Le 8e Régiment d'Infanterie de Ligne

1789-1815

Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et soldats du 8e Régiment d'infanterie de ligne

Avertissement et remerciements :

- Inspection de la 8e Demi-brigade de Ligne par le Général Schauenburg, le 4 Germinal an 8

"Revue d’inspection passée le 4 Germinal an 8
8e Demi-brigade de l’Infanterie.
Etat-major.
Sarrut, Chef de Brigade, du 19 Prairial an 2. Officier distingué par tous les Généraux sous lesquels il a servi. Il réunit toutes les qualités nécessaires pour conduire et administrer parfaitement un corps.
Niceville, Chef de Bataillon, du 21 janvier 1793. Officier surnuméraire, lequel vient d’être placé par le Général en chef en qualité de titulaire d’après les témoignages avantageux qui ont été rendus sur sa conduite pendant la dernière campagne.
Marcourt, Chef de Bataillon, du 15 octobre 1792. Commande le 3e Bataillon, connaissant les devoirs de sa place, pourrait avoir plus de connaissances des manœuvres et d’administration.
Marthiot, Chef de Bataillon, du 29 Floréal an 2. Cet Officier est supérieurement noté ; mais au Dépôt depuis trois ans, ne pouvant plus reprendre du service.
Le 2e Bataillon était commandé par le Capitaine Lambert. Ce Bataillon est provisoirement sous les ordres du Chef de Bataillon Aubert sortant du Bataillon auxiliaire de l’Eure ; le Chef de Brigade Sarrut demande avec instance la place de Chef de Bataillon qu’occupe le citoyen Pierre Mathiot, Chef de Bataillon absent, au Dépôt depuis 3 ans, pour le citoyen Frappard, Capitaine. Cet Officier réunit des qualités requises pour commander utilement un Bataillon.
Leseur, Adjudant-major, du 10 octobre 1793. Bonne conduite, rempli d’intelligence et de bonnes dispositions, déjà bon Officier, et avec de l’application ; deviendra un des meilleurs de l’armée, remplirait bien un emploi de Chef de Bataillon.
Dauny, Adjudant-major, du 11 Nivôse an 6. Bonne conduite, a plus de zèle que de capacités.
Lageon, Adjudant-major, du 11 Nivôse an 6. Excellente conduite, remplit avec zèle et intelligence les devoirs de sa place.
Bonajoux, Adjudant sous-officier, du - . Très actif.
- , Adjudant sous-officier, du . très actif.
- , Adjudant sous-officier, du . très actif.
Lecoq, Quartier-maitre trésorier du . Bonne conduite, remplit avec distinction les devoirs de sa place.
Dubard, Quartier-maitre du . Bonne conduite, remplit bien les obligations de Quartier-maitre en second, avec de l’application, a tous les moyens de parvenir Quartier-maitre trésorier.
Officiers ne pouvant faire campagne, remplacés par les surnuméraires.
Officiers infirmes.      Remplaçants.
Officiers supérieures à la suite du Corps.
Mathiot, Chef de Bataillon, au Dépôt.
Folzer, idem, commandant à l’Isle Saint-Pierre, près Mayence.
Administration.
La 8e Demi-brigade était lors de ma revue de 2780 hommes présents sous les armes, et non compris 96 Officiers. Les Bataillons auxiliaires, 1er de l’Eure fort d’environ 445 hommes, et le 1er de l’Aisne, fort de 300.
L’effectif de ce corps est de 4016.
Les absent de 1236.
2780.
Ce corps a encore 16 Officiers prisonniers de guerre et 550 hommes tant Sous-officiers que soldats.
Le Dépôt de cette Demi-brigade vient d’être envoyé à Mayence ; il est composé d’environ 600 hommes dont 200 blessés, 300 à réformer et les autres 100 à se refaire.
Tous les ordres nécessaires pour la consommation des hommes susceptibles de récompense et de réforme sont donnés et le travail de ce Dépôt est en activité.
L’administration de ce corps est très bien montée par les connaissance qu’a dans cette partie le Chef de Brigade Sarrut et son premier Quartier-maitre Lecoq. Je demande qu’il lui soit accordé une somme de cinq cent livres en gratification, afin qu’il puisse faire imprimer de nouveaux livrets de comptabilité pour chaque Compagnie, conformes à ceux introduits depuis longtemps dans ce corps.
Le Ministre de la Guerre Petiet a approuvé d’après le compte que lui en a rendu le Général Dupont Chaumont et il serait à désirer que ce genre de livres de Compagnie soit introduit à toute l’infanterie et surtout exactement remplis par les soins des commandants des Compagnies.
Il manque à ce corps 1600 gibernes, et celles qui existent encore sont en partie en banderoles noires, et de la plus mauvaise qualité. Dans ce manque de gibernes sont compris les 550 prisonniers de guerre. Ce corps a encore quelques ressources à son Dépôt, qui ne peuvent cependant être comptées que pour les 600 paires de guêtres d’étoffe, autant de chapeaux, le reste étant à peine suffisant pour les hommes qui le composent.
Ce corps n’a plus de drapeaux, je lui en ai remis trois qui me restaient encore de ceux que j’ai fait faire par ordre du Ministre, pour l’Armée du Rhin, pendant l’an 5 ; ce corps n’aura pas d’autres dépense pour ces drapeaux que le n°8 à y faire mettre.
Résumé.
Le 1er Bataillon est très mal vêtu, il est en partie composé de conscrits ; le Chef de Brigade attend le retour des prisonniers de guerre, attendu qu’il doit rester 400 hommes d’anciens soldats à ce Bataillon, lesquels seront versés de manière à les utiliser.
Le 2e Bataillon l’est un peu mieux, et le 3e passablement, n’ayant pas souffert la dernière campagne.
Il n’y avait que cent cinquante hommes du Bataillon de l’Eure d’habillés. Le Chef de Brigade a envoyé un Officier pour chercher les étoffes de ce Bataillon.
L’arriéré de solde de la 8e est de trois mois ; les deux premières Compagnies de Grenadiers sont en partie composées de nouveaux Grenadiers ; la 3e est belle, et encore composée de bons et beaux Grenadiers.
En général, le 3e Bataillon est le plus en état de la guerre ; il serait bien avantageux aux deux premiers, que leurs prisonniers de guerre rentrassent avant l’ouverture de la campagne.
Les Officiers sont en général assez bien tenus, leur extérieur annonce de la décence et de l’ordre.
L’on remarque un esprit d’ordre et de subordination dans ce corps, que l’on doit attribuer à la solidité du Chef de Brigade Sarrut
" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : Registre particulier des revues. An VIII ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.492 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

