les mains d'une garde qui répondît de nous; mais il n'était pas facile de la chercher. Mon frère méprisa le danger et fut à la rencontre des ennemis. Avant d'être reconnu, il manqua plusieurs fois d'être tué par les balles; il finit pourtant par arriver, et il demanda pour moi des secours. En apprenant que j'allais être son prisonnier, le comte de Hohenzollern s'empressa de m'en envoyer, et il me fit transporter dans une chaumière située en arrière du camp, où des chirurgiens autrichiens vinrent aussitôt appliquer le premier appareil à ma blessure.
Je reçus tous les secours qui pouvaient m'être donnés; mais, soit prévention, soit qu'en effet les chirurgiens autrichiens qui me soignaient manquassent d'instruction, comme leur gaucherie me le faisait craindre, je demandai au comte de Hohenzollern la permission de faire venir de Gênes le docteur Cothenet, chirurgien-major de la 25e demi-brigade légère, qui avait ma confiance. Il me l'accorda avec empressement, et j'écrivis au général Masséna pour le prier de me l'envoyer; en même temps je rassurai le général Masséna sur mon compte, en lui donnant de mes nouvelles. J'écrivis cette lettre, sur le dos du chirurgien autrichien qui me mettait l'appareil. Il me faisait horriblement souffrir par sa maladresse, et il n' osait toucher à ma blessure, pour la dilater. Cependant l'opération était nécessaire pour prévenir les accidents qui, par la suite, auraient pu se déclarer. Impatienté, je la fis moi-même, après avoir ôté des mains du chirurgien son bistouri ; elle fut facile et peu douloureuse. J'ai attribué à cette prévoyance la promptitude de ma guérison" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 125 et suivantes).
Le 14, à 11 heures, Masséna reçoit un Officier envoyé par le Premier Consul, qui annonce les premiers succès de l'Armée du Rhin, et l'arrivée de l'Armée de réserve commandée par lui-même. Cette nouvelle ranime le courage des défenseurs.
Le 17 mai 1800, au milieu de la nuit, une nouvelle calamité s'abat sur la population de Gênes déjà très éprouvée par la famine; la flotte anglaise et les chaloupes napolitaines commencent le bombardement de la place ; le quartier de la marine souffre particulièrement; l'affolement est général, mais il est impossible de tirer les Génois de leur apathie et de rassembler la Garde nationale pour éteindre les incendies.
Masséna resserre ses lignes et prend les mesures urgentes pour conserver la place; sa calme et froide énergie en impose à tous.
Cependant, la population est plongée dans une affreuse misère ; dans la rade où se trouvent embarqués les prisonniers autrichiens, les cris de ces malheureux répondent aux cris des Génois. Poussés par la faim, ils ont dévoré leurs souliers, leurs havresacs et leurs gibernes, et personne n'ose approcher de leurs vaisseaux de peur d'être déchiré. Masséna fait proposer au Général Ott d'envoyer, par mer, des vivres à ses compatriotes prisonniers; le Général autrichien est sourd à ce généreux appel. A la fin du blocus, on vend le pain 30 francs la livre, un poulet, 32 francs; un oeuf, 2 francs; un oignon se vend 1 fr.; le beurre 10 francs la livre et la viande 6 francs. Dans Gènes, la disette est affreuse; la population périt dans les rues; les femmes et les enfants poussent des cris lamentables et se disputent des lambeaux de chair de chevaux morts de maladie.
L'armée n'est pas plus heureuse que la population, et partage ses souffrances. Masséna, mettant tout en oeuvre pour prolonger cette résistance inouïe, fait amasser tout ce que l'on peut trouver de graines de lin, d'amidon, de son, d'avoine sauvage, et en fait fabriquer un pain noir, gluant, indigeste, que l'estomac se refuse à accepter. Une Compagnie du 24e est empoisonnée pour avoir mangé de la ciguë.
On maintient quand même l'ennemi à distance, et le 18, une dernière attaque des Autrichiens sur le Monte-Faccio est repoussée après un combat d'une demi-beure. Un second bombardement, pendant la nuit du 20 mai, reste également sans effet.
Cependant, certains indices annoncent que la rigueur du blocus se relâche; de nombreux avis font connaitre le 27 mai au Général que des mouvements de retraite s'effectuent dans l'armée autrichienne.
- Sortie du 28 mai.
Le Général en chef ordonne, pour le lendemain, une sortie sur Nervi, Monte-Faccio, Roti et Bissagno.
Des combats très vifs ont lieu, mais ne renseignent pas le Général sur les mouvements de l'ennemi.
Le 30 mai, à 1 h. 1/4 du matin, un troisième bombardement commence avec une grande intensité; il ne dure pas plus d'une heure et son effet est moindre qu'il n'a jamais été.
Enfin le 1er juin, les secours promis n'arrivant pas, Masséna se résigne à traiter; tout est épuisé et il ne doit plus y avoir la moindre distribution à faire à partir du 5 juin à midi. L'ennemi se refusant à accorder une autre concession que celle d'emporter 3,000 fusils et 6 pièces de canon, en évacuant la place, les négociations trainent en longueur ; le temps presse ; encore un jour, l'armée et la population vont se trouver absolument privées de toute ressource.
Le 4, vers 6 heures du soir, Masséna envoie son seorétaire, M. Morin, se joindre à l'Adjudant général Andrieux, pour amener une solution, et lui donne pour instruction cette fière déclaration : "L'armée évacuera Gènes avec armes et bagages, ou bien elle se fera jour demain par la force des baïonnettes".
Masséna obtient tout ce qu'il veut, mais il ne consent à signer la convention que le 4 juin, à 7 heures du soir, espérant toujours recevoir une bonne nouvelle à la dernière minute.
- Evacuation de Gênes, 5 juin 1800.
L'évacuation a lieu le 5, à la pointe du jour. La Division Gazan se retire par terre, et celle de Miollis est rapatriée par mer. Gènes ne reste pas longtemps au pouvoir des Autrichiens; elle fait retour à la France, en exécution de la glorieuse convention d'Alexandrie, par suite de laquelle les troupes impériales se retirent derrière le Mincio. A la suite de cette évacuation, nos troupes occupent la Lombardie, et Brune remplace Masséna malade, dans le commandement de l'Armée d'Italie (septembre 1800).
Le 4 Messidor an 8 (23 juin 1800), à Milan, Bonaparte, Premier Consul de la République, arrête : "ART. 1er. – L'armée d'Italie sera composée des demi-brigades et régiments ci-après, savoir :
... Infanterie de ligne. – 1re, 2e, 3e, 10e, 11e, 22e, 24e, 26e, 28e, 29e, 30e, 34e, 40e, 41e, 43e, 44e, 58e, 59e, 60e, 67e, 68e, 70e, 71e, 72e, 74e, 78e, 91e, 96e, 97e, 99e, 101e, 105e, 106e, 107e, 102e ...
ART. 3. – Les dépôts des demi-brigades d'infanterie légère et de ligne, ainsi que des régiments des troupes à cheval et autres troupes qui restent à l'armée d'Italie, auront ordre de rejoindre l'armée.
ART. 4. – L'ordonnateur en chef et tous les agents des administrations qui ne seront pas jugés nécessaires pour le service de l'armée d'Italie retourneront à l'armée de réserve à Dijon.
ART. 5. – Le Ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 521).
La 24e Demi-brigade occupe Reggio après l'évacuation de Gênes, et fait partie de la Division Boudet. Le 24 juillet, elle prend position près de Modène.
Par Arrêté des Consuls du 9 Fructidor an 8 (27 août 1800), la 24e Demi-brigade est réduite à deux Bataillons.
En septembre, la 24e est envoyée à Caleinatto et passa à la 8e Division, Général Gazan, du Corps de Suchet
Armée d'Italie, le 7 septembre 1800.
Aile droite : Général Dupont, 4e et 5e Divisions.
Centre : Général Suchet.
7e Division : Général Miollis.
8e Division : Général Gazan : 3e, 10e, 24e, 96e, 99e Demi-brigades de Ligne.
Aile gauche : Général Moncey, 10e et 11e Divisions.
Réserve : Général Michaud, 13e et 14e Divisions.
Le 25 septembre 1800 (3 vendémiaire an 9), Bonaparte écrit, depuis Paris, à Carnot, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre au général Brune de faire partir pour Dijon, par le plus court chemin, les 24e, 105e et 11e demi-brigades de ligne, et trois autres demi-brigades les plus faibles de son armée et les moins en état de faire campagne. Ces six demi-brigades ne l'affaibliront que de 4 ou 5 000 hommes, diminueront considérablement sa dépense. Elles pourront, pendant l'hiver, être remises au complet et se trouveront à même de pouvoir, à la fin de l'hiver, rendre des services réels ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1192; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5657).
Enfin, en octobre, la 24e quitte l'Italie et est dirigée sur Dijon, emportant avec elle les regrets de l'armée, et ayant reçu des marques d'estime des Généraux sous les ordres desquels elle a eu l'honneur de servir. Son Dépôt, qu'elle a laissé à Schelestadt, la rejoint après de nombreux changements de garnison opérés pendant cette longue période de guerre.
Le 8 novembre 1800 (17 brumaire an IX), Bonaparte écrit, depuis Paris, à Gaudin, Ministre des Finances : "Dans les quatre arrêtés qui ont été pris, citoyen ministre, pour faire solder l'arriéré de l'an VIII, il y a plusieurs sommes destinées aux 11e, 105e et 24e demi-brigades de ligne.
Je désirerais que la totalité de ces fonds puisse partir demain ou après afin de solder ces corps" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5752).
Le 29 novembre 1800 (8 frimaire an IX), Bonaparte écrit, depuis Paris, à Berthier, Ministre de la Guerre : «Il parait, citoyen ministre, qu'il n'y a rien à Dijon ; qu'il y faudrait des souliers et des habits.
La 11e demi-brigade est à Lyon. Les 24e et 105e sont à Dijon, les trois demi-brigades qui doivent fournir une division qui puisse agir en Pluviôse doivent être complétées par la conscription de l’an IX.
Il faudrait fournir aux conseils d’administration des draps et la masse pour les confectionner comme si elles étaient à 3000 hommes, en les prévenant qu’elles devront habiller les conscrits qui arriveront incessamment, ce qui fera face aux 6 premiers mille conscrits ...» (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5806).
Le 14 Frimaire an 9 (5 décembre 1800), Murat écrit, depuis Dijon, à Bonaparte : "... Je laisserai au général Canclaux des instructions pour la prompte organisation des 11e, 24e et 105e demi-brigades ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 86, lettre 120).
Le 8 décembre (17 frimaire an IX), Bonaparte écrit, depuis Paris, à Berthier : «Je vous prie, citoyen ministre, de donner ordre au général de division Leclerc, de se rendre sur le champs à Châlon sur Saône et à Lyon pour y passer en revue les 11e, 24e et 105e de Ligne, faire compléter, solder ces demi brigades et prendre toutes les mesures pour qu’elles puissent entrer en campagne dans le courant de l’hiver. Avant de partir, il se rendra chez le directeur du Trésor Public, pour savoir si les fonds ont été faits pour ces trois corps, pour les trois premiers mois de l’an IX et si ceux destinés par des arrêtés antérieurs pour la solde arriérée de l'an VIII sont prêts. Il emporterait ces derniers fonds avec lui» (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5821).
Et le 9 (18 frimaire an IX), il écrit, depuis Paris, au Général Leclerc : "Vous serez porteur, citoyen général, d’une somme de 250.000 francs pour solder ce qui est du de l’an VIII aux 11e, 24e et 105e de Ligne.
Voyez le ministre des Finances pour vous faire remettre cette somme, et partez le plus tôt possible, car ces troupes sont dans un grand besoin ...
Indépendamment de cette somme, le directeur du Trésor public a dû faire les fonds pour solder les trois premiers mois de l'an IX.
Faites-moi connaître directement ce qui pourrait rester dû à ces trois corps pour l'an VIII" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5823).
/ 1801, expédition du Portugal
Le traité de Lunéville met un terme aux hostilités sur le continent; l'Angleterre seule se refuse à traiter. Pour l'y contraindre, le Premier Consul conçoit un projet de descente sur ses côtes, pendant qu'il organise une Ligue des neutres avec les puissances du Nord, dans le but de fermer au commerce anglais tous les ports du continent.
Pour compléter ces mesures, un Corps d'armée est rassemblé pour agir en Portugal, et en expulser les Anglais.
Ce Corps prend le nom de Corps d'observation de la Gironde, et est plucé sous les ordres du Général Leclerc; il se concentre à Bordeaux.
L'ordre de partir pour le Portugal trouve la Demi-brigade à Dijon.
La 24e Demi-brigade doit d'abord y envoyer son 1er Bataillon.
Le 26 janvier 1801 (6 Pluviôse an 9), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Vous donnerez ordre, citoyen ministre, à la 24e de Ligne et au 1er bataillon complété de la 105e de partir de Dijon avec l’artillerie qui était attachée à la division Leclerc pour se rendre à Bordeaux ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5963).
Finalement, elle y vient en entier; elle part de Dijon le 1er février 1801, et arrive à Bordeaux le 27 février, forte de 916 hommes.
Le 19 mars 1801 (28 ventôse an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre au général Leclerc, Citoyen Ministre, de faire partir ... deux bataillons de la 24e de ligne ... " (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5474; Correspondance générale, t.3, lettre 6141).
Dans les premiers jours d'avril, l'Espagne, notre alliée, fait entrer en campagne une armée de 4,000 bommes. Leclerc forme aussitôt un petit Corps d'environ 4,000 hommes, qu'il dirige sur Burgos, le 15 avril, sous le commandement du Général Monnet.
1ère colonne, Général Monnet : 16e Demi-brigade légère, 1er Bataillon; 24e (1er Bataillon) et 63e de Ligne (1er Bataillon); 90e Demi-brigade de ligne, 3e Bataillon; 105e de Ligne, 1er Bataillon; 2 Régiments de Cavalerie.
2e colonne, Général Dumoulin : 1er, 2e et 3e Bataillons francs de l'Ouest; 24e Demi-brigade de Ligne, 2e Bataillon; 92e (2e Bataillon), 93e (ou 63e ?) Demi-brigade de Ligne, 2e Bataillon; 105e, 2e Bataillon; 2 Régiments de cavalerie.
Le 1er Bataillon de la 24e, à l'effectif de 597 soldats, fait partie de cette avant-garde et se met en route le 16 avril pour arriver à Ciudad-Rodrigo le 17 mai.
Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Gouvion Saint-Cyr le 1er juin 1801 : "… Les 3e bataillons de 24e, 44e, 96e, les seconds des 92e et 93e, formant en tout près de 5000 hommes, avec un bon train d'artillerie, seront à Bayonne dans les premiers jours de Messidor pour aller vous joindre, si cela est nécessaire …" ((Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5591 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6316).).
L'avant-garde est rejointe le 2 juin par un second Corps commandé par le Général Dumoulin, et avec lequel marche le 2e Bataillon de la 24e, à l'effectif de 370 soldats.
Pendant ces mouvements des Corps français, les Espagnols entrent au Portugal et le Prince de la Paix, qui les commande, signe un traité avec la cour portugaise, aux termes duquel le Portugal ferme ses portes aux Anglais.
Le Général Leclerc, surpris par ces négociations inattendues, profite de ce répit pour former son Corps d'armée en 3 Divisions : la 1re, commandée par Monnet, s'établit à Salamanque (la 24e est de cette Division); la 2e, sous les ordres du Général Gilly, s'installe à Valladolid, et la 3e, avec le Général Lamarque, à Tozo. Les troupes font, pendant cette période de repos, de nombreux exercices ou évolutions, ainsi que des manoeuvres combinées comprenant les trois armes.
Armée du Général Leclerc, le 8 août 1801.
1ère Division : Général Monnet, à Salamanque.
24e Demi-brigade de ligne, 2 Bataillons, l117 hommes; 63e Demi-brigade de ligne, 2 Bataillons, 90e, 1Bataillon; 93e Demi-brigade de Ligne, 1 Bataillon; 105e, 2 Bataillons; Bataillons francs de l'Ouest, 3 Bataillons; 4 Escadrons du 10e Hussards.
2e Division, Général Gilly, à Valladolid.
3e Division, Général Lamarque, à Tozo.
Division de cavalerie, Général de Nansouty.
Artillerie et Génie, Général Dorsner.
D'après l'Emplacement des troupes de la République française à l'époque du 1er Fructidor an 9 (19 août 1801), la 24e Demi-brigade d'infanterie de ligne est au Corps d'observation de la Gironde.
Les préliminaires de paix sont signés le 1er octobre avec l'Angleterre.
Le Journal de Paris, en date du 23 Vendémiaire an 10 (15 octobre 1801), mentionne les "Actes de l’Autorité Consulaire.
Arrêté du 9 vendémiaire, qui décerne, à titre de récompense nationale, des fusils d’honneur à 15 sous-officiers et fusiliers de la 24me demi-brigade, pour la bravoure éclatante dont ils ont donné des preuves dans l’immortelle campagne de l’an 8 en Italie".
Le 24 novembre 1801 (3 frimaire an 10), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... La 24e de ligne à Saintes ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 6654).
Le Corps expéditionnaire est rappelé en France le 25 novembre.
/ 1802.
Le 29 avril 1802 (9 floréal an 10), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "J'ai parcouru avec attention, Citoyen Ministre, les quatre états relatifs à la conscription dans les différents départements :
... Le travail ne paraît pas avoir été fait avec méthode ... L'état n° 2, de trois colonnes, ne me paraît point exact. En prenant la 24e de ligne pour exemple, il résulte qu'il ne manquera que 188 hommes au complet, une fois les 161 congés accordés ; et vous portez dans votre lettre 257 : différence de 69 hommes, c'est-à-dire d'un quart ..." (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6061 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6868).
Le 19 messidor an 10 (8 juillet 1802), le Premier Consul écrit, depuis la Malmaison, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre par un courrier extraordinaire ... À la 24e de ligne de se rendre à Saint-Brieuc.
Demandez au général commandant la 13e division militaire qu'il vous fasse connaître les cantonnements qu'occuperont toutes les troupes ; il faut qu'elles soient placées de manière à pouvoir soutenir la gendarmerie et délivrer enfin ce pays des brigands qui inquiètent encore les citoyens" (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7006).
D'après l'Etat militaire de l'an 10 (1802), la 24e Demi-brigade est au Corps d'observation de la Gironde, et a son Dépôt à Bayonne.
La 24e quitte Valladolid le 10 décembre, et arrive le 3 janvier 1802 à Bayonne, où elle rejoint son Dépôt, qui occupe cette ville depuis le 21 mai 1801.
/ 1803; la 24e Demi-brigade de ligne devient 24e de Ligne (septembre)
Le 25 mars 1803, le Chef de Bataillon Castillard, de la 24e, étant en cantonnement au Conquet (près de Brest), apprend que le vaisseau anglais le Magnifique vient de naufrager à une demi-portée de canon de l'ile de Beniguet; il s'embarque avec 30 hommes et parvient, malgré l'état de la mer et la présence de l'escadre anglaise, à atteindre l'ile et y fait 86 prisonniers, dont 9 Officiers. Il s'empare, en outre, de 4 embarcations qu'il ramène. Castillard fait toutes les campagnes jusqu'en 1809 et meurt en retraite, en 1813.
Le 9 Thermidor an 11 (28 juillet 1803), le Premier Consul écrit, depuis Bruxelles, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre ... au bataillon de la 24e qui est à l'île de Groix, de passer à Lorient ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7871).
Le 15 Thermidor an 11 (3 août 1803), le Premier Consul écrit, depuis Namur, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "… Vous trouverez ci-joint une lettre du préfet maritime de Brest. Je crois que les troupes de la 13e division militaire sont mal distribuées. Donnez ordre que toute la 24e demi-brigade de ligne se rende à Brest, pour en renforcer la garnison et celle des environs. Il y aura alors dans le département du Finistère les 40e, 15e, 24e, 37e et 107e de ligne ; dans aucun temps il n'y en a eu autant ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6973 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7899).
La Demi-brigade est en garnison à Brest, lorsque survient la réorganisation de l'infanterie, qui rend aux Corps de troupes le nom de Régiment.
Par Arrêté consulaire du 1er Vendémiaire an 12 (24 septembre 1803), la 24e Demi-brigade de Ligne devient 24e Régiment d'infanterie de ligne.
La 24e Demi-brigade de Ligne comptait 3,801 hommes à sa formation, en 1796; elle a reçu successivement 2,069 recrues depuis 1796 jusqu'en 1803. Sur ce nombre, il y a eu 1018 désertions dont près de 700 dans la première année de service.
L'Arrêté des Consuls qui rend aux troupes d'infanterie le nom de Régiment, prévoit aussi la disparition de certains Corps : la 49e Demi-brigade de Ligne est de ce nombre et se fond dans la 24e, qui est alors à l'Armée d'Angleterre.
On tire au sort lequel des deux numéros disparaitra; la 24e est favorisée et son chef, le Colonel Sémélé est maintenu à la tête du nouveau Régiment.
Le 24e Régiment se compose donc de 4 Bataillons, 2 provenant de la 49e; chacun de ces Bataillons compte 9 Compagnies, dont une de Grenadiers; 3 Bataillons sont dits de guerre et le 4e tient lieu de Dépôt.
Le Sergent Chatelain reçoit, le 10 octobre 1803, du Premier Consul, une arme d'honneur pour sa brillante conduite dana les combats auxquels il a assisté et pour avoir enlevé un drapeau à l'ennemi.
A la fin de l'année 1803, les 1er et 2e Bataillons du Régiment sont au camp de Brest et font partie de l'Armée d'Angleterre. Forts de 800 hommes chacun, ils s'exercent journellement aux embarquements et aux débarquements. Les troupes sont, le plus souvent, embarquées sur les vaisseaux de l'escadre commandée par l'Amiral Gantheaume (20 vaisseaux de ligne et 10 frégates).
Les deux autres Bataillons occupent successivement les casernes de la ville et les iles voisines.
Le 26 Frimaire an 12 (18 décembre 1803), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre au général commandant la 13e division de faire fournir à la Marine·pour les différents besoins de l'escadre des détachements du 15e régiment de ligne, jusqu’à concurrence de 2000 hommes et de tenir à la disposition de la Marine pour le seervice de l'arsenal le reste du 15e régiment, ainsi que deux bataillons du 24e régiment de ligne complétés chacun à 800 hommes et qui sont destinés pour l'expédition ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8455).
Le même 26 Frimaire an 12 (18 décembre 1803), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Contre Amiral Decrès, Ministre de la Marine et des Coloneies : "Les bataillons de la 93e, forts de 1 600 hommes, seront mis à la disposition du préfet maritime de Rochefort, pour former garnison pour le service du port. Il est nécessaire qu'il ne prenne de ces troupes que pour le service des garnisons des vaisseaux de guerre et frégates.
Le ministre de la Guerre donne l'ordre également que le 15e de ligne fournisse à Brest jusqu'à deux mille hommes pour garnison des vaisseaux, et soit mis à la disposition du préfet maritime pour fournir à l'arsenal, et aux vaisseaux s'il est nécessaire. Il aura également à sa disposition 2 bataillons du 24e régiment, forts de 1 600 hommes, le reste du 15e sera toujours à la disposition du ministre de la Marine pour le service de l'arsenal ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8461).
Le 5 Ventôse an 12 (25 février 1804), le Premier Consul écrit, depuis Paris, au Général Berthier : "Le département du Finistère, Citoyen Ministre, formera l'arrondissement de l'armée d'Irlande, et sera directement sous les ordres du général en chef Augereau.
Donnez l'ordre que deux bataillons des 7e et 16e régiments d'infanterie légère, deux du 37e, deux du 24e, un du 70e, un du 65e et un du 47e régiment de ligne, chaque bataillon complété à 800 hommes, officiers compris, se rendent sur-le-champ à Brest pour former le camp.
Faites-moi connaître l'état de situation, au 1er ventôse, des 70e, 65e et 47e régiments, afin que je voie s'ils peuvent former un second bataillon de 7 à 800 hommes.
Vous préviendrez le général Augereau qu'il cantonnera les troupes soit à Brest, soit dans les environs, de la manière qu'il jugera la plus convenable, ayant soin cependant de les réunir le plus possible et de les tenir nécessairement dans le département du Finistère" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7566 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8696).
Le 1er Prairial an 12 (21 mai 1804), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin, les 2 premiers bataillons du 24e régiment de ligne resteront pour former l'armée du général en chef Augereau ou pour faire le service de l'arsenal ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8878).
Le 23 juin 1804 (4 messidor an 12), le Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin ... Vous donnerez ... ordre au détachement du 24e de ligne qui est embarqué sur les canonnières de débarquer et de rejoindre son régiment et à un détachement de 160 hommes du 28e régiment d'infanterie légère de tenir garnison sur cette frégate" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8947).
Le 12 Messidor an 12 (1er juillet 1804), Napoléon écrit, depuis La Malmaison, au Maréchal Berthier : "... A Brest, la marine a besoin de 3,000 hommes. Donnez ordre que 1,500 hommes du 24e de ligne et 1,500 hommes du 37e soient mis à la disposition du général Ganteaume, et embarqués vingt-quatre heures après la réception de votre ordre. L'amiral Ganteaume n'embarquera que le nombre d'officiers qu'il jugera nécessaire ; les autres resteront aux autres bataillons" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7829 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8970).
Le même 12 Messidor an 12 (1er juillet 1804), Napoléon écrit, depuis La Malmaison, au Vice-Amiral Decrès, Ministre de la Marine et des Colonies : "... Le ministre de la Guerre donne ordre également à Brest pour que le 24e de ligne, et le 37e fournissent 3 000 hommes. Le général Ganteaume n'embarquera que les officiers dont il aura besoin. Cependant je désire qu'il en embarque quelques-uns de plus qu'il n’est d’usage. L'amiral Ganteaume peut également embarquer à Brest 5 à 600 hommes de l’artillerie de la marine. Mais faites-lui connaître qu'il faut que ses vaisseaux, soient [sic] les 20, et tous les équipages définitivement fixés, afin qu'il ne soit pas nécessaire de faire des changements pour faire sortir quelques vaisseaux" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8971).
Le 14 Messidor an 12 (3 juillet 1804), Napoléon écrit, depuis La Malmaison, au Vice-Amiral Ganteaume, commandant l'Escadre de l'Océan : "… J'ai donné l'ordre qu'il fût mis à votre disposition un renfort de 3,000 hommes, dont 1,500 du 24e et 1,500 du 37e régiment de ligne. J'espère que, moyennant ces 3,000 hommes et les marins que vous pourrez vous procurer en désarmant les bâtiments de cabotage, vous ne changerez rien à l'équipage de vos vaisseaux. Vous sentez combien il est important que les capitaines connaissent bien leur monde, et que rien ne nuit davantage au service que ces versements d'un vaisseau sur un autre" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7843 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8987).
Le 14 juillet, dans l'église des Invalides, l'Empereur Napoléon fait, lui-même, avec une grande solennité la première ditstribution des croix de la Légion d'honneur, en présence de l'élite de l'Armée française.
Le 25 août 1804, par une journée magnifique, on signale un grand nombre de voiles ennemies. Au même instant, le cri : "les Anglais ! les Anglais !" retentit par toute l'escadre. C'est bien, en effet, la flotte de Nelson qui arrive. Aussitôt le branle-bas de combat se fait sur les vaisseaux, puis la flotte se range en bataille et l'escadre légère, sur laquelle est un détachement du 24e, s'avance vers l'ennemi et s'arrête au point qui lui a été assigné. L'escadre légère anglaise, de la même force que la nôtre, avance de son côté, et le comhat est inminent. Chacun est à son poste et un silence solennel règne sur chaque bâtiment. Soixante coups de canon partent à la fois : c'est le salut qu'échangent la France et l'Angleterre au début du grand duel qui va durer onze années. Mais bientôt, l'escadre anglaise, qui n'a voulu faire qu'une reconnaissance, se retire et disparait à l'horizon. Un grand cri jeté du haut des dunes par toute la population accourue de tous côtés, accompagna sa retraite.
Le 19 Fructidor an 12 (6 septembre 1804), Napoléon écrit, depuis Aix-la-Chapelle, au Maréchal berthier, Ministre de la Guerre, Major général des Camps : "Mon cousin, les 24e et 37e régiments de ligne devaient fournir chacun 1 500 hommes sur l'escadre de Brest. Ce qui faisait 3 000 hommes. Ils n'en ont fourni en tout que 2500. Donnez ordre que chacun de ces régiments complète ses 1500 hommes, en prenant sur les bataillons de paix les conscrits nécessaires pour compléter les deux bataillons de guerre embarqués" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 9180).
Le même 19 Fructidor an 12 (6 septembre 1804), Napoléon écrit, depuis Aix-la-Chapelle, au Vice-Amiral Decrès : "Par les états que je reçois, il me paraît que l'escadre de Brest n'a plus besoin que de 1,273 hommes pour être portée au complet, y compris ce qui est nécessaire pour le Patriote ; ce qui nous fait vingt et un vaisseaux en rade. Je viens d'ordonner que les 24e et 37e régiments de ligne fourniraient en tout 539 hommes. Je pense qu'il serait nécessaire que le surplus fût fourni par 6 ou 700 conscrits ouvriers de la marine ; on prendrait préférablement des hommes de bonne volonté, et, s'ils étaient insuffisants, on les ferait marcher par tour. J'imagine qu'entre Brest, Lorient et Saint- Malo, ce nombre doit se trouver facilement. Les 100 ou 200 hommes qui pourraient manquer encore à l'escadre seraient fournis par l'artillerie de la marine. Un conscrit ouvrier est bien plus essentiel à bord d'un vaisseau qu'un simple conscrit, et un matelot ouvrier le serait plus qu'un simple matelot ..." (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7993 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 9183).
Le 27 septembre 1804 (5 vendémiaire an 13), Napoléon écrit depuis Mayence au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin, le camp de Brest, tel qu'il sera composé, sera fort de 18000 hommes tout compris, savoir :
Les quinze mille hommes d'infanterie seront composés ...
De De 3 bataillons du 24e régiment de ligne ... 2 400 ...
Le 24e de ligne formera également ses 3 bataillons. Tout ce qui sera embarqué sur l'escadre de Brest sera compris dans cette formation ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 9247)
L'année 1804 se passe ainsi en mouvements sans importance et n'est marquée que par le couronnement de l'Empereur auquel assiste une députation du 24e. Ce même jour, les députations de tous les Corps reçoivent, au Champ de Mars, les nouveaux drapeaux dont la hampe est surmontée de l'Aigle impériale.
/ 1805, Campagne contre l'Autriche.
Les premiers mois de 1805 sont consacrés aux préparatifs de la descente en Angleterre.
Le 2 mars 1805 (11 ventôse an XIII), Napoléon écrit depuis Paris au Vice-Amiral Ganteaume : "Monsieur l'Amiral Ganteaume, je donne ordre au ministre de la guerre de mettre à votre disposition 4,400 hommes, dont 700 nécessaires pour compléter vos équipages, et 3,600 pour être disposés de la manière suivante : 2,400 hommes pour revenir avec vous en Europe et se trouver sous les ordres du général de division Lauriston; 1,200 hommes pour être déposés à celle des îles du vent qui en aura le plus besoin.
... Vous aurez soin que, dans aucun cas, aucun détachement du 7e d'infanterie légère, du 24e de ligne, ne soit disséminé. Ces régiments, avec le 16e de ligne, qui est à bord de l'escadre du vice-amiral Villeneuve, doivent faire le fond de la division du général Lauriston et faire partie de la grande expédition.
Ainsi donc, au moment de votre départ, vous aurez à bord :
Actuellement embarqués. En conséquence de ces nouvelles dispositions.
... Du 24e de ligne. 1,416 1,400 ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8380).
Le 12 Ventôse an 13 (3 mars 1805), l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier : "Vous trouverez ci-joint l'état des hommes embarqués sur l'escadre de Brest, soit comme garnison, soit comme supplément d'équipage. La marine a encore besoin de 714 hommes. Je désire en outre embarquer sur cette escadre 3,600 hommes. Vous devez donc fournir à la marine 4400 hommes, qui seront composés de la manière suivante :
Le reste des trois bataillons du 24e de ligne. 1,400 hommes ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8384 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9627).
Les hésitations de nos marins font avorter le projet d'invasion de l'Angleterre; d'ailleurs, l'Empereur va avoir besoin de toutes ses troupes sur un autre terrain.
Les intrigues de l'Angleterre qui se sent directement et sérieusement menacée, la haine des autres puissances, jalouses de la grandeur de la France, amènent la formation d'une troisième coalition dans laquelle entrent la Russie, l'Autriche, la Suède, les Deux-Siciles et la Turquie.
Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 24e de Ligne a ses 1er, 2e et 3e Bataillons à l'Escadre de Brest, Troupes d'expédition. 950 hommes embarqués au total; et aux Troupes d'équipages, 1252 hommes embarqués, 66 aux hôpitaux, total 1318 hommes; le 4e Bataillon est à Saint-Pol-de-Léon, Roscoff, 13e Division militaire, pour 507 hommes présents, 43 détachés ou en recrutement, 20 aux hôpitaux, total 570 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes - le tableau indique que le 49e est incorporé dans le 24e Régiment).
Dès le mois d'août, les troupes françaises les plus éloignées du Rhin se portent vers la frontière.
Le Bulletin des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre le 5 Fructidor an XIII (Du 27 au 31 août 1805) indique, à la date du 8 Fructidor, que le 24e de Ligne ne se met pas en route, et n'a pas de destination (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 443).
Le 29 août 1805 (11 fructidor an 13 - date supposée), Napoléon écrit depuis Pont-de-Briques au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "... Vous composerez une autre division des deux bataillons du 63e qui sont à Brest, du 7e d'infanterie légère et du 24e de ligne, qui se dirigeront, par la plus courte route, également sur Alençon. Vous ordonnerez, à cet effet, que tout le 7e d'infanterie légère et le 24e de ligne soient débarqués des vaisseaux, les troupes n'y étant pas comme garnison. Vous nommerez le général Sarrut et le général Sarrazin pour commander ces troupes, sous les ordres du général Mathieu, commandant la division ..." (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9158 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10698). En annexe à cette lettre, il est indiqué : "... 7e corps, maréchal Augereau :
... 2e division, Mathieu [Maurice]
Infanterie légère : 7e léger, 24e de ligne, 63e de ligne ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10698).
Le 24e qui fait partie de la Division Maurice Mathieu du 7e Corps, sous les ordres du Maréchal Augereau, quitte le camp de Brest le 5 septembre pour prendre la route de Huningue.
7e Corps : Maréchal Augereau.
1ère Division : Général Desjardins.
1ère Brigade, Général lapisse : 16e Léger, 7e Chasseurs à cheval; 2e Brigade, général Lamarque : 44e et 105e de Ligne.
2e Division : Général Maurice Mathieu.
1ère Brigade, Général Sarrazin : 7e Léger, 63e de Ligne ; 2e Brigade, Général Sarrut : 24e de Ligne (90 Officiers, 1876 hommes), 4e Compagnie de sapeurs.
Le 30 septembre 1805 (8 vendémiaire an 14), Napoléon écrit depuis Strasbourg, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Je désire savoir si vous avez donné des ordres aux 5e et 4e bataillons des 16e légère, 44e, 105e, 7e légère, 24e et 63e de se rendre à leurs corps.
Vous me ferez connaître le jour où ils y arriveront.
Donnez ordre que les détachements des 63e et 44e embarqués sur la flottille à Granville débarquent et rejoignent à Langres" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10903).
Pendant la marche à travers toute la France, la conduite de ce beau Régiment est admirable; pas une plainte n'est portée contre lui. C'est un beau Régiment, en effet, le 24e ; ses 1800 hommes (dont les deux tiers sont originaires de la Lorraine), presque tous vieux soldats chevronnés, ont combattu en Hollande, en Égypte, en Italie. Ils donnent partout l'exemple de la discipline et de la valeur.
Au fur et à mesure que l'on approche de la Lorraine, les permissions sont plus fréquentes. Vingt fois par jour, le Colonel est dérangé; il prend un grand parti : un jour, à la grande halte, il fait former le carré et dit : "Soldats, nous allons passer le Rhin à Huningue ; que ceux de vous qui, en passant, voudront visiter leur famille, partent donc librement, je ne m'y oppose pas; mais c'est à une condition absolue, expresse, condition d'honneur, vous l'entendez ! c'est que vous soyez tous au rendez-vous que je vous donne, à Huningue, le 14 brumaire prochain (5 novembre).
- Oui, mon colonel, s'écrièrent à la fois toutes les voix, soyez tranquille, nous y serons !
- J'ai votre parole et je tiens la mienne. Messieurs les capitaines, de ce moment, vous êtes autorisés à donner autant de congés qu'il en sera demandé; seulement, soldats, ne l'oubliez point : le 14 brumaire, au point du jour, en bataille, devant le pont de Huningue !
- Nous y serons tous, répondirent les soldats, et celui qui y manquera d'une heure sera réputé un lâche et ne rentrera jamais au régiment !".
Les permissionnaires prennent congé de leurs camarades qui restent; puis, grandes routes et chemins de traverse retentissent bientôt des chants joyeux de ces braves, qui, avant d'aller saluer Vienne, ont voulu dire un dernier adieu au toit paternel. Le 12 Brumaire, le Régiment arrive près du Rhin, et l'on aperçoit les montagnes bleues de la rive droite du fleuve; le 13, on campe sur les bords; le 14, au point du jour, dans toutes les directions, apparaissent les permissionnaires; à 8 heures du matin, le Régiment est en bataille devant le pont de Huningue, au grand complet; pas un des engagés d'honneur ne manque à sa promesse. Le même jour, le 7e Corps opère son entrée en Allemagne et traverse Huningue et le Rhin.
Le récit précédent, donné dans l'Historique du 24e, ne correspond pas avec les dates données dans la "Composition de la Grande Armée au moment où elle a passé le Rhin pour la campagne d'Autriche.
7e corps d'armée au passage du Rhin dans les premiers jours de brumaire an XIV.
(Ce corps d'armée a passé le Rhin du 1er au 4 brumaire an XIV (23-26 octobre 1805).
1re division.
... 24e de Ligne, 3 Bataillons, 1966 hommes" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 158).
La "Situation approximative des troupes composant le 7e corps de la Grande Armée, à l'époque du 4 brumaire an XIV (26 octobre 1805)" indique, pour la 2e Division commandée par le Général Mathieu : 24e régiment de ligne. 93 Officiers, 2007 hommes présents, total 2100. 154 hommes aux hôpitaux, total 154 ; total général 2254 (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 770).
Si le Régiment n'est pas aux éclatantes journées d'Ulm et d'Austerlitz, il n'en peut pas moins revendiquer sa part dans les succès de nos armes. Il prouve son énergie dans les opérations qui amènent la capitulation du Général Jellachich et des 5,000 bommes de son Corps d'armée, à Brégentz (Convention de Donrburen, 14 novembre). Le 24e se fait d'ailleurs remarquer aux combats de Lindau, le 13 novembre et de Brégentz, le 14 novembre.
Sont cités pour leur belle conduite pendant ces marches difficiles : le Commandant d'Aucourt, les Capitaines Dunet et Roy, l'Adjudant-major Sifferman et le Lieutenant Petit.
Après ce succès, Augereau se rapproche de Vienne pour appuyer la Grande Armée, et cantonne aux environs d'Ulm (29 novembre). C'est là que vient le surprendre la nouvelle de la eonclusion d'un armistice entre les armées engagées. Le Corps d'Augereau est aussitôt dirigé sur Mayence pour protéger la Hollande, en cas de besoin; il se concentre autour de Heidelberg et vient, après la conclusion de la paix, s'établir dans le pays de Darmstadt (9 janvier 1806) entre le Mein et le Neckar, la gauche au Rhin, la droite aux montagnes.
Le 24 janvier 1806, à Strasbourg, l'Empereur dicte une série d'ordres : "... Ordre au maréchal Kellermam de faire partir sur-le-champ pour Darmstadt 300 hommes de chacun des 7e, 16e et 24e régiments d'infanterie légère, 300 hommes du 44e, 300 du 63e et 200 du 105e, destinés à renforcer les bataillons de guerre du 7e corps de la Grande Armée.
Ordre de reformer le plus promptement possible la division du général Leval, de la porter à 8.000 hommes, d'y joindre 1.000 hommes de cavalerie et 12 pièces d'artillerie approvisionnées. N'y mettre personne des 100e, 103e, 105e, 63e et 44e, ni des 7e et 16e légères ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 266 - Note : il faut lire 24e de Ligne, et non Léger).
Le 24 janvier 1806, l'Empereur ordonne : "... Ordre au maréchal Kellermann d'envoyer au 7e corps, savoir :
200 hommes des 7e, 16e et 24e régiments d'infanterie légère et (lacune par suite d’une déchirure), 300 hommes des 44e et 63e, pour renforcer les bataillons de guerre ...
Il faut faire un état des troupes réunies sous le commandement de M. le maréchal Augereau" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 267 - Note : Il faut lire 7e, 16e Régiments d'Infanterie légère et 24e de Ligne).
Le même 24 janvier 1806, l'Empereur écrit, depuis Strasbourg, au Maréchal Kellermann : "Mon Cousin, faites partir sur-le-champ pour Darmstadt … 200 hommes du 105e et du 24e de ligne. Ces hommes sont destinés à renforcer les bataillons de guerre du 7e corps de la Grande Armée ..." (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9704 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11328).
Le 22 juin 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie un travail sur l'emplacement que doit occuper la Grande Armée au moment de sa rentrée en France. Vous me proposerez une meilleure répartition, à peu près dans les mêmes divisions, si vous y entrevoyez quelque économie pour le service, soit pour les lits, soit pour le fourrage, soit pour le casernement.
... 7e corps du maréchal Augereau
26e division militaire
... Huningue 24e de ligne Mayence ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11352).
Le 11 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon intention étant de compléter les compagnies des bataillons de la Grande Armée à 140 hommes par compagnie, officiers compris, je vous ai ordonné par une lettre de ce jour de dissoudre le corps de réserve de Lefebvre en faisant rejoindre chaque détachement de son corps d'armée.
Mon intention est également que vous donniez l'ordre aux différents dépôs d'envoyer à leur corps le nombre d'hommes porté dans l'état ci-joint. Tous ces détachements qui partiront du camp de Boulogne seront passés en revue par le maréchal Brune qui s'assurera s'ils sont munis de tout le nécessaire. Ils seront commandés par un adjudant commandant nommé par le maréchal ...
ANNEXE
état des hommes que les dépôs des régiments désignés ci-après feront partir pour rejoindre les bataillons de guerre à la Grande Armée
Le dépôt ... du 24e [fera partir un détachement de] 200 [hommes] …" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12462).
Le 1er août 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Rapp, commandant la 5e Division militaire, à Srasbourg : "J'ai reçu votre lettre avec le livret, qui y était joint, des trois colonnes que vous avez fait partir pour la Grande Armée, se montant à 4,200 hommes d'infanterie et 2,000 chevaux. Je désire que vous me fassiez connaître, par un livret pareil, ce qui reste aux dépôts en officiers, sous-officiers et soldats, et en chevaux, et ce qui leur manque pour qu'ils fournissent un plus grand nombre de troupes et de chevaux.
J'ai confronté votre livret avec mes états de situation ; j'y vois ...
Que le 24e de ligne avait 470 hommes : il n'en est parti que 140, je suis étonné que vous n'ayez pas fourni les 200 hommes demandés ..." (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10579 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12634).
Le 5 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie une note des changements que je désire faire dans la répartition des 50000 conscrits de la conscription de 1806. Faites-la imprimer sans délai et envoyez-moi cette seconde édition.
Nap
ANNEXE
En lisant avec attention la répartition des 50 000 conscrits de la conscription de 1806 entre les différents corps, on est porté à désirer quelques changements ; comme la conscription n’a pas encore été mise en mouvement, il est encore temps de le faire sans produire de contre-mouvements ...
Le département de Marengo ne fournira rien au 1er léger. Les 190 hommes qu'il devait lui fournir seront donnés au 24e de ligne, qui se trouvera avoir 785 hommes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 627 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12873).
/ Campagne contre la Prusse (1806) et la Russie (1808-1807).
La paix de Presbourg n'est, en réalité, qu'une suspension d'armes et la guerre recommence au mois de septembre, par l'entrée de la Prusse dans la quatrième coalition. L'armée française se concentre rapidement sur le Mein prête à fondre sur l'armée prussienne. Le 24e, toujours au 7e Corps, se trouve alors à Francfort; il ne prend aucune part aux premières affaires glorieuses de Scheiltz et de Saalfeld, le Corps d'armée s'étant borné à appuyer les mouvements du Maréchal Lannes.
7e Corps : Maréchal Augereau, 8 octobre 1806.
Avant-garde : Général Durosnel : 7e et 20e Chasseurs à cheval; Artillerie.
1ère Division, Général Desjardins - 1ère Brigade, Général Lapisse : 16e Léger; 14e de Ligne.
2e Brigade, Général Couroux : 44e de Ligne; 105e de Ligne.
2e Division, Général Heudelet - 1ère Brigade, Général Amey : 7e Léger.
2e Brigade, Général Sarrut : 24e de Ligne; 63e de Ligne; 2 Bataillons de Hesse-Darmstadt; 1 de Nassau.
Le 13 octobre, Augereau prend position sur les hauteurs en arrière d'Iéna, tandis que Lannes et la Garde occupent le Landgraffenberg; l'armée est au bivouac, dans l'attente d'une bataille pour le lendemain.
- Bataille d'Iéna, 14 octobre 1806
Le 14, à la pointe du jour, les troupes du Maréchal quittent leurs emplacements à l'entrée du Mühl-Thal et prennent la route de Weimar, pour former la gauche de l'armée, conformément aux ordres de Napoléon. La première Division, pour arriver plus tôt au poste qui lui est assigné, vers le sud-ouest de Cospoda, se jette à travers les vignes et rend ainsi libre la route de Weymar. Le 24e (2e Division, Général Heudelet) continue à suivre cette route, dans le Mühl-Thal, mais en avançant très lentement, à cause de l'encombrement occasionné par l'artillerie.
Cependant, la bataille est engagée sur toute la ligne, et les premières troupes du 7e Corps luttent avec ardeur contre le Corps saxon, aile droite des Prussiens. Le centre et la droite ennemis, vivement pressés auprès d'Iserstaedt par le Corps de Lannes et la 1re Division du 7e Corps (Augereau), paraissaient prêts à fléchir; il n'y a donc pas un instant à perdre; aussi, les Régiments d'Augereau sont ils lancés en avant, à mesure qu'ils débouchent sur le champ de bataille.
La Brigade Sarrut (celle du 24e) étant arrivée à son tour et ayant pris l'extrême gauche de la ligne, face à Köetschau, le Maréchal ordonne l'attaque à la baïonnette. Les Saxons n'attendent pas le choc et lâchent pied. Les troupes françaises, dépassant alors la ligne des villages, où l'on s'est battu avec acharnement, se portent en avant avec une force irrésistible, culbutant les Bataillons ennemis et les mettant dans le plus aftreux désordre.
Le Maréchal Augereau complimente le Colonel Sémélé sur la belle conduite de son Régiment, lui faisant connaitre que le 24e a contribué, par sa marche rapide et par son impétuosité, à la prise d'une position formidable, occupée par les meilleures troupes de l'ennemi, et à la complète déroute de ces dernières.