- Inspection du Dépôt du 8e Régiment à Venloo par le Général Schauenburg, 2 décembre 1807

"Dépôt du 8e Régiment d’Infanterie de Ligne. Revue passée à Venloo le 2 décembre 1807.
Espèce d’hommes. Passable.
Habillement. Très bon.
Equipement. Idem.
Armement. Idem.
Tenue. Bonne.
Discipline. Très bonne.
Maniement d’armes. Médiocre.
Manœuvres. Idem.
Retenue. Aux Officiers d’une journée et demie de solde par mois pour la musique.
Ordinaire. Très bon.
Pain. Bon.
Casernes et fournitures. Les casernes bonnes, les fournitures passables.
Conscrits. - .
Finances. Les registres sont tenus avec ordre et conformément aux règlements.
Résumé.
M. le Major Juliet est un Officier à distinguer par son exactitude, son intelligence et sa volonté à remplir ses devoirs. C’est celui de tous les chefs, d’inspection dont je suis chargé qui m’a présenté le travail le plus en règle et Son Excellence le Ministre peut sans exception compter sur l’exactitude des notes de ce Major, sur ses Officiers.
Son Excellence sera à même de voir par les ordres que j’ai laissé à ce corps le peu de cas qu’on fait de ceux laissés par les Inspecteurs, attendu que les chefs ayant presque la certitude de leur changement chaque année, ils se dispensent impunément de les suivre. J’ai refusé à ce corps 6 hommes.
Ordre.
Le Général de division Schauenburg Inspecteur général d’Infanterie n’a pas arrêté la comptabilité de l’an 13 du 8e Régiment d’Infanterie de Ligne, ne l’ayant pas trouvée arrêtée par l’Inspecteur aux revues.
Les registres sont tenus avec ordre et régularité et conformément aux règlements.
L’Inspecteur général recommande au commandant du Dépôt et aux membres du conseil d’administration de tenir la main sur toutes les parties de l’administration et de mettre la plus grande économie dans l’emploi des fonds.
L’Inspecteur général témoigne aussi sa surprise de ce que M. le Colonel s’est permis, malgré les ordres qu’il avait laissé lors de sa dernière revue, de continuer sur les Officiers une journée et demie de solde pour la musique. C’est avec peine qu’il se voit obliger d’ordonner de nouveau qu’à compter du 1er décembre prochain, il ne sera fait aux Officiers sous aucun prétexte que ce soit, que la retenue seulement d’une journée de solde par mois pour la musique.
Le Général témoigne au commandant du Dépôt et au Quartier-maitre sa satisfaction de l’ordre où il a trouvé le travail pour sa revue
" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