Sont cités, pour leur remarquable conduite à Iéna :
Le Commandant Castillard, dont le Bataillon s'est précipité avec une telle ardeur, qu'il n'a pas pris le temps de se former en colonne d'attaque. La Compagnie de Voltigeurs de Castillard est divisée, après la bataille, en trois sections, sous les ordres du Capitaine Menceau, du Lieutenant Meilleur et du Sous-lieutenant Marnier. Ces trois sections, dirigées sur un village voisin, s'élancent avec tant de rapidité, qu'elles surprennent les Généraux de l'aile droite prussienne, qui ne doivent leur salut qu'à l'excellence de leurs chevaux.
Le Capitaine Tripe.
Le Lieutenant-colonel Combe.- Cet Officier arrive le premier sur une batterie de 6 pièces prussienne, dont il s'empare.
L'Adjudant-major Guyton. Il est fait Chevalier de la Légion d'honneur en 1807.
Le Lieutenant Flamand.
Le Sous-lieutenant Gazan.
La victoire d'Iéna, complétée par celle non moins éclatante, remportée le méme jour par le Maréchal Davout, à Auerstaedt, anéantit l'armée prussienne, dont quelques débris peuvent seuls s'échapper.Mais la guerre n'est pas terminée, car les masses russes s'avancent sur la Vistule.
L'armée française se jette à la poursuite des débris des Prussiens; ce n'est qu'une marche triomphale jusqu'à Berlin où le 7e Corps entra le 26 octobre à midi ; il s'établit ensuite au delà de la capitale, la gauche appuyée à la Sprée.
La 2e Division, où se trouve le 24e, revient quelques jours après occuper Berlin et y reste jusqu'au 6 novembre. C'est pendant son séjour à Berlin que le 7e Corps est passé en revue par l'Empereur, le 29 octobre. Le 22e Bulletin de la Grande Armée mentionne cette revue dans les termes suivannts : "Berlin, 29 octobre 1806.
Aujourd'hui à midi, l'Empereur a passé la revue du 7e corps que commande le maréchal Augereau. Ce corps a très peu souffert; la moitié de sos soldats n'a pas eu l'occasion de tiree un coup de fusil, mais tous avaient la même volonté, la même intrépidité. La vue de ce corps était magnifique : "Votre corps, a dit l'Empereur, est plus fort que tout ce qui reste au roi de Prusse, et vous ne composez pas le dixième de mon armée" ...".
Le 7 novembre, les troupes du 7e Corps vont s'installer à Custrin, poussant leurs avant-postes sur la route de Driesen, avec mission de protéger le flanc gauche de la ligne d'opérations de l'armée en marche sur Varsovie.
Le 11 novembre 1806, le Maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et Valengin, Major général de la Grande Armée, écrit depuis Berlin, au Général Dejean : "J'ai l'honneur de prévenir Votre Excellence qu'indépendamment des détachements que j'ai ordonné à M, le maréchal Kellermann de faire partir dans la première quinzaine de novembre, ainsi que je vous en ai informé par ma lettre du 2, je viens de lui adresser l’ordre de former huit bataillons provisoires conformément à l'état de composition que je joins ici.
Chaque bataillon sera composé de compagnies fournies par les troisièmes bataillons des corps de la Grande Armée, à raison d'une par bataillon, et chaque compagnie sera complétée à 140 hommes.
Le maréchal Kellermann nommera un chef de bataillon et un adjudant-major pour chaque bataillon et un major pour commander deux bataillons. Il aura soin de ne pas prendre les majors dans les mêmes corps où il prendra les chefs de bataillon ou adjudants-majors.
Je donne l'ordre aux généraux commandant les 25e et 2e divisions militaires de faire diriger de suite sur Mayence les compagnies que doivent fournir les bataillons qui ne sont pas stationnés dans les 5e et 26e divisions.
Pour accélérer la formation et le départ de ces bataillons il ne sera pas nécessaire que les conscrits soient dressés ; il suffira qu'ils aient huit ou dix jours d'instruction, qu'ils soient armés, qu'ils aient la veste, la culotte., les guêtres, le chapeau d'uniforme et une capote. Il ne faudra pas attendre qu'ils aient l'habit.
Sa Majesté espère que ces troupes seront réunies à Mayence le 25 et en partiront le même jour pour se rendre le plus promptement possible, conformément aux ordres que je donne à M. le maréchal Kellermann : savoir les 5e et 6e bataillons à Cassel pour maintenir la tranquillité de cet électorat et les six autres à Magdeburg où ils achèveront leur instruction.
Je préviens le maréchal Kellermann qu'il ne doit pas perdre un moment pour former ces bataillons que, pourvu qu'ils soient armés, tout est bon ; qu'ils seront fournis à Magdeburg de tout ce qui leur sera nécessaire ; que Sa Majesté doit en tirer deux avantages, puisqu'ils ne coûteront rien en France et qu'ils garderont Magdeburg, ce qui rendra d’autres troupes disponibles ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 793). Le 3e Bataillon doit comprendre 1 Compagnie du 24e de Ligne, 1 du 44e, 1 du 63e, 1 du 105e, 1 du 7e d'infanterie légère, 1 du 16e, total : 840 hommes.
Après être resté en observation dans les environs de Driesen jusqu'au milieu de novembre, le Corps d'armée se porte vers Graudentz (26 novembre), sur la rive gauche de la Vistule. Il l'atteint le 22 du même mois et se relie ainsi avec les troupes du Maréchal Lannes, extrême gauche de l'armée.
Ces marches sont des plus pénibles ; Augereau dit dans son rapport daté de Bromberg, le 20 novembre 1806 : "Nous sommes partis de Driesen le 16 novembre. Les chemins de là jusqu'ici sont affreux; tout le pays est un vaste désert qui n'offre aucune ressource; heureusement, la troupe étair pourvue de subsistances. Toute la marche s'est faite dans le plus grand ordre et une sévère discipline a régné dans tout le corps d'armée".
On manoeuvre pendant quelques jours pour surprendre le passage du fleuve. Au cours de ces mouvementa, quelques Compagnies du 24e sont détachées devant Thorn pour protéger le paaaage des équipages près de cette place, et à Bromberg, pour garder les magasins de la ville. Le 2e Bataillon est envoyé à Wroclaweck pour observer les Russes et garder les bateaux rassemblés en vue du passage de la Vistule. Le 3 décembre 1806, un parti ennemi ayant débarqué à Viezawa, le Chef du 2e Bataillon le fait reconnaitre par le Capitaine Guiton, son Adjudant-major. A l'approche des Français, le parti russe se rembarque vivement, non sans avoir laissé sept hommes entre nos mains.
Les préparatifs sont terminée; Augereau fait border la Vistule par ses Régiments, entre la Narew et la Bzura, et tente le passage en aval de l'embouchure du Bug, entre Utrata et Zakroczuk (11 et 12 décembre). Le 22 décembre, tout le Corps d'armée est sur la rive droite, autour de Plonsk, ayant livré quelques combats partiels aux Corps ennemis. La marche en avant est aussitôt reprise, les Français en deux colonnes principales dont l'une se dirige sur Pultusk et l'autre, dont fait partie le 24e, sur Golymin.
Le pays dans lequel manoeuvrent nos armées est extraordinairement difficile et entrecoupé de marais et d'un nombre considérable de cours d'eau; à chaque pas il faut combattre pour s'assurer le passage; c'est ainsi que la Division Heudelet doit rétablir, sous le feu de l'ennemi, le pont de Pochocym, sur l'Uckra.
Le 9 décembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Posen, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "... Donnez ordre à Spandau qu'on fasse partir ... les 20 hommes du 24e ..., après toutefois les avoir pourvus de fusils et de tout ce dont ils auront besoin. Vous les ferez diriger sur Küstrin et de là sur Posen" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 832 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13796).
A tant de difficultés se joint encore le manque de vivres. Augereau écrit, le 10 décembre, au Grand-Duc de Berg : "Voilà deux jours que les troupes sont absolument sans pain". Le pays, naturellement pauvre, ne présente plus aucunes ressources, après le passage des Russes, qui prennent ou détruisent toutes les denrées. Le moral du soldat reste bon, cependant, et la gaieté même de nos vaillantes troupes se maintient dans d'aussi pénibles circonstances.
Composition du 7e Corps du Maréchal Augereau au 15 décembre :
1ère Division, Général Desjardins : 16e Léger (3 Bataillons), 14e, 44e et 105e de Ligne, 9 Bataillons, 12 pièces, 6026 hommes.
2e Division Heudelet : 7e Léger, 24e et 63e de Ligne, 8 Bataillons, 12 pièces, 6184 hommes.
Parc d’Artillerie, Génie, Gendarmerie : 12 pièces, 373 hommes.
Cavalerie légère, Général Durosnel : 7e et 20e Chasseurs, 6 Escadrons, 1441 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 296).
Le 24 décembre, la Division Heudelet prend part au combat assez sérieux qui est livré en avant de Watieleck. Placée en réserve, elle se met en mouvement au moment où les Russes, menacés d'être tournés, commencent leur retraite; elle s'empare de trois pièces démontées par son artillerie.
- Golymin, 26 décembre 1806
Le 26 décembre, les forces russes placées sous le commandement de Buxhoeveden, sont attaquées par les Corps de Davout et d'Augereau, à Golymin.
Tandis que Davout s'avance de front, Augereau prononce une attaque sur le flanc droit de l'ennemi. La Division Heudelet est dirigée obliquement à gauche, dans l'intervalle entre les villages de Watkowo et de Golymin. Au moment où la Division, qui a brillamment enlevé le village de Watkowo, en débouche, elle est assaillie par la cavalerie ennemie ; se formant rapidement en carrée, elle en impose aux Russes par sa ferme attitude, et les arrête net.
Enfin les charges désespérées de l'infanterie ennemie viennent se briser sur nos baïonnettes, et dans la soirée, les Russes sont en pleine déroute, laissant sur le terrain une partie de leur artillerie et de leurs bagages, ainsi que de nombreuz prisonniers.
Le 24e se fait remarquer dans cette journée glorieuse pour le 7e Corps. Le 47e Bulletin de la Grande Armée, daté de Pultusk, le 30 décembre, dit : "Le colonel Sémélé, du brave 24e de ligne, a été blessé" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 140 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 108 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettres 11521). L'Empereur était sobre de ces sortes de compliments.
Le Régiment a perdu quelques hommes. Sont cité pour leur conduite les Sous-lieutenants Gazan et Marnier, du 24e, qui se sont élancés, à la nage, dans un bras du Bug pour reconnaitre le meilleur point de passage. Ils ont traversé cette ravière, malgré un froid intense, les lances des Cosaques, la fusillade et la mitraille. Murat, témoin de ce trait de courage, et n'ayant pas de croix à leur donner, fait cadeau, à ces deux Officiers, de deux pelisses fourrées.
Sont également cités les Capitaines Menan, Chevi1lard, Devilliers, Lessard et Prioux; le Lieutenant Guiton ; les Adjudants-majors Henry et Demay; les Sous-lieutenants Gui1lot et Meilleur.
Le lendemain, le 7e Corps occupe Golymin, où est installé le Quartier général de l'Empereur. A partir de ce moment, nos troupes se massent entre la Narew et l'Ukra, et prennent définitivement leurs quartiers d'hiver. Il est impossible, en effet, de se mouvoir dans ces contrées qui ne présentent plus qu'une immense mer de boue et d'eau. Le 24e, fort de 86 Officiers et 2214 hommes, cantonne dans un grand nombre de petites localités, entre la Vistule et l'Ukra, en arrière des troupes du Maréchal Soult. C'est la première fois, depuis le commencement de la campagne, que nos soldats trouvent un peu de repos dans des lieux habités; jusque-là ils ont toujours bivouaqué.
Les Russes, de leur côté, battus dans une série de violents combats et découragés, se sont retirés au delà de l'Ukra et de la Narew, dans d'immenses forêts d'où il est impossible de les déloger, à cause de l'état du ciel et du sol.
Le 12 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Donnez l'ordre qu'il soit distribué, dans la journée du 15, 1500 capotes toutes faites du magasin de Varsovie au corps du maréchal Augereau, savoir :
... 200 au 24e
... Donnez l'ordre au maréchal Augereau de faire en sorte que les officiers d'habillement de ces corps soient rendus le 15 à Varsovie, et que ces capotes soient délivrées sans retard aux hommes de ces différents corps qui n'en auraient point" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 868 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14024).
Le 15 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Donnez ordre que sur les 1500 capotes que j'ai destinées au corps du maréchal Augereau et qui devaient être délivrées aujourd'hui :
4 capotes soient données au détachement du 24e de ligne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 881 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14057).
Cette inaction n'est pas de longue durée ; car, dans les derniers jours de janvier, on apprend que les têtes de colonnes ennemies se montrent sur la Passarge et attaquent nos positions.
Les cantonnements de l'armée sont levés; ceux du 24e le 30 janvier, et l'on marche en avant, menaçant de tourner les Russes. Ceux-ci n'ont que le temps de se retirer vivement sur leurs réserves, et s'établissent solidement à Eylau. Là va se livrer une des batailles les plus sanglantes des temps modernes.
- Eylau, 8 février 1807
Dès le 7 février, nos avant-gardes s'engagent avec les arrière-gardes russes qui doivent évacuer la ville d'Eylau, vers 10 heures du soir, après un combat acharné.
Les troupes du 4e Corps (Soult) l'occupent aussitôt et celles du 7e (Augereau) viennent s'établir un peu en arrière de la droite du 4e, à une demi-lieue au sud de la ville. On attend le Maréchal Ney qui doit déborder l'aile droite des Russes, tandis que Davout les tournera par leur gauche.
L'affaire s'engage, dans la matinée du 8 février, par une épouvantable canonnade dont les Russes souffrent beaucoup, parce que leurs troupes ont été établies en profondeur; les Français, au contraire, rangés en ligne mince, perdent beaucoup moins de monde. L'infanterie russe voulant profiter de l'effet de cette lutte d'artillerie dont elle n'a pas bien apprécié les résultats, et se formant en colonne, s'ébranle et se porte sur Eylau; elle est repoussée par les troupes du 4e Corps.
Cependant, Davout entre en ligne vers Serpallen, à deux kilomètres au sud-est d'Eylau, et refoule devant lui l'infanterie et la cavalerie ennemies. A cette vue, Napoléon fait avancer le 7e Corps et lui ordonne d'attaquer le centre ennemi.
Chacune des deux Divisions d'Augereau se forme en colonne serrée et cette masse d'environ 5 à 6,000 bommes débouche entre le village de Rothenen et le cimetière d'Eylau où se tient l'Empereur avec sa Garde. Il est 10 heures du matin.
Après avoir franchi ce défilé, les Divisions Desjardins et Heudelet (le 24e fait toujours partie de cette Division) se forment en bataille, la 1re Brigade de chaque Division déployée, la seconde en carré, derrière les ailes. Dès leur apparition, les Divisions du 7e Corps sont assaillies par un feu de mitraille des plus vifs; nos braves troupes n'en sont pas déconcertées. Tandis qu'elles gagnent du terrain, elles sont tout à coup aveuglées par une rafale de vent et de neige, perdent leur direction et viennent donner contre les masses ennemies. Les Russes, démasquant subitement une batterie de 72 pièces de canon, couvrent de mitaille cette malheureuse mais inébranlable infanterie et la contraignent à la retraite après lui avoir infligé des pertes considérables. Ce n'est pas assez de tant d'infortune; la cavalerie russe fond sur les débris de ce Corps dont les chefs sont tués ou blessés. Nos braves bataillons résistent avec une indomptable énergie, mais doivent céder le terrain, sans se rompre, malgré les efforts d'un ennemi enhardi par le succès; ils se rapprochent du cimetière et ne prennent plus aucune part à la fin de la bataille.
Toute la cavalerie française, entrainée par l'intrépide Murat, s'élance à son tour, chargeant le vainqueur avec furie, tandis que la Vieille Garde sortant du cimetière marche à la baïonnette. Les masses russes sont culbutées et leur centre détruit.
Mais alors paraissent sur le champ de bataille les 8,000 Prussiens de Lestocq qui peuvent rallier une partie des réserves russes et se jettent ensemble sur les troupes faliguées de Davout au sud de Kuschitten. Ils ne peuvent cependant venir à bout de la ténacité et de l'énergie des Divisions Friant et Gudin qui leur barrent le passage.
La nuit met fin à cette horrible bataille dans laquelle plus de 10,000 hommes sont tués ou blessés.
Le soir, les feux de bivouac du 24e ne réunissent que 7 Officiers et 200 hommes, groupés autour du drapeau; le reste est couché dans la neige, fauché par la mitraille.
Le lendemain, les survivants, égarés dans la tempête, rejoignent le Régiment réduit à 8 ou 900 hommes.
On lit dans le "Mémorial militaire des Français", par le Capitaine de Cartelverd : "Article Baïonnette : Cette arme, après avoir servi à gagner la bataille d'Eylau, fut employée à inscrire l'épitaphe du 24e de ligne, qui succomba tout entier dans cette affaire. C'est avec la pointe d'une baïonnette qu'on incrusta sur une croix de bois, plantée sur le champ de bataille, à l'endroit même où périt le régiment, ces mots si simples et si éloquents : Ci-git le malheureux 24e de ligne".
Les deux armées, après des fatigues aussi grandes et une bataille aussi terrible, ont besoin de repos; elles prennent leurs quartiers d'hiver. Ce qui reste du 7e Corps recule vers Freistadt, à l'ouest d'Eylau, puis jusque derrière la Passarge.
Par ordre de l'Empereur du 21 février 1807, le 7e Corps est dissous. Il a trop souffert à la bataille d'Eylau, ses pertes sont trop considérables pour qu'il soit possible de le reconstituer dans les conditions où l'on se trouve alors.
"L'Empereur ayant jugé convenable de dissoudre le corps d'armée, Son Altesse Sérénissime le prince major général a ordonné que le 7e régiment d'infanterie légère se rendrait à Hohenstein avec 8 pièces d'artillerie, afin de s'y réunir au 3e corps d'armée ; les 16e d'infanterie légère, 24e et 63e de ligne à Wormditt, afin de s'y réunir au 1er corps d'armée ; les 14e et 105e régiments d'infanterie, avec 8 pièces d'artillerie à Liebstadt, afin de s'y réunir au 4e corps d'armée ; enfin le 44e régiment à Osterode, pour s'y réunir au 10e corps. Le surplus de l'artillerie des divisions s'est réuni au parc d'artillerie de réserve, qui s'est mis en marche le même jour pour rejoindre le grand parc de l'armée" (Journal des opérations du 7e Corps - In Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 224).
Les 3 Bataillons du 24e, à l'effectif de 1186 hommes, dont 250 incapables de porter les armes, sont versés au 1er Corps d'armée, Maréchal Bernadotte, 1re Division, Dupont. Ils sont dirigés sur Wormditt où est cantonnée la 1ère Division (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 526).
L'ordre de mouvement pour le 23 prescrit les mesures à prendre pour observer l'ennemi et l'empêcher de franchir la Passarge, savoir :
"Ordre de Mouvement pour le 23 février.
Le général Dupont enverra un régiment s'établir à Mühlhausen, Schönflies et Curau ; il placera le 24e à Sumpf, Schönberg, Ludendorf et Nikolaiken, et un autre régiment à Schlobitten, Breunicken, Neumark, Mombrunsdorf et Schönfeld ..." (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 527).
Le 24e occupe Sumpf, Schönberg, Indendorf et Nicolaïken, derrière la Passarge, jusqu'au 25 février, et y reçoit quelques renforts qui portent son effectif à 1541 hommes.
1er Corps d'armée, Maréchal Bernadotte, 25 février 1807.
1ère Division, Général Dupont : 9e Léger, 24e de Ligne (1541 hommes), 32e de Ligne, 96e de Ligne.
2e Division, Général Lapisse : 16e Léger, 8e de Ligne, 45e de Ligne, 54e de Ligne.
3e Division, Général Frère : 29e Léger, 63e de Ligne, 94e de Ligne, 95e de Ligne.
Afin de ménager autant que possible le 24e, qui a été très cruellement éprouvé à Eylau, le Général Dupont veut le mettre en seconde ligne pendant le reste de la campagne ; mais le Colonel Sémélé, toujours soucieux de l'honneur de son Régiment, réclame pour être placé à son rang et aller où son munéro l'appelle, c'est-à-dire à l'avant-garde. - "Soit, dit le Général Dupont, puisque telle est votre volonté, mais rappelez-vous qu'au premier coup de fusil, je vous laisse entière liberté de manoeuvre".
Voulant savoir si les sentiments de ses soldats répondent aux siens, le Colonel Sémélé réunit son Régiment la veille de Braunsberg et dit : "Mes amis, l'Empereur, témoin de notre affreuse destruction à Eylau, m'a fait proposer d'envoyer le régiment sur les derrières de l'armée pour se refaire ; j'ai répondu que le 24e considérerait ce privilège comme un déshonneur. C'est pour demain la revanche; notre rang de bataille nous donne l'attaque; pas un coup de fusil ! à la baïonnette !".
"A la baïonnette !" s'écrient tous ces braves.
Le Général Benningsen, voyant l'armée française se retirer, veut se donner les apparences de la victoire et prononce un mouvement offensif vers la Passarge. Il vient donner dans le Corps Ney qui le reçoit fort mal et lui inflige des pertes sérieuses; c'est dans ce moment même que le Maréchal Bernadotte s'établit sur la basse Passarge et cherche à s'installer dans Braunsberg, oooupé par les Prussiens et les Russes.
- Combat de Braunsberg, 26 février 1807
Les Régiments de Dupont, prévenus dans la nuit, se trouvent réunis le 26, au point du jour. Les effectifs, très réduits, ne dépassent pas, au total, 6000 hommes, y compris la cavalerie légère.
Pour diviser l'attention de l'ennemi, le Général forme ses troupes en deux colonnes : celle de droite, composée du 9e Léger et du 5e de Chasseurs, est placée sous les ordres du Général Labruyère ; elle doit longer la Passarge et déboucher par Pettelkau. La colonne de gauche, la plus importante, conduite par le Général Dupont en personne, et par le Général Barrois, est formée des 24e, 32e et 96e Régiments de ligne, et des 2e et 4e de Hussards ; elle s'avance par la route de Mühlhausen et débouche par Rautenberg.
En sortant de Braunsberg dans la direction du Sud, on rencontre un ravin profond, au delà duquel sont les villages de Zagern, à gauche, et de Slangendorf, à droite. L'ennemi a mis dans Zagern un détachement important, mais le gros de ses forces est en arrière de Stangendorf, barrant la route.
Le Général Labruyère arrive devant Zagern à deux heures ; il attaque le village et l'enlève sous une fusillade très vive ; le 9e Léger, conduit par le vaillant Colonel Meunier, y montre sa bravoure accoutumée et prend deux pièces de canon. L'ennemi est rejeté vers Braunsberg, au delà du ravin.
De son côté, le Général Dupont, ayant chassé les avant postes ennemis de Wittenberg, fait ses dispositifs pour aborder la position de Stangendorf. Le 32e de ligne se déploie à droite de la route, pendant que le 96e se porte rapidement sur le village ; le 24e, formé en colonne, reste en seconde ligne et suit le mouvement. Le 2e et le 4e de hussards manœuvrent de façon à se trouver tantôt sur les ailes, tantôt dans l'intervalle des Régiments, suivant la disposition du terrain. Quoique l'ennemi occupe, sur les hauteurs en arrière de Stangendorf, une position très avantageuse, il ne peut résister à l'impétuosité de l'attaque du Général Dupont. Le 24e s'illustre dans cette rude affaire; à la vue des progrès des Russes, l'intrépide Colonel Sémélé lance son Régiment à la baïonnette; celui-ci charge avec une rare vigueur, et compromet la retraite de l'adversaire en le tournant sur sa droite. A la faveur de ce précieux concours, la position nous reste. L'ennemi, culbuté et vigoureusement mené, se replie précipitamment au delà du ravin et prend une nouvelle position adossée aux portes et aux murailles mêmes de la ville. Il se reforme aussitôt sur ces nouvelles positions en arrière et dans la ville même, où il tient avec une ténacité et un courage remarquables.
Le temps est affreux; des tourbillons d'une neige épaisse fouettent les soldats au visage et leur cachent l'ennemi qui, abrité derrière les murs et clôtures des jardins, dirige un feu très vif sur les assaillants ; on ne distingue pas au delà de vingt pas. Mais rien ne peut arrêter les soldats de Dupont ; profitant de quelques éclaircies, ils s'élancent à la baïonnette, enfoncent Russes et Prussiens et pénètrent dans Braunsberg, en même temps que le colonel Meunier et le 9e Léger y arrivent sur la droite. Fantassins et cavaliers, rivalisant de courage et d'entrain, se jettent dans les rues pêle-mêle avec les fuyards dont ils massacrent un grand nombre. L'ennemi se précipite vers le pont et franchit la Passarge dans un désordre inexprimable. On le poursuit jusqu'à Rasiedelburg. Entrainé par sa bouillante ardeur, le 24e s'attache aux pas du vaincu et ne s'arrête que quand l'ordre formel lui en est donné. Il laisse entre nos mains 1500 prisonniers, 9 pièces de canon et un drapeau (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 529).
L'Historique du 24e dit que les Russes laissent sur le terrain 2,000 morts; 26 canons et 2 drapeaux.
Pendant l'attaque, une Compagnie de Voltigeurs, commandée par le Lieutenant Tasset, engage un combat corps à corps avec un Bataillon de Grenadiers prussiens postés en réserve sur la place d'un grand faubourg, en avant du pont de la Passarge. A la première fusillade, Tasset tombe frappé à mort et est remplacé par le sous-lieutenant Marnier. "A la baïonnette !, s'écrie le jeune Officier. Aussitôt la fusillade cesse et un clairon qui sonnait la charge étant tombé mort, Marnier saisit l'instrument et, sonnant la charge à son tour, se précipite sur les Grenadiers prussiens. Ceux-ci s'enfuent en désordre et laissent le champ de bataille au Régiment.
Le Journal de la 1re Division décrit ainsi le combat de Braunsberg : "26 février (8 lieues). — Mühlhausen et quelques villages voisins avaient été désignés à la Division pour ses cantonnements définitifs, mais la ville de Braunsberg, qui se trouvait à l'extrême gauche de l'armée, était occupée par 5000 Prussiens et 6000 Russes, et il devenait important de s'en emparer. Le général Dupont fut chargé de cette glorieuse mission.
En conséquence, il réunit sa Division le 26 février à 5 heures du matin et marcha sur Braunsberg. Pendant la route, on aperçut plusieurs patrouilles qui se replièrent successivement. A une demi-lieue de la ville, le général fit arrêter la colonne, examina le plus loin possible le terrain qui le séparait de la ville, et prescrivit toutes les dispositions d'attaque. Une grande partie de la Division se déploya ; le reste continua à inarcher en colonne. Peu après, les tirailleurs rencontrèrent les avant-postes ennemis ; la fusillade se fit entendre et ne tarda pas à devenir générale. Après un combat très vif de plusieurs heures, le général ordonna une charge à la baïonnette. L'aide de camp Barbarin fut chargé par le général Dupont de donner cet ordre et d'en suivre l'exécution ; il entra un des premiers dans la ville. Les régiments marchèrent à l'ennemi avec une brillante audace, prirent ou tournèrent les ouvrages qui défendaient les approches de la ville, et y pénétrèrent pêle-mêle avec les Russes et les Prussiens, qui fuirent dans le plus grand désordre, en laissant au pouvoir des Français 1500 prisonniers, 9 pièces de canon et un drapeau. La nouvelle de ce succès, obtenu peu de temps après la bataille d'Eylau, fut accueillie avec enthousiasme par toute l'armée, et produisit un effet sublime sur son moral.
On s'établit à Braunsberg. Le 9e léger logea dans le faubourg sur la rive droite de la Passarge, le 32e et le 96e dans la ville sur la rive gauche, et le 24e de ligne, qui était venu renforcer la Division quelques jours auparavant, fut envoyé à Frauenburg, à 2 lieues de Braunsberg" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 535).
Le général Dupont rend compte du combat de Braunsberg au Prince de Ponte-Corvo, par le rapport suivant :
"Monseigneur,
Je me suis, d'après vos ordres, porté hier sur Braunsberg pour m'emparer de cette ville. Elle était défendue par un corps de 8 à 10 mille hommes dont 3 mille Russes.
Nous avons marché sur deux colonnes. Le 9e d'infanterie légère et le 5e de chasseurs à cheval se sont dirigés par Pettelkau ; les autres troupes par Rautenberg. A deux heures après-midi, le général Labruyère qui commandait la colonne de droite, a trouvé l'ennemi à Zagern et l'a fait replier jusqu'au delà du ravin qui se trouve en avant de ce village. Le feu de la mousqueterie a été très vif, et le 9e régiment y a montré sa bravoure ordinaire et brillante. Pendant ce temps l'avant-garde de la colonne de gauche chassait les avant-postes ennemis de Wittenberg. Les troupes ont débouché hors du bois, et nous avons marché à l'ennemi, qui avait sa droite près du village de Stangendorf, et sa gauche au bois ; son artillerie avait une position favorable sur la hauteur.
Le 32e régiment s'est déployé à droite de la route. Le 96e s'est porté rapidement sur le village de Stangendorf où l'ennemi allait entrer. Le général Barrois a manœuvré avec habileté sur ce point. Le 24e suivit au centre et en colonne le mouvement des deux autres régiments. Le 2e et le 4e de hussards manœuvraient tantôt sur les ailes, tantôt dans l'intervalle des régiments.
C'est dans cet ordre que nous nous sommes emparés de la position de l'ennemi et que nous l'avons replié jusqu'au ravin profond qui couvre la ville, et où il a pris une nouvelle position. Nous avons alors formé des colonnes d'attaque et marché au pas de charge Le succès a été prompt, et ce mouvement a fait taire l'artillerie et la mousqueterie ennemies. Le ravin a été passé rapidement et nous nous sommes trouvés aux portes de la ville où le combat a recommencé contre les troupes qui arrivaient de la rive droite de la Passarge au secours de la ville. La vivacité du feu n'a pas suspendu longtemps l'impétuosité de l'attaque. Les bataillons se sont précipités sur l'ennemi et se sont emparés des portes de Braunsberg. Les rues de la ville ont été jonchées de morts, particulièrement des Russes, et dans la poursuite on a fait beaucoup de prisonniers. Leur nombre est de 1500 à 2000, y compris les blessés. Neuf pièces de canon, dont 3 russes, et un drapeau, sont aussi restés en notre pouvoir.
Le 24e régiment a rivalisé avec les autres corps de la Division, et mérité la même réputation d'audace et de fermeté. Le colonel Sémélé s'est beaucoup distingué.
Le chef de bataillon Bouge a parfaitement conduit le 32e et acquis de nouveaux droits au grade que j'ai demandé pour lui.
Le colonel Meunier a mérité des éloges ; et le général Barrois a justifié la confiance de l'Empereur, dans son nouveau grade.
Beaucoup d'officiers et de soldats ont mérité d'être cités, et je vous adresserai pour eux des demandes particulières.
Je suis bien flatté, Monseigneur, de la persuasion où je suis que Votre Altesse, instruira l'Empereur des nouvelles preuves de dévouement et de courage qu'a données ma division dans cette
glorieuse affaire" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 530).
En envoyant au Général Dupont le drapeau conquis par le 24e de Ligne, le Colonel Sémélé lui écrit ce qui suit : "Frauenburg, le 27 février 1807.
Mon Général,
Le sergent qui aura l'honneur de vous remettre cette lettre, est chargé de vous porter le drapeau pris dans la journée d'hier ; j'espère que ce ne sera pas le dernier que le régiment prendra sous vos ordres ; les témoignages de satisfaction que vous lui avez donnés l'ont vivement pénétré et tout ce qui le compose brûle du désir d'en mériter de nouveaux.
J'ai l'honneur d'être ...
Sémélé
Colonel du 24e de ligne" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 532).
Le Maréchal Bernadotte adresse au Major général le rapport suivant : "À Holland, ce 27 février 1807.
A S. A. S. le Prince de Neuchâtel, Major Gal de l'Armée,
Prince, j'ai l'honneur de vous transmettre les détails de la prise de Braunsberg.
Le Gal Dupont, que j'avais chargé de s'emparer de cette ville, s'y est porté avec sa Division et la cavalerie légère ; il a marché sur deux colonnes. Le 9e d'infanterie légère et le 5e de chasseurs à cheval se sont dirigés par Pettelkau ; les autres troupes par Rautenberg. A deux heures après midi, le Gal Labruyère, qui commandait la colonne de droite, a trouvé l'ennemi à Zagern et l'a fait replier jusqu'au delà du ravin qui se trouve en avant de ce village. Le 9e régiment a déployé dans cette circonstance, sa bravoure ordinaire.
Au même instant, l'avant-garde de la colonne de gauche chassait les avant-postes ennemis de Wittenberg.
Bientôt, toute la division a débouché hors du bois, et a marché à l'ennemi qui avait sa droite appuyée au village de Stangendorf, et son artillerie favorablement placée sur les hauteurs.
Le 32e s'est déployé à la droite de la route, et le 96e s'est porté rapidement sur le village de Stangendorf. Le 24e suivait au centre et en colonne. Les 2e et 4e régiments de hussards manœuvraient pour seconder les mouvements de toute la ligne.
L'ennemi a été, de suite, chassé de sa première position et a été contraint de se replier jusqu'au ravin profond qui couvre la ville de Braunsberg où il a pris une nouvelle position.
Alors le Gal Dupont a formé ses colonnes d'attaque, et l'on a marché au pas de charge. Le succès a été prompt et le mouvement rapide de nos troupes a fait taire l'artillerie et la mousqueterie ennemies. Le ravin a été passé et l'on est arrivé aux portes de la ville où le combat a recommencé contre les troupes ennemies renforcées de quelques bataillons arrivant de la rive droite. L'ennemi a fait ici un feu très vif et très nourri; mais rien n'a ralenti l'impétuosité de l'attaque. Nos bataillons se sont précipités dans la ville, et ont tout culbuté, à la baïonnette. Un grand nombre de morts, et surtout de Russes, est resté sur la place. En poursuivant le reste, on a fait beaucoup de prisonniers : leur nombre est d'environ 2000, y compris les blessés. Un drapeau et 9 pièces de canon, dont 3 russes, sont aussi restés en notre pouvoir. Le 9e régt d'infanterie légère a pris deux de ses pièces ; un escadron du 2e de hussards en a ramené trois, en chassant l'ennemi jusqu'à Einsiedelkrug. Le 24e régiment d'infanterie a pris un drapeau. Le 32e a aussi pris deux pièces. Le Gal Dupont se loue particulièrement de la conduite du 24e de ligne. Ce corps, nouvellement arrivé au corps d'armée, a rivalisé avec tous les autres régiments de la Division.
Le Gal Dupont cite parmi ceux qui se sont le plus distingués, le Gal Barrois, le Gal Lahoussaye commandant la division de cavalerie légère, M. Meunier, commandant le 9e léger; M. Sémélé, colonel du 24e ; M. Bouge, chef de bataillon au 32e et M. Hubinet, chef d'escadron au 2e de hussards.
Je ne vous reparlerai point, M. le Duc, du Gal Dupont ; il a confirmé dans cette nouvelle occasion l'opinion que tous les militaires ont déjà de ses talents et de son intrépidité.
Je renouvelle à Votre Altesse ...
J. Bernadotte.
P. S. — Les prisonniers et les canons seront demain ici ; je les dirigerai de suite sur le quartier impérial" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 532).
Dans ses Mémoires, le Général Dupont donne, sur le combat de Braunsberg, des détails pleins d'intérêt : "A peine la division est-elle établie dans ses cantonnements sur la Passarge, qu'elle reçoit l'ordre de reprendre les armes et de marcher sur Braunsberg.
L'ennemi, devançant notre marche, s'était emparé de cette ville, située sur la Passarge ; elle formait la gauche de notre ligne, et sa possession nous devenait indispensable ; il fallait l'enlever avec d'autant plus de promptitude à l'ennemi, qu'elle lui donnait une position offensive et qu'il semblait tirer avantage de notre mouvement rétrograde.
Le 25, dans la nuit, je donne à mes quatre régiments l'ordre de se trouver le lendemain matin sur un point indiqué pour la réunion de tous les corps. Ils y arrivent tous avec une précision admirable, malgré l'éloignement et le peu de temps qui leur avait été donné.
Le corps ennemi qui occupait Braunsberg était fort d'environ 10 000 hommes, et composé de Russes et de Prussiens. Ses postes avancés se replient à notre approche. L'ennemi a pris une position favorable en avant de la ville avec ses forces principales. Il a garni de troupes les clôtures des jardins sur sa droite, pour se prémunir contre toute attaque de flanc, et son front est couvert par un large ravin. Une artillerie nombreuse appuie sa ligne. Ma division formait deux corps. La droite, sous les ordres du général Labruyère, se porte sur Braunsberg par la route qui longe la Passarge. Le corps principal, composé de mes trois régiments d'infanterie de ligne (32e, 24e et 96e) et du 4e de hussards, s'avance directement sur la ville. Le combat s'engage par le corps de droite. Le 9e léger, qui le compose en grande partie, gagne du terrain, fait une charge heureuse et enlève à l'ennemi deux pièces de canon.
Depuis quelque temps, le feu de l'artillerie et des rangs régnait sur le point principal, lorsque nos escadrons exécutant plusieurs charges avec succès, menacent les lignes de l'ennemi.
J'ordonne en ce moment au 32e et au 96e d'aborder sa première ligne ; ce mouvement l'oblige à se replier en franchissant le ravin qu'il défend encore avec opiniâtreté mais en vain.
Les ennemis forment aussitôt une nouvelle disposition plus rapprochée de la ville ; le combat recommence ; presque adossés aux murailles de Braunsberg, les Russes et les Prussiens nous opposent, avec la supériorité du nombre, l'appui du terrain. Nos deux corps, quoique séparés, marchaient de concert, et cette séparation même les secondait mutuellement ; leurs progrès inquiétaient davantage l'ennemi sur ses derrières et lui donnaient des craintes sur sa retraite. La saison était rigoureuse, la terre couverte de neige, et, dans le moment où l'action se ranime avec plus de vivacité, les flocons d'une neige épaisse nous enveloppent de son nuage. A vingt pas de distance les corps ne pouvaient plus s'apercevoir. Nous profitons cependant de quelques éclaircies, et notre première ligne marchant, la baïonnette en avant, refoule successivement l'ennemi qui se reforme, et elle est secondée par des attaques dirigées sur les barrières et murs de clôture, d'où partait contre nous un feu des plus vifs ; mais la neige obscurcissait quelquefois tellement nos mouvements, qu'ils devenaient tout à fait incertains. Je fus moi-même obligé de tenir de ma propre main le guide qui me conduisait vers la porte de la ville, dans la peur que s'échappant sous les balles qu'il entendait, il ne nous fît perdre notre direction.
Nos efforts sont enfin couronnés de succès ; nous arrivons sous les murs de Braunsberg ; l'ennemi, repoussé de toutes parts, s'y jette précipitamment et opère sa retraite sur la rive droite de la Passarge. Le brave colonel Meunier, à la tête de sa 9e légère, le poursuit de près et lui fait essuyer de nouvelles pertes. Je le fais en même temps presser dans la ville avec rapidité par la colonne principale ; elle enlève le pont, nos escadrons pénètrent pêle-mêle dans la ville avec les Russes et les Prussiens qui fuient dans le plus grand désordre en laissant au pouvoir des Français 1500 prisonniers, 9 bouches à feu et plusieurs drapeaux.
La prise de Braunsberg n'a pas seulement été un fait remarquable par le triomphe du petit nombre sur un corps beaucoup plus considérable ; il faut la considérer dans ses résultats. Cette action a fait une impression d'autant plus vive que la bataille d'Eylau en avait fait une plus terrible. La nouvelle en fut accueillie avec enthousiasme par toute l'armée et produisit un effet remarquable sur son moral. La confiance et la joie avaient passé dans tous les rangs. Napoléon donna alors de hautes marques de l'importance qu'il attachait à ce succès rendu plus éclatant par les circonstances présentes.
La possession de Braunsberg assurait nos quartiers d'hiver et nous conservait un vaste territoire au delà de la Vistule, avantage que nous aurions perdu si la Passarge nous avait été enlevée ; nous n'eussions pu alors faire le siège de Danzig, place si importante pour le succès de la nouvelle campagne. Le combat de Braunsberg maintenait ainsi notre position sur la rive droite de la Vistule, nous donnait des moyens de subsistance plus abondants, et la faculté d'assiéger et de prendre Danzig" (Mémoires inédits du général Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 533).
Le lendemain, la Division est passée en revue par le prince de Ponte-Corvo. Lorqu'il est en face du 24e, encore diminué par le combat de la veille, il s'arrête et lui adresse les plus grands éloges sur sa belle conduite dans les deux journées d'Eylau et de Braunsberg.
Le Général Dupont rédige un rapport spécial sur l'admirable conduite du Colonel Sémélé et du 24e Régiment; il cite comme s'étant particulièrement distingués : l'Adjudant-major Guyton, les Capitaines Meneau et Bouteilloux, les Lieutenanb Tasset, Henry et Petit, les Sous-lieutenants Marnier, Leclerc et Bardolet, les Sergents-majors Desmazures et Provost.
Plusieurs de ces vaillants Officiers reçoivent, par leur nomination au grade supérieur, la juste récompense de leur valeur; quant au chef de tous ces braves, le Colonel Sémélé, il est cité dans le 64e Bulletin de la Grande Armée, daté d'Osterode le 2 mars 1807, pour sa conduite distinguée dans le combat.
Le 63e Bulletin de la Grande Armée, daté d'Osterode, le 28 février 1807, raconte : "... Le 26, à 2 heures après-midi, le général Dupont se présenta devant Braunsberg, attaqua la division ennemie, forte de 10,000 hommes, la culbuta à la baïonnette, la chassa de la ville et lui fit repasser la Passarge, lui prit 16 pièces de canon, 2 drapeaux, et lui fit 2,000 prisonniers. Nous avons eu très peu d'hommes tués ..." (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 180 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 130 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11907 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 534).
Le 64e Bulletin, daté de Osterode, le 2 mars 1807, indique pour sa part : "... Voici quelques détails sur le combat de Braunsberg : Le général Dupont marcha à l'ennemi sur deux colonnes. Le général La Bruyère, qui commandait la colonne de droite, rencontra l'ennemi à Ragern, le poussa sur la rivière qui se trouve en avant de ce village. La colonne de gauche poussa l'ennemi sur Willenberg, et toute la division ne tarda pas à déboucher hors du bois. L'ennemi, chassé de ses positions, fut obligé de se replier sur la rivière qui couvre la ville de Braunsberg; il a d'abord tenu ferme, mais le général Dupont a marché à lui, l'a culbuté au pas de charge et est entré avec lui dans la ville, qui a été jonchée de cadavres russes.
Les généraux Barrois, Lahoussaye, le colonel Sémélé, du 24e de ligne ..., ont mérité des éloges particuliers ..." (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 183 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 132 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11917).
- Démonstration sur la basse Passarge le 2 mars 1807, et séjour du 24e à Frauenberg, sur la côte, du Frischen-Haff
L'Empereur tient à donner à ses troupes un repos qui leur est absolument nécessaire ; il fait donc exécuter par les Corps Soult et Bernadotte une démonstration sur la basse Passarge, dans la direction de Koenigsberg. Ce mouvement, qui menace la ligne de retraite de Benningsen, calme l'ardeur de ce Général et le fait rétrograder sur sa base d'opérations.
Nos troupes, harassées de fatigue, transies par un froid de 10°, prennent enfin leurs quartiers d'hiver où elles ne sont plus inquiétées. Au Régiment est assignée la petite ville de Frauenberg coquettement assise sur la côte de Frische-Haff.
Le Colonel Sémélé y réorganise son Régiment en deux Bataillons à l'effectif de 62 Officiers et 1662 Sous officiers et soldats. A cet effet, les cadres du 3e Bataillon sont dirigés sur le Dépôt du Corps, à Huningue, et les soldats versés dans les deux premiers Bataillons.
C'est pendant son séjour à Frauenberg que le 24e reçoit les récompenses accordées par l'Empereur, à la suite de cette rude campagne d'hiver. Le Régiment a une grande part dans la répartition de ces récompenses.
Les Adjudants-majors Guyton, Boudin et Nicot; les Capitaines Lamy, Richard, Lachapelle, Roy, Belligny; le Lieutenant Castillard; le Chirurgien-major Forcade; les Sergents Mahuet, Latierre, Destournau, Buisson, Boutelle et Colinet; le Voltigeur Canord et le Fusilier Vergnes, sont nommés Chevaliers de la Légion d'Honneur (74e Bulletin de la Grande Armée).
De nombreux maraudeurs, venant fréquemment mettre à contribution les villages de la côte et se servant, pour cela, de barqnes armées, le Colonel Sémélé fait construire, de nuit, des retranchements pour surveiller la côte; utilisant le savoir-faire des hommes qui ont été embarqués en 1805 à Brest, il fait construire une flottille de huit bons bateaux, qu'il fait gréer et armer dans le port de Frauenberg. L'ennemi ignore ces dispositions; on attend pour agir que, enhardi par une longue impunité, il se hasarde à une opération de quelque importance.
Le Colonel, prévenu par ses émissaires du jour et de l'heure où cette tentative doit avoir lieu, prend ses dispositions. Des détachements prennent position sur la rive, à une distance convenable des pointa de débarquement. L'Adjudant-major Guyton, ayant sous ses ordres les Lieutenants Marnier et Demay, a le commandement de ces postes. Quant à la flottille, elle gagne le large, à la faveur des ténèbres, laissant passer les chaloupes prussiennes en maraude. Aux premiers coups de feu, elle revient vivement et coupe la retraite aux chaloupes, qui sont prises au moment où elles vont rejoindre un brick prussien en station près de la côte. Celui-ci, sans attendre nos barques, cingle à pleines voiles vers Pillau.
Quelques autres expéditions du même genre n'ont pas plus de succès pour l'ennemi et sont même suivies de prises assez considérables.
L'Empereur, ayant appris ce qui se passait à Frauenberg (2 mars), demande le lendemain au Colonel Sémélé de lui donner 100 hommes pour le Corps des Marins de la Garde. Cette faveur, car c'en est une grande, jette la consternation dans le Régiment; les soldats sont devenus frères au milieu des dangers courus ensemble, et le drapeau, tatoué par tant de balles ennemies, est devenu une âme pour le Régiment; 1e quitter, c'est pour eux mourir.
Le Colonel remercie l'Empereur, mais le prie de lui laisser tous ses soldats, qui sont devenus, pour lui, aussi chers que des enfants.
Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Daru, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
1er corps
... 24e de ligne ...
Dépôts à à Schwetz ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).
Le même 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Duroc : "… Le 7e corps ayant été dissous, vous trouverez ci-joint les notes des corps auxquels ont été donnés les régiments, savoir : les 16e léger, 63e et 24e de ligne, au 1er corps ; le 7e léger, au 3e corps ; les 14e et 105e, au 4e corps, et le 44e au 10e corps" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11951 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14502).
Le 20 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande ARMÉE : "… Les trois bataillons du 7e régiment d'infanterie légère qui sont à l'armée seront réduits à deux bataillons. Tous les soldats appartenant au 3e bataillon seront incorporés dans les deux premiers. Le reste du 3e bataillon retournera joindre le 4e bataillon, même chose ... , pour le 24e de ligne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 956 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14758).