"Ordre donné à tous les corps sur la manière d’exercer les conscrits et pour l’administration.
Nota. Le présent ordre a été adressé à S. E. le Ministre de la guerre, le 20 novembre dernier ; lequel précèdera les autres donnés.
Les commandants des dépôts prescriront aux officiers et sous-officiers de s’appliquer à connaitre autant que les circonstances le permettront les facultés de l’homme qu’ils ont à instruire afin de les traiter en conséquence, ils leur recommanderont la patience, les brusqueries étant contraires aux succès de l’instruction.
Le premier objet auquel ils devront avoir attention, c’est d’inspirer aux recrues le goût de la propreté, pour y parvenir, il faut qu’il lui indique tous les moyens qui sont en usage dans la troupe pour entretenir et nettoyer avec ménagement toutes les parties de l’habillement et équipement, après la propreté du corps, si essentielle à la santé du soldat, vient l’entretien de ses armes dont il doit avoir le plus grand soin, à cet effet, il faut faire connaitre aux recrues toutes les parties de son armement et lui enseigner la manière de nettoyer et remonter son fusil.
Lorsque l’on sera à l’exercice l’instructeur entretiendra la recrue pendant l’intervalle de chaque repos, de ses devoirs envers les officiers et sous-officiers, et lui fera connaitre les nomes des généraux sous les ordres desquels se trouvera le corps, le nom des officiers de sa compagnie, et de ceux supérieurs en exigeant de lui qu’il les retiennent.
Le commandant de chaque dépôt fera pratiquer le règlement concernant le service intérieur, la police et la discipline de l’infanterie du 24 juin 1792 sur tout ce qui n’est pas contraire aux lois actuelles, aux localités et aux circonstances.
Ils assembleront au moins chaque semaine les officiers et sous-officiers pour les examiner sur les bases de la discipline, de la police, du service intérieur et sur celui de la place duquel il devra être donné connaissance aux conscrits à la fin de chaque exercice en classant les devoirs de chaque grade.
Ils feront aussi suivre par gradation le règlement concernant la manœuvre et l’exercice de l’infanterie du 1er août 1791, sans se permettre sous aucun prétexte quelconque la moindre innovation dans ses principes.
En surveillant la stricte exécution de l’ordre ci-dessus, ils exigeront que les officiers et sous-officiers , par leur conduite et leur application à remplir leur devoir, servent de modèle aux jeunes soldats pour l’éducation militaire de laquelle ils sont chargés.
Tous les officiers et sous-officiers devront se trouver aux exercices journaliers et y être employés en raison de leurs connaissances et moyens d’instruction, et ceux qui n’en auront pas suffisamment devront également s’y trouver pour en acquérir ou pouvoir y être utilisés à la volonté du chef.
L’on n’exercera jamais de grand matin, à moins que les circonstances ne l’exigent, afin de donner le temps au soldat de soigner toutes les parties de son vêtement et la propreté de la chambrée ; l’on préfèrera autant que possible les exercices de l’après midi attendu qu’elles empêchent le soldat de s’écarter trop loin de son quartier.
Conformément à l’article 20 du règlement concernant le service intérieur, tous les officiers devront se trouver à la garde journalière que fournira le corps quand même elle ne défilerait qu’au quartier ; les chefs n’en exempteront personne que pour objet de serves, ils exigeront qu’ils se présentent dans la tenue prescrite pour le journalier, et qu’ils ne se permettent aucun autre costume dans la journée, que celui qu’ils doivent avoir eu à la parade.
Administration.
Les membres du conseil d’administration devront se pénétrer du devoir de la plus exacte surveillance sur toutes les parties de l’administration qui leur est confiée, et les commandants des compagnies porteront toute l’attention nécessaire aux fournitures qui seront faites à leurs soldats, feront les représentations au conseil d’administration si elles étaient défectueuses et rendront compte à l’inspecteur général dans le cas où il ne serait pas fait droit à leurs réclamations.
Le premier dimanche de chaque mois, il sera fait lecture de l’arrêté du 19 Vendémiaire an 12 relatif à la désertion.
Il ne sera fait aux soldats et conscrits, et sous quelque prétexte que ce puisse être, aucune autre retenue que celles prescrites par les règlements.
On ne peut sous quelque prétexte que ce soit, et sans se rendre coupable d’un délit, se permettre de recevoir des hommes en remplacement des militaires qui sont sous les drapeaux sans l’autorisation formelle et préalable transmise par le directeur général de la conscription.
Il ne doit être délivré aucune espèce de congé si ce n’est sur des imprimés envoyés par le ministre. Aucun enrôlé volontaire ne doit être admis qu’après avoir contracté un engagement en présence d’un maire.
On ordonnera que cette formalité soit remplie sur le champ par les enrôlés volontaires qui ne s’y seraient pas conformés.
L’intention de l’Empereur est que tout militaire qui reçoit son congé définitif soit pour ancienneté de service, soit pour cause de blessures reçues à l’armée, puisse rentrer dans ses foyers avec une tenue décente et qu’il doit par conséquent être pourvu d’un habit uniforme en bon état et de son sabre, s’il est sous-officier ou grenadier.
Si le corps a plus de huit musiciens (que les règlement accordent), ceux qui dépassent ce nombre devront être admis comme soldats, et s’ils l’avaient été seulement comme gagistes, ils devront de suite contracter un engagement militaire, s’ils s’y refusent et que le corps veuille les conserver, il est expressément défendu de les porter sur les revues de solde et de fournitures et ils seront mis entièrement à la charge des officiers, mais dans tous les cas, le total de la dépense de la musique ne doit pas excéder une journée de solde des officiers par mois.
Le présent ordre sera transmis de suite sur le registre des délibérations et lu aux officiers rassemblés.
Les commandants des dépôts restent responsables de son entière exécution
" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

Le 15 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Donnez ordre que sur les 1500 capotes que j'ai destinées au corps du maréchal Augereau et qui devaient être délivrées aujourd'hui :
... Donnez ordre qu'il soit donné :
126 capotes au détachement du 8e ...
qui seront portées au compte pour le détachement du prince de Pontecorvo.
Donnez ordre qu'il soit délivré des magasins de Varsovie 20 paires de souliers au 7e d'infanterie légère
127 au 8e de ligne ...
Quant aux détachements appartenant au corps du prince de Ponte-Corvo, c'est-à-dire les 126 hommes du 8e de ligne, les 136 hommes du 45e et les 170 hommes du 54e, ils resteront sous les ordres du général Jordy, qui les établira dans une caserne. Le prêt leur sera donné pour qu'ils puissent vivre ici. Tout ce qui arrivera appartenant au corps du prince de Ponte-Corvo sera placé dans cette caserne sous les ordres du général Jordy. Vous me présenterez le 20 l'état de ces détachements pour que je voie l'ordre qu'il convient de leur donner. Donner ordre que, dans la journée de demain, il soit fait à cette caserne les avances nécessaires pour solder dix jours de prêt aux soldats et payer leur ordinaire ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 881 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14057).

- Combat de Mohrüngen

L'avant-garde russe, forte d'environ 15000 hommes, sous les ordres du Général Markof, s'empare de Liebstadt, après avoir fort maltraité trois Compagnies du 8e de Ligne et deux Escadrons du 4e de Hussards, qui s'y défendent vigoureusement. Le Maréchal Bernadotte porte cet événement à la connaissance du Maréchal Ney, par la lettre suivante : "À Holland, ce 25 janvier, à deux heures du matin.
A Monsieur le Maréchal Ney.
Je viens d'apprendre, M. le Maréchal, que le poste de Liebstadt a été enlevé après une forte résistance ; 2 escadrons du 4e d'hussards et quelques compagnies du 8e Régt d'infanterie de ligne ont beaucoup souffert d'après tous les rapports.
L'ennemi, me marque-t-on, débouche par Liebstadt en grande force pour se porter sur Holland et Mohrungen ; je réunis ici de très bonne heure la division Dupont et 2 régiments de cavalerie légère et je me porte ensuite sur Mohrungen. La division Drouet, venant de Saalfeld, doit s'y trouver ce matin.
Je combattrai dans cette position qui me paraît assez mauvaise, mais je n'ai pas le choix de faire autrement si l'ennemi s'y présente aujourd'hui.
Il est bien instant, mon cher Maréchal, que vous fassiez un mouvement sur ma droite, ou que vous vous portiez sur Allenstein.
Voyez ce qui vous paraîtra le plus convenable.
Je vous renouvelle, mon cher Maréchal, l'assurance de mon amitié.
J. Bernadotte
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 479).