Le 22 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, mon intention est de compléter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs de la division Oudinot à un effectif de 150 hommes. Je désire en conséquence que vous fassiez réunir, conformément au tableau ci-joint, différents détachements d'hommes. De 5 pieds 4 pouces pour les grenadiers et de 4 pieds 11 pouces ou 5 pieds bien constitués pour les voltigeurs. Ces détachements peuvent partir sans sous-officiers, en désignant les meilleurs sujets pour en faire les fonctions pendant la route. Après en avoir passé la revue et avoir pourvu à ce que leur habillement et armement soient parfaitement en état, vous les ferez conduire par des officiers d'état-major, pour Thorn ...
24e de ligne 67 [Pour les grenadiers] 48 [Pour les voltigeurs] ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14811).
Le 22 mars 1807 encore, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Le 24e de ligne est à 4 bataillons ; il y en a 3 à l'armée. J'ai ordonné que tous les soldats du 3e bataillon complétassent les deux premiers et que les officiers et sous-officiers formant le cadre de ce 3e bataillon se rendissent en France, pour y être recomplétés. Je vois que le 4e bataillon aura une force de 1100 hommes. Il serait peut-être convenable de donner à ce bataillon 800 conscrits sur ce qui reste de la réserve de 1807.
Même opération a été faite pour le 7e de ligne ; mais, celui-ci devant avoir 1600 hommes à son 3e bataillon, il suffira de lui donner 200 hommes de la réserve de 1807.
Même opération a été faite pour le 25e léger ; mais celui-ci ayant 1499 hommes à son 3e bataillon, il suffira de lui donner 300 hommes de la réserve de 1807.
Par ce moyen, ces trois bataillons auront chacun 1800 à 2000 hommes et formeront un bon présent sous les armes, capables de se porter dans l'intérieur ou partout où ils seraient nécessaires" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14812).
Le 22 mars, le Maréchal Bernadotte recommande au Général Dupont de surveiller attentivement son front, et de chercher à se procurer des nouvelles de l'armée russe : "Schlobitten, 22 mars 1807.
Le maréchal Lefebvre me marque, mon cher Général, qu'il n'est entré dans Danzig que 500 Cosaques, et que l'on n'a encore aperçu aucune infanterie russe. Il est toujours bon que vous continuiez à faire reconnaître la Passarge entre Pillau et Danzig. Le colonel Sémélé peut y envoyer journellement, et je lui ferai remettre ses déboursés. Ce point est aujourd'hui occupé par des troupes du 10e corps qui ont battu l'ennemi et lui ont fait 300 prisonniers …" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 542).
Le 31 mars, depuis Osterode, Napoléon décide d'accorder 18 aigles d'honneur, dont neuf aux Officiers, et neuf aux Sous officiers et soldats, aux Régiments qui se sont distingués à Eylau. Il écrit au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre. 1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite, depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition : … 24e ... d'infanterie de ligne ...
Du moment que les maréchaux auront reçu ma décision, ils ordonneront à chaque général de division de réunir chez lui les colonels et chefs de bataillon de chaque régiment, ainsi que les généraux, de brigade, et de dresser un procès-verbal qui constate les individus qui méritent le mieux la décoration. Ce procès-verbal sera envoyé au maréchal commandant le corps d'armée, qui le transmettra, avec ses observations, au major général. Tous ces procès-verbaux devront être arrivés avant le 6 avril. Le 7, le major général me les soumettra …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 145013).
A la date du 3 avril 1807, la 1re Division du 1er Corps de la Grande Armée a, en présents sous les armes, les effectifs suivants :
Le Général de Division Dupont, commandant :
Le Général Labruyère.
9e d'Infanterie légère, 1438 hommes dont 48 Officiers.
, 1491 hommes dont 24e d’Infanterie de ligne57 Officiers ... (Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 543).
Le 16 avril 1807, Delaporte, Lieutenant au 24e, attaque trois Hussards suédois au pont de Ferdinand-Rowlo (Poméranie) et les met en fuite, en présence du Maréchal Duc de Trévise.
Le 21 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de Réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, vous aurez probablement reçu les ordres du ministre de la Guerre qui vous auront fait connaître que je renvoyais en France le cadre des 3es bataillons … du 24e de ligne. Vous reformerez ces cadres pour former les dépôts de ces régiments et vous ferez partir les 4es bataillons bien armés. S’ils ont des draps, vous les ferez partir tout habillés. S'ils n'ont pas d'habits, vous les ferez partir sans être habillés, et vous les dirigerez sur Berlin où on les habillera. Le principal est qu'ils soient parfaitement armés. Ainsi je compte que le lendemain de la réception de la présente lettre, vous ferez partir les 4es bataillons … du 24e de ligne et le 3e bataillon du 21e de ligne. Chaque bataillon, fort de 1200 hommes, habillés ou non, en ayant soin de m'envoyer l'état de ce qui manque à chaque bataillon" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15376).
Le même 21 avril 1807, l'Empereur écrit encore, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, dans l'état de situation de votre armée de réserve au 15 avril, je trouve que le 24e de ligne avait, présents sous les armes à Huningue, 900 hommes et 11 officiers. Qui vous empêche de nous envoyer, sur-le-champ, soit dans les régiments provisoires, soit dans les régiments de garnison, en prenant les hommes non habillés, au moins 700 hommes avec cinq ou six officiers ? ...
Je suppose que si vous ne les avez pas fait partir, c'est qu'ils n'étaient pas habillés. Mais moyennant l'autorisation que je vous ai donnée de les envoyer non habillés dans les régiments provisoires et de garnison, je pense que vous les avez mis en route ...
Je suppose donc que tout cela sera parti ; si ce ne l'était pas, faites-le parti sans délai ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15379).
Aux approches de la belle saison, Napoléon s'occupe de faire sortir ses troupes de leurs cantonnements, pour les camper, système qui, en les installant plus sainement, permet de les tenir rassemblées et de les exercer plus facilement, au grand avantage de l'instruction et de la discipline. Il devient aussi plus aisé de les nourrir. En outre, une armée campée n'a pas besoin de s'éclairer aussi loin que si elle était disséminée dans des cantonnements, et l'on peut ainsi éviter la guerre de postes avec les troupes légères de l'ennemi. Mais ne voulant point placer son armée en cordon, l'Empereur arrête qu'elle campera par Division. Il fait reconnaître le pays et désigne les emplacements des différents camps. Le 10 mai, le Prince de Ponte-Corvo reçoit l'ordre d'établir son Corps d'armée par Division, ainsi qu'il suit :
Division Dupont.
Le 24e d'Infanterie de ligne, à Frauenburg. (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 546).
Le 22 avril 1807, le Général Dupont écrit, depuis Braunsberg, à son épouse : "... Tu recevras une visite de Mme Sémélé ; son mari commande le 24e régiment de ligne, qui est réuni à ma Division depuis deux mois. Ce colonel est un officier fort distingué ; sa femme est peintre …" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 545).
Selon un "Etat dressé en conséquence des dispositions de la lettre de S. E. le Maréchal Ney en date du 26 avril courant", le 24e Régiment d'infanterie de ligne a, à cette date, 24 hommes rayés des contrôles, absents depuis trois mois sans autorisation; 22 hommes absents depuis moins de trois mois et rayés provisoirement; 68 hommes reconnus déserteurs et jugés par contumace; 11 hommes prisonniers de guerre (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 57).
Le 7 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Dans votre projet de distribution, je vois que ... le 24e, ... n'ont pas suffisamment. Il faut porter à chacun de ces 32 régiment l’un portant l’autre 300 hommes, ce qui fera 9 600 hommes. Vous trouverez de l'économie en suivant les bases que je vous indique, c'est-à-dire en mettant quelque chose de moins pour les légions, pour l'artillerie, pour les dragons" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15579).
Le 21 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J’ai reçu les états de situation que je vous avais demandés. Les 20000 hommes de la réserve doivent être distribués de la manière suivante :
12000 hommes à l'infanterie de ligne et légère conformément au tableau ci-joint.
… Répartition de 12 000 hommes de la réserve de 1808 entre les corps ci-après de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère.
INFANTERIE DE LIGNE
CORPS NOMBRE DES CONSCRITS
... 24e 250 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15681).
Composition du 1er Corps du Maréchal Bernadotte (puis Victor) au 30 mai 1807 :
1ère Division Général Dupont, 9e léger, 24e (3 Bataillons), 32e et 96e de ligne, 9 Bataillons, 6845 hommes
2e Division Lapisse : 16e Léger, 45e, 8e et 54e de Ligne, 8 Bataillons, 5971 hommes.
3e division Vilatte : 27e Léger, 63e, 94e et 95e de ligne, 8 Bataillons, 5489 hommes.
Artillerie, Génie et Gendarmerie : 36 pièces, 1678 hommes
Cavalerie légère, Général Beaumont : 2e et 4e Hussards, 5e Chasseurs, 9 Escadrons, 1236 hommes
4e Division de Dragons, Général Lahoussaye (puis Sahuc) : 17e, 27e, 18e, et 19e Régiments, 12 Escadrons, 1840 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).
- Création des Grenadiers réunis.
Dans le but de renforcer l'armée par la création de troupes solides et aguerries, l'Empereur constitue en mai 1807, sous le commandement du Général Oudinot, le Corps des Grenadiers et Voltigeurs réunis. Ce Corps, qui comprend 4 Brigades à 2 Régiments commandés par des Majors, est formé de Compagnies de Grenadiers et de Voltigeurs tirés des 3e ou 4e Bataillons de la plupart des Régiments. Chacun de ces nouveaux Régiments est composé de 2 Bataillons : le 1er avec 6 Compagnies de Grenadiers, le 2e avec 6 Compagnies de Voltigeurs.
Les Grenadiers du 4e Bataillon du 24e sont versés à Marienburg dans le 11e Bataillon, et les Voltigeurs du même Bataillon dans le 12e, réunis en un Régiment sous les ordres du Major Vaugrigneux. Ces deux Compagnies sont fortes de 6 Officiers et 118 hommes; parties de Huningue le 2 novembre, elles arrivent à destination le 9 juin 1807.
Le Corps des Grenadiers et Voltigeurs réunis est attaché au Corps d'armée du Maréchal Lannes.
Composition de la 3e Brigade : Général Cohorn.
6e Régiment : Major Vaugrigneux.
11e Bataillon, commandant Guéret : Grenadiers des 24e, 54e, 63e, 94e et 105e de Ligne.
12e Bataillon, commandant Boidet : Voltigeurs des mêmes Régiments.
5e Régiment, Major Chemineau : 6 Compagnies de Grenadiers et 6 de Voltigeurs.
Le 2 juin 1807, le Général Maison écrit, depuis le Quartier Général à Schlobitten, au Général de Division Dupont, à Braunsberg : "Sa Majesté l'Empereur voulant, mon cher Général, que toutes les troupes soient campées, et la prise de Danzig rendant notre position plus assurée sur la gauche, l'intention du prince est que vous fassiez camper à Zagern les deux bataillons du 24e régiment, et que le bataillon du 96e, qui est actuellement à Zagern, aille camper en arrière de Pettelkau, dans une position près de la lisière du bois, que vous aurez fait reconnaître auparavant.
Le 24e de ligne ne laissera à Frauenburg qu'un détachement de 200 hommes, pris parmi les hommes malingres ou convalescents ..." (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 547).
Au 5 juin 1807, la situation du 1er Corps de la Grande Armée est la suivante :
1re Division : Général Dupont. Quartier général à Braunsberg.
9e Régiment d'infanterie légère. 1947 hommes.
24e Régiment de Ligne. 1910 »
32e Régiment de Ligne 1755 »
96e Régiment de Ligne 1997 »
Total 7609 ... (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 548).
Dans la nouvelle répartition des troupes, les 1er et 2e Bataillons du 24e font partie de la 1ère Brigade (Général La Bruyère) de la 1ère Division (Général Dupont) du 1er Corps, sous les ordres du Maréchal Bernadotte, bientôt remplacé par le Général Victor.
L'armistice conclu après le combat de Braunsberg va expirer et Napoléon a donné l'ordre de se mettre en mouvement le 10 juin; il est prévenu par Benningsen, qui attaque sur toute la ligne le 5 dès la pointe du jour.
La soudaineté de cette attaque ne déconcerte pas nos troupes qui résistent bravement, elle amène cependant la retraite du Maréchal Ney. Tandis que, par suite des ordres de Napoléon, les Corps se concentrent autour de Saafeld, le Maréchal Bernadotte est peu inquiété; une tentative a lieu cependant sur le pont de Deppen et est repoussée par la Division Vilatte; Bernadotte y est blessé el passe le commandement du 1er Corps au Général Victor.
Quant à la Division Dupont, elle est tenue en échec dans ses positions de Petelkau, Zagern et Braunsberg par un Corps prussien considérable, qui se borne à quelques timides démonstrations.
1er Corps, Général Victor, juin 1807.
1ère Division, Général Dupont
1ère Brigade, Général La Bruyère : 9e Léger, 24e de Ligne (effectif du 24e : 1er Bataillon, 30 Officiers, 950 hommes; 2e Bataillon, 29 Officiers, 941 hommes).
2e Brigade, général Barrois : 32e de Ligne; 96e de Ligne.
2e Division, Général Lapisse.
3e Division, Général Vilatte.
Le 10 juin, Victor ordonne une reconnaissance générale dans le but de se rendre compte si l'ennemi est encore en forces sur le front du 1er Corps. Cette sortie se fait sans combat.
Dans la soirée du 10 juin, Victor fait écrire par le Chef de l'État-Major Général, le Général Maison, depuis son Quartier Général à Schlobitten, au Général Dupont, Commandant la 1re Division : "L'intention du Général en chef, mon cher Général, est que vous exécutiez, demain 11, à 2 heures du matin, le mouvement ci-après indiqué :
Vous placerez à Braunsberg le 24e Régiment de ligne, 120 chevaux des trois régiments de cavalerie légère, et deux pièces de canon : cette cavalerie sera commandée par le colonel Boudinhon.
Le général Labruyère restera à Braunsberg.
Le 32e Régiment viendra s'établir au camp de Petlelkau avec le bataillon du 96e Régiment, et le 9e d'infanterie légère remplacera au camp de Zagern le 24e de ligne ...
Dans le cas où il serait nécessaire de laisser Braunsberg isolé, vous laisseriez des instructions pour la défense de cette ville à l'Officier général que vous en chargeriez avec le petit corps qui y est formé pour y rester au besoin ..." (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 562).
Le 11 juin, le Général Dupont laisse à Braunsberg un Bataillon du 24e de Ligne avec 2 pièces d'artillerie et 120 chevaux, sous les ordres de M. Boudinhon, Colonel à la suite du 4e de hussards pour couvrir la ville (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 562).
Le 1er Corps, quant à lui, est appelé en toute hâte par l'Empereur qui, après avoir livré un violent combat aux Russes à Heilsberg, les pousse l'épée dans les reins sur l'Alle et se prépare à leur livrer une bataille décisive.
A 7 heures du soir, le commandant du 1er Corps reçoit l'ordre de se porter sur Eylau en passant par Landsberg ; il prescrit immédiatement les dispositions suivantes :
"Au Quartier Gal à Schlobitten, le 12 juin 1807.
Ordre de Mouvement pour le 1er corps le 12 au soir.
... Le corps d'armée est prévenu que Sa Majesté l'appelle à une bataille qui se donnera vraisemblablement demain ; ce motif fera supporter aux soldats, avec courage, les fatigues et les privations ..." (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 562).
Le Corps d'armée file sur la rive droite de la Passarge et marche pendant toute la nuit. Le 12, le Bataillon du 24e rejoint la Division à Metsach. Victor ne peut avancer que fort lentement, constamment arrêté par le Général prussien Lestocq qui s'efforce de ralentir la marche du Maréchal par d'incessauts combats d'arrière-garde. Victor s'arrête le 13 à Eylau. L'Empereur y est et prend ses dernières dispositions pour la bataille du lendemain.
Voici la disposition des deux partis avant la bataille de Friedland.
L'armée russe, vivement talonnée par une partie de la Grande Armée, suit la rive droite de l'Alle avee le désir de se rapprocher rapidement de Koenigsberg, sa base d'opérations, dont elle craint d'être coupée.
Napoléon, qui achève la concentration de ses forces aux environs d'Eylau, a deviné le plan des Russes et s'apprête à les acculer dans la boucle que forme l'Alle à Friedland, au moment précis où ils auront passé la rivière, en ce point qui est le plus rapproché de Koenigsberg.
- Friedland, 14 juin 1807
Suivant les ordres de l'Empereur, le Maréchal Lannes, précédant l'armée, marche toute la nuit du 13 au 14, et se présente devant Friedland vers une heure du matin. Il attaque dès le petit jour, vers 3 heures, les têtes de colonnes russes, qui débouchent au même moment. Jugeant bientôt qu'il ne peut rien tenter de sérieux contre la ville avec des forces par trop inférieures, il prend de solides positions entre les villages de Heinrichsdorf et de Posthenen, et se maintient, avec ses 25,000 hommes, en face de toute l'armée russe. Il est appuyé, dans sa belle résistance, par le Corps du Maréchal Mortier et par les Grenadiers d'Oudinot, qui s'illustrent en gardant les bois de Sortlack.
Cette lutte inégale dure encore vers midi, lorsque arrive Napoléon; puis, les uns après les autres, nos divers Corps d'armée.
L'Empereur prescrit à toute sa gauche de ne point se porter en avant et de contenir les Russes sur place; pendant ce temps, Ney, débouchant des bois de Sortlack, à l'extrême droite, doit se jeter, tête baissée, sur Friedland, pour s'emparer des ponts, unique retraite de Benningsen. Au centre et en réserve, près de Posthenen, Victor, avec la Division Dupont en tête, a mission de soutenir ce mouvement. La Garde est derrière Posthenen.
A 5 heures du soir, au signal donné par Napoléon, une salve d'artillerie annonce la reprise de la bataille. L'intrépide Ney s'élance avec son impétuosité habituelle et contraint tout ce qui est devant lui à une retraite précipitée. Mais, à ce moment, toute l'artillerie ennemie concentre son feu sur ses braves Divisions, qu'elle prend en écharpe et à revers. Il n'est plus possible d'avancer sous cet ouragan de mitraille; à cette vue, la cavalerie de la Garde russe tombe sur la gauche de Ney et oblige la Division Bisson à céder du terrain. Heureusement, Dupont est là, qui a vu ce mouvement de recul.
Sans attendre qu'on lui donne l'ordre de marcher, il s'avance dans la plus belle attitude contre l'infanterie russe, tandis que les Dragons de Latour-Maubourg ramènent la cavalerie ennemie.
Il oblige ces vieilles troupes à s'arrêter à leur tour, et, par la superbe contenance de sa Division, rend la confiance aux soldats de Ney.
Toute l'artillerie de Victor reçoit alors l'ordre de s'établir, avec celle du 6e Corps, sur le front même du Maréchal Ney. Sénarmont, qui la commande, s'avance avec une audace inouïe en avant de nos troupes, s'établit en face des Russes et commence, sur eux, un feu terrible. Toute notre ligne reprend l'offensive, un instant interrompue, et refoule les masses moscovites vers la rivière profonde et encaissée.
Pour l'ennemi, il faut arrêter à tout prix cette irrésistible poussée; l'infanterie de la Garde russe sort du ravin, où elle est masquée, et marche, baïonnette baissée, sur la Division Dupont, qui longe le ruisseau. Celle-ci n'attend pas le choc, se jette résolument en avant, fait de la Garde un horrible carnage et l'accule au ravin. Tout fuit pêle-mêle ; des groupes sont jetés dans la rivière; d'autres, dans le ravin; le reste s'entasse dans les faubourgs de Friedland, où vont les chercher les baïonnettes de nos vaillants fantassins.
Un Bataillon du 9e Léger, jeté en tirailleurs dans le ravin, le franchit, et, s'élevant sur le plateau, prend à revers une batterie qui dirige son feu sur le 6e corps. Le Général Dupont fait soutenir le Colonel Meunier par des Bataillons du 32e et du 96e, qui refoulent les Russes, pendant que le 24e Régiment, se glissant le long de l'étang, débouche bientôt sur la route de Königsberg, à la porte même de Friedland. Ainsi coupé de l'aile droite de l'armée par la Division Dupont, et voyant le Maréchal Ney et le Général Marchand s'avancer rapidement par la route d'Eylau, le Prince Bagration se préoccupe de sauver les débris de ses Divisions et de faire repasser son artillerie sur la rive droite de l'Alle; les ponts sont incendiés par les obus de Sénarmont et aussi par les Russes eux-mêmes, qui, pour arrêter les vainqueurs, ont mis le feu à des matières combustibles disposées à l'avance sur les ponts (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 575).
Le 24e, se glissant à la gauche de l'étang et favorisé par l'encaissement du terrain, s'approche presque sans perte de la porte de Friedland, par la route de Koenigsberg, et pénètre dans la ville.
Ney et Dupont se réunissent dans la malheureuse cité en feu, et le 24e atteint les ponts, au milieu de l'incendie.
L'armée russe est tournée; ses communications sont coupées; alors commence le rôle de l'aile gauche de l'armée française, qui refoule les troupes de Gorstchakoff dans Friedland ; celles-ci, en arrivant aux premières maisons de la ville, se heurtent aux Divisions de Ney et de Dupont. La déroute des Alliés est à son comble, et cette mémorable bataille se termine à 10 heures et demie du soir, par la destruction de l'armée russe.
Malgré le rôle brillant, joué dans cette belle journée par le 24e, les pertes du Régiment sont insignifiantes.
Un "ETAT de MM. les officiers, sous-officiers et soldats des Corps de la 1re Division du 1er Corps d'Armée, tués et blessés à l'affaire de Friedland, le 14 juin 1807" donne pour le 24e Régiment d'infanterie de Ligne, en tués 3 Sous-officiers et soldats. En blessés : le Colonel Sémélé, les Capitaines Dunet et Olivier, 13 Sous-officiers et soldats. Total : 3 tués, 16 blessés, total 19 (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 577).
Le Colonel Sémélé y a fait preuve du plus grand sang-froid : un obus, ayant éclaté dans le corps de son cheval, le Colonel est projeté à quelques pas, mais se relève aussitôt et continue à combattre tout le reste de la journée.
Quelques jours après la bataille, le Colonel Sémélé reçoit la juste récompense de son courage; il est nommé Général, Chef d'Etat-major du 1er Corps et remplacé à la tête du 24e par le Colonel Jamin.
Le 79e Bulletin de la Grande Armée, daté de Vehlau, le 18 juin 1807, raconte : "... L'ennemi, qui y avait embusqué la garde impériale russe à pied et à cheval (ravin qui entoure la ville de Friedland), déboucha avec intrépidité et fit une charge sur la gauche du maréchal Ney, qui fut un moment ébranlée ; mais la division Dupont, qui formait l'aile droite de la réserve, marcha sur la garde impériale, la culbuta et en fit un horrible carnage ...".
La bataille de Friedland met fin à la guerre de la troisième coalition; le 20 juin un armistice est signé et la paix conclue le 7 juillet, à Tilsitt, avec la Russie et le 9 avec la Prusse.
Du 15 au 19 juin, le 24e prend part à la poursuite de l'armée russe jusque vers Tilsitt. Du 19 au 25 juin, il est cantonné à Stolbeck. Après la signature de l'armistice, le 1er Corps quitte ses bivouacs et commence à rétrograder d'abord derrière la rive gauche de la Prégel (26 juin), puis jusqu'à Spandau le 18 juillet. L'effectif du 24e à cette date est de 62 Officiers et 1960 hommes.
Les Compagnies d'élite du 4e Bataillon qui, elles aussi, ont pris une glorieuse part à la bataille de Friedland dans le Corps des Grenadiers réunis, tiennent garnison à Dantzick, Glogau et Baireuth; elles comprennent 2 Officiers et 554 hommes.
Par Décret impérial du 13 juillet 1807, 400 aigles d'argent sont accordées au 1er Corps de la Grande Armée. Elles sont ainsi réparties pour la 1re Division :
24e Régiment d'infanterie de Ligne 16 Officiers, 16 soldats ... (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 588).
Le 4 octobre 1807, à Fontainebleau, à la question : "Sur le 24e de ligne", l'Empereur répond : "Le 24e de ligne sera donné à M. Jamin, et M. Tugnol restera à la suite jusqu'à nouvel ordre en conservant le commandement qu'il a aujourd'hui" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3725 - Note : Jean-Baptiste Jamin, Baron de l’Empire le 26 avril 1811, Général de Brigade le 27 avril 1813, Lieutenant général le 3 septembre 1823).
Le Régiment vient enfin se reposer à Berlin le 21 décembre 1807 et y reste jusqu'au mois de septembre 1808.
Le 24e et le 1er Corps sont installés dans les environs de Berlin, entourant la capitale de camps de plaisance où, grâce à la sollicitude de leurs Généraux et à leur propre industrie, les soldats se trouvent bientôt plus confortablement qu'ils n'eussent été dans des villes.
- Nouvelle organisation du 24e Régiment
Par Décret du 18 février 1808, le Régiment, en garnison à Berlin et à Huningue, reçoit une nouvelle organisation; à partir de cette opoque, il est porté à 5 Bataillons. Les 4 premiers, à 6 Compagnies, dont 1 de Grenadiers et 1 de Voltigeurs, sont désignés sous le nom de Bataillons de guerre; le 5e, avec 4 Compagnies de Fusiliers, reçoit le nom de Bataillon de Dépôt.
Le 22 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous devez avoir reçu mon décret pour la nouvelle organisation de l'armée. Je me suis hâté de vous l'envoyer, ainsi que les différents tableaux, afin que vous puissiez donner tous les ordres préparatoires. Mon intention est cependant qu'aucun dépôt ne se mette en marche pour sa nouvelle destination, et qu'aucun embrigadement ne soit fait qu'en conséquence d'une instruction que vous donnerez aux généraux chargés de ce travail, et qui, avant d'être expédiée, sera mise sous mes yeux. Voici quelles sont mes vues ; je vous les fais connaître afin que cela vous serve pour la rédaction de cette instruction.
1er Corps de la Grande Armée. — Quant au 1er corps, ... si le 24e a actuellement vingt-sept compagnies à l'armée, il gardera quatre bataillons pleins, et renverra les cadres des trois dernières compagnies du 3e bataillon actuel au dépôt. Si, au contraire, il n'avait que dix-huit compagnies, il garderait tout son monde ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 171260).
Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ...
ANNEXE :
1er corps
... 24e de ligne 100 000 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).
A Paris, le même 17 mars 1808, "On propose à Sa Majesté de décider que le dépôt du 32e de ligne reçoive, pour se compléter, trois compagnies du 24e de ligne"; "Approuvé", répond l'Empereur (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 269).
Le 13 juillet 1808, à six heures du soir, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Les officiers réformés, en général, ne l'ont point été sans un motif ; je vois avec peine que vous en mettez un grand nombre dans l'armée. Cependant vous n'avez sur ces officiers que des notes vagues. Vous placez seize officiers réformés dans le 24e de ligne : introduire seize officiers étrangers dans un corps, c'est s'exposer à changer l'esprit d'un corps. D'ailleurs, la plupart des officiers réformés qui ont été envoyés ici sont très-mauvais, et, si les corps se remplissent de pareils sujets, je cours risque de n'avoir plus d'armée ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14189 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18548).
- Marche du 24e de Berlin à Bayonne, 14 août-21 octobre 1808.
Le 5 août 1808, le Maréchal Victor reçoit l'ordre de porter le 1er Corps d'armée de Berlin à Mayence.
Le jour de la fête de l'Empereur, et tandis que cette fête se célèbre dans les camps, l'ordre arrive de partir pour l'Espagne. Une heure après, la population berlinoise qui, tout entière, à l'occasion de cette fête, se trouvait dans le camp français, reçoit les adieux de 50,000 hommes, qui bientôt vont prendre le chemin des Pyrénées.
Le 27 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Je vous renvoie votre rapport ; d'abord parce que je remarque qu'il n'est pas exact : le 4e de ligne ne fait pas partie du 1er corps; c'est le 24e de ligne ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18767).
/ 1808, formation de la Division de Réserve à Orléans
Le 12 janvier 1808, l'ordre suivant est promulgué : "L'Empereur a ordonné la formation d'une division de réserve d'infanterie qui sera réunie à Orléans le 1er février 1808.
Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires et chaque régiment de trois bataillons. La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires ...
... Les trois bataillons du 14e régiment provisoire doivent être composés de quatre compagnies chacun, tirées des 4e, 8e, 3e, 18e, 21e, 22e, 24e, 27e, 30e, 33e et 34e régiments de ligne ...
Le général de division Verdier commandera cette division de réserve, le général Schramm y sera employé" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1511).
Toujours le 12 janvier 1808, un deuxième ordre est promulgué, portant sur la composition de la Division de Réserve d'infanterie qui se réunit à Orléans : "Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires, chaque régiment de trois bataillons, chaque bataillon de quatre compagnies, chaque compagnie de 150 hommes, total 10.800 hommes.
La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires, la 2e, des 15e et 16e, la 3e des 17e et 18e.
... Le 14e régiment sera composé, savoir :
... 2e bataillon ; d'une compagnie de 150hommes du 18e régiment de ligne, d'une du 21e, d'une du 22e et d'une du 24e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1514).
Le même 12 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous donnerez les ordres pour la formation d'une division qui portera le titre de division de réserve, et qui se réunira à Orléans. Cette division sera composée conformément au tableau ci-joint ... Vous donnerez l'ordre qu'avant de faire partir les compagnies qui doivent former la division de réserve d'Orléans on complète tout ce que les corps doivent fournir aux douze régiments provisoires du corps d'observation des côtes de l'Océan. Le général de division Verdier commandera cette division de réserve. Le général Schramm y sera employé
P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et elle se mettra en marche au 1er février. Vous aurez soin de lui faire fournir des capotes et de veiller à ce que les hommes soient bien habillés.
COMPOSITION DE LA RÉSERVE D'INFANTERIE QUI SE RÉUNIT À ORLÉANS
Cette division sera composée de trois brigades ; chaque brigade de deux régiments provisoires ; chaque régiment de trois bataillons ; chaque bataillon de quatre compagnies ; chaque compagnie de 150 hommes : total 10 800 hommes.
La 1re brigade sera composée du 13e et 14e régiment provisoire ...
Le 14e régiment provisoire sera composé :
... 2e bataillon
une compagnie de 150 hommes du 18e régiment de ligne
une du 21e régiment de ligne
une du 22e régiment de ligne
une du 24e régiment de ligne ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 16987).
/ Guerre d'Espagne, 1808-1814
Napo1éon, qui a vaincu toute l'Europe, sent bien que l'édifice construit par lui n'aura aucune solidité tant que l'Angleterre rester en armes; il cherche à atteindre cette puissance par l'organisation du blocus continental.
Mais certaines puissances, telles que le Portugal, inféodées à la politique anglaise, sont réfractaires à toute coopération ; d'autres, comme l'Espagne, sont tièdes et n'agissent que mollement. L'Empereur prend la résolution de contraindre ces puissances par la force; il fait donc partir Junot à marches forcées avec une partie des Corps d'observation de l'Océan tandis que, sous prétexte de l'appuyer, d'autres troupes suivent à distance et prennent méthodiquement possession des points stratégiques de l'Espagne.
Le Corps d’Observation des Côtes de l’Océan était sous les ordres de Moncey. Avec Le 2e Régiment provisoire d'Infanterie formé de détachements des 24e, 34e, 44e, 63e de Ligne.
Le 11 novembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke Clarke, le corps d'observation des côtes de l'Océan ne sera réuni à Metz, Nancy et Sedan, tout entier, que vers le 25 novembre ; cela ne peut point cadrer avec mes projets. Voici donc les mesures que mon intention est que vous preniez sans délai.
Faites préparer à Metz et sur toute la route de Metz à Bordeaux, des voitures en nombre suffisant pour porter mille hommes par convoi ; et vous ferez ainsi aller en poste, par un mouvement continu, les troupes qui seront arrivées à Metz le 15 et le 16 novembre.
Le 15 novembre, à cinq heures du matin, les premiers 1,000 hommes ... partiront sur ces voitures et continueront leur mouvement sur Bordeaux, de manière à y être rendus, si c'est possible, le 25 ou le 26 novembre.
Six heures après, le second convoi, compose des deux compagnies du 24e, de deux du 44e et des deux du 63e, suivra et prendra les mêmes relais ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13344 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16760).
- Envoi du Corps de Moncey, 3e Bataillon du 24e de Ligne, 1807-1808
Le 2e Régiment provisoire où est le 3e Bataillon du 24e fait partie de la 1re Division du Corps de Moncey à destination de l'Espagne.
Les troupes qui entrent dans sa composition, et notamment le 3e Bataillon du 24e, arrivent entre Bordeaux et Bayonne à la fin de décembre (28 décembre}.
Le Maréchal Moncey entre à son tour en Espagne; après avoir occupé Madrid, il se porte sur Tolède et livre aux Espagnols deux combats à Cabriel et Siete-Aguas, mais doit se replier sur Madrid pour ne pas étre coupé par les forces ennemies qui grossissent sur ses derrières (29 juin 1808).
A noter que le 11 juin 1808, Ragon, Capitaine au 24e, participe à la prise de 6 pièces de canon, au passage de la Sierra Morena.
Les 1er et 2e Régiments provisoires se fondent alors en un Régiment de nouvelle création, le 114e de Ligne (Décret du 7 juillet 1808). En conséquence, les 4 Compagnies du 24e qui formaient le 1er Bataillon du 2e Provisoire sont rayées des contrôles du Corps et suivent désormais le sort du 114e de Ligne.
Les procédés pleins de déloyauté de Napoléon indignent les Espagnols qui nous étaient, jusqu'à ce moment, dévoués et qui conçoivent dès lors, contre nous, une haine farouche et implacable.
En peu de temps, l'Espagne entiêre est en feu et les populations, fanatisées par les prêtres, se levent en masse.
Les forces que Napoléon a envoyées dans ce pays subissent de sérieux échecs. Il faut bientôt les secourir avec une armée entière. L'Empereur en prend les éléments dans la Grande Armée.
Ainsi commence cette guerre d'Espagne où les grandes batailles sont rares, mais où chaque journée se signale par un combat sanglant; où il faut traquer un ennemi invisible, insaisissable; guerre sans trêve ni merci, où chaque maison est une citadelle à emporter, guerre qui marque le commencement de nos revers et qui sera la cause de la ruine de la France.
- Passage du 24e en Espagne, 1808
Le 24e quitte Berlin, et se rend en Espagne. Les trois premiers Bataillons du 24e de ligne, embrigadés avec le 9e Léger, se mettent en route le 14 août 1808, sous les ordres du Général La Bruyère.
Cette Brigade (1re de la 1re Division, Général Ruffin) arrive à Mayence le 1er septembre, et reçoit, dès son arrivée, l'ordre de continuer sur Bayonne. Le 24e quitte Mayence le 4 septembre avec les éguipages et l'Etat-major de la Division. Les principales étapes de cette longue route au cours de laquelle le Régiment traverse toute la France son Kayserslautern, Deux-Ponts, Sarrebrück, Metz, Chalons, Melun, Orléans, Tours, Poitiers, Angoulême, Bordeaux et Dax.
1er Corps, Maréchal Victor, 7 septembre 1808.
1ère Division, Général Ruffin : 9e Léger, 24e de Ligne, 96e de Ligne.
2e Division, Général Lapisse : 16e Léger, 8e de Ligne, 45e de Ligne, 54e de Ligne.
3e Division, Général Vilatte : 27e Léger, 63e de Ligne, 94e de Ligne, 95e de Ligne.
Le 11 septembre, en arrivant aux portes de Metz, le Régiment est reçu par le Préfet de la Moselle, le Maire et une députation du Conseil municipal et de la Garde d'honneur. M. de Vaublanc, Préfet, ayant complimenté les Officiers du Régiment au nom du département, la colonne entre en ville, sous un arc de triomphe décoré de fleurs et de devises, mais dont le principal ornement est les noms des victoires remportées par la Grande Armée.
Chaque soldat trouve dans son logement l'hospitalité la plus affectueuse et la plus empressée; à 3 heures, le Conseil municipal donne aux Officiers du Régiment un grand diner de cent couverts; un feu d'artifice grandiose et tout de circonstance, auquel tous les militaires sont invités, termine cette belle journée.
Au passage du Duc de Bellune à Paris, le 22 septembre, le Préfet de la Seine, à la tête du Corps municipal, vient à sa rencontre jusqu'à la barrière de Pantin, lui adresse une allocution et lui remet les couronnes d'or offertes par la Ville de Paris aux Régiments du 1er Corps. Ces couronnes sont fixées aux Aigles par le Préfet lui-même, aux sons des musiques et aux cris de : Vive l'Empereur !
Les troupes se rendent ensuite au Jardin de Tivoli, où un banquet est préparé pour elles et pendant lequel la musique du Conservatoire exécute des chants guerriers.
Le trajet du Régiment jusqu'à Bayonne n'est qu'une marche triomphale, dans laquelle les municipalités rivalisent pour recevoir dignement les soldats de la Grande Armée.
Il faut dire que l'Empereur avait donné aux municipalités des instructions très détaillées (Saint-Cloud, septembre 1808, Instructions à M. Cretet, Ministre de l'Intérieur) pour les inviter à bien recevoir les troupes cictorieuses, et à entretenir ainsi par tous les moyens le "bon esprit qui les anime et leur amour de la gloire".
- 1ères opérations du 24e de Ligne en Espagne, 1808
On ne fait que s'arrêter à Bayonne, car la situation est grave, et les colonnes du 1er corps entrent en Espagne avec Vittoria comme objeclif. La concentration est achevée sous cette place du 1er au 5 novembre.
A ce moment, l'armée française forte de 100,000 hommes, est disposée de la façon suivante : Victor (1er Corps) et Lefèvre (4e} forment la droite ; Soult (2e Corps), la Garde et la cavalerie de Réserve sous les ordres de Bessières sont au centre; Ney (6e) et Moncey (3e) sont à gauche. Gouvion-Saint-Cyr (7e) occupe la Catalogne.
Les Espagnols nous opposent 4 armées : à gauche, Blake qui doit marcher sur Bilbao par Espinosa; au centre, Castanos, sur l'Èbre de Logrono à Calahorra, avec Burgos pour objectif; à droite Palafox, en marche de Tudela sur Pampelune; en arrière, des troupes de réserve en formation. Enfin une armée anglaise se prépare à se joindre en Vieille-Castille au Corps de Blake.
Il ne s'agit de rien moins que d'envelopper l'armée française.
Divers engagements ont lieu entre les Corps des ailes, affaires dans lesquelles les Espagnols sont battus par Ney et Moncey.
- Combat de Oquendo, 3 novembre 1808.
Le 3 novembre 1808 , se déroule le combat d'Oquendo, entre Orduna et Amurrio, petit engagement dans lequel la Brigade La Bruyère, au centre (9e Léger et 24e de Ligne) font éprouver quelques pertes aux Espagnols.
Deux jours après, Napoléon arrive à Vittoria et prend le commandement de l'armée (5 novembre). Sous sa vigoureuse impulsion, Soult et Bessières mettent en complète déroute les troupes d'Estramadure à Gamoual, le 10 novembre, et entrent à Burgos. Pendant ce temps, Lefebvre et Victor chargent à outrance l'Armée de Galice dans la direction des gorges de Biscaye. Le 1er Corps rencontre l'armée de Blake rangée en bataille en avant d'Eapinosa, position de la plus haute importance dont il est urgent de s'emparer.
- Combat d'Espinosa, 10 et 11 novembre 1808
Le 10 novembre, à 2 heures de l'après-midi, la Division Vilatte, débouchant par des chemins dans lesquels l'artillerie n'a pu la suivre, commence la fusillade sur la droite ennemie et enlève, vers 4 heures, le bois sur lequel cette aile s'appuie. La position du Général est difficile cependant, à cause de la grande disproportion entre ses forces et celles de Blake; en ce moment, le Duc de Bellune parait sur le champ de bataille avee ses deux autres Divisions. Le Maréchal va engager la bataille à fond pour précipiter les Espagnols dans les ravins où coule la Trueba et les acculer à la rivière, lorsqu'un épais brouillard, s'élevant à 5 heures, le force à remettre l'action au lendemain.
Le 11 dès le point du jour, le combat recommence. Le 94e et le 95e de Ligne, fatigués par la journée de la veille, sont remplacés par le 9e Léger, et le 24e de Ligne à la gauche du Corps d'armée, sur un plateau adossé à la Trueba.
Les Espagnols sont vivement attaqués par notre centre et notre droite qui emportent toutes leurs positions, enlevant un à un les murs des jardins et pressant l'ennemi sur la ville. En même temps, la Brigade Labruyère s'avance résolument à la baïonnette et refoule la droite espagnole dans un coude de la Trueba où elle s'est imprudemment accumulée en masse profonde. C'est bientôt dans cette agglomération une affreuse confusion et l'on voit cette armée de 30,000 hommes s'enfuir dans une déroute indescriptible.
Dans ce brillant combat, si honorable pour le 24e, se distinguent les Compagnies de Voltigeurs du Régiment que le nouveau Colonel a portées au grand complet. Ces Compagnies, modèles de bravoure, de bonne tenue et d'intelligence, sont groupées d'ordinaire, au moment des engagements critiques; elles sont habituées à la guerre de montagne et rendent de grands services dans cette campagne.
Les pertes du 24e sont insignifiantes dans cette affaire; les Espagnols tirnt mal et de très loin pour avoir le temps de s'enfuir plus vite. Les débris de l'armée de Blake se dispersent et se jettent dans les montagnes de Léon, abandonnant tout leur matériel (60 canons et les bagages). La perte de l'ennemi était de 20,000 tués, blessés ou prisonniers.
Le Colonel Jamin, du 24e, paye un juste tribut d'éloges bien mérités au Commandant Dunet et à plusieurs Officiers et soldats.
Les marches dans les montagnes et les deux journées de combat d'Espinosa ont tellement épuisé nos troupes que le Maréchal doit leur faire passer sur place la fin de la journée du 11 novembre et celle du 12. ll peut ensuite se mettre en mouvement pour rejoindre Napoléon et se porter sur Madrid.
La route qui conduit à cette capitale traverse les montagnes du Guadarrama, au col de Somo-Sierra : c'est un défilé d'un accès très dificile, bordé de rochers très abrupts. L'entrée en est défendue par 16 pièces d'artillerie et 12 à 13,000 hommes, retranchés dans une position que les Espagnols croyaient inexpugnable.
Le 17 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Burgos, à Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon Cousin (...) Les détachements de 36 hommes du 24e, de 28 hommes du 63e rejoindront le corps du maréchal Lefebvre à son passage, ainsi que le détachement de 38 hommes du 95e ..." (Picard et Tuetey : Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809. 2465; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19288).
- Combat de Somo-Sierra, 30 novembre 1808
La marche en avant commence le 30 novembre, lorsque Napoléon apprend le succès de Lannes à Tudela, lequel lui donne toute sécurité pour ses flancs et ses derrières. L'armée s'engage dans la montagne; la Division Lapisse, du 1er Corps, est chargée de l'attaque à droite de la route, tandis que les Régiments de la Division Ruffin (9e Léger, 24e et 96e de Ligne), partant en même temps, doivent gravir les pentes du Guadarrama jusqu'au col. Le 9e Léger suit la berge de droite, le 24e celle de gauche, pour tourner les défenses de la route sur laquelle le 96e s'engage en colonne avec la cavalerie de la Garde.
Grâce au brouillard, on peut s'avancer sans être vu, et la terreur des Espagnols est grande quand, une éclaircie s'étant produite, ils aperçoivent le 9e Léger et le 24e de Ligne arrivant droit sur eux et sur leurs flancs; ils résistent mal et sont successivement chassés de tous leurs postes. Mais le gros de la résistance est sur la route même. Napoléon lance les Chevau-légers polonais qui, avec leur bravoure légendaire, sabrent tout ce qu'ils rencontrent. Les drapeaux, 16 canons, une quantité considérable de matériel et de nombreux prisonniers sont les trophées de ce hardi coup de main.
Le 13e Bulletin de l'Armée d'Espagne, daté du Quartier général de Chamartin (Saint-Martin), près Madrid, le 2 décembre 1808, raconte : "Le 29, le quartier général de l'Empereur a été porté au village de Boceguillas. Le 30, à la pointe du jour, le duc de Bellune s'est présenté au pied du Somo-Sierra. Une division de 13,000 hommes de l'armée de réserve espagnole défendait le passage de cette montagne. L'ennemi se croyait inexpugnable dans cette position ; il avait retranché le col, que les Espagnols appellent Puerto, et y avait placé seize pièces de canon. Le 9e d'infanterie légère couronna la droite, le 96e marcha sur la chaussée, et le 24e suivit à mi-côte les hauteurs de gauche. Le général Senarmont, avec six pièces d'artillerie, avança par la chaussée.
La fusillade et la canonnade s'engagèrent. Une charge que fit le général Montbrun, à la tête des chevau-légers polonais de la Garde, décida l'affaire, charge brillante s'il en fut, où ce régiment s'est couvert de gloire et a montré qu'il était digne de faire partie de la Garde impériale. Canons, drapeaux, soldats, fusils, tout fut enlevé, coupé ou pris. Huit chevau-légers polonais ont été tués sur les pièces et seize ont été blessés. Parmi ces derniers, le capitaine Dziewanowski a été si grièvement blessé qu'il est presque sans espérance. Le major Ségur, maréchal des logis de la Maison de l'Empereur, chargeant parmi les Polonais, a reçu plusieurs blessures dont une assez grave. Les seize pièces de canon, dix drapeaux, une trentaine de caissons, deux cents chariots de toute espèce de bagages, les caisses des régiments, sont les fruits de cette brillante affaire. Parmi les prisonniers, qui sont très-nombreux, se trouvent tous les colonels et lieutenants-colonels des corps de la division espagnole. Tous les soldats auraient été pris s'ils n'avaient pas jeté leurs armes et ne s'étaient pas éparpillés dans les montagnes …" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 333 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 316 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14524).
Dès ce moment, la route de Madrid est ouverte; les 24 lieues qui nous séparent de la capitale sont franchies sans combat et nous nous présentons, le 2 décembre, devant la ville hérissée de barricades et transformée en forteresse que défendent 40,000 paysans fanatisés jusqu'à la folie. Ces forces sont appuyées par 8,000 hommes de troupes régulières et 100 pièces d'artillerie.
- Combat de Madrid, 2 décembre 1808
Deux sommations étant restées sans effet, l'Empereur donne le signal de l'attaque. Grâce à l'énergie de Victor et à la valeur de ses troupes, l'affaire n'est pas aussi longue et aussi meurtrière qu'on aurait pu le craindre. Le 1er Corps enlève le palais et les jard=ins du Buen-Retiro qui domine la ville et dont il est la clef. Le 24e se signale, comme d'habitude, par sa valeur et s'empare des barricades de la rue des Récollets. Son Bataillon de Voltigeurs, commandé par le Général Labruyère en personne, se rend maitre, malgré un feu terrible, d'une batterie de 10 pièces qui enfile la rue de la Scala.
Labruyère est blessé à mort à cette attaque et est remplacé, à la tête de sa Brigade, par le Général Sémélé, qui se retrouve ainsi avoir sous ses ordres son vieux et brave Régiment d'Eylau et de Friedland.
L'intention de Napoléon n'est pas de s'emparer de Madrid par des moyens violents, mais bien de venir à bout de la résistance par intimidation; aussi, maitre des principales portes de la ville et prêt à entamer un effroyable bombardement avec de nombreuses et puissantes batteries déjà en position, il fait à la junte une troisième sommation dont l'effel est décisif; à la suite d'un conseil tumultueux, les troupes régulières évacuent la ville et le reste met bas les armes.
Le 24e est caserné dans un couvent et nourri par les moines.
Le 11 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Chamartin, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, demain à 7 heures du matin, un général attaché à l'état-major passera la revue des compagnies de marche du 1er corps qui sont au Retiro, appartenant aux divisions Villatte et Ruffin, c'est-à-dire aux 94e, 95e, 27e léger, 96e, 9e léger et 24e de ligne. Il s’assurera que ces hommes ont une paire de souliers dans le sac, une aux pieds, du pain pour deux jours, qu'ils ont tous leur baïonnette et leurs cinquante cartouches. A cet effet, donnez ordre au commandant que demain avant 8 heures, il leur fasse prendre le pain pour deux jours ; et s'il ne leur manque rien, ils seront dirigés sur Tolède. Ils prendront l'ordre du général Beaumont qui est sur la route de Tolède, pour couvrir et protéger au besoin le mouvement de cette colonne qui ne sera guère que de 800 hommes.
S’il est des individus qui n'aient pas une paire de souliers dans le sac, on leur en fera donner jusqu’à concurrence de 400 paires" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2551; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19484).
Il y a à peine un mois que Napoléon est entré en Espagne et déjà les armées ennemies ont été balayées et dispersées ; la capitale est à nous. Malgré ces immenses succès, nous n'étions maitres de rien et l'insurrection gronde partout.
Pendant ce temps, l'armée anglaise, commandée par le Général Moore, s'avance sur notre ligne de communications jusqu'à Valladolid. Napoléon, profitant de la faute du Général anglais, qui s'enfonce de plus en plus et s'isolait dans l'intérieur de la péninsule, veut le couper de la mer, entourer son armée et la prendre en entier.
Pour coopérer à cet ensemble de mouvements, Victor s'avance avec Lefebvre vers le Portugal et prend position sur le Tage; le 24e occupe Tolède et isole ainsi les Castilles des provinces du Midi. La belle combinaison de Napoléon ne réussit malheureusement pas.
Moore, ayant été prévenu du danger qui le menace, décampe rapidement et gagne la Corogne, à marches forcées, vigoureusement poursuivi par nos troupes. Rien ne saurait rendre le désordre et les désastres de cette retraite précipitée dans les gorges de la Galice. Les Anglais ne trouvèrent leur salut que sur leurs vaisseaux.
- Espagne, 1809
Cependant, des masses espagnoles se rassemblent au sud de Madrid. Le Duc de l'Infantado, réunissant les restes de l'armée d'Andalousie à d'autres débris et à de nouvelles levées, s'est établi aux confins de la province de Cuenca et menace Madrid.
Le Duc de Bellune lève ses cantonnements le 10 janvier 1809, et marche sur cette nouvelle armée. Le Corps, disposé en deux colonnes, s'avance vers Tarencon d'un côté (Division Vilatte) sur la route d'Uclès, et de l'autre (Diviaion Ruffin) sur celle de San-Clemente par Aranjuez. On sait que les Espagnols nous attendent dans une forte position, à Uclès. Victor manoeuvre pour les tourner ; à cet effet, les Dragons de Latour-Maubourg et la Divison Vilatte les occupent de front pendant que Ruffin, filant par la gauche, dans les montagnes de l'Alcazar, s'efforce de leur couper la retraite.
- Combat d'Uclès, 13 Janvier 1808.
Le 13 janvier, à 7 heures du matin, les Dragons entament le combat au village de Tribaldos, occupé par l'avant-garde ennemie; en même temps, les Tirailleurs de Vilatte débusquent le reste de cette avant-garde à Villa-Rabia. La Division Vilatte, se portant alors avec une hardiesse sans égale vers les hauteurs d'Uclès, chasse les Espagnols du toutes leurs positions et les refoule en désordre sur les troupes de Ruffin, qui débouchent sur leurs derrières par une gorge étroite. Les fuyards viennent se heurter contre les Compagnies d'élite du 24e qui leur barrent vaillamment le passage; ces malheureux résolus alors à vendre chèrement leur vie, se reforment et recommencent une lutte acharnée ; mais attaqués de front par le 9e Léger et le 96e de Ligne, tournés par le 24e, ils doivent se résigner à mettre bas les armes. Treize mille prisonniers, trente drapeaux et presque toute l'artillerie tombent entre nos mains.
Le Duc de l'lnfantado, lorsqu'il voit la bataille perdue, prend les devants avec une escorte de 150 chevaux, se fait suivre par le reste de ses troupes et parvient à s'échapper du cercle qui l'entoure. Il est vivement poursuivi par nos troupes, les Grenadiers et les Voltigeurs du 24e en tête. Les dispositions du Colonel Jamin sont si bien et si rapidement prises que ses Compagnies d'élite se jettent avec impétuosité au milieu de la masse ennemie, y portent le désordre le plus complet et s'emparent de cinq drapeaux sans coup férir.
Le jeune Lieutenant Marnier, qui commande une Compagnie de Voltigeurs du 24e, se lance sur les traces de l'ennemi en fuite. Il l'atteint au moment où, arrêté par un large fossé, il ne peut plus avancer. Marnier fait prisonnier, de sa main, le Colonel des Gardes wallones, et montant immédiatement sur son cheval, traverse toute la colonne ennemie, se lançant à la poursuite de tout un Etat-major qu'il atteint seul, au moment où ses chevaux se refusent à sauter un fossé. A la tête de cette troupe se trouve un Général et huit Officiers qui l'escorte. Marnier fond sur le Général ennemi, qu'il somme de se rendre ; celui-ci, surpris de l'audace de l'Officier français, qu'il croit suivi d'une nombreuse cavalerie, lui remet son épée et se constitue prisonnier, ainsi que tout son Etat-major. Marnier est nommé Capitaine en récompense de ce fait d'armes.
Sont cités pour leur belle conduite : le commandant Conscience; les Capitaines Henry, Prioux et Lessard; les Lieutenants Marnier, Coste, Bassard; l'Adjudant-major Gazau et les Sous-lieutenants Desmazures, Arditz, Bardollet et Anglade.
Le 29e Bulletin de l'Armée d'Espagne, daté de Valladolid, le 16 janvier 1809, raconte : "Le 10 janvier, le quartier-général du duc de Bellune était à Aranjuez.
Instruit que les débris de l'armée battue à Tudéla s'étaient réunis du côté de Cuença et avaient été joints par les nouvelles levées de Grenade, de Valence et de Murcie, le roi d'Espagne conçut la possibilité d'attirer l'ennemi. A cet effet, il fit replier tous les postes qui s'avançaient jusqu'aux montagnes de Cuença au-delà de Tarançon et de Huete. L'armée espagnole suivit ce mouvement. Le 12 elle prit position à Uclès. Le duc de Bellune se porta alors à Tarançon et à Fuente de Padronaro. Le 13 la division Villatte marcha droit à l'ennemi, tandis que le duc de Bellune, avec la division Ruffin, tournait par Alcazar. Aussitôt que le général Villatte découvrit les Espagnols, il marcha au pas de charge, et mit en déroute les douze ou treize mille hommes qu'avait l'ennemi et qui cherchèrent à se retirer par Carascosa sur Alcazar ; mais déjà le duc de Bellune occupait la route d'Alcazar. Le 9e régiment d'infanterie légère, le 24e de ligne, et le 96e présentèrent à l'ennemi un mur de baïonnettes. Les Espagnols mirent bas les armes. Trois cents officiers, deux généraux, sept colonels, vingt lieutenant-colonels et douze mille hommes ont été faits prisonniers. On a pris trente drapeaux et toute l'artillerie. Le nommé Venegas, qui commandait ces troupes, a été tué.
Cette armée avec ses drapeaux et son artillerie, escortée par trois bataillons, fera demain 17 son entrée à Madrid.
Ce succès fait honneur au duc de Bellune et à la conduite des troupes. Le général Villatte a manoeuvré avec habileté. Le général Ruffin s'est distingué. Il en a été de même du général Latour-Maubourg ..." (Panckoucke : « Œuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 380).
Le Régiment passe la nuit à Alcazar et dès le lendemain, le Maréchal se lance à la poursuite de ce qui reste du Corps du Duc de l'lnfantado; après une pointe sur Cuenca, nos troupes prennent leurs cantonnements à Madriléjos et Consuegra, à la limite sud de la province de Tolède.
Le 27 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Joseph Napoléon, Roi d'Espagne, à Madrid : "... Faites connaître au maréchal Victor que j'ai accordé les grâces qu'il a demandées pour le général Villatte, pour le colonel Meunier, pour le chef de bataillon Regeau, pour les colonels Mouton et Jamin, et Rouziès, du génie, pour l'adjudant commandant Aymé, et pour les chefs d’escadron Chateau, Auguste et François Leroy-Duverger, etc." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 36 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14749 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19942 - Note : Jean-Baptiste Jamin, colonel du 24e de ligne, brigade Lefol, division Ruffin. V. Haegele (op. cit.) publie le nom du Capitaine Étienne Janin, aide de camp du général Razout).
On se rappelle que les Anglais ont dû se rembarquer précipitamment à la Corogne ; il ne leur reste donc plus que le Portugal. Une expédition est organisée pour les en chasser; le 1er Corps en fait partie avec les 2e, 3e et 4e.
- Bataille de Médellin, 28 mars 1809.
Le Corps de Victor marche sur Médellin ; le 24e entre le 24 mars dans Truxillo. "Jamais spectacle semblable ne s'était offert à nos yeux. On avait bien trouvé, jusque-là, quelques villages et de gros bourgs complètement abandonnés, mais jamais une ville entière. A notre approche, tout avait fui sans laisser de trace.
D'un seul mouvement et par un même sentiment d'abnégation, les 12,00 habitants de Truxillo avaient quitté le toit domestique.
Cette douloureuse unanimité, qui donnait la mesure de la haine qu'on nous portait, remplit l'âme de ces soldats, habitués à se voir si bien reçus partout, de surprise et de tristesse. On eût cru entrer dans une ville morte; les malades eux-mêmes avaient été emportés des maisons et des hôpitaux. On ouvrit toutes les portes sans rencontrer même un animal domestique.
Longtemps on se refusa à croire à un tel acte de patriotisme; mais, après avoir tout vérifié, on acquit la certitude que nulle embuscade n'était cachée derrière ce silence.
Deux heures après, l'aspect de la ville avait changé de face; l'esprit français s'était répandu dans la nécropole et l'avait peuplée. Chaque palais, chaque couvent paraissait avoir retrouvé ses habitants. Les soldats, pendus aux cordes des cloches des églises, sonnaient à toute volée, tandis que les musiciens s'emparaient des orgues et leur faisaient répéter des mélodies toutes françaises, et dont quelques-unes étaient quelque peu profanes pour le lieu où elles retentissaient.
Pendant ce temps, des groupes se rassemblaient sur les placee ou se promenaient dans les rues, grattant, sans pitié, les mandolines et les guitares trouvées dans les maisons. Le soir, non seulement la ville semblait ressuscitée, mais encore, on eût cru qu'on était aux jours les plus joyeux du carnaval.
Mais, en Espagne, les fêtes ne sont pas de longue durée; pendant la nuit, des courriers arrivèrent et, le lendemain, le 1er corps était en marche vers Médellin".
La bataille de Medellin a lieu le 28 mars 1809.
Victor, flanqué à gauche par le 4e Corps (Sébastiani}, est chargé d'opérer dans le midi et de déboucher sur la Guadiana, en Estramadure. Il doit s'ouvrir la route par la force et rétablir le pont d'Aimaraz détruit par l'ennemi. Le Général Cuesta se replie d'abord; puis ayant reçu un renfort important, il s'arrête dans la plaine qui s'étend entre la Guadiana et le bourg de don Benito, sa gauche appuyée à un ravin. Le Maréchal qui a pu s'établir au delà de Médellin, fort heureusement évacué par l'ennemi, attaque les Espagnols et remporte sur eux une victoire décisive. Le rôle du 24e, placé en réserve pendant le combat, est à peu près nul. La Division Ruffin, postée à l'aile droite, a devant elle toute la cavalerie espagnole. Le 9e Léger est lancé sur un point culminant; mais à peine y est-il arrivé, qu'il est enveloppé par 10,000 chevaux. Il se forme aussitôt en carré, et présente à l'ennemi une attitude si menaçante que celui-ci n'ose rien entreprendre de sériaux contre lui et se rejette sur un Bataillon du 24e qui se trouve isolé; reçu à un quart de portée par un feu de file énergique, il tourne bientôt bride en laissant la terre couverte de ses morts.
La "Notice sur la bataille de Medellin, par le général Sémélé, chef d'état-major du 1er corps" raconte : "... Latour-Maubourg, lancé à la poursuite de la cavalerie ennemie, avait laissé sur le plateau de Retamosa la batterie de dix bouches à feu, le bataillon de grenadiers, les deux bataillons de la division allemande ; et il s'était borné à faire appuyer ses dragons par le 94e régiment d'infanterie, qui les suivait à une grande distance.
C'est dans cet instant qu'on aperçut une colonne d'infanterie et de cavalerie, forte à peu près de 4 mille hommes, qui débouchait en arrière de Mongabril, sur la rive gauche de l'Ortigosa, et dont l'objet était de détourner notre droite. Le maréchal envoya à sa rencontre le 9e d'infanterie légère, qu'un instant après il fit soutenir par le 24e régiment d'infanterie de ligne ; et cela, sur la demande réitérée du général Ruffin, qui croyait voir dans cette colonne des forces très-supérieures. Le 27e d'infanterie légère fut encore détaché de la division Villatte pour maintenir ou plutôt lier les deux divisions. L'on verra plus tard que la marche de ces trois régiments sur la droite, avec l'éloignement de Latour-Maubourg, pouvait compromettre la bataille.
A cette époque de la journée, il était à peu près quatre heures ; l'armée était ainsi disposée : Les 9e léger et 24e de ligne, quatre bouches à feu vers Mongabril, sur la rive gauche de l'Ortigosa ; le 27e léger, également sur la rive gauche de ce ruisseau, devant lier les deux divisions ; Latour-Maubourg ralentissait la poursuite, et manœuvrait avec le 94e pour se rapprocher du centre de l'armée ; le bataillon de grenadiers et la batterie de dix bouches à feu en avant du plateau de Retamosa, dans la direction de Don-Benito ; le régiment de Nassau et la division allemande, à gauche des grenadiers, sur le revers du rideau ; les 63e et 95e en colonnes par division et par bataillon en avant de Medellin ; le reste de la division allemande à gauche de ces deux régiments, dans le même ordre de formation ; le général Lasalle avec sa cavalerie légère, son artillerie et les deux bataillons de la division allemande en retraite sur le chemin de Benito, ayant l'ordre de passer par les intervalles des colonnes des 63e et 95e, et de se reformer derrière ces régiments ; le 96e régiment de ligne en réserve au pont de l'Ortigosa ...
... Arrivé au centre, le maréchal ordonna aux 63e et 95e, et aux troupes allemandes, d'accueillir l'ennemi par une fusillade vive et soutenue ; au général Lasalle, de le charger sur ses flancs ; et aux troupes laissées sur le plateau de Retamosa, de manœuvrer pour prendre la ligne ennemie à revers. L'artillerie fut disposée pour soutenir et favoriser ces dispositions, qui s'exécutèrent simultanément et avec le plus grand ensemble. Dans un instant l'armée de Cuesta fut renversée, et le champ de bataille transformé en un champ de massacre. La perte de l'ennemi dans cette bataille a été au-delà de tout ce que l'on peut imaginer. 15 mille hommes furent couchés sur le terrain ; 5 mille de la réserve furent atteints par Lasalle à la chapelle de D. Lorente ; ils furent sabrés et faits prisonniers, ce sont les seuls de la journée. Dans ces prisonniers se trouvait le général D. Francisco de Frias, ayant sept à huit coups de sabre. Les canons au nombre de seize bouches à feu, les voitures et les bagages, restèrent en notre pouvoir. Il ne s'échappa de toute cette armée que la cavalerie, qui dut son salut à la vitesse de ses chevaux. L'infanterie qui n'avait pas été prise se dispersa dans le pays ; et il est positif que Cuesta n'aurait pu réunir, le lendemain, la totalité d'un bataillon.
La perte du 1er corps ne s'est pas élevée au-delà de 300 hommes tués ou blessés.
Dans cette bataille, où le corps d'armée a dû combattre contre des forces si supérieures et dans une position si défavorable, les troupes ont soutenu leur réputation. Tous les mouvements ordonnés ont été exécutés avec précision, calme et détermination ; pas un seul instant d'hésitation n'a été remarqué.
Les généraux Latour-Maubourg, Lasalle, Leval, Lefol, commandant les 63e et 95e régiments d'infanterie de ligne, Schoeffer, commandant la division allemande, ont rendu des services signalés dans cette journée. Le maréchal s'est beaucoup loué des colonels Pecheux, du 95e ; Mouton-Duvernet, du 63e ; Meunier, du 9e d'infanterie légère ; Combelle, du 94e de ligne ; des colonels de cavalerie Ismert, Bouvier-Deséclats, Bonnemains et Subervie ; du chef de bataillon Maranzin, de l'artillerie" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 462).
Malgré le beau succès de Médellin et la presque destruction de l'armée de Cuesta, il n'est pas possible au Corps d'armée d'entrer en Portugal à cause de la redoutable insurrection de toutes les provinces de la péninsule.
Bientôt même, le Duc de Bellune doit se replier devant l'entrée en ligne d'une armée anglaise venue de cette contrée où nos Corps d'armée n'ont pu se maintenir.
Le 1er Corps repasse donc le Tietar, puis l'Alberche, le 19 juillet, suivi par l'armée espagnole réorganisée, et menacé sur sa droite par les Anglais.
Le 22, à la sortie de Talavera, l'ennemi cherche à entamer le Bataillon des Grenadiers et Voltigeurs du 24e qui soutient la retraite; il est reçu de façon à n'avoir plus envie de recommencer. Le Chef de Bataillon, Conscience, attend les Espagnols et leur envoie une décharge à bout portant qui les culbute en désordre ; cette affaire coOte la vie à 20 braves du Régiment.
Le 25, Victor fait sa jonction avec le Roi Joseph qui amène quelques renforts de Madrid; enhardi par cet accroissement de forces, il s'arrête et prend ses dispositions pour livrer bataille avec 40,000 hommes aux 80,000 Anglo-Espagnols du Duc de Wellington.
- Bataille de Talavera de la Rena, 27 et 28 Juillet 1809.
Le 27 juillet, à la pointe du jour, le 1er Corps, ayant passé 1'Albercbe, surprend la Division de Mackenzie et la refoule sur le gros de l'armée anglaise. Dans la soirée seulement, les deux armées se trouvent en présence; le Maréchat tente de s'emparer à la faveur de la nuit, d un mamelon, clef de la position, défendu par le Général Hill et charge de cette opération la Division Ruffin (9e Léger, 24e et 96e de Ligne). Le 24e, trompé par l'obscurité, prend une fausse direction; le 96e éprouve des retards au passage d'un ravin très profond et le 9e Léger, arrivé seul, ne peut, malgré la brillante valeur qu'il déploie, parvenir qu'à mi-côte où il est arrêté par des masses considérables et ramené jusqu'au pied du mamelon avee de grandes pertes. Cette attaque sécousue échoue donc par suite du manque d'ensemble.
"La division Ruffin se mit en mouvement à neuf heures du soir. Le 9e régiment d'infanterie légère franchit un large et profond ravin, gravit une pente escarpée, et parvint jusqu'au sommet de la colline ; mais n'ayant pas été soutenu par le 24e, qui, dans l'obscurité, avait pris une fausse direction, ni par le 96e, retardé au passage du ravin, il fut repoussé, et eut 300 hommes hors de combat …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 235).
A 10 heures, le silence se fait sur ce champ de bataille et nos Régiments prennent un repos dont ils ont grand besoin.
Le lendemain, dès le lever du soleil, le combat recommence par une forte canonnade et la Division Ruffin renouvelle l'attaque de la veille ; le 9e Léger à gauche, le 24e à droite et le 96e en réserve. Le 24e, formé en 3 colonnes serrées et précédé par ses Compagnies de Voltigeurs, se met en marche et arrive à cent pas des Anglais dont le feu plongeant fait de larges vides dans ses rangs; rien n'arrête son élan : la charge est battue; les baïonnettes sont croisées et une affreuse mêlée s'engage; on combat de si près que l'artillerie ennemie doit cesser le feu. Mais cette lutte inégale ne peut durer longtemps, les Anglais ne cessent de recevoir des troupes fraiches. Après s'être maintenus pendant plus d'une demi-heure avec un sang-froid incomparable sur la position conquise, nos malheureux mais braves soldats doivent céder au nombre et rétrograder jusqu'à leur position du matin. Ils reculent lentement, en ôtant aux Anglais le courage de les poursuivre, mais en payant, par une perte énorme, leur audacieuse attaque.
"Le 28 au matin, le Général Ruffin se prépare au combat. Les trois Régiments de sa Division sont formés de la manière suivante : le 9e d'infanterie légère à droite, le 24e de ligne au centre, et le 96e à gauche ; chaque Bataillon en colonne serrée par Division. Ces braves régiments gravissent la colline avec une rare intrépidité. Le 24e, parvenu au sommet le premier, est au moment de prendre 4 bouches à feu ; mais l'ennemi, n'étant pas menacé sur les autres points de sa ligne, fait renforcer ce point, et le Régiment français est repoussé. Les Généraux Ruffin et Barrois ramènent leurs troupes en bon ordre. Cette action, quoique de courte durée, est très-meurtrière …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 236).
Un autre version raconte que vers le milieu de la journée, on s'aperçoit que 3,000 Écossais tournent la droite de l'armée française. Le Maréchal Vicor, un peu inquiet au sujet de ce mouvement, charge quelques Compagnies du 24e de s'y opposer. 4 Compagnies, bientôt suivies de 2 autres, s'élancent au-devant des Ecossais. La rencontre est acharnée; mais le 24e a une revanche à prendre, et, cette fois, quoiqu'il ait affaire à des forces dix fois plus nombreuses, comme la position est bonne, il ne recule point d'un seul pas, et la colonne est arrêtée net.
Vers midi ou vers deux heures, la chaleur devient si grande, que les hostilités cessent, comme si une suspension d'armes avait été signée. En ce moment, une espèce de lac sépare un Régiment anglais du 24e de Ligne. Les Officiers des deux armées remettent l'épée au fourreau ; les soldats forment les faisceaux ; puis, tous s'approchent de l'étang et s'y joignent pour se désaltérer ensemble. C'est à un quart de lieue de là que le 24e a perdu un grand nombre de soldats. Sur le mamelon, dont il a tenté l'attaque, plus de 100 ou 150 blessés sont donc restés aux mains des Anglais, et tous demandent de l'eau. Alors, les Anglais les apportent au bord du lac et bientôt nous convient à les venir chercher. A cette invitation, amis et ennemis se mêlent et pendant près d'une heure il n'y a plus, en présence, que des hommes portant des secours à d'autres hommes qui soufrrent.
Après une heure de cet étrange armistice, le canon rappelle chacun à la réalité et, depuis longtemps déjà, on se bat de tous côtés, que les deux Régiments n'ont pu encore se décider à faire feu l'un sur l'autre.
Pendant cette sorte de suspension d'armes, Victor a changé ses dispositions; une Brigade de la Division Ruffin, commandée pnr le Général lui-même, doit contourner le mamelon, et déborder l'ennemi sur sa gauche; l'attaque de front est réservée à une Brigade de la Division Lapisse, soutenue par la cavalerie de Latour-Maubourg et par la Division Vilatte. Sur tous les points du champ de bataille, les Anglais sont abordés avec la dernière énergie, et bientôt le centre enfoncé est mis dans le plus grand désordre par le Général Lapisse; cet Officier général reçoit à cette attaque une blessure mortelle. Le succès ne dépend plus que de l'entrée en ligne de la Division Ruffin. Celle-ci est parvenue presque sur les derrières des Anglais et va s'élancer pendant que Vilatte marchera de front, lorsqu'on vient annoncer à Joseph que des troupes se montrent sur nos derrières, paraissant vouloir nous enlever le pont de l'Alberche. Le Roi, toujours incapable d'une résolution énergique, ordonne la retraite.
L'armée repasse l'Alberche sans être suivie, car les Anglais sont au moins aussi maltraités que nous et la bataille de Talavera, qui doit être un grand succès pour nous, n'est qu'une bataille inutile et indécise. Les pertes du 24e s'élèvent dans ces deux journées si glorieuses pour lui, à environ 300 bommes tués ou blessés.
Voici comment s'exprime au sujet de l'attaque de la Division Ruffin, le 28 juillet, le Général Sémélé, Baron de l'Empire, Chef d'état-major général : "Les 9e, 24e et 96e se sont montrés dignes de leur réputation; ils ont eu plus des deux tiers de leurs officiers hors de combat et 500 hommes par régiment tués ou blessés.
MM. les généraux Ruffin et Bairar commandaient cette attaque; ils se sont fait remarquer par la beauté de leurs dispositions et le calme qu'ils ont mis à les exécuter; ils ont été parfaitement secondés par le chef de bataillon Regeau, commandant le 9e, le colonel Jamin du 24e et le chef de bataillon Loyard du 96e".
Le Commandant Conscience, du 24e, est blessé grièvement à Talavera. Il a antérieurement reçu, du Premier Consul, un sabre et des pistolets d'honneur, en récompense de sa valeur pendant la campagne de 1797.
Victor reste en observation sur I'Alberche, jusqu'au moment où l'on apprend que le Maréchal Soult arrive avec trois Corps d'armée et débouche de Plasencia, sur les derrières de Wellington. Celui-ci décampe aussitôt et se retire derrière le Tage.
La réunion de tous nos corps se fait à Propesa. Devant ces forces imposantes, les Anglais s'empressent de rentrer en Portugal. Ils viennent d'apprendre les résultats de la bataille de Wagram qui est bientôt suivie de la paix; aussi, ne veulent-ils pas se hasarder au milieu de la péninsule dans un pareil moment. Leur retraite est désastreuse, et permet à nos Maréchaux de marcher vers les provinces du Sud.
Le 25 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez l’ordre en Espagne de faire partir pour Bayonne les cadres des quatre compagnies de fusiliers du 3e bataillon du 9e léger. Tous les soldats de ces quatre compagnies seront incorporés dans les deux premiers bataillons ; la compagnie de grenadiers du 3e bataillon sera provisoirement attachée au premier bataillon ; et la compagnie de voltigeurs sera provisoirement attachée au 2e bataillon. Le chef de bataillon et l’adjudant-major partiront avec les cadres des quatre compagnies qui sont destinées à venir chercher des conscrits à Bayonne. Donnez le même ordre pour les 4es bataillons des 16e léger, 45e, 54e, 8e, 24e et 96e.
Ces 7 cadres doivent former 3 à 400 hommes ; il se réuniront ensemble afin de marcher avec précaution et en sûreté. S’il est nécessaire on donnera aux officiers des carabines pour se défendre en route ...
Ces 19 cadres recevront 12000 hommes à Bayonne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3602 qui indique 3es Bataillons, et non 4e; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22175).
Le 25 septembre 1809 encore, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint l'idée d'un rapport pour justifier la levée des 36 000 conscrits que je viens d'ordonner. Vous trouverez également la répartition de ces 36 000 conscrits. Ajoutez à votre rapport une considération sur la grande quantité de conscrits qui restent sur les années passées, écrivez-en même le nombre s'il en reste effectivement 500 000, dites qu'il y en a 800 000. Il est nécessaire que cette phrase soit bien frappée, parce qu'elle fera une grande influence sur l'étranger.
Napoléon
Décret « de distribution » répartissant les 36 000 conscrits par place forte ou régions militaires
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1er
La distribution des 36 000 conscrits levés en vertu du sénatus-consulte du […] octobre, sera fait ainsi qu’il suit :
... 7200 sur Bayonne, pour remplir les cadres des 12 bataillons qui ont ordre de rentrer en France
600 pour le 24e id. ...
Relevé de la distribution des 36 000 conscrits suivant l’ordre numérique des régiments employés à l’armée d’Espagne :
Infanterie de ligne
... 24e à Bayonne 600 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22176).
Sans doute le 4 octobre 1809, on soumet à l'Empereur un "Rapport du général Clarke, ministre de la guerre, duquel il résulte que Sa Majesté a sans doute eu l’intention de désigner les 3es bataillons des 16e légère, 45e, 54e, 8e, 24e, 96e de ligne, du 1er corps d'armée" ; "Oui", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3638 - Sans signature ni date ; le rapport du Ministre est du 4 octobre 1809).
Le 24e ne prend aucune part à la brillante victoire d'Ocana le 19 novembre, qui amène la destruction d'une nouvelle armée espagnole et à la suite de laquelle le 1er corps se dirige vers l'Andalousie.
- Espagne, 1810
Le 25 janvier 1810, le 24e passe la Sierra-Morena et marche sur Cordoue. Tandis qu'une des deux colonnes du Corps d'armée s'empare du passage dangereux et difficile d'Espena-Perros par la route presque impraticable d'Almaden à la Plata, le 24e, qui est en tête de la seconde colonne, parvient au sommet de la montagne sans coup férir et par un chemin très raide, mais bon. Cette marche a lieu dans un pays aride, à travers une végétation qui va s'appauvrissant à mesure que l'on s'élève. Mais, arrivés au point culminant, nos soldats sont dédommagés de toutes leurs fatigues par le magnifique point de vue qui se présentait à leurs yeux. Ce sont des plaines fertiles, arrosées à perte de vue par des rivières qui semblent des bandes Ilottantes d'argent; "on eût dit qu'après cet autre passage des Alpes, le ciel leur rendait une autre Italie". Ainsi, cette course tant redoutée à travers la montagne s'est accomplie heureuse et calme; bien plus, des paysans se sont offerts d'eux-mêmes pour servir de guides, ce qui n'était jamais arrivé. Il est vrai que l'Andalousie, dont on approche, compte de nombreux partisans des Français.
Le 1er Corps, dont le 24e Régiment, occupe Cordoue et ensuite Séville où il ne trouve aucune résistance (1er février) et se porte aussi rapidement que possible vers Cadix. Il arrive malheureusement trop tard devant l'ile de Léon, trouve les ponts rompus et Cadix occupé par le Duc d'Albuquerque et à l'abri d'un coup de main (5 février).
- Blocus de Cadix (1810)
Ce funeste contretemps permet aux Espagnols d'organiser la défense et, au lieu de s'emparer par un coup de main de eette position de premier ordre, Victor est dans l'obligation de commencee un long blocus.
Dans la disposition générale des troupes, la Division Ruffin a l'attaque de centre depuis le Trocadéro jusqu'à la Venta de la Récifé, auberge située en face du chemin qui aboutit à l'ile de Léon. Le Régiment est cantonné à Puerto-Real, alternant avec le 96e pour le service des avant-postes. Alors commence pour lui un nouveau genre de guerre qui ne laisse pas un moment de repos aux troupes, et dans lequel il trouve plusieurs occasions de se distinguer.
Une des premières opérations du siège est l'établissement d'une large coupure, sur la route de la Récifé. Le Général de Brigade Barrois, ayant reconnu le point où ce travail doit être exécuté, en cbarge le Capitaine Marnier du 24e qui l'a accompagné dans sa reconnaissance.
La mission est périlleuse, puisqu'elle doit avoir lieu sous les yeux mêmes des Espagnols; aussi, le Capitaine imagine-t-il un expédient qui lui vaut une réussite complète. Il dispose son monde sur trois lignes : il compose la première de 50 Grenadiers sur deux rangs, tenant toute la largeur de 1a route et portant, devant eux, de petits sapins garnis de leurs branchages. Derrière eux, 50 travailleurs armés de pelles et de pioches suivent à quelques pas, le fusil en bandoulière; enfin, en troisième ligne, 100 Grenadiers sont prêts à s'élancer pour protéger le travail si la ruse vient à être découverte.
Vers 11 heures, par une nuit obscure, nos hommes dépassent les avant-postes, dans le plus grand silence, et arrivent à vingt pas de la sentinelle avancée espagnole. Celle-ci, saisie d'épouvante, à cette étrange apparition d'une forêt en marche, jette son fusil et s'enfuit à toutes jambes entrainant le poste dont l'alarme se communique à la grand'garde.
Marnier profite, sans perdre une minute, de cet heureux début et le travail commence, avec énergie, derrière les sapins disposés en abatis.
Cependant, l'ennemi revenu de sa folle terreur s'approche en forces pour reprendre sa position; les premiers qui arrivent ne voient pas, sans une surprise mêlée d'une crainte superstitieuse, ces arbres renversés derrière lesquels ils entendent un bruit dont ils ne s'expliquent pas la nature. Ils s'arrêtent tout désorientés, ne songent pas à l'attaque et passent le reste de la nuit dans l'immobilité en restant sur une prudente défensive.
Au petit jour, ils reconnaissent la vérité et ouvrent sur nos Tirailleurs une fusillade aussi violente qu'inoffensive; mais il est trop tard; le travail est terminé et nos hommes à l'abri.
Dans la journée, le Général félicite vivement le Capitaine et les travailleurs, et fait construire en arrière une batterie de huit pièces de gros calibre qui, dans la suite, fait beaucoup de mal à l'ennemi.
- Glorieux épisodes
C'est pendant ce siège qu'un certain nombre de soldats de la Division Dupont, prisonniers sur les pontons de Cadix parviennent à s'évader. Le 15 mai, à 8 heures du soir, les Français du ponton la Vieille-Castille désarment leur garde, coupent les câbles et dirigent leur ponton vers le Trocadéro que nous occupons. Ils sont sauvés pnr les soldats du 1er Corps, accourus en toute hâte. Il y a, à bord de ce ponton, 400 Officiers et à peu près autant de Sous-officiers et de soldats.
Le 26 mai, vers 5 heures du soir, un deuxième ponton, l'Argonaute, vient s'échouer à 1400 mètres d'une batterie de la rade. Il est entouré d'un certain nombre de canonnières qui le criblent de projectiles de concert avec la batterie Pontalès. A minuit seulement, les premiers secours lui arrivent et le sauvetage de ces malheureux commence. On apprend alors que ce ponton servait d'hôpital aux prisonniers français et qu'il portait 650 malades hors d'état de se défendre ou de travailler à leur délivrance. C'est un spectacle touchant et dont on peut difficilement se rendre compte, que celui de l'ardeur do tous dans ce périlleux sauvetage : Officiers, Pontonniers, Marins, Canonniers, fantassins, les uns à la nage, les autres dans l'eau et la vase jusqu'aux épaules, quelques-uns dans des embarcations, rivalisent de zèle pour l'organisation des secours. Pendant huit heures, plus de 2,000 hommes du 1er corps se tiennent dans l'eau sous les coups de 150 bouches à feu pour sauver leurs compatriotes. Vers midi, 360 prisonniers sont déjà à terre quand les Espagnols réussissent à incendier le vaisseau et rendent le sauvetage désormais impossible; cependant les vaillants soldats du 1er Corps n'abandonnent la lutte que quand le ponton est entièrement la proie des flammes et après avoir réussi à sauver encore 90 autres malheureux infirmes.
Sur les 630 malades de l'Argonaute 100 périssent par le feu des Espagnols et 100 autres sont brûlés vifs; le reste est sauvé.
Pendant le siège de Cadix, le 24e est cbargé, un jour, par son ancien Colonel, le Général Sémélé, d'une opération jugée impossible par le Capitaine de vaisseau Saizieur, qui commnnde la station navale; il s'agit de transporter, par terre, à une lieue de distance, une flottille créée dans les eaux de Santi-Pétri, à Santa-Maria, pour la mettre dans le cas de tenter un coup de main sur Cadix. La réussite est complète et fait le plus grand honneur au Régiment.
De nombreux partis espagnols qui trouvent au camp de Saint-Roch, sous Gibraltar, un refuge assuré, font des incursions dans le pays et ruinent les approvisionnements destinés à l'armée française. Ces pillards, que l'on traque depuis longtemps, parviennent toujours à se dérober et harcellent nos colonnes et nos escortes. Un jour cependant, le Lieutenant-colonel d'Ambrugeac réussit, par une habile manoeuvre, à cerner dans la montagne un de ces partis, fort de 1500 hommes. Il n'a, lui-même, qu'un Bataillon de 500 hommes, mais il faut dire que c'est un Bataillon du 24e. Aussi, sans hésiter, le Colonel ordonne t-il l'assaut. Nos soldats commencent l'escalade, sur un terrain si rapide et tellement pierreux, que chacun est obligé de se cramponner d'une main aux broussailles, tandis que, de l'autre, il tient son fusil. Ils arrivent ainsi au sommet, sous une fusillade des plus vives, précédés par la Compagnie de Grenadiers du Capitaine Henry, se jettent à la baïonnette sur les Espagnols et les culbutent. Ceux-ci laissent 150 des leurs sur le champ de bataille.
De nombreux épisodes semblables ont lieu et servent à maintenir la solidité et la vigueur de nos braves soldats, dont un grand nombre sont, à différentes reprises, honorablement cités à l'ordre de l'armée.
Emplacement des troupes du 1er Corps, le 1er juin 1810 :
1ère Division : Etat-major à Puerto-Real; 9e Léger, au camp d'Ancifa; 24e de Ligne, au camp d'Ancifa. Ces deux Régiments chargés du service sur la ligne, depuis Puerto-Real jusqu'au moulin d'Ogio.
96e de Ligne, à Puerto-Real; Bataillon de Grenadiers, à Puerto-Real. Faisant le service de la ville et des environs.
Bataillon de Voltigeurs à Medina, faisant le service avec la cavalerie.
Les 1re et 2e Brigades se relèvent périodiquement dans leurs cantonnements.
Le 30 août 1810, le Lieutenant-colonel d'Ambrugeac livre un combat heureux à une bande de 1500 Espagnols, dans la montagne de Tarifa. Pendant que les soldats du Capitaine Henry escaladent les pentes rapides qui conduisaient à la position des bandits, les Espagnols les reçoivent par un feu meurtrier. Malgré l'intensité de ce feu, l'ascension s'effectue sans hâte, comme si l'on manoeuvrait sur l'esplanade des Invalides. Quand, par hasard, quelque soldat emporté par son ardeur dépasse les autres ou veut faire feu, le Capitaine Henry l'arrête en lui disant que, cette fois, l'ennemi a promis de nous attendre; qu'il ait patience et qu'arrivé en haut, il y aura pour tout le monde à jouer de la baïonnette.
- Sortie du 28 septembre 1810
Dans la nuit du 28 au 29 septembre, les assiégés, ayant reçu d'importants renforts, tentent une sortie contre le centre des Français. 4,000 Anglo-Espagnols sortent de Cadix et débouchent par le pont de Suazô et la Cazaca. Nos avant-postes se replient en démasquant le 9e Léger; celui-ci, sortant audacieusement de ses retranchements, marche droit à l'ennemi et le refoule dans la place. Les Bataillons de réserve du 24e et du 96e prennent part à cette affaire par des feux bien dirigés.
- Espagne, 1811
Le 20 février 1811, une expédition ennemie est embarquée dans la rade de Cadix, forte de 5,000 Anglais et de 12,000 Espagnols et dirigée sur Gibraltar où elle prend terre. L'armée combinée marche sur Chiclana, par Barbato et Néjer de la Fronteva.
- Combat de Chiclana, 5 mars 1811
L'expédition anglaise, partie le 10 février pour Gibraltar, y débarque et manoeuvre de façon à enlever nos lignes de Santi-Petri; en ayant été empêchée par la Division Vilatte, elle continue sur Chiclana où elle espère s'emparer de nos magasins. Il n'y a pas un seul instant à perdre : Victor se porte sur Chiclana avec une partie de l'armée de blocus (6,000 hommes) et y prend position. La 1re Brigade de Ruffin (9e Léger et 24e de Ligne) s'établit en réserve à Chiclana même. Le Maréchal, au lieu d'attendre sur place, se décide à prendre l'offensive avec sa réserve et quelques Escadrons de cavalerie.
Il se jette sur les Alliés qu'il mène tambour battant jusqu'à la mer. Arrivé là, il ordonne l'attaque de la hauteur de la Cabeza del Puerco dite de la Barrosa. Le 9e Léger et le 24e de Ligne emportent, au pas de charge, cette position importante. A ce moment survient le Corps du Général anglais Graham qui apporte aux ennemis un puissant renfort; il devient impossible, avec 5,000 hommes, d'en battre 20,000. Après deux heures d'une lutte inégale, pendant lesquelles le Colonel Jamin se distingue à la tête du 24e, le feu cesse. Les deux partis se séparent, les Français pour se rapprocher de leur base, les Anglo-Espagnols pour rentrer dans Cadix ou dans Gibraltar, très heureux de s'être tirés à si bon compte d'une affaire qui aurait pu leur coûter cher si des renfort nous étaient venus.
Le combat de Barrosa nous vaut 3 drapeaux, 4 canons et des prisonniers. Cité pour sa belle conduite, le 24e a 33 bommes tués. Le Général Ruffin y est blessé mortellement. Le 24e est cité pour sn belle conduite.
Le 6 mars, le Duc de Bellune rentre dans ses positions; il place la 1re Division aux attaques de droite, la 2e au centre, la 3e à gauche.
Le 24e, à l'effectif de 47 Officiers et 1332 hommes, occupe Santa-Maria avec les Compagnies d'élite des 1er et 2e Bataillons; les Compagnies du centre de ces Bataillons gardent les ouvrages de la droite. Quant au 3e Bataillon, il a ses Compagnies d'élite à Séville et ses Compagnies du centre à Xérès et Ségovie.
Le 2 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major Général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, je reçois l'état des 14000 hommes de renfort qui marchent sur l'armée du Midi. Il est nécessaire que vous vous concertiez avec le ministre de la Guerre afin de bien connaître les numéros des compagnies et des bataillons auxquels appartiennent les détachements qui composent ces renforts. Par exemple dans les troupes tirées de l'armée du Centre, je vois 80 hommes du 24e de ligne, 179 du 45e, 118 du 63e, etc. Il faut savoir si ce sont des piquets, des hommes isolés ou des cadres de compagnie ...
Il faut que le ministre de la Guerre me présente un projet de décret qui ordonne dans des désignations claires et précises que tous les détachements provenant des 5es bataillons, officiers, sous-officiers et soldats, qui rejoindront les 4 premiers bataillons, y seront incorporés aussitôt qu'ils les auront rejoints. Cela est très important parce qu'il serait fâcheux de faire revenir les cadres et que tout ce qui sera incorporé doit être effacé du contrôle du bataillon resté en France. Je n'ai pas besoin de vous faire remarquer qu'on a également besoin d'officiers et sous-officiers dans les bataillons de guerre.
Mais il est nécessaire de ne pas comprendre dans ce travail ce qui continue à rester dans la Navarre et d'éviter les doubles emplois" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5260; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26468).
Le 9 avril 1812, 150 hommes du 2e bataillon défendent le fort de Zahora, contre une Division espagnole entière pourvue de 8 canons. Celle-ci est obligée à la retraite avec une perte de plus de 200 hommes.
Dès la reprise des positions, on commence le bombardement de Cadix, et le blocus continue sans incidents dignes d'être notés.
Le 15 juin, le 4e Bataillon du 24e, sous les ordres du Commandant Trippe et fort de 17 Officiers et 331 hommes, rejoint le Régiment sous Cadix. Ce Bataillon, ainsi que nous le verrons bientôt, a fait, à la Grande Armée, la campagne de 1809 et a pris part ensuite à celle de Portugal en 1810. Le 9e Corps, auquel il appartenait, ayant été dissous le 13 mai, les 4es Bataillons dont il était composé ont été dirigés sur leurs Corps. Celui du 24e verse ses hommes dans les 3 premiers et ses cadres sont envoyés au Dépôt à Lyon.
A ce moment, les Compagnies d'élite du Régiment sont en marche vers Ronda, les 1er et 2e Bataillons occupent les lignes de blocus de Santa-Catalina jusqu'au port de Durio-San-Pedro, le 3e Bataillon enfin est posté à la Castéjà. Le commandement de la Division est passé aux mains du Général Couroux, depuis la blessure du brave Ruffin.
A Compiègne, le 30 août 1811, "On présente à Sa Majesté un projet de décret pour réformer sans traitement les sieurs Goyon, capitaine et commandant de place à la Banezza, et Bertin, lieutenant au 24e régiment de ligne, accusés de vols, et on propose de les renvoyer en surveillance dans leurs foyers, attendu que le jugement qui les acquitte, faute de preuves suffisantes, laisse des soupçons sur leur probité" ; "Approuvé" répond Napoléon. Ensuite, "On propose à Sa Majesté d'admettre comme enfants de troupe dans le 24e régiment de ligne le fils du nommé Joseph Goully, ancien caporal de ce régiment, mort après 30 ans de service en laissant une veuve dans la misère et trois enfants, dont les deux ainés servent aux bataillons de guerre employés au siège de Cadix"; Napoléon répond : "Envoyé à l'école de Châlons" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6093 - Non signées ; extraites du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l’Empereur et Roi, daté du 28 août 1811 »).
Les Compagnies d'élite du 24e prennent part à une expédition dirigée sur Ronda, bloquée par un parti espagnol. Celui-ci est très facilement dispersé, et nos troupes rentrent dans leurs cantonnements.
- Espagne, 1812
Depuis le 20 janvier, les effectifs du Régiment sont les suivants : Etat-major, 10 Officiers et 17 hommes à Ronda; 1er Bataillon, 13 Officiers et 481 hommes à Moron; 2e et 3e Bataillons, 14 Officiers et 482 hommes chacun, à Zahora et Olbeva sur la route de Gibraltar à Cordoue.
Le Maréchal Victor, ayant été appelé à la Grande Armée, quitte l'Espagne le 9 février 1812. Son Corps d'armée est définitivement dissous et le 24e placé, avec le 9e Léger, à la 1ère Brigade de la 1ère Division de l'Armée du Midi, sous les ordres du Maréchal Soult.
Armée du Midi, Maréchal Soult, 16 février 1812.
1re Division, Général Couroux.
1ère Brigade, Général Meunier : 9e Léger, à Villamartin; 24e de Ligne, à Ronda.
2e Brigade, Général Mocquery : 16e de Ligne, à Villamartin.
2e Division, Général Barrois.
3e Division, Général Vilatte.
4e Division, Général Leval
5e Division, Général d'Erlon.
6e Division, Général Darricau.
- Belle défense du fort de Zahora, 9 avril 1812.
Pendant cette occupation et tandis que Soult marche au secours de Badajoz, l'Espagnol Ballestero sort de son camp de San-Roque, sous Gibraltar, et tente d'enlever le fort de Zahora, défendu par 150 bommes du 2e Bataillon. Le 9 avril, il parait devant le fort avec une Division entière et 8 pièces de canon. Malgré son énorme supériorité numérique, il a la honte d'échouer devant cette pauvre bicoque sans canon et dont la meilleure fortification consiste dans le courage des braves du 24e, qui lui tuent plus de 200 hommes.