L'ennemi, massé, n'a pas trois lieues à faire pour se trouver devant Mohrungen, qui n'est alors défendue que par le 8e de Ligne ; fort heureusement ses mouvements sont très lents et laissent aux Français le temps de barrer la route de Liebstadt à Osterode. Le Maréchal Bernadotte a bien compris l'urgence d'arriver à Mohrungen avant les Russes, et il a donné à ses troupes l'ordre de se mettre en marche longtemps avant le jour.

Craignant que le 8e de Ligne, ainsi isolé, ne soit écrasé à Mohrungen, le Prince de Ponte-Corvo prescrit au Général Drouet, alors à Saalfeld, de se porter rapidement avec sa Division au secours de ce Régiment. Lui-même se mettant à la tête d'un Bataillon du 9e Léger qui était à Holland, et emmenant la Brigade de Dragons du Général Laplanche, se dirige en toute hâte sur Mohrungen et y arrive vers midi, en même temps que le Général Drouet, au moment où l'ennemi se présente pour attaquer cette ville (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 482).

Bernadotte écrit à l’Empereur, le 26 janvier 1807 : "J'y suis arrivé (à Mohrungen), à l'instant où l'ennemi venait attaquer le général Pacthod, qui avait été placé là avec le 8e régiment … Il était midi lorsque l'attaque commença sur Mohrungen ; l'ennemi ne nous montra d'abord qu'une ligne de cavalerie ; il manœuvra de manière à nous faire croire qu'il se bornerait à une reconnaissance ... Il s'attacha particulièrement à nous cacher ses forces. Quand je fus bien assuré des véritables projets de l'ennemi, je le prévins ; je marchai à lui avec ma ligne de bataille ..." (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 149).

Les Russes établissent leur infanterie en bataille sur une position excellente, hérissée d'artillerie, leur gauche appuyée à une forêt et à des lacs, leur droite flanquée par des marais et des lacs gelés ; en avant de leur front, ils occupent fortement le village de Pfarrersfeldchen, couvert par une nombreuse cavalerie; des nuées de Cosaques ont envahi toutes les plaines environnantes.

Le Maréchal Bernadotte fait immédiatement ses dispositions d'attaque. Il a alors sous la main le Bataillon du 9e Léger du Commandant Bouge, le 8e de Ligne de la Division Rivaud, les 27e Léger et 94e de Ligne de la Division Drouet, les Dragons du Général Laplanche, et le 4e de Hussards, fort maltraité la veille à Liebstadt et commandé par le Chef d'Escadron Boudinhon, en l'absence du Colonel Burthe, blessé. Le 95e Régiment, de la Division Drouet, est resté à la hauteur de Eckersdorf, par ordre du Prince.

Le Prince de Ponte-Corvo dispose ses troupes pour aborder la ligne russe. A droite, le 8e de Ligne prend position entre le village de Pfarrersfeldchen et le bois où était resté le 1er Bataillon du 27e Léger; au centre, se plaça le 27e d'infanterie légère, et, à la gauche, le 9e Régiment ; la Brigade de Dragons du Général Laplanche est mise en bataille à la gauche du village. L'ennemi est attaqué avec impétuosité sur tous les points, et la lutte devient acharnée ; le Général Pacthod, qui conduit le 8e de Ligne, est blessé d'un coup de mitraille à la cuisse, mais il n'en continue pas moins à diriger sa troupe au milieu du feu et à l'encourager de son exemple.

Le Prince de Ponte-Corvo rend compte du combat de Mohrungen par le rapport suivant, daté de Mohrungen, le 26 janvier 1807 : "Sire,
J'ai rendu compte, avant-hier, au Major Général, du mouvement que j'exécutais pour me serrer sur ma droite. Les avis que M. le Mal Ney m'avait donnés et les renseignements que j'avais moi-même sur l'ennemi ne me laissaient plus aucun doute que les Russes ne marchassent avec un Corps assez considérable pour attaquer nos quartiers. Je n'ai point perdu de temps pour faire masser, le plus possible, les Divisions, et quoique j'eusse encore, le 24, des troupes à Elbing, Tolkemit, Frauenburg et Braunsberg, j'ai pu hier les réunir toutes à Mohrungen. J'y suis arrivé à l'instant où l'ennemi venait attaquer le général Pacthod, qui était placé là avec le 8e régiment. La veille, le poste que nous avions à Liebstadt avait été forcé après avoir perdu près de 200 hommes tués, blessés ou prisonniers.
Il était midi lorsque l'attaque commença sur Mohrungen ; l'ennemi ne nous montra d'abord qu'une ligne de cavalerie ; il manœuvra de manière à nous faire croire qu'il se bornerait à une reconnaissance ; il voulait profiler de ce temps pour faire filer des troupes sur notre droite ; il s'attacha particulièrement à nous cacher ses forces. Quand je fus bien assuré des véritables projets de l'ennemi, je le prévins ; je marchai à lui après avoir formé ma ligne de bataille ...
L'ennemi tenait au delà une position très avantageuse ; il appuyait sa gauche à une forêt et à des lacs ; il était à cheval sur la route de Mohrungen à Liebstadt, et sa droite paraissait bien couverte par des marais et des lacs gelés. Je fis avancer une ligne d'infanterie, le 8e régiment à la droite, le 27e d'infanterie légère au centre, et le 94e à la gauche ; l'ennemi nous attendit sur les hauteurs qu'il avait hérissées d'une nombreuse artillerie ; on l'aborda sans hésiter, et pendant plus d'une demi-heure on se fusilla sur toute la ligne, à moins de cent pas de distance ...
Le 8e a montré la plus grande valeur ; il a chargé l'ennemi avec une vigueur admirable, s'est mêlé plusieurs fois avec lui et s'est battu longtemps à la baïonnette ; c'est le régiment qui a le plus souffert ...
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 485).