Le 21 avril 1812, Soult écrit, depuis Séville, à Berthier : "... Ballesteros, en se retirant de devant Séville, se porta, par Coronil et Montellano, sur Grazalema et Zahara, et voulut enlever de vive force le château de ce dernier endroit, qui était défendu par 150 hommes du 24e de ligne. La division qu'il employa à cette opération fut vivement repoussée, sans pouvoir obtenir aucun avantage ; elle perdit 200 hommes, et se retira. J'attends d'autres détails sur cette défense, qui fait honneur à la garnison et aux officiers qui la commandaient ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 8, p. 399).
- Combat de Bomos, 1er juin 1812.
Une nouvelle tentative contre la 1re Division n'a pas un meilleur sort; le 1er juin, en effet, Ballestero étant arrivé, après une marche forcée sur le Guadalette, attaque la 1re Division, dont fait partie le 24e; mais le Général Conroux, qui s'attend à ce mouvement, a réuni ses forces; il n'a pas de peine à repousser les attaques décousues des Espagnols qu'il poursuit la baïonnette dans les reins jusqu'au pied de la Sierra de Xérès.
Partout le 24e mérite les éloges de ses chefs et se montre un des plus beaux Régiments de l'armée.
- Levée du blocus de Cadix.
Les échecs de l'Armée de Portugal et bientôt après l'occupation de Madrid par les Anglais, obligent Soult à abandonner l'Andalousie. Il faut donc quitter ce pays où l'on combat glorieusement depuis deux ans, et l'armée se retire paisiblement sur la province de Valence le 25 août. Elle arrive, le 3 octobre 1812, à Almanza où elle fait sa jonction avec le 3e Corps (Suchet) et y reste jusqu'au 11 du même mois. Lorsque les forces disponibles ont été rassemblées, l'armée se porte de nouveau vers le Tage, par la route d'Alicante à Madrid, combinant ses mouvements avec ceux des Armées du Centre et de Portugal pour envelopper les Anglo-Espagnols. C'est par miracle que ces derniers échappent à cette belle manoeuvre après laquelle on se retire de part et d'autre pour cantonner. Le 24e s'établit à Tolède, avec le Quartier général du Duc de Dalmatie (22 novembre 1812).
Les malheureux événements de la campagne de Russie ont un grand retentissement en Espagne où ils anéantissent nos dernières chances de succès. La plus grande partie des troupes françaises, les meilleures, sont rappelées en Allemagne où Napoléon n'a plus que des débris.
Le 1er Bataillon du 24e reste seul à l'Armée d'Espagne et est attaché à la Division Leval.
- Espagne, 1813
Le 4 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ...
ARMÉE DU MIDI.
Donnez ordre que l'on fasse rentrer sans délai et que l'on mette en route pour France, vingt-quatre heures après la réception de vos ordres, les cadres ci-après, au grand complet, savoir : les cadres des 3es bataillons des 24e, 96e, 8e, 51e, 54e de ligne ; du 3e bataillon du 27e léger ; des 3es bataillons des 63e, 94e, 95e de ligne ; du 4e bataillon du 32e de ligne ; des 3es bataillons du 43e et du 55e de ligne ; du 4e bataillon du 58e de ligne ; du 3e bataillon du 12e léger ; du 3e bataillon du 45e de ligne ; des 3es bataillons du 28e et du 21e léger ; des 3es bataillons des 100e et 64e de ligne ; du 4e bataillon du 103e de ligne : ce qui fait vingt cadres de bataillons à tirer de l'armée du Midi. Ces cadres, à 120 hommes par bataillon, feront plus de 2,000 hommes, qui partiront en deux colonnes ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19416 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32199).
Le 1er mars 1813, les cadres des 2e et 3e Bataillons quittent Tolède et rentrent au Dépôt, à Lyon, après avoir versé leurs hommes dans le 1er, dont l'effectif est alors de 14 Officiers et 555 soldats.
A partir de ce moment, les Bataillons du 24e Régiment sont dispersés dans les différentes armées; nous ferons donc successivement leur histoire, et, pour plus de clarté, nous achèverons le récit des événements d'Espagne jusqu'au jour où le 1er Bataillon quittera, à son tour, la péninsule pour rejoindre la Grande Armée.
Nos Corps d'armée se replient peu à peu devant les masses ennemies qui grossissent sans cesse tandis que nos forces diminuent par suite des envois de troupes en France.
Dans ses Mémoires, le Général Hugo raconte : " ... j'évacuai Madrid le 27 mai (1813), avec un convoi de plus de trois cents voitures, renfermant des ministres, des conseillers d'état, une partie du corps diplomatique et beaucoup de familles distinguées de cette capitale. Je fus le même jour bivouaquer entre Galapagar et Guadarama. On m'avait prescrit d'attendre de nouveaux ordres en position près du Lion, qui sépare les Castilles, et j'y passai deux nuits par un temps épouvantable. Enfin ces ordres me parvinrent et me tracèrent jour par jour les gîtes où je devais coucher en me rendant à Valladolid. Les journées étaient fort courtes, de sorte que, choisissant chaque soir des bivouacs charmans, je cherchais, par l'excellente musique du 88e, à étourdir sur leurs chagrins les familles qui abandonnaient leurs foyers encore une fois et avec si peu d'espoir d'y rentrer. Le 88e et le 24e de ligne formaient l'escorte du convoi. Plusieurs détachemens de dragons, qui faisaient aussi partie de cette escorte, avaient profité de leur passage près de leurs régimens pour nous abandonner sans ordre …
Nous entrâmes dans le défilé; voyant ce passage long, étroit, boisé, au milieu des montagnes, on pensa que l'intention de le franchir était la seule raison qui m'avait fait diminuer le nombre des haltes, mais qu'à la sortie on serait dédommagé, par quelque bon gîte, des fatigues de la marche. La nuit s'approchait au moment où nous quittâmes le défilé pour entrer dans les forêts de pins, et je ne ralentis pas la célérité de notre mouvement.
Tandis que le convoi, dans lequel chacun, quoique toujours mécontent, avait pris le parti de se taire, cheminait en silence, l'avant-garde me fit dire, vers onze heures, qu'elle entendait trotter de la cavalerie sur la route, et que cette cavalerie s'avançait vers nous; je me portai aussitôt à la tête pour reconnaître cette troupe, et m'abouchai presque immédiatement avec un officier de dragons qui cherchait de mes nouvelles. Il me fit part des inquiétudes que l'on avait sur mon convoi, et m'apprit que le colonel Braun, avec le 8e régiment d'infanterie de ligne devait rester à Tudela de Duero jusqu'à minuit, heure à laquelle il ferait brûler le pont si je n'étais pas arrivé, et se retirerait sur Valladolid. Cet officier, enchanté de m'avoir rencontré, rebroussa chemin sur Tudela, où je lui promis de me présenter à temps. Minuit sonnait effectivement quand la tête des voitures y arriva.
La nuit était obscure, et le pont, très élevé au-dessus de la rivière, le paraissait davantage encore, par une chute d'eau, produite, ou par la nature du lit du Duero, ou par les digues de quelques écluses. Depuis la guerre, on avait coupé le centre de ce pont, et les arches détruites étaient remplacées par de longues solives tremblantes et couvertes seulement de madriers sans garde-fous. Les premiers qui y arrivèrent, ne purent s'empêcher d'un mouvement d'effroi ; mais, pressés par la nécessité de hâter leur passage, ils s'avancèrent en gardant un silence profond, commandé autant par la crainte que par la prudence. La faible lumière des bivouacs du 8e régiment, placés sur la rive opposée, éclairait seule ce passage effrayant; mais l'ordre que j'avais donné de faire descendre tout le monde des voitures et de cheval, ainsi que la précaution de faire conduire les attelages par la bride, nous préservèrent de tout accident. Je présidais à toutes ces mesures; et ayant vu enfin la dernière voiture franchir le pont sans malencontre, je me hâtai de le passer moi-même.
On vit aussitôt les flammes en dévorer la charpente, en même temps que de nombreux coups de fusils, échangés par l'arrière-garde du 8e de ligne, chargée de cette opération incendiaire, contre ceux d'une colonne ennemie qui se présentait au passage, firent connaître à mon convoi que l'ordre de séjourner à Cuellar n'avait été qu'une ruse, dont l'objet, ainsi que la précipitation de mon mouvement, était d'éviter un combat dans des positions trop désavantageuses. Aux murmures, succédèrent les félicitations, les éloges, les remerciements; on s'abandonna pleinement à mon expérience; on continua la marche sans faire d'objections, et l'on arriva enfin, au jour, dans Valladolid, où se trouvait l'avant-garde de l'armée française.
Après avoir tourné cette ville, par les boulevards, et passé la rivière, j'accordai trois heures de repos, afin de pouvoir, ensuite, continuer le mouvement (nous avions marché pendant vingt-deux heures de suite).
Le quartier-général du roi était à trois lieues de cette ville, sur la route de Burgos : il était convenable que je m'y rendisse au plutôt, non seulement pour dissiper les inquiétudes causées par mon retard, mais encore afin de dégager mon convoi de l'immense quantité de bagages dont Valladolid et la route étaient encombrées.
Le convoi, s'étant remis en mouvement, arriva vers midi, en vue du quartier-royal, dont les environs étaient couverts de masses de toutes armes au bivouac. Je me rendis près du roi, dont aucun rapport n'avait encore calmé les inquiétudes sur notre compte, et qui fut enchanté de nous voir sauvés. S. M. me prévint que j'allais reprendre mes fonctions près du major-général; et lui ayant fait connaître les causes qui m'avaient fait marcher si lentement à mon départ de Ségovie, elle me dit de conserver soigneusement l'original de cet ordre, attendu que, s'il arrivait quelque fâcheux événement à l'armée, on ne manquerait pas de l'attribuer à l'obligation dans laquelle on s'était vu de m'attendre. J'allai présenter ensuite mes services au respectable maréchal Jourdan, qui me prévint que le convoi allait continuer sa marche sous le commandement du colonel du 88e ; mais à peine venais-je d'envoyer prendre mes équipages, que le roi me fit rappeler et m'annonça, qu'à la demande des ministres et des autres personnages importans qui étaient venus de Madrid avec moi, je conserverais ce commandement jusqu'à Burgos.
Le soir, le convoi étant parqué, nous nous aperçûmes que quelques hommes trop confians, restés en arrière, avaient disparu. Des guerillas s'étant présentées à portée du canon, furent vigoureusement éloignées par des détachemens d'un corps de cavalerie, très bien armé et très bien monté, qu'en partant de Ségovie, j'avais entièrement formé de toutes les personnes à cheval de ma colonne, c'est-à-dire, de conseillers d'état, de préfets, d'agens diplomatiques, d'officiers et de négocians: je donnai à l'un de mes amis, le duc de Sotomayor, maréchal-de-camp des armées du roi, et l'un des gentilshommes de sa chambre, le commandement de ce corps, jusqu'à Burgos, où il fut dissous.
Voyageant alors sur les derrières de l'armée, nous n'avions à craindre que les partis de guérillas ; mais le bon ordre qui régnait dans la marche du convoi le rendait si respectable, que nous arrivâmes à Burgos, sans avoir rien éprouvé de fâcheux" (« Mémoires du Général Hugo », Paris, 1823, t. 3, p. 118 et suivantes).
- Bataille de Vittoria, 21 juin 1813.
La Division Leval à la date du 21 juin 1813 est composée de la manière suivante : 1ère Brigade, Général Rey, 9e Léger, 24e de Ligne (1er Bataillon); 2e Brigade, Général Vichery, 96e de Ligne, 88e de Ligne.
La bataille de Vittoria est perdue malgré la valeur de nos soldats (21 juin 1813).
Bientôt la France est envahie par l'armée anglo-espagnole et nos Corps se reforment sous Bayonne. Le Maréchal Soult, de retour d'Allemagne où il avait été appelé par l'Empereur, prend le commandement en chef, réorganise les troupes et rétablit l'ordre et la discipline dans cette armée qui prend le nom d'Armée d'Espagne et des Pyrénées. Le 1er Bataillon du 24e (Chef de Bataillon Mignot) fait partie de la 1re Brigade de la 6e Division du Corps du Centre, sous le commandement du Général d'Erlon.
C'est avec cette Brigade qu'il prend une glorieuse part à l'attaque et à la prise du col de Maya, le 25 juillet, où le Corps de d'Erlon fait 2,000 prisonniers et s'empare de 4 canons. Il serait trop long de suivre pas à pas le Bataillon dans les marches et manoeuvres de l'Armée des Pyrénées. 11 suffira de dire qu'il y est ce qu'il a toujours été, une solide troupe, donnant, en toutes circonstances, le plus bel exemple de bravoure et de dévouement. Il s'illustre à diverses reprises au poste d'honneur qui lui est assigné à l'arrière-garde, dans la marche sur San-Estevan.
Pendant que les Français exécutent cette retraite, tous les efforts des Anglo-Espagnols tendent à isoler notre arrière-garde et à la faire prisonnière. Le 31 juillet, ils croient avoir atteint leur but à Vuinca; mais ils comptent sans la valeur de nos troupes.
- Combat de Vuinca, 31 juillet 1813
Au moment où la Brigade est sur le point d'être cernée par les Anglo-Espagnols, le 1er Bataillon du 24e se couvre de gloire en dégageant, dans une charge brillante contre les Ecossais, le Colonel du 24e Régiment, qui est resté, blessé, en leur pouvoir. L'avant-garde ennemie est refoulée, et le mouvement de la Brigade peut, grâce à ce beau fait d'armes, reprendre dans l'ordre le plus parfait.
6e Division, Général Maransin, 10 août 1813, au camp de Ainhoa.
1ère Brigade, Général Saint-Pol : 21e Léger, 1 Bataillon, 24e de Ligne, 1 Bataillon (14 Officiers et 555 soldats), 96e de Ligne, 1 Bataillon.
2e Brigade, Général Macquery :28e Léger, 1 Bataillon, 100e de Ligne, 1 Bataillon, 103e de Ligne, 1 Bataillon.
Les deux armées s'observent pendant le mois d'août, et, trop occupées à se fortifier dans leurs positions, restent dans une inaction à peu près complète. Çependant, à la fln d'août, le Maréchal organise un mouvement offensif dans le but de débloquer Saint-Sébastien. Deux colonnes se portent sur cette place, le 31 août, la première sous les ordres du Général Reille, à droite, et la deuxième où se trouve le 24e, à gauche, commandée par le Général Clausel.
- Combat de Saint-Sébastien, 31 août 1813.
La Bidassoa est franchie auprès de Béhobie et l'on se porte sur Saint-Martial. Le Duc de Wellington, informé de nos mouvements, s'est empressé de renforcer ses postes, de telle sorte que nos colonnes viennent se heurter à un ennemi sur ses gardes et supérieur en nombre. L'attaque est vive cependant du côté du Général Reille, mais les efforts de ses troupes se brisent devant la ténacité de la défense; Clausel, qui a d'abord réussi et s'est emparé de la montagne Couronnée, se voit contraint à la retraite par suite de l'insuccès de notre aile droite.
L'armée repasse la Bidassoa, dans la soirée, quand une crue occasionnée par une grosse pluie et augmentée par le flux emporte le pont de chevalets et laisse l'aile gauche isolée sur la rive ennemie; le Général français essuaie d'établir une communication entre les deux rives au moyen de cordages fixés à des avant-trains d'artillerie. Cette tentative échoue par suite de la rupture des cordages et Clausel, dans cette situation critique, n'a que la ressource de tenter de passer par le pont de Bera occupé par l'ennemi. Il faut défiler devant un couvent crénelé, dans un étroit passage, sous le feu des Espagnols. Fort heureusement, une batterie française, élevée la veille en face du gué, fait taire le feu du couvent, et nos troupes peuvent enfin passer sur la rive droite et reprennent leur position. Le 24e campe pour la seconde fois à Ainhoa.
- Combats sur la Nivelle, 8 octobre 1813.
Le 8 octobre, les Alliés passent inopinément la Bidassoa sur plusieurs points et surprennent nos Divisions plongées dans la plus grande sécurité. La 5e Division, en avant d'Ainhoa, est repoussée de ses positions par le Corps du Général anglais Hill.
La 6e Division, dont fait partie le 24e, commandée depuis quelques jours par le Général Darricau, se jette vivement dans le flanc gauche de la colonne anglaise, arrête sa marche et la contraint même à reculer avec une perte de 300 hommes.
L'armée continue à fortifier sa position et commence l'établissement d'une seconde ligne, de Saint-Jean-de-Luz à Cambo, puis, d'une troisième ligne, de la Nive à la mer, depuis Notaritz jusqu'à Bidard. Ces travaux durent jusqu'au mois de novembre.
Depuis le 16 octobre, le Bataillon du 24e a permuté avec le 119e et est ainsi entré dans la Division Boyer du même Corps au camp du pont de Socoa.
Aile droite, Général Reille. - Divisions Boyer, Maucune et Vilatte.
9e Division, Général Boyer (16 octobre 1813) :
1ère Brigade, Colonel Villars, du 118e : 2e Léger, 2 Bataillons; 24e de Ligne, 1er Bataillon (17 Officiers, 625 hommes); 118e de Ligne, 3e Bataillon.
2e Brigade, Général Gauthier : 120e de Ligne, 3 Bataillons; 122e de Ligne, 2 Bataillons.
- Attaque des lignes par l'armée alliée, 10 novembre 1813.
Le 10 novembre, à 6 heures du matin, nous sommes attaqués dans nos lignes par des forees tellement supérieures qu'il n'est pas possible de les conserver.
L'armée prend une positlon plus en arrière et un mois se passe encore en travaux de fortifications.
- Combats sur la Nive, 9 au 13 décembre.
Dans les premiers jours de décembre, ont lieu sur la Nive divers combats menés avec la vigueur habituelle à nos troupes mais à la suite desquels elles cédent devant le nombre, et se replient sur de nouvelles positions près de Bayonne où elles bivouaquent.
Ainsi, après une lutte de cinq mois, pied à pied, où nos vaillantes troupes disputent chaque ruisseau, chaque mouvement de terrain, l'ennemi n'a réussi à parvenir qu'à hauteur de Bayonne.
Le 20 janvier 1814, les 7e et 9e Division (Leval et Boyer, 15000 hommes en tout), sont appelées à la Grande Armée.
le 1er Bataillon du 24e, qui fait partie de la Division Boyer, le dernier du Corps qui restait à l'Armée d'Espagne, quitte l'Armée des Pyrénées et est dirigé sur Paris pour rejoindre le 7e Corps (Duc de Reggio) à Bray.
Le 1er Bataillon se met en route le 22 janvier 1814, arrive à Nangis le 13 février. Nous le trouverons bientôt dans les plaines de la Champagne, défendant pied à pied le sol français contre les armées de l'Europe entière.
/ Historique du 4e Bataillon (faisant fonction de Dépôt jusqu'à la création du 5e Bataillon) de 1805 à 1811
- 1805
Le 25 octobre 1805, au moment où les trois premiers Bataillons quittent Huningue, pour prendre la route d'Allemagne, le 4e Bataillon est laissé dans cette place; il y tient lieu de Dépôt.
- 1808
Le 16 avril 1808, le 4e Bataillon et le Dépôt sont dirigés sur Lyon où ils restent en garnison (Historique régimentaire).
Le 15 août 1808, "Le général Clarke propose à l'Empereur de faire diriger sur Lyon les grenadiers et voltigeurs, ainsi que les sous-officiers du 4e bataillon du 24e de ligne restés isolés à Huningue, afin de rejoindre le dépôt dans cette première ville et faciliter par cette mesure la réorganisation du bataillon" ; "Approuvé", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2167).
- Grenadiers d'Oudinot, campagnes d'Autriche, 1809.
Le 23 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre état de situation du corps du général Oudinot. Je vois qu'il est à un effectif de 7.500 hommes, ce qui, avec les 1.200 hommes qu'il va recevoir, formera un effectif de près de 9.000 hommes mais il n'y a que 49 compagnies qui reçoivent un renfort de 25 hommes, ce qui fait le nombre de 1.200. Il y a 39 autres compagnies qui ne reçoivent rien. Présentez-moi un projet pour que 34 de ces compagnies reçoivent également 25 hommes, et pour que les cinq autres, c'est-à-dire celles des 32e, 34e, 16e légère, 24e et 25e de ligne, qui sont à la suite, soient incorporées dans les compagnies de la division où elles sont le plus nécessaires, de sorte que l'on n'entendra plus parler de compagnies supplémentaires. Alors l'effectif sera de 11.000 hommes qui, partagés en 85 compagnies, feront un effectif de 130 hommes par compagnie. Il manquera donc 850 hommes pour les porter au complet de 140 hommes. Ces 11.000 hommes, partagés en huit régiments, feront 1.300 hommes par régiment, ou, en seize bataillons, feront 600 à 700 hommes par bataillon" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2210).
Le 29 août 1808, l'Empereur écrit au Général CLarke : "Monsieur le général Clarke, en lisant votre rapport du 30 mars dernier, je vois qu'il reste dix-neuf compagnies de grenadiers ou de carabiniers et dix-neuf compagnies de voltigeurs qui n'entrent dans aucuns cadres. Voici ce que je pense qu'il faudrait faire. Les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 24e, 32e et 34e de ligne et des 16e et 25e légères qui sont à la division Oudinot doivent être incorporées dans cette division. Les officiers, dans les compagnies où il en manque, les sergents de même et les soldats dans les compagnies les plus faibles. Procès-verbal de cette incorporation vous sera envoyé afin que vous fassiez faire les lettres de passe nécessaires pour les officiers qui changent de régiment. Par ce moyen les cinq compagnies seront diminuées ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2221).
Le 9 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le général Clarke ...
… Le 24e de ligne ...
Le 4e bataillon qui est à Lyon, ainsi que le dépôt, recevra 600 conscrits. Je me déciderai sur la destination à donner à ce 4e bataillon selon les événements ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2274 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18865).
Le 20 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Dans le tableau des détachements d'infanterie, je vois que le 24e de ligne n'a rien pu fournir, cela m'étonne, on s'est adressé au dépôt, mais en demandant au 4e bataillon les cent hommes dont on a besoin, il les fournira …
Je vous prie de les faire refaire avec les rectifications que j'indique et de me les renvoyer, afin que je sois bien certain qu'il n'y a aucun faux mouvement, et que tout est bien entendu" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2324 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18965).
Le 28 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Aranda, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Du moment que j'ai reçu votre état, je l'ai lu avec le plus grand intérêt ; mais il est tellement fautif que je ne puis compter sur son exactitude. Il faut que vous le fassiez corriger et que vous me le renvoyiez, dans l'état où il est, il ne peut me servir ... La colonne de l’armée du Rhin ne comprend que 17 corps qui auraient leurs compagnie de grenadiers et de voltigeurs au corps d'Oudinot ; c'est encore une erreur ; il y en a un plus grand nombre. Le 4e de ligne ; le 18e le 24e, le 26e légère ont leurs compagnies de grenadiers et de voltigeurs au corps d'Oudinot. Le 4e, le 88e, le 64e, le 16e léger, le 17e, le 21e, le 28e léger également. Vous commettez une double erreur en portant ces régiments pour 2800 hommes parce que vous y comprenez les compagnies de grenadiers et de voltigeurs et que vous ne les portez pas à l'armée du Rhin. Cet état demande donc à être retouché ; aux petits changements près, que j'ai notés ci-dessus, la forme m'en paraît très belle" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19429).
Pendant que les trois premiers Bataillons luttent en Espagne, Napoléon reconstitue la Grande Armée pour entrer en campagne contre l'Autriche.
Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "... 2° Le corps du général Oudinot sera composé de trente-six bataillons des régiments ci-après, savoir des 4e, 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e et 28e d'infanterie légère ; des 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e, 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e et 94e de ligne, et des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e de ligne.
Les bataillons des tirailleurs corses et des tirailleurs du Pô y seront joints, ce qui en portera le nombre à 36.
Chaque bataillon sera réuni, enfin, à six compagnies et à 840 hommes.
Tous les hommes sortant des hôpitaux et appartenant aux régiments de marche formés en France resteront à la suite des compagnies de grenadiers et voltigeurs du corps d'Oudinot, et, lorsque les quatre compagnies de fusiliers seront arrivées, elles seront incorporées dans ces compagnies.
3° Aussitôt que deux compagnies de ces 4es bataillons seront complétées au dépôt à 140 hommes chacune, le ministre de la guerre nous en rendra compte, pour que nous donnions l'ordre de les faire rejoindre avec les chefs des bataillons et adjudants-majors.
Au 10 janvier, le ministre de la guerre nous fera connaître ceux de ces 4es bataillons qui peuvent fournir deux compagnies de 140. Les deux autres compagnies auront joint avant le 20 février, de manière qu'à cette époque chaque régiment de l'armée du Rhin ait ses quatre bataillons de six compagnies chacun et d'un effectif de 3.360 hommes, et que le corps présentera trente-six bataillons ou 30.000 hommes.
4° Ce corps sera partagé en trois divisions de douze bataillons chacune.
Les bataillons seront embrigadés sous le nom de demi-brigades d'infanterie, dont quatre d'infanterie légère et huit d'infanterie de ligne, commandées par les majors ...
La 1re demi-brigade d'infanterie de ligne sera composée des 4es bataillons des 8e, 24e et 25e ...
La 1re division sera composée de la 1re demi-brigade d'infanterie légère et des 1re, 3e et 3e d'infanterie de ligne ...
5° Aucun mouvement ne se fait par le ministre de la guerre, qu'il ne m'en ait présenté le projet et qu'il n'ait eu mon approbation" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).
Le même 5 décembre 1808, l'Empereur écrit également, depuis Chamartin, au Général Lacuée, Directeur des Revues et de la Conscription militaire, à Paris : "Mon intention est de renvoyer les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 4es bataillons des régiments qui font partie de l'armée du Rhin à leurs régiments, pour former le cadre des 4es bataillons, et d'augmenter insensiblement ces 4es bataillons des quatre autres compagnies, de manière que l'armée du Rhin, qui est composée de vingt et un régiments, le soit de quatre-vingt-quatre bataillons ; ce qui, avec les huit bataillons qui forment le corps des villes hanséatiques, fera quatrevingt-douze bataillons, ou un effectif de près de 78,000 hommes, et, avec la cavalerie et l'artillerie, près de 110,000 hommes. Le corps d'Oudinot ne serait plus alors composé que des compagnies de grenadiers et voltigeurs des régiments ci-après, savoir : 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e, 28e d'infanterie légère ; 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e, 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e, 94e d'infanterie de ligne. Mon intention serait que les compagnies restant des 4es bataillons de ces corps y fussent réunies ; ce qui compléterait vingt-huit bataillons. J'y joindrais les 4es bataillons des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e ; ce qui porterait ce corps à trente-quatre bataillons, qui, à 840 hommes chacun, feraient près de 30,000 hommes. Pour compléter le nombre de 30,000 hommes, j'y réunirais les bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses ; j'en formerais trois divisions de douze bataillons chacune ; ce qui ferait un beau corps qui pourrait, si cela était nécessaire, renforcer l'armée du Rhin et la porter à 140,000 hommes, laissant les 4e, 46e, 18e de ligne, 24e et 26e légers, ce qui fait cinq régiments, pour la défense du port de Boulogne et de la Bretagne, et me laissant ainsi la faculté de diriger sur l'Allemagne les 4es bataillons des 48e, 13e, 108e, etc ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14535 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19446).
Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, le corps du général Oudinot, au lieu d’être partagé en trois divisions, ne le sera qu’en deux. À cet effet, la 3e demi-brigade légère et la 4e demi-brigade de ligne feront partie de la 1re division ; la 5e et la 6e demi-brigade de ligne feront partie de la 2e division. Le général Claparède commandera une de ces deux divisions. Comme il paraît que chaque corps ne pourra fournir que deux compagnies de fusiliers au grand complet, jusqu’à ce que la conscription de 1810 ait complété les cadres, chaque bataillon ne sera que de 560 hommes, chaque demi-brigade de 1 680 hommes, chaque division de 10 000 hommes, et le corps entier de 20 000 hommes. Lorsque les 5e et 6e compagnies de fusiliers pourront être envoyées, je verrai si je dois former une 3e division, ou laisser seulement le corps à deux divisions.
... Le 2e bataillon de marche du corps du général Oudinot sera composé des 1re et 2e compagnies de fusiliers du 8e d’infanterie de ligne qui est à Venlo, des 1re et 2e compagnies du 24e de ligne qui est à Lyon, et des 1re et 2e compagnies du 45e qui est à Liège ...
Ces douze bataillons de marche seront réunis du 1er au 15 mars à Strasbourg.
Vous donnerez ordre que chacune de ces compagnies soient complétées à 140 hommes.
Donnez ordre que les dépôts fournissent à chaque homme une capote et 3 paires de souliers, dont deux dans le sac et une aux pieds.
Si les dépôts ne pouvaient compléter ces compagnies, ils en enverront toujours les cadres, avec tout ce qu’ils ont de disponible, et vous ferez connaître ce qui manquerait, afin que je le fasse tirer des conscrits de ma Garde.
Vous donnerez ordre que tous les détachements de ma Garde qui doivent partir de Paris, pour porter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs au grand complet, soient prêts à partir le 15 pour se rendre à Strasbourg. Ils seront formés en bataillons de marche. Vous prescrirez aux différents commandants de ma Garde d’en passer la revue, de n’envoyer que des hommes qui sachent faire l’exercice à feu, et de les faire habiller de l’uniforme d’infanterie légère, avec les boutons des régiments où ils doivent entrer ; on me les présentera à la parade du 16, et ils partiront le 17.
J’ai donné ordre au corps du général Oudinot de se réunir à Augsbourg.
Si le général Claparède est encore à Paris, donnez-lui l’ordre de se rendre à Strasbourg186 pour y attendre ces détachements, et exécuter les ordres qui lui seront donnés. Il sera chargé de mener cette colonne.
Par ce moyen, il y aura entre Strasbourg et Augsbourg de quoi compléter les 12 brigades du corps du général Oudinot, à 12 compagnies chacune, c’est-à-dire à 20 000 hommes. Comme il y aura 12 demi-brigades, il faudra 36 chefs de bataillon et adjudants-majors. Présentez-moi la nomination de ceux qui manquent, et vous les dirigerez sur Strasbourg, pour de là rejoindre le corps. Il faudra 12 majors, le corps en a huit ; c’est quatre à envoyer. Il faut 6 généraux de brigade ; faites-moi connaître ceux qu’il faudrait envoyer.
Il faut à chaque division 18 pièces de canon, c’est-à-dire 36 pour les 2 divisions. Le corps en a 18 ; faites-moi connaître la situation du parc de l’armée du Rhin, et s’il peut fournir les 18 autres pièces.
Ainsi, à la fin de mars, j’aurai au corps du général Oudinot 20 000 hommes, 36 pièces de canon avec caissons et double approvisionnement, un général de brigade d’artillerie, deux compagnies de sapeurs, une compagnie de pontonniers, un colonel du génie, trois officiers du génie, 6 000 outils attelés, 40 caissons d’infanterie, 20 par division, la division de cuirassiers Espagne, et la brigade de cavalerie légère composée de 3 régiments que j’ai attachés à ce corps. Ce qui fera un corps de près de 30 000 hommes.
Il faut qu’il y ait un commissaire des guerres par division, et deux adjoints, et les chefs de service nécessaires. L’armée du Rhin a en personnel de quoi organiser tout cela ..." (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2767 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20016).
Le 4e Bataillon (Commandant Castillard), appelé à prendre part à cette guerre, quitte Lyon le 24 février 1809.
Le 8 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 6 avec l'état qui y est joint. Je vois que la force des 12 bataillons de marche du corps du général Oudinot est de 6 300 hommes et qu'il manque 3 000 hommes pour les compléter. Ces 3 000 hommes seront fournis par ma Garde. J'ai déjà donné une destination aux premiers 600 hommes qui se sont trouvés prêts. Donnez ordre que les 1600 hommes qui vont être disponibles après ceux-là soient habillés de l'uniforme des régiments ci-après, dans lesquels ils seront incorporés, savoir :
... pour les compagnies du 24e de ligne 200 hommes ...
Les détachements de ma Garde partiront habillés. Vous enverrez à cet effet au conseil d'administration les numéros de régiments où ils doivent être incorporés, afin qu'on fasse faire leur uniforme, et qu'on y mette les boutons de ces régiments. Par ce moyen, le corps du général Oudinot recevra un renfort de 8300 hommes, et il manquera peu de choses à son complet, en présents sous les armes. Quand le corps du général d'Oudinot aura reçu ces 8000 hommes, vous me ferez connaître ce qui pourrait manquer au complet des compagnies, et s'il y a moyen de le tirer de quelques dépôts, où se trouveraient des conscrits des 4 années antérieures à 1810" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2899; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20291).
Situation de la Division Oudinot au 9 mars 1809 (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20309) :
Divisions |
Brigades |
1/2 Brigades |
Bataillons |
Présents |
Détachements tirés des conscrits de la Garde |
Compagnies de fusiliers formant les 12 premières compagnies de marche |
Détachement formant le 13e bataillon de marche |
Totaux
|
Manque au complet de 560 par brigade |
Excédent sur le complet |
||
Par bataillon
|
Par 1/2 brigade
|
|||||||||||
1ère division général Claparède |
2e brigade le général |
1re 1/2 brigade d'inf. de ligne Major Chabert | 8e de ligne |
306 |
17 |
117 |
104 358 163 |
527 606 508 |
1641 |
33 |
|
Le 4e Bataillon va rejoindre ses deux Compagnies de Grenadiers et de Voltigeurs à Augsbourg, dans le 2e Corps (Oudinot) le 24 mars 1809.
Ainsi réorganisé à six Compagnies dont deux d'élite, il forme le 2e Bataillon de la 1ère Demi-brigade de Ligne, commandée par le Major Chabert, et reçoit un petit drapeau de serge tricolore portant d'un côté : 1re demi-brigade de ligne; de l'autre : 4e bataillon du 24e d'infanterie de ligne.
2e Corps - 1re Division : Général Tbarreau (1er avril 1809).
1ère Brigade : Général Conroux.
1ère Demi-brigade légère : 4es Bataillons des 6e, 24e et 25e Légers.
3e Demi-brigade légère : 4es bataillons des 9e, 16e et 27e Légers.
2e Brigade, Général Albert.
1ère Demi-brigade de ligne : 4es Bataillons des 8e, 24e et 25e de Ligne.
2e Demi-brigade de ligne : 4es Bataillons des 94e, 95e et 96e de Ligne.
3e Brigade, Général Jarry.
3e Demi-brigade de ligne : 4es Bataillons des 28e, 63e et 64e de Ligne.
4e Demi-brigade de Ligne : 4es Bataillons des 4e, 18e et 46e de Ligne.
Le 2e Corps (Oudinot) ne prend qu'une part indirecte aux premières opérations au suceès desquelles il contribue cependant par des marches souvent fort pénibles.
Pendant les opérations autour de Ratisbonne (avril 1809) et pendant les batailles d'Abensberg et d'Eckmühl, Oudinot soutient le mouvement des autres Corps d'armée et reste en réserve.
Dans la marche sur Vienne, il sert d'avant-garde au Maréchal Lannes et entre, le 13 mai, dans la capitale après avoir fait, pendant cette poursuite, de nombreux prisonniers.
- Bataille d'Essling, 21 et 22 mai 1809.
Pendant la bataille du 21, la Division Tbarreau reste sur la rive droite, arrêtée par la rupture des ponts.
Dès que ceux-ci sont rétablis, la Division passe pendant la nuit sur l'autre rive et engage le combat au centre de la ligne française à 7 heures du matin.
C'est donc le 22 mai, second jour de la bataille d'Essling, que le Bataillon du 24e tire ses premiers coups de fusil, dans cette campagne qui dure depuis près de deux mois. Malgré leur énorme supériorité numérique, les Autrichiens ne peuvent pas vaincre la ténacité des Français, et bientôt leur armée est rompue. Le succès final est désormais assuré à nos armes lorsque, vers 8 heures du matin, Napoléon reçoit la nouvelle d'une seconde rupture de ponts. Se trouvant sans réserve, il fait suspendre le mouvement. Les Autrichiens profitent de ce répit pour se rallier et pour faire avancer des troupes fraiches au moyen desquelles ils prononcent une attaque générale. Malgré la vigueur avec laquelle il est exécuté, ce retour offensif ne réussit pas à nous faire quitter nos positions; ce n'est que pendant la nuit que l'Empereur fait rentrer dans l'ile Lobau les troupes engagées sur la rive gauche. Le Bataillon perd dans cette rude journée une trentaine d'hommes mis hors de combat.
Le mois de juin est employé à transformer, par d'immenses travaux, l'ile Lobau en une énorme place d'arme unie à la rive droite par quatre ponts, et d'où peuvent être jetés en une heure cinq autres ponts sur la rive gauche.
Dans la disposition générale des troupes, le 2e Corps occupe le camp d'Ebersdorf.
En même temps, pour augmenter son artillerie, l'Empereur dote chaque Brigade du Corps Oudinot d'une Compagnie de canonniers servant 2 pièces de 3, prises aux Autrichiens.
Par ailleurs, le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 24e de Ligne, l'Empereur ordonne : "... 1° 3 000 soldats des plus exercés, des 82e, 26e et 66e régiments formant 3 bataillons de marche se mettront en route pour Strasbourg, avec le nombre d'officiers et sous-officiers nécessaires pour les conduire, et de là seront dirigés sur Vienne pour y être incorporés dans les différents corps d'Oudinot conformément à l'état A .... L'Etat A qui suit cette lettre indique pour la Répartition des 3 000 hommes des trois régiments des côtes de La Rochelle : "Au dépôt du 26e 2000" et "Ce régiment enverra à l'armée, savoir 1000, savoir 200 hommes au 4e bataillon du 8e de ligne, 200 24e, 200 27e, 200 39e, 200 40e, 200 hommes au 4e bataillon du 45e de ligne". L'Annexe intitulée "Répartition des 3000 hommes du dépôt de Strasbourg" indique "24e de ligne 400". Enfin l'annexe intitulé "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 11e Demi-brigade provisoire : 3e de ligne complété à la division St-Hilaire, 4e id. 25, 18e id., 63e id. 250, 24e id., 64e id., 57e id.; au total donc, 275 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3223 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).
- Bataille de Wagram, 5 et 6 juillet 1809.
Comme celle d'Essling, la bataille de Wagram dure deux jours, les 5 et 6 juillet.
Les Autrichiens nous attendent dans une position formidable, entre Aspem et Essling; ils ne sont pas peu surpris de voir, le 5 juillet au petit jour, l'armée française passant le Danube vers l'Est, se former en bataille sur leur flanc droit et tourner, par ce beau mouvement, toutes leurs positions fortifiées. Nos troupes occupent à 8 heures les positions suivantes ; Masséna, à la gauche, près d'Enzersdorf; Oudinot et Davout prolongeant la ligne française, vers le nord-est par Rulzendorf en première ligne, le reste de l'armée en réserve sur deux autres lignes.
Nos Corps d'armée n'ont à livrer que quelques combats peu importants pour obtenir ce grand résultat. La Division Tharreau a cependant quelque peine à chasser les Autrichiens du château de Sachsengaug, entouré de fossés pleins d'eau et défendu par du canon.
Alors s'exécute une belle marche en avant par Bataillons serrés en masse, et l'armée se déploie en un immense éventail, depuis le Danube à gauche, près de Hirschstatten, jusqu'à Glinzendorf, par Breitenlee; vers 6 heures du soir, Oudinot fait attaquer Baumersdorf et les ponts du Rossbach par la Division Grandjean, soutenue par celle de Tharreau; cette attaque échoue et les Divisions reviennent bivouaquer sur les bords du Russbach. Les Autrichiens quant à eux se replient derrière la Russbach.
Le lendemain 6 juillet, la bataille recommence entre 9 et 10 heures par une violente canonnade du Maréchal Oudinot pendant que les autres Corps font un changement de front, la droite en avant. Vers midi, l'attaque générale se dessine; l'ennemi, abordé à la baïonnette de front par Oudinot et pris en flanc par Davout, est rejeté sur Wagram et Helmdorf; la Division Tharreau enlève Wagram et y prend deux Bataillons, plusieurs oanons et un drapeau.
Pendant que l'armée autrichienne est écrasée au centre et que Masséna tient ferme à notre gauche, 100 pièces de canons et une masse de 21 Bataillons, appuyés par la Garde et deux Divisions de cavalerie, se précipitent entre les villages de Sussenbrünn et d'Aderklaa, passent à travers les Bataillons ennemis et gagnent ainsi une lieue de terrain. Tout plie, tout fuit, et les débris de l'armée autrichienne battent en retraite vers la Bohême.
Le Corps Oudinot est particulièrement cité dans le bulletin de la bataille; voici, d'ailleurs, comment s'exprime l'ordre à l'armée : "Le succès du 5 juillet est dû aux corps des maréchaux duc de Rivoli et Oudinot, qui ont percé le centre de l'ennemi en même temps que le corps du duc d'Auerstaedt le tournait par la gauohe. Le village de Deutsch-Wagram n'a pas été en notre pouvoir dans la journée du 5. Ce village a été pris, mais il ne l'a été que le 6, à midi, par le maréchal Oudinot"·
Ainsi, le 4e Bataillon s'est montré, dans les plaines de Wagram, à la hauteur des Bataillons d'Espagne. Il laisse sur le terrain près de 200 hommes tués ou blessés; aussi son effectif se trouve-t-il réduit à 16 Officiers et 332 soldats présents; le reste est aux hôpitaux ou aux ambulances. Le nombre des tués, blessés ou malades est de 4 Officiers et 387 hommes.
La paix est le prix de cette belle victoire au lendemain de laquelle les troupes s'installent de leur mieux en cantonnement.
Le 15 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, au Général Clarke; Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, vous recevrez un décret relatif au recrutement de l'armée, dans lequel vous verrez les mesures que j'ai prescrites pour dissoudre les 5e, 9e, 10e, 11e, 12e, 13e, 14e, 16e et 17e demi-brigades provisoires ...
Je préfère donc que les 5es bataillons se rendent en droite ligne aux bataillons de guerre. J'ai renvoyé aux dépôts, il y a un mois, les cadres des 4es bataillons de la division Saint-Hilaire. J'ai renvoyé, il y a peu de jours, les cadres des 4es bataillons du corps du duc d'Auerstaedt, ainsi que ceux des régiments qui avaient leurs 4es bataillons à l'armée, tels que les 4e, 18e, 24e de ligne et 26e léger ; de sorte qu'il n'y a plus à l'armée que des corps ayant trois bataillons, et ensuite les 4es bataillons qui sont au corps du maréchal Oudinot, et dont les trois premiers sont en Espagne" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15529 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21514).
Après avoir occupé pendant quelque temps le camp de Kagran où il a beaucoup à souffrir des maladies, et après avoir travaillé à la tête de pont de Vienne, le 24e cantonna, en décembre, à Ried, près de l'Inn. Enfin, dans les premiers jours de janvier 1810, il rétrograde vers le Rhin.
- Le 4e Bataillon passe au Portugal, 1810-1811
La Division Tharreau, où il est toujours, est acheminée sur l'Espagne le 13 septembre 1810 et passe sous le commandement du Général Couroux, Corps Drouet d'Erlon, le 9 octobre à Bayonne. La 1re Demi-brigade de ligne est commandée alors par le Colonel Chabert.
Le 4e bataillon (commandant Trippe), compte 16 Officiers et 366 hommes. Il reçoit, à son arrivée à Bayonne, un détachement venu de Lyon, qui porte son effectif à 18 Officiers et 706 hommes.
Dès sa formation, le 9e Corps est dirigé sur l'armée de Masséna dont il devient la réserve, en Portugal. La jonction se fait le 26 décembre, à Leyria.
2e Division, Général Couroux - 1ère Brigade, Général Gérard.
1ère Demi-brigade Légère (4es Bataillons des 6e, 16e et 25e Légers); 3e Demi-brigade Légère (4es Bataillons des 9e, 27e Léger ; les autres Bataillons en formation).
2e Brigade, Général X
1ère Demi-brigade de Ligne, Colonel Chabert (4es Bataillons des 8e, 24e et 45e de Ligne) ; 2e Demi-brigade de Ligne, Colonel Aulard (4es Bataillons des 94e, 95e et 96e de Ligne).
Au moment de l'arrivée du 9e Corps, les deux armées sont dans l'inaction la plus complète. Wellington, retranché dans ses formidables lignes de Torres-Vedras, discipline les troupes portugaises en face de l'armée française; celle-ci épuise toutes les ressources du pays et s'énèrve dans une affreuse misère; cela dure cinq longs mois au bout desquels aucun des adversaires ne pouvant se résoudre à l'attaque, Masséna se décide à battre en retraite.
Le 6 mars 1811, l'armée de Masséna (dans laquelle se trouve le 4e Bataillon) repasse le Mondégo et se rapproche de Ciudad-Rodrigo où sont ses magasins et ensuite d'Almeida.
Mais les approvisionnements de ces places se trouvent bientôt sur le point d'être épuisés et le manque de vivres contraint une fois encore Masséna à chercher de nouveaux centres de ravitaillement. Il marche donc sur Salamanque et détache d'Erlon à Zamora.
Le Duc de Wellington en profite aussitôt pour menacer Ciudad-Rodrigo et mettre le siège devant Alméida.
Composition du 9e Corps, Générnl d'Erlon, le 8 avril 1811.
1ère Division, Général Claparède. - 2e Division, Général Couroux.
3e demi-brigade légère : 4e bataillons des 16e, 9e et 27e Légers.
1ère Demi-brigade de ligne : 4es Bataillons des 8e, 24e et 45e de Ligne.
2e Demi-brigade de ligne : 4es Bataillons des 94e, 95e et 96e de Ligne.
- Bataille de Fuentès de Onoro, 3, 4 et 5 mai 1811.
Masséna, ne voulant pas abandonner cette place, revient sur ses pas pour la débloquer et rencontre l'armée anglo-portugaise sur un coteau d'accès difficile, derrière la petite rivière Duas-Casas.
Le 3 mai, un premier engagement a lieu dans lequel l'arrière-garde anglo-portugaise est refoulée en désordre dans Fuentes-de-Onoro; cette localilé est plusieurs fois prise et reprise. Les Français échouent finalement devant la ville (4e Bataillon du 24e).
La journée du 4 se passe en reconnaissances. Le lendemain 5, l'armee française se trouve ainsi disposée : 2 Divisions du 6e Corps en face de Pozo-Bello avec une Division du 8e Corps comme réserve; toute la cavalerie à la gauche, la 3e Division du 6e Corps occupant la partie inférieure de Fuentès de Onoro, avec le 9e Corps; à la droite, le 2e Corps entre Fuentès de Onoro et Alméida.
L'attaque commence par la gauche française, qui fait plier la droite anglaise pendant que d'Erlon, au centre, s'empare de la partie haute du village; vers 11 heures du matin la victoire semble certaine, mais le 6e Corps n'ayant pas reçu à temps l'ordre de charger, l'ennemi peut se raffermir sur ses positions ; Wellington, refusant sa droite, profite de l'inaction des Français pour faire attaquer et reprendre la partie haute de Fuentès de Onoro. Cette position reste au pouvoir des Anglais, malgré les généreux efforte des 2 Divisions du 9e Corps et les charges glorieuses de la 1re Brigade de ligne dont le brave chef, le Colonel Chabert, tombe sur le champ de bataille, frappé d'une balle à la tête.
Vers 2 heures, le feu cesse de part et d'autre sans que la place d'Alméida ait pu être ravitaillée.
La part du Bataillon du 24e dans les pertes générales est relativement grande puisque, sur son faible effectif, 31 hommes sont tués au champ d'honneur et 60 à 80 blessés.
A la suite de la bataille de Fuentès de Onoro, l'armée se reporte vers Salamanque et s'y trouve réunie le 11 mai. Deux jours après (13 mai), le 9e Corps ayant été dissous, le 4e Bataillon du 24e (17 Officiers et 331 soldats) est envoyé à Cadix, sous les ordres du Général Conroux et rallie le Régiment le 15 juin. Le Commandant Trippe verse, comme nous l'avons dit, ses hommes dans les Compagnies des trois premiers Bataillons et reprend le chemin de Lyon avec 16 Officiers et 87 hommes des cadres.
/ Dépôt et 5e Bataillon; formation diverses issues du Depôt, 1803-1814
- 1803
En 1803, le 4e Bataillon tenait lieu de Dépôt. Nous avons suivi précédemment ce Bataillon jusqu'au moment où il a été désigné pour prendre part à la campagne d'Autriche en 1809. Jusqu'à cette époque, il avait successivement tenu garnison aux environs de Brest et à Huningue.
- 1805
Le petit Dépôt qui, lui, était resté à Brest, est mis en route, à son tour, le 19 octobre 1805 et rejoint le 4e Bataillon à Huningue un mois après, jour pour jour. C'est de cette ville que doivent partir tous les détachements envoyés, soit aux fractions du Régiment employées aux armées, soit sur divers points pour concourir à des créations nouvelles.
Pendant les opérations de la Grande Armée de 1805 à 1807 sont organisés de nombreux corps de troupes au moyen des ressources des Dépôts et des 4es Bataillons restés à l'intérieur. C'est ainsi que nous avons vu les Compagnies d'élite du 4e Bataillon concourir à la formation du 6e Régiment des Grenadiers d'Oudinot.
Deux Corps d'armée sont créés, l'un à Mayence, l'autre à Strasbourg, au moyen des Dépôts de la Grande Armée. Le Dépôt du 24e, venu de Brest à Strasbourg, entre dans la composition de la 2e Division du Corps de réserve de Strasbourg, sous 1es ordres de Kellermann (1805). Ces corps ont pour objet l'instruction des recrues et l'alimentation des troupes de campagne.
Pendant cette dernière période, divers détachements sont envoyés par le Dépôt pour renforcer le Régiment, notamment en janvier, juillet et novembre 1806.
Enfin, on organise les Régiments provisoires avec des Compagnies des 3es et 4es Bataillon; chacun deS Régiments de l'armée donne une Compagnie de 140 hommes; celle du 24e entre dans la composition du 3e Bataillon provisoire à Mayence, le 10 novembre 1806. Par la réunion de ces Bataillons deux par deux, on obtient des Régiments dont on donne le commandement à des Majors.
On n'attend pas que les recrues soient instruites pour les faire passer dans ces Corps; il suffit qu'elles aient huit à dix jours de présence et qu'elles soient habillées, équipées et armées; encore n'a t-on pas toujours la patience d'attendre que les hommes soient habillés pour les expédier à l'armée; on les fait souvent partir dès qu'ils ont reçu l'armement.
La mission des Bataillons provisoires est de tenir garnison dans les places conquises. Le 3e de ces Bataillons est envoyé à Magdebourg.
Le Dépot du 24e concourt aussi à la formation des 6e, 10e, 14e et 19e Régiments provisoires dont la création a lieu en janvier, mars, avril et mai 1807; Régiments éphémères qui maintiennent la sécurité des derrières de l'armée en la suivant à quelques marches et qui sont dissous au fur et à mesure de leur arrivée à Thorn; alors chaque Compagnie rejoint son Régiment, est répartie entre les Compagnies actives et les cadres rétrogradent ensuite sur les Dépôts.
Il serait long et fastidieux de suivre tous les détachements ainsi formés; qu'il suffise de dire que le Dépôt fournit encore deux Compagnies de 130 hommes chacune au Corps d'observation de l'Océan (octobre 1807).
On se rappelle que le 3e Bataillon du 24e avait été licencié le 21 mars 1807, à Frauenberg ; ses cadres servent à organiser deux nouvelles Compagnies qui, avec les deux précédentes constituent le 1er Bataillon du 2e Provisoire, du Corps de l'Océan.
Le 2e Provisoire fait partie de la 1re Division organisée à Metz. Notre Bataillon y arrive du 18 au 24 novembre 1807.
- 1808 à 1811.
Le Dépôt reste à Huningue jusqu'au 16 avril 1808, jour où il est dirigé sur Lyon en même temps que le 4e Bataillon. Là, et dès leur arrivée, il est procédé à la formation d'un 5e Bataillon qui sert en même temps de Dépôt et le 4e devient disponible; il est envoyé peu après, nous l'avons vu, à l'Armée d'Allemagne (Historique régimentaire).
Le nouveau 5e Bataillon ne comprend que quatre Compagnies de Fusiliers.
Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts. Je conçois que les conscrits ont été dirigés sur les nouveaux dépôts ... Le 17e a son nouveau dépôt à Lille et l'ancien à Boulogne. Je pense qu'il serait convenable d’en faire de même, et qu'ainsi de suite il faudrait diriger les magasins du 19e de Boulogne sur Douai ; du 22e de Wesel sur Maastricht ; du 24e d'Huningue sur Lyon ; du 25e de Boulogne sur LandreciesLandrecies ; du 28e de Boulogne sur Saint-Omer ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).
Pendant la guerre d'Espagne, le Dépôt, au moyen des cadres du 5e Bataillon, alimente les Bataillons actifs en hommes de renfort. Des détachements de 100 à 150 hommes par Régiment, se réunissent en Bataillon de marche à Bayonne pour aller rejoindre les différents Corps d'armée. Bien peu de ces groupes arrivent à destination; arrêtés en route par les commandants de territoires, ils font la chasse aux guérillas pour assurer les communications et ne réussissent souvent à rejoindre les Régiments que considérablement réduits.
Le 2 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée, à Bayonne : "Envoyez l'ordre au général Cervoni, commandant la 8e division militaire, de faire partir sur-le-champ pour Perpignan une compagnie de 140 hommes, bien armés et bien habillés, de chacun des 1er et 62e de ligne et du 22e léger. Donnez l'ordre au général commandant la 18e division militaire de faire embarquer sur la Saône et sur le Rhône une compagnie du 16e léger de 140 hommes. Donnez ordre au général commandant à Lyon de faire embarquersur le Rhône une compagnie du 24e de ligne de 140 hommes. Donnez ordre au commandant de la 7e division militaire de faire partir également une compagnie du 5e de ligne forte de 140 hommes. Ces six compagnies se réuniront à Perpignan, et formeront là un bataillon de 840 hommes. Vous enverrez un des chefs de bataillon à la suite pour commander ce bataillon.
... Vous appellerez le ... bataillon, 1er bataillon provisoire de Perpignan ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14150 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18462).
Le 8 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Reille, son Aide de camp, à Bellegarde : "... Le 1er bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 1er, 62e, 5e et 24e de ligne, et des 16e et 22e légers, formant 840 hommes, le 2e bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 8e et 18e légers et des 23e, 60e, 79e et 81e de ligne, ces deux bataillons formant 1,600 hommes, doivent se trouver réunis du 20 au 22 à Perpignan. Ces deux bataillons arrivent de différents points. Chargez le commandant de la place de les former. Le major général a dû nommer les chefs de bataillon et adjudants-majors pour les commander ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14168 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18509).
Le 9 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le général Clarke ... 1er corps de la Grande Armée, qui désormais sera le 1er corps de l'armée d'Espagne.
1re division :
… Le 24e de ligne a 280 hommes au bataillon de marche de Perpignan, donnez ordre que ces 280 hommes se rendent à Bayonne. Donnez ordre à son dépôt de faire également partir 100 hommes pour Bayonne ; ce qui portera l'effectif de ce régiment à 3 000. Le cadre des 2 compagnies qui sont au bataillon de Perpignan restera à Bayonne, pour y recevoir les 100 conscrits que j'y destine.
Le 4e bataillon qui est à Lyon, ainsi que le dépôt, recevra 600 conscrits. Je me déciderai sur la destination à donner à ce 4e bataillon selon les événements ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2274 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18865).
Le 19 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, des deux bataillons provisoires de Perpignan, il n'en sera formé qu’un.
En conséquence le 2e bataillon sera incorporé dans le 1er, et les deux compagnies du 24e de ligne et du 16e légère qui se trouvent dans le 1er bataillon se rendront de Perpignan ou de la Jonquière à Bayonne pour être incorporés dans leurs régiments ... " (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2320; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18959).
A partir de là, l'histoire de ce détachement se confond avec celle du 24e de Ligne en Espagne vu précédemment.
- 1809, formation d'un Corps de Réserve
Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
1
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2
... Le 10e sera composé de 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 3e, 4e, 18e, 63e, 24e, 64e. Il se réunira à Strasbourg ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).
Le 19 novembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Présentez-moi un travail pour former 4 régiments de marche pour les corps d'armée d'Espagne ; lesquels se réuniront depuis Orléans jusqu'à Bordeaux. Un colonel en second ou un major sera mis à la tête de chaque régiment pour les commander.
Le 1er régiment sera composé de tout ce qui est disponible à la 22e demi-brigade provisoire et au régiment de marche de Strasbourg et de ce qui pourra partir au 1er novembre des dépôts des 9e léger, 24e, 96e de ligne, etc., formant en Espagne le 1er corps, pour composer ce régiment de marche à 3.000 hommes.
Il y sera réuni le nombre d'officiers et de sous-officiers nécessaire : un officier pour 100 hommes et un capitaine de chaque régiment de l'armée d'Espagne ; il sera donné une organisation provisoire à ces régiments pour le maintien de la discipline en route ...
Vous me ferez connaître à quelle époque ces régiments pourront se mettre en marche ; ils peuvent être formés sur-le-champ, et mis en marche au 15 décembre au plus tard.
Lorsque ces 4 régiments seront formés, vous m'en rendrez compte, et je donnerai mes ordres pour leur destination ultérieure, à leur arrivée à Bayonne, attendu qu'ils ne doivent point entrer isolément en Espagne sans mon ordre ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3721 (avec la date du 8 novembre); Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22478).
Le 17 juillet 1810, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Le dépôt du 8e de ligne qui est à Venlo, celui du 24e de ligne qui est à Lyon, celui du 45e qui est à Liège, enverront chacun un détachement de 150 hommes pour recruter à Brest les 4es bataillons de ces corps, hormis cependant que le dépôt du 24e enverra 400 hommes au lieu de 150 ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4404 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24040).
Le 19 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je désire que vous formiez plusieurs bataillons de marche pour 1'Espagne et le Portugal.
... Le 7e bataillon de marche (ou bataillon de l'armée du Midi) se composera de 100 hommes du 16e de ligne ; 100 du 21e ; 100 du 27e ; 100 du 54e ; 100 du 63e ; 100 du 95e ; 400 du 24e ; 1000 hommes. Ce bataillon se réunira à Limoges ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24356).
- 1811.
Le 25 mai 1811, l'Empereur écrit, depuis Caen, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je n'ai point le projet de former un 3e régiment de la Méditerranée. La formation de ces régiments est trop difficile et est extrêmement coûteuse. D'ailleurs, j'ai un grand nombre de cadres qui ne sont pas remplis. Faites-moi un rapport sur le nombre de conscrits que le dépôt du fort Lamalgue doit recevoir. Je préférerais réunir à Toulon ou au cap Sepet les cadres complets des 3e et 4e compagnies du 5e bataillon des 8 régiments qui ont leur dépôt dans la 7e division militaire. On pourrait y joindre une compagnie du 5e bataillon du 24e qui est à Lyon, et du 62e qui est à Marseille, ce qui ferait 18 compagnies dont on formerait 3 bataillons chacun de 900 hommes qui pourraient être placés, savoir : un bataillon composé des compagnies des 62e, 24e, 81e, etc. à Pomègue, et les 2 autres bataillons dans le cap Sepet ou dans les îles d'Hyères. Il faudrait nommer trois majors en second pour commander ces 3 bataillons. Les hommes seraient habillés par les soins du major et des dépôts de ces corps qui, étant à Genève, Grenoble, Chambéry, Marseille, ne sont pas trop éloignés pour fournir à ce service. Cela donnerait de l'emploi à 2700 conscrits réfractaires ... Faites-moi un rapport dans ce sens ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27161).
Le 7 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... Donnez ordre que trois compagnies du 24e de ligne qui sont à Lyon soient complétées à 420 hommes ; faites-en passer la revue, et faites-moi connaître quand ce bataillon de trois compagnies sera en état de partir pour se rendre à Paris ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17779 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27234).
Le 10 juillet 1811, la 1re Compagnie du 5e Bataillon, à l'effectif de 150 hommes, est dirigée sur Bordeaux où elle arrive le 31 du même mois et entre dans le 7e Bataillon de marche des Régiments de renfort.
Le 14 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, donnez ordre que des 200 hommes du 5e bataillon du 24e de ligne disponibles à Lyon il soit formé deux compagnies et qu'elles soient dirigées sans délai sur Bayonne où elles seront jointes à d'autres compagnies" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5780 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27632).
Le 18 juillet, la 2e Compagnie du même Bataillon quitte Lyon à destination de Bayonne. Elle reste dans cette place jusqu'au 3 octobre et va s'embarquer le 11 novembre, à Toulon, sur le vaisseau le Trident (113 hommes).
Le 17 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "... Deux compagnies du 24e régiment d'infanterie de ligne doivent arriver à Bayonne vers la fin d'août ; donnez l'ordre que ces deux compagnies se réunissent à la compagnie du même régiment qui fait partie du 6e bataillon du régiment de marche de l'armée du Midi" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6004 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28199).
Le 22 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "... ESCADRE DE TOULON
... Les 2es compagnies du 5e bataillon des 24e, 32e, 58e, 14e, 16e, 29e et 64e seront complétées par tous les hommes disponibles aux 5es bataillons et réunies à Toulon.
Toutes ces compagnies seront placées, savoir
celle du 24e sur le Trident ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6042 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28292).
Enfin, les 3e et 4e Compagnies de ce Bataillon, parties de Lyon le 22 septembre 1811 (349 hommes), séjournent à Bordeaux du 2 au 10 octobre, et dès leur arrivée à Bayonne sont incorporées dans le 6e Bataillon de marche où elles sont rejointes quelques jours après par la 1ère Compagnie.
En octobre 1811, les cadres du 4e Bataillon, qui vient de faire la campagne de Portugal, rallient le Dépôt à Lyon.
A Amsterdam, le 14 octobre 1811, "On rend compte à Sa Majesté du petit nombre d'hommes existant aux dépôts des 24e et 64e régiments de ligne, qui puissent servir à former les compagnies de garnison de vaisseaux destinées pour Toulon, et on la prie de faire connaître si Elle veut en suspendre la formation, ou qu'on envoie à Toulon ce qui est disponible"; "Faire partir pour Toulon ces deux compagnies aussitôt qu'elles seront fortes chacune de 50 hommes. Après cela, on prendra des mesures pour les compléter" répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6256).
Le 6e Bataillon, destiné à assurer les derrières de l'armée, entre dans le Régiment de marche de l'Armée du Midi et stationne dans le cinquième gouvernement. On le trouve à Monesterio en janvier 1812, à Pancorbo en janvier 1813. Enfin, au mois de mars, les cadres de ces trois Compagnies rentrent au Dépôt, à Lyon, après avoir versé leurs hommes dans le 1er Bataillon du 24e.
- 1812.
A Paris, le 9 janvier 1812, "Le général Clarke propose de tirer du dépôt du 2e régiment de ligne un détachement de 41 hommes pour compléter le contingent affecté au 24e de ligne"; Napoléon répond : "Il le recevra du dépôt de Strasbourg, lors de son arrivée à Mayence" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6620).
Le 20 janvier 1812, l'Empereur adressé, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général expédiant les ordres de Sa Majesté, des notes de travail dictées au Général Mathieu Dumas, relatives au recrutement et à l'organisation de l'armée : "... On prendra pour Cherbourg soit le 24e, qui est à Lyon, soit le 16e qui est à Mâcon ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6664 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29799).
Par ordre du 11 avril 1812, le 4e Bataillon se reconstitue au Dépôt et entre dans le 10e Corps de la Grande Armée.
Le 3 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai approuvé l'organisation des 4 demi-brigades de marche qui forment la 1re division de réserve.
J'ai approuvé l'organisation des 16 demi-brigades provisoires.
Je vous ai fait connaître par ma lettre d'hier ce qu'il fallait faire des conscrits des 5es bataillons dont les régiments sont à la Grande Armée, en en complétant d'anciens cadres de réfractaires ; ce travail règle la formation des dix bataillons de marche que vous avez proposée.
Il me reste à vous faire connaître mes intentions sur la formation des 20 bataillons de marche qui ont leurs bataillons en Espagne. Je les distingue en deux classes :
1° Bataillons de marche qui se formeront sur-le-champ, parce qu'ils ne doivent rien fournir aux demi-brigades de marche et provisoires de la conscription de 1813 ;
2° Bataillons qui ne seront formés que lorsque les 4es bataillons qui fournissent aux demi-brigades provisoires seront complètement organisés ;
Enfin cadres des bataillons qui avaient passé par Bayonne au 1er mai, et qui de ce moment doivent être considérés comme destinés à être complétés par la conscription de 1812.
Faites-moi faire un travail détaillé sur cet objet. Je n'ai point compris dans ce travail ce qui se trouve en Italie, aux Pyrénées, non plus que ce qui est en Bretagne et dans la 12e division militaire ...
ETAT N° 2.
Bataillons formés par les 5es bataillons, mais seulement lorsque les 4es bataillons qui font partie des demi-brigades seront complètement organisés, ce qui ne pourra avoir lieu qu’à la fin de mai.
Les 4es bataillons doivent être complétés avant tout ...
9e bataillon. 2 compagnies du 63e, 2 compagnies du 24e ...
Nota. – Les 5e, 6e, 7e, 8e et 9e bataillons ne seront que projetés. On prendra de nouveaux ordres, avant de les former, et sur le lieu de leur réunion. Ils seront destinés ou à recruter l'armée d'Espagne, ou à remplacer les demi-brigades provisoires dans l'intérieur, ou enfin à compléter des cadres ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7200 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30566).
1er juin. Un détachement va, en exécution d'un ordre du 28 mars, renforcer le 4e Bataillon du 59e d'infanterie à Munster et rejoint son nouveau Corps le 28 juin.
Par ordre du 13 novembre, la 2e Compagnie du 5e Bataillon que nous avons laissée, en 1811, à bord du Trident, est dirigée sur Berlin.
- 1813.
Le 30 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... Donnez des ordres pour que les compagnies des 3e, 5e, 11e, 24e, 59e, 79e, 81e, 105e et 112e (total 9 compagnies) forment un bataillon de marche sous le titre de bataillon de marche de la 31e division et se rendent à Spandau, où chaque compagnie rejoindra son bataillon, soit à la 30e, soit à la 31e, soit à la 35e division. ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 734 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32545).
La 2e Compagnie du 5e Bataillon arrive le 1er février 1813 et va verser à Spandau ses hommes dans le 4e Bataillon du 24e; ses cadres rentrent en France.
En mars, les cadres des 2e et 3e Bataillons viennent à Lyon et n'y passent que fort peu de temps.
Le 3e Bataillon, s'étant complété avec les recrues du 5e, est dirigé sur le 14e Corps de la Grande Armée où nous le retrouverons.
Le 2e Bataillon n'est pas aussi heureux et ne trouve pas les ressources nécessaires pour remplir ses cadres; on décide qu'il recevra ultérieurement des hommes des Compagnies de Réserve départementale, et il va cantonner définitivement à Lyon, en décembre. Ce 2e Bataillon parvient à se compléler peu à peu et peut même concourir, avec le 5e, à la création d'un 6e Bataillon au commencement de 1814.
Le 13 mars 1813, les cadres du 5e Bataillon sont employés à conduire à Mayence, les conscrits de la classe de 1813 et des quatre classes précédentes pour être incorporés dans les six cadres de Bataillons des quatre Régiments de marine et d'artillerie de marine.
Le 15 août 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai reçu votre lettre du 5 août avec les états qui y sont joints et qui constatent qu'il y a 76 000 réfractaires. Je crois que ce calcul est inférieur à la vérité. Je vois que dans la 26e division militaire on n'en porte que 1 286 et je suis persuadé que de la Garde seulement il y en a plus de 600.
Je désire que vous formiez 4 colonnes mobiles, chacune de 50 gendarmes de département, de 60 gendarmes d'élite et de 100 hommes d'infanterie qu'on prendra dans les voltigeurs qui se trouvent dans la division ou que l'on tirera, s'il est nécessaire, des compagnies départementales ou même des vétérans. Le général Henry et trois autres généraux de confiance ayant les qualités nécessaires seront chargés de diriger chacun une de ces colonnes, ils correspondront avec les préfets et avec vous. On commencera par faire l'opération sur la frontière du Rhin, afin d'avoir tout de suite plusieurs milliers d'hommes disponibles. Après cela, la mesure s'étendra insensiblement vers l'intérieur. Envoyez le général Henry dans les 25e et 26e divisions, département par département, et qu'il fasse rentrer les 5 000 réfractaires qu'il y a dans ces deux divisions. Il les dirigera tous sur Wesel où ces hommes complèteront aussitôt, comme je l'ai ordonné, les 23e, 24e, 27e et 28e de ligne. Indépendamment de ce, bon nombre de ces réfractaires sera nécessaire à Hambourg pour compléter la 50e division ..." (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 80 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35922).
Le 1er septembre 1813, les quatre Compagnies du 5e Bataillon se trouvent réunies à Lyon.
Le 6 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Mayence, à Berthier : "Incorporez les hommes des 24e, 28e, 50e et 34e de ligne dans le 13e de ligne, division Morand" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6131 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 36944).
Le 22 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Je désire que vous ne donniez pas d'ordres de mouvements sans me les avoir soumis.
... Vous ordonnez de faire diriger 500 conscrits de Toulon sur Mayence. Il y a bien loin. Si ces conscrits sont italiens, envoyez-les à Lyon où ils seront incorporés dans le 24e de ligne ; ils y seront habillés et de là, ils auront une destination. S'ils sont français, envoyez les sur Gênes où ils seront incorporés et habillés dans les régiments qui sont dans cette ville ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6225 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37230).
A Paris, le 24 novembre 1813, on informe l'Empereur que "On a fait incorporer, à leur passage à Lyon, dans le 24e de ligne 500 conscrits rendus par la marine" ; "Approuvé", répond ce dernier (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6234).
"Le maire de la ville de Lyon recommande le pétitionnaire à la bienveillance de S. E. le Ministre de la Guerre, le service que M. Bourmicat a fait dans la garde d’honneur lyonnaise lui donne des droits au grade qu’il sollicite dans les armées de Sa Majesté et le maire de Lyon prie Son Excellence de vouloir bien prendre ce motif en considération.
Lyon, le 6 décembre 1813
Le maire de la ville de Lyon D’Albon
A Son Excellence Monseigneur le Duc de Feltre, Ministre de la Guerre.
Une décision de S. M. accorde aux membres composant la garde d’honneur de la ville de Lyon un brevet d’officier dans ses armées.
Exempt de toute conscription, mais brulant de désir de servir ma patrie, j’ose solliciter auprès de vous, Monseigneur, attendu que je fais partie de cette garde d’honneur, une sous-lieutenance dans le 24e ou le 92e régiment d’infanterie de ligne, ou dans tel autre corps qu’il vous plaira de me désigner.
Si j’obtiens la grâce que je sollicite, soyez, je vous en conjure, persuadé de mon zèle et de mon profond dévouement.
Tels sont les sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monseigneur, de Votre Excellence, le très humble et très obéissant serviteur.
C. Bournicat
Rue Tramasson N°8, Lyon" (Papiers du Général Paul Grenier. XI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 97 page 212).
Enfin, dans les derniers jours de décembre de la même année, deux Compagnies du 5e Bataillon (500 hommes), en marche pour se rendre à Strasbourg et de là à la Grande Armée, sont arrêtées à Besançon pour y former la garnison de cette place sous les ordres du Général Marulaz.
- Détachement à Magdebourg, 1813.
Un détachement de 2 Officiers et 97 hommes en marche sur Dresde et de passage à Magdebourg le 14 mars 1813, y est retenu et entre dans la composition d'un Bataillon qui prend le nom de 2e Bataillon de garnison de la citadelle de Magdebourg. La composition du Bataillon est la suivante : Une Compagnie du 24e, une Compagnie du 51e, un détachement du 81e.
Le 18 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, à Berthier : "Ecrivez au général Lapoype de vous faire connaître le numéro des bataillons qui passent à Wittenberg. Des bataillons des 24e et 26e d'infanterie y sont arrivés de Magdebourg ; sont-ce des seconds bataillons ? Il parle aussi d'une compagnie du 4e régiment d'artillerie ; mais il ne dit pas si cette compagnie avait une batterie" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 998 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34798).
le même 18 juin 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "... Donnez ordre que la compagnie du 24e de ligne faisant partie du même bataillon soit incorporée dans le bataillon du 12e de ligne qui est à Magdebourg ou à Wittenberg ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34803).
Ce détachement est incorporé, en juin, au 2e Bataillon du 12e de Ligne.
Voyons maintenant ce que deviennent les Bataillons du régiment, dispersés un peu partout.
/ Campagne d'Allemagne (1813) et Campagne de France, 1814
- Historique du 1er Bataillon, du 22 janvier au 16 juin 1814
- 22 janvier 1814
Deux jours après la dislocation du Corps d'Erlon, la 9e Division part de Peyrehorade (22 janvier) pour Paris; il y a 29 étapes à parcourir, mais afin de gagner du temps, le Ministre de la guerre décide que la Division fera trois étapes par jour, dont deux au moins en poste; à la date du 10 février nous trouvons en conséquence la 1ère Brigade, à laquelle appartient le 1er Bataillon du 24e, à Étampes.
7e Corps, Général Oudinot, 10 février 1814.
2e Division, Général Boyer.
1ère Brigade, Général Gauthier : 2e Léger, 1er, 2e et 6e Bataillons; 24e de Ligne, 1er Bataillon, Commandant Mignot (18 Officiers, 550 hommes); 122e de Ligne, 1er, 4e et 6e Bataillons.
2e Brigade, Général Chassé : 16e Léger, 1er Bataillon; 8e de Ligne, 1er Bataillon; 28e de Ligne, 1er, 3e, 6e Bataillons; 54e de Ligne, 1er Bataillon.
Le 11, la 1ère Brigade est à Melun, le 13, à Nangis où elle rejoint les troupes du 7e Corps.
A ce moment, le Maréchal Oudinot vient de rassembler ses troupes pour tenter de s'opposer au passage de la Seine que le comte de Wrede veut effectuer à Bray. Malgré la vive résistance de nos troupes, le passage a lieu, et le Maréchal, n'ayant pu conserver la position de Cuterets, se replie dans la matinée du 14 sur Nangis.
Mais le terrain plat de la Brie est trop désavantageux pour les Corps français qui ont devant eux toute l'armée de Bohême et des masses considérables de cavalerie. Macdonald vient, par ordre de l'Empereur, renforcer Oudinot et Victor déjà réunis autour de Nangis et les trois Maréchaux se retirent sur l'Yères, dans un pays plus accidenté où ils espérent faire reposer leurs troupes harassées de fatigue et attendre les ronforts que Napoléon va leur amener. Ils sont d'ailleurs mollement suivis par Schwartzemberg, qui vient d'apprendre les désastres de Blücher.
A la nouvelle de cette retraite, l'Empereur, faisant observer l'armée de Silésie par Marmont et Mortier, vole au secours des Maréchaux avec la Vieille et la Jeune Gardes, arrive à Guignes le 16 février et prend aussitôt ses dispositions pour attaquer dès le lendemain les colonnes ennemies disséminées sur une longue ligne.
- Combat de Mormant, 17 février 1814.
Le 1er Bataillon suit la fortune de l'Empereur à Mormant le 17 février 1814. A la pointe du jour, l'avant-garde de Wrède est écrasée à Mormant. Le 7e Ccorps, où est le 1er Bataillon du 24e, assiste, en seconde ligne, à cette bataille. Les Russes se dispersent dans toutes les directions, perdant 4,000 hommes, 11 canons, 40 caissons et 2,000 fusils. Le 7e Corps, chargé de la poursuite de Witgenstein, se dirige sur Provins qu'il traverse le 18, obligeant le Général russe à repasser la Seine à Nogent.
Pendant que le 7e Corps exécute cette poursuite par Donnemarie (19 février), Bray, Nogent (20) et Romilly (21), les colonnes ennemies sont refoulées sur tous les points, à Valjouan, à Montereau. Schwartzemberg ordonne la retraite générale sur Troyes et appelle à lui Blücher par Arcis et Méry.
Le 1er Bataillon du 24e compte 18 Officiers et 448 hommes.
- Combat de Méry, 22 février 1814.
Le 7e Corps, toujours ardent, arrive devant le défilé de Mesgrigny et se dispose à le forcer et à s'emparer ensuite de Méry. Il se heurte dans sa marche aux Corps de Sacken qui s'avancent pour agir sur notre gauche et nos derrières; la Division Boyer (le 24e en fait partie) engage un violent combat, débusque les têtes des colonnes ennemies, les refoule et parait devant Méry. La Brigade Gauthier, qui est en avant, aborde l'ennemi à la baïonnette et le culbute sur le pont auquel les Russes ont mis le feu. Les fuyards se rallient sur l'autre rive de la Seine et engagent une vive fusillade sur les nôtres qui essayent de passer; mais l'incendie du pont a gagné les premières maisons, et, avivé par un vent violent, s'est propagé avec une telle rapidité que les alliés, étouffés par la fumée, évacuent rapidement la position. Nos Tirailleurs passent en déterminés sur les poutres enflammées du pont et gagnent la lisière opposée du village. Le Général Gauthier, qui suit de près les Tirailleurs, veut poursuivre les fuyards, mais en débouchant de Méry, il se trouve en face de l'Armée de Silésie rangée en bataille sur deux lignes, à cheval sur la route d'Arcis; il ne peut songer à pousser plus loin son succès.
En présence de cette situation imprévue, le Général se borne à déployer sa Brigade à la sortie de Méry et à entretenir le feu jusqu'au soir. Il est grièvement blessé dans la soirée, et ce malheureux événement détermine les troupes à repasser la Seine et à bivouaquer sur la rive gauche. Le Général Gauthier est remplacé à la tête de la 1ère Brigade par le Général Rouzier.
Le lendemain, les autres Corps français rejoignent, et Napoléon qui espère, avec ses 60,000 hommes remplis d'ardeur, remporter un brillant succès, ne peut que constater, à son arrivée, la retraite complète des Alliés. Il lance les Maréchaux Macdonald et Oudinot sur les traces de Schwartzemberg en retraite sur Chaumont, puis, après avoir prescrit à Marmont et à Mortier de prendre l'offensive vers Villers-Cotterets, il s'élance avec Ney et la Garde pour tomber sur Blücher en fuite vers Soissons.
Après le combat de Méry, la Brigade Rouzier ne suit pas l'armée dans son mouvement vera Troyes; elle est laissée à la garde du pont avec ordre de rejoindre sa Division dès que l'ennemi aura évacué la contrée. Mais le 27 février, elle reçoit des instructions lui prescrivant de rallier à Sézanne le Corps du Prince de la Moskova, auquel elle reste attachée jusqu'à la fin des hostilités.
Dans la nuit du 2 au 3 mars, la Garde et la Brigade Rouzier passent la Marne à La Ferté-sous-Jouarre, sur les talons des Prussiens. Le 4, elles sont à Fère-en-Tardenois et Fismes; on croit Blücher acculé à l'Aisne et irrévocablement perdu, lorsque l'on apprend la fatale nouvelle de la capitulation de Soissons. Celle capitulation livre un pont aux Prussiens et permet leur jonction avec l'Armée du Nord.
- Bataille de Craonne, 7 mars 1814.
Napoléon n'en décide pas moins de tourner ces deux armées par leur gauche et de les couper de la Belgique; il se porte sur Laon, force le passage de l'Aisne à Berry-au-Bac (6 mars) et rencontre les Alliés établis sur la forte position de Craonne. L'attaque principale est confiée au Maréchal Ney, qui place la Brigade de la Division Boyer au moulin de Boucouville, à droite du chemin de la ferme de Bove.
Par suite d'une fatale erreur, ou de son impatience, le Prince de la Moskova n'attend pas l'arrivée des Maréchaux Ducs de Bellune et de Trévise, encore loin du champ de bataille, et débouche de Saint-Martin, sur deux colonnes, dès qu'il entend les premiers coups de l'artillerie de la Garde. La colonne de droite, conduite par le Général Boyer, côtoie la lisière d'un bois et se présente devant Aille, tandis que celle de gauche aborde le plateau directement. Lorsque ces colonnes arrivent en vue d'Aille, et qu'elles commencent à canonner le plateau, elles sont assaillies par une canonnade et une fusillade effroyables et arrêtées net.
L'entrée en ligne des autres Corps ne modifie pas cette situation et les Bataillons du Prince, décimés par la mitraille, se consument en vaints efforts devant le village jusqu'au moment où arrivent deux Batteries de la Garde. Cette artillerie, amenée par Drouot, prend les colonnes russes d'écharpe et réussit à produire une efficace diversion. Résolu d'en finir, l'Empereur lance en avant toutes les troupes disponibles; alors, la Brigade Boyer, dans un nouvel et suprême effort, s'empare du village d'Aille. la prise de cette position détermine le mouvement de retraite du Général russe Woronzoff, qui est jeté dans le chemin creux de Chevrigny, par la violente poursuite du Maréchal Ney.
Les autres Corps alliés se retirent également lorsque la nuit vient mettre fin à cette sanglante et stérile bataille. Nos pertes sont énormes et parmi les blessés se trouve le Général Boyer.
L'ennemi se retire en bon ordre sur Laon, prêt à accepter une nouvelle bataille et suivi par l'armée française; celle-ci vient se heurter, à l'entrée du défilé d'Etouvelle, à des marais impraticables qu'il aurait été téméraire de franchir de vive force.
Les renseignements ayant fait savoir que le défilé peut êre tourné, l'Empereur cherche à tirer parti de cette circonstance pour tenter un coup de main sur Laon. Gourgaud est chargé du mouvement tournant et Ney de l'attaque directe sur la chaussée. Gourgaud accomplit sn mission avec succès et la 1re Brigade (Boyer) se lance avec tant d'impétuosité que les grand'gardes russes, surprises dans leur sommeil, n'opposent pas de résistance. Ney et Gourgaud se donnent la main à Chivry au delà du défilé.
Le 8 au matin, l'armée est au pied de la montagne de Laon devant une position formidable défendue par 100,000 hommes et une puissante artillerie. Napoléon n'a à leur opposer que 30,000 conscrits dont le patriotisme ne peut suppléer au nombre.
- Bataille de Laon, 9 mars 1814.
C'est encore la 1re Brigade qui a les honneurs de l'attaque; à 7 heures du matin, par un épais brouillard et malgré le feu très vif de la Brigade ennemie Tromen, elle s'empare du village de Semilly, situé au pied du plateau de Laon.
Bientôt, le brouillard s'étant dissipé, Blücher se rend compte de la faiblesse numérique de son adversaire et prend aussitôt l'offensive; la 1re Brigade, pressée et presque cernée dans Semilly, est contrainte de se replier ; mais, bientôt renforcée, elle reprend vaillamment le village.
Napoléon, convaincu de l'impossibilité d'une attaque de front, compte beaucoup sur un mouvement tournant du Maréchal Marmont sur la gauche ennemie; le Maréchal ne paraissant pas, l'Empereur prescrit de laisser trainer le combat jusqu'à la nuit et de bivouaquer ensuite sur place.
Le lendemain, Napoléon apprend que le Duc de Raguse a essuyé un grave échec pendant la nuit; prévenu d'ailleurs par la reconnaissance de Drouot que le plateau est aussi inabordable par la roure de La Fère que de front, il se décide enfin à se retirer. On entretient la canonnade jusqu'au soir et l'on repasse, pendant la nuit, le défilé d'Etouvelle.
La retraite commence le 11 par la route de Soissons, la Brigade du 24e à l'arrière-garde. Le 12, on est au faubourg Saint-Vast de Soissons, sur la rive droite de l'Aisne.
Napoléon, en reportant l'armée vers Soissons, a l'intention de la faire reposer; mais les mauvaises nouvelles reçues de Reims, dont vient de s'emparer le Corps russe de Saint-Priest, lui font changer ses projets.
- Combat devant Reims, 14 mars 1814.
Napoléon se porte le 15 mars sur Reims et engage le lendemain, vers 4 heures du soir, un violent combat dans lequel les Russes perdent 5,000 hommes et leur Général. La 1re Brigade, qui a été renforcée par le Régiment de la Vistule, reste en réserve et ne prend qu'une part indirecte au combat.
Le 1er Bataillon du 24e est de cette affaire, sous les ordres du Marécbal Prince de la Moskowa.
Dès le lendemain 15, le Prince de la Moskova est envoyé vers Châlons avec la Division Janssens, la Garde et les Gardes d'honneur. La Brigade Boyer passe ce jour là sous le commandement du Général Janssens. Ney se met à la poursuite du Général Davidow sur la route de Vitry et de là sur Arcis, où il arrive le 20, à 10 heures du matin, en même temps que la cavalerie de la Garde.
L'Empereur fait aussitôt prendre les dispositions de défense contre Schwartzenberg, qui se porte de nouveau en avant avec Châlons ou Vitry pour objectif; là, doit s'effectuer la jonction définitive des Armées de Bohême et de Silésie.
- Combat d'Arcis, 20 mars 1814.
La Brigade Boyer est placée en réserve derrière la Division Janssens, sur la route de Lesmont. Le choc a lieu vers 2 heures; notre droite, ayant été refoulée dès le début, ne peut se reporter en avant qu'à l'arrivée de la Division Friant. A gauche, le Maréchal Ney soutient les efforts réitérés et furieux des Austro-Hongrois; le village de Torcy, occupé par la Brigade Rousseau, finit par tomber en leur pouvoir; mais la Brigade Boyer s'y jette avec ardeur et en chasse bientôt les Autrichiens. Trois autres attaques désespérées des Alliés, tentées chaque fois par des troupes fraiches, viennent se briser contre l'héroïque bravoure de nos conscrits. Le 24e se distingue et le Capitaine Ragon, qui se fait remarquer tout particulièrement, est proposé pour la Légion d'honneur.
Le feu de l'ennemi n'en est pas arrêté; il redouble même pendant la nuit et les malheureuses cités de Torcy et Arcis deviennent la proie des flammes.
Dans cette mémorable journée, 10,000 Français ont combattu, avec un avantage marqué, l'ennemi qui ne compte pas moins de 100,000 hommes. Le 24e a dans cette affaire 1 Officier et 9 soldats blessés.
Le lendemain, la bataille recommence plus acharnée que jamais; l'immense disproportion des forces n'arrête pas un instant l'élan de nos soldats, qui abordent résolument les lignes ennemies; nous ne pouvions cependant espérer un succès, car nous manquons de réserves pour assurer notre ligne de retraite ; aussi Ney doit-il abandonner la partie au moment où les Alliés se disposent à occuper Arcis sur nos derrières ; il passe l'Aube en bon ordre, sous la protection du Maréchal Oudinot, qui défend énergiquement les ponts.
Le Général Janssens ayant été blessé à Arcis, le Général Le Fol lui succède dans le commandement de la Division.
11 devient impossible de continuer la lutte dans le pays entre Seine et Marne, où les Alliés allaient rassembler 200,000 hommes.
Napoléon change de plan ; il décide de se jeter par Saint-Dizier dans la Lorraine, d'y réunir les paysans insurgés et les garnisons des places, de couper les communications de l'ennemi et de le forcer ainsi à suspendre sa marche sur Paris et à revenir sur le Rhin.
- Combat de Saint-Dizier, 26 mars 1814.
Le 23 mars, le mouvement commence. Le 1er Bataillon est du combat de Saint-Dizier le 26 mars 1814.
Les Alliés marchent sur Paris; Napoléon espérant qu'une démonstration sur leur ligne de retraite les arrêtera, se jette vers Saint-Dizier où l'on se heurte à un Corps russe commandé par Wintzingerode. Napoléon le bat complètement et le rejette sur Vitry.
Napoléon pense avoir eu affaire à toute l'armée de Blücher; mais les prisonniers lui apprennent qu'il n'a eu devant lui qu'un seul corps et que les deux armées alliées marchent sur Paris.
Il change encore son plan et, ne pouvant prendre la route de Vitry, au pouvoir de l'ennemi, il court sur la capitale par Troyes ; en arrivant dans cette ville, il est prévenu du danger qui menace la capitale et de la trahison qui se prépare; laissant ses troupes en marche, il part seul et se dirige en poste sur Paris. Le 31 mars, à Fromanteau, il rencontre les premières troupes qui évacuent la capitale et connait toute la vérité.
L'armée, malgré un temps horrible, malgré ses fatigues et les privations de toute sorte dont elle souffre depuis quelques jours, marche sans murmurer, disciplinée comme toujours. Nous trouvons la Division Le Fol successivement à Doulevant, le 28, au delà de Dolancourt le 29, et à Troyes dans la nuit du 29 au 30, entre la route de Sens et Montereau le 31 mars, et enfin, le 2 avril, à Fontainebleau, en position au delà de la forêt. Le même 2 avril, le 24e compte 13 Officiers et 234 hommes.
Le lendemain, 3, les Maréchaux Mortier et Marmont font leur jonction à Essonne avec l'armée, qui prend position sur la rivière.
Le 8, le 24e compte 12 Officiers et 190 hommes.
- Dislocation de l'armée, 8 avril 1814.
L'ordre de dislocation surprend les troupes au moment où elles pensent marcher à l'ennemi. Le 24e, qui est à Soisy-sur-École, quitte cette localité le 9 avril, par étapes, pour aller prendre ses cantonnements autour d'Evreux, le 14 du même mois.
7e Corps, 2e Division, Général Le Fol, 15 avril.
1ère Brigade, Général Rousseau : 2e Léger, 1er et 5e Bataillons; 24e de Ligne, 1er Bataillon (Commandant Depenou, 13 Officiers, 183 hommes); 34e de Ligne, 2e Bataillon.
2e Brigade, Général Jacquemard : 12e de Ligne, 14e de Ligne, 36e de Ligne, 122e de Ligne.
Le 23 avril, le 7e Corps prend la cocarde blanche.
Le 28 avril, un Bataillon, composé de 6 Compagnies de Grenadiers et de Voltigeurs, tirées du 7e Corps, part pour aller assister à l'entrée de Louis XVIII, à Paris.
Le 1er mai, à Criqueboeuf, 1er Bataillon, Depenou, Capitaine commandant, 13 Officiers, 217 hommes.
Le 10 mai, à Criquebeouf, 1er Bataillon, Perron, Capitaine commandant, 16 Officiers, 243 hommes.
A partir de la dissolution du 7e Corps, le 17 mai 1814, le 1er Bataillon du 24e change plusieurs fois de garnison ; il cantonne successivement à Rouen, Limoges, Clermont-Ferrand, et vient enfin retrouverà Lyon les 2e, 5e et 6e Bataillons du Régiment, le 16 juin 1814.
Le 1er Bataillon est composé de 18 Officiers et 268 hommes.
- Historique des 2e et 6e Bataillons, du 1er mars 1813 au 15 juin 1814
Les cadres du 2e Bataillon partent d'Espagne le 1er mars 1813
Par un Décret du 18 juin 1813, le 2e Bataillon du 24e doit entrer dans la composition du Corps d'observation de Bavière, sous les ordres du Maréchal Augereau et recevoir des soldats provenant du Dépôt ou des Réserves départementales.
Ce jour là, 18 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai reçu votre lettre du 13 juin ...
J'approuve que les 2es bataillons des 45e, 96e, 103e, 100e, 24e, 76e, 88e, 21e, total 8, soient employés au corps d'observation de Mayence. Vous verrez dans le décret que j'en ai besoin pour former 6 divisions.
En cherchant avec attention dans les dépôts, vous trouverez les 8 ou 10 mille hommes nécessaires pour compléter tous ces bataillons. Vous pourrez ensuite y employer des réfractaires et enfin, si cela est nécessaire, faire un appel de 4 ou 5 mille hommes sur les compagnies départementales. Indépendamment des 11 bataillons, je pense qu'il y en a d'autres arrivés d'Espagne, et qui ne sont compris dans aucun corps" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34820).
Les cadres du 2e Bataillons arrivent à Lyon le 26 juin, à l'effectif de 11 Officiers et 91 hommes; ils n'y restent que quelques jours et sont remis en route le 3 juillet suivant pour Mayence, où s'organisent des Corps d'observation destinés à soutenir la Grande Armée. 120 hommes doivent être rejoints par 725 des Réserves à incorporer.
Le 24e est affecté à la 52e Division, Général Sémélé, 1ère Brigade, Général Bagueni :
36e Demi-brigade : 2e Bataillon du 24e, 2e du 39e.
17e Demi-brigade : 17e de Ligne, 2 Bataillon, 29e de Ligne, 2 Bataillons.
18e Demi-brigade : 54e de Ligne, 2 Bataillons, 95e de Ligne, 2 Bataillons.
Le 2e Bataillon du 24e arrive à Mayence le 21 juillet 1813. Le Corps du Duc de Castiglione forme ses Divisions (51e, 52e, 53e et 54e) à Wurtzbourg; ce travail d'organisation est trés long, car, à la date du 13 septembre, nous trouvons encore le 24e à Wurtzbourg, dans la même situation d'attente.
Le 1er août 1813, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, vous trouverez ci-joint 1'état du 4e bataillon de marche des divisions réunies détachées dans le grand-duché de Berg. Vous y verrez que ce bataillon a une compagnie du 24e de ligne. Vous donnerez ordre qu'elle soit incorporée dans les bataillons du 24e de ligne qui sont au corps de Bavière ... Par ce moyen, ce bataillon de marche sera dissous. Expédiez ces ordres par estafette ; que le bataillon se dirige sur Wurtzbourg où s'opèrera la dislocation" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 3 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35703).
Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "... TITRE II. — Corps d'observation de Bavière.
Art. 12. — Le corps d'observation sera composé des 51e, 52e, 53e et 54e divisions.
Art. 13. — Les quatre divisions du corps d'observation de Bavière seront composées de la manière suivante :
... 52e division
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 24e de ligne, le 2e bataillon du 39e de ligne.
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 17e léger, le 2e bataillon du 29e léger.
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 54e de ligne, le 2e bataillon du 93e de ligne.
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 8e de ligne, le 2e bataillon du 88e de ligne.
Commandé par un major : Le 2e bataillon du 28e de ligne, le 6e bataillon du 70e de ligne, le 6e bataillon du 15e de ligne ...
Art 14. — Le major général enverra tous les majors nécessaires pour les 51e et 52e divisions.
Art. 15. - Les 51e et 52e divisions se réuniront à Würzbourg ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).