"Il était 8 heures du soir que nous poursuivions encore l'ennemi à 2 lieues de Mohrungen. Pendant ce temps, 3 escadrons de cosaques et 200 hommes d'infanterie, qui étaient égarés, ont pénétré dans la ville et ont pillé les équipages. Dès que j'en ai été instruit, j'ai fait avancer un bataillon du 8e et le 5e chasseurs. Ce bataillon est entré dans la ville sans faire feu et a égorgé tout ce qui s'y trouvait. Les cosaques en fuyant ont rencontré nos chasseurs qui les ont fort maltraités" (Bernadotte à l'Empereur, 26 janvier 1807 - Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 151 et suivantes).

Les troupes victorieuses prennent position sur le champ de bataille : le 27e Léger bivouaque en avant de Georgenthal, à gauche de la route de Liebsladt, et à droite de cette même route, s'établit le 9e Léger, ayant en avant de lui des postes de cavalerie légère; le 32e et le 96e occupent Georgenthal, avec les 2e et 4e Régiments de Hussards et le 18e de Dragons; un Bataillon du 8e de Ligne et le 94e se placent en arrière de Georgenthal ; un Escadron de cavalerie légère et deux Compagnies d'infanterie s'installent à Wiese pour surveiller la route de Rolland (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 484).

Le 54e Bulletin de la Grande Armée, daté de Varsovie, le 27 janvier 1807, raconte : "… Le général de division Drouet entrait à Christburg, où il faisait 300 prisonniers du régiment de Courbière, y compris un major et plusieurs officiers.
Le colonel Saint-Geniès, du 19e de dragons, chargeait un autre régiment ennemi et lui faisait 50 prisonniers, parmi lesquels était le colonel commandant.
Une colonne russe s'était portée sur Liebstadt, au delà de la petite rivière de la Passarge, et avait enlevé une demi-compagnie de voltigeurs du 8e régiment de ligne, qui était aux avant-postes du cantonnement. Le prince de Ponte-Corvo, informé de ce mouvement, quitta Elbing, réunit ses troupes, se porta, avec la division Rivaud, au-devant de l'ennemi, et le rencontra auprès de Mohrungen, le 25 de ce mois à midi. La division ennemie paraissait forte de 12,000 hommes. On en vint bientôt aux mains : le 8e régiment de ligne se précipita sur les Russes avec une valeur inexprimable, pour réparer la perte d'un de ses postes. Les ennemis furent battus, mis dans une déroute complète, poursuivis pendant quatre lieues et forcés de repasser la rivière de la Passarge. La division Dupont arriva au moment où le combat finissait et ne put y prendre part …
" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 157 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11699).

Le 55e Bulletin de la Grande armée, daté de Varsovie, le 29 janvier 1807, est plus complet : "Voici les détails du combat de Mohrungen :
Le maréchal prince de Ponte-Corvo arriva à Mohrungen avec la division Drouet, le 25 de ce mois, à onze heures du matin, au moment où le général de brigade Pacthod était attaqué par l'ennemi.
Le maréchal prince de Ponte-Corvo fit attaquer sur-le-champ le village de Pfarrersfeldchen par un bataillon du 9e d'infanterie légère. Ce village était défendu par trois bataillons russes, que l'ennemi fit soutenir par trois autres bataillons. Le prince de Ponte-Corvo fit aussi marcher deux autres bataillons pour appuyer celui du 9e. La mêlée fut très-vive; l'aigle du 9e régiment d'infanterie légère fut enlevée par l'ennemi ; mais, à l'aspect de cet affront dont ce brave régiment allait être couvert pour toujours, et que ni la victoire ni la gloire acquise dans cent combats n'auraient lavé, les soldats, animés d'une ardeur inconcevable, se précipitent sur l'ennemi, le mettent en déroute et ressaisissent leur aigle.
Cependant la ligne française, composée du 8e de ligne, du 27e d'infanterie légère et du 94e, était formée. Elle aborde la ligne russe, qui avait pris position sur un rideau. La fusillade devient vive et à bout portant.
A l'instant même le général Dupont débouchait de la route de Holland avec les 32e et 96e régiments. Il tourna la droite de l'ennemi. Un bataillon du 32e régiment se précipita sur les Russes avec l'impétuosité ordinaire à ce corps ; il les mit en désordre et leur tua beaucoup de monde. Il ne fit de prisonniers que les hommes qui étaient dans les maisons. L'ennemi a été poursuivi pendant deux lieues. La nuit a empêché de continuer la poursuite. Les comtes Pahlen et Galitzin commandaient les Russes. Ils ont perdu 300 hommes faits prisonniers, 1,200 hommes laissés sur le champ de bataille et plusieurs obusiers. Nous avons eu 100 hommes tués et 400 blessés.
Le général de brigade Laplanche s'est fait distinguer. Le 19e de dragons a fait une belle charge sur l'infanterie russe. Ce qui est à remarquer, ce n'est pas seulement la bonne conduite des soldats et l'habileté des généraux, mais la rapidité avec laquelle les corps ont levé leurs cantonnements et fait une marche de nuit très-forte pour toutes autres troupes, sans qu'il manquât un seul homme sur le champ de bataille. Voilà ce qui distingue éminemment des soldats qui ne sont mus que par l'honneur …
" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 160 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11737).

Le 27 janvier 1807, Bernadotte écrit, depuis Liebemühl, à l'Empereur : "... Il est de mon devoir de prévenir Votre Majesté que le 1er Corps, qui n'a pas encore eu huit jours de repos depuis son entrée en campagne, est, en outre, extrêmement affaibli par les pertes qu'il a faites dans les diverses affaires où il s'est trouvé. Les Divisions Rivaud cl Drouet n'ont pas ensemble plus de 7000 hommes d'infanterie. Dans la journée d'avant-hier, le 8e régiment d'infanterie et le 27e d'infanterie légère ont encore beaucoup souffert. Il n'existe pas à chacun de ces régiments plus de mille hommes présents sous les armes. Je prie Votre Majesté de vouloir bien ordonner que les détachements qui ont été retenus à Custrin, Stettin et Varsovie rejoignent promptement leurs corps. Je viens d'apprendre qu'il se trouve dans cette ville environ cinq cents hommes des 8e, 45e et 54e régiments.
En rendant compte à Votre Majesté de la belle conduite de ses troupes à l'affaire de Mohrungen, j'ai omis de nommer les officiers qui se sont fait remarquer.
Le général Pacthod a été blessé, après avoir combattu avec la plus grande valeur. Le général Laplanche s'est parfaitement conduit; il a eu un cheval tué sous lui. Les colonels d'infanterie Darricau, Razout et Charnotet ont fait des prodiges de valeur ...
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 487).

L'Ordre de mouvement pour le 1er Corps, pour la journée du 26, porte ce qui suit :
Au Quartier Général à Mohrungen, le 26 janvier 1807.
… Le 8e régiment d'infanterie se portera à Osterode par Himmelforlb et Reussen (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 493).

Le Colonel Aymard, qui sort du 8e de Ligne, succède au Colonel Darricau dans le commandement du 32e de Ligne. Il se présente au Général Dupont avec une lettre du Prince de Ponte-Corvo, ainsi conçue : "Cette lettre vous sera remise, mon cher Général, par M. Aymard, qui vient d'être nommé Colonel du 32e régiment. Il sort du 8e où il s'est toujours distingué. Je suis sûr que dans son nouveau poste, il justifiera la confiance de Sa Majesté et méritera votre estime.
Je le trouve heureux d'être appelé à commander un régiment sous les ordres d'un général dont les talents peuvent lui offrir de si utiles leçons.
Je vous renouvelle, mon cher Général, l'assurance de tout mon attachement.
J. Bernadotte.
A Holland, 28 février
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 538).

Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Daru, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
1er corps
... 8e de ligne ...
Dépôts à à Schwetz ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).

Le 22 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, mon intention est de compléter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs de la division Oudinot à un effectif de 150 hommes. Je désire en conséquence que vous fassiez réunir, conformément au tableau ci-joint, différents détachements d'hommes. De 5 pieds 4 pouces pour les grenadiers et de 4 pieds 11 pouces ou 5 pieds bien constitués pour les voltigeurs. Ces détachements peuvent partir sans sous-officiers, en désignant les meilleurs sujets pour en faire les fonctions pendant la route. Après en avoir passé la revue et avoir pourvu à ce que leur habillement et armement soient parfaitement en état, vous les ferez conduire par des officiers d'état-major, pour Thorn ...
8e de ligne 51 [Pour les grenadiers] 48 [Pour les voltigeurs] ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14811).

Le 23 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "... Il y a à Wesel un détachement du 27e d'infanterie légère.
Un autre du 8e de ligne
Un autre du 21e de ligne
Un autre du 45e de ligne
Faites partir tous ces détachements pour la Grande Armée
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14837).

Le 24 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, il y a à Wesel des détachements des 27e d'infanterie légère, du 8e de ligne, du 21e de ligne, du 45e idem. Faites partir tous ces détachements pour la Grande Armée" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14863).

Le 31 mars, depuis Osterode, Napoléon décide d'accorder 18 aigles d'honneur, dont neuf aux Officiers, et neuf aux Sous officiers et soldats, aux Régiments qui se sont distingués à Eylau. Il écrit au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre. 1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite, depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition : … 8e ... d'infanterie de ligne ...
Du moment que les maréchaux auront reçu ma décision, ils ordonneront à chaque général de division de réunir chez lui les colonels et chefs de bataillon de chaque régiment, ainsi que les généraux, de brigade, et de dresser un procès-verbal qui constate les individus qui méritent le mieux la décoration. Ce procès-verbal sera envoyé au maréchal commandant le corps d'armée, qui le transmettra, avec ses observations, au major général. Tous ces procès-verbaux devront être arrivés avant le 6 avril. Le 7, le major général me les soumettra …
" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 145013).

Le 16 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Rapp, Gouverneur de Thorn : "Je reçois votre lettre du 15. Vous avez eu tort de renvoyer le 3e provisoire de Thorn. Ce n'est pas lui mais le 8e de ligne qui devait aller de Posen à Stettin où il sera demain. Si vous avez fait partir le 3e provisoire, faites courir après. Je présume que ma lettre d'avant-hier vous sera arrivée à temps pour éviter cette fausse direction ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15296).

Le 21 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, dans l'état de situation de votre armée de réserve au 15 avril, je trouve ...
Que le 44e avait 462 hommes ; pourquoi n'en enverriez-vous pas 300 hommes ...
Je suppose que si vous ne les avez pas fait partir, c'est qu'ils n'étaient pas habillés. Mais moyennant l'autorisation que je vous ai donnée de les envoyer non habillés dans les régiments provisoires et de garnison, je pense que vous les avez mis en route ...
Je vois que de Wesel vous pourriez faire partir :
du 8e de ligne 300 hommes...
Je suppose donc que tout cela sera parti ; si ce ne l'était pas, faites-le parti sans délai ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15379).

Le 7 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Dans votre projet de distribution, je vois que ... le 8e, ... n'ont pas suffisamment. Il faut porter à chacun de ces 32 régiment l’un portant l’autre 300 hommes, ce qui fera 9 600 hommes. Vous trouverez de l'économie en suivant les bases que je vous indique, c'est-à-dire en mettant quelque chose de moins pour les légions, pour l'artillerie, pour les dragons" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15579).