Pendant les mois d'octobre et novembre, le Corps d'observation suit à distance les mouvements de la Grande Armée.
Le 5 novembre 1813, Berthier écrit, depuis Mayence, au Maréchal Kellermann : "L'Empereur a examiné les différentes propositions que vous aviez faites dans votre travail du 4 de ce mois, et voici quelles sont ses intentions ...
3° Les cadres du 2e bataillon du 24e régiment de ligne, du 2e bataillon du 58e, des 1er, 2e et 4e bataillons du 113e, étaient destinés à recevoir· des conscrits ; l'Empereur désire connaître où sont ces conscrits ; donnez-moi là- dessus les renseignements que vous avez ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2575).
Après les désastres de la fin de cette campagne, les éléments du Corps d'Observation vont renforcer différents Corps d'armée. Le 2e Bataillon est dirigé sur Lyon où nous le voyons, dans les derniers jours de l'année, faisant partie de la garnison de cette ville. Son effectif et de 20 Officiers et 336 hommes.
Le 28 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ...Il sera formé un nouveau corps d'armée qui prendra le n° 7, et qui sera composé de trente-six bataillons ou de trois divisions, formées ainsi qu'il suit : 1re division : 12e léger, 3e et 4e bataillons ; 8e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 24e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 27e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 28e de ligne, 2e et 4e bataillons ; 34e de ligne, 3e et bataillons ; total, 12 bataillons ; 2e division : 27e léger, 2e, 3e et 4e bataillons ; 45e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 58e de ligne, 2e, 3e et 4e bataillons ; 64e de ligne, 3e et 4e bataillons ; 81e de ligne, 6e bataillon ; 60e de ligne, 4e bataillon ; total, 12 bataillons ; 3e division : 75e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 76e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 79e de ligne, 3e et 4e bataillons ; 88e de ligne, 2e et 3e bataillons ; 94e de ligne, 3e bataillon ; 100e de ligne, 2e, 3e et 4e bataillons ; total, 12 bataillons. En tout pour le 7e corps, 36 bataillons.
Les administrations, l'artillerie et le génie qui étaient attachés au 14e corps le seront au 7e corps.
Les dépôts enverront à leurs bataillons respectifs les détachements nécessaires pour les porter au complet ; et ceux des bataillons dénommés ci-dessus, qui se trouvent dans les dépôts, se rendront sans délai à Strasbourg, où ce corps se formera ...
Le 7e corps, formé comme il a été dit ci-dessus, sera de trente-six bataillons ...
RÉCAPITULATION.— ... 7e corps, trente-six ...
Tous ces bataillons doivent se trouver complétés moyennant l'appel de la moitié des 300,000 hommes, ou si cela ne suffisait pas, moyennant un supplément sur la conscription de 1815.
II faudra me renvoyer cet état quand vous l'aurez corrigé, et comme la répartition des 160,000 hommes est déjà faite, la répartition des 140,000 hommes, que j’appelle sur la levée des 300,000 pour l'armée du Rhin, doit servir à compléter tous ses bataillons. Il n'y a, d'ailleurs, que l'état en cent colonnes qui puisse bien déterminer cela. Les cadres qui ne pourraient pas être remplis le seront sur la conscription de 1815.
NAPOLÉON.
P. S. On égalisera par la suite tous les corps, chacun à trois divisions de quatorze bataillons, ou quarante-deux bataillons par corps, ce qui, multiplié par huit, fait trois cent trente-six bataillons ou vingt-quatre divisions ; mais c'est une opération de détail qui se fera plus tard" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20943 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37291).
L'invasion du territoire suit de très près la retraite de l'armée française derrière le Rhin, et l'aile gauche des Alliés, passant par la Suisse au mépris des traités, marche sur Genève. Augereau, qui a été chargé de tenir tête à cette attaque, accourt à Lyon où il ne trouve que quelques Bataillons sans effectifs et sans organisation; il prend cependant les mesures nécessaires pour mettre de l'ordre dans ces troupes et remplir leurs cadres à peu près vides.
Il prescrit la création d'un 6e Bataillon au 24e, avec des éléments pris au 5e.
Le 15 décembre 1813, à Paris, l'Empereur décrète : "... 7e corps. Il sera formé un 6e bataillon aux 12e et 27e régiments d'infanterie légère, aux 8e, 24e, 27e, 28e, 34e, 45e, 58e, 60e, 64e, 81e, 75e, 76e, 79e, 88e, 94e et 100e de ligne ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1242).
Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le 1er corps bis prendra le nom de 1er corps ...
Le 7e corps d'armée ne sera pas formé, et ses bataillons feront partie du 1er corps, savoir :
Le 8e de ligne, le 24e, le 27e, le 28e, le 34e, le 45e, le 58e, le 64e, le 75e, le 76e, le 88e, le 94e, le 100e, le 12e léger et le 27e léger.
Ainsi le 1er corps sera composé de la manière suivante :
13e d'infanterie légère (3e, 4e et 6e bataillons), 3 bataillons ; 12e d'infanterie légère (6e bataillon), 1 bataillon ; 27e d'infanterie légère (6e bataillon), 1 bataillon ; 17e de ligne, 3 bataillons ; 21e de ligne, 3 bataillons ; 25e de ligne, 3 bataillons ; 33e de ligne, 3 bataillons , 36e de ligne, 2 bataillons ; 51e de ligne, 3 bataillons ; 55e de ligne, 3 bataillons ; 85e de ligne, 3 bataillons ; 8e de ligne, 2 bataillons ; 24e de ligne, 2 bataillons ; 27e de ligne, 2 bataillons ; 28e de ligne, 2 bataillons ; 34e de ligne, 2 bataillons ; 45e de ligne, 1 bataillon ; 58e de ligne, 2 bataillons ; 64e de ligne, 1 bataillon ; 75e de ligne, 1 bataillon ; 76e de ligne, 1 bataillon ; 88e de ligne, 2 bataillons ; 90e de ligne, 1 bataillon ; 100e de ligne, 1 bataillon
Total 48 bataillons ...
Ces dispositions porteront le 1er corps à 52 bataillons ...
Il est indispensable que vous expédiiez dans la journée, par estafettes extraordinaires, ces nouveaux ordres aux généraux commandant les divisions militaires, afin que les 16 régiments qui devaient envoyer des détachements pour reformer le 14e corps à Strasbourg ne les fassent pas partir. Ceux qui seraient partis seront incorporés, comme je l'ai précédemment ordonné, dans le 2e corps à Strasbourg, et les cadres retourneront à leurs bataillons ...
Il n'était encore parti que 7 détachements formant 1800 hommes des bataillons qui devaient former le 7e corps à Strasbourg ; ils arrivent en ce moment à Strasbourg. Ces 1800 hommes seront incorporés, comme je l'ai ordonné dans le 2e corps. Les cadres retourneront à leurs dépôts ...
Je me dépêche de vous envoyer ces décisions parce que l'expédition des ordres qu'elles exigent est urgente.
ANNEXE
ÉTAT A
Distribution du 1er corps en 3 divisions
... 2e division
3 bataillons du 13e léger ; 3 bataillons du 27e de ligne ; 3 bataillons du 51e de ligne ; 2 bataillons du 28e de ligne ; 2 bataillons du 34e (24e ?) de ligne ; 2 bataillons du 58e de ligne ; 1 bataillon du 45e de ligne
18 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).
"ORDRES CONCERNANT LA COMPOSITION DES CORPS D’ARMÉE.
Paris, 21 décembre 1813.
Le général Maison est nommé commandant du 1er corps d’armée à Anvers ; le major général lui donnera l’ordre de partir demain pour se rendre dans cette place ; le général Roguet et le général Lefebvre-Desnoëttes seront sous ses ordres.
Le major général donnera l’ordre au général Grouchy de partir de suite pour se rendre à Strasbourg, où il prendra le commandement en chef de la cavalerie de l’armée.
… Le 1er corps d'armée, commandé par le général Maison, sera composé de trois divisions, savoir :
... 2e division : 3e léger, trois bataillons ; 24e de ligne, deux ; 25e, trois ; 27e, deux ; 28e, deux ; 45e, un ; 51e, deux ; 58e, deux ; total, dix-sept bataillons.
Cette division sera commandée par le général Ambert ..." (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).
Le même 21 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Il résulte du travail que vous m'avez remis le 19 décembre, sur la formation de la Grande Armée, qu'il manquerait 11,100 hommes pour compléter tout ce que j'ai demandé, savoir : ... 600 au 24e ...
Il faudra se procurer ces 11,100 hommes sur l'appel des 300,00 hommes à faire dans les départements du Mont-Tonnerre et de la Sarre et dans les départements de l'Ouest où cet appel n'a pas encore eu lieu.
Faites-moi connaître les levées que l'on pourrait faire dans ces départements sur les 300,000 hommes. Il faudra employer les premiers hommes qu'on lèvera à combler ce déficit" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21025 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37624).
Le 5 janvier 1814, l'Empereur depuis Paris, ordonne : "Le maréchal duc de Castiglione est nommé commandant en chef de l'armée de Lyon. Il aura le commandement de la ville, de la garde nationale de la ville ainsi que des 19e et 7e divisions militaires.
L'armée de Lyon sera composée : 1° d'une division de troupes de ligne, formée des bataillons ci-après :
... 4e bataillon du 5e infanterie de ligne ...
2e et 6e bataillons du 24e id. ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6360).
Peu après, un ordre du Maréchal autorise le Major du 24e à former les Compagnies de Grenadiers et de Voltigeurs de ses deux Bataillons; mais les recrues n'arrivent que très difficilement et cette organisation n'est guère complète que dans les premiers jours de février.
Le plus pressé, dès que l'on a appris la marche de l'Autrichien Bubna, est de mettre Lyon à l'abri d'un coup de main. Cette tâche est confiée à la Division Musnier dont fait partie le 2e Bataillon et qui ne compte pas plus de 1200 hommes, dont 250 anciens. Il n'y a pas une minute à perdre, car les avant-gardes de Bubna se montrent déjà à Montluel, à environ 20 kilomètres de Lyon.
Musnier fait occuper les abords immédiats de la place du côté de Bourg, en tête du faubourg de la Croix-Rousse. Il est temps que ces dispositions soient prises, car, dès le 16 janvier, les coureurs ennemis paraissent à 15 kilomètres de la ville et engagent la fusillade avec nos avant-postes. Sur ces entrefaites, les habitants ayant réussi à inonder le pays dans cette direction, le Général est rassuré de ce côté et passe la Saône le 17 pour s'établir sur les chaussées de Chalon et de Clermont.
Ces premières précautions ont un heureux résultat, car elles permettent de repousser quelques détachements ennemis qui ont tâté la place vers la Croix-Rousse. Quelque temps après, lorsque les renforts attendus ont rejoint, on peut refouler les Autrichiens sur Montluel où ils se tiennent tranquilles jusqu'à la fin de janvier.
Le Maréchal profite de ce répit pour mettre la dernière main à son organisation et prend l'offensive avec 17,000 hommes pour balayer le pays entre la Saône et l'Ain.
- Combat de Meximieux, 18 février 1814.
Le Général Musnier (1re Division) se met en mouvement le 18, attaque Meximieux défendu par 1200 bommes d'infanterie, 200 chevaux et 3 pièces et s'en empare; l'ennemi s'étant retiré sur la position des Loges, un peu au nord-est de Meximieux et l'ayant occupée avec 1500 hommes, 500 chevaux et 6 pièces, le Général français l'y poursuit et l'attaque sans désemparer.
Menacés d'être tournés par notre infanterie, les Autrichiens nous abandonnent la position avec perte de 300 ou 400 prisonniers.
Le même jour, le Général Parmentier entre à Mâcon et Bardet à Bourg; tous trois marchent sur Pont-d'Ain, et l'ennemi n'a que le temps de se retirer précipitamment sur Nantua.
Ces premiers succès enhardissent le Maréchal, qui prescrit une marche générale sur Genève.
La Division Musnier (moins la Brigade Ponchalon) et Parmentier, par Lons-le-Saunier et Morez; Bardel et Ponchalon avec le 2e Bataillon du 24e et un autre Bataillon, par Seyssel et Bellegarde.
Cette combinaison réussit complètement. Musnier déloge les Autrichiens de Lons-le-Saunier, les pousse devant lui par les Petites-Chiettes, Morez et Saint-Cergues, et débouche sur le versant suisse, n'ayant pu atteindre que leur arrière-garde à laquelle il enlève quelques centaines d'hommes.
- Combat de Saint-Julien, 1er mars 1814.
Bardet et Ponchalon, de leur côté, ont pris Bellegarde en passant et sont arrivés à quelques kilomètres de Genève, après avoir livré un combat heureux d'arrière-garde près de Saint-Julien, combat dans lequel le 24e essuie quelques pertes.
Enfin, les Généraux Marchand et Dessaix sont parvenus à Frangy, venant d'ltalie par Chambéry et ayant fait des prisonniers pendant leur route.
Telle est la situation quand le Maréchal apprit que de fortes colonnes, estimées à 4,000 hommes, s'avancent de Chalon vers Lyon ; prévenu d'ailleurs que Bubna se dispose à défendre Genève, il laissa devant lui, pour l'observer, M1archand avec le!l troupes d'Italie et reprend le chemin de Lyon avec le reste de l'armée.
Le 9 mars, il est de retour dans cette ville où il concentre toutes ses forces.
Le 10, il prescrit au Général Remond, commandant la Brigade de réserve restée à Lyon, et dont fait partie le 6e Bataillon du 24e, de se porter en reconnaissance sur Villefranche; et à Musnier de se mettre en marche avec sa Division et un Régiment de Hussards, et d'aller coucher à Villefranche où il réunira à ses troupes le 6e Bataillon du 24e. Le Général attendra de nouveaux ordres à Villefranche.
Renseigné dans la nuit, et sachant que l'ennemi n'a pas encore plus de 1500 hommes à Mâcon, le Maréchal ordonne au Général Musnier de reconnaitre rapidement la position et d'attaquer le jour même; il le previent en même temps que Bardet se dirigera sur Saint-Laurent, en face Mâcon, sur la rive droite et que lui-même sera dans la journée à Villefranche.
Les deux Bataillons du 24e forment l'avant-garde, avec le 12e Hussards.
- Premier combat de Saint-Georges, 11 mars 1814.
Les avant-postes ennemis, placés à Saint-Georges, à 2 lieues de Villefranche, sont abordés avec tant de vigueur qu'ils sont ramenés, de position en position, jusqu'à Mâcon, laissant entre nos mains 800 prisonniers et 2 pièces qui ont été enlevées avant d'avoir fait feu.
Musnier se prépare à profiter de ce brillant succès dû à la valeur du 24e, lorsqu'il s'aperçoit qu'il a devant lui un Corps entier de 15,000 à 18,000 hommes, appuyé par 40 bouches à feu et fortement retranché.
Il se replie "dans le meilleur ordre possible", dit le rapport d'Augereau, et couvre la gauche des troupes du Maréchal vers Beaujeu.
Les forces autrichiennes sont estimées à 40,000 hommes sur la rive droite de la Saône et à 10,000 sur la rive gauche, et le Duc de Castiglione n'a qu'une poignée de conscrits à opposer à ces armées. On se bat tous les jours, retardant par tous les moyens la marche des Alliés; Bardet évacue Meximieux et bat en retraite.
le 17, l'ennemi attaque, sans grand succès, nos avant-postes de Belleville, à 3 lieues de Lyon, par la route de Bourg ; le 18, il se présente avec des forces triples devant la position de Saint-Georges.
- Deuxième combat de Saint-Georges, 18 mars 1814.
Une de ses Divisions attaque, sur la route de Mâcon, la Division Parmentier; trois autres filent sur notre gauche pour nous tourner et nous couper de Villefranche; fort heureusement, le Maréchal ayant pressenti le projet des Autrichiens, a placé de ce côté le 12e Hussards et la Brigade Ordonneau de la Division Musnier ; la seconde Brigade de cette Division est en réserve avec les cuirassiers un peu en arrière.
Malgré l'énorme disproportion des forces, la lutte est vive; au premier moment, la Division Parmentier cède du terrain; mais, revenant à l'énnemi avec une rare impétuosité, elle enfonce la Division autrichienne, détruit entièrement le Régiment de Hesse-Darmstadt et réoccupe sa position.
Cependant la Brigade Ordonneau et le 12e Hussards tiennent en échec les trois Divisions ennemies pour donner le temps à Parmentier de se retirer; en vain la cavalerie veut charger; reçue à bout portant par les feux du 67e, elle est culbutée en désordre laissant 200 hommes sur le champ de bataille; mais les Autrichiens ne cessant de faire entrer en ligne de nombreuses troupes fraiches, le maréchal se met en retraite en ordre et prend une position centrale pour couvrir les deux rives de la Saône et attendre l'arrivée des troupes venant d'Espagne. L'ennemi n'ose pas nous suivre.
Dans cette journée, brillante pour nos armes, 10,000 hommes ont tenu en échec et arrêté de 25,000 à 30,000 hommes et leur ont fait essuyer une perte de plus de 2,000 hommes tués ou blessés.
La journée du 19 se passe sans incidents, l'ennemi préparant son attaque, et nous, organisant la défense du plateau de Limonest. Musnier et Parmentier reçoivent l'ordre de tenir avec opiniâtreté la position de Limonest avec le 4e Hussards, le 13e Cuirassiers et douze bouches à feu; le Général Digeon, avec les troupes venues de Catalogne, le 12e Hussards et six canons, se postent à Grange-Blanche pour tenir tête aux détachements qui pourraient déboucher de la Tour-de-Salvagny. Entre ces deux fractions, et les reliant, se trouvent la Brigade Estève et la Division Parmentier à Dardilly.
- Bataille de Limonest, 20 mars 1814.
L'ennemi, qui a passé la matinée à préparer ses mouvements, développe son plan vers midi : deux fausses attaques directes sont faites simultanément sur Limonest et sur la gauche du général Digeon, tandis que les masses se portent sur Grange-Blanche et Dardilly. Le Général Estève est forcé et rejoint le Général Digeon dont la position devient l'objet de tous les efforts de l'assaillant.
Ce brave Général oppose une résistance inébranlable à toutes les attaques et se couvre de gloire ainsi que ses troupes dont la conduite est au-dessus de tout éloge. Il n'en est malheureusement pas de même du côté de Limonest. Les Généraux qui s'y trouvent résistent faiblement, ne se rendant pas compte de l'importance capitale de la position et descendent dans le faubourg de Vaise, dans la crainte d'être tournés.
L'ennemi profite de cette faute dont il sent tout le prix et se hâte de prendre des avantages qu'il n'aurait jamais dû espérer obtenir. Le Maréchal, accouru sur ce point, prend les dispositions les plus urgentes, mais qui se trouvent trop tardives. Nos troupes tiennent avec une opiniâtreté admirable contre des forces quadruples; une charge à fond, tentée par le 13e Cuirassiers, ne peut nous rendre des positions évacuées si mal à propos et sans qu'on y soit contraint.
La nuit met fin à la bataille où l'ennemi ne perd pas moins de 3,000 hommes tués, blessés ou prisonniers et les deux armées bivouaquent en présence.
Le Maréchal ne peut plus tenir dans les conditions où se trouve l'armée; aussi prend t-il la pénible résolution d'abandonner Lyon; il opère, dans la nuit du 20 au 21 mars, sa retraite sur l'Isère sans être inquiété et sans perdre un homme.
Le 23, le gros de l'armée est à Valence et la Division Musnier à Saint-Vallier.
Le Duc de Castiglione installe ses troupes dans de bonnes positions et attend l'arrivée du Prince Eugène auquel il a adressé un pressant appel. La Division Musnier reste sur la ligne de la Drôme, entre Loriol et Crest, depuis le 25 mars jusqu'au 23 avril.
Le 11 avril, le Prince Émile de Hesse-Darmstadt ayant appris au Maréchal la révolution qui a suivi l'entrée des Alliés dans Paris, une convention est signée aux termes de laquelle les armées restent sur leurs emplacements en attendant les ordres du Gouvernement.
Le 17 avril, la cocarde blanche est arborée.
A partir de la cessation des hostilités, les Bataillons du 24e exécutent divers mouvements qui les amènent au Puy le 29 avril, et ensuite à Montluçon.
Le 7 mai, la 1ère DiviSion est dissoute; la 2e prend le n°1, Division Védel :
1ère Brigade, Général Ponchelon : 32e léger, 2 Bataillons; 24e de Ligne, 2 Bataillons.
2e Brigade, Général Godin : 16e de Ligne, 1 Bataillon; 145e de Ligne, 1 Bataillon.
3e Brigade, Général Estève : 23e Léger, 3 Bataillons; 7e de Ligne, 3 Bataillons.
Le 23 mai, les Brigades prennent les numéros suivants : 1ère, Général Gudin; 2e, Général Ponchelon ; 3e, Général Estève.
Les Bataillons du 24e quittent Montluçon ville le 13 juin et arrivent le 15 du même mois à Lyon où ils passent sous les ordres du Baron Rochu (19e Division militaire territoriale).
- 3e Bataillon
Comme ceux du 2e, les cadres du 3e Bataillon quittent l'Espagne le 1er mars 1813, ne s'arrêtent à Lyon que quelques jours.
Le 6 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j’ai examiné le travail que vous m’avez présenté le 28 févier dernier relativement à la formation des 34 demi-brigades provisoires ...
J’approuve que le 3e bataillon du 24e de ligne qui est à Lyon, avec le 94e et le 95e, forment la 21e demi-brigade ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33036).
Les cadres du 3e Bataillon sont immédiatement remis en route pour Mayence le 10 juin; ils y arrivent le 28 du même mois.
Le 3e Bataillon est d'abord placé à la 6e Division du Corps d'observation de Bavière (ou du Rhin - Maréchal Augereau) et se rend le 13 juillet à Francfort pour entrer, avec le 2e Bataillon du 59e et le 3e Bataillon du 94e, dans la 21e Demi-brigade provisoire.
6e Division, le 5 août 1813; 2e Brigade :
21e Demi-brigade : 1 Bataillon du 24e de Ligne (3e Bataillon, Commandant Nurence, 16 Officiers, 509 hommes), 1 Bataillon du 59e de Ligne, 1 Bataillon du 94e de Ligne.
Entre temps, le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
... 44e division
1er léger, 2e bataillon.
2e léger, 2e bataillon.
34e demi-brigade provisoire : 16e léger, 2e bataillon; 18e léger, 1er bataillon.
64e de ligne : 3e bataillon, 4e bataillon.
Commandé par un major : 54e de ligne, 3e bataillon; 95e de ligne, 3e bataillon.
19e demi-brigade provisoire : 50e de ligne, 2e bataillon; 75e de ligne, 2e bataillon.
Commandé par un major : 24e de ligne, 3e bataillon; 39e de ligne, 3e bataillon.
12 bataillons ...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).
La présence du 3e Bataillon dans ce Corps d'Observation est donc de très courte durée, puisque à la date du 4 août 1813, la 6e Division de Bavière devient la 44e Division du 14e Corps d'armée en formation. Le Maréchal Gouvion-Saint-Cyr prend le commandement du 14e Corps le 7 août et Berthezène, celui de la 44e Division, le 11, à Penig.
14e Corps, Général Gouvion-Saint-Cyr.
42e Division. - 43e Division. - 44e et 45e Divisions.
44e Division : Général Berthezène.
3e Brigade, Général Letellier : 24e de Ligne, 3e Bataillon (Major Mortemard; 22 Officiers, 611 hommes); 54e de Ligne, 3e Bataillon (Major Philippon); 95e de Ligne, 3e Bataillon.
Le nouveau Corps d'armée a ordre de se reporter sur Dresde et de couvrir la place; il doit, en outre, surveiller les débouchés de la Bohême pendant la marche de Napoléon contre Blücher.
Du 15 au 31 août, nous trouvons la 44e Division disputant le terrain pied à pied, sur le plateau de Gieshübel, aux Autrichiens qui entrent en Saxe, et se signalant par une bravoure et un sang-froid que l'on n'aurait pas attendus de soldats qui voient le feu pour la première fois.
- Combat de Zéhitz, 22 août 1813.
Le 22 août, la Division est à Pirna, défendant les routes de Toeplitz; dans la matinée de ce jour, le 14e Corps est assailli sur tout son front depuis Koenigsten jusqu'à la route de Toeplitz. L'attaque principale se porte sur la 43e Division, qui se défend avec opiniâtreté jusqu'à midi. Alors menacé d'être debordé par Gersdorf et peut-être coupé de Dresde, Saint-Cyr recule, mais la Division Berthezène l'ayant rallié, vers 5 heures du soir, sur le plateau de Zéhitz, il parvient à arrêter l'ennemi. Le 14e Corps a devant lui l'armée entière de Schwartzenberg, forte de 130,000 bommes. La ténacité remarquable des troupes en impose tellement aux Autrichiens, que les Divisions du 14e Corps peuvent se retirer le 23, sur Dresde, sans être inquiétées.
Au moment où elles vont s'installer au bivouac, elles ont à refouler les avant-gardes ennemies. En prévision de l'attaque imminente, la 44e Division occupe les positions en avant et à gauche du Gross-Garten, se prolongeant sur la rive gauche de l'Elbe.
Un bataillon est à Hopfgarten, 100 hommes à la redoute de gauche n°1; 160 à la redoute de Pirna (n°2); 160 à l'hôpital saxon (redoute n°3); 4 Compagnies à Gross-Garten; 1 Bataillon au grand fossé conduisant à l'Elbe ; 4 Bataillons en réserve derrière le ruisseau qui longe la route de Dohna; 1 Bataillon au carrefour, à droite de la porte de Sée; 1 Bataillon au carrefour de la barrière de Pirna; 1 Bataillon au carrefour de la route de Pilnitz.
La force du 3e Bataillon est de 18 Officiers et 566 hommes de troupe.
La 44e Division se relie par sa droite à la gauche de la 45e Division, laquelle s'étend jusqu'à Plauen. La 43e Division tient la tête des faubourgs, abritée derrière de fortes palanques; la 42e est laissée au camp retranché de Feinkenstein.
Fort heureusement, les alliés hésitent, pendant deux jours; ce qui donne au Maréchal le temps d'armer les redoutes, de se préparer à une résistance désespérée et d'avertir l'Empereur de la gravité de la situation.
Le 25, Schwartzenberg se borne à tâter les avant-postes et réussit cependant à occuper quelques points de notre ligne avancée. Le lendemain, il attaque avec une artillerie formidable et toute l'Armée de Bohême, ralliée par divers corps prussiens et russes.
- Bataille de Dresde, 26 et 27 août 1813.
L'ennemi pénètre à travers le Gros-Garten et se porte bravement à l'attaque du jardin situé à l'entrée du faubourg de Pirna (jardin du Prince Antoine); il en essaie déjà l'escalade, lorsque arrivent les Bataillons de la réserve conduits par le Général Berthezène. Ceux-ci, prenant de flanc les colonnes prussiennes, les forcent à se retirer, calmant ainsi, pour un moment, leur trop vive ardeur. La canonnade continue cependant, de plus en plus vive, sur nos redoutes, et vers 4 heures de grosses colonnes s'avancent. La redoute placée entre les barrières de Dohna et de Dippodisvalde, près de l'hôpital saxon, est accablée et prise après un combat meurtrier qui coûte aux Autrichiens 1000 hommes tués ou blessés.
Nos troupes reculent sur tous les points et l'ennemi est déjà au pied des palissades et devant les fossés des redoutes ; la situation est grave, car tout le 14e Corps est engagé et il n'y a plus de réserve. A ce moment, arrivent les 4 Divisions de la Garde conduites par les Maréchaux Mortier et Ney ; l'Empereur place en réserve dans la ville la Vieille Garde, et lance la Jeune garde en avant; 2 Divisions débouchent brusquement à 5 heures, par la porte de Pilnitz, contre les Russes; les deux autres, par celle de Pirna, contre les Prussiens déjà maîtres du Gross-Garten; en même temps, toute la cavalerie de Murat et de Latour-Maubourg s'ébranle et charge dans la plaine de Friedricbstadt.
En un instant, tout est refoulé : Russes, Prussiens et Autrichiens, accablés d'abord par un feu violent, sont ensuite chargés à la baïonnette et culbutés en désordre au delà du Landgraben. Dresde est sauvé.
Vers 6 heures, le feu est éteint presque partout, mais la redoute du centre est encore au pouvoir de l'ennemi qui peut s'en servir pour faire irruption dans la ville par le Gross-Garten. Berthezène, informé de cet incident, accourt avec quelques troupes et enlève brillamment la redoute dons laquelle on fait 600 prisonniers.
Les renforts, attcndus par l'Empereur, arrivent pendant la nuit. Le lendemain matin, pouvant mettre en ligne trois nouveaux Corps d'armée : les 1er, 2e et 6e, Napoléon, malgré une pluie torrentielle, n'hésite pas à recommencer la bataille, dans l'espoir d'un succès complet ; le Roi de Naples avance avec le 2e Corps et les Cuirassiers, sur la route de Freyberg; le 6e, et la Jeune Garde, au centre, par la route de Dippodiswalde et le 14e, par celle de Dohna; à l'extrême gauche, Mortier occupe la plaine avec la cavalerie. La Vieille Garde reste en réserve.
Les Autriehiens sont séparés des Russes et des Prussiens par le ravin de Plauen; l'Empereur en profite pour les accabler, les jeter dans le ravin, et pour anéantir les six Divisions qui se trouvent sur ce point. Ce qui caractérise cette mémorable bataille, c'est que l'infanterie se trouvant, par suite de la pluie, dans l'impossibilité de faire usage de ses armes, l'affaire est décidée de vive force et par la cavalerie. Les hommes tués ou blessés le sont surtout par les projectiles de l'artillerie dont le feu atteint le plus haut degré d'énergie. Les résultats de cette brillante victoire qui aurait dû être décisive, surtout par ses conséquences, sont cependant appréciables : 15 à 18,000 prisonniers et une partie de l'artillerie autrichienne tombent entre nos mains.
La 44e Division se bat toute la journée en avant de Leibnitz, s'empare de la partie basse du village et y fait quelques prisonniers, mais doit s'arrêter bientôt à cause du mauvais temps. Ses pertes s'élèvent à plus de 1200 hommes, dont près de 60 Officiers (Gouvion-Saint-Cyr).
La journée est particulièrement pénible pour l'infanterie : "La troupe est sans vivres d'aucune espèce, dit le Maréchal Saint-Cyr dans son rapport, les chevaux sans fourrages; le temps affreux qu'il a fait toute la journée a rendu la situation de la troupe extrêmement malheureuse; les hommes et les chevaux ne pouvaient marcher et les fusils ne pouvaient faire feu".
La poursuite commence aussitôt sur toutes les routes qui conduisent en Bohème, mais se ressent fatalement de l'affreux état des routes; et cependant, l'ennemi, dans une déroute complète, ne fait tête nulle part; il achève même de perdre son artillerie dans sa retraite.
Le 14e Corps s'engage sur la route de Maxen et pousse jusqu'à Liebebau où il reste en position jusqu'au 31 août; là, il recueille les débris du 1er Corps écrasé à Kulm et une partie de ceux qui ont été battus à Gross-Beeren.
Le 7 septembre, il est attaqué dans ses postes de Gieshübel et recule lentement jusque derrière la Müglitz, ayant ses avant-postes à Fleydenau, Klein-Seidlitz et Dohna.
- Combat de Klein-Seidlitz, 8 septembre 1813.
Une attaque furieuse des Prussiens se produit le lendemain à 9 heures du matin; fort mal reçue, elle est arrêtée net par la fusillade de notre infanterie; l'ennemi, devant l'impossibilité d'avancer, exécute un mouvement tournant contre le village de Klein-Seidlitz et chasse du village trois Compagnies qui le défendent. Alors, le Général Letellier lance le 8e Léger sur Klein-Seidlitz et le contourne avec le 24e, par la gauche. La position est vaillamment emportée et conservée. Gross-Seidlitz tombe également en notre pouvoir et l'ennemi renonce pour le moment à ses projets.
Les pertes de la Division sont de 406 hommes tués ou blessés.
Peu de temps après, l'armée autrichienne, profitant de l'éloignement de Napoléon qui se porte contre les Armées du Nord et de Silésie, recommence à déboucher de la Bohème; le 14e corps renforcé par les débris du 1er, et chargé de la garde de Dresde, est impuissant à résister aux masses ennemies dont le nombre augmente de jour en jour; il recule lentement, livrant de fréquents combats souvent heureux.
Le Rapport du Maréchal Saint-cyr, du 11 septembre, indique : "Le maréchal Gouvion-Saint-Cyr fait le plus grand éloge de la bravoure, du zèle et du dévouement qu'ont montrés depuis le commencement de la campagne les généraux, les officiers et soldats du 4e corps : tout le monde a fait son devoir".
- Combat de Gieshübel, 15 septembre 1813.
Le 15 septembre, le 1er Corps ayant été assailli à Gieshübel, une Division du 14e Corps le dégage.
- Combat de Koschitz, 17 septembre 1813.
Le 17, le Maréchal fait attaquer l'ennemi dans ses positions fortifiées de Koschitz, Zschemitz et Röchnitz; il le fait tourner, en même temps par Post-Chappeel. Quoique très supérieur en nombre, l'ennemi se retire dans un grand désordre jusqu'à Dohna; on lui fait 1200 prisonniers et on lui enlève 8 canons et 18 caissons de munitions. Cette belle affaire oblige les Corps autrichiens de la rive droite à se retirer sur Grannsdorf.
Le 7 octobre, on occupe Weissig, Weishirch eL les redoutes de la rive gauche; l'Empereur quitte Dresde où il ne reviendra plus. De ce jour date l'isolement de la garnison de Dresde.
Celle-ci sc compose, outre le 1er et le 2e Corps, de 800 hommes de cavalerie et d'une nombreuse artillerie : en tout 24,000 hommes, mais elle manque de vivres; dès le début, les troupes sont mises à la demi-ration : 12 onces de pain, 4 onces de viande, 2 de riz, 1 ration de vin. Ln viande est supprimée au bout de 4 jours, et le vin au bout de 12.
Quelques combats partiels, dont l'issue ne peut être douteuse, marquent la fin de cette campagne malheureuse, et la garnison, resserrée de plus en plus dans la place, se voit bientôt réduite à la dernière extrémité. Les mauvaises nouvelles se succèdent sans cesse; ainsi, le 22 octobre, on apprend le désastre de Leipzick et la retraite de l'armée française vers le Rhin.
Un moment, une lueur d'espoir vient ranimer les courages abattus ; une grande pensée, dont le Général Lobau a tout l'honneur, a surgi : rassemblant tout ce qu'il y a de valide, Saint-Cyr sortirait de Dresde par la ruse ou par la force; il tenterait de rallier les garnisons de Torgau et de Magdebourg, de donner la main à Davout vers Hambourg et de former ainsi une armée de 70,000 hommes de vaillantes troupes qui tomberaient sur les derrières des Alliés.
Le moment parait favorable pour cette entreprise, car Benningsen vient de s'éloigner de la ville; la sortie est donc décidée pour le 6 novembre. Le 5, on fait la distribution des vivres et le 6, le Général Mouton, chargé de l'opération, sort avec 14,000 hommes et 24 canons par la route de Grossenhayn.
La 44e Division est laissée à la garde de la place. L'affaire est conduite sans vigueur et, persuadés que l'ennemi dispose de forces considérables, nous nous retirons devant 10,000 hommes.
Cette circonstance aggrave la situation, car les troupes sorties ont consommé la plus grande partie de ce qui reste de vivres.
Dès le 7, les magasins ne contiennent plus que trois jours de pain à la demi-ration et 80 cartouches par fusil.
Le Maréchal assemble le Conseil de défense, qui émet l'avis suivant : cbaque jour nous coûte 200 hommes et l'armée sera, avant peu, à la discrétion de l'ennemi; il n'y a plus aucun moyen de subsistance. En traitant de suite, on ramènera en France 20,000 hommes bien encadrés qui pourront servir en Espagne ou être échangés.
- Capitulation de Dresde, 11 novembre 1813.
Le Général Mathieu Dumas traite sur cette base; il est convenu que l'armée sortira en six colonnes à partir du 12 novembre, à un jour d'intervalle. Elle se rendra en France par étapes et y restera considérée comme prisonnière jusqu'à échange.
Le mouvement des colonnes, commencé le 12, est suspendu le 19 et nos malheureux soldats apprennent avec stupeur que la capitulation est violée par un ennemi sans foi.
Les troupes des 1er et 14e Corps sont disloquées et internées sur divers points de Bohême et de Hongrie; elles ne rentrent en France qu'après la conclusion de la paix; Les Officiers ont été séparés de leurs soldats auxquels on ne laisse que les médecins; 17 Officiers du 24e restent à Presbourg.
- Historique du 4e Bataillon, du mois d'octobre 1811 au 1er janvier 1814.
Le 4e Bataillon est parti d'Espagne en juin 1811; il arrive à Lyon en octobre. Il y séjourne quelques mois pour se réorganiser; son effectif atteint alors 15 Officiers et 774 hommes, sous le commandement du Chef de Bataillon Duprat.
Le 2 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Berthier : "... 3e DEMI-BRIGADE PROVISOIRE. Le 4e bataillon du 40e, le 4e du 88e, le 3e du 34e, le 4e du 24e partiront à la même époque de Weissembourg, Rocroy, Givet, et Lyon, et se rendront à Cherbourg où ils formeront la 3e demi-brigade provisoire. Si l'on manquait de cantonnements autour de Cherbourg, on pourrait placer une partie de ces troupes autour de Valognes. Ainsi Cherbourg se trouvera défendu par les 1re, 2e et 3e demi-brigades provisoires ; c'est-à-dire par 10 bataillons ou 8 000 hommes ...
Par ces dispositions, toutes les côtes de l'Empire seront suffisamment pourvues, en attendant la formation des cohortes de gardes nationales. Il devient pressant que les cadres de ces bataillons soient complets en officiers ; qu'ils aient leurs chefs de bataillon, et que vous nommiez les 15 majors en second qui devront commander ces demi-brigades. Vous ferez partir le 15 avril ces majors en 2nd pour visiter les dépôts qui fournissent aux demi-brigades.
Vous aurez soin de prévenir le ministre de l'Administration de la guerre afin qu'il donne des ordres, et prenne des mesures pour que l'habillement ne manque pas.
Vous autoriserez les majors en 2nd à faire partir le 30 avril les 4es bataillons à 600 hommes. Les 200 autres hommes viendront un mois après.
Ces demi-brigades ne doivent rien déranger à la comptabilité. Les bataillons qui les composent doivent correspondre avec leurs dépôts pour l'administration.
Annexe
Formation des demi-brigades provisoires, de l'Intérieur et des côtes
3e demi-brigade à Cherbourg (1ère réserve d’Espagne)
1er bataillon : 4e bataillon du 40e de ligne (dépôt à Weissembourg) : 405 conscrits de Haute-Saône, 433 du Jura et 439 du Doubs ; total 1277 ; 577 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon : 4e bataillon du 88e de ligne (dépôt à Rocroy) : 335 conscrits de la Loire, 534 de la Meuse-Inférieure et 184 de la Roër ; total 853 ; 153 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
3e bataillon : 3e bataillon du 34e de ligne (dépôt à Givet) : 565 conscrits de Sesia et 420 de Saône-et-Loire ; total 985 ; 285 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
4e bataillon : 4e bataillon du 24e de ligne (dépôt à Lyon) : 458 conscrits de Montenotte et 450 du Lot ; total 908 ; 208 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7057 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30370 (intégrale)).
Le 30 avril 1812, il est dirigé sur Cherbourg.
Le 3 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Je désire faire les changements suivants aux demi-brigades provisoires. Le 4e bataillon du 34e et le 3e bataillon du 40e feront partie de la 3e demi-brigade. En conséquence, le 4e bataillon du 88e et le 4e bataillon du 24e de ligne qui font partie de cette demi-brigade seront placés, savoir le bataillon du 24e dans la demi-brigade qui s'organise à Wesel, et le bataillon du 88e dans la 8e demi-brigade qui s'organise aussi à Wesel ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7203 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30565).
Le 12 mai, il reçoit l'ordre de se rendre à Munster, où il arrive le 14 juin.
Le 4e Bataillon fait d'abord partie de la 2e Division de réserve, sous commandement du Général Heudelet.
La Division du Général Heudelet devient le 1er juillet 1812 la 30e Division du 11e Corps, commandé par le Duc de Castiglione.
La 2e Brigade, Général Husson, se compose, le 15 juillet 1812, de la 9e Demi-brigade (Major Glaize), composée des 4es Bataillons des 24e, 45e et 59e de Ligne, et de la 17e Demi-brigade, composée des 4es Bataillons des 8e, 6e et 25e Légers et 39e de Ligne. A cette date, l'effectif du 4e Bataillon du 24e est de 14 Officiers et 641 soldats, sous le commandant du Commandant Duprat.
Le 11e Corps de la Grande Armée, sous les ordres du Duc de Castiglione, traverse toute l'Europe et arriva à Koenigsberg, le 28 décembre 1812, assez à temps pour recueillir les débris de la Grande Armée, après le passage du Niémen.
Après les désastres de la campagne de Russie, il faut à nos Corps en retraite un boulevard contre les Russes; Dantzick est choisi par l'Empereur comme sauvegarde de la ligne de la Vistule; la défense en est confiée au Général Rapp, qui réunit sous son commandement la Division Grandjean du Corps Macdonald et la Division Heudelet du Corps Augereau (1er février 1813).
- Blocus de Dantzick.
A peine Rapp est-il arrivé à son poste, que les Russes paraissent sous les murs de Dantzick et le blocus commence.
La défense de Dantzick, du 20 janvier 1813 au 2 janvier 1814, est une des plus belles pages de notre histoire militaire et peut être comparée, sous plus d'un rapport au siège de Gênes; c'est un honneur pour le 24e d'y avoir pris une part glorieuse.
Comme à Gênes, la garnison résiste aux harcèlements d'une armée puissante, aux ravages de l'eau et du feu, aux misères de l'épidémie, à toutes les horreurs de la famine, à 8 mois de blocus et à 4 d'un siège régulier. Comme à Gênes, nos soldala prouvent qu'ils savent se résigner à toutes les privations, à toutes les fatigues, à tous les sacrifices.
36,000 hommes de 20 nations différentes provenant de plus de 100 Régiments, presque tous malades, épuisés de fatigue et de faim, composent la garnison. Mais 8,000 à peine sont en état de combattre. Les ouvrages immenses de fortifications en construction sont loin d'être terminés et, pour comble de malheur, les inondations destinées à jouer un grand rôle dans la défense constituent une plnine de glace très épaisse, capable de supporter la plus grosse artillerie et de donner un facile accès aux attaques de l'ennemi.
Enfin, les approvisionnements sont notoirement insuffisants.
De tels obstacles ne sont pas de nature à intimider un caractère tel que celui de Rapp. Le Général fait hacher et fondre la glace ; on y travaille jour et nuit et l'on réussit. On a peine à concevoir que l'on ait pu surtout parvenir à évacuer entièrement les glaces de la Vistule qui avaient 2 à 3 pieds d'épaisseur, sur une étendue de 3 lieues, et à renouveler cette opération lorsque la rigueur de la température fait prendre la glace une seconde fois. Tous ces travaux, et ceux nécessaires par le déblaiement des fortifications éboulées, sont poussés avec une énergie incomparable et par un froid de plus de 20 degrés.
Nos troupes, malgré la faiblesse de leur effectif, et malgré tant de travaux pénibles, peuvent conserver jusqu'à la fin de février toutes leurs positions avancées et repoussent toutes les attaques des Alliés; l'énergique attitude du Gouverneur, qui se montre partout où il y a du danger, est un sujet d'admiration pour les soldats, dont l'ardeur en est décuplée.
Un jour, dans une reconnaissance qu'il fait vers une position où l'ennemi semble projeter des ouvrages importants, Rapp aperçoit sur un tertre, de l'autre côté du ravin, un Officier russe qui, avec son sabre, semble provoquer un duel; un des Aides de camp du Général, ancien Capitaine du 24e, se détache du groupe, traverse le ravin au galop, arrive à l'Officier ennemi et lui casse un bras d'un coup de pistolet; mais, à l'instant, 150 Cosaques sortent du fond du ravin, hurlent à pleine voix et s'élancent vers le Général. Lutter contre un pareil nombre d'ennemis aurait été téméraire et inutile; l'Etat-major se replie vers le poste le plus voisin. Ce poste avancé, composé de 8 hommes aux ordres d'un Sergent, tous du 24e, s'élance du réduit où il se trouvait, fait feu à la vue du péril qui menace le Général en chef, blesse quelques chevaux et se précipite au milieu des cosaques, parant les coups de lance avec le fer des baïonnettes. Il y a un moment d'échauffourée pendant lequel le Général Rapp et son Etat-major mettent l'épée à la main. Les fantassins redoublent d'ardeur aux cris de : En avant ! Vive le Général ! Et les Cosaques, peu habitués à tenir devant l'infanterie, tournent bride. Quant à l'Aide de camp qui a accepté le défi de l'Officier russe, poursuivi longtemps et plusieurs fois cerné par les cosaques, il parvient, néanmoins, grâce, aux jarrets nerveux de son cheval, à rejoindre le Quartier général.
- Attaque du 4 et du 5 mars 1813.
Dans la nuit du 4 au 5 mars, l'ennemi ayant reçu des renforts, fait une attaque générale avec beaucoup de vigueur, s'empare momentanément des faubourgs et vient faire le coup de fusil jusque sur les glacis. L'affaire est très vive, et l'ennemi parait vouloir tenter de surprendre la place ; mais, après un sanglant combat, les faubourgs sont repris. Les Alliés, repoussés dans leurs positions lointaines, abandonnent beaucoup de morts, de blessés, plus de 400 prisonniers et de l'artillerie.
- Sortie du 25 mars.
Cette rude leçon a quelque peu refroidi l'ardeur de l'assiégeant, qui reste tranquille jusque vers les derniers jours du mois ; les Français font même, le 25, une sortie générale qui a un plein succès et nous rapporte encore 250 prisonniers, et, chose plus précieuse, un peu de bétail.
Dans les premiers jours d'avril, un dégel subit et, à sa suite, une crue de la Vistule comme il ne s'en est pas vu depuis près d'un demi-siècle, causent d'immenses dégradations aux défenses de la place, rompant les digues, minant les remblais et menaçant le salut de Dantzick. Ce n'est que par des efforts extraordinaires que l'on parvient à réparer les dégâts et à remettre la place en état de soutenir un siège régulier.
- Grande sortie d'avril-mai.
Une très heureuse sortie est faite à la fin du mois d'avril et rapporte plus de 1000 têtes de bétail, ainsi qu'une grande quantité de fourrages. On s'empare des positions de l'ennemi, entre la mer et la Vistule et l'on tient la campagne pendant cinq jours. Cette brillante sortie, coïncidant avec la cessation des maladies contagieuses, inspire à la garnison une confiance et une fermeté qui ne se démentirent pas un instant pendant le reste du siège. L'effectif de la garnison remonte à 13,000 ou 14,000 hommes.
- Sortie du 9 juin.
Le 9 juin, une sortie générale développe toute la confiance des assiégés dans leur force ; elle a pour but de faire un grand fourrage et de réprimer les attaques journalières de l'ennemi ; une nombreuse artillerie se déploie devant lui et lui fait perdre beaucoup de monde. Au moment où l'action va s'engager, la nouvelle des victoires de Lutzen et de Bautzen se répand comme une trainée de poudre ; la joie, l'ivresse, l'enthousiasme sont au comble et l'on brûle de vaincre. De la droite à la gauche, le cri "en avant !" retentit et on se précipite. Le Chef de Bataillon Duprat, du 24e, fond sur le centre des Russes, qui abandonnent ce terrain jonché de leurs morts. Accablés, ils fuient jusque sur les hauteurs en arrière de Wamberg; là, ils trouvent des renforts considérables qui les recueillent. Nos soldats s'arrêtent et se préparent à se replier, car leur but est atteint; le brave Duprat, blessé dans ce combat, est cité pour sa brillante valeur; il succombe quelques jours après des suites de ses blessures.
Les rapports de l'ennemi sur cette affaire disent : "La garnison de Dantzick s'est battue, comme d'habitude, avec une témérité et une fureur qui tiennent de la rage".
- Armistice du 10 juin 1813.
Le 10 juin, arrive la nouvelle de l'armistice conclu entre les puissances belligérantes. Pendant deux mois et demi le siège est interrompu, et l'on en profite pour s'approvisionner en fourrages et pour développer les moyens de défense.
- Reprise des hostilités, 24 août 1813
Les hostilités reprirent le 24 août; alors, le siège commence véritablement ; l'ennemi démasque une artillerie formidable, et, grâce à ses 50,000 ou 60,000 hommes, nous contraint à évacuer les postes extérieurs. Néanmoins, cet abandon de nos positions avancées ne se fait qu'après plusieurs affaires très vives, dont les plus remarquables sont celles du 29 août et du 3 septembre.
- Combat de Langführ, 29 août-3 septembre 1813.
Dans la première de ces journées, la garnison fait une sortie considérable. Cette action est glorieuse pour nos troupes, qui font éprouver aux assiégeants de fortes pertes et enlèvent, en quelques instants, plusieurs redoutes.
Le 2 septembre, nous nous maintenons dans nos positions; le 3, les Russes reviennent à la charge par grandes masses, tandis que nos lignes sont attaquées par 80 canonnières. Une pluie d'obus incendie tous les bourgs voisins. Après des efforts inouïs, les Russes pénètrent dans Schelmulle et s'y défendent en désespérés ; une Compagnie du 24e parvient à les tourner et jette ensuite le désordre dans leurs rangs ; ceux qui échappent aux baïonnettes, périssent dans les flammes qu'ils ont eux-mêmes allumées. 200 sont brûlés dans une grange.
Cependant nos Bataillons se sont retirés et se disposent à rentrer dans la place; mais quelques Compagnies, qui n'ont pas été prévenues, défendent énergiquement le village de Langführ et se trouvent complètement isolées. Les Russes, dans un é1an irrésistible, se sont emparés du village et cernent nos Compagnies enfermées dans les maisons crénelées, et qui restent ainsi abandonnées pendant douze heures.
Un groupe du 24e se trouve enfermé dans deux maisons et s'y défend avec un acharnement incroyable; ne pouvant s'en emparer de vive force, les Russes ont recours à l'incendie et déjà les flammes gagnent l'intérieur; les défenseurs ayant épuisé leurs munitions et se voyant près d'être dévorés par les flammes, continuent leur résistance. Pendant que les uns sont occupés à arrêter les progrès du feu, les autres répondent aux sommations qu'on leur fait de se rendre, par leurs dernières décharges.
Les secours viennent enfin, envoyés par le Général Rapp, qui ne peut oublier d'aussi valeureux soldats. La plupart de ces braves parviennent à faire leur retraite après avoir infligé aux assiégeants des pertes énormes.
La nécessité de ménager leurs forces ne permet plus aux assiégés de renouveler, sans profit, des combats aussi sanglants; ils s'établissent solidement dans des positions plus rapprochées et conservent la plupart d'entre elles jusqu'au dernier jour.
La défense de nos redoutes avancées est aussi brillante qu'on peut l'espérer et nos troupes s'y couvrent de gloire; aussi, après un mois de siège, l'attaque n'a t-elle fait que des progrès insignifiants.
- Commencement du bombardement, 8 octobre 1813.
C'est vers le commencement d'octobre qne l'assiégeant joint le bombardement à la marche progressive de l'attaque en règle. Ce bombardement dirigé contre la ville est très violent et dure pendant plus de six semaines; bombes, boulets rouges, fusées à la congrève, le tout fourni par les Anglais, inondent la ville et en ruinent une bonne partie, causant aux habitants des pertes incalculables.
- Attaque du 16 septembre contre Fahrwasser.
Pendant le mois de septembre, les assiégeants tentent plusieurs coups de main contre les ouvrages extérieurs et le camp retranché de Fahrwasser. La plus forte de oes attaques a lieu le 16 septembre, et l'on se fera une idée de l'abondance des moyens d'action des Alliés quand on saura que, ce jour-là, la flottille lance environ 20,000 projectiles sur nos batteries, pendant douze heures consécutives, espérant les écraser sous un feu aussi terrible.
L'ennemi s'apprête à diriger contre elles des colonnes d'assaut lorsqu'il est surpris par une riposte, aussi vigoureuse qu'inattendue, de nos batteries qui ont peu souffert. Plusieurs cnnonnières anglaises sautent ou sont coulées; quant à l'assaut, l'ennemi n'ose pas le tenter. Il renonce dès lors à toute attaque de ce côté.
- Combat du 10 octobre.
Le 10 octobre, a lieu un violent combat devant Ohra, dans lequel la Division Heudelet fait encore des prodiges de valeur.
- Combat de nuit du 1er novembre.
De grands magasins de bois sont établis dans une des iles formées par les deux bras de la Motlau; la nuit du 1er novembre les voit détruire par un incendie d'une intensité extraordinaire. Il est difficile d'imaginer un spectacle plus terrible que celui que présente cette funeste nuit; la ville, incendiée sur plusieus points, parait tout en flammes et est menacée d'une destruction totale; une grêle de bombes, obus et boulets rouges semble dirigée avec fureur, par l'ennemi, sur le théâtre des incendies afin d'empêcher les secours de s'organiser. Les environs de la place sont éclairés comme en plein jour, et rien ne demeure caché des exploits de nos braves troupes qui, attaquées et canonnées sur toute la ligne, se montrent dignes de leur passé et conservent ou reprennent toutes leurs positions.
Le résultat de ce cruel et interminable bombardement est la perte des hôpitaux, d'une grande partie des casernes et de magasins renfermant des grains et des comestibles.
La situation de la garnison est devenue très alarmante; très diminuée par les combats et les fatigues, elle suffit à peine à la garde des ouvrages; mais le plus grave est la défection des troupes étrangères instruites du désastre de Leipzick. La disette commence à se faire vivement sentir, et le soldat est au moment de se voir privé de la chétive ration de chair desséchée qui a formé jusque-là son unique nourriture. Enfin, il parait impossible de prolonger plus longtemps une lutte inégale, lorsqu'une nouvelle calamité vient s'ajouter à toutes les autres : un nouveau débordement de la Vistule, plus terrible encore que celui du mois de mai, détruit les ponts, les écluses, les batardeaux et donne un surcroit de travail à nos soldats épuisés. Mais leurs coeurs de Français sont trop bien trempés pour que le découragement y pénétre, ces soldats sont héroïques jusqu'à la fin.
- Défense du faubourg d'Ohra.
Une des pages les plus glorieuses de ce siège à jamais mémorable est sans contredit la défense, par la Division Heudelet, du faubourg d'Ohra où elle tient bon, jusqu'aux derniers jours du siège.
"Pas un des braves de la 30e division qui défendaient ce point, dit le Général Rapp, ne fut pris dans aucune affaire. Ils étaient si habitués à se battre qu'ils attendaient tranquillement que l'ennemi fût au pied de leurs petits retranchements pour tomber dessus à la baïonnette".
Pénétré de l'importance de la prise de cette position, l'ennemi y consacre les plus grands moyens; repoussé constamment dans les nombreux et sanglants assauts qu'il y livre, il se voit forcé de lui faire les honneurs d'un siège en règle. La défense est comparable à celle de Saragosse; elle se fait pied à pied, de maison en maison, et par des retranchements successifs, construits sous un feu épouvantable. Trois petites redoutes qui protégent la droite du faubourg sont battues sans relâche pendant trois mois par 60 pièces et écrasées de bombes; elles ne sont plus, à la fin, qu'un amas informe contenant autant de boulets que de terre.
La plus avancée de ces redoutes est enlevée le 1er novembre par les Russes, qui ne la conservent que quelques minutes; elle est reprise à la baïonnette par la Compagnie de volontaires quo nos braves ont surnommée "la Compagnie infernale".
Il vient cependant un jour où il faut abandonner le faubourg : ce jour-là, les tranchées russes l'enveloppent de toutes parts, à portée de pistolet; la garnison de la place est si affaiblie qu'on a peine à consacrer une réserve de 400 hommes à soutenir la retraite des quelques héroiques Compagnies qui défendent le faubourg d'Ohra. L'évacuation se fait avec un ordre parfait et sans que l'ennemi ne songe à en entraver l'exécution.
Tant d'efforts et de fatigues doivent avoir un terme : vers le 20 novembre, tous les moyens de résistance se trouvent presque épuisés; si les vivres et les hommes n'avaient pas manqué aux assiégés, ils auraient pu espérer résister encore pendant trois ou quatre mois et peut-être davantage, mais il n'y a plus rien.
Le Conseil de défense consulté est d'avis qu'il convient d'obtenir s'il est possible de l'ennemi une suspension d'armes jusqu'au 1er janvier 1814, époque à laquelle tous les moyens de subsistance doivent être totalement consommés.
Une capitulation conditionnelle est conclue le 29 novembre, par laquelle la garnison doit livrer la place le 1er janvier 1814, dans le cas où elle ne serait point secourue avant cette époque. Elle devra alors rentrer en France.
- Capitulation de Dantzick, 1er janvier 1814.
Comme celle de Dresde, cette capitulation n'est pas exécutée par les Alliés; les 5 ou 6,000 Français encore valides qui constituent toute la garnison sont conduits en Russie où ils sont traités avec beaucoup d'égards et d'humanité.
Nous ne terminerons pas le récit de ce siège, un des plus beaux dont l'histoire conseve le souvenir, sans rappeler les termes dans lesquels le Général Rapp parle de la Division Heudelet dans son rapport : "La 30e division s'est constamment conduite avec une bravoure et un dévouement dignes des plus grands éloges. Vers la fin du siège surtout, cette brave division a été le principal pivot sur lequel s'appuyaient mes opérations et mes espérances; elle a soutenu pendant deux mois, presque à elle seule, les principaux efforts de l'ennemi ...".
- Historique du 5e Bataillon, 1813-1814
- Détachement du 5e Bataillon au blocus de Besançon
Un détachement de 500 hommes du 24e a été arrété, avons nous dit, dans sa marche de Lyon vers Mayence et a pris rang dans les troupes chargées de la défense de Besançon, sous le commandement du Général Marulaz.
Cette place est, en effet, menacée par le Corps autrichien du Prince de Lichtenstein.
- Sortie du 30 décembre 1813 - Le Général Marulaz sort de Besançon le 30 décembre avec une pièce de 4, 350 hommes des 37e et 24e Régiments de Ligne et 180 chevaux provenant de 6 Régiments différents. Le but de la sortie est d'activer le ravitaillement de la place. On peut faire rentrer 160 voitures, chargées de vivres autour de Roulans.
Le lendemain, le Général se porte sur Baume-les-Dames, où il rencontre 300 hommes d'infanterie ennemie et 80 chevaux. Il fait charger les Autrichiens, entre dans la ville aux acclamations des habitants, et y fait prisonniers le commandant, 3 Officiers et 103 hommes.
Cependant, les forces des Alliés augmentant de jour en jour, le détachement rentre dans la place, qui est dès lors assez étroitement bloquée. Le manque de grosse artillerie chez les assiégeants en empêche seul le siège régulier.
- Sorties du 13 Janvier et du 8 mars 1814 - Quoique numériquement très faible, la garnison exécute quelques sorties qui ne peuvent avoir, d'ailleurs, pour objet que le ravitaillement de la place. Celle du 13 janvier se porta au-devant d'un convoi de 21 chariots chargés de vivres et de munitions ; elle échoue, et le convoi tombe au pouvoir de l'ennemi.
Le 28 février 1814, le détachement du 24e comprend 4 Officiers et 207 hommes.
L'attaque du 3 mars est plus heureuse au début ; les avant-postes autrichiens sont refoulés; mais, lorsque nous voulons nous emparer de la position de Trois-Châtels, nos efforts viennent se briser contre des forees supérieures et avantageusement postées; nous devons rentrer dans la citadelle.
Le 15 mars 1814, le détachement du 24 comprend 4 Officiers et 204 hommes.
- Sortie générale du 31 mars 1814 - Le détachement du 24e prend encore part, avec le 37e, sous le commandement du Chef de Bataillon Tripier, à la grande sortie exécutée le 31 mars contre la Chapelle-des-Buis; 2,000 hommes débouchent de Besançon et refoulent les Autrichiens, mais ayant été menacés d'être tournés, ils se replient non sans avoir fait essuyer de grandes pertes à l'ennemi et lui avoir enlevé 3 pièces de canon.
- Armistice du 20 avril - Dans les premiers jours d'avril, certaines rumeurs, encore vagues, font connaitre à la garnison l'issue malheureuse de la campagne de France ; ces bruits reçoivent une confirmation officielle le 9 avril et déterminent la conclusion d'un armistice qui est définitivement signé le 20 avril, et au termes duquel la place reste à la France.
- Détachement du 5e Bataillon au blocus de Salins.
Nous ne pouvons que signaler, à défaut de documents, le blocus de Salins par le Lieutenant-colonel Nowack et le Régiment dea confins militaires de Gradiskana-Greuzer; il ne s'y passe rien qui soit digne d'être noté. La garnison du fort Saint-André est composée de 1 Officier et 97 Vétérans du 11e Bataillon et d'une Compagnie du 5e Bataillon du 24e, forte de 4 Officiers et 222 hommes.
- Le Reste du 5e Bataillon - fin des hostilités.
Le 1er janvier 1814, le 5e Bataillon compte 22 Officiers et 197 hommes, commandés par le Major Justeau.
Le 16 janvier 1814, le Bataillon compte 15 Officiers et 516 hommes.
Le 15 février 1814, le 5e Bataillon compte 19 Officiers et 633 hommes, commandés par le Major Iwaldi.
Le 1er mars 1814, le 5e Bataillon compte 12 Officiers et 652 hommes.
Le 16 mars, le 5e Bataillon compte 14 Officiers et 735 hommes.
Nous rappellerons ici, pour terminer, que le 5e Bataillon a suivi le sort des 2e et 6e Bataillons pendant la dernière partie de la campagne de 1814 sur le Rhône.
Il se trouvait au mois de mai à Limoges; ayant quitté cette ville le 14 juin, il arrive le 23 à Lyon, point de rassemblement du Régiment.
Le 14 juin 1814, le 5e Bataillon compte 16 Officiers et 202 hommes.
Pendant son séjour à Lyon, le 5e Bataillon reste sous le commandement du Général Poncet.
/ Historique du 24e de Ligne pendant les derniers mois de 1814 et l'année 1815 (Restauration).
Avant de reprendre le récit des événements qui ont marqué les derniers jours du 24e de Ligne, il ne semble pas inutile de résumer la situation du Régiment au mois de juin 1814.
Le 1er Bataillon est arrivé à Lyon le 16 juin.
Les 2e et 6e Bataillons se trouvent dans cette place depuis la veille, et nous venons de voir que le 5e y vient à son tour le 25 juin. Le 3e Bataillon, compris dans la capitulation de Dresde et le 4e dans celle de Dantzick sont en captivité, et leurs éléments ne peuvent rentrer en France que successivement et à une date encore assez lointaine.
Le 24e est renforcé à Lyon par des fractions de divers Corps licenciés ou réorganisés par le Roi Louis XVIII. C'est ainsi qu'il reçoit :
- Le 24 juin, 23 Officiers et 40 hommes du 2e Bataillon de Voltigeurs de la Jeune Garde, partis d'Orléans le 8 juin.
- Le 25 juin, 4 Officiers et 47 hommes du 5e Bataillon du Régiment parti de Besançon le 17 juin.
Le 28 juin, 25 Officiers et 74 Sous-officiers et soldats provenant des 4e et 5e Bataillons du 137e de Ligne, partis des Martigues le 14 juin.
Quand un peu d'ordre est rétabli dans le Régiment, les 1er, 2e, 5e et 6e Bataillons sont remis sur le pied de paix. C'est dans cette situation que nous trouvons le Régiment au moment du retour de Napoléon de l'Ile d'Elbe.
/ Campagne de 1815
L'Empereur, débarqué avec une poignée d'hommes, s'avance rapidement sur Lyon, voyant sa petite armée se renforcer chaque jour par les troupes qu'il rencontre sur sa route. La garnison de Lyon, consistant dans les 24e et 20e de Ligne et le 13e Dragons, ne dissimule aucunement ses sentiments et parait prête à ouvrir les bras à Napoléon dès qu'il apparait.
Le 10 mars 1815, le Maréchal Macdonald, après avoir passé la revue des troupes en présence du Comte d'Artois, leur adresse quelques paroles chaleureuses pour les engager à rester fidèles à la cause royale; mettant tout à coup l'épée à la main, il s'écrie d'une voix forte : Vive le Roi !
Pas une voix ne répond à la sienne. Le succès de l'Empereur est donc certain; aussi, dès qu'il se présente, dans la soirée, aux ponts de la Guillotière, les soldats se précipitent-ils sur les barricades que l'on a élevées à grand'peine à la tête de ces ponts et travaillent-ils à l'envi pour les abattre au plus vite.
"Lyon, le 10 mars.
… Oh ! quelle journée que celle du 10 mars ! Qui pourrait la peindre dignement, pour en déposer l'immortel tableau dans les fastes de la cité ! ... Nous savions, depuis cinq jours, que l'Empereur avait débarqué en Provence, et s'avançait sur Grenoble par Digne et Gap. La nouvelle de son entrée à Grenoble nous parvint dès le 8, dans la soirée ; et nous apprîmes en même temps que la garnison de cette ville avait volé au-devant du Monarque rendu à l'admiration, aux vœux des Français et de l'armée. On vit alors l'allégresse éclater sur tous les visages ; le cri de vive l’Empereur ! ne s'échappait pas encore de toutes les bouches ; mais il était dans tous les cœur, excepté dans le cœur perfide et insensible de quelques traîtres, assez vils pour chercher leur élévation dans l'abaissement de leur patrie.
Cependant M. le comte d'Artois arrive dans nos murs, avec le duc d'Orléans et le comte de Damas. Le 20e régiment tiré de Montbrison, renforce la garnison de Lyon, composée du 24e d'infanterie de ligne et du 13e de dragons. Un appel est fait à une portion de la garde nationale. Les deux ponts sur le Rhône sont barricadés : le prince passe les troupes en revue, et essaie de les enflammer pour la cause royale. Vains efforts ! Dernière et inutile ressource d'un gouvernement débile, qui n'a pu ni ranimer des affections depuis longtemps éteintes, ni faire oublier à l'armée des drapeaux qui, pendant 25 ans, ont parcouru triomphons toutes les capitales de l'Europe, et porté le nom Français au plus haut degré d'illustration.
Le matin, le prince fit encore une tentative sur l'esprit des soldats ; il se montra dans tous les rangs, mais il les trouva glacés ; il vit qu'il fallait alors se décider à partir et à emmener la troupe.
Le maréchal duc de Tarente, arrivé dans la matinée, visita les deux ponts : les préparatifs de résistance semblèrent recommencer : les régiments se rapprochèrent des ponts ; mais chacun savait que les premiers postes de l'Empereur se trouvaient sur la rive gauche du Rhône, dans le faubourg de la Guillotière, où leur présence excitait le plus vif enthousiasme : on savait aussi que tous les soldats attendaient leurs frères d'armes pour se jeter dans leurs bras, et l’Empereur, pour saluer encore en lui le soutien de la patrie. Les Lyonnais redemandaient déjà hautement le génie puissant qui avait relevé les murs de leur cité désolée par les anarchistes ; qui protégeait leur commerce, et faisait fleurir leurs manufactures, et qui n'avait peut-être été malheureux, que parcs qu'il avait voulu faire trop de bien à la France.
A deux heures après midi, le duc de Tarente conduisit sur le pont de la Guillotière deux bataillons d'infanterie. Pendant qu'ils s'approchaient des barricades, les hussards du 4e régiment, qui avaient rejoint les aigles à Grenoble, débouchèrent du faubourg de la Guillotière, et entrèrent parle pont, précédés par une centaine de jeunes gens de ce faubourg, qui criaient comme eux, vive l'Empereur ! Les troupes de l'un et de l'autre côté se joignirent aux barricades.
Ici, le même cri part simultanément de toutes les bouches ; les poutres et les arbres qui barraient le chemin sont jetés au Rhône ; les soldats s'embrassent avec transport, et se mettent en marche pour entrer dans la ville. Plus de vingt mille habitants rangés sur le quai du Rhône et sur le Cours Napoléon, où ils étaient témoins de cette guerre d'une nouvelle espèce, font retentir les airs de leurs acclamations sans cesse répétées : tous les officiers et soldats du 20e et du 24e de ligne, et du 13e de dragons, s'abandonnent enfin aux mouvements de leur cœur. Vive l'Empereur n'est de leur part qu'un seul cri ! Ils courent au-devant des hussards, et tous se rangent ensuite sur la place Bonaparte.
Le duc de Tarente s'était retiré, ainsi que M. le gouverneur comte de Demas M. le comte de Chabrol, préfet, venait également de quitter la ville. Tous les officiers supérieurs sont restés ; et c'est avec la plus vive satisfaction que les soldats ont va au milieu d'eux M. le général de division Bayer.
A cinq heures, la garnison se reporta sur le pont de la Guillotière et au-delà, à la rencontre de l'Empereur ; à six heures et demie, l'armée qui venait de Grenoble commença à faire son entrée à Lyon, au milieu des mêmes acclamations. A sept heures, les Lyonnais eurent le bonheur de revoir et de posséder l'Empereur des Français, et de lui prodiguer de nouvelles marque leur amour et de leur fidélité. Déjà ce grand monarque, toujours infatigable dans son activité, s'occupe de sa bonne ville de Lyon, qu'il va combler de nouveaux bienfaits. Il passera en revue son armée dans la matinée ; et nous savons que plusieurs régiments arriveront ce soir dans nos murs ; pour se joindre à leurs frères d'armes" (Pièces et actes officiels extraits du Moniteur, première partie 1815, p. 28).
Le 12 mars 1815, l'Empereur ordonne : "... II. La division du lieutenant général Brayer sera composée comme il suit :
L'adjudant commandant Mathieu, chef d'état-major ;
Le sieur Nivières, commissaire des guerres ;
Le major Couin, commandant l'artillerie ;
.........., commandant le génie ;
1re brigade, (20e et 24e régiments de ligne), maréchal de camp Saint-Clair.
2e brigade, (36e et 72e régiments de ligne), maréchal de camp Simmer.
III. Notre ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent décret" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6532).
La garnison de Lyon, devenue ainsi l'avant-garde de la petite armée impériale, se dirige sur Paris en bateau depuis Auxerre jusqu'à Montereau et entre le 20 mars dans la capitale.
Fin mars 1815, un "Projet de répartition des militaires l'appelés aux drapeaux en sept dépôts généraux où ils seraient armés, habillés et instruits. Fin mars 1815". Le 24e de Ligne à Lyon fait partie de la 7e Division militaire; il doit être fourni par le Département des Hautes-Alpes, et son Dépôt doit être établi à Dijon (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2972).
Au début du mois d'Avril, le gouvernement décide la formation immédiate de six Corps d'observation et le 24e est placé à la 18e Division du 6e Corps, sous les ordres du Comte de Lobau.
Le 2 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Davout : "Il sera formé une 18e division d'infanterie. Cette division sera commandée par le général Girard et partira de Paris pour se réunir à Belfort. Elle sera composée du 5e de ligne, du 14e de ligne, du 20e de ligne et du 24e de ligne. Nommez deux bons généraux de brigade, de ceux déjà employés à la division du général Girard, ou des généraux Brayer ou Jeanin. Cette division aura une batterie d’artillerie, une compagnie de sapeurs et tout ce qui est nécessaire. Elle restera en observation à Belfort jusqu’à nouvel ordre. On y réunira une brigade de cavalerie légère de la 9e division qui sera formée probablement avec les régiments de cavalerie qui sont à Paris. Il restera alors à Paris le 7e, le 11e et le 72e qui formeront la division Brayer ; il restera aussi les régiments qui viendront d'Orléans, cavalerie et infanterie" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2875; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39182 mais avec 2 erreurs : le 7e à la place du 5e et en date le 1er avril à la place du 2. Le document original donne bien le 5e et la date du 2).
Le 3 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, Ministre de la Guerre, à Paris : "Mon Cousin, le 6e corps sera composé de la manière suivante, savoir : de la 18e division d'infanterie, commandée par le général Girard, qui partira demain de Paris pour Belfort, comme je l'ai déjà mandé, et qui sera composée des 5e, 14e, 20e et 24e régiments ; de la 19e division, qui sera commandée par le général Brayer et composée des 7e, 72e, 11e et 27e régiments (cette division restera à Paris) ; de la 20e division, qui sera composée des 5e léger, 88e, 44e et 40e (cette division devra se réunir à Paris ; vous ne la ferez venir que quand on le pourra sans inconvénient) ; de la 21e division ; le 15e de ligne, le 26e, le 61e et le 8e léger formeront cette 21e division, qui se réunira entre la Loire et la Dordogne ; elle restera là jusqu'à nouvel ordre.
Ce corps sera sous les ordres du comte de Lobau ; il sera ainsi composé de seize régiments ..." ( Correspondance de Napoléon, t. 28, 21765 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39200).
Par suite des mouvements royalistes de Lyon, le Régiment est dirigé en poste sur cette ville et passe sous le commandement du Général Grouchy (4 avril).
Le 3 avril 1815, au soir, l'Empereur expédie, depuis Paris, ses "INSTRUCTIONS POUR LE GÉNÉRAL BARON CORBINEAU.
Corbineau partira sur-le-champ pour Lyon, où il arrivera le plus vite possible, pour annoncer que quatre régiments, les 7e, 14e, 20e et 24e arrivent en poste par les routes du Bourbonnais et de la Bourgogne. Si les événements qui se passent rendaient inutile que ces troupes marchassent si rapidement, le général Grouchy leur enverrait des ordres pour s'arrêter.
A son arrivée à Lyon, Corbineau ira chez le préfet et chez le maire, pour que les gardes nationales de Lyon envoient des détachements au secours des Dauphinois. Il restera à Lyon pour seconder de toutes ses forces le général Grouchy. Il annoncera la prochaine arrivée du général Brayer pour prendre le commandement de la place de Lyon. Son caractère le disposera à rendre des services, soit en portant des ordres aux gardes nationales du Dauphiné, soit en se rendant où il y aurait des troupes dans le voisinage pour les réunir. Il m écrira tous les jours et restera la pour rendre tous les services qu'exigeront les circonstances. Il excitera les généraux, les autorités, les gardes nationales à faire leur devoir et à mettre un terme à cette insurrection de la minorité contre une si grande majorité.
C'est le général Girard qui commande les troupes qui se rendent en poste à Lyon. Si les circonstances étaient urgentes, le général Corbineau pourrait requérir les gardes nationales de Bourgogne et du département de l'Ain de venir dans Lyon repousser les Marseillais" (Correspondance de Napoléon, t. 28, 21768 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39198).
Le 8 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je vous envoie le tableau que j'ai rédigé pour la répartition des militaires rappelés. Vous y verrez que j'appelle dans la 1re division tous les hommes de 31 départements. Il y a aujourd'hui à Paris 8 régiments. Je fais venir 4 dépôts de la 8e et 4 de la seconde et de la 5e.
Il y aura donc 16 dépôts à Paris, auxquels 31 départements fourniront, ce qui fera près de 2 départements par dépôt ; mais la Jeune Garde ayant 12 régiments à compléter, tous ces hommes seront nécessaires. Pour tout le reste, j'envoie les hommes en droite ligne à un dépôt voisin. J'ai même pour principe de faire passer les hommes d'un département, dans un autre de la même division. Vous pourrez placer dans des villes voisines de Paris, les 8 dépôts qui doivent arriver. Il faut que ces régiments, avec leur dépôt, fassent partir les 3e, 4e, et 5e bataillons. On peut donc avoir de quoi compléter ici 2 bataillons par régiment ou 32 bataillons, ce qui fera une réserve.
Je fais venir ici tous les hommes de la Provence. Quelque inconvénient qu'il puisse y avoir, je pense que ce déplacement est nécessaire. Si nous venons à nous apercevoir qu'un département ne puisse pas fournir à 2 ou 3 régiments, comme il est porté au tableau, nous verrons à faire venir à Paris un de ces régiments.
II faut mettre un inspecteur à la tête des 16 dépôts de Paris. Donnez à chacun de ces régiments ce qui est nécessaire pour habiller 1 000 hommes et en outre, faire un marché pour avoir à Paris un magasin de 20 000 habillements complets ...
Annexe
Répartition des militaires rappelées aux drapeaux
Dépôt garnison ...
4e dépôt à Dijon
7e division militaire
Alpes Hautes : 5e de ligne à Grenoble ; 24e de ligne à Lyon ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39235).
Le 10 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis =Paris, à Davout : "... Le corps d'observation des Alpes sera composé du 6e léger, des 39e et 49e, des 16e et 87e de ligne, du 14e léger, des 9e et 34e de ligne, des 7e, 20e, 24e et 14e, ce qui formera douze régiments.
Vous ne laisserez point dans la Provence, dont l'esprit a été si mauvais, le 87e, le 39e, le 49e et le 6e léger ; vous les réunirez à Chambéry.
Il faudra réitérer l'ordre que le 14e, le 9e et le 34e qui sont en Corse, se rendent promptement à Toulon. Ecrivez à cet égard au ministre de la marine ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1463 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39259).
Le 11 avril 1815, le Ministre de la Guerre écrit, depuis Paris, à Grouchy : "Monsieur le comte, l'Empereur vous donne le commandement en chef du 7e corps ou corps d'observation des Alpes.
Ce corps doit être composé des deux premiers bataillons des régiments ci-après désignés, complétés chacun, autant que possible, à cinq cents hommes armés, habillés, équipés et en état, savoir : des 6e léger, 39e et 49e régiments qui doivent être actuellement sous vos ordres ; des 16e et 87e qui doivent être à Toulon et Antibes ; des 14e léger, 9e et 34e de ligne, venant de l'île de Corse à Toulon, et des 7e, 14e, 20e et 24e de ligne, venant en poste avec le général Girard de Paris à Lyon.
Cela fait douze régiments ou vingt-quatre bataillons, que vous organiserez en quatre divisions et huit brigades. Ces quatre divisions d'infanterie prendront les numéros 22, 23, 24 et 25.
La 22e division d'infanterie est la division actuelle du général Girard, venue en poste de Paris à Lyon.
Je joins ici les ordres que je donne aux généraux commandant les 7e, 8e et 9e divisions militaires pour qu'ils tiennent à votre disposition et fassent diriger suivant les indications que vous leur donnerez, les deux premiers bataillons et les trois premiers escadrons des douze régiments d'infanterie et des trois régiments de cavalerie désignés ci-dessus.
L'intention de l'Empereur est que vous réunissiez vos divisions sur les points les plus convenables, tels que Grenoble, Chambéry et dans la Provence, tant pour la sûreté de la frontière des Alpes que pour le maintien de la tranquillité dans les 7e et 8e divisions militaires. Sa Majesté vous recommande de ne point laisser dans la Provence, dont l'esprit a été si mauvais, le 87e, le 39e, le 49e régiment de ligne et le 6e léger, mais de les réunir à Chambéry.
Concertez-vous sur-le-champ avec les généraux commandant les 7e, 8e et 9e divisions militaires, pour qu'ils fassent procéder sans délai à la formation des bataillons et escadrons mis en activité, et entendez-vous avec eux sur la direction qu'ils doivent leur donner. Faites-moi connaître le plus tôt possible, afin que je puisse en rendre compte à l'Empereur, les premières dispositions que vous aurez faites pour l'organisation de votre corps, la force et la marche des troupes, les points que vous aurez désignés pour l'emplacement de vos divisions.
Je réitère mes ordres pour accélérer l'arrivée à Toulon des trois régiments venant de l'île de Corse. Je pense qu'ils ne peuvent tarder d'y être rendus, et leur arrivée rendra parfaitement disponibles les régiments tirés de Toulon, Marseille et Antibes.
Ayez soin, pour les mouvements de troupes, que les commissaires de guerre donnent les avis de passage et prennent toutes les mesures nécessaires pour assurer leur subsistance en route.
Vous êtes instruit ainsi, Monsieur le comte, de l'ensemble des mouvements militaires que l'Empereur ordonne pour le Midi ; ne perdez pas un instant pour procéder à leur exécution ; combinez-le avec les généraux divisionnaires de manière à l'accélérer autant que possible, sans cependant rien compromettre, et adressez-moi journellement des rapports très-détaillés sur vos dispositions.
Je vous écris particulièrement, pour vous faire connaître les généraux désignés pour commander vos divisions et brigades, les officiers d'état-major et d'administration qui seront attachés à votre corps, et les mesures prises pour donner à chaque division une batterie d'artillerie, des sapeurs et des officiers d'artillerie et du génie.
J'ai fait connaître au ministre de l'intérieur la nécessité de mettre de bons bataillons de gardes nationales dans les places, pour rendre disponibles les bataillons de troupes de ligne mis en activité. Vous aurez à vous concerter avec les préfets, pour en accélérer la formation, car il est bien important que les divisions actives du 7e corps d'observation soient organisées, réunies et en état d'agir le plus promptement possible.
Un deuxième corps d'observation va se former sur la frontière des Pyrénées, sous les ordres du général Clausel ; s'il y avait encore dans les 7e et 8e divisions militaires quelques corps ou détachements appartenant aux 9e, 10e et 11e divisions militaires, tels que les 13e, 63e et 69e régiments de ligne, les 5e, 14e et 15e régiments de chasseurs, faites-les rentrer à Nîmes, afin que la formation du 8e corps d'observation, dont ils doivent faire partie, n'éprouve aucun retard" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 375).
7e Corps, Général Grouchy. - 22e Division, Général Girard.
1re Brigade, Général Mesclop : 7e de Ligne (3 Bataillon); 24e de Ligne (2 Bataillons).
2e Brigade, Général Bouvard : 14e de Ligne (2 Bataillons): 20e de Ligne (3 Bataillons).
23e Division, Général Dessaix.
Les désertions et le renvoi dans leurs foyers d'une grande quantité de soldats par le gouvernement royal ont tellement affaibli les Corps que les Bataillons sont à peu près vides; on prescrit de verser tous les soldats dans les deux premiers Bataillons; le 6e est supprimé, et les 3e, 4e et 5e restent à l'état de cadres; ces derniers Bataillons doivent être reconstitués au fur et à mesure de l'arrivée des contingents appelés ou rappelés à l'activité.
Le 14 avril 1815, Corbineau écrit au Général Grouchy : "Mon général, le prince part demain pour se rendre à Celle, d'après les ordres de l'Empereur. J'ai signé un article additionnel à la capitulation, relatif à la reddition des diamants et objets précieux qui appartiennent à la couronne. Ainsi la ville de Marseille n'a plus aucun motif, aucune raison, pour vouloir se défendre.
M. de Damas me promet d'écrire une lettre à M. de Rivière.
Le général Radet escorte le prince. Je donne l'ordre à toutes les troupes qui sont ici, de se rendre à Avignon, excepté à cinquante hommes du 24e qui resteront ici pour garder la citadelle.
Le général Radet doit envoyer à Avignon l'escorte du prince par Villeneuve.
Je pars à minuit pour Paris. Je n'oublierai pas vos commissions, je vous assure ; je désire bien vivement que vous ne soyez pas obligé de faire feu, sur ces malheureux Marseillais" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 363).
Le 16 avril 1815, le Ministre de la Guerre écrit, depuis Paris, à Grouchy : "Monsieur le comte, je vous ai prévenu, le 11 de ce mois, que l'intention de l'Empereur était que vous réunissiez les divisions du 7e corps d'observation que vous commandez, sur les points que vous jugeriez les plus convenables, pour la sûreté de la frontière des Alpes et pour le maintien de la tranquillité dans les 7e et 8e divisions militaires.
L'Empereur ordonne : 1° que la 22e division d'infanterie, commandée par le général Girard, qui est composée des 7e, 14e, 20e et 24e régiments de ligne, se dirige sur Grenoble. Donnez-lui-en l'ordre ; j'écris de mon côté à M. le duc d'Albuféra, de la faire partir sur-le-champ pour Grenoble, si elle se trouve encore à Lyon ...
Je vous prie, général, de donner sur-le-champ les ordres nécessaires pour l'exécution des dispositions prescrites par Sa Majesté, et de m'en informer en me faisant bien connaître la situation et la marche des troupes.
L'intention de Sa Majesté est aussi que vous portiez, aussitôt qu'il vous sera possible, votre quartier général à Chambéry.
Je donne des ordres pour qu'on prépare à Grenoble toute l'artillerie de votre corps d'armée ; faites-vous rendre compte de l'état, de l'organisation de vos batteries, et activez, autant que possible, l'exécution des mesures que j'ai prescrites à cet égard.
Le général Brayer reçoit l'ordre de prendre le commandement des gardes nationales de Lyon et de la 19e division, et je donne l'ordre à M. le maréchal Brune de se rendre sur-le-champ à Marseille, l'Empereur lui ayant confié le gouvernement de la Provence" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 393).
Le 17 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, Ministre de la Guerre, à Paris : "Mon Cousin, donnez ordre que les 24e et 20e régiments se rendent à Chambéry avec le général Girard, c'est-à-dire le 7e et le 14e ; qu'on prenne des mesures pour cantonner ces troupes au 1er mai ; qu'on leur fournisse douze pièces d'artillerie de Grenoble et une compagnie de sapeurs ; que le général Girard se tienne ainsi en avant de Chambéry ; que le 4e de hussards, le 13e de dragons et le 10e de chasseurs rejoignent cette armée sous les ordres d'un général de division de cavalerie et de deux généraux de brigade; que le général Dessaix réunisse sa division à Grenoble, de manière qu'au 1er mai elle puisse venir camper ou se cantonner en avant de Chambéry ; on donnera deux autres batteries d'artillerie au général Dessaix; que le général Grouchy porte son quartier général à Chambéry ; il aura là sous ses ordres huit régiments d'infanterie et trois de cavalerie ; que les huit régiments qui composeront ces deux divisions soient portés chacun à quatre bataillons, ce qui fera trente-deux bataillons, ou seize bataillons par division; qu'on complète d'abord les bataillons à 600 hommes et ensuite à 840 ; qu'une compagnie d'artillerie légère du régiment qui est à Valence soit attachée à ce corps d'armée. Le corps du général Grouchy ou le 7e d'observation sera donc ainsi composé de deux divisions d'infanterie, formant trente-deux bataillons ou 26,000 hommes, de trois régiments de cavalerie, qui seront portés chacun à 600 chevaux, ce qui fera 1,800 chevaux, de trente, pièces de canon et de deux compagnies de sapeurs, avec leurs outils …" (Correspondance de Napoléon, t. 28, 21819 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39351).
Une nouvelle organisation apporte peu de changements à la situation du 24e; le Général Grouchy, nommé Maréchal, est remplacé le 17 avril par le Maréchal Suchet, Duc d'Albuféra, et le Général Pacthod prend le commandement de la Division.
22e Division, Général Pacthod.
1ère Brigade, Général Mesclop : 7e de Ligne, 14e de Ligne.
2e Brigade, Général Bouvard : 20e de Ligne; 24e de Ligne.
24e de Ligne : Colonel Genevey : 13 Officiers, 973 hommes. 1er Bataillon : Commadant Flamand; 2e Bataillon, Commandant Madier.
Le 18 avril 1815, le Maréchal Suchet écrit, depuis Lyon, à Grouchy : "Mon cher général, je m'empresse de vous faire passer les dépêches que je reçois à l'instant par estafette extraordinaire du ministre de la guerre. Pour hâter l'exécution des ordres qu'elle renferme, je donne l'ordre au général Girard de se rendre à Grenoble, où il réunira d'abord le 14e et le 24e. Le 7e, qui est à Chambéry, peut le rejoindre aussitôt. Le 20e partira le 22 de Lyon, pour être rendu le 24 à Grenoble. Ainsi, le 24 toute la 22e division sera réunie sur ce point.
Je donne l'ordre au général Dessaix de se rendre sur-le-champ à Chambéry pour y prendre le commandement de la 22e division d'infanterie ..." (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 373).
A cette époque, le Régiment compte alors 54 Officiers et 942 hommes. Puis il se rend à Briançon, qu'il doit protéger de concert avec la Garde nationale, en attendant la constitution d'une garnison; aussitôt après, il occupe Chapareillan et Goncelin, pour observer le débouché d'Allevard.
Le 24 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Davout : "Donnez ordre que le dépôt du 4e de ligne quitte Nancy et se rende à Metz, que celui du 24e de ligne quitte Lyon et se rende à Mâcon" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2906 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39401).
Le 1er mai, le 24e rejoint à Mâcon le Dépôt et les cadres des autres Bataillons qui y sont depuis quelques jours. Le Dépôt et les cadres des 3e et 4e Bataillons comprennent 78 Officiers et 226 hommes.
Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
22e division : donnez ordre que le 7e de ligne qui est à Chambéry et se recrute dans l’Isère, complète d’abord ses 4 bataillons à 2400 hommes. Donnez ordre que le 14e de ligne fasse partir son 3e bataillon fort de 500 hommes pour rejoindre les bataillons de guerre ; que le 20e complète son 3e bataillon ainsi que le 24e afin que cette division soit promptement portée à 13 bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39651).
Vers la fin du mois de mai, les Régiments reçoivent les Aigles qui ont été solennellement distribuées le 26 mai aux délégations de tous les Corps; ils sont mis sur le pied de guerre, et les 1er et 2e Bataillons du 24e, portés à 600 hommes chacun, vont prendre position à Aix et Chavannes, près Chambéry. Quant aux cadres des 3e et 4e Bataillons, ils sont envoyés à Gap pour "s'y recruter de toute manière". Ces cadres comprennent 2 Chefs de Bataillon, 2 Adjudants-majors, 1 Officier de santé, 11 Capitaines, 9 Lieutenants, 9 Sous-lieutenants et 156 Sous-officiers, Caporaux et Tambours.
A Paris, le 29 mai 1815, "... Le sieur Henry, colonel du 24e régiment de ligne, est nommé maréchal de camp ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6828).
Le 6 juin 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmhühl, Ministre de la Guerre, à Paris : "Mon Cousin, j'approuve que le maréchal de camp Henry, ancien colonel du 24e de ligne, se rende en toute diligence à Lille, pour commander la garde nationale de cette place. Mais je voudrais pour lieutenant général un homme actif, entreprenant et connu pour la sûreté de ses principes, cette ville étant le but de toutes les intrigues de l'ennemi" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1645; Correspondance de Napoléon, t. 28, 22020 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39963).
Cependant les armées de la coalition s'avancent vers nos rrontières; le contact est pris dans les premiers jours de juin et quelques combats partiels sont livrés avec un avantage marqué pour nos armes.
- Combat de Montmé1ian, 15 juin 1815.
Le 24e se trouve au combat de Montmélian; cette position, attaquée de front par la Brigade Bouvard et tournée par le Général Mesclop, tombe en notre pouvoir ainsi que la garnison qui la défend.
La colonne française se présente ensuite devant Aiguebelle pendant que 300 Voltigeurs descendent de la vallée de Maurienne par le col de Cucheron; le Régiment de Savoie, qui nous attend sous les armes, reçoit les assaillants par une fusillade terrible; mais, chargé à la baïonnette par les Grenadiers du 24e et pris en flanc par les Chasseurs, ce Régiment est fait prisonnier.
Sur tous les points, les Austro-Piémontais sont refoulés avec des pertes très sérieuses et vigoureusement poursuivis par nos fantassins.
Le Général Pacthod, malade depuis quelques jours, est remplacé le 17 Juin, à la tête de la Division, par le Général Curial. Le commandement par intérim fut exercé par le Général de Brigade Mesclop.
Le rapport du Maréchal fait l'éloge de la Division dans les termes les plus flatteurs : "M. le maréchal de camp Mesclop, commandant la division, le colonel Bugeaud ont exécuté les mouvements prescrits avec vigueur et intrépidité; le 10e chasseurs ainsi que les 7e, 14e et 24e de ligne ont reparu dans le début de la guerre tels qu'ils ont toujours été aur les champs de bataille".
Sont cités tout particulièrement, le Colonel Genevey, le Capitaine Henri, les Lieutenants Cartie et Durieuz, et les Grenadiers Davaud, Husson, Allegard, Molain, Maturon, Collignon et Bugeot.
Par ordre du 20 Juin 1815, le 24e passe à la 1re Brigade de la 22e Division (Général Mesclop), et est accolé au 7e de Ligne. Le Général Bouvard a sous ses ordres le 14e et le 20e de Ligne.
Par suite de quelques mouvements de l'ennemi sur Sisteron, les cadres des 3e et 4e Bataillons et 2 Compagnies complètes sont envoyés dans cette place le 27 juin. Le même jour, le Régiment livre un nouveau combat aux Austro-Piémontais; ceux-ci, ayant attaqué sur toute la ligne à Conflans et Aiguebelle, sont repousés avec une perte du près de 300 hommes.
- Combat à Aiguebelle, 27 et 28 juin 1815.
Le Duc d'Albuféra, qui a appris le désastre de Waterloo et les événements de Paris, propose vainement une suspension d'armes au Général Frimont, et le combat reprend plus acharné le lendemain. L'ennemi est repoussé une seconde fois, perdant 1500 hommes tués ou blessés et 500 prisonniers.
- 28 juin 1815.
Cette fois, l'armistice est accepté, car la leçon a été rude, et l'on s'engage de part et d'autre à prendre pour ligne de séparation des armées la frontière de 1814.
La guerre est définitivement terminée et les troupes ne tardent pas à être disloquées.
Le 24e se retire successivement à Yenne, Belley et Châteauneuf (15 juillet). Il compte alors 2 Bataillons, forts de 1020 hommes. Le 24 août, à Cournon et Martes-de-Vayre, il est dispersé sur les bords de la Loire.
C'est là que vient le surprendre le licenciement général des troupes de toutes armes; Louis XVIII, remonté sur le trône, ne pardonne pas à l'armée sa défection lors du retour de Napoléon.
Dès le 23 mars, le Roi avait licencié l'Armée, mais cette Ordonnance ne reçoit son exécution qu'au mois d'août seulement.
En vertu d'une nouvelle Ordonnance du 3 août, tous los Officiers, les Sous-officiers et les soldats doivent rentrer dans leurs foyers, par détachements, emportant leurs effets, leur armement et leur équipement.
Les Dépôts, conservés seuls, se rendent dans les chefs-lieux pour le règlement de la comptabilité; celui du 24e est envoyé à Bourges et disparait à son tour quelques mois après le licenciement.