Aux approches de la belle saison, Napoléon s'occupe de faire sortir ses troupes de leurs cantonnements, pour les camper, système qui, en les installant plus sainement, permet de les tenir rassemblées et de les exercer plus facilement, au grand avantage de l'instruction et de la discipline. Il devient aussi plus aisé de les nourrir. En outre, une armée campée n'a pas besoin de s'éclairer aussi loin que si elle était disséminée dans des cantonnements, et l'on peut ainsi éviter la guerre de postes avec les troupes légères de l'ennemi. Mais ne voulant point placer son armée en cordon, l'Empereur arrête qu'elle campera par Division. Il fait reconnaître le pays et désigne les emplacements des différents camps. Le 10 mai, le Prince de Ponte-Corvo reçoit l'ordre d'établir son Corps d'armée par Division, ainsi qu'il suit :
Division Dupont.
Les 8e, 45e et 54e de Ligne, dans un beau camp entre Neumark et Ebersbach (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 546).

Le 16 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez l'ordre que le 8e régiment provisoire soit dissous. Le détachement du 22e de ligne se rendra au corps du maréchal Soult, celui du 65e et celui du 21e de ligne au corps du maréchal Davout. Les détachements des 8e de ligne, 27e légère, 45e, 54e, 94e et 95e de ligne formeront un bataillon qui restera sous les ordres du meilleur chef de bataillon sous le titre de bataillon provisoire du 8e, et partira demain pour se rendre à Elbing où il restera jusqu'à nouvel ordre. Vous ferez connaître au général Moulin que je lui envoie ce bataillon composé de détachements appartenant au 1er corps, et composé de près de 700 hommes pour ne point laisser Elbing sans infanterie" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1121 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15634).

Le 19 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez ordre à Elbing que le bataillon du 8e régiment provisoire qui est composé de détachements des 8e, 45e, 54e, 94e, 95e de ligne et 27e légère, soit dissous, et que les détachements rejoignent leurs corps respectifs qui font partie du 1er corps"(Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1132 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15656).

Composition du 1er Corps du Maréchal Bernadotte (puis Victor) au 30 mai 1807 :
1ère Division Général Dupont, 9e léger, 24e (3 Bataillons), 32e et 96e de ligne, 9 Bataillons, 6845 hommes
2e Division Lapisse : 16e Léger, 45e, 8e et 54e de Ligne, 8 Bataillons, 5971 hommes.
3e division Vilatte : 27e Léger, 63e, 94e et 95e de ligne, 8 Bataillons, 5489 hommes.
Artillerie, Génie et Gendarmerie : 36 pièces, 1678 hommes
Cavalerie légère, Général Beaumont : 2e et 4e Hussards, 5e Chasseurs, 9 Escadrons, 1236 hommes
4e Division de Dragons, Général Lahoussaye (puis Sahuc) : 17e, 27e, 18e, et 19e Régiments, 12 Escadrons, 1840 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).

Au 5 juin 1807, la situation du 1er Corps de la Grande Armée est la suivante :
... 2e Division : Général Lapisse. Quartier général à Mühlhausen.
16e Régiment d'infanterie légère. 1702 hommes.
45e Régiment de Ligne 1648 »
8e Régiment de Ligne 1537 »
54e Régiment de Ligne 1728 »
Total 6665 ... (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 548).

Le 16 octobre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Donnez également l'ordre que les 110 hommes du 8e de ligne, les 500 hommes du 45e et les 166 hommes du 54e, les 177 hommes du 21e et les 21 hommes du 22e du bataillon de garnison de Münster soient renvoyés à leurs corps pour y être incorporés. Ce bataillon se trouvera ainsi dissous" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1354 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16540).

Le 11 janvier 1808, le Général Schauenburg adresse au Ministre de la Guerre les congès pour le 8e de Ligne (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

Le Général Schauenburg adresse au Ministre Dejean et au Ministre Lacuée le 14 janvier 1808, et au Ministre de la Guerre le résultat de sa revue le 17 janvier 1808 (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

Le 23 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous recevrez le décret par lequel j'ai réglé la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne. J'ai changé les éléments de cette formation. Vous verrez par l'état joint au décret que ces bataillons sont composés de trois manières :
1° Avec des conscrits fournis par les dépôts de leurs régiments.
2° Avec ce qu'on peut tirer d'anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne.
3° Avec des conscrits tirés des dépôts de l'armée d'Espagne.
J'y ai ajouté, pour chaque 6e bataillon, un détachement de 150 conscrits tirés du régiment de Walcheren.
Donnez ordre que les détachements d'anciens soldats qui se trouvent dans les dépôts des régiments se mettent en marche du 1er au 10 mai. Les cadres doivent être formés en Allemagne dans le même délai, de sorte que dès leur arrivée, ces hommes formeront de petits bataillons de 3 à 400 hommes. Ces bataillons seront ensuite complétés par la conscription, tant pour les conscrits arrivant du dépôt du régiment, que pour ceux venant des autres dépôts qui fournissent à cette incorporation.
Quant aux détachements à prendre dans l'île de Walcheren, vous donnerez les ordres suivants : la 2e compagnie de chaque 5e bataillon composée d'un capitaine, de 2 lieutenants, 2 sous-lieutenants, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal fourrier, 8 caporaux et 2 tambours, doit se mettre en marche du 1er au 10 mai pour l'île de Walcheren. À son arrivée, le général commandant dans l'île y incorporera 150 hommes choisis parmi les conscrits les plus sûrs et de la meilleure volonté. Vous aurez soin de faire envoyer d'avance au régiment de Walcheren des boutons de ces 2 régiments, afin que le changement d'uniforme des conscrits puisse être préparé sans frais.
Aussitôt que ces détachements bien habillés, bien équipés et bien armés se trouveront formés, le général commandant l'île de Walcheren les passera lui-même en revue avant leur départ. Un inspecteur aux revues en dressera les contrôles et aura soin d'y inscrire les noms, prénom et signalement, afin que si ces hommes désertent, on puisse les faire poursuivre dans leurs familles par des garnisaires. Il ne partira de l'île de Walcheren que deux détachements par semaine. Ces détachements remonteront par eau jusqu'à Willemstad et Berg-op-Zoom, d'où ils rejoindront les bataillons de guerre en traversant la Hollande. Il y aura quelques brigades de gendarmerie pour observer leur passage ...
ANNEXE
Etat indiquant les éléments de la formation des 6es bataillons des régiments de l’Armée d’Allemagne

Régiments qui forment les 6e bataillons

Conscrits du régiment

Supplément de 150 conscrits à tirer du régiment de Walcheren (ce supplément ne compte que pour 50

Suppléments à tirer d'autres régiments

Total de ce que 6e bataillons aura

Conscrits que le régiment reçoit et hommes disponibles
Conscrits pour compléter les bataillons suisses
Conscrits du 4e bataillon A
Reste pour le 6e bat. B
Numéros du régiment d'où on les tire
Anciens soldats C
Conscrits D
Total
12e de ligne
1200
300
700
200
50
Le 8e
60
60
120
726

Le 14e

60

60

120

Le 22e

60

60

120

Le 27e

58

58

116

A : Ces conscrits partiront le 1er juillet 1811 de leur dépôt pour les 6es bataillons en Allemagne.
B : Ces 1500 conscrits partiront de Walcheren par compagnie, dirigés sur le dépôt en France pour le 5e bataillon. Elles commenceront à partir le 15 mai.
C : Ces conscrits partiront dès le 10 mai pour l'Allemagne.
D : Ces conscrits partiront le 1er juin de leur dépôt
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26814 ; ce tableau est donné par Margueron (Cdt) : « Campagne de Russie, première partie », tome 2, Lavauzelle, page 239).

Le 1er janvier 1812, le 8e Régiment d'Infanterie de ligne a son Dépôt à Venloo (Margueron (Cdt) : « Campagne de Russie, première partie », tome 1, Lavauzelle, page 14).

Le 8 mars 1812, à Paris, l'Empereur ordonne : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que 30 hommes du 27e de ligne s'embarquent à Mayence pour Wesel, ainsi qu'aux 150 hommes du 8e de ligne, à 70 hommes du 22e id., à 40 hommes du 45e, à 50 hommes du 54e, à 70 hommes du 94e, à 40 hommes du 95e, à 20 hommes du 21e léger et à 40 hommes du 28e léger. Le général Loison formera de ces détachements un bataillon de marche de 500 hommes, qui portera le nom de 1er bataillon de marche du 2e corps. Il n'y mettra que les officiers nécessaires pour la conduite de ces hommes et il les dirigera sur Magdeburg, où les 60 hommes d'infanterie légère seront incorporés dans le 26e léger, et les 440 hommes d'infanterie de ligne seront incorporés dans le 37e de ligne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6899 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30153 ; Margueron (Cdt) : « Campagne de Russie, première partie », tome 4, Lavauzelle, page 392).

Le 13 mars 1812, le Major général écrit, depuis Paris, à l'Empereur : "Sire, le ministre de la guerre vient de m'annoncer qu'il a donné des ordres pour faire former à Wesel les bataillons de marche ci-après, qui seront tous composés seulement d'anciens soldats ou conscrits de 1811, tirés des dépôts dont les bataillons de guerre sont en Espagne.
1er bataillon de marche du 2e corps :
Détachement du 21e d'infanterie légère, 20 hommes, se trouve à Wesel.
du 94e de ligne, 70, se trouve à Wesel.
du 8e id., 150, arrive à Wesel le 10 mars.
du 27e id., 30, id. 20 mars.
du 28e d'infanterie légère, 40, id. 20 mars.
du 95e de ligne, 40, id. 20 mars.
du 22e id., 70, id. 22 mars.
du 54e id., 50, id. 22 mars.
du 45e id., 40, id. 24 mars.
Total, 510 hommes.
Ce bataillon doit, par conséquent, être réuni le 24 mars à Wesel; il pourrait s'y reposer le 25 et en partir le 26 pour se rendre à Magdebourg, d'où il rejoindra le 2e corps pour y être incorporé, savoir : les 60 hommes d'infanterie légère dans le 26e léger et les 450 hommes d'infanterie de ligne dans le 37e régiment de ligne ...
Je prie Votre Majesté de me faire connaitre si Elle m'autorise à expédier les ordres de mouvement à ces bataillons de marche. Le ministre de la guerre m'annonce qu'en ordonnant leur formation, il a donné les ordres les plus précis pour que les divers détachements fussent complètement habillés, armés et équipés, et munis de leurs livrets entièrement à jour, afin qu'ils puissent partir de Wesel en bon état.
ALEXANDRE.
Décision de l'Empereur : Les faire séjourner trois jours sur le Rhin; ne les faire partir que quand ils seront bien réunis.
Paris, le 14 mars 1812.
NAPOLEON
" (Margueron (Cdt) : « Campagne de Russie, première partie », tome 4, Lavauzelle, page 395).

/ Uniformes

Dans sa Revue d’inspection passée le 4 Germinal an 8, le Général Schauenburg note que "... Il manque à ce corps 1600 gibernes, et celles qui existent encore sont en partie en banderoles noires, et de la plus mauvaise qualité ..." (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : Registre particulier des revues. An VIII ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.492 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

/ Drapeaux

Dans sa Revue d’inspection passée le 4 Germinal an 8, le Général Schauenburg note que "... Ce corps n’a plus de drapeaux, je lui en ai remis trois qui me restaient encore de ceux que j’ai fait faire par ordre du Ministre, pour l’Armée du Rhin, pendant l’an 5 ; ce corps n’aura pas d’autres dépense pour ces drapeaux que le n°8 à y faire mettre ..." (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : Registre particulier des revues. An VIII ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.492 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin). Il est bien dommage que nous n'ayont pas le descriptif de ces drapeaux de l'Armée du Rhin; en son temps, notre ami Didier Davin, qui avait commencé de travailler sur le sujet, pensait qu'ils portaient les trois bandes tricolores horizontales, avec le numéro de la Demi-brigade au centre, comme on peut le voir sur documents d'époque.

